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Full text of "Biographie universelle des musiciens et bibliographie générale de la musique"

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'The  search  for  truth  even  unto  its  innermost  parts' 

The  Gift  of 
SADYE  RUBIN  MARANÏZ  LEE 


The  National  Women's  Committee 
of  Brandeis  University 


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BIOGRAPHIE 

UNIVERSELLE 


DES   MUSICIENS 


TOME  CINQUIÈME 


TYPOGRAPHIE    Dli    II.    l•rliWI^    DIDOT.    —    MIÎSML    (liUKIî) 


BIOGRAPHIE 

UNIVERSELLE 


DES   MUSICIENS 


ET 


BIBLIOGRAPHIE  GÉNÉRALE  DE  LA  MUSIQUE 


-^X«o 


DEUXIÈME  ÉDITION 

KÎNTlicitliMKM     HIFONnVE    ET    Alîf.MF.NTF.IC    DE    PLUS    OE    MOITIÉ 

PAR  t  J.^'TETIS 

uaIthe  de  chapelle  du  noi  des  belges 

DIRKCrKUR     DU    CONSEll  VATOIUK    ROYil.    DE    MUSIQUE    DK    DRUXELI.ES       ET<.. 


TOME   CINQUIEME 


PARIS 

LlliRAlRlE  DE  FIKMIN  DIDOT  FRÈRES,  FILS  ET  C'^ 

IMPRIMEURS   DE   l'iNSTITUT,    RUE   JACOB,    56 

1867 

Tous  droits  réserves. 


Musîb 


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BIOGRAPHIE 


UNIVERSELLE 


DES  MUSICIENS 


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KECflLI^IA  (Jean),  le  plus  ancien  lu- 
thier italien  connu  jusqu'à  ce  jour,  travailla  à 
Brescia,  vers  1450.  On  connaissait  de  lui  au- 
trerois  quelques  anciennes  violes  de  diverses 
formes  conservées  dans  les  ca!)ine(s  des  cu- 
rieux; mais  la  plupart  de  ces  vieux  instru- 
ments ont  disparu  parce  qu'on  les  a  dépecés 
pour  en  faire  des  altos  et  des  violons. 

KECK  (Jean),  moine  bénédictin  de  Tah- 
baye  de  Te£i:ernsée,  dans  le  quinzième  siècle, 
était  né  à  Giengen,  dans  le  diocèse  d'Augs- 
bourg,  et  fut  professeur  de  théologie  en  cette 
ville.  Il  a  été  connu  de  quelques  écrivains  sous 
le  nom  de  Fr.  Joannes  Jugustanus  (voyez 
Biblioth.  Jugust. ,  de  Weilh ,  p.  93).  Au 
nombre  de  ses  ouvrages,  on  en  trouve  un  qui 
était  autrefois  conservé  en  manuscrit  à  l'ab- 
baye de  Tegernsée,  et  qui  a  pour  litre  :  Intro- 
ductorium  musicx.  Cet  écrit,  qui  est  daté  de 
1442,  a  été  inséré  par  l'abbé  Gerbert  dans  sa 
Collection  des  écrivains  ecclésiastiques  sur 
la  musique,  t.  III,  p.  519-029.  Il  concerne 
particulièrement  les  proportions  géométriques 
des  intervalles  des  sons. 

KEEBLE  (Jean),  né  à  Chichester,  en 
17Ô7,  fut  d'abord  élève  de  Kelway,  frère  du 
célèbre  Relway  de  Saint-Martin  ;  puis  il  se 
rendit  à  Londres,  où  il  reçut  des  leçons  d'or- 
gue et  de  composition  de  Pepuscb  {voyez  ce 
nom).  Devenu  organiste  distingué,  il  fut 
chargé  de  jouer  l'orgue  à  l'ouverture  du  Jardin 
du  Ranelagh,  et  Roseingrave  (voyez  ce  nom) 
le  choisit  pour  le  remplacer  comme  organiste 
à  la  chapelle  de  Saint-Georges, dans  ^anoi'er- 
Square.  Plus  tard,  il  lui  succéda  dans  cette 
place,  qu'il  conserva  jusqu'en  1794.  On  n'a  pas 

SI<t)GR.  UNlV.  DES  BUSICIESS.  T.  V. 


de  renseignements  sur  l'époque  de  la  mort  de 
cet  artiste.  Il  a  publié  cinq  livres  de  i)ièces 
pour  l'orgue  qui  ont  été  plusieurs  fois  réimpri- 
mées chez  les  divers  éditeurs  de  musique  de 
Londres,  et  en  dernier  lieu  chezCIementi  sous 
le  titre  de  :  Keeble's  organ  pièces.  On  trouve 
aussi  dans  le  catalogue  de  Preston  (Londres, 
1795)  :  Keeble's  and  Kirman's  40  interludes 
to  be  played  betiveen  the  verses  oftkePsalms, 
expresshj  composed  for  the  use  of  the 
Church  (Quarante  préludes  de  Keeble  et  de 
Kirkmann  pour  jouer  entre  les  versets  des 
psaumes,  composés  spécialement  pour  l'usage 
de  l'église).  Keeble  avait  adopté  les  opinions 
de  son  maître  Pepusch  concernant  la  musique 
des  Grecs;  il  a  exposé  sa  doctrine  dans  un 
livre  intitulé  :  The  Theory  of  harmonie,  or 
an  illustration  of  the  Grecian  Harmonica, 
in  tvco  parts  (Théorie  de  l'harmonie,  ou  ex- 
plication de  la  musique  harmonique  des  Grccs)^ 
Londres,  1784,  gr.  in-4''.  De  bonnes  analyses 
du  livre  de  Keeble  se  trouvent  dans  VEuro- 
pxun  Magazine  (ann.  1785,  t.  VI,  mars, 
p.  186,  mai  (353),  et  juin  (431),  ainsi  que 
dans  la  Monthly  Revierx),  vol.  LXXIII.  L'au- 
teur de  la  critique,  <lans  ce  dernier  journal, 
montre  une  grande  sévérité  dans  son  juge- 
ment. Le  but  que  se  propose  Keeble estde  faire, 
dans  la  première  partie  de  son  livre,  l'exposé 
de  la  doctrine  musicale  des  Grecs,  d'après  les 
traités  attribués  à  Euclide,  celui  d'Aristoxène, 
et  celui  de  Bacchius  l'ancien.  Dans  la  seconde 
partie,  il  entreprend  de  concilier  la  doctrine 
tonale  des  Grecs  avec  celle  de  la  musique  mo- 
derne :  c'est  là  qu'il  s'égare.  Toutefois,  le 
livre  de  Keeble  n'est  pas  dépourvu  de  mérite. 

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KEEGAN  -  KEGEL 


KEEGAIX  (Guillaume),  professeur  de 
langues  et  de  calcul  commercial  à  Londres,  vi- 
vait au  commencement  de  ce  siècle.  On  a  de 
lui  un  livre  qui  a  pour  litre  :  New  dialogues 
itiFrencli  and  English  ;  containing  exempli- 
fications  of  the  parts  of  speech,  and  the 
auxiliary  and  actives  verbs,  with  familiar 
conversations  on  the  following  subjects,  His- 
tory,  Arithmetic,  Bolany,  ^stronomy,  the 
Cornet j  the  Opéra,  Singing,  Ilippodramatic 
performances^  ItalianpaiiUing,  Music)  etc., 
Londres,  1811,  in-12. 

KEFERSTEIN  (Gustave-Adolphe), 
connu  sous  le  pseudonyme  de  Iv.  STEIN,  est 
né  à  Crœllwilz,  près  de  Halle,  en  Saxe,  le  13  dé- 
cembre 1799.  Son  père,  Xabricant  de  papier, 
connu  par  i)lusieurs  inventions  de  machines, 
alla,  peu  de  temps  après  la  naissance  de  son  fils, 
lixer  son  séjour  à  Weida,  dans  le  Voiglland, 
où  Referslcin  reçut  i)lus  tard  des  leçons  de 
ciiant,  de  piano  et  de  composition  du  cantor 
llaegel.  A  l'âge  de  quatorze  ans,  il  fréquenta 
le  Gymnase  de  Géra,  et  pendant  son  séjour  en 
cette  ville,  il  eut  occasion  de  former  son  goût 
par  l'audition  des  oeuvres  de  Mozart,  de  Beet- 
hoven et  d'autres  maîtres  célèbres.  Après 
quatre  années  d'études  brillantes,  il  se  rendit 
à  l'Université  de  Halle,  pour  y  faire  un  cours 
de  théologie.  Là,  il  fit  la  connaissance  de 
Naue,  musicien  instruit  qui  lui  fit  faire  des 
progrès  dans  les  diverses  parties  de  l'art.  Ses 
liaisons  avec  quelques  jeunes  artistes  et  littéra- 
teurs de  mérite  commencèrent  à  tourner  dés 
lors  ses  vues  vers  l'esthétique.  Trois  années  de 
séjour  à  Halle  lui  firent  atteindre  le  terme  de 
ses  éludes  de  théologie  ;  il  accepta  alors  (en 
1820)  une  place  de  précepteur  dans  nne  mai- 
son particulière  à  "Weimar,  où  il  fut  admis 
dans  la  maison  de  Hummel  et  chez  Gœthe.  Il 
n'a  quitté  celte  place  que  pour  celle  d'aumô- 
nier et  de  diacre  à  Jéna.  Dans  un  des  voyages 
<|u'il  faisait  quelquefois  à  Dresde  pour  en- 
tendre de  la  musique,  il  s'est  marié.  Lié  d'ami- 
tié avec  Robert  Schumann,  il  fut  un  de  ses 
premiers  collaborateurs  dans  la  rédaction  de 
la  Nouvelle  Gazette  musicale  de  Leipsick.  Les 
articles  relatifs  à  la  musique  qu'il  a  donnés 
dans  différents  journaux  ont  été  publiés  sous 
le  pseudonyme  de  A'...  Stein.  Ayant  été 
nommé  jiasleur  à  Wickerslsedt,  en  Thuringe, 
Referslein  passa  dans  celte  situation  les  vingt 
dernières  années  de  sa  vie.  Il  est  mort  le 
10  janvier  1861,  à  l'âge  de  soixante  et  un 
ans  accomplis.  Paimi  ses  écrits,  on  remarque 
VEssai  sur  la  partie  comique  de  la  musi- 
que, publié  dans  l'ouvrage  périodique  intitulé 


Cxcilia  (t.  XV),  qui  a  donné  lieu  à  une  polé- 
mique terminée  par  un  autre  article  sur  le 
même  sujet," inséré  dans  la  Gazette  musicale 
de  Leipsick  (janvier  1835),  et  une  allégorie 
musicale  intitulée  :  Kœnig  Mys  von  Fidibus 
(le  Roi  Mys  de  Fidibus),  dans  la  Cxcilia 
(cah.  01-64).  On  a  aussi  du  docteur  Referslein 
un  discours  ou  sermon  <|u'il  prononça  dans 
l'église  Saint-Michel  à  Jéna,  en  1839,  le  dix- 
septième  dimanche  apiès  la  Ti'inilé,  sur  un 
lexte  des  actes  des  apôtres,  etijui  a  été  publié 
sous  ce  titre  :  Die  Kunst  von  ihrer  Schat- 
tenseite  (l'Art  sous  ses  divers  aspects),  Jéna, 
1839,  seize  pages  in-S".  Le  15  octobre  1841,  il 
a  prononcé  à  l'Académie  d'Erfurt,  dont  il  était 
membre  correspondant,  un  discours  sur  la  re- 
lation de  la  musique  avec  la  pédagogique 
{Ueber  das  f'erhxUniss  der  Musik  ziir  Pœ- 
dagogik).,  publié  à  Leipsick,  chez  Breitkopf  et 
llœrlel,  1841,  in-8"  de  seize  pages.  Enfin,  le 
15  oclohre  1843,  le  docteur  Referslein  a  fait,  à 
l'occasion  du  jour  de  naissance  du  roi  de 
Prusse,  Frédéric-Guillaume  IV,  une  leçon  à 
l'Académie  des  sciences  d'Eifurt,  sur  VOra- 
torio.  Ce  morceau  a  été  publié  dans  la  Ga- 
zette musicale  de  Leipsick  (t.  XLV,  p.  873, 
897  et  921). 

KEGEL  (Emmanuel),  directeur  de  la  cha- 
pelle du  comte  de  Reuss,  né  à  Géra,  en  165o, 
fit  ses  études  au  Gymnase  de  Gotha,  et  fré- 
quenta ensuite  l'Université  de  Jéna.  D'abonJ 
cantor  à  Neustadt,  il  ne  conserva  cette  posi- 
tion que  six  mois;  puis  il  remplit  les  mêmes 
fonctions  à  Saalfeld  et  enfin  à  Géra,  où  le 
comte  de  Reuss  le  nomma  directeur  de  sa  cha- 
pelle. Il  mourut  subitement  à  Breslau ,  le 
23juin  1724.  Son  meilleur  élève  est  le  maître 
de  chapelle  Stœlzel.  Ses  compositions  sont  res- 
tées en  manuscrit. 

REGEL  (Louis-Henri),  fils  du  précédent, 
né  à  Géra  le  25  octobre  1705,  alla  terminer 
ses  études  à  l'Université  de  Leipsick,  après  les 
avoir  commencées  dans  le  lieu  de  sa  naissance. 
En  1726,  il  obtint  la  place  d'organiste  de 
l'église  Saint-Salvador  de  Géra  ;  sept  ans  après, 
il  alla  par  ordre  du  comte  de  Reuss,  son  pro- 
tecteur, apprendre  la  composition  à  Golha, 
chez  Stœlzel,  ancien  élève  de  son  père.  De  re- 
tour à  Géra,  il  a  rempli  sa  place  d'organiste 
jusqu'en  1770,  époque  de  sa  mort.  Ses  compo- 
sitions n'ont  pas  été  publiées. 

KEGEL  (("iinÉTiEN-llEMii),  descendant  de 
cette  famille,  et  organiste  à  Géra,  s'est  fait 
connaître  par  les  ouvrages  suivants  :  1"  Or- 
gelschule,  zunxchst  fiir  Organisten  in  klei- 
ncn  Stâ-'dten  und   auf  dem   Lande  (  lîcole 


KEGEL  —  KEINSPECK 


(l'or^nie  à  l'usage  des  organistes  des  petites 
villes  et  des  campagnes),  Leipsick,  Breitkopf 
et  Hsertel. 

REGEL  (CirAnLES-CiiRisTiAN)  né,  le  50  sep- 
tembre 1770,  à  Frankleben  près  de  Merse- 
boiirg,  fut  élève  de  Killcl  et  se  montra  digne 
d'un  tel  maître  par  son  talent  sur  l'orgue  et 
par  le  mérite  de  ses  compositions.  Eu  1807, 
il  obtint  les  places  de  canlor  et  d'instituteur 
de  l'école  communale  à  GunglossUmmen,  près 
de  Weissensée,  dans  la  Thuringe.  C'est  dans 
cette  position  modeste  et  peu  faite  pour  exciter 
l'imagination  qu'il  passa  le  reste  de  sa  vie. 
Cependant  à  l'âge  de  cinciuante-six  ans,  il  fil 
un  voyage  à  Leipsick  et  y  donna,  en  1826,  un 
concert  d'orgue  à  l'église  Pauline,  dans  lequel 
il  fit  admirer  son  habileté.  Cet  artiste  distingué 
est  mort  le  28  janvier  1843,  laissant  en  ma- 
nuscrit la  plupart  de  ses  ouvrages.  On  a  pu- 
blié de  lui  dix  préludes  et  finales  pour  l'orgue 
sous  le  titre  :  10  f'or-und  Nachspiele  fiir  die 
Orgel,  Leipsick,  Breitkopf  et  Ilsertel.  Deux 
autres  préludes  de  sa  composition  ont  été  pu- 
bliés dans  la  vingt-neuvième  année  de  la 
Gazelle  générale  de  musique  de  Leipsick,  et 
Rœrner,  d'Erfurt,  a  inséré  une  fugue  de  cet 
artiste  dans  son  nouveau  journal  d'orgue 
{Neues  Orgel-Jnurnal)  .Toul  le  reste,  consis- 
tant en  un  grand  nombre  de  morceaux  pour 
l'église,  de  pièces  et  fugues  d'orgue,  est  resté 
en  manuscrit. 

KEIIL  (  Jean-Baltitazar),  né  à  Cobourg 
dans  la  première  partiedu  dix-huitième  siècle, 
fut  d'abord  organiste  à  Erlang,  et  ensuite 
ca«<oràBayreulh.En  1780,  il  devint  aveugle. 
Il  a  fait  imprimer  à  Nuremberg,  en  1770, 
quatre  suites  de  chorals  variés  pour  l'orgue,  et 
l)lus  tard,  quelques  sonates  pour  le  clavecin. 
La  Bibliothèque  royale  de  Berlin  possède  de 
cet  artiste,  en  manuscrit,  Andanlino,  avec 
neuf  variations  pour  le  clavecin.  Il  a  laissé  en 
manuscrit  :  1°  Les  Bergers  à  la  crèche  de 
Bethléem,  oratorio.  2»  les  Pèlerins  de  Gol- 
gollta ,  idem,  ô"  Plusieurs  morceaux  de 
musique  instrumentale.  Kehl  est  mort  vers 
1790. 

REIEFEU  (Ciirïtien),  chanoine  prémon- 
Iré  et  organiste  du  monastère  d'Auge,  en 
Bavière,  vécut  au  commencement  du  dix- sep- 
tième siècle,  et  mourut  le  12  avril  1027.  Il  est 
auteur  d'un  recueil  intéressant  de  canticiues  à 
<iua!ie  voix  égales  pour  le  temps  de  Noèl,  pu- 
blié sous  ce  litre  singulier  :  Odx  soporiferœ 
ad  infantuhtm  Belhlehemiticum  sopicndum, 
quatuor  vocibus  xqualibus  factx;  Augustae 
Vindclicorum;  1012,  in-4''.  On  a  aussi  de  lui 


un  œuvre  contenant  une  messe  el  des  motels 
à  six  voix,  intitulé  :  Flores  musiciseu  divinx 
taudis  odores  suavissimi,  in  quibus  can- 
tiones  cummissa,  senisdecantandx vocibus, 
adjuncto  bassoproorgano.  Ingolsladt,  1018, 
in-4». 

KEIL  (Jeam),  virtuose  sur  le  cor,  né  en 
Bohême,  vécut  à  Prague  pendant  quelques 
années.  Son  instrument  était  le  cor  chroma- 
tique ou  à  pistons,  dont  il  a  disputé  la  priorité 
d'invention  à  Slœizel  {voyez  ce  nom).  Keil  a  eu 
une  fille  cantatrice  qui  chantait  au  théâtre  de 
Weimar  en  1842.  Il  voyagea  avec  elle  pour 
donner  des  concerts. 

REILIÏOLZ  (Ciihistine-Madeleise-Élisa- 
BETii),  t;oj/ez  IIasslocii. 

REI]\SPECR  (Michel),  musicien  de  la 
fin  du  quatorzième  siècle,  né  à  Nuremberg,  est 
connu  par  un  traité  de  plain-chant,  intitulé: 
Ltlium  Musice  pZane;  Basilese,  p.  Michaeleni 
Furter,  1496,  in-4''.  Un  exemplaire  de  cette 
édition  existait  dans  la  bibliothèque  du  comte 
de  Boutourlin  (n»  504  de  son  catalogue); 
M.  Brunet,  qui  le  cite  (Nouvelles  recherches 
bibliographiques,  t.  II,  pag.  259),  ajoute  que 
c'est  un  opuscule  de  douze  feuillets,  en  beaux 
caractères  gothiques, sign.  a-6.,  avec  musique. 
Maittaire,  Panzer,  Forkel  et  tous  les  biblio- 
graphes ont  ignoré  l'existence  de  cette  édi- 
tion. En  1789,  J.-F.  Christmann  a  signalé, 
dans  la  Gazette  musicale  de  Spire  (pag.  554), 
l'existence  d'une  autre  édition  du  même  livre 
qu'il  avait  trouvée  dans  la  bibliothèque  de 
Stutigard  ;  elle  a  aussi  pour  titre  :  Ltlium 
Musice  plane.  A  la  fin  du  dernier  feuillet, 
on  lit  :  Explicit  Ltlium  Musice  plane  Mi- 
chaelis  Keinspeck  de  Nurnberga  musicf 
Alexandrini  benemerili,  una  cum  psalmo 
dia  utriusque  tam  majoris  quam  minoris 
intonatione  secundum  omnes  tonos  et  exer- 
citio  solmisandi  noviter  adjunctis  ;  Impres- 
sum  Ulmae  per  Joh.  SchœtïJer,  1497,  petit 
in^"  de  quinze  feuillets.  Un  exemplaire  de 
cette  édition  est  à  la  bibliothèque  royale  de 
Berlin.  Gerber  a  cru  que  celte  édition  était  la 
première  (voyez  Neues  hist.  biogr.  der  Ton- 
hunstj  3  7'/j.,  col.  27)  ;  mais  on  vient  de  voir 
que  c'est  une  erreur.  Maittaire  {/annales  ty- 
pograp.,  t.  IV,  pag.  759),  et  Panzer  (Annal, 
typog.,  t.  III)  indiquent  une  troisième  édition 
donnée  à  Augsbourg,  en  1498,  in-4'',  dont 
Forkel  parait  avoir  vu  un  exemplaire  dans  la 
bibliothèque  du  monastère  de  Buxheim  (AlUj. 
Littcr.  der  Music,  p.  297).  J'ignore  si  c'est 
d'après  cette  édition  qu'il  écrit  le  nom  de 
l'auteur  Keinsbeck.   Le  savant    bibliographe 

i. 


KEINSPEIK  —  KEISER 


G.-W.  Zapf  fait  connaître,  dans  son  histoire 
des  imprimeurs  d'Au{i;sbourg(y^«g's6ar(7jÇwcA- 
drucker-Geschichle ,  I  th.,  p.  155),  une  qua- 
trième édition  du  même  livre,  déjà  indiquée 
par  Gesncr  dans  sai  Bibliothèque  universelle  ; 
l'article  de  Zapf  est  ainsi  conçu  :  Michael 
lîeinspeck  3Iusicus  Mexandrinus ,  Lilium 
Nusicx  planœ.  Vexplicit  est  comme  dans  les 
éditions  précédcnics.  A  la  fin,  on  lit  :  Impres- 
sum  Juguste  per  Johannem  Froschnuer, 
anno  Domini  MCCCCC,  \viA°.  Ainsi  qu'on 
le  voit,  le  nom  de  Keinspech  est  ici  changé  en 
celui  de  Reinspeck ;  cette  faute,  qui  a  été  faite 
aussi  par  ClH-istmann,  dans  son  article  de  la 
Cazetlc  musicale  de  Spire,  provient  sans 
doute  de  la  forme  incertaine  du  K  allemand, 
el  de  sa  ressemblance  avec  l'R.  Un  exemplaire 
de  chacune  des  éditions  de  141)7  et  1498  se 
trouve  dans  la  Bibliothèque  impériale  de 
Vienne ,  suivant  les  renseignements  que 
M.  Mosel  nous  fournit  dans  sa  description  de 
cette  bibliothèque  {Geschichte  der  K.K.  Hof- 
bibliothek  su  TFien,  pag.  3GG).  Les  exem- 
plaires de  ces  quatre  éditions  du  livre  de  Rein- 
speck sont  de  la  plus  grande  rareté.  Il  en 
existe  une  cinquième  sous  le  même  litre  : 
Lilium  musice  plane  Joannes  Knoblauch 
typis  xreis  excepit  Argentins,  150G,  seize 
feuillets  petit  in-4".  J'ai  vu  un  exemplaire 
de  cette  édition  dans  les  collections  de  feu 
Landsberg,  à  Rome.  Le  nom  de  l'auteur  y  est 
orthographié  Kunspeek  {Michael). 

Forkel  (loc.  cit.)  dit  qu'on  ne  sait  pas  pour- 
quoi Keinspeck  est  appelé  tnusicus  Alexan- 
drintts  au  titre  de  son  livre,  et  ajoute  que  son 
nom  ne  se  trouve  pas  dans  le  catalogue  des 
artistes  et  des  savants  de  Nuremberg  publié 
par  Woll  et  Doppelmayer.  Je  pense  que  l'ex- 
l>rcssion  Jtiusici  Alexandrini  indique  que 
Keinspeck  fut  attaché,  comme  beaucoup  de 
musiciens  belges,  français  et  espagnols  de  ce 
temps,  à  la  chapelle  pontificale,  sous  le  pape 
Alexandre  VI,  qui  fut  élu  le  11  août  1492,  et 
gouverna  l'Église  jusqu'au  18  août  1503.  Je 
n'ai  pu  vérifier  le  fait  dans  le  catalogue  de 
chapelains-chantres  de  cette  chapelle  donné 
par  A.  Adami  de  Rolsena,  à  la  suite  de  ses 
Osservazioni per  ben  regblare  il  coro  delta 
Capella  Ponlificia,  parce  que,  à  l'exception 
de  Josquin  Deprès,  il  ne  cite  dans  sa  liste 
aucun  musicien  antérieur  au  pontifical  de 
Paul  III  ;  mais  il  me  semble  que  c'est  la  seule 
explication  qu'on  puisse  donner  des  mots  dont 
il  s'agit. 

KEISER  (REiniiARD),  un  des  plus  illustres 
compositeurs    de    l'école   allemande,    naquit 


vers  1673,  dans  un  village  situé  entre  Weis- 
senfels  et  Leipsick.  Son  père,  musicien  distin- 
gué qui  a  laissé  en  manuscrit  de  bonnes 
compositions  pour  l'église,  lui  enseigna  les 
éléments  de  la  musique;  puis  il  entra  a  l'école 
Saint-Thomas  de  Leipsick,  où  il  fit  ses  études, 
qu'il  termina  à  l'université  de  cette  ville.  Le 
génie  de  Reiser  se  manifesta  de  bonne  heure  : 
cet  artiste  avait  à  peine  dix-neuf  ans  lorsque 
la  cour  de  "Wollenbuitel  le  chargea  (en  1692) 
d'écrire  la  musique  d'une  pastorale  intitulée 
Ismène.  Celte  époque  était  l'aurore  de  l'opéra 
allemand  qui,  jusqu'alors,  avait  emprunté  son 
style  aux  compositions  italiennes  etfrançaises. 
Dès  ses  premiers  essais,  Reiser  fit  entrevoir 
un  génie  original  destiné  à  s'affranchir,  au 
moins  en  beaucoup  de  choses  essentielles,  de 
toute  imitation.  Le  succès  de  sa  pastorale  lui 
fit  confier,  l'année  suivante,  la  composition  de 
Basilius,  opéra  sérieux,  qui  ne  fut  pas  moins 
bien  accueilli.  L'Opéra  national  de  Hambourg 
était  alors  le  plus  florissant  de  toute  l'Alle- 
magne :  Reiser  résolut  d'aller  essayer  ses 
forces  sur  ce  théâtre;  il  y  arriva  vers  la  fin 
de  1694,  et  fit  représenter  son  Basilius.  La 
musique  de  cet  ouvrage  était  si  différente  de 
ce  qu'on  avait  entendu  jusqu'alors,  et  sa  supé- 
riorité était  si  incontestable,  que  le  public 
montra,  dès  ce  moment,  une  prédilection  pour 
les  ouvrages  de  Reiser.  Cependant,  trois  an- 
nées s'écoulèrent  avant  qu'il  put  faire  jouer 
quelque  autre  ouvrage,  parce  que  désengage- 
ments pris  envers  d'autres  compositeurs,  et 
peut-être  aussi  quelques  intrigues  d'artistes 
alarmés  par  la  puissance  de  son  talent,  firent 
occuper  la  scène  pendant  tout  ce  temps.  Enfin, 
il  put  donner  Irène,  en  1697,  puis  Janus,  et 
la  pastorale  d'/smène,  fraîche  et  gracieuse 
composition  qu'on  entendait  encore  avec 
plaisir  longtemps  après.  Pendant  quarante  ans, 
Reiser  fut  le  plus  actif,  le  plus  abondant  et 
le  plus  aimé  des  compositeurs  du  théâtre 
de  Hambourg.  Mattheson  compte  cent  seize 
opéras  sortis  de  sa  plume  dans  cette  série 
d'années,  non  compris  tous  ceux  qu'il  fit  en 
société  avec  d'autres  musiciens,  ou  dans  les- 
quels il  introduisit  des  airs,  quoiqu'il  eut  aussi 
écrit  beaucoup  d'oratorios  et  de  morceaux  de 
musique  d'église. 

En  1700,  Reiser  institua  des  concerts  d'hiver 
qui  furent  peut-être  les  plus  brillants  qu'il  y 
ait  jamais  eu.  Un  choix  de  la  meilleure  mu- 
sique de  ce  temps,  le  meilleur  orchestre  qu'il 
fût  possible  de  rassembler  alors,  te  choix  des 
meilleures  cantatrices  et  des  virtuoses  les  pies 
distingués,  parmi  lesquels  on  remarquait  l'ex- 


KEISER 


!t 


cellenl  violoniste  Reinwaltl,  n'étaient  pas  les 
seules  causes  de  rempressemenl du  public  pour 
ces  solennités.  Le  luxe  qui  brillait  dans  la  salle 
de  ces  concerts,  les  mets  délicats,  les  vins  exquis 
qu'on  y  servait,  composaient,  de  la  distraction 
<|u'on  y  venait  chercher,  le  plaisir  le  plus  vif 
et  le  plus  complet.  Keiser  y  paraissait  lui- 
même  vêtu  avec  élégance  et  avec  le  ton  d'un 
homme  du  monde.  Matlheson,  contemporain 
de  ces  concerts,  et  qui  en  dirigea  plusieurs  fois 
l'orchestre,  déclare  (Grundlage  einer  Ehren- 
P forte,  p.  152)  qu'il  n'a  point  vu  de  cour  où 
il  y  eût  autant  de  magnificence  et  de  bon  goût. 
Au  commencement  de  1702,  l'entreprise  de 
ces  concerts  cessa  ;  mais,  en  1703,  Keiser  s'as- 
socia avec  un  Anglais,  nommé  Drusike,  pour 
prendre  la  direction  de  l'Opéra.  L'entreprise 
sembla  d'abord  prospérer;  mais  après  quel- 
ques années,  les  folles  dépenses  de  cet  Anglais, 
et  peut-être  aussi  de  Keiser,  ruinèrent  l'en- 
treprise. Poursuivi  par  ses  créanciers,  le  com- 
positeur fut  obligé  de  se  cacher;  mais  bientôt 
rappelant  son  courage,  il  écrivit  dans  un  court 
espace  de  temps  huit  opéras  qui  furent  consi- 
dérés comme  ses  plus  beaux,  et  qui  lui  pro- 
curèrent des  sommes  assez  considérables  pour 
satisfaire  ses  créanciers.  Dans  le  même  temps 
(1709),  il  épousa  une  demoiselle  d'Oldenbourg, 
fille  d'un  riche  musicien  du  conseil,  et  canta- 
trice distinguée  dont  le  talent  prêta  «le  nou- 
veaux charmes  aux  productions  de  l'artiste 
célèbre.  Ainsi  se  trouvèrent  réparées  toutes 
les  conséquences  de  son  désastre. 

En  1716,  Keiser  organisa  de  nouveaux  con- 
certs avec  Mattheson;  ils  n'obtinrent  pas  la 
même  vogue  que  les  premiers.  Six  ans  après, 
le  comte  de  VVedel  lui  fit,  de  la  part  du  roi  de 
Danemark,  des  propositions  qui  furent  accep- 
tées. Keiser  se  rendit  à  Copenhague  et  y  fut 
mis  en  possession  de  la  place  de  maître  de 
chapelle  de  la  cour.  Quelques  années  plus  fard, 
il  retourna  à  Hambourg,  où  il  obtint,  en  1728, 
la  direction  de  la  musique  de  l'église  Sainte- 
Catherine,  avec  le  titre  de  chanoine.  Alors 
l'activité  de  son  génie  se  réveilla  pour  la  pro- 
<luclion  d'une  grande  quantité  de  musique 
d'église.  En  1729,  Keiser  se  rendit  à  Moscou 
avec  sa  fille,  qui  devint  la  femme  du  violoniste 
et  compositeur  Verocai.  Keiser  resta  dans  cette 
ville  et  à  Saint-Pétersbourg  jusqu'en  1730. 
L'impératrice  l'avait  chargé  de  la  direction  de 
son  opéra.  En  cette  qualité,  il  prit  la  résolution 
<le  faire  un  voyage  en  Italie  pour  y  engager 
des  chanteurs  et  des  instrumentistes;  mais, 
arrivé  à  Hambourg,  il  ne  put  se  décider  à 
s'en  éloigner  de  nouveau  cl  ne  s'acquitta  pas 


de  sa  mission.  Pendant  plusieurs  années  on 
ignora  à  Saint-Pétersbourg  ce  qu'il  était  de- 
venu. En  1734,  il  écrivit  son  opéra  de  Circé  : 
ce  fut  son  dernier  ouvrage.  Retiré  depuis  ce 
temps  chez  sa  fille,  dont  il  avait  fait  une  can- 
tatrice excellente,  il  vécut  dans  le  repos  pen- 
dant quelques  années,  et  mourut  à  l'âge  de 
soixante-six  ans,  le  12  septembre  1739. 

Les  artistes  les  plus  célèbres,  les  musiciens 
les  plus  instruits,  se  sont  accordés  dans  les 
éloges  qu'ils  donnent  au  génie  cl  aux  ouvrages 
de  Keiser.  Mattheson  et  Scheibc,  si  avares  de 
louanges,  n'hésitent  point  à  lui  attribuer  la 
première  place  parmi  les  compositeurs  dra- 
matiques des  temps  antérieurs  à  leur  époque. 
Ils  assurent  que  Ilaendel  et  liasse  ne  se  sont 
formés  que  d'après  lui,  cl  qu'ils  ont  même 
emprunté  à  ses  ouvrages  dos  traits  originaux 
qu'ils  ont  ensuite  développés.  C'était  aiîssi 
l'avis  de  Telemann  ;  celui-ci  ajoutaitqueGraiin 
devait  beaucoup  à  la  lecture  des  œuvres  de 
Keiser.  Au  surplus,  llœndel  et  liasse  n'ont 
jamais  nié  les  obligations  qu'ils  avaient  à  cet 
homme  de  génie.  Burney  rapporte,  dans  le 
deuxième  volume  de  son  Voyage  musical  eu 
Allemagne,  que  liasse  lui  dit  à  ce  sujet  «  qu'il 
o  considérait  Keiser  comme  le  premier  musi- 
«  cien  de  l'univers  (en  son  genre);  que  cet 
a  homme  célèbre  avait  écrit  un  plus  grand 
«  nombre  d'ouvrages  qu'Alexandre  Scarlaiti, 
»  (le  plus  fécond  des  compositeurs  italiens  de 
«  ce  temps),  et  que  ses  mélodies,  malgré  les 
«  changements  que  cinquante  ans  avaient 
u  apportés  dans  la  musique,  avaient  tant  de 
»  grâce  et  d'élégance,  qu'on  pouvait  les  mêler 
«  parcni  d'autres  modernes,  sans  que  les  con- 
«  naisseurs  mêmes  pussent  les  reconnaître.  « 
Le  maître  de  chapelleReichardt  s'exprime  avec 
le  même  enthousiasme,  dans  son  Magasin 
musical  (p.  36),  sur  le  mérite  des  compositions 
de  Keiser.  De  tels  éloges  n'étonneront  point 
ceux  qui  ont  entendu  le  fragment  des  compo- 
sitions de  ce  grand  artiste  que  j'ai  fait  exécuter 
dans  mon  premier  concert  historique  du 
l'Opéra,  et  qui  se  souviennent  de  la  profonde 
impression  qu'il  fit  sur  l'auditoire. 

Les  qualités  par  où  Keiser  se  distingue  sot  t 
la  justesse  et  la  profondeur  de  l'expression, 
unies  à  l'originalité  des  formes.  Comme  l;i 
plujiart  des  maîtres  de  son  école,  il  a  une  har- 
monie forte  et  pénétrante,  mais  ses  successions 
d'accords  ont  je  ne  sais  quoi  qui  lui  appartient 
en  propre.  Ainsi  que  J.-S.  Bach,  il  instru- 
mentait d'instinct,  et  nullement  d'après  les 
conventions  ordinaires.  Il  a  placé  jus(|u'à  qua- 
rantc-ncufairs  dans  son  opùra de Frcdcgondfj^ 


KEISËR 


et  tous  ont  un  effet  particulier  résultant  de 
celte  originalité  de  dispositions.  Tantôt  il  n'a 
pour  orchestre  que  la  basse  avec  le  clavecin  et 
des  instruments  à  cordes  pincées;  ou  bien, 
c'est  simplement  le  quatuor;  d'autres  fois,  des 
hautbois  seuls  accompagnent  la  voix,  ou  c'est 
une  flûte  douce  et  des  violes.  Gerber  cite  un  air 
{fuient  a  me,  doke  oggetto)  qui  n'a  pour  ac- 
compagnement qu'un  violon  concertant,  et  un 
autre,  qu'un  seul  hautbois  avec  la  basse.  On  ne 
peut  s'empêcher  d'admirer  les  ressources  que 
le  compositeur  tirait  de  si  faibles  moyens. 

Tous  les  opéras  de  Keiser  ne  sont  pas  con- 
nus; ceux  (ju'il  a  composés  à  Copenhague, 
ainsi  que  beaucoup  d'airs  détachés,  ont  péri 
dans  l'incendie  du  palais  de  cette  ville,  en 
1794.  Parmi  les  cent  seize  ouvrages  drama- 
tiques composés  i)ar  Keiser  seul,  suivant  Mat- 
Iheson,  on  ne  connaît  que  les  soixante-dix- 
sept  dont  les  titres  suivent  :  1"  Ismène,  1092, 
à  WolfcnbUllel.  2»  Busilius,  1093,  ibid.  et 
1094,  à  Hambourg.  .'5»  Mahomet ,  1090,  à 
Hambourg,  ainsi  que  tous  ceux  qui  suivent. 
A"  Jdonis,  1097.  5"  7rè«e,  1097.  (SoJanus, 
1698.  7"  La  Pomme  d'or  transportée  des 
régions  hyperboréennes  dans  la  C'imbrie , 
1698.  8»  Ismène  y  refaite.  9">  Iphigénie. 
10"  Hercule.  W"  Le  Retour  de  l'Jge  d'or. 
12»  Ballet  pour  la  fête  de  l'empereur  Léopold, 
13»  La  Forza  délia  virtù,  1701.  14»  Endy- 
mion.  15»  Dallet  prussien.  16»  Slxrlcbecker 
und  Gœdje  Michel.  17»  Psyché,  1701. 
18"Circe,  1702.  X^»  Pénélope,  1702.  20»  Po- 
m.one,\~Q'il.'i\°  Orphée,  première  et  deuxième 
partie,  1702.  22»  Nouveau  ballet  prussien, 
1702.  23»C;/a«dj«s,  1703.  ^i" Minerve,  1703. 
25»  Salomon,  1703.  26»  Nabuchodonosor, 
oratorio.  1704.  27»  Oclavie,  1705.  28"  Lu- 
crèce, 1705.  29»  La  Fedellà  coronata,  1706. 
30»  Mosaniello  furioso ,  1706.  31»  Sueno, 
1700.  32»  /;  Gcnio  di  Holsazia,  1700. 53»  Jl- 
mira,  1706.  54»  Le  Carnaval  de  f'enise, 
1707.  35»  Hélène,  1709.  36»  Helias  et  Olym- 
pie,  1709.  37»  Desiderius,  1709.  38»  Orphée 
dans  la  Thracc,  1709.  39»  Jrsinoe.  1710. 
40»  La  Foire  de  Leipsick,  1710.  41»Z'^u- 
rore,  1710.  42»  Jules-César,  1710.  43»  Cré- 
sus,  1711.  44»  Charles  V,  1712.  45»  Diane, 
1712,  46»  Héraclius,  1712.  47»  L'Inganno 
fedele,  1714.  48»  La  f'irtù  coronata,  1714. 
49»  Le  Triomphe  de  la  Paix,  1715.  50»  Frc- 
degonde,  1715.  51»  Caton,  1715.  52»  Arté- 
tnise,  1715.  53»  La  Fête  d'Avril  à  Rome, 
1716.  54»  La  Maison  d'Autricho  triom- 
phante, 1716.  55"  Achille,  1716.  Cet  ouvrage 
qui,  d'après  une  indication  de  la  main  de  Kei- 


ser, est  le  soixante-sixième  qu'il  a  écrit,  fjit 
voir  qu'il  y  a  des  lacunes  dans  la  lisle  précé- 
dente. 56»  Julie,  1717.  57»  Tomyris,  1717. 
58"  Trajan,  1717.  59»  Bellérophon ,  1717. 
GO»  Ariane,  1722.61°  Ulysse,  1722.62»Z'^r- 
ment'en,  Copenhague,  1722.  63»  La  Grande- 
Bretagne  en  allégresse,  Hambourg,  1724. 
64»  Claris.  65»  Bretislaus  ,  1725.  66»  La 
Foire  annuelle  de  Hambourg ,  1725.  Gl"  L'E- 
poque de  la  Bataille  de  Hambourg,  1725. 
Dans  la  préface  de  cet  ouvrage,  on  voit  (|u'il 
était  le  cent  septième  opéra  tle  Keiser  :  la 
lacune  de  1717  à  1722,  et  le  séjour  de  Copen- 
liague  doivent  avoir  fourni  beaucoup  d'ou- 
vrages inconnus  aujourd'hui.  68»  L'Anniver- 
saire de  la  Naissance  du  prince  de  Galles, 
1726.  08"  (bis)  Ulysse,  pour  le  théâtre  de 
Hambourg,  en  1727,  différent  de  celui  de 
1722.  GO" Mislcvojus,  \72G.  70"  Jodclet,  1720. 
71»  Le  Prince  muet  ;  Alys,  intermède,  1728. 
72»  Barbacola,  intermède,  1728.  73»  Nabu- 
chodonosor,  refait,  1728.  74»  Lucius  f'erns, 
1729.  Tù<>  Parthénope,  1733.  70»  Circé,  1734. 
Wallher  adribne  aussi  un  opéra  de  Sancio  à 
Keiser;  mais  Matlheson  dit  que  cet  ouvrage  est 
deTelemann.  Les  compositions  de  Keiser  qui 
ont  été  publiées  .sont  :  1»  Cantates  pour  une 
voix,  avec  <leux  violons,  basse  et  clavecin, 
sous  ce  litre  :  R.  Keisers  Gcmulhs-Ergœt- 
zung,  bestehcnd  in  einigen  Sing-Gedichten, 
mit  ciner  Stimmc  t'.nd  unterschiedlichen 
Instrumenten,  llami)Oiirg,  Nicolas  Spieringl;, 
1098,  iu-4»  obl.  2"  Erlesene  Sxtze  aus  der 
opéra  ringanno  fedele  (Collection  choisie  des 
nirs  de  Vlnganno  fedele,  avec  violons,  haut- 
bois, basse  et  clavecin)  ,  Hambourg,  1714, 
in-fol.  Quchpies-uns  de  ces  morceaux  sont  tle 
la  plus  grande  beauté.  3»  Componimenti  mu- 
sicali,  oder  deutsche  und  italienische  Arien, 
nebst  unterschiedlichen  Recitativen  aus  Al- 
niira  und  Octavia  (Compositions  musicales,  ou 
airs  allemands  et  italiens  entremêlés  de  récita- 
tifs des  opéras  Almira  et  Octavia),  Hambourg, 
Zacharie  llacrtcl,  1700,  in-4»  obl.  4"  Diverti- 
nienti  sercnissimi,  consistant  en  difîérenlcs 
cantates,  en  duos  cl  airs  avec  clavecin,  Ham- 
bourg, 1713,  in-fol.  5»  Soliloques  choisis  dans 
l'oratorio  Jésus  martyrisé,  exécuté  dans  la 
semaine  sainte  des  années  1712  et  1713,  Ham- 
bourg, 1714,  in-fol.  G"  iVusikalisch  Landlust 
(Amusements  musicaux  de  la  cami»agne),  can- 
tates avec  basse  continue  pour  le  clavecin, 
Hambourg,  1714,  in-4»  o])l.  7»  Kaiserliche 
Freidenpost  (Messager  impérial  de  la  poste), 
composé  de  chants  et  duos  avec  instruments, 
llambourg,    1715,   in-fol.    8»  Pensées  bien- 


KEISER  -  KKLLER 


heureuses  de  salut,  airs,  duos,  chœurs  cl  r(';ci- 
tatifs  tirés  de  l'oratorio  Jésus  martyrisé , 
Hambourg,  1715.  Je  crois  que  c'est  une  réim- 
pression, ou  plutôt  un  changement  de  titre 
du  recueil  n°  5.  9»  TPeinacItts-cantate  fiir 
2  soprani,  2  violinen,  viole  iind  Bass  (Can- 
tate de  Noël  pour  deux  voix  de  soprano,  deux 
violons,  alto  et  basse,  en  partition),  Hambourg 
(sans  date),  in-fol.  10»  Airs  de  la  Forza  délia 
virtu  (en  allemand),  Hambourg,  1701,  in-fol. 
M.  le  docteur  Lindner  {voyez  ce  nom)  a  publié, 
comme  deuxième  volume  de  son  livre  I)ie 
erste  Stehende  deutscheOper{\es  plus  anciens 
Opéras  allemands  existants),  neuf  morceaux 
extraits  des  opéras  de  Keiser  représentés  de- 
puis 1700  jusqu'en  1734,  en  partition,  avec 
des  arrangements  pour  le  piano,  sous  ce  titre  : 
9  Compositionen  aus  den  Jahren  1700-1734, 
Ouverlure ,  7  Opernarien  und  Duett  von 
Reinhard  Keiser,  Berlin,  Schlesinger,  1855. 
Le  choix  de  ces  morceaux  est  fait  avec  beau- 
coup de  discernement:  on  y  trouve  l'ouverture 
de  l'opéra  de  Jodelet,  un  air  |)our  conti-allo 
de  la  Forza  délia  virtu  (die  Macht  der  Tu- 
gend),  un  air  de  ténor  et  uu  air  de  basse  tirés 
de  Pomone,  un  air  pour  soprano  de  VOr- 
pfietis ,  un  ail'  pour  ténor  de  la  Diana,  et 
deux  petits  airs,  également  pour  ténor,  ex- 
traits de  Circé,  dernier  opéra  de  ce  grand 
artiste;  enfin,  un  duo  pour  soprano  et  con- 
tralto tiré  de  la  Diana.  Tout  cela  offre  le  plus 
grand  intérêt.  On  connaît  aussi  du  même 
compositeur,  en  manuscrit  :  1°  Musique  de 
clumbre,  composée  pour  le  roi  de  Danemark. 
2"  Sérénade  pour  les  noces  du  prince  Othon- 
Louis  (Reichardt  en  possédait  la  partition), 
ô"  Jlottet  pour  soprano  solo,  deux  violons, 
viole*et  basse  continue;  Gerber  en  possédait  la 
liarlition.  4»  Sérénade  sur  le  texte  allemand 
Das  um  den  Rang  streitende  Frieden- 
burg,  etc.,  manuscrit  daté  de  172G. 

Il  a  été  fait  si  i)eu  de  copies  des  opéras  de 
Keiser,  qu'ils  sont  devenus  de  la  plus  grande 
rare'é.  Burney  possédait  les  manuscrits  ori- 
ginaux de  ses  opéras  Iléraclius,  Cloris,  Ja- 
nus,  Ariane  et  de  l'oratorio  Nabuchodonosor ; 
la  valeur  de  ces  piécieuses  reliques  était  si  peu 
connue  en  Angleterre,  qu'à  la  vente  de  sa  bi- 
bliothè(|ue,  en  1814,  la  première  parlition  ne 
(ut  vendue  que  7  schcliings  (8  fr.  75  c.)  ;  la 
deuxième,  2  sch.  (2  fr.  50  c.);  la  troisième,  le 
même  i)rix;  la  quatrième,  7  sch.,  et  l'oratorio, 
5  sch.  6  pence  (0  fr.  77  c),  tandis  «ju'une  col- 
lection de  vieux  madrigaux  anglaisa  été  ])ayéc 
24  livres  sierling  (GOO  francs).  La Bibliothè(|uc 
royale  de  Berlin  conscivc,  hcureusemcnl,  ks 


partitions  des  opéras  :  Adonis,  Janus,  la 
Forza  délia  virlu,  Pomona,  Orpheus,  Oc- 
tavie,  iMasaniello,  Diana,  Tomyris,  Ulysse 
(de  1727),  Jodelet  et  Claudius  César.  On 
trouve  aussi  dans  1^  même  bibiiolliè<iue  les 
partitions  des  ouvrages  de  Keiser  dont  voici 
les  titres:  1"  Oratorio  de  la  Passion,  composé 
en  1712  sur  la  poésie  de  B.-H.  Brockes.  2"  Un 
autre  oratorio  sur  le  même  sujet,  composé  en 
1729,  d'après  le  texte  de  saint  Marc.  ô«  Le  mo- 
tet Sanctus  est  Dominus  (en  sol  majeur), 
pour  quatre  voix  et  instruments.  A"  Kyrie  et 
Gloria  (en /a  mineur),  à  quatre  voix  et  instru- 
ments. Je  possède  une  ancienne  copie  de  quel- 
ques airs  et  des  chœurs  de  Basilius,  d''Almira 
et  de  Lucrèce. 

RELLER  (Henri-Michel),  né  à  Nord- 
hausen,  le  10  février  1038,  eut  pour  maître 
d'orgue  et  de  composition  Bernard  Meyer,  or- 
ganisteà  Zerbst.  En  1G58,  il  obtint  la  place  de 
chantre  à  Berga,  quoi(iu'il  ne  fut  âgé  que  de 
vingt  ans.  Quatre  ans  après,  il  fut  nommé 
organiste  à  Frankenhausen,  où  il  mourut,  le 
20  mai  1710.  Il  a  laissé  en  manuscrit  des 
chorals  variés  pour  l'orgue,  que  Wallher,  bon 
juge  en  cette  matière,  estimait  beaucoup. 

RELLEïl  (Godepuoid),  claveciniste  dis- 
tingué, né  en  Allemagne,  se  fixa  à  Londres, 
vers  le  commencement  du  dix-huitième  siècle. 
Il  parait  avoir  joui  en  Angleterre  d'une  bril- 
lante renommée,  car  au  titre  d'un  traité  d'ac- 
co  i,)dgnement  publié  après  sa  moi't,  il  est 
appelé  The  laie  famous  M.  G.  Keller.  On 
connaît  sous  son  nom  :  1"  6  sonate  a  cinque, 
cioè  5  a  2  violini,  tromba  o  oboe,  viola  e 
continuo,  Londres,  1710,  Amsterdam,  Roger, 
in-fol.  2"  6  sonate  a  2  flauti  e  basso  continuo, 
Amsterdam,  Roger.  Cet  ouvrage  ne  fut  publié 
qu'après  sa  mort.  5°  A  complète  Method  of 
atlaining  to  a  Iborougti-bass  upon  citlier 
organ,  harpsichord,  or  Iheorbo-lule,  by  t/ie 
laie  famous  M.  Godfrey  Keller;  with  a  va- 
riely  of  proper  lessons  and  fugues,  explain- 
ing  tiie  several  rulcs  IhroughoiU  the  wliotc 
work;  and  a  scale  for  tuning  the  harpsi- 
chord or  spinet  ;  ail  tahen  from  his  own  co- 
pies, winch  he  did  design  to  print  (Méthode 
complète  pour  apprendre  à  accomiiagner  la 
basse  continue  sur  l'orgue,  le  clavecin,  ou  le 
liiéorbe-Iuth,  par  feu  le  <élèbre  M.  Godefroid 
Keller,  etc.),  Londres  ,  John  Cullen,  1707, 
in-4''  obi.  Cette  édition,  remplie  de  fautes  dans 
les  exemples  notés,  est  toute  gravée.  Il  y  en 
a  une  autre  intitulée  simi)lenicnt  :  Rules  or 
a  compleat  Metliod  for  attaining  to  playing 
a  thoroughbass,  Londres  (sans  date),  in-fol. 


KELLER 


pravée»  Le  travail  de  Kcllcr  a  él6  r(';imi>rimt'  à 
la  suite  de  la  troisième  édition  du  Traité  des 
principes  naturels  de  l'harmonie  par  Ilolder. 
Ce  livre  a  pour  titre  :  ^  Trealise  ofthe  natu- 
ral  grounds  and  priuciplcs  of  harmony,  by 
iniliam  Holder.  To  which  is  added,  by  tcay 
of  appendix,  Rules  for  playing  a  thorovo- 
bass;  with  variety  of  proper  lessons,  fugues 
and  examples  to  explain  tkc  said  raies.  Jlso 
directions  for  tuning  an  harpsichord  or 
spinnet.  By  the  late  M.  Godfrey  Keller , 
London,  by  W.  Pearson,  1731,  in-8"de  deux 
cent  six  pages.  L'éditeur  dit  dans  son  avertis- 
sement que  son  intention  en  publiant  les  rè- 
gles de  Keller  a  été  de  les  purger  des  méprises 
et  des  erreurs  occasionnées  par  l'ignorance  de 
ceux  qui  avaient  publié  la  première  édition,  et 
que  ces  fautes  n'auraient  point  existé  si  l'au- 
teur eût  vécu  et  eût  corrigé  lui-même  les 
planches.  Au  reste,  c'est  une  idée  fort  bizarre 
que  de  joindre  deux  ouvrages  tels  que  celui  de 
Holder  et  les  règles  de  Keller,  car  l'objet  des 
deux  auteurs  n'a  point  d'analogie.  Les  règles 
données  par  celui-ci  sont  suffisantes  pour  la 
pratique  de  l'accompagnement,  mais  les  exem- 
ples sont  écrits  d'une  manière  incorrecte. 

KELLER  (CiuntEs),  flûtiste,  musicien  de 
la  chambre  du  prince  de  Furstemberg,  à  Do- 
naucscbingen,  est  né  à  Dessau,  le  16  octobre 
1784.  Son  père,  Jean-Gotthilf  Keller,  y  était 
musicien  «le  la  chambre  et  organiste  delà  cour; 
mais  il  mourut  trop  tôt  pour  être  l'instituteur 
de  son  fils.  Celui-ci  reçut  son  éducation  dans  la 
chapelle  du  prince.  Parvenu  à  l'âge  de  puberté, 
il  eut  une  belle  voix  de  baryton  qui  lui  sgggéra 
la  pensée  de  s'engager  au  théâtre;  mais  l'aver- 
sion de  la  mère  et  de  tousses  parents  pour  la 
profession  d'acteur,  le  fit  renoncer  à  ce  des- 
sein, et  la  nécessité  lui  fit  choisir  la  flûte  pour 
son  instrument,  quoiqu'il  n'y  eût  pas  d'artiste 
dans  la  musique  du  duc  de  Dessau  qui  pût  lui 
servir  de  maître.  Il  était  alors  âgé  de  dix-huit 
ans;  néanmoins,  il  fit  de  si  rai)ides  progrès 
par  son  zèle  infatigable,  qu'à  l'âge  de  vingt 
ans  il  pouvait  déjà  être  compté  parmi  les  flû- 
tistes distingués.  Il  crut  alors  devoir  voyager; 
sa  première  excursion  fut  à  Leipsick  et  à 
Berlin.  Ce  fut  dans  cette  dernière  ville  qu'il 
jeta  les  fondements  de  sa  réputation.  Reichardt 
ne  larda  point  à  discerner  les  qualités  du 
jeune  artiste;  il  le  plaça  dans  la  chapelle  du 
roi  de  Prusse,  et  se  lia  avec  lui  d'une  amitié 
qui  fut  durable.  Après  les  événements  de  la 
guerre  de  Prusse,  en  1806,  Keller  se  rendit  à 
Casscl  où  il  fut  placé  comme  flûtiste  de  la  cha- 
l)elle,  et  employé  comme  maître  de  chant  et  de 


guitare  à  la  cour  deWestphalie.  Il  y  passa  sept 
années  heureuses  et  y  perfectionna  son  talent. 
Après  la  dissolution  du  royaume  de  Westpha- 
lie,  il  alla  à  Stutlgard  et  y  obtint  bientôt  un 
emploi   dans  la  chapelle;   il  n'y  resta  néan- 
moins que  deux   ans,  ayant  conçu  le   projet 
d'un  voyage  d'artiste  qu'il  exécuta  dans  les 
années  181 6 et  1817,  en  Allemagne,  en  Fiance, 
en  Hollande  et  dans  la  Hongrie.  C'est  aussi  de 
cette  époque  que  «latent  ses  premières  com- 
positions,   et  particulièrement    ses  chansons 
allemandes  qui  ont   obtenu  un  succès  d'en- 
thousiasme. Ses  concertos    pour  la   flûte  ont 
été  accueillis  aussi  avec  l)€aucoup  de  faveur 
par  les  artistes.  Keller  venait  de  terminer  son 
voyage  à  Vienne,  lorsque  Conradin  Kreutzer 
lui  proposa  de  le  suivre   comme  flûtiste  à  la 
chapelle  de  Donaueschingen.  Plus  lard,  il  y  a 
été  chargé  de  la  direction  du  théâtre,  où  il 
jouait  lui-même  quelquefois  avec  succès  dans 
la  comédie.   Toutefois,    il  n'a  point  cessé  de 
cultiver  la  musique  comme  artiste;  le  temps 
qui  lui  laissait  l'exercice  de  ses  fonctions,  il 
l'employait  à  composer  pour  son  instrument. 
En  1849,  il  obtint  du  prince  sa  pension  et  se 
retira  à  SchafThouse,  où  il  est  mort,  le  19  juil- 
let 1855.  Sa  femme,  née  Guillelminc  Meyer- 
haver,  à  Carisruhe,  était  attachée  comme  can- 
tatrice au   théâtre   de  la   cour   de  Donaues- 
chingen. Après  avoir  fait  ses  études  musicales 
sous  la  diiection  de  Berger,  de  Lœhle  et  de 
madame  Sossi,  elle  a  brillé  à  Amsterdam,  à  La 
Haye  et  à  Utrecht.  On  a  publié  de  la  com|)Osi- 
tion  de  Keller  trois  concertos  pour  flûte,  Leip- 
sick, Peters  ;  Mayence,  Scholt  ;  quatre  grandes 
polonaises  avec  orchestre,  op.  7,    13,  24,  54, 
Vienne,    H.islinger  ;    Hambourg,    Bœhnie  ; 
Brunswick,  Spehr;  des  divertissements  ïrfe;/», 
op.    10  et   31;   ibid.;   des  variations   ideui, 
op.  3,  11,  14;  OlTenbach,  André;  Hambourg, 
Bœhme;  des  pots-pourris,  idem,  op.  4  et  9; 
«6îd.;  des  solos  pour  flûte,  op.  17;   des  duos 
pour  deux  flûtes,  oeuvres  39,  40  et  48;  une 
grande  quantité  de  chansons  à  voix  seule,  avec 
accompagnement  de  piano,  la  plupart  chez 
Peters,   à  Leipsick;   enfin,   six   chants  pour 
quatre  voix  d'hommes,  op.  49. 

KELLEK  (Max),  organiste  de  mérite,  na- 
quit en  1770,  à  Trostberg,  bourgde  la  Bavière, 
où  son  père  était  garde  forestier.  Lorsqu'il  eut 
atteint  sa  dixième  année,  il  fut  envoyé  comme 
enfant  de  chœur  à  l'abbaye  deSeeon,  de  l'ordre 
de  Saint-Benoît.  Il  y  continua  ses  études  jus- 
qu'à l'âge  de  dix-huit  ans,  et  reçut  de  son 
frère  aîné,  Joseph  Keller,  qui  était  organiste 
de  ce  monastère,  des  leçons  d'orgue  et  d'har- 


KELLER  —  KELLNER 


9 


monie.  Lorsque  ce  Trèrc  quilla  sa  place  pour 
une  aulre  position,  elle  fut  donnée  à  Max  Rel- 
ier, qui  l'occupa  pendant  dix  ans,  faisant  de 
temps  en  temps  des  voyai^es  à  Sal/bourg  pour 
y  perfectionner  ses  connaissances  par  les  con- 
seils de  Michel  Haydn.  De  Seeon,  il  allaàBurg- 
liausen  où  il  demeura  trois  ans,  puis  il  futappelé 
à  Altœttingen,  comme  organiste  de  la  chapelle 
?  du  prince.  Il  y  vivait  encore  en  1842,  âgé  de 
soixante-douze  ans.  Si  cet  artiste  est  encore  vi- 
vant(18C0),  il  estâgé  de  quatre-vingt-dix  ans. 
Il  a  publié  un  grand  nombre  d'oeuvres  de  mu- 
sique d'église,  d'un  usage  général  dans  les  prin- 
cipales localités  de  la  Bavière.  On  y  remarque: 
1"  Des  chants  pour  l'Avent  à  une  ou  deux  voix 
avec  orgue  obligé,  et  deux  violons,  deux  cors 
et  contrebasse,  ad  libitum,  en  deux  suites. 
Munich,  Faller.  2»  Sei>t  litanies  de  la  Vierge, 
à  quatre  voix  et  orgue,  avec  divers  instru- 
ments ad  libitum,  op.  1,  Augsbourg,  Bœhme. 
3"  Trois  litanies  allemandes  à  quatre  voix  et 
orgue,   avec  deux  violons,  deux  cors,  deux 
trompettes  et  contrebasse  ad  libitum.  Munich, 
Sidler.  ■*"  Litanies  à  voix  seule  et  orgue,  avec 
deux  violons,  deux  cors  et  contrebasse,  ad  li- 
bitum.   Augsbourg,   Bœhme.   5»  Six  messes 
allemandes  à  voix  seule  et  orgue.  Salzbourg, 
Dayle.  6"  Messes  allemandes  pour  une  voix  et 
orgue,  avec  une  seconde  et  une  troisième  voix, 
deux  violons,  deux    flûtes,  deux  clarinettes, 
deux  cors,  deux  trompettes,  timbales  et  basse 
ad  libitum  (en  ut,  en  fa,  en  sol,  en  mi  bémol, 
en  la,  et  en  ut),  Munich,  Faltep,  et  Passau, 
Pastel.  7°  Trois  messes  latines  pour  les  églises 
<ie  la  campagne,  à  trois  voix  et  orgue,  Munich, 
Falter.  8»  Trois  idem,  à  une  voix  et  orgue, 
avec  les  autres  voix  et  les  instruments  ad  li- 
bitum, ibid.  1)°  Recueil  de  chants  pour  toutes 
les  fêtes  de  la  Vierge,  à  deux  voix  et  orgue 
(n"'  1  à  13),  ibid.  10"  Huit  chants  funèbres, 
pour  une  voix  etorgue,  Munich,  Sidler.  11°  Di- 
vers autres  chants  funèbres  pour  une,  deux  ou 
trois  voix  et  orgue,  avec  instruments  à  vo- 
lonté, Salzbourg,  Dayle,   Munich,   Sidler  et 
Faller.  12"  Préludes  courts  et  faciles,  cadences, 
versets  et  pièces  diverses  pour  l'orgue,  en  dix 
suites,  Munich,  Faller.  13"  Cent  vingt  cadences 
et  préludes  pour  l'orgue,   en  deux  volumes, 
Augsbourg,  Bœhme. 

RELLEll  (F.-A.-E.),  ancien  élève  de  l'éccle 
polytechnique  et  ingénieur  hydrographe  de  la 
marine  française,  a  inventé  un  pupitre  méca- 
nique destiné  à  écrire  les  improvisations  au 
piano,  et  auquel  il  a  donné  le  nom  de  pupitre 
improvisateur.  En  1835,  il  déposa  au  secré- 
tariat de  rinslilul  un  paquet  cacheté  conte- 


nant les  résullals  de  ses  recherches  à  ce  sujet  : 
au  mois  de  mai  183'J,  il  y  déposa  également 
l'instrument  qu'il  avait  inventé  pour  atteindre 
le  but  qu'il  se  proposait.  Ce  pupitre,  disposé 
pour  être  appliqué  à  tous  les  pianos,  renfer- 
mait le  mécanisme  propre  à  noter  les  impro- 
visations. Un  rapport  favorable  fut  fait  par  la 
section  de  musique  de  l'Académie  des  beaux- 
arts,  le  25  du  même  mois,  tant  sur  l'instru- 
ment que  sur  une  Méthode  d  improvisation 
musicale,  théorique  et  pratique  fondée  sur 
les  propriétés  du  pupitre  improvisateur,  par 
M.  Keller.  Paris,  Schlesinger,  1839,  un  vol. 
in-8"  de  deux  cent  deux  pages.  A  la  suite  de 
cet  ouvrage  se  trouve  le  rapport  de  M.  Halévy, 
membre  de  l'Académie,  ainsi  que  la  descrip- 
tion de  l'instrument  et  de  son  application  aux 
pianos  de  diverses  formes.  Cette  invention  n'a 
pas  eu  le  succès  que  l'auteur  s'en  était  promis. 
KELLEUMA]>IIV  (C.-F.-A.),  fadeur  d'in- 
struments à  clavier,  à  Nordhausen,  a  donné, 
dans  la  troisième  année  de  la  Gazette  musi- 
cale de  Leipsick  (p.  757),  une  analyse  d'un 
piano-viole  ou  à  archet  construit  par  lui.  Il 
y  critique  la  construction  d'un  instrument  de 
ce  genre  fait  par  Rnellig  {voyez  ce  nom).  Des 
instruments  de  même  esi)èce  ont  été  construits 
par  des  procédés  mécaniques  plus  ou  moins 
analogues,  plus  ou  moins  ditrérents,  depuis  le 
commencement  du  dix-septième  siècle. 

KELLISER  (David),  capitaine  au  service 
du  roi  de  Suède,  vécut  dans  la  première  partie 
du  dix-huilième  siècle.  Jonas  OEdman  four- 
nit un  renseignement  sur  ce  musicien,  dans  sa 
dissertation  historique  De  Musicd  sacra  gene- 
ratim,etEcclesixsueoqothicxspeciatim,Gic. 
(Lundini  Gothorum,  1745,  in-4",  p.  3).  J'y 
vois  que  David  Rellner  vivait  encore  à  cette 
époque,  qu'il  était  directeur  de  musique  de 
l'église  allemande  à  Stockholm,  et  qu'il  a  pu- 
blié son  traité  de  la  basse  continue  ainsi  qu'un 
traité  du  droit  public  en  langue  suédoise  et  en 
allemand  {De  basso  generali  tam  germanica 
quam  sueogolhica  lingua  tractatum  publici 
juris  fecit  prxfectus  musicx  ecclesiasticx  ad 
templum  teutonicum  Stockholmense  David 
Kellner,  quod  ab  artis  peritis  in  magno 
semper  honore  est  habilum).  Il  s'est  fait  con- 
naître par  un  traité  d'harmonie  et  d'accompa- 
gnement intitulé  :  Treulicher  Unterricht  im 
General-Bass,  worinnen  aile  Weitlxuftig- 
keit  vsrmieden,  und  dennoch  gantz  deutlich 
und  umstxndlich  vielerley  neuerfundene 
Fortheile  an  die  Hand  gegeben  werden,  elc. 
(  Instruction  fidèle  de  la  basse  continue  , 
dans    laquelle    toute    sa    vaslc    étendue    est 


10 


KELLNER 


explorée,  etc.),  Hambourg,  1732,  in-4''. 
Une  deuxième  édition  de  cet  ouvrage  fut 
publiée  en  1737;  une  troisième  parut  dans 
la  même  ville  en  1743;  on  en  renouvela 
le  frontispice  en  1745.  Les  autres  éditions, 
qui  ont  été  toutes  publiées  à  Hambourg, 
sont  de  1749,  1767,  1773,  1782,  in-4»,  et 
1796,  in-S».  Ayant  comparé  les  exemplaires 
des  éditions  de  1767  et  1773,  je  crois  que  ceux 
qui  portent  cette  dernière  date  appartiennent 
à  la  cinquième  édition  (1767),  et  qu'on  a  sim- 
plement changé  le  frontispice.  A  la  deuxième 
édition,  Daniel  Solander,  professeur  de  droit  à 
Upsal,  a  ajouté  une  préface  qui  a  été  repro- 
duite dans  toutes  les  autres.  Il  est  assez  sin- 
gulier que  David  Kellner  ayant  écrit  originai- 
rement son  livre  en  suédois,  un  professeur  de 
musique  de  Stockholm,  nommé  Miklins,  ait 
fait  une  traduction  suédoise  du  même  ouvrage, 
d'après  le  texte  allemand,  et  l'ait  fait  impri- 
mer dans  cette  ville,  en  1782,  avec  une  disser- 
tation sur  le  même  sujet  (voyez  Svensktmu- 
sikaliskt  Lexikon ,  de  Charles  Envallsson , 
p.  281).  Il  y  a  lieu  de  s'étonner  qu'on  ait  tant 
multiplié  les  éditions  du  livre  de  Kellner, 
ouvrage  médiocre  et  bien  inférieur  à  d'autres 
du  même  genre,  publiés  en  Allemagne,  qui 
n'ont  pas  obtenu  le  même  honneur. 

KELLIXER  (Jean-Pierre),  né  le  24  sep- 
tembre 1705  à  Grsefenrode,  dans  la  Thuringe, 
apprit  les  éléments  de  la  musique  chez  Nagel, 
alors  cantor  dans  ce  lieu.  Le  fils  de  ce  maître 
lui  donna  ensuite  des  leçons  de  clavecin. 
Quand  ce  dernier  fut  appelé  à  Dielendorf  pour 
y  remplir  les  fonctions  de  cantor^  Kellner  l'y 
suivit  et  prit  encore  de  ses  leçons  pendant 
deux  ans.  Dans  la  suite,  il  se  rendit  à  Zell 
chez  l'organisle  Schmidt,  qui  dirigea  ses  étu- 
des pendant  une  année;  puis  il  alla  à  Suhia  , 
où  il  étudia  encore  la  composition  chez  Qnehl, 
excellent  organiste  de  l'ancienne  école.  A  l'âge 
<le  dix-sept  ans,  il  retourna  chez  son  père,  y 
demeura  trois  ans,  puis  fut  nommé  cantor  à 
Frankenheim,  et  obtint  enfin  les  places  de 
cantor  et  d'organiste  à  Grœfenrode.  Les  bio- 
graphes allemands  n'ont  rien  ajouté  à  la  notice 
que  cet  habile  artiste  a  donnée  sur  lui-même 
en  1754,  dans  le  premier  volume  des  Essais 
•le  Marpurg  (Histor.  krit.  Beytrxge  ztir 
Jufnahme  der  Musik,  t.  I,  p.  439-445);  en 
sorte  qu'on  ignore  l'époque  de  sa  mort.  Il  a 
laissé  un  grand  nombre  de  compositions 
parmi  lesquelles  on  remarque  :  1»  Cerlamen 
musicum,  consistant  en  préludes,  fugues,  al- 
lemandes, courantes,  sara!)andes,  gigues  et 
menuets  pour  le  clavecin,  Arnsladt;,  1748-4'J, 


six  suites  in-fol.  obi.  â"  Chorals  variés  pour 
l'orgue,  à  deux  claviers  et  pédale.  3»  Muni- 
pulus  musices,  suites  de  pièces  pour  le  même 
instrument,  Nuremberg,  sans  date,  quatre  ca- 
hiers. On  a  aussi  de  lui  en  manuscrit  :  4»  Le 
psaume  Der  Herr  ist  gut  und  fromen,  à 
quatre  voix,  deux  violons,  alto,  deux  trom- 
pettes, un  hautbois,  un  basson,  timbales  et 
orgue.  5»  Une  année  complète  de  musique 
d'église  à  quatre  voix,  deux  violons,  alto  et 
orgue.  6°  Des  cantates  religieuses  à  quatre 
voix,  instruments  et  orgue.  7"  Un  oratorio 
pour  le  vendredi  saint,  à  quatre  voix,  deux 
violons,  alto,  un  hautbois,  un  basson  et  orgue. 
Tous  ces  ouvrages  se  trouvaient  au  magasin 
de  musique  de  Breitkopf,  à  Leipsick,  en  1770. 
Kellner  était  un  très-bon  organiste  qui  avait 
étudié  le  style  de  Bach,  et  qui  improvisait  des 
fugues  avec  un  rare  talent.  On  rapporte 
qu'ayant  vu  entrer  J. -S.  Bach  dans  son  église, 
il  commença  immédiatement  une  fugue  sur  le 
thème  B,  A,  C,  II,  et  la  traita  en  maître.  La 
Bibliothèque  royale  de  Berlin  possède  en  ma- 
nuscrit un  recueil  de  chorals,  trios  à  trois  cla- 
viers et  fugues  pour  l'orgue,  de  la  composition 
de  cet  excellent  artiste. 

RELLINER  (  jEAN-CnnisTOPiiE) ,  fils  du 
précédent,  né  à  Grœfenrode  le  16  août  1735, 
apprit  de  son  père  à  jouer  de  l'orgue,  et  fit  un 
cours  de  composition  sous  la  direction  de 
Georges  Benda,  à  Gotha.  Ses  études  terminées, 
il  fut  appelé  à  Cassel  pour  y  remplir  à  la  fois 
les  fonctions  d'organiste  de  la  chapelle  catho- 
lique de  la  cour,  et  de  l'église  luthérienne 
principale.  Il  est  mort  dans  cette  ville  en 
1803.  Comme  organiste,  comme  compositeur 
et  comme  écrivain  didactique,  Kellner  s'est 
fait  une  honorable  réputation  en  Allemagne. 
On  a  de  cet  artiste  :  1"  Trois  concertos  pour  le 
clavecin,  op.  5,  Offenbach,  André,  2"  Trois 
idem,  op.  8,  ibid.  3»  Un  grand  idem,  op.  11, 
ibid.  4°  Trios  pour  clavecin,  violon  et  violon- 
celle, op.  19,  Leipsick.  5°  Sonates  pour  clave- 
cin seul,  op.  2  et  15,  ibid.  6"  Préludes  de 
chorals  pour  orgue  à  deux  claviers  et  pédale. 
Gotha.  7°  Quatorze  pièces  d'orgue  pour  les 
commençants,  op.  20,  Brunswick,  Spelir. 
8"  Deux  fugues  à  quatre  mains  pour  l'orgue, 
Leipsick,  Breitkopf  et  Ilsertel.  9"  Deux  finales 
pour  l'orgue,  Brunswick,  Spehr.  10"  Trente 
pièces  d'orgue,  contenant  douze  préludes 
courts,  quatorze  grands  préludes  pour  des 
chorals,  une  fantaisie,  une  fugue,  un  quatuor 
pour  deux  personnes,  avec  pédale,  et  deux 
chorals  en  trios  pour  deux  claviers  et  pédale, 
op.  17,  première  partie.  Spire,  Bossler,  1789, 


KELLNER 


it 


in  fol.  idem,  deuxième  partie,  Darmstadt, 
179Ô.  Kellner  a  aussi  laissé  en  manuscrit  plu- 
sieurs cantates  et  Passions  pour  Téglise,  ainsi 
qu'une  année  complète  <ie  motets  et  de  psau- 
mes à  quatre  voix,  deux  violons,  alto,  basse, 
<leux  hautbois,  deux  bassons,  deux  cors,  deux 
trompettes  et  orgue  obligé.  Ces  morceaux 
étaient  dans  l'ancienne  collection  de  Breit- 
kopf.  Il  a  aussi  écrit  un  opéra  qui  a  été  repré- 
senté à  Cassel  sous  ce  titre  :  Die  Schnden- 
freude.  Enfin,  Kellner  a  publié  un  traité  de 
musi(|uc  intitulé  :  Grundriss  des  Général- 
basses, eine  theoretisch-praktische  Anleitunij 
fiir  die  ersten  ylnfxnger  entwurfen  (Tableau 
de  la  basse  continue,  instiuction  tliéoriciue  et 
pratique  pour  les  commençants),  Cassel,  1785, 
in-4".  Gerber  dit  que  la  septième  édition  de 
cet  ouvrage,  augmentée  de  quatorze  mélodies 
de  Ch.-Ph.-E.  Bach,  a  paru  chez  Breilkopf  et 
Ilaerlel,  en  179G. 

RELLTS'ER  (GEoncF.s-CHRisTOPiiE),  littéra- 
teur et  précepteur  à  Manheim,dans  la  dernière 
partie  du  dix-huitième  siècle,  mort  au  mois  de 
septembre  1808,  est  auteur  de  plusieurs  romans 
historiques,  etdes  ouvrages  suivants,  relatifs  à 
la  musique,  publiés  sous  le  voile  de  l'anonyme  : 
1°  Ueber  die  Characteristik  der  Tonarten 
(Sur  la  caractéristique  des  tons),  Breslau,  1790. 
2"  Neue  Clavierschide  fiir  Jnfasnger  (Nou- 
velle méthode  de  piano  pour  les  commen- 
çants), Halle,  sans  date.  5»  Amusements  au 
piano  avec  chant;  ce  recueil  a  eu  deux  édi- 
tions. 4"  Jdeen  zu  einer  neuen  Théorie  der 
srha'ue  Knnsten  iiberliaupt  nnd  der  Ton- 
liiinst  insbesondere  (Idées  sur  une  nouvelle 
théorie  des  beaux-arts  en  général  et  de  la 
musique  en  particulier),  dans  le  Magasin  alle- 
mand de  Eggers,  août  1800.  Kellner  était 
aussi  organiste  et  a  publié  divers  ouvrages 
pour  l'orgue,  parmi  lescjucls  on  remarque  un 
recueil  contenant  trois  préludes  ou  conclu- 
sions, trois  fugues  et  trois  préludes  de  chorals 
intitulés  :  3  For-oder  IVuchspielc^ô  Fugen, 
3  Choralvorspielen  in  Trio  mit  den  Canto 
ferma,  14''0Euvre,  Cassel;  et  trois  fugues  à 
<iuatre  ninins  pour  l'orgue,  Leipsick. 

KELLINEU  (Jean-Sigismond),  né  dans  un 
village  de  la  Silésie,  en  17G5,  fut  cantor  et 
directeur  de  musi<iue  h  l'église  Saint-Ber- 
nardin de  Brcsiau.  Il  mourut  dans  celte  posi- 
tion, le  13  novembre  1811.  Plusieurs  mor- 
ceaux de  musique  d'église  de  sa  composition 
sont  restés  en  manuscrit. 

liELLIMEil  (Eiinest-Aucuste) ,  vraisem- 
blablement petit-fils  de  7ean-67trts<op/)t',  car 
son  grand-père  et  son  père  étaient,  dit  on,  de 


Graefenrode,  village  du  duché  de  Saxe-Co- 
bourg-Gotha,  naquit  le  20  janvier  1792,  à 
Windsor,  où  son  père  était  violoniste  de  la 
musique  particulière  de  la  reine  Charlotte- 
Sophie  de  Mecklembourg-Strelitz,  femme  de 
Georges  III^  qui  l'avait  amené  à  sa  suite  en 
Angleterre.  Il  n'était  âgé  que  de  deux  ans 
lorsqu'il  commença  l'étude  du  piano:  à  cinq, 
il  joua  un  concerto  deHaendel  dans  un  concert 
donné  au  château  de  "Windsor,  en  présence  de 
la  famille  royale.  Le  roi  ayant  remarqué  le 
timbre  de  sa  voix  ,  le  confia  aux  soins  de  Wil- 
liam Parson,  maître  de  chant  des  princesses, 
pour  qu'il  lui  enseignât  les  principes  de  la 
vocalisation,  parce  (ju'il  avait  le  dessein  de 
l'em|»loyer  dans  les  concerts  de  musique  clas- 
sique qui  se  donnaient  alors,  chaque  soir,  en 
présence  du  roi.  A  l'âge  de  huit  ans,  le  petit 
Kellner  fit  son  début  vocal  dans  les  concerts 
de  la  famille  royale,  et,  dans  la  même  séance, 
il  étonna  son  auguste  auditoire  sur  le  piano. 
Lord  Spencer,  grand  amateur  de  musique,  le 
prit  ensuite  sous  sa  protection  et  le  fit  quel- 
quefois chanter  avec  mesdames  Mara  et  Banti. 
En  1819,  Kellner  ayant  atteint  l'âge  de 
vingt-trois  ans,  se  rendit  en  Italie  pour  étudier 
l'art  du  chant  sous  d'habiles  maîtres.  Après 
un  court  séjour  à  Florence,  il  se  rendit  à  Na- 
ples  où  il  reçut  des  leçons  de  Nozzari,  de  Ca- 
sella  et  de  Crescentini.  Il  voyagea  ensuite  dans 
la  haute  Italie  et.  y  donna  des  concerts. 
Charmée  de  son  talent,  l'impératrice  Marie- 
Louise,  duchesse  de  Parme,  lui  accorda  le 
titre  de  pianiste  de  sa  musique  particulière. 
Au  mois  de  décembre  1820,  Kellner  retourna 
en  Angleterre  et  y  liladmiier  son  double  talent 
de  chanteur  et  de  pianiste  :  sa  voix  de  baryton 
avait  acquis  le  plus  beau  timbre.  Il  fit  à  celte 
époque  une  tournée  de  concerts  avec  la  célèbre 
cantatrice  madame  Calalani.  Ajtpelé  à  Venise, 
en  1824,  il  débuta  au  théâtre  de  la  Fenice^ 
pendant  la  saison  du  carnaval  et  y  chanta,  le 
l*''  janvier  1825,  dans  le  Mosè,  de  Rossini, 
avec  la  Méric-Lalande  et  Davide.  Il  se  rendit 
ensuite  à  Bologne  et  y  fut  nommé  membre  de 
TAcadémie  des  Philharmoniques.  En  1828,  il 
partit  pour  Saint-Pélersb^urg,  où  il  obtint  de 
Inillants  succès  comme  pianiste  et  comme 
chanteur.  L'impératrice  le  faisait  souvent  ap- 
peler pour  lui  entendre  chanter  des  airs  écos- 
sais. En  1833,  il  s'arrêta  quelque  temps  à 
Paris,  et,  dans  l'année  suivante,  il  retourna  à 
Londres  où  il  fut  nemmé  organiste  de  la  cha- 
pelle de  Bavière,  où  se  faisait  le  service  reli- 
gieux pour  tons  les  allemands  catholiques  qui 
se  trouvaient  à  Londres.  Une  maladie  aiguO 


19 


KELLNER  -  KELWAY 


l'enleva,  le  18  juillet  1839,  à  l'âge  de  quarante- 
sept  ans.  Il  laissait  en  manuscrit  plusieurs 
compositions  au  nombre  desquelles  était  un 
drame  intitulé  :  Poland  (la  Pologne).  On  a  pu- 
blié à  Londres  une  notice  nécrologique  sur  cet 
artiste,  sous  ce  titre  :  Case  of  precocious 
musical  Talent,  being  a  notice  of  the  late 
Ernest- August  Kellner,  maestro,  Academico 
Filarmonico  di  Bologna,  Pianist  to  her 
Majesty  Maria-Louisa  Arch-Duchess  and 
Duchess  of  Parma  etc.,  etc.,  late  Maestro  di 
Capella  to  the  Bavarian  Embassady,  Lon- 
don,  1839,  with  some  Phrenological  Remarks 
on  bis  Head  and  Character,  by  Richard  Cull, 
in-8». 

KELLI\ER  (Gustate),  pianiste  et  compo- 
sitejir,  né,  en  1809,  à  Weida,  dans  le  grand- 
duché  de  Saxe-Weimar,  fut  pendant  quelques 
années  directeur  de  musique  au  théâtre  de 
Potsdam.  En  1838  ,  il  s'établit  à  Weimar, 
comme  professeur  de  piano.  Il  est  mort  dans 
sa  ville  natale,  le  24  février  1849,  avant 
d'avoir  accompli  sa  quarantième  année.  Cet 
artiste  a  fait  jouer  à  Potsdam  deux  petits 
opéras  dont  les  titres  ne  sont  plus  connus.  On 
a  aussi  de  lui  des  sonates  et  fantaisies  pour  le 
piano,  des  Lieder,  et  des  chants  à  quatre  voix 
d'hommes. 

RELLY  (Michel),  né,  en  1764,  à  Dublin, 
où  son  père  était  marchand  de  vin,  montra  fort 
jeune  d'heureuses  dispositions  pour  la  mu- 
sique, et  reçut  une  éducation  toute  conforme  à 
ses  goûts.  Ayant  à  peine  atteint  sa  onzième 
année,  il  jouait  déjà  sur  le  piano  les  sonates 
les  plus  ditTiciles  de  son  temps.  Rauzzini,  qui 
était  alors  fixé  à  Dublin,  lui  donna  quelques 
leçons  de  chant,  et  conseilla  à  son  père  de 
l'envoyer  à  Naples.  Il  partit  en  effet  pour  cette 
ville  à  l'âge  de  seize  ans,  avec  des  lettres  de 
recommandation  pour  l'ambassadeur  anglais, 
sir  Hamilton,  qui  le  fit  entrer  comme  élève  au 
Conservatoire  de  Loreto.  Il  y  reçut  des  leçons 
de  Fenaroli  pouf  le  chant  et  l'accompagne- 
ment. Quelque  temps  après,  il  fit  la  connais- 
sance d'Aprile,  alors  le  meilleur  maître  de 
chant  dp  Naples  ;  cet  artiste  célèbre,  qui  avait 
alors  un  engagement  pour  Palerme,  offrit  à 
Kelly  de  l'emmener  avec  lui,  pour  en  faire 
gratuitement  son  élève.  Une  pareille  proposi- 
tion ne  pouvait  qu'être  acceptée  avec  recon- 
naissance. Pendant  toute  la  durée  de  l'enga- 
gement d'Aprile  à  Palerme,  Kelly  reçut  ses 
leçons,  puis  il  alla  débuter  à  Livourne  et  à 
Florence,  comme  premier  ténor.  Les  succès 
qu'il  y  obtint  le  firent  appeler  à  Venise  et 
lans  les  villes  les  plus  importantes  de  l'Italie. 


Il  fut  ensuite  engagé  à  Vienne,  où  l'empe- 
reur Joseph  II  l'accueillit  avec  bienveillance. 
C'est  pour  lui  que  Mozart  écrivit  le  rôle  de 
Basilio  dans  les  Noces  de  Figaro.  Ayant 
obtenu  un  congé  de  l'empereur  pour  aller 
voir  son  père,  il  partit  avec  la  cantatrice 
Storace,  et  arriva  à  Londres  dans  les  pre- 
miers jours  de  1787.  Au  mois  d'avril  de  la 
même  année,  il  débuta  au  théâtre  de  Drury- 
Lane  dans  l'opéra  anglais  Lionel  and  C'ia- 
rissa;  depuis  lors  il  fut  attaché  à  ce  théâtre, 
comme  premier  ténor,  jusqu'au  moment  où  il 
quitta  la  scène,  à  l'exception  du  temps  où  il 
chanta  dans  l'Opéra  italien  à  Haymarket. 
Après  avoir  cessé  de  paraître  sur  la  scène,  il 
remplit,  pendant  quelques  années,  les  fonc- 
tionn  de  directeur  de  musique,  à  Drury-Lane, 
puis  dirigea  l'Opéra  italien  jusqu'à  sa  mort, 
arrivée  à  Margate,  le  9  octobre  1826  Pendant 
plusieurs  années,  il  chanta  dans  les  anciens 
concerts  du  roi,  à  Westminster. 

Kelly  n'avait  publié  que  des  airs  italiens, 
des  duos  et  des  chansons  anglaises,  lors- 
que en  1797,  à  l'âge  de  trente-trois  ans,  il 
écrivit  son  premier  opéra,  à  la  manière  des 
compositeurs  anglais,  qui  empruntent  souvent 
une  partie  de  leurs  productions  dramatiques 
à  des  partitions  étrangères.  Il  montra  dans 
cette  nouvelle  carrière  une  grande  fécondité, 
car, dans  l'espace  de  vingt-deux  ans,  il  a  écrit 
soixante  ouvrages,  dont  on  trouve  les  titres 
dans  le  livre  qui  a  pour  titre  :  Musical  Bio- 
graphy,  Londres,  1814,  deux  vol.  in-8°,  et 
dans  le  Dictionary  of  Musicians,  Lon- 
dres, 1824,  deux  vol.  in-8".  A  l'exception  de 
quelques  airs,  rien  de  tout  cela  n'a  été  publié, 
et  toute  la  musique  de  Kelly  est  maintenant 
plongée  dans  l'oubli  en  Angleterre,  où  seule- 
ment elle  a  été  connue.  Après  la  mort  de  cet 
artiste,  on  a  trouvé  dans  ses  papiers  des  mé- 
moires sur  sa  via,  et  surtout  sur  l'Opéra  italien 
et  l'Opéra  anglais  de  Londies,  qui  ont  été  im- 
primés sous  ce  titre  :  Réminiscences  of  the 
King's  Théâtre  and  Théâtre  Royal  Drury 
Lane,  including  a  period  of  nearly  half  a 
century,  with  original  anecdotes  of  many 
distinguished  persans,  political,  literary 
and  musical  (Souvenirs  du  théâtres  du  Roi  et 
de  celui  de  Drury-Lane,  renfermant  une  pé- 
riode de  près  d'un  demi-siècle,  avec  des  anec- 
dotes originales  sur  beaucoup  de  personnes 
distinguées  dans  la  politique,  la  littérature  et 
la  musique),  Londres,  Colburn,  1826,  deux 
volumes  in-8". 

KELWAY  (Joseph)  ,  organiste  à  l'église 
Saint-3Iartin,  de  Londres,  avait  appris  l'har- 


KELWAY  —  KEMBLE 


iS 


monie  et  la  basse  continue  par  les  leçons  de 
Geminiani.  II  vécut  vers  le  milieu  du  dix- 
huitième  siècle.  Improvisateur  assez  original, 
il  eut  quelquefois  l'honneur  de  voir  Hœndel 
venir  l'écouter  dans  son  église;  mais  lorsqu'il 
écrivait,  il  était  froid,  sec  et  ne  savait  pas  ar- 
ranger ses  idées.  Il  n'aurait  vraisemblable- 
ment rien  publié ,  si  Jean-Ch|étien  Bach 
n'était  allé  en  Angleterre  avec  le  titre  de 
maître  de  musique  de  la  reine,  et  n'avait  fait 
paraître,  peu  de  temps  après  son  arrivée,  un 
œuvre  de  sonates;  Relway,  qui  était  maître  de 
musique  du  roi,  crut  qu'il  était  de  son  hon- 
neur d'avoir  aussi  des  sonates  imprimées,  et  il 
en  donna  un  oeuvre  ;  mais  celle  fantaisie  de  sa 
vanité  lui  fut  plus  préjudiciable  qu'utile,  car 
ses  sonates  ne  valaient  rien,  et  leur  publica- 
tion nuisit  à  sa  réputation  de  bon  organiste. 
Comme  claveciniste,  Relway  brillait  par  la 
netteté  de  son  jeu  et  l'agilité  de  ses  doigts 
dans  les  pièces  les  plus  dilTiciles  de  Scarlatti, 
qu'il  jouait  ordinairement  d'un  mouvement 
fort  rapide. 

KELZ  (Mathieu),  né  à  Baulzen,  en  Silésie, 
au  commencement  du  dix-septième  siècle, 
apprit  la  com|>osition  en  Italie,  et  alla  en 
1G20  à  Stargard,  pour  y  occuper  le  poste  de 
cantnr.  Dans  la  suite,  il  fut  |tlacé  à  Sorau  en 
la  même  qualité,  et  y  resta  jusqu'à  sa  mort, 
dont  l'époque  est  ignorée.  Ce  musicien  est 
connu  comme  compositeur  et  comme  théori- 
cien. Parmi  ses  écrits  didactiques,  Matheson 
cite  un  Isagoge  musicx,  mais  sans  indiquer 
le  lieu  ni  la  date  de  l'édition  (Grundl.  einer 
Elirenpforle,  p.  273).  Ce  livre  était  déjà  de- 
venu si  rare  du  temps  de  Printz,  qu'il  n'avait 
pu  se  le  procurer  qu'en  le  copiant  de  sa  main. 
Cet  historien  de  la  musique  parle  aussi  d'un 
traité  DeArte  componenti  {ffistor.  Beschreib. 
der  edlen  Musik,  p.  137)  qu'il  possédait  alors, 
3t  qui  fut  brûlé  en  1684.  J'ignore  si  cet  ou- 
vrage est  le  même  que  celui  qui  est  annoncé 
dans  le  catalogue  de  Francfort  de  1008,  sous  ce 
titre  :  Ars  Methodica  et  fnndamentalis  prx- 
cepta  et  documenta  tradens  harmonica, 
certa,  «xquisita ,  instrumenta  musicalia , 
cum  primis  verso  chelim  ucutam,  dextre , 
pcrfecte,  ingeniose  suaviterque ,  etc.,  in-4". 
Les  (Puvres  de  musique  pratique  composés  par 
Kelz  sont  :  1»  Operetla  nuova,  oder  evange- 
hscheSonntags-Spruche,vonAdvent  bis  Pal- 
marum,  aufeine  leichtc,doch  reine  Italixn- 
yUlanellische  wie  auch  Dialogen- Manier 
von  3  Slimmen  gesetzt  (  Nouveaux  i)etits 
ouvrages,  ou  chanls  évangéliques  pour  tous 
les  dimanches,    depuis   r.Vvent  jns(ji!'au  di- 


manche des  Rameaux,  etc.,  à  trois  voix), 
Leipsick,  1036.  2°  Primitif  Musicales,  oder 
Concentus  novi  harmonici  ^  ans  Sonaten, 
Intraden,  Mascaraden ,  Baletten ,  Alle- 
Tnanden ,  Gagliarden,  Arien,  f'ollen,  Sere- 
naten,  und  Surabanden  fiir'2  f'iolinen,  Jjù;ss 
und  Generalbass  bestehend  (Prémices  musi- 
cales, ou  nouveaux  concerts  harmoni<iues,  con- 
sistanten  sonates,  entrées,  mascarades,  ballets, 
allemandes,  galiardes,  voiles,  sérénades  et 
sarabandes,  pour  deux  violons,  basse  et  basse 
continue),  Ulm,  1058,  in-4".  3"  Exercitalio- 
num  Musicarum  a  violino  et  viola  da  gamba 
semi-centuria,  Augsbourg,  1669,  in-folio. 

KELZ  (Jean-Frédéric),  né  à  Berlin,  le 
1 1  avril  1780,  s'est  fait  connaître,  depuis  1815, 
I»ar  un  grand  nombre  de  compositions  faciles 
de  tout  genre.  Dans  sa  jeunesse,  il  fut  envoyé 
chez  le  musicien  de  ville  Fuchs,  pour  ap- 
prendre à  jouer  de  tous  les  instruments;  mais 
le  violoncelle  fut  celui  qu'il  cultiva  de  préfé- 
rence. En  1801,  il  se  rendit  àOEIs,  en  Silésie,  et 
entra  au  service  du  duc  Frédéric-Auguste  de 
Brunswick-OEls,  en  qualité  de  violoncelliste. 
Après  la  mort  de  ce  seigneur,  il  retourna  dans 
sa  ville  natale,  et  fut  admis,  en  1811,  dans  la 
iTiusique  de  la  chambre  du  roi.  Les  biographes 
allemands  disent  qu'il  reçut  alors  des  conseils 
de  Duport;  mais  c'est  une  erreur;  car  à  celte 
épo(|ue  Duport  n'était  plus  à  Berlin.  Relz  a 
écrit  des  symphonies  burlesques  dans  le  genre 
de  celle  de  Haydn,  pour  deux  violons,  basse, 
coucou,  petite  trompette  et  autres  jouets  d'en- 
fants, Berlin,  Schlesinger;  quintelle  pour 
deux  violons,  deux  violes  et  basse,  op.  102, 
Berlin,  Trautwein;  introduction  el  fugue  sur 
le  nom  de  Fesca,  pour  deux  violons,  alto  et 
basse,  op.  108,  ibid.;  des  solos,  des  caprices 
et  des  variations  pour  violon,  violoncelle;  un 
quintette  pour  flûte,  deux  violons,  alto  et 
basse,  op.  79,  ibid.  ;des  bagatelles  pour  divers 
autres  instruments;  des  sonates  pour  piano;  des 
psaumes,  des  chanls  pour  voix  d'homme,  etc. 
Tout  cela  est  de  peu  de  valeur.  Un  de  ses 
meilleurs  ouvrages  consiste  en  fugues  pour  des 
instruments  à  cordes.  Au  reste,  sa  production 
était  troi»  rapide  pour  qu'il  pût  y  mettre  les 
soins  nécessaires,  car  ses  ouvrages  sont  au 
nombre  d'environ  trois  cents. 

KEMBLE  (Adélaïde),  marquise  deCAZA 
BARGUILLEU  Y  S  AIlTORIO,cantatrice 
dramatique  et  de  concert,  est  née  a  Londres, 
en  1814.  Fille  du  célèbre  comédien  anglais 
Charles  Remble,  elle  fut  destinée  au  thé.itrc 
dès  son  enfance,  et  reçut  de  son  père  et  d'un 
l)on  niailic  de  chant  une  éducation  analogue  à 


a 


KEMBLE  -  KEMPIS 


celle  carrière.  En  1831,  ayant  à  peine  ac- 
compli sa  seizième  année,  elle  débuta,  dans 
des  arrangements  d'opéras  anglais,  au  théâtre 
de  Covent-Garden,  dont  son  père  était  direc- 
teur. Sa  voix  était  belle,  sa  vocalisation  facile 
et  sa  beauté  rappelait  son  origine;  car  Charles 
Kemble  était  un  des  plus  beaux  hommes  de 
l'Angleterre.  Le  succès  de  miss  Kemble  fut  dé- 
cidé tout  d'abord.  Engagée  ensuite  au  théâtre 
de  Drury-Lane,  elle  y  chanta  pendant  deux 
ans,  puis  donna  des  concerts  dans  les  villes  de 
province  et  partout  se  fit  applaudir.  En  18ôG, 
elle  fit  un  voyage  en  Allemagne,  brilla  à 
Prague  pendant  deux  saisons,  et,  deux  après, 
chanta  dans  quelques  concerts  à  Paris.  Arrivée 
en  Italie  au  commencement  de  1839,  elle 
chanta,  dans  la  même  année,  au  théâtre  de  la 
Scala  de  Milan,  à  la  Fenice  de  Venise  et  à 
Trieste.  En  1840,  elle  fut  engagée  au  théâtre 
de  Mantoue,  puis  elle  se  rendit  à  Naples,  où 
elle  chanta  avec  succès  pendant  le  carnaval  de 
1841.  Rappelée  en  Angleterre  pour  y  tenir 
l'emploi  de  prima  dorina  de  l'opéra  anglais, 
au  commencement  de  1842,  elle  partit  ensuite 
I)our  Dublin.  Ce  fut  là  qu'elle  inspira  un  amour 
passionné  à  un  gentilhomme  espagnol  de 
grande  maison ,  qui  jouissait  d'une  fortune 
très-considérable,  et  qu'elle  devint  marquise 
de  Caza  Barguiller  y  Sartorio.  Le  dernier 
concert  où  elle  chanta  fut  donné  à  Dublin,  le 
1 1  juillet  1842  :  depuis  lors,  elle  a  disparu  du 
inonde  musical. 

REMMLEIN  (GEORCES-MicnEL)  ,  né  en 
1785,  à  Dingsleben,  entre  Cobourg  et  Mei- 
iiingen,  apprit  les  éléments  de  la  musiqne, 
sous  la  direction  de  son  père,  instituteur  de 
l'endroit  et  organiste  habile.  Dès  l'âge  de  huit 
qns,  il  pouvait  déjà  remplacer  celui-ci  à  l'or- 
gue de  la  paroisse.  Dans  sa  treizième  année, 
il  alla  faire  ses  études  au  Gymnase  de  Schleu- 
singen  :  Staep,  cantor  de  cette  ville,  l'initia  à 
l9  théorie  de  la  musique.  En  1806,  Kemmiein 
alla  étudier  la  théologie  à  l'Université  de  Jéna; 
il  y  continua  ses  exercices  de  musique,  et  de- 
vint un  pianiste  distingué.  Après  avoiiété  pré- 
cepteur pendant  trois  ans  chez  un  riche  ama- 
teur de  musique  à  Lodersieben,  près  de 
Querfurth,  il  est  retourné  à  Jéna  en  1812,  en 
qualité  de  cantor  et  de  professeur  de  l'École 
moyenne.  Plusieurs  sociétés  de  chant  l'ont 
choisi  depuis  lors  pour  les  diriger.  Quoique 
Kemmlsin  ait  beaucoup  écrit  de  musique,  on 
n'a  publié  qu'un  petit  nombre  de  ses  com- 
positions religieuses,  telles  que  cantates, 
hymnes,  etc. ,  dans  les  archives  de  Kalbilz 
(foi/ejce  nom). 


KEMPE  (EMMAîiDEt-BENJAiiiiN),  autcup  in- 
connu d'une  dissertation  intitulée  :  Commen- 
tatio  de  sacri  Musicx  prxfectis  apud  veteres 
Mebr^os, Dresde,  1737,  in-4''. 

KEMPELEN  (WoLFGANG  DE),  conseiller 
de  la  cour  royale  et  impériale,  et  référendaire  à 
la  chancellerie  de  la  cour  royale  de  Hongrie, 
à  Vienne,  naquit  à  Presbourg,  en  1729.  On 
lui  doit  l'invention  d'une  machine  parlante 
(Sprachmaschine)  fort  ingénieuse,  dont  il  a 
donné  la  description  dans  un  écrit  intitulé  : 
Mechanismus  der  menschlichen  Sprache, 
nebst  der  Beschreibung  einer  spreclienden 
Maschine  (Le  mécanisme  de  la  parole,  suivi 
de  la  description  d'une  machine  parlante), 
Vienne,  1791,  grand  in-S»,  avec  vingt-sept 
planches.  Chiadni  assure  que  cette  machine  est 
fort  simple  et  que  chaque  son  y  est  exactement 
rendu  sans  supercherie.  M.  de  Remjjelen  est 
mort  à  Vienne,  dans  le  mois  d'avril  1804. 

KEMPIS  (Thomas  A),  ainsi  nommé  parce 
qu'il  était  de  Kempen,  petite  ville  du  duché 
de  Clèves  (aujourd'hui  Prusse  rhénane),  avait 
pour  nom  de  famille  Hamerlein.  Il  naquit 
vers  1380,  fut  sous-prieur  du  monastère  de 
Mont-Sainte-Agnès,  au  diocèse  d'Utrecht,  où 
il  avait  prononcé  ses  vœux,  en  1407,  et  mourut, 
en  1471,  à  l'âge  de  plus  de  quatre-vingt  dix 
ans.  La  plus  grande  partie  de  l'existence  de  ce 
pieux  solitaire  se  passa,  dans  le  calme  du 
cloître,  à  copier  des  manuscrits,  parce  qu'il 
possédait  un  talent  de  calligraphie  très-remar- 
quable. On  lui  a  attribué  la  composition  du 
livre  célèbre  de  V Imitation  de  Jesus-Christ, 
que  d'autres  ont  considéré  comme  l'ouvrage 
du  savant  Gerson.  Les  partisans  d'A  Kemi)is 
ont  pour  argument  principal  en  sa  faveur 
l'existence  d'un  manuscrit  de  sa  main  con- 
tenant Vlmilation,  lequel  est  daté  de  1441, 
et  renferme  beaycoui)  de  ratures  qui  pré- 
sentent des  variétés  de  leçons.  Ce  manuscrit 
est  aujourd'hui  dans  la  Bibliothèque  royale  de 
Bruxelles.  Ses  adversaires  lui  opposent  des 
manuscrits  plus  anciens,  lesquels  contiennent 
de  meilleures  leçons.  Les  uns  reconnaissent  de 
nombreux  gallicismes  dans  le  latin  de  l'ou- 
viage  original,  tandis  que  Mgr  Malou,  évéque 
de  Bruges  et  auteur  d'une  dissertation  sur  ce 
sujet,  voit  des  flandricismes  dans  le  texte.  Il 
n'appartient  pas  à  notre  sujet  d'entrer  dans 
celle  discussion  :  Thomas  à  Kempis  n'est  cilé 
ici  que  pour  des  chants  liturgiques  que  M.E.dc 
Coussemaker  lui  a  attribués,  et  qu'il  a  publiés 
dans  le  Messager  des  sciences  historiques  de 
la  Belgique  (Gand,  185G).  Le  manuscrit  de 
la  maiu  de  Kempis  d'où  il  les  a  tirés,  et  qui 


I 


KEMPIS  ~  KENNIS 


renferme  plusieurs  ouvrages,  appartient  à  la 
,  Bibliothèque  royale  de  Bruxelles,  et  s'y  trouve 
sous  les  numéros  4585,  4586  et  4587.  11  est 
daté  de  l'année  1461.  Bien  qu'à  la  dernière 
page  on  lise  :  fînitus  et  scriptus  per  manus 
fratn's  Thome  Kempis,  il  ne  paraît  pas  dé- 
montré qu'il  soit  l'auleur  de  ces  chants.  Occupé 
presque  incessament  des  copies  de  manuscrits, 
«  Thomas,  dit  M.  De  Gence,  dans  sa  notice 
«  sur  ce  moine  laborieux,  copia  aussi  plusieurs 
t>  livres  de  chant  (cantuales),  qu'on  a  dési- 
«  gnés  comme  des  canti(|ues  dans  la  liste  de 
«  ses  ouvrages  donnée  d'après  les  chanoines 
«  réguliers  de  Bobdorf.  »  Il  se  peut  que  les 
chan(s  publiés  par  M.  de  Coussemaker  ne  soient 
aussi  qu'une  transcription.  Quoi  qu'il  en  soit, 
la  i)ublication  de  ces  fragments  accompagnés 
d'une  notice  a  pour  titre  :  Chants  liturgiques 
de  Thomas  à  Kempis.  Il  en  a  été  tiré  quelques 
exemplaires  à  part  (Gand,  1856,  in-8"  de  vingt 
pages),  avec  les  fac-similé  des  trois  chants, 
d'après  le  manuscrit,  en  notation  allemande 
gothique  des  quatorzième  et  quinzième  siècles, 
et  de  leur  traduction  en  notation  de  plain- 
chant  ordinaire. 

KEMPTEK  (Charles),  compositeur  de 
musique  d'église,  né  en  Bavière,  était,  en  1842, 
maître  de  chapelle  d'une  des  églises  d'Augs- 
bourg.  Je  n'ai  pas  d'autres  renseignements  sur 
cet  artiste,  que  les  biographes  allemands  les 
plus  récents  ne  mentionnent  pas.  Ses  ouvrages 
les  i)lus  connus  sont  ceux-ci  :  1"  Messe  alle- 
mande pour  soprano,  contralto,  ténor  et  basse; 
avec  orgue  ol)ligé,  violoncelle  et  contrebasse, 
op.  8,  Augsbourg,  Schmidt.  2"  Messe  latine 
(en  ré)  à  quatre  voix,  orchestre  et  orgue, 
op.  9,  Augsbourg,  Bœhm.  5°  Messe  solennelle 
(en  si  bémol),  à  quatre  voix,  orchestre  et  orgue 
op.  11,  ibid.  4"  Missa  sancla  pour  soprano 
et  contralto,  deux  violons,  alto,  contrebasse 
et  orgue  obligés,  ténor,  basse,  flùte,  deux 
clarinettes,  deux  cors,  deux  trompettes  et  tim- 
bales ad  libitum,  op.  13,  ibid.  5°  Seconde 
Messe  solennelle  (en  fa)  à  quatre  voix  et  or- 
chestre, op.  17,  ibid.  6»  Messe  pastorale  à 
quatre  voix  et  orchestre,  op  24,  ibid.  7°  Tan- 
tum  Ergo,  Salve  Regina,  Graduel  et  Offer- 
toire, à  quatre  voix,  deux  violons,  alto,  basse 
et  orgue  obligés,  fliite,  deux  clarinettes  et  deux 
cors  ad  libitum.,  ibid.  M.  Rempter  a  publié 
aussi  quelques  pièces  |iour  le  piano,  à  Offen- 
bach, chez  André. 

Kîi]>DALL  (Jeas),  organiste  de  l'église 
Sainlé-Mary-le-Bone,  à  Londres,  dans  la  se- 
conde moitié  du  dix  huitième  siècle,  a  publié, 
en  1780,  un  livre  de  pièces  d'orgue. 


RENN  (P.),  professeur  de  cor,  né  en 
Allemagne,  vers  le  milieu  du  dix-huitième 
siècle,  se  rendit  à  Paris,  en  1782,  et  entra 
l'année  suivante  à  l'Opéra,  pour  y  jouer  la 
partie  de  second  cor. Lorsque  la  musique  delà 
garde  nationale  de  Paris  futorganisée,en  1791, 
Renn  y  entra  comme  beaucoup  d'autres  artistes 
distingués,  et  à  ce  titre,  il  fut  compris  dans  le 
nombre  des  professeurs  du  Conservatoire  de 
Paris,  à  l'époque  où  cette  école  fut  instituée; 
mais  une  réforme  considérable  de  ces  profes- 
seurs ayant  été  faite,  en  1802,  MM.  Domnich 
et  Frédéric  Duvernoy  furent  seuls  conservés 
pour  l'enseignement  du  cor,  et  Renn  reçut  sa 
démission.  Vers  la  fin  de  1808,  il  se  retira  de 
l'orchestre  de  l'Opéra  avec  une  pension,  et  il 
eut  poursuccesseurson  élèveM.  Uauprat.  Renn 
a  été  un  des  meilleurs  cors-basses  qu'il  y  ait  eu 
en  France.  Il  a  publié  :  1°  Duos  mêlés  d'airs 
pour  deux  cors,  op.  1,  Paris,  Sieber.  2» Recueil 
de  petits  airs  pour  deux  cors,  op.  2,  Paris, 
fllichel  Ozy.  3"  Recueil  d'airs  arrangés  pour 
trois  cors,  ibid.  4°  Trente-six  trios  pour  troia 
cors  en  mi  bémol,  ibid.  5"  Douze  duos  pour 
clarinette  et  cor,  op.  5,  Paris,  Sieber. 

KEl>i]>iIS(GuiLLAUME-GoiuMAiRF.),  violoniste 
distingué,  compositeur  et  maître  de  chapelle, 
naquit  à  Lierre  (Belgique),  vers  1720,  ou  même 
l)lus  tôt,  car  il  existe  à  l'église  Notre-Dame, 
d'Anvers,  un  motet  de  sa  composition  pour 
le  dimanche  des  Rameaux,  à  quatre  voix  et 
orgue,  lequel  est  daté  de  1743.  On  ignore  le 
nom  du  maître  qui  l'a  dirigé  dans  ses  étude» 
musicales;  il  y  a  lieu  de  croire  que  ce  futijucl- 
que  musicien  obscur  du  lieu  de  sa  naissance, 
et  que,  prédestiné  pour  l'art,  il  ne  dut  qu'à 
lui-même  le  développement  de  ses  talents;., 
car  il  ne  parait  pas  s'être  éloigné  de  cette  ville,, 
y  ayant  occupé  fort  jeune  la  place  de  maître  de 
chapelle  de  l'église  de  Saint-Gonimaire.  Vers. 
1768,  il  abandonna  cette  position  pour  celle  de- 
maître  de  chapelle  et  des  enfants  de  chœur 
de  la  grande  collégiale  de  Saint-Pierre,  à 
Louvain.  Il  en  remplit  les  fonctions  avec  zèle 
et  talent  jusqu'à  ses  derniers  jouis,  et  mourut 
dans  cette  ville,  le  10  mai  1789.  Rennis  était 
considéré  ajuste  titre  comme  le  violoniste  le 
plus  habile  de  la  Belgique,  particulièrement 
dans  les  traits  difficiles  pour  le  doigter  de  la 
main  gauche  (1).  L'impératrice  Marie-Thérèse, 

(t)  L'historien  de  la  musique  Burney>qui  visita  Lou- 
vain, en  1772,  mais  ne  s'y  arrêta  que  le  temps  nécessaire 
pour  y  prendre  des  noies  i  la  liàte,  dit  cependant  de 
Kennis  :  «  M.  Kennis  est  le  plus  cctébre  violoniste  non- 
<i  seulement  de  Louvain,  mais  de  tout  le  pays.  Les  soios- 
«  qu'il  écrit  pour  son  instrument,  ainsi  que  son  exc- 
«  talion,  oITrcnl  des  traits  si' dilTiciles,  qu'aucun  auire- 


i6 


KENNIS  -  KEPLER 


après  l'avoir  entendu,  lui  témoigna  sa  satis- 
faction par  le  don  d'un  des  plus  beaux  violons 
connus  de  Steiner.  Cet  instrument  avait  été  fait 
par  le  célèbre  luthier  pour  la  famille  impé- 
riale. Il  est  vraisemblable  que  Kennis  voyagea 
et  visita  Paris  et  Londres,  car  la  plupart  de  ses 
ouvrages  furent  imprimés  dans  ces  deux  villes  ; 
cependant,  on  ne  trouve  pas,  soit  dans  les 
journaux,  soit  dans  les  almanachs  de  musique, 
l'indication  de  concerts  spirituels  où  il  se  serait 
fait  entendre.  Ses  productions  connues  sont 
celles-ci  :  1"  Six  sonates  pour  violon  seul  et 
basse  continue  (pour  le  clavecin),  Liège,  gr. 
in-fol.  (sans  date).  2»  Six  trios,  dont  quatre 
pour  violon,  violoncelle  et  basse,  et  deux  pour 
deux  violoncelles  et  basse,  Paris,  Le  Menu. 
3"  Six  duos  pour  violon  et  violoncelle,  Paris, 
Cousineau.  4"  Six  sonates  pour  violon  et  basse 
continue,  Louvain,  Wyberechts.  6°  Six  qua- 
tuors pour  deux  violons,  alto  et  basse,  Lon- 
dres, Mondhare.  G*  Six  duos  pour  deux  vio- 
lons, Londres,  BJand.  7°  Douze  symphonies 
pour  l'orchestre.  8"  Premier,  deuxième  et 
troisième  concertos  pour  violon  et  orchestre, 
Paris,  Bailleux.  O"»  Motet  (//^c  dies  quam  fecit 
Dominus),  pour  quatre  voix  et  orchestre. 
10"  Le  motet  indiqué  ci-dessus. 

KENNIS  (Guillaume-Jean-Jacqces),  fils 
du  précédent,  né  à  Louvain,  le  21  mai  1768, 
fat  élève  de  son  père  et  lui  succéda  en  qualité 
de  maître  de  chapelle  de  l'ancienne  collégiale 
de  Saint-Pierre.  La  clôture  des  églises,  pen- 
dant les  troubles  révolutionnaires,  détermina 
cet  artiste  à  se  fixer  à  Anvers  et  à  s'y  livrer  à 
l'enseignement;  mais  après  le  retour  au  culte, 
par  suite  du  concordat  avec  le  gouvernement 
français,  Kennis  fut  appelé,  eu  1803,  à  la  place 
de  maître  de  chapelle  de  l'église  Notre-Dame 
de  cette  ville,  et  fut  chargé  d'en  réorganiser  la 
musique.  II  s'acquitta  de  cette  mission  avec 
plus  de  zèle  que  de  talent.  Quoiqu'il  n'ait  rien 
composé,  il  travaillait  sans  cesse  à  des  arran- 
gements (ou  plutôt  dérangements)  des  œuvres 
des  grands  maîtres,  auxquels  il  ajoutait  ou 
ôtait  des  instruments,  selon  les  besoins  de  sa 

«  violoniste  belge  ne  pourrait  les  rendre.  Cependant, 
n  M.  Sclieppers,  carillonneur  de  la  «ille,  piqué  de  la 
«  haute  réputation  de  M.  Kennis,  a  fait  récemment  la 
M  gageure  de  jouer  sur  ses  cloches  un  des  solos  les  plut 
«  difficiles  de  cet  artiste,  et  de  s'en  acquitter  à  la  satis- 
•>  faction  des  juges  qui  seraient  désignés  pour  en  décider. 
«  Non-seulement  il  gagna  son  pnri,  mais  son  succès 
«  augmenta  beaucoup  In  réputation  dont  il  jouissait 
«  dans  les  l'ays-Bas.  «  (The  présent  slale  of  JUutie  in 
Certnany,  the  Nelherlandi,  etc.,  t.  I,  p.  C2).  Burney  s'est 
irompë  sur  le  nom  du  carillonneur  qui  fit  ce  tour  de 
force  :  il  se  nommait  AJatlliias  Van  tien  (jheyH  (voj'Cl 
(C  nom). 


chapelle.  Il  passait  à  Anvers  pour  un  savant 
compositeur;  mais,  au  fond,  c'était  un  musicien 
médiocre.  Il  est  mort  à  Anvers,  au  mois 
d'avril  1845.  Sa  collection  de  masique  d'église 
fut  achetée,  après  son  décès,  par  le  conseil  de 
fabrique  de  l'église  Notre-Dame. 

KEÎNT  (Jacques),  né  à  Winchester ,  le 
13  mars  1700,  fut  admis  comme  enfant  de 
chœur  à  l'église  cathédrale,  et  y  apprit  les  élé- 
ments de  la  musique,  sous  la  direction  de  l'or- 
ganiste Vaughan-Richardson;  puis  il  passa  en 
la  même  qualité  dans  la  chapelle  royale.  Là,  il 
termina  ses  études  par  les  leçons  du  docteur 
Croft.  La  première  place  qu'il  occupa  fut  celle 
d'organiste  de  l'église  de  Findon,  dans  le 
Northamptonshire;  nommé  ensuite  organiste 
de  la  chapelle  du  collège  de  la  Trinité  à  Cam- 
bridge, il  y  resta  jusqu'en  1737;  à  celte 
époque  il  obtint  l'orgue  de  l'église  cathédrale 
et  de  la  chapelle  du  collège  à  Winchester.  Il 
conserva  cette  position  pendant  quarante  ans, 
et  mourut  vers  la  fin  de  1776.  Admirateur  du 
talent  et  du  style  de  son  maître,  le  docteur 
Croft,  il  l'a  souvent  copié  servilement  dans  sa 
musique  d'église;  mais  il  attachait  si  peu  de 
prix  à  ses  propres  ouvrages,  que  ses  amis 
n'obtinrent  pas  sans  peine  qu'il  publiât,  peu 
de  temps  avant  sa  mort,  un  livre  de  douze  an- 
tiennes à  quatre  voix,  en  partition.  Plus  tard, 
Corfe,  organiste  à  Salisbury,  publia  un  second 
volume  des  œuvres  de  Kent,  contenant  des 
services  du  matin  et  du  soir,  avec  huit  an- 
tiennes à  quatre  voix.  Quelques  antiennes  de 
sa  composition  ont  été  insérées  dans  la  collec- 
tion de  Boyce  intitulée  :  Cathedral  tnusic,  et 
dans  VHarmonia  sacra  de  Page. 

KEPLER  (Jean),  illustre  auteur  de  la 
découverte  des  lois  mathématiques  du  mouve- 
ment des  planètes  qui  a  immortalisé  son  nom, 
naquit  le  27  décembre  1571,  à  Weil,  dans  le 
duché  de  Wurtemberg,  d'une  famille  noble 
tombée  dans  l'indigence.  Admis  dans  un  cou- 
vent pour  y  commencer  ses  études,  il  alla  les 
terminer  à  Tubinge.  En  1594,  il  fut  appelé  à 
Grsetz  pour  y  remplir  la  place  de  professeur  de 
mathématiques  ;  cette  circonstance  décida  de 
sa  vie,  car  dès  lors  toutes  ses  vues  se  tournè- 
rent vers  l'astronomie  qui  allait  en  quelque 
sorte  changer  entre  ses  mains  de  direction  et 
d'objet.  Ce  n'est  point  ici  le  lieu  d'examiner  la 
nature  des  travaux  de  ce  grand  homme,  ni 
l'influence  qu'ils  ont  exercée  sur  la  science  : 
il  n'est  question  de  lui  dans  ce  dictionnaire 
que  pour  un  ouvrage  dont  il  sera  parlé  tout  à 
l'heure.  Kepler  vécut  dans  l'indigence;  pour 
lui,  ce  n'était  point  un  mal.   Riche  de  ses 


KEPLER    -    KERL 


n 


snblinres  découvertes,  il  n'éprouvait  de  besoin 
que  pour  sa  famille;  mais  les  piivalions  de 
sa  femme  et  de  ses  enfants  décliiraient  son 
cœur.  Ses  écrits,  lus  seulement  par  un  petit 
nombre  de  savants  qui  n'en  comprenaient 
point  alors  la  portée,  ne  produisaient  rien 
pour  son  bien-être.  Sa  fin  fut  aussi  triste  que 
l'avait  été  sa  vie.  H  était  allé  à  Ralisbonne 
pour  solliciter  le  payement  d'une  somme  qui 
lui  était  due  ;ol)ligé  défaire  la  route  à  cbevàl,  il 
arriva  dans  cette  ville,  malade,  excédé  de  fa- 
tigue et  rongé  d'inquiétude;  six  jours  api'ès 
(le  15  novembre  KjôO),  il  expira  dans  un  âge 
peu  avancé,  laissant  dans  une  profonde  misère 
sa  femme  et  quatre  enfants. 

Les  idées  des  pythagoriciens  sur  les  rapports 
des  nombres  et  des  proportions  appliqués  à  la 
constilulion  de  l'univers  paraissent  avoir  été 
le  point  de  départ  de  cet  homme  célèbre  : 
elles  furent  à  la  fois  la  source  des  vérités  qu'il 
«iéconvril  et  des  erreurs  où  il  se  laissa  cntrai- 
iver.  Ce  furent  ces  mêmes  idées  qui  lui  inspi- 
i-èrent  le  plan  d'un  livre  dont  le  sujet  avait  été 
déjà  traité  par  Robert  Fludd,  mais  avec  toutes 
les  extravagances  qui  pouvaient  naitre  dans  le 
cerveau  d'un  tel  illuminé.  Le  litre  complet  de  ce 
livre  célèbre  est  :  Harmonices  IHundi  libri  f^, 
quorum  primus  genmatricus,  de  figurarum. 
rcgulariiim ,  qua?  proporCiones  har7nonicas 
cvnstituunt,  ortu  et  demonstrationibiis  ;  se- 
cundits  architectonîcits ,  seu  ex  genmelria 
figurdla,  de  figurarum  regularium  congruen- 
lin  in  piano  tel  in  solido;  tertius  proprie 
Narmonicus,  de  proportionum  harnwnica- 
ru7n  orlu  ex  figuris,  deque  natura  et  difl'eren- 
liis  rerum  ad  cantum  perlineulium,  contra 
vcteres;  quarlus  melaphysicus ,psydtologicus 
ei  aslrologicuSj  dS  Harmoniarum  mentait 
essenliu  earumque  generibus  in  mundo;  prs  ■ 
sertim  de  harmonia  radiorum,ex  corporibus 
cœleslibus  in  terram  descendentibus.  ejusque 
cfftclu  in  natura  seu  anima  sublunari  et 
Inimana;  quintus  astronomicus  et  metuphy- 
siiiis  de  Harmoniis  absolutissimus  moluum 
ca'lesti^im  orluque  excentricitatum  ex  pro- 
porlionibus  harmonicis,  Linz,  1619,  in-fol. 
C'est  dans  le  troisième  chapitre  du  cinquième 
livi-e  de  cet  ouvrage  célèbre  que  si;  trouve  la 
troisième  loi  fondamentale  de  l'astronomie 
moderne  découverte  par  Kepler,  la(|uelle,  dé- 
montrée par  Newton,  lui  a  fourni  la  base  de  sa 
Ihéor'te  de  l'attraction  qui  régit  le  monde 
Bien  que  les  lois  du  mouvement  des  planètes 
soient  certainement  sans  analogie  avec  celles 
des  relations  des  sons,  c'est  pourtant  quelque 
chose  de  grand  et  de  sublime  que  celte  idée 

BIOKU.  tXlV.   UES  MtSlCIK.NS.  T.   V. 


d'une  harmonie  universelle  démontrée;  et  la 
singulière  force  de  tête  de  Kepler  me  semble 
se  manifester  encore  au  milieu  de  toutes  ses 
aberrations.  Le  troisième  livre  de  son  ouvraire 
est  spécialement  consacré  à  la  musique  ;  comme 
chacun  des  autres  livres,  il  forme  à  lui  seul  une 
pagination  particulière  depuis  la  page  1  jus- 
qu'à lOû.  Il  est  divisé  en  un  prolongue  et  seize 
chapitres  qui  conliennent  des  propositions 
curieuses  et  plus  utiles  qu'on  ne  pense  à  la 
formation  d'une  philosophie  de  la  musique.  Le 
cinquième  livre,  destiné  à  établir  l'analogie 
des  proportions  harmoniques  de  la  musique  et 
de  celles  de  l'astronomie,  est  le  plus  singulier 
de  tout  l'ouvrage,  et  renferme  beaucoup  de 
passages  relatifs  à  la  musique,  considérée 
dans  l'acception  la  plus  étendue  «pi'on  puisse 
lui  donner.  L'analyse  des  idées  de  Kepler  en- 
traînerait bois  des  bornes  de  l'article  (jui  lut 
est  ici  consacré  :  elle  trouvera  sa  place  dans 
mon  Histoire  de  la  philosophie  de  la  musique, 
complément  nécessaire  de  la  |)hilosophie  de 
cet  art.  Dans  un  appendice  de  son  livre,  Kep- 
ler attaque  les  traités  de  la  musique  univer- 
selle qui  forment  une  partie  du  Macrocosme 
de  Robert  Fludd  {voyez  ce  nom)  :  celui-ci 
ayant  répondu  par  son  livre  intitulé  :  Mono- 
chordum  Mundi  Symphoniacum ,  Kepler 
réplicjua  dans  sa  dissertation  intitulée  :  Spor- 
tula  genelhliacis  missa,  Sagan,  1619,  in-fol. 
On  s'étonne  de  voir  de  savants  hommes  s'é<>a- 
rer  dans  les  rêves  dont  ces  ouvrages  sont  rem- 
plis. 

KERL  (Jean-Gaspard  DE),  grand  orga- 
niste et  compositeur  distingué,  naijuit  dans  la 
Haute-Saxe,  vers  1625.  Il  était  fort  jeune  lors- 
qu'il alla  à  Vienne.,  où  il  commença  l'élude  de 
la  musique  sous  la  direction  du  maître  de  cha- 
pelle <le  la  cour  impériale  Jean  Valentini,  et 
fut  ensuite  envoyé  par  l'empereur  Ferdi- 
nand III  à  Rome,  vers  1645,  chez  Carissiroi, 
l)our  y  perfectionner  son  talent.  Les  leçons  de 
ce  maitre  célèbre  et  les  occasions  fréquentes 
qu'il  eut  d'entendre  souvent  des  oeuvres  de 
grande  valeur  formèrent  son  goût  et  dévelop- 
pèrent les  heureuses  facultés  de  son  organisa- 
lion  naturelle.  De  retour  en  Allemagne,  il  s'y  lit 
bientôt  remarquer  comme  un  des  organistes 
les  plus  habiles  de  cette  époque,  ou  plutôt 
comme  le  seul  rival  qu'on  put  alors  opposer  à 
Froberger,  qu'il  avait  dû  connaitreà  Rome;  il 
y  a  même  lieu  de  penser  que,  comme  lui,  il  avait 
reçu  des  leçons  de  Frescobaldi.  Quoi  (ju'il  en 
soit,  ce  fut  au  couronnement  de  l'empereur 
Léopold  que  de  Kerl  se  fil  connaître  pour  ce 
qu'il  était.  Il  avait  appris  que  ce  couronnement 


i8 


KEÎiL 


<levait  se  faire  à  Francforl-sur-le-Mein,  le  22 
juillet  1C38,  et  celte  circonstance  lui  suggéra 
le  dessein  de  s'y  rendre  en  secret.  Arrivé  dans 
cette  ville,  il  se  lia  d'amitié  avec  le  vice-maître 
tie  chapelle  de  rem[)ereur,  Jean-Henri  Schmel- 
zer,  qui  le  présenta  à  son  maître  et  parla  de 
sion  talent  en  termes  remplis  d'enthousiasme. 
^'on-seulemenl  le  monarque  accueillit  l'artiste 
;tvec  bienveillance,  mais  il  voulut  lui  donner 
pour  le  lendemain  un  thème  qu'il  lui  demanda 
de  traiter  à  quatre  parties  sur  l'orgue.  De  Kerl 
accepta  avec  joie  la  i)roposilion  de  l'empereur; 
mais  il  le  ()ria  de  ne  lui  donner  le  thème  qu'au 
moment  où  il  irait  s'asseoir  au  clavier  de 
l'orgue.  Le  lendemain,  l'empereur,  les  élec- 
teurs et  les  autres  princes  qui  assistaient  au 
couronnement  se  rendirent  à  l'église; De  Kerl 
commença  luv  une  fantaisie  magnifique,  suivie 
du  thème  traité  àdeu\  i)arlies  seulement,  mais 
avec  tant  de  lessources  d'harmonie  et  de  mo- 
dulation, que  l'auditoire  l'ut  saisi  d'admira- 
tion. Ce  n'était  pourtant  que  le  prélude  de  ce 
qu'il  voulait  faire  entendre  ;  car,  après  un  ada- 
gio d'invention,  il  rentra  dans  le  thème  donné 
et  le  traita  à  trois  parties,  puis  à  quatre,  et 
enfin  à  cinq,  au  moyen  de  la  pédale,  introdui- 
sant sur  le  thème  principal  un  contre-sujet 
traité  en  concrepoint  double,  et  changeant 
plusieurs  fois  la  mesure  de  deux  à  trois  temps 
cl  de  (rois  à  deux.  Après  avoir  épuisé  ces  mei- 
veillea  de  l'art.  De  Rerl  fit  exécuter  une  belle 
messe  de  sa  composition.  Charmé  de  ce  (ju'il 
venait  d'entendre,  l'empereur  accorda  immé- 
diatement à  l'artiste  des  lettres  de  noblesse; 
de  leur  côlé,  les  électeurs  palatin  et  de  Bavière 
lui  offrirent  la  place  de  directeur  de  leur  cha- 
pelle :  De  Kerl  préféra  Munich  à  Manheim,  et 
;<lla  y  jirendre  possession  de  ses  fonctions. 

Les  ouvrages  qu'il  écrivit  pour  la  chapelle 
de  l'électeur  de  Bavière  furent  considérés  alors 
comme  des  productions  achevées.  La  connais- 
sance qu'il  avait,  d'ailleurs,  du  style  italien  le 
rendait  propre  à  écrire  pour  les  concerts  du 
I>rince,  où  brillaient  des  artistes  distingués  de 
l'Italie.  Toutefois,  l'antipathie  que  les  chan- 
teurs ilaUens  de  cette  époque  avaient  pour  les 
compositeurs  allemands  se  manifesta  bientôt, 
et  De  Kerl  fut  en  butte  à  mille  tracasseries  qui 
finiient  par  le  fatiguer,  et  qui  lui  firent  donner 
sa  démission  de  maître  de  chapelle,  en  1673, 
après  plus  de  quinze  ans  de  service.  Mais  avant 
d'abandonner  ses  fonctions,  il  se  vengea  d'une 
manière  plaisante  des  mauvais  tours  des  vir- 
tuoses ultramontains,  en  écrivant  un  morceau 
composé  d'intonations  si  bizarres  et  si  diffi- 
ciies,  qu'ils  chantèrent  horriblement  faux  en 


l'exécutant  et  se  couvrirent  de  ridicule.  Le  bon 
accueil  qui  lui  fut  fait  à  Vienne  le  consola  de 
ses  chagrins;  en  1677,  il  obtint  la  place  d'or- 
ganiste de  Saint-Étienne.  Recherché  aussi 
comme  maître  de  clavecin,  il  en  donnait  des 
leçons  qui  le  mirent  dans  l'aisance.  Mattheson 
dit  {Grilndl.  einer  Ehrenpf.,  p.  137)  (jne 
l'époque  de  la  mort  de  cet  artiste  n'est  point 
connue  :  d'après  l'ancien  Lexique  des  musi- 
ciens de  Gerber,  il  aurait  cessé  de  vivre  à 
Vienne,  vers  1690;  mais  dans  son  nouveau 
dictionnaire,  ce  biographe  avoue  son  erreur, 
et  nous  apprend  que  le  tombeau  de  De  Kerl  se 
trouve  à  Munich,  dans  l'église  des  Augustins. 
Il  paraît  que  la  pierre  tumulaire  qui  a  fait 
connaître  ce  fait  à  Gerber  n'indique  pas  la 
date  du  décès  de  l'artiste,  car  il  n'en  dit  rien, 
et  se  borne  à  rapi)orter  une  sorte  de  rébus  mu- 
sical qui  est  gravé  à  droite  et  à  gauche  de  la 
pierre,  avec  le  mot  seni  qui  semble  indiquer 
que  De  Kerl  est  mort  dans  un  âge  avancé. 

Ce  qui  nous  reste  des  compositions  de  ce 
musicien  justifie    sa  renommée ,    au    moins 
comme  organiste.  Ses  pièces  d'orgue,  comme 
celles  de  Froberger  et  de  Buxlehude,  forment 
une  époque  de  transition    dans  l'école  alle- 
mande, entre  Samuel  Scheidt  et  Jean-Sébastien 
Bach.  Son  style   a  même  plus  d'analogie  avec 
celui  de  ce  dernier  que  ceux  des  deux  autres  ; 
il  fait  un  plus  fréquent  usage  des  dissonances 
et  les  résout  presque  toujours  d'une  manière 
neuve,  inattendue,  et  dans  un  système  de  mo- 
dulation qui  était  alors  complètement  nouveau. 
Les  productions  connues  de  ce  grand  musicien 
sont  :  1»  Un  recueil  de  motets  intitulé  :  Selec- 
tus  sacrarum  Caiitionum  cum  quatuor  et 
quinque  vocibus  concert,  el  basso  gênerait  ad 
organum,  Norimbergse,  1669,  in-4".  2'^  Opus 
primtim  Missarum  2,  3,  4,  5  vocum,  Norim- 
bergse, 1669,  in  fol.  5»  Modulatio  organica 
super  Magnificat ,  octo  tonis  organicis  re- 
spondens,  Monachi,  1686.  Collection  de  j)ièces 
d'orgue  pour  les  préludes,  versets  el  conclu- 
sions du  Magnificat,  dans  les  huit  tons,  qui 
sont  du  plus  grand  mérite.  4''  Missœ  scx  4,  '6 
et  G  vocibus  cum  instriimentts  eoncertantibus 
et  vocibus  in  ripieno,  adjuncta  ttna  pro  de- 
functis  cum  seq.  Dies  irœ,  consecratx  Leo- 
poldo  J,  imperatorij  Monachii,  1689,  in-4^. 
Mattheson  accorde  de  grands  éloges  à  cet  ou- 
vrage. 5°  Missa  nigra,  appelée  ainsi,  parce 
qu'il  ne  s'y  trouve  pas  une  seule  note  blanche. 
C'est    une   de    ces    recherches    puériles    qui 
avaient  pris  naissance  dès  la  fin  du  seizième 
siècle,  et  qui  se  multiplièrent  dans  le  dix-sep- 
tième.  Cette  messe  est  restée  en  manuscril. 


KERL  —  KLRLE 


\9 


C"  Kyrie  h  quatre  voix  el  orgue  ;  en  manuscrit 
chez  Breilkoitl",  en  1770.  7"  Kyrie  à  quatre 
voix,  deux  violons,  deux  violes,  deux  haut- 
bois, deux  bassons  et  orgue;  en  manuscrit, 
ibid.  8"  Missa,  Kyrie  cum  Gloria,  à  cinq 
voix;  deux  violons,  deux  violes  el  orgue,  fdem, 
ibid.  9"  Missa,  Kyrie  cum  Gloria,  à  huit 
voix  en  deux  chœurs,  deux  violons,  quatre 
trombones  et  orgue,  idem,  ibid.  10»  Messe  à 
cinq  voix  et  oigue,  idem,  ibid.  11"  Motet  à 
deux  voix  de  sopiano  el  basse  continue,  sous  le 
titre  de  Concert,  et  sur  les  paroles  :  O  bone 
Jesu ,  en  manuscrit.  12»  Trio  pour  deux  vio- 
lons et  basse  de  viole,  en  manuscrit,  lô"  Des 
(occales  cl  suites  pour  le  clavecin,  en  manu- 
scrit. Le  catalogue  deTraeg, de  Vienne,  indi(|ue 
un  Irailé  manuscrit  du  contrepoint,  attribué  à 
Ue  Rerl,  sous  ce  litre  :  Compendinse  relalione 
von  dem  Conlrapunct,  trois  parties. 

KERLE  (Jacques  DE),  né  à  Ypres,  en 
Flandre,  dans  la  première  partie  du  seizième 
siècle,  fui  chanoine  de  Cambrai,  el  directeur 
du  chœur  de  celle  église,  puis  maître  de  cha- 
pelle de  l'empereur  Rodolphe  II,  ainsi  que  le 
prouve  la  souscription  d'une  messe  sur  tit,  ré, 
mi,  fa,  sol,  la,  qui  se  trouve  dans  un  volume 
manuscrit  (coté  84)  des  archives  de  la  chapelle 
iwntilicale,  à  Rome.  Il  paraît  qu'il  visita  l'Ita- 
lie dans  sa  jeunesse,  et  qu'il  y  séjourna  envi- 
ron dix  ans,  car  ses  premiei-s  ouvrages  ont  élé 
imprimés  à  Venise,  depuis  1562  jusqu'en 
1571.  Peut-être  avait-il  été  attaché  à  la  suite 
de  quelqu'un  des  prélats  des  Pays-Bas  qui  as- 
sistèrent aux  dernières  sessions  du  concile  de 
Trente;  il  a  du  moins  mis  en  musique  des 
prières  pour  l'heureux  succès  de  ce  concile. 
Ses  premières  messes  furent  imprimée.sà  Ve- 
nise, en  1502;  près  de  trente  ans  ajirès,  il 
écrivait  encore,  car  il  dédia  sa  messe  sur  la 
gamme  au  pape  Grégoire  XIV,  qui  ne  fut  élu 
que  le  5  décembre  1500.  Ces  circonstances  ont 
clé  ignorées  des  biographes  qui  ont  parlé  de 
Jacques  De  Kerle.  On  connaît  de  ce  musicien  : 
1"  Sex  Missae  suavissimis  moduhitionibus 
rcfertx  parlim  quatuor  partim  quinque  vo- 
cibiis  concinend.r,  Veneliis,  1562,  in-fol.  Ce 
titre  est  celui  <iue  porte  réellement  ce  re- 
cueil ;  je  le  transcris  d'après  mon  exemplaire. 
Walther,  Gerber,  ni  les  autres  ne  l'ont  pas 
connu,  et  le  catalogue  de  la  Bibliothèque  mu- 
sicale de  Burney  l'a  défiguré  (p.  11).  Burney 
ôH  (General  Hist.  of  Music,  t.  III,  p.  512) 
que  le  style  de  cet  ouvrage  est  sec  el  dépourvu 
d'intérêt,  quoi(|ue  l'harmonie  soit  bonne  et 
<iue  les  réponses  de  fugues  soient  excellentes. 
Ce  jugement  est   dépourvu  de  sens;    car  si 


l'harmonie  des  meStSoe  de  Kerle  est  bonne,  et 
si  les  imitations  sont  excellentes  (non  les 
fugues,  la  fugue  véritable  ayant  pour  base  le 
contrepoint  double,  qui  n'était  point  encore 
en  usage  en  1502),  le  style  ne  saurait  être  sec 
et  dépourvu  d'intérêt,  puisque  l'intérêt  du 
style  de  ces  sortes  de  compositions  reposait 
précisément  sur  ces  conditions.  Burney  tombe 
d'ailleurs  en  celle  phrase  dans  une  de  ses  mé- 
prises ordinaires,  lorsqu'il  parle  de  la  bonté 
des  réponses  de  fugues  faites  par  Jacques 
De  Kerle;  car  ces  réponses  sont  ce  qu'elles 
devaient  être  absolument  au  temps  où  il  écri- 
vait, c'est-à-dire  réelles  :  les  réponses  tonales 
n'ont  pris  naissance  qu'au  commencement  du 
dix-septième  siècle,  avec  la  tonalité  moderne. 
Je  ne  m'étends  sur  ce  sujet  qu'afin  de  faire 
voii'  le  danger  des  jugements  portés  par  des 
hommes  dé|)Ourvus  de  connaissances  techni- 
ques suffisantes  :  Gerber,  le  Dictionary  of 
musicians,  le  Musical  biography,  et  d'autres 
ont  copié  le  passage  de  Burney.  Au  reste,  j'ai 
acquis  la  preuve  de  la  fausseté  de  l'opinion  de 
l'historien  anglais  de  la  musique,  car  j'ai  mis 
en  partition  les  deux  premières  messes  du 
recueil  de  De  Kerle,  el  j'en  ai  trouvé  le  style 
excellent,  eu  égard  au  lemps  où  il  écrivait. 
2"  Preces  spéciales  pro  salubri  Concilii  ge- 
neralis  successu,  Veneliis,  1569,  in -4".  Ce 
doit  être  une  deuxième  édition,  car  le  concile 
de  Trente  fut  clos  par  acclamation  le  4  dé- 
cembre 1563.  ô"  Madriyali  a  quatlro  voci, 
lib.  I,  in  Venezia,  1570,  in-4".  C'e>t  ce  recueil 
qui  est  cité  par  Diaudius,  el  d'après  lui  par 
Wallheret  Gerber,  sous  le  titre  latin  :  Car- 
minu  italien  7nusicis  modulis  ornata.  4"  Il 
primo  libro  capilolo  del  Triumpho  d'amore 
(kl  Petrarclia  poslo  ininusica  a  5  voci,  in 
Venezia,  1570,  in-4".  5»  //  primo  libro  de 
Motetti  a  cinque  e  seivoci,  ibid.,  1571,  in-4". 
Il  y  a  une  édition  de  cet  ouvrage  (jui  a  pour 
litre  :  Select^  quidam,  cantiones  sacrxmodis 
musicis  quinque  et  sex  vocum,  recens  compo- 
site per  Jacobum  de  Kerle,  Noriberj;ae  in 
officina  Theod.  Gerlatzini ,  1571,  in-4''.  Il 
est  vraisemblable  que  celte  édition  est  origi- 
nale, et  que  celle  de  Venise  n'en  a  élé  que  la 
reproduction.  6»  Moduli  sacri  quinque  et  sex 
voc.  rum  cantione  contra  Turcas,  Monachii, 
1572,  in-4".  7"  Motetti  a  2,  4  e  5  voci,  et  Te 
Deum Laudamus ,  a  0  voci,  ibid.  1573.  S" Sex 
Missœ  A  et  5  voc,  et  Te  Deum,  ibid.,  1576. 
9"  Cantio  in  honorem  generosi  oc  nobilis 
Dm.  Melch.  Lincken  G  voc,  Norimbcrgœ, 
1574,  in-4".  10"  Mutetx  5  ef  6  roc,  quibus 
adjuncti  sunl  ecclesiastici  hymni,  Monachii, 

2. 


30 


KERLE  -  KERPEN 


1575,  in-4''.  W"  Sacrx  cantiones,quas  viilgo 
Motela  vacant f  quinque  et  sex  vocurn^  quibus 
adjuncti  sunt  ecdesiastici  Hymni  de  Resiir- 
rectione  et  Ascensione  Domini,  et  de  B. Maria 
Firgine.  Monachii  per  Adamutn  Berg,  1575, 
in-4"  obi.  Je  crois  que  celte  colleclion  n'est 
qu'une  nouvelle  édition  de  celle  de  Nurem- 
berg, avec  l'addition  des  hymnes  des  fêles 
de  Pâques,  de  l'Ascension  et  de  l'Assomption. 
12°  Quatuor  Missx  suavissimis  modulatio- 
nibus  refertx,  quarum  una  quatuor,  reliqux 
vero  quinque  vocibus  concinendx .  jidjunclo 
in  fine  Te  Deum  Laudamus.  Anluerpiee  ex 
officina  Christophori  Planlini.  1583,  in-fol. 
max.  Les  archives  de  la  chapelle  pontificale,  à 
Rome,  contiennent  quelques  messes  manu- 
scrites du  môme  musicien,  entre  autres  une  sur 
la  gamme,  dédiée  au  pape  Grégoire  XÏV. 

KERLE  (ViTUs),  directeur  du  chœur  à 
Ileisbach,  bourg  de  la  Bavière,  près  de  Landau, 
vers  le  milieu  du  dix-huitième  siècle,  a  mis  en 
musique  un  drame  spirituel  intitulé  :  le  Bon 
Ismaël,  qui  a  été  exécuté  chez  les  Jésuites  de 
Munich,  en  1750. 

KERLIIMO  (Jean),  luthier  du  quinzième 
siècle  (1),  le  seul  connu  de  celte  époque.  Sui- 
vant La  Borde,  il  y  eut  en  Bretagne,  vers  1450, 
un  luthier  nommé  KerJin,  dont  il  avait  vu  un 
violon  construit  en  1449.  En  1804,  c'est  à- 
Hire  environ  vingl-cin(|  ans  après  l'époque  où 
La  Borde  écrivait,  cet  instrument  s'est  trouvé 
en  la  possion  de  Ruliker,  luthier  à  Parisj  c'est 
alors  que  l'auteur  de  celte  notice  l'a  vu.  Ce 
n'était  pas  un  violon,  mais  une  viole  dont  le 
manche  avait  été  changé,  el  qui  était  montée 
de  quatre  cordes,  comme  un  violon.  L'instru- 
ment était  plus  bombé  que  ne  le  sont  les  violes 
«l'une  époque  postérieure,  et  ses  voûtes  étaient 
fort  élevées.  Ses  extrémités  inférieure  cl  supé- 
rieure n'étaient  pas  exactement  arrondies,  et 
les  angles  étaient  tronqués  et  aplatis.  Au  lieu 
de  la  <|aeue  ou  cordier  ordinaire,  on  y  voyait 
une  attache  en  ivoire  percée  de  quatre  trous 
pour  fixei"  les  cordes,  ce  qui  semble  indiquer 
que  cet  instrument  appartenait  à  l'espèce  des 
Geige  à  quatre  cordes  <lont  il  est  parlé  dans  le 
livre  de  Martin  Agricola  {voyez  Acricola).  La 
qualité  des  sons  était  douce  et  sourde.  L'instru- 
ment portail  intérieurement  celle  inscription  ; 
Jo.  Kerlino,  ann.  1449.  Ce  nom,  commen- 
çant |)ar  la  syllabe  Ker,  est  probablement  ce 
qui  a  fait  croire  à  La  Borde  que  le  luthier 

(I)  Cet  article  prend  la  place  de  Kerlin,  de  la  première 
cdition  de  la  Uiograpliie  universelle  des  «nuii'dVni,  qui 
avait  et','-  f  lit  d'apics  de  mautaii  renseignements  fournis 
pir  l.a  C«ide. 


était  Breton,  car  on  connaît  en  Bretagne  une 
immense  quantité  de  familles  dont  les  noms 
commencent  de  la  même  manière;  mais  des 
renseignements  certains,  venus  d'Italie,  nous 
apprennent  qu'il  y  eut  à  Brescia,  vers  1450, 
un  luthier  nommé  Jean  Kerlino.  Tout  porte  à 
croire  que  l'instrument  possédé  par  Koliker, 
au  commencement  de  ce  siècle,  avait  été  fait 
par  cet  artiste,  et  que  celui-ci  fut  le  fondateur 
de  l'École  de  Brescia,  l'une  des  plus  anciennes 
de  l'Italie  et  l'une  des  plus  distinguées.  Il  est  à 
remarquer  que  Kerlino,  de  même  que  tous  les 
luthiers  de  la  première  époque  dont  les  noms  et 
les  ouvrages  sont  connus,  n'ont  fabriqué  que 
des  rebecs,  des  violes  de  toutes  dimensions, 
des  lire  d'arco  el  des  lirones,  à  onze  et  doiize 
cordes. 

RERIV  (JosEPn-SÉnAPni:*),  compositeur  de 
la  chambre  du  prince  évéque,  à  Passavv,  est 
connu  par  un  œuvre  de  messes  intitulé  : 
Jlauda  ad  sacrificium  sacerdotale  cantans, 
in  seleclissimis  III  Missis  quatuor  voc. 
2  violinis  et  viola  ad  primam  missam , 
2  clarinis  et  tympano  cum  organo  continuo, 
stylo  ecclesiastico  ad  régulas  exquisHissimas 
deductis,  op.  2,  Burghusianee,  1747,  in-fol. 

KERN  (Augdste),  professeur  de  piano  à 
Hambourg,  s'est  fait  connaître,  depuis  1840, 
par  des  danses  pour  cet  instrument  et  parjjli!- 
sieurs  recueils  de  Lieder.  Depuis  184-3,  cet 
artiste  s'est  fixé  à  Hanovre. 

KERPEIS  (Frédéric-Hugues,  baron  DE), 
capitulaire  de  l'église  cathédrale  de  Wurz- 
bourg,  et  protecteur  du  concert  des  amateurs 
de  celle  ville,  où  il  jouait  lui-même  du  violon- 
celle, parait  avoir  quitté  WUrzbourg  [)oslérieu- 
rement  à  1786,  pour  aller  s'établir  à  Mayence, 
puis  à  Heilbronn,  où  il  vivait  encore  en  1800. 
Il  a  composé  la  musique  des  opéras  dont  voici 
les  litres  :  l°Ze  Naufrage,  à  Wtirzbourg,  en 
1786.  2"  Z'^neyme,  petit  opéra  en  deux  actes, 
Mayence,  1791.  3"  Céphale  et  Procris ,  mélo- 
drame, ibid.,  1792.  A"  Adèle  de  Ponthieu, 
opéra  en  trois  actes,  a6îd.,1798.  Il  a  aussi  pu- 
blié pour  le  piano  :  5"  Trois  trios  avec  violon  el 
violoncelle,  op.  1,  Manheim,  178ô.  0°  L'Adieu, 
ode  avec  accompagnement  de  piano,  Mayence, 
1783.  7"  Sonate  pour  piano,  publiée  dans 
l'École  du  piano,  de  Vogler.  8" Sonate  à  quatre 
mains,  op.  4,  Mayence.  9°  Six  ariettes  à  trois 
voix,  avec  accompagnement  de  piano,  ibid. 
10"  Six  chansons  allemandes,  ibid.,  1797. 
11"  Six  chansons  de  Mathison,  Heilbronn, 
1798.  12"  Sept  variations  pour  le  piano  sur 
l'air  allemand  :  Ifir  kammen  von  der  Kiiste, 
Heilbronn.  15"  Six  grandes  sonates  poiirpiano, 


KERPEN  --  KESSLER 


il 


avec  violon,  op.  8,  ibid.,  1799.  14»  Concerto 
ponrjiiano,  avec  orclieslre,  op.  9,  ibid.,  1800. 
Aucun  renseignement  postérieur  n'a  été  pu- 
l)lié  concernant  cet  amateur  distingué. 

KERZEL  (Michel),  musicien  né  en  Bo- 
hême, vivait  à  Vienne  vers  la  fin  du  dix-hui- 
llème  siècle.  En  1787,  il  se  trouvait  à  Moscou. 
On  a  gravé  de  sa  composition  :  1°  Six  quatuors 
j'our  deux  violons  concertants,  alto  et  basse. 
Vienne,  1783.  2»  Six  duos  pour  deux  violons, 
ibid.  Z"  V Enchanteur  de  u»7Za(7e,  petit  opéra 
russe,  partition  réduite  pour  le  piano,  1790. 
4"  Six  trios  pour  deux  violons  et  basse,  op.  1, 
Ueriin,  Iliimmel. 

KESEINHEIMEU  (Sophie),  cantatrice  al- 
lemande dont  la  carrière  a  commencé  sous 
d'heureux  auspices.  Née  le  14  mars  1836,  à 
Friedrichshofeu,  dans  le  royaume  de  Wurtem- 
berg, elle  a  reçu  son  éducation  musicale  de 
Lindpaintner,  qui  la  destinait  au  Théâtre  de 
Slutlgard.  Plus  tai'd,  elle  alla  continuer  ses 
études  de  chant  chez  Lenz,  à  3Iunich  et  reçut 
des  leçons  de  Madame  Constance  Uahn,  pour 
la  déclamation  et  l'action  dramatique.  Ses  pre- 
miers essais  eurent  lieu  en  1857  à  Munich  et  à 
Steltin,  comme  prrma donna,  dans  les  rôles  de 
Valcntine  (des  /ftiguenots),  de  Royneo  (de  Bel- 
lini),  et  de  Fidelio.  Les  avantages  dont  elle 
est  douée  sont,  dit-on,  une  belle  voix  pleine  et 
sonore  de  mezzo  soprano,  dont  l'étendue  est 
de  deux  octaves,  une  vocalisation  facile,  un  beau 
trille,  un  sentiment  dramatique  plein  de  feu, 
une  taille  élégante,  et  une  figure  aussi  belle 
qu'expressive.  S'il  n'y  a  pas  d'exagération  dans 
ces  éloges,  mademoiselle  Kesenheimer  est  des- 
tinée à  de  beaux  et  grands  succès. 

RESLEll  (Wendelin),  musicien  allemand 
<lu  seizième  siècle,  né  à  KannewurfT,  dans  la 
Thuringe,  a  i)ublié  une  collection  de  motets 
pour  l'Avent,  intitulée  :  Selectx  aliquot  et 
omnibus  fere  musicalium  instrumentorum 
generibus  accomodatissime  cantiones  super 
Evangelia  quœ  diebus  Domitiicis  et  prwci- 
puis  sanctorum  Festis  ab  Jdventu  adResnr- 
reclionem  usque  Christi  soient  tractarif  mu- 
sices  harmonicis  exornatx  atque  vocibus 
q\iinque  diversis  jamprimum  in  lucem 
cditx,  Wittebergae,  per  Zachariam  Lehman, 
lo82. 

KESSEL  (Jean-Chrétien-Bertram),  can- 
tor  à  Eislehen,  né  à  Lengelfeld  vers  17G6,  lit 
ses  études  à  Leipsick  et  fut  d'abord  employé, 
en  1794,  comme  canior  suppléant  a  Franken- 
'  hausen  ;  puis  il  se  rendit  en  1799  à  Eisleben,  où 
on  lui  confia  les  places  d'instituteur  primaire 
et  de  direetcupdu  chœur.  Il  est  mort  en  ce  lieu 


le  19  juin  1823.  Ce  musicien  s'est  fait  con- 
naître par  un  livre  qui  a  pour  titre  :  Uuter- 
richt  im  Generalbasse  zum  Gebrauche  fiir 
Lehrer  und  Lernende  (Instruction  sur  la  basse 
continue,  à  l'usage  des  maîtres  et  des  élèves), 
Leipsick,  1790,  in-8".  Un.  supplément  fut  pu- 
blié dans  la  même  année  et  dans  la  même  ville. 
Il  a  été  refondu  dans  une  deuxième  édition 
qui  a  paru  en  1791.  On  connaît  aussi  le 
soixante-cinquième  psaume  à  plusieurs  voix 
composé  par  Kessel. 

RESSELRirSG  (Jeapi-Asure),  cantor  à 
Ringleben,  en  Thuringe,  vécut  vers  le  milieu 
du  dix-huitième  siècle.  Il  a  écrit,  pouf  les 
Kirchenandachten  de  Neumeisler,  une  pré- 
face intitulée  :  Ob  Gott  die  Kirchenmusik 
dnrch  die  Propheten  befolden  habe  (Si  Dieu 
a  ordonné  l'usage  de  la  musique  par  ses  pro- 
phètes)? Il  se  prononce  pour  ralTirmalive.  Un 
anonyme,  qui  signait  Z.  R.,  ayant  cherché  à 
réfuter  son  opinion,  Kesselring  répondit  par 
un  pamphlet  intitulé  :  Zwinglius  Hedivivus, 
oder  ungegriindele  Censur  eines  der  Gottes- 
gelahrtheit  Beflissenen  Uber  die,  die  Hoheit 
und  den  wahren  Gebrauchder  Musik  abhan- 
delnde  Forrede,  etc.  (Zwingle  Ressuscité,  ou 
critique  non  fondée  d'une  doctrine  théologique 
sur  celte  question.  Si  Dieu  a  ordonné  l'usage 
delà  musique  par  ses  prophètes,  etc.),  Erfurt, 
1744,  in-8''  de  quarante  pages.  Par  ce  titre, 
Kesselring  faisait  allusion  et  aux  initiales  de 
l'anonyme,  et  aux  opinions  de  Zwingle  contre 
l'usage  de  la  musique  dans  le  service  divin. 

KESSLEll  (Jean),  étudiant  en  théologie, 
puis  cantor  à  Ziegenriick  (petite  ville  de  la 
Thuringe)  pendant  le  dix-septième  siècle,  a 
publié  un  recueil  de  chants  avec  accompagne- 
ment et  ritournelles  pour  deux  violons  et 
basse  continue,  sous  le  litre  de  Musikalischer 
7/^i7Aommen  (Bienvenue  musicale)  Jéna,  1668, 
in-folio. 

KESSLER  (Frédéric-Gottlob),  médeciq 
à  Altenbourg  dans  la  première  moitié  du  dix- 
huitième  siècle,  a  soutenu,  à  l'université  de 
Halle,  une  thèse  concernant  l'effet  du  son  sur 
le  corps  humain  ;  elle  a  été  imprimée  sons  ce 
titre  :  Dissertatio  inauguralis  medica  :  de 
tono  partium  corporis  humant ,  quam  in 
Âlma  Fridericianasubprxsidiodr.  Joannis 
Henrici  Schulzii,  pro  gradu  doctoris,  pu- 
bliée submittit  auctor,  Halle,  1737,  in-4''  de 
trente-huit  pages. 

KESSLER  (Jean-Guillaume),  organiste  el 
maître  d'écriture  à  Heilbronn,  vers  la  fin  du 
dix-huilième  siècle,  vivait  encore  dans  cette 
ville  en  1810,  cl  y  publia  alors  la  dcux-tèm«. 


// 


t-2 


KESSLER 


Oïlilion  d'urt  traiU;  de  l'écriture  qu'il  y  avait 
r.iit  paraître  en  1787.  Après  avoir  pris  part  à 
la  Correspondance  musicale  de  Bossier,  en 
1790,  il  se  fit  connaître  comme  compositeur 
par  les  ouvrages  suivants  :  lFûrlen\ber(jische 
viersliinmiges  Clioralbuch  (Livre  choral  du 
Wurleniher'g  à  quatre  voix),  Stuttgard,  179-3, 
iu-4".  2"  Divertissements  sociaux,  ou  six 
anijidises  pour  le  claveciUj  avec  leur  choré- 
Urtipliic,  liariuslndi,  179G. 

lilûSSLt^lV  (FitAJiçois-AuGnsTr),  né  en 
178-3  à  Bcrclitolsgaden,  en  Bavière,  a  l'ait  ses 
«•tu. les  n)usic,ilesà  Municli,  el  a  eu  pour  maîtie 
de  fhile  Guillaume  Legiand,  musicien  de  la 
cour.  En  1802,  il  a  été  placé  comme  flûtiste 
dans  1,1  chapelle  royale.  Il  a  publié  :  1"  Six 
duos  pour  deux  flûtes,  Munich.  2"  Douze  pe- 
tites pièces  pour  deux  flûtes,  Munich,  Falter. 
Kessier  est  mort  cà  Munich,  en  1849. 

KESSLKU  (FEHDir«AniD) ,  compositeur  et 
professeur  de  piano,  fils  d'un  contr'ohassilc  de 
l'oichestre  de  Francfoit-sur-le-Mein ,  iiai|iiit 
<lans  celte  ville  au  moisde, janvier  179-3.  Apr(\s 
avoir  afipris  les  éléments  de  la  musique  et  du 
pianochezun  maîtreobscur,  il  reçut  des  leçons 
d'Aloys  Schmitt(iioye;  ce  nom),  qui  n'était  son 
aîné  que  de  six  ans.  Au  mois  de  mars  1812, 
Kessier  joua  [lour  la  première  fois  en  public 
dans  un  concert  donné  parson  pèrectSchmitt  ; 
il  y  exécuta  le  huitième  concerto  de  Mozart 
(en  ré  mineur).  Vers  le  même  temps,  André, 
d'OfTenbach ,  lui  enseigna  l'harmonie  et  la 
composition.  Fixé  dans  sa  ville  natale,  Kessier 
s'y  est  lait  la  réputation  d'un  bon  mailre  de 
piano,  et  y  a  publié  des  comiiositions  pour  son 
ijistrument.  Il  a  écrit  un  grand  opéra  en  trois 
actes,  intitulé  :  Cécile,  qui  n'a  pu  être  repré- 
senté, à  cause  des  défauts  liop  considérables 
du  livret.  Il  a  composé  aussi  des  symphonies 
et  des  quatuors  pour  instruments  à  cordes  qui 
sont  restés  en  manuscrit.  Son  livre  intitulé  : 
System  zitm  Selbstunterrichtindcr  Harmonie 
(Système  pour  s'instruire  soi  mémedans  l'har- 
monie), était  sous  presse  loisqu'il  mourut  à 
Francfort,  le  28  octobre  1850.  L'ouvrage  parut 
dans  la  même  année,  un  vol.  in-S".  Parmi  les 
productions  connues  de  cet  artiste,  on  remar- 
<|ue  :  1°  Trois  sonates  pour  piano  seul ,  op.  9, 
Maycnce,  Scholt.  2"  Trois  idem,  op.  10,  ibid. 
ô"  Quatre  rondeaux  faciles  et  progressifs  pour 
le  même  instrument,  op.  11,  Francfort,  Dunst. 
4"  Trois  thèmes  de  l'opéra  de  Freischiitz,  va- 
riés pour  piano,  Bonn,  Simrock.  Gassner  a 
attribué  à  Ferdinand  Kessier,  dans  le  supplé- 
ment au  Lexique  de  Schilling,  ainsi  <|ue  dans 
son  Universel  Lcxilion  dcr  TonLunsl,  l'écrit 


intitulé  :  Der  musikalischa  Gottesdienst ,  etc.; 
mais  c'est  une  erreur  (voxjez  l'article  suivant). 
KESSLER  (FuiÎDÉRic),  prédicateurà  Wer- 
dolil ,  village   des   Étals   prussiens  ,  dans    la 
Weslplialie,  et  surintendant  du  diocèse  de  Lll- 
•lenscbeid,  nommé  en  1819,  a  publié  les  ou- 
vrages suivants  :  1"  Per  musikalische  Gottes- 
dicnst.    Ein    tvort    fiir    yllle     dienen     die 
Befœrdernng  des  Cultus  am  Herzen  liegl  ; 
insonderheit  fiir  Organisten  und  Prcdiger. 
Nebst  ciner  f  orrede  von  Dr.  Cari  Immanuel 
Nitzsch,  Prof  essor  der  Théologie  zu  Donn 
(la  Liturgie  musicale.  LTn  mot  pour  tous,  etc.; 
parliculièrement   pour    les    organistes   et    les 
prédicateurs.   Avec   une    préface   du  docteur 
Cliailcs-Ernmanuel   Nitzsch,    etc),    Iserlohn, 
1832,  in -8"  de  deux  cent  huit  pages.  M.  Charles- 
Ferdinand   Becker   dit  ([ne  cet  ouvrage  n'est 
«ju'une  compilation,  tirée  en  grande  |)3rtie  de 
son  ouvrage  intitulé  :  lîathgeber  fiir  Orga- 
nisten (Avis  aux  organistes).  2"  Kurze  und 
fassliclte  Jndentungcn  einiger  Mxngel  des 
Ki :  chen-Cesanges ,  Ein  Neujahrs  Biichlein 
fiir  Jung  und  Alt  (Courtes  et  faciles  indica- 
tions de  <iuel(iues  défauts  du  chant  de  l'église. 
Petit  livie  d'étrennes  i)our  jeunes  et  vieux), 
Iseiluhu,    1832,  in-S"  de  trente-deux  pages. 
Partisan  de  l'enseignement  de  la  musique  parla 
nolalion  en  chiffres  que  Natorp  avait  introduit 
dans  les  écoles  primaires,  Kessier  fit  de  grands 
efforts  pour  le  propager,  et  publia  avec  l'in- 
venieurde  cette  méthode  un  livre choial  {Clio- 
ralbuch), noté  en  chiffres  et  arrangé  à  quatre 
voix  par  Rink,  dont  la  i)remière  édition  parut 
en  1829,  àEssen,chez  Baedeker,  et  la  deuxième 
en  183G.  On  a  encore  de  Kessier  un  écrit  inti- 
tulé :  Der  Gesungbuch  von  seinen  musiliulis- 
chen  Zeit  belrachtet  (le  Livre  de  chant  consi- 
<léié  an  point  de  vue  musical),  Elberfeld,  1838, 
in  8». 

KESSLEIl  (Erasme),  fils  d'un  musicien  de 
l'orchestre  du  théâtre  Sur-la- f'iennc,  dans 
la  capitale  <le  l'Autriche,  naquit  dans  cette 
\ille  en  1808.  A  l'âge  de  (jualorze  ans,  son 
éducation  musicale  était  assez  avancée  pour 
(ju'il  écrivît  une  ouverture  qui  fut  exécutée 
aux  représentations  du  mélodrame  intitulé  : 
der  Goldene  SchlUssel  (\3i  Clef  d'or),  en  1823. 
Deux  ans  après,  une  autre  ouverture  de  sa 
coni|)Osition  futjouée  avec  succès  dans  un  con- 
cert à  Vienne,  et  dans  le  même  tcmi)sil  éciivit 
loule  la  musi(|ue  composée  de  chanis  ,  de 
choL'urs  et  de  danses,  pour  le  drame  Clolilde 
die  Sprachlosc  (Cloiilde  la  muette),  dont  il  di-  . 
rigea  toutes  les  représentations  comme  chef 
(rorchcslrc.  En  182G,  il  fit  aussi  représenter 


1 


KESSLER  -  KETTE 


Satcrina,  drame  musical  pris  dans  un  sujet  de 
Bohémiens  ou  Zinganes,  et,  enfin  ,  il  donna  au 
même  théâtre,  en  1828,  der  Stock  im  Eisen 
(le  Bâton  de  fer),  drame  romantique,  avec  une 
ouverture  et  des  chœurs.  Ressier  avait  alors 
vingt  ans  ;  depuis  cette  époque,  son  nom  a 
disparu  de  l'activité  musicale. 

KESSLKil(J.-C.),  pianiste etcompositeur, 
est  né  vers  1800,  à  Leitmcritz,  en  Bohême,  et 
non  à  Varsovie,  comme  il  est  dit  dans  la  Ga- 
zette générale  de  musique  de  Leipsick  (ôô*^  an- 
née, p.   597);   mais   il   vécut  quelque   temps 
dans  la  capitale  de  la  Pologne.  En  1827,  il 
était  à  Vienne,  où  il  publia  quelques  com- 
|)ositions  pour  le  piano,  parmi  lesquelles  on 
remarque  un  recueil  de  vingt-quatre  études 
dans  tous  les  tons,  œuvre  20«,  dont  le  grand 
mérite  lui  assure  une  place  honorable  parmi 
les  artistes  les  plus  dintingués.  M.  Kessier, 
ayant   pris    la    résolution    de    continuer   ses 
voyages,  s'éloigna  de    Vienne    et  s'arrêta    à 
Breslau,  en    1851.   Il   y  donna  des  concerts 
dans  lesquels  il  fit  admirer  son  talent  d'exé- 
cution et  plusieurs  de  ses  ouvrages.  Dans  l'an- 
née  1832,  il  y  lut  alleint  du  choléra;  mais 
sa  bonne  constitution  le  fil  écha[)per  aux  im- 
vages   de  celte  terrible  maladie.  Au   mois  de 
janvier  18ô5,  M.  Resslcr  fut  appelé  à   Lem- 
berg;  il  s'y  trouvait  encore  en  1840  et  y  jouis- 
sait de   beaucoup  d'estime   comme  virtuose, 
compositeur  et  professeur  pour  son  instrument. 
Les  ouvrages   les    |)lus  connus  de  cet  artiste 
sont  :    1"  Introduction    et  andante   pour  le 
piano,  op.  0;  Vienne,  Arlaria.  "i"! vo\s  scherzi 
idem,  op.  7;  ibid.  o"  Marche  de  l'opéra  Al- 
fred, variée,  op.  10.  4°  Éludes  pour  le  piano, 
en  quatre  suites,   op.  20,  Vienne,  llaslinger. 
Richault,  de  Paris,  a  donné  une  édition  nou- 
velle de  cet  ouvrage,  sous  le  titre  de  :  f'ingt- 
(juatre  études  pour  le  piano  dans  tous  les 
(ans.  5"  Fantaisie  pour  piano  seul,  op.  25, 
Vienne,  Diabelli.  G" Impromii tus,  idem, op.  24, 
ibid.  7"  Six  bagatelles  idem,  o\).  27,  Breslau, 
Weinhold.  8"  Trois  nocturnes  idem,  op.  28, 
Hambourg,  Cranz.  9»  Trois  bagatelles  idem, 
op.  29,  Breslau,  Grusser.  10"  Trois  bagatelles 
»(/em,o[).  ôO,  ibid.  11°  Vingt-quatre  préludes, 
op.  ôl,  ibid.  12°  Variations  sur  un  thème  des 
Puritani,  op.  32,  Vienne,  llaslinger.  lô"Trois 
pensées  fugitives,  op.  58,  Leitmeritz,  Pohtig. 
14"  Romance  et  élude  de  concert,  op.  59,  ibid. 
Des  valses  et  mazourkes.  Plusieurs  recueils  de 
chants  pour  voix  seule  et  piano,  op.  22,  55, 
54,  41,  ibid.  Les  recueils  d'études  de  Kessier 
sont  remarquables  par  l'originalité  de  la  forme 
autant  que  par  IVIégance  de  la  pensée;  elles 


ont  d'ailleurs  le  mérite  de  justifier  leur  litre, 
car  la  plupart  sont  des  études  véritables,  oii 
les  diflicullés  ne  sont  pas  épargnées.  Quelques 
journaux  ont  attribué  à  tort  ces  études  à  Fer- 
dinand Kessier  de  Francfort  (voyez  ce  nom). 

KESSLEÏl  (  JosEPii-IlENni-FEUDixAND  )  , 
canlor  de  l'église  Sainte-Elisabeth,  à  Breslau, 
est  né  le  4  décembre  1808,  à  Tost,  en  Silésie. 
Le  directeur  de  musique  Siegert  lui  enseigna 
les  éléments  de  l'art  et  le  chant,  et  il  reçut  des 
leçons  de  piano,  d'orgue  et  de  violon  du  pro- 
fesseur Juste  Kessier.  D'abord  employé  comme 
enfant  de  chœur,  i)uis  comme  choriste  à 
l'église  Saint-Bernardin,  il  acheva  ses  études 
musicales  sous  la  direction  de  l'organiste  Freu- 
denberg,  qui  lui  enseigna  l'harmonie  et  la 
composition.  En  1832,  il  fut  nommé  choriste 
de  l'église  Sainte-Elisabeth,  et,  en  \d>iA^sig7ia- 
tor  {?)  de  la  même  église.  On  connaît  de  Kess- 
ier :  1°  Le  lOO'"*"  [isaume  pour  chœur  et  or- 
chestre. 2°  Une  cantate  pour  un  chœui* 
d'hommes  avec  quatre  coi's.  3"  Trois  cantates 
[tour  chœur  de  voix  différentes  avec  oichestre. 
4°  Des  chants  pour  quatre  voix  d'hommes. 
5°  Des  Lieder  et  des  mélodies  à  voix  seule  avec 
accompagnement  de  jiiano. 

KETSCIIAU  (Auguste),  né  dans  la  Thu- 
ringc,  vers  18015,  fut  organiste  et  [)i'ofesscur  de 
piano  à  Erl'urt,  depuis  1829  jusque  vers  1845. 
Après  cette  époque,  son  nom  disparaît  du 
monde  musical  actif.  Cet  artiste  brillait  parti- 
culièrement par  le  talent  de  bien  diriger  les 
orchestres  et  les  grandes  masses  chorales.  Ce 
fut  lui  qui  dirigea  toutes  les  grandes  fêtes  mu- 
sicales d'Erfurt,  de  Weimar,  etd'auti-es  villes 
environnantes,  dejjuis  1855  jusqu'en  1842.  En 
1841,  il  fit  exécuter,  dans  une  de  ces  solen- 
nités, un  hymne  de  fête  de  sa  composition  pour 
voix  seule,  chœur  et  orchestre  ;  cet  ouvrage 
fut  fort  applaudi.  On  n'a  publié  de  lui  que  des 
Lieder  et  chants  à  voix  seule  avec  accompa- 
gnement de  piano,  op.  1  et  2,  Erfuri,  AVilh. 
Meyer. 

RETTE  (Albekt),  organiste  de  la  coui-  et 
de  la  cathédrale  de  WUrzbourg,  naquit  dans 
les  environs  de  Schwarzenberg,  en  1720.  Son 
père,  qui  était  maître  d'école  et  organiste  du 
lieu,  lui  enseigna  les  éléments  de  la  musique 
et  du  clavecin.  Ses  progrès  furent  si  rapides, 
qu'ayant  perdu  son  père  à  l'âge  de  onze  ans,  il 
put  le  remplacer  à  l'orgue.  Plus  tard,  il  alla  à 
WUrzbourg  pour  y  faire  ses  éludes  :  y  ayant 
icnconlré  Bayer,  très-bon  organiste,  il  allait 
l'entendre  tous  les  jours,  et  même  il  recevait 
de  ses  leçons.  A  la  mort  de  ce  maître,  en 
1749,   il  fut  jugé  capable  de  lui  succéder.  U 


Ï4 


KETTE  —  KETTENIJS 


moui'ut  à  Page  de  quarante  et  un  ans,  en  17G7. 
Cet  artiste  brillait  principalement  sur  l'orgue 
dans  l'improvisation  etrexéculionde  la  fugue. 
Il  a  beaucoup  écrit  pour  l'église  et  jiour  son 
instrument,  mais  toute  sa  musique  est  resiée 
en  manuscril.  On  cite  particulièrement  les  mor- 
ceaux suivants  qui  se  trouvaient  autrel'ois  chez 
Traeg,  à  Vienne  :  1»  Concerto  pour  l'orgue, 
avec  accompagnement  de  deux  violons,  deux 
violoncelles,  deux  cors,  deux  trompettes  et 
timbales.  2"  Concerto  pour  clavecin,  deux  vio- 
lons, viole,  basse,  deux  trompetles  et  timbales. 
3"  Vingt-six  cadences  pour  l'orgue.  4°  Six  pré- 
ludes pour  l'orgue,  dont  trois  grands  et  trois 
petits. 

KETTENUS  (Alois),  violoniste  et  compo- 
siteur belge,  né  à  Verviers,  le  22  février  182ô, 
commença  dès  ses  premières  années  l'élude 
de  la  musique,  ^our  laquelle  il  avait  d'heu- 
reuses dispositions.  Un  frère  de  son  père  lui 
donna  les  premières  leçons  de  violon.  Agé  seu- 
lement de  huit  ans  et  demi,  il  joua  l'air  varié 
de  Rode  (en  sol)  dans  un  concert  de  la  Société 
d'harmonie  de  sa  ville  natale.  Peu  de  temps 
après,  il  fut  admis  au  Conservatoire  de  Liège, 
où  il  devint  élève  d'un  professeur  nommé 
M.  Wanson;  mais  sa  santé  délicate  l'obligea 
de  retourner  chez  ses  parents  après  une  année 
d'étude.  Rentré  au  Conservatoire  quelque  temps 
après,  il  fut  de  nouveau  obligé  d'en  sortir  par 
la  même  cause  à  l'âge  de  douze  ans  et  demi, 
et  retiré  dans  sa  famille,  il  n'eut  plus  d'autre 
guide  que  lui-même,  saisissant  toutes  les  occa- 
sions où  il  pouvait  entendre  les  meilleurs  ar- 
tistes, <[ui  devenaient  ses  modèles.  En  1841, 
M.  Keltenus  se  rendit  à  Aix-la-Chapelle  et  y 
obtint  la  place  de  premier  violon  du  théâtre, 
après  une  épreuve  de  son  talent  comme  soliste 
et  comme  lecteur  à  première  vue  ;  cependant 
il  abandonna  bientôt  cette  position,  qui  ne  lui 
laissait  pas  assez  de  temps  pour  se  livrer  au 
travail  et  à  l'enseignement.  Ce  fut  dans  la 
même  ville  qu'il  apprit  d'un  ancien  élève  du 
Conservatoire  de  Prague  les  éléments  de  l'har- 
monie. Après  s'être  fait  entendre  avec  succès 
dans  des  concerts  donnés  à  Francfort,  Mayence, 
Darmstadt  et  Carlsruhe,  il  reçut,  à  l'âge  de 
vingt-deux  ans,  sa  nomination  à  la  place  de 
maître  de  concert  et  de  violon  solo  du  théàtie 
et  de  la  cour  à  Mannheim.  Il  l'occupa  pendant 
plusieurs  années,  et  pendant  ce  temiis  il  fit  un 
tours  complet  de  composition, sous  la  direction 
de  V.  L:ichner.  Ce  fut  aussi  à  Mannheim  que 
M.  KeUenus  écrivit  ses  premiers  ouvrages, 
entre  les<iuel5  on  remarque  un  Rondo  sicilien 
pour  violon,  dédié  au  prince  régcul  de  Bade, 


et  des  Lieder,  dont  un  recueil  de  six  est  dédié 
au  grand -duc  de  Uesse-Darmstadt;  à  la  même 
époque  il  écrivit  aussi  un  concertino  pour 
hautbois  et  une  fantaisie  pour  clarinette. 

Cependant  le  besoin  d'une  existence  pins 
active  que  la  vie  uniforme  et  monotone  de 
Mannheim  tourmentait  le  jeune  artiste  ;  il  con.- 
prenait  qu'il  ne  pouvait  trouver  cette  activité 
que  dans  un  grand  centre  de  population,  tel 
que  Londres  ou  Paris  ;  il  se  décida  pour  la  pre- 
mière de  ces  villes,  et  sa  résolution  lui  fit  refu- 
ser la  place  de  maître  de  concert  à  la  cour  du 
roi  de  Wurtemberg,  laissée  vacante  par  le  dé- 
part de  Moiique  pour  Londres,  et,  en  1855,  il 
s'éloigna  de  Mannheim,  chargé  d'une  lettre  de 
recommandation  de  la  grande-duchesse  Sté- 
phanie de  Bade  pour  la  duchesse  llamilton, 
sa  nièce.  Arrivé  à  Londres,  au  mois  de  no- 
vembre  de  cette  année,  M.  Rettenus  fut  immé- 
diatement engagé  pour  jouer  dans  les  concerts 
lie  Julien  les  solos  de  violon,  trois  fois  chaque 
semaine,  alternativement  avecErnst.Lesjour- 
naux  de  celte  capitale,  particulièrement  la 
Presse  de  Londres,  ont  rendu  le  compte  le 
plus  avantageux  de  l'effet  produit  par  lui  sur 
le  public  nombreux  de  ces  concerts  populaires. 
Appelé  dans  l'hiver  de  1836-1857  à  Dublin, 
pour  y  diriger  les  représentations  d'un  opéra 
de  Wallace  (J}/aritana),  données  par  la  hante 
aristocratie  au  profit  de  l'école  de  musique 
<)e  Uublin,  M.  Keltenus  fit,  dans  cette  occasion, 
preuve  de  talent  dans  l'art  de  diriger  un  or- 
chestre. Pendant  la  même  saison,  il  joua  avec 
succès, dans  les  concerts  de  la  Société  philhar- 
monique de  Dublin  el  devant  le  vice-roi,  deux 
fantaisies  de  s.i  composition,  avec  orchestre. 
Deux  ans  après,  il  fut  rappelé  par  la  même 
société,  pourexécutcr  le  concertodeBeelhoven. 
Pendant  l'hiver  de  1837  à  1838,  il  fut  engagé 
au  théâtre  de  la  reine,  à  Londres,  en  «lualilc 
de  premier  violon  d'attaque,  pour  une  série  de 
concerts  donnée  par  Julien.  A  cette  même 
époque,  M.  Rettenus  a  composé  un  grand  con- 
certo de  violon  non  encore  publié,  un  concer- 
tino pour  quatre  violons  et  orchestre  exécuté  à 
Londres  avec  succès  dans  plusieurs  concerts, 
notamment  par  l'auteur,  Henri  Wieniawsky, 
le  violoniste  hongrois  Remengi  et  Ries.  Plu- 
sieurs autres  compositions  ont  été  publiées  de- 
puis lors  par  M.  Rettenus,  entre  autres,  un 
duo  pour  piano  et  violon,  Londres;  Adtlison; 
un  duo  pour  soprano  et  ténor,  ibid.  ;  deux  mé- 
kxlies  anglaises  (Christmas  eve  et  T/ic  Luke). 
Londres,  Wessels;  le  Meunier  de  Sans-sonci, 
romance  française;  Londres,  Schott;  Paris, 
Lcinoine,  etc.  Dans  les  dernières  a!inée->,  cet 


i 


KETTENUS  —  KIIALEDOUNE 


artiste  (lislingiié  s'est  fait  enleiiclre,  el  toujours 
avec  succès,  aux  concerts  de  la  Société  phil- 
harmonique, du  Palais  de  Cristal,  el  dans 
les  salons  de  la  marquise  de  Devonshire.  Un 
grand  opéra  de  sa  composition  (Stella)  a  été 
représenté  au  théâtre  royal  de  Bruxelles,  au 
mois  de  février  18C2.  On  y  a  remarqué  de 
lionnes  choses  dans  la  musique;  mais  la  nul- 
lité d'intérêt  dans  le  livret  a  nui  au  succès  de 
l'ouvrai^e. 

lŒYllî.EBEIl  (Jean-Georges),  profes- 
seur de  philosophie  et  amateur  de  musique, 
né  dans  le  Wurtemherg,  vivait  vers  la  fin  du 
dix-septième  siècle.  Il  avait  un  goût  passionné 
pour  les  canons,  et  toute  la  musique  lui  sem- 
blait renfermée  dans  les  pièces  de  ce  genre; 
idée  bizarre  pour  le  temps  où  il  vivait,  mais 
qui  avait  eu  longtemps  ses  partisans  dans  les 
quinzième  et  seizième  siècles.  Les  pièces  de  sa 
composition,  citées  par  les  biographes  alle- 
man<is,  sont  une  preuve  de  sa  passion  pour 
cette  espèce  de  musiijue  ;  elles  ont  pour  litre  : 
l"  Aygralulaiio  viusico-poelica,  en  six  dis- 
tiques latins,  avec  un  canon  perpétuel  de  seize 
dessus  et  de  seize  violons  à  plusieurs  sujets, 
pour  l'anniversaire  de  naissance  de  l'empe- 
reur Joseph  I'"',  roi  des  Romains,  le  l'''"  mars 
1G9I.  D'après  la  description  iju'on  en  donne, 
ce  canon  pouvait  être  exécuté  à  deux  cent  cin- 
quante-six voix  et  autant  d'instruments,  c'est- 
à-dire,  à  cinq  cent  douze  parties.  2"  Le  chris- 
tianisme bien  conçu  et  brièvement  exprimé 
par  les  deux  mots  :  Ora  et  labora,  avec  quel- 
(|ues  images  allégoriques,  gravé  sur  cuivre  en 
une  planche  in-folio.  On  y  trouve  un  canon  à 
deux  altos  (chantants),  deux  ténors-  et  (jualre 
basses  de  viole,  susceptible  de  trois  systèmes 
(le  résolution.  Ce  canon  est  établi  sur  ces  pa- 
roles : 

Da  Adam  hackt  und  Eva  spann, 
Wer  >var  damais  eiii  Edelmann  ? 

(Lorsque  Adam  coupait  du  bois,  et  qu'Eve  fi- 
lait, qui  était  alors  gentilhomme?)  De  plus,  en 
<|ualre  systèmes  de  résolution,  une  ariette  à 
huit  voix,  dont  quatre  marchent  par  mouve- 
ment direct,  et  quatre  par  mouvement  rétro- 
grade, sur  ces  paroles  : 

Creif  an  das  Werk  und  set/  nicht  faul  : 
Afin  v'bratne  Taub  flerjt  dir  in.i  Maul. 

(Mets  Li  main  à  l'œuvre  et  ne  sois  point  pares- 
seux; les  pigeons  ne  viennent  pas  rôtis  dans 
Ia-l)ouche.)  ' 

KEYSER  (Reimiaud).  Foycz  Keiseu. 

RUAILL  ou  ÎÎAIL  (Joseph),  né  à  Gras- 
lilz,  en  Bohême,  l'ut  admis  comme  élève  au 
Conservatoire  de  l'rague,  on  ISll,  et  y  iccut 


<les  leçons  de  Wenccslas  Zaluschau  pour  le  cor 
et  de  François  Weiss  pour  la  trompette.  Il  est 
connu  dans  son  pays  comme  inventeur  d'un 
cor  chromalique  à  clefs;  cet  instrument  est 
maintenant  oublié,  et  il  n'y  a  plus  d'autre  cor 
chromatique  que  le  cor  à  pistons. 

KIIALEDOUN  (IBX  ou  Ebn),  ou,  sui- 
vant l'orthographe  du  savant  orientaliste  Sil- 
vestre  de  Sacy  [Chrestomathie  arabe,  etc., 
a™'  édition,  Taris,  18i>0  à  1827,  t.  l",  n'ô), 
EIl3î'  KIL\LDOCrV,naquilàTHnis,  le  l"de 
ramadlian  732  de  l'hégire  (1531  de  l'ère  chré- 
tienne). Ses  noms  véritables  étaient  j4ld- 
Jlruhman  Hadltrami ,  fils  de  Mohammed, 
fils  de  Khaledoun  ;  mais  il  est  connu  sous  celui 
de  Ebn  KI>aledoun,  c'est-à-dire,  descendant 
de  Khaledoun.  Il  fit  ses  éludes  à  Tunis.  Ayant 
pertiu  son  père  et  sa  ipère  par  la  peste,  lors- 
qu'il eut  atteint  l'âge  de  dix-sept  ans,  il  fut 
attaché  au  seivice  du  gouverneur  de  cette 
ville,  pour  écrire  en  gros  caractères  sur  les 
diplômes  la  devise  du  sultan  Abou-Ishac 
Ibrahim,  cinquième  roi  de  la  dynastie  des 
Abou-llafs.  Il  s'éloigna  de  Tunis  en  784 
(108-3  de  Jésus-Christ),  el  alla  se  fixer  au 
Caire.  Deux  ans  après,  le  sultan  Barkouk  le 
nomma  Kahdi'lkodat  de  la  secte  des  maléki- 
tes;  mais  sa  fermeté  à  repousser  les  recom- 
mandations et  sollicitations  des  grands  le  fit 
destituer  après  un  an  d'exercice  de  ses  fonc- 
tions. Elles  lui  furent  rendues  en  801  (1398), 
mais  après  la  mort  de  Barkouk,  sa  position 
lui  fut  enlevée  de  nouveau.  Ayant  suivi,  en 
Syrie,  le  sultan  Mélic-Alnaser  Faradj,  il  devint 
prisonnier  de  Timoiir-Leng  (  Tamcrlan  )  à 
la  jjrise  de  Damas,  et  ne  recouvra  la  liberté 
qu'au  moment  où  ce  conquérant  retourna  dans 
la  Mongolie.  Revenu  au  Caire  après  deux  ans 
de  captivité,  Ebn  Khaledoun  fut  nommé  une 
troisième  fois  Kahdi'lkodat  ;  api'ès  avoir  perdu 
el  recouvré  plusieurs  fois  ce  litre,  il  mourut 
le  mercredi  25  de  ramadhan  808  (1405),  à 
l'âge  de  soixante-seize  ans  et  vingt -cinq 
jours. 

On  a  de  ce  savant  un  ouvrage  considé- 
rable, composé  de  plusieurs  parties  sur  divers 
sujets,  et  qui  jouit  d'une  grande  célébrité 
dans  le  Levant;  Silvestre  de  Sacy  en  traduit 
ainsi  le  titre  arabe  :  Le  livre  des  exemples 
instructifs  et  le  recueil  du  sujet  et  de  l'attri- 
but, concernant  l'histoire  des  arabes  et  des 
Berbers,  ainsi  que  celle  des  souverains  les 
plus  puissants  qui  ont  été  contemporains  de 
ces  nations.  Une  des  parties  de  cet  ouvrage 
renferme  un  traité  de  la  musique  des  Berbers 
01!  Cabylcs.  Ce  fragment  a  été  extrait  d'un  m.»- 


26 


KIIALEDOUNE  —  KHYM 


nuscrit  de  la  Bibliothèque  impériale  de  Paris 
par  M.  James-Gray  Jackson  (î;oj/ez  Jackson), 
membre  de  la  Société  asiatique  de  Londres, 
qui  en  a  publié  une  traduction  anglaise  dans 
le  vingtième  volume  de  VAsialic  Journal 
(juillet  à  décembre  1825).  Ebn  Khaledoun 
donne,  dans  cette  intéressante  partie  de  son 
grand  ouvrage,  la  théorie  de  la  musique  arabe 
basée  sur  la  division  de  l'octave  en  dix-sept 
intervalles  et  du  ton  en  trois  parties  égales  ; 
il  dit  que,  de  toute  antiquité,  les  instruments 
berbers  et  arabes  ont  été  accordés  selon  ce 
système. 

Un  autre  fragment  du  même  ouvrage  a  été 
l)ublié  à  Vienne  dans  les  Mines  de  l'Orient 
(Fundgraben  des  Orients,  t.  II).  Ebn  Khale- 
doun y  présente  des  assertions  qui  d'abord 
semblent  contradictoires;  car  il  dit  dans  un 
endroit  qu'avantMahomet  les  Arabes  brillaient 
«lans  l'improvisation  poétique  par  la  variété 
des  rhylhmes,  la  richesse  des  images  et  l'har- 
monie euphonique,  ainsi  que  par  les  chants 
(|u'ils  y  appliquaient;  etdans  un  autre  passage, 
il  avoue  que  la  vie  nomade  de  ces  peuples  ne 
leur  avait  pas  peimis  de  faire  plus  de  progrès 
dans  la  musique  que  dans  les  autres  arts.  Tou- 
tefois celle  contradiction  disparaît  si  l'on  se 
souvient  du  génie  éminemment  poétique  ma- 
nifesté dans  tous  les  temps  par  les  peui)les 
orienlaux,  et  du  charme  de  certaines  mélodies 
rêveuses  des  Arabes;  mais,  d'autre  part,  l'ab- 


sence absolue  d'enseignement 


régulier  de  la 


musique,  de  méthode  et  d'éducation  musicale  ; 
l'ignorance  où  sont  ces  peuples  des  relations 
harmoniques  des  sons,  et  l'impeifectlon  des 
instruments,  démontrent  que  l'Idée  d'art  et  de 
progrès  n'a  pas  de  signification  pour  eux. 
Lorsqu'ils  chantent  ou  s'excitent  à  la  danse 
par  les  rhylhmes  de  leurs  instruments,  ils  sa- 
tisfont un  besoin  de  leur  organisation  ;  ils  ont 
<les  inspirations  instinctives;  mais  la  musique, 
au  |)oint  de  vue  d'art,  telle  que  la  conçoivent 
les  populations  civilisées  de  l'Europe,  n'a  ja- 
mais existé  chez  celles  dont  parle  Khaledoun. 
RIIAYLL  (JosnPH),  né  le  20  août  1781,  à 
llerzmanmiestec,  en  Bohême,  apprit  à  jouer 
de  tous  les  instruments  à  vent  chez  un  musicien 
de  Vienne,  nommé  Neustadt,  et  fit  particuliè- 
rement de  rapides  progrès  .sur  le  hautbois.  La 
variété  de  ses  talents  lui  procura  une  place  de 
chef  de  musi(iue  d'un  régiment,  et  pendant 
longtemps  il  la  remplit  avec  honneur;  mais 
l'afTaiblIsscment  prématuré  de  ses  forces  l'obli- 
gea à  demander  sa  retraite.  Il  entra  alors  à 
l'opéra  de  la  cour  comme  hautboïste  solo,  et, 
en  181Ô,  il  fui  attaché  à  la  chapelle  impériale. 


Une  maladie  de  poitrine,  dont  il  portait  le 
germe,  l'obligea  bientôt  à  renoncer  à  l'instru- 
ment sur  lequel  il  n'avait  point,  dit-on,  de 
rival.  Cependant  l'intérêt  qu'inspirait  cet  ar- 
tiste était  S!  grand,  que  le  mailre  de  chapelle 
Eybler  ne  voulut  pas  qu'il  connût  le  besoin  à 
la  fin  de  sa  carrière,  et  qu'il  lui  donna  une 
sorte  de  sinécure  dans  une  place  d'allo  qu'il 
lui  confia,  en  1828;  mais  le  mal  empira  rapi- 
dement, et  le  24  janvier  1829,  Khayll  cessa 
d'exister,  laissant  un  fils  qui  semblait  des  II  né  à 
se  faire  un  nom  comme  pianiste  et  qui  débuta 
brillamment  dans  les  concerts  de  Vienne , 
enl829,  1830et18ôl,  maisqui,  bientôt  après, 
suivit  son  père  dans  la  tombe.  On  ne  connaît 
aucune  composition  de  Joseph  Khayll  pour  le 
hautbois. 

RIIAYLL  (A>toise),  frère  du  précédent, 
né  le  7  avril  1787,  reçut  la  même  éducation 
que  son  frère,  mais  le  piano  et  la  trompette 
furent  les  inslruments  sur  lesquels  il  se  <lis- 
liugua.  Sa  nomination  de  trompette  à  l'Opéra 
de  la  cour  et  à  la  Chapelle  impériale  lui  assura 
une  exislence  paisible.  Il  était  encore  plein  de 
force  lorsqu'une  atteinte  d'apoplexie  l'enleva 
à  sa  famille,  le  28  avril  1834. 

KHAYLL  (Alois),  troisième  frère  de  ce 
nom,  est  né  le  5  juin  1791 .  Son  talent  de  pre- 
mier ordre,  comme  flùllsle,  l'a  fait  admettre  à 
l'Opéra  de  la  cour  et  à  la  Chapelle  impériale, 
comme  ses  frères.  On  assure  que  l'ensemble 
résultant  du  talent  de  ces  artistes  donnait 
l'idée  de  la  perfection  ;  cet  ensemble  se  faisait 
surtout  remarquer  daiTs  des  morceaux  con- 
cerlanls  composés  par  Weiss  pour  eux,  avec 
hautbois,  flûte  et  trompette.  M.  Aloïs  Khayll 
a  composé  quelques  morceaux  de  concert 
agréables,  entre  autres  des  variations  bril- 
lantes pour  flûte  et  itlano,  Vienne,  Trent- 
sensky.  Il  a  été  pendant  plusieurs  années  pro- 
fesseur de  flûte  au  Conservatoire  de  cette  ville; 
Il  occuiiait  encore  cette  position  en  1848. 

RIIISEL  (Jean-Jacques),  musicien  alle- 
mand du  seizième  siècle,  parait  avoir  vécu  en 
Italie,  où  il  a  fait  imprimer  :  Libro  primo  de 
Madrifjali  e  Motetti  a  4  e  6  voci,  Venise, 
1591,  ln-4°. 

KIIYM  (CiiAHLEs),  dont  le  nom  est  écrit 
quelquefois  RYHM,  hautboïste  et  compositeur 
de  musique  instrumentale,  naquit  en  Bohême, 
vers  1770,  et  passa  la  plus  grande  partie  de  sa 
vie  à  Vienne.  Ses  talents  ne  se  sont  pas  élevés 
au-dessus  du  médiocre.  On  connaît  de  lui  : 
1"  Trois  duos  pour  deux  clarinettes,  op.  1, 
Augsbourg,  1798.  2»  Trois  îdem,  op.  2.  ibid. 
ô"  Collections  de  danses  pour  piano,  op.  ô  et  4, 


KHYM  -  KIENLEN 


27 


ibtd.,  1799.  4°  Marche  de  Bonaparte,  avec 
douze  variations  pour  le  clavecin,  op.  5,  ibid. 
5»  Trois  duos  concertants  pour  deux  flûtes, 
op.  6,  ibid.  6°  Variations  pour  violon  et  alto, 
sur  un  air  allemand,  Vienne,  1800.  7"  Séré- 
nade pour  flûte  et  ailo,  ibid.  8"  Vini^t-quatre 
variations  pour  violon  sur  un  air  allemand, 
avec  accompagnement  de  viole  et  l)asse,  ibid. 

KIALMAUK  (E.),  né  en  1781  à  Lynn- 
Regis,  dans  le  comté  de  Norfolrk,  est  fils  tl'un 
officier  suédois,  et  d'une  mère  anglaise,  fille 
de  M.  Banks.  Resté  orphelin  et  sans  appui,  il 
se  livra  à  l'étude  de  la  musique  pour  laii-e  sa 
profession  de  cet  art.  Son  premier  maître  fut 
un  Allemand  qui  avait  moins  de  talent  que  de 
vanité;  mais  i)lus  lard  il  devint  élève  de  Bar- 
Ihélemon,  de  Cobham  et  de  Spagnoletti  pour 
le  violon,  et  leurs  leçons  le  mirent  en  état 
d'occuper  une  place  dans  les  orchestres. 
En  1803,  un  mariage  avantageux  lui  permit  de 
rompre  ses  engagements  comme  symi)honisle 
et  de  se  livrer  à  l'enseignement  du  piano.  Vers 
le  même  temps,  il  a  commencé  à  publier  quel- 
ques morceaux  de  piano  qui  ont  été  recherchés 
en  Angleterre.  La  nomenclature  des  airs  va- 
riés et  des  petites  pièces  pour  le  i)iano  qui 
portent  son  nom,  est  très-étendue;  toutes  ces 
légères  productions  ont  été  gravées  à  Londres; 
elles  sont  maintenant  tombées  dans  l'oubli. 

lilCllLI'^U  (Martin),  professeur  de  piano 
à  Vienne,  vers  I8ô0,  est  auteur  de  plusieurs 
morceaux  pour  cet  instrument,  et  d'une  mé- 
thode complète,  théorique  et  i)ratique  inli- 
tuléc  :  f'olIst,rndi(/es  Iheoretisch-praldisckes 
Lehrbuch  in Pianofortespiele^  op.  12,  Vienne, 
Ilaslinger. 

RIliFH AIÎEU  (Jean  CiiAnLcs-SiECMrjiD ou 
Sicis.noND),  assesseur  royal  de  la  commission 
des  archives  et  archiviste-adjoint  à  Munich, 
fut  longtemps  professeur  à  Nuremberg,  où  il 
était  né.  Écrivain  laborieux,  il  est  auteur  d'un 
grand  nombre  de  dissertations  historiques  et 
archéologiques  qui  sont  estimées.  Il  a  publié, 
à  l'occasion  de  l'anniversaire  de  la  Réforma- 
tion :  Sendschreiben  Dr.  Martin  Luthers  an 
Ludwig  Seufel,  herzogl.  baierische  Hofniu- 
sikus  in  Munchen.  Zum  Andcnken  der  Ge- 
dxchtnissfeier  der  von  Luther  vor  ZOO  jahren 
bewirkten  Kirchenverbesseritng  auss  Neue  in 
den  Druck  gegeben  und  mit  einigen  Zusxtzen 
versehen,  in  Beziehung  auf  Luthers  L.iehc 
sur  Musik  und  Singkunst  (Lellres  originales 
du  dr.  Martin  Luther  à  Louis  Senfel,  musicien 
de  la  cour  du  duc  de  Bavière,  etc.),  Munich, 
1817,  in  8».  Ce  recueil  a  de  l'intérêt  pour  l'his- 
toire de  la  musique  en  Allemagne,  au  seizième 


siècle.  On  a  aussi  dé  Kiefhnberune  notice  fort 
bien  faite  et  riche  de  renseignements  sur  les 
célèbres  luthistes  et  fabricants  de  luths, /^ans 
Gerle,  de  Nuremberg  {voyez  ce  nom).  Celle 
notice  a  été  publiée  dans  la  Gazette  générale 
de  musique  de  Leipsick  (ann.  181G,  p.  309 
et  525). 

KIEL  (Auguste),  fils  d'un  ancien  ténor  et 
professeur  de  musique  à  Brunswick,  naijuit 
dans  cette  ville,  vers  ]S\^.  Après  avoir  reçu 
(le  son  père  les  premières  instructions  concer- 
nant la  musique,  il  choisit  le  hautbois  pour 
instrument  et  cultiva  la  composition.  Sou 
premier  ouvrage  jmblié  est  un  recueil  de  six 
Lieder  à  voix  seule  avec  accompagnement  do 
piano,  Hanovre,  A.  Nagel,  1839.  Déjà,  <le|iuis 
jilusieurs  années,  Kiel  était  entré  comme  haut- 
boïste dans  la  chapelle  royale  <le  Hanovre. 
Depuis  lors,  il  a  conservé  cette  position.  Plu- 
sieurs compositions  pour  le  chant  ont  suivi 
son  premier  ouvrage.  Son  œuvre  14"  est  un 
Concertsliicke  pour  hautbois  et  orchestre  (ré- 
citatif, adagio  et  polonaise),  Hanovre,  Nagel, 
et  son  œuvre  17<",  une  Elégie  pour  hautbois  ou 
clarinette  et  piano,  Hanovre,  Bachmann. 

IvIEIM]>iGEU  (Joseph-Melciuor),  premier 
violon  de  la  société  philharmonique  à  Grœlz, 
dans  la  Slyrie,  s'est  fait  connaître  par  un 
ouvrage  intitulé  :  Theorelisrhe  undpraktischc 
Jnleitung  fiir  angehende  f'iolinspieler  nach 
den  hesten  Metliodetieingerichtet  {Inslrucl'wn 
théorique  et  pratique  pour  les  violonistes  com- 
mençants, rédigée  d'après  les  meilleures  mé- 
thodes), Graelz,  J.-F.  Kaiser,  1823,  in-4». 

KIEIMLEIX  (jEAN-CiiniSToriiE) ,  composi- 
teur, né  en  Pologne,  dans  la  seconde  moitié 
du  dix-huitième  siècle,  était  chef  d'orchestre 
du  Théâtre  national  àPresbourg,  en  1808.  On 
voit  dans  la  Gazette  générale  de  musique  de 
Leipsick  (an.  23",  p.  864)  qu'il  vécut  ensuite  à 
Berlin  sans  emploi  pendant  environ  deux  ans, 
puis,  qu'il  fut  maître  de  chant  au  théâtre  royal, 
où  il  écrivit  la  musique  (ouverture,  entr'actes, 
mélodrame  et  danses)  pour  le  drame  en  trois 
parties  DonnaLuura^de  Sophie  de  Knorriiig, 
sœur  du  célèbre  poëte  Tieck.  Dans  l'intervalle 
de  ses  séjours  à  Preshourg  et  à  Berlin,  il  avait 
vécu  à  Paris  pendant  quel(|ues  années,  puis  à 
Vienne,  où  il  avait  fait  jouer,  en  1815,  son 
petit  opéra  dieKaiserrosc  (la  Rose  impériale). 
Appelé  à  Posen,  il  fut  attaché  comme  maître 
de  chapelle  à  la  maison  des  princes  Radziwill; 
puis  il  eut  la  placede  directeur  de  musi(iue  du 
théâtre  d'Augsboiirg ,  pour  kMjuel  il  écrivit 
l'opéra  Claudine  de  Fillabcllu,  sur  le  poème 
de  Gœthc,  cl  enfin  il  alla  à  Munich,  on  qualité 


28 


KIENLEN  —  KIESIlWETTER  DE  WEISENBRUNN 


de  dirccleur  de  musique  do  la  cour  de  Bavière. 
Parmi  les  ouvrages  dramatiques  de  Rienlen, 
on  remarque  aussi  son  opéra  Laiire  et  Pétrar- 
que, représenté  à  Carisruhe  en  1820,  la  mu- 
sique pour  la  tragédie  de  Germanicus ,  exécu- 
tée à  Berlin  en  1818.  Il  vivait  alors  à  Baden, 
près  de  Vienne,  et  y  dirigeait  un  orchestre  de 
danse.  Enfin,  en  1823,  il  écrivit  la  musique 
du  drame  romanli(iue,  intitulé  Innocenzia, 
pour  le  théâtre  de  Berlin.  Il  y  a  lieu  da  croire 
ijue  Texislence  de  cet  artiste  fut  fort  agitée.  Il 
est  mort  à  Dessau,  en  1830,  dans  une  misère 
profonde.  On  a  publié  de  sa  composition  : 
1"  Symphonie  à  grand  orchestre,  Posen,  Si- 
mon. 2°  Polonaise  avec  trio  pour  piano  à  quatre 
mainS;  Berlin,  Traulwein.  5»  Deux  sonates 
pour  piano  seul,  Paris,  llentz-Jouve.  5°  Chan- 
sons allemandes  avec  accompagnement  de 
piano,  en  recueils  et  séparées,  Leipsick , 
Munich,  Vienne  et  Berlin. 

RICSKR  (J.-J.),  organiste  à  Erfurt  ou 
dans  les  environs,  vei's  le  milieu  du  dix-hui- 
tième siècle,  a  laissé  en  manuscrit  une  fan- 
taisie avec  un  trio  pour  l'orgue,  sur  le  choral  : 
Nun  lobt  meine  Seel. 

RIESEAYETTESl  (Jean-Frédéric)  ,  ar- 
chiviste de  la  chambre  des  finances,  et  pre- 
mier violon  de  la  chai)elle  d'Anspach,  naquit 
à  Cobourg  dans  la  première  moitié  du  dix- 
huitième  siècle.  Élève  de  Técole  de  Benda,  il 
fut  considéré  en  Allemagne  comme  un  des 
meilleurs  violonistes  de  son  temps.  Vers  1754, 
il  fut  appelé  à  Anspach,  et  mis  en  possession 
des  places  qu'il  a  occupées  jusqu'à  sa  mort, 
arrivée  vers  1780.  Ce  musicien  n'a  rien  publié. 

RIESEWETTER  (  Christophe -Gode- 
froid),  fils  du  précédent,  naquit  à  Anspach 
le  24  septembre  1777,  et  fut  élève  de  son  père 
pour  le  violon,  mais  le  surpassa  dans  l'exécu- 
tion des  difiicultés.  Fort  jeune  encore  il  voya- 
gea et  fit  admirer  son  talent;  il  lui  eût  été 
facile  de  trouver  partout  de  bons  engagements, 
mais  son  humeur  peu  sociable  lui  suscita 
beaucoup  <le  discussions  fâcheuses  qui  le  firent 
changer  souvent  de  situation  et  nuisirent  à  sa 
fortune.  La  première  ville  où  il  s'arrêta  fut 
Amsterdam;  puis  il  alla  à  Pvastadt,  où  il  eut 
(le  brillants  succès  ;  mais  il  n'y  resta  pas  long- 
temps. Pendant  environ  dix-huit  mois  il  vécut 
à  Bentheim-Steinfurt,  et  de  là  il  se  rendit  à 
ÎJeundorf,  et  enfin,  vers  la  fin  de  1801,  à 
Ballenstedl,  où  il  contracta  un  engagement 
moyennant  une  somme  annuelle  de  COO  écus 
(2,250  francs).  Il  en  partit  en  1803  pour  aller 
à  Oldenbourg,  en  qualité  de  maître  de  cha- 
pelle, avec  800  Ihalers  (3,000  francs)  de  trai- 


tement. Cette  position  honorable  est  celle  qu'il 
a  gardée  le  plus  longtemps.  Il  y  fit  preuve, 
non-seulement  d'une  grande  habileté  comme 
violoniste,  mais  d'un  rare  talent  comme  chef 
d'orchestre.  En  1815,  il  alla  se  fixer  à  Ham- 
bourg, et  y  vécut  environ  six  ans.  Dans  l'hiver 
de  1821,  il  arriva  à  Londres,  yjoua  un  concert 
philharmonique  et  fit  admirer  la  puissance  de 
son  exécution  ;  mais  bientôt  la  médiocrité  in- 
trigante, qui  abonde  partout,  et  surtout  à 
Londres ,  usa  de  tous  les  moyens  pour  lui 
nuire,  et  quoiqu'il  se  fit  entendre  de  temps  en 
temps  dans  les  concerts  publics,  particulière- 
ment dans  les  oratorios,  il  ne  put  parvenir  a 
rien,  et  mourut  dans  un  état  voisin  de  la  mi- 
sère, le  27  septembre  1827.  Riesewetter  avait 
en  manuscrit  plusieurs  concertos  de  sa  com- 
position, mais  il  ne  voulut  jamais  les  publier. 
Ils  ont  été  dispersés  après  sa  mort. 

RIESE\^  EÏTERDE\\  EISEN- 
RllUiMV  (Raphaël-Georges),  conseiller  de  la 
cour  impériale,  référendaire  de  la  haute  cour 
militaire,  et  directeur  de  la  chancellerie,  à 
Vienne,  est  né  le  29  août  1773  à  Holleschau, 
en  Moravie,  où  son  père  était  médecin.  Dès  sa 
jeunesse  il  ap{)rit  la  musique,  le  chant  et  plu- 
sieurs instruments,  particulièrement  la  flûte, 
sur  laquelle  il  aciiuit  un  talent  distingué.  Il 
possédait  une  belle  voix  de  basse,  qui  le  fit  re- 
chercher dans  plusieurs  sociétés  de  musique 
vocale.  A  l'âge  de  vingt  et  un  ans  il  fut  employé 
dans  l'armée  impériale  placée  sous  les  ordres 
du  prince  Charles,  et  y  resta  depuis  1794  jus- 
qu'en 1801 .  Les  mouvements  de  cette  armée  le 
conduisirent  en  diverses  contrées,  particuliè- 
rement en  Italie.  Après  que  M.  Riesewetter  se 
fut  établi  à  Vienne  et  y  eut  été  attaché  aux 
fonctions  publiques  qui  l'ont  successivement 
élevé  aux  postes  honorables  qu'il  occupa,  il 
commença  l'étude  de  l'harmonie  en  1803,  sous 
la  direction  d'Abrechtsberger;  quelques  an- 
nées plus  tard,  Hartmann  lui  enseigna  le  con- 
trepoint. Depuis  1816,  son  goût  pour  la  mu- 
sique ancienne  le  i)orta  à  recueillir  les  raretés 
de  ce  genre  et  à  en  former  une  collection  qui, 
sans  être  nombreuse,  offrait  cependant  beau- 
coup d'intérêt  par  le  choix  des  objets  qui  la 
composaient.  Son  but,  en  recueillant  ces  ri- 
chesses d'art,  était  de  s'entourer  de  documents 
])ropres  à  l'éclairer  sur  divers  points  de  l'his- 
toire de  la  musique,  qu'il  se  proposait  de 
traiter.  Ce  sont  ces  travaux  qui  depuis  lors 
l'ont  fait  connaître  avantageusement.  Sa.tar- 
dive  éducation  musicale,  dans  la  partie  scien- 
tifique, a  retardé  ré|)oque  de  ses  premières 
'  publications;  il  n'était  déjà  plus  jeune  quand 


KIESEWETTER  DE  VYEISENBRIJNN 


29 


il  s'est  décidé  à  livrer  à  Timpression  les  pre- 
miers résultats  de  ses  recherches  5  mais  depuis 
lors,  Riesewetter  montra  beaucoup  d'activité, 
et  ses  ouvrages  se  succédèrent  avec  ra{)idité. 
Il  n'allait  pas  dans  le  monde,  et  tout  le  temps 
que  lui  laissaient  ses  fonctions  administratives 
était  employé  au  travail.  Il  y  portait  une  opi- 
niâtreté invincible  lorsqu'il  rencontrait  dans 
les  objets  de  ses  études  des  choses  obscures  ou 
(jui  lui  semblaient  avoir  été  mal  étudiées.  Par 
Ha  grande  lecture,  et  par  son  esprit  de  re- 
cherche, il  devint  un  des  hommes  de  son  temps 
les  plus  instruits  dans  la  littérature  de  la  mu- 
sique et  dans  son  histoire. 

Malheureusement  l'art  de  généraliser  les 
résultats  des  faits  observés  manquait  à  ce  sa- 
vant distingué  ;  il  avait  de  l'érudition  dans  les 
détails  de  la  théorie  de  l'art  et  dans  ceux  de 
son  histoire,  mais  les  lois  |)hilosophiques  aux- 
quelles cesdétaiissontsoumis  ne  furentjamais 
aperçues  par  lui.  D'ailleurs,  certains  points 
importants  et  qui  dominent  toute  la  science, 
n'avaient  pas  fixé  son  attention  d'une  ma- 
nière suffisante  :  tel  était,  par  exemple,  le 
principe  constitutif  de  la  diversité  des  tona- 
lités. Prenant  son  sentiment  personnel  comme 
le  critérium  de  la  vérité  en  cette  matière,  il  ne 
voulut  jamais  admettre  qu'il  y  eût  d'autre 
sentiment  possible,  ni  qu'il  y  eût  jamais  eu 
d'autre  tonalité  que  celle  de  la  musique  mo- 
derne. Pour  lui ,  les  modes  du  chant  des 
Grecs,  les  tons  du  plain-chant,  nos  gammes  et 
nos  deux  modes  étaient  la  même  chose.  Celte 
erreur  capitale  l'a  égaré  dans  ses  ouvrages  les 
plus  importants,  i)articulièrement  dans  sou 
Histoire  de  la  musique  moderne  de  V Europe 
occidentale^  et  dans  ses  écrits  sur  la  Musique 
des  Grecs  moderne,  sur  la  Musique  des 
Jrahes,  et  sur  la  Destinée  et  nature  de  la 
musique  mondaine  depuis  le  commencement 
du  moyen  âge,  etc.,  quoiqu'il  se  trouve,  dans 
ces  livres,  des  pailies  qui  font  grand  hon- 
neur à  leur  auteur. 

Une  autre  cause  a  exercé  une  fâcheuse  in- 
fluence sur  les  travaux  de  Riesewetter  ;  elle  se 
trouvait  dans  un  sentiment  de  vanité  dont  il 
ne  pouvait  se  défendre,  et  dans  une  suscepti- 
bilité de  caractère  qui  s'irritait  à  la  moindre 
opposition  à  ses  opinions.  Les  ouvrages  qui 
viennent  d'être  cités,  et  plusieurs  autres  dont 
on  trouvera  la  liste  plus  loin,  ont  été  écrits  à 
l'occasion  des  déplaisirs  causés  à  ce  savant  par 
les  idées  et  les  vues  émises  i)ar  l'auteur  de 
celle  notice  dans  la  Revue  musicale,  dans  le 
Itùsniné pliilnsnpliique  de  Vhistoire  de  la  mu- 
sique^  et  dans  la  Biofjrapltic  uniivrselle  des 


musiciens.  Il  est  de  toute  évidence  que  ces 
productions  furent  le  cauchemar  des  <|uinze 
ou  seize  dernières  années  de  la  vie  de  Riese- 
wetter, et  que  détruire  l'eflet  qu'elles  pou- 
vaient produire  sur  l'opinion  publique  fut  sa 
pensée  fixe. 

Depuis  1816,  la  maison  de  Riesewetter  était 
devenue  un  centre  de  réunion  pour  beaucoup 
d'artistes  et  d'amateurs  qui  formaient  une  sorte 
d'académie  de  musique  ancienne,  où,  pendant 
trente  ans,  et  plusieurs  fois  chaque  année  aux 
époques  de  l'avent,  du  carême,  et  particuliè- 
rement de  la  semaine  sainte,  on  exécutait  les 
plus  beaux  ouvrages  de  Paleslrina,  d'Allegri, 
de  Victoria,  de  Carissimi,  de  Léo,  d'Alexandre 
Scarlatti,  de  Jomelli,  de  Durante,  de  Pergo- 
lèse,  de  Majo  et  de  Lotti,  ainsi  que  ceux  de 
Fux,  de  Caldara,  de  J.-S.  Bach,  de  Graun  et 
d'autres  maîtres  célèbres.  Ces  concerts  de 
musique  classique  offraient  un  vif  intérêt  aux 
amateurs  qui  s'y  rendaient  en  foule. 

Justement  estimé  comme  homme  et  comme 
savant,  Riesewetter  vit  sa  vieillesse  honorée 
par  des  distinctions  auxquelles  il  attachait  \in 
grand  prix.  Mis  à  la  retraite  en  1845,  après 
cinquante  ans  de  service,  il  avait  été  anobli 
quelques  années  auparavant,  en  récompense 
de  son  mérite  et  de  ses  travaux.  Depuis  lors, 
il  ajouta  le  titre  de  Jl'eisenhrunn  à  son  nom 
de  famille.  Il  fut  membre  de  la  première  classe 
de  l'Institut  des  sciences,  de  la  littérature  et 
des  arts  d'Amsterdam;  membre  honoraire  de 
l'Académie  royale  des  beaux-arts  de  Berlin; 
correspondant  de  l'Académie  impériale  des 
sciences  de  Vienne;  correspondant  du  minis- 
tère de  l'instruction  publique  de  France,  sec- 
tion des  travaux  historiques;  associé  hono- 
raire de  l'Académie  de  Sainte-Cécile  de  Rome  ; 
membre  de  mérite  de  la  Société  pour  la  propa- 
gation de  la  musique  dans  les  Pays-Bas; 
membre  honoraire  et  vice-président  éméritc 
de  la  Société  des  amateurs  de  musique  de 
l'empire  d'Autriche,  à  Vienne;  membre  hono- 
raire des  Sociétés  musicales  de  Pesth,  de  Bude, 
de  Prague,  de  Presbourg,  de  Graetz  et  de  Rla- 
genfurth.  Il  est  mort  le  1"  janvier  1850,  à 
Baden,  près  de  Vienne,  où  il  vivait  dans  une 
retraite  absolue  depuis  le  mois  d'avril  1848,  à 
l'âge  de  soixante-dix-sept  ans  et  aiuès  une 
courte  maladie.  Le  3  du  même  mois,  après  les 
obsèques,  son  corps  a  été  transporté  à  Vienne 
et  inhuméau  cimetière  appelé  Fonder  JT'aek- 
renger-Linie,  près  de  sa  femme,  i\m  l'avait 
pri'cédé  de  quelques  années  dans  la  tombe. 

Par  une  disposition  testamentaire,  Riese- 
wetter a  b'gué  à  la  Bibliothèque  impériale  de 


30 


KIESEWETTER  DE  WEISENBRUNN 


Vienne  sa  collection  d'ancienne  musique, 
décrite  dans  le  catalogue  qu'il  en  avait  publié 
avant  sa  mort,  sous  la  condition  qu'elle  reste- 
rait dans  son  ensemble  et  serait  exposée  dans 
les  salles  de  cette  Biblioihè(iue,  sous  la  déno- 
mination de  Fonds  de  Kiesewetter.  Quant  à 
ses  livres  et  manuscrits  sur  la  musique,  il 
les  légua  au  chanleur  de  la  Chaiiclle  impériale 
Aloys  Fuchs,  son  ami  de))uis  vingt-cinq  ans, 
qui  ne  lui  survécut  que  peu  d'années. 

La  liste  des  écrits  de  Kiesewetter  se  com- 
pose de  la  manière  suivante  : 

I.  Histoire  et  théorie  de  la  mcsique  : 
1»  Die  ferdt'enste  der  Niederlander  um  die 
Tonkttnst,  etc.  (Les  mérites  des  Néerlandais 
dans  la  musique,  mémoire  couronné,  en  ré- 
ponse à  cette  <|ueslion  mise  au  concours  par  la 
quatrième  classe  de  l'Instilut  royal  des  Pays- 
Bas,  en  1826  :  Quels  sont  les  mérites  des  Néer- 
landais dans  la  musique,  particulièrement 
<iux  quatorzième ,  quinzième  et  seizième  siè- 
cles,  elc),  publié  par  le  même  Institut  dans 
le  volume  intitulé  :  Ferhandelingen  over  de 
Fraag  :  Jf'elke  f^erdiensten,etc.^  Amsterdam, 
J.  Muller,  1829,  in-4",  avec  des  planches  de 
musique  lilh.  2"  Geschichte  des  europsisch- 
abendlxndischen  oder  unsrer  heutigen  Mu- 
sik  (Histoire  de  la  musique  moderne  dans 
l'Europe  occidentale, etc.),  Leipsick,  Breit- 
kopf  et  Hserlel  ,  i)remière  édition,  1854, 
in-4",  de  cent  seize  pages,  avec  vingt  pages 
de  musicjue;  deuxième  édition,  184G,  in-4". 
Cette  deuxième  édition  n'est  que  la  première, 
dont  on  a  changé  le  frontispice.  Bottée  «le 
Toulmon  a  fait  une  traduction  française  de  cet 
ouvrage,  laquelle  est  restée  en  manuscrit  jus- 
qu'à ce  jour  (1862).  ô"  Ueher  die  Musik  der 
neueren  Griechen,  nebst  freien  Gedanken  iiber 
altegyptische  und  altgriechische  Musik  (Sur 
la  musique  des  Grecs  modernes,  avec  des  pen- 
sées sur  cet  art  chez  les  anciens  Grecs  et  Égyp- 
tiens, en  trois  i)arties),  Leipsick,  Breitkopf  et 
Haertel,  18ô8,  in  4",  avec  des  planches.  Cet 
ouvrage  est  la  première  opposition  faite  par 
Kiesewetter  au  succès  obtenu  |)ar  les  idées 
nouvelles  répandues  dans  le  Résumé  philoso- 
phique de  l'histoire  de  la  musique,  qui  forme 
la  plus  grande  partie  du  premier  volume  de  la 
première  édition  de  la  Biographie  uiiiverselle 
des  musiciens.  4"  Guido  von  Arezzo,  sein 
Lehen  und  JFirken  (Guido  d'Arezzo,  sa  vie 
et  ses  travaux,  avec  un  supplément  sur  les 
traités  de  musi(iue  attribués  à  saint  Bernard), 
Leipsick,  Breitkopf  et  llœrlel,  1840,  in-4"  de 
cin(|uante-cinq  pages;  ouvrage  extrait  en 
grande  partie  de  la  Biographie  universelle 


des  musiciens  y  ou  paraphrasé.  5"  Schicksale 
und  Beschaffenheit  der  weltlichen  Gesanges 
vom  friihen  Mittelalter  bis  zuder  Erfindung 
der  dramatischen  Styles  und  den  Anfxngen 
der  Oper  (Destinée  et  nature  de  la  musique 
mondainedepuis  le  commencement  du  moyen 
âge  jusqu'à  l'invention  du  style  dramatique  et 
du  commencement  de  l'opéra),  Leip.iick, 
Breitkopf  et  Haertel,  1841,  in-4",  de  soixante- 
six  pages  avec  cent  six  pages  de  musique. 
Il  y  a  de  bonnes  choses  dans  cet  ouvrage  ;  mais 
il  est  trop  sommaire  pour  rimi)orlance  du 
sujet.  6"  Die  Musik  der  Araber  nach  Origi- 
nalquellen,  etc.  (La  musique  des  Arabes, 
d'après  les  sources  originales,  avec  un  avant 
proi)os,  par  le  baron  de  Ilammer-Purgstalt), 
Leipsick,  Breitkopf  et  Hœrtel,  1842,  in-4",  de 
quatre-vingt-seize  pages,  avec  vingt-qualre 
pages  de  musi(iue  :  seconde  opposition  de  Kie- 
sewetter à  la  partie  du  Résumé  philosophique 
de  l'histoire  de  la  musique  qui  concerne  la 
musique  des  Arabes  ;  il  y  a  com|)létement  mé- 
connu le  caractère  de  cet  art  dans  l'Orient. 
Quelques  fragments  traduits  d'ouvrages  origi- 
naux par  le  célèbre  oiientaliste  llammer- 
Purgstalt  forment  la  partie  la  plus  intéres- 
sante de  celte  dissertation.  7"  Ber  neuen 
Aristoxener  zerstreute  Aufswlze  (Mémoiies 
épars  des  Aristoxéniens  modernes  sur  ce  qu'il 
y  a  d'erroné  dans  l'Arithmétique  musicale,  et 
sui'  ce  qu'il  y  a  de  vain  dans  le  calcul  du  tem- 
pérament, recueillis  et  accompagnés  d'une 
introduction  historique  en  forme  de  préface, 
avec  une  partie  supplémentaire  par  B.  G.  Kie- 
sewetter, et  publiés  par  lui),  Leipsick,  Breitkopf 
et  Haertel,  1846,  in-8".  8"  Sur  l'octave  de 
Pythagore,  su\i\)\émenl  à  l'ouvrage  précédent. 
Vienne,  1848,  aux  frais  de  l'auteur,  in  8". 
Kiesewetter  publia  ces  deux  mémoires  dans  le 
but  de  détruire  par  la  base  la  théoiie  de  l'har- 
monie établie  par  l'auteur  de  la  présente 
notice,  sur  les  intervalles  attractifs  formés  de 
demi-tons  mineurs,  en  s'appuyant  de  l'autorité 
des  auteurs  modernes  qui,  à  l'exemple  d'Aris- 
toxène,  ont  soutenu  que  l'octave  renferme  six 
tons,  et  que  tous  les  tons  sont  divisés  par  des 
demi-tons  égaux;  lui-même  a  essayé  de  dé- 
montrer contre  l'évidence,  par  des  calculs  de 
sa  façon,  la  solidité  de  cette  fausse  doctrine  et 
s'est  complètement  égaré  dans  cette  entreprise. 
Averti  de  ses  erreuis  i)ar  un  de  ses  amis,  ma- 
thématicien distingué,  peu  de  temps  avant  sa 
mort,  Kiesewetter  a  chargé  FischofT  (voyez  ce 
nom)  de  veiller  à  la  suppression  de  ces  deux 
écrits;  mais  son  intention  n'a  été  réalisée  que 
pour  le  second.  d"Calalogue  de  la  collection  de 


KIESEWETTER  DE  WEISENBRUNN  -  KIMMERLING 


31 


partitions  de  musique  ancienne  du  conseiller 
aulique  R.-G.  Kiesewetter,  publié  par  lui, 
Vienne,  1847,  deux  parties  in-4'\ 

II.      DlSSEUTATIONS     INSÉRÉES      DANS      DIVERS 

ÉCRITS  PÉRIODIQUES  :  lOoSup  l'étenduc  des  voix 
chantâmes  dans  les  ouvrages  des  anciens 
maîtres,  et  sur  les  changements  qui  ont  eu  lieu 
dans  le  diapason  {Gazette  musicale  de  Vienne, 
année  1826).  Il"  Sur  la  notation  de  saint  Gré- 
goire le  Grand  (Gazette  générale  de  musique 
de  Leipsick,  année  1828).  12»  Sur  Francon  de 
Cologne  et  les  anciens  auteurs,  concernant  la 
musique  mesurée  (ibid).  lô»  Sur  un  manuscrit 
inconnu  du  seizième  siècle  {ibid.,  année  1850). 
14"  Sur  un  passage  du  sixième  quatuor  de 
Mozart  (/ecne  par  M.  Fétis.  (Plusieurs  articles 
dans  la  même  Gazette,  sous  le  i)seudonyme  de 
/e  Duc,  année  1831).  Le  passage  dont  il  s'agit 
est  rinlroduction  du  quatuor  en  ut  de  Mozait, 
qui  produit  chez  tous  les  musiciens  autant 
d'élonnement  que  de  dé[Uaisir,  et  que  Sarti  et 
Cherubini  appelaientî/ne  6ar6arîe.  J'avais  fait 
voir  dans  la  Revue  musicale  (année  1830)  que 
les  duretés  de  ce  passage  proviennent  de  ce 
que  l'imilation  n'est  pas  régulière,  et  j'avais 
démonlréqu'en  faisantentrerle  premierviolon 
lin  temps  plus  tard,  Mozart,  sans  rien  changer 
à  sa  pensée,  aurait  produit  une  bonne  har- 
monie. C'est  ce  que  Kiesewetter  appelle  décrier 
Mozart.  J'ignorais  que  le  pseudonyme  Le  Duc 
cachait  le  véritable  auteur  des  articles  de  la 
Gazette  (jénérale  de  musique  ;  je  répondis 
dans  la  Revue  musicale  de  1831  ,•  mais  l'oubli 
des  convenances  alla  si  loin,  dans  le  style  de 
mon  adversaii-e,  (jue  je  dus  cesser  celle  polé- 
ini(|ue.  15"  Les  tablatures  des  anciens  instru- 
inenlistes,  depuis  l'introduction  de  la  musique 
figurée  et  mesurée  (en  quatre  articles,  dans  la 
même  Gazette,  année  1831.)  ICSur  l'origine 
dejosquiu  desPrés  {ibid . ,\%o6) .  M" Compère; 
lin  d'une  polémique  commencée  par  M.  Fétis 
contre  l'auteur  du  mémoire  couronné  par 
l'Institut  des  Pays-Bas  (ttid.,  1847).  18»  Sur  le 
chant  populaire  et  mondain  dans  le  moyen 
âge  {ibid.  1830).  19»  Sur  la  période  deFrancon; 
réplique  à  M.  Fétis  {ibid.).  20»  Sur  la  manière 
de  mesurer  les  sons  et  sur  le  tempérament 
(dans  l'écrit  pério(ii(]ue  intitulé  :  Cxcilia, 
année  1832).  21"  Sur  les  instruments  de  mu- 
sique et  sur  la  musique  instrumentale  jusqu'à 
ré|iO(iHe  de  la  musique  moderne  de  chambre 
et  d'orchestre  {ibid.,  année  1843).  22»  Sur 
l'écriture  musicale  de  saint  Grégoire  le  Grand; 
ré|)onse  à  l'occasion  des  lettres  de  M.  Fétis 
sur  son  voyage  en  Italie  {Gazette  musicale  de 
Leipsick^  1843).  23»  Sur  les  difTérenlcs  mé- 


thodes d'harmonie  (Revue  de  Gassner,  Carls- 
ruhe,  1843).  24»  Sur  la  nouvelle  historique 
musicale  (Cxcilia,  1844).  2u»  Gloses  margi- 
nales sur  l'article  de  M.  Félis,  concernant 
l'écriture  musicale  dont  saint  Grégoire  s'est 
servi  pour  son  Antiphonaire  (Gazette  musi- 
ccUe  de  Leipsick^  1845).  20»  Le  soi-disant  tem- 
pérament égal  et  parfait,  sans  logarithmes, 
exécuté  par  une  méthode  graphique,  etc. 
(Cxcilia,  1847).  27"  Supiilément  à  la  biogra- 
phie d'Astorga  {Gazette  musicale  de  Leip- 
sick, 1859).  28»  Correction  à  un  critique  du 
grand  Palestrina  (Gazette  musicale  de 
L  ienne,  1843.  29»  Les  vrais  principes  de  la 
musique  grecque  (ibid.  1841). 

■  III.  Analyse  et  critique  :  50"  La  musique 
grecque  dans  ses  principes;  anti-critique  de 
Diieberg  (ibid.  1841).  51"  Notice  sur  les  col- 
lections musicales  de  la  Bibliothèque  de  Cam- 
brai, par  E.  de  Coussemaker  (Cxcilia,  1844). 
52"  Mo(tes  du  plain-cliant  romain,  par  Séb, 
Slehiin  (ibid.  1842).  53»  Ottaviano  dei  Pe- 
irucci  da  Fossombrone,  premier  inventeur 
de  la  typographie  de  la  musique  par  les  carac- 
tères mobiles,  par  M.  Ant.  Schniid  (dans  les 
Feuilles  de  Lienne  pour  la  littérature  et  l'art, 
en  1840). 

IV.  Ouvrages  non  publiés  :  34"  L'enseigne- 
ment des  accords  déveloi)i)é  d'ajjrès  le  système 
de  l'harmonie  rondamcnlalc,  avec  une  table 
de  toutes  les  prolongations  possibles.  Mss.  gr. 
in-l'ol.,  un  volume  de  texte  et  deux  d'exemples^ 
ouvi'age  terminé  à  Vienne,  en  181 1.35»  Sys- 
tème de  l'harmonie  fondamentale,  en  extraits, 
Mss.  gr.  in-4»  de  deux  cent  huit  pages. 
30»  Préparations  pour  l'étude  de  l'harmonie, 
trois  cahiers  in-fol.  écrits  à  Vienne,  1811. 
37»  Pensées  sur  la  construction  et  la  dispo- 
sition d'un  oichestre.  58»  Notice  sur  I'^m/J- 
parnasso  d'Orazie  P'ecchi,  comme  préface  à 
un  exemplaire  de  cet  ouvrage  rarissime  et  de 
grande  impoitance. 

Kiesewetter  a  été  l'éditeur  de  l'ouvrage  post- 
hume de  Kandler  sur  la  vie  et  les  ouvrages  de 
Palestrina  (voyez  Kandler),  et  y  a  ajouté  une 
préface  et  des  notes. 

KIESLIISG  (Jean-Fbançois),  organiste  et 
compositeur,  né  en  Bohême,  dans  le  dix-hui- 
tième siècle,  a  laissé  en  manuscrit  plusieurs 
ouvrages  de  musique  d'église,  parmi  lesquels 
Foyia  cite  des  litanies  qui  se  trouvaient  à 
l'église  de  Raudnitz ,  et  qu'il  considérait 
comme  une  de  ses  meilleures  compositions. 

KIMJ>IEULI3iG  (Robert),  prêtre  et  direc- 
teur du  chieur  de  l'abbaye  de  Melk,  en  Au- 
triche, naquit  à  Vienne,  le  5  décembre  1737. 


M 


KIMMERLINO  -  KINDERVATEU 


Après  avoir  terminé  ses  humanités  ainsi  que 
ses  éludes  musicales,  il  entra  dans  les  ordres, 
en  1759,  fit  ses  études  de  théologie  à  l'Uni- 
versité de  Vienne,  et  prononça  ses  vœux  au 
monastère  de  Mclk,  où  il  lut  chargé  de  la  di- 
rection de  la  musique.  En  1761,  il  fut  fait 
préfet  des  études  des  novices.  Lorsque  en  1770 
l'archiduchesse  Marie-Antoinette,  plus  tard 
infortunée  reine  de  France,  visita  l'abbaye  de 
Melk  avec  son  frère  Joseph  II  ,  une  sorte 
d'oratorio  intitulé  :  Bebecca,  fiancée  d'Isuac, 
composé  par  le  P.  Rimmerling,  fut  exécuté 
devant  ces  pi-inces  qui,  bons  connaisseurs, 
firent  présent  à  l'auteur  d'une  belle  médaille 
d'or,  et  Joseph  II  demanda  une  copie  de  la 
partition.  Possédant  une  belle  voix  de  ténor, 
habile  dans  l'art  de  jouer  du  clavecin  et  de 
l'orgue,  et  savant  dans  le  contrepoint,  Rim- 
merling était  un  musicien  accompli.  Il  a  laissé 
en  manuscrit  des  quatuors,  trios  et  duos  pour 
des  instruments  à  cordes,  des  vêpres,  hymnes, 
offertoires,  graduels,  litanies,  Salve  Regina, 
Te  Deum  et  plusieurs  messes,  dont  une  à  huit 
voix  (en  ut),  en  deux  chœurs,  que  Haydn  con- 
sidérait comme  un  chef-d'œuvre.  Le  P.  Rim- 
merling est  mort  à  Melk,  le  5  décembre  1799. 

KirNDERLirVG  (Jea^  Frédéric- Auguste), 
né  à  Magdehoui-g,  en  1743,  fut  d'abord  pro- 
fesseur à  Rloslerbergen ,  en  1768,  et  deux 
ans  après  recteur  dans  le  même  lieu.  En  1771, 
on  l'appela  comme  prédicateur  à  Schwartz, 
près  de  Colbe,  et  trois  ans  plus  tard  il  fut 
diacre  et  magister  dans  cette  dernière  ville. 
En  1797,  il  fut  appelé  à  Magdebourg,  en  qua- 
lité de  prédicateur  et  recteur.  Il  est  mort  dans 
cette  ville,  le  23  août  1807.  Parmi  ses  nom- 
breux écrits  on  remarque  :  Nœthige  Berichti- 
(jung  der  kurzeti  wehrhuften  Geschichte  der 
A'Uesten  deutschen  Kirchengesxnge  des 
Herrn  O.  K.  R.  Tellcrs  besonders  von 
D.  Martin  Luther  (Correction  nécessaire 
de  la  courte  et  véritable  histoire  des  chants 
d'église  allemands  les  plus  anciens,  par 
M.  0.  R.  R.  Teller,  etc.),  Dessau,  1782,  in-4", 
sans  nom  d'auteur.  Un  manuscrit  trouvé  dans 
ses  papiers  a  été  publié  sous  ce  titre  :  Kri- 
tisches  Betrachtungen  iiber  die  Ferzug- 
lichsten  alten,  neueren  und  die  verbesserten 
Kirchenlieder  (Considérations  critiques  sur 
les  meilleurs  chants  d'église  anciens,  nou- 
veaux et  perfectionnés),  Berlin,  1813,  in-S", 
de  cent  qiiatie-vingt-dix-sept  pages. 

KlWDEUMAIViV  (Jean-Érasme),  né  à  Nu- 
remberg, le  29  mars  1616,  fut  un  des  plus  cé- 
lèbres organistes  de  son  temps  ,  et  remplit 
ses  fonctions  à  l'église  Saint-Égide,  dans  sa 


ville  natale.  Il  mourut  le  14  avril  1635.  Ce  sa- 
vant musicien  a  publié  de  sa  comi)osition  : 
1°  Musica  Catechica,  oder  Catechismus  auf 
die  6  Hauptstiicke  desselhen  gerichtet  (Mu- 
sique catéchétique,  ou  catéchisme  (musical) 
composé  sur  les  six  articles  principaux,  avec 
deux  chants  avant  et  après  le  lepas,  elc.,à  cinq 
voix  avec  basse  continue),  Nuremberg,  1646, 
in-4"'.  2"  Harmonia  organica  per  tabula- 
turam  germanicam  composita  (consistant  en 
quatorze  préludes,  huit  fugues  pour  l'orgue, 
deux  prélu<ies  et  un  Magnificat  du  huitième 
Ion),  Nuremberg,  1645.  3"  Neu-verslimnite 
f'iolen-lust  mil  3  T'iolen  nebst  einen  Gène- 
ralbass  (Récréations  de  violes  accordées  d'une 
manière  nouvelle,  pour  trois  violes  et  basse 
coutinue) ,  Francfort,  ]Çnii.  4"  Dilberriis 
EvangelischerSchluss  ReimenderPrediglen, 
1,  2  und  ôten  Theil  mit  drey  Stiinmen  , 
neml.  2  Discanlen  und  einem  Bass,  zxi  einein 
Positiv,  Régal,  Spinet ,  Clavicytnbel  oder 
Theorbe  (Rimes  finales  des  sermons  évangéli- 
qucs  de  Dilberrn,  jiremière,  deuxième  et  troi- 
sième parties  à  trois  voix,  savoir  deux  dessus  et 
basse, avec  un  positif,  régal,  épinette,  clavecin 
ou  théorbe),  Nuremberg,  1652.  5" (Juatrc  suites 
de  sonates  et  decart;o?iei  pour  l'orgue  ou  le  cla- 
vecin, ibid.,  1655.  Çy Musicalischcr  Felder  und 
TFxlderfreund  ;initeiner  singendcnStimme, 
neben  dem  Basso  Generali  filr  einen  Orga- 
nisten,  Theorb-oder  Lutenisten,  accommo- 
dirtund  componirt  [Àmi  musical  des  champ.s 
et  dos  bois,  composé  et  arrangé  pour  une  voix 
chantante  et  basse  continue  à  l'usage  d'un  or- 
ganiste, d'un  théorbiste  ou  d'un  luthiste), 
Nuremberg,  1643.  La  Bibliothèque  royale  de 
Berlin  possède  de  cet  artiste  un  motet  à  huit 
voix  avec  instruments  sur  la  mélodie  choi'ale  : 
I/err  Gottdich  lobenwird,  en  tablature  alle- 
mande. J'ai  examiné  ce  morceau,  qui  est  fort 
bien  fait. 

KII^DERMAI^iS  (Auguste),  chanteurdra- 
malique  distingué,  est  né  à  Berlin,  le  6  fé- 
vrier 1816.  Engagé  d'abord  comme  choriste 
et  chanteur  de  petits  rôles  au  théâtre  royal 
(le  cette  ville,  il  alla  au  théâtre  de  Leipsick 
en  1839,  et  s'y  fil  remarquer  à  son  début  par 
la  beauté  de  sa  voix  de  baryton.  Après  huit  ans 
de  succès  dans  celle  position,  il  accepta,  en 
1847,  la  place  de  premier  baryton  au  théâtre 
royal  de  Munich. 

RODERVATER(Jean-He>ri),  assesseur 
du  consistoire  et  pasteur  île  Saint-Biaise,  à 
Nordhausen,  né  à  Relbra,  près  de  Franken- 
hauscn,  le  4  avril  1675,  alla,  en  1696,  à  l'Uni- 
versité de  Jéna,  fut  magister  en  1700,  diacre 


KINDERVATER  -  KING 


33 


àErfurlen  1703,  trois  ans  après  pasteur  dans 
le  même  lieu,  et  enfin  assesseur  à  Nordhausen, 
où  il  mourut  le  2  octobre  1726.  Dans  un  de 
ses  ouvrages,  intitulé:  Gloria  tempU  Blasiani 
(Nordhausen,  1724,  in-S"),  il  a  donné  une 
description  de  l'orgue  de  cette  église  (p.  99  et 
suiv.).  Il  a  laissé  aussi  en  manuscrit  un  traité 
de  musique  de  neuf  feuilles  qui  a  pour  litre  : 
De  mnsica  Lilteraloribus  necessaria.  Cet 
ouvrage,  qui  avait  appailenu  à  Rcicliardt,  est 
devenu  la  propriété  de  Gerber,  auteur  des 
Dictionnaire  des  rnusiciens.  Il  se  trouve 
aujourd'hui  dans  la  Bibliothèque  de  la  So- 
ciété impériale  des  amis  de  la  musique,  à 
Vienne. 

lilIMDI  (El),  auteur  arabe  de  six  traités  de 
musique  indiqués  par  le  baron  Ilamnier-Purg- 
stall  {Jahrbiichern  der  Lileratur,  t.  XCI, 
troisième  trimestre).  Le  premier  de  ces  ou- 
vrages traite  de  la  composition  (des  modes); 
le  second,  de  l'ordonnance  des  tons;  le  troi- 
sième, des  éléments  de  la  musique:  le  qua- 
trième est  un  traité  stir  le  rliylhine;  le  cin- 
quième, une  description  des  instruments;  le 
sixième  est  relatif  à  l'accompagnement  mu- 
sical des  poésies  (la  mélodie).  El  Rindi  est  le 
plus  ancien  écrivain  arabe  sur  la  musique  ; 
il  mourut  l'an  248  de  l'hégire  (862  de  l'ère 
chrétienne). 

KIINDSCIIER  (  Jean-Louis-Gottfried  ) , 
né  à  Dessau,  le  14  octobre  1764,  fit  son  édu- 
cation musicale  sous  le  directeur  de  musique 
Rust,  et  fut  professeur  à  l'École  supérieure  de 
cette  ville,  et  organiste  de  l'église  du  château 
et  de  la  ville.  Il  y  est  mort,  le  20  octobre  1840. 
On  a  publié  sous  son  nom  les  ouvrages  sui- 
vants :  1°  Vingt-quatre  chansons  allemandes 
à  voix  seule,  avec  accompagnement  de  cla- 
vecin, Dessau,  1792.  2°  Chansons  courtes  avec 
accompagnement  facile  pour  piano,  Leipsick, 
1801 ,  in-4°.  Z"  Jnvoeisung  zu  Ausweichungen 
in  aile  Dur-und  Molltonarten  in  Behand- 
lung  der  einzelnen  Twne  des  verminderteu 
Septimen-yiccords  durch  /liilfe  desSemilonii 
m,odi  (Instruction  sur  les  modulations  dans 
tous  les  tons  majeurs  et  mineurs,  etc.),  Des- 
sau, 1812.  Nouvelle  édition  corrigée,  ibid., 
1814,  in-fol.  4»  Anleitung  zum  Selbstunter- 
richtin  Clavier-und  Orgelspielen,  in  beson- 
derer  Hinsicht  auf  richtige  kenntniss  und 
Behandlung  bezifferter  Chorale ,  aucU  For- 
und  Zwischenspiele  zu  desselben.  Eine  ior- 
bercitung  zum  Generalbass  und  Fortsetzung 
meines  Semitonii  modi  oder  Anvoeisung  su 
Jusweichungen,  etc.  (Méthode  i)our  apprendre 
soi-même  à  jouer  du  piano  et  de  l'orgue,  etc.), 

FIOCR.  UKIV.  DES  MUSICIENS.  T.  V. 


Leipsick, Ilofmeistcr,  1817,  in-4"decinquante- 
deux  pages  avec  deux  planches.  Une  deuxième 
édition  améliorée  a  été  publiée  en  1830, 
ibid. 

RIINDSCÏIER  (  IIenri-Ciiaules-Louis)  , 
fils  dii  précédent,  né  le  16  octobre  1800,  à 
Dessau,  reçut  de  son  père  les  premières  leçons 
de  piano  et  d'harmonie,  et  alla  à  Leipsick,  en 
1820,  compléter  son  instruction  musicale  chez 
Schicht  {voyez  ce  nom).  De  retour  à  Dessau,  il 
succéda  à  son  père,  en  1824,  dans  la  place  de 
professeur  de  chant  au  Gymnase  (collège). 
Quatre  ans  après,  il  entra  dans  la  chapelle  du- 
cale comme  f!ûtisle,eten  185711  eut  la  place  de 
son  père,  comme  professeur  de  musique  au 
Séminaire.  Il  continua  de  remplir  ses  deux 
I)laces  au  Gymnase  et  au  Séminaire  jusqu'en 
1854,  où  il  fut  appelé  à  Cœlhen,  pour  enseigner 
la  musique  dans  le  Collège  qui  y  était  nouvel- 
lement érigé.  Kindscher  a  fait  insérer  dans 
la  Gazette  générale  de  musique  de  Leipsick 
(an.  1847,  p.  596)  une  Esquisse  sur  la  mu- 
sique et  sur  l'art  en  général.  Dans  le  même 
journal  (an.  1848,  p.  530),  il  a  fait  une  criti- 
que sévère  du  livre  de  L.  Kraussold  {voyez  ce 
nom)  sur  l'ancien  chant  choral  protestant,  sa 
construction  rhylhmique  et  sa  restauration. 
Riaussold  se  servit  du  même  recueil  pour  faire 
[laraitre  une  anticritique  très-solide  (ibid., 
1>.  744),  et  la  polémique  fut  close  par  une 
longue  ré[)lique  de  Kindscher,  publiée  dans  le 
n"  49  de  la  même  gazette,  p.  785.  On  a  de  cet 
artiste  :  1°  Vingt  Lieder  à  trois  voix,  Leipsick, 
Freise.2<>Douze  Lieder  pour  un  chœur  à  quatre 
voix,  ibid. 

KIl^iG  (Robert),  bachelier  en  musique  à 
Cambridge,  en  1696,  fut  un  des  musiciens  at- 
tachés' au  roi  Guillaume  III.  Il  a  coni|>osé 
plusieurs  airs  qui  ont  été  insérés  dans  la  col- 
lection intitulée  :  Tripla  Concordia,  et  a  mis 
en  musique  quelques  chansons  insérées  dans 
le  Théâtre  of  Music. 

lil^G  (William),  organiste  et  composi- 
teur du  nouveau  Collège  d'Oxford,  vers  la  fin 
du  dix-septième  siècle,  a  mis  en  musique  le 
poëme  de  Cowley,  intitulé  :  La  Maîtresse 
(Mistress),  et  a  publié  cet  ouvrage  sous  ce 
titre  :  Poems  of  M.  Cowley  and  others,  com- 
posed  into  sangs  and  ayres,  voith  a  Tho- 
rough-basse  for  the  Theorbo ,  Ifarpsicor 
{Harpsichord)  or  Base-violl  (Poèmes  de 
M.  Cowley  et  autres,  composés  sous  la  forme 
dechansons  et  d'airs,  avec  basse  continue  pour 
le  ihéorbe,  le  clavecin  ou  la  basse  de  viole), 
Oxford,  1688,  in-fol.  Gerber,  Choron  cl 
Fayolle  sonl  tombés  dans  une  plaisante  mé- 


KliNG  —  KLNRI 


l)iise  au  sujel  tic  King  el  de  son  ouvrage  : 
Irompés  vraisemblablement  par  le  titre  du 
poëme  de  Cowley  {Mistress),  ils  ont  lu  3Iis- 
triss,  et  disent  que  King  a  rédigé  sa  composi- 
tion pour  madame  Cowley.  Or,  Anne  Cowley, 
auteur  dramatique,  n'a  vu  le  jour  qu'en  1745, 
et  a  cessé  de  vivre  seulement  en  1809,  c'est-à- 
dire  cent  vingt  ans  après  la  publication  du 
recueil  du  musicien  anglais. 

KIlNG  (Charles),  musicien  anglais  de  peu 
de  mérite,  a  cependant  exercé  une  certaine  in- 
fluence en  son  temps.  Élevé  parmi  les  enfants 
de  chœur  de  Saint-Paul,  sous  la  direction  de 
Blow,  il  devint  ensuite  un  des  premieis  chan- 
tres de  cette  cathédrale,  et  fut  admis,  en  1704, 
au  grade  de  bachelier  en  musi(]ue  à  l'Univer- 
silé  d'Oxford.  Après  la  mort  de  Clark,  il  lut 
nommé  aumônier  et  maître  des  enfants  de 
chœur  de  Saint-Paul.  En  1730,  on  l'éleva  à 
la  dignité  de  vicaire.  Il  lui  fut  permis  de  cu- 
muler avec  ces  i)laces  celle  d'organiste  de 
l'église  paroissiale  de  Saint-Bennet-Fink,  à 
Londres.  Il  conserva  tous  ses  emplois  jusqu'à 
sa  mort,  arrivée  au  mois  de  mars  1745.  Un 
grand  nombre  de  services  pour  l'église  sont 
connus  sousson  nom,  ce  qui  a  fait  dire  au  doc- 
teur Greene,  en  plaisantant,  que  M.  King 
était  un  homme  très-serviable.  Quatre  an- 
tiennes de  sa  composition  ont  été  insérées  dans 
VHarmonia  sacra,  de  Page,  et  deux  autres 
dans  la  Sacred  Music,  de  Slevens. 

KIING  (M. -P.),  pianiste  et  compositeur  an- 
glais, vécut  à  Londres  dans  les  vingt  dernières 
années  du  dix-huitième  siècle,  et  au  commen- 
cement du  dix-neuvième.  Il  a  beaucoup  écrit 
pour  le  théâtre  anglais,  el  a  publié  des  sonates 
et  d'autres  pièces  pour  le  i)iano.  On  connaît 
sous  son  nom  les  0[>éras  suivants  :  False  alarms 
(les  Craintes  supposées).  2»  Invisible  Girl 
(la  Fille  in  visible).  3"  iVa/riWiOHy  (le  Mariage). 
4"  One  o'Clock  (Une  heure).  5"  Timour  the 
Tartare  (le  Tartare  Timour).  Il  a  aussi  publié 
deux  livres  de  chansons  et  de  cantates,  un  re- 
cueil de  glees  à  trois  voix  et  des  duos.  Parmi 
ses  œuvres  de  musique  instrumentale,  on  re- 
marque :  l^Trois  sonates  pour  le  piano,  op.  1 , 
Londres,  Clementi.  2°  Jro'isidem,  op.  2,  ibid. 
5"  Plusieurs  sonates  séparées.  4°  Trois  idem, 
op.  5,  ibid.  5"  Trois  rondeaux  indiens,  op.  13, 
ibid.  6»  Quintette  pour  piano,  flûte,  violon, 
alto  et  basse,  op.  IG,  ibid.  7"  Trois  rondeaux 
pour  piano  seul,  op.  22,  ibid.  8"  Divertisse- 
ment idem,  op.  24,  ibid.  King  s'est  fait  con- 
naître comme  écrivain  didactique  parplusieuis 
ouvrages  élémentaires  pour  l'enseignement  de 
l'iKumonie,  de  l'accompagnement  et  du  chant, 


dont  voici  les  litres  :  Thorovgh  bass  mode 
clear  to  every  capacity  (la  Basse  continue 
éclaircie  pour  toutes  les  intelligences),  Lon- 
dres, 1796,  grand  in-4''.  Cet  ouvrage  est  un 
assez  bon  manuel  pratique,  qui  renferme  des 
instructions  sur  la  manière  de  traduire  sui*  le 
piano  une  partition  d'orchestre.  2"  ^  gênerai 
treatise  on Music ,  particularly  in  Harmonxj 
or  thorough-bass,  and  ils  application  to 
composition,  containing  also  many  and 
essential  and  original  subjecls,  tending  to 
explain  and  illustrate  the  whole  (Traité  gé- 
néral sur  la  musique,  particulièrement  sur 
l'harmonie  ou  la  basse  continue,  et  son  appli- 
cation à  la  composition),  Londres,  1800,  in-fol. 
Il  y  a  une  deuxième  édition  de  cet  ouvrage, 
publiée  en  1809.  Dans  la  préface  de  la  seconde 
partie  se  trouve  une  ciilique  assez  dure  de 
l'ouvrage  de  Kollmann,  intitulé  :  Practieal 
Guide  to  thorough-bass.  S"  Introduction  to 
the  theory  and  practice  of  Singing  at  first 
sight  (Introduction  à  la  théorie  et  à  la  pra- 
tique du  chant  à  première  vue),  Londres, 
1800,  in-4». 

RIIMi.1  ou  KINSKI  (Joseph),  né  à  Olmutz, 
en  Moravie,  vers  1790,  fit  ses  humanités  sous 
la  direction  de  son  oncle  Dominique  Kinki, 
professeur  et  prêtre  de  l'ordre  des  Piarisles,  el 
dans  le  même  temps  étudia  la  musique.  Plus 
lard,  il  se  rendit  à  Vienne  et  y  fut  employé 
comme  alto  au  théâtre  Sur-la- Vienne.  11  y  fut 
chargé  de  la  direction  des  répétitions  el  mon- 
tra tant  d'intelligence  dans  cet  emploi,  que  le 
chevalier  de  Seyfried,  alors  directeur  de  mu- 
sique de  ce  théâtre,  se  l'adjoignit  comme  se- 
cond chef  d'orchestre.  Quelques  années  après, 
il  fut  lui-même  choisi  pour  directeur  de  mu- 
sique du  théâtre  de  la  Porte  de  Carinthie,  où  il 
écrivit  la  musique  de  plusieurs  ballets  d'Au- 
mer,  et  de  quelques  pantomimes.  Lorsque 
Slœger  se  chargea  de  l'entreprise  du  théâtre 
de  Grsetz,  il  choisit  Kinki  comme  chef  d'or- 
chestre; et  lorsque  cet  entrepreneur  alla 
prendre  la  direction  du  théâtre  de  Josephsladt, 
Kinki  l'y  suivit  en  la  même  qualité.  Peu  de 
temps  après,  il  s'est  retiré  dans  le  lieu  de  sa 
naissance.  Parmi  ses  ouvrages,  ceux  qui  ont 
eu  le  plus  de  succès  sont  les  ballets  suivants  : 
\'>  La  Fête  champêtre  au  bosquet  de  Kisbier. 
2"  Le  Chevalier  dupé.  5°  La  petite  Foleuse. 
4"  Les  Blanchisseuses.  5"  Le  Jugement  de 
Salomon.  6"  La  Fêle  de  l'Amour.  7°  La  Fêle 
des  Grâces.  S"  La  Fête  du  Soleil.  9»  La  Noce 
au  Fillage.  10«  Emma.  W"  Der  Marktrich- 
ter  (le  Juge  du  marché).  12°  Le  Sacrifice  de 
6'erës.  Kinki  a  écrit  aussi  la  musique  des  petits 


KINKI  -  KIRCHEU 


38 


opéras  suivants:  iZ"  Le  Prince  et  le  Ramoneur . 
14"  Lorenzo,  chef  de  brigands.  15"  Lundi, 
Mardi,  Mercredi  (en  collaboration  avec  Gy- 
rowetz  et  le  chevalier  de  Seyfiied).  1G"  Le 
Quolibet.  17"  Le  Sultan  IFampum.  Les  airs, 
ouvertures  et  entr'actes  de  ces  ouvrages  ont 
élé  aiian}>és  par  difTérenls  musiciens  pour  le 
violon,  la  fliite,  la  guitare,  le  piano,  etc. 

KIIMNER  DE  SCIIEUI  I  Ei>STElI\ 
(maître  Martin),  savant,  poëte  et  musicien, 
naquit  à  LeobscliUtz,  en  Siiésie,  au  commence- 
ment de  l'année  15ô4,  étudia  à  Wittenberg 
sous  Mêlanchton,  fut  ensuite  professeur  de 
poésie  dans  la  même  ville,  puis  retourna  dajis 
le  lieu  de  sa  naissance,  où  il  cul  le  litre  de 
secrétaire  (archi-grammatus),  et  de  musicien 
de  la  ville.  Il  mourut  à  l'âge  de  soixante-trois 
ans  dans  un  voyage,  à  Baumgarlen,  près  de 
Frankenslein,  le  24  mars  1597.  l/épilaphe  de 
ce  savant  se  voit  dans  l'église  de  Leo!)schU(z. 
L'ancien  livre  choral  de  Breslau  contient  un 
grand  nombre  de  pièces  dont  Kinncr  a  fait  la 
poésie  et  la  musique. 

RI1\CII(J.),  musicien  hongrois  et  compo- 
siteur de  danses  d'un  caractère  très  original, 
est  né  dans  un  village  près  de  Peslh,  vers 
1820,  et  vit  dans  cette  ville.  Il  écrit  aussi  pour 
le  piano  des  compositions  romantiques.  Au 
nombre  de  ses  ouvrages,  on  remarque  Zene- 
yibrand  (Peintures  des  sons),  pour  piano, 
op.  15,  Pesth,  Wagner,  et  f^lgadd  nj  magyar 
Tàncz  (Dans  magyare  pour  piano),  op.  17,  ibid. 

KIRCHRAUEH  (Alphonse),  bénédictin 
du  couvent  de  Neresheim,  en  Souabe,  et  chan- 
celier de  l'évéque  de  Coire,  vivait  vers  le  mi- 
lieu du  dix-huitième  siècle.  Il  s'est  fait  con- 
naître comme  compositeur  par  un  recueil  de 
sept  messes  brèves  à  quatre  voix,  deux  violons 
et  basse  continue  intitulé  :  Jubilus  curix 
cœlestis  in  terrestre  cwrta^Augsbourg,  1731, 
gravé.  Une  deuxième  édition  corrigée  a  été 
publiée  en  1740. 

KIRCHER  (Athanase),  un  des  plus  sa- 
vants jésuites  du  dix-septième  siècle,  et  i)eul- 
«lie  le  plus  savant  de  tous,  nacpiit  le  2  mai 
1602,  à  Geysen,  près  de  Fulde.  Chargé  par  ses 
supérieurs  d'enseigner  la  philosophie,  |)uis  les 
langues  orientales,  au  Collège  de  Wllrzbourg, 
il  fit  preuve,  dans  l'exercice  de  ses  fonctions, 
d'unprofondsavoir  ([ui  s'est  ensuite  développé 
avec  éclat  dans  les  grands  ouvrages  qui  nous 
restent  de  lui.  Ce  savant  homme  offre  dans  ses 
écrits  la  réunion  bizarre  de  connaissances  éten- 
dues en  malhémali(]ues,  en  physique,  en  his- 
toire naturelle,  en  philologie,  et  d'un  esprit 
crédule,  avide  de  merveilleux  et  dépourvu  de 


jugement.  Dans  ses  immenses  travaux ,  le 
faux  et  le  vrai  sont  entassés  péle-méle;  mais 
il  s'y  trouve  de  bonnes  et  curieuses  choses  en 
assez  grande  quantité  pour  qu'on  se  donne  la 
peine  de  les  y  chercher.  Il  y  a  plus  de  pré- 
vention que  de  justice  dans  le  dédain  que  cep- 
tains  critiques  modernes  ont  montré  pour  ses 
ouvrages.  Troublé  dans  sa  tran(iuillité  par  les 
événements  de  la  guerre  de  Trente  Ans,  Kii-- 
cher  fut  obligé  de  s'éloigner  de  l'Allemagne. 
Il  alla  chercher  du  repos  chez  les  jésuites 
d'Avignon,  avec  lesquels  il  passa  deux  années, 
s'occupant  de  l'étude  de  ranti(|uilé  ;  puis  il  se 
rendit  à  Rome,  où  le  resic  de  sa  vie  fut  em- 
ployé en  travaux  giganles(iues  sur  presque 
toutes  les  branches  du  savoir  humain.  Il  mou- 
rut en  cette  ville,  le  28  novembre  1080,  à  l'âge 
de  soixante-dix-huit  ans. 

Plusieurs  ouvrages  du  P.  Kircher  traitent 
spécialement  de  la  musique,  ou  reufermeul  de 
curieux  renseignements  pour  Thistoire  de  cet 
art.  Le  plus  important  a  pour  titre  :  Mtisur- 
giauniversalis,  sive  ars  magna  consoni  et 
dissoni  in  X  libros  digesla.  Qua  utiiversa 
sonorum  doclrina  et  pliilosophia,  Music^a:- 
que  tam  théories  quam  practicx  scientia, 
summa  varietatv  tradilur;  admirandx  con- 
soni et  dissoni  in  mundo,  adeoquc  universa 
natura  i;ire.v  effectusque,  uti  tiova,  ita  pere- 
grina  variorum  speciminum  exhihitione  ad 
singulares  usus,  tum  in  omni  pœne  facul- 
tale,  tum  polissimum  in  Philologia,  Mathe- 
matica ,  Fhysica  ,  Mechanica  ,  Medicina, 
Politica,  Metaphysica,  Theologia,  uperian- 
iur  et  demonstrantur,  Romœ,  1650,  deux  vo- 
lumes in-fol.  Ce  long  titie  fait  connaître  la 
nature  de  l'ouvrage,  et  explique  la  pensée  en- 
cyclopédi(|ue  qui  a  présidé  à  sa  rédaction. 
Suivant  Siilzer  et  Forkel,  une  troisième  édition 
de  cet  ouvrage  aurait  paru  en  1C54;  mais  c'est 
une  erreur;  il  n'y  a  jamais  eu  qu'une  édition 
de  cet  ouvrage  datée  de  Rome,  et  c'est  celle  de 
1650  ;  j'en  ai  vu  plus  de  trente  exemplaires, 
tous  portaient  cette  date.  Suizer  et  Forkel  ont 
confondu  avec  la  Musurgia  unicersalis  le 
livre  De  Arte  magnetica,  dont  la  Iroisièiîie 
édition  a  été,  eneflel,  publiée  à  Rome,  en  1654. 
Je  doute  aussi  de  l'existence  de  l'édition 
d'Amsterdam,  1062,  in  fol.,  citée  par  le  savant 
M.  Weiss,  dans  l'excellent  article  ([u'il  a  fait 
sur  Kircher  pour  la  Biographie  universelle 
des  fières  Michaud.  Il  existe  dans  la  Bibliothè- 
que royale  de  Berlin  un  exemjjlaire  daté  de 
Rome,  1600,  deux  volumes  in-fol.  Je  n'ai  pas 
vu  de  mes  yeux  cet  exemplaire,  et  ne  sais  si 
c'est    une   édition    difrércnle,  ou   un  simple 

3. 


36 


KIKCIIEK 


changement  de  frontispice.  Le  premier  livre 
iriiile  du  son  en  général,  de  sa  production,  de 
sa  propagation  et  de  sa  nature  dans  les  voix  et 
dans  les  instruments.  Le  deuxième  livre  ren- 
ferme beaucoup  de  choses  curieuses,  mais 
aussi  beaucoup  d'autres  hasardées, ou  complè- 
tement fausses,  sur  la  musique  et  les  instruc- 
ments  des  Hébreux  et  des  Grecs.  Le  troisième, 
«|Ui  aurait  du  être  le  second,  est  relatif  aux 
proportions  numériques  des  intervalles.  Le 
quatrième  traite  de  la  division  géomélriquedu 
monochorde.  Le  cinquième  est  un  traité  de 
composition  extrait  des  meilleurs  ouvrages 
sur  cette  matière  qui  existaient  au  temps  où 
Kircher  écrivait.  Il  y  rapporte  quelques  mor- 
ceaux d'artistes  célèbres  de  cette  époque, 
qu^on  ne  trouve  pointailleurs.  Dans  le  sixième 
livre,  l'auteur  donne  la  desciiption  de  tous  les 
instruments  :  ce  livre  est  divisé  en  quatre 
parties.  Le  septième  est  consacré  à  un  examen 
de  la  nature,  des  défauts  et  des  qualités  de  la 
musique  ancienne  et  de  la  moderne,  et  traite 
de  quelques  particularités  qui  n'avaient  pu 
trouver  place  dans  les  livres  précédents.  Tel 
est  le  contenu  du  premier  volume.  Le  huitième 
livre,  où  il  est  traité  de  la  composition  des 
chants,  est  rempli  de  beaucoup  d'inutilités 
sur  les  combinaisons  des  notes,  à  peu  près 
semblable  à  ce  que  Mersenne  a  publié  sur  le 
même  sujet  dans  son  Harmonie  universelle; 
mais  on  pourrait  encore  tirer  de  bonneschoscs 
des  deuxième  et  troisième  parties  de  ce  livre, 
relatives  au  rhythme  poétique  appliqué  à  la 
musique.  Le  neuvième  livre  traite  des  effets 
physiques  et  moraux  sur  l'homme  en  santé  et 
dans  l'état  de  maladie,  particulièrement  de  la 
morsure  de  la  tarentule,  et  de  sa  guérison  parla 
musique.  Kircher  avait  déjà  traité  ce  sujet  dans 
son  livre  sur  le  magnétisme.  Ce  livre  renferme 
quelques  faits  intéressants  mêlés  à  beaucoup 
de  contes  absurdes.  Kircher  traite  aussi  dans 
ce  livre  de  l'écho,  de  ses  causes,  de  la  con- 
struction de  quelques  instruments  mécani- 
ques, et  de  certains  automates  chantants  ou 
jouant  des  instruments.  C'est  là  qu'il  parle 
d'une  statue  parfaitement  isolée,  dont  les 
yeux,  les  lèvres  et  la  langue  auraient  un  mou- 
vement à  volont*,  qui  prononcerait  des  sons 
articulés,  et  f|ui  paraîtrait  vivante.  LeP.  Schott 
dit,  dans  sa  Magia  universalis  (t.  II,  liv.  III), 
que  Kircher  a\  ait  eu  le  projet  de  faire  exécuter 
cette  statue  poui*  l'amusement  de  la  reine  de 
Suède,  Christine;  mais  qu'il  en  fut  empêché 
jiar  le  défaut  de  temps,  ou  à  cause  de  la  dé- 
jicnse.  C'est  surtout  dans  le  dixième  livre  de 
son  ouvrage  que  Kircher  s'est  abandonné  à 


toutes  les  bizarreries  de  son  imagination,  en 
traitant  d'une  sorte  de  musique  mystérieuse 
et  universelle  répandue  jusque  dans  les  pieires, 
les  plantes,  les  animaux,  l'air  et  le  ciel.  Il 
y  parle  sérieusement  et  en  détail  de  la  mu- 
sique hiérarchiqur  qu'on  entend  dans  les  cieux, 
et  où  les  anges  sont  distribués  en  neuf  chœurs. 
André  Hirsch  (voyez  ce  nom),  prêtre  luthé- 
rien du  dix-huitième  siècle,  a  publié  un  ex- 
trait du  gros  livre  de  Kircher,  en  un  volume 
in-12.  De  tous  les  critiques  du  savant  jésuite, 
Meibomius  a  été  le  plus  dur.  On  reconnaît  son 
âprelé  ordinaire  dans  ces  phrases  de  la  pré- 
face qu'il  a  mise  en  tête  de  son  édition  des  au- 
teurs grecs  sur  la  musique  :  Mxisicam,  grx- 
cam  disciplinam ,  dit-il,  quam  hactenus 
Grœce  doctissimorum  virorum  vix  ullus 
attrectare  ausus  fuit^  sine  ulla  ferme  grxca 
litteratura ,  nullo  Grxcorum  musicorum 
leclo,  tradere  adgressus  est  vir  Cl.  Athana- 
siua  Kircherus,  Fateor  non  tantum  me  mi- 
rattim  ex  celeberrimo  orbis  terrarum  loco, 
Româ,  tantum  ineptiarum  adferri poluisse  ; 
sed  etiam  à  tantx  famx  viro.  Le  quatrième 
chapitre  du  deuxième  livre  de  la  Musurgia 
universalis,  qui  traite  de  la  musique  des  Hé- 
breux, a  été  inséré  par  Ugolini  dans  son 
Thesaur.  antiq.  Sacr.  (t.  XXXII,  p.  554-416). 
Le  second  ouvrage  du  P.  Kircher  qui  a  pour 
objet  spécial  une  branche  de  la  musique,  a 
pour  titre  :  Phonurgia  nova,  sive  conjugium 
mechanico-physicum  artis  et  naturœ,  Para- 
nympha  Phonosophia  concinnatum  ;  qux 
universa  sonorum  natura,  proprietas ,  vires 
effectuumque  prodigiosorum  causa;,  nova  et 
multiplici  experimentorum  exhibitione  enu- 
cleantur;  instrumenlorum  acusticorum,  ma- 
chinarumque  ad  naturx  prototypon  adap- 
tandarxim,  tum  ad  sonos  ad  remotissimu 
spatia  propagandos,  tum  in  abditis  domo- 
rnm  recessibusper  occultioris  ingenii  machi- 
namenta  clam  palamve  sermocinandi  modus 
et  ratio  tradittir,  tum  denique  in  bellorum 
tumultibus  singularis  hujusmodi  organo- 
rum  usus,  et  praxis  per  novuin  phonologum 
describitur ,  Campidonse  (Kemplen),  1673, 
in-fol.  de  deux  cent  vingt-neuf  pages.  Cet  ou- 
vrage est  le  développement  de  quelques  parties 
des  premier  et  sixième  livres  de  la  Musurgis 
universelle,  avec  quelques  inventions  d'instru- 
ments acoustiques  dont  l'exécution  n'aurait 
peut-être  pas  répondu  aux  résultats  que  Kir- 
cher en  attendait.  Cependant  ce  livre  n'est  pas 
sans  intérêt  :  il  renferme  un  certain  nombre 
de  faits  ((ui  paraissaient  merveilleux  à  l'époque 
où  l'auteur  écrivait,  mais  dont  on  a  depuis  lors 


KIRCHER  -  KIRCHHOF 


37 


vérifié  la  réalité,  et  dont  on  a  trouvé  les  lois. 
Une  traduction  allemande  de  cet  ouvrage,  inti- 
tulée :  Neue  Hall-und  Thon-Kunst,  oder 
mechanische  Geheim-Verbindung  der  Kunst 
und  Nalur  (N.ordlingue,  1084,  in-fol.),  a  été 
publiée  sous  le  nom  d''Agatho  Carione,  qui 
n'est  vraisemblablement  qu'un  pseudonyme. 

Dans  son  traité  du  magnétisme  intitulé  : 
Magnes  sive  de  arte  magnelicd  opus  tripar- 
titum  (Rome,  1641,  10-4°;  Cologne,  1643, 
in-4",  et  Rome,  1654,  in-fol.),  Rircher  a  traité 
au  troisième  livre  :  De  Magnetismo  musics. 
Il  y  disserte  longuement  sur  des  faits  mal  ob- 
servés et  des  suppositions  gratuites.  On  y  trouve 
les  airs  qui,  de  son  temps,  passaient  pour 
guérir  du  tarentisme.  Enfin,  le  savant  jésuite 
a  donné  un  chapitre  rempli  de  rêveries  sur  la 
musique  hiéroglyphique^  dans  son  célèbre 
livre  intitulé  :  Œdipus  wgyptiacus,  hoc  est 
universalis  hieroglyphicie  veterum  doctrinx, 
temporum  injuria  aiolitx  ,  instauratio  , 
Rome,  1052-1G54,  trois  volumes  in-fol. 

KIRCUG/ESSrSEU  (Marianne),  virtuose 
sur  l'harmonica,  naquit  en  1770à  Waghœusel, 
dans  le  duché  de  Bade.  A  peine  âgée  de  quatre 
ans,  elle  perdit  la  vue  :  néanmoins,  douée  d'un 
sentiment  musical  très-actif  et  de  beaucoup 
d'adresse,  elle  apprit  en  peu  de  temps,  quoi- 
que sans  maître,  à  jouer  quelques  petits  mor- 
ceaux sur  le  piano;  ses  succès  intéressèrent  à 
son  sort  le  baron  de  Beroldingen,  capitulaire 
de  la  cathédrale  de  Spire,  qui  la  confia  aux 
soins  du  maître  de  chapelle  Schmitlbauer,  de 
Carisruhe,  et  qui  lui  fit  présent  d'un  harmo- 
nica de  cent  ducats.  Après  avoir  étudié  avec 
persévérance  les  ressources  de  cet  instrument, 
mademoiselle  Rirchgaessner  parvint  à  un  de- 
gré d'habileté  qu'aucun  autre  artiste  n'avait 
atteint  avant  elle.  Au  mois  de  février  1791, 
elle  entreprit  son  premier  voyage  en  Alle- 
magne, accompagnée  du  conseiller  Bossner, 
de  Spire,  et  se  rendit  d'abord  à  Munich  où 
elle  se  fit  entendre  dans  quelques  sonates , 
quatuors  et  quintettes,  composés  pour  elle  par 
Eichhorn.  De  Munich  elle  alla  à  Vienne,  où 
elle  donna  un  grand  concert  au  Théâtre  Na- 
tional. Son  talent  produisit  une  si  vive  impres- 
sion sur  Mozart,  que  cet  homme  célèbre  écrivit 
pour  elle  un  délicieux  quintette  pour  harmo- 
nica, deux  violons,  viole  et  basse.  Ce  morceau 
a  été  publié  longtemps  après.  Le  vieux  Van- 
hall  écrivit  aussi  pour  cette  virtuose  quelques 
compositions  qu'elle  a  exécutées  dans  plusieurs 
grandes  villes.  Elle  ne  s'éloigna  de  Vienne  que 
pour  se  rendre  à  Dresde,  où  l'électeur  lui  fi(  de 
beaux  présents  en  témoignage  de  sa  satisfac- 


tion. Le  compositeur  Naumaun,  qui  l'entendit 
aussi  dans  cette  ville,  déclara  qu'elle  était  sans 
rivale  sur  l'harmonica.  A  Berlin,  le  roi,  ému 
par  son  talent,  voulut  l'entendre  quatre  jours 
de  suite,  et  lui  fit  donner  cent  frédérics  d'or, 
à  quoi  la  reine  ajouta  le  cadeau  d'une  montre 
d'or.  Vers  la  fin  de  1792,  elle  quitta  Berlin 
pour  aller  à  Hambourg,  où  l'admiration  pour 
son  jeu  alla  jusqu'à  l'enthousiasme.  A  Copen- 
hague, en  Hollande,  partout  elle  recueillit  des 
témoignages  du  même  intérêt.  Arrivée  à  Lon- 
dres au  commencement  de  l'année  1794,  elle 
y  donna  son  premier  cohcert  le  17  mars;  son 
succès  fut  un  véritable  triomphe.  Son  séjour 
en  Angleterre  fut  pour  elle  une  source  de  féli- 
cité, car,  outre  les  richesses  considérables 
qu'elle  y  amassa,  elle  eut  le  bonheur  de  recou- 
vrer la  vue,  de  manière  à  distinguer  les  objets 
et  les  couleurs.  Un  médecin  de  Londres  fit 
cette  cure  sans  ojjération,  et  par  le  seul  usage 
de  collyres.  Ce  fut  aussi  dans  cette  ville  qu'elle 
fit  l'acquisition  de  l'harmonica  dont  elle  joua 
toujours  dans  la  suite;  Frœschel,  mécanicien 
allemand,  le  construisit  pour  elle. 

En  1796,  mademoiselle  Rirschgaessner  re- 
tourna en  Allemagne.  Au  mois  de  novembre 
de  celte  année,  elle  se  fit  entendre  de  nouveau 
à  Hambourg;  puis  elle  partit  pour  la  Rus-;ie. 
Au  mois  de  mars  1798,  elle  était  à  Saint-Pé- 
tersbourg, où  elle  obtenait  de  brillants  succès. 
De  retour  dans  sa  patrie,  elle  acheta  une  jolie 
maison  de  campagne  à  Gohiis,  près  de  Leip- 
sick,  où  elle  se  proposait  de  passer  le  reste  de 
ses  jours  dans  le  repos,  avec  ses  fidèles  com- 
pagnons de  voyage,  le  conseiller  Bossler  et  sa 
femme.  Cependant  elle  entreprit  un  nouveau 
voyage  en  Suisse,  en  1808;  mais  arrivée  à 
Schaffouse,  elle  y  fut  atteinte  d'une  inflamma- 
tion de  poitrine  qui  la  mit  au  tombeau  le  9  dé- 
cembre de  la  même  année,  à  l'âge  de  trente- 
huit  ans.  Le  13  de  ce  mois,  elle  fut  inhumée 
dans  le  cimetière  du  couvent  Paradis,  et  un 
service  solennel  fut  chanté  à  ses  obsèques. 

RIRCUHOF  (Godefroid),  né  à  Muhlbeck, 
près  de  Bitterfeld,  le  15 septembre  1685,  étudia, 
dans  sa  jeunesse  le  clavecin  et  la  composition 
près  du  célèbre  organiste  Zachau,  à  Halle,  et  f 
fut  nommé,  en  1709,  maître  de  chapelle  du 
duc  de  Holstein-GlUcksbourg,  puis,  en  1711, 
organiste  de  l'église  des  Bénédictins  à  Qued- 
linbourg.  En  1714,  il  fut  appelé  à  Halle  pour 
y  remplir  les  fonctions  d'organiste  et  de  direc- 
teur de  musique  à  l'église  Notre-Dame,  et 
depuis  lors,  il  refusa  toutes  les  places  de 
maître  de  chapelle  qui  lui  furent  ofTertes,  ne 
voulant  pas  quitter  cette  position.  Il  la  con- 


38 


KIRCHHOF  —  KIRCHNER 


serva  jusqu'à  sa  morl,  arrivée  au  mois  de 
mars  174G.  On  a  publié  de  cet  artiste  L'.^/?  6' 
musical,  contenant  des  fugues  et  des  pré- 
ludes dans  tous  les  tons  pour  le  clavecin, 
Amsterdam,  Witbogel.  Gerber  possédai!  aussi 
de  Rirchhol'des  chorals  variés  et  des  suites  de 
pièces  pour  Torgne. 

RlUCmiOFF  (...),  harpiste  allemand,  né 
en  Saxe,  se  fixa  à  Copenhague,  et  fut  allaclié 
à  la  musi(|ue  du  roi  de  Daneniaïk.  Il  mourut 
au  mois  de  février  1799,  à  l'âge  de  soixante- 
dix  sept  ans.  Vers  1758,  il  avait  lait  un  voyage 
en  Russie,  et  s'était  fait  entendre  avec  beau- 
coupde  succès  à  Saint-Pétersbourg.  On  connaît 
de  sa  compositftn  quelques  solos  de  harpe,  et 
six  quatuors  pour  Tiar|ie,  deux  violons  et 
basse.  Tous  ces  morceaux  sont  restés  en  ma- 
nuscrit. 

En  1838,  un  chef  d'orchestre  du  Théâtre 
lie  Breslau,  nommé  Kirchhoff  ou  Kirclihof 
(Wilhelm),  y  fit  exécuter  une  ouverture  de  sa 
composition.  On  retrouve  cet  artiste  à  Ulm, 
en  1847,  occupant  une  position  semblable  et 
faisant  représenter  au  théâtre  de  cette  ville, 
le  17  décembre,  son  opéra  intitulé  :  André 
Jlofer^  en  trois  actes.  Kirchhof  était  alors 
pensionné  comme  ancien  chef  d'orchestre  à  la 
cour  de  Sondershausen.  On  connaît  aussi  de 
cet  artiste  des  mélodies  à  voix  seule,  avec 
accompagnement  de  piano,  i>ubliées  à  Stutt- 
gard,  chez  Ebner,  à  Nuremberg,  chez  Eudter, 
et  à  Mannlieim,  chez  Heckcl. 

Un  autre  musicien ,  nommé  Kirchhoff 
{F.  F.  G.)  était,  vers  1840,  professeur  de 
musique  à  Aix-laChapelle,  et  y  a  publié  plu- 
sieurs recueils  de  Lieder  et  de  mélodies  avec 
accompagnement  de  piano. 

KlIlCIIMAlEll  (Georges  GASPAnn),  sa- 
vant chimiste  et  littérateur  allemand,  né 
en  1655,  à  OITenheim,  en  Fraiiconie,  fit  ses 
études  dans  les  universités  principales  de  l'Al- 
lemagne. Il  mourut  le  28  septembre  1700. 
Joecher  donne  la  liste  de  cent  (|uarante-huit 
ouvrages  composés  par  ce  savant.  Bans  ce 
nombre  est  comprise  une  dissertation  De  Ta- 
rentula,  où  il  paile  de  la  morsure  de  cet 
insecte,  de  l'exallalion  qu'elle  pioduit,  et  de 
sa  guérison  par  la  musique.  Ce  morceau  a  été 
imprimé  avec  d'autres  dissertations  du  même 
auteur,  à  Wittenberg,  1669,  in-8''. 

KIUCUMAIEIl  (TiitODORi;),  professeur 
de  philosophie  et  adjoint  à  la  faculté  des 
sciences  de  Wittenberg ,  dans  la  seconde 
moitié  du  dix-septième  siècle,  a  fait  imprimer 
une  dissertation  intitulée  :  SchediasmaPhy- 
sicuin   de  viribus   mirandis   toni  consoni, 


Wittenberg,  1672,  in-4"  de  trois  feuilles  et 
demie.  Il  y  traite  :  De  viribus  mirandis  toni 
consoni  1"  in  movendis  affectibus;  2»  in 
concitandis  ac  rumpendis  corporibus  ;  3"  in 
curandis  morbis. 

KlllCllJ>'EIl  ( ),  cantor  à  Buchlohe, 

bourg  de  la  iTavière,  en  1770,  est  connu  par 
une  année  complète  de  musique  d'église  avec 
orchestre,  et  [)ar  quelques  sym|)honies.  Toutes 
ces  compositions  sont  restées  en  manuscrit. 

RIIICIUXEU  (Jean-Henri),  fils  du  précé- 
ilent,  né  à  Bucblohe,  lit  ses  premières  études 
dans  quel'iues  collèges  du  Mecklenbourg,  et 
suivit  un  cours  de  théologie  à  l'Université  de 
Jéna.  Vers  1798,  il  se  rendit  à  Rudolstadt,  où 
il  fut  nommé  canfor,  i)uis,  en  1801,  troisième 
diacre.  Il  a  publié  un  traité  élémentaire  de 
musique  intitulé  :  Theoretisch-praktisches 
Jfandbuch  zu  einem  fiir  kiinslige  Land- 
schullehrer  nœlhigen  musikalischen  Unter- 
richt  (Manuel  théorique  et  pratique  de  l'in- 
struction musicale  nécessaire  à  un  instituteur 
delà  campagne),  Arnstadt,  Langbein,  1801. 
On  a  aussi  du  même  auteur  :  I"  Douze  airs  en 
chœur,  deux  suites,  Arnstadt,  Hildebrandt. 
2"  Le  149*  psaume,  en  manuscrit. 

KIRCIIWER.  Plusieurs  musiciens  de  ce 
nom  se  sont  fait  connaître  depuis  1830  :  mais 
tous  les  biographes  allemands  gardent  le 
silence  sur  eux.  Le  premier  en  date  est  un 
chanteur  en  voix  de  fausset,  né  à  Hambourg, 
an  commencement  du  dix-neuvième  siècle.  Il 
vécut  quelque  temps  à  Munich  et  s'y  fit  con- 
naître comme  ténor  et  comme  exécutant  sui' 
le  piano  :  puis  il  s'établit  à  Berlin  et  y  resta 
pendant  les  années  1824  et  1825.  En  1827,  il 
se  rendit  à  Vienne  et  y  entra  au  théâtre  de 
Léopoldstadt.  Ce  fut  alors  <|ue,  remar<iuant 
l'étendue,  la  sonorité  et  la  flexibilité  de  sa  voix 
de  fausset,  il  travailla  cet  organe  factice  et 
parvint  à  lui  donner  un  caractèie  de  voix 
féminine  qui  produisait  une  illusion  complèle. 
Il  écrivit  sous  le  titre  de  La  Fausse  prima 
donna  un  opéra  en  un  acte  qui  fut'rcprésenlé 
avec  succès,  à  Vienne,  à  Prague,  à  Slntlgai-d 
et  à  Kœnigsberg.  Le  compositeur  y  remplissait 
le  rôle  principal,  et  lui-même  fut  connu  long- 
temps, en  Allemagne,  sous  le  nom  de  La 
fausse  Catalani.  Il  chantait  encore  au  théâtre 
Léopoldstadt,  à  Vienne,  en  1858;  mais  apiès 
celte  époque,  on  ne  trouve  plus  aucun  rensei- 
gnement sur  lui. 

Un  autre  compositeur,  du  nom  de  Kirchner, 
était  directeur  de  musique  au  théâtre  de 
Strasbourg,  en  1834,  et  y  fit  représenter  un 
opéra  intitulé  ;  Les  deux  Duègnes.  Enfin,  un 


KIRCHNER  -  KIRNBERGER 


39 


pianiste,  fécond  auteur  d'une  infinité  de  petites 
pièces,  parliculièiement  de  polkas  pour  son 
instrument,  s'est  produit  depuis  1840.  Cet 
artiste,  né  à  Neukirchen,  bourg  de  la  Bavière, 
se  nomme  Jf'enceslas  Kirchner  :  il  vivait  à 
Lemberg(Gallicie),en  1842. 

RIUCIlllATlI  (Remier),  chantre  de 
l'Église  cathédrale  de  Cologne,  vécut  dans  la 
seconde  moitié  du  dix-huitième  siècle.  Il  est 
auteur  d'un  livre  qui  a  pour  litre  :  Theatrum 
musicxchoralis,  das  ist  :  Aitrze  und  grilnd- 
lich  gelehrte  f  erfassung  der  ^retintschen 
und  Gregorianischen  Singkunst^  zusam- 
mengetragfti  und  in  den  Druck  gegeben 
von  u.  s.  w.  (Théâtre  de  musique  chorale, 
c'est-à  dire,  constitution  solide  et  savante  de 
Fart  du  chant  arétinien  et  grégorien,  etc.), 
Cologne,  Godschalk,  1782,  iu-4'',  de  quatre- 
vingt-huit  pages,  non  compris  la  préface. 

HIUK])lAI>i  (Je4n),  musicien  hollandais, 
né  vers  le  milieu  du  dix-huitième  siècle,  se 
fîxa  à  Londres,  en  1782,  et  y  l'ut  organiste  de 
la  chapelle  réformée  du  rit  luthérien.  Il 
mourut  de  consomption  à  Norwich,  en  1799. 
On  a  de  cet  artiste  :  1"  Trois  trios  pour  piano, 
violon  et  basse,  op.  1,  La  Haye,  1781.  2«  Trois 
sonates  à  ({uatre  mains  et  une  à  deux  mains 
pour  le  clavecin,  Amsterdam,  1782.  3°  Six 
leçons  ou  sonates  pour  le  piano,  op.  ô,  Lon- 
dres, 1783.  4"  Versets  pour  les  psaumes,  com- 
posés pour  l'orgue,  en  collaboration  avec 
Keeble,  ibid.  5°  Deux  sonates  et  un  duo  à 
quatre  mains,  op.  6,  Londres, Preston.C"Trois 
sonates  pour  clavecin  et  violon,  op.  C,  ibid. 
7"  Sonate  pour  le  piano,  dédiée  à  Clementi, 
op.  8,  Londres,  Clementi.  8"  Organ  pièces, 
op.  9,  ibid.  9"  Huit  ballades  dédiées  à  la  mar- 
(juise  de  Salisbury,  op.  10.  lO*"  Quatre  rondos 
pour  piano  seul,  op.  14,  ibid. 

KIÎIMAYEIV  (Wolfgang),  musicien  de  la 
chapelle  de  l'électeur  de  Bavière,  mourut  a 
Munich,  en  1795.  On  connaît  de  sa  composi- 
tion des  sérénades  et  des  nocturnes  à  plusieurs 
instruments. 

KIRMAYEU  (Frédéric-Joseph),  fils  du 
précédent,  a  changé  l'orthographe  de  son  nom 
en  celle  de  Kirmair.  Il  naquit  à  Munich,  et 
fit  ses  études  musicales  sous  la  direction  de 
son  père.  Destiné  au  barreau,  il  suivit  d'abord 
des  cours  de  droit,  mais  son  goût  pour  la  mu- 
si(iue  lui  fit  abandonner  celle  carrière  pour 
celle  de  pianiste  et  de  compositeur.  Après  avoir 
longtemps  voyagé  en  France,  en  Italie,  en 
Suisse,  en  Hollande  et  en  Allemagne,  il  arriva 
à  Berlin  en  1795,  et  y  fit  admirer  son  habileté 
dans  l'exécaliou  des  Mails  dilTicilcs,  particu- 


lièrement des  tierces  et  des  octaves.  Ses  succès 
lui  procurèrent  en  1795  l'honneurd'ôtre  choisi 
pour  maître  de  piano  de  la  princesse  royale, 
depuis  lors  reine  de  Prusse.  U  fit  ensuite  des  ' 
séjours  de  |)eu  de  durée  dans  les  cours  de 
quelques  petits  princes  d'Allemagne,  puis 
accepta  un  engagement  à  Cassel,  oii  la  musique 
fit  sous  sa  direction  de  notables  progrès.  Eu 
1803,  il  quitta  celle  iiosilion  pour  prendre 
celle  de  maître  de  concert  du  duc  de  Gotha. 
On  a  publié  de  sa  composition  :  1»  Sonates 
pour  piano  avec  violon  et  violoncelle,  op.  9, 
13,  21,  22  et  23,  Offenbach,  André,  et  Ham- 
bourg, Bœhme.  2"  Sonates  yiour  piano  seul, 
op.  2,  5,  12,  17,  19,  ibid.  5"  Pièces  détachées 
pour  piano,  op.  29,  Hambourg,  Bœhme. 
4°  Thèmes  variés  pour  piano,  environ  trente 
œuvres,  chez  la  plupart  des  éditeurs  d'Alle- 
magne. 5"  Grande  symphonie  pour  l'orchestre, 
Berlin,  Hummel,  1800.  Rirmayer  est  mort  à 
Gotha,  en  1814. 

RIUISBERGEU  (Jean  PiiiurPE) ,  né  le 
24  avril  1721,  à  Saalfeld,  dans  la  Thuringe, 
apprit  dans  cette  ville  les  éléments  de  la  mu- 
sique, du  clavecin  et  du  violon,  puis  alla  con- 
tinuer ses  études  chez  J.-B.  Rellner,  alors 
organiste  à  Graefenrode.  En  1738,  il  se  rendit 
à  Sondershausen,  où  il  reçut  des  leçons  de 
violon  de  Meil,  musicien  de  la  chambre  du 
prince,  et  chercha  les  occasions  de  former  son 
goût,  en  fréquentant  la  chapelle.  Il  y  fit  aussi 
la  connaissance  de  Gerber,  élève  de  Bach,  <]ui 
lui  parlait  souvent  de  ce  grand  homme,  et  qui 
lui  suggéra  l'idée  de  se  rendre  à  Dresde  pour 
l'entendre  et  profiter  de  ses  leçons.  Kiinberger 
réalisa  en  effet  ce  projet  dans  l'année  1739,  et 
pendant  deux  ans,  il  eut  le  bonheur  d'étudier 
sous  la  direction  du  plus  grand  musicien  de 
l'Allemagne.  En  1741,  il  partit  pour  la  Pologne, 
où  il  demeura  pendant  dix  ans  au  service  de 
plusieurs  princes,  en  qualité  de  claveciniste, 
puis  comme  diiectcur  de  musi(|ue  d'un  cou- 
vent de  filles  à  Lemberg.  En  1751,  il  retourna 
en  Allemagne,  et  quoiqu'il  eut  alors  plus  de 
trente  ans,  il  reprit  l'élude  du  violon,  dans  le 
dessein  d'entrer  comme  simjjle  sym])honis(o 
dans  la  chapelle  du  roi  de  Prusse,  Frédéric  II. 
Arrivé  à  Berlin  vers  la  fia  de  la  même  année, 
il  y  eut  en  effet  une  place,  et  y  resta  jusqu'en 
1754.  A  cette  époque,  il  oblint  l'aulorisaliou 
du  roi  pour  passer  au  service  du  prince  Henri  ; 
mais  il  n'y  resta  pas  longtemps,  parce  que  l.t 
l)rincesse  Amélie  le  piil  pour  son  maître  de 
composition,  et  le  chargea  de  la  dircclion  de 
sa  musique.  Rirnberger  remplit  ces  fonclioiis 
pendant  les  vingt  dernières  années  de  sa  Vic. 


40 


KiruNDKRGEIl 


Ilmourulà  Berlin,  dans  la  luiil  du  27  au  28 
juillet  1783,  après  une  maladie  longue  et  dou. 
loureuse. 

Comme  organiste,  Rirnberger  fut  imitateur 
du  style  de  Bach.  Ses  l'ugues  n'ont  pas  lecachet 
de  création  qu'on  reniarciue  daus  celles  de 
son  maître;  mais  on  y  trouve  du  savoir  et  de 
l'habileté  dans  l'art  de  développer  un  sujet,  et 
dans  les  mouvements  des  dillérenlcs  parties. 
11  a  écrit  beaucoup  de  musiiiue  instrumentale 
dont  une  partie  a  été  publiée,  et  quelques  mor- 
ceaux pour  l'église,  qui  sont  restés  eu  manu- 
scrit. Sa  musique  de  clavecin  est  remplie  de 
choses  charmantes,  d'un  goût  naturel  et  d'une 
naïveté  élégante.  Dans  les  vingt  dernières 
années  de  sa  vie,  il  s'occupa  particulièrement 
de  la  didactique  et  de  la  théorie  de  Part. 

On  a  publié  de  sa  composition  :  1"  Alle- 
gro pour  clavecin  seul,  ou  pour  violon  et  vio- 
loncelle, 1730.  2"  Fugue  pour  clavecin  en 
contrepoint  double  à  l'octave,  17G0.  ô"  Chan- 
sons avec  mélodies,  1702.  4»  Douze  menuets 
pour  deux  violons,  deux  hautbois,  deux  flûtes, 
deux  cors  et  basse  continue,  1772.  5°  Quatre 
recueils  d'exercices  pour  le  clavecin,  dans  la 
manière  de  Bach,  17G1-17G4.  4»  Deux  solos 
pour  flûte,  1703.  7"  Deux  trios  pour  deux  vio- 
lons et  basse,  1763.  8"  Deux  solos  pour  flûte, 
1707.  9"  Pièces  de  musique  mêlée,  1709. 
10»  Odes  avec  mélodies,  Dantzick,  1773. 
1 1°  Chansons  à  Doris,  avec  accompagnement 
de  clavecin,  Leipsick,  1774  (seconde  édition). 
12»  Huit  l'ugues  pour  le  clavecin  ou  l'orgue, 
Berlin,  1777.  13»  Recueil  d'airs  de  danses 
caractéristiques,  consistant  en  vingt-quatre 
pièces  pour  le  clavecin,  ibid..,  1779.  14°  Chant 
pour  la  paix,  sur  un  texte  de  Claudius,  ibid., 

1779.  15»  Diverses  pièces  pour  le  clavecin, 

1780.  Rirnberger  a  été  aussi  l'éditeur  d'un 
choix  de  pièces  de  difTérents  compositeurs, 
comme  modèles  d'harmonie  pure,  consistant 
particulièrement  en  duos,  trios,  quintettes, 
sextuors  et  chœurs  de  Graun,  quatre  volumes, 
Berlin  et  Rœnigsberg,  1773  et  1774;  ainsi 
que  des  psaumes  et  chants  chrétiens  à  quatre 
voix,  de  Jean-Léon  Ilassler.  Il  a  laissé  en 
manuscrit  plusieurs  morceaux  de  musique  in- 
strumentale, des  messes  latines,  Ino,  cantate 
de  Ramier,  à  dix  voix,  la  Chute  du  premier 
ho)nme,  cantate,  le  51*  psaume  à  quatre  voix, 
et  le  137*  idem,  à  quatre  voix.  On  trouve  de 
Rirnberger,  à  la  Bibliothèque  royale  de  Berlin, 
les  ouvrages  suivants  en  manuscrit  :  1»  Les 
motets  :  Gott  ist  unsre  Zuversicht  (en  si 
bémol)  ;  JFcnde  dich  zu  mir  (en  vl  mineur)  ; 
Erbarm  dich  unser  Golt  (en  si  mineur);  tous 


ces  morccnux  sont  à  quatre  voix  et  orgue  ;  les 
cantates  spirituelles  :  der  Fall  der  ersten 
Menschen ,  pour  soprano  (en  ii  mineur); 
Chrislus  ist  gesetzes  Ende-,  à  quatre  voix  tl 
instruments  (en  ré  majeur);  des  préludes  et 
des  fugues  pour  l'orgue,  des  sonates  de  clave- 
cin, etc.  Quelques-unes  de  ces  compositions 
sont  en  manuscrit  original. 

Mais  c'est  surtout  comme  écrivain  didac- 
tique et  comme  théoricien  que  Rirnberger 
s'est  fait  une  honorable  réputation.  Ses  idées 
sur  la  construction  rationnelle  du  système  de 
l'harmonie  furent  plus  nettes  et  plus  avancées 
que  celles  de  Marpurg  et  des  autres  harmo- 
nistes de  la  seconde  moitié  du  dix-huitième 
siècle.  Le  premier,  il  comprit  bien  le  méca- 
nisme général  de  la  prolongation  des  notes 
sur  la  succession  des  accords,  et  des  modifica- 
tions qu'elles  y  introduisent;  il  en  exposa  les 
principes  dans  son  livre  intitulé  :  Die  wahren 
Gnindsxtze  zum  Gebrauch  der  Harmonie 
(Les  vrais  principes  concernant  l'usage  de 
l'harmonie,  etc.).  Il  pourrait  y  avoir  à  la  vérité 
plus  d'ordre  dans  l'exposé  des  idées  de  son 
système  qu'il  n'en  a  mis  dans  cet  ouvrage; 
mais  le  seul  aperçu  de  sa  théorie  fut  un  ser- 
vice immense  rendu  à  la  science,  et  ce  fut  la 
seule  chose  réelle  l'aile  pour  l'avancement  de 
celte  science  depuis  la  classification  des  accords 
fondamentaux  etdérivés  de  Rameau,  jusiju'aux 
travaux  de  Catel.  Yoici  la  liste  des  écrits  de 
Rirnberger  :  \°  Construction  der  gleichschwe- 
benden  Temperatur  (Construction  du  temjié- 
rament  balancé),  Berlin,  1700,  une  feuille 
avec  une  i)lanche.  C'est  ce  même  opuscule  qui 
a  été  publié  à  Paris  chez  Beaucé,  sous  le  titre 
de  Nouvelle  méthode  d'accorder  le  piano- 
forte.  Le  tempérament  de  Rirnberger  a  l'in- 
convénient de  manquer  de  simplicité  :  depuis 
longtemps  les  accordeurs  de  piano  en  ont 
abandonné  l'usage.  Le  général  de  Tempelhof 
{voyez  ce  nom)  a  fait  un  analyse  critique  de  ce 
lcmi)érament  et  en  a  fait  voir  les  défauts  con- 
sidérables. 2»  Die  Kunst  des  reinen  Satzes  tu 
der  Miisik,  aus  sicheren  Grundssclzen  her- 
geleitet  und  mit  deutlichen  Beyspielen  er- 
la^utert  (L'art  de  la  composition  pure  dans  la 
musique,  d'après  des  principes  positifs  exi)li- 
qués  par  des  exemples).  Berlin,  II. -A.  Rott- 
mann,  sans  date,  un  vol.  in-4»  de  252  pages. 
Une  deuxième  édition  de  cette  première  partie 
parut  peu  de  temps  ajuès,  Berlin  et  Rœnigs- 
berg, G.-J.  Decker  et  G.-L.  Ilartung,  1774, 
in-4°.  Deuxième  partie,  première  section, 
ibid.,  1770,  in-4»  de  155  pag.  Jdem,  deuxième 
section,   ibid.^   1777,    in-4»   de   232   payes. 


KIRNBERGER 


41 


Idem,  troisième  seclion,  ibid.,  1779,  in-4"de 
188  pages.  Rirnberger  a  reproduit,  au  com- 
mencement de  la  première  partie  de  cet  ou- 
vrage, son  système  de  tempérament.  Vient 
ensuite  le  traité  des  accords  et  de  l'harmonie, 
cil  l'auteur  expose  sa  théorie  sur  les  harmo- 
nies produites  |)ar  la  prolongation.  Rirnberger 
y  traite  aussi  de  la  manière  d'accompagner  la 
mélodie  en  général,  et  les  chorals  en  parlit 
lier.  Les  sections  VII,  VIII  et  IX  de  celle 
première  partie  sont  relatives  à  la  modulation 
et  aux  transitions;  les  deux  dernières,  au  con- 
trepoint simple.  La  deuxième  partie  manque 
d'ordre;  sa  première  division  aurait  du  être 
l'appendice  de  l'ouvrage,  afin  de  ne  rien  in- 
troduired'étrangerentre  lecontrepoint  simple 
qui  termine  la  première  partie,  et  les  diffé- 
rentes espèces  de  contrepoints  doubles  qui 
remplissent  Iq  deuxième  division.  La  troisième, 
où  Rirnberger  revient  sur  quelques  cas  parti- 
culiers de  ces  contrepoints,  et  où  il  traite  des 
canons,  est  incomplète,  en  ce  qu'il  n'y  donne 
ni  les  règles  ni  les  exemples  des  divers  sys- 
tèmes de  fugues.  Toutefois,  tel  qu'il  est,  cet 
ouvrage  peut  être  considéré  comme  un  des 
meilleurs  traités  de  composition  publiés  en 
Allemagne,  quoiqu'il  y  ait  plus  de  méthode 
dans  les  livres  de  Marpurg  et  d'Albrechts- 
herger.  o"  Die  wahren  Grundsxtze  zum 
Gebraiich  der  Harmonie,  darinn  deutlich 
(jezeigt  wird,  wie  aile  mœgliche  Jccorde  aus 
dem  Dreyklang  und  dem  wesentlichen  Sep- 
timenaccord,  und  deren  dissonirende  Vo- 
chaellen,  herzuleiten  und  zu  erklxren  sind, 
aïs  ein  Zusatz  zu  der  Kunst  des  reinen 
Satzes  in  der  Musik  (Les  vrais  principes  con- 
cernant l'usage  de  l'harmonie,  etc.),  Berlin 
et  Rnenigsberg,  1773,  in-4''  de  115  pages. 
Tous  les  écrivains  qui  ont  parlé  de  ce  livre 
disent  que  Rirnberger  y  a  réduit  l'harmonie 
aux  deux  accoids  fondamentaux,  parfait  et 
de  septième.  Lui-même,  dans  ses  préfaces,  et 
surtout  dans  celle  de  ses  Principes  de  basse 
continue,  se  félicite  d'être  arrivé  à  ce  degré 
de  simplicité.  Nul  doute  qu'il  eût  atteint  le 
dernier  terme  de  la  perfection  du  système 
normal  de  l'harmonie,  si  sa  prétention  était 
fondée  en  réalité  :  mais  de  même  qu'il  prend 
pour  point  de  départ  de  l'harmonie  conson- 
nanle  l'accord  (larfait  avec  tierce  majeure,  ou 
avec  tierce  mineure,  ou  avec  quinte  mineure 
(sur  le  septième  degré),  de  même  il  considère 
comme  accords  primitifs  les  quatre  accords  de 
septième  sol,  si,  ré,  fa;  la,  ut,  mi,  sol;  si, 
ré,  fa,  la;  ut,  mi,  sol,  si,  qui  ne  lui  parais- 
sent ditTércr  que  pai-  la  qualité  de  Icuis  inter- 


valles. Il  ne  s'est  pas  aperçu  que  le  premier  seul 
est  un  accord  primitif  qui  s'attaque  sans  pré- 
paration, comme  lés  accords  consonnants,  et 
que  les  autres,  étant  toujours  préparés,  sont 
néeessairement  d'autre  nature,  et  résultent  de 
la  prolongation  réunie  au  mécanisme  de  la 
substitution,  ou  à  d'autres  circonstances  qui, 
toutes,  lui  ont  été  inconnues.  Ne  supposons 
donc  point  ce  qui  n'est  pas,  et  n'accordons  à 
Rirnberger  que  ce  qui  lui  appartient  réelle- 
ment :  la  découverte  du  mécanisme  de  la  pro- 
longation dans  les  accords  qui  ne  sont  point 
modifiés  par  d'autres  circonstances.  C'est  cette 
découverte  que  Catel  a  introduite  en  France 
dans  son  traité  d'harmonie  Une  deuxième 
édition  de  l'ouvrage  dont  il  s'agit  a  été  publiée 
à  Vienne  chez  Haslinger,  in-4".  4»  Grund- 
sxtze des  Generalbasses  als  erste  Linien  der 
Composition  (Principes  de  la  basse  continue, 
comme  premiers  éléments  de  la  composition), 
Berlin,  Hummel,  1781,  in-4"de88  pages  avec 
23  planches  de  musique.  Diverses  autres  édi- 
tions ont  paru  à  Hambourg,  chez  Boehme,  à 
Berlin,  chez  Lischke,  à  Offenbach,  chez  André, 
à  Vienne,  chez  Haslinger.  Cet  ouvrage  est  le 
développement  prati(iue  de  la  théorie  de  l'au- 
teur sur  la  formation  et  la  classification  des 
accords.  S»  Gedanken  iiber  die  verschiedenen 
Lehrarten  in  der  Composition,  als  Forberei- 
tung  zur  Fugenkentniss  (Idées  sur  les  diffé- 
rentes méthodes  de  composition,  comme  in- 
troduction à  la  connaissance  de  la  fugue), 
Berlin,  1782,  32  pages  in-4''.  Il  est  vraisem- 
blable que  cet  opuscule  aurait  été  suivi  d'un 
trailé  spécial  sur  la  fugue,  comme  complément 
de  l'art  de  la  composition  pure,  si  la  mort  ne 
fût  venue  arrêter  les  travaux  de  Rirnberger. 
Dans  ce  petit  ouvrage,  il  fait  l'éloge  des  livres 
de  Berardi,  de  Bononcini  et  de  Fux  sur  la 
composition;  mais  il  vante  par  dessus  tout  la 
méthode  pratique  de  J.-S.  Bach.  Q"  Anleitung 
sur  Singkomposition,  mit  Oden  in  verschie- 
denen Sylbenmassenbegleitet  (Instruction  sur 
la  composition  du  chant,  etc.),  Berlin,  1782, 
85  pages  in-fol.  Après  une  dissertation  sur  le 
chant,  Rirnberger  a  placé  quelques  odes  bien 
traitées  dans  les  différents  rhythmes,  suivant 
la  doctrine  des  anciens.  7°  L'art  de  composer 
des  menuets  et  des  polonaises  sur-le-champ, 
Berlin,  1757,  in-4''.  Une  édition  allemande  a 
paru  dans  la  même  année  sous  ce  titre  :  Der 
allzeitferlige  Memtetten  und  Polonaisen- 
Componist,  Berlin,  1757,  19  feuilles  in-4". 
L'aitifice  de  cette  espèce  de  secret  consiste 
dans  la  combinaison  d'un  certain  nombre  de 
mesures  de  menuets  ou  de  polonaises  qu'il 


42 


KIRNBERGER  —  KIST 


sufTit  (l'assembler  de  iliverser  manières  pour 
obtenir  des  morceaux  différents.  Kirnberger 
est  aussi  l'auteur  de  tous  les  articles  sur  la 
musique  qui  se  trouvent  dans  la  Théorie  des 
beaux  arts  de  Sulzer. 

RIllSCUrSEll  (Jean-Écide),  cantor  à 
Schmalkalden  ,  s'est  beaucoup  occupé  des 
moyens  de  faciliter  l'enseignement  dans  les 
écoles  publiques.  En  ce  qui  concerne  la  mu- 
sique, il  a  publié  :  1»  Elementar  Gesanyhil- 
dungslehre ,  oder  die  Aunst  in  mœglichst 
kurzer  Zeit  Kinder  nach  Stephani's  Méthode 
singen  zu  lehren  (Constitution  d'un  enseigne- 
ment élémentaire  du  chant,  ou  l'art  d'ensei- 
gner aux  enfants  à  chanter,  dans  le  temps  le 
plus  court  possible,  par  la  méthode  de  Ste- 
I»hani),  Ilmenau,  Voigt,  1816,  grand  in-8". 
2"  Clavier-instrumental- M aschine ,  nebst 
Anhang  einer  beweglichen  Singmaschine 
und  eingestreuten  TVinken  eines  Elementar- 
stufengangs  (Machine  instrumentale  à  cla- 
vier, avec  l'addition  d'une  machine  chantante 
portative,  etc.),  Schmalkalden,  1819,  in-4" 
obi.  de  IG  pages  et  2  planches. 

ItlRSCHIMGK  (...),  facteur  d'instru- 
ments de  musique,  né  en  Bohême,  était  établi 
à  Saint-Pétersbourg,  en  1794.  Cet  artiste,  sui- 
vant le /ourna/ de  mî/stgue  de  Koch  (p.  195), 
faisait  déjà  à  celte  époque  des  pianos  orga- 
nisés dont  les  jeux  de  flûtes  étaient  expressifs 
au  moyen  d'une  pédale. 

RIUSTEIV  (Michel),  organiste  de  la 
deuxième  église  de  Breslau,  naquit  au  mois 
d'octobre  1682,  à  Lossen,  dans  le  comté  de 
Brieg.  Dès  son  enfance,  il  montrait  un  goùl 
passionné  pour  la  musique,  et  avait  appris 
seul  à  jouer  des  airs  de  danse  sur  un  tympanon 
que  son  père  lui  avait  procuré.  Destiné  à 
exercer  la  profession  de  celui-ci,  c'est-à-dire, 
à  être  cordonnier,  il  ne  put  obtenir  d'abord 
qu'on  le  mît  en  apprentissage  chez  quelque 
musicien  de  village;  mais  enfin  ses  sollicita- 
tions triomphèrent  ;  à  l'âge  de  douze  ans,  il 
reçut  des  leçons  d'un  joueur  de  tympanon,  et 
trois  mois  lui  suffirent  pour  être  en  étal  de 
jouer  dans  les  fêles  de  village.  Plus  tard,  une 
épinetle,  qu'il  trouva  par  hasard,  lui  fournit 
l'occasion  d'apprendre  à  jouer  sur  le  clavecin 
des  chorals  et  d'aulres  mélodies,  sans  con- 
naître d'autres  principes  que  ceux  de  la  rou- 
tine. Résolu  enfin  à  se  livrer  sérieusement  à  la 
culture  de  la  musique,  il  se  rendit  à  Brieg, 
n'ayant  que  six  thalers  (environ  vingt-trois 
francs)  dans  sa  poche,  pour  y  étudier  sous  la 
direction  de  l'organiste  Gasjjard  Schroeter.  Ce- 
lui-ci lui  fil  si;;ncr  un  engagement  pour  deux 


ans,  puis  lui  enseigna  à  lire  les  notes  et  lui 
donna  quelques  principes  de  doigter  du  cla- 
vecin. Une  place  d'organiste  dans  un  village, 
appelé  Grond-JcBugnitz  ,  étant  devenue  va- 
cante, Schroeter  y  envoya  Rirsten  dans  le 
cours  de  sa  seconde  année.  Cette  position  lui 
fit  utile,  en  ce  qu'il  y  prit  l'habitude  d'accom- 
pagner les  mélodies  chorales.  On  construisait 
alors  un  nouvel  orgue  dans  ce  lieu  :  Kirsten 
profita  de  cette  circonstance  pour  connaître  le 
mécanisme  des  instruments  de  cette  espèce. 
Ses  éludes  terminées,  il  obtint  les  places  d'or- 
ganiste, de  maître  d'école,  de  carillonneur  et 
de  musicien  de  ville,  à  Lœwen.  Il  y  passa  qua- 
torze années,  qui  furent  les  |)lus  heureuses  de 
sa  vie,  et  pendant  lesquelles  il  augmenta  beau- 
coup ses  connaissances  en  musique.  En  1720, 
on  l'appela  à  Breslau  pour  y  remplir  la  place 
d'organiste  de  l'église  Sainle-Marie-Madeleine, 
qui  lui  fut  donnée  après  un  concours.  Le  reste 
de  sa  vie  s'écoula  dans  ces  paisibles  fonctions, 
et  il  mourut  avec  la  réputation  d'un  organiste 
habile,  le  28  juin  M'r2.  Dins  sa  jeunesse,  il 
avait  montré  du  talent  |,oui  la  composition  de 
la  musique  instrumentale,  mais  ses  ouvrages 
sont  restés  en  manuscrit  et  se  sont  égarés.  Ou 
n'a  imprimé  de  lui  qu'un  TeDeum  et  un  jVa- 
gnificiit  en  allemand. 

KIllSTEIV  (FRKDÉnic)  fut  d'abord  orga- 
niste de  l'église  réformée,  puis  de  l'église  du 
château,  à  Dresde.  Il  vécut  vers  la  fin  du  dix- 
huitième  siècle.  En  1793,  il  se  fit  entendre  à 
Berlin  et  y  fut  considéré  comme  un  habile 
pianiste.  On  connaît  de  ^a  composition  : 
1°  Trois  solos  pour  piano,  oj).  1,  Offenbach, 
André.  2»  Deux  idem,  op.  2,  ibid.  3»  Six  trios 
pour  piano,  violon  et  violoncelle,  Leipsick. 
4°  Chansons  à  voix  seule  avec  accompagne- 
ment de  piano,  Leipsick,  Wienbrock.  5''Clian- 
sons  pour  des  réunions  joyeuses  à  huit  voix, 
avec  accompagnement  de  piano,  Hambourg, 
Guniher,  1797. 

RIUSTEIV  (Henhi),  organiste  de  la  ville 
dans  les  deux  églises  principales  de  Golha,  oc- 
cupait celle  position  en  1840.  On  a  de  lui  une 
discussion  concernant  la  question  posée  dans 
un  numéro  de  la  Gazette  générale  de  Leip- 
sick, à  savoir,  pourquoi  il  n'y  a  pas  un  jeu  de 
seize  pieds  ouverts  au  moins,  dans  toutes  les 
orgues.  Ce  morceau  a  été  publié  dans  la  même 
gazette  (an.  1841,  p.  583). 

RIST  (le  docteur  FtonENT-ConNEiLLE),  fils 
du  célèbre  pasteur  et  orateur  Ewald  Rist,  est 
né  à  Arnheim,  le  28  janvier  1796.  Dès  l'âge 
de  huit  ans,  il  reçut  des  leçons  de  piano  ;  qucl- 
•lues  années  après,  il  se  livra  à  réludc  de  la 


KIST 


43 


flùlc  cl  du  cor.  Lorsiiii'il  tiil  icnninô  ses  hu- 
nianilés,  il  suivit,  de  1813  à  1818,  les  cours 
de  médecine  de  l'Universilé  de  Leyde  el  reçut 
le  diplôme  de  docteur.  La  flûte  était  devenue 
.son  instrument  de  prédilection;  il  en  Jouait 
avec  succès  dans  les  concerts.  Vers  la  même 
époque,  il  cultiva  aussi  l'art  du  chant  sous  la 
direction  de  quelques  bons  maîtres  et  se  pro- 
duisit comme  chanteur  dans  les  concerts  de  La 
Haye,  de  Delft  et  de  Dordrecht.  Enfin,  il  étudia 
seul  l'harmonie,  et  reçut  des  leçons  de  contre- 
point et  de  fugue  du  docteur  Bekker  et  d'un 
élève  de  Frédéric  Schneider.  En  1818,  M.  Kist 
s'établit  à  La  Haye  et  y  exerça  la  médecine 
jusqu'en  1825.  Dominé  par  son  penchant,  il 
abandonna  sa  profession  pour  se  livrer  ex- 
clusivement à  la  musique  comme  amateur. 
L'hiver,  il  habitait  à  La  Haye  et  passait  l'été 
dans  une  maison  de  campagne  près  de  Delft. 
En  1821,  il  avait  été  un  des  fondateurs  et  ad- 
ministrateurs de  la  Société  mus\cii\e  Diligen- 
tia,  de  La  Haye  ;  en  1829,  il  créa  aussi  à  Delft 
une  société  de  chant  d'ensemble  et  une  sec- 
lion  de  l'association  pour  les  progrès  de  la 
musique,  dont  il  fut  président  jusqu'en  1840. 
II  fut  aussi  pendant  plusieurs  années  admi- 
nistrateur de  la  Société  Collegium  musicum 
dans  la  même  ville.  Enfin,  il  établità  La  Haye, 
en  1852,  la  société  de  chant  d'ensemble  con- 
nue sous  le  nom  de  Cxcilia,  eldeux  ans  après 
il  devint  administrateur  du  concert  d'artistes 
Harmonief  dans  la  même  ville.  C'est  ainsi 
que  s'écoulèrent  les  belles  anuées  de  la  vie  de 
M.  Rist  dans  une  activité  incessante  pour  les 
progrès  de  l'art. 

Fixé  à  Ulrecht  en  1841,  il  y  rédigea  jus- 
qu'en 1844  ]e.  Nederlandsch  muzikaal  Tijd- 
sckrift ,  écrit  périodique  qu'il  abandonna 
pour  créer  et  rédiger  le  journal  hebdomadaire 
de  musique  Carilia,  qui  se  publie  encore  et 
compte  aujourd'hui  (18C2)  dix-neuf  années 
d'existence.  Non-seulement  il  fil  le  sacrifice 
de  quelques  milliers  de  florins  pour  assurer  le 
succès  de  cette  publication,  mais  il  y  consacra 
ses  veilles  et  y  fournit  un  grand  nombre  de 
dissertations  et  d'articles,  particulièrement  sur 
l'histoire  de  la  musique  à  Ulrecht,  depuis  le 
<|uatorzième  siècle  jusqu'en  1851.  De  1841 
à  1849,  il  fut  vice-président  du  concert  érigé 
à  Utrecht  par  l'administration  de  la  ville,  sous 
le  nom  de  Collegium  musicum  Ultrajectinum. 
En  1845,  il  visita  l'Allemagne  et  y  fit  un  sé- 
jour de  six  mois  pour  se  livrer  à  l'examen  de 
la  situation  de  la  musique;  les  résultats  de  ses 
observations  ont  été  publiés  dans  la  Cxcilia. 
Dans  la  même  année,  M.  Kist  devint  corres- 


pondant du  Zeitschrift  fiir  Dilcllanten  de 
Gassner,  à  Carisruhe,  du  Signale  de  Leipsick, 
et  de  la  Teutonia  Zeitschrift  fiir  Mdnnergc- 
sang  Fereinen  de  Dresde.  En  1847,  il  créa  à 
Ulrecht  le  concert  d'amateurs  connu  sous  le 
nom  de  Symphonie,  et  deux  ans  après  il  éta- 
blit dans  sa  maison  la  société  de  chant  Dtice 
Apolline.  Ses  principaux  litres  honorifiques 
sont  :  1°  Membre  d'honneur  du  Mozarteum  el 
du  Dom-Musik  Ferein,  à  Salzbourg,  en  1843  j 
2"  de  la  société  de  chant  Csrcilia,  à  La  Haye, 
en  1844  ;  ô"  de  la  Société  Historique  d'Utrechi, 
en  1847  ;  4"  de  la  société  de  chant  C^cilia,  de 
Nimègue,  en  1848  ;  5»  de  la  Société  de  littéra- 
ture nationale,  de  Leyde,  dans  la  même  an- 
née, et  G"  de  la  société  de  chant  Euphonia, 
d'Ulrecht,  en  1852. 

Les  œuvres  musicales  de  cet  amateur,  aussi 
zélé  que  distingué,  sont  :  1»  Chant  de  fan 
Speyk ,  avec  accompagnement  de  piano. 
2°  Hommage  à  fan  Speyk,  cinq  quatuors 
pour  voix  d'hommes,  textes  hollandais  et 
allemand.  3°  Neerlattde,  pour  baryton  avec 
piano.  4"  Notre  patriotisme,  idem.  5"  Huit 
chants  patriotiques  avec  piano.  C"  Thème 
varié  pour  la  flûte.  7°  Six  chorals  pour  voix  de 
contralto  et  de  soprano,  textes  hollandais  et 
allemand.  8"  Six  morceaux  de  chant  à  Iroi.s 
voix,  texte  hollandais.  9"  Les  Dernières  Pa- 
roles de  Nourrit,  chant  pour  voix  de  basse 
avec  piano.  10"  Deux  romances  avec  piano. 
11°  Cavatine  italienne,  idem.  12"  Gahrieltc , 
quatuor  pour  voix  tl'hommes.  13"  Vingt-cinq 
chants  pour  une  et  deux  voix,  à  l'usage  des 
écoles.  14"  .<^  Anna,  mélodie  pour  voix  seule, 
avec  piano  et  violoncelle.  15"  Chant  du  gon- 
dolier, avec  piano,  texte  hollandais.  Toiilis 
ces  productions  ont  été  éditées  par  Weygjnd 
et  Beuster,  à  Amsterdam,  Dony  et  C^,  à  La 
Haye,  et  par  Nalan,  à  Utrecht. 

M.  Kist  a  en  manuscrit  :  1"  Cantate  pour 
voix  d'hommes,  avec  solos  de  soprano  et  de 
basse  et  accompagnement  d'orchestre.  2"  Le 
Pèlerin,  cantate  pour  voix  d'enfants,  chœurs 
et  solos  avec  piano.  3"  Air  italien  pour  voix  de 
basse,  avec  piano  el  violoncelle.  4"  Beaucoup 
de  chorals  à  quatre  voix,  canons  et  fugues. 
5"  Grand  duo  pour  voix  de  basse  avec  piano. 
G"  Ernst  und  Freude,  ouverture  à  grand  or- 
chestre, exécutée  avec  succès,  en  1842,  dans  un 
des  concerts  Diligenlia,  à  La  Haye.  7"  Plu- 
sieurs airs  italiens  jtour  voix  de  basse  el  or- 
chestre. 8"  Air  italien  pour  conirallo  et  or- 
chestre. 9" Plusieuis  mélodies  allemandes  avec 
piano.  10"  Duo  pour  soprano  et  conirallo,  id. 

Comme  écrivain  sur  la  musique,  M.  Kist  a 


44 


KIST  -  KITTEL 


publié  :  1"  De  Toesland  van  het  protestant- 
sche  Kerkgesang  in  Nederland,  benevens  mid- 
delen  tôt  deszelfs  verbeteriny  (la  Situation  du 
chant  de  l'église  protestante  en  Hollande,  etc.), 
un  volume  in-8"  avec  i)lanches  de  musique, 
Utrecht,  L.-E.  Bosch,  1840.  "2"  Levensgeschie- 
denis  van  Orlando  de  Lassus  (Histoire  de  la 
vie  de  Roland  de  Lassus),  un  volume  in-S"  avec 
portrait  et  musique,  La  Haye,  A.-D.  Scliinkel, 
1841.  5»  Grondtreicken  va?i  de  geschiedenis 
der  Musik  door  Brendel  (Faits  princi[>aux  de 
l'histoire  de  la  musique,  par  Brendel,  traduit 
«le  l'allemand,  etc.),  un  volume  in-8",  Utrecht, 
Dannenfessel  et  Doorman,  1851.  4°  Disserta- 
tions sur  .la  musique,  dans  le  journal  ^m- 
phion  f  de  1820,  et  dans  le  Musikaaltijd- 
schrift  de  1836.  5"  Une  multitude  d'articles, 
de  dissertations  et  de  notices  biographiques 
dans  le  journal  de  musique  Cxcilia,  Utrecht, 
1844  à  1861,  in-4''. 

RITCHirSER  (William),  docteur  en  mu- 
sique  de  l'Université  de  Cambridge,  vivait  à 
Londres,  au  commencement  du  dix-neuvième 
siècle,  et  s'y  trouvait  encore  en  1831.  Il  a  fait 
représenter,  au  théâtre  de  l'Opéra-Anglais , 
Love  among  the  Roses  (l'Amour  parmi  les 
roses),  opérette  dont  la  partition  pour  le  piano 
a  été  publiée.  On  a  aussi  de  lui  un  livre  inti- 
tulé :  Observations  on  Focal  Music,  Lon- 
dres, 1821,  un  volume  in-12.  Comme  éditeur, 
il  a  publié  plusieurs  recueils  d'anciennes  chan- 
sons anglaises,  d'après  des  manuscrits,  ou  d'an- 
ciennes éditions,  sous  les  litres  suivants  :  Sea 
songs  of  England  (Chansons  maritimes  de 
l'Angleterre),  un  volume  grand  in-4'';  et 
Loyal  and  NationalSongs  of  England,  pour 
une,  deux  et  trois  voix,  Londres,  un  volume 
gr.  in-4''. 

KITTEL  (Jean-Ciirétieh),  savant  orga- 
niste, né  à  Erfurt,  le  18  février  1732,  fut  un 
des  meilleurs  élèves  de  Jean-Sébastien  Bach. 
Sorti  de  l'école  de  ce  grand  homme,  il  ne  quitta 
Leipsick  que  pour  prendre  possession  de  la 
place  d'organiste  à  Langensalza.  En  1756,  il 
retourna  à  Erfurt  et  y  fut  nommé  organiste  de 
l'Église  du  magistrat.  Artiste  d'un  rare  talent, 
il  ne  paraît  pas  avoir  connu  lui-même  sa 
portée,  car  sa  vie  tout  entière  s'écoula  dans 
une  place  obscure  dont  les  émoluments  étaient 
si  faibles,  qu'il  aurait  connu  les  horreurs  du 
besoin  vers  la  fin  de  sa  carrière,  si  le  prince 
primat  n'était  venu  à  son  secours,  en  lui  ac- 
cordant une  petite  pension.  Il  y  avait  qua- 
rante-quatre ans  qu'il  était  organiste  à  Erfurt, 
et  déjà  il  était  arrivé  à  sa  soixante-huitième 
année,  lorsque  ses  amis  lui  suggérèrent  l'idée 


d'un  voyage  en  Allemagne  qui  lui  procura 
quelques  ressources,  et  qui  révéla  l'existence 
de  son  beau  talent  aux  artistes  et  aux  ama- 
teurs de  plusieurs  grandes  villes.  Il  partit  au 
printemps  de  l'année  1800.  A  Goettingue,  à 
Hanovre,  à  Hambourg  et  à  Altona,  il  provoqua 
l'admiration  de  tous  ceux  «jui  l'entendirent.  Son 
séjour  dans  cette  dernière  ville  se  prolongea 
pendant  près  d'une  année,  et  il  employa  la 
plus  grande  partie  de  ce  temps  à  faire  un  livre 
de  chant  choral  pour  les  églises  du  Holstein. 
De  retour  à  Erfurt,  il  y  retrouva  la  monotone 
existence  qui,  pendant  un  si  grand  nombre 
d'années,  n'avait  eu-qu'un  seul  jour  de  gloire 
(le  24  novembre  1798),  lorsque  le  digne  artiste 
joua  de  son  orgue  devant  la  reine  de  Prusse, 
le  duc  de  Weimar  et  les  princes  de  Hombourg 
et  de  Schwartzbourg-Riidolstadt.  Ses  derniers 
jours  s'écoulèrent  paisiblement,  et,  le  9  mai 
1800,  il  cessa  de  vivre.  Gerber,  que  j'ai  suivi 
dans  la  première  édition  de  cette  Biographie, 
dit  que  Kittel  mourut  dans  la  nuit  du  17  au  18 
mai  ;  mais  Rinck,  le  meilleur  élève  de  ce  grand 
organiste,  qui  devait  bien  savoir  la  date  de  la 
mort  de  son  maître,  la  fixe  au  9  mai,  dans 
son  autobiographie  imprimée  chez  Aderholz, 
à  Bieslau,  en  1833.  Killcl  ne  fut  pas  seulement 
un  organiste  et  un  compositeur  de  grand  mé- 
rite ;  il  posséda  aussi  un  beau  talent  sur  l'har- 
monica. Parmi  ses  uombreux  élèves,  on 
distingue  surtout  Hfessler,  Umbreit  et  Fischer. 
L'admiration  que  Kittel  avait  conservée  pour 
son  maître  Bach,  était  empreinte  d'une  sorte 
de  respect  religieux.  Il  avait  hérité  d'une  partie 
des  œuvres  d'orgue  de  ce  célèbre  artiste,  et  de 
son  portrait  peint  en  grand.  La  vue  de  ce  por- 
trait était  une  récompense  qu'il  accordait  à 
ses  élèves.  S'il  était  mécontent  de  leurs  tra- 
vaux, le  rideau  qui  couvrait  le  portrait  ne  se 
levait  point;  mais  s'il  était  satisfait,  les  éco- 
liers pouvaient  alors  paraître  devant  l'image 
(lu  plus  célèbre  de  tous  les  organistes.  Naïf 
hommage,  bien  différent  de  l'esprit  de  déni- 
grement qui  accuse  aujourd'hui  l'ingratitude 
des  élèves  envers  leurs  maîtres  ! 

Riltel  n'a  publié  qu'une  partie  de  ses  com- 
positions :  le  reste  est  resté  en  manuscrit. 
Voici  l'indication  de  ceux  qui  ont  paru  ;  1"  Six 
sonates  suivies  d'une  fantaisie  pour  le  clave- 
cin, op.  1,  Leipsick,  Breitkopf,  1787.  2»  Va- 
riations pour  le  clavecin  sur  le  thème  alle- 
mand :  Nicht  so  traurig,  Nicht  sa  sehr,etc.y 
ibid.,  1797.  5"  Grands  préludes  pour  l'orgue, 
deux  parties,  Leipsick,  Pelers.  4"  Vingt-quatre 
préludes  faciles  pour  <les  chorals,  œuvre  post- 
hume, Offenbach,  André  et  Bonn,  Simrock.. 


KITTEL  -  KITTL 


*5 


5"  Vingt-quatre  chorals  avec  huit  basses  diffé- 
renles  pour  chaque  mélodie,  Offenbach,  André, 
fi"  Variations  sur  deux  chorals  (Struf  midi 
nicht,  et  TVernur  denlieben  Go((),Leipsick, 
llofmeisler.  7"  Der  Angehende  pralUische 
Organist,  oder  Aniveisung  zum  zwechmxs- 
sigen  Gebrauch  der  Orgel  bei  Gottesvereh- 
rungen  in  Beispielen  (L'organiste  pratique 
commençant,  ou  instruction  sur  l'usage  de 
l'orgue  pendant  l'ofTice  divin,  en  exemples), 
Erfurt,  Beyer,  1801-1808,  première,  deuxième 
et  troisième  parties,  in-4''  obi.  Le  portrait  de 
Kittel  est  gravé  au  titre  de  la  deuxièmepartie. 
Une  deuxième  édition  améliorée  de  la  pre- 
mière partie  a  été  publiée,  en  1808,  chez  le 
même  libraire,  in-4",  obi.  Une  troisième  édi- 
tion de  tout  l'ouvrage  a  paru  dans  la  même 
ville,  chez  Otto,  en  18ôl.  Cette  méthode  élé- 
mentaire d'orgue  est  une  des  meilleures  qui 
existent  [lour  les  organistes  protestants;  on  y 
trouve  d'excellents  préludes.  8"  Livre  choral  à 
quatre  parties  avec  des  préludes,  à  l'usage  des 
organistes,  Altona,  Hammereich,  1803,  in  fol. 
Il  y  a  deux  cents  mélodies  dans  ce  recueil. 
Rinck  possédait  en  manuscrit  diverses  com- 
positions de  Kittel  qu'il  me  fit  voir,  lorsque  je 
le  visitai  à  Darmstadt,  en  1838.  On  y  remar- 
quait une  grande  quantité  de  chorals,  avec  des 
versets,  des  introductions  et  des  finales;  un 
livre  choral  à  quatre  voix;  beaucoup  d'exer- 
cices pour  l'accompagnement  de  la  basse 
chiffrée,  et  des  préludes  d'orgue. 

KITTEL  (Jean-Michel),  vraisemblable- 
ment descendant  du  précédent,  est  musicien 
à  Erfurt.  Il  s'est  fait  connaître  par  les  produc- 
tions suivantes  :  1°  Musikalische  Folkscliule 
(École  musicale  du  peuple),  Erfurt,  1828, 
in-S».  2°  D.  merkwUrdigste  Lebensjuhr  des 
musikalischen  Famille  Kittel,  oder  Kunst- 
Gesang-Reise  im  jahre  1830,  diirch  Frank- 
reichf  Englund  und  die  Niederlanden,  etc. 
(L'année  la  plus  mémorable  de  la  famille  mu- 
sicienne Kittel,  ou  voyage  d'art  et  de  chant 
dans  l'année  1830,  en  France,  en  Angleterre 
et  dans  les  Pays-Bas,  etc.),  Erfurt,  1832,  in-8°, 
premier  volume. 

KITTL  (Jean-FAédekic),  directeur  du 
Conservatoire  de  Prague,  et  compositeur,  est 
né»  le  8  mai  1809,  au  château  de  Worlik,  en 
Bohême,  appartenant  au  prince  de  Schwar- 
zenberg,  où  son  père  occupait  l'emploi  de  jus- 
ticier (bailli).  Dès  ses  premières  années,  il 
reçut  une  éducation  toute  musicale  et  apprit  à 
jouer  du  piano  sous  la  direction  du  maitre  de 
musique  du  château.  A  l'âge  de  neuf  ans,  il  fut 
envoyé  à  Prague  pour  y  fréquenter  les  écoles, 


et  dans  sa  treizième  année,  il  continua  l'étude 
du  piano  à  l'aide  des  conseils  d'un  amateur 
distingué,  puis  il  reçut  des  leçons  d'un  musi- 
cien nommé  Sawora.  A  l'âge  de  seize  ans,  il 
écrivit  ses  premières  compositions,  et,  sans 
aucune  connaissance  de  la  théorie  de  l'har- 
monie et  du  contrepoint,  il  produisit  une  messe 
et  l'opéra  en  un  acte ,  Daphnis  Grab  (le 
Tombeau  de  Daphnis).  Un  peu  plus  tard,  pen- 
dant qu'il  suivait  les  cours  de  droit  à  l'Uni- 
versité de  Prague,  il  étudia  l'harmonie  chez 
Tomaschek.  Après  qu'il  eut  terminé  ses  études 
de  jurisprudence,  et  pendant  qu'il  faisait  son 
stage  d'aspirant  aux  emplois  des  finances  de 
l'État  auxquels  il  était  destiné,  il  s'instruisit 
dans  le  contrepoint  par  les  soins  du  même 
maître.  Au  mois  de  mai  1836,  Kittl  donna  un 
concert,  dans  lecjuel  il  fit  entendre  plusieurs 
de  ses  compositions,  parmi  lesquelles  on  re- 
marquait un  nonetto,  un  septuor  et  des  Zieder. 
C'est  vers  ce  moment  que  les  journaux  de 
musique  le  rangèrent  parmi  les  compositeurs 
d'avenir.  Dans  les  années  suivantes,  il  pro- 
duisit trois  symphonies,  dont  une  symphonie 
de  chasse  qui  a  de  la  réputation  en  Allemagne 
et  plusieurs  ouvertures  de  concert.  Il  fit  aussi, 
à  la  même  époque,  plusieurs  voyages  dans  le 
but  (le  faire  connaître  ses  compositions  hors 
de  son  pays,  particulièrement  en  1842.  La 
résolution  qu'il  avait  prise  de  se  livrer  à  l'art 
qu'il  aimait  avec  passion,  le  détermina  à  se 
retirer  entièrement  de  la  carrière  des  emplois 
publics.  Après  la  mort  de  Dionys  Weber  (dé- 
cembre 1842),  Kittl  lui  succéda  dans  la  place 
de  directeur  du  Conservatoire  de  Prague  :  au 
moment  où  cette  notice  est  écrite  (1862),  il 
occupe  encore  cette  position. 

Kittl  a  écrit  la  musique  de  trois  opéras,  à 
savoir:  1°  Biancae  Giuseppe,  ou  les  Français 
devant  Nizzu,  dont  le  texte  est  de  Richard 
Wagner.  2"  JP^aldblume  (leï  Fleurs  de  la 
forêt  ).  3"  Die  Bildersturmer  (  les  Icono- 
clastes). Une  marche  du  premier  de  ces  ou- 
vrages est  devenue  populaire  depuis  1848,  où 
il  a  été  représenté  à  Prague.  Les  symphonies 
de  ce  compositeur  ont  été  exécutées  dans  les 
concerts  à  Berlin,  Leipsick,  Vienne,  Prague  et 
dans  plusieurs  autres  villes  de  TAIlemagne.  Sa 
première  composition  de  ce  genre  (en  ré  mi- 
neur), a  été  publiée  à  Leipsick,  chez  Breitkopf 
et  Haerlel,  et  la  troisième  (en  ré  majeur),  à 
Mayence,  chez  Schott.  La  symphonie  de  chasse 
(en  mi  bémol)  a  paru  chez  Breitkopf  et  Haîrtel, 
à  Leipsick,  et  la  partition  en  a  été  gravée.  Les 
autres  ouvrages  de  ce  compositeur  qui  ont  été 
publiés  sont  :  1"  Ouverture  de  concert  (en  ré), 


46 


KITTL  -  KLAUSS 


op  22,  Leipsjck,  Risincr.  2»  Grand  septuor 
(en  mi  bémol),  pour  piano,  flùle,  hautbois, 
clarinette,  cor,  basson  et  contrebasse,  op.  25, 
ibid.  Z"  Grande  sonate  pour  piano  à  quatre 
mains  (en  fa  mineur),  op.  27,  Hamiiourg, 
Schuberlh.  4°  Trois  impromptus  pour  piano 
seul,  op.  17,  Berlin,  Schlesinger.  5»  Six  idem, 
op.  18,  Leipsick,  Hofmeister.  C"  Six  Idylles 
pour  piano  seul,  op.  1,  Prai,me,  Berra.  7"  Six 
idem,  Vienne,  llaslinger.  8"  Trois  scherzi  pour 
piano,  op.  G,  Leipsick,  Breilkopf  et  llaerlel. 
9"  Romance  pour  piano  seul,  op.  10,  ibid. 
10"  Beaucoup  de  Lieder  et  de  mélodies  à  voix 
seule  avec  piano,  op.  2,  3,  5,  20,  21,  25,  elc 
Les  ouvrages  non  publiés  sont  une  messe  so- 
lennelle pour  voix  seules,  chœur  et  orchestre, 
exéculéeà  Prague,  en  1844;  un  nonello  pour 
piano,  flûte,  hautbois,  clarinette,  deux  cors  à 
pistons,  alto,  violoncelle  et  contrebasse;  un 
trio  pour  piano,  violon  et  violoncelle;  et  di- 
verses autres  compositions. 

KLAEKEL  (Etienne),  connu  sous  le  nom 
de  Patan  ,  violoniste  distingué,  naquit, 
vers  1753,  à  Braun,  en  Bohême,  et  entra  fort 
jeune  à  l'église  des  Dominicains  de  Prague, 
comme  enfant  de  chœur.  Il  y  étudia  la  mu- 
sique pendant  cinq  ans,  et,  dans  le  même 
temps,  fit  ses  humanités  chez  les  Jésuites. 
Son  frère,  Czeslaus  Klaekel,  direrleur  de  mu- 
sique à  Krummau,  devint  ensuite  son  maître 
de  violon  et  lui  donna  des  leçons  pendant 
deux  ans;  puis  le  jeune  artiste  se  rendit  à 
Linz  pour  y  faire  sa  philosophie,  et  pour  y 
continuer  ses  éludes  de  violon  sous  la  direction 
de  Wenzel  Kral.  Appelé  plus  tard  à  Vienne 
comme  violoniste  du  Théâtre  impérial,  et 
comme  maître  des  concerts  du  prince  d'Auers- 
berg,  il  se  fit  bientôt  remarquer  par  son  ha- 
bileté extraordinaire.  L'empereur  Joseph  II, 
l'ayant  entendu  exécuter  quelques  solos,  fut 
si  satisfait  de  son  talent,  qu'il  lui  dit  de  de- 
mander une  grâce  et  qu'elle  lui  serait  accor- 
dée; Klaekel  exprima  le  désir  d'obtenir  un 
congé  pour  voyager,  et  l'empereur  y  consentit. 
L'artiste  se  rendit  à  Paris  et  y  resta  six  mois; 
puis  il  retourna  à  Vienne  par  Ratisbonne,  et 
y  reprit  son  service.  Quelques  années  après, 
il  eut  le  titre  de  maître  de  concerts  du  prince 
de  La  Tour  et  Taxis,  et  retourna  en  Bohême, 
où  il  mourut,  le  19  mars  1788,  laissant  en 
manuscrit  plusieurs  concertos,  des  sonates  et 
d'autres  morceaux  pour  le  violon. 

KLAGE  (Charles),  guitariste,  pianiste  et 
compositeur,  s'est  fixé  à  Berlin,  vers  1814.  Il  y 
a  l)ublié  des  duos  et  solos  pour  guitare,  des 
solos,  des  airs  varies,  et  des  danses  pour  le 


piano,  au  nombre  d'environ  vîîigt  cinq  œu- 
vres. Il  a  fait  aussi  beaucoup  d'arrangements 
pour  le  piano,  particulièrement  de  symphonies 
de  Haydn.  En  1838,  il  fit  un  voyage  à  Dresde 
et  y  publia  des  chants  avec  accompagnement 
de  piano,  op.  3G  et  37.  De  retour  à  Berlin, 
Klage  y  est  mort  au  mois  d'octobre  1850. 
Ou  a  de  cet  artiste  :  Die  J'onleitern  der 
Dur  tmd  JUoU  Tonarten  mitihren  Accorden 
und  Schluss-Cadenzen,  mit  Fingersatz  (les 
Gammes  des  tons  majeurs  et  mineurs,  avec 
leurs  accords  et  leurs  cadences  finales  et  le 
doigter  pour  le  piano,  Berlin,  Schlesinger. 
Cet  ouvrage  a  eu  deux  éditions. 

KLAGE  (Marie),  fille  du  précédent,  née  à 
Berlin,  en  1817,  s'est  fait  connaître  comme 
cantatrice  à  Berlin  et  à  Leipsick,  en  1838. 
Elle  a  publié  de  sa  comi)Osition  Quatre  Lieder 
à  voix  seule  avec  accompagnement  de  piano, 
op.  1,  Berlin,  Schlesinger. 

KLAUSS  (Joseph),  organiste  distingué, 
né  à  Seelendorf,  près  de  Ziltau.  le  27  mars 
1775,  était  filsd'un  marchand  de  fer  et  de  lin. 
Sa  mère,  fille  d'un  instituteur,  lui  enseigna  la 
lecliire,  l'écriture  et  les  principes  <le  la  mu- 
sique. Confié  ensuite  aux  soins  d'Antoine 
Rretschmer,  instituteur  à  Grunau,  près  d'Os- 
treilz,  il  apprit  sous  sa  direction  l'orgue  et  la 
basse  continue.  Dans  sa  neuvième  année,  il 
accompagnait  déjà  des  messes  d'une  certaine 
difficullé.  A  onze  ans,  il  fréquenta  le  Gymnase 
de  Kommotau,  en  Bohême,  et  depuis  1791 
jusqu'en  1794,  il  suivit  avec  distinction  les 
cours  de  philosophie  à  l'Université  de  Prague. 
Il  fut  ensuite  employé  comme  sous-bibliothé- 
caire de  cette  Université,  mais  la  mort  de  son 
père,  qui  arriva  le  28  octobre  1794,  l'obligea 
à  quitter  cette  position,  pour  prendre  la  pro- 
fession de  celui-ci.  Ses  nouvelles  occupations 
ne  purent  diminuer  son  goût  pour  les  sciences 
et  la  musique;  il  continua  ses  éludes  d'orgue 
et  de  théorie;  ses  connaissances  dans  toutes 
les  parties  de  la  musique  s'étendirent  chaque 
jour,  et  bientôt  il  fut  l'oracle  de  tout  le  pays 
pour  ce  qui  concernait  cet  art.  Il  devint  aussi 
un  des  collaborateurs  des  gazettes  musicales, 
particulièrement  de  celle  de  Leipsick,  où  il  a 
fait  insérer  quelques  bons  articles,  et  un  canon 
sur  le  Feni  Sancte  Spiritus  (ann.  XIX, 
p.  280).  L'histoire  et  la  théorie  de  la  construc- 
tion des  orgues  lui  étaient  particulièrement 
familières;  il  connaissait  les  détails  de  dispo- 
sition d'environ  trois  cent  soixante-dix  de  ces 
instruments  ;  il  savait  les  noms  des  facteurs  et 
le  prix  qu'avaient  coûté  1130  des  meilleures 
oignes  de  l'Allemagne  et  de  l'étranger;  il  se 


KLAUSS  —  KLEIN 


47 


vantail  aussi  d'en  avoir  joué  cent  treize.  Cet 
homme  laborieux,  dont  les  dernières  années 
furent  troublées  par  des  souffrances  physiques 
presques  continuelles,  est  mort  le  l"""  mars 
18Ô4.  On  n'a  publié  qu'un  petit  nombre  de 
ses  compositions,  entre  autres  des  duos  et  des 
trios  pour  cors,  Leipsick,  Breitkopf  et  llœrlel. 
Il  a  écrit  pour  l'église  ;  1"  Deux  Regina  Cœli. 
2"  Quatre  Salve  Regina.  3°  Un  Jlma  redemp- 
toris.  A"  Qualie  Jve  Maris  Stella.  5»  Un  /'e/tt 
Sancle  Spiritus.  G»  .S'j\r  offertoires.  7"  Deux 
messes  solennelles.  8"  Deux  messes  de  morts 
(en  mi  bémol  et  en  fa).  9"  Un  Requiem  en 
si  mineur.  10»  Quatorze  psaumes.  11»  Deux 
Magnificat.  12»  Quatre  cantates  pour  la  Fête- 
Dieu.  13»  Quarante-deux  chants  funèbres,  dont 
trente-trois  avec  instruments.  14»  Cinq  chants. 
15»  Un  motet  pourenlerrement.l G" Sept  chants 
j)our  des  bénédictions  nii()liales.  17»  Sanctus. 
18»  Un  Pange  lingua  à  quatre  voix.  l'J»  Des 
ré[)ons  à  six  voix.  Klanss  a  laissé  en  manuscrit 
pour  les  instruments  :  20»  Quelques  préludes 
pour  l'orgue.  21»  Des  variations  pour  piano. 
22»  Des  sonates  idem.  23»  Exercices  de  doigter 
idem.  24»  Nocturne  pour  cor.  25»  Concerto 
idem  (en  si  bémol).  26»  Trio  pour  instruments 
à  cordes  (en  sol  mineur).  27»  Huit  marches. 
28»  Douze  polonaises.  Enfin,  il  a  écrit  pour 
la  musique  vocale  :  29»  Une  cantate.  50»  Deux 
canlatilles.  31»  Une  canzonelte  avec  chœur. 
32»  Un  petit  opéra. 

RLAUSS  (Victor),  organiste  et  directeur 
de  musi(iue  à  Bernbourg,  né  dans  celte  ville, 
le  24  novembre  1805,  s'est  fait  remarquer  par 
un  talent  de  bonne  école  dans  l'exécution  des 
fugues  de  J. -S.  Bach  sur  l'orgue  et  sur  le  piano, 
ainsi  que  par  ses  compositions  pour  ces  deux  ' 
instruments.  On  vantait  particulièrement  la 
grande  correction  de  son  jeu.  Au  mois  de  juin 
1837,  il  abandonna  la  position  qu'il  occupait 
à  Bernebourg  depuis  huit  ans  imur  celle  de 
maître  de  concert  et  de  directeur  de  la  cha- 
pelle du  duc  de  Ballensledt.  En  1847,  la 
jiosition  de  maître  de  chapelle  de  la  cour 
d'Anhalt-Bernbourg  lui  ayant  été  offerte,  il 
.  l'accepta,  et  depuis  lors  il  y  est  resté  attaché 
en  cette  qualité.  Plusieurs  symphonies  de  la 
composition  de  cet  artiste  ont  été  exécutées 
;i  Bernbourg  et  à  Leipsick.  Ses  ouvrages  pu- 
bliés sont  ceux-ci  :  1»  Quatre  chants  spirituels 
à  quatre  voix,  llalberstadt,  C.  Brtiggemann. 
2»  Choral  :  O  ffaupt  voll  Bluî  tend  JFanden, 
varié  pour  l'orgue  avec  une  introduction,  op.  2, 
ibid.  ô"  Deux  thèmes  variés  pour  piano,  v\k  5, 
Prague,  Berra.  4»  Six  pièces  d'orgue  pour 
rusa;;e  des  féics  solennelles,   oj).   7,    Bonn, 


I  Simrock.  5»  Trois  chants  à  quatre  voix,  op.  G 
tbid.  G»  Chants  et  Lieder  à  voix  seule  avec 
piano,  op.  8,  Quedlinbourg,  Basse.  7"  Intro- 
duction et  variations  sur  un  air  allemand  pour 
le  piano,  oi>.  9,  Leipsick,  llolmeisler.  8»  Huit 
chants  à  quatre  voix  i)our  soprano,  contralto 
ténor  et  basse,  à  l'usage  des  Instituts  de  chant 
op.  10,   Magdebourg,   C.   Lehmann.    9»  Six 
chants  du  printemps  à  voix  seule,  avec  piano 
et  violoncelle,  op.  11,  Leii)sick,   Breitkopf  et 
llaertel.  10»  Fantaisie  pour  le  piano  sur  un 
thème  de  l'opéra  de  Freischfltz,  op.  12,  ibid. 
Il  y  a  de  la  distinction  cl  du  savoir  dans  toute» 
les  compositions  de  M.  RIauss. 

KLEUEIl  (LÉo:iAiiD),  organiste  allemand, 
vécut  au  commencement  du  seizième  siècle.  Il 
a  laissé  en  manuscrit  une  collection  de  pièces 
d'oigue  en  tablature  sur  des  compositions  de 
Josqnin  de  Près,  Isaak,  Brumel,  George» 
Schaps,  Conrad  de  Spire,  Henri  Fink,Ollhmar 
Naclugall  ,  Paul  Iloriieimer,  Adrien  Pelit  , 
Louis  Senfl,  elc.  Cet  intéressant  ouvrage  csl  à 
la  Bibliothèque  royale  de  Berlin  :  il  forme  m» 
volume  de  cent  soixante-dix  feuillets  in-folio, 
et  offre  le  plus  ancien  monumentde  la  musique 
d'orgue  connu  jusqu'à  ce  jour. 

KLELBEUG  (  CiinÉTiE>-TiiÉopniLE),  nt- 
le  12  avril  1766,  à  Gautsch,  près  de  Leipsick, 
où  son  père  était  aubergiste,  étudia  la  théo- 
logie à  l'Université  de  Leipsick,  et  termina 
aussi  ses  éludes  musicales  dans  cette  ville. 
Après  avoir  occupé  quelques  places  d'orga- 
niste, entre  autres  à  Altenbourg,  il  fui  appelé 
à  Géra  en  1790,  pour  y  remplir  les  mêmes 
fonctions.  Il  occupa  cette  place  jusqu'à  sa 
mort,  qui  eut  lieu  le  13  juin  1811.  Kleeberg 
était  un  musicien  instruit  et  un  bon  organiste. 
On  a  de  lui  :  1»  Trois  duos  pour  deux  violons, 
op.  1,  Offenbach,  André.  2»  Sonates  pour  cla- 
vecin, op.  2.  3"  Canon  à  trois  voix  avec  chœur 
et  piano,  Augsbourg,  Gombart.  4»  Chansons  à 
voix  seule,  avec  accompagnement  de  piano, 
Brunswick.  5»  Danses  allemandes  et  anglaises 
pour  piano,  op.  G.  6»  Concerto  pour  piano  et 
harpe,  op.  9,  Augsbourg,  Gombart. 

KLEIN  ou  KLEIIXE  (André),  savant  or- 
ganiste, né  vers  1650,  à  Cœlleda,  dans  la  Tbu- 
ringe,  fut  recherché  dans  la  seconde  moitié  dn 
dix-septième  siècle  à  cause  de  son  talent  pro- 
digieux pour  l'improvisation  sur  l'orgue.  Il 
péril  à  Copenhague  en  1689,  ilans  l'incendie 
de  l'opéra. 

KLE1I\  (Jacqdes),  musicien  hollandais, 
appelé,  dans  le  catalogue  de  Le  Cène,  Jac- 
ques ktein  le  Jeune,  a  fait  graver  à  Amster- 
dam, vers  1750,  trois  livres  de  sonates   pour 


48 


KLEIN 


}e  violoncelle,  et  douze  sonates  pour  hautbois 
et  basse  continue,  op.  1  et  2. 

KJLEIIV  (Jean-Joseph),  organiste  à  Eise- 
nach,  inscrit  sur  la  matricule  des  avocats  de 
Dresde,  naquit  le  24  août  1759,  et  mourut  dans 
les  premières  années  du  dix-neuvième  siècle. 
On  ne  connaît  de  sa  composition  que  le  chant 
du  matin  de  Gellert,  mis  en  musique  pour  voix 
seule,  avec  accompagnement  de  piano,  Offen- 
bach,  André.  C'est  surtout  comme  écrivain 
didactique  que  ce  musicien  s'est  rendu  recom- 
mandable  ;  on  a  de  lui  en  ce  genre  :  1»  f^er- 
such  eines  Lehrbuchs  der  praktischen  Mttsik 
in  systematischer  Ordnung  entwurfen  (Essai 
d'une  méthode  de  musique  pratique  conçue 
dans  un  ordre  systématique),  Gera,C.-Fr.Beck- 
mann,  1783,  in -8"  de  deux  cent  soixante-quatre 
pages,  non  compris  la  préface.  2"  Lehrbuch 
der  theoretischen  Musik  in  systematischer 
Ordnung  entwurfen  (Traité  de  musique  théo- 
rique rédigé  dans  un  ordre  systématique), 
Leipsick,  Herisius,  1801,  de  cent  quatre-vingt- 
huit  pages  in-4''  avecdes  planches  ;  bon  ouvrage 
dont  on  trouve  des  exemplaires  avec  un  titre 
gravé,  au  bas  duquel  est  l'adresse  de  Jean  André 
à  Offenbach.  3»  Neues  FollstéEudiges  Choral- 
buch  %um  Gebrauch  bei  dem  Gottesdienste  ; 
nebst  einem  kurzen  f'orberichte  von  den 
Choralmusik  (Nouveau  livre  choral  complet 
pour  l'usage  du  service  divin,  avec  une  intro- 
duction courte  sur  la  musique  chorale),  Ru- 
dolstadt,  1785,  in-4''  de  cent  soixante-quinze 
pages.  Il  a  été  fait  une  deuxième  édition  de  ce 
livre  à  Rudolstadt,  en  1802.  Klein  a  aussi  fait 
insérer  quelques  articles  concernant  la  mu- 
sique, dans  les  journaux,  particulièrement  les 
suivants  dans  la  Gazette  générale  de  musique 
de  Leipsick  :  1°  Sur  les  signes  des  sons,  suivi 
de  la  proposition  d'un  petit  changement  à 
l'égard  de  la  dénomination  des  tons  (notes) 
(t.  I,  pag.  641).  2"  Propositions  tendant  à 
améliorer  les  écoles  ordinaires  du  chant  en 
Allemagne  (t.  II,  pag.  465). 

KLEIIV  (Chrétien-Benjamin),  né  le  14  mai 
1754,  à  Sleinkunzendorf,  près  de  Kupferberg, 
en  Silésie,  fut  un  bon  organiste  dans  le  genre 
simple  et  sévère,  et  un  musicien  instruit  dans 
la  théorie  de  son  art.  Après  avoir  fréquenté 
jusqu'à  l'âge  de  huit  ans  l'école  du  lieu  de  sa 
naissance,  il  fut  mis  au  collège  de  Rudolstadt 
où  il  apprit  les  éléments  de  la  musique  en 
même  temps  que  ceux  de  la  langue  latine. 
En  17G5,  on  l'envoya  à  Landshut  pour  y  con- 
tinuer ses  études,  particulièrement  celle  de  la 
musique,  sous  la  direction  de  Gebauer,  cantor 
de  l'endroit,  qui  lui  fit  connaître  les  ouvrages 


de  Jean-Sébastien  Bach  et  de  son  fils  Charlcs- 
Philippe-Emmanuel.  En  1771.  il  alla  achever 
ses  humanités  au  lycée  de  Jauer.  Quatre  ans 
après,  il  fut  nommé  second  organiste  à 
Schweidnilz;  en  1778,  on  lui  confia  les  fonc- 
tions de  professeur  à  Schmiedeberg,  quoiqu'il 
ne  fût  âgé  que  de  vingt-quatre  ans,  et,  en  1780, 
il  eut  dans  le  même  lieu  les  places  de  cantor 
et  d'organiste.  Quoique  sa  vie  tout  entière  se 
soit  ensuite  écoulée  dans  cette  petite  ville,  il 
eut  de  la  réputation  en  Allemagne,  surtout 
comme  organiste.  Reichardt  et  d'autres  qui 
l'ont  entendu,  en  ont  parlé  avec  beaucoup  d'es- 
time. Klein  s'est  fait  aussi  remarquer  comme 
professeur,  et  a  formé  de  bons  élèves,  parmi 
lesquels  on  distingue  Leuschner,  Kloss  et 
Charles  Ilacke.  Sévère  à  l'excès,  brutal  même 
avec  ses  élèves,  il  les  conservait  pourtant  jus- 
qu'à la  fin  de  leurs  études,  parce  que  sa  mé- 
thode excellente  leur  faisait  faire  de  rapides 
progrès.  Vers  la  fin  de  sa  vie,  son  humeur 
devint  encore  plus  chagrine,  à  cause  du  mau- 
vais état  de  sa  santé,  et  de  la  perte  d'une  partie 
de  ce  qu'il  [)ossédait.  Il  est  mort  à  Schmiede- 
berg, à  l'âge  de  soixante  et  onze  ans,  le  14  sep- 
tembre 1825.  La  plupart  de  ses  compositions 
sont  pour  l'église;  elles  sont,  dit-on,  écrites 
avec  correction,  mais  dépourvues  d'invention. 
A  l'exception  d'une  cantate  pour  le  vendredi 
saint  et  de  deux  chants  funèbres  pour  quatre 
voix  d'hommes,  qui  ont  été  publiés  en  par- 
tition à  Leipsick,  chez  Hofmeister,  tous  ses 
ouvrages  sont  restés  en  manuscrit;  on  y  re- 
marque plusieurs  motels  à  quatre  voix  et 
orgue,  une  cantate  de  noces  avec  accompagne- 
ment de  violons  et  d'instruments  à  vent, 
quelques  airs  et  morceaux  détachés  pour  di- 
verses circonstances,  des  psaumes,  et  un  livre 
choral  à  l'usage  des  élèves  organistes.  Parmi 
les  manuscrits  de  Klein,  on  a  aussi  trouvé  : 
1"  aiéthode  de  chant.  2°  Méthode  de  basse  con- 
tinue, d'après  les  principes  de  Kirnberger, 
avec  beaucoup  d'exemples.  3°  Théorie  de  la 
fugue,  contenant  aussi  des  leçons  sur  les  imi- 
tations et  les  canons. 

RLEirV  (Henri),  né  en  1756  à  Rudelsdorf, 
près  de  Schœnberg,  en  Moravie,  étudia  d'abord 
la  musique  sous  la  direction  d'Aschermann, 
directeur  du  chœur  à  Zœpta,  et  fit  de  si  rapides 
progrès,  qu'à  l'âge  de  huit  ans,  il  fut  en  état 
de  remplir  les  fonctions  d'organiste;  puis  il 
fut  pendant  cinq  ans  élève  de  Harlenschneider, 
organiste  de  la  cathédrale  de  Presbourg. 
A  l'âge  de  dix-sept  ans  il  obtint  la  place  de 
directeur  de  musique  du  comte  de  llodicz  ;  ces 
fonctions  ne  l'empêchèrenl  pas  de  continuer 


KLEÏN 


49 


ses  études,  particulièrement  celle  de  la  théorie 
de  Kirnberger  et  du  style  de  Jean-Sébastien 
Bach.  Plus  tard,  il  quitta  le  service  du  comte 
pour  retourner  à  Presbourg,  où  il  vécut  en 
donnant  des  leçons  jusqu'en  1796.  Il  succéda 
alors  à  Riegger  dans  la  [)Iace  de  professeur  à 
l'École  nationale  de  musique  de  Presbourg. 
En  1805,  l'Académie  royale  de  musique  de 
Stockholm  l'a  choisi  pour  un  de  ses  membres 
correspondants.  Pianiste  et  organiste  distin- 
gué, compositeur  instruit  et  bon  professeur, 
Klein. joignait  à  ces  divers  mérites  celui  d'être 
habile  mécanicien.  On  lui  doit  l'invention  d'un 
harmonica  à  clavier,  dont  il  a  donné  la  des- 
cription dans  la  Gazette  de  Bude ,  en  1798, 
puis  dans  le  premier  volume  de  la  Gazette 
générale  de  musique  de  Leipsick  (K"^  année, 
p.  C75-679,  avec  une  planche).  En  1807,  il 
a  aussi  inventé  un  instrument  du  genre  de 
l'orgue,  qu'il  a  appelé  Orchestrion.  Le  même 
journal  contient  une  intéressante  disserta- 
tion de  Klein  sur  les  danses  nationales  de  la 
Hongrie.  On  a  de  cet  artiste  en  manuscrit  : 
1°  Un  Te  Deum.  2"  Messe  à  quatre  voix  et  or- 
chestre, ô"  Cantate  pour  le  jour  de  naissance 
de  l'archiduc  Joscph-François-Léopold,  exé- 
cutée le  9  avril  1779.  4"  Cantate  pour  le  jour 
de  naissance  de  l'empereur  et  roi  François  P"", 
exécutée  le  12  février  1807.  3"  Collection  de 
musique  d'église  pour  une  année  entière.  On  a 
gravé  de  sa  composition  :  1°  Fantaisie  pour  le 
l>iano.  Vienne,  Traeg,  1790.  2»  Douze  chan- 
sons allemandes,  avec  accompagnement  de 
piano,  ibid.  Klein  est  mort  à  Presbourg,  en 
1832. 

KLEIN  (...).  On  a  sons  ce  nom  un  traité  de 
musique  en  langue  danoise,  intitulé  :  Grund- 
regler  for  Theorica  af  Musiken  i  Alminde- 
Ughed ,  og  en  praktist  Jndivendeîse  for 
Klaveret  i  Sordeleshed  (Règles  fondamentales 
de  la  théorie  de  la  musique  avec  leur  applica- 
tion pratique  au  clavecin),  Copenhague,  1791, 
in-4''. 

KLEIN  (JEAN-VALERins),  professeur  sup- 
|)léant  de  philosophie  à  l'Université  de  Giessen, 
est  auteur  d'une  thèse  intitulée  :  De  arte  mu- 
sica,  imprimis  de  Cantu.  Prolusio  scholas- 
lica  qua  ad  solemnia  pxdagog.  acad.  exa- 
mina DD.  XIX  et  XX  Martii  instituenda 
et  ad  audiendas  orationes  D.  XXI  Martii 
publica  habendas  omnes  literarum  faulores, 
cas  qua  decet  observantia  invitât  Jo.  l'ai. 
Klein,  Philos.  D.  pxd.  Collega.  Gissœ,  1812. 
Vingt-huit  pages  in-4''. 

KLEIN  (CuAnLES-AtcusTE,  Baron  RE), 
ni-  près  de  Manheim,  en  1794,  reçut  les  jHin- 

BIOGR.    UKIV.   DES  MUSICIENS.  T.  V. 


cipes  de  son  éducation  élémentaire,  sous  là 
direction  de  son  père,  conseiller  privé  du  roi 
de  Bavière,  connu  comme  prosateur  et  comme 
poète.  Avec  une  connaissance  étendue  des 
poëtes  latins,  français  et  allemands  ,  Klein 
acquit  aussi  une  solide  instruction  dans  la 
musique,  et  dans  les  sciences  physiques  et 
mathématiques.  Il  n'était  âgé  que  de  sept  ans 
lorsqu'il  écrivit  une  petite  sonate  pour  le  piano, 
qui  fut  suivie  de  plusieurs  morceaux  du  mémo 
genre,  et  de  beaucoup  de  chansons  dont  son 
père  lui  fournissait  les  paroles.  En  1809,  il 
essaya  ses  forces  dans  un  genre  plus  élevé,  en 
écrivant  la  musique  d'un  méloilrame  de  son 
père,  intitulé  -.  Jppel  à  la  jouissance  de  la 
vie.  Godefroid  VVeber,  qui  se  trouvait  encore 
alors  à  Manheim,  ayant  entendu  cet  ouvrage, 
fut  étonné  de  l'instinct  musical  qui  s'y  déce- 
lait, et  offrit  au  jeune  homme  de  l'instruire 
dans  la  composition;  mais  déjà  Klein  éprou- 
vait les  premiers  symptômes  de  l'épilepsie, 
maladie  affreuse  dont  sa  mère  lui  avait  trans- 
mis le  funeste  héritage.  En  1810,  il  perdit  son 
père,  et  alla  demeurer  chez  un  oncle  qu'il  avait 
à  Mayence.  Là,  il  se  livra  à  l'élude  de  la  com- 
position, sous  la  direction  de  Zulehner.  Par- 
venu à  sa  dix-huitième  année,  il  éprouva  plu- 
sieurs atteintes  violentes  du  mal  qui  troublait 
son  existence,  et  pendant  trois  ans  les  atta- 
ques se  renouvelèrent  souvent.  11  lui  fallut 
suspendre  ses  travaux  et  se  soumettre  à  un 
traitement  qui  finit  par  triompher  de  la  vio- 
lence du  mal  ;  mais  la  convalescence  fut  longue 
et  douloureuse.  Un  régime  sévère  a  rendu, 
depuis  lors,  les  atteintes  fort  rares,  et  en  a 
diminué  sensiblement  l'intensité.  En  1817, 
M.  de  Klein  a  fait  un  voyage  à  Paris,  et  y  a 
connu  Méhul,  bien  près  de  sa  fin  alors,  mais 
qui,  malgré  son  état  de  souffrance  habituelle, 
consentit  à  voir  les  compositions  du  jeune  ar- 
tiste, et  lui  prédit  qu'il  se  ferait  un  nom.  Ces 
paroles  encourageantes  ranimèrent  son  zèle 
pour  l'art;  plus  tard  une  lettre  de  félicitation, 
écrite  par  Beethoven  sur  les  quatuors  de  violon 
de  M.  de  Klein,  est  venue  le  consoler  des  cri- 
tiques sévères  qu'on  avait  faites  de  ses  ou- 
vrages dans  quelquesjournaux  de  l'Allemagne. 
On  a  publié  de  cet  artiste  :  1°  Sonate  pour 
piano  et  violon  (en  fa),  op.  27,  Mayence,  Schott. 
2»  Sonate  idem  (  en  mi  bémol),  ibid.  ô"  Trois 
sonates  pour  piano  seul.  4°  Sonate  pour  piano 
à  quatre  mains  (en  ré  majeur).  5»  Le  prin- 
temps,  fantaisie  pour  piano.  6"  Trio  pour 
piano,  violon  et  violoncelle  (en  la  majeur). 
7"  Symphonie  à  grand  orchestre  (en  ut  majeur), 
exécutée  à  Mayence,  en  1837.  7"  {bis)  Deuxième 

4 


80 


KÎ.EIN 


symphonie,  exécutée  en  1838.  8°  Tdejn  (en 
itii  bémol).  9°  Ouverture  pour  la  tragédie 
d'Otello,  exécutée  à  Berlin.  On  en  a  publié  la 
réduction  pour  piano.  10"  Sept  quatuors  pour 
deux  violons,  alto  et  basse.  11°  Un  trio  pour 
violon,  allô  et  violoncelle.  12»  Ouverture  de 
concert,  à  grand  orchestre.  12»  (bis)  Sonate 
pour  piano  et  violon  ,  Mayence ,  Scliott. 
1  ô°  Graduale  quinque  vocum  pro  festo  sancti 
Stephani,o[-<.  \U,ibid.  14"  Quelques  chan- 
sons avec  accompagnement  de  piano.  M.  de 
Klein  a  fourni  plusieurs  articles  de  critique, 
relatifs  à  la  musique,  dans  différents  jour- 
naux de  rAllemagne,  mais  sous  le  voile  de 
l'anonyme. 

KLEIIH  (Berward),  compositeur,  né  à  Co- 
logne en  1794,  est  considéré,  en  Allemagne, 
comme  un  des  artistes  les  plus  estimables  du 
dix-neuvième  siècle.  Fils  d'un  marchand  de 
vin,  il  fut  destiné  par  ses  parents  à  l'état 
ecclésiastique,  mais  son  penchant  décidé  pour 
la  musique  le  fit  renoncer  à  cette  carrière. 
Malheureusement  Cologne  lui  offrait  peu  de 
moyens  d'instruction,  et  les  leçons  d'un  prêtre 
quelque  peu  connaisseur  .dans  l'art,  furent  les 
seules  ressources  qu'il  y  trouva.  Bientôt, 
oliligé  de  se  livrer  lui-même  à  l'enseignement, 
il  éprouva  tous  les  dégoûts  inséparables  de  la 
vie  d'un  musicien  mercenaire,  sans  que  son 
enthousiasme  d'artiste  en  fût  diminué.  Des 
circonstances  favorables  vinrent  enfin  recom- 
penser son  zèle,  car,  en  1812,  il  fut  libéré  de 
la  conscription  par  la  protection  du  préfet 
Alexandre  de  Lameth,  et  dans  la  même  année 
une  occasion  se  présenta  pour  qu'il  se  rendit  à 
Paris.  Il  y  reçut  des  conseils  de  Cherubini,  et 
y  puisa  des  connaissances  étendues  dans  les 
trésors  qu'il  trouva  à  la  bibliothèque  du  Con- 
servatoire. De  retour  à  Cologne,  il  y  fut 
chargé  de  la  direction  de  la  musique  de  la 
cathédrale,  et  de  l'école  des  enfants  de  chœur. 
Pendant  qu'il  remplissait  ces  fondions,  il  fit 
un  voyage  à  Ileidelberg,  où  la  belle  colleclion 
de  M.  Thibaut  lui  fournit  l'occasion  de  con- 
naître le  style  des  anciens  maîtres  italiens. 
Après  que  l'exécution  de  sa  première  messe 
en  181G  et  de  sa  cantate  sur  les  Paroles  de  la 
foi  (Worte  des  Glaubens)  deSchiller,  en  1817, 
l'eut  fait  connaître  avantageusement,  il  fut 
chargé  d'aller  à  Berlin  pour  y  jirendre  con- 
naissance des  institutions  musicales  de  celle 
grande  ville,  parliculièrementderécole  dirigée 
parZeltcr.  Celui-ci  ne  vit  d'abord  dans  Klein 
qu'un  de  ces  élèves  soumis,  comme  ceux  qui 
depuis  longtemps  se  trouvaient  sous  sa  domi- 


talent  du  jeune  artiste  et  le  sentiment  de  sa 
force,  lorsqu'il  eut  enfin  acquis  la  conviction 
qu'au  lieu  d'un  écolier,  il  avait  près  de  lui  un 
rival  qui  l'égalait  en  savoir  et  le  surpassait  en 
génie,  ses  sentiments  changèrent  à  son  égard, 
et  la  bienveillance  dont  il  l'avait  d'abord  en- 
touré fit  bientôt  place  à  des  critiques  amères 
et  à  des  sarcasmes  sur  son  talent.  Mais  déjà 
Klein  s'était  fait,  à  Berlin,  des  amis  qui  le  »ié- 
fendirent  avec  chaleur.  L'école  royale  d'orgue 
venait  d'être  instituée  :  il  demanda  la  place 
de  professeur  d'harmonie  et  de  contrepoint 
qui  y  était  vacante  et  l'obtint;  il  y  joignit,  peu 
de  temps  après,  les  fonctions  de  directeur  de 
musique  et  de  professeur  de  chant  à  l'Univer- 
sité. Son  oratorio  de  Job,  gravé  en  partition 
chez  Breitkopf  et  Haerlel,  en  1820,  l'avait  si- 
gnalé comme  un  des  jeunes  compositeurs  dont 
l'avenir  donnait  les  plus  belles  espérances; 
cet  ouvrage  fut  suivi,  en  1823,  de  Didon, 
grand  opéra  dans  la  manière  de  Gluck,  qui  ne 
réussit  pas.  Dans  cette  même  année,  il  épousa 
la  nièce  du  célèbre  libraire  Nicolaï,  riche  héri- 
tière dont  la  fortune  le  mit  dans  une  position 
indépendante.  Peu  de  temps  après  son  ma- 
riage, il  partit  avec  sa  femme  pour  l'Italie. 
Quoique  l'état  actuel  de  la  musique  dans  ce 
pays  n'eût  rien  qui  pût  l'intéresser,  son  voyage 
ne  fut  pourtant  pas  sans  fruit,  car  il  trouva 
dans  les  bibliothèques,  dans  les  archives,  et 
surtout  dans  les  conversations  du  directeur  de 
la  chapelle  pontificale,  une  source  inépuisable 
d'instruction.  Après  son  retour  à  Berlin,  il 
reprit  ses  travaux.  En  1828,  il  fit  exécuter  à 
Cologne  son  oratorio  de  Jephté;  deux  ans 
après,  il  donna,  à  la  fêle  musicale  de  Halle, 
son  David,  considéré  comme  une  de  ses  meil- 
leures productions.  Les  succès  que  ces  ou- 
vrages obtenaient  ne  le  satisfaisaient  pourtant 
pas,  car  la  carrière  de  compositeur  .drama- 
tique était  celle  qu'il  désirait  surtout  par- 
courir avec  éclat;  mais  si  cette  carrière  est 
partout  ditTicile,  en  Allemagne  elle  est  envi- 
ronnée d'obstacles  presque  insurmontables. 
D'ailleurs ,  malgré  les  éloges  que  Rellslab 
lui  a  donnés,  il  est  douteux  que  Klein  ait  eu 
le  sentiment  delà  scène.  La  nature  sérieuse  de 
ses  idées  n'était  propre  qu'au  genre  dans  le- 
quel il  s'est  fait  surtout  un  nom  honorable. 
Enlevé  i  l'art  et  à  ses  amis  dans  la  fleur  de 
l'âge,  il  est  mort  à  Berlin  le  9  septembre  1852. 
Cet  artiste  laborieux  a  laissé  les  ouvrages 
suivants  :  1"  Didon,  grand  opéra,  en  manu- 
scril.  2"  Deux  actes  d'un  opéra  intitulé  Irène, 
en  manuscrit.  3"  Entr'actes  de  la  tragédie  do 


nation;  mois   lorsqu'il  aperçut  la  portée  du   '  Raupach    die  Erdmnacht  (la   Nuit   sur  la 


KLEIN 


SI 


(erre),  en  manuscrit.  4"  Joh,  oratorio,  gravé 
en  partition;  Leipsick,  JJreilliopf  et  IlPertel. 
5"  Jephté,  oratorio,  avec  orchestre.  6"  David, 
idem.  7"  ^thalie,  oratorio,  non  terminé,  en 
manuscrit.  8"  Hymne  allemand  (Ick  danke 
dem  Herrn),  pour  quatre  voix  d'hommes  et 
orgue;  op.  4,  Hambourg,  Chrisliani.  9°  Mu- 
sique spirituelle,  première  livraison  conte- 
nant :  Jgnus  Dei  et  Ave  Maria,  à  quatre 
voix  et  orgue,  op.  12;  Berlin,  Tr'autwein. 
10°  Magnificat  pour  deux  sopranos,  alto, 
deux  ténors  et  basse,  avec  accompagnement 
d'orgue,  op.  13,  ibid.  W"  Musique  spirituelle, 
deuxième  livraison,  contenant  six  répons  à 
quatre  et  six  voix,  en  partition,  op.  17,  ibid. 
12°  Musique  spirituelle,  troisième  livraison, 
contenant  le  Paler  noster,  à  deux  chœurs, 
op.  iS.y  ibid.  13°  Musique  si)irituelle,  qua- 
trième livraison,  contenant  Miserere  mei , 
pour  soprano,  contralto  et  orgue,  op.  21,  ibid. 
14°  Salve  Regina,  pour  soprano  solo,  deux 
violons,  alto  et  basse,  ibid.  15°  Musique  spiri- 
tuelle, cinquièmelivraison,  contenant  :  Stabat 
Mater,  à  quatre  voix  et  orgue,  ibid.  ÎC"  Six 
chants  religieux  pour  des  voix  d'hommes  et 
accompagnement  de  piano,  op.  22,  ibid. 
M"  S'widem.  op.  23,  ibid.  18°  Trois  chants 
l)0urdeux  sopranos,  ténor  et  basse  ;  Leipsick, 
Breitkopfet  Hœrtel.  19°  Chants  religieux  pour 
voix  d'hommes,  3%  4%  5«,  6%  7"  et  8°  livrai- 
sons; Berlin,  Trautwein.  20°  Messe  à  quatre 
voix  et  orchestre  (en  re),  op.  28;  Elberfeld, 
Arnold.  21°  Magnificat,  à  voix  seule,  avec 
deux  violons,  alto,  violoncelle  et  contrebasse. 
22»  Sonate  pour  piano  seul,  op.  1;  Hambourg, 
Christiani.  '2.0°  Idem,  op,  5;  Leipsick,  Breit- 
kopfet Hœrtel.  24° /rfem,  op.  7,  rtid.  25°  Fan- 
taisie pour  piano,  op.  8,  ibid.  26"  Variations 
pour  piano,  trois  œuvres,  ibid.  27°  Chansons 
de  table  pour  des  voix  d'hommes,  op.  14; 
Berlin,  Lane.  28°  Rodrigue  et  Chimène,  chant 
pour  ténor  et  soprano;  Hambourg,  Christiani. 
29°  Plusieurs  ballades  avec  accompagnement 
de  piano.  30°  Deux  messes  à  quatre  voix  et 
orchestre,  en  manuscrit.  31°  Beaucoup  de 
chansons  et  de  romances  à  voix  seule,  avec 
accompagnement  de  piano;  Hambourg,  Leip- 
sick, Berlin  et  Bonn. 

KLCIiy  (Joseph),  frère  du  précédent,  est 
né  à  Cologne  en  1802.  Après  avoir  commencé 
ses  études  musicales  à  Paris,  il  alla  les  termi- 
ner à  Berlin  en  1820,  sous  la  direction  de  son 
IVèro;  puis  il  fut  ai)pelé  à  Memei ,  comme 
professeur  de  chant  et  de  piano.  Le  séjour  de 
celle  ville  ne  convenant  point  à  sa  santé,  il 
n'y  resta  pas  longtemps  et  retourna  à  Cologne. 


C'est  lui  qui  a  été  l'éditeur  des  ouvrages  post- 
humes de  son  frère.  Les  œuvres  connues  de 
cet  artiste  consistent  principalement  en  chants 
à  voix  seule  avec  accompagnement  de  piano 
sur  les  foésies  de  Gœthe,  Heine,  Chamisso, 
Simrock,  Uhland,  ou  extraites  des  drames  de 
Shakespeare,  au  nombre  de  douze  recueils 
publiés  à  Cologne  chez  Eck  ;  à  Bonn,  chez 
Simrock;  à  Berlin,  chez  "WagenfUbr,  Bote  et 
Bock,  Schlesinger;  à  Leipsick,  chez  Hofmeister; 
à  Elberfeld,  chez  Arnold  ;  non  compris  beau- 
coup de  Lieder  séparés;  quatre  recueils  de 
chants  pour  des  chœurs  de  voix  d'hommes, 
Berlin,  WagenfUhr;  Bonn,  Simrock,  et  Elber- 
feld, Arnold;  trois  romances  françaises,  El- 
berfeld, Arnold.  On  a  aussi  du  même  artiste  : 
un  Salve  Regina  pour  soprano  solo,  avec  ac- 
compagnement de  deux  violons,  alto  et  basse, 
op.  3,  Berlin,  Lane;  une  ouverture  à  grand 
orchestre,  exécutée  à  Berlin,  en  1832;  Berlin, 
Schlesinger;  l'ouverture  de  la  Pucelle  d'Or- 
léans, exécutée  à  Cologne,  en  1844;  Bonn, 
Simrock;  sonate  (en  mi  bémol)  pour  piano 
seul;  Berlin.  Wagenfubr;  Adagio ei  rondeau 
(en  fa  mineur)  idem;  Berlin,  Schlesinger; 
douze  variations  sur  un  air  lithuanien  ;  Berlin, 
Bote  et  Bock. 

KLEIj\  (Charles),  organiste  de  la  cathé- 
drale à  Osnabruck  (Hanovre),  et  directeur 
d'une  Société  de  chant,  s'est  fait  connaître, 
comme  compositeur,  par  l'exécution  d'une 
messe  solennelle  pour  chœur  et  orchestre,  à 
la  fête  musicale  donnée  en  cette  ville,  en 
1844,  sous  sa  direction. 

KLEIN  (...).  Plusieurs  musiciens  de  ce 
nom  se  sont  fait  connaître  par  leurs  ouvrages  ; 
mais  on  n'a  que  peu  ou  point  de  renseigne- 
ments sur  leur  personne.  Le  premier,  musi- 
cien et  flûtiste  du  Concert  spirituel,  vers  1750, 
a  fait  imprimer  alors  trois  divertissements 
pour  deux  violons.  Le  second,  organiste  de  la 
grande  église  de  La  Haye,  naquit  à  Hambourg, 
vers  le  milieu  du  dix-huitièmesiècle.  Le  18  sep- 
tembre 1788,  il  fit  exécuter  dans  son  église 
une  grande  musique  solennelle,  en  commémo- 
ration de  la  révolution  qui  a  affranchi  la  Hol- 
lande du  joug  espagnol. 

KLEIIN  (Frédéric-Wilhelm)  ,  pianiste  à 
Berlin,  sur  qui  tous  les  biographes  allemands 
gardent  le  silence,  mérite  cependant,  plus 
que  beaucoup  d'autres,  d'être  mentionné,  car 
sa  sonate  pour  piano  seul,  en  la  mineur, 
œuvre  7%  qui  m'est  tombée  sous  la  main,  à 
Berlin,  en  1849,  est  une  composition  distin- 
guée. Le  seul  renseignement  que  j'ai  trouvé 
sur  cet  artiste,  c'est  qu'il  était  né  à  Berlin, 

4. 


KLEIN  -  KLEINKNECHT 


qu'il  était  à  Blême  en  1854,  depuis  le  mois  de 
janvier  jusqu'à  la  fin  de  mars,  et  qu'il  y  pro- 
duisait une  vive  sensation  par  son  jeu  et  par 
ses  compositions,  dans  le  moment  où  les 
quatre  frères  Muiler  y  obtenaient  de  grands 
succès  par  leur  exécution  parfaite  des  quatuors 
de  Beethoven.  Klein  a  publié  pour  son  instru- 
ment :  :  1"  Polonaise,  op.  1,  Berlin,  Lischke. 
2°  Variations  sur  divers  thèmes  d'opéras,  op.  2, 
4,  6,  8,  9,  13,  ibid.  o"  Divertissements,  op.  3, 
ibid.  4°  Rondo,  op.  4,  ibid.  5"  Sonate  (en  la 
mineur)  pour  piano  seul,  op.  7,  ibid.  6"  Sonate 
en  contrepoint,  op.  14,  ibid.  7»  Grande 
marche,  op.  10,  ibid.  8"  Chansons  à  voix 
seule,  avec  accompagnement  de  piano,  op.  Il, 
ibid. 

ÏÎLEnV  (Théodore),  clarinettiste,  est  au- 
teur des  ouvrages  suivants  :  1"  Air  varié  pour 
clarinette  et  orchestre,  op.  1,  Paris,  Richault. 
2"  Divertissement  idem,  op.  2,  ibid. 

KLEIN  (...),  corniste  à  Paris,  est  connu 
par  une  Méthode  {nouvelle)  de  premier  et  se- 
cond cor,  suivie  de  quarante  leçons  et  vingt- 
quatre  duos,  V  suis, Vh.  Petit. 

RLEIISE  (O.-Fr.),  professeur  à  l'Univer- 
sité de  Jéna,  vers  1820,  passa  ensuite  à  l'Uni- 
versité de  Berlin.  On  a  de  lui  :  Dissertatio 
de  Stesichori  vitaetpoesi,  Jéna,  1825,  in-8". 
Celte  dissertation  a  été  réimprimée  en  tète  des 
fragments  parvenus  jusqu'à  nous  des  poésies 
de  Stésichore,  publiés  par  le  même  savant, 
sous  ce  titre  :  Stesichori  Fragmenta  collegit, 
dissertât,  de  vita  et  poesi  auctoris  prxmi- 
sit,  etc.,  Berlin,  Reimer.  1828,  gr.  in-8''.  On 
trouve  dans  cet  ouvrage  quelques  recherches 
sur  les  inventions  de  Stésichore,  comme  poète 
et  comme  musicien  :  elles  sont  empruntées  à 
la  note  XVI  de  Burette,  sur  le  dialogue  dePlu- 
tarque  concernant  la  musique. 

RLEINOEINZ  (  Charles- François-Xa- 
vier), professeur  de  piano  et  compositeur,  est 
né  le  3  juillet  1772,  à  Mindelheim,  en  Souabe. 
Il  reçut  les  premières  leçons  de  musique  au 
couvent  de  Memmingen,  et  perfectionna  son 
talent  de  pianiste  à  Munich.  Ayant  obtenu  une 
place  de  conseiller  et  de  secrétaire  intime  de 
l'électeur  de  Bavière,  il  semblait  destiné  à  ne 
cultiver  la  musique  que  comme  amateur  ;  mais 
son  penchant  pour  cet  art  lui  fit  quitter  sa  po- 
sition pour  aller  à  Vienne  étudier  l'harmonie 
et  le  contrepoint  chez  Albrechtsberger.  Vers 
1807,  il  accepta  la  place  de  maître  de  musique 
dans  la  maison  du  comte  de  Brunswick,  ma- 
gnat de  Hongrie,  puis  dirigea  l'orchestre  des 
théâtres  de  Brunn  et  de  Pesth.  Il  est  mort 
dans  celte  dernière  ville,  au  mois  d'octobre 


1831.  On  connaît  sous  le  nom  de  cet  artiste  : 
1°  Deux  oratorios,  en  manuscrit.  2"  Deux 
messes,  ô»  Harold,  opéra  représenté  à  Pesth. 
4"  La  Cage,  idem.  3"  Trois  sonates  pour  piano 
et  violon,  op.  1  ;  Offenbach,  André.  6"  Une 
idem,o[^.  14  ;  Vienne,  Mollo.  7°  Fantaisie  pour 
pour  piano  et  violon,  op.  19;  Vienne,  Weigl. 
8"  Grande  sonate  pour  deux  pianos;  Vienne, 
Mollo.  9»  Douze  sonates  pour  piano  seul,  op.  4, 
5,  7,  9,  11,  16;  Vienne.  10»  Deux  trios  pour 
piano,  violon  et  violoncelle,  ibid.  11"  Grande 
toccate  (en  ut)  ;  Vienne,  Mechelti.  12°  Varia- 
tions pour  le  piano  sur  différents  thèmes 
d'opéras;  Leipsick,Breitkopf  et  Haertel.  lô^Des 
chants  à  voix  seule  avec  accompagnement  de 
piano;  Vienne,  llaslinger  et  Mechelti.  14»  Des 
ouvertures,  marches,  chœurs,  entr'actes,  etc., 
pour  des  drames,  tragédies,  etc.,  en  manu- 
scrit. 13"  Des  concertos  de  piano,  fantai- 
sies, elc,  idem. 

RLEIIVRNECHT  (Jean-Wolfgang),  fils 
aine  de  Jean  Kleinknecht,  maître  de  concert 
à  Ulm,  naquit  en  cette  ville,  le  17  avril  1713. 
Élève  de  son  père  pour  la  musique,  il  fit 
aussi  de  bonnes  études  au  Gymnase  du  lien 
de  sa  naissance.  Dès  l'âge  de  huit  ans,  il 
joua  un  concerto  de  violon  devant  le  duc  de 
Wurtemberg,  et  le  frappa  d'étonnement  par 
son  habileté  précoce.  Ce  prince  le  confia  aux 
soins  de  Brescianello,  excellent  violoniste  de 
cette  époque,  et  son  maître  de  chapelle.  Après 
la  mort  du  duc,  Kleinknecht  visita  plusieurs 
villes  de  l'Allemagne  et  se  fil  partout  entendre 
avec  succès.  Arrivé  à  Eisenach,  il  s'y  fixa  et 
entra  dans  la  chapelle  en  1758;  mais  il  n'y 
resta  pas  longtemps,  car  la  margrave  de  Bay- 
reuth,  l'ayant  entendu,  fut  si  satisfaite  de  son 
talent,  qu'elle  le  demanda  au  prince  pour  qu'il 
assistât  à  la  représentation  d'un  opéra  qui  de- 
vait être  joué  à  Bayreuth  pour  l'anniversaire 
de  la  naissance  du  margrave.  Charmé  de  sa 
nouvelle  position,  Kleinknecht  oublia  la  petite 
cour  d'Eisenach,  et  accepta  la  place  de  maître 
de  concert  à  Bayreuth.  C'est  là  qu'il  entendit 
pour  la  première  fois  le  célèbre  violoniste 
François  Benda,  dont  il  adopta  plus  tard  la 
manière.  Cependant,  lorsque  l'enthousiasme 
de  la  nouveauté  fut  dissipé,  l'artiste  se  ressou- 
vint du  duc  d'Eisenach  qui  l'avait  comblé  de 
bienfaits  et  se  reprocha  son  ingratitude.  Sous 
le  prétexte  du  désir  de  voyager  pour  augmenter 
son  talent,  il  demanda  et  obtint  sa  démission 
de  la  chapelle  de  Bayreuth,  i)uis  retourna  à 
Eisenach,  où  son  ancien  maître  l'accueillit  avec 
bonté.  Kleinknecht  se  livra  dès  lors  à  de  nou- 
1  velles  éludes  pour  étendre  ses  connaissances 


KLEINKNECHT  —   KLEMM 


dans  son  art.  Après  la  mort  du  duc,  des  offres 
lui  furent  faites  pour  retourner  à  Bayrcuth,  où 
il  resta  jusqu'à  l'époque  de  la  suppression  de  la 
chapelle,  en  1769.  Il  passa  alors,  avec  tous  les 
musiciens  de  celte  chapelle,  à  la  cour  d'Ans- 
pach,  où  il  mourut,  le  20  février  1786,  à  l'âge 
de  soixante  et  onze  ans.  Aussi  habile  chef  d'or- 
chestre que  violoniste  distingué,  Kleinknecht 
avait  acquis  en  Allemagne  une  haute  réputa- 
tion. On  a  gravé  à  Paris,  en  1763,  six  solos 
pour  le  violon,  composés  par  cet  artiste,  et,  en 
177Ô,  il  existait  en  manuscrit  chez  Breitkopf, 
à  Leipsick,  huit  trios  pour  deux  violons  et  vio- 
loncelle, et  deux  concertos  de  violon,  de  sa 
composition. 

KLEITVKNECHT  (  JACQDES-FnÉDÉnic  ) , 
frère  du  précédent,  né  à  Uim,  le  8  juin  1722, 
fut  un  des  plus  habiles  flûtistes  de  l'Allemagne 
pendant  le  dix -huitième  siècle.  Attaché  dès  sa 
jeunesse  à  la  chapelle  d'Anspach.  il  y  passa 
toute  sa  vie,  et  mourut  dans  cette  ville,  le 
14  août  1794,  avecle  titre  de  maître  de  chapelle 
honoraire  du  roi  de  Prusse.  Un  grand  nombre 
de  concertos  de  sa  composition,  pour  la  flûte  et 
pour  d'autres  instruments  à  vent,  se  trouvait 
en  manuscrit,  chez  Breitkopf,  en  1787.  On  a 
gravé  de  ses  ouvrages  :  1»  Six  sonates  pour  la 
flûte,  avec  accompagnement  de  basse,  Nurem- 
berg, 1748.  2°  Trois  trios  pour  deux  flûtes  et 
basse,  ibid.^  1749.  ô"  Six  solos  pour  la  flûte, 
Londres,  1782.  4»  Six  sonates  idem.  5"  Six 
trios  pour  deux  flûtes  et  basse,  Paris,  1767. 
6"  Symphonie  concertante  pour  deux  flûtes, 
ibid.,  1776. 

Un  troisième  fils  de  Jean  Kleinknecht, 
wommé  Jean-E tienne ^  naquit  àUlm,  le  17  sep- 
tembre 17,37,  et  cultiva  ia  flûte  comme  son 
frère  Jacques-Frédéric,  mais  ne  s'éleva  pas 
au  dessus  du  médiocre.  Il  fut  attaché  comme 
flûtiste  à  la  chapelle  de  Bayreuth,  puis  à 
celle  d'Anspach,  où  il  se  trouvait  encore 
en  1786. 

liLEINW/ECHTER  (Louis),  docteur  en 
philosophie  et  en  droit,  né  à  Prague  en  1807, 
fut  professeur  de  droit  en  cette  ville,  et  ama- 
teur de  musique  distingué.  Spohr  dirigea  ses 
études  de  composition.  Doué  d'un  noble  carac- 
tère, d'un  esprit  vif  et  élevé,  et  possédant  une 
instruction  solide  dans  les  lettres  et  dans  les 
sciences,  Kleinwaechler  n'estimait  que  les 
l)elles  œuvres  classiques  où  la  richesse  des 
idées  s'allie  à  la  perfection  de  la  forme,  et  Mo- 
zart lui  représentait  le  plus  haut  degré  où  peut 
arriver  le  génie  de  création  de  la  musique.  Il 
ne  cultivait  pas  seulement  la  musique  avec 
amour,  mais  avec   talent.    Une  ouverture   à 


grand  orchestre  desa composition  fut  exécutée 
dans  les  concerts  de  Prague,  en  1837,  1840, 
1843  et  1844,  à  Cassel,  en  1858,  et  à  Leipsick, 
dans  la  même  année.  Cet  ouvrage  a  été  publié 
comme  œuvre  1"",  en  1839,  à  Leipsick,  chez 
Breitkopf  et  Haertel.  Deux  sonates  de  piano, 
qui  forment  l'œuvre  2*^  de  Rleinwœchter,  ont 
élé  publiées  à  Prague,  chez  Berra.  Cinq  Lieder 
avec  accompagnement  de  piano,  ont  paru  dans 
le  même  temps  à  Leiiisick,  chef  Breitkopf  et 
Ilœrtel.  L'œuvre  4  du  même  auteur  est  un  mo- 
tet à  quatre  voix  solos  avec  un  chœur  de  quatre 
parties  et  accompagnement  de  deux  violons, 
alto,  violoncelle  et  contrebasse,  publié  chez  les 
mômes  éditeurs.  Une  courte  maladie  a  enlevé 
Rleinwœchter,  à  l'âge  de  trente-trois  ans,  au 
mois  de  septembre  1840.  Sa  mort  imprévue  fit 
une  douloureuse  impression  parmi  ses  nom- 
breux amis  et  parmi  les  artistes  qui  avaient 
une  haute  estime  pour  sa  personne  et  pour 
son  talent.  On  a  publié  de  lui,  comme  œuvre 
posthume,  un  quatuor  pour  deux  violons,  alto 
et  violoncelle,  à  Leipsick,  chez  Breitkopf  et 
Ilaertcl.  Cet  ouvrage  porte  le  numéro  8  : 
j'ignore  quels  sont  les  œuvres  5,  6  et  7. 

KLEMCZYIXSRI  (.Julien),  pianiste  et 
compositeur  polonais,  s'établit  à  Meaux,  après 
les  événements  qui  portèrent  la  désolation 
dans  sa  patrie,  en  1831,  et  s'y  livra  à  l'ensei- 
gnement de  son  instrument.  Fixé  à  Paris, 
quelques  années  plus  tard,  il  y  a  publié  un 
grand  nombre  de  morceaux  sur  des  thèmes 
d'opéras,  particulièrement  de  duos  pour  piano 
et  flûte  sur  les  motifs  des  opéras  d'Auber,  dont 
quelques-uns  en  collaboration  avec  M.  Deneux 
(voyez  ce  nom).  Le  nombre  de  ses  ouvrages  de 
ce  genre  et  de  ses  fantaisies  pour  piano  seul 
s'élève  à  environ  soixante-quinze.  Klemczynski 
est  mort  à  Parisien  1831. 

KLEMM  (Frédéric),  attaché  au  conseil  de 
la  guerre,  à  Vienne,  est  né  en  cette  ville,  le  29 
mars  1793.  Il  y  est  considéré  comme  un  des 
amateurs  de  musique  les  plus  instruits.  Jac- 
ques Schauer  lui  donna  les  premières  leçons 
de  musique,  de  violon  et  de  violoncelle,  et 
Hejdenreich,  maître  de  chapelle  du  prince  de 
Lobkowitz,  lui  enseigna  le  piano  et  la  compo- 
sition. Rlemm  a  été  un  des  fondateurs  de  la 
Société  des  amateurs  de  musique  des  États 
Autrichiens  et  du  Conservatoire  de  Vienne.  Il 
a  écrit  des  messes,  des  chœurs,  des  ouvertures 
et  des  quatuors  de  violon  considérés  comme  de 
bons  ouvrages.  Un  psaume  et  une  fugue,  de  sa 
composition,  ont  été  exécutés,  avec  beaucoup 
de  succès,  aux  concerts  du  Conservatoire  de 
Vienne,  cl  l'uiie  de  ses  messes  a  été  entendue, 


Si 


KLEMM  -  KLENGEL 


avec  plaisir,  à  Téglise  des  Minorilee,  en  1840. 
On  a  publié  de  sa  composition  :  Tantum  ergo 
pour  soprano,  contralto,  ténor  et  basse  avec 
orgue,  Vienne,  Glœgel. 

KLEMME  (Jean),  organiste  de  la  cour  de 
Saxe,  né  à  Dresde,  vers  1595,  fut  admis  comme 
sopranisle    dans    la   Chapelle   de  l'électeur, 
en  1605,  y  resta  six  années,  puis  fut  envoyé, 
aux  frais  du  prince,  à  Augsbourg,  en  1GI3, 
chez  le  célèbre  Chrétien  Erbach,   pour  ap- 
prendre l'orgue  et  la  composition.  Après  trois 
années  d'études,  il  fut  appelé  à  Dresde  et  placé 
sous  la  direction  de  l'illustre  maitre  de  cha- 
pelle Henri  SchUlz.  En  1625,  la  place  d'orga- 
niste de  la  cour  étant  devenue  vacante  par  la 
mort  de  Georges  Rretzschmar,  Klemme  l'ob- 
tint et  y  passa  le  reste  de  ses  jours.  On  a  sous 
son  nom  une  collection  de  madrigaux  alle- 
mands à  quatre,  cinq  et  six  voix,  avec  basse 
continue,  publiée  à  Freyberg,  en  1629,  in-4", 
et  trente-six  fugues  dans  le  style  libre,  pour 
l'orgue;   Dresde,  1631.  Rlemme  a  été  aussi 
l'éditeur  de  la  seconde  partie  des  Symphonie 
sacrxde  Schtitz. 

KLEMP  (F.-A.),  musicien  à  Vienne,  est 
connu  par  les  ouvrages  suivants  :  1"  Trois 
trios  faciles  pour  deux  violons  et  basse;  Vienne, 
Artaria.  2"  Six  duos  faciles  pour  deux  violons, 
liv.  l'*"  et  2«,  ibid.  ô"  Trois  duos  pour  deux 
violons,  livre  3";  Vienne,  ifasîinger.  4"  Douze 
menuets  de  la  redoute  pour  piano,  liv.  I,  II, 
III;  Vienne,  Artaria. 

RLEIVG  (GRÉGOinE),  fadeur  d'orgues  alle- 
mand, vécut  vers  1495.  Ce  fut  lui  qui  restaura 
l'orgue  de  la  cathédrale  de  Ilalberstadt , 
construit  par  Nicolas  Faber,  en  1361.  Au- 
dessous  des  deux  claviers  de  cet  orgue,  il  s'en 
trouvait  un  troisième  d'une  seule  octave  pour 
la  basse.  Prœtorius,  qui  nous  fournit  ces  ren- 
seignements, est  incertains!  on  jouait  ce  cla- 
vier avec  les  genoux  ou  avec  les  doigts. 

KLEISGEL  (Auguste-Alexandre),  premier 
organiste  de  la  cour  de  Dresde,  naquit  dans 
cette  ville  en  1784.  Son  père,  paysagiste  dis- 
tingué, et  professeur  de  peinture,  ne  le  desti- 
nait point  à  la  profession  de  musicien  ;  mais  le 
jeune  Rlengcl  montra  de  si  heureuses  dispo- 
sitions pour  la  musique,  qu'il  fallut  céder  à 
son  penchant  et  lui  donner  un  maitre.  Michl- 
mayer  lui  donna  les  premières  leçons  de 
piano.  Les  progrès  de  l'élève  furent  si  rapides, 
qu'à  douze  ans  il  excitait  déjà  l'étonnement 
par  son  habileté.  Clementi,  l'ayant  entendu 
dans  le  voyage  qu'il  lit  en  Allemagne  en 
1803,  apprécia  sa  portée,  et  le  prit  pour  élève. 
Pendant  l'année  1804,  il  lui  fit  parcourir  avec  • 


lui  les  villes  rhénanes,  la  Suisse,  îa  Prusse  et 
la  Bavière.  Un  peu  plus  tard,  Clementi  se  ma- 
ria à  Berlin,  partit  pour  l'Italie  et  se  sépara  de 
Rlengel;  mais  l'illustre  maître,  ayant  perdu 
sa  femme  pendant  ce  voyage,  revint  en  Alle- 
magne, et  engagea  Rlengel  à  l'accompagner 
en  Piussie  :  le  maître  et  l'élève  s'y  rendirent 
en  effet.  Rlengel  y  resta  depuis  1805  jus- 
qu'en 1811,  et  s'y  livra  à  l'enseignement,  sans 
négliger  ses  propres  études.  Son  talent  d'exé- 
cution, particulièrement  dans  la  musique  de 
Bach  et  des  anciens  maîtres,  était  dès  loi-s 
arrivé  au  plus  haut  point  de  perfection.  En 
1811,  il  se  rendit  à  Paris  et  y  passa  deux 
années.  Vers  le  milieu  de  1813,  inquiet  sur 
les  événements  qui  désolaient  l'Allemagne  et 
menaçaient  la  France,  il  partit  pour  l'Italie  et 
y  demeura  un  an.    De   retour  à  Dresde  en 

1814,  il  se  fit  entendre  à  la  cour,  puis  se  ren- 
dit en  Angleterre   et  y  passa   toute  l'année 

1815.  Cependant,  malgré  cette  longue  absence, 
le  roi  de  Saxe  avait  conservé  le  souvenir  du 
plaisir  que  lui  avait  fait  le  talent  de  Rlengel  ; 
lorsque  cet  artiste  retourna  à  Dresde  en  1816, 
il  le  nomma  premier  organiste  de  la  coui-. 
Depuis  lors ,  il  n'a   cessé  d'habiter  sa  ville 
natale,  à  l'exception  d'un  voyage  de  peu  de 
durée  qu'il  a  fait  à  Paris  en  1828.  Dans  ce 
voyage,  il  a  fait  entendre  à  ses  amis  une  suite 
de  pièces  dans  un  genre  plutôt  canonique  que 
fugué,  et  d'un  style  gracieux  et  mélodique  qui 
a  été  considéré  par  les  connaisseurs  comm-e 
une  véritable  création.  Personne  ne  doutait 
alors  que  ce  bel  ouvrage  n'ajoutât  beaucoup  à 
la  réputation  de  Rlengel,  qui  semblait  décidé 
à  le  mettre  bientôt  au  jour.  Cependant  les 
années  s'écoulèrent,  et  rien  n'en  fut  publié 
pendant  sa  vie.  à  l'exception  d'un  recueil  de 
pièces  d'un  genre  moins  sévère,  auquel  il  avait 
donné  pour  titre  :  les  Avant-coureurs ,  exer- 
cices pour  le    piano,   etc.,    et  qui    parut   à 
Dresde  en  1841.  Eu  1849,  je  le  visitai  dans 
cette  ville,  et  dans  l'intimité  de  notre  ancienne 
amitié,  il  me  joua  les  pit'ces  qu'il  avait  ajou- 
tées à  son  lecueil  depuis  le  voyage  de  Paris,  et 
me  fit  remarquer  les  corrections  qu'il  avait 
faites  aux  anciens  morceaux  :  toutes  n'étaient 
pas  heureuses.  Au  reste,  il  ne  pouvait  plus  me 
jouer  ces  choses  difficiles  avec  la  correction  et 
la  délicatesse  qu'il  y  mettait  vingt  ans  aupa- 
ravant. Ses  doigts  avaient  perdu  leur  souplesse 
et  leur  brillant.  Il  avait  trop  attendu  pour  la 
publication  de    cet   important  ouvrage  :   le 
temps  de  l'intérêt  que  faisait  niître  l'admi- 
rable exécution  de  l'auteur  était  passé.  En 
1831,  Rlengcl  s'est  rendu  à  Bruxelles  et  y  a 


KLENGEL  —  KLIER 


passL'  riiiver  pour  entendre  les  concerts  du 
Conservatoire,  qui  lui  faisaient  éprouver  un 
vif  plaisir.  Il  venait  causer  avec  moi  de  temps 
en  temps;  mais  sa  santé  était  mauvaise  et 
son  humeur  chagrine.  Il  partit  au  printemps 
de  1832  pour  retourner  à  Dresde  et  y  mourut 
le  22  novembre  de  la  même  année,  à  l'âge  de 
soixante-huit  ans. 

Après  sa  mort,  M.  Ilauptmann  [v.  ce  nom), 
son  ami,  a  publié  son  grand  ouvrage  sous  le 
litre  de  Carions  et  fugues  (Canons  und  Fugen, 
opus  poslhumum),  à  Leipsick,  chez  Breitkopf 
et  Ilsertel  ;  mais,  ainsi  que  je  l'avais  prévu,  cet 
œuvre  n'a  pas  eu  le  succès  qu'il  mérite,  parce 
qu'il  n'a  pas  été  mis  au  jour  à  l'époque  pour 
laquelle  il  a  été  fait. 

Les  ouvrages  connus  de  Klengel  sont  ceux 
dont  les  titres  suivent  :  1°  Concerto  pour  le 
jiiano  (ensî  bémol),  op.  4  ;  Londres,  Dalmaine; 
Paris,  Pleyel  ;  Leipsick,  Breitkopf  et  Haertel. 
2"  Deuxième  concerto  (en  mi  mineur),  op.  29  ; 
Leipsick,  Peters.  3"  Polonaise  concertante 
pour  piano,  flûte,  clarinette,  alto,  violoncelle 
et  contrebasse,  op.  ô5.  4°  Grand  trio  pour 
piano,  violon  et  violoncelle,  op.  56  ;  Leipsick, 
Breitkopf  et  Haertel.  5"  Fantaisie  à  quatre 
mains,  op.  ôl  ;  Leipsick,  Peters.  G"  Sonates 
pour  piano  seul,  op.  2  ;  Leipsick,  Breitkopf  et 
llaertel.  7°  Sonate  idem,  op.  9;  Paris,  Érard. 
8"  Morceaux  détachés  tels  que  rondeaux,  di- 
vertissements, nocturnes,  etc.,  op.  5,  6,  7,  12, 
14,  18,  19,  20,  21,  22,  23,  2o,  26,  27,  28,  30, 
33,  34;  Paris,  Vienne,  Leipsick.  9"  Variations 
sur  un  air  suisse,  op.  32;  Leipsick,  Peters. 
10"  Les  Jvant-coureurs.  Exercices  pour  le 
piano,  contenant  XXIV  canons  dans  tous 
les  tons  majeurs  et  mineurs,  calculés  pour 
servir  d'étude  préparatoire  du  grand  re- 
cueil de  canons  et  fugues,  composés  par 
Aug .-Alexandre  Klengel,  premier  organiste 
de  S.  M.  le  roi  de  Saxe.  Dresde,  Guill.  Paul. 
Klengel  a  laissé  en  manuscrit  un  concerto  (en 
mi  bémol),  un  autre  (en  ut),  un  quintette 
(en  mi  bémol),  écrit  i)0ur  la  Société  philhar- 
moniipie  de  Londres,  et  la  belle  collection  de 
toccates,  de  pièces  fuguées  et  de  canons  indi- 
quée plus  haut. 

KLENGEL  (Auguste-Gottlieb  ou  Théo- 
phile), chanteur  dramatique  allemand,  naquit 
à  Dresde,  le  7  avril  1787.  Ayant  été  admis 
parmi  les  élèves  de  l'École  de  la  Croix,  il  y 
reçut  des  leçons  de  musique  et  de  chant.  Sa 
belle  voix  de  soprano  le  faisait  rechercher  pour 
chanter  les  solos  dans  les  églises  et  dans  les 
chœurs  du  Théàtre-Ilalien.  Destiné  à  l'état 
ecclésiastique,  il  alla   étudier  la  théologie  à 


l'Université  de  Leipsick.  En  1811,  il  venait  de 
terminer  ses  cours  et  de  prononcer  un  sermon 
lorsque  tout  à  coup  il  changea  la  direction  de 
sa  vie  et  se  fit  entendre  comme  ténor  dans  les 
concerts  du  Gewandliaus;  puis  il  acccepla  un 
engagement  pour  le  Théâtre  de  Breslau.  Dans 
les  années  1815  à  1820,  il  chanta  à  Manheim 
Munich  et  Leipsick.  Appelé  à  Hambourg,  en 
1820,  il  y  resta  jusqu'en  18515.  Retiré  depuis 
lors  du  théâtre,  il  a  dirigé,  pendant  quelque 
temps,  diverses  sociétés  de  chant.  La  voix  de 
cet  artiste  avait  une  belle  et  puissante  sono- 
rité, son  style  était  beau  et  large,  et  son  action 
dramatique  avait  de  la  chaleur  et  de  l'expres- 
sion. 

KLES  (F.),  violoniste,  né  vraisemblable- 
ment en  Silésie,  vivait  à  Breslau,  vers  la  lin 
du  dix-huitième  siècle.  Il  a  fait  imprimer,  en 
1786  :  1"  Concerto  pour  violon  principal,  avec 
accompagnement.  2»  Concerto  pour  alto  et 
orchestre. 

liLETZINSRI  ou  RLECZïNSliï 
(Jean),  violoniste  et  compositeur,  né  en  Po- 
logne, dans  la  seconde  moitié  du  dix-huitième 
siècle,  vécut  à  Vienne  après  le  partage  de  sa 
pairie.  11  a  publié  de  sa  composition  :  1"  Six 
trios  pour  violon,  alto  et  violoncelle,  op.  4, 
Vienne,  Kozeluch.  2»  Premier  concerto  pour 
violon  (en  re),  op.  1;  Lemberg.  3»  Vingt  varia- 
tions pour  deux  violons  concertants  sur  un 
thème  allemand,  op.  5;  Vienne,  Kozeluch. 
4°  Douze  variations  sur  l'air  :  O  mein  lieber 
Augustin  ;  Vienne,  Artaria.  5"  Trois  duos  pour 
deux  violons,  op.  8;  Vienne,  Haslinger. 

îiLIEU  (Augustin),  né  le  25  octobre  1744, 
dans  la  petite  ville  de  Weiden,  sur  le  Mein,  fit 
ses  éludes  au  Collège  des  jésuites  à  Amberg. 
En  1762,  il  entra  au  monastère  de  Speinshart, 
et  y  fit  profession  comme  chanoine  régulier 
de  Saint-Norbert,  le  8  décembre  1763.  Là,  il 
trouva  dans  la  plupart  des  moines  des  musi- 
ciens instruits,  et  cette  circonstance  lui  permit 
de  développer  ses  heureuses  facultés  pour  la 
musique.  Voulant  hâter  ses  progrès  dans  cet 
art,  le  supérieur  du  couvent  l'envoya  à  Mu- 
nich, où  il  étudia  le  chant,  la  flûte  et  le  vio- 
loncelle, sous  la  direction  d'un  bon  maître.  De 
retour  dans  son  monastère,  il  y  fut  ordonné 
prêtre,  le  10  novembre  1771,  et  bientôt  après 
fut  chargé  de  l'enseignement  de  la  musique.  Il 
possédait  une  belle  voix  de  ténor,  et  chantait 
avec  beaucoup  d'expression  et  de  goût.  Après 
l'envahissement  du  haut  Palatinat  par  les 
armées  françaises,  en  1796,  son  couvent  fut 
supprimé,  et  il  se  retira  à  Munich,  où  il  vivait 
encore  en  1812,  s'y  occupant  de  musique  et  de 


m 


KUEIX  -  KLÏNGENSTEIN 


lillérature.  Il  avail  en  manuscrit  neuf  messes 
de  sa  composition,  des  litanies,  des  Magni- 
ficat ,  et  d'autres  morceaux  de  musique 
d'église. 

RLIER  (André),  frère  du  prcîcédent,  na- 
quit, en  1746,  à  Sladt-Remnatli,  dans  la  Ba- 
vière. Ayant  été  admis  au  séminaire  d'Amberg, 
comme  enfant  de  chœur,  il  y  apprit  la  musique 
et  la  langue  latine.  En  1707,  il  entra  chez  les 
Franciscains  de  cette  ville  et  y  remplit  les 
fonctions  de  directeur  du  chœur.  Les  messes, 
les  litanies  et  autres  compositions  de  musique 
d'église,  qu'il  y  faisait  exécuter,  furent  remar- 
quées à  cause  de  leur  mélodie  simple  et  facile. 
En  1812,  il  vivait  au  couvent  de  Neukirchen. 
Depuis  cette  époque,  on  n'a  plus  eu  de  rensei- 
gnements sur  sa  personne. 

KLIER  (Joseph),  frère  cadet  des  précé- 
dents, naquit  à  Stadt-Kemnalh,  le  24  avril  1760, 
et  étudia,  cojnnie  ses  frères,  au  séminaire 
«l'Amberg.  En  1777,  il  entra  chez  les  béné- 
«lictins  de  Weissenhohe,  y  fit  profession  le  17 
novembre  de  l'année  suivante,  puis  alla  étu- 
dier la  philosophie  et  la  théologie  à  l'univer- 
sité d'Ingolstadt.  De  retour  dans  sou  couvent, 
il  y  fut  ordonné  prêtre,  le  24  juin  1783,  et  y 
remplit  pendant  plusieurs  années  les  fonctions 
de  directeur  de  musique.  Après  la  suppres- 
sion de  son  monastère,  il  se  fixa  à  Neumark  ; 
mais  au  mois  d'août  1810  il  obtint  le  prieuré 
de  Wondrech.  Ce  moine  se  distingua  autant 
par  la  beauté  de  sa  voix  que  par  son  habileté 
sur  le  violon,  l'alto  et  la  guitare.  Il  a  fait  im- 
primer de  sa  composition  un  trio  pour  flûte, 
violon  et  guitare,  à  Augsbourg,  chez  Bœhm. 

H.LI]\G  (M.),  musicien  bavarois,  a  fait 
imprimer  un  livre  qui  a  pour  titre  :  Theore- 
tisch-prakiische  Horn,Postlwrn  und  Trom- 
petenschule,  oder  die  Kunst,  in  ganz  kurzer 
Zeit  mit  Leichtigkeit  dièse  Instrumente  auf 
eine  bisher  nacli  unbekannte  Art  erlernen 
zu  kœnnen  (École  théorico-pra tique  du  cor, 
du  cornet  de  poste  et  de  la  trompette,  etc.), 
Ratisbonne,  Reitmayer,  1829,  in-S». 

KLII>'GE]>iBEllG  (Frédéric-Guillaume), 
cantor  à  l'église  Saint-Pierre  de  Gœrlitz,  est 
né,  le  6  juin  1809,  à  Sulau  (Silésie),  où  son 
père  était  catitor  el  organiste.  Il  reçut  de  lui 
les  premières  instructions  dans  la  musique  :  à 
l'âge  de  onze  ans,  il  fut  envoyé  à  Breslau  pour 
s'y  préparer,  par  les  études  du  gymnase,  à  celle 
de  la  théologie.  Pendant  les  cinq  années  qu'il 
demeura  dans  celle  ville,  il  reçut  des  leçons 
de  théorie  de  l'organiste  Neugebauer,  apprit 
le  violon  chez  Taschenberg,  et  le  piano  chez 
Réffcl.  Le  maitic  de  chapelle  J.  Schnabel  lui 


enseigna  la  composition.  Son  père,  ayant  été 
nommé  cantor  et  organiste  de  l'église  Noln;- 
Dame  (Frauenkirche)  à  Liegnilz,  y  appela  le 
jeune  Rlingenberg  pour  y  suivre  les  cours  du 
collège.  Il  y  resta  jusqu'en  1830,  puis  se  rendit 
à  l'Université  de  Breslau  :  dans  l'année  sui- 
vante, il  f utchoisi  commedirecteur  de  la  société 
de  chant.  Sa  bonne  direction  de  cette  Société 
et  ses  talents  comme  violoniste  solo  et  comme 
compositeur  l'ayant  fait  connaître  avantageu- 
sement, il  fut  nommé  cantor  de  l'église  Saint- 
Pierre  à  Gœrlitz,  en  1840.   Là,  son  habileté 
dans  les  fonctions  qui  lui  étaient  confiées  se 
montra  sous   un  aspect  si  favorable,  que  le 
magistrat,  avec  l'autorisation  du  roi,  le  nomma, 
en  1844,  directeur  de  musique.  Cet  artiste  de 
mérite  a  publié  plusieurs  recueils  de  Lieder  à 
vofx  seule,  avec  accompagnement  de  piano, 
d'autres  chants  pour  des  chœurs  d'hommes,  à 
quatre  parties,  une  cantate  de  fête,  à  quatre 
voix,  avec  orchestre,  op.  16,  quelques  composi- 
tions pour  le  piano,  dont  une  fantaisie-sonate, 
op.  11,  et  des  pièces  d'orgue.  Un  hymne  de  sa 
composition,  pour  chœur  et  orchestre,  a  été 
exécuté  à  Gœrlitz,  en  1843. 

Le  frère  de  Rlingenberg  (Jules),  né  à  Suîau, 
le  15  mars  1815,  est  élève  de  Rummes,  de 
Dresde,  pour  le  violoncelle.  Depuis  1842,  il  vit 
à  Saint-Pétersbourg.  On  a  de  lui  des  compo- 
sitions pour  le  violoncelle  et  pour  le  piano. 

IÎLI]>iGEr«iiBIlUr»iWER  (Guillaume),  cais- 
sier des  États  provinciaux,  à  Vienne,  est  né 
en  cette  ville,  le  27  octobre  1782,  et  a  appris 
la  musique,  la  flûte,  la  clarinette,  le  cor  de 
bassette  et  d'autres  instruments  sous  la  direc- 
tion de  différents  maîtres.  Il  a  publié  de  sa 
composition  :  1"  Duos  de  flûte,  op.  8,  14,  16, 

18,  48.  2"  Variations  pour  deux  flûtes,  op.  9, 

19.  5°  Environ  trente  œuvres  de  variations, 
fantaisies,  caprices,  préludes,  etc.,  pour  flûte 
seule.  4"  Des  pièces  pour  czakan  et  guitare. 
5°  Environ  dix  œu.res  de  solos  pour  czakan. 
Toute  cette  musique  a  paru  à  Vienne,  chez 
Haslinger  et  Artaria.  On  a  aussi  de  Rlingen- 
brunner  une  méthode  de  flûte,  Vienne,  Has- 
linger, et  une  méthode  de  czakan,  ibid. 

iiLirSGENSTEIN  (Bernard),  religieux 
de  l'ordre  de  Saint-Benoît  et  directeur  de  mu- 
sique de  l'église  cathédrale  d'Augsbourg,  vécut 
au  commencement  du  dix-septième  siècle. 
Élève  de  la  belle  et  savante  école  qui  existait 
en  Bavière  dans  le  siècle  précédent,  il  a  fait 
preuve  de  beaucoup  d'habileté  dans  les  ouvrages 
dont  voici  les  titres  :  1"  Trinodium  sacrariim, 
motels  à  trois  voix, première  partie,  Dillingen, 
1003.  2»  Sijmphoniarum  2,  5,  4,  5,  0  et  8 


KLINGENSTEIN  -  KLINGSOIIR 


57 


vocum,  pars  1,  Munich,  1607,  in-4».  ô"  Ro- 
setum  Marianum ,  contenant  Irente-lrois 
hymnes  et  antiennes  à  la  Vierge,  à  cinq  voix, 
première  édition,  Dillingen,  Adam  Meilzer, 
ICOî,  in-4''.  La  deuxième  édition  est  de 
Mayence,  1609.  Une  troisième  édition  de  cette 
«iernière  collection  a  été  publiée  à  Augsbourg, 
en  1684. 

KLI]\GnAMMEll  (J.-C).  Sous  ce  nom 
d'un  auteur  inconnu,  a  paru  le  premier  cahier 
d'un  ouvrag'é  dont  la  publication  devait  être 
I)ériodique,  et  qui  avait  pour  titre  :  Theore- 
tischpraktische  Gedanhen  iiber  die  Tonkunst 
(Idées  théoriques  et  pratiques  sur  la  musique), 
Salzwedel,  1777,  in-S".  La  suite  n'a  point  été 
publiée. 

KLIIVGOllR,  nom  d'une  famille  distin- 
guée dans  la  musique.  Elle  est  originaire  de 
la  Bohême  et  s'est  établie  en  Silésie  vers  le 
milieu  du  dix-huitième  siècle.  Le  père,  Joseph 
Klingohr,  né  en  1733,  était  instituteur  et 
organiste  à  Tropplowitz,  près  de  LeobschUtz. 
Il  est  mort  à  l'âge  de  quatre-vingt-quatorze 
ans,  le  7  juin  1829,  après  avoir  rempli  ses 
fonctions  d'une  manière  honorable,  pendant 
un  demi-siècle.  Au  nombre  de  ses  élèves  les 
l)lus  remarquables  sont  ses  trois  fils.  L'aîné 
{y^itguste  Klingohr) ,  violoniste  d'un  rare 
mérite,  est  directeur  d'orchestre  de  quelques 
sociétés  musicales  de  Ureslau.  Le  plus  jeune 
(François),  né  le  16  mars  1793,  est  professeur 
de  musique  et  de  piano  à  Posen.  Mais  le  plus 
célèbre  des  trois  frères  Rlingohr  est  celui  qui 
est  l'objet  de  l'article  suivant. 

KLIÎ^ GO II II  (  .JosEPn  -  Guillaume  )  , 
deuxième  fils  de  Joseph,  est  né  à  Tropplowitz, 
le  11  septembre  1783.  Doué  des  plus  heureuses 
dispositions  pour  la  musique,  il  reçut  de  son 
père  les  premières  leçons  de  chant  et  de  i)iano. 
Un  œuvre  de  deux  sonates  de  piano,  avec  ac- 
compagnement de  violon  et  de  violoncelle, 
qu'il  publia  en  1803,  et  douze  landler  pour 
piano  seul,  sont  les  premières  productions  ([ui 
l'ont  fait  connaître.  Peu  de  temps  après  que 
ces  ouvrages  eurent  paru,  Klingohr  se  rendit 
à  Breslau  et  s'y  fit  une  honorable  réputation 
comme  pianiste  et  comme  compositeur.  Bien- 
lôt  lié  d'une  étroite  amitié  avec  Ch.-M.  de 
Weber  et  Berner,  il  éprouva  la  favorable  in- 
fluence de  ces  liaisons  par  le  développement 
que  prirent  ses  idées.  Dans  l'exécution  des 
concertos  de  Mozart  et  de  Beethoven,  qu'il  fai- 
sait quelquefois  entendre,  on  admirait  l'ex- 
pression de  son  jeu.  Vers  1810,  il  accepta  la 
place  de  maître  de  chapelle  du  prince  d'An- 
halt-Plessl  j  mais  il  ne  jouit  pas  longlemps  des 


avantages  de  celle  situation,  car  il  mourut  à 
l'âge  de  trente  et  un  ans,  le  16  janvier  1814. 
On  a  de  sa  composition  :  1°  Sonates  pour  piano 
violon  et  violoncelle,  Breslau.  2"  Variations 
faciles  pour  piano,  violon,  alto  et  violoncelle 
n"  1;  Breslau,  Fœrster.  3°  Idem,  n»  2,  ibid. 
4°  Variations  sur  un  thème  original  à  quatre 
mains,  avec  accompagnement  de  violon  et  vio- 
loncelle, ibid.  5°  Marche  pour  piano  à  quatre 
mains,  ibid.  6°  Variations  faciles  pour  ])iano 
seul,  ibid.  7»  Polonaise  pour  piano,  ibid. 
8"  Six  valses  et  six  allemandes  ;  Breslau,  Grass. 
9°  Chants  du  matin  et  du  soir,  pour  trois  so- 
pranos et  contralto,  à  l'usage  des  écoles  de 
chant;  Breslau,  Fœrster.  10"  Chansons  à 
voix  seule,  avec  accompagnement  de  piano, 
ibid.  Rlingohr  a  laissé  en  manuscrit  beaucoup 
de  chants  à  quatre  voix,  à  l'usage  du  Gym- 
nase catholique  de  Breslau^  une  messe  à  quatre 
voix,  Stationes  Theophoricx ,  qui  se  chantent 
à  Breslau  chaque  année  dans  les  stations  de  la 
Fête-Dieu,  trois  offertoires,  trois  litanies, 
un  Requiem  allemand  ,  un  p^eni  Sancle 
Spiritus,  des  duos  pour  soprano  et  basse,  des 
sonates  de  piano  avec  et  sans  accompagne- 
ment, etc. 

RLOGSOIIR,  ou  KLITVGSOnUE,  cé- 
lèbre maître  chanteur,  ou  plutôt  minnesinger 
(chanteur  d'amour),  vécut  vers  la  fin  du  dou- 
zième siècle  et  au  commencement  du  treizième. 
Après  avoir  étudié  à  Cracqvie,  à  Paris  et  à 
Rome,  il  se  rendit  en  Orient  pendant  les  expé- 
ditions des  croisades  et  parcourut  l'Arabie. 
De  retour  en  Europe,  il  se  fixa  dans  la  Tran- 
sylvanie, d'où  il  fut  appelé  par  Ilermann  de 
Thuringe,  en  1207,  pour  disputer  le  prix  du 
chant  contre  Wolfram  d'Eschenbach  {voyez 
ce  nom),  autre  maître  chanteur  célèbre,  dans 
le  combat  poétique  et  musical  de  la  Wartbourg. 
Le  résultat  fut  incertain  parce  qu'Eschenbach 
se  montra  plus  habile  dans  le  chant  religieux, 
et  Klingsohr  dans  les  chansons  d'amour.  On 
ne  sait  rien  concernant  les  dernières  années 
de  celui-ci.  D'après  le  poëme  anonyme  sur 
cette  lutte  célèbre,  dont  un  manuscrit  esta  la 
Bibliothèque  de  Jéna,  Klingsohr  n'y  a  pris 
part  que  comme  juge. 

Suivant  W^.  Ç.r\mm{Meistergesang ,  p.  117), 
Koberstein  (dans  sa  dissertation  sur  le  combat 
poétique  du  combat  de  Wartbourg ,  p.  55  et 
suivantes),  et  Gœrres  {Préface  du  Lohen- 
grin,  p.  xxxvi) ,  Klingsohr  ne  serait  qu'un 
personnage  allégorique  dont  le  nom,  formé  de 
A'iingen,  résonner,  et  ohr,  oreille  (sons  qui 
fiappc  l'oreille),  serait  l'emblème  de  la  puis- 
sance de  la  poésie  chantée  sur  le  sentiment  hu- 


{J8 


KLINGSOIIR  —  KLOEKENBRING 


main;  mais  des  autorités  contemporaines,  no- 
tamment le  biographe  de  sainte  Elisabeth  de 
Hongrie,  Dietrich  d'ApoIda,  qui  écrivait  en 
1289,  prouvent  l'existence  de  ceminnesinger: 
Hic  maqnUr,  dit  Dietrich,  Chjnsornomine, 
ad  dijudicandas  prxdictorum  virorum  can- 
tiones  in  Thuringiam  per  voluntatem  et  be- 
neplacitum  principiim  est  addiictus. 

Il  existe  quelques  fragments  d'un  poëmede 
Klingsohr  dans  un  manuscrit  de  Jéna  et  dans 
un  autre  du  Muséum  de  Colmar  ;  mais  on  n'a 
rien  retrouvé  jusqu'à  ce  jour  de  la  poésie  ni 
des  mélodies  de  ses  chansons  d'amour. 

RLIIMKOSCîI  (Joseph-Thadée),  conseiller 
impérial  et  docteur  en  médecine  à  l'Université 
de  Prague,  naquit  dans  cette  ville,  le  24  octo- 
bre 1734  et  y  mourut  le  16  avril  1778.  Doué 
d'un  esprit  inventif  et  d'idées  originales,  il  fa- 
briqua des  violons,  des  harpes  et  d'autres  instru- 
ments de  nouvelles  formes,  qui  se  sont  perdus. 
Il  s'occupa  aussi  longtemps  d'une  machine 
propre  à  imiter  les  sons  articulés  de  la  voix 
humaine  ;  mais  la  mort  l'a  empêché  de  publier 
les  résultats  de  ses  recherches. 

KLIP3TEIN  (Jeatv),  célèbre  luthiste,  né 
à  Prague,  dans  le  seizième  siècle,  passa  toute 
sa  vie  dans  cette  ville,  où  il  a  laissé  à  sa  mort 
beaucoup  de  pièces  manuscrites  pour  son  in- 
strument. On  trouve  dans  lesSylvarum  Juvn- 
niliutn,  de  Steinmetz  (p.  63,  66),  tme  pièce  de 
vers  latins  d'assez  mauvais  goût,  ainsi  conçue,  | 
sur  cet  artiste  :  i 

Kllpsteînium  in  Pliilire  tcstudine  ludere  Pliœbi  j 

Suaviter  aima  Venus  vidit,  et  ohstupuit.  \ 

Exin  risil,  el  ad  natum  :  Testudine  nostra  I 

Klipsteinium  poslhac  ludere  oporicl,  ait. 
Annuit  aies  Amor,  ccleriijue  cilalor  Kiiro 

Klipsleinii  notum  venlt  ad  liospilium. 
Monsiravitque  siniul  Veneris  tesludincm  cl  liac  Te 

Ivlipsleini.  postlinc  ludere  oporlei,  ait 
Klipsteinio  placuii  lestudo  liacc,  jamqiie  per  annum 

Dum  didicit  doclus  pêne  Magisler  erit. 
Utere  Klipstcini  liac  tesludine,  ludc  fréquenter 

Donec  verliculo  cliûrda  miaula  cadat. 
Idquc  fac  ad  Veneris  libitum,  tum  proemia  si  Te 

Déficient,  vates  carminé  faisus  cro. 

KLIPSTEIN  (Giror.GEs-GoDEFnoiD)  , 
caritor  et  instituteur  à  Oels,  eu  Silésie,  naquit 
à  lUiilhausen,  dans  la  Thuringc,  le  24  sep- 
tembre 1772,  et  mourut  à  Oels,  le  ïïî  janvier 
18Ô0.  Il  s'est  fait  connaître  par  un  manuel 
d'orgue  intitulé  :  Rath-  und  Hulfsbuch  fur 
Organisten  und  solche,  die  es  xoerden  wol- 
len  (Livre  d'avis  et  de  secours  pour  les  orga- 
nistes, et  pour  quiconijuc  veut  le  devenir), 
Brcslau,  Joseph  Max  cl  C,  1820,  in-fol.  ol)l. 
Cet  ouvrage  conticql  cent  quatre-vingts  clianls 


chorals  choisis ,  particulièrement  d'anciens 
compositeurs,  avec  dix  mille  petits  versets  ou 
préludés.  Le  texte,  le  titre  et  l'index  de  ce  livre 
forment  quatre  feuilles  d'impression,  suivies  de 
trois  cent  quinze  pages  de  musique  lithogra- 
phiée.  Une  deuxième  édition  de  ce  livre  a  été 
publiée  à  Breslau,  chez  le  même  éditeur,  en 
1833,  un  volume  in-fol.  obi.  de  quatre-vingts 
feuilles. 

KLOEREIVBRIING  (Frédéric- Arnold)  , 
fils  d'un  prédicateur,  naquit  àSchnakenbourg, 
près  de  Lunebourg,  le  31  juillet  1742.  Après 
avoir  commencé  ses  études  sous  la  direction  de 
son  père,  il  alla  les  terminer,  en  1761,  au  collège 
Carolinum  de  Brunswick.  Il  avait  alors  dix- 
neuf  ans  et  n'avait  jamais  assisté  à  des  repré- 
sentations d'opéra.  Ce  fut  à  Brunswick  qu'il 
entendit  le  premier  ouvrage  de  ce  genre,  et 
son  extase  fut  telle,  que  la  représentation 
étant  finie,  il  resta  assis  à  sa  place,  absorbé 
par  le  plaisir  qu'il  venait  d'éprouver.  Il  fallut, 
pour  le  tirer  de  sa  rêverie,  que  rinsi)ecteur  de 
la  salle  vint  lui  demander  si  son  intention  était 
de  passer  la  nuit  au  théâtre.  Cette  circonstance 
décida  de  sa  vocation  pour  la  musique.  Il  fit  de 
rapides  progrès  dans  cet  art,  et  y  acquit  en 
peu  de  temps  assez  d'habileté  pour  que  le 
maître  de  chapelle  Schwanberger  l'employât  à 
instrumenter  la  partition  d'un  opéra  qui  lui 
était  demandé  et  qui  devait  être  terminé  rapi- 
dement. Ce  fut  vers  le  môme  temps  qu'il  mit 
en  musique  diverses  poésies,  entre  autres  l'ode 
intitulée  Selmar  à  Selma,  Le  désir  d'augmen- 
ter ses  connaissances  musicales  lui  avait  fait 
prendre  la  résolution  d'aller  étudier  cet  art  en 
Italie,  mais  le  sort  en  décida  autrement.  Son 
père  l'envoya  en  1704  suivre  un  cours  de  phi- 
losophie à  l'Université  <ie  Leipsick,  et  deux 
ans  après,  il  étudia  la  jurisprudence  à  celle  de 
Gœttingue.  L'éiendue  du  savoir  qu'il  avait  ac- 
quis lui  fit  confier  en  1772  la  place  de  bourg- 
mestre à  Hamein,  et  en  1778  il  obtint  celle  de 
secrétaire  de  la  chancellerie,  à  Hanovre.  Dans 
ses  dernières  années,  sa  raison  se  dérangea.  Il 
mourut  à  Hanovre,  le  12  juin  1793.  Parmi  les 
écrits  de  ce  savant,  on  remarque  :  \''  Etwas 
liber  die  Musik  in  den  neuerlich  entdukten 
Siidta^ndern^  besondcrs  iiber  den  Untersckied 
zwischen  dem  Jnlervallen- System  dieser 
Fœlher  und  dem  tmsrigcn  (Quelque  chose 
sur  la  musique  des  psys  nouvellement  décou- 
verlsdans  la  mer  du  Sud,  et  particulièrement 
sur  la  (lifTérence  du  système  d'intervalles  de 
ces  peuples  avec  le  notre).  Cet  écrit  est  inséré 
dans  les  Jufss'tzen  verschicdenr»'  JnhnUs, 
Hanovre.  1787,  deux  volumes.  Dans  le  mémo 


KLOEKENBRING  —  KLOSS 


S9 


ouvrage,  on  douve  aussi  :  2"  Ueber die Fehlcr 
des  gewœlmlichen  Unterrichts  in  der  Musik 
(Sur  les  défauts  de  l'enseignement  ordinaire 
dans  la  musique)  Gerber  cite  aussi  du  môme 
écrivain,  dans  son  ancien  Lexique  des  musi- 
ciens, ces  deux  morceaux  :  5"  Lettre  dhtn 
amateur  de  musique  sur  la  question  .•  Si  des 
jeunes  personnes  de  bonne  famille  doivent 
apprendre  la  musique,  et  comment?  4°  Ré- 
ponse d'une  dame  à  l'auteur  de  lalettre  pré- 
cédente. L'amateur  de  musique  recommande 
l'étude  de  la  théorie  de  l'art  ;  la  dame,  au  con- 
traire, insiste  sur  la  pratique. 

KLOEFFLEÎV  (Jean-FrédÉric),  directeur 
<le  concert,  et  assesseur  des  finances  du  comte 
de  Bentheim-Steinfurt  à  Burg-Steinfurt,  près 
de  MUnsler,  est  mort  en  ce  lieu  dans  l'an- 
née 1792.  Il  a  publié  à  Amsterdam,  avant 
1784  :  1»  Six  sonates  pour  le  clavecin.  2"  Six 
concertos  pour  la  flûte,  ô»  Six  trios  pour  le 
même  instrument.  4"  Six  symphonies  à  grand 
orchestre.  5"  Six  sonates  pour  clavecin,  violon 
et  violoncelle.  On  attribue  au  même  musicien 
une  Bataille  à  deux  orchestres  qui  a  été  exé- 
cutée à  Hambourg,  Berlin  et  Copenhague, 

KLOSE  (Georges),  facteur  d'orgues  à 
Brieg,  vers  le  milieu  du  dix-septième  siècle,  a 
construit,  en  1668,  l'orgue  de  l'église  évangé- 
lique  de  Schweidnitz,  de  trente-cinq  jeux,  deux 
claviers  et  pédale,  avec  six  soufflets. 

KLOSE  (F.-J.),  né  à  Londres,  vers  la  fin 
du  dix-huitième  siècle,  est  fils  d'un  professeur 
de  musique  de  cette  ville,  qui  lui  a  enseigné 
les  éléments  de  cet  art.  Ensuite  il  a  étudié  la 
composition  avec  différents  maîtres,  surtout 
avec  François  Tomisch.  Devenu  un  des  bons 
violonistes  de  Londres,  Klose  fut  employé  dans 
plusieurs  orchestres,  particulièrement  à  ceux 
du  théâtre  du  roi  et  du  concert  de  l'ancienne 
musique;  mais  il  quitta  toutes  ses  places 
pour  se  livrer  à  renseignement.  Ses  ballades, 
qui  sont  en  général  d'un  genre  tendre  et  sen- 
timental, ont  eu  du  succès.  On  cite,  comme 
la  meilleure,  celle  qu'il  a  écrite  sur  les  vers  de 
lord  Byron  :  My  native  land,  good  night.  Il  a 
écrit,  pour  le  théâtre  de  Covent-Garden,  la 
musique  de  plusieurs  ballets  et  mélodrames, 
et  a  fait  exécuter,  avec  succès,  une  ouverture 
à  grand  orchestre  à  King's  théâtre.  On  a  im- 
primé de  sa  composition  :  1"  Six  sonatines 
pour  le  piano.  2"  Grande  sonate  pour  piano  et 
flûte,  û"  Préludes  pour  i)iano.  4"  Sept  divertis- 
sements détachés  pour  le  même  instrument. 
5"  Beaucoup  de  ballades  et  de  chansons  avec 
accompagnement  de  piano  6"  Un  livre  de 
mélodies  irlandaises  choisies.  7"^  Un  idem  de 


mélodies  écossaises.  8»  Un  idem  de  mélodies 
cambriennes.  9»  Deux  idem  de  mélodies  fran- 
çaises. 10»  Des  déguisements  amoureux, 
grand  ballet  représenté  au  théâtre  du  Roi, 
arrangé  pour  le  piano.  11"  Beaucoup  d'airs  et 
de  rondos  idem.  12"  Des  airs  de  danse  idem. 
iô°  Instruction  Book  for  Piano -forte  (deux 
éditions).  \4°  Practical  hints  for  acquiring 
Thorough'Bass  (Leçons  pratiques  pour  ap- 
prendre la  basse  continue),  Londres,  1822, 
gr.  in-8''.  Cet  ouvrage  est  rempli  des  fautes 
les  plus  grossièi^es  dans  les  exemples  d'har- 
Dionie. 

RLOSE  (He^ri-Auguste),  cantor  et  insti- 
tuteur supérieur  à  LObau,  dans  la  Prusse  po- 
lonaise, né  dans  les  premières  années  du  dix- 
neuvième  siècle,  a  publié  un  livre  choral  pour 
les  écoles,  contenant  les  chants  et  répons  les 
plus  en  usage,  arrangés  pour  deux,  trois  et 
quatre  voix  d'enfants,  sous  ce  titre  :  Schul- 
choralbuch  oder  Sammlung  der  gebrduch- 
lichsten  Chorale  und  Responsorien  fur  2, 
5  und  4  Kinderstimmen  ausgesetzt,  Lobau, 
C.-G.  Schuize,  ISôO,  in-S"  de  48  et  iv  pages. 

KLOSE  (IIyacinthe-Éléonoiie),  professeur 
de  clarinette  au  Conservatoire  de  Paris,  est  né 
le  11  octobre  1808  à  Corfou  (iles  Ioniennes). 
Venu  jeune  en  France  et  entré  dans  la  musique 
d'un  régiment  comme  clarinettiste,  il  perfec- 
tionna son  talent  par  les  leçons  de  Berv  {voyez 
ce  nom),  et,  après  la  mort  de  cet  excellent 
artiste,  il  lui  succéda  comme  j)rofesseur  au 
Conservatoire  ,  le  l'"'"  janvier  1839.  M.  KIosé 
possède  un  beau  son  et  une  belle  manière 
de  phraser,  dans  laquelle  on  retrouve  le 
style  de  son  maître.  Il  s'est  fait  entendre 
avec  de  brillants  succès  dans  les  concerts  de 
la  société  du  Conservatoire.  Il  a  formé  de 
bons  élèves,  au  nombre  desciuels  on  distingue, 
en  première  ligne,  M.  Le  Roi.  Il  a  aussi  per- 
fectionné le  doigter  <le  son  instrument  i)ar 
l'application  du  système  des  clefs  à  anneaux, 
vers  1845.  On  a  gravé  de  la  composition  de  cet 
artiste  :  1»  Premier  air  varié  pour  la  clari- 
nette, avec  orchestre  on  piano,  Paris,  Ri- 
chault.  2"  Premier  solo  idem,  avec  orchestre 
ou  i)iano,  ibid.  •>"  Trois  duos  pour  deux  clari- 
nettes, premier  livre,  ibid.  4"  Deuxième  solo 
pour  clarinette,  en  si  bémol,  avec  accompa- 
gnement d'orchestre  ou  de  piano,  Paris,  Wcis- 
sonnier.  M.  Klosé  a  arrangé  pour  la  clarinette 
vingt  études  de  Kreutzer  et  de  Fiorillo,  j6/'/. 

KLOSS  (Charles),  directeur  de  musique  à 
Dresde,  né  à  Mohrîlngcn  (Prusse  oricnlale), 
près  d'Elbing,  le  8  février  1792,  est  fils  d'un 
cantor  de  cet  endroit.  Dès  l'àgc  do  six  an>,  il 


60 


KLOSS  -  KLOTZ 


apprit  les  élt'mcnls  de  la  musique,  du  piano  et 
de  l'orgue,  sous  la  direction  de  son  père.  De- 
venu orphelin,  à  l'âge  de  onze  ans,  il  alla  con  - 
linuer  ses  études  de  musique  et  de  latinité  au 
collège  de  Sangerhausen,  qu'il  fréquenta  pen- 
dant quatre  ans.  L'organiste  Rœdiger  fut  pen- 
dant ce  temps  son  maître  de  piano  et  d'orgue. 
Plus  tard,  il  commença  à  pourvoir  à  sa  sub- 
sistance en  donnant  des  leçons.  Turk ,  qui 
le  connut  alors  et  qui  remarqua  ses  heureuses 
dispositions,  l'engagea  à  se  rendre  à  Halle,  et 
à  entrer  dans  le  chœur  de  musique  dont  il 
était  directeur.  Kloss,  ayant  accueilli  ces  pro- 
positions, étudia  la  théorie  sous  la  direction  de 
cet  excellent  maître.  Après  la  mort  de  celui-ci 
(en  1813),  Kloss  fut  obligé  d'accepter  une  place 
de  violoniste  au  théâtre  deLeipsick.Enl816,le 
prince  Jablonowski  le  choisit  pour  son  maître 
de  chapelle  et  pour  directeur  de  ses  concerts. 
Deux  ans  plus  tard,  il  quitta  cette  position  pour 
aller  vivre  à  Kœnigsberg  où  il  occupe  une 
place  de  violoniste  à  l'orchestre  du  théâtre  5 
mais  la  vie  calme  d'une  petite  ville  lui  fit 
préférer,  trois  ans  après,  la  place  d'organiste 
à  Elbing;  mais  son  caractère  inconstant  lui 
fit  encore  abandonner  cette  ville  pour  une 
place  de  directeur  de  musique  et  de  professeur 
de  chant  à  Dantzick  :  il  ne  la  garda  pas 
longtemps,  étant  revenu  une  seconde  fois  à 
Leipsick,  où  il  ne  resta  que  quelques  mois, 
parce  qu'il  avait  obtenu  la  position  d'organiste 
d'une  des  églises  de  Dresde,  qu'il  échangea 
ensuite  contre  celle  de  directeur  de  musique. 
Son  séjour  dans  cette  ville  fut  le  plus  long 
qu'il  eût  fait  depuis  longtemps  dans  le  même 
lieu,  car  il  y  resta  trois  ans.  Après  cette  époque 
de  calme,  Kloss  rentra  dans  les  habitudes 
d'agitation  où  il  paraissait  se  plaire  :  ainsi  on 
le  voit,  pendant  un  certain  nombre  d'années 
élever  une  école  de  musique  à  Berlin  (18-33), 
l'abandonner  pour  une  place  d'organiste 
en  1857,  devenir  directeur  de  musique  chez  le 
prince  Carolath,  en  Silésie  (1838),  puis  se 
transporter  en  Magdebourg,  pour  s'y  faire 
professeur  de  chant  (1839)  ;  de  là  faire  un  saut 
jusqu'à  Cronstadt,  où  il  redevient  organiste  et 
directeur  du  chœur  d'une  des  églises  de  celte 
ville  (1840).  En  1843,  il  est  de  retour  à  Berlin, 
où  il  donne  des  concerts  historiques  et  reçoit 
une  médaille  d'or  du  roi  de  Prusse;  deux  ans 
après,  il  est  à  Francfort;  puis  on  le  tiouve  à 
Eperies,  en  Hongrie,  où  il  tient  une  école  de 
musique  pour  les  enfants,  et  enfin,  il  va  mou- 
rir à  Riga,  le  26  avril  1853. 

Ses  compositions  annoncent  peu  de  génie, 
m.iis  elles  sont  bien  écrites.  Parmi  ses  ouvrages. 


on  remarque  :  1"  Des  sonates  pour  piano  et 
violon,  op.  16  et  25;  Bonn,  Simrock  et  Leip- 
sick, Breilkopf  et  Hferlel.  2»  Des  pièces  déta- 
chées pour  piano,  tel  les  que  polonaises,  rondos, 
marches  à  quatre  mains,  etc.,  op.  3,  5,  14,  24, 

26,  ibid.  5"  Des  sonates  pour  pianoseul,  op.  23, 

27,  29,  ibid.  4"  Des  rondos  idem,  ibid.  5°  Des 
variations  idem,  ibid.  0°  Des  polonaises  et  des 
valses  idem,  ibid.  7°  Des  chœurs  extraits  de  la 
liturgie  de  Prusse,  trois  suites,  avec  accompa- 
gnement d'orgue  ;  Berlin,  Trautwein.  8»  Plu- 
sieurs cahiers  de  chants  à  voix  seule,  avec  ac- 
compagnement de  piano  ;  Leipsick.  9"  Plusieurs 
recueils  de  motets  et  de  chants  religieux  à  quatre 
voix  et  orgue;  Berlin,  Guttentag.  10»  Le  choral  : 
O  Haupt  voll  Blut  und  TFunden^  varié  pour 
l'orgue,  avec  une  introduction,  op.  2;  Leip- 
sick, Hofmeister.  11°  Six  pièces  d'orgue,  pour 
l'usage  des  fêtes  solennelles,  op.  7;  Bonn,  Sim- 
rock. 

KLOTZ  ou  CLOTZ  (Mathias)  (1),  luthier 
tyrolien,  naquit  vers  1640.  Ayant  été  admis 
dans  l'atelier  de  Jacques  Sleiner,  il  devint  son 
meilleur  élève.  Après  la  mort  de  son  maître,  il 
établit  une  manufacture. d'instruments,  dont 
les  formes  sont  en  général  imitées  de  celles  de 
Sleiner,  mais  dont  la  qualité  de  son  est  moins 
argentine.  La  plupart  des  violons  de  KIolz  ont 
été  fabriqués  depuis  1673  jusqu'en  1G96.  M 
existe  cependant  des  instruments  qui  i»ortent 
le  nom  de  Malhias  Klotz,  et  une  date  posté- 
rieure, mais  on  croit  qu'ils  ont  été  fabriqués 
par  les  fils  de  cet  artiste,  et  que  ceux-ci  n'ont 
mis  leurs  noms  aux  violons  et  violes  sortis  de 
leurs  ateliers  qu'après  la  mort  de  leur  père. 
J'ignore  sur  quels  fondements  Otto  a  donné  à 
Rlolz  le  père  le  prénom  é''EgHia  {Uber  den 
Bander  £ogeninstrumente,y).  81);  tous  les 
instruments  de  cet  artiste  que  j'ai  vus  portent 
celui  de  Slathias.  Égide  fut  le  prénom  d'un 
de  ses  fils. 

Georges,  Sébastien  et  Égide  Klotz,  fils  de  ce 
luthier,  ont  fabriqué  des  violons  qui  ne  sont 
pas  dépourvus  de  mérite,  mais  qui  sont  moins 
recherchés  que  ceux  de  leur  père.  Ces  artistes 
avaient  pour  habitude,  lorsqu'un  instrument 
de  leur  fabrique  était  meilleur  que  d'autres, 
et  plus  soigné  dans  les  détails  des  formes,  de 
leur  mettre  une  étiquette  indiquant  le  nom  de 
Steiner  ;  c'est  à  cette  fraude  qu'il  faut  attri- 
buer les  faux  Steiner  <|u'on  trouve  dans  le 
commerce.  Toute  la  famille  Klotz  a  vécu  dans 

(1)  On  trouve  les  deux  orlliograpiies  aux  éti(|uetles 
plarécs  dans  les  inslrumcnls  de  ce  lulliier;  mais  un 
gland  nombre  de  ces  étiquettes  étant  fausses,  il  est  à 
peu  pris  impossible  de  savoir  quelle  est  l'ortliographa 
prirriili\c. 


Il 


KLOTZ  -  KNECHT 


61 


le  Tyrol  et  y  a  formé  de  nombreux  élèves ,  I 
fondateurs  de  toutes  les  fabriques  d'instru- 
ments de  ce  pays.  Il  a  existé  un  luthier  du  nom 
de  Georges  Clolz,  en  1734,  à  Mittenwald  sur 
riser,  près  de  Landshut,  en  Bavière.  J'ai  vu 
un  violon  de  lui  qui  était  daté  de  ce  lieu  et  de 
la  même  année.  Rien  n'indique  s'il  était  petit- 
fils  de  Malhias. 

RLUGE  (Gottlob),  prédicateur  à  Neu- 
markt,  mort  en  1771,  a  fait  imprimer  un 
sermon  sur  le  psaume  150,  à  l'occasion  de 
réfection  d'un  nouvel  orgue  placé  dans  l'église 
de  Neumarkt.  Il  y  prend  avec  chaleur  la  dé- 
fense de  la  musique  dans  l'olTice  divin,  et 
fournit  quelques  renseignements  sur  les  jeux 
et  la  disposition  de  l'orgue.  Cet  opuscule  a 
pour  titre  :  OrgeJpredigt,welche  am  3*  ^dv. 
1754,  6e»  Einweihung  der  im  Evangel- 
Jiethause  zu  Neumarkt  erwunscht  erbauten 
neuen  Orgel  gehalten  worden  iiber  den  150 
Psalin.  Breslau,  1756,  in-4°  de  cinq  feuilles. 
On  a  aussi  du  pasteur  Kluge  :  Hymnopceogra- 
phia  Silesiaca  y  oder  hist.  Zebensschreib  . 
Schles.  Liederdichter  (Hymnopéographie  si- 
lésienne,  ou  histoire  de  la  vie  des  poètes  de  la 
Silésie,  auteurs  de  cantiques),  Breslau,  trois 
livraisons  in-S",  1751-1754.  Il  y  fournit  quel- 
ques renseignements  sur  les  compositeurs  de 
ces  cantiques. 

ÏÏLUGEP»  (Florun),  compositeur  né  en 
Bohême ,  dans  la  seconde  moitié  de  dix-hui- 
tième siècle,  a  publié  à  Prague,  chez  Schœdel  : 
1"  Quelques  nocturnes  à  deux*  voix,  avec  ac- 
compagnement de  piano,  1807  et  1808.  2°  Des 
variations  pour  piano  sur  un  thème  de  Rosetti. 
3°  Des  trios  pour  piano,  violon  et  violoncelle, 
1810.  4°  Des  landier  et  des  menuets  idem, 
1810. 

RLUGLIWG  (...),  organiste  à  l'église  de 
Saint-Pierre  et  Saint-Paul,  à  Dantzick,  vers  la 
fin  du  dix-huitième  siècle,  était  considéré 
comme  un  des  plus  habiles  clavecinistes  et 
organistes  de  ce  temps.  Il  a  composé  plusieurs 
concertos  pour  le  piano,  dans  la  manière  de 
Schobert. 

KrVAFEL  (Josepii-Léopoid),  pianiste  et 
harpiste  à  Vienne,  vers  la  fin  du  dix-huitième 
siècle,  est  connu  par  les  compositions  sui- 
vantes :  1°  Sept  variations  pour  piano  sur  le 
chœur  des  Papagenos  :  Ach  schœn  willkom- 
men,  etc.  Yienne,  Eder,  1709.  2°  Six  varia- 
tions pour  la  harpe  sur  le  trio  :  Pria  ch'  io 
Vimpegno,  ibid.,  1799.  3"  Recueil  d'airs  pour 
la  harpe  à  crochets,  ibid.,  1803. 

RIVAPTOIX   (PiiiuppE),   né   à  York  en 
1788,  a  eu  pour  maître  de  musique  le  docteur 


Ilague,  professeur  à  l'Université  de  Cambridge, 
et  après  avoir  terminé  ses  études,  il  est  re- 
tourné dans  la  ville  natale.  Il  a  publié  de  sa 
composition  :  1"  Trois  sonates  pour  le  piano; 
Londres,  Chappell.  2»  Plusieurs  duos  pour 
harpe  et  piano,  ibid.  3° Des  chansons  anglaises 
avec  accompagnement  de  piano.  Il  a  laissé  en 
manuscrit  plusieurs  ouvertures  à  grand  or- 
chestre, et  des  concertos  pour  le  piano. 

RNAUST  (llEXRi-TnÉODonE),  premier  té- 
nor du  théâtre  de  Weimar,  est  né  à  Bruns- 
wick, le  14  février  1803.  La  beauté  et  l'étendue 
de  sa  voix  le  firent  remarquer  par  quelques 
personnes  attachées  au  théâtre  de  Brunswick, 
qui  le  décidèrent  à  étudier  le  chant  et  à  se 
vouer  à  la  carrière  dramatique.  Riel,  ténor 
du  théâtre  de  Brunswick,  se  chargea  de  son 
éducation  musicale,  et  Ilaake,  acteur  du  même 
théâtre,  lui  fit  faire  un  cours  de  déclamation. 
En  1822,  Rnaust  s'essaya  en  public  pour  la 
première  fois  dans  un  air  qu'on  avait  écrit 
pour  lui  ;  les  espérances  qu'il  y  donna  pour 
son  avenir  le  firent  engager  comme  second 
ténor.  Il  se  livra  dès  lors  à  ses  études  avec  ar- 
deur, et, en  1827,  il  quitta  le  théâtre  de  Bruns- 
wick pour  aller  à  Cassel,  où  il  joua  quelques 
rôles;  mais  n'y  pouvant  être  engagé  comme 
premier  ténor,  à  causede  laprésence  deWild, 
il  alla  à  Brème,  oîi  il  joua  avec  de  brillants 
succès.  Des  offres  lui  furent  faites  pour  plu- 
sieurs villes,  mais  il  les  refusa,  et  continua  de 
résider  à  Brème  pendant  sept  années.  Ayant 
été  donner  quelques  représentations  à  Dresde, 
en  1833,  il  y  produisit  une  si  vive  sensation, 
que  le  grand-duc  de  Weimar  l'engagea  immé- 
diatement pour  son  théâtre.  Les  qualités  qui 
distinguaient  cet  artiste  étaient  la  beauté  de  la 
voix,  l'expression  et  la  chaleur  dramatique. 
Après  une  longue  maladie,  il  a  obtenu  sa  pen- 
sion du  grand-duc  de  Weimar,  en  1842. 

RNECHT  (Justin-Henri),  organiste,  com- 
positeur et  théoricien,  naquit  le  30  septembre 
1752,  à  Biberach,  dans  la  Souabe.  Son  père, 
qui  vivait  alors  en  celte  ville,  lui  donna 
les  premières  leçons  de  chant  et  de  violon; 
plus  tard,  d'après  les  conseils  de  son  compa- 
triote Wieland,  on  lui  fit  apprendre  l'harmonie 
et  l'accompagnement  chez  l'organiste  Kramer. 
Pendant  ce  temps,  il  faisait  ses  études  au  col- 
lège, apprenait  à  jouer  de  la  flùle,du  hautbois, 
du  cor,  de  la  trompette,  et  Wieland  lui  ensei- 
gnait la  prosodie  italienne.  En  17C8,  il  se  ren- 
dit au  collège  du  couventd'Esslingen,  s'y  livra 
a"vec  succès  à  des  études  supérieures  de  philo- 
logie grecque  et  latine,  sous  la  direction  du 
célèbre  professeur  Bœckb,  et  y  devint  le  subsli- 


62 


KNECHT 


tut  de  Schmidl  à  l'orgue  principal.  Ce  dernier 
lu;  fit  connaître  les  œuvres  de  Graun,  de  Tele- 
mann,  de  J.-S.  Bach,  de  Hœndel,  et  les  livres 
de  Marpur^.  Parvenu  à  l'âge  de  dix-neuf  ans, 
Knecht  se  disposait  à  aller  dans  une  des  uni- 
versités voisines  pour  y  faire  un  cours  de  phi- 
losophie, lorsque  le  magistrat  de  Biberach  le 
rappela  pour  remplacer  le  professeur  de  belles- 
lettres  Dell,  qui  venait  d'être  mis  à  la  retraite 
à  cause  de  son  grand  âge.  En  1792,  il  échan- 
gea cette  position  contre  celle  de  directeur  de 
musique,  qui  convenait  mieux  à  ses  goûts. 
Après  en  avoir  rempli  les  fonctions  pendant 
quinze  ans,  il  accepta,  en  1807,  la  place  qui 
lui  fut  offerte  de  maître  de  chapelle  de  Stutt- 
gard  pour  la  direction  de  l'orchestre  du  théâtre 
et  de  la  musique  particulière  de  la  cour  ;  mais 
cette  position  exigeait  plus  de  goût  et  de  talent 
qu'il  n'y  en  avait  dans  la  tête  de  Knecht.  Lui- 
même  se  sentit  bientôt  déplacé  dans  cette  po- 
sition nouvelle.  Il  regrettait  ses  paisibles  tra- 
vaux, et  souffrait  de  trouver  peu  de  sympathie 
pour  lui  chez  les  artistes  qu'il  était  chargé  de 
diriger.  Après  la  deuxième  année  de  séjour  à 
Stuttgard.  il  donna  sa  démission,  qui  fut  ac- 
ceptée, et  il  retourna  dans  sa  modeste  demeure 
de  Biberach,  où  sa  place  de  directeur  de  mu- 
sique de  la  ville  lui  fut  rendue.  Il  mourut  à  la 
suite  de  plusieurs  atteintes  d'apoplexie,  le 
11  décembre  1817. 

Knecht  a  longtemps  joui,  parmi  ses  compa- 
triotes, de  la  réputation  d'un  des  grands  musi- 
ciens de  son  temps.  Comme  organiste,  il 
n'avait,  dit-on,  point  d'autre  rival  que  Vogler. 
Dans  cet  éloge,  il  ne  s'agit  sans  doute  que  de 
l'habileté  de  l'exécutant,  car  la  musique  d'orgue 
qu'il  a  publiée  est  faible  de  conception,  bien 
((u'agréable.  Il  manquait  de  génie  et  n'a  été 
qu'imitateur.  Comme  écrivain,  il  a  été  aussi 
élevé  beaucoup  au-dessus  de  sa  valeur.  Il  avait 
sans  doute  du  savoir,  mais  sa  doctrine  est  in- 
certaine, peu  logique  en  plusieurs  points,  et 
ses  idées  n'ont  pas  cette  portée  qui  imprime 
à  la  science  un  mouvement  d'avancement. 
Knecht  fut  un  homme  laborieux,  un  ami  sin- 
cère et  dévoué  de  son  art  et  de  la  vérité  :  ce 
sont  là  ses  titres  au  souvenir  de  la  postérité. 
Son  école  d'orgue  est  un  manuel  utile  pour  les 
organistes  allemands  des  campagnes  et  des 
petites  villes  ;  mais  elle  n'enseigne  point  l'art 
pris  d'un  point  de  vue  élevé  ;  on  peut  d'ailleurs 
lui  reprocher  de  manquer  et  d'ordre  et  de  gra- 
dation dans  la  classification  des  objets.  C'est 
donc  bénévolement  que  Gerber  a  appelé  Knecht 
un  second  Kirnberger ,  car  entre  ces  deux 
écrivains  didactiques  la  distance  est  considé- 


rable. D'abord  Knecht  se  montra  partisan  de 
la  doctrine  de  Kirnberger  ;  plus  tard,  il  l'aban- 
donna pour  celle  de  Vogler  :  cela  seul  dénote 
peu  de  jugement. 

Dans  la  liste  des  ouvrages  de  Knecht,  on 
trouve  :  1»  Chant  concertant  de  Mirjam  et 
Beborah,  sur  le  texte  de  Klopstock;  Leipsick, 
1780.  2»  Le  23^  psaume  à  quatre  voix  et  or- 
chestre, ibid.,  1783.  5°  Tableau  musical  de 
la  nature,  grande  symphonie  à  quinze  par- 
lies,  ibid.,  1784.  C'est  ce  même  thème  que 
Beethoven  a  traité  plus  tard  dans  sa  Sym- 
phonie pastorale.  A°  Les  quinzième,  seizième, 
vingt-cinquième  et  vingt-sixième  couplets  de 
VOberon  de  Wieland,  mis  en  musique  pour 
piano,  ibid.,  1785.  5»  Douze  variations  pour 
piano,  ibid.,  1783.  6»  Le  6*  psaume  complet 
à  plusieurs  voix,  sur  la  traduction  de  Men- 
delssohn;  Spire,  1788.  7°  Cantiques  des  meil- 
leurs poëtes  religieux,  à  quatre  voix,  deux 
violons  et  orgue,  ibid.  8"  Les  Charbonniers 
fidèles,  petit  opéra,  en  manuscrit.  9"  La  Cou- 
ronne de  la  moisson,  idem.  10»  L'Enlève- 
ment du  sérail,  idem.  11"  Cantique  de  la 
Trinité,  pour  voix  seule  et  orgue  ;  Spire,  1789. 
12*  Trois  duos  très-faciles  pour  deux  flûtes, 
ibid.,  1791.  lô°  Le  premier  psauttie  de  David 
à  voix  seule  et  orgue  (dans  la  Correspondance 
musicale  de  Spire,  1791,  p.  77).  14"  Magni- 
ficat \dem  {ibid.,  1792,  p.  55).  15"  Hymne  à 
Dieu,  cantate  solennelle  pour  l'église  ou  pour 
le  concert,  à  quatre  voix,  deux  violons,  alto  et 
orgue;  Hambourg, Bœhme,  1798,  en  partition. 
lG"Petite  collection  de  morceaux  pour  l'orgue  ; 
Spire,  Bossler.  17"  Nouvelle  collection  com- 
plète de  toutes  sortes  de  préludes,  ritournelles, 
fantaisies,  versets  et  fugues,  huit  cahiers j 
Spire,  Darmsladt  et  Munich,  1791-1800.  Une 
deuxième  édition  de  cet  ouvrage  a  été  publiée 
à  Munich,  chez  Falter.  18"  Sonate  pour  clave- 
cin, violon  et  violoncelle;  Darmstadt,  1792. 
19"  La  Joie  des  Bergers  interrompue  par 
l'orage,  tableau  musical  pour  l'orgue;  Darm- 
sladt, 1794.  Beethoven,  qui  n'avait  certaine- 
ment aucune  connaissance  de  cette  composi- 
tion ,  a  fait  du  même  sujet  l'avant-dernière 
l)artie  de  sa  symphonie  pastorale.  20°  Pièces 
d'orgue  progressives,  premier  cahier;  Leip- 
sick, Breitkopf  et  Hœrtcl,  1796.  21"  Dixit 
Dominus,  composition  qui  a  obtenu  en  1800 
un  prix  de  trente  ducats.  22"  Grand  Te  Deum 
à  deux  chœurs  et  orchestre  complet,  composé 
en  1802,  et  dédié  à  l'empereur  François  II  et 
au  premier  consul  Bonaparle.  23"  Autre  Ta 
Deum  h  quatre  voix  et  orchestre;  Offenbach, 
André.  24"  Six  sonatines  pour  le  piano,  1802. 


KNECllT 


63 


25"  Ouarante-huit  préludes  de  clavecin,  dans 
tous  les  tons,  1802.  26»  Collection  complète  de 
mélodies  chorales,  en  partie  corrigées  et  en 
partie  nouvellement  composées,  à  quatre  voix 
et  orgue,  pour  le  Nouveau  Livre  de  chant  de 
la  campagne  dans  le  IFurtemberg ,  à  l'usage 
des  églises  et  des  écoles  (en  société  avec  Christ- 
mann),  Stuttgard,  1799,  in-4''  de  trois  cent 
Irente-huit  pages.  27»  Cxcilia,  œuvre  pério- 
di(|ue  des  pièces  d'orgue  grandes  et  petites, 
trois  cahiers;  Fribourg,  Ilerder. 

ÉcniTS  THÉORIQÎJES    ET  DIDACTIQUES  :  1»    Er- 

hlxrunq  einiger  von  einem  dcr  Rechts-Gel. 
A.  in  Erlangen  angetxsleten,  aber  missver- 
standenen  Grundswtze  aus  der  Foglerschen 
TUcorie,  etc.  (Explications  de  quelques  prin- 
cipes de  la  théorie  de  Vogler  attaqués  et  mal 
comiiris  par  un  jurisconsulte  d'Erlangen);  Ulm, 
178o,  cinq  feuilles  in-4".  Weissbek,  profes- 
seur de  droit,  avait  attaqué  ces  principes  dans 
la  Gazette  musicale  de  Spire  (année  1788, 
p.  98);  c'est  à  son  article  que  répond  l'écrit 
de  Knecht.  2"  Lettres  instructives  sur  l'harmo- 
nie (d^ns  la  Gazette  musicale  de  Spire,  an- 
nées 1791  et  1792).  3»  GemeinniUzliches  Ele- 
metitarwerlc  der  Harmonie  und  des  Gencral- 
basseSf  elc.  (Traité  élémentaire  de  l'harmonie 
et  de  la  basse  continue,  c'est-à-dire  véritable 
méthode  pour  enseigner  et  apprendre  l'art 
d'accompagneravec  une  connaissance  i)arfaite 
de  toutes  les  harmonies,  d'après  les  principes 
de  Vogler,  avec  beaucoup  de  tables  d'accords 
et  d'exemples  pratiques,  etc.),  première  partie, 
neuf  feuilles  de  texte  et  quatre  feuilles 
d'exemples;  Augsbourg,  chez  Ilamm,  1792; 
deuxième  partie,  Stuttgard,  1793;  troisième 
partie,  ibid.,  1794;  quatrième  et  dernière 
jjartie,  ibid.,  1798.  4»  Ueber  die  Harmonie 
(sur  l'harmonie),  articles  de  la  Gazelle  musi- 
cale de Leipsick,  t.  T,  p.  129,  ICI,  521,  527, 
5C1  et  595.  3»  Kleines  alphabetisches  JFœr- 
terbuch  der  vornekmsten  und  interessanten 
Artikel  aus  der  musikalischen  Théorie  (Petit 
vocabulaire  alphabétique  des  princi[)aux  et 
des  plus  intéressants  articles  de  la  théorie  mu- 
sicale) ;  Ulm,  1795,  huit  feuilles  in-8°.  Ce  vo- 
cabulaire avait  été  écrit  par  l'auteur  iiour 
V Ahnanach  des  instituteurs,  où  il  fut  d'abord 
inséré  ;  puis  on  l'imprima  séparément.  G°  /'o//- 
stxiidige  Orgelschule  fiir  Jnfœnger  und 
Geiiblere  (Méthode  complète  de  l'orgue  pour  les 
commençants  et  pour  ceux  qui  sont  plus  avan- 
cés), première  partie,  contenant  les  principes 
de  l'art  de  jouer  de  l'orgue;  Leipsick,  Breilkopf 
ctllaertel,  1795,  quatre-vingt-six  pages  in-fol.; 
deuxième  partie,  renfermant  l'explication  des 


principaux  jeux  de  l'orgue,  ibid.,  1796,  cent 
quatre-vingt-seize  pages  in-fol.;  celte  partie 
contient  beaucoup  de  morceaux  d'orgue  pour 
l'application  et  la  combinaison  des  différents 
registres;  troisième  partie, contenant  un  traité 
théorico  pratique  du  chant  choral  protestant 
et  catholique,  ibid.,  1798,  in-fol.  Pour  mettre 
de  l'ordre  dans  son  ouvrage,  Knecht  aurait  du 
donner  dans  la  première  partie  l'exposé  de  la 
construction  de  l'orgue,  de  ses  différents  jeux 
et  de  leur  emploi,  au  lieu  de  le  rejeter  dans  la 
seconde  ;  renvoyer  dans  celle-ci  certaines 
choses  qui  sont  dans  la  i)remière,  par  exemple 
l'emploi  de  la  pédale  et  les  exercices  qui  lui 
appartiennent,  car  l'emploi  de  la  pédale,  de- 
puis ses  éléments  jusqu'aux  traits  les  plus  dif- 
ficiles et  les  plus  compliqués,  constitue  le  se- 
cond degré  de  |a  science  de  l'organiste;  l'art 
d'accompagner  le  chant  aurait  dû  suivre  im- 
médiatement tout  ce  qui  concerne  le  méca- 
nisme du  jeu  de  l'orgue;  enfin,  ce  qui  est  relatif 
à  la  forme  des  pièces  aurait  dû  former  une 
quatrième  et  dernière  partie.  Cette  gradation 
résulte  de  la  nature  même  des  choses.  J. -P. -E. 
Martini  (voyez  ce  nom),  surintendant  de  la 
musique  de  Louis  XVIII,  roi  de  France,  s'est 
emparé  du  travail  de  Knecht,  sans  le  nommer, 
et  l'a  publié  sous  le  titre  iVEcole  d'orgue,  di- 
visée en  trois  parties;  il  a  bouleversé  tout 
l'ouvrage  de  l'estimable  musicien  allemand, 
sans  y  mettre  plus  d'ordre.  7°  Theoretisch- 
praktische  Generalbass  -  Schule ,  welche  in 
90  Notentafeln  nebst  allen  Intervallen,  aile 
mœgliche  Bewegungsarlen  der  Tœne,  Ue- 
bungen  aller  vorkommenden  Accorde,  die 
verschiedenen  Uebergxnge  und  das  Inei- 
nandenceben  der  Tœne  durch  aile  gebrauch- 
lichen  Dur-  und  Moll-  Tonarten  enthwlt 
(Méthode  théorique  et  pratique  de  la  basse  con- 
tinue, etc.);  Fribourg,  Ilerder  (sans  <late), 
in-4o  de  soixante  pages  de  texte  et  de  quatre- 
vingt-douze  pages  d'exemples.  8°  Kleine  Cla- 
vierschiile  fiir  die  ersten  Anfxnger,  worin 
die  Anfangsgriinde  sowohl  der  Musik  iiber- 
haupt,  als  des  Clavierspielens  insbesondere 
auf  eine  fassliche  TFeise  gelehrt  wird  (Petite 
méthode  de  piano  pour  les  commençants,  etc.), 
première  partie  (théorique);  Munich,  Falter, 
1800,  in-4'';  deuxième  partie  (pratique),  ibid., 
1802.  Je  crois  que  c'est  le  même  ouvrage  dont 
il  a  été  donné  une  é<liiion  sous  ce  titre  :  Be- 
icxhrten-Melhodenbuch  beim  ersten  Clavier- 
unterricht  mit  50  Notentafeln ,  etc.;  Fri- 
bourg, Ilerder  (sans  date),  trente-six  pages 
in  4° de  texte  et  cinquante-deux  pages  d'exem- 
ples. 9"  Allgcmeines  viusikalischer  Katcchis- 


6+ 


KNFXHT  —  KNIGGE 


rmis  oder  kurzer  Inhegriff  der  aïlyemeinen 
Musiklehre  zum    Behnfe    der  Musiklehrer 
und  ihrer  Zœglinge  (Catéchisme  général  de 
musique,  ou  courte  explication  de  la  science 
de  la  musique,  etc.);  Biberach,  chez  les  frères 
Rnecht,  1803,  huit  feuilles  in-8».   La  cin- 
quième édition  de  ce  petit  livre  a  été  publiée 
en  1824,  à  Fribourg,  chez  Herder,  in-4''.  Has- 
linger,  de  Vienne,  en  a  donné  une  in-S"  sans 
date.  10»  Luther''s  Verdienst  in  Musik  und 
Poésie  (Mérite  de  Luther  pour  la  musique  et 
la  poésie),  Ulm,  1817,  in-S"  de  quatre  feuilles- 
Cet  écrit,  publié  à  l'occasion  de  la  fête  sécu- 
laire de  la  Réformation,  fut  le  dernier  travail 
de  Knecht.  Il  a  aussi  publié  beaucoup  d'ar- 
ticles relatifs  à  la  musique  dans  divers  jour- 
naux, entre  autres  :  11°  Recherche  des  princi- 
pales causes  pour  lesquelles  la,  musique  est  en 
général  peu  estimée  des  gens  du  monde  (dans 
la  Correspondance  musicale,  1792,  p.  180). 
12°  Si  l'harmonie  a  ses  bases  dans  la  nature 
(dans  la  Gazette  musicale  de  Leipsick,  1792, 
p.   129).  13°  Si  les  anciens  savaient  quelque 
chose  de  l'harmonie  (ibid.,   p.   161).  14°  Ce 
«jui  a  contribué  à  la  lenteur  des  progrès  dans 
la  connaissance  de  l'harmonie  au  moyen  âge 
{ibid.,  p.  o21).  15°  Jusqu'où  l'on  est  parvenu 
avec  les  découvertes  les  plus  modernes  dans 
l'harmonie  {ibid.,  p.  527).  1G°  Essai  d'une 
nouvelle  théorie  des  consonnances  et  des  dis- 
sonances, dans  lequel  on  indique  en  particu- 
lier, d'une  manière  sensible  et  intelligible,  les 
causes  physiques  et  les  différents  degrés  de  la 
consonnance  et  de  la  dissonance  des  inter- 
valles, avec  une  introduction  sur  la  doctrine  du 
son  en  général  (ibid.,  deuxième  année,  p.  518, 
361,  385,  433,  449,  465).  17°  Courte  réponse 
à  cette  question  :  Qu'est-ce  que  la  musique 
pratique  peut   espérer  de  l'application  du 
système  de  Foglcr?  (ibid.,  troisième  année, 
p.  725,741).  18°Surrartd'accorder  les  instru- 
ments  en  général   et  l'orgue  en   particulier 
(ibid.,  cinquième  année,  p.  529).  Enfin,  une 
préface  Sur  la  nature  véritable  de  lamusique 
d'église ,  précédée  du  23"^  psaume  en  partition. 
liPifEFERLE  (IIE^RI),  organiste  à  Eich- 
stsedt  (Bavière),  naquit  dans  cette  ville  vers  le 
milieu  du  dix-huitième  siècle.  Les  singulières 
dispositions  qu'il  montra  dès  son  enfance  pour 
la  musique  lui  procurèrent  la  protection  du 
prince  évêque,   qui  lui  fournit  les  moyens 
d'aller  étudier  cet  art  en  Italie.  Il  y  demeura 
huit  ans  et  fixa  principalement  son  séjour  à 
Naples,  où  il  eut  des  leçons  des  meilleurs 
maîtres.  De  retour  dans  sa  patrie,  il  écrivit 
plusieurs  petits  opéras,  des  concertos  pour  le 


clavecin,  le  basson  et  la  flûte,  des  trios  pour 
le  piano,  des  sonates  pour  le  même  instru- 
ment, et  arrangea  beaucoup  de  morceaux  de 
la  Flûte  enchantée,  de  l'arbre  de  Diane,  et 
de  divers  autres  opéras,  pour  des  instruments 
à  vent. 

KIVIËSCHECK  (Wenceslas),  né  à  Prague 
en  1743,  fut  d'abord  employé  comme  basso^ 
niste  dans  un  orchestre  en  Pologne,  puis  alla 
se  fixer  à  Ratisbonne,  où  le  prince  de  la  Tour 
et  Taxis  le  fit  entrer  dans  sa  musique.  Il  mou- 
rut en  cette  ville  dans  l'année  1806.  Plusieurs 
messes,  vêpres,  cantates  et  morceaux  de  piano 
de  sa  composition  ont  été  publiés  à  Ratisbonne. 
KNIEVEL  (IIermann-Ignace)  ,  professeur 
de  musique  et  organiste  de  l'église  catholique 
à  Lippstadt,  dans  la  principauté  de  Detmold, 
est  né  dans  cette  ville  vers  1802.  Il  est  auteur 
d'un  livre  choral  à  quatre  voix,  avec  des  pré- 
ludes et  des  versets  pour  l'orgue,  à  l'usage  du 
culte  catholique  dans  l'ancienne  partie  du 
diocèse  de  Paderborn.  Ce  livre  a  paru  sous  le 
titre  suivant  :  Choralbuch  fur  catholische 
hirchen,  zunœchst  fiir  den  altern  Theil  der 
Biœcese  Paderborn  vierstimmig  und  durch- 
gehends  mit  zwischenspielen  bearbeitet;  Pa- 
derborn, Jungfermann,  1840,  in-4°. 

RNIEWELT  (TiiÉODORE-FKÉDÉnic),  doc- 
teur en  philosophie,  et  professeur  au  gymnase 
de  Dantzick,  puis  recteur  et  enfin  prédicateur 
et  archidiacre  de  l'église  Sainte-Marie,  a  pu- 
blié une  savante  dissertation  intitulée  :  Obser- 
vationum  in  vetutissima;  Grxcorum  Honie- 
rici  atque  Hesiodei  œvi  musicx  ralioneni 
atque  conditionem  fasciculus  T.;  Gedani  ap. 
Krause,    1819,  in-4°  de  24  pages.  Amateur 
passionné  de  musique,  le  docteur  Rniewelt  a 
été  le  fondateur  d'une  académie  de  chant  à 
Dantzick,  sur  le  modèle  de  celle  de  Berlin.  Déjà 
en  1832,  cette  institution  était  en  prospérité, 
et  les  dames  les  plus  haut  placées  de  la  ville 
prenaient  part  à  ses  exercices.  Pendant  plus  de 
vingt  ans,  le  docteur  Kniewelt  dirigea  celte  so- 
ciété chantante  avec  au  tant  de  talent  que  de  zèle. 
Cet  amateur  distingué  vivait  encore  en  1845. 
HNTGGE  ( Adolphe-François-Fkédéric- 
Louis,  baron  DE),  né  à  Bredenbeck,  dans  le 
Hanovre,  le  16  octobre  1752,  fut  d'abord  page 
et  assesseur  de  la  guerre  et  du  domaine  à 
Cassel,  vécut  ensuite  à  llanau,  à  Francfort- 
sur-le-Mein,  àlleidelberg  et  à  Hanovre,  et  fut 
en  dernier  lieu  nommé  surintendant-inspec- 
teur  des   écoles    de   la    ville   de   Brème   et 
chambellan    du   duc  de    Saxe-Weimar.    Il 
mourut  à  Brème  le6mail79G.  Amateur  do 
musique  distingué,  il  a  publié  à  Francfort,  en 


KNIGGE  —  KNOEFEL 


65 


1781,  six  solos  pour  le  clavecin.  Dans  le  sep- 
tième numéro  de  ses  feuilles  d^amatu^giques 
(Dramaturgische  Blxtter),  il  a  donné  une 
très-bonne  appréciation  du  talent  du  chanteur 
Farinelli. 

KINIGHT  (J.-P.),  musicien  anglais  et 
compositeur  de  chansons  et  de  ballades  à  voix 
seule,  avec  accompagnement  de  piano,  a 
commencé  à  se  faire  connaître  vers  1818.  Je 
n'ai  point  d'autre  renseignement  sur  cet  ar- 
tiste, à  l'exception  des  titres  de  quelques-unes 
de  ses  chansons  et  ballades  qui  ont  été  les  plus 
recherchées;  on  y  remarque  :  Beaiitifull  Ve- 
nice;  EngJand,  fnrewell!  Ofwhat  is  the  old 
man  thinlcing^  dont  il  a  été  fait  plusieurs 
éditions;  Music,  svoeet  music;  et  la  ballade 
^^e  wore  a  wreath  of  roses. 

RIMGHT  (Edouard),  surnomme  îe  Jeune, 
né  à  Londres  vers  1800,  a  débuté  dans  cette 
ville  comme  pianiste  et  compositeur  en  1822. 
Sa  première  production  consiste  en  variations 
pour  le  piano  sur  l'air  anglais  :  Kitty  clever, 
Londres,  Goulding.  Le  recueil  de  ses  composi- 
tions intitulé  :  Comte  Songs  and  Recitations  ; 
with  Symphonies  and  Âccompaniments  for 
the  piano-forte  a  eu  du  succès.  On  y  trouve 
le  portrait  de  l'auteur. 

KlMTTELMAIIl  (Lambert),  fils  d'un  in- 
stituteur à  Konzell,  village  de  la  Bavière, 
naquit  le  13  mars  1769.  Il  commença  ses 
études  littéraires  et  musicales  au  couvent  des 
Bénédictins  d'Oberattaich ,  les  continua  à 
Straubing,  et  les  termina  à  Salzbourg.  En  1791 
il  fit  profession  au  monastère  d'Oberattaich, 
«•t  depuis  179G  il  fut  chargé  d'enseigner  les. 
belles-lettres  alternativement  dans  son  cou- 
vent, à  Straubing  et  à  Munich.  Il  vivait  encore 
en  1812,  niiais  on  n'a  plus  de  renseignements 
sur  sa  personne  après  cette  époque.  Sans  avoir 
appris  l'harmonie,  et  guidé  seulement  par  son 
instinct  et  par  l'étude  des  partitions,  il  a  écrit 
plusieurs  morceaux  pour  le  piano,  des  messes, 
et  d'autres  compositions,  qui  ont  été  bien 
accueillies  par  le  public,  particulièrement  à 
Ratisbonne.  Parmi  ses  ouvrages,  on  remarque  : 
1"  Trois  marches  avec  trios  pour  piano  à 
«luatre  mains  ;  Munich,  Falter.  2»  Douze  alle- 
mandes, idem,  ibid.  Z°  Variations  sur  la  ro- 
mance de  Joseph,  idem,  ibid.  A"  Variations 
sur  la  marche  A'' Aline,  idem,  ibid.  5°  Messe 
allemande  à  quatre  voix  ,  orgue  et  deux  cors  ; 
Straubing,  Haigl.  6°  Le  Rossignol,  de  Matthi- 
son,  à  voix  seule  avec  accompagnement  de 
piano;  Landshut,  Krull. 

KNJZE   (F. -M.),  guitariste  bohémien  et 
compositeur,  est  fixé  à  Prague,  oii  il  a  publié, 

BlOCn.  UMIV.   DES  MISICIEXS.  T.   V. 


chez  Berra,  beaucoup  de  pièces,  deiliverlisse- 
ments,  de  variations  et  de  danses  nationales 
pour  son  instrument.  On  a  aussi  de  lui  deux 
ouvrages  élémentaires  sur  l'art  de  jouer  de  la 
guitare,  intitulés  :  1°  Fundament  fur  die  Gui- 
tare nebst  praktischen  Beispielen;  Prague, 
Kronberger  et  Weber.  2»  f'ollstasndige  Guit- 
tarschule,  etc.  (Méthode  complète  de  gui- 
tare, etc.);  Prague,  Enders. 

RIVOBLOCII  ou  RNOBLAIJCH  (Char- 
les), directeur  du  chœur  au  couvent  de  Grus- 
sau  (ordre  de  Cîteaux),  vers  1790,  était  à  la 
fois  compositeur  estimable,  bon  organiste,  bon 
directeur  de  musique  et  théoricien.  Il  a  laissé 
en  manuscrit  des  compositions  qu'on  chanle 
encore  à  Grussau. 

KIXOCR  (Nicolas-Arnold),  docteur  en 
droit  à  Groningue,  vers  la  fin  du  dix-huitième 
siècle,  est  auteur  d'un  livre  qui  a  pour  titre  : 
Dispositien  der  merkwaardigste  Kerk-Orgc- 
len  welke  in  de  zeven  vereenigde  Provintien, 
en  wel  byzonder  in  de  Provintien  Friesland, 
Groningen  en  elders  aangetroffen  werden. 
Kunnende  dit  IFerk  verstrekken  tôt  een  ver- 
volg  van  het  JVerk  van  den  Heer  J.  Hess. 
(Dispositions  des  orgues  les  plus  remarqua- 
bles qui  se  trouvent  dans  les  sept  provinces 
unies,  et  en  particulier  dans  les  provinces  de 
Frise^  de  Groningue,  etc.),  Groningue,  1788, 
in-4''. 

RIVOEFEL  (Jean),  maître  de  chapelle  de 
l'électeur  palatin,  dans  la  seconde  moitié  du 
seizième  siècle,  était  né  à  Lauban,  dans  la 
Ilaule-Lusace.  Le  titre  de  son  premier  recueil 
de  compositions  fait  connaître  qu'il  fut  d'abord 
au  service  de  Henri,  duc  de  Silésie,  en  qualité 
de  maître  de  chapelle.  Ses  ouvrages  connus 
sont  eeux-ci  :  1°  Dulcissimx  quidam  can- 
tiones  numéro  XXXII  quinque,  sex  et  sep- 
tem  vocum  factx,  ut  tum  humanx  voci,  tum 
musicis  instrumentis  aptx  esse  possint,  au- 
thore  Johanni  Knœfelio  Zaubensi,  illustris- 
simi  principis  ac  Domini,  Domini  Henrici, 
ducis  Silesix,  Lignicen.  Brigen.  et  Goltber- 
gens.  musici  chori  magistro.  Noribergae,  in 
oiricinaTheod.Gerlatzeni,1571,in  4°.2°6'an- 
tus  choralis  numeris  musicis  quinque  vocum 
inclusus ,  eo  ordine  quo  per  totum  anni 
curriculum  prxcipuis  diebus  festis  in  eccle- 
sia  cantari  solet;  Noribergae,  in  oflicina  Theo- 
dorici  Gerlachi,  1575,  in-4».  3"  Cantiones  pix 
5  et  6  voc.  tam  voci  humanx,  quam  instru- 
mentis musicis  accommodatx ;  Nuremberg, 
1380,  in-4".  A°  Teulsche  Liedlein ,  welche  den 
mehrern  Theil  den  Brauch  und  Lau/f  dieser 
U'elt   bcschrtcben  itnd  anziegen  (chansons 

S 


66 


KNOEFEL  —  KNORR 


allemandes  dont  la  plupart  décrivent  et  indi- 
quent les  usages  et  la  marche  de  ce  monde,  à 
cinq  voix);  Nuremberg,  1S81,  in-4'' obi.  La 
deuxième  édition  a  été  publiée  à  Francfort,  en 
1610. 

KIXOEP  (Lcder),  organiste  de  l'église 
Sainl-Élienne,  à  Brème,  vers  le  milieu  du 
dix-septième  siècle,  a  publié  de  sa  composi- 
tion :  1°  Paduanen,  Gaillarden,  Balktten, 
Mascaraden,  Jrien,  Allemanden,  Couran- 
ten  und  Sarabanden  von  3  Inslrumenlen 
(Pavanes,  gaillardes,  ballets,  mascarades, 
airs,  allemandes,  courantes  et  sarabandes 
pour  trois  instruments),  Brème,  1C52,  in-4''. 
2»  Idem,  deuxième  partie,  à  deux  et  trois  in- 
struments, avec  la  basse  continue,  Brème, 
106O,  in-4". 

RI\OLL  (David-Tobie),  né  en  1736  à  Nam- 
slau,  en  Silésie,  était  fils  du  meunier  de  cette 
petite  ville.  Il  était  encore  enfant,  lorsque  sa 
mère  adressa  des  plaintes  à  HolTmann,  maître 
d'école  et  organiste  du  lieu,  sur  ce  que  son 
fils,  an  lien  d'étudier,  s'amusait  à  faire  mou- 
voir avec  les  doigts  une  rangée  de  petits  bâ- 
Jons  qu'il   plaçait  sur  une  table.  Le   maître 
jugea  sur  cet  indice  que  le  petit  Knoll  avait  de 
l'instinct  pour  la  musique,  et  il  lui  donna  des 
leçons  de  clavecin.  Les  progrès  de  l'élève  fu- 
rent rapides.  Il  paraissait  destiné  à  cultiver 
l'art  avec  succès,  lorsque  la  mort  prématurée 
de  son  père  l'obligea  de  suspendre  ses  études 
et  d'aller  à  Breslau  chercher  des  ressources 
pour  son  existence  dans  une  maison  de  com- 
merce. Charmé  de  son  activité  et  de  son  inlel  - 
ligence  dans  son  emploi  de  commis,  le  négo- 
ciant chez  lequel  il  était,  ayant  eu  connais- 
sance de  son  penchant  pour  la  musique,  et  du 
regret  qu'il  éprouvait  d'être  obligé  de  renoncer 
à  la  cultiver,   lui  fit  présent  d'un  clavecin, 
pour  qu'il  en  jouât  dans  ses  heures  de  loisir, 
et   engagea    Holland,    organiste  de    l'église 
Saint  Christophe,   à  lui    faire   continuer    ses 
éludes.    Plus  tard,  'Hoffmann  ,  organiste   de 
Sainle-Blarie-Madeleine,  lui  donna  des  leçons 
de  composition,  en  17G6.   Cependant   ayant 
établi  lui-même  une  maison  de  commerce,  il 
sembla  renoncer  pour  toujours  à  la  musique  : 
ce  ne  fut  que  six  années  plus  tard,  et  lorscju'il 
était  déjà  âgé  de  Irenle-six  ans,  qu'il  écrivit 
un   Domine  ad  adjuvandum,  el  un   Fcni 
Sancte  Spiritus  qui  furent  suivis  de  plusieurs 
psaumes,  d'un  Kyrie,  de  quatre  Magnificat , 
de  deux  Ecce  quomodo  moritur  justus,  de 
cantates  d'église, de  motets  à  quatre  parties,  et 
d'un  livre  de  chorals  à  quatre  voix.  Il  avait 
étudié  spécialement  les  formes  des  anciennes 


compositions  conventionnelles,  telles  que  les 
contrepoints  rétrogrades  et  à  retourner  le 
livre,  et  son  habileté  à  résoudre  les  canons 
énigmaliques  était  fort  remarquable.  Knoll  a 
écrit  aussi  plusieurs  ouvrages  de  théorie  et  de 
didactique;  mais  rien  de  tout  cela  n'a  été  pu- 
blié. On  peut  voir  la  liste  de  ces  écrits  dans  le 
Scklesischer  Tonkunstler-Lexihon  de  Ross- 
maly  et  Carlo  (première  suite,  p.  48  et  suiv.). 
Il  mourut  à  Breslau  en  1818,  à  l'âge  dequatre- 
vingt-deux  ans. 

RIS'OLL  (Catherine  DE),  cantatrice  dn 
théâtre  royal  de  Slultgard,  est  née  en  1796  à 
Ravensbourg,  dans  le  Wurtemberg,  d'une  fa- 
mille nommée  Hug.  Douée  par  la  nature 
d'une  voix  pure  et  bien  timbrée,  elle  ne  rernt 
d'abord  que  l'éducation  d'un  choriste  au 
théâtre  de  Slutlgard,  où  elle  entra  en  1814. 
Son  intelligence  et  le  désir  ardent  qu'elle  avait 
de  s'élever,  lui  fit  choisir  par  instinct  les 
meilleurs  modèles.  En  1825,  elle  se  rendit  à 
Milan,  on  elle  reçut  quelfiues  leçons  de  Ban- 
derali.  Toutefois,  quels  que  fussent  ses  efforts, 
elle  n'a  jamais  pu  parvenir  à  se  poser  au 
théâtre  avec  avantage,  parce  que  son  extérieur 
ne  lui  était  pas  favorable;  mais,  suivant  la  no- 
tice que  le  docteur  Schneider  a  faite  sur  cette 
dame  (dans  le  Lexique  général  de  musique 
publié  par  Schilling),  la  beauté  de  son  chant, 
dans  la  musique  d'église,  est  d'un  ordre  supé- 
rieur. Elle  a  fait  admirer  son  grand  style  et  sa 
belle  manière  de  phraser  en  chantant  les  solos 
du  Messie  de  Ilœndel,  le  6  septembre  1837, 
dans  la  grande  fête  musicale  de  Ilechingen, 
dirigée  par  Lindpaintner.  Ce  fut  elle  encoirc 
qui ,  dans  l'exécution  du  même  ouvrage  à 
Stuttgard,  le  25  octobre  1838,  eut  une  suiwî- 
riorité  non  contestée  sur  tous  les  autres  chan- 
teurs. Son  mari  était  un  négociant  de  Stutt- 
gard, et  sa  position  était  indépendante.    . 

Mademoiselle  Berlhe  de  Knoll,  sa  fille,  su 
fit  remarquer  aussi  comme  cantatrice  distin- 
guée dans  les  concerts  donnés  à  Stultgard, 
puis  fut  engagée  au  théâtre  de  Francfort,  ou 
elle  chanta  depuis  1843  jusqu'à  la  fin  de  1845. 
Elle  a  cessé  de  se  faire  entendre  en  public  de- 
puis son  mariage  avec  le  littérateur  musicien 
et  professeur,  M.  Richl,  en  1846. 

KNORR  (Jules),  professeur  de  musique  et 
de  piano,  né  à  Leipsick,  le  22  septembre  1807, 
fit  SCS  études  au  gymnase  de  cette  ville  et  y 
j  reçut  les  premières  leçons  de  musique.  Plus 
I  tard,  il  suivit  d'une  manière  sérieuse  le  cours. 
I  de  philologie  du  professeur  Gotlfriedllernianii 
j  et  sembla  se  destiner  à  la  carrière  de  la  litté- 
j  rature;  mais,  en  1827,  il  s'adonna  exclusive- 


KNORR  —  KNYVETT 


67 


ment  au  piano,  sous  la  direction  de  "Wilhelm 
Neubeck,  pianisle  de  talent  et  bon  prolesseur. 
Knorr  se   fit  entendre  avec  succès  dans  un 
concert  du  Gewandhaus,  le  27  octobre  18ôl. 
Lié  d'amitié  avec  Robert  Schumann  et  Louis 
Schunke,  il  prit  part  avec  eux,  en  18Ô4,  à  la 
l'ondation    de   la  nouvelle  Gazette   musicale 
(Neue  Zeitschrift  fiir  Mnsik);  mais  il  n'y 
travailla  que   pendant   la    première    année. 
Oiî  a  de  cet  artiste  un  ouvrage  élémentaire 
pour  le  piano  intitulé  -.  JVeue  Piano-forte- 
Scliule,  iu  184  Uebungen,  oder  Materialen 
fiir  dem  Unterricht  und  das  Selbststudium 
am  Piano-forte  (Nouvelle  méthode  de  piano 
€n  cent  quatre-vingt-quatre  exercices,  etc.), 
Leipsick,  R.  Friese,  1835,  trente-deux  pages 
in-fol.  Une  deuxième  édition  de  cet  ouvrage 
Fut  publiée  en  1841,  avec  ce  nouveau  titre  : 
Die  Piano-forte-Schule  der  neuesten  Zeit. 
Ein  Supplément  zu  den  derartigen  bisher 
erschienenen  JFerken  von  Cramer,  Czerny, 
//erz  ,    Hummel ,    Hûnten  ,   kalkbrenner  , 
Moscheles ,  etc.  (l'École  de  piano  de  l'époque 
actuelle.  Supplément  aux  ouvrages  classiques 
de  Cramer,  Czernj',  Herz,  llummel,  Hiinten{J) 
Kalkbrenner,     Mosclieies ,    clc),    Leipsick, 
R.  Friese.  Il  donna,  en  1844,  une  sorte  de 
supplément  de  cette  méthode,  sous  ce  titre  : 
Materialien  fur  das  meclianische  Clavier- 
spiel  (Matériaux  pour  le  mécanisme  du  jeu  de 
l)iano)  ;  Leipsick,  Rrcilkopr  et  Ilaertel.  Déjà, 
en  1850,  Rnorr  avait  publié  une  nouvelle  édi- 
tion de  la  méthode  de  piano  de  J.-G.  Werner, 
ovec  les  additions;  Leipsick,  Hofmeister.  On 
lui  doit   aussi  une  neuvième   édition  de  la 
iirande  Méthode  de  piano  de  A.-E.  Muiler 
(voyez  ce  nom),  avec  des  observations  criti- 
ques et  analyti(|ues;  Leipsick,  Peters,  1848. 
Knorr  est  mort  à  Leijisick,  le  17  juin  1861. 

ïi-IVOX  (Jea>),  musicien  écossais  du  sei- 
zième siècle,  a  composé  la  musique  d'un  livre 
de  psaumes  à  quatre  voix  qui  a  été  publié 
sous  ce  titre  :  The  Common  Tunes.  Ces 
psaumes  se  chantent  encore  dans  les  églises 
d'Ecosse. 

RIMJPFER  (SÉDASTiE«),  directeur  de  mu- 
sique et  cantor  de  l'école  de  Saint-Thomas,  à 
Leipsick,  naquit  le  6  septembre  lOôô,  à  As- 
chen,  dans  le  Voigtland,  où  son  père,  Jean 
Kniipfer,  était  ca»i<or  et  organiste.  Ce  fut  sous 
sa  direction  que  le  jeune  KnllpPer  lit  ses 
études  de  musique  et  de  cor.iposition,  pendant 
qu'il  suivait  avec  ardeur  les  cours  de  lani^ucs 
anciennesdansun  collège  situé  à  quatre  milles 
de  la  maison  paternelle.  IMus  lard,  il  se  rendit 
à  Lcipsickj  où  il  cul  la  bonne  fortune  d'entrer 


dans  la  maison  du  savant  jurisconsulte  Jean 
riiilippi,  qui  devint  son  protecteur.  KoUpler 
profita  de  cette  position  pour  compléter  son 
instruction  philologique  et  musicale.  En  1657, 
il  obtint  le  cantorat  de  Saint-Thomas,  et  peu 
de  temps  après  il  fut  mis  en  possession  des 
fonctions  de  directeur  de  musique.  Également 
savant  dans  les  lettres  et  dans  la  musique,  il 
s'est  fait  une  solide  réputation  par  ses  comi)o- 
sitions.  Ses  ouvrages  de  musique  d'église,  ses 
madrigaux  et  ses  chansons  allemandes  étaient, 
recherchés  particulièrement  dans  la  Saxe.  Il 
mourut  en  1676.  On  trouve  de  ce  musicien,  à 
la  Bibliothèque  royale  de  Berlin,  le  manusci'it 
autographe  d'un  motet  à  huit  voix,  composé  en 
1660  sur  le  choral  :  Erforsche  mich  Gott. 
L'éloge  de  Knltpfer  a  été  publié  sous  ce  titre  : 
Programma  de  lande  musicx  in  honorem 
Seb.  Knuepferi,  philologi  eximii,  musicique 
celeberrimi  chori,  item  mnsici  directoris  et 
cantoris  ad  £>.  Thomx  benemeritissimi , 
Lipsise,  1676,  10-4". 

KI\YVETT  (Charles),  fils  d'un  organiste 
de  la  chapelle  du  roi  d''Angletere,  naquit  à 
Londres  vers  1773.  Son  premier  maître  de 
musique  fut  le  docteur  en  musique  William 
Parsons  {voyez  ce  nom),  et  Samuel  Webbe  lui 
enseigna  à  jouer  de  l'orgue.  En  1802,  il  fut 
nommé  organiste  de  la  paroisse  de  Saint- 
Georges  (Hannover-Squaré).  Il  fut  un  des  di- 
recteurs des  célèbres  concerts  de  musique 
ancienne,  conjointement  avec  son  trève{voyez 
l'article  suivant),  Greatorex  et  Bartieman. 
Knyvett  fut  pendant  près  de  vingt  ans  l'ac- 
compagnateur le  plus  renommé  de  Londres. 
On  a  publié  de  sa  composition  :  Six  airs 
harmonisés  pour  trois  et  quatre  voix.  Lon- 
dres, Goulding. 

RINYVETT  (William),  frère  puîné  du 
précédent,  né  à  Londres  vers  1778,  fut  un  des 
plus  célèbres  chanteurs  anglais  pour  le  genre 
de  l'oratorio  et  de  la  musique  classique.  La 
nature  l'avait  doué  d'une  voix  de  haute- 
contre  aiguë  susceptible  de  monter  aux  notes 
les  plus  élevées  du  contralto  :  le  timbre  en 
était  de  la  plus  grande  beauté.  Sa  belle  jtronon- 
cialion  des  paroles  anglaises  était  admirée  de 
ses  compatriotes.  Son  début  dans  les  concerts 
<le  la  musique  ancienne  se  fit  vers  1797;  la 
beauté  de  son  organe  y  fit  éclater  les  applau- 
dissements les  plus  unanimes.  J'ai  entendu 
Knyvett  à  une  époque  où  il  avait  dépassé  l'âge 
de  cinquante  ans  :  sa  voix  était  encore  d'une 
grande  beauté.  Il  était  alors  engagé  pour  tous 
les  festivals  de  musique  qui  se  donnaient  dans 
les  villes  principales  de  l'Angleterre.  Cet  ar- 

5. 


€S 


KNYVETT  —  KOCII 


lisles'est  faitconnaîlre  avantageusementaussi 
comme  compositeur  de  gf/ees  (sorte  de  mélodies 
anglaises  à  plusieurs  voix)  :  parmi  les  mor- 
ceaux de  ce  genre  qu'il  a  publiés  :  Hark  to 
Philomela  singing  ;  Yes,  Iwill  go  wilh  thee, 
my  love,  pour  soprano,  contralto,  ténor  et 
basse,  et  The  Shepherd  and  his  dog  Rover, 
pour  contralto,  ténor  et  basse,  ont  été  parti- 
culièrement recherchés  et  chantés.  Knyvett  a 
aussi  harmonisé  un  assez  grand  nombre  de 
chansons  écossaises  à  quatre  voix.  En  1839,  il 
chantait  encore  à  la  chapelle  royale^  et  était 
âgé  de  soixante  et  un  ans. 

KOBELIUS  (JeaS-Augustin),  receveurdn 
prince  de  Saxe-Weissenfels  et  directeur  de  sa 
chapelle,  naquit  à  Wœhlitz,  entre  Halte  et 
Mersebourg,  le  21  février  1674.  Son  premier 
maitre  de  musique  et  de  clavecin  fut,  en  1689, 
Nicolas  Braun,  alors  organiste  à  Weissenfels  ; 
après  la  mort  de  ce  musicien,  il  passa  sous  la 
direction  de  Jean-Chrétien  Schieferdecker, 
son  successeur.  Ensuite  il  étudia  la  composi- 
tion pendant  trois  ans  chez  le  maître  de  cha- 
pelle Jean-Philippe  Krieger.  Pour  perfection- 
ner son  éducation  musicale,  il  voyagea  et  visita 
Cobourg,  Erlangen,  Nuremberg,  Anspach, 
Sluttgard,  Augsbourg  et  Venise.  A  son  retour 
il  fut  nommé  musicien  de  la  chambre  à  Weis- 
senfels ;  puis,  en  1712,  il  obtint  la  place  d'or- 
ganiste de  la  petite  ville  de  Sangerhausen, 
d'où  on  l'appela,  en  1713,  à  la  chapelle  de  la 
Sainle-Croix  de  Querfurt,  en  qualité  de  direc- 
teurde musique.  Il  obtint  enfin,  àWeissenfels, 
les  emplois  ci-dessus  mentionnés  en  1725,  et 
il  mourut  en  cette  ville  le  17  août  1731.  Ce 
musicien  a  écrit,  pour  le  théâtre  allemand  de 
la  cour  de  Weissenfels,  plusieurs  opéras  depuis 
1716  jusqu'en  1729;  il  a  laissé  aussi  en  manu- 
scrit beaucoup  de  cantates,  de  sérénades,  de 
concertos,  de  sonates,  et  plusieurs  chants 
d'église  pour  un  ou  deux  chœurs. 

KOBERGER  (A.),  auteur  inconnu  d'un 
petit  dictionnaire  de  musique  [Kleines musi- 
kalischer  JFœrlerbuch),  dont  la  troisième  édi- 
tion a  été  publiée  à  Quedlinbourg  et  à  Leip- 
sick,  chez  G.  Busse,  en  1833.  On  ne  trouve  ni 
dans  le  livre,  ni  à  aucune  autre  source,  d'indi- 
cation des  deux  premières  éditions.  Les  rensei- 
gnements manquent  également  sur  l'afcteur, 
ainsi  que  sur  la  position  qu'il  a  occupée.  Le 
volume  est  divisé  en  deux  parties  :  la  première 
coniient  le  vocabulaire,  en  quarante-neuf 
pages;  la  seconde  est  un  aperçu  de  l'histoire 
de  la  musique,  en  vingt-deux  pages. 

KOBRICIIT  (Jean-Antoine),  prêlre  et 
oj-ganisle  à  Landsberg,  en  Bavière,  né  vers  '• 


1720  à  Raudnilz,  en  Bohême,  a  écrit  pour  les 
églises  de  la  campagne  beaucoup  de  petites 
messes  à  trois  ou  quatre  voix  avec  deux  violons 
et  orgue.  Le  style  de  ces  compositions  est  peu 
élevé;  pourtant  elles  ne  manquent  pas  d'une 
certaine  grâce  facile.  Parmi  ses  ouvrages,  qui 
ont  été  tous  imprimés  à  Augsbourg,  chez 
Lœtter,  on  compte  quatre  œuvres  de  litanies 
(o]).  9,  16,  24,  36);  trente-six  messes  en  sept 
recueils  (op.  25,  29,  30,  31,  33,  35,  36);  douze 
Tantumergo,  op.  10;  neuf  offertoires,  op.  28; 
soixante-douze  psaumes  brefs,  op.  32;  de  pe- 
tites vêpres,  op.  12.  On  a  du  même  artiste 
environ  treize  œuvres  de  sonates  pour  piano, 
et  des  préludes  et  fugues  pour  l'orgue.  En 
1782,  Kobricht  a  publié  une  méthode  de  piano 
qui  a  eu  beaucoup  de  succès  dans  l'enseigne- 
ment élémentaire.  Elle  a  pour  titre  :  Griind- 
liche  Klavierschule  (Méthode  ralionfielle  <le 
clavecin).  Il  en  a  été  fait  une  deuxième  édition 
en  1788.  Enfin  on  a  du  même  auteur  une  mé- 
thode de  violon  intitulée  :  Geig-Fundament , 
das  sich  mehr  in  Zeichen  und  Noten,  etc. 
(Fondement  pratique  du  violon ,  consistant 
plus  en  signes  et  en  noies  qu'en  explications), 
Augsbourg,  1787,  in-4''  obi.  de  quatre-vingt- 
dix-sept  pages.  Dlabacz  dit  (^Ug.  histor. 
Kunstler  Lexikon  fiir  BcEhmen,  t.  II,  col.  80) 
que  Kobricht  dirigeait  encore  le  chœur  de 
l'église  de  Raudnitz  en  1788  ;  mais  après  cette 
époque,  on  ne  trouve  plus  de  renseignements 
sur  sa  personne. 

KOCH  (Jérémie),  maître  de  chapelle  du 
comte  de  Schwarlzbourg,  et  recteur  adjoint 
du  Gymnase  dé  Sondershausen,  né  au  mois 
d'octobre  1637,  en  cette  ville,  y  fut  placé,  en 
1662,  comme  chantre  de  la  Cour,  et  comme 
troisième  professeur  du  collège.  Ce  fut  en 
1686  qu'il  obtint  sa  nomination  de  maître  de 
chapelle.  Il  mourut  le  24  mars  1693.  Ce  musi- 
cien n'est  connu  comme  compositeur  que  par 
un  chant  funèbre  à  cinq  voix  sur  la  mort  <lu 
comte  Antoine  Guntherde  Schwarlzbourg,  qui 
a  été  imprimé  en  1666,  et  qui  a  pour  litre  : 
Trawriges-Abschieds-Lied,  Gespr^chsweise 
(Triste  chant  d'adieu,  en  forme  de  dialogue), 
neuf  pages  in-4».  Les  dix  premiers  couplets,  à 
cinq  voix,  expriment  les  plaintes  de  la  veuve 
du  prince  ;  les  réponses  du  défunt  sont  écrites 
pour  trois  voix  d'homme  graves.  Les  lamenta- 
tions du  peuple,  en  chœur,  à  cinq  parties, 
sont  dans  les  onzième  et  douzième  couplets. 
Toute  cette  composition  est  empreinte  d'un 
caractère  solennel  et  mélancolique. 

KOCII  (Antoine-Albert),  né  en  Silésie 
vers  1678,  élail  mailre  de  chapelle  à  Brcslau, 


KOCH 


69 


dans  les  premières  années  du  dix-Iiuilième 
siècle,  et  y  composa  en  1710  une  cantate  inti- 
tulée :  Die  Freudens  Bezetgung,  [louv  la  dédi- 
cace du  Gymnase.  Il  passa  ensuite  au  service 
(lu  comte  de  Bernstadt,  en  qualité  de  maître 
<Ie  chapelle,  écrivit  une  sérénade  pour  divers 
instruments,  plusieurs  opéras,  et  mourut  à 
OEIs  en  1745.  Gerber  lui  attribue  la  composi- 
tion d'une  collection  de  musique  d'église  pour 
le  service  d'une  année  entière  {voyez  l'article 
suivant). 

ROCH  (JEAS-SÉBASTiEji),  né  à  Ammern , 
près  de  Muhlhausen,  dans  la  Thuringe,  le 
16  juin  1039,  fréquenta  dans  sa  jeunesse  le 
Collège  de  celte  ville,  puis  acheva  ses  études 
dans  un  séjour  de  cinq  années  à  Blankenberg. 
Ensuite  il  retourna  à  Muhlhausen  et  y  remplit 
pendant  deux  ans  les  fonctions  de  directeurdu 
chœur  de  l'église  ;  mais  au  bout  de  ce  temps, 
il  alla  étudier  la  théologie  à  l'Université  de 
Jéna.  En  1712,  il  fut  appelé  à  Schlaitz,  dans 
le  Voigtland,  comme  professeur  de  musique  et 
(le  chanteur  bassiste  de  la  chapelte  du  comte  de 
Reuss  ;  il  échangea  celte  situation,  en  1728, 
pour  celle  de  directeur  de  cette  chapelle,  et 
mourut  au  mois  de  janvier  1757.  Mattheson 
attribue  à  ce  musicien  {Grundl.  einer  Eh- 
renpf.,  p.  112)  la  composition  d'une  année 
complète  de  musique  d'église  que  l'organiste 
Quiel  possédait  en  1714;  mais  Gerber  ptnse 
que  ces  ouvrages  appartenaient  à  Antoine-Al- 
bert Roch  (vo]jez  l'article  précédent).  Les  au- 
tres compositions  de  Jean-Sébastien  Koch  ne 
sont  pas  connues. 

ROCH  (Françoise-Romana),  née  GIRA.- 
WEOK,  fut  une  cantatrice  Irès-estimée  du 
théâtre  allemand;  elle  naquit  à  Dresde,  en 
1748.  Destinée  d'abord  à  la  profession  de  dan- 
seuse, elle  débuta  comme  telle,  en  1765,  au 
théâtre  de  Leipsick,  et  devint  dans  l'année 
suivante  la  femme  de  Koch,  maître  de  ballets, 
qui  en  fit  une  de  ses  danseuses  les  plus  habiles 
et  les  plus  aimées  du  public.  En  17C7,  elle  prit 
des  leçons  de  Gerber  pour  le  clavecin;  quatre 
ans  après,  Schweitzer,  maître  de  chapelle  à 
Weimar,  lui 'enseigna  l'art  du  chant,  et  par 
ses  soins  elle  parvint  à  un  degré  d'habileté 
qui  la  fit  admirer  pendant  dix  ans  sur  les 
théâtres  principaux  de  l'Allemagne.  Retirée 
en  1787,  elle  ne  s'occupa  plus  que  de  l'éduca- 
tion de  ses  enfants,  qui  ont  été  aussi  des  ar- 
tistes distingués.  Elle  mourut  d'une  maladie 
de  poitrine,  à  Dresde,  en  1796. 

KOCH  (IIenri-Ciiristophe),  né  à  Rudol- 

,  sladt,  le  10  octobre  1749,  reçut  de  son  père, 

musicien  de  la  chapelle  du  prince,  sa  première 


instruction  musicale.  L'électeur  lui  fitensuit« 
donner  des  leçons  de  piano,  de  violon  et  d«; 
composition  par  le  maître  de  chapelle  Schien- 
pflug,  et  le  prince  Louis  Gunther  l'admit  dans 
sa  musique  à  l'âge  de  quinze  ans,  en  qualité  de 
second  violon,  et  lui  accorda  une  pension  pour 
l'aider  à  continuer  ses  études  littéraires.  Par- 
venu dans  les  classes  supérieures ,  Koch  prit 
un  goût  décidé  pour  les  mathématiques.  Les 
progrès  qu'il  fit  dans  ces  sciences  lui  furent 
ensuite  fort  utiles  pour  ses  travaux  sur  la 
théorie  de  la  musique.  En  1708,  le  prince  le 
nomma  premier  violon  de  sa  chapelle,  et 
l'admit,  en  1777,  dans  la  musique  de  sa 
chambre.  Entièrement  remplie  par  des  études 
et  des  travaux,  la  vie  paisible  de  ce  savant  mu- 
sicien s'est  écoulée,  exempte  de  soucis  et  d'évé- 
nements, dans  l'exercice  de  ses  devoirs.  Un 
coup  d'apoplexie  l'a  enlevé  à  l'art  et  à  ses 
amis,  le  12  mars  1816.  Par  une  circonstance 
singulière,  l'Académie  royale  de  musique  de 
Stockholm,  qui  n'avait  point  été  instruite  de 
sa  mort,  le  nomma  l'un  de  ses  membres,  et 
envoya  le  diplôme,  à  Rudolstadt,  le  2  dé- 
cembre 1818. 

Koch  est  plus  connu  comme  écrivain  sur  la 
musique  que  comme  compositeur.  Ses  ouvrages 
occupent  une  place  importante  dans  la  littéra- 
ture musicale.  Le  premier  qu'il  fit  paraître  a 
pour  titre  :  f'ersuch  einer  Jnleitung  zur 
Composition  (Essai  d'une  introduction  à  la 
composition),  première  partie,  Rudolstadt, 
1782,  un  volume  in-8°  de  trois  cent  soixante- 
quatorze  pages;  deuxième  partie,  Leipsick, 
1787,  un  volume  in-8"de  quatre  cent  soixante- 
quatre  pages  ;  troisième  partie,  Leipsick,  1795, 
un  volume  in-8»dequatre  cent  soixante-quatre 
pages.  Ce  livre  est  un  des  meilleurs  qui  ont  été 
publiés  en  AUemagnesurle  sujet  dont  il  s'agit, 
et  Koch  l'a  traité  d'après  des  vues  originales. 
Dans  la  première  partie,  il  examine  d'une  ma- 
nière savante,  logique  et  neuve  les  rapports  de 
la  tonalité  avec  l'harmonie  des  accords;  la 
constitution  de  ces  accords,  leur  enchaîne- 
ment, et  l'analyse  des  divers  cas  de  résolution 
des  dissonances,  complètent  cette  partie  du 
travail.  La  deuxième  section  de  cette  première 
partie  est  relative  au  contrepoint  :  c'est  la  plus 
faible  de  l'ouvrage;  Koch  n'a  point  compris 
le  but  de  cette  partie  de  la  science.  La  première 
section  de  la  deuxième  i>artie  renferme  des 
considérations  pleines  de  justesse  sur  la  forme 
des  pièces  de  musicpie  et  l'arrangement  de 
leurs  diverses  parties.  Sous  le  titre  de  Règles 
mécaniques  de  la  mélodie,  la  seconde  section 
de  celle  deuxième  partie  contient  des  aperçue 


70 


KO  Cil 


absolument  neufs  et  d'un  haut  intérêt  concer- 
nant cette  branche  importante  de  l'art.  On 
n'a  rien  fait  de  mieux  jusqu'à  ce  jour,  et  l'on 
n'avait  rien  produit  d'aussi  satisfaisant  arant 
Koeh.  La  troisième  partie  tout  entière  est  le 
développement  de  la  théorie  de  la  forme  mé- 
lodique. La  période  et  ses  diverses  combinai- 
son» y  sont  traitées  demain  de  maître.  Toute- 
fois le  mérite   de   cet    excellent  livre  a  été 
méconnu  en  Allemagne.  L'existence  obscure 
de  l'auteur,  l'absence  de  tout  moyen  de  publi- 
cité à  l'époque  où  l'ouvrage  parut,  et  le  savoir- 
faire  de  quelques  théoriciens,  bien  inférieurs 
en  mérite  à  l'auteur  de  VEssai  d'une  intro- 
duetion  à  la  composition,  mais  plus  actifs, 
ont  fait  en  quelque  sorte  rester  dans  l'oubli 
ce  livre  conçu  d'une  manière  vraiment  philo- 
sophique.  Aujourd'hui   même,  les   musiciens 
allemands  et  les  critiques  de  profession  sem- 
blent ignorer  la  valeur  de  ce  livre,  et  les  bio- 
graphes se  bornent  presque  tous  à  en  indiquer 
le  titre.  En  1795,  Koch  entreprit  la  publica- 
tion d'un  journal  de  musique  qui  parut  à  Er- 
furt,  chez  Rayser,  sous  ce  titre  :  Journal  der 
Tonkunst.   Le  plan  était  bien  conçu,   et  les 
deux  premiers  numéros  qui  parurent  (formant 
ensemble  deux   cent  soixante  et  une    pages 
in-S")  annonçaient  un  recueil  bien  fait;  mais 
ce  furent  les  seuls  qu'on  publia.  Koch  n'était 
pas  placé  convenablement   pour   faire  pros- 
pérer une  telle  entreprise.  D'ailleurs,  il  était 
déjà  occupé  de  recherches  pour  \e  Grand  Dic- 
tionnaire de  musique  qu'il  publia  quelques 
années  après,  et  le  temps  employé  pour  ce 
nouvel  ouvrage  ne  lui  permettait  pas  de  donner 
des  soins  à  la  rédaction  d'un  journal.  Ce  dic- 
tionnaire  parut  six  ans  après,  sous  ce  titre  : 
Musikalixcltes  Lexikon,  tvekites  die  theore- 
tische  und  praelische  Tonkunst  encydopœ- 
(lisch  bearbeitet,   aile  alte  und  neue  Kunst- 
tcœrter  erldiert,  und  die  alten  und  neuen 
Instrumente   besehreiben   enthxU  (Lexique 
musical,   contenant  la  musique  théorique    et 
l)ratique,  en  forme  d'encyclopédie,  l'explica- 
tion de   tous  les  termes  techniques  anciens  et 
modernes,  la  description  des  anciens  instru- 
ments et  des  nouveaux,  etc.),  Franclbrt-sur- 
Te-Mein,  llermann,  1802,  gr.  in-S"  de  plus  de 
lieuf  cents  pages.  Une  deuxième  édition  a  été 
publiée  à  lleidelberg,  chez  Mohr  et  Winter^ 
en  1817,  un  volume  gr.   in-S".  Bien  que  ce 
livre  ne  soit  pas  à  l'abri  de  tout  reproche  sous 
ïes  rapports  de  l'érudition,  de  l'histoire  et  de 
ïa  philosophie  de  l'art  et  de  la  science,  on  peut 
dire  qu'il  est  le  premier  où  les  questions  ont 
été   traitées  avec  les  développements  néces- 


saires et  le  langage  technique  convenable.  Les 
exemples  de  musique  qui  accompagnent  les 
explications  en  donnent  bien  l'intelligence,  et 
ces  exemples,  en  général  bien  écrits,  sont  d'un 
musicien  instruit  qui  unissait  une  parfaite  con- 
naissance de  la  pratique  à  la  théorie.  Le  dic- 
tionnaire de   Roch   pourrait    être    considéré 
comme  suffisant  pour  l'usage  de»  artistes  et  des 
littérateurs  musiciens,  si,  comme  je  viens  de  le 
dire,  la  partie  historique  de  la  musique  y  était 
traitée  avec  plus  d'érudition,  si  l'esthétique 
y  était  moins  négligée,  et  si  le  défaut  de  pro- 
portion ne  s'y  faisait  remarquer  en  plusieurs 
endroits  dans  l'étendue  des  articles.  Koch  a 
donné  un  abrégé  de  ce  grand  dictionnaii-e,  et 
l'a  publié  sons  ce  litre  :  R'urzgefasstes  I/and- 
wœrterbuch  der  Musih  fiir  praktisches  Ton- 
kiintsler  und  Dilettunten  (Vocabulaire  abrégé 
de   musique  pour  les  musiciens   pratiques  et 
les  amateurs),  Leipsick,  Hartknoch,  1807,  un 
volume  in-8"  de  trois  cent  quatre-vingt-seize 
pages.  Une  deuxième  édition  a  été  faite  àUlm, 
en  1828,  un  volume  in-8".  Cet  abrégé  est  un 
bon  manuel  pour  l'usage  auquel  il  est  destine . 
Les  autres  ouvrages  de  Koch  sont  :  1"  Jland- 
buch  bei  dem  studium  der  Harmonie  (iVIanuel 
pour  l*étude  de  l'harmonie),  Leipsick,  Hart- 
knoch, 1811,  in-4"obl.  de  quatre  cenicpjatre- 
vingt-trois  pages.  Dans  ce  livre,  l'auteur  a  eu 
pour  but  de  classer  les  accords  suivant  leur 
destination  résolutive,  avec  les  diverses  modi- 
fications que  l'art  moderne  y  a  introduites.  IJ 
s'y  est  placé  à  un  point  de  vue  différent  de  ce- 
lui on  il  s'était  mis  en  écrivant  la  première 
partie  de  son  Essai  d'une  introduction  à  la 
composition.  2"  f'ersuch  ans  derharten  und 
weichen  Tenartenjeder  Stufe  der  diatonisch- 
cfiromatischen  Tonleiter  vermittelst  des  en- 
harmonischen  Tonwechsels  in  die  Dur  und 
Molltœne  der  iibrigen  Stufen  auszuweichen 
(Essai  sur  le  passage  du  mode  majeur  et  mi- 
neur de  tout  degré  de  l'échelle  diatonique  et 
chromatique ,    au    moyen  de  la  modification 
enharmonique  dans  les  modes  majeur  et  mi- 
neur des    autres  notes),   Rudolstadt,    1812, 
in-4'*  de  quatre  feuilles.  Koch  à  aussi  fourni 
quelques  articles  à  des  journaux  de  musique^ 
entre  autres  à  la  Gazette  musicale  de  Spire. 
Comme  compositeur,  il  a  écrit  plusieurs  can- 
tates et   un  drame  pour  la  cour  de  Rudol- 
stadt. 

lïOCII    (Frasçois-Paul)  ,   musicien    alle- 
mand, né  en,1761,  à  Mittersill,  dans  les  envi- 
rons de  Salzboui'g,  où  son  père  était  relieur, 
s'est  fait  connaître  par  son  habileté  singulière;, 
à  jouer  de  la  guimbarde.  Il  avait  atteint  Và'^f^ 


KOCII  -  KOCIIER 


7! 


<1e  vingt  et  un  ans  lorsqu'il  tomba  entre  les 
mains  d'un  recruteur  prussien  qui  l'embaucha 
et  le  fit  entrer  dans  un  régiment  qui  était  en 
garnison  à  Magdebourg.  Son  talent  fut  dccou- 
vert  par  un  officier  qui,  dans  une  ronde  de 
nuit,  surprit  Roch  jouant  de  son  instrument 
au  poste  où  il  était  en  faction.  L'affaire  était 
grave,  elle  fut  portée  jusqu'au  roi  Frédéric- 
Guillaume  II,  qui  fit  venir  son  grenadier,  et 
après  l'avoir  entendu,  lui  accorda  son  congé 
«lu  service  militaire.  Alors  Koch  voyagea  pour 
tirer  parti  de  son  talent,  et  partout  il  excita 
l'admiration  populaire.  Il  mourut  en  1792,  et 
VAlmanach  de  Schuinel  de  179Ô  lui  consacra 
une  notice  (p.  322).  Son  talent  fut  aussi  célé- 
bré dans  une  brochure  intitulée  :  Biographie 
Franz-Paul  Koch's  des  Mundharmonica 
spielcr's  von  G.-D.  Geisskr  (Biographie  du 
joueur  d'harmonica  de  bouche  François-Paul 
Koch,  par  G.-D.  Geissler),  Augsbourg,  1793, 
in-8». 

ROCU  (Étiex^e)  ,  facteur  d'instruments 
à  vent,  né  le  12  avril  1772,  à  Besprin,  en  Hon- 
grie, se  rendit  à  Vienne  dans  sa  jeunesse,  et 
y  apprit  la  profession  de  tourneur;  puis,  il 
s'est  adonné  avec  succès  à  la  facture  des  in- 
struments à  vent.  Ses  clarinettes,  ses  flûtes, 
ses  bassons  et  ses  hautbois  étaient  recherchés 
«•n  Autriche,  en  Hongrie,  en  Bohème  et  en  Ba- 
vière. Peu  de  facteurs  sont  parvenus  aussi  bien 
que  lui  à  donner  de  la  précision  au  mécanisme 
des  clefs,  et  à  rendre  la  qualité  du  son  partout 
égale.  Il  est  mort  à  Vienne,  le  10  octobre 
1828,  à  l'âge  de  cinquante-six  ans.  Ayant  fait 
quelques  changements  à  la  position  des  clefs 
et  au  percement  des  trous  de  la  clarinette,  il  a 
publié  la  nouvelle  gamme  de  son  instrument, 
sous  le  litre  de  Neueste  Tonleitcr  fiir  die  Cla- 
rinette, Vienne,  Ilaslinger. 

KOCH  (Jkak  Frédéric-Guiilaume),  surin- 
fendant  et  prédicateur  de  l'église  principalede 
Magdebourg,  chevalier  de  l'ordre  du  Mérite  de 
Prusse,  s'est  fait  connaître  avantageusement 
iwr  des  travaux  sur  diverses  sciences  depuis 
le  commencement  du  dix-neuvième  siècle  jus- 
qu'en 1830.  Au  nombre  de  ses  ouvrages,  on 
remarque  les  suivants,  relatifs  à  la  musique  : 
Gesanglehre.  Ein  Hulfsmittel  fiir  Elemen- 
tarschullehrer,  diirch  eine  einfache  Bezeich- 
niingsart  und  Lehrmethode  und  durch  eine 
zinckma'ssige  Sammlung  von  Singsliicken 
cinen  reinen  mehrstimniigen  l'olks  Gesang 
zii  bilden  (Science  du  chant.  Moyen  d'ensei- 
gnement à  l'usage  des  instituteurs  pri- 
maires, etc.),  Magdebourg,  1814,  in-4»  de 
cent  six  pages.  L'auteur  de  cet  ouvrage  est  un 


des  premiers  qui  ont  proposé  en  Allemagne  la 
notation  des  chiffres  pour  les  chorals  à  l'usage 
du  peuple.  Une  deuxième  édition  de  son  livre 
a  été  publiée  à  Magdebourg,  en  1825,  in-4''. 
2"  JFarum  soll  der  Gesang  en  unsern  Folks- 
schulen  nicht  nach  Noten,  sondern  nach 
Ziffern  gelehrt  werden  ?  (Vo\\vc\iioi  léchant 
n'est-il  pas  enseigné  dans  nos  écoles  non  pai* 
les  notes,  mais  par  les  chiffres,  etc.?)  Magde- 
bourg, 1817,  quarante-huit  pages  in-S". 
3"  Einslimmiges  Choralbuch  fur  Folks- 
schnlen  (Livre  choral  à  une  voix  pour  les 
écoles  populaires),  Magde!)ourg,  181G,  in-S»; 
deuxième  édition,  ibid.^  1820;  troisième  é(\\- 
i\on^  ibid.,  1821.  4°  Dreistimmîges  Choral- 
buch in  Ziffern  fur  Folksschulen  (Livre  cho- 
ral à  trois  voix,  en  chiffres,  pour  les  écoles 
populaires),  Magdebourg,  1821,  in-S".  5»  Fter- 
stimmige  Chorale  und  Jltargesxnge  in  Zif- 
feren  fur  Sxngerchvere  (Chants  chorals  et 
d'église  à  quatre  voix,  en  chiffres  pour  les 
choristes),  Magdebourg,  1822,  in-4''. 

ROCH  (Charles),  virtuose  sur  le  basson  et 
compositeur  pour  son  instrument,  né  dans  les 
environs  de  Coblence,  en  1793,  fit  ses  études 
musicales  dans  cette  ville,  et  reçut  des  leçons 
d'Almenrîeder  {voyez  ce  nom)  pour  son  in- 
strument. En  1822,  il  fut  attaché  à  la  chapelle 
du  prince  de  Saxe-Cobourg.  Parmi  les  ou- 
vrages ([u'il  a  publiés,  on  remarque  :  1"  Grand 
cotTcerto  pour  basson,  op.  11,  Bonn,  Sjmrock. 
2"  Grand  rondo  brillant  s!ir  des  airs  et  des 
danses  suédoises,  op.  13,  Offenbach,  André. 
3»  Pot-pourri  sur  des  thèmes  de  Preciosa , 
op.  18,  Leipsick,  Hofmeisler.  4"  Fantaisie  et 
variations  sur  desthèmes  de  la  Dame  blanche, 
op.  27,  Mayence,  Schott.  5"  Boléro  en  forme 
de  rondo,  avec  piano,  op.  40,  ibid. 

ROCH  (FERDINA^D),  instituteur  et  orga- 
niste à  l'église  principale  de  Havelberg,  dans 
leBrandebourg,  a  fait  insérer  dans  le  neuvième 
volume  de  l'écrit  périodique  intitulé  :  Eutonia 
(I83o,  p.  1-33),  un  article  sur  la  science  de  la 
modulation. 

ROCHER  (Cowrad),  né  le  16  décembre 
178G,  au  village  de  Dizingen,  dans  le  Wur- 
temberg, se  destina  dès  sa  jeunesse  à  la  car- 
rière de  l'enseignement,  et  après  avoir  fini 
ses  études,  se  rendit  à  Pétersbourg  comme 
précepteur,  à  l'âge  de  dix-sept  ans.  Les  œu- 
vres de  Haydn  et  de  Mozart  qu'il  entendit  bien 
exécutées  pour  la  première  fois  dans  cette 
ville,  firent  une  impression  si  vive  sur  lui, 
qu'il  prit  la  résolution  de  se  livrer  exclusive- 
ment à  la  culture  de  la  musique.  L'amitié  de 
*  Clcmenti  et  de  ses  élèves  Klcngel  et  Berger,, 


72 


ROCHER  —  KOCKEN 


qui  se  trouvaient  alors  à  Pélersbourg,  l'en- 
couragea dans  cette  résolution.  Il  reçut  de 
ces  derniers  des  leçons  de  piano,  et  J.-H.  Mill- 
ier lui  enseigna  le  contrepoint.  De  retour  dans 
sa  patrie,  il  y  publia  quelques  sonates  de 
piano,  des  quatuors,  des  chansons,  etc.  ;  puis 
composa  des  opéras  parmi  lesquels  on  re- 
marque la  Cage,  et  le  Roi  des  Elfes,  qui  ont 
été  représentés  à  Slutlgard.  Son  oratorio,  la 
Mortd''Jbel,  fut  exécuté  à  Leipsick,  en  1819, 
et  àSluttgarddans  l'année  suivante.  Ses  succès 
attirèrent  sur  lui  l'attention  de  quelques  vrais 
amateurs,  et  particulièrement  du  libraire  Cotta, 
qui  lui  fournit  les  moyens  d'aller  en  Italie,  et 
d'y  prolonger  son  séjour.  Rome  excita  sur- 
tout l'intérêt  de  Rocher,  particulièrement  par 
les  œuvres  de  Palestrina  que  Baini  lui  fil  con- 
naître et  étudier  avec  fruit.  Dès  lors  ses  idées 
se  modifièrent  à  l'égard  de  la  musique  d'église, 
et  lui  firent  concevoir  le  plan  d'une  réforme 
dans  la  musique  chorale  de  l'Allemagne.  Il  a 
exposé  ses  vues  à  cet  égard  dans  l'ouvrage 
qu'il  a  publié  sous  ce  titre  :  Die  Tonkunst  in 
der  Kirche,  oder  Idcen  zu  einem  AUgemeinen 
plerstimmigen  Choral-und  einem  Figurai- 
gesang  fur  einen  kleinenChor ,nehst  Ansich- 
ten,  iiber  den  Zweck  der  Kunst  im  AUge- 
meinen (la  Musique  dans  l'église ,  ou  idées 
sur  un  chant  universel  choral  et  figuré  à 
quatre  voix  pour  un  petit  chœur,  avec  des 
vues  sur  le  but  de  l'art  en  général);  Slutlgard, 
181Ô,  in-8»  de  cent  sept  pages  et  quatre 
planches.  En  plus  d'un  endroit  de  cet  opus- 
cule, on  aperçoit  la  tendance  de  l'esprit  de 
Kocher  à  rapprocher  les  mélodies  du  culte 
prolestant  et  la  manière  de  les  traiter  en  har- 
monie, de  l'ancien  style  de  l'école  romaine. 
W.-C.  Muller  de  Brème  a  donné  dans  le 
deuxième  volume  de  la  Cs^cilia  (p.  141-155) 
une  analyse  de  cet  ouvrage  plus  étendue  que 
substantielle.  Kocher  avait  insisté  dans  son 
livre  sur  la  nécessité  d'introduire  le  chant 
choral  dans  les  églises  5  il  voulut  ensuite 
joindre  l'exemple  au  précepte,  et  fonda  une 
société  de  chant  religieux  qui  envahit  en  peu 
de  temps  tout  le  Wurtemberg,  et  qui  parait 
devoir  arriver  au  résultat  de  populariser  le 
chant  à  quatre  parties  dans  les  églises.  Les 
fonctions  d'organiste  de  l'église  du  couvent,  à 
Slutlgard,  auxquelles  Rocher  a  été  appelé  en 
1827,  lui  ont  fourni  les  moyens  de  réaliser  eu 
partie  son  plan.  L'année  suivante,  il  a  publié 
son  livre  choral  à  quatre  parties  pour  les  or- 
ganistes, sous  ce  titre  :  Fierstimmiges  Cho- 
ralbuch  fiir  Orgel-  und  Clavier-spieler  oder 
JUelodien   zu   sxmmUischen    Liedern    des 


coffentlichen  Gesangbuchs  der  evangelischen 
Kirche  in  TVurtemberg  mit  einem  sowohl 
alphabetisch  als  nach  Fermassen  geordneten 
Register,  etc.;  Slutlgard,  1828,  in-4''  de  cent 
quarante  et  une  pages.  Kocher  a  eu  pour  colla- 
borateurs dans  ce  travail  ses  amis  F.  Silchcr 
el  J.-G.  Frech.  Les  autres  compositions  de 
Kocher  sont  :  1»  Quatuor  pour  piano,  violon, 
alto  et  violoncelle,  Leipsick,  Breitkopf  et  llser- 
lel.  2"  Trois  sonates  pourpiano  seul,  Leipsick, 
Peters.  3°  Sonate  détachée,  idem;  ibid. 
A°  Douze  chants  à  quatre  voix,  pour  un  chœur 
d'hommes,  Slutlgard,  Zumsteeg.  5"  Six  Lieder 
à  voix  seule,  avec  accompagnement  de  i)iano, 
Leipsick,  Breitkopf  et  Ilsertel.  G"  Cantates  et 
motets  pour  soprano,  contralto,  ténor  et 
basse,  pour  l'usage  de  l'église,  de  l'école  et  de 
la  chambre,  n"'  1  à  G,  en  partition  ;  Stuttgard, 
Zumsteeg,  1842.  En  1847,  Kocher  a  publié, 
sous  ce  titre:  ChristlicheJIausmusik {Mimique 
chrétienne  pour  la  maison),  un  recueil  de 
morceaux  religieux  pouruneet plusieurs  voix, 
avec  accompagnement  de  piano,  lesquels  sont  • 
pris  en  grande  partie  dans  les  œuvres  de  Ilaen- 
del;  Stuttgard,  Millier. 

KOCULOW  (GiiARLEs-FnAJMANN  DE), 
compositeur  el  maître  de  chapelle  à  Pres- 
bourg,  est  né  en  Hongrie  vers  1812.  Il  dirigea 
à  l'église  Saint-Martin  de  cette  ville  un  chœur 
pour  l'exécution  de  la  musique  religieuse  et 
classique,  dont  la  fondation  remonte  à  l'année 
1500.  Cette  chapelle  était  encore  en  pleine 
prospérité  en  1842,  par  les  soins  de  l'abbé  et 
doyen  Kremlitzka,  qui  en  avait  été  le  restau- 
rateur, sous  la  protection  del'évéque  de  Raab, 
Mgr.  de  Stankowitz,  et  M.  de  Kochlow  y  don- 
nait une  impulsion  d'artiste  dévoué;  mais  ou 
dit  que  les  événements  politiques  de  1841)  ont 
été  funestes  pour  cette  institution,  comme  ils 
l'ont  été  pour  toute  la  Hongrie.  M.  de  Kochlow 
s'est  livré  particulièrement  à  la  composition 
pour  le  chant.  Je  ne  connais  de  lui  que  les 
œuvres  dont  voici  les  titres  :  1"  Fisciters 
NachtUed  (Chant  nocturne  du  pécheur),  op.  5, 
Vienne,  llaslinger.  2°  Der  Liebe  Sehnsuclit 
(le  Désir  ardent  de  l'Amour),  à  voix  seule  pour 
piano,  op.  4.  Vienne,  Mechetti.  3"  IFandrers 
Jleimwech  (Nostalgie  du  Voyageur) ,  idem... 
op.  5,  ibid.  4"  Le  Danube,  pour  quatre  voix 
d'hommes,  op.  G,  Vienne,  llaslinger.  5"  Trois 
poèmes  pour  quatre  voix  d'hommes,  op.  7, 
ibid.  G"  Trois  idem,  op.  8,  ibid.  7»  An  dia 
Zj'efccnuicier/'ej'ne  (A  la  bicn-aimée  absente), 
à  voix  seule  avec  piano.  Vienne,  Diabelli. 

KOCKEIV  (.jEA>-FnA>çois-BAnTiiELEJiv  ). 
logez  CoivKEN. 


KOEBER  —  KOEHLER 


73 


KOEBEU  (...))  virtuose  sur  le  hautbois, 
vivait  vers  la  fin  du  dix-huitième  siècle  et  fut 
élève  de  Le  Brun.  Dans  l'année  1800,  il  se  fit 
entendre  à  Hambourg  avec  succès.  Il  a  laissé 
en  manuscrit  plusieurs  concertos  pour  le  haut- 
bois. 

KOECIIER  (Paul),  violoniste  et  violon- 
celliste distingué,  naquit  en  1719  à  Domazlic, 
en  Bohême,  et  entra  en  1735  dans  l'ordre  des 
frères  de  la  Charité  à  Prague,  où  il  acheva  ses 
études  littéraires  et  musicales.  L'année  sui- 
vante, il  fit  profession.  Après  avoir  été  envoyé 
dans  quelques  couvents  de  son  ordre,  il  fut 
nommé  supérieur  de  celui  de  Vienne.  Ensuite 
il  remplit  les  fonctions  de  prieur  à  Graelz,  à 
Neustadt,  et  à  Feschen,  en  Silcsie.  Vers  la  fin 
de  sa  vie,  il  se  relira  au  monastère  de  Kukus, 
en  Bohême,  où  il  mourut  le  21  février  1783. 
Outre  les  deux  instruments  dont  il  a  été  parlé 
précédemment,  ce  moine  jouait  fort  bien  de  la 
viole  d'amour,  pour  laquelle  il  a  écrit  plusieurs 
concertos. 

ROECKE  (BAnTnÉLE.in  DE),  fondeur  de 
cloches  à  Alost  (Flandre),  dans  la  seconde 
moitié  du  quinzième  siècle,  inventa  les  caril- 
lons, en  1481,  suivant  Ortelius,  cité  par  Gra- 
maye  [Anliq.  Brabant.,  ch.  III,  p.  55).  Il  con- 
çut le  premier  le  mécanisme  du  cylindre  noté, 
pour  mettre  les  cloches  en  vibration  et  former 
les  mélodies.  Ortelius  dit  que  ce  fut  un  homme 
de  peu  de  sens  [Arlificio  apud  Alostano  re- 
perto  anno  1481,  et  quidem  per  kominem 
parum  sani  cerebri);  cependant  l'invention 
d'une  chose  si  compliquée  indique  une  force 
de  conception  peu  commune.  Les  paroles  du 
célèbre  géographe  anversois  peuvent  s'expli- 
quer par  la  tradition  populaire  des  habitants 
d' Alost,  suivant  laquelle  De  Roecke,  homme 
de  génie  dans  son  art,  aurait  eu  le  défaut 
d'être  ébranlé  lorsqu'il  rencontrait  dans  son 
travail  des  difficultés  imprévues;  mais  sa 
femme,  dont  le  prénom  était  Pharaïlde,  exer- 
çait sur  lui  de  l'ascendant,  et  le  soutenait  dans 
ses  moments  de  découragement.  Cet  homme 
demeurait  dans  la  rue  du  Sel  :  sa  sœur  utérine 
avait  épousé  Thierry  Martens  ou  Mertens,  de 
cette  ville,  le  plus  ancien  imprimeur  de  la 
Belgique.  Suivant  la  tradition  belge,  le  caril- 
lon de  De  Roecke,  placé  au  beffroi  d'Alost,  se 
fit  entendre  pour  la  première  fois  le  jour  de 
Noël  (25  décembre  1487),  cinq  minutes  avant 
que  la  cloche  du  beffroi  sonnât  midi.  Toutefois 
cette  date  est  contestée  par  quelques  écrivains 
hollandais  qui,  bien  qu'ils  reconnaissent  l'an- 
tériorité de  l'invention,  en  1481,  dont  parle 
Ortelius  prétendent  oue  ce  fut  à  Utrechl  que 


le  premier  carillon  résonna,  précisément  en 
1487  (1).  Il  est  certain  qu'un  carillon  fut  con- 
struit dans  cette  ville  vers  la  même  date  [lar 
un  fondeur  nommé  f^an  Hemona,  et  perfec- 
tionné par  Nicolas  Toorn,  qui  porta  jusqu'à 
deux  octaves  celui  qui  fut  placé  dans  la  tour  de 
la  cathédrale. 

J.-P.-A.  Fischer  met  en  question  le  moyen 
employé  par  De  Roecke  pour  faire  résonner 
son  carillon  (2)  ;  ce  moyen  était  mécanique  : 
il  étaiten  communication  avec  le  mouvement 
de  l'horloge  de  la  ville  d'Alost.  D'autre  part, 
Abraham  de  Wesel  dit  (ô)  que  ce  fut  à  Utrecht 
qu'un  clavier  fut  appliqué  au  carillon  pour  le 
jouer.  La  contestation  au  sujet  de  la  priorité 
d'invention  de  l'instrument  résulte  donc  d'un 
malentendu.  L'invention  du  carillon  remonte 
à  l'année  1481  ;  elle  appartient  à  De  Roecke; 
mais  son  mécanisme  ne  fut  achevé  et  ne  put 
fonctionner  que  le25  décembre  1487.  Pendant 
qu'il  y  travaillait,  son  idée  s'étant  répandue 
jusqu'à  Utrecht,  Van  Hemona  la  réalisa.  Per- 
fectionnée par  Nicolas  Toorn,  celte  invention 
se  transforma  en  carillon  à  clavier.  Le  carillon 
mécanique  appartient  donc  à  Barthélémy  De 
Roecke  et  à  la  ville  d'Alost;  le  carillon  à  cla- 
vier fut  l'œuvre  de  Nicolas  Toorn,  et  a  été  pro- 
duit à  Utrecht. 

ROEÏILER  (  GoTTFRiED  )  fut  cantor  à 
Leipsick,  puis  à  W^urzen  (Saxe),  vers  le  milieu 
du  dix-septième  siècle.  Il  s'est  fait  connaître 
par  une  dissertation  qui  porte  ce  titre  singu- 
lier :  Mutata  musica  mutari  res  publicas  et 
ccclesiast.;  Leipsick,  1655,  in-4''.  On  ne  voit 

(1)  Quelques  archéologues  ont  essayé  de  faire  rc- 
monler  à  lies  temps  plus  reculés  l'invention  des  caril- 
lons, qu'ils  ont  confondus  avec  les  sonneries  mécaniques 
de  certaines  horloges  anciennes.  Il  est  vrai  que  le  chro- 
niqueur Froissart  rapporte  qu'en  1382,  lorsque  le  roi 
de  France,  Charles  VI,  fit  détruire  par  le  feu  la  ville 
de  Courtrai,  le  duc  de  Bourgogne,  son  oncle,  «  fil  ôter 
des  halles  un  oroloige  qui  sonnoit  les  heures,  l'un  des 
plus  beaux  que  on  seul  deli  ni  deçà  la  mer,  etc.  » 
lîuchon,  dans  une  note  de  son  édition  sur  ce  passage, 
dit  que  la  plupart  des  grandes  horloges  à  sonnerie 
datent  du  xi  v  siècle,  mais  que  leur  invention  est  beau- 
coup plus  ancienne.  II  cite  à  ce  sujet  Ihorloge  de  Mag- 
debourg,  qui  fut  longtemps  célèbre,  et  qui  avait  été 
fabriquée  à  la  fin  du  x'  siècle,  par  Gerbert,  moine  de 
l'abbaye  de  Saint-Géraud  d'Aurillac,  qui  fut  pape  sous 
le  nom  de  Sylvestre  II.  (Les  chroniques  de  sire  Jean 
rroissarf,  édition  du  l'anlhéon  littéraire,  lome  II,  liv.  ii, 
page  257.)  On  n'a  point  remarqué  que  ces  horloges  à 
sonnerie  n'ont  pas  de  rapport  avec  les  carillons,  car 
leur  système  ne  se  compose  que  d'un  échappement  (|ui 
permet  au  marteau  de  frapper  le  timbre  ou  la  cloche  et 
d'un  ressort  qui  le  relève.  Ce  système  n'entre  pour  rien 
dans  la  construction  des  carillons. 

(2)  Yerliandeling  van  de  Klokken  en  hel  Klokke-Si>el, 

p.  7. 

(?)  Commcnl.  ad  Novellas  const.  UUraj.  art  I»,  p.  249. 


74 


KOEHLER 


pas  trop  pourquoi,  la  musique,  étant  modi- 
fiée, ferait  changer  le  gouvernement  des  États 
et  des  choses  ecclésiastiques.  C'est  une  idée 
fausse  empruntée  aux  Grecs,  particulièrement 
à  Platon. 

KOEIILER  (Jean-Chrétien),  facteur  d'or- 
gues à  Francfort-sur-le-Mein,  vers  le  milieu  du 
dix-huitième  siècle,  a  construit  en  1759  et 
17C0  à  Wurzbourg,  au  couvent  d'Eborach, 
deux  orgues  de  chœur,  le  premier,  de  vingl- 
ileux  jeux,  le  second,  de  quinze  jeux.  En  1760 
il  a  fait  aussi  un  orgue  de  vingt-six  jeux,  deux 
claviers  et  pédale,  à  Bamherg. 

KOEIILER  (Jean -Louis),  organiste  à 
"Weissenbourg,  vers  le  milieu  du  dix-huitième 
siècle,  était  né  en  Bohême.  Il  vivait  encore  en 
1789,  car  il  fit  imprimer  dans  cette  année  un 
ouvrage  de  sa  composition  à  Nuremberg.  On  a 
de  cet  artiste  :  1°  Angenehmer  Zeih)ortreib 
zwischen  sweyen  musikalischen  Freunden, 
hestehend  in  leichten  und  nack  dem  neitesten 
Gusto  gesetzten  fl  Sonalen,  auf  die  Fiolin 
mit  dem  ace.  eines  ohligaten  Cembali  oder 
Klaviers  componirt  (Passe-temps  agréable 
entre  deux  amis  de  la  musique,  consistant  en 
six  sonates  faciles,  composés  dans  le  goût  le 
plus  nouveau  pour  le  violon,  avec  accompa- 
gnement obligé  de  clavecin),  Augsbourg,  1750. 
2"  24  leichte  tmd  angenehme  Galanterie- 
stiicke  auf  die  Harfe,  welche  eben  sowolil  auf 
dem Klavier kœnnen gespielet werden  (  Vingt- 
quatre  morceaux  faciles  et  agréables  de  galan- 
teries pour  la  harpe,  lesquels  peuvent  aussi  se 
jouer  sur  le  clavecin),  première  et  deuxième 
suites.  Nuremberg,  1760.  5°  Quelques  mélodies 
chorales  arrangées  pour  l'orgue,  Nuremberg, 
1789. 

KOEHLER  (GoTTLiEB  ou  Théoph. -Henri), 
né  à  Dresde  le  6  juillet  1765,  apprit  les  élé- 
ments de  la  musique  chez  le  musicien  de  villeà 
Baulzen,  puis  retourna  dans  sa  ville  natale,  où 
il  vécut  en  donnant  des  leçons  de  piano  et  de 
llùle.  En  1794,  il  entra  à  l'orchestre  du  théâtre 
en  qualité  de  première  flûte;  mais  après  quatre 
ans,  un  coup  de  sang,  dont  il  ne  guérit  que 
lentement,  le  força  de  se  retirer.  Lorsqu'il  put 
rentrer  .î  l'orchestre,  sa  place  était  occupée, 
et  il  dut  prendre  la  partie  de  deuxième  flûte. 
En  1817,  on  lui  confia  les  timbales,  dont  il 
Jouait  avec  dextérité;  enfin  on  lui  donna  la 
jiension  de  retraite  en  1851.  Il  est  mort  à 
Dresde  le  29  janvier  1833,  dans  la  soixante- 
huitième  année  de  son  âge.  Plus  remarquable 
pai'  son  activité  que  par  ses  talents,  ce  musicien 
jouait  de  i)lusieurs  instruments  pour  lesquels 
il  a  écrit  environ  cent  soixante-dix  œuvres  de 


musique  médiocre.  Parmi  ses  nombreuses  pro- 
ductions, on  trouve  des  sonates  de  piano  avec 
ou  sans  accompagnement,  environ  trente 
œuvres;  une  multitude  de  polonaises,  pots- 
pourris,  fantaisies,  rondeaux  et  airs  variés 
pour  le  même  instrument;  des  duos  pour 
violon;  concertos,  quatuors,  duos  et  solos  de 
flûte;  plusieurs  morceaux  pour  le  même  in- 
strument et  la  guitare;  des  cahiers  de  chan- 
sons à  voix  seule,  avec  accompagnement  de 
I)iano  et  de  guitare,  etc.  Toute  celte  musique  a 
été  publiée  à  Leipsick,  Berlin,  Bonn,  Mayence, 
Hambourg,  etc.  Kœhler  a  laissé  un  fils  (Gus- 
tave), né  à  Dresde  dans  les  premières  années 
de  ce  siècle,  musicien  comme  son  père,  et  qui 
a  publié  de  petites  pièces  et  des  danses  pour 
le  piano. 

KOEIILER  (Bemjamin- Frédéric),  né  le 
l""""  octobre  1777,  à  Steinau  près  de  Liegnitz 
(Silésie),  fréquenta  le  gymnase  de  Sainte-Ma- 
rie-Madeleine, à  Breslau,  et  obtint,  en  1798, 
sa  nomination  d'instituteur  et  d'organiste 
dans  la  petite  ville  de  Guhrau.  En  1817,  il  a  été 
fait  cantor  dans  le  même  lieu.  On  a  de  ce 
musicien  :  1°  Jeu  de  dez  de  valses  à  composer 
l»our  le  piano.  Breslau,  Leuckart,  1803.  2"  Jeu 
de  dez  d'écossaises  à  composer  pour  deux 
clarinettes,  deux  cors,  une  trompette  et  un 
basson,  ibid.  5"  Six  Lieder,  à  voix  seule,  avec 
accompagnement  de  piano,  i6/d.  1808.  4°  Amu- 
sements pour  les  pianistes,  ibid.  1834.  5"  Plu- 
sieurs cantates  d'église,  en  manuscrit.  Kœhler 
a  fait  insérer  de  bons  articles  dans  VAntho- 
logie  musicale  de  la  Silésie. 

KOEHLER  (Ernest),  premier  organiste  de 
Sainte-ÉIisabeth  à  Breslau,  est  né  le  28  mai 
1799  à  Langenbielau,  près  de  Reichenbach,  en 
Silésie.  Après  avoir  appris  les  éléments  de  la 
musique,  du  violon  et  du  piano  chez  son  beau- 
frère  llauptmann,  cantor  de  cet  endroit,  il 
alla  continuer  ses  études  à  Peterwaldau  chez 
F. -A.  Rœhler,  qui  lui  enseigna  les  principes 
de  l'harmonie  et  du  contrepoint;  puis  il  se 
rendit  à  Breslau,  où  il  reçut  des  leçons  de 
Fœrster  pour  le  violon,  et  de  Berner  pour  le 
piano.  En  1817  ,  il  a  été  appelé  à  remplir  les 
fonctions  de  second  organiste  à  l'église  Sainle- 
Élisabelh,  et  après  la  mort  de  Berner,  en 
1827,  il  lui  succéda  comme  i)remier  organiste. 
A  différentes  reprises,  Kœhler  visita  les  villes 
principales  de  l'Allemagne,  Dresde,  Berlin, 
Vienne^  Francfort,  Cassel^  "VVeimar,  et  y  con- 
nut les  artistes  les  plus  célèbres.  Ces  excur- 
sions furent  utiles  à  son  talentparlesoccasions 
fréquentes  qu'il  eut  d'entendre  de  belles  œuvres 
bien  exécutées.  En  1845,  je  le  vis  à  Bonn  où 


KOEHLER  -  KOENIG 


il  s'élail  rendu  à  l'occasion  des  fêles  pour 
l'inauguration  de  la  statue  de  Beethoven  j  c'était 
un  homme  bon,  simple,  et  point  envieux  du 
mérite  d'autrui.  Depuis  1820,  cet  artiste  a  pu- 
blié environ  cinquante  œuvres  pour  l'orgue  et 
le  piano;  parmi  ces  ouvrages  on  remarque: 
1"  Essai  d'une  introduction  à  l'oratorio  de 
Graun,  la  Mort  de  Jésus,  consistant  en  deux 
grands  préludes  pour  l'orgue,  op.  15  ;  Breslau. 
Fœrster.  2»  Fantaisie  pour  l'orgue,  sur  V Allé- 
luia du  Messie,  de  Hfendei,  op.  22  ;  Hambourg, 
Crantz.  ô»  Six  chorals  à  quatre  parties  avec 
des  conclusions  pourl'orgue,  suivis  de  préludes 
fugues,  op.  29,  deux  suites  ;  ihid.  4"  Des  varia- 
lions  pour  l'orgue  sur  différents  thèmes, 
go  Variations  et  rondeaux  pour  piano  à  quatre 
mains,  plusieurs  œuvres;  Leipsick,  Breitkopf 
et  llaertel  ;  Breslau,  Fœrster.  G»  Des  polonaises, 
rondos  et  fantaisies  sur  des  thèmes  d'opéras, 
pour  piano  seul,  op.  6, 16,  18,30,  ôl,  57,  etc.; 
Hambourg,  Crantz;  Breslau,  Fœrster.  7»  Quel- 
ques thèmes  variés  pour  piano  seul,  ibid.  On 
a  aussi  du  même  artiste  des  cantates  d'église 
avec  orchestre,  œuvres  GO,  G2,  63  et  72  ;  Bres- 
lau, C.  Crantz;  un  motet  pour  quatre  voix 
d'hommes,  op.  74  ;  ibid.;  des  chants  de  fêtes 
cl  autres.  Kœhler  a  fait  exécuter  à  Breslau  des 
ouvertures  de  concert  en  1839  et  1840,  et  des 
symphonies  pour  l'orchestre,  en  1832,  1853 
et  1841.  Il  est  mort  dans  cette  ville  au  mois 
de  juin  1847.  On  trouve  la  liste  complète  des 
œuvres  publiées  et  inédites  de  Kœhler  dans  le 
Schlesisches  Tonkilnstler-Lexikon,  de  Kosz- 
maly  et  Carlo  (deuxième  suite,  p.  128-134). 

KOEHLER"  (Louis),  pianiste  et  composi- 
teur, né  à  Brunswick,  le  5  septembre  1820, 
reçut  dès  son  enfance,  de  plusieurs  maîtres, 
des  leçons  de  musique,  de  piano,  d'harmonie 
et  de  composition.  Après  s'être  rendu  à  Vienne, 
il  reçut  encore  des  conseils  de  Sechter,  de 
Seyfricd  et  de  Baklet,  depuis  1839  jusqu'en 
1843.  Il  a  écrit  dans  cette  ville  l'opéra-comi- 
que  et  romantique  intitulé  :  Prinz  und  Maler 
(Prince  et  peintre),  une  symphonie-cantate; 
des  Lieder,  des  chœurs  et  des  pièces  pour  le 
piano.  Sa  musique  pour  Vifélène,  d'Euripide, 
et  son  ouverture  pour  le  Phormion,  de  Té- 
rence,  ont  été  exécutées  au  Théâtre- sxir-la- 
Vienne.  De  retour  à  Brunswick,  il  y  écrivit 
son  deuxième  opéra yl/arîaZ>o?ores,  qui  obtint 
plusieurs  représentations  en  1845.  Dans  son 
troisième  ouvrage  dramatique,  Gil  Blas  de 
Santillane,  il  changea  sa  manière  et  entra 
dans  Je  système  de  Richard  Wagner;  mais  cet 
opéra  n'eut  pas  de  succès.  Le  dégoût  qu'il  en 
ressentit  lui  fit  accepter  lour  à  tour  diverses 


places  de  directeur  de  musique  de  théâtres, 
particulièrement  à  Dantzick;  mais  en  dernier 
lieu  il  s'est  fixé  à  Kœnigsberg  comme  profes- 
seur de  piano,  comme  compositeur  et  comme 
écrivain  didactique.  Kœhler  a  publié  :  l"Com- 
positions  de  salon  caractéristiques  et  dans  le 
style  moderne,  n"'  1  à  G,  op.  1.  Leipsick, 
Brauns.  2°  Six  chants  pour  soprano  ou  ténor 
avec  piano,  en  deux  suites,  op.  2,  Brunswick, 
Meyer.  3»  Six  poèmes  pour  soprano  ou  ténor, 
avec  piano  et  cor  ou  violoncelle,  op.  3,  ibid. 
4°  Six  Lieder  pour  soprano  ou  ténor,  avec 
piano,  op.  4,  Leipsick,  Brauns.  5"  Cinq  chants 
idem,  op.  o.  Berlin,  Schlesinger.  Dans  l'espace 
de  quinze  ans  environ,  le  nombre  de  ses  pro- 
ductions, tant  pour  le  piano  que  pour  le  chant, 
s'élève  aujourd'hui  (1862)  à  plus  de  quatre- 
vingts.  L'œuvre  76  est  composé  de  six  ron- 
deaux pour  le  piano.  En  1857,  Kœhler  a  publié 
le  premier  volume  d'une  Méthode  instructive 
et  systématique  de  [nano {Systematische  Lekr- 
méthode  fiir  Klavierspiel  und  Musik),  Leip- 
sick, Breitkopf  et  Hœrtel.  J'ignore  si  la  suite 
de  l'ouvrage  a  paru.  On  peut  considérercomme 
le  complément  de  cette  méthode  le  catalogue 
systématique  de  la  musique  de  piano  que 
Kœhler  a  publié  sous  ce  titre  :  Fiihrer  durch 
den  Clavierunterricht  ;  ein  repertorium  der 
Clavierliteratur  {Guide  dans  l'étude  du  piano; 
répertoire  de  la  littérature  de  cet  instrument); 
Hambourg  et  Leipsick,  Schuberth,  petit  in-8», 
de  126  pages.  Le  mot  littérature  est  employé 
par  Kœhler  dans  le  sens  de  Connaissance  des 
œuvres  de  piano.  Il  a  été  fait  deux  éditions  de 
ce  petit  ouvrage,  toutes  deux  sans  date. 

KOELLINER.  (Beiinaiid-Guillaume),  né  à 
Wohlau  en  Silésie,  étudia  au  Lycée  de  Sainte- 
Elisabeth  à  Breslau,  puis  à  Wittenberg,  et 
succéda,  en  1770,  à  son  père  qui  était  pasteur 
à  Wohlau.  Il  est  mort  en  1829,  à  l'âge  d'en- 
viron quatre-vingt-quatre  ans.  Une  disser- 
tation académique  de  cet  ecclésiastique  a  été 
publiée  sous  ce  titre  :  Be  principiis  Harmo- 
nie Musicx.  Londini  Gothorum,  1777,  in-4''. 

ROEIVIG  (JEAJi-MATiiiAs) ,  commis  à  la 
chancellerie  royale  d'Ellrich,  eu  Prusse,  dans 
la  seconde  moitié  du  dix-huitième  siècle,  a 
composé,  en  1783,  la  musique  d'un  opéra  in- 
tiiulé:Z27Za  ou  la  Jardinière,  et,  en  1782, 
l'Exécution.  En  1782,  ii  a  publié  deux  re- 
cueils de  chansons  à  voix  seule  avec  accompa- 
gnement de  piano,  et,  en  1784,  six  sonatines 
pour  cet  instrument. 

ROEINIG  (Jean-Baltiiazar),  directeur  de 
musique  à  Francfort-sur-le-Mein,  dans  la  iire- 
mièrc  moitié  du  dix -huitième  siècle,  y  a  fail 


76 


KOENIG  —  KOENICSPERGER 


imiu-imer,  en  1738,  un  livre  choral  avec  basse 
continue,  à  l'usage  des  églises  réformées,  sous 
ce  litre  :  Harmonischer  Liederschatz,  oder 
allgemeine  Clwralbuch,  welches  die  Melo- 
dien  dener  sotvohl  alten  und  neuen  bisker 
eingefiihrten  Gesxnge  unsere  Deutschlands 
in  sick  hxlt,  so  dass  sie  durchaus  mit  der 
Orgel  oder  Klavier  accompagnirt  werden 
kœnnen. 

KOEIXIG  (Jean-Ulrich  DE),  né  à  Esslin- 
gen,  en  Souabe,  le  8  octobre  1688,  fit  ses 
études  à  Stutlgard  et  aux  Universités  de  Tu- 
bingen  et  delleidelberg,  puis  demeura  pendant 
dix  ans  à  Hambourg,  où  il  publia  ses  pre- 
mières poésies.  Plus  tard,  il  se  rendit  à 
Dresde,  où  le  roi  de  Pologne  lui  donna  des 
titres  de  noblesse,  et  le  fit  conseiller  de  cour  et 
maître  des  cérémonies.  Il  mourut  à  Dresde,  le 
14  mars  1744.  On  trouve  une  dissertation  de 
ce  littérateur  Sur  la  composition  du  rhythme 
de  la  poésie  et  de  celui  de  la  musique,  dans 
l'appendice  des  œuvres  de  Jean  de  Besser, 
publiés  à  Leipsick,  en  1715,  deux  volumes 
in-8°. 

KOEIVIG  (GASPAnn),  né  à  Ingolstadt,  en 
1723,  apprit,  dans  cette  ville,  les  principes  de 
la  construction  des  orgues,  voyagea  pour  aug- 
menter ses  connaissances,  puis  retourna  dans 
sa  ville  natale,  où  il  s'établit  comme  facteur 
d'orgues  et  se  maria  le  7  février  1763.  Dans  la 
suite,  il  eut  le  titre  de  conseiller  de  la  ville.  Il 
mourut  le  3  novembre  1791,  avec  la  réputa- 
tion d'un  des  meilleurs  facteurs  de  son  temps 
en  Allemagne.  Parmi  les  bons  instruments 
sortis  de  ses  mains,  on  cite  celui  de  l'ancien 
couventd'Asbach,  composé  de  vingt-cinq  jeux, 
et  celui  du  couvent  de  Drissen,  composé  de 
vingt  et  un  jeux. 

ROEI\IG  (S.),  littérateur  et  musicien,  né 
à  Berne  vers  1810,  est  connu  des  voyageurs 
par  une  description  de  la  ville  de  Berne.  Il 
est  auteur  d'une  petite  méthode  de  piano  et 
d'harmonie,  pour  apprendre  sans  maître,  dont 
il  a  été  fait  deux  éditions  sans  date,  sous  ce 
titre  :  Kleine  Musiklehre  oder  Clavier-und 
Generalbasschule,  sowohl  fur  Anfxnger  im 
Clavierspielen  als  fur  diejenigen,  welche  sich 
eine  grundliche  Kenntniss  der  Musik  durch 
Selbstunterricht  verscha/Jen  wollen;  Berne  et 
Saint-Gall,  Huber,  in-4'' de  quarante  pages. 

KOEINIG  (Frédéric),  violoniste  à  Magde- 
bourg,  né  à  Brunswick,  vers  1812,  y  joua,  en 
1857,  d'une  manière  brillante  la  première 
partie  de  la  symphonie  concertante  de  Maurer 
pour  quatre  violons,  aux  concerts  d'abonne- 
ment. On  connaît  de  cet  artiste:  1"  Trois  trios 


concertants  pour  deux  violons,  livre  1'''', 
Brunswick,  Leibrock.  2"  Trois  «cfem;  livre  2'', 
ibid.  ô°  Deux  duos  concertants  et  caractéris- 
tiques pour  violon  et  alto,  op.  7,  Wolfenbuttel, 
Holle.  4»  Des  thèmes  variés  pour  violon  et 
I)iano.  5»  Des  Lieder. 

KOEIMGSLOEV^''  (Jean-Guillaume),  or- 
ganiste de  l'église  Sainte-Marie  et  receveur  de 
la  ville  de  Lubeck,  naquit  à  Hambourg,  le 
16  mars  1745.  Fils  d'un  professeur  de  musique 
de  celte  ville,  il  apprit  ('e  lui  les  premiers 
principes  de  cetart,  puis  il  termina  ses  études 
sous  la  direction  d' Adolphe-Charles  Kunzen, 
organiste  de  Lubeck,  dont  il  fut  ensuite  l'ad- 
joint. Par  ses  dispositions,  son  travail  elles 
leçons  de  ce  maître,  il  acquit  en  peu  d'années 
une  rare  habileté  sur  l'orgue.  Il  jouait  aussi 
du  violoncelle  et  composa  pour  cet  instrument 
des  solos  etdesconcertos.  Versle  même  temps, 
il  écrivit  aussi  beaucoup  de  morceaux  pour  le 
clavecin.  En  1773,  Kunzen  fut  frappé  d'apo- 
plexie, et  dès  lors  il  ne  put  vaquer  à  ses  fonc- 
tions; son  élève  lui  donna  une  preuve  d'atta- 
chement en  le  remplaçant  gratuitement  jus- 
qu'à sa  mort,  arrivée  en  1781 .  Kœnigslœw  lui 
succéda  dans  ses  places,  et  les  remplit  pendant 
un  demi-siècle.  En  1823,  il  fit  son  jubilé  de 
cinquante  ans  comme  organiste,  et  il  mourut 
en  1827,  à  l'âge  de  quatre-vingt-deux  ans. 
Chladni,  qui  avait  entendu  cet  artiste  à  Lu- 
beck, le  considérait  comme  un  organiste  de 
rare  mérite.  Il  a  écrit  plusieurs  grands  et  pe- 
tits oratorios,  ainsi  que  des  pièces  d'orgue  et 
de  piano  ;  mais  toutes  ses  productions  sont  res- 
tées en  manuscrit. 

Un  violoniste  du  même  nom  a  brillé  à  Ham- 
bourg, Leipsick  et  Copenhague,  depuis  1843 
jusqu*en  1846.  Il  descendait  vraisemblable- 
ment du  précédent. 

KOEIVIGSPERGER  (le  père  F.-Maria- 
Nus)  naquit  le  4  décembre  1708,  à  Rœding, 
dans  le  Haut-Palatinat ,  et  fut  envoyé  fort 
jeune  par  ses  parents  à  l'abbaye  des  Bénédic- 
tins de  PrUfling,  où  il  fui  admis  à  l'école  de 
chant.  Les  rares  dispositions  qu'il  avait  reçues 
de  la  nature  pour  la  musique  le  détournèrent 
des  études  littéraires  et  scientifiques,  où  il  ne 
fit  que  peu  de  progrès,  et  bientôt  il  acquit  sur 
l'orgue  et  dans  la  composition  une  habileté 
très-remarquable.  En  1734,  il  fit  profession 
dans  l'ordre  de  Saint-Benoît.  On  le  fit  orga- 
niste et  maître  de  chapelle  de  son  couvent,  et 
peu  d'années  s'écoulèrent  avant  qu'il  fut  con- 
sidéré comme  le  plus  habile  organiste  et  le 
meilleur  compositeur  de  musique  d'église  de 
tous  les  couvents  de  la  Bavière.  Sei  œuvres,. 


KOENIGSPERGER  —  KOERNER 


77 


qui  furent  toutes  publiées  à  Augsbourpr,  eurent 
un  succès  de  vogue,  et  leur  éditeur,  Lotler,  a 
souvent  avoué  qu'il  devait  sa  fortune  à  l'im- 
pression de  ces  ouvrages.  Le  P.  Kœnigsperger 
en  retirait  lui-même  un  produit  considérable, 
mais  il  employait  tout  l'argent  qu'il  recevait 
à  l'acquisition  de  livres  pour  son  monastère, 
ou  à  aider  des  savantsà  publierleurs  ouvrages. 
Ce  musicien  distingué  mourut  dans  son  cou- 
vent de  PrUfling,  le  9  octobre  17C9.  Sa  mu- 
sique d'église  est  dans  le  style  concerté.  Il 
avait  pour  but  d'en  rendre  l'exécution  facile 
afin  de  propager  le  goût  de  la  musique  jusque 
dans  les  villages;  mais  dans  la  simplicité  de 
ses  messes,  on  découvre  à  chaque  instant  des 
traits  d'une  mélodie  douce  et  facile,  écrits  avec 
une  pureté  d'harmonie  satisfaisante.  Le  mépris 
affecté  par  beaucoup  d'artistes  de  nos  jours 
pour  cette  musique  légère  et  facile  n'est  pas 
fondé,  comme  ils  le  croient.  Les  principaux 
ouvrages  de  Kœnigsperger  sont  :  Sex  missa- 
rum  solemnit.  4  voc.  cum  2  violinis  et  or- 
gaîio,  op.  1  ;  Augsbourg,  Lotler.  2"  Missx 
brèves  pro  domin.  ac  festiv.  simpl.  A  voc. 
2  viol,  et  org.  ;  ibid.  3»  Missa  pastoritia  de 
Nativitate  Jesu  Christi  5  voc.  cum  2  oblig. 
viol,  et  organo  ;  2  clarinis  et  tymp.  ad  libi- 
tum; ibid.  4°  Eucharisticon  complectens  Of- 
ferloria  et  Hymnos  4  voc.  cum  2  viol,  et 
organo  oblig.,  op.  12;  ibid.  5»  Offertorinm 
duplicis  textus  4  voc.  cum  2  x)iol.  et  organo., 
ibid.  6°  0/fertorium  (Laudetur  Jésus  Chris- 
tus)  4  voc.  2  obi.  viol,  et  organo;  ibid.  7"  Te 
DeumAvoc.  cum  2  viol.  org.  "2  clav.ettymp.; 
ibid.  8»  6  Litanie  B.  M.  V.  4  voc.  2  viol, 
obi.  et  organo  ;  Und.^)"  Der  wohlunterwiesene 
Klavierschuler,  welchen  nicht  nur  die  wahre 
xind  sichere  Fundamenla  zum  Klavier,  etc. 
(l'Élève  claveciniste  bien  instruit,  auquel  on 
met  ici  devant  les  yeux  non-seulement  les 
fondements  véritables  et  certains  du  clavecin, 
mais  aussi  huit  préludes,  vingt-quatre  versets 
et  huit  airs  dans  tous  les  tons),  Augsbourg, 
1755,  in-fol.  10»  Huit  préludes  et  fugues  dans 
tous  les  tons,  ibid.,  1756,  in-4°,  huit  suites. 
11°  Fingerstreit  oder  Klavierubung  durch 
ein  Prxambulum  und  Fugen  (Lutte des  doigts, 
ou  exercices  de  clavecin  consistant  en  un  pré- 
lude et  des  fugues  dans  tous  les  tons  majeurs 
et  mineurs),  Augsbourg,  1700,  in-fol. 

KOERBÉIV  (Georges),  musicien,  né  à  Nu- 
remberg, vers  le  milieu  du  seizième  siècle,  fut 
d'abord  sous-professeur  au  Collège  de  Saint- 
Laurent,  dans  sa  ville  natale,  puis,  en  ICOI, 
magisler  à  Alldorf.  II  a  publié  de  sa  composi- 
tion ;  1»  Tyrocinium  musiciim  (Moteu  à  trois 


voix),  Nuremberg,  1589,  in-8».  2»  Disticha 
moralia  duabus  vocibus,  ibid.,  1599.  ô"  Be- 
nedictiones  Gratiarumactionesvocum,  ibid., 
in-4''. 

Il  y  eut  un  musicien  de  ville  de  ce  nom  à 
Berlin  {Jean-Chrislophe),  qui  mourut  le  13  fé- 
vrier 1713.  André  Schmidt  a  célébré  le  mérite 
de  cet  artiste  dans  un  écrit  intitulé:  Die  Lobes- 
erbesungen  der  Instrumentalmusik  in  einen 
Trauer-und  Standrede  vorgestellt,  als  Herr 
Joh.  Cristoph  Kœrber,  Stadmusikus  in  Ber- 
lin, begraben  wurde  (Les  louanges  de  la  mu- 
sique instrumentale  réunies  dans  un  discours 
funéraire  prononcé  aux  obsèques  de  Jean- 
Christophe  Kœrber,  musicien  de  ville  à  Ber- 
lin); Berlin,  1713,  in-fol. 

KŒRBER  (Ichace),  corniste  de  la  mu- 
sique du  duc  de  Saxe-Gotha,  né  à  Mayence, 
vers  1744,  est  considéré  comme  un  des  vir- 
tuoses les  plus  remarquables  qu'ait  produits 
l'Allemagne  pour  son  instrument.  Arrivé  à 
Paris,  vers  1780,  après  de  longs  voyages,  il  y 
rivalisa  avec  Punto  {voyez  ce  nom).  Cet  artiste 
a  laissé  en  manuscrit  plusieurs  symphonies 
concertantes  pour  deux  cors.  En  1785,  il  éta- 
blit un  magasin  de  musique  à  Gotha.  Il  parait 
qu'il  cessa  de  jouer  du  cor  en  1787,  et  qu'il 
adopta  le  basson,  sur  lequel  il  acquit  aussi  une 
rare  habileté.  On  manque  de  renseignements 
sur  les  denières  années  de  sa  vie.  Le  Lexique 
universel  de  musique  publié  par  Schilling  fixe 
l'époque  de  sa  mort  aux  premières  années  du 
dix-neuvième  siècle. 

KOERISER  (Ciirétien-Godefboid),  doc- 
teur en  droit  et  en  philosophie,  naquit  à  Leip- 
sick,  en  1756,  et  fit  toutes  ses  études  à  l'Uni- 
versité de  cette  ville.  En  1784,  il  fut  appelé  à 
Dresde  en  qualité  de  conseiller  supérieur  du 
consistoire,  et  huit  ans  après  il  y  obtint  la 
place  de  conseiller  de  la  courd'appel.  Après  en 
avoir  rempli  les  fonctions  pendant  quinze  ans, 
il  alla,  en  1813,  prendre  possession  de  la  place 
de  conseiller  d'État,  et  quelques  années  après 
il  y  joignit  le  titre  de  membre  du  conseil  privé 
ou  supérieur  du  gouvernement.  Il  est  mort  à 
Berlin,  le  13  mai  1831,  et  a  été  enterré  au  pied 
du  chêne  de  Kœrner,  dans  le  Mecklembourg, 
près  de  son  fils,  Charles-Théodore  Kœrner, 
poëte  célèbre,  tué  à  l'âge  de  vingt-deux  ans, 
dans  la  campagne  de  1813.  Chrétien-Godefroid 
Kœrner,  amateur  passionné  de  musique,  s'est 
beaucoup  occupé  de  l'esthétique  de  cet  art,  et 
a  publié  à  ce  sujet,  dans  l'écrit  périodique  in- 
titulé: Horen  (les  Heures),  un  morceau  Sur 
le  caractère  des  sons,  et  sur  rexpose  du  ca- 
ractèrc  en  musique  {n"  7,  ann.  1795,  p.  97- 


78 


KOERNER  —  KOHAUT 


121).  Plus  tard,  il  a  repris  ses  travaux  esthéti- 
ques, mais  il  n'en  a  rien  publié. 

KOEUrSEll  (J.-GUILLADJIE-FUÉDÉRIC),  flÙ- 

tiste,  pianiste  et  graveur  des  monnaies  de  la 
cour,  à  Cassel,  vers  la  fin  du  dix-huitième 
siècle,  a  publié,  en  1798,  les  ouvrages  suivants 
de  sa  composition  :  1"  Treize  variations  pour 
flûte  avec  accompagnement  de  basse,  sur 
l'air  allemand  :  Der  Fogehxnger  bin  ichja, 
op.  1  ;  OfTenbach,  André.  2»  XI  variations 
idem,  sur  le  thème  :  Nel  cor  più  non  mi 
sente,  op.  2;  ihid.  3"  Quinze  variations  pour 
flûle  et  basse;  Manheim,  Heckel.  4°  Neuf  va- 
riations pour  flûte  seule  sur  l'air  allemand  : 
Bei  Msnnern,  tcelche  Lie.be  fuhlen,  op.  ô; 
Leipsick,  Joacliim.  5"  Divertissement  en  forme 
de  polonaise  pour  piano,  flûte,  violon  et  basse, 
op.  20  ;  Hambourg,  Cranz.  G»  La  Chasse,  po- 
lonaise pour  piano  à  quatre  mains,  op.  17; 
Brunswick;  Spehr.  7"  Sonates  pour  piano  seul, 
op.  6,7,8,9,  10;  Hambourg,  Cranz.  8"  Grande 
polonaise  idem,  op.  19;  ibid.  9°  Rondeau 
agréable  idem,  Hanovre,  Bachmann,  etc.,  etc. 

Un  artiste  du  même  nom  {G.-J.  Kœrner) 
vivait  à  Pélersbourg,  en  1830.  Il  a  publié  à 
cette  époque  :  1"  Deux  sonates  à  quatre  mains 
pour  piano  ;  Pétersbourg,  Richter.  2»  Quatuor 
pour  deux  violons,  alto  et  basse,  op.  3;  Leip- 
sick, Brcilkopf  et  Ilaerlel.  3"  Quintetto  pour 
deux  violons,  deux  altos  et  violoncelle,  op.  4; 
Pétersbourg,  Richter. 

ROERriER  (Gotthiif-Wiliielm),  éditeur 
de  musique  à  Erfurt,  a  publié,  sous  son  nom  et 
avec  difTérentes  titres,  des  recueils  de  pièces 
d'orgue  de  dilTérenls  genres  qui  ne  sont  que 
des  compilations  d'œuvres  des  organistes  les 
plus  renommés  :  Tels  sont  VOrganiste  com- 
mençant {Der  angehenâe  Organisl);  le  Par- 
fait organiste  (Der  vollkommcne  Organisl)  ; 
le  Livre  des  préludes  (Prœkulienbuch)  ;  te 
Livre  des  finales  (Postludienbuch),  etc.  Au 
reste,  M.  Kœrner  a  placé  en  léte  de  chaque 
pièce  le  nomde  son  auteur.  Cet  éditeur  publie 
aussi  depuis  1844  un  journal  musical  men- 
suel particulièrement  relatif  à  l'orgue,  sous  le 
lilre  :  Vrania. 

KOESTEU  (Heumann),  docteur  en  philo- 
sophie et  professeur  de  littérature  ancienne,  à 
Berlin,  dans  la  première  moitié  du  dix-neu- 
yième  siècle,  est  auteur  d'une  savante  disser- 
tation intitulée  :  De  Cantilenis  poptdaribus 
veterum  Gr^corum,'Bero\im,  1831,  in-8°  de 
quatre-vingt-quatre  pages. 

ROIIAULT  ou  ROUAUT  (FnABcois- 
Aîsnnt),  excellent  organiste,  naquit  en  Bo- 
hême, dans  la  seconde  moitié  du  dix-septième  ' 


siècle,  et  fut  directeur  du  chœur  de  l'église 
Sainte-Marie  à  Saatz,  où  il  se  trouvait  encore 
en  1722.  Il  y  fit  exécuter,  le  IG  mai  de  cetle 
année,  une  cantate  de  sa  composition  pour  la 
fête  de  saint  Jean-Népomucène. 

ROHAULT  ou  plutôt  ROÏIAUT  (Jo- 
seph), né  en  Bohême,  en  173G,  entra  d'abord 
comme  trompette  dans  un  régiment  de  cava- 
lerie; mais  ayant  acquis  un  talent  remar- 
quable sur  le  luth,  il  déserta  et  vint  en  France, 
où  il  fut  attaché  à  la  musique  du  prince  de 
Conti.  Il  a  écrit  la  musique  de  quelques  opé- 
ras-comiques :  le  Serrurier,  en  1774  ;  lu  Ber- 
gère des  Alpes,  le  18  février  17G5  ;  Sophie  ou 
le  Mariage  caché,  le  21  mai  17C8  ;  et  la  Clo- 
sière.  Tous  ces  ouvrages  ont  été  représentés  à 
la  Comédie-Italienne;  les  deux  premiers  ont 
obtenu  de  brillants  succès,  bien  qu'ils  soient 
en  général  de  fai])!es  conceptions.  Kohaut  est 
mort  à  Paris,  en  1793.  On  ignore  si  ce  musi- 
cien était  fils  d'un  excellent  luthiste  du  même 
nom  qui  était  attaché  à  la  musique  de  la  cour 
de  Berlin,  et  qui,  s'élant  fixé  à  Breslau  en 
1710,  fut  le  maître  de  Baron. 

ROHAULT  ou  ROUAUT  (CnAnLEs),de 
la  même  famille  que  le  précédent,  était  même 
son  frère,  si  Grimm  a  été  bien  informé  lors- 
qu'il a  dit,  en  parlant  de  l'auteur  du  Serru- 
rier :  u  Ce  M.  Kohaut  a  un  frère  aine  qui  est 
«  venu  en  France  avec  M.  le  comte  deKaunitz, 
«  et  qui  est  un  homme  sublime  quand  il 
«  touche  le  luth.  Celui  qui  nous  est  resté  joue 
«  aussi  de  cet  instrument,  mais  froidement 
«  et  sans  enthousiasme  :  l'homme  de  génie 
«  est  à  Vienne  {Correspondance  littéraire, 
«  t.  IV,  p.  150,  édition  de  Paris,  1829).  «  Quoi 
qu'il  en  soit,  celui-ci  vécut  à  Vienne,  vers  le 
milieu  du  dix-huitième  siècle,  et  y  fut  secré- 
taire de  la  chancellerie  de  la  cour.  De  tous  les 
liilhistes  de  son  temps,  il  fut  le  plus  habile,  et 
la  musique  qu'il  composa  pour  son  instru- 
ment fut  aussi  considérée  comme  ce  qu'on 
avait  de  mieux  en  ce  genre.  En  1761,  Kohaut 
a  publié  à  Leipsick  :  Divertissement  pour  luth 
obligé,  denx  violons  et  basse.  Je  possède  en 
manuscrit  de  cet  artiste  :  1°  Concerto  (en  sol 
mineur)  pour  luth,  deux  violons,  alto  et  basse. 
2" Trio  (en  re)""pour  luth  obligé,  alto  et  violon- 
celle. 5"  Cinq  trios  pour  luth,  violon  et  violon- 
celle (en  si  bémol,  mi  bémol,  la  majeur  et 
deux  en  fa).  Gerber  cite  douze  trios  sem- 
blables, et  douze  solos  pour  luth,  de  Ko- 
haut. 

ROIIAUT  (François),  virtuose  sur  le  cop 
de  bassette  et  la  trompette,  est  né  à  Vienne,  et 
vraiscmbicment  il  est  un  descendant  du  célèbre 


KOHAUT  —  KOLBERER 


luthiste  Charles  Kohaut.  En  1817,  il  s'est  rendu 
en  Russie.  Deux  ans  après,  ilétait  au  service 
d'un  noble  russe,  propriétaire  d'une  terre  située 
aux  environs  de  Moscou.  En  1824,  il  habitait 
encore  cette  ville  où  il  s'étaitfait  entendre  avec 
succès.  On  connaît  de  sa  composition  :  Ron- 
deau pour  cor  de  bassette  avec  orchestre,  op.  4, 
Offenbach,  André. 

HOIIL  (Jean),  luthier  à  Munich,  dans  la 
seconde  moitié  du  seizième  siècle,  y  eut,  en 
1599,  le  titre  de  luthier  de  la  cour  avec  un 
traitement  annuel.  On  voit  dans  d'anciens 
comptes  que  la  cour  lui  payait  un  lulh  deux 
florins. 

ROHL  (Wenceslas),  né  en  1753  à  Qua- 
lierub,  en  Bohème,  apprit  à  Prague  la  musique 
comme  enfant  de  chœur,  puis  se  livra  à  l'étude 
du  cor  et  acquit  beaucoup  d'habileté  dans 
l'exécution.  En  1784,  il  se  rendit  à  Paris  où  il 
fit  graver:  1"  Six  quatuors  pour  cor,  violon, 
alto  et  basse,  op.  1,  Paris,  Sieber.  2"  Six 
idem,  op.  2,  ibid.  Z"  Six  idem,  op.  3,  Paris, 
Imbault. 

HOLB  (le  P.  CARLOMAn)  ,  bénédictin  au 
monastère  d'Aschbach,  en  Bavière,  vivait  au 
milieu  du  dix-huitième  siècle.  Il  paraît  avoir 
été  un  organiste  distingué,  si  l'on  en  juge  par 
un  recueil  de  préludes,  de  versets  et  de  finales 
pour  l'orgue,  qu'il  a  publié  sous  ce  litre  : 
Preambulantm,  vers,  et  cadentiarum  durch 
die  Kirchentœne  stechen  lassen,  Augsbourg. 
1750,  in-fol. 

ROLIÎ  (Jean-Baptiste),  né  à  Neudettelsau, 
village  de  la  Franconie,  le  51  août  1743,  vécut 
à  Furth,  près  de  Nuremberg,  comme  musicien. 
Il  passait  pour  élève  de  Haydn;  mais  cela  pa- 
rait peu  vraisemblable.  Dans  un  voyage  qu'il 
fit  à  Paris,  vers  1782,  il  y  fit  graver  six  qua- 
tuors pour  deux  violons,  alto  et  violoncelle,  de 
sa  composition.  Ses  autres  ouvrages  se  trou- 
vaient plus  tard  en  manuscrit  dans  le  magasin 
de  Westphall  à  Hambourg  :  ils  consistaient  en 
cantates  et  ariettes  avec  instruments  ,  con- 
certos pour  clavecin,  deux  violons  et  basse, 
pièces  détachées  pour  clavecin  et  divers  in- 
struments, quintettes  et  trios  pour  hautbois, 
clarinette  et  basson. 

KOLB  (F.).  Sous  ce  nom  d'un  musicien 
inconnu,  on  a  publié  :  1»  Messe  allemande 
pour  soprano  et  orgue  (ou  pour  trois  voix , 
deux  violons,  flûte,  deux  cors  et  contrebasse 
ad  libitum)^  op.  9,  Munich,  Falter.  2»  Messe 
allemande  à  une  ou  deux  voix  et  orgue,  op.  1 1 , 
ibid.  3»  Œlbergsmusik  (Musique  du  mont  des 
Oliviers)  pour  soprano  et  oi"gue  (ou  à  trois  voix 
cl  contrebasse  ad  libitum),  ibid. 


Un  musicien  de  la  chapelle  royale  de  Mu- 
nich, nommé  KOLB  (K..))  a  fait  représenter 
dans  cette  ville,  en  1843,  un  opéra  intitulé; 
les  Souliotes{die  Sulioten),  de  sa  composition. 
C'est  vraisemblablement  le  même  artiste  qui  a 
fait  imprimer  un  pot-pourri  pour  le  Zilher,  à 
Munich,  chez  Falter, 

KOLBE  (...),  cantor  à  Potsdam,  vers  le 
milieu  du  dix-huitième  siècle,  a  laissé  en  ma- 
nuscrit des  cantates  spirituelles  à  quatre  voix 
avec  instruments,  sur  les  chorals  :  Danket 
dem  Ilerrn  et  Zuvi  Erntfest  erwekte  Her- 
zen.  Ces  ouvrages  se  trouvent  à  la  Bibliothèque 
royale  de  Berlin. 

KOLBE  (Cajetan);  nom  défiguré  par 
Gerber  et  ses  copistes,  qui  en  ont  fait  uu 
double  emploi  avec  Kolberer  {iwyez  ce  nom). 

KOLBE  (Astoine),  violoniste  distingué,  né 
à  Seestœdtel,  près  de  BrUx,  en  Bohême,  vers 
1740,  vécut  à  Prague,  et  y  fut  employé  à  l'or- 
chestre de  l'Opéra  ainsi  qu'aux  églises  Saint- 
Égide  et  Saint-Jacques,  depuis  1775.  Son  style 
grandiose,  dans  les  solos  et  concertos  qu'il 
exécutait  en  public,  excitait  une  vive  admira- 
tion. Il  passa  les  dernières  années  de  sa  vie 
malade  et  dans  un  état  voisin  de  la  misère, 
tantôt  chez  les  frères  minorités,  tantôt  à  l'hô- 
pital Saint-Jacques,  et  mourut  le  30  août  1804. 
C'était  un  homme  pieux  et  bienveillant  qui, 
nonobstant  son  indigence,  donnait  volontiers 
des  leçons  gratuites  aux  jeunes  gens  pauvres 
qui  ne  pouvaient  payer  un  maître.  Il  a  écril 
plusieurs  concertos,  solos,  sérénades,  etc.,  qui 
sont  restés  entre  les  mains  de  ses  amis  et  de 
ses  élèves.  Le  maître  de  concerts  Rlockel,  qui 
avait  reçu  de  ses  leçons  pour  le  violon,  en  pos- 
sédait plusieurs. 

KOLBE     (  CHAnLES-CllRÊTIEB-GuiLLAUME  )  , 

candidat  des  sciences,  ingénieur  des  mines  et 
membre  de  la  Société  littéraire  de  Halbersladt, 
vécut  en  cette  ville,  vers  la  fin  du  dix-huitième 
siècle  et  au  commencement  du  dix-neuvième. 
En  1830,  il  publiait  encore  de  nouvelles  édi- 
tions de  ses  ouvrages.  Dans  le  premier  volume 
d'un  de  ses  écrits  intitulé  :  Fersmischte  Ab- 
handlungen  besonders  bergmànnischen  und 
vhysikalischen  Inhalts  (Différents  traités, 
principalement  relatifs  aux  sciences  des  mine» 
et  de  physique,  Quedlinbourg,  1794-1796, 
in-S"),  on  trouve  an  article  concernant  la 
construction  des  instruments  à  cordes,  et  spé- 
cialement de  la  table  d'harmonie. 

KOLBERER  (Cajetan),  moine  bénédictin 
de  l'ancienne  abbaye  d'Andech,  dans  la  haute 
Bavière,  vécut  au  commencement  du  dix-hui- 
tième siècle.  Ou  a  sous  son  nom  ;  1"  Partus 


80 


KOLBERER  -  KOLLESCHOWSKY 


primus  seu  6  Dixit  Dominus  et  6  Magnificat 
pro  quatuor  vocibus  concertantibus ,  cum 
quatuor  vocibus  a  capella,  Augsbourg,  1701, 
in-fol.  2"  Partus  secundus,  Introïtus  brèves 
et  faciles  secutidum  claves  ordinarias  in 
très  partes  divisus,  per  totum  annum,  Augs- 
bourg, 1703,  in-fol.  On  ignore  quel  est  le  troi- 
sième œuvre  de  musique  d'église  de  ce  moine. 
3"  Partus  quartus,  continens  XXJi  Offer- 
tnria  festiva  ab  Adventu  usque  ad  Pente- 
costen;  cum  4  voc.  duobus  violinis  concert. 
1  fagotto  concordante  ad  libitum  et  aliis 
4  vocibus  a  capella  seu  ripienis,  Augsbourg, 
1710,  in-fol.  A'répoqueoùleP.  Rolbererpublia 
cet  ouvrage,  il  desservait  la  cure  de  Paring, 
appartenant  au  monastère  d'Andech.  4»  Par- 
tus quintus  in  lucem  profercns  alia  XXX 
Offertoria  festiva  pro  4  vocibus,  2  violinis 
concert,  et  1  fagotto  concordante  ad  libitum, 
et  aliis  A  voc.  ripienis,  Augsbourg,  1719, 
in-fol.  Le  P.  Kolberer  avait  mis  aussi  en  mu- 
sique un  opéra  allemand  pour  la  maison  d'édu- 
cation des  demoiselles  anglaises  de  Munich. 
Cet  opéra,  intitulé  :  Jeux  de  la  divine  Provi 
dence,  fut  représenté,  en  1714,  par  les  élèves 
de  ce  pensionnat,  pour  le  retour  du  prince  élec- 
toral Maximilien-Emmanuel. 

KOLBERG  (Oscar),  pianiste  et  composi- 
teur fixé  à  Varsovie,  est  né  en  1814,  dans  une 
petite  ville  du  gouvernement  de  Radom.  Dès 
son  enfance  il  commença  l'étude  de  la  musique 
et  y  fit  de  rapides  progrès.  Après  avoir  suivi 
les  cours  du  Lycée  de  Varsovie,  il  se  rendit  à 
Berlin  et  y  reçut,  pendant  deux  ans,  des  leçons 
d'harmonie  et  de  composition  de  Rungen- 
hagen  et  de  Girschner  {i^oyez  ces  noms).  De 
retour  à  Varsovie,  il  s'est  occupé  avec  beau- 
coup d'activité  à  recueillir  les  airs  populaires 
de  son  pays  et  en  a  réuni  un  nombre  considé- 
rable avec  le  but  d'en  publier  la  collection. 
La  première  livraison  de  ce  recueil  intéres- 
sant a  paru  à  Lemberg,  en  1842,  sous  le  titre 
de  Piesni  ludu  :  la  cinquième  fut  publiée  en 
1845.  Parmi  les  compositions  <le  M.  Kolberg, 
ou  remarque  ;  1"  cinq  livres  de  Kuïawiaks, 
sorte  de  danse  caractéristique  de  la  Pologne, 
pour  piano,  œuvres  2,  5,  G,  12  cl  19.  2»  Deux 
livres  de  Mazourcs,  idem,  œuvres  8  et  22. 
o"  Deux  livres  iVEttides,  dédiées  à  Chopin, 
œuvre  20.  4°  Cracovicnne,  œuvre  10.  5"  Fan- 
taisie sur  l'air  national  de  la  Pologne, 
fi"  Grande  Valse.  7"  Beaucoup  de  pièces  fugi- 
tives et  de  chant  avec  accompagnement  de 
piano.  En  1854,  !e  même  artiste  a  fait  repré- 
senter au  théâtre  des  Variétés,  à  Varsovie,  un 
opérette  intitulé  :  Le  retour  de  Jean. 


KOLBORIV  (Ehnest),  dominicain  à 
Mayence,  y  a  publié,  en  1736,  un  ouvrage 
élémentaire  pour  le  clavecin,  intitulé  :  Mu- 
sikalisches  A  B  C .,  in  jedem  Buchstaben 
brauchbar  in  drey  Stuck. 

liOLDITZ  (Jacques),  facteur  d'instru- 
ments à  Ruhmbourg,  en  Bohême,  y  mourut  au 
mois  de  novembre  1796,  dans  un  âge  très- 
avancé.  Ses  violons  et  altos  sont  estimés  en 
Allemagne. 

KOLDITZ  (...),  musicien  vraisemblable- 
ment né  en  Bohême,  a  laissé  trois  concertos 
pour  flûte,  et  deux  concertos  pour  la  harpe, 
qui  se  trouvaient  en  manuscrit  en  1782  et 
1783  au  magasin  de  musique  de  Westphall,  à 
Hambourg. 

KOLEU  (Jacques),  facteur  d'orgues  alle- 
mand, vécut  vers  la  fin  du  quinzième  siècle. 
En  1497,  il  fut  chargé  de  la  restauration  du 
vieil  orgue  de  Sainte-Marie  à  Rœnigsberg.  Cet 
orgue  avait  onze  jeux  au  clavier  et  quatre  à 
la  pédale,  parmi  lesquels  on  remarquait  un 
cor  de  chamois,  jeu  qui  parait  avoir  été  in- 
venté à  peu  près  au  temps  de  Koler,  et 
peut-être  par  lui. 

KOLLER  (Le  P.  Boniface),  bénédictin  ba- 
varois, naquit  en  1752  à  Fœlz,  et  fit  ses  études 
à  Munich.  Il  écrivit  dans  sa  jeunesse  la  mu- 
sique de  quelques  opéras  pour  le  théâtre  de  la 
cour,  entre  autres,  les  Lois  de  la  chevalerie. 
Le  mérite  de  ces  ouvrages  valut  à  leur  auteur 
les  bonnes  grâces  de  l'électeur  Clément  de 
Bavière  qui  voulut  lui  donner  un  emploi  à  sa 
cour;  mais  Roller  préféra  la  solitude,  et  entra 
dans  l'ordre  de  Saint-Benoît,  à  l'abbaye  de 
Bénédict-Bayern.  Il  en  dirigea  le  séminaire 
pendant  plusieurs  années  ;  puis  il  fut  directeur 
du  séminaire  du  prince  électoral,  à  Munich, 
où  il  mourut  en  1799. 

KOLLESCHOWSKY  (Sigmond)  ,  violo- 
niste et  compositeur,  né  à  Prague,  vers  1809, 
fut  admis  comme  élève  au  Conservatoire  do 
cette  ville,  en  1828,  et  y  fit  ses  études  de 
violon  sous  la  direction  du  professeur  Pixis; 
Dionys  Weber  fut  son  maître  d'harmonie  et 
de  composition.  Sorti  de  cette  institution^  il 
s'est  fait  connaître  avantageusement  comme 
compositeur  pour  l'église  et  a  été  nommé  ré- 
gent du  chœur  de  l'église  de  Saint-Étienne  de 
sa  ville  natale.  Il  est  aussi  directeur  de  la 
Sophienacademie.  Je  ne  connais  de  sa  com- 
position que  les  ouvrages  dont  les  titres  sui- 
vent :  1»  Feni  sancte  Spiritus ,  à  quatre  voix, 
orchestre  et  orgue,  à  Prague,  chez  Hoffmann. 
2"  Adagio  religioso,  pour  deux  clarinettes  et 
deux  bassons,  ibid. 


KOLLMANN 


81 


KOLLMAIVN  (Aucuste-Fhédkric-Char- 
lEs),  organiste  de  la  chapelle  allemande  du 
roi  d'Angleterre,  à  Saint-James,  naquit  en 
1756  à  Engelbastel,  près  de  Hanovre,  où  son 
père  était  organiste  et  maître  d'école.  Après 
avoir  fait  ses  premières  éludes  avec  le  fils  du 
pasteur  de  son  village,  il  alla  les  continuer,  à 
l'âge  de  quatorze  ans,  au  collège  de  Hanovre, 
où  il  resta  pendant  deux  années.  Ensuite  il 
étudia  la  théorie  de  la  musique,  le  clavecin  et 
l'orgue  sous  la  direction  de  J.-C.  Bœttner, 
bon  organiste,  et  employa  cinq  ans  à  acquérir 
loutes  les  connaissances  qui  constituent  le 
musicien  instruit.  En  1779,  il  fut  admis 
comme  élève  dans  l'école  normale  de  l'électo- 
rat  de  Hanovre.  Les  leçons  qu'il  y  reçut  lui 
furent  u nies,  dans  la  suite,  pour  ses  écrits  et 
]>onr  l'enseignement.  Pendant  ce  temps,  il 
rnlendait  souvent  Bœttner,  ou  le'remplaçait  à 
l'orgue,  et  cette  circonstance  lui  fit  acquérir 
du  talent  dans  la  pratique.  Vers  la  fin  de 
1781,  il  futappelé  à  Lline,  près  de  Lunebourg, 
comme  organiste  d'un  chapitre  protestant  de 
dames  nobles;  mais  il  y  resta  peu  de  temps, 
parce  que  le  roi  d'Angleterre  demanda  au 
gouvernement  de  Hanovre  un  organiste  pour 
sa  chapelle  allemande.  On  jeta  les  yeux  sur 
Kollmann,  qui  accepta  et  se  rendit  à  Lon- 
dres dans  l'automne  de  1782.  La  place  d'or- 
ganiste de  la  chapelle  l'obligeait  à  s'occuper 
<ie  l'éducation  des  enfants  de  choeur,  et  à  leur 
donner  quatre  leçons  chaque  semaine  ;  cepen- 
dant, il  trouva  assez  de  temps  pour  écrire 
plusieurs  ouvrages  considérables  concernant 
riiarmonie  et  la  composition.  Plus  tard,  par 
des  motifs  qui  ne  sont  point  connus,  il  perdit 
celle  place  ;  mais  il  continua  d'enseigner  dans 
beaucoup  de  nobles  familles.  Il  est  mort  à 
Londres  au  mois  de  novembre  1824,  à  l'âge 
de  soixanle-huit  ans. 

Les  productions  de  Kollmann  se  divisent  en 
trois  classes,  savoir  :  I.  Ecrits  théoriques^ 
II.  Ouvrages  didaclico-pratiques.  lll.  Com- 
positions. En  vpici  la  liste  :  1"  ^n  Essay  on 
Musical  Harmomj,  accordinq  to  tlie  nature 
of  that  science  and  the  principles  of  the 
ffreatest  musical  authors  (Essai  sur  l'harmo- 
nie musicale,  suivant  la  nature  de  cette 
science  et  les  principes  des  auteurs  les  plus 
célèbres),  Londres,  1796,  in-fol.,  140  pages  de 
texte  et  quarante  d'exemples.  Une  deuxième 
édition  de  ce  livre  a  été  publiée  avec  des  addi- 
tions considérables  et  publiée  à  Londres,  en 
1812,  grand  in-4''.  Dans  cet  ouvrage,  qui  est 
divisé  en  dix-huit  chapitres,  Kollmann  suit 
les  |>rincipes  de  Kirnberger,    et  souvent  se 

BIOGR.  U.MV.  DES  MUSICIEXS.   T.   V. 


borne  à  le  traduire.  Mais  Kirnberger  ayant 
laissé  incertains  beaucoup  d'accords  dont  il 
n'avait  pas  saisi  le  mécanisme  de  la  substitu- 
tion réuni  à  celui  de  la  prolongation,  Koll- 
mann a  pris  pour  guide,  dans  cette  partie  de 
son  ouvrage,  la  théorie  de  Marpurg,  imitation 
de  celle  de  Rameau.  De  cet  amalgame  de  deux 
théories  opposées,  résulte  un  défaut  choquant 
d'unité  de  doctrine  que  tous  les  efforts  de 
Kollmann  n'ont  pu  dissimuler.  2»  ^  JVew 
Theory  of  Musical  Narmony,  according  to 
a  complète  and  natural  System  of  that 
Science  (Nouvelle  théorie  de  l'harmonie  mu- 
sicale, suivant  un  système  complet  et  naturel 
de  cette  science),  Londres,  1800,  92  pages  de 
texte  et  ôO  planches  d'exemples,  in-fol.  Koll- 
mann avait  aperçu  l'anomalie  des  deux  sys- 
tèmes d'harmonie  qu'il  avait  essayé  de  réunir 
dans  son  premier  ouvrage  publié  dix  ans  au- 
paravant; il  cherchait  une  base  plus  uniforme, 
et  il  crut  l'avoir  trouvée  dans  le  système  de 
Ballière,  développé  par  l'abbé  Jamard  {voyez 
ces  noms).  C'est  ce  même  système,  inconnu 
jusqu'alors  en  Angleterre,  et  qui  repose  sur 
une  fausse  progression  arithmétique,  dérivée 
de  l'échelle  du  cor,  que  Kollmann  a  voulu 
faire  adopter  comme  la  seule  théorie  naturelle 
de  l'harmonie.  Il  paraît  que  ce  système  trouva 
des  lecteurs  et  des  partisans,  car,  en  1812,  il 
donna  une  nouvelle  édition  de  son  ouvrage, 
avec  quelques  corrections,  o"  jin  Essay  on 
practical musical  Composition,  according  to 
the  nature  ofthat  science,  and  the  principles 
of  the  greatest  musical  authors  (Essai  sur  la 
composition  pratique  de  la  musique,  suivant 
la  nature  de  cet  art,  etc.),  Londres,  1799,  in- 
fol.  Dédié  au  roi  d'Angleterre.  Cet  ouvrage, 
formant  la  suite  du  premier,  fait  avec  lui  un 
corps  de  doctrine  et  d'exemples  pratiques  pour 
la  composition.  On  y  trouve  des  règles  pour  la 
forme  des  différentes  pièces  de  musique,  pour 
les  fugues,  les  canons,  l'instrumentation,  etc., 
avec  des  exemples  pris  dans  les  œuvres  de 
Jean-Sébastien  Bach  et  de  ses  fils,  de  Graun, 
llœndel,  Kirnberger,  Fasch  et  Marpurg.  Une 
deuxième  édition  de  ce  livre  a  été  publiée  à 
Londres  en  1812.  4»  ^  Practical  Guide  to 
Thorough-Bass  (Guide  pratique  de  la  basse 
continue),  Londres,  1801,  in-fol.  Cet  ouvrage, 
où  l'on  ne  trouve  que  des  instructions  som- 
maires concernant  la  forme  et  la  succession 
des  accords,  renferme  particulièrement  des 
exercices  d'accompagnement.  Une  suite  de 
cette  méthode  a  paru  sous  le  titre  :  Second 
practical  Guide  of  Thorough-Bass,  Londres, 
1807,  in  fol.  On  trouve  souvent  les  deux  par- 

G 


82 


KOLLMANN  —  KONING 


lies  réunies  en  un  seul  volume.  Le  professeur 
«le  piano  et  d'harmonie  P.  King  attaqua  un 
passage  de  ce  livre  dans  l'avertissement  de 
la  deuxième  partie  de  son  Traité  général  de 
musique  (voyez  King);  Rollmann  fit  paraître, 
en  réponse  à  cette  attaque,  un  pamphlet  inti- 
tulé :  5°  ^  ^indication  of  a  passage  in  the 
Practical  Guide  to  Thorougk-Bass,  against 
an    advertisement    of   JW    M.  -  P.    King 
(Défense   d'un    passage    du   Guide    pratique 
de  l'harmonie,  contre  un    avertissement  de 
M.  M. -P.  King),  Londres,  1802.  6»  .4  second 
Practical  Guide  to  Thorough-Bass,  Londres, 
1807,  in-fol.  C'est  une  suite  au  premier  guide 
pratique.  7°  The  Quarterly  musical  register. 
Écrit  périodique  sur  la  musique,  dont  le  pre- 
mier et  le  second  numéros  seulement  ont  paru 
en  1812,    et  qui  n'a  point  été  continué.   Le 
premier  contient  :  1"  Une  liste  chronologique 
des  publications  du  même  genre  qui  avaient 
précédé  le  Quaterhj  musical  register-,  2"  Une 
revue  de  la  musique   en  Angleterre  depuis 
1789   jusqu'en    1812;    3°    Une    notice    sur 
J.-S.  Bach  et  ses  ouvrages  ;  4°  Une  analyse  des 
ouvrages    théoriques  de   Koilmann;   5"  Une 
analyse  de  la  Grammaire  musicale  de  Callcolt; 
6»  Des  remarques  sur  le  tempérament  artifi- 
ciel, d'après  les  trois  systèmes  des  musiciens 
anglais  llawkes,  Loehsman  et  Liston.  Dans  le 
second  numéro,  on  trouve  :  1"  Une  revue  de 
la  musique  en  Allemagne  ;  2"  Une  notice  sur 
la  vie  et  les  ouvrages  de  Mozart  ;  5"  La  fin  de 
J'analyse  des  œuvres  théoriques  de  Koilmann. 
Dans  la  seconde  classe  des  productions  de 
ce  musicien,  on  remarque  :  8"  Twelve  analy- 
sed  Fugues  for  two  performcrs,  with  double 
eounterpoints  in  ail  intervais,  and  intro- 
ductory  explanations  (Douze  fugues  à  quatre 
mains  analysées,  avec  des  contrepoints  dou- 
bles à  tous  les  intervalles,  et  des  explications 
préliminaires).  Il  a  élé  fait  deux  éditions  de 
cet  ouvrage  :  la  seconde  a  été  publiée  en  1823. 
9"  The  Melody  of  the  hundredth  Psalm  with 
examples  and  directions  for  a  hundred  dif- 
férent harmonies  in  four  parts  (la  Mélodie 
du  centième  psaume  avec  des  exemples  et  des 
instructions  i)our  cent  harmonies  différentes 
à   quatre   parties),   op.    9,    Londres,    1809. 
10"  jtn  introduction  to  the  Art  of  Prelu- 
ding  and  Extemporizing  (Introduction  à 
l'art  de  préluder  et  d'improviser),  op.  3,  Lon- 
dres, 1791.  11°  The  first  beginning  on  the 
piano  forte,  according  to  an  improved  me- 
thod  of  teaching  beginners  (le  Premier  Elé- 
ment du  piano  forte,  d'après  une   méthode 
perfectionnée  pour  enseigner  aux  commen- 


çants), Londres,  1796.  12»  ^n  introduction 
to  the  modulation  (Introduction  à  l'art  de 
moduler),  op.  il,  Londres,  1820.  13°  An 
Jnalysed  Symphony  for  the  piano  forte, 
violin  and  bass,  Londres,  1799.  14°  A  rondo 
on  the  chord  of  the  diminished  SeventU. 
(Rondo  sur  l'accord  de  septième  diminuée), 
une  feuille  gravée,  in-fol.,  Londres,  1810. 
Des  observations  de  Koilmann  sur  le  système 
d'enseignement  de  Logier  ont  été  insérées 
dans  \3iGazette  musicale  de  Leipsick  (t.  XXIII 
p.  768,  783,  801,  et  t.  XXIV,  Intelligenz- 
blatt,  p.  9).  Elles  ont  été  ensuite  recueillies 
et  réunies  avec  celles  de  C.-F.  Millier,  profes- 
seur de  musique  à  Berlin,  en  une  brochure 
intitulée  :  Ueber  Logier's  Musikunterrichts 
System,  Munich,  Falter,  in-8°  de  59  pages. 
Ces  observations  sont  extraites  d'un  long  arti- 
cle sur  le  même  sujet,  qui  a  été  publié  dans 
le  Quarterly  musical  Magazine  and  Review 
(t.  I,  p.  111-139).  La  liste  des  compositions  de 
Koilmann  renferme  :  13°  Six  cantiques  avec 
de  nouvelles  mélodies  chorales  et  basse  conti- 
nue, Leipsick,  Breitkopf.  16°  Six  sonates  pour 
le  clavecin,  op.  2,  Londres.  17°  Six  petites 
sonates,  idem,  op.  4,  ibid.  18°  Divertissement 
pour  trois  exécutants  sur  un  seul  piano,  Lon- 
dres, 1800.  19"  Concerto  pour  piano  et  or- 
chestre, exécuté  en  public  par  l'auteur  en 
1804,  op.  8,  ibid.  20°  Plusieurs  chansons  an- 
glaises, ibid. 

Le  fils  de  Koilmann  (Georges-Auguste),  né  à 
Londres  en  1780,  fut  organiste  de  la  chapelle 
allemande, et  mourut  dans  cette  ville, le  19  mars 
1843.  On  a  de  cet  artiste  trois  grandes  sonates 
pour  le  piano,  avec  violon  obligé  pour  la 
seconde  sonate,  op.  1  ;  Londres,  Goulding. 

KOMOROWSKA  (la  comtesse  Stépha- 
nie), dame  russe,  née  à  Mittau,  a  reçu  des 
leçons  de  piano  des  artistes  les  plus  renommés 
à  Pétersbourg  et  à  Paris.  Elle  possède  un  ta- 
lent distingué  sur  son  instrument  et  a  com- 
posé des  choses  agréables  dont  voici  les 
titres  :  1°  Fantaisie  sur  un  motif  de  Preciosa 
pour  piano;  Mittau,  Reyher.  ^''  Mes  Adieux, 
andante  pour  piano;  ibid.  3°  Pensée  fugitive  j 
idem, ihld.  * 

ROrHIIVG  (Loris  DE),  facteur  d'orgues  à 
Cologne,  fut  appelé  en  Hollaiîde  pour  terminer 
le  grand  orgue  de  l'église  Saint-Étienne,  à 
Njmèguc,  que  le  facteur  Chrétien  Muller, 
devenu  malade  en  1770,  n'avait  pu  exécuter. 
De  Koning  employa  trois  années  à  faire  cet 
ouvrage,  composé  de  cinquante-sept  jeux, 
dont  quelques-uns  de  seize  pieds,  trois  cla- 
viers, pédale  et  huit  soulîlels. 


KONING  -  KONTSKl 


83 


KOIVITXG  (David),  pianiste  et  compositeur 
hollandais,  est  né  à  Rotterdam,  en  1820.  Fils 
d'un  négociant,  il  était  destiné  au  commerce; 
mais  son  père,  amateur  passionné  de  musique, 
voulut  qu'il  cultivât  cet  art  pour  lequel  il  lais- 
sait apercevoir  les  dispositions  les  plus  heu- 
reuses. Dès  l'âge  de  douze  ans,  il  jouait  avec 
facilité  de  plusieurs  instruments,  particuliè- 
rement du  piano;  ce  qui  ne  l'empêchait  pas 
de  travailler  aux  affaires  commerciales  de  la 
maison  paternelle.  En  1834,  son  père  le  con- 
duisit   à   Francfort-sur-le-Mein,    dans    une 
maison  de  commerce,  afin  qu'il  y  prît  l'habi- 
tude de  parler  la  langue  allemande;  mais  ne 
voulant  pas  qu'il  négligeât  la  musique,  il  lui 
donna  pour  maître  de  piano  et  de  composition 
l'excellent  professeur  Aloys  Schmilt.  Pendant 
quatre  ans,  le  jeune  Koning  reçut  des  leçons 
de  cet  artiste  qui,  ayant  reconnu  la  belle  or- 
ganisation de  son  élève  pour  Part,  lui  donna 
le  conseil  de  s'y  consacrer  exclusivement,  et  de 
renoncer  à  la  carrière  de  commerçant.  Koning 
écrivit  plusieurs  compositions  sous  la  direction 
de  son  maître,  particulièrement  trois  grandes 
ouvertures  d'orchestre.  Quand  il  retourna   à 
Rotterdam,  en  1838,  son  instruction  pratique  de 
compositeur  était  complète,  quoiqu'il  ne  fiU 
âgé  que  de  dix-huit  ans.  Devenu  libre  de  se 
livrer  sans  réserve  à  son  penchant  d'artiste,  il 
n'eut  plus  d'autre  occupation  que  la  musique, 
étudia  les  œuvres  des  maîtres  célèbres  et  les 
prit  pour  modèles  dans  ses  travaux.  Des  qua- 
tuors d'instruments  à  cordes  et  des  sonates  de 
piano  furent  ses  premières  productions  après 
son  refour  dans  sa  ville  natale.  En  1859,  il 
écrivit  une  quatrième  ouverture  pour  le  con- 
cours ouvert  par  la  Société  néerlandaise,  insti- 
tuée pour  Tencouragement  de  la  musique,  et 
nonobstant  la  jeunesse  de   l'auteur,  cet  ou- 
vrage obtint  le  prix,  et  la  partition  de  l'ouver- 
lure  de  Koning  fut  publiée  aux  frais  de  cette 
institution.  Dans  la  même  année,  il  publia  à 
Bonn,  chez  Simrock,  un  Domine  Salviim  fac 
regem^  avec  orchestre,  op.  1,  composé  pour  le 
roi  des  Pays-Bas.    Cette    composition,   d'un 
grand  développement,    a    été    analysée    par 
G.-W.  Fink,  dans  la  Gazette  générale  de  mu- 
sique de  Leipsick  (année  41'',  p.  944).  L'ou- 
verture couronnée,  œuvre  7",  parut  en  1840,  à 
Rotterdam,  chez  II.  Paling.  Des  fantaisies  et 
variations  pour  le  piano,  des  études,  une  sym- 
phonie à  grand  orchestre,  ont  succédé    aux 
premières  œuvres.  Postérieurement,  Koning  a 
résidé  à  Paris,  à  Londres,  à  Vienne;  mais  les 
rcnseig'nements  manquent  sur  ses  travaux. 

KOINIINK  (Sebvaas  DE),  maître  de  mu- 


sique à  Amsterdam,  au  commencement  du  dix- 
huitième  siècle,  a  fait  imprimer  quelques  ou- 
vrages de  musique  instrumentale,  de  sa 
composition,  parmi  lesquels  on  remarque  : 
1°  Douze  sonates  à  flûte  seule,  violon  ou 
hautbois  et  basse  contenue,  Amsterdam,  Ro- 
ger, in-4''  oblong.  2"  Trios  pour  flûtes,  violon 
ou  hautbois,  ibid.  3»  IloUandsche  minne  en 
drinh  liederen,  in-S*»,  ibid. 

KO]>iTSRÏ  (DE),  famille  de  musiciens  po- 
lonais qui,  dans  la  réunion  de  ses  membres, 
bien  jeunes  encore,  a  excité  l'étonnement  de 
l'Europe  entière.  Le  père,  Grégoire  de  Kontski, 
descend  de  l'ancienne  famille  polonaise  Rroch- 
witsch  ;  mais  il  n'était  que  simple  employé  du 
tribunal  civil  de  Cracovie,  en  1810.  La  mère, 
née  de  Rozika,  appartient  aussi  à  la  noble 
maison  deTrojanow.  Le  fils  aîné,  Charles,  est 
né  le  G  septembre  1815;  sa  sœur,  Eugénie,  le 
28  novembre  1816;  Antoine,  deuxième  fils, 
le  27  octobre  1817;  Stanislas,  le  8  octobre 
1820.  Tous  ont  vu  le  jour  à  Cracovie.  Apolli- 
naire, dernier  enfant  de  cette  famille,  est  né 
à  Varsovie,  le  25  octobre  1825.  Les  disposi- 
tions merveilleuses  de  Charles  pour  la  mu- 
sique frappèrent  son  père,  assez  bon  musicien 
et  qui  jouaitde  plusieurs  instruments.  Il  avait 
à  peine  atteint  l'âge  de  cinq  ans  lorsqu'on  lui 
mit  entre  les  mains  un  violon,  dont  il  joua 
bientôt  de  manière  à  exciter  l'étonnement  de 
ceux  qui  l'entendirent.  Dans  le  mémo  temps, 
son  père  lui  enseigna  les  règles  de  la  versifi- 
cation, qu'il  apprit  sans  peine  et  qu'il  n'a  ja- 
mais oubliées.  Antoine  et  Eugénie,  qui  avaient 
choisi  le  piano  pour  leur  instrument,  y  firent 
aussi  de  rapides  progrès.  Dans  les  premiers 
temps,  Kontski  ne  songeait  point  à  tirer  parti 
de  leurs  talents;  il  ne  leur  enseignait  la  mu- 
sique que  comme  un  délassement,  et  cet  art 
ne  les  occupait  que  dans  les  intervalles  du 
temps  où  ils  ne  fréquentaient  pas  les  écoles. 
Cependant  les  progrès  remarquables  de  ces  en- 
fants fixèrent  enfin  son  attention  ;  il  leur  ac- 
corda tous  ses  soins,  et  le  3  février  1822,  il 
donna  son  premier  concert  avec  eux.  L'éton- 
nement des  habitants  fut  au  comble  quand  ils 
entendirent  ces  virtuoses  en  herbe,  dont  l'alné 
avait  sept  ans.  Un  second  concert  n'eut  pas 
moins  de  succès  que  le  premier.  Kontski  prit 
alors  la  résolution  de  ne  rien  négliger  pour 
compléter  l'éducation  de  ses  enfants.  Il  donna 
sa  démission  de  son  emploi,  et  obéit  à  un 
ordre  du  gouvernement  qui  l'appelait  à  Var- 
sovie pour  faire  entrer  les  jeunes  gens  au  Con- 
servatoire de  cette  ville.  La  protection  de  la 
comtesse  Zamaïska  contribua  à  leur  faire  rece- 

li. 


8t 


KONTSKI 


voir  une  instruction  solide  dans  l'art  ;  elle  eut 
aussi  part  à  la  nomination  de  Rontski,le  père, 
à  la  place  d'inspecteur  du  Lycée  de  Varsovie. 
En   1825,  Charles  fit  ses  premiers  essais  de 
composition  en  écrivant  des  polonaises,  des 
mazurkes  et  d'autres  petits  morceaux  qui  fu- 
rent alors  publiés.  L'empereur  Alexandre,  qui 
se  trouvait  à  Varsovie,  au  mois  de  mai  1823, 
accepta  la  dédicace  d'une  de  ces  bagatelles,  et 
promit  sa  protection  aux  enfants  de  Rontski  ; 
mais  il  ne  revit  plus  Fétersbourg,  et  sa  mort 
laissa  la  famille  des  jeunes  artistes  dans  son 
ancienne  situation.  Charles  et  Antoine  ayant 
achevé  leurs  éludes  au  Conservatoire,  et  tous 
deux   ayant  acquis  un  talent  extraordinaire 
pour  leur  âge,   le  premier  devint  le  modèle 
de  son  frère  Apollinaire,  qui  déjà  jouait  du 
violon,    et  le  second   fut  celui  de   Stanislas 
sur  le  piano.  En  1827,  toute  la  famille  entre- 
prit son  premier  voyage  et  prit  sa  route  par 
Lemberg,  Wilna  et  Mittau,  pour  se  rendre 
à  Fétersbourg.  Partout  elle  donnait  des  con- 
certs ,   et  partout  elle  excitait  l'admiration. 
Stanislas  commençait  à  se  faire  entendre  sur 
le  piano,  et  déjà  le  petit  Apollinaire,  âgé  de 
qtiatre  ans  et  demi,  jouait  du  violon  devant 
de  nombreuses  assemblées.  Arrivés  à  Féters- 
bourg, au  mois  de  janvier  1829,  les  Konlski  y 
demeurèrent  six  mois,    pendant  lesquels    ils 
donnèrent  plusieurs  concerts,  et  jouèrent  de- 
vant la  famille  impériale  avec  un  succès  d'en- 
thousiasme. Charles  y  prit  aussi  des  leçons  de 
composition  chez  Blanchi.  A  Moscou,  Antoine 
reçut  des  conseils  de  Field  pour  ses  composi- 
tions de  piano,  et  le  jeune  artiste  dédia  à  ce 
maître  son  concerto  en  fa,  morceau  d'une 
prodigieuse  difliculté.    La   famille    partit   de 
Moscou  au  mois  de  jeuillet  18-30,  voyageant 
avec  lenteur,  à  cause  du  choléra,  et  s'arrêta 
longtemps  dans  la  Gallicie,  où  elle  rencontra 
Lipinski  :  elle  n'arriva  à  Cracovie  qu'au  mois 
d'octobre  1831.  L'année  suivante,  elle  recom- 
mença ses  voyages  en  se  dirigeant  sur  Vienne, 
et  depuis  lors  elle  a  visité  la  Hongrie,  la  plus 
grande  partie  de  l'Allemagne,  la  Suisse,  l'An- 
gleterre et  une  partie  de  la  France,  (/^oyea  les 
notices  suivantes  de  chacun  des  membres  de 
la  famille  Rontski  devenus  artistes.) 

ROINTSRI  (CiunLEs),  l'aîné  des  quatre 
frères  de  ce  nom,  n'a  pas  réalisé  d'une  ma- 
nière complète  les  espérances  qu'il  donnait 
dans  son  enfance  comme  violoniste.  Il  s'est 
fixé  à  Paris  et  s'y  livre  à  l'enseignement  de 
son  instrument.  On  a  vu,  dans  l'article  précé- 
dent, qu'il  a  commencé  l'étude  de  la  composi- 
tion à  Pétcrsbourgj  et  qu'il  reçut  des  leçons  de 


Bianclii  concernant  l'art  d'écrire  en  musique. 
Arrivé  à  Paris,  il  continua  cette  étude  sous  fa 
direction  de  Reicha.  lia  écrit  quatre  quatuors 
pour  deux  violons,  alto  et  basse;  deux  quin- 
tettes, dont  le  dernier  est  son  œuvre  27'-',  et 
un  sextuor  pour  deux  violons,  deux  altos,  vio- 
loncelle et  contrebasse,  lequel  obtint  un  succès 
d'estime  dans  une  séancepubliqueoiiilfutexé- 
cuté  par  lui  et  plusieurs  des  meilleurs  artistes 
de  Paris^  Les  autres  productions  de  M.  Charles 
Rontski  sont  :  1"  Duo  pour  piano  et  violon, 
op.  1.  2"  Grand  duo  pour  piano  et  violon  sur 
des  thèmes  de  Schubert,  op.  2.  3»  Trois  mélo- 
dies originales  pour  piano,  op.  3.  4°  Fantaisie 
pour  violon,  op.  4.  5"  Variations  sur  un  thème 
original. 

KOI\TSRI  (Antoine),  pianiste  distingué, 
a  vécu  quelques  années  à  Paris,  puis  a  par- 
couru l'Espagne,  le  Portugal,  et  a  joué  avec 
succès  à  Madrid,  à  Séville  et  à  Lisbonne.  Après 
un  court  séjour  à  Londres,  il  revint  à  Paris  et 
s'y  livra  à  l'enseignement  du  piano.  Plus 
tard,  il  visita  Berlin,  Posen,  Varsovie  où  son 
talent  produisit  une  profonde  impression.  Il 
donna  ensuite  des  concerts  dans  les  villes 
principales  de  la  Lithuanie,  de  la  Podolie  et 
de  l'Ukraine.  Arrivé  à  Fétersbourg,  il  s'y  est 
fixé  comme  professeur  de  piano.  En  1857,  il  y 
a  organisé  des  séances  pour  l'exécution  de  la 
musique  classique.  Les  compositions  ou  ar- 
rangements de  cet  artiste  s'élèvent  au  nombre 
d'environ  cent  cinquante  œuvres  de  fantaisies, 
variations,  études,  méditations  et  pièces  de 
salon  et  de  concert. 

RO?«iTSRI  (Stanislas)  ,  troisième  frère 
des  précédents,  est  fixé  à  Paris  depuis  l'arrivée 
de  sa  famille  en  cette  ville.  Élève  en  partie  de 
son  frère  Antoine  pour  le  piano,  il  ne  s'est  pas 
élevé  au  même  degré  d'habileté;  mais  il  est 
considéré  comme  un  des  bons  professeurs  de 
son  instrument.  Il  a  publié  environ  vingt 
œuvres  de  pièces  légères,  telles  que  valses, 
marches,  nocturnes,  caprices,  etc. 

ROI>iTSRI  (Apollinaire),  le  plus  jeune 
des  quatre  frères,  et  violoniste  imitateur  de 
Paganini,  a  obtenu  de  brillants  succès  dans 
toutes  les  contrées  européennes  qu'il  a  par- 
courues. La  Pologne  et  la  Russie  ont  retenti/ 
des  applaudissements  qui  lui  ont  été  prodi- 
gués. La  partie  la  plus  remarquable  de  son 
talent  consiste  principalement  dans  la  dexté- 
rité de  la  main  gauche.  Son  premier  concert  à 
Fétersbourg  fut  donné  au  théâtre  Michel,  le 
28  mars  1851.  Dans  l'année  suivante,  il  visita 
Moscou,  puis  il  parcourut  les  diverses  pro- 
vinces de  l'empire  de  Russie.  De  retour  àPé- 


KONTSKI  —  KOPRZIWA 


lersboiirg,  il  y  reçut  le  diplôme  de  premier 
violon  solo  (le  l'empereur  de  toutes  les  Russies. 
On  a  de  cet  artiste  quarante-cinq  œuvres  pour 
son  instrument  et  pour  le  piano,  soit  publiées, 
soit  inédites.  Il  donne  à  quelques-uns  de  ses 
morceaux  avec  accompagnement  d'orchestre 
ou  de  piano,  le  titre  de  poëmes  musicaux.  Sa 
fantaisie  sur  les  motifs  de  Lucie  de  Lammer- 
moor,  jouée  par  lui,  a  toujours  eu  beaucoup 
d'applaudissements.  On  a  publié  sur  M.  Kont- 
ski  :  Notice  sur  Apollinaire  de  Kontski,  sa 
naissance,  sa  vie,  ses  œuvres,  ses  études 
et  ses  succès  jusqti'à  ce  jour,  par  Justin  Du- 
puy,  Bordeaux,  1847,  in-S". 

KOIX'WALlTMvA  (Paul),  compositeur, 
naquit  à  Sagolza,  en  Hongrie,  dans  la  pre- 
mière moitié  du  dix-seplième  siècle.  Après 
avoir  demeuré  quelque  temps  à  Prague,  puis 
à  Vienne,  il  voyagea  et  arriva  jusqu'.à  Jéna, 
oii  ses  ouvrages  lui  firent  la  réputation  d'un 
nnisieien  habile.  En  1G72,  il  y  fit  imprimer 
un  chant  pour  basse  solo  avec  accompagne- 
ment de  viole  da  braccio,  sur  les  paroles  : 
Christe,  tibi  vivo,moriar;  tibi,  Christc^re- 
surgam,  etc. 

ROPCZYNSKI  (Janus),  pianiste  et  com- 
positeur amateur,  est  né  en  1851,  à  lloladki, 
propriété  de  sa  famille,  en  Ukraine.  Les  pre- 
mières leçons  de  piano  lui  furent  données  par 
Ignace  Platon  Kozlowski(iioj/e3  ce  nom).  Arrivé 
à  Paris,  il  s'est  livré  à  l'étude  sérieuse  de  cet 
instrument  sous  la  direction  de  Charles-Valen- 
tin  Alkan.  M.  Ropczynski  a  écrit  six  éludes 
pour  le  piano,  dans  le  style  brillant,  trois  ro- 
mances sans  paroles  et  plusieurs  Mazoures. 

KOPP  (Georges)  ,  organiste  à  Passau,.vers 
le  milieu  du  dix-septième  siècle,  naquit  en 
Bohème  et  vécut  longtemps  à  Prague.  En 
1059,  il  a  fait  imprimer  à  Passau,  chez  Geor- 
ges Ilœller,  huit  antiennes  de  la  Vierge,  de 
sa  composition.  Wallher  cite  aussi,  dans  son 
Lexique  de  musique  (p.  344),  un  œuvre  de 
messes  à  cinq  et  six  voix ,  de  cet  artiste, 
comme  ayant  été  publié  ;  mais  il  n'indique  ni 
la  date  ni  le  lieu  de  l'impression. 

KOPP  (Le  p.  André),  religieux  augustin, 
né  en  Bavière,  dans  les  premières  années  du 
dix-huitième  siècle,  a  fait  imprimer  un  re- 
cueil de  musique  d'église  de  sa  composition, 
intitulée  :  Promptuarium  musico  sacrum, 
consistant  en  deux  messes  à  quatre  voix,  vio- 
lons etorgue,  deux  offertoires,  deux  litanies  de 
la  Vierge,  un  Te  Deum,  un  Miserere,  deux 
Magnificat,  deux  SaKe  Begina,  un  Mma, 
un  Ave  Regina,  et  un  Regina  Cœli,  Augs- 
Lourg,  1736,  in-fol. 


ROPPRASCII  (Wenceslas),  bassoniste 
attaché  à  la  chapelle  de  Dessau,  vers  la  fin  du 
dix-huitième  siècle,  était  vraisemblablement 
né  en  Bohême.  Il  a  écrit  pour  le  théâtre  de 
Dessau  un  opéra  intitulé  :  Einer  jagt  den 
Andern  (L'un  chasse  Taulre).  On  connaît 
aussi  de  sa  composition  :  1°  Air  avec  varia- 
tions pour  basson  avec  orchestre,  op.  1. 
2»  Concerto  pour  le  basson  avec  orchestre, 
op.  2.  5"  Symphonie  concertante  pour  deux 
bassons,  idem,  op.  3.  4»  Six  valses  pour  le 
piano,  ibid. 

ROPPRASCII  (G.),  fils  du  précédent,  né  à 
Dessau,  fut  attaché  d'abord  à  la  musique  d'un 
régiment  prussien,  puis  entra  à  l'orchestre 
du  théâtre  royal  de  Berlin,  où  il  se  trouvait  en 
1824.  On  a  de  sa  composition  :  1"  Six  quatuors 
couils  et  faciles  pour  quatre  cors,  Leipsick, 
Rollmann.  2"  Douze  petits  duos  pour  deux 
cors,  ibid.  3»  Trois  grands  duos,  idem,  ibid. 
4°  Six  sonates  pour  deux  cors,  deux  trom- 
pettes et  trois  trombones.  Leipsick ,  Peters. 
5°  Soixante  études  pour  cor  alto  (premier  cor), 
op.  5,  ibid.  G"  Soixante  études  pour  cor  basse 
(second  cor),  ibid.  Kopprasch  adopta  ces  dé- 
nominations de  cor  alto  et  cor  basse  d'après 
la  méthode  de  cor  de  Dauprat. 

ROPPiZIWA  (Wenceslas),  surnommé 
Urtica,  naquit  à    Brdloch ,   en  Bohème,   le 

8  février  1708.  Après  avoir  terminé  ses  études 
à  Prague,  il  fut  nommé  organiste  et  recteur 
du  collège  à  Czytolib;  il  en  remplit  les  fonc- 
tions pendant  cinquante-sept  ans.  Il  vivait 
encore  près  de  son  fils  à  Czytolib,  en  1787. 
Koprziwa  a  composé  beaucoup  de  musique 
d'église  qui  est  connue  en  Bohême  sous  le 
nom  d'[7rfîca,  et  qui  est  restée  en  ma- 
nuscrit. 

ROPRZIWA  (Charles),  fils  du  précé- 
dent, fut  un  des  meilleurs  élèves  du  célèbre 
organiste    Segert.   Il    naquit  à    Czytolib,   le 

9  février  1736,  et  alla  étudier  la  musique  à 
Prague.  En  sortant  de  l'école  de  Segert,  il  re- 
tourna chez  son  vieux  père,  qui  ne  jouit  pas 
longtemps  du  plaisir  d'admirer  son  talent, 
car  Charles  mourut  à  l'âge  de  vingt-neuf  ans, 
le  16  mai  1783.  Quoiqu'il  ait  si  peu  vécu,  il  a 
écrit  beaucoup  de  musique  d'église,  d'orgue 
et  de  concert,  où  l'on  remarque  un  génie 
élevé.  Parmi  ses  ouvrages,  qui  tous  sont  restés 
en  manuscrit,  on  peut  citer  :  1°  Sept  messes 
solennelles.  2»  Trois  offertoires,  ô»  Trois 
motets.  4°  Douze  symphonies.  5°  Huit  concer- 
tos d'orgue,  et  un  grand  nombre  de  fugues  et 
de  préludes.  Il  a  formé  plusieurs  élèves  dis- 
tingués, au  nombre  desquels  était  son  frère 


86 


KOPRZIWA  -  KOSSMÂLY 


cadet,  Jean-Baptisle  Koprziwa,  qui  lui  suc- 
céda comme  organiste  à  Czytolib. 

KORB  (Jean-Frédéric),  né  en  Bavière,  fut 
organiste  à  Diessenhoven  (Suisse),  vers  le  mi- 
lieu du  dix-huitième  siècle.  Il  a  fait  imprimer 
à  Nuremberg,  en  1756,  une  suite  de  pièces 
pour  le  clavecin,  intitulée  :  Musikalische  Ge- 
muthsergœtzung ,  bestehend  in  6  Klavier- 
parthien,  première  et  deuxième  parties,  in-4'>. 

RORINACIIER  (L.),  d'abord  étudiant  en 
droit,  devint  ensuite  élève  de  l'abbé  Vogler, 
et  fit  avec  lui  un  voyage  à  Paris,  en  1784.  On 
connaît  sous  son  nom  :  1"  Chansons  de  l'école 
de  chant  de  Manheim,  publiées  à  Mayence. 
2"  Premier  concerto  de  clavecin,  sans  accom- 
pagnement; ibid.;  deuxième  idem,  Paris, 
o"  Sonates  pour  le  clavecin,  op.  1,  2  et  3; 
ibid. 

iiOSOD  (BioRCE-PossonoLAw),  docteur  en 
théologie,  chapelain  et  prédicateur  du  châ- 
teau, à  Copenhague,  nacjuit  à  Mariagor,  dans 
le  Jutland,  le  24  janvier  1752.  Il  est  auteur 
d'une  dissertation  historique  et  philosophique 
intitulée  ;  Musikens  infleydelse  paa  Men- 
nesket  (Influence  de  la  musique  sur  l'espèce 
humaine),  Copenhague,  Niels  Christensens, 
1804,  in-8"  de  104  pages.  L'auteur  de  cet 
opuscule  s'y  livre  à  l'examen  des  effets  moraux 
de  la  musique  chez  les  anciens  et  chez  les 
modernes. 

K  O  S  P  O  T  H  (OTnoK-Cir arles-Erdm ANN, 
baron  DE),  né  à  Muhltroff,  en  Saxe,  vers  le 
milieu  du  dix-huitième  siècle,  voyagea  dans 
sa  jeunesse  en  Italie,  puis  eut  le  titre  de  cham- 
bellan du  roi  de  Prusse,  et  fut  chanoine  sécu- 
lier à  Blagdebourg.  Il  mourut  à  Berlin,  le 
23  juin  1817.  Depuis  1782,  il  s'est  fait  con- 
naître avantageusement  comme  compositeur 
par  les  ouvrages  suivants  :  1"  Der  Freund 
deutscherSillen  (l'Ami  des  mœurs  allemandes), 
j)etit  opéra.  2»  Der  Ifrwisch  (le  Feu  follet). 
3"  Adraste  et  Isidore.  Des  airs  de  ces  deux 
derniers  ouvrages,  arrangés  pour  Je  piano, 
ont  été  publiés  à  Berlin,  par  Rellstab.  4°  Bella 
et  Fernando  ou  le  Satyre.  5"  Der  Msdchen- 
markt  zu  Ninive  (le  Marché  de  filles  à  Ni- 
nive),  1795.  6"  Le  Pouvoir  de  l'harmonie, 
cantate  exécutée  à  Berlin,  à  l'ouverture  du 
Concert  d'amateurs.  7»  Un  oratorio  écrit  à 
\enise et  exécuté  avec  succès  en  1787. 8" Chan- 
sons à  voix  seule  avec  accompagnement  de 
piano;  Brunswick,  1795.9°  Sym|)honie  à  grand 
orchestre  (en  sol),  op.  22;  Brunswick,  Spehr. 
10''/(/em(en?a),op.  '20,  ibid.  11°  Mem  {en  ré), 
op.  24,  ibid.  12"  Six  quatuors  pour  deux  vio- 
lons, alto  cl  basse,  op.  8;  Offenbach,  André. 


13"  Six  trios  pour  violon,  alto  et  basse,  op.  1, 
ibid.  14"  Six  quatuors  pour  flûte,  violon,  alto 
et  basse,  op.5,i6id.  15"  Sérénade  pour  piano, 
hautbois,  deux  cors  de  bassette  et  basson, 
op.  19;  ibid.  16"  Six  quatuors  pour  deux  vio- 
lons, alto  et  basse,  op.  10;  Spire,  Bossler, 
17"  Grande  sérénade  pour  deux  violons,  deu-; 
altos,  deux  cors,  violoncelle  et  contrebasse, 
op.  11  ;  ibid.  18"  Composizioni  sopra  il  Pa- 
ter noster,  consistente  en  7  sonate  caratte- 
ristiche  con  un  introduzione  per  2  violint, 
2  oboe,  2  corni,  fagotto,  viola  et  basso,  op.  2  ; 
Darmstadt,  1794.  19"  Concerto  pour  hautbois 
et  orchestre,  ibid.  Quelques  ouvertures  de  ses 
opéras  ont  été  aussi  publiées.  Kospoth  a  laissé 
en  manuscrit  un  Miserere  à  quatre  voix  et  or- 
chestre, qui  est  à  la  Bibliothèque  de  Berlin. 

KOSSAR  (CnARLES-ERîiEST),  critique  de  la 
nouvelle  école  qui  commença  à  se  produire, 
tant  en  France  qu'en  Allemagne,  avec  le  ro- 
mantisme. Il  naquit  à  Berlin,  vers  1818.  Une 
brochure  qu'il  publia  sous  ce  titre  :  Aphoris- 
men  Uber  Rellstab^s  Kunstkritik  (Aphorismes 
sur  la  critique  d'art  de  Rellstab),  Berlin, 
C,-W.  Essiinger,  1846,  fit  quelque  sensation 
en  Allemagne  par  sa  hardiesse,  et  par  son  ton 
tranchant  et  dogmatique.  Il  y  professait  des 
doclrines  musicales  assez  semblables  à  celles 
de  Richard  Wagner.  Quelques  rédactions  de 
journaux  recherchèrent  alors  la  collaboration 
de  l'auteur  de  cet  écrit;  mais  son  feu  s'était 
épuisé  dès  le  premier  jet,  et  rien  de  lui  depuis 
lors  n'a  fixé  l'attention. 

KOSSMALY  (Charles),  compositeur  et 
écrivain  sur  la  musique,  est  né  en  Silésie  et  a 
fait  vraisemblablement  ses  études  musicales  à 
Breslau.En  1842,  il  était  directeur  d'orchestre 
de  la  chapelle  de  Detmold,  et  il  occupa  celte 
position  pendant  plusieurs  années.  A  la  même 
époque,  il  fournit  à  la  Gazette  générale  de 
musique  de  Ze/pst'cft quelques  bons  articles  de 
critique.  En  1845,  il  était  de  retour  à  Breslair, 
avec  le  litre  de  directeur  de  musique,  et  il  fai- 
sait exécuter  quelques-unes  de  ses  composi- 
tions pour  l'orchestre.  Postérieurement  on  le 
trouve  à  Stettin  où,  toutefois,  il  ne  parait  pas 
être  resté.  Les  biographes  allemands  gardent 
un  silence  absolu  sur  cet  artiste.  On  a  de  lui 
une  sorte  de  supplément  de  la  Biographie  des 
musicien» silésiens ,  \mhUée  par  C.-J. -Adolphe 
Hoffmann,  en  1830  {voyez  C.-J. -Ad.  Hoff- 
mann). M.  Rossmaly  a  eu  pour  collaborateur 
M.  Carlo,  nom  inconnu  dans  la  littérature  de 
la  musique.  Aucun  ordre  systématique  n'est 
suivi  dans  la  nomenclature  des  artistes  dont  il 
est  parlé  dans  cet  ouvrage.  Il  parut  en  quatre 


KOSSMALY  -  KOZELUCH 


87 


suites  Jans  chacune  desquelles  la  succession 
alphabétique  recommence.  M.  Kossmaly  a 
donné  à  son  livre  le  titre  de  :  Schksisches 
Tonhunstîer  Lexihon,  enthaltend  die  Bio- 
r/raphien  aller  Schlesischen  TonkUnstkr, 
Componisten,  Cantoren,  Organisten,  Ton- 
fjelehrten,  Texidichter,  Orgelbauer,  Instru- 
mentetimacher,  etc.  IVebst  genauer  Angabe 
aller  Schlesischen  musikalischen  Instiiute, 
yereine,  Musihschulen ,  Liedertafeln ,  etc. 
(Dictionnaire  des  musiciens  de  la  Silésie,  ren- 
fermant les  biographies  de  tous  les  musiciens 
silésiens,  compositeurs,  cantors,  organistes, 
théoriciens ,  poêles  lyriques,  constructeurs 
d'orgues,  fabricants  d'instruments,  avec  des 
renseignements  exacts  sur  toutes  les  institu- 
tions musicales  de  la  Silésic,  académies,  écoles 
de  musique,  sociétés  de  chant,  etc.),  Breslau, 
Ed.  Trevent,  1840-1847,  quatre  suites  in-S", 
foimant  un  volume  de  trois  cent  trente-deux 
pages.  Le  litre  de  Dictionnaire  ne  convenait 
pas  à  cet  ouvrage  où  l'ordre  alphabétique  est 
quatre  fois  interverti;  mais  les  notices,  parti- 
culièrement celles  qui  sont  signées  du  nom  de 
Kossmaly,  sont  faites  avec  soin  et  fournissent 
des  renseignements  exacts.  Comme  composi- 
teur, cet  artiste  a  mis  au  jour  plusieurs  re- 
cueils de  chants  à  qtiatre  voix  (soprano,  con- 
tralto, ténor  et  basse),  en  partition  ;  Breslau, 
Leuckart.  Des  romances  allemandes,  avec  ac- 
compagnement de  piano;  Berlin,  Rosmar, 
1850;  trois  Licder  à  voix  seule,  avec  piano  et 
cor  obligé;  Leipsick,  Wunder;  d'autres  Lie- 
der  avec  piano  et  clarinette  obligée;  Cassel, 
Appel  ;  des  chants  pour  quatre  voix  d'hommes, 
op.  10,  etc. 

KOSTHA  BE]\  LOUKA  (Kostha  ,  fils 
de  Lucas),  philosophe  chrétien,  arabe  de  nais- 
sance, vécut  dans  la  seconde  moitié  du  neu- 
vième siècle.  Parmi  ses  ouvrages  se  trouve 
tin  traité  de  musique,  dont  le  manuscrit,  indi- 
qué par  Casiri  (Biblioth.  urabico-hispana , 
t.  I,  n»  420),  existe  à  la  Bibliothèque  de  l'Es- 
curial. 

KOTZWARA  (François),  né  à  Prague,  a 
voyagé  quelque  temps  en  Allemagne  et  en 
Hollande,  puis  s'est  fixé  à  Londres  en  1793, 
et  y  est  mort  dans  les  dernières  années  du 
dix -huitième  siècle.  On  a  i>nblié  de  sa  compo- 
sition :  1"  La  Bataille  de  Prague  pour  itiano, 
violon  et  violoncelle,  Berlin,  Lischke  ;  llam- 
Iioiirg,  Bœhme.  Ce  morceau  a  été  célèbre  vers 
la  fin  du  dix-luiilième  siècle.  2"  Trois  sonates 
jiOiir  \)inno  et  violon,  op.  ô4,  Offenbach,  An- 
dré, ô '  Tiois  sonates  pour  piano  seul,  op.  ôG, 
ôlahlicim,  Ucck'.l.  4"  Sonate  pour  clavecin  à 


quatre  mains,  Amsterdam,  1783.  5"  Sérénades 
pour  violon,  alto,  violoncelle  et  deux  cors, 
ibid.  6"  Trois  solos  pour  alto,  Londres.  Je  me 
souviens  que  ce  bon  Kotzwara  passa  à  Mons, 
au  printemps  de  1792,  et  qu'il  vintvisiler  mon 
père.  Il  m'entendit  jouer  sur  le  piano  des 
sonates  de  Mozart.  L'après-midi,  il  revint,  ap- 
portant sa  Bataille  de  Prague,  qu'il  venait 
d'achever,  et  qui  obtint  une  grande  célébrité 
vers  la  fin  du  dix-huitième  siècle;  je  la  lui 
jouai  immédiatement,  accompagné  par  mon 
père  sur  le  violon  et  par  lui  sur  le  violoncelle. 
Ravi  de  ce  qu'à  l'âge  de  huit  ans,  j'avais  pu 
jouer  ce  morceau  à  première  vue,  ce  digne 
homme  me  prit  entre  ses  bras  et  me  prédit, 
d'un  air  inspiré,  plus  de  bonheur  qu'il  ne 
m'en  est  avenu.  Il  jouait  bien  du  piano,  du 
violon,  du  violoncelle,  du  hautbois, de  la  flùle, 
du  basson  et  du  cistre.  Pourtant,  il  ne  parais- 
sait pas  être  dans  l'aisance.  Il  était  en  voyage 
pour  jouer  à  Londres  la  contrebasse  au  théâtre 
du  Roi  etau  concert  de  l'ancienne  musique.  Son 
habileté  à  imiter  le  style  des  compositeurs  les 
plus  en  vogue  de  cette  époque  .e  fit  employer 
par  les  marchands  de  musique  anglais  à  écrire 
des  |)ièces  qu'ils  publiaient  sous  les  noms  de 
Pleyel,  de  Haydn  et  de  Mozart  (1).  Kotzwara 
aurait  pu  vivre  dans  l'aisance,  mais  ses  pas- 
sions pour  le  vin  et  pour  les  amours  faciles  le 
mettaient  souvent  dans  de  grands  embarras. 
Vers  la  fin  de  1793,  on  le  trouva  pendu  dans 
une  maison  suspecte  de  Chandos  street  (Co- 
vent  Garden).  Une  instruction  criminelle  fut 
commencée  contre  les  habitants  de  cette  mai- 
son, mais  ils  prouvèrent  que  la  mort  de  Kotz- 
wara était  le  résultat  d'un  suicide  (2). 

KOZELUCH  (Jea>-.\ntoine),  maître  de 
chapelle  à  l'église  métropolitaine  de  Prague, 
et  l'un  des  meilleurs  compositeurs  de  la  Bo- 
hême, naquit  à  Welwan,  le  13  octobre  1758, 
Dès  son  enfance,  il  trouva  un  protecteur  dans 
le  comte  de  Kolowrat,  qui  l'emmena  dans  ses 
propriétés  de  Brzeznicz,  et  le  plaça  au  collège 
des  jésuites  en  qualité  de  sopraniste.  Il  s'y 
distingua  par  ses  progrès  dans  la  musique. 
Après  plusieurs  années  passées  en  ce  lieu,  il 
alla  continuer  ses  études  à  Prague  et  y  apprit 
les  éléments  de  la  composition.  Cependant,  la 
nécessité  de  pourvoir  à  son  existence  l'obligea 
à  s'éloigner  de  cette  ville,  oii  il  trouvait  toutes 
les  ressources  nécessaires  à  son  instruction,  et 
à  accepter  une  place  de  directeur  de  musiiiuc 
à  l'église  de  Rakonitz;  mais  il  n'y  resta  pas 

(1)  W.  T.  Parts,  .Vu«co/.Veij)OiM.  T.  I  ,  p.  181. 

(2)  IbU. 


88 


KOZELUCH 


longtemps,  ayant  été  bientôt  après  nommé  di- 
recteur du  chœur  dans  sa  ville  natale.  Le  désir 
d'augmenter  ses  connaissances  dans  la  mu- 
sique lui  fit  quitter  cette  i)osition,  au  bout  de 
quelque  temps,  pour  retourner  à  Prague,  où 
il  vécut  d'abord  comme  sim|)le  basse  chantante 
à   Saint-Vith  et  dans  d'autres  églises.  Ce  fut 
alors  qu'il   fil  de  grands   progrès   dans  l'art 
d'écrire,  ayant  eu  le  bonheur  d'être  accueilli 
par  le  célèbre  organiste  Segert,  qui  lui  donna 
des  leçons  de  contrepoint.  Parvenu  à  la  lin  de 
ses  études  techniques,  il  comprit  la  nécessité 
de   recevoir   les    conseils  de   quelque   grand 
maître  pour  les  autres  parties  de  l'art,  et  son 
instinct  lui  persuada  qu'il  ne  pouvait  trouver 
ce  maitre  qu'à  Vienne.  Les  petites  économies 
qu'il  avait  faites  l'aidèrent  à  s'y  rendre.  Il  y 
trouva  dans  ses  compatriotes  Gluck  et  Gas- 
mann  tout  ce  qu'il    pouvait  désirer  sous  les 
rapports  de  l'expérience  et  du  beau  sentiment 
de  l'art  :  tous  deux  lui  firent  le  meilleur  ac- 
cueil et  lui  jirodiguèrent    les  enseignements 
qu'il  venait  chercher  près  d'eux.  Plus  tard,  il 
apprit  de  liasse  le  mécanisme  de  la  coupe  des 
morceaux  de  musique  d'apiès  la  méthode  ita- 
lienne. De  retour  à  Prague,  Kozeluch  y  vécut 
en  donnant  des  leçons  de  chant  et  de  clavecin 
jusqu'à  ce  qu'il  fut  nommé  directeur  du  chœur 
de  l'école  de  musique  à  l'église  des  religieux 
de  la   Croix.    Il  y  forma  un  grand  nombre 
d'élèves,  parmi  lesquels  il  s'est  trouvé  quelques 
artistes  distingués.  Considéré  comme  le  plus 
grand  musicien  qui  fût  à  Prague,  Kozeluch  ob- 
tint, le  15  mars  1784,  la  place  de  maître  de 
chapelle  de  l'église   métropolitaine,  et  il  en 
remplit  les  fonctions  jusqu'à  sa  mort,  arrivée 
le  ô  février  1814.  Ses  compositions  lui  ont  fait 
dans  sa  patrie  la  réputation  d'un  grand  musi- 
cien,  et  les  artistes  qui  ont  entendu  ses  ou- 
vrages avouent  que  leur  mérite  n'est  point 
au-dessous  de  l'estime  qu'on  leur  accorde  à 
Prague;  mais  telle  était  la  modestie  de  Koze- 
luch, tel  était  son  pur  amour  de  la  musique,  qu'il 
n'a  travaillé  que  pour  l'art  lui-même,  qu'il  ne 
s'est  jamais  occupé  de  sa  renommée,  et  que  ses 
productions  sont  inconnues  à  toute  l'Europe. 
Parvenu  à  l'âge   de  soixante-dix  ans,  il  eut 
pourtant,  en  1801,  la  pensée  de  publier  quel- 
ques-unes de  ses  plus  belles  compositions  pour 
l'église  5  mais  dans  un  pays  si  pauvre  que  la 
Bohême,  il  ne  put  trouver  un  nombre  de  sous- 
cripteurs sutTisant  pour  couvrir  les  frais  de 
l'impression,  et   ce   projet    fut    abandonné. 
Parmi  l'immense  quantité  d'ouvrages  sortis 
de   la   iiliime  de. Kozeluch,    on    remarque: 
1»  Jlexandrc  aux  Indes j  grand  opéra,  re- 


présenté à  Prague,  en  1774.  2»  Démophon , 
idem.  3"  La  Mort  d'Abel,  oratorio.  4"  Gioas 
Re  di  Giuda,  oratorio,  exécuté  à  Prague,  le 
vendredi  saint  de  l'année  1777.  5"  Des  messes 
à  quatre  voix  et  orchestre  pour  tous  les  di- 
manches et  jours  de  fête  de  l'année,  avec  les 
graduels  et  offertoires.  G*"  Quelques  messes 
solennelles  et  grandes  vêpres  pour  les  solen- 
nités de  l'église.  7°  Cinq  messes  de  Requiem. 
8»  Cent  seize  graduels  et  offertoires.  *J°  Cent 
quarante-sept  motets  pour  toute  l'année. 
10»  Des  litanies  de  la  Vierge  et  des  saints. 
]\"  Antiennes  de  la  Vierge,  Salve  Regina  et 
Regina  Cœli,  etc.  La  Bibliothèque  royale  de 
Berlin  possède  de  cet  artiste  les  partitions  ma- 
nuscrits de  deux  messes  solennelles,  la  pre- 
mière (en  mi  bémol)  pour  quatre  voix  et  orgue 
obligé;  l'autre  (en  re  majeur),  pour  quatre 
voix  et  orchestre;  de  plus,  l'offertoire  .ffonum 
est confilcri ,  à  quatre  voix  et  orchestre  (en  mi 
mineur),  et  les  motels  Omni  die  Marix  me 
laudes  anima,  et  Jla'c  persona  nobis  dona, 
également  à  quatre  voix  et  orchestre. 

Kozeluch  a  laissé  un  fils  (Vincent),  né  à 
Piague,  bon  maître  de  chant  et  de  piano, 
dont  on  a  quelques  bagatelles,  entre  autres 
des  Menuets  pour  le  bal  du  Bretfeld,  publiés 
en  1797,  et  des  danses  allemandes,  Prague, 
Pollé,  1803. 

KOZELUCH  (Léopold),  né  en  1754,  à 
Welwarn,  en  Bohême,  fut  un  artiste  d'instinct 
qui  aurait  pu  s'élever  au  plus  haut  degré  de 
l'art  sij  moins  entraîné  par  sa  facilité  à  pro- 
duire,  et   moins   occupé  comme  maître  de 
piano,  il  avait  pu  méditer  avant  d'écrire,  et 
développer,  par  des  études  sérieuses,  la  ri- 
chesse d'idées  qu'il  tenait  de  la  nature.  Dès 
rage  de  neuf  ans,  il  apprit  les  élémenls  du 
chant  et  du  clavecin  sous  la  direction  de  son 
cousin  Jean-Anloine,  déjà  très-habile   musi- 
cien à  cette  époque.  Dans  sa  onzième  année  il 
alla  faire  ses  humanités  à  Prague,  et  pendant 
ce  temps  il  continua  de  s'instruire  dans  la 
musique.   Déjà   il  composait  de   petits  mor- 
ceaux pour  le  clavecin,  oii  l'on  remarquait  de 
la  grâce  et  de  la  facilité.  Après  avoir  achevé 
ses  cours  de  philosophie,  de  mathématiques 
et  de  droit,  il  écrivit,  pour  le  théâtre  national 
de  Prague,  la  musique  d'un  ballet  qui  fut  re- 
présenté en   1771.  Le    succès   qu'obtint   cet 
ouvrage  l'encouragea  et  lui  fil  composer,  dans 
l'espace  de  six  ans,  vingt-quatre  autres  bal- 
lets, trois  pantomimes,  et  plusieurs  airs  et 
chœurs  introduits  dans  différentes  pièces.  En 
1778,  il  se  rendit  à  Vienne,  où  il  se  fit  bientôt 
connaître  avantageusement  par  un  très-grand 


KOZELUCH  —  KOZLOWSKI 


80 


nombre  de  composilions  de  tout  genre.  L'em- 
pereur Joseph  II  le  choisit  pour  maître  de 
piano  de  l'archiduchesse  Elisabeth,  première 
femme  de  l'empereur  François  II.  Cette  cir- 
constance fut  la  cause  de  sa  fortune  d'artiste, 
carsa  position  à  la  cour  lui  fournit  les  moyens 
d'obtenir,  après  la  mort  de  Mozart  (en  1792), 
sa  nomination  de  compositeur  de  la  chambre 
impériale;  sinécure  à  laquelle  était  attaché 
un  traitement  de  quinze  cents  florins,  et  qui, 
de  plus,  donnait  de  la  considération  à  celui 
qui  la  possédait.  Le  frère  de  Rozeluch  avait 
établi  un  magasin  de  musique  à  Vienne  :  il 
fut  le  principal  éditeur  <les  œuvres  du  compo- 
siteur. Celui-ci,  pianiste  distingué  par  le 
goût  et  l'expression,  avait  une  mullilnde 
d'élèves  dans  les  maisons  les  plus  considé- 
rables de  Vienne  :  bientôt  cette  haute  société 
mil  en  vogue  la  musique  de  Rozeluch  de  pré- 
férence à  toute  autre.  Cette  musique  ne  se 
fait  pas  remarquer  par  un  grand  mérite  de 
facture;  on  y  trouve  même  bon  nombre  d'in- 
correclions;  mais  la  mélodie  gracieuse,  élé- 
gante et  facile  y  abonde.  De  là  vient  qu'elle 
était  recherchée  par  tous  les  amateurs.  En 
France,  le  prodigieux  succès  des  œuvres  de 
Pleyel  lui  fut  nuisible,  et  sa  vogue  y  cutmoins 
de  durée  qu'en  Allemagne.  Aujourd'hui,  cette 
musique  est  complètement  oubliée.  Rozeluch 
est  mort  à  Vienne  le  8  février  1814,  cinq  jours 
après  Jean-Antoine,  son  parent  et  son  maître. 
Le  nombre  des  compositions  de  cet  artiste 
~'est  immense.  On  y  compte,  parmi  les  opéras 
et  les  oraloirios  :  \°  Mazet,  petit  opéra  fran- 
çais. 2°  Didone  abbandonata,  opéra  sérieux 
italien,  ô"  Mosè  in  Egitlu,  oratorio  écrit  en 
1787,  et  exécuté  quatre  fois  à  Vienne,  au  bé- 
néfice des  veuves  d'artistes,  par  cent  quatre- 
vingts  musiciens.  A"  Judith,  opéra  sérieux, 
écrit  par  ordre  de  l'empereur  Léopold.  3"  Ot- 
tone,  grand  ballet  héroïque,  publié  en  parti- 
tion pour  le  piano.  6"  Les  aventures  de 
Tclémaque  daiis  Vile  de  Calypso,  tableau 
caractéristique  de  musique,  composé  en  171)8. 
7"  Debora  et  Sisara,  opéra  sérieux.  8"  Beau- 
coupde  cantates,  dontune  grande,  à  l'occasion 
du  couronnement  de  l'empereur  Léopold  II, 
exécutée  au  théâtre  national  de  Prague,  le 
fi  septembre  1791  ;  Complainte  de  Denis  à  la 
mort  de  Marie-Thérèse;  Joseph;  la  Béné- 
diction de  l'humanité;  l'Orage;  la  cantate 
de  PfelTel  sur  Thérèse  paradies,  etc.  9»  Beau- 
coup d'airs  détachés  et  de  chœurs  pour  diffé- 
rentes circonstances.  Dans  sa  musique  in- 
strumentale, on  cite  :  10»  Environ  trente 
symphonies   à  grand  orchestre.  11  en  a  été 


publié  deux  à  Paris,  chez  Sieber.  11»  Deux 
suites  de  pièces  d'harmonie  pour  deux  haut- 
bois, deux  clarinettes,  deux  cors,  deux  bas- 
sons et  contrebasse,  Bonn,  Simrock.  12"  Qua- 
tuors pour  deux  violons,  alto  et  basse,  op.  52 
et  ôô,  Paris,  Naderman.  lô»  Concertos  pour 
piano  et  orchestre,  n^M  à  11,  Paris,  Nader- 
man; OlTenbach,  André.  Il  en  avait  écrit, 
dit-on,  plus  de  soixante,  dont  trois  à  quatre 
mains.  14°  Sonates  et  trios  pour  piano,  violon 
et  violoncelle,  au  nombre  de  cinquante-sept, 
op.  3,  6,  12,  21,  25,  28,  32,  33,  34,36,  37, 
40,  41,  42,  44,  4G,  47,  48,  49,  50,  52.  Man- 
heim,  Offenbach,  Vienne  et  Paris.  13"  Sonates 
pour  piano  à  quatre  mains,  op.  4,  10,  11,  13, 
19,  29,  ibid.  10»  Sonates  pour  piano  seul, 
op.  1,  2,  5,  7,  8,  9,  22,  30,  35,  38,  51,  53, 
ibid.  17"  Pièces  faciles,  caprices,  etc  ,  op.  43, 
45,  ibid.  18"  Sept  recueils  de  menuets,  de  dan- 
ses allemandes  pour  piano,  ibid.  19"  Plusieurs 
recueils  de  chansons  allemandes  et  italiennes, 
avec  accompagnement  de  piano,  ibid.  20" Six 
concertos  pour  violoncelle.  Deux  seulement 
ont  été  gravés.  21"  Deux  idem  pour  clarinette. 
22"  Deux  idem,  pour  cor  de  bassette.  23"  Trois 
symjihonies  concertantes  pour  violon,  alto  et 
violoncelle.  24"  Symphonie  concertante  pour 
deux  pianos  et  orchestre.  25"  Concerto  pour 
piano  à  quatre  mains  et  orchestre.  2G"  Vingt- 
quatre  ballets  et  trois  pantomimes,  pour  le 
théâtre  de  Prague.  La  bibliothèque  royale 
de  Berlin  possède  la  partition  manuscrite  de 
l'Oratorio  de  Léopold  Rozeluch  jVosè  in 
Egitto,  en  deux  parties,  composé  en  1792. 
KOZLOWSKI  (Joseph)  (1),  né  à  Varsovie 
en  1737,  apprit  dès  son  enfance  la  musique 
dans  la  chapelle  de  l'église  cathédrale  de 
Saint-Jean,  dans  cette  ville,  et  montra  de 
bonne  heure  les  plus  heureuses  dispositions 
pour  cet  art.  A  l'âge  de  dix-huit  ans,  il  entra 
comme  maître  de  musique  dans  la  maison  du 
comte  André  Oginski,  depuis  lors  palatin  de 
Traki,  et  ce  fut  lui  qui  donna  les  premières 
leçons  au  jeune  comte  Michel  Cléophas  Oginski, 
dont  le  nom  est  devenu  plus  tard  si  célèbre 
dans  les  annales  de  la  musique  polonaise. 
Dans  un  voyage  qu'il  fit  en  Russie,  il  y  entra 
au  service  militaire,  et  s'attacha  au  prince 

(I)  El  non  A'oss/otwiAj/iCommeGerbcrécrit  ce  nom,el 
comme  on  le  trouve  dans  le  Lexique  universel  de  mu- 
sique, publié  par  Scliilling;  encore  moins  Koto/J'slt;/, 
objet  d'un  autre  article  du  même  Lexique,  el  qui  n'est 
qu'un  double  emploi.  Il  faut  remarquer  au  surplus  que  les 
noms  polonais  ont  la  terminaison  en  t,  et  non  en  y  :  c'est 
ce  qui  Us  dislingue  des  noms  russes  et  de  ceux  de  l.t 
liolume.  I.a  plupart  des  biographes  allemands  et  fran- 
çais font  une  faute  à  cet  égard. 


so 


KOZLOWSKI 


Dolgorouky,  en  qualité  d'aide  de  camp,  dans 
la  guerre  contre  les  Turcs.  Le  prince  Po- 
temiiin ,  favori  de  l'impératrice  de  Russie 
Catherine  II,  ayant  eu  occasion  de  voir  Roz- 
lowski,  fut  frappé  de  sa  figure  prévenante,  du 
son  agréable  de  sa  voix  et  de  son  talent.  Il 
l'attacha  à  son  service,  le  conduisit  à  Péters- 
bourg,  et  c'est  depuis  ce  temps  que  le  musicien 
|)olonais  s'est  rendu  célèbre  comme  directeur 
de  musique  et  comme  compositeur.  Ce  fut  lui 
qui  dirigea  un  orchestre  de  quatre  cents  musi- 
ciens à  la  fête  somptueuse  que  Potemkin 
donna  à  l'impératrice  dans  le  palais  de  la 
Tauride,  à  Pélersbourg.  La  fameuse  polo- 
naise qu'il  composa  à  celte  occasion,  trans- 
porta d'admiration  la  brillante  assemblée  qui 
assistait  à  cette  fête.  Bientôt  répandue  dans 
tout  l'empire  et  dans  la  Pologne,  elle  y  eut  le 
même  succès  ;  aujourd'hui  même  les  Polonais 
ne  peuvent  l'entendre  sans  émotion. 

Après  la  mort  de  Potemkin,  Roziowski  fut 
appelé  au  service  de  la  cour  comme  directeur 
de  musique  des  théâtres  impériaux.  Il  en  rem- 
plit les  fonctions  sous  Catherine  II,  et  sous 
les  empereurs  Paul  P''  et  Alexandre,  jusqu'en 
1821,  pendant  trente  ans.  Une  atteinte  d'apo- 
plexie dont  il  fut  frappé  à  cette  époque,  atTai- 
l)lit  ses  facultés,  et  l'obligea  à  demander  sa 
retraite  ;  elle  lui  fut  accordée  avec  une  pension 
considérable,  et  il  conserva  le  titre  de  conseil- 
ler d'Etat  qu'il  avait  reçu  en  récompense  de 
ses  services  et  en  considération  de  son  talent. 
Dans  l'espoir  qu'un  climat  plus  doux  pourrait 
lui  rendre  la  sanlé^  sa  famille  lui  fit  faire  un 
voyage  en  Pologne  pendant  les  années  1822 
et  1823;  il  en  éprouva  quelque  soulagement; 
mais  le  désir  de  retrouver  de  longues  habi- 
tudes le  fit  retourner  à  Pétersbourg  en  1824. 
Il  y  passa  ses  dernières  années  dans  le  repos 
près  de  sa  fille,  harpiste  d'un  mérite  distin- 
gué, et  mourut  à  l'âge  de  soixante-quatorze 
ans,  le  17  mars  1831. 

La  multiplicité  des  occupations  de  Kos- 
lowski  pour  le  service  de  la  cour  de  Russie, 
et  le  grand  nombre  de  morceaux  qu'il  était 
obligé  d'écrire  pour  les  fêtes  de  tout  genre,  ne 
lui  permirent  pas  de  travailler  pour  l'art, 
comme  il  aurait  pu  le  faire,  s'il  eut  joui  de 
plus  de  liberté.  Le  nombre  de  chœurs,  de  can- 
tates et  de  polonaises  à  grand  orchestre  qu'il 
a  écrit  pour  des  occasions  solennelles  est  im- 
mense :  on  compte  plus  de'six  cents  de  celles-ci. 
Les  premières  qu'il  composa  sont  les  meil- 
leures; dans  la  suite  on  lui  en  demanda  sur 
«les  thèmes  d'opéras  français  et  italiens  qui 
plaisaient   aux    gens    du  monde,   mais   qui 


n'avaient  plus  le  cachet  d'originalité  natio- 
nale, si  remarquable,  de  ses  premières  pro- 
ductions. Il  a  écrit  aussi  beaucoup  de  chan- 
sons sur  les  vers  de  Derschawin,  poëte  russe 
renommé  pour  ce  genre.  L'empereur  Alexan- 
dre aimait  beaucoup  les  airs  de  Roziowski,  et 
les  faisait  arranger  pour  les  corps  de  musique 
de  sa  garde.  Parmi  les  ouvertures  et  chœurs 
que  ce  musicien  écrivit  pour  des  drames,  on 
cite  particulièrement  les  morceaux  qu'il  in- 
troduisit dans  la  tragédie  de  Fingal.  Mais  le 
meilleur  ouvrage  de  Roziowski  est,  de  l'aveu 
de  tous  les  artistes,  la  messe  de  Requiem  à 
quatre  voix  et  orchestre  qu'il  écrivit  en  1798 
pour  le  service  funèbre  du  dernier  roi  de 
Pologne  Stanislas  Auguste  Poniatowski,  et 
qui  fut  exécuté  à  Pétersbourg  par  un  grand 
nombre  d'artistes  distingués.  Cette  messe  a 
servi  depuis  lors  (le  29  novembre  1804)  pour 
les  obsèques  de  Jarnowick.  La  partition  de 
cet  ouvrage  a  été  imprimée  chez  Breitkopf  et 
Ilœrlel  à  Leipsick.  On  a  publié  à  Berlin,  chez 
Lischke,  huit  polonaises  de  Roziowski,  arran- 
gées pour  le  piano.  On  a  aussi  gravé  de  sa 
composition  à  Prague,  en  1797  :  Six  polonaises 
à  grand  orchestre,  et  un  recueil  de  polonaises 
pour  le  piano. 

ROZLOWSRI  (Icnace-Plato?,),  né  en 
1780,  à  Winniça,  petite  ville  de  la  Podolie, 
est  un  des  bons  professeurs  de  piano  et  com- 
positeurs polonais  pour  cet  instrument.  Dans 
sa  jeunesse,  il  se  rendit  à  Pétersbourg  et  y  re- 
çut des  leçons  de  Field.  Ses  éludes  terminées, 
il  s'établit  d'abord  comme  professeur  dans  sa 
ville  natale,  puis  en  Ukraine,  et  visita  Varso- 
vie, où  il  écrivit  un  opéra,  intilulé  :  Marylla, 
qui  ne  fut  pas  représenté.  De  retour  en  Russie, 
il  se  livra  pendant  plusieurs  années  à  l'enseigne- 
menl,  à  Pélersbourg  et  à  Moscou.  Devenu 
riche  par  le  produit  de  ses  leçons,  il  forma  le 
projet  d'établir  un  Conservatoire  de  musique  à 
Winniça,  et  déjà  l'on  voyait  s'élever  les  murs 
de  cette  école,  lorsque  des  obstacles  imprévus 
en  arrêtèrent  la  construclion.  Contrarié  dans 
ses  vues,  Roziowski  s'éloigna  du  lieu  de  sa 
naissance  et  se  rendit  à  Odessa,  où  il  séjourna 
quelque  temps.  Il  quitta  ensuite  cette  ville,  et 
depuis  lors  les  renseignements  précis  man- 
quent sur  sa  personne.  Cet  artiste  a  publié  de 
sa  composition  :  un  recueil  de  mélodies  sur  des 
paroles  polonaises,  avec  accompagnement  de 
piano,  qui  a  rendu  son  nom  populaire  dans  sa 
patrie;  une  rêverie  intitulée  :  DumaoKosins- 
kim;  plusieurs  polonaises  pour  le  piano,  et 
l'ouverture  de  son  opéra,  arrangée  pour  cet 
inslrumenl,  et  gravée  à  Odessa;  mais  i'ou- 


K^lOWSKI  —  KR^IlMEn 


91 


vrage  le  plus  important  de  Kozlowski  est  une 
méthode  de  piano  {Sykola  na  Forlepian)  qui 
renferme  de  bons  aperçus  concernant  l'en- 
seignement pratique  et  l'art  de  nuancer  le  jeu 
de  cet  instrument. 

KOZMANECZRY,  en  latin  RÔZ- 
MAJXCZÏÎJS  (Wenceslas),  naquit  à  Czaslau, 
en  1008.  Il  apprit  dans  sa  jeunesse  le  latin  et 
la  musique  à  Bœmisch-Brod.  Plus  tard,  il  em- 
brassa le  catholicisme,  et  alla  étudier  la  phi- 
losophie et  la  théologie  chez  les  jésuites  à 
Prague.  Ses  connaissances  musicales  et  litté- 
raires le  firent  bientôldistinguer.  Il  iut  nommé 
directeur  de  musique  de  l'église  de  Saint-Henri, 
puis  de  celle  de  Saint-Étienne  à  Prague,  où  il 
resta  depuis  1644  jusqu'en  1653.  L'année  de 
sa  mort  est  inconnue.  Plusieurs  morceaux  de 
sa  composition  sont  conservés  au  couvent  de 
Slrahow. 

RUACIÎEU  (Jean-Mathieu),  né  à  Mattig- 
horen,  en  Autriche,  le  30  janvier  1752,  entra 
comme  enfant  de  chœur  au  couvent  de  Fllrsten- 
zell,  près  de  Passau.  Il  y  remplit  ensuite  les 
fonctions  de  chantre.  En  1772,  il  fut  nommé 
organiste  au  couvent  de  Seekirchen,  près  de 
Salzbourg,  et  il  y  demeura  plus  de  quarante 
ans.  On  ignore  l'époque  de  sa  mort.  A  défaut 
de  maître  de  composition,  il  avait  appris  l'art 
d'écrire  dansdes.partilions  qui  lui  étaient  prê- 
tées par  Michel  Haydn.  Gerber  indique  les 
productions  suivantes  de  cet  artiste  comme 
existant  déjà  en  manuscrit  dès  l'année  1803  : 
1»  Vingt-deux  messes  de  différents  genres  pour 
plusieurs  voix  et  instruments.  2»  Quatre  Re- 
quiem, ô"  Vingt-quatre  graduels.  4»  Six  offer- 
toires. 5» Quatre  litanies  de  la  Vierge.  6»  Deux 
Te  Deum.  7".  Six  leçons  des  ténèbres.  8»  Vé- 
lires  de  la  Vierge,  9"  Vingt  Hymnes  des  vêpres 
et  autres  motels. 

RRyEGElX  (CHAni.Es),  professeur  de  piano 
et  compositeur,  naquit  à  Lemberg,  en  1797, 
se  fixa  à  Dresde  vers  1820  et  se  livra  à  l'en- 
seignement de  son  instrument.  En  1824,  il 
établit  dans  cette  ville  des  cours  de  piano 
d'après  la  méthode  de  Logier  :  il  a  écrit  i>our 
ces  cours  des  morceaux  de  piano  à  quatre 
mains.  Rrœgen  vivait  encore  en  1840;  mais  il 
est  mort  peu  de  temps  après.  Ses  ouvrages  les 
plus  connus  sont  ceux-ci  :  1"  Grande  polonaise 
brillante  pour  le  piano,  op.  1;  Posen,  Ste- 
fanski.  2"  Pièces  pour  physharmonica  et  piano 
à  quatre  mains  ;  Leipsick,  Hofmeister.  3"  Trois 
polonaises  pour  piano  à  quatre  mains,  op.  9; 
Leipsick ,  Whistling.  4°  Rondeau  polonais 
pour  piano  à  quatre  mains,  op.  12;  Leipsick, 
lireilkopr  et  Hœrtcl.  5°  Polonaise   biillante 


idem,  sur  des  thèmes  de  l'opéra  d'Auber,  la 
Muette  de  Portici,  op.  13  ;  ibid.  G»  Trois  po- 
lonaises pour  piano  à  quatre  mains,  op.  15; 
Leipsick,  Whistling. 

KRyEHMEi;  (Caholine),  née  SOIILEI- 
ClîER,  a  vu  le  jour,  le  17  décembre  1794,  à 
Stokach  ,  sur  le  lac  de  Constance,  et  à  cinq 
lieues  de  cette  ville.  Son  père,  bon  musicien  et 
bassoniste  habile,  était  chef  de  musique  d'un 
régiment;  plus  tard,  il  entra  dans  la  chapelle 
du  duc  de  W^urlemberg  et  sa  famille  le  suivit 
à  Stuttgard.  Caroline  et  sa  sœur  aînée  appri- 
rent à  jouer  du  vjolon  chez  Baumiller,  musi- 
cien de  la  cour.  Lorsque  la  première  «ut 
atteint  l'âge  de  neuf  ans,  son  père  lui  enseigna 
la  clarinette;  choix  bizarre  d'instrument  pour 
une  personne  de  son  sexe.  Les  deux  sœurs 
ayant  atteint  le  degré  d'habileté  que  leur  père 
désirait  leur  voir  posséder,  celui-ci  donna  sa  dé- 
mission de  sa  place,  afin  de  voyager  avec  elles 
dans  le  Tyrol  et  en  Italie;  mais  la  guerre  mit 
obstacle  à  ce  dessein,  et  obligea  cette  famille 
d'artistes  à  borner  ses  courses  au  Tyrol  et  à  la 
Suisse.  Pendant  j)lusieurs  années  ils  restèrent 
à  Zurich,  où  la  société  de  musique  les  avait 
engagés  pour  les  concerts  permanents.  Plus 
tard,  ils  se  fixèrent  dans  la  petite  ville  de  Bade 
pour  le  service  de  la  musique  d'église  et  de 
théâtre.  Caroline  continuait  de  jouer  du  violon 
et  de  la  clarinette  :  quelquefois  elle  dirigeait 
l'orchestre.  De  nouveaux  voyages  ayant  été 
entrepris  par  sa  famille,  elle  se  trouvait  à 
Augsbourg  lorsqu'elle  eut  occasion  d'entendre 
Rode,  dont  lé  talent  fit  sur  elleune  impression 
qui  exerça  beaucoup  d'influence  sur  ses  pro- 
grès. Le  mauvais  étal  de  la  santé  du  père  de 
celte  jeune  virtuose  l'ayant  obligé  d'accepter 
une  place  fixe  de  musicien  à  Pforzheim,  sa 
fille  l'y  suivit.  Elle  ne  quitta  cette  ville  qu'en 
1819  pour  se  rendre  à  Carlsruhe,  où  elle  prit 
des  leçons  de  piano,  tandis  qu'elle  perfection- 
nait son  talent  sous  la  direction  de  Fesca,  et 
qu'elle  apprenait  l'harmonie  chez  le  maître  de 
chapelle  Danzi.  Après  deux  années  de  séjour 
dans  cette  ville,  elle  recommença  ses  voyages, 
visita  beaucoup  de  villes  où  elle  se  fit  entendre 
avec  succès,  et  arriva  à  Vienne,  au  mois  de 
février  1822.  Des  applaudissements  unanimes 
y  furent  accordés  à  son  double  talent  de  violo- 
niste et  de  clarinettiste  dans  les  concerts 
qu'elle  donna  aux  théâtres  An  der  JFien  et 
de  la  Porte  de  Carinthie.  Ce  fut  dans  cette 
ville  qu'elle  épousa  Kraehmer,  artiste  de  la 
chapelle  impériale  {voyez  l'article  suivant). 
Depuis  lors,  elle  a  fait  plusieurs  voyages  avec 
son  mari,  et  partout  elle  a  été  applaudie  avec 


9i 


RR.^HMER  -  KR.4^MER 


enlhousiasme.  On  a  gravé  de  sa  composition  : 
Sonatine  pour  piano  et  clarinette,  Vienne, 
Leidesdorf.  Après  la  mort  de  son  mari,  ma- 
dame Rraehmer  ne  s'est  plus  fait  entendre 
que  dans  un  concert  donné  à  Vienne,  au  mois 
de  février  1839  :  elle  y  joua  avec  ses  deux  fils 
untriodesa  composition  pourclarinette,  piano 
et  violoncelle. 

KR.^HMER  {J. -Ernest),  premier  haut- 
boïste du  théâtre  de  la  cour  de  Vienne,  et  mu- 
sicien de  la  chambre  impériale,  est  né  à 
Dresde,  le  50  mars  1795.  Dans  son  enfance,  il 
apprit  presque  seul  à  jouer  de  plusieurs  in- 
struments. A  l'âge  de  onze  ans,  il  entra  dans 
rinstitut  militaire  d'Annaburg  et  s'y  livra 
avec  ardeur  à  l'étude  de  la  musique.  Deux  ans 
après,  il  joua  dans  un  examen  public  un  con- 
certo sur  la  flûte  et  un  autre  sur  la  clarinette, 
et  l'année  suivante  il  en  joua  un  sur  le  basson 
et  un  autre  sur  le  hautbois.  De  retour  chez  ses 
parents  à  l'âge  de  quinze  ans,  il  fut  placé  chez 
Krebs,  musicien  de  la  ville,  qui,  voulant  es- 
sayer ses  forces,  lui  fit  jouer  un  concerto  sur 
chacun  des  quatre  instruments  qui  viennent 
d'être  nommés,  Kummer  et  Jackel,  artistes  de 
beaucoup  de  mérite,  et  musiciens  de  la 
chambre  du  roi  de  Saxe,  lui  donnèrent  ensuite 
des  leçons  de  hautbois  pendant  trois  ans,  et 
développèrent  son  talent  qui,  depuis  lors,  est 
devenu  remarquable.  Les  événements  de  la 
guerre,  au  commencement  de  1814,  l'obligè- 
rent à  prendre  les  armes  comme  volontaire; 
mais  une  inflammation  de  poumons,  occa- 
sionnée par  des  marches  forcés,  le  fit  mettre 
à  l'hôpital,  et  bienlôtaprès,  il  obtint  son  congé 
comme  invalide.  Invité  alors  à  prendre  pos- 
session d'une  jilace  de  hautboïste  au  théâtre 
de  la  cour  de  Vienne,  il  se  rendit  dans  cette 
ville  et  y  arriva  au  mois  de  février  1815.  Au 
mois  de  septembre  1822,  il  a  reçu  sa  nomina- 
tion de  musicien  de  la  chambre.  C'est  dans  la 
même  année  qu'il  est  devenu  l'époux  de  la  cé- 
lèbre clarinettiste  mademoiselle  Schleicher, 
avec  qui  il  a  fait  depuis  lois  des  voyages  en 
Russie,  en  Hongrie,  en  Bohême  et  dans  tliverses 
parties  de  l'Allemagne,  où  son  talent  a  obtenu 
de  brillants  succès. .Rrœhmer  n'est  pas  seule- 
ment un  hautboïste  de  première  force;  il  se 
distingue  aussi  sur  le  Czakan,  instrument  à 
vent  d'origine  hongroise,  dont  il  joue  avec  une 
habileté  extraordinaire,  et  pour  lequel  il  a 
écrit  une  méthode,  suivie  d'exercices  et  d'une 
table  des  cadences  dans  tous  les  tons,  intitu- 
lée :  lYeueste  theorciische  und  praktisclie 
Czakanschule,  iiebst  ôO  fortschrcilenden  Ue- 
btinysliicken ,    de.  ,   Vienne,    Dia!)clli    Une 


deuxième  édition  a  été  publiée  en  1800-180', 
trois  parties  in-fol.,  chez  le  même  éditeur. 
Cet  ouvrage  est  l'œuvre  31^  de  Rraehmer. 

Krœhmer  était  compositeur  ;  il  avait  écrit  la 
plupart  des  morceaux  qu'il  exécutait  darts  les 
concerts  :  toute  cette  musique  est  restée  en 
manuscrit.  Cet  artiste  est  mort  à  Vienne,  le 
16  janvier  1837.  Il  eut  deux  Vûs^  Charles ^pia- 
niste,  et  Ernest,  violoncelliste,  qui  ne  se  sont 
pas  élevés  au  dessus  du  médiocre. 

RR.IÎMER  (GEoncES-LoDis),  né  à  Tlofen- 
Neuhaus,  dans  le  Wurtemberg,  en  1731,  était 
un  habile  facteur  d'orgues,  qui  vivait  à  Bam- 
berg,  en  1783.  Il  a  perfectionné  quelques  dé- 
tails de  son  art. 

KUtEMEU  (Jean-Pai!l),  facteur  de  clave- 
cins et  de  pianos,  naquit  en  1743  à  JUchsen, 
village  du  duché  de  Saxe-Meinungen.  Après 
avoir  fait  son  apprentissage  dans  la  fabrica- 
tion des  instruments  à  Gross-Breitenbach,  en 
Thuringe,  il  alla  s'établir  à  Gnettingue,  et 
l'excellence  de  ses  clavecins  lui  fit  bientôt 
une  brillante  réputation  dans  toute  la  Saxe  et 
le  Hanovre.  Ses  instruments  étaient  recher- 
chés comme  ceux  de  Stradivari  ou  de  Guar- 
neri  le  sont  parles  violonistes.  Sans  être  mu- 
sicien, il  avait  un  sentiment  délicat  de  ce  qui 
constitue  la  beauté  du  son  et  l'accord  le  plus 
pur.  En  1786,  aidé  de  son  fils  aine,  il  fit  ses 
premiers  grands  pianos,  précisément  à  l'épo- 
(pie  où  Siein  se  livrait  aussi  à  Augsbourg  à  la 
fabrication  de  ce  genre  d'instruments;  l)ien- 
tôt  Kraemer  vit  ses  pianos  recherchés  comme 
l'avaient  été  autrefois  ses  clavecins.  En  1806, 
ses  fils  se  séparèrent  de  lui  et  fondèrent  une 
fabrique  en  leur  nom.  Seul,  il  continua  encore 
de  produire  quelques  instruments,  mais  avec 
moins  d'activité.  Il  cessa  de  vivre  le  9  mars 
1819. 

KR.'EMEll  (Jean-Chrétien-Frédéiiic),  né 
à  JUchsen,  le  10  février  1770,  et  KIl/EMER 
(Georges-Adam),  né  à  Gœttingue  le  26  décem- 
bre 1775,  tous  deux  fils  du  précédent,  ont 
fondé' en  1806  une  fabrique  de  pianos  sous  la 
raison  sociale  les  frères  Krxmcr.  D'après 
l'opinion  de  l'auleur  d'un  article  qui  les 
concerne,  dans  le  Lexique  universel  de  mu- 
sique publié  par  Schilling,  leurs  instruments 
égalent  ou  surpassent  même  ceux  des  meil- 
leures fabi'iques  de  Paris  et  de  Londres. 
J'ignore  ce  qu'il  peut  y  avoir  d'exact  dans 
cette  assertion;  toutefois,  il  est  permis  d'en 
apprécier  la  valeur,  lorsque  cet  auteur  ajoute 
que  Sireicher,  Graff  et  Schiedmann  sont  pour 
l'Allemagne  méridionale,  ce  que  les  frères- 
Krîrmcr  ont  été  longtemps  ponr  le  nord  de  co 


KR^EMER  -  KRAFFT 


93 


pays.  Georges-Adam  ayant  cessé  de  vivre  le 
20  mars  1826,  son  frère  est  resté  seul  chargé 
de  la  direction  de  la  fabrique.  Ce  dernier, 
élève  du  célèbre  historien  de  la  musique 
Forkel ,  passe  à  bon  droit  pour  musicien 
instruit. 

KR.lîMERnOF  (Jean-Guillaume),  fac- 
teur d'orgues  à  Dusseldorf,  depuis  1801,  s'est 
fait  connaître  avantageusement  par  le  grand 
orgue  de  l'église  Saint-Lambert,  à  Oldenbourg, 
qu'il  a  achevé  dans  cette  même  année.  Cet  in- 
strument est  composé  de  quarante-six  jeux, 
quatre  claviers  et  pédale. 

KR^UÏEU  (Philippe-David),  cantor  et 
directeur  de  musique  de  l'église  Sainte-Anne, 
à  Augsbourg,  est  né  en  celte  ville,  le  14  août 
1690.  En  1712,  il  institua  un  concert  d'ama- 
teurs qui  eut  pour  effet  d'étendre  le  goût  de  la 
musique  à  Augsbourg,  où  il  était  alors  peu 
répandu.  Ce  concert  n'a  cessé  d'exister  qu'en 
1779.  Rrseuler  était  mort  en  1741 ,  laissant  en 
manuscrit  des  messes,  graduels,  offertoires, 
vêpres  et  motets  pour  tous  les  dimanches  et 
fêtes  de  l'année. 

RUAFF  (Michel),  compositeur  du  dix- 
septième  siècle,  né  dans  un  village  de  la 
Franconie,  suivant  l'avertissement  de  son  re- 
cueil de  messes  à  douze  voix,  et,  selon  toute 
probabilité,  vers  1380,  n'est  connu  que  par  les 
ouvrages  suivants  :  1"  Die  neun  Mttsen,  mit 
8  Stimmen  und  Generalbass  (les  Neuf  Muses, 
à  huit  voix  et  basse  continue),  Dillingen, 
1616.  On  trouve  à  la  bibliothèque  royale  de 
Munich  un  exemplaire  du  même  ouvrage  avec 
ce  titre  latin  :  Musx  novx  octonis  vocihus, 
cum  duplici  basso  ad  organum.  Saiiclx 
MisScT  sacrificio,  horis  vespertinis  et  cœlibits 
festive  honorandis  accomomodatcV  jBiWingen^ 
apud  Greg.  Haculinum,  1616,  in-4''.  2"  Missx 
12  t'OCM/n,  op.  6,  1624.  ô"  Sacri  concentus  2, 
3,  4,  7  vocMm,  Ravensbourg,  1624. 

KRAFFT  (Jean-Frédéric),  né  à  Dona- 
wert  (Bavière),  en  1698,  fit  ses  études  littéraires 
et  musicales  au  couvent  de  Benedictbeucrn. 
Dans  la  première  édition  de  celte  Biographie 
des  musiciens ,  je  l'ai  confondu  à  tort  avec  les 
Krafft  de  la  Belgicpie.  Feu  mon  excellent  ami 
Joseph  Stunz,  maître  de  la  chapelle  royale  de 
Slunich,  qui  a  bien  voulu  m'aider  dans  mes 
recherches  sur  les  musiciens  bavarois,  m'a 
fourni  sur  cet  artiste  les  renseignements  qu'on 
trouve  ci-dessus,  et  y  a  ajouté  que  Jean-Fré- 
déric Rrafft  fut  directeur  de  musique  de 
l'église  des  Jésuites  d'Augsbourg,  et  que  dans 
ses  dernières  années  il  se  retira  chez  sa  fille, 
mariée  à   Aschaffenbourg,  où  il  mourut  le 


29  juillet  1753.  Il  a  publié  de  sa  composition  : 
Sex  Missx  brèves  pro  quatuor  vocibus  cum 
organo  obligato,  op.  1,  Augsbourg,  Lotler.  II 
a  laissé  en  manuscrit  des  messes  allemandes 
avec  deux  violons  et  orgue,  des  psaumes,  des 
hymnes  et  des  litanies  avec  petit  orchestre. 

KRAFFT.  Trois  musiciens  de  ce  nom,  et 
qui  ont  pour  prénom  François,  sont  nés  à 
Bruxelles  à  la  même  époque.  Il  est  difficile  de 
les  distinguer  dans  les  positions  qu'ils  ont  oc- 
cupées ainsi  que  dans  leurs  œuvres.  M.  Xavier 
Van  Elewyck  [voyez  ce  nom),  amateur  distin- 
gué de  musique,  à  Louvain,  qui  s'est  livré, 
comme  moi,  à  des  recherches  patientes  sur  ces 
artistes,  a  trouvé  pour  résultat  les  faits  sui- 
vants : 

KRAFFT  (François-Joseph),  né  à  Bruxel- 
les, le  22  juillet  1721,  était  fils  de  Jean-Lau- 
rent Krafft  et  de  Marie  Aubersin.  Il  fut  enfant 
de  chœur  à  Gand  dans  le  même  temps  que 
Terby,  de  Louvain,  chef  et  aïeul  de  la  famille 
d'artistes  de  ce  nom.  M.  Thys  dit  (1)  que 
KrafTt  a  étudié  en  Italie,  et  qu'il  y  obtint  un 
prix  dans  un  concours  pour  la  composition 
d'un  motet  {In  convertendo  Dominus);  mais 
cela  ne  peut  être  exact,  car,  pendant  le  dix- 
huitième  siècle,  il  n'y  eut  en  Italie  de  concours 
que  pour  des  places  de  maitre  de  chapelle. 
M.  Van  Elewyck  pense  que  François-Joseph 
Krafft  succéda  à  son  père  dans  la  place  de 
maître  de  chapelle  de  l'église  Notre-Dame  du 
Sablon  ;  Gerber  dit,  dans  son  Premier  Lexique 
des  musiciens  (t.  I,  p.  731),  qu'il  occupait 
cette  place  en  1760  ;  ]e  Dictionnaire  des  musi- 
ciens de  Choron  et  Fayolle  le  copie  en  cela; 
cependant  Krafft,  dont  le  nom  se  trouve  parmi 
ceux  des  compositeurs  de  musique  et  des  orga- 
nistes et  professeurs  de  clavecin  dans  l'espèce 
d'almanach  qui  a  pour  titre  :  le  Guide  fidèle 
contenant  la  description  de  la  ville  de 
Bruxelles,  etc.  (Bruxelles,  J.  Moris,  1761 , 
in-12),  n'y  figure  pas  dans  la  liste  des  maîtres 
de  chapelle  ou  directeurs  de  musique  (p.  79), 
composée  des  noms  de  Croes,  Van  llelmont, 
Godecharle,  Moris  cadet  et  Delhaye.  A  celle 
époque,  Croes  était  maitre  de  la  chapelle 
royale;  Van  llelmont,  de  Sainte-Gudule;  Jac- 
ques-Antoine Godecharle,  de  Saint-Nicolas; 
Delhaye,  de  Notre-Dame  du  Sablon,  et  Moris, 
de  l'église  du  Finistère.  \J'Almanach  nouveau 
pour  l'année  1766,  ou  le  Guide  fidèle ,  etc. 
(p.  78-79)  reproduit  encore  le  nom  de  Krafft 
parmi  les  compositeurs,  organistes  et  profes- 
seurs du  clavecinj  mais  on  ne  le  trouve  pas  dans 

(I)  les  Sociétés  chorales  en  Belgique,  2«  cdit.>  p.  20i. 


94 


KRAFFT 


la  lisle  des  directeurs  de  musique  et  maîtres  de 
chapelle,  composée  de  cette  manière  :  Croes, 
Fan  Hclmont ,  Delpier ,  Godecharle ,  Del- 
fiaye,  Brenqué,  Moris  cadet,  Stncq  et  Pau- 
wels.  Ce  dernier,  père  du  compositeur  de  ce 
nom,  était  chanteur  de  la  chapelle  royale  et 
dirigeait  la  musique  à  l'église  des  Riches- 
Claires;  Delpier  était  à  l'église  du  Béguinage. 
Or,  Krafft  quitta  Bruxelles  deux  ans  après 
cette  date  de  1766;  il  ne  fut  donc  maître  de 
chapelle  ni  de  Notre-Dame  du  Sablon,  ni  d'au- 
cune autre  église  de  cette  ville.  On  voit  dans 
les  registres  de  l'état  civil  qu'il  épousa,  à 
Bruxelles,  Jeanne-Catherine  JFillems ,  le 
9  janvier  1768;  il  était  alors  âgé  de  près  de 
quarante-sept  ans.  Après  cette  époque  on  ne 
trouve  plus  de  traces  de  son  existence  à 
Bruxelles,  ni  de  celle  de  sa  femme  dans  les  re- 
gistres de  l'état  civil,  parce  qu'il  alla  prendre 
alors  possession  de  la  place  de  maître  de  cha- 
pelle de  l'église  Saint-Bavon,  à  Gand.  Il  est 
certain  qu'il  occupait  cette  place  en  1772,  car 
M.  Van  Elewyck  a  trouvé  à  Maiines  une  pièce 
authentique  dans  laquelle  on  voit  que  le  ma- 
gistrat de  cette  ville  lui  paya  les  frais  de  son 
voyage  de  Gand  à  Maiines,  où  il  était  venu 
comme  membre  du  jury  d'un  concours  de  ca- 
rillon et  d'orgue.  Il  mourut  dans  cette  position, 
le  lôjanvier  1795,  suivant  un  registre  de  la 
paroissede  Saint-Bavon,  où  on  lit  :  \^januarii 
i79^  sepultum  est  cadaver  Francisci  Krafft 
mariti  Joannx  Catharinx  JFillems,  hujus 
cathedralis  Ecclesias  Phonasci  qui  obierat 
13  hxijusdem,  mcdio  octavx  vespertinae,xta- 
tis  sux  anno  67™".  Il  y  a  erreur  ici  dans  l'in- 
dication de  l'âge  de  cet  artiste  au  moment  de 
son  décès,  car  Krafft  avait  alors  soixante-qua- 
torze ans  moins  quelques  mois.  Il  ne  peut  y 
avoir  de  doute  sur  l'identité  de  François-Jo- 
seph Krafft  avec  le  maître  de  chapelle  de 
Saint-Bavon,  bien  qu'il  ne  soit  nommé  que 
François  dans  la  mention  authentique  de 
ses  funérailles,  car  il  s'agit  de  l'époux  de 
Jeanne-Calherine  Willems.  La  lisle  de  ses 
composilions  pour  l'église,  tirée  des  archives 
de  Saint-Bavon,  se  compose  de  la  manière  sui- 
vante :  1°  Te  Deum  à  huit  voix  et  orgue  (en 
ut  majeur),  daté  de  17G9.  2"  Messe  à  cinq  voix 
et  orgue,  1771 .  5"  £cce  panis,  duo  pour  alto  et 
«énore  (en  ré  majeur),  à  grand  orchestre,  daté 
«le  Bruxelles,  1774.  Il  est  vraisemblable  que  ce 
moi-ccau  appartient  à  un  autre  musicien  du 
même  nom,  dont  il  sera  parlé  tout  à  l'heure. 
4"  Te  Deum  à  huit  voix  et  orgue  (en  ré  ma- 
jeur), Gand,  1774.  5"  Te  Deum  à  huit  voix  et 
orgue  (en  la  mineur),  1774. 6»  Confitcbor  tibi. 


chœur  avec  orchestre  (en  ré  majeur),  1770. 
7»  Messe  à  cinq  voix  et  orgue  (en  la  mineur), 
1776.  8»  Beatus  vir,  chœur  avec  orchestre 
(en  re  majeur),  1777.  Q" Dixit,  à  petit  orchestre 
(en  fa  majeur),  1782.  10"  Laudate  pueri  à 
petit  orchestre  (en  mi  bémol),  1782.  11°  Quis 
sicut  Dominus  à  cinq  voix  et  orgue  (en  sol 
majeur),  1786.  12"  y/ve  Regina  Cœlorum  à 
petit  orchestre  (en  ré  majeur),  1787.  13"  Lx- 
tatus  sum,  chœur  et  grand  orchestre  (en  sol 
majeur),  1789.  14"  Dixit  à  six  voix  et  grand 
orchestre  (en  ut  majeur),  1789.  15»  Laudate 
pueri,  chœur  et  grand  orchestre  (en  ré  ma- 
jeur), 1790.  16"  Idem,  idem  (môme  ton),  1791 . 
17"  Messe  à  quatre  voix  et  orgue  (en  ré  mi- 
neur), 1791.  18"  O  Sacrum  Convivium  pour 
ténor  et  basse,  à  grand  orchestre  (en  fa  ma- 
jeur), 1792.  19°  Idem  à  huit  voix  et  grand  or- 
chestre (en  ré  majeur),  1792.  20"  y/ue  verum, 
chœur  et  orchestre  (en  fa  majeur),  1792. 
21"  O  Salutçiris  à  cinq  voix  et  orchestre  (en 
fa  majeur),  179^  22»  Messe  à  petit  orchestre 
(en  sol  majeur),  sans  date.  25"  Messe  à  huit 
voix  et  orgue  (en  ré  mineur),  idem.  On  con- 
naît, en  outre,  de  François-Joseph  Krafft  le 
motet  Super  flumina  Babylonis,  charmante 
composition  à  cinq  voix,  chœur  et  orchestre 
dans  le  style dePergolèse:  suivant  la  tradition, 
cet  ouvrage  lui  aurait  fait  obtenir  la  place  de 
maître  de  chapelle  à  l'église  du  Sablon  de 
Bruxelles,  et  serait  au  nombre  de  ses  pre- 
mières productions;  In  convertendo  Dominus, 
motet  qu'on  croit  avoir  été  écrit  eu  Italie  dans 
un  concours;  les  Sept  psaumes  de  la  péni- 
tence, pour  chœuretorchestre  (à  la  cathédrale 
de  Gand)  ;  In  exitu  Israël,  dernier  ouvrage 
de  l'artiste  et  qui,  suivant  M.  Thys  (loc.  cit.), 
ne  fut  achevé  que  quatre  jours  avant  sa  mort 
(1795).  M.  VanElewyck  considère  aussi  comme 
appartenant  à  François-Joseph  Krafft  six 
messes  et  trois  motels  qui  sont  à  la  paroisse 
de  Notre-Dame  à  Saint-Nicolas  (Flandre  orien- 
tale) et  proviennentde  la  vente  de  la  collection 
de  musique  de  Terby  (père),  de  Louvain.  Elles 
portent  le  nom  de  François  Krafft,  mais  sans 
indication  de  lieu  et  de  date.  Ces  compositions 
ont  pour  titres:  Cum  invocarem,  motet  avec 
orchestre  divisé  en  huit  morceaux;  Stat  in 
cœlo  (en  ré),  idem;  Foces  Ixtx  (en  ré),  idem  ; 
Missa  solemnis,  à  quatre  voix  et  orchestre  ; 
Missa  soletyinis  (sans  indication  de  ton), 
idem;  Messe  de  requiem  (en  fa),  idem  ;  Missa 
solemtiis  (en  ré),  idem  ;  Missa  solemnis 
(en  sol),  idem;  Messe  (en  la),  idem.  Rien 
ne  prouve  toutefois  que  jdusieurs  de  ces 
ouvrages  n'ont  pas  clé  composés  par  un  des 


KRAFFT 


9S 


autres  musiciens  dont  les  notices  suivent  celle- 
ci.  Quoi  qu'il  en  soit,  il  est  hors  de  doute  que 
François-Joseph  Rrafft  fut  un  artiste  de  grand 
mérite,  et  qu'il  eut  une  brillante  réputation 
dans  les  Pays-Bas.  Une  question  reste  incer- 
taine à  son  égard,  à  savoir  si  son  père,  Jean- 
Laurent,  était  musicien  et  fut  un  ancien 
maître  de  chapelle  de  l'église  du  Sablon  de 
Bruxelles  qui  portait  le  nom  de  Krafft.  Un  de 
mes  plus  anciens  souvenirs  est  que  je  fis  mon 
■  début  comme  organiste  à  l'âge  de  huit  ans,  en 
1792,  à  l'église  du  chapitre  de  Sainte-Waudru, 
à  Mons,  et  que  j'accompagnai  un  motet  de 
Krafft  sur  une  partie  de  basse  chiffrée  dont  le 
papier  jauni  par  le  temps  et  l'ancienne  nota- 
tion sont  encore  présents  à  ma  mémoire,  et 
indiquaient  certainement  une  époque  alors 
plus  reculée  de  soixante-dix  ou  quatre-vingts 
ans.  Le  motet  était  écrit  pour  quatre  parties 
vocales,  basse  instrumentale  exécutée  par  un 
violoncelle  et  une  contrebasse,  etpartied'orgue 
pour  l'accompagnement.  L'auteur  de  ce  mor- 
ceau, sans  aucun  doute  pour  moi,  avait  pré- 
cédé François-Joseph.  Ma  conviction  intime 
est  que  les  artistes  de  ce  nom  étaient  Alle- 
mands d'origine.  M.  Dupuis,  employé  de  l'état 
civil  à  l'hôtel  de  ville  de  Bruxelles,  qui  a  bien 
voulu  faire  des  recherches  pour  moi  à  ce  su- 
jet, m'a  affirmé  qu'avant  1721 ,  il  n'a  pas  trouvé 
trace  d'une  famille  Krafft  dans  celte  ville. 

RRAFFT  (Jean-François),  fils  de  Tho- 
mas-Jean et  d'Elisabeth  Vanllelmont,  naquit 
à  Bruxelles,  paroisse  de  Sainte-Gudule,  le 
7  juillet  1732,  et  mourut  dans  la  même  ville, 
le  16  décembre  1806.- 

KRAFFT  (François),  deuxième  fils  de 
Thomas-Jean  et  d'Elisabeth  Van  Helmont,  et 
frère  du  précédent,  naquit  le  3  octobre  17ôô  : 
on  n'a  pas  trouvé  la  date  de  sa  mort  dans  les 
livres  de  l'état  civil  de  Bruxelles.  Celui-ci  me 
paraît  avoir  été  compositeur  et  maître  de 
chapelle  à  Bruxelles  postérieurement  au  départ 
de  François-Joseph  et  à  son  établissement  à 
Gand  comme  maître  de  chapelle  de  Saint- 
Bavon.  Je  lire  celte  induction  de  plusieurs  faits  , 
qui  semblent  hors  de  contestation.  Malheureu- 
sement les  volumes  du  Guide  fidèle  publiés 
après  celui  de  1707  ne  renferment  pas  les  ren- 
seignements qu'on  trouve  dans  les  précédents 
sur  les  compositeurs  et  maîtres  de  chapelle  de 
Bruxelles,  et  la  disparition  des  archives  de 
l'ancienne  fabrique  de  l'église  Notre-Dame  du 
Sablon  rend  toute  vérification  impossible  en  ce 
qui  concerne  la  maîtrise  de  cette  chapelle. 
Une  seule  induction  se  lire  des  Fermischte 
I\'achrichlen  die  schœnen  KUnste  betreffend 


des  Unterhaltiingen  de  IIambourg(ann.  17CC, 
n»  ô)  :  on  y  voit  que  François  Krafft,  de 
Bruxelles  a  publié  récemment  trois  sonates 
pour  le  clavecin ,  à  Francfort-sur-Ie-Mein. 
D'autre  part,  Gerber  indique  sous  le  même 
nom  six  quatuors  pour  deux  violons,  alto  et 
basse  publiés  à  Nuremberg  en  17G1,  sous  le 
titre  de  symphonies f  SIX  duos  pour  deux  flûtes, 
imprimés  dans  la  même  ville,  ainsi  qu'une 
ariette  italienne  avec  deux  violons  et  basse. 
Or,  on  a  vu  dans  l'article  précédent  qu'en 
1761  jusques  et  y  compris  1767,  François 
RrafTt  est  à  Bruxelles  comme  organiste,  pro- 
fesseur de  clavecin  et  compositeur  :  il  n'est 
donc  pas  en  Allemagne  et  n'y  publie  pas  de 
musique  de  sa  composition.  Je  dois  à  l'obli- 
geance de  M.  Xavier  Van  Elewyck  la  connais- 
sance du  litre  exact  de  l'œuvre  de  six  divertis- 
sements pour  clavecin  et  violon  de  François 
Krafft  indiqué  sommairement  par  Gerber;  le 
voici  :  Sei  Divertimenti  per  il  cembalo  da 
sonarsi  con  un  violino  solo  o  pure  senza, 
dedicati  ail'  eccellenza  del  Sig^^  Barone  di 
ed  in  Dalberg  etc.  Composti  da  Francesco 
Krafft  di  Bruxelles^  maestro  di  cappella,  e 
compositore  di  musica.  Op.  quinta.  Si  ven- 
dono  in  Brusseles,  appresso  l'autore;  —  da 
J.-J.  Boucherie,  Stampatore  e  Libraio,  nella 
strada  del  Imperadore.  A  Liegi,  da  Bene- 
detto  Andrez  intagliatore ,  etc.  Il  y  a  sur  ce 
titre  quelques  observations  qui  tendent  à  prou- 
ver que  l'ouvrage  n'appartient  pas  à  François- 
Joseph  Krafft,  mais  bien  à  un  autre  artiste  dont 
le  prénom  était  simplement  François.  Remar- 
quons d'abord  que  cet  œuvre  est  dédié  au 
baron  de  Dalberg,  et  que  la  dédicace  se  fail 
chez  ce  seigneur  :  AU'  eccellenza  del 
Sig''"  Barona  di  ed  in  Dalberg.  Or  ce  baron 
de  Dalberg,  grand  amateur  de  musique,  et 
frère  aîné  d'un  écrivain  sur  cet  art  et  compo- 
siteur, n'est  autre  que  celui  qui  devint  plus 
tard  prince  Primat  de  la  confédération  du 
Ilhin  :  sa  seigneurie  était  située  près  de 
Worms.  C'est  là  que  fut  faite  la  dédicace.  If 
est  plus  que  vraisemblable  que  l'auteur  de 
l'ouvrage  est  le  même  qui  avait  vécu  en  Alle- 
magne pendant  plusieurs  années  et  y  avait 
publié  ses  compositions.  De  plus,  cet  auteur 
prend  le  litre  de  maître  de  chapelle,  et  son 
ouvrage  se  vend  chez  lui,  à  Bruxelles  ;  mais  on 
a  vu,  dans  Tarticle  précédent,  que  François- 
Joseph  n'eut  ce  titre  qu'après  avoir  obtenu  la 
maîtrise  de  Saint-Bavon,  à  Gand.  Ou  la  publi- 
cation de  l'œuvre  des  six  divertissements  de 
clavecin  a  précédé  l'année  1769,  ou  elle  est 
postérieure  à  celte  date  ;  dans  le  premier  cas, 


96 


KRAFFT 


François-Joseph  n'était  pas  maître  de  cha- 
pelle ;  dans  le  second,  il  ne  demeurait  plus  à 
Bruxelles. 

Dans  un  recueil  qui  a  pour  titre  :  L'Echo, 
journal  de  musique  française ,  italienne, 
contenant  des  airs,  chansons,  brunettes, 
duos  tendres  et  bachiques,  etc.  (Liège,  chez 
B.  André,  1760),  M.  Van  Elewyck  a  trouvé  un 
morceau  intitulé  :  ^ir  de  l'Opéra  l'Enfant 
GÂTÉ,  par  François  Krafft-,  maître  de  musique 
à  Bruxelles.  Où  cetopéra  a-t-il  été  représenté  ? 
Ce  n'est  pas  à  Bruxelles,  car  j'ai  sous  les  yeux 
l'almanach  qui  a  pour  litre  :  Spectacle  de 
Bruxelles j  ou  Calendrier  historique  et  chro- 
nologique, etc.,  première  partie,  1767:  ^^idem, 
1708,2  vol.  in-18  (Bruxelles,  J.-J.  Boucherie). 
On  y  trouve  le  catalogue  des  opéras-comiques 
et  bouffons  représentés  sur  cette  scène  depuis 
1753;  l'Enfant  gâté  n'y  est  pas  ;  la  liste  des 
compositeurs  dont  on  .a  joué  les  ouvrages  sur 
le  même  théâtre  n'offre  que  deux  noms  belges, 
Fan  Maldère  et  JVitzthumb.  Si  donc  cet  ou- 
vrage fut  représenté,  ce  fut  à  Liège.  Son  auteur 
s'appelait  François  Krafft,  non  François- 
Joseph. 

Enfin,  parmi  les  ouvrages  de  musique 
d'église  qui  se  trouvent^  l'église  Saint-Bavon 
de  Gand,  sous  le  nom  de  Krafft,  il  en  est  un 
qui  est  daté  de  Bruxelles  1774.  Or,  à  cette 
époque,  François-Joseph  était  parti  de  cette 
ville  depuis  cinq  ou  six  ans.  Il  me  paraît  que 
de  tout  cela  l'on  peut  conclure  qu'il  y  a  eu 
deux  compositeurs  du  nom  de  Krafft,  nés  à 
Bruxelles,  à  savoir  François-Joseph,  maître 
de  chapelle  de  Saint-Bavon,  à  Gand,  et  Frati- 
eoîs,  qui,  plus  tard,  devint  maître  de  chapelle 
dans  sa  ville  natale.  Il  est  vrai  que  le  nom  de 
ce  dernier  ne  se  trouve  pas  dans  les  registres 
de  décès  de  cette  ville;  mais  il  se  peut  que, 
plus  jeune  de  douze  ans  que  le  maître  de  cha- 
pelle, et  connaissant  l'Allemagne  où  il  avait! 
vécu  plusieurs  années,  il  y  ail  émigré  au  mo- 
ment de  l'invasion  de  la  Belgique  par  les 
armées  françaises,  et  qu'il  y  soit  décédé. 

KRAFT  (GuiLL\uME-FiîKDtRrc),doct£uren. 
théologie  et  doyen  des  prédicateurs  à  Danl- 
zick,  naquit  à  Krautheim,  dans  le  duché  de 
Wcimar,  le  9  aoiU  1712.  Après  avoir  fait  ses 
éludes  aux  universités  de  Jena  et  de  Leipsick, 
il  fut  nommé  pasteur  à  Frankcndorf  ;  quelques 
années  après  il  fut  appelé  à  Gœttingue,  et  en 
1730,  il  se  rendit  à  Dantzick,  où  il  paraît  avoir 
fini  ses  jours.  Parmi  ses  sermons  pour  des  oc- 
casions particulières,  publiés  à  Jena  en  1740, 
in-8",  il  y  en  a  un  sur  le  bon  usage  de  la  mu- 
sique dans  le  service  divin. 


KRAFT  ou  KRAFFT  (Antoine),  violon- 
celliste distingué,  naquit  à  Rokyzan,  en  Bo- 
hême, dans  l'année  1751.  Après  avoir  achevé 
des  cours  de  philosophie  et  de  droit  à  l'univer- 
sité de  Prague,  il  prit  des  leçons  d'un  maître 
nommé  Trerner^  pour  le  violoncelle.  Plusieurs 
années  d'études   lui  firent  acquérir  beaucoup 
d'habileté  sur  cet  instrument.  Haydn,  qui  lui 
avait  donné  des  conseils  pour  la  composition, 
le  fit  entrer  comme  premier  violoncelle  dans 
la  chapelle  du  prince  Esterhazy.  Kraft  y  de- 
meura treize  ans  et   n'en  sortit  qu'après  la 
mort  du  prince.  Pendant  ce  temps,  il  entre- 
prit, avec  son  fils,  âgé  de  huit  ans,  un  voyage 
à  Berlin  où  il  se  fil  entendre  avec  succès,  en 
présence  du    roi   et   de  la    reine  de  Prusse. 
A  Dresde  et  à  Miltau  il  fut  applaudi  avec  en- 
Ihousiasrae.  Ce  voyage  terminé,  il  entra  dans 
la   chapelle  du   prince  de   Grasalkowitz,   en 
Hongrie,  et  y  demeura  trois  ans  ;  puis  il  passa 
au  service  du  prince  de  Lobkowitz,  qui  le  mena 
avec  lui  plusieurs  fois  en  Bohême.  Dans  un  de 
ces  voyages,  il  donna,  le  7  novembre  1802,  un 
grand  concert  à  Prague;  et  quoiqu'il  ne  fût 
déjà  plus  jeune,  il  y  fut  applaudi  avec  trans- 
port. Cette  occasion  fut  la  dernière  où  il  se  fit 
entendre  en  public.  Cet  artiste  estimable  a 
cessé  de  vivre  le  28  août  1820,  dans  la  soixante- 
dixième  année  de  son  âge.  On  a  gravé  de  sa 
composition  :  1»  Trois  sonates  pour  violon- 
celle  et  basse,  op.  1  ;  Berlin  et  Amsterdam. 
Hummel.  2"  Trois  idem,  op.  2,  Offenbach, 
André.  3°  Trois  duos  concertants  pour  violon 
et  violoncelle,  op.   3;  Leipsick,  Breilkopf  et 
Ilœrtel.  4»  Concerto  pour  violoncelle  et  or- 
chestre (en  M(),  op.  4,  ibid.  5"  Gratid  duo  pour 
deux  violoncelles,  op.  5;  Vienne,  Haslinger. 
0»  Idem,  op.  6,  ibid.  7°  Divertissement  i»our 
violoncelle   et   basse;    Leipsick,    Pelers.   On 
trouve  aussi  sous  son  nom,  en  manuscrit,  un 
nocturne  pour  deux  violoncelles,  deux  violes, 
deux  flûtes,  deux  cors  et  basse,  dans  le  cata- 
logue de  Traeg,  de  Vienne. 

KRAFT  (Nicolas),  fils  du  précédent,  est 
■né  à  Esterhazy,  en  Hongrie,  le  14  décembre 
IMfe.  Il  n'était  âgé  que  de  quatre  ans  quand 
s&Fpève  essaya  de  lui  donner  les  premières 
leçons  de  violoncelle  sur  une  grande  viole  ; 
deux  ans  après,  il  put  exécuter,  en  présence 
du  prince  Esterhazy,  un  concerto  que  son 
père  avait  composé  pour  lui.  A  l'âge  de  huit 
ans,  il  accompagna  celui-ci  dans  plusieurs 
voyages  à  Vienne,  Presbourg,  Dresde  et  Berlin, 
et  partout  son  talent  précoce  fut  admiré. 
Lorsqu'il  eut  atteint  sa  treizième  année,  ses 
études  musicales  furent  interrompues  par  des 


KRAFT  -  KKANZ 


97 


éludes  littéraires,  et  pendant  cinq  ans  il  ne 
cultiva  le  violoncelle  que  comme  un  délasse- 
ment. Cependant  son  habileté  toujours  crois- 
sante faisait  regretler  à  plusieurs  amateurs  de 
haut  rang,  particulièrement  au  prince  de  Lob- 
kt)wilz,  que  ses  belles  facultés  ne  fussent  [las 
uniquement  employées  au  développement  de 
son  talent.  Ce  prince  l'engagea  dans  sa  cha- 
pelle avec  Ri'ari  ie  père  en  179G;  cinq  ans 
après,  il  l'envoya  à  Berlin  chez  Louis  Duport 
pour  qu'il  y  perfectionnât  la  qualité  de  son 
(ju'il  lirait  de  rinstrument.  Ses  progrès  sous 
un  tel  maître  furent  rapides.  Il  en  recueillit 
les  fruits  dans  un  concei'l  d'adicn  qu'il  donna 
à  Bei'lin  au  mois  de  déceml)i'e  1801  ;  des  trans- 
ports d'admiration  éclatèrent  dans  l'assemblée. 
Il  fit  alors  un  voyage  en  Hollande;  mais  le 
prince  de  Lobkowitz ,  qui  craignait  de  le 
perdre,  lui  fit  donner  l'ordre  de  retourner  im- 
médiatement à  Vienne.  Il  obéit;  mais  dans  le 
retour  il  excita  l'enthousiasme  du  public  à 
Leipsick,à  Dresde  et  à  Prague.  En  1809,  il  fut 
placé  comme  violoncelliste  solo  à  l'Opéra 
impérial  de  Vienne,  sans  perdie  toutefois  sa 
pension  de  virtuose  de  la  chambre  du  |)rince 
de  Lobkowitz.  Ce  prince  lui  fit,  peu  de  temps 
après,  une  pension  viagère,  sous  la  condition 
qu'il  ne  se  ferait  point  entendre,  sans  sa  pei- 
mission,  ailleurs  que  dans  son  palais.  En  1814, 
lorsque  les  souverains  alliés  se  trouvèrent  réu- 
nis à  Vienne,  il  joua  devant  eux  avec  Mayse- 
der,  et  le  plaisir  qu'il  fit  à  ces  princes  fut  si 
vif,  que  le  roi  de  Wuitemberg  et  le  grand  duc 
de  Toscane  lui  firent  offrir  immédiatement  de 
glands  avantages  pour  le  reste  de  sa  vie;  il  se 
rendit  de  préférence  aux  offres  du  roi,  et  se 
fixa  à  Stuttgard,  en  qualité  de  musicien  de  la 
chambre.  En  1818,  il  fit  avec  Hummel  un 
voyage  sur  les  bords  du  Rhin,  et  se  rendit, a^. 
Hambourg.  Romberg,  qui  s'y  trouvait  alors, 
lui  témoigna  beaucoup  d'estime  pour  son  Él- 
lent;  et  lorsque  ce  célèbre  artiste  visiftpMr- 
méme  Stullgard,  en  1820,  il  invita  Kraft  à 
jouer  avec  lui  une  symphonie  concA-tanle 
dans  un  concert  public.  L'année  sui^nte  / 
Rraf:  entreprit  un  second  voyage  avec  ^Kfils 
(Frédéric^  né  à  Vienne,  le  12  février  ^07, 
son  élève  pour  le  violoncelle,  et  musicien  de  la 
chapelle  royale  de  Stuttgard).  Ils  visitèrent 
une  partie  de  l'Allemagne  et  retournèrent  à 
leur  poste  vers  la  fin  de  l'année.  En  1824, 
Kraft  se  blessa  l'index  de  la  main  droite  en 
accordant  son  instrument;  le  mal  augmenta 
progressivement  pendant  dix  ans;  enfin  il  dut 
renoncer  à  jouer  du  violoncelle,  et  au  mois  de 
décembre  1854,  il  fut  mis  à  la  retraite  avec 
mocn.  UMV.  des  ui)sici£»s.  t.  y. 


une  pension.  Cet  artiste  a  publié  de  sa  compo- 
tion  :  1"  Concertos  pour  le  violoncelle,  n"*  1, 
2,  3,  4  ;  Leipsick,  Breitkopf  et  Ha;riel,  Pelers. 
2°  Polonaise  pour  violoncelle  et  orchestre 
op.  2;  Offenbach,  André.  5»  Boléro  idem, 
op.  G;  Leipsick,  Pelers.  4"  Scène  pastorale 
idem,  op.  9,  ibid.  ^" Rondo  à  la  chasse  idem, 
op.  11,  ibid.  6"  Pot-pouiri  sui-  des  thèmes 
du  Freijschhtz ,  idem,  oi).  12;  Offen!)acb, 
André.  7"  Fantaisie  avec  accompagnement 
de  quatuor,  op.  1,  ibid.  8°  Trois  diverlisse- 
menls  jirogressifs  pour  deux  violoncelles, 
op.  14,  ibid.  9°  Trois  duos  faciles  idem, 
op.  15,  ibid.  10»  Trois  grands  duos  idem, 
op.  17,  ibid. 

KUAFT  (Nicolas,  baron  Dl'2),  ne  doit  i)as 
•"■Ire  confondu  avec  le  pi'écédent.  Il  na(|uità 
Vienne,  vers  1780.  On  connaît  sous  son  nom  : 
1"  Chansons  tirées  des  contes  de  La  Fontaine 
(en  allemand),  avec  accom(>agnemen  t  de  piano  ; 
Vienne,  Eder,  1800.  2»  Variations  |)our  piano 
sur  le  thème  d'Axur  :  O  ttnmi  possenli,  ibid. 
3»  Sonate  pour  piano  seul,  op.  4;  Vienne, 
1804.  4"  Chants  pour  quatre  voix  d'hommes, 
ibid.  3°  Variations  sur  un  air  polonais,  ibid. 
6"  Marche  pour  le  piano  à  quatre  mains, op.  5; 
Vienne,  1803. 

KRAKAMP  (E.),  flùliste  et  compositeur, 
né  en  Allemagne,  vers  181 3,  a  vécu  longtem|ts 
en  Italie,  particulièrement  à  Naples  et  à  Mi- 
lan. Je  l'ai  connu  dans  celle  dernière  ville,  en 
1830.  Il  a  publié,  chez  Ricordi,  de  grandes 
fantaisies  de  concert  sur  des  thèmes  d'opéras 
modernes,  des  duos  pour  flûte  et  piano,  des 
caprices,  etc.  Le  nombre  de  ses  productions 
s'élève  environ  à  cent. 

KI\A]>iZ  (Jean-Frkdéric),  violoniste,  né  à 
Weimar  en  1734,  a  eu  pour  maître  Gœpfert, 
maître  de  concert  en  cette  ville.  A  l'âge  de 
vingt-qualre  ans,  il  exécuta  à  la  cour  un  con- 
certo de  viole  qui  lui  valut  la  faveur  du  duc 
régnant.  Ce  prince  le  fit  entrer  dans  sa  cha- 
pelle; puis,  en  1781,  il  l'envoya  en  Italie  pour 
qu'il  y  peifectionuàt  son  lalent.  De  retour  en 
Allemagne  dans  l'année  1787,  Kranz  s'arrêta 
quelque  temps  à  Munich;  ensuite  il  retoui-na 
à  Weimar,  où  il  fut  placé  comme  second  chef 
d'orchestre.  Apres  la  mort  de  Zumsteeg,  en 
1803,  le  duc  de  Wurtemberg  l'appela  à  Stull- 
gard et  lui  donna  la  place  de  maître  de  con- 
cert, avec  un  traitement  de  quinze  cents  flo- 
rins. Il  est  mort  dans  cette  position,  au  com- 
mencement de  l'année  1807.  Kranz  a  publié  : 
1»  Concerto  de  viole,  Darmsladl,  1778.  2"  Ro- 
mance (an  denscliœnslen  Friihlingsmorgen), 
1799.  11  a  écrit  des  airs  et  des  chœurs  pour 


m 


KRANZ  -  KRAUS 


-ygiielqucs  pièces  repr(jscnl(;cs  aux  théâtres  de 
Weimar  et  de  Slullgard. 

KRASINSKI,  pseudonyme.  Foycz  Mul- 
lER  (Ernest-Louis),  dit  Miller. 

RRASKE  (Tobie),  né  dans  la  Lusace,  au 
dix-septième  siècle,  fut  magisler  et  prédica- 
,teur  à  Francfort-sur-rOder  en  1C90  et  dans 
les  années  suivantes.  On  a  de  lui  deux  opus- 
cules intitulés  :  1"  Kurze  Beschreibung  der 
neuerbauten  Orgel  bey  der  Unterkirclte  zu 
Franefurt  (Courte  description  de  l'orgue  nou- 
vellement construit  dans  l'église  inférieure 
<le  Francfort),  Francfort-sur-l'Oder,  1690. 
2°  Kurze  Beschreibung  der  neuen  Orgel  bei 
der  Oberkirehe  zu  Franefurt  (Courte  descrip- 
tion du  nouvel  orgue  de  l'église  supérieure 
â  Francfort),  Francfort-sur-l'Oder,  1095. 

IiIlATZErNSTEIl>(CiiiiÉTiF.>-TiiÉopinLE), 
docteur  en  philosophie,  en  médecine,  et  pro- 
fesseur de  la  faculté  médicale  a  l'Université  de 
Copenhague,  est  né  à  Wernigerode  en  1723.  Il 
passe  pour  être  l'inventeur  d'une  machine  in- 
génieuse propre  à  articuler  musicalement  les 
cinq  voyelles.  L'Académie  de  sciences  de  Pé- 
lersbourg  a  décerné  un  prix  à  l'auteur  de 
celle  machine.  Kratzenslein  a  publié  dans  les 
Observations  de  physique  de  Rozier  (1782, 
supplément,  p.  358)  un  essai  sur  la  formation 
des  voyelles,  qui  renferme  quelques  observa- 
tions curieuses. 

KUAUS  (Antoipie),  excellent  organiste, 
naquit  à  Winlerberg,  en  Bohême,  vers  1745. 
Il  y  obtint  la  place  de  directeur  de  musique, 
et  il  y  vivait  encore  en  1795.  Cet  artiste  jouait 
aussi  fort  bien  du  violon  et  du  violoncelle.  Le 
chœur  de  l'église  de  Raudnilz  était,  en  1780, 
en  possession  d'un  Requiem  et  de  litanies  de 
sa  composition. 

RRAUS  (Bei^oSt)  ,  directeur  de  musique  à 
Weimar,  en  1785,  né  aux  environs  de  Salz- 
bourg,  dans  la  première  moitié  du  dix-hui- 
tième siècle,  fut  d'abord  engagé  comme  maitre 
de  chapelle  chez  le  duc  de  Bavière,  puis  eut  la 
direction  de  l'orchestre  du  Théâtre  de  la  Cour 
à  Weimar.  Il  est  vraisemblable  qu'il  perdit 
cette  dernière  place  quelques  années  avant  sa 
mort,  car  il  tomba  dans  l'indigence.  Il  a  fait 
représenter  à  Weimar  un  opéra  allemand  in- 
titulé :  les  Accidents  de  ramour.  On  connaît 
aussi  de  sa  composition  :  l"  Une  symphonie 
pour  orchestre.  2"  La  Création,  grande  can- 
tate sur  la  poésie  de  llofbaum,  composée  en 
1789.  5»  Les  Pèlerins  de  Golgotha,  Leipsick, 
Breitkopf.  4°  Chant  de  Zacharie,  à  grand 
orchestre. 

IIIIAUS   (Joscpu-MAnxi^) ,    compositeur, 


naquit  à  Manheim  en  175G.  Après  avoir  fré- 
quenté plusieurs  universités  d'Allemagne,  où 
il  fit  de  brillantes  études,  il  devint  élève  de 
l'abbé  Vogler.  Destiné  à  ne  cultiver  la  mu- 
sique qu'en  amateur, il  fut  contraintdedevenir 
artiste  par  une  circonstance  inattendue.  Il 
avait  prêté  une  somme  d'argent  assez  forte  à 
un  jeune  Suédois,  son  condisciple  ;  au  moment 
où  il  dut  quitter  l'Université,  cet  étranger  ne 
put  acquitter  sa  dette  et  engagea  Kraus  à  le 
suivre  à  Hambourg,  où,  disait-il,  il  devait 
recevoir  beaucoup  d'argent.  Arrivé  dans  cette 
ville,  le  Suédois  fut  trompé  dans  son  espoir. 
A  Copenhague,  où  ils  allèrent  ensuite,  même 
déception;  il  fallut  aller  jusqu'à  Stockholm. 
Kraus  y  arriva  en  1778.  Là,  l'opéra  produisit 
sur  lui  une  impression  si  profonde,  qu'il  réso- 
lut de  se  livrer  entièrement  à  la  musique.  Le 
roi  de  Suède,  ayant  a[)précié  la  portée  de  son 
talent,  lui  fournit  les  secours  nécessaires  pour 
voyager  en  Italie.  Il  y  était  déjà  depuis  plu- 
sieurs années,  et  avait  employé  ce  temps  à 
l'étude  des  œuvres  des  maîtres  anciens  et  mo- 
dernes, lorsque,  en  1786,  le  roi  se  rendit  lui- 
même  en  Italie  et  l'attacha  à  sa  personne  pen- 
dant ses  voyages  à  Rome  et  â  Vienne.  Après 
avoir  demeuré  quelque  temps  dans  cette  der- 
nière ville,  Kraus  obtint  du  roi  la  permission  de 
visiter  Paris.  Ce  fut  là  qu'il  écrivit  son  premier 
opéra  suédois,  qui  fut  représenté  à  Stockholm 
en  1790.  Le  niéiite  de  cet  ouvrage  présageait 
une  brillante  carrière  à  son  auteur;  mais  le 
chagrin  qu'il  eut  de  la  catastrophe  où  Gus- 
tave III  perdit  la  vie,  altéra  sa  santé  et  le 
conduisit  au  tombeau  le  15  décembre  1792. 
Les  ouvrages  connus  de  ce  compositeur  sont  : 
1''  Didon  et  E née,  grand  opéra  suédois,  re- 
présenté à  Stockholm  en  1792.  2"  Musique 
funèbre  pour  les  funérailles  de  Gustave  III, 
exécutée  dans  l'église  cathédrale  de  Stockholm, 
le  iô  avril  1792.  Cette  composition  a  été  pu- 
blll^à  Stockholm,  dans  la  même  année. 
3»  Steïïa  cœ/t,  motet  à  quatre  voix,  orchestre 
et  org^e,  en  manuscrit.  4"  Symphonie  en 
partition,  airs  avec  orchestre  et  piano,  ca- 
non^™c.,  publiés  sous  le  titre  d'Œuvres  iné- 
dite^ae  J.  Kraus,  Stockholm,  G. -A.  Silver- 
stolpe,  deux  cahiers  in-fol.  5»  Intermèdei 
pour  la  comédie  A''Amphitrxjon,  Stockholm, 
imprimerie  de  musique  privilégiée,  1792. 
O'Grande  symphonie  (en  m< mineur),  Leipsick, 
Breitkopf  et  lleeitel.  7"  Quintelto  pour  flûte, 
deux  violons,  alto  et  basse,  Paris,  Pleyel, 
1798.  8»  Six  quatuors  [lour  deux  violons,  alto 
et  violoncelle,  Berlin,  llunimel.  Kraus  a  laissé 
aussi  en  manuscrit  :  9»  Une  symphonie  (en  ré). 


KRAUSE 


93 


10"  Concerto  pour  violon  principal  et  or- 
chestre. 11°  Sonate  pour  violon  seul  et  basse. 
12" Deux  sonates  pourpianoet  violon.  13»^n- 
dante,  pour  deux  violons,  deux  flùles,  deux 
cors,  alto  et  violoncelle.  14"  Rondo  pour  piano 
seul.  15°  Contredanses  à  grand  orchestre. 
Suivant  une  note  de  Pœlchau,  qui  m'a  élé 
communiquée  par  Dehn,  Kraus  serait  Pauteur 
«Pun  écrit  intitulé  :  JFahnheiten  die  Musik 
betreffend  (Vérités  concernant  la  musique), 
Franclort-sur-le-Mein,  1779,  in-S»,  de  cent 
quaranle-deux  pages.  C'est  un  recueil  de  pen- 
sées et  de  maximes  sur  divers  objets  de  la  mu- 
sique. Il  j)araît  que  Kraus,  se  rendant  en 
Italie  eu  1779,  fit  un  voyage  à  Manlicini  pour 
y  voir  son  maître  Vogler;  il  a  donc  pu,  en 
effet,  se  trouver  alors  à  Francfort,  et  y  faire 
imprimer  son  ouvrage,  quoiqu'il  fut  déjà  au 
service  (lu  roi  de  Suède.  Une  notice  sur  la  vie 
et  les  ouvrages  de  cet  artiste  a  élé  publiée  en 
suédois,  sous  ce  litre  :  liiof/rciphie  ofter 
J.-M.  Kraus;  Stockholm,  183.3,  in-8°. 

liUAUS  (V.),  musicien  de  la  cour  à  Bern- 
bourg,  vers  la  fin  du  dix-huitième  siècle,  s'est 
fait  coiinaitre  comme  compositeur  pour  la 
guitare  par  les  ouvrages  suivants  :  1°  Sonate 
pour  guitare  et  violon,  op.  1;  Leipsick,Peters. 
2"  Sonate  pour  guitare  seule,  op.  2,  ibid. 
ô°  An  die  Mxdchen,  polonaise  avec  accompa- 
gnement de  guitare,  ibid. 

Il  existait  à  Vienne,  en  1840,  un  pianiste 
nommé  Kraus  (A.),  qui  y  publiait  une  fan- 
taisie pour  piano  et  violoncelle,  œuvre  14, 
chez  llaslinger,  et  ses  œuvres  15  et  10,  chez 
Glœggl.  On  retrouve  le  même  artiste  à  Lon- 
fîres,  en  1848,  où  il  donnait  un  concert.  N'y 
nurait-il  point  identité  entre  lui  et  Antoine 
Krause,  dont  les  éditeurs  Breilkopf  et  Ilaertel 
publiaient,  en  1838,  une  polonaise  à  quatre 
mains  pour  le  piano,  op.  1  ?. 

RIIAUSE  (Jean-IIenri),  organiste  Uès- 
habile,  naquiten  l<}82àRanlh,  danslallJite- 
Silésie.  A  Tàge  de  neuf  ans,  il  reçut  les  pre- 
mières leçons  de  musique  :  deux  ans  après,  il 
^tait  déjà  organiste  du  couvent  des  Minorités, 
à  Schweidnitz.  En  1694,  il  devint  JKve  de 
François-Tiburce  Vinckler,  organiste  de  la 
cathédrale  «le  Breslau,  dont,  pendant  cin(|  ans, 
il  reçut  des  leçons.  Lorsqu'il  eut  atteint  l'âge 
<le  dix-huit  ans,  on  lui  confia  la  place  d'orga- 
niste en  second  à  réglise  cathédrale  :  en  1700, 
il  succéda  à  son  maître  comme  premier  orga- 
niste. Il  mourut  eu  1754,  avec  la  réputation 
«l'un  des  organistes  les  plus  habiles  de  son 
temps  pour  les  fugues  et  les  préludes. 

IvUAUSE   (CiiKtTiE.N  Godefuoih),    né    à 


Winzig,  en  Silésie,  en  1710,  était  fils  d'un 
musicien  de  cette  ville.  Son  |)ère  lui  enseigna  le 
violon  et  le  clavecin.  En  1747,  il  entra  chez  le 
lieutenant  général,  comte  de  Rolhenbourg,  à 
Berlin,  en  qualité  de  secrétaire,  et  il  y  resta 
Jusqu'en  1753,  époque  où  il  fut  admis  comme 
avocat  au  Sénat  et  aux  tribunaux  français,  à 
Berlin.  Il  mourut  le  21  juillet  1770.  Krause  fut 
à  la  fois  compositeur  et  écrivain  sur  la  musique. 
Il  a  laissé  en  manuscrit  plusieurs  symphonies, 
une  cantate  à  grand  orchestre  sur  le  texte  du 
psaume  104;  /no,  cantate;  Pijgmalion,  id. 
Ses  écrits  relatifs  à  la  musique  sont  :  }" Lettre 
à  monsieur  le  marquis  de  B.  sur  la  différence 
entre  la  musique  italienne  et  française;  Ber- 
lin, 1748,  in-S".  Marpurg  a  inséré  une  traduc- 
tion allemande  de  cet  opuscule  daus  ses  Essais 
historiques  et  critiques,  t.  II,  pag.  1-23,  avec 
des  remarques  contenues  pag.  23-40.  2"  fort 
der  musikalische  Poésie  (De  la  poésie  lyrique); 
Berlin,  Voss,  in-S"  de  484  pages  ;  ouvrage 
estimé.  3»  Pensées  diverses  sur  la  musique 
(en  allemand),  insérées  dans  les  Essais  de 
Marpurg,  t.  II,  p.  181,  et  t.  III,  p.  18 et  523. 
RUAUSE  (CiiAniES-JosEPii),  chef  de  mu- 
sique du  premier  régiment  de  la  garde  du  roi 
de  Prusse,  est  né  le  15  juillet  1773,  à  Forsta, 
dans  la  Basse-Lusace.  Son  père,  musicien  de  la 
chapelle  du  baron  de  Ilohberg,  à  Plogwitz,  lui 
donna  les  |)remières  leçons  de  musique,  et  il 
appi  it  à  jouer  de  la  clarinette  sous  la  ilirection 
de  David  et  de  Springer,  artistes  d*un  rare 
mérite,  attachés  à  la  même  chapelle.  Parvenu 
à  Page  de  douze  ans,  il  fut  admis  chez  M.  Hart- 
mann, à  Grœlz,  près  de  Glogau,  et  y  fut  traité 
comme  le  fils  de  la  maison.  Non-seulement  il 
y  continua  avec  succès  ses  études  musicales, 
mais  il  y  reçut  aussi  une  instruction  conve- 
nable dans  les  sciences  et  dans  les  lettres.  En 
1789,  lors(iue  le  père  de  Krause  entra  dans  la 
musi(|ue  du  comte  Rœder,  à  Ilolstein,  près  de 
Lowenberg,  il  y  fut  aussi  engagé  comme  clari- 
nettiste ;  mais  la  chapelle  de  ce  seigneur  ayant 
cessé  d'exister  en  1794,  il  se  rendit  à  Breslau 
avec  son  frère;  tous  deux  entrèrent  dans  la 
musi(|uc  du  comte  de  lloym,  et  obtinrent  en 
même  temps  un  emploi  dans  l'administration 
civile.  En  1813,  sur  la  proposition  du  général 
Perscb,  Krause  fut  engagé  parle  roi  de  Prusse, 
eu  qualité  de  chef  de  musique  de  sa  garde  : 
comme  tel,  il  a  fait  la  campagne  de  France  en 
1814.  Il  a  arrangé  beaucoup  de  musique  pour 
l'hnrmonie  militaire  et  a  publié  (|uclques  mor- 
ceaux pour  la  clarinette,  la  flûte  et  le  cor, 
entre  autres  :  Adagio  et  polonaise  sur  un 
'    thème  du  froyschUtz,  op.  12;  Berlin,  Schlc- 

7. 


mo 


KRAUSE 


singer.   Krause  vivait  encore  à  Potsdam  en 
1830. 

KRAUSE  (Jean-Théophile),  frère  du  pré- 
cédent, est  né  à  Giiben,  dans  la  Basse-Lusace, 
le  31  juillet  1777.  Il  apprit  d'abord  à  jouer  du 
cor  et  du  violon;  puis  il  reçut  à  Plogwilz  des 
leçons  de  Springer  et  de  David  pour  la  clari- 
nette et  le  cor  de  hassetle.  Plus  tard,  il  alla  à 
Hohistein  où  son  habilelé  sur  la  clarinette 
reçut  les  derniers  déve!opi)ements.  Il  y  apprit 
aussi  le  hautbois  sous  la  direction  de  Blaha.  En 
1794,  il  se  rendit  à  Breslau  avec  son  frère  et  y 
apprit  encore  le  basson,  sur  lequel  il  acquit  un 
talent  distingué,  sans  négliger  pourtant  la 
clarinette,  son  instrument  favori.  En  1805,  il 
^ntra  dans  l'administration  civile  et  fut  con- 
trôleur des  contributions  de  première  classe  à 
OEIs.  On  a  de  Rrause  deux  œuvres  de  duos 
pour  deux  flûtes,  Leipsick,  Breitkopf  et  Ilœrlel, 
et  Berlin,  Schlesinger;  ainsi  que  trois  duos 
pour  deux  clarinettes,  Berlin  et  Paris,  Dufaut 
et  Dubois. 

KllAUSE  (CnAULES-CHnÉTiEN-EnÉDÉRic), 
docteur  en  philosophie,  est  né  le  C  mai  1781,  à 
Eisenberg,  dans  le  duché  de  Saxe- Gotha.  Il 
était  fort  jeune  lorsqu'il  fut  envoyé  à  l'univer- 
sité de  Jéna;  il  y  suivit  les  cours  de  philosophie 
de  Ficble  et  de  Schelling.  Tour  à  tour  il  se 
passionna  pour  la  doctrine  de  ces  hommes  de 
génie;  celle  de  Schelling  eut  surtout  de  l'at- 
trait pour  son  esprit,  et  il  en  devint  un  des 
plus  zélés  partisans.  Depuis  1802  jusqu'en 
1804  il  vécut  en  donnant  des  leçons  particu- 
lières de  philosophie,  de  mathématiques  et  de 
droit  naturel;  puis  il  alla  à  Rudoistadt,  et  de 
là  à  Dresde,  où  il  se  livra  à  des  recherches  sur 
l'histoire  des  beaux-arts.  En  1813,  la  guerre 
l'obligea  à  s'éloigner  de  Dresde  :  il  se  rendit  à 
Berlin  et  y  ouvrit  des  cours  gratuits  et  publics. 
Cependant  la  difficulté  d'y  pourvoir  à  l'exis- 
tence d'une  famille  nombreuse,  et  le  peu 
d'espoir  d'y  obtenir  un  emploi ,  lui  firent 
abandonner  celte  ville  et  retourner  à  Dresde. 
En  1817,  il  voyagea  avec  un  de  ses  amis  en 
Allemagne,  en  France  et  en  Italie.  A  son 
retour,  il  obtint  une  chaire  à  l'université  de 
Gœttingue,  dont  il  a  été  un  des  professeurs  les 
plus  distingués.  Dans  ses  dernières  années,  il 
fut  api)elé  à  Munich  par  le  roi  Louis,  pour  y 
enseigner  son  système  de  philosophie  trans- 
cendentale.  Il  est  mort  en  cette  ville  le 
27  septembre  1852.  La  musique  a  occupé  une 
partie  de  la  vie  de  ce  savant.  Dès  180811  avait 
déjà  publié  une  méthode  du  doigter  du  piano 
sous  ce  tilie  :  f'ollst.Tudig.e  Anweisiing  allen 
fingcvn  beider  J/xnde  zum  Clavier  und 


ForlepianospieUn    in   Icurzer  Zeit   gkiche 
Stœrke  und  Getvardlkeit  zu  verschnffen,  etc., 
Dresde,  Arnold,  in-fol.  A  l'époque  où  Rrause 
fit  paraître  cet  ouvrage,  il  vivait  en  donnant 
des  leçons  de  piano.  On  trouve,  dans  sa  mé- 
thode, des  lablus  de  combinaisons  de  doigter 
les  plus  embarrassantes.  Deux  ans  après,  il 
donna  dans  le  12'-' volume  de  la  Gazette  musi- 
cale de   Leipsick  (pag.   649   et   1043)  deux 
articles  sur  un  perfectionnement  essentiel  du 
clavier  des  instruments  à  louches.  Dans  les 
volumes  13"  (p.  497)  et  14"  (pag.  117  et  135) 
de  la  même   gazette,    il   a  aussi  donné   des 
articles  sur  une  notation  améliorée  de  la  mu- 
sique. Mais  l'ouvrage  le  plus  im|tortant  con- 
cernant cet   art ,   publié   pendant   la    vie  de 
Rrause,  est  celui  qui  a  pour  litre  :  Darstel- 
lungen  aus  der  Geschichte  der  Musik  nebst 
vorbereitenden  Lehren  aus  der  Théorie  der 
Musik  (Exposition  de  l'histoire  de  la  musique, 
précédée  d'instructions  préliminaires  sur  la 
théorie  de   cet   art),    Gœttingue,   Dielrichs, 
1827,  in-S".  Ce  livre  est  divisé  en  trois  parties  : 
la  première  renferme  une  recherche  des  prin- 
cipes philosophiques  de  l'art;  la  seconde  est 
un  exposé  succinct  des  principales  divisions 
de  son  histoire  ;  la  troisième  contient  quelques 
détails  sur  la  vie  des  plus  célèbres  artistes, 
avec  une  appréciatioji  esthétique  de  leurs  ou- 
vrages. Il  faut  l'avouer,  l'exécution  du  plan 
que  s'était  proposé  Rrause  ne  répond  pas  au 
mérite  d'un  savant  si  distingué,  et  l'on  a  peine 
à  comprendre,   en  lisant  la  première  partie, 
qui  devait  être  la  plus  intéressante,  qu'elle 
appartienne  à  un  homme  habitué  aux  rigou- 
reuses méthodes  de  Schelling  et  de  Fichte  ;  car 
on  y  chercherait  en  vain  soit  le  principe  de  la 
construction  rationnelle  des  tonalités,  soit  la 
discussion  des  phénomènes  que  l'art  développe 
dans  la  conception  humaine.  Tout  le  travail 
de  Mrause,  dans  celte  partie,  se  borne  à  quel- 
ques vagues  aperçus  concernant  des  faits  par- 
ticuliers qui  ne  constituent  pas  la  science  en 
elle-même.  Quant  à  la  partie  historique,  elle 
ne  coniUteguère  qu'en  certaines  classifications 
d'épo^res  assez  arbitraires.  A  l'égard  de  la 
dernière  partie,  on  y  trouve  quelques  bonnes 
vues  esthétiques  concernant  la  valeur  de  quel- 
ques grands  maîtres;  mais  ce  travail  est  ti-op 
succinct.  A|)rès  la  mort  de  Rrause,  ses  amis  et 
élèves  ont  trouvé  dans  ses  papiers  des  ouvrages 
entièrement  achevés  sur  différentes  parties  de 
la  philosophie  et  les  ont  publiés  à  Gœttingue, 
en  plusieurs    séries,  sous   le  titre  général   : 
Karl-Christian-Friedrich    Krause's   hand- 
scliriftlicher  Naclilass  (Écrits  posthumes  de 


KRAUSE  -  KREBS 


46 1 


Charles-Chrélien-Fréduric  Rrause),  et  dont 
chaque  ouvrage  porte  un  litre  particulier.  Dans 
la  série  de  la  philosophie  de  l'art  se  trouve  un 
volume  spécial  concernant  la  musique,  lequel 
a  pour  titre  :  Anfangsgriinde  der  allge- 
meinen  Théorie  der  Musik ,  nach  Grund- 
sxtzen  der  IFesenlehre  (Éléments  de  la 
théorie  générale  de  la  musi(|ue,  d'après  les 
principes  fondamentaux  de  l'Ontologie).  Gnet- 
lingue,  Dietrichs,  1838,  in-S».  M.  Lindmann, 
de  Munich,  a  publié  une  notice  qui  a  pour 
titre  :  Uebersichlliche  Darstellung  des  Lebens 
und  der  JVissenschaftslehre  Krause's  (Ta- 
bleau complet  de  la  vie  et  de  l'enseignement 
de  Krause).  Munich,  1839,  in-S". 

KRAUSIIAAR  (Otto),  professeur  et  com- 
positeur, n'est  pas  mentionné  par  les  biogra- 
phes allemands.  Le  premier  ouvrage  par 
lequel  il  s'est  fait  connaître  a  pour  titre  : 
Construction  der  gleichschwebenden  Tempe- 
ratur  ohne  Scheibler'sche  Stimmgabeln  àuf 
musikalische  Instruments.  Mit  Ruchsicht 
auf  die  Scheibler'sche  Erfindunij  (Construc- 
tion d'un  tempérament  égal  pour  les  instru- 
ments de  musique,  sans  l'appareil  de  diapasons 
de  Scheibler,  avec  un  examen  de  l'invention 
de  celui-ci),  Cassel,  Rrieger,  1838,  in-8»  de 
22  pages.  En  1845,  M.  Kraushaar  a  fait  exé- 
cuter dans  un  concert,  à  Cassel,  une  ouverture 
de  sa  composition.  Ses  ouvrages  de  musique 
pratique  publiés  sont  ceux-ci  :  1"  Six  Lieder 
à  voix  seule  avec  accompagnement  de  piano, 
op.  1,  Cassel,  Luckhardt;  2»  Six  idem.,  op.  2, 
ibid.  ;  ô"  Six  idem.,  op.  3,  ibid.  ;  4"  Six  Lieder 
sans  paroles  pour  piano,  1*^*  et  2^  suite, 
op.  4,  ibid, 

KRAUSSKOPF  (Wilhelm),  professeur  de 
musique  à  Zurich,  n'est  connu  que  par  un  ou- 
vrage qui  a  pour  titre  :  ffandbuch  beim  Un- 
terricht  im  Gesang  fUr  Lehrer  und  Lernende 
(Manuel  de  l'enseignement  du  chant,  à  l*sage 
des  professeurs  et  des  élèves).  Zurich,  1843, 
in-8». 

HREBS  (Frédéric),  facteur  d'orgues  du 
quinzième  siècle,  est  cité  par  PraelorWj  (Syn- 
tagm.  mus.,  t.  II,  pag.  III)  comme  ayant  tra- 
vaillé avec  distinction  vers  les  années  1475  à 
1480.  11  faisait  déjà  à  celte  époque  des  claviers 
de  pédales  fort  étendus. 

KUEIiS  (.Iean-Tobie),  naquit  à  Heichal- 
lieimb,  dans  le  duché  de  Wcimar,  le  7  juillet 
1G90.  Il  fiéquenla  d'abord  le  collège  de  Wei- 
mar,  dans  rinlenlion  d'aller  ensuite  à  l'uni- 
versité; mais  ayant  obtenu  en  1710  sa  nomi- 
nation d'organisie  à  Buitelstaedl,  il  prit  pos- 
&csâiOQ  de  cette  i>lace.  Ce  fut  alors  seulement 


qu'il  commença  régulièrement  l'étude  de  la 
composition  chez  Jean-Godefroid  Walther,  et 
il  continua  cette  étude  jusqu'eo  1717,  malgré 
la  route  pénible  qu'il  devait  faire  de  Butlel- 
staedt  jusqu'à  Weimar,  pour  y  aller  prendre  ses 
leçons.  En  1721,  son  zèle  fut  récompensé  par 
sa  nomination  d'organiste  à  Buttstedt,  petite 
ville  du  duché  de  Weimar.  Il  vivait  encore  eti 
1758,  mais  il  commençait  à  perdre  la  vue.  Se* 
premières  compositions  consistent  en  mor- 
ceaux de  musique  d'église  ;  plus  tard,  il  a  écrit 
des  chorals  variés  pour  l'orgue,  d'un  très-bon 
slyle.  Toutes  ces  productions  sont  restées  en 
manuscrit.  On  trouve  à  la  bibliothèque  royale 
de  Berlin  un  prélude  suivi  d'une  fugue  en  ut 
majeur,  et  une  fugue  en  sol  mineur,  composées 
par  Jean-Tobie  Rrebs  :  ces  morceaux  remar- 
quables sont  copiés  de  la  main  du  célèbre  orga- 
niste Fischer,  d'Erfurt. 

KREBS  (Jean-Louis),  fils  du  précédent» 
naquit  à  Builelstœdt  le  10  octobre  1713.  Après 
avoir  appris  de  son  père  les  éléments  de  la 
musique  et  de  l'art  de  jouer  du  clavecin,  il 
entra  en  1726  à  l'école  Saint-Thomas  de  Leip- 
sick,  dirigée  alors  par  l'illustre  Jean-Sébaslieri 
Bach.  Il  y  reçut  l'instruction  commune  pen- 
dant neuf  ans,  puis  il  entra  dans  l'école  parti- 
culière de  ce  grand  maître,  qui  en  fit  un  élève 
de  prédilection.  Ses  études  musicales  termi- 
nées, il  suivit  à  l'université  un  cours  de  philo- 
sophie pendant  deux  ans,  puis  il  accepta  en 
1737  la  place  d'organiste  à  Zwickau,  d'où  il 
passa  à  celle  d'organiste  du  château  de  Zeitz, 
et  ensuite,  le  13  octobre  1756,  à  une  position 
semblable  à  la  cour  d'Altenbourg.  Il  mourut 
en  cette  ville  au  commencement  de  1780,  à 
l'âge  de  07  ans.  Krebs  et  Friedmann  Bach 
furent  les  meilleurs  élèves  de  Jean-Sébastien, 
et  ceux  qui  approchèrent  le  plus  de  leur 
modèle.  Le  maître  lui-même  estimait  beaucoup 
le  talent  de  son  écolier,  et  disait,  par  allusion 
à  son  nom  et  à  celui  de  Krebs,  qu'il  n'avait 
jamais  pris  qu'une  écrevisse  dans  son  ruis- 
seau (1).  Krebs  a  publié  de  sa  composition  : 
1»  Quatre  suites  d'exercices  pour  le  clavecin,, 
consistant  en  mélodies  chorales  variées,  fugues, 
peti  tes  pièces  et  sonatines,  Nuremberg,  1743-4'J.. 
2"  Musikulischer  und  angenehmer  Zeitver- 
treib  in  2  Klaviersonaten  mit  einer  Flato 
(Amusements  agréables  de  musique,  en  deux 
sonates  de  clavecin  avec  flûte),  ibid.,  1700. 
3"  Deux  sonates  détachées  avec  flûte,  ibid. 
4"  Six  trios  pour  flûte,  ibid.,  1738.  5°  Quatre 
suites  de  pièces,  consistant  en  six  préludes, 

(1)  Krebs,  en  allemand,  signifie  une  écrevisseyCt 
liach.  un  ruisseau. 


102 


KUEDS 


jictiles  pièces,  une  oiiverlnrc  et  un  concerto 
pour  le  clavecin,  ibid.,  1740  à  1743.  G"  Six 
sonates  pour  clavecin  et  flûte,  Leipsick,  1762. 
On  connaît  aussi  de  cet  artiste,  en  manuscrit  : 
1°  Magnificat ,  en  allemand,  pour  quatre 
voix  et  or^ue,  dont  la  partition  est  à  la  biblio- 
thèque royale  de  Berlin,  ainsi  que  le  motet  à 
cinq  voix  sur  le  choral  :  Erfœrsche  mich 
Coït.  2»  Deux  Sanctits ,  avec  orchestre. 
3"  Des  pièces  d'orgue.  Je  possède  de  sa  com- 
position en  manuscrit  dix  chorals  variés  à  deux 
claviers  et  pédale,  et  quatre  fugues. 

HREBS  (Ehrenfried-Ciirétien-Traugott), 
fils  du  jirécédent,  a  succédé  à  son  père,  en 
1780,  dans  la  place  d'organiste  de  la  cour  de 
Saxe-Altenbourg.  En  1787,  il  a  publié  à  Leip- 
sick quelques-uns  des  principaux  cantifiues 
variés  pour  l'orgue. 

KREBS  (Jea:^-Baptiste),  ténor  allemand 
qui  a  eu  de  la  réputation,  est  né  à  Ueberauchen, 
près  de  Billingcn,  dans  le  pays  de  Bade,  le 
12  avril  1774.  Dans  son  enfance,  il  apprit  le 
chant  choral  à  Billingen  et  à  Constance.  Plus 
lard,  il  reçut  (juclques  leçons  de  clavecin  et 
d'orgue  et  fit  des  études  de  philosophie  à  Do- 
naueschingen.  Après  avoir  étudié  le  chant 
sous  la  direction  de  Weiss,  élève  de  RafT,  il 
dévelopjia  par  de  bons  exercices  la  puissance 
de  sa  voix  de  ténor,  qui  était  belle.  Cependant, 
il  ne  paraissait  pas  destiné  à  devenir  chanteur 
de  théatie,  car  il  étudiait  la  théologie  à  Do- 
naueschingen  et  à  l'université  de  Fribourg. 
Enfin,  il  se  décida  pour  cette  carrière,  débuta 
en  1795,  et  fut  bientôt  attaché  au  théâtre  de  la 
cour  de  Sluttgard,  comme  premier  ténor.  Il  a 
brillé  longtemps  dans  les  plus  beaux  rôles  des 
0|)éras  allemands  et  français.  Après  vingt-huit 
ans  de  service,  l'affaiblissement  de  son  organe 
l'a  obligé  de  ([uitter  la  scène,  et  il  a  chanté 
pour  la  dernière  fois  le  rôle  iVAchille,  le 
17  septembre  182ô.  Depuis  lors  il  a  rempli  les 
fonctions  de  régisseur  au  théâtre  de  Stuttgard. 
Krebs  a  composé  des  chansons,  des  duos  et 
des  trios,  avec  accompagnement  de  piano.  On 
lui  doit  aussi  des  livrets  de  plusieurs  opéras 
français  et  italiens  traduits  en  allemand,  ainsi 
que  plusieurs  articles  de  criliciue  littéraire  et 
musicale  insérés  dans  les  journaux.  Il  est  le 
même  artiste  que  Gerber  appelle  François- 
Xavier. 

KREIîS  (Ji;A?i-GoDEiRoiD),  chanteur  de  la 
cour  à  Allenbourg,  mort  en  180-3,  a  publié  dans 
cette  ville,  en  1777,  des  chansons  avec  mélo- 
«lies  et  accompagnement  de  clavecin.  La 
seconde  parlie  «le  ces  chansons  a  paru  en 
1783.     On    tiouvc    aussi    une    sonate    facile 


pour  le  clavecin,  de  sa  composition,  dans  le 
recueil  de  pièces  publié  par  lliller.  j^nfin  il  a 
fait  imprimer  6  divertissements  pour  le  même 
instrument,  à  AUenbourg,  en  1796.  La  biblio- 
thèque royale  de  Berlin  possède  de  sa  compo- 
sition la  cantate  pour  la  nouvelle  année  Zo6cf 
den  Herrrij  à  quatre  voix  et  instruments,  en  ré 
majeur. 

KREBS  (Charles- Auguste),  né  le  16  jan- 
vier 1804  à  Nuremberg,  est  fils  d'acteurs  nom- 
més Miedke;  mais  il  fut  adopté  par  la  femme 
du  chanteur  Krebs,  qui  le  recueillit  lorsqu'il 
perdit  sa  mère,  et  il  prit  le  nom  de  sa  bien- 
faitrice. Doué  de  rares  dispositions  pour  la 
musique,  il  apprit  presque  en  jouant  les 
éléments  de  l'art;  puis  il  fitde  rapides  progrès 
sur  le  piano,  sous  la  direction  de  M.Schelhle, 
et  reçut  des  leçons  de  Jean-Baptiste  Krebs 
pour  la  composition.  Il  n'était  âgé  que  de  sept 
ans  lorsqu'il  mit  en  musique  le  petit  opéra 
de  Fedora,  de  Kolzehue.  Trois  ans  aiuès,  il 
écrivit  des  quatuors  de  violon  et  beaucoup  de 
sonates  de  piano.  Mais  bientôt  il  lui  fallut  in- 
terromiire  ses  travaux  de  musicien  pour  étu- 
dier la  langue  latine  dans  les  collèges,  paice 
qu'il  se  destinait  à  l'état  ecclésiastique.  Par- 
venu à  sa  treizième  année,  il  sentit  se  réveiller 
son  goût  pour  la  musique  et  se  livra  de  nou- 
veau à  la  culture  de  cet  art.  A  l'âge  de  quinze 
ans,  il  commença  à  donner  des  leçons,  et 
malgré  son  extrême  jeunesse,  il  forma  quel- 
ques bons  élèves.  Cependant,  ayant  des  vues 
plus  élevées,  il  quitta  la  carrière  de  l'enseigne- 
ment en  1824,  et  se  rendit  à  Vienne  pour 
étendre  ses  connaissances  musicales.  Il  y 
devint  élève  de  M.  de  SeyI'ricd  pour  la  compo- 
sition de  la  musique  instrumentale,  cl  ai)rès 
s'être  fait  connaître  avantageusement  par  la 
composition  d'une  symphonie  à  grand  or- 
chestre, et  de  plusieurs  morceaux  jioiir  le 
piawo,  il  y  obtint  la  place  de  chef  d'orchestre 
de  l'Opéra  de  la  cour.  La  manière  <lont  il  s'ac- 
quitta de  ses  fonctions  lui  a  fait  offrir  en  1827 
la  direction  de  la  musique  au  nouveau  tliéalrc 
de  Ilaldbourg  ;  il  l'a  acceptée,  et  ses  soins  ont 
réalisé  toutes  les  espérances  que  les  fondateurs 
de  ce  théâtre  avaient  en  lui.  Il  y  a  fait  re- 
présenter deux  opéras  {Sylva,  on  le  Pouvoir 
du  chant,  et  Agnès  Bernauerin).  Le  premier 
a  été  froidement  accueilli,  mais  le  second  a 
complètement  réussi.  En  1833,  il  a  fait  im- 
[uimerà  Hambourg  plusieurs  cahiers  de  chan- 
sons allemandes,  et  a  fondé  une  école  de  chant 
d'ensemble  dans  la(|ue!lc  il  a  obtenu  des 
sticcès.  Krebs  dirigeait  encore  la  musi(|ue  du 
théâtre  de  Hambourg  en   1830.  Après  cette 


KREBS  —  KREMBÉRG 


103 


époque,  il  esl  passé  à  Dresde  comme  directeur 
de  musique. 

KREIIL  (Théophile-Adolphe),  surinten- 
dant à  Pyrna,  mort  en  ce  lieu,  le  10  mars 
1823,  est  auteur  d'un  sermon  prononcé  à  l'oc- 
casion de  l'érection  du  nouvel  orgue  de 
Pyrna  :  ce  discours  a  été  publié  dans  le  Ma- 
gasin pour  les  prédicateurs,  d'Ammon  (t.  IV, 
p.  1),  sous  ce  titre  :  Ueber  der  f'erhxltniss 
des  Orgeispiels  ztir  kirchlichen  Andacht 
(Sur  les  rapports  du  jeu  de  l'orgue  avec  le  re- 
cueillement religieux). 

RREIBE  (Jea>-Conrad),  né  à  Gotha  en 
1722,  reçut  les  premières  leçons  de  musi(iue 
par  l'assistance  d'un  certain  baron  de  Slein, 
puis  acheva  son  éducation  par  l'étude  des 
compositions  de  Georges  Benda.  Il  séjourna 
pendant  plusieurs  années  à  Berlin ,  puis  à 
Dresde,  et  obtint,  en  17G5,  la  place  de  maître 
de  chapelle  du  i)rince  de  Bernbourg,  à  Ballen- 
slaedt.  Il  mourut  le  23  octobre  1780.  Kreibe  a 
écrit  beaucoup  de  musique  d'église,  destajM- 
phonies,  des  quintettes,  des  quatuors  et  des  tms 
pour  divers  instruments.  Tous  ces  ouvrages 
sont  restés  en  manuscrit. 

KIIEIBE  (BENJAMiN-FÉLix-FnÉDÉnic),  fils 
du  précédent,  né  à  Ballenstfedt,le  ô  avril  1772, 
a  étudié  la  musique  sous  la  direction  de  Agthe, 
le  hautbois  chez  Rast,  et  le  violon  chez  Fré- 
déric Albrecht.  Après  avoir  suivi  des  cours  de 
philosophie  et  de  droit,  il  est  entré  comme 
simple  musicien  dans  la  musique  du  prince  de 
Bernbourg;  mais  il  en  a  été  nommé  plus  tard 
maître  de  chapelle.  On  a  de  sa  composition  : 
1°  Concerto  pour  clarinette  et  orchestre,  op.  2, 
Brunswick-,  Spehr.  2°  Concerto  pour  cor,  op.  1 , 
Offenbach,  André.  5"  Concerto  pour  basson, 
op.  0,  ibid.,  et  quelques  morceaux  pour  le 
violon. 

RUEIBICH  (François),  né  en  172|,  à 
Zwickau,  près  de  Kamnitz  en  Bohême,  se 
rendit  à  Vienne  vers  1750  et  y  excita  l'étonne- 
ment  par  son  habileté  sur  le  violon,  quoiqu'il 
fût  bien  jeune  encore.  En  1770,  l'empjyeurle 
choisit  pour  diriger  la  musique  de  sa  chambre  : 
il  se  montra  digne  de  celte  faveur  par  un  rare 
talent  pour  la  direction  d'un  orchestre.  Il  était 
aussi  renommé  pour  ses  préludes  sur  le 
violon.  Jusque  dans  sa  vieillesse,  il  conserva 
le  feu  de  l'âge  viril  dans  l'exécution  de  la  mu- 
sique des  glands  maîtres.  Il  mourut  à  Vienne, 
Je  3  septembre  1797,  à  l'âge  de  soixante-neuf 
ans.  On  ne  connaît  de  sa  composition  qu'une 
sonate  à  violon  seul,  avec  accompagnement  de 
basse,  en  manuscrit. 

KUtlI>EK  (Catherine),  née  à  Isen  (Ba- 


vière), enl754,  reçut  des  leçons  dechanlrteson 
parent,  le  maître  de  chapelle  Camerloher,  à 
Frising.  Lorsque  son  éducation  musicale  fut 
terminée,  elle  se  rendit  à  Munich,  où  elle  fut 
placée  au  théâtre  de  la  cour,  en  qualité  de  pre- 
mière cantatrice,  au  mois  d'avril  1782.  Dans 
la  même  année,  elle  épousa  Camerloher,  se- 
crétaire du  cabinet  de  l'électeur.  Mademoiselle 
Kreiner  brilla  particulièrement  en  1787  dans 
le  Castor  et  Pollux  de  l'abbé  Vogler.  Elle 
mourut  à  Munich  en  1790,  à  l'âge  de  trente- 
six  ans. 

KREITII  (Charles),  flûtiste,  compositeur 
médiocre,  mais  fécond,  et  écrivain  didacti<iue 
sur  la  musique,  vécut  à  Vienne,  dans  la  se- 
conde moitié  du  dix-huitième  siècle.  Selon  Rass- 
mann  (Panthéon  der  Tonkiinstler  p.  137),  il 
est  mort  en  cette  ville  dans  le  courant  de 
l'année  1807.  On  connaît  sousson  nom  environ 
cent  vingt  œuvres  de  concertos,  duos,  solos  et 
airs  variés  pour  la  flûte  ;  des  i)ièces  d'harmonie 
et  des  quatuors  pour  divers  instruments  à 
vent,  etc.  Il  a  aussi  publié  divers  ouvrages  pour 
l'enseignement  de  la  flûte,  sous  ces  titres  : 
1°  Anweisiing,  wie  aile  Tœne  aufder  Flœte 
traversièrè  richtig  zu  nehmen  sind  nebst 
ihren  gehœrigen  Benennungen  (InstruclioQ 
sur  la  manière  de  produire  sur  la  flûte  toutes  les 
notes  avec  justesse,  avec  leurs  dénominations 
respectives).  Vienne,  Artaria,  1799.  2"  Schule 
fiir  die  Flœte,  jedem  Spieler  dièses  Instru- 
ments sehr  nutzlich,  soicohl  fiir  Finger,  als 
auch  Zunge  in  115  Lectionen  (Méthode  de 
flûte,  très-utile  à  ceux  qui  jouent  de  cet  in- 
strument, tant  pour  le  doigter  que  pour  le 
coup  de  langue,  etc.).  Vienne,  Bermann. 
3"  Kurzgefasste  Anweisung  die  Flœte  zu 
spielen  (Instruction  abrégée  pour  jouer  de  la 
flûte).  Vienne,  Cappi,  et  Brunswick,  Spehr. 

KREMBEÏIG  (Jacques),  chanteur,  com- 
positeur et  poëte,  né  à  Varsovie,  vers  le  milieu 
du  dix-septième  siècle,  vécut  d'abord  à  Mag- 
debourg,  puis  fut  attaché  à  la  chapelle  du  roi 
de  Suède,  et  se  rendit  en  1688  à  Dresde,  où  il 
fut  employé  dans  la  musique  de  l'électeur. 
Vers  1704,  il  alla  à  Londres  et  y  fit  représenter 
deux  ans  ai)rès  une  sorte  d'opéra  intitulé  En- 
gland's  Glory  (Gloire  de  l'Angleterre),  à 
l'occasion  de  l'anniversaire  de  naissance  de  la 
reine  Anne.  Il  vivait  encore  en  1718,  et  était 
attaché  à  la  musique  de  la  cour.  En  1C89,  il 
fit  imi)rimer  à  Dresde  un  ouvrage  qui  a  pour 
titre  :  Musikalische  gemutlisergœtzung  a 
vuce  sola  e  contin.  oder  auch  mit  der  I.aute. 
Jngelica,  Fiola  di  gamba  und  Cithara 
(Uivcrlissemcnt  musical  à  voix  seule  et  basse 


<0* 


KREMBERG  —  KRETSCHMAR 


continue,   ou  pour  le  luth,   l'angélique,   la 
basse  de  viole  ou  la  guitare). 

KUEI\GI;L  (Grégoire),  luthiste  du  sei- 
zième siècle,  né  à  Frankenslein,  en  Silésie, 
est  connu  par  un  recueil  de  compositions  qui 
a  pour  litre  :  Lauternstuche  verschiedener 
Jrt,  jedes  aiifdoppelte  TFeise  gesetzt  (Pièces 
de  luth  de  différents  genres,  etc.),  Francfort 
sur  rOder,  1584,  in-fol.  Gerber  possédait  le 
portrait  de  cet  artiste,  gravé  à  Breslau  en 
1592,  avec  cette  inscription  :  In  vivam 
D.  Gregorii  Krengel,  Musici  excellentiss . , 
iconem. 

KREISN  (François),  pianiste  et  composi- 
teur, né  en  1822,  vivait  à  Vienne  dans  les 
années  1844  à  1848.  Si  mes  renseignements 
sont  exacts,  il  est  Bavarois  de  naissance  et  a 
fait  ses  études  à  Munich,  sous  la  direction  de 
Stunz.  Il  a  mis  au  jour  plusieurs  œuvres  de 
morceaux  faciles  pour  Iç  piano,  particulière- 
ment les  œuvres  7,  10,  12  et  16.  M.  Krenn 
écrit  de  préférence  la  musique  d'église.  Oii 
connaît  de  lui  :  1»  Offertoire  {,0  Deus  ego 
amaré)i  pour  soprano  ou  ténor  et  basse  avecry 
deux  violons,  alto,  contrebasse  et  orgue  (deux 
clarinettes  et  deux  cors  ad  libitum),  op.  2ô, 
Vienne,  Haslinger.  2"  Graduel  (Dominus  in 
Sion)j  à  quatre  voix,  deux  violons,  alto,  deux 
hautbois,  deux  trompettes,  contrebasse,  orgue 
et  timbales,  op.  15,  Vienne,  Diabelli.  ô"  Re- 
quiem (en  ré  mineur),  a  quatre  voix,  orgue 
obligé,  deux  violons  et  deux  cors  ad  libitum, 
op.  17,  Munich,  Faller.  En  1847,  une  cantate 
avec  orchestre  de  cet  artiste,  intitulée.  Die 
vier  letzten  Dinge,  a  été  exécutée  à  Vienne 
avec  succès. 

Ii.UEIN'Z  (Henri),  facteur  d'orgues  alle- 
mand, vivait  vers  la  fin  du  quinzième  siècle. 
Eu  1499,  il  a  construit  l'orgue  de  l'église  de 
Sjint-Basile,  à  Brunswick. 

KllESS  ou  KUESSE  (Jean- Albert)  , 
second  maître  de  chapelle  à  Stultgard,  vers  la 
lin  du  dix-septième  siècle,  s'est  fait  connaître 
par  un  traité  d'harmonie  intitulé  -.Jlanuductio 
novo-melhodica  ad  Bassum  generalem , 
Sluttgard,  1701,  in-fol.  On  a  aussi  de  lui  des 
concerts  spirituels  à  quatre  voix  et  instru- 
ments, ibid.,  1081,  in-4",  et  un  cantique  alle- 
mand intitulé  :  Der  fusse  Name  Jésus,  oder 
teutscher  Jubilus  Bernardi ,  à  trois  voix, 
ibid.,  1683,  in- 4». 

KllESS  (Jacques),  maître  de  concert  du 
landgrave  de  Ilesse-Uarmsladt,  mourut  vers 
17Ô6.  lia  fait  imprimer  de  sa  composition,  à 
Nuremberg,  six  concertos  de  violo.i  à  cinq 
parties,  op.  1.  i 


lïRESS  (Georges-Frédéric),  peut-être  fils 
du  précédent,  violoniste  à  Darmstadt,  fut 
attaché  à  la  chapelle  du  duc  de  Mecklembourg 
en  1756.  En  1763,  il  se  rendit  à  Gœttingueet 
y  fut  maître  de  concerts  de  l'Académie.  Il 
mourut  dans  cette  position  vers  1783.  Le 
caractère  de  son  talent  d'exécution  consistait 
dans  l'agilité  j  mais  il  manquait  d'expression 
et  de  goût.  On  a  imprimé  de  sa  composition  à 
Nuremberg,  en  1764,  une  sonate  pour  le 
violon;  il  a  laissé  en  manuscrit  six  solos  pour 
violon,  et  un  concerto  pour  le  même  instru- 
ment. 

KRETSCHMAR  (Jean),  musicien  alle- 
mand, vécut  dans  les  premières  années  du 
dix-septième  siècle.  La  position  qu'il  occupait 
n'est  pas  connue.  On  a  publié  sous  son  nom 
un  traité  de  musique  élémentaire  intitulé  : 
jVusica  laiino-germanica  cujus  adminiculo 
pueri  puellxque  facile  brevissimo  temporis 
spalio  integram  recte  et  bene  canendi  scien- 
Uanu  assequi  possunt,  LipsiBe,  1005,  in-8". 
^ ÏHIE TSC UM AR  (Gaspard),  chambellan 
àbiJreslau,  né  à  Neisse,  en  1602,  mourut  à 
lyeslau  en  1657.  On  a  de  lui  un  livre  inti- 
tulé :  Ursprung  und  Fortgang  der  edelen 
Singeliunst  (Origine  et  progrès  du  noble  art 
du  chant),  Breslau,  1650,  iu-4". 

KRETSCHMAR  (Jean-André),  organiste 
de  l'église  des  négociants  à  Erfurt,  en  1699, 
était  auparavant  à  Weimar.  Il  y  fut  le  second 
maître  de  Wallher  (auteur  du  Lexique  de  mu- 
sique) pour  le  clavecin  et  la  composition. 
Prinz  et  Wallher  disent  que  ce  musicien  a 
écrit  un  traité  intitulé  Melopoeia,  ou  l'art  de 
la  composition  (en  allemand),  qui  n'a  pas  été 
im|)rimé,  mais  dont  il  a  été  répandu  des 
copies.  C'est  sans  doute  le  même  ouvrage  qui 
est  cité  par  Mallheson  {Grundl.  einer  musil;. 
Ehrenpforte,  p.  106).  La  plupart  des  biblio- 
gr*)hes  de  la  musique  ont  confondu  le  traité 
dont  il  est  question  avec  celui  de  Jean 
Rretschmar  {F.  ci-dessus),  quoiqu'il  y  ait 
entre  les  deux  auteurs  environ  quatre-vingts 
ans  d^distance. 

KRETSCH3IAR  (Godefroid),  magisler 
et  pasteur  primaire  à  Gorlilz,  au  commence- 
ment du  dix-huitième  siècle,  a  prononcé  dans 
celle  ville  un  sermon  qui  a  été  publié  sous  ce 
titre  :  Einweihungspredigt  auf  die  neue 
Orgel  in  der  Gœrlitzer  Pétri  und  Pauli 
Kirche  (Sermon  sur  l'inslallalion  du  nouvel 
orgue  dans  l'église  de  Saint-Pierre  et  Saint- 
Paul  de  Gorlilz),  Gorlilz,  1704,  in-4''  de  40  p. 
Gel  ouvrage  conlient  des  détails  curieux  sur 
l'histoire  générale  de  l'orgue. 


KRETSCIIMAR  —  KREUSER 


4  os 


KRETSCIIMAR  (Jean),  facteur  d'orgues  ; 
h  Schweidnitz,  vivait  dans  la  première  moitié  j 
du  dix-huit -huitième  siècle.  Ha  construit  les 
instruments  dont  voici  la  liste  :  1"  A  Neisse, 
l'orgue  de  Saint-Jacques,  composé  de  cin- 
quante-quatre jeux.  2"  A  Schweidnitz,  en  1711, 
celui  des  Dominicains,  composé  de  trente  jeux. 
3»  A  Meelschulz,en  1735,  un  orgue  de  trente- 
cinq  jeux. 

RR1:ïSCIIMER(François-Jean-Charles- 
André),  conseiller  intime  de  guerre  du  roi  de 
Prusse,  dans  la  Poméranie,  né  en  1775  (le  lieu 
n'est  pas  connu),  est  mort  à  Anclam,  le  5  mars 
1839.  Il  s'est  occupé  depuis  sa  jeunesse  de  re- 
cherches sur  l'histoire  et  la  théorie  de  la 
musique,  et  a  publié  un  livre  qui  a  pour  titre  : 
Jdeen  zu  einer  Théorie  der  Musik  (Idées 
d'une  théorie  de  la  musique),  Stralsund , 
Lœlîler,  1833,  in^».  Cet  ouvrage,  qui  renferme 
des  idées  neuves  sur  la  constitution  des  tona- 
lités, n'est  en  quelque  sorte  composé  que  de 
fragments  d'un  livre  écrit  par  l'auteur  sur  une 
théorie  générale  de  la  musique.  On  trouvera 
dans  mon  Histoire  de  la  philosophie  de  la  mu- 
sique, faisant  suite  au  système  de  cette  philo- 
sophie, une  analyse  des  principes  qui  servent 
de  base  à  la  théorie  de  Kretschmer.  Ce  savant 
a  commencé  en  1838  la  publication  d'une  col- 
lection de  chansons  populaires  allemandes  qui 
fut  interrompue  par  sa  mort;  elle  a  été  con- 
tinuée et  achevée  par  les  soins  du  docteur 
Massmann,  de  Munich,  de  M.  de  Zuccalmaglio, 
de  Varsovie,  et  de  plusieurs  autres  collabora- 
teurs. Elle  forme  deux  volumes,  grand  in- 
octavo  et  a  pour  titre  :  Deutsche  f'olkslieder 
mit  ihren  Original- JFeisen  (Chansons  popu- 
laires allemandes  avec  leurs  formes  origi- 
nales), Berlin,  1840.  Ce  travail  n'est  pas  à 
l'abri  de  tout  reproche,  sous  le  rapport  de  l'au- 
thenticité traditionnelle  des  mélodies. 

KREUBÉ  (Charles -FRiioÉRic)  né  à  Lujjê- 
ville,  le  5  novembre  1777,  apprit  la  musique 
et  le  violon  dans  cette  ville,  puis  fut  attaché  à 
l'oixhestre  du  théâtre  de  Metz,  en  qualité  de 
chef  d'oichcstre.  Arrivé  à  Paris  en  1800,  il  y 
reçut  des  leçons  de  Rodolphe  Kreutzer  pour  le 
violon.  Dans  l'année  suivante,  il  entra  à  l'or- 
chestre de  l'Opéra-Comique.  Devenu  sous-chef 
(l'orchestre  du  même  théâtre  en  1805,  il  suc- 
céda à  Blasius,  comme  premier  chef,  en  1816, 
et  conserva  cette  place  jusqu'au  mois  de  no- 
vembre 1828.  Retiré  alors  avec  la  pension,  il 
vécut  depuis  ce  temps  à  la  campagne,  près  de 
Saint-Denis.  Admis  au  nombre  des  musiciens  de 
la  chapelle  du  roi  en  1814,  Kreubé  perdit  cette 
position  en  1850,  lorsque  cette  chapelle  fut  sup- 


primée. Il  est  mort  dans  sa  maison  de  cam- 
pagne, au  printemps  de  1840.  Il  s'était  d'abord 
fait  connaître  comme  compositeur  de  musique 
instrumentale  et  avait  publié  :  l"  Deux  pots- 
pourris  en  quatuor  pour  deux  violons,  alto  et 
basse;  Paris,  Gaveaux.  2"»  Trios  pour  deux 
violons  et  basse,  op.  6,  21;  Paris,  Hanry. 
5"  Duos  pour  deux  violons,  op.  11,  24,  25,  26, 
30  ;  Paris,  Hanry,  Gaveaux.  4°  Thèmes  variés 
pour  violon;  Paris,  Hanry,  Gaveaux.  5»  Trois 
nocturnes  pour  deux  violons,  alto  et  basse, 
op.  23;  Paris,  madame  Duhan.  6°  Trois  qua- 
tuors pour  deux  violons,  alto  et  violoncelle, 
op.  31,  ibid.  Plus  tard,  Kreubé  s'est  livré 
à  la  composition  d'ouvrages  dramatiques  pour 
l'Opéra-Comique.  Quelques-uns  de  ses  opéras 
ont  réussi;  mais  ils  ont  maintenant  tous  dis- 
paru (le  la  scène.  En  voici  la  liste  chronolo- 
gique :  1"  Ze  Forgeron  de  Bassora,  en  deux 
actes,  1813.  2°  Le  Portrait  de  famille,  en  un 
acte.  1814.  3"  La  Perruque  et  la  Redingote, 
en  trois  actes,  en  collaboration  avec  Kreutzer, 

1815.  Â"  La  jeune  Belle-mère,  en  deux  actes, 

1816.  5°  Une  nuit  d'intrigue,  en  un  acte, 
18I6.6"Z'^eri7iére,enunacte,  1817.  7».£'d- 
mondet  Caroline,  en  un  acte,  1819.  S"  La 
jeune  Tante,  en  un  acte, 1 820.9°  Le  Philosophe 
en  voyage,  en  trois  actes,  en  collaboration 
avec  Pradher,  1821.  10"  Le  Coq  de  village, 
en  un  acte,  1822.  11°  Le  Paradis  de  Ma- 
homet, en  trois  actes,  avec  Kreutzer,  1822. 
12»  Jenny  la  bouquetière,  en  deux  actes, 
avec  Pradher,  1823.  13»  L'Officier  et  le 
Paysan,  en  un  acte,  1824. 14"  Les  Enfants  de 
Maître  Pierre,  en  trois  actes,  1825.  15»  La 
Lettre  posthume,  en  un  acte,  1827.  16"  Le 
Mariage  à  l'anglaise,  en  un  acte,  1828. 
Les  partitions  du  Forgeron  de  Bassora , 
d'Edmond  et  Caroline,  du  Coq  de  village, 
des  Enfants  de  Maître  Pierre  et  de  VOfflcier 
et  le  Paysan  ont  été  gravées  à  Paris. 

KREUSER  ou  KREES8ER  (Geokces- 
Antoine),  né  en  1743  à  Heidingsfeld,  petite 
ville  de  la  Bavière ,  près  de  Wurzbourg , 
voyagea  en  Italie,  dans  sa  jeunesse,  pour  per- 
fectionner son  talent  sur  le  violon  et  dans  la 
composition;  puis  il  parcourut  la  France  et  la 
Hollande,  et  s'établit  dans  ce  dernier  pays 
pendant  plusieurs  années.  Il  fut  directeur 
d'orchestre  et  compositeur  à  Amsterdam,  en 
1770;  plus  tard,  il  eut  la  place  de  maître  de 
chapelle  de  l'électeur  de  Mayence.  Il  est  mort 
en  celte  ville  dans  les  premières  années  du 
dix-neuvième  siècle.  Les  principaux  ouvrages 
de  cet  artiste  sont  :  1"  La  Mort  de  Jésus, 
oratorio,  sur  le  texte  de  Ramier,  exécuté  à 


406 


KREUSER  —  KREUTZER 


Mayence,  en  1790;  gravé  en  partition  à 
Mayence,  chez  Schott.  2»  Trois  symphonies 
pour  l'orchestre,  liv.  1  ;  Offenbach,  André. 
3»  Trois  idem,  liv.  2,  ibid.  On  assure  que 
Kreuser  en  avait  composé  trente.  Il  est  vrai- 
semblable que  le  plus  grand  nombre  est  resté 
en  manuscrit,  ou  a  été  publié  en  Hollande. 
4"  Dix-huit  quatuors  pour  deux  violons,  alto 
et  violoncelle.  5"  Douze  trios  pour  deux  violons 
et  basse.  6"  Six  quatuors  faciles  pour  flûte, 
violon,  alto  et  basse,  liv.  1  et  2;  Bonn,  Sim- 
rock.  7"  Trois  sonates  pour  piano  et  violon, 
op.  1;  Mayence,  Schott.  8"  Trois  sonates  faciles 
pour  piano  seul,  op.  30;  Paris,  Carli.  9°  Chan- 
sons allemandes  avec  accompagnement  de 
piano;  Mayence,  Schott. 

Le  frère  aîné  de  Georges-Antoine,  Adam 
Kreuser,  était  beaucoup  plus  âgé  que  lui,  car 
il  naquit  à  Heidingsfeid,  le  22  juin  1727.  Il 
était  un  des  meilleurs  cornistes  de  son  temps 
et  jouait  bien  du  violon.  En  1752,  il  visita  la 
France,  puis  se  fixa  à  Amsterdam  où  il  mourut, 
le  19  avril  1791,  dans  la  position  de  chef  d'or- 
chestre. On  ne  connaît  pas  d'ouvrages  de  sa 
composition. 

KREUTZER  (Rodolphe),  violoniste  cé- 
lèbre et  compositeur,  né  à  Versailles  le  16  no- 
vembre 1766,  était  fils  d'un  musicien  de  la 
chapelle  du  roi,  qui  lui  enseigna  les  éléments 
de  la  musique.  Dès  l'âge  de  cinq  ans,  il  montra 
les  plus  heureuses  dispositions  pour  cet  art; 
particulièrement  pour  le  violon,  qui  lui  fut 
enseigné  par  Antoine  Slamitz,  violoniste  alle- 
mand d'une  certaine  réputation,  et  qui  a  fondé 
une  école.  Les  progrès  du  jeune  Kreutzer 
tinrent  du  prodige  :  il  avait  à  peine  atteint 
sa  douzième  année,  que  déjà  il  faisait  pres- 
sentir ce  jeu  brillant  et  plein  de  verve  par 
lequel  il  excita  depuis  lors  l'enthousiasme  du 
public  dans  tous  les  concerts  ou  il  se  fit  en- 
tendre. Personne  ne  lui  avait  enseigné  les 
principes  de  l'harmonie,  mais  son  heureuse 
organisation  suppléait  au  savoir  qui  lui  man- 
quait, et  avant  d'avoir  acquis  des  notions  sur 
l'art  d'écrire  la  musique,  il  composait  des 
concertos.  A  l'âge  de  treize  ans,  il  fit  entendre 
au  concert  spirituel  son  premier  ouvrage  en 
ce  genre  :  le  compositeur  et  le  virtuose  furent 
applaudis  avec  transport. 

Souvent  appelé  à  Trianon,  pour  les  petits 
concerts  de  la  reine,  il  y  chantait  avec  goût 
et  se  faisait  ensuite  admirer  comme  violoniste. 
A  l'âge  de  seize  ans,  il  perdit  en  deux  jours 
son  père,  sa  mère,  et  se  trouva  chargé  de  l'en- 
tretien de  quatre  enfants  dont  il  était  l'aîné. 
La  reine  Marie-Antoinette  vint  heureusement 


à  son  secours  et  lui  remit,  quelques  jours  après, 
le  brevet  de  la  place  de  premier  violon  de  la 
chapelle  royale,  que  son  père  avait  occupée. 
Plein  de  courage  et  de  confiance  dans  ses 
forces,  Kreutzer  travailla  avec  ardeur  pour 
développer  son  talent  par  les  occasions  fré- 
quentes qu'il  avait  eu  d'entendre  Mestrino  et 
Viotti.  A  peine  âgé  de  vingt  ans,  il  pouvait 
être  déjà  classé  parmi  les  violonistes  les  plus 
habiles. 

Ses  ouvrages  se  succédaient  avec  rapidité,  et 
son  talent  d'exécution  se  perfectionnait  de  plus 
en  plus.  Mais  ce  n'était  pas  seulement  à  la 
musique  instrumentale  qu'il  voulait  se  livrer 
exclusivement;  le  besoin  de  travailler  pour  la 
scène  ne  lui  laissait  point  de  repos.  N'ayant 
pu  se  procurer  un  poëme  pour  l'Opéra-Comi- 
que,  il  se  mit  à  refaire  la  musique  de  deux  an- 
ciennes pièces,  et  cette  musique  fut  répétée  à 
la  petite  salle  du  château  de  Versailles,  devant 
la  cour,  grâce  aux  bontés  de  la  reine,  qui  avait 
pris  le  jeune  artiste  sous  sa  protection.  Une 
occasion  se  présenta  bientôt  de  mettre  à  exé- 
cution son  projet  favori,  et  de  se  procurer  le 
poëme  d'opéra,  objet  de  ses  désirs.  En  1790, 
il  était  entré  au  Théâtre  Italien,  comme  pre- 
mier violon;  celle  place  lui  fit  faire  la  con- 
naissance de  Desforges,  qui  lui  confia  le  drame 
historique  de  Jeanne  d'Arc,  en  trois  actes, 
dont  la  musique  fut  écrite  en  quelques  jours 
par  Kreutzer.  Cette  pièce  fut  représentée  au 
Théâtre  Italien,  en  1790,  et  eut  assez  de  succès 
pour  donner  de  la  confiance  à  d'autres  poêles. 
Le  15  janvier  1791,  Kreutzer  donna  au  même 
théâtre  Paul  et  p'irginie,  composition  pleine 
de  chaleur,  d'élégance,  de  naïveté,  et  qui  se 
fait  remarquer  par  une  couleur  locale  ravis- 
sante d'efl"et.  Le  succès  fut  complet.  Au  mois 
d'août  de  la  même  année,  Lodoïska  fut  ac- 
cueillie avec  enthousiasme  par  les  habitués  de 
l'Qpéra-Comlque.  C'est  aussi  par  un  coloris 
analogue  au  sujet  que  cet  opéra  mérite  d'être 
placé  au  rang  des  bonnes  compositions  dra- 
matiques; toutefois,  il  faut  avouer  qu'il  est 
inférieur  à  Paul  et  Firginie,  bien  qu'il  soit 
resté  au  répertoire,  et  que  son  ouverture  soit 
-devenue  populaire. 

Jusque-là,  Kreutzer  n'avait  suivi  que  son 
heureux  instinct  dans  la  composition  de  ses 
ouvrages;  car  toute  notion  d'harmonie  lui 
était  éliangère.  Sa  manière  de  concevoir  toutes 
les  parties  de  sa  partition  consistait  à  marcher 
à  grands  pas  dans  sa  chambre,  chantant  ses 
mélodies  et  les  accompagnant  sur  son  violon. 
Ce  fut  de  la  même  manière  qu'il  écrivit,  en 
1792,  Charlotte  et  JF'arther,  en  un  acte,  pour 


KREUTZER 


107 


le  Thi^llrc  Italien;  Zj  Franc  Breton,  pour  le 
même  tliéâlre;  et  en  i/t)ô,  le  Déserteur  de  la 
montagne  de  Hnmm,  au  Théâtre  Italien;  le 
Congrès  des  RoiSj  auquel  il  travailla  en  col- 
laboration avec  Grétry,  Méhul,  Dalayrac,  Des- 
hayes,  Solié,  Devienne,  Berton,  Jadin,  Trial 
(ils,  Cherubini  et  Blasius;  le  Siège  de  Lille, 
en  un  acte,  au  théâtre  Feydeau  ;  la  Journée 
de  Marathon,  en  quatre  actes,  au  théâtre  Na- 
tional ;  On  respire,  petit  opéra  improvisé 
après  le  9  thermidor,  et  quelques  autres  ou- 
vrages de  peu  d'importance.  Ce  fut  long- 
temps après  que  Kreutzer,  devenu  membre 
du  Conservatoire,  crut  que  ses  fonctions  de 
professeur  lui  imposaient  l'obligation  d'être 
savant,  et  qu'il  se  mit  à  faire  des  études  tar- 
dives, dont  le  résultat  fut  d'arrêter  l'élan  de 
son  imagination. 

Après  la  mémorable  campagne  de  1790  et 
ie  traité  de  Campo-Formioqui  en  fut  la  suite, 
Kreutzer  partit  pour  l'Italie.  Il  y  donna  de 
brillants  concerts  à  Milan,  Florence  et  Ve- 
nise (1).  Il  se  rendit  ensuite  en  Allemagne  oii 
il  obtint  aussi  de  beaux  succès  comme  violo- 
niste et  comme  compositeur,  et  revint  à  Paris 
par  la  Hollande,  en  passant  par  Hambourg. 

Le  Conservatoire  de  musique  venait  d'être 
organisé,  Kreutzer  y  fut  appelé  comme  pro- 
fesseur de  violon  :  Il  s'y  fit  bientôt  distinguer 
par  les  excellents  élèves  qu'il  forma»  Sa  mé- 
thode d'enseignement  se  distinguait  surtout 
jiar  une  (lualité  précieuse,  à  savoir  l'enthou- 
siasme et  la  confiance  qu'il  savait  inspirer  à 
ses  élèves.  Dans  le  même  temps,  il  se  faisait 
entendre  avec  le  plus  grand  succès  dans  les 
concerts  de  l'Opéra  et  du  théâtre  Feydeau  ;  ce 
fut  pour  un  de  ces  concerts  qu'il  composa  la 
symphonie  concertante  en  /"a,  qui  fut  exécutée 
par  Rode  et  par  lui.  Après  le  départ  de  Rode 
pour  la  Russie,  Kreutzer  lui  succéda  comme 
violon  solo  de  l'Opéra  en  1801  ;  conserva  cette 
place  jusqu'en  1810,  où  il  fut  nommé  second 

(I)  I/aiilour  (le  la  noiico  Hc  Kreutzer,  qui  se  Irome 
dniis  le  supplément  de  lo  liiotjra'phie  universelle  de  Mi- 
cliaud,  dit  que  Bonaparte  chargea  cet  artiste  de  recueil- 
lir dans  les  bibliolliéques  les  œuvres  non  puliliés  des 
maitres  de  la  scène  italienne  :  cette  assertion  n'est  point 
exacte;  car  je  tiens  de  l'illustre  géomètre  Monge,  alors 
cliarjîé  d'une  mission  générale  relative  aux  sciences  et 
aux  arts,  que  ce  fut  lui  qui,  ayant  rencontré  Kreutzer 
à  Milan,  lui  confia  ce  soin,  et  qui,  l'ayant  retrouvé  plus 
tard  à  Venise,  lui  fit  la  remise  de  caisses  où  étaient  con- 
tenues les  copies  des  œuvres  des  pics  anciens  maitres 
de  l'église  de  Sainl-Mare.  Occupé  de  ses  concerts  et  de 
ses  relations  avec  les  artistes,  Kreutzer  ajourna  l'envoi 
qu'il  devait  faire  à  Caris  de  ces  caisses.  Dans  l'inter- 
valle, la  guerre  recommença  ;  l'armée  française  fut  obli- 
gée de  battre  en  retraite,  et  les  trésors  recueillis  par 
Mongc  furent  perdus. 


chef  d'orchestre,  et  devint  directeur  du  même 
orchestre  l'année  suivante.  Entré  en  1802  dans 
la  chapelle  du  premier  consul  Bonaparte, 
comme  un  des  premiers  violons,  il  fut  fait 
violon  solo  de  la  musique  particulière  de  l'em- 
pereur Napoléon  en  1806,  et  maitre  de  la 
chapelle  du  roi  en  1815,  en  survivance  de 
Plantade. 

Malgré  tant  de  travaux  et  d'emplois,  Kreutzer 
n'avait  point  renoncé  à  sa  passion  pour  le 
théâtre;  il  écrivit,  en  1801,  sa  partition 
iVAstianax  pour  l'Opéra,  et  commença  à 
montrer  dans  cet  ouvrage  sa  nouvelle  direction 
par  une  facture  plus  soignée  que  dans  ses 
[tremières  compositions.  Ce  penchant  se  dé- 
velopjia  dans  les  ouvrages  qu'il  écrivit  par  la 
suite;  mais  son  originalité  primitive  parut 
s'affaiblir.  Une  multitude  de  compositions  de 
tout  genre  furent  écrites  par  lui  dans  l'inter- 
valle de  vingt  années  qui  suivirent  la  repré- 
sentation de  son  opéra  à.''Astianûx.  Le  der- 
nier opéra  qu'il  fit  représenter  fut  Ipsiboé,  en 
182Ô,  à  l'Académie  royale  de  musique  :  on  y 
trouvait  encore  de  belles  choses. 

En  1824,  Kreutzer  fut  fait  chevalier  de  la 
Légion  d'honneur;  dans  la  même  année,  il 
quitta  la  direction  de  l'orchestre  de  l'Opéra  pour 
celle  de  toute  la  musique  de  ce  spectacle  ;  mais 
il  ne  garda  cette  dernière  position  que  peu  de 
temps  :  en  1826,  il  fut  admis  à  la  retraite. 
Alors  il  voulut  faire  un  dernier  adieu  au 
public  par  l'opéra  de  3Iatilde  qu'il  avait  écrit 
avec  soin  ;  mais  l'artiste  célèbre,  qui  avait  eu 
tant  de  succès  en  tous  genres,  sollicita  vaine- 
ment du  directeur  placé  à  la  tête  de  l'Opéra 
en  1827,  la  faveur  d'être  admis  à  faire  repré- 
senter son  ouvrage  :  il  fut  repoussé  bru- 
talement par  l'esprit  de  monopole  qui  s'était 
emparé  de  ce  directeur.  Kreutzer  fut  vi- 
vement blessé  du  refus  qu'il  éprouvait;  un 
profond  chagrin  s'empara  de  son  âme,  et 
plusieurs  atteintes  d'apoplexie  portèrent  le 
dérangement  dans  ses  facultés.  Pendant  plu- 
sieurs années,  il  fut  languissant;  enfin  on  crut 
que  l'air  de  la  Suisse  et  les  soins  d'un  mé- 
decin célèbre  de  Genève  pourraient  lui  rendre 
la  santé;  on  le  conduisit  dans  cette  ville; 
mais  les  ressorts  de  la  vie  étaient  usés;  il  y 
expira  le  6  Juin  1831.  On  lit  dans  la  I>io- 
graphie  des  hommes  remarquables  du  dé- 
partement de  Seine-et-Oise,  par  MM.  Daniel 
(p.  250),  qu'un  curé  de  cette  ville  refusa  la  sé- 
pulture à  cet  artiste  célèbre,  parce  (|u'il  avait 
travaillé  |)(»ur  ie  théâtre.  Depuis  plus  de  dix 
ans,  Kieiilzei"  avait  cessé  de  jouer  du  violon, 
jiar  suite  d'une  chute  oii  il  avait  eu  le  bras 


108 


KREUTZER 


cassé,  dans  un  voyage  quMl  fît  au  midi  de  la 
France. 

Comme  violoniste,  Kreutzer  avait  pris  une 
position  élevée  dans  l'école  française,  où  bril- 
laient alors  Rode  et  Baillot;  non  quMl  eût 
l'élégance,  le  charme  et  la  pureté  du  premier 
de  ces  artistes,  ni  l'admirable  variété  de  mé- 
canisme et  le  sentiment  profond  du  second; 
car,  dans  son  talent  d'instrumentiste,  comme 
dans  sa  musique,  Kreutzer  dut  tout  à  son 
instinct  et  rien  à  l'école.  Cet  instinct,  riche  et 
plein  de  verve,  donnait  à  son  exécution  une 
originalité  de  sentiment  et  de  manière  qui 
portait  toujours  l'émotion  dans  l'auditoire,  et 
que  personne  n'a  surpassée.  Il  avait  le  son 
puissant,  l'intonation  juste,  et  sa  manière  de 
phraser  avait  une  chaleur  entraînante.  Le  seul 
reproche  qu'on  lui  a  fait  avec  justesse  était  de 
manquer  de  variété  dans  l'accentuation  de  l'ar- 
chet, et  de  couler  presque  tous  les  traits,  au 
lieu  d'y  introduire  le  détaché. 

Voici  la  liste  des  principaux  ouvrages  de  ce 
musicien  distingué.  A  l'Opéra  :  1»  Za  Journée 
de  JUarathon, enquatreactes,  \7dZA°{bts)FIa- 
minius  à  Corinthe,  en  un  acte,  1800,  avec 
Nicolo  Isouard.  2»  Jstianax,  opéra  en  trois 
actes,  1801 .  3»  Aristippe,  en  deux  actes,  1808. 
A"  La  Mort  d'Jbel,  en  trois  actes,  1810. 
5»  Antoine  et  Cléopâtre,  ballet  en  trois  actes, 
1809.  5"  {hîs)  La  Fêle  de  Mars,  en  un  acte, 

1814.  6°  L'Oriflamme ,  en  deux  actes,  en 
collaboration  avec  Méhul,  Breton,  etc.,  1814. 
7°  La  Princesse  de  Babylone,  en  trois  actes, 

1815.  8°  Les  Dieux  rivaux,  en  deux  actes, 
avec  Spontini,  Persuis  et  Berton,  1816.  9°  Le 
Carnaval  de  Fenise,  ballet  en  deux  actes, 
avec  Persuis,  1816.  10»  La  Servante  justifiée, 
ballet  en  un  acte,  1818.  11»  Clari,  ballet  en 
trois  actes,  1820.  12»  /pstftoe,  opéra  en  trois 
actes,  1823.  13»  7>/an7(Ze,  opéra  en  trois  actes, 
inédit.  Au  théâtre  Favart:  14»  Jeanne  d'Arc 
à  Orléans,  en  trois  actes,  1790.  13»  Paul  et 
Firginie,  en  trois  actes,  1791.  16°  Lodotska, 
en  trois  actes,  1791.  17»  Charlotte  et  Wer- 
ther, en  un  acte,  1792.  18»  Le  Franc  Breton, 
1792.  19»  Le  Déserteur  de  la  Montagne  de 
Jfamm,  en  un  acte,  1793.  19»  {his)  On  res- 
pire, en  un  acte,  1794.  20»  Le  Brigand,  en 
un  acte,  1793.  21»  Imogène,  ou  la  Gageure 
indiscrète,  en  trois  actes,  1796. 22»  Ze  Congrès 
des  Bois,  en  collaboration  avec  plusieurs  mu- 
siciens, 1793.  Au  Théâtre  Feydeau  :  23»  Ze 
Siège  de  Lille,  en  un  acte,  1793.  24"  Le  Len- 
demain de  la  bataille  de  Fleurus,  en  un  acte, 
1795.  23°  Le  Petit  Page,  en  un  acte,  1793. 
23"  (bis)   Les  Surprises,  ou   l'Étourdi  en 


voyage,  en  deux  actes,  1806.  26°  Jadis  et 
aujourd'hui,  en  un  acte,  1808.  27»  Fran- 
çois J",  en  trois  actes,  1808. 28»  Le  Triomphe 
du  7nois   de  mars,   en  deux   actes,    1811, 
29»  L'Lfomme  sans  façon,  en  trois  actes, 
1812. 30»  Le  Camp  de  Sobieskî,  en  deux  actes, 
1813.  31»  Constance  et  Théodore,  en  deux 
actes,  1813.  32»  Les  Béarnais,  en  un  acte, 
avec  Boieldieu,  1814.  33»  La  Perruque  et  la 
Redingote,  en  trois  actes,  avec  Rreubé.  34»  Le 
Maître  et  le  Falet ,  en   trois  actes,    1816. 
33»  Le  Négociant  de   Lfambotirg ,  en  trois 
actes.  1821.  Il  a  aussi  arrangé  la  musique  du 
ballet  de  Paul  et  Virginie,  dont  son  opéra 
lui  a  fourni  les  principaux  matériaux.  Musique 
INSTRUMENTALE  :  1»  Deux  symphoules  concer- 
tantes pour  deux  violons,  l'une  en  fa,  l'autre 
en  mi;  Paris,  Pleyel  et  Frey.  2»  Symphonie 
concernante  pour  deux  violons  et  violoncelle, 
Paris,  Troupenas.  5»  Premier  concerto  pour 
violon  (en  sol);  Paris,  Sieber.  4»  Deuxième 
idem  (en  la),ibid.  5»Troisième  idem  {enmi)  ; 
Paris,  Leduc.  6»0uatrième  idem  (en  ut),ibid. 
7»  Cinquième  idem  (en  la);  Paris,  Troupenas. 
8»  Sixième  idem  (en  mi  mineur)  ;  Paris,  Janet 
et  Cotelle.  9°  Septième  idem  (en  la),  ibid. 
10»  Huitième  idem  (en  ré  mineur);   Paris, 
P.  Petit.  11»  Neuvième  idem  (en  mt  mineur); 
Paris,  Janet  et  Cotelle.  12»  Dixième  îdern  (en 
ré  mineur);  Paris,  Pleyel.  15»  Onzième  idem 
(en  ut),  ibid.  14»  Douzième  idem  (en  la);  Paris, 
Érard.  13»  N*  13,  lettre  A  (en  ré);  Paris ,  Frey, 
16»  N»  14,  lettre  B  (en  mi),  ibid.  17»  N°  15, 
lettrée  (en  la)  ibid.  18»  N°  16,  lettre  D  (enmi 
mineur),  ibid.  19»  N»  17,   lettre  E  (en  sol), 
ibid.  20»  N»  18,  lettre  F,  (en  mi  mineur),  ibid. 
21»    N»  19,  lettre  G   (en   ré  mineur),  ibid. 
22»  Air  provençal  varié  pour  violon  et  or- 
chestre, ibid.  23»  Romance  de  Joseph,  idem, 
ibid.  24»  Quinze  quatuors  pour  deux  violons, 
alto  et  basse,  op.  1,  2,  3;  Paris,  Janet,  Pleyel, 
Frey.  23»  Quinze  trios  pour  deux  violons  et 
violoncelle,  op.  5,  15,  16,  lettre  A  et  lettre  B  ; 
Paris,    Michel    Ozy,    Pleyel,    Frey.    26»  Sept 
(puvres  de  duos  pour  deux  violons  ;  Paris,  Le- 
duc, Pleyel,  Troupenas,  Frey.  27»  Cinq  œuvres 
de  sonates  pour  violon  et  basse  ;  Paris,  Leduc, 
Frey.  28»  Huit  œuvres  d'études  et  de  caprices 
pour  violon  seul,  ouvrages  devenus  classiques 
pour  IVtude  de  l'instrument;  Paris,  Leduc, 
Frey,   Troupenas.   29»  Plusieurs  airs   variés 
pour  deux  violons,  en  trios,  en  quatuors, Paris. 
Kreutzer  a   pris    part  à  la    rédaction  de  la 
Méthode  de  violon  publiée  parle  Conservatoire 
de  P;i!is. 

liîiKLTZEïl    (Jean -Nicolas- Auguste)-,, 


KREUTZER 


109 


frère  du  pr(5c<5dent,  naquit  à  Versailles  en 
1781  (1),  et  reçut  des  leçons  de  Rodolphe  poul- 
ie violon.  Lorsque  le  Conservatoire  de  Paris 
fut  organisé,  il  entra  dans  la  classe  du  même 
professeur,  et  obtint  le  second  prix  de  violon 
au  concours  de  l'an  VIII  (1800),  puis  le  pre- 
mier prix  l'année  suivante.  Sans  avoir  jamais 
eu  l'éclat  du  jeu  de  Rodolphe,  il  appartint 
cependant  à  son  école  par  une  certaine  élé- 
gance tonte  française,  très-différente  de  la 
manière  de  Baillot  et  de  celle  de  Rode.  En 
1798,  Kreutzer  entra  à  l'orchestre  de  l'Opéra- 
Comiquedu  théâtre  Favart.  En  1802,  il  passa 
de  cet  orchestre  à  celui  de  l'Opéra,  et  il  y 
resta  jusqu'au  commencement  de  1823,  époque 
où  il  se  retira  avec  la  pension^  après  vingt  ans 
de  service.  Pendant  plusieurs  années,  il  avait 
été  professeur  suiipléant  au  Conservatoire  : 
en  1825,  il  succéda  à  son  frère  dans  la  place 
de  |»rofesseur  de  première  classe.  Une  maladie 
de  poitrine  l'a  conduit  au  tombeau  dans  l'été 
de  1832.  Kreutzer,  qui  avait  été  attaché  à  la 
chapelle  de  Napoléon,  est  entré  dans  celle  du 
roi  en  1814,  et  a  conservé  sa  place  parmi  les 
premiers  violons  jusqu'à  la  dissolution  de  cette 
chaj)elle  en  1830.  Cet  artiste  a  publié  :  1»  1" 
et  2*  concerto  pour  violon,  Paris,  Boieldieu. 
2»  Duos  pour  deux  violons,  op.  2  et  5,  Paris, 
Janet,  Naderman.  5"  Trois  sonates  pour 
violon  et  basse,  op.  1,  Paris,  Janet.  4"  Plu- 
sieurs airs  variés  et  solos  pour  violon. 

KREUTZER  (Léon-Chahles-Frai^çois), 
(ils  du  précédent  et  neveu  de  Rodolphe,  est  né 
à  Paris,  le  23  septembre  1817.  Après  avoir 
apj)ris,  dans  ses  premières  années,  les  élé- 
ments du  solfège,  il  commença,  à  treize  ans, 
Pétude  du  piano  sous  la  direction  de  M.  Flè- 
che, ancien  élève  lauréat  du  Conservatoire. 
Deux  ans  après,  il  reçut  des  leçons  de  compo- 
sition de  M.  Benoisf,  professeur  au  Conserva- 
toire. A  vrai  dire,  la  plus  solide  instruction 
musicale  de  Léon  Kreutzer  fut  puisée  dans  ses 
lectures  de  partitions  et  de  livres  relatifs  à 
l'art,  dans  la  comparaison  des  productions 
d'époques  différentes  et  du  style  des  maîtres. 
Ces  études,  faites  dans  l'isolement,  ont  donné 
pour  résultats  à  l'artiste  des  théories  esthé- 
tiques et  des  vues  sur  l'art  toutes  personnelles, 
indépendantes  et  peut-être  un  peu  trop  exclu- 
sives. Épris  d'un  amour  passionné  pourl'arf 
pur,  il  n'a  point  transigé  avec  le  fait  des 

(I)  La  Biographie  universelle  des  contemporains  place 
)a  naissance  île  cet  artiste  en  1778,  et  M.  Gabct,  dans  son 
nictionnuire  ùes  artistes  de  l'érole  française,  la  fixe  en 
178S  La  date  (|iic  je  donne  est  consignée  dans  les  anciens 
registres  du  Conservatoire  de  Paris. 


succès  de  vogue  et  des  entraînements  de  la 
mode.  Poussant  même  à  l'excès  son  penchant 
pour  le  sérieux  et  sa  haine  du  frivole  en  mu- 
sique, il  n'a  pu  éviter,  comme  critique,  une 
certaine  roideur  d'opinions  qui,  parfois,  a 
faussé  ses  jugements.  Les  travaux  de  M.  Kreut- 
zer dans  la  critique  musicale  ont  paru  dans  les 
journaux  dont  voici  les  titres  :  1"  L'Union, 
depuis  1840  jusqu'au  moment  où  celte  notice 
est  écrite  (18C2);  M.  Kreutzer  y  fait  l'analyse 
des  opéras  représentés  sur  les  théâtres  de 
Paris.  2"  Revue  et  gazette  7nusicale  de  Paris  : 
sous  le  titre  de  l'Opéra  en  Europe,  le  critique 
y  a  donné  depuis  1841  un  travail  étendu  avec 
des  exemples  de  musique  pour  servir  d'éclair- 
cissement au  texte.  Il  y  a  publié  aussi  des 
analyses  du  Faust  de  Berlioz,  de  VElie  de 
Mendelsohn ,  et  une  suite  d'articles  sur  la 
Sociélédes  concerts  du  Conservatoire  de  Paris. 
3"  Rev'.ie contemporaine,  depuis  1834  :  divers 
articles  sur  les  théâtres  et  une  biographie  Irès- 
développée  de  Meyerbeer.  4°  DOpinion  pu- 
blique. 5»  Le  Théâtre.  Divers  travaux  dans 
ces  deux  journaux. 

Compositeur  d'un  talent  solide  et  dont  les 
tendances  ont  de  l'originalité,  M.  Kreutzer  au- 
rait pu  prétendre  à  des  succès  qui  eussent  eu 
plus  d'éclat,  si,  se  tenant  moins  à  l'écart  et 
plus  soigneux  de  sa  renommée,  il  se  fût  donné 
quelque  peine  pour  faire  connaître  son  œuvre, 
très-varié  d'ailleurs,  et  s'il  eilt  attaché  plus 
de  prix  à  l'opinion  publique,  sans  laquelle  on 
n'arrive  à  rien,  quoi  qu'on  fasse.  C'est  un  mau- 
vais refuge  que  celui  du  dédain  pour  celte 
opinion  :  on  n'y  porlejamais  qu'un  esprit  mé- 
content. Voici  la  liste  des  productions  de 
M.  Kreutzer,  publiées  et  inédites  :  I.  ntsiQUE 
DE  PIANO  :  1°  Sonate  dans  l'ancien  style,  Paris, 
Richault.  2"  Sonate  en  si  bémol,  ibid.  3"  So- 
nate en  fa  mineur,  ibid.  4"  Six  études,  ibid. 
5°  Dix  valses  et  deux  écossaises,  ibid.  6°  Deux 
quadrilles,  ibid.  7°  Prélude,  Paris,  Heugel. 
8»  Romance  sans  paroles,  Piris,  Bernard 
Latte.  9"  La  Gymnastique  du  piano,  Paris, 
Gérard.  10»  Minuelto,  Paris,  Richault.  II.  mu- 
sique DE  CHAMBKE  :  11»  Trio  pour  piano,  violon 
et  violoncelle,  ibid.  12°  Quatuors  pour  deux 
violons,  alto  et  violoncelle,  n"'  1,  2,  3,  4, 
ibid.  III.  MDSiQUE  DE  CHAMT  :  13°  Vingt-six 
mélodies  avec  accompagnement  de  piano 
U^  suite,  ibid.  14»  Vingt  mélodies  idem 
2"^  suite,  ibid.  13»  Les  Cloches  de  Sdid,  idem 
ibid.  IG»  L'Enfant  pauvre,  idem,  Paris 
Gérard.  17»  La  Fiancée  du  Marin,  idem 
ibid.  IV.  MusiguE  de  violon  :  18»  Romance  en 
sol  mineur,  Paris,  Richault.  V.  musique  D'on- 


110 


KRf'LUTZER 


CHESTRE.  19°  Introduction  à  la  Tempête  de 
Shakespeare,,Paris,  Parent.  VI.  pour  l'ensei- 
gnement :  20»  Petit  cours  d'harmonie ,  au 
point  de  vue  de  la  modulation.^ 

M.  Kreutzer  a  en  manuscrit  :  21"  Quatuors 
pour  deux,  violons,  alto  et  violoncelle,  n"'  5,  6, 
7,  8.  22»  Troisième  suite  de  mélodies.  Plu- 
sieurs mélodies  tirées  des  trois  suites  publiées 
et  inédile  ont  été  arrangées  avec  accompa- 
gnement d'orchestre  par  l'auteur.  Il  en  est  un 
certain  nombre  qui  ont  été  traduites  en  alle- 
mand par  M.  Richard  Lindau.  23"  Symphonie 
en  si  bémol  pour  orchestre.  24»  Idem  en  fa 
raineur.23''Fantaisie  burlesque,  tdem.26»/dem 
militaire.  27°  Concerto  symphonique  en  quatre 
parties  pour  piano  et  orchestre,  musique  dra- 
matique :  28»  Serafina,  opéra-comique  en  un 
acte.  29»  Les  Filles  d'azur,  opéra  féerie,  mn- 
sfQUB  religieuse  :  30»  Stabat  Mater,  à  deux 
choeurs,  avec  orgue  non  obligé.  31°  Petit  traité 
decontrepoint.il  y  a  beaucoup  de  distinction 
et  de  fantaisie  dans  les  ouvrages  de  M.  Kreut- 
zer dont  l'auteur  de  cette  notice  a  eu  connais- 
sance. 

KREUTZER  (Conradin).  Un  meunier 
dont  !e  moulin  était  situé  à  une  demi-lieue  de 
Mœsskirch,  aujourd'hui  sous  la  domination  du 
grand-duc  de  Bade,  avait  huit  enfants.  L'un 
d'eux,  Conradin  Kreutzer,  né  le  22  novembre 
1782,  jour  de  Sainte-Cécile,  montra  dès  son 
enfance  beaucoup  de  penchant  pour  la  mu- 
sique. A  rage  de  sept  ans,  ses  parents  l'en- 
voyèrent chez  Rieger,  directeur  du  chœur  et 
organiste,  qui  lui  enseigna  les  premiers  prin- 
cipes de  la  musique  appliqués  au  piano,  au 
violon  et  au  chant.  Ce  fut  précisément  le  jour 
de  Sainte-Cécile  qu'il  arriva  chez  son  maître. 
Ce  jour  est  devenu  remarquable  parles  événe- 
ments qui  signalèrent  ses  progrès  et  les  cir- 
constances principales  de  sa  vie. 

Rieger  était  un  homme  de  grande  sévérité 
pour  ses  élèves;  mais  tels  étaient  le  zèle  et 
l'aptitude  de  Conradin,  que  le  maître  se  laissa 
loucher  et  qu'il  montra  toujours  une  préfé- 
rence marciuée  pour  cet  élève.  Après  une 
année  d'éludé,  le  jeune  Kreutzer  se  trouva  en 
élat  de  chanter,  de  manière  à  satisfaire  le 
professeur  et  le  public,  un  grand  solo  à  l'ofTer- 
loire  de  la  messe  de  Sainte-Cécile,  Il  resta 
encore  une  année  sous  la  direction  de  son 
maître,  après  quoi  il  pass'a  en  qualité  d'enfant 
de  chœur  au  monastère  de  Zwyirallen.  Il  était 
alors  âgé  de  neuf  ans,  et,  par  une  circonstance 
assez  singulière,  ce  fut  encore  le  jour  de 
Sainte-Cécile  <ni'il  entra  dans  le  couvent. 

Le  monastère  de  Zwyffallen  est  situé  près  de 


Riedlingen,en  Ajlriche.  C'est  là  que  Conradin 
Kreutzer  continua  ses  éludes  et  qu'il  reçut 
(l'un  moine,  nommé  Ernest  Weinrauch,  di- 
recteur de  la  musique  du  couvent,  des  leçons 
qui  exercèrent  la  plus  heureuse  influence  sur 
sa  carrière.  Cet  Ernest  Weinrauch,  qui  était 
entré  à  Zwyffallen  comme  enfant  de  chœur  et 
qui  n'en  sortit  plus,  était  un  musicien  de 
génie,  mais  un  homme  si  ignorant  des  choses 
du  monde,  qu'il  n'avait  jamais  pu  comprendre 
l'usage  de  la  monnaie.  Conradin  Kreutzer 
assure  que  ses  composilions  étaient  Irès- 
remarquables.  Il  possédait  aussi  un  rare 
talent  comme  organiste;  talent  (|u'il  commu- 
niqua à  son  jeune  élève  Les  leçons  de  contre- 
point et  d'harmonie  données  par  un  maître 
tel  que  Weinrauch  à  un  élève  aussi  plein  de 
zèle  que  Kreutzer  ne  pouvaient  manquer  de 
produire  d'heureux  résultats.  Le  professeur  se 
voyait  avec  joie  revivre  dans  son  élève,  et 
celui-ci  n'avait  d'aulre  i)ensée,  d'autre  pas- 
sion que  la  musique.  Telle  était  l'ardeur  de 
Kreutzer  pour  le  travail,  qu'il  étudiait  souvent 
au  clair  de  la  lune,  et  (|u'on  était  obligé  <le  le 
surveillera  cause  de  la  faiblesse  de  sa  santé. 

Dans  le  monastère  de  Zwyfîallen,  comme 
dans  beaucoup  d'autres,  on  avait  l'hahitude 
d'exécuter  de  symphonies  pendant  la  messe  : 
Kreutzer  se  sentit  pressé  du  désir  d'en  com- 
poser une.  Mais  il  n'était  encore  qu'aux  pre- 
miers éléments  de  l'harmonie,  et  il  ignorait  la 
manière  de  «lisitoser  les  différentes  parties 
dans  une  partition.  Pour  exécuter  sou  projet, 
il  se  borna  donc  à  faire  un  brouillon  <le  la 
partie  principale,  après  quoi  il  arrangea  sépa- 
rément chacune  des  autres.  Son  professeur  le 
surprit  un  jour  au  travail,  lorsque  sa  table  cl 
le  plancher  de  sa  cellule  étaient  jonchés  des 
parties  de  tous  les  instruments.  Le  professeur, 
tout  ému  de  joie,  enseigna  à  son  élève  les  pro- 
cédés de  la  formation  de  la  partition. 

Après  trois  années  de  leçons  données  à  Con- 
radin, le  digne  Weinrauch  cessa  de  vivi-e.  Uu 
jeune  moine,  venu  d'un  autre  couvent,  lui 
succéda;  mais  il  ne  possédait  ni  l'afTabilité  de 
caractère,  ni  les  hautes  connaissances  de  sou 
prédécesseur.  Conradin  sentit  qu'il  avait  tout 
perdu,  et  il  se  décida  à  quitter  le  couvent  de 
Zwyffallen  pourse  rendre  à  celui  de  Schussen- 
ried,  ce  qu'il  fit  en  17'JG.  Les  moines  de  celui- 
ci  appartenaient  à  l'ordre  des  Prémonlrés,  et 
jouissaient  d'une  grande  liberté.  Kreutzer 
chanta  encore  pendant  un  an  comme  enfant 
de  chœur,  mais  au  bout  de  ce  temps,  sa  voix 
passa  du  soprano  au  ténor.  Il  se  borna  alors  à 
remplir  les  fondions  d'organiste,  et  le  reste  de 


KREUTZER 


iti 


son  temps  fut  employé  à  terminer  ses  études. 
On  le  jugea  bientôt  assez  habile  pour  devenir 
professeur,  et  l'éducation  musicale  de  qua- 
rante élèves  du  couvent  lui  fut  confiée. 

Les  parents  de  Kreutzer  voyaient  avec  in- 
quiétude sa  passion  pour  la  musique,  parce 
cjuMls  le  destinaient  au  barreau.  On  finit  même 
j)ar  lui  interdire  absolument  l'étude  de  cet 
art,  ce  qui  lui  causa  beaucoup  de  chagrin. 
Devenu  orphelin  en  1797,  il  reprit  le  cours  de 
SCS  travaux  favoris;  mais  un  oncle  pharma- 
cien, qui  était  son  tuteur  et  qui  voulait  lui 
faire  embrasser  sa  profession ,  l'obligea  à 
(|uilterSchus3enriéd,  et  à  se  rendre  à  l'univer- 
sité de  Fribourg  en  Brisgau,  pour  y  étudier  la 
médecine.  Il  arriva  dans  celle  ville,  en  1799, 
et  suivit  d'abord  le  cours  de  philosophie. 

Cependant  il  ne  cessait  d'importuner  son 
oncle  pour  reprendre  ses  éludes  lie  prédilec- 
tion; enfin  sa  persévérance  triom[)ha  des 
obstacles,  et  il  obtint  la  permission  d'aller  à 
Vienne  pour  y  reprendre  ses  travaux  de  mu- 
sique. La  durée  de  son  voyage  fut  plus  longue 
(|u'il  ne  l'avait  imaginé.  Les  connaissances 
«ju'il  avait  faites  dans  plusieurs  familles  no- 
tables de  la  Suisse  furent  cause  qu'il  resta 
jusqu'en  1804  dans  la  ville  de  Constance.  Au 
commencement  de  1 802,  il  avait  pris  part  à  la 
première  exécution  de  l'Oratorio  la  Création 
du  monde  :  il  y  jouait  le  premier  hautbois. 
L'orgue  et  la  clarinelleétaient  aussi  des  instru- 
ments sur  lesquels  il  possédait  un  talent  dis- 
tingué. Le  dernier  lui  procura  une  certaine 
célébrité  à  Vienne. 

Lorsqu'il  partit  pour  celte  ville,  il  ne  possé- 
dait que  quatre-vingt-dix  florins  et  n'avait 
pas  une  lettre  de  recommandation  :  sa  seule 
espérance  était  d'y  rencontrer  un  cousin,  avec 
qui  il  était  en  relation  d'amilié.  Gai,  dispos  et 
léger  comme  les  artistes  de  son  âge,  sans  ré- 
fléchir aux  suites  de  son  entreprise,  et  sans 
douter  du  succès  de  ses  projets,  il  se  mit  en 
voyage.  A  quelques  lieues  de  Vienne,  dans  un 
petit  endroit  nommé  Nusdorf,  il  lui  restait 
quelques  florins  ;  il  prit  une  voiture  et  se  fit 
conduire  chez  son  cousin.  Quelle  fut  sa  sur- 
prise! il  apprit  que  son  parent  avait  quitté  sa 
demeure  sans  indiquer  le  lieu  de  sa  nouvelle 
habitation.  Cruellement  désappointé,  il  erra  à 
l'aventure,  et  ne  fut  tiré  de  sa  rêverie  et  de 
son  abattement  qu'à  la  vue  des  affiches  de 
spectacle.  Celle  de  l'Opéra  lui  apprit  que  le 
même  soir  on  jouait  l'opéra  d'^xwr  de  Salieri. 
11  se  rendit  à  l'inslant  au  théâtre,  et  cessa  de 
songer  à  sa  mésaventure,  Axur  était  le  pre- 
mier opéra  que  Kreutzer  voyait  représenter  : 


il  produisit  sur  lui  une  impression  profonde, 
et  fixa  son  attention  de  telle  sorte,  qu'il  sem- 
blait que  toutes  ses  facultés  fussent  absorbées. 
Malheureusement  le  spectacle  devait  finir; 
l'enchantement  se  dissipa,  et  ce  fut  avec  un 
sentiment  profond  de  mélancolie  que  Kreutzer 
sortit  avec  les  autres  spectateurs.  Il  cherchait 
à  ressaisir  encore  ses  illusions,  lors(jue  au  mi- 
lieu de  la  foule  qui  s'écoulait,  il  reconnut  avec 
un  vif  plaisir  mêlé  de  surprise  ce  cousin  qui 
lui  avait  causé  tant  d'anxiété,  et  qui  lui  était 
si  nécessaire!  Celui-ci,  charmé  de  le  voir, 
l'emmena  chez  lui  et  l'installa  dans  son  loge- 
ment. Le  hasard  fit  bientôt  faire  à  Conradin 
Kreutzer  la  connaissance  du  célèbre  violoniste 
Schuppanzigh,  qui  le  recommanda  à  Albrechls- 
berger.  L'habile  professeur  prit  le  jeune  ar- 
tiste en  amitié,  et  se  chargea  de  rectifier  ses 
études  et  de  les  terminer.  Pendant  deux  ans, 
Kreutzer  reçut  les  leçons  de  ce  grand  harmo- 
niste. Schuppanzigh  reconnut  bientôt  le  talent 
distingué  de  son  protégé;  il  s'intéressa  vive- 
ment à  ce  jeune  homme,  et,  pour  l'aider  à  se 
faire  connaître,  il  lui  donna  le  conseil  de  com- 
poser un  concerto  de  piano.  Kreutzer  se  mit  à 
l'ouvrage,  et  le  concerto  fut  écrit  en  huit  jours, 
Conradin  l'exécuta  sans  répétition  dans  un 
concert  i)ublic,  et  fil  naître  l'admiration  par 
le  mérite  de  la  composition  et  par  celui  de 
l'exéculion.  Schuppanzigh  redoubla  alors 
d'efforts  .lour  faire  connaître  le  jeune  musi- 
cien, et  le  recommanda  particulièrement  au 
comte  Xavier  de  Fuchs  et  à  son  épouse,  née 
comtesse  de  Gallenberg,  une  des  plus  belles 
femmes  de  Vienne.  Bientôt  Kreutzer  fut  admis 
dans  les  meilleures  maisons  de  cette  ville;  il 
fit  beaucoup  de  connaissances,  entre  autres 
celle  de  Haydn.  Ce  grand  compositeur  s'in- 
téressa en  faveur  du  jeune  homme,  et  corrigea 
même  de  sa  main  trois  sonates  pour  piano  qu'il 
avait  composées. 

Après  plusieurs  années  de  séjour  à  Vienne, 
Kreutzer,  qui  avait  composé  des  messes,  des 
quatuors  et  quelques  pièces  de  moindre  im- 
portance, voulut  écrire  un  opéra.  Il  choisit 
celui  de  Conradin  de  Souabe.  L'ouvrage  étant 
achevé  devait  être  représenté,  mais  la  censure 
s'opposa  à  la  mise  en  scène.  Cette  circonstance 
fâcheuse  ne  rebuta  point  Kreutzer,  qui  se  mit 
immédiatement  à  écrire  un  autre  opéra  inti- 
tilué  Der  Raiicher  (le  Plongeur).  Cet  opéra 
était  destiné  par  le  prince  Esterhazy  à  être 
joué  sur  le  théâtre  de  Vienne  :  la  distribution 
en  était  faite  et  plusieurs  réi>étitions  avaient 
eu  lieu  ;  mais  l'armée  française  entra  à  Vienne 
et  fit  éprouver  à  cet  opéra  le  sort  de  Conradin 


H2 


KREUTZER 


de  Souahe.  Les  désastres  politiques  occupaient 
alors  tous  les  habitants  de  la  capitale  de  l'Au- 
triche, et  Conradin  Kreutzer  lui-même  ne 
pensait  plus  à  cet  opéra.  Lorsque  l'empereur 
rentra  à  Vienne,  on  songea  à  faire  reparaître 
la  pièce;  mais  un  homme  chargé  d'arranger 
la  musiciue  pour  divers  instruments  avait  égaré 
la  partition;  on  crut  l'ouvrage  perdu  ;  heureu- 
sement les  parties  de  chant  furent  trouvées 
chez  les  acteurs  ;  c'est  au  moyen  de  ces  parties 
que  l'auteur  put  refaire  ensuite  son  ouvrage, 
qui  fut  représenté  avec  beaucoup  de  succès  à 
Vienne,  en  1814,  et  depuis  lors  sur  quelques 
autres  théâtres  de  l'Allemagne.  Après  la  dis- 
parition de  la  partition  du  Plongeur  de 
Kreutzer,  il  composa  un  autre  opéra  pour  le 
théâtre  de  la  cour  que  dirigeait  W^eigl.  Celui- 
ci,  d'un  caractère  envieux  et  jaloux,  s'opposait 
presque  toujours  à  ce  que  les  jeunes  artistes 
se  fissent  connaître  du  public.  Les  tracasseries 
qu'il  suscita  à  Kreutzer  firent  perdre  à  celui- 
ci  l'espoir  de  faire  représenter  sa  nouvelle 
composition  intitulée  :  Jery  et  Balely.  Cepen- 
dant Weigl,  persuadé  que  la  pièce  n'aurait 
pas  de  succès,  finit  par  consentir  à  la  repré- 
sentation; mais  son  attente  fut  trompée,  et  le 
nombre  des  partisans  du  talent  de  Kreutzer 
augmenta  beaucoup  après  qu'on  eut  entendu 
cet  ouvrage. 

Par  suite  de  ses  relations  désagréables  avec 
Weigl,  Kreutzer  résolut  de  quitter  Vienne  : 
il  entreprit  un  voyage  avec  son  ami  Leppig, 
mécanicien  habile  qui  venait  d'inventer  l'in- 
strument appelé  panmelodicon.  Kreutzer 
jouait  cet  inslrtiment  avec  beaucoup  de  délica- 
tesse et  de  goût  ;  dans  toutes  les  villes  où  il  se 
fit  entendre,  il  recueillit  des  applaudissements. 
Arrivé  à  Slullgard,  il  donna  plusieurs  concerts 
et  se  fit  entendre  différentes  fois  à  la  cour. 
Frédéric,  roi  de  Wurtemberg,  voulut  que 
Conradin  de  Souahe  fût  représenté  sur  le 
théâtre  de  l'Opéra;  le  succès  du  compositeur 
fut  complet.  Ce  succès  l'encouragea  à  com- 
poser un  nouvel  ouvrage  dramatique  {Féo- 
dora,  de  Kotzebue).  La  représentation  de  cet 
opéra  fut  un  nouveau  triomphe  pour  lui.  Le 
roi  le  nomma  ensuite  directeur  du  Conserva- 
toire, en  remplacement  de  Danzi.  Il  accepta, 
et  se  mit  en  route  pour  retourner  à  Vienne, 
où  il  devait  attendre  sa  nomination  défini- 
tive; mais  à  peine  arrivé  à  Munich,  il  la 
rerut  par  estafette.  Il  retourna  alors  à  Sîult- 
gai'd  où  il  resta  jusqu'à  la  mort  du  roi,  en 
ISlfi. 

Les  promesses  du  prince  de  Furstemberg, 
et  plus  encore  les  diflércnds  qui  s'élevèrent 


après  la  mort  du  roi  entre  l'intendant  de  la 
ville  et  Kreutzer,  décidèrent  ce  dernier  à 
donner  sa  démission,  après  quoi  il  partit  pour 
la  Suisse,  où  il  resta  pendant  une  année.  Il 
résolut  de  nouveau  de  se  mettre  en  route  pour 
Nuremberg,  Gotha,  MeinUngen ,  Leipsick, 
Berlin,  Dresde,  Prague  et  Vienne.  A  Berlin, 
il  donna  un  concert  un  théâtre  royal  de 
l'Opéra.  A  Prague  ,  il  fui  déterminé  à 
composer  une  tragédie  lyrique  [Oreste)  dont 
les  vers  sont  de  Reinbeck.  Cette  pièce  fut  re- 
présentée et  applaudie.  Plus  tard,  lorsqu'il  fut 
arrivé  à  Vienne,  ses  amis  l'engagèrent  à  en- 
voyer ce  dernier  ouvrage  à  la  direction  de 
l'Opéra.  Il  s'en  défendit  d'abord,  parce  qu'il 
pressentait  son  sort;  enfin,  déterminé  par  ses 
amis,  il  l'envoya;  mais  ses  pressentiments  ne 
l'avaient  point  trompé  :  l'opéra  étantacheté  fut, 
sans  être  représenté,  déposé  dans  les  archives 
du  théâtre.  Pendant  son  séjour  à  Vienne,  Kreut- 
zer obtint  duducCharles-Égon  deFurstemberg 
la  place  de  directeur  de  sa  musique  à  Donaues- 
chingen.  Il  resta  trois  ans  dans  cette  position, 
insulTisanle  pour  le  développement  de  ses  ta- 
lents. Il  leur  chercha  un  théâtre  plus  élevé,  et 
le  trouva.  En  1821,  la  comtesse  Fuchs,  sœur 
du  comte  de Gallenberg,  lui  appiit  qu'à  Vienne 
le  théâtre  était  mieux  dirigé,  et  qu'il  pouvait 
espérer  d'y  trouver  un  emploi  convenable. 
A  cette  nouvelle,  Keutzer  demanda  sa  démis- 
sion ;  ce  ne  fut  que  sur  ses  instances  réitérées 
qu'elle  lui  fut  accordée.  En  novembre,  il  partit 
pour  Vienne  et  y  fit  monter  son  opéra  .inti- 
tulé :  Libussa,  dont  le  poëme  est  de  Bernard. 
La  représentation  eut  lieu  dans  Je  courant  de 
l'automne  de  1822,  et  réussit  complètement. 
Après  ce  succès,  Barbaja,  entrepreneur  du 
théâtre  impérial  {ffo/ftheater),  autorisé  par 
l'empereur,  lui  confia  la  direction  de  sa  mu- 
sique, avec  des  appointements  de2,000  florins. 
Après  l'expiration,  en  1827,  du  bail  de  Bar- 
baja, qui  ne  fut  point  renouvelé,  on  ne  trouva 
pas  de  remplaçant  à  cet  entrepreneur.  Alors 
Kreutzer  partit  pour  Paris,  où  il  composa  un 
opéra-comique  (l'Eau  de  Jouvence)  qui  n'eut 
point  de  succès.  L'année  suivante,  le  Théâtre- 
Royal  de  Vienne  fut  ouvert  de  nouveau  ;  Kreut- 
zer s'y  rendit  et  rentra  dans  son  poste.  Un 
an  après,  le  directeur  Cerf  arriva  à  Vienne, 
et  ayant  afipris  (|ue  Kreutzer  travaillait  à 
un  nouvel  opéra,  entra  en  relation  avec  lui 
dans  le  but  de  l'emmener  à  Berlin,  pour 
y  faire  étudier  et  représenter  cet  opéra  inti- 
tulé :  Mélusine^  dont  le  succès  lui  parais- 
sait assuré,  et  qui  pourtant  n'a  pas  réussi. 
Eu  18Ô3,  Kreutzer  fut  chargé  de  la  direction 


KREUTZER 


113 


de  rorclieslrc  du  théâ(re  Josephslsedt  :  il 
garda  celte  po-ilion  jusqu'en  1840  ;  mais  alors 
il  donna  sa  démission  pour  voyager  en  Alle- 
magne avec  sa  fille,  Cécile,  cantatrice,  sur  qui 
il  fondait  de  grandes  espérance»  qui  ne  se 
sont  pas  réalisées.  Dans  la  même  année,  il 
reçut  un  engagement,  comme  directeur  de 
musique  à  Cologne.  En  184G,  la  place  de  di- 
recteur de  la  musique  du  théâtre  royal  de 
Berlin  lui  fut  offerte,  après  la  mort  de  Ni- 
colaï;  mais  il  préféra  la  position  de  maître  de 
chapelle  à  Riga,  à  laquelle  il  fut  a[)pelé  dans 
le  même  temps.  Il  est  mort  dans  cette  ville,  le 
14  décembre  1849. 

Kreutzer  jouit  en  Allemagne  delà  réputa- 
tion d'un  compositeur  distingué  ;  toutefois  ses 
ouvrages  sont  plus  remarquables  par  des  qua- 
lités de  facture  et  d'expérience,  que  par  le 
don  de  l'invention.  Sa  partition  la  plus  origi- 
nale me  parait  être  son  monodrame  de  Cor- 
delia.  Il  a  d'ailleurs  été  rarement  heureux  à 
la  scène.  On  connaît  de  lui  les  opéras  sui- 
vants :  1°  L'Enrôlement  ridicule  {W\e\^che.T- 
liche  Werbung),  opéra-comique  en  deux  actes, 
composé  à  Fribourg  en  Brisgau,  en  1801. 
Dans  cette  pièce,  Kreutzer  chanta  lui-môme 
avec  succès  la  partie  de  premier  ténor.  2''  Con- 
radin  de  Souahe ,  drame  lyrique  en  trois 
actes,  composé  à  Vienne,  en  1805,  et  repré- 
senté à  Stuttgard  pour  la  première  fois,  en 
1812.  5°  Les  deux  Mots  ou  Une  Nuit  dans  la 
forêt,  composé  à  Vienne,  en  1803.  (Dalayrac  a 
composé  la  musique  d'un  opéra  sur  le  même 
sujet.)  A°Jery  et  Bately,  composé  à  Vienne,  en 
1803.  5»£sopeenf/iri/g'îe,  à  Vienne,  en  1808. 
6»  Der  Taucher  (le  Plongeur) ,  grand  opéra 
romantique,  en  deux  actes,  composé  à  Vienne 
en  1809.  7»  Panthea,  grand  opéra  en  trois 
actes,  composé  à  Vienne,  en  1810  (la  repré- 
sentation de  cette  pièce  a  été  défendue  par 
l'autorité).  8»  Féodora,  opéra-comique  en  un 
acte,  paroles  de  Kotzebue,  composé  et  repré- 
senté à  Stuttgard,  en  1811.  9°  Les  Insulaires, 
opéra  en  deux  actes,  composé  et  représenté  à 
Stuttgard,  en  1812.  10»  Mimon  et  Zayde, 
opéra  en  trois  actes,  composé  et  représenté  à 
Stuttgard,  en  1815.  11"  Oreste,  tragédie  lyri- 
que en  trois  actes,  composée  en  1815  et  repré- 
sentée pourla  première  fois  àPrague,en  1818. 
12»  La  Chaumière  des  Alpes  (Alpen  Hûtter), 
opéra  en  un  acte,  paroles  de  Kotzebue,  com- 
posé et  représenté  en  181G.  13»  Cordelia, 
drame  lyrique  en  un  acte,  paroles  de  P.  Wolff, 
composé  et  représenté  pour  la  première  fois, 
en  1819,  à  Donaueschingen,  et  en  1823,  à 
Vienne.  Celte  pièce  a  été  dédiée  à  M""  Milder. 

DIOCn.  l'NIV.  BES  MUSICIENS.  T.  V. 


M»  Lihussa,  grand  opéra  en  trois  actes,  com- 
posé et  représenté  à  Vienne,  en  1822.  15»  Le 
Plongeur  {Der  Taucher),  corrigé  et  repré- 
senté à  Vienne,  en  1823.  1G°  ^«.ijHna,  drame 
lyrique,  composé  et  représenté  à  Vienne,  en 
1824. 17»  La  Laitière  de  Iflontfcrmeil,  opéra 
en  cinq  actes,  composé  cl  représenté  à  Vienne 
en   1827.    18»  L'Eau  de  Jouvence,   opéra- 
comique  en  deux  actes,  rei)résenté  au  théâtre 
de  l'Odéon   à  Paris.   19»  Le  Portefaix   des 
bords  de   la   Tamise,   opéra  en   trois  actes, 
composé  et  représenté  pour  la  première  fois  à 
Prague  en  1828.   20»   La  jeune   Demoiselle 
[Die  Jungfrau),  opéra  en  trois  actes,  repré- 
senté pour  la  première  fois  à  Prague  en  1830. 
21»   Le  Duron  Luft,   opéra  comique  en   un 
acte,  représenté  pour  la  première  fois  à  Vienne 
en   1830.  22»  La   Montagnarde ,    opéra   en 
un  acte,  composé  en  1831.  Il  n'est  pas  encore 
représenté.  23»  Mélusine,  opéra  romantique 
en  irois  actes,  représenté  pour  la  première  fois 
sur  le  théâtre  de  Rœnigstadt,  le  27  février  1835, 
24»  Das  Nachtlayer  (la  Mauvaise  Nuit),    à 
Vienne  en  1834.  Dans  la  période  de  1828  à 
1840,    Kreutzer  a  encore  écrit  les  opéras  . 
La  Grotte  de  TVaverlcy,  Fridolin,  les  deux 
Figaro,  la  musifiue  pour  les  drames  intitulés 
Raymond  et  le  Dissipateur,  enfin,  les  opé- 
rettes Tom  Rick  et  le  Nouveau  marié  dans 
l'embarras.  Dans  les  neuf  dernières  années 
de  sa  vie,  l'activité  productrice  de  Kreutzer  ne 
.  s'arrêta  pas,    car  il   écrivit  les   deux  opéras 
l'Ecuyer,  et  la  Montagnarde  du  Caucase. 
On  trouva  dans  ses  papiers,  après  son  décès,  la 
partition  â' Aurélia,  opéra  en  deux  actes,  qui 
a  été  représenté  avec  succès.  De  tous  ses  opéras 
Libussa,  Cordelia,   la  Mauvaise  Nuit  de 
Grenade,  la  Montagnarde  et  le  Dissipateur, 
sonl  ceux  qui  ont  reçu  le  meilleur  accueil  dans 
lesvillesprincipalesdel'AUemagne.  Ils  ont  été 
joués  et  repris  plusieurs  fois  à  Berlin,  Vienne, 
Prague,  Hambourg,  Francfort,  Cassel  et  W^ei- 
mar.  Les  autres  n'ont  eu  que  de  courtes  exis- 
tences dans  une  seule  ville.  En  musique  reli- 
gieuse, Kreutzer  a  composé  un  oratorio  en  deux 
parties  intitulé  Moïse,  qui  a  été  exécuté  en 
1814  à  Slutlgard,  et  en  1819  à  Zurich  ;  la  can- 
tate   Friedensfeier    {la   Célébration    de   la 
paix),  exécutée  d'abord  à  Stuttgard  en  1815, 
ensuite  à  Winterlhur  (Suisse)  en  1817.   Il  a 
écrit  aussi  trois  grandes  messes  et  six  petites, 
ainsi  que  plusieurs  offertoires,  graduels  cl  un 
Te  Deum. 

Parmi  les  autres  compositions  de  Kreutzer, 
on  remarque:  1»  Grand  septuor  pour  violon, 
alto,  violoncelle,   clarinette,  cor   et  basson, 

8 


114 


KREUTZER  -  RRIEGER 


op.  G2.  2"  Quintette  pour  deux  violons,  deux 
altos  et  violoncelle,  Vienne,  Pennauer.  3°  Va- 
riations pour  clarinette  et  orchestre,  op.  35, 
Augsbourg,  Gombart.  4°  Polonaise  pour  piano 
et  guitare,  op.  10,  Vienne,  Weigl.  5»  1"  con- 
certo pour  piano  et  orchestre,  op.  42  (en  si 
bémol),  Leipsiçk,  Peters.  6"  2"  idem  (en  ut), 
op.  50,  Bonn,  Simrock.  7°  3«  idem  (en  mi 
bémol),  op.  65,  Leipsiçk,  Ilofmeister.  8»  Di- 
vertissement pour  piano,  flûte,  cor,  basson  et 
contrebasse,  op.  37,  Augsbourg,  Gombart. 
0"  Fantaisie  pour  piano  sur  une  valse  favorite 
de  la  reine  de  Prusse,  avec  quatuor,  op.  76, 
Leipsiçk,  Peters.  10"  Fantaisie  sur  un  thème 
suisse  pour  piano,  clarinette,  alto  et  violon- 
celle, op.  55,  Vienne,  Pennauer.  11°  Quatuor 
pour  piano,  violon,  alto  et  basse.  Vienne,  Ilas- 
linger.  12»  Grandes  sonates  pour  piano,  flûte 
€l  violoncelle,  op.  23,  Bonn,  Simrock.  13°  Trio 
pour  piano,  clarinette  et  basson,  op  43,  Leip- 
siçk, Peters.  14"  Fantaisie  mélancolique  pour 
piano  et  violoncelle,  op.  77,  ibid.  15"  Plusieurs 
oeuvres  de  sonates  faciles,  marches  et  rondeaux 
pour  piano  à  quatre  mains.  16»  Plusieurs  di- 
vertissements, fantaisies  et  pot-pourris  pour 
piano  seul.  17"  Plus  de  vingt-cinq  cahiers  de 
chants  à  plusieurs  voix  sans  accompagnement, 
particulièrement  pour  des  chœurs  d'hommes, 
ouà  voixseule,  avec  accompagnement  de  piano. 

KREYSIG  (Frédéric-Louis),  né  à  Eilen- 
bourg,  près  de  Leipsiçk,  le  8  juillet  1770,  fit 
ses  premières  études  à  Leipsiçk  et  alla  les  con- 
tinuer à  Pavie,  en  1792.  Il  fut  professeur  de 
médecine  à  l'Université  de  Wittenberg,  puis 
il  eut  le  titre  de  conseiller  et  de  médecin  du 
roi  de  Saxe.  Il  est  mort  à  Dresde,  le  4  juin 
1839.  On  a  de  lui  une  dissertation  intéressante 
intitulée  :^ris(ofeZi*  de  soniet  vocis  humant 
naturd  atqtte  ortu  theoria,  cum  recentiorum 
decretis  comparata,  Lipsise,  1793,  in-8"  de 
vingt-huit  pages. 

KltEZ  (Gaspard).  On  a  sous  ce  nom  une 
dissertation  historique  et  liturgique  intitulée  : 
DeUtaniis  ecclesix  romanx,  Tubinge,  1742, 
in-4"  de  vingt-cinq  pages. 

KRIEDEL  (Jeau-Christophe)  ,  organiste 
à  Rornberg,  en  Bohême,  au  commencement  du 
dix-huitième  siècle,  a  fait  imprimer  de  sa 
composition  :  Nexierœffneles  Blumen-Gxrt- 
lein  bestehend  in  sechs  Konzerte  a  voce  sola, 
con  2  violini  e  org.  (Petit  parterre  nouvelle- 
ment ouvert,  consistant  en  six  concerts  à  voix 
seule,  avec  deux  violons  et  orgue),  Baulzen, 
1706,  vingt  feuilles  in-4». 

KRIEGCK  (J.-J.),  violoncelliste  etmailre 
de  concert  du  duc  de  Saxe-MeinUngen,  naquit 


à  Bibra,  près  de  Mersebourg,  le  25  juin  1750. 
A  l'âge  de  six  ans  il  perdit  son  père,  et  peu  de 
temps  après  il  suivit  sa  mère  à  Meinungen,  où 
il  fréquenta  l'école  publique  et  apprit  les  élé- 
ments de  la  musique.  Admis  d'abord  comme 
enfant  de  chœur  dans  la  musique  de  la  cour, 
il  y  servit  ensuite  en  qualité  de  violoniste  jus- 
qu'à l'âge  de  dix-neuf  ans;  puis  il  entra  au 
service  du  landgrave  de  Ilesse-Philippsladt, 
qu'il  suivit  deux  fois  en  Hollande.  Ayant  ob- 
tenu un  congé,  il  se  rendit  à  Amsterdam  et  y 
entra  dans  l'orchestre  de  l'Opéra  hollandais, 
comme  [fremier  violon.  Après  une  année  de 
séjour  dans  celte  ville,  il  s'attacha  au  marquis 
de  Taillefer  qui  le  conduisit  à  Paris.  Là,  il  fit 
la  connaissance  de  Duport  et  prit  de  lui  des 
leçons  de  violoncelle.  Ses  progrès  sur  cet  in- 
strument lui  firent  abandonner  le  violon.  Un 
an  après,  il  entra  comme  violoncelliste  chez  le 
prince  de  Laval-Montmorency  ety  resta  quatre 
années,  perfectionnant  pendant  ce  temps  son 
talent  d'exécution,  et  augmentant  ses  con- 
naissances. De  retour  à  MeinUngen,  il  entra 
dans  la  musique  du  prince  :  il  y  vivait  encore 
vers  1810.  On  connaît  de  la  composition  de  cet 
artiste  :  1°  Quatre  sonates  pour  violoncelle  et 
basse,  op.  1,  Offenbach,  1795.  2"  Trois  con- 
certos pour  violoncelle  et  orchestre,  op.  2, 3,  4, 
ibid.,  1795  à  1798. 

HRIEGER  (Adam),  musicien  de  chambre 
de  l'électeur  de  Saxe,  et  poète,  né  en  1628, 
mourut  à  Dresde  en  1666.  On  a  de  sa  compo- 
sition :  1"  Air  à  deux  voix  de  dessus  avec 
ritournelles  pour  deux  violes,  Leipsiçk,  1656, 
une  feuille  in-fol.  Lorsque  ce  petit  ouvrage  fut 
publié,  Krieger  n'était  pas  encore  au  service 
de  l'électeur  de  Saxe.  2"  XVI  airs  pour  une, 
deux  ou  trois  voix,  avec  des  ritournelles  pour 
deux  violons,  deux  violes,  violçncelle  et  basse 
continue,  Dresde,  1667,  in-fol.  Ce  dernier 
ouvrage  ne  parut  qu'après  la  mort  de  l'au- 
teur. 

RRIEGER  (Jean-Philippe),  maître  de 
chapelle  du  duc  de  Weissembourg,  naquit  à 
Nuremberg,  le  26  février  1649.  Il  était  âgé  de 
huit  ans  lorsqu'il  reçut  de  Druckser  les  pre- 
mières leçons  de  clavecin,  et  dans  le  même 
temps  il  apprit  à  jouer  de  plusieurs  autres  in- 
struments, sous  la  direction  de  Gabriel  Schutz. 
A  l'âge  de  seize  ans,  il  se  rendit  à  Copen- 
hague chez  Jean  Schrœder,  organiste  de  la 
cour  et  de  l'église  allemande  de  Saint-Pierre. 
Le  jeune  Krieger  remplit  pendant  cinq  ans  les 
fonctions  d'adjoint  de  ce  maître;  pendant  ce 
temps,  il  recevait  des  leçons  de  composition  de 
Georges  Ftlrslcr,  maître  de  chapelle  du  roi  de 


KRIEGEU 


11: 


Danemark.  Le  roi  Frédéric  TIT,  ayant  eu  oc- 
casion de  l'enlendre,  fut  si  satisfait  de  son 
talent,  qu'il  lui  offrit  un  emploi  danr  sa  mu- 
sique ;  mais  les  parents  de  Krieger  s'opposèrent 
à  ce  qu'il  se  fixât  dans  le  nord,  et  il  fut  obligé 
de  retourner  dans  sa  ville  natale,  prenant  sa 
roule  par  la  Hollande  et  les  provinces  du  Rhin. 
Arrivé  à  Nuremberg,  il  s'y  fit  entendre  avec 
tant  de  succès,  que  la  première  place  vacante 
lui  fut  promise,  et  que  le  magistrat  de  la  ville 
lui  offrit  une  pension;  mais  il  préféra  la  place 
d'organisle  de  la  cour  de  Bayreulli  qui  lui  fut 
ofTerte  à  la  même  époque,  et  qu'il  échangea, 
après  la  mort  de  Coier,  contre  celle  de  ce 
maître  de  chapelle.  Quelque  temps  après  qu'il 
eut  pris  possession  de  celle-ci,  il  accompagna 
son  maître  à  Anspach  efà  Stutigard,  où  se 
trouvaient  quelques  artistes  distingués  avec 
lesquels  il  se  lia.  En  1672,  la  guerre  ayant 
éclaté  entre  l'empire  d'Allemagne  et  la  France, 
le  margrave  de  Bayreuth  se  rendit  à  l'armée, 
et  cette  circonstance  laissa  Rriegerdansl'inac- 
tion.  Il  conçut  alors  le  projet  d'un  voyage  en 
Italie,  et  demanda  sa  démission  :  elle  lui  fut 
refusée;  mais  on  lui  accorda  un  congé  avec  la 
jouissance  de  son  traitement.  Il  partit  aussi- 
tôt, se  dirigeant  par  Nuremberg,  Augsbourg 
et  le  Tyrol  pour  aller  à  Venise,  où  il  fit  la  con- 
naissance de  quelques  artistes  célèbres,  tels  que 
RosenmUlIer,  Cavalli,  Ziani  et  Legrenzi.  Ca- 
valli  et  RosenmUlIer  lui  donnèrent  des  leçons 
de  composition  pour  le  slyledramalique.  Après 
huit  mois  d'études,  Krieger  alla  à  Padoue,  puis 
à  Bologne  où  il  rencontra  Jean-Marie  Bonon- 
cini,  Charles  Donati,  et  d'autres  musiciens  re- 
nommés. Enfin,  il  visita  Ferare,  Florence  et 
Home,  s'inslruisant  toujours  par  la  conversa- 
tion ou  les  leçons  des  maîtres.  Dans  cette  der- 
nière ville,  il  trouva  encore  d'utiles  enseigne- 
ments près  de  Garissimi,  d'Abbalini,  et  du 
célèbre  organiste  Bernard  Pasquini.  Abbatini 
lui  fit  connaître  l'art  d'écrire  suivant  les  tra- 
ditions de  l'excellente  école  romaine,  et  Pas- 
quini lui  donna  des  leçons  de  clavecin.  Rome 
renfermait  alors  beaucoup  d'artistes,  de  théo- 
riciens et  d'écrivains  distingués,  parmi  lesquels 
on  remarquait  le  vieux  François  Foggia,  Gian- 
setti ,  Kircher  et  d'autres  ;  Krieger  se  lia 
d'amitié  avec  la  plupart  de  ces  hommes  célè- 
bres. Après  avoir  fait  un  voyage  de  peu  de 
durée  à  Naples,  il  retourna  à  Venise  pour  y 
attendre  la  fin  de  son  congé,  et  profita  de  son 
nouveau  séjour  en  cette  ville  pour  prendre 
quelques  leçons  d'orgue  de  Jean  Rovello,  or- 
ganiste de  Saint-Marc.  Rappelé  enfin  par  son 
maître,  il  retourna  à  Bayreuth  par  la  Caria- 


thie,  la  Slyrie  et  Vienne.  Admis  à  l'honnenr  «le 
jouer  du  clavecin  devant  l'empereur  Léopold, 
il  charma  ce  prince  et  sa  cour  par  la  beauté  de 
son  talent,  et  reçut  en  récompense  une  chaîne 
d'or  avec  le  i)orlraitde  l'empereur,  vingt  cinq 
ducats  et  des  lettres  de  noblesse.  De  retour 
à  Bayreuth,  il  fut  chagriné  dans  son  emploi  ; 
fatigué  des  tracasseries  qu'on  lui  suscitait,  il 
demanda  sa  retraite,  l'obtint,  et  partit  pour 
Cassel,  où  l'attendait  la  place  de  maître  de 
chapelle.  Il  ne  resta  pas  longtemps  dans  celle 
nouvelle  position;  celle  de  vice-maître  «le 
chapelle  lui  ayant  été  offerte  à  Halle,  il  l'ac- 
cepta et  l'occupa  conjointement  avec  celle 
d'organiste  de  la  cour.  Dans  un  voyage  qu'il 
fit  à  Dresde,  il  joua  devant  l'électeur  Jean- 
Georges  II.  Charmé  par  son  talent,  le  duc  de 
Weissenfels,  qui  l'entendit  dans  celte  circon- 
stance, lui  offrit  la  place  de  maître  de  sa  cha- 
pelle; Krieger  l'accepta  et  y  joignit  bientôt  la 
direction  des  chapelles  des  cours  d'Eisenbeig 
et  de  Brunswick.  Plus  tard,  l'électeur  de  Saxe 
Jean-Georges  III  voulut  l'avoir  à  son  service, 
mais  les  avantages  dont  l'arliste  jouissait  à  la 
cour  de  Weissenfels  lui  firent  refuser  les  pro- 
positions qui  lui  furent  faites  à  ce  sujet.  Après 
quarante  années  passées  au  service  du  prince 
et  de  son  successeur,  il  mourut  le  6  février  1723, 
à  l'âge  de  soixante-seize  ans. 

On  ne  connaît  pas  les  titres  des  opéras  qui 
furent  écrits  par  Krieger  pour  les  cours  de 
Weissenfels  et  de  Brunswick;  il  y  a  lieu  de 
croire  cependant  que  ceux  qui  ont  pour  titre  : 
flore,  Cécrops  et  Procris  ont  été  du  nombre, 
car  on  en  a  publié  des  airs  choisis,  sous  le  nom 
de  ce  musicien,  à  Nuremberg,  1690,  in-fol. 
obi.  Les  autres  ouvrages  dramatiques  de  sa 
composition,  représentés  à  Hambourg,  en 
1694,  sont  :  1°  Le  Combat  de  la  Fidélité. 
2»  Hercule,  première  partie.  3"  Hercule, 
deuxième  pai  lie.  On  connaît  aussi  sous  le  nom 
de  Krieger  :  4"  Douze  sonates  pour  deux  violons 
et  basse  continue,  op.  1,  Nuremberg,  1687. 
5"  Douze  sonates  pour  deux  violons  et  basse 
de  viole,  op.  2,  ibid.,  1693.  6"  Lustige  Feld- 
Musik  aufvier  blasende  oder  andere  Instru- 
mente gerichtet,  etc.  (Musique  gaie  des  champs 
pour  quatre  iustruments  à  vent  ou  autres, 
consistant  en  six  ouvertures  avec  les  suites), 
îiuremhei'^.7''I}IusikalischerSeelenfriede,etc. 
(Paix  musicale  de  l'âme,  consistant  en  vingt 
morceaux  à  voix  seule  avec  accom|)agnemenl 
d'un  ou  de  deux  violons  et  basse  continue,  sur 
des  textes  de  psaumes  latins  et  allemand-»), 
première  édition,  Nuremberg,  1697.  Deiixième 
édition,  corrigée,  Leipsick,  1717,  in-fol. 

8. 


116 


KRIEGER  -  KRIESSTEIN 


RRIEGEU  (Jean)  ,  frère  puîné  du  précé- 
dent, naquit  à  Nuremberg  le  l*"""  janvier  1652. 
Dès  ses  premières  années,  il  montra  les  plus 
heureuses  dispositions  pour  la  musique,  quoi- 
que la  profession  de  son  père  (il  était  tapissier) 
lui  fournît  peu  d'occasions  d'exciter  en  lui  le 
goiit  de  cet  art.  Admis  comme  enfant  de  chœur 
dans  l'église  de  Saint-Sébald,  il  apprit  les  élé- 
ments du  chant  sous  la  direction  de  Henri 
Schvvemmer;  puis  il  reçut  des  leçons  de  Gas- 
pard Wecker  pour  le  clavicorde  et  continua 
ses  études  jusqu'à  l'âge  de  seize  ans.  En  1668, 
il  se  rendit  près  de  son  frère,  qui  se  trouvait 
alors  à  Zeilz,  pour  apprendre  les  règles  de  la 
composition.  Jean-Philippe  ayant  été  nommé 
organiste  de  la  cour  de  Bayreulh  l'année  sui- 
vante, Jean  l'y  suivit,  et  lorsque  son  frère  eut 
t>l)tenu  le  litre  de  maître  de  chapelle,  il  lui 
succéda  comme  organiste.  Plus  tard,  des  dis- 
cussions s'étant  élevées  entre  les  artistes  ita- 
liens de  la  chapelle  et  les  Allemands,  ceux-ci 
donnèrent  leur  démission,  et  Krieger  suivit 
leur  exemple.  Il  retourna  alors  près  de  ses  pa- 
rents, et  dans  ses  moments  de  loisir  il  prépara 
des  ricercari  à  plusieurs  sujets  sur  des  thèmes 
de  chorals,  se  proposant  de  livrer  cet  ouvrage 
à  l'impression  ;  mais  son  manuscrit  lui  fut  en- 
levé, et  depuis  lors  il  ne  le  revit  plus.  Après 
avoir  demeuré  à  Halle  pendant  quelque  temps 
il  alla,  en  1078,  prendre  possession  à  Graelz 
de  la  place  de  maître  de  chapelle  du  comte  de 
Reuss,  et  l'occupa  i)endant  trois  ans;  mais 
après  la  mort  de  ce  seigneur,  il  dirigea  pen- 
dant un  an  la  musique  de  la  petite  cour  d'Ei- 
senberg;  puis  il  obtint  la  place  d'organiste  de 
l'église  Saint-Jean  à  Zittau,  et  en  remplit  les 
fonctions  pendant  cinquante-qualre  ans.  L'es- 
lime  qu'on  accordait  à  ses  talents  dans  cette 
ville,  lui  fit  aussi  confier  l'orgue  de  l'église 
Saint-Pierre  et  Saint-Paul  après  vingt  ans  de 
séjour.  Dans  ce  long  espace  de  temps,  il  écrivit 
un  grand  nombre  de  morceaux  pour  l'église, 
des  divertissements  et  des  chorals  :  on  n'a  pu- 
blié qu'une  très-petite  partie  de  ces  ouvrages. 
Gel  estimable  artisteétait  âgé  de  quatre-vingt- 
quatre  ans  lorsqu'il  rencontra  (le  17  juillet 
17315)  un  ami  qui,  remarquant  en  lui  les  signes 
d'une  extrême  faiblesse,  l'engagea  à  retourner 
chez  lui  ;  mais  il  ne  put  l'empêcher  d'aller  à 
l'église,  où  il  accompagna  un  cantique.  Quand 
il  eut  achevé  ce  morceau,  il  pria  son  ami 
d'achever  l'olTice  en  lui  disant  :  Je  sens  que  je 
n'entrerai  plus  ici.  Le  lendemain  il  fut  frappé 
d'un  coup  d'apoplexie  dont  il  mourut  immé- 
diatement. Krieger  a  publié  de  sa  composi- 
tion :  1"  Diverlissemcnl  musical  consistant  en 


airs  à  cinq,  six,  sept,  huit  et  neuf  voix,  Franc- 
fort et  Leipsick,  1684,  in-fol.  2»  Divertisse- 
ment musical  consistant  en  allemandes,  cou- 
rantes, sarabandes,  variations  et  gigues  avec 
des  bourrées,  menuets  et  gavottes  pour  les 
amateurs  et  à  jouer  sur  l'épinelte  ou  le  clavi- 
corde, Nuremberg,  Euter,  1697.  ô"  Exercices 
agréables  pour  clavecin,  consistant  en  ricer- 
cari^ préludes,  fugues,  chacones,  et  une  toc- 
cate  pour  l'orgue  avec  pédale,  ibid.,  1699, 
in-fol.  Matlheson  compte  Jean  Krieger  parmi 
les  meilleurs  contrepointisles  de  l'Allemagne, 
dans  son  Parfait  maître  de  chapelle  (p.  442). 
La  Bibliothèque  royale  de  Berlin  possède  de 
cet  artiste,  en  partitions  manuscrites,  des  mo- 
tets allemands  ,  à  quatre  voix,  avec  instru- 
ments ;  deux  Sanctus,  ibid.,  et  des  Magni- 
ficat. 

RIIIEGEÎI  (jEAN-GoTTuriF),  fils  de  Jean- 
Philippe,  naquit  à  Weissenfels,  le  lô  septem- 
bre 1687.  Après  avoir  terminé  ses  études  mu- 
sicales et  littéraires  au  gymnase  de  cette  ville, 
il  se  rendit  à  Halle  en  1706  pour  y  suivre  un 
cours  de  droit.  Pendant  les  quatre  années 
qu'il  passa  à  l'Université,  il  apprit  les  règles 
du  contrepoint  et  de  l'art  déjouer  de  l'orgue 
et  du  clavecin  chez  le  célèbre  organiste  Zachau. 
Il  ne  quitta  l'Université  de  Halle  que  pour 
fréquenter  pendant  six  mois  celle  de  Leipsick  ; 
j)uis  il  retourna  à  Weissenfels,  où  le  duc  ré- 
gnant le  nomma  avocat  du  Consistoire;  mais 
son  penchant  pour  la  musique  le  décida  à  faire 
un  cours  de  composition  sous  la  direction  de 
son  père,  nonobstant  les  occupations  de  sa 
place.  Enfin,  en  1712,  il  abandonna  celle-ci 
pour  devenir  organiste  de  la  cour,  el  en  1725, 
il  succéda  à  son  père  en  qualité  de  maître  de 
chapelle.  Il  occupait  encore  cette  position  en 
1740.  On  trouve  à  la  Bibliothèque  royale  de 
Berlin  un  motet  allemand  à  quatre  voix  avec 
instruments  {Ich  verlasse  mich  aiif  Gôttes 
(jute).  Ce  motet,  composé  à  Weissenfels,  au 
mois  d'avril  1725,  est  attribué  à  Jean-Philippe 
Krieger  dans  le  catalogue  :  c'est  une  erreur, 
car  cet  artiste  était  mort  depuis  deux  mois  à 
celte  époque,  à  l'âge  de  soixante-seize  ans. 

KRIESSTEirV  ou  KRIEGSSTEIIX 
(Melchior),  Irès-bon  imprimeur  de  musique 
à  Augsbourg,  dans  la  première  moitié  du  sei- 
zième siècle,  commença  à  publier  les  œuvres 
des  maîtres  célèbres  de  celle  époque  vers 
1528.  Les  produits  les  plus  importants  de  ses 
presses  sont  deux  collections  dont  Sigismond 
ou  Sigmond  Salblinger  a  été  l'éditeur.  La  pre- 
mière a  pour  titre  :  Selectissimx  nec  non  fa- 
miliarissimx  cantiones  ultra  ccnfum,  vario 


KRIESSTEIN   -  KROLLMANN 


in 


idiomate  vocum,  tam  multiplicium  quam 
etiam  paucarum ,  etc.  Aiigustae  Vindelicorum 
Melchior  Rriesstein  excudebat,  anno  1540, 
petit  in-S»  obi.  Ce  recueil  contient  cent  chan- 
sons à  deux,  trois,  quatre,  cinq  et  six  voix,  en 
différentes  langues.  Les  principaux  composi- 
teurs sont  Ghislain  Dankerts,  Jean  Mouton, 
L.  Senfl,  A.  Willaert,  Sixte  Dietricht,  Arka- 
delt,  Benedictus,  Noël  Baulduin,  Richafort, 
Josquin  Després,  Jean  Géro  (ou  Maistre  Jean), 
Verbonnet,  Antoine  Feuin ,  Verdelot,  Jean 
Lebrun,  Lupi,  N.  Benoist,  Jules  Regiensis, 
JoriusVender,  Huldrich,Brœttel,  JeanFrosch, 
Jœrg  BlankenmUller,  Henri  Isaac,  Grégoire 
Pœschin,  Consilium,  André  de  Sylva,  Janne- 
quin,  Antoine  Gardane,  Pelletier,  Jean  Ileugel, 
Pierre  de  la  Rue,  et  Tileman  {sic)  Susato.  La 
seconde  collection  a  pour  titre  :  Cantiones 
septem,  sex  et  quinque  vocum  longe  gravis- 
simx,  juxla  ac  amœnissimx,  in  Germania 
maxime hactenus  typis nonexcus^,  Augustae 
Vindelicorum^  Melchior  Kriesstein  excudebat, 
anno  1545,  petit  in-4"  obi. 

KRIFFT  (William  DE),  amateur  de  mu- 
sique, né  en  Angleterre  vers  1765,  reçut  des 
leçons  de  Clementi,  et  se  fit  remarquer  vers 

1790  comme  pianiste  et  comme  compositeur. 
En  1789,  il  publia  son  premier  œuvre  qui  con- 
siste en  trois  solos  pour  le  piano.  Peu  de  temps 
après,  il  voyagea  en  Allemagne,  et  se  fit  en- 
tendre avec  un  brillant  succès  le  17  février 

1791  dans  un  concert  donné  à  Coblence,  en 
présence  de  la  cour.  Il  y  exécuta  un  concerto 
de  piano  de  sa  composition  avec  orchestre, 
et  le  concert  commença  par  une  symphonie 
dont  il  était  l'auteur.  On  connaît  aussi  de  lui 
un  Stabat  Mater  avec  orchestre.  Parmi  ses 
autres  ouvrages,  on  remarque  :  1"  Siège  de 
Québec,  sonate  pour  piano,  violon,  violoncelle 
et  timbale  ad  libitum,  Londres,  Bland,  1792, 
in-fol.  2"  Trois  sonates  pour  piano,  violon  et 
violoncelle,  op.  9,  ibid. 

KRIMMEÏISHOFF  (Jean-Guillaume), 
facteur  d'orgues,  né  à  Dusseldorf,  dans  la  se- 
conde moitié  du  dix-huitième  siècle,  a  été 
breveté  du  duc  d'Oldenbourg  en  1801.  Le 
principal  ouvrage  sorti  de  ses  mains  est  l'orgue 
de  l'église  Saint-Lambert,  à  Oldenbourg,  com- 
posé de  quarante-sept  jeux,  quatre  claviers  et 
pédale.  Les  différents  claviers  de  cet  orgue 
peuvent  être  combinés  de  plusieurii  manières, 
soit  deux  à  deux,  ou  trois  à  trois. 

RROENER,  voyez  Croener. 

KROGULSKI  (Michel),  musicien  polo- 
nais, mort  à  Varsovie  en  1842,  fui  attaché  au 
chœur  de  l'église  des  Fiaristes,  et  a  écrit  de  la 


musique  pour  le  culte  catholique,  particuliè- 
rement des  messes  en  langue  polonaise  qui 
ont  été  chantées  à  l'église  dans  laquelle  il  di- 
rigeait le  chœur.  On  a  aussi  de  lui  des  motets, 
deux  psaumes  pour  plusieurs  voix,  une  prière 
à  quatre  voix,  qui  a  été  publiée  à  Varsovie, 
un  Benedictus,  un  Offertoire,  un  Graduel  et 
un  Ave  Maria. 

KROGULSKI  (Joseph),  fils  du  précédent, 
né  à  Varsovie  en  1815,  fut  élève  d'Eisner 
pour  la  composition,  et  fut  maître  de  chapelle 
de  l'église  des  Piaristes.  Ses  premières  produc- 
tions annonçaient  un  homme  de  talent  ;  mais 
il  mourut  en  1842,  à  l'âge  de  vingt-sept  ans, 
regretté  des  artistes  et  de  ses  compatriotes. 
Pendant  sa  courte,  mais  laborieuse  carrière, 
il  avait  écrit  dix  messes  à  quatre  voix  et  or- 
chestre, toutes  sur  le  texte  polonais,  et  un 
grand  nombre  de  morceaux  de  musique  reli- 
gieuse, tels  que  motets,  psaumes  et  prières.  Sa 
première  messe,  la  seule  qui  soit  à  deux  voix 
et  orgue  seulement,  a  été  publiée  dans  un  re- 
cueil de  musique  d'église  intitulé  :  Zbior 
spiewowkoscielnyck.  Krogulski  cultivait  aussi 
la  musique  instrumentale  :  des  variations  de 
sa  composition  pour  le  piano,  intitulées  :  la 
bella  Cracoviana,  et  un  quatuor  pour  piano, 
violon,  alto  et  violoncelle,  op.  2,  ont  été  pu- 
bliés à  Leipsick,  chez  Hofraeister.  Il  a  fait 
paraître  aussi  à  Varsovie,  chez  Sennewahl, 
une  cantilène  pour  voix  seule  avec  piano. 
Après  la  mort  de  cet  artiste,  on  a  trouvé  dans 
ses  papiers  une  sonate  pour  le  piano,  dédiée  à 
Rurpinski,  et  un  second  quatuor  poui*  piano, 
violon,  alto  et  violoncelle,  œuvre  8. 

KROHIV  (Gaspard-Daniel),  organiste  des 
églises  Sainte-Catherine,  Saint-Pierre  et  Saint- 
Jean  à  Hambourg,  vivait  en  cette  ville  vers  la 
fin  du  dix-huitième  siècle.  Il  a  publié  de  sa 
composition  :  1"  Six  sonates  pour  le  clavecin, 
dédiées  aux  mânes  de  Ch.-Ph.-Em.  Bach, 
Hambourg.  2"  Six  petites  sonates  idem,  ibid., 
1787,  in-4"  obi.  3"  Divertissement  avec  douze 
variations,  sur  un  thème  allemand,  ibid. 

KROLLMAIVIX  (Antoine),  né  le  3  juin 
1798  à  Seulingen,  village  situé  près  de  Gœt- 
tingue,  eut  pour  premier  maître  de  musique 
son  père,  musicien  du  bailliage.  Celui-ci, 
ayant  été  placé  ensuite  à  Celle,  en  qualité  de 
choriste,  fil  faire  à  son  fils  des  études  pour  ap- 
prendre à  jouer  de  la  flûte,  et  le  confia  aux 
soins  d'un  maître  nommé  Hœntlke,  pour  ap- 
prendre l'harmonie.  Ayant  acquis  un  certain 
degré  d'habileté  sur  son  instrument,  le  jeune 
Krollmann  a  fait  des  voyages  à  Celle,  Ila- 
iiovre,    Oldenbourg,   et  dans   les  provinces. 


118 


KROLLMANN  —  KROMMER 


rhénanes.  Il  jouail  aussi  du  piano  et  a  publié 
pour  cel  instrument  beaucoup  de  morceaux 
d'une  force  moyenne  qui  ont  obtenu  un  suc- 
cès populaire.  En  1829,  cet  artiste  devint  chef 
de  musique  du  régiment  de  la  garde  du  roi  de 
Hanovre  :  il  occupait  encore  cette  position  en 
1838.  Parmi  ses  compositions,  on  remarque  : 
1»  Introduction  et  rondeau  pour  flûte  et  or- 
chestre, op.  G,  Hanovre,  Bachmann.  2»  Trois 
grands  trios  pour  trois  Jlùtes,  op.  13,  ibid. 
Z"  Trois  thèmes  variés  pour  flûte  seule,  ibid. 
4"  Divertissement  pour  piauo  et  flûte,  op.  10, 
ibid.  5»  Idem.  op.  19,  ibid.  G"  Sonates  faciles 
pour  piano  à  quatre  mains,  op.  24,  25,  30, 
Leipsick,  Ilofmeister,  Peters.  7"  Pièces  faciles 
idem,  op.  26,  Leipsick,  Breitkopf  etllœrtel. 
8»  Rondeau  brillant  et  facile  pour  piano  seul, 
op.  27,  ibid. 

KROMMER  (François),  compositeur,  na- 
quit en  1759  à  Kamenitz,  en  Moravie.  Son 
oncle  (Antoine  Krommer),  directeur  du  chœur 
à  Turas,  lui  donna  les  premières  leçons  de 
musique,  de  clavecin  et  de  contrepoint;  mais 
ce  fut  surtout  à  ses  propres  efl^orts  qu'il  dut 
son  instruction  musicale  la  plus  solide.  A  peine 
eut-il  atteint  sa  dix-septième  année  qu'il  fut 
employé  comme  organiste,  et  pendant  huit 
ans,  il  en  remplit  les  fonctions  sous  la  direc- 
tion de  son  oncle.  Déjà  à  cette  époque,  il  écri- 
vait beaucoup  pour  l'église,  cherchant  à  former 
son  style  d'après  les  meilleurs  modèles  :  dans 
le  même  temps,  il  s'occupait  de  l'élude  du 
violon.  Le  comte  Ayfum  lui  ayant  offert  un 
engagement  comme  premier  violon  de  sa  mu- 
sique, il  se  rendit  à  Simonthurn,  en  Hongrie, 
pour  l'occuper.  Deux  ans  après,  il  fut  nommé 
directeur  de  la  chapelle  de  ce  seigneur  :  il 
acheva  de  compléter  son  instruction  et  de 
perfectionner  son  goût  pendant  les  quatre  an- 
nées qu'il  occupa  ce  poste,  par  la  lecture  des 
partitions  des  plus  grands  maîtres.  Ses  pre- 
mières compositions  pour  des  corps  de  musi- 
que d'harmonie  datent  de  celte  époque.  Vers 
la  fin  de  1790,  la  direction  du  choeur  de 
l'église  principale  de  Funfkirchen  lui  fut  con- 
fiée. Pendant  qu'il  la  remplissait,  il  écrivit  des 
messes  et  d'autres  morceaux  de  musique 
d'église,  ainsi  que  des  symphonies  et  des  qua- 
tuors qui  furent  accueillis  avec  faveur  par  les 
artistes  et  les  amateurs.  Trois  ans  après,  le 
comte  Raroli  le  choisit  pour  chef  de  musique 
de  son  régiment;  mais  il  ne  garda  pas  long- 
temps celte  position.  Après  la  mort  du  comte, 
Krommer  se  rendit  à  Vienne,  où  le  prince 
Krasalkowilz  le  mit  à  la  tête  de  sa  musique. 
Le  décès  de  son  nouveau  iia'.ron  le  laissa  sans 


emploi  au  bout  de  quelques  années  ;  mais  après 
cet  événement,  il  ne  chercha  plus  à  se  pla- 
cer, et  il  vécut  dans  l'aisance,  en  donnant  des 
leçons  et  en  composant.  Plus  tard,  son  revenu 
fut  augmenté  par  sa  nomination  à  la  place 
d'huissier  des  appartements  impériaux;  espèce 
<le  sinécure  qui  ne  l'emiiécha  pas  de  se  livrer 
à  ses  travaux  de  composition,  et  qui  lui  pro- 
cura de  puissantes  protections.  Lorsque  la 
l)lace  de  directeur  de  musique  de  la  chambre 
impériale  devint  vacante  en  1814,  par  la  mort 
de  Kozeluch,  Krommer  l'obtint,  et  en  celle 
qualité,  il  accompagna  l'empereur  son  maître 
dans  ses  voyages  en  France  et  en  Italie. 
A  Paris,  les  professeurs  du  conservatoire  l'ac- 
cueillirent avec  distinclion  et  lui  firent  obtenir 
le  titre  de  membre  honoraire  de  celte  école. 
De  relourà  Vienne,  Krommer  reprit  ses  paisi- 
bles travaux  et  montra  jusqu'à  ses  derniers 
jours  une  infatigable  activité.  Parvenu  à  l'âge 
de  soixante-onze  ans,  il  composait  encore 
et  écrivait  une  pastorale  qu'il  n'eut  pas  le 
temps  de  finir.  Il  mourut  à  Vienne  le  8  janvier 
1831,  après  une  courte  maladie. 

Homme  simple  et  bon,  d'une  humeur  gaie 
et  d'une  bienveillance  sans  bornes,  Krommer 
s'est  peint  dans  sa  musique,  qui  se  fait  remar- 
quer par  un  style  facile  et  clair,  d'excellentes 
dispositions  d'harmonie,  et  des  mélodies  élé- 
gantes et  naturelles.   Ses  pièces   d'harmonie 
pour  divers  instruments  à  vent  lui  ont  fait 
particulièrement  une  honorable   réputation. 
On  connaît  aussi  de  lui  des  quatuors  et  des 
quintettes  d'une  bonne  facture.  Le  seul  genre 
dans  letiuel  il  ne  s'est  pas  essayé  est  celui  du 
style  dramatique.   Il  a  beaucoup  écrit  pour 
l'église,  mais  on  n'a  publié  qu'une  seule  messe 
de  sa  composition,  à  quatre  voix,  orchestre  et 
orgue  (en  uf),  oeuvre  108,  Offenbach,  André. 
Se»  autres  ouvrages  sont  classés  de  la  manière 
suivante  :  1»  Symphonies  à  grand  orchestre, 
]'",  œuvre   12  (en  fa);   Offenbach,    André; 
2%  op.  40  (en  ré),  ibid.;  3«  op.  G2,  (en  re), 
ibid.;   4"  op.    102    (en    ut  mineur),   ibid.; 
5»  op.  105  (en  mi  bémol),  ibid.  2»  Harmonie 
à  neuf  ou  dix  parties,  op.  57,  G7,  73,  7G,  77, 
78,  79,  83;  Vienne,  Hasiinger.  ô"  Marches  et 
pas  redoublés,  op.  31,  GO,  97,  98,  99,  100, 
ibid.  i"  Concertos  pour  violon,  \"  (en  la); 
Vienne,  Artaria;  2",  op.  44  (en  ré);  Vienne, 
llasllnger;  3<",  op.  61  (en  ré  mineur);  Olfen- 
bnch ,    André;  A"   op.    64    (en  re),   ibid.; 
5"  op.  81  (en  mi  mineur)  ;  Vienne,  Hasiinger, 
5"  Quintettes  pour  deux  violons,  deux  altos 
et  violoncelle,  01).  S,  11,  25,  70,  88,  106,  107, 
au   nombre  de  dix-huit j  Olfcnbach,  André j 


KROMMER  —  KRUFFT 


*iî) 


Paris,  Sieber.  6»  Quatuors  pour  deux  violons, 
allô  et  basse,  op.  1,3,  4,  5,  6,  7,  10,  IC,  19, 
23,  24,  26,  34,  40,  53,  54,  56,  72,  85,  90,  92, 
103,  au  nombre  de  soixante-neuf;  Vienne, 
chez  Arlaria,  Haslinger  et  Cappi  ;  Offenbach, 
André;  Paris,  Sieber  et  Pleyel.  7°  Grand  trio 
pour  violon,  alto  et  basse,  op.  96,  Vienne, 
Haslinger.  8"  Duos  pour  deux  violons, 
op.  22,  33,  35,  51,  94,  ibid.  9»  Concertos  pour 
flûte,  op.  30  (en  sol);  Offenbach,  André; 
op.  86  (en  mi  mineur);  Vienne,  Haslinger. 
10»  Quintettes  pour  flûte,  op.  49,  55,  63,  66, 
101,  104,  109;  Vienne.  Haslinger.  11»  Qua- 
tuors pour  fixité,  op.  13,  17,  75,  89,  93,  97, 
ibid.  ;  Offenbach,  André.  12»  Concertos  pour 
clarinette,  op,  56,  52;  Offenbach,  André. 
15»  Quatuors  pour  clarinette,  op.  21,  82, 
ibid.  14»  Symphonies  concertantes  pour 
divers  instruments;  concertino  pour  flûte, 
hautbois,  deux  altos,  deux  cors,  violoncelle  et 
contrebasse,  op.  18;  ibid.;  Concertante  pour 
deux  clarinettes,  op.  55,  ibid.;  idem  pour 
flûte,  hautbois,  violon  obligé,  deux  altos,  deux 
cors,  violoncelle  et  contrebasse,  op.  38  et  39, 
ibid.;  idem  pour  flûte,  clarinette  et  violon 
obligé,  op.  70;  Vienne,  Haslinger;  idem, 
op.  80,  ibid. 

RIIOUIMER  (AccrsTE),  fils  du  précédent, 
né  à  Vienne  en  1807,  était  pianiste,  violoniste 
habile  et  compositeur.  Admis  à  la  chapelle 
impériale,  il  y  fit  exécuter  plusieurs  morceaux 
de  musique  religieuse.  En  1841,  une  ouver- 
ture de  sa  composition  fut  exécutée  à  Prague 
avec  beaucoup  de  succès,  et  l'on  entendit, 
l'hiver  suivant,  dans  la  même  ville,  une  autre 
ouverture  de  concert  du  même  artiste,  où  l'on 
remarqua  de  l'originalité  dans  la  pensée  et 
dans  la  forme.  Rrommer  est  mort  à  la  fleur 
de  l'âge,  le  27  mars  1842,  à  Dornbach,  près 
devienne. 

KROPACZ  (GEonr.ps),  musicien  de  la 
Bohême,  vivait  vers  le  milieu  du  seizième 
siècle.  On  connaît  sous  son  nom  un  recueil  de 
messes  intitulé  :  Missarum  quinque  vocum 
juxta  decachordi  modos,  dorii  scilicet,  hypo- 
dorii  et  lidii  accuratè  compositus,  recensque 
in  lucem  edilus,  Venetiis,  1578,  in-4». 

KUOPFFGANS  (Jeaw),  virtuose  sur  le 
luth,  naquit  à  Neusladt,  en  Autriche,  le 
12  septembre  1663.  A  l'âge  de  neuf  ans,  son 
père  commença  à  lui  enseigner  le  luth.  Trois 
ans  après  on  le  mil  en  apprentissage  chez  un 
négociant  de  Leipsick,  mais  ensuite  il  reprit 
son  instrument  et  prit  des  leçons  chez  Scha- 
chart,  et  chez  Meley,  nouvellement  revenu  de 
Paais,  En  1720,  un  accident  le  blessa  à  la  main 


et  il  cessa  de  jouer  du  luth  ;  mais  il  s'occupti 
dès  lors  de  la  théoriedela  musiijue.  En  1732,  ili 
vivait  encore  à  Breslau,  où  il  était  négociant. 
KROPFFGAIMS  (Jean),  fils  du  précédent, 
naquit  à  Breslau,  le  14  octobre  1708.  Son  père 
lui  donna  les  premières  leçons  de  luth;  plus 
tard  il  devint  élève  du  célèbre  luthiste  Weiss. 
Devenu  musicien  de  la  chambre  du  comte  de 
BrUhl,  après  la  mort  de  ce  seigneur,  il  vécut  à 
Leipsick.  Il  s'y  faisait  encore  entendre  dans 
les  concerts  en  1769,  quoiqu'il  fût  alors  âgé 
de  soixante  et  un  ans.  Kropffgans  fut  un  des. 
luthistes  les  plus  distingués  du  dix-huitième 
siècle,  et  surtout  un  compositeur  remarquable 
pour  son  instrument.  On  n'a  imprimé  de  ses 
ouvrages  que  trois  solos  pour  le  luth,  à  Nu- 
remberg, mais  il  a  laissé  en  manuscrit  trente- 
six  autres  solos  pour  le  même  instrument;  six 
duos,   trente-deux  trios  pour  luth,  violon  et 
violoncelle  ;  un  quatuor  pour  luth,  flûte,  violon 
et  violoncelle,  et  un  concerto  pour  luth,  deux 
violons,  alto  el  basse.  J'ai  acquis  plusieurs  de 
ces  ouvrages  manuscrits  à  la  vente  du  cabinet 
d'assortiment  delà  maison  de  BreitkopfetHaer- 
tel,  au  mois  de  juin  1836. 

KRUFFT  (Nicolas,  baron  DE),  conseiller 
ordinaire  de  la  chancellerie  impériale  de 
Vienne,  naquit  en  cette  ville,  le  1"  février 
1779.  Dès  l'âge  le  plus  tendre,  il  reçut  de  sa 
mère  les  premières  leçons  de  piano,  et  ses  i)ro- 
grès  tinrent  du  prodige.  Sa  mémoire  était  si 
heureuse,  qu'il  pouvait  exécuter  sur  le  piano 
de  longs  passages  de  symphonies  de  Haydn, 
qu'il  n'avait  entendus  qu'une  fois.  Plus  tard, 
Albrechlsberger  lui  fit  faire  un  cours  complet 
d'harmonie  et  de  composition.  Son  goût  pour 
la  musique  était  si  vif,  que  pour  ne  |n)inl  man- 
quer aux  devoirs  de  ses  emplois,  il  jouait  du 
piano  et  composait  pendant  une  partie  des. 
nuits.  En  vain,  sa  famille  lui  représentait-elle 
que  sa  faible  constitution  ne  pourrait  résister 
à  ce  travail  forcé;  son  ardeur  de  travail  ne  se 
ralentit  que  lorsque  ses  forces  furent  épuisées 
et  que  sa  santé  eut  été  perdue:  Une  fièvre  ner- 
veuse, résultat  d'un  travail  immodéré,  le  con- 
duisit au  tombeau,  le  16  avril  1818,  à  l'âge  de 
trente-neuf  ans.  Cet  amateur  distingué  a  pu- 
blié beaucoup  de  compositions  qui  attestent 
ses  connaissances  dans  l'art  et  sa  facilité  de 
production.  On  y  remarque  :  1°  Trois  quatuors, 
pour  deux  violons,  alto  et  basse;  Vienne,  Me- 
chetti.  2»  Grande  sonate  pour  piano  et  basson 
ou  violoncelle,  op.  54;  Leipsick,  Breilkopf  et 
Hœrtel.  3»  Idem  avec  violon  obligé,  ibid. 
4»  Idem  avec  cor  ou  violoncelle,  ibid.  5°  Grande 
sonate  pour  piano  à  quatre  mains;  Vienmi,^ 


120 


KRUI FT  -  KRUG 


Mechelli.  6»  Grande  sonate  pour  piano  seul 
(en  u<);  Berlin,  Schlesiuger.  7°  Vingt-qualre 
préludes  et  fugues  pour  le  piano;  Vienne,  Me- 
chetli;  PariSjPleyel.S"  Douze  grands  caprices 
en  quatre  cahiers;  Vienne,  Mechelli. 9" Thème 
allemand  varié  pour  piano  et  violon;  Vienne, 
Haslinger.  10"  Beaucoup  d'autres  variations 
pour  piano  seul.  11"  Environ  cinquante  chants 
allemands  à  quatre  voix.  12"  Plus  de  quatre- 
vingts  chansons  à  voix  seule.  13"  Quatre 
hymnes  pour  l'église. 

KRUG  (...),  fadeur  d'orgues  à  Halle,  est 
connu  par  la  restauration  de  l'orgue  de  la 
cathédrale  de  Mersehourg  ,  qu'il  a  faite  en 
1781 ,  et  par  la  construction  de  celui  de  l'église 
Saint-Maurice,  à  Halle,  qu'il  a  terminé  en 
178Ô.  Ce  dernier  instrument  est  à  trois  cla- 
viers, et  contient  quarante-trois  jeux. 

KRUG  (Guillaume-Thaugott),  savant  dis- 
tingué, professeur  de  philosophie  à  l'Univer- 
sité de  Leipsick,  naquit  à  Radis,  près  de  Wit- 
tenberg,  le  22  juin  1770.  Après  avoir  fait  ses 
premières  études  au  Collège  de  Pforte,  il  fré- 
quenta les  Universités  de  Wittenberg,  de  Jéna 
et  de  Gœltingue,  et  cultiva  particulièrement  la 
philologie  et  les  mathématiques.  En  1794,  il 
obtint  le  titre  d'adjoint  à  la  faculté  de  philoso- 
phie de  Wittenberg,  et  pendant  sept  ans,  il  en- 
seigna en  cette  qualité,  sans  aucun  traitement, 
et  n'ayant  pour  vivre  que  ses  travaux  parlicu- 
liers.  Un  écrit  qu'il  avait  publié  lorsqu'il 
n'était  encore  qu'étudiant  à  Gœtlingue,  sous  le 
litre  de  :  Lettres  sur  laperfectibililé  de  la  re- 
ligion révélée,  lui  atlira  de  violentes  attaques, 
dans  une  multitude  de  pamphlets;  l'autorité  in- 
tervint dans  celte  affaire;  Krug  fut  obligé  de 
s'avouer  l'auteur  de  l'écrit,  et  il  lui  fut  défendu 
d'enseigner  la  théologie.  D'abord  partisan  de 
la  philosophie  critique  de  Kant,  dont  il  modi- 
fia ensuite  la  théorie  par  ses  idées  particulières, 
il  s'était  déjà  fait  connaître  avantageusement 
par  plusieurs  ouvrages,  lorsqu'il  fut  appelé 
en  1801  à  remplir  la  chaire  de  philosophie  à 
Francfort-sur  l'Oder.  Après  la  mort  de  Kant, 
ce  fut  lui  qu'on  choisit  pour  son  successeur  à 
l'Université  de  Kœnigsberg,  où  il  se  rendit 
vers  la  fin  de  1803.  Le  désir  de  revoir  son  pays 
natal,  et  d'autres  motifs  qui  ne  sont  point  con- 
nus, lui  ayant  fait  quitter  sa  chaire  en  1809,  il 
accepta  la  place  de  professeur  ordinaire  de 
philosophie  à  l'Université  de  Leipsick,  et  la 
conserva  jusqu'à  sa  mort. 

Les  livres  philosophiques  de  Krug  sont 
nombreux  et  intéressants  pour  la  science;  il 
ne  doit  être  ici  question  «lue  de  ceux  qui  ont  du 
rapport  avec  la  musique.  Le  plus  ia)i>orlant 


est  son  Esthétique,  ou  Théorie  du  goût,  qui 
forme  la  troisième  partie  de  son  Système  de 
philosophie  Théorétique  (System  der  Iheore- 
tischen  Philosophie),  dont  la  troisième  édi- 
tion a  été  publiée  à  Kœnigsberg,  1823-1830, 
trois  volumes  in-8".  Il  y  traite  du  beau  esthé- 
tique dans  la  musique  (t.  III,  p.  331  etsuiv.). 
Adversaire  déclaré  de  la  philosophie  de  Schel- 
ling,  Krug  avait  nié,  dans  son  Nouvel  Orga- 
non  de  la  philosophie,  l'unité  identique  du 
réel  et  de  l'idéal,  du  subjectif  et  de  l'objectif; 
à  cette  identité  essentielle,  il  avait  voulu  sub- 
stituer une  unité  synthétique,  passagèrement 
établie  au  sein  de  la  conscience,  en  raison  de 
notre  activité  intellectuelle.  Ce  sont  ces  prin- 
ci[)es  qui  l'ont  guidé  dans  son  Esthétique, 
comme  dans  toutes  les  autres  parties  de  la 
philosophie.  Il  y  établit  :  que  le  beau  de  Part 
des  sons,  considéré  dans  le  sens  le  plus  géné- 
ral, se  produit  sous  deux  aspects  :  le  premier, 
matériel,  consistant  dans  les  rapportsdes  sons, 
dans  l'intonation,  dans  l'intensité,  dans  le 
timbre  et  dans  la  durée;  enfin,  dans  la  suc- 
cession, d'où  la  mélodie,  et  dans  la  simulta- 
néité, d'où  l'harmonie;  le  second,  intellectuel 
et  sentimental,  résultant  de  la  forme.  Suivant 
lui,  le  premier  genre  de  beauté  constitue 
Vagréuble;  c'est  celui  qui  flatte  le  sens  de 
l'ouïe;  le  second  est  le  beau  en  soi,  le  beau 
esthétique,  le  beau  absolu.  Sa  conclusion  est 
que  la  plupart  des  hommes  sont  plus  disposés 
à  recevoir  les  impressions  de  l'agréable  et  de 
la  beauté  matérielle  qu'à  concevoir  le  beau 
esthétique  pur.  Pour  eux,  le  grand  est  dans  la 
puissance  du  son  et  dans  la  cadence  du 
rhylhme;  c'est  pour  cela,  dit-il,  que  la  musi- 
que militaire  plaît  tant  au  peuple,  tandis  que 
la  beauté  formate  de  compositions  d'un  ordre 
plus  élevé  lui  échappe. 

Le  point  de  départ  de  Krug  était  excellent. 
Il  avait  généralisé  la  pensée  de  Pythagore  à 
l'égard  des  rapports  des  sons,  et  avait  aperçu 
les  limites  de  la  philosophie  naturelle  du  beau 
matériel  et  du  beau  esthétique  pur  ;  mais  il  n'a 
rien  fait  pour  le  développement  d'une  doctrine 
d'après  ces  données,  et  cette  question  si  dilfi- 
cile  de  la  beauté  formale,  il  l'a  seulement  in- 
diquée. Il  n'a  d'ailleurs  rien  ajouté  dans  son 
traité  du  beau,  sur  ce  qui  concerne  l'action  de 
lu  sensibilité  dans  les  perceptions  de  l'art,  aux 
principes  qu'il  avait  posés  dans  son  livre  inti- 
tulé :  Principes  pour  une  nouvelle  théorie  du 
sentiment  et  de  la  sensibilité  (Grundsœlze  zu 
einer  neuen  Théorie  d.  Geftlhle  und  des  soge- 
nannten  Geftihlsvermœgen),  Gœtlingue,  1803, 
,  Kœnigsberg,  1824.  Krug  a  traité  de  beaucoup 


KRUG  -  KRÙGER 


121 


d'objets  relatifs  à  la  musique  dans  son  Dic- 
tionnaire général  des  sciences  philosophi- 
ques (Allgemeine  Ilandwœrterbuch  d.  phllo- 
soph.  Wissenschal'len  )  ,  dont  la  première 
édition  a  paru  à  Leipsick,  en  1827-1829,  et  la 
deuxième  avec  un  supplément,  en  1832-1838. 

Krug  a  publié  dans  la  troisième  année  de  la 
Gasette  musicale  de  Leipsick  (p.  57  et  suiv.) 
un  article  intitulé  :  Remarques  sur  le  langage 
et  le  chant. 

KIIUG  (FnÉDÉnic^,  chanteur  en  voix  de 
baryton,  est  né  à  Cassel  en  1810,  ou,  suivant 
d'autres  renseignements,  à  Magdebourg.  Les 
théâtres  de  Leipsick,  de  Magdebourg,  de  Cas- 
sel  et  de  Carlsruhe,  sont  ceux  où  il  s'est  fait 
entendre  avec  succès.  Il  est  aussi  compositeur 
et  a  fait  jouer  quelques  opéras  intitulés  :  La 
Marquise,  en  un  acte,  à  Cassel,  en  1843; 
Meisler  Martin  der  Kiiffner  und  seine  Ge- 
sellen  (Maître  Martin  le  ventru  et  ses  compa- 
gnons), en  1843,  à  Carlsruhe;  Der  Nacht- 
VDXchter  (le  Veilleur  de  nuit),  représenté  à 
Manlieim,  en  184G,  et  à  Wiesbaden  dans 
l'année  suivante.  Krug  a  i)ris  la  direction  du 
théâtre  de  Carlsruhe  en  1849.  On  a  publié  de 
sa  composition  environ  vingt  œuvres  de  Lieder 
et  de  chants  à  voix  seule  et  piano,  ou  de  duos 
pour  soprano  et  ténor,  depuis  1836  jusqu'en 
1843,  à  Manheim,  Carlsruhe  et  Mayence. 

RRUG  (Gustave),  né  à  Naumbourg,  en 
Prusse,  en  1821,  a  vécu  quelque  temps  à  Ber- 
lin, et  s'est  fixé  à  Hambourg,  en  1844.  Les 
biographes  allemands  gardent  le  silence  sur 
cet  artiste,  compositeur  sérieux  etde  mérite,  et 
les  renseignements  manquent  sur  les  maîtres 
qui  ont  dirigé  ses  études.  Les  ouvrages  publiés 
par  M.  Ilrugetdonlj'ai  connaissance  sontccux- 
ci  :  1°  Trois  quatuors  pour  deux  violons,  alto  et 
violoncelle,  op.  1;  Berlin,  Traulvvein.  2°  Trois 
idem,  op.  8,  ibid.  3"  Grand  duo  pour  piano  et 
violon,  op.  3;  Hambourg,  Schuberth.  4"  Adagio 
et  rondo  pour  piano  et  alto,  op.  4,  ibid.  5°  Trio 
(en  sol  mineur)  pour  piano,  violon  et  violon- 
celle, op.  5,  ibid.  6°  Introduction  et  fugue 
(en  mi  mineur)  pour  piano,  violon,  alto  et 
violoncelle,  op.  6,  ibid.  7°  Six  Lieder  pour 
piano  et  violoncelle,  op.  7;  Berlin,  Trautwein. 
8"  Peintures  musicales  et  caractéristiques 
consistant  en  trois  grandes  sonates  à  quatre 
mains  pour  i)iano,  chacune  composée  de  quatre 
morceaux  très-développés,  op.  10;  Hambouig, 
Schuberth.  9"  Deuxième  quatuor  (introduction 
et  fugue  en  ut  mineur)  pour  piano,  violon, 
alto  et  violoncelle,  op.  11,  ibid. 

RRUG  (1).),  pianiste  et  compositeur,  éta- 
bli à  Alloua  vers  1843,  n'est  mentionné  par 


aucun  biographe  allemand.  On  a  de  lui  : 
1°  Caprice  en  forme  de  tarentelle  pour  piano, 
op.  2;  Hambourg,  Schuberth,  2"Mazurke  pûUr 
piano,  op.  3,  ibid.  3"  Fantaisie  sur  des  chants 
de  Pjschek,  op.  15,  ibid.  4"  Le  Carnaval  de 
New-York,  variations  burlesques  sur  l'air 
américain  :  Yankee  doddle,  op.  16,  ibid. 
5"  Quatre  Lieder  à  deux  voix  avec  piano, 
op.  18.  6»  Deux  rondeaux  pour  le  piano  sur 
des  thèmes  d'Jlessandro  Strudella,  op.  20; 
Hambourg,  Bœhme.  7»  Grandes  fantaisies 
romantiques  sur  des  thèmes  à.'' Alessandro 
Slradella,  op.  21,  ibid.  8"  La  Rose,  romance 
transcrite  et  variée  pour  piano;  Hambourg, 
Schuberth.  9°  Chants  du  Schleswig-Holstein 
pour  quatre  voix  d'hommes;  Altona,  Wiebe. 

KUtiGEU  (le  docteur  Edouard),  recteur 
du  collégeà  Emdenetrédacleurde  \aGazetlede 
/^anoure,  est  né  à  Lunebourg, et  a  fait  ses  études 
à  l'université  de  Gœttingue.  Dès  sa  plus  tendre 
jeunesse,  il  a  cultivé  la  musique  avec  succès. 
Son  premier  ouvrage  fut  une  thèse  académique 
pour  le  doctorat  en  philosophie,  publiée  sous  ce 
titre  :  Dissertatio  inauguralis  philosophica 
de  Musicis  Grxcorum  organis  circa  Pindari 
tempora  florentibus,  Gœttingue,  1830,  in-4", 
de  30  pages.  Les  points  principaux  établis 
dans  cette  thèse  sont  ceux-ci  :  1»  La  lyre  était 
rarement  employée  comme  instrument  de  mu- 
sique :  son  usage  habituel  était  de  servir  de 
guide  dans  la  déclamation  ou  récitation  de  la 
poésie.  2»  La  cithare  était  particulièrement  en 
usage  dans  la  musique  instrumentale.  ô°  La 
musique  avait  pour  objet  chez  les  Grecs,  d'une 
part  l'Ethique,  c'est-à-dire  la  morale  et  le 
perfectionnement  des  mœurs;  d'autre  part /e 
Pathétique,  ou  l'expression  des  passions. 
4»  Les  instruments  à  cordes  étaient  considérés 
comme  propres  à  atteindre  le  premier  de  ces 
buts;  la  flûte,  comme  plus  analogue  au  second. 
Le  même  savant  a  publié  un  autre  ouvrage 
plein  d'intérêt  intitulé  :  Beitrxge  fiir  Leben 
und  JFissenschaft  der  Tonkunst  (Essais  pour 
le  progrès  (1)  et  la  science  de  la  musique), 
Leipsick,  Breitkopf  et  llaertel,  1847, un  volume 
in-8°  en  trois  parties.  G.  Nauenburg  a  donné 
une  analyse  de  ce  livre  dans  la  Gazette  gé- 
nérale de  musique  (49'^  année,  pp.  753,  770  et 
786).  Les  objets  traités  dans  ce  volume  par  le 
D""  Krtlger  sont  :  1°  Le  dilettantisme  et  la  vir- 
tuosité. 2"  Les  académies  de  musique  et  les 
sociétés  de  chant.  3»  Les  représentations  théâ- 
trales et  les  concerts.  4»  Les  fêtes  musicales. 
3"  Réminiscences  pratiques  et  créations.  G"  De 

(1)  Liuéralement  :  Estais  pour  la  vie  et  la  science  dt 
la  musique. 


423 


KRUGER  -  KRUMPHOLZ 


la  critique  de  l'art  en  général.  7»  Tentatives 
systématiques.  8°  De  la  musique  religieuse. 
9°  De  la  musique  mondaine.  10»  Habitudes 
pratiques  et  science  de  l'art.  11»  Connaissance 
du  chant.  12»  Écoles  supérieures  de  musique. 
13»  Doctrine  scientifique  de  l'art.  14»  Moralité 
de  l'art.  M.  KrUger  a  présenté  de  hautes  con- 
sidérations sur  la  musique  dans  quelques  ar- 
ticles qu'a  publiés  la  Gazette  générale  de  mu- 
sique (années  48",  pp.  569,  50«,  p.  481  et  817). 
Comme  musicien  pratique,  il  s'est  fait  con- 
naître par  la  direction  de  la  fête  musicale 
donnée  à  Emden,  en  1846.  On  a  publié  de  sa 
composition  :  Prélude  en  sol  mineur  pour 
l'orgue;  Erfurt,  Kœrner  ;  prélude  et  fugue  en 
mi  majeur,  idem,  ibid. 

RRLGER  (Wilhelm),  compositeur  et 
pianiste,  fils  d'un  musicien  de  la  chapelle  du 
roi  de  Wurtemberg,  est  né  à  Stuttgard,  en 
1820.  Après  avoir  voyagé  en  Allemagne,  il  a 
vécu  à  Paris  plusieurs  années.  Il  a  publié  des 
fantaisies  et  des  caprices  sur  des  thèmes 
d'opéras  de  Donizetli  et  autres  compositeurs. 
Dans  quelques-uns  de  ses  morceaux,  il  a  cher- 
ché des  formes  nouvelles  et  romantiques.  La 
plupart  de  ses  ouvrages  ont  été  publiés  à 
Mayence,  chez  Schott. 

Le  frère  de  cet  artiste,  Gottlieb  Kruger, 
né  à  Stuttgard  en  1824,  est  un  harpiste  de 
talent,  attaché  à  la  musique  du  roi  de  Wur- 
temberg, lia  publié  diverses  choses  pour  son 
instrument. 

KUUMBIIORiy  (Gaspard),  organiste  de 
l'église  Saint-Pierre  et  Saint-Paul  à  Liegnilz, 
en  Silésie,  naquit  en  cette  ville  le  28  octobre 
1542.  A  l'âge  de  trois  ans,  il  perdit  la  vue  par 
la  petite  vérole,  et  peu  de  temps  après  son  père 
mourut.  Sa  mère  ayant  épousé  en  secondes 
noces  un  homme  dont  le  nom  était  Stiinmler, 
on  ne  connut  pendant  longtemps  Krumbhorn 
que  sous  le  nom  de  Vaveugle  Stimmler.  Ayant 
montré,  dans  un  âge  plus  avancé,  un  vif  désir 
d'apprendre  la  musique,  il  fut  confié  par  son 
frère,  pasteur  à  Waldau,  aux  soins  de  Rnœbel, 
musicien  habile  et  compositeur  à  Goidberg, 
(|ui  lui  enseigna  d'abord  la  flûte,  puis  le 
violon,  le  clavecin  et  la  composition.  Les  pro- 
grès de  Krumbhorn  furent  rapides,  et  bientôt 
il  fut  cité  comme  un  excellent  organiste  et  un 
compositeur  distingué.  Sur  sa  réputation, 
l'électeur  de  Saxe  le  fit  venir,  et  après  l'avoir 
entendu,  lui  offrit  du  service  à  sa  cour;  mais 
Krumbhorn  préféra  retourner  dans  son  pays. 
A  son  arrivée  à  Liegnilz,  il  y  fut  nommé  orga- 
niste <le  l'église  principale  (il  avait  alors 
vingt-trois  ans),  cl  il  occupa  cette  place  pendant 


cinquante-six  ans.Danscelong  espace  de  temps, 
il  forma  plusieurs  bons  élèves,  et  il  écrivit  un 
grand  nombre  de  morceaux  pour  l'église  et 
pour  l'orgue,  qui  sont  restés  en  manuscrit.  Il 
mourut  le  11  juin  1621,  à  l'âge  de  79  ans.  Son 
épitaphe,  placée  dans  l'église  Saint-Pierre  et 
Saint-Paul  de  Liegnitz,  fournit  ces  renseigne- 
ments. 

KRUMBHORiy  (Tobie),  vraisemblable- 
ment fils  du  précédent,  eut  la  réjjutation  d'un 
excellent  organiste,  et  fut  employé  comme  tel 
à  la  cour  de  Georges  Rodolphe,  duc  de  Liegnitz. 
Après  avoir  fait  des  voyages  en  Bohème,  en 
Moravie,  en  Hongrie,  en  Allemagne  et  dans  les 
Pays-Bas,  il  retourna  à  Liegnitz,  où  il  mourut 
le  14  avril  1617.  Son  épitaphe  se  trouve  dans 
l'église  principale  de  sa  ville  natale. 

KRUMLOWSRY  (Jean),  né  en  Bohême 
au  commencement  du  dix-huitième  siècle,  fut 
un  virtuose  de  premier  ordre  sur  la  viole 
d'amour.  Il  vécut  d'abord  à  Prague,  puis  fut 
attaché  au  servicede  la  courde  Dresde,  et  enfin 
retourna  dans  sa  patrie,  où  il  mourut  en  1768. 
Il  a  laissé  en  manuscrit  plusieurs  concertos, 
des  trios,  et  des  solos  pour  le  violon  et  la  viole 
d'amour. 

KRUMPHOLZ  (Jean-Baptiste),  excellent 
harpiste  et  compositeur  distingué,  naquit  à 
Zlowicz,  en  Bohême,  vers  1745.  Admis  dans 
la  musique  du  prince  Esterhazy  en  1766,  il 
reçut  des  conseils  de  Haydn  pour  la  composi- 
tion. Encouragé  par  le  succès  que  ses  ouvrages 
obtenaient  en  Allemagne,  il  forma  le  dessein 
de  voyager,  obtint  un  congé,  et  i)rit  sa  route 
vers  la  France  par  Dresde,  Leipsick,  Franc- 
fort et  Coblence.  Arrivé  à  Metz,  il  y  fit  la  con- 
naissance de  mademoiselle  Meyer  qui,  bien 
qu'encore  enfant,  montrait  les  plus  heureuses 
dispositions  pour  la  musique,  particulièrement 
pour  la  harpe.  Krumpholz  se  chargea  de  son 
éducation  musicale,  développa  son  talent,  et 
l'épousa  lorsqu'elle  eut  atteint  l'âge  de  seize 
ans.  Après  son  arrivée  à  Paris,  Krumpholz  s'y 
fit  connaître  par  ses  compositions  et  par  son 
habileté  pour  l'enseignement.  Bientôt  il  fut  le 
seul  maître  de  harpe  en  vogue.  Incessamment 
occupé  du  soin  de  perfectionner  la  harpe,  il 
communiqua  d'abord  ses  idées  à  Naderman, 
qui  les  exécuta,  et  le  21  novembre  1787,  il  fit 
entendre  à  l'Académie  des  sciences  de  Paris 
une  harpe  construite  parce  facteur,  où  il  avait 
fait  adapter  deux  pédales  dont  la  première 
augmentait  ou  diminuait  la  force  des  sons,  en 
ouvrantune  soupape,  et  dont  la  seconde  plaçait 
une  sourdine  sur  les  cordes.  La  première  de 
ces  pédales  a  clé  conservée  dans  la  harpe  mo- 


KRUMPHOLZ  -  KUCIIARZ 


123 


derne.  Krumpholz  a  rendu  compte  de  son  in- 
vention dans  les  préfaces  de  ses  œuvres  14«  et 
15<  pour  la  harpe.  Cependant,  convaincu  qu'il 
restait  beaucoup  à  faire  pour  faire  disparaître 
les  défauts  de  la  harpe  à  crochets  dont  il  se 
servait,  et  plein  de  confiance  dans  le  génie  de 
Sébastien  Érard,  il  le  sollicita  vivement  pour 
qu'il  s'occupât  de  la  recherche  d'un  meilleur 
mécanisme.  Le  célèbre  facteur  y  songea,  et 
trouva  la  solution  du  problème  de  la  manière  la 
plus  simple  et  la  plus  rationnelle  (ucyezÉnAnn). 
Déjà  le  nouvel  instrument  était  prêt  et  allait 
paraître,  quand  Krumpholz  lui-même,  qui 
dans  l'intervalle  s'était  lié  d'intérêts  à  Nader- 
nian,  vint  prier  Érard  de  ne  point  mettre  au 
jour  son  instrument,  dont  la  supériorité  devait 
faire  abandonner  la  harpe  à  crochets  :  et  par 
condescendance,  l'inventeur  consentit  à  re- 
tarder la  publication  de  sa  découverte.  Peu  de 
temps  après,  madame  Krumpholz,  dont  le  talent 
d'exécution,  bien  supérieur  à  celui  de  son  mari, 
excitait  la  plus  vive  admiration,  partit  pour 
l'Angleterre  avec  un  jeune  homme  qui  l'avait 
séduite,  et  abandonna  l'artiste  à  qui  elle  devait 
tant  de  reconnaissance.  Cet  événement  inat- 
tendu ,  et  le  mauvais  état  des  affaires  de 
Krumpholz  poussèrent  cet  artiste  à  un  acte  de 
désespoir  :  il  alla  se  précipiter  dans  la  Seine,  et 
se  noya  près  du  Pont-Neuf,  le  19  février  1790. 

Un  génie  original,  un  profond  sentiment 
d'harmonie,  et  des  modulations  inattendues, 
se  font  remarquer  dans  la  musique  de  Krump- 
holz, et  malgré  le  temps  qui  s'est  écoulé  depuis 
qu'elle  a  paru,  les  variations  de  goût  et  les 
perfectionnements  que  la  harpe  a  reçus,  elle 
serait  encore  considérée  comme  excellente,  si 
elle  ne  s'était  dispersée  depuis  un  demi-siècle, 
et  si  elle  n'était  devenue  fort  rare.  On  connaît 
de  cet  artiste  :  1"  Concertos  pour  harpe  et 
orchestre,  n<"  1,2,  3,  4,  5,  6,  Paris,  Cousi- 
neau  (Lemoine  aine).  2"  Quatuor  pour  harpe, 
violon,  alto  et  basse,  op.  o,  ibid.  3»  Duo 
pour  deux  harpes,  op.  5,  ibid.  4"  Sonates 
pour  la  harpe,  op.  1,  8,  12,  13,  14,  15,  IG, 
17,  18,  au  nombre  de  52,  Paris,  Lemoine, 
Janet,  Naderman.  5°  Sonates  pathétiques , 
dont  une  inlilulée  l'Jmante  abandonnée. 
C"  Thèmes  variés,  ihid.  7"  Préludes,  ibid. 
8»  Symphonie  pour  harpe,  deux  xnolons  , 
flûte,  deux  cors  it  basse,  op.  11,  ibid.  On 
a  publié  sous  le  nom  de  Krumpholz  des  Prin- 
cipes pour  la  harpe,  qui  ne  sont  pas  de  lui  : 
ce  n'est  qu'une  fraude  mercantile. 

KUUMPIIOLZ  (M""),  harpiste  célèbre, 
femme  du  précédent,  est  née  à  Melz,  et 
non  à  Liège,  comme  le  dit  Gerbcr.  Son  nom 


de  famille  était  Meyer.  Devenue  l'élève  de 
Krumpholz  pour  la  harpe,  elle  acquit,  après 
quelques  années  d'études,  une  habileté  supé- 
rieure à  celle  de  son  maître.  Son  expression 
était  entraînante,  et  la  nature,  qui  lui  avait 
donné  le  génie  de  l'instrument,  lui  révéla 
le  secret  d'une  multitude  d'effets  inconnus 
aux  autres  harpistes,  et  qui  donnaient  à  son 
jeu  un  caractère  inimitable.  Son  début  à 
Paris  avait  été  brillant,  et  Krumpholz  sem- 
blait être  arrivé  au  moment  de  recueillir  le 
fruit  de  ses  soins,  lorsque  sa  femme  se  laissa 
enlever  par  un  amant,  et  conduire  à  Londres 
au  commencement  de  1790.  Depuis  cette  épo- 
que jusqu'en  1802,  elle  fit  admirer  son  talent 
dans  les  concerts  donnés  dans  cette  ville,  et 
jouit  (le  fous  les  avantages  attachés  à  la  supé- 
riorité; mais  plus  tard  elle  semble  avoir  dis- 
paru du  monde  musical,  et  les  biographes 
anglais  gardent  sur  ce  qui  la  concerne  le  plus 
profond  silence.  Il  paraît  toutefois  certain 
qu'elle  vivait  encore  en  Angleterre  en  1824; 
mais  depuis  lors,  on  n'a  plus  de  renseigne- 
ments sur  elle. 

KHIJMPKE  (...),  facteur  d'orgues  à  Bres- 
lau,  construisit  en  1701  l'orgue  de  l'église 
Saint-Catherine  de  cette  ville  à  quatorze  jeux, 
deux  claviers  et  pédale. 

KUBLEU  (G. -F.),  professeur  de  musique 
de  la  maison  royale  des  Orphelins,  à  Stuttgard, 
est  auteur  d'un  livre  qui  a  pour  titre  :  Anlei- 
tung  zum  Gesangunterrichte  in  Schulen. 
Nebst  einem  Anhange  con  53  zweiunddreis- 
timmigen  Ges^njen (Instruction  pour  l'ensei- 
gnement du  chant  dans  les  écoles.  Suivie  d'un 
appendice  de  cinquante-cinq  chants  à  deux  et 
trois  voix).  La  deuxième  édition  de  cet  ouvrage 
a  été  publiée  à  Stultgard,  Metzler,  1826,  in-S» 
de  cent  quarante-quatre  pages. 

KUBUSCH  (...),  violoniste'allemand,  était 
né  dans  la  llaute-Lusace,  et  y  mourut  en  1780, 
dans  la  position  la  plus  misérable.  Il  a  laissé 
en  manuscrit  deux  concertos  pour  le  violon. 

RUCHARZ (Jean-Baptiste),  célèbre  orga- 
niste, naquit  le  5  mars  1751  à  Chotecz,  près  do 
Mlazowicz,  en  Bohême,  où  son  père  était  au- 
bergiste et  cultivateur.  Après  avoir  reçu  la 
première  instruction  chez  son  parent,  pasteur 
à  Mlazowicz,  il  entra  au  gymnase  des  jésuites 
.  à  Koniggraetz,  et  y  fit  de  brillantes  éludes  lit- 
téraires et  musicales.  L'orgue  devint  particu- 
lièrement l'objet  de  ses  études  assidues.  Plus 
tard,  il  fut  reçu  au  Séminaire  des  jésuites  de 
Gitczin  en  qualité  d'organiste,  et  y  continua 
ses  humanités.  Dès  lors  il  commença  à  écrire 
quelques   petites  compositions  cl  à  se   faire 


124 


KUCHÂRZ  —  KOCKEN 


entendre  sur  l'orgue  dans  des  concertos  de 
différents  maStres.  Ses  succès  lui  persuadèrent 
qu'il  pouvait  se  présenter  partout  comme  un 
des  organistes  les  plus  habiles  de  son  temps  ; 
mais  son  illusion  ne  tarda  pas  à  se  dissiper 
lorsqu'il  se  rendit  à  Prague,  pour  y  étudier  la 
philosophie  ;  car  il  eut  alors  occasion  d'enten- 
dre Segert,  qui  était  le  plus  grand  organiste  de 
la  Bohême,  et  le  beau  talent  de  cet  artiste  lui 
fitcomprendrequ'il  devait  encore  étudier  long- 
temps avant  de  pouvoir  se  mesurer  avec  un  tel 
maitre.  Bientôt  il  devint  l'élève  de  ce  même 
Segert,  dont  les  leçons  le  conduisirent,  après 
quelques  années,  au  rang  des  organistes  les 
plus  distingués  de  l'Allemagne.  Attaché  en 
cette  qualité  à  l'église  Saint-Henri,  de  Prague, 
Rucharz  devint  en  peu  de  temps  un  des  maî- 
tres de  musique  de  cette  ville  dont  on  recher- 
chait les  leçons  avec  empressement.  L'étude 
des  partitions  des  plus  grands  maîtres  avait 
achevé  de  former  son  goût.  Après  la  mort  de 
l'habile  organiste  Jean  Wolf,  il  obtint  sa  place 
au  couvent  de  Slrahow,  dont  l'orgue  passe 
pour  le  meilleur  de  la  Bohême.  Sa  nomination 
h  cette  place  est  datée  du  l'''"  septembre  1790. 
L'année  suivante,  il  y  ajouta  celle  de  chef 
d'orchestre  de  l'Opéra  italien  de  Prague.  Dans 
plusieurs  circonstances  importantes,  particu- 
lièrement aux  couronnements  de  Léopold  II, 
en  1791,  et  de  François  II,  l'année  suivante, 
il  se  montra  également  grand  artiste  dans  ses 
doubles  fonctions  de  directeur  d'orchestre  et 
d'organiste.  Les  musiciens  les  plus  instruits 
ont  donné  des  éloges  au  jeu  de  Rucharz  sur 
l'orgue  ;  le  maître  de  chapelle  Naumann  assu- 
rait, après  l'avoir  entendu  dans  le  couvent  de 
Strahow,  qu'il  ne  croyait  pas  qu'il  y  eût  en 
Allemagne  trois  organistes  de  son  mérite.  Cet 
artiste,  âgé  de  soixante-quatre  ans,  vivait  en- 
core en  1815,  et  s'occupait  à  terminer  un 
grand  ouvrage  à  l'usage  des  organistes  et  des 
compositeurs  de  la  Bohême,  auquel  il  avait 
travaillé  pendant  plus  de  vingt  ans.  Il  ne  pa- 
raît pas  que  ce  livre  ait  été  publié.  Kucharz 
possédait  aussi  un  talent  remarquable  sur 
l'harmonica  et  sur  la  mandoline.  Il  a  laissé 
en  manuscrit  :  1°  Deux  concertos  pour  l'orgue. 
2»  Des  préludes,  fantaisies,  toccates  et  pièces 
finales  pour  le  même  instrument.  3"  O  Salu- 
taris  avec  orgue  concertant,  composé  pour  le 
couvent  de  Strahow.  4°  Diverses  cantates  de 
circonstance.  5"  Divers  morceaux  pour  l'har- 
monica et  la  mandoline.  Il  a  aussi  arrangé 
pour  le  piano  la  plupart  des  grands  opéras  de 
Mozart.  • 

KUCIILER  (Jea>),  bassoniste  renommé 


pour  son  habileté,  dans  la  seconde  moitié  di: 
dix-huitième  siècle,  était  attaché  au  service 
de  l'élecleurde  Cologne,  à  Bonn,  en  1780.  Dix 
ans  plus  tard,  il  était  membre  delà  chapelle  à 
Mayence.  Dans  l'intervalle  de  ces  deux  épo- 
ques, il  fit  un  voyage  à  Paris,  et  joua  avec  suc- 
cès au  Concert  spirituel.  On  a  gravé  de  sa 
composition,  en  cette  ville,  dix-huit  quatuors 
pour  divers  instruments;  deux  symphonies 
avec  basson  obligé,  un  concerto  et  six  duos 
pour  violon.  Le  Calendrier  des  théâtres  de 
Gotha,  de  1792,  indique  aussi  sous  son  nom 
un  opéra  intitulé  :  Azakia. 

KtJCKElN  (FRÉDÉRic-GnitLAUME),  compo- 
siteur, né  à  Bleckede,  bourg  du  royaume  de 
Hanovre,  le  16  novembre  1810.  Son  beau-frère 
Luhrs,  directeur  de  musique  et  organiste  du 
château,  à  Schwerin,  lui  enseigna  la  musique 
et  le  piano.  Il  était  fort  jeune  encore  lorsqu'il 
écrivit  des  marches  militaires  qui  eurent  du 
succès.  Elles  attirèrent  sur  lui  l'attention  du 
grand-duc  de  Mecklembourg-Schwerin,  qui  le 
choisit  pour  maître  de  piano  de  ses  enfants  (le 
grand-duc  actuel  Frédéric-François  II  et  la 
princesse  Louise).  En  1831,  Kucken  alla  con- 
tinuer ses  études  à  Berlin  et  y  prit  des  leçons 
de  contrepoint  chez  Birnbach.  Ce  fut  alors 
qu'il  fit  paraître  ses  premiers  Lieder  qui  eu- 
rent un  succès  populaire.  Son  premier  opéra, 
Die  Flocht  nach  der  Schweiz  (la  Fuite  vers  la 
Suisse)  ,  fut  représenté  à  Berlin,  en  1839, 
Un  amour  inspiré  par  une  dame  noble  et 
riche,  partagé  par  celle  qui  en  était  l'objet, 
mais  traversé  par  sa  famille,  obligea  RUcken 
à  s'éloigner  de  Berlin,  en  1841  ;  il  alla  d'abord 
à  Paris  et  y  resta  six  mois;  puis  il  fut  appelé 
en  Suisse  pour  diriger  les  fêtes  musicales  d'Ap- 
penzell  et  de  Saint-Gall.  De  là  il  se  rendit  à 
Paris,  où  il  reçut  un  accueil  cordial  d'IIalévy 
et  de  plusieurs  compatriotes  au  nombre  des- 
quels était  Heine,  dont  il  avait  mis  en  musique 
plusieurs  poésies.  Il  y  composa  pour  le  théâtre 
de  Stutlgard  un  opéra  en  trois  actes  intitulé  : 
Der  Prétendent  (le  Prétendant),  qui  fut  re- 
présenté dans  cette  ville  en  1847,  puis  à  Ham- 
bourg et  à  Berlin,  avec  un  grand  succès,  et 
dont  la  partition  pour  le  piano  a  été  publiée. 
Le  1 1  octobre  1858,  Rucken  a  été  nommé  pre- 
mier maître  de  chapelle  de  la  couràStuttgard, 
en  remplacement  de  Lindpainlner  :  depuis 
1851,  il  occupait  à  la  même  cour  la  place  de 
second  maître  de  chapelle.  Il  a  publié  à  Ham- 
bourg, chez  Schuberth,  des  duos  pour  piano  et 
violoncelle  en  forme  de  sonates,  et  quelques 
petites  pièces  pour  ces  deux  instruments  ;  mais 
il  a  rendu  surtout  son  nom  populaire  par  ses 


KUCKEN  -  KUFFERATII 


<25 


Lieder  et  ses  morceaux  de  chant  pour  diverses 
voix.  Le  nombre  de  ses  œuvres  en  ce  genre 
s'élève  à  plus  de  soixante; leurs  mélodies  sont 
f^racieuses,  naturelles  et  faciles  à  retenir;  c'est 
particulièrement  à  ces  qualités  qu'elles  ont  dû 
kur  succès.  On  y  remarque  un  grand  nombre 
de  pièces  pour  divers  genres  de  voix  seules 
avec  accompagnement  de  piano,  des  chants  à 
deux  voix,  des  quatuors  pour  soprano,  con- 
tralto, ténor  et  basse,  des  chants  pour  des 
chœurs  d'hommes,  etc. 

KUCZERA  (Georges),  directeur  de  l'école 
Saint-Adalbert,  à  Podskal,  en  Bohême,  et  bon 
musicien,  mort  le  21  mai  1757,  a  laissé  en 
manuscrit  plusieurs  antiennes  de  la  Vierge  à 
plusieurs  voix,  entre  autres  un  Salve  Regiiia 
estimé. 

lïUFF  (J.-D.),  professeur  de  musique  à 
Ulm,  actuellement  (1862)  vivant,  a  publié  une 
méthode  abrégée  d'harmonie  et  d'accompagne- 
ment intitulée  :  Kxirzer,  fassUcher,doch  voll 
sta'ndiger  Unterricht  im  Generalbasse,  Ulm, 
1817. 

KUFFEUATH  (Jeau-Herman),  fils  aîné 
d'une  nombreuse  famille  dont  six  frères  se 
sont  livrés  à  la  culture  de  la  musique  avec  des 
succès  divers.  Jean-Hcman  est  né  le  12  mai 
1797,  à  Mulheim,  sur  la  Ruhr.  Dès  son  en- 
fance, il  fit  voir  d'heureuses  dispositions  pour 
la  musique;  à  l'âge  de  huit  ans,  il  exécuta  un 
concerto  de  violon  dans  un  concert  public, 
n'ayant  eu  jusqu'alors  d'autres  leçons  que 
celles  deson  père,  simple  amateurde  musique. 
Plus  tard,  l'habile  violoniste  Alexander,  de 
Duisbourg,  développa  par  ses  leçons  les  fa- 
cultés musicales  du  jeune  RutTeralh,  qui,  sans 
avoir  les  premières  notions  de  l'harmonie, 
s'occupa  aussi  de  la  composition;  enfin,  il 
parvint  à  une  connaissance  assez  avancée  de 
plusieurs  instruments  pour  en  jouer  des  solos. 
II  n'était  âgé  que  de  quinze  ans  lorsqu'il  fut 
choisi  pour  diriger  la  musique  d'un  régiment, 
de  la  Landwehr,  et  dès  ce  moment,  il  s'exerça 
dans  l'art  d'écrire  et  d'arranger  de  la  musique 
pour  les  instruments  à  vent.  Ayant  été  en 
garnison  à  Dortmund,  il  y  reçut  des  leçons  de 
Scheffer,  un  des  meilleurs  élèves  de  Spohr.  La 
guerre  ayant  été  déclarée  entre  la  Prusse  et 
la  France,  Rufferath  dut  servir  pendant  trois 
ans  comme  simple  musicien  dans  un  régiment 
(le  ligne.  Pendant  quelque  temps,  il  résida  à 
Cologne,  et  lorsqu'il  eut  obtenu  son  congé  du 
service  militaire,  il  retourna  à  Mlilheim,  où  il 
dirigea  les  concerts,  ainsi  qu'à  Duisbourg  et  à 
Kleinberg. 

Depuis  longtemps,  Kurfcralh  désirait  rece- 


voir des  leçons  de  Spohr  ;  il  jouit  de  cet  avan- 
tage pendant  les  années  1822  et  1823  où  il 
demeura  à  Cassel.  Ce  fut  aussi  à  cette  époque 
qu'il  étudia  la  composition  sous  la  direction 
de  Hauptmann,  devenu  plus  tard  directeur  de 
l'École  Saint-Thomas,  à  Leipsick.  En  1823, 
KufTerath  fut  appelé  à  Bielefeld,  en  qualité  de 
directeur  de  musique  :  il  y  resta  jusqu'en 
1830.  On  lui  offrit  alors  les  places  de  maître  de 
concert  à  Cologne  et  de  maître  de  chapelle  à 
Paderborn  ;  mais  la  régence  de  la  ville  d'U- 
trechl  lui  ayant  fait  offrir  dans  la  même  année 
la  place  de  directeur  de  musique  de  la  ville,  il 
accepta  cette  dernière  position ,  à  laquelle 
étaient  attachées  les  directions  des  concerts 
d'hiver  et  de  l'école  du  chant  de  la  ville,  ainsi 
que  de  la  société  de  chant.  Depuis  lors,  Ruffe- 
rath a  puissamment  contribué  aux  progrès  de 
la  musique  dans  la  ville  d'Ulrecht  par  son 
zèle,  son  activité  et  son  talent.  Il  y  a  dirigé 
l'exécution  des  grands  ouvrages  de  Haydn,  de 
Mozart,  de  Beethoven ,  de  Mendelssohn,  de 
Spohr,  de  Haendel  et  de  Schumann.  Comme 
compositeur,  il  a  écrit  diverses  œuvres  de  mu- 
sique instrumentale  et  vocale  parmi  lesquelles 
on  remarqueunecantate  jubilairequ'il  a  écrite 
en  1833,  qui  fut  exécutée  dans  cette  même 
année,  puis  en  1836  et  1837,  et  qui  a  été 
publiée  à  Leipsick,  chez  Breitkopf  et  Hsertel. 
RUFFERATH  (IIuBERT-FEnDl^AND),  pro- 
fesseur de  piano  et  compositeur,  est  né  le 
10  juin  1818,  à  Mulheim  sur  la  Ruhr,  dans  la 
province  de  Clèves-Berg.  Dès  son  enfance,  il 
se  voua  exclusivement  à  l'étudede  la  musique; 
à  l'âge  de  dix  ans,  il  jouait  du  piano,  du  violon 
et  de  la  flûte  d'une  manière  assez  remarquable 
pour  se  faire  entendre  sur  ces  instruments 
dans  les  concerts.  A  seize  ans,  il  se  rendit  à 
Utrecht  près  de  son  frère  aîné,  qui  voulut  en 
faire  un  virtuose  violoniste  et  lui  donna  des 
leçons  pendant  trois  ans,  puis  l'envoya  à  Co- 
logne, chez  Hartmann  (voyez  ce  nom),  pour 
perfectionner  son  talent  sous  sa  direction. 
S'étant  rendu  au  festival  de  Dusseldorf,  en 
1839,  il  eut  occasion  d'être  entendu  sur  le 
piano  par  Mendelssohn,  qui  l'accueillit  avec 
beaucoup  de  bienveillance,  et  qui,  après  avoir 
examiné  quelques-unes  de  ses  compositions, 
l'engagea  à  le  suivre  à  Leipsick.  M.  Rufferath 
avait  alors  vingt  et  un  ans;  c'est  à  cette  époque 
de  sa  vie  qu'il  se  livra  d'une  manière  sérieuse 
à  l'étude  du  piano;  cependant,  par  déférence 
pour  le  désir  de  son  frère,  il  jirit  encore  des 
leçons  de  David  pour  le  violon.  Pendant  deux 
ans  et  demi  il  resta  sous  la  direction  de  Men- 
delssohn pour  la  composition  et  eut  pour  con- 


426 


KUFFERATH  —  KUFFNER 


disciples  chez  ce  maître,  Verhuist,  Eckert  et 
llorsley.  En  1841,  il  retourna  à  Cologne  et  y 
dirigea  pendant  six  mois  la  société  de  chant 
Gesang  Verein,  en  remplacement  de  Conra- 
din  Kreutzer,  qui  venait  de  s'éloigner  de  cette 
ville.  En  1844,  après  deux  années  de  voyages, 
M.  KufTerath  s'établit  à  Bruxelles  en  qualité 
de  professeur  de  piano  et  de  composition  ;  de- 
puis lors,  il  n'a  pas  quitté  cette  ville.  Les  com- 
positions gravées  de  cet  artiste  sont  celles-ci  : 
1°  Symphonie  à  grand  orchestre,  Bonn;  Sim- 
lock.  2"  Le  même  ouvrage  arrangé  pour  piano 
à  quatre  mains,  ihid.  ù°  Ouverture  arrangée 
pour  piano  à  quatre  mains;  Mayence,  Schott. 
4"  Concerto  pour  piano  et  orchestre,  ibid. 
îî»  Quatuor  pour  piano,  violon,  alto  et  violon- 
celle, ibid.  6°  Trio  pour  piano,  violon  et  vio- 
loncelle, ibid.  7"  Six  éludes  de  concert  pour 
piano;  Bonn,  Simrock.  8«  Six  idem;  Leipsick, 
llofmeister.  9"  Capriccio  pour  piano  avec  or- 
chestre ;  Leipsick,  Breitkopf  et  Hsertel.  10»  An- 
dante,  pour  violon  avec  accompagnement  de 
piano,  Mayence,  Schott.  11»  Six  morceaux  ca- 
ractéristiques pour  piano,  ibid.  ;  le  même 
œuvre  transcrit  pour  violon  et  piano,  par  Léo- 
nard, ibid.;  idem  transcrit  pour  violoncelle 
et  piano  par  Servais,  ibid.  12°  Trois  pensées 
fugitives  pour  piano,  ibid.  13"  Trois  morceaux 
pour  piano  (rêverie,  Scherzo,  romance),  ibid. 
14»  Berceuses  pour  piano,  ibid.  15"  Romance 
sans  paroles  pour  piano,  ibid.  16»  Étude  de 
salon,  idem,  ibid.  17»  Six  divertissements  fa- 
ciles tdem,  ibid.  18"  Marche  à  quatre  mains 
idem,  ibid.  19»  Impromptu  à  quatre  mains 
idem,  ibid.  20"  .allegro  pour  piano  seul,  ibid. 
21»  Scherzo  idem,  il)id.  22»  Deux  romances 
sans  paroles  idem,  ibid.  23"  Quatre  cahiers  de 
Lieder  pour  soprano  ou  ténor.  24»  Six  Lieder 
idem,  Leipsick,  Breitkopi  et  Haertel. 

KUFFIXER  (Jeak-Jacques-Paul),  né  à  Nu- 
remberg, en  1713,  fut  d'abord  organiste  en 
cette  ville,  puis  entra  au  service  du  prince  de 
laTour  et  Taxis,  à  Ratisbonne,en  1750,  comme 
claveciniste  et  compositeur.  I!  occupa  cette 
l)lace  pendant  trente-six  ans,  et  mourut  à  l'âge 
de  soixante-treize  ans,  le  12  juillet  178G.  Son 
jeu  se  faisait  remarquer  par  la  netteté  et  l'ex- 
pression, et  ses  compositions  étaient  remplies 
de  feu  et  d'idées  neuves.  On  a  gravé  sous  son 
nom  à  Nuremberg,  à  Francfort  et  à  Paris,  trois 
oeuvres  de  sonates  pour  clavecin  et  violon,  six 
quatuors  pour  deux  violons,  alto  et  basse,  et 
un  recueil  de  petites  pièces  pour  le  clavecin. 
La  deuxième  édition  de  son  premier  œuvre  de 
sonales  a  paru  en  1762.  On  trouve  aussi  dans 
le  CalaloQue  de  Tracg,  de  Vienne,  une  sonate 


à  quatre  mains  attribuée  à  Jean-Jacques-Paul 
RufTner. 

RIJFFIVER  (GriiLAUME-JosEPii),  fils  du 
précédent,  est  né  à  Kalmunz,  près  de  Ratis- 
bonne,  en  1738,  et  n'a  eu  pour  maître  de  mu- 
sique et  de  piano  que  son  père.  Vers  1785,  sa 
réputation  d'habile  pianiste  et  de  compositeur 
commença  à  s'éteindre.  Vers  cette  époque,  il 
fit  un  voyage  à  Vienne;  le  prince  de  Palme  l'y 
entendit  et  l'engagea  pour  sa  musique.  Ayant 
parcouru  la  Bavière  dans  sa  jeunesse,  il  s'ar- 
rêta à  WUrzbourg  où  le  retint  son  amour  pour 
Catherine  Wassmuth,  fille  du  maître  de  cha- 
pelle aulique  du  prince-évéque  de  ce  diocèse. 
Après  la  mort  de  Wassmulh,  il  lui  succéda 
dans  sa  position  à  la  cathédrale.  Quelques  an- 
nées après,  il  se  rendit  à  Paris,  puis  à  Lon- 
dres, où  il  publia  quelques  sonales  pour  le 
piano.  Il  perdit  sa  femme  en  1787,  et  lui-même 
mourut  en  1798,  laissant  peu  de  fortune  à 
partager  entre  cinq  enfants. 

KUFFNER  (Joseph),  fils  du   précédent, 
naquit  à  WUrzbourg,  le  31  mars  1770.  Il  était 
à  peine  âgé  de  onze  ans,  lorsqu'il  perdit  sa 
mère.  Destiné  par  son  père  à  la  carrière  des 
sciences  et  des  lettres,  il  fut  envoyé  au  collège 
où  il  fil  ses  éludes  «l'une  manière  honorable, 
puis  il  suivit  les  cours  de  l'université.  En  1793, 
il  acheva  ses  éludes  de  philosophie.  Pendant 
qu'il  fréquentait  les  écoles,  son  père  lui  avait 
enseigné  les  principes  de  la  musique,  et  KufT- 
ner  s'était  épris  de  passion  pour  le  violon.  Le 
maitre  de  concert,  Laurence  Schmitl,  lui  donna 
des  leçons  de  cet  instrument,  et  les  progrès  de 
Ruffner  furent  si  rapides,  qu'il  put  exécuter 
dans  les  concerts  d'hiver,  en  1794 et  1795,  des 
concertos  de  Mestrino  et  de  Viotti.  Ayant  fini 
son  cours  de  droit,  il  entra  chez  un  avo- 
cat pour  y  faire  son  stage;  mais,  en  1797, 
l'évêque  le  fitattacher  à  la  musique  de  sa  cha- 
pelle comme  surnuméraire,  avec  promesse  de 
la  première  place  vacante  et  d'un  emploi  dans 
l'administration.  La  mort  de  son  père  changea 
sa  position  et  l'obligea  à  donner  des  leçons  de 
violon,  de  clavecin,  et  même  de  langue  latine, 
afin  de  pourvoir  à  son  existence.  Le  peu  de 
temps  qui  lui  restait,  il  l'employait  à  perfec- 
tionner son  instruction  dans  l'art.  Le  désir  de 
composer  l'occupa  dès  lors  ;  mais  il  n'avait  au- 
cune notion  d'harmonie.  Un  ami  lui  prêta  le 
livre  de  Knecht  sur  celte  matière  ;  il  le  lut  avi- 
dement et  se  mit  à  faire  quelques  essais  de 
compositions  légères  en  quatuor  pour  des  in- 
struments à  cordes.  Les  encouragements  de 
ses  amis  l'ayant  déterminé  à  continuer  ses 
éludes  de  composition,  il  prit  des  leçons  do 


KUFFNER  -  KUFNER 


-127 


Frœhlich,  et  bientôt  après  il  commença  à  se 
faire  connaUre  par  de  petits  ouvrages  pour  le 
clavecin,  la  flûte  et  la  guitare.  Ses  sérénades 
pour  guitare,  flûte  et  alto,  faites  à  l'imitation 
de  celles  de  Léonard  de  Call, obtinrent  un  bril- 
lant succès. 

En  1802,  Wllrzbourgetson  territoire  ayant 
passé  sous  la  domination  de  la  Bavière,  tout 
espoir  d'obtenir  des  emplois  lucratifs  dans  la 
chapelle  et  dans  l'administration  fut  perdu 
pourKutTner;  il  accepta  une  place  de  chef  de 
musique  dans  un  régiment  bavarois,  et  son  ac- 
tivité productrice  se  tourna  particulièrement 
vers  la  composition  des  pièces  d'harmonie  mi- 
litaire. Pendant  plusieurs  années,  il  n'eut  pas 
d'autre  occupation  que  son  service  militaire  et 
la  composition  de  ce  genre  de  musique;  mais 
WUrzbourg  étant  échu  à  l'archiduc  Ferdinand, 
comme  grand-duché  j  ce  prince,  grand  amateur 
de  musique,  nomma  Ruffner  musicien  de  la 
chambre  et  de  la  cour  avec  un  traitement 
d'environ  quatre  cents  florins,  et  y  ajouta  la 
place  de  chef  de  la  musique  militaire,  avec  un 
autre  traitementde  trois  cents  florins.  Alors  la 
position  de  l'artiste  devint  satisfaisante.  Il 
s'était  marié  en  1801  et  trouvait  dans  son 
ménage  les  joies  de  la  famille  :  tout  lui  sourit 
dès  ce  moment.  Ses  ouvrages  étaient  recher- 
chés par  les  éditeurs,  et  sa  réputation  s'éten- 
dait de  jour  en  jour.  En  1811,  André,  d'Offen- 
bach,  avait  commencé  la  publication  de  ses 
suites  pour  musique  militaire;  elles  devinrent 
bientôt  le  répertoire  de  toutes  les  sociétés 
d'harmonie.  Des  offres  brillantes  furent  faites 
à  Rtlffner  pour  le  fixera  l'étranger,  mais  il  ne 
les  accepta  pas  et  préféra  conserversa  vie  calme 
et  ses  douces  habitudes. 

En  1814,  le  grand-duché  de  WUrzbourg  fut 
réuni  de  nouveau  à  la  Bavière,  et  Kuffner  fut 
mis  à  la  pension,  ainsi  que  tous  les  autres 
musiciens  de  la  chapelle;  mais  cet  événement 
qui,  autrefois,  aurait  pu  porter  le  trouble  dans 
son  existence,  n'eut  pas  alors  les  mêmes  in- 
convénients. Ses  ouvrages  étaient  recherchés 
partons  les  éditeurs  et  lui  assuraient  une  ai- 
sance dont  le  charme  s'augmenta  par  l'indé- 
pendance qu'il  avait  acquise.  En  1837,  il  écri- 
vit ses  deux  premières  symphonies  qui  furent 
publiées  à  la  maison  Schott,  de  Mayence  ;  bien- 
tôt en  parut  une  troisième,  chez  André.  Ce 
temps  est  celui  où  la  fécondité  productrice  de 
l'artiste  prit  le  plus  grand  essor.  Il  arrangea 
presque  tous  les  opéras  modernes  en  harmo- 
nie, et  fit  paraître  dans  le  même  temps  une 
multitude  de  productions  de  différents  genres. 
Le  nombre  de  ses  ouvr;igcs  publiés  s'élève  à 


plus  de  trois  cents,  et  plus  de  soixante  inédit» 
se  sont  trouvés  après  sa  mort.  A  l'époque  où 
des  sociétés  d'harmonie  se  trouvaient  partout, 
particulièrement  en  Belgique  et  en  Allemagne, 
Kuffner  était  la  providence  qui  les  alimentait. 
Chez  elles,  la  réputation  de  ce  musicien  effa- 
çait toutes  les  autres.  Sa  musique  ne  se  distin- 
guait cependant  ni  par  la  nouveauté  des  idées, 
ni  par  les  qualités  du  style;  mais  elle  était 
brillante  pour  le  temps  et  d'une  exécution  fa- 
cile. Lorsqu'il  visita  la  Belgique,  en  1829, 
quelques-unes  de  ces  sociétés  le  fêtèrent  à 
l'envi,  et  toutes  lui  envoyèrent  un  diplôme  de 
membre  honoraire.  Au  mois  d'août  1830,  il 
présida  à  Bruxelles  le  jury  d'un  grand  con- 
cours où  vingt-neuf  sociétés  se  disputèrent  le 
prix;  il  y  fut  l'objet  d'une  véritable  ovation. 
En  1835,  la  société  d'harmonie  lui  offrit  son 
portrait  peint  par  Gustave  Wappers.  Kuffner 
est  mort  à  WUrzbourg,  le  9  septembre  1856,  à 
l'âge  de  quatre-vingts  ans  et  quelques  mois. 
Aujourd'hui,  toute  sa  musique  est  tombée  dans 
l'oubli. 

Les  œuvres  les  plus  importantes  de  cet  ar- 
tiste sont  celles-ci  :  1°  Sept  symphonies  à  grand 
orchestre,  publiées  à  Mayence,  chez  Schott,  et 
à  Offenbach,  chez  André.  2»  Dix  ouvertures 
idem,  œuvres  74,  130,  172,  175,  174,  175, 
176,  177,  183,  184.  3°  Des  pièces  d'harmonie 
de  tout  genre  à  six,  huit,  dix  et  douze  parties, 
au  nombre  de  plus  de  vingt  cahiers.  4"  Des 
pièces  de  musique  militaire,  marches,  pas 
redoublés ,  ouvertures,  pots-pourris,  fantai- 
sies, thèmes  variés,  etc.,  au  nombre  de  |)lu9 
de  soixante  cahiers.  5»  Des  quatuors  pour  deux 
violons,  alto  et  basse,  œuvres  41,42,48,  52, 
89  et  90;  Mayence,  Schott;  Offenbach,  André. 
6"  Concerto  pour  alto,  op.  139;  Mayence, 
Schott.  7°  Quintettes  pour  flûte,  deux  violons, 
alto  et  basse,  op.  32, 33  et  66;  Paris,  Richanlt. 
8°  Trios  pour  trois  flûtes  et  duos  pour  deux 
flûtes,  cinq  œuvres,  ibid.  9°  Plusieurs  œuvres 
de  duos  pour  deux  clarinettes,  ibid.  10»  Une 
multitude  de  morceaux  de  guitare  seule  ou  ac- 
compagnée. 11»  Sonates,  duos  et  pots-pourris 
pour  piano  et  violon,  quinze  œuvres;  Mayence, 
Schott;  Offenbach,  André,  etc.  :  l'œuvre  310 
est  une  fantaisie  avec  variations  pour  violon 
principal  et  orchestre.  Kuffner  a  composé 
aussi  l'opéra  comique  en  un  acte,  intitulé  :  le 
Cornet f  dont  la  partition  pour  piano  a  été  pu- 
bliée en  1842. 

KUFINER  (le  P.  Liber*ti),  né  en  1731, 
dans  le  Haut  Palatinat,  étudia  dès  son  enfance 
l'orgue  et  le  contrepoint  chez  un  organiste 
nommé  Uueder,  et  fit  ses  éludes  littéraire»  à 


128 


KUFNER  -  KUHLÂU 


Amberg,  En  1750,  il  entra  dans  Tordre  des 
Franciscains,  et  quelques  années  après,  il  fut 
choisi  comme  organiste  du  couvent  de  Regel- 
holzgaden.  Il  improvisait  avec  un  rare  talent 
à  quatre  ou  cinq  parties  sur  des  thèmes  donnés, 
et  a  laissé  en  manuscrit  des  pièces  d'orgue 
qui  donnent  une  haute  idée  de  son  mérite. 
Beaucoup  de  bons  élèves  ont  été  formés  par  lui. 
Il  est  mort  dans  son  couvent  en  1799. 

KUGELlïIAIS  (Jean),  musicien  de  la  pre- 
mière moitié  du  seizième  siècle,  vécut  à  Kne- 
nigsberg,  vers  1525,  puis  fut  tromboniste  à 
Nuremberg.  Il  a  publié  un  recueil  qui  a  pour 
litre  :  Concentus  novi  trium  vocum,  eccle- 
siarum  usui  in  Prussia  prxcipue  accomo- 
datus.  Joanne  Kugelmano,  tuhicins  sxjm- 
phoniarum  mithore.  Item  etliche  Stuclc,  mit 
acht,  sechs,  fiinf  und  vier  Slymmen  hin- 
zugethan.  Augustx  Findelicorum  per  3Iel- 
chiorem  Kriesstein^  1540,  in-S'obl.  Outre  les 
compositions  de  Kugelman,  on  trouve  dans  ce 
recueil  des  morceaux  de  BlankmUller,  de 
Georges  Frœhlich,  de  Jean  Ileugel,  de  Valen- 
tin  Schaellinger  et  de  Thomas  Stolzer. 

KUIIE  (Guillaume),  pianiste  et  composi- 
teur de  musique  de  salon,  est  né  à  Stuttgard, 
en  1822.  Il  s'est  fixé  à  Londres  comme  pro- 
fesseur de  son  instrument,  en  1848.  On  a  pu- 
blié de  cet  artiste  un  grand  nombre  d'oeuvres 
légères  pour  le  piano  parmi  lesquelles  on  re- 
marque des  Lieder  sans  paroles,  à  l'imitation 
de  Mendelssohn,op.l2;  Stutlgard,  Hallberger; 
Chanson  d'Amour,  romance  sans  paroles, 
op.  17,  ibid.;  le  Carillon  (das  Glockenspiel), 
op.  13,  ibid.  ;  Réminiscences  de  Lucrèce  Bor- 
</ta,  grande  fantaisie,  op.  16,  ibid. 

KUilLAU  (FrédïSric)  ,  compositeur,  na- 
quit en  1786,  à  Ueizen,  dans  le  pays  de  Lune- 
bourg,  près  des  frontières  du  Holstein.  Avant 
•  d'avoir  atteint  l'âge  de  sept  ans,  il  fut  envoyé 
par  sa  mère,  dans  une  soirée  obscure  d'hiver, 
pour  puiser  de  l'eau  à  une  fontaine;  chemin 
faisant  il  tomba,  se  blessa  et  perdit  un  œil. 
Déjà  à  cette  époque,  il  faisait  apercevoir  les 
plus  heureuses  dispositions;  ses  parents,  bien 
que  peu  fortunés,  se  décidèrent  à  les  cultiver. 
Ils  lui  firent  donner  d'abord  quelques  leçons 
de  clavecin,  puis  l'envoyèrent  à  Brunswick, 
pour  qu'il  y  fréquentât  l'école  de  chant.  Il  ap- 
prit aussi  dans  cette  ville  à  jouer  de  plusieurs 
instruments,  entre  autres,  de  la  flûte.  Il  ne 
s'éloigna  de  Brunswick  que  pour  se  rendre  à 
Hambourg,  où  Schwenke,  directeur  de  mu- 
sique, compléta  son  éducation  musicale  en  lui 
enseignant  l'harmonie  et  les  éléments  de  la 
composition.  Pendant  son  séjour  à  Hambourg, 


Kuhlau  commença   à  publier  ses  premières 
compositions,  la  plupart  pour  le  piano  et  la 
flûte.  Pour  échapper  à  la  conscription  établie 
sous  la  domination  française,  il  fut  obligé  de 
se  réfugiera  Copenhague  en  1810;  dès  ce  mo- 
ment son  talent  prit  un  élan  qui,  jusque-là, 
avait  été  comprimé  par  des  circonstances  peu 
favorables.  Kuhlau  fut  d'abord  placé  comme 
première  flûte  à  la  chapelle  de  la  cour,  avec  le 
titre  de  musicien  de  la  chambre.  L'Opéra-Na- 
tional était  alors  dans  une  situation  peu  flo- 
rissante   en    Danemark;   Kuhlau    conçut    le 
projet  de  travailler  à  sa  restauration,  et  pour 
l'exécution  de  ce  dessein  il  écrivit  la  musique 
d'un  drame  intitulé  :  Rœverbergen  (la  Mon- 
tagne des  brigands).  Le  succès  de  cet  ouvrage 
fut  éclatant  et  produisit  une  vive   sensation 
dans  le  pays.  On  oubliait  que  le  musicien  était 
Allemand  de  naissance,  et  tout  le  monde  l'ap- 
pelait le  grand  compositeur  danois.  Il  est 
vrai    que    Kuhlau,    empruntant   sa   couleur 
locale   aux  chants  nationaux  du   Danemark, 
avait  réussi  à  donner  à  son  opéra  le  caractère 
particulier  de  la  musique  du  Nord.  Elisa,  son 
second  ouvrage  dramatique,  suivit  de  près  le 
premier  :  il  ne  fut  pas  moins  bien  accueilli, 
quoiqu'il  n'eût  pas  au  même  degré  le  mérite 
de  l'originalité.  Après  la  première  représenta- 
tion,  Kuhlau  reçut  du   roi  de  Danemark  le 
titre  de  compositeur  de  la  conr,  avec  une  dis- 
pense d'assister  à  l'orchestre  comme  exécu- 
tant. L'artiste   prit  alors  la    résolution  de  se 
fixer  en  Danemark,   acheta   une  maison  à 
Lyngbye,  petite  ville  peu  éloignée  de  Copen- 
hague,  et  s'y  établit  avec   ses  parents  qu'il 
avait  fait  venir  d'Allemagne.  Dans  son  nou- 
veau séjour,  il  écrivit  la  plus  grande  partie 
de  cette  multitude  de  compositions  instrumen- 
tales connues  sous  son  nom,  et  ses  opéras  da- 
nois intitulés  :  ZwZm,  la  Harpe  enchantée, 
Hugo  og  Adelheid,  et  FAverhoe  (la  Montagne 
des  Elfes).  Ce  dernier  outrage,  qui  fut  repré- 
senté en  1828,  est  plutôt  une  sorte  de  vaude- 
ville composé  d'airs   anciens  du  Danemark, 
qu'un  opéra;  mais  ces  chants  ont  tant  d'at- 
trait pour  les  habitants  du  pays,  que  l'ouvrage 
obtint  un  succès  d'enthousiasme.  Il  est  vrai 
qu'il  y  avait  beaucoup  d'art  dans  l'usage  que 
Kuhlau  avait  su  faire  de  *€S  mélodies  natio- 
nales. Au  surplus,  la  brillante  réputation  de 
cet  artiste  en  Allemagne  et  en  France  est  due 
plutôt  à  SCS  compositions  instrumentales  pour 
la  flûte  et  le  piano  qu'à  sa  musique  dramati- 
que. Un  incendie,  qui  réduisit  en  cendres,  en 
18Ô0,  la  plus  grande  partie  de  son  habitation, 
détruisit  les  manuscrits  de  plusieurs  ouvrages 


1 


KUHLAU  —  KUIIMSTEDT 


129 


considérables  :  le  chagrin  que  lui  causa  cet 
événement,  joint  à  celui  qu'il  ressentit  à  la 
mort  de  son  père,  ébranla  sa  sanlé,  qui  .jus- 
que-là avait  été  bonne;  après  une  année  pas- 
sée dans  une  situation  languissante,  une  ma- 
ladie sérieuse  se  déclara  et  le  conduisit  au 
tombeaudansThiverde  1832.  Ases  lunérailles, 
qui  furent  faites  avec  pompe,  on  exécuta  une 
marche  funèbre  de  sa  composition  ,  et  le 
théâtre,  ainsi  que  plusieurs  sociétés  particu- 
lières honorèrent  sa  mémoire  par  diverses 
solennités. 

On  a  gravé  quelques-unes  des  ouvertures 
des  opéras  de  Kuhiau  pour  l'orchestre,  Leip- 
sick,  Breilkopf  et  Hœrtel.  Parmi  ses  autres 
compositions,  on  remarque  :  1°  Trois  quin- 
tettes pour  la  flûte,  op.  51;  Bonn,  Sinirock. 
2»  Trios  concertants  pour  trois  flûtes,  op.  15; 
Leipsick,  Breitkopf  et  Ilaerlel,  Paris,  Farrenc; 
op.  86,  Hambourg,  Bœhme.  ô"  Duos  pour  deux 
flûtes,  op.  10,  39,  80,  102  ;  Leipsick,  Breitkopf 
et  Hœrtel  ;  Paris,  Farrenc.  4"  Solos,  fantaisies, 
divertissements,  etc.,  pour  flûte  seule,  op.  37, 
08,  73,  etc.;  Leipsick,  Hambourg,  Paris. 
5«  Concertos  pour  piano,  op.  7,  93;  Leipsick, 
Breitkopf  et  Heertel.  6»  Quatuors  pour  piano, 
op.  32,  50,  ibid.;  Bonn,  Simrock.  7°  Sonates 
pour  piano  et  violon,  op.  G,  33,  64,  69,71,79, 
85,  85;  Leipsick,  Bonn,  Copenhague,  Ham- 
bourg, Mayence,  Paris.  8°  Sonates  pour  piano 
à  quatre  mains,  op.  8,  17,  44,  66;  Hambourg, . 
Copenhague.  9"  Rondos  et  variations  idem, 
op.  58,  70,  72,  75,  76,  ibid.  10"  Sonates  pour 
piano  seul,  op.  5,  20,  26,  30,  54,  AG,  52,  55, 
59,  60,  88,  ibid.  11"  Beaucoup  de  rondeaux  et 
de  divertissements  idem,  ibid.  12"  Beaucoup 
de  thèmes  variés  idem,  ibid.  13"  Plusieurs 
cahiers  de  danses,  de  valses,  etc.,  idem,  ibid. 
14"  Plusieurs  cahiers  de  chants  pour  quatre 
voix  d'hommes,  ibid.  15"  Onze  cahiers  de 
chants  à  voix  seule,  avec  accompagnement  de 
piano,  î6td. 

KLIIIMSTEDT  (Frédéhic),  compositeur, 
directeur  et  professeur  de  musique  à  Eisenach, 
est  né  à  Oldisleben,  dans  le  grand-duché  de 
Saxe-Weimar,  le  20  décembre  1809.  Organisé 
pour  la  musique,  il  tit  dès  sa  première  enfance 
de  rapides  progrès  dans  les  éléments  de  cet 
art,  sous  la  dir^tion  de  Zoelner,  cantor  du 
lieu  de  sa  naissance.  A  l'Age  de  dix  ans,  son 
penchant  pour  la  musique  était  devenu  une 
passion;  mais  ses  parents,  le  destinant  à  l'étude 
de  la  théologie,  multiplièrent  les  obstacles 
pour  l'empêcher  d'acquérir  des  connaissances 
dans  un  art  qui  avait  pour  lui  tant  d'attraits. 
A  l'âge  de  douze  ans,  il  fut  envoyé  au  collège 

BIOGR.  UNIV.  DES  MDSICIE.NS.  T.  V. 


de  Frankenhausen,  petite  ville  de  la  princi- 
pauté de  Schwarzbourg-Rudolstadt,  où  se  trou- 
vent des  eaux  thermales  qui  attirent  les 
étrangers.  Le  lieu  était  mal  choisi  pour  guérir 
KUlimstedt  de  sa  mélomanie,  car  il  y  vint  une 
troupe  de  comédiens  ambulants  qui  représen- 
tèrent le  FreyschUtz  deWeber,  et  le  .jeune 
étudiant  y  chanta  dans  les  choeOrs.  Un  monde 
nouveau  de  musique  s'ouvrit  dès  ce  moment 
pour  lui  :  il  en  eut  des  vertiges;  mais  toutes 
ses  sollicitations  furent  vaines  :  il  ne  put 
changer  les  résolutions  de  ses  parents.  A  seize 
ans,  on  le  plaça  au  collège  de  Weimar  avec  le 
dessein  de  lui  faire  suivre  plus  tard  les  cours 
de  l'université  de  Jéna.  Là,  les  concerts, 
l'opéra  et  la  musique  d'église  donnèrent  de 
nouveaux  aliments  à  la  passion  de  Ruhmstedl. 
Pendant  trois  ans,  il  fut  dans  un  état  de  souf- 
l'rance  de  ne  pouvoir  se  livrer  en  liberté  à  la 
culture  de  l'art  pour  lequel  il  était  né.  Enfin, 
parvenu  à  l'âge  de  dix-neuf  ans,  il  prit  une 
résolution  énergique,  et  seul,  à  pied,  presque 
sans  argent,  il  franchit  l'énorme  distance  qui 
le  séparait  de  Darmstadt,  pour  aller  demander 
au  célèbre  organiste  Rink  une  instruction 
théorique  et  pratique  dont  il  éprouvait  l'im- 
périeux besoin.  Trois  années  d'études  sous  cet 
excellent  maître  suffirent  pour  faire  de  KUhm- 
sfedt  un  musicien  instruit,  un  bon  organiste 
et  un  pianiste  habile.  De  retour  dans  sa  fa- 
mille, il  se  réconcilia  avec  elle  et  parvint  à  lui 
donner  des  idées  plus  justes  sur  la  musique  et 
sur  ceux  qui  la  cultivent.  Ce  fut  alors  qu'il 
écrivit  un-  opéra  intitulé  Bie  Schlangen 
Kœnigin  (la  Reine  des  serpents),  et  plusieurs 
autres  ouvrages  qui  furent  terminés  dans  sa 
vingt-troisième  année.  Il  formait  le  projet  d'un 
voyage  d'artiste  dans  les  villes  principales  de 
l'Allemagne,  pour  se  faire  connaître  comme 
pianiste,  organiste  et  compositeur,  lorsqu'un 
accident  funeste,  inattendu,  vint  tout  à  coup 
dissiper  ses  rêves  de  bonheur,  et  le  priver  en 
quelque  sorte  de  tout  moyen  d'existence.  Une 
paralysie  de  la  main  droite  se  déclara  subite- 
ment, sans  cause  apparente,  et  le  mit  dans 
l'impossibilité  de  jouer  d'un  instrument  et  de 
faire  entendre  ses  ouvrages.  L'espoir  de  trouver 
quelque  remède  pour  son  mal,  et  le  désir  de 
faire  mettre  en  scène  son  opéra,  le  conduisi- 
rent d'abord  à  Weimar,  puis  à  Leipsick,  et 
enfin  à  Berlin,  mais  inutilement  pour  un  but 
comme  pour  l'autre.  Il  retourna  à  Weimar 
pauvre,  maladif,  et  y  vécut  misérablement,  en 
donnant  quelques  leçons  de  piano  mal  payées.  - 
Quelques  années  se  passèrent  ainsi  :  enfin,  la 
place  de  directeur  de  musique  à  Eisenach  de- 

9 


130 


KUHMSTËDT  -  KUHN 


vint  vacante,  et  le  pauvre  artiste  roblint  avec 
le  modique  traitement  de  moios  de  deux  cents 
écus  de  Prusse  (à  peine  sept  cent  cinquante 
francs).  C'était  une  ajnélioralion  à  sa  situa- 
tion ;  mais  il  n'en  avait  pas  fini  avec  l'infor- 
tune; car  il  se  maria,  et  le  jour  de  ses  noces, 
sa  femme  fut  frappée  de  mort  subite,  en  sor- 
tant du  temple.  Accablé  par  ce  nouveau  mal- 
heur, Kuhmstedt  resta  quelque  temps  dans 
l'inaction;  mais  après  avoir  épuisé  cette  dou- 
leur, l'amour  de  l'art  lui  revint,  et  il  se  remit 
au  travail.  Il  avait  pris  l'habitude  d'écrire  sa 
musique  de  la  main  gauche  et  maniait  sa 
plume  avec  autant  de  dextérité  qu'il  aurait  pu 
le  fairede  sa  droite.  Ce  futalors  que  commença 
sa  grande  activité  productrice  et  qu'il  écrivit 
son  oratorio  de  la  Résurrection  du  Christ 
(Die  Juferstehung  Jesu);  deux  grandes 
symphonies,  exécutées  à  Cassai,  en  1843  et 
1844;  un  autre  oratorio  intitulé  Der  Sieg  des 
Gœttlichen  (le  Triomphe  des  choses  divines); 
une  messe  solennelle  à  quatre  voix  et  or- 
chestre ;  deux  grandes  ballades  avec  chœur  et 
orchestre  ;  plusieurs  ballades  et  Lieder  avec 
accompagnement  de  piano;  des  hymnes,  des 
motets  et  d'autres  pièces  pour  l'église,  avec 
et  sans  accompagnement  ;  des  concertos  et  des 
sonates  pour  piano;  des  rondos,  caprices  et 
fantaisies  pour  le  même  instrument,  op.  15, 
16,  publiés  à  Leipsick,  chez  Hofmeister;  une 
grande  fugue  de  concert  à  quatre  parties,  sur 
un  thème  donné  par  Liszt,  op.  24,  Erfurt, 
Kœrner;  une  bonne  introduction  à  l'étude 
des  œuvres  de  J.-S.  Bach,  pour  les  organistes 
et  les  pianistes,  sous  ce  litre  :  Gradus  ad 
Parnassum,  oder  Forschule  zu  Seb.  Bach 
Klavier  und  Orgel  compositionen,  op.  4; 
Mayence,  Schott.  Cet  ouvrage,  composé  de  six 
suites,  renferme  des  préludes  et  fugues,  dans 
tous  les  tons  majeurs  et  mineurs,  pour  l'orgue 
et  le  clavecin.  On  a  aussi  de  Kuhmstedt  : 
Vingt-cinq  préludes  faciles  et  mélodieux  pour 
l'orgue,  à  l'usage  du  service  divin,  op.  5, 
in-4'';  Erfurt,  Kœrner;  vingt-cinq  idem, 
op.  12;  Mayence,  Schott;  huit  pièces  d'orgue 
de  différents  genres  pour  l'élude  et  pour  le 
service  divin,  op.  17;  Erfurt,  Kœrner;  quatre 
fugues  pour  servir  de  conclusions,  op.  18, 
t6td.  ;  grande  double  fugue  pour  servir  de 
pièce  de  concert  d'orgue,  op.  28,  ibid.  ;  Fan- 
tasia eroica  pour  orgue,  op.  29,  ibid.  ;  re- 
cueil de  fugues  et  de  grands  préludes  idem, 
op.  19;  Mayence,  Schott;  l'Art  de  préluder 
sur  l'orgue  (die  Kunst  des  Vorspiels  filr 
Orgel),  op.  6,  ibid.  Kahmsledt  est  aussi  auteur 
d'un  traité  d'harmonie  pour  ceux  qui  veulent 


apprendre  cette  science  sans  le  secours  d'un 
maitre  {Theoretisch-praktische  Harmonien- 
und  Ausweichungslehre  fur  aile  dieienigen, 
welche ,  ohne  den  mundlichen  Unterricht 
eines Meisters  geniessen  zukœnnen,  sich  die 
nœthige  praktische  Ferligkeit  im  reinen 
Satz-und  harmonische  Gewandtheite  in 
kuTzer  Zeit  aneignen  tvollen  ,  Eisenach , 
Bœrnker,  18-38,  in-4°  de  XX  et  de  cent  trente 
pages.  La  réputation  méritée  qu'avaient  faite 
à  Kuhmstedt  ses  compositions  et  ses  ouvrages 
didactiques  le  firent  rechercher  comme  pro- 
,  fesseur  ;  il  eut  beaucoup  d'élèves,  et  sa  position 
fut  heureuse  dans  ses  dernières  années.  Cet 
artiste  estimable  est  mort  à  Eisenach,  le 
8  Janvier  1838,  à  l'âge  de  quarante- huit 
ans. 

KCHN  (Adaib-Frédékic),  magister  et  rec- 
teur au  gymnase  de  Sorau,  mort  le  18  octobre 
1795,  a  publié,  au  nombre  de  plusieurs  savants 
écrits  :  1"  Ueber  Lieder  filr  die  Jugend  (Sur 
les  chansons  pour  la  jeunesse),  Sorau,  1787, 
in-4'>  de  16  pages.  2»  Beytrxg  zu  einer 
Allgem.  Schulgesangbuche  fiir  die  gebilde- 
tere  Jugend  (Essai  d'une  méthode  générale  de 
chant  pour  la  jeunesse  bien  élevée),  ibid., 
1795,  in-8». 

KUIIIX  (Antoine  L.),  professeur  de  piano, 
à  Manheim,  vers  la  fin  du  dix-huitième  siècle, 
y  a  publié  :  1"  Trois  sonates  pour  clavecin  et 
violon,  op.  1,  1783.  2"  Trois  idem,  op.  2, 
ibid.  3°  Trois  idem,  op.  ô,  ibid.,  1786. 
4°  Trois  îcZem,  op.  3,  ibid.  5"  Petites  pièces 
pour  clavecin,  op.  7,  ibid.,  op.  8,  Baie. 

RUIIIX  (Joseph),  professeur  de  musique 
élémentaire  à  Amerbach  (  Cercle  du  Mein 
inférieur,  en  Bavière),  est  auteur  d'un  livre 
qui  a  pour  titre  :  Harmonielehre  nebst  An- 
leitutig  zum  Generalbass-spielen,  mit  No- 
tenbeispielen  (Science  de  l'harmonie  suivie 
d'une  instruction  pour  jouer  la  bassecontinue, 
avec  des  exemples  notés),  Wurzbourg,  Struker, 
1823,  in-8». 

KUUN  (Joseph-Charles)  ,  professeur  de 
musique  et  compositeur  à  Liegnitz,  est  né  à 
Elbing,  le  30  avril  1803.  Après  avoir  appris 
pendant  six  ans  les  éléments  de  la  musii|ue 
et  de  l'art  de  jouer  du  piano,  sous  la  direction 
de  M.  Urban,  conseiller  de  la  ville  et  directeur 
de  musique,  il  a  fait,  en  1823,  un  grand 
voyage  en  Allemagne,  dans  lequel  il  s'est  fait 
connaître  avantageusement  comme  virtuose. 
Il  s'est  ensuite  établi  à  Breslau,  pour  enseigner 
l'harmonie  et  la  composition,  et  a  écrit  pour 
ses  élèves  dans  cette  dernière  partie  de  la 
science  un  manuel  spécial  intitulé  :  la  Doctrine 


KUHN  -  KÙIINAU 


131 


des  fugues  mise  en  ordre  et  appliquée  par 
des  exemples.  Après  un  séjour  de  trois  ans  en 
cette  ville,  M.  Kuhn  a  recommencé  ses  voyages 
et  a  visité  l'Autriche  et  la  Bohême  ;  puis  il  est 
retourné  dans  la  Silésie,  d'abord  à  Neisse,  où 
il  a  fait  un  séjour  de  onze  mois,  ensuite  à 
Liegnitz.  Depuis  ce  temps  il  a  écrit  un  très- 
grand  nombre  de  compositions  de  tout  genre, 
mais  il  n'en  a  été  publié  qu'une  petite  partie, 
dans  laquelle  on  remarque  une  fantaisie  pour 
clarinette  et  orchestre,  un  Miserere  à  deux 
voix,  et  quelques  chansons  avec  accompagne- 
ment de  piano.  11  a  composé  trois  opéras 
{Fédor  et  Marie ,  les  Ouvriers  mineurs,  Ca- 
lypso),  qui  n'ont  point  été  représentés  et  qui 
sont  encore  en  manuscrit,  ainsi  que  plusieurs 
messes,  un  Te  JDeiim  à  quatre  voix  et  or- 
chestre, deux  symphonies,  plusieurs  ouver- 
tures, concertos  et  caprices  pour  hautbois, 
fantaisies  pour  l'orchestre,  concertos  et  autres 
morceaux  pour  basson,  quatuors,  sonates  et 
rondeaux  pour  piano,  chansons  à  plusieurs 
voix,  etc.  On  a  aussi  de  RUhn  un  petit  ou- 
vrage intitulé  :  48  Uehergsnge  von  C  dur 
und  C  moll  nach  aller  Dur-und  Molltonar- 
ten  (Quarante-huit  transitions  des  tons  d'wf 
majeur  et  d'j<i  mineur  dans  tous  les  tons 
majeurs  et  mineurs),  op.  10,  Vienne,  Has- 
Iinger(1829),  petit  jn-lol.  obl.de  treize  pages. 
Cet  artiste  montre  dans  quelques-uns  de  ses 
ouvrages  des  qualités  estimables  et  une  cer- 
taine élévation  de  style. 

KUIIÎN  (Georges),  né  à  Montbéliard(Doubs), 
le  2G  novembre  1789,  fit  ses  premières  éludes 
musicales  dans  cette  ville.  A  l'âge  de  dix-huit 
ans,  il  se  rendit  à  Paris  et  fut  admis  au  Con- 
servatoire comme  élève  de  Catel  pour  l'har- 
monie. Plus  tard,  il  étudia  le  contrei)oint 
sous  la  direction  de  Cherubini  et  devint 
habile  dans  l'art  d'écrire.  Le  15  avril  1822, 
il  fut  nommé  professeur  de  solfège  au  Con- 
servatoire. Livré  à  l'enseignement,  Kuhn  pu- 
blia divers  ouvrages  élémentaires,  au  nombre 
(lesquels  on  remarque  un  Solfège  des  écoles, 
Paris,  1824;  un  Tableau  de  la  génération 
des  accords;  un  Recueil  de  contrepoints 
doubles  et  de  fugues  scolastiques,  et  un  Sol- 
fège des  chanteurs  avec  accompagnement  de 
piano,  ou  m,éthode  analytique  de  musique, 
Paris,  Benoit  et  Meissonnier,  1851,  gr.  in-4''. 
Lors(iue  les  Concerts  du  conservatoire  furent 
rétablis,  en  1829,  par  une  association  de  ses 
anciens  élèves  qui  prit  le  titre  de  Société  des 
concerts,  Cherubini  lui  confia,  en  qualité  de 
professeur,  une  classe  de  chant  d'ensemble 
destinée  à  cet  objet.  Kuhn  enseignait  au-isi  la 


théorie  de  la  musique  et  le  solfège  aux  élèves 
du  pensionnat  du  Conservatoire. 

Né  dans  la  religion  réformée,  il  dirigeait  la 
musique  au  temi)le  protestant  de  la  rue  des 
Billetles.  En  1832,  il  publia  un  recueil  de 
chants  à  voix  seule  et  à  plusieurs  voix,  à 
l'usage  de  ce  culte.  Ayant  amassé,  par  ses 
économies,  le  capital  d'un  revenu  modeste,  il 
prit  sa  retraite  de  professeur  au  Conservatoire, 
le  1"  février  1848,  e(  obtint  la  pension  en 
récomi)ense  de  ses  longs  et  honorables  sel-vices. 
En  1849,  il  retourna  à  Monlbéliard  et  y  passa 
ses  dernières  années  dans  le  repos  et  l'étude 
des  œuvres  classiques.  Il  y  est  mort,  le  20  sep- 
tembre 1858,  à  l'âge  de  soixante-neuf  ans. 

KUHNAU  (Jean),  savant  musicien,  naquit 
au  mois  d'avril  1G67,  à  Geysing,  en  Saxe,  sur 
les  frontières  de  la  Bohême,  où  ses  ancêtres 
s'étaient  retirés  à  l'époque  des  troubles  reli- 
gieux. Lorsqu'il  eut  atteint  l'âge  de  neuf  ans, 
ses  parents  l'envoyèrent  à  l'école  de  Sainte- 
Croix,  à  Dresde.  Alexandre  Heriag,  organiste 
de  cette  paroisse,  lui  donna  les  premières  le- 
çons de  musique.  Il  fit  sous  ce  maître  de  ra- 
pides progrès;  à  peine  avait-il  atteint  l'âge  de 
douze  ans,  que  déjà  il  écrivait  de  petites  com- 
positions. Ces  premiers  essais  intéressèrent 
en  sa  faveur  le  maître  de  chapelle  Vincent 
Albricci,  qui  lui  permitd'étudier  les  partitions 
de  ses  ouvrages,  et  d'assister  aux  répétitions 
et  aux  exercices  de  la  chapelle.  Admis  dans  la 
famille  de  ce  maître,  il  y  recueillit,  entre  au- 
tres avantages,  celui  d'apprendre  de  bonne 
heure  la  langue  italienne,  la  seule  qu'on  y 
parlât.  Dans  le  même  temps,  il  prenait  des 
leçons  de  français.  Une  maladie  épidémique, 
assez  semblable  à  la  peste,  se  manifesta  tout  à 
coup  à  Dresde,  en  1680,  et  fut  cause  que  les 
parents  de  Kuhnau  le  rappelèrent  près  d'eux, 
avant  qu'il  eût  eu  le  temps  de  se  préparer  à 
finir  ses  études  à  l'Université.  A  peine  de  re- 
tour à  Geysing,  il  reçut  de  Titius,  cantor  à  Zil- 
tau,  l'invitation  de  se  rendre  au  Gymnase  de 
cette  ville,  pour  y  continuer  ses  éludes  sous 
la  direction  de  Weiss,  alors  recteur  de  cette 
école.  Il  s'y  rendit  en  effet  et  sut  bientôt  ac- 
quérir l'amitié  de  son  maître  par  ses  progrès 
dans  les  sciences  et  par  son  mérite  comme  mu- 
sicien. L'époque  approchaitoù  l'on  devait  élire 
à  Zillau  les  magistrats  de  la  ville,  et  l'usage 
exigeait  qu'on  célébrât  cet  événement  par  un 
discours  suivi  d'une  musique  solennelle.  La 
protection  de  Weiss  valut  à  KUhnau  l'hon- 
neur d'être  choisi  pour  composer  le  motet  qui 
devait  être  chanté  en  cette  circonstance.  Il 
choisit  pour  sujet  le  texte  du  psaume  20 j  el 

y. 


13-2 


KUHNAU 


il  termina  son  ouvrage  par  plusieurs  cantiques 
allemands.  Ce  psaume  fut  chanté  par  un 
double  chœur  que  Kuhnau  dirigeait  lui- 
même. 

En  1C82,  il  alla  à  l'Université  de  Leipsick. 
Le  titre  d'élève  d'Albricci  le  fit  accueillir  avec 
empressement  dans  les  meilleures  malsons  de 
la  ville.  Une  circonstance  favorable  se  présenta 
bientôt  pour  le  faire  connaître  avec  avantage. 
L'électeur  de  Saxe  Jean-Georges  venait  de 
rentrer  dans  ses  États,  après  avoir  vaincu  les 
Turcs.  Il  visita  Leipsick  à  l'époque  de  la  foire, 
et  les  étudiants  de  l'Université  chantèrent  à 
cette  occasion  un  grand  morceau  composé  par 
Kuhnau,  et  qu'il  dirigea  lui-même.  Cette  com- 
position produisit  un  bel  effet.  Elle  fixa  l'at- 
lention  générale  sur  son  auteur  qui,  à  la  mort 
de  Kuhnel,  organiste  de  l'église  Saint-Tho- 
mas, fut  élu  pour  son  remplaçant,  en  1684, 
quoiqu'il  ne  fut  âgé  que  de  dix-sept  ans.  Cette 
place  lui  ayant  fourni  les  moyens  de  continuer 
ses  études,  il  commença  celle  de  la  jurispru- 
dence, fréquenta  les  leçons  des  meilleurs  pro- 
fesseurs, soutint  plusieurs  thèses  surdifférents 
sujets,  entre  autres  une  en  langue  grecque,  et 
obtint  enfin  le  titre  d'avocat.  Le  savoir,  la  pru- 
dence et  la  droiture  dont  il  fit  preuve  dans  les 
procès  qui  lui  furent  confiés,  lui  concilièrent 
l'estime  générale.  Dans  le  même  temps,  il  cul- 
tivait les  mathématiques,  ainsi  que  la  philolo- 
gie grecque  et  hébraïque.  Il  traduisit  aussi 
plusieurs  ouvrages  du  français  et  de  l'italien, 
écrivit  des  compositions  musicales  de  diffé- 
rents genres,  et  des  traités  relatifs  à  l'histoire 
ou  à  la  théorie  de  la  musique.  En  1700,  on  le 
choisit  pour  remplir  la  place  de  directeur  de 
musique  de  l'Université  de  Leipsick;  dans 
Tannée  suivante,  après  la  mort  de  Schelle, 
il  joignit  à  ces  fonctions  celles  de  cantor  ou  de 
maître  des  enfants  de  l'école  Saint-Thomas, 
et  de  plus  il  fut  organiste  des  deux  églises 
principales  de  la  ville.  Il  mourut  à  l'âge  de 
cinquante-cinq  ans,  le  25  juin  1722. 

Les  ouvrages  de  Kuhnau  relatifs  à  la  mu- 
sique sont  :  1°  Une  thèse  académique  qu'il 
soutint  à  l'Université  de  Leipsick  pour  ses 
licences  d'avocat,  et  qui  est  citée  parWalther, 
Maltheson,  Forkel,  Gerber  et  tous  leurs  co- 
pistes, sous  ce  titre  :  Dissertatio  de  Juribus 
circa  musicos  ecclesiasticos,  ma's  dont  le 
litre  véritable,  bien  prolixe  à  la  vérité,  est 
celui-ci  :  Divini  Numinis  assistentia  illus- 
Crisqiie  Juriconsultorum  in  (îorentissima 
Academia  Lipsiensi  Ordinis  indultu  Jura 
circa  Musicos  ecclesiasticos ,  sub  modera- 
mine  Dn.  Jndrex  Mylii,  J.  U.  D.   Jnst. 


Jmp.  P.  P.  et  Facultatis  Juridics  Assesso- 
ris,  Domini  Patroni,  PrxceptoTisque  sut, 
omni  honoris  et  observantix  cultu  œtatem 
suspiciendi  ad  diem  21  decembris  1688,  loco 
horisque  consuetis  publics  Eruditorum  dis- 
quisitioni  submittit  Johannes  Kuhnau,  au- 
tor,  Lipsiœ,  Literis  Christian!  Blankmanni, 
1688,  in-4''  de  quarante-quatre  pages.  2°  Dtr 
Musikalische  Quack-Salber ,  nicht  allein  de- 
nen  verstxndigen  Liebhabern  der  Mustk, 
sondern  auch  allen  andern,  tvelche  in  diesir 
Kunst  keine  sonderbare  Wissenschafl  ha- 
ben,  etc.  (le  Charlatan  musicien,  etc.), 
Dresde,  Jean-Christophe  Mielh,  1700,  in-12 
de  cinq  cent  trente-quatre  pages.  Ce  livre  est 
une  sorte  de  roman  satirique  dirigé  contre  la 
musique  italienne,  alors  en  vogue  à  la  cour  de 
Saxe,  et  contre  les  musiciens  italiens  qui  y 
étaient  en  faveur.  Rempli  de  plaisanteries 
lourdes  et  de  mauvais  goût,  de  pédanlisme,  et 
d'interminables  divagations,  cet  ouvrage,  dont 
le  héros  est  un  certain  Cara/a,  maître  de  cha- 
pelle ignorant  et  charlatan,  n'est  plus  lisible 
aujourd'hui.  Les  autres  ouvrages  théoriques  de 
Kuhnau  sont  restés  en  manuscrit  :  ils  ont  pour 
titre  :  3»  Tractatus  de  Tetracordo  seu  mu- 
sica  antiqua  ac  hodierna.  4"  Introductio  ad 
compositionem  musicalem,  1696.  5°  Dispu- 
talio  de  Triade  harmonica.  Wallher  a  indi- 
qué le  contenu  de  ces  trois  ouvrages,  dans  son 
Lexique  de  musique.  Le  même  auteur  donne 
les  titres  suivants  des  compositions  de  Kuhnau  : 
1  "  Zwei  Theile  der  Clavier-  Ubung  ans  1 4  Par- 
tien  zusammen  bestehend  (Exercices  de  cla- 
vecin, deux  cahiers,  en  quatorze  suites), 
Leipsick,  1689.  2°  Die  Clavier-Friichten  aus 
7  Sonaten  (les  Fruits  du  clavecin,  en  sept  so- 
nates), 1696;  ouvrage  d'un  excellent  style  qui 
a  servi  de  modèle  à  plusieurs  compositeurs 
plus  modernes.  3"  Biblische  Historien  von 
6  Sonaten  (Histoires  tirées  de  la  Bible,  avec 
les  explications,  en  six  sonates),  1700. 

M.  Ch.  Ferd.  Becker,  de  Leipsick,  a  publié 
dans  cette  ville  douze  pièces  choisies  dans  les 
œuvres  des  clavecinistes  des  dix-septième  et 
dix-huitième  siècles  et  y  a  inséré  deux  mor- 
ceaux de  Kuhnau  tirés,  l'un  de  la  deuxième 
partie  des  Exercices  (Claoier  Ûbung),  l'autre 
du  recueil  intitulé  :  Clavier-Friichten  (Fruits 
du  clavecin);  il  donne  au  premier  de  ces  re- 
cueils la  date  de  Leipsick,  1695,  et  à  l'autre, 
celle  de  1710.  M.  Farrenc,  qui  a  inséré  les  sept 
sonates  de  Kuhnau  dans  la  deuxième  partie  de 
sa  magnifique  collection  intitulée  Trésor  des 
pianistes,  y  a  joint  une  bonne  notice  dans 
laquelle  il  a  rétabli  les  véritables  litres,  d'après 


KUHNAU 


133 


un  exemplaire  qui  m'appartient,  en  les  ac- 
compagnant de  quelques  observations.  Voici 
ces  titres  :  «  Johann  Ktihnauens  Neiier  Cla- 
vier Ûbung  andern  Thcil  das  ist  stebcn 
Partien  aus  dem  Re,  mi,  fa,  oder  Tertia 
minore  eines  jedweden  Toni,  benebensteiner 
Sonata  arts  dem  B.  denen  Liebhabern  dièses 
Instruments  besondern  Fergnugen  auffge- 
setzet.  Leipsick ,  in  rerlegung  des  Autors. 
Il  n'y  a  pas  de  date  sur  le  titre  ;  mais  à  la  fin 
de  l'avis  au  lecteur,  gravé,  qui  suit,  on  lit  : 
Leipsig,  anno  170ô;  mais  il  est  facile  de  voir 
que  la  planche  a  été  retouchée,  caries  carac- 
tères de  cette  date  ne  sont  pas  ceux  de  l'avis 
au  lecteur. 

Le  titre  de  l'autre  recueil,  dans  mon  exem- 
plaire, est  :  Johann  Kiihnauens ,  Frische  Cla- 
vier-Friichte  oder  sieben  Suonaten  von  guter 
Invention  und- Manier  auff  dem  Clavier  zu 
spielen.  Dresden  und  Leipsick  in  Ferlegung 
Joh.  Christoph  Zimmermans ,  ,1700.  Suit 
l'épître  dédicatoire  au  comte  Jean  Antoine 
Losy,  à  la  fin  de  laquelle  on  lit  :  Leipsick, 
4  may  1696.  Vient  enfin  un  long  avis  au 
lecteur.  Le  titre,  gravé  sur  cuivre  comme  tout 
l'ouvrage,  est  renfermé  dans  une  guirlande  où 
sont  représentées  toutes  sortes  de  fruits. 

Les  contradictions  de  dates  qu'on  remarque 
dans  ces  ouvrages  ne  se  peuvent  expliquer  que 
par  des  tirages  faits  à  des  époques  ditTérenles 
sur  les  planches  de  cuivre,  et  dont  a  on  voulu 
rafraîchir  la  publication  en  changeant  l'indi- 
cation des  années.  Il  y  a,  du  reste,  beaucoup 
d'obscurité  sur  tout  cela. 

Les  pièces  de  Kuhnau,  particulièrement  les 
sonates,  sont  d'un  beau  style,  où  se  fait  recon- 
naître la  tradition  de  la  grande  école  des  or- 
ganistes allemands  du  dix-septième  siècle.  Le 
caractère  en  est  plus  religieux  que  passionné. 
Il  n'y  faut  chercher  ni  les  formes,  ni  le  carac- 
tère de  la  sonate  moderne,  dont  le  modèle  pri- 
mitif n'existe  que  dans  les  œuvres  de  Charles- 
Philippe-Emmanuel  Bach.  Les  sonates  de 
Kuhnau  sont  l'ancienne  pièce  sérieuse  qu'on 
opposait  autrefois  à  ce  qu'on  appelait  les 
suites,  c'est-à-dire  les  recueils  de  morceaux 
courts  composés  dans  les  mouvements  des 
divers  caractères  de  danses. 

Herzog,  juge  à  Mersebourg,a  publié  l'éloge  de 
Kuhnau  sous  ce  titre  :  Memoria  beati  defuncti 
Directoris  Chori  Musici  Lipsiensis  Dn.  Jo- 
hannis  Kuhnau,  Polyhistoris  musici,  et  re- 
Uqua  summopere  incliti ,  etc.,  Lipsiœ,  1722, 
10-4». 

RUIINAU  (Jean-Ciiristophe),  directeur 
de  musique  et  cantor  à  l'église  de  la  Trinité, 


à  Berlin,  naquît  le  10  février  1735,  à  Volk- 
stadt,  village  près  d'Eisleben.  Après  avoir  ap- 
pris à  jouer  de  plusieurs  instruments  chez  le 
musicien  de  ville  de  Magdebourg,  il  se  voua  à 
l'enseignement,  et  fut  nommé  professeur  à 
l'École  normale  de  Berlin,  en  1763.  Il  y  éta- 
blit dans  la  même  année  un  chœur  de  chant 
qui,  jusqu'à  la  mort  de  son  fondateur,  fut  con- 
sidéré comme  undes  meilleursdel'Allemagne. 
En  1775,  le  nouvel  orgue  de  l'église  de  la  Tri- 
nité ayant  été  inauguré,  Ktlhnau  écrivit  à 
cette  occasion  une  cantate  solennelle  qui  fut 
exécutée  avec  succès.  Sa  nomination  de  cantor 
à  cette  église,  en  1788,  le  décida  à  donner  sa 
démission  de  sa  place  de  professeur  à  l'École 
normale;  il  conserva  seulement  la  direction 
du  chœur  qu'il  y  avait  fondé.  Jusqu'à  l'âge  de 
soixante -dix  ans,  il  remplit  ces  fonctions,  et 
mourut  le  5  octobre  1805.  Kuhnau  avait  trente 
ans  lorsqu'il  apprit  à  jouer  du  clavecin  ;  il  était 
plus  âgé  encore  lorsque  Rirnberger  lui  ensei- 
gna l'harmonie  et  la  composition  ;  néanmoins, 
il  a  composé  quelques  cantates  qui  ne  sont  pas 
sans  mérite.  Son  Jugement  dernier  a  été  pu- 
blié, en  1784,  en  partition  réduite  pour  le 
piano.  En  1790,  il  fit  paraître  aussi  à  Berlin 
des  préludes  de  chorals  pour  l'orgue,  dont  une 
partie  a  été  composée  par  lui,  et  le  reste  par 
Kirnberger,  Schale,  Vierling,  C.-P.-E.  Bach, 
Harsow.  J.-Léon  Hassler,  Gulterman  et  Oley. 
3Iais  le  titre  principal  de  KUhnau  au  souvenir 
de  la  postérité  est  le  livre  de  mélodies  chorales 
à  quatre  voix,  qu'il  publia  sous  ce  titre:  Fier- 
stimmige  alte  und  neue  Choralgesxnge,  mit 
Provinzial-Abweichungen  (Anciens  et  nou- 
veaux chants  chorals  à  quatre  voix,  avec  les  va- 
riantes de  différentes  provinces),  Berlin,  1786, 
in^"  de  deux  cent  trente  pages  obi.  Idem,, 
deuxième  partie,  Berlin,  1790,  in-4''  de  deux 
cent  soixante-quatorze  pages.  Gerber  dit  que 
ce  recueil  est  un  des  plus  complets  qui  exis- 
tent, et  qu'il  a  le  mérite  d'indiquer,  outre  les 
variantes  provinciales,  les  noms  des  auteurs, 
ou  du  moins  l'époque  à  laquelle  les  mélodies 
appartiennent.  Quatre  autres  éditions  de  ce 
même  recueil  ont  été  publiés  par  le  fils  de 
l'auteur  en  1817,  1818,  1823  et  1825. 

RLIINAU  (Jean-Frédéuic-Guillaume)  , 
fils  du  précédent,  est  né  à  Berlin,  le  29  juin 
1780.  Élève  de  son  père,  il  s'est  formé  prin- 
cipalement dans  l'art  de  jouer  de  l'orgue  par 
ses  propres  efforts.  En  1814,  il  a  été  nommé 
organiste  de  l'église  de  la  Trinité.  Plusieurs 
fois  il  a  donné  des  preuves  de  son  habileté 
dans  des  concerts  d'orgue,  en  exécutant  de» 
l  pièces  de  J.-S.  Bach.  Dans  les  diverses  éditioni, 


134 


KÙllNAU  —  KÙHNEL 


du  livre  c'noral  de  son  père,  il  a  introduit 
beaucoup  de  corrections  et  d'améliorations. 
On  dit  que  longtemps  il  s'occupa  de  grands 
travaux  relatifs  à  l'histoire  et  à  la  théorie  de 
la  musique.  Dans  son  système  de  construction 
de  l'orgue,  l'abbé  Vogler  avait  attaqué  l'exis- 
tence des  jeux  de  mutation  de  cet  instrument, 
tels  que  les  cymbales  et  fournitures.  Ce  système 
a  trouvé  beaucoup  de  partisans  en  Allemagne; 
Kiihnau  prit  avec  juste  raison  la  défense  de 
ces  jeux  singuliers,  et  démontra  très-bien 
qu'ils  sont  essentiels  et  caractérisques  dans 
l'orgue.  Ses  observations  sur  cet  objet  eut  été 
publiées  dans  la  Gazette  musicale  de  Leipsick 
(t.  33,  p.  227  etsuiv.,  et  t.  34,  p.  65  et  suiv.). 
Cet  artiste  est  mort  à  Berlin  le  1"  janvier 
1848. 

KÙHIXAU  (K.-J.),  étudiant  en  médecine 
à  l'université  de  Gœttingue ,  a  soutenu  dans 
cette  université  une  thèse  sur  les  fonctions  des 
organes  de  l'ouie ,  qui  a  été  imprimée  sous  ce 
titre  :  Dissertatio  de  organis  auditui  inser- 
vientibus,  Gœttingae,  1799,  iu^". 

KÛHIVAU  (  Jean-Curistophe-Guillaume)  , 
littérateur  allemand  ,  mort  à  Berlin,  le  27  août 
1813,  est  auteur  d'une  Biographie  des  célèbres 
musiciens  aveugles.  Cet  ouvrage  a  pour  titre  : 
Die  Blinden  Tonkunstler;  Berlin,  1810,  chez 
C.  Salfeld,  petit  in-8"  de  347  pages,  avec 
quelques  planches  de  musique.  La  préface  (de 
xxxx  pages)  est  datée  de  Carlshoff,  près  de 
Brietzen  sur  l'Oder,  dans  Je  Brandebourg. 
Lichtenthal  et  F.  Becker  se  sont  trompés  en 
attribuant  l'ouvrage  dont  il  s'agit,  le  premier, 
à  Jean-Christophe  Kùlmau,  mort  cinq  ans  avant 
l'impression  du  livre,  le  second,  à  Jean-Frédéric- 
Guillaume. 

KÛIIIVE  (Jean-Guillaume-Henri),  suivant 
les  indications  de  Kœrner,  ou ,  d'après  les 
Lexiques  universels  de  musique  de  Gassner 
et  de  M.  Bernsdorf,  Jérérnie-Nicolas,]  est 
né  à  Erfurt,  le  1"  mai  1807.  Il  n'était  âgé  que 
de  huit  ans,  lorsque  son  père  lui  enseigna  à 
jouer  de  la  flûte.  A  douze  ans  ,  il  apprit  à  jouer 
du  violon.  Deux  ans  après,  il  entra  au  Collège 
du  lieu  de  sa  naissance  et  y  reçut  des  leçons 
de  piano  et  d'harmonie  de  Gebhardi  {voyez  ce 
nom).  Lorsqu'il  eut  atteint  sa  seizième  année, 
on  l'envoya  au  Séminaire  des  instituteurs  de 
la  même  ville,  et  il  se  livra  à  l'élude  de  l'or- 
gue ,  s«î3  ia  direction  de  l'excellent  organislii 
M.  G.  Fischer.  A  peine  était-il  âgé  de  dix-neuf 
ans  lorsqu'il  fut  nommé  organiste  de  l'église 
Saint-André,  et  dans  l'année  suivante  il  ob- 
tint la  place  de  professeur  à  l'École  des  pré- 
dicateurs. Après  avoir  occupé  ces  places  pen- 


dant deux  ans ,  il  fut  désigné  pour  la  position 
de  cantor  et  d'organiste  au  village  de  Gebesen , 
près  d'Erfurt.  Plus  tard,  il  fut  appelé  à  Cor- 
bach ,  dans  la  principauté  de  Wakleck,  en 
qualité  de  directeur  de  musique.  Ou  a  de  cet 
artiste  plusieurs  petites  pièces  pour  le  piano , 
quelques  œuvres  pour  le  violon ,  des  Lieder  et 
chants  à  plusieurs  voix;  des  pièces  de  conclu- 
sion pour  l'orgue  (Eifurt,  Kœrner),  et  une 
cantate  à  quatre  voix  avec  orgue  obligé  ,  inti- 
tulée :  Lohgesang ,  op.  31,  ibid.  Kœrner  a 
inséré  des  morceaux  de  la  composition  de 
Kiihne  dans  le  recueil  qui  a  pour  titre  :  Orgel- 
freund  (l'Ami  de  l'orgue)  ;  Erfurt,  ibid. 

KUHNEL  (Auguste),  virtuose  sur  ia  basse 
de  viole,  né  à  Delmenhorst,  le  3  août  1645, 
eut  pour  maître  de  composition  le  célèbre 
abbé  Steffani.  Vers  la  fin  du  dix-septième 
siècle  et  au  commencement  du  dix-huitième, 
il  vécut  à  Cassel ,  dans  le  grand-duché  de 
Hesse.  Il  y  a  fait  imprimer  :  Sonates  ou  Par- 
thien  (divertissements)  pour  une  ou  deux  basses 
de  viole,  avec  accompagnement  de  basse  con- 
tinue; 1098,  in-fol. 

KÛHIXEL  (Jean -Michel),  luthiste  et 
joueur  de  basse  de  viole ,  né  dans  la  seconde 
moitié  du  dix-septième  siècle,  fut  d'abord  atta- 
ché au  service  de  la  cour  de  Berlin,  puis,  en 
1717,  à  celui  du  duc  de  Weimar,  où  il  eut 
le  litre  de  secrétaire  du  prince ,  et  enfin  passa 
chez  le  feld-maréchal  Flemming ,  à  Dresde. 
Dans  les  derniers  temps  de  sa  vie  il  était  à 
Hambourg.  Vers  1730  on  a  gravé  de  sa  com- 
position, à  Amsterdam,  chez  E.  Roger  :  So- 
nates pour  une  ou  deux  basses  de  viole ,  avec 
basse  continue. 

KÛHIVEL  (Ambroise),  né  en  1770,  était, 
en  1800,  organiste  de  la  cour  de  l'électeur  de 
Saxe,  à  Leipsick,  lorsqu'il  s'associa  avec  Hoff- 
meister  (  voijez  ce  nom  )  pour  l'établissement 
d'un  commerce  de  musique.  Après  le  départ 
de  Hoffmeister  pour  Vienne,  Kùnhel  continua 
seul  jusqu'à  sa  mort,  arrivée  le  19  août  1813, 
la  publication  d'un  grand  nombre  d'œuvres 
intéressantes.  Il  a  eu  pour  successeur  Charles 
Peters.  C'est  à  Kùhnel  qu'on  doit  la  publica- 
tion de  quelques  belles  compositions  de  Jean- 
Sébastien  Bach ,  pour  l'orgue  et  le  clavecin , 
qui  étaient  restées  en  manuscrit  jusqu'alors. 

KÛHI\EL  (Jean-Wîlhelm),  né  à  Stult- 
gardt,  le  17  novembre  1812,  perdit  son  père  à 
l'âge  de  sept  ans,  et  fit  son  éducation  musi- 
cale sons  la  direction  de  son  oncle  Bnk,  chef 
de  musique  d'un  régiment.  Il  apprit  à  jouer  de 
phisiciiis  instruments  à  vent,  et  lorsqu'il  eut 
atteint    l'âge  de  quatorze  ans,  il  entra  comme 


I 


KiJHNEL  -  KULLAK 


flûtiste  dans  la  brigade  où  servait  son  oncle.  En 
18Ô3,  il  obtint  un  congé  illimité  et  ei>  prolita 
pour  faire  des  études  sérieuses  de  l'art  sous 
la  direction  de  Lindpaintner;  puis  il  se  rendit 
à  Vienne  et  y  reçut  des  leçons  de  composition 
de  Seyfried.  En  1837,  il  reprit  sa  place  de  mu- 
sicien de  brigade,  et  peu  de  temps  après  il  ob- 
tint la  place  de  chef  de  musique  de  la  première 
brigade  d'infanterie.  Cet  artiste  a  écrit  beau- 
coup de  musique  militaire,  le  ballet  intitulé  : 
Majah,  qui  a  été  représenté  à  Stuttgàrdt,  plu- 
sieurs symphonies  et  ouvertures,  une  immense 
quantité  de  danses  pour  l'orchestre  telles  que 
valses,  polkas,  galops,  masurkas,  publiées  à 
Stuttgàrdt,  à  Manheim ,  chez  Ileckel,  et  à 
Maycnce,  chez  Schotl;  des  solos  pour  divers 
instruments,  enfin,  des  Lieder  et  ballades  à 
vtix  seule  avec  piano. 

KUUlMIAUSEll  (G.),  cantor  à  Zelle,  ou 
Celle  (Hanovre),  en  1719,  a  composé  un  ora- 
torio intitulé  :  Passio  Chrisii  secundum 
Malthxnm, donl  la  partition  manuscrite  esta 
la  Bibliothèque  royale  de  Berlin. 

K€Hi\SIUS  (B.),  cantor  et  organiste  de 
Berlin,  est  cité  par  Maltheson  [Mithridale, 
p.  Ô21)  comme  auteur  d'une  thèse  intitulée  : 
De  admirandis  musices  ejfcctibus,  qu'il  a 
soutenue  sous  la  présidence  de  L.-J.  Schechl, 
et  qu'il  a  fait  imprimer,  conjoinlemeut  avec 
un  autre  cantor  nommé  W.-G.  llackius,  au 
commencement  du  dix-huitième  siècle. 

RtlirSTFELD  (Frédéric),  canlor  et  pro- 
fesseur de  musique  à  Eisenach,  vers  1830,  s'est 
fait  connaître  par  un  livre  qui  a  pour  titre  : 
Theoretischeund  praktische  Harmonien  und 
Ausrichtungslehre  (Science  théorique  et  pra- 
tique de  l'harmonie  et  de  ces  cas  d'exception), 
Eisenach,  1833,  in-4''. 

KULEP^RAMP  (Georges-Charles),  pia- 
niste et  compositeur,  est  né  le  19  mai  1799,  à 
"Witzenhausen,  petite  ville  de  la  Hesse- Électo- 
rale, où  son  père  était  conseiller  du  bailliage  et 
fermier  du  domaine.  En  1805,  celui-ci  alla  se 
fixer  dans  les  environs  de  Fulde,  et  profita  du 
voisinage  de  cette  ville  pour  faire  donnera  son 
fils  des  leçons  de  musique,  de  piano  et  de  vio- 
lon par  un  maître  nommé  Gerlach .  Malheureu- 
sement pour  le  jeune  Kulenkamp,  cet  habile 
musicien  fut  appelé  à  une  meilleure  position 
au  bout  d'un  an,  et  l'enfant  demeura  livré  à 
lui-même.  Lorsqu'il  eut  atteint  l'âge  de  douze 
ans,  on  l'envoya  au  collège,  où  il  reçut  ([uel- 
ques  leçons  de  piano  d'un  organiste;  mais  le 
talent  médiocre  de  cet  homme  et  la  situation 
maladive  de  son  élève  furent  cause  que  ce- 
lui-ci fit  alors  peu  de  progrès.  De  retour  à  la 


maison  paternelle  en  1815,  il  dut  s'occuper  âa 
l'économie  rurale,  sans  néanmoins  négliger  la 
musique;  mais  ayant  perdu  son  père  l'année 
suivante,  il  se  rendit  à  Cassel  chez  Grosheim, 
qui  lui  donna  le  conseil  de  se  livrer  exclusive- 
ment à  la  culture  de  la  musique.  Cet  avis^ 
d'accord  avec  le  i)enchant  du  jeune  homme,  le 
détermina  à  rester  deux  ans  sous  la  direction 
de  Grosheim.  En  1818,  il  alla  à  l'Université 
deGœttingue  pour  y  achever  ses  études,  et  il 
y  passa  cinq  années;  mais  ce  qu'il  possédait 
ne  sulTisant  pas  à  ses  besoins,  il  fut  obligé 
d'employer  une  partie  de  son  temps  à  donner 
des  leçons  de  musique.  Celte  circonstance  lui 
procura  la  connaissance  de  plusieurs  familles 
distinguées,  et  lui  fit  prendre  la  résolution  de 
rester  à  Gœttingue  et  de  s'y  livrer  à  l'ensei- 
gnement. Devenu  habile  pianiste,  il  a  fait 
avec  succès  plusieurs  voyages  dans  (juelques 
grandes  villes  de  l'Allemagne  en  1824,  1827, 
1829,  1832  et  1834.  De  retour  à  Gœttingue,  il 
y  a  été  nommé  directeur  de  musique  de  la  so- 
ciété de  Sainte-Cécile,  en  1838.  On  donne 
beaucoup  d'éloges  au  brillant,  à  l'élégance  et 
à  l'expression  de  son  jeu.  Ses  compositions  lui 
ont  fait  aussi  une  réputation  honorable.  On  a 
gravé  jusqu'à  ce  jour  environ  soixante  œuvres 
qui  portent  son  nom,  et  parmi  lesquels  on  re- 
marque des  ouvertures,  concertos,  rondeaux, 
grandes  variations  avec  orchestre,  quintettes, 
quatuors,  trios,  duos,  sonates,  nocturnes,  ainsi 
que  quelques  ballades  et  chansons. 

KULLAK  (Théodore),  pianiste  et  pro- 
fesseur de  son  instrument  à  Berlin,  est  né 
dans  cette  ville,  en  1820.  Il  se  livra  d'abord 
à  l'étude  du  droit;  mais  il  l'abandonna  pour 
cultiver  en  liberté  la  musique  qui  lui  inspirait 
un  penchant  irrésistible.  En  peu  d'années,  il 
acquit  un  talent  brillant  d'exécution  et  obtint 
des  succès  à  la  cour  et  dans  les  salons.  Re- 
cherché comme  professeur  de  piano,  il  s'est 
voué  à  l'enseignement  et  a  obtenu  le  litre  de 
pianiste  de  la  cour.  On  a  de  cet  artiste  des 
fantaisies,  nocturnes,  caprices  pour  le  piano, 
beaucoup  de  pièces  de  salon  et  de  ces  sorles 
d'arrangements  que,  dans  le  langage  du  jour, 
on  appelle  Transcriptions  et  paraphrases. 

Un  frère  de  l'artiste  dont  il  s'agit,  M.  yi- 
dolphe  Kullak,  docteur  en  philosophie  et  pro- 
fesseur de  musique,  à  Berlin,  écrit,  dans  les 
journaux  de  musique  de  l'Allemagne,  des 
articles  de  critique  musicale.  On  a  de  lui  un 
bon  livre  intitulé  Aesthetikdes  Clavierspiels 
(Esthétique  du  jeu  du  piano,  c'est-à-dire  : 
Théorie  de  l'art  de  jouer  du  piano),  Berlin, 
J.  Gutlenlag,  1801,  1  vol,  in-S"  de  370  pages.. 


136 


KUMLIK  —  KUMMER 


KUMLIK  (Joseph),  maître  de  chapelle  et 
j)roresseur  à  l'école  royale  de  musique  de 
PresbOiIrg,  est  né  à  Vienne,  le  10  août  1801. 
Les  premières  leçons  lui  furent  données  par 
son  père,  maître  de  musique  en  cette  ville; 
plus  tard,  son  éducation  artistique  fut  con- 
tinuée par  Jacques  Kunnert,  directeur  du 
chœur  à  la  cathédrale  de  Preshourg.  Dans  les 
années  1813  et  1814,  il  était  employé  au 
théâtre  du  baron  de  Czink,  €n  qualité  de  cho- 
riste, pour  la  partie  de  soprano,  et  il  reçut 
alors  quelques  leçons  de  chant;  ensuite  il 
entra  comme  élève  à  l'école  de  Presboui'g,  où 
il  acquit  beaucoup  d'habileté  sur  le  piano  et 
le  violon.  Henri  Klein  était  alors  professeur 
de  composition  et  de  théorie  musicale  dans 
cette  institution;  Rumlik  reçut  de  ses  leçons 
et  fit  de  si  rapides  progrès,  qu'en  peu  de  temps 
il  fut  en  état  de  tenir  quelquefois  la  place  de 
son  maître  pour  l'enseignement.  En  1828,  des 
affaires  de  famille  l'ayant  appelé  à  Vienne,  il 
y  passa  plusieurs  mois  et  employa  ce  temps  à 
étudier  l'art  du  chant  et  le  contrepoint,  sous 
la  direction  de  Sechter.  A  son  retour  à  Près- 
bourg,  on  l'adjoignit  à  Klein  pour  la  direction 
supérieure  de  l'école  de  musique,  et  lorsque 
celui-ci  mourut,  en  1832,  Kumiik  reçut  sa 
nomination  définitive  de  directeur  et  de  pro- 
fesseur. L'année  suivante,  la  Société  de  mu- 
sique religieuse  de  Presbourg  le  choisit  pour 
son  maître  de  chapelle,  et  depuis  lors  son 
existence  presque  tout  entière  se  partage  entre 
ces  deux  institutions.  Quoi(iu'il  lui  reste  peu 
de  temps  disponible,  il  compose  néanmoins  et 
a  déjà  écrit  une  messe  solennelle  (en  ré),  plu- 
sieurs chorals  pour  le  culte  évangélique,.  un 
Feni  Sancle  Spirilus  à  cinq  voix,  des  lita- 
nies, un  inalve  Regitia,  un  Te  Deum,  plusieurs 
Tantum  ergo  à  huit  voix,  différents  morceaux 
de  musique  progressive  pour  le  chant  et  le 
piano,  et  des  chants  à  quatre  voix  d'hommes. 
On  assure  que  ces  ouvrages  sont  d'un  ordre 
très -distingué. 

KLIMMEL  (Jean-Vaientin),  compositeur 
de  musique  instrumentale,  paraît  avoir  vécu  à 
Hambourg  au  commencement  du  dix-huitième 
siècle.  Ou  voit  par  le  titre  d'un  de  ses  ou- 
vrages, publié  en  1714,  qu'il  était  mort  à  cette 
époque.  Cet  ouvrage  a  pour  titre  :  Neuermu- 
sikalischer  Porrath  in  Suiten  fiir  Hohoen 
und  JJœrner  (Nouvelle  provision  musicale 
consistant  en  suites  pour  hautbois  et  cors), 
Hambourg,  1714. 

KUMMEL  (Bernahd-Chbistophe),  né  dans 
la  seconde  moitié  du  dix-huitième  siècle,  fut 
candidat  en  théologie,  àMulhausen,  depuis  1786 


jusqu'en  1706,  puis  recteur  à  Hedemtlnden,  et, 
en  1801,  prédicateur  à  Besenrode.  Vers  1796, 
il  se  présenta  au  concours  pour  la  place  de 
cantor  à  Goettingue.  L'exercice  consistait  en 
un  morceau  de  musique  d'église  avec  un  cho- 
ral à  quatre  voix.  Le  directeur  de  musique 
Weimar  fut  chargé  de  prononcer  «ntre  les 
candidats;  mais  quoique  son  rapport  eût  été 
favorable  à  KUmmel,  des  considérations  par- 
ticulières empêchèrent  celui-ci  d'obtenir  la 
place.  Ses  compositions  connues  sont  :  1»  Poé- 
sies d'Isaac  Maus,  mises  en  musique  avec  ac- 
compagnement de  piano,  Leipsick  (sans  date), 
2"  Six  sonates  progressives  pour  le  clavecin. 
ibid.,  1788.  3"  Recueil  pour  le  chant  et  l'in- 
strument, consistant  en  chansons  et  une  ro- 
mance avec  sept  variations  pour  le  piano, 
Cassel,  1799.  4»  Heures  de  récréation  musi- 
cale, 1"  et  2<=  cahiers,  1802. 

KUMMER  (Gottkilf-Henri),  né  à  Dresde 
le  25  janvier  1777,  fut  d'abord  attaché  à  l'or- 
chestre de  Leipsick  en  qualité  de  bassoniste, 
et,  en  1801,  entra  dans  la  musique  de  la 
chambre  de  l'électeur ,  à  Dresde.  Homme 
habile  sur  son  instrument,  il  a  voyagé  en 
Allemagne  et  a  donné  dans  plusieurs  grandes 
villes  des  concerts  où  il  a  fait  applaudir  son 
talent.  Cet  artiste  jouait  aussi  du  violon  ef 
possédait  un  talent  agréable  sur  cet  instru- 
ment. Parmi  ses  compositions  publiées,  on 
remarque  :  1°  Concertos  pour  basson  et  or- 
chestre, n"  1 ,  op.  7  ;  n»  2,  op.  10  ;  n»  3,  op.  1 1 
(facile);  n»  4,  op.  16;  n»  5,  op.  24;  n"  6, 
o]).  2o;  n"  7  (concertino),  op.  27;  tous  gravés 
à  Leipsick,  chez  Breilkopf  et  Hsertel.  2°  Airs 
variés  pour  basson  et  orchestre,  op.  6,  8,  14, 
15,  ibid.  3"  Trios  pour  trois  bassons,  op.  12, 
1Ô;  Leipsick,  Peters,  Breitkopf  et  Hœrtel. 
4"  Concerto  facile  pour  violon,  avec  orchestre 
ou  quatuor,  op.  20;  Leipsick,  Hoffmeister. 
5°  Duos  pour  deux  bassons,  op.  1,2,  5,  Leip- 
sick et  Dresde.  Kummer  est  mort  à  Dresde, 
dans  les  premiers  jours  d'avril  1860,  à  l'âge 
de  quatre-vingt-trois  ans. 

RUMMER  (Frédéric-Auccste),  violon- 
celliste, né  à  Meinlingen,  le  5  août  1797,  n'est 
|)as  le  frère  du  précédent,  comme  l'a  cru 
l'auteur  de  l'article  inséré  dans  le  Lexique 
universel  de  musique  publié  par  Schilling, 
et  n'a  même  aucun  lien  de  parenté  avec  lui. 
Son  père,  nommé  comme  lui  Frédéric-Au- 
guste, fut  d'abord  hautboïste  à  Meinungen, 
puis  entra  au  service  de  la  cour  de  Dresde,  et 
mourut  dans  cette  ville.  Après  avoir  appris 
les  éléments  de  la  musique  dans  sa  ville  natale 
et  avoir  commencé  l'élude  du  violoncelle  sous 


KLIMMER  -  KUNG 


137 


un  maître  obscur,  il  a  reçu  quelques  leçons  de 
Romberg  qui  est  devenu  son  modèle,  et  qu'il 
s'est  efforcé  d'imiter  dans  le  travail  constant 
qu'il  a  fait  ensuite  seul.  Admis  dans  la  cha- 
pelle du  roi  de  Saxe  en  1822,  il  en  fut,  pendant 
trente  ans,  le  premier  violoncelliste.  Il  tirait 
un  beau  son  de  l'instrument,  et  sa  manière  de 
phraser  avait  de  la  largeur;  mais  son  archet 
manquait  de  souplesse  et  de  variété.  Son 
talent  se  distinguait  particulièrement  par  la 
dextérité  de  la  main  gauche  et  par  une  con- 
naissance approfondie  de  toutes  les  positions 
sur  le  manche.  Rummer  fit  quelques  voyages 
en  Allemagne  et  en  Danemark.  Dans  les 
années  1850,  1832,  1834  et  1857,  il  joua  aux 
concerts  de  Leipsick.  En  1834,  il  était  à  Co- 
penhague; dans  l'année  suivante,  il  visita 
Rudolstadt  et  Vienne,  et  joua  à  la  cour  de 
AVeimar,  en  1836.  En  1849,  je  le  vis  à  l'or- 
chestre de  la  ehapelle  de  Dresde.  Les  compo- 
sitions connues  de  cet  artiste  sont  :  1"  Con- 
certo pour  violoncelle  (en  fa),  op.  18;  Leip- 
sick, Breitkopf  et  Ilsertel.  20  Concertino  idem, 
avec  orchestre  et  quatuor,  op.  16,  ibid.  5°  Di- 
vertissement pour  violoncelle  et  orchestre, 
op.  2,  ibid.  4"  Pot-pourri  idem,  op.  3,  ibid. 
5"  Adagio  et  variations  brillantes,  avec  or- 
chestre ou  piano  (en  la)\  Hanovre,  Nagel. 
6"  Divertissement  sur  des  thèmes  de  la  Muette 
de  Portici,  avec  quatuor  ou  piano,  op.  9, 
ibid.  7°  Airs  russes  variés  pour  violoncelle  et 
piano,  op.  7;  Leipsick,  Breitkopf  et  Ilaertel. 
8»  Amusements  pour  violoncelle  et  piano, 
op.  14;  Ofîenbach,  André. 

Charles  Kummer,  frère  aîné  de  Frédéric- 
Auguste,  fut  un  hautboïste  distingué,  et  suc- 
céda à  son  père  en  cette  qualité,  dans  la  cha- 
pelle royale  de  Dresde.  Il  était  né  à  MeinUngen 
en  1795. 

KUMMER  (Gaspard),  flûtiste  allemand  et 
compositeur  laborieux,  né  le  10  décembre 
1795,  à  Erlau,  près  de  Schleusingen,  apprit  à 
jouer  de  son  instrument  chez  Neumeister, 
musicien  de  cette  ville,  et  reçut  des  leçons  de 
composition  d'un  cantor  nommé  Stàps.  En 
1835,  il  entra  comme  flûtiste  dans  la  chapelle 
de  Cobourg;  quelques  années  après,  il  y  a 
obtenu  la  position  de  directeur  de  musique. 
Parmi  ses  compositions,  lesquelles  sont  au 
nombre  de  cent  trente  oeuvres,  on  remarque  : 
1"  Polonaise  facile  pour  deux  flûtes  principales 
et  orchestre,  op.  17;  Offenbach,  André.  2"  In- 
troduction et  allegro  pour  flûte  et  orchestre, 
op.  61  ;  Bonn,  Simrock.  o"  Introduction  et 
rondeau  idem,  op.  73;  Leipsick,  Breitkopf  et 
llsertel.  4"  Concertos  pour  flùle,  op.  2  (en  mi 


mineur),  7  (en  re),  35  (en  ré)  ;  Bonn,  Simrock; 
Offenbach,  André.  5»  Quintette  pour  flttle, 
violon,  deux  altos  et  basse,  op.  66;  Leipsick, 
Breitkopf  et  Heertel.  6»  Introduction  et  varia- 
tions avec  quatuor,  op.  4,6,  48;  Mayence, 
Offenbach,  Leipsick.  7»  Quatuors  brillants 
pour  flûte,  violon,  alto  et  basse;  op.  10,  57, 
54  ;  Leipsick,  Peters  ;  Bonn,  Simrock.  8"  Trios 
pour  trois  flûtes,  op.  24,  30,  52,  53,  58,  65, 
72,  77;  Offenbach,  Bonn,  Leipsick.  9°  Trio 
pour  flûte,  violon  et  basse,  Offenbach,  André. 
10»  Duos  pour  deux  flûtes,  op.  3,  9,  14,  20, 
25,  50,69;  Augsbourg,  Mayence,  Leipsick, 
Offenbach,  Bonn,  Brunswick.  11°  Beaucoup 
de  divertissements,  de  pots-pourris,  de  varia- 
tions, etc.,  sur  des  motifs  d'opéras  nouveaux, 
pour  flûte  seule,  ou  deux  flûtes,  ou  flûte  el 
piano,  ou  flûte  et  guitare. 

KUMPF  (François-Antoine),  musicien  de 
la  cour  de  Bavière,  dans  la  première  moitié  du 
dix-huitième  siècle,  fut  nommé  maître  de  cha- 
pelle à  Alternœtting,  en  1754.  En  1727,  il 
avait  composé,  pour  le  Collège  des  jésuites  de 
Munich,  un  drame  religieux  intitulé  :  y^loïs 
Gonzaga.  Cet  ouvrage  fut  représenté  dans  la 
même  année  et  applaudi. 

KIJIXC  (Alois-Martin)  est  né  le  l"  jan- 
vier 1832  à  Cintegabelle,  chef-lieu  de  canton 
du  déi)artement  de  la  Haute-Garonne.  Son 
père,  ayant  remarqué  ses  heureuses  disposi- 
tions pour  la  musique,  le  plaça  comme  enfant 
de  chœur,  dès  l'âge  de  huit  ans,  à  la  métropole 
Saint-Étienne  de  Toulouse.  Il  y  commença  ses 
études  littéraires  et  musicales,  dans  lesquelles 
il  fit  de  rapides  progrès.  M.  Hazard,  maître  de 
chapelle  de  cette  cathédrale,  lui  donna  les 
premières  leçcns  de  piano,  et  M.  Leybach, 
organiste  de  la  même  église,  lui  fit  continuer 
l'élude  de  cet  instrument.  A  quatorze  ans,  il 
sortit  de  la  maîtrise,  déjà  bon  musicien,  et 
entra  au  séminaire  de  l'Esquile  pour  y  ter- 
miner ses  humanités,  mais  sans  négliger  !a 
musique.  L'orgue  et  la  composition  furent 
particulièrement  les  objets  de  ses  études 
sous  la  direction  de  M.  llommey,  alors  orga- 
niste de  ce  séminaire,  et  l'un  des  professeurs 
les  plus  distingués  du  Conservatoire  de  Tou- 
louse. Au  mois  d'avril  1849,  M.  Runc,  ayant 
été  reçu  bachelier  es  lettres,  fut  nommé  pro- 
fesseur dans  ce  même  séminaire  où  il  venait 
de  terminer  ses  études.  Déjà  à  celte  époque, 
quelques-unes  de  ses  compositions  avaient  reçu 
un  accueil  favorable  des  meilleurs  artistes  du 
pays.  En  1850,  le  jour  de  Pâques,  un  Ave 
verum,  pour  voix  de  basse  et  orgue,  dont  il 
est  auteur,  fut  exécuté  à  la  calhédralc  du 


138 


KUNC  —  KUNKEL 


Toulouse,  et  dans  la  même  année,  il  fit 
entendre  dans  la  même  église  sa  première 
messe  à  trois  parties  vocales  et  orgue,  pour 
laquelle  il  reçut  les  félicitations  des  connais- 
seurs. 

Au  mois  de  novembre  1852,  M.  Kunc  quitta 
le  petit  séminaire  de  l'Esquile  pour  aller 
remplir  les  fonctions  d'organiste  à  Notre-Dame 
de  Lombez,  ancien  évéché,  maintenant  en- 
clavé dans  le  diocèse  d'Auch.  Là,  pendant 
cinq  ans,  il  se  livra  avec  ardeur  à  des  études 
spéciales  sur  le  plain-chant  et  la  musique 
religieuse.  Son  premier  œuvre  gravé,  consis- 
tant en  un  recueil  de  quinze  motets,  parut  en 
1854.  Il  en  a  été  fait  depuis  lors  une  deuxième 
édition.  Au  milieu  de  ses  succès  d'artiste,  un 
malheur  vint  le  frapper  :  le  25  octobre  1855, 
il  s'était  allié  à  l'une  des  familles  les  plus 
honorables  de  Lombez;  deux  mois  après,  une 
fièvre  typhoïde  lui  enleva  sa  jeune  épouse.  Au 
mois  de  juillet  1857,  M.  Kunc  fut  appelé  à 
Auch  comme  maître  de  chapelle  de  la  cathé- 
drale, et  fut  chargé  de  l'enseignement  du 
chant  religieux,  tant  dans  la  métropole  que 
dans  les  deux  séminaires.  Dès  ce  moment,  il 
se  consacra  tout  entier  à  l'œuvre  qui  lui  était 
confiée;  ses  travaux  didactiques,  relatifs  au 
plain-chant,  ne  tardèrent  pas  à  le  faire  con- 
naître et  lui  assurèrent  une  honorable  réputa- 
tion. Des  témoignages  d'estime  lui  furent 
donnés  à  ce  sujet  lorsqu'il  se  rendit  à  Paris 
au  mois  de  novembre  1860,  pour  assister  au 
congrès  organisé  par  M.  d'Ortigue  pour  par- 
venir à  la  restauration  du  plain-chant  et  de  la 
musique  religieuse,  ainsi  que  dans  un  autre 
voyage  qu'il  a  fait  à  Rome  au  mois  de  juillet 
1861.  Pendant  son  séjour  dans  la  capilale  du 
monde  chrétien,  M.  Kunc  reçut  sa  nomina- 
tion de  membre  des  académies  de  Salnle- 
Cécile  et  des  Quiriles.  Les  principales  œuvres 
imprimées  de  cet  artiste  sont  celles-ci  :  1°  Le 
Plain-Chant  liturgique  dans  l'archidiocèse 
d'Juch,  Auch,  1858,  in-S".  2»  Mémoire  sur 
le  nouveau  chant  liturgique  de  Toulouse^ 
ibid.,  octobre  1860,  in»8''.  Z"  Essai  sur  le 
rhythme  qui  convient  auplain-ckant,  ibid., 
novembre  1860,  in-8".  Ce  morceau  a  été  lu 
au  congrès  de  Paris.  4»  Le  Plain-Chant 
romain  et  le  nouveau  chant  liturgique  de 
Toulouse,  ibid.,  1861,  in-8'\  5"  Quinze  motets 
pour  les  fêtes  de  N.  S.  et  de  la  sainte  Fierge, 
2«  édition.  6»  Ttente-deux  nouveaux  canti- 
ques à  la  sainte  Fierge,  deux  éditions  en 
1859  et  1861.  7"  Messe  à  trois  voix  et  orgue 
dédiée  à  N.  A.  P.  le  pape,  ibid.,  1861.  Beau- 
coup de  morceaux  d'orgue  dans  VJlbum,  et  le 


Journal  d'un  organiste  catholique  publiés 
par  M.  Grosjean,  organiste  de  Saint-Dié 
(Vosges).  M.  Kunc  s'occupe  en  ce  moment 
(1862)  d'un  ouvrage  considérable  dont  l'objet 
est  V accompagnement  d'orgue  des  livres  de 
chant  romain  de  la  commission  ecclésiasti- 
que de  Digne  (Basses-Alpes).  La  musique  de 
pinno  du  même  artiste  a  été  publiée  à  Paris, 
chez  Brandus  etDufour;  elle  consiste  en  fan- 
laisies,  chants  sans  paroles,  etc.,  sous  les 
titres  suivants  :  op.  1,  Heureux  échange; 
op.  4,  Soyez  heureux-^  op.  6,  Procession  au 
village;  op.  7,  Isolement  ;  op.  8,  C'était  un 
rdre;op.  9,  Mystère;  op.  10,  la  Chasse  aux 
flambeaux;  op.  12,  Fantaisie  sur  le  Pardon 
de  Ploermel;  op.  15,  Rêve  perdu,  élégie  j  etc. 
Quelques  mélodies  pour  le  chant. 

liiJINDIIVGEU  (Guillaume),  cantor  et  di- 
recteur de  musique  à  l'église  du  Saint-Esprit 
de  Nuremberg,  est  né,  en  1800,  à  Rœnigs- 
hofen,  près  d'Anspach.  Son  père,  cantor  et 
organiste  de  ce  bourg,  qui  se  fixa  plus  tard 
à  Nuremberg,  lui  enseigna  les  principes  de  la 
musique.  Rtlndinger  passa  ensuite  sous  la  di- 
rection du  musicien  de  ville  Zœsinger  pour 
la  continuation  de  ses  études  musicales.  En 
1819,  le  consistoire  d'Anspach  le  nomma  can- 
tor et  directeur  de  musique  à  Windheim.  11 
profita  de  la  proximité  de  ce  lieu  à  WUrzbourg 
pour  achever  son  instruction  dans  la  composi- 
tion chez  Frœhlich  (voyez  ce  nom).  En  1831, 
la  place  de  directeur  de  musique  de  l'église 
principale  de  Nordlingue  lui  fut  donnée.  C'est 
dans  cette  position  qu'il  a  écrit  des  cantates 
religieuses  pour  toutes  les  fêtes  de  l'année,  et 
qu'il  s'est  occupé  de  l'amélioration  du  chant 
choral  dans  les  écoles  et  dans  les  églises  de  ce 
district.  Rappelé  à  Nuremberg,  en  1837,  peur 
occuper  une  position  semblable  à  l'église  du 
Saint-Esprit,  ii  y  était  encore  douzeansaprès, 
lorsque  j'ai  visité  celte  ville.  La  plus  grande 
partie  des  compositions  de  cet  artiste  est  restée 
en  manuscrit.  Il  a  publié  quelques  œuvres  pour 
le  piano,  des  chants  pour  des  chceurs 
d'homme,  et  une  cantate  pour  le  vendredi 
saint  {Charfreytags-cantate)  à  quatre  voix 
et  orchestre,  op.  ôO,  en  partition,  à  Nurem- 
berg, chez  Endter. 

KUIMi-EL  (Fraisçois-Josei*ii)  ,  directeur 
de  musique  à  Bensheim,  dans  le  grand-duché 
de  Hesse-Darmstadt,  est  né  le  20  août  1804,  à 
Diebourg,  petite  ville  de  la  même  principauté, 
où  son  père,  amateur  passionné  de  musique, 
était  boulanger.  Dès  son  enfance,  Kunkel  re- 
çut une  éducation  musicale  et  apprit  à  jouer  de 
la  flùlc,  du  violon,  du  piano  et  de  l'orgue. 


KUNKEL  -  KUNTZ 


439 


A  l'âge  de  dix-huit  ans,  Il  entra  an  Séminaire 
de  Bensheim  dont  il  suivit  les  cours  pendant 
deux  ans, et  aux  instruments  qu'il^ouait  avant 
d'y  entrer,  il  ajouta  le  hautbois,  le  violoncelle, 
la  clarinette  et  le  cor.  C'est  dans  cette  même 
école  qu'il  fit  ses  premiers  essais  de  composi- 
tion. A  l'âge  de  vingt  ans,  il  obtint  une  place 
d'instituteur  à  Heppenheim,  dans  le  Berg- 
slrass.  Il  resta  quatre  ans  dans  ce  lieu,  et 
pendant  ce  temps,  il  fit  quelques  voyages  à 
Uarmstadt  pour  recevoir  les  conseils  de  Rink 
{voyez  ce  nom),  sur  ses  compositions.  En 
1828,  le  rectorat  de  l'école  bourgeoise  de  Bens- 
heim lui  fut  donné,  et  il  reçut,  en  1834,  sa 
nomination  de  professeur  de  chant  au  Gym- 
nase (Collège),  à  laquelle  il  ajouta  plus  tard  le 
titre  de  directeur  de  musique.  Après  trente 
années  de  service  dans  l'enseignement  , 
Kunkel  demanda  sa  retraite;  il  l'obtint  en 
1854  avec  la  pension,  et  depuis  lors  il  s'est 
fixé  à  Francfort -sur-le-Mein,  cultivant  encore 
l'art  et  fournissant  des  articles  de  critique  aux 
journaux  de  musique  et  de  littérature.  Parmi 
les  compositions  de  cet  artiste,  on  remarque  : 
1"  Der  Tod  Jesu  (la  Mort  de  Jésus),  cantate  à 
quatre  voix  et  orgue,  en  partition,  op.  4; 
Manheim,  Ileckel.  2»  Le  psaume  loO,  à 
quatre  voix  et  orgue,  en  partition,  op.  5; 
Spire,  Lang.  o"  Le  motet  Gott  seiuns  gnstdig 
(Dieu  nous  soit  favorable),  pour  quatre  voix 
d'hommes  avec  accoinpagnement  d'orgue  ad 
libitum,  op.  9  ;  Mayence,  Schott.  4»  Messe  al- 
lemande pour  quatre  voix  d'hommes,  op.  17; 
Giessen,  Ferber.  5"  Trois  cantiques  à  trois 
voix  d'enfants  pour  la  première  communion, 
011.  19,  ibid.  C"  Katholisches  Choralbuch  fiir 
die  Mainzer Diocesevierstimmig ,  mit  ziveck- 
mxssigen  Eingangs-,  Zwischen-  undNach- 
spielen,  etc.  (Livre  choral  catholique  pour  le 
diocèse  de  Mayence  à  quatre  voix,  avec  de 
courts  préludes,  versets  et  conclusions  pour 
l'orgue),  Mayence,  Schott.  7"  Huit  poëmes  mis 
en  musique  pour  quatre  voix  d'hommes,  op.  6; 
Darmstadt,  Pabst.  8»  Lieder  avec  accompa- 
gnement de  piano.  9»  Neuf  pièces  d'orgue 
pour  les  fêtes  solennelles,  op.  ô;  Manheim, 
Heckel.  10"  Douze  préludes  de  chorals  pour 
l'orgue,  op.  7;  Mayence,  Schott.  11°  Six  pièces 
de  conclusions  fuguées,  idem,  op.  8;  Spire, 
Lang.  12"  Douze  petites  fugues  à  l'usage  du 
service  divin,  op.  12;  Mayence,  Schott.  On  a 
aussi  de  Kunkel  un  petit  traité  élémentaire  de 
musique  intitulé  :  Kleine  Musiklehre,  Darm- 
stadt, Jonghaus,in-8",  et  une  brochure  dirigée 
contre  Schindler,  à  l'occasion  de  son  dénigre- 
ment du  Conservatoire  de  musique  de  Paris, 


dans  l'écrit  intitulé  :  Die  Ferurthcilung  dcr 
Conservatorien  (la  Condamnation  du  Conser- 
vatoire). 

KUI\LII\  (François),  maître  de  chapelle 
de  l'Association  suisse  pour  le  chant,  a  pu- 
blié un  opuscule  iniiluU  :  Miisikalische  u^nec- 
doten,  fUr  Liebhàher  und  Tonkiinstler  ge- 
sammelt  (Anecdotes  musicales  recueillies 
pour  les  amateurs  et  les  artistes),  Saint-Gall. 
Weglin  et  Rœtzer,  1825,  in-8"  de  cent  dix- 
huit  pages. 

KUIXSTMANN  (Jean-Gotifried),  négo- 
ciant à  Chemnitz,  au  commencement  du  dix- 
neuvième  siècle,  était  un  pianiste  distingué. 
Il  a  fait  exécuter  à  Leipsick  une  symphonie  à 
grand  orchestre  qui  a  été  applaudie.  On  a 
gravé  de  sa  composition  :  Six  quadrilles  pour 
deux  violons,  flûte,  petite  flûte,  clarinette, 
deux  cors,  basson,  trombone  et  basse;  Leip- 
sick, Breitkopf  et  Haertel,  el  des  chants  pour 
un  choeur  d'hommes  avec  des  solos,  et  un  ac- 
compagnement de  piano  ad  libitum,  Leipsick, 
Klemm,  en  deux  suites.  La  dernière  produc- 
tion de  M.  Kunstmann,  laquelle  consiste  en 
Chants  nocturnes  à  quatre  voix  d'hommes,  a 
été  publiée  chez  les  mêmes  éditeurs,  en  1844. 

KUINTE  (F.-S.),  excellent  violoniste,  né  en 
Bohême,  fut  au  service  du  comte  Buquois,  à 
Prague,  depuis  1750  jusqu'en  1770.  Après 
celle  époque,  il  se  fit  instituteur.  Il  a  composé 
pour  le  violon  plusieurs  concertos  qui  ont  été 
estimés  en  Bohême,  mais  qui  sont  restés  en 
manuscrit. 

KUI\TZ  (Thomas-Antoine),  pianiste  et 
compositeur,  né  à  Prague  en  1759,  s'est  fait 
connaître  avantageusement  par  un  opéra  de 
Pygmalion,  qu'il  a  composé  à  l'âge  de  vingt 
et  un  ans,  et  dont  la  partition,  réduite  pour  le 
piano,  a  été  publiée  à  Prague,  en  1781,  chez 
Walther.  On  a  aussi  gravé  de  sa  composition  ; 
1"  Vingt-quatre  chansons  allemandes  avec  ac- 
compagnement de  piano;  Leipsick,  1799, 
Breitkopf  et  Haertel.  2"  Chansons  idem; 
Prague,  1807,  Ernest  Schadl,  in-fol.  Mais  c'est 
surtout  pour  l'invention  d'une  sorte  de  piano 
organisé,  appelé  Orchestrion,  que  cet  artiste 
a  fixé  sur  lui  l'attention  publique.  Cet  instru- 
ment, qui  avait  la  forme  d'un  piano  organisé, 
mais  dont  la  caisse  était  beaucoup  plus 
élevée,  renfermait  un  orchestre  complet.  On 
y  trouvait  deux  claviers  à  la  main  et  un  cla- 
vier de  pédales.  Le  premier  clavier  était  des- 
tiné à  jouer  le  mécanisme  d'un  piano  ordinaire 
et  qui  attaquait  des  cordes  de  métal  ;  mais  ce 
même  clavier  pouvait  également  faire  vibrer 
des  cordes  de  boyau ,  par  un  archet  mécani- 


140 


KUNTZ  -  KUNZEN 


que  mis  en  mouvement  au  moyen  d'une  ma- 
nivelle. L'auteur  appelait  ce  jeu  particulier  du 
premier  c\a\ier  Lautenzug .  Le  second  clavier, 
ainsi  que  celui  de  la  pédale,  étaient  destinés  à 
l'orgue,  qui  renfermait  quinze  registres  de 
huit  pieds  bouchés  sonnant  le  seize  pieds,  de 
huit  pieds  ouverts,  de  quatre  et  de  deux  pieds, 
lesquels  faisaient  entendre  des  jeux  de  flùle, 
de  clarinette,  de  hautbois,  de  basson  et  de  cor. 
Les  différents  jeux  des  deux  claviers  pouvaient 
être  réunis  par  un  accouplement.  De  plus,  ces 
jeux  avaient  le  crescendo  et  le  diminuendo, 
Kunz  a  inventé  cetinstrumentenl791,elen  a 
donné  la  description  dans  la  Gazette  musicale 
de  Leipsick  (tom.  1,  p.  88  et  suiv.).  Après 
avoir  vendu  son  premier  Orchestrion,  il  en  a 
fait  un  deuxième  beaucoup  plus  parfait,  qu'il 
a  commencé  en  1 796  et  achevé  deux  ans  après. 
II  jouait  de  cet  instrument  difficile  avec  beau- 
coup de  succès.  Il  a  fait  aussi  un  piano-viole, 
d'après  un  système  particulier,  dont  Meusel  a 
donné  une  courte  description  dans  son  Dic- 
tionnaire des  artistes  (t.  1,  p.  583).  Kunz 
vivait  encore  à  Prague  en  1830j  aucun  autre 
renseignement  n'a  été  fourni  postérieurement 
sur  sa  personne  par  les  biographes  alle- 
mands. 

RUISTZEL  (Ladreîst),  luthier  à  Breslau, 
est  né  à  Ilofen  (Bavière),  en  1790.  D'abord 
ouvrier  menuisier,  il  travailla  dans  plusieurs 
ateliers  des  diverses  parties  de  l'Allemagne, 
puis  il  abandonna  cette  profession  pour 
s'exercer  dans  la  facture  des  instruments  à 
cordes.  Obligé  de  servir  dans  les  chasseurs 
bavarois  en  1813,  il  fit  les  campagnes  d'Alle- 
magne et  de  France.  Après  la  conclusion  de 
la  paix,  en  1815,  il  obtint  son  congé,  et  s'éta- 
blit à  Breslau.  Il  travailla  d'abord  chez  le 
facteur  d'instruments  Fichtel,  et  après  plu- 
sieurs années  d'études  et  de  pratique,  il  se 
livra  exclusivement  à  la  fabrication  des  instru- 
ments à  cordes.  On  a  de  lui  de  bonnes  imita- 
tions des  violons  et  basses  de  Crémone  que 
Paganini,  Ole-Bull  et  Ernst  ont  approuvées 
dans  des  lettres  flatteuses  adressées  à  cet  ar- 
tiste. Kuntzel  travaillait  encore  à  Breslau,  en 
1850. 

KUIXZ  (Conrad-Maximilien)  ,  né  en  Ba- 
vière, vers  1817,  a  fait  ses  études  musicales  à 
Augsbourg,  puis  s'est  fixé  à  Munich  comme 
professeur  de  piano.  Devenu  directeur  d'une 
société  de  chant,  il  a  dirigé  la  fête  vocale  de 
Ralisbonne  en  1847.  On  a  de  cet  artiste  : 
1»  Méthode  pratique  de  piano  {Praktische 
Pianoforte-Schule),  op.  2,  dont  il  a  été  fait 
neuf  éditions  j  Munich,  Finsterlin.  2»  Licdcr 


à  voix  seule  avec  accompagnement  de  piano, 
op.  5  ;  Munich,  Aibl.  3°  Trois  chants  à  quatre 
voix  d'hommes,  op.  4,  ibid.  4»  Six  idem^ 
op.  5j  Leipsick,  Breitkopf  et  Hsertel.  5"  Mé- 
lodie chorale  de  Schickt,  pour  les  services 
funèbres,  à  quatre  voix  d'hommes,  avec  ac- 
compagnement de  quatre  trombones  ;  Munich, 
Aibl.  6"  Hymne  (an  Herthà)  pour  un  choeur 
d'hommes,  op.  7,  ibid.  7»  Trois  chants  pour 
quatre  voix  d'hommes,  op.  8;  Leipsick,  Breit- 
kopf et  Hœrtel,  1847. 

/.  Kunz,  directeur  de  la  société  de  chant 
(Liedertafel)  à  Freisingen,  en  1844,  a  publié 
aussi  des  chants  pour  voix  d'hommes,  qu'il  ne 
faut  pas  confondre  avec  ceux  de  Conrad- 
Maximilien. 

KUIN'ZE  (Charles-Henri),  professeur  de 
musique  et  compositeur,  vivait  à  Heilbronn 
vers  la  fin  du  dix-huitième  siècle  et  au  com- 
mencement du  dix-neuvième.  On  connaît  sous 
son  nom  :  1»  Concerto  pour  la  flûte,  op.  5; 
Augsbourg,  Gombart.  2"  Six  variations  sur  un 
air  allemand  idem,  avec  accompagnement  de 
quatuor,  ibid.  3»  Trois  quatuors  pour  flûte, 
violon,  alto  et  basse,  op.  4,  ibid.  4»  Trois 
quatuors  pour  cor,  op.  1  ;  Offenbach,  André. 
5"  Trios  pour  trois  cors,  1"  et  2«  livres  ;  Heil- 
bronn. 6*  Chansons  allemandes  avec  accom- 
pagnement de  guitare. 

KUINZEN  (Jean-Paul),  architecte  et  or- 
ganiste à  Lubeck,  naquit  à  Leisnig,  en  Saxe, 
le  30  août  1696.  Après  avoir  appris  les  élé- 
ments de  la  musique  en  ce  lieu,  il  alla  conti- 
nuer ses  études  à  Torgau,  à  l'âge  de  neuf  ans, 
puis  à  Freyberg.  En  1716,  il  se  rendit  à  Leip- 
sick pour  y  trouver  de  l'emploi  comme  musi- 
cien, et  ne  possédant  qu'un  seul  florin  dans 
sa  poche  :  son  mérite  l'eut  bientôt  tiré  d'em- 
barras, car  il  ne  tarda  pas  être  admis  dans 
l'orchestre  de  l'Opéra,  comme  premier  violon. 
En  1719,  il  établit  à  Wittenberg  un  concert 
public  qui  fut  fréquenté  par  tous  les  amateurs 
de  cette  ville.  Ce  fut  aussi  dans  cette  ville 
qu'il  se  maria.  Quelques  années  après,  il  alla 
à  Dresde,  où  il  se  lia  d'amitié  avec  Schmidt, 
Heinichenet  Volumier,  et  il  perfectionna  son 
goût  et  ses  connaissances  sous  la  direction  de 
ces  artistes  et  de  Ruhnau.  Ils  lui  procurèrent 
l'occasion  de  faire  entendre  ses  compositions 
pour  l'église,  et  le  succès  de  ces  ouvrages  lui 
fit  offrir  une  place  de  maître  de  chapelle  de 
rélectrice;  mais  il  préféra  se  rendre  à  Ham- 
bourg en  1723.  Il  y  eut  l'emploi  de  composi- 
teur au  théâtre,  y  ajouta  des  récitatifs  â  plu- 
sieurs opéras  de  Keiser  et  de  Hœndel,  puis 
il  composa  C'admus  et  un  divertissement  inli- 


KUNZEN 


141 


tulé  :  Critique  du  théâtre  de  Hambourg.  Il 
parait  qu'il  avait  peu  de  talent  pour  la  musi- 
que <lramatique.  En  17Ô2,  il  fut  appelé  à  Lu- 
beck,  en  qualité  d'organiste,  et  il  continua  de 
résider  en  cette  ville  jusqu'à  sa  mort,  arrivée 
en  1770.  Il  avait  été  nommé  membre  de  la 
Société  musicale  de  Mizler  en  1747.  Toute  la 
musique  de  Runzen  est  maintenant  oubliée,  et 
l'on  ne  cite  plus  que  son  oratorio  de  la  Pas- 
sion. Mattheson,  qui  a  publié  une  notice  sur 
ce  musicien,  le  considérait  comme  un  des 
meilleurs  organistes  de  son  temps.  Je  possùde 
le  manuscrit  autographe  d'un  traité  de  l'har- 
monie dont  ce  musicien  est  auteur  :  il  a  pour 
titre  .•  Jnfangsgriinde  des  Generalbasses 
(Principes  élémentaires  de  la  basse  continue). 
Douze  feuilles  in-4°. 

RU]>'ZEI\  (Charles-Adolphe),  fils  du  pré- 
cédent, naquit  à  Wilieuberg,  le  22  septem- 
bre 1720.  Dès  l'âge  de  huit  ans,  il  jouait  du 
clavecin  de  manière  à  exciter  l'étonnement 
de   ceux   qui   l'entendaient.    Il   fit   alors  un 
voyage  en  Hollande  et  en  Angleterre  avec  son 
père,  et  partout  il  produisit  une  vive  sensa- 
tion.  Le  docteur  Pepusch,   qui  l'entendit   à 
Londres,  le  considérait  comme  un  prodige. 
Après  l'année  1730,  qui  suivit  son  retour  à 
Hambourg,  on  le  perd  de  vue  jusqu'en  1750, 
époque  où  il  obtint  la  place  de  maître  de  cha- 
pelle à  Schwerin.  Sept  ans  après,  il  se  rendit  à 
Lubeck  pour  remplacer  son  père,  qui  avait  dû 
cesser  ses  fonctions,  à  cause  de  sa  mauvaise 
santé.  Après  une  atteinte  d'apoplexie  qui  le 
frappa  en  1772,  une  de  ses  mains  demeura 
paralysée,  et  l'on  fut  obligé  de  lui  adjoindre 
son  élève  Roenigslow.  II  mourut  en  1781,  lais- 
sant la  réputation  d'un  savant  musicien   et 
d'un  habile  organiste.   On   n'a  gravé  de  sa 
composition  que  douze  sonates  de  clavecin, 
qui  ont  paru  à  Londres.  Tous  ses  autres  ou- 
vrages sont  restés  en  manuscrit;  ils  consis- 
tent en  plusieurs  symphonies,  vingt  et  un  con- 
certos pour  violon,  huit  concertos  pour  flûte, 
six  idem  pour  hautbois,   beaucoup  de  duos 
j)our  deux  violons  et  douze  sonates  pour  le 
clavecin.  Parmi  diverses  grandes  compositions 
de  musique  vocale,  on  remarque  un  oratorio 
de  la  Passion,  un  autre  intitulé  Die  Gœtlliche 
Berufung  des  Glaubens  Abrahams  (l'Appel 
de  Dieu  à  la  foi  d'.\braham),  des  cantates  et 
des  sérénades  pour  des  occasions  particulières. 
La  bibliothèque  du    conservatoire   royal    de 
Bruxelles  possède  aujourd'hui  les  manuscrits 
originaux  de  la  plupart  de  ces  ouvrages. 

KUIXZEN  (Frti)tr.ic-Louis- Emile),  fils  de 
Charles- Adolphe,  né  à  Lubeck,  en  17G1,  a  été 


considéré  comme  un  musicien  distingué  par 
ses  contemporains.   Après  avoir  fait  sous  la 
direction  de  son  père  ses  études  musicales,  il 
vécut  d'abord  à  Hambourg  comme  professeur 
de  musique,  y  reçut  des  leçons  d'harmonie  et 
de  composition  de  Naumann,  et  y  publia  ses 
premières  productions  ;  puis,  en  1784,  il  alla 
continuer  ses  études  littéraires  à  l'université 
de  Kiel.  Là  il  se  lia  d'amitié  avec  Cramer,  ré- 
dacteur de  l'écrit  périodique  intitulé  Magasin 
de  musique,  dont  les  idées  originales  n'ont 
peut-être  pas  été  sans  influence  sur  la  direc- 
tion de  ses  travaux.  Quoiqu'il  fùtun  très-habile 
pianiste  et  un  grand  lecteur  de  musique,  il  ne 
put  d'abord  obtenir  une  place  de  simple  ac- 
compagnateur de  la  chapelle  royale  de  Copen- 
hague, où  il  s'était  rendu  après  avoir  quitté 
l'université  de  Kiel;  mais  au  lieu  d'être  dé- 
couragé par  sa  mauvaise  fortune,  il  profita 
de  ses  loisirs  pour  étendre  ses  connaissances 
théoriques  et  pratiques.  Son  premier  essai  de 
musique  dramatique  fut  l'opéra  intitulé  Hol- 
ger  le  Danois.  Cet  ouvrage  fut  représenté  à 
Copenhague  en   1790,    sous   la  direction   de 
Schulz,  et  il  obtint  un  brillant  succès.  On  y 
remarquait  déjà  ce  sentiment  juste  de  l'elTel 
scénique  qui  est  un  don  de  la  nature,  et  qu*au- 
cune  autre  qualité  ne  peut  remplacer.  Cepen- 
dant, fatigué  de  la  situation  précaire  où  il  se 
trouvait  dans  la  capitale  du  Danemark,  et  n'y 
apercevant  point  de  chances  favorables  pour 
son  avenir,  il  résolut  d'aller  chercher  fortune 
ailleurs.  D'après  le  conseil  de  SchUlz,  il  se 
rendit  à  Berlin,  où  Reichardt  l'accueillit  avec 
bienveillance,    et    n'épargna    rien   pour    lui 
rendre    profitable    le  séjour    de   cette   ville. 
Kunzeu  y  écrivit  la  musique  d'une  petite  pièce 
qui  ne  réussit  pas;  mais  il  fut  bientôt  consolé 
de  cet  échec  par  sa  nomination  de  directeur  de 
musique  au  théâtre  de  Francfort.  Cette  place 
lui  fournit  l'occasion  de  se  familiariser  avec 
les  œuvres  de  Mozart,  et  d'en  étudier  l'esprit 
et  la  facture.  Les  opéras  de  cet  homme  célèbre 
devinrent  dès  lors  ses  modèles.  A  Francfort, 
il  avait   épousé   une  cantatrice   du   théâtre, 
nommée  Zuccherini.  Cette  femme  ayant  ob- 
tenu un  engagement  à  Prague,   Kunzen  la 
suivit  dans  cette  ville  et  y  prit  aussi  la  direc- 
tion de  la  musique.  Ce  fut  là  qu'il  fit  repré- 
senter son  Winzerfest  (la  Fête  des  vendan- 
geurs), dont  la  réussite  fut  complète.  Vers  le 
même  temps,  Schulz  ayant  demandé  sa  re- 
traite de  la  direction  de  la  musique  du  théâtre 
de  Copenhague,  le  roi  lui  laissa  le  soin  de  dé- 
signer son  successeur,  et  il  indiqua  Kunzen, 
qui  fut  mis  en  effet  en  possession  de  la  place, 


14-2 


KUNZEN  -  KUPSCH 


€t  qui  justifia,  par  le  talent  qu'il  y  déploya, 
la  confiance  qu'on  avait  eue  en  lui.  Il  entra 
en  fonctions  dans  l'été  de  1793,  et  conserva 
la  même  situation  pendant  les  vingt-deux  der- 
nières années  de  sa  vie.  Satisfait  de  ses  ser- 
vices, le  roi  le  décora  de  l'ordre  de  Danebrog. 
Kunzen  mourut  à  Copenhague  le  28  janvier 
18iy,  à  rage  de  cinquante-six  ans. 

Cet  artiste  a  écrit  pour  le  théâtre  :  1°  IIol- 
ger  Danske  (Holger  le  Danois)  ou  Ohéron, 
opéra  danois  en  trois  actes,  en  1790  ;  partition 
réduite  pour  le  piano,  avec  une  traduction 
allemande  par  C.-F.  Cramer,  Copenhague, 
Sœnnischsen,1790,  in-4''obl.  2»Zes  Vendan- 
geurs, opéra  en  trois  actes,  à  Prague,  1793, 
gravé  pour  piano  en  1798.  3»  Hemmeligheden 
(le  Secret),  à  Copenhague,  1796.  4»  Drage- 
duckken,  opéra  danois,  1797.  5»  Joheyen, 
idem,  1797.  C  Fric  Ejegad,  grand  opéra 
danois,  1798.  7«  Naturens  Rœst,  (la  Voix  de 
la  nature),  opéra  danois,  1799.  S"  La  Harpe 
d'Ossî'an, opéra  allemand  en  trois  actes,  1799. 
9"  Le  Retour  dans  les  foyers,  opéra  danois,  à 
Copenhague,  en  1802.  10»  Le  Conquérant  et 
le  Prince  ami  de  la  paix,  cantate  théâtrale, 
en  1802. 

Les  autres  ouvrages  de  musique  vocale  com- 
posés par  Kunzen  sont  :  1 1°  Chœurs  et  chants 
l)our  Hermann  et  les  princes,  de  Klopstock. 
12"  La  Résurrection,  oratorio  danois,  de 
Thomas  Thaarup.  13°  Autre  oratorio  danois 
dont  le  titre  est  inconnu.  14"  Jlkluia  de  la 
Création  de  Baggesen^  en  danois,  imprimé 
en  partition  à  Copenhague  et  à  Hambourg. 
15°  Hymne  à  Dieu,  poésie  de  Schmidt  de 
Phiseldeck,  publiée  pour  le  piano  à  Zurich, 
chez  Naegeli.  16»  Cantate  funèbre  sur  la  mort 
(i.u  maître  de  chapelle  Schtllz,  exécutée  en  1800 
à  Copenhague,  au  concert  pour  les  veuves  de 
musiciens.  17"  Cantate  pour  la  solennité  du 
nouveau  siècle,  exécutée  à  l'église  de  la  cour, 
en  1801.  18"  Chansons  religieuses,  tirées  des 
poésies  de  Cramer,  avec  accompagnement  de 
piano,  publiées  en  1785  par  Cramer,  comme 
4*  partie  de  sa  Pohjmnie,  à  Leipsick,  chez 
Breitkopf  et  Hœrtel.  Cramera  donné  l'analyse 
de  ces  mélodies  dans  la  .deuxième  année  de 
son  Magasin  musical  (pag.  503-534).  Parmi 
les  compositions  instrumentales  du  même 
artiste,  on  remarque  :  19"  Ouverture  à  grand 
orchestre  (en  ut),  n°  1,  Zurich,  llug.  20"  Idem 
(en  ré),  n»  2  ibid.  21°  /de»isurle  thème  de 
l'ouverture  de  la  Flûte  enchantée,  de  Mozart, 
n°  3,  Leipsick,  Peters.  22»  Six  sonates  pour 
piano,  Berlin,  1792.  23»  Fantaisie  et  varia- 
lions  sur  l'air  allemand  :  Ohne  Lieb  und  ohnc 


TFein  (Sans  amour  et  sans  vin),  exécutée  par 
l'auteur  avec  un  brillant  succès  dans  un  con- 
cert donné  à  Berlin  en  1791 . 

KUPPLEU  (Jean-Georges),  facteur  d'in- 
struments, neveu  et  élève  du  célèbre  S tein,  s'est 
établi  à  Nurembergen  1789,  aprèsavoirachevé 
son  apprentissage  à  Augsbourg.  Quoiqu'il  ne 
soit  pas  considéré  comme  un  des  meilleurs  fac- 
teursde  son  temps  en  Allemagne,  il  s'est  néan- 
moins fait  remarquer  par  l'invention  de  pianos 
à  deux  tables  d'harmonie.  Il  construisait  aussi 
de  bons  harmonicas.  Les  pianos  à  deux  tables 
d'harmonie  ont  été  reproduits  à  l'exposition 
universelle  de  Paris,  en  1833,  par  le  facteur 
Lichtenthal,  de  Pétersbourg,  comme  une  in- 
vention nouvelle. 

KUPSCH  (Charles-Gustave),  né  le  24  fé- 
vrier 1807,  à  Berlin,  où  son  père  était  direc- 
teur d'une  école,  fut  destiné  dans  sa  jeunesse  à 
l'élude  de  la  théologie  et  à  la  prédication  ; 
mais  un  penchant  irrésistible  pour  la  culture 
de  la  musique  le  détourna  de  celte  carrière. 
Louis  Berger  fut  son  maître  de  piano  ;  Benelli 
lui  enseigna  le  chant  ;  Edouard  Bietz,  le  violon  ; 
il  reçut  des  leçons  d'orgue  de  Guillaume  Bach 
et  il  apprit  la  composition  chez  Zelter  et  chez 
Bernard  Klein.  A  l'âge  de  dix-huit  ans,  il  ob- 
tint les  places  de  cantor  et  d'organiste  de 
l'église  de  la  Sprée  à  Berlin  et  se  livra  à  l'en- 
seignement d'après  le  système  de  Logier.  Ses 
premières  compositions  fuient  écrites  pour 
l'église.  En  1828,  il  écrivit  la  musique  d'un 
ballet.  En  1831,  il  abandonna  ses  places  de 
cantor  et  d'organiste  pour  aller  à  Leipsick:  il 
y  dirigea  les  concerts  de  la  Société  d'harmonie, 
et  écrivit  la  musique  d'une  pantomime  inti- 
tulée ;  der  Zauberkessel  (le  Chaudron  magi- 
que). Peu  de  temps  après,  il  accepta  la  place  de 
premier  chef  d'orcheslie  du  théâtre  de  Lubeek. 
En  1838,  il  quitta  encore  cette  position  et  se 
rendit  à  Rotterdam,  où  il  fut  nommé  profes- 
seur et  directeur  de  l'Académie  royale  de 
chant,  et  chef  d'orchestre  de  la  société  Eru- 
dilio-Musica.  Il  y  obtint  aussi  le  titre  de 
membre  honoraire  de  la  Société  néerlandaise 
pour  l'encouragament  de  la  musique,  en 
1839.  On  ignore  les  motifs  qui  lui  firent  quit- 
ter une  situation  si  honorable,  mais  on  le 
trouve,  en  1844,  à  Fribourg,  où  il  remplissait 
les  fonctions  de  directeur  de  musique.  Deux 
ans  apiès,  il  enseignait  le  chant  à  Berlin,  et, 
dans  la  même  année  1846,  il  avait  déjà 
changé  de  position  et  dirigeait  une  société  de 
chœur  d'hommes  à  Nuremberg.  On  le  perd  de 
vue  après  celte  époque.  Environ  vingt  œuvres 
de  Lieder,  de  danses  et  de  chants  pour  des 


KUPSCII  -  KURPINSKI 


143 


voix  d'hommes  ont  été  publiées  sous  le  nom 
de  ce  musicien. 

RURPIIXSKI  (Chaiiles),  compositeur  po- 
lonais, jouit  de  beaucoup  de  célébrité  parmi 
ses  compatriotes.  Fils  de  Martin  Kurpinski, 
organiste  à  l'église  de  Wloszakowice,  village 
du  grand-duché  de  Posen,  il  naquit  dans  ce 
lieu  en  1785.  Son  père  le  destinait  à  lui  suc- 
céder et  lui  faisait  étudier  l'orgue  et  le  plain- 
chant;  mais  l'arrivée  de  deux  frères  de  sa 
mère,  nommés  Roch  et  Jean  Wanski,  tous 
deux  musiciens  de  profession,  attachés  au  ser- 
vice du  staroste  Félix  Polanowski,  fit  changer 
les  résolutions  de  la  famille  Kurpinski  et  tira 
de  son  village  le  futur  compositeur.  Il  jouait 
quelque  peu  de  violon  ;  c'en  fut  assez  pour  que 
l'oncle  Roch  Wanski  l'emmenât  en  Galicie  et 
le  fit  entrer  dans  la  chapelle  de  son  seigneur. 
Devenu  membre  d'un  bon  orchestre,  Kurpinski 
eut  souvent  occasion  d'exécuter  et  d'entendre 
la  musique  des  maîtres,  forma  son  goût,  prit 
l'habitude  de  l'ensemble,  et  apprit  la  compo- 
sition dans  les  partitions  de  la  Création  et  de 
Bon  Juan.  Après  la  mort  de  son  oncle,  il 
s'éloigna  de  la  Galicie  et  se  rendit  dans  la 
capitale  de  la  Pologne.  Il  avait  compris  que 
Varsovie  était  la  seule  ville  de  sa  patrie  qui 
pût  lui  offrir  les  moyens  d'atteindre  le  but  où 
tendaient  ses  désirs.  Comme  acheminement  à 
ce  but,  il  obtint  bientôt  la  place  de  second  chef 
d'orchestre  auThéàlrc-Nalional  ;  Elsner  occu- 
pait celle  de  premier  chef.  Kurpinski  fut  son 
successeur  en  1825.  Depuis  1811,  il  a  fait  re- 
présenter sur  ce  théâtre  plusieurs  ouvrages  dra- 
matiques dont  la  plupart  ont  été  accueillis  avec 
cnlhousiasme  par  les  compatriotesde  l'artiste. 
En  1819,  une  médaille  d'or  à  son  effigie  lui  fut 
offerte  après  le  succès  d'un  de  ses  ouvrages. 
A  la  fin  de  la  même  année,  l'empereur  Alexan- 
dre le  nomma  maitre  de  chapelle  de  la  cour  de 
Varsovie,  et  au  commencement  de  1823,  il  le 
décora  de  l'ordre  de  Saint-Stanislas.  Danscette 
même  année,  il  fit  un  voyage  en  Allemagne,  en 
France  et  en  Italie,  pour  connaître  la  situation 
de  la  musique  dans  ces  pays  où  elle  est  cul- 
tivée avec  succès  j  il  ne  retourna  à  Varsovie 
qu'en  1824. 

Kurpinski  était  doué  de  toutes  les  qualités 
des  artistes  d'élite,  à  savoir:  le  sentiment  de 
l'art,  l'énergie,  l'activité  et  la  facilité  de  pro- 
duction. Il  cultivait  tous  les  genres  de  musi- 
que, composait  pour  la  scène,  pour  l'église, 
pour  une  multitude  de  circonstances  particu- 
lières et  pour  les  salons,  étudiait  la  théorie  de 
son  art,  en  cultivait  la  littérature,  écrivait  des 
livres   pour  l'instruction  des    artistes  cl  des 


amateurs,  fondait  un  journal  de  musique  afin 
de  stimuler  le  goût  de  ses  compatriotes  pour  cet 
art,  dirigeait  la  musique  du  théâtre  et  remplis- 
sait les  fonctions  de  directeur  du  chant  à 
l'École  royale  de  musique.  Il  s'était  marié.  Sa 
femme,  née  Sophie  Brzowska,  débuta  à  l'Opéra 
de  Varsovie  dans  le  Freyschiitz,  de  Weber. 
Actrice  aimée  du  public,  elle  ne  se  retira  qu'en 
1842  avec  la  pension.  La  dernière  composi- 
tion de  Kurpinski  fut  une  cantate  pour  la  fête 
de  l'empereur  de  Russie,  en  1837.  Retiré  en 
1841,  après  trente  ans  de  service,  il  reçut  de 
tous  les  artistes  du  théâtre  les  témoignages 
d'une  sincère  affection.  En  1857,  il  vivait  en- 
core et  se  plaisait  dans  une  solitude  absolue. 

C'est  à  Kurpinski  et  à  Elsner  que  la  Pologne 
est  redevable  des  progrès  qu'elle  a  faits  dans 
la  musique  depuis  le  commencement  du  dix- 
neuvième  siècle.  Leurs  travaux  ont  doté  leur 
patrie  d'un  véritable  opéra  national,  lequel  a 
pris  la  place  des  traductions  de  l'allemand,  du 
français  et  de  l'italien  qui,  précédemment,  oc- 
cupaient la  scène  polonaise.  Kamienski  avait 
commencé  cette  ère  nouvelle  de  la  musique 
polonaise  dans  la  seconde  moitié  du  dix-hui- 
tième siècle.  Kurpinski  a  donné  un  grand 
nombre  d'opéras  qui  ne  sont  pas  tous  connu* 
des  biographes  allemands. 

En  voici  la  liste  la  plus  complète  parvenue  à 
notre  connaissance  :  1"  DwieChatki  (les Deux 
Chaumières),  1811.  2»  Palai  Lucyfera  (le  Pa- 
lais de  Lucifer),  1811.  ô" Marlinowa  wSeraju 
(la  Femme  Martin  au  sérail),  mélodrame  co- 
mique en  deux  actes,  1812.  A"  Ruyni  Babi- 
lonu  (les  Ruines  de  Babylonè),  en  trois  actes. 
5»  Szarlatan  (le  Charlatan),  jopéra  bouffe  en 
deux  actes,  1814.  6»  Laska  Imperatora  (la 
Faveur  de  l'empereur),  en  trois  actes,  1814. 
7"  Jadwiya  (Edwige),  opéra  qui  obtint  un 
grand  succès,  1814.8"  Jgartia  paszczy  (Agar 
dans  le  désert),  scène  lyrique,  1814. 
9''  Jlexander  i  appelles  (Alexandre  chez 
Apelles),  en  un  acte,  1815).  10°  Obleszenia 
Gdanska  (le  Siège  de  Danlzick),  1815. 
11"  Nadgrada  (la  Récompense),  1815. 
12"  Mala  Szkula  Ojcôw  (le  Mauvais  Exemple 
du  père),  en  un  acte,  1816.  13"  IVowe  Krako- 
wiaki  (les  Cracoviens),  en  deux  actes.  1816. 
14"  Dziadek,  en  un  acte,  1816.  15»  £ro  i 
Leander  (lléro  et  Leandre) ,  scène  lyrique, 
181G.  10"  Jan  Kochanowski  (Jean  Kocha- 
novvski),  en  deux  actes,  1817.  17"  Batcrya  o 
iednym  'zolniezu  (Batterie  servie  par  un  seul 
soldat),  1817.  18"  Czaromysl,  en  trois  actes, 
1818.  19"  Zamek  na  Czorstynie  (le  Château 
de  Czorstyn),  1819.  20"Ze  forestier^  en  deux 


144 


KURPINSKI  -  KURZINGER 


actes,  1819.  21°  Kalmora ,  en  deux  actes, 
1820.  22»  Casimir  le  Grand,  pièce  à  grand 
spectacle.  23»  Nasze  przebiegi  (Nos  Trans- 
fuges), opéra  comique.  M'^Cécile  de  Piascezno, 
grand  opéra  dont  la  partition  a  été  publiée  à 
Varsovie.  Rurpinski  a  écrit  aussi  l'ouverture 
et  les  chœurs  de ZbignieWj  tragédie,  en  1819, 
et  des   ballets  :  le  Bourgeois  gentilhomme, 
Terpsichore  sur  la  Fistule,  Mars  et  Flore,  etc. 
Les  autres  compositions  de  musique  vocale  de 
cet  artiste  sont  :  1°  Messe  à  quatre  voix  sur  le 
texte  polonais.  2»  Hymne  polonaise  (Oycze- 
nacsz),  à  trois  voix.  3»  Messe  à  quatre  voix, 
chantée  à  l'église  de  Saint-Alexandre  par  les 
élèves  du  district  du  Nouveau-Monde  (colo- 
nie militaire).  4»  Messe  latine  à  quatre  voix, 
exécutée  dans  l'église  des  Franciscainsde  Var- 
sovie.S^Messe  sur  le  texte  polonais  publiée  dans 
le  Spiewenik de  Vahhé  Mioduszewski.  6»  Messe 
villageoise  sur  un  texte  de  Felinski.  7"  Messe  à 
trois  voix  (contralto,  ténor  et  basse),  avec  ac- 
compagnement d'orgue,  trompettes,  trombones 
et  timbales,  composée  pour  la  confrérie  litté- 
raire. 8°  Recueil  de  chants  religieux,  publiée 
à  Varsovie,   chez  Rlubowski.  9»    Un    grand 
nombre  de  cantates  et  pièces  pour  les  fêtes  of- 
ficielles et  anniversaires.  10"  Elégie  sur  la 
mort  de  Kosciusko .  11»  Cantate  pour  l'inaugu- 
tion  de  la  statue  de  Kopernick,  exécutée  à  Var- 
sovie, le  11  mai  1830,  à  quatre  voix  et  orches- 
tre. 12»  Te  Deum  pour  le  sacre  de  l'empereur 
Nicolas,  à  quatre  voix,   chœur  et  orchestre, 
exécuté  en  1829,  dans  la  cathédrale  de  Varso- 
vie, sous  la  direction  de  l'auteur.  15°  Cantate 
pour  la  fête  de  l'empereur,  en  1857.  La  mu- 
sique instrumentale  de   Kurpinski  n'est   pas 
toute  connue  ;  on  en  a  publié  à  Leipsick,  chez 
Breitkopf  et  Haertel  :  Symphonie  à  grand  or- 
chestre, op.  15;  fantaisie  pour  piano,  op.  8; 
fantaisie  idem,  op.  10  5  fugue  pour  piano  avec 
hilroduction  ;  collection  de  quatorze  polonaises 
pour  piano,  op.  11;   trois  polonaises  idem, 
op.  4.  On  a  publié  à  Varsovie,  chez  Brzczina  : 
Polonaise  à  grand  orchestre;  Nocturne  pour 
cor,  alto  et  basson,  op.  \6  ;  Paijsage  musical, 
pot-pourri  pour  cor,  basson  et  quatuor  d'in- 
struments à  cordes,  op.  18;  thème  varié  pour 
piano.  Les    ouvertures   de  Kalmora,  de  la 
Femme  Martin,  de  la  Reine  Hedwige  et  des 
Ruines  de  Babylone  ontéfé  publiées  à  Leip- 
sick, chez  Breitkopf  et  Haertel. 

Les  œuvres  de  littérature  musicale  pro- 
duites par  l'activité  infatigable  de  Kurpinski 
sont  celles-ci:  JFyUlad  systematyczny  zasad 
Musyki  na  Klawikord  (Exposé  systématique 
de  la  musique  pour  le  piano),  Varsovie,  Rlu- 


bowski, 1819;  Zasady  ffarmonii  {Vr'mc'ipes 
d'harmonie),  ibid.,\S2\;  Tygodnikmusyczny 
(Journal  hebdomadaire  de  musique),  ibid., 
1820-1821,  trois  volumes;  Coup  d'ceil  sur 
l'opéra  en  Pologne,  inséré  dans  les  Annales 
de  la  Société  des  Jmis  des  sciences  (dont 
Kurpinski  était  membre),  21™«  volume. 

KUllZ  (Jean),  organiste  et  directeur  de 
musique  à  Calw,  dans  le  Wurtemberg,  vers  la 
fin  du  dix  septième  siècle  et  au  commencement 
du  dix-huitième,  est  auteur  d'un  écrit  qui  a 
pour  titre  :  Neue  erfundene  Harfe ,  so 
durch  ein  Klavier,  gleich  einem  Spinet  zu 
schlagen  (Harpe  d'une  invention  nouvelle, 
qui  se  joue  au  moyen  d'un  clavier,  à  la  ma- 
nière d'une  épinette),  Tubingen,  1681.  C'est 
l'idée  d'un  instrument  que  Dietz  (voyez  ce 
nom)  a  réalisé  environ  cent  trente  ans  plus 
tard.  Mattheson  parle  aussi,  dans  son  Parfait 
maître  de  chapelle,  d'un  autre  ouvrage  de 
Kurz  intitulé  :  Classis  prima  musices.  Il  ne 
paraît  pas  que  ce  livre  ait  été  imprimé. 

KURZIIVGEIl  (Ignace-François-Xavier), 
musicien  au  service  de  la  petite  cour  de  Mer- 
gentheim  ou  Marienthal,  dans  le  Wurtemberg, 
vécut  vers  le  milieu  du  dix-huitième  siècle.  Il 
a  publiée  Augsbourg,  en  1758,  une  collection 
de  symphonies  intitulée  :  David  et  ^pollo, 
iste  profanus  Parnassi,  ille  sacer  Cœli  uter- 
que  rex  et  jubilaris  archiphonascus  chori, 
sive  FlIIsymphonis  solemnioresseu  brèves, 
tam  pro  ecclesia  quam  aula  compositx , 
op.  1.  On  a  aussi  du  même  artiste  une  in- 
struction pour  le  chant  figuré  et  le  violon, 
imprimée  à  Augsbourg,  chez  Lotter,  en  1763, 
95  pages  in-4''. 

KU11ZI]\GER  (Pacl),  fils  du  précédent, 
né  à  Wttrzbourg  vers  1760,  fut  destiné  par 
son   père  à  la   jurisprudence  et    suivit   des 
cours  dans  les  universités  de  la  Bavière.  Mais 
pendant  qu'il  était  occupé  de  ses  études,  il 
reçut  aussi  une  éducation  musicale  d'artiste; 
bientôt  le  goût  de  l'art  devint  en  lui  si  pro- 
noncé, qu'il  prit  la  résolution  de  renoncer  au 
barreau.  Il  se  rendit  à  Munich  et  entra  dans 
la  chapelle  de  l'électeur.  En  peu  de  temps,  ses 
progrès  le  conduisirent  à  écrire  un  petit  opéra 
{la  Comtesse)   qui  obtint  du  succès  sur  le 
Théâtre  électoral.  Il  voulut  ensuite  retourner 
à  WUrzbourg;  mais  il  n'y  trouva  pas  de  posi- 
tion convenable,  et  dut  quitter  cette  ville  pour 
aller  à  Ratisbonne,  où  il  obtint  une  situation 
honorable  dans  la  chapelle  du  prince  de  la 
Tour  et   Taxis.  Le  prince,  satisfait   de  ses 
talents,  lui  confia  la  composition  delà  musique 
qui  devait  être  exécutée  aux  fêtes  prenarécs 


KURZINGER  -  KUTZING 


145 


pour  l'arrivée  de  l'empereur  Joseph  II  à  Ra- 
t<sbonne.  Ce  qu'il  écrivit  à  celte  occasion  jus- 
tifia complètement  le  choix  qu'on  avait  fait  de 
lui;  l'empereur  lui-même  fut  si  satisfait  de 
cette  musique,  qu'il  engagea  l'auteur  à  se 
rendre  à  Vienue,  lui  promettant  une  place 
•lans  sa  chapelle.  Kurringer  se  rendit  à  cette 
invitation,  et  fut  bien  accueilli  à  la  cour.  Il 
vivait  encore  à  Vienne  en  1807,  et  y  était  di- 
recteur de  musique  dans  une  maison  d'éduca- 
tion. On  connaît  de  lui  plusieurs  bons  mor- 
ceaux de  musique  d'église  :  La  Comtesse, 
opéra-comique  représenté  à  Munich  en  177ô; 
l'Illumination,  idem,  à  Vienne,  en  1792; 
Robert  et  Calixte,  dans  la  même  ville,  en 
1794.  Il  a  fait  aussi  imprimer  :  Six  chansons 
allemandes  avec  accompagnement  de  piano,. 
Vienne,  Rurzbeck,  1789,  et  douze  chansons 
allemandes  pour  le  piano,  Vienne  et  Darm- 
sladt,  \7'J-2. 

KUItZWEIL  (....),  compositeur  de  mu- 
sique instrumentale,  parait  avoir  vécu  à  Vienne 
veis  la  tin  du  dix-huitième  siècle.  On  connaît 
sous  son  nom,  en  manuscrit  :  1°  Symphonie  à 
grand  orchestre.  2"  Symphonie  concertante 
l)onr  violon  et  clarinette,  avec  orchestre, 
ô"  Concerto  pour  violon.  4"  Concerto  pour 
allô.  5°  Concerto  pour  violoncelle.  G»  Trio 
pour  clarinette,  alto  et  basson.  Rurzweii  vivait 
encore  en  180G. 

KIJSÏER  (Hermanîi),  directeur  de  musi- 
que et  organiste  du  Dom  à  Berlin  (1861),  a  fait 
ses  éludes  de  composition  dans  la  section  de 
musique  de  l'Académie  royale  (fes  beaux-arts 
(le  celte  ville,  sous  la  direction  de  Rungen- 
liagen.  Ses  premières  productions  furent  pu- 
bliées en  1840  et  1841  ;  elles  consistent  parti- 
culièrement en  chants  pour  qualre  voix 
d'hommes.  En  1845,  il  fit  exécuter  à  l'Acadé- 
mie de  chant  l'ouverture  et  la  première  scène 
d'un  pelil  opéra  de  sa  composition  intitulé  : 
la  Double  Noce  (die  Doppelhochzeil),  et,  dans 
la  même  année,  il  publia  quarante-huit  fugues 
pour  l'orgue,  op.  4,  à  l'usage  des  organistes 
de  petites  villes  et  de  la  campagne,  Berlin, 
C.  Paez.  Appelé  à  Saarbruck,  deux  ans  après, 
en  qualité  de  directeur  d'une  société  de  chant, 
il  y  resta  environ  deux  ans  et  s'y  occupa  spé- 
cialement de  la  composition.  Au  mois  de  no- 
vembre 1844,  il  fit  exécuter  à  l'Académie  de 
chant  de  Berlin,  sous  sa  direction,  un  oratorio 
dramatique  intitulé  :  Die  Erscheinung  des 
Kreuzes  (l'Apparition  de  la  croix)  ;  cet  ouvrage 
itroduisit  une  vive  impression  sur  l'assemblée. 
M.  KtLslcr  a  été  appelé  à  remplir  la  place  va- 


cante d'organiste  du  Dom  de  Berlin,  en  1852. 
Postérieurement,  il  a  fait  entendre  divers  ou- 
vrages importants  de  sa  composition,  parmi 
lesquels  on  distingue  l'oratorio  intitulé  :  Die 
ewige  Heimath  (la  Patrie  éternelle),  dont  la 
partition  réduite  pour  le  piano  a  été  publiée  à 
Neu-Ruppin,  chez  Rodolphe  Petrenz.  La  Ga- 
zette de  Spener,  du  14  juillet  1861,  a  rendu 
un  compte  avantageux  de  cet  ouvrage.  On 
connaît  aussi  du  mêmecompositeurdes  Lieder 
distingués  pour  contralto,  op.  8,  Mayence, 
Schott,  et  les  psaumes  40,  07,  100  et  149, 
pour  un  chœur  d'hommes  à  quatre  voix;  Neu- 
Ruppin,  Rodolphe  Petrenz. 

KUTSCHER  (G.-F.),  professeur  de  musi- 
que et  pianiste  à  Ralisbonne,  actuellement 
vivant  (1862),  a  publié  une  méthode  élémen- 
taire de  piano,  avec  des  exercices  faciles,  sous 
ce  titre  :  Der  Anfxngerim  Clavierspiel,  Ra- 
tisbourg,  Reitmayer. 

KUTTj\OHOI\SKY(Jean-Népomucène), 
directeur  du  chœur  au  château  de  Prague  et 
dans  l'église  de  Saint-Benoît,  est  né  en  cette 
ville  vers  17-30.  Sen  père,  bon  musicien  de 
l'église  métropolitaine,  lui  enseigna  la  musi- 
que. Kuttnohorsky  entra  d'abord  en  qualité  de 
ténor  à  l'église  cathédrale  et  à  celle  de  Sainte- 
Marie-des-Victoires,  puis  il  obtint  la  place  de 
directeurci-dessus  indiquée.  Parmi  ses  compo- 
sitions, qui  sont  restées  en  manuscrit,  on  cite 
deux  messes  et  huit  symphonies  qui  sont 
estimées  en  Bohême.  Kuttnohorsky  est  mort  à 
Prague  en  1781. 

KLÏZIISG  (Charles),  d'abord  facteur 
d'instruments  à  Coire  (Suisse),  s'est  établi  à 
Berne  en  1840,  et  y  a  transporté  ses  ateliers. 
Il  est  auteur  d'un  manuel  théorique  et  prati- 
que de  la  construction  des  pianos,  avec  une 
indication  de  toutes  les  innovations  introduites 
dans  ce  genre  d'instruments.  Cet  ouvrage  a 
liour  titre  :  Theoretisch-praktisches  Iland- 
buch  der  Fortepiano-Baukiinst  mit  Beriich- 
sichtigung  der  neuesten  Ferbesserungen, 
Bonn  et  Coire,  J.-F.-J.  Dalp,  1833,  in-8»  de 
94  pages  avec  six  planches.  Klllzing  a  donné 
comme  supplément  à  ce  traité  un  livre  qui  a 
pour  titre  :  Beitrxge  zur  praktischcnAkustik 
(Essais  pour  l'acoustique  pratique),  Berne  eJ 
Coire,  Dalp,  1858,  in-8'>  de  51  pages,  avec 
deux  planches.  On  a  aussi  du  même  facteur 
d'instruments  un  manuel  théorique  et  pratique 
de  la  construction  des  orgues,  sous  ce  titre  : 
Theoretisch-praktisches  Handbuch  der  Or- 
gelbaukunst ,  Berne  et  Coire,  Dalp,  ]84ô, 
in-S"  de  137  pages,  avec  8  planches. 


BJ06H     DMIV.   DES  MUSICIE.NS.   T.    V. 


10 


I. 


LAAG  (Henri)»  organiste  et  facteur  de  ela- 
vccins  à  Osnabrùck,  né  à  Herford  (Westplialie), 
le  18  février  1713,  remplissait  ses  fonctions  à 
l'éijiise  de  Sainte-Catiierine  d'Osnabriick.  On  a 
de  lui  un  livre  intitulé  :  Anfangsgrûnde  zum 
Clavicrspiden  und  Generalbass  (Éléments 
du  clavecin  et  de  la  basse  continue);  Osnabrùck, 
1774,  in^"  de  74  pages,  lia  aussi  publié  cin- 
quante chansons  avec  accompagnement  de  cla- 
vecin, sous  ce  titre  :  lunfzig  Lieder  mit  Meio- 
dienfûr  Clavier  ;  Csiss,el,  Mil.  Cet  artiste  a 
écrit  sa  propre  biographie,  qui  a  été  publiée  après 
sa  mort,  par  un  de  ses  amis,  sous  ce  titre  :  Le- 
bcns-Geschichle  Heinrich  Laag's,  Organisten 
an  der  Katharinen  Kirche  in  Osnabrùck, 
von  ihm  selbst  beschreiben  und  mit  eincm 
Nachtrage  herausgegebcn  von  eincm  seincr 
Freunde  (  Biographie  de  Henri  Laag ,  organiste 
de  l'église  Sainte-Catherine  à  Osnabrùck,  écrite 
par  lui-même,  et  publiée,  avec  un  appendice,  par 
un  de  ses  amis);  Herford,  1798, in-8° de 248  pa- 
ges. L'éditeur  de  cette  autobiographie  nous  ap- 
/)rend  que  Laag  mourut  le  30  octobre  1797. 

LABADEA'S  (....),  violoniste  à  Paris,  vers 
le  milieu  du  dix-huitième  siècle,  a  publié  :  Nou- 
velle méthode  pour  le  violon  ;  Paris,  Narlerman. 
En  1707,  Labadens  était  altaclié  à  l'orchestre  de 
l'Opéra;  mais  il  ne  faisait  plus  partie  du  person- 
nel (le  cet  orchestre  en  1802. 

LABARRAQUE  (Antoine  -  Germai  ), 
pharmacien  à  Paris,  est  né  à  Oléron  (  Basses- 
Pyrénées),  le  29  mai  1777.  Après  avoir  servi 
quelque  temps  dans  la  compagnie  de  grenadiers 
de  Latour  d'Aovergne  ,  il  entra  au  service  des 
hôpitaux  en  qualité  de  pharmacien ,  fut  charge 
en  Espagne  de  la  direction  de  l'hôpital  de 
Biira,  et  suivit  ensuite  des  cours  à  l'école  de 

1 


n>édecine  de  Montpellier.  En  1799,  il  se  rendit  à 
Paris,  où  il  acheva  ses  études.  Au  mois  de  juîre 
1805,  il  reçut  son  diplôme  de  pharmacien,  puis 
il  se  livra  à  divers  travaux,  qui  le  conduisirent 
à  des  découvertes  utiles  ;  entre  autres  celle  des 
chlorures  d'oxyde  de  chaux  et  d'oxyde  de  sonde, 
dont  on  a  fait  d'importantes  applications  dans 
certaines  maladies  épidémiques  et  endémiques, 
M.  Labarraque  est  cité  ici  pour  son  livre  in- 
titulé VArtdu  boyaudier;  Paris,  1822,  in-8". 
Cet  ouvrage  se  rattache  à  la  musique  par  la 
fabrication  des  cordes  d'instruments. 

LABARRE  (  Michel  DE  ) ,  flûtiste  et 
compositeur,  né  à  Paris,  en  1675,  mourut  en 
celte  ville,  vers  la  fin  de  1743.  On  a  représenté 
à  l'Opéra,  en  1700,  \m  ouvrage  de  sa  composi- 
tion, intitufé  :  Le  Triomphe  des  ylr/s,  paroles 
de  Lamotte;  la  partition  de  cet  ouvrage  fut  im- 
primée dans  la  même  année,  à  Paris,  chez  Bal- 
hud.  Labarre donna  aussi,  en  1703,  un  intermède 
intitulé  -.La  Vénitienne.  On  a  du  même  artiste 
quelques  œuvres  de  duos  et  de  trios  pour  la  flûte. 
LABARRE  (Trille),  guitariste  ,  vécut  à 
Paris  vers  la  fin  du  dix- huitième  siècle.  On  con- 
naît soas  son  nom  :  1*  Étrennes  de  guitare,  ou 
recueil  des  plus  jolies  romances  qui  ont  paru 
dans  l'année  1787,  suivies  d'une  sonate  pour 
guitare,  avec  accompagnement  de  violon  obligé, 
op.  2;  Paris,  Bailleux,  178S.  —  2"  Nouvelle 
méthode  pour  la  guitare  à  Vusage  des  per- 
sonnes qui  veulent  V apprendre  sans  viaitre, 
op.  7;  Paris,  1793.  —  3°  Reeueil pour  la  gui- 
tare, oxi,  leçons  graduelles  et  faciles,  Paris, 
1794. 

LABARRE  (Louis-Julien  CASTELS  DE)^ 
né  à  Paris,  le  24  mars  1771,  est  issu  d'une  fa- 
mille noble  de  Picardie.  Après  avoir  reçu,  dan» 
4U 


LÂBARRE 


147 


«a  jeunesse,  qirelqnes  conseils  de  Violti  pour  le 
•violon,  il  lit,  en  1790,  un  voyage  en  Italie.  Admis 
nu  Conservatoire  de  La  Piclà,  à  Naples,  comme 
'ôlève,  il  y  apprit  le  contrepoint  sous  la  direction 
■<ie  Sala,  puis  il  rentra  en  France,  dans  l'armée 
1793,  et  y  acheva  ses  études  de  composition  près 
«le  Méliul.  Après  avoir  rempli  pendant  deux  ans 
les  fonctions  de  premier  violon  an  Tht'dlre  de 
Molière,  il  entra  à  l'Opéra  en  Pan  VII  ;    mais 
aprèsquelques  années  il  quitta  cette  position  pour 
im  emploi  dans  la  famille  de  Pempereur  Napo- 
léon. Dans  Tan  YI  de  la  république  (1798)  il  a 
fait  représenter  au  Théâtre  de  Molière  Les  Époux 
de  seize  ons,  opéra  en  un  acte,  qui  n'obtint  point 
(le  succès  et  ne  fut  joué  que  trois  fois.  Il  a  pu- 
Mié  deux  recueils  de  romances  avec  accompagne- 
ment de  piano,  ime  scène  d€s  Adieux  du  Cid  à 
'Chimène ,  tFois  tBuvres  de  duos  de  violon  ,  des 
"Caprices  et  des  airs  variés  pour  cet  instrument. 
LABABRE  (Tukobor'f.},  compositeur-et  iiar- 
.piste  célèbre,  est  né  à  Paris,  le  5  mars  1805.  Dès 
t^on  enfance  on  lui  lit  étudier  la  musique  «001*06 
im  délassement  4  car  il  n'était  pas  destiné  à  l'aire 
fia  profession  de  c«t  art.  La  harpe   fut  l'instru- 
jnent  qu'on  Ini  mit  entre  les  mains;  il  notait  à^é 
<juedesept  ans  lorsque  Coiisineau  lui  en  donna  les 
•premières  leçons,  il  continua  de  s'y  exercer  &ous 
la  direction  de  ce  maîtrejusqu'en  l^U.  A  cette 
<ipoque  il  devint  élève  de  Bochsa,  qui,  trouvant 
«n  lui  les  plus  rares  dispositions,  lui  lit  faire  de 
rapides  progrès.  Après  le  départ  inopiné  de  cet 
artiste  pour  l'Angleterre,  en  1816,  Laiiarre  con- 
tinua ses  études  de  harpe  auprès  de  Naderman 
jusqu'en  IStO;  mais  il  n'^en  reçut  que  de  rares  le- 
■^lons.  En  1S17,  ses  parents  prirent  la  résolution 
<le  faire  servir  ses  talents  à  sa  fortune,  et  pour 
achever  son  éducation  d'artiste,  ils  le  firent  en- 
trer comm«  élève  au  Conservatoire  ,  où  il  apprit 
auprès deM.  Dourlen  les  éléments  de  l'harmonie; 
puis  il  devint  élève  d'iiler,  pour  le  «onlrepoint. 
Après  la  mort  de  œ  maître,  il  continua  ses  étu- 
■des  sous  la  direction  d«  l'auteur  de  cette  notice 
({en  1821),  et  ^dans  te  même  temps  Boieldieu  lui 
«nseigna  le  mécanisme  des  formes  d«  la«ompo- 
silion  idéale.  Bien  •qu'il  ne  ftU^gé  que  de  dix- 
Iniit  ans,  Labarre  se  présenta  au   concours  de 
l'Instilut,  en  1823,  pour  le  grand  prix  de  compo- 
sition musicale.  Le  sujet  du   concours  était  la 
cantate  de /'yr^Hîe  ci  Thisbé,  composée  de  plu- 
sieurs récitatifs,  aifs  et  duos.  Des  mélodies  d'im 
goût  élégant,  un  bon  sentiment  dramatique,  une 
liarmonie  piquante,  distinguaient r<euvre  de  La- 
barre :  le  second  prix  lui  hit  décerné.  Nul  doute 
■qu'il  eût  obtenu  le  premier  l'année  suivante,  si 
4es  succès  qu'il  trouvait  déjà  dans  son  talent  sur 
ia  haipe  et  dans  ses  compositions  pour  cet  ins- 


trument ne  lui  avaient  fait  prendre  une  autre  di- 
rectitm. 

En  1824,  il  se  rendit  en  Angleterre,  où  son 
habileté  le  fit  bientôt  remarquer.  Des  couceits 
donnés  chaque  année  à  Londres;  d'autres,  dans 
des  lieux  de  plaisance,  tels  que  Ratli  et  lîrigli- 
ton  ;  enlin  des  voyages  en  li  lande  et  en  l^xosse 
étendirent  sa  réputation,  et  le  placèrent  à  la  tête 
des  harpistes  de  la  Grande-Bretagne.  Dans  les 
intervalles  des  saisons,  il  rev-enait  en  France 
chaque  année,  et  après  avoir  donné  des  concerts 
à  Boulogne  ou  dans  d'aatres  viltes,  il  allait  pas- 
ser quelques  mois  à  l*aris.  Dans  un  de  ses  voya- 
ges, il  visita  la  Suisse;  dansun  autre,  il  se  rendit 
à  Naples,  où  il  «xcila  autant  de  surprise  que 
d"'admiration ,  au  théâtre  de  Saint-Charles.  La 
harpe  entre  ses  mains  avait  acquis  une  impor- 
tance plus  grande,  nn  caractère  phis  élevé,  une 
variété  d'effets,  enlin  ime  énergie  qu'elle  n'avait 
point  auparavant.  Sa  musique  pour  cet  instru- 
ment avait  paru  d'abord  trop  difficile  :  peu  d'a- 
mateurs et  même  d'artistes  étaient  assez  habiles 
pour  la  jower;  ce  défaut  relatif  nuisit  à  son  suc- 
cès dans  les  premiers  temps.  Quelques  jeunes 
gens  formés  -à  son  école,  tels  que  MM.  Léon  Ga- 
tayes  et  Godefrey,  la  popularisèrent  enfin;  il  est 
peu  de  harpistes  aujourd'hui  qui  ne  la  recher- 
chent. 

Des  romances  •charmantes,  qui  ont  obtenu  des 
succès  ■de  vogire,  avaient  commencé  la  réputation 
de  Labarre  pour  la  musique  vocale  ;  ses  amis  ne 
doutaient  pas  <]ue  s'il  essayait  son  talent  à  la 
scène,  il  n'y  réussît  à  merveille  ;  i«ais  il  était 
difficile  de  trouver  un  poème  f-avorable  à  son 
talent.  Malheureusement  il  crut  l'avoir  rencontré 
dans  Zes  deux  Familles,  drame  en  trois  actes 
dont  il  composa  la  musique,  et  qui  fut  représenté 
le  It  janvier  1831  au  théâtre  Ventadour.  Cette 
pièce  ne  réussit  pas,  et  la  musique,  qui  subit 
toujours  en  France  le  sort  du  livret,  fut  entraî- 
née dans  sa  chute.  Considéré  sous  le  rapport  de 
l'art,  cet  ouvrage  n'avait  pas  réalisé  les  espéran- 
ces des  amis  de  Labarre,  On  y  trouvait  de  jo- 
lies mélodies,  des  détails  pleins  de  goût,  mais 
non  la  liardiesse  de  pensée  qu'on  attendait  du 
jeune  compositeur.  Je  ne  puis  rien  diie  de  L'As- 
pirant de  marine,  opéra-comique  en  deux  ac- 
tes, joué  au  théâtre  de  la  Bourse  (mai  1834), 
n'ayant  point  entendu  cet  ouvrage.  La  Bévolle 
au  Sèraii^  ballet  en  trois  actes,  joué  à  l'Opéra 
dans  le  mois  <le  décembre  18^3,  fut  écrit  avec 
beaucoup  de  rapidité;  néanmoins  on  y  trouve  des 
morceaux  d'un  très-bon  effet. 

Après  un  séjour  de  quelques  années  à  Paris, 
Labarre  retourna  à  Londres.  Il  s'y  livra  avec  suc- 
cès à  l'enseignaient.  En  1837,    il  devint  J'e- 

10, 


143 


LA BARRE  —  LABAT 


poux  de  M'ie  Lambert,  jeune  et  jolie  cantatrice 
qui  possédait  un  talent  plein  de  grâce  et  d'ex- 
pression. Il  vécut  alors  pendant  quelque  temps 
à  Paris.  Après  que  Girard  eut  quitté  la  direction 
de  l'orchestre  de  l'Opéra-Comique  pour  passer 
à  l'Opéra,  Labarre  lui  succéda  dans  cette  position, 
en  1847.  Le  9  août  1845,  il  avait  fait  pour  ce 
théâtre  Le  Ménétrier,  ou  les  deux  Duchesses, 
opéra  en  trois  actes,  dont  la  musique,  bien  écrite 
et  bien  instrumentée,  renfermait  des  mor- 
ceaux pleins  de  mélodie  et  de  distinction  ;  mais 
la  faiblesse  du  livret  en  empêcha  le  succès.  En 
1849,  Labarre  quitta  la  direction  de  l'orchestre 
de  rOpéra-Comique.  En  1851  il  était  à  Londres; 
niais  après  le  coup  d'État  du  mois  de  décembre 
de  la  même  année  qui  fit  succéder  l'empire  à  la 
république  en  France,  il  revint  à  Paris  et  obtint 
la  direction  de  la  musique  particulière  de  l'em- 
pereur Napoléon  IIL  Au  mois  de  novembre  1853, 
il  a  fait  jouer  à  l'Opéra  Jovita  ou  les  Bouca- 
niers, ballet  en  trois  tableaux,  et  au  mois  de 
janvier  1855  il  a  donné  au  même  théâtre  La 
Fond,  ballet  en  six  tableaux.  Cet  artiste  a  pu- 
blié environ  cent  œuvres  de  musique  de  harpe, 
parmi  lesquels  on  remarque  :  1°  Trios  pour 
harpe,  cor  et  basson,  op.  6;  Paris,  Pacini.  — 
2"  Duos  pour  harpe  et  piano,  œuvres,  3,  5,  9, 
ibid.;  œuvres  43,47,48,  49,  59,  54,  Paris, Trou- 
penas.  —  3"  Duos  pour  harpe  et  violon  (avec 
de  Bériot),  sur  divers  motifs  des  opéras  d'Aii- 
ber,  de  Rossini  et  d'autres  compositeurs  ;  ibid.  — 
—  4°  Duos  pour  harpe  et  cor,  n^^  1,2,  3;  Paris, 
Naderman;  —  5*^ Nocturnes  id.,  nos  \^  2,  3; Paris, 
Pacini.  —  6°  Duo  pour  harpe  et  hautbois  (Sou- 
venirs de  la  Dame  blanche),  Paris ,  Janet.  — 
1°  Solos,  fantaisies,  rondeaux,  etc  ,  pour  la 
harpe,  op.  8,  10,  11,  12;  Paris,  Pacini;  op.  25, 
26,  29,  30,  31,  32,  33,  34,  35,  36,  39,  40,  44,  46, 
50,  51,  56,  60,  63,  66,  70,  72,  73,  75,  77,  82, 
Paris,  Troupenas;  op,  90,  91,  92,  93;  Paris,  De 
Laliante.  Parmi  les  plus  jolies  romances  de  La- 
barre, on  cite  :  Le  Contrebandier,  la  jeune  Fille 
aux  yeux  noirs ,  La  pauvre  Négresse,  La 
jeune  Fille  d'Olaïii,  Méphistophélès,  La  Tar- 
tane, Cora  ou  la  Vierge  du  Soleil.  lien  a  pu- 
blié plusieurs  recueils  en  albums.  Enfin,  on  a 
de  lui  une  Méthode  complète  pour  la  harpe, 
ouvrage  excellent  en  son  genre,  et  aussi  remar- 
quable par  le  plan  que  par  l'exécution. 

LABAT  (Jean-Baptiste),  organiste  de  la 
cathédrale  de  Montauban,  est  né  le  17  juin 
1802,  à  Verdun  (  Tarn-et-Garonne  ),  où  son  père 
était  marchand  de  grains.  Il  reçut  d'abord  des  le- 
çons de  plainchant,  et  fut  employé  dès  l'âge  de 
huit  ans  comme  enfant  de  chœur.  A  neuf  ans  il 
commença  l'étude  du  solfège  pendant  qu'il  fré- 


quentait l'école  d'im  bon  instituteur  pour  les  lan- 
gues française  et  latine.  Ses  progrès  dans  la  mu- 
sique furent  rapides.  En  1817,  son  père  l'envoya 
à  Toulouse  pour  y  continuer  l'étude  de  cet  art; 
il  y  r(>çut  les  leçons  de  Jacques  Causse,  habile 
organiste  de  la  cathédrale,  qui  lui  enseigna  pen- 
dant quatre  ans  l'orgue  et  l'harmonie.  En  1821 
M.  Labat  accepta  la  place  d'organiste  de  l'église 
de  Verdun  ,  devenue  vacante.  Pendant  les  six 
années  qu'il  conserva  cette  position  il  perfec- 
tionna et  compléta  ses  connaissances  dans  la  lit- 
térature et  dans  les  sciences.  En  1827,  il  se  ren- 
dit à  Paris,  et  fut  admis  au  Conservatoire,  comme 
élève  de  M.  Benoist  pour  l'orgue,  et  de  l'auteur 
de  cette  notice  pour  la  composition  ;  mais  appelé  à 
Montauban,  au  mois  de  septembre  de  l'année 
suivante,  pour  y  occuper  les  places  d'organiste 
et  de  maître  de  chapelle,  il  dut  quitter  cette  école. 
La  maîtrise  de  la  cathédrale  ayant  été  supprimée 
en  1833,  M.  Labat  ne  conserva  que  la  place 
d'organiste.  Ne  vo\dant  pas  toutefois  voir  cesser 
le  progrès  à  Montauban ,  dans  la  culture  de  la 
musique,  il  fonda  et  dirigea  une  société  philhar- 
monique pour  l'exécution  des  œuvres  classiques, 
et  ouvrit  un  cours  d'harmonie,  dans  lequel  il  a 
formé  de  bons  élèves.  On  a  de  cet  artiste  un 
livre  qui  a  pour  titre  :  Études  philosophi- 
ques et  morales  sur  l'histoire  de  la  mu- 
sique ,  ou  recherches  analytiques  sur  les 
éléments  constitutifs  de  cet  art  à  toutes 
les  époques,  sur  la  signification  de  ses  trans- 
formations, avec  la  biographie  des  auteurs 
qui  ont  concouru  à  ses  progrès  ;  Paris ,  Tecli- 
ner,  et  Montauban,  Forestier,  1852,  2  vol. 
in-8''.  Cet  ouvrage  est  bien  écrit,  mais  on  y 
trouve  beaucoup  d'emprunts  faits  aux  écrivains 
modernes  sur  la  musique ,  particulièrement  à 
l'auteur  de  la  Biographie  universelle  des  mu- 
siciens. 

Les  autres  productions  littéraires  de  M.  Labat 
en  ce  qui  concerne  la  musique,  et  dont  plusieurs 
ont  paru  dans  les  Mémoires  des  Académies  de 
Bordeaux  et  de  Toulouse,  sont  des  études  sur  La 
mue  de  la  voix;  sur  le  Stabat  de  Bossini ;  sur 
les  Noéls;  sur  sainte  Cécile;  sur  l'histoire  de 
l'orgue;  sur  les  Concerts;  sur  les  chants  de 
la  chapelle  Sixtine;  sur  le  faux-bourdon; 
sur  les  nombres  appliqués  à  la  science  musi- 
cale; sur  les  notations  musicales  du  moijen 
âge,  travail  couronné  par  l'académie  de  Tou- 
louse ;  sur  Vesthétiquedcs  huit  modes  du  plain- 
chant; Biographie  de  J.-R.  Reij  (dans  le  BiO' 
graphe  de  Tarnet-Garonne);  Biographie  de 
Donizetti  (dans  la  Bévue  de  Toulouse).  Les 
principales  compositions  de  M.  Labat,  dont  plu- 
sieurs ont  été  publiées,  sont  :  T  Une  Messe  so- 


LABAT  —  LABLACHE 


149 


lennelle,  avec  orchestre,  —  2"  Deux  messes  brèves 
avec  orgue.  —  3°  Oralorio  de  Noël,  avec  orcliestre. 

—  '1°  Le  Siège  de  Montauban, owvcrlurea  ^rand 
orchestre.  —  5"  Grand  Magnificat.  —  G"  Grand 
opéra  en  deuxactes  (inédit).  —  1°  La  Sibylle,  ora- 
torio. —  8"  Recueil  de  fugues  pour  l'orgue. — 9"  Re- 
cueil de  motels  à  la  sainte  Vierge.  — 10°  Recueil  de 
motels  et  d'adorations  au  saint  Sacrement.  — 
1 1°  Recueil  de  cantiques  à  voix  égales.  — 12°  Re- 
cueil de  cantates  pour  des  distributions  de  prix.  — 
13"  Deux  antiennes  à  la  Palestrina,  à  six  voix. 

—  14°  Leçons  d'iiarmonie  d'après  le  système  de 
M.  Fétis.  —  15°  Leçons  de  contrepoint  d'après 
le  môme  auteur.  —  16°  Plusieurs  composi- 
tions pour  le  piano.  —  17°  Plusieurs  romances 
et  morceaux  de  chant  avec  piano.  M.  Labat  est 
membre  de  l'Académie  impériale  des  sciences  de 
Toulouse ,  de  l'Académie  impériale  des  sciences 
de  Bordeaux ,  et  de  la  société  des  sciences  de 
Tarn-et-Garonne,  auxquelles  il  fournit  régulière- 
ment des  mémoires. 

LABBÉ(  Robert),  musicien  français,  vécut 
à  la  lin  du  quatorzième  siècle  et  dans  le  com- 
mencemfnt,du  quinzième.  Suivant  les  registres 
de  l'église  métropolitaine  de  Rouen ,  il  fut 
nommé  organiste  de  cette  cathédrale  en  1386,  et 
fiitconséquemment  contemporain  de  Tagiapeitra 
(  ou  plutôt,  vraisemblablement,  Tagliapietra) , 
sixième  organiste  de  la  chapelle  ducale  de  Saint- 
Marc,  à  Venise.  Labbé  occupa  cette  place  jus- 
qu'en 1419,  et  la  quitta  alors  pour  celle  de  maître 
de  chapelle  de  la  même  église.  Au  mois  de  mai 
1423,  il  cessa  temporairement  ses  fonctions, 
sans  doute  pour  cause  de  santé ,  car  il  les  re- 
prit au  mois  d'octobre  de  la  même  année;  puis 
on  le  voit  remplacé  de  nouveau  par  deux  sous- 
maîtres  nommés  Nicolas  Decan  et  Jean  Des- 
quesnes,  en  1425.  Labbé  rentra  pour  la  troi- 
sième fois,  en  1431,  avec  Jean  Desquesnes 
pour  second  maître;  mais  sans  doute  il  mourut 
en  1433,  car  il  disparaît  alors  des  états,  et  c'est 
un  ancien  enfant  de  chœur  de  Rouen,  nommé 
Jean  d' Eudemare ,  devenu  chanoine  et  maître 
es  arts,  qui  est  alors  son  successeur.  Quoiqu'on  ne 
connaisse  rien  jusqu'à  ce  jour  des  productions  de 
Labbé,  son  nom,  comme  ceux  de  tous  les  artistes 
«les  premiers  temps  de  l'art  régulier,  a  de  l'in- 
térêt pour  l'histoire. 

LABBÉ.  Voyez  ABBÉ  (  Joseph-Barnabé 
SAlNT-SÉVINdit  L'). 

LABITZKI  (  Joseph  ) ,  ou  LABITZKY, 
«ompositeur  de  musique  de  danse  qui  a  eu  beau- 
coup de  vogue  en  Allemagne,  est  né  le  4  juillet 
1802  à  Schœnfeld ,  petite  ville  située  dans  les 
montagnes  de  la  Bohême,  près  d'Eger.  Un  an 
après  sa  naissance,  ses  parents  allèrent  s'établir 


à  Petsehau.  Son  père,  grand  amateur  de  mu- 
sique, le  confia  aux  soins  de  Charles  Veil, 
maître  d'école  et  directeur  du  chœur,  qui  lui  en- 
seigna léchant ,  le  piano  et  le  violon.  Un  peu  plu.'! 
tard  ,  Labitzki  apprit  à  jouer  de  la  flûte  et  s'ins- 
truisit dans  les  éléments  de  Tliarmonie.  A  l'Age 
de  douze  ans  il  perdit  ses  parents,  et  fut  obligé 
de  pourvoir  à  son  existence.  C'est  à  cet  âge  qu'il 
essaya  ses  forces  dans  de  petites  compositions. 
En  1820,  il  fut  engagé  comme  violoniste  pour 
la  saison  d'été  à  l'orchestre  de  Marienbad.  Dans 
l'hiver  de  1822-1823  il  fil  son  premier  voyage 
comme  artiste,  et  visita  Ratisbonne,  Nuremberg, 
Augsbourg  et  Munich.  Ce  fut  dans  celte  der- 
nière ville  qu'il  fit  exécuter  ses  premiers  ouvrages 
de  musique  de  danse,  en  1824  et  1825.  Il  y  re- 
tourna dans  les  années  1827  et  1828,  et  y  olUint 
de  brillants  succès.  Dans  les  intervalles,  il  alla 
plusieurs  fois  à  Vienne  jusqu'en  1835  :  sa  musique 
y  partagea  la  vogue  de  celle  de  Strauss  et  de- 
Lanner.  Il  faisait  aussi  de  temps  en  temps  des 
excursions  en  Allemagne  et  à  l'étranger  :  c'est 
ainsi  qu'il  visita  Stuttgard  et  Varsovie.  Il  .se 
trouvait  dans  cette  dernière  ville  en  1830  lorsque 
la  révolution  y  éclata.  En  1835,  Labitzki 
prit  la  direction  de  l'orchestre  des  fêtes  et  bals 
de  Carlshad,  et  s'établit  en  ce  lieu  avec  sa  fa- 
mille. Depuis  lors  il  a  fait  quelques  voyages  avec 
son  orchestre,  et  partout  il  a  obtenu  de  brillants 
succès.  En  1839  il  était  à  Pétersbourg,  et 
en  1850  à  Londres.  De  ses  onze  enfants,  trois 
se  sont  livrés  à  l'étude  de  la  musique  :  les  deux 
premiers,  Wilhelm  et  Auguste,  ont  fait  leur 
éducation  musicale  comme  violonistes  au  Con- 
servatoire de  Prague ,  puis  à  Leipsick.  Depuis 
lors  Wilhelm  s'est  fixé  à  Toronto ,  dans  la  partie 
anglaise  du  Canada,  et  Auguste  est  un  des  vio- 
lonistes de  l'orchestre  de  son  père ,  à  Carlsbad. 
M"e  Tony  Labitzki  a  étudié  l'art  du  chant 
chez  Mnie  Marchesi-Graumann ,  à  Vienne.  Elle 
a  été  engagée  comme  cantatrice  au  théâtre  de 
Francfort,  en  1858.  Le  nombre  de  quadrilles, 
de  contredanses,  de  valses,  de  galops ,  de  po- 
lonaises et  de  mazourkps  pour  orchestre  et  pour 
piano  publiés  par  Labitzki,  à  Leipsick,  chez 
Hofmeister,  à  Munich ,  chez  Aibl,  et  surtout  à 
Prague,  chez  Berra,  est  immense.  Cette  musique 
a  ,  en  général ,  les  caractères  de  l'originalité  et 
de  la  verve.  Labitzki  est  un  bon  artiste,  qui 
cultive  aussi  l'art  sérieux  :  il  a  écrit  des  qua- 
tuors de  violon  restés  en  manuscrit,  et  a  coni- 
l)osé  aussi  des  concertos ,  des  divertissements  et 
des  thèmes  variés  pour  le  violon,  la  flûte,  la 
clarinette  et  le  cor. 

LABLACHE  (Louis),  acteur  et  chanteur 
célèbre  du  théâtre  italien,  est  né  à  Naples,  le 


Î50 


LABLACHE 


6  décembre  I79'4.  Son  père,  Nicolas  Lablaclie, 
avait  été  négociant  à  Marseille  ,  et  s'était  fixé  à 
Napies  en  1791  ;  il  fut  une  des  victimes  des  per- 
sécutions exeicces  contre  les  Français  en  1799. 
Plus  tard,  Joseph  Napoléon  prit  des  mesures 
pour  améliorer  la  situation  de  ceux  qiiii  avaient 
été  maltraités  dans  ces  circonstances,  et  le 
jeune  Lablaclie  Cul  placé  comme  élève  au  Con- 
servatoire de  La  PicHi  de'  yM/r/inii^  à  Naples. 
Il  était  âgé  de  douze  ans  lorsqu'il  y  l'ut  admis. 
Gentilli  lui  enseigna  les  éléments  de  la  musique 
et  Valesi  lui  donna  des  leçons  de  chant.  On  lui 
lit  aussi  commencer  l'étude  du  violon  et  du  vio- 
loncelle; mais  il  paraissait  avoir  peu  de  goût 
et  de  disposition  pour  la  musique;  il  était  négli- 
gent dans  son  travail ,  et  n'était  pas  cité  parmi 
ses  condisciples  pour  la  régularité  de  sa  con- 
duite. Un  incident  bizarre  vint  tout  à  coup 
Caire  connaître  son  aptitude ,  qui  ne  s'était  pas 
uévélée  jusque-là.  Un  de  ses  can>arades  devait 
jouer,  dans  une  certaine  occasion ,  une  partie 
sur  la  contrebasse  ;  ce  jeime  homme  tomba  ma- 
lade trois  jours  avant  le  concert.  Lablaclie 
n'avait  jamais  touché  de  contrebasse;  néan- 
moins il  offrit  de  remptacer  son  condisciple,  et 
trois  jours  lui  suffirent  pour  se  mettre  en  état 
de  bien  exéculer  sa  partie.  Son  succès  n'aug- 
menta pas  son  penchant  pour  les  instruments  : 
il  ne  se  sentait  de  vocation  que  pour  la  scène. 
Sa  voix  juvénile  était  un  beau  contralto  i  il  en 
hâta  la  ruine ,  au  moment  où  la  mue  allait  se 
déclarer,  en  chantant  les  solos  du  Requiem  de 
Mozart  à  l'occasion  de  la  mort  de  Haydn, 
en  1809.  Il  était  alors  âgé  de  quinze  ans  i  ses 
efforts  pour  soutenir  sa  partie  jusqu'à  la  fin  de 
l'exécution  de  l'ouvrage  eurent  pour  effet  de 
le  mettre  dans  l'impossibilité  de  faire  entendre 
un  son  après  la  fugue  finale.  Ses  maîtres  crai- 
gnaient la  perte  totale  de  son  organe  vocal; 
mais  peu  de  mois  après,  cet  organe  se  trans- 
forma en  une  voix  de  basse  magnifique  de  deux 
octaves  d'étendue  {mi  bémol  grave  à  mi  bémol 
aigu),  dont  la  puissance  augmenta  d'année  en 
année  jusqu'à  l'âge  de  vingt  ans.  Supportant 
avec  impatience  le  régime  sévère  des  études 
et  de  la  discipline  du  Conservatoire  ,  Lablaclie 
aspirait  à  s'en  affranchir.  Cinq  fois  il  s'enfuit  du 
Conservatoire  pour  prendre  un  engagement  dans 
les  petits  théâtres  de  la  etpitale.  C'est  à  la  suite 
•le  ces  escapades  qu'une  ordoimance  royale  dé- 
fendit aux  directeurs  de  spectacle  d'engager  un 
élève  du  Conservatoire  sans  autorisation  S|ié- 
eiale,  sous  peine  d'une  amende  de  deux  mille 
ducats,  et  de  la  clôture  du  théâtre  pendant 
quinze  jours. 

Devenu  libre  enfin  ,  après  avoir   achevé  péni- 


blement ses  études,.LabIaclie  fut  engagé  en  1812 
au  théâtre  San-Carlino ,  à  Naples,  comme 
,  buffo  napoletano,  quoiqu'il  ne  fût  âgé  que  de 
dix-huit  ans.  Peu  de  mois  après,  il  devint  l'é- 
poux de  !a  fille  du  célèbre  acteur  Pinotti.  Cette 
union  eut  d'heureux  résultats  pour  l'artiste,, 
car  sa  femme  sut  exciter  soii  émulation  ,  et  luf 
faire  recommencer  avec  soin  ses  études  vocales, 
lille  le  fit  aussi  renoncer  au  patois  napolitain , 
seule  langue  qu'il  eût  parlé  jusqu'alors,  et  con- 
tracter Hiabitude  de  s'exprimer  dans  le  pur 
idiome  italien.  L'ouvrage  dans  lequel  il  avait  dé- 
buté au  théâtre  San-Carlino  était  fM  MoUnara 
de  Fioravanti.  L'année  suivante  il  se  rendit  à 
Messine  pour  y  remplir  le  même  emploi  ;  mais 
il  ne  tarda  point  s  le  quitter  pour  celui  de  pre- 
mière basse  chantante  qu'il  alla  tenir  au  théâtre 
de  Palerme.  Il  y  débata  dans  l'opéra  de  Pavesi  , 
Sey  Marc-ArdoiMO ,  et  le  succès  qu'il  y  obtint 
le  décida  à  rester  en  cette  ville  pendant  près  de 
cinq  ans.  Bien  qu'éloigné  d»  centre  de  l'Italie ,. 
ri  n'y  était  point  inconnu.  Insensiblement  sa  ré- 
putation s'étendit  r  et  l'administration  du  théâtre 
de  La  Scala,  de  Milan,  l'engagea  en  1817.  Il 
chanta  le  rôle  de  Dandini  dans  la  Generenlola 
de  Rossini,  et  y  fut  applaudi  avec  transport. 
Son  jeu  et  son  chant  obtenaient  les  éloges  de 
tous  les  diletianti;  mais  sa  mauvaise  prononcia- 
tion était  l'objet  de  beaucoup  de  critiques.  Ce 
ne  fat  pas  sans  peine  qu'il  parvint  à  eu  corriger 
les  défauts;  mais  sa  ferme  volonté  parvint  à 
surmonter  tous  les  obstacles,  et  plus  tard  il 
se  fit  admirer  par  la  pureté ,  par  l'élégance  de 
son  articulation.  Mercadante  écrivit  ensuite 
pour  lui  Elisa  e  Ciaudio.  Dès  ce  moment 
son  nom  se  répandit  dans  toute  l'Europe.  De 
Milan,  il  alla  à  Turin  où  il  joua  Uberto, 
dans  l'Agnese  de  Paer,  avec  im  succès  d'en- 
thousiasme. Après  avoir  paru  sur  quelques 
théâtres,  il  revint  à  Milan  en  1822  ,  puis  alla  k 
Venise,  et  enfin  à  Vienne  en  1824.  Là  il  éclipsa 
tous  les  artistes  qui  l'entouraient  par  la  beauté  de 
sa  voix  ,  son  intelligence  profonde  et  la  vérité  de 
son  jeu.  Dans  leur  admiration  pour  un  artiste  si 
remarquable,  les  habitants  de  Vienne  firent 
frapper  en  son  honneur  ime  médaille  avec  cette 
inscription  :  Actione  Koscio ,  Joppe  canlu  ,. 
comparandus  uirique,  lauro  conserta ,  am- 
bobus  major  j  Viennx,  1825. 

Après  le  congrès  de  Laybach,  Lablaclie  obtint 
à  Vienne  une  audience  du  roi  de  Naples  ,  Ferdi- 
nand P'',  qui  l'accueillit  avec  bonté,  le  nomma 
chanteur  de  sa  chapelle,  et  lui  lit  donner  un  en- 
gagement pour  le  grand  théâtre  de  Saint-Charles. 
Après  une  absence  de  près  de  douze  aimées, 
l'iirtiste  retourna  à  Naples,  grandi  par  ses  études^ 


LABLACIIE  —  LABORDE 


l.')t 


et  SCS  succès.  Admirable  dans  le  rôle  d^Assur, 
de  la  Scmiramide  de  Rossini ,  il  y  produisit  la 
plus  vive  sensatioii.  Deux  ans  plus  tard  il  joua 
à  Parme,  dans  la  Zaira  de  Bol  11  ni ,  dont  le 
talent  était  à  son  aurore.  Arrivé  à  Paris  dans  la 
saison  de  1830,  il  y  débuta  le  4  novembre,  et  s'y 
fit  admirer  comme  acteur  par  le  talent  llexible 
qu'il  déployait  dani  le  style  bouffe  et  dans  le 
sérieux ,  et  comme  clianteur  par  la  puissance 
incomparable  de  son  organe,  par  la  verve  de 
son  exécution ,  et  par  la  perfection  de  son  intel- 
ligence musicale.  Véritablement  grand  comédien 
dans  le  Gcronimo  du  Mairimonio  segrcto , 
et  dans  le  Podesta  de  la  Gazza  Ladra ,  excel- 
lente caricature  dans  La  Prova  d'un  opéra 
séria,  dans  le  Dandini  et  dans  le  baron  de 
Moiitefiascone  de  Cencrenfola,  il  faisait  preuve 
d'une  rare  énergie  dramatique  et  d'une  infelli- 
çence  parfaite  dans  Henri  VIII  tVAtma  Bolcna, 
dans  i\orma ,  endn  dans  tous  les  rôles  du 
genre  sérieux.  Sa  belle  et  noble  lêle,  sa  baute 
stature,  qui  affaiblissait  les  inconv<^nients  de 
son  embonpoint,  les  qualités  de  son  esprit, 
son  instruction  variée ,  ses  connaissances  éten- 
dues dans  la  musique,  enfin  ses  babitudes  d'un 
monde  distingué,  composaient  dans  sa  (ler- 
soime  et  dans  son  talent  l'ensemble  le  plus  sa- 
tisfaisant qu'on  puisse  rencontrer  dans  l'emploi 
qu'il  remplissait  à  la  scène.  D'ailleurs  ,  bomme 
«stimable  et  d'une  exacte  probité  dans  ses  rela- 
tions sociales ,  il  n'était  pas  moins  considéré 
dans  la  vie  privée  qu'admiré  sur  la  scène.  Après 
avoir  brillé  à  Paris  pendant  les  années  1830, 
1831,  1832  et  1833,  il  retourna  à  Naples  à 
l'aulomne  de  1833,  et  y  joua  avec  un  prodigieux 
succès  VElisire  d'amore  et  Don  Pasquale , 
de  Donizelti.  De  retour  à  Paris,  vers  la  lin 
de  1834  ,  il  y  brilla  depuis  ce  temps  cbaque 
biver,  allant  ensuite  en  Angleterre,  au  mois 
d'avril,  et  s'y  faisant  entendre  au  théâtre  italien 
de  Londres,  ainsi  que  dans  les  festivals  musi- 
caux des  grandes  villes  de  province.  Cbarmée 
des  qualités  précieuses  du  talent  de  cet  excel- 
lent artiste,  la  reine  Victoria  le  faisait  souvent 
jqipeler  pour  des  soirées  intimes  de  musique  ; 
elle  voulut  qu'il  lui  dormât  des  leçons  de  cbant. 
Au  commencement  de  1852,  Lablacbe  reçut  un 
engagement  pour  le  tbéàtre  impérial  de  Saint- 
Pétersbourg  :  ses  succès  dans  cette  grande  ville 
ue  furent  pas  moins  brillants  qu'à  Paris,  à  Lon- 
dres, à  Vienne  et  à  Naples.  Il  avait  acquis  une 
agréable  maison  de  campagne  à  Maisons-Laffitte, 
et  y^  goûtait  avec  délices  les  rares  moments  de 
repos  que  lui  laissaient  les  travaux  du  théâtre. 
Kn  1856,  sa  santé  commença  à  s'altérer,  et  au 
printemps  de  l'année  suivante  il  fut  obligé  d'aller 


chercher  du  soulagement  aux  eaux  de  Kin- 
singen,  en  Bavière.  L'empereur  de  Russie, 
Alexandre  II,  qui  s'y  trouvait,  nomma  Lablache 
chanteur  de  sa  chambre  et  lui  fit  remettre  une 
belle  médaille  d'or  à  l'efligie  de  ce  prince,  avec 
le  cordon  de  l'ordre  de  Saint-André.  Lorsfjue 
l'artiste,  frappé  de  l'idée  de  sa  fin  prochaine, 
reçut  ces  présents ,  il  dit  avec  l'accent  de  la  tris- 
tesse :  Cela  servira  à  décorer  mon  cercueil. 
De  retour  dans  sa  propriété  de  Maisons,  il  y 
passa  quelques  jours  du  mois  d'août ,  et  en  partit 
le  18  pour  aller  essayer  de  l'influence  de  l'air  nat.d 
dans  sa  villa  du  Pausilippe;  mais  au  lieu  d'y 
trouver  l'amélioration  qu'il  avait  espérée  pour 
sa  santé,  l'air  trop  vif  de  la  mer  l'obligea  à  s'en 
éloigner  pour  rentrer  à  Naples.  Le  mal  faisait 
chaque  jour  de  nouveaux  progrès  :  Lablache  com- 
prit que  tout  était  fini  pour  lui,  et  demanda  les 
secours  de  la  religion.  Ils  lui  furent  administrés 
par  un  de  ses  anciens  camarades  de  théâtre, 
qui  était  entré  dans  l'ordre  des  Dominicains. 
L'artiste  célèbre  expira  le  23  janvier  1858.  Son 
corps  fut  rapporté  à  Paris  et  inhumé  à  Mai- 
sons-Laffitte. Lablache  avait  deux  sœurs  :  L';iîn('e 
devint  marquise  de  Braida ,  l'autre  fut  abbesse 
de  Sessa.  De  ses  nombreux  enfants  ,  l'aîné  des 
fils  suivit  la  carrière  du  théâtre,  et  fut  cbanleur 
et  acteur  médiocre  :  le  plus  jeune,  ancien  élève 
de  l'École  polytechnique,  est  devenu  officier  dans 
l'arnjée  française.  Une  des  filles  du  grand  chan- 
teur est  femme  du  célèbre  pianiste  Thalberg.  On 
a  de  h&hVàcheuna  Méthode  de  chant  publiée  à 
Paris,  chez  M'oe  V^  Canaux.  Cet  ouvrage  ne  ré- 
pond pas  à  ce  qu'on  pouvait  attendre  de  l'habi- 
leté et  de  l'expérience  de  l'auteur. 

LABORDE  (Jean-Baptiste),  Voy.  BORDE 
(LA). 

LABORDE  (Jean-Benjamin DE).  Voy.  BOR- 
DE (DE  LA). 

LABORDE  (Le  comte  Alexandre-Louis-Jo- 
SEPH  DE),  né  à  Paris,  le  15  septembre  1774,  a 
été  successivement  auditeur  au  conseil  d'Élat 
(en  1808),  maître  des  requêtes  (en  1810),  admi- 
nistrateur des  ponts  et  chaussées  du  département 
de  la  Seine  (en  1811),  adjudant-major  de  la 
garde  nationale  (en  1814),  maître  des  requêtes 
en  service  ordinaire  (en  1816),  puis  (1838)  mem- 
bre de  la  Chambre  des  députés,  aide  de  camp  du 
roi ,  de  l'Institut  de  France  (Académie  des  ins- 
criptions et  belles-lettres),  et  de  plusieurs  autres 
sociétés  savantes.  Après  avoir  fait  ses  études  au 
collège  de  Juilly,  il  suivit  ses  parents  dans  l'émi- 
gration ,  et  servit  en  Allemagne  dans  les  dragons 
de  Kinsky.  Rentré  en  France  après  le  traité  de 
Campo-Formio,  il  se  livra  à  la  culture  des  lettres 
et  des  arts,  fit  des  voyages  en  Italie  et  en  Espa 


152 


L  ABORDE  —  LACÉPÈDE 


gne,  et  publia  le  résullat  de  ses  recherches  dans 
lies  ouvrages  de  hixe,  dont  l'examen  n'est  pas 
l'objet  de  cette  biographie.  Il  n'est  cité  ici  que 
pour  une  Lettre  à  madame  de  Genlis,  sur  les 
sons  harmoniques  de  la  harpe;  Paris,  1806, 
in-12.  L'auteur  de  celte  brochure  prétend  que 
les  sons  harmoniques  tirés  de  la  har[>e  par  M.  Ca- 
simir Becker,  élève  de  madame  de  Genlis,  sont 
un  effet  renouvelé  de  la  musique  des  Grecs,  et 
que  ceux-ci  suppléaient  par  ce  moyen  à  l'insuf- 
lisance  du  nombre  des  cordes  de  ia  lyre.  Cette 
thèse  ne  peut  soutenir  un  examen  sérieux. 

LACASSAGAE  ( L'abbé  Joseph  DE).  Voy. 
CASSAGNE  (DE  LA). 

LACEI\Y  (OuDART  DE),  poète  et  musicien 
du  treizième  siècle,  vivait  eii  1260.  Les  manus- 
crits de  la  Bibliothèque  impériale  nous  ont  con- 
servé trois  chansons  notées  de  sa  composition. 

LACÉPÈDE  (Le  comte  Beknard-Germain- 
Etienne  LAVILLE  OE),  né  d'une  famille  noble, 
à  Agen,  le  26  décembre  I7J6,  lit  ses  premières 
éludes  dans  celte  ville.  Les  livres  de  Billion, 
qu'on  lui  mit  entre  les  mains  dès  son  enfance , 
lui  inspirèrent  un  goût  passionné  pour  l'histoire 
naturelle.  Il  partagea  son  temps  entre  l'élude  de 
cette  science  et  celle  de  la  musique ,  qui  avait 
aussi  pour  lui  beaucoup  d'attrait.  Quelques 
années  d'un  travail  assidu  lui  tirent  acquérir  de 
l'habileté  sur  plusieurs  instruments  ;  puis  il  se 
livra  à  l'étude  de  la  composition.  Avant  l'âge  de 
vingt  ans,  il  était  occupé  à  écrire  une  musique 
nouvelle  pour  l'opéra  A''Armide;  mais  ayant 
appris  que  Gluck  refaisait  cet  ouvrage,  il  aban- 
donna son  travail.  Quelques  expériences  sur  l'é- 
lectricité l'avaient  mis  en  relation  avecBnffon; 
il  en  reçut  des  encouragement,  qui  le  décidèrent 
à  se  rendre  à  Paris.  Accueilli  avec  bienveillance 
par  l'éloquent  auteur  de  Y  Histoire  naturelle, 
il  ne  fut  pas  moins  bien  traité  par  Gluck,  dont  il 
était  admirateur  enthousiaste.  Les  éloges  qu'il 
en  reçut  lui  persuadèrent  qu'il  lui  serait  donné 
de  marcher  sur  les  traces  de  l'un  et  de  l'autre, 
et  lui  firent  prendre  la  résolution  de  se  parta- 
ger désormais  entre  l'étude  de  la  musique  et 
celle  de  la  nature.  Ce  fut  alors  qu'il  prit  des 
leçons  de  Gossec  pour  le  contrepoint  et  qu'il 
suivit  les  cours  de  Daubenlon ,  au  Jardin  des 
Plantes.  Le  premier  fruit  de  ses  travaux  dans 
la  composition  fut  un  opéra  d'Omphale.  Lacé- 
pède  attendit  deux  ans  après  la  mise  en  scène  de 
cet  ouvrage;  enfin  le  jour  de  la  répétition  géné- 
rale arriva  (en  1771).  Tout  semblait  présager  un 
beau  succès,  dit  lui-même  Lacépède,  mais  le  ca- 
price d'une  actrice  (vraisemblablement  M™«  Saint- 
Huberty)  fit  suspendre  indéfiniment  la  représen- 
tation.  11   n'explique  pas  ce  qui  fit  naître  ce 


caprice;  mais  il  assure  que  cet  événement  le 
dégoûta  du  théâtre,  et  qu'il  prit  la  résolution  de 
ne  plus  écrire  que  de  la  musique  instrumentale. 
Il  parait  qu'avant  cet  événement  il  avait  composé 
plusieurs  opéras  qu'il  destinait  à  succéder  à  Om- 
phale,  car  dans  l'Avanl-Propos  de  sa  Poétique 
de  la  musique  (  imprimée  en  1785),  il  dit  :  «  J'i- 
«  gnore  quelle  sera  la  destinée  des  tragédies  lyri- 
«  ques  que  j'ai  mises  en  musique ,  etc.  »  Il  ne 
paraît  pas  que  sa  résolution  ait  été  inébranlable, 
car  en  1786  il  fit  recevoir  deux  autres  opéras 
(Scarkderbrg  et  Alcine)  qui  n'ont  pas  été  re- 
présentés. Beffara,  dans  ses  recherches  sur  l'Aca- 
démie royale  de  musique,  assure  que  M.  de  La- 
cépède composa  aussi  les  paroles  et  la  musique 
d'un  grand  opéra  dont  le  sujet  était  pris  dans 
l'histoire  de  la  Perse,  et  qu'il  en  écrivit  plusieurs 
autres,  parmi  lesquels  il  s'en  trouvait  trois  dont 
les  paroles  étaient  de  Paganel.  Tout  cela  est 
resté  inédit,  et  sans  doute  il  n'en  est  résulté  au- 
cun dommage  pour  la  gloire  de  l'auteur,  car  les 
amis  du  comte  de  Lacépède  ont  toujours  consi- 
déré ses  prétentions  à  la  composition  comme  un 
travers.  Cependant  on  assure  qu'il  y  a  des  beau- 
lés  dans  une  messe  de  Requiem  qu'il  a  laissée 
en  manuscrit,  et  l'on  dit  qu'après  avoir  entendu 
une  autre  production  musicale  de  sa  façon,  Gré- 
try  le  félicita  en  l'embrassant.  Quoi  qu'il  en  soit, 
il  est  certain  que  s'il  ne  se  distingua  point  par 
ie  talent,  il  eut  du  moins  une  singulière  fécon- 
dité, car,  outre  les  ouvrages  qui  viennent  d'être 
cités ,  il  a  écrit  cinq  œuvres  de  sonates ,  dont 
deux  ont  été  publiés  à  Paris  chez  Boyer,  plu- 
sieurs symphonies  à  grand  orchestre ,  trois  sym- 
phonies concertantes  pour  des  instruments  à 
vent,  qui  ontété  exécutées  aux  séances  publiques 
de  l'Académie  des  beaux -arts  et  de  la  Société 
philotechnique,  cinquante-quatre  sextuors  pour 
deux  violons,  deux  violes  et  deux  violoncelles; 
enfin,  une  suite  de  tableaux  en  musique  instru- 
mentale descriptive,  où  il  avait  voulu  exprimer 
toutes  les  situations  du  roman  de  Télémaque, 
afin  de  réaliser  les  théories  de  sa  Poétique  de  la 
musique.  Ce  dernier  ouvrage  a  été  publié  à  Paris, 
en  1785  (2  vol.  in-S"). 

Admirateur  de  la  musique  de  Gluck,  le  comte 
de  Lacépède  s'était  pénétré  des  idées  de  ce  grand 
artiste  concernant  l'expression  dramatique.  Il  en 
expose  la  théorie  dans  le  deuxième  livre  de  son 
ouvrage.  Le  reste  est  consacré  à  ses  vues  particu- 
lières sur  l'imitation,  qu'il  considère  comme  l'objet 
principal  de  la  musique  en  général.  Dans  les  com- 
positions de  musique  religieuse  et  instrumentale, 
il  demande  avant  tout  des  tableaux  :  c'est  le  sys- 
tème de  la  musique  descriptive,  reproduit  plus 
tard  dans  les  Essais  de  Grétry;  système  essen- 


LACÉPÈDE  —  LACHNER 


153 


tiellement  faux,  qui  a  (oujoiirs  eu  des  prosélytes 
chez  les  Français. 

Après  avoir  été  jusqu'à  l'époque  de  la  révolu- 
tion française  garde  des  cabinets  du  Jardin  du 
Roi  à  Paris,  le  comte  de  Lacépède  débuta  dans  la 
carrière  politique  par  l'emploi  d'administrateur 
du  département  de  Paris,  et  fut  nommé  par  cette 
ville  député  à  l'Assemblée  législative.  En  1796 
il  entra  à  l'Institut  de  France,  dans  l'Académie 
des  sciences.  Appelé  par  l'empereur  Napoléon  au 
sénat  conservateur,  il  en  devint  le  président  en 
1801.  L'ordre  de  le  Légion  d'honneur  ayant  été 
institué  en  1803,  il  en  fut  fait  grand  chancelier, 
et  il  obtint  en  t804  la  sénatorerie  de  Paris.  La 
restauration  lui  laissa  une  partie  de  ses  honneurs 
et  de  ses  emplois  :  une  ordonnance  royale  l'ap- 
pela à  la  pairie  le  4  juin  i814;  mais  après  les 
événements  de  1815  il  rentra  dans  la  vie  privée, 
et  reprit  ses  travaux  scientifiques.  Il  est  mort  de 
la  petite  vérole,  à  Épinay,  près  de  Saint-Denis,  le 
6  octobre  1825.  Ce  savant  a  acquis  beaucoup  de 
célébrité  par  ses  travaux  sur  l'histoire  naturelle, 
particulièrement  parses  Histoires  des  quadrupèdes 
ovipares,  des  reptiles  et  des  poissons,  dont  on  a 
lait  plusieurs  éditions,  et  qui  ont  été  traduites  en 
diverses  langues. 

•  LACHAi\TERIE  (MUe  Elisabeth),  élève 
de  Couperin ,  eut  un  talent  distingué  sur  l'orgue 
et  le  clavecin.  Elle  était  en  1770  organiste  de 
l'église  Saint-Jacques  de  la  Boucherie.  On  a  gravé 
à  cette  époque  deux  concertos  pour  clavecin 
de  sa  composition,  avec  accompagnement  d'or- 
chestre. 

LA  CHAPELLE  (A.  DE);  sous  ce  nom 
d'im  musicien  inconnu,  on  a  un  ouvrage  intîtulé  : 
Les  vrais  principes  de  la  musique  exposés  par 
gradation  de  leçoiui;  Paris,  veuve  Boivin,  1736 
et  années  suivantes,  3  parties  in-4''. 

LACHER  (Joseph),  maître  de  chapelle  à 
Kempten,  et  virtuose  sur  le  hautbois,  la  clari- 
nette et  le  cor  anglais,  naquit  à  Haustetten,  près 
d'Augsbourg,  le  5  novembre  1739.  Fils  d'un 
pauvre  ménétrier  de  village,  qui  jouait  bien  du 
hautbois  et  de  la  clarinette,  quoiqu'il  ne  sût  pas 
lire  la  musique,  il  en  reçut  des  leçons  de  violon 
à  l'âge  de  sept  ans.  Plus  tard,  il  apprit  aussi  à 
jouer  du  hautbois,  et  peu  de  temps  lui  suffit  pour 
le  mettre  en  état  d'aider  son  père  dans  ses  occu- 
pations. Dans  le  désir  de  s'élever  au-dessus  de  sa 
condition ,  il  acheta  la  Méthode  de  violon  de  Léo- 
pold  Mozart,  dont  il  apprit  les  exercices;  puis  il 
se  procura  un  basson  du  musicien  de  la  ville 
d'Augsbourg ,  et  par  une  étude  constante  il  ac- 
quit beaucoup  d'habileté  sur  cet  instrument. 
Admis  eu  qualité  de  bassoniste  dans  la  musique 
du  régiment  impérial  de  Migazzi,  il  fut  envoyé  en 


garnison  à  Manheim.  Un  médecin  de  cette  ville, 
amateur  de  musique  distingué ,  qui  avait  étudié 
la  composition  chez  le  maître  de  chapelle  Cam- 
merloher,  devint  ami  de  Lâcher  et  lui  enseigna 
les  éléments  de  l'harmonie  et  dn  contrepoint. 
.\près  trois  ans  de  séjour  à  Manheim ,  celui-ci 
abandonna  son  régiment  et  retourna  à  Augsbourg, 
où  Giulini  lui  procura  un  emploi  dans  la  musique 
de  la  cathédrale.  Deux  ans  après,  Lâcher  entre- 
prit un  voyage  en  Suisse  et  sur  les  bords  du  Rhin  : 
il  se  fit  entendre  avec  succès  dans  quelques  con- 
certs sur  le  hautbois  et  le  cor  anglais,  puis  entra  au 
service  de  quelques  grands  seigneurs,  et  fut  enfin 
placé,  en  1779,  en  qualité  de  maître  de  chapelle 
au  couvent  de  Kempten.  Après  avoir  rempli 
ces  fonctions  pendant  plus  de  vingt-cinq  ans ,  il 
mourut  dans  les  premières  années  du  dix-neu- 
vième siècle.  Cet  artiste  a  beaucoup  écrit  pour 
divers  instruments,  entre  autres  des  concertos 
pour  basson,  hautbois,  cor  anglais ,  clarinette  et 
violon  ,  ainsi  que  des  quatuors,  quintettes  et  oc- 
tuors pour  divers  instruments  ;  mais  aucun  de 
ces  ouvrages  n'a  été  publié. 

LACHMAIMM  (Charles),  célèbre  philolo- 
gue, naquit  à  Brunswick,  le  4  mars  1793.  Après 
avoir  fréquenté  l'université  de  Leipsick,  il  alla 
terminer  ses  études  à  Gœttingue,  où  i!  suivit  les 
cours  du  savant  helléniste  Herrmann.  Il  était  âgé 
de  vingt  ans  lorsqu'il  s'engagea  dans  les  chasseurs 
prussiens,  en  1813,  à  l'époque  du  soulèvement 
général  de  l'Allemagne  contre  la  France.  Après 
la  paix  de  1814,  il  rentra  dans  la  vie  civile  et  re- 
prit ses  travaux  d'érudition.  En  1827,  la  chaire 
de  littérature  grecque  à  l'université  de  Berlin  lui 
fut  donnée,  et  l'Académie  royale  de  cette  ville 
l'admit  au  nombre  de  ses  membres  en  1830.  Ce 
savant  est  mort  à  Berlin,  le  13  mars  1851.  Au 
nombre  de  ses  ouvrages,  on  remarque  un  très- 
bon  livre  intitulé  :  De  Choreis  systematis  tra- 
gicorum  grxcoruvi  libri  IV ;  Berolini,  1819, 
un  vol.  in-8". 

LACHIVER  (François),  maître  de  chapelle 
du  roi  de  Bavière,  est  né  le  2  avril  1804,  à  Rain, 
petite  ville  de  ce  royaume,  où  son  père  était  or- 
ganiste. Dès  ses  premières  années,  on  lui  enseigna 
la  musique,  et  ses  progrès  furent  si  rapides, 
qu'il  fallut  bientôt  songer  à  lui  donner  des  maîtres 
plus  habiles.  Ou  l'envoya  d'abord  à  Neubourg,  où 
il  fréquenta  le  gymnase  (collège),  et  reçut  des 
leçons  d'harmonie,  d'orgue  et  de  piano;  puis  il  se 
rendit  à  Munich,  où  il  vécut  quelque  temps  en 
donnnant  des  leçons.  Déjà  son  instruction  était 
étendue  en  théorie  et  dans  la  pratique  de  l'art; 
toutefois,  il  crut  qu'il  lui  restait  beaucoup  à  ap- 
prendre, et  il  partit  en  1823  pour  Vienne,  où  il 
espérait  rencontrer  des  occasions  favorables  au 


154 


LACHNER 


développement  de  son  talent  :  son  attente  ne  fut 
pas  trompée,  car  il  se  lia  d'amitié  avec  les  artistes 
les  plus  distingués  de  la  capitale  des  États  autri- 
c.liiens,  particulièrement  avec  l'aobé  Stadier  et 
Simon  Secliter,  dont  les  conseils  iui  furent  utiles. 
Ce  fut  alors  qu'il  lut  avec  avidité  tout  ce  qu'on 
avait  écrit  de  meilleur  sur  la  tliéorie,  la  pratique 
et  l'est liétique  de  l'art;  son  goût  et  son  jugement 
se  formèrent  sur  les  meilleurs  modèles;  enfin,  au 
talent  d'habile  exécutant  sur  l'orgue  ,  !e  piano  et 
le  violon,  à  celui  de  compositeur  distingué,  il 
joii^uit  bientôt  le  mérite  d'iuie  érudition  musicale 
étendue.  Dans  un  concours  pour  la  place  d'orga- 
niste de  l'église  évangélique  de  Vienne,  il  l'em- 
porta sur  trente  compétiteurs;  mais  il  ne  garda 
pas  longtemps  cette  position,  car  il  la  quitta 
l'année  suivante  pour  celle  de  directeur  de  mu- 
sique au  théâtre  de  la  Porte  de  Cariiitliie.  En 
18:54  il  donna  sa  démission  de  ce  dernier  emploi 
pour  celui  de  maître  de  chapelle  de  la  cour  du- 
cale à  Manheim.  Le  plus  brillant  accueil  lui  fut 
fait  dans  cette  ville ,  où  il  célébra  son  arrivée 
par  l'exécution  de  sa  troisième  grande  symphonie. 
En  1833,  un  concours  ayant  été  ouvert  à  Vienne 
pour  la  meilleure  symphonie,  Lachner  en  a  écrit 
une  qui  a  pour  titre  :  Shifonia  j)assiona(a,  et 
l'a  envoyée  au  jury  chargé  de  prononcer  sur  le 
mérite  des  concurrents.  'Le  premier  prix  lui  a 
été  décerné  ;  M.  Strauss,  maître  de  chapelle  à 
Carlsruhe ,  a  obtenu  le  second.  Les  deux 
ouvrages  couronnés  ont  été  publiés.  Lachner 
n'avait  pas  encore  terminé  sa  symphonie,  lors- 
qu'il reçut  sa  nomination  de  maître  de  chapelle 
du  roi  de  Bavière ,  et  il  partit  pour  Munich,  lais- 
sant à  son  frère  son  emploi  de  directeur  de  mu- 
sique à  la  cour  de  Manheim.  Sous  sa  direction, 
'.'orchestre  du  théâtre  royal  de  Munich  est  devenu 
l'un  des  meilleurs  de  rAllcmagnc.  En  1852,  le 
roi  de  Bavière  l'a  élevé  au  rang  de  directeur  gé- 
néral de  sa  chapelle  et  de  la  musique  de  chambre. 
Avant  que  Lachner  eut  été  installé  à  Munich, 
la  plupart  de  ses  grandes  compositions  n'avaient 
été  entendues  qu'il  Vienne ,  où  elles  jouissaient 
de  beaucoup  d'estime.  Parmi  les  principaux  ou- 
vrages de  cet  artiste,  on  cite  :  1°  Les  Quatre  Ages 
de  l'homme,  oratorio.  —  2°  Moïse,  idem.  — 
3°  Première  symphonie  à  grand  orchestre,  en  mi 
bémol.  —  4°  Deuxième  idem  (en  fa).  —  5"  Troi- 
sième idem  (en  rc  mineur);  —  G°  Quatrième 
idem,  Sinfonia  passionuta  (en  mi.  majeur)  : 
couronnée  à  Vienne.  —  7"  Cinquième  symphonie 
(en  ut  mineur  ).  —  8°  Sixième  idem  (en  ré).  Ces 
«uvrages  ont  été  publics  à  Vienne,  chez  DiabeiJiet 
Hasiinger  ;  ils  ont  été  exécutés  avec  succès  et 
«ntreçii  l'approbation  des  altistes  à  Vienne,  Man- 
Iheim  ,  Traucfort,  Leipsick,  IJerlin  et  Municii. 


Les  autres  compositions  de  Lachner  sont . 
1"  Des  ouvertures  de  concert  exécutées  à  Vienne 
et  dans  plusieurs  autres  villes  de  l'Allemagne.  — 
2°  Un  quintette  pour  des  instruments  à  cordes. 

—  3°  Trois  quatuors  idem,  op.  75,  76  et  77.  — 
4°  Deux  quintettes  pour  des  instruments  à  vent. 

—  5°  Une  sérénade  pour  quatre  violoncelles.  — 
6"  Une  élégie  pour  cinq  violoncelles,  sur  la  mort 
de  Beethoven.  —  7"  Deux  andanie  pour  4  cors, 
2  trompettes  et  3  trombones.  — 8°  Deux  concertos 
de  harpe,  exécutés  dans  les  concerts  de  Vienne; 

—  O^Concerlino  pour  basson.  —  10"  Trois  trios 
pour  piano,  violon  et  violoncelle.  —  11°  Sonate 
pour  violon  et  violoncelle,  op.  14;  Vienne,  Me- 
ciietti.  —  12"  Grande  sonate  pour  piano  à  quatre 
mains,  op.  20  ;  Vienne,  Leidesdorf.  —  13"  Deux 
grandes  sonates  pour  piano  seul,  op.  25  et  27  ; 
Vienne,  Pennauer  et  Mechetti.  —  14°  Deux  noc- 
turnes à  4  mains  pour  le  même  instrument,  op.  12 
et  22;  Vienne,  Pennauer.  —  15"  Des  rondeaux 
brillants  idem,  op.  8  et  17.  —  16°  Des  caprices 
et  des  marches  ii  4  mains.  —  17°  Introduction  et 
variations  brillantes  sur  un  thème  original , 
op.  1 .5.  —  18°  Trois  grandes  sonates  et  deux  lùgues 
pour  l'orgue.  —  19°  Des  préludes,  fugues  et  ca- 
nons idem.  —  20°  Un  nonelto  pour  des  instru- 
ments à  vent.  —  21°  Plusieurs  cantates  de  cir- 
constance avec  orchestre.  —  22"  Trois  messes 
solennelles  avec  orchestre.  —  23°  Des  offertoi- 
res, hymnes,  psaumes  et  graduels,  idem.  — 
24°  Des  chants  allemands  avec  piano,  op.  33,  48, 
49,  56,  62  et  63.  —  25°  Des  chants  pour  4  voix 
d'homme.  Lachner  a  écrit  pour  le  théâtre  : 
Alidia,  grand  opéra  en  trois  actes,  représenté  avec 
im  brillant  succès  à  Munich,  le  12  avril  1839; 
Die  Burgschaft  (La  Caution),  grand  opéra  en 
troisactes,  joué  dans  la  même  ville  en  1834  ;  Ca- 
therine Cornaro  (  sujet  de  la  Reine  de  Chy- 
pre), grand  opéra  joué  à  Munich,  Vienne,  Berlin, 
Francfort,  Manheim,  Bruxelles,  et  partout  ap- 
plaudi ;  l'ouverture  et  les  entr'actes  du  drame 
iiditulé  Lanassa,  représenté  à  Vienne,  en  1832. 
Le  dernier  ouvrage  dramatique  de  ce  composi- 
teur, Bevenuto  Cellini,  a  été  représenté  à  Mu- 
nich avec  succès. 

Lachner  est,  à  juste  titre,  considéré  en  Alle- 
magne comme  un  des  artistes  les  plus  recom- 
mandables  de  l'époque  actuelle,  soit  comme  com- 
positeur, soit  comme  directeur  de  musique.  Son 
talent  est  sérieux,  solide,  et  appartient  aux  meil- 
leures traditions  de  l'ancienne  école,  qui  malheu- 
reusement s'effacent  de  jour  en  jourdans  sa  patrie, 

LACHiVER  (Ignace),  frère  du  précédent,  di- 
recteurde  musique  delà  cour  à  Stutigard,  est  né 
à  Rain,le  11  septembre  1807.  Destiné  d'abord  à  la 
carrière  de  l'enseignement,  il  fit  ses  humanités  au 


LACHNER  ~  LACHNITH 


gymnase  de  Neuboiirg;  mais  il  cultiva  aussi  la 
musique  et  apprit  à  jouer  du  piano,  de  rorf^ue^  et 
surtout  du  violon,  sur  lequel  il  acquit  beaucoup 
d'habileté.  Parvenu  à  l'âge  de  quatorze  ans,  il  prit 
la  résolution  de  se  vouer  spécialement  à  la  culture 
de  l'art,  et  se  rendit  à  Munich  pour  y  acquérir 
une  éducation  musicale  sous  les  meilleurs  maîtres. 
Il  était  âgé  de  quinze  ans  lorsqu'il  entra  comme 
violoniste  à  l'orchestre  du  Théàtre-Royal.  Après 
avoir  occupé  cette  position  pendant  quatre  ans, 
il  se  rendit  à  Vienne,  où  l'appelait  son  frère  Fran- 
çois, qui  devint  son  maître  d'harmonie  et  de  con- 
trepoint. Dès  ce  moment,  toutes  les  études 
d'Ignace  Lachner  se  tournèrent  vers  la  compo- 
sition. Un  an  après  son  arrivée  à  Vienne,  il  obtint 
la  place  d'organiste  de  l'église  réformée,  et  fut 
attaché  comme  violoniste  à  l'orchestre  du  théàtie 
impérial  de  l'Opéia,  dont  il  devint  ensuite  se- 
cond chef  et  enfin  premier.  En  1831,  il  accepta 
la  place  de  directeur  de  musique  dans  la  chapelle 
du  roi  de  Wurtemberg.  Il  a  fait  représenter  au 
théâtre  royal  de  Stuttgard,  en  1847,  l'opéra  in- 
titulé Der  Geisterthurm  (La  Tour  des  reve- 
nants ) ,  et  deux  ans  après  Die  Rerjenbnider 
(Les  Frères  de  la  pluie)  :  ces  ouvrages  ne  réus- 
sirent pas  ;  mais  on  attribue  leur  chute  en  Alle- 
magne à  la  stupidité  des  livrets.  Lachner  a  écrit 
aussi  des  ouvertures  et  des  entr'actes  poirr  plu- 
sieurs drames,  quelques  ballets,  une  symphonie, 
des  quatuors  pour  instruments  à  cordes,  des  so- 
nates de  piano,  des  pièces  de  concert  pour  plu- 
sieurs instruments,  et  une  grande  quantité  de 
chansons  allemandes  avec  piano.  Son  chant  sur 
les  paroles  Ucberall  Du!  (Toi  partout!  ),avec 
cor  obligé,  a  eu  un  succès  de  vogue.  On  connaît 
aussi  de  cet  artiste  une  Messe  à  4  voix,  orgueet 
instruments  à  vent;  Stuttgard,  Haydn. 

LACHiXER  (Vincent),  autre  frèr-e  de  Fran- 
çois, est  né  à  Rain,  en  1811.  Destiné,  comme 
son  frère  Ignace ,  à  l'enseignement,  il  fut  envoyé 
à  Augsbourgà  l'âge  de  quatorzeans,  pour  y  suivre 
les  cours  du  gymnase.  Déjà  il  avait  de  riiahileté 
sur  le  piano  et  sur  leviolon  ;  mais  il  ne  cultivait  la 
musique  que  comme  le  complément  d'une  bonne 
éducation.  Jl  était  âgé  de  dix-sept  ans  lorsqu'il 
fut  engagé  comme  précepteur  dans  une  famille 
noble  de  Pologne  qui  résidait  à  Coscewitz.  Obligé 
d'y  faire  usage  de  ses  connaissances  en  musique 
pour  ses  élèves  ,  il  sentit  alors  se  développer  son 
penchant  pour  cet  art,  et  l'étudiaavec  plus  de  zèle 
qu'il  ne  l'avait  fait  jusqu'alors.  La  lecture  des 
traités  d'harmonie  et  de  contrepoint,  et  surtout 
l'étude  des  partitions  des  meilleurs  maîtres  lurent 
les  sources  ou  il  puisa  son  instruction  dans  l'art 
décomposer.  Lorsque  son  frère  Ignace  fut  appelé 
de  Vienne  à  Stirtlgard,  il  alla  le  remplacer  dans 


les  emplois  d'organiste  de  l'église  réformée  et  dt; 
violoniste  au  théâtre  de  l'Opéra  impérial.  En  1838 
il  fut  appelé  à  Manheim  pour  y  diriger  la  mu- 
sique de  la  chapelle  et  du  théâtre.  C'est  dans 
cette  ville  qir'il  a  écrit  la  plupart  de  ses  compo- 
sitions. On  a  de  lui  plusierrrs  grandes  sympho- 
nies, un  quintette  pour  instrrrmenta  à  cordes, 
considéré  comme  rme  production  fort  remarqua- 
ble, un  quatuor  pour  piano,  violon,  alto  et  basse, 
op.  10;  des  pièces  porrr  le  piano,  beaucoup  de 
Lieder,  elàes  chants  pour qiratre  voix  d'homme. 
M.  Lachner  est  l'âme  de  la  musique  à  Manheim. 

L'aîné  des  frères  Lachner  (Théodore),  né  à 
Rain,  en  1798,  est  bon  organiste,  professeur  de 
musique  recherché,  et  occrrpe  au  théâtre  de  Mu- 
nich la  place  de  répétiteur.  On  ne  connaît  aucun 
orrvrage  de  sa  composition,  il  a  arrangé  pour  le 
piano  la  partition  de  Macbeth,  opéra  de  Che- 
lard,  publiée  à  Munich  chez  Falter. 

Deux  sœrrrs  de  ces  artistes,  Theklo,  née  à 
Rain,  en  1803,  et  Christine,  qui  vit  le  jour  dans 
la  même  ville,  en  1805,  ont  cultivé  aussi  la  mrr- 
sique  avec  succès.  L'aînée  était  en  1841  orga- 
niste de  l'église  Saint-Georges,  à  Augsbourg;  et 
l'arrtre  enseignait  le  piano  et  était  organiste  de 
l'église  de  sa  ville  natale. 

LACHNITH  (Louis-Wenceslas),  fils  de 
François  Lachnith,  bon  musicien  attaché  à  l'é- 
glise des  Jésuites  de  Prague,  naquit  en  cette  ville, 
le  7  juillet  1746,  et  non  en  175G,  comme  il  est  dit 
dans  le  Dictionnaire  historique  des  musiciens  de 
Choron  et  Fayolle,  et  dans  la  Biographie  uni- 
verselle des  contemporains.  Après  avoir  appris 
de  son  père  les  éléments  de  la  musique,  il  prit 
chez  différents  maîtres  des  leçons  de  violon ,  de 
clavecin  et  de  cor;  ce  dernier  instrument  fut  celui 
sur  lequel  il  acquit  le  talent  le  plus  distingué. 
D'abord  employé  dans  la  musique  du  duc  de 
Deux-Ponts,  non  en  qrralité  de  maître  de  cha- 
pelle, comme  on  le  dit  dans  les  ouvrages  cités 
précédemment,  mais  comme  simple  musicien,  il 
se  rendit  à  Paris  en  1773,  y  perfectionna  son  jeu 
sur  le  cor,  sous  la  direction  de  Rodolphe,  el  se 
fit  entendre  plusieurs  fois  avec  succès  au  concert 
spirituel.  Sa  mauvaise  santé  l'obligea  ensuite  à 
cesser  de  jouer  de  cet  instrument.  Philidor  de- 
vint son  maître  décomposition  en  1776.  Vers  le 
môme  temps  il  commença  à  se  faire  connaître 
comme  professeur  de  clavecin,  et  forma  de  bons 
élèves.  Ses  premières  productions  pour  le  théâtre 
furent  :  1"  L'henreux  Divorce,  ou  la  Réconci- 
liation, opéra-comique  en  un  acte,  représenté  le 
25  juin  1785.  —  2''  L'Antiquaire,  parodié  sur  la 
musique  d'Anfossi,  au  théâtre  de  Monsieur,  en 
1789.  —  ^"Eugénie  et  Linval,  ou  le  mauvais 
fils,  en  deux  actes,  au  théâtre  Montansiei-,  17'J8, 


156 


LACHINITH  —  LACOMBE 


Plus  lard  Lachnith  écrivit  pour  l'Opéra  un  grand 
ouvrage  en  trois  actes  intitulé  :  Les  fêtes  lacé- 
démoniennes;  mais  il  ne  put  jamais  en  obtenir 
la  représentation.  Ses  autres  travaux  dramati- 
ques n"ont  consisté  qu'en  pasticiies  et  traduc- 
tions. C'est  ainsi  qu'il  a  dénaturé  La  Flûte  en- 
chantée, de  Mozart,  dans  une  monstrueuse  com- 
pilation intitulée  :  Les  Mystères  d'Isis.  Saùl  et 
la  Prise  de  Jéricho,  pastiches  du  même  genre, 
ont  été  arrangés  par  lui ,  en  collaboration  avec 
Kalkbrenner  (père),  sur  des  morceaux  puisés 
dans  les  œuvres  des  maîtres  les  plus  célèbres. 
Lachnith  a  écrit  pour  la  musique  instrumentale  : 
1°  Six  symphonies  à  grand  orchestre  pour  les 
concerts  de  la  Loge  olympique;  elles  sont  restées 
en  manuscrit.  —  2°  Six  symplionies  à  10  parties, 
op.  1  ;  Paris,  Sieber.  —  3°  Trois  ulem,  op.  4  ; 
ibid.  —  4" Trois  idem,  op.  ll;ibid.  —  5° Six  qua- 
tuors pour  2  violons,  alto  et  basse,  op.  7;  ibid. 

—  6"  Six  idem  pour  deux  violons ,  alto  et  basse, 
non  publiés.  —  7"  Six  trios  pour  deux  violons  et 
basse;  ibid.  —  S"  Trois  concertos  pour  cor  et 
orchestre,  inédits.  —  9"  Trois  trios  pour  cla- 
vecin, violon  et  violoncelle,  op.  2;  Paris,  Boyer. 

—  10"  Six  sonates  pour  clavecin  et  violon,  op.  3  ; 
Paris,  Sieber.  —  11°  Six   idem,  op.  14;   ibid. 

—  12°  Six  idem,  op.  15  ;  ibid.  —  13°  Trois  idem, 
op.  16;  ibid. —  14°  Trois  idem,  op.  20;  ibid.  — 
15°  Plusieurs  pièces  détachées  pour  le  piano  et 
pour  la  harpe.  —  16°  Méthode  ou  principe  gé- 
néral du  doigter  pour  le  forte-piano  (avec 
Adam);  Paris,  Sieber.  Il  a  aussi  arrangé  huit 
œuvres  de  quatuors  de  Pleyel  pour  piano,  violon 
et  violoncelle.  Lachnith  est  mort  à  Paris,  le  .3  oc- 
tobre 1820,  à  ''âge  de  soixante-quatorze  ans. 

LACUIMTH  (Antoine),  frère  du  précédent, 
a  été  confondu  avec  lui  par  l'auteur  de  l'article 
inséré  dans  le  Lexique  universel  de  musique  pu- 
blié par  le  docteur  Scliiliing.  Celui-ci  fut  d  a- 
bord  musicien  de  chambre  à  Deux-Ponts, 
comme  son  frère,  puis  retourna  à  Prague  en 
1799,  et  fut  employé  dans  la  musique  de  la  ca- 
thédrale de  cette  ville,  en  qualité  de  trompet- 
tiste. 11  jouait  biendu  clavecin,  et  il  a  laissé  en  ma- 
nuscrit quelques  œuvres  de  trios  et  de  sonates 
pour  cet  instrument.  Il  est  mort  à  Prague,vers  1796. 

LACKMAIXIV  (Adam-Henri),  savant  |)hiio- 
togue,  né  en  1694,  à  Weningen,  dans  le  duché 
deLauenbourg,  fut  professeur  d'histoire  à  l'univer- 
.sité  de  Kiel,  et  premier  assesseur  du  consistoire, 
dans  le  duché  de  Holsteiu.  Il  mourut  à  Kiel,  le 
17  août  1753.  Parmi  ses  nombreux  et  savants  ou- 
vrages, on  en  trouve  un  qui  a  pour  titre  :  Ge- 
danken  ueber  das  bey  Tondern  gefimdene 
golden  Ilorn  (Pensées  sur  le  cor  d'or  trouvé 
près  de  Tondern);  Hambourg,  1735,  in  4°. 


LACODRE  (M.-S.).  Voy.  BLIN. 

LACOMBE  (Jacques),  né  à  Paris,  en  1724, 
fut  dabord  avocat,  puis  se  fit  libraire  en  1766, 
et  fut  chargé  pendant  plusieurs  années  de  la  pu- 
blication du  Journal  des  savants  et  du  Mer- 
cure. Des  entreprises  trop  considérables  aux- 
quelles il  se  livra  dérangèrent  sa  fortune,  et  le 
conduisirent,  en  1778,  à  une  faillite  de  500,000 
francs.  Il  mourut  à  Paris,  à  l'âge  de  quatre-vingt- 
sept  ans,  le  16  juillet  18 11.  Choron  et  Fayolle  ont 
dit  dans  leur  Dictionnaire  historique  des  mu- 
siciens que  Lacombe  était  le  beau-père  de  Gré- 
try;  ils  ont  été  trompés  par  de  faux  renseigne- 
ments, car  il  était  le  beau-frère  de  ce  composi- 
teur. Lacombe  a  publié  un  grand  nombre  d'ou- 
vrages, dont  la  plupart  sont  des  compilations. 
On  trouve  des  observations  sur  la  musique  dans 
ceux  dont  les  litres  suivent  :  Dictionnaire  por- 
tatif des  beaux-arts,  Paris,  1752  ;  réimprimé 
en  1753  et  en  1759;  traduit  en  ilalien,  Venise, 
1758,  in-8°. —  2°  Le  Spectacle  des  beaux-arts, 
Paris,  1758,  1  vol.  in-12  ;  réimprimé  en  17G2. 

LACOMBE  (Louis  BROUILLOIV-),  pia- 
niste distingué  et  compositeur,  est  né  à  Bourges 
(Cher),  le  26 novembre  1818.  Ureçutdc  sa  mère 
les  premières  leçons  de  musique.  A  peine  âgé  de 
sept  ans,  il  joua  du  piano  dans  un  concert  donné 
au  théâtre  pour  les  incendiés  de  Salins,  En  1828, 
son  père  alla  s'établir  à  Paris,  afin  que  son  lils 
pût  y  développer  son  talent  naissant.  Admis  au 
Conservatoire  de  Paris,  le  10  avril  1829,  le  jeune 
Lacombe  y  fut  élève  deZimmerman  pour  le  piano, 
et  obtint  le  premier  prix  au  concours  de  1831  , 
avant  d'avoir  accompli  sa  treizième  année.  Il  sor- 
tit de  cette  école  le  premier  octobre  1832,  et  bien- 
tôt après  il  entreprit  avec  son  père,  sa  mère,  et  sa 
sueur  (Félicie  Lacombe),  devenue  son  élève,  vn 
voyage  en  France,  en  Allemagne,  recueillant  par- 
tout des  applaudissements  accordés  à  son  talent 
précoce.  Arrivé  à  Vienne,  Lacombe  développa 
ce  talent  sous  le  rapport  du  mécanisme  par  le.s 
leçons  de  Charles  Czerny,  et  apprit,  sous  la  di- 
rection de  Fischoff,  à  interpréter  les  œuvres 
classiques  de  Haydn,  de  Mozart,  de  Hœndel,  de 
Bach  et  de  Beelhoven.  L'instruction  du  jeune  ar- 
tiste se  compléta  dans  l'harmonie  et  le  contre- 
point, dont  il  fit  un  cours  chez  Simon  Sechter  ; 
le  maître  de  chapelle  Seyfried  lui  enseigna  la 
facture  de  la  fugue  et  l'instrumentation.  Ce  fut 
à  Vienne  que  le  jeune  Lacombe  écrivit  ses  pre- 
mières compositions,  lesquelles  consistaient  en 
quelques  morceaux  pour  le  piano,  et  deux  ouver- 
tures pour  l'orchestre.  Après  plusieurs  annéesde 
séjour  dans  cette  ville,  il  reprit  le  cours  de  ses 
pérégrinations  avec  sa  mère  et  sa  sœur,  en  1840,. 
visita  Dresde,  la  Saxe,  les  villes  du  Rhin,  et  rcn- 


LACOMBE  —   LACROIX 


tii? 


tra  à  Paris  à  la  fin  de  celte  même  année.  Depuis  ' 
cette  époque  jusqu'en  1842,  il  publia  quelques 
œuvres  brillants  et  gracieux  pour  le  piano  qui 
furent  bien  accueillis,  nij  quintette  en  fa  dièse 
mineur,  un  trio  en  ré  mineur  pour  piano,  violon 
et  violoncelle,  et  des  études.  Jugeant  toutefois  que 
ses  études  de  composition  n'avaient  pas  été  com- 
plètes, il  prit  des  leçons  de  M.  Barbereau  pour 
l'harmonie,  lut  et  médita  les  traités  de  contrepoint 
de  Clierubini  et  de  l'auteur  de  cette  notice,  et 
acheva  avec  couragecette  nouvelle  excursion  dans 
le  domaine  de  la  science. 

Marié  à  vingt  quatie  ans  à  une  femme  qui  pos- 
sédait une  modeste  aisance,  Lacombe  putse  livrer 
avec  plus  de  liberté  à  la  composition  :  c'est  alors 
que  parurent  Les  Harmonies  de  la  nature,  pour 
piano,  la  grande  étude  en  octaves,  le  second  trio 
pour  piano,  violonet  violoncelle  (en  la  mineur), 
supérieur  au  premier  sous  le  rapport  du  dévelop- 
pement des  motifs  et  de  la  facture,  ainsi  que 
quelques  pièces  de  moindre  importance.  Le  21 
mars  1847  il  donna  dans  la  salle  du  Conservatoire 
un  concert  où  l'on  exécuta  une  ouverture  de 
sa  composition,  plusieurs  morceaux  de  chant, 
dont  un  {Jj'Ondineetle  PecAewr)  a  obtenu  un 
succès  de  vogue,  et  une  symphonie  dramatique 
intitulée  Manfred,  qui  appartient  au  genre  des- 
criptif et  scénique  par  lequel  Berlioz,  Félicien  Da- 
vid, M.  Douay  et  quelques  autres  compositeurs 
ont  entrepris  de  donner  une  direction  nouvelle 
à  l'art.  Déjà  M.  Lacombe  avait  fait  entrevoir  son 
penchant  pour  ce  genre  dans  une  ouverture  qui 
avait  pour  titre  Mitternacht  (Minuit),  et  qui  fut 
exécutée  à  Dresde  en  1840,  dans  un  concert  qu'il 
y  donna.  Le  26  mars  1859,  une  autre  symphonie 
dramatique  de  Lacombe  ,  intitulée  Arva,  ou  les 
Hongrois,  fut  exécutée  dans  un  second  concert 
donné  par  lui.  La  marche  des  Racoleurs,  tirée 
de  cet  ouvrage,  et  arrangée  pour  piano,  à  deux 
et  à  quatre  mains ,  a  été  publiée  chez  Heugel  à 
Paris.  A  l'excepUon  de  quelques  fragments 
à'une  Épopée  lyrique,  qui  ont  été  exécutés  aux 
concerts  de  la  Société  de  Sainte  -  Cécile , 
sous  la  direction  de  M.  Seghers,  et  de  la  Société 
des  jeunes  artistes ,  dirigée  par  M.  Pasdelonp, 
aucun  grand  ouvrage  du  genre  de  Manfred  et 
à'' Arva,  composé  par  Louis  Lacombe,  n'a  été 
entendu  après  ceux-ci,  quoiqu'il  ait  beaucoup 
écrit.  Ce  n'est  qu'au  prix  de  grands  sacrifices 
qu'un  compositeur  peut  se  donner  la  satisfac- 
tion d'entendre  ses  productions  lorsqu'elles  ont 
des  proportions  gigantesques  d'orchestre  et  de 
chœurs  ;  carelles  occasionnent  des  dépenses  con- 
sidérables pour  les  répétitions  et  l'exécution. 
L'exagéré  est  la  maladie  des  artistesde  l'époque 
actuelle  :  ils  ne  peuvent  se  décider  à  rester  dans  ' 


des  limites  plus  modestes,  parce  qu'ils  se  persua- 
dent que  Vef.fort  est  \e  génie.  M.  Louis  Lacombe 
a  fait  représenter  auThéûtrc-Lyrique,  le  16  jan- 
vier 18G1,  un  opéra-comique  en  un  acte,  intitulé 
La  Madone,  où  les  proportions  de  la  musique 
étaient  en  désaccord  avec  la  simplicité  du  sujet, 
bien  qu'il  yeûtdu  mérite  dans  la  manière  dont 
la  partition  était  écrite.  On  y  remarquait  l'er- 
reur qui  vient  d'être  signalée  :  la  haine  du 
simple!  Parmi  le  grand  nombre  de  morceaux 
de  piano  publiés  par  cet  artiste  estimable,  on  a 
distingué  particulièrement  les  œuvres  qui  ont 
pour  titre  Veux  nocturnes  (op.  bO);  Marche 
turque;  Simples  mélodies  ;  Larmes  et  souri- 
res ;  douze  Lieder  pour  voix  seule,  avec  accom- 
pagnement de  piano. 

LACOSTE  (....).  compositeur,  entra  à  l'O- 
péra (le  Paris,  comme  choriste,  en  1693,  et  se 
retira  avec  la  pension  en  1708.  Il  vivait  encore 
en  1757,  suivant  VHistoire  du  théâtre  de  l'A- 
cadémie royale  de  musique,  publiée  par  Durey 
de  Noinville,  d'après  les  notes  de  Travenol 
(S^c  partie,  page  20).  Lacoste  a  composé  la  mu- 
sique de  plusieurs  opéras  représentés  à  Paris  et 
à  Versailles.  En  voici  la  liste  avec  les  dates  .• 
i°Aricie,  opéra  balleten  5  actes,  1697.  —  2"  jV/u- 
lomèle,  tiagédie  lyrique,  représentée  en  l7or», 
et  reprise  en  1709,  1723  et  1734.  —  i"  Brada- 
mante ,  tragédie  lyrique  en  5  actes,  1707.  — 
4°  Creuse,  en  5  actes,  1712.  —  5'^  Télégonc, 
en  5  actes,  1725.  — 6°  Orion,  en  5  actes,  1728. 
—  7°  Biblis,  en  1732.  —  8"  Pomone,  pastorale 
en  3  actes.  Lacoste  a  publié  à  Paris  un  livre  de 
cantates  à  voix  seule  avec  basse  continue.  Les 
partitions  de  Philomèle,  Bradamanie,  Té- 
légone,  Orion  et  Biblis  ont  clé  imprimées  à 
Paris,  chez  Ballard,  dans  les  années  de  leur  re- 
présentation. 

LACROIX  (Antoine),  violoniste  distingué, 
naquit  en  175(i,  à  Remberville,  près  de  Nancy, 
Quelques  biographes  ont  fixé  par  erreur  la  date 
de  sa  naissance  en  17()5.  Antoine  Lorenziti, 
maitre  de  chapelle  de  la  cathédrale  de  Nancy, 
lui  enseigna  le  violon  et  la  composition.  Arrivé 
à  Paris  en  1780,  il  s'y  fit  entendre  avec  succès, 
et  bientôt  il  jouit  de  la  réputation  d'un  artiste  de 
grand  mérite.  En  1784  il  publia  son  premier  œu- 
vre, consistant  en  six  sonates  pour  le  clavecin, 
avec  accompagnement  de  violon  obligé.  Les  évé- 
nements de  la  révolution  française  le  décidèrent 
à  s'éloigner  de  la  France,  vers  la  fin  de  1/92  il 
alla  se  fixer  à  Brème,  où  s'étaient  retirés  plu- 
sieurs émigrés  français,  qui  l'accueillirent  avec 
faveur.  En  1793,  Lacroix  entrepiitun  voyage 
en  Allemagne  et  en  Danemai-k  ,  et  partout  il 
donna  des  concerts  qui  le  firent  connaître  avanta- 


tâ8 


LACROIX  —  LADURINER 


g€iisement .  Après  avoir  passé  quelques  années  à 
Leipsick,  Hambourg  el Gotha,  il  ohlinl,  en  1800, 
sa  nomination  de  directeur  de  musique  a  Lubeck, 
oii  il  passa  le  reste  de  ses  jours.  Il  est  mort  en 
cette  ville,  vers  la  fin  de  1812.  Neuf  ans  aupara- 
vant, il  avait  fondé  une  maison  pour  le  com- 
merce de  musique.  Homme  d'esprit  et  de  bon  ton, 
Lacroix  s'était  fait  autant  estimer  par  son  ca- 
ractère qu'admirer  par  son  talent.  Sa  musique 
n'a  point  eu  à  Paris  le  succès  que  son  originalité 
aurait  dû  lui  procurer;  elle  est  plus  connue  des 
Allemands  que  des  Français.  On  a  de  sa  compo- 
sition :  1°  Duos  pour  2  violons,  op.  12,  14  ,  15, 
1C,  18,  20  et  21  ;  Paris,  Pleyel  ;  Leipsick,  Breit- 
kopfet  Hœrlel  ;  Brunswick,  Spebr.  —2''  Quatuors 
pour  deux  violons,  alto  et  l)asse,  op.  5,  13,  17; 
Hambourg,  et  Brunswick.  —  3°  Sonates  pour  vio- 
lon, avec  accompagnement  de  basse,  op.  3;  Ham- 
bourg, Bœlime.  —  4"  Thèmes  variés  pour  violon, 
op.  6,  19;  Hambourg,  Bœhme  ;  Vienne,  Cappi. 
—  5"  Sonates  pour  piano  et  violon,  op.  1,  Paris, 
Boyer.  —  G"  Thème  varié  pour  piano  seul.  — 
7°  Plusieurs  recueils  de  danses  allemandes, 

LACY  (RoPH(No),  violoniste,  né  à  Biibao,  en 
Espagne,  le  19  juillet  176j,  d'une  famille  anglaise, 
est  fils  d'un  négociant  établi  dans  ce  pays.  Dès 
l'âge  de  cinq  ans  on  lui  enseigna  àjouer  du  vio- 
lon; un  an  plus  tard  il  exécuta  un  concerto  de 
Jarnowick  au  concert  d'un  violoniste  italien , 
nommé  Andreossi.  Devenu  un  de  ces  prodiges 
de  précocité  qui  souvent  ne  deviennent  que  des 
artistes  médiocies,  il  se  fit  admirer  à  la  cour  de 
Madrid  à  un  âge  où  d'autres  ignorent  encore  les 
éléments  de  la  musique.  Au  commencement 
de  1802,  on  l'envoya  commencer  ses  études  au  col- 
lège de  Bordeaux  ;il  alla  ensuite  les  achever  dans 
un  lycée  de  Paris.  Elles  furent  brillantes,  et  des 
prix  lui  furent  décernés  chaque  année  dans  les 
concours.  Devenu  élève  de  Kreutzer,  il  fit,  sous 
la  direction  de  ce  maître  habile,  de  rapides  progrès. 
Au  mois  de  janvier  1805,  peu  de  temps  après  le 
couronnement  de  Napoléon,  il  jouaaux  Tuileries 
un  solo  de  violon,  où  il  excita  Pétonnement.  On 
*ne  le  connaissait  alors  que  sous  le  nom  du 
petit  Espagnol.  Des  spéculations  malheureuses 
ayant  ruiné  son  père,  celui-ci  conduisit  son 
fils  en  Angleterie  pour  -,lui  faire  embrasser  la 
profession  de  musicien ,  et  le  confia  aux  soins 
de  Viotti.  Le  jeune  artiste  était  alors  âgé  de  dix 
ans;  il  parlait  avec  une  égale  facilité  l'anglais, 
le  français,  l'italieu  ,  l'espagnol,  et  connaissait 
les  éléments  de  la  langue  latine.  Le  patronage 
des  ducs  de  Galles  et  de  Sussex  fut  le  signal  de 
la  protection  que  lui  accorda  toute  la  noblesse 
de  l'Angleterre,  et  ses  concerts^,  qui  furent  donnés 
dans  la   salle  d'Hannover  square,  eurent  le 


plus  brillant  succès.  A  Dublin,  il  se  fit  entendre 
dans  le  premier  concert  que  IM""^  Catalan!  y 
donna  ;  à  Edimbourg,  il  joua  dans  ceux  de  Corri. 
Peu  de  lemps  après,  son  père  lui  fit  abandonner 
la  musique  pour  le  théâtre,  et  le  fit  engager  pour 
ies  rôles  comiques  à  Edimbourg,  puis  àGlascow, 
et  enfin  à  Dublin.  Versle  milieu  de  l'année  1818, 
on  lui  proposa  de  succéder  à  Yanevicz,  comme 
directeur  des  concerts  de  Liverpool  ;  il  accepta,  et 
reprit  son  violon.  De  retour  à  Londres  à  la  fin 
de  1820,  il  y  eut  l'emploi  de  compositeur  de  bal- 
lets au  Théâtre  italien  pour  la  saison  de  1821  ; 
mais  des  discussions  avec  le  directeur  lui  firent 
abandonner  celte  place  trois  ans  après,  et  re- 
prendre son  emploi  de  chef  d'orchestre  à  Liver- 
pool. On  a  publié  de  la  composition  de  cet  ar- 
tiste plusieurs  fantaisies  pour  le  piano,  sur  des 
thèmes  d'opéras  italiens,  trois  rondeaux  brillants, 
un  quintette  pour  deux  violons,  alto  et  violon- 
celle, avec  accompagnement  de  piano,  et  des 
chansons  anglaises. 

LADURIVER  (IGNACF,-ANTOI^E-FRA^çoIS- 
Xaviiîr),  fils  d'un  organiste-instituteur,  naquit  à 
Aldein,  dans  le  Tyrol,  le  l*"'août  1766,  et  entra 
à  l'âge  de  dix  ans  au  monastère  de  Benedict- 
Bayern,  pour  y  faire  ses  éludes.  Après  la  mort 
de  son  père,  en  1782,  il  dut  remplir  les  fonctions 
de  ses  deux  places,  quoiqu'il  ne  fût  âgé  que  de 
seize  ans.  Devenu  libre  en  1784,  ayant  été  rem- 
placé par  son  frère,  il  se  rendit  à  Munich  pour  y 
faire  sa  rhétorique  et  continuer  ses  études  musi- 
cales. Peu  de  temps  après  il  suivit  une  comtesse 
de  Heirnbauen  à  Longueville,  près  de  Bar-le-Duc, 
où  elle  possédait  une  propriété.  Cette  dame, 
pianiste  distinguée,  avait  engagé  Ladurner  pour 
faire  de  la  musique  avec  elle.  Après  deux  ans  de 
séjour  cliez  elle,  l'artiste  se  rendit  à  Paris,  où  il 
se  fit  bientôt  connaître  avantageusement  comme 
professeur  de  piano  et  comme  compositeur.  Il 
arriva  dans  celte  ville  au  mois  de  juillet  1788, 
et  déjà  son  portrait  était  gravé  en  1790,  comme 
celui  d'un  artisie  célèbre.  Fink,  à  qui  l'on 
doit  un  article  sur  la  famille  Ladurner,  inséré 
dans  le  Lexique  universel  de  musique  publié 
par  Schilling,  dit  que  depuis  le  départ  de  ce- 
lui qui  est  l'objet  de  cette  notice,  il  semble 
avoir  oublié  les  siens  et  son  pays,  n'ayant  jamais 
écrit  à  sa  famille  pour  l'informer  de  sa  situa- 
tion. Ceux  qui  ont  connu  T,a(lurner  ne  seront 
point  étonnés  de  ce  silence,  car  peu  d'artistes 
ont  eu  une  existence  aussi  active  que  lui.  Le 
nombre  de  ses  élèves  était  si  grand,  pendant 
quarante  ans,  qu'il  employait  à  ses  leçons  près 
de  quinze  heures  chaque  jour.  Parmi  ses  élèves, 
on  compte  M.  Auber  et  Boely,  pianiste  et  com- 
positeur distingué  (  voy.  ce  nom).  Frappé  de  pa 


LADURNER  —  LAEGEL 


U',0 


ralysie  en  183G,  il  se  relira  dans  sa  maison,  de 
campagne,  à  Viliain,  commune  de  Massy  (Seine- 
el-Oise),  où  il  mourut,  le  4  mars  1839.  11  avait 
épousé  M"^  Mnssier  de  Gondrevilie,  qui  s'était 
Tait  connaître  comme  violoniste  distinguée,  sous 
le  nom  de  3/"e  de  la  Jonchère.  Cette  dame, 
élève  de  Mestrino ,  brilla  longtemps  dans  les 
concerts  de  Paris.  Plus  tard,  elle  fut  nommée 
directrice  de  la  maison  royale  de  Saint-Denis, 
et  mourut  le  25  octobre  1823.  Fink  dit  que  les 
œuvres  de  Ladurner  sont  au  nombre  d'environ 
quatre-vingts  :  son  erreur  est  manifeste.  Voici  la 
liste  des  ouvrages  de  cet  artiste  :  1°  Trois  sonates 
pour  piano  seul,  op.  1  ;  Paris,  Naderman.  — • 
2°Trois  idem.,  op.  2  ;  Paris,  Leduc  aîné.  —  3°  Mé- 
lange harmonique  pour  le  piano,  op.  3  ;  Paris, 
Carli.  —  4°  Trois  sonates  pour  piano  seul,  op.  4  ; 
Paris,  Naderman.  —  5°  Trois  sonates  pour  piano 
et  violon,  op.  5;  Paris,  Carli.  —  6"  Sonate  pour 
piano  à  quatre  mains,  op.  6  ;  ibid .  —  7°  Trois  so- 
nates pourpianoetviolon,op.7  ;ibid.  —  8°  Trois 
caprices  pour  piano  seul,  op.  8  ;  Paris,  Leduc. 

—  9°  Trois  sonates  pour  piano  et  violon,  op.  9; 
Paris, Carli.  —  10"  Deuxième  mélangeharmonique 
pour  piano  seul,  op.  10;  ibid. —  11°  Trois  sonates 
pourpianoseul,  suivies  d'un  caprice,  op.  11  ;ibid. 

—  12°  Fantaisie  pour  piano  seul,  op.  12;  Paris, 
Michel  Ozi.  —  13°  Trois  divertissements,  op.  13; 
ibid.  —  14°  Trois  thèmes  variés  pour  piano  seul, 
op.  14;  Paris.  Carli. —  15°  Six  airs  variés,  liv.  1 
et  2,  op.  16;  ibid.  —  16"  Airs  irlandais  variés, 
op.  17:  ibid.  —  17°  Air  des  Trembleurs  varié, 
op.  18;  ibiil.  Ladurner  a  fait  représenter  au 
théâtre  de  l'Opéra-Comique  :  1"  Wenzel,  ou  le 
Magistrat  du  peuple,  en  un  acte  ;  1793. — 
2°  Les  vieux  Fous,  en  un  acte;  1796. 

LADURiVER  (Joseph-Aloïs),  frère  du  pré- 
cédent, né  le  7  mars  1769,  à  Allgund,  dans  le 
Tyrol,  où  son  père  s'était  fixé  deux  ans  aupara- 
vant, a  fait  ses  études  sous  la  direction  de  son 
oncle,  professeuret  prédicateurà  Benedicl-Bayern. 
Dès  l'âge  de  quatorze  ans  il  était  assez  avancé 
dans  son  instruction  pour  être  en  état  de  rem- 
plir les  fonctions  d'organiste  et  de  maître  d'école, 
devenues  vacantes  par  la  mort  de  son  père.  11 
occupa  ces  places  pendant  neuf  ans.  Pendant  ce 
temps  il  perfectionna  son  talent  |sur  le  piano,  en 
jouant  beaucoup  les  œuvres  de  Clementi,  et  il 
acheva  ses  études  dans  la  langue  latine.  En  1792 
il  se  rendit  à  Munich,  où  il  fut  admis  au  lycée 
du  Prince  électeur  :  il  y  resta  sept  années,  pen- 
dant lesquelles  il  suivit  avec  distinction  les  cours 
de  philosophie  et  de  théologie.  Pendant  la  der- 
nière année,  Joseph  Gratz  lui  donna  des  leçons  de 
contrepoint.  Appelé  à  Rrixen  en  1798,  il  y  fut 
d'abord  collaborateur  el  secrétaire  du  consistoire 


et  chapelain  de  la  cour.  Il  éfail  encore  plein 
d'activité  en  1835,  et  travaillait  avec  succès 
comme  compositeur  de  musique  instrumentale  tl 
religieuse.  On  a  publié  de  sa  composition  : 
1°  £cce  sacerdos  magnus,  à 4  voix  sans  accom- 
pagnement; Munich,  Falter.  —  2°  Graduel,  idem  ; 
ibid.  —  3°  Offertoire,  idem;  ibid.—  4°  Seize  va- 
riations sur  un  thème  pastoral,  avec  introduc- 
tion et  fugue  pour  le  piano;  ibid.  —  5°  Seize 
variations  sur  une  valse  de  Vienne  ;  ibid.  — 
6°  Trente-deux  cadences,  avec  modulations  variées 
sur  une  suite  d'accords  dans  les  24  modes  ;  ibid. 
—  7°  F^antaisie  (en  ut)  pour  les  commençants; 
ibid.  —  8°  Fantaisie  (en  ré  bémol  majeur); 
Mayence,  Schott —  9°  Rondo  à  V anglaise  pour 
le  piano;  Munich,  Falter.  —  10°  Fantaisie,  fu- 
gue et  sonate  sur  le  thème  d'une  fugue  de  Haen- 
del  (en  fa  dièse  mineur),  ibid.  Fink  possédait  en 
manuscrit  les  ouvrages  suivants  du  même  ar- 
tiste. —  1 1°  Ave  Maria  à  quatre  voix  sans  ac- 
compagnement. —  12°  0  Salut aris,  idem.  — 
13°  Le  94®  psaume  :  Venile  exultemus,  à  4 
voix  avec  accompagnement  d'orgue. 

LAEGEL  (Jean-Théopbile)  ,  né  le  13  dé- 
cembre 1777,  à  Flœssberg,  près  de  Borna ,  dans 
le  royaume  de  Saxe,  apprit  de  son  père,  pau- 
vre musicien  de  village  et  maître  d'école  de  l'en- 
droit, les  principes  de  la  musique,  du  violon  et 
du  piano.  Un  professeur,  nommé  Telzel,  qui 
vivait  dans  le  voisinage,  le  prit  ensuite  sous  sa 
direction  et  avança  son  instruction  de  telle  sorte, 
qu'il  put  entrer  en  troisième  au  collège  d'Alten- 
bourg  à  l'âge  de  seize  ans.  Il  y  continua  ses 
études  de  musique  dans  le  chœur  dirigé  par 
Krebs,  fils  du  célèbre  organiste.  Une  troupe  dra- 
matique ambulante  vint  s'établii-  à  Altenbourg  , 
et  y  donna  des  représentations  des  opéras  de 
Mozart,  qui  commencèrent  à  former  le  goût  de 
Laegel  et  augmentèrent  son  penchant  pour  la 
musique.  Vers  le  même  temps  il  prit  des  leçons 
de  l'organiste  Krebs,  et  fut  choisi  comme  sup- 
pléant du  canlor  au  chœur  de  l'église  principale. 
En  1800,  il  était  prêt  à  se  rendre  à  l'université 
de  Leipsick,  pour  y  faire  des  études  de  théologie, 
lorsque  la  place  de  ca?i/or  à  Weyda,  dans  le 
Voiglland,  lui  fut  offerte;  il  l'accepta ,  et  entra 
en  fonctions  après  avoir  passé  un  examen  au 
consistoire  de  Leipsick.  Tous  ses  efforts  se  diri- 
gèrent dès  lors  vers  le  développement  de  ses  fa- 
cultés musicales.  Il  établit  des  concerts  dont  il 
fut  le  directeur ,  fonda  une  école  de  chant,  et  se 
livra  à  l'enseignement  ainsi  qu'aux  autres  tra- 
vaux de  musicien  avec  une  prodigieuse  activité. 
L'art  musical  lui  dut  de  grands  progrès  dans,  le 
petit  cercle  où  il  était  placé.  Après  douze  ans  de 
séjour  à  Weyda,  il  accepta  le  cantorat  d'Eisenberg 


IGO 


LAEGEL  —  LAFAGE 


qui  lui  fut  offert  ;  mais  il  ne  le  garda  que  trois 
au?,  parce  que  la  position  plus  avantageuse  de 
cantor  et  de  directeur  de  musique  à  Géra  devint 
vacante  en  1815  et  lui  fut  accordée.  Il  y  est  mort, 
le  5  juin  1843.  Les  œuvres  de  Laegel  sont  au 
nombre  d'environ  cinquante  ;  on  y  remarque  : 
1°  Trois  sonates  pour  le  piano,  à  quatre  mains. 
—  2"  Cantate  de  Noël.  —  3°  Six  cliants  à  quatre 
voix  pour  les  sociétés  de  chant.  —  4°  Cantate 
pour  la  fêle  de  Pâques,  publiée  dans  les  arcliives 
de  Kalbitz.  —  5°  Cantate  pour  la  fête  de  l'Ascen- 
sion. —  6°  Cantate  pour  la  Pentecôte.  Ces  deux 
dernières  forment  les  premiers  numéros  d'une 
collection  d'environ  dix  morceaux  pour  l'église; 
les  critiques  allemands  en  ont  porté  un  jugement 
favorable.  —  7"  Plusieurs  oratorios. 

LAELIUS  (D.-Daniel),  luthiste  allemand, 
vécut  au  conimencemeut  du  dix-septième  siècle. 
Il  a  fait  imprimer  un  recueil  intitulé  :  Testudo 
spiritualis;  Francfort,  1616,  in-4''.  Cet  ouvrage 
contient  les  psaumes  de  Lobwasser,  arrangés 
pour  le  luth  sur  des  motets  français  à  quatre 
parties. 

LAEMMENHIRT  (G.),  pianiste  et  com- 
positeur, vivait  vers  la  lin  du  dix-huitième  siècle, 
en  qualité  de  précepteur,  dans  la  terre  du  comte 
d'Erbach.  Il  a  publié  de  sa  composition  :  1°  Grande 
sonate  pour  piano  et  violon,  op.  1  ;  Offenbach, 

André,  1797 2°  Deux  sonates  faciles  à  4  niains 

pour  le  clavecin,  op.  2  ;  ibid.,1198. 

LAET  (Jean),  imprimeur  de  musique  à  An- 
vers, naquit  en  cette  ville,  dans  les  dernières 
années  du  quinzième  siècle.  Un  des  ouvrages  les 
plus  rares  sortis  de  ses  presses  est  un  recueil  de 
psaumes  de  David,  en^angue  llamande,  avec  le 
chant,  publié  sous  ce  litre  :  Souier  Liede/iens 
fjhemaechtter  eeren  Gods,  opalle  die  Psalmen 
van  David,  lot  slichiinghe  en  eengheestelijcke 
vennakinghe  van.  allen  christen  menschen. 
Gheprent  Thantwerpcn,  in  de  Haye  by  Jan  de 
Laet  ;  1540,  petit  in-S".  Laet  s'associa  avec  Hu- 
bert Waelranf,  vers  1545,  et  publia  pendant  celle 
association  un  nombre  assez  considérable  d'ou- 
vrages des  compositeurs  de  cette  époque,  particu- 
lièrement de  musiciens  belges. 

LAET  (  Jacqces  de),  en  latin  Laetius,  savant 
belge,  né  à  Louvain,  vers  la  fin  du  seizième  siècle, 
a  écrit  un  éloge  de  la  musique  (Encomium  mu. 
sices)  imprimé  à  Maestricht.  Lipenius  (  Bibl., 
pag.  976),  Swertius  (^^Aen.  Bclg.),  Valère 
André  {Bibl.  Belg.)  et  Foppens  (  Bibl.  Belg.  ), 
qui  ont  cité  cet  ouvrage,  ne  font  pas  connaître 
la  date  de  l'impression. 

LAFAGE  (Pierre  de),  musicien  français, 
né  dans  la  seconde  moitié  du  quinzième  siècle, 
et  dont  le  nom  est  souvent  écrit  dans  les  anciens  ' 


recueils  La  Faghe,  La  Fague,  et  La  Farge,  ne 
doit  pas  être  confondu  avec  Faugues,  Fauques, 
ou  Fagus,  ou  La  Fage  (  Vincent),  autre  musi- 
cien, qui  vécut  dans  la  première  moitié  du  même 
siècle  {voy.  Faugues).  On  ne  sait  rien  de  la  vie  de 
cet  artiste,  maison  trouve  sous  son  nom,  dans  le 
deuxième  livre  des  Motets  de  la  Couronne, 
imprimé  à  Fossombrone  par  Octave  Petrucci,  en 
1519,  le  motet  à  quatre  voix  qui  commence  par 
ces  mots  :  Elisabeth  Zacharix.  Pierre  Attai- 
gnant  a  inséré  deux  motets  du  même  auteur  (  ^45- 
pice.  Domine,  et  Vide,  Domine,  afflictionem  ) 
dans  le  onzième  livre  de  sa  collection  de  motets 
à  quatre  et  cinq  voix  intitulé  :  Liber  undecimtis 
XXVI  musicales  habet  modulas  quatuor  et 
quinque  vocibus  éditas.  Parrhisiis,  in  vico 
Citharx  prape  sanctorum  Cosmi  et  Damiani 
templum.  In  adibus  Pétri  Attaignant,  mu- 
sice  calcographi;  1534,  in-4'',  goth.  On  trouve 
aussi  des  compositions  de  cet  artiste  dans  le  re- 
cueil intitulé  :  Tamus  secundus  psahnorum 
selectarum  quatuor  et  quinque  vacum;  ISoriin- 
bergx,  apudJo.  Petreium,  anno  1539;  dans  le 
Liber  tertius  ,•  tiginii  musicales  quinque,  sex, 
vel  octo  vocum  motetos  habet,  etc.  ;  Paris,  At- 
taingnant,  1534,  petit  in-4°  obi.;  dans  le  Liber 
quartus;  XXIX  musicales  quatuor  vel  quin- 
que parium  vocum  modulas  habet,  etc.  ;  ibid. 
1534;  dans  le  quatrième  livre  des  Motet ti  dcl 
Fiore  à  4  voix,  imprimé  à  Lyon  chez  Jacques  Mo- 
derne, en  1539;  dans  le  Secundus  liber  cum 
quinque  vocibus  de  la  même  collection  ;  ibid., 
1533;  enfin,  dans  le  Quintus  liber  Matetlarum 
quinque  et  sex  vocum,  etc.  ;  ibid.,  1542. 

LAFAGE  (Juste-Adrien  LKNOIR  DE),  né 
à  Paris,  le  27  mars  1805,  lut  enfant  de  chœur  de 
l'église  Saint-Philippe-du-Roule  dès  l'âge  de  six 
ans.  Ses  parents,  qui  le  destinaient  à  l'état  ecclé- 
siastique, le  placèrent  au  séminaire  :  il  y  com- 
mença ses  études  ;  mais,  ne  se  sentant  aucune  vo- 
cation pour  entrer  dans  les  ordres,  il  les  inter- 
rompit brusquement.  On  voulut  alors  le  faire 
entrer  dans  la  carrière  des  armes;  mais  son  goût 
décidé  pour  la  musique  le  fit  résister  au  désir 
de  ses  parents,  qui,  pour  le  détourner  de  son 
penchant,  lui  firent  reprendre  ses  études  littérai- 
res. Il  s'y  livra  avec  ardeur.  A  peine  furent-elles 
terminées  qu'il  commença,  sous  la  direction  de 
Perne  (  voy.  ce  nom  ),  à  étudier  le  plain-chant, 
l'harmonie  et  le  contrepoint.  Ce  savant  musicien 
l'engagea  ensuite  à  se  livrer  à  des  recherches 
sur  la  musique  de  l'antiquité  et  du  moyen  âge.  Il 
lui  lit  faire  la  connaissance  de  Choron,  et  celui-ci 
le  prit  aussitôt  pour  élève.  Devenu  lui-même  pro- 
fesseur de  solfège  et  de  chant,  Lafage  se  livra 
avec  ardeur   à   l'enseignement;  mais   en  1828, 


I 


LA.FAGE 


ICI 


ayant  obtenu  un  subside  de  la  caisse  de  la  liste 
civile  pour  faire  un  voyage  en  Italie ,  il  s'éloigna 
de  Paris.  Pendant,  son  séjour  au  delà  des  Alpes, 
il  demeura  surtout  à  Rome,  où  l'abbé  Baini  lui 
donna  d'utiles  conseils  pour  l'étude  de  l'ancien 
style  fugué.  Lafage  séjourna  aussi  plusieurs  mois 
en  Toscane,  et  fit  représentera  Florence  une  farce 
intitulée  /  Creditori.  De  retour  à  Paris  vers  la 
fin  de  1829,  il  y  fut  nommé  maître  de  chapelle  de 
Saint-Iïtienne-du-Mont,  et  reprit  ses  travaux 
relatifs  à  l'enseignement.  En  1833  il  retourna  en 
Ilaliej  et  pendant  trois  ans  il  s'y  occupa  de  re- 
cherches sur  la  musique.  Fixé  de  nouveau  h  Pa- 
ris après  cette  excursion,  il  s'y  est  occupé  de 
i'achèvement  d'ini  Manuel  de  musique,  com- 
mencé par  Choron  et  laissé  imparfait  par  ce  sa- 
vant. Le  premier  volume  de  cet  ouvrage  fut  pu- 
blié vers  le  milieu  de  1836;  les  autres  ont  paru 
en  1837  et  1838.  On  a  aussi  de  cet  artiste  une 
Sétnéiologie  musicale,  ou  Exposé  des  xtrinci- 
j)es  élémentaires  delà  musique;  Paris,  1837. 
Plusieurs  articles  de  sa  composition,  relatifs  au 
même  art,  ont  été  publiés  dans  la  Revue  musi- 
cale, les  Tablettes^  universelles,  \3l  Revue 
encyclopédique,  les  Lunes  parisiennes,  le  Pa- 
norama des  nouveautés,  le  Journal  des  ar- 
tistes; la  Gazette  musicale  de  Paris,  et  en  der- 
nier lieu,  dans  la  Revue  universelle.  En  1848 
M.  de  la  Fage  a  fait  uu  troisième  voyage  en  Italie 
et  a  séjourné  à  Rome,  à  Naples  et  à  Florence, 
se  livrant  à  de  nouvelles  recherches  concernant 
Phisloirede  ia  musique.  Dans  ce  voyage  il  a  fourni 
divers  articles  à  la  Gazetta  musicale  di  Milano. 
La  liste  des  ouvrages  de  M.  de  Lafage  se  com- 
pose de  la  manière  suivante  :  l.  Mcsiqi^e  instru- 
mentale. 1°  Air  varié  en  trio  pour  2  flûtes  et 
violon.  —   2°  Six  duos   faciles  pour  2  flûtes. 

—  3°  Air  varié  jwur  2  flûtes  et  piano.  —  4°  Duo 
pour  flûte  et  harpe.  —  5"  Fantaisie  pour  flûte  et 
piano  sur  des  airs  de  Rossini.  —  6"  Fantaisie 
sur  un  air  de  La  Dame  blanche,  pour  flûte  et 
piano.  Ces  opuscules  ont  été  publiés  avant  1827 
chez  David ,  Hentz-Jouve  ,  et  Janet ,  à  Paris. 
II.  Musique  vocale.  — 7°  Plusieurs  romances 
françaises  et  italiennes.  —  8"  Choix  de  solfèges  et 
morceaux  divers  à  plusieurs  voix,  d'une  exécution 
facile;  Paris,  1825.  —  9°  Cantiques  religieux  et 
moraux  à  plusieurs  voix;  Paris,  1826-1828,  6  li- 
vraisons. —  10°  Cent  chansons  morales  à  2  voix  ; 
Paris,  1829.  — ii° Missa  cuititulus:  Omnes 
Sancti;  Paris,  1831.  Cette  messe  est  pour  deux 
voix  de  dessus  et  basse,  sans  accompagnement. 

—  12°  Cinq  messes  très-faciles  à  deux,  trois  ou 
quatre  voix,  à  volonté;  Paris,  1832.  La  dernière 
messe  seulement  de  ce  recueil  est  de  M.  de  Lafage. 

—  J3''  Adriani  de  Lafage  mot  etonnn  liber  pri- 

nio&n.  iMV.  Di:s  musiciens.   —  t.  v. 


mus;  Paris,  1832-1835.  Cet  ouvrage  contient 
soixante-douze  morceaux  à  une,  deux,  trois,  qua- 
tre et  cinq  voix  ;  il  a  été  publié  en  huit  livrai- 
sons. —  14°  Ordinaire  de  VOfjice  divinarrungé 
en' harmonie  sur  le  plain-chant;  Paris,  1832- 

1835.  Deux  parties;  la  première  pour  le  malin, 
l'autre  pour  le  soir.  —  15°  Domine,  Salvum  fac 
regem,  prière  pour  le  roi  à  une,  deux  ou  trois 
parties,  à  l'usage  des  écoles  primaires,  suivie  d'un 
O  5aMcm;  Charleville,Lhuyer;  Paris,  Masson, 

1836,  in-8°  obi.  —  16°  Recueil  de  moiets  en 
plain-chant  à  une  ou  plusieurs  voix,  tirés  des 
meilleurs  auteurs  (Rose,  Lasceux,  Imbert,  etc.), 
revus  et  mis  en  ordre;  Chaileville,  Lhuyer; 
Paris,  Masson,  1836,  in-8°  obi.  — 17°  De  Pro- 
fundish  huit  voix,  dédié  à  la  mémoire  de  F.-L. 
Peine;  Paris,  1836.  —  18°  Adriani  de  Lafage 
motetorum  liber  secwnrfus;  Paris,  Nitou,  i837. 
— 19°  Psalmi  vespertini  quaternis  vocibus  cum 
organo  ;  ibid.,  1837.  III.  Écrits  didactiques.  — 
20°  Manuel  complet  de  musique  vocale  et  ins- 
trumentale, ou  Encyclopédie  musicale,  par 
A.-E.  Choron  et  Adrien  de  Lafage;  première 
partie,  Paris,  Roret,  1836,  1  vol.  in-18  ;  deuxième 
partie,  ibid.,  1837,  3  volumes  in-18;  troisième 
partie,  ibid.,  1838,  2  vol.  in-18.  Cet  ouvrage, 
dont  Choron  avait  fait  le  plan,  n'est,  à  vrai  dire, 
qu'une  compilation  ;  malheureusement  ce  plan, 
fait  d'après  ses  idées  habituelles  sur  la  fusion 
de  écoles  (  F.  Choron  ),  est  très-défectueux,  et 
le  choix  des  ouvrages  où  il  a  puisé  est  fort  mal 
fait.  Les  quatre  premiers  livres  avaient  été  prépa- 
rés par  lui.  Le  premier  traite  de  la  théorie  des 
éléments  de  la  musique  traduits  de  la  Scuola  di 
musica  de  Gervasoni  (  voy.  ce  nom  )  ;  le  second, 
de  la  mélodie,  d'après  le  Manuel  décomposition 
de  Koch  (  voy.  ce  nom  )  ;  le  troisième,  de  l'harmo- 
nie et  du  contrepoint ,  d'après  Marpurg,  Fena- 
roli  et  Azopardi  ;  enfin,  le  quatrième,  consacré 
aux  contrepoints  simples  et  doubles,  est  tiré  de 
Fux  et  de  Marpurg.  Les  huit  autres  livres,  ré- 
digés d'après  les  plans  de  Choron,  par  M.  de  la 
Fage,  traitent  des  canons  et  de  la  fugue,  suivant 
plusieurs  maîtres  allemands  et  italiens;  des  ins- 
truments, par  Francœur,  de  l'union  mécanique 
et  intellectuelle  de  la  musique  et  du  discours, 
d'après  les  idées  de  Framery  et  de  Chabanon. 
Le  huitième  hvre,  qui  a  pour  objet  les  styles, 
est  un  développement  de  ce  que  Choron  a  écrit 
sur  ce  sujet  dans  ses  Principes  de  composition 
des  écoles  d'Italie;  le  neuvième  renferme  le 
petit  traité  d'acoustique  qu'il  a  inséré  dans  le 
même  ouvrage;  le  dixième  est  relatif  aux  insti- 
tutions musicales.  On  comprend  que  dans  cet 
étrange  amalgame  il  ne  peut  y  avoir  tiace  de 
doctrine  ni  de  véritable  méthode.  La  plus  grande 

11 


102 


LAFAGE 


partie  des  matériaux  avait  déjà  été  employée  dans 
les  Principes  de  composition  des  écoles  d'Italie. 
Ce  Manuel,  qui  ne  justifie  pas  son  titre,  est  en 
somme  un  mauvais  ouvrage,  — 21"  Séviéiologie 
musicale,  ou  Exposé  succinct  et  raisonné  des 
principes  élémentaires  de  musique,  etc.;  Paris, 
Nicou,  1837,  in-4''.  Cet  ouvrage  sert  d'introduc- 
tion aux  métliode'^  concertantes  de  Clioron.    — 
•n"  Principes  élémentaires  de  musique;  Paris, 
1837.  Ce  petit  extrait  de  la  Séméiologie  est  placé 
en  tète  de  quelques  petites  raétliodes  d'instru- 
ments pi'blites  par  le  libraire  Roret.  —  23"  No- 
tice sur  la  vie  et  les  ouvrages  de  Stanislas  Mat- 
iei;  Paris,  1839,  in-l2  de  32  pages,  extraite  de 
la  Gazette  musicale  de  Paris.  Elle  a  été  traduite 
en  italien  par  l'auteur,  sous  ce  titre  :  Memorie 
intorno  la  vita  e  le  opère  di  Stanislao  Maitco, 
da  J.  A.  de  la  Fage,  Parigino,  etc.;  Bologne, 
1840,in-8°.  —  2i°  Notice  surZingarelU;  Paris, 
imprimerie   de  Bourgogne,  in-8".   —    26"  De 
la  Chanson  considérée  sous  le  rapport  mu- 
sical; Paris,  1840,  iu-S".  —  26"  Éloge  de  Cho- 
ron, lu  à  l'Académie  de  Caen,  dans  la  séance 
du  7  février  1836;  Paris,  imprimerie  du  Duces- 
sois,   1844,  in-8°  de  48  pages.   —  27"  Notice 
sur  Bocquillon-Wilhem,  écrite  en  mai  1S42; 
ibid.,  1844,  in-8°.  —  28°  Histoire  générale  de  la 
musique   et  de  la   danse;  Paris   1844,  2  vol. 
in-8°,  et  deux  livraisons  de  planches.  Ces  volu- 
mes contiennent  seulement  la  partie  de  l'histoire 
qui  concerne  la  musique  de  l'Orient  dans  l'antiquité. 
La  suite  n'a  pas  été  publiée.  —  29"  Notice  sur 
Joseph  Baini,  écrivain  musical  et  compositeur; 
Paris,   1844,  in-8°  de  20  pages.  —  30°  Miscel- 
lanécs musicales ;T^av\s,  1844, 1  vol.  in-8''.  L'au- 
teur reproduit  dans  ce   volume  ses  notices  sur 
Zingarelli,  Mattei  et  Baini  ;  on  y  trouve   aussi 
d'antres  notices  sur  Haydn,  Martin,  Lays,  Tritto, 
Belliui,   Pilotti,   Pierliiigi  de  Palestrina,  etc.  — 
31"  Orgue  de  l'église  royale  de  Saint-Denis, 
construit  par  MM.  Cavaillé-Coll  père  et  fils. 
Rapport  fait  à  la  Société  libre  des  beaux-arts; 
Paris,  1845,  in-8"  de  100  pages,  avec  une  planche; 
2^^  édition,  Paris,  1846,  in-8"de96  pages,  avec  une 
planche.  — 32"  Orgue  de  Saint- Eustache  ,  etc. 
Lettre  adressée  à  M.  Eugène  Sue  ;  Paris,  1845, 
in-8'  de   16  pages.  —  33"  De  la  reproduction 
des   livres    de   plain-chant   romain;  Paris, 
1853,  in-8".  —  34"   Lettre  écrite  à  l'occasion 
d'un  mémoire  pour  servir  à  la  restauration 
du  chant  romain  en  France,  par  l'abbé  Cé- 
leste Alix;  Paris,  1853,    in-8".  — 35"   Cours 
complet  de  plam-chant,  ou  Nouveau  traité 
méthodique  ei  raisonné  de  chant  liturgique  de 
V Église  latine,  à  l'usage  de  tous  les  diocèses; 
Paris,  1855-1856,2  vol.  in-8".  —  36"  Quinze  vi- 


LAFFILLE 

sites  musicales  à  l'exposition  universelle  de 
1855;  Paris,  1855,  in-8".  Ce  travail  est  extrait  de 
ia  Gazette  musicale  àe  Paris.  —  37"  Prise  à 
partie  de  M.  l'abbé  Tesson  dans  la  question 
des  nouveaux  livres  de  plain-chant  romain; 
in-8".  —  38"  Extraits  du  catalogue  critique  et 
raisonné  d'une  petite  bibliothèque  musicale; 
in-8".  —  39"  Nicolai  Capuani,  presbiteri,  com- 
pendium  musicale;  in-8°.  —  40"  Routine  pour 
acco)npag7ier  le  plain-chant,ou  moyen  prompt 
et  facile  d'harmoniser  à  première  vue  le 
plain-chant  pris  pour  basse,  sans  avoir  étu- 
dié Vharmonie  ;  Paris,  in-8".  Lafage  est  mort  à 
Cliarenton,  le  8  mars  1862. 

LAFFtLLARD  (Michel).    Fo?/.  AFFIL- 
LARD  {L'). 

LAFFILLE  (Charles),  amateur  de  mu- 
sique ,  est  né  à  Amiens,  vers  1772.  Jeune  encore, 
il  entra  dans  l'administration;  en  1798  ,  il  obtint 
l'emploi  de  receveur  des  domaines  à  Bruxelles,  et 
il  occupa  ce  poste  jusqu'en  1810.  Fixé  depuis 
lors  à  Paris ,  il  s'y  lia  d'amitié  avec  beaucoup 
d'artistes,  qui  réveillèrent  eu  lui  le  goût  de  la  mu- 
sique; il  composa  quelques  romances,  des  can- 
tates de  circonstance ,  et  se  fit  éditeur  de  mu- 
sique. En  1824,  sa  maison  de  commerce  fut  ac- 
quise par  A.  Petit,  et  Laffillé,  resté  sans  emploi , 
fonda  une  agence  spéciale  des  beaux-arts-,  dont 
il  fut  le  directeur.  En  1831,  il  prit  la  direction  du 
Grand-Théâtre  de  Bruxelles;  mais  les  agitations 
de  la  Belgique  à  cette  époque  ne  furent  pas  favo- 
rables au  succès  de  son  entreprise;  il  y  perdit 
beaucoup  d'argent,  l'abandonna  au  mois  d'oc- 
tobre de  la  même  année,  et  retourna  à  Paris. 
Il  y  est  mort,  au  mois  de  novembre  1843.  On 
a  de  cet  amateur  quelques  recueils  de  poésies, 
publiés  à  Paris.  Comme  musicien,  il  a  donné  : 
1"  Marches  et  pas  redoublés  en  harmonie,  n"s  i  à 
24;  Paris,  A.  Petit.  L'auteur  lésa  composés  pour 
l'usage  de  la  garde  nationale  de  Paris,  dont  il 
était  un  des  capitaines  de  musique.  —  2"  Les  Veil- 
lées parisiennes ,  contredanses  pour  deux  vio- 
lons et  basse,  livres  1  à  3;  ibid.  —  3°  Valses  et 
marches  pour  2  clarinettes;  ibid.  — i°  Les  con- 
certs de  Bellone,  arrangés  pour  piano  pa.  L.  Ja- 
din,  liv.  1,  2;  ibid.  —  5"  Douze  romances  avec 
accompagnement  de  piano  ;  ibid.  —  6"  Le  retour 
des  Lys,  cantate  à  grand  orchestre  ,  exécutée  à 
i'Opéra  de  Paris,  au  mois  d'avril  1814.  Laffdlé  a 
été  l'éditeur  d'un  joli  recueil  intitulé  :  Souvenir 
des  Ménestrels ,  contenant  une  collection  de 
romances  inédites,  composées  par  les  poètes 
et  les  musiciens  les  plus  célèbres;  Paris,  1813 
à  1828,  16  volumes  in-ls.  Plusieurs  romances  , 
dont  Laffillé  a  composé  les  vers  ou  la  musique  , 
se  trouvent  dans  ce  recueil. 


LAFLECHE  —  LAFONT 


IG3 


LAFLECHE  ( J.-A. -M.  ).  Professeur  de 
guitare ,  d'Iiarmonie  et  de  cliant,  à  Lyon  ,  a  fondé 
en  cette  ville  une  école  publique  de  musique  qui 
était  déjà  en  activité  en  1819.  Il  a  publié  un 
livre  élémentaire  qui  a  pour  titre  :  Méthode  de 
guitare,  contenant  une  théorie  de  viusique, 
d'harmonie  et  d'accompagnement  ;  Lyon,  1818, 
in-4''. 

LAFONT  { Charles-Philippe),  violoniste 
célèbre,  est  né  à  Paris,  le  r"^  décembre  17S1.  Sa 
mère ,  sœur  de  Bertbeaume  (voy.  ce  nom),  jouait 
du  violon  ;  elle  lui  donna  les  premières  leçons  de 
musique  et  de  cet  instrument  ;  plus  tard,  Ber- 
tbeaume lui-même  le  prit  pour  son  élève ,  et  le 
fit  voyager  avec  lui  en  Allemagne.  Encore  enfant, 
Lafont  exécutait  des  solos  dans  des  concerts  pu- 
blics en  1792  à  Hambourg  et  à  Lubeck,  et  faisait 
déjà  remarquer  la  [parfaite  justesse  de  ses  in- 
tonations et  sa  dextérité.  De  retour  à  Paris,  il  re- 
çut pendant  deux  ans  des  leçons  de  Kreutzer  : 
Navoigilie  aîné ,  puis  Berton ,  lui  enseignèrent 
riiarmonie.  Doué  de  tact  et  dégoût,  il  apprit 
seul  à  chanter,  n'ayant  pour  le  guider  que  ce  qu'il 
entendait  de  Garât.  Cette  époque  était  celle  des 
concerts  du  théâtre  Feydeau,  qu'on  établit  après 
la  réaction  politique  qui  suivit  le  9  thermidor. 
Lafont  y  chanta  des  airs  français  et  des  roman- 
ces qu'on  applaudit  à  cause  de  l'expression  qu'il 
y  mettait.  Devenu  ensuite  élève  de  Rode,  il  s'ef- 
força d'imiter  le  fini  et  la  perfection  du  jeu  de 
cet  artiste  ;dès  lors  son  talent  de  violoniste  com- 
mença à  prendre  le  caractère  qu'il  conserva 
depuis ,  et  qu'un  long  travail  perfectionna  de 
plus  en  plus.  Une  justesse  irréprochable  ,  un  son 
pur  et  moelleux  auquel  on  aurait  désiré  quelque- 
fois plus  d'énergie,  beaucoup  de  sûreté  dans 
l'exécution  des  traits,  enfin  un  charme  irré- 
sistible dans  la  manière  de  chanter  sur  son  ins- 
trument, telles  étaient  les  qualités  par  les-- 
quelles  Lafont  se  fit  remarquer  à  son  entrée  dans 
la  carrière,  et  qu'il  a  perfectionnées  dans  la 
suite  par  des  études  constantes.  En  1801,  il  com- 
mença «es  voyages  en  parcourant  la  Belgique 
pour  y  donner  des  concerts  avec  Gabriel  Lemoinc, 
faible  pianiste,  qui  ne  lui  servait  guère  que  d'ac- 
compagnateur. Apiès  cette  première  tournée,  qui 
dura  quelques  années ,  Lafont  revint  à  Paris ,  et 
jeta  les  fondements  de  sa  réputation  dans  les  con- 
certs qui  furent  donnés  à  l'Opéra  et  au  théâtre 
Olympique  en  1805  et  1806.  Il  fit  ensuite  de- 
longs  et  nombreux  voyages  en  Allemagne,  en  Hol- 
lande, dans  les  Pays-Bas,  en  Italie,  en  Angle- 
terre et  dans  le  nord  de  l'Europe.  Après  le  retour 
de  Rode  en  France,  en  1808,  Lafont  lui  succéda 
à  Pétersbourg  dans  la  place  de  violon  solo  de  l'em- 
pereur de  Russie.  Son  séjour  dans  cette  ville  se 


prolongea  pendant  six  ans.  En  1812,  il  lutta 
à  Milan  avec  Paganini.  Lorsqu'il  revint  à  Paris  , 
en  1815,1e  roi  Louis  XVIII  le  nomma  premier 
violon  de  la  musique  de  sa  chambre;  plus  tard 
Lafont  joignit  à  cette  place  le  titre  de  premier  ac- 
compagnateur de  la  duchesse  de  Bcrry.  Apres 
cette  époque,  il.se  fit  entendre  souvent  dans  de 
grands  concerts  à  l'Opéra  et  ailleurs;  partout  le 
public  l'accueillit  avec  des  applaudissements 
justifiés  par  son  beau  talent.  En  1831 ,  il  fit 
avec  le  célèbre  pianiste  Henri  Herz  un  nouveau 
voyage  en  Allemagne;  deux  ans  après  il  visita 
la  Hollande,  et  dans  l'été  de  (838  11  parcourut 
une  partie  de  la  France.  En  1839  il  fit  une  ncou- 
velle  excursion  avec  le  même  artiste;  mais  ce 
voyage  eut  une  fin  malheureuse ,  car  Lafont  y 
trouva  la  mort,  le  14  août  (1),  par  la  chule  de  la 
diligence  dans  laquelle  il  .se  trouvait,  sur  la  route 
de  Bagnères  de  Bigorre  à  Tarbes.  La  secousse 
fut  si  violente,  qu'il  avait  cessé  de  vivre  quand  on 
le  releva. 

On  connaît  de  cet  artiste  :  1°  1*""  concerto  pour 
violon  et  orcliesfre;'Paris,Lemoin€. —  2°  Deuxième 
idem  (en  «^mineur)  ;  Paris,|Leduc.  —  3'  Troisième 
idem  (en  mi  mineur);  Paris,  Janet.  —  4°  Quatrième 
idem  (en  ré)  ;  ibid.  —  5°  Cinquième  idem  (en  ut)  ; 
ibid.  —  6"  Sixième  idem  (en  fa)  ;  Paris,  Érard. 

—  7°  Septième  ,idem,  ibid.  —  8"  Fantaisie  sur 
les  airs  de  La  Vestale,  avec  orchestre;  ibid.  — 
9°  f''  et  2*  air  russes  variés  pour  violon  et  or- 
chestre; Paris,  Leduc.  —  10°  Souvenirs  du 
Simplon,  airs  suisses  variés  pour  violon  et  or- 
chestre. —  11°  Grande  fantaisie  et  variations 
sur  la  romance  d'O/e/io ,  avec  orchestre;  Paris, 
A.  Petit.  —  12"  Grande  fantaisie  et  variations 
sur  des  thèmes  de  La  Gaz::,a  ladra  et  de  Cene- 
rentola ,  avec  orchestre,  ibid.  —  13°  Ronde 
d'Emma  variée,  avec  orchestre;  ibid.  — 
14°  Grande  fantaisie  sur  des  airs  de  Léocadie, 
avec  orchestre;  Paris,  Pleyel.  —  15''' Andante el 
boléros  pour  violon  principal,  2  violons,  alto, 
violoncelle  et  contrebasse;  Vienne,  Leidersdorf. 

—  16°  Rondeau  brillant  (en  ki) ,  avec  accom- 
pagnement de  quatuor,  ibid.  —  17°  Tioisième 
et  quatrième  airs  variés  pour  violon  principal , 
avec  accompagnement  ie  violon,  alto  et  vio- 
loncelle; Paris,  Érard. —  18»  Les  Chevaliers 
de  la  Fidélité,  variations  pour  piano ,  violon 
et  cor;  Paris,  Janet.  —  19°  Environ  vingt  duos, 
fantaisies  et  airs  variés  pour  piano  et  violon  , 
en  société  avec  différents  pianistes,  tels  que 
Kalkbrenuer,  H^rz,  Mt^e Hérault,  etc.—  20° Duo 
pour  harpe  et  violon  ;  Paris,  Janet.  —  21°  Envi- 

(1)  Quelques  biographes  placent  ce  triste  événement  an 
23  août  ;  mais  Henri  Herz,  compagnon  de  voyage  de  La- 
font, m'a  donné  la  date  du  14. 


11. 


164 


1.AF0NT  —  LAGRANGE 


ion  deux  cents  romances,  dont  plusieurs  ont  eu 
lin  succès  de  vogue  ;  Paris,  cliez  tous  les  éditeurs 
de  musique.  —  22"  Plusieurs  morceaux  inédits, 
dont  un  pour  violon  et  orgue.  Lafont  a  composé 
deux  opéras;  le  premier,  en  un  acte,  intitulé 
Zélie  et  Terville,  a  été  représenté  au  théâtre 
Feydeau,  en  1803,  et  n'a  point  réussi  ;  le  second 
a  été  écrit  à  Pélersbourg,  pour  le  théâtre  particu- 
lier de  l'empereur,  à  l'Ermitage,  puis  a  été  re- 
présenté au  Théâtre-Français  de  cette  ville.  La- 
font était  chevalier  de  la  Légion  d'honneur. 

Mme  Lafont  a  eu  de  la  réputation  comme  can- 
tatrice. 

LAGARDE  (N.  [DE),  musicien  ordinaire 
de  la  chambre  du  roi,  fut  choisi  en  17)7  pour 
maître  de  musique  des  enfants  de  France.  Il  pos» 
sédait  une  voix  de  basse  fort  belle,,  fort  étendue 
surtout,  et  passait  pour  un  chanteur  habile.  La 
Borde  dit  que  rien  n'était  plus  parfait  que  des  duos 
cliantés  par  Lagarde  et  par  Jéliotte;  ces  deux 
artistes  faisaient,  dit-il,  le  charme  des  soupers  de 
leur  temps.  En  1751,  Lagarde  écrivit  l'acte  d'i'- 
glé  dans  l'opéra  intitulé  Les  nouveaux  Frag- 
ments :  cet  ouvrage  lut  accueilli  avec  faveur;  le 
public  applaudissait  surtout  un  chœur  et  les  airs 
de  danse.  On  a  aussi  de  ce  musicien  trois  livres 
de  duos  de  table,  quinze  livres  d'airs  à  chanter. 
Nouveaux  airs  à  une  et  plusieurs  voix  en 
quatre  reciLeils;  plusieurs  cantates,  parmi  les- 
quelles on  citait  particulièrement  celle  à'Énée  et 
J)idon,  et  La  Musette,  cantatille.  Ces  petites  piè- 
ces ne  manquent  pas  d'une  certaine  mélodie  na- 
turelle :  elles  ont  eu  un  succès  prodigieux  dans 
leur  nouveauté,  et  Lagarde  passait  pour  n'avoir 
point  de  rival  dans  ce  genre  de  composition.  Ce 
musicien  vivait  encore  en  1780. 

LAGARIN  (  François),  violoniste,  né  à  Ge- 
nève, le  10  juin  1814,  commença  l'étude  de  la 
musique  dans  cette  ville,  et  y  (it  de  rapides  i)ro- 
grès.  Le  15  octobre  1824,  il  fut  admis  comme 
élève  au  Conservatoire  de  Paris,  et  y  reçut  des 
leçons  d'Auguste  Kreutzer  pour  le  violon.  11  ob- 
tint le  second  prix  au  concours  de  1830,  et  le 
premier  lai  fut  décerné  dans  l'année  suivante. 
Ses  études  furent  terminées  en  1832,  et  bientôt 
après  il  entra  à  l'orchestre  de  l'Opéra,  d'abord 
comme  un  des  seconds  violons,  puis  comme 
premier.  M.  Lagarin  est  aussi  membre  de  la  So- 
ciété des  concerts  du  Conservatoire.  On  a  de  cet 
artiste  quelques  compositions  pour  son  instru- 
ment. 

LAGETTO  (....),  luthier  italien,  fixé  à 
Paris  sous  le  règne  de  Louis  XIV ,  a  fait  des 
violons  qui  ont  été  recherchés  dans  le  dix-hui- 
tième siècle.  Ils  sont  fabriqués  sur  le  modèle  de 
ceux  d'André  Amati,  et  sont  vernis  à  l'esprit-de-vin. 


LAGKiXER  (Daniel),  organiste  à  Losdorp  , 
au  commencement  du  dix-septième  siècle,  naquit 
à  'Marchpurg,  dans  la  Styrie.  Il  vécut  pendant 
quelques  années  à  Nuremberg ,  comme  maître 
de  chapelle  de  Saint-Sébald,  et  fut  en  dernier  lieu 
compositeur  du  comte  de  Lobenstein.  On  ignore 
l'époque  de  sa  mort.  Ses  ouvrages  imprimés  sont  : 
1°  Melodia  funebris  6  vocum;  Vienne,  1601 , 
in-fol.  —  2°  Soboles  musica,  id  est  cantiones 
sacrx  4-8  vocum;  Nuremberg,  1002.  — 
3°  Florum  Jessxorum  semina  veicibus  qua- 
tuor per  musicos  numéros  disseminaia,  etc.; 
Nuremberg,  1607,  in-4''.  —  4°  Neuwe  teutsche 
Lieder  mit  4  Stimmen  (Nouvelles  chansons 
allemandes  à  4  voix);  Nuremberg,  1C06,  in-4''. 

LAGO  (Jean  DEL  ),  moine  et  contrepointisie, 
né  à  Venise,  au  commencement  du  seizième  siècle 
a  publié  un  livre  élémentaire  intitulé  :  IJreve  in- 
troduttione  alla  musica  misurata;  Ex  prxlo 
Brandini  et  Octaviani  Scoti  frairumhabentur 
excussx  Venetiis,  1540,  petit  in-4'',  volume  fort 
rare.  Giovanni  del  Lago  est  le  même  auteur 
que  Possevin  appelle  Joannes  de  Lacu  {Bi- 
blioth.  Select  a.  lib.  XV,  tom.  II,  p.  223). 

LAGOANÈRE  (Le  chevalier  DE),  violo- 
niste et  compositeur  pour  son  instrument,  né 
dans  le  midi  de  la  France,  vers  1785  ,  servit  d'a- 
bord comme  soldat ,  se  distingua  dans  la  guerre 
d'Espagne,  sous  l'empire,  fut  fait  officier  et  obtint 
la  décoration  de  la  Légion  d'honneur.  Rentré  en 
France  après  la  paix,  il  reprit  le  violon  qu'il  avait 
cultivé  dès  son  enfance,  et  se  fit  remarquer  à 
Paris  dans  les  concerts,  en  1817  et  dans  les  an- 
nées suivantes.  Après  avoir  été  violon  solo  de  la 
Société  des  amateurs  duWauxhall,  il  voyagea  et 
s'arrêta  quelque  temps  à  Strasbourg,  oùilse trou- 
vait en  1 824.  Plus  tard ,  il  se  fixa  à  Lausanne,  en 
qualité  de  premier  violon  et  directeur  de  musique. 
11  est  mort  au  Vigan  (département  du  Gard  ), 
dans  le  mois  de  janvier  1841.  On  a  publié  de  .^a 
composition  :  1"  Six  duos  faciles  et  progressifs 
pour  2  violons,  hvres  l^''  et  2*^;  Leipsick,  Breit» 
kopf  et  Hœrtel. 

LAG RANGE  (Joseph-Louis),  illustre  géo- 
mètre, naquit  à  Turin,  le  25  janvier  1736,  de  pa- 
rents français  d'origine.  Il  ne  parut  pas  d'a- 
bord avoir  de  penchant  pour  les  mathématiques; 
mais  à  l'âge  de  seize  ans  il  commença  à  étudier 
les  ouvrages  des  anciens  géomètres  ;  un  an  après, 
la  lecture  d'un  mémoire  de  Halley  développa  tout 
à  coup  son  goût  pour  l'analyse  moderne.  Deux 
années  d'études  lui  suffirent  pour  être  au  courant 
de  la  science.  Dès  1754  il  fit  paraître  un  pre- 
mier écrit  sur  une  série  de  son  invention  pour 
les  différentielles  et  les  intégrales  d'un  ordre  quel- 
conque. Depuis  lors,  de  beaux  mémoires  et  des 


I 


lAGRANGE 


ir.à 


onvrages  importants  sur  les  principaux  objets  de 
la  science  se  succédèrent  avec  rapidité.  Ce  n'est 
point  ici  le  lieu  d'en  examiner  la  valeur.  Je  ne 
dois  citer  que  ceux  de  ses  travaux  qui  ont  du  rap- 
port avec  la  musique.  Eu  première  ligne  se  pré- 
sente sa  dissertation  sur  la  propagation  du  son, 
insérée  dans  le  premier  volume  des  Mémoires  de 
rAcadéraie  de  Turin  (1759),  et  dont  Montucla  a 
donné  une  analyse  dans  le  Journal  étranger 
(mai  1760).  On  trouve  dans  cette  analyse  le  ré- 
sumé suivant  du  travail  du  grand  géomètre  : 

«  M.  de  Lagrange  s'attache  d'abord  à  montrer 
l'insuffisance  de  la  théorie  de  Newton,  et  à  l'aide 
de  la  méthode  des  variations,  il  résout  la  ques- 
tion par  les  principes  directs  et  lumineux  de  la 
dynamique.  Toutes  les  propriétés  de  la  transmis- 
sion du  son  sont  renfermées  dans  la  formule  gé- 
nérale de  M.  de  Lagrange.  Voici  les  conséquen- 
ces principales  qu'il  en  tire  :  1°  que  la  vitesse 
du  son  ne  dépend  aucunement  de  la  vitesse  ou 
de  la  force  de  l'ébranlement  imprimé  à  l'air; 
2°  que  le  son  se  propage  également  de  tous  les 
côtés  du  corps  qui  le  produit;  3°  que  la  vitesse 
est  la  même  dans  toute  l'étendue  de  la  fiDre  élas- 
tique; 4°  que  cette  vitesse  ne  dépend  point 
de  la  longueur  de  cette  fibre,  c'est-à-dire,  que 
le  son  se  transmet  avec  la  même  vitesse  dans 
un  air  libre  et  dans  celui  qui  est  renfermé.  La 
plupart  de  ces  conséquences  étaient,  il  est  vrai, 
déjà  connues  par  l'observation  ;  mais  nous  pen- 
sons qu'il  n'y  a  aucun  physicien  qui  méconnaisse 
le  mérite  d'avoir  déduit  ces  faits  d'une  solide 
théorie.  » 

Dans  le  même  mémoire,  Lagrange  fournit  une 
nouvelle  théorie  de  la  formation  des  échos;  il  la 
tire  du  développement  de  quelques  cas  de  sa 
formule.  On   trouve  dans  le  dernier  chapitre  la 
solution  du   problème  du  troisième  son,  qui  a 
servi  de  base  à  la  Théorie  musicale  de  Tartini. 
Taylor  avait  déterminé  dans  son  livre  :  Me- 
thodus  incrementorum   directa    et   inversa 
(Lond.,  171.'j),  la  courbe  que  forme  une  corde 
vibrante,  tendue  par  un  poids  donné,  en  suppo- 
sant :    1"  que  la  corde  dans  ses  plus  grandes 
excursions  s'éloigne  peu  de  la  direction  rectili- 
gne  de  l'axe  ;    2°  que  tous  ses  points  arrivent 
en  même  temps  à  l'axe.  11  trouva  que  cette  courbe 
est  une  trochoïde  très-allongée;  ensuite  il  assi- 
gna la  longueur  du  pendule  simple  qui  fait  ses 
oscillations  dans  le  même  temps  que  la  corde  vi- 
brante fait  les  siennes  (1).   D'Alembert,  Euler 
et  Daniel  Bernoulli,  qui  s'étaient  ensuite  occu- 
pés de  la  solution  de  ce  problème,  en  avaient  rec- 
tifié la  seconde  partie,  présentée  en  effet  d'une 

(1)    Bossiit,  Histoire   des    MatMmatiques ,   teine    II, 
p.  »32  et  suiv. 


manière  trop  arbitraire  par  Taylor;  mais  leurs 
solutions,  sans  conduire  à  des  résultats  absolu- 
ment satisfaisants,  avaient  donné  lieu  à  des  dis- 
cu.ssions  animées,  dans  les  mémoires  de  l'Aca- 
démie de  Berlin  (années  1747,  1748,  1753,  1760). 
Lagrange  se  livra  à  une  savante  discussion  de 
cette  question  dans  le  même  volume  de  l'Acadé- 
mie de  Turin  qui  a  été  cité  précédemment;  puis 
il  y  revint  dans  le  volume  de  1762,  et  présenta 
sur  ce  sujet  une  analyse  aussi  nouvelle  que  pro- 
fonde. Depuis  lors  il  a  perfectionné  sa  théorie  dans 
les  diverses  éditions  de  sa  Mécanique  analy- 
tique. Lagrange  s'était  beaucoup  occupé  de  re- 
cherches sur  la  musique  des  anciens  ;  on  assure 
que  parmi  ses  papiers,  recueillis  après  sa  mort 
par  l'Institut  de  France,  il  y  a  quelque  chose  sur 
ce  sujet. 

Les  premiers  travaux  d*  Lagrange  fixèrent 
sur  lui  les  regards  de  toute  l'Europe  savante.  En 
1759  il  fut  nommé  membre  de  l'Académie  de 
Berlin.  Frédéric  II  l'appela  ensuite  pour  la  pré- 
sider, après  la  retraite  d'EuIer.  En  1787,  le  roi 
de  France  lui  accorda  une  pension  de  6,000  li- 
vres, un  logement  au  Louvre,  et  divers  autres 
avantages  pour  qu'il  allât  se  fixer  à  Paris  :  il 
s'y  rendit  immédiatement.  Après  la  révolution, 
il  fut  successivement  professeur  à  l'École  normale 
et  à  l'École  polytechnique,  membre  de  l'Institut, 
sénateur,  comte  de  l'empire,  et  grand  officier  de 
la  Légion  d'Iionneur.  Il  mourut  à  Paris,  le  10 
avril  1813,3  l'âge  de  soixante-dix-sept  ans. 

LAGRANGE    (Anna-Caroline  DE),  can- 
tatrice célèbre,  née  à  Paris,  le  24  juillet  1825, 
montra  dès  ses  premières  années  une  organisa- 
tion musicale  tout  exceptionnelle.  Élève  de  Sta-ai- 
maty  {voyez  ce  nom)  pour  le  piano,  elle  fit  en 
peu  de  temps  des  progrès  qui  tenaient  du  pro- 
dige ,  et  déjà  le  professeur,  qui  lui  transmettait 
le  mécanisme  de  l'école  de  Kalkbrenuer,  prédi- 
sait à  la  mère  de  cette  jeune  fille  les  succès  de 
pianiste  les   plus    brillants,    lorsque    Bordogni 
{voyez  ce  nom),  ayant  un  jour  essayé  sa  voix, 
dit  à  son  tour  :  Jetez  ce  piano  par  la  fenêtre, 
et  ne  vous  occupez  que  du  chant;  il  vous  con- 
duira à  la  plus  belle  renommée  ainsi  qu'à  la 
fortune.  On  ne  jeta    pas  le  piano;   mais  son 
étude  ne  fut  plus  qu'accessoire,  et  Ml'e  de  La- 
grange devint  élève  de  Bordogni.  Douée  de  la 
plus  rare  facilité  de  vocalisation,  elle  eut  bientôt 
dépasséles  espérances  du  professeur.  Le  premier 
essai  de  son  talent  fut  fait  au  théâtre  d'amateurs 
que  le  comte  de  Castellane  avait  fait  construire 
dans  son  hôtel  du  faubourg  Saint-Honoré.  On  y 
devait  représenter  La  duchesse  de  Guise,  opéra 
de  M.  de  Flottow,  alors  à  l'aurore  de  sa  carrière 
de  compositeur.  Des  amateurs  distingués,^  appar» 


IGG 


LAGRANGE  —  LAGIIERRE 


tenant  à  l'élite  de  la  société,  devaient  chanter 
<ians  cot  ouvrage;  mais  il  lallait  pour  le  rôle  prin- 
cipal fie  femme  un  véritable  talent  d'artiste  :  on 
eut  recours  à  M"*  de  Lagrange,  qui  frappa  l'au- 
(liloire  (i'étonnement  et  d'admiration  par  la  ma- 
nière dont  elle  chanta  ce  rôle.  Les  avis  furent 
unanimes  sur  le;  succès  qu'elle  obtiendrait  au 
théâtre  si  elle  se  rendait  en  Italie.  Dès  ce  mo- 
ment la  résolution  de  M™'^  de  Lagrange  fut 
prise  :  elle  partit  avec  sa  fille  pour  Milan.  Arrivée 
dans  cette  ville,  M'ie  de  Lagrange  prit  des  leçons 
de  Mandanici  (voyez  ce  nom),  pour  se  préparer 
aux  traditions  de  la  scène  italienne;  mais  ce  maî- 
tre ne  tarda  point  à  lui  dire  :  Mademoiselle,  je 
ne  sais  plus  ce  que  je  pourrais  vous  apprendre. 
Cependant,  elle  ne  se  faisait  point  illusion,  et  elle 
comprenait  très-bien  qu'il  lui  restait  beaucoup  à 
faire,  parce  que  la  vocalisation,  si  brillante  qu'elle 
soit,  n'est  qu'une  des  qualités  de  l'art  du  chant. 
Après  Mandanici,  elle  se  confia  aux  soins  de 
Lamperti,  à  cette  époque  le  maître  le  plus  re- 
nommé de  rjtalie,  et  ce  fut  sous  sa  direction 
qu'elle  acheva  ses  études  au  point  de  vue  de  l'art 
dramatique.  Cependant,  nonobstant  l'opinion  fa- 
vorable des  artistes  italiens  sur  le  talent  de 
M"e  de  Lagrange  ,  il  existait  alors  en  Italie  un 
préjugé  contraire  aux  cantatrices  françaises  qui 
faisait  hésiter  les  entrepreneurs  à  l'engager  pour 
leurs  théâtres  :  enfin,  grâce  à  la  protection  de  la 
famille  Medici ,  elle  fut  engagée  pour  chanter  à 
Vare.se,  au  mois  d'octobre  1842,  la  Chiara  di 
Bosenberg ,  de  Louis  Ricci.  Le  succès  qu'elle  y 
obtint  eut  un  éclat  extraordinaire;  car  elle  dut 
répéter  sa  cavatine,  et  elle  fut  rappelée  douze  fois 
pendant  le  cours  de  la  représentation.  A  Novare, 
OH  elle  se  rendit  ensnite,  son  triomphe  fut  égal. 
Dans  l'année  suivante,  elle  chanta  à  Plaisance, 
puis  à  Pavie,  et  toujours  elle  rencontra  la  même 
faveur  dans  le  public.  En  1844  elle  fut  engagée  à 
Modène  pour  chanter  le  Corrado  d'Altamura 
de  Frédéric  Ricci,  mauvais  ouvrage  qu'elle  sou- 
tint pendant  quelques  représentations  par  le  seul 
mérite  de  son  chant.  Dans  la  même  année  elle 
chanta  les  Lombardi  de  Verdi,  et  y  produisit  une 
vive  impression.  Après  celte  saison,  elle  fit  un 
voyage  en  Hollande  et  en  Belgique,  puis  elle  alla 
chanter  à  Venise  la  Marescialla  d'Ancre  de 
Nini,  qui  tomba  à  plat,  mais  dans  lequel  tous  les 
morceaux  qu'elle  chanta  furent  applaudis  avec 
enthousiasme.  De  là  elle  alla  à  Bologne,  où  elle 
était  engagée  pour  la  Linda  de  Chamounix  de 
.Donizetti,  elle  y  eut  un  brillant  succès.  Ce  fut 
dans  cette  ville  qu^elle  chanta  pour  la  première 
fois  le  Slabat  Mater  de  Rossini,  dans  le  palais 
de  la  princesse  Ercolani ,  pour  le  jour  de  nais- 
sance de  l'illustre  maître  (28  février).  Les  autres 


chanteurs  de  solos  étaient  le  ténor  Ivïanoff  e£ 
Zucchini,  la  meilleure  basse  italienne  de  ce 
temps.  Rossini  tenait  le  piano.  Dès  ce  moment  il 
prit  un  vif  intérêt  à  cette  jeune  cantatrice,  et  lu! 
donna  des  conseils  sur  les  principaux  rôles  de  ses 
ouvrages.  Dans  la  même  année  (1845)  elle  fut 
eng^g(-e  à  Turin,  puis  (184G)  elle  chanta  à  Rovigo 
et  à  Trieste.  Dans  celte  dernière  ville  elle  eut  des 
succès  d'enthousiasme  par  la  manière  dont  elle 
chanta  VErnani  de  Verdi,  la  Sonnanbula  de 
Bellini,  et  le  Barbiere  di  Seviglia  de  Rossini. 
Ce  fut  à  la  suite  de  ce  succès  que  Mi'e  de  Lagrange 
fut  appelée  à  la  Scala  de  Milan,  et  qu'elle  y 
produisit  une  profonde  sensation  dans  la  Normo. 

En  1848,  M"«de  Lagrange  se  trouvait  à  Vienne 
avec  sa  mère,  qui  ne  l'avait  jamais  quittée  et  lui 
avait  prodigué  ses  soins  dans  les  commencements 
difliciles  de  sa  carrière.  Elle  était  engagée  pour 
le  théâtre  italien  de  cette  ville,  et  venait  d'épou- 
ser M.  Stankcwich,  gentilhomme  russe,  lorsque 
la  révolution  éclata  en  Autriche.  Bientôt  les  évé- 
nements devinrent  si  graves,  que  les  théâtres  de 
la  capitale  furent  fermés.  M™e  de  Lagrange  re- 
vint alors  à  Paris  avec  son  mari  et  sa  mère. 
L'administration  de  l'Opéra  lui  proposa  un  enga- 
gement à  cette  époque;  elle  ne  l'accepta  que 
condilionneliement,  voulant  d'abord  s'essayer 
dans  le  genre  de  musique  de  ce  théâtre,  dont 
elle  n'avait  pas  l'habitude  et  qui  a  peu  d'analogie 
avec  le  caractère  de  son  talent.  Elle  y  débuta 
dans  la  traduction  iVOtello,  le  1"  décembre  I8485 
n'y  réussit  que  médiocrement,  et  prit  le  parti  de 
décliner  l'engagement  qui  lui  était  offert.  Depuis 
lors  elle  a  obtenu  de  grands  succès  à  Vienne,  à 
Berlin,  à  Pélersbourg,  dans  les  États-Unis  d'A- 
mérique, dans  l'Amérique  du  Sud  et  au  Brésil,  où 
elle  a  passé  plusieurs  années  avec  des  avantages 
énormes.  Au  moment  où  cette  notice  est  écrite 
(1862),  M'"^  de  Lagrange  chante  à  l'Opéra  de 
Madrid  avec  ses  succès  habituels. 

LAGUERRE(ÉLisABETn-CLAtiDE  JACQUET 
Dl"^),  née  à  Paris,  en  16fi9,  se  fit  remarquer  dès 
ses  premières  années  par  ses  heureuses  disposi- 
tions pour  la  musique.  A  peine  âgée  de  quinze 
ans,  elle  parut  à  la  cour  et  charma  Louis  XIV 
par  son  talent  sur  le  clavecin;  cette  circonstance 
engagea  M"*^  de  Montespan  à  la  garder  trois  ou 
quatre  ans  chez  elle.  Elle  épousa  ensuite  Marin 
De  Laguerre ,  organiste  de  Saint-Séverin  et  de 
Saint-Gervais,  dont  elle  eut  un  fils,  qui  à  l'âge  de 
huit  ans  étonnait  ceux  qui  l'entendaient  jouer  du 
clavecin,  mais  qui  mourut  dans  sa  dixième  année, 
jjme  £jg  Laguerre  possédait  un  talent  remarqua- 
ble, pour  son  temps,  dans  l'art  de  préluder  et 
d'improviser  sur  l'orgue  et  le  clavecin.  En  1694, 
elle  lit  représenter  à  l'Académie  royale  de  mu- 


LAGUERRE  —  LAHARPE 


sique  Cèphale  et  Procns,^xaxià.  opéra  de  sa  com- 
position. Elle  a  publié  trois  livres  de  cantates  à 
voix  seule,  un  livre  de  pièces  de  clavecin,  et  un 
recueil  de  sonates  pour  le  même  instrument.  En 
1721  elle  lit  exécuter,  dans  la  chapelle  du  Lou- 
vre, un  Te  Deum,  pour  la  convalescence  du 
roi.  Elle  mourut  à  Paris,  le  27  juin  1729,  à  l'âge 
de  soixante-neul  ans,  et  fut  inhumée  à  Sainl- 
Euslaclie. 

L.IGUERRE  (Marie-Joséphine),  cantatrice 
à  l'Académie  royale  de  musique,  naquit  à  Paris , 
en  1755.  Admise  d'abord  dans  les  chœurs,  en 
1774,  elle  débuta  en  1776  par  le  rôle  d'Adèle 
de  Ponthieu,  musique  de  La  Borde ,  et  joua 
avec  succès,  au  mois  de  juin  de  la  môme  année, 
celui  A'Alceste,  qui  venait  d'être  créé  par  sa  ri- 
vale, Rosalie  Levasseiir.  Douée  d'une  voix  pure 
et  touchante,  plus  jeune  et  plus  jolie  que  M''eLe- 
vasseur,  avec  qui  elle  partagea  le  premier  em- 
ploi eu  1788,  a  la  retraite  de  M^e  Arnould,  elle 
aurait  .icquis  une  grande  réputation  si  son  in- 
conduite n'eût  avili  ses  talents  et  arrêté  leurs 
progrès.  Piccinni  lui  avait  enseigné  son  rôle  d'/- 
phigénie  en  Tauride,  qu'elle  chanta  fort  bien  à 
la  première  représentation;  mais  à  la  seconde 
elle  était  ivre  en  entrant  en  scène;  elie  chan- 
celait et  balbutiait  au  point  d'exciter  le  rire  et 
les  buées  du  public.  M^'e  Arnould  dit  plaisam- 
ment à  cette  occasion  que  c'était  Iphigénie 
en  Champagne.  Elle  mourut  à  Paris,  le  14  février 
1783,  à  l'âge  de  vingl-buit  ans.  Oit  trouva  dans 
son  portefeuille  sept  à  huit  cent  mille  francs 
en  billets  de  la  caisse  d'escompte;  et  elle  laissa 
en  outre  40  mille  livres  de  rente,  deux  maisons 
et  beaucoup  de  bijoux. 

LAHALLE  (Pierre),  est  né  à  Rouen,  le  9 
novembre  1785,  d'une  bonne  famille  du  pays  de 
Caux.  Il  était  encore  enfant  lorsqu'il  perdit  son 
pèri",  négociant  aisé,  dont  la  fortune  fut  ensuite 
dilapidée.  Jeune  encore,  il  se  rendit  à  Paris  et  s'y 
livra  à  l'étude  des  mathématiques.  Peu  fortuné, 
il  chercha  des  ressources  pour  son  existence  dans 
l'enseignement  de  cette  science.  11  a  publié  aussi 
divers  ouvrages  originaux  ou  traduits  de  l'an- 
glais, et  a  coo[)éré  à  la  rédaction  de  plusieurs 
journaux,  entre  autres  au  Mercure  du  dix-neu- 
vième siècle ,  auquel  il  a  fourni  plusieurs  arti- 
cles relatifs  à  la  musique,  ainsi  qu'au  supplément 
de  la  Biographie  universelle  des  contempo- 
rains, publiée  par  Rabbe  et  M.  de  Boisjolin; 
mais  aucun  de  ces  travaux  n'a  pu  le  tirer  de  sa 
posHion  précaire  ni  lui  créer  une  position  dans 
le  monde  littéraire.  Après  la  révolution  de  juillet 
1830,  un  des  anciens  amis  de  M.  Lahalle,  ayant 
été  nommé  préfet  d'un  département,  l'emmena 
avec  lui  pour  s'aider  de  ses  conseils  et  de  son 


expérience,  et  celui-ci  quitta  Paris;  malheureu- 
sement une  sanlé  délabrée  et  la  perte  totale  de 
la  vue  ne  laissait  d'autre  espoir  à  ce  littérateur 
que  de  voir  bientôt  arriver  la  fin  d'une  vie  agitée 
et  malheureuse.  M.  Lahalle  a  publié  un  livre  inti- 
tulé :  Essai  sur  la  musique,  ses  fonctions  dans 
les  mœurs,  et  sa  véritable  expression  ;  suivi 
d'une  bibliographiemusicale^V&m,  Rousselon, 
1825,  1  vol.  in-18  de  196  pages.  Cet  ouvrage, 
dont  le  style  est  agréable,  ne  renferme  que  ries 
vues  d'une  esthétique  vague,  dont  les  applica- 
tions ne  présentent  point  d'utilité  pour  l'art.  Les 
réflexions  de  l'auteur  contre  l'imitation  en  mu- 
sique, insérées  dans  le  chapitre  intitulé  Bornes 
de  l'art  (p.  74  et  suiv.),  sont  ce  qu'il  y  a  de 
plus  utile  dans  le  livre. 

LAHARPE  (JEAN-Fi;\Neois  DE),  critique 
célèbre  et  poète,  naquit  à  Paris,  le  20  novembre 
1739.  De  brillantes  études  faites  au  collège  d'Har- 
court  lui  préparèrent  des  succès  ;  mais  son  dé- 
but ne  fut  point  heureux.  Quelques  vers  sa,li- 
riques  contre  le  directeur  de  ce  collège  lui  furent 
attribués,  et  le  firent  enfermer  d'abord  à  Bicêtre, 
ensuite  au  For-Lévêque.  A  l'âge  de  vingt  ans  il 
publia  ses  premières  productions, qui  consistaient 
en  plusieurs  héroïdes,  genre  de  poésie  alors  à  la 
mode.  Quelques  tragédies,  parmi  lesquelles  on 
remarque  ^Va>'wi(■k,  Philoctcte  et  Virginie, 
des  discours,  des  éloges  et  des  poèmes  couron- 
nés par  l'Académie  française  et  par  quelques 
autres  sociétés  littéraires,  les  traductions  de  Sué- 
tone et  de  la  Lusiade  de  Camoëns,  enfin  la  ré- 
daction du  j1/ercure  rfe  France,  etVAbrégéde 
l'histoire  générale  des  voyages  de  l'abbé  Pré- 
vost, remplirent  sa  vie  jusqu'en  1786.  A  cette 
époque  il  commença  au  lycée  le  cours  de  littéra- 
ture française,  qu'il  continua  pendant  quatre  ans, 
dont  il  a  publié  ensuite  la  rédaction,  et  qui  est 
un  de  ses  plus  beaux  titres  au  souvenir  de  la  pos- 
térité. Après  avoir  adoplé  avec  enthousiasme 
les  principes  de  la  révolution  française,  et  même 
après  avoir  porté  jusqu'au  fanatisme  l'ardeur 
des  réformes  démagogiques,  il  chanta  la  palino- 
die, attaqua  ce  qu'il  avait  encensé,  se  fit  exiler 
de  Paris,  y  resinl,  reprit  son  cours,  et  mourut 
le  11  février  1803,  dans  sa  soixante-quatrième 
année.  En  1777  Labarpe  était  chargé  delà  ré- 
daction du  Journal  de  politique  et  de  littéra- 
ture; il  y  fit  insérer,  le  5  mars,  à  propos  d'une 
reprise  à'Iphigénie  en  Aulide,  une  critique  de 
la  musique  de  Gluck,  qui  lui  attira  une  piquante 
réponse  de  Suard,  dans  le  Journal  de  Paris, 
sous  lepseudonymede  V Anonyme  de  Vaugirard. 
Labarpe  publia,  le  25  du  même  mois,  dans  son 
Journal  une  assez  longue  réplique,  qui  fut  suivie 
de   plusieurs  autres  lettres  de  l'anonyme.  Le 


1(,S 


LAHARPE  —  LAHOUSSAYE 


5  octobre  de  la  même  année  Laliarpe  rentra 
dans  cette  polémique,  et  publia  un  long  article 
critique  à  propos  de  l'annonce  d''Armide.  Ce  fut 
le  signal  d'une  nouvelle  lutte,  plus  ardente  que 
la  première  :  des  réponses  de  tous  genres  furent 
adressées  au  critique.  Toutes  ces  pièces  ont  été 
réunies  dans  !e  voliuiie  intitulé  Mémoires  pour 
servir  à  l'histoire  de  la  révolution  opérée 
dans  la  musique  par  M.  le  chevalier  Gluck. 
Longtemps  après,  Laliarpe  a  reproduit  ses  idées 
sur  ce  sujet  dans  son  Cours  de  Littérature 
(Ille  partie,  liv.  !«',  cliap.  6,  iv'  section),  mais 
avec  beaucoup  plus  de  développement. 

LA.  HIRE  (Philippe  de),  géomètre,  pro- 
fesseur de  mathématiques  et  d'architecture  au 
Collège  de  France,  et  membre  de  l'Académie 
royale  des  sciences,  né  à  Paris,  en  1640,  y 
mourut,  le  21  avril  1719.  Parmi  les  nombreux 
mémoires  qu'il  a  fournis  à  la  collection  de  l'A- 
cadémie royale  des  sciences ,  on  remarque  celui 
qui  a  pour  titre  :  Explication  des  différences 
des  sons  de  la  corde  tendue  sur  la  trompette 
marine  (Tom.  IX,  pages  &00-529).  Ce  mé- 
moire a  été  reproduit  dans  les  Œuvres  meslées 
de  M.  De  La  Hire,  Amsterdam,  1759,  in-4'' 
(pages  330-350).  La  plupart  des  faits  indiqués 
dans  ce  mémoire  sont  empruntés  à  la  16'^  propo- 
sition du  traité  de  musique  du  P.  Dechailes 
(  Cursus  sew  mundus  mathematicus,  tom.  ÏV, 
pag.  23),  particulièrement  l'explication  du  phé- 
nomène des  battements  du  pied  du  chevalet  sur 
la  table  d'harmonie,  lorsque  l'archet  met  en  vi- 
bration énergique  la  corde  de  la  trompette  ma- 
rine. SavArl (voyez  ce  nom)  a  fait  de  nouvelles 
expériences  sur  ce  phénomène.  On  a  aussi  de  La 
Hire  des  Expériences  sur  le  so7i,  dans  le  volume 
des  Mémoires  de  l'Académie  royale  des  sciences 
de  1716  (p.  ?62-268  ). 

LAHMEYER  (  J.-F.  ),  maître  de  musique 
du  séminaire  et  organiste  de  l'église  Saint- 
Égide,  à  Hanovre,  est  auteur  d'un  ouvrage  qui 
a  pour  titre  :  Handbuch  der  Harmonielehre, 
oder  Anweisung  z.ur  Théorie  der  Musik.  Zu- 
nxchsi  zum  Sclbstunterricht  fUr  Seminaristen, 
nncl  angehende  Orgelspieler  bestimmt  (  Ma- 
nuel de  la  science  de  l'harmonie,  ou  instruction 
sur  la  théorie  de  la  musique,  etc.  ),  Hanovre, 
1823,  in-fol.  Cet  ouvrage  a  pour  base  la  théorie 
de  Gottfried  Weber  {voy.  ce  nom  ). 

LAIIOU  (  Jean-François-Joseph  ) ,  né  à 
Lille,  le  10  avril  1798  ,  a  été  admis  comme  élève 
au  Conservatoire  de  Paris,  eu  1815.  Après  y 
avoir  fini  ses  études ,  il  entra  au  théâtre  de  l'O- 
déon  comme  première  flûte,  pendant  les  années 
1818  et  1819;  puis  il  fut  appelé  en  Hollande,  où 
il  eut  pendant  deux  ans  les  fonctions  de  chef  de 


musique  du  9^  régiment.  Devenu,  en  1822,  pre- 
mière flûte  du  Théâtre  Royal  de  Bruxelles ,  il 
conserva  cette  place  pendant  quinze  ans ,  et  y 
joignit  le  titre  de  première  flûte  solo  du  roi  des 
Pays-Bas.  A  l'époque  de  l'organisation  du  Con- 
servatoire de  Bruxelles ,  il  y  fut  nommé  pro  • 
fesseur.  On  lui  doit  des  élèves  distingués,  parmi 
lesquels  on  remarque  MM.Aerts,  Derudder,  Léo- 
nard et  Demeurs.  N'ayant  pas  voulu  adopter 
la  flûte  de  Boehm,  que  le  directeur  du  Conser- 
vatoire voulait  introduire  dans  l'école,  Lahou 
donna  sa  démission  et  fut  remplacé  par  son  élève 
Demeurs.  Il  établit  un  hôtel  pour  les  voyageurs; 
mais  cette  affaire  n'ayant  pas  réussi ,  sa  têle  se 
dérangea,  et  il  mourut  aliéné  le  12  janvier  1847. 
On  a  de  cet  arliste  :  1"  Concerto  pour  flûte  ; 
Anvers,  Schott.  : —  2"  Fantaisies  et  airs  varies 
pour  flûte  principale.  —  3"  Trois  duos  pour 
2  flûtes. 

LAHOUSSAYE  (Pierre  ),  violoniste  dis- 
tingué ,  naquit  à  Paris,  le  12  avril  1735.  Doué 
des  plus  heureuses  dispositions  ,  il  apprit  seul  la 
musique  à  l'âge  de  sept  ans,  et  parvint,  sans 
avoir  eu  de  maître,  à  jouer  agréablement  du 
violon.  Piffet,  musicien  de  l'Opéra,  sur- 
nommé le  grand  nez ,  lui  donna  ensuite  des 
leçons  et  le  mit  en  état  de  jouer  au  concert  spi- 
rituel, avant  d'avoir  atteint  sa  dixième  année. 
Quelque  temps  après,  Lahoussaye  fut  intro- 
duit ciiez  le  comte  de  Senneterre,  où  il  eut 
le  bonheur  d'entendre  les  plus  célèbres  violo- 
nistes de  l'époque,  entre  autres  Pagin,  Gaviniès, 
Pugnani ,  Giardini ,  Van  Maldere,  et  Dorai- 
nique  Ferrari.  Rassemblés  un  jour  dans  cette 
maison,  plusieurs  de  ces  artistes  jouèrent  cha- 
cun une  sonate  :  remarquant  l'enthousiasme  du 
jeune  homme,  Ferrari  lui  présenta  son  violon, 
et  Lahoussaye  ,  après  avoir  préludé  d'une  ma- 
nière brillante ,  exécuta  de  mémoire  plusieurs 
traits  de  la  sonate  de  Tartini  qu'il  venait  d'en- 
tendre. Des  félicitations  lui  furent  adressées 
par  ces  maîtres  habiles ,  et  Pagin  le  prit  pour 
son  élève;  puis  le  fit  entrer  chez  le  comte  de 
Clermont,  en  qualité  de  violoniste  de  ses  con- 
certs. Cependant  un  vif  désir  de  voir  et  d'en- 
tendre Tartini  tourmentait  Lahoussaye ,  malgré 
l'heureuse  position  où  il  se  trouvait.  Une  occa- 
sion favorable  se  présenta  pour  réaliser  ses 
vœux  à  cet  égard.  Le  prince  de  Monaco  le  prit 
à  son  service  et  l'emmena  en  Italie.  Arrivé  à 
Padoue,  son  premier  soin  fut  de  se  rendre  à  l'é- 
glise où  Tartini  devait  jouer  uii  concerto.  Rien, 
disait-il  longtemps  après,  ne  saurait  exprimer 
la  surprise  et  l'admiration  que  me  causèrent 
la  justesse,  la  pureté  du  son,  le  charme  de 
l'expression ,  la  magie    de  l'archet,   enfin 


LAHOUSSAYE  —  LAINEZ 


ir.a 


toutes  les  perfections  dont  le  jeu  de  Tarlini 
venait  de  m'offrir  le  modèle.  Ce  grand  artiste 
l'accueillit  avec  bonté ,  et,  retrouvant  eu  lui  les 
principes  de  son  école,  que  le  jeune  violoniste 
avait  puisés  chez  Pagin,  il  lui  donna  des  le- 
çons. 

Rappelé  par  le  prince  de  Monaco ,  Lahous- 
saye  dut  s'éloigner  à  regret  de  Padoue;  mais 
arrivé  à  Parme,  il  y  trouva  un  engagement 
avantageux  à  la  cour  de  l'inlant  don  Piiilippe  et 
l'accepta.  Traetta  était  alors  maître  de  chapelle 
du  prince  ;  il  enseigna  au  jeune  violoniste  les 
éléments  de  la  composition,  et  lui  fil  écrire, 
pour  l'exercer,  beaucoup  d'airs  de  ballets  dans 
ses  opéras.  Comblé  de  témoignages  de  bonté 
par  le  prince,  mais  désireux  de  revoir  encore 
celui  qu'il  appelait  le  maure  des  maîtres,  La- 
houssaye  retourna  à  Padoue  près  de  Tarlini , 
dont  il  reçut  encore  des  leçons  jusqu'en  1769. 
Devenu  ensuite  chef  d'orchestre  dans  plusieurs 
grandes  villes  de  l'Italie,  il  déploya  un  rare 
talent  dans  l'exercice  de  cet  emploi.  Après 
quinze  ans  de  séjour  dans  ce  pays,  il  suivit  Ga- 
glielmi  à  Londres  en  1772,  pour  y  diriger  l'or- 
chestre de  l'Opéra  italien.  De  retour  à  Paris 
en  1775 ,  il  y  eut  en  1779  la  direction  de  l'or- 
chestre du  concert  spirituel ,  et  en  1781  celle  de 
l'orchestre  de  la  Comédie  italienne,  fn  1790  il 
partagea  ave«  Puppo  les  fonctions  de  chef  d'or- 
chestre du  théâtre  de  Monsieur,  qui  prit  ensuite 
le  nom  de  théâtre  Feydeau.  Il  occupait  encore 
ce  poste  en  1800  ,  et  je  l'y  ai  connu ,  dirigeant 
l'orchestre  de  cette  époque  avec  un  rare  talent. 
C'était  un  beau  vieillard,  dont  la  figure  calme , 
les  traits  réguliers ,  et  les  cheveux  blancs  ilot- 
tant  sur  ses  épaules,  inspiraient  le  respect.  A 
la  réunion  des  deux  théâtres  Favart  el  Feydeau, 
il  perdit  son  emploi,  et  ce  digne  artiste,  qui 
avait  rendu  tant  de  services  à  l'art  et  en  parli- 
culier  au  théâtre ,  fut  mis  à  la  retraite  sans 
obtenir  de  pension.  A  l'origine  de  la  forma- 
tion du  Conservatoire  ,  il  avait  été  nommé  un 
des  professeurs  de  violon  de  cette  école  :  com- 
pris au  nombre  des  maîtres  dont  la  réforme  fut 
décidée  en  1802,  il  perdit  encore  celte  place.  On 
dit  que  le  chagrin  qu'il  eut  des  malheurs  qui  le 
frappaient  dans  sa  vieillesse  le  porta  à  des 
excès  d'intempérance  dans  ses  dernières  an- 
nées, et  qu'il  tomba  dans  une  profonde  misère. 
Le  besoin  l'avait  obligé  d'accepter  une  place  de 
second  violon  à  l'Opéra;  mais  en  1813  la  di- 
minution de  ses  forces  et  une  atteinte  de  surdité 
ne  lui  permirent  plus  de  faire  son  service,  et 
il  fut  réformé.  Il  est  mort  à  Paris ,  vers  la  fin 
de  1818,  à  l'âge  de  soixante-dix-neuf  ans.  Peu 
de  violonistes  ont  eu  une  manière  plus  grande 


et  plus  belle  que  Lahoussaye  :  la  justesse  de 
son  intonation  était  parfaite,  et  le  son  qu'il  ti- 
rait de  l'instrument  était  pur  et  vigoureux.  Je 
me  souviens  de  lui  avoir  entendu  jouer  la  so- 
nate du,  Diable,  de  Tarlini,  de  manière  à 
exciter  autant  d'étonnement  que  de  plaisir, 
quoiqu'il  ne  fût  déjà  plus  jeune.  11  a  publié  à 
Paris  un  œuvre  de  sonates  pour  le  violon ,  et 
a  laissé  en  manuscrit  douze  concertos  d'église 
pour  le  même  instrument ,  sept  œuvres  de  so- 
nates ,  et  trois  œuvres  de  duos.  On  ignore  qui 
a  recueilli  ses  manuscrits  après  sa  mort. 

LAINEZ  ou  LAINE  (Etienne),  acteur  de 
l'Opéra,  était  fils  d'un  jardinier  et  naquit  à  Vau- 
girard  ,  près  de  Paris,  le  23  mai  1753.  On  dit 
que  Berton  (père),  directeur  de  l'Opéra,  l'ayant 
entendu  chanter  dans  une  rue  où  il  vendait  de  la 
laitue ,  et  lui  trouvant  une  assez  bonne  voix  et  de 
la  justesse ,  le  demanda  à  ses  parents ,  et  lui 
fit  apprendre  la  musique.  Lainez  parut  en  pu- 
blic pour  la  première  fois  en  1770 ,  à  l'époque  du 
mariage  de  Louis  XVI,  dans  un  acte  de  ce  qu'on 
appelait  alors  des  Fragments.  11  fut  ensuite  ad- 
mis à  l'école  de  chant  et  de  déclamation  de  l'O- 
péra (en  1771  ),  et  débuta  en  1773 ,  dans  des  rô- 
les de  peu  d'importance.  Ses  succès  le  firent 
choisir  pour  doubler  Lcgros  dans  Alceste,  en 
1777,  et  dans  Armide,  l'année  suivante.  Après 
que  Legros  eut  pris  sa  retraite ,  il  devint  chef  de 
l'emploi  de  premier  ténor,  appelé  alors  haute- 
contre,  el  pendant  quarante-deux  ans  que  dura 
sa  carrière  théâtrale ,  il  créa  beaucoup  de  rôles 
qui  lui  firent  plus  d'honneur  comme  acteur  que 
comme  chanteur,  parliculièrement  ceux  d'Énée 
dans  Didon,de  Dardanus,  de  Rodrigue  dans  Chi- 
mène ,  de  Polynicc  dans  Œdipe  à  Colorie,  de 
LiciniusdansZff  P'eitoZe,deTrajan,deCortez,etc. 
Une  physionomie  expressive,  une  démarche 
noble  et  aisée ,  une  action  dramatique  pleine  de 
chaleur,  étaient  les  qualités  qui  distinguaient  cet 
acteur  ellui  procuraient  de  brillants  succès,  quoi- 
qu'il portât  souvent  l'énergie  jusqu'à  l'exagéra- 
tion. A  l'égard  de  son  chant,  on  ne  peut  rien 
imaginer  de  plus  ridicule.  Une  voix  criarde  et 
chevrotante ,  l'absence  de  toute  éducation  vocale, 
si  ce  n'est  d'une  articulation  fort  nette  du  réci- 
tatif; des  sons  gutturaux  ou  nasards  mêlés  à  des 
cris;  voilà  ce  qu'on  remarquait  dans  le  chant  du 
premier  ténor  de  l'Académie  royale  de  musique, 
et  ce  qui  inspirait  autant  d'étonnement  que  de 
dégoût  aux  étrangers  qui  l'entendaient.  Dès  le 
commencement  de  la  révolution  de  1789 ,  Lainez 
montra  son  attachement  à  la  cause  de  la  royauté. 
Applaudi  et  couronné  par  le  parti  royaliste  à  la 
fin  de  1791,  pour  avoir  chanté  avec  enthousiasme 
dans  Iphigénie  en  Aulide   ;  Chantons,   celé- 


170 


LAINEZ  —  LALANDE 


Iroiis  notre  reine,  il  fut  siffié  à  outrance  quel- 
ques jours  après  par  le  parti  contraire  ,  qni  le 
contraignit  à  s'excuser,  à  protester  de  son  ci- 
visme, et  à  fouler  aux  pieds  la  couronne  qui  lui 
avait  été  décernée.  11  se  vengea  de  cette  humilia- 
tion, après  le  9  thermidor,  par  sa  véhémence 
lorsqu'il  chantait  le  Réveil  du  peuple,  au  com- 
mencement de  chaque  soirée.  Laintz  se  retira  de 
l'Opéra  le  1"  janvier  1812;  puis  il  alla  donner 
quelques  représentations  à  Marseille  et  à  Lyon. 
Dans  la  même  année  il  se  chargea  de  la  direc- 
tion du  théâtre  de  celte  dnrnière  ville;  mais 
cette  entreprise  ne  fut  point  heureuse;  elle  le 
mina,  et  il  fut  obligé  de  l'abandonner,  vers'  la 
(inde  1816.  Il  revint  alors  à  Paris,  essaya  de 
repjiraître  à  l'Opéra,  dans  Arvire  et  Evelina, 
mais  il  ne  parut  plus  supportable,  et  ne  se  soutint 
jusqu'à  la  fin  de  la  représentation  qu'à  la  faveur 
du  souvenir  de  ses  anciens  services.  Il  retourna 
à  Marseille,  y  resta  quchpies  mois,  puis  revint 
encore  à  Paris  ,  où  il  obtint,  en  1817  ,  une  place 
de  professeur  de  déclamation  lyrique  au  Con- 
servatoire de  musique.  Les  chagrins  et  les  in- 
firmités empoisonnèrent  ses  dernières  années.  Il 
mourut  le  15  septembre  1822,  des  suites  de  l'o- 
pération de  la  taille  ,  dans  la  soixante-dixième 
année  de  son  âge. 

LAIOLLE.  Vouez  LAYOLLE. 

LALANDE  (Michel-Richard  DE),  surin- 
tendant de  la  musique  de  Louis  XIV  et  de 
Louis  XV,  naquit  à  Paris,  le  15  décembre  16-57, 
de  parents  pauvres.  Son  père  était  tailleur.  La- 
lande  fut  le  quinzième  enfant  de  ce  pauvre  homme. 
Placé  comme  enfant  de  chœur  dans  l'église 
Saint-Germain-l'Auxerrois,  il  y  apprit  la  musique 
sous  la  direction  de  Chaperon  ,  qui  l'affection- 
nait à  cause  de  sa  jolie  voix.  La  nature  l'avait 
doué  d'un  esprit  sérieux  qui  le  portait  au  travail, 
et  telle  était  son  ardeur  à  l'étude,  qu'il  y  passait 
souvent  les  nuits.  Il  apprit  presque  seul  à  jouer 
du  violon,  du  clavecin,  de  la  basse  de  viole  et 
de  plusieurs  autres  instruments.  A  quinze  ans  i! 
perdit  sa  voix  par  la  mue,  et  sortit  de  la  maî- 
trise où  il  avait  été  élevé.  Un  de  ses  beaux-frères 
le  reçut  généreusement  chez  lui,  et  donna  chaque 
semaine  des  concerts  pour  qu'il  eût  occasion  de 
se  faire  connaître.  Le  violon  était  l'instrument 
dont  il  jouait  alors  mieux  que  d'aucun  autre;  Il 
paraît  toutefois  qu'il  n'y  était  pas  des  plus  ha- 
biles, même  pour  son  temps ,  car  s'étant  présenté 
à  Lulli  pour  être  admis  dans  son  orchestre,  il 
ne  fut  point  agréé.  Le  mauvais  succès  de  sa 
démarche  lui  causa  tant  de  chagrin,que  de  dépit 
il  brisa  son  violon,  et  qu'il  renonça  pour  toujours 
à  cet  instrument.  Il  se  remit  alors  à  l'étude  de 
l'orgue,  et  y  fit  de  si  grands  progrès,  qu'on  le 


choisit  pour  desservir  à  la  fois  quatre  orgues  des 
églises  de  Paris,  savoir,  celles  de  Saint-Gervais  , 
de  Saint- Jean,  des  Jésuites  et  du  petit  Saint-An- 
toine. Le  P.  Fleuriau  lui  confia  la  composition 
des  symphonies  et  des  chœurs  de  plusieurs  tragé- 
dies destinées  au  collège  des  Jésuites  :  on  fut  sa- 
tisfait de  son  travail.  Plus  tard  il  se  présenta  au 
concours  pour  la  place  d'organiste  du  roi  : 
Louis  XIV  l'entendit  à  Saint-Germain,  et  Lulli, 
juge  de  ce  concours,  déclara  que  si  la  place  de- 
vait être  donnée  au  plus  habile,  elle  lui  appar- 
tenait ;  mais  on  le  trouva  trop  jeune.  Ce  fut  la 
seule  fois  que  Lulli  rendit  justice  à  Lalande;  on 
a  fait  la  remarque  qu'il  ne  savait  pas  le  nom  du 
concurrent  lorsqu'il  prononça  en  sa  faveur. 

Le  maréchal  de  Noailles  avait  choisi  Lalande 
pour  enseigner  la  musique  à  ses  filles;  sur  sa 
recommandation,  le  roi  confia  au  jeune  artiste 
l'éducation  musicale  des  princesses  qui  furent  en- 
suite duchesse  d'Orléans  et  Madame  la  Duchesse. 
Reconnaissant  des  bontés  du  monarque,  l'artiste 
mit  tant  de  zèle  dans  l'exercice  de  ses  fonc- 
tions,  qu'il  ne  sortit  du  château  de  Versailles 
pendant  trois  ans  que  pour  aller  passer  les 
nuits  à  Clagny ,  où  Louis  XIV  lui  avait  donné 
un  logement.  Ce  prince,  qui  aimait  la  personne 
et  les  talents  de  Lalande,  le  combla  de  faveurs. 
D'abord  il  lui  donna  la  charge  de  maître  de  la 
musique  de  sa  chambre;  puis,  en  1683,  après  la 
retraite  des  surintendants  de  la  chapelle  Dumont 
et  Robert,  lorsqu'il  fut  décidé  qu'il  y  en  aurait 
quatre  qui  serviraient  par  quartier,  il  lui  accorda 
une  de  ces  places.  On  rapporte  à  ce  sujet  que  Ro- 
bert, qui  se  relirait,  ayant  présenté  Goupillet, 
l'archevêque  de  Reims  Minoret,  et  Lulli  son 
élève  Colasse,  chacun  exaltant  le  mérite  de  son 
protégé  et  discutant  le  choix  du  quatrième  surin- 
tendant, le  roi  leur  dit  :  «  Messieurs,  j'ai  accepté 
«  ceux  que  vous  m'avez  présentés;  il  est  juste 
«  que  je  choisisse  à  mon  tour  un  sujet  de  mon 
«goût,  et  c'est  Lalande  que  je  prends  pour 
«  rem[)lir  le  quartier  de  janvier.  »  Le  choix  de 
Louis  XIV  était  le  meilleur,  car  Lalande  fut  le 
plus  habile  compositeur  français  de  son  temps 
pour  la  musique  d'église.  En  1684  ,  le  roi  lui  fit 
épouser  Anne  Rebel ,  qui  passait  pour  la  meil- 
leure cantatrice  de  sa  chambre ,  fit  les  frais  de 
la  noce  et  dota  la  jeune  femme.  Lalande  eut 
deux  filles  de  ce  mariage.  Elles  étaient  douées 
de  belles  voix  ;  leur  père  ne  négligea  rien  pour  en 
faire  des  musiciennes  distinguées.  En  1704,  il  les 
fit  entendre  à  Louis  XIV,  qui ,  charmé  de  leur 
talent,  les  admit  dans  sa  chapelle,  et  donna  à 
chacune  mille  livres  de  pension.  La  satisfaction 
que  donnaient  à  Lalande  des  filles  dun  tel 
mérite,  dit  un  historien  de  la  musique,  ne  fut 


LALANDE 


171 


pas  de  longue  durée  :  la  petite  vérole  les  lui 
enleva  on  douze  jours,  à  la  même  époque  où 
la  mort  dx,  dauphin  mit  toute  la  France  en 
deuil.  Ces  jeunes  cantatrices  moururent  en  l7il. 
Quelques  jours  après  ce  funeste  événement,  La- 
lande  parut  à  la  cour;  il  n'osait  approcher  du  roi , 
mais  ce  prince  l'appela  et  lui  dit  :  «  Vous  avez 
«  perdu  deu\  filles  qui  avaient  bien  du  mérite; 
«  moi  j'ai  perdu  Monseigneur.  »  Puis  il  ajouta  , 
en  lui  montrant  le  ciel  :  «  Lalande,  il  faut  sesou- 
«  mettre.  »  A  toutes  ses  largesses  précédentes  en  fa- 
veur du  surintendant  de  sa  chapelle,  le  roi  ajouta 
successivement  le  don  de  plusieurs  pensions,  dont 
t;ne  de  six  mille  livres  sur  l'Opéra,  qui  fut  ensuite 
supprimée  par  arrêt  du  conseil ,  celui  du  cordon 
de  l'ordre  de  Saint-Michel;  enfin,  il  réunit  dans 
sa  personne  les  quatre  places  de  maître  de  sa 
chapelle,  avec  tous  leurs  émoluments  et  avan- 
tages . 

En  1722,  Lalande  perdit  sa  femme  :  le  cha- 
grin qu'il  en  eut  lui  fit  désirer  la  solitude  et  le 
repos;  il  supplia  le  roi  de  permettre  qu'après 
quarante-deux  ans  de  service  il  remît,  gratuite- 
ment et  sans  aucune  réserve ,  trois  quartiers  de 
l'emploi  de  maître  de  musique  de  la  chapelle.  Il 
présenta  pour  le  remplacer  Campra,  Bernier  et 
Gervais.  Le  roi  (ou  plutôt  le  régent,  car  Louis  XV 
n'était  âgé  que  de  douze  ans)  récompensa  le 
désintéressement  de  Lalande  par  une  pension  de 
trois  mille  livres.  Cet  artiste  remarquable  s'était 
remariéen  1723  à  M'ie  de  Cur}- ,  fille  d'un  chirur- 
gien de  la  princesse  de  Conti;  il  mourut  le  18 
juin  1720  ,  à  l'âge  de  soixante-sept  ans,  après  en 
avoir  employé  quarante-cinq  au  service  de  la 
cour. 

Lalande  a  composé  soixante  motets  avec 
chœurs  et  orchestre  pour  le  service  de  la  cha- 
pelle de  Versailles;  ils  ont  été  publiés  avec  beau- 
coup de  luxe  aux  frais  du  roi ,  et  divisés  en  vingt 
livres  qui  se  relient  ordinairement  en  dix  volu- 
mes. Ces  compositions  ,  qui  étaient  d'un  style 
nouveau  en  France  à  l'époque  où  elles  parurent, 
démontrent  que  Lalande  était  doué  d'imagination, 
et  qu'il  possédait  surtout  l'art  de  bien  exprimer 
les  paroles.  .Cependant  les  éloges  qu'on  en  a  faits 
sont  exagérés;  rien  n'est  plus  ridicule  que  de  voir 
dans  La  Corde  que  c'est  depuis  Lalande  que  les 
étrangers  accordent  aux  Français  la  pri- 
mauté dans  la  musique  d'église  sur  toutes  les 
nations  de  l'Europe  (Essai  sur  la  musique, 
1.  III ,  p.  440).  En  supposant  qu'il  ne  soit  ques- 
tion que  de  la  musique  d'église  du  style  concerté, 
et  du  temps  où  Lalande  écrivait,  comment  se 
fait-il  que  La  Borde  ait  ignoré  que  toutes  les  for- 
mes de  ce  style  se  trouvent  dans  les  ouvrages  de 
Carissimi ,  et  que  Lalande  l'a  seulement  appro- 


prié au  goût  français?  Ce  compositeur  eut  in- 
contestablement plus  de  génie  que  les  Goupillet, 
les  Minoret,  et  les  autres  faiseurs  de  musique 
d'église  qu'on  trouvait  en  France  à  la  fin  du  dix- 
septième  siècle  et  au  commencement  du  dix-hui- 
tième; mais  ses  productions  paraîtraient  bien 
pâles  à  côté  de  celles  de  Haendel  et  de  Bach ,  qui 
furent  presque  ses  contemporains.  Lalande  a  écrit 
aussi  la  musique  de  Mélicerte,  comédie  de  Mo- 
lière, mêlée  de  chants,  et  le  ballet  des  Élé- 
ments, dont  le  poète  Roi  avait  fait  les  paroles. 
L'acte  du  Feu  a  été  joué  longtemps  avec  succès  : 
il  formait  à  lui  seul  une  pièce  entière.  Ces  ou- 
vrages sont  restés  en  manuscrit.  Titon  duTillet 
assure  que  Lalande  a  travaillé  à  plusieurs  opé- 
ras ,  mais  qu'il  n'a  jamais  permis  qu'on  en  jouât 
rien  sous  son  nom. 

LALANDE  (Joseph-Jérôme  LEFRANÇAIS 
DE),  célèbre  astronome,  né  à  Bourg  (Ain),  le  11 
juillet  1732,  fit  SCS  études  chez  les  jésuites,  se 
fit  recevoir  avocat  au  barreau  de  Paris,  et  com- 
mença la  pratique  chez  un  procureur.  Plus  tard 
il  abandonna  la  carrière  du  droit  pour  l'astrono- 
mie, qu'il  étudia  sousMessier,  puis  sous  Lemon- 
nier.  Infatigable  au  travail,  il  fit  beaucoup  d'ob- 
servations, et  publia  un  grand  nombre  de  livres  ; 
mais  il  avait  l'esprit  étroit,  et  jamais  il  ne  com- 
prit la  science  dont  il  s'occupa  pendant  plus  de 
cinquante  ans,  que  dans  le  mécanisme  de  ses  dé- 
tails. Il  mourut  à  Paris,  le  4  avril  1807.  Pendant 
les  années  1765  et  1766,  il  avait  fait  un  voyage 
en  Italie,  dont  la  relation,  beaucoup  trop  prolixe, 
a  été  publiée  sous  le  titre  de  Voyage  d'un  Fran- 
çais en  Italie  ;  Paris ,  1769,  8  vol.  in-8%  et  1786, 
9  vol.  in-12.  On  y  trouve  beaucoup  de  rensei- 
gnements sur  la  musique  et  les  musiciens  de  l'I- 
talie à  cette  époque. 

LALANDE  (Henriette-Clémentine MÉRIC), 
et  non  Marie,  connue  elle  est  appelée  dans  la 
Biographie  portative  des  contemporains,  n'est 
point  fille  d'un  comédien,  mais  d'un  directeur 
de  musique  d'une  troupe  de  province,  nommé 
Lamiraux- Lalande.  Elle  naquit  à  Dunkerque, 
eu  179S.  Son  père  lui  e4iseigua  les  éléments  de 
la  musique.  Sa  voix  avait  de  la  fraîcheur  et  du 
timbre,  et  son  intelligence  ainsi  que  sa  mémoire 
étaient  parfaites.  On  ne  lui  donna  d'abord  d'autre 
éducation  vocale  que  les  rôles  qu'on  lui  fit  ap- 
prendre. En  1814,  elle  parut  pour  la  première 
fois  au  théâtre  de  Nantes,  et  son  début  fut  heu- 
reux. Je  l'entendis  à  Douai,  en  18.15;  elle  était 
alors  une  des  plus  agréables  actrices  d'opéra-co- 
mique qu'on  pût  entendre  sur  les  théâtres  «le 
province.  Jusqu'en  1822,  elle  continua  de  jouer 
dans  les  villes  les  plus  importantes  de  France, 
et  partout  avec  succès.  Le  bruit  de  son  talent 


Ï72 


LALANDE  —  LAMANIÈRR 


d'instinct  était  parvenu  à  Paris,  et  l'administra- 
tion du  Gymnase  dramatique,  qui  avait  obtenu 
l'autorisation  de  faire  jouer  l'opéra-comique  sur 
son  tliéâlre,  lui  offrit  un  engagement  qu'elle  ac- 
cepta. F.Ile  était  alors  âgée  de  vingt-quatre  ans. 
Mais  à  peine  fut-elle  arrivée  à  Paris,  qu'elle  com- 
prit, en  écoutant  les  bons  chanteurs  du  théâtre 
italien,  que  les  premières  notions  de  l'art  lui  man- 
quaient absolument.  Sa  voix  s'était  développée, 
avait  acquisdii  timbre  et  de  la  souplesse  ;  mais  elle 
ignorait  les  principes  de  l'émission  du  son  et 
de  la  vocalisation.  Garcia  lui  enseigna  de  cet  art 
ce  qui  était  indispensable  pour  chanter  le  rôle 
iV Angélique,  dans  Les  Folia  amoureuses,  pas- 
tiche arrangé  par  Castil-Blaze  sur  des  mor- 
ceaux tirés  des  opéras  de  Piossini,  de  Cimarosa, 
de  Paer  et  de  Generali.  Elle  parut  pour  la  pre- 
mière fois  à  Paris  dans  ce  rôle  le  3  avril  1823, 
et  le  succès  qu'elle  y  obtint  fit  naître  les  plus 
belles  espérances  pour  son  avenir.  Ce  fut  à  cette 
époque  qu'elle  devint  la  femme  de  Méric,  alors 
corniste  au  théâtre  de  l'Opéra-Comique.  Un  en- 
gagement avait  été  offert  à  M'"*  Lalande  par 
l'administration  de  ce  dernier  théâtre;  mais  elle 
suivit  ie  conseil  qui  lui  fut  donné  par  Garcia 
d'aller  en  Italie.  Arrivée  à  Milan  en  1824,  elle  y 
prit  des  leçons  de  Bontichi,  puis  de  Banderali.  Au 
mois  de  novembre  de  la  môme  année,  elle  se 
rendit  à  Venise,  où  elle  débuta  dans  la  saison  du 
carnaval.  Ignorée  dans  cette  ville  aussi  bien  que 
dans  tout  le  reste  de  l'Italie,  elle  ne  fut  point 
annoncée  avec  éclat;  mais  à  peine  eut-elle  été 
entendue,  que  sa  réputation  s'étendit  avec  rapi- 
dité. Elte  chanta  pendant  cette  saison,  avec  un 
succès  toujours  croissant,  dans  VEgilda  de  Pa- 
vesi,  dans  Vllda  d^Avenel,  de  Morlacchi,  et 
dans  le  Crociaio  de  Meyerbeer.  Morlacchi,  qui 
l'avait  enlendue  et  qui  avait  reconnu  en  elle  les 
qualités  d'un  beau  talent,  la  (it  engager  immé- 
diatement pour  le  théâtre  de  Munich,  où  elle 
joua  au  printemps  suivant  dans  VÉlisaheth,  !a 
Semiramide  et  le  Mosè  de  Rossini,  Don  Juan 
de  Mozart  et  Egilda  de  Pavesi.  Rappelée  ensuite 
en  Italie,  elle  chanta  à  la  foire  de  Brescia  dans 
La  Donna  del  Lago  et  dans  Eosa  bianca  e 
Rosa.  rossa  de  Mayer;  puis  elle  alla  à  Crémone 
pour  l'ouverture  du  nouveau  théâtre,  et  enfin  elle 
retourna  à  Venise,  où  la  rappelait  le  désir  de 
tous  les  amateurs.  Elle  y  chanta  avec  de  nou- 
veaux succès  VAlcibiade  de  Cordella,  le  Mosè, 
la  Zclmire  de  Rossini,  et  VOrdeno  ed  Artulla 
de  Pavesi.  Depuis  lors  jusqu'à  la  fin  de  1829 
elle  se  fit  entendre  sur  les  principaux  théâtres  de 
l'Italie,  et  partout  elle  excita  l'enthousiasme.  Il 
paraît  toutefois  que  vers  les  derniers  temps  une 
altérstion  conunença  à  se  faire  sentir  dans  son 


organe,  car  lorsqu'elle  parut  au  théâtre  Favart, 
à  Paris,  le  2  octobre  1830,  (Siàn^.VVltimo giorno 
di  Poi7ipeia  de  Pacini,  on  ne  lui  trouva  pas  le 
charme  qui  lui  avait  procuré  ses  succès  en  Italie. 
Après  un  assez  long  séjour  à  Paris,  où  sa  voix 
ne  parut  pas  recevoir  d'amélioration  sensible, 
elle  s'est,  dit-on,  rendue  en  Espagne  en  1833. 
Aucun  renseignement  ne  m'est  parvenu  depuis 
lors  sur  cette  cantatrice. 

Une  notice  biographique  sur  M™*  Méric-La- 
îande  a  été  publiée  avec  son  portrait  dans  l'al- 
manach  musical  intitulé  :  Teatro  délia  Fenice , 
Venise,  1826,  in- 18. 

LALLEMA1\D  (  Jean-Baptiste- Joseph  ), 
médecin  de  Stanislas,  roi  de  Pologne,  né  à  Lan- 
gres,  le  28  août  1705,  vivait  encore  en  1762.  Il 
était  à  cette  époque  directeur  de  la  Faculté  de 
médecine  de  Paris.  Au  nombre  de  ses  ouvrages, 
il  y  en  a  un  qui  a  pour  titre  :  Essai  sur  le  mé- 
canisme des  passions  en  général;  Paris,  1751, 
in-12.  Il  y  traite  des  effets  de  la  musique,  et 
analyse  la  manière  dont  le  chant  et  la  musique 
instrumentale  agissent  sur  les  passions. 

LALOUETTE  (  Jean-François),  ou  LAL- 
LOUETTE,  né  h  Paris,  en  1651,  apprit  la  mu- 
sique à  la  maîtrise  de  Saint-Eustaclie  et  eut  des 
leçons  de  violon  de  Guy-Leclerc,  violon  de  la 
grande  bande  du  roi.  Lulli,  qui  lui  enseigna  la 
composition,  le  prit  pour  un  des  violons  de  son 
orchestre,  lorsqu'il  eut  l'entreprise  de  l'Opéra. 
Lalouette  ,  qui  passait  pour  un  des  meilleurs 
violonistes  de  son  temps,  fut  ensuite  chef  d'or- 
chestre du  même  spectacle  et  battit  la  mesure 
pendant  neuf  ans.  Il  était  quelquefois  employé 
par  Lulli  pour  écrire  les  récitatifs  de  ses  opéras 
et  remplir  les  parties  des  instruments;  car  Lulli 
n'écrivait  souvent  que  les  parties  vocales  et  la 
basse  ;  mais  on  dit  que  ce  compositeur  jaloux 
l'obligea  de  céder  sa  place  de  chef  d'orchestre  à 
Cotasse,  parce  qu'il  s'était  vanté  d'avoir  composé 
quelques-ims  des  plus  beaux  airs  des  opéras 
de  son  maître.  Cet  événement  arriva  en  1084. 
Neuf  ans  après,  Lalouette  obtint  la  place  de 
maître  de  chapelle  de  l'église  métropolitaine  de 
Rouen;  mais  il  ne  la  garda  que  deux  ans,  s'étant 
retiré  au  mois  de  mars  1695  pour  accepter  l'em- 
ploi de  maître  de  chapelle  à  l'église  Notre  Dame 
de  Versailles.  Il  mourut  dans  cette  ville,  le  I"  sep- 
tembre 1728,  à  l'âge  de  soixante-dix-sept  ans. 
Cet  artiste  composa  la  musique  de  plusieurs  bal- 
lets et  intermèdes  pour  l'Opéra;  ces  ouvrages 
sont  restés  en  manuscrit.  On  a  gravé  de  sa  com- 
position :  1°  Motets  à  plusieurs  voix,  1er  livre, 
Paris,  in-fol.,  sans  date.  —  2°  Miserere,  2«  livre 
de  motets,  ibid. 
LA  MANIÈRE  (Exvpîjre  DE),  harpiste  et 


LAMANIÊRE  —  LAMARE 


professeur  de  son  instrument,  né  à  Laon,  s'éta- 
blit à  Paris  en  1784  :  il  y  vivait  encore  en  1302. 
Ce  musicien  a  eu  un  moment  de  vogue  parmi  ies 
amateurs  de  harpe,  par  les  recueils  d'airs  variés 
qu'il  a  publiés  pour  cet  instrument,  chez  Boyer 
et  chez  Imbault.  Le  huitième  de  ces  recueils  a 
paru  en  1789,  chez  Sieber.  On  connaît  aussi  de 
Lamanière  des  préludes  pour  la  harpe ,  œu- 
vre 11,  et  des  romances  avec  accompagnement 
de  cet  instrument,  dont  il  avait  composé  les  pa- 
roles et  la  musique. 

LAMARCHE  (  François  DE  ),  docteur  en 
théologie,  chanoine,  conseiller  et  directeur  de  la 
chapelle  de  l'évêque  d'Eichstadt,  en  Bavière, 
vécut  vers  le  milieu  du  dix -septième  siècle.  Il  a 
publié  un  traité  élémentaire  de  musique  en  forme 
de  dialogue,  à  l'usage  des  élèves  des  écoles,  sous 
ce  litre  :  Synopsis  musica,oder  Kleiner  inhalt 
wie  die  Jugend  und  andere  ku?-zlicli  und 
mit  geringer  Mûhe  in  der  Musica  auch  Ins- 
trumenten  ahzureichten ;  Munich,  165C,  in-8°. 

LAMARCHE  (Jean-Baptiste),  médecin  de 
la  faculté  de  Paris,  né  en  1779,  est  auteur  d'un 
mémoire  intitulé  :  Essai  sur  la  musique,  con- 
sidérée dans  ses  rapports  avec  la  médecine  ; 
Paris,  1815,  in-4''. 

LAMARCK  (  Jean-Baptiste-Antoine  DE 
MONNET,  chevalier  de),  naturaliste  distingué, 
né  le  1er  avril  1744,  à  Bazantin,  entre  Bapaume 
et  Albert,  mort  à  Paris,  le  18  décembre  1829, 
fut  d'abord  oflicier  au  régiment  de  Beaujolais, 
et  plus  tard  directeur  des  herbiers  du  Cabinet 
d'histoire  naturelle,  professeur  de  zoologie,  mem- 
bre de  l'Académie  des  sciences  et  de  plusieurs 
autres  sociétés  savantes.  On  a  de  ce  savant  beau- 
coup d'ouvrages  sur  les  sciences  naturelles,  jiar- 
ticulièrement  une  Histoire  naturelle  des  ani- 
maux sans  vertèbres,  qui  jouit  de  beaucoup 
d'estime.  Il  n'est  cité  ici  que  pour  un  mémoire 
qui  a  été  publié  dans  le  Journal  de  physique 
(ann.  1800),  et  qui  a  paru  séparément  sous  ce 
titre  :  Mémoire  sur  la  matière  du  son;  Paris, 
Belin,  in-4°  de  16  pages.  Dans  ce  morceau  cu- 
rieux, Lamarck  attribue  les  phénomènes  du  son 
non  à  la  vibration  de  l'air  et  des  corps  sonores, 
mais  à  l'existence  d'un  fluide  éthéré,  très-sub- 
til, et  d'une  grande  rareté.  C'est  à  ce  même 
fluide  qu'il  attribue  les  phénomènes  de  la  chaleur. 
Cette  opinion,  absolument  contraire  à  toutes  les 
théories,  ne  soutient  pas  le  plus  léger  examen. 
Lamarck  ne  s'est  point  aperçu  qu'il  détruisait 
lui-même  son  système  par  l'excessive  rareté  de 
son  fluide,  car  il  est  évident  qu'il  ne  pourrait  suf- 
lire  à  des  émissions  de  masses  sonores  telles  que 
de  certains  grands  orchestres  et  des  chœurs 
nombreux  de  chanteurs. 


17.3 

LAMARE  (  Jacques-Michel  HURELDE), 
célèbre  violoncelliste,  naquit  à  Paris,  le  1"  mai 
1772,  de  parents  peu  fortunés  dont  il  était  le  sep- 
tième enfant,  mais  le  fils  unique.  A  l'ûge  de  sept 
ans  il  entra  chez  les  pages  de  la  musique  du  roi, 
où  son  caractère  aimant  et  généreux  lui  fit  des 
amis  de  tous  ses  camarades,  des  professeurs 
et  du  gouverneur.  Il  y  reçut  une  bonne  éduca- 
tion musicale  et  littéraire.  Lorsqu'il  eut  atteint 
l'âge  de  quinze  ans,  Duport  lui  donna  les  pre- 
mières leçons  de  violoncelle.  Il  semblait  être  né 
pour  cet  instrument;  ses  succès  tinrent  du  pro- 
dige. Rentré  dans  sa  famille  avant  d'atteindre  sa 
dix-septième  année,  il  vit  bientôt  après  éclater 
les  orages  de  la  Révolution.  La  nécessité  de  pour- 
voir à  son  existence  et  à  celle  de  ses  parents  bii 
fit  chtrcher  une  ressource  dans  son  talent,  qu'un 
travail  obstiné  développait  avec  rapidité.  En  1794 
il  entra  à  l'orchestre  du  théâtre  Feydeau,  et  il  y 
resta  jusqu'en  1800.  Les  concerts  de  ce  théâtre, 
si  célèbres  dans  ce  temps,  lui  fournirent  l'occa- 
sion de  se  faire  connaître  et  de  se  placer  au  pre- 
mier rang  parmi  les  violoncellistes  français.  Déjà 
il  avait  été  admis  au  Conservatoire,  en  qualité 
de  professeur  de  violoncelle;  mais  il  ne  garda 
pas  longtemps  cet  emploi,  car  il  partit  au  com- 
mencement de  1801  pour  un  voyage  en  Allema- 
gne et  en  Russie.  Arrivé  à  Berlin,  il  y  fut  pré- 
senté au  prince  Louis-Ferdinand  de  Prusse  (roj/. 
ce  nom),  qui  l'accueillit  avec  le  plus  vif  intérêt, 
s'enthousiasma  pour  son  talent,  et  fit  souvent  de 
la  musique  avec  lui.  La  dernière  fois  que  La- 
mare  vit  ce  prince,  avant  son  départ  pour  la 
Russie,  il  en  reçut  une  bague  avec  la  demande 
de  l'échanger  contre  une  autre  qui  appartenait  à 
l'artiste.  Touché  de  tant  de  bonté,  Lamare  a 
conservé  toute  sa  vie  le  souvenir  de  ce  malheu- 
reux prince,  si  digne  d'une  meilleure  destinée. 

Arrivé  en  Russie,  de  Lamare  y  vécut  alterna- 
tivement à  Pétersbourg  et  à  Moscou,  fut  atta- 
ché au  service  de  l'empereur,  et  donna  des  con- 
certs où  son  talent  excita  toujours  le  plus  vif  en- 
thousiasme. Son  séjour  en  Russie  se  prolongea 
jusqu'à  la  fin  de  1808.  Il  reprit  alors  la  route  de 
France  par  la  Pologne  et  l'Autriche,  et  arriva  à 
Paris  au  mois  d'avril  1809.  Au  mois  de  mai  sui- 
vant, il  donna  à  l'Odéon  un  concert  où  son  talent 
ne  produisit  pas  l'effet  que  ses  amis  espéraient  j 
une  longue  absence  de  cette  ville  lui  avait  laissé 
de  l'incertitude  sur  le  goût  du  public:  il  n'eut  pas 
dans  cette  séance  l'assurance  qu'on  attendait  de 
lui.  Depuis  lors  il  ne  parut  plus  en  public  à  Pa- 
ris ;  mais  on  l'entendit  dans  les  cercles  particu- 
liers, et  loin  qu'on  trouvât  son  talent  diminué, 
on  reconnut  qu'il  avait  acquis  plus  de  fini.  Il 
était  d'une  habileté  prodigieuse  dans  les  diffieul- 


174 


LAMARE  -   LAMBERT 


tés  ;  mais  il  était  surtout  admirable  lorsqu'il  exé- 
cutait des  quatuors  ou  qu'il  accompagnait:  aucun 
violoncelliste,  à  mon  avis,  n'entrait  aussi  bien 
que  lui  dans  l'esprit  de  la  musique,  et  n'en  l'ai- 
tait  aussi  bien  ressortir  les  beautés. 

Dans  un  voyage  qu'il  lit  en  Normandie,  il  con- 
nut une  dame  qui,  charmée  de  son  beau  talent 
et  touchée  parles  excellentes  qualités  qu'elle  re- 
marquait en  lui,  devint  sa  femme,  le  15  mai  1815. 
Dès  lors  il  renonça  à  la  carrière  d'artiste,  quoi- 
qu'il continuât  de  l'être  par  son  amour  pour  l'art. 
11  vécut  heureux  pendant  quelques  années;  mais 
la  perte  de  deux  enfants  lui  causa  un  chagiiu 
profond,  qui  paraît  avoir  été  l'origine  d'une 
phthisie  du  larynx  à  laquelle  il  succomba,  le  27 
mars  1823,  à  l'âge  de  près  de  cinquante-deux 
ans.  Il  cessa  de  vivre  à  Caen  ;  mais  il  fut  in- 
humé àSaint-Contest,  près  de  cette  ville,  où  il 
possédait  une  maison  de  campagne. 

Il  me  reste  à  signaler  un  fait  singulier,  peu 
commun  dans  l'histoire  des  arts,  et  entièrement 
inconnu  dans  les  pays  étrangers,  mais  qui  n'est 
<m  mystère  pour  aucun  artiste  français,  et  que 
la  vérité  m'oblige  à  publier.  li  existe  sous  le 
nom  de  Lamare  des  concertos  et  des  airs  variés 
pour  le  violoncelle  qui  ont  obtenu  de  brillants 
succès,  et  dont  on  a  remarqué  les  formes  origi- 
nales autant  que  la  piquante  harmonie  :  tous 
ces  ouvrages  ont  été  composés  par  Àuber 
pour  son  ami  de  Lamare.  Telle  était  l'impossi- 
bilité où  se  trouvait  celui-ci  d'écrire  lui -môme  de 
la  musique  analogue  au  caractère  de  son  talent 
d'exécution,  qu'il  n'a  jamais  pu  fournir  à  Au- 
ber le  moindre  trait  qu'on  put  intercaler  dans 
un  morceau.  Ce  ne  fut  pas  sans  peine  que  sa  pro- 
bité se  résolut  au  subterfuge  qui  trompa  le  pu- 
blic sur  le  nom  du  véritable  auteur  de  ces  com- 
positions; mais  il  ne  pouvait  faire  connaître  son 
talent  d'exécution  que  dans  de  la  musique  com- 
posée spécialement  pour  lui;  et  pour  écrire  cette 
musique,  Auber,  qui  ne  se  destinait  point  alors 
à  la  profession  de  compositeur,  n'avait  mis  qu'à 
cette  condition  sa  plume  au  service  de  son  ami. 
Lorsqu'il  se  présenta  des  occasions  de  décla- 
rer la  vérité  à  ce  sujet,  de  Lamare  les  saisit  tou- 
jours avec  empressement.  Les  compositions  con- 
nues sous  le  nom  de  cet  artiste  sont  :  i°  Qua- 
tre concertos  pour  violoncelle  et  orchestre  (en 
la  mineur,  )t,  si  bémol  et  la  majeur);  Paris, 
Pleyel.  —  2°  Air  varié  idem,  op.  4,  ihiii.  — 
.3°  Duos  pour  2  violoncelles,  op.  5;  Paris,  Ja- 
net. 

LAMARIOUSE  (...  DE),  amateur  de  mu- 
sique, né  à  Poitiers,  dans  les  premières  années  du 
dix-neuvième  siècle,  s'est  fait  connaître  par  un 
opuscule  qui  a  pour  titre  :  Considérations  sur 


la  mvsique;  Poitiers,  imprimerie   de  Saurin, 
1841,  in-8°  de  12  pages. 

LAMBARDI  (Jérôme),  né  à  Venise,  fut 
chanoine  régulier  du  monastère  de  lo  Spirito 
Santo,  près  de  cette  ville,  et  vécut  au  commen- 
cement du  dix-septième  siècle.  Il  s'est  fait  con- 
naître comme  compositeur  de  musique  d'église 
parles  ouvrages  intitulés  -.  1°  Psalmodia vesper- 
tina  omnium  solemnit.  cum  cantico  liealag 
Virginis  Marise  octo  vocum,  cum  basso  ad 
organum,  liber  secundus.  In  Cœnobio  Sancti 
Spiritus,propeVenetia,  1 605,  in-4°.  J'ignore  quelle 
est  la  date  de  la  publication  du  premier  livre  des 
psaumesàhuit  voixdu  P.  Lambardi. Ces  psaumes 
sont  divisés  en  deux  chœurs,  chacun  pour  so- 
prano, alto,  ténor  et  basse,  avec  une  double  par- 
tie de  basse  pour  l'orgue,  laquelle  a  pour  litre  : 
Armonia  (sic)  ex  basibus  desiimptaorganistis 
dcscrviens  libri  secundi  psalmorum  vesper- 
tinorum  octonis  vocibus,  etc.  Cette  double  basse 
s'exécutait  vraisemblablement  l'une  sur  le  cla- 
vier du  grand  orgue,  l'autre  par  le  clavier  de 
pédale.  Les  notes  de  ces  basses  ne  sont  pas 
chiffrées,  ce  qui  indique  que  la  nouvelle  inven- 
tion de  ces  chiffres  n'était  pas  encore  générale- 
ment répandue  :  or,  la  partie  de  double  basse 
n'étant  ni  chiffrée  ni  en  partition  avec  les  par- 
ties de  chant,  il  est  évident  que  l'organiste  n'exé- 
cutait pas  l'harmonie  avec  la  main  droite.  — 
2"  Salmi  vesperiini  m  ogni  solennità  delV 
anno  acinque  voci:  Venise,  1613,  chez  les  hé 
ritiers  d'Angelo  Gardano.  —  3"  Vespertina 
omn.  solemn.  psalmodia  sex  vocibus  j  ibid., 
1013,  in-4". 

LAMBARDI  (Camille),  maître  de  chapelle 
(le  VAnnunziata,  à  Naples,  vécut  dans  cette  ville 
vers  la  fui  du  dix-septième  siècle.  On  connaît 
sons  son  nom  l'ouvrage  qui  a  pour  litre  :  lies- 
ponsori  délia  Settimana  sanla,  con  il  Beiie- 
dictus,eChristusfactus  est,  a  due  cori  ;  Naples, 
1692,  in-4°. 

LAMBERT  ,  moine  de  l'abbaye  de  Saint- 
Hubert,  ordre  de  Saint-Benoît,  cité  dans  le  Can- 
iatorium,  \\\ait  en  1055.  Les  bénédictins  Mar- 
tenne  et  Durand  ,  premiers  éditeurs  de  cette 
jmportante  chronique  du  onzième  siècle,  ont 
fait  observer  que  la  mention  d'orgues  qui  s'y 
trouve  est  un  fait  très-remarquable  à  une  épo- 
que où  ellesétaient  d'une  rareté  excessive  dans  les 
monastères.  D'après  cette  chronique,  Lambert 
était  organiste  de  l'abbaye  de  Saint-Huhert  : 
c'est  le  plus  ancien  nom  connu  d'un  artiste  de 
ce  eenre. 

LAMBERT  (  Pierre  ),  musicien  français, 
né  à  Noyon,  en  1493,  fut  attaché  à  la  chapelle 
pontificale,  ainsi  qu'on  le  voit  par  son  épitaphe, 


LAMBERT 


175 


qui  est  dans  l'église  Sain, -Augustin  à  Rome. 
Celte  mOme  épitaphe  fait  voir  qu'il  mourut  à 
Rome,  le  1""  des  calendes  de  septembre  1563 ,  à 
lage  de  soixante-dix  ans,  et  que  Nicolas  Polie- 
îius,  son  élève,  fut  son  exécuteur  testamentaire. 
Enfin,  le  même  document  nous  apprend  que, 
Lambert  était  né  à  Noyon.  Voici  cette  épitaphe  : 

Petro  l.amberlo  Bel»,  ncrvio 

Noviodunensl 
Summor.  l'ontif.  Symphoniaco 

Gravi  viro  Inocciitia 
El  erga  inopes  adniir.ibili  mia 

Nicolaus  Polletins 

Cllcns  et  testamenti  exccutor 

Municipi  et  palrono  lie  se    benemerenti 

P. 

Vixit  annos  LXX 

Obitt   1  kal.  sept.  ann.  Sal.  MDLXIII. 

Il  est  vraisemblable  que  c'est  le  même  artiste 
qui  est  désigné  par  plusieurs  écrivains  italiens  du 
seizième  siècle  sous  les  noms  de  Lamberto  il 
caldarino  (Lambert  le  petit  chaudron)  et  de 
Lamberto  il  caldarajo  (  Lambert  le  chaudron- 
nier), peut-être  parce  qu'il  avait  exercé  d'a- 
bord cette  profession.  Quelques  madrigaux  de 
Lambert  ont  été  imprimés  avec  ceux  d'An- 
toine Barré,  dans  la  collection  qui  a  pour  titre  : 
Primo  libro  délie  Muse  a  qualtro  voci ,  Ma- 
drigali  ariosi  di  Antonio  Barré ,  et  allri  di- 
versi  autori;  Rome,  Ant.  Barré,  1555,  'm-A°. 

LAMBERT  (  Michel),  musicien  et  maître 
de  chant  à  Paris,  dans  le  dix-septième  siècle,  eut 
dans  le  monde  élégant  et  à  la  cour  la  ré|iutation 
d'un  des  meilleurs  artistes  de  son  temps.  11  na- 
quit en  1610,  à  Vivonne,  dans  le  Poitou,  fut  en- 
fant de  chœur  à  la  sainte  chapelle  de  Champigny, 
et  vint  fort  jeune  à  Paris,  où  Moulinier  [voyez 
ce  nom  ),  charmé  de  son  intelligence  et  de  sa  jolie 
voix ,  le  fit  entrer  dans  les  pages  de  la  musique 
de  Gaston  d'Orléans,  frère  de  Louis  XIII.  Après 
plusieurs  années  passées  dans  cette  situation ,  il  en 
sortit,  et  se  livra  à  l'étude  de  plusieurs  instruments 
et  de  la  composition.  Plus  tard  ,  il  reçut  des  le- 
çons de  chant  de  De  Niel ,  ou  De  Niert ,  valet  de 
chambre  du  roi  et  chanteur  de  sa  musique.  Ce 
De  Niel  avait  suivi  le  maréchal  de  Créqui  dans 
son  ambassade  à  Rome.  Il  prit  des  leçons  de 
<;hant  dans  cette  ville,  et  communiqua  la  mé- 
thode italienne  à  Lambert  lorsqu'il  fut  de  retour 
à  Paris.  Lambert,  qui  avait  mis  à  profit  ses 
conseils,  chantait  d'une  manière  agréable;  de 
plus  ,  il  jouait  bien  du  théorbe ,  du  luth  et  du 
clavecin.  Le  cardinal  de  Richelieu,  dont  la  fa- 
mille était  du  Poitou,  l'admit  près  de  sa  per- 
sonne, et  lui  promit  de  prendre  soin  de  sa  for- 
tune ;  cependant  il  ne  paraît  pas  que  l'artiste  en 


ait  reçu  d'autre  faveur  que  celle  de  chanter  dans 
ses  assemblées  (1). 

Il  ne  paraît  pas  facile  de  décider  quand  a 
commencé  la  réputation  de  Lambert  comme 
maître  de  chant  et  comme  compositeur  d'airs  à 
la  mode.  Mersenne ,  dont  le  livre  de  Y  Harmonie 
universelle  ia\.  \m[>v\n\é  en  1636,  ne  cite  pas 
son  nom  parmi  ceux  des  musiciens  connus  de 
son  temps  ;  cependant  Lambert  était  alors  âgé  de 
'vingt-six  ans.  Ce  qui  paraît  certain ,  c'est  qu'il 
était  alors  plus  homme  de  plaisir  qu'artiste  soi- 
gneux de  sa  renommée.  Suivant  les  habitudes 
des  jeunes  gens  de  ce  temps,  il  hantait  les  ca- 
barets et  s'y  enivrait  parfois.  Dans  l'une  de  ces 
maisons,  appelée  le  cabaret  du  Bel-Air,  et  qui 
était  tenue  par  un  certain  Le  Puis,  il  vit  la 
fille  de  l'hôte,  lui  trouva  de  la  beauté,  de  l'es- 
prit, une  voix  charmante,  en  devint  amoureux, 
et  l'épousa.  Tallemant  des  Réaux  rapporte, 
dans  ses  Historiettes,  une  autre  anecdote,  qui 
fait  voir  jusqu'où  il  se  laissait  aller  quelquefois, 
même  apiès  son  mariage.  «  Un  jour,  dit-il ,  que 
«  notre  Orphée  s'était  lai.ssé  entraîner  dans  une 
«  de  ces  caves  de  vin  muscat,  à  la  Croix  du  ti- 
«  voir  (  autrement  dit  du  trahoir) ,  il  en  sortit 
«  la  tête  en  compote,  et  en  s'en  retournant  il 
«  trouva  Le  Puis,  son  beau-père,  qui  lui  dit 
«  qu'il  le  cherchait,  que  le  cardinal  le  demandait, 
«  et  qu'il  y  avait  un  carrosse  au  logis  qui  atten- 
«  dait  il  y  avait  longtemps.  Il  fallut  aller;  par 
«  bonheur  pour  lui,  il  y  avait  ce  jour-là  deux 
«  comédies  ciiez  le  cardinal,  l'une  françoise, 
«  l'autre  italienne,  durant  lesquelles  il  dormit 
<(  fort  bien.  On  soiipa  :  il  n'avait  pas  besoin  de 
«  souper,  il  employa  encore  ce  temps  à  dormir; 
«  il  était  dix  heures  quand  on  le  lit  chanter  :  il 
«  n'eut  jamais  tant  de  voix.  «  Le  même  Talle- 
mant dit  aussi  que  le  mariage  de  Lambert  ne 
fut  pas  des  plus  heureux  ,  et  que  sa  femme 
mourut  de  chagrin,  au  bout  de  trois  ou  quatre 
ans,  laissant  une  fille,  Madeleine  Lambert,  qui 
fut  élevée  avec  beaucoup  de  soin  par  sa  jeune 
tante,  M'ie  Hilaire  Le  Puis.  Tout  cela  appar- 
tient à  la  jeunesse  de  Lambert  et  du  vivant  du 
cardinal -de  Richelieu  ,  qui  mourut  en  1642  : 
l'artiste'  n'était  alors  âgé  que  de  trente-deux 
ans. 

Ce  fut  vers  cette  époque  que  commença  la 
vogue  de  Lambert  comme  maître  de  chant;  elle 
devint  telle  en  peu  de  temps,  qu'il  ne  put  sa- 

(1)  J'ai  dit  dans  la  première  édition  de  cette  Biogra- 
phie, d'après  le  Parnasse  français  de  Titon  du  Tillet. 
que  le  cardinal  de  Richelieu  fit  avoir  à  Lambert  la  charge 
de  maitre  de  musique  de  la  chnrabre  du  roi;  mais  ce 
fait  parait  inexact.  Lambert  n'obtint  cette  charge  que 
sous  le  règne  de  Louis  XIY. 


Î/O 


LAMBERT 


tbfaire  aux  demandes  de  toutes  les  personnes 
de  condition  qui  voulaient  prendre  de  ses  leçons. 
Quel  que  fût  son  talent,  ce  n'était  pas  le  seul 
avantage  qui  lui  procurait  la  faveur  de  la  ville  et 
de  la  cour  ;  car  il  était  homme  d'esprit ,  bon 
convive ,  et  fort  plaisant  dans  sa  manière  de 
conter.  Quelques  vers  de  la  troisième  satire  de 
Boileau  font  voir  qu'on  recherchait  avec  em- 
pressement les  occasions  de  se  trouver  avec 
mi.  Tout  le  monde  les  connaît  : 

Molière  av*c Tartufe  y  doit  jouer  son  rôle; 
Et  Lambert ,  qui  plus  est ,  m'a  donné  sa  parole. 
C'est  tout  dire  en  un  mot ,  et  vous  le  connolssez.  — 
Quoi!  Lambert?...  -  Oui,  Lambert  :  à  demain.  —  C'est 

assez, 

Il  paraît  que  ce  musicien  était  obsédé  par  les 
invitations  des  oisifs,  qui  s'amusaient  de  son  chant 
et  de  ses  bons  mots;  il  promettait  souvent  de 
s'y  rendre,  pour  se  soustraire  aux  importunités; 
mais  rarement  il  était  fidèle  à  sa  parole  :  il 
préférait  aux  plaisirs  du  monde  le  repos  qu'il 
goûtait  dans  sa  maison  de  campagne,  près  de 
Puteaux. 

En  dépit  de  son  talent  et  de  la   faveur  des 
grands,  l'existence  de  Lambert  était  peu  fortunée, 
et  son  revenu  ne  reposait  que  sur  des  bases  assez 
peu  solides.  Il  aurait  pu  s'enrichir  par  ses   le- 
çons ;  mais  il  n'y  mettait  pas  beaucoup  d'exac- 
titude. Comme  la  plupart  des  artistes  d'imagi- 
nation, il  en  éprouvait  souvent  des  dégoûts.  Il 
n'y  avait  point  alors  de  concerts  pour  le  public, 
car    ce    qu'on    appelle  aujourd'hui  le  public 
n'existait  pas.  Le  roi ,  la  cour  et  les  plaisirs  des 
grands  étaient  la  seule  ressource  des  artistes  : 
la  bourgeoisie  et  le  peuple  n'avaient  d'autre  des- 
tination que  de  travailler  et  de  payer  les  im- 
pôts. Ajoutons  que  les  musiciens  en  renom  ne 
faisaient  pas  leurs  conditions,  comme  ils  le  font 
aujourd'hui,   pour  aller  jouer  des  instruments, 
et  chanter  dans  les  salons  de  la  noblesse  :  ils 
recevaient  des  cadeaux   éventuels,  et  parfois 
on  ne  se  souvenait  d'eux  qu'après  de  longs  in- 
tervalles. Lambert  en  éprouvait  souvent  d'assez 
grands  embarras.  Le  travail   qu'il   faisait  pour 
les   ballets  du  roi  (était  aussi    rétribué  d'une 
manière  irrégulière.  Enfin  les  airs  charmants 
qu'il  composait,  et  qui  faisaient  les  délices  de  la 
cour  et  de  la  ville,  ne  lui  rapportaient  rien,  car 
personne  alors  n'imaginait  que  les  idées  d'un 
compositeur  eussent  une  valeur  représentée  par 
de  l'argent.  La  famille  des  Ballard ,  imprimeurs 
de  musique  à  Paris ,  avait  seule  la  propriété  de 
toute  la  musique  qui  s'écrivait  en  France,  sans 
être  tenue  de  l'acheter,  parce  qu'elle  avait  pour 
cela  privilège  de  roi.  Lambert  finit  par  se  fati- 
guer iTune  existence  si  peu  convenable  pour  un 


homme  de  son  mérite.  Il  se  trouva  si  gueux, 
dit  Tallemant ,  quHl  en  eut  honte.  Toutefois  il 
fit  peu  de  démarches  lui-même  pour  sortir  de 
cette  position  -.  il  fallut  que  ses  amis  s'entre- 
missent pour  lui.  M.  de  Lamoignon  ,  évêque  de 
Lisieux,  qui  aimait  avec  passion  le  chant  de 
Lambert,  fut  un  des  premiers  à  s'intéressera 
son  sort  :  il  lui  donna  une  pension  de  mille 
francs  sur  ses  bénéfices.  A  quelque  temps  de  là 
il  en  eut  une  autre,  de  huit  cents  livres,  de  l'é- 
vêque  de  Langrcs.  Vers  1650 ,  il  en  obtint  une  de 
400  écus  sur  la  cassette  du  roi  ;  enfin,  Louis  XIV 
lui  accorda  une  des  places  de  maître  de  la 
musique  de  sa  chambre.  Celte  époque  fut  la 
plus  brillante  de  sa  carrère,  et  dès  lors  il  goûta 
les  douceurs  d'une  vie  exempte  de  soucis. 

Vers  1655,  il  quitta  la  maison  de  Le  Puis, 
avec  sa  fille  et  sa  belle-sœur  Hilaire  :  tous  trois 
allèrent  demeurer  près  des  Petits-Pères ,  chez 
un  ami  nommé  Hervault,  qui  prit  soin  de  leurs 
affaires,  et  Lambert  ne  s'occupa  plus  que  de 
son  art.  Insensiblement   il  cessa  de  sortir  de 
chez  lui  pour  donner  des  leçons,  et  sauf  quel- 
ques grandes  dames  pour  lesquelles  il  consentait 
à  se  déranger,  ceux  qui  désiraient  l'entendre  et 
recevoir  ses  conseils  devaient  aller  chez  lui.  Sa 
réputation  croissait  de  jour  en  jour,  son  talent 
passait  pour  incomparable.  La  Fontaine ,   vou- 
lant donner  l'idée  de  la  perfection  du  chant ,  dit 
dans  une  de  ses  fables  :  vous  surpassez  Lam- 
bert (1),  et  Le  Gallois,  bon  juge  des  artistes  de 
son  temps ,  cite  les  plus  habiles  en  ces  termes  : 
u  II  est  certain  que  quelques-uns  d'entre  eux 
«  ont  eu  une  approbation  universelle,  qui  semble 
«  les  mettre  dans  une  juste  possession  de  la 
«  couronne,   comme  un  Gautier  pour  le  lut, 
a  un  Chambonière  pour  le  clavessin ,  un  Lam- 
V  n  bert  pour  le  chant ,  un  Francisque  Corbette 
«  pour  la  guitare,  etc.  (2).  »  Il  y  a  de  charmantes 
mélodies  parmi  les  chansons  et  les  petites  can- 
tates de  Lambert  :  on  y  trouve  plus  d'élégance 
et  de  variété  que  dans  les  airs  de  LuUi  ;  mais 
la  musique  de   théâtre,  liée  à  l'intérêt  drama- 
tique, aura  toujours  des  succès  populaires  qui  ne 
pourront  être  balancés  par  la  musique  de  cham- 
bre. Lambert  surchargeait  la  sienne  d'une  foule 
d'ornements  ,  tels  que  le  trille ,  les  groupes  , 
le  coulé,   le   flatté,    le  port  de  voix,  etc. 
Ce    sont   vraisemblablement  ces  broderies,  et 
les  doubles  ou   variations  du  thème,  qui  va- 
lurent à  Lambert  sa  réputation  de  grand  chan- 
teur. 

(1)  Livre  XI.  fable  S». 

(2)  Lettre  de  M.  Le  Gallois  à  Mademoiselle  Regnault 
de  Solier  touchant  la  musique;  Paris,  listiennc  Michallet, 
11)80,  in- 12;  p.  66  et  66. 


LAMBERT 


177 


Lulli  épousa  la  fille  de  Lambert,  le  24  juillet 
1662,  et  reçut  de  son  beau-père  une  dot  de 
20,000  livres.  On  a  remarqué  que  celui-ci  fut  le 
seul  musicien  dont  le  Florentin  ne  fut  pas  ja- 
loux ,  et  pour  qui  il  eut  toujours  un  respect 
qu'on  n'aurait  pas  attendu  de  son  caractère 
brutal.  Lambert  lui  survécut,  car  il  ne  mourut 
qu'en  1696,  à  l'âge  de  quatre-vingt-six  ans.  Il 
fut  inliumé  près  de  son  gendre,  dans  l'église  des 
Petits-Pères.  On  a  de  cet  artiste  un  recueil 
d'airs  et  de  brunettes,  publié  en  1666,  chez 
Ballard,  petit  in-4°  oblong.  Il  en  a  été  fait  une 
deuxième  édition  ,  augmentée  de  quelques  mor- 
ceaux, chez  Christophe  Ballard,  1689,  in-fol. 
Après  la  mort  de  l'artiste ,  on  recueillit  un  grand 
nombre  de  ses  morceaux  de  chant  épars,  et  ils 
furent  publiés  sous  ce  titre  :  Airs  et  dialogues 
à  une ,  deux,  trois,  quatre  et  cinq  voix ,  com- 
posez (sic)  par  feu  M.  Lambert,  maître  de 
la  musique  de  la  chambre  du  Roi  ;  Paris , 
Ballard ,  1698,  in-4''.  Dans  la  même  année ,  il 
parut  une  autre  édition  de  ce  recueil,  à  Ams- 
terdam, chez  Etienne  Roger.  Il  y  a  des  airs  de 
Lambert  répandus  dans  plusieurs  recueils  de 
divers  auteurs  publiés  par  les  Ballard  ,  notam- 
ment dans  celui  qui  a  pour  titre  :  Recueil  des 
plus  beaux  vers  mis  en  chant.  Il  existe  aussi 
des  recueils  manuscrits  qui  renferment  des 
morceaux  de  la  composition  de  cet  artiste,  les- 
quels n'ont  pas  été  publiés.  Un  de  ces  recueils 
est  à  la  Bibliothèque  impériale  de  Paris  :  on  y 
trouve  quarante-trois  airs  de  Lambert  avec  d'au- 
tres de  Boesset,  de  Camus,  etc.  La  bibliothèque  de 
l'Arsenal  en  possède  un  autre,  sous  le  titre  d'Airs 
de  M.  Lambert  non  imprimés  (  copié  chez 
Foucault ,  rue  Saint-Honoré  ,  à  la  Règle  d'or  ). 
Enfîn,  la  Bibliothèque  du  Conservatoire  de  Paris 
est  en  possession  de  Leçons  des  Ténèbres  pour 
la  semaine  sainte  el  d'un  motet  de  Lambert  qui 
n'ont  point  été  mis  au  jour. 

M.  J.  Ed.  Bertrand  a  publié  dans  la  Revue 
et  Gazette  musicale  de  Paris  (I)  une  mono- 
graphie ,  ou  ,  comme  on  dit  aujourd'hui ,  une 
Étude  sur  Michel  Lambert,  oii  il  y  a  de  l'intérêt, 
bien  qu'un  peu  diffuse  ;  ce  travail  nous  a  été 
utile.  Gerber  a  confondu  Lambert  avec  Saint- 
Lambert  ,  autre  professeur  de  musique  et  au- 
teur d'un  Traité  d'accompagnement. 

LAMBERT  (N.  DE  SAINT-).  Toj/e3  SAINT- 
LAMBERT. 

LAMBERT  (....),  luthier  lorrain,  sur- 
nommé le  charpentier  de  la  lutherie,  s'est 
moins  fait  remaïquer  par  le  mérite  de  ses  ius- 


(I)  Voyez  net'ue  et  Caiette  musicale  de  Paris  ,  *«•  an- 
née (  1859  ) ,  p.  9,  3s,  «9,  143,  15;. 

uioGi;    L.MV.  niis   musiciens. — t.  v. 


truments  que  par  leur  nombre.  La  quantité  d« 
violons  qui  sont  sortis  de  ses  ateliers  est  im- 
mense. Il  a  formé  quelques  bons  élèves  ,  parmi 
lesquels  on  distingue  Saunier.  Il  parait  qu'il 
vivait  encore  à  Nancy  vers  1750,  car  on  connaît 
des  instruments  qui  portent  son  nom  et  qui  eut 
été  faits  vers  le  milieu  du  dix-huitième  siècle. 

LAMBERT  (Jean-Henri  ) ,  savant  mathé- 
maticien et  philosophe  distingué ,  na()uit  le  29 
août  1728,  à  Mùlhausen,  dans  la  Haute-Al- 
sace. Il  fut  un  des  membres  les  plus  actifs  de  l'A- 
cadémie de  Berlin  ,  et  mourut  dans  celte  ville, 
le  25  septembre  1777.  Parmi  ses  nombreux  écrits 
on  remarque  les  mémoires  suivants,  sur  des  su- 
jets relatifs  à  la  musique  :  1°  Sur  quelques  ins' 
truments  acoustiques  (Mém.  de  l'Académie  des 
sciences  de  Berlin,  1763,  p.  87  et  suiv.).  Il  y  a 
une  traduction  allemande  de  ce  morceau,  avec 
des  notes  du  professeur  Huth,  publiée  non  à 
Berlin,  comme  le  dit  Lichtenlhal,  mais  à  Franc- 
fort-sur-l'Oder,  en  1796.  —  2°5ur  la  vitesse  du 
so?r  (Mém.  de  l'Académie  de  Berlin,  ann.  1798, 
p.  70  et  suiv.).  Lichtenthal  s'est  trompé  en  in- 
diquant pour  ces  deux  ouvrages  les  Mémoires  da 
l'Académie  des  sciences  de  Paris.  —  3°  Remar- 
ques sur  le  tempérament  en  musique  (Idem, 
ann.  1774).  Marpurg  a  inséré  une  traduction  al- 
lemande de  ce  morceau  dans  ses  essais  historiques 
et  critiques  sur  la  musique  (Hisfor.  krit.  Bey- 
trxge,  etc.,  t.  V,  pages  417-450).  —  4°  Obser- 
vations sur  les  tons  des  flûtes  (Mém.  de  l'Aca- 
démie de  Berlin,  1775)  ;  mémoire  intéressant  et 
plein  de  recherches  savantes. 

LAMBERT  (Georges-Joseph-Laurent),  pro- 
fesseur de  chant  et  compositeur,  est  né  à  Arras, 
en  1779.  Les  premières  leçons  de  musique  lui 
furent  données  par  son  père  ;  puis  il  eut  pour  maî- 
tre Schorn,  maître  de  chapelle  à  l'église  Saint- 
Pierre.  Il  n'était  âgé  que  deseizeans  lorsqu'il  fut 
attaché  en  qualité  de  chef  d'orchestre  à  une  troupe 
de  comédiens  qui  jouaient  alternativement  dans 
les  villes  du  département  du  Nord,  et  pendant 
près  de  dix  ans  (1795  à  1804)  il  en  remplit  les 
fonctions.  En  1805,  il  se  trouvait  à  Amiens,  où 
il  écrivit  plusieurs  morceaux  de  musique  pour 
rinstailation  de  l'évêque.  Dans  la  môme  année  il 
se  fixa  à  Paris,  où  il  se  fit  bientôt  connaître  comme 
professeur  de  chant  et  comme  compositeur  de 
romances  agréables  et  de  rondeaux  qui  eurent 
alors  de  la  vogue.  Parmi  ses  romances,  celles 
qui  ont  obtenu  beaucoup  de  succès  sont  :  Qu'il 
est  doux  ce  premier  désir;  De  la  pudeur  à 
son  aurore;  Respectez  l'aimable  candeur; 
Les  adieux  d'une  fille  à  sa  mère;  Cécile,  ou 
l'amour;  Les  bords  de  la  Loire,  etc.  Elles  ont 
été  toutes  publiées  à  Paris.  Une  des  meilleures 

12 


I7S 


LAMBERT  —  LAMBILLOTE 


productions  de  cet  artiste  consiste  en  (rois  qua- 
iiioi's  pour  deux  violons,  alto  et  basse  ;  Paris  , 
chez  l'auteur.  Ces  quatuors,  dont  les  mélodies 
«nt  du  charme,  et  dont  la  facture  est  fort  honne, 
méritaient  plus  de  succès  qu'ils  n'en  ont  obtenu  ; 
mais  Lambert  n'était  pas  connu  pour  ce  genre 
de  musique,  et  l'on  n'a  voulu  voir  en  lui  que  le 
compositeur  de  romances.  On  a  aussi  de  cet  ar- 
tiste quelques  morceaux  de  musique  d'église, 
dont  un  Dotnine  salvvm  fac  regem  à  2  voix 
et  orgue  ;  Paris,  Baucé  ;  \m  0  Salutaris  à  3  voix 
et  orgue,  ibid.  ;  un  Magnificat  à  4  voix  et  orgue, 
ïbid.  ;  et  un  Chœur  de  vierges  (  Jesu  corona 
virginum)  à  3  voix  et  orgue,  ibid.  ;  enfin,  un  autre 
Magnificat  à  4  voix,  chœur  et  orcliCïtie,  qui 
a  été  exécuté  après  sa  mort,  à  Paris,  au  mois  de 
juillet  1852.  Lambert  avait  acquis  de  l'aisance, 
on  pourrait  presque  dire  de  la  fortune,  par  un 
travail  constant  et  par  l'économie.  11  n'était  pas 
marié.  Libre  de  tons  soins,  il  aimait  à  voyager, 
et  dans  les  dix  dernières  années  de  sa  vie,  il  vi- 
sita toutes  les  parties  de  l'Europe,  pariant  de 
Paris  vers  le  mois  de  juillet,  et  n'y  rentrant  qu'en 
.  novembre.  Ses  excursions  avaient  particulière- 
ment la  musique  pour  objet.  Il  est  mort  a  Dijon, 
dans  les  derniers  jours  de  juin  1852,  à  Page  de 
soixante-treize  ans. 

LAMBERT  (Charles)",  professeur  de 
piano,  né  a  Paris,  en  1793,  a  reçu  des  leçons  de 
MM.  Adam  etZimmerman.  Il  a  publié  :  1°  Sonate 
élémentaire  doigtée  pour  piano;  Paris,  Janet  et 
Cotelle.  — 2°  Recueil  de  contredanses  pour  piano  ; 
Paris,  Omonl.  — 3°  Méthode  de  piano,  con- 
tenant le  tableau  du  clavier,  les  principes  du 
doigter,  etc.  ;  Paris,  Boieldieu.  —  4"  Petite  mé- 
thode extraite  de  la  précédente  ;  ibid.  La  fille  de 
ce  professeur  époBsa  le  harpiste  et  compositeur 
Labarre. 

LAMBERT  (G.-L.)',  né  à  Beverley,  dans 
le  duché  d'York,  en  1705,  a  étudié  les  principes 
de  la  musique  sous  la  direction  de  son  père, 
organiste  à  l'église  principale  de  cette  ville.  A 
J'âge  de  seize  ans ,  on  l'envoya  à  Londres  pour 
achever  son  éducation  musicale  sous  la  direction 
de  Lyon,  puis  sous  le  docteur  Crotch.  En  1818, 
H  perdit  son  père,  et  le  remplaça  comme  orga- 
niste à  Beverley,  après  avoir  obtenu  sa  place 
au  concours.  Il  a  publié  :  1°  Sonate  pour  piano 
seul  ;  Londres,  Latour.  —  2°  Duo  pour  piano  à 
quatre  mains  ;  ibid.  —  3"  Trois  trios  pour  piano, 
violon  et  violoncelle  ;  Londres,  Birschall.  —  4°  Sep- 
tuor pour  piano,  violon,  alto,  violoncelle,  deux 
cors  et  contrebasse  ;  ibid. 

LAMBERTl  (Loi's) ,  compositeur,  né  à 
Savone,  le  22  octobre  1769;  fit  ses  études  musi- 
cales sous  la  direction  de  L.  Mariani,  maître  de 


chapelle  de  la  cathédrale  de  sa  ville  natale,  el  devirjt 
un  musicien  fort  habile.  Après  la  mort  de  son 
maître,  il  lui  succéda  dans  ses  fonctions  de  maî- 
tre de  chapelle;  mais  cinq  ans  après  il  les  aban- 
donna, par  caprice,  et  depuis  lors  il  eut  une  vie 
agitée  et  précaire.  En  1806  il  vint  à  Paris,  y 
vécut  sans  emploi ,  et  y  publia  diverses  com- 
positions pour  le  piano,  dont  il  dédia  plusieurs 
morceaux  à  la  princesse  Pauline,  sneur  de  Napo- 
léon. On  connaît  sous  son  nom  en  Italie  trois 
opéras  :  1°  L'Amante  schernito,  farce.  — 
2"  Orfeo,  opéra  séria.  —  3"  /  due  FratelU  ori- 
ginali.  Il  a  aussi  écrit  plusieurs  messes  concer- 
tantes ,  des  vêpres  pour  toute  l'année,  des  leçons 
des  ténèbres,  un  Miserere,  deux  Tanfiim  ergo  , 
plusieurs  motets,  hymnes  et  beaucoup  de  sympho- 
nies, dont  plusieurs  caractéristiques,  telles  queZa 
Mort  de  Louis  XVI  (ti  Publius  Claudlus;  des 
quintettes,  quatuors  et  trios  pour  violon,  alto 
et  violoncelle;  des  duos  pour  violon',  clarinette» 
llûte,  beaucoup  de  pièces  en  harmonie  pour  des 
instruments  à  vent;  des  concertos  pour  divers 
instruments  ;  des  sérénades,  des  sonates  de  piano 
avec  accompagnement  de  violon  ;  d'autres  à  qua- 
tre mains,  et  des  pièces  de  différents  caractères. 
On  a  publié  de  sa  composition  à'  Paris  :  Sonate 
pour  piano  avec  violon  ou  flûte,  op.  37  ;  Paris, 
Sieber.  Lainberti  vivait  encore  à  Paris  en  1812; 
j'ignore  ce  qu'il  est  devenu  depuis  ce  temps. 

LAMBERTINI  (Jean-Thomas),  musicien 
italien  du  seizième  siècle,  vécut  à  Venise,  où  il 
était,  suivant  le  fronli>pice  de  ses  Madrigali , 
vice-maître  de  chapelle  à  l'église  San-Lorenzo  , 
en  1560,  et  oii  il  publia  :  Salmi  penitenfiali  a 
quattro  voci ,  1569,  in-4''.  On  a  aussi  de  lui  : 
Madrigali  a  quattro,  novamentc  composti  so- 
pra  quindici  stanze  di  3[.  Bernardo  Tasso, 
con  alcuni  o.ltri  madrigali  del  medesimo  au- 
tore.  Libro primo;  in  Venezia,  apj)rcsso  d'Anto- 
nio Gardano,  1560,  in-4°  obi. 

LAMBILLOTE  (Le  P.  Louis),  jésuite,  né  à 
Charleroi  (Hainaut),  le  27  mars  1797,  montra 
dès  son  enfance  du  goût  pour  la  musique.  A  l'âge 
de  sept  ans  il  eut  la  bonne  fortune  d'être  ren- 
contré par  un  abbé  italien  qui  demeurait  dans 
un  château  des  environs,  et  qui,  remarquantses 
dispositions  mélomanes,  lui  enseigna  les  éléments 
du  solfège,  du  clavecin  et  de  l'harmonie.  Plus 
tard,  il  reçut  des  leçons  d'orgue  d'un  religieux 
de  l'ordre  de  Saint-Augustin,  qui  le  mit  en  état  de 
remplir  les  fonctions  d'organiste  à  l'église  de 
Charleroi,  puis  à  celle  de  Dinant  sur  la  Meuse. 
Il  était  parvenu  à  l'âge  de  vingt-cinq  ans  lors- 
qu'un de  ses  amis  le  détermina  à  l'accompagner 
jusqu'à  la  maison  des  jésuites  de  §ainl-Acheul. 
Il  s'y  présenta  comme  candidat  pour  la  place 


LAMBILLOTE 


179 


vacante  de  maître  de  chapelle,  et  l'obtint.  Ce  fut 
alors  qu'il  conçut  le  dessein  d'entrer  dans  la 
Compagnie  de  Jésus  ;  mais  il  n'avait  pas  fait  d'é- 
tudes littéraires  dans  sa  jeunesse  :  il  dut  se  rési- 
gner à  les  commencer  à  un  âge  où  il  est  rare 
qu'on  y  réussisse.  Toutefois  son  courage  et  sa  per- 
sévérance le  firent  triompiier  des  didicultés  et 
acquérir  une  certaine  connaissance  de  la  lan- 
gue latine.  Admis  au  noviciat,  le  15  août  1825, 
il  acheva  le  temps  d'épreuves  et  fut  ordonné 
prêtre.  Le  reste  de  sa  vie  s'écoula  dans  diverses 
maisons  de  son  ordre,  à  savoir  Saint-Acheul, 
Fribourg,  Aix  (en  Savoie),  Briegg,  Brugelette 
(Belgique),  et  enfin,  Vaugirard.  Il  est  mort  dans 
celle-ci,  le  27  février  1855,  à  l'âge  de  près  de 
cinquante-huit  ans.  Jusqu'à  l'âge  d'environ  qua- 
rante-trois ans,  le  P.  Lambillote  composa  une 
4;rande  quantité  de  musique  d'église  d'un  style 
vulgaire,  plus  convenable  pour  les  guinguettes 
que  pour  le  service  divin,  et  de  plus  fort  mal 
«crile.  Elle  eut  cependant  du  succès  dans  les 
^)rovinces  de  France,  où  le  goût  est  en  général 
•assez  mauvais. 

Le  P.  Lambillotle  s'était  fort  peu  occupé  du 
plain-chant  jusqu'en  1842,  époque  où  l'auteur  de 
celle  biographie,  ayant  appelé  l'attention  des 
ecclésiastiques  sur  les  altérations  qu'a  subies  le 
chant  grégorien  dans  un  grand  nombre  de  ma- 
nuscrits, ainsi  que  dans  la  plupart  des  éditions, 
et  ayant  fait  connaître  ses  idées  sur  la  nécessité 
d'en  faire  une  restauration  uniforme,  celte  ou- 
verture fit  naître  une  grande  agitation  en  France 
-et  en  Belgique.  Une  foule  d'écrits  de  tous  genres 
parut  à  celle  occasion,  et  dans  une  question  qu'il 
aurait  fallu  étudier  avec  calme,  on  vit  se  pro- 
duire une  ardente  polémique,  où  les'intérêts 
d'amour-propre  devinrent  bientôt  l'objet  prin- 
cipal (1).  Au  lieu  de  principes  certains,  qui  ne 
peuvent  se  déduire  que  d'une  étude  historique 
des  monuments,  laquelle,  il  est  vrai,  est  envi- 
ronnée de  grandes  difficultés,  chacun  apporta 
«es  opinions  et  ses  vues  particulières.  Celui  qui 
avait  été  la  cause  de  tout  ce  bruit  s'était  pro- 
posé l'unité  dans  le  chant  de  toute  l'église  catlio- 
lique  :  au  lieu  de  cela ,  l'anarchie  la  plus  com- 
plète régna  pendant  plus  dequinze  ans,  et  l'on  eut 
pour  résultats  les  livres  de  chant  de  Malines,  de 
Dijon,  de  Reims  et  de  Cambrai,  de  Rennes  et  de 
Digne,  tous  dissemblables,  tous  s'éloignant  d'une 

(1)  l'arml  le  grand  nombre  d'auteurs  qui  ont  pris  part 
à  ce  débat,  on  peut  consulter,  pour  lesouvrages  qu'ils  ont 
publics,  les  articles  JIfleri,  Alix,  Bonhomme,  Cloet,  Fra- 
selle  et  Germain,  Ad.  de  La  Fuije,  bogaerts,  Duval ,  De 
f'ooht,  Miiinurd.  A'isard,  Patu  de  Saint- Vincent,  d'Or- 
tiyue,  Schubiger,  ot  l'fsscn.  Il  en  rst  beaucoup  d'antres, 
qui  n'ont  écrit  sur  ce  sujet  que  dans  Icsjouinauxecclésias- 
li^ufset  autres. 


manière  plus  ou  moins  arbitraire  du  véinlable 
but.  Le  P.  Lambillotte  s'était  jeté  dans  la  rnélée  : 
lui  aussi  se  persuada  qu'il  était  appelé  à  opérer 
l'œuvre  de  la  réforme  du  chant,  et  sans  posséder 
les  connaissances  nécessaires,  il  alla  explorer  des 
manuscrits  en  diverses  bibliothèques  de  l'Europe. 
Il  s'attacha  particulièrement  à  celui  de  Saint-Gall, 
que  des  traditions  mal  fondées  présentaient  comme 
une  copie  authentique  de  l'Antiphonaire  de  saint 
Grégoire;  il  en  fit  faire  une  copie  en  fac-simile  , 
et  la  publia  sous  ce  titre  :  Antiphonaire  de  saint 
Grégoire,  fac-simile  du  manuscrit  de  Saint- 
Gall  (  viii"  siècle  )  accompagné  :  1'  d'une  no- 
iice  historique  ;  2"  d'une  dissertation  don- 
nant la  clef  du  chant  grégorien  ;  3"  de  di- 
vers monuments,  tableaux  neumatiques  iné- 
dits, etc.  ;  Paris,  1851,  gr.  in-4''.  La  notice  sur 
le  manuscrit  supposé  être  une  copie  authentique 
derantiphonairedesaintGrégoireenvoyceàChar- 
leiuagne,  en  790,  par  le  pape  Adrien  V,  est 
tirée  d'une  chronique  du  moine  Ekkard  ou  Ek- 
keard,  du  monastère  de  Saint-Gall,  lequel  écri- 
vait au  douzième  siècle  ;  mais  le  savant  P.  Schu- 
biger,  bénédictin  de  l'abbaye  d'EinsiedeIn,  a 
prouvé  que  l'écriture  de  ce  manuscrit  est  du 
dixième  siècle;  qu'on  y  trouve  des  pièces,  entre 
autres  la  messe  de  La  Trinité,  qui  n'existaient 
pas  au  huitième;  enfin,  que  ce  manuscrit,  coté 
350,  n'est  pas  mentionné  dans  le  catalogue  de  la 
bibliothèque  de  l'abbaye  de  Saint-Gall,  dressé  dans 
le  neuvième  siècle,  et  qui  se  trouve  dans  la  même 
bibliothèque  sous  le  numéro  728  (voy.  Schubi- 
CER  ).  Déjà  l'auteur  de  cette  biographie  avait 
établi,  dans  une  discussion  avec  le  conseiller  de 
Kiesewetter  (Revue  et  Gazette  musicale  de  Pa- 
ris, 1844,  n°*  24,  25,  26) ,  que  le  manuscrit  de 
Saint-Gall  n'est  pas  un  antiphonaire ,  et  sur- 
tout n'est  pas  celui  de  saint  Grégoire,  n'étant  pas 
conforme  à  celui  qui  a  été  publié  par  les  béné- 
dictins Denis  de  Sainte-Marthe  et  Guillaume  Bes- 
sin,  dans  les  œuvres  de  ce  saint  pontife  (  t.  3, 
p.  737-778),  d'après  un  manuscrit  authentique 
du  neuvième  siècle  qui  avait  appartenu  à  l'église 
de  Compiègne.  Le  P.  Schubiger  reprend  cette  ob- 
jection, et  la  fait  valoir  par  de  nouveaux  argu- 
ments. Au  résumé,  le  manuscrit  de  Saint-Gall, 
bien  qu'intéressant  comme  ceux  de  son  époque, 
n'a  pas  l'authenticité  que  Kiesewetter  et  le  P.  Lam- 
billotte ont  voulu  lui  attribuer.  A  l'égard  du  tra- 
vail dont  le  P.  Lambillotte  l'a  accompagné,  sous 
le  titre  de  Clef  des  mélodies  grégoriennes  dans 
les  antiques  systèmes  de  notations ,  et  de  l'u- 
nité dans  les  chants  liturgiques,  il  se  compose 
de  deux  parties,  la  première,  de  monuments  his- 
toriques qui  ont  de  l'intérêt;  l'autre,  de  raisonne- 
ments du  R.  P.  jésuite,  où  souvent  il  fait  preuve 


«so 


LAMBILLOTE  —  LAMIA 


<le  peu  d'intelligence  de  la  matière.  Les  autres  ira- 
vaux,  de  ee  religieux  relatifs  au  chant  de  l'église 
n'ont  vu  le  jour  qu'après  sa  mort,  par  les  soins 
du  P    Dufoui,  du  même  instiiut   Le  premier  en 
date  est  un  rcrit  intitulé  :  Quelques  mois  sur  la 
restauration  du  chant  liturgique;  état  de  la 
question;  solution  des  difficultés;  Paris  1855, 
in-S"  de  46  pages,  avec  un  spécimen  du  systèmede 
restauration  imaginé  par  le  P.  Lambillotte,  lequel 
consiste  dans  la  messe  de  Pâques,  en  notation  de 
plaint-chant  et  en  notation  moderne.   M.  l'abbé 
Konhommea  fait  une  analy  se  accablantedu  système 
et  de  l'écrit  du  R.  P.  jésuite  dans  une  brochure 
intitulée  :  Simple  réponse  à  la  brocJiure  du  P. 
Lambillotte  intitulée  :  Quelques  mots  ;  etc.,  Pa- 
ris, J.  Lecoffre,  1855,  in-8°de48  pages.  M,  l'abbé 
Jules  Bonhomme,  très-fort  lorsqu'il  met  en  évi- 
dence les  inconséquences  du  P.  Lambillotte,  ne 
l'est  plus  autant  lorsqu'il  veut  faire  considérer 
comme  excellentfs  les  leçons  des  éditions  rémo' 
cambraisiennes  du  graduel  et  de  l'antiplionaire, 
dont  il  avait  mission  de  faire  l'apologie.  Après 
les  Quelques  mots,  le  P.  Dufour  a  publié  l'ou- 
vrage du  P.  Lambillotte  intitulé   :  Esthétique, 
Théorie  et  Pratique  du  chant  grégorien  res- 
tauré d'après  la  doctrine  des  anciens  et  les 
sources  primitives  ;  Paris,  Ad.  Leclerc,  1855, 
1  vol.gr.  in-S",  de  418  pages.  On  peut  voir  dans 
la  préface  de  cette  biographie  (  p.  xxvi,  xxvii  ) 
les  exemples  que  ^'ai  donnés   de    l'absence  de 
toute  critique  et  de  logique  dans  cet  ouvrage  du 
P.  jésuite.    La  dernière  publication   posthume 
des  travaux  de  ce  religieux  est  le  Graduel  et  le 
Vespéral  en  double  notation  moderne  et  de  plain- 
chant;  Paris,  Ad.  Leclerc,  1856.  Il  est  dit  dans  la 
Biographie  générale  de  MM.  Didot,  que  Vœu- 
rre  capitale  du  P.  Lambillotte  est  sans  contre- 
dit la  restauration  du  chant  grégorien  (t.  29, 
col.  166)  :  je  suis  oblige  de  dire  que  cette  res- 
tauration consiste  à  l'avoir  altéré    partout.   Le 
P.  Lambillotte,  qui  ne  cesse  de  répéter  qu'il  faut 
recourir  aux  manuscrits,  ne  les  consulte  que  pour 
changer  ce  qu'il  y  trouve.  On  a  aussi  de  lui   ; 
1°  Choix  des  plus  beaux  airs  de  cantiques  ar- 
rangés à  deux  parties.  —  2°  Musée  des  orga- 
nistes; collection  des  meilleures  fugues  com- 
posées pour  l'orgue  et  choisies  dans  toutes  les 
écoles;   Paris,  1842-1844,  2  vol.  in-4°  obi.   — 
3"  Choix  de  cantiques  sur  des  airs  nouveaux 
pour  toutes  les  fêtes  de  l'année,  à  3  et  4  voix, 
avec  accompagnement  d'orgue  ou  de  piano  ;  Paris, 
1843.  —  4°  Petits  saluts  pour  les  fêtes   de 
deuxième  classe;  Paris,  Canaux  ,  1844-45.  — 
b°  Première  collection  de  deux  saluts  pour  les 
grandes  fêtes  de  Vannée,  avec  orgue  et  or- 
chestre, en  12 livraisons;  Paris,  1845.  —  e^Quel- 


,  ques  motets  détachés  publiés  de  1843  à  184G. — 
7°  Seconde  collection  de  douze  saluts  pour 
toutes  les  fêtes  de  Vannée,  avec  accompagne- 
ment d'orgue  ou  à'' harmonium;  Paris,  1854. 
8°  Chants  à  Marie,  recueils  de  cantiques  à  la 
sainte  Vierge,  publiés  en  trois  parties  de  1844 
à  1854;  Paris,  3  vol.  in-t2  et  in-8".  —  9°  Trois 
Messes  solennelles  avec  orgue  etorcliestre;  Paris, 
V*  Canaux.  —  10°  Messe  solennelle  en  stylegré- 
goriendu  cinquième  mode;  Paris,  1855. 

LAMl  (Michel), ouLAMY,  prêtre,  fut  d'abord 
maîtredechapelle  de  l'église  des  Saints-Innocents, 
à  Paris,  puis  obtint  la  maîtrise  de  la  cathédrale 
de  Rouen,  en  1697.  Il  en  remplissait  les  fonctions 
depuis  trente  et  un  ans  lorsqu'il  crut  devoir  don- 
ner sa  démission  (en  1728),  parce  que  les  cha- 
noines de  la  métropole  avaient  décidé  que  les 
musiciens  et  chanteurs  de  l'Opéra  seraient  admis 
à  chanter  et  jouer  des  instruments  dans  la  chapelle. 
Les  scrupules  austères  de  Lami  ne  lui  permirent 
pas  d'admettre  cette  alliance  de  l'église  et  du 
théâtre,  il  a  laissé  en  manuscrit  quelques  messes 
qu'on  a  longtemps  exécutées  à  la  cathédrale  de 
Rouen,  et  a  fait  imprimer  un  recueil  d'ouvrages 
de  sa  composition,  sous  ce  titre:  Cantates, pe- 
tits motels  à  une,  deux  et  trois  voix,  et  un 
cantique  nouveau  à  deux  chœurs  et  sympho- 
nie ajoutée,  propre  particulièrement  pour  la 
fête  de  Pâques,  à  Vusage  des  cathédrales; 
Paris,  1721,  in-fol.  Il  examine,  dans  la  préface 
de  cet  ouvrage,  la  manière  de  composer  la  mu- 
sique d'église,  et  promet  de  faire  paraître  un  gi-und 
nombre  de  morceaux  de  ce  genre,  ainsi  qu'un 
traité  sur  le  même  sujet,  où  il  se  proposait  de 
prouver  que  l'organisation  de  la  musique  d'église 
en  France  était  de  son  temps  la  meilleure  et  de- 
vait être  préférée  à  celle  de  l'Italie. 

LAMIA,  célèbre  joueuse  de  tlùte  de  l'anti- 
quité, était  née  en  Egypte;  mais  elle  vécut  long- 
temps à  Athènes,  où  ses  talents  n'excitaient  pas 
moins  d'admiration  que  sa  beauté.  Elle  eut  beau- 
coup d'amants,  dont  les  profusions  lui  procurè- 
rent d'immenses  richesses.  Elle  se  retira  à  Alexan- 
drie, et  elle  était  devenue  la  maîtresse  de  Pto- 
lémée  Soter,  lorsque  la  défaite  de  la  flotte  de  ce 
prince  par  Démétrius  ht  tomber  Lamia  entre  les 
mains  de  celui-ci,  avec  les  femmes  et  les  esclaves 
du  vaincu.  Elle  n'était  déjà  plus  dans  la  pre- 
mière jeunesse  ;  cependant  elle  inspira  la  plus 
vive  passion  à  Démétrius,  moins  âgé  qu'elle  et 
le  plus  bel  homme  de  son  temps.  Elle  n'usa  de 
son  crédit  dans  cette  circonstance  qu'en  faveur 
des  Athéniens,  à  qui  Démétrius  accorda  d'assez 
grands  avantages.  La  reconnaissance  des  habi- 
tants d'Athènes  les  engagea  à  lui  dédier  un  temple 
sous  le  nom  de  Venus  Lamia.  Il  existe  au  ca* 


LAiMIA  —  LAMPADARIUS 


binet  de  la  Bibliotlièqne  impériale  de  Paris  une 
ani(  tliyste  gravée,  d'un  travail  exquis,  qui  offre 
les  traits  de  cette  joueuse  de  flûte,  avec  son 
nom  :  cette  tête  est  de  la  plus  grande  beauté,  et 
justifie  les  éloges  accordés  à  Laniia  par  Plutarque 
et  par  Athénée. 

LAM01\ll\ARY  (Jean),  premier  violon  du 
concert  de  Valenciennes,  né  dans  cette  ville,  au 
commencement  du  dix-huitième  siècle,  a  publié 
de  sa  composition  deux  livres  de  sonates  en  trios 
pour  le  violon  ;  Paris,  sans  date. 

LAMORETTI  (Piekre),  né  à  Plaisance, 
vers  la  fin  du  seizième  siècle,  fut  organiste  de  l'é- 
glise Saint-Augustin  de  cette  ville,  ainsi  que  de 
la  chapelle  des  chevaliers  de  Latran.  Il  s'est  fait 
connaître  par  un  recueil  de  madrigaux  et  de 
chants  intitulé  :  Madrigali  concertati  a  2,  3,  e 
4  voci,  con  due  madrigali pieni,  a  5  voci  edun 
balletto  a  cinque.  In  Venezia,  app.  Aless. 
Vincent i,  1621,  in-4''. 

LAMOTTE  (François),  premier  violon  de 
la  chapelle  impériale,  à  Vienne,  naquit  dans  cette 
ville,  en  1751,  ou,  selon  quelques  écrivains,  dans 
les  Pays-Bas.  A  l'âge  de  douze  ans,  il  joua  de- 
vant l'empereur  et  sa  cour  un  concerto  de  sa 
composition.  En  1767,  l'empereur  le  fit  voyager. 
Il  avait  atteint  sa  seizième  année,  et  déjà  il  an- 
nonçait nn  talent  de  premier  ordre.  Arrivé  à 
Prague,  il  se  fit  connaître  comme  un  très-habile 
lecteur  capable  de  jouer  à  vue  toute  espèce  de 
musique.  Boblizeck,  secrétaire  du  prince  de  Fiirs- 
temberg,  voulut  essayer  si  son  talent  répondait 
à  ses  prétentions  ;  il  composa  pour  le  jeune  vir- 
tuose un  concerto  fort  difficile  en  fa  dièse  ma- 
jeur, et  ne  mit  les  parties  sur  les  pupitres  qu'au 
moment  de  commencer  l'exécution.  Pendant  le 
tutti  de  l'orchestre,  Lamotte  avait  examiné  ce 
qu'il  avait  à  jouer;  il  monta  rapidement  .son  vio- 
lon un  demi-ton  plus  haut,  et  joua  conséquem- 
ment  le  morceau  en  fa  majeur,  avec  beaucoup 
de  facilité.  Après  que  Boblizeck  eut  éprouvé  cette 
mystification ,  personne  ne  fut  tenté  de  soumettre 
Lamolte  à  de  nouveaux  essais. 

Vers  la  fin  de  1769,  ce  jeune  artiste  arriva  à 
Paris;  il  y  excita  l'étonnement.  Jarnowick  était 
alors  dans  cette  ville.  Jaloux,  comme  il  l'était, 
de  tout  violoniste  de  mérite,  il  voulut  essayer 
de  compromettre  Lamotle,  et  lui  proposa  de 
jouer  avec  lui  une  symphonie  concertante  à  son 
choix.  Quel  est  le  virtuose,  lui  répondit  La- 
motte, qui  pourrait  se  distinguer  par  là  ?  Je 
vous  offre  autre  chose,  moi  :  apportez  un 
concerto  de  votre  composition,  j'en  ap- 
porterai un  de  la  mienne  :  vous  jouerez  te 
mien,  je  jouerai  le  votre,  et  Von  verra. 
€omme  il  arrivait  presque  toujours  dans  les  oc- 


ISI 
battit  en  retraite. 


casions  difficiles,   Jarnowick 

Après  avoir  passsé  un  an  à  Paris,  Lamotle  se 
rendit  à  Londres.  Il  y  pouvait  acquérir  des  ri- 
chesses; mais  le  goût  de  la  dissipation,  et  des 
amis  dangereux  l'entraînèrent  à  faire  beaucoup 
de  dettes,  et  ses  créanciers  le  privèrent  de  sa  li- 
berté. Il  languissait  dans  sa  prison  depuis  plu- 
sieurs années,  quand  il  en  fut  tiré  ainsi  que  beau- 
coup d'autres,  pendant  une  émeute  excitée  par 
lord  Gordon.  Il  s'enfuit  en  Hollande,  et  y  mourut 
en  1781,  à  l'âge  de  trente  ans,  n'ayant  pas  réalisé 
les  espérances  de  ses  admirateurs.  Un  prodigieux 
mécanisme  de  la  main  gauche ,  qui  lui  permet- 
tait déjouer  de  longs  passages  sur  une  seule  corde, 
et  le  staccato  le  plus  brillant  qu'on  eût  entendu 
jusqu'à  lui,  étaient  les  qualités  qui  distinguaient 
particulièrement  cet  artiste.  Il  a  publiée  Paris, 
chez  Bailleux,  en  1770,  trois  concertos  de  violon 
et  des  airs  variés;  à  Londres,  il  n'a  fait  paraître 
que  six  sonates  avec  accompagnement  de  basse. 

LAMPADARIUS  ou  LAMPADAIRE 
(Jean),  chantre  grec  ,  vécut  à  Constantinople  au 
commencement  du  quatorzième  siècle.  Son  nom 
lui  fut  donné  du  mot  grec  Xaijniâç  (flambeau'), 
parce  qu'étant  second  chantre  à  Sainte-Sophie, 
il  remplissait  ses  fonctions  ayant  un  flambeau 
à  la  main  ,  suivant  l'usage  des  églises  grec- 
ques d'Orient.  La  Bibliothèque  impériale  de 
Vienne  possède  un  traité  du  chant  ecclésiastique 
grec  intitulé  Tex^'o^oy»*  "^^Q  (xovTty-vïç  tex^'vï; 
(Traité  de  la  science  de  la  musique),  dont  il  est 
auteur.  Le  P.  Martini  en  possédait  une  copie. 
Quelques  chants  d'un  Troparion  de  ma  biblio- 
thèque portent  le  nom  de  Jean  Lampadarius. 
Biirney  a  trouvé  aussi,  dans  la  Bibliothèque  de 
Turin,  d'autres  chants  du  même  auteur,  contenus 
dans  un  hymnaire  grec  coté  353,  6.  L  24. 

LAMPADARIUS  ou  LAMPADAIRE 
(Pierre),  surnommé  le  Péléponnésien,  parce 
qu'il  naquit  à  Tripolitza,  dans  la  Morée  (  l'an- 
cien Péloponnèse),  vers  1730,  fut  prêtre  et  chan- 
tre de  l'église  grecque  de  Constantinople.  Ayant 
conçu  le  dessein  de  réduire  les  divers  livres  de 
chant  du  rit  grec,  trop  nombreux  et  trop  volu- 
mineux pour  l'usage  habituel ,  à  ce  qui  était 
nécessaire  pour  le  service  ordinaire  dans  la  plu- 
part des  églises,  aux  dimanches  et  fêtes,  en  écar- 
tant le  chant  des  offices  de  nuit,  qui  ne  se  font 
que  dans  les  monastères,  Pierre  Lampadaire  fit 
un  choix  intelligent  des  meilleurs  chants  anciens 
du  Triodion,  et  en  composa  un  assez  grand 
nombre  pour  compléter  son  œuvre  de  réforme. 

Plus  lard,  Grégoire  Lampadaire,  de  la  même 
famille  que  Pierre  et  comme  lui  chantre  et  pro- 
fesseur de  musique  religieuse  à  Constantinople, 
ima^jina,  vers  1815,  de  concert  avec  Chrysantlie 


i82 


LAMPADARIUS    -  LAMPE 


de  Madyte  (  voyez  ce  nom  )  et  un  atifie  pro- 
fesseur de  cliant,  un  système  de  simplification 
de  la  notation  excessivement  compliquée  du 
ciiant  de  l'église  grecque.  Lorsque  ce  système 
eut  été  définitivement  arrêté  et  complété,  Gré- 
goire Lampadaire  nota  par  celte  nouvelle  mér 
thode  tout  le  Triodion  de  Pierre,  et  Chrysantlie 
de  Madyte  composa  une  instruction  théorique 
et  pratique  sur  le  système  de  notation  qui  y  était 
employé.  Les  trois  professeurs  résolurent  alors 
d'envoyer  à  Paris  leur  élève  Anastase  Tharayris, 
pour  faire  graver  les  caractères  nécessaires  et 
surveiller  l'impression  de  ces  ouvrages.  Pour  les 
dépenses  de  eelie  entreprise,  qui  devaient  être 
eonsidérables,  ils  eurent  recours  à  de  riches 
familles  grecques,  qui  s'empressèrent  de  mettre 
à  leur  disposition  tout  l'argent  nécessaire.  Ar- 
rivé à  Paris,  Thamyris  trouva  dans  son  com- 
patriote Nicolo-Poulo  (  voyez  ce  nom  ),  Grec  de 
Smyrne,  bon  musicien,^  l'appui  dont  il  avait 
besoin  pour  établir  ses  relations.  L'imprimerie 
de  Rignoux  fut  choisie  pour  la  confection  des 
Hvres,  et  M.  Léger,  artiste  habile,  grava  tous  les 
caractères  du  chant  grec,  dans  l'espace  de  cinq 
mois.  Enfin,  l'ouvrage  de  Clirysanihe  de  Madyte 
et  le  premier  volume  du  chant  de  Pierre  Lam- 
padarius  parurent,  par  les  soins  du  jeune  ciiantre 
de  Constanlinople.  Le  premer  volume  d'un 
Triodion,  précédé  d'une  préface  grecque^  ou 
plutôt  d'une  lettre  de  Thamyris  aux  trois  pro- 
fesseurs, a  pour  titre  :  AoEowttxà  toO  ÈvtauToû 
Tcôv  Sea^TOTixcûv  xat  6eo[jLïiTopix(ôv  éopTÔJv,  -/.al 
Tôiv  '£opTaÇo[A£vâ)v  àyiûv.  MeXîaÔEvxa  Ttapà  IléTpoù 
AafjLnaôapto'j  toù  neXÔTtovvYiotoù.  £|r)Yr,9riCTav  Se 
xaxâ  trjv  vecxv  [xéôoôov,  Tiapâ  Tpriyôpioy  Aa^Ttaoa- 
pîoy.  T6[jLo;  kowto;  (  Invocations  pour  les  fêtes 
annuelles  du  Seigneur  et  de  la  mère  de  Dieu, 
ainsi  que  pour  les  fêtes  des  saint?,  mises  en  chant 
par  Pierre  Lampadaire  le  Péloponnésien.  Notées 
selon  la  nouvelle  méthode  par  Grégoire  Lampa- 
daire. Tome  premier).  A  Paris,  de  l'imprimerie 
de  Rignoux,  et  à  Constanlinople,  faubourg  de 
Galata,  chez  Castrou,  1821.  1  vol.  in-S"*  de 
3C7  pagi's.  Le  premier  volume  seul  a  paru, 
parce  que  le  soulèvement  de  la  population  grec- 
que], qui  arriva  dans  le  même  temps,  la  guerre 
et  les  horribles  calamités  qui  en  furent  la  suite, 
obligèrent  à  suspendre  l'impression  du  second 
volume.  Les  Turcs  et  les  Egyptiens  ne  forent 
chassés  définitivement  de  la  Grèce  qu'en  1828,  et 
Anastase  Thamyris  mourut  précisément  dans  la 
même  année  ;  en  sorte  que  la  suite  de  l'entreprise 
fut  abandonnée.  Le  premier  volume  contient  le 
chant  des  offices  depuis  le  mois  de  septembre 
jusqu'au  1er  dimanche  du  carême>  avec  le  chant 
noté  ;  son  exécution  typographique  est  fort  belle. 


LAMPARELLI  (Antoine),  professeur  de 
chant,  naquit  à  Turin,  en  1761,  et  y  fit  ses  étude» 
musicales  sous  la  direction  de  l'abbé  Amboni, 
chantre  de  la  cathédrale,  et  musicien  instruit. 
Après  que  l'armée  française,  commandée  par  le 
général  Bonaparte,  se  fut  emparée  de  Turin, 
celte  ville  perdit  de  son  éclat  par  l'éloignemeut 
de  la  cour  :  cette  circonstance  et  les  sollicitalions 
de  quelques  jeunes  officiers  français  engagèrent 
Lamparelli  à  aller  se  fixer  à  Paris.  Ses  romances 
et  ses  chansonnettes  italiennes,  dont  il  publia 
plusieurs  recueils,  le  mirent  à  la  mode ,  et  il  eut 
du  succès  comme  professeur  de  chant.  Cepen- 
dant il  quitta  tout  à  coup  Paris,  sans  que  le  mo- 
tif de  ce  brusque  dépari  fût  connu,  voyagea  quel- 
que temps  dans  lès  départements,  et  finit  par 
s'établir  à  Lille,  où  il  était  encore  en  1816.  Vers 
ce  temps,  il  disparut  encore  de  cette  ville,  sans 
qu'on  sût  ce  qu'il  était  devenu.  Le  hasard  me 
l'a  fait  découvrir  à  Troyes  (Aube)  en  1820.  11 
est  mort  en  1832,  à  Vitry-le-Français,  où  il  rem- 
plissait les  fonctions  d'organiste.  Lamparelli  a 
publié  à  Paris  onze  recueils  de  romances  avec 
accompagnement  de  piano,  chez  Naderman.  On 
connaît  aussi  de  lui  deux  chansonnettes  :  i°  Le 
diable  emporte V amour ;Mà.  —  1°  Lechien  de 
la  Seine;  ibid.,  1799. 

LAMPADIUS  (....),  chantre  et  maître 
d'école  à  Lunebourg  dans  la  première  moitié  du 
seizième  siècle,  était  né  dans  cette  ville.  Il  a  fait 
imprimer  un  livre  intitulé  :  Compendium  Mu- 
sices,  tainfigurati  quam  plani  cantus,  ad 
formam  dialogi,  in  usum  ingénus^ pubis  ex 
eruditissimis  miisicorum  scriptis  accurate 
congestum  ;  quale  aiitehac  nunquam  visum, 
etjam  recens  publieatinn.  Adjectis  etiain  rc- 
gulis  concordaniiarum  et  componendi  can- 
tus artificio  ;  summatitn  omnia  musices  pree- 
cepta  pulcherrimis  exemplis illustra  succincte 
et  simpliciter  complectens;  Berne,  1537,  in-S"; 
Berne,  1539,  petit  iu-8°;  Berne,  1546,  in-8°.  Je 
possède  ces  trois  éditions.  Lipenius  en  indique 
une  autre  de  la  même  ville,  1554  in-8°  (  £i- 
blioth.,  p.  997).  Le  livre  de  Lampadius  est  un 
Irès-hon  manuel  des  éléments  de  la  musique  : 
la  première  partie  traite  du  plain-chant;  la  se- 
conde, de  la  musique  mesurée.  On  y  trouve  des 
exemples  bien  écrits.  Tout  l'onvrage  est  eu  dia- 
logues. 

LAMPE  (  Frédéric- Adolphe  ) ,  théologien 
protestant,  naquit  le  19  février  1683,  5  Detmold, 
dans  la  principauté  de  Lippe-Detmold.  Après 
avoir  fait  de  bonnes  études  à  Hanovre,  il  des- 
servit plusieurs  églises  en  qualité  de  pasteur; 
puis  il  fut  appelé  à  Utrecht,  pour  y  enseigner  la 
théologie  et  l'histoire  ecclésiastique.  Dans  les 


LAMPE  —  LAMPROCLE 


183 


dernières  années  de  sa  vie,  il  occupa  la  place  de  , 
{)astcur  à  l'égli.^e  Sainl-Élienne  de  Brème.  Il 
mourut  en  celle  ville,  d'une  hémorragie,  le  3  dé- 
cembre 1729,  à  l'âge  de  quarante-six  ans.  Homme 
savant,  mais  rempli  de  cette  érudition  minu- 
tieuse et  futile  qui  était  le  défaut  principal  de 
beaucoup  de  littérateurs  de  son  temps,  Lampe  a 
publié  plusieurs  ouvrages  sur  les  antiquités,  où  à 
côté  de  choses  bonnes  et  utiles  on  trouve  beau- 
coup de  niaiseries  et  d'inutilités.  Parmi  ses  écrits, 
on  remarque  :  De  Cymhalis  veterum  libri  très, 
in  qulbus  quwcunque  ad  eorum  nomina,  dif- 
ferentiam,  originem,  historlam,  ministros, 
1-ilus  pertinent,  elucidantur;  Utrecht,  1703, 
in-i2,  (ig.  Le  premier  livre  de  cet  ouvrage  traite 
des  noms  et  des  espèces  de  cymbales;  dans  le 
second,  Lampe  s'est  livré  à  des  recherches  sur  la 
forme  de  cet  instrument  de  percussion;  le  troi- 
sième est  consacré  à  l'examen  des  usages  aux- 
<]uels  il  servait.  Malgré  ses  défauts,  ce  livre  est 
précieux  pour  l'histoire  de  la  musique  des  anciens, 
parce  que  l'auteur  y  a  rassemblé  tous  les  passa- 
des des  écrivains  et  des  monuments  de  l'antiquité 
qui  concernentcesujet.il  paraît,  d'après  le  ca- 
Jalogue  des  livres  de  la  bibliothèqne  de  Fabricius 
(part.  Iir,  pag.  25,  n°  429),  que  Lampe  avait 
fait  paraître  le  plan  de  son  ouvrage  trois  ans  avant 
sa  publication,  sous  ce  titre  :  Delineatio  tract, 
de  Cy)nbalis  veterum;  Brème,  1700,  une  feuille, 
in-4°.  La  description  d'une  agate  du  cabinet  de 
Th.  Hase,  son  ami,  lui  fournit  l'occasion  de  don- 
ner de  nouvelles  conjectures  sur  la  forme  de  la 
cymbale  antique,  dans  son  livre  intitulé  :  Excr- 
citationum  sacrarum  dodecas,  quibus  psal- 
mus  XL  V  perpétua  commentario  explanatur  ; 
Brème,  1715, 1  vol.  in-4°. 

LAMPE  (Jean-Frédéric),  compositeur  et 
écrivain  sur  la  musique,  naquit  en  Allemagne, 
dans  les  premières  années  du  dix-huitième  siècle, 
lit  ses  études  à  Helmstsedt,  en  Saxe,  et  se  rendit 
à  Londres  en  1725.  Son  compatriote  Hœndel  le 
lit  entrer  alors  à  l'orchestre  de  l'Opéra  :  on 
croit  que  ce  fut  pour  y  jouer  du  basson,  parce 
que  Heendel  fit  faire  pour  lui  un  contrebasson  en 
1727.  Cet  instrument  resta  depuis  lors  dans  le 
magasin  d'instruments  du  théâtre,  et  ne  fut  joué 
que  par  Ashiey,  en  1784,  à  l'occasion  de  la 
grande  fêtemu'iicale  en  commémoration  de  Hœn- 
del. En  1730,  Rich,  directeur  du  théâtre  de  Co- 
vent-Garden,  engagea  Lampe  pour  écrire  la  mu- 
sique des  pantomimes  et  des  intermèdes  qu'il 
fais-ail  représenter.  Son  premier  ouvrage  de 
quelque  importance  fut  l'opéra  burlesque  de  Ca- 
rey  intitulé  :  Le  Dragon  de  Wantley.  W  obtint 
un  succès  de  vogue.  Cet  opéra  et  Margery,  qui 
en  est  la  suite,  ont  été  publiés.  Dans  ce  dernier 


ouvrage.   Lampe  avait  fait  une  parodie  asseï 
plaisante  de  la   musique  italienne  et  des  chan- 
teurs italiens  de  son  temps.  Le  meilleur  opéra 
composé  par  lui  fut  représenté  en  1732,  sous  te 
titre  i'Amo.Ua..  En  1739,  il  donna  aussi  Roger 
et  Jean,  qui  réussit.  Il  a  composé  la  musique 
de  la  cantate  burlesque  de  Swift  qui  commence 
par  ces  mots  -.In  harmony  would  you  excell. 
Lampe  n'est  plus  connu  aujourd'hui  que  par  un 
traité  d'harmonie  et  d'accompagnement  qu'il  a 
publié  sous  ce  tilre  :  A  plaiii  and  compendious 
viethod  of  teaching  thorough  bass,  after  the 
most  rational  manner,    wilh  proper  rules 
for practice;  Londres,  1737,  1  vol.  in  4".  Ce  li- 
vre est  basé  sur  le  système  de  la  basse  fonda- 
mentale de  Rameau.   La  partie  théorique  est 
fort  succincte;  mais  on  y  trouve  93  planches  de 
leçons  pratiques  sur  la  succession  des  accords. 
Ces  exemples  sont  assez  mal  écrits,  et  remplis  de 
redoublements  d'intervalles  qui  donnent  lieu  à 
des  successions  d'octaves.  Un  traité  élémentaire 
de  musique  a  été  publié  aussi  par  Lampe,  sous 
ce  titre  :  The  art   of  Music;  Londres,   1740, 
10-4°.  C'est,  je  crois,  le  même  ouvrage  sous  un 
autre  titre.  On  a  aussi  de  lui  un  recueil,  devenu 
fort  rare,  qui  a  pour  titre  :  Cantata  and  four 
engl/sh    sangs;  Londres,    in-4°  (sans    date). 
Lampe  avait  épousé   Isabelle  Young ,   fille   de 
Charles  Young,  et  sœur  de  M*"®  Ame.  Il  mou- 
rut en  1756. 

L.\1MPE  (Georges-Frédéric),  ténor  distin- 
gué du  théâtre  allemand,  naquit  à  Wolfenbùttel, 
en  1744.  En  1779  il  brillait  sur  la  scène  de 
Hambourg,  et  se  faisait  remarquer  dans  le  même 
temps  par  son  habileté  sur  le  piano  et  sur  le 
violon.  En  1788  il  était  attaché  au  théâtre  delà 
cour  à  Schwedt.  Lorsqu'il  quitta  cette  position, 
il  se  rendit  àDusseldorf,  où  il  vécut  depuis  lors 
en  donnant  des  leçons  de  chant  et  de  piano.  Cet 
artiste  a  composé  la  musique  de  deux  petits  opé- 
ras intitulés  :  La  Fille  dans  le  bois  de  chênes, 
et  Die  Licbe  (l'Amour),  ainsi  que  de  la  cantate 
funèbre  de  Galora.  On  connaît  aussi  de  lui  plu- 
sieurs symphonies  et  divers  autres  morceaux  de 
musique  instrumentale,  qui  sont  restés  en  manus- 
crit. 

LAMPERT  (Ernf.st-Lodis),  maître  de  con- 
cerl  à  Gotha,  naquit  dans  cette  ville,  où  son  père 
étaitéditeurdemusique.  Il  va  fait  représenter,  en 
1841,  un  opéra  intitulé  Nanon,  Ninon,  Mainte- 
non,  et  y  adonné  en  1845  Didon,  opéra  sérieux. 
Il  occupait  encore  sa  position  à  la  cour  de  Gotha 
en  1847.  On  ne  trouve  pas  d'autre  renseigne- 
ment sur  cet  artiste. 

LAMPROCLE,  musicien  grec,  naquit  à 
Athènes, et  fut  le  fils  ou  le  disciple  de  Midon.  U 


184 


LAMPROCLE  —  LAMY 


pa<«»a  pour  I«  rérormateur  du  mode  luixolydien. 
Cette  réforme  consistait  dans  une  disposition  dif- 
férente des  tétracordes  de  Vendëcacorde  ou 
triple  tétracorde  (voy,  la  note  114  de  Burette 
sur  le  dialogue  de  Plutarque  ). 

LAMPRL'S.  Plusieurs  musiciens  de  l'anti- 
quité ont  porté  ce  nom.  Le  plus  ancien  est  celui 
dont  parle  Platon  dans  son  Ménexène.  Suivant 
le  dire  de  ce  philosophe,  Lamprus  n'aurait  pas 
eu  beaucoup  de  jugement ,  car  il  prétend  qu'il 
fut  interdit.  Quant  à  son  mérite  en  musique,  il 
le  rabaisse  au-dessous  de  celui  de  Konnos,  qui 
fut  le  maitre  de  musique  de  Socrate.  A  propos 
de  ce  passage,  Athénée,  qui  se  montre  rarement 
favorable  à  Platon,  dit  dans  le  onzième  livre  de 
son  Banquet  des  savants  :  «  Je  n'aurais  pas 
«  assez  de  la  journée  si  je  voulais  rappeler  ici 
«  tous  ceux  dont  ce  philosophe  a  mal  parlé.  » 
Dans  ses  Varise  Lectiones  (lib.  9,  cap.  5),  Muret 
cite  en  faveur  de  Lamprus  un  passage  de  la  Po- 
litique d'Aristole  (lib.  7,  c.  13),  où  ce  grand 
homme, pour  faire  comprendre  l'erreur  de  ceux 
qui  font  consister  le  bonheur  non  dans  la  vertu, 
mais  dans  la  richesse,  ajoute  :  Ils  raisonnent 
avec  aussi  peu  de  sens  que  le  ferait  celui  qui, 
entendant  Lamprus  bien  jouer  de  la  ci- 
thare, attribuerait  cet  effet  non  à  l'artiste , 
mais  à  Vinstrvment.  Ces  paroles  donnent  une 
opinion  plus  favorable  du  talent  de  Lamprus  que 
celles  de  Platon.  Il  parait  que  ce  même  Lam- 
prus, qui  enseigna  la  musique  et  la  danse  à  So- 
phocle, était  d'une  maigreur  extrême,  car  Athé- 
née (lib.  t,  cap.  6)  dit,  en  parlant  de  lui  :  Lam- 
prus, ce  grand  buveur  d'eau,  cet  excellent 
auteur  de  chants  plaintifs,  ce  squelette  des 
Muses',  qui  donnait  le  frisson  aux  rossi- 
gnols, ce  chantre  de  Pluton  est  mort. 

Un  autre  Lamprus,  plus  moderne,  fut  aussi 
un  musicien  distingué.  Il  naquit  à  Erythrée,  et 
fut  un  des  maîtres  d'Aristoxène.  Suidas,  qui 
nous  l'a  fait  connaître,  dit  qu'il  avait  écrit  un 
très-grand  nombre  d'ouvrages,  parmi  lesquels  il 
cite  les  suivants,  relatifs  à  la  musique  :  1°  Traité 
des  joueurs  de  flûtes,  des  flûtes  et  des  autres  ins- 
truments. —  2°  De  la  manière  de  forer  et  de  fa- 
briquer la  flûte.  —  3°  De  la  musique  en  général. 
—  4°  De  la  danse  tragique. 

LAMPUGKAJVI  (Jean-Baptiste),  né  à  Mi- 
lan ,  en  1706,  écrivit  pour  le  théâtre,  pour  l'é- 
glise, et  enseigna  avec  talent  le  chant,  le  piano 
et  la  composition.  En  1743,  il  fut  engagé  pour 
succéder  à  Galuppi  dans  la  direction  de  l'Opéra 
italien  de  Londres.  Le  premier  opéra  qu'il  y  fit 
représenter  fut  if  oarcna,  le  15  novembre  de  cette 
année.  Le 3  janvier  1744,  il  donna  un  nouvel  ou- 
vrage intitulé  Alfonso.  Burney  ne  dit  pas  quelle 


fut  l'époque  où  Lampugnani  retourna  en  Italie. 
Gervasoni,  qui  a  donné  une  courte  notice  sur  ce 
musicien ,  nous  apprend  qu'il  mourut  peu  après 
1772.  Imitateur  du  style  de  Hasse  dans  les  airs 
et  dans  les  chœurs,  il  a  eu  le  mérite  de  mettre 
beaucoup  d'expression  dans  les  récitatifs ,  et 
d'instrumenter  avec  goût,  pour  son  temps.  De 
tous  les  opéras  qu'il  a  écrits,  on  ne  connaît  au- 
jourd'hui que  ceux  dont  les  titres  suivent.  1"  £zio, 
au  théâtre  Sani'Angiolo,  de  Yen\&e,  en  1737. 
—  2°  Angelica  e  Medoro,  au  théâtre  Saint-Sa- 
muel de  Venise,  1738.  —  3"  Demofoonle,  à  Plai- 
sance, en  1738.—  4°  Candace,  an  théâtre  Saint- 
Chrysostome  de  Venise,  1740.  —  5"  Roxana; 
Londres,  1743.  —6°  /l//bn*o  ;  ibid.,  1744.  — 
1°  Alceste,  ibid.,  1745.  —  8"  Tigrane ;  ibk]., 
17^7.-9"  Alessdndro  inPersia,  1748.  —iCSi- 
roe.  Milan,  1755.  —  11°  Artaserse,  1757.  — 
12°  Amor  contadino;  à  Lodi,  1766.  Lampu- 
gnani a  laissé  en  manuscrit  beaucoup  de  mu- 
sique d'église. 

LAMY  (Bernard),  prêtre  de  l'oratoire,  né  au 
Mans,  dans  le  mois  de  juin  1645,  fit  ses  huma- 
nités au  collège  de  cette  ville,  et  sa  rhétorique 
sous  le  célèbre  orateur  Mascaron.  A  l'âge  de  dix- 
huit  ans,  il  entra  dans  la  congrégation  de  l'Ora- 
toire, où  il  perfectionna  ses  études.  Il  fut  en- 
suite chargé  d'enseigner  les  belles  lettres  aux 
collèges  de  Vendôme  et  de  Juiily,  puis  la  phi- 
losophie à  Saumur  et  à  Angers.  Partisan  enthou- 
siaste de  la  philosophie  de  Descartes,  il  se  com- 
promit par  ses  leçons,  dans  lesquelles  il  en  dé- 
veloppa les  principes,  et  fut  exilé  à  plusieurs 
reprises.  Il  mourut  de  langueur  le  29  janvier 
1715,  àl'âgede  plus  de  soixante-neuf  ans.  For- 
kel  et  d'après  lui  Lichtenthat  ont  cité  nne 
di.ssertation  du  P.  Lamy,  qui  a  été  insérée  par 
Ugolinidans  son  Thésaurus  ant.  sacrar.  (t.  32, 
p.  571-642),  et  qui  a  pour  titre  :  De  Levitis 
cantoribus,  eorum  divisione,classibiis,  de  He- 
hrxorum  canticis,  musîca,inst7'umentis,  etc. ; 
ils  disent  que  cet  ouvrage  est  extrait  d'un  li- 
vre du  P.  Lamy  intitulé  :  Apparatus  ad  intel- 
ligenda  sacra  bibtia  ,  etc.,  dont  il  y  a  eu  plu- 
sieurs éditions  à  Grenoble ,  1687,  in-fol.,  à 
Lyon,  1698,  1724,  etc.  Cependant  on  ne  trouve 
pas  un  mot  de  la  dissertation  dont  il  s'agit  dans 
cet  ouvrage  ;  mais  elle  est  tout  entière  dans  un 
autre  livre  du  même  écrivain  qui  a  pour  ti- 
tre :  De  Tabernaculo  fœderis ,  de  saacta 
civitate  Jérusalem,  et  de  templo  ejus,  etc.; 
Paris,  1720,  in-fol.  Ce  qu'il  y  a  de  plus  singu 
lier  dans  l'erreur  de  ces  écrivains,  c'est  que  Ugo- 
lini  a  pris  soin  d'indiquer  lui-même  d'où  il  • 
tiré  la  dissertation;  car  il  dit  :  Desumta  exlibro 
de  Tabernaculo  fœderis;  or,  Forkel  et  Liclr 


LAMY  - 

tenllial  ont  aussi  copié  cette  phrase  ;  elle  aurait 
dû  les  éclairer.  Le  morceau  historique  du  P. 
Lamy  sur  les  lévites  chantres,  sur  les  cantiques 
des  Hébreux,  sur  la  musique  et  sur  les  instru- 
ments de  ce  peuple,  est  un  des  meilleurs  qui 
existent  sur  ce  sujet  :  l'auteur  y  a  fait  preuve 
de  beaucoup  d'érudition.  Dans  les  Éléments  de 
mathématiques  du  même  savant  (Paris,  1704, 
in-12),  il  y  a  un  petit  Traité  de  la  proportion 
harmonique,  dans  lequel  il  a  établit  que  la  mu- 
sique est  une  partie  des  mathématiques. 

LANA-TERZI  (  Le  P.  François  ) ,  né  à 
Brescia,  le  13  décembre  1631,  fut  conduit  à  Rome 
dans  sa  jeunesse,  et  entra  chez  les  Jésuites  à 
l'âge  de  seize  ans.  Après  une  vie  active  et  tou- 
jours occupée  de  recherches  relatives  aux  scien- 
ces et  aux  arts,  l'état  déplorable  de  sa  santé  le 
ramena  dans  sa  famille,  à  Brescia,  où  il  fonda 
l'académie  des  Filosotici.  Il  mourut  en  cette 
ville,  à  l'âge  de  cinquante-deux  ans,  le  26  fé- 
vrier 1687.  Ce  jésuite  a  traité  de  la  musique  dans 
son  livre  intitulé  :  Magisterium  naturee  et  ar- 
tis,  opus  physico-mathematicum  ;  Brescia, 
1684,  1686,  et  Parme,  1692,  3  vol.  in-fol. 

LA-NAUZE  (Loujs  JOUARD  DE),  savant  lit- 
térateur, membre  de  l'Académie  des  inscriptions 
et  belles-lettres,  naquit  à  Villeneuve  d'Agen,  le 
27  mars  1696,  et  mourut  à  Paris,  le  2  mai  1777. 
Dans  sa  jeunesse,  il  était  entré  dans  la  Compa- 
gnie de  Jésus,  mais  il  en  sortit  pour  se  livrer  en 
liberté  aux  travaux  littéraires.  Au  nombre  deses 
écrits  on  trouve  deux  Mémoires  sur  les  chansons 
de  l'ancienne  Grèce,  dans  les  Mémoires  de  l'A- 
demie  des  inscriptions,  t.  IX. 

LAIVCE  (Le  chevalier  DE  LA),  officier  au 
régiment  des  gardes  françaises ,  né  à  Verdun, 
sortit  de  France  pendant  les  troubles  de  la  révo- 
lution, et  demeura  quelque  temps  à  Fiancfort- 
sur-le-Mein,  où  il  donnait  des  leçons  de  piano  pour 
vivre.  Il  se  rendit  ensuite  en  Silésie,  pour  y  faire 
l'éducation  musicale  de  la  fille  d'un  gentil- 
homme. Il  s'y  trouvait  en  1797.  Après  le  18  bru- 
maire ,  il  obtint  la  permission  de  rentrer  en 
France,  et  se  retira  dans  sa  ville  natale.  Composi- 
teur agréable,  il  a  publié  :  1°  Romance  de  Zilla; 
Paris.  —  2°  Trois  sonates  pour  clavecin  avec 
violon,  op.  2;  ibid.  —  3°  Six  airs  variés  pour  le 
piano,  op.  3;  ibid.  —  4°  Sonate  brillante  pour 
clavecin,  op.  5;  ibid.  —  5"  Trois  sonates  pour 
clavecin  et  violon,  op.  6  ;  ibid.  — 6"  Trois  sonates 
pour  clavecin  ,  avec  violon  et  basse ,  op.  8  ;  Of- 
fenbach,  1793.  —  7°  Grand  concerto  pour  le  cla- 
vecin, op.  9;  Francfort,  1794.  —  8''  Trois  trios 
pour  clavecin,  violon  et  basse,  op.  10;  Offenbach, 
1795.  —  9°  Plaintes  de  Vénus  sur  la  mort 
d'Adonis,   cantate  avec   accompagnement  de 


LANCTIN 


18.5 


piano ,'2  violons,  alto  et  basse;  Mayence,  1795, 
—  10°  Recueil  d'allemandes,  anglaises,  etc.,  pour 
le  clavecin;  Vienne,  1798.  —  li°  Thème  avec  12 
variations  pourleclavecin;  1801.— •12°Airrusse, 
avec  sept  variations  pour  le  piano.  —  13°  Qua- 
tuor pour  clavecin,  deux  violons  et  violoncelle, 
op.  13.  —  14*  Deux  grands  trios  pour  clavecin, 
violon  et  violoncelle  obligés,  op.  14  ;  Augsbourg, 
1802. 

LAIXCELOT  (Claude),  grammairien  de 
Port-Royal,  naquit  à  Paris,  en  1615.  Après  avoir 
été  élevé  dans  la  communauté  de  Saint-INicolas  du 
Chardonneret ,  il  se  mit  sousla  direciion  de  l'abbé 
de  Saint-Cyran,  qui  le  fit  entrer  chez  les  solitai- 
res de  Port-Royal,  en  1638.  Lancelot  organisa 
les  écoles  de  cette  maison  célèbre  d'après  les 
plans  de  cet  abbé  :  il  en  fut  le  premier  régent. 
Après  la  destruction  de  ces  écoles,  il  fit  l'éducation 
du  duc  de  Chevreuse  et  des  deux  fils  du  prince 
de  Conti.  A  l'âge  de  plus  de  soixante  ans,  il  fut 
exilé  à  Quimperlé,  où  il  mourut,  le  15  avril 
1695.  Parmi  les  savants  ouvrages  qu'il  a  publiés, 
on  remarque  celui  qui  a  pour  titre  :  Nouvelle 
méthode  de plain-chant ,  plus  facile  et  plus 
commode  que  l'ancienne;  Paris,  1668,  in-4°. 
Une  deuxième  édition  a  poui  titre  :  L'art  de 
chanter,  ou  méthode  facile  pour  apprendre 
les  principes  du  plain-chant  et  de  la  musique  ; 
Paris,  1685,  in-4'' oblong.  Les  deux  éditions  de 
ce  petit  ouvrage  sont  fort  rares. 

LAIVCTIN  (Charles-François-Honop.é),  dit 
DUQUESNOY,  naquit  en  1759,  à  Beuzet  (Bel- 
gique). Après  avoir  fait  des  études  musicales  et 
littéraires  comme  enfant  de  chœur,  la  beauté  de 
sa  voix  de  ténor  élevé  (liaute-contre)  lui  fit  pren- 
dre la  résolution  de  suivre  la  carrière  de  chan- 
teur dramatique.  Ce  fut  alors  que  pour  satis- 
faire sa  famille  il  changea  de  nom  et  prit  celui 
de  Duquesnoy ,  sous  lequel  il  a  été  connu  au 
théâtre.  Jamais  organe  plus  admirable  ne  fut  en- 
tendu dans  l'opéra  français  ;  par  le  charme  de 
cette  voix  exceptionnelle ,  Duquesnoy  fit  long- 
temps la  fortune  du  théâtre  de  Bruxelles.  En 
1799  il  y  avait  à  Hambourg  un  Opéra  français 
pour  le  grand  nombre  d'émigrés  qui  s'y  trou- 
vaient; Duquesnoy  y  chantait,  et  le  correspon- 
dant de  la  Gazette  générale  de  musique  . 
de  Leipsick,  écrivait  au  mois  de  juin  de  celte  an- 
née :  «  Si  la  beauté  de  l'organe  suffisait  pour 
«  faire  un  chanteur  excellent,  je  dirais  que  Du- 
«  quesnoy,  dont  la  voix  est  de  la  plus  grande  beauté, 
«  est  en  vérité  et  incontestablement  le  chanteur 
«  le  plus  parfait  que  j'aie  entendu  (1).  »  De  retour 

(1)  ....  Haette  Duquesnoy  dicse  (schœnsten  SUmine),  so 
ware  er  unstrcitlg  der  Vollkommenste  Saenger  dan  icii 
kennc.  (Allgem.  musikal.  Zeitung,  I'  Juhrg,  p.  730.) 


\Rn 


L-ANCTIN  —  LA.NDINO 


en  Be'gique,  après  la  suppression  de  l'Opéra 
français  de  Hambourg  (1802),  Lanctin,  que  je 
continuerai  d'appeler  Duquesnoy,  s'établit  à  A  lost, 
et  y  remplit,  pendant  plusieurs  années,  les  fonc- 
tions de  maître  de  cliapeile;  car  il  était  excellent 
musicien  et  compositeur  de  mérite  pour  l'église. 
En  1814,  Van  Helmont  s'étant  retiré  de  la  direc- 
tion de  la  musique  de  la  collégiale  des  Saints-Mi- 
chel-et-Gudule,  à  Bruxelles,  ce  fut  Duquesnoy 
qui  fut  appelé  à  lui  succéder.  Pendant  le  temps 
qu'il  occupa  cette  position ,  il  donna  une  impul- 
sion de  progrès  à  l'exécution  de  la  musique  reli- 
gieuse en  Belgique,  et  composa  un  grand  nombre 
de  motets ,  d'hymnes  et  de  psaumes,  qui  furent 
chantés  dans  la  plupart  des  grandes  églises  du 
pays.  On  cite  particulièrement  au  nombre  des 
meilleurs  ouvrages  de  cet  artiste  :  Beati  om- 
nes,  Victimsc  paschali ,  Audite  reges,  Exspec- 
tans  exspectavi ,  Lauda  Sion,  Mémento  Da- 
vid, Deus  re(jnavit,Ave  salus.  Pie  Jesu,  Homo 
quidam.  In  exitu  Israël,  tous  les  motets  du 
Saint-Sacrement,  ceux  de  la  Vierge ,  etc.  La  plu- 
part de  ces  compositions  sont  écrites  pour  or- 
clieslre  complet.  Lanclin ,  ou  Duquesnoy,  mourut 
à  Bruxelles  le 9  mai  1822.  Van  Helmont,  dont  il 
avait  été  le  successeur,  rentra,  après  sa  mort, 
dans  la  place  de  maître  de  chapelle  de  l'église 
des  Saints-Micbel-et-Gudule. 

LAi\DGRAFF  (Jean-Frédéric),  né  le  21 
mai  1683,  à  Schloss-VVippacli ,  village  du  grand 
duché  de  Saxe-Weimar,  apprit  la  musique  et  les 
éléments  du  clavecin  chez  Gulgesell,  organiste  de 
l'église  des  Marchands,  à  Erfurt.  En  1705  il  suc- 
céda à  son  maître  dans  cette  place  et  fut  aussi 
nommé  collaborateur  d'une  école  à  Erfurt.  Il  est 
mort  d-ans  cette  ville  le  4  avril  1744 ,  laissant  en 
manuscrit  une  grande  quantité  de  musique  de  sa 
composition,  particulièrement  pour  l'église. 

LA.j\Dl  (Etienne)  ,  compositeur,  né  à  Rome, 
vers  la  fin  du  seizième  siècle,  fut  maître  de  cha- 
pelle de  l'église  du  Saint  à  Padoue  (ainsi  qu'on 
le  voit  par  le  titre  du  premier  livre  de  ses  madri- 
gaux ,  imprimé  à  Venise  en  1619),  et  maître  de 
chapelle  à  l'église  de  Sainte-Marie  m  Tf/onic;  puis 
il  retourna  à  Rome,  oii  il  obtint  le  titre  de  clerc 
bénéficié  de  Saint-Pierre  du  Vatican.  Le  29  no- 
vembre 1629  11  fut  agrégé  au  collège  des  chape- 
lains chantres  de  la  chapelle  pontificale.  On  voit 
dans  le  catalogue  de  ces  chantres,  placé  à  la  suite 
des  Osservazioni  per  ben  regolare  il  coro 
delta  Cappella  Pontificia,  d'Adami  de  Bolsena 
(p.  197),  qu'il  chantait  la  partie  de  contralto;  ce 
qui  indique  qu'il  était  un  de  ces  prêtres  châtrés 
que  la  nécessité  avait  fait  tolérer  dans  le  service 
divin  d'une  chapelle  où  il  n'y  avait  pas  d'enfants 
de  chœur.  Quoi  qu'il  en  soit,  Landi  fut  un  mu- 


sicien d'un  rare  mérite  :  savant  dans  le  chant  ec- 
clésiastique et  dans  la  musique  du  style  ancien, 
il  joignait  à  des  connaissances  étendues  un  génie 
original,  et  le  don  de  l'invention  dans  les  fornu  s 
de  la  mélodie ,  dans  le  rhylbme  et  dans  la  modu- 
lation. Son  drame  religieux  II  Santo  Alcssio 
renferme  une  multitude  de  choses  neuves  et  de 
bon  goût.  On  connaît  de  sa  composition  :  i°  Il 
primo  libro  di  madrigali  a  quattro  t'oci,- Ve- 
nise, 1619,  in^".  —  2°  Madrigali  a  5  voci ; 
Rome,  Robletti ,  1625.  —  3°  Poésie  diverse  in 
musica;  ibid.,  1628.  —  4"  Missa  in  benedic- 
tione  nuptiarum,  sex  vocum,  auctore  Ste- 
phano  Lando  in  basilica  Principis  Apostolo- 
riim  clerico  beneficiato,  nec  non  in  ecclesia 
S.  Marix  ad  montes  musicx  prxfecto  ,  etc.; 
Rome,  Robletti,  1628.—  5"  Ane  ad  una  e  due 
voci,  huit  livres  publiés  à  Rome,  chez  Robletti, 
depuis  1627  jusqu'en  1639.—  6°  Saimi  intieri 
a  4  voci;  ibid.,  1629.  —  7"  Il  Santo  Alessio , 
dramma  musicale  dall'  E>no.  e  Rmo,  sig. 
card.  Barberino  fatto  rapprcsentare  al  Ser. 
principe  Alessandro  Carlo  di  Polonia;  Rome, 
Masotli,  1634,  in-fol.  —  8"  //  libro  primo  délie 
jnisse  a  Capella  a  4  e  5  voci;  Rome,  Grignani, 
1639.  — 'J°  La  Morte  d'Or feo,  pastorale  ;ihid., 
16,39. 

LAJXD1I\0  (François),  célèbre  organiste  et 
compositeur  italien  du  quatorzième  siècle,   fut 
souvent  appelé  Francesco  Cieco,  parce  que  la 
petite  vérole  l'avait  rendu  aveugle  dans  son  en- 
fance, et  Francesco  degli  Orgnni ,  à  cause  de 
son  talent  sur  l'orgue.  Il  naquit  à  Florence  vers 
l'année  1325;  son  père  était  un  peintre  qui  jouis- 
sait de  quelque  réputation,  et  qui  descendait  de 
l'illustre   famille   des   Landini.  Les  biographes 
nous  apprennent  que  le  jeune  Landino,  cher- 
chant des  consolations  contre  le  malheur  de  la 
cécité  qui  venait  de  le  frapper,  chantait  des  mé- 
lodies populaires.  Plus  tard,  le  goût  qu'il  avait 
pris  II  ces  mélodies  le  conduisit  à  l'étude  de  la 
musique  ,  dans  laquelle  il  fit  de  rapides  progrès. 
En  peu  de  temps  il  fut  en  état  d'accompagner  sa 
voix  avec  l'orgue  ou  un  instrumenta  cordes.  Telle 
était  sa  facilité,  dans  l'âge  mûr,  qu'il  savait  jouer 
de  presque  tous  les  instruments,  quoiqu'il  n'eût 
jamais  eu  de  maître.  11  cultiva  aussi  la  poésie 
avec  succès.   Quelques-unes   de  ses   pièces  de 
vers  ont  été  imprimées  dans  divers  recueils.  Lan- 
dino était  à  Venise  vers  l'an  1364  ,  sous  la  do- 
mination du  doge  Laurent  Celsi,  lorsque  de  su- 
perbes fôtes  y  furent  données  au  roi  de  Chypre, 
qui  s'y  trouvait  en  même  temps  que  Pétrarque. 
Charmé  par  le  talent  de  l'organiste  aveugle ,  ce 
prince  le  couronna  de  lauriers.  M.  de  Winterfeld 
a  révoqué  ce  fait  en  doute  (dans  son  livre  sur 


LANDINO  —  LANFRAINCO 


187 


Jean  Gabrieli ,  pari.  1'%  cli.  2),  et  a  pensé  que 
la  couronne  a  été  accordée  à  François  Landino 
comme  poëte  plutôt  que  comme  musicien;  se 
fondant  sur  ce  que  le  nom  de  cet  artiste  ne  se 
trouve  pas  dans  le  catalogue  des  organistes  de 
Saint-Marc  au  quatorzième  siècle;  mais  il  me 
semble  que  Landino ,  voyageur,  étranger  à  Ve- 
nise, a  pu  s'y  faire  entendre  sur  l'orgue  de  Saint- 
Marc,  sans  y  être  attaché  comme  organiste,  et  la 
conjecture  de  M.  de  Winterfeld  ne  me  paraît  pas 
assez  bien  appuyée  pour  infirmer  le  témoignage 
de  Philippe  Villani,  contemporain  et  compatriote 
àe  Franccsco  degli  Orgaai,  qui  a  rapporté  le 
fait  dans  ses  Vite  d'illustri  FiorenUni.Laiadiao 
mourut  à  Florence  en  1390. 

Chaque  siècle,  chaque  pays  a  eu  quelque 
homme  supérieur  dans  les  arts,  les  sciences  et 
les  lettres.  Rarement  les  contemporains  se  trom- 
pent à  l'égard  de  ces  supériorités;  celle  de  Lan- 
dino est  constatée  parles  écrivains  de  son  temps  ; 
mais,  n'ayant  aucun  moyen  de  vérifier  la  justesse 
de  leurs  éloges,  nous,  étions  forcés  de  les  ac- 
cepter sans  examen.  On  ne  connaissait  aucune 
composition  de  cet  artiste ,  et  l'on  ne  pensait  pas 
qu'il  restât  rien  de  lui ,  lorsque  j'ai  découvert  à 
la  Bibliothèque  impériale  de  Paris,  dans  un 
manuscrit  (in-4'',  n"  535  du  supplément)  dont 
aucun  écrivain  n'avait  parlé,  et  qui  est  du  com- 
mencement du  quinzième  siècle,  cent  quatre- 
vingt-dix-neuf  chansons  italiennes  à  deux  et 
à  trois  voix,  parmi  lesquelles  il  y  en  a  cinq  de 
Francesco  degli  Organi.  J'en  ai  publié  une  en 
partition  et  en  notation  moderne,  avec  une  notice 
du  manuscrit,  dans  le  premier  volume  delà  Revue 
»iî(s«caZe(ann.l827,p.  111  etsuiv.).  Le  manuscrit 
est  malheureusement  rempli  d'une  multitude  de 
fautes  de  copie.  J'en  ai  dû  corriger  plusieurs  dans 
la  première  partie  de  la  chanson ,  la  seule  que 
j'ai  publiée  ,  parce  que  la  seconde  est  si  défigurée 
qu'elle  n'a  aucun  sens  harmonique  en  rapport 
avec  l'état  de  l'art  au  quatorzième  siècle.  Celte 
chanson  et  les  autres  compositions  de  Landino 
contenues  dans  le  manuscrit  justifient  les  éloges 
qui  ont  été  accordés  à  leur  auteur.  On  y  trouve 
plus  de  douceur,  un  sentiment  d'harmonie  plus 
délicat  que  dans  les  pièces  des  compositeurs  de 
la  même  époque.  Jacopo  de  Bologne  est  le  seul 
qui  soutienne  la  comparaison  sans  désavantage. 
Un  autre  manuscrit  qui  a  appartenu  au  célèbre 
organiste  Antoine  Squarcialupi,  etquiestaujour- 
dliui  dans  la  Bibliothèque  ducale  de  Florence , 
semble  être  un  double  de  celui  de  la  Bibliothèque 
impériale  ,  car  il  contient  les  chants  des  mêmes 
auteurs,  particulièrement  de  Landino.  On  peut 
consulter  sur  ce  manuscrit  l'excellente  notice  que 
M.  Casamorata,  de  Florence,  a  publiée  sur  Squar- 


cialupi, dans  la  Gazzetta  musicale  di  Milano 
(ann.  1847  n"  48). 

LANDOLFI  (Charles-Ferdinand),  luthier 
de  Milan  ,  vécut  dans  cette  ville  au  milieu  du 
dix-huitième  siècle.  Ses  violons  sont  assez  esti- 
més et  se  vendent  de  trois  à  quatre  cents  francs. 
J'en  connais  deux,  dont  un  porte  la  date  de  1752 
et  l'autre  celle  de  1753. 

LA\DRlAIVO  (  Charles-Antoink),  sopra- 
niste  célèbre,  organiste  et  compositeur,  né  à  Mi- 
lan, vers  1626,  brilla  par  son  talent  aux  fêtes 
qui  furent  données  dans  sa  ville  natale,  lorsque 
le  duc  de  Parme,  Edouard  Farnèse  ,  la  visita.  Il 
obtint  à  cette  occasion  la  place  d'organiste  à  l'é- 
glise Saint-Raphaël ,  quoiqu'il  fût  déjà  chantre 
de  la  cathédrale.  11  mourut  à  l'âge  de  trente-trois 
ans ,  peu  après  1657.  On  a  imprimé  de  sa  com- 
position :  Moitetia  voce  sola;  Milan,  1655. 

LAIVDSBEKG  (Louis),  professeur  de  mu- 
sique, naquit  à  Breslau  dans  les  premières  années 
du  dix-neuvième  siècle.  Il  commença  sa  carrière 
comme  ténor  choriste  du  théâtre  royal  de  Berlin  ; 
puis  il  se  rendit  à  Rome,  où  il  vécut  pendant 
vingt-quatre  ans,  se  livrant  à  l'enseignement  du 
piano.  Il  y  avait  établi  des  concerts  d'amateurs 
qui  eurent  beaucoup  de  succès.  Il  est  mort  dans 
cette  ville,  le  6  mai  1858.  Landsberg  se  livra  à 
l'étude  des  œuvres  des  anciens  maîtres  et  de  la 
littérature  musicale  :  il  avait  des  connaissances 
étendues  dans  ces  matières  et  avait  rassemblé 
une  rare  et  précieuse  collection  de  musique  et  de 
livres,  pour  laquelle  il  explorait  incessamment 
l'Italie  et  l'Allemagne.  Après  sa  mort,  sa  collec- 
tion fut  transportée  en  partie  à  Breslau  et  en 
partie  à  Berlin  par  ses  héritiers  :  on  en  a  fait 
imprimer  des  catalogues  pour  en  proposer  l'ac- 
quisition aux  amateurs;  mais,  bien  qu'ils  indi- 
quent encore  des  choses  fort  intéressantes,  les 
ouvrages  les  plus  importants  en  ont  disparu. 
L'auteur  de  cette  biographie  a  pu  s'en  convaincre 
en  comparant  ces  catalogues  avec  celui  que 
Landsberg  lui  avait  envoyé  en  manuscrit. 

LANFRANCO  (  Jean-Marik),  né  sur  le 
territoire  de  Parme,  vraisemblablement' dans  les 
dernières  années  du  quinzième  siècle  ,  ou  dans 
les  premières  du  suivant ,  fut  maître  de  chapelle 
à  la  cathédrale  de  Brescia.  Il  n'est  connu  que  par 
un  petit  traité  de  musique ,  divisé  en  quatre 
parties ,  dont  la  rareté  est  excessive.  Ce  livre  a 
pour  titre  .'  Scintille  o  sia  regole  di  musica, 
che  mostrano  a  leggere  il  canto  fermo  e  figu- 
rnto ,  gli  accidenti  délie  note  mensurate,  le 
proportioni  e  tuoni,  il  contrapunto  e  la  di- 
visione  d'il  monocordo ,•  con  la  accordatura 
di  varii  instrumenti,  délia  quale  nasce  un 
modo,  unde  ciascxm  per  se  stesso  imparare 


188 


LANFRANCO  —  LANG 


poirà  le  voci  di  la,  sol,  fa,  mi,  ré,  ut.  In 
Brescia,  per  Ludovico  Britannico,  1533,  142  pa- 
ges i)etit  in-4°.  L'opinion  de  Perne  était  que 
Lanfranco  fournit  les  explications  les  plus  claires 
et  les  plus  satisfaisantes  concernant  les  prola- 
tions.  Un  exemplaire  de  ce  petit  ouvrage,  prove- 
nant de  la  bibliothèque  de  M.  Gaspari,  de  Bolo- 
gne, a  été  vendu  à  Paris,  le  29  janvier  1862,  80 
francs  ;  un  autre  exemplaire  avait  été  vendu  en 
1805,  dans  la  même  salle  de  la  maison  Silveslre, 
1  franc  85  centimes  !  Avant  que  l'auteur  de  cette 
notice  eût  fixé  l'attention  de  l'Europe  sur  la  va- 
leur des  anciennes  œuvres  musicales,  au  point 
de  vue  de  l'histoire,  elles  ne  trouvaient  pas  d'a- 
cheteur ;  aujourd'hui  fin  fait  mille  folies  pour  les 
acquérir  à  tout  prix. 

LA]XG  (Gaspard),  musicien  allemand  du 
dix-septième  siècle,  est  connu  par  un  recueil  de 
motets  intitulé  :  Musœ  1,2  und  3  siimmige  Can- 
tiones  sacrx  tempori  et  festis  accommodatx 
cum  violinis;  Constance,  1660,  in-4''. 

LAI\G  (Jean-Georges),  né  en  Bohême  en 
1724,  y  apprit  la  musique  et  l'art  de  jouer  de 
l'orgue.  En  1749,  il.fit  un  voyage  en  Italie,  étudia 
le  contrepoint  à  Naples,  puis  retourna  en  Alle- 
magne, où  il  entra  en  1760  au  service  du  prince- 
évêque  d'Augsbourg.  Lorsque  cet  évêque  (  Clé- 
ment-Wenceslas  ,  prince  royal  de  Pologne)  fut 
fait  archevêque  de  Trêves,  il  appela  Lang  à  Co- 
blence en  qualité  de  maître  de  chapelle.  Cet  artiste 
a  publié  de  sa  composition  :  1°  Six  symphonies 
pour  l'orchestre;  Augsbourg,  Lotter,  1760.  — 
2"  Six  quatuors  pour  piano ,  flûte,  violon  et  vio- 
loncelle; Offenbach,  1775.  —  3"  Deux  concertos 
pour  piano  ;  ibid.,  1776.  —  4°  Divers  autres  mor- 
ceaux pour  cet  instrument;  Nuremberg.  — 
b°  Deux  cahiers  de  pièces  d'orgue;  ibid.  —  6°  Six 
trios  pour  clavecin,  violon  et  violoncelle  ;  Augs- 
bourg, Lotter.  —  7°  Une  fugue  pour  l'orgne  à 
trois  parties  ;  ibid.  Il  a  laissé  en  manuscrit  di- 
verses compositions,  parmi  lesquelles  on  remar- 
que deux  concertos  pour  piano  à  quatre  mains. 

LANG  (Ernest-Jean-BenoIt  ),  peintre  et  mu- 
sicien distingué,  naquit  au  mois  de  février  1749 
à  Ilmenau,  alors  dans  le  comté  de  Henneberg. 
Son  père,  peintre  et  bon  musicien  ,  lui  enseigna 
les  principes  des  deux  arts  qu'il  cultivait  :  la 
liarpe  fut  l'instrument  qu'il  choisit;  il  y  fit  des 
progrès  si  rapides,  qu'à  l'âge  de  six  ans  il  put 
en  jouer  devant  le  duc  de  Saxe-Hildburghausen. 
Lorsque  son  père  alla  se  fixer  à  Nuremberg,  il 
l'y  accompagna,  et  apprit  à  jouer  du  clavecin 
et  du  violon,  sous  la  direction  du  maître  de  cha- 
pelle Gruber,  qui  lui  enseigna  aussi  les  éléments 
de  la  composition.  Déjà  marié,  en  1782,  i!  réso- 
lut de  voyager  et  de  tirer  parti  de  ses  talents  pour 


sortir  de  la  pénible  situation  où  il  se  trouvait.  Il 
prit  sa  route  par  la  Souabe,  visita  une  partie  de 
la  Suisse  ,  s'arrêta  quelque  temps  à  Strasbourg , 
puis  se  rendit  à  Bruxelles,  où  il  entra  au  service 
du  duc  d'Arenberg,  en  qualité  de  musicien  de 
la  chambre.  Après  un  an  de  séjour  près  de  ce 
prince ,  il  fut  obligé  de  retourner  à  Nuremberg 
pour  des  affaires  de  famille,  et  dans  sa  route  il 
donna  des  concerts  à  Trêves ,  Mayence  et  Franc- 
fort. Obligé  de  donner  des  leçons  pour  vivre,  il 
augmenta  les  vertiges  qu'il  ressentait  depuis  plu- 
sieurs années,  et  il  mourut  d'une  maladie  céré- 
brale,  à  Nuremberg,  le  6  mai  1785,  à  l'âge  de 
trente-six  ans.  Cet  artiste  a  composé  plusieurs 
concertos,  quatuors,  trios  et  solos  pour  la  harpe; 
on  n'a  gravé  de  ses  ouvrages  que  les  suivants  ^ 
r  Sonata  per  Varpa,  accompagnala  con  il 
violino,  composta  daEnr.  Giov.  Bened.Laag, 
virtuoso  dell'arpa,  in  Norimt}erga ;  Nurem- 
berg, J.-G.  Birckmann.  —  2°  Quelques  poésies 
de  Biirger,  mises  en  musique  par  E.-J;-B.  Lang; 
Nuremberg,  J.-M.  Schmidt,  in-fol.  obi. 

LANG,  famille  de  musiciens,  originaire  du 
Palatinat,  qui  s'est  distinguée  dans  la  Bavière. 
Lang  (François),  né  à  Manheim,  le  30  novem- 
bre 1751,  eut  pour  maître  de  cor  le  musicien  de 
la  cour  Zwini.  A  l'âge  de  huit  ans  il  joua  sur 
cet  instrument  un  concerto ,  le  jour  de  la  fête 
du  prince  électoral ,  et  fit  naître  l'étonnement 
par  son  habileté.  En  1763  il  était  déjà  musicien 
de  la  cour,  et  en  1770  il  épousa  la  fille  du  direc- 
teur de  musique  Stamitz,  excellente  cantatrice  du 
théâtre  de  Manheim,  puis  de  Munich.  Plus  tard, 
Lang  fit  de  longs  voyages  avec  son  frère  (  Martin 
Lang),  et  partout  ils  excitèrent  l'étonnement  par 
leur  talent.  En  1801,  François  Lang  était  encore 
attaché  à  la  musique  de  la  cour  de  Munich. 

LANG  (Martin),  frère  du  précédent,  naquit' 
à  Manheim,  le  21  juin  1755,  et  reçut  aussi  des 
leçons  de  cor  de  Zwini.  En  1778  il  fut  attaché  à 
la  chapelle  de  la  cour  à  Munich.  En  1784  il  fit 
un  voyage  à  Vienne,  où  il  donua  des  concerts 
avec  succès,  puis  il  visita  l'Italie  avec  son  frère. 
Le  talent  de  ces  deux  artistes  consistait  en  une 
belle  qualité  de  son  et  une  grande  sûreté  dans 
l'attaque  des  traits  difficiles. 

LANG  (Catherine),  fille  de  François  Lang,. 
naquit  à  Manheim  au  mois  de  novembre  1774(1),, 
et  suivit  son  père  à  Munich  à  l'âge  de  quatre  ans- 
Plus  tard  elle  reçut  de  Streicher  des  leçons  de 
piano,  et  devint  élève  de  Dorothée  Wendling 
pour  le  chant.  En  1789  elle  se  rendit  en  Italie,  et 

(0  Gerber  et  les  biographes  qui  l'ont  copié  ont  fait 
sur  celte  cantatrice  une  accumulation  d'erreurs  ;  ils  ^on^ 
confondue  avec  sa  mère,  et  ont  cbangé  son  nom  en  celHl» 
de  Lange, 


LANG  —  LANGBECRER 


189 


reçut,  à  Padoue,(les  leçons  de  PacchiaroKi. 
Deux  ans  après  elle  débuta  au  grand  théâtre 
de  Mantoue  avec  un  brillant  succès.  A  Venise, 
elle  chanta  avec  Crescentini  au  théâtre  de  la 
Fenice  ;  à  Bergame  et  à  Vicence,  avpc  Marcliesi  ; 
à  Vérone,  avec  Matteucci.  Son  talent  se  soutint  à 
côté  de  ces  grands  chanteurs;  mais,  après  plu- 
sieurs années ,  une  maladie  de  l'organe  vocal  l'o- 
bligea à  quitter  la  scène.  Elle  retourna  à  Munich 
et  y  épousa  le  chanteur  Zuccarini  en  1796.  Cette 
actrice  avait  un  chant  d'expression  qui  remuait 
le  cœur.  Elle  était  excellente  pianiste  et  possédait 
des  connaissances  étendues  dans  la  musique.  Elle 
mourut  des  suites  d'une  maladie  de  larynx,  le 
4  mai  1803. 

LANG  (Théobald),  fils  de  Martin  Lang,  na- 
quit à  Munich,  en  1783.  Après  avoir  terminé  ses 
études  de  violon,  il  prit  des  leçons  de  composi- 
tioa  cites  le  maitre  de  chapelle  François  Danzi , 
et  entra,  en  1798,  à  l'orchestre  de  la  cour,  quoi- 
qu'il ne  fût  âgé  que  de  quinze  ans.  En  1802,  il  reçut 
un  engagement  pour  l'orchestre  de  Stultgard. 
Deux  ans  après  il  retourna  à  Munich,  où  il 
épousa,  en  1808,  la  cantatrice  Régine  Hitzel- 
berger.  Lang  a  été  un  violoniste  distingué,  pour 
son  temps. 

LANG  (François-Xavier),  deuxième  fils  de 
Martin  Lang,  né  à  Munich  en  1785,  a  été  un 
bassoniste  de  mérite.  Son  maître  pour  cet  ins- 
trument a  été  Philippe  Ruppert,  membre  de  la 
cJiapelle  du  roi  de  Bavière.  Lang  a  écrit  quel- 
ques ballets  dont  la  musique  n'est  pas  sans 
mérite. 

LANG  (Marguerite),  fille  de  Martin  Lang, 
est  née  à  Munich  le  20  septembre  1788.  Mine  Diil- 
ken  lui  a  donné  des  leçons  de  piano,  et  sa  mère 
a  fait  son  éducation  vocale.  Le  4  avril  1805, 
elle  a  paru  pour  la  première  fois  sur  le  théâtre 
royal  de  Munich  dans  le  Sacrifice  interrompu 
de  Winter,  et  y  a  été  applaudie  avec  transport. 
Elle  a  brillé  ensuite  (en  1807  et  1810)  aux  théâ- 
tres de  Stuttgard  et  de  Francfort. 

LANG  (Joséphine),  sœur  de  la  précédente, 
est  née  à  Munich  en  1791.  Après  avoir  reçu  des 
leçons  de  chant  et  de  piano  du  maître  de  chapelle 
Danzi ,  et  avoir  appris  les  éléments  de  l'art  dra- 
matique de  sa  mère,  elle  a  débuté  en  1807  au 
théâtre  royal  de  sa  ville  natale.  Elle  jouissait  en 
1812  de  la  faveur  publique. 

LANG  (Antoine),  fils  de  Théobald  Lang,  est 
né  à  Munich  en  1804.  11  s'est  livré  à  l'étude  du 
piano  et  de  la  composition.  On  a  publié  de  ses 
premiers  essais  :  1°  Gedichte  ans  Willielm 
Meister,  de  Gœthe,  pour  voix  seule  et  accom- 
pagnement de  piano;  Ralisbonne,  Reitmayr. — 
2°  Sechs  Gedichte  von  J.  Paul  Richter,  Schil- 


ler, etc.,  pour  voix  seule  et  piano.  Muni :h,  Sid- 
1er.  — 3°  Variations  pour  piano,  avec  quatuor 
d'accompagnement  ;  ibid. 

LANG  (•...),  excellent  clarinettiste,  né  en 
Bohême  vers  1760,  fut  maître  de  musique  du 
premier  régiment  d'artillerie  impériale  à  Prague. 
Un  grand  concert  qu'il  donna  au  théâtre  national 
de  cette  ville,  en  1786,  lui  fit  la  réputation  d'un 
artiste  distingué  sur  son  instrument.  En  1802,  il 
renonça  à  sa  place  de  maître  de  musique,  et  ser- 
vit dans  le  même  régiment  comme  caporal.  On 
n'a  jamais  connu  les  motifs  de  ce  changement. 
Enfin  il  eut  son  congé  en  1808,  et  entra  au  ser- 
vice du  comte  Metrowsky,  en  qualité  de  maître 
de  musique  de  son  régiment,  qui  se  trouvait  en 
Moravie,  mais  avec  exemption  de  service  mili- 
taire et  avec  des  appointements  considérables. 
Cet  artiste  vivait  encore  dans  cette  position  en 
1816.  Lang  a  écrit  beaucoup  de  concertos  et  de 
sonates  pour  la  clarinette,  ainsi  que  des  suites 
d'harmonie  pour  la  musique  militaire  :  toutes  ces 
compositions  existent  en  manuscrit. 

LANG  (Alexandre),  docteur  en  droit  et 
professeur  à  l'université  d'Erlangen  (Bavière) na- 
quit le  6  mars  1806  à  Ratisbonne,  où  son  père 
était  conseiller  dé  justice  des  domaines  du  prince 
de  la  Tour  et  Taxis.  Dès  son  enfance  il  commença 
l'étude  de  la  musique,  et  ses  parents,  qui  ai- 
maient cet  art,  cultivèrent  ses  heureuses  disposi- 
tions. Après  avoir  achevé  ses  études  de  collège, 
il  fréquenta  les  universités  d'Erlangen  et  de  Hei- 
delberg,  sans  interrompre  ses  études  musicales. 
En  1834,  il  reçut  sa  nomination  de  professeur  de 
droit  à  l'université  d'Erlangen;  mais  il  ne  jouit  pas 
longtemps  des  avantages  de  sa  position  ,  car  it 
mourut  le  18  février  1837,  à  l'âge  de  31  ans.  On 
a  publié  de  cet  amateur  :  1°  Variations  pour 
piano  à  4  mains.  —  2'^  Polonaise  idem.  —  3°  Grande 
sonate  pour  piano  seul.  —  4°  Rondeau  brillant 
pour  piano  à  4  mains.  —  5"  Variations  pour  piano, 
avec  accompagnement  de  petit  orchestre.  — 
6°  Variations  pour  piano  avec  2  violons,  alto  et 
violoncelle;  à  Munich,  chez  Sidler.  —  7"  Intro- 
duction et  polonaise  de  concert,  avec  orchestre. 
—  8"  Quatuor  pour  2  violons,  alto  et  violon- 
celle. —  9°  Adagio  pour  guitare  et  piano.  — 
10°  Lieder,  avec  accompagnement  de  piano. 

LANGBECKER  (  Emmanuel  -  Chrétien - 
Théophile  ),  né  à  Berlin,  le  31  août  1792 ,  fit  ses 
études  littéraires  au  gymnase  (collège)  de  cette 
ville,  puis  alla  suivre  les  cours  de  médecine  des 
plus  célèbres  professeurs  ;  mais  l'invasion  de  la 
Prusse  par  les  armées  françaises  interrompit 
ses  études,  et  dès  lors  il  s'occupa  des  affaires 
industrielles  de  son  père,  qui  possédait  une 
manufacture  d'étoffes  de  laine.  Dans  ses   rao- 


190 


LANGBECRER  —  LANGE 


ments  de  loisir,  Langbecker  s'occupa  spéciale- 
ment d'ouvrages  relatifs  à  l'ancienne  musique 
d'église,  pour  laquelle  il  eut  toujours  un  goût 
passionné.  Ses  travaux  en  ce  genre  le  firent  con- 
naître avantageusement  à  la  princesse  Wilhel- 
mine  de  Prusse,  qui  le  prit  sous  sa  protection 
et  le  plaça,  en  qualité  de  secrétaire,  près  de  son 
fils,  le  prince  Waldemar.  Il  occupa  cette  po- 
sition jusqu'à  sa  mort,  arrivée  le  21  octobre 
1843.  Les  principaux  ouvrages  de  Langbecker 
relatifs  à  la  musique  sont  :  1"  Das  Deutsch- 
cvangelische  Kirchenlied,  eine  historisch  œs- 
thetische  Abhandlung  zur  dritten  Jubelfeier 
des  Augsburgischeii  Confession  verfasst  (  Le 
chant  allemand  de  l'Église  évangélique,  disser- 
tation historique  et  esthétique,  à  l'occasion  du 
troisième  jubilé  séculaire  de  la  Confession 
d'Augsbourg  )  ;  Berlin,  1830.  —  2°  Johann 
Cruger's,  -von  1622-1662  Musikdirector  an 
der  St-Nicolai  Kirche  zu  Berlin  choral  Me- 
lodien,eic.  (Mélodies  chorales  de  Jean  Cruger, 
directeur  de  musique  de  l'église  Saint-Nicolas  à 
Berlin,  depuis  1622  jusqu'en  1662,  tirées  des 
meilleures  sources  originales,  et  accompagnées 
d'un  abrégé  de  sa  vie,  etc.  )  ;  Berlin,  1835,  in-4°. 

—  3**  Gesangblaite  aus  dem  i&ten  Jahrhun- 
dert  mit  einer  kurzen  Nachricht  vom  ersten 
Anfange  von  evangelischen  Kirchenliedes 
und  den  Enislehen  der  Gesangblatter,  etc. 
(  Feuilles  de  chant  du  seizième  siècle  avec  une 
courte  notice  historique  de  l'origine  du  chant  de 
l'Église  évangélique,  et  de  la  naissance  des  feuilles 
de  chant);  Berlin  1838.  Ces  ouvrages  sont  faits 
avec  soin  et  renferment  de  bons  renseignements 
puisés  à  des  sources  authentiques. 

LANGDON  (Richard),  musicien  anglais, 
fut  organiste  à  Londres,  dans  la  seconde  partie 
du  dix-huitième  siècle.  Il  a  publié  :  1°  Deux 
livres  de  Chansons  anglaises;  Londres,  Preslon. 

—  1°  Divine  hartnony,  livre  l*'';  Londres, 
Bland.  Ce  recueil  contient  environ  soixante 
psaumes  en  partition.  —  3°  Divine  harmony , 
deuxième  livre,  ibid.  Ce  second  livre  renferme 
des  antiennes.  —  4°  Douze  glees;  Londres, 
Bland.  —  5°  Canzonets,  lib.  7  ;  Londres,  Pres- 
ton. 

LANGE  ou  LANGIUS (Jérôme-Grégoire), 
né  à  Havelberg,  dans  le  Brandebourg,  vers 
ia  première  moitié  du  seizième  siècle,  fut  canior 
à  Francfort-sur-l'Oder,  et  l'un  des  musiciens  les 
plus  instruits  de  sou  temps.  Frappé  de  paralysie 
aux  pieds  et  aux  mains,  il  fut  obligé  de  se  dé- 
mettre de  sa  place,  et  mourut  le  1*"^  mai  1587. 
1!  a  fait  imprimer  de  sa  composition  :    1°  Çan- 


tiones  aliquot    sacrx , 
cum  tum    vives  voci. 


quinque    et  sex  vo- 
tum    omnis   generis 


insirumentis  canlaiu  commodissime  jam 
pr  imum  hi  luccin  editx.  Francofordix  Mar- 
chionum  per  Andream  Eichorn,  1580,  in-4''. 
—  2'*  Cantiones  sacrx,  4,  b,  G  et  8  vocum, 
pars  I;  Nuremberg,  1580. —  3°  idem,  pars  II, 
ibid.,  1584.  Les  deux  parties  de  cet  ouvrage 
sont  dédiées  au  conseil  de  Breslau.  Dans  la  pré- 
face.  Lange  rapporte  l'accident  qui  l'a  privé  de 
sa  place.  — 4"  Neuerteutschen  lieder  mi. 
drey  Stimmen  xcelche  nicht  allein  Lieôlich 
zu  singen,  sondern  auch  allcrlcy  Instrumen- 
ten  zu  gebrauchen,erster  Theil  (Nouvelles 
chansons  allemandes  a  trois  voix,  non-seule- 
ment pour  chanter  agréablement,  mais  aussi 
pour  l'usage  de  toute  espèce  d'instruments , 
r^  partie);  Breslau,  chez  Joh.  Schaffenberg, 
1584,  in-4°  obi.  On  voit  dans  la  préface  de  cet 
ouvrage  que  le  magistrat  de  Breslau  avait  ac- 
cordé un  asile  avec  une  pension  à  Langius,  en 
considération  de  l'accident  qui  l'avait  privé  de 
moyens  d'existence.  La  deuxième  partie  de  ce 
recueil  a  paru  chez  le  même  éditeur,  en  1586. 
Après  la  mort  de  Langius,  il  a  été  l'ait  une 
deuxième  édition  des  deux  parties,  publiée 
chez  Georges  Baumann,  à  Breslau,  en  1597- 
1598,  in-4''. 

LANGE  (Joachim),  né  à  Eylau  (Prusse), 
dans  la  seconde  moitié  du  seizième  siècle,  fut, 
suivant  l'avertissement  placé  en  tête  de  l'ou- 
vrage cité  ci-dessous,  organiste  au  service  du 
comte  Havata,  à  Clilum  et  Koschenberg,  en 
Bohême.  Il  s'est  fait  connaître  par  la  compo- 
sition d'un  recueil  de  chansons  allemandes  à 
trois  voix,  intitulé  :  Das  erste  Buch  schœner 
newer  iveltlicher Liedlein  mit  drey  Stimmen, 
componirt  durch  Joachimum  Langium  Eu- 
lauiensem  Borussum.  Pragx,  typis  Nigri- 
nianis,  1606,  in-4°.  On  y  trouve  24  mor- 
ceaux. 

LANGE  (Jean-Gasfard),  cantor  à  Hildes- 
heim,  dans  la  seconde  moitié  du  dix-septième 
siècle,  est  auteur  d'uîi  opuscule  qui  a  pour 
titre  :  Meihodus  nova  et  perspicua  in  artem 
vnisicam,  das  ist  :  Becht  grûndliche  Anwei- 
sung  wie  die  edlen  Musik  mit  allen  zu  gehœ- 
rigen  StUcken  auf  aller  leichteste  und  geuis- 
seste  nach  heutigen  neuesten  Art,  etc.  (  Mé- 
thode nouvelle  et  claire  concernant  la  musique, 
ou  instruction  solide,  etc.  )  ;  Hildesheim  ,  1688, 
64  pages  in-S".  Ce  petit  ouvrage  est  en  dialogue. 

LANGE  (Joseph),  acteur  allemand,  na- 
quit à  Wiirzbourg,  le  1"  avril  1751.  Son  père  y 
était  secrétaire  de  légation.  Après  avoir  fait  des 
études  dans  la  peinture  et  dans  la  musique,  il  so 
rendit  à  Vienne  pour  y  perfectionner  son  habileté 
<!ans  ces  arts,  et  y  trouva  un  frère  qui  y  était 


LAKGE  —  LANGER 


J9f 


placé  comme  seeiélaire.  Tous  deux  aimaient  l'art 
dramatique  avec  passion  ;  ils  s'associèrent  avec 
d'autres  jeunes  gens  et  fondèrent  un  tliéâtre  d'a- 
mateurs. C'est  là  que  les  vit  le  conseiller  de  la 
cour  de  Sonnenfels,  qui,  convaincu  de  la  réalité 
de  leur  talent,  les  engagea  à  se  vouer  à  la  scène, 
Ceci  se  passait  en  1770.  L'aîné  des  deux  frères 
mourut  bientôt  après;  le  plus  jeune  fut  en  peu 
de  temps  l'acteur  favori  des  habitants  de  Vienne. 
Comme  musicien ,  il  s'était  fait  connaître  avan- 
tageusement :  il  jouait  bien  du  piano  et  compo- 
sait avec  goût.  Déjà  il  avait  publié  quelques 
morceaux  de  musique  inslrumenlale  et  des 
chansons,  lorsqu'il  fit  représenter,  en  1796,  un 
petit  opéra  intitulé  :  Adèle  de  Ponthieu,  qui 
fut  bien  accueilli  du  public.  Après  qu'il  se  fut 
retiré  du  théâtre,  il  continua  de  cultiver  la  com- 
position et  la  peinture.  Il  a  aussi  obtenu  des 
succès  dans  cet  art,  et  l'onîconnaît  de  lui  de 
grands  tableaux  d'église  qui  sont  estimés. 
Lange  est  mort  à  Vienne,  le  18  septembre  1831. 

L AIXGE  (  Louise-Marie-Antoinette  ) ,  née 
DE  WEBER,  femme  du  précédent,  vit  le  jour 
à  Manheim.  En  1779,  elle  débuta  au  théâtre  de 
celte  ville,  dans  l'opéra  ;  ensuite  elle  se  rendit  à 
Vienne.  Là,  elle  devint  élève  de  Mozart ,  dont 
elle  était  la  belle-sœur,  et  ses  progrès  furent 
rapides  sous  un  tel  maître.  Elle  contracta  un 
engagement  à  l'Opéra  de  Vienne.  Ce  contrat  ex- 
piré, elle  voyagea,  se  fit  entendre  avec  succès  sur 
plusieurs  théâtres  de  l'Allemagne,  puis  elle  re- 
tourna dans  la  capitale  de  l'Autriche,  où  elle  fut 
engagée  de  nouveau,  aux  appointements  de  400 
ducats.  Des  discussions  qu'elle  eut  avec  les  en- 
trepreneurs la  firent  se  retirer  en  1735.  Elle  se 
rendit  à  Hambourg,  et  y  chanta  jusqu'en  1798; 
puis  elle  fut  engagée  à  l'Opéra  allemand  d'Ams- 
terdam, et  y  eut  800  ducats  de  traitement.  Cette 
cantatrice  a  passé  pour  une  des  meilleures  de 
son  temps;  on  l'a  même  comparée  à  M'"^  Mara, 
quoiqu'elle  lui  fût  inférieure.  Lorsqu'elle  quitta 
la  scène ,  elle  se  retira  à  Francfort,  oîi  elle  est 
morte  en  1830,  regrettée  de  tous  ceux  qui  l'a- 
vaient connue. 

LA3JGE  (Joseph-Henri),  compositeur  et  or- 
ganiste à  Brème,  fils  d'un  instituteur,  est  né  dans 
cette  ville  en  1784.  Il  était  fort  jeune  lorsque 
son  père  l'envoya  à  Munich  pour  y  étudier  la 
musique,  sous  la  direction  deWinler.  De  retour 
à  Drême,  il  y  obtint  la  place  d'organiste  de 
l'église  principale.  M  a  publié  :  1°  Vierslhnmige 
ausgesciztes  Choralbuch  zii,  dem  neuen  Bre- 
mischen  Gesangbuchei  Livre  de  chorals  arrangés 
à  quatre  voix  pour  le  nouveau  livre  de  chant  de 
Brème  );  Brème  ,  Kai.ser.  —  2"  Melodien  zum 
piewen  Bremcr  Gesawjbiiche,  fur  Schulen  und 


zum  Privatgebrauche  (Mélodies  du  nouveau 
livre  de  chant  de  Brème,  à  l'usage  des  écoles,  etc.)  ; 
ibid.  —  3°  Melodien  far  eine  und  mchrere 
Singslhnmcn  zmii  Brcmlschen  IJederbuclie 
fur Schulen  (Mélodies à  une  et  à  plusieurs  voix 
chantantes,  pour  le  livre  de  cantiques  de  Brème,  à 
l'usage  des  écoles)  ;  ibid.  On  a  publié  de  cet  ar- 
tiste, dans  la  même  ville,  en  1833,  la  Chanson 
de  Mignon  pour  quatre  voix  d'hommes. 

LANGE  (le  docteur  OTTO),  né  à  Berlin, 
dans  les  premières  années  du  dix-neuvième 
siècle,  a  fait  ses  études  dans  cette  ville,  et  s'est 
attaché  à  la  philosophie  de  Hegel,  dont  il  s'est 
montré  ardent  admirateur.  En  1S47,  il  est  de- 
venu rédacteur  de  laNouvelie  Gazette  musicale  de 
Berlin  (  Neue  Musikzeitung  fur  Berlin  ),  pour 
la  partie  technique,  sous  la  direction  de  M.  Gus- 
tave Bote.  On  a  de  M.  Lange  un  écrit  intitulé  : 
Die  Musik  als  Unterrichlsgegensfand  in 
Schuten  neben  den  ivissenschaft lichen  Lehr- 
ziceigen  (  La  musique,  telle  qu'elle  est  enseignée 
dans  les  écoles,  confrontée  avec  son  but  comme 
accessoire  scientifique);  Berlin,  1841,  in-8". 
Fink  a  donné  une  longue  analyse  de  cet  ouvrage 
tians  la  Gazette  générale  demusique  deLeipsick 
(n°  45,  10  novembre  1841). 

LAJ\GER(Dominique),  violoniste  du  théâtre 
de  Breslau,  est  né  en  Bohème.  On  n'a  que  peu 
de  renseignements  sur  cet  artiste,  même  dans 
la  Biographie  des  musiciens  de  la  Silésie,  par 
Hoffmann.  On  sait  seulement  qu'il  jouait  égale- 
ment bien  du  violon, de  la  clarinette  et  du  cor 
de  bassette,  et  qu'il  dirigeait  avec  talent  la  mu- 
sique dans  un  jardin  de  plaisance,  à  Breslau.  Il  a 
été  publié  de  sa  composition  :  1°  Rondo  pour 
piano  et  violon;  Vienne,  Mechetti.  —  2"  Valses 
idem;  Milan,  Ricordi.  —  3"  Polonaises  pour  le 
piano  ;  Breslau,  Leuckart.  —  4°  Danses  favorites 
de  Breslau  ;  Breslau,  For.ster.  —  5"  Le  Temps 
ancien  et  le  moderne,  quolibet  musical  lire 
d'airs  connus  et  de  danses,  avac  piano;  Breslau, 
Leuckart.  Langer  avait  en  manuscrit  une  grande 
symphonie  dédiée  au  maître  de  chapelle  Schnei- 
der. 

LANGER  (Matthieu),  virtuose  distingué 
sur  le  cor,  bien  que  simple  amateur,  employé  pré» 
du  gouvernement  à  Oppein,  a  fait  ses  études  an 
gymnase  de  Neisse  et  à  l'université  de  Breslau. 
Il  a  pris  part,  dans  cette  ville,  aux  concerts  de 
l'Académie,  en  1822.  Il  était  déjà  cité  alors  pour 
son  talent,  mais  il  l'a  beaucoup  augmenté  par  soiî 
travail  depuis  lors  :  vers  1840  il  avait  peu  de 
rivaux. 

LANGER  (Hermann),  organiste  à  Leip-^'ck, 
eslné  le  6  octobre  1819,  à  Hœckendorf,  village 
du  royaume  de  Saxe,  dans  l'Erzgebirgejsonédu. 


192 


LATNGER  —  LANGLE 


cation  musicale  fut  faite  dans  la  maison  pater- 
nelle, puisa  Oscliatz,  où  il  apprit  à  jouer  du  cla- 
Tecin,  du  violou,  et  le  chant.  Un  artiste  de  !a 
chambre  royale  de  Dresde  cultiva  ensuite  la  voix 
de  ténor  de  Langer,  qui  contracta  un  engagement 
comme  chanteur  de  l'Opéra.  En  1840  il  se  ren- 
dit à  Leipsick ,  où  il  étudia  la  philosophie,  la 
pédagogique  et  prit  des  leçons  d'orgue  de  M.  C. 
F.  Becker.  Dans  le  même  temps  il  étudiait  aussi, 
la  théologie  ;  mais,  après  qu'il  eut  complété  son 
instruction  scientifique,  il  s'adonna  particulière- 
ment à  la  musique.  En  1843  il  fut  nommé  orga- 
niste de  l'église  de  l'Université,  et  fut  aussi  clioisi 
comme  directeur  de  la  société  de  chant  dite 
Paulinienne.  En  1845,  la  place  de  professeur 
de  chant  liturgique  à  l'Université  lui  fut  conOée  ; 
dix  ans  après,  il  y  ajouta  la  position  de  directeur 
de  musique  de  la  deuxième  société  de  concerts  de 
Leipsick,  appelée  Euterpe ,  et  en  1856,  il  fut 
chargé  de  diriger  la  société  de  chant  Orpheus. 
Langer  s'est  particulièrement  distingué  en  1857 
par  le  cours  qu'il  a  fait  à  l'Université  sur  l'his- 
toire du  chant  liturgique  et  sur  l'histoire  des  an- 
tiquités musicales. 

LAIVGHAMS  (  Cbarles-Gotthard),  archi- 
tecte, fut  d'abord  conseiller  intime  du  roi  de 
Prusse,  dans  l'administration  de  la  guerre,  puis  di- 
recteur du  conseil  supérieur  des  bâtiments  publics 
à  Berlin.  Il  naquit  à  Landshut  (Silésie)  en  1733, 
et  mourut  à  Berlin  le  1er  octobre  1808.  Il  s'est 
rendu  célèbre  parmi  ses  compatriotes  par  les  mo- 
numents dus  à  ses  talents,  et  parmi  lesquels  on  cite 
particulièrement  l'église  des  Onze  mille  Vierges, 
la  Bourse,  et  le  palais  Uatzfeld,  à  Breslau;  à 
Ber\'m,lelSouveauthèâtre  d'Opéra,etl3iPoiie  de 
Brandebourg,  considérée  comme  son  œuvre  ca- 
pitale. Langhans  a  publié,  à  l'occasion  du  théâtre 
construit  par  lui,  un  écrit  intitulé  :  Vergleichung 
des  neiien  Schauspielhauses  zu  Berlin  mit 
verschiedenen  altern  und  neuen  Schaus- 
pielhxusern  in  Rucksicht  aûf  akustische  und 
optische  Grundsœtze  (  Comparaison  du  nouveau 
théâtre  de  Beriin  avec  divers  théâtres  anciens 
et  modernes,  au  point  de  vue  des  principes 
d'acoustique  et  d'optique  ).  Berlin,  1800, 15  pages 
in-4°,  avec  deux  planches. 

L ANGLE  (Honoré-Fkançois-Marie),  com- 
positeur et  théoricien  de  musique ,  d'une  famille 
originaire  de  Picardie,  mais  établie  en  Italie  de- 
puis le  dix-septième  siècle,  naquit  à  Monaco  en 
1741.  A  l'âge  de  seize  ans  on  l'envoya  à  Naples 
pour  y  étudier  la  composition  ;  il  y  entra  au  Con- 
servatoire de  la  Pietà  dei  Turchini,  et  fit  ses 
études  d'harmonie,  d'accompagnement  et  de 
contrepoint,  sous  la  direction  de  Cafaro.  Après 
avoir  été  huit  ans  dans  cette  école,  où  il  eut  le 


titre  de  maure,  c'est-à-dire,  répétiteur,  il  se 
rendit  à  Gênes  et  y  demeura  plusieurs  années, 
en  qualité  de  directeur  de  musique  du  théâtre 
et  du  concert  des  nobles.  Arrivé  à  Paris  en  1768, 
il  se  fit  une  existence  honorable  en  donnant  des 
leçons  de  clavecin ,  de  chant  et  de  composition. 
Il  connaissait  bien  l'art  du  chant,  en  ayant  étudié 
les  principes  dans  l'école  de  Naples,  la  meilleure 
de  cette  époque.  Tourmenté  du  désir  de  se  faire 
connaître  à  Paris  par  ses  compositions,  il  fit  exé- 
cuter au  concert  spirituel  et  à  celui  des  amateurs 
des  cantates  et  des  motets,  entre  autres  les  mono- 
logues d'Afcirfe,  de  Sapho,  àeCircé,  etc.  Lors- 
que le  baron  de  Breteuil  eut  institué  l'École  royale 
de  chant  et  de  déclamation,  en  1784,  Langlé  fut 
chargé  d'y  enseigner  le  chant,  et  il  conserva  cet 
emploi  jusqu'à  la  suppression  de  l'école  en  1791. 
A  l'époque  de  l'organisation  du  Conservatoire 
de  Paris,  on  le  désigna  pour  remplir  les  fonctions 
de  bibliothécaire,  qu'il  réunit  à  celle  de  profes- 
fesseur  d'harmonie  ;  mais  il  ne  garda  pas  celle-ci 
longtemps,  et  la  place  de  bibliothécaire  fut  la 
seule  qu'il  conserva  en  1802.  Il  était  aussi  mem- 
bre du  Lycée  des  arts.  Dans  les  dernières  années 
de  sa  vie,  Langlé  prenait  plaisir  à  la  culture  d'un 
jardin  qu'il  possédait  avec  une  maison  de  campa- 
gne, à  Villiers-le-Bel,  près  de  Paris  :  il  mourut 
dans  ce  lieu  le  20  septembre  1807,  à  l'âge  de 
soixante-six  ans. 

Les  compositions  de  Langlé  indiquent  peu  de 
génie  :  elles  manquent  de  chaleur  et  do  vie, 
quoiqu'on  y  trouve  des  mélodies  assez  faciles. 
J'ai  examiné  à  la  bibliothèque  du  Conservatoire 
tous  ses  manuscrits ,  et  je  n'y  ai  rien  trouvé  qui 
eût  pu  assurer  des  succès  à  leur  auteur,  s'ils 
avaient  obtenu  les  honneurs  de  la  représentation. 
Le  seul  opéra  de  Langlé  joué  à  l'Académie  royale 
de  musiqne  est  Corisandre,  en  trois  actes  :  il  fut 
représenté  en  1791;  on  le  reprit  l'année  sui- 
vante, mais  il  n'excita  jamais  d'intérêt.  Ses  au- 
tres ouvrages  dramatiques,  tous  inédits,  à  l'ex- 
ception à'Antiochus  et  Stratonice,  joué  sans 
succès  à  Versailles,  en  1786,  sont  -.  1"  Oreste  et 
Tyndare,  présenté  au  jury  de  l'Opéra  en  1783 
et  en  1780.  —  2°  Soliman  et  Éronime,o\i  Maho- 
met II,  en  1792.  —  3"  La  Mort  de  Lavoisier, 
1794.  —  k"  Le  Choix  d'Alcide,  1801.  —  5°  Mé- 
dée.—6°  L'Auberge  des  volontaires.  —  7°  Tan- 
crède.  —  8°  Les  Vengeances.  Langlé  a  fourni  un 
certain  nombre  de  leçons,  assez  mal  écrites,  à 
la  première  édition  des  solfèges  du  Conservatoire 
de  Paris.  Ses  ouvrages  didactiques  sur  l'harmo- 
nie et  la  composition  sont  ceux  qui  ont  particu» 
lièrement  contribué  à  le  faire  connaître  e. 
France.  Le  premier  a  pour  titre  :  Traité  d'har- 
monie et  de  modulation;  Paris,  Naderman, 


LANGLÊ  -  LANGLOIS 


19?, 


1797,  in-fol.de96  pages.  Aux  premiers  mots  de 
l'avertissement  de  ce  traité,  on  serait  tenté  de 
croire  que  Langlé  avait  saisi  jes  vrais  principes  : 
de  la  science  de  l'l)armonie,  qui  ne  sont  autres 
que  ceux  de  la  tonalité;  car  il  s'élève  contre 
les  traités  de  cette  science,  précédemment  pu- 
bliés, où  les  accords  sont  considérés  d'une  ma- 
nière isolée,  sans  égard  aux  lois  de  successions 
qui  les  régissent;  mais,  immédiatement  après,  on 
le  voit  avec  étonnement  avancer  cette  singulière 
proposition  :  Qu'il  n'y  a  qu'un  seul  accord,  ce- 
lui de  tierce,  dont  les  combinaisons  produi- 
sent tous  les  autres.  Et  pour  la  démonstration 
de  ce  principe,  il  présente  l'exemple  de  cette 
suite  de  tierces  :  fa,  la,  m<,  mi,  sol,  si,  ré,  fa. 
Il  en  tire  l'accord  parfait  du  quatrième  degré  fa, 
la,  ut  ;  l'accord  parfait  mineur,  la,  ut,  mi;  l'ac- 
cord de  la  Ionique  ut,  mi,  sol;  l'accord  relatif 
mineur  de  la  dominante,  mi,  sol, si;  l'accord  de 
la  dominante,  sol,  si,  rc  ;  les  accords  de  septième 
majeure,  fa,  la,  ut,  mi,  et  ut,  mi,  sol,  si;  enfin, 
l'accord  de  septième  mineure  avec  tierce  mineure, 
la,  ut,  mi,  sol,  et  l'accord  de  septième  dominante, 
sol,  si,  ré,  fa.  C'est  à  peu  près  par  un  procédé 
semblable  que  Catel  a  fondé  son  système  d'har- 
monie sur  une  division  arbitraire  du  monocorde; 
mais  celui-ci  a  du  moins  racheté  son  erreur  à 
cet  égard  par  sa  division  des  accords  en  natu- 
rels et  artificiels;  tandis  que  Langlé  confond 
tout  en  faisant,  au  moyen  de  ses  générations  de 
tierce,  des  classes  d'accords  de  septièmes,  par 
exemple,  de  toutes  les  espèces,  comme  si  ces 
rapports  existaient  par  eux-mêmes  et  abstrac- 
tion faite  de  toute  considération  de  modilicalion 
par  l'altération,  la  prolongation  et  la  substitution. 
D'ailleurs,  les  exemples  pratiques  qu'il  donne  de 
l'emploi  des  accords  sont  mal  écrits,  et  fourmil- 
lent de  mauvaises  successions  d'octaves  et  de 
quintes. 

Le  second  ouvrage  de  Langlé  est  le  Traité  de 
la  basse  sous  le  chant,  précédé  de  toutes  les 
règles  de  la    composition;  Paris,  Naderman, 

1798,  in-fol.  de  304  pages.  Ce  que  Langlé  appelle 
toutes  les  règles  de  la  composition  sont  celles 
des  contrepoints  simple  et  double,  qui  enseignent 
en  effet  l'art  d'écrire  à  plusieurs  parties.  Mais 
comment  un  ouvrage  destiné  à  faire  connaître 
la  manière  de  mettre  une  basse  sous  un  chant 
peut-il  être  précédé  de  toutes  les  règles  de  la 
composition?  Un  amûdtiï  qui  sait  toutes  ces 
règles  n'est  donc  pas  capable  de  faire  une  basse? 
Quelle  absurdité  !  Et  qu'est-ce,  je  vous  prie,  que 
ce  qui  vient  après  les  règles  du  contrepoint 
dans  le  livre  de  Langlé?  Une  énorme  quantité 
de  progressions  appelées  communément  mar- 
ches d'harmonie,  la  plupart  mal  écrites,  et  dont 

BlOCn.    UNlV.    DES   MUSICIENS.—   T.    V. 


on  ne  trouve  presque  jamais  l'application  dans 
la  musique  mélodique.  Cet  énorme  fatras  n'est 
bon  à  rien  :  il  n'a  jamais  eu  de  véritable  sucrés, 
et  depuis  longtemps  il  est  tombé  dans  l'oubli, 
comme  une  multitude  de  fausses  doctrines  qui 
ont  pris  naissance  depuis  un  siècle,  en  France  et 
en  Allemagne. 

Le  Traité  de  la  fugue  (  Paris,  1805,  in-folio 
de  100  pages  )  est  le  troisième  ouvrage  didactique 
de  Langlé.  II  y  débute  par  une  proposition  bien 
bizarre  :  La  fugue,  dit-il,  est  le  premier  mor- 
ceau de  musique  régulier  que  l'on  ait  fait.  S'i\ 
avait  eu  quelques  notions  des  plus  ancieiuu'S 
compositions,  il  y  aurait  vu  qu'il  ne  s'y  trouve 
pas  l'apparence  de  ce  qu'on  appelle  fugiie, 
même  dans  l'acception  la  plus  générale.  Quoique 
l'ordre  dans  la  classilication  des  objets  manque 
dans  ce  livre  comme  dans  tous  les  autres  ouvra- 
ges de  Langlé,  le  début  renferme  des  notions 
assez  précises  des  parties  principales  de  la  fugue; 
c'est  ce  qu'il  a  fait  de  mieux.  C'est  en  quelque 
sorte  une  traduction  de  ce  que  le  P.  Martini  a 
placé  en  tête  de  son  Saggio  fondamentale  pra- 
tico  di  contrappunto.  La  suite  est  beaucoup 
moins  bonne;  on  y  trouve  beaucoup  de  fausses 
réponses  à  des  sujets  donnés,  et  de  fugues  mal 
faites.  Ses  fugues  à  la  seconde  et  à  la  septième 
sont  contraires  à  tout  principe  de  tonalité. 

On  a  aussi  de  Langlé  une  Nouvelle  méthode 
pour  chiffrer  les  cccorrf^;  Paris,  1801,  in-8°. 
Ce  livre  renferme  l'exposé  d'un  système  particu- 
lier que  l'auteur  avait  déjà  fait  connaître  en  par- 
tie dans  ses  traités  de  l'harmonie  et  de  la  basse 
sous  le  chant.  Il  s'y  sert  de  plusieurs  signes  qui 
n'ont  jamais  été  employés  par  les  harmonistes  ; 
signes  dont  l'utilité  n'est  pas  sensible,  et  qui 
auraient  l'inconvénient  de  manquer  de  simpli- 
cité. Langlé,  comme  tous  les  auteurs  de  systèmes 
de  basse  chiffrée,  a  oublié  qu'un  ouvrage  de  ce 
genre,  au  lieu  de  présenter  de  nouveaux  signes, 
devrait  être  seulement  l'exposé  des  systèmes  des 
diverses  écoles,  afin  de  rendre  plus  facile  l'ac- 
compagnement de  toute  espèce  de  musique,  par 
une  bonne  synonymie  des  signes. 

LANGLOiS  (M.),  avocat  à  Gisors,  dans  la 
dernière  partie  du  dix-huitième  siècle,  a  publié 
un  petit  écrit  qui  a  pour  titre  :  Éloge  funèbre 
de  P.  Buisson,  organiste  de  Gisors ,  prononcé 
dans  cette  ville,  decant  une  société  d'aman 
ieurs,\e  2  seD'fmbre  1775;  Rouen,  1775,  in-8". 

LAA'GLOl'S  (l'abbé),  maître  de  chapelle 
de  la  métropole  de  Rouen,  et  membre  de  l'Aca- 
démie des  sciences,  belles-lettres  et  arts  de  cette 
ville,  est  auteur  d'un  discours  prononcé  dans 
une  séance  de  cette  société,  le  28  juin  1850,  le- 
quel a  pour  objet  la  Revue  des  maures  de  cha- 

Vi 


194 


LANGLOIS  —  LANIÈRE 


pelle  et  musiàens  de  la  cathédrale  de  Rouen, 
et  se  trouve  dans  le  Précis  analytique  des  Tra- 
vaux de  l'Académie  de  Rouen,  1850,  1  vol. 
in-S".  Ce  morceau  historique  fournit  de  bons 
renseignements  puisés  dans  les  archives  de  cette 
église  métropolitaine. 

LANGSHAW  (....),  organiste  et  mécani- 
cien de  grand  mérite,  né  en  Angleterre  vers  1718, 
s'est  fait  connaître  par  des  cylindres  mécaniques 
qu'il  a  adaptés  à  un  orgue  superbe,  lequel  ap- 
partenait au  comte  de  Batb.  Ce  seigneur  ayant 
demandé  à  Haendel  quelques  pièces  pour  cet 
instrument,  le  grand  musicien  les  écrivit  et 
chargea  Langshaw  de  les  noter  sur  de  très-grands 
cylindres  qui  faisaient  leurs  révolutions  dans  di- 
vers systèmes  de  mouvement,  et  dont  les  com- 
binaisons produisaient  des  effets  majestueux. 
Langshaw  fut  employé  par  le  comte  à  perfec- 
tionner son  ouvrage  pendant  près  de  douze  ans. 
En  1772  il  obtint  la  place  d'orgaftiste  à  Lancas- 
tre.  Il  l'occupa  pendant  plus  de  vingt-cinq  ans, 
et  mourut  dans  cette  ville  en  1798. 

LANGSHAW  (Jean),  fils  du  précédent, né 
à  Londres  en  1763 ,  fut  élevé  à  Lancaslre,  et  ne 
commença  à  étudier  la  musique  qu'à  l'âge  de 
treize  ans.  Lorsqu'ileut  atteint  sa  seizième  année, 
il  se  rendit  à  Londres,  et  continua  ses  études  mu- 
sicales sous  la  direction  de  Charles  Wesley  et  de 
son  fière  Samuel.  De  retour  à  Lancastre,  il  s'y 
livra  à  l'enseignement  de  la  musique  :  en  1798  il 
succéda  à  son  père  dans  la  place  d'organiste  de 
cette  ville.  On  a  de  ce  musicien  quelques  ballades, 
des  chœurs  de  Haendel  et  de  Haydn  arrangés,  et 
un  thème  avec  variations  pour  le  piano. 

LAIMÈRE  (Nicolas)  ou  LANIER,  musicien, 
peintre  et  graveur,  fut  chef  de  la  bande  de  musi- 
ciens du  roi  d'Angleterre  Charles  T'.  Hawkins, 
qui  ne  cite  aucune  autorité  contemporaine,  dit 
qu'il  naquit  en  Italie  dans  l'année  1563  (1).  Bur- 
ney  se  borne  à  dire  que  Lanière  fut  un  musi- 
cien italien  qui  se  rendit  en  Angleterre,  dans  le 
commencement  du  dix-septième  siècle.  Il  lit,  dit- 
il,  sa  profession  de  la  musique,  de  la  peinture 
et  de  la  gravure  ;  mais  il  excella  surtout  dans 
le  premier  de  ces  arts  (2).  Il  est  de  toHte  évidence 
que  Lanière  n'est  pas  un 'nom  italien  :  si  l'ar- 
tiste dont  il  s'agit  naquit  en  effet  en  Italie,  ce  dut 
être  de  parents  français  ou  belges.  Un  magnifique 
portrait  de  lui,  ouvrage  du  célèbre  graveur  Lu- 
cas Vosterman,  son  contemporain,  ne  nous  ap- 
prend rien  à  cet  égard ,  si  ce  n'est  qu'il  était  ama- 
teur passionné  de  tous  les  arts  libéraux  ,  particu- 
lièrement des  antiquités  de  l'Italie,  ce  qui  indique 

(1)  /<  General  Historyofthe  science  and  practice  of  Mu- 
sic,  t.  m,  p.  380. 
(ï)  ^  General  llistory  of  Music,  t.  U\,  p.  346.  noie  n. 


au  moins  qu'il  y  était  allé  et  y  avait  vécu.  Voici 
cette  inscription  :  Nicolas  Lanier.  In  aula  Se- 
renissimi  Caroli  Magnse  Britanniœ  Régis  Mii- 
sicse  artis  directori,  admodmn  insigni  pictori, 
caelerarumque  Arlium  liberalium  maxime 
Antiquitatum  Italise  admiratori  et  amatori 
summo,  Mœcenati  suo  unicè  colendo.  Quoi 
qu'en  disent  Hawkius  et  Biirney,  il  paraît  plus 
que  douteux  que  Nicolas  Lanier  se  soit  rend»  d'J. 
talie  en  Angleterre  ;  car  dans  un  procès  relatif  aux 
privilèges  accordés  par  Charles  F"^  aux  musiciens 
de  sa  chapelle,  on  voit  paraître  en  cause  avec  cet 
artiste  et  avec  beaucoup  d'autres  musiciens,  Jérôme 
Lanier,  Clément  Lanier,  André  Lanier,  Jean  La- 
nier et  Guillaume  Lanier,  qui  sont  évidemment  de 
sa  famille,  et  dont  les  prénoms  accusent  une  origine 
française  en  belge.  Quoi  qu'il  en  soit,  il  paraît  cer- 
tain que  Nicolas  Lanière  ou  Lanier  et  Cooper,  dont 
le  nom  italianisé  était  Coperario  [voyez,  renom), 
furent  les  premiers  qui  introduisirent  en  Angleterre 
le  style  récitatif ,  depuis  peu  mis  en  vogue  par 
Jacques  Péri  et  Jules  Caccini ,  puis  perfectionné 
par  Monteverde  (voyez  ces  noms).  Un  des  pre- 
miers ouvrages  cités  de  Nicolas  Lanière  est  un 
matgue  (divertissement  dramatique)  composé 
en  1C17  pour  lord  Hay,  sur  un  poème  de  Ben 
Johnson.  En  1614  il  prit  part,  avec  Coperario  et 
quelques  autres  musiciens,  à  la  composition  du 
maske  of  Flowers,  pour  les  noces  du  comte  de 
Sommerset  avec  lady  Frances  Howard  ,  femme 
divorcée  du  comte  d'Essex.  Ce  divertissement 
fut  exécuté  dans  la  salle  du  banquet,  à  Wliite- 
hall,  pendant  la  nuit  de  Saint-Étienne.  Les  per- 
sonnages qui  y  figurèrent  furent  le  duc  de  Len- 
nox,  les  comtes  de  Perabroke,  Dorset,  Saiisbury, 
Montgomery ,  les  lords  Walden ,  Scrope,  NorUi 
et  Hayes,  sir  Thomas,  sir  Henri,  et  sir  Charles 
Howard.  Plusieurs  recueils  publiés  sous  le  règne 
de  Charles  \"  contiennent  des  aiis  de  Lanière. 
On  en  trouve  neuf  dans  un  volume  manuscrit  du 
Muséum  britannique  (in-fol.  n"  11,608  des  addi- 
tions de  Mss).  Le  dernier  (Colin,  say  uhy  sit'st 
ihou  «eeP)  est  accompagné  d'un  choeur.  Hawkins 
dit  que,  sous  le  règne  de  Jacques  1",  les  musi- 
ciens qui  avaient  vécu  sous  le  patronage  de  la 
reine  Elisabeth  ne  furent  point  en  faveur,  et 
qu'aucun  ne  fut  employé  à  la  cour ,  à  l'exception 
de  Lanière  et  de  Coperario.  La  position  du  pre- 
mier de  ces  artistes  sous  le  règne  de  Charles  F* 
dut  le  faire  vivre  dans  l'aisance,  car  son  traite- 
ment était  de  deux  cents  livres  sterling,  somme 
considérable  pour  ce  temps  (1).  Outre  le  portrait 
dont  il  est  parié  ci-dessus,  il  en  existe  un  autre 
fort  beau,  peint  par  Lanière  lui-même,  et  qui 

(1)  Cette  somme  annuelle  lui  est  assurée  par  une  orden- 
nance  (a   grant]  de  Cliarles  l"'"',  du  11  juillet  1625,  laquelle 


LANIERE  —  LANNOY 


in:, 


se  trouve  à  l'école  de  musique  à  Oxford  ;  Hawkins 
l'a  fait  graver  pour  son  Histoire  de  la  musique 
(t.  III,  p.  380).  Enlin,  on  en  connaît  un  troisième 
en  Angleterre,  ouvrage  admirable  de  Van  Dyck, 
qui  fut  la  première  cause  de  la  fortune  de  ce 
grand  peintre  à  la  cour  de  Charles  V. 

La  musique  des  masques  composés  par  La- 
nière seul,  ou  en  collaboration  d'autres  musiciens, 
serait  aujourd'hui  introuvable;  mais  plusieurs 
morceaux  tirés  de  son  œuvre  intitulé  Musica 
narrativa  ont  été  imprimés  par  Playford  dans  les 
collections  de  son  temps  ,  particulièrement  dans 
le  recueil  intitulé  Ayres  and  dialogues  (Londres, 
1653),  et  dans  la  seconde  partie  du  Musical 
Companion  (Londres,  1667).  Dans  ces  recueils, 
la  musique  de  Lanière  est  d'une  grande  supé- 
riorité sur  tout  le  reste  :  on  y  trouve  du  senti- 
ment, de  la  mélodie  et  du  rhytlime.  Burneydit 
que  la  cantate  Béro  et  Léandre,  de  ce  composi- 
teur, fut  célèbre  vers  le  milieu  du  dix-septième 
siècle  et  que  le  récitatif  de  cet  ouvrage  fut  consi- 
déré alors  comme  un  modèle  de  déclamation  musi- 
cale, dans  le  genre  italien.  Smitli  a  inséré  dans  sa 
Musica  aniica  un  air  de  Lanière  tiré  de  la  masca- 
rade, intitulée  :  iwmi/tGiw,  or  the  Festival  of 
Lighl ,  qui  fut  exécutée  dans  la  nuit  du  mardi 
gras  de  l'année  1637 ,  et  dans  laquelle  la  reine 
et  les  dames  du  palais  prirent  des  rôles. 

LAI\I\ER  (JosEPH-FaANÇois-CH ARLES),  cé- 
lèbre compositeur  de  musique  de  danse,  naquit  le 
II  juillet  1802,  à  Vienne,  où  son  père  était  fabri- 
cant de  gants.  Dès  son  enfance,  il  montra  d'heu- 
reuses dispositions  pour  la  musique  ,  et  acquit 
une  grande  habileté  sur  le  violon ,  quoiqu'il  n'eût 
eu  que  des  maîtres  médiocres.  Il  apprit  de  même 
la  composition  par  la  lecture  des  livres  de  tbéo- 
lie  et  sans  maître.  Ses  premiers  travaux  consis- 
tèrent en  arrangements  de  morceaux  d'opéras, 
d'ouvertures  et  de  marches  en  quatuors  ou  quin- 
tettes d'instniments  à  cordes  ;  mais  bientôt  ses 
compositions  pour  la  danse  le  rendirent  populaire 
et  le  firent  rechercher  pour  les  redoutes  et  les 
bals  de  société.  Ses  ouvrages  en  ce  genre  dépas- 
sent le  nombre  de  deux  cents.  Lanner  avait  au  plus 
haut  degré  le  génie  de  ce  genre  de  musique.  Il 
innova  dans  les  formes  ,  dans  le  rhythme,  l'har- 
monie et  l'instrumentation.  Ses  valses  particu- 
lièrement ont  un  caractère  d'originalité  très- 
remarquable.  Il  a  écrit  aussi  des  marches  ,  des 
pots-pourris  à  grand  orchestre,  une  ouverture, 
et  la  musique  de  plusieurs  mélodrames  et  panto- 
mimes. Cet  artiste  distingué  est  mort  dans  sa 
quarante  et  unième  année,  le  14  avril  1843,  à 

est  rapportée  te^ttuclleœenl  dans  les  Fœdera  de  Rymer, 
t.  XVIII,  p.  788. 


Oberdœbling,  près  de  Vienne  Plus  de  vingt  mille 
personnes  assistèrent  à  ses  funérailles. 

LAIVKOY  (Philippe  DE),  musicien  et  fac- 
teur d'orgues  ,  vécut  à  Anvers  dans  la  seconde 
moitié  du  quatorzième  siècle.  Des  restes  d'un 
instrument  construit  par  lui  existent  encore 
dans  la  cathédrale  de  cette  ville.  Cet  insli  nuient, 
qui  n'a  pas  été  fait  pour  la  place  où  il  se  trouve 
aujourd'hui,  a  été  achevé  en  1394,  ainsi  que  le 
prouve  cette  inscription  placée  sur  la  face  anté- 
rieur du  sommier  :  Fecit  hoc  Organ.  Ph.  de 
Lannoy,  an.  Sal.  1394.  Il  fut  construit  pour  l'é- 
glise d'un  couvent  de  moines  Augustins.  La  ca- 
thédrale ayant  été  détruite  par  le  feu  en  l.'jôS, 
l'ancien  orgue  fut  réduit  en  cendres.  Après  que 
l'église  eut  été  reconstruite  sur  un  Houveau  plan, 
les  Augustins  offrirent  leur  orgue,  considéré  déjà 
à  cette  époque  comme  un  précieux  monument 
d'antiquité;  leur  offre  fut  acceptée  ;  l'instrument 
fut  démonté  et  transporté  à  Notre-Dame  ;  mais 
le  nom  du  facteur  qui  fit  cette  opération  et  ré- 
para l'ouvrage  de  De  Lannoy  est  ignoré. 

L'ancien  clavier  de  l'orgue  de  cet  artiste  a  été 
conservé  comme  une  curiosité  historique  :  son 
octave  basse  était  disposée  4e  cette  manière 
bizarre  : 


zû-.fu.jol   la.  Jf.  %ii. 

La  disposition  des  autres  octaves  était  sem- 
blable à  celle  des  claviers  ordinaires.  La  dernière 


note  à  l'aigu  était  la 


En  1611,  Van 


Erpen,  facteur  d'orgues  à  Bruges ,  fit  des  répara- 
tions à  l'orgue  de  Notre-Dame  ,  et  ajouta  deni 
touches  blanches  à  l'octave  grave  pour  les  notes 
ré  et  mi,  en  sorte  que  les  deux  premières  tou- 
ches noires  de  cette  octave  servirent  pour  les 
notes  /"a  dièse  et  sol  dièse,  auxquelles  elles  ap- 
partiennent. En  1717  ,  De  Lahaye,  bisaïeul  des 
facteurs  de  ce  nom  qui  existaient  encore  en  1835, 
fit  de  nouvelles  réparations  et  de  nouvelles  ad- 
ditions à  ce  vénérable  instrument  :  il  porta  le 
clavier  jusqu'à  l'w<  aigu.  Le  vandalisme  révolu- 
tionnaire de  1793  ne  respecta  pas  ce  monument 
des  anciens  temps  de  la  facture  régulière  de 
l'orgue;  une  partie  des  tuyaux  fat  enlevée,  et 
de  notables  dommages  furent  faits  au  mécanisme 
intérieur.  De  Volder  père  (poy.  ce  nom),  ayant 
été  chargé  de  la  restauration  et  de  l'agrandisse- 
ment de  ce  même  orgue,  en  a  fait  un  instru- 
ment de  bonne  qualité,  relativement  aux  con- 

13 


196 


LANNOY 


ditions  qui  lai  étaient  imposées ,  et  a  étendu  le 
clavier  jusqu'au  fa  au  grave  et  à  l'aigu.  Plusieurs 
jeu\  et  un  clavier  ont  été  ajoutés  par  lui  au  tra- 
vail de  De  Laliaye;  mais,  dans  le  bulde  conserver 
intact,  autant  qu'il  était  possible,  l'instrument 
primitif  de  De  Lannoy,  il  en  a  fait  la  base  du  cla- 
vier de  récit. 

Au  temps  de  De  Lannoy,  on  ne  connaissait 
que  le  système  des  tirages  directs  :  c'est  celui 
qu'il  avait  établi  dans  son  ornue.  Les  abrégés 
n'étaient  pas  en  usage  :  le  petit  nombre  de  jeux 
et  le  peu  d'étendue  qu'on  donnait  aux  instruments 
ne  les  rendaient  pas  nécessaires  :  il  n'y  a  donc 
riea  de  semblable  dans  l'orgue  de  Notre-Dame. 
Tout  est  de  la  plus  grande  simplicité  dans  sa 
construction  :  c'est  sans  doute  à  cette  simplicité 
qu'il  faut  attribuer  sa  longue  conservation.  Les 
tuyaux  sont  en  plomb,  sans  aucun  mélange  dé- 
tain. Entièrement  oxydés  au  pied,  ceux  qui  res- 
taient debout  n'ont  pu  être  tous  conservés ,  parce 
que  leur  propre  poids  les  faisait  s'affaisser.  Je  tiens 
de  l'amitié  de  De  Volder  un  de  ceux  qu'on  a  dû 
réformer  et  je  le  conserve  comme  une  preuve  de 
l'état  avancé  où  était  déjà  la  facture  de  l'orgue 
vers  la  fin  du  quatorzième  siècle.  Ce  tuyau  sonne 
la  quinte  supérieure  du  la  aigu  de  la  mixture  : 
ses  proportions  sont  bonnes,  le  biseau  est  bien 
fait,  et  la  partie  supérieure  du  tuyau  est  soudée 
sur  ce  biseau,  comme  cela  se  pratique  aujourd'hui. 
Malgré  son  état  de  vétusté  ,  il  rend  un  son  pur  et 
plein.  Les  jeux  qui  composaient  l'orgue  de  De 
Lannoy  étaient  :  1"  Openfluit  (flûte  ouverte  de 
4  pieds  )  ;  2"  Dulcian  (  bourdon  de  4  sonnant 
le  8  pieds);  3°  Octaf  (doublette  de  2  pieds); 
4°  Rorefluit  (flûte  de  6  pieds  commençant  à 
sol);  5"  Qwm<acZu7i  (flûte  sonnant  la  quinte); 
6°  Sesquialter  (  jeu  composé  de  l'octave 
aiguë  du  cornet,  et  d'une  petite  tierce);  7°  Mix- 
tnr  (plein-jeu  de  3  tuyaux);  8°  Regalis  (jeu 
d'anches  très-fort  avec  de  courts  tuyaux  de 
quelques  pouces).  Les  jeux  de  régale  et  de  ses- 
quialter ont  disparu  de  l'ancien  orgue. 

LAKNOY  (M™*  la  comtesse  DE),  née  com- 
tesse de  LOOZ  CORSWAREM ,  au  château  de 
Gray,  dans  le  Brabant,  en  1767,  épousa  le  comte 
de  Lannoy  en  1788,  et  le  suivit  dans  l'émigration, 
lorsque  les  Pays-Bas  furent  envahis  par  les  ar- 
mées françaises.  Ses  biens  furent  saisis,  et,  comme 
beaucoup  d'autres  personnages  de  haut  rang, 
exilés  de  leur  patrie  à  cette  époque,  elle  dut 
chercher  des  moyens  d'existence  dans  l'emploi 
de  ses  talents.  Elle  était  bonne  musicienne, 
jouait  bien  du  piano  pour  son  temps,  et  môme 
composait.  Elle  s'établit  à  Berlin  et  s'y  livra  à 
l'enseignement.  En  1798,  elle  publia  dans  celte 
ville:  1°  Deux  romances  françaises  avec  accom- 


pagnement de  piano;  Berlin,  Hummel.  —  2*  Trois 
sonates  pour  clavecin,  avec  accompagnement  de 
violon  et  violoncelle;  ibiJ.  —  3°  Romances  avec 
accompagnement  de  piano  ou  harpe,  V  et  3^  re- 
cueils ;  ibid.,  1801.  Peu  de  temps  après  cette 
dernière  publication,  elle  rentra  en  Belgique  avec 
sa  famille,  et  y  soutint  un  procès  considérable 
d'où  dépendait  toute  sa  fortune.  Après  plusieurs 
années  d'attente  pénible,  elle  perdit  ce  procès, 
dont  l'issue  la  laissait  sans  ressource,  et  elle  se 
réfugia  à  Paris,  où  l'on  prétend  qu'elle  fut  assez 
malheureuse  pour  être  obligée  de  jouer  avec  ses 
filles  des  rôles  secondaires  sur  les  théâtres  des 
boulevards.  Je  crois  qu'elle  a  cessé  de  vivre  vers 
1822, 

LAA'IVOY  (Edouard,  baron  DE),  delà  même 
famille  que  la  précédente,  né  à  Bruxelles  au 
mois  de  décembre  1787,  suivit  sa  famille  dans 
l'émigration,  et  s'établit  avec  elle  à  Graetz,  dans 
la  Styrie,  où  il  commença  ses  éludes.  De  retour 
à  Bruxelles  en  1801,  il  y  entra  bientôt  a|)rès  au 
lycée,  puis  il  acheva  ses  études  à  Paris.  Vers  la 
fin  de  1806,  il  retourna  dans  la  Styrie.  Depuis 
1813,  il  vécut  alternativement  à  Vienne  et  à  sa 
maison  de  campagne,  dans  les  environs  de  Mar- 
pilTg.  Il  est  mort  à  Vienne,  le  28  mars  1853. 
Poète  et  musicien,  il  s'est  fait  connaître  avanta- 
geusement par  uu  grand  nombre  de  morceaux  de 
littérature  et  de  critique,  ainsi  que  par  ses  con- 
positions  musicales,  parmi  lesquelles  on  remar- 
que :  t°  Cantate  exécutée  à  Bruxelles,  pour  la 
distribution  des  prix,  en  1806.  —  2°  Margue- 
rite ou  les  Brigands,  opéra  en  im  acte,  repré- 
senté à  Gr.netz  en  1814,  et  à  Vienne,  en  1819.  — 
3°  Les  Morlaques,  opéra  en  deux  actes,  à  Graetz, 
en  1817.  —  4"  Libussa,  opéra  en  deux  actes,  a 
Braun,  en  1818.  —  5»  Ketlij,  opéra  en  un  acte; 
Vienne,  1827.  —  6°  Une  heure,  mélodrame,  à 
Vienne,  1822.  —  7*  Le  Meurtrier,  mélodrame. 

—  8"  Emnuj  Teels,  idem.  —  9"  Les  deux  For- 
çats, idem.  —  10°  Le  Lion  de  Florence,  idem. 

—  11°  Ouverture  et  entr'actes  pour  la  tragédie 
intitulée  le  Czar  Iwan.  —  12°  Abu  le  noir,  mé- 
lodrame. Tous  ces  derniers  ouvrages  ont  été  joués 
sur  différents  théâtres  de  Vienne  et  de  l'Allema- 
gne, depuis  1823  jusqu'en  1830.  Les  principales 
compositions  instrumentales  de  M. de  Lannoy  sont  : 

—  13°  Grande  symphonie  en  mi  majeur,  exécu- 
tée au  concert  de  la  société  musicale  de  Vienne. 

—  14°  Symphonie  en  v.1  majeur,  exécutée  au 
concert  spirituel.  —  15°  Plusieurs  ouvertures 
et  solos  pour  divers  instruments  et  orchestre.  — 
16°  Grandes  variations  pour  piano  et  violon,  avec 
orchestre,  op.  13;  Mayence,  SchoU.  —  17°  Quin- 
tette pour  piano ,  hautbois,  clarinelle,  cor  et 
basson,  op.  2;  Offenbach,  André.  —  18°  Grand 


LANNOY  —  LAPICIDA 


197 


Irio  pour  piano,  clarinette  et  violoncelle,  op.  15; 
Vienne,  Haslinger.  —  19°  Sonates  pour  piano  et 
\iolon,  op.  6;  Vienne,  Mechelti;  op.  12,  Leip- 
sick,  Breitkopf  et  Hœrtel  ;  op.  21 ,  Bonn,  Sim- 
rock.  —  20°  Sonate  pour  piano  seul,  op.  9; 
Vienne,  Haslinger.  —  21"  Plusieurs  rondeaux,  fan- 
taisies, variations,  etc.  Depuis  1830,  M.  de  Lan- 
noy  s'était  dévoué  exclusivement  à  la  direction 
du  Conservatoire  de  Vienne,  dont  il  était  encore 
président  en  1835.  Il  était  aussi  entrepreneur  du 
concert  spirituel. 

LANZ  (J.-M.)  ,  pianiste  et  compositeur 
allemand,  s'est  fait  connaître  à  la  (in  du  dix- 
liuitième  siècle  par  les  compositions  suivantes  : 
1°  Chansons  pour  la  loge  maçonnique;  Dresde, 
1788.  — 2°  Six  sonates  pour  le  clavecin,  d'une 
exécution  facile,  op.  3;  Brunswick ,  1795.  — 
3°  XXI  variations  sur  God  save  the  King,  pour 
piano,  op.  4;  ibid.,  1795.  —  4°  Sonate  à  quatre 
mains,  op.  5;ib.,  1796.  —  5°  Huit  variations  pour 
clavecin  sur  l'air  :  Freut  euch  des  Lebnu;  Ha- 
novre, 1796.  —  6°  Six  écossaises  pour  le  piano  ; 
Berlin,  Sclilesinger. 

LANZ  (Joseph),  amateur  de  musique,  à 
Vienne,  a  proposé  im  nouveau  système  de  nota- 
tion, ayant  pour  objet  la  suppression  des  clefs 
au  moyen  de  la  lettre  C  placée  sur  la  troisième 
ligne  de  la  portée,  et  qui,  se  combinant  avec 
une  note  noire,  avec  deux,  ou  trois,  indique 
une,  deux,  ou  trois  octaves  au  dessus  ou  au- 
dessous  d'une  note  donnée ,  et  présente  une 
étendue  de  sept  octaves.  L'ouvrage  dans  lequel 
ce  système  est  exposé  a  pour  titre  :  Das 
System  der  Musik-Schliissel  auf  die  ein- 
fachsten  Grundssetze  zuriXck  gefûhrt,  wo- 
durch  die  Einheit  des  Schliissels  und  grœssere 
BesUmmtkeit ,  Deullichkeit,  und  Bequemlich- 
heit  in  der  Tonbezeichnung  erzielh  wird^ 
Vienne,  A.  Diabelli,  1842.  L'auteur  de  ce  sys- 
tème ne  s'est  pas  aperçu  de  l'incertitude  où  se- 
raient les  exécutants,  particulièrement  les  pia- 
nistes et  organistes ,  à  l'aspect  d'une  musique 
dont  toutes  les  octaves  seraient  renfermées  dans 
les  cinq  lignes  de  la  portée,  et  ne  présenteraient 
aucune  différence  aux  yeux. 

LA1\ZA  (François-Joseph),  professeur  de 
chant ,  né  à  Naples,  y  vivait  en  1792  et  y  publia 
6  ariettes  italiennes  avec  accompagnement  de 
guitare  et  violon.  Vers  le  même  temps,  il  s'est  fixé 
à  Londres  et  y  a  vécu  pendant  plusieurs  années 
dans  la  maison  du  marquis  d'Abercorn,  en  qualité 
demaîtrede  musique.  Il  a  publié  plusieurs  recueils 
de  chansons,  entre  autres  :  Six  trios  pour  deux  so-  ] 
pranos  et  basse,  op.  13;  Londres,  Birscliall,  et 
six  chansonnettes  avec  récitatifs,  ibid.  Il  a  com- 
posé plusieurs  œuvres  de  sonates  pour  le  piano, 


publiés  à  Londres.  On  connaît  aussi  de  lui  l'o- 
péra bouffe  intitulé  le  ISozze  per  fanatismo, 
et  Vlngannatrice,  ouvrage  du  même  genre. 
De  retour  à  Naples,  en  1812,  Lanza  fut  nommé 
professeur  de  chant  au  collège  royal  de  musique 
de  San-Pietro  a  Majella,  et  du  pensionnat 
royal  dei  Miracoli. 

LAIVZA  (Gesualdo),  fils  du  précédent,  né  à 
Naples,  en  1779,  a  suivi  son  père  en  Angleterre 
dans  son  enfance,  s'y  est  fixé,  et  s'y  est  fait  con- 
naître comme  un  bon  maître  de  chant.  Il  a  public 
sur  cet  art  un  ouvrage  estimable  intitulé  :  The 
Eléments  of  Singing  familiarly  exemplified; 
Londres,  1817,  in-4°  obi.  Il  est  mort  à  Londres, 
en  1859 ,  à  l'âge  de  quatre-vingts  ans. 

Un  autre  fils  de  Joseph  Lanza,  plus  jeune  que 
le  précédent,  fut  aussi  un  bon  chanteur.  Après 
avoir  demeuré  à  Londres  jusqu'à  l'âge  de  vingt 
ans  environ,  il  a  voyagé,  a  vécu  pendant  quel- 
ques années  à  Paris,  puis  dans  diverses  villes 
de  province.  Il  était  en  1838  à  Lille,  où  il  se 
livrait  à  l'enseignement;  mais  il  en  partit  eu 
18il  pour  aller  en  Amérique.  Un  de  ses  fils  a  été 
chanteur.bouffe  au  théâtre  de  Valparaiso,  en 
1845. 

LANZETTI  (  Salvator),  violoncelliste  cé- 
lèbre, naquit  à  Naples  au  commencement  du  dix- 
huitième  siècle,  fit  ses  études  musicales  au  Con- 
servatoire de  Loreto,  et  passa  la  plus  grande 
partie  de  sa  vie  au  service  du  roi  de  Sardaigne. 
En  1736,  on  publia  à  Amsterdam  deux  livres  de 
sonates  de  sa  composition  pour  le  violoncelle. 
Quelque  temps  après  il  parut  en  cette  ville  un 
ouvrage  méthodique  intitulé  :  Principes  du 
doigter  pour  le  violoncelle  dans  tous  les  ions, 
dont  il  était  aussi  l'auteur.  Lanzetti  est  mort  à 
Turin  vers  1780,  dans  un  âge  fort  avancé. 

LANZI  (PETRONio),  maître  de  chapelle  à  Bo- 
logne, dans  la  seconde  moitié  du  dix-huitième 
siècle,  naquit  dans  cette  ville  et  fut  élève  de 
Jacques-César  Predieri.  Il  fut  élu  deux  fois  prési- 
dent de  la  société  Philharmonique,  et  fil  exécuter 
en  1770,  dans  l'église  de  Saint-Jean  in  Monte, 
à  l'occasion  de  sa  seconde  promotion,  une  messe 
de  sa  composition,  dont  Burney  fait  l'éloge  dans 
son  Voyage  musical  en  Ilalie. 

LAPICIDA  (Érasme),  compositeur,  né  dans 
la  seconde  moitié  du  quinzième  siècle,  est  quel- 
quefois indiqué  dans  les  anciens  recueils  publiés 
par  Petrucci  de  Fossombrone  [voy.  ce  nom)  par 
son  prénom  (Erasmo),  écrit  aussi  Rasmo,  ou 
simplement  par  E.  L.  Sa  patrie  n'est  pas  connue: 
il  n'est  pas  môme  certain  que  le  nom  latin  La- 
picida s,o\\.\ë  sien,  et  qu'il  ne  désigne  pas  sim" 
plement  la  profession  que  l'artiste  aurait  exercée 
dans  sa  jeunesse  {tailleur  de  pierres),  significa,.. 


j;)s 


LAPICIDA  —  LAPORTE 


lion  exacte  de  ce  mot).  On  n'a  donc  pas  jusqu'à 
ce  jour  lie  renseignement  sur  le  lieu  de  sa  nais- 
sance ni  sur  la  position  qu'il  occupa  ;  mais  quel- 
ques-uns de  ses  ouvrages  mêlés  à  ceux  des  ar- 
tistes les  plus  célèbres  de  son  temps  dans  les  re- 
cueils publiés  en  Italie  et  en  Allemagne,  prou- 
vent qu'il  était  alors  estimé  pour  son  mérite.  Une 
chmson  flamande  (Tandernahen)  à  trois  voix,  de 
sa  composilion,  se  trouve  dans  le  troisième  li- 
vre (Canti  cento  cinquan(a)  de  la  rarissime 
collection  imprimée  (en  1501-1503)  par  Pe- 
trucci ,  sous  le  titre  :  Harmonicœ  Musices 
Odhecaton.  Le  neuvième  livre  des  Froilolc  du 
même  imprimeur  renferme  une  pièce  de  ce  genre 
(Lapieià  ha  chiuso  le  porte),  du  même  musi- 
cien. Le  quatrième  livre  de  motets  à  4  voix 
publié  par  le  même  imprimeur,  en  1505,  contient 
un  Vent  Sancte  Spiritui-,  et  le  motet  Nativitas 
tua  Dei  genitrix,  de  Lapicida.  On  trouve  aussi 
des  pièces  de  sa  composition  dans  le  Lamentât io- 
num  liber  secundus;  \enkc,  Octavieu  Petrucci, 
1506;  dans  un  recueil  de  chansons  allemandes 
(Eiii  Auszug  guier  citer undnewer  teutschen 
Liedlein),  imprimé  à  Nuremberg,  par  Petrejus,  en 
1539;  et  enfin  dans  les  Symphonix  jiicundx 
atque  adeo  brèves  quatuor  vocum,  imprimées 
à  Wittenberg,  par  Georges  Rliaw,  en  1538. 

LAPIIVI  (Charles),  né  à  Sienne  en  1724, 
a  été  le  musicien  le  plus  distingué  qu'ait  produit 
cette  ville  pendant  le  dix-huitième  siècle,  quoi- 
qu'il soit  peu  connu.  Son  caractère  indolent,  ca- 
pricieux, peu  sociable,  fut  cause  de  l'obscurité 
oii  son  nom  est  resté.  Distrait  jusqu'à  l'excès, 
il  s'abandonnait  parfois  aux  bizarreries  les  plus 
extraordinaires,  et,  dans  la  conversation,  passait' 
souvent  d'un  sujet  à  un  autre  sans  aucune  tran- 
sition. Il  apprit  la  musiqne,  l'orgue  et  le  contre- 
point sous  la  direction  de  François  Franchini, 
maître  de  chapelle  de  la  collégiale,  et  obtint  en 
1743  l'orgue  de  la  chapelle  de  cette  église,  quoi- 
qu'il n'ait  jamais  eu  de  talent  pour  cet  instru- 
ment. Eu  1757,  il  succéda  à  Franchini  dans  la 
place  de  maître  de  chapelle,  et  «n  remplit  les  fonc- 
tions pendant  quarante-cinq  ans.  Il  mourut  le  28 
octobre  1S02.  Son  portrait,  peint  par  Luigi  Campa- 
ni,  se  trouve  dans  un  des  locaux  annexés  à  la  collé- 
giale de  Provenzano  :  il  y  est  représenté  dans  l'at- 
titude d'un  homme  qui  bat  la  mesure.  Lapini  était 
en  correspondance  avec  le  P.  Martini.  Jamais 
Piccinni  ou  Anfossi  ne  passèrent  à  Sienne  sans 
l'aller  visiter.  lia  laissé  en  manuscrit  beaucoup 
de  musique  d'égliso  :  sa  messe  de  Requiein,  exé- 
cutée, à  l'occasion  de  la  mort  de  rimpératrice 
Marie-Thérèse,  en  1780,  était  une  production  de 
premier  ordre.  Il  la  termina  seulement  en  1792, 
pour  le  service  funèbre  de  l'empereur  Léopold. 


LAPIS  (Santo),  composlteirr  dramatique,  né 
à  Bologne,  dans  les  premières  années  du  dix- 
huitième  siècle,  a  passé  la  plus  grande  partie  de 
sa  vie  à  Venise,  où  il  enseignait  le  chant  et  la 
mandoline.  Il  jouait  aussi  de  plusieurs  autres 
instruments.  Vers  la  tin  de  sa  vie,  sa  position 
était  malheureuse.  11  voyagea  pour  chercher  une 
position  lixe  et  arriva,  dit-on,  à  Amsterdam 
vers  1762.  Il  y  fit  imprimer  six  duos  à  deux  voix, 
deux  suites  de  chansons  françaises  et  six  trios 
pour  flûte,  violon  et  violoncelle.  En  1729  il  avait 
fait  représenter  à  Venise  l'opéra  intitulé  :  la 
Generosità  di  Tiberio  ;  la  musique  des  deux 
premiers  actes  seulement  avait  été  composée 
par  lui  :  celle  du  troisième  était  de  Bartliolomé 
Cordans.  L'année  suivante  Santo  Lapis  y  donna 
la  Fedein  Cimenta. 

LAPLACE  (le  marquis  Pierre-Simon  DE), 
célèbre  géomètre,  né  à  Beaumont-en-Auge  (Calva- 
dos), le  28  mars  1749,  se  rendit  jeune  à  Paris,  fut 
nommé  examinateur  de  la  marine  à  l'âge  de  vingt- 
trois  ans,  et  entra  l'année  suivante  à  l'Acadé- 
mie des  sciences.  Successivement  chancelier  du 
sénat  conservateur,  pair  de  France,  membre  du 
bureau  des  longitudes,  de  l'Institut,  et  de  beau- 
coup d'autres  sociétés  savantes,  il  est  mort  à 
Paris,  le  5  mars  1827.  Son  Exposition  du  sys- 
tème du  Monde ,  et  surtout  sa  Mécanique  ce- 
lestCf  lui  ont  fait  un  nom  illustre  parmi  les  sa- 
vants. Parmi  les  mémoires  qu'il  a  publiés  dans 
différents  recueils  scientifiques,  on  en  trouve  un 
intitulé  :  Développement  de  la  théorie  des 
fluides  élastiques  et  applications  de  cette  théo- 
rie à  la  vitesse  du  son  (voy.  Bulletin  des 
sciences  de  la  société  Philomathique  ,  1821, 
p.  161).  Il  avait  déjà  exposé  en  partie  sa  théorie 
sur  ce  sujet  dans  son  mémoire  sur  la  chaleur 
(Mém.  de  l'Acad.  des  sciences,  1780).  Biot  et 
Poisson  ont  fait,  en  1807,  des  expériences  sur 
la  propagation  du  son,  qui  ont  confirmé  cette 
théorie. 

LAPORTE  (l'abbé  Joseph  DE),  né  à  Bé- 
fort  en  1713,  entra  chez  les  jésuites,  après  avoir 
terminé  ses  études,  et  en  sortit  au  bout  de  quel- 
ques années  pour  s'établir  à  Paris  et  s'adonner 
à  la  culture  des  lettre?.  Il  mourut  en  cette  ville 
le  19  décembre  1779.  Parmi  ses  nombreux  écrits, 
on  remarque  les  suivants,  où  se  trouvent  des 
faits  relatifs  à  l'histoire  de  l'Opéra  :  1"  Anecdotes 
draynatiques,  contenant  toutes  les  vièces  de 
théâtre,  tragédies,  comédies,  pastorales,  dra- 
mes,  opéras,  opéras-comiques,  parades  et  pro- 
verbes; Paris,  veuve  Duchêne,  1775,  4  vol.  in-S". 
—  2"  Dictionnaire  dramatique;  Paris,  La- 
combe,  1776,  3  vol.  in-S".  — 3°  Almanach  des 
spectacles  de  Paris,  ou  Calendrier  historique 


LAPORTE  —  LARRIVÉE 


im 


des  théâtres  de  l'Opdra,  des  Comédies  française 
et  italienne  et  des  foires  ;  Paris,  Diicliesne , 
1750  à  1794;  1799,  1800,  1804.  En  tout  48  vo- 
lumes in-n.  Les  années  1750  à  1779  ont  été 
faites  par  l'abbé  de  Laporte;  les  autres  parDu- 
cbesne  et  d'autres  continuateurs. 

LAPPE  (P.),  musicien  de  la  chapelle  du  duc 
de  Mecklembourg-Sciiwérin,  a  composé  la  musi- 
que (i'un  grand  opéra  en  quatre  actes ,  intitulé  : 
Die  Obotrite)i{i),  qui  a  été  représenté  à, Sctiwé- 
rin,  le  6  janvier  1840,  avec  un  brillant  succès.  An 
mois  de  février  1841,  il  donna  au  même  théâtre 
un  opéra  comique    en  2  actes,   sous  le   titre  : 
Petermanncheti  (Pierre  le  petit  homme)  qui 
fut  moins    heureux.   Le  même  artiste  s'est  fait 
connailre  par  d'autres  compositions  telles  qu'ou- 
vertures, morceaux  deconcert  pour  divers  instru- 
ments, airs,  entr'actes  pour  des  drames,  et  musi- 
que de  ballets,  à  l'usage  de  la  cour  de  Schwérin. 
LAPPI  (Pierre),  compositeur,  né  à  Florence 
dans  la  seconde  moitié  du  seiKième  siècle,  em- 
brassa l'état  ecclésiastique  et  fut  nommé  maître 
de   chapelle   de   l'église  de  Sainte-Marie  délie 
Grazie,  à  Brescia,  en  1601.  Il  a  publié  de  nom- 
breuses compositions   pour  l'église,  parmi  les- 
quelles on  remarque  :  1"  Litanie  délia  madona 
o4,5,  7e  8  vocL  —  2° Salmiconcertati a  àvoci ; 
Venise,  1600.  —  3''  Misse  a  otto  voci,  libro  P,  in 
Venezia,  app.  di  Angelo  Gardano,  1601.  Il  y 
a  une  deuxième  édition  de  cet  ouvrage  publiée 
à  Venise,  -chez  Raveri,  en  1607.  —  4°  Salmi 
vesperiini  a  5  voci  con  Inni  e  Gloria  a  9  voci 
in  fine}  in  Venezia,  app.  di  Ang.  Gardano, 
1605.  —  5'  Omnium  solemnitatum  vespertina 
psalmodia rribus  et quinque  vocibus;  cum  B.  M. 
V.  Canticus  octo  vocibus];  ibid.,  1607.  —  &" Mis- 
sarum  quatuor,  quinque  et  sex  vocum  liber 
primus.  Venetiis,apud  Rie.  Amadinum,  1613. 
—  1° Misse  a  3,  4  e  5  chori  ,-ibid.,  16 1 6.  —  8"  Sa- 
crxmelodiœ.  1,  2,  3,  &voc.  decantandsc,  una 
cuvi  Symphoniis  et  B.  ad  organum  ;  Franc- 
fort, 1621,  in  4°.  Il  y  a  une  édition  de  ces  motets 
sous  la  date  d'Anvers,  1622,  in^".  —9°  Compléta 
a3eti  chori,  op.  16  ;  Venise  1626.—  10°  Salmi 
concert ati  a  5  voci,  op.  18;  in  Venezia,  app. 
Bartol.  M  agni,{bbl  .—W"  Rosarium  musicale, 
Venise,  1629.  Cet  œuvre  contient  une  wiesse,  des 
psaumes.  Magnificat,  litanies  et  Te  Deum  à  2 
et  3  chœurs. 

LARBA  (Jean-Léonard),  musicien  italien 
du  seizième  siècle,  a  fait  imprimer  desa  composi- 
tion :  Canzonette  napoletane  a  tre  ;  Venise, 
156.5,  in-4°.  On  n'a  pas  d'autre  renseignement  sur 
cet  artiste. 

(1)  Les  Obotrites  étalent  une  tribu  des  anciens  Jfendes, 
aacétrcs  de  la  population  du  Mecklembour?. 


LARCHIER     (Jean),    Voyez    ARCHiEll 
(JeanL'.)     ^^  n  > 

LARDEMÔ¥  (Antoine),  écrivain  genevois,  ■*««^"^'**''»^"«'^ 
passé  sous  silence  par  Senebier,  dans  son  His-    ^oû\,  O^cri/cA 
taire  littéraire  de  Genève,  n'est  connu  que  par  If  a}-  Ajt  fi^cm- 
un  livre  qui  a  pour  titre  :  Les  Psaumes  de  Da-  -,  a  aj 

vid,  réduits  nouvellement  en  une  méthode  fa-   '  ^       ^.^ 
cite  pour  apprendre  le  chant  ordinaire  de   i^C/f 
l'église;  Genève,  1651,  in-8°.  A-  ^/  C> 

LARDOIS  (  Jehan  ou  Jean)  ,  premier  chape- 
lain ou  maitre  de  la  chapelle  du  roi  de  France 
Lonis  XI,  paraît  avoir  succédé  en  cette  qualité  k 
Gallois  Gourdin,  qui,  lui-même,  avait  été  le  suc- 
cesseur de  Jean  Ockeghem  ,  depuis  le  mois  de 
janvier  1462,  ainsi  que  le  prouve  un  compte  de 
la  maison  du  roi  dressé  par  Jacques  le  Camus, 
commis  au  payement  des  officiers  de  cette  mai- 
son, depuis  1461  jusqu'au  mois  de  septembre  1464 
(voy.  Ockeghem).  Un  autre  compte,  dressé 
en  1466  par  Pierre  Jobert,  receveur  général  des 
(inances,  démontre  qu'à  cette  époque  Jean  Lar- 
dois  occupait  le  poste  de  premier  chapelain  (voy. 
la  Revue  musicale,  t.  XII,  p.  235).  J'ignore 
s'il  existe  dans  quelque  manuscrit  de  la  musi- 
que de  cet  artiste. 
LARIVIÈRE  (Edmond),  né  à  Paris,  en  1811, 

fut  admis  au  Conservatoire  de  cette  ville  le  pre- 
mier décembre  1820,  y  apprit  le  solfège,   puis 

devint  élève  de  Zimraerman  pour  le  piano  ;  mais 

il  abandonna  bientôt  cet  instrument  pour  la  harpe, 

dont  Naderman  lui  donna  des  leçons.  Il  obtint 

le  second  prix  au  concours  de  1825,  et  le  premier 

lui  fut  décerné  en  1827.  Il  fut  répétiteur  de  sol- 
fège dans  la  même  école  pendant  les  années  1827 

et  1828,  et  se  retira  au  mois  d'octobre  de  cette 

dernière.  Après  avoir  voyagé  pendant  quelques 

années,  Larivière  s'est  fixé  à  Londres  en  1838, 

et  y  est  mort  au  mois  d'août  1842.  On  a  de  cet 

artiste  environ  vingt-cinq  œuvres  pour  la  harpe, 

au  nombre  desquels  on  remarque  :  1°  Exercices 

et  études  pour  la  harpe;   Paris,   Challiol.   — 

V  Boléro,   larghetto  et  finale;  idem,   ibid. — 

3*  Duo  sur  les  thèmes  de  Norma,  pour  harpe 

et  piano,  ibid.  —  4°  Caprice  pour  harpe  seule, 

op.  20,  ibid.  —  5"  Tarentelle;  idem,  ibid.  — 

6°  Fantaisie  sur  Lucie  de  Lammermoor,  idem  ; 

Paris,  Mayaud.  —  T  Duo  sur  les  thèmes  deSa- 

rah,  pour  harpe  et  piano,  ibid.  —  8°  Fantaisie  sur 

Sarah,  pour  harpe  seule,  ibid. 
LARRIVÉE  (  Henri  ) ,  acteur  de  l'Opéra  qui 

eut  beaucoup  de  réputation,  et  qui  paraît  l'avoir 

méritée  par  la  beauté  de  sa  voix  et  par  son  ta- 
lent comme  acteur,  naquit  à  Lyon  le  8  septem- 
bre 1733.  Venu  fort  jeune  à  Paris,  il  fut  d'abord 

garçon  perruquier.  L'exercice  de  cet  état  l'ayant 

conduit  auprès  de  Rebel ,  directeur  de  l'Oiitia- 


200 


LARRIYEF.  —  LARUE 


«eliii-ci,  frappé  de  se£  dispositions  pour  lecliant, 
de  ses  avaiilages  extérieurs  et  de  l'éclat  de  sa  voix 
de  basse,  l'engagea  pour  les  chœurs  et  lui  lit  en- 
seigner lu  musique.  D«ux  ans  après,  il  fut  engagé 
comme  seconde  basse  à  1,200  fr.  d'appointe- 
ments et  cent  écus  de  gratification.  Son  premier 
début  eut  lieu  le  15  mars  1755,  par  le  rôle  du 
grand-prètredans  Castor  et  Pollux,  le  jour  même 
où  Jéliotle  joua  pour  la  dernière  fois  celui  d« 
Castor.  Les  succès  de  Larrivée  furent  assez  bril- 
lants pour  le  faire  parvenir  promplement  au  rang 
de  chef  d'emploi.  Ces  succès  étaient  dus  surtout 
à  la  justesse  de  sa  déclamation  et  à  la  pureté  de 
son  organe  plein  et  sonore.  Avant  lui,  le  réci- 
tatif se  débitait  avec  une  lenteur  monotone  et 
(aligante  :  il  fut  le  premier  qui  lui  donna  du  mou- 
vement et  de  l'accent.  Les  conseils  de  Gluck  dé- 
velo|)pèrent  ce  que  la  nature  avait  fait  pour  cet 
acteur;  mais,  à  l'époque  où  Larrivée  était  entré 
à  l'Opéra,  on  n'avait  aucune  idée  en  France  de 
l'art  du  chant;  lui-même  avait  commencé  l'é- 
tude de  la  musique  à  un  âge  où  il  n'est  guère 
possible  d'y  devenir  habile,  et  Gluck  ,  venu  en 
France  vingt  ans  après  ses  débuts,  n'avait  pu  dé- 
raciner des  défauts  fortifiés  par  une  routine  lon- 
gue et  vicieuse.  D'ailleurs,  Larrivée  donnait 
malheureusement  aux  sons  élevés  un  accent  nasal 
dont  il  ne  put  jamais  se  corriger,  et  qui  fit  qu'un 
plaisant  du  parterre  s'écria  un  jour  :  Voilà  un 
nez  qui  aune  belle  voix!  Celte  voix  parait  avoir 
été  plutôt  un  baryton  qu'une  basse,  car  les  rôles 
d'Agamernnon  et  d'Oreste,  écrits  par  Gluck  pour 
cet  acteur,  sont  si  hauts,  qu'on  ne  les  chante 
plus  qu'avec  peine  aujourd'hui.  En  1779,  on 
accorda  à  Larrivée  une  pension,  qu'il  cumula 
avec  un  traitement  annuel  de  quinze  mille  francs 
jusqu'en  1786,  où  il  se  relira.  Alors  il  voyagea 
dans  les  provinces  et  y  donna  des  concerts  avec 
sa  femme  et  ses  filles,  dont  l'une  jouait  de  la 
harpe,  et  l'autre  du  violon;  mais,  devenu  vieux, 
et  dépouillé  du  prestige  de  la  scène,  il  ne  parut 
plusquel'ombre  de  lui-même.  Retiré  à  Vincennes, 
où  l'emploi  de  garde-consigne  lui  avait  été  donné, 
il  y  mourut  le  7  août  1802,  des  suites  d'une  pa- 
ralysie, à  Tàge  de  soixante-neuf  ans.  Par  une 
particularité  remarquable,  son  frère  aîné,  qui 
était  concierge  du  château  de  Meudon,  fut  atteint 
de  la  même  maladie,  et  mourut  le  même  jour,  à 
la  même  heure. 

LARRIVÉE  (Marie-Jeanne),  femme  du 
précédent  et  sœur  de  Lemierre,  violoniste  habile, 
débuta  à  l'Opéra  en  1750,  se  retira  en  1753,  re- 
parut en  1757,  et  obtint  sa  pension  de  retraite 
en  1778.  On  vanta  la  douceur  de  sa  voix  dans 
quelques  journaux  de  son  temps. 

LARTIGAULT  (  N.  )  :  on  trouve  sous  ce 


nom  une  messe  à  5  voix  ad  îmîtationem  mo- 
duli  :  Confirma  hoc,  Deus,  dans  la  collection 
de  messes  publiée  par  les  Ballard  :  elle  porte  la 
date  de  1G44.  Lartigault  était  vraisemblablement 
chantre  dans  une  des  églises  de  Paris. 

LARUE  ou  LA  RUE  (Pierre,  ou  Pier- 
ciioN  DE  ),  musicien  célèbre,  né  en  Picardie, 
vécut  dans  la  seconde  moitié  du  quinzième  siècle 
et  au  commencement  du  seizième.  C'est  ce  même 
artiste  que  les  contemporains  désignent  sous  les 
noms  latins  de  Pe^n/s  Platensis  (1),  et  quelque- 
fois aussi  par  celui  de  Pierchon  (  Pierre  ). 
Pierre  De  Larue  naquit  certainement  avant  la 
mort  de  Charles  le  Téméraire  (1477),  car  les 
comptes  de  la  maison  de  Marie  de  Bourgogne 
prouvent  qu'il  était  déjà  au  service  de  celte 
princesse  en  1492  ,  en  qualité  de  chantre  de  sa 
chapelle  ;  et  l'on  ne  peut  douter  qu'il  n'y  ait  iden- 
tité entre  lui  et  le  musicien  appelé  Pierchon. 
La  preuve  de  cette  identité  se  trouve  dans  un 
État  de  l'hctfel  de  Philippe  le  Beau ,  dressé 
en  1476;  manuscrit  qui ,  après  avoir  appartenu 
à  M.  Roovere  de  Roosemark ,  a  été  acquis  par 
la  Bibliothèque  royale  de  Bruxelles,  en  1845  (2). 
Parmi  les  cliapelains  chantres  de  la  chapelle 
de  ce  prince ,  qui  y  sont  mentionnés ,  on  voit 
figurer  Pierchon  de  La  Rue,  lequel  a  pour  ap- 
poinlement  12  sols  par  jour. 

Glaréan  dit  que  De  Larue  était  Français  (3); 
mais  la  plupart  des  autres  écrivains  qui  en  ont 
parlé  s'accordent  à  le  placer  parmi  les  musi- 
ciens des  Pays-Bas.  Cette  différence  dans  la  pa- 
trie attribuée  à  cet  artiste  peut  se  concilier,  car  il 
est  une  explication  facile  à  donner  delà  confusion 
qu'il  y  a  eu  des  deux  côtés.  Il  faut  remarquer  d'a- 
bord que  Pierchon,  forme  familière  du  nom  de 
Pierre,  n'a  jamais  été  en  usage  dans  la  Belgique  : 
cette  forme  appartient  à  la  Picardie.  Or,  cette 
province  faisait  partie  des  possessions  des  ducs 
de  Bourgogne,  aussi  bien  que  la  Flandre  française, 
la  Belgique  et  la  Hollande  :  elle  était  comprise 
dans  la  dénomination  collective  de  Pays-Bas. 
3Iais,  après  la  mort  du  duc  Charles  le  Téméraire 
(  5  janvier  1477  ),  Louis  XI  s'empara  de  cette 
province  et  la  réunit  au  royaume  de  Franct. 
Glaréan,  qui  écrivait  son  livre  vers  1545,  a 
donc  pu  dire  aussi   que   Larue  était  Français. 

Les  Italiens,  pour  qui  les  noms  de  Pierchon 

(1)  On  ne  comprend  pas  cette  traduction  latine  du  nom 
de  La  Rue ,  et  l'on  est  étonné  de  la  trouver  dans  le  livre 
de  Glaréan  :  platea  (large  rue,  ou  place  publique)  est 
de  la  première  déclinaison. 

(2)  Le  baron  de  Relffeuberg  a  publié  cette  pièce  dans 
le  Xl^  volume  des  Bulletins  de  la  commission  royale 
ifliistoire  (  de  la  Belgique  ) ,  pages  678-718. 

(3)  .. ..  gucm  Petrus  Platensis  Callus  tleganlisUme 
quatuor  instituU  vocibus.  (  Dodec,  p.  |34). 


LA  RUE 


?01 


de  La  Rue  élakal  d'une  prononciation  trop  dif- 
ficile, les  ont  transformés  en  ceux  de  Pierzon, 
Perisone,  et  môme  Pierazon  de  la  Ruellien. 
Ainsi ,  le  célèbre  imprimeur  de  musique  Pe- 
Irucci  a  publié  à  Fossombrone  ,  en  1515,  un  re- 
cueil de  messes  d'Antoine  et  de  Robert  de  Fevin, 
avec  la  messe  du  quatrième  ton  de  Pierre  De 
Larue ,  sous  le  nom  de  Pierzon,  et  Antoine  Gar- 
dane  a  donné,  en  1544,  sous  celui  de  Perisone, 
un  recueil  de  madrigaux  à  4  voix  cbangées 
{voci  mutaie),  avec  quelques  autres  de  Cy- 
prien  deRore(l).  Enfin  il  existe  dans  les  arcbi- 
ves  de  la  cbapelle  pontificale,  à  Rome,  des  messes 
sous  les  noms  de  Pierazon  de  la  Ruellien  (2j. 
Pierre  De  Larue  fut  élève  de  Jean  Ockegliem  : 
cela  résulte  avec  évidence  de  la  Déploration  sur 
la  mort  de  ce  maître,  où  il  est  mentionné  avec 
Josquin  Deprès,  Brumel  et  Compère  : 

Acoustrez  vous  d'habilz  de  deuil 
Josquin,  Brumel,  Pierchon  ,  Compère. 

Une  partie  de  la  vie  de  De  Larue  n'a  pu  être 
éclaircie  jusqu'à  ce  moment ,  à  cause  de  l'ab- 
sence de  documents  autbentiques.  On  ne  sait 
en  eîlet  où  il  reçut  des  leçons  d'Ockegliem,  ni 
à  quelle  époque  il  était  près  de  lui.  Il  était 
prêtre;  mais  on  ignore  quelle  fut  l'école  où  il 
étudia  la  tliéologie  et  quand  il  reçut  les  ordres. 
La  plus  ancienne  indication  de  la  position  qu'il 
occupa  se  trouve  dans  un  état  des  cbantres  de 
la  cbapelle  de  Marie  de  Bourgogne,  dressé  au 
mois  de  novembre  1492  (3).  Depuis  dix  ans 
cette  princesse  était  morte  alors  ;  mais  son  fils, 
Pbilippe  le  Beau ,  bien  qu'il  fût  reconnu  souve- 
rain des  Pays-Bas ,  était  encore  sous  la  tutelle 
de  son  père  Maximilien  l" ,  et  la  chapelle  était 
toujours  censée  être  celle  de  la  fille  de  Charles- 
le-Téu)éraire;  mais,  après  l'élévation  de  Maximi- 
lien à  l'empire,  en  1493,  la  majorité  de  Pbi- 
lippe fut  déclarée  au  mois  d'août  de  la  même 
année,  et  dès  lors  toute  l'ancienne  cbapelle  passa 
à  son  service  personnel,  ce  qui  explique  le  chan- 
gement apparent  de  position  de  Pierre  De  Larue, 
en  1496,  qui  résulte  du  document  cité  précé- 
demment. On  trouve  cet  artiste  au  service  du 
même  prince  en  1499,  1500  et  1502  (4) ,  et  l'on 


(1)  Il  ne  faut  pas  croire  qu'il  y  ait  ici  confusion  avec 
Perizone  Cambio ,   chantre  français  dont  le  nom   a  été 
altéré  par   Italiens;    car  celui-ci  vécut  plus   d'un   siècle 
après  De  Larue,  et  fut  diantre  de  la  chapelle  Saint-Marc 
d  Venise. 

(2)  Voyez  la  note  33i  des  Mémoires  de  l'abbé  Balni  sur 
Plerluigi  de  Palestrina. 

(3)  Voyez  le  Kapport  sur  les  archives  de  Lille ,  par 
M.  Gachard  ,  p.  2S0. 

(4)  Cartons  de   la  maison  des  souverains,  aux  archives 
du  royaume  de  Belgique ,  à  Bruiclîes. 


voit  qu'il  avait,  en  1501 ,  une  prébende  à  Cour- 
trai ,  avec  la  qualité  de  chantre  de  la  cbapelle 
du  souverain ,  et  qu'il  y  était  porté  second  sur 
le  rôle  des  bénéfices  pour   en  obtenir  un    à 
Gand  (i).  Il  ne  suivit  pas  en  Espagne  Pbilippe, 
devenu  roi  deCastilie,en  1504,  comme  d'au- 
tres musiciens  de  la  maison  de  ce  prince  ;  car  il 
resta  dans  la  cbapelle  des  souverains  des  Pays- 
Bas,  ainsi  qu'on  le   voit  dans  un  état  de  celle 
cbapelle  en  1.'505.  Après  la  mort  de  Philippe  le 
Beau  en  1506,  Marguerite  d'Autriche ,  sœur  de 
Philippe,  ayant  été  nommée  gouvernante  des  Pays- 
Bas  pendant  la  minorité  de  son  neveu  Charles , 
plus  tard  empereur  Charles-Quint,  De  Larue,  resté 
toujours  dans  la  chapelle,  parait  avoir  été  le  mu- 
sicien le  plus  en  faveur  près  de  cette  princesse , 
comme  on  le  verra  tout  à  l'heure.  Au  mois  de 
juin  1510,  il  résignala  prébende  dont  il  jouis- 
sait  k  l'église   Saint-Aubin    de    Naraur,    sans 
doute  pour  un  bénéfice  plus  considérable  qui 
lui  avait  été  accordé  (2).  Ce  renseignement  est 
le  dernier  qu'on  ait  sur  la  personne  de  De  Larue  ; 
car  il   disparaît  des  états  subséquents   de  le 
maison  des  souverains  du  pays.  Il  est  vraisem- 
blable qu'après  avoir  résigné  sa  prébende  de  Na- 
mur,  il   obtint  un  des  canonicals  qui  étaient  à 
la    nomination  des   princes    souverains,    dans 
une  des   collégiales  du  pays ,  et  qu'il   mourut 
dans  cette  situation.  L'année  de  son  décès  est  in- 
connue (-i). 

J'ai  dit  que  Pierre  De  Larue  paraît  avoir  été 
le  musicien  le  plus  en  faveur  près  de  Marguerite 
d'Autriche  :  cela  se  voit  avec  évidence  par  le 
soin  que  prit  cette  princesse  aimable  et  spiri- 
tuelle de  faire  transcrire  les  compositions  de  ce 
maître  dans  des  manuscrits  exécutés  avec  un  luxe 
inusité.  La  Bibliothèque  royale  de  Bruxelles  pos- 
sède un  de  ces  manuscrits,  d'une  exécution  ma- 
gnifique ,  sur  vélin  in-folio  atlantique,  lequel 
contient  sept  messes  de  De  Larue ,  dont  six  à 
cinq  voix,  et  la  septième  à  quatre.  Le  volume, 
orné  de  lettres ,  d'arabesques ,  de  portraits  et 
d'autres  ornements  en  couleur,  a  été  fait  dans 
les  Pays-Bas  avant  1530,  car  Marguerite  mourut 
à  Malines  dans  cette  année.  Il  était  destiné  à 
la  cbapelle  de  Jean   III ,  roi  de  Portugal ,  qui 


(1)  Cartons  de  la  maison  des  souverains,  aux  archives 
du  royaume  de  Belgique,  à  Bruxelles. 

(2)  Voyez  les  archives  des  arts,  des  sciences  et  det 
lettres  |  Analectes  de  M.  P4nchart  ),  T.  1,  §  42. 

(3)  Le  poëlc  allemand  Bruich  ,  ou  Bruschius,  cité  par 
Priutz  {Bcschreibung  der  edten  Sing-und  K ling-Kunst , 
p.  ISi  ),  prétend  que  De  I.aruc  composa,  en  1549 ,  les  La- 
mentations de  Jèrcmie  .-  iJ  y  a  lieu  de  croire  qu'il  était 
mal    infirmé,  quoiqu'il  écrivit  dans  le  même  temps,  car 

'    ce  musicien  aurait  été  alors  âgé  de  plus  de  quatre-vingts 
ans  ;  toutefois  le  fait  n'est  pa»  absoluaicnt  impossible. 


202 


LARUE 


régna  depuis  1521  jusqu'en  1557,  et  de  sa  femme, 
Catherine  d'Autriche,  sœur  de  Charles-Quint. 
Deux  miniatures  du  second  feuillet  représentent 
ces  princes  agenouillés  sur  un  prie-Dieu  ;  leurs 
armoiries  sont  attachées  à  des  colonnes.  Parmi 
les  ornements,  on  voit  à  profusion  la  violette, 
la  pensée  et  la  marguerite,  emblèmes  de  la  gou- 
vernante des  Pays-Bas.  On  ignore  pourquoi  ce 
volume  est  resté  en  Belgique;  mais  il  paraît  cer- 
tain qu'il  était  passé  dans  la  chapelle  des  princes 
gouverneurs,  à  Bruxelles,  et  qu'il  en  a  disparu 
eu  1792,  dans  la  première  invasion  de  la  Bel- 
gique par  l'armée  française.  Van  Hulthem 
l'acheta  plus  tard  dans  une  vente  publique  :  il  est 
devenu  la  propriété  de  la  Bibliothèque  royale 
de  Bruxelles  avec  toute  la  collection  de  livres  de 
cet  amateur.  Les  messes  de  De  Larue  contenues 
dans  ce  manuscrit  sont  :  T  Missœ  de  Concep- 
tione  Virginis  Marix,  quingite  vocum.  — 
2°  Idem  sub  titulo  :  Ista  est  sptciosa  inter  filias 
Jérusalem,  quinque  vocum.  -  3°  Idem,  de 
doloribus,  quinque  vocum.  —  4*"  Idem  ,  Pas- 
chale,  quinque  vocum.  —  5"  Missa  sex  vo- 
cum :  Ave  sanctissima  Maria,  canon  ascen- 
dendo  per  diaiessaron.  —  6°  Missa  de  Sancta 
Cruce,  quinque  vocum.  —  7°  Missa  de  feria, 
quatuor  vocum.  J'ai  mis  en  partition  le  Kyrie 
de  la  messe  Af^  sanctissima  Maria,  et  j'ai 
reconnu  dans  ce  morceau  un  chef-d'œuvre  de 
facture. 

Un  autre  manuscrit,  d'un  format  moins  grand, 
mais  dont  l'exécution  n'est  ni  moins  belle ,  ni 
moins  riche ,  et  qui  renferme  cinq  messes  de  De 
Larue,  se  trouve  aux  archives  de  Malines.  On 
y  trouve  aussi  les  emblèmes  de  Margueriie  d'Au- 
triche ,  qui  le  lit  faire  pour  le  service  de  sa  cha- 
pelle. Les  messes  contenues  dans  ce  volume 
sont  :  r  Fors  seulement ,  à  4  voix  (  la  mi- 
niature représente  l'empereur  Maximilien  rece- 
vant le  serment  de  ses  sujets  ).  —  2''  Besur- 
rexit,  à  4  voix  (la  miniature  représente  la  Ré- 
surrection de  Jésus-Chrisl  ).  —  3"  Sinenomine, 
à  4  voix.  Le  Kyrie  de  cette  messe  est  mêlé 
avec  l'Oraison  dominicale.  Ces  sortes  de  KyriCy 
appelés /■«ms,  étaient  en  usage  dans  quelques  cha- 
pelles au  quinzième  siècle,  particulièrement  dans 
les  Pays-Bas.  Les  miniatures  de  cette  messe  re- 
présentent l'Annonciation  et  les  phases  de  l'Imma- 
culée Conception ,  avec  des  portraits  à  quelques 
pages.  Ces  miniatures  sont  des  chefs-d'œuvre  de 
délicatesse.  —  4°  Messe  de  Saiicta  Cruce,  à 
4  voix.  —  5°  Missa  quinque  vocum,  super 
alléluia.  Les  miniatures  ne  sont  pas  de  la  même 
main  ;  elles  sont  de  peu  de  valeur.  La  dernière 
messe  est  signée  Petnis  de  la  Rue. 

Un  beau  manuscrit  de  la  Bibliothèque  royale 


de  Bruxelles,  qui  contient  des  messes  et  autres 
pièces  pour  la  semaine  sainte,  par  divers  compo- 
siteurs du  seizième  siècle,  renferme  la  messe,  à 
cinq  voix,  de  De  Larue,  De  septem  doloribus, 
qui  est  dans  le  premier  manuscrit  cité  précé- 
demment; une  autre  messe,  aussi  De  septem 
doloribus,  à  quatre  voix,  et  un  Stabat  Mater 
dolorosa ,  à  cinq  voix,  sur  le  thème  de  la 
chanson  française  :  Comme  dame  de  recon- 
fort ,  par  le  même  maître.  Un  manuscrit  des 
archives  de  la  chapelle  pontificale  (n°  36)  con- 
tient deux  messes  de  De  Larue  ;  la  première  a 
pour  titre  :  l'Amour  de  moy  ;  la  deuxième,  0 
cjloriosa  Margarita!  Christum  pro  nobis 
exora.  Le  manuscrit  coté  V  de  la  Bibliothèque 
royale  de  Munich  renferme  deux  messes  du 
même,  sine  nomine ,  à  4  et  5  voix;  un 
Credo  à  4  voix,  de  ce  maître ,  se  trouve  dans  le 
recueil  manuscrit  de  la  même  bibliothèque, 
n"  LUI;  la  messe  à  4  voix  du  même  sur  le 
chant  cum  jucunditate ,  et  la  messe  pro  de- 
functis ,  également  à  4  voix,  sont  contenues 
dans  le  volume  n"  LVII;  enfin,  l'on  trouve  dans 
le  manuscrit  coté  XXXIV,  de  cette  riche  biblio- 
thèque, deux  Salve  Regina,  et  deux  Vita,  dul- 
cedo,  etc.,  tous  à  4  voix,  du  même  musicien. 

Octavien  Petrucci ,  de  Fossombrone ,  a  publié  , 
en  1513,  un  livre  de  messes  de  Pierre  De 
Larue  qui  en  contient  cinq  ;  en  voici  les  titres  : 
1°  Beatse  Virginis;  —  2°  Puer  nobis  est;  — 
3°  Sexti  toni,  ut ,  fa;  —  4°  Vhomvie  armé; 
—  5"  Nunquam  fuit  pœna  major.  La  cin- 
quième messe  du  premier  livre  des  Missarum 
diversorum  auctorum ,  publié  par  le  même 
imprimeur,  est  aussi  de  Pierre  De  Larue;  elle 
est  intitulée  :  De  Sancto  Antonio.  Un  autre 
recueil  de  messes,  publié  à  Rome,  en  1516, 
in-fol. ,  par  André  Antico  de  Montona,  con- 
tient les  messes  du  même  compositeur,  Ave 
Maria  (1),  et  O  Salutaris  hostia ,  à  4  voix. 
Ce  recueil  a  pour  titre  :  Liber  quindecim  mis- 
sarum  electarum  qux  per  excellentissimos 
musicos  compositx  fuerunt.  La  collection  de 
treize  messes  à  quatre  voix  intitulée  :  Missx 
tredecim  quatuor  vocum  a  prxstantissimis 
artificibus compositx  (Nuremberg,  1539)  ren- 
ferme une  réimpression  des  messes  de  De  Larue, 
Cum  jucunditate ,  0  gloriosa ,  et  de  Sancto 
Antonio,  citées  précédemment.  Un  autre  re- 
cueil qui  a  pour  titre  :  Liber  quindecim  mis- 
sarum a  prxstantissimis  musicis  composi- 


(1)  Celte  messe  {Ave  Maria)  se  trouve  en  manuscrit 
d;ms  un  recueil  de  la  bibllothèqne  de  Cambrai  (n"  20). 
Voyes  la  Notice  des  collections  musicales  de  cette  biblio- 
tbcqui",  par  M.  de  Coussemaker,  p.  66. 


LA.RUE  —  LASAGNA 


20;î 


tarum  (  Nuremberg,  1538  ),  contient  une  messe 
du  même  compositeur  qui  ne  se  trouve  point 
ailleurs;  elle  est  à  quatre  voix,  sur  le  thème 
de  la  chanson  française  qui  commence  par  ces 
mots  :  Tous  les  regrets.  La  messe  du  quatrième 
ton,  (lu  môme,  est  imprimée  dans  le  livre  des 
Missx  Antonii  de  Fevin ,  publiée  par  Petrucci 
de  Fossombrone  (  Voyez  Fevin  ) ,  en  1515.  D'a- 
près ce  qui  précède ,  on  voit  que  le  nombre  de 
messes  de  De  Larue,  à  quatre,  cinq  et  six  voix , 
connues  jusqu'à  ce  jour,  s'élève  à  vingt-neuf. 

Les  motets  de  ce  musicien  connus  jusqu'au- 
jourd'hui sont  en  très-petit  nombre  :  on  n'a 
imprimé  qu'un  Salve  Regina  à  4  voix ,  dans 
le  quatrième  livre  des  Motetti  de  la  Corona 
publié  par  Petrucci  à  Venise,  en  1505;  et  un 
Lauda  anima  mea  Dominum,  également  à 
4  voix,  dans  le  troisième  volume  de  la  collec- 
tion de  motets  publiée  à  Nuremberg,  en  1564. 
Ce  dernier  morceau  a  été  donné  en  partition  par 
Forkel ,  dans  son  Histoire  de  la  musique  (t.  IL 
p.  616  ).  Comme  tous  les  compositeurs  de  son 
temps.  De  Larue  a  écrit  des  chansons  à  deux  , 
trois  et  quatre  voix  sur  des  thèmes  d'airs  popu- 
lahes.  Le  livre  A  du  rarissime  recueil  publié  à 
Venise,  en  1501,  par  Petrucci,  sous  le  titre 
Harmonica,  rnusices  Odhecaton ,  coniient  sa 
chanson  à  quatre  voix  ,  commençant  par  ces  mots 
Por  quoij  non  (  pourquoi  non).  Le  livre  B  du 
môme  recueil  renferme  trois  chansons  à  quatre 
voix,  du  même,  à  savoir  :  Ce  n'est  pas;  Tous 
les  rt'f/rcA- (  regrets  )  ;  Fors  seulement.  Le  livre 
C  ,  qui  renferme  cent  cinquante  chants  à  trois 
et  quatre  voix ,  contient  la  chanson  à  quatre 
voix  de  De  Larue,  sur  le  thème  de  l'air  popu- 
laire flamand  Myn  heer.  Plusieurs  chansons  du 
même  maître,  à  deux  voix,  se  trouvent  dans  la 
collection  intitulée  Bicinia  gallica,  latina  et 
germanica,  et  quecdam  fugac.  Tomi  duo. 
Vitebergae ,  apud  Georg.  Rhav,  1545,  petit  in-4° 
obi.  Enfin ,  De  Larue  a  exercé  son  talent  dans 
le  genre  madrigalesque  des  Italiens ,  car,  ainsi 
qu'on  l'a  vu  au  commencement  de  cette  notice , 
Antoine  Gardane ,  imprimeur  de  musique  à  Ve- 
nise, a  publié  sous  le  nom  de  Perisone,  des 
Madrigali  a  quattro  voci  mutate ,  eu  1544. 
Cependant  ces  madrigaux,  dont  deux  se  trou- 
vent dans  les  extraits  Je  Burney  qui  sont  au  Mu- 
séum britannique ,  à  Londres,  m'ont  paru  n'être 
que  des  traductions  de  chansons  dans  le  style 
des  anciens  maîtres  français  et  flamands  de  la 
fin  du  quinzième  siècle  et  du  commencement  du 
stizlème. 

LiVRUETTE  (  Jean-Louis  ) ,  acteur  de  l'O- 
péra-Comique et  compositeur  dramatique,  na- 
quit à  Toulouse  le  27  mars  1731 ,  et  vint  dé- 


buter à  Paris  en  1752  ,  à  l'époque  du  renouvel- 
lement de  l'Opéra-Comique,  à  la  foire  Saint- 
Laurent.  Il  prit  d'abord  les  rôles  d'amoureux  , 
mais  son  défaut  de  voix  et  l'air  vieux  de  sa 
figure  l'empêchèrent  d'y  réussir.  Il  eut  le  bon 
esprit  de  comprendre  ses  défauts ,  et  les  fit 
tourner  à  son  avantage  en  prenant  les  rôles  de 
pères  et  de  tuteurs,  où  il  se  fit  une  grande  ré- 
putation comme  acteur.  On  dut  déplorer  en- 
suite les  succès  qu'il  obtint  dans  cet  emploi, 
auquel  il  a  donné  son  nom ,  et  dont  l'influence 
se  fit  longtemps  sentir  ;  car,  ayant  établi  un  ré- 
pertoire où  les  rôles  de  pères ,  qui  doivent  ap- 
partenir aux  voix  de  basse,  sont  écrits  pour 
le  ténor,  on  peut  le  regarder  comme  le  type 
de  ces  acteurs  sans  voix  qui  se  sont  succédé 
sans  interruption  à  l'Opéra-Comique,  tels  que 
les  Dozainville,  les  Saint-Aubin,  les  Lesage,  les 
Vizentini,  etc.,  tous  excellents  comédiens,  mais, 
comme  l'a  fort  bien  remarqué  Castil-Blaze ,  chan- 
teurs déplorables  qui  ont  empêché  qu'une  meil- 
leure distribution  des  rôles  ne  fût  faite  dans  les 
opéras  français ,  et  qui  ont  retardé  l'introduction 
des  morceaux  d'ensemble  dans  la  musique  drama- 
tique eu  France.  Laruette  fut  reçu  à  la  Comédie 
italienne  en  1762,  lorsqu'on  y  réunit  l'Opéra-Co- 
mique, et  se  retira  en  1779 ,  après  avoir  fait  pen- 
dant vingt-sept  ans  les  délices  du  public,  par  le 
naturel  de  son  jeu.  Il  a  composé  la  musique  de 
plusieurs  opéras  qui  ont  eu  quelque  succès  dans 
la  nouveauté,  mais  qui  sont  oubliés  mainte- 
tenant  :  tels  sont  :  Le  Docteur  Sangrado  , 
en  1756;  l'Heureux  Déguisement,  en  1758; 
le  Médecin  de  l'Amour,  en  1758,  au  théâtre 
de  la  Foire;  en  1759,  l'Ivrogne  corrige, 
Cendrillon;  à  la  Comédie  italienne,  en  1761, 
le  Dépit  généreux  ;  en  1763,  le  Gui  de  chêne; 
en  1772,  les  Deux  Compères.  Laruette  est 
mort  à  Toulouse,  au  mois  de  janvier  1792.  11 
avait  épousé  M"^  Villette,  née  vers  1740,  qui 
avait  débuté  à  l'Opéra  en  1758,  et  qui,  après 
y  avoir  chanté  pendant  trois  ans,  était  entrée 
à  la  Comédie  italienne,  en  1761.  La  pureté  de 
la  voix  de  M"^  Laruette  et  son  jeu  expressif 
lui  tirent  une  brillante  réputation  dans  les  opéras 
de  Monsigny  et  de  Grétry. 

LASAGIVA  (  Laurent),  né  à  Gênes  en  1777, 
a  été  bassoniste  et  compositeur  distingué  pour 
les  instruments  à  vent.  Il  vivait  encore  en  1812, 
dans  sa  ville  natale.  Gervasoni  assure  que  sa 
musique  est  remarquable  par  l'originalité  (  Voir 
Nuova  Tcoria  di  Musica),  et  qu'il  a  écrit  d'ex- 
cellentes pièces. 

L-' SAGN1I>I0  (Looovico),  musicien  floren- 
tin, vécut  dans  la  première  moitié  du  seizième 
siècle.   Ganassi  (  voyez  ce  nom  )  cite  cet  artiste 


204 


LASAGNINO  —  LA  SALETTE 


ainsi  que  Juliano  Tihurtino,  dans  le  chapitre 
seizième  de  la  seconde  partie  de  sa  Regola 
Ruberfina  (î"'  partie,  c.  XVT),  comme  les  plus 
habiles  joueurs  de  viole  de  cette  époque  (1542). 

LA  SALETTE  (P.  Joubert  DE),  né  à  Gre- 
noble en  1762,  entra  jeune  comme  oflicier  dans 
le  corps  royal  d'artillerie,  servit  avec  honneur 
dans  cette  arme,  et  parvint,  dans  les  guerres  delà 
République,  au  grade  de  général  de  brigade.  Plus 
tard  il  eut  le  titre  d'inspecteur  d'artillerie.  Il  est 
mort  dans  le  lieu  de  sa  naissance,  en  1832,  lais- 
sant ,  par  son  testament ,  sa  bibliothèque  à 
M.  ChampoUion-Figeac,  son  concitoyen,  son  ami, 
et  qui  avait  été  son  éditeur  pour  plusieurs  de  ses 
ouvrages.  La  Salette  était  membre  de  la  société 
des  sciences  et  arts  de  Grenoble  ;  il  y  lut  en  1799 
le  projet  d'une  sténographie  de  la  musique,  qu'il 
publia  quelques  années  après ,  sous  ce  titre  : 
Sténographie  musicale,  ou  manière  abrégée 
d'écrire  la  musique,  à  l'usage  des  compoii- 
teurs  et  des  imprimeurs;  Paris,  Goujon,  1805, 
in-8°  de  64  pages.  L'idée  d'une  sténographie  de 
la  musique  n'était  pas  nouvelle.  Sans  parler  de 
quelques  prétendues  méthodes  de  simplification 
pour  noter  la  musique,  telles  que  celles  du  P.  Sou- 
haitty,  de  Demotz  et  de  Rousseau  (voij.  ces  noms), 
une  véritable  sténographie  musicale  avait  été 
proposée  en  1797,  sous  le  titre  de  Mélo-tachy- 
graphie,  par  Michel  de  Woldemar(t'oj/.  la  Revue 
musicale,  ann.  1828,  p.  270).  Celle-là  était 
réellement  une  manière  abrégée  de  noter  la  mu- 
sique par  des  signes  de  convention  ;  tandis  que 
la  méthode  de  La  Salette  consiste  simplement  à 
substituer  les  lettres  c  d  e  f  g  a  h,  aux  notes, 
avec  des  points  en  dessus  ou  en  dessous  pour 
distinguer  les  octaves ,  et  des  signes  particuliers 
pour  les  dièses,  bémols,  bécarres,  indications 
de  mesures,  etc.  Rien  dans  ce  système  n'a  le  ca- 
ractère ni  l'objet  de  la  sténographie  :  le  titre  que 
i'auteor  lui  a  donné  n'est  donc  pas  celui  qui  lui 
convient. 

Eu  1786,  La  Salette  avait  fait  insérer  dans  le 
Recueil  des  connaissances  élémentaires  pour 
le  forte- piano,  par  J.-C.  Bach  et  F. -P.  Ricci 
(Paris,  Leduc),  une  nouvelle  méthode  d'ac- 
corder les  clavecins,  et  en  général  tous  les 
instru7nenfs  à  demi-tons  tempérés.  Plus  tard  il 
traita  le  même  sujet  avec  plus  de  développement 
dans  une  Lettre  à  M.  A.-L.  Millin  sur  l'accord 
du  forte-piano ,  datée  du  26  juin  1807,  et  in- 
sérée dans  le  Magasin  encyclopédique  de  cette 
année  (mars),  puis  publiée  séparément;  Paris, 
Sajou,  1808,  in-S"  de  18  pages.  La  Salette  pro- 
pose dans  cet  écrit  de  modérer  la  justesse  de  la 
quinte  par  la  quarte,  afin  que  les  tierces  ma- 
jeures ne  soient  pas  trop  fortes ,  et  que  l'égalité 


des  consonnanccs  résulte  de  l'égalité  des  douze 
demi-tons  de  l'octave.  Il  arrêta  ensuite  ses  idées 
sur  cette  matière  d'une  manière  plus  absolue, 
dans  un  opuscule  qui  a  pour  titre  :  De  la  fixité 
et  de  l'invariabilité  des  sotis  musicaux,  et  de 
quelques  recherches  à  faire  à  ce  sujet  dans 
les  écrivains  orientaux  (  Paris ,  imprimerie  de 
Dondey-Dupré ,  1824,  in-8°  de  12  pages).  11  sou- 
tint le  principe  invariable  de  l'égalité  de  tous  les 
demi-tons,  contre  les  théories  basées  sur  le  cal- 
cul {voy.  Momigny).  Un  extrait  de  ce  mémoire  (ut 
publié  dans  le  Bulletin  universel  des  sciences 
et  de  l'industrie  (1824),  et  dans  le  Bulletin  des 
sciences  viathématiques  et  physiques  (a^ril 
1325,  p.  272).  Les  assertions  erronées  de  La  Sa- 
lette furent  réfutées  par  Chladni  dans  la  Gazette 
musicale  de  Leipsick  (1825,  n"  40),  et  par  M.  de 
Prony,  dans  le  Bulletin  des  sciences  techno^ 
logiques  (juillet  1825,  p.  42). 

En  1810  La'Salette  publia  son  meilleur  ouvrage, 
intitulé  :  Considérations  sur  les  divers  systèmes 
de  la  musique  ancienne  et  moderne,  et  sur  le 
genre  enharmonique  des  Grecs;  arec  une  dis- 
sertation préliminaire,  relative  à  l'origine 
du  chant,  de  la  lyre,  et  de  la  flûte  attribuée  à 
Pan;  Paris,  Goujon,  1810,  2  vol.  in-8°.  La  dis- 
sertation qui  sert  d'introduction  à  ce  livre  avait 
été  lue  par  l'auteur  à  la  société  des  sciences  et 
des  arts  de  Grenoble  en  1802,  et  la  sixième 
partie,  relative  au  rhythrae,  avait  été  l'objet 
d'une  autre  lecture,  dans  la  même  année.  La  partie 
de  ce  livre  qui  concerne  la  musique  des  Grecs 
est  la  plus  étendue;  elle  n'est  pas  exempte  d'er- 
reurs ,  surtout  en  ce  qui  est  relatif  au  genre 
enharmonique;  mais  on  y  reconnaît  que  l'auteur 
avait  de  la  lecture,  et  qu'il  ne  manquait  pas  de 
sagacité  dans  l'analyse  des  faits.  La  quatrième 
partie  de  l'ouvrage  (tome  2'^),  qui  a  pour  objet 
les  changements  arrivés  dans  le  système  de 
musique,  depuis  le  temps  de  Gui  Arétin  jus- 
qu'à rétablissement  des  vingt-quatre  modes 
modernes,  est  la  plus  faible  de  l'ouvrage.  La  Sa- 
lette ne  connaissait  pas  la  musique  du  moyen 
âge.  Le  livre  de  cet  écrivain  est  fort  rare,  parce 
qu'il  n'a  point  obtenu  de  succès  à  l'époque  de 
sa  publication.  Le  libraire  me  disait  en  1820 
qu'il  n'en  avait  pas  vendu  vingt  exemplaires.  Ce 
libraire  n'existe  plus,  et  je  crois  qu'à  sa  mort 
toute  l'édition  a  été  vendue  comme  vieux  papier. 
Cet  ouvrage  méritait  un  rueilleur  sort. 

On  a  aussi  de  La  Salette  deux  opu.scules  inti- 
tulés :  1"  Lettre  à  M.  le  rapporteur  de  la  com- 
mission chargée  par  la  seconde  classe  de  l'InS' 
iitut  de  France  d'examiner  les  mémoires  con- 
cernant le  prix  proposé  sur  les  difficultés  qui 
s'opposent    à    l'introduction   d'un  rhythme 


LA  SALETTE  —  LASSEN 


205 


régulier  dans  la  versification  française,  le 
15  août  1815  (extrait  du  Maj;asin  encyclopc'idi- 
que);  Paris,  Sajou,  1815,  in-S"  de  30  pages.  — 
2"  De  la  notation  musicale  en  général,  et  on 
particulier  de  celle  du  système  grec  (extrait 
des  Annales  encyclopédiques)  ;  Paris,  Lenorniant, 
18)7,  in-8". 

LASALLE  D'OFFEMOIVT  (le  marquis 
DE),  fils  d'un  conseiller  au  Châielet,  naquit  en 
1734.  Il  suivit  la  carrière  des  armes,  et  obtint  ie 
grade  de  lieutenant-colonel,  fut  fait  chevalier  de 
Saint-Louis  et  commandeur  de  l'ordre  de  Malte. 
Ayant  embrassé  les  principes  de  la  révolution 
Irançaise  en  1789,  il  fut  employé  dans  l'état- 
major  de  la  place  de  Paris ,  disparut  pendant  la 
terreur,  et  reprit  ensuite  du  service.  Sous  le  ^ou- 
vernement  consulaire,  il  fut  fait  commandant  du 
10^  régiment  de  vétérans,  parvint  au  grade  de 
lieutenant  général,  puis  à  celui  de  commandant 
de  la  Légion  d'honneur.  Atteint  d'aliénation  men- 
tale peu  de  temps  après  la  restauration,  il  est 
mort  dans  une  maison  de  santé,  à  l'âge  de  quatre- 
vingt-quatre  ans,  ie  22  octobre  1818.  Passionné 
pour  les  lettres  et  les  arts,  le  marquis  de  Lasalle 
a  fait  représenter  beaucoup  de  comédies ,  dont 
quelques-unes  ont  eu  du  succès,  a  écrit  des  ro- 
mans ,  et  a  composé  la  musique  de  Bertholde  à 
la  t-jWe,  représenté  à  l'Opéra-Comique  en  1754, 
et  celle  de  l'Amant  corsaire,  joué  à  la  Comédie- 
Italienne  le   3  juin  1702.  Il  a  aussi  publié  un 
opuscule   intitidé  :  Réponse  à  l'auteur  de  la 
lettre  sur  les  drames-opéras  ;  Londres,  1776, 
24  pages  in^-*  (  anonyme). 

LASALLE  (....),  secrétaire  de  l'Opéra,  dans 
les  dernières  années  du  dix-huitième  siècle,  a 
publié  un  petit  écrit  intitulé  :  Lett)-e  du  comité 
de  ropéra  à  l'auteur  de  Tarare,  7  août  1790, 
suivie  d'une  réponse  de  l'auteur  au  comité  de 
l'Opéra;  Paris,  1790,  8  pages  in-8°. 

LASCEUX  (Guillaume),  organiste  à  Paris, 
naquit  à  Poissy  le  3  février  1740.  Après  avoir 
fait  ses  premières  études  de  musique  dans  celte 
petite  ville,  il  fut  nommé  organiste  au  bourg  de 
Chevreuse,  à  l'âge  de  dix-huit  ans.  En  1702  il 
se  rendit  à  Paris,  y  devint  élève  de  Noblet,  mu- 
sicien médiocre ,  qui  lui  enseigna  pendant  cinq 
ans  c«  qu'on  appelait  alors  en  France  la  com- 
position. En  1769  Lasceux  fut  reçu  organiste  des 
églises  Saint-Étienne  du  Mont  et  du  séminaire  de 
Saint-Magloire.  Plus  tard,  il  succéda  à  son  maître 
Noblet  dans  les  places  d'organiste  de  l'église  des 
Matliurins,  et  du  collège  de  Navarre.  Il  était 
encore  organiste  titulaire  de  Saint-Étienne  du 
Mont,  lorsqu'il  mourut  en  1829,  âgé  de  quatre- 
vingt-neuf  ans.   Les  compositions  de  Lasceux  i 


que  des  notions  insuffisantes  de  la  fugue;  cepen- 
dant ses  ouvrages  ont  obtenu  quelque  succès 
dans  leur  nouveauté,  il  a  publié  :  \°  Six  sonates 
pour  le  clavecin;  Paris,  1768.  —  T  Journal  de 
pièces  d'orgue,  en  1771  et  1772.  —  3°  Six  sona- 
tes pour  le  cla,vecin,  op.  2;  Paris,  1773. — 
4°  Suite  de  Noëls  variés  pour  l'orgue;  ibid.  — 
5°  Trois  quatuors  pour  piano,  deux  violons  et 
basse.  —  6*  Te  Deum  pour  l'orgue;  Pans,  1785. 
En  1789  il  a  fait  représenter  trois  opéras-ccmi- 
ques  sur  les  petits  théâtres.  Après  un  long  repos, 
il  a  fait  exécuter,  en  1804,  le  jour  de  Sainte- 
Cécile  ,  une  messe  solennelle  avec  orchestre,  à 
l'église  de  Saint-Gervais.  Dans  les  dernières  an- 
nées de  sa  vie,  ii  a  fait  paraître  pour  l'orgue  ; 
Messe  des  annuels  et  grands  solennels,  n"  1  ; 
Paris,  Janet;  Hymnes,  proses  et  répons  de 
l'office  de  la  Fête-Dieu,  n°  2,  ibid.;  j}fess€ 
des  solennels  mineurs,  n"  3,  ibid.  Il  a  laissé 
aussi  un  Essai  sur  l'art  de  jouer  de  l'orgue, 
qu'il  avait  soumis  en  1810  à  l'examen  de  la  qua- 
trième classe  de  l'Institut,  et  dont  le  manuscrit 
est,  je  crois ,  à  la  bibliothèque  du  Conservatoire 
de  Paris. 

LASKA  (François),  excellent  organiste,  na- 
quit le  2  mai  1750  à  Choruschitz,  eu  Bohême. 
Après  avoir  fait  ses  études  littéraires  et  musicales 
à  Prague,  il  entra  en  1770  dans  l'ordre  de  Saint- 
Benoît,  au  monastère  de  Saint-Jean-sous-lc- Ro- 
cher. La  suppression  de  ce  couvent  l'obligea 
ensuite  à  se  retirer  à  Mokarzow,  en  qualité  de 
desservant  de  la  paroisse.  Il  y  est  mort  le  19  jan- 
vier 1795,  laissant  en  manuscrit  plusieurs  suites 
de  pièces  d'orgue. 

LASIÎE  (Joseph  ),  appelé  aussi  LASKA,  né 
à  Ruhmbourg,  en  Bohême,  le  18  mars  1738, 
fut  un  très-bon  facteur  d'instruments.  Jacques 
Kolditz  lui  enseigna  les  éléments  de  son  art;  en- 
suite il  voyagea  pour  étendre  ses  connaissances, 
et  visita  Dresde,  Berlin,  Vienne  el  Briinn.  Dans 
toutes  ces  villes,  il  travailla  chez  les  luthiers  les 
plus  renommés  ;  puis  il  retourna  à  Prague  et  com- 
mença en  1764  à  y  fabriquer  les  instruments  qui 
portent  son  nom.  Il  y  mourut  le  30  novembre 
1805.  Ses  violons,  altos,  violoncelles,  violes  d'a- 
mour et  mandolines  jouissent  de  beaucoup  d'es- 
time en  Bohême,  en  Saxe,  en  Pologne,  et  sont 
plus  recherchés  que  les  instruments  de  Vienne 
et  d'Italie. 

LASSEIV  (ÉnoDATio) ,  compositeur,  est  né 
à  Copenhague,  le  13  avril  1830.  Il  n'était  âgé 
que  de  deux  ans  quand  sa  mère  vint  avec  lui 
rejoindre  M.  Lassen  père,  qui,  depuis  un  an  en- 
viron, y  avait  fondé  une  maison  de  commerce. 
Dès  ses  premières  années,  Edouard  Lassen  fit 


pour  l'orgue  sont  mal  écrites  ;  il  ne  possédait      voir  les  plus  heureuses  dispositions  pour  la  mu- 


206 


LASSEN  —  LASSER 


Rîque.  Admis  comme  élève  an  Conservatoire  de 
Bruxelles  à  l'âge  de  douze  ans,  il  y  obtint  le 
premier  prix  de  piano  au  concours  de  1844. 
Trois  ans  après,  le  premier  prix  d'iiarmo'nie  lui 
fut  décerné,  et,  devenu  élève  de  l'auteur  de  cette 
notice,  il  fit,  sous  sa  direction,  toutes  ses  études 
de  contrepoint  et  d'instrumentation.  En  1849  il 
obtint,  au  grand  concours  du  gouvernement  belge, 
lesecond  prix  de  composition,  ayant  pour  concur- 
rent son  condisciple  Alexandre  Stadtfeld  (voyez 
ce  nom  ),  à  qui  le  premier  prix  fut  décerné. 
Par  la  composition  de  la  cantate  Balthazar, 
Edouard  Lassen  obtint  en  1851  le  grand  prix  du 
gouvenjeraent,  et  à  ce  titre  devint  pensionnaire 
de  l'État.  Déjà,  dans  l'année  précédente,  il  avait 
élé  couronné  à  Gand  pour  la  meilleure  compo- 
sition d'un  chœur,  et  à  Anvers,  pour  une  sym- 
phonie avec  chœur.  Comme  lauréat  du  grand 
concours  de  composition,  il  entreprit  les  voyages 
prescrits  par  les  règlements,  et  se  rendit  d'abord 
en  Allemagne  ;  il  séjourna  à  Dusseldorf,  Leip- 
sick.  Casse),  où  Spohr  lui  témoigna  de  l'intérêt, 
Weimar,  où  il  trouva  la  généreuse  hospitalité 
de  Liszt ,  Dresde  et  Berlin  ;  puis  il  alla  visiter 
ritalie,  et.  passa  quelque  temps  à  Rome.  De  re- 
tour à  Bruxelles  dans  l'été  de  1855,  il  y  rapportait 
la  partition  d'un  opéra  en  cinq  actes  qui  avait 
pour  titre  le  Boi  Edgard.  L'ouverture  de  cet 
ouvrage  fut  exécutée  avec  succès  par  l'orches- 
tre du  Conservatoire,  le  26  septembre  de  la 
même  année ,  aux  fêtes  nationales.  Présenté  au 
comité  de  lecture  du  théâtre  royal  de  Bruxelles, 
le  Roi  Edgard  fut  refusé ,  sous  prétexte  qu'il 
était  inexécutable  à  la  scène.  Sans  être  décou- 
ragé par  cet  échec ,  Lassen  alla  porter  son  ou- 
vrage à  Weimar,  où  Liszt  lui  ouvrit  les  portes 
du  tkéitre  grand-ducal.  Le  Roi  Edgard,  iTAàwW, 
en  allemand,  y  fut  représenté  au  mois  de  mai 
1857.  L'accueil  le  plus  sympathique  fut  fait  à 
cette  importante  composition  par  le  public  et 
par  les  artistes,  et  ce  succès  valut  à  Lassen 
l'offre  d'une  place  de  directeur- de  musique  de  la 
cour  devenue  vacante  :  il  S'accepta  et  en  prit 
possession  le  1er  janvier  «858.  Frauenlob,  au- 
tre opéra  en  trois  actes  dont  le  sujet  était  pris 
dans  les  légendes  des  minnesinger  du  moyen 
âge,  et  dont  le  livret  est  de  M.  Pasqué,  fut  com- 
posé immédiatement  après  par  Lassen,  et  repré- 
senté sur  le  théâtre  de  Weimar  en  J  860  :  il  y 
obtint  un  brillant  succès.  Les  autres  composi- 
tions de  cet  artiste  distingué  sont  :  1°  Un  Te 
Deum,  exécuté  à  l'église  Sainte-Gudule  ie  IG  dé- 
cembre 1860,  pour  l'anniversaire  du  jour  de  nais- 
sance du  roi  Léopold  1"",  et  au  mois  de  juillet 
1861,  pour  l'anniversaire  du  couronnement  du 
même  prince.  —  2"  Une  marche  pour  l'orches- 


tre, composée  à  l'occasion  d'une  visite  du  roi  de 
Prusse  à  la  cour  de  Weimar.  —  3°  Une  sym- 
phonie à  grand  orchestre.  —  4°  Des  chœurs 
pour  voix  d'hommes.  —  5"  Des  Lieder.  Il  n'a  pu- 
blié, jusqu'au  moment  où  cette  notice  est  écrite, 
quedesromancesavecaccompagnementde  piano; 
à  Bruxelles  et  à  Mayence,  chez  S<liott;  un  ca- 
hier de  6  Lieder,  à  Berlin,  chez  Schlesinger;  un 
second  cahier  idem,  à  Leipsick,  chezSchuberth  ; 
et  un  troisième  idem,  chez  Kùlm,  à  Weimar. 

LASSER  (Jean-Bvptiste),  célèbre  ténor  et 
compositeur  allemand,  naquit  à  Steinkirchen,  dans 
la  Basse- Autriche ,  le  12  août  1751,  et  fit  ses 
éludes  à  Linz,  où  il  fut  admis  en  qualité  de  sémi- 
nariste. Après  y  avoir  passé  quelques  années,  il 
se  rendit  à  Vienne ,  et  y  vécut  en  donnant  des 
leçons.  Au  mois  de  janvier  1781 ,  il  épousa  la 
cantatrice  Jeanne  Rœlhner;  l'année  suivante  il 
aila  avec  elle  au  théâtre  de  Brùnn  ;  il  y  resta 
trois  ans,  puis  il  alla  prendre  la  direction  du 
théâtre  de  Linz,  d'où  il  partit  après  deux  années. 
En  17S8  il  jouait  à  Grselz  ;  puis  il  alla  à  Munich  en 
1791,  et  depuis  lors  il  ne  quitta  plus  cette  ville. 
Il  y  mourut  le  21  octobre  1805.  On  a  de  cet  ar- 
tiste les  opéras  dont  les  titres  suivent  :  1"  Das 
xvûthende  i/cer  (l'Armée  furieuse),  où  l'on  re- 
marquait des  finales  frès-développés.  —  2°  Die 
gliickliche  Maskarade  (l'heureuse  Mascarade). 

—  3''  Der  Kappelmeister  (  le  Maître  de  chapelle). 

—  4°  La  Veuve  prudente.  —  5"  Die  unruhige 
Nacht  (la  Nuit  orageuse).  —  6"  La  Marchande 
de  modes.  —  7°  Le  Juif.  —  8"  Die  Huldigung 
Treue  (le  Serment  de  fidélité),  prologue,  1791. 

—  9°  Cora  et  Alonzo,  grand  opéra.  Lasser  a 
écrit  aussi  pour  l'église,  particulièrement  des 
messes;  mais  il  a  moins  réussi  dans  ce  genre 
qu'au  théâtre.  On  a  publié  de  sa  musique  d'é- 
glise :  1'  Missx  diversis  vocibiis  ac  instrumen- 
tis  obligatis  et  non  obligatis,  op.  1;  editio  2; 
Augsbourg,  Lotter.  —  2"  6  Missae  diversis  vo- 
cibus,  etc.,  op.  2;  ibid.  Lasser  a  publié  une  méthode 
complète  de  chant  pour  les  voix  de  soprano  et 
de  contralto  ;  Munich,  1798,  in-4''.  Cet  ouvrage  a 
pour  titre  :  Vollstecndige  Anwelsung  ziir  Sing- 
kunst,  fur  der  Sopran  und  Alt. 

LASSER  (Joseph  ),  fils  du  précédent,  pianiste 
distingué,  est  né  à  Vienne  en  1782.  Un  musicien 
de  la  cour  de  Bavière,  nommé  François  Sche- 
menauer,  lui  enseigna  le  violon  et  le  piano;  il 
continuacnsuite  l'étude  de  ce  dernier  instrumentet 
de  la  composition  sous  ladirectionde  Joseph  Grœtz. 
Lasser  n'était  âgé  que  de  douze  ans  lorsqu'il  exécuta 
à  Vienne  un  concerto  avec  le  plus  grand  succès. 
On  ne  connaît  aucune  composition  de  cet  arti  ;te. 
Son  frère,  né  à  Brùnn,  le  20  janvier  1784,  a 
été  placé  comme  chanteur  de  la  cour  à  Munich. 


LASSUS 


207 


LASSUS  (Orland  ou  Roland  DE),  célèbre 
compositeur  belge  du  seizième  siècle,  naquit  à  ] 
Mons(Hainaut)  en  1520.  Beaucoup  d'incertitude 
a  régné  jusqu'à  ce  jour  sur  le  nqfn  véritable  de 
cet  artiste   et  sur  l'année  de  sa  naissance.  Son 
nom  italianisé  en  celui  d^Orlando  Lasso,  ou  Or-  i 
lando  di  Lasso,  est  le  seul  qui  ait  été  connu  en 
Italie,  el  se  trouve  sur  toutes   les  éditions  des   , 
œuvres  de  Lassus  publiées  à  Venise.  Des  écrivains  | 
français  (1)  ont  afiirmé  qu'il  s'appelait  Roland 
Lassé,  et  qu'il  l'avait  latinisé  en  celui  de  Lassus.    , 
D'autre  part ,  si  l'on  en  croit  le  passage  d'une  1 
cbronique  qui  sera  rapportée  tout  à  l'heure ,  fio-   i 
land  Delattre  aurait   été  son  nom  véritable. 
Enfin,  l'épitaplie  de   Regina  Weckinger,  femme 
de  Lassus,  est  conçue  en  ces  termes  :  «  L'an  de 
«  grâce  1600,  le  5  juin,  décéda  la   noble  et  ver- 
«  tueuse  dame  Regina  de  Lassin  (2),  veuve  de 
«  feu  Orland  de  Lassus,   en  son  vivant  maître 
«  de  chapelle  au  service  des  princes  Sérénissi- 
«1  mes  de  Bavière.  R.  L  P.  Amen.  »  Un  manus- 
crit original  des  Anriales  du   Jlainavt,   par 
Vinchant  (3) ,  renferme  un  passage  dont  la  dé- 
couverte est  due  à  Henri  Delmotte  (voy.  ce  nom), 
et  dans  lequel  on  lit  :  «  L'an  1520,  fut  né  en  la 
«  ville  de  Mons  Orland  dit  de  Lassus  (ce  fust  en 
«  cest  an  que  Charles  V  fust  couronné  empereur 
«  à  Aix-la-Chapelle);  il    fut  de  son   temps  le 
«  prince  et  phénix  des  musiciens,  d'où  vient  ce 
«  vers  : 

«  Hic  llle  Orlandus  Lassus  qui  recréât  orbem. 

«  11  fut  né  donc  en  la  rue  dicte  Gerlande  à 
«  l'issue  de  la  maison  portant  l'enseigne  de  la 
«  Noire  Teste.  Il  fut  enfant  de  chœur  à  l'église 
«  de  Saint-Nicolas  de  la  rue  de  Havrecq.  Après 
«  que  son  père  fut  par  sentence  judicielle  con- 
«  traint  de  porter  en  son  col  nn  pendant  de 
«  fausses  monnoies  et  avec  iceluy  faire  trois 
«  pourmaines  (  promenades  )  publiquement  à 
«  l'entour  d'un  hour  (échafaud)  dressé  pour 
«  avoir  esté  convaincu  d'estre  faux  monnoyeur, 
«  ledit  Orland,  qui  s'appeloit  Roland  de  Luire, 
«  changea  de  nom  et  de  surnom,  s'appellant  Or- 
«  land  de  Lassv^,  et  aussi  quitta  le  pays  et  s'en 
«  alla  en  Italie  avec  Ferdinand  de  Gonzague,  qui 
«  suivoitleparty  du  roy  de  Sicile,  etc.  » 

{i)  Histoire  delà  musique,  par  don  Caffiaui,  manus- 
crit delà  Bibliothèqae  impériale  de  Paris,  n"  16,  fonda  de 
Corble,  au  supplément,  et  liéfleiions sur  la  poésie  et  la 
peinture,  par  l'abbé  Dubos,  t.  l*'',  p.  463. 

(î)  Dans  les  actes  originaux  qui  concernent  les  avanta- 
ges accordés  à  Regina  Werkinger  par  les  ducs  de  Bavière, 
elle  est  souvent  appelée  de  Liusin  (femme  de  Lassus),  el  elle- 
même  a  signé  ainsi  ses  requêtes  à  la  duchesse  Maximi- 
Itenne,  sœur  du  duc  Guillaume. 

il)  Ce  manuscrit  est  dans  la  bibliothèque  de  la  ville  de 
Muiis. 


Ce  passage  a  paru  d'une  autorité  incontestable 
à  Delmotte  (1),  ainsi  qu'à  Dehn,  qui  adonnéune 
traduction    allemande   de  sa  notice  (2).    Moi- 
niôme  ,  j'ai  accepté  cette  tradition  dans  la  pre- 
mière édition  de  la  Biographie  universelle  des 
musiciens;  mais,  depuis  l'époque  de  sa  publica- 
tion, j'ai  examiné  l'anecdote  qui  concerne  le  père 
supposé  de  Lassus,  et  j'y  ai  trouvé  <l'assez  gran- 
des difficultés  qui  me  l'ont  fait  révoquer  en  doute. 
Et  d'abord,  il  est  à  remarquer  que  Lassus  n'é- 
tait âgé  que   de  douze  ans  lorsqu'il  fut  conduit 
en  Italie  par  Ferdinand  de  Gonzague,  suivant  ce 
que   Samuel    Quickelberg,  compatriote  et   ami 
de  l'artiste,  a  écrit  sur  sa  vie  :  or  ce  n'est  pas  à 
cet  âge  qu'on  est  capable  de  prendre  des  résolu- 
tions semblables  à  celles  dont  parle  Vinchant. 
En  second  lieu,  on  voit  aussi  dans  la  notice  de 
Quickelberg  que  Lassus ,  lorsqu'il  était  maître 
de  chapelle  de  Saint-Jean  de  Lalran,  à  Rome, 
se  rendit  de  cette   ville   à  Mons,  pour   revoir 
ses  parents,  qui  étaient    vieux  et  malades.  S'il 
eiit  eu  honte  de  son  origine,  c'est  alors  sur- 
tout qu'il  eût  voulu  la  cacher.  Enfin,  si  le  père 
de  ce  grand  artiste  eût  été  condamné  comme 
faux  monnayeur,  nul  doute  que,  suivant  les  cou- 
tumes de  ce  temps,  il  eût  été  banni  de  la  ville, 
après  avoir  subi  la  peine  infamante  dont  parle 
le  chroniqueur,  et  que  Lassus  n'eût  pas  eu  la 
pensée  de  le  retrouver  à  Mons.  Si  donc  il  y  a  eu 
un   homme  du  nom  de  De  Lattre   condamné 
pour  avoir  fait  de  la  fausse  monnaie,  il  n'était 
pas  le  père  de  Lassus.  Laissons  donc  à  celui-ci 
le  nom  sous  lequel  il  s'est  illustré,  que  lui-même 
signait  dans  toutes  ses  préfaces,  dans  les  actes 
authentiques  où  îl  est  intervenu,  dans  ses  let- 
tres autographes,  et  que  ses   fils,  petits-fils  et 
descendants  jusqu'au  cinquième  degré  ont  con- 
servé, comme  on  le  voit  dans  le  tableau  généalo- 
gique de  «a  famille  publié  par  Delmotte. 

Trois  dates  inexactes  ont  été  données  pour  la 
naissance  de  Lassus  :  Moréri  (3)  et  l'abbé  de  Fon- 
tenay  (4)  donnent  celle  de  1524  ,  mais  sans  indi- 
quer la  source  où  ils  l'ont  prise.  Samuel  van  Qui- 
ckelberg, dans  sa  notice,  fournit cellede  1530  (5), 
erreur  singulière  de  la  part  d'un  ami  intime  de 

(1)  A'otire  biographique  sur  Roland  Delattre,  connu 
sous  le  nom  d'Orland  de  Lassus.  Valenciennes,  1835, 
in-8°;  p.  13-U. 

(2)  Biographlsche  yotizùber  Roland  dt  Lattre  bekannt 
unter  detn  Namen  :  Orland  de  Lassits;  Berlin,  1837,  in-8*. 

(3)  Le  (,rand  Dictionnaire  historique;  Paris,  1759,  10 
Toi.  in-fol. 

(4)  Dictionnaire  des  artistes;  Paris,  1776,  2  vol.  in-12. 

(5)  Cette  notice  est  insérée  dans  la  troisième  partie  des 
prosopoçjrap'iix  hcroum  atque  illustrium  virorum  to- 
tius  Cermanix  de  Henri  Pantaléon,  iiaiilese,  1866, 
iu-4°. 


208 


LASSUS 


l'illustre  musicien';  et  ce  qui  n'est  pas  moins  éton- 
nant, c'est  que  Hawkins  donne  comme  preuve  de 
l'exactitude  de  cette  date  une  épitaplie  qu'il  dit 
être  placée sitr  son  monument  (t)'  Où  a-t-il 
pris  celte  épitaphe?  Il  ne  le  dit  pas.  De  quel  mo- 
miment  veut-il  parler?  Du  tombeau  de  Lassus, 
sans  doute,  car  on  n'en  connaissait  pas  d'autre 
lorsque  Hawkins  écrivait  son  Histoire  de  la  mu- 
sique. Mais  le  tombeau  existe  encore,  et  l'épita- 
phe  qu'on  y  lit  ne  ressemble  en  rien  à  celle  que 
l'écrivain  anglais  a  publiée.  Rien  de  plus  facile 
que  de  démontrer  l'inexactitude  de  la  date  ins- 
crite dans  cette  épitaplie  prétendue  ainsi  que 
dans  la  notice  de  van  Quickelberg;  car,  suivant  la 
liste  chronologique  des  maîtres  de  chapelle  de 
l'église  Saint-Jean  de  Latran  publiée  par  l'abbé 
Baini  (2),  d'après  des  sources  authentiques,  Las- 
sus  fut  nommé  à  celte  place,  en  1541  :  s'il  était 
né  en  1530,  il  serait  entré  en  fonction  à  l'âge 
de  onze  ans.  Au  reste,  Delmotte  remarque,  avec 
beaucoup  de  vraisemblance,  que  la  date  de  1530 
de  la  notice  de  Quickelberg,  copiée  par  tous  les 
autres,  est  une  faute  d'impression  (3). 

La  troisième  date  inexact-e,  plus  éloignée  en- 
core de  la  véritable,  et  celle  de  15S2  :  ce  qui  la 
rend  digne  de  remarque ,  c'esi  que  Lassus  ayant 
passé  la  plus  grande  partie  de  sa  vie  en  Bavière, 
trois  écrivains  liavarois ,  (lui  auraient  dû  être 
instruits  des  circonstances  de  sa  vie,  à  savoir  A  - 
M.  Kobolt  (4),Mein  (5),et  Lipowsky  (6),  sont  les 
seulsqui  l'aient  donnée,  sans  indiquer  où  ils  l'ont 
prise.  Ce  qui  a  été  dit  à  l'égard  de  la  date  de 
1530  est  applicable,  à  fortiori,  k  celle  de  1532. 

La  date  de  1520,  indiquée  par  Vincliant,  est 
rendue  inattaquable  par  les  témoignages  de  l'his- 
torien de  ïliOH  (7),  de  Swertius  (8),  et  de  Lo- 
crius  (9),  qui,  tous.  Mit  écrit  dans  des  temps  rap- 
prochés de  celui  où  vécut  Orland  de  Lassus.  De 
Tliou  ne  dit  pas  en  termes  exprès  que  Lassus  na- 
quit en  1520,  mais,  suivant  sa  méthode  d'inscrire 
les  événements  à  leur  date,  dans  les  Histoires  de 
son  temps,  il  dit  que  le  célèbre  musicien  mourut  à 

(1)  Â  General  History  of  the  science  and  practiee  of 
Music,  t.  II,  p.  498.  Voie!  le  commencement  de  l'épllaphe 
dont  11  s'agit  : 

OrlaDdas  Lassus,  Bergx  Hannonix  urbe  natus   ""* 
anno  M.  U.  XXX. 

[i)  Memorle storico-critiche  délia  vita  e  délie  opère  di 
Gio.  Pierluigi  da  Palestrina,  t.  I,  p.  70,  n.  109. 

(3)  Notice  biographique  sur  Roland  Dflattre,  p.  2o. 

(4)  Baierisches  Gelehrten-LexiKou ,  etc.;  Landsliutt, 
1795,  gr.  in-8°. 

(8)  Baierisches  Kunstler-Lexiknn,  elc  ,  t.  i,  p.  238. 
l6)Baierisclies  Musih-Lexikon,  p.  176. 

(7)  Histor.,  Llb.  QX. 

(8)  Aihenx  Belgicx;  Antuerpiœ,  1628,  in-4",  p.  889. 

(9)  Chronicon  Belgicum;  Atrebati,  1616,  petit  In-Iol. 
Aon.  It94. 


Munich,  le  3  juin  1594,  à  l'âge  de  soixante-treize 
ans  écoulés  (1),  ce  qui  fait  voir  que  la  date  de  la 
naissance  de  Lassus  fut  postérieure  au  mois  de 
juin  1520,  et  qu'il  n'avait  point  accompli  sa 
soixante-quatorzième  année. 

Plusieurs  auteurs,  et  Samuel  van  Quickelberg 
lui-même,  disent  que  Lassus  fut  enlevé  trois  fois 
à  ses  parents  lorsqu'il  était  enfant  de  chœur  à 
l'église  Saint-Nicolas,  à causede  sa  belle  voix;  que 
deux  fois  on  le  retrouva,  mais  qu'enfin  on  con- 
sentit, après  le  troisième  rapt,  à  ce  qu'il  demeurât 
à  Saint-Didier,  près  de  Ferdinand  de  Gonzague, 
général  au  service  de  l'empire  et  vice-roi  de  Si- 
cile, qui,  après  la  guerre,  l'emmena  avec  lui,  à 
l'âge  d'environ  douze  ans,  à  Milan,  puis  en  Si- 
cile. Celte  histoire  ne  paraît  qu'un  roman  à  Del- 
motte; pour  moi,  j'avoue  que  je  n'y  vois  pas  de 
difficulté.  Il  me  paraît  vraisemblable  que  celui 
qui  a  eu  tant  de  renommée  comme  compositeur 
a  montré  dans  sa  jeunesse  un  rare  instinct  musi- 
cal, et  qu'il  y  avait  dans  son  chant  un  accent  ex- 
pressif qui  pouvait  faire  naître  le  désir  de  l'enle- 
ver pour  l'attacher  au  service  d'un  grand  seigneur. 
Quoi  qu'il  en  soit,  legéuéraldeCharles-Quintem- 
mena  son  jeune  musicien  à  Milan.  Celui-ci  y  con- 
tinua ses  études,  puis  il  suivit  Ferdinand  de  Gon- 
zague en  Sicile,  où  il  acheva  de  s'instruire  dans 
son  art.  A  l'âge  de  dix-huit  ans,  il  s'attacha  à 
Constantin  Caslriotto,  qui  le  conduisit  à  Naples. 
Arrivé  dans  cette  ville,  Lassus  entra  chez  le  mar- 
quis de  la  Terza  et  y  demeura  environ  trois  an- 
nées (2).  En  1541,  il  se  rendit  à  Rome,  où  le 
cardinal-archevêque  de  Florence  l'accueillit  avec 
bienveillance,  ei  le  logea  dans  son  palais  pen- 
dant six  mois.  Après  ce  temps,  Lassus  obtint  la 
place  de  maître  de  chapelle  à  l'église  Saint-Jean 
de  Latran.  Ce  fait  est  constaté  par  les  registres 
de  cette  église,  dont  l'abbé  Baini  a  donné  un  ex- 
trait dans  la  note  109  de  son  livre  sur  la  vie  et 
les  ouvrages  dePierluigi  de  Palestrina.  Il  fallait 
que  le  mérite  du  musicien  de  Mons  fût  déjà  bien 
remarquable,  pour  qu'une  place  de  cette  impor- 
tance fût  confiée  à  un  jeune  homme  de  vingt  et  un 
ans,  à  Rome,  alors  ia  première  ville  du  monde 
pour  la  musique,  et  qui  renfermait  dans  son  sein 
des  compositeurs  du  premier  ordre  pour  l'église. 

Depuis  deux  ans,  dit  Van  Quickelberg,  Lassus 
remplissait  ses  fonctions  de  maître  de  chapelle  à 
Saint- Jean  de  Latran,  lorsqu'il  apprit,  en  1543, 

u)  Celcbratissimus  Orlandus  Lassus  matura  morte  Mo- 
naci,  hoc  anno  (1594)  111  junias,  decessit,  cura  LXXXIII 
excessisset. 

(?)  Swertius,  et  d'après  lui  Foppens,  ont  t'té  instruits  de 
cette  circonstance  :  ce  dernier  dit  tcstuellcraent  :  IVea- 
poli  tribus  circUer  annis  vixit  (Biblloth.  Belgica,  t.  II, 
p.9î4). 


LASSTIS 


2C?9 


qu'une  maladie  grave  menaçait  les  jours  de  ses 
parents.  Le  désir  de  les  revoir  et  de  les  embrasser 
une  dernière  fois  l'emporta  sur  toute  autre  con- 
sidération ;  il  donna  «a  démission  de  son  emploi, 
s'éloigna  de  Rome  et  se  rendit  àMons  en  tonte  liàte; 
mais  quand  il  y  arriva,  ceux  qu'il  y  venait  cher- 
cher n'existaient  plus.  Ilyaici  uneerreurde  date 
évidente;  earLassusn'eut  pour  successeur  Riihino 
(voy,  ce  nom)  dans  sa  place  de  maître  de  chapelle 
de  Saint-Jean  de  Latran,   suivant  le   catalogue 
chronologique  donné  par  Baini  (loc.  ci(.),  qu'en 
1548.  Ce  ne  fut  donc  que  dans  cette  dernière  an- 
née, ou  au  commencement  de  1549  qu  il  revint 
àMons.  N'y  trouvant  plus  de  liens  de  famille,  le  lieu 
de  sa  naissance  ne  pouvait  plus  avoir  pour  lui 
que  de  tristes  souvenirs;  il  s'en  éloigna,  dit  Van 
Quickelberg,   et,   accompagné  de   Jules-César 
Brancîccio,  il  visita  l'Angleterre  et  la  France  , 
puisil  allas'établir  à  Anvers,  et  y  demeura  deux 
ans.  Il  y  a  ici  quelques  difficultés  assez  considé- 
rables qui  ne  sont  point  expliquées  par  le  plus 
ancien  biographe  de  Lassus,  bien  qu'il  écrivît  en 
1 505  ou  1566,  vraisemblablement  sous  la  dictée 
de  son  illustre  ami.  On  verra  tout  à  l'heure  que 
Lassus  ne  dut  s'arr('ter  à  Anvers  que  vers  le  rai- 
lieu  de  l'année  1554;  or,  depuis   1549  jusqu'à 
cette  é|)oque,  il  y  a  un  intervalle  de  cinq  années 
dont  il  est  difficile  de  déterminer  l'emploi  par  le 
célèbre  maître.  Et  d'abord,  où  trouva-t-il  Jules- 
César  Brancaccio,  de  la  noble  famille  napolitaine 
des  Brancacci,  dont  il  avait  pu  faire  la  connais- 
sance à  Naples  huit  ou  neuf  ans  auparavant? Il 
y  a  peu  d'apparence  que  ce  soit  dans  les  Pays- 
Bas,  et  peut-être  y  am  ait-il  plus  de  vraisemblance 
à  supposer  «lu'il  retourna  à  Naples,  oii  aurait  été 
décidé  le  voyage  en  Angleterre  et  en  France.  Ainsi 
serait  remplie  une   partie  de  la  lacune  dans  la 
vie  de  l'artiste  dont  il  vient  d'être  parlé;  car,  si 
le  départ  s'était  effectué  de  quelque  ville  de  la 
Belgique,  on  ne  comprendrait  pas  que  sa  durée 
eût  été  de  cinq  ans,  et  qu'il  ne  fût  resté  aucune 
trace  du  séjour  de  Lassus  à  Londres,  ou  dans 
quelque  grande  ville  de  France.  Ce  voyage  en 
France  est  aussi  une  cause  d'embarras,  car ,  lors- 
que Lassus  se  rendit  à  Paris,  en  1571,  il  voyait 
cette  ville  pour  la  première  fois,  ainsi  qu'il  le 
dit  dans  l'épitre  dédicatoire  d'un  de  ses  ouvra- 
ges (1).  On  a  peine  à  comprendre  qu'un   sei- 
gneur  tel  que  Brancaccio  ait  voyagé  en  France 
sans  visiter  la  ville  la   plus  importante  de  ce 


(1)  Cette  dédicace  à  Guillaume  de  Bavière,  datée  de  Ta- 
ri», le  U  juin  1571,  se  trouve  en  tête  du  recueil  de  mo- 
tets de  Lassus  intitulé  :  Moiivli  qninis  vocibus  nunguam 
hactenus  editi,  etc.;  Paris,  Adrlao  l.eroj  et  Robert  Ballard, 
1571,  In-i»  obi. 

BIOCH.   UNIV.    DES    Hl'SSClEVs,  T.  V. 


royaume.  Toute  cette  partie  de  la  vie  de  Lassus 
est  remplie  d'obscurité. 

A  l'égard  de  son  séjour  de  deux  années  à  An- 
vers, il  n'est  pas  douteux.  Le  récit  deVanQuic- 
kelberg  sur  ce  sujet  est  très-explicite,  et  sans 
doute  il  devait  être  bien  informé,  car  lui-même 
était  de  celte  ville. 

n  Après  avoir  voyagé  avec  le  noble  amateur 
<•  de  musique  Jules-César  Brancaccio,  dit-il,  d'a- 
«  bord  en  Angleterre,  puis  en  France,  il  revint 
«  à  Anvers,  où  il  demeura  deux  années,  vivant 
«  dans  la  société  des  hommes  les  plus  distingués, 
«  les  plus  savants,  et  des  plus  noWes  familles, 
"  auxquels  il  inspira  le  goût  de  la  musique ,  et 
«  de  qui  il  fut  aimé  et  vénéré.  C'est  de  cette 
«ville  qu'il  fut  appelé  à  Munich,  en  1557, 
«  avec  d'autres  Belges,  jiar  le  duc  Albert  de  Ba- 
«  vière,  le  plus  grand  jjrotecteur  de  l'art  musical 
«  qu'il  y  eût  alors  dans  toute  l'Allemagne ,  en 

«  qualité  de  musicien  de  sa  chapelle Lors- 

«  qu'il  eut  été  nommé  premier  maître  de  celte 
«  chapelle,  en  1562,....  il  revint  de  nouveau  en 
«  Belgique  et  à  Anvers,  d'où  il  ramena  (en  Ca- 
«  vière)  les  meilleurs  chantres  pour  le  service  du 
«  prince  (I).  » 

Le  séjour  de  Lassus  à  Anvers  pendant  deux 
années  environ  peut  aussi  se  démontrer  par 
les  ouvrages  qu'il  y  publia  à  l'époque  indiquée 
par  Van  Quickelberg.  Pendant  qu'il  était  maître 
de  chapelle  de  Saint-Jean-de-Latran,il  avait  fait 
imprimer  à  Venise ,  chez  Antoine  Gardane ,  son 
premier  livre  de  messes  à  quatre  voix,  en  1545, 
dont  un  exemplaire  se  trouve  dans  la  collection 
de  l'abbé  Sauliui  à  Rome ,  et  le  premier  livre  de 
ses  motets  à  quatre  et  cinq  voix ,  chez  le  même 
et  dans  la  même  année,  cité  par  le  P.  Martini  (2)  ; 
mais,  après  cette  époque,  dix  ans  s'écoulèrent  sans 
qu'aucun  recueil  de  ses  compositions  fût  pulilié, 
soit  en  Italie,  soit  ailleurs,  avant  que  l'artiste 
allât  s'établir  à  Anvers,  ou  du  moins  je  n'en  ai  trouvé 
d'indication  dans  aucun  catalogue.  C'est  dans 
cette  ville  que  l'activité  de  ses  travaux  semble 
se  réveiller;  car  Tilrnan  Susato  y  publie,    en 

(1)  Cum  nobili  viro  Julio Csesare Brancaccio  musices  cul- 
tore,  primum  in  Angliara,  demum  in  Galliam,  ejus  quoque 
videndl  gratis  profectus  est.  Tandem  Inde  reversua 
Anluerplse  mansit  duobus  annis,  infer  viros  ornatissinins, 
doctissimos  et  nobills!.liuos,  quos  undique  in  musicis  eici- 
tavit,  à  quibus etiam  sumire adaniatus  veneratusquc  fuit  Ex 
eo  loco  anno  1557,  ab  Alberto  Bavarise  duce,  suiiimo  om- 
nium Germanise  principum  Mœccuate,  vocatus  est  Monu- 

chium  cum  aliis  Belgis,  utsacello  musico  suo Delude 

anno  l562sacelli  musicisummusprscfectus  eflJciebatur 

imo  et  subinde  in  Bcigiam  et  Anluerpiam  regrossiis,  priii- 
cipi  sclectlssimos  secum  adduxit.  (Henr.  l'antal.  Proso- 
pogr  ,  part.  III,  fol.  Ï4i.) 

(!)  Storia  délia  musica,  t.  l«',dans  l'indice  des  auteurs, 

p.  i5S. 

14 


210 


LASSUS 


1 555,  le  second  livre  de  ses  motets,  sous  ce  litre  :  i 
Sacras  cantiones  vulgo  motectx  appellatx,  | 
tum  viva  voce,  lum  omnis  generis  instru- 
mentis  caniatu  commodissime.  Liber  secun- 
dus  quinque  et  sex  vocum.  Dans  l'année  sui- 
vante, Jean  Laet,  autre  imprimeur  de  musique 
de  la  même  ville,  y  fait  paraître  une  deuxième  édi- 
tion du  premier  et  du  second  livre  des  motets  de 
Lassus,  avec  le  titre  italien  :  Primo  (et  seconda) 
libro  de'Mofetti  a  cinque  et  a  sei  voci  nuova- 
mente  posti  in  luce. 

Massimo  Trojano,  musicien  italien  au  service 
du  duc  de  Bavière ,  nous  apprend  ,  dans  une 
description  des  fêtes  qui  eurent  lieu  à  Munich  en 
1568  ,  à  l'occasion  dn  mariage  du  duc  hérédilaiie 
Guillaume  avec  Renée  de  Lorraine  (1),  que  Las- 
sus  ne  fut  pas  nommé  maître  de  chapelle  de  la 
cour  de  Bavière  lorsqu'il  y  arriva,  parce  qu'il  ne 
savait  pas  la  langue  allemande,  et  qu'il  n'eut 
d'abord  que  le  titre  de  maître  de  la  musique  de 
la  chambre.  A  cette  époque  Daser  ou  Das«er 
(voye:i  ce  nom  )  était  le  maître  de  chapelle  titu- 
laire. Quatre  ans  après  ,  dit-il,  ce  maître  ayant 
demandé  sa  retraite  et  l'ayant  obtenue,  Lassus 
fut  son  successeur.  Ces  dates  coïncident  à  peu 
près  à  celles  qui  sont  indiquées  par  Van  Quickel- 
berg.  Trojano  dit ,  à  la  vérité,  qu'en  1568  Lassus 
était  depuis  douze  ans  an  service  du  duc  Albert, 
ce  qui  semble  fixer  en  1556  l'année  où  il  y  entra, 
au  lieu  de  1557  ,  date  fixée  par  le  biographe 
de  l'artiste  ;  mais  la  différence  est  de  trop  peu 
d'importance  pour  qu'on  s'y  arrête.  Quickelberg 
dit  que  Lassus,  voulant  justifier  la  réputation  qui 
l'avait  précédé  à  Munich,  se  fit  remarquer  par 
l'étendue  de  ses  connaissances,  ses  bons  mots, 
sa  gaieté,  sa  conduite  irréprochable,  et  surtout 
par  la  beauté  de  ses  compositions.  Heureux  de 
sa  position  honorable  et  de  la  bienveillance  dont 
le  duc  l'honorait,  il  songea  à  se  marier,  et  moins 
d'un  an  après  son  arrivée  dans  la  capitale  de  la 
Bavière ,  il  devint  l'époux  de  Régine  Weckinger, 
fille  d'honneur  de  la  duchesse  régnante.  En  1562, 
il  se  trouva  à  la  tête  de  la  meilleure  chapelle  qui 
existât  alors  en  Europe,  soit  par  le  nombre  de 

(1)  Discorsi  di  trionfl,  giostre,  apparati,  e  délie  cose 
piii  notabili/atte  nelle  nozze  deW  illustr.  ed  excellent. 
Signor  Duca  Guglielmonte ;  Uanicii,  Adam  Berg,  in-4", 
p.  64  .  Trojano  dit  dans  cet  écrit  (p.  53)  que  Lassus  fit 
exÊcuter  à  la  cérémonie  du  mariage  de  ce  prince  un 
Te  Deum  à  six  parties,  dans  lequel  il  y  avait  de  beaux 
trios  et  quatuors  :  cette  composition  ne  figure  pas  parmi 
celles  de  l'illustre  maître  qui  ont  été  publiées.  Le  lende- 
main (93  février  1368)  11  fit  entendre  ^ans  la  chapelle  du- 
cale une  messe  à  six  parUes  pour  des  voix  et  des  instru- 
ments à  vent,  qu'il  avait  composée  pour  cette  circonstance. 
Donner  des  éloges  à  cet  ouvrage,  ajoute  Trojano  (p.  57), 
ce  terait  vouloir  ajouter  de  l'eau  à  la  mer  et  des  étoiles 
au  ciel. 


musiciens  qui  la  composaient,  soit  parleur  mé- 
rite (l).  Avec  de  tels  moyens  d'exécution  Lassus 
sentit  se  développer  la  puissance  de  son  génie  : 
ses  plus  grandes  compositions  ,  au  nombre  des- 
quelles on  remarque  ses  Psaumes  de  la  ponilence 
et  ses  Magnificat,  sont  de  cette  belle  époque  de 
sa  vie  (1560  à  1575).  La  plus  grande  distinction 
s'attacha  à  son  nom  et  à  tout  ce  qui  venait  de  sa 
plume.  Bien  que  contemporain  de  Palesfrina, 
qui  l'emportait  sur  lui  sous  plusieurs  rapports,  il 
eut  une  renommée  plus  univenselli^  parce  que 
les  circonstances  lui  furent  plus  favorables.  En 
Allemagne ,  en  France,  en  Angleterre  et  dans  les 
Pays-Bas,  on  lui  décerna  le  titre  de  Prince  des 
musiciens,  que  les  Italiens    donnaient  dans  le 

(1)  Massimo  Trojano  donne,  dans  l'écrit  cité  (note  pré- 
cédente), la  liste  des  principaux  artistes  qui  composaient 
cette  chapelle  en  1568;  on  y  remarque  :  Hans  Fischer 
Franz  FlorI,  Gallo  Rueff,  Richard  et  Oclavien  d'Albertl 
(basses  chantantes);  don  Carlo,  Livlzzano,  don  Alessandro, 
Ramedello,  Cornelio,  Giorgio,  Wolfgang,  Henri  et  Gioac- 
chin  (ténors)  ;  Gaspard,  Piler,  Francisco  diSpagna,  Martin 
et  Guillaume  (Flamands),  Christophe  Haberstoch,  et  Vll- 
balda  (contraltos  ou  hautes-contre);  douze  snprani  ou 
enfants  de  chœur,  tous  élèves  de  Lassus.  Les  trois  orgn- 
nlstes  étalent  :  !•  Messer  Giuseppe  da  Lucca,  qui  avait 
été  élève  d'Adrien  Wlllaerf,  -a»  Marsolino,de  Crémone, 
homme  de  grand  talent;  —  S»  Messer  ho  de  Fento,  com- 
positeur de  mérite  (voyez  Veio'o,  Ivo  de].  Ces  organistes 
étaient  alternativement  de  service  pendant  une  semaine. 

M.  Léon  de  Burbure  a  fait  de  patientes  recherches  dans 
les  archives  de  la  collégiale  de  Notre-Dame  d^Aiivers  pour 
découvrir  les  noms  des  chantres  qui  ont  suivi  Lassus  à  Mu- 
nich; 11  en  a  trouvé  fix  qui  ont  quitté  le  chœur  de  cette 
église  depuis  le  2i  Juin  1556  Jusqu'au  24  Juin  usi  ;  en  vciicl 
les  noms  :  1°  Joachim  van  Scneninghe,  cantor  et  vicaire; 
c'est  celui  que  Trojano  appelle  simpleroent  Cioarchin.  — 
2°  Petrus  de  Edammls  (d'Edam).  —  3»  Cornélius  de  Bur- 
gos,  cantor,  appelé  Cornelio  par  Trojano.  —4»  Martinuii 
de  Hove,  vicaire.  —  fi»  Wllhelmus  de  Dlest  :  ce  sont  ces 
deux  derniers  que  Trojano  appelle  Martin  et  Guil- 
laume (Flamands).—  6"  Dominus  Johannes  Martini.  De  ces 
six  chanteurs  quatre  étalent  donc  encore  au  service  du 
duc  de  Bavière  en  i568;  Pierre  d'Edam  et  Jean  Martini 
avalent  quitté  cette  position  ou  étaient  décédés.  Onze 
autres  chantres  ont  aussi  abandonnél'égllse  d'Anvers  après 
que  Lassus  eut  été  nommé  premier  maître  de  chapelle,  en 
1662  :  mais  11  paraît  douteux  qu'ils  se  soient  rendus  à  Mu- 
nich, car  on  ne  trouve  à  la  chapelle  ducale,  en  1568,  que 
Gaspar  Hutters,  appelé  simplement  Gaspard  par  Trojano. 

Les  joueurs  de  viole ,  dans  la  musique  du  duc  de  Ba- 
vière, étalent  :  1°  Messer  Antoine  Morarl,  qui  Jouait  non- 
seulement  de  la  viole  da  braccio  (dessus  de  viole),  mais 
aussi  du  cornet,  de  la  basse  de  viole  et  de  la  guitare.  — 
5»  Baptiste  Morarl,  son  frère,  contralto  de  viole,  lequel 
était  aussi  fort  habile  sur  la  basse  de  viole  et  le  luth.  — 
S"  Annlbal  Morarl  .dessus  de  viole,  beaucoup  plus  Jeune 
que  ses  frères.  —  4°  Cerbono  Besutlo ,  ténor  de  viole.  — 
5"  Mathieu  E||sutio,  neveu  du  précédent,  basse  de  viole  ; 
tous  deux  Jouaient  de  tous  les  instrument  à  vent.  — 
eoLucIo  Besutlo,  dessus  de  viole,  quijouaitaussi  delà  lyre, 
instrument  dugenredes  violes,  monté  d'un  grand  nombre 
de  cordes  qu'on  pinçait  en  accords ,  ou  qu'on  jouait  avec 
l'archet  en  accords  ou  en  arpèges:  tous  ces  artistes  étaient 
de  Bergame.  —  7<>  Crlstoforo,  de  Crémone ,  contrebasse 
de  viole. 


LASSIJS 


211 


même  temps  à  l'illiislre  compositeur  de  l't^role 
romaine.  Les  princes ,  les  rois,  le  recherchèrent 
et  lui  firent  des  offres  séduisantes  :  plusieurs 
lui  donnèrent  des  témoignages  éclatants  de  l'es- 
time qu'ils  accordaient  à  son  mérite.  Le  7  dé- 
cembre 1570,  l'empereur  Maxmiilien,  alors  à  la 
diète  de  Spire,  accorda  de  son  propre  mouvement 
à  Lassusdes  lettres  de  noblesse,  ainsi  qu'uses  en- 
fants légitimes  et  à  leurs  descendants  des  deux 
sexes.  D'autres  honneurs  lui  furent  décernés  par 
le  pape  Grégoire  XIII,  qui,  le  G  avril  1571 ,  le  fit 
chevalier  de  Saint-Pierre  à  l'éperon  d'or,  et  chargea 
les  nobles  cl»evaliers  Honoré  Cajetan  et  Ange  Mazza- 
costa  de  lui  chausser  l'éperon  et  de  l'armer  du 
glaive,  dans  la  chapelle  papale  de  la  cour,  avec  le 
cérémonial  accoutumé.  En  1571,  Lassus  fit  un 
voyage  à  Paris  :  c'était  la  première  fois  qu'il  voyait 
cette  ville,  comme  il  le  dit  lui-même  dans  l'é- 
pître  dé.iicatoire  d'un  de  ses  ouvrages  (1).  Adrian 
Le  Roy,  célèbre  imprimeur  de  musique  de  ce 
temps,  et  lui-même  musicien  distingué  ,  le  logea 
dans  sa  maison ,  et  le  présenta  à  la  cour,  où 
Charles  IX  l'admit  à  lui  baiser  la  main ,  le  reçut 
avec  beaucoup  de  bienveillance  et  lui  fit  défiches 
présents  (2). 
Plus  tard,  ce  prince  se  souvint  de  Lassus,  le 

Parmi  les  instruments  à  vent ,  on  distinguait  :  1»  Doml- 
nico,  de  Venise,  qui  jouait  du  cornet  avec  beaucoup  de 
douceur  ainsi  que  du  trombone.  —V  Francesco  de  Luc- 
ques,  ténor  de  cornet.  —  3»  Sébastlano  d'Alberti,  com- 
positeur, qui  Jouait  la  cinquième  partie  de  cornet  — 
4°  rtiiléne  Cornazzano,  contralto  de  cornet  et  jeune 
artiste  d'un  talent  remarquable  —  5°  Simon  Gatti,  basse 
de  cornet.  Les  instruments  à  vent  ne  se  joignaient  aux 
voii  que  dans  les  offices  des  dimanches  et  fêtes.  Les  vlo- 
{es  ne  servaient  que  pour  la  musique  instrumentale ,  ou 
pour  accompagner  les  voii  dans  la  muiilque  de  chambre, 
pendant  le  dessert  des  repas  de  la  cour,  sous  la  direction 
de  Lassus. 

Plus  tard  le  nombre  des  musiciens  attachés  à  la  cha- 
pelle ducale  fut  encore  augmenté  :  on  y  comptait  seize 
enfants,  six  castrats,  treize  contraltos  ou  haute-contre, 
quinze  ténors,  douze  basses,  et  trente  instrumentistes, 
formant  un  ensemble  de  quatre-vingt-douze  exécutants. 
Cette  chapelle  était  de  beaucoup  la  plus  considérable 
qu'ilyeiit  en  Europe;  mais  après  la  mort  d'Albert  V, Guil- 
laume, son  successeur,  fit  une  grande  réduction  du 
personnel  de  la  chapelle,  car  en  1593  on  n'y  trouvait  plus 
que  huit  enfants,  six  castrats,  pour  le  contralto  ,  sept  té- 
nors ,  cinq  basses,  onze  Instrumentistes  et  un  organiste. 
De  tous  les  artistes  de  la  liste  de  1568,  Antoine  Morari  et 
Mathieu  Bcsutio  étaient  les  seuls  qui  s'y  trouvassent  en- 


(I)  Voyez  la  dédicace  de  Lassus  au  duc  héréditaire  Guil- 
laume de  Bavière,  datée  de  Paris,  le  7  Juin  1571,  en  tète 
(le  son  recueil  de  motets  intitulé  :  MoilMli  guinis  vocibus 
unquam  hacteaus  editi.  etc.;  Paris,  AdAn  Le  Roy  et  Ro- 
bert Ballard,  1511,  in  4»  obi. 

(21  Adrian  Leroy  parle  en  termes  explicites  de  ces  hon- 
neurs et  de  ces  largesses  dans  la  dédicace  à  Charles  IX 
de  l'ouvrage  qui  a  pour  titre  :  Primus  liber  modulorum, 
quinis  vocibui  constautium,  Orlando  Lassusio  auctore  ; 
Paris,  Adrian  I.e  Boy  et  Robert  Ballard,  1571,  in-4''  obi. 


fît  inviter  à  se  rendre  près  de  lui,  et  lui  offrit 
la  maîtrise  de  sa  chapelle,  avec  un  traitement 
considérable.  Plusieurs  auteurs  ont  dit  à  ce  .su- 
jet que  les  Psaumes  de  la  pénitence,  considérés 
comme  le  plus  bel  ouvrage  de  Lassus,  lui  avaient 
été  demandés  par  Charles  IX,  et  qu'illes  avait  com- 
posés pour  ce  prince;  mais  M.  Schmiedhamer, 
savant  bibliothécaire  de  Munich ,  exprime  ainsi 
son  opinion  contraire  sur  ce  fait,  dans  une  lettre 
qu'il  écrivait  à  Delmolte  en  1830  :  »  Il  serait  peut- 
«  être  bon  de  réfuter  l'opinion  erronée  de  plusieurs 
«  historiens  qui  prétendent  qu'Orlaudo  di  Las?o 
«  avait  rais  en  musique  les  sept  psaumes  de  la 
«  pénitence  à  la  demande  de  Charles  IX,  roi  de 
«  France,  en  expiation  du  crime  de  la  Saint-Bar- 
«  tliélemy.  Ce  fait  est  évidemment  faux,  car  : 
«  1°  Le  premier  volume  contenant  la  copie  de 
«  la  musique,  ainsi  que  l'explication  des  tableaux 
«  par  VanQuickelberg,  étaitdéjà  achevé  en  1565, 
«  et  le  second  en  1570  :  donc  l'original  de  la 
«  composition  avait  dû  être  terminé  avant  1565, 
«  et  avant  qu'on  commençât  la  copie  magnifi- 
«  que  dont  il  s'agit.  Or  le  massacre  où  plus  de 
B  trente  mille  huguenots  périrent  dans  une  seule 
«  nuit,  n'eut  lieu  que  le  24  août  1572.  _2»Sa- 
■  muel  VanQuickelberg, dans  l'exorde  de.sapré- 
«  face  sur  l'explication  des  tableaux  du  manus- 
«  cril,  dit  expressément  qu'Orlando  di  Lasso  avait 
«  reçu  du  prince  Albert  V  l'ordre  de  composer 
c<  cet  ouvrage.  » 

Quels  que  fussent  les  avantages  offerts  à  Las- 
sus par  le  roi  de  France,  il  hésitait  à  les  accepter. 
Le  sort  heureux  dont  il  jouissait  à  Munich ,  la 
bienveillance  ou  plutôt  l'amitié  dont  l'honorait 
le  duc  Albert,  l'attachaient  à  la  Bavière;  mais  le 
duc  lui-même,  quoiqu'il  vît  à  regret  le  départ 
d'un  artiste  qu'il  appelait  te  perferfe5oc/iaj9cWe, 
l'engagea  à  ne  pas  lui  sacrifier  sa  fortune,  et  à  se 
rendre  à  l'invitation  de  Charles  IX.  Lassus  se 
mit  en  effet  en  route  avec  toute  sa  famille  ;  mais, 
à  peine  arrivé  à  Francfort,  il  y  apprit  la  mort  du 
roi  (1574),  Sans  perdre  de  temps,  il  retourna 
à  Munich,  où  le  duc  le  rétablit  dans  ses  fonc- 
tions et  le  combla  de  nouveaux  bienfaits.  Charme 
du  retour  de  son  maître  de  chapelle,  ce  prince 
composa  un  panégyrique  en  son  honneur,  et  le 

23  avril  1579,  il  lui  assura,  pour  tout  le  temps 
de  son  règne,  la  jouissance  de  ses  appointements 
(400  llorius),  sans  qu'on  pût  y  faire  de  réduc- 
tion, pour  quelque  cause  que  ce  fût.  Malheu- 
reusement, ce  prince  survécut  peu  à  ce  der- 
nier acte  de  sa  munificence,  car  il  mourut  le 

24  octobre  1579.  Son  successeur,  Guillaume  V, 
dit  le  Pieux,  aimait  aussi  la  musique;  il  té- 
moignait beaucouj»  d'estime  pour  les  talents  de 
Lassus,  et  se  montra  généreux  à  son  égard  ;  mais 

14. 


512 


LASSUS 


II  n'y  eut  jamais  entre  le  souverain  et  son  maître 
de  chapelle  la  douce  familiarité  qu'on  avait  re- 
marquée sous  le  règne  précédent.  Le  17  janvier 
1587,  le  duc  Guillaume,  voulant  donner  à  Las- 
sus  un  témoignage  particulier  de  sa  bienveillance, 
lui  fit  présent  d'un  jardin  à  Meising,  sur  la  roule 
.le  Fiirstenfeld,  et,  le  6  novembre  de  la  même 
année,  il  accorda  à  sa  femme  une  pension  an- 
nuelle de  cent  florins.  Indépendamment  de  cette 
propriété  de  Meising,  Lassus  en  possédait  une 
autre  à  Putzburnn ,  dans  le  district  de  Wol- 
fartlis  Hauen;  elle  fut  vendue  en  1.^88  à  un  ha- 
bitant de  Munich,  pour  le  prix  de  425  florins. 

Parvenu  à  l'âge  de  soixante-sept  ans,  Lassus 
commença  à  éprouver  de  la  fatigue  dans  ses  fonc- 
tions quotidiennes  de  maître  de  chapelle  ;  il  dési- 
rait d'être  dispensé  de  ce  service,  afin  de  con- 
sacrer ses  dernières  années  à  la  composition.  Ce 
désir  devint  si  mf  qu'il  se  décida,  en  1587,  à 
demander  au  duc  Guillaume  l'autorisation  d'aller 
passer  quelques  mois  chaque  année  dans  sa  pro- 
priété de  Meising,  sur  l'Amber.  Cette  permission 
lui  fut  accordée,  mais  on  lui  diminuait  son  trai- 
tement de  moitié,  le  réduisant  à  200  florins. 
Pour  adoucir  ce  que  cette  réduction  avait  de  pé- 
nible, le  duc  lui  promit  d'avoir  soin  de  ses  deux 
fils  Ferdinand  «t  Rodolplie.  Toutefois  la  perle  de 
200  florins  parut  trop  considérable  au  vieux 
compositeur  ;  il  renonça  à  son  projet  de  passer 
une  partie  de  l'année  à  la  campagne,  et  continua 
de  remplir  avec  exactitude  ses  devoirs  de  maftre 
de  chapelle,  employant  le  temps  qui  lui  restait  à 
écrire  de  nouveaux  ouvrages  ou  à  perfectionner 
les  anciens.  Une  singulière  ardeur  de  travail  se 
manifesta  dès  lors  en  lui,  comme  s'il  eût  prévu 
la  fin  prochaine  de  son  génie.  Tout  à  coup  ses 
facultés  mentales  l'abandonnèrent  :  ce  fut  avec 
effroi  que  sa  femme  le  vit  revenir  de  Meising, 
où  il  avait  été  passer  quelques  jours.  On  le  ra- 
menait à  Munich  faible,  souffrant,  et  dans  un  état 
de  démence  complète.  Il  ne  reconnut  aucun  des 
siens.  Dans  sa  frayeur  d'un  événement  si  terrible,  si 
peu  prévu,  Régine  fit  avertir  la  princesse  Maxi- 
milienne,  sœur  du  duc  Guillaume,  qui  envoya 
aussitôt  son  médecin,  le  docteur  Mermaun,  près 
du  malade.  Des  soins  assidus  améliorèrent  la 
santé  de  Lassus,  mais  sa  raison  ne  revint  pas. 
Un  air  triste,  rêveur,  avait  succédé  à  son  an- 
cienne gaieté.  Le  duc  lui  avait  fait  savoir,  par  le 
docteur  Mermann,  qu'il  continuerait  à  jouir, 
malgré  son  état,  de  son  traitement  entier  ;  mais 
cette  nouvelle  ne  put  le  ranimer.  Dans  un  des 
accès  de  sa  folie,  il  écrivit  au  prince  «  qu'il 
••  avait  l'intention  de  quitter  entièrement  le  ser- 
»  vice  de  la  cour,  s'il  voulait  lui  laisser  les 
u  400  florins  que  son  illustre  père,  le  duc  Albert, 


«  lui  avait  promis,  en  y  ajoutant  une  somme 
«  quelconque  à  sa  volonté.  »  Sa  femme,  crai- 
gnant les  suites  fâcheuses  de  cette  folle  démarche, 
fit  prier  le  prince  de  la  considérer  comme  non 
avenue;  et  Guillaume  fit  savoir  à  Lassus  que 
tout  resterait  pour  lui  comme  par  le  passé,  mais, 
que  s'il  renouvelait  sa  demande,  il  serait  libre  de 
se  retirer  etqu'on  lui  donneraitson  congé.  L'artiste 
infortuné  ne  vécut  pas  longtemps  en  cet  état  :  sa 
profonde  mélancolie  le  conduisit  bientôt  au  tom- 
beau. 

La  date  de  la  mort  de  cet  homme  célèbre  a 
été  longtemps  aussi  incertaine  que  celle  de  sa 
naissance.  Ainsi  que  l'a  remarqué  M.  Schmiedha- 
mer,  les  auteurs  ne  se  sont  accordés  que  sur  le  jour 
(  le  3  juin)  ;  à  l'égard  de  l'année,  les  opinions 
diffèrent  chez  tous  sans  qu'on  puisse  leur  accor- 
der aucune  confiance.  Les  unsont  fixé  l'année  1585 
pour  celle  de  son  décès,  d'autres  1593,  beaucoup 
ont  choisi  1594,  et  quelques-uns  1595.  Parmi  les 
écrivains  qui  ont  indiqué  la  date  1593,  on  remar- 
que Philippe  Rrasseur  (1),  de  Boussu  (2),  de  la 
Serna  Santander  (3),  Feller  (i,),  Locrius  (5),  Pa- 
quot  (6),  Vinchant  (7),  et  l'auteur  anonyme  d'un 
ouvrage  intitulé  :  Belgii  Chronicoii  sacrum  us- 
que  ad  ann.  !603,  dont  le  manuscrit  .se  trouve 
à  Bruxelles,  dans  la  Bibliolhèque  royale  (8).  Ou 
aurait  dû  voir  qu'elle  est  inadmissible,  car  la 
dédicace  de  l'œuvre  de  Lassus  intitulé  Le  La- 
grime  di  S.  Pietro,  porte  la  date  du  24  mai  1594. 
Cet  ouvrage,  imprimé  à  Munich,  renferme  un 
portrait  de  Lassus,  avec  la  date  1594,  et  les 
mots  cctatis  LXH  qui  prouvent,  comme  le  dit 
Delmotte,  que  Lassus  vivait  encore  à  cette  épo- 
que, mais  aussi  (ce  qu'il  n'a  point  remarqué)  que 
tetarliste  était  lui-même  incertain  de  l'année  de 
sa  naissance,  car  s'il  avait  vu  le  jour  en  1520,  ri 
avait  soixante-quatorze  ans  en  1594.  La  date  de 
1 594  est  celle  qu'on  trouve  dans  l'historien  De 
Thou,  dans  le  Dictionnaire  des  artistes  de 
l'abbé  deFontenay,  dans  le&  Mélanges  tirés  d'une 


(1)  Sydera  illustrium  Hannonite  scriptorum,-  Mons, 
1687,  ln-12, 

{i)  Hiftoire  de  nions  ;  J>\ons.  i7îB,  in-4o. 

(S)  Mémoire  historique  sur  lu  bibliothèque  publique  île 
Bourçogne,  présentement  bibliothèque  publique  de 
Uruxelles:  Bruxelles,  J809  In-S». 

(4)  Dictionnaire  historique  ,  Uége,  1789-1794,  8  vol. 
In  8». 

(B)  Chronicon  Bejaicum  ;  Arra»,  1616,  in-fol. 

(0)  Mémoires  Jkur  servir  à  l'histoire  littéraire  des 
dix-sept  provinces  des  Pays-Bas,  etc.;  Louvain,  1768-1770, 
3  vol.  iD-ful. 

(7)  Manuscrit  autographe  des  Annales  du  Ilainaut. 

(8)  Voici  ce  qu'on  y  lit  :  ytnno  1B93,  Orlandus  Jmssus 
Montibus  Hannonix  natus,  nostri  sxculi  cnryphceus  at- 
que  princeps,  Monachii  in  Bavaria,  anno  xlcHis  73,  mo~ 
ritur. 


LASSUS 


213 


grande  bibliothèque,  par  le  marquis  dePaulmy,  j 
dans  i'Iiistoire  manuscrite  de  la  musique  de 
Dom  Caffîaux,  enfin,  dans  les  Dictionnaires  liis- 
toriques  de  Moreri,  de  Chaudon  et  Delandine,  et 
de  Choron  et  Fayoile.  C'est  aussi  celle  que  j'ai 
adoptée  dans  mon  Mémoire  sur  les  musiciens 
néerlandais;  enfin  les  mots  o&/j7  1594  se  trou- 
vent au  portrait  de  Lassus  gravé  par  Jean  Sadelcr. 
Le  document  le  plus  extraordinaire  et  le  plus 
erroné  concernant  la  mort  de  Lassus  est  certai- 
nement la  prétendue  inscription  de  son  monument 
rapportée  par  Hawkins  (1),  laquelle  commence 
ainsi  : 

Orlaadus  Lassus,  Bergx.  Ilannunlx  urbe 
natus  anno  M.  D.  XXX. 

et  finit  par  ces  mots  : 

Obllt  Monaci  anno  Sal.  M.  D.  XXCV.  Mt.  LV.  (î). 

Elle  fait  naître  l'artiste  dix  ans  plus  tard,  et  le  fait 
mourir  neuf  ans  plus  tôt,  à  l'âge  de  cinquanie- 
cinq  ans.  Mais  cette  pièce  est  fausse  de  toute 
évidence,  car  elle  n'a  jamais  existé  sur  le  tom- 
beau de  Lassus. 

Au  surplus  toute  incertitude  a  cessé  récemment 
pour  la  date  de  la  mort  de  l'illustre  musicien, 
par  la  découverte  d'une  \Mre  autographe  de  sa 
veuve,  écrite  à  l'archiduchesse  d'Autriche  Marie, 
et  dans  laquelle  elle  informe  la  princesse  qu'Or- 
land  de  Lassus  est  décédé  le  14  juin  1594.  L'exis- 
tence de  ce  document  dans  les  archives  de  la 
cour  et  de  l'État,  à  Vienne,  a  été  signalée  par  le 
professeur  Dehn,  de  Berlin,  dans  une  lettre  du 
21  mars  1854,  adressée  au  président  de  la  société 
des  sciences  du  Hainaut  (3). 

Lassus  fut  inhumé  dans  le  cimetière  de  l'église 
des  Franciscains,  à  Munich  :  on  lui  éleva  ua 
superbe  tombeau  en  marbre  rouge,  haut  de  trois 
palmes  et  demie  (2  pieds  4  pouces),  large  de  sept 
(4  pieds  8  pouces  ) ,  et  orné  de  bas-reliefs  repré- 
sentant d'un  côté  le  tombeau  du  Christ,  avec  les 

(1)  ^  General  History  ef,the  science  end  praclice  of 
Jl/uJic,  vol  II,  p.  498. 

(!)  Cette  Inscription,  rapportée  par  Hawkins  in  extenso, 
n'est  en  quelque  sorte  que  l'histoire  abrégée  de  la  vie  de 
Lassus,  telle  qu'on  la  trouve  chez  la  plupart  des  auteurs 
contemporains,  particulièrement  dans  l'histoire  de  De 
Thou,  à  lexceptlon  delà  différence  des  dates. 

(1)  Voyez  le  rapport  de  Camille  Wins,  nrésident  de  celte 
société,  publié  sous  ce  titre  :  De  la  péff^ue  yi  Société 
des  sciences  du  Hainaut  a  prise  d  l'érection  de  lastutue 
d'Orlando  de  Lassus,  célèbre  compositeur  montais.  Mons, 
J854,  page  17.  Voici  en  quels  termes  s'exprime  Dehn 
concernant  la  lettre  de  la  veuve  de  Lassus  :  «  la  dera 
«  gehelmen  Haus,  Hof,  und  Staats  Arcbiv  in  Wlen  befindet 
«  sich  ein  Brief  von  der  eigenen  Hand  der  Wlttwe  des  Be 
«  Lassus .  den  diesc  an  die  Erzherzogln  Marie  von  Oester- 
«  reich  geschriebcn  liât,  und  iu  welchem  sie  dleser  hohen 
«  Frau  unterandern  Nachrichten  auch  mlttheilt  :  dass 
«  Orland  de  Lassus  am  U  Juni  1694  çestorben  ist.  » 


saintes  femmes,  de  l'autre  les  armoiries  de  Las- 
sus, lui-même,  sa  femme,  ses  enfants  et  pelits- 
enfants  agenouillés.  Aux  deux  côtés  du  bas-re- 
lief, où  est  représenté  le  tombeau  du  Christ,  sont 
deux  cartouches  sculptés  sur  lesquels  on  lit 
l'épitaphe  suivante,  composée  par  Sébastien  liauer,. 
de  Haidenkeim  : 

Orlandi  cincrcs,  cheu!  modo  dulce  loquentcs 

Nunc  mutos,  cheu!  nebllis  urna  prcmit, 
Lassx  sunt  fleado  Charités  tua  funera  l^sse, 

Principlbus  multum,  charcquc  Casaribus. 
Bclgica  qucm  tcUus  genitrii  dédit  ingenioruni, 

Ingenlorum  altrlx  Boja  fovlt  humus. 
Corporls  exuvlas  codem  quoquo  Boja  tciit, 

l'ost  lustra  ac  hyemes  sens  bis  acta  duas. 
Robora,   saxa,  feras  Orphcus,  at  hic  Orphea  traxlt. 

tiarmonixque  duces  percutit  harmonlâ. 
Niiiic  quia  complevit  totum  concentibus  orbem 

Victor  cum  superis  certat  apud  superos. 

Ce  tombeau  resta  dans  le  cimetière  des  Fran- 
ciscains jusqu'en  1800.  Lorsque  ce  cimetière  fut 
détruit,  Heigel,  arti.ste  du  théâtre  de  la  cour, 
et  admirateur  passionné  des  œuvres  de  Lassus, 
le  recueillit  et  le  plaça  dans  son  jardin,  devenu 
depuis  lors  la  propriété  d'une  demoiselle  de 
Manntich.  Il  s'y  trouvait  encore  en  1830.  C'est 
là  que  M.  Schmiedhamer  l'a  découvert  alors,  et 
en  a  fait  prendre  un  dessin  au  trait,  que  Delmotte 
a  fait  graver  pour  le  publier  dans  sa  notice, 
avec  la  description. 

Lassas  eut  de  sa  femme,  Régine  Weckinger, 
morte  le  5  juin  1600,  quatre  fils,  Ferdinand,  Ro- 
dolphe, Jean  et  Ernest,  et  deux  filles,  Anne,  et 
Régine,  qui  devint  la  femme  d'un  seigneur  d'Ach. 

Peu  de  noms  d'artistes  ont  eu  autant  de  re- 
tentissement que  celui  de  Lassus  ;  il  n'en  est 
point  qui  ait  été  plus  connu  non-Feulement  des 
musiciens,  mais  des  gens  du  monde  et  même  du 
peuple.  On  a  dit  de  lui  : 

Hic  ille  est  Lassus  lassura  qui  recréât  orbcm, 
Discordemque su4  copulat  harmoniâ. 

Et  ces  vers  ne  sont  point  une  vaine  flatterie  de 
quelque  poêle  obscur;  ils  s'accordent  avec  la 
multitude  d'éloges  dont  beaucoup  de  recueils  du 
temps  sont  remplis.  Etienne  Jodelle,  contempo- 
rain de  Lassus,  a  fait  en  son  honneur  un  poëme 
français  en  cent  soixante-douze  vers,  dont  Duver- 
dier  nous  a  donné  les  vingt-sept  premiers,  dans 
sa  Bibliothèque  française.  Les  diverses  éditions 
des  Meslanges  de  Lassus,  publiées  par  Adrien 
LcRoyetles  Ballard,  portent  en  tête  ces  vers  : 

Bruta  Orpheus,  saxa  Araphion.  dclphlnas  Arlon 
Traxlt;  at  Orlaodus  post  se  terramquc  (retumque, 
Post  se  traxlt  item  molera  totlos  Olympl. 
Quanto  Igitur  major,  quantoque  potentlor  unus 
Orlandus  tribus  hls,  Amphioae,  Arione  et  Orpheul 

Un  enthousiasme  égal  pour  ce  compositeur  se 


214 


LASSUS 


rencontre  dans  les  œuvres  de  Philippe  Bocquier, 
dans  les  Hydera  illustrium  llannonix  scrip- 
iorum  de  Brasseur,  et  dans  les  recueils  de 
beaucoup  d'autres  poêles  des  seizième  et  dix- 
septième  siècles.  Adrien  Le  Roy,  qui  connaissait 
l'ait,  et  qui  en  parlait  bien,  disait  de  lui,  dans  la 
préface  de  son  traité  de  musiiiue  (  imprimé  en 
1585  ):  •  Ce  grand  maître  et  suprême  ouvrier, 
«  l'excellente  et  docte  veine  duquel  pourroit 
«  seule  servir  de  loi  et  de  reigle  à  la  musique, 
«  attendu  que  les  admirables  inventions,  ingé- 
«  nieuses  dispositions,  douceur  agréable,  pro- 
«  prêté  nayve,  nayveté  propre,  traits  signalés,  li- 
«  berté  hardie,  et  plaisante  harmonie  de  sa  com- 
«  position  fournissent  assés  de  sujets  pour 
n  recevoir  sa  musique,  comme  patron  et  exem- 
«  plaire,  sur  lequel  on  se  peut  seureraent  ar- 
»  rêter.  » 

Le  nombre  des  éditions  des  ouvrages  de  Las- 
sus  surpasse  tout  ce  qu'on  a  fait  pour  aucun  mu- 
sicien ds  ces  temps  déjà  reculés;  elles  se-succé- 
daient  avec  une  rapidité  qui  indique  clairement 
le  prompt  débit  qu'elles  obtenaient.  Depuis  long- 
temps on  avait  cessé  de  réimprimer  les  œuvres 
des  artistes  les  plus  renommés  du  seizième  siècle, 
tandis  que  celles  de  Lassus  étaient  encore  re- 
produites par  la  presse.  C'est  ainsi  que  les  mo- 
tets de  ce  compositeur  étaient  encore  publiés 
par  les  t3allar(l  en  1C77.  De  nos  jours  même,  on 
en  a  l'ait  de  nouvelles  publications. 

Une  si  vaste  renommée,  des  succès  si  univer- 
sels, si  soutenus,  offriraient  des  preuves  irrécu- 
sables du  mérite  de  Lassus  et  de  l'influence  qu'il 
a  exercée  sur  l'art,  lors  même  que  nous  ne  pos- 
séderions pas  aujourd'hui  d'autres  moyens  pour 
nous  éclairer  sur  la  valeur  de  ses  œuvres  ;  car 
un  homme  médiocre  n'a  jamais  été  l'objet  d'éloges 
unanimes  de  plusieurs  générations  et  de  nations 
diverses.  L'examen  attentif  des  productions  de 
Lassus    nous  démontre  que  ces  éloges  étaient 
mérités.  Ce  n'est  donc  pas  sans  étonnement  qu'on 
lit  dans  les  Mémoires  sur  la  vie  et  les  ouvrages 
de  Palestrina  des  paroles  de  mépris  sur  son  illustre  : 
contemporain:  Roland  de  Lassus,  Flamand 
de  naissance,   Flamand  de  style,  stérile  de 
belles  mélodies,  privé  d'âme  et  de  feu,  et  qui, 
avec  quelques    messes  et  quelques  motets   à 
huit  toix  du  genre  choral,  a  usurpé  cet  éloge 
outré  :  Lassum  qui  kecreat  orbem  (1).  Qu'il  y  &!!■ 
d'injustice  dans  cette  amère  critique  I  Eh  quoi  ! 

|t)  Urlando  dt  Lauus,  Fiammingo  di  nascKa,  Flammingo 
<li  stile,  stérile  dl  bel  cnncetti,  prlvo  di  anima  e  di  fuoco, 
c  che  conalcune  messe  e  motetti  ad  otlo  voei  di  stile  piano 
si  usurpô  l'eccessivo  elogio  :  Lassum  qui  recréât  orbem. 
{IHemor.  storico-critir/ie  délia  vitti  et  délie  opère  di 
(,ioi:  Piert.  da  Palestrma,  t.  2,  p.  43J.) 


Palestrina,    le   héros  de   l'abbé    Baini,  n'est-il 
donc  pas  assez  grand  dans  l'histoire  de  l'art,  et 
faut-il,  pour  l'élever  encore,  lui  sacrifier  la  re- 
nommée du  plus  illustre  de  ses  contemporains? 
Pour  moi,  admirateur  sans  réserve  du  grand 
maître  de  l'école  romaine,  j'ose  dire  que  tout  est 
faux   et  passionné  dans  ces  paroles  du  savant 
italien.  Flamand  de  naissance!  on  pourrait 
discuter  là-dessus,  puisque  la  langue  fait  la  dif- 
férence des  peuples,  et  que  Lassus  était  né  Wallon  ; 
au  surplus,  on  ne  comprendrait  guère  qu'il  y  ertt 
une  injure  dans  celte  qualification,  si  la  suite  de 
la  phrase  ne  lui  donnait  ce  caractère.  Flamand 
de   style!    ceci    est  une    erreur  palpable    <le 
l'abbé  Baini.  Le  style  flamand,  qui  devint  le  mo- 
dèle du  style  italien,  au  quinzième  siècle  et  dans 
la  première  partie  du  seizième  ,  était  composé 
de  recherches  plus  mécaniques  que  véritablement 
esthétiques  sur  des  motifs  de  chansons  vulgair&s, 
dont  les  mélodies  et  les  paroles  même  faisaient 
dans  la  musique  d'église  un  monstrueux  assem- 
blage avec  les  textes  sacrés.  Or,  ce  qui  distingue 
particulièrement  la  musique  de  Lassus,  ce  qui  fit 
ses  succès,  ce  qui  donne  à  ses  ouvrages  le  carac- 
tère de  l'originalité,  c'est  précisément  qu'il  se  sé- 
para de  ce  style  et  prit  dans  sa  musique  d'église 
un  caractère  grave  et  simple,  et  dans  ses  compo- 
sitions légères   une  manière  élégante  et  facile. 
Si  quelquefois  il  suivit  l'exemple  des  maîtres  de 
son  temps,  en  écrivant  quelques  messes  sur  des 
chansons  populaires,  on  ne  peut  lui  en  faire  un 
reproche,  car  tout  jeune  artiste  commence  par 
l'imitation.  D'ailleurs,  Palestrina  lui-même  n'a- 
t-il  pas  fait  la  messe  de  l'Homme  armé?  Sui- 
vant l'abbé  Baini,  Lassus  éUit  stérile  de  mé- 
lodies (I),  privé  d'âme  et  de  feu!  Eh!  mais, 
c'est  exactement  le  contraire;  car  c'est  par  la 
mélodie  (j'entends  ici  celle  du  système  de  son 
temps)  que  ce  maître  se  distingue  de  ses  contem- 
porains, et  ce  sont  les  chants  de  ses  compositions 
qui  ont  fait  la  popularité  de  ses  succès.  Si  le  cri- 
tique italien  avait  fait  remarquer  que  sa  facture 
içst  inférieure  à  celle  du  célèbre  maître  de  l'école 
romaine,  il  aurait  exprimé  une  vérité  inattaqua- 
ble ;  car  c'est  suitout  par  son  admirable  correc- 
tion,  par  son  art  inimitable  de  faire    mouvoir 
toutes  les  parties,  et  par  son  élégante  manière 
de  faire  chanW  toutes  les  voix  et  de  leur  don- 
ner de.ffnt^^,  que  Palestrina  s'est  placé  au- 
dessus  de  tous  les  musiciens;  mais  attaquer  Las- 
sus dans  ce  qui  constitue  précisément  son  talent, 
il  me  semble  que  c'est  plus  que  de  l'injustice. 

(1|  Je  rends  concetti  par  mélodies  parce  que  je  ne  sau- 
rais lui  donner  d'autre  signification  en  fnnçais  sans  une 
longae  pérlpiirase.  Mélodie,  dans  le  sens  queje  lui  donne  ^ 
signifie  concert  mélodieux. 


LASSUS 


2IÔ 


L'abbé  Baini  prétend  que  Lassus  a  usurpé  un 
éloge  outré  avec  quelques  messes,  quelques  mo- 
tets! D'abord,  on  n'usurpe  pas  les  éloges  de  tous 
les  peuples,  de  tous  les  temps  :  ceux-là  sont  l<-iu- 
jours  mérités.  Mais  que  veut  dire  Baini  avet; 
ces  molsi  :  quelques  messes,  quelques  motets? 
Ignore-t-il  donc  que  le  nombre  des  compositions 
de  Lassus  est  de  plus  de  deux  mille?  Or  re- 
marquez que  c'est  aussi  un  des  signes  du  génie 
que  cette  fécondité  et  ce  besoin  de  produire  qui 
se  manifesta  dans  la  vie  du  compositeur  belge 
Jusqu'à  ses  derniers  moments.  Concluons  de  tout 
ceci  que  la  prévention  nationale  a  exercé  trop 
d'influence  sur  le  jugement  d'un  savant,  ordinai- 
rement bon  juge,  et  lui  a  fait  liasarder  une  cri- 
tique acerbe  que  rien  ne  justifie.  La  gloire  de 
Lassus  n'en  restera  pas  moins  intacte,  et  celle  de 
Paleslrina  ne  s'en  trouvera  pas  diminuée. 

On  a  vu  qu'un  souverain,  le  duc  Albert  V  de 
Bavière,  ne  crut  pas  manquera  sa  dignité  en  com- 
posant un  panégyrique  à  l'occasion  du  retour  de 
son  maître  de  chapelle  à  Municli.  Déjà  ce  prince 
avait  donné  un  éclatant  témoignage  de  son  admi- 
ration pour  le  génie  de  Lassus,  en  faisant  exé- 
cuter une  copie  de  ses  Psaumes  de  la  pénitence 
avec  un  luxe  dont  il  n'y  a  point  d'exemple  (1). 
Ce  superbe  manuscrit  est  composé  de  quatre  vo- 
lumes in-folio  reliés  en  maroquin  avec  des  garni- 
tures, des  fermoirs  et  des  serrures  en  vermeil  ci- 
selé et  émaillé,  dont  le  poids  total  est  de  24  li- 
vres. Des  armoiries,  des  portraits  en  pied  et  en 
buste  du  duc  Albert,  de  Lassus,  du  peintre  Jean 
Mielîch,  qui  a  exécuté  les  miniatures,  de  Samuel 
Van  Quickelberg,  auteur  des  descriptions  des  vo- 
lumes, de  Mathieu  Frisliammer,  le  calligraphe,  de 
Gaspard  Lindel,  qui  a  surveillé  l'exécution  de  l'ou- 
vrage entier,  de  Georges  Seyhkein,  orfèvre,  qui  a 
fait  les  garnitures  en  argent  et  en  vermeil,  de  Gas- 
pard Rilter,  relieur,  enfin  de  belles  miniatures 
de  la  plus  grande  dimension,  et  des  lettres  his- 
toriées en  or  et  en  couleur,  en  font  un  monument 
unique.  On  en  trouve  la  description  dans  la  notice 
de  H.  Delmotte  (pag.  132-139).  « 

Liste  des  compositions  de  Lassus.  Ouvrageâ 
imprimés  : 

I.  Messes  :  1°  Missarum  quatuor  vocum 
liber  primus.  Venetiis  ,  epud  Antonium  Gar- 
danum,  1545,  in-4''.  —  1.°  C  y  priant  De  Rare} 
Annibalis  Patavini  et  OrlanduM^er  missarum, 


quatuor,  quinque  et   sex 


dj^e 


i^jl^'^enetijs ,' 


(I)  Je  m'étais  trompé  lorsque  J'ai  dit  dans  mon  mémoire 
snries  musiciens  néerlandais  que  le  duc  avait  fait  exécuter 
de  cette  manière  une  copie  de  tous  les  ouvrages  de  Las- 
sus :  ainsi  que  me  l'écrivait  plus  tard  Georges  Pœlchau, 
les  revenus  de  ses  États  auraient  à  peine  suffi  à  une  telle 
ai,igntficence. 


15G6,  in-4''.  —3''Missx  aliquot  quinque  vocum,. 
Illustrât,  principis  D.  Guilkelmi  L'omit,  râ- 
lât. Rheni,  etc  ,  liberalitate  in  lucem  editœ. 
Monachii,  Adam.  Berg,  1574  in-fol.  Ce  volume 
fait  partie  d'une  collection  imprimée  ati\  frais  du 
duc  de  Bavière,  et  qui  a  pour  titre  général  :  Pa- 
trocinium  musices.  Il  contient  six  messes  i  à 
voix.  —  4°  Liber  missarum,  quatuor  et  quin- 
que vocum;  Norimbergœ,  1581,  in-4''.  — 
5°  Missse  cum  cantico  Beatx  Marix  ocio 
modis  musim  ,-Parisiis,  R.  Ballard,  1583,  in-fo- 
lio. —  6"  Missx  decem  cum  quatuor  vocibus  ; 
Venetiis,  apud  Ang.  Gardanum,  1588,  in-4''. 
—  7"  Missx  aliquot  quinque  vocum  ;  Monachii, 
excudebatAdamus  Berg,  15S9,  in-fol.  Ce  volume 
est  le  deuxième  des  messes  de  la  collection  Pa- 
trocinium  musices.— s° Lassi  (Orland.)  Belgx, 
musicorum  Orphei,  choroque  apud  sereniss. 
Bojx  principes  annis  40  prxfecti.  Missiv 
posthumx  sexritu  veteriRomano  Catholico, 
in  modes  quà  senos ,  quà  octonos  temperatx, 
hactenùs  ineditx  ;  et  omnium  quas  edidit,  se- 
lectissimx  :  vulgatx  demum  affectu,  studio 
sumptu  superstitis  filii  Rudolphi  de  Lasso , 
sereniss.  Bojor.  Duci  Maximiliano  ab  odis 
aique  organis.  Monachii,  ex  typograpbiâ  mus. 
Nicolai  Henrici,  1610,  in-fol.  max.  C'est  la  même 
collection  que  Draudius  a  citée  sous  un  titre 
altéré ,  avec  l'adresse  du  libraire  Jean  Kniger, 
et  la  date  de  1611.  Peut-être  a-t-il  été  fait  un 
nouveau  frontispice  avec  ce  nom  et  cette  date.  A 
l'égard  de  l'édition  de  1612,  citée  par  le  baron  de 
Reiffenberg  (Lettre  à  M.  Fétis,  etc., sur  quelques 
particularités  de  fhistoire  musicale  de  la 
Belgique],  je  crois  qu'elle  n'existe  pas,  et  qu'il 
y  a  erreur  de  dat3. 

TI.  Magnificat.  —  9°  Magnificat  octo  tono- 
7-u7n,  quatuor,  quinque  et  sex  vocum.  Norim- 
bergœ, 1567,  inT4''.  L'éd.  de  1568  citée  par  le  ba- 
ron de  Reiffenbergcst  supposée  par  Draudius,  qui 
s'e^t  souvent  trompé  sur  les  dates.  —  10°  Magni- 
ficat ocio  tonorum,  quinque  et  sex  vocum.  No- 
rimbergœ, 1572,  in-fol.  —  1 1°  Octo  eantica  divx 
Marix  Virginis  qux  vulgà  Magnificat  appel- 
lantur  secundum  singulos  octo  tonorum  qua- 
ternis  vocibus.  Monachii,  1573,  in-fol.  max. 
Une  deuxième  édition  de  ces  Magnificat  a  élé 
publiée  à  Paris  par  Adrian  Le  Roy  et  Robert  Bal- 
lard,  1581,  in-4''.  —  il"  Magnificat  aliquot  4,  5, 
6  e^  8  vocum.  Monachii,  Adamus  Berg,  1576, 
in-fol.  Ces  Magnificat  font  partie  de  la  collection 
qui  renferme  deux  livres  de  messes,  un  livre  de 
motels,  un  d'hymnes  et  d'antiennes  pour  les 
principales  fêtes  de  l'année,  une  Passion  à  5  voix, 
les  leçons  de  Job,  et  les  leçons  des  matines  <le 
Noël  à  4  voix  ;  elle  a  été  publiée  en  6  voliiiiR<i 


'216 


LASSUS 


in-foKo,  depuis  1573  jusqu'en  1589,  aux  frais  du 
duc  Guillaume  de  Bavière  avec  l'inscriplion  gé- 
nérale de  Patrocinhim  musices.  Il  a  été  fait 
en  1580  une  deuxième  édition  des  hymnes  et  an- 
tiennes sous  ce  titre  :  Officia  aliquot  de  prx- 
cipuis  festis  anni,  in-fol.  —  13'  Lassi  sereniss. 
Bojorum  ducis  symphoniacorum  prafecii, 
cantica  sacra ,  recens  numeris  ei  modulis  mu- 
sicis  ornât  a,  nec  alibi  antea  typis  vulgata,sex 
ctocto  vocibus:  Monachii,  excudebat  Ad.  Berg, 
1585,  in-4''.  C'est  ce  même  ouvrage  que  Drau- 
dius  a  donné  sous  le  titre  tronqué  de  Cantica 
sacra  6  et  S  vocum,  et  avec  la  fausse  date  de 
Munich,  1383.  —  14°  Magnificat  i,  à  et  6  voci- 
bus ad  imitationem  cantilenarum  quarum 
singulari  concentus  hilaritate  excellentium , 
Monachii,  Adam.  Berg,  1587,  in-fol.  C'est  le 
même  ouvrage  que  Draudius  cite  avec  un  titre 
abrégé,  sous  la  date  de  1588.  —  \:>^  Magni- 
ficat octo  tonorum  suaviss.  modulationes  qua- 
tuor vocum.  ;  Mediolani,  apud  Franc,  et  iisered. 
Simon.  Tini,  1590.  —  IG"  Magnificat  octo  tono- 
rum 4,  5  e/  6  vocum.  August.  Vindel.,  1601. 
—  17°  Lassi  {Orlandi)  serenissimorum  Ba- 
varix  ducum  Albertiet  Guilielmi  music.  Prse- 
fecti  Jubilus  B.  Virginis,  hoc  est  centum  Ma- 
gnificat, labore  et  impenso  liodolphi  de  Lasso 
sereniss.  utriusque  Bavarix  ducis  Maximi- 
liani,  etc.,  melopœiet  organistes  prxlaudati  ; 
Monaciiii,  1619,  in-4''.  Ces  Magnijicat  sont  à 
cinq,  six,  sept,  huit  et  dix  voix.  C'est  le  même 
recueil  que  Draudius  a  indique  sous  la  fausse  date 
de  1621.  Précieuse  collection  de  tous  les  Ma- 
gnificat composés  par  Lassus  et  revus  avec  soin 
par  son  fils  Rodolphe. 

III.  PsAt'MES —  18"  Lassi  musicorum  apud 
sereniss.  Bavariee  ducem  Guillielmum,  etc., 
Rectoris  Psalmi  Davidici  pœnitentiales ,  mo- 
dis  musicis  reddiii,  atque  antehac  nunquam 
in  lucem  editi.  Jlis  accessit  Psalmus  :  «  Lau- 
date  Dominum  de  cœlis  »  quinque  vocam  ^ 
Monachii,  Ad.  Berg.  1584,  in-4°.  Une  deuxième 
édition  de  ce  recueil  a  été  publiée  à  Douar,  erj. 
1600.  —  19°  Psalmi  sacri  3  vocum,  Monachii^ 
1588,  in-4°.  Le.^  mômes,  traduits  en  allema!rd,v 
Zurich,  1594,  !n-4°.  —IQ"  Cinquante  psaumes 
de  David  avec  la  musique  à  5  parties  par 
Orlande  de  Lassus;  vingt  autres  psaumes  à 
5  et  6  parties  par  divers  musiciens;  Heidel- 
berg,  Commeiin,  1597,  in-4°  (cilé  par  de 
Reiffenberg  :  Lettre  à  M.  Félis,  etc.),  et  sotis 
un  titre  latin,  par  Paul  Balduanus  {Biblioth. 
philos.,  p.  184). 

IV.  Lamentations  et  leçons.  —  2i°  Sacnc 
Icctiones  novcm  ex  propheta  Job,  quatuor 
vocum  t  in  officiis  dcfunclorum  cunlari  so- 


litx,  etc.;  principi  Alberto  corn.  Palat.  Rheni, 
utriusque  Bavurix  Duci,  etc.,  dedicatx;  Ve- 
netiis,  apud  Ant.  GardanUm,  1565,  in-4''. 
Une  deuxième  édition  de  cet  ouvrage  a  été  pu- 
bliée à  Lyon,  en  1566,  sous  ce  titre  :  Novem  lec- 
tiones  ex  historia  Job,  quatuor  vocum.  Il  y 
en  a  une  troisième  intitulée  :  Lectiones  novem 
ex  Jobi  voc;  Norimbergac,  apud  Gerlach,  1567; 
et  une  quatrième,  Louvain,  1572.  Je  doute  de 
l'existence  des  éditions  de  Venise,  1573,  citée  par 
Draudius,  et  de  Louvaio,  1577,  par  de  Reif- 
fenberg,  et  je  pense  que  ce  sont  les  éditions  de 
1566  et  de  1572  avec  de  nouveaux  frontispices. 
A  l'égard  de  l'édition  de  Nuremberg,  1597,  je  la 
crois  réelle.  Je  possède  une  édition  de  ces  leçons 
qui  n'est  citée  par  aucun  biographe  et  qui  a 
pour  titre  :  Lectiones  sacrx  novem,  ex  libris 
Hiob  excerptx,  musicis  numeris  jam  recens 
compositx,  nec  non  alia  nonnullx  pix 
cantiones,  omnibus  qui  iam  vivx  vocis  quam 
instrumentorum  musicorum,  cantu  non  impa- 
rité utuntur,  apprimè accommodât X  quatuor 
vocum.  Monachii  excudebat  Adamus  Berg, 
annoDomini,  1582,  in^^obl.  — ll^'Passio  5  vo- 
cum. Item  lectiones  Job,  et  lectiones  matutinx 
de nativitate i  vocum.  Monachii,  Adam.  Berg, 
1575,  in-fol.  C'est  le  même  recueil  que  Draudius 
cite  sous  ce  titre  .-  Patrocinii  musices,  Passio 
quinque  vocum,  et  lectiones  matutinx  de  na- 
tivitateChristi,  quatuor  vocum,  pars  quarta, 
et  avec  la  fausse  date  de  1565.  —  23°  Lassi  sere- 
niss. Bavarix  ducis  Guilelmus,  etc.  sacelli 
magistri  Hieremix  prophetx  lamentationes 
et  alix  pix  cantiones  nunquam  antehac  visx. 
Monachii,  Ad.  Berg.  1585,  in-4^  Il  y  a  des  exertn- 
plaires  (le  cette  édition  qui  portent  l'adresse  ; 
Francofurtii ,  Steinius,  1585.  Je  crois  que  ce 
sont  les  mêmes  lamentations  de  Jerémie  qui  ont 
été  réimies  avec  la  Passion  à  5  voix  (voyez 
rtf.22) ,  dans  une  édition  qui  a  pour  litre  :  Jere- 
mix  prophetx  dcvoiissimx  lamentationes  cum 

Jassiohe  Domini  domin.  palmarum  qnin- 
ue  vocum,  aicctore  Orlando  Lasso;  Lutetise 

'  Parisiorum,  apudAdrianum  Le  Roy  et  Robertum 
Ballard,  1586,  in-4°.  —  24°  Moduli  quatuor  et 
octo  vocum  partim  à  queritaliouibus   Job, 

i^artim  è  psalm.  Davidïs  et  aliis  scripturx 
^qcis  descripti,  Orlando  Lassusio  auctore;  Ku- 

kpellse  (Ij^Rq^lle),  apud  P.  Haultinum,  1576, 
rin-4°.  W«  deuxième  édition  de  ce  recueil,  qui 
contient  près  de  cent  morceaux ,  a  été  publiée 
à  Pari.s,  chez  Adrien  Le  Roy  et  Robert  Ballard, 
1587,  in-4°.  —  25°  Le  Lagrlme  di  S.  Pietro 
descritte  del  Signor  Luigi  Tansillo;  Munich, 
Adam.  Berg,  1595,  in-l'o!.  Avec  un  portrait  de 
Lassus  (xtalisLXll  anno)  portant  la  date  1594, 


LASSUS 


217 


pt  une  dédicace  au  pape  Clément  VU  F,  datée  du 
?5  mai  (le  la  même  année. 

V.  Motets.  Les  indications  des  recueils  de  tes 
compositions  de  Lassus  sont  souvent  trop  vagues, 
«  t  les  éditeurs  en  ont  fait  trop  de  mt^langes  dif- 
f.'rents,  pour  qu'il  .soit  possible  d'en  faire  une 
classification  certaine  et  sans  double  emploi. 
11  faut  aussi  remarquer  que  des  motets  ont  été 
arrangés  sur  des  chansons  profanes,  ou  môme 
obscènes,  et  que  celles-ci  ont  été  quelquefois 
parodiées  sur  des  motets.  —  SC^  Il  primo  libro 
de' Moteiti  di  Orlando  di  Lasso;  Venise,  Ant. 
Gardane,  1545,  in-4''.  Le  nombre  de  voix  de  ces 
motets  n'étant  point  indiqué,  j'ignore  si  le  recueil 
suivant  est  une  autre  édition  du  même  :  Il  primo 
libro  de'  moteiti  a  à  et  &  voci  nuovamente 
posti  in  luce;  In  An  versa,  per  Johanne  Latio 
(Jean  Laet),  1556,  in-4°.  Cet  ouvrage  est  dédié 
à  Antoine  Perrenot,  évêque  d'Arras ,  depuis  car- 
dinal de  Granvelle.  —  27"  Sacrée  cantiones 
(vulgo  moteta  appellatae)  b  et  6  vocum; 
liber  secimdws  ;  Veneliis ,  Rampazelto,  1560, 
in-4°.  La  même  collection  a  été  reproduite  par  le 
même  imprimeur,  en  1562,  avec  un  nouveau 
frontispice.  Une  autre  édition  de  ces  deux  pre- 
miers livres  de  motets  a  été  publiée  à  Paris,  en 
1571,  in-4°,  par  Adrien  Le  Roy  et  Robert  Bal- 
lard,  et  dédiée  à  Charles  IX  :  elle  est  à  la  Biblio- 
thèque royale  de  Munich.  —  28°  Sacrx  cantio- 
nes quinque  vocum  cum  viva  voce  tum  omnis 
generis  instrumentis  cantatu  commodissimx; 
Norimbergae,  1562,  iu-4 '.  Cet  ouvrage  est  dédié 
par  Lassus  au  duc  Albert  de  Bavière,  le  1"^  juin 
1502;  il  contient  vingt-cinq  motets.  —  29°  Sa- 
crue  cantiones  (vulgo  moteta  appellatge  )  quin- 
que vocum  cum  vivd  voce  tum  omnis  generis 
instrumentis  cantatu  commodissimx;  Venetiis, 
apud  Ant.  Gardanum,  1565,  in-4°.  L'épître  dédi- 
catoire  à  Albert,  duc  de  Bavière,  est  datée  du 
1«'  novembre  1562.  Cette  édition  est  la  repro- 
duction de  celle  de  Nuremberg,  datée  de  1562. 
Gardane  a  publié  le  second  livre  de  motels,  à  5 
et  à  6  voix,  dans  la  même  année,  et  Jérôme  Scoto 
a  donné  à  Venise,  également  en  1565,  des  édi- 
tions du  premier  et  du  second  livre  des  mêmes 
motets.  Ces  éditions  se  trouvent  à  la  bibliolhèque 
du  Lycée  communal  de  musique,  à  Bologne.  — 
30°  Sacrx  cantiones  {vulgo  moteta  ^mpellatx) 
h  et%  vocum,;  liber  tertius;  Venetii^^ud  Ant. 
Gardanum,  1566,  in-4°.  Cet  œuvre  contient 
trente  motets.  —  31°  Sacrx  cantiones  (vulgo 
moteta  appellatx)  &  et  %  vocum;  liber  quar- 
tus,  ibid.  1566,  in-4°.  Une  autre  édition  de  ce 
«piatrième  livre  a  été  publiée  à  Venise,  en  1569, 
in-4°,  et  il  en  a  paru  une  troisième  en  1586,  chez 
le  même.  Tous  ces  recueils  sont  à  la  bibliothèque 


de  Munich.  La  collection  suivante,  citée  par 
Draudius,  paraît  être  un  choix  des  précédentes  : 
Motetorum  libri  duo,  quatuor,  quinque,  sex, 
octo  et  decem  vocum;  Parisiis,  1566.  11  en  est 
de  même  de  cellescci  :  Selectissimx  cantiones, 
quas  vulgo  motetas  vocant,  partim  omnino 
novx,  partim  nusquam  in  Germania  excusx, 
sex  et  pluribus  rocibus  compositx  ;  Norim- 
bergaj,  1568,  in-4°;  Selectissimx  cantiones, 
quas  vulgo  motetta  vocant,  i  et  b  vocibus, 
ibid.,  1568,  in-4°.  Ce  recueil  est  divisé  en  deux 
parties  ;  la  première  partie  contient  cinquante  et 
un  motets  ;  la  secontle  soixante-deux.  Ces  deux 
recueils  sont  dans  la  bibliothèque  de  Munich. 
Gerber  cite  aussi  :  Selectissimx  cantiones  sex 
vocum,  ibid.,  1569  :  c'est,  je  crois,  l'édition  pré- 
cédente avec  une  date  inexacte.  Gerlach  a  donné 
uneautre  édition  deces  motets  à  6  et  un  plu»  grand 
nombre  de  voix,  a  Nuremberg,  en  1579,  sous  ce 
titre  :  Selectissimx  cantiones ,  sex  et  plur.  vo- 
cibus, pars  prima  et  altéra.  J'ai  vu  la  partie  du 
basse  de  cette  édition  à  Augsbourg,  chez  le  libraire 
antiquaire  Butsch.  —  32°  Lassi  Illustr.  Bava- 
rix  ducis  Alberti  musici  chori  rnagistri  selec- 
iiorum  aliquot  cantionum  sacrorum  sex  vo- 
cum fasciculus  adjunciis  in  fine  tribus  dialogis 
octo  vocum,  quorum  nihil  adhuc  in  lucem  est 
erfi<u??i;  Monachii ,  excud.  Adam.  Derg,  1570^ 
in-4''.  Cette  collection,  qui  contient  vingt-troi» 
morceaux,  est  le  cinquième  livre  de  motets  ;  elle 
est  dédiée  par  Lassus  à  Jean,  abbé  de  Weingar- 
ten. — 33°Moduli  quinis  vocibus nunquamhac- 
tenus  editi,  Monachii  Doiorum  composai; 
Luiet'ae  Parisiorum,  apud  Adrianum  Le  Roy  et 
Roberlum  Ballard,  1571,  in-4°.  Sixième  livre, 
dédié  par  Lassus  au  duc  Guillaume  pendant  son 
séjour  à  Paris,  avec  des  vers  français  du  com- 
positeur. Une  édition  de  ce  recueil  a  été  publiée 
à  Munich,  dans  la  même  année,  et  Claude  Me- 
ndo  en  a  donné  une  autre  à  Venise,  en  1569,  avec 
le  titre  :  Sesto  libro  de'  Mottetti  a  cinque  voci. 
Celle-ci,  comme  on  voit,  avait  précédé  de  deux 
ans  celle  de  Paris,  ce  qui  indique  que  Lassus 
a  seulement  revu  son  ouvrage  dans  cette  ville, 
pour  lui  donner  plus  de  perfection.  Dans  la  même 
année  où  ce  sixième  livre  fut  publié  par  Adrien 
Le  Roy  et  Robert  Ballard,  les  mêmes  édileuis 
avaient  donné  une  édition  des  trois  premiersiivres 
à  cinq  voix  sous  le  titre  -.  Primus  liber  (secun- 
dus,  tertius)  Modulorum  quinis  vocibus  con- 
stantium.  Ilsdonnèrent  ensuite  :  Moduli  quatuor 
et  octo  vocum,  1572,  et  Moduli  sex,  septem  et 
duodecim  vocum,  1573,  petit  in-4°  obi.  — 
34°  Cantionum  quos  motetos  vocant  opus  no- 
vum,  pars  I.  Illusirissimi  principis  D.  Guil- 
helmi  comil.  Palatin.  Rheni  etc.  liberalitaie 


21  s 


LASSUS 


in  lucem  editxim;  Monachii,  Adam.  Cerg,  1573, 
in-fol.  max.;  avec  le  portrait  du  duc  Guillaume, 
et  une  dédicace  de  l'auteur  à  ce  prince.  C'est  la 
première  partie  de  la  collection  in-fol.  de  motets, 
messes,  Magnificat,  etc.,  pour  l'usage  de  la  cha- 
pelle royale  sous  le  titre  général  de  Pairocinium 
viusices.  Delmotte  a  pensé  que  cette  collec- 
tion renferme  tout  ce  que  Lassus  avait  publié 
précédemment  ;  mais  les  mots  opus  novum  dé- 
mentent cette  opinion.  Ces  motets  doivent  for- 
mer le  septième  livre.  Draudius  a  cru  que  les 
cinq  volumes  qui  composent  celte  collection  ap- 
partenaient aux  motets,  et  il  a  cité  l'ouvrage 
sous  ce  titre  :  Cantionum  qiios  motetos  vacant 
opus  novum  V  (omis  digestum,  quorum  1,  2, 
3  e<  4  m  lucem  prodierunt  grandissimis  pro 
choro  7iotis  et  folio  regall;  Monachii,  Adam. 
Berg,  1573,  in-fol.  maximo.  Une  deuxième  édition 
de  ces  motets  a  été  publiée  à  Nuremberg,  en  1575, 
in-4°.  Une  autre  édition  de  ce  recueil  a  paru  à  "Ve- 
nise, en  1585,  sous  ce  titre  :  Ilsettimo  libro  dimo- 
teiti  del  Orlando  di  Lasso,  a  cinque  voci,  in-4°. 
—  36°  Novse  aliquot  ad  duas  voces  cantiones 
suavissimx.  Monachii,  Ad.  Berg,  1577,  in^" 
obi.  Le  même  ouvrage  a  été  réimprimé  sous  ce  ti- 
tre :  Moduli  dxiarumvocum  nunquam  hactenus 
editi;Luieti8eParisiorum,apud  Adrianum,  Le 
Roi  et  Bob.  Ballard,  1578.  On  voit  que  ces  mots 
nunquam  hactenus  editi  étaient  une  superche- 
rie des  éditeurs  français. —  37°  Lassi  musicorum 
apud  sereniss.  Bavarix  ducem  Guillebnum 
rectoris  Motetta  sex  vocum;  Monachii,  exoude- 
bat  Adam.  Berg,  1582,  in-4°.  La  deuxième  partie 
de  ce  recueil  contient  des  molets  à  cinq  voix  :  elle 
a  pour  titre  :  Lassi  musicorum  apud ser<^niss. 
Bavarise  ducem  Guilielmum,  etc.,  rectoris 
Sacrx  Cantiones  quinjue  vocum  ;  Monachii , 
excudebat  Adam.  Berg,  1582,  in-4°.  Draudius  et 
Gesner  citent  ce  recueil,  avec  la  même  date, 
mais  sous  des  titres  différents.  J'ignore  si  celte 
collection  doit  être  considérée  comme  le  huitième 
livre,  ou  si  elle  ne  renferme  qu'un  choix  de  pièces 
des  recueils  précédents.  —  37°  Lassi  serenissimi 
Bavarix  ducis  Guilielmi,  etc.,  musicorum 
prxfecti  Sacrx  Cantiones  :  antehac  nunquam 
visx,  nec  typis  uspiam  (sic)  excusx,  quatuor 
vocum^  Monachii,  Adam.  Berg,  1585,  in-4°.  Hui- 
tième ou  neuvième  livre ,  avec  une  dédicace  de 
Lassus  à  Alexandre  II  Fugger,  prévôt  de  r('glise 
cathédrale  de  Frisinge.  Une  deuxième  édition  a  été 
publiée  sous  ce  titre  :  Sacrarum  cantionum 
moduli  quatuor  vocibus  contexti.  Auctore  Or- 
lando Lassusio  ;  Lutetiae  Parisiorum,  apud  Adria- 
num Le  Roy  et  Robertum  Ballard,  1586,  in-4°. 
On  a  donné  à  Venise,  en  1586,  comme  huitième 
livre  des  motets  de  Lassus,  une  compilation  in- 


titulée :  Il  otiavo  libro  de'  Motetti  di  Orlando 
di  Lasso,  al,  k,  6  es  voci.  Les  recueils  inti- 
tulés :  //  nono  libro  de'  motetti  di  Orlando  di 
Lasso,asei  voci,  Venise,  1589,  in-4°;  /i  decimo 
libro  de'  motetti  di  Orlando  di  Lasso,  ibid., 
1593,  et  II  undecimo  libro  de'  Motetti,  sont 
également  des  compilations.  —  38°  Sacrx  can- 
tiones quinque  vocum ,  qux  cum  vivx  voc. 
tum  omnis  generis  imtrumentis  musicis  corn- 
modissime  applicari  possunt.  Opus  plane  no- 
vum nunquam  ante  typis  excusum,  jam, 
pridem  summa  diligentia  composituin,  ac 
sine  menda  in  lucem  editum,  authore  Orlan- 
do de  Lasso,  musicorum  apudlllustriss.  Bava- 
rix Ducem  Guilielmum,  etc.,  rectori. Monachii, 
excudebat  Ad.  Berg,  1587,  in-4°.  Si  ce  titre 
n'est  pas  une  supercherie,  qui  ne  peut  se  supposer 
dans  une  ville  où  vivait  Lassus,  c'est  le  neu- 
vième ou  dixième  livre  de  motels.  —  39°  Can- 
tiones sacrx  sex  vocum,  quas  vulgo  motectas 
vacant,  nunc primum  lucem  aspicientes,  tum 
vivx  vocis,  tum  omnivario  instrumentorum 
concentui  accommodatx,  etsingulari  confectx 
industria,  Authore,  etc.  Grxtii  Styrix,  excu- 
debat Georgius  Widmanstadius ,  1594,  in-4°. 
Diverses  réimpressions  des  anciens  livres  de  mo- 
tets ont  aussi  été  faites,  mais  sans  indication  de 
numéro  d'ordre  :  je  citerai  les  suivantes  :  Selec- 
tissimx  cantiones,  quas  vulgo  motetos  vo' 
cant,  partim  omnina  novx,  partim  nusquam, 
in  Germania  excusx,  sex  et  pluribus  vocibus 
compasitx,per  excellentissimum  musicum  Or- 
landum  de  Lassus;  Norimbergœ,  1587,  in-4". 
—  Moduli  quinque  vocum,  auctore  Orlando 
Lassusio  ;  iMi&Waè  Parisiorum,  apud  Adrianum 
Le  Roy  et  Robertum  Ballard,  1588,  in-4°.  — 
Moduli  sex  vocum,  auctore  Orlando  Lassu- 
sio; ibid.,  1588,  in-4°.  —  Sacrarum  cantionum 
flosculi  Orlandi  di  Lasso;  Antuerp.,  1G07, 
in-4°. 

Il  a  été  fait  plusieurs  éditions  de  collections 
générales  des  motets  de  Lassus.  La  première  a 
pour  titre  :  Lassi  musici  prxstantissimi  fas- 
ciculi  aliquot  sacrarum  cantionum  cum  qua- 
tuor, quinque,  sex  et  acto  vocibus,  antea 
quidem  separatim  excusi,  nunc  vero  auctoris 
cansensu  in  unum  corpus  redacti;  Norimbergae, 
in  officin^erlachiana,  1583,  6  vol.  in-4°.  Après 
sa  mort^nls,  Ferdinand  et  Rodolphe,  élevèrent 
un  monument  à  sa  mémoire  en  publiant  un  re- 
cueil de  tous  ses  motets  lalins  déjà  connus  ou 
inédits,  au  nombre  de  510.  Cette  belle  et  pré- 
cieuse collection  est  intitulée  :  Magnum  opus 
musicum  Orlandi  de  Lasso  Capellx  Bavarix 
quondam  magistri,  complectens  amnes  can- 
tiones quas  vulgo  motetas  vacant,  tain  antea 


LASSUS 


'2\'.i 


éditas  quant  hactenus  nonclum  publicatas  2, 
3,  4,  5,  6,  7,  8,  10,  12  vocum.  A  Ferdinando  se- 
renissimi  Bavarhv  ducis  Maximillani  musi- 
corumprxfecto,  et  Rudolpho,  eidcm  principi 
ab  organis,  authoris  filiis,  sutnmo  studio  col- 
lectum,  et  impensis  eorundem  typis  manda- 
tuni;  Monacliii  ,N.  Henricus,  1604,6  vol.  in-fol., 
qui  contiennent  :  Cantus,  Altus,  Ténor,  Bassus, 
Quinta  et  Sexta  pars.  On  y  a  joint  un  septième 
volume,  plus  rare  que  les  autres  et  qui  a  pour 
(itre  :  In  magni  illust.  magni  Bojoarix  ducis 
symphoniardix  Orlandi  de  Lasso  magnum 
opus  musicum,  Bassus  ad  orgamnn  ntudio 
Casparis  Vincent ii  Audanariensis  Arthesii  in 
cathedral.  Wirceburgerisis  organœdi.  Septima 
pars;  Wirceburgi,  typis J.  Volamari,  1625,  jn-fol. 
Je  ne  crois  pas  que  l'édition  d'Augsbourg,  du 
Magnum  opus,  citée  par  Draudius  et  d'autres, 
existe. 

Des  motets  de  Lassus  ont  été  publiés  conjoin- 
tement avec  ceux  de  quelques  autres  musiciens 
dans  divers  recueils,  dont  je  citerai  les  suivants  : 
1°  Orlandi  de  Lassus  et  Cijpriani  de  Rore 
cantionum  sacrarum  lib.  II,  4  vocum;  Lo- 
vanii,  1569,  in-4°.  —  2°  Premier  livre  du  mes- 
lange  des  psaumes  et  cantiques  à  trois  parties, 
recueillis  de  la  musique  d'Orlande  de  Lassus 
et  autres  excellens  musiciens  de  nostre  temps 
(sans  nom  de  lieu),  1577,  in-S".  —  3°  Second 
livre  du  meslange  des  psaumes  et  cantiques  à 
trois  parties,  recueillis  de  la  musique  d'Or- 
lande de  Lassus  et  autres  excellens  musiciens 
de  nostre  temps  (sans  nom  de  lieu),  1578, 
in-8°.  —  4°  Theatrum  musicum  Orlandi  de 
Lassus  aliorumque  prscstantissimorum  musi- 
corum  selectissimas  cantiones  sacras,  quatuor, 
quinque  et  plurium  vocum  reprxsentans. 
Liber  primus;  Argentorati,  1580,  in-4''.  — 
5°  Theatrice  musici  Orlandi  de  Lassus,  alio- 
rumque prxstantiss.  musicorum  selectissimas 
cantiones  4,  5  et  plurium  vocum  représen- 
tant; liber  secundus;  ibid.,  1580,  in-4°.  — 
6°  Cantiones  sacrée  ab  Orlando  di  Lasso  et 
ejus  filio  Rudolpho,  sex  vocibus  compositx, 
typis  jam  primum  subjectas;  Monachii,  1601, 
in-4".  —  7°  Liber  primus.  Cantiones  sacrx.  Ma- 
gnificat vacant,  b  et  &  vocum,  auctore  Or- 
lando Lasso.  His  accesserunt  quatuor  ab 
ejusdem  Orlandi  filio  Ferdinandc^h  Lasso 
compositx,  jam  primum  in  luce^n  editx  ;  Mo- 
nacliii,  Nicol.  Henricus,  1602,  in-4''.  On  peut 
voir  aussi  le  Florilegium  Portense  de  Boden- 
sciiatz  et  d'autres  recueils  du  commencement  du 
dix-septième  siècle. 

VI.  Madrigaux  et  chansons  latines ,  fran- 
çaises et  allemandes  —  40**  tl  primo  e  seconda 


libra  de'  madrigali  a  cinque  voci;  in  Vinegia, 
appresso  Girolaino  Scoto,  I55y  ,  in-4"'.  Une  édi- 
tion précédente  des  deux  premiers  livres  de  ces 
madrigaux  avait  été  publiée  à  Venise,  chez  An- 
toine Gardane,  et  1555  en  1559.  —  41°  H 
primo  libra  de'  madrigali  a  quattro  voci,  in- 
sieme  alcuni  madrigali  d'altri  autori;  in  Te- 
netia,  appresso  di  Antonio  Gardano,  1560,  in-4''. 
La  première  édition  de  ce  recueil  a  paru  à  Rome , 
chez  Valerio  Dorico ,  en  février  1560,  sous  ce 
litre  :  Il  primo  libra  delli  madrigali  d' Orlando 
Lasso  et  altri  eccellenti  musici,  a  quatro  voci. 
Les  autres  compositeurs  dont  il  y  a  des  madri- 
gaux dans  ce  recueil  sont  Francesco  Roselli  et 
Jean -Dominique  de  Noia.  Une  deuxième  édition 
de  cet  œuvre  a  été  faite  à  Venise,  en  1562. 
Dans  la  même  année,  il  a  été  fait  une  deuxième 
édition  du  deuxième  livre  des  madrigaux  à  cinq; 
Venise ,  chez  Jérôme  Scoto ,  in-4"'.  D'autres 
réimpressions  des  mêmes  madrigaux  ont  été  pu- 
bliées dans  la  même  ville  chez  Antoine  Gardane, 
en  1566,  1568  et  1570.  —  42°  Di  Madrigali  a 
quattro  voci  il  seconda  libra;  Roma ,  apjiresso 
Antonio  Barré,  1563,  in-4°;  réimprimé  à  Ve- 
nise en  1569  et  1573.  —  43"  Il  terzo  libra  de' 
Madrigali  del  eccellentissimo  Orlando  di, 
Lasso  a  quattro  voci;  in  Venetia ,  appresso 
Gardano,  1564,  in-4"'.  Plusieurs  fois  réimprimé. 
—  44°  Il  libro  terzo  dé'  Madrigali  a  cinque 
voci;  ibid.,  1564,  in-4°.  La  deuxième  édition  a 
paru  sous  ce  titre  :  Il  terzo  libro  de'  Madri- 
gali a  cinque  voci,  novamenie  per  Antonio 
Gardano  ristampato  ;  in  Venelia,  1566  ,  in-4°. 
L'année  suivante,  un  choix  des  deuxième  et  troi- 
sième livres  de  madrigaux  à  4  et  5  voix  a 'été 
publié  sous  ce  titre  :  It  terzo  libra  de'  Madri- 
gali a  i  e  5  voci;  Venezia,  1567,  in-4°.  — 
ià°  De'  Madrigali  delV  attimo  Orlando  diLasso 
a  cinque  voci  il  quarto  libra  ;  in  Venezia,  ap- 
presso Antonio  Gardano,  1567,  in-i";  réim- 
primé dans  la  même  ville  en  1587,  et  vraisem- 
blablement auparavant.  Dans  l'intervalle,  diffé- 
rents choix  des  madrigaux  de  Lassus  avaient 
été  publiés  par  lui-même,  ou  par  différents  édi- 
teurs, entre  autres  ceux-ci:  Madrigali  nava- 
mente  composti  a  cinque  voci;  Nuremberg, 
Catherine  Gerlach,  1585,  in-4°  (avec  une 
dédicace  de  Lassus  au  comte  Bevilacqua). 
Draudius  cite  aussi  :  Madrigali  a  i ,  S  e  6 
voci,  Norimbergae,  1587,  in-4°,  et  Madrigali 
ai,  5,6  et  8  voci,  Anvers,  Jean  Bellere, 
1593,  in-4".  —46°  Il  quinta  libro  de'  Madri- 
gali a  4  voci,  del  Orlando  di  Lasso;  in  Venezia 
1587  ,  in-4°.  Il  est  viaisemblable  qu'il  y  en  a  des 
éditions  antérieures.  —  47°  Il  sesto  libra  de* 
Madrigali  ak  et  h  vaci,  di  Orlando  di  Lassa, 


220 


LASSlfS 


in  Venezia,  1588,  in  4».  —  48°  Libro  di  VU- 
lanelle,  moresche  ed  altre  canzoni  a'i,  5,  6 
ed  8  voci;  Paris,  Adrien  Le  Roy  et  Robert 
Ballard  ,  in-4"  obi.;  réimprimé  à  Anvers  en  1582. 
Delmotte  reprend  Brunet  d'avoir  écrit  dans  le 
Supplément  de  son  Manuel  du  Libraire  (t.  2, 
p.  284),  moresche,  à  quoi  il  veut  qu'on  subs- 
titue motesche;  mais  il  se  trompe  :  la  mo- 
resque était  une  sorte  d'air  en  tisage  dans  les 
seizième  et  dix-septième  siècles  :  motesche  n'est 
pas  italien  et  n'a  point  de  signification.  —  49"  Le 
quatorzième  livre  à  quatre  parties  contenant 
dix-huit  chansons  italiennes,  six  chansons 
françaises  et  six  motets  faicts  (  à  la  nouvelle 
composition  d'aucuns  d'Italie  )  par  Rolando 
de  Lassus;  nouvellement  imprimé  à  Anvers 
par  Tyiman  Susato,  1555,  in-4''.  Ce  recueil 
n'est  indiqué  comme  quatorzième  livre  que  parce 
qu'il  appartient  à  une  collection  de  divers  au- 
teurs publiée  par  Tyiman  Susato.  —  60°  Las- 
sus,  maistre  de  la  chapelle  de  l'excellentis- 
sime  et  illustrissime  duc  de  Bavière.  Nou- 
velles chansons  à  quatre  parties  convena- 
bles tant  à  la  voix  comme  aux  instruments. 
Le  premier  livre,  en  Anvers,  par  Jean  Laet, 
1566,  cum  privilegio,  in-4°.  11  doit  y  avoir  des 
éditions  antérieures,  car  le  quatrième  livre  a 
été  publié  en  1564.  —  51°  Lassus,  le  second 
livre  des  nouvelles  chansons  tant  à  quatre 
comtne  à  cinq  parties.  En  Anvers,  par  Jean 
Laet,  1566,  in-4°.  —  52°  Tiers  livre  des  chan- 
sons à  quatre,  cinq  et  six  parties  convena- 
bles tant  aux  instruments  qu'a  la  voix,  im- 
primé à  Louvain,  par  Pierre  Phalèse,  1566, 
avec  grâce  et  privilège,  in-4°.  La  dernière 
chanson  de  ce  recueil  a  pour  texte  ces  vers  de 
Virgile  : 

Tltyre  ,  tu  patulx  recubaas  sub  tegmtne  fagi,  etc. 

—  53°  Le  quart  livre  des  chansons  nouvelle- 
ment composées  par  Roland  de  Lassus,  conve- 
nables tant  aux  Instruments  comme  à  la  voix, 
en  Anvers,  par  Jean  Laet,  1564,  in-4».  Dans 
la  même  année,  une  autre  édition  a  été  publiée 
sous  ce  litre  :  Quatriesme  livre  des  chan- 
sons,  etc.,  Louvain.  Pierre  Phalèse,  1564, 
in-4°.  Un  choix  de  chansons  de  ces  quatre  li- 
vres fut  donné  par  le  même  imprimeur,  en  1570, 
avec  d'autres  chansons  de  Cyprien  de  Rore  et  de 
Philippe  de  Mons,  sous  ces  titres  :  Premier  livre 
des  chansons  à  quatre  et  cincq  parties  com- 
posées par  Orlando  di  Lassus,  Cyprian  de 
Rore,  etc.,  convenables  tant  aux  instruments 
comme  à  la  voix,  in-4''.  —  Second  livre  des 
chansons  à  quatre  et  cinq  parties ,  etc.  — 
Tiers  livre  des  chansons  à  quatre,  cinq  et  six 


parties,  etc.  —  Quatriesme  livre  des  chansons 
à  quatre  et  cinq  parties ,  etc.  Draudius  cite  une 
autre  édition  de  ces  quatre  livres  de  chansons 
imprimée  à  Francfort,  en  J570,  chez  Stein , 
in-4'.  —  54°  Livre  de  chansons  nouvelles  à 
cinq  parties,  avec  deux  dialogues  à  huict , 
Paris,  1571,  in  4°.  Lassus  a  publié  lui-mêuie 
ce  recueil  pendant  son  voyage  à  Paris,  avec, 
une  ode  en  vers  français  adressée  à  Charles  IX. 
Le  même  ouvrage  a  paru  l'anni^e  suivante 
à  Louvain,  chez  Pierre  Phalèse,  in-4°,  sous 
ce  titre  :  Livre  V  de  chansons  nouvelles  à 
5  parties ,  avec  deux  dialogues.  Il  en  a  été 
fait  une  troisième  édition  par  la  veuve  Ballard 
et  son  fils  Pierre  Ballard ,  1599,  in-8°.  —  55°i>/o- 
duli  duobus  vel  tribus  vocibus,  auctorc  Or- 
lando de  Lasso;  lib.  1;  Monachii ,  1582,  in-4*. 

—  56°  Cnntiones  elegiacx  suavissimx  duobus 
vocibus,   lib.   2;  Antuerpiœ,  1598,  in-4°   obi. 

—  57°  Orlandi  di  Lasso  prophetix  Sibylla- 
rum  quatuor  vocibus  chromatico  more 
singulari  confectx  industria  et  per  Rodol- 
phum  cjus  filium  typis  datx  ;  Augustae ,  apud 
Georg.  Willer,  1600,  in-8°—  hS'^  Lassus,  maure 
de  la  chapelle  ducale  bavaroise.  IVouvelles 
chansons  allemandes  à  cinq  voix ,  propres  à 
chanter  sur  tous  les  instruments;  Munich, 
Adam  Berg,  1567,  in-4°  —  59°  Deuxième 
partie  des  chansons  allemandes  à  cinq  voix  (  en 
allemand);  ibid.,  1573,  in-4°  —  60°  Troisième 
partie  des  belles  chansons  allemandes  nouvelles 
à  cinq  voix,  avec  une  gaie  cliansonnetfe  fran- 
çaise (  en  allemand  ),  ibid.,  1576  ,  in-4°.  —  61° 
Teutsche  und  Franzœsische  Gesxng  mit  6 
Stimmen  (  Chansons  nouvelles  allemandes  et 
françaises );  Munich,   Adam  Berg,  1590,in-4°. 

—  62°  Etiiche  ausserlesene  kurze,  gute, 
geistliche  und  weltliche  Liedlein  mit  4  Stim- 
men, so  zu  vorin  franzœsischer  Sprache  auss- 
gangen,  jetzund  aber  mit  teutschen  Texten, 
und  mit  des  Authors  Bewilligung  in  Truck 
gegeben,  durch  Johann  Bilhler  von  Schwanr 
dorff  (  Quelques  chansons  choisies ,  tant  spiri- 
tuelles que  profanes ,  à  4  voix ,  d'abord  compo- 
sées sur  des  paroles  françaises ,  mais  aujourd'hui 
publiées  en  allemand  ,  etc.  Imprimées  du  con- 
sentement de  l'auteur  par  Jean  Biihler  de  Sclman- 
dorff,  en  sm  vivant  maître  de  chapelle  de  l'em- 
pereur F^Ruand ,  de  glorieuse  mémoire ,  puis 
professeur  à  l'église  collégiale  de  Ratisbonne  )  ;  Mu- 
nich, Adam  Berg,  1 582,  in-4°.  Ce  recueil  contient 
30  chansons.  — 63°Sex  cautiones  latinœ,  quatuor, 
adjuncto  dialogo  octo  vocum.  —  Sechs  teutsche 
Lieder  mitk  Stimmen, sammt  einem  dialogo 
mit  8  Stimmen. —  Six  chansons  françaises  nou- 
velles à  4  voix,  avec  un  dialogue  à  huit. — Sei 


I 


LASSUS 


221 


madrigali  nuovi  a  quatro,  conundialogo  a  otto 
voeJ;Monacliii,perAiiaiuiiinHerg,l573,  in-4"obl. 
Des  tirages  diftérents  ont  été  faits  du  même  ou- 
vrage, pourcliacune  de  ces  langues,  cliez  le  même 
imprimeur  et  avec  la  même  date.  —  64"  ISeue 
teutsche  Liedlein  mit  fûnf  Stimmen....  su 
singen,  und  aufallerley  Instrumenten  zu  ge- 
brauchen.  I,  II, III  Theil.  Mùnclien,  bei  Adam 

Berg;  1567-1576,  in-4"'  obi 65''7Vewc  teutsche 

und  etliche  franzœsische  Gesxng  mit  sechs 
Stimmen;  Miinchen,  bei  Adam  Berg,  1590, 
in-4''  obi.  Après  la  publication  de  ce  cinquième 
livre  par  Lassus,  il  a  été  fait  une  multitude  de 
coliedions  complètes  ou  choisies  de  mélanges,  de 
parodies  de  motets  en  cbansons  ou  de  chansons 
en  motels,  et  de  traductions  de  madrigaux  ou 
de  cliansons  allemandes  et  latines,  sur  la  musique 
de  cet  homme  célèbre.  Les  plus  connues  de 
ces  publications  sont  celles  dont  les  titres  sui- 
vent :  1°  Meslange  contenant  plusieurs  chan- 
sons latines  et  françaises  à  4,  5  ,  6,  8  eMO 
parties;  Paris,  1570  ,  in-4°,  avec  le  portrait  de 
Lassus  gravé  en  bois,  cinq  distiques  latins  de 
Gahori  m  effigiem  Lassi,  et  trois  hexamètres 
de  Jodelle  sur  le  même  portrait  —  2°  Meslanges 
a'Orlande  de  Lassus ,  ou  recueil  de  ses  plus 
beaux  ouvrages  en  musique  ;  Pàth ,  Adrien 
Le  Roy  et  Robert  Ballard,  1576,  in-4°.  — 
:«"  Continuation  des  meslanges  d'Orlande  de 
Lassus;  Paris,  Adrian  Le  Roy,  1584,  in-4".  — 
4"  Continuation  des  meslanges  d'Orlande  de 
Lassus,  Paris,  Adrian  Le  Roy  et  la  veuve 
H.  Ballard,  1586,  in^".  Une  nouvelle  édition 
complète  de  ces  Meslanges  a  été  publiée  à  Paris, 
chez  Pierre  Ballard,  en  1619,  ia-8''.  —  b°Thrésor 
de  musique  d'Orlande  de  Lassus,  conte- 
nant ses  chansons,  à  quatre,  cinq  et  six  par- 
ties (sans  nom  de  lieu),  1576,  in-8°.  L'impri- 
meur, en  s'adressant  aux  musiciens ,  s'excuse  de 
ne  pouvoir  publier  toutes  les  cliansons  d'Or- 
lande à  cinq  et  six  parties  comme  celles  qui  sont 
à  quatre  voix ,  et  il  promet  de  présenter  à  la 
deuxième  édition  un  thrésor  accompli.  Cette 
promesse  a  été  réalisée  dans  Le  Thrésor  de  viu- 
sique  d'Orlande  de  Lassus,  prince  des  musi- 
ciens de  nostre  temps,  contenant  ses  chan- 
sons françoises,  italiennes  et  latines,  à 
quatre,  cinq  et  six  parties  :  augmentées  de 
plus  de  la  moitié  en  ceste  seconde  édition 
(sans  nom  de  lieu),  1582,in-12.  Cé^^ecueil 
contient  183  chansons.  L'éditeur  explique  dans 
la  dt^dicace  les  motifs  qui  l'ont  porté  à  changer 
les  paroles  peu  chastes  de  la  plupart  des  chan- 
sons de  Lassus,  pour  leur  en  substituer  d'au- 
tres plus  honnêtes.  On  peut  lire  ce  passage  cu- 
rieux dans  la  notice  de  Delmotte(p.  107  et  suiv  ) 


La  troisième  édition  du  Thrésor  a  paru  chez 
R.  Ballard,  en  1594.  C'est  cette  même  édition 
que  Draudius  a  citée  (  sans  nom  de  lieu  )  sous 
le  litre  latin  :  Thésaurus  musicus  cantionum 
Gall.  Ital.  Latin.  4,  5,  6  vocum,  et  avec  la 
fausse  date  de  1595.  Il  en  a  été  publié  une  qua- 
trième à  Cologne,  dans  la  même  année,  in^". 

—  6°  La  fleur  des  chansons  des  deux  plus 
excellents  musiciens  de  nostre  temps,  assavoir 
d'Orlande  de  Lassus  et  de  Claude  Goudimel; 
Lyon,  par  Jean  Bavent,  1574.  Premier  livre  à 
4  parties,  in  12  obi.  Deuxième  livre  à  cinq 
parties,  1575.  Burney  en  indique  une  autre  édi- 
tion de  la  même  ville,  1576,  in-4°.  Un  titre 
semblable  a  été  choisi  pour  un  recueil  de  chan- 
sons de  Lassus  seul  :  le  voici  :  —  7°  La  fleur 
des  chansons  d'Orlando  Lassus  y.  maistre  de 
la  chapelle  du  sérénissime  duc  de  Bavière, 
à  quatre,  cincq,  six  et  huict  parties,  en  An- 
vers, chez  Pierre  Phalèse  et  chez  Jean  Bellere, 
1592,  6  vol.  in-4''.  La  date  de  1593,  donnée  par 
Draudius,  est  fausse.  Il  y  a  une  deuxième  édi- 
tion de  ce  recueil ,  en  Anvers,  de  l'imprimerie 
de  Pierre  Phalèse ,  libraire  juré,  1604,  6  vo- 
lumes in-4''.  —  8°  Chansons  nouvelles  alle- 
mandes et  françaises  à  6  voix,  Munich, 
Adam  Berg  ,  1590,  in-4''.  — 9"  Jean  Pasquier, 
la  lettre  profane  des  chansons  des  Mes- 
langes d'Orlando  changée  en  lettre  spiri- 
tuelle à  4,  5  et  S  parties,  à  la  Rochelle, 
Pierre  Haultin,  1575  et  1576.  —  10°  Jean  Pas- 
quier, cantiques  et  chansons  spirituelles  pour 
chanter  soubz  la  musique  des  chansons  pro- 
fanes d'Orlando  de  Lassus,  à  4  et  b  parties, 
à  la  Rochelle,  Pierre  Haultin  ,  1578.  —  11°  Dou- 
zième livre  de  chansons  à  quatre  et  cinq 
parties  d'Orlande  de  Lassus  et  autres.  Im- 
primé en  quatre  volumes  à  Paris,  1583,  par 
Adrian  Le  Roy  et  Rob.  Ballard.  —  12°  Trei- 
zième livre  (même  titre);  ibid.,  1573  (Cette  date 
prouve  que  le  douzième  livre  a  été  réimprimé). 

—  13°  Quatorzième  livre  (même  titre);  ibid., 
1578.  —  14°  Quinzième  livre,  etc.;  ibid.,  1578. 

—  15°  Sesième  livre  (sic),  etc.;  ibid.,  1579 

16°  Dix-setièmc  livre  (sic);  etc.;  ibid.,  1579. 

—  17°  Dix-huictième  livre,  etc.,  ibid.,  1576. 

—  i&°  Dix-neuvième  livre  des  chansons  d'Or- 
lande de  Lassus,  iWd.,  158t 19°  Vingtième 

livre  idem.;  ibid.,  1578.  —  20°  Vingt-unième 
livre  de  chansons  d'Orlande  de  Lassus  et  aul- 
très  à  quatre  et  cinq  parties,  ibid.,  1571.  — 
21°  Vingt- deuxième  livre,  idem  ;  ibid.,  1583.  — 
22°  Vingt-troisième  livre  iàem  ;  ibid.,  1583. — 
23°  Vingt-quatrième  livre  d'airs  et  chansons 
à  quatre  parties  d'Orlande  de  Lassus  et 
Claude  le  Jeune.;  ibid.,  1587.-24°  Vingt-cin- 


22* 


LASSUS 


quiètne  livre  (Pairs  et  chansons  à  quatre  par- 
ties d'Orlande  de  Lassus  et  Claude  le  Jeune  ; 
ibid.,  1587.  Toutes  ces  collections  existent  à  la 
bibliothèque  royale  de  Berlin,  mais  incom- 
plètes. 

Outre  le  superbe  manuscrit  des  Psaumes  de 
la  pénitence ,  la  bibliothèque  royale  de  Munich 
possède  cent  quatre-vingt-onze  compositions 
manuscrites  de  Lassus,  parmi  lesquelles  on  re- 
marque 32  messes,  dont  une  de  requiem,  53  3Ia- 
gnificat,  11  Nunc  dimittis,  3  psaumes,  1  of- 
fice complet  de  la  Purification  de  la  Vierge , 
3  Benedictus,  7  litanies  de  la  Vierge,  dont  une 
à  9  voix  en  deux  chœurs,  30  motets,  34  hym- 
nes, 2  Asperges  me,  6  Salve  Regina,  dont  1  à 
8  voix,  1  Ave  regina,  1  Aima  redemptoris , 
1  Regina  cœli,  et  une  Passion. 

Depuis  le  milieu  du  dix-septième  siècle,  la 
transformation  de  la  tonalité  et  de  l'harmonie 
avait  fait  oublier  peu  à  peu  les  ORUvres  de  l'il- 
lustre musicien  de  Mons  ;  son  nom  avait  con- 
servé sa  célébrité,  mais  ses  oeuvres  étaient  à 
peu  près  inconnues.  Dans  la  seconde  moitié  du 
dix-huitième  siècle,  le  goût  de  l'histoire  de  la  mu- 
sique s'éveilla,  et  la  nécessité  de  l'appuyer  sur 
les  monuments  de  l'art  se  révéla  aux  historiens. 
La  Borde,  le  premier  en  France,  donna  des  spé- 
cimens de  la  musique  de  Lassus,  en  partition, 
dans  le  deuxième  volume  de  son  Essai  sur  la 
musique,  mais  le  choix  qu'il  fit  de  deux  motets 
de  ce  maître,  dans  les  Meslanges  publiés  à  Pa- 
ris en  1576,  n'est  pas  heureux  ;  car  il  s'en  faut 
de  beaucoup  qu'ils  soient  les  plus  intéressants, 
soit  par  les  thèmes,  soit  par  la  facture.  Déjà, 
quatre  ans  auparavant  (1776),  Hawkins  avait  in- 
séré dans  le  second  volume  de  son  Histoire  gé- 
nérale de  la  musique  (1)  l'excellent  madrigal  à 
cinq  voix  Oh  d'amarissiine  onde,  morceau 
aussi  remarquable  par  la  douceur  de  l'harmonie 
que  par  les  mouvements  naturels  des  voix,  et 
par  l'élégance  de  la  facture.  En  1789  Buruey 
donna,  dans  le  troisième  volume  de  son  Histoire 
de  la  musique  (2),  la  chanson  latine  à  quatre  voix 
Aima  Nemes  qux  sola,  Nemes  qu3p.  dicere  Cy- 
pris  altéra,  tirée  du  recueil  qui  fut  publié  à  An- 


vers, en  1555. 


Maisc'est  surtout  dans  notre  siècle  que  de  beaux 
monuments  du  talent  de  Lassus  ont  été  publiés 
en  partition  et  ont  fourni  aux  amis  de  l'art  les 
moyens  de  connaître  l'importance  des  travaux  de 
ce  grand  artiste.  La  plus  intéressante  de  ces  pu- 
blications est,  sans  aucun  doute ,  celle  des  sept 


(i|  ^  General  History  of  the  science  and  practice  of 
Music,  1. 11,  p.  SOI. 
(ï|  ^  General  History  of  Music,  t.  III,  p.  817. 


psaumes  de  la  pénitence,  dont  on  est  redevable 
au  savant  Dehn.  Elle  a  paru  chez  Gustave  Crantz, 
à  Berlin,  en  1838,  sous  ce  titre  :  Psalmos  VII 
poEnitentialesmodismusicis  adaptavit  Orlan- 
dus  de  Lassus,  publici  juris  fecit  et  Friderico 
Guilelmo  Principi  Borumse  hxredilario  ar- 
tium  fautori  sacros  esse  vult  S.  W.  Dehn.  En 
1835,  M.  Pearsall  de  Willsbridge  avait  déjà  mis 
au  jour  à  Carlsruhe  un  Magnificat  du  deuxième 
ton,  à  6  voix,  du  môme  auteur,  et  dans  la  même 
année  Rochlitz  avait  fait  paraître  le  premier  vo- 
lume de  sa  collection  de  musique  vocale  des 
maîtres  les  plus  célèbres  de  toutes  les  nations  (1), 
où  l'on  trouve  un  Regina  cœli,  et  un  Salve  Re- 
gina à  4  voix ,  le  chant  de  Noël  à  5  voix,  Angé- 
lus ad  pastores  ait,  et  un  Miserere  à  5  et  à  6 
de  Lassus.  Vers  le  même  temps,  Dehn  publia  à 
Berlin  le  psaume  33  (Gustateet  videte)  à  5  voix, 
le  motet  à  10  voix  en  deux  chœurs  Quo  prope- 
ras;  un  Magnificat  à  5  voix  parut  dans  la  même 
ville,  chez  Schlesinger,  ainsi  que  l'offertoire  Con- 
firmahocDeus, h  6\oi\,  chezGuttentag.  L'infati- 
gable Dehn  a  publié,  dans  sa  collection  d'ancienne 
musique  des  seizième  et  dix-septième  .siècles  (2), 
une  suite  intéressante  de  six  chansons  allemandes 
à  quatre  voix  et  un  dialogue  à  huit  de  Lassus, 
tirés  de  l'édition  imprimée  à  Munich,  chez  Adam 
Berg,  en  1573  (voy.  le  numéro  54  du  catalo- 
gue précédent).  Douze  motets  et  psaumes  à  4,  5, 
6,  7  et  8  voix  du  même  maître  ont  été  donnés 
par  M.  François  Commer  dans  les  septième  et 
huitième  volumes  de  sa  grande  collection  des 
compositeurs  belges  intitulée  Collectio  operum 
Musicorum  Batavorum  sœculi  XVI  (Mayence, 
Schott).  Charles  Proske,  chanoine  de  la  cathé- 
drale de  Ralisbonne,  en  a  publié  vingt  à  4  voix 
dans  le  second  volume  de  sa  belle  collection  qui 
a  pour  titre  :  Musica  divina ,  sive  Thésaurus 
concentuum  sélect issimorum  omni  cultui  di- 
vino  totius  anni  juxta  ritum  sanctx  Ecclesiee 
cathoUcx  inseroientium  (^Ratisbonne,  1S55, 
in-4°).  Dans  le  premier  volume  de  la  même  collec- 
tion, on  trouve  la  messe  du  huitième  ton,  et  celle 
qui  a  pour  thème  la  chanson  populaire  Puisque 
fay  perdu,  toutes  deux  à  4  voix.  Le  même  sa- 
vant éditeur  a  publié  aussi  dans  la  première  par- 
tie du  premier  volume  de  son  Selectusnovus  mis- 
sarum,prxstantisslmorum  superioris  xviauc- 
torum  (Ralisbonne,  1856,in-4°),lamesseà  5voix 
de  LasA  sur  le  thème  de  la  chanson  italienne  : 


(1)  Sammluna  vorzûglicher  Gesangstûcke  der  aner- 
kannt  çrœssten  zugleirh'fiir  die  Geschichte  der  Ton- 
kunst,  de.  Mayence,  Schott,  In-fol. 

(2)  Sammlung  altermusik  ans  dem  16*  und  n«  Jahr- 
hunderl,  kerausgegeben  von,  etc.  Berlin,  Gustav  Cranl» 
(s.  d.),  Rr.  iD  8". 


LASSUS 


22.T 


Quai  donna  attende  a  gloriosa  fama,  en  parti- 
tion. En  1847,  le  pasteur  M.  Ferrenberg  a  publié 
à  Cologne,  chez  Heberlé,  la  messe  à  4  voix  de  Las- 
siis,  or  sus  à  coup,  avec  d'autres  compositions 
d'Asola,  d'Horace  Yecclii  et  d'Arcadeit.  Enfin , 
M.  Gommer  a  fait  paraître  à  Berlin,  en  1860, 
six  messes  inédites  de  l'illustre  musicien  de  Mons, 
d'api  es  les  manuscrits  de  la  bibliothèque  royale 
de  Munich. 

Un  monument  digne  de  ce  grand  -compositenr 
va  ôtre  élevé  à  sa  gloire  dans  le  pays  qui  l'a  vu 
naître.  Sur  la  propositionet  le  rapport  de  M.  Char- 
les Rogier,  ministre  de  l'intérieur  en  Belgique,  le 
roi  Léopold  a  décidé,  par  arrêté  royal  en  date  du 

10  novembre  1860,  qu'une  collection  des  œuvres 
des  musiciens  belges  les  plus  célèbres  des  quin- 
zième et  seizième  siècles  sera  publiée  en  partition, 
sous  les  auspices  du  gouvernement, et  que  la  pre- 
mière série  comprendra  les  œuvres  complètes  de 
Lassus.  La  direction  de  celte  entreprise  est  con- 
fiée à  l'auteur  de  cette  notice. 

Beaucoup  de  portraits  de  Roland  de  Lassus 
sont  connus.  Parmi  les  miniatures  du  beau  ma- 
nuscrit de  Munich,  on  en  trouve  un  en  buste  et 
un  autre  en  pied  :  Delmotte  a  fait  faire  une  belle 
lithographie  d'après  le  dessin  de  celui-ci  pour  sa 
notice.  Le  Meslange  publié  à  Paris  en  1570  con- 
tient un  portrait  gravé  sur  bois;  les  Lagrtme  di 
S.  Pietro  {l'o9i)  en  renferment  un  autre  de  l'ar- 
tiste, à  l'âge  de  72  ans.  Dans  l'Iconographie  de 
Reusner,  on  en  trouve  un,  gravé  sur  bois,  in-8°; 
un  autre  in-4°,  gravé  de  la  même  manière,  est 
ajouté  au  Thré.sor  in-4''  de  Robert  Ballard,  1594. 
N.  de  Larmessin  en  a  gravé  un  in-4°  en  taille- 
douce;  Théodore  de  Bry  et  Meysens  en  ont  pu- 
blié deux  autres  également  in-4°;  la  colleclion  de 
Hawk  en  renferme  un  gravé  par  Cadwal ,  petit 
in-4'';  celui  de  Jean  Sadeler,  publié  en  1600,  est 
en  format  in-8°;  il  a  été  copié  dans  l'Académie 
des  sciences  et  des  arts  de  Bullart  et  dans  la 
Bibliotheca  Belgica  de  Foppens  ;  il  y  en  a  un 
gravé  sur  bois  (in-fol.)dans  \e&  Prosopographise 
heroum  atque  illustrium  virorum  totius  Ger- 
manise,de  H.  Pautaleone  (Bâie,  1566,  3"  partie, 
p.  541)  ;  un  autre  est  dans  le  livre  de  Paul  Fre- 
her;  Amelingue,  célèbre  graveur  français,  en  a 
publié  un  beau  en  taille-douce,  avec  les  vers  : 

Hic  ille,  etc. 

11  en  est  sans  doute  plusieurs  autres  qui  rae  sont 
inconnus. 

L'historien  de  la  ville  de  Mons  (de  Boussu)  as- 
sure, d'après  Philippe  Brasseur  {  Sydera  illus- 
trium Hannonim  scriptor.,  p.  84),  que  les  ma- 
gistrats de  cette  ville  élevèrent  à  Lassus  une  sta- 


tue dans  l'église  Saint-Nicolas,  avec  celte  inscrip- 
tion sur  le  piédestal. 

s.  1'.  Q.M. 
Montigenœ  Orlando,  c|uod  eo  nascenle  renata  est 
Musica,  Montenses  hoc  posiiere  decus. 

Il  ajoute  que  cette  statue  a  été  détruite  vers 
1680  ;  mais  Delmotte  a  démontré  la  fausseté  de 
ces  assertions,  et  a  rendu  plus  que  douteuse  l'exis- 
tence de  cette  statue,  à  quelque  époque  que  ce  soit. 
Depuis  que  la  première  édition  de  la  Biographie 
universelle  des  musiciens  a  été  publiée,  une 
belle  statue  de  l'artiste  célèbre  a  été  élevée  à  Mu- 
nich, dans  la  rue  Louis  (Ludwigsstrasse),  aux 
frais  du  roi  de  Bavière.  Animée  d'un  zèle  louable 
pour  l'honneur  de  la  ville  de  Mons,  la  Société  des 
sciences,  des  lettres  et  des  arts  de  Hainaut  prit 
en  1840  l'initiative  de  l'érection  d'un  monument 
du  même  genre,  à  la  mémoire  de  la  plus  grande 
illustration  de  cette  cité.  Par  son  zèle  et  ses  ef- 
forts persévérants,  etgrâce  à  la  partactive  prise 
par  l'administration  communale  à  la  réalisation 
de  ce  vœu,  le  but  a  été  atteint,  et  le  25  mai  1853, 
une  statue  en  bronze  d'Orland  de  Lassus,  ouvrage 
de  M.  Frison,  a  été  inaugurée  dausie  parc  de  la 
Tille  qui  a  vu  naître  ce  grand  homme. 

Grand  nombre  de  notices  biographiques  ont 
été  faites  sur  Roland  de  Lassus  dans  les  recueil» 
généraux  et  nationaux,  ainsi  que  dans  les  die. 
tionnaires  d'artistes  ;  mais  la  plupart  des  compi- 
lateurs n'ont  fait  que  se  répéter  en  ajoutant 
quelques  erreurs  nouvelles  aux  anciennes  er- 
reurs. Dans  ces  derniers  temps,  de  meilleures 
sources  ont  été  explorées  et  ont  donné  de  bons 
résultats  :  je  citerai  particulièrement  une  excel- 
lente notice  insérée  dans  les  nos  3s,  39,  41,  43  et 
47  du  journal  allemand  Das  Inland  (ann.  1830), 
publié  par  le  libraire  Cotta,  à  Munich,  et  la  cons- 
ciencieuse monographie  intitulée  :  Notice  bio- 
graphique sur  Roland  de  Lattre,  connu  sous 
le  nom  d'Orland  de  Lassus,  .par  H.  Delmotte, 
imprimerie  de  Prignet,  à  Valenciennes,  1836, 
iu-8°  de  176  pages.  Dehn  en  a  donné  une  tra- 
duction allemande,  et  il  en  a  été  publié  une  ver- 
sion hollandaise  par  M.  F.-C.  Kist,  sous  ce  ti- 
tre :  Levensgeschiedenis  van  Orland  de  Las- 
sus; la  Haye,  1841,  in-8%  avec  le  portrait, 
M.  Adolphe  Mathieu  a  publié  un  poënie  intitulé  : 
Roland  de  Lattre  ;  Mons,  Piérarl,  1838,  in-18 
76  pages.  Ce  poëme  est  précédé  d'une  notice  bio- 
graphique extraite  de  celle  de  Delmotte,  et  suivi 
de  notes 

LASSUS  (Ferdinand  DE),  fils  de  Roland,  pa- 
rait avoir  été  l'aîné  des  enfants  de  cet  artiste  cé- 
lèbre ;  mais  l'année  de  sa  naissance  est  inconnue. 
On  ignore  aussi  s'il  apprit  la  musique  sous  la  di- 


2?4 


I-ASSUS 


rection  de  son  père,  ou  s'il  eut  pour  maître  Jean 
à  Testa,  \ice-maltre  de  chapelle  chargé  de  l'ins- 
truction des  enfants  de  chœur.  Ferdinand  entra 
d'abord  au  service  de  Frédéric,  comte  de  Hohen- 
zollern,  en  qualité  de  musicien  de  sa  chapelle; 
puis,  en  1593,  il  passa  comme  ténor  dans  la 
Giiapelie  du  duc  de  Bavière.  En  1602  il  succéda 
à  Jean  de  Tosta  dans  la  direction  de  cette  cha- 
pelle, et  fut  en  même  temps  chargé  de  la  surveil- 
lance, del'entretien  et  de  l'instruction  des  enfants 
de  chœur.  Ces  enfants  étaient  logés  chez  lui;  on 
lui  accordait  pour  ciiacun  132  florins  par  an.  Une 
recevait  pour  ses  émoluments  de  maître  de  cha- 
pelle qu'une  somme  annuelle  de  300  florins,  tan- 
dis que  Jean  de  Testa  avait  eu  ôOO  florins  de 
traitement  (100  florins  de  plus  que  Roland  de 
Lassus),  10  florins  pour  un  habit,  et  20  florins 
pour  le  logement.  Ferdinand  était  marié  et  père 
de  sept  enfants  ;  le  duc  Guillaume  lui  accorda  la 
faveur  d'envoyer  en  Italie  le  troisième  de  ses  fils, 
nommé  Ferdinand  comme  lui,  pour  y  achever 
son  instruction  dans  la  musique.  Devenu  souf- 
franten  1608,  et  bientôt  hors  d'étatde  remplir  ses 
fonctions,  Ferdinand  languit  près  d'ime  année, 
et  mourut  à  Munich,  le  27  août  1609.  Il  avait 
coopéré  à  la  publication  du  Magnum  opus.  Fer- 
dinand était  compositeur  :  on  voit  parmi  les  piè- 
ces des  archives  de  Munich  qu'il  lui  fut  payé 
18  florins  pour  un  Magnificat.  Il  a  publié  de  sa 
composition  :  Cantiones  sacrx  suavissimse  et 
omnium  musicorum  instrument orum  harino- 
nise  per  quam  accommodatx,  alias  nec  visx, 
nec  unquam  typissubjectse;  Graetz,  1587,  in-4''. 
A  la  Hn  des  leçons  de/o&  de  Roland  de  Lassus, 
publiées  à  Nuremberg,  en  1588,  in  4°,  on  trouve 
quelques  motets  de  Ferdinand,  ainsi  que  dans 
le  recueil  de  motets  à  5  voix  (Municli,  1596, 
10-4°),  et  dans  le  premier  livre  àt  Magnificat, 
édition  de  Munich,  1602,  in-fol.  Après  la  mort  de 
son  fils  Ferdinand,  on  Irouva  beaucoup  de  com- 
positions sous  le  nom  de  Ferdinand  de  Lassus, 
mais  il  y  a  lieu  de  croire  qu'elles  appartiennent 
au  petit-fils  d'Orland  de  Lassus. 

LASSUS  (Rodolphe  DE),  second  fils  de  Ro- 
land, naquit  à  Munich.  Par  une  ordonnance  de 
Guillaume,  duc  de  Bavière,  datée  du  C  décembre 
1587,  on  voit  qu'il  avait  demandé  à  ce  prince  la 
permission  de  se  marier,  qui  lui  fut  accordée 
avec  le  titre  d'organiste  et  le  traitement  de  200 
florins,  sous  la  condition  qu'il  apprendrait  à  chan- 
ter aux  musiciens  de  la  chapelle,  et  qu'il  les 
instruiraitdans  la  composition.  En  1609,  son  trai- 
tement fut  porté  à  300  florins.  Après  une  mala- 
die dangereuse,  il  composa  en  1616  ses  Virgi- 
nalia  eucharistica,  qu'il  fit  présenter  par  son 
fils  au  duc  régnant.  L'année  suivante,  il  lui  of- 


frit encore  quhize  volumes  contenant  6  messes, 
6  Magnificat  et  6 motets;  et  enfin,  en  1618,  il  le 
pria  d'accepter  la  dédicace  de  son  Sacrum  con- 
vivium.  La  réputation  de  cet  artiste,  digne  fils 
d'un  illustre  père ,  était  celle  d'un  musicien  si 
distingué  ,  que  lorsque  Gustave-Adolphe,  sur- 
nommé le  Lion  du  Nord,  vint  à  Munich,  en 
1622,  il  l'honora  d'une  visiteet  lui  demanda  plu- 
sieurs morceaux  de  sa  composition.  Il  mourut 
en  1625.  Les  compositions  connues  de  Rodolphe 
de  Lassus  sont  :  Cantiones  sacrx  quatuor  vo- 
cuvi;  Munich,  Henrici,  1606,  in-4°.  —  2°  Circus 
symphoniacus,  ibid.,  1609,  in-4°.  —  3*  Moduli 
sacri  ad  convivium  sacrum  2,  3  et  6  vocum  ; 
Aiigsbourg,  1614,  in-4°.  —  4"  Virginalia  Eucha- 
ristica quatuor  vocum;  Monachii,  Henrici, 
1616,  in-4''.  —  i>°  Alphabetum  marianum  tri- 
plici  cantionum  série  ad  multifariam  vocum 
harmoniam;  Munich,  i62l.Ce  recueil  contient 
57  antiennes  de  la  Vierge.  On  trouve  aussi  des 
compositions  de  Rodolphe  de  Lassus  dans  quel- 
ques recueils  des  œuvres  de  son  père.  La  biblio- 
thèque royale  de  Municli  ne  possède  pas  les  vo- 
lumes manuscrits  que  Rodolphe  fit  présenter  à 
son  souverain,  et  qui  contenaient  6  messes,  6  Ma- 
gnificat et  6  motets;  maison  y  trouve  le  Madrigal 
à  6  voix  :  Perche  fu^gi,  et  un  Miserere  à  9  voix 
de  cet  artiste.  Rodolphe  a  été  l'éditeur  de  quel- 
ques œuvres  posthumes  de  son  père  et  le  principal 
collaborateur  du  Magnum  opus. 

LASSUS  (Fekdinand  DE),  troisième  fils  de 
Ferdinand,  et  petil-fils  de  Roland,  étudia  d'abord 
la  musique  sous  la  direction  de  son  père,  comme 
enfant  de  chœur  de  la  chapelle  ducale.  En  i609 
il  fui  envoyé  à  Rome  p^r  l'électeur  de  Bavière 
Guillaume,  pour  y  achever  ses  études  musicales. 
De  retour  en  Allemagne,  il  entra  en  1616  au 
service  du  duc  Maximilien.  Le  19  janvier  1625, 
l'électeur  lui  accorda  une  augmentation  de  100 
florins  pour  son  traitement  annuel.  Par  des  mo- 
tifs inconnus,  il  reçut  à  l'improviste  sa  démis- 
sion de  maître  de  chapelle,  au  mois  de  novem- 
bre 1629,  avec  sa  nomination  de  juge  du  district 
et  de  caissier  à  Reispach.  Il  mourut  au  com- 
mencement de  1636,  laissant  en  manuscrit  un 
gj-and  nombre  de  compositions  que  sa  veuve  of- 
frit en  vente  à  la  cour,  et  dont  le  catalogue  pré- 
sente les   ouvrages   suivants  :  3  Magnificat  ; 

1  Aima  redemptoris  ;  1  Nunc  dimittis;  8  mo- 
tets; quelques  madrigaux  à  8  voix;  1  Miserere; 
0  quam  gloriosa,  motet  à  16  voix;  Miserere 
à  15  voix;  idem  à  16  voix  ;Alma  redemptoris 
à  16  voix;  quelques  madrigaux  à  3,  4,  5,  6,  7 
voix;  d'autres  madrigaux  à  2,  3  et  4  chœurs; 

2  Miserere  à  2  chœurs  et  un  à  trois  ;  des  hym- 
nes pour  toute  l'année;  quelques  psaumes  à 


LASSUS  —  LATILLA 


•)■); 


8  voix  ;  un  Magni^cat  h  9  voix,  et  trois  idem  à 
3  chœurs;  deux  Te  Deum  à  4  ciiœurs;  Stabat 
Mater  à  2  chœurs  ;  2  litanies  de  la  Vieige  à 
2  chœurs  ;  2  messes  à  10  voix  ;  idem  à  3  chœurs  ; 
quelques  motets  à  10,  11,  12,  15  el  16  voix; 
un  Miserere  à  9  en  2  ciiœurs  ;  1  idem  à  8  en 
2ciiœurs;  1  iilem  à  15 en  quatre  chœurs;  i  idem 
à  12  en  3  diœurs.  Ferdinand  de  Lassus  fils  a  pu- 
blié un  seul  ouvrage  de  sa  composition  intitulé  : 
Apparatus  musicus  octo  vocum  varias  casque 
sacras  et  divinis  officiis  aptas  complectens 
odas;  Monattiii,  1622,  in-4".  Un  exemplaire  de 
cet  ouvrage,  devenu  d'une  rareté  excessive,  est 
à  la  bibliothèque  royale  de  Berlin.  Les  huit  voix 
sont  divisées  en  deux  chœurs,  et  il  y  a  une  par- 
tie séparée  pour  l'accompagnemont  de  l'orgue. 
Malheureusement  la  partie  de  contralto  du  se- 
cond chœur  manque  dans  cet  exemplaire,  le 
seul  que  j'aie  trouvé  dans  tous  les  catalogues  que 
j'ai  vus. 

Quelque  incertitude  paraît  avoir  régné  dans 
l'esprit  des  bibliothécaires  de  Munich  et  deDel- 
motte,  pour  décider  si  ces  compositions  appar- 
tiennent à  Ferdinand  de  Lassus  père,  ou  à  son  (ils; 
pour  moi,  j'ai  la  conviction  qu'elles  sont  de  celui- 
ci;  car  le  grand  nombre  de  voix  dont  elles  sont 
formées  en  général  était  un  des  signes  carac- 
téristiques de  l'école  deBenevoli,  qui  était  à  Rome 
dans  toute  sa  splendeur  quand  le  jeune  Ferdi- 
nand de  Lassus  s'y  rendit;  c'est  là  qu'il  a  dû 
prendre  le  goût  de  ce  genre  de  composition,  au- 
paravant peu  connu  en  Allemagne.  D'ailleurs 
Ferdinand,  tils  d'Orland  de  Lassus,  était  mort 
depuis  treize  ans  quand  V Apparatus  musicus  fut 
publié. 

LASUS,  poète  et  musicien  grec  dont  parle 
Athénée,  naquit  à  Hermione,  dans  l'Argolide, 
vers  la  50"  olympiade  (environ  cinq  cent-quatre- 
vingt-dix  ans  avant  l'ère  chrétienne).  Athénée 
dit  que  Lasus  fut  le  premier  parmi  les  Grecs 
qui  écrivit  sur  la  musique  et  qui  donna  des 
règles  pour  la  composition  du  chant;  mais  aucun 
de  ses  ouvrages  n'est  parvenu  jusqu'à  nous. 
Clément  d'Alexandrie  lui  attribue  l'invention  du 
poème  <lilhyrambique.  On  croit  aussi  que  ce  fut 
lui  qui  introduisit  l'usage  de  battre  la  mesure, 
et  qui  perfectionna  la  llûte,  auparavant  rauque 
et  g^rossière. 

LATILLA  (Gaétan),  né  à  Bari,  dans  le 
royaume  de  Naples,  en  1713,  apprit  la  musique 
dans  la  maîtrise  de  l'église  cathédrale  du  lieu  de 
sa  naissance,  puis  fut  envoyé  à  Naples,  pour  y 
achever  son  éducation  musicale,  sous  la  direc- 
tion de  Dominique  Gizzi.  Il  était  âgé  de  vi.-igt- 
cinq  ans  lorsqu'il  fit  représenter  à  Naples  son 
premier  opéra,  qui  réussit   et  le  fit  connaître 

RIOCR.   UMV.   nies  MUSirjENS.   —    T.   v. 


avec  avantage.  Appelé  à  Rome  dans  la  même 
année  pour  y  écrire  son  Orazio,  il  y  obtint  un 
éclatant  succès  qui  lui  fit  trouver  des  protecteurs 
et  lui  ouvrit  les  portes  de  la  maîtrise  de  Sainte- 
Marie-Majeure.  Il  y  hit  admis  comme  second 
maître  de  chapelle  et  coadjuteur  de  Cannicciari, 
le  31  déceml)re  1738;  naais  une  longue  maladie 
ne  lui  ayant  pas  permis  de  remplir  ses  h)nctions, 
il  fut  remercié  le  8  avril  1741,  et  retourna  à 
Naples  pour  y  rétablir  sa  santé.  Sa  convalescence 
fut  longue  et  pénible  :  enfin  il  put  reprendre  ses 
travaux,  el,  pendant  plus  de  vingt  ans,  il  continua 
d'éci  ire  avec  succès  pour  les  principaux  théâtres 
d'Italie.  En  1756,  Latilla  fut  nommé  maître  du 
chœur  du  Conservatoire  de  laPietà,  à  Venise,  et 
le  16  mars  1762  il  obtint  la  place  de  second 
maître  de  ia  chapelle  ducale  de  Saint-Marc,  en 
remi)lacement  de  Galuppi  qui  venait  d'être  élevé 
au  poste  de  premier  maître.  Son  traitement  n'é- 
tait que  de  120  duc-ats  :  au  mois  de  janvier  1765, 
Latilla  obtint  une  augmentation  de  quarante  du- 
cats; mais  jamais  il  ne  parvint  à  faire  porter  son 
salaire  à  200  ducats,  qui  était  celui  du  premier  or- 
ganiste. Blessé  d'une  injustice  que  son  mérite,  et 
son  zèle  dans  l'exercice  de  ses  fonctions,  auraient 
dû  lui  épargner,  il  donna  sa  démission  au  mois 
de  juin  1772  et  s'éloigna  de  Venise,  en  décla- 
rant qu'il  n'y  mettrait  plus  les  pieds.  Burney,  qui 
vit  cet  artiste  dans  cette  ville  en  1770,  dit  qu'il 
trouva  en  lui  un  homme  instruit  dans  la  musique 
ancienne  et  moderne,  beaucoup  de  simplicité 
et  de  bonté.  De  retour  à  Naples  vers  la  fin  de 
1772,  Latilla  y  était  encore  en  1785,  lorsque 
Ferrari  y  arriva  et  le  prit  pour  maître  de  com- 
position. Nous  devons  à  ce  dernier  quelques  dé- 
tails intéressants  sur  le  caractère  et  les  habitu- 
des de  son  maître  :  il  les  a  publiés  dans  ses 
mémoires  (1).  «  Latilla  (dit-il)  était  fort  habile 
«  dans  l'art  du  contrepoint  ;  mais,  dans  ses  ha- 
«  bitudes,  c'était  un  vrai  lazzarone  :  pourvu 
«  qu'il  eût  de  quoi  acheter  un  plat  de  macaroni, 
«  il  était  satisfait.  Le  prix  de  ses  leçons  était  d'un 
«  carlino  pour  un  Napolitain,  de  deux  pour  \n\ 
«  étranger  en  général,  et  de  trois  pour  un  An- 
«  glais.  Comme  étranger,  je  lui  offris  deux  car- 
«  Uni  :  Non,  non,  me  dit-il,  vous  êtes  un  Ty- 
«  rolien  ;  et  comme  Tirolese  rime  avec  Inglese, 
«  crgo,  vous  devez  payer  comme  votre  ami  sir 
(i  Thomas  Attwood.  I!  n'y  avait  rien  à  répondre 
«  à  cet  argument  :  je  me  résignai  à  payer,  et 
«  n'eus  qu'à  me  louer  d'avoir  trouvé  un  maître 
«  S!  instruit.  Il  venait  chez  moi  quatre  fois  clia- 


(1)  j4n€ddoti  piacevoli  e  ititeressanti  ocoorsi  nella  vita 
di  Giacomo  Gotifredo  Ferrari,  Londres,  1830,  2  toI. 
in-l'i. 


15 


2:fi 


LATILLA.  —  L\TR03E 


«  que  semaine,  et  nous  passions  ensemble  plu- 
'<  sieurs  heures.  » 

Latilla  vivait  encore  en  1788,  mais  il  mourut 
peu  de  temps  après.  Peu  de  compositeurs  de 
l'école  napolitaine  ont  en  un  style  atissi  correct 
que  lui  :  sa  musique  d'églisH  est  particulièrement 
remarquable  à  cetéf^ard.  Je  possède  de  lui  une 
messe  a  quatre  voix  avec  orgue,  et  le  psaume 
invxitu  à  cinq,  compositions  de  grand  mérite. 
La  liste  de  ses  opéras  est  couiposée  des  ouvrages 
suivants  :  1"  Dejiiofoonte;  Napies,  1738.  — 
2°  Orozio;  Rome,  1738,  et  Venise,  1743.  — 
3°  La  fmta  Cameriera;  Napies  1743.  —4°  La 
Gara  per  la  gloria;  Venise,  1744.  —  5°  Ma- 
dama  Giana ,  avec  Galuppi  ;  ibid.  —  6°  Amore 
in  tarentola,  ibid.  1750.  —  T  La  Pastorella  al 
soglio,  ibid.  1751.  —  8"  Griselda,  Home,  1747. 

—  y"  cr  Impostori,  1751.  —  10°  L'Opéra  in 
prova  alla  moda,  1751.  —  ii"  L'Isola  d'a- 
more.—  12"  Vrganostocor ,  1752.—  13°  VO- 
limpiade,\'b1.  —  \k" Amore  artigiano,  1761, 

—  ih°  Alessandro  neWIndie,  1753. —  ie,° Me- 
rope,  1763.  —  17"  Za  Giardiniera  contessa.  — 
\?,°  LaCommedia  in  Commedia.  —  \^°  Don 
Calascione.  —  20°  La  buona  Figliiiola  cre- 
duta  vedova;  Venise,  1766.  On  connaît  aussi 
de  Latilla  l'oratorio  :  L'onnipofenza  e  la  mise- 
ricordia  divina.  Ce  compositeur  était  oncle  de 
Piccinni. 

LATOUR  (Jean),  pianiste  et  compositeur, 
né  à  Paris  vers  1766,  se  rendit  à  Londres  dans 
les  premières  années  de  la  révolution  française, 
et  s'y  livra  à  l'enseignement  avec  beaucoup  d'ac- 
tivité. Ses  relations  avec  quelques  émigrés  de 
haut  rang  lui  furent  utiles,  et  lui  procurèrent 
l'entrée  de  plosieiirs  grandes  maisons.  Le  titre 
qu'il  obtint  de  pianiste  du  prince  de  Galles 
(  depuis  lors  roi  d'Angleterre,  sous  le  nom  de 
Georges  IV)  acheva  sa  fortune.  Devenu  en  quel- 
que sorte  le  Gelinek  de  l'Angleterre  par  ses 
(compositions  et  ses  arrangements  faciles  pour  le 
piano,  il  multiplia  les  variations,  pots-pourris, 
fantaisies,  qui  obtenaient  partout  un  succès  de 
vogue,  et  en  recueillit  des  .sommes  considérables. 
Vers  1810  il  établit  à  Londres  ime  maison  de 
commerce  de  musique  sous  le  nom  de  Chappell 
etC^^;  plus  tard,  il  se  sépara  <le  son  associé,  qui 
fonda  une  autre  maison.  Quoi(iue  Latour 
vécût  alors  dans  ime  maison  de  campagne  voi- 
sine de  Londres,  il  conserva  encore  son  com- 
merce pendant  quelques  années.  Vers  1830  il 
quitta  les  adaircs,  et  quelque  temps  après  il  se  fixa 
à  Paris,  oii  il  est  morten  1837.  On  a,  sous  le  nom 
de  cet  artiste  :  i°  Concerto  militaire  pour  le 
piano  (en  «i  )  ;  Paris,  Janet  et  Cotelle.  —  2°  Cinq 
duos  détachés  pour  harpe  et  piano;  Londres  et 


Paris.  —  z°  Environ  trente  divertissements  et 
rondeaux  détachés  pour  piano  et  violon  ou  flûte, 
la  plupart  sur  des  thèmes  d'opéras  ou  des  airs  po- 
pulaires, gravés  à  Londres,  à  Paris,  et  dans  les 
principales  villes  d'Allemagne.  —  4°  Environ 
vingt-cinq  duos  à  quatre  mains  sur  différents 
thèmes  connus,  ibid.  —  5°  Sonates  progressives 
pour  piano  seul  ;  Londres,  Berlin,  Oflenbach.  — 
6°  Sonates  faciles  et  doigtées  idem  ;  Paris,  Carli, 
Frey,  etc.  —  7°  Environ  soixante  suites  de  va- 
riations, divertissements,  caprices,  etc,  pour 
piano  seul,  Londres,  Paris,  et  les  principales 
villes  de  l'Europe.  —  8°  Valses  et  danses  pour 
piano  seul,  Londres  et  Offenbach. 

LATOUR  DE  FRA]\QUEVILLE  (M"'^ 
DE).  On  attribue  à  une  dame  de  ce  nom  une 
critique  amère  de  tous  les  passages  qui  concer- 
nent J.-J.  Rousseau  dans  l'Essai  sur  la  musique, 
de  La  Borde.  Ce  pamphlet  a  pour  titre  :  Errata 
de  l'Essai  sur  la  musique  ancienne  et  7noderne, 
ou  Lettre  à  M***  par  Mme***  (lin  Suisse), 
1780,  in-t2.  D'autres  personnes  ont  cru  que  Ga- 
viniès  {voy.  ce  nom)  était  le  principal  auteur  de 
cette  brochure,  La  Borde  répondit  avec  aigreur 
dans  le  Supplément  à  l'Essai  sur  la  musique, 
et  l'auteur  de  VErrata  fit  une  réplique  intitulée 
Mon  dernier  mot,  qui  termina  la  dispute.  Ces 
deux  pièces  ont  été  ajoutées  à  l'édition  complète 
des  œuvres  de  J.-J.  Rousseau,  publiée  à  Genève 
en  1782,  et  à  toutes  les  éditions  postérieures. 

LATROBE  (Chkétien-Ignace),  fils  d'un  ec-, 
clésiastique  anglais,  naquit  à  Fulnee,  dans' le 
YorJisliire,  en  1758.  Dès  son  enfance  il  mêla  l'é- 
tude de  la  musique  à  ses  éludes  littéraires.  Après 
avoir  suivi  des  cours  élémentaires  dans  .sa  ville 
natale,  il  fut  envoyé  par  son  père,  en  177t,  au 
collège  de  la  secte  religieuse  des  Frères-unis^ 
situé  à  Niesky,  dans  la  haute  Lusace.  Il  y 
resta  treize  ans,  puis  il  retourna  en  Angleterre 
dans  l'année  1784,  et  y  entra  dans  les  ordres. 
Depuis  lors  il  a  toujours  résidé  à  Londres,  où 
il  vivait  encore  en  1824.  Quelques  concertos 
pour  le  piano  ont  été  ses  premières  composi- 
tions; ils  sont  restps  en  manuscrit.  Vers  1790  il 
a  fait  paraître  12  variations  pour  le  même  instru- 
ment; Londres  et  Leipsick.  A  cette  jtublication 
succéda  une  sonate  pour  piano  et  violon  obligé, 
ibid.  Eu  1793,  lorsque  Haydn  vlsiia  Londres, 
Latrobe  lui  fit  entendre  une  œuvre  de  trois  so- 
nates, op.  3,  qui  forent  approuvées  par  le  célèbre 
artiste  et  parurent  à  Londres  dans  la  même 
année.  Quelques  antiennes  parurent  ensuite,  et 
furent  suivies  du  Dies  irse,  hymne  du  jugement 
dernier,  traduit  en  anglais,  de  The  Dawn  of 
Glorij  (L'aurore  de  gloire),  hymne  sur  le  bon- 
heur du  rédempteur;  de  Y  Antienne  du  Jubilé, 


LATROBE  —  LAUCHER 


pour  le  cinquantième  anniversaire  de  l'avéneinont 
(le  Georges  III  au  trône  d'Ann;Ieterre  ;  d'un  Te 
Deum  exécuté  dans  la  catliédrale  d'York  ;  d'un 
Miserere;  de  quelques  antiennes  pid>!iées  dans 
un  livre  de  chant  à  l'usage  des  Frères  unis,  et  de 
six  airs  avec  accompagnement  de  [)iano,  dont  les 
paroles  sont  de  Cooper  et  de  Miss  Anna  More. 
En  1800,  Latrobe  commença  la  publication  d'une 
collection  de  musique  religieuse,  dont  il  avait 
paru  cinq  volumes  en  1824;  cet  ouvrage  a  pour 
titre  :  Sélection  ofSacred  Music. 

LATROBE  (  J.-A.),  fils  du  précédeni,  na- 
quit à  Londres,  en  1792.  Dès  son  enfance  il  se 
livra  à  l'étude  de  la  musique.  Devenu  maître  de 
chapelle  àLiverpool,  il  a  écrit  plusieurs  antiennes 
à  trois  et  à  quatre  voix  ;  mais  il  est  connu  sur- 
tout par  un  livre  sur  la  musique  d'église  in- 
titulé :  Music  to  the  Church  considered  in  ils 
varions  branches,  congregational  and  cho- 
ral ,-Liverpool,  1837,  in-S". 

LATZEL  (Joseph),  né  le  12  mai  1764,  à  Ma- 
rientlial,  dans  le  comté  de  Giatz,  était  fils  d'un 
instituteur  qui  fut  placé  à  Rosentbal  en  1770. 
Dès  son  enfance,  il  manifesta  les  plus  heureuses 
dispositions  pour  la  musique.  Quoiqu'il  ne  reçût 
pas  de  leçons,  à  cause  des  occupations  multi- 
pliées de  son  père,  et  qu'il  fût  obligé  de  s'ins- 
truire lui-même,  il  fit  de  si  rapides  progrès, 
qu'à  l'âge  de  quatorze  ans  il  était  en  état  de 
donner  des  leçons  d'orgue ,  de  violon  et  de 
solfège.  En  1778,  il  se  rendit  au  gymnase  ca- 
tholique de  Breslau  pour  y  continuer  ses  études. 
Son  talent  précoce  attira  sur  lui  l'attention  du 
directeur  de  musique  Fœrster,  qui  le  prit  en 
affection  et  le  dirigea  dans  ses  travaux.  En  1787 
il  commença  un  cours  de  théologie  :  lorsqu'il 
l'eut  terminé,  il  entra,  le  15  octobre  1790,  au 
couvent  de  la  Croix,  à  Neisse,  où  il  fut  ordonné 
prêtre  deux  ans  après.  Dès  lors  il  put  se  livrer 
en  liberté  à  la  pratique  de  l'art  qu'il  aimait  avec 
passion.  En  1798  il  fut  nommé  directeur  du 
chœur  de  son  couvent  et  professeur  de  musique 
d'un  grand  nombre  d'élèves,  dont  plusieurs  sont 
devenus  depuis  lors  des  artistes  renommés  dans  la 
Silésie.  Après  unecourte  maladie,  ce  digne  homme 
a  cessé  de  vfvre  le  5  septembre  1827.  Il  a  laissé 
en  manuscrit  plusieurs  vêpres,  une  messe  so- 
lennelle (en  ut  majeur),  beaucoup  d'hymnes, 
offertoires  etanliennes,  quatre  Aima,  un  Regina 
Cœli,  et  une  cantate  pour  l'anniversaire  d'un 
jour  de  naissance.  Tous  ces  morceaux  ont  été 
exécutés  dans  le  chœur  du  couvent  de  la  Croix 
pendant  trente  ans. 

LAU  (Charlus),  né  en  Bohême  vers  le  mi- 
lieu du  dix-huitième  siècle,  se  fil  d'abord  connaî- 
tre par  son  talent  sur  le  cor,  et  composa  quel- 


ques concertos  qui  étaient  estimés,  ver»  1780,  v* 
qui  sont  restés  en  manuscrit.  Plus  tard  il  alla  eu 
Russie  et  y  fut  employé  comme  professeur  <le 
musique  à  l'université  d'iekalherinoslaw,  où  il 
se  trouvait  en  1796.  il  était  aussi  dans  le  même 
temps  diiecteur  «le  la  musique  du  corps  imp.^- 
rJal  des  chasseurs,  et  en  même  temps  de  la  gai  de 
achevai.  Il  travailla  longtemps  au  perfeclionno- 
ment  de  la  musique  de  cors  russes  lorsqu'il  était 
(en  1784)  directeur  de  la  musique  du  prince  Po. 
temkin.  En  1787,  il  lit  entendre  celte  musique 
en  Crimée,  devant  l'empereur  Joseph  II  et  l'im- 
pératrice Catherine,  qui  le  félicitèrent  sur  ses 
succès. 

LAUB  (Ferdinand),  violoniste  distingué,  fils 
d'un  pauvre  musicien,  est  né  à  Prague,  le  19  jan- 
vier 1832.  Entré  au  Conservatoire  de  cette  ville  en 
1840,  il  y  devint  élève  de  M.  Mildner  pour  son 
instrument.  Ses  progrès  furent  si  rapides,  qu'à 
l'âge  de  douze  ans  il  joua  dans  un  concert  la 
grande  polonaise  d'Ernst  avec  un  brillant  .suc- 
cès. Lorsqu'il  eut  atteint  sa  dix-huitième  année,  ^ 
il  voyagea  en  Allemagne,  particulièrement  en  Ba- 
vière, donna  un  concert  à  Augsbourg,  et  joua  au 
théâtre  de  Munich.  Partout  il  excita  l'admiration 
par  son  talent  précoce.  Entré  à  l'âge  de  vingt  ans 
dans  la  chapelle  du  duc  de  Saxe-Weimar,  il  y 
est  resté  attaché  pendant  plusieurs  années;  pu';? 
il  a  été  engagé,  comme  maître  de  concerts,  a 
Berlin,  où  il  se  trouve  encore  (  1862).  M.  Laub 
a  fait  plusieurs  voyages  en  Hollande  et  en  Bel- 
gique, où  il  a  obtenu  de  beaux  succès.  11  a  éga- 
lement visité  Londres,  Vienne  et  plusieurs  bh- 
tres  grandes  villes ,  où  il  est  considéré  comnte 
un  violoniste  de  grande  valeur.  Cet  artiste,  mu- 
sicien d'une  éducation  solide,  est  particulière- 
ment remarquable  par  le  mécanisme  de  la  main 
gauche.  Son  jeu  a  de  la  hardiesse  et  de  l'origi- 
nalité, mais  il  laisse  désirer  plus  de  délicatesse 
et  d'élégance. 

LAUBE  (  Antoine),  né  à  Brux  ,  en  Bohôme, 
le  10  novembre  1718,  vécut  d'abord  à  Prague 
comme  enfant  de  chœur,  et  obtint  ensuite  la 
place  de  directeur  de  musique  à  l'église  des  Char- 
treux de  Saint-Galle,  dans  cette  ville.  Après  la 
mort  de  François  Brixi ,  il  fut  nommé  maître  de 
chapelle  de  l'église  méiropolitaùie,  le  1"  no- 
vembre 1771 ,  et  il  y  resta  jusqu'à  sa  mort,  qui 
arriva  le  24  février  i784.  Il  était  aussi  membre 
de  la  confrérie  de  Sainte-Cécile,  à  l'église  des 
Minorités.  On  connaît  de  lui  plusieurs  messes  et 
motets  dont  le  style  lâche  et  sautillant  n'est  pas 
convenable  pour  l'église  :  ces  compositions  .sont 
restées  en  manuscrit. 

LAUCHER  (Joseph-Antoine),  corniste  et 
compositeur,  dans  la    sc-conde  partie   du  dix- 

15. 


228 


LAUCHER  —  LAUR 


huitième  siècle,  fut  directeur  de  musique  à  Dil- 
tingen  sur  le  Danube,  ville  qui  appartenait  au- 
trefois à  l'Autriche  et  qui  est  maintenant  à  la  Ba- 
Tière.  Cet  artiste  a  publié  :  T  XVIII  hymnes  de 
\êpres  à  4  vofx,  2  violons,  orgue,  violoncelle  et 
2  cors,  suivis  d'un  Te  Dew7«etd"un  Veni  Sancte 
spiriius comp\e{s,  Augsbourg,  1786 — 2°  Sacri- 
flcium  mortuorum  seti  III  missae  solemnes , 
brèves  tamen,  de  Requiem ,  occasione  exe- 
quiarum  felicissimx  memorix  Josephi  II, 
Romanoriim  imperaiorum  et  Elisabelhx  im- 
perairicis,  in  insig.  ecclesia  collegiala  D. 
Pétri  Dilling.  rite  persolularumdecantatx, 
nunc  vero  in  lucem  publicam  editx.  Vocibus 
ordin.  concinnentibus,  1  violinis,  alto  viola 
et  organo  necessariis,  2  cornibus  vero,  2  clari- 
nettis  vel  abois  et  violone,  partim  oblig.  par- 
tim  ad  libit.,  op.  2  ;  Spire,  Bossier,  1792. 

LAUCHER  (...),  nisd'un  trompettiste  ha- 
bile, est  né  à  Strasbourg  vers  1794.  Il  était  lui- 
même  corniste  de  talent.  Cet  artiste  fut  direc- 
teur d'une  école  de  musique  qu'il  avait  fondée 
dans  cette  ville ,  et  qui  a  été  l'origine  du  con- 
servatoire actuel.  Laucher  a  écrit  une  messe  so- 
lennelle à  4  voix  et  orchestre  qui  a  été  exécutée 
à  Strasbourg  en  1840. 

LAUDI  (Victor),  maître  de  chapelle  delà 
catiiédrale  de  Messine ,  vers  la  fin  du  seizième 
siècle,  naquit  à  Alcaraen  Sicile,  lia  fait  imprimer 
de  sa  composition  :  Ilprimo  librode'  Madrigali 
a  5  voci  ;  cou  un  dialogo  a  otto  voci  ;  Palerme , 
1597,  in-4*. 

LAUER  (A.  baron  DE),  officier  de  cavalerie 
au  service  de  Prusse ,  et  amateur  de  musique 
à  Berlin,  s'est  fait  connaître  comme  pianiste 
et  comme  com|)ositeur  par  les  ouvrages  sui- 
vants :  1®  Rose  la  Meunière,  petit  opéra 
représenté  au  théâtre  de  Hamhoiirg  en  1S29, 
et  gravé  en  partition  réduite  pour  le  piano  ;  Ham- 
bourg, Christiani.  —  2"  Introduction  et  varia- 
tions sur  l'air  allemand  :  Wenn  ich  nur  aile 
Masdchen  wûsste,  op.  1  ;  Berlin ,  Lisclike.  — 
3°  6  chansons  allemandes  ave<;  ace.  de  piano  ; 
Hambourg,  Christiani.  On  connaît  aussi  sous  le 
même  nom  un  œuvre  de  quatuors  pour  des  ins- 
truments à  cordes,  publiée  Berlin,  en  1838. 

LAUER   ( ),   professeur  de  musique   à 

Strasbourg,  vers  1830,  a  publié  :  1°  50  chants  à 
2  voix ,  dans  tous  les  tons  majeurs  et  mineurs. 
—  2°  24  chants  religieux  pour  les  écoles  popu- 
laires. —  3°  Canons  à  4  voix  idem. 

LAUFFEJ\STEII\ER  ( ....  DE),  luthiste 
au  service  de  l'électeur  de  Bavière,  vivait  à  Mu- 
nich vers  1760.  Il  a  laissé  en  manuscrit  :  l^Six 
divertissements  (parthien)  pour  le  luth.  —  2°  Six 
duo»  pour  deux  luths. 


LAUGIER  (l'abbé  Marc- Antoine),  naquit 
en  1713  à  Manosque,  en  Provence.  Après  avoir 
fini  ses  études,  il  entra  chez  les  jésuites,  à  Lyon, 
et  s'y  fit  remarquer  par  son  talent  pour  la  pré- 
dication. Appelé  à  Paris,  il  eut  l'honneur  de  prê- 
cher devant  le  roi,  et,  pendant  plusieurs  années, 
ses  sermons  attirèrent  la  foule  dans  les  princi- 
pales églises  de  la  capitale.  En  butte  à  la  jalousie 
de  ses  confrères,  et  prévoyant  leur  intention  de 
le  renvoyer  en  province,  il  sortit  de  la  société, 
et  devint  abbé  séculier.  Ses  protecteurs  lui  firent 
obtenir  l'emploi  de  .secrétaire  d'ambassade  près 
de  l'électeur,  à  Cologne.  Les  services  qu'il  y  rendit 
pendant  la  guerre  de  Hanovre  furent  récompen- 
sés, en  1757,  par  l'abbaye  de  Ribeauté  qu'on 
lui  donna.  Il  passa  le  reste  de  ses  jours  dans 
une  vie  tranquille ,  uniquement  occupé  de  tra- 
vaux littéraires,  et  mourut  d'une  lluNion  de 
poitrine,  le  7  avril  1769.  L'abbé  Laugier  aimait 
passionnément  la  musique  ;  une  partie  de  sa 
vie  fut  consacrée  à  l'étude  de  cet  art.  A  l'é- 
poque où  parut  la  lettre  de  Jean-Jacques  Rous- 
seau sur  la  musique  française ,  il  prit  part  à  la 
polémique  qu'elle  fit  naître,  par  la  publication 
d'un  écrit  intitulé  :  Apologie  de  ta  musique 
française,  Paris,  1754,  in-4''.  Boisgelou  possé- 
dait le  manuscjit  autographe  d'un  autre  ouvrage 
de  Laugier  sur  le  même  sujet  ;  il  avait  pour  titre  : 
Supériorité  de  la  musique  française  démon- 
tr.ée.  L'abbé  Laugier  commença  en  1756  1a  pu- 
blication d'un  écrit  périodique  sous  le  titre  de 
Sentiment  dhtn  harmoniphile  sur  divers  ou- 
vrages de  musique  (  voyez  Moiumbert  et  Lé- 
Ris),   in-8°.  H  n'en  a  paru  que  deux  numéros. 

LAUR  (Ferdinand),  né  le  22  février  1791  à 
Markdorf,  dans  le  grand-duché  de  Bade,  près 
du  lac  de  Constance,  fut  destiné  par  son  père, 
dès  son  enfance,  à  la  profession  pédagogique.  La 
musique  fut  particulièrement  l'objet  de  ses  études. 
Il  n'était  âgé  que  de  dix-huit  ans  lorsqu'il  fut 
chargé  d'enseigner  les  éléments  de  cet  art  dans 
une  institution  à  Gottstadt,  bourg  du  canton  de 
Berne;  mais  il  n'y  resta  qu'une  année,  et  en  1810 
il  accepta  une  position  semblable  à  Hofwyl  ;  il 
l'occupa  jusqu'à  la  fin  de  1820.  Ce  fut  alors  qu'il 
fut  appelé  à  Bftle ,  en  qualité  de  professeur  de 
chant  du  Gymnase  et  de  l'école  primaire  des 
filles.  Peu  de  temps  après  il  fut  chargé  du  même 
enseignement  à  l'université.  En  1824,  il  fonda 
dans  cette  ville  une  société  de  chant  pour  des 
voix  d'hommes  :  il  la  dirigeait  encore  en  1858. 
Les  compositions  de  cet  homme  laborieux  con- 
sistent en  plusieurs  recueils  dédiants  à  2  voix 
pour  les  écoles,  des  chants  enchœur  pour  l'é- 
glise ,  les  écoles  et  les  sociétés  chantantes ,  et 
des  chœurs  pour  des  voix  d'hommes. 


LAURENBERG  —  LAURENT 


22<.> 


LAURENBERG  (  Pie:  re)  ,  docteur  en  mé- 
decine et  professeur  de  poésie  à  Rostock,  né  dans 
cette  villeen  1585,  y  est  mort  le  13  mai  1 639.  Il  est 
auteur  d  une  facétie  intitulée  ;  Belligcrasinns,  id 
est  historia  belU  exorli  in  regno  musico,  que 
Sartorius,  organiste  de  Maximilien ,  archiduc 
d'Autriche ,  publia  à  Hambourg  en  1622,  in-8°. 
Une  seconde  édition  de  cet  ouvrage  parut  en  1626, 
et  l'auteur  en  donna  une  troisième  en  1636 ,  où 
il  se  nomme.  Enfin,  après  la  mort  de  Laurenberg, 
une  quatrième  édition  fut  publiée  sous  le  titre  de 
Musomachia,  seu  belluni  musicale,  Rostock, 
1642,  in-S".  L'objet  de  cette  plaisanterie  est  une 
discussion  entre  la  nouvelle  musique,  représentée 
par  Orphée,  et  la  tonalité  du  plain-clianl  sous 
la  figure  d'un  personnage  appelé  Bisthon.  Celui- 
ci  calomnie  son  adversaire,  qui  le  confond  par  ses 
arguments.  Opinions  diverses  sur  l'objet  de  la 
querelle;  guerre  acharnée,  après  laquelle  vient 
une  transaction  par  laquelle  l'autorité  du  plain- 
chant  sera  renfermée  dans  l'église,  tandis  que  la 
nouvelle  musique  régnera  dans  les  plaisirs  mon- 
daios.  Venu  à  propos,  à  l'époque  où  il  parut,  ce 
petit  ouvrageaurait  puètre  piquant,  si  l'exécution 
en  eût  été  meilleure;  mais  au  lieu  de  l'esprit 
qu'il  aurait  fallu  y  mettre,  on  n'y  trouve  qu'un 
slyle  SfC,  lourd  et  pédant. 

LAUREIXCIN  (F.-P.,  comte),  docteur  en 
philosophie  et  amateur  de  musique,  né  à  Vienne 
vers  1808,  est,  dit-on,  fils  naturel  de  l'archiduc  Ro- 
dolphe. 11  est  auteur  d'un  écrit  qui  a  pour  titre  : 
zur  Geschichie  der  Kirchenmusikbei  denlta- 
Uenern  und  Deutscken  (Pour  l'histoire  de  la  mu- 
sique d'église  chez  les  Italiens  et  les  Allemands), 
Leipsick,  H.  Matthes,  1856,  in-S"  de  108  pages. 

LAUREi\CIJ\I,  ou  plutôt  LORENZliNI 
(....),  fut  un  célèbre  luthiste  à  Rome,  dans  la 
seconde  partie  du  seizième  siècle.  Le  pape  le  créa 
chevalier  de  l'Éperon  d'or.  Besardus,  dont  il  fut 
le  maître  ,  en  parle  avec  admiration  dans  la  pré- 
face de  son  Thésaurus  harmonicus. 

LAURENCIO  (Mariani  DE),  prêtre  et  cha- 
noine de  Noii,  en  Sardaigne  ,  vécut  au  commen- 
cement du  dix-septième  siècle.  Il  a  publié  plu- 
sieurs ouvrages  de  sa  composition,  dont  on  ne 
connaît  que  ceux-ci  :  i°  Il  primo  libro  de' 
Madrigali  a  5  voci  con  un  diulogo  ad  otto , 
Venise,  1602,  in-4".  —  2°  Salmi,  Magnijicat, 
falsi  bordoni  e  Missa  a  4  voci  con  il  basso 
continuo  per  Vorgano,  op.    5,  Palerme,  1624. 

LAUREiXS  (Jean-Bonaventure),  archéo- 
logue, dessinateur,  organisle'el  compositeur,  né  à 
Carpentras,  le  14  juillet  1801 ,  occupe,  depuis  1835 
environ,  la  position  de  secrétaire  agent  comptable 
de  la  faculté  de  médecine  à  Montpellier.  Ama- 
teur passionné  de  musique,   M.   Laurens  en  a 


fait  une  étude  sérieuse  dans  sa  jeunesse,  et  s'est 
attaché  particulièrement  à  l'orgue.  Admirateur 
des  ouvrages  de  Rink  (vo/jez  ce  nom),  aux- 
quels il  devait  la  connaissance  pratique  de  ce 
bel  instrument,  il  fit  trois  fois  le  voyage  de 
Darmstadt  pour  chercher  près  de  cet  excellent 
maître  l'instruction  dont  il  sentait  le  besoin.  H 
ne  tarda  pas  à  devenir  son  ami  dévoué ,  et  fut 
traité  comme  un  fils  par  ce  digne  artiste  et  res- 
pectable vieillard.  Depuis  une  longue  suite  d'an- 
nées, M.  Laurens  remplit  les  fonctions  d'orga- 
niste à  l'église  Saint-Roch  de  Montpellier.  Porté 
vers  l'art  sérieux  par  son  sentiment  et  par  .ses 
études ,  il  a  écrit  de  la  musique  d'orgue  et  de 
chant  dont  une  partie  a  été  publiée  à  Paris  chez 
Richaull,  entre  autre  un  Siabat  à  3  voix  et 
orgue,  et  dont  le  reste  est  encore  inéiit.  Comme 
littérateur  musicien ,  il  a  donné  :  1°  La  traduc- 
tion française  d'une  autobiographie  de  Rink  , 
avec  des  additions  et  le  portrait  très-ressemblant 
du  célèbre  organiste  de  Darmstadt ,  dessiné  par 
lui ,  et  qui  a  paru  dans  le  deuxième  volume  de 
la  Revue  de  la  musique  religieuse,  populaire 
et  classique,  ^nh\\é&  par  M.  Danjou  (p.  275-284 
et  320-332).  —  1"  Notice  sur  Éléazar  Genêt 
{voyez  ce  nom),  connu  sous  le  nom  de  Car- 
pentras, dans  le  même  recueil  (t.  III,  p.  49  et 
72),  avec  la  mise  en  partition  des  Lamentations 
de  Jérémie  pour  deux  ténors  et  deux  basses,  par 
Carpentras.  —  3"  Quelques  articles  de  critique 
dans  la  Revue  et  Gazette  musicale  de  Paris  , 
dans  plusieurs  Revues  du  Midi  et  dans  le  Jour- 
nal de  l'Hérault.  —  4"  Souvenirs  d'un  voyage 
à  l'île  de  Majorque  j  Paris,  Artlius-Rertran(l, 
1840,  g.  in-S",  avec  55  planches  litliographiéos, 
et  deux  pages  de  musique.  Le  onzième  chapitre 
de  ce  volume  contient  des  renseignements  sur  la 
situation  de  la  musique  à  Majorque,  particulière- 
ment à  Palma.  M.  Laurens  a  été  collaborateur  des 
Voyages  pittoi esques  dans  Vaiicienne  France 
de  MM.  Taylor  et  Nodier.  Il  est  auteur  de  plu- 
sieurs ouvrages  relatifs  aux  antiquités  de  la  France 
méridionale  et  aux  arts  du  dessin,  dont  la  liste 
se  trouve  dans  la  Littérature  française  con- 
temporaine (t.  IV,  p.  641),  et  dans  la  Biogra- 
phie générale,  publiée  par  MM.  Firmin  Didot 
frères   (t.  XXIX,  col.  926). 

LAUREI\T  (C.  ),  professeur  de  harpe  à  Pa- 
ris, depuis  1810  jusqu'en  1820,  s'est  fixé  ensuite 
à  Boulogne,  où  il  vivait  encore  en  1841.  Il  a  pu 
blié  de  sa  composition  :  1"  Sonates  pour  harpe 
et  violon,  n°'  1  et  2;  Paris,  Hanry.  —  2»  Duo 
pour  harpe  et  piano;  Paris,  Janel  et  Cotelle.  — 
3°  Fantaisie  pour  deux  harpes  sur  des  thèmes 
de  P.ossini;  Paris,  Pacini.  —  4°  Sonates  pour 
h;irpe  seule,  op.  1  ;  Paris,  Janet.  —  5°  Fantaisie 


:30 


LAUREINT  —  LAUSRa 


«iir  un  air  des  Mystères  d'Isis,  op.  7  ;  Paris ,  Pa- 
<;ir.i.  —  6°  Six  petits  airs  variés,  op.  8,  ibid.  — 
7*  Pièces  de  différents  genres  ;  Paris,  H.  Lemoine. 
—  8"  Études  progressives ,  pouvant  servir  de 
niétliode  de  harpe;  Paris,  Janet. 

LAURKIVTI  (  Pierre  ) ,  prêtre,  chantre  et 
chanoine  de  l'église  de  Chartres,  vers  le  milieu 
du  dix-septième  siècle,  a  composé  une  messe  à 
quatre  voix  ,  ad  imitationem  moduli  Regina 
Cœli,  que  Ballard  a  publiée  en  1659,  in-fol. 

LAUREiNTI  (  Bartholomé- JÉRÔME  ),  excel- 
lent violoniste  et  compositeur,  né  à  Bologne,  en 
1644,  fut  un  des  premiers  membres  de  l'Acadé- 
mie des  Philharmoniques  de  cette  ville,  à  l'époque 
de  sa  fondation  (1666).  Il  fut  attaché  à  la  collé- 
giale de  Saint-Pétrone,  eu  qualité  de  premier 
violon  ,  et  conserva  cette  position  jusqu'à  sa 
mort,  arrivée  le  18  janvier  1726,  à  l'âge  de  quatre- 
vingt-un  ans  et  quelques  mois.  Il  a  fait  imprimer 
de  sa  composition  ;  Sonate  per  caméra  a 
violino  et  vtoloncello ,  opéra  la,  Bologne, 
Monti,  IGOl.  Sou  second  œuvre  a  pour  litre  : 
Sei  concerti  a  tre  cioè  violino,  violonccllo' et 
organo,\b\A.,  1720.  Laurenti  était  déjà  fort  âgé 
quand  il  publia  cet  ouvrage. 

LAURENTI  (  Jérôme-Nicolas  ),  fils  du  pré- 
cédent, apprit  de  lui  les  principes  du  violon,  et 
perfeclionna  son  talent  sous  la  direction  de  Jo- 
seph Torelli  et  de  Thomas  Vitali.  Il  fut  long- 
temps premier  violon  de  Saint-Pétrone  et  de 
plusieurs  autres  églises  de  Bologne.  Il  obtint  le 
titre  d'académicien  philharnionique  eu  1698,  et 
mourut  à  Bologne  le  26  décembre  1752.  On  con- 
naît de  lui  Six  concertos  pour  3  violons,  viole, 
violoncelle  et  or(;wc,- Amsterdam  ,  Roger. 

LACREI\TJ  (le  P.  Pierre-Paul),  second 
fils  de  Bartholomé-Jérôme  et  religieux  de  l'ordre 
de  Saint-François,  à  Bologne,  naquit  en  cette  ville 
dans  la  seconde  moitié  du  dix-septième  siècle. 
Dans  sa  jeunesse  il  se  distingua  comme  chanteur 
dans  les  églises  et  brilla  aussi  comme  violon- 
celliste. En  1698,  il  fut  agrégé  à  l'Académie  des 
Philharmoniques  de  Bologne  pour  son  talent  sur 
son  instrument,  et  le  fut  en  1701,  comme  compo- 
siteur. Jacques-Antoine  Perti  avait  été  son  maître 
de  contrepoint.  Le  P.  Laurenti  mourut  à  la  lleur 
de  l'âge.  (Voyez  Série  cronologica  de'  Principi 
delVAccadcmia  de'  Filarmonici,  etc.,  p.  18.) 

LAlIRE\TIJ\0  (  Laurent  ),  né  à  Husum, 
dans  le  duché  de  SIeswig,  le  8  juin  1660,  fut 
nommé  canior  de  la  cathédrale  et  de  l'école  de 
Brème,  en  1 684  :  il  mourut  dans  cette  v  ille  en  1723 . 
On  a  imprimé  de  sa  composition  •  GeistUche 
Lieder  ilber  die  Sontxgliche  Texte.  Brème, 
1700,  in-4''.  (  Voy.  1.  Molleri  Cimbria  lilerato, 
i.  I,  fol.  336.  ) 


LAUREKTIUS,  ou  plutôt  LAURENZIO 
(Joseph  ),  savant  italien,  né  à  Lucques,  a  écrit 
un  tra\[é  de  Conviviis ,  fiospitalitate,  etc.,  où 
se  trouve  une  partie  intitulée  :  Colleciio  de 
Prseconibns,  Citharxdis,  Fistuliset  Tintinna- 
bulis,  qui  occupe  trois  feuilles  d'impression  dans 
le  tome  YIII  (  p.  1458  et  suiv.  )  du  Trésor  des 
antiquités  grecques  de  Gronovius,  et  que  Ugo- 
lini  a  aussi  inséré  dans  le  tome  32"  (p.  1111  et 
suiv.  )  de  son  Trésor  des  antiquités  sacrées. 

LAURE1\ZI  (  FiLiBERTo  ),  compositeur  italien 
du  dix-septième  siècle,  n'est  connu  que  par  la  ci- 
tation qu'en  fait  AUacci  (  Dramalurgia,  p.  308  ). 
comme  ayant  écrit,  en  collaboration  avec  André 
Mattioli,  de  Mantoue,  la  musique  de  VEsilio  d'a- 
more,  opéra  représenté  à  Ferrare  en  1651  et  1666. 

LAURETIS  (  Gaetano  ),  compositeur  né  à 
Naples,  élève  du  Collège  royal  de  musique  de 
cette  ville,  a  fait  représenter  à  Civitta-Vecchia  , 
en  1844,  l'opéra  intitulé  :  H  Eapimento  délie 
spose  vendicato,  et  a  donné  dans  l'année  sui- 
vante au  théâtre  Saint-Charles,  de  Naples,  Aiua- 
lia  Candiana,  qui  n'eut  ni  succès  décidé ,  «i 
chute  éclatante. 

LAURO  ROSSI.    Voy.  ROSSI  (  Lauro). 

LAUSKA  (  François-Ignace  ),  pianiste  dis- 
tingué, naquit  à  Briinn,  en  Moravie,  le  13  jan- 
vier 1769.  Il  n'avait  point  encore  atteint  sa  vingt- 
quatrième  année  lorsqu'il  fut  attaché  à  la  musique 
de  la  chambre  de  l'électeur  de  Bavière.  Peu  de 
temps  après,  il  entreprit  de  longs  voyages,  visita 
Francfort,  Hambourg,  ou  il  publia  plusieurs  ou- 
vrages de  sa  composition,  Copenhague,  et  Vienne, 
où  il  séjourna  plusieurs  années.  Vers  1803  il  se 
fixa  à  Berlin;  depuis  lors  il  ne  quitta  plus  cette 
ville,  si  ce  n'est  pour  faire  un  voyage  en  Italie. 
Ses  élèves  étaient  en  grand  nombre  ;  il  eu  a  formé 
plusieurs  qui  se  sont  fait  remarquer  par  leur  ta- 
lent. Dans  le  Lexique  de  musique  publié  par 
Schilling  ,  il  est  dit  que  Lauska  est  mort  à 
Berlin  en  1821  ;  mais  c'est  une  erreur  :  il  n'a 
cessé  de  vivre  que  le  18  avril  1825.  Les  compo- 
sitions les  plus  importantes  de  cet  artiste  sont  : 
1°  Sonates  pour  piano  seul,  op.  1 ,  4  ,  6 ,  7,  8,  9  ; 
Hambourg,  Bœhme. —  2"  idem,  op.  19;  Leip- 
sick,  Breitkopf  et  Hœrtel.  —  3°  Idem,  op.  20,  21  ; 
Berlin,  Grœbenchutz.  —  4°  Idem,  op.  24,  26; 
Leipsick,  Pelers.  — 5°  Idem,  op.  30,  34,  35  ;  Ber- 
lin, Schlesinger.  — 6"  Idem,  op.  43, 45,  46  ;  Leip- 
sick, Peters.  —  1"  Sonate  facile  pour  piano  et 
violon,  op.  18;  Mayence,  Scliott.  —  8"  Sonate 
pour  piano  et  violoncelle  obligé,  o|>.  28  ;  Berlin, 
Schlesinger. — 9"  Introduction  et  rondoleltoidcni, 
op.  39,  ibid.  —  10°  Sonate  pour  piano  à  quatre 
mains,  op.  31,  ibid.  —  11°  Rondeaux  pour  piano 
senl,  op.  23,  27, 44  ;  Leipsick  et  Berlin.  —  12  "Po- 


LAUSKA  —  LAVALLIÈRE 


?3l 


lonaises  idem,  op.  25,  29,  36,  42  ;  ibid.  —  13"  Ca- 
|)tices  idem,  op.  32,  38;  ibid.  —  I4"  Plusieurs 
tbëmes  variés  idem;  Hambourg  et  Berlin.  — 
15°  Plusieurs  recueils  de  divertissements  et  de  pe- 
tites pièces  ;  ibid.  —  16"  Une  méthode  pratique 
pour  le  piano;  Berlin,  Sclilesinger.  —  17°  Des 
chansons  de  table  pour  quatre  voix  d'hommes; 
Berlin,  Trautwein.  —  18°  Deux  recueils  de  chan- 
sons à  voix  seule,  avec  accompagnement  de 
piano,  Hambourg,  Bœlime. 

LAUTEA'SACK  (Padl),  im  des  plus  an- 
ciens organistes  allemands,  naquit  à  iîamberg, 
en  1478.  H  joua  l'orgue  de  l'église  Saint-Lau- 
rent à  Nuremberg,  et  mourut  en  I5G1,  dans 
un  âge  avancé.  H  a  écrit  des  pièces  d'orgue, 
dont  trois  ont  été  insérées  dans  le  rarissime  re- 
cueil de  Schlick  (voy.  ce  nom).  Lautensack  cul- 
tivait aussi  la  peinture,  les  lettres  et  les  sciences 
avec  succès. 

LAUTIER  (Gustave-André),  docteur  en 
philosophie  et  écrivain  sur  la  musique  de  l'épo- 
<|ue  actuelle,  ne  m'est  connu  que  par  un  livre 
qu'il  a  publié  et  qui  a  pour  titre  :  Praktisch- 
theorelisches  System  des  Grundbasses  der  Mu- 
sik  und  Philosophie,  als  erste  Abtheilung  eines 
Grundrisses  des  Systems  der  Tonswisseiischaft 
(Système  pratique  et  théorique  de  la  base  fon- 
damentale de  la  musique  et  de  la  philosophie, 
comme  première  partie  des  éléments  du  système 
de  la  science  musicale)  ;  Berlin,  Duncker  et  Hum- 
blot,  1827,  in-8"  de  14  feuilles.  L'analyse  dé- 
taillée de  ce  sy.sième  se  trouve  dans  la  30*  an- 
née de  la  Gazette  musicale  de  Leipsick  (1828, 
p.  149-153  .  Ou  a  aus.si  de  M.  Lautier  un  article 
sur  les  successions  de  quintes,  inséré  dans  la 
Gazette  viusicale<\e  Berlin  (1827,  n°'  48  et  49). 

LAUVERJAT  (Pierre),  maître  de  musique 
de  la  Sainte-Chapelle  de  Bourges,  au  commen- 
cement du  dix-seplième  siècle,  a  lait  imprimer 
plusieurs  messes  dont  voici  le.^  titres  :  1°  Missa 
b  vocum  ad  imitationem  moduli  Tu  es  Petrus; 
Paris,  Pierre  Ballard,  1613,  in-fol.  —  7°  Missa 
ad  imit.  moduli  Nemoreris,  5  voc.;  ibid,, 
1613,  in-fol.  —  3"  Missa  5  vocum  ad  imit. 
moduli  Confitebor  tibi  Domine;  ibid  ,  1613, 
in-l'ol.  —  4°  Missa  5  voc.  ad  imit.  moduli  Fun- 
damenta  ejus;  ibid  ,  1613.  —  5°  Missa  qua- 
tuor vocum  ad  imit.  hymni  Iste  Confessor; 
ibid.,  1617.  —  6°  Missa  quatuor  vocuvi  ad 
imit.  moduli  Le^'^m  pone;  ibid.,  1617,  in-fol. 
—  7°  Missa  pro  defunctis  quatuor  vocum, 
ibid.,  1623,  in-fol.  —  8°  Missa  ad  imit.  hymni 
O  gloriosa  Domina  ;  ibid.,  1623,  in-lol. 

LAUXMIlX  (Sigismond),  jésuite  polonais, 
né  en  1596,  devint  en  1656  provincial  de  son 
ordre  en  Lithuanie,  et   mourut  en   1670,   dans 


sa  74«  année.  On  a  de  lui  un  petit  traité  élé- 
mentaire de  musique,  intitulé  Ars  et  Praxis 
musica,  Wilna,  1667,  in-4°. 

LAVAINE  (Ferdinand),  professeur  de  piano 
au  Conservatoire  de  Lille  (Nord)  et  compositeur, 
est  né  dans  cette  ville  vers  1810.  Dans  sa  jeu- 
nesse il  reçut  des  leçons  de  quelques  bons  mal- 
tret  ;  mais  la  lecture  des  partitions  des  composi- 
teurs les  plus  renommés  de  cette  époque  fut  la 
principale  source  de  son  instruction  dans  l'art. 
Il  débuta  jeune  dans  la  carrière  de  compositeur, 
et  publia  vers  1833  ses  premiers  ouvrages  pour 
le  piano.  Bientôt  après  il  aborda  les  choses  d'un 
ordre  plus  élevé  ,  écrivit  des  ouvertures,  des 
symphonies,  qui  furent  entendues  dans  les  con- 
certs de  Lille,  et  y  fit  exécuter,  en  1835,  La 
Fuite  en  Egypte,  oratorio  dont  Berlioz  a  donné 
l'analyse  dans  la  Revue  et  Gazette  musicale  de 
Paris  (ann.  1837,  pages  203  et  suivantes).  En 
1836  il  (it  représenter  au  théâtre  de  sa  ville  na- 
tale Une  Matinée  à  Cayenne,  opéra  en  un  acte, 
qui  fut  bien  accueilli  et  eut  tout  le  succès  qu'on 
peut  obtenir  dans  une  ville  de  province,  c'est-à- 
dire  trois  ou  quatre  représentations.  Un  drame 
en  4  actes,  écrit  par  le  bcau-frèie  de  M.  Lavaine, 
et  qui  avait  pour  litre  :  Artus  et  Rikemer,  lui 
fournil  l'occasion  d'écrire  une  ouverture  et  quel- 
ques morceaux  mélodramatiques.  Cet  ouvrage, 
représenté  au  théâtre  de  Lille,  au  mois  de  fé- 
vrier 1840,  eut  du  succès.  Dans  la  même  année, 
M.  Lavaine  fit  entendre  dans  la  même  ville  le  29" 
psaume  avec  chœur  et  orchestre.  En  1841,  ce  lut 
un  De  Profundis  qui  appela  de  nouveau  l'at- 
tention des  concitoyens  du  compositeur.  Plein 
d'ardeur  et  d'ambition,  M.  Lavaine  (it  cntenilre, 
au  mois  de  novembre  de  la  même  année,  une 
messe  solennelle  pour  voix  d'hommes  dans  l'é- 
gli.se  Saint-Élienne.  Enfin ,  chaque  année  de  la 
carrière  de  cet  artiste  fut  marquée  pendant  près 
de  vingt  ans  par  quelque  grand  ouvrage  où  des 
qualités  estimables  se  niélaient  à  des  défauts 
d'expérience  ou  de  gortt  qu'il  est  difficile  d'éviter 
en  province,  oii  l'activiti!  de  l'art  nian(|ue  piesqiie 
toujours.  Les  génies  d'exception  seuls  n'ont  be- 
soin que  d'eux-mêmes  pour  créer  des  œuvres 
d'élite.  M.  Lavaine  a  fait  graver  à  Lille  et  à  Paris 
chez  Brandus,  Richault  et  autres  éditeurs,  envi- 
ron soixante-ilix  o'iivres  de  pièces  de  différents 
genres  pour  le  piano. 

LAVALLIÈRE  (Louis-César  DE  LA- 
BEAUME-LE-BLAA'C,  duc  de),  grand  ia..- 
connier  de  France,  né  le  9  octobre  1708,  moit  à 
Paris,  le  19  novembre  1780,  fut  un  des  biblio- 
philes français  les  plus  distingués,  et  posséda 
une  des  Idbliothèque^  les  plus  belles  et  les  plus 
précieuses  de  l'Europe.  On  lui  attribue  un  liwe 


232 


LAVALLIERE  —  LA  VOYE   MIGNOT 


qui  a  pour  litre  :  Ballets,  opéras  et  autres  ou- 
vrages lyriques,  par  ordre  chronologique , 
depuis  leur  origine,  avec  une  table  alpha- 
bétique des  ouvrages  et  des  auteurs  ;  Paris , 
1768.  Jl  parait  certain  que  le  duc  de  Lavallière 
a  eu  quelques  collaborateurs  pour  cet  ouvrage. 

LA  VAUX  (Amable),  professeur  de  flûte  à 
Paris,  vers  1750,  a  publié  dans  celte  ville  qua- 
tre livres  de  sonates  pour  flûte,  en  solos,  en  duos 
et  en  trios. 

LAVEi\U  (  Loms-HEMRi) ,  fils  d'un  flûtiste 
etmarciiand  de  musique  à  Londres,  naquit  dans 
cette  ville,  en  1818.  Élève  de  l'Académie  royale  de 
musique,  il  y  reçut  des  leçons  de  violoncelle,  de 
pia«io  et  de  composition,  et  lorsqu'il  fut  sorti  de 
cette'institution,  il  entra  comme  violoncelliste  au 
théâtre  de  la  reine.  On  connaît  sous  son  nom 
quelques  petites  pièces  de  (liano,  des  Glees  et  des 
chansons  anglaises.  Un  opora  de  sa  composition, 
intitulé  Loretta,  fut  représenté  à  I>rurij-Lane 
en  1848.  Mécontent  de  sa  situation  en  Angleterre, 
Lavenu  se  rendit  en  Australie,  et  y  prit  la  posi- 
tion de  chef  d'orchestre  du  théâtre  de  Sydney. 
Il  est  mort  dans  cette  ville,  le  I*"^  août  |859,  à 
l'âge  de  41  ans. 

LAVIGIXA  (Vincent),  néàNapIes,  vers  1777, 
étudia  le  chant  et  la  composition  au  Conserva- 
toire de  la  Pietà  de'  Turchini;  puis,  sur  la  re- 
commandation de  Paisiello,  fut  chargé  en  1802, 
d'écrire  pour  le  théâtre  de  la  Scala ,  à  Milan  , 
La  Mutaper  amore,  ossia  il Medico  per  forza 
(Le  médecin  malgré  lui),  qui  obtint  un  brillant 
succès.  Au  carnaval  suivant,  il  écrivit  à  Ferrare  : 
L'Idolo  di  se  stesso.  A  la  saison  d'automne  de 
1804  il  composa  L'Impostore  avvilito,  qui  fut 
suivi,  à  Parme,  d'  Il  Coriolano,  en  1806,  elà  Mi- 
lan, en  1808,  Di  Posta  in  posta  (traduction  du 
Conteur,  de  Picard)  ;  de  Zaïra,  à  Florence,  en 
1809;  de  Orcamo,  &  Milan,  dans  la  saison  du 
carême  de  la  même  année,  et  enfin  dans  la  môme 
ville,  au  printemps  de  IStO,  de  Chi  s'è  visto  s'è 
visto.  Lavigna,  fixé  à  Milan,  en  qualité  de  pro- 
fesseur de  chant  et  de  maestro  al  cembalo  du 
théâtre  de  La  Scala,  y  vivait  encore  en  1837; 
mais  il  est  mort  peu  de  temps  après. 

LA  VIGNE  (Antoine-Joseph),  célèbre  haut- 
boïste, né  à  Besançon  (Doubs),  le  23  mars  1816, 
leçut  les  premières  leçons  de  musique  de  son 
père,  qui  était  musicien  dans  un  régiment  d'in- 
fanterie. Admis  comme  élève  au  Conservatoire 
de  Paris,  le  24  janvier  1830,  il  fut  obligé  d'en 
sortir  le  3  mai  1835,  pour  suivre  son  père,  dont 
le  régiment  quittait  alors  Paris,  et  allait  en  gar- 
nison dans  un  département  éloigné.  Le  17  oc- 
tobre 1836,  Lavigne  rentra  au  Conservatoire  dans 
la  classe  de  M.  Vogt,  son  ancien  maître ,  et  obtint 


le  premier  prix  au  concours  de  l'année  suivante. 
M.  Lavif;ne  fut  attaché  à  l'orchestre  du  Théàlre- 
llalien  de  Paris  pendantplusieurs  années,  comme 
premier  hautbois  ;  puis  il  .se  rendit  à  Londres 
ef  s'y  fixa.  Il  entra  d'abord  au  théâtre  de  la 
reine ,  et  fut  engagé  ensuite  comme  solisle 
par  Jullien  (vo/j.  ce  nom)  pour  ses  concerts. 
M.  F.,avigne  fut  le  premier  qui  entreprit  d'appli- 
quer an  hautbois  le  système  de  clefs  imaginé  par 
Bn^lim  pour  la  flûte  :  il  se  rendit  ensuite  en  Al- 
lemagne auprès  de  cet  artiste  pour  travailler  au 
perfectionnement  de  son  instrument,  et  ne  cessa 
de  s'en  occuper  pendant  près  de  quinze  ans.  Pen- 
dant ce  temps  il  fit  aussi  des  études  constantes 
pour  donner  à  son  talent  de  hautboïste  toute 
la  perfection  désirable.  Il  est  aujourd'hui  consi- 
déré comme  un  artiste  de  premier  ordre  en  son 
genre. 

LAVL\ETTA  (Bernard  DE),  ou  plutôt 
LAVINHETTE,  moine  de  l'ordre  des  Frères  mi- 
neurs et  théologien,  né  dans  le  Béarn,  vers  1475, 
a  donné  une  explication  delà  doctrine  de  Raiinond 
Lulle,  sous  te  titre  :  Artis  magnx  Lullianse  in- 
terpretatio,  Lyon,  1517,  1523,  in-4"',  qui  a  été 
réimprimée  à  Cologne,  en  1612,  par  les  soins 
d'Alstedius.  Il  y  traile  en  6  chapitres  de  la  musi- 
que, suivant  la  théorie  philosophique  de  Lulle 
(foy.  ce  nom). 

LAViT  (J.-B.-G.),  ancien  élève  de  l'École 
polytechnique,  puis  professeur  de  l'AIhénée  de 
Paris,  né  dans  la  seconde  partie  du  dix-liuitième 
siècle,  s'est  fait  connaître  avantageusement  par 
un  traité  complet  de  perspective,  publié  à  Paris 
en  1804.  On  lui  doit  aussi  un  livrequi  a  pour  titre  : 
Tableau  comparatif  du  système  harmonique 
de  Pyihagore  et  du  système  des  modernes, 
Paris,  1808. 

LAVOCAT  (Pierre),  maître  de  musique  à 
Dijon,  dans  la  seconde  moitié  du  dix-septième 
siècle,  a  compo.sé  la  musique  d'une  pièce  intitu- 
lée :  Le  Concert  des  dieux,  dont  les  paroles 
étaient  de  Derequeleyné,  curé  d'Esbarres  :  cette 
pièce  fut  écrite  pour  le  mariage  du  duc  de  Lor- 
raine; elle  fut  chantée  au  château  de  Fain,  et 
publiée  à  Dijon ,  chez  Reneyre  (  sans  date), 
in-S". 

LA  VOYE  MIGNOT  (DE),  géomètre 
français,  né  dans  la  première  partie  du  dix-sep- 
tième siècle,  s'est  fait  connaître  par  un  Com- 
mentaire bref  des  éléments  d'Euclide,  Pari.^ 
1649,  in-4''.  Il  publia  ensuite  un  livre  qui  a  pout 
titre  :  Traité  de  musique,  revu  et  augmenté  de 
nouveau  d'une  quatricsme  partie ,  laquelle 
(  outre  tous  les  exemples  des  principales  rè- 
gles pratiquées  par  les  plus  fameux  aut heurs) 
contient  de  plus  la  manière  de  composer  à 


LA  VOYE  MIGJNOT  —  LAWES 


233 


deux,  à  trois,  à  quatre  et  à  cinq  parties,  avec 
les  plus  importantes  observations  qui  se  doi- 
vent garder  en  toute  sorte  de  musique,  tant 
vocale  qu'instnimcntale,  conformément  aux 
ouvrages  des  plus  rares  et  des  plus  célèbres 
maîtres  de  ce  bel  art.  Seconde  édition , 
Taris,  Robert  Ballard,  1666,  in-4°.  Celte  deuxième 
édition  n'est  point  réelle;  on  a  seulement  clianjjé 
le  frontispice  et  l'avant-propos,  puis  ajouté  la 
quatrième  partie  de  l'ouvrage,  qui  forme  une  pa- 
gination particulière,  depuis  la  page  l  jusqu'à  36, 
et  qu'on  a  placée  à  la  suite  de  la  table  des  cha- 
pitres, des  errata  et  de  l'extrait  du  privilège  des 
trois  premières  parties.  La  supercherie  se  recon- 
naît à  ces  mots  placés  au  bas  de  la  dernière  page 
de  la  troisième  partie  :  Achevé  d'imprimer  le  35 
septembre  1656.  Le  privilège  est  du  11  septem- 
bre de  la  même  année.  Le  titre  des  exemplaires 
publiés  alors  était  celui-ci  :  Traité  de  musique 
pour  bien  et  facilement  apprendre  à  chanter 
et  composer  tant  pour  les  voix  que  pour  les 
instruments.  Ce  livre  était  déjà  rare  en  1722, 
comme  on  le  voit  par  la  table  des  ouvrages  im- 
primés chez  les  Ballurl,  placée  à  la  suite  du  Traité 
d'harmonie  de  Rameau  :  il  est  à  présent  à  peu 
près  introuvable.  La  VoyeMignota  fait  preuve  de 


prendre  les  armes  en  sa  faveur.  Pour  i'éloigner 
du  danger,  lord  Gerrard  le  nomma  commissaire 
de  l'armée  royale;  mais  l'activité  de  Lawes  lui 
fit  repousser  ce  poste;  il  voulut  combattre  les 
ennemis  de  son  roi,  et  se  fit  tuer  au  siège  de 
Chesteren  1645.  Charles  I"  fut,  dit-on,  si  aflligé 
de  sa  perte,  qu'il  en  porta  le  deuil.  La  plupart  des 
compositions  de  ce  musicien  consistent  en  fan- 
taisies pour  des  violes  et  l'orgue;  mais  son  ou- 
vrage le  plus  important  est  une  collection  de 
psaumes  à  trois  voix  et  basse  continue,  sur  la 
paraphrase  de  Sandy,  qu'il  composa  conjointe- 
ment avec  son  frère  Henri,  et  que  celui-ci  a  pu- 
bliée en  1648,  sous  ce  titre  :  Choice  psalmsput 
into  musicfar  three  voices.  Burney  a  inséré  un 
des  morceaux  de  cet  œuvre  dans  son  Histoire 
générale  de  la  musique  (t.  III,  p.  405).  Quel- 
ques-unes des  fantaisies  de  Lawes  ont  été  pu- 
bliées dans  les  collections  de  son  temps. 

LAWES  (Henri),  frère  du  précédent,  mais 
beaucoup  plus  jeune,  naquit  à  Salisbury  en  1600, 
et  apprit  la  musique  sous  la  direction  de  Cope- 
rario.  Au  mois  de  novembre  1635,  il  reçut  sa 
nomination  de  musicien  delà  chapelle  royale; 
quelque  temps  après,  il  entra  dans  la  musique 
particulière  du  roi  Charles  ^^  Ami  de  Milton, 


connaissancesréellesen  musique  dans  cet  ouvrage,   |il  mit  en  musique  quelques  poésies  de  cet  homme 


dont  les  exemples  d'harmonie  sont  bien  écrits. 
L'exposé  des  [)rincipes  delà  musique  a  pour  base 
la  gamme  du  plain-chantavec  ses  mnances  ;  il  n'y 
est  même  fait  aucune  mention  de  l'existence  de  la 
gatume  moderne.  A  la  fin  de  la  quatrième  partie,  on 
trouve  ce  passage  :  «  Afin  de  ne  laisser  que  le  moins 
«  que  je  pourray  à  désirer,  je  tâcherai  de  mettre 
«  au  jour  quelques  ouvrages  de  ma  façon,  non- 
ce seulement  en  parties  séparées,  mais  encore  en 
«  partition,  où  l'on  pourra  faire  beaucoup  de 
»  remarques  sur  quantité  de  choses  dont  j'ay 
H  parlé  en  ce  présent  Traité.  »  11  ne  parait  pas 
que  La  Yoye  Miiinot  ait  réalisé  son  projet  à  cet 
égard. 

LAWES  (Guillaume),  fils  de  Thomas  La- 
wes, vicaire  de  Salisbury,  naquit  en  cette  ville 
vers  1585.  Ayant  montré  d'heureuses  disposi- 
tions pour  la  musique  dès  son  enfance,  il  fut 
placé  par  le  comte  de  Hertford  sous  la  direction 
de  Coperario,  qui  lui  (it  faire  de  rapides  progrès 
dans  cet  art.  Après  avoir  été  quelque  temps  at- 
taché au  chœur  de  Chicliesler,  il  obtint  en  1602 
une  place  dans  la  chapelle  royale;  mais  bientôt  il 
abandonna  cet  emploi  pour  entrer  dans  la  mu- 
sique particulière  de  la  chambre  du  roi  Char- 
les |T.  Tous  ceux  qui  le  connurent,  dit  Fuller, 
l'aimèrent  et  le  respectèrent  à  cause  de  sa  droi- 
ture et  des  qualités  de  son  esprit.  Son  attache- 
ment pour  le  prince  qu'il   rervait  l'engagea    à 


célèbre ,  et  le  Cornus  de  l'auteur  du  Paradis 
perdu  fut  d'abord  composé  par  Lawes.  Depuis 
lors ,  plusieurs  nuisiciens  anglais  y  ont  adapté 
de  la  musique  nouvelle.  Celle  pièce   fut  repré- 
.sentée  en  1634  à  Ludlow-Castle,  pour  lamuse- 
ment  de  la  famille  du  comte  de  Bridgewater  et 
d'autresgenlilshommesdu  voisinage.  Lawes  jouait 
lui-môme  un  rôle  dans  cet  ouvrage,  dont  la  mu- 
sique n'a  jamais  été  imprimée.  Ce  musicien  con- 
tinua son  service  près  du  roi  jusqu'à  l'époque 
de  la  révolution.  Pendant  le  protectorat,  il  vécut 
en  donnant  des  leçons.  A  l'époque  de  la  restaura- 
tion, il  rentra  dans  la  chapelle,  et  composa  l'an- 
tienne du  couronnementdeCharlesII.il  mourut 
au  mois  d'octobre  1662,  et  fut  inhumé  à  l'abbaye 
de  Westminster.  Ce  musicien  a  joui  pendant  sa 
vie  de  la  réputation  d'un  artiste  de  premier  or- 
dre, chez  les  Anglais;  sa  complainte  d^Ariane 
fut  longtemps  considérée  comme  un  chef-d'œu- 
vre ;  cependant  ce  morceau,  qui  n'est  ni  un  réci- 
tatif, ni  un  air  proprement  dit,  ne  justifie  passa 
renommée.  Burney,  qui  a  examiné  les  ouvrages 
de  Lawes,  assure  qu'ils  sont  dépourvus  de  mé- 
rite, et  qu'on  n'y  trouve  ni  génie,  ni  savoir.  Cet 
écrivain  en  a  rapporté  quelques  airs,  dans  son 
Histoire  générale  de  la  musique  (t.  111.   p.  406) 
qui  ne  méritent  pourtant  pas  la  sévérité  de  ce  ju- 
gement, car  la  mélodie  n'y  est  pas  dépourvue  de 
naïveté.  En  1633,  Lawes  composa  la  musique 


234 


LAWES  —  LAYOTXE 


d'iire  mascarade  qui  fut  représentée  à  Wliiteliall 
«levant  le  roi  et  la  reine  :  il  reçut  cent  livres 
sterling  pour  cette  produi  tion.  On  connaît  sous 
son  nom  :  1"  iMélod les  pour  les  psaumes  de  Sandy, 
Londres,  1638,  in-fol.  Deuxième  édition,  ibid., 
1676,  in-8°.  L'ouvrflf'e  a  été  réimprimé  sous  ce 
titre  :  Psahnody  for  a  single  voiccj  heing 
twentij-fonr  Mélodies  for  private  dévotions, 
icit/i  a  bass  for  voice  or  instrument,  etc.; 
Londres,  1789,  \n-^°.  —  2°  Choice  psalmsput 
info  music  for  three  voices,  by  Henry  and 
William  Lau'cs  brothers  and  servants  to  his 
Majesty,  Londres,  1648.  On  y  trouve  des  canons 
à  quatre  et  cinq  voix  par  Henri  Lawes.  — 3°  Ay- 
res  and  dialogues  for  one,  twb  and  three 
voices;  Londres,  1653  ;  liv.  2*,  ibid.,  1655  ;  liv.  3% 
ibid.,  1656.  L'antienne  du  couronnement  est 
restée  en  manuscrit. 

LAYOLLE  (François  DE),  musicien,  né 
vraisemblablement  vers  la  (in  du  quinzième 
siècle.  J'ai  donné,  dans  la  première  et  dans  la 
deuxième  édition  de  la  Biographie  universelle 
des  Musiciens,  une  courte  notice  sur  Francesco 
Ajolla,  d'après  les  renseignements  qui  m'étaient 
fournis  par  le  Catalogue  des  écrivains  illustres  de 
Florence,  par  Poccianti  ,  et  par  VIstoria  de'Flo- 
rentini  scrittori,  de  Negri  :  M.  Farrenc,  à  qui  je 
suis  redevable  des  soins  qu'il  a  bien  voulu 
donner  à  la  correction  des  épreuves  et  de  ses 
bons  avis  sur  les  etreurs  qui  me  sont  échap- 
pées ,  me  fait  remarquer  que  cet  Ajolla  est  le 
même  artiste  que  Francesco  delV  Aiolle ,  qui 
fut  le  maître  de  cliant  et  de  composition  du  cé- 
lèbre artiste  Benvenuto  Cellini,  et  dont  Andréa 
del  Sario  a  placé  le  portrait  d'ans  son  tableau  de 
l'Adoration  des  Mages  peint  à  fresque  dans  le 
cloître  de  VAnnunciata  de  Florence  (1).  C'est 
aussi  le  même  Francesco  delV  Aiolle  qui  est 
appelé  François  de  Layolle  dans  les  recueils  de 
messes  etde  motets  imprimés  en  France  et  en 
Allemagne.  Plusieurs  considérations  me  portent 
à  croire  que  le  véritable  nom  de  ce  musicien  est 
de  Layolle,  et  que  Poccianti  et  Negri  ont  erré 
en  le  faisant  naître  à  Florence  :  d'abord  delV 
Aiolle  n'est  pas  une  forme  italienne  de  nom 
propre;  en  second  lieu,  suivant  les  autorités 
de  Poccianti  et  de  Negri,  il  aurait  composé  de 
beaux  madrigaux  qui  auraient  été  publiés  en  Italie 
avant  qu'il  se  rendît  en  France  vers  1530;  or, 
dans  toutes  les  grandes  biltliollièques  publiques 
et  particulières  que  j'ai  visitées  en  Italie,  je  puis 
certilier  qu'il  n'existe  pas  un  seul  ouvrage  sous 
ce  nom,  et  qu'on  ne  le  trouve  dans  aucun  des 

(t)  y  Ha  (Il  Itenremito  Cellini  ,  arrichita  dCiUiistra- 
ziiinhie  doctnnenti  inédite  dal  dotlnr  Francesco  Tassi. 
Florciice.l'iatll,  )829Uoine  l"-,  p.  15-16) 


nombreux  recueils  publiés  à  Venise,  à  Milan  et 
à  Rome  pour  un  seul  morceau,  tandis  que  les 
compositions  de  François  de  Layolle  sont  impri- 
mées à  Yenise,  à  Lyon, à  Nuremberg  et  à  Witten- 
berg;  enfin,  aucun  musicien  italien  n'est  venu  se 
fixer  en  France  dans  la  première  moitié  du  seizième 
siècle,  car  ils  étaient  alors  moins  avancés  dans 
l'art  que  les  Belges  et  les  Français  :  ceux-ci ,  au 
contraire,  étaient  appelés  en  Italie  et  y  occupaient 
les  premiers  emplois  dans  toutes  les  chapelles,  à 
cause  de  leur  liabileté  supérieure  dans  la  pratique 
de  l'art.  Je  n'hésite  donc  pas  à  croire  que  Fran- 
çois de  Layolle  fut  un  musicien  français  qui  s'é- 
tablit à  Florence  au  commencement  du  seizième 
siècle,  où  il  exerça  les  fonctions  d'organiste  et  se 
fil;  de  la  réputation  par  ses  talents;  qu'il  re- 
tourna plus  tard  dans  sa  patrie,  laissant  vraisem- 
blablement à  Florence  un  fils,  dont  il  sera  parlé 
dans  l'article  suivant;  et  qu'enlm  les  Florentins 
ont  altéré  son  nom  pour  l'ajuster  à  leurs  habitu- 
des de  prononciation  et  à  leur  orthographe.  Quoi 
qu'il  en  soit,  les  compositions  connues  de  ce 
musicien  sont  renfermées  dans  les  recueils  dont 
voici  les  titres  :  1°  Motet ti  del  flore  cum 
quatuor  vocibws  liber  primus.  Impressum 
Lugduni  per  Jacobum  Modernum  de  Pin- 
guento,  1532,  in^"  obi.  —  2°  Tertius  liber 
{idein);ibid.,  1539.  —  3°  Tertius  liber  Mot- 
tettorum  ad  quinque  et  sex  voces.  Opéra  et 
solertia  Jacobi  Moderni  alias  dicti  Grand 
Jaques  in unum coactorum  et  Lugduni...  ab 
codem  imprcssorum ,  1538,  in-4°  obi.  — 
4°  Quartus  liber  mottctorum  ad  quinque  et 
sex  voces,  etc.,  ibid,  1539. — 5"  Liber  quin- 
decim  missarum  a  prastantissimis  musicis 
composa  arum  ;  etc.,  Avribergx,  apud  Joh. 
Petreium,  1538,  petit  in-4°  obi.  On  y  trouve  la 
messe  de  Layolle,  Adieu  mes  amours,  à  (|uatre 
voix.  —  6"  Liber decem  missarum,  q  prxclaris 
et  maximi  nominis  musicis  contextus;  etc., 
Jacobus  Modernus  à  Pinguento  excudcbat 
Lugduni,  1540,  petit  in-fol.  Ce  recueil  renferme 
les  trois  messes  de  Layolle  intitulées  :  Adieu 
mes  amours,  0  salutaris  hostia  ;  ces  fâcheux 
Sotz.  —  7°  Selectissimarum  motctarum,  par- 
tim  quinque,  partim  quatuor  vocum,  tomus 
primus;  ISoribergx,  apud  Joh.  Petreium, 
15'<0,  in-4''.  —  8°  Tomus  tei-tius  psalmorum 
selectorum  ;  quatuor  et  quinque,  et  quidam 
jj/!(/7W?H7'ocMm,-Noriberga3, apud  Joh.  Petreium, 
1542.  in-4''  obi.  —  9°  Bicinia  gallica ,  latina  et 
germanica  et  qiuvdam  fugic  Tomiduo.  Vite- 
bergx,Georg.l{\\a\\,  1545,  petit  in-4'' obi. — 10°  Le  . 
Parangon  des  chansons,  contenant  plusieurs 
nouvelles  et  délectables  chansons  à  deux, 
trois  et  quatre  voix.  Livres  1  à  tO.  Lyon, par 


LAYOLLE  —  LAYS 


2.^5 


Jacques  Moderne,  dit  Grand  Jacques,  1340- 
1643,  in-4°obl.  Les  livres  I,  2, 3, 4 et  5 contiennent 
des  chansons  de  Layolle  à  deux  ,  trois  et  quatre 
parties.  Ici  se  trouve  encore  une  preuve  que  ce 
musicien  était  né  en  France,  car  jamais,  au 
seizième  siècle ,  musicien  italien  n'a  composé  de 
ctiansons  françaises.  —  1 1°  Madrigali  a  quattro 
voci  del  Arcadelt  insieme  con  alcuni  madri- 
gali da  altri  autori,  con  ogni  diligenza  stam- 
pate  et  corretie;  libri  i,  2,  3,  i  et  5.  In  Ve- 
netia,  nella  stampa  d'' Antonio  Gardano, 
1538-1543,  in-4°obl.  Plusieurs  fois  réimprimés, 
ces  cinq  livres  de  madrigaux  ont  eu  une  dernière 
édition,  chez  le  même  Gardano,  depuis  1560  jus- 
qu'en 1560,  in-4°  obi.  On  trouve  au  premier  livre 
de  cette  collection  un  madrigal  à  quatre  voix, 
page  25,  et  un  Agnus  Dei  à  trois  voix  par  Franc. 
Layolle;  et  dans  le  second  livre,  deux. madri- 
gaux à  quatre  voix,  par  le  même,  pages  24  et  32. 
Il  est  à  remarquer  que  le  nom  du  compositeur  est 
écrit  Francesco  Layole  et  Layolle.  Enfin,  on 
trouve  des  morceaux  de  cet  artiste  dans  le  Libro 
llaniado  Silva  de  Sirenas  de  Enriquez  de 
Valderavano j  Valladolid,  1547,  gr.  in-4'',  le- 
quel contient  des  motets,  villancicos,  roman- 
ces, etc.,  mis  en  tablature  de  guitare. 

LAYOLLE  (Aleman),  vraisemblablement 
fils  du  précédent,  paraît  être  né  à  Florence 
pendant  le  Ion;;  séjour  de  François  dans  cette 
ville;  car  son  prénom  (Alamanno)  est  plus 
italien  que  français.  Il  est  hors  de  doute  qu'il 
suivit  son  père  en  Franre  lorsque  celui-ci  y 
rentra;  car  on  voit,  pnr  le  seul  ouvrage  connu 
de  lui  aujourd'hui,  qu'il  était  organiste  à  Lyon 
en  1561  ;  mais  plus  fard  il  retourna  à  Florence, 
car  un  curieux  document,  dont  je  dois  la  con- 
naissance à  M.  Farrenc,  le  prouve  d'une  ma- 
nière irrécusable.  Dans  un  recueil  de  mémoires 
manuscrits  de  Benvenuto  Cellini  qui  se  trouve  à 
la  bibliothèque  Riccardiana  de  celte  ville,  on 
lit  ce  qui  suit  :  «  Aujourd'hui  15  janvier  1569, 
«  .selon  l'usage  florentin  ,  et  1570  suivant  l'usage 
«  commun  (1),  commencent  à  courir,  pour 
«  maître  Alamanno  Aiolle ,  organiste,  les  hono- 
"  raires  d'un   demi-écu  par  mois  (2),  dont  le 

(1)  Jusqu'en  nso  l'année  commençait  à  Florence  le  25 
mai,  au  lieu  du  i*'  janvier  admis  dans  la  plupart  des  autres 
pays  depuis  la  réforme  du  calendrier. 

(2)  Pour  avoir  une  notion  approximative  de  la  valeur  en 
apparence  si  minime  de  ce  payement  mensuel,  il  faut  faire 
la  comparaison  delà  valeur  du  marc  d'argent  fin  monnayé 
en  1570  avec  sa  progression  ascendante  à  différentes  épo- 
ques postérieures,  et  avec  le  prix  des  ctioses  nécessaires 
à  la  vie;  or,  le  marc  d'argent  qui  valait  en  1S70  quinze 
livres  ou  Zire.étalt  monté  à  cinquante-quatre  lire  en  1740, 
et  l'ancienne  mesure  de  blé  équivalant  à  trois  hectolitres, 
qui  se  payait  alors  trois  lire,  était  montée  à  quinze  lire,  à 


«  premier  payement  «le  trois  lire  et  demie  sera 
«  fait  le  15  février,  selon  ce  (jui  a  été  convenu 
«  entre  nous,  à  la  condition  qu'il  viendra  chez 
«  moi,  au  moins  une  fois  par  jour,  pour 
«  donner  leçon  de  clavecin  à  ma  (ille  Liperata, 
«  maintenant  âgée  de  six  ans  (l).  »  On  connaît 
d'Aleman  Layolle  un  ouvrage  intitulé  :  Chan- 
sons  et  Vauxdevillesà  quatre  voix,- Lyon,  Si- 
mon Gorlier,  1561,  in-4''.  On  voit  dans  VAdvisà 
un  chacun,  placé  en  tête  de  la  partie  de  té- 
neur,  que  ce  musicien  était  alors  organiste  de 
l'église  de  Saint-Dizier,  à  Lyon. 

LAYS  (François),  dont  le  nom  véritable 
était  LAY,  chanteur  de  l'Opéra  de  Paris,  qui  a 
joui  d'une  brillante  réputation,  naquit  le  14  fé- 
vrier 1758,  dans  un  village  de  l'ancienne  Gasco- 
gne, nommé  La  Barthe  de  ISestès.  Destiné  à 
l'état  ecclésiastique,  il  entra  comme  enfant  de 
chœur  au  monastère  de  Guaraison,  dont  le  maî- 
tre de  chapelle  dirigeait  d'assez  bonne  musique. 
L'éducation  musicale  des  élèves,  dans  ces  sortes 
d'écoles,  n'était  pas  brillante,  mais  solide,  et  l'on 
en  sortait  ordinairement  bon  lecteur.  Lorsque 
Lays  eut  atteint  l'âge  de  dix-sept  ans,  il  se  rendit 
à  Auch,  pour  y  terminer  ses  études  par  un  cours 
de  philosophie;  mais  le  goût  de  la  solitude  le  ra- 
mena bientôt  à  Guaraison,  où  il  se  livra  à  l'étude 
de  la  théologie.  Il  possédait  une  voix  de  ténor 
grave  de  la  plus  grande  beauté;  cet  avantage  le 
détourna  du  dessein  qu'il  avait  eu  d'abord  d'em- 
brasser l'étal  ecclésiastique,  et  il  quitta  son  mo- 
nastère pour  se  rendre  à  Toulouse,  dans  le  but 
d'y  étudier  le  droit.  Il  ne  resta  qu'un  an  dans 
cette  ville.  La  beauté  de  sa  voix  avait  fait  du 
bruit,  et  déjà  l'on  s'accordait  à  classer  Lays 
parmi  les  plus  habiles  chanteurs,  bien  qu'il  n'eilt 
que  d'assez  faibles  notions  dece  qui  constitue  l'art 
du  chant.  A  cette  époque,  on  n'était  point  en 
vain  propre  à  contribuer  aux  plaisirs  de  la  cour  : 
une  lettre   de   cachet    porta   à  l'artiste  l'ordre 


la  même  époque,  c'est-à-dire  dans  la  proportion  d'un  A 
cinq.  La  différence  est  bien  plus  grande  aujourd'hui.  IvoTin 
le  salaire  d'un  vicaire  de  grande  paroisse  était  en  tSTO  tie 
76  sous  par  mois,  et  une  messe  se  payait  3  sous  au  curé 
officiant  solennellement.  On  voit  donc  qu'à  raison  île  2o 
sous  par  iire,  le  payement  d'un  demi-écu  par  mois  à  Ale- 
man de  Layolle  était  à  peu  près  ce  qu'il  devait  être  pour 
cette  époque.  (Voyez  les  tables  de  l'Essai  sur  les  mounoifs 
ou  réflexions  sur  le  rapport  de  l'urçieiit  et  des  denrées, 
par  Dupré  da  Saint-Maur;  l'aris,  I7i6, 1  vol.  in-*".) 

(I)  A  maestro  Alamanno  Aiolle,  organlsta  qucsto  di  15  di 
gcnnajo  i569,  secondo  Firenze,  che  secondo  la  cliiesa 
siamo  nel  70,  comincia  la  sua  provisione  dl  uno  inezzo 
scudo  il  mese,  che  la  prima  paga  gli  viene  a  di  15  di  Icli- 
brajo,  sono  lire  tre  e  mezzo  d'accordo  :  e  il  detto  promette 
di  venire  una  volta  il  manco  ogni  giorno  a  casa  mia  a 
dar  lezione  dl  sonare  di  gravicembolo  alla  Liperata  mia 
ligliunla.  quil'?  é  délia  ria  dl  sci  anni  appuntu. 


2nr. 


LAYS-LAZZARI 


<le  se  rendre  à  Paris  pour  y  être  essayé  à  l'O- 
péra.  11  arriva  dans  cette  ville  au  mois  d'avril 
1779,  et  ses  débuts  eurent  lieu  au  mois  d'octo- 
bre delà  même  année. 

La  première  fois  que  Lays  se  lit  entendre  à 
l'Académie  royale  de  musique,  ce  fui  à  la  fin  d'un 
ballet,  dans  un  air  de  Berton  père,  qui  com- 
mence par  ces  mots  : 

Sous  les  lois  de  l'hymen 
Quand  l'amour  nous  cngjge, 

etc. ' 

La  beauté  de  son  organe  assura  son  succès.  Le 
rùle  du  Seigneur  bienfaisant,  qui  fut  écrit  pour 
lui,  le  classa  bientôt  parmi  les  chanteurs  les 
plus  en  vogue.  En  1780,  il  fut  attaché  aux  con- 
certs de  la  reine,  et  il  y  chanta  jusqu'en  1791. 
Ses  succès  au  concert  spirituel  n'avaient  pas 
moins  d'éclat  qu'à  l'Opéra  ;  il  s'y  faisait  souvent 
entendre  avec  la  fameuse  M'^e  Saint-Huberty,  et 
les  amateurs  de  l'époque  s'extasiaient  sur  l'ex- 
pression de  ces  deux  coryphées  du  bon  goût. 
Comme  acteur,  Lays  avait  néanmoins  peu  de 
succès,  quoiqu'il  eiitjoué  les  principaux  rôles  des 
opéras  de  Gluck,  de  Piccinni  et  de  Sacchini, 
mais  celui  de  Panurge,  écrit  pour  lui  par  Gré- 
Iry,  lui  fut  si  favorable,  qu'il  fit  oublier  ses  dé- 
fauts. Le  rôle  du  marchand  d'esclaves  dans  la 
Caravane,  et  celui  d'Anacréon,  mirent  le  sceau 
à  sa  réputation.  La  beauté  de  sa  voix  se  con- 
serva jusque  dans  un  âge  avancé;  ce  ne  fut 
qu'après  quarante-trois  années  de  service  qu'il 
.se  retira  de  l'Opéra,  au  mois  d'octobre  1822. 
Deux  ou  trois  ans  après,  il  reparut  dans  une  re- 
présentation au  bénéfice  d'un  de  ses  anciens  ca- 
marades; mais  il  était  alors  âgé  de  soixante-six 
ans,  et  il  ne  parut  plus  que  l'ombre  de  lui- 
inéme. 

Lays  avait  embrassé  avec  chaleur  les  principes 
de  la  révolution  de  1789.  Au  mois  de  septembre 
1792,  il  alla  protester  au  conseil  général  de  la 
commune  de  son  zèle  pour  la  liberté  et  l'égalité  ; 
puis,  en  1793,  il  parcourut  les  provinces  du  Midi 
en  missionnaire  ardent  du  système  de  la  terreur, 
et  se  rangea  à  Bordeaux  parmi  les  ennemis  de  la 
faction  des  Girondins.  Il  paraît  que  des  tracasse- 
ries lui  furent  suscitées  au  théâtre,  en  haine  de 
ses  principes,  car  il  crut  devoir  se  défendre  dans 
un  petit  écrit  devenu  d'une  excessive  rareté,  et 
qui  a  pour  titre  :  Lays,  artiste  du  théâtre  des 
Arts,  à  ses  concitoyens,  Paris,  1793,  23  pages 
in -8°.  Toutefois,  aux  différentes  époques  de  réac- 
tion, il  ne  fut  point  inquiété,  et  la  seule  ven- 
geance qu'on  tira  de  son  radicalisme  fut  de  l'o- 
bliger à  chanter  sur  la  scène  le  Eéveil  du  Feu- 
pie,  après  le  9  thermidor  (1794),  et  des  couplets 


pour  les  Bourbons  le  10  avril  1814,  devant  les 
souverains  alliés. 

Lays  avait  été  nommé  professeur  de  chant  âu 
Conservatoire  de  Paris,  le  9  novembre  1795  ;  il 
en  remplit   les  fonctions  jusqu'au  mois  de  sep- 
tembre 1799;  mais  à  cette  époque,  des  discus- 
sions s'élevèrent  entre  l'administration  de  cette 
école  et  celle  de  l'Opéra,  et  pour  ne   point  y 
prendre  part,  il  se  retira.  En    1819,  il  rentra  à 
l'École  royale  de  chant  et  de  déclamation, 
dont  l'organisation  avait  succédé  à  celle  du  Con- 
servatoire; mais  le  désir  de  jouir  enfin  du  repos 
dont  il  sentait  le  besoin  après  de  si  longs  travaux, 
lui  fit  demander  sa  retraite  définitive  :  il  l'obtint 
au  mois  de  décembre  1826.  Ce  fut  alors  qu'il 
partit  de  Paris  pour  aller  se  fixer  dans  une  habi- 
tation sur  les  bords  de  la  Loire,  au  village  d'In- 
grande,  à  quelques  lieues  d'Angers  :  ses  derniè- 
res années  s'y  écoulèrent  en  paix.  Il  est  mort 
dans  ce  lieu,  le  30  mars  1831,  à  l'âge  de  soixante- 
treize  ans.  Il  avait  élé  premier  chanteur  de  la 
chapelle  de  Napoléon,  depuis  1801  jusqu'en  1815; 
mais  après  la  deuxième  restauration,  on  lui  fit 
un  crime  de  son  ancienne  exaltation  républi- 
caine, et  son  emploi  lui  futôté. 

Malgré  l'enthousiasme  qu'il  a  longlemps  excité 
parmi  les  habitués  de  l'Opéra,  Lays  n'était  pas 
un  grand  chanteur  :  on  peut  même  dire  qu'il 
ignorait  les  éléments  de  l'art  dn  chant.  Sa  voca- 
lisation était  lourde;  il  n'avait  point  appris  à 
égaliser  les  registres  de  sa  voix,  et  quand  il  pas- 
sait des  sons  de  poitrine  à  ceux  de  la  voiï  mixte, 
c'était  par  une  transition  subite  d'un  organe 
formidable  à  une  sorte  de  voix  flûtée  d'un  effet 
plus  ridicule  qu'agréable.  11  affectait  cependant 
de  se  servir  de  «et  effet,  qui,  de  son  temps,  faisait 
pâmer  d'aise  les  amateurs  de  profession.  La  plu- 
part des  ornements  de  son  chant  étaient  suran- 
nés et  de  mauvais  goût;  mais,  malgré  ces  dé- 
fauts, la  beauté  de  sa  voix  lui  faisait  des  parti- 
sans de  presque  sous  ses  auditeurs,  et  il  n'y 
avait  guère  de  succès  possible  pour  un  opéra,  si 
Lays  n'y  avait  un  rôle.  Au  reste,  il  avait  de  la 
chaleur  et  savait  animer  un  morceau  de  musi- 
que :  ses  défauts  étaient  ceux  de  son  temps,  car 
il  n'y  avait  pas  en  France  d'école  de  chant  à  l'é- 
poque où  il  débuta.  S'il  fût  venu  plus  tard,  avec 
sa  belle  voix  et  sa  connaissance  de  la  musique,  il 
aurait  pu  devenir  un  chanteur  distingué. 

LAZZARI  (Albert),  carme  et  compositeur 
né  à  Venise,  fut  maître  de  chapelle  en  cette  ville, 
dans  la  première  moitié  du  dix-septième  siècle. 
Il  a  publié  plusieurs  ouvrages  de  sa  composition, 
entre  autres  :  \° Armonie  spirituali  Concer- 
tate  a  1,  2,  3,  4,  5  e  6  voci,  con  litanie  delta 
B.V.ài  e  8  voci  se  place,  lib.  le  2,  op .  2; 


LAZZARI  -  LRBEUF 


237 


Venise,  Barl.  Magni,  1637.  —  2°  La  Gloria  di  Vc- 
nezla  ed  altre  musiche  a  voce  solaconilbasso 
continua,  op.  3;  Venise,  1637,in-4°. 

LAZZARI!\I  (  Scii'ioN  ) ,  né  à  Ancône  en 
1641,  entra  dans  l'ordre  des  Ermites  de  Saint-Au- 
gustin, on  Préinonlrés,  et  fut  professeur  de  lliéo- 
l()j;ie.  Il  cultiva  la  musique  avec  succès,  et  (it 
imprimer  plusieurs  ouvrages  de  sa  composition, 
parmi  lesquels  on  remarque  :  1°  Mntetti  a  due 
e  tre  voci  op.  2;  Ancône,  Claude  Perciniinco, 
1674.  —  2°  :salmi  vespertini  a  tre  e  cinque  voci, 
con  due  violini,  op.  3;  ibid.  1675. 

LAZZARliXI  (Gustave),  bon  ténor  italien, 
né  à  Padoue ,  ou,  selon  d'autres  renseignements, 
à  Vérone,  vers  1765,  débuta  à  Lacques  en  1789, 
et  s'y  fit  applaudir  dans  Vifigenia  in  Aalide  de 
Zingarelli.  En  1794  il  chanta  à  Milan,  pendant 
la  saison  du  carnaval,  avec  M""'  Grassiui  et 
Marcliesi ,  dans  VArtaserse  du  même  composi- 
teur et  le  Demofoonie  de  Porlogallo.  Son  talent 
se  soutint  à  côlé  de  ces  grands  artistes;  épreuve 
diflicile  que  peu  de  chanteurs  auraient  pu  subir. 
L'année  suivante  il  fut  engagé  de  nouveau  dans 
cette  ville;  en  1798,  il  y  retourna  encore,  pour  ' 
chanter  Gli  Orazi  de  Cimarosa,  et  le  Meleagro 
de  Zingarelli,  avec  La  Riccardi  et  Crescentini. 
En  1801  il  fut  un  des  acteurs  qui  composèrent  la 
troupe  de  VOpera  buffa  de  Paris.  Il  y  chanta 
avec  M"""'  Strinasacchi  et  Georgi  Belloc.  Déjà 
.sa  voix  avait  perdu  sa  fraîcheur,  mais  on  recon- 
naissait en  lui  un  talent  supérieur  dans  l'art  du 
chant  et  un  musicien  excellent.  Il  eut  à  Paris 
Nozzari  pour  successeur,  en  1803.  Son  portrait  a 
été  gravé  dans  cette  ville  par  Nitôt  Du.frène, 
acteur  de  l'Opéra.  Laz/arini  a  publié  deux  œuvres 
d'ariettes  italiennes  avec  accompagnement  de 
piano,  Paris,  Carli,  et  une  pastorale,  idem,  ibid. 

LAZZARIIVI  (Alexandre),  prélat  romain 
attaché  au  service  du  pape  Pie  VII,  naquit  à 
Rome,  en  1769.  Il  accompagna  le  saint  Père  en 
France  lorsqu'il  vint  sacrer  Napoléon  empereur 
des  Français,  et  une  seconde  fois,  lorsque  le  chef 
de  l'Église  fut  conduit  en  exil  à  Fontainebleau. 
De  retour  à  Rome,  en  1814,  monsîg.  Lazzarini  y 
reprit  le  cours  de  ses  études  et  de  ses  travaux 
littéraires.  On  a  de  lui  un  curieux  traité  de  l'usage 
des  cloches  chez  les  anciens  Hébreux  et  chez  les 
autres  peuples  de  l'Orient,  sous  ce  litre  :  De  va- 
rio  tintinnabulorum  usu  apud  Hebrasos  et 
Ethnicos;  Rome,  1822,  2  vol.  in-S".  Cet  ouvrage 
est  rempli  de  recherches  intéressantes,  et  se  re- 
commande par  une  érudition  solide. 

LEACH  (....),  musicien  anglais,  vraisem- 
blablement attaché  à  quelque  église  de  Londres, 
vers  la  fin  du  dix-huitième  siècle,  a  publié  : 
1°  Hymns  and  psalmfunes  for   ihe  me  of 


churches,  chapels  and  sundry  schools.  Book 
1  and  2;  Londres,  Preston.  —  2°  Collection  of 
Hymnstunes  and  anthems  adapted  for  a 
full  choir,  publisking  in  numbers;  ibid.  — 
3°  Trios  pour  deux  violons  et  basse,  ibid. 

LÉAUMOIVT  (Le  chevalier  DE),  officier 
au  régiment  de  Neiislrie,  vivait  à  Paris,  vers  la 
fin  du  dix-huitième  siècle.  H  y  fil  graver,  en 
1786,  un  duo  concertant  pour  violon  et  violon- 
celle. 

LEBÈGUE  (Antoine-Nicolas).  Voyez  BÈ- 
GUE (LE). 

LE  BESIVIER  (L'abbé  Anicet),  chanter 
de  l'église  paroissiale  de  Saint-Ouen,  à  Rouen,  a 
fait  imprimer  un  livre  intitulé  Manuel  du  chan- 
tre, Rouen,  Mégard,  1839,  in-S",  et  im  recueil 
de  cantiques  qui  a  pour  tilre  :  Chants  du  mois 
de  Marie,  en  l'église  paroissiale  de  Sainl-Oucn, 
recueillis  par  l'abbé  Anicet  Le  Besnier  ;  Rouen, 
Mégard,  1840,  in-12  de  72  pages. 

LEBEUF  (  l'abbé  Jean  ),  chanoine  et  sous- 
chantre  de  l'église  cathédrale  d'Auxerre,  naquit 
en  cette  ville  le  6  mars  16«7.  Homme  simple, 
modeste  et  laborieux,  il  n'a  laissé  d'autres  ma- 
tériaux pour  l'histoire  de  sa  vie  que  ses  ouvra- 
ges oii  l'on  remarque  beaucoup  plus  d'érudition 
que  de  goilt  et  de  style.  L'Académie  des  inscrip- 
tions et  belles-lettres  le  choisit,  en  1740,  pour 
remplacer  Lancelot.  Le  pape  Benoit  XIV,  après 
avoir  vu  son  Martyrologe  d'Auxerre,  en  fut 
si  satisfait,  qu'il  fit  proposer  à  l'auteur  de  se  ren- 
dre à  Rome;  mais  la  mauvaise  santé  de  l'abbé 
Lebeuf  fut  un  obstacle  à  ce  voyage.  Il  mourut  le 
10  avril  1760,  à  l'âge  de  soixante-treize  ans.  On 
porte  à  près  de  cent  quatre-vingts  le  nombre 
de  dissertations  et  d'ouvrages  de  tout  genre  dus 
aux  re'hercbes  de  cet  infatigable  savant.  Je  ne 
parlerai  ici  que  de  ce  qui  a  quelque  rapport  à 
l'histoire  de  la  musique  dans  ses  travaux  ;  on  y 
distingue  :  T  Remarques  sur  le  chant  ecclésias- 
tique (dans  le  Mercure  de  France,  septembre 
1725,  p.  1897.)  —  2°  Lettre  contre  la  nouvelle 
manière  de  noter  le plain-chan' ,  inventée  par 
M.  de  Molz  (  Mercure  de  février  1728,  p.  2l7). 
—  3°  Règles  pour  la  composition  du  plain- 
chant  (Ma.,  jum  1728,  1"  volume,  p.  1162; 
2'"'  vol.  pag.  1300).  —  4°  Réflexions  sur  la 
nouvelle  manière  de  noter  le  plain-chant, 
inventée  par  M.  de  Motz  (  ibid.,  novembre  1728, 
p.  2230,  et  ilécembre,  1"  vol.,  p.  2271).  —5"  Ré- 
ponse aux  questions  proposées  dans  le  Mer- 
cure de  novembre  1728,  à  l'occasion  de  quel- 
ques contestations  musicales  formées  à  Troyes 
en  Champagne  (ibid.,  mai  17-29,  p.  844).  On 
trouve  dans  le  catalogue  de  Falconet  (tome  l*"", 
p.  477,   n"  8355)  l'indication  d'un  ouvrage  de 


238 


r.EBEUF  —  LEBLANC 


l'ahbé  Lebeiif,  sous  ce  titre  :  Mémoire  de  Jean 
Lebeuf  srir  le  plahi-chant,  1729,  in-l2.  Il  est 
vraisemblable  que  ce  n'est  qu'un  tirage  à  part  île 
ce  qti'il  avait  (uiblié  sur  cette  matière,  en  1728, 
dans  le  Mercure  de  France.  —  6"  Lettre  sur 
les  orgues ,  à  l'occasion  de  ce  qui  est  dit  de 
celles  de  la  cathédrale  d'A  Ibi  dans  le  Mercure 
de  juillet  \121  (ibid.,  aortt  1737,  page  1750).  — 
7°  Recueil  de  divers  écrits  pour  servir  d'é- 
claircissements à  l'histoire  de  France  et  de 
supplément  à  l'histoire  des  Gaules;  Paris ^ 
1738,  2  vol.  in-12.  Cet  ouvrage  est  formé  de  la 
réunion  de  plusieurs  dissertations  envoyées  pré- 
cédemment par  l'auteur  à  différentes  académies. 
Parmi  ces  morceaux  historiques,  on  remarque  au 
premier  volume  une  Dissertation  sur  le  lieu  où 
s'est  donnée  en  84 1  la  bataille  de  Fontenay. 
Après  avoir  éclairci  le  point  principal  de  la  dis- 
cussion, Lebeuf  y  rapporte  une  pièce  très  curieuse 
sur  la  bataille  de  Fontenay,  ou  Fontanet,  qui  est 
du  temps  de  cet  événement.  Celte  pièce,  en  vers 
trochaiques,  existe  dans  un  manuscrit  de  Saint- 
Martial  de  Limoges  qui  est  à  la  Bibliothèque  im- 
périale, à  Parjs,  n°  1154.  Elle  est  composée  de 
différentes  strophes  qui,  ainsi  que  l'a  remarqué 
Lebeuf,  sont  dans  le  style  des  complaintes  lati- 
nes. Cette  pièce  commence  ainsi  : 

VERSUS  DE  BELLJV    QVM.    FUIT    ACTA   FOIfTANETO. 

Aurora  cum  primo  manè 
Tetram  iioctem  divldens, 
Sabbatuiii  non  illud  fuit, 
Sed  saturni  dolium  ; 
Etc. 

Lebeuf  la  rapporte  en  entier  (pag.  165-168, 
vol.  1  ).  Il  a  bien  vu  par  les  caractères  de  nota- 
tion saxonne  (  neumes  ),  placée  au-dessus  des  vers 
de  la  première  strophe,  que  c'est  une  sorte  de  ro- 
mance historique;  mais  ces  caractères  ont  été 
pour  lui  un  mystère  impénétrable.  J'ai  traduit 
en  notation  moderne  ce  morceau,  l'un  des  plus 
curieux  et  des  plus  intéressants  de  l'histoire  de  la 
musique  (  Voyez  la  planche  du  Résumé  philo- 
sophique de  l'histoire  de  la  musique,  en  tête 
de  la  première  édition  de  !a  Biographie  uni- 
verselle des  Musiciens.  ) 

Une  dissertation  pleine  de  recherches  sur  l'état 
des  sciences  et  des  arts  au  temps  de  Charlema- 
gne  se  trouve  au  commencement  du  deuxième  vo- 
lume ;  elle  renferme  des  détails  qui  ne  sont  pas 
sans  intérêt  pour  l'histoire  de  la  musique,  par- 
ticulièrement sur  Remi-d'Auxerre  et  Hucbaid. 

—  8°  Dissertations  sur  l'histoire  ecclésiasti- 
que et  civile  de  Paris,  suivie  de  plusieurs 
éclaircissements  sur  l'histoire  de  France, 
Paris  1739-1745,  3  vol.  in-12.  On  trouve  dans  le 
deuxième  volume  de  cette  collection  une  bonne 


Dissertation  sur  l'état  des  sciences  en  France 
depuis  la  mort  du  roi  Robert  jusqu'à  celle 
de  Philippe  le  Bel.  Lebeuf  y  a  réuni  quelques 
renseignemenls  sur  la  situation  de  la  musique 
française  depuis  l'an  1031  jusqu'en  1304;  mais 
il  n'a  pas  connu  toutes  les  sources  on  il  pouvait 
puiser.  —  9°  Traité  historique  et  pratique 
sur  le  chant  ecclésiastique  avec  le  directoire 
qui  en  contient  les  principes  et  les  règles, 
suivant  l'usage  présent  du  diocèse  de  Paris, 
et  autres.  Précédé  d'une  nouvelle  méthode 
pour  l'enseigner  et  l'apprendre  facilement, 
Paris,  1741,  in-8".  Les  règles  de  plaiu-chant 
qu'on  trouve  dans  cet  ouvrage  ne  sont  point  de 
l'abbé  Lebeuf;  elles  avaient  été  compo.sées  vers 
la  fin  du  dix-septième  siècle  par  l'abbé  Cliaste- 
lain  ,  chanoine  de  Notre-Dame  et  ami  de  Bros- 
sard  ,  pour  être  placées  en  lêle  de  l'ancien  anti- 
phonaire  de  Paris.  La  partie  historique  seule, 
jusqu'à  la  page  150,  apparlient  à  l'abbé  Lebeuf: 
elle  contient  des  choses  curieuses  qu'on  ne  trouve 
point  dans  la  plupart  des  ouvrages  sur  la  même 
matière.  Toutefois  ce  livre  a  été  trop  vanté  : 
l'abbé  Lebeuf  n'avait  presque  aucune  connais- 
sance de  l'histoire  du  plain-chant  en  Italie  et  ea 
Allemagne.  Il  avait  été  chargé  de  travailler  en 
1744  au  nouvel  antiphonaire  et  au  nouveau  gra- 
duel de  Paris  :  ce  fut  ce  qui  le  jeta  dans  ces  re- 
cherches qu'il  avait  déjà  ébauchées  autrefois. 

LEBLAIN  ou  LE  BLAI\  { P.-J.),  carillon- 
neur  de  la  ville  de  Gand  et  compositeur,  ne  m'est 
connu  que  par  une  note  de  la  Bibliographie 
Gantoise,  de  M.  Ferd.  Vanderbaegen,  p.  190, 
où  un  article  du  catalogue  Van  de  Poêle  (  im- 
primé à  Gand  en  1816,  p.  45,  n"  193)  est  cité 
de  cette  manière  :  Livre  de  clavecin,  par  P.  J. 
Le  Blan,  cajHllonneur  de  la  ville  de  Gand. 
Cet  ouvrage,  dont  on  n'indique  pas  la  date  dans 
le  catalogue,  était  relié  avec  le  traité  de  musique 
de  Jean  Van  der  Elst  (voy.  ce  nom)  intitidé  Den 
Ouden  «nde  Nieuwen  Grondt  Van  de  Musijke 
Bevangehende.  {GAnd,  Maximilien  Graet,  1662, 
in-4''.) 

LEBLAIVC  (Hubert)  ,  docteur  en  droit  et 
amateur  de  musique,  qui  jouait  bien  de  la  basse 
de  viole,  vécut  à  Paris  dans  la  première  moitié 
du  dix-huitième  siècle.  C'était  un  homme  d'un 
caractère  bizarre,  qui,  dans  son  admiration  pour 
la  basse  de  viole,  ne  connaissait  rien  qui  ptlt  lut 
être  comparé,  et  qui  voyait  avec  chagrin  l'aban- 
don de  cet  instrument  se  préparer  par  la  vogue 
qu'obtenaient  en  France  le  violon  et  le  violoncelle. 
Il  écrivit  à  ce  sujet  un  livre  singulier,  intitulé  r 
Défense  de  la  basse  de  viole  contre  les  entre- 
prises du  violon  et  les  prétentions  du  violon- 
ccl  (sic).  Amsterdam,  1740,  in-12.  Il  y  traite  le 


LEBLANC  —  LEBOKNE 


230 


violon  d'orgueilleux,  d'arrogant,  visant  à  l'empire 
universel  de  la  musique;  quant  au  violoncelle, 
c'est,  dil-il,  un  pauvre  hère,  qui  se  cache  tout 
honteux  derrière  le  clavecin,  et  dont  la  condi- 
tion est  de  mourir  de  faim.  Le  style  du  livre 
est  digne  des  pensées.  Leblanc  n'avait  pu  trouver 
à  Paris  de  libraire  pour  une  telle  production  ;  il 
fut  obligé  d'envoyer  son  manuscrit  à  Amsterdam. 
Lorsqu'il  apprit  que  Pierre  Mortier  consentait  à 
l'imprimer,  il  en  fut  si  transporté  de  joie,  qu'il 
partit  pour  la  Hollande  en  l'état  où  il  se  trou- 
vait quand  la  nouvelle  lui  parvint,  c'est-à-dire 
en  robe  de  chambre,  en  pantoulles ,  et  en  bonnet 
de  nuit. 

LEBLANC  (....),  violoniste  et  compositeur 
français,  né  vers  1750,  fut  d'aboni  chef  d'or- 
chestre au  Théâtre  Comique  et  Lyrique,  à 
Paris,  lequel  prit  ensuite  le  titre  de  Théâtre  des 
Jeunes  Artistes.  Il  occupait  celte  place  en  1791. 
Plus  tard,  il  fut  attaché  au  Théâtre  d'Ému- 
lation, en  qualité  de  compositeur  des  opéras 
et  pantomimes;  il  conserva  cet  emploi  jus- 
qu'en 1801.  Descendant  presque  toujours  dans 
des  positions  pires,  il  fut  ensuite  obligé  d'accep- 
ter une  place  de  second  violon  au  Théâtre  sans 
prétention  du  boulevard  du  Temple,  et  enlln, 
dans  ses  dernières  années,  il  fut  réduit  à  copier 
de  la  musique.  Il  est  mort  à  Paris,  dans  une 
situation  malheureuse  et  dans  un  âge  fort  avancé. 
Les  premières  compositions  de  Leblanc  sem- 
blaient lui  promettre  une  carrière  plus  heureuse  ; 
on  y  remarquait  du  talent,  et  leur  succès  n'avait 
pas  été  sans  éclat;  mais  il  écrivit  presque  tous 
ses  ouvrages  pour  les  petits  théâtres,  où  rien  ne 
saurait  avoir  une  longue  existence.  Son  premier 
opéra,  joué  au  théâtre  des  Beaujolais,  en  1787, 
était  intitulé  :  La  Noce  Béarnaise  ;  il  eut  un 
succès  de  vogue.  Vinrent  ensuite  Gabrielle  et 
Paulin,  au  même  théâtre,  1788;  La  Folle  ga- 
geure, au  théâtre  Comique  et  Lyrique,  1790; 
Rosine  et  Zeltj,  au  même  théâtre,  1790  ;  Le  Ber- 
ceau de  Henri  IV,  en  deux  actes ,  au  même 
théâtre;  Nicode'me  dans  la  lune,  en  trois  actes, 
au  même  théâtre,  qui  lit  courir  tout  Paris  aux  bou- 
levards pendant  plus  d'une  année  ;  Télémaque, 
pantomime dialoguée,avecdes morceaux  dédiant, 
une  ouverture  et  des  entr'actes,  au  Théâtre 
d'' Émulation,  en  1797.  Leblanc  a  écrit  aussi  la 
musique  d'une  très-grande  quantité  de  pantomi- 
mes, de  mélodrames  et  de  ballets  pour  la  plupart 
des  théâtres  des  boulevards. 

LEBLICQ  (CHA.RLES-TuÉonoRE) ,  né  à 
Bruxelles,  le  2.5  août  1833,  tut  atlmis  au  Conser- 
vatoire de  c«tte  ville  en  1851,  et  y  fut  élève  de 
l'auteur  de  ce  dictionnaire  poiir  la  composition. 
Vm  tsrjo  et  1857,  il  prit  part  aux  grands  concours 


,  de  coiniiO'iitioH  musicale,  iiistilués  par  le  ponvi  r 
nement,  sans  y  obtenirni  premier  ni  second  prix. 
En  1856,  M.  Leblicq  fit  exécuter  à  l'église  Sainte- 
r.udiile  une  messe  solennelle  avec  orchestre,  et 
ilans  l'année  suivante  il  y  donna  un  salut  où  l'on 
remarqua  <le  bonnes  choses.  Il  s'est  fixé  à  Paris  vn 
1 859,  et  a  fait  représenter  au  Théâtre-Lyrique,  le  6 
décembre  1861,  La  Tyrolienne,  opéra-comique 
en  un  acte,  dont  les  journaux  ont  fait  l'éloge  eu 
citant  ses  mélodies  naturelles,  son  harmonie  dis- 
tinguée et  son  instrumentation  élégante. 

LEBLOIXD  (  Gaspak  MICHEL,  surnommé), 
abbé  et  savant  antiquaire,  naquit  à  Caen,  le 
24  nov.  1738.  Venu  à  Pari»,  il  s'y  fit  bientôt 
connaître  avantageusement,  et  ne  tarda  pas  à 
être  nommé  sous-bibliolliécaire  à  la  Bibliothè(]ue 
Mazarine.  En  1772,  il  fut  reçu  à  l'Académie  des 
inscriptions ,  où  il  lut  de  savants  mémoires  sur 
divers  objets  d'antiquité.  Pendant  la  Révolution, 
Leblond  ayant  été  nommé  membre  de  la  com- 
mission temporaire  des  arts,  profita  de  cette  cir- 
constance pour  enrichir  la  Bibliothèque  Maza- 
rine d'environ  50  mille  volumes.  Au  mois  de 
mai  1791 ,  le.directoire  du  département  de  Paris 
le  nomma  conservateur  de  la  même  bibliothèque  } 
il  devint  ensuite  membre  de  la  classe  des  anti- 
quités, lors  de  la  première  formation  de  l'Ins- 
titut. Après  rétablissement  du  gouvernement 
impérial,  il  se  retira  à  l'Aigle,  où  il  mourut 
le  17  juin  1809,  à  l'âge  de  soixante  et  onze 
ans.  Il  ne  s'agit  point  ici  de  ses  travaux  litté- 
raires; je  ne  le  citeqiic  ,^our  une  compilation  rela 
tive  à  la  musique.  Lié  d'amitié  avec  l'abbé  Ar- 
naud ,  il  s'intéressa  à  la  querelle  des  Gluckisies 
et  des  Piccinnistes,  et  publia  la  collection  des 
pièces  qui  avaient  paru  sur  celte  dispute,  sous 
le  titre  de  :  Mémoires  pour  servir  à  l'histoire 
de  la  révolution  opérée  dans  la  musique 
far  le  chevalier  Gluck  ;  Paris,  1781 ,  in-8°. 

LEBOEUF.  Voy.  BOECTF  (LE). 

LEBORIXE ,  musicien  français  du  quator- 
zième siècle,  fut  attaché  à  la  maison  de  Louis  X, 
dit  le  Hutin,  roi  de  France,  en  qualité  de 
joueur  de  psallérion ,  ainsi  qu'on  le  voit  par 
une  ordonnance  de  l'hôtel  de  ce  prince,  en 
date  de  1315,  au  c\ia[>\[re de^  Ménestrels  (voy . 
la  Revue  musicale,  t.  XII,  p.  194). 

LEBORNE  (  Aimé-Ambroise-Simoin  ),  fils 
d'im  artiste  dramatique,  est  né  à  Bruxelles,  le 
29  décembre  1797.  Ses  premières  études  musi- 
cales ont  été  faites  à  l'école  gratuite  de  Vei- 
sailles ,  où  la  classe  de  musique  était  dirigée 
par  Desprez,  ancien  musicien  de  la  chapelle 
du  roi.  M.  Leborne  y  obtint  les  premiers  prix 
1  dans  les  années  1809  et  1810.  A  cette  époque, 
son   père  entra  au   théâtre  de  l'Impératrice 


240 


LEBORNE  —  LE  BOURGEOIS 


(Odéon).  Le  jeune  Leborne  le  suivit  à  Paris;  il 
fut  admis  comme  élève  au  Conservatoire  le 
8  janvier  1811,  et  entra  dans  une  classe  de 
solfège.  Déjà  bon  lecteur  de  musique,  il  eut 
bientôt  (ini  son  cours  de  celte  partie  élémentaire 
de  Tart,  et  le  26  octobre  1812  il  commença  l'é- 
tude de  riiarmonie  dans  la  classe  de  Berton; 
mais  il  reçut  toutes  ses  leçons  de  Dourlen,  alors 
répétiteur  de  cette  classe ,  et  plus  tard  profes- 
seur. Au  mois  d'octobre  de  l'année  suivante  il 
devint  élève  de  Cherubini,  pour  le  contrepoint 
et  la  composition.  En  1818  ,  il  concourut  à  l'Ins- 
titut de  France  et  y  obtint  le  second  grand  prix 
de  composition  musicale;  deux  ans  après  il  se 
présenta  de  nouveau  au  même  conconrs  et  l'em- 
porta sur  ses  émules.  Le  premier  grand  prix  lui 
fut  décerné,  et  pendant  les  années  1821 ,  1822 
et  1823,  il  voyagea  en  Italie  et  en  Allemagne, 
en  qualité  de  pensionnaire  du  gouvernement. 
De  retour  à  Paris,  il  s'y  est  livré  à  des  travaux 
de  composition;  le  2.3  février  1828  il  a  fait  re- 
présenter au  théâtre  de  l'Opéra-Comique  Le 
Camp  du  drap  d'or,  opéra  en  trois  actes, 
composé  en  société  avec  IJatton  et  Rifaut;  cet 
ouvrage  n'a  pas  été  favorablement  accueilli  par 
le  pnblic.  Dans  la  même  année  M.  Leborne  a 
écrit  quelques  morceaux  importants  de  La  Vio- 
lette, opi'ra  de  M.  Carafa,  représenté  le  7  oc- 
tobre 182».  Le  15  juin  1833,  il  a  fait  jouer  au 
Tliedtre  de  la  Bourse  l'opéra-comique  inti- 
tulé -.Cinq ans  d'entr'acte,  en  deux  actes.  Cet 
ouvrage  a  été  suivi  de  Lequel,  opéra-comiqiie 
en  un  acte,  représenté  au  même  théâtre,  le  21 
mars  1838.  Successivement  répétiteur  de  sol- 
fège au  Conservatoire,  en  1816,  et  professeur 
de  la  même  classe,  en  1820,  M.  Leborne  a  été 
appelé  à  remplacer  Reicba  comme  professeur 
de  composition  dans  la  même  école,  le  13  août 
1836.  Le  1"  janvier  1829,  il  a  remplacé  à 
l'Opéra  Lefebvre,  son  beau-père,  en  qualité  de 
bibliothécaire  et  d'entrepreneur  de  la  copie ,  et 
le  titre  de  bibliothécaire  de  la  chapelle  du  roi 
lui  a  été  donné  en  (834.  Professeur  de  mérite  et 
possédant  les  excellentes  traditions  pratiques  de 
l'ancienne  école  d'Italie,  qu'il  a  reçues  de  Che- 
rubini ,  M.  Leborne  a  formé  de  bons  élèves , 
dont  plusieurs  ont  été  couronnés  dans  les  con- 
cours de  l'Institut.  On  lui  doit  une  nouvelle  édi- 
tion du  Traité  d'harmonie  de  Catel ,  avec  de 
nombreuses  additions,  non  dans  le  système,  mais 
en  ce  (|ui  concerne  la  pratique  (  Paris  ,  Brandus 
et  C'S   1848,  gr.  in-4^  ) 

LÈBOUC  (Chaules-Joseph),  violoncelliste 
distingué  et  compositeur,  est  né  à  Besançon ,  le 
22  décembre  1822.  Après  avoir  appris  la  musique 
et  le  violoncelle  dans  le  lieu  de  sa  naissance,  il 


se  rendit  à  Paris  à  l'âge  de  dix-huit  ans ,  et  fut 
admis  au  Conservatoire,  en  1840,  comme  élève 
de  M.  Franchomme  pour  son  instrument.  Ses 
professeurs  pour  la  composition  furent  Colet  et 
Halévy.  Après  avoir  obtenu  le  premier  prix  de 
violoncelle  au  concours  de  1842,  un  second  prix 
d'harmonie  en  1843,  un  premier  prix  de  cette 
science  dans  l'année  suivante  et  des  accessits  de 
contrepoint,  M.  Lebouc  entra  à  l'orchestre  de 
l'Opéra  en  1844  et  y  resta  attaché  jusqu'en  1848. 
Élu  membre  de  la  Société  des  concerts  du  Con- 
servatoire en  1842,  il  en  a  été  secrétaire  dans  les 
années  1856  et  1860.  Fondateur  des  Soirées  de 
musique  classique,  où  l'on  entend  exécuter  par 
de  bons  artistes  de  la  musique  instrumentale  de 
chambre  et  des  morceaux  de  chant  tirés  d'opéras 
et  d'oratorios,  M.  Lebouc  a  vu  prospérer  cette 
inslitution.  Les  ouvrages  gravés  de  «et  artiste 
sont  :  op.  1  :  Fantaisie  pour  violoncelle  sur  des 
motifs  des  Mousquetaires  de  la  reine;  Paris, 
Brandus.  —  Op.  3  :  Trio  de  concert  sur  des  motifs 
de  Rossini  pour  piano,  violon  et  violoncelle  ;  ibid. 
—  Op.  4  :  La  Vision  de  sainte  Cécile,  mélodie  pour 
soprano  ou  ténor,  avec  accompagnement  de  violon- 
celle obligé  et  de  piano;  Paris,  Girod.  —  Op.  5  : 
Duo  sur  des  mélodies  d'A.Gouffé  pour  piano 
et  violoncelle  ou  violon^  ibid.  —  Op.  6  :  Noc- 
turne sur  Plaisir  d'amour  de  Martini,  pour 
piano  etvioloncelle  ou  violon;  ibid.  —  Op".  7  : 
Souvenirs  d'Italie,  fantaisie  pour  violoncelle 
avec  accompagnementde  piano  ;  ibid.  —  Op.  8  : 
Duo  sur  des  motifs  de  Gluck  pour  piano  et  vio- 
loncelle; Paris,  Lemoine.  —  Op.  9  :  Mazurka 
pour  violoncelle;  Paris,  Girod.  —  Op.  10  :  Ave 
verum  à  une  voix,  avec  accompagnement  de 
violoncelle  et  orgue;  ibid.  —  Méthode  de  vio- 
loncelle; Paris,  Lemoine. 

LE  BOURGEOIS  (  Pierre -Auguste  ), 
compositeur  né  à  Versailles,  au  mois  de  juin 
1799,  suivant  les  registres  du  Conservatoire  de 
Paris ,  et  d'après  celui  des  inscriptions  des 
concours  de  l'Institut,  au  mois  d'octobre  de  la 
même  année,  commença  l'étude  de  la  mu- 
sique dans  le  lieu  <le  sa  naissance,  sous  la  di- 
rection de  Matlliieu  {voyez  ce  nom);  puis  il 
fut  admis  au  Conservatoire  comme  élève  du 
cours  d'harmonie  professé  par  Dourlen.  Devenu 
élève  de  Lesueur,  pour  la  composition ,  il  con- 
courut à  l'Institut  en  1823,  pour  le  grand  prix, 
qui  lui  fut  décerné  par  la  classe  des  Beaux -arts, 
après  l'examen  et  l'audition  de  sa  cantate  inti- 
tulée Geneviève  de  Brabant.  Cet  ouvrage  fut 
exécuté  à  la  séance  de  cette  Académie,  au  mois 
d'octobre  de  la  même  année.  Devenu  pension- 
naire du  gouvernement  à  ce  titre,  il  partit  pour 
Rome;  mais  [leu  de  jours  après  son  arrivée,  il 


LE  BOURGEOIS  —  LEBRUN 


241 


Tnoiinit  au  mois  de  mais  1824,  avant  d'avoir 
accompli  sa  vingt-cinquième  année,  laissant  en 
manuscrit  beaucoup  de  compositions  vocales  et 
insiriiinenfales. 

LEBRETON  (JovcniM).  Voyez  BIIETOAÎ 
(LE). 

LEBRUN,  ou  LEBRUIVG  (Jean),  prêtre 
et  musicien ,  né  dans  la  seconde  moitié  du  quin- 
zième siècle,  fut  attaché  à  la  chapelle  du  roi 
de  France  Louis  XII,  suivant  un  compte  de  la 
maison  de  ce  prince  qui  se  trouve  dans  un 
volume  manuscrit  de  la  Bibliothèque  impériale  de 
Paris  (n°  P,  540  du  supplément  )i  II  était  chantre 
en  voix  de  basse.  Les  troisième  et  quatrième  li- 
vres des  Moleltl  de  la  Corona  publiés  par  Pe- 
trucci  de  Fossombrone ,  en  1519,  en  contiennent 
deux  à  quatre  voix ,  sous  le  nom  de  Lebning. 
On  trouve  aussi  le  motet  à  4  voix,  Saul , 
Saul,  qiiid  me,  du  même  artiste,  dans  le  re- 
cueil intitulé  :  Fior  de  motetti  e  canzoni  novi 
composa  da  diversi  eccellentissimi  Musicl,  et 
imprimé  à  Rome,  par  Jacques  Junte,  en  1523. 
Le  recueil  de  Georges  Forster,  qui  a  pour  titre 
Helectissimarum  Motetarum  partim  quinque 
partim  quatuor  vocuni  Tomus  primus  (  No- 
rimbergœ,  J.  IMrejus,  1540),  renferme  deux 
motets  de  Lebrun.  Enfin ,  on  trouve  des  compo- 
sitions du  même  dans  le  cinquième  livre  de  la 
collection d'Atlaingnant  (Paris,  1536),  ainsi  que 
dans  le  huitième  livre,  et  dans  le  septième  livre 
de  ciiansons  à  5  et  6  parties  publié  par  ïilman 
Susato  (Anvers,  1545). 

LEBRUM  (  Lours-AUGUSTE  ) ,  hautboïste  cé- 
lèbre, naquit  à  Manheim  en  174G,  et  non 
en  1752,  comme  le  dit  Lipowsky  dans  son  Dic- 
tionnaire des  musiciens  de  la  Bavière.  A  peine 
parvenu  à  l'âge  de  vingt  et  un  ans,  il  était  déjà 
cité  pour  son  habileté  extraordinaire  dans  son 
pays,  où  les  virtuoses  sur  le  hautbois  ne  sont 
pas  rares.  En  1767  il  entra  dans  la  musique  de 
l'électeur  de  Bavière,  à  Munich,  et  le  prince, 
qui  aimait  beaucoup  son  talent,  lui  accorda  un 
traitement  de  quinze  cents  llorins.  En  1  775  il 
épousa  Françoise  Danzi ,  sœur  du  compositeur 
de  ce  nom;  ce  fut  à  dater  de  cette  époque  que 
son  nom  acquit  de  la  célébrité,  parce  que,  voya- 
geant avec  sa  femme ,  artiste  du  premier  ordre 
pour  le  chant,  il  put  donner  avec  elle  des 
concerts  dans  les  plus  grandes  villes  de  l'Eu- 
rope. Ayant  obtenu  des  congés,  il  visita  Berlin, 
Vienne,  Londres,  Paris  :  partout  il  recueillit 
des  témoignages  d'admiration.  Son  premier 
voyage  à  Londres  eut  lieu  en  1781;  il  y  re- 
tourna en  1785,  et  ciiaqne  fois  il  y  excita  au- 
tant d'étonnement  que  de  plaisir.  Mais  c'est 
surtout  à  Paris,  où  il  se  trouvait  en  1784,  que 

CIDGH.    INIV.    DES    MUilCIi.NS.    —    T.    V. 


son  talent  fit  naître  les  émotions  les  plus  vives 
et  qu'il  recueillit  les  applaudissements  les  plu.s 
llatteurs.  Des  offres  avantageuses  lui  furent 
faites  pour  qu'il  se  fixât  en  cette  ville;  mais 
fidèle  à  ses  engagements  avec  son  prince,  il  re- 
jeta toutes  les  propositions  du  même  genre  qui 
lui  huent  faites.  Malheureusement  cet  artiste  si 
distingué  n'eut  qu'une  courte  carrière;  il  mourut 
à  Berlin,  le  16  décembre  1790,  à  l'âge  de 
quarante-quatre  ans.  Lebrun  s'est  fait  connaître 
comme  compositeur  par  les  ouvrages  suivants  : 
1°  Six  trios  pour  hautbois  ,  violon  et  basse,  ou 
2  violons  et  basse,  op.  1,  Ofténbach ,  André. 
—  2°  Duos  faciles  pour  2  flûtes;  Paris,  Na- 
derman.  —  3"  Concertos  pour  hautbois  et  or- 
chestre ;  n°  1  (  en  ré  mineur  ) ,  Offenbach  , 
André;  Paris,  Omont;  n°  2  (  en  sol  mineur); 
n°  3  (en  ut);  n°  4  (  en  si  bémol  )  ;  n°  5  (  en 
ut)  ,  Paris,  Sieber  et  Omont;  n°  6  (en  fa), 
Paris,  Omont;  n°  7  (  en  fa),  Paris,  Sieber.  — 
4"  Trios  pour  hautbois  ,  violon  et  basse,  op.  2, 
Paris ,  Sieber. 

LEBRUN  (  Fha.nt.oise),  femme  du  précé- 
dent et  fille  du  bassiste  Danz',  naquit  à  Man- 
heim en  1756.  La  nature  l'avait  douée  d'une 
voix  aussi  remarquable  par  la  pureté  des  sons 
que  par  son  étendue;  dans  les  notes  élevées, 
elle  atteignait  sans  peine  au  conlre-fa.  L'étude 
développa  ses  belles  qualités  et  compléta  un  des 
plus  beaux  talents  de  cantatrices  (|ue  l'Alle- 
magne ait  produits.  A  peine  âgée  de  seize  ans, 
m"*  Danzi  se  fit  entendre  pour  la  première  fois 
en  1771  ,  et  charma  toute  la  cour.  L'année  sui- 
vante elle  fut  engagée  à  l'Opéra  de  Manheim. 
Devenue  la  femme  de  Lebrun,  elle  partit  avec 
lui  pour  l'Italie,  et  chanta  à  Milan,  en  1778, 
dans  l'opéra  de  Salieri  Europa  riconosciuta. 
Sa  voix  admirable,  dont  l'étendue  était  de  deux 
octaves,  et  sa  facile  vocalisation,  excitèrent 
parmi  les  Milanais  des  transports  d'enthousiasme, 
malgré  les  intrigues  de  la  Balducci,  prima  donna 
du  théâtre  de  la  Scala.  M""*  Lebrun  obtint  un 
succès  égal  à  Londres,  dans  les  années  1781  et 
1783.  De  retour  à  Munich  en  1785,  elle  y  chanta 
pendant  tout  l'hiver,  puis  elle  retourna  en  Italie 
l'année  suivante  ,  et  obtint  à  Venise  et  à  Naples 
de  brillants  succès  comme  dans  toutes  les  villes 
qu'elle  avait  visitées.  Pendant  les  années  1788 
et  1789  ,  elle  chanta  à  Mimich  dans  Vldoménée 
de  Mozart,  dans  l'Arviide  de  Prali ,  et  dans  le 
Castor  et  Pollux  dé  Vogler.  Engagée  à  Berlin, 
elle  iiartit  au  mois  de  décembre  1790  |»our  cette 
ville;  mais  à  peine  y  élait-elie  arrivée,  qu'elle 
perdit  son  mari.  Le  chagiin  qu'elle  en  éprouva 
lui  causa  une  maladie  de  langueur,  dont  elle 
mourut  le  14  mai  1791.  M""*"  Lebrun  possédait 


2  12 


LEBRUN 


aussi  un  talent  remarquable  sur  le  piano ,  et 
composait  avec  goût  pour  cet  instrument.  Elle 
a  publié  à  Offeni)acli ,  en  1783,  des  sonates 
de  piano  avecaccompagnement  de  violon,  et  des 
trios  pour  piano,  violon  et  basse  où  il  y  a  de 
jolies  mélodies  et  le  mérite  d'une  facture  facile. 

M""  Lebrun  eut  deux  filles.  L'aînée  (  So- 
phie), née  à  Londres  le  20  juin  1781,  eut  de 
la  célébrité  comme  pianiste.  Après  avoir  étudié 
la  musique  sous  la  direction  de  Kneclit,  elle 
reçut  des  leçons  de  Streicber  pour  le  piano ,  et 
de  Sclilett  pour  Tbarmonie.  Douée  d'un  senti- 
ment vif  et  profond ,  et  possédant  un  méca- 
nisme facile ,  elle  voyagea  avec  succès  et  fit  ad- 
mirer la  perfection  de  son  jeu  en  France,  en 
Allemagne  et  en  Italie.  Le  18  avril  1799  elle 
épousa  DulUen,  facteur  de  pianos  à  Munich; 
c'est  surtout  sons  le  nom  de  M^e  jjulken  qu'elle 
acquit  de  la  renommée.  Elle  a  composé  des 
sonates  et  d'autres  pièces  pour  le  piano ,  mais 
elle  n'en  a  rien  publié. 

Rosine,  seconde  fille  de  M^e  Lebrun ,  na- 
quit à  Munich,  le  13  avril  1785.  Après  avoir  reçu 
des  leçons  de  Streicber  pour  le  piano,  elle 
fit  des  études  de  chant  sous  la  direction  de  son 
oncle,  le  maître  de  chapelle  Danzi.  Ses  débuts 
annoncèrent  un  talent  distingué  ;  mais  ayant 
épousé  l'acteur  de  la  cour  Stenzsch ,  le  30  no- 
vembre 1801 ,  elle  renonça  à  chanter  l'opéra 
pour  jouer  la  comédie  ,  où  elle  a  montré  du  ta- 
lent. ■' 

LEBRUN  (  Je.vn  ) ,  virtuose  sur  le  cor,  na- 
quit à  Lyon  le  6  avril  1759.  Fils  d'un  amateur 
instruit  dans  la  musique,  il  apprit  fort  jeune 
les  éléments  de  cet  art,  et  se  forma  presque  seul 
sur  le  cor  un  talent  déjà  remarquable  avant 
qu'il  eût  atteint  sa  vingtième  année.  En  1783, 
il  se  rendit  à  Paris ,  où  Rodolphe  lui  donna  quel- 
ques conseils,  puis  il  reçut  des  leçons  de  Punto. 
Jamais  peut-être  il  n'a  existé  un  corniste  qui 
eût  une  puissance  de  lèvres  comparable  à  celle 
de  Lebrun  pour  monter  jusqu'aux  notes  les  plus 
élevées ,  avec  une  pureté  de  son  et  une  sûreté 
d'attaque  qui  n'étaient  jamais  en  défaut.  Je  l'ai 
entendu  en  1 802  ;  il  exécutait  alors  en  se  jouant 
des  difficultés  qui  auraient  été  inabordables  pour 
tout  autre  artiste.  En  1786,  il  entra  à  l'or- 
chestre de  l'Opéra  en  qualité  de  premier  cor, 
et  il  occupa  cette  position  jusqu'en  1792.  Les 
troubles  de  la  révolution  le  déterminèrent  alors 
à  passer  en  Angleterre  ;  mais  il  y  resta  peu  de 
lemps,  car  dans  la  même  année  il  entra  dans  la 
chapelle  Royale  de  Berlin,  en  remplacement  de 
Palsa,  décédé.  En  1802,  il  obtint  un  congé  et 
lit  un  voyage  sur  le  Rhin ,  en  Hollande  et  dans 
la  Belgique.  Après  la  bataille  de  Jéna,  il  quitta 


définitivement  la  Prusse,  comme  tous  les  mem- 
bres étrangers  de  la  chapelle  congédiée ,  et  re- 
tourna à  Paris.  Son  originalilé ,  le  peu  d'ordre 
qu'il  y  avait  dans  sa  conduite,  et  surtout  ses 
dédains  pour  les  autres  artistes  du  même  genre 
que  lui  ne  lui  firent  pas  d'amis  ;  il  ne  put  par- 
venir à  se  placer.  Déjà  il  n'était  plus  jeune  et 
n'avait  plus  au  même  degré  les  qualités  bril- 
lantes qui  avaient  fait  autrefois  ses  succès;  il 
tomba  dans  la  misère ,  et  de  désespoir  il  se 
donna  la  mort  par  l'asphyxie,  en  1809.  Lebrun 
avait  inventé  une  sourdine  composée  d'un  cône 
de  carton  ouvert  à  son  sommet  et  percé  d'un 
trou  à  sa  base  :  en  l'introduisant  dans  le  pa- 
villon du  cor,  il  tirait  de  cette  sourdine  quel- 
ques beaux  effets  dans  Vadarjio.  11  avait  com- 
posé plusieurs  concertos  fort  difficiles  qu'il  exé- 
cutait dans  ses  concerts,  mais  il  n'en  arien  fait 
imprimer.  C'est  Lebrun  qui  a  fourni  à  Framery 
les  matériaux  de  l'article  Co/-,  inséré  dans  !'£'«,- 
cyclopédie  méthodique. 

LEBRUN  (Locis-Sébastien),   compositeur, 
né  à  Paris  le  10  décembre  1764,  entra  comme 
enfant  de  chœ-ur  à  la  maîtrise  de  Notre-Dame,  à 
l'âge  de  sept  ans,  et  y  apprit  la  musique   et  la 
composition.  Après  douze  années  d'études  dans 
cette  école,  il  en  sortit  en  1783,  pour  remplir,  à 
l'église  Saint-Germain-l'Auxerrois,  tes  fonctions 
de  maître  de  chapelle;  mais  trois  ans  après,  ses 
amis  le  décidèrent  à  entrer  au  théâtre,  où  l'on 
croyait  que  sa  voix  de  ténor  pouvait  lui  procurer 
des  succès.  Il  débuta  à  l'Opéra,  au  mois  de  mars 
1787,  par  lerôledePolynice,  dànsOEdipe  à  Co- 
lone.  L'événement  ne  justifia  pas  les  espéran- 
ces qu'on  avait  eues,  car  Lebrun  fit  peu  d'effet 
dans  ce  rôle,  et  ne  fut  jamais  qu'acteur  médiocre. 
En  1791,  il  quitta  l'Opéra  pour  passer  au  théâtre 
Feydeau ,    où  il   n'eut  guère   plus    de  succès  ; 
toutefois  il  y  resta  jusqu'à  la  banqueroute  du  di- 
recteur Sageret,   en  1799.  Il    retourna   alors  à 
l'Opéra  comme  double,  puis  se  retira  de  la  scène 
en  1803,  pour  prendre  une  des  quatre  places  de 
maître  de  chant  de  ce  théâtre.  Admis  comme 
ténor  à  la  chapelle  de  Napoléon,  en  1807,  il  eut^ 
trois  ans  après,  l'emploi  de  chef  du  chant  de  la 
même  chapelle.  Lebrun  ne  mettait  pas  plus  de 
génie  dans  ses  compositions  que  dans  son  chant; 
cependant   des    circonstances   favorables    l'ont 
quelquefois  secondé,  et  lui  ont  fait  obtenir  des 
succès  à  la  scène.  11  a  donné   au  théâtre  Mon- 
tansier  :  l"  VArt  d'aimer,  ou  l'Amour  au  vil' 
/«■(/c,  opéra-comique  en  un  acte,  1780.  — 2°  Ils 
ne  savent  pas  lire,  en  unacte,  1791. —  3"  Éléo- 
iiore   et  Dorval,  ou  la  suite  de  la  Cinquan- 
taine, ttn  un  acte,  1800.—  i°  Les  Petits  Aveu- 
gles de  Franconville ,  en  un  acte,  1802.  ~  Aa 


LEBRUN  —  LECHNER 


243 


llif^âtrc   Lonvois    :     5°  Emilie    et  Melcour, 
1797.  —  6°  Un  Moment  d'erreur,  en  un  acte. 

—  7°  La  Veuve  américaine,  en  deux  actes,  1 799. 

—  An  théâtre  Molière  :  8°  Le  Menteur  mal- 
adroit, en  un  acte,  1798.  —Au  théâtre  Feydeau  : 
a"  Le  Bon  Fils,  en  un  acte,  1795.  —  iO"  L'As- 
tronome, en  un  acte,  1798.  —  il°Le  Maçon, 
eu  un  acte,  1800.  —  12"  MarcelUn,  en  un  acte, 
1800.  —  A  l'Opéra  :  IS'^  Le  Rossigiiol,  en  un 
acte,  181C.  Cet  ouvrage  a  eu  un  succès  tie 
vogue  et  se  joue  encore,  quoique  la  musique 
en  soit  assez  plate.  Ce  succès  a  ctédù  au  talent  de 
M""^  Alhert  Hymni,  dans  le  rôle  principal,  et  à 
celui  de  Tulou  sur  la  flûte.  —  14°  Zéloïde,  ou 
les  Fleurs  enchantées,  ea  deux  actes,  1818.  Le- 
brun avait  composé  la  musique  d'un  opéra  en 
«inq  actes,  intitulé  :  L'An  //,  pour  le  tiiéàtre 
Feydeau;  mais  des  considérations  politiques  en 
ont  empêché  la  représentation.  Il  a  aussi  écrit, 
pour  l'Opéra,  plusieurs  grands  ouvrages  qui 
n'ont  point  été  joués.  Quelques  partitions  des 
opéras  de  ce  musicien  ont  été  gravées;  entre 
autres  :  l'Astronome^  Maixellin  et  le  Jtos- 
■signol.  Il  a  aussi  publié  un  recueil  de  ro- 
mances, à  Paris,  chez  Janet.  On  connaît  de  lui 
quelques  morceaux  de  musique  d'église,  parmi 
lesquels  on  remarque  un  Te  Deum,  avec  orches- 
tre, exécuté  à  Notre-Dame,  en  1809,  à  l'occa- 
sion de  la  victoire  de  Wagram  ;  une  Messe  so- 
lennelle, chantée  à  l'église  Sàint-Eustache,  en 
1815,  pour  la  fête  de  Sainte-Cécile;  et  une  autre 
messe  en  trio  avec  instruments  à  cordes,  exé- 
cutée à  Saint-Maur,  le  jour  de  Sainte-Thérèse, 
au  mois  d'octobre  1826.  Lebrun  est  mort  à  Paris 
Je  27  juin  1829. 

LEBUGLE  (L'abbé),  amateur  de  musique  et 
claveciniste,  vécut  à  Paris  depuis  1780  jusqu'à  la 
révolution.  Il  a  publié  de  sa  composition  trois 
œuvres  de  sonates  de  clavecia,  avec  accompa- 
^^nement  de  violon,  un  recueil  d'airs  pour  clave- 
cin seul,  et  un  rondeau  avec  violon. 

LECAMUS  (...),  chef  de  la  grande  bande 
des  violons  du  roi  (Louis  XIV),  vivait  dans  la 
seconde  moitié  du  dix-septième  siècle.  Il  n'est 
pas  mort  en  l<i77,  comme  le  prétendent  Choron 
et  Fayolle,  dans  leur  Diciionnaire  historique 
des  musiciens  ;  car  il  a  publié  à  Paris,  en  1678, 
un  recueil  intitulé  :  Airs  à  deux  et  trois  parties, 
par  le  sieur  Lecamus,  maure  de  la  musique 
du  roi,  in-4''obl. 

LECARPENTIER.  Voyez  CARPEN- 
TIER  (LE). 

LEGERE  DE  LA  VIEVILLE  (Jean-Lau- 
rent), seigneur  de  Fresneuse,  garde  des  sceaux 
du  parlement  de  Normandie,  et  de  la  même  fa- 
ifiille  que  dom  Lecerf,  bénédictin  de  la  congré- 


gation de  Saint-Maur,  naquit  à  Rouen  en  1647, 
et  mourut  dans  la  mémo  ville  le  10  novembre 
1710.  Admirateur  enthousiaste  de  la  musique  de 
Lully,  il  fut  vivement  blessé  de  la  préférence  que 
l'abbé  Raguenet  avait  donnée  à  celle  des  com- 
positeurs italiens,  dans  son  Parallèle  des  Ita- 
liens et  des  Français  en  ce  qui  concerne  la 
musique,  publié  en  1702;  pour  venger  l'objet 
de  son  admiration,  il  lit  paraître  une  Compa- 
raison de  la  micsique  italienne  et  de  la  mu- 
sique française,  où,  en  examinant  en  détail 
les  avantages  des  spectacles  et  le  mérite  des 
compositeurs  des  deux  nations,  on  montre 
quelles  sont  les  vraies  beautés  de  la  mu- 
sique: Bruxelles,  170'*,  in-12,  première  partie, 
qui  contient  trois  dialogues  et  une  lettre.  L'an- 
née suivante,  une  seconde  édition  de  ceUe  pre- 
mière partie  parut  accompagnée  d'une  deuxième 
oii  sont  renfermés  une  histoire  delà  musique  et 
des  opéras,  une  vie  de  Lully,  une  réfutation  du 
traité  de  Perrault  sur  la  musique  des  anr.lens 
et  un  traité  du  bon  goût  en  musique,  Bruxelles, 
1705,  in-12.  Ces  dissertations  ont  élé  réimpri- 
mées dans  l'histoire  de  la  musique  de  Bourdelot 
et  Bonnet  {voyez,  ces  noms).  L'abbé  Raguenet 
ayant  fait  paraître,  en  1705,  une  défense  de  son 
Parallèle  contre  les  attaques  du  seigneur  de  Fres- 
neuse, celui-ci  répondit  en  1706  par  une  troisième 
partie  de  sa  Comparaison  (  Bruxelles,  in-12),  où 
il  inséra,  outre  sa  réponse,  un  discours  sur  la  mu- 
sique d'église  et  un  éclaircissement  sur  BononcinL 
Dans  celte  dispute,  Lecerf  de  la  Yieville  se 
montra  plein  de  préventions  et  presque  étranger 
à  la  question  :  tout  l'avantage  demeura  à  Pabbé 
Raguenet  {voyez  ce  nom).  On  a  aussi  de  Fres- 
neuse :  V Art  de  décrier  ce  qu'on  n'entend  pas^ 
ou  le  Médecin  musicien,  exposition  de  la 
mauvaise  foi  d'un  extrait  du  Journal  de  Pa- 
ris; Bruxelles,  Foppens,  1706,  in-12,  dirigé 
contre  Andry,  docteur  en  médecine  de  la  faculté 
de  Paris ,  qui  avait  attaqué  sa  Comparaison, 
On  trouve  l'éloge  de  Lecerf  de  la  Fresneuse  dans 
le  3/e/TM?'e  d'avril  1726. 

LECHIVER  (Léonard),  musicien  tyrolien 
du  seizième  siècle,  né  dans  les  environs  de  Gla- 
rus,  sur  l'Adige,  fut  d'abord  musicien  de  ville  à 
Nuremberg,  et  y  vécut  depuis  1570  environ, 
jusqu'en  1594;  puis  devint  compositeur  et 
maître  de  chapelle  du  duc  de  Wurtemberg.  On 
trouve  à  la  bihliothèque  de  Munich  quelques-uns 
de  ses  ouvrages,  et  les  autres  sont  indiqués  par 
DraudiuSjdans  sa  Bibliothèque  classique.  En  voici 
les  titres  :  1*  Motectse  sacrœi,  5  et  6vocum, 
ila  composite,  ut  non  solum  viva  voce  corn- 
modissimè  canlari,  sed  etiani  ad  omnis  gene- 
ris  instrumenta  optimè  adhiberi possint.  Auc- 

16. 


•2U 


LECHNER  —LECLAIR 


tore  Leonardo  Lechnero.  Addita  est  in  fine 
Motecta  octo  vociun,  ad  duos  choros  eodem 
auclori;  Norimbergiv,  1 576,  in-4-"  obi .  —  T  Neue 
teuischer  Lieder  mit  4  und  5  Stimmen  (  Nou- 
velles chansons  allemandes  à  4  et  5  voix)  ;  Nurem- 
berg ,  Knorr,  1577,  in^".  —3°  Neue  teuischer 
Lieder  zu  drey  Stimmen  nachArt  der  tcelschen 
Villanellen  (Nouvelles  chansons  allemandes 
pour  3  voix,  dans  le  style  des  vilianelles ,  etc.  );  Nu- 
remberg, Catherine  Gerlach,  1577,  in-4°  obi.  — 
4°  JSewe  teutscher  Lieder,  erstlich  durch  den 
fiirnehmen  und  bcrhumhten  (sic)  JacobiimRe- 
gnart  componirt  mit  3  Stimmen,  nach  Art  der 
welschen  Villanellen  setz  und  ahermit  5  Stim 
mengesetz  durch  Leonardum  Lechner  (Nouvel- 
les chansons  allemandes  ,  composées  d'abord  à 
trois  parties  dans  la  manière  des  chansons  (la- 
inandes,  par  le  noble  et  célèbre  Jacques  Regnart, 
mais  à  présent  mises  à  cinq  voix  par  Léonard 
Lechner)  Con  alchuni  (sic)  madrigali  in  lin- 
guaitaliana;  Nuremberg,  Catherine  Gerlach, 
1579,  in-4°  obi.  —  5"  Sacrarum  Cantionum 
b  et  &  vocnm,  lib.  I  et  II,  ibid.  1581,  in-4*' 
obi. — 6°  Epithalamium  24  vocum,  etc.  (Épi- 
thalame  à  24  voix  pour  le  mariage  d'un  patricien 
d'Augsbourg)  ;  ibid.,  1582.  C'est;  le  plus  ancien 
morceau  allemand  de  ce  genre  venu  à  ma  con- 
naissance ;  aucun  autre,  que  je  saclie,  n'a  été  fait 
pour  un  si  grand  nombre  de  voix  à  cette  époque. 

—  7°  Harmonia  panegijrica  illustrissimo 
Principi  Anhaldino  Joachimo  Ernesto,  6  vo- 
cibus  composlta  et  oblata  ;  ihid.,  1582,  in-fol. 

—  8°  Harmoniie  miscellx;  ibid.,  1583.  — 
9°  Liber  Missarum  sex  et  quinque  vocum; 
adjunctis  aliquot  introitibus  in  j)ri7icipua 
fcsta,  ab  Adventu  Domini  usque  ad  festum 
Sanctissimx  Trinitatis,  Norimbergx,  tijpis 
Gerlachinnis,  15S4,  in-4''. —  10°  Biciniaund 
dreijstimmige  deutsche  Yillanelle  (Vilianelles 
allemandes  à  deux  et  trois  voix),  ibid.  1586.  — 
11°  Psaumes  pénitentiaux  à  6  voix,  ibid.  1587. 

—  12°  L'histoire  de  la  Passion  sur  l'ancien  choral 
à  4  voix,  ibid.  1594,  in-fol. 

LÉCIIOPIE  (  Pierre-Maktin-Nicolas),  né 
à  Senlis  le  5  septembre  1771,  a  étudié  à  Paris 
la  musique,  le  piano  et  la  composition  sous  la 
direction  de  Schmilt  et  de  Boutroy.  Son  éduca- 
tion terminée,  il  s'est  retiré  dans  sa  ville  natale, 
où  il  s'est  livré  à  l'enseignement  ;  il  y  vivait 
encore  en  1845  et  y  remplissait  les  fonctions 
d'organiste.  On  connaît  sous  le  nom  de  cet 
artiste  :  1°  Duos  pour  2  violons;  Paris,  G.  Ca- 
veaux. —  1°  Trois  sonates  avec  ace.  de  violon; 
Paris,  Pli.  Petit.  —  3°  Duo  pour -2  pianos; 
Paris,  Langlois.  —  4°  Six  sonates  pour  piano 
seul;  Paris,  S.  Caveaux.  —   5°  Pastorale  et 


chasse;  Paris,  Pacini.  —  6°  Sonate  pour  piano  et 
violon  obligé;  Paris,  Leduc.  —  7°  Polonaise  et 
rondeau  pour  piano  seul  ;  Paris ,  Ph.  Petit.  — 
8"  Six  contredanses  et  valses;  Paris,  Richault.  — 
9"  Valses  et  sauteuses;  Paris,  Janet  et  Cotelle. 

LECIEUX  (Léon),  violoniste,  né  le  12  mai 
1821,  à  Bayeux  (Calvados),  fut  admis  au  Conser- 
vatoire de  Paris,  le  13  décembre  1844,  comme 
élève  d'Habeneck  ;  mais  il  n'y  acheva  pas  ses 
études,  s'étant  retiré  de  cette  institution  au  mois 
de  juin  184G.  Il  s'est  fait  connaître  par  plusieurs 
morceaux  pour  son  instrument,  au  nombre  des- 
quels on  remarque  :  Grande  fantaisie  sur  les 
motifs  du  Duc  d'Olonne  (opéra  d'Auber),  avec 
accompagnement  de  piano,  op.  8  ;  Paris,  Brandus. 

LECLAIR  (Jean  -  Marie)  (1),  surnommé 
VJïné,  violoniste  célèbre,  naquit  à  Lyon  en  1697. 
Il  était  (ils  d'Antoine  Leciair,  musicien  du  roi 
(Louis  XIV),  et  de  Benoîte  Perrière.  La  marquise 
de  la  Mésangère  le  recueillit  chez  elle  dans  son 
enfance,  et  prit  soin  de  son  éducation.  On  lui 
avait  appris  à  jouer  du  violon  ;  mais  il  ne  se  ser- 
vit d'abord  de  cet  instrument  que  pour  la  danse, 
et  dans  sa  jeunesse  il  débuta  comme  danseur  au 
théâtre  de  Rouen.  Plus  tard,  il  fut  maître  de 
ballets  à  Turin.  Somis,  qui  se  trouvait  alors  en 
cette  ville,  lui  adressa  des  compliments  sur 
quelques  airs  de  ballets  qu'il  avait  composés,  et 
le  prit  ensuite  comme  élôve.  Ses  progrès  rapides 
le  firent  renoncer  à  la  danse  pour  la  musique. 
Après  deux  années  d'étude,  Somis  déclara  qu'il 
n'avait  plus  rien  à  lui  apprendre  ;  mais  Leclaircon- 
tinuaàse  livrerlui-mômeà  des  exercices  particu- 
liers pour  se  faire  une  manière  personnelle.  Arrivé  à 
Paris  en  1729,  il  entra  dans  la  même  année  à 
l'orchestre  de  l'Opéra,  aux  appointements  de  450 
livres.  En  1735,  ils  furent  augmentés  de  50  fr. 
Un  si  faible  iraitement,  pour  un  homme  dont  la 
supériorité  sur  tous  les  violonistes  français  de  ce 
temps  était  incontestable,  peut  causer  quelque 
étonnement;  et,  ce  qui  peut  paraître  plus  bizarre 
encore,  c'est  qu'un  tel  artiste  ait  été  mis  au  dernier 
rang  parmi  les  ripiénistes  qu'on  appelait  alors  le 
grand  chœur,  comme  le  prouvent  les  documents 
autiientiques  de  la  direction  de  l'Opéra,  qui 
sont  en  ma  possession.  Ce  grand  chœur  ne 
jouait  que  dans  les  ouvertures,  chœurs  et  airs  de 

(1|  Dans  la  collection  des  poëines  d'opéras  français  im- 
primée parBallard  (Paris,  1*43-1701,  18  vol.  in-12),  le  nom 
de  cet  artiste  est  écrit  Lerler,  comme  auteur  de  la  mu- 
sique de  Gtaucus  et  Scijlla  (t.  18,  p-  142).  Durey  de  Noin- 
^ille  a  adopté  cette  orthograplie  dans  son  Histoire  de 
l'Opéra  (t.  II.  p.  161).  J'ai  eu  le  tort  de  les  suivre  dans 
cette  erreur,  en  écrivant  l'introduction  de  ma  Notice  flio- 
graphique  sur  Nicolo  Paganini  (Paris,  Schonenberger, 
ISSl],  quoique  j'eusse  écrit  Lccluir,  dans  la  première  édi- 
tionlc  la  Biographie  zwiterselle des  iVusictens. 


LECLAIR 


24â 


dnnse;  raccompagnoment  du  chant  se  faisait  par 
le  petit  chœur  où,  à  l'exception  de  Monteclair, 
il  n'y  avait  que  des  iiommes  d'un  mérite  très- 
înfcrieur  à  celui  de  Leclair,  tels  que  Favre,  les 
deux  Baudy,  et  les  deux  Francœur.  Mais  à  cette 
époque,  et  longtemps  après  encore,  les  meilleurs 
emplois  et  les  meilleurs  appointements  étaient 
donnés  à  l'ancienneté  plutôt  qu'à  l'habileté,  dans 
l'orchestre  de  l'Opéra.  Leclair  profita  de  sonar- 
rivée  à  Paris  pour  étudier  la  composition  ,  sous 
la  direction  de  Chéron  qui,  depuis  lors,  fut  d'a- 
bord accompagnateur  au  clavecin ,  puis  chef 
d'orchestre  de  l'Opéra.  En  1731  Leclair  entra  dans 
la  musique  du  roi  ;  mais  une  discussion  qu'il  eut 
ensuite  avec  Guignon,  pour  la  place  de  chef  des 
seconds  violons  de  cette  musique,  lui  fitsolliciter 
son  congé.  Vers  le  même  temps  il  se  retira  aussi 
de  l'Opéra,  et  c'est  alors  qu'il  amassa  une  for- 
time  modeste  par  ses  leçons  et  par  la  vente  de 
ses  compositions,  qu'il  faisait  graver  par  sa 
femme. 

Leclair  était  un  véritable  artiste  de  cœur;  on 
«n  a  la  preuve  par  le  voyage  qu'il  fit  en  Hol- 
lande pour  entendre  Locatelli,  quoiqu'il  ne  fût 
déjà  plus  jeune.  Les  nouveautés  que  lui  fit  con- 
naître le  violoniste  italien  ne  furent  pas  sans  in- 
fluence sur  son  goût  :  on  en  remarque  des  tra- 
ces dans  l'œuvre  posthume  de  ses  sonates  pu- 
blié par  sa  femme.  Ce  fut  peu  de  temps  après 
son  retour  de  Hollande  que  Leclair,  rentrant 
chez  lui  à  11  heures  du  soir,  fut  assassiné  près 
de  sa  porte,  le  22  octobre  1764  :  l'auteur  de  ce 
crime  n'a  jamais  été  découvert.  Cet  artiste 
exerça  dans  son  temps  la  plus  heureuse  in- 
fluence sur  les  progrès  de  l'école  française  du 
violon  :  il  fut  un  des  premiers  qui  y  mirent  en  vo- 
gue la  double  corde,  dont  il  se  servait  avec  un 
rare  talent;  son  second  livre  de  sonates  est  re- 
marquable par  l'emploi  qu'il  y  a  fait  de  ce  genre 
de  difficulté.  Choron  et  Fayolle  disent,  dans 
leur  Dictionnaire  historique  des  musiciens, 
que  Leclair  eut  deux  rivaux  redoutables  dans 
lîaptisteet  Guignon  :  ils  ignoraient  que  Baptiste 
avait  quitté  Paris  depuis  vingt-cinq  ans  pour 
entrer  au  service  du  roi  de  Pologne,  quand  Le- 
clair y  arriva.  On  a  de  celui-ci  les  ouvrages  dont 
il  a  publié  lui-même  le  catalogue  en  tête  de  son 
œuvre  douzième,  tel  que  je  le  donne  ici  : 
1"  Opéra  i" .  Premier  livre  de  sonates  à  violon 
seul, avec  la  basse  continue;  Paris,  Boivin  1723. 
Le  privilège  accordé  à  l'artiste  pour  la  pubMca- 
tion  de  ses  œuvres  est  du  7  octobre  de  cette  même 
année.  —  2°  Second  livre  de  sonates  pour  le  vio- 
lon et  pour  la  llùte  traversière,  avec  la  basse 
continue.  Paris,  chez  l'auteur  et  chez  Boivin. 
Cet  œuvre  contient  douze  sonates .  —  3"  Six  sona- 


tes à  2  violons,  ibid. — 4"  Six  sonates  en  trios  pour 
2  violons  et  la  basse  continue;  ibid.  —  5°  Troi- 
sième livre  de  sonates  à  violon  seul  et  la  basse 
continue;  ibid.  Leclair  venait  d'être  nommé  Or- 
dinaire de  la  musique  de  la  chapelle  et  de  la 
chambre  du  roi  :  pour  témoigner  à  Louis  XV  sa 
reconnaissance,  il  lui  lit  hommage  de  cet  œu.vrc, 
qui  renferme  12  sonates.  —  6°  Première  récréa- 
tion de  musique  d'une  exécution  facile  pour 
2  violons  et  basse  continue;  ibid.  —  1"  6°  Con- 
certiatre  viollni,  alfo,basso  perorganoe  vio- 
lonccllo;  ibid.  —  8"  Deuxième  récréation  de  mu- 
sique d'une  exécution  facile  pour  2  flûtes  ou 
2  violons  et  la  basse  continue;  ibid.  —  9"  Qua- 
trième livre  de  sonates  à  violon  seul  avec  la 
basse  continue  ;  Paris,  1738,  ibid.  Cet  œuvre  con- 
tient 12  sonates.  —  10°  Sei  Concerti  a  tre  vio- 
Uni,  alto,  bassoperorgano  o  violoncello  ;ibid. 
—  11°  Glaucus  et  Se  y  Ha,  opéra  représenté  le  4 
octobre  1747,  partition  gravée.  —  12°  Second 
livre  de  sonates  à  2  violons  sans  basse;  ibid.  — 
13°  Ouvertures  et  sonates  en  trios  pour  2  vio- 
lons, avec  la  bas.se  continue,  ibid.  —  14°  Sonate 
posthume  gravée  par  M"ie  Leclair;  2'i'e  édition 
Paris,  Cousineau.  J'ai  dit,  dans  la  première  édi- 
tion de  la  Biographie  des  Musiciens,  que  l'o- 
péra de  Glaucus  et  Scijlla  n'est  pas  de  Leclair, 
mais  d'un  flûtiste  nommé  Leder;  je  suivais  en 
cela  les  notes  des  manuscrits  de  Beffara  {voy. 
ce  nom)  ;  mais  c'est  une  erreur,  car,  dans  le  ca- 
talogue des  œuvres  de  Leclair,  publié  par  lui- 
même  en  tête  de  l'œuvre  12e,  la  partition  de  cet 
opéra  est  classée  comme  œuvre  1 1"  ;  de  plus,  Le- 
clair dit,  dans  l'avertissement  qui  précède  son 
œuvre  13^  :  «  J'y  ai  joint  l'ouverture  de  mon 
«  ojiéra.  » 

On  lit  dans  le  Dictionnaire  dramatique  de 
l'abbé  de  Laporte  (t.  3,  p.  285)  :  «Il  manqua  ton- 
«  jours  à  Leclair  cette  portion  de  génie  qui  sert  à 
«  cacher  l'art  lui-même,  de  manière  qu'il  devienne 
«  presque  insensible  dans  la  jouissance  de  l'effet. 
«  On  peut  porter  le  même  jugement  de  la  plu- 
«  part  de  ses  opéras  (  Leclair  n'en  a  fait  qu'un)  : 
«  ils  sont  fort  au-dessons  de  ses  modèles,  et  non 
«  moins  inférieurs  à  ses  contemporains  (quel 
«  style!)  dans  la  partie  instrumentale.  «L'abbé  de 
Laporte  prouve  dans  ce  jugement  qu'il  ne  connaît 
rien  aux  choses  dont  il  parle.  Les  sonates  de  Le- 
clair renferment  de  grandes  beautés  -.  celles  du 
troisième  livre  particulièrement  sont  admirables. 

La  femme  de  cet  artiste  fut  cantatrice  à  l'Opéra 
pour  les  seconds  rôles  :  elle  se  retira  en  1750 
avec  la  pension.  Elle  se  livra  alors  à  la  gravure 
de  la  musique  et  grava  plusieurs  ouvrages  de  son 
mari,  à  qui  elle  survécut. 

LECLAIR    (Antoine-Rkmi  ),  surnommé  U 


246 


LECLAIR  —  LÉCUREUX 


Cadet,  frère  dn  précédent,  naquit  à  Lyon  dans  les 
premières  années  du  dix-liuitième  siècle.  Il  s'est 
fait  aussi  quelque  réputation  comme  violoniste, 
et  a  publié  vers  1760  un  œuvre  de  douze  sonates 
pour  le  violon. 

LECLER  (...),  organiste   des  PP.  de  la 

Mercy,  à  Paris,  vécut  vers  la  fia  du  dix-huitième 

siècle.  Il  a  publié  en  1785  un  journal  de  pièces 

d'orgue,  qui  n'a  pas  eu  de  succès,  et  qui  n'a  pas 

•  été  continué. 

LECLER  {■■■■),  fils  d'un  facteur  de  clave- 
cins établi  à  Paris,  fut  attaché  à  l'Opéra  comme 
flûtiste  en  1739.  En  1752,  il  fit  un  voyage  en  An- 
gleterre, où  son  talent  sur  la  flûle  fut  applaudi. 
Cet  artiste  avait  un  frère,''plus  jeune  que  lui,  qui 
succéda  à  son  père  dans  la  facture  des  clavecins, 
et  qui  se  distingua  parmi  les  artistes  les  plus  re- 
nommés en  ce  genre.  Ce  dernier  vivait  encore 
en  1789. 

LECLERC  (Jean-Baptiste),  dépoté  à  la 
Convention  nationale,  naquit  àChalonne  (Maine- 
et-Loire)  vers  1755.  Appelé  à  Paris  par  ses  fonc- 
tions législalives^il  y  vota  la  mort  de  Louis  XVI, 
sans  appel  et  sans  sursis  ,  sortit  de  la  Conven- 
tion après  la  chute  des  Girondins,  et  reparut  en 
)'au  IV,  au  conseil  des  Cinq-Cents.  Élu  président 
fk  cette  assemblée  le  2i  janvier  1799,  il  sortit  de 
la  carrière  législative  la  même  année,  et  se  re- 
tira dans  sa  ville  natale,  où  il  est  mort  au  mois 
de  novembre  1826.  Après  la  seconde  restauration 
de  1815,  il  avait  été  exilé  en  Belgique  comme 
tous  les  conventionnels  régicides;  mais  peu  de 
mois  avant  sa  njort,  il  avait  obtenu  l'autorisation 
de  rentrer  en  France.  Parmi  ses  écrits,  on  re- 
marque :  1°  Rapport  fait  au  conseil  des  Cinq- 
Cents  sur  l'établissement  d^écoles  spéciales 
de  viusiqiie,  dans  la  séance  du  7  frimaire  an 
Ylt;  Paris,  Imprimerie  nationale,  24  pages  in-8°. 
—  2"  Essai  sur  la  propagation  de  la  musique 
en  France,  sa  conservation  et  ses  rapports 
avec  le  gouvernement;  Vaxi?.^  1790,  in-8°.  Ces 
deux  morceaux  contiennent  de  bonnes  vues  sur 
l'emploi  de  l'art  comme  moyen  de  perfectionne- 
ment moral. 

LECOIIXTE  (Ecgène-Joseph)  ,  violoniste, 
né  à  Paris,  le  10  mai  1817,  entra  comme  élève  au 
Conservatoire  de  Paris,  le  10  décembre  1834,  et 
suivit  le  cours  de  violon  d'Habeneck.  Le  second 
prix  de  cet  instrument  lui  fut  décerné  en  1835, 
et  il  obtint  le  premier  au  concours  de  1837. 

LECOMTE  (  J.-L.-M.) ,  ancien  receveur  des 
finances,  membre  de  l'Institut  historique  de 
Paris ,  et  correspondant  de  la  Société  impériale 
des  sciences ,  de  l'agriculture  et  des  arts  de  Lille, 
né  en  1774,  à  Romoranlin  (  Loir-et-Cher) ,  dans 
l'ancienne  Sologne ,  s'est  fait  connaître  par  de 


bons  travaux  d'histoire  de  la  musique  et  de 
théorie  de  cet  art.  Le  seul  renseignement  que 
nous  ayons  sur  les  études  musicales  de  ce  savant 
se  trouve  dans  une  Notice  nécrologique  de 
Villoteau  (  voyez  ce  nom  ) ,  qu'il  a  publiée  dan» 
la  Revue  et  Gazette  musicale  [de  Pari» 
(année  1839,  n°  26,  27  juin)  :  il  y  dit  qu'en  1833, 
il  était  loin  de  r>enser  qu'il  écrirait  un  jour  sur 
des  sujets  (de musique),  vers  lesquels  la  curio- 
sité seule  l'avait  porté.  Le  premier  écrit  de 
M.  Lecomte  a  été  publié  sous  ce  titre  :  Discours 
prononcé  au  congrès  historique  européen, 
tenu  à  Vh<jtel  de  ville  de  Paris,  à  la  séance 
du  14  décembre  1835,  sur  cette  question  : 
Etablir  la  différence  de  la  musique  des  Celtes 
et  de  celle  des  Grecs,  avec  le  chant  ambroi- 
sien  et  mozarabique ,  et  celle  du  chant  am- 
broisicn  et  mozarabique  avec  le  chant  grégo- 
rien, et  celle  du  chant  grégorien  avec  la  mu- 
sique du  moyen  âge,  in-S»  de  28  pages  et  un 
tableau,  sans  nom  de  lieu  (  Paris)  et  sans  date 
(  1836  )  ;  extrait  des  actes  du  congrès  historique. 
En  1839,  M.  Lecomte  a  fait  insérer  dans  la 
Revue  et  Gazette  musicale  de  Paris  divers 
morceaux  sur  les  sujets  suivants  :  1°  sur  les 
Ambubaix,  musiciennes  de  la  Syrie  dans  l'an- 
tiquité (n"  1,  6  janvier).  —  2°  Musique  des 
Arabes  (n°  7,  17  février,  et  n"  8,  24  février). 
—  3°  Biographie  de  Glaréan  (  n"  9,  28  fé- 
vrier ).  —  4"  Analyse  des  Principes  de  mélodie 
et  d'harmonie  déduits  de  la  théorie  des 
vibrations,  par  le  baron  Blein  {  n°  14,  7  avril , 
etn"  16, 21  avril  ).  —  5°  Questions  historiques  et 
philosophiques  sur  la  musique  ancienne 
(n°  23,  9 juin,  et  n°  29,  II  juillet).  —  6°  ISé- 
crologie.  M.  Villoteau  (n"  26,  27  juin).  Le 
dernier  écrit  de  M.  Lecomte  a  pour  titre  :  3fé- 
moire  explicatif  de  l'invention  de  Scheibler 
(  voy.  ce  nom  )  pour  introduire  une  exactitude, 
inconnue  avant  lui,  dans  l'accord  des  ins- 
truments de  wws/r/we  ,•  Lille,  imprimerie  de 
Danel,  1856,  in-8°  de  79  pages,  avec  un  appen- 
dice, une  planche  et  4  tableaux.  Ce  travail  est 
extrait 'des  Mémoires  de  la  Société  impériale 
des  sciences  de  Lille.  Si  M.  Lecomte  vit  en- 
core, il  est  aujourd'hui  (  1862)  âgé  de  quatre- 
vingt-huit  ans. 

LECOURT  (Pierre),  fils  d'un  concierge  du 
château  de  Versailles,  né  vers  1755,  fut  organiste 
de  la  paroisse  de  Saint-Germain-en-Laye,  après 
avoir  fait  son  éducation  musicale  chez  les  pages 
de  la  chapelle  du  roi.  Il  a  publiéà  Paris,  chez  La 
Chevardière,  en  1786  :  Concerto  pour  le  cla- 
vecin avec  accompagnement  de  deux  violons, 
alto,  basse,  hautbois  et  deux  cors  ad  libitum. 

LÉCUREUX  rr héodore-Marie) ,  pianiste. 


LÉCUREUX  —  LEDERER 


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compositeur,  et  organiste  de  l'église  paroissiale 
de  Saint-Sauveur  à  Brest  (Finistère),  né  dans 
cette  ville  le  1""^  avril  1829,  reçut  les  premières 
leçons  de  musique  et  de  piano  de  son  père,  qui 
fut  pendant  plusieurs  années  chef  d'orchestre  et 
directeur  du  théâtre  de  cette  ville.  A  l'âge  de  huit 
ans,  Théodore  Lécureux  jouait  déjà  dans  les 
concerts  les  fantaisies  alors  en  vogue.  Dans  sa 
onzième  année,  il  lit  un  voyage  à  Paris  et  y  reçut 
quelques  leçons  de  piano  de  M.  Laurent,  profes- 
seur au  Conservatoire.  Quatre  ans  a[irès ,  il  re- 
tourna à  Paris  et  devint  pendant  si\  mois  élève 
de  Goria  ;  puis,  ayant  été  admis  au  Conservatoire, 
il  entra  dans  la  classe  de  Zimmerman  au  mois 
d'octobre  1844,  obtint  l'accessit  de  piano  en 
1845,  et  le  second  prix  au  concours  de  1847. 
Pendant  la  durée  de  ses  études  au  Conservatoire, 
il  fit  aussi  un  cours  d'harmonie  et  de  contrepoint 
sous  la  direction  de  Zimmerman.  Les  événements 
politiques  (le  1848  éloignèrent  le  jeune  Lécureux 
de  Paris  elle  ramenèrent  au  sein  de  sa  famille.  Ce 
fut  alors  que,  par  reconnaissance  pour  la  ville  de 
Brest,  dont  il  avait  été  pensionné  pendant  le  temps 
de  ses  études  au  Conservatoire,  et  pour  satisfaire 
au  désir  d'un  grand  nombre  de  ses  concitoyens , 
il  se  détermina  à  s'y  livrer  à  l'enseignement  du 
piano.  L'amour  du  pays  natal,  toujours  puissant 
chez  les  Bretons,  ne  fut  pas  étranger  à  cette  ré- 
solution. On  a  publié  à  Paris,  de  cet  artiste,  un 
certain  nombre  de  ces  petits  morceaux ,  dans 
les  formes  à  la  mode  qu'on  appelle  aujourd'hui 
des  œuvres,  et  parmi  lesquels  on  distingue  des 
Etudes  de  genre,  im  noclurneinlitulé  Spercmza, 
le  Départ  des  moissonneurs ,  les  Vagues  ar- 
gentines, Tr^ois  Rêveries,  les,  Adieux  de  Marie 
Stuart,  etc.  Il  y  a  dans  tout  cela  un  certain  sen- 
timent rôveur  qui  ne  manque  ni  de  grâce,  ni 
d'élégance;  mais  il  est  difficile  de  se  mettre  en 
route  pour  la  postérité  avec  un  bagage  si  léger. 

LÉCUYER  (....),  musicien  de  l'Opéra  de  Pa- 
ris, obtint  sa  retraite  en  1776,  après  vingt  ansde 
service,  et  mourut  vers  la  fin  du  dix-huitième 
siècle.  Il  s'est  fait  connaître  par  une  brochure 
qui  a  pour  titre  -.Principes  de  l'art  du  chant, 
suivant  les  règles  de  la  langue  et  delà  proso- 
die française,  Paris,  1769,  in-8°  de  26  pages. 

LEDÊBUR  (Charles,  baron  DE),  né  le  20 
avril  18Û6  àSchildeiscbe,  près  de  Biltfeld  (West- 
plialie),  fut  destiné  à  la  carrière  militaire,  et 
reçut  son  instruction  dans  l'école  du  corps  des 
cadets,  à  Potsdam  et  à  Berlin,  pendant  les  an- 
nées 1818  à  1824.  Sorti  de  cette  école,  il  entra 
dans  le  deuxième  régiment  de  la  garde  royale  et 
y  servit  jusqu'en  1852.  Une  chute  de  cheval  qui 
eut  des  conséquences  sérieuses  l'obligea  alors  à 
demander  sa  retraite,  qu'il  obtint  avec  la  pension 


du  grade  de  major.  Dès  sa  jeunesse,  M.  de  Le- 
debur  avait  aimé  et  cultivé  la  musique,  particu- 
lièrement les  grandes  œuvres  classiques  ;  ce  pen- 
chant s'accrut  après  son  association  à  l'Académie 
royale  de  chant  de  Berlin ,  où  il  eut  occasion 
d'entendre  souvent  une  bonne  exécution  des  ou- 
vrages de  Bach, de  Haendei,  de  Palestrina  et  de 
Lotti.  La  Biographie  de  ces  artistes  illustres 
avait  pour  lui  tant  d'attrait,  qu'elle  devint 
l'objet  de  ses  études  spéciales.  Ses  premiers  tra- 
vaux en  ce  genre  furent  publiés  dans  des  jour- 
naux périodiques  et  quotidiens  :  c'est  ainsi  qu'il 
donna  à  la  Gazette  musicale  de  Berlin  publiée 
par  Girschner,  en  1833,  un  bon  article  nécrolo- 
gique sur  Bernard  Klein  {voyez  ce  nom).  Son 
travail  sur  l'Association  musicale  de  Berlin, 
a  paru  dans  la  Gazette  musicale  de  Bock  (1855, 
p.  99).  a  donné  dans  la  même  Gazette,  en 
1856  (p.  251,  259,  267,  et  274)  l'Autobiographie 
de  François  Benda,  avec  des  notes  ;  dans  l'Écho, 
gazette  musicale  de  Berlin  rédigée  par  le  doc- 
teur E.  Kossak  (année  1857,  n°  42),  une  bonne 
notice  sur  Volumier;  et  une  autre  sur  l'exécu- 
tion des  œuvres  de  Hœndel  à  Berlin  (n"  43); 
enfin  un  article  nécrologique  sur  Gottfried- 
Wilhelm  Dehn ,  dans  la  Gazette  de  Spener 
(1858,  n°  93).  La  riche  collection  de  matériaux 
recueillie  par  M.  de  Ledebur  dans  ses  recherches 
à  la  Bibliothèque  royale,  aux  archives  de  l'Aca- 
démie royale  de  chant ,  et  au  gymnase  de  Joa- 
chimsthal ,  de  Berlin  ,  l'ont  déterminé  à  publier 
un  Dictionnaire  des  musiciens  de  Berlin  (Ton- 
kilnstler-Lexicon  Berlin's),  depuis  les  plus  an- 
ciens temps  jusqu'à  l'époque  actuelle;  Berlin, 
1860,  Ludwig  Rœub,  gr.  in-S".  Deux  livraisons 
de  cet  ouvrage,  formant  128  pages,  ont  paru  en 
1860,  et  renferment  les  notices  fort  bien  faites  et 
d'une  rigoureuse  exactitude  depuis  Abel  (Léo- 
pold  Auguste)  jusqu'à  Ehlert  {Louis)  ;  mal- 
heureusement rien  de  cet  ouvrage  n'a  été  publié 
depuis  lors. 

LEDERER  (Joseph),  chanoine  régulier  de 
l'ordre  de  Saint-Augustin,  né  en  1733  à  Zie- 
metshausen,  dans  la  Souabe  ,  fit  ses  vœux  au 
couvent  de  Saint-Michel,  à  Ulm,  et  y  fut  profes- 
seur de  théologie.  Il  mourut  au  mois  d'octobre 
1796,  à  l'âge  de  soixante-trois  ans.  Aussi  bon 
musicien  que  théologien  instruit,  cet  ecclésiasti- 
que a  laissé  des  preuves  de  son  savoir  dans  les 
ouvrages  suivants  :  1°  Cinq  vêpres  complètes  et 
cinq  psaumes  pour  différentes  fêtes  de  l'année 
avec  un  Ma gni/icat  séparé  et  un  Stabat  Mater, 
courts  et  faciles  à  clianter,  à  quatre  voix,  deux 
violons  et  orgue,  Ulm,  1780,  in-fol.  —  2"  Six 
messes  courtes  et  faciles,  à  l'usage  particulière- 
ment des  églises  de  la  campagne  et  des  couvents 


IM.S 


LEDERER  —  LEDRAN 


«1c  religieuse?,  Ulm,  1770,  in-fol.  Deuxième  édi- 
tion; iiiid.,  1781.  —  3"  Provision  musicale  con- 
slslanl  en  18  vêpres,  17  préludes,  menuets,  trios, 
trois  sonates  et  un  air  en  partition,  pour  l'orgiie, 
Augsbourg,  1781',  in-fol.  —  4"  Les  Jeunes  Re- 
crues, opéra-comique  en  trois  actes,  paroles  et 
niusiriue;  1781.  —  5°  Cantate,  paroles  et  musi- 
que, en  manuscrit.  — G° Neue  und  erleichterte 
Art  zu  solmisiren  (Manière  nouvelle  et  plus  fa-, 
cile  pour  solfier);  Ulm,  1756,  in-4'^.  Deuxième 
édition,  Ulm,  Woliler,  1796,  in-4'', 

LEDESMA  (D.  MARiANo-RoDP.ictJEZ  DE), 
chanteur  et  compositeur  espagnol,  naquit  à  Sa- 
ragosse,  le  14  décembre  1779.  Admis,  comineen- 
l'ant  de  chœur,  à  la  cathédrale  de  cette  ville,  en 
1787,  il  y  fit  ses  études  musicaleset  fut  nommé 
mancionaire  de  la  môme  église,  en  1798.  En- 
tré eu  1804,  comme  premier  ténor,  au  théâtre  de 
l'Opéra  de Madridappelé  Delos  cahos  dcl Pcral, 
il  obtint,  dcuxansaprès,  sa  nomination  de  ténor 
Je  la  chapelle  royale;  mais  les  événements  qui 
suivirent  l'invasion  de  l'Espagne  par  les  armées 
(rançaises  déterminèrent  cet  artiste  à  se  rendre  en 
Angleterre,  en  1810.  Trois  années  après,  il  eut 
riionneur  d'être  choisi  pour  enseigner  le  chant  à 
la  princesse  Charlotte,  (ilkdu  prince  de  Galles, 
depuis  lors  roi  d'Angleterre ,  sous  le  nom  <le 
Georges  IV.  De  retour  à  Madrid  en  1815,  Le- 
desma  fut  nommé  premier  ténor  de  la  chambre, 
puis  maître  de  chapelle  surnumérairede  la  cour,  et 
finalement,  en  1836,  maître  de  chapelle  titulaire. 
Il  est  mort  à  Madrid  en  1847,  à  l'âge  de  soixante- 
huit  ans.Ses  œuvres  de  musiqued'église  consistent 
en  trois  messes  solennelles,  unoffice  des  morts,  les 
matines  de  l'Epiphanie,  lamentations  pour  toute 
la  semaine  sainte,  la  None  de  l'Ascension,  et  un 
Slabat  Mater.  Le  maître  de  chapelle  Eslava 
a  publié  de  cet  artiste  cinq  motets  à  4  voix  et 
orchestre  dans  le  2^  volume  de  la  première  série 
de  la  collection  intitulée  Lira  Sacro-II/spana 
(dix-neuvième  siècle).  Ledesma  est  aussi  auteur 
d'une  suite  d'exercices  de  vocalisation  précédée 
d'une  instruction  théorique,  imprimée  à  Madrid 
(sansdate).  On  connaît  en  Allemagne,  sous  lenom 
de  Ledesma  (Mariano)  :  1"  Boléro  favori  liié 
«lu  divertissement  espagnol  Le  Troubadour, 
pour  piano  et  flûte;  Leipsick,  Breitkopf  etffœrtei. 

—  2°  Divertissement  martial;  idem,  ibid.  — 
3"  Zapateado,  danse  espagnole,  pour  piano  et 
flûte;  ibid.  —  4° Six  valses  pour  piano  seul; ibid. 

—  5"  Trois  ariettes  pour  voix  de  basse,  avec  ac- 
compagnement de  piano;  ibid.  —  6"  Six  chan- 
sonnettes espagnoles  et  allemandes,  idem;  Berlin, 
Schles-inger. 

LEDESMA  (D.Nicolas),  compositeur  espa- 
gnol,  né  le  9  juillet  1791,  à  Grisel,  dans  l'Ara- 


gon,  fut  enfant  d('  chœur  dans  l'église  principnîe 
de  cette  petite  ville,  et  y  apprit  le  solfège  et  le 
chant  D.  François  Gisbert  et  D.  José-Angel 
Martincheque,  qui  se  succédèrent  dans  la  place 
de  maître  de  chapelle  de  cette  église,  lui  ensei- 
gnèrent la  composition.  Ledesma  se  rendit  en- 
suite à  Saragosse,  et  y  reçut  des  leçons  d'orgue  de 
D.  Ramon  Ferrenac.  A  peine  âgé  de  seize  ans,  il 
obtint  au  concours  la  place  d'organiste  et  de 
maître  de  chapelle  à  la  collégiale  de  Borja  (Ara- 
gon). En  1809,  il  changea  cette  position  contre 
une  semblable  à  Tafalla ,  dans  la  Navarre  ; 
enfin,  en  1830,  il  fut  appelé  à  Bilbao,  en  qualité 
de  maître  de  chapelle,  et  il  occupe  encore  cette 
position  (18G2).  Ses  œuvres  pour  l'église  se  com- 
posentde  8  messes  avec  orchestre,  plusieurs  psau- 
mes, et  beaucoup  de  motets,  Vilhancicos,\àmen- 
Mions,  Miserere,  et  un  Stabat  Mater,  &  3  voix, 
avec  quatuor  d'instruments  à  cordes,  publié  par 
M.  Eslava  dans  le  Sme  volume  de  la  première 
série  de  la  collection  intitulée  Lira  sacra  his- 
pana  (dix-neuvième  siècle).  M.  Ledesma  a  écrit 
aussi  beaucoup  d'ouvrages  pour  l'orgue,  cntreau- 
très  six  .sonates  publiées  à  Madrid,  des  offertoi- 
res, une  élévation  et  des  versets  insérés  par 
M.  Eslava  dans  le  Museo  organico  espanol. 
Commecompositeur  et  comme  organiste,  M.  Le- 
desma est  mis  par  ses  compatriotes  au  rang 
des  artistes  les  plus  distingués  de  l'époque  ac- 
tuelle. 

LEDRAN  (....)?  premier  commis  des  affaires 
étrangères,  sous  le  règne  de  Louis  XV,  et  pen- 
dant l'espace  de  près  de  quarante  ans ,  a  publié 
un  livre  intitulé  :  Sn.r  les  signes  do,  di,  ca,  pour 
V  indication  des  accords  en  musique  ;  Paris,  Le 
Prieur,  1765,  in-4''.  C'est  le  projet  d'une  mé- 
thode  pour  substituer  aux  signes  de  la  basse 
chiffrée  ces  trois  syllabes  qui  placées  au-dessus 
des  notes,  auraient  indiqué  les  diverses  circons- 
tances de  l'harmonie.  Ainsi,  do  aurait  signifié 
dominante,  et,  celte  note  étant  connue,  aurait 
indiqué  les  autres,  jusqu'à  ce  qu'il  y  eût  modu- 
lation. Lorsqu'il  n'y  aurait  rien  eu  au-dessus  des 
notes  connues  de  la  gamme ,  on  y  aurait  fait  les 
accords  consonnants  qui  leur  a|ipartiennenf,  à 
moins  qu'on  n'eût  trouvé  au-dessus  de  l'une  d'elles 
lasyllabef/ï, abréviation  de  dissonance,  qui  aurait 
fait  connaître  que  l'accord  devait  être  dissonant. 
Enfin  la  syllabe  ca  aurait  indiqué  l'acte  de  ca- 
dence entre  deux  notes.  Te!  est  le  système  dont 
La  Borde  n'a  donné  qu'une  indication  vague,  co- 
piée par  Gerber,  Choron  et  l'^ayolle,  Lichtentlial 
et  tous  les  autres.  Il  existe  parmi  les  imprimés 
de  la  Bibliothèque  impériale  à  Paris  deux  volumes 
in  4"  manuscrits  (V   1840  6-7),  qui  renfennenl 
beaucoup  de  pièces  relatives  à  ce  système,  ainsi 


LKDRAN  —  LEDAYICII 


249 


qu'à  d'autres  objets,  et  qui  paraissent  des  auto- 
graphes de  Ledran. 

LEDUC  (Simon),  surnommé  l'Atné,  naquit 
à  Paris  en  1748,  et  mourut  à  la  ileur  de  l'âge,  en 
1787.  Élève  de  Gaviniès  pour  le  violon,  il  l'ut  ar- 
tiste distingué  pour  son  temps.  Dans  les  der- 
nières années  de  sa  vie,  il  était  un  des  directeurs 
du  Concert  spirituel.  On  a  gravé  de  sa  composi- 
tion :  1°  Sonates  pour  le  violon  avec  accompa- 
gnement d'alto,  ou  de  basse,  ou  de  clavecin,  op.  1  ; 
l>aris,  La  Chevardière.  —  2"  Premier  concerto 
pour  violon  et  orciiestre,  op.  2  ;  ibid.  —  3"  Sym- 
phonies pour  l'orchestre,  op.  3  ;  Paris,  Bailleux. 
—  4°  Sonates  pour  violon  avec  accompagne- 
ment de  basse,  2*  livre,  op.  4  ;  Paris,  La  Chevar- 
dière. —  5°  Deuxième  concerto  pour  violon, 
op.  5,  —  6°  Trois  symphonies  pour  l'orchestre, 
2*  livre;  Paris,  Bailleux.  —  7"  Symphonie  con- 
certante pour  deux  violons,  op.  7;  Paris,  Bail- 
leux. 11  a  été  fait  deux  éditions  de  cette  sympho- 
nie, qui  a  été  exécutée  au  concert  spirituel  avec 
l)eaucoup  de  succès.  —  8°  Sonate  pour  violon 
avec  accompagnement  de  basse,  œuvre  posthume. 
On  trouve  dans  le  Diclionnaire  historique  des 
musiciens,  par  Choron  et  Fayolle,  une  anecdote 
singulière,  relative  à  cet  artiste;  la  voici  :  Un 
mois  après  la  mort  de  Leduc,  on  répétait  une  de 
ses  symphonies,  qui  devait  être  exécutée  le  len- 
demain au  concert  des  amateurs.  Au  milieu  de 
Vadagio,  le  chevalier  de  Saint-Georges,  attendri 
par  l'expression  du  morceau,  et  se  rappelant  que 
son  ami  n'existait  plus,  laissa  tomber  son  archet, 
et  versa  des  larmes.  L'attendrissement  se  com- 
muniqua de  proche  en  proche,  et  tous  les  exécu- 
tants, laissant  leurs  instruments,  se  livrèrent  à 
la  plus  vive  douleur. 

LEDUC  (Pierre),  frère  du  précédent,  et  son 
élève  pour  le  violon,  naquit  à  Paris  eu  17.'j5.  Ses 
débuts  au  Concert  spirituel  et  à  celui  des  amateurs 
furent  brillants;  il  y  exécuta  avec  succès  des 
symphonies  concertantes.  Mais  ayant  fait  l'ac- 
quisition du  magasin  de  musique  de  La  Chevar- 
dière ,  il  négligea  son  talent  pour  se  livrer  ex- 
clusivement au  commerce.  Sa  maison  a  été  long- 
temps considérée  comme  une  des  premières  de 
Paris  pour  la  musique.  11  est  mort  en  Hollande 
au  mois  d'octobre  1816.  Son  fils  aîné,  Auguste 
Leduc,  lui  avait  succédé  comme  éditeur  de  mu- 
sique. Il  se  fit  connaître  avantageusement  par  la 
publication  de  plusieurs  grands  ouvrages,  entre 
autres  des  Principes  décomposition  des  écoles 
d'' Italie ,  par  Choron.  Zimmerman  épousa  sa 
fille. 

LEDUC  (A.  C),  pseudonyme  sous  lequel 
s'est  caché  le  conseiller  Kiesewettcr  {voy.  ce 
nom),  pour  m'attaquer  dans  plusieurs  articles  de 


I  laGaiP^/e  (/e'fieVft^e  de  musique  de  Leipsick  (an- 
nées 32'",  p.  117,  et  33%  p.  81  et  101),  à  l'occa- 

^  sion  d'une  correction  que  j'avais  proposée,  dans 
le  6"'"  volume  de  la  Revue  musicale,  pour  un 
passage  de  l'introduction  du  quatuor  en  ut 
(œuvre  10)  de  Mozart.  On  sait  que  ce  passage, 
pénible  à  l'audition,  a  toujours  été  un  sujet  d'é- 
tonnement  pour  les  connaisseurs.  Ma  correction, 
basée  sur  les  lois  de  la  tonalité  et  du  contie- 
point,  fut  hautement  approuvée  par  Cherubini , 
Reicha,  Boieldieu ,  Berton,  et  par  plusieurs  au- 
tres musiciens  célèbres;  elle  a  d'ailleurs  l'avan- 
tage de  la  simplicité,  de  la  régularité,  et  ne 
change  rien  à  la  pensée  de  l'illustre  compositeur. 
Cependant  Kiesewettcr,  sous  le  nom  supposé 
qu'il  avait  pris ,  m'accuse  dans  ses  articles 
d'avoir  insulté  sa  mémoire,  et  dit,  en  forme 
d'argument,  que  si  la  loi  tonale  que  j'ai  invoquée 
était  réelle,  Mozart  l'aurait  connue  aussi  bien  que 
moi  ;  et  là-dessus  il  entasse  des  extravagances 
anliharmoniques  pour  démontrer  la  fausseté  de 
cette  règle.  Lorsque  je  fis  voir  à  Clierubini  ces 
énormités ,  il  me  dit  :  Pourquoi  prenez-vous  la 
peine  de  discuter  avec  un  homme  qui  écrit  de 
pareilles  choses?  Oulibischeff,  parlant  de  ce 
même  quatuor,  dans  son  livre  sur  la  vie  et  les 
o'uvres  de  Mozart,  s'exprime  en  ces  termes  :  J^ai 
joué  et  je  jouerai  toujours  l'introduction  ainsi 
corrigée,  désormais  admirable  et  sublime  dit 
commencement  jusqu'à  la  fin,  grâce  à  Vheu- 
reuse  correction  de  M.  Fétis.  Si  Kiesevvetter 
eût  lu  ce  passage,  son  indignation  n'eût  pas  connu 
de  bornes! 

LEDlîUY  (Adolphe),  professeur  de  musi- 
que et  guitaiiste  à  Paris,  s'est  fait  connaître  par 
divers  ouvrages  dont  voici  les  titres  :  1"  Prin- 
cipes de  musique  écrits  pour  servir  de  gram- 
maire à  ceux  qui  veulent  apprendre  la  musi- 
que, de  résumé  à  ceux  qui  la  savent,  et  d'in- 
troduction à  toutes  les  méthodes  ,•  Paris,  1830, 
1  vol.  in-iS  avec  figures.  —  T  Enl retiens  sur 
ia  îJius/çwe;  Strasbourg,  Levrault,  1834,  in -18. 
—  3°  Traité  de  musique  divisé  en  deux  par- 
ties, théorie  et  solfège;  Paris,  1834,  iu-16. 
2rae  édition,  Paris,  1837,  in-l8.  Ce  petit  ouvrage 
fait  partie  de  la  Bibliothèque  populaire.  — 
4°  Nouveau  manuel  simplifié  de  musique,  ou 
Grammaire  des  principes  de  cet  art;  Paris, 
Roret,  1839,  in-18,  avec  48  planches  de  musi- 
que. En  1833,  Ledhuy  s'associa  avec  le  pianiste 
Beriini  pour  la  publication  d'une  sorte  de  journal 
de  musique  qui  avait  pour  titre  :  encyclopédie 
pittoresque  de  la  musique;  Paris,  1833-1835, 
in-4''.  Ce  recueil  n'eut  qu'une  année  d'existence. 
LEDVVICII  (Edouard),  ecclésiastique  irlan- 
dais, né  en  1759,  mort  à  Dublin  leSaoiit  1823, 


250 


LEDEWICH  —  LEFÉBURE 


esl  auteur  d'un  bon  ouvrage,  qui  a  pour  titre  :  An- 
tiquUies  of  Ire l and  ^DubVm,  1790,  in-4''  de502 
pages.  Dans  la  1 0^  section  de  ce  livre,  l'auteur  traite 
de  la  musique  des  anciens  Irlandais,  depuis  les 
bardes,  et  donne  des  renseignements  intéressants 
sur  quelques  anciens  instruments  de  l'Irlande. 

LEE  (  SÉBASTIEN  ) ,  violoncelliste  né  le  24  dé- 
cembre 1805  à  Hambourg,  y  a  étudié  son  ins- 
trument sous  la  direction  de  M.  Prell,  élève 
de  Romberg.  En  1830,  il  commença  à  se  faire 
connaître  comme  virtuose  dans  les  concerts 
donnés  à  Hambourg  et  à  Leipsick;  puis  il 
voyagea,  visita  Cassel ,  Francfort,  et,  arrivée 
Paris  en  avril  t832,  se  fit  entendre  avec  un 
brillant  succès  au  Théâtre -Italien,  au  mois 
de  mai  de  cette  année.  Au  printemps  de  1836, 
M.  Lee  donna  plusieurs  concerts  avec  Gusikow 
(  voy^ce  nom  ) ,  puis  il  se  rendit  à  Londres,  où 
il  resta  jusqu'à  la  tin  de  la  saison.  Il  se  fixa 
ensuite  à  Paris,  et  fut  attaché  à  l'Opéra  comme 
violoncelliste  solo.  On  connaît  de  cet  artiste  pour 
son  instrument  :  1°  Variations  de  concert  pour 
violoncelle  et  orchestre  sur  un  thème  de  l'Opéra 
de  Guillaume  Tell,  op.  3;  Hanovre,  Nœgel.  — 
2°  Scène  cuisse,  divertissement,  idem ,  op.  4  ; 
Hambourg  ,  Cranz.  —  3''  Souvenir  de  Paris , 
introduction  et  rondo,  idem-,  op.  5  ;  Hambourg, 
Boehme.  —  4"  Fantaisie  sur  des  motifs  de  Ro- 
bert le  Diable,  de  Meyerbeer,  op.  6;  idem, 
Brunswick,  Meyer.  —  5°  Variations  brillantes 
sur  un  thème  original,  pour  violoncelle  et  qua- 
tuor, op.  7  ;  Hambourg,  Cranz.  M.  Lee  a  publié 
à  Paris  beaucoup  de  compositions  pour  son  ins- 
trument, particuhèrement  quatre  œuvres  de  duos 
pour  deuxvioloncelles,àl'usagedu  Conservatoire, 
sous  le  titre  d'École  du  violoncelliste.  Il  a  été 
fait  une  édition  de  cet  ouvrage  à  Leipsick,  chez 
Breitkopf  et  Hœrtel. 

LEE  (LoLis),  frère  du  précédent,  beaucoup 
plus  jeune,  est  né  à  Hambourg,  en  1819.  Le  vio- 
loncelle et  le  piano  sont  les  instruments  qu'il  a 
cultivés  et  sur  lesquels  il  a  acquis  beaucoup  d'ha- 
bileté. Comme  violoncelliste,  il  a  une  grande 
dextérité  d'archet,  mais  il  ne  tire  pas  un  grand 
son  :  on  lui  a  reproché  de  manquer  de  style  et 
d'expression.  Il  a  beaucoup  voyagé,  et  a  donné 
des  concerts  à  Copenhague  ,  Leipsick,  Francfort, 
Cassel ,  Manheim  et  dans  les  principales  villes 
rhénanes.  Il  a  aussi  visité  Paris  et  y  a  fait  un 
long  séjour. 

LEE  (Edouard),  pianiste,  fils  de  Sébastien , 
est  né  à  Hambourg.  On  connaît  de  lui  beaucoup 
de  petits  morceaux  pour  le  piano,  particulière- 
rementdes  Études  de  salon,  op.  7  ;  Hambourg, 
Bœhnie.  11  est  mort  le  23  décembre  1801,  à  l'âge 
de  vingt-six  ans. 


LEEDER  (Jean-Guillaume),  maître  de  con- 
certs à  Hildesheim,  mort  en  1785,  reçut  des  leçons 
de  composition  de  Hupfeld.  H  a  publié:  1°  Six 
sonates  pour  la  flûte,  avec  accompagnement  de 
violon  ;  Amsterdam,  1772.— 2°  Concerto  pour  flûte 
et  orchestre  ;  ibid.  —  3°  Six  duos  pour  deux  vio- 
lons ;  Hildesheim.  Il  y  a  aussi  sous  .son  nom,  en 
manuscrit,  six  concertos  pour  le  violon  et  quel- 
ques symphonies. 

LEFÉBURE  (Louis-François-Henri),  an- 
cien administrateur,  écrivain  et  botaniste,  est  né 
à  Paris,  le  18  février  1754.  Électeur  de  Paris  et 
membre  du  conseil  général  de  la  commune  en 
1789,  il  s'opposa  avec  énergie  aux  actes  de  vio- 
lence et  de  désordre  de  la  révolution,  et  le  10 
août  1792  il  sortit  de  ce  conseil,  en  déclarant 
au  peuple  que  Manuel  et  les  autres  agitateurs 
étaient  ses  plus  perfides  ennemis.  Arrêté  plus  tard 
à  Avignon,  et  conduit  à  Paris  par  la  gendarmerie, 
il  eut  le  bonheur  de  n'arriver  dans  cette  ville  que 
cinq  jours  après  le  9  thermidor.  Plus  tard,  il  fut 
chargé  de  missions  relatives  aux  arts  dans  le  midi, 
puis  fut  administrateur  du  département  de 
Vaucluse ,  Secrétaire  général  de  celui  du  Var,  et 
enfin,  pendant  douze  ans  sous-préfet  à  Verdun. 
Retiré  des  affaires  en  1814,  il  retourna  à  Pa- 
ris, où  il  s'occupa  de  travaux  relatifs  aux  arts 
et  aux  sciences.  H  était  âgé  de  vingt-quatre 
ans  lorsqu'il  publia  une  brochure  intitulée  Nou- 
veau solfège;  Paris,  Cailleau,  1780,  23  pages 
in-S".  C'était  un  nouveau  système  de  solmisa- 
tion,  supposé  plus  facile  que  celui  des  maîtres  or- 
dinaires et  que  Gossec  trouva  assez  bon  pour  le 
mettre  en  pratique  à  l'École  royale  de  chant  et  de 
déclamation.  Quelques  années  après ,  Lefébure 
fit  paraître  un  autre  ouvrage,  qui  a  pour  titre  : 
Bévues,  erreurs  et  méprises  de  différents  au- 
teurs célèbres  en  matière  musicale;  Paris, 
Knapen,  1789,  in-12.  Ce  piquant  écrit  est  dirigé 
contre  D'Alembert  et  d'autres  littérateurs  qui  ont 
voulu  traiter  de  la  musique  sans  la  connaître  ni 
la  comprendre  :  il  est  devenu  fort  rare.  La  dé- 
dicace de  la  brochure  de  Lefébure  à  la  comtesse 
de  Provence  fut  revue  et  corrigée  par  le  comte 
de  Provence  lui-môme ,  qui  régna  sur  la  France 
sous  le  nom  de  Louis  XVJII.  Gerber  s'est  trompé 
sur  l'auteur  de  ces  ouvrages,  et  les  a  faussement 
attribués  à  Lefebvre-Wély ,  qu'il  appelle  Lefé- 
bure de  Wélij  (voij.  ce  nom).  Au  mois  de  dé- 
cembre 1801,  Lelëluire  a  lu  dans  une  séance 
de  l'Institut  de  France  une  dissertation  ayant  pour 
objet  les  effets  de  la  musique  dans  les  maladies 
nerveuses.  Comme  professeur  à  l'Athénée  de 
Paris,  il  a  aussi  prononcé,  en  1827^  un  discours 
sur  la  musique  en  général  ;  morceau  qui  a  été 
reniai-qué.  Enfin.    Letëbure  a  composé  quelques 


LEFEBURE  —  LEFÈBVRE 


25  ( 


scènes,  plusieurs  cantates,  et  les  oratorios  iVA- 
belet  Caïn,  et  de  Cambyse.  On  lui  doit  de  beaux 
travaux  sur  la  botanique  et  quelques  écrits  sur 
la  peinture.  En  1828,  cet  homme  de  mérite,  que 
je  ne  connaissais  que  par  ses  ouvrages,  m'a  fait 
l'honneur  de  me  chercher  pour  m'adresser  des 
félicitations  flatteuses  sur  la  Revue  musicale  : 
il  était  alors  âgé  de  soixante-quatorze  ans;  néan- 
moins je  le  trouvai  encore  plein  de  feu  et  d'en- 
thousiasme. Il  est  mort  à  Paris,  dans  les  derniers 
jours  de  novembre  1840,  à  l'âge  de  près  de  qua- 
tre-vingt-sept ans. 

LEFEBVRE,  dit  LEFÉBURE-WÉLY 
(Antoine),  organiste  de  l'église  Saint-Roch,  à 
Paris,  naquit  en  cette  ville,  vers  la  fin  de  17G2.  En 
1788  il  était  déjà  compté  parmi  les  professeurs  de 
piano;  il  s'appelait  alors  simplement  Lefebvrej 
il  ajouta  plus  tard  à  son  nom  celui  de  Wélij,  qui 
appartenait  à  la  famille  de  sa  femme,  pour  se  dis- 
tinguer de  plusieurs  autres  artistes  nommés  Le- 
fcbvre.  Nommé  organiste  de  Saint-Jacques-du- 
Haut-Pas  en  1802,  il  changea  ensuite  cette  posi- 
tion pour  celle  d'organiste  deSaint-Roch,  en  1805. 
On  connaît  sous  son  nom  les  ouvrages  suivants  : 
1°  Trois  sonates  pour  clavecin;  Paris,  1790. 
—  2°  Quatre  idem,  op.  2  ;  ibid.  —  3°  Sonate  pour 
piano  et  violon,  op.  9;  Paris,  Omont.  —  4°  Idem, 
op.  10,  ibid.— 5"*  Idem, op.  11,  ibid.  —  0°  Fantai- 
siepourpianoseul,ibid.  — 7°  Trois  recueils  d'airs 
arrangés  pour  piano,  op.  3, 4, 5  ;  ibid.  — 8"  Messe 
des  grands  solennels.  Magnificat ,  Te  Deum  et 
quelques  autres  pièces  d'orgue,  sur  le  chant  pa- 
risien. Paris,  chez  l'auteur.  Cet  artiste  est  mort 
en  1831,  à  l'âge  de  soixante-neuf  ans. 

LEFÉBURE-WÉLY  (Louis -James -Al- 
fred), lils  du  précédent,  est  né  à  Paris,  le  13 
novembre  1817.  Dès  l'âge  de  trois  ans  et  demi 
il  commença  l'étude  de  la  musique,  sous  la  di- 
rection de  son  père.  Ses  progrès  furent  si  rapides, 
qu'en  1825,  à  peine  âgé  de  huit  ans,  il  remplaça 
dans  ses  fonctions  d'organiste  son  père ,  atteint 
de  paralysie  dans  tout  le  côté  gauche.  Après 
avoir  langui  dans  cette  situation  pendant  six  ans 
Leiébure-Wély  père  mourut ,  et  par  la  protec- 
tion de  la  reine  Amélie  (d'Orléans),  son  lils  fut 
nommé  définitivement  organiste  titulaire  du 
grand  orgue  de  l'église  Saint-Roch,  quoiqu'il  n'eût 
pas  encore  atteint  sa  quinzième  année.  Admis 
le  11  octobre  1832  au  Conservatoire  de  musique, 
il  y  devint  élève  de  M.  Benoist  pour  l'orgue  et 
de  M.  Laurent  pour  le  piano;  puis  il  eut  Zim- 
merman  pour  professeur  de  ce  dernier  instru- 
ment. En  1834  il  obtint  au  concours  les  deuxièmes 
prix  d'orgue  et  de  piano,  et  dans  l'année  sui- 
vante les  deux  premiers  prix  de  ces  deux  ins- 
truments lui  furent  décernés.  Admis   dans    la 


classe  de  composition  de  Berlon ,  M.  Lefébure 
passa ,  après  la  mort  de  ce  maître ,  dans  celle 
d'Halévy.  Pendant  le  cours  de  ses  études  au 
Conservatoire,  il  jreçut  des  leçons  particulières 
de  plusieurs  maîtres  étrangers  à  celte  école  : 
ainsi  A.  Adam  lui  enseigna  la  composition  ,  et 
Séjan,  organiste  deSaint-Sulpice,  lui  lit  connaître 
les  effets  de  l'orgue,  et  lui  lit  acquérir  l'habi- 
tude de  l'improvisation.  Déjà  il  se  préparait  au 
concours  d  l'Institut  de  France,  dont  le  lau- 
réat de  cliaque  année  devient  pensionnaire  du 
gouvernement  ;  mais  il  se  maria  à  la  même 
époque,  et  dès  lors  il  dut  renoncer  aux  avanta- 
ges de  ce  concours.  Jusqu'en  1847,  M.  Lefébure- 
Wély  conserva  sa  position  d'organiste  de  Saint- 
Roch;  alors  il  fut  appelé  en  la  môme  qualité 
à  l'église  de  la  flladeleine,  pour  y  jouer  le  bel 
orgue  construit  par  M.  Aristide  Cavaillé.  La 
grande  réputation  de  M.  Lefébure- Wély  comme 
organiste  improvisateur  date  de  celte  époque. 
Homme  de  goût  et  de  sentiment,  il  se  faisait 
remarquer  particulièrement  par  le  charme  et 
la  grâce  de  ses  inspirations  ainsi  que  par  les 
heureuses  combinaisons  de  sonorité  par  les- 
quelles il  variait  les  effets  de  l'instrument.  Cet 
artiste  distingué  n'a  pas  eu  moins  de  succès  sur 
les  instruments  à  anches  libres,  auxquels  on  a 
donné  différents  noms,  et  qui  se  résument  tous 
dans  l'harmonium  de  l'époque  actuelle.  M.  Le- 
fébure-Wély  en  tire  des  effets  charmants.  Eu 
1858  il  a  donné  sa  démission  de  la  place  d'or- 
ganiste de  la  Madeleine,  pour  se  livrer  en  liberté 
à  la  composition  dramatique.  On  a  de  cet  artiste 
50  études  pour  le  piano,  environ  cent  morceaux 
de  différents  caractères  pour  le  même  instru- 
ment, plusieurs  ouvrages  pour  le  grand  orgue , 
des  fantaisies  pour  l'orgue  expressif  ou  Harmo- 
nium, trois  messes,  dont  deux  avec  orgue  et 
une  avec  orchestre,  un  quatuor  et  lui  quintette 
pour  des  instruments  à  cordes,  3  symphonies  à 
grand  orchestre  exécutées  aux  concerts  populaires 
de  M.  Pasdeloup,  enfin,  un  opéra  en  3  actes  re- 
présenté à  l'Opéra-Coraique ,  le  11  décembre 
1861,  sous  le  titre  :  Les  Recruteurs.  M.  Lefé- 
bure-Wély  a  été  fait  chevalier  de  la  Légion 
d'honneur  le  18  août  1850,  et  chevalier  de  l'ordre 
de  Charles  III,  d'Espagne,  en  1859. 

LEFEBVRE  (Jacques),  violoniste  de  la  cha- 
pelle du  prince  Henri  de  Prusse,  naquit  en  1723, 
à  Prinzlow,  dans  l'Uckermark.  1!  étudia  la  mu- 
sique et  le  violon  sous  la  direction  du  maître  de 
concerts  Graun  :  CJiarles- Philippe- Emmanuel 
Bach  lui  enseigna  la  composition.  En  1750,  il  en- 
tra dans  la  musique  du  prince  Henri, «qui  lui 
donna  sa  démission,  après  quelques  années,  pour 
des  motifs  peu  honorables,  dit-on.  Lefebvre  vé- 


252 


LEFÊBVRE  —  LEFÈVRE 


eut  ensuite  à  Berlin  comme  simple  professeur 
de  musique;  'mais  un  théâtre  français  ayant  été 
«établi  dans  cette  ville,  il  en  l'ut  nommé  le  chef 
d'orchestre.  Cette  bonne  fortune  lui  vint  trop 
tard,  car  il  mourut  en  1777,  au  moment  où  il  al- 
lait entrer  en  fonctions.  Cet  artiste  a  publié  des 
solos  pour  le  violon,  des  concertos,  duos,  trios,  etc., 
et  a  laissé  en  manuscrit  une  collection  d'odes  , 
psaumes  et  chansons. 

LEFEBVRE  (François-Charlejiagne),  fils 
d'un  ancien  bibliothécaire  copiste  de  l'Opéra,  est 
né  à  Paris,  le  10  avril  1775.  Admis  dans  l'école 
royale  de  musique  instituée  par  le  baron  de  Bre- 
leuil,  il  y  étudia  l'harmonie  et  le  contrepoint  sous 
la  direction  de  Gossec.  Son  éducation  musicale 
terminée,  il  débuta  comme  compositeur  par  deux 
petits  opéras-comiques  dont  Moline  avait  fait  les 
livrets,  et  par  la  musique  de  quelques  ballets  de 
Milon,  qui  depuis  fut  chorégraphe  distingué  à 
l'Opéra.  Tous  ces  ouvrages  furent  représentés 
sur  les  théâtres  des  boulevards.  En  1794  Le- 
febvre  entra  à  l'orchestre  de  l'Opéra  en  qualité 
de  viole.  En  1814  il  succéda  à  son  père  dans 
l'emploi  de  bibliothécaire  de  ce  théâtre.  En  1829 
il  fut  mis  à  la  retraite,  après  trente-cinq  ans  de 
service.  Admis  dans  la  musique  de  l'empereur 
Napoléon,  en  18 to,  après  un  surnumérariat  de 
huit  années,  il  écrivit  plusieurs  cantates  fran- 
çaises pour  les  concerts  de  la  cour.  Après  la  res- 
tauration, il  conserva  son  emploi  sous  les  règnes 
de  Louis  XVIII  et  de  Charles  X.  En  1816  il  ob- 
tint le  litre  de  compositeur  de  la  musique  des 
gardes  du  corps  du  roi,  et  dans  l'exercice  de  ces 
fonctions  il  écrivit  plusieurs  suites  d'harmonie 
pour  les  instruments  à  vent.  Parmi  ses  travaux 
pour  l'Opéra,  on  remarque  la  nouvelle  instrumen- 
tation du  Devin  du  Village,  de  J.-J.  Rousseau, 
dont  il  a  refait  aussi  les  airs  de  danse,  et  surtout 
ses  ballets,  où  l'on  distinguait  en  général  du  goût 
et  un  bon  sentiment  de  la  scène.  Ceux  dont  il 
a  arrangé  la  musique  sont  :  1»  Pijfjmalion.  — 
2"  Héro  et  Léandre. — 3°  Les  Noces  de  Gam  ache. 
— k°  Lucas  et  Laurelle.  —  ^'^  Les  Sauvages  de  la 
Mer  du  Sied.  —  &°  Vénus  et  Adonis.  —  7°  Ver- 
tumne  et  Pomone.  Dans  ses  dernières  années, 
Lefebvre  imagina  un  système  de  musique  d'après 
lequel  la  gamme  de  la  musique  moderne  serait 
fondée  sur  l'organisation  de  la  voix  humaine;  ce 
qu'il  a  écrit  sur  celte  idée  fausse  n'a  pas  été  pu- 
blié. Lefebvre  est  mort  dans  la  quatre-vingt- 
cinquième  année  de  son  âge,  le  23  mai  1839. 

LEFEVRE  (François-Antoine),  jésuite, 
né  vers  1670,  mort  en  1737,  est  auteur  d'un  poème 
intitulé  i»/w5Jcfi,  cfl?'JHPft;  Paris,  1C84,  in-12  de 
2."?  pages.  Il  en  a  été  fait  une  analyse  dans  \eJournal 
tlesSavantsde  cette  année  (p.  t065- 1069).  L'abbé 


d'Olivet  a  inséré  ce  poème  dans  la  collection  quia 
pour  titre  :  Poemata  didascalica  nunc  primum 
vel édita  vel  collecta;  Paris,  Le  Mercier,  1749, 
3  vol.  in-12.  Il  a  été  fait  une  nouvelle  édition 
de  ce  recueil  (Paris,  Delalain,  1813,  3  vol.  in-12). 
Le  poëme'  du  P.  Lefèvre  a  été  placé  aussi  dans 
une  autre  collection,  intitulée  Scella  di  poemi 
latini  delta  Compagnia  di  Giesù  ;  Venise,  1 749. 
Une  traduction  française  de  ce  morceau  a  été 
faite  par  Grainville,  et  placée  à  la  suite  de  sa  tra- 
duction du  poëme  d'Yriarte  sur  le  même  sujet 
(Paris,  an  vni,  in-12).  L'auteur  du  poëme  sur 
la  musique  en  quatre  chants  qui  fut  imprimé  à 
Amsterdam  en  1714  pour  la  première  fois,  puis 
à  Lyon,  et  enfin  réimprimé  dans  Les  Dons  des 
enfants  de  Latone  (Paris,  1734,  in-8°),  a  fait 
une  imitation  paraphrasée  de  celui  de  Lefèvre, 
dans  le  premier  chant;  mais  le  reste  de  son  poëme 
est  plus  didactique  que  celui  du  jésuite,  où  l'on 
ne  trouve  que  des  allégories. 

LEFEVRE  (André),  organiste  de  Saint- 
Louis,  né  à  Péronne,  est  mort  à  Paris,  en  1786. 
Il  a  publié  beaucoup  de  cantatilles,  parmi  les- 
quelles on  remarque  :  La  saison  du  plaisir  ;  Le 
bonheur  imprévu;  L'absence;  Les  regrets; 
L'amour  justifié,  etc.  Dans  les  années  1756  et 
suivantes,  Lefèvre  a  fait  exécuter  au  Concert 
spirituel  plusieurs  motets ,  dont  on  a  gravé  : 
1°  Quam  bonus.  —  2°  Conserva  me.  —  3"  Co- 
ronate. 

LEFÈVRE  (Jean-Baptiste-Nicolas),  fac- 
teur d'orgues  à  Rouen,  a  fait  ses  ouvrages  prin- 
cipaux dans  la  seconde  moitié  du  dix-huitième 
siècle.  Le  grand  orgue  de  Saint-Martin  de  Tours 
fut  achevé  et  livré  par  lui  le  24  juillet  1761.  Cet 
instrument  était  composé  de  53 jeux,  dont  un  de 
32  pieds  ouvert,et  un  bourdon  de  32,  cinq  claviers 
à  la  main  et  clavier  de  pédales.  Lefèvre  construisit 
l'orgue  de  Honfleur  en  1772  ,  ainsi  que  celui  du 
Havre.  Ce  dernier  était  un  grand  seize  pieds  com- 
posé de  40  jeux ,  3  claviers  et  pédale.  Aidé  de  ses 
neveux,  Lefèvre  a  fait  aussi  les  orgues  de  Saint- 
Pierreetde  Saint-ÉtiennedeCaen.  Celui-ci,  qui  fut 
achevé  en  1769,  était  un  grand  instrument  de  16 
pieds  composé  de  63  registres,  cinq  claviers  à  la 
main,  pédale  et  onze  souilets. 

LEFÈVRE  (Théodore),  fils  d'un  maître  de 
ballets  de  la  Comédie-Italienne,  et  frère  de 3Iine 
Dugazon  {voyez  ce  nom),  naquit  à  Paiis,  en 
1759.  Après  avoir  reçu  les  premières  leçons  de 
violon  d'un  maître  obscur,  il  devint  élève  de 
Berlliaume,  et  Rodolphe  lui  enseigna  l'harmonie. 
Par  l'inlluence  de  sa  sœur,  il  obtint,  en  1787, 
une  des  places  de  premier  violon  à  la  Coméilie- 
Italiennc  ;  mais  des  mécontentements  lui  firent 
abandonner  cet  emploi  quelques  années  après , 


LEFÈVRE 


2Ô3 


et  il  entra  à  l'orchestre  du  théâtre  de  la  rue  Fey- 
deau,  en  1794.  Deux  ans  après  il  occupa  la  place 
de  chef  des  premiers  Yiolons ,  sous  la  direction 
de  Ijahoussaye.  Lorsque  les  deux  Opéras-Comi- 
ques furent  réunis,  en  1801,  La  Iloussaye  se  re- 
tira, et  deux  chefs  d'orchestre  furent- nommés 
pour  alterner  dans  le  service  :  le  choix  des  admi- 
nistrateurs du  théàtra  se  fixa  sur  Blasius  et  sur 
Lelèvre.  Cehii-ci  ne  se  retira  qu'en  18'20.  Cet 
artiste  fut  un  des  fondateurs  des  concerts  de  la 
rue  de  Grenelle-Saint-Honoré,  et  en  dirigea  l'or- 
chestre pendant  plusieurs  années.  Il  y  lit  exécuter 
trois  symphonies  de  sa  composition.  L'époque  de 
sa  mort  est  ignorée.  Lefèvre  s'est  essayé  comme 
compositeur  dramatique  par  deux  opéras,  qui 
n'obtinrent  point  de  succès  :  le  premier,  intitulé 
V Embarras  du  choLv,  en  un  acte,  fut  joué  en 
1788,  et  n'eut  qu'un  petit  nombre  de  représen- 
tations ;  l'autre,  qui  avait  pour  titre  CarpUne , 
en  trois  actes,  joué  en  1789,  ne  fut  pas  a.clievé, 

LEFÈVRE  (Jean-Xaviiîp.),  ciariaeltiste 
distingué,  né  à  Lausanne,  le  C  mars  1763,  se 
livra  de  bonne  heure  à  l'étude  de  la  musique , 
et  alla  fort  jeune  à  Paris  pour  cultiver  les  heu- 
reuses dispositions  qu'il  avait  reçues  de  la  na- 
ture. Il  se  mit  sous  la  direction  de  Michel  Yost, 
connu  généralement  sous  le  nom  de  Michel,  et 
le  plus  habile  clarinettiste  de  son  temps.  Ce  fut 
aux  soins  de  ce  professeur  et  à  ses  études  cons- 
tantes qu'il  dut  la  belle  qualité  de  son  et  la  net- 
teté d'exécution  qui  furent  les  qualités  distinctives 
de  son  talent.  Ses  études  n'étaient  pas  encore 
terminées  lorsqu'il  entra  dans  la  musique  des 
gardes  françaises. 

Le  1<T  novembre  1787 ,  Lefèvre  se  fit  entendre 
pour  la  première  fois  en  public  ,  au  concert  spi* 
rituel,  dans  une  symphonie  concertante  de  De- 
vienne, pour  clarinette  et  basson  ,  qu'il  exécuta 
avec  Perret.  Son  succès  fut  brillant ,  et  dès  lors 
il  y  eut  peu  de  solennités  musicales  où  il  ne  (ût 
appelé  pour  y  jouer  quelque  .solo.  Au  mois  d'avril 
1791,  il  entra  dans  l'orchestre  de  l'Opéra,  où  il 
fut  chargé  plus  tard  d'exécuter  les  solos  dans 
les  opéras  et  dans  les  ballets.  Quelques  personnes 
se  souviennent  encore  de  la  manière  brillante 
dont  il  exécutait  dans  Anacrcon,  de  Grélry,  un 
point  d'orgue  long  et  difficile  ,  sans  accompa- 
gnement, sur  lequel  on  dansait  un  pas  dialogué 
avec  l'instrument.  Lefèvre  ne  se  retira  de  l'Opéra 
que  le  le""  janvier  1817,  après  vingt-six  ans  de 
service. 

A  l'époque  de  la  formation  du  Conservatoire 
de  musique,  il  avait  été  compris  parmi  les  pro- 
fesseurs de  cet  établissement.  Le  comité  d'ensei- 
gnement le  chargea  de  la  rédaction  d'une  méthode 
de  clarinette,  qui  fut  adoptée  à  l'unanimité  par 


ce  même  comité  et  qui  a  été  seule  en  usage  jus- 
qu'au moment  où  des  améliorations  importantes 
ont  été  faites  à  la  construction  de  l'instru- 
ment. Lefèvre  y  avait  ajouté  la  'sixième  clef 
(celle  de  sol  dièse)  ;  avant  lui,  la  clarinette  n'eu 
avait  que  cinq.  Une  gradation  bien  entendue  des 
difficultés,  et  d'excellentes  observations  sur  la 
respiration,  les  coups  de  langue  et  les  modi- 
fications du  son,  rendent  l'ouvrage  de  eet  artiste 
fort  recommandable.  Il  a  été  gravé  à  Paris,  e» 
1802,  in-fol.  ;  rien  ne  prouve  mieux  son  utilité 
que  la  traduction  qui  en  a  été  faite  en  allemand 
et  qui  a  été  publiée  chez  André,  à  Offenbach', 
car  on  sait  que  la  clarinette  était  alors  cultivée 
en  Allemagne  avec  beaucoup  de  succès. 

Lefèvre  a  formé  beaucoup  d'élèves,  qui  ont  oc- 
cupé les  premiers  emplois  de  clarinettistes  dans 
les  divers  orchestres  de  Paris.  11  ne  s'est  retiré 
de  ses  fonctions  de  professeur  qu'au  mois  de  fé- 
vrier 1825 ,  après  les  avoir  remplies  pendant 
vingt-liuit  ans.  Entré  dans  la  chapelle  de  Napo- 
léon ,  le  7  mars  1807  ,  il  a  conservé  sa  place  à  la 
restauration ,  et  l'a  remplie  jusqu'à  sa  mort. 
Lefèvre  était  chevalier  de  la  Légion  d'honneur.  Il 
a  cessé  de  vivre  le  9  novembre  1829. 

Ses  compositions  consistent  :  l^en  Six  concer- 
tos pour  la  clarinette  avec  accompagnement  d'or- 
chestre ;  Paris,  Sieber,  Naderman,  Troupenas.  — 
2°  Deux  symphonies  concertantes  pour  clari- 
nette et  basson  ;  Paris ,  Sieber.  —  3°  Une  con- 
certante pour  hautbois ,  clarinette  et  basson  ^ 
Paiis,  Janet.  — 4"  Deux  œuvres  de  quatuors  pour 
clarinette,  violon,  alto  et  basse;  Paris,  Tlentz- 
Jouve,  Sieber.  —  5°  Onze  œuvres  de  duos  pour 
deux  clarinettes.  —  6°  Un  œuvre  de  duos  pour 
clarinette  et  basson.  —  7°  Six  sonates  pour 
clarinette  et  basse.  —  8"  Six  trios  pour  deux 
clarinettes  et  basson.  Tous  ces  ouvrages  ont  été 
publiés  à  Paris,  et  l'on  en  a  fait  diverses  éditions 
en  Allemagne.  Lefèvre  a  laissé  plusieurs  autres 
œuvres  en  manuscrit. 

La  qualité  de  son  que  Lefèvre  tirait  de  son 
in.strument  était  volumineuse,  mais  elle  appar 
tenait  à  l'espèce  que  les  Allemands  désignent 
sous  le  nom  de  son  français,  c'est-à  dire  qui  est 
plus  puissant  que  moelleux.  11  n'aimait  pas  le 
son  de  l'école  allemande,  et  peut-être  ne  rendit- 
il  pas  au  talent  de  Bœrmann  la  justice  qui  lui 
était  due.  Il  ne  fut  pas  non  plus  partisan  des  es- 
sais qu'il  voyait  faire  pour  le  perfectionnement 
de  la  clarinette;  il  croyait  que  la  mnltiplicilédes 
clefs  nuit  à  la  sonorité  de  l'instrument,  ce  qui 
pouvait  être  vrai,  car  un  tube  percé  de  beaucoup 
de  trous  et  chargé  de  corps  étrangeis  est  moins 
sonore  qu'un  autre  qui  a  moins  d'ouvertures  ; 
mais  il  aurait  dû  comprendre  que  la  qualité  prin- 


254 


LEFÈVRE  —  LEGNANI 


cipale  de  l'instrumenl  est  la  justesse,  qui  ne  peut 
3'acqiiérir  qu'en   multipliant  les  clefs. 

LEFEBVRE  (  Viotor-Louis-Aimé-Joseph  ), 
pianiste  et  compositeur,  naquit  à  Lille  (  Nord  ) , 
le  6  janvier  1811.  Entré  au  Conservatoire  de 
Paris  le  8  octobre  1825,  il  y  reçut  des  leçons 
<^l(''nientaires  de  coutrepoint  de  Senriot  et  de 
Jeiensperger,  puis  il  suivit  le  cours  de  Reicha. 
Le  deuxième  i)rix  lui  fut  décerné  en  1828,  et  il 
obtint  le  premier  dans  l'année  suivante.  Devenu 
alors  élève  de  Berlon  pour  le  style  idéal  de  la 
composition,  il  con(;ourut  à  l'Institut  pour  le 
grand  prix  ;  mais  n'ayant  pas  réussi ,  il  alla  s'é- 
îahlir  à  Douai  en  1832,  et  s'y  livra  à  l'ensei- 
gnement et  à  la  composition  d'œuvres  instru- 
mentales. On  a  gravé  de  cet  artiste  deux  trios 
pour  piano ,  violon  et  violoncelle  ;  plusieurs 
fantaisies  pour  piano  seul;  quatuor  pour  2  vio- 
lons, alto  et  violoncelle,  intitulé  iVuii  musicale, 
op.  3;  Paris,  Richauit;  1^''  solo  brillant;  pour 
piano  seul,  op.  4  ;  ibid  ;  romances  et  mélodies 
avec  accompagnement  de  piano.  Cet  artiste  in- 
téressant est  mort  à  Douai ,  d'une  maladie  de 
poitrine,  vers  1840,  laissant  en  manuscrit  plu- 
sieurs œuvres  de  musique  instrumentale ,  d'un 
style  sérieux. 

LEFFLOTÏI  (Jean-Matthieu),  organiste 
à  Nuremberg,  mourut  dans  celte  ville,  en  1733. 
11  a  publié  ;  1°  'Sonata  e  Fuga  per  Vorgano. 

—  2"  Divertimeiilo  musicale,  consistente  in 
una  parti/a  di  cemhalo.  —  3"  Deux  concertos 
pour  1§ clavecin  avec  violon  ;  Nuremberg,  1730. 

—  4"  Quatre  solos  pour  le  violon,  ibid. 

LEG.\LLOIS.  Vogcz  GALLOIS  (LE). 

LÉGAT  DE  FURCY  (Antoine),  ama- 
teur, né  à  Maubeuge,  vers  1740,  apprit  la  mu- 
sique dès  l'âge  de  trois  ans.  Lorsqu'il  eut  fini  ses 
îiiimanitr'S,  il  se  rendit  à  Paris  poi^r  y  faire  sa 
philosophie;  il  y  étudia  le  clavecin  et  l'harmonie 
sous  la  direction  de  Noblet.  La  Borde  dit  qu'il 
reçut  ensuite  des  conseils  de  Rameau,  et  que 
ses  progrès  lui  valurent  l'amitié  de  ce  maître. 
Légat  de  Furcy  ne  cultiva  d'abord  la  musique 
que  comme  amateur  ;  mais  des  motifs  qui  ne  :;ont 
point  connus  lui  (irent  prendre  ensuite  le  parti 
d'user  de  ses  talents  pour  vivre.  On  voit,  par  le 
Calendrier  musical  de  1789,  qu'il  était  alors  au 
nombre  des  professeurs  de  piano  de  Paris.  On 
ignore  l'époque  de  sa  mort.  Les  premiers  ou- 
vrages de  Légat  de  Furcy  avaient  été  des  cantates 
elcantatilles;  elles  avaient  obtenu  du  succès  dans 
le  monde;  il  se  persuada  dès  lors  qu'il  était  ap- 
pelé à  travailler  pour  le  théâtre,  mais  le  génie  de 
la  scène  lui  manquait.  Ce  fut  en  vain  qu'il  écrivit 
pour  l'Opéra  Philire ,  Apollon  et  Daphné ,  et 
pour  la  Comédie  Italienne  Le  Saut  de  Leucade, 


Le  Jardinier  de  Sidon  et  Palmyre  ;  les  direc- 
teurs de  ces  théâtres  éludèrent  sous  différents 
prétextes  la  représentation  de  ces  ouvrages.  Re- 
buté par  toutes  les  difficultés  qu'il  avait  rencon- 
trées ,  il  finit  pas  renoncer  à  sa  chimère',  et  se 
contenta  de  jouir  de  ses  faciles  succès  de  salon. 
La  Borde  donne  la  liste  suivante  de  ses  ouvrages  : 
1°  Pièces  de  clavecin,  non  gravées.  —  2°  Can- 
tates et  cantatillesen  grand  nombre,  entre  autres 
Le  retour  d'Églé,  Les  soupirs,  La  naissance 
de  Vénus,  L'éloge  de  la  voix,  etc.  —  3°  Six 
sonates  en  duos  pour  la  flûte ,  gravées.  — 
4°  Le  Saut  de  Leucade,  ou  les  Désespérés , 
opéra-comique,  non  gravé.  —  ô''  Palmyre  ,  ou 
le  Prix  de  la  Beauté,  idem.  —  6°  Les  Rendez- 
vous,  idem.  —  1°  Beaucoup  d'ariettes  gravées. 

—  8°  Deux  recueils  de  duos  à  deux  voix,  gravés. 

—  9°  Plusieurs  recueils  d'airs,  chansons,  ro- 
mances, avec  ou  sans  accompagnement,  gravés. 

—  10°  Solfèges  ou  leçons  de  musique,  f"  et  2e 
.parties;  Paris,  Naderman.  —   11°  Leçons    de 

Minerve,  romances  morales ,  liv.  1  et  2  ;  Paris, 
Naderman.  Légat'  de  Furcy  a  été  le  collabora- 
teur de  La  Borde  pour  son  Essai  sur  la  mu- 
sique. 

LEGEXDRE  (Jean).  Voyez  Gendre. 

LEGIPOXT  (Olivier),  moine  bénédictin 
du  couvent  de  Rayhroden,  près  de  Brunn ,  en 
Moravie,  passa  à  celui  de  Brzecnow  en  1744,  et 
mourut  à  celui  de  Saint-Maximin,  le  16  juin 
1758.  Ce  moine  (ut  un  des  hommes  les  plus  sa- 
vants lie  la  Bohème  dans  le  dix-huitième  siècle. 
On  a  de  lui  un  recueil  de  dissertations  intitulé  : 
Dissertationes  philologico-bibliographicx  :  in 
quibus  de  adornanda  et  ornanda  bibliofheca 
nec  non  de  manuscriptls,  librisque  rarioribus 
ac  prastantioribus  :  ac  etiam  de  archiva  in 
ordinem  redigendo,  veterumque  diplomatum 
criterio;  deque  rei  nummariœ  ac  musices  stu- 
dio, et  aliis  potissimum  ad  elegantiores  litteras 
spectantibus rébus disseratu}';  Nurem'jerg,  1747, 
in-4''.  La  cinquième  dissertation  de  cet  excellent 
livre  (p.  283)  est  intitulée  :  De  Musica,  ejusque 
proprietatibus ,  origine,  progressu ,  cultori- 
bus,  et  studio  bcne  instituendo. 

LEGNAIVl  (Louis),  guitariste  distingué,  né 
à  Milan,  vers  1790,  a  donné  des  concerts  dans 
cette  ville,  en  1819,  et  y  a  fait  admirer  son  ha- 
bileté extraordinaire.  Au  mois  d'octobre  1822  il 
arriva  à  Vienne,  où  il  séjourna  pendant  quelques 
mois.  Les  journaux  allemands  de  cette  époque 
déclarèrent  que  rien  ne  pouvait  être  comparé  aux 
prodiges  de  l'exécution  de  cet  artiste,  et  que 
Giuliani  lui-môme  ne  pouvait  entrer  en  lice  avec 
lui.  Pendant  les  années  1823  et  1824,  Legnani 
voyagea  pour  donner  des  concerts  ;  mais  en  1825 


LEGNANI    —  LEGREN7I 


V,?, 


il  se  fixa  à  Genève,  où  il  était  encore  en  1835, 
jouissant  de  l'estime  de  tous  les  artistes  et  de 
l'affection  des  principaux  habitants.  On  connaît 
sons  son  nom  des  duos  pour  gnitare  et  llùte, 
Vienne,  Leidesdorf;  environ  trente  œuvres  de 
solos  pour  guitare,  exercices,  rondos,  caprices 
et  variations,  remplis  de  grandes  diflicultés.  Le 
premier  oeuvre,  intitulé  Terramoio  con  varia- 
zioni,  a  été  publié  à  Milan  chez  Ricordi,  les  au- 
tres ont  [laru  cliez  le  même  éditeur  ;  à  Vienne,  chez 
Artaria  et  Leidesdorf;  à  Florence,  chez  Cipriani  ; 
à  Offenbach,  chez  André  ;  à  Paris,  chez  Riciiault. 

LEGRAIXD  (Jacques),  ou  GRAND,  en  latin 
Jacobus  Magnus,  ou  Magni,  moine  Augustin, 
naquit  vers  le  milieu  du  quatorzième  siècle,  à 
Toulouse,  enseigna  la  philosophie  et  la  théologie 
à  Padoue,  et  se  rendit  célèbre  par  ses  commentaires 
sur  la  philosophie  d'Aristole,  et  par  ses  interpréta- 
tions de  la  Bible.  Appelé  à  Paris,  il  y  brilla  comme 
prédicateur,  et  se  fit  remarquer  par  la  hardiesse 
avec  laqueile.il  prêcha  contre  les  vices  delà  reine 
(Isabeau  de  Bavière)  etcontreceux  des  courtisans. 
On  ignore  la  date  de  sa  mort,  mais  on  sait  qu'il 
vivait  encore  en  1422.  Au  nombre  de  ses  ouvrages 
on  remarque  celui  qui  a  pour  titre:  Sophologlum, 
ex  antiquorum  poetarum ,  o7ritorum  atque 
philosophorumgravibus  sententiis  coUcctum  ; 
Paris,  M.  Cranlz,  Ulrich  Gering  et  Michel  de 
Fribourg,  1475,  in-fol.  ;  ibid.,  1477,  in-4°  gothi- 
que. Le  second  livre  de  cet  ouvrage  traite  des 
sept  arts  libéraux,  particulièrement  de  la  mu- 
sique ,  mais  d'une  manière  toute  spéculative. 
Legrand  fit  lui-môme  une  traduction  française 
de  son  livre  pour  le  duc  d'Orléans,  sous  le  li- 
tre :  VArchiloque  Sophie,  ou  grand  discours 
de  la  sagesse.  La  bibliothèque  impériale  de  Pa- 
ris en  possède  plusieurs  manuscrits,  parmi  les- 
quels on  distingue  le  n"  6868,  in-fol.  max.,  d'une 
rare  beauté.  On  y  trouve  le  résumé  de  l'ouvrage 
par  l'auteur  :  Legrand  y  dit  :  «  Le  second  livre 
«  parle  des  sept  ars  libéraulx,  c'est  assavoir 
«  grammaire,  logique  ,  rhétorique ,  arismétique , 
<(  rausicq,  géométiie  et  astrologie.  » 

LEGRAND  (Guillaume),  né  le  5 mars  1770, 
à  Deux-Ponts,  se  rendit  en  1782  chez  un  oncle 
qu'il  avait  à  Munich,  et  y  reçut  des  leçons  de 
ïausch  pour  le  hautbojs.  En  1788,  il  fut  admis 
en  qualité  de  hautboïste  dans  la  musique  du 
prince  électoral  de  Bavière,  et  ce  fut  vers  ce  temps 
qu'il  commença  seul  l'étude  de  la  composition 
dans  les  partitions  des  maîtres  les  plus  célèbres  : 
plus  tard  ,  il  prit  des  leçons  d'harmonie  chez 
Joseph  Graîtz.  Chargé  par  son  oncle  de  la  com- 
position de  quelques  ballets ,  il  écrivit  la  mu- 
sique de  ceux  qui  ont  pour  titres  :  Le  Bal,  La 
Fcte  tyrolienne,  Le  Déluge  et  La  Caravane. 


En  1797  il  devint  chef  du  corps  des  hautboïstes 
des  différents  régiments  en  garnison  à  Munich. 
Il  a  obtenu  sa  retraite  vers  1825.  Parmi  les  œu- 
vres de  musique  instrumentale  de  Legrand,  on 
remarque  :  1°  Plusieurs  suites  d'harmonie  mili- 
taire pour  le  service  des  troupes  bavaroises.  — 
T  Six  pièces  d'harmonie  pour  fiùte,  2  clarinettes, 

2  cors  et  2  bassons,  liv.  1,  tirées  des  opéras  de 
Meyerbeer  et  Nicolini  ;  Leipsick ,  BreitKopf  et 
Hœrtel. —  3"  Six  pièces  idem,  liv. 2,  tirées  des  opéras 
de  Rossini,  Nicolini  et  Pacini,  ibid.  —  4*^  Plu- 
sieurs cahiers  de  danses  allemandes,  valses,  etc., 
pour  l'orchestre.  Legrand  a  eu  deux  frères, 
musiciens  distingués  attachés  à  la  musique  de  la 
cour  de  Munich;  le  premier  (Chrétien),  né  à  Deux- 
Ponts,  le  9  aoûtl775,  fut  élève  de  Kleinheinz  pour 
le  piano,  et  acquit  sur  cet  instrument  un  talent 
remarquable;  il  mourut  des  suites  d'une  maladie 
de  poitrine,  en  1793.  Le  plus  jeune  (Pierre),  né 
à  Deux-Ponts,  le  5  mars  1778,  fut  un  violoncel- 
liste de  mérite.  Admis  dans  la  musique  de  la 
cour,  en  1795,  il  a  obtenu  ensuite  un  congé,  et 
s'est  fait  entendre  avec  succès  à  Vienne,  à  Franc- 
fort, à  Strasbourg,  à  Nancy,  et  dans  plusieurs 
villes  des  bords  du  Rhin. 

LEGRENZl  (Jean),  maître  de  chapelle  de 
Saint-BIarc,  àVenise,  et  directeur  du  conservatoire 
dci  Mendicanti,  dans  la  même  ville,  fut  un  des  plus 
habiles  compositeurs  de  son  temps.  Né  vers  162i>, 
à  Clusone,  dans  les  environs  de  Bergame,  il 
fit  ses  éludes  musicales  dans  cette  ville,  oii  it 
devint  ensuite  organiste  de  Sainte-Marie-Majeure. 
De  là  il  alla  à  Ferrare  pour  y  remplir  les  fonp- 
lions  de  maître  de  chapelle  de  l'église  dcllo  Spi- 
rito  Santo.  Il  y  était  encore  en  1664.  JLn  1672. 
J.-Ph.  Krieger  le^trouva  à  Venise,  où  il  occupait 
la  place  de  directeur  du  Conservatoire,  dont  il  a 
a  été  parlé  ci-dessus.  Le  23  avril  1685 ,  il  suc- 
céda à  Natale  Monferrato  comme  maître  de  la 
cl'.apelle  ducale  de  Saint-Marc.  Il  mourut  dans 
cette  situation,  au  mois  de  juillet  1690.  Ce  fut 
Legrenzi  qui,  par  ses  demandes  aux  procurateurs 
de  Saint-Marc,  fit  donner  une  organisation  régu- 
lière à  l'orchestre  de  la  chapelle  et  augmenter 
le  nombre  des  symphonistes.  Cet  orchestre  fut 
composé  alors  de  la  manière  suivante  :  8  violons, 
11  petites  violes  ou  violettes  pour  les  deuxième 
et  troisième  parties  ;  2  violes  da  braccio  (ténors)  ; 

3  grandes  violes  da  gamba  et  violone  (contre- 
basse de  viole)  ;  4  théorbes  ;  2  cornets,  1  basson, 
3  trombones;  en  tout  trente-quatre  instrumen- 
tistes. Les  travaux  de  Legrenzi  pour  le  thrûtre  fu- 
rent presque  tous  destinés  à  celui  de  Venise.  Son 
premier  opéra  {Achille  in  Sciro)  y  lut  représenté 
en  1664,  et  Pertinace,  le  dernier,  fut  joué  eu 
168i.  Parmi  les  élèves  de  Legrenzi  on  compte 


LEGRENZI  -  LEHMANN 


Lotti  et  François  Gasparini.  11  parait  qu'il 
avait  embrassé  l'état  ecclésiastique,  car  ou  lit 
dans  une  lettre  insérée  au  Mercure  fjalant 
(mars  168.3,  p.  278)  :  «  Celui  qui  a  composé  la 
«  musique  de  la  pièce  intitulée  Les  deux  Césars, 
«  et  représentée  pendant  le  carnaval  à  Venise,  au 
«  théâtre  Saint-Luc,  est  Don  Giovanni  Legrenzi, 
«  pre'tre,  niaistre  de  la  musique  des  filles  de 
«  Saint-Lazare,  dites  communément  les  men- 
«  dkanles,  etc.  »  On  trouve  dans  cette  lettre 
quelques  détails  sur  les  chanteurs  qui  jouèrent 
dans  Topera  dont  il  est  ici  question.  Les  oeuvres 
de  musique  d'église  de  ce  maître  sont  :  \°  Con- 
certo di  Messe  e  Salnil  «  3  e  4  voci  con  vio- 
l/ni ;  Venise,  1654.  —  2°  Mottetti  «  2, 3  c  4  voci, 
ibid.,  1655.  —  S"  Sacri  e  festivi  Concerti 
Messe  e  Salmi  e  due  cori ,  con  istrumenii  ad 
libitum,  op.  9;  Venise,  Franc.  Magni,  1657. 
Il  y  a  une  deuxième  édition  de  cet  œuvre,  datée 
de  Venise,  1067.  —  4"  Motetti  a  5  voci,  op.  5; 
ibid.,  1660.  —  5°  Sentimenti  devoti  espressi 
colla  mnsica  a  2  e  3  voci.  Libri  primo  e  se- 
condo,  op.  G;  ibid.,  1660.  Il  y  a  une  autre  édi- 
tion de  cet  ouvrage ,  publiée  à  Venise,  che?.  Jo- 
seph Sola,  en  1683.  —  6'^  Compieie  con  litanie 
ed  antifone  délia  Beata  Virgine  Maria,  a 
5  voci,o]}.  7;  Venise,  Fr.  Magni,  1662. —  1°  Ac- 
clamazioni  divoie  a  voce  sola  ,  op.  il;  ibid., 
1688,  in-4°  obi.  —  8"  Idée  armoniche,  al  e  z 
voci,  op.  13;  in  Vcnezia,  app.  Fr.  Magni  e 
Cardano ,  1678.  —  9°  Motetti  sacri  a  voce 
sola  con  tre  stromenti,  op.  17  ;  ibid.,  1692,  in-4°. 
Les  opéras  de  Legrenzi,  au  nombre  de  dix-sept, 
sont  :  1°  Achille  in  Sciro,  à  Venise,  1664.  — 
2°  Zenobia  e  Radamisto  ;  Ferrare,  1665,  Brescia, 
1666  et  Vérone,  1667. —.  3"  Tiridate ;  \en\ie, 
1669.  —  4"  Eteoclc  e  PoUnice;  \hïà.,  1675.  — 
5"  La  Divisïone  del  Mondo;  ibiil.,  1675.  — 
6"  Adonein  Cipro;\h\A.,  1676.  — 7° Germanico 
sul  Beno  ;  ibid. ,  1 676.  —  8"  Totila  ;  ibid.,  1 677 .  — 
9''Antioco  ilGrande;Mii.,  iQ8l.  — iO" Il Creso; 
ibid.,  1681.  —  11-  Pausania;  ibid.,  1681.  — 
12°  Ottaviano  Cesare  Augusio  ;  Mantouc,  1682. 
— 13''  Lisimacco  ricamatoda  Alessandro ;  Ve- 
nise, 1682.  —  14°  /  due  Cesari;  ibid.,  1683.  — 
15°  Giustino;  ibid.,  1683.  —  16°  VAnarchia 
delV  Impero;  ibid.,  1683.—  17°  Publio  Elio 
Pertinace;  ibid.,  1684.  linfin  les  œuvres  de  mu- 
sique de  chambre  composés  par  Legrenzi  sont 
les  suivants  :  1°  Suonate  per  chiesa;  \en\se, 
1655.  —  2°  Suonate  da  chiesa  e  da  caméra 
«3;  ibid.,  1656.  —  3°  Una  muta  di  Suo- 
nate; 1604.  —  4°  Suonate  a  due  violini  e 
violone,  con  ilbasso  coniinuo  per  l'organo,  op. 
otlava;  ibid.,  1067.  — 5"  La  Cefra,  consegrata 
al  nome  immortale  délia  S.  Cesarea  R  M.  di 


Leopoldo  I,  in  sonate  n  2,  3,  4  stromenti, 
op.  10;  ibid.j  1673.  —  ù''XCantaie  a  voce  sola, 
lib.  1;  Venise,  i67i.— 7° EchidiReverenza, etc., 
in  XIV  cantate  a  voce  sola,  op.  14;  ibid., 
1679,  in-4°.  —  8°  Suonate  a  2  violini  et  vio- 
loncello;  ibid.,  1677.  — 6o  Suonate  da  chiesa 
e  àa  caméra  a2,3,  i,  5, 6  e  7  stromenti  con 
trombe  e  senza  overo  flauti,  libre  sesto , 
op.  17;  ibid.,  1693,  in-4°. 

LEGROS  (Joseph),  acteur  de  l'Opéra,  doué 
d'une  des  plus  belles  voix  de  ténor  élevé  (ap- 
pelées hautes-contre  )  qu'on  ait  entendues  en 
France,  naquit  le  7  septembre  1739,  au  villa;;e  de 
Monampteuil,  diocèse  de  Laon,  et  l'ut  d'abord 
enfant  de  chœur  dans  la  cathédrale  de  cette  ville. 
Rehel  et  Francœur,  qui  dirigeaient  l'Opéra  de 
puis  1757,  ayant  eu  connaissance  de  la  belle  voix 
de  Legros,  obtinrent  un  ordre  pour  le  faire  en- 
trer à  l'Opéra,  où  son  début  eut  lieu  en  effet  le 
l'^'^mars  1704,  par  le  rôle  de  Titon,  dans  l'o- 
péra de  Titon  et  V Aurore.  Acteur  un  peu  froid, 
il  ne  dut  d'abord  ses  succès  qu'au  timbre  admi- 
rable de  sa  voix;  sous  ce  rapport,  il  consola  lu 
public  de  la  perte  de  Jéliolte;  mais  dix  ans  plus 
tard  la  révolution  opérée  par  Gluck  dans  la  mu- 
sique dramatique  exerça  son  influence  sur  le  ta- 
lent de  Legros  ;  il  sentit  le  besoin  de  s'animer,  et 
joua  d'une  manière  satisfaisante  les  rôles  û'Or- 
phée,  à"* Achille,  de  Pylade,  de  Renaud  et  à'A- 
tijs.  Outre  ses  talent.s comme  acteur,  il  était  très- 
bon  musicien  et  s'était  livré  à  l'étude  de  la  com- 
position. En  1775,  il  refit,  avec  Désormery  père,  la 
musique  à'IIylas  et  Sylvie,  en  un  acte,  et  fit 
représenter  cet  ouvrage  à  l'Opéra.  Legros  était 
bel  homme,  mais  son  embonpoint  étant  devenu 
excessif,  il  fut  obligé  de  se  retirer  en  1783,  avec 
la  [)ension,  qu'on  accordait  alors  après  quinze 
ans  de  service.  Chargé  de  la  direction  du  Concert 
spirituel  en  1777,  il  garda  cette  entreprise  jusqu'à 
la  su|)pression  de  l'établissement  en  1791.  Alors 
il  se  relira  à  La  Rochelle,  où  il  est  mort,  le  20  dé- 
cembre 1793. 

LEGROS  (....),  fils  du  précédent,  né  à  Paris, 
vers  1770,  était  professeur  de  musique  à  Paris 
dans  les  premières  années  du  dix-neuvième  siè- 
cle, il  y  a  fait  imprimer  un  livre  qui  a  pour  litre: 
Le  Jeu  d'Apollon,  ou  nouvelle  méthode  pour 
apprendre  en  jouant  les  principes  de  la  mu- 
sique ;  Paris,  1804,  in-4°. 

LEHMAjVIV  (Antoine)  ,  facteur  d'çrgues  à 
Baiitzen,  vivait  dans  le  seizième  siècle.  En  1549, 
il  construisit  l'oigue  de  l'église  paroissiale  de 
Dantzick,  composé  de  trente  et  un  registres. 

LEHMANN  (Basile),  autre  facteur  d'orgues 
allemand,  de  la  même  époque,  construisit  en 
1543  celui  de  l'église  Sainte-Marie  à  Zwiclcau. 


LEHMAN  N 


257 


LEIIJ\IANÎ\  (Emmaniel)  ,  magister  et  rec- 
teur au  collège  d'Annaberg,  né  à  Sclieibenberg, 
dans  Ja  Misnie,  vers  le  milieu  du  dix-septième 
siècle,  a  publié  un  programme  académique  inti- 
tulé :  Programma  ad  acium  valcdictorium 
de  Musica,  Annaberg,  mai  1675. 

LEIIMANiX  (Chrétien),  frère  du  précédent, 
né  à  Scheibenberg,  le  2  décembre  1643,  y  (it  ses 
premières  études  de  musique  et  de  liltt-rature, 
puis  entra  en  1C58  à  l'école  Saint-Tliomas  deLeip- 
sick,  où  il  compléta  ses  connaissances  dans  le 
chant  et  la  composition.  Il  y  écrivit  plusieurs 
morceaux  de  musique  d'église.  En  1663  il  suivit 
les  cours  de  l'université;  deux  ans  après  il  alla 
à  Wittenberg,  où  il  fut  nommé  magister.  Il  suc- 
céda ensuite  à  son  père,  à  Scheibenberg.  Sa  prin- 
cipale occupation  dans  ce  lieu  fut  l'amélioration 
de  la  musique  d'église,  et  pour  atteindre  ce  but 
il  écrivit  plusieurs  services  complets  pour  les  di- 
manches et  fêtes,  qui  sont  restés  en  manuscrit. 
Nommé  pasteur  à  Annaberg,  en  1685,  il  fut  ap- 
pelé en  cette  qualité  k  Freiberg,  en  1697,  où  il 
mourut,  en  1723. 

LEHMANIV  (Gothilf-David),  facteur  de 
pianos  à  Dresde,  naquit  en  17C4,  à  Serkewitz, 
près  de  cette  ville.  Son  père  le  plaça  fort  jeune 
chez  Wagner,  pour  apprendre  les  principes  de 
la  bonne  facture  des  instruments,  pendant  le 
terme  de  six  ans.  Au  bout  de  ce  temps  Lebmann 
s'établit  lui-même  à  Dresde,  et  y  fabriqua  des 
clavicordes,  des  clavecins,  des  pianos  et  des  har- 
monicas. 

LESIMAN^  (Frédéric-Adolphe),  conseil- 
ler de  légation  à  Dessau,  vers  1801,  aupara- 
vant lieutenant  d'infanterie  au  service  de  l'élec- 
teur, passa  les  dernières  années  de  sa  vie  à  Halle. 
Simple  amateur  de  musique,  il  avait  pourtant 
étudié  dans  sa  jeunesse  l'art  d'écrire  avec  au- 
tant de  soin  qu'aurait  pu  le  faire  un  musicien  de 
profession,  et  l'on  dit  que  ses  premiers  ouvrages 
laissent  apercevoir  des  traces  de  ses  travaux  sco- 
lastiques  ;  mais  plus  tard  il  s'abandonna  davan- 
tage à  «ne  imagination  libre  dans  les  chansons 
allemandes,  où  il  a  occupé  le  premier  rang  jus- 
qu'il Schubert.  On  connaît  sous  le  nom  de  cet 
amateur  :  1°  Six  marches  à  grand  orchestre  on  en 
harmonie;  Leipsick,  Peters.  —  1°  Variations  pour 
le  piano  sur  l'air  allemand  :  Freut  euch  des 
Lebens  ;  Augsbourg,  Gombart.  —  3°  Douze  va- 
riations idein  sur  un  air  russe  ;  Pétersl'ourg.  — 
4"  Deux  marches  caractéristiques  pour  le  piano  ; 
Leijpsick,  Hoffmeister.  —  5''  Chants  à  4  voix; 
Berlin,  Nicolai.  —  6"  Chants  à  3  et  4  voix,  op.  7  , 
Leipsick,  Peters.  —  7"  Chansons  à  voix  seule,  avec 
accompagnement  de  piauo,  1"'  caliier;  Dessau, 
Menge,  vers  1703.  —  8°  Lfi  plainte  delà  jeune 

UiOCn.    UMV.   DES   MCSICIEiSS.  — T     V. 


fille,  de  Schiller,  idem;  Leipsick,  Dreitkopf  et 
Hœrtel,  1801 .  —9°  Douze  chansons  allemandes, 
idem  ;  ibid.,  1802.  —  10°  Petites  chansons,  idem  ; 
Leipsick,  Peters.  —  11°  Sept  chansons  anglaises 
et  allemandes  idem;  Dessau,  cl  ez  l'auteur.  — 
12°  Chansons  allemandes,  idem,  8c  recueil.  Halle, 
chez  l'auteur.  Il  a  paru  postérieurement  quelques 
autres  recueils  de  pièces  du  même  genre.  Leschan- 
sons  de  Lebmann  ont  obtenu  tant  de  succès 
après  1812,  qu'il  a  été  imprimé  quatre  éditions  de 
quelques-uns  de  ses  recueils. 

LEIIMA\JV  (  Jean-Traugott),  docteur  en 
philosophie  et  professeur  de  musique  à  Leipsick, 
est  né  en  1 782,  à  Neukirch,  près  de  Kœnigsbruck, 
dans  la  Lusace  supérieure.  Le  chant  et  la  guitare 
paraissent  avoir  occupé  particulièrement  cet  ar- 
tiste, llapublié  :  i°Neue  Guitarrensciiule,  oder 
die  einfackten  Regeln  die  Guitarre auch  ohnc 
Lehver  spielen  zu  lernen  (Nouvelle  école  de  la 
guitare,  etc.,  1'"'  partie)  ;  Leipsick,  Hofmeister. 
La  cinquième  édition  de  cette  première  partie  a 
été  publiée  en  1830.  La  deuxième  édition  de  la 
seconde  partie  a  paru  en  1812.  Il  a  été  fait  une 
traduction  française  de  eet  ouvrage,  sur  la  qua- 
trième édition  allemande  ;  elle  a  été  publiée  chez 
le  même  éditeur,  en  1826,  in-fol.  Il  a  paru  aussi 
un  abrégé  de  la  même  méthode,  sous  ce  titre  : 
Kleine  Guilarrenschule,  oder  Anweisung  die 
Guitarre  in  kurzer  Zeit  spielen  zu  lernen^ 
nebst  cinigen  Uebu7igstiichen,  in-i°  ;  Leipsick, 
Hofmeister,  1826.  —  2°  Grundl.  und  leicht- 
fassl.  Stimmen-sijstem ,  oder  Anweisung  wie 
ein  jeder  Fortepiano  oder  Clavier-Instru- 
mente  auf  die  beste  Art  stimmen  lan  (Sys- 
tème d'accord  naturel  et  facile,  ou  Instruction 
pour  accorder  par  la  meilleure  méthode  un  piano 
ou  tout  autre  instrument  à  clavier)  ;  Leipsick , 
Kolmann  ,  1827,  in-S".  —  3°  Anleitung  die 
Orgel  rein  und  richtig  stimmen  zu  lernen  und 
in  guter  Stimmung  zu  erhalten.  Nebst  ein 
ausfiihrl.  Beschreibvng  iiber  den  Bau  dcr 
Orgel  (Instruction  pour  apprendre  l'accord  pur 
et  régulier  de  l'orgue,  etc.  ;  suivie  d'une  descrip- 
tion détaillée  de  la  construction  de  cet  instru- 
ment) ;  Leipsick,  Breitkopf  et  Hœrtel,  1831,  grand 
in-8°  de  trente  et  une  pages.  —  4°  Chansons  al 
lemandes  à  voix  seule  avec  accompagnement  de 
piano;  Leipsick,  Hofmeister. 

LEilMANlX  (Laurent),  fécond  compositeur 
de  Lieder,  vécut  à  Berlin  depuis  1825  jusque  vers 
1845.  Il  paraît  qu'il  y  était  professeur  de  piano; 
mais  on  manque  de  renseignements  sur  sa  per- 
sonne. Ses  œuvres,  parmi  lesquelles  on  remar- 
que aussi  des  rondeaux  et  des  fantaisies  pour  le 
piano,  sont  au  nombre  d'environ  cinquante.  Ses 
Lieder,  dont  il  y  a  huit  recueils,  outre  un  grand 


•2Ô^ 


LEHMANN  —  LEIDESDORF 


nombre  qui  sont  détachés,  ont  été  publiés  à  Ber- 
lin et  à  Leipsick. 

LEIBi\lZ  (GoDF.FROiD-GuiLLAUME,  baroH 
DK),  illustre  philosopiie  et  malhématiclen,  naquit 
à  Leipsick,  le  3  juillet  1G46,  et  mourut  à  Hano- 
vre, le  14  novembre  1716,  à  l'âge  de  soixanle-dix 
ans.  L'histoire  de  la  vie  et  des  travaux  de  cet 
homme  célèbre  n'appartient  pas  à  la  Biographie 
des  musiciens;  on  la  trouve  complète  et  détail- 
lée dans  plusieurs  biographies  générales,  et  dans 
les  histoires  spéciales  des  mathématiques  et  de  la 
philosophie.  Ce  grand  homme  n'est  cité  ici  que 
pour  ce  qu'il  a  laissé  en  manuscrit  concernant 
l'histoire  de  la  musique,  le  rhythme,  et  les  prin- 
cipes mathématiques  de  la  théorie  de  la  musique  : 
ces  morceaux  se  trouvent  à  la  Bibliothèque  royale 
de  Hanovre,  et  n'ont  jamais  été  publiés,  Leib- 
niz a  donné  aussi  quelques  aperçus  sur  le  calcul 
des  intervalles  des  sons,  dans  une  lettre  du 
17  avril  1712,  adressée  à  Goldbuch,  et  qui  est 
la  154'  de  scR  Epistolx  ad  diversas.  C'est  dans 
celte  lettre  qu'il  a  placé  sa  fameuse  proposition  : 
Mxisica  est  exercithim  arithmeticx  occultum 
nescienfis  se  numerare  animi  :  proposition 
parfaitement  vraie  dans  une  conception  îrès-gé- 
aérale  de  l'art  et  de  la  science;  car  dans  la  créa- 
tion comme  dans  l'audition  de  toute  musique,  i! 
n'y  a  de  conception  possible  que  par  l'apprécia- 
tion immédiate  et  spontanée  d'une  multitude  de 
rapports  des  sons  ;  mais  dans  le  sens  fini  et  borné 
lie  la  justesse  absolue  et  invariable  des  inter- 
valles ,  que  lui  donnait  Leibniz,  elle  n'est  (foint 
admissible.  Doué  du  génie  le  plus  vaste,  et  d'ail- 
leurs bon  musicien  et  jouant  de  plusieurs  instru- 
ments, Leibniz  aurait  eu  tout  ce  qu'il  fallait  pour 
porter  la  lumière  dans  la  théorie  de  la  musique, 
s'il  eût  connu  la  constitution  des  diverses  tonalités 
et  leurs  conséquences. 

LEIBROClî  (Joseph-Adolphe),  composi- 
teur, né  à  Brunswick,  le  8  janvier  1808,  est  fils 
d'Auguste  Leibrock,  littérateur  qui  a  joui  de 
quelque  réputation  en  Allemagne.  Dès  son  en- 
fance il  étudia  la  musique,  et  y  lit  de -rapides  pro- 
grès. Maucourt  {voyez  ce  nom)  lui  enseigna  le 
violon,  et  Gœdeke,  musicien  de  la  chapelle 
royale, lui  donna  des  leçons  de  violoncelle. Pen- 
dant qu'il  se  livrait  à  l'étude  de  ces  instruments, 
il  suivit  les  cours  de  théologie  à  l'université. 
Plus  tard,  il  obtint  un  place  de  violoncelliste  à 
la  chapelle  de  Brunswick  ;  mais  il  ne  se  borna  pas 
au  talent  de  l'exécution  :  la  composition  et  l'étude 
de  la  théorie  de  la  musique  devinrent  aussi  les 
objets  sérieux  de  ses  études.  En  1840  il  accepta 
la  place  de  directeur  de  musique  du  théâtre  de 
Katisbonne.  Son  premier  ouvrage  important  fut 
une  ouverture  triomphale  Uubel-oxiverture) , 


en  ut,  qui  fut  publiée  à  Brunswick,  en  1838.  Il 
écrivit  ensuite  la  musique  du  mélodrame  intitulé 
Sechzehn  Jahre  (Seize  ans),  plusieurs  autres 
ouvertures,  des  quintettes  pour  instruments  à 
cordes,  et  des  Lieder. 

LEICIIT  (....),  facteur  de  pianos  à  Brcsiau, 
né  à  Piisen,  dans  la  Bohème,  en  1790,  api)rit 
d'abord  la  profession  de  menuisier,  puis  entra 
chez  Weiss,  facteur  d'instruments  à  Prague,  qui 
lui  enseigna  les  principes  de  son  art.  Plus  tard  il 
visita  Vienne,  Ratisbonne,  Dresde  et  Berlin,  tra- 
vaillant dans  chacune  de  ces  villes  chez  les  plus 
habiles  facteurs,  pour  augmenter  ses  connais- 
sances. En  1815  il  s'établit  à  Breslau  ,  et  depuis 
ce  temps  il  .s'est  fait  connaître  avantageusement 
par  la  bonne  qualité  de  son  et  le  fini  du  méca- 
nisme de  ses  grands  pianos. 

LEIDEL  (François),  virtuose  sur  le  liaut- 
'nois ,  la  llûteetla  clarinette,  naquit  en  1761,  a 
Schwarz-ivostelecz ,  dans  la  Bohème.  Après  avoir 
appris  dans  son  enfance  les  éléments  de  la  mu- 
sique à  l'école  de  Bistritz,  il  entra  au  monastère 
de  Seelau  comme  enfant  de  chœur  et  pour  y 
faire  ses  humanités;  ensuite  il  alla  étudier  la 
rhétorique  chez  les  piarisles  de  Prague,  et  il  fit 
sa  philosophie  à  l'université  de  cette  ville.  Déjà, 
lorsqu'il  était  à  Seelau,  il  avait  appris  à  jouer  de 
plusieurs  instruments;  mais  lorsqu'il  fut  arrivé 
dans  la  capitale  de  la  Bohême,  il  prit  la  résolu- 
tion de  se  livrer  exclusivement  à  la  musique,  et 
dès  lors  il  fit  des  études  sérieuses  sur  la  flûte, 
la  clarinette  et  le  hautbois,  qui  le  conduisirent  à 
la  possession  d'un  talent  de  premier  ordre,  par- 
ticulièrement sur  le  dernier  de  ces  instruments. 
En  1S03  il  réunissait  les  places  de  première 
fiùteetde  premier  hautbois  de  l'église  métropo- 
litaine de  Prague.  On  ignore  si  cet  artiste  a 
laissé  quelques  compositions  en  manuscrit. 

LEIDESDORF  (M.-J.),  pianiste  et  com- 
positeur, né  vraisemblablement  à  Vienne  ,  a  été 
éditeur  et  marchand  de  musique  en  celle  ville 
jusque  vers  1827.  Il  se  fixa  alors  à  Florence,  où 
il  était  estimé  pour  son  talent  et  pourson  carac- 
tère bienveillant  autant  qu'honorable.  Il  est  mort 
dans  cette  ville,  le  20  septembre  1839.  Il  avaiÈ 
fait  exécuter  à  Florence,  en  1829,  Esther,  ora- 
torio à  4  voix  ,  avec  chœurs  et  oichestre.  On 
évalue  à  plus  de  cent  cinquante  œuvres  le 
nombre  de  compositions  de  tous  genres  publiées 
sous  son  nom  ;  elles  ne  sont  pas  connues  en 
France,  mais  elles  ont  du  succès  en  Allemagne 
chez  les  amateurs.  Les  critiques  reprochent  des 
négligences  au  style  de  Leidesdorf.  Les  prin- 
cipaux ouvrages  de  cet  artiste  sont  :  1°  Premier 
concerto  pour  piano,  op.  100;  Vienne,  Hasiinger. 
—  2"    Grand    quintette  pour    piano,    violo». 


LEIDESDORF  —  LEJEUNE 


259 


clarinette ,  violoncelle  et  contrebasse,  op.  6fi  ; 
Leipsick  ,  Breitkopf  et  Hicrlel.  —  3"  Rondo  bril- 
lant pour  piano,  flûte,  clarinette,  alto  et  violon- 
celle, op.  128;  Vienne,  Artaria.  — 4°  Quatuor 
pour  piano,  violon,  alto  et  basse,  op.  123; 
Vienne,  Cappi.  —  5"  Trio  pour  piano,  violon  et 
violoncelle,  op.  70;  Vienne,  Artaria.  —  6°  So- 
nates pour  piano  et  violon,  op.  47,  48,  G3,  74, 
133;  Vienne  et  Leipsick.  — 7"  Sonates  pour 
piano  seul,  op.  30,  50,67,  72,  75,  H2,  134  ;  ibid. 
Leidcsdorf  a  écrit  un  très-grand  nombre  de 
variations,  pots-pourris,  divertissements,  ron- 
deaux, caprices,  bagatelles,  etc. 

LEIDIA'G  (GE0R<;ES-TnÉOD0RE),  organiste 
à  Brunswick ,  naquit  à  Biicken ,  dans  le  c«mté 
de  Hayn,  le  23  février  1G64.  Son  père,  écuyer 
dans  les  troupes  françaises,  s'était  distingué 
pendant  la  guerre  de  Trente  ans  sous  !e  comman- 
dement du  duc  de  Weimar.  Le  jeune  Leiding 
entra,  à  l'âge  de  quinze  ans,  chez  l'organiste  de 
la  cour  de  Brunswick,  Jacques  Bœisclie,  et  reçut 
ses  instructions  pendant  cinq  ans.  En  1684  il  fit 
«n  voyage  à  Hambourg  pour  y  entendre  Reincke 
et  Buxtchude;  pendant  son  séjour  en  cette  ville, 
il  reçut  une  lettre  de  Bcelsclie,  qui  était  malade, 
et  qui  l'invitait  à  aller  le  remplacer  dans  ses 
Jonctions.  Leiding  se  rendit  au  désir  de  son 
maître.  Bcelsclie  mourut  peu  de  temps  après,  et 
son  élève  lui  succéda  dans  la  place  d'organiste 
de  Saint-Ulrich.  Plus  tard  Leiding  y  réunit  les 
places  d'organiste  de  Saint-Biaise  et  de  Saint- 
Magnus  :  il  les  garda  jusqu'à  sa  mort,  qui  arriva 
le  10  mai  1710.  Uavaitéludié  la  composition  sous 
la  direction  de  Theile,  et  a  laissé  en  manuscrit 
tieaucoup  de  |)ièces  declavecin  et  d'orgue.  —  Son 
fils,  Otiion- Antoine  Leiding,  lui  succéda  dans  ses 
emplois,  et  mourut  le  16  mai  1740. 

LEIGHTOM  (William),  compositeur  an- 
glais, vécut  à  Londres  au  commencement  du 
dix-septième  siècle.  Il  s'est  fait  connaître  par 
une  collection  de  musique  religieuse  à  quatre  et 
cinq  voix,  qui  a  pour  titre  :  The  Tears,  or 
Lamentations  of  a  sorrowful  soûle  (Les  lar- 
mes et  lamentations d'imeàme  repentante); Lon- 
dres, 1GI4,  in-fol.  Outre  les  pi^èces  de  Leigliton 
on  trouve  dans  ce  recueil  des  compositions  de 
J.  Dowland,  Joli»  Milton  (père  du  poète),  Ro- 
bert Johnson  ,  Tliomas  Forde,  Kdmond  Hooper, 
Alphonse  Ferrahosco,  Robert  Kindersley,Nalha- 
niel  Giles,  J.  Coperario  (Cowper),  John  Bull, 
William  Bird,  Robert  Jones,  J.  Wilhye,  J.  Ward, 
Thomas  Weelkes,Orl.  Gibbons,  Martin  Pearson, 
Tliomas  Lupo,  Fr.  Pilkinlon,  et  Tiiimolphus 
Thoopeel. 

LEISRING  (Volkmar),  né  dans  la  seconde 
moitié  du  seizième  siècle,  à  €ebstaedt,  près  de 


Buttstœdt,  dans  la  Thuringe,  fit  ses  études  à 
Jéna  ,  et  (ut  nommé  en  ir,i7  recteur  à  Sclikœ- 
len,  près  de  Naumbourg.  En  loioil  fut  pasteur 
àNohra,  près  de  Weimar,  et  dans  l'année  1028 
il  alla  remplir  les  mêmes  fonctions  à  Buchfurlh, 
où  il  mo«rut,  en  1637.  Cet  ecclésiastique  (ut  bon 
musicien,  et  l'on  connaît  de  lui  plusieurs  compo- 
sitions où  il  y  a  du  mérite.  Il  a  publié  :  1°  Épi- 
thalame  tiré  du  26*^  chapitre  de  Siitich;  Jéna, 
1609.  —  2°  Cymbalum  Davidicum  4,  5,  6  et 
8  vocum,o\\  psaumes  Latins  et  allemands  ;  Jéna, 
1611.  Une  deuxième  édition,  augmentée  de  plu- 
sieurs pièces,  a  été  publiée  à  Erfurl,  en  1C12.  — 
3°  Épithalames  latins  et  allemands  à  4 ,  5  et  8 
voix  ;  Erfiirt,  1624.  —  4"  St renop h aniœ^  con^is- 
tant  en  21  chants  latins  et  allemands,  Erfurt, 
1628. 

LEISTER  (Joachjm-Frédéric),  composi- 
teur et  critique,  né  à  Wittstock,  vers  1740,  fut  at- 
taché en  1670,  comme  rédacteur,  au  Correspon- 
dant impartial  de  Hambourg,  dans  lequel  il  a 
inséré  beaucoup  de  bons  articles  concernant  la 
musique.  Il  occupait  encore  la  même  position  en 
1795.  J'ignore  si  c'est  le  même  artiste  qui,  après 
avoir  quitté  Hambourg,  se  serait  rendu  à  Vienne, 
où  il  aurait  publié,  sous  le  nom  de  F.  Leister^  des 
solos  et  des  duos  pour  la  flûte,  chez  Haslinger, 
Artaria,  Cappi,  au  nombre  d'environ  quarante 
œuvres. 

LEJEUNE  (Claude),  connu  sous  les  noms 
de  Claudin.Lejeune,  on  mnp\emenl  de  Clau- 
din,  fut  un  musicien  célèbre,  et  naquit  à 
Valenciennes.  J'ai  dit,  dans  mon  Mémoire  sur  les 
musiciens  néerlandais  (p.  41),  qu'il  vit  le  jour 
vers  1528  ;  mais  cette  date  paraît  trop  reculée 
pour  l'époque  de  ses  premières  publications;  il 
paraît  plus  vraisemblable  qu'il  naquit  vers  1540. 
Quelques  auteurs  ont  confondu  Lejeune  ,  désigné 
seulement  par  le  nom  de  Claudia,  avec  Claude 
de  Sermisy,  maître  de  chapelle  de  François  I*% 
dont  les  compositions  sont  aussi  placées  sous  le 
nom  de  Claudin  ,  <lans  les  recueils  de  motets 
publiés  par  Attaingnant  (livre  7«,  Paris,  1533; 
livre  10^,  Paris,  1534;  livre  11*,  ibid.),  dans 
les  f'  et  3*  livres  de  Chansons  musicales  à 
quatre  parties,  mis  au  jour  par  le  même  édi- 
teur en  1529  et  1530,  et  dans  d'autres  recueils. 
Mais  l'erreur  est  manifeste,  car  si  Claude  Le- 
jeune avait  été  déjà  au  nombre  des  musiciens 
dont  on  recueillait  les  compositions  en  1529,  il 
est  évident  qu'il  n'aurait  pu  être  maître  de  la 
musique  du  roi  de  Fiance  eii  159S,  comme  on  le 
verra  plus  loin ,  c'est-à-dire  environ  soixante- 
dix  ans  après  (1).  Varillas  s'est  trompé  d'une 

(1)  Pacqiiot  est  un  de  ceui  (jui  se  sont  trompés  à  ce  su- 
jeti  il  dit,  dans  le  prcoiier  volume  de  ses  Mémoires  Ut- 

17. 


260 


LEJEUNE 


manière  plus  singulière  encore  lorsqu'il  a  dit  dans 
son  Histoire  de  Charles  IX  (liv.  9,  p.  472,  édi- 
tion de  Paris,  in- 12,  1684)  :  «  Mandeiot  se  mit 
«  inutilement  en  devoir  d'empêcher,  à  Lyon,  le 
«  massacre  de  treize  cents  calvinistes  et  surtout 
«  de  l'incomparable  musicien  Goudimel  ,  connu 
«  sous  le  nom  de  Claudin  Le  jeune.  »  Cet  écri- 
vain est  le  seul ,  je  crois,  qui  a  fait  celte  faute. 
Il  y  a  aussi  de  l'incertitude  chez  quelques  auteurs 
sur  le  véritable  nom  de  famille  de  l'artiste  dont  il 
s'agit;  car  plusieurs  semblent  croire  que  ce  nom 
était  Claudin,  puisqu'ils  n'y  ajbutent  le  jeune 
que  comme  un  adjectif  qui  aurait  servi  à  le  dis- 
tinguer de  l'ancien  Claudin  (Claude  de  Sermisy). 
11  est  même  remarquable  que  Thomas  d'Embry, 
ou  d'Ambry,  ami  de  Claude  Lejeune,  ne  le  dé- 
signe point  autrement  dans  une  anecdote  du 
commentaire  sur  la  vie  d'Apollonius  (1).  Toule- 
fois ,  il  est  certain  que  Claudin  n'était  que  le 
prénom  et  Lejeune  le  nom  de  famille  du  compo- 
siteur ;  car  le  premier  n'est  mis  qu'en  abrégé  au 
titre  de  la  plupart  de  ses  ouvrages,  par  exemple 
C,  CL,  ou  Claud.,  tandis  que  l'autre  est  en- 
tier; et,  ce  qui  est  plus  décisif  encore,  les  psau- 
mes de  Claudin,  publiés  en  1608,  après  sa  mort, 
sont  dédiés  au  duc  de  Bouillon,  prince  de  Se- 
dan, par  sa  sœur,  qui  signe  son  épître  :  Cécile 
Lejeune.  D'ailleurs ,  d'Embry  lui-même  s'est 
servi  du  nom  de  Lejeune  dans  une  ode  sur  la 
musique  de  son  ami ,  placée  en  tête  du  recueil  de 
ce  compositeur  intitulé  Le  Printemps.  Il  y  dit  : 

Lejeune  a  faict  en  sa  vieillesse 
Ce  qu'une  bien  g.iye  jeunesse 
N'oseroit  avoir  entrepris! 

Et  les  éditeurs  de  ce  recueil  s'expriment  ainsi, 
dans  leur  avis  au  lecteur  :  «  Je  t'ay  bien  voulu 
«  advertir  que  l'intention  de  messieurs  de  Baïfet 
«  Lejeune  estoit  de  faire  imprimer  ces  vers 
«  mezuréz  en  l'ortographe  propre,  etc.  » 

Lejeune  n'était  vraisemblablement  pas  en 
France,  ou  du  moins  à  Paris  ou  à  Lyon  en  1572, 
époque  de  la  Saint-Barthélémy,  car  il  échappa  au 
massacre  de  cette  journée ,  et  l'on  a  vu  plus 
haut  que  Varillas  s'est  trompé  à  cet  égard  ;  mais 
il  était  certainement  à  la  cour  de  Henri  III  en 
1581 ,  car  il  écrivit  alors  de  la  musi(iue  pour  les 
noces  du  duc  de  Joyeuse  avec  mademoiselle  de 
Vaudemont;  c'est  à  cette  occasion  que  Thomas 
d'Embry.'sonami,  rapporte  l'anecdote  suivante: 
«J'ai  quelquefois  ouï  dire  au  sieur  Claudin  Le- 
«  jeune,  qui  a,  sans  faire  tort  à  aucun,  devancé 
«  bien  loin  tous  les  musiciens  des  siècles  précé- 

téraires  :  «  Claudin  Lejeune,  né  à  Valenciennes,  dans  le 
seizième  siècle,  vécut  en  France  du  temps  de  François  1". 
il)  Llv.  l.chap.  XVI,  p.  822.  I 


«  dents ,  dans  l'intelligence  de  ces  modes  (  phry- 
«  gienet  hypophrygien),  qu'il  fut  chanté  un  air, 
«  qu'il  avait  composé  avec  les  parties,  aux  ma- 
«  gnificences  qui  furent  faites  aux  notes  du  feu 
«  duc  de  Joyeuse  du  temps  d'heureuse  mémoire 
«  de  Henry  III,  roy  de  France  et  de  Pologne,  que 
«  Dieu  absolve,  lequel,  comme  on  l'essayoit  en 
'1  un  concert  qui  se  lenoit  particulièrement,  fit 
"  mettre  la  main  aux  armes  à  un  gentilhomme 
«  qui  estoit  là  présent,  si  qu'il  commença  à  jurer 
«  qu'il  luy  estoit  impossible  de  s'empescherdes'en 
«  aller  battre  contre  quelqu'un  ;   et  qu'alors  on 
«  commença  à  chanter   un  autre  air  du  mode 
«  sous-phrygien,  qui  le  rendit  tranquille  comme 
«  auparavant  :   ce  qui  m'a  été  confirmé  encore 
«  depuis  par  quelques-uns  qui  y  assistèrent,  tant 
«  la  modulation,  le  mouvement  et  la  conduite 
«  des  voix,  conjoints  ensemble,  ont  de  force  et 
«  de  puissance  sur   les  esprits.    »  Quoi  qu'il  en 
soit  de  l'exactitude  de    l'anecdote  ,    le  récit  de 
d'Embry  ne  laisse  point  de  doute  sur  la  considé- 
ration qui  s'attachait  en  France  aux  œuvres  et 
au  nom  de  Claude  Lejeune.  Après  la  mort  de 
Henri  III,  cet  ailiste  passa  au  service  de  Henri  IV, 
ainsi  que  le  prouvent  les  titres  de  ses    ouvrages 
imprimés  à  La  Rochelle  en  1598,  et  à  Paris  en 
1606,'1608  et  1612.  Le  P.Mersenne  rapporte  une 
curieuse  anecdote  sur  le  danger  que  coururent 
Claude  Lejeune  et  ses  meilleurs  ouvrages  pen- 
dant la  guerre  de  la  Ligue  contre  Henri  IV,  et  sur 
les  secours  que  Mauduit  (voyez  ce  uom)  leur 
porta  dans  celte  circonstance.  Pendant  le  siège 
de  Paris,  dit-il ,   Claudin  Lejeune  s'enfuyait  par 
la  porte  Saint-Denis,    emportant  ses  composi- 
tions, non  encore  publiées,  notamment  le  Dode- 
cachorde  (voyez  ci-après,  n"2).  Il  fut  arrêta 
par  des  soldais  de  la  Ligue,  et  ce  fut  Mauduit 
qui  arrêta  le  bras  du  sergent  au  moment  où  ce- 
lui-ci lançait  toutes  ces  compositions  dans  le  feu 
du  corps  de  garde!  «  car,  comme  il  (Mauduit) 
«  estoit  de  la  justice,  et  reconnu  savant  en  mu- 
«  sique,  il   persuada  aisément  à  la  soldatesque 
«  de  lui  remettre  le  tout  entre  les  mains,  laissant 
«  immoler  à  leur  zèle  la  confession  de  foy  hu- 
«  guenotte  et  séditieuse  de  Claudin ,  signée  de  sa 
«  main  et  fulminante  contre  la  Ligue, qui  n'estoit 
«  rien  moins,  en  ce  rencontre,  que  l'arrest  de  sa 
«  mort,  et   sans  doute  prochaine,   si  Jacques 
«  Mauduit  ne  s'y  fût  rencontré,  qui  leur  fit  en- 
c.  tendre    qu'il   déchiffreroit  cette  musique,   et 
«  connoistroit  dans  peu  d'heures  s'il  y  avoit  rien 
«  contre  le  service  de  la  ville ,  et  pour  ce  sujet  il 
«  demanda  le  prisonnier  pour  y  eslre  confronté, 
«  ce  qu'on  luy  accorda  sur  sa  preud'hommie,  et 
«  à  la  faveur  du  capitaine  son  amy ,  avec  qnel- 
«  ques  gardes,  qui  l'escortèrent  jusques  au  lieu 


LE.TEUNE 


2ni 


R  de  seureté,  où  il  termina  cetfe  affaire  fort  adroi- 
«  tement  »  (Harm.  Univ.,  liv.  7<",  p.  05).  Le- 
jeune  avait  le  titre  de  compositeur  de  la  chambre 
du  roi ,  tandis  que  du  Caurroy  était  maître  de  la 
chapelle.  J'ai  lu  quelque  part  qu'après  la  décla- 
ration de  Louis  XIII,  datée  du  15  septembre 
1612,  qui  défendait  aux  réformés  de  s'assembler 
sans  une  permission  expresse,  Lejeune,  zélé 
protestant ,  se  retira  de  la  cour,  et  qu'il  alla  en 
Hollande,  où  il  mourut,  peu  de  temps  après;  mais 
ces  renseignements  ne  sont  point  exacts,  car 
l'ode  de  Thomas  d'Embry  ou  d'Ambry,  que  j'ai 
citée  plus  haut,  et  qui  est  impNmée  au  commence- 
ment du  recueil  intitulé  Le  Printemps,  publié 
à  Paris  en  1C03,  a  pour  titre  :  Ode  sur  la  mu- 
sique de  défunct  sieur  Claudin  Lejeune.  La 
véritable  date  de  la  mort  de  cet  artiste  célèbre 
se  trouve  donc  entre  les  années  159S  et  1G03.  Un 
autre  éclaircissement  résulte  d'un  passage  déjà 
cité  de  cette  ode;  c'est  que  Lejeune  était  déjà 
avancé  en  âge  quand  il  a  composé  les  pièces  de 
son  recueil  de  printemps. 

Lejeune  a  faict  en  sa  vieillesse,  etc. 

Or,  on  ne  dit  pas  d'un  homme  qu'il  est  en  sa 
vieillesse  s'il  n'a  au  moins  soixante  ans;  il  ne  pa- 
raît donc  pas  qu'on  puisse  placer  l'époque  de  sa 
naissance  plus  tard  que  1C04.  On  a  vu  plus  haut 
que  ce  musicien  avait  embrassé  le  calvinisme; 
mais  il  est  vraisemblable  qu'il  n'appartint  pas 
toujours  à  la  religion  réformée,  car  Pierre  Bal- 
lard  a  publié  après  sa  mort  une  messe  à  cinq  et 
à  six  voix,  de  sa  composition,  qu'on  avait  trou- 
vée dans  ses  papiers. 

Examinant  les  fondements  de  la  grande  répu- 
tation dont  Claude  Lejeune  a  joui  en  France, 
Burney  pense  que  cet  artiste  a  été  plutôt  un  mu- 
sicien savant  et  laborieux  qu'un  homme  de  gé- 
nie (A  General  HistoryofMusic,i.  3,  p.  266); 
mais  c'est  précisément  le  contraire  qui  est  vrai. 
Quoique  Lejeune  ait  conservé  dans  quelques- 
imes  de  ses  productions  les  formes  canoniques 
et  le  style  d'imitations  fuguées  des  maîtres  du 
seizième  siècle,  il  est  souvent  incorrect  dans  sa 
manière  d'écrire.  On  trouve  dans  sa  musique 
beaucoup  de  dissonances  résolues  par  saut ,  d'en- 
jambements de  parties,  et  de  sauts  de  sixtes 
majeures  dans  les  voix ,  qui  indiquent  des  études 
légèrement  faites  dans  l'art  d'écrire;  mais  il  y 
a  du  goût  dans  le  choix  des  motifs  de  ses  chan- 
sons françaises,  et  une  certaine  élégance  dans 
celui  des  repos  et  des  rentrées  des  dilférenles 
parties  :  en  un  mot,  plus  d'instinct  que  de  savoir. 
Au  surplus  ,  le  mérite  de  ce  musicien  a  été  exa- 
géré par  ses  contemporains  de  la  cour  de  France  : 
6€s  ouvrages  ne  peuvent  soutenir  la  comparai- 


son avec  ceux  des  bons  maîtres  de  l'école  ro- 
maine de  ce  temps,  et  sous  le  rapport  de  l'in- 
vention, ils  sont  inférieurs  à  ceux  des  composi- 
teurs vénitiens ,  de  Lassus ,  et  môme  de  quelques 
anciens  comi)osite'irs  français,  tels  que  Arcadet , 
et  .surtout  Clément  Jannequin.  Claude  Lejeune 
et  Du  Caurroy  commencent  l'époque  de  décadence 
de  l'école  française,  quoiqu'un  poète  ait  dit  à 
Claudin  ; 

Qui  son  esprit  ne  sattsfall 

En  tes  chants  si  pleins  de  merveilles 

S'il  n'est  un  âne  tout  à  fait. 

Il  en  a  du  moins  les  oreilles. 

Les  psaumes  à  quatre  et  cinq  parties  de  sa 
composition  ont  eu  beaucoup  de  succès,  et  l'on 
en  a  fait  plusieurs  éditions  et  des  traductions 
anglaises  et  hollandaises  à  Paris,  Genève,  Leyde, 
Amsterdam,  Londres,  etc.  Ces  psaumes  sont 
écrits  presque  tous  en  contiopoint  simple  de 
note  contre  note,  sur  les  mélodies  du  culte  pro- 
testant placées  dans  la  partie  du  ténor,  comme 
dans  les  psaumes  de  Goudimel;  mais  ceux-ci  sont 
mieux  écrits.  On  a  ajusté  sur  la  même  musique 
la  version  allemande  d'Ambroise  Lobwasser.  Je 
possède  un  exemplaire  magnifique  de  cette  ver- 
sion, imprimée  à  Amsterdam,  chez  Louis  Elze- 
vier,  en  1640,  in-12.  Au  frontispice  gravé  se 
trouve,  à  coté  de  David  et  des  principaux  per- 
sonnages du  culte  réformé,  le  portrait  de  Le- 
jeune. Les  différentes  voix  sont  imprimées  en 
regard  dans  ce  volume. 

Tout  ce  que  j'ai  pu  retrouver  des  œuvres  de 
Claude  Lejeune  se  compose  de  la  liste  suivante  : 
i" Livre  de  mélanges  de C.  Lejeune  à  4,  5, 6  et 
8  voix^  à  Anvers,  de  l'imprimerie  de  Christophe 
Plantin,  1585,  6  vol.  petil  in-fol.  Je  crois  qu'il  a 
dû  y  avoir  une  édition  antérieure  de  cet  ouvrage, 
qui  contient  des  chansons  françaises  à  4,  5,  6  et 
8  parties,  des  madrigaux  italiens  à  4,  5  et  6  voix, 
des  motets  latins  à  5,  6  et  8,  et  un  écho  a  10  par- 
ties. 11  a  été  publié  une  autre  édition  du  même 
recueil  à  Paris,  chez  Pierre  Ballard,  1607,  6  vol. 
in-4''  obi.  — 2°  Recueil  de  plusieurs  chan- 
sons et  airs  nouveaux  mis  en  musique  par 
Cl.  Le  Jeune  ;  Paris,  Adrien  Le  Roy  et  veuve 
Ballard,  1594,  in-16  obi.  —  3°  Dodecacorde 
contenant  douze  psaumes  de  David  mis  en 
musique  selon  les  douze  modes  approuvez  des 
meilleurs  autheurs  anciens  et  modernes,  à 
1,  3,  4,  5,  0  e<  7  voix,  par  Claud.  Lejeune, 
compositeur  de  lamusique  de  la  chambre  du 
roy.  A  la  Rochelle  par  Hi^rosme  Haultin, 
159»,  6  vol.  in-4°,  obi.  Les  paroles  de  ces  psau- 
mes sont  tirées  de  la  traduction  française  de  Cl. 
Maiot.  Cet  ouvrage  est  ua  des  meilleurs  et  des. 


262 


LE.TEUNE  —  LEIXMANrï 


mierrx  écrits  de  Clauile  Lejcune  :  la  forme  des 
psaumes  est  développée  dans  la  manière  des 
motets  italiens.  On  trouve  dans  cet  œuvre  te 
portrait  gravé  en  bois  de  Claude  Lejeune  déjà 
âgé,  car  la  tète  est  chauve  et  la  barbe  blanche.  Ce 
portrait  a  été  reproduit  au  burin  par  Hawkins, 
dans  son  Histoire  générale  de  la  musique  (t.  3, 
p.  204).  H  a  été  fait  une  deuxième  édition  de  ces 
psaumes,  à  Paris,  chez  Pierre  Ballard,  1608, 
C  vol.  petit  in-4''  obi.,  et  une  troisièn>e,  à  Paris, 
chez  le  même,  16ÎS,  6  vol.  petft  in-4°  obi. 
—  4°  Le  Printemps  de  Claud.  Lejeune,  natif 
de  Valencicnnes,  compositeur  de  la  musique 
de  la  chambre  du  roij,  à  1,  3,  4,  5,  6,  7  et  8 
parties,  à  Paris,  par  la  veuve  R.  Ballard,  et  son 
fils  le  même  1G03 ,  6  vol.  petit  in-4''  obi. 
Les  vers  de  ce  recueil  sont  de  Baif.  Il  paraît  que 
Lejeune  avait  laissé  des  pièces  pour  les  autres  sai- 
sons, car  l'éditeur  dit,  dans  son  avis  au  lecteur  : 
Reste  maintenant  à  te  supplier  de  recevoir  ce 
printemps  avec  ses  belles  et  diverses  fleurs, 
espérant  les  fruit::,  des  autres  saizons  que  je 
te  présenterai/  le  plustost  qu'il  me  sera  pos- 
sible; cependant  je  ne  crois  pas  que  les  autres 
suites  aient  été  publiées.  —  5°  Missa  ad  placi- 
tum,  auctore  Claud.  Lejeune,  cum  quinque 
et  sex  vocibns;  Parisiis,  ex  offic.  Pet.  Ballard, 
1607,  in-fol.  hc  Kyrie,  le  Gloria  et  le  Sanctus 
sont  à  cinq  voix,  le  Credo  et  VAgnus  à  six.  — 
e°  Premier  livre  contenant  cinquante  psaumes 
de  David  7nis  en  musique  à  3  jyarties  par 
Claud.  Lejeune,  natif  de  Valeyiciennes,  com- 
positeur en  musique  de  la  chambre  du  roij  ; 
Paris,  Pierre  Ballard,  1607,  3  vol.  petit  in-4'* 
obi.  Les  deuxième  et  troisième  livres  de  ces 
psaumes  à  trois  parties  ont  été  publiés  chez  le 
même  imprimeur  en  1608,  in-4''  obi.  De  tous  les 
ouvrages  de  Lejeune,  c'est  celui  qui  paraît  avoir 
eu  le  moins  de  succès,  car  je  n'en  connais  point 
d'autre  édition.  —  7"  Les  psaumes  de  Marot 
et  de  Théodore  de  Bèze mis  en  musique  à  qua- 
tre et  cinq  parties  par  Cl.  Lejeune,  natif  de 
Valenciennes;  La  Rochelle,  J.  Haultin,  1608, 
in  4".  Première  édition  publiée  par  Cécile  Le- 
jeune, sœur  du  compositeur,  et  dédiée  au  duc  de 
Bouillon,  prince  de  Sedan.  Elle  est  fort  rare.  Une 
deuxième  édition  a  été  faite  à  Paris,  en  1613; 
une  troisième  à  Genève,  chez  Jean  de  Tournes, 
en  1627,  avec  le  portrait  de  Lejeune;  une  autre 
à  Amsterdam,  en  1629;  une  à  Paris,  dont  on 
a  été  les  psaumes  à  cinq,  chez  Ballard,  4  vol. 
petit  in^"  obi.;  une  à  Amsterdam,  en  1633;  et 
une  à  Leyde,  chez  Juste  Livius,  en  1033,  aussi 
avec  le  portrait  du  musicien.  La  dernière  édition, 
intitulée  :  Les  cent  cinquante  Pseaumes  de  Da- 
vid, mis  en  musique  à  quatre  parties  par 


Claude  Le  jeune,  natif  de  Valencicnnes,èlc  , 
à  Paris,  par  Robert  Ballard,  1650,  4  vol.  in-S"' 
obi.,  est  fort  belle;  j'en  possède  un  exemplaire 
magnifique.  Il  ne  fut  plus  permis  d'imprimer  ces 
psaumes  en  France  après  la  révocation  de  l'é- 
dit  de  Nantes.  La  musique  de  Lejeune  a  été 
arrangée  sur  une  traduction  hollandaise  et  pu- 
bliée sous  ce  titre  :  Psalinen  David' s,  op  vijf 
Stemmen,  doorCl.  Lejeune;  Schiedam,  1664, 
in- 12.  5  vol.  —  8°  Airs  à  trois,  quatre,  cinq 
et  six  parties  mis  en  musique  par  Cl.  Le 
jeune;  Paris,  Pierre  Ballard,  1608,  4  vol.  in-10 
obi.  —  9"  Octonaires  de  la  vanité  et  in- 
constance du  monde,  mis  en  musique  à  3  et  4 
partiesypar  Claude  Lejeune,  natif  de  Valen- 
ciennes, à  Paris,  par  Robert  Ballard,  1610,  4  vol. 
in-4°  petit  obi.  Cet  ouvrage  est  un  recueil  de 
3S  chansons  françaises,  dont  3  sur  chacun  des 
douze  modes.  Il  y  a  une  autre  édition  imprimée 
chez  le  même  en  1641.  —  10°  Second  livre  des 
mesfanges  de  Cl.  Lejeune,  compositeur  de  la 
musique  de  la  chambre  du  roy;  Paris,  Pierre 
Ballard,  1012,  4  vol.  in-4'' obi.  Ce  recueil  a  été 
publié  par  Louis  Mardo,  neveu  de  Lejeune,  et  dé- 
dié à  M.  de  la  Planche,  avocat  au  parlement  de 
Paris.  Un  autre  édition  a  été  publiée  à  Anvers, 
en  1617.  On  trouve  dans  cette  collection  quinze 
chansons  françaises  et  7  madrigaux  italiens  à 
4  voix,  douze  chansons  à  5,  deux  canons  et  cintj 
chansons  à  6,  deux  chansons  à  8,  deux  psaumes 
à  5,  un  motet  à  4  voix  divisé  en  6  parties,  un  au- 
tre motet  à  5,  un  Magnifient,  à  4,  5  et  7,  un 
motet  à  10,  une  fantaisie  à  4  et  une  autre  à  5. 
Un  essai  biographique  a  été  publié  sous  ce  titre  : 
Esquisse  biographique  sur  Claude  Lejeune, 
natif  de  Valenciennes,  surnommé  le  Phénix 
des  musiciens,  compositeur  de  la  musique  des 
rois  Henri  III  et  Henri  IV;  Valenciennes,  1845, 
in-S". 

LELLMANI^  (Geofges-François),  clarinet- 
tiste et  compositeur  pour  son  instrument,  est  né 
à  Buckebourg,  le  8  avril  1798.  Dès  son  enfance 
il  montra  beaucoup  de  penchantpour  la  musique; 
mais  ses  éludes  de  collège  ne  lui  permirent  pas 
de  s'occuper  de  cet  art  d'une  manière  sérieuse 
avant  sa  treizième  année.  Il  reçutalorsdes  leçons 
de  clarinette  d'un  musicien  de  la  chapelle  du 
prince  de  Lippe-Schaumbourg,  nommé  Wagner; 
toutefois  il  se  destinait  à  la  carrière  des  sciences^ 
lorsqu'un  régiment  suédois  arriva  dans  sa  ville 
natale,  en  1814.  Le  colonel  de  ce  corps  était  alors 
à  la  recherche  de  quelques  bons  artistes  pour  sa 
musique  militaire  :  des  offres  furent  faitesàLell- 
mann ,  et  il  accepta  la  place  de  première  clari- 
nette de  ce  régiment.  Au  moment  où  il  arrivait 
en  Belgique,  le  général  suédois  qui  commandait 


LELLMANN  —  LEMAITRE 


2G3 


la  brigade  où  il  sei  vail  ,  a>çiit  la  nouvelle  de  la 
signature  du  traité  de  paix  de  Paris,  et  bientôt 
après,  les  troupes  alliées  repassèrent  le  Rhin.  De 
retour  dans  sa  patrie,  Leilmann  donna  sa  démis- 
sion, et  se  relira  à  Buckebourg,  où  il  prit  des  le- 
çons de  violon  de  Lubeck,  maître  de  concerts 
de  celte  petite  cour.  Quelques  années  après,  une 
place  de  clarinette  solo  fut  offerte  à  Leilmann  dans 
un  régiment  du  royaume  des  Pays-Cas,  qui  était 
en  garnison  à  Ypres  :  Tartisle  accepta,  et  revit 
la  Belgique  pour  la  seconde  fois.  Il  était  à  Ypres 
depuis  deux  ans,  et  son  engagement  touchait  à  son 
terme,  lorsque  la  place  de  chef  de  musique  de 
la  Sociclé  philharmonique  de  la  petite  ville  de 
Turcoing  (Nord)  lui  fut  offerte  :  il  l'accepta,  et 
vécut  huit  ans  dans  celle  position,  faisant  seu- 
lement quelques  voyages  à  Paris,  où  il  recevait 
des  conseils  de  Reicha  pour  la  composition.  Son 
(alenlcomme  insliimienliste  se  perfeclionua aussi 
par  les  leçons  qu'il  reçut  du  célèbre  clarinelliste 
Iwan  Mùller.  En  1833,  Leilmann  fut  appelé  à 
Zerbst,  en  qualité  de  professeur  de  langues  mo- 
dernes au  gymnase,  parce  qu'il  possédait  une 
connaissance  parfaite  du  français  et  de  l'anglais. 
Quelquesdissertalionsqu'ilapublites  depuis  celte 
époque  lui  ont  fait  décerner  le  grade  de  docteur 
en  philosophie  et  arts  par  l'université  de  Jéna. 
On  a  de  cet  artiste  :  1°  Air  varié  pour  clarinette 
etorchestre;  Bonn,  Simrock. —  2'^  Romance  de 
Ch.  M.  de  Weber,  variée  pour  claiinetle  et  or- 
chestre; Paris,  Zetter  et  Cie  ,et  Leipsick,  Breit- 
kopf  et  Hsertel.  —  3"  Air  varié  pour  deux  cla- 
rinettes concertantes  etorchestre;  Bonn ,  Sim- 
rock. 

LEM  (Pierre),  né  à  Copenhague,  vers  1753, 
eut  pour  maître  de  violon  Hartmann,  qui,  après  plu- 
sieurs années  de  leçons,  le  fit  voyager  pour  per- 
fectionner son  goût  et  son  talent.  De  retour  dans 
sa  patrie,  Lem  eut  le  titre  de  premier  violon  de 
la  cour,  aux  appointements  de  mille  écus  (3,750 
•  francs),  et  après  la  mort  de  son  maître,  en  1791, 
il  eut  une  augmentation  de  200  écus,  avec  la 
place  de  professeur  de  l'école  de  musique  et  celle 
de  violon  solo  des  concerts.  Il  a  formé  de  bons 
élèves.  On  a  publié  de  sa  composition  à  Vienne, 
en  1785,  un  concerto  pour  le  violon,  et  l'on 
trouve  sous  son  nom,  dans  le  Catalogue  de  Traeg, 
un  rondeau  pour  le  clavecin,  en  manuscrit. 

LEMAIRE,  ou  LE  MAIRE,  musicien 
français,  né  vraisemblablement  à  la  fin  du  sei- 
zième siècle,  ou  dans  les  premières  années  du 
dix-septième,  est  cité  par  Mersenne  {Harmonie 
universelle, T\a\\.&  des  consonnances,  etc.,  liv.  0, 
prop.  19,  p.  3'i2  )  comme  inventeur  de  la  syl- 
labe za,  qu'il  voulait  introduire  dans  la  solmisa- 
tion  pour  la  septième  noie,  et  pour  faire  aban- 


donner en  France  la  méthode  des  muances ,  qui 
y  était  encore  en  vigueur.  Mersenne  ajoute  que 
le  même  Lemaire  avait  imaginé  de  nouveaux  si- 
gnes pour  la  notation.  Brossard,  qui  écrivait  sou 
Dictionnaire  de  musique  en  1701  ou  1702,  dit 
que  Lemaire  avait  fait  celle  innovation  4o  ou  50 
ans  auparavant  ;  mais  elle  était  plus  ancienne, 
car  le  livre  de* Mersenne  a  été  publié  en  1C36. 
Dans  un  autre  endroit,  Brossard  attribue  à  Le- 
maire le  livre  qui  a  pour  litre  :  Méthode  facile 
pour  apprendre  à  chanter  en  musique,  par 
un  célèbre  maistrc  de  Paris,  el  il  donne  à  ce 
livre  la  date  de  IGGO.  H  s'est  trompé,  car  cette 
méthode  n'est  qu'une  troisième  éililion  de  l'ou- 
vrage de  Nivers  (voy.  ce  nom),  qui  fut  publié  en 
1C4C,  chez  iJallard,  à  Paris,  sous  ce  titre  :  La 
gamme  du&i,  nouvelle  méthode  pour  appren' 
dre  à  chanter  en  musique  sans  muances.  La 
deuxième  édition  fut  imprimée  sous  le  même  ti- 
tre en  lOul,  chez  le  même  Bal  lard,  avec  le  nom 
de  l'auteur.  La  troisième  édition,  eilée  par  Bros- 
sard sous  son  véritable  titre,  ainsi  que  la  qua- 
trième, qui  parut  en  1695,  n'ont  point  d'autre 
indication  que/)«r  un  célèbre  maistre  de  Pa- 
ris. On  voit  d'après  ces  ex[ilications  que  Lemaire 
n'est  pas  l'auteur  de  cet  ouvrage.  L'invention  at- 
tribuée par  IMersenne  à  un  musicien  de  ce  nom 
est  de  beaucoup  antérieure  à  la  première  édition 
du  livre  de  Nivers.  On  n'a  point  de  renseigne- 
ments sur  Lemaire,  mais  il  y  avait  un  Guillaume 
Le  Maire  dans  la  grande  bande  des  violons  du 
roi  Louis  XIII;  ce  Lemaire  était  compaguon  de 
Chevalier,  musicien  habile  de  ce  temps  ;  il  serait 
possible  qu'il  fûtl'auleur  de  la  nouvelle  mélhoda 
de  solmisation  qu'on  lui  attribue.  Voyez  au  sur- 
plus sur  les  méthodes  semblables  Waeuiant, 
Anselme  de  Parme,  Calvisius,  Hubmeier,  Puîte 
(van  de),  Caramlel  de  Lobrowitz  ,  Urena, 
(Pierre),  et  Buttstedt. 

LEMAIRE  (Charles),  peut-être  fils  du  pré- 
cédent, entra  eu  1G69  à  la  chapelle  de  Louis  XIV, 
en  qualité  de  haute-contre,  et  y  continua  son 
service  jusqu'en  1702.  ]l  obtint  alors  sa  retraite, 
et  mourut  en  1704.  M.  de  Boisgelou  croyait,  mais 
à  tort,  qu'il  était  l'auteur  de  la  nouvelle  solmisa- 
tion française.  On  a  de  cet  artiste  :  1"  Airs  à 
chanter  avec  la  basse  pour  le  clavecin  ou  le  théorbe, 
livres  1  à  6;  Paris,  Ballard  ,  1G74  à  1695.  — 
2°  Airs  sérieux  et  à  boire  à  deux  et  trois  par- 
ties, par  M.  Le  Maire,  ordinaire  de  la  mu- 
sique du  7-oy-  ii  Paris,  chez  Chr.istophe  Bal- 
lard,  etc.,  1674.  in-l2  obi.  —  3"  Les  quatre 
saisons,  cantates  à  voix  seule,  livre  1,  ibid. 
—  4"  Recueil  de  motets ,  à  une  et  deux  voix 
avec bassecontinue^  Pam,  Ballard,  1698,in-fol. 

LEMAITRE  (Matthieu.),  compositeur  belge. 


2R4 


LEMAITRE  —  LEMBLIN 


suivant  le  litre  d'un  de  ses  ouvrages ,  vécut 
dans  la  seconde  moitié  du  seizième  siècle,  et  pa- 
raît avoir  occupé  un  emploi  de  diantre  ou  de 
maître  de  chapelle  en  Bavière.  Ses  ouvrages 
connus  sont  ceux-ci  :  1"  Caiechesis  nvmeris 
musicis  incluxa  et  ad  pueronim  captum  ac- 
commodata,  iribiis  vocibus  composita.  Norim- 
bercjoe,  in  officina  Joannis  Monlani  et  Vlrici 
ISeuberi,  1563,  in-S"  obi.  —  2°  GeistUche  und 
weltliche  teutsche  Gesang  mit  vier  und  fànf 
Stimmen;  Wittenberg ,  durch  Joliann  Sciiwer- 
tel,  1360,  in-4''  obi. —  3"  Sacra: cantiones,  quas 
vulgo  Motetta  vacant,  quinque  vocihin.  Liber 
primus  ;  Drcsdx,  jier  G/mel  Montanare  Lu- 
becensi,  1570,  in-4"  oi)i.  Au  premier  de  ces  ou- 
vrages se  trouve,  à  côté  du  nom  de  l'auteur,  la 
désignation  de  Belga. 

LEMAURE  (Catherine-Nicole),  célèbre 
actrice  de  l'Opéra,  naquit  à  Paris,  le  3  août  1704. 
Ayant   été    reçue  dans    les   chœurs   en   1-719. 


«  plus  belles  cadences  (trilles),  et  une  manière  de 
«  chanter  plus  imposante.  ]M"e  Lemaiire,  petite 
«  et  mal  faite,  avait  une  noblesse  incroyable  sur 
«  le  théâtre;  elle  se  pénétrait  tellement  de  ce 
«  qu'elle  devait  dire,  qu'elle  arrachait  des  lar- 
«  mes  aux  spectateurs  les  plus  froids;  elle  les 
«  animait  et  les  transportait;  et  quoiqu'elle  ne 
«  fût  ni  jolie  ni  spirituelle,  elle  produisait  les 
«  impressions  les  plus  vives.  »  Il  faut  croire  à  la 
réalité  d'un  talent  qui  produit  de  tels  effets  sur 
toute  une  nation,  et  qui  mérite  de  pareils  éloges 
de  la  part  d'un  homme  qui  n'était  point  étranger 
à  la  musique.  Sans  doute  l'art  du  chant  était 
alors  ignoré  en  France;  mais  une  belle  voix,  un 
beau  trille  naturel,  et  surtout  un  accent  pathé- 
tique dans  l'organe,  sont  les  qualités  essentielles 
pour  émouvoir  dans  tous  les  temps,  quels  que 
soient  d'ailleurs  les  défauts  de  la  vocalisation. 
Retirée  du  théâtre  en  1727,  M'ieLemaure  y  rentra 
en  1730,  et  y  restajusqu'en  1735  (1),  après  l'a- 
voir quitté  et  repris  plusieurs  fois.  Ayant  été 
invitée  à  jouera  la  cour,  en  1745,  pour  les  fêtes 
données  à  l'occasion  du  mariage  du  Dauphin,  elle 
exigea  qu'un  carrosse  du  roi  vînt  la  prendre  et 
la  conduisît  à  Versailles,  accompagnée  d'un  gen- 
tilhomme de  la  chambre.  Mon  Diev,  s'écria- 
t-elle,  que  je  voudrais  être  à  une  fenêtre  pour 
me  voir  passer!  Les  entrepreneurs  du  Colisée 
la  déterminèrent  à  y  chanterea  1771.  Jamais  af- 
fluence  ne  fut  comparable  à  celle  des  curieux  qui 

(1)  Cette  date  est  celle  des  anciens  registres  de  l'Opéra  ; 
celle  (le  1143 ,  donnée  par  La  Borde,  et  copiée  par  tous  les 
biographes,  est  fausse. 


allèrent  pour  rentendre,et  quoiqu'elle  eût  soixante- 
sept  ans,  elle  y  parut  fort  supérieure  à  ce  qu'on  de- 
vait attendre  de  cet  âge.  En  1762,  elle  avait  épousé 
un  M.  de  Monthruelle;  maison  continua  de  l'ap- 
peler par  son  premier  nom  jusqu'à  sa  mort,  ar- 
rivée en  1783.  Dans  les  anciens  mémoires  manu- 
scrits que  je  possède  sur  l'Opéra,  on  lit  une  note 
ainsi  conçue  sur  cette  actrice  :  Lemalre  :  celte 
actrice  a  la  voix  plus  douce  que  celle  d'un 
rossignol,  et  les  so)ts  desjjlus  beaux.  Elle  fut 
fort  regrettée  lors  de  sa  retraite,  qui  occa- 
sionna un  petit  mémoire  imprimé,  où  estoit 
déduit  le  motif  de  celte  retraite,  qui  estoit 
parce  que,  ne  voulant  pas  chanter,  elle  fut 
cpnduife  de  l'ordre  du  roi  au  For  Lévequc. 
LEMAZCÎIIER  (I^ierre-David),  littérateur, 
naquit  à  Gisors,  le  30  mars  1775.  Après  avoir 
occupé  plusieurs  emplois  dans  l'administration,  il 
fut  longtemps  secrétaire  du  comité  de  la  Comé- 
die-Française. Sa  politesse  et  son  amabilité  avec 
les  auteurs  lui  firent  de  nombreux  amis  dans  cette 
•  position  difficile.  Sa  vue,  fatiguée  par  ses  travaux, 
s'affaiblit  tout  à  coup  en  1830;  bientôt  il  devint 
complètement  aveugle,  et  se  vit  obligé  de  re- 
noncer à  sa  place.  Retiré  depuis  lors  à  Versail- 
les, il  y  passa  ses  dernières  années  entouré  d'une 
famille  qui  l'aimait  tendreraenl.  Il  mourut  dans 
cette  ville,  le7  août  1836.  Lemazurier  est  auteur  de 
plusieurs  ouvrages,  au  nombre  desquels  on  re- 
marque L'Opinion  du  parterre,  d\main;\c\\  théâ- 
tral dont  il  a  publié  dix  années  (1803-1813),  Paris, 
10  volumes  in-18.  Le  premier  volume  n'a  pour 
objet  que  le  Théâtre-Français;  mais  on  trouve 
dans  tous  les  autres  beaucoup  de  renseignements 
utiles  sur  l'Opéra,  l'Opéra-Comique  et  l'Opéra 
italien,  ainsi  que  sur  les  auteurs,  chanteurs,  et  sur 
les  pièces  représentées  dans  le  cours  de  ces  dix 
années. 

LEMBLIN  (Laurent),  musicien  belge,  vécut 
dans  la  première  partie  du  seizième  siècle,  et  l'ut 
attaché  comme  ténor  à  la  chapelle  du  duc  de  Ba- 
vière, antérieurement  à  1540.  On  trouve  des 
motets  de  sa  composition  dans  les  recueils  inti- 
tulés :  1°  Tomus  secundus  psalmorum,  selcc- 
torum  quatuor  et  quinque  vocum  ;  Norim- 
bergse,  apud  Jo.  Petreium,ll2i9,  in-4''  obi.  — 
2°  Selectissimaruni  Motetarum  portim  quin- 
que, partim  quatuor  vocum.  Tomus  primus. 
Norimbergx,Jo.  Petreius,  1540.  Ses- chansons 
latines,  allemandes  et  françaises  ont  été  insérées 
dans  divers  recueils,  particulièrement  dans  ceux- 
ci  :—  3"  Selectissimss  ncc  non  familiarissimx 
cantiones  ultra  centum,  vario  idiomate  vo- 
cum, etc.,  a sex  usque  ad  duas  vocum;  Augus- 
tx  Vindelicorum ,  Melchior  Kriesstein,  1540, 
in-4''  obi.  —  4"  Ein  Auszug  guter  aller  und 


LEMBLIN  —  LKMIERE  DE  CORVEY 


ncwen  teutschen  Liedloin,  etc.;  Nuremberg, 
J.  Petreius,  1539,  petit  iii-4''obl.  —  3°  Bicinia 
galUca,  latina  et  ijcrmanica  ,  et  quxdam 
fugx,(t\c.  Tomi  duo.  Vitenbergx,  apud  Geor. 
Hhau,  1545,  petit  in-'j"  obi. 

LEMIÈUE  (....),  l'aîné,  violoniste  de  l'O- 
péia,  eut  pour  maître  Gaviniès,  dont  il  fut  un  des 
bons  élèves.  Il  entra  à  l'orcliestre  de  l'Opéra  en 
1751,  et  prit  sa  retraite  au  mois  d'avril  1771; 
mais  il  ne  jouit  pas  longtemps  de  sa  pension, 
car  il  mourut  dans  la  même  année.  11  fut  le  maî- 
tre du  célèbre  violoniste  Bertlieaume.  Lemière  a 
publié  deux  livres  de  sonates  à  violon  seul,  et 
un  livre  deduos  pour  deux  violons. 

LEMIÈRE  DE  COUVEY  (Jean-Fi!Édé- 
ric-Aucuste),  compositeur,  né  à  Rennes,  en  1770, 
apprit  la  musique  dans  son  enfance  à  la  maîtrise 
de  l'église  cathédrale  de  cette  ville,  et  lit,  fort 
jeune  encore,  quelquesessais  de  composition  pour 
le  piano  et  le  violon,  sans  avoir  fait  d'éludés  d'har- 
monie. Engagé  comme  volontaire  dans  un  ba- 
taillon républicain  de  la  Vendée,  i!  se  fit  remar- 
quer par  l'exaltation  de  ses  opinions,  fut  nommé 
sous-lieutenant,  et  se  rendit  à  Paris  le  10  août 
1792.  Il  prit  alors  quelques  leçons  d'harmonie 
chez  Berton,  et  (ixa  bientôt  sur  lui  l'attention 
|)ublique  par  la  bizarrerie  d'une  de  ses  premières 
compositions;  il  avait  mis  en  musique  un  ar- 
ticle du  Journal  du  soir  sur  la  sommation  faite 
à  Custines  de  rendre  Mayence,  et  sur  la  réponse 
de  ce  général;  ce  morceau  fut  publié  en  1793,  et 
eut  un  succès  de  vogue.  En  1792  il  avait  donné  au 
théâtre  Montansier  Les  Chevaliers  errants,  pe- 
tit opéra  en  un  acte,  qui  avait  été  peu  remarqué  ; 
peu  de  temps  après  il  partit  pourla  Belgique,  oùil 
servit  comme  aide  de  camp  du  général  Thiébault, 
qui,  grand  amateur  de  musique,  l'avait  attaché  à 
sa  personne,  à  cause  de  ses  talents.  De  retour  à 
Paris  en  1794,  il  y  fit  représenter  quelques  opé- 
ras, dont  plusieurs  furent  bien  accueillis  par  le 
public.  Pendant  les  années  1796  et  1797  il  suivit 
son  général  en  Allemagne,  et  y  fut  blessé.  Le  traité 
de  Campo-Formio  le  ramena  à  Paris,  et  le  fit 
rentrer  dans  la  carrière  de  la  composition  drama- 
li(iue.  L'attachement  qu'il  avait  pour  le  général 
Moreau  le  fit  éloigner  de  cette  ville  par  le  gouver- 
nement consulaire.  Il  vécut  en  Provence  jusqu'en 
1806  ;  mais  alors  il  obtint  de  reprendre  du  ser- 
vice actif,  et  fit  les  campagnes  de  Prusse  et  de 
Pologne.  Puis,  en  1808,  il  alla  en  Espagne,  et 
servit  pendant  toute  la  guerre  de  la  Péninsule  jus- 
qu'en 1814,  où  il  fut  mis  à  la  retraite  avec  le 
grade  de  lieutenant-colonel  :  précédemment  il 
avait  été  lait  chevalier  de  la  Légion  d'honneur  et 
du  Mérite  militaire.  Après  le  retour  de  Napoléon 
en  18  ij,  il  reprit  son  épée,  et  fit  la  campagne  de 


Waterloo  :  ce  fut  la  dernière.  Craignant  des  per- 
sécutions à  cause  de  ses  anciennes  opinions  ré- 
publicaines, il  se  tint  dans  la  retraite  pendant  les 
premiers  temps  de  la  seconde  restauration  ;  mais 
en  1817  il  revint  à  Paris,  et  s'y  livra  de  nouveau 
aux  travaux  de  la  composition,  écrivit  pour  le 
théâtre,  n'y  obtint  pas  de  succès,  et  finit  par  tom- 
ber dans  un  état  voisin  delà  misère;  car  sa  pen- 
sion de  retraite  était  insuffisante  pour  son  exis- 
tence et  celle  de  ses  deux  filles.  Dans  les  derniers 
temps  de  sa  vie,  il  était  obligé  de  corriger  des 
épreuves  de  musique  pour  vivre.  Il  est  mort  à 
Paris,  du  choléra,  le  19  avril  1832,  à  l'âge  de 
soixante-deux  ans. 

Malgré  l'activité  de  sa  carrière  militaire,  Le- 
mière a  beaucoup  écrit  pour  le  théâtre  et  pourla 
chambre.  N'ayant  encore  aucune  notion  d'harmo- 
nie, il  avait  fait  représenter  à  Rennes,  en  1790, 
un  opéra  en  un  acte  intitulé  :  Constance.  Après 
son  arrivée  à  Paris,  il  écrivit  les  ouvrages  sui- 
vants :  1'^  Les  Chevaliers  errants,  au  théâtre 
Montansier,  en  1792,  un  acte.  —  2°  Crispin  ri- 
val, au  même  théâtre,  179.1,  un  acte.  —  3°  Le 
Poème  volé,  en  un  acte,  1793.  —  4°  Scène  pa- 
triotique, au  théâtre  Favart,  1794.  —  b°  La  Re- 
prise de  Toulon,  au  môme  théâtre,  1794,  en  un 
acte.  —  6°  Andros  et  Almona,  idem,  en  3  ac- 
tes, 1794  :  de  tous  les  ouvrages  de  Lemière,  c'est 
celui  qui  a  eu  le  plus  de  succès  et  qui  avait  le 
plus  de  mérite.  —  '"  Le  Congrcsdes  Rois, encol- 
laboration  avec  plusieurs  autres  compositeurs.  — 
8"  Bahouc,  en  quatre  actes,  au  théâtre  Eeydeau, 
1793.  —  9"  L'Écolier  en  vacances,  au  théâtre 
Favart,  en  un  acte,  1795. — \0°Les  Suspects,  en  un 
acte,  au  théâtre  Louvois,  1793.  —  9°  La  Blonde 
et  la  Brune,  en  un  acte,  même  théâtre  1795.  — 
12° /^a  Moitié  du,  chemin,  en  trois  actes,  même 
théâtre,  179C. —  Au  théâtre  3Iolière:  13°  Les  deux 
Orphelines,  en  un  acte,  1798.  —  17°  Les  deux 
Crispins  (  paroles  et  musique),  en  un  acte,  1 798. 

—  14°  ia  Maison  changée,  en  un  acte,  1798. 

—  15"  ia  Paix  et  V Amour,  en  un  acte,   1798. 

—  le"  Le  Porteur  d'eau,  en  un  acte,  représenté 
en  province,  en  1801.  —  il" Henriet Félicie,  en 
trois  actes,  idem,  1808.  —  18"  La  Cruche  cas- 
sée, ou  les  Rivaux  de  village,  en  deux  actes,  au 
théâtre  Feydeau,  1819.  —  19"  La  fausse  Croi- 
sade, en  deux  actes,  au  môme  théâtre,  1825.  — 
20"  Le  Testament,  en  deux  actes,  à  l'Odéon,  1825. 

—  id"  Les  Rencontres,  en  trois  actes,  au  théâtre 
Feydeau,  1828  (en  collaboration  avec  M.  Ca- 
t.rufo).  ,11  a  aussi  arrangé  pour  le  théâtre  de 
rodéon,  sur  la  musique  de  Rossini,  La  Dame  du 
lac,  en  quatre  actes,  1825,  et  Tancrède,  en 
trois  actes,  1827.  Les  autres  productions  ins- 
trumentales et  vocales  de  Lemière  de  Corvcy 


2fiR 


LEMIÈRE  DE  CORVEY  —  LEMME 


sont  :  1°  Bataille  de  Jéna,  symphonie  mili- 
taire à  grand  orcliestre;  Paris,  Naderman.  — 
1°  Pot-pourri  militaire  en  harmonie,  ibid.  — 
3°  Trois  œuvres  de  sonates  pour  piano  et  violon; 
Paris,  Naderman  ;  Berlin,  Lisclike.  —  4"  Sonate 
pour  piano  à  4  mains,  op.  9;  Paris,  S.  Gaveaux. 

—  5°  Sonates  pour  piano  seul,  op.  3  et  8  ;  Paris, 
Naderman.  —  6"  Sept  pots-pourris  pour  piano, 
Paris,  chez  divers  éditeurs.  —  7°  Environ  vingt 
oeuvres  de  petites  pièces  de  différents  genres,  ibid. 

—  8°  Plusieurs  cahiers  de  contredanses,  ibid.  — 
g''  Trio  pour  harpe,  cor  et  basson;  Paris,  Nader- 
man. —  10°  Duos  pour  harpe  et  piano,  op.  23,  24 
et  28,  ibid.  —  11°  Recueils  de  romances  avec  ac- 
compagnement de  piano,  op.  17,  25,  32,  37  ;  ibid. 

LEMME  (Chaules),  fils  d'un  facteur  d'in- 
struments, et  lui-même  facteur  de  pianos  et  or- 
ganiste de  l'église  Sainte-Catherine  et  Saint-Ma- 
gnus,à  Brunswick, 'vivait  dans  cette  ville  vers  1 780. 
Quelques  modifications  qu'il  introduisit  à  cette 
époque  dans  la  facture  des  pianos  lui  acquirent  de 
la  réputation.  Une  de  ses  premières  améliora- 
tions consista  à  changer  la  courbe  du  chevalet 
pour  obtenir  une  meilleure  disposition  des  cordes 
et  redresser  les  touches  vers  leur  extrémité,  au 
lieu  de  les  faire  obliquer,  comme  on  l'avait  fait 
jusqu'alors.  Il  fut  aussi  le  premier  qui  fit  les  ta- 
bles d'harmonie  de  deux  planches  minces  collées 
l'une  sur  l'autre,  à  lit)res  croisées,  afin  que  ses 
instruments  ne  fussent  point  détériorés  par  la 
chaleur  lorsqu'il  les  envoyait  dans  l'Inde.  Enfin, 
il  fabriqua  des  pianos  ovales,  dont  la  forme  lui 
semblait  plus  régulière  et  plus  agréable  que  celle 
des  grands  pianos  ordinaires.  Lemme  était  aussi 
organiste  à  Brunswick.  On  a  de  lui  un  écrit  iii- 
litulé  :  Anweisiing  und  Bcgelu  zic  einer  zireck- 
vixssigen  Behandlung  engUscher  und  teutS' 
cher  Pianoforte's  und  Klaviere  nehst  einen 
Verzeiclinisse  der  bei  dem  Verfasser  verfertige 
Sorten  von  Pianoforte  und  Klavieren  (Ins- 
tructions et  règles  d'une  bonne  méthode  pour 
accorder  les  pianos  et  clavecins  anglais  et  alle- 
mands, etc).;  Brunswick,  1802,  in-4°de20  pages. 

LEMME  (Chaules),  fils  du  précédent,  naquit 
à  Brunswick  en  1769,  et  travailla  longtemps  à  la 
fabrication  des  pianos  dans  les  ateliers  de  son 
père.  Vers  l'année  1799,  il  alla  se  fixer  à  Paris, 
et  s'y  fit  connaître  comme  un  bon  facteur  de  se- 
cond ordre  ;  car  ses  instruments,  d'un  prix  moins 
élevé  que  ceux.  d'Érard  et  de  Freudenthaler  ou 
de  Petzold,  ne  furent  jamais  recherchés  par  les 
artistes  ni  par  les  amateurs  distingués.  Cependant 
il  en  faisait  un  grand  commerce  dans  les  pro- 
vinces et  à  l'étranger,  particulièrement  en 
Amérique,  et  ses  travaux  pendant  plus  de  vingt  • 
cinq  ans  lui  acquirent  une  fortune  honnête.  Déjà 


il  avait  cessé  de  travailler  et  jouissait  de  son 
indépendance,  lorsqu'un  nouveau  système  de 
musique  et  de  construction  de  pianos  vint  le 
préoccuper  et  le  fit  rentrer  dans  la  fabrication 
de  ce  genre  d'instruments.  Il  exposa  ses  vues 
dans  un  petit  ouvrage  qui  a  pour  titre  :  Nou- 
velle mctkode  de  musique  et  gamme  chro- 
matique, qui  abrège  le  travail  et  Vctude  de 
la  musique;  de  onze  douzièmes  on  Va  ré- 
duite à  un  douzième;  inventée  et  publiée  par 
Charles  Lemme;  Paris,  imprimerie  de  Finnia 
Didot,  1829.  Brochure  in-8°  de  19  pages,  avec 
un  cahier  de  10  planches  in-4°  obi.,  et  un  grand 
tableau.  Le  titre  de  cet  opuscule  ne  promettait 
pas  un  ouvrage  bien  écrit;  mais  le  fond  étaitbeau- 
coup  plus  singulier  que  la  forme.  Lemme  ne  s'é- 
tait pas  seulement  proposé  la  réforme  de  la  con- 
struction des  pianos,  mais  celle  de  toute  la  mu- 
sique. J'ai  donné  une  longue  analyse  de  son  sys- 
tème dans  le  5*  volume  de  la  Revue  musicale 
(p.  49  et  suiv.)  :  je  vais  en  présenter  ici  un  aperçu 
pour  ceux  qui  n'ont  pas  cet  ouvrage. 

Lemme,  choqué  par  l'apparente  irrégularité  de 
la  disposition  des  touches  sur  le  clavier,  ou  plu- 
tôt ayant  eu  entre  les  mains  l'ouvrage  de  lîohle- 
der  (voy.  ce  nom),  et  voulant  réaliser  son  sys- 
tème de  réforme  du  piano,  en  fabriqua  où  ce 
clavier  était  divisé  par  des  touches  blanches  et 
noires  qui  se  suivaient  alternativement  et  dans 
un  ordre  régulier,  depuis  la  note  la  plus  grave 
jusqu'à  la  plus  aiguë.  Il  ne  s'était  pas  aperçu  de 
l'inconvénient  qui  résulte  précisément  pour  l'œil 
de  cette  régularité  de  disposition,  l'exécutant  ne 
pouvant  plus  discerner  ies  notes  au  milieu  de 
toutes  ces  touches  qui  ne  sont  point  distinguées 
par  groupes,  comme  dans  les  claviers  ordinaires. 
D'ailleurs,  des  instruments  construits  de  cette 
manière  auraient  changé  complètement  l'art  de 
jouer  du  piano,  et  auraient  donné  lieu  à  un  nou- 
veau système  de  doigter  fortdifficile.  Les  réformes 
de  Lemme  dans  le  système  de  la  musique  des- 
tinée au  piano  n'étaient  ni  moins  radicales,  ni 
moins  embarrassantes.  Il  y  conservait  la  diffé- 
rence des  rondes,  blanches,  noires,  etc.,  pour  les 
valeurs  des  sons  ;  mais,  ayant  supprimé  les  dièses, 
bémols  et  bécarres,  il  ne  voulait  indi(iuer  les 
notes  que  par  les  touches  blanches  et  noires  ;  et 
il  se  servait  pour  cela  de  blanches  un  peu  plus 
grosses  que  les  blanches  ordinaires,  et  de  noires 
également  plus  fortes  que  les  autres  noires;  en 
sorte  que  telle  note,  dont  la  valeur  ne  doit  être 
que  celle  d'une  noire,  était  représentée  souvent 
dans  son  système  par  une  blanche  distinguée  seule- 
ment par  la  dimension,  tandis  qu'uneblanclie  l'était 
par  unenoire.  Il  y  avait  beaucoup  d'autres  incon- 
vénients, dont  on  peut  voirie  détail  dans  1  analyse 


LEMME  —  LEMMENS 


267 


ciJée  plusliaut.  Ce  système  n'eut  aucun  succès, 
etLemme  ne  vendit  pas  un  seul  de  ses  nouveaux 
pianos.  Le  cliagrin  qu'il  en  eut  commença  à  dé- 
ranger sa  raison;  do  mauvaises  spéculations 
achevèrent  l'aliénation  de  ses  facultés,  et  le  con- 
duisirent à  un  état  de  démence  complète.  Il  est 
mort  à  Cliarentonau  mois  d'octobre  1832,  b  l'âge 
de  soixante-trois  ans. 

LEMME-ROSSI.  Vo?j.  ROSSI  (Lemme)*. 

LEMMEIXS  (Jacques-Nicolas),  professeur 
d'orgue  au  Conservatoire  royal  de  Bruxelles,  est 
né  le  3  janvier  1823  à  Zoerle-Parwys  (province 
d'Anvers).  Son  père,  organiste  de  ce  lieu,  lui 
donna  les  premières  leçons  de  musique  ;  ses 
progrès  furent  si  rapides,  que  dès  l'âge  de  7  ans 
il  chantait  et  accompagnait  le  plain-chant  dans  le 
service  divin.  Lorsqu'il  eut  atteint  sa  onzième 
année,  son  père  l'envoya  à  Diest  chez  M.  Yan 
der  Broeck,  organiste,  dont  il  reçut  les  leçons 
pendant  six  mois.  En  1839,  il  fut  admis  au  Con- 
servatoire de  Bmixelles,  comme  élève  de  M.  Léo- 
pold  Godineau  pour  le  piano  ;  mais  bientôt  ses 
études  furent  interrompues  par  une  maladie  de 
son  père  qui  l'obligea  de  retourner  chez  lui  pour 
le  remplacer  dans  ses  fonctions.  Vers  la  fin  de  la 
même  année,  la  place  d'organiste  de  la  grande 
église  de  Diest  devint  vacante  et  fut  mise  au 
concours;  Lemmens  se  présenta  comme  candidat, 
et  fut  vainqueur  dans  cette  épreuve  :  la  place  lui 
fut  donnée.  Le  désir  de  rentrer  au  Conservatoire 
de  Bruxelles  la  lui  fit  abandonner  après  l'avoir 
occupée  pendant  quinze  mois,  et,  vers  la  fin  de 
1841,  il  rentra  dans  cette  école  comme  élève  de 
Michelot.  Au  concours  de  l'année  suivante,  le 
premier  prix  de  piano  lui  fut  décerné.  Devenu 
élève  de  l'auteur  de  cette  notice  pour  le  contie- 
point  et  pour  la  fugue,  il  montra  dans  l'étude  de 
cette  science  une  aptitude  exceptionnelle.  En 
1844,  il  obtint  au  concours  le  second  prix  de 
composition,  elle  premier  lui  fut  décerné  en  18-i5. 
Ce  fut  aussi  dans  cette  année  qu'il  remporta  le 
premier  prix  d'orgue,  comme  élève  de  Girschner 
{voy.  ce  nom).  Jugeant  alors  de  l'avenir  réservé 
aux  rares  facultés  de  ce  jeune  artiste,  le  direc- 
teur du  Conservatoire,  dans  le  but  de  fonder 
dans  cette  institution  une  école  de  bons  organistes 
qui  manquait  à  la  Belgique,  demanda  au  ministre 
de  l'intérieur  une  pension  pour  que  M.  Lemmens 
pût  aller  à  Breslau ,  chez  le  célèbre  organiste 
Adolphe  Hesse,  étudier  les  traditions  de  l'art  de 
Jean-Sébastien  Bach  ;  sa  demande  fut  accueillie 
par  le  gouvernement,  et  Lemmens  partit  pour 
la  capitale  de  la  Silésie  au  commencement  de 
1846.  Après  qu'il  y  eut  passé  une  année,  Hesse 
écrivit  à  l'auteur  de  cette  notice  :  Je  rCal  plus 
rien  à,  apprendre  à  M.  Lemmens  :  il  jove  la 


musique  la  plus  difficile  de  Bach  aussi  bien 
que  je  puis  le  faire.  De  retour  à  Bruxelles, 
après  avoir  parcouru  l'Allemagne,  le  jeune  ar- 
tiste obtint  l'année  suivante  le  second  grand  prix 
de  composition  ,  dans  le  concours  fondé  par  le 
gouvernement  beige. 

En  1849,  Lemmens  fut  nommé  professeur  d'or- 
gue au  Conservatoire  de  Bruxelles,  en  rempla- 
cement de  Girschner,  qui  tenait  d'être  démis- 
sionné. Alors  commença  pour  lui  une  carrière 
nouvelle,  dans  laquelle  il  a  rendu  d'éminents 
services  à  l'art  dans  sa  patrie.  A  vrai  dire,  il 
n'existait  pas  alors  d'organiste  digne  de  ce  nom 
dans  le  pays.  Le  doigter  de  substitution  ,  sans 
lequel  le  jeu  lié  du  clavier  de  l'orgue  est  impos- 
sible, était  ignoré  de  tous  avant  que  M.  Lemmens 
l'enseignât.  Quant  au  clavier  de  pédale,  personne 
en  Belgique  n'en  avait  les  premières  notions  ;  ces 
claviers  étaient  même  si  défectueux  dans  tous 
les  instruments  de  cette  espèce,  qu'on  n'y  pou- 
vait faire  que  des  tenues.  La  réforme  complète  de 
ces  claviers,  comme  celle  du  système  de  con- 
struction des  orgues,  comme  celle  de  l'art  véri- 
table de  l'organiste  en  Belgique  et  en  France, 
datent  de  l'enseignement  de  M.  Lemmens  au  Con- 
servatoire. Dans  les  quatorze  années  écoulées 
jusqu'au  jo4ir  où  cette  notice  est  écrite,  cet  en- 
seignement a  produit  de  si  considérables  résultats, 
qu'ils  ont  dépassé  toutes  les  espérances.  Parmi 
les  nombreux  élèves  formés  par  le  savant  pro- 
fesseur, on  remarque  en  première  ligne  MM.  VVol- 
lon,  organiste  à  Louvain  et  professeur  de  l'École 
des  beaux-arts  de  cette  ville;  Maiily,  organiste 
de  l'église  Notre-Dame  du  Finistère,  à  Bruxelles  ; 
Lorct,  organiste  à  Paris,  et  professeur  à  l'école 
de  musique  religieuse  ;  Andiauer,  organiste  à  Ha- 
guenau  (Bas-Rhin)  ;  Riga,  ancien  organiste  de  la 
l>aroisse  des  Minimes  et  son  frère  (Jean),  organiste 
à  Saint-Jacques-sur-Caudenberg,  à  Bruxelles  ;  Pi- 
rongs,  organiste  à  Londres  ;  Callaerts,  organiste  de 
la  cathédrale,  à  Anvers  ;  Vastersavonds,  oiganiste 
à  Assclie;Groven,  organiste  à  Malines,Tilborgs, 
professeur  à  l'école  normale  de  Lierre;  Bogaerts,  or- 
ganiste à  Alost;  Guillernant,  organiste  à  l'église 
Saint-Nicolas,  de  Boulogne,  Lemmens  (Edmond), 
organiste  à  ïirlemont  ;  Estourgies,  organiste  et 
professeur  à  l'île  Maurice;  Lust,  organiste  actuel 
de  l'église  des  Minimes  ;  Massage,  organistedc  l'é- 
glise Notre-Dame  du  Sablon,  à  Bruxelles;  enfin, 
une  multitude  d'autres  artistes  qui  ont  porté  la 
réforme  du  goût  de  l'orgue  dans  les  provinces, 
et  jusque  dans  les  plus  petites  communes.  L'in- 
tluence  de  M.  Lemmens  sur  la  transformation 
du  style  des  organistes  français  n'a  pas  été  moin- 
dre que  sur  ceux  de  la  Belgique.  Les  artistes 
et  les  critiques  se  souviennent  de  l'impression  que 


268 


LEMMENS  —  LEMOINE 


produisit  son  talent  lorsqu'il  se  fit  entendre  à 
Paris  sur  les  orgues  des  églises  de  la  Madeleine 
et  de  Saint-Vinceut-de-Paul ,  ainsi  qu'aux  épo- 
ques d'inaugurations  de  grandes  orgues  à  la  ca- 
thédrale de  Rouen,  à  Lille  et  dans  plusieurs  au- 
tres villes.  Avant  lui,  les  grandes  et  belles  œu- 
vres de  Bach  étaient  inconnues  des  organistes 
français  aussi  bien  que  des  Belges,  ou  du  moins 
étaient  laissées  à  l'écart  parce  que  pas  un  n'osait 
en  aborder  les  diflicnltés  ;  aujourd'hui,  les  meil- 
leurs artistes  se  font  gloire  de  suivre  M.  Lem- 
mens  dans  fa  route  qu'il  leur  a  tracée,  et  le 
prennent  pour  leur  modèle  dans  l'exécution  de 
ces  chefs-d'œuvre. 
■  Non  moins  distingué  dans  l'exécution  delà  mu- 
sique classique  de  piano,  ce  savant  professeur 
en  a  fait  une  étude  assidue  pendant  dix  ans  au 
chMeau  de  Bierbais,  à  quelques  lieues  de  Bruxel- 
les, où  il  avait  trouvé  une  hospitalité  toute  pa- 
ternelle. Il  ne  quitlait  sa  retraite  que  pour  ve- 
ivT  ilonner  ses  soins  à  ses  élèves,  se  luUaul  d'y 
retourner  après  avoir  rempli  ses  fonctions  de 
professeur.  Le  3  janvier  1857  il  devint  l'époux 
de  miss  Sherrington,  jeune  cantatrice  dont  l'é- 
ducation vocale  avait  été  faite  au  Conservatoire 
de  Bruxelles,  et  qui,  depuis  lors,  s'est  fait  une 
brillante  réputation  à  Londres  et  dans  les  villes 
principales  de  l'Angleterre. 

Les  compositions  de  M.  Lemmens,  jusqu'au 
jour  où  cette  notice  est  écrite  sont  :  1°  Dix  im- 
provisations pour  l'orgue;  Mayence  et  Bruxelles, 
Schott.  —T  Journal  d'orgue,  V  eX  2^  années, 
Bruxelles,  l'auteur.  La  troisième  année  se  com- 
pose d'une  messe  facile  à  3  voix  égales.  Cet  ou- 
vrage fondamental  vient  d'être  reproduit  sous 
le  titre  A' École  d'orgue  :  il  est  le  fruit  de  la 
grande  expérience  acquise  par  M.  Lemmens 
dans  son  enseignement.  Il  se  distingue  d'ailleurs 
par  le  grand  mérite  des  pièces  qui  y  sont  conte- 
nues et  marque  la  nouvelle  direction  imprimée 
à  la  musique  d'orgue  par  le  savant  professeur  qui, 
au  point  de  vue  du  culte  catholique,  a  donné  à  la 
plupart  de  ses  œuvres  un  caractère  éminemment 
mélodique.  —  3"  Pièce  pour  la  communion,  dans  le 
Journal  de  musique  religieuse;  Rennes,  Vattar. 

—  4"  Hosanna,  grande  pièce  d'orgue  dans  la 
Maîtrise,  journal  de  musique  religieuse  publié 
par  Niedermeyer  et  M.  d'Ortigue.  —  5"  Quatre 
morceaux   pour  le  piano;    Bruxelles,   Meynne. 

—  6°  Environ  CO  pièces  pour  l'orgue,  dans  tous 
les  genres,  non  encore  publiées.  —  7°  Deux 
symphonies  pour  l'orchestre  :  la  première  a  été 
exécutée  dans  un  des  concerts  du  Conservatoire, 
à  Bruxelles.  —  8"  Douze  œuvres  inédites  pour 
le  piano,  dont  2  sonates.  —9"  Te  Deumk  qua- 
tre voix  et  orchestre  (inédit).  —  10°  Plusieurs 


motets  avec  accompagnement  d'orgue  (idem). 
—  11°  Plusieurs  morceaux  de  chant  pour  voix 
de  soprano  (idem). 

LElVIOÏi\E  (Antoine-Marcel),  guitariste, 
naquit  à  Paris  le  .3  novembre  1703.  Ses  études 
musicales  furent  négligées,  et  ce  qu'il  apprit,  il 
ne  le  dut  qu'à  lui-même.  Son  père,  artiste  dra- 
matique, qui  Ini  avait  fait  donner  seulement 
quelques  leçons  de  violon ,  le  conduisit  à  Dôle, 
où  le  jeune  Lemoinese  maria  à  l'âge  de  seize  ans 
et  demi.  De  retour  à  Paris,  en  1781,  il  y  fut  bien- 
tôt engagé  comme  violoniste  pour  le  théâtre  de 
M"'  Montansier,  à  Versailles.  Après  deux  ans 
passés  dans  cet  emploi,  il  retourna  encore  à  Paris, 
y  vécut  quelque  temps  en  donnant  des  leçons  de 
violon  et  de  guitare,  puis  entra  à  l'orchestre  du 
théâtre  de  Monsieur  (1789)  pour  y  jouer  de  l'alto. 
Quoiqu'il  n'eût  point  appris  les  règles  de  l'har- 
monie, il  était  bon  musicien  d'instinct,  et  faisait 
peu  de  fautes  lorsqu'il  écrivait.  Après  la  révolu- 
tion, il  fut  chargé  successivement  de  diriger  les 
orchestres  des  théâtres  Molière,  Mareux  et  de  la 
rue  Culture  Sainte-Catherine.  Il  arrangea  pour  ces 
théâtres  la  musique  de  beaucoup  de  vaudevilles. 
Eu  1793,  il  se  fit  éditeur  de  musique,  et  depuis 
lors  il  continua  son  commerce  jusqu'à  l'époque  de 
sa  mort.  11  a  cessé  de  vivre  au  mois  d'avril  I817,à 
l'âge  de  cinquante-quatre  ans.  Lemoine  a  fait 
graver  de  sa  composition  environ  vingt-cinq 
œuvres  d'airs  variés  et  de  pots-pourris  pour  gui- 
tare seule  ou  guitare  et  violon.  Vers  1790  il 
avait  publié  une  petite  méthode  pour  guitare, 
Paris,  Imbdult,  dont  il  fut  fait  plusieurs  éditions 
Il  en  écrivit  une  plus  étendue  en  1795,  et  en  fut 
lui-même  l'éditeur;  elle  eut  aussi  beaucoup  de 
succès.  Enfin  lorsque  la  guitare  à  6  cordes,  en 
forme  de  lyre,  eut  été  mise  en  vogue  (vers  1805), 
Lenioine  lit  pour  cet  instrument  un  nouveau 
traité  élémentaire  qu'il  publia  aussi  sous  le  titre 
de  Méthode  pour  la  guitare  à  6  cordes  ;  Pa- 
ris, H.  Lemoine.  Quelques  années  après,  la  mé- 
thode de  Carulli  fit  oublier  celle  de  Lemoine. 

LEMOINE  (Henri),  quatrième  fils  du  pré- 
cédent, né  à  Paris  le  21  octobre  1786,  est  entré 
comme  élève  au  Conservatoire  de  musique,  dans 
le  mois  de  floréal  an  vi  (mai  1798).  Ses  premiers 
maîtres  dans  cette  école  furent  Matthieu  pour  le 
solfège,  et  Nicodami  pour  le  piano  ;  puis  il  de- 
vint élève  d'Adam  pour  cet  instrument.  Quel- 
que temps  après  il  fut  aussi  admis  dans  une 
classe  d'harmonie  ;  mais  des  maladies  et  des  mu- 
tations de  professeurs  retardèrent  ses  progrès, 
en  le  faisant  passer  alternativement  sous  la  di- 
rection de  Berton ,  Éler,  Dourlen ,  Catel ,  qui 
avaient  chacun  une  méthode  particulière  pour 
l'enseignement  de  celte  science.   En    1805,  Le- 


LEMOINE  —  LEMOYINE 


2C9 


moine  obtint  au  concours  le  deuxième  prix  d'iiar- 
nionie;  l'année  suivante,  le  deuxième  second  prix 
de  piano  lui  fut  décerné  ;  il  eut  le  premier  se- 
cond prix  au  concours  de  cet  instrument  en  1807, 
et  le  premier  en  1809.  Longtemps  après  (1821), 
il  a  recommencé  l'étude  de  l'harmonie  sous  la 
direction  de  Reicha,  et  c'est  à  ce  professeur  qu'il 
reconnaissait  devoir  les  connaissances  qui  lui  ont 
permis  de  rédiger  son  Traité  d'harmonie  pratique. 
Pendant  longtemps,  Lemoine  a  été  un  des  pro- 
fesseurs de  piano  le  pUis  activement  occupés  de 
Paris  ;  il  a  formé  de  hons  élèves.  A  la  mort  de  son 
père,  il  lui  succéda  comme  éditeur  de  musique  : 
c'eslà  lui  qu'on  fut  redevable  de  la  publication  des 
premiers  ouvrages  d'Hérold ,  de  Herz,  et  de  la 
plus  grande  partie  des  oeuvres  deJJerlini,  en- 
tre autres  de  ses  excellents  sextuors  et  de  son 
nonello.  Henri  Lemoine  est  mort  le  18  mai  1854. 
Ses  ouvrages  principaux  sont  :  1°  Sonate  pour 
piano  à  quatre  mains;  Paris,  H.  Lemoine.  — 
2°  Polonaise,  op.  5,  idem;  ihid.  — o"  É( rennes, 
sonatines  faciles  et  doigtées  pour  le  piano  ;  ibid. 

—  4"  Quelquesœuvres  de  variations,  idem;  ibid. 

—  5"  Différentes  suites  de  petites  pièces,  idem  ; 
ibid.  —  6"  Plusieurs  cahiers  de  contredanses 
et  de  valses  pour  piano  et  violon,  ou  piano  à 
quatre  mains;  ibid.  —7"  Méthode  pratique  pour 
le  piano,  f"  édition  ;  Paris,  II.  Lemoine,  1827, 
tirée  à  6,000 exemplaires;  2e édition;  ibid.,  1837. 

—  8°  Traite  d'harmonie  pratique,  ibid.,  1830. 

—  9°  Solfèges  élémentaires,  en  collaboration 
avec  M.  Carulli,  ibid.,  1829.  11  a  été  fait  plusieurs 
éditions  de  cet  ouvrage  :  la  troisième  a  été  im- 
primée par  Eugène  Duverger  à  Paris,  en  1843, 
in-8".  On  a  aussi  de  Lemoine  :  Tablettes  du 
pianiste,  Mémento  du  professeur  de  piano  ; 
Paris,  H.  Lemoine,   1844,  in-18. 

LEMOINE  (Aimé),  professeur  de  musique  à 
l'école  royale  des  Ponts  et  chaussées,  d'après  la 
méthode  du  méloplaste,  est  né  à  Paris  en  1795. 
D'abord  élève  de  Galin  (voijez  ce  nom  ),  inveu- 
teur  de  cette  méthode,  il  devint  ensuite  son  col- 
laborateur pour  sa  propagation,  et  enseigna  con- 
jointement avec  lui  dans  les  écoles  établies  à  Pa- 
ris. Après  la  mort  de  son  maître,  il  s'est  efforcé 
de  rendre  la  méthode  plus  utile  par  diverses  mo- 
difications qu'il  y  a  introduites.  En  1824,  il  a 
publié  à  Paris,  sous  le  titre  de  Méthode  du 
Méloplaste  pour  l'enseignement  de  la  musique, 
un  nouveau  tirage  du  livre  de  Galin  intitulé 
Nouvelle  Méthode  pour  l'enseignement  de  la 
musique  (Bordeaux,  1818,  in-8'').  En  1838, 
M.  Lemoine  a  publié  une  nouvelle  édition  du 
niêrae  ouvrage,  divisée  en  deux  parties,  dont 
la  première  traite  de  l'intonation,  et  la  seconde 
du  rliyllime;  elle  a  pour  titre  Méthode  du  Mé- 


loplaste, par  P.  Galin,  de  Bordeaux.  Nou- 
velle édition  contenant  de  nouveaux  déve- 
loppements, de  nouveaux  tableaux,  et  iin 
nouveau  méloplaste  à  portée  mobile;  Paris, 
chez  Aimé  Lemoine,  1  vol.  in-8°.  Ce  professeur 
a  flni  par  abandonner  la  méthode  du  méloplaste 
pour  reprendre  l'enseignement  ordinaire. 

LEMOIIVE  (Alexandre),  professeur  de  mu- 
sique au  collège  de  Vendôme,  est  auteur  d'un 
livre  qui  a  pour  titre  :  Cours  théorique  de  mu- 
sique élémentaire  et  de  plain-chant,  suivi  de 
notions  sommaires  sur  les  mot/ens  d'exécu- 
tion musicale;  Paris,  Troupenas,  1841 ,  1  vol. 
iii-8"  de  108  pages,  avec  G  planches  de  musique. 

LEMOINE  DE  LLMAY  (....),  professeur 
de  piano  à  Paris ,  ne  paraît  pas  avoir  été  connu 
avant  1788,  car  son  nom  ne  figure  pas  dans 
V Almanach  musical  de  celte  année,  publié  par 
Framery,  mais  on  le  trouve  dans  celui  de  l'an- 
née suivante.  Gerber  s'est  trompé  lorsqu'il  a  cru 
que  ce  musicien  était  le  même  que  le  composi- 
teur/>emoi/ie.  On  a  de  LemoinedeLimay  :  Trois 
sonates  pour  clavecin  avec  ace.  de  violon, 
o|).  1;  Paris,  chez  l'auteur,  1788. 

LEiMOYNE  (Jean-Baptiste  MOYNE  ,  dit), 
fils  d'un  ancien  consul,  naquit  le  3  avril  1751,  à 
Eymet,  dans  le  Périgord ,  et  apprit  la  musique 
il  Périgui'ux  ,  sous  la  direction  de  son  oncle, 
maître  de  chapelle  à  l'église  cathédrale  de  cette 
ville.  Plusieurs  biographes  français  assurent  qu'il 
se  rendit  ensuite  à  Berlin ,  pour  y  continuer  ses 
études  ,  à  l'âge  de  quatorze  ans  ;  mais  c'est  une 
erreur  démontrée  par  les  renseignements  que  son 
fils  a  fournis  pour  le  Dictionnaire  historique 
des  Musiciens  de  Choron  et  Fayolle  ;  car  il  y  est 
dit  que  Lemoync  parcourut  différentes  provinces 
de  France  ,  en  qualité  de  chef  d'orchestre,  avant 
de  faire  son  voyage  en  Allemagne.  Arrivé  à  Ber- 
lin, il  y  reçut  des  leçons  de  Graun  et  de  Kirn- 
berger  pour  la  composition.  Un  de  ses  premiers 
essais  fut  une  scène  d'orage  qu'il  introduisit  daus 
l'ancien  opéra  intitulé  Toinoii  et  Toinette  ,  et 
qui  fut  applaudie.  Le  prince  royal  lui  témoigna 
sa  satisfaction  de  ce  travail  par  le  don  d'une  ta- 
batière d'or  remplie  de  frédérics.  Ce  prince  le 
nomma  aussi  second  chef  d'orchestre  de  son 
théâtre,  et  le  jeune  musicien  eut  de  plus  l'hon- 
neur d'être  admis  aux  concerts  du  roi.  11  continua 
ensuite  ses  voyages  et  visila  la  Pologne.  A  Varso- 
vie il  écrivit  le  Bouquet  de  Colette,  opéra  fran- 
çais en  un  acte  dans  lequel  débuta  l'actrice  célèbre 
qui  aété  connue  depuis  sous  le  nom  de  M>>'e  Saiiit- 
Huberty.  Elle  était  devenue  l'élève  de  Lemoyne, 
qui  lui  donna  des  leçons  pendant  quatre  ans. 
De  retour  en  France,  ce  compositeur  s'annonça 
comme  élève  de  Gluck,  dont  il  imila  le  style 


270 


LEMOYNE  —  LENAIN 


dans  son  Electre,  grand  opéra  en  trois  actes 
qui  fut  représenté  en  1782.  Deux  chœurs  et 
une  scène  en  récitatif,  d'une  rare  énergie, 
furent  applaudis  dans  cet  ouvrage;  mais  la 
mélodie  y  était  rare ,  âpre  et  sans  charme  ;  Le- 
moyne  n'avait  imité  que  les  défauts  de  l'au- 
teur à^Alccsfe,  sans  avoir,  pour  les  faire  ou- 
blier, ses  sublimes  beautés  :  les  défauts  firent 
tomber  la  pièce.  Gluck  ne  montra  point  de  gé- 
nérosité dans  celte  circonstance  ;  car,  après  avoir 
gardé  le  silence  jusqu'à  ce  que  le  sort  d'Electre 
eût  été  décidé ,  il  désavoua  pour  élève  son  au- 
teur ,  dès  qu'il  le  vit  attaqué  par  les  critiques 
comme  un  produit  de  son  école.  Lemoyne  se 
vengea  de  ce  dédain  en  étudiant  la  manière  de 
Plccinni  et  de  Sacchini.  Le  résultat  de  ses  médi- 
tations fut  l'opéra  de  Phèdre,  qu'il  fit  jouer  en 
1786  ,  et  qui  obtint  un  brillant  succès  dû  peut- 
être  autant  au  pocme  d'Hoffman  et  au  jeu  de 
M»»«  Saint-Huberty  qu'au  mérite  de  la  musique. 
Grimm  dit  en  parlant  de  cet  ouvrage,  dans  sa 
Correspondance  littéraire  :  «  La  facture  des 
«  airs  et  des  accompagnements;  le  récitatif,  sen- 
«  siblement  imité  de  celui  de  Z)?'cJon,  tout  prouve 
«  que  le  compositeur,  abjurant  son  système  tu- 
«  desque,  s'est  rapproché  dans  cet  ouvrage  de  l'é- 
«  cole  italienne  autant  qu'il  avait  cru  devoir  s'en 
«  éloigner  dans  son  Electre.  »  Ce  jugement  a 
beaucoup  de  justesse.  Lemoyne  manquait  de 
génie  et  ne  pouvait  être  qu'imitateur.  Plus  tard  il 
se  fit  aussi  le  copiste  du  style  français  dans  les  Pré- 
tendus, ouvrage  qui,  malgré  son  succès,  n'en  est 
pas  moins  une  composition  lourde  et  plate.  Après 
le  succès  de  Phèdre ,  Lemoyne  fit  un  voyage  en 
Italie;  il  revint  à  Paris  au  printemps  de  1788,  et 
depuis  lors  il  ne  cessa  de  travailler  pour  l'Opéra 
«t  pour  le  théâtre  Favart  jusqu'à  sa  mort,  qui 
arriva  le  30  décembre  1796.  La  liste  des  compo- 
sitions de  ce  musicien  renferme  celles  dont  les 
titres  suivent  :  1°  Le  Bouquet  de  Colette ,  à 
Varsovie,  en  1775,  un  acte.  —  2°  Electre,  en  trois 
actes,  àl'Opérade  Paris,  1782.  —  3°  Phèdre, en 
trois  actes,  au  môme  théâtre,  1786.  —  !i°  Nephté, 
«n  trois  actes,  ibid.,  1789.  A  la  fin  de  la  pre- 
mière représentation  de  cet  opéra,  Lemoyne  fut 
demandé  par  le  public  :  c'était  la  première  fois 
que  cet  honneur  était  accordé  à  un  musicien  sur 
un  théâtre  français.  —  5"  Les  Prétendus,  en  deux 
actes,  ibid.,  1789.  Le  mauvais  goût  qui  régna 
longtemps  en  France  a  soutenu  le  succès  de  celte 
pièce  pendant  trente-cinq  ans.  Il  a  maintenant 
disparu  de  la  scène,  vraisemblablement  pour  tou- 
jours. —  &"  Louis  IX  en  Egypte,  en  trois  actes, 
ibid. ,  1790.  —  7"  Les  Pommiers  et  le  Moulin, 
^n  un  acte,  ibid.,  1790.  La  musique  de  ce  petit 
«uvrage,  écrit  dans  le  système  du  Devi.i  du  vil- 


lage, manquait  de  verve  et  de  gaieté —  8"  El- 
fridc,  en  trois  actes,  au  théâtre  Favart,  1792; 
pièce  froide  qui  avait  été  refusée  à  l'Opéra,  et  qui 
tomba.  —  9"  Miltiade  à  Marathon,  en  un  acte, 
ouvrage  de  circonstance  joué  à  l'Opéra,  en  1793. 
—  10"  Toute  la  Grèce,  tableau  patriotique, 
ibid.,  1794.  —  11"  Le  Batelier  ,  ou  les  Vrais 
Sans-culottes ,  en  un  acte,  au  théâtre  Feydeau, 
1794.  —  12"  Xe  Compère  Luc,  en  un  acte,  ibid., 
1794.  —  13°  Le  Mensonge  officieux,  en  un 
acte,  ibid.,  1795.  Lemoyne  a  laissé  eu  manu- 
scrit :  —  14"  Nadir,  ou  le  Dormeur  éveillé,  en 
trois  actes,  qui  devait  être  joué  à  l'Opéra,  et  qui 
ne  le  fut  pas  parce  que  les  décorations  furent  dé- 
truites dans  l'incendie  du  magasin  des  Menus- 
plaisirs ,  enl7S7.  —  15"  Sylviiis  Nerva,  ou 
la  Malédiction  paternelle.  —  16"  I^'Ile  des 
Femmes,  en  deux  actes,  dont  les  répétitions  furent 
interrompues  par  la  mort  de  l'auteur.  Les  der- 
nières productions  de  Lemoyne  sont  beaucoup 
plus  faibles  que  les  autres  ;  elles  nuisirent  à  sa 
réputation. 

LEMOYIVE  (Gabriel),  fils  du  précédent, 
naquit  à  Berlin  le  14  octobre  1772  ,  et  suivit  son 
père  à  Paris  à  l'âge  de  neuf  ans.  Clément  lui  donna 
les  premières  leçons  de  clavecin  et  d'harmonie; 
il  devint  ensuite  élève  d'Edelmann.  Pianiste  et 
compositeur  médiocre,  cet  artiste  n'a  fixé  sur 
lui  l'attention  pendant  quelques  années  que  par 
son  association  avec  le  célèbre  violoniste  La- 
font  dans  les  voyages  qu'ils  firent  en  France  et 
dans  les  Pays-Bas,  au  commencement  de  ce  siècle. 
De  retour  à  Paris ,  Lemoyne  s'y  livra  à  l'ensei- 
gnement et  publia  quelques  œuvres  pour  le  piano. 
Il  est  mort  à  Paris  le  2  juillet  1815.  La  musique 
d'un  petit  opéra  intitulé  VEntre-sol,  joué  au 
théâtre  des  Variétés  en  1802,  a  été  composée  par 
lui  en  collaboration  avec  Alexandre  Piccinni.  Il  a 
fait  jouer  aussi  deux  autres  opérettes  aux  théâtres 
des  boulevards,  mais  il  n'y  a  pas  mis  son  nom. 
Ses  principales  compositions  instrumentales  sont  : 
1"  Premier  concerto  pour  piano  et  orchestre; 
Paris,  Leduc.  —  2"  Deuxième  idem,  op.  20  ;  Pa- 
ris, Frère.  —  3"  Trio  pour  piano,  violon  et  vio- 
loncelle, op.  12;  ibid. —  4"  Sonates  pour  piano 
et  violon,  op.  10et22;ibid.  —  5°  Duo  pour  deux 
pianos,  op.  16  ;  ibid.  —  6"  Sonates  pour  piano  seul, 
op.  1  et  19;  ibid.  —  7"  Caprices,  fantaisies,  pots- 
pourris  et  rondeaux  pour  piano ,  environ  dix 
œuvres  ;  ibid 8"  Romances  avec  accompagne- 
ment de  piano,  4  recueils  ;  Paris  ,  chez  l'auteur. 

LEIXAIIV  (...),  auteur  inconnu  d'un  livre 
qui  a  pour  titre  :  Éléments  de  musique ,  ov, 
Abrégé  d'une  théorie  dans  laquelle  on  peut 
apprendre  avec  facilité  Vart  de  raisonner  et 
les  2>rincipes  de  cette  science;  ouvrage  utile 


LENAIN  —  LEMZ 


rrr 


aux  commençants  et  à  ceux  même  qui  ont 
des  connaissances  plus  étendues  ;  Paris ,  Des- 
saint, I7fi6,  in- 12. 

L'EIVFAI\T.  Voyez  BOUCHER  (Hector),  et 
LNFANTIS. 

LEIVGENBRUiXIVER  (le  P.  Jean),  moine 
bénédictin  au  couvent  de  Tegcrnsée,  dans  la 
liante  Bavière,  tlorissait  vers  le  milieu  du  seizième 
siècle.  Il  est  auteur  d'un  livre  intitulé  :  Musices 
haud  vulfjare  compendiinn ,  omnibus  perdis- 
cendi  eam  cupientibus  quam  utilissimum,  ncc 
non  regulis  ac  exemplis  musicalibus  jucun- 
dum,  ingratiam  studiosx  juventutis  fideliter 
congcstum.  Accessit  et  liuic  opuscuto  insigne 
quoddam  fitndamentum  modulandi  fistnlis 
transversis  (ut  vocant)  caput  quam  facMi- 
mum;  Augsbourg,  1559,  7  feuilles.  Cet  ouvrage 
est,  je  crois,  le  plus  ancien  où  il  ait  été  traité  de 
l'art  de  jouer  de  la  flûte  traversière. 

LEA'IiER  (Christophe-Michel),  facteur 
d'instruments  à  Rudolstadt,  fut  un  des  premiers 
artistes  de  l'Allemagne  qui  fabriquèrent  de  grands 
pianos ,  et  contribua  à  les  propager  par  la  bonté 
de  ses  instruments.  Il  faisait  aussi  des  clavecins 
qui  étaient  estimés  autant  que  ceux  de  Silber- 
mann.  Il  travaillait  vers  1765,  et  l'on  croit  qu'il 
mourut  avant  1790. 

LENOBLE  (Joseph),  fils  d'un  musicien 
français  attaclié  au  service  de  l'électeur  palatin  , 
naquit  à  Manlieim  le  l'^''  septembre  1753.  Élève 
de  son  père  et  de  Cannabicli,  il  se  distingua  dans 
sa  jeunesse  pardes  compositions  instrumentales  au 
nombre  desquelles  on  remarquait  des  sonates  de 
piano ,  des  quatuors,  et  des  septuors  de  violon 
1  qui  furent  bien  accueillis  par  les  amateurs.  En 
I  1784,  Lenoble  se  rendit  à  Paris,  et  dans  la  même 
année  il  fit  exécuter  au  concert  spirituel  son  ora- 
I  toi  io  de  Joad ,  qui  fut  applaudi.  Ce  fut  à  cette 
époque  qu'il  écrivit  la  musique  d'un  opéra  en 
trois  actes  intitulé  Lausus  et  Lydie,  en  colla- 
boration avec  Mébul ,  fort  jeune  alors  et  qui 
ne  s'était  pas  encore  fait  connaître  par  les  pre- 
miers ouvrages  qui  ont  fondé  sa  réputation.  Cet 
opéra  ne  fut  pas  représenté.  lien  fut  de  môme  de 
l'opéra-ballet  rAinour  et  Psyché ,  que  Lenoble 
écrivit  sur  un  poème  de  l'abbé  de  Voisenon. 
Les  partitions  manuscrites  de  ces  deux  opéras 
sont  à  la  Bibliotbèque  impériale  de  Paris.  Lenoble 
est  mort  à  Brunoy,  près  de  Paris,  le  15  dé- 
cembre 1829. 

LEiXTZ  (Henri-Gerhard),  pianiste  et  com- 
positeur, naquit  à  Cologne  en  17G4,  et  reçut  de 
son  père ,  organiste  de  mérite ,  des  leçons  de 
piano  et  d'orgue.  Encouragé  par  les  applaudis- 
sements de  ses  compatriotes,  il  se  hasarda  à  se 
rendre  à  Paris   dans  l'espoir  d'y  briller  par  son 


talent  d'exécution  et  par  ses  ouvrages.  Il  y  ar- 
riva vers  la  fm  de  1784 ,  à  l'âge  de  vingt  ans. 
Quelques  lettres  de  recommandation  le  firent 
accueillir  favorablement  et  lui  procurèrent  l'a- 
vantage de  se  faire  entendre  au  concert  spirituel, 
en  1785.  Il  y  joua  son  premier  concerto  de  cla- 
vecin avec  orchestre  qui,  bientôt  après,  fut  publié 
chez  l'éditeur  Boyer.  Cet  ouvrage  fut  suivi  de 
plusieurs  autres  du  même  genre  qui  obtinrent 
quelque  succès;  mais  les  leçons  qu'il  donnait  à 
plusieurs  dames  de  haut  parage  furent ,  pendant 
le  séjour  de  Lentz  à  Paris ,  la  base  la  plus  so- 
lide de  son  existence.  La  vogue  dont  les  compo- 
sitions de  Haydn  commençaient  à  jouir  à  Paris 
par  l'exécution  de  ses  symphonies  aux  concerts 
des  amateurs  et  de  là  Loge  olympique,  décida 
Lentz  à  se  faire  imitateur  du  style  de  ce  grand 
artiste.  L'imitation  se  fait  particulièrement  re- 
marquer dans  deux  œuvres  de  trios  pour  clave- 
cin, violon  et  basse  qu'il  publia  en  1790.  Deux  ans 
après  il  partit  pour  Londres ,  où  ses  concertos  et 
deux  symphonies  de  sa  composition  furent  exé- 
cutés aux  concerts  de  Salomon.  Son  séjour  dans 
la  capitale  de  l'Angleterre  fut  de  trois  années  j 
mais  il  ne  paraît  pas  y  avoir  réalisé  ses  espé- 
rances de  fortune,  car  il  prit  le  parti  de  s'en 
éloigner  en  1795.  H  se  rendit  d'abord  à  Hambourg 
et  y  eut  des  succès  coumie  exécutant  et  comme 
compositeur.  Vers  la  fin  de  l'année  suivante,  le 
prince  Louis-Ferdinand  de  Prusse  l'attacha  à 
son  service.  Les  fonctions  de  Lentz,  dans  cette 
nouvelle  position,  consistaient  à  écrire  les  com- 
positions du  prince,  sous  sa  dictée  ,  et  parfois  à 
l'accompagner  avec  le  violon.  Son  existence  était 
douce ,  heureuse  dans  la  maison  de  son  protec- 
teur ,  qui  tolérait  les  accès  de  gaieté  bruyante 
dont  son  secrétaire  avait  l'habitude  et  qu'il  por- 
tait souvent  jusqu'à  l'inconvenance.  Cette  situa- 
tion dura  pour  Lentz  jusqu'en  1802  et  ne  cessa 
alors  que  par  l'arrivée  de  Dussek  en  Prusse ,  et 
par  l'intimité  qui  s'établit  entre  le  prince  Louis- 
Ferdinand  et  l'artiste  célèbre  :  Lentz  reçut  sod 
congé.  11  alla  d'abord  s'établir  à  Halle  ;  mais,  n'y 
trouvant  pas  d'emploi  pour  ses  talents,  il  se 
rendit  en  Pologne  ,  vécut  quelque  temps  à  Lem- 
berg,  et  finit  par  se  fixer  à  Varsovie,  où  il 
fonda  une  fabrique  de  pianos.  Il  se  maria  dans 
cette  ville  où  sa  jeune  femme,  bonne  musicienne, 
avait  reçu  quelques  leçons  de  Kaminski  (voy.  ce 
nom);  elle  publia  quelques  pièces  légères  de 
chant  et  de  piano  on  l'on  remarquait  du  talent  ; 
mais  elle  mourut  peu  d'années  après  son  ma- 
riage ,  d'une  maladie  de  poitrine.  Devenu  veuf, 
Leniz  contracta  une  seconde  union  matrimo- 
niale :  il  n'eut  d'enfants  ni  de  sa  première  femme, 
ni  de  la  seconde.  En  1826,  il  obtint  sa  nomina- 


272 


LENTZ  —  LEO 


tion  de  professeur  d'orgue  et  d'accompagnement 
pratique  au  Conservaloire  de  Varsovie;  mais  il 
ne  jouit  pas  longtemps  des  avantages  de  cette 
position,  parce  que  l'établissement  fut  fermé  après 
les  événements  de  1831.  Lentz  continua  de  se 
livrer  à  l'enseignement  jusqu'à  la  fin  de  ses  jours. 
Il  mourut  d'un  coup  d'apoplexie,  le  21  août 
1839,  à  l'âge  de  soixante-quinze  ans.  On  con- 
naît sous  son  nom  :  1"  1*^"^  Concerto  pour  clave- 
cin, op.  4;  Paris,  Boyer.  —  2°  Deuxième  idem, 
op.  6;  ibid.  —  3°  Troisième  idem,  op.  7;  ibid. 

—  4°  Trois  trios  pour  clavecin,  violon  et  basse, 
op.  5;  ibid.  —  b°  Six  idem,  op  8;  ibid.  — 
6°  Neuf  sonates  pour  clavecin  et  violon,  formant 
les  œuvres  1,2  et  3;  Paris,  la  Chevardière.  — 
1°  Airs  variés  pour  clavecin  seul  ;  Paris,   1792. 

—  8°  Préludes  pour  le  piano;  Londres,  Broderip, 
1794.  —  9°  Trois  sonates  pour  piano  ,  les  deux 
premières  avec  flûte  et  basse  ;  la  dernière  avec 
violon,  op.  11;  Londres,  1795.  —  10°  Six  cbau- 
sons  allemandes  avec  accompagnement  de  piano; 
Hambourg,  1796.  —  11°  0  ma  tendre  musei te, 
air  varié  pour  piano,  op.  12;  Leipsick,  Kuli- 
nel.  —  12°  Première  symplionie  pour  i'orcbestre 
(en  u«  mineur),  op.  10;  Paris,  1791.—  13°  2i"e 
idem  (  en  sol) ,.  ibid. 

LEKZ  (J.-N.) ,  organiste  à  l'église  des  Jésui- 
tes à  Rotterdam,  vers  le  milieu  du  dix-buitième 
siècle,  a  publié  de  sa  composition  trois  concertos 
pour  If  clavecin. 

LËI\Z  (LÉui'OLD),cbanleur  et  compositeur  de 
Lieder,né  à  Berlin,  vers  1803,  brilla  longtemps 
comme  baryton  au  Ibéâtre  royal  de  Municb,  et 
fut  attacbé  à  la  cbapelle  du  roi  de  Bavière.  Il 
dirigea  aussi  pendant  plusieurs  années  une  société 
de  chant  dans  la  même  ville.  En  1841,  il  ac- 
cepta la  place  de  régisseur  du  théâtre  royal  ;  cinq 
ans  après  il  fut  nommé  professeur  de  chant  au 
Conservatoire  de  Munich  ;  mais  les  événements 
de  1848  le  décidèrent  à  prendre  sa  retraite  et  à 
se  fixer  à  Munster,  où  il  vivait  encore  en  1857, 
comme  professeur  de  chant.  Chanteur  agréable, 
mais  moins  remarquable  par  son  talent  d'exécu- 
tion que  par  les  chansons  allemandes  qu'il  a  com- 
posées, il  jouit  d'une  réputation  méritée  dans 
ce  genre  de  musique.  Ses  productions  ne  se  font 
pas  seulement  remarquer  par  l'élégance  des  mé- 
lodies et  la  justesse  de  l'expression,  mais  aussi 
par  l'intérêt  de  l'accompagnement.  Son  pre- 
mier recueil  parut  en  1820,  à  Augsbourg,  chez 
Gombart.  On  cite  particulièrement  comme 
ses  meilleurs  morceaux  les  chants  composés 
pour  le  Faust  de  Gœllie.  On  compte  envi- 
ron trente  recueils  de  chants  publiés  par 
Lent/.. 

Un  aalre  compositeur  du   même  nom  a  publié 


douze  chants  d'église  à  quatre  voix  avec  orgue  ou 
piano,  op.  1;  Munich,  Sidier. 

Il  y  a  eu  aussi  un  compositeur  du  nom  de  Lenz 
qui  dirigeait  les  concerts  de  l'Académie  à  Breslau 
en  1839  çt  1840.  Une  ouverture  de  sa  composi- 
tion y  fui  exécutée  dans  cette  dernière  année.  C'est 
tout  ce  qu'on  sait  de  cet  artiste,  sur  qui  les  bio- 
graphes allemands,  et  môme  Kosmaly  et  Carlo 
(Schlesisches  Tonhunsler-Lexikon)  gardent  le 
silence. 

LENZ  (Guillaume  DE) ,  conseiller  d'État  de 
l'empire  de  Russie,  et  amateur  de  musique,  s'est 
fait  connaître  par  un  livre  intitulé  :  Beethoven 
et  ses  trois  styles.  Analyses  des  sonates  de 
piano,  suivies  de  l'essai  d'un  catalogue  criti- 
que, chronologique  et  anecdotique  de  Vomvre 
de Beetlwven;  Saint-Pétersbourg,Bernard,  1852, 
2  vol.  in-8°.  Le  thème  de  ce  livre  est  pris  dans  la 
notice  de  Beethoven  de  la  première  édition  delà 
Biographie  universelle  des  Musiciens,  où, 
pour  la  première  fois,  il  est  dit  que  la  manière  de 
l'illustre  compositeur  se  modilia  à  trois  époques 
de  sa  vie  :  mais  cette  observation,  dont  la  jus- 
tesse a  été  généralement  reconnue,  devient,  entre 
les  mains  de  M.  de  Lenz,  l'occasion  d'une  série 
de  bouffonneries  et  d'excentricités.  Chez  lui  l'ad- 
miration va  jusqu'au  fanatisme,  et  la  raison  est 
toujours  absente  de  sa  critique.  Pour  tout  musi- 
cien chez  qui  le  goût  accompagne  les  connais 
naissances  techniques,  l'inspiration  libre  et  spon- 
tanée s'affaiblit  dans  la  dernière  période  des  tra- 
vaux de  Beethoven,  et  la  recherche,  parfois  péni- 
ble, en  prend  la  place;  mais  chez  M.  de  Lenz, 
l'enthousiasme  s'accroît  en  raison  de  l'affaiblisse- 
ment des  facultés  du  grand  artiste.  Après  la  pu- 
blication de  son  livre,  il  en  traduisit  une  partie 
en  allemand,  travailla  de  nouveau  le  catalogue  qui 
remplit  le  second,  et  le  développa  de  telle  ma- 
nière, que  l'ouvrage  reparut  de  1855  à  1860  en 
cinq  volumes,  sous  ce  titre:  Beethoven.  Eine 
Kunststudie;  Hambourg,  Hol'mann  et  Campe. 
Ce  long  verbiage  est  illisible. 

LEO  (Jean-Christophe),  facteur  d'orgues,  né 
à  Stettin,  vers  le  milieu  du  dix-septième  siècle, 
s'établit  à  Augsbourg,  et  se  fit  connaître  avanta- 
geusement en  Allemagne  par  plusieurs  orgues  de 
bonne  qualité,  des  clavicordes,  des  clavecins  et 
desépinettes  qui  ont  été  recherchés. 

LEO  (Jean-Christophe),  fils  du  précédent,  néà 
Augsbourg,  eut  le  titre  de  facteur  d'orgues  de  l'élec- 
teur de  Mayence  et  du  margrave  d'Anspach  :  celui- 
ci  le  chargea  de  l'inspection  de  toutes  les  orgues 
du  pays.  Dans  sa  jeunesse  il  construisit  plusieurs 
instruments  à  Mayence,  Bamberg,  Anspach  et 
dans  la  Suisse.  Plus  tard  il  retourna  à  Augsbourg, 
et  y  fit  en  1721  l'orgue  de  l'église  de  Saint-Ulrich, 


LEO 


273 


Il  a  fait  aussi  des  clavecins,  des  pantaléons  et 
des  cari  lions  qui  étaient  estimés. 

LEO  (Léonard),  compositeur  célèbre  et  l'un 
des  chefs  de  la  belle  école  napolitaine  du  dix-hui- 
tième siècle,  naquit  en  1694   à  San  Vito  degli 
schiavi,  dans  la  province  de  Lecce,  au  royaume 
de  Naples.  Suivant  les  notices  manuscrites  de  Si- 
gismondo,  ancien  bibliothécaire  du  collège  royal 
de  musique  de    Naples,   notices  copiées  par  le 
marquis  de  Yillarosa  (1)  ,   Léo  aurait  fait  ses 
études  musicales  au  Conservatoire  de  la  Pictà 
de'  Turchini,  sous  la  direction  de  Fago,  sur- 
nommé il  TareiUino.  Girohmo  Chigi,  maître  de 
chapelle  de  Saint-Jean  de  Latran,  élève  et  ami 
de  Pitoni  {voy.  ce  nom),  dit  dans  une  notice  ma- 
nuscrite qui  se  trouve  à  la  bibliothèque  de  la 
maison  Corsini  alla  Lungara,  que  Léo  se  rendit 
à  Rome,  et  qu'il  étudia  le  contrepoint  chez  ce 
savant  maître;  circonstance  ignorée  par  le  bio- 
graphe uapohlain.  De  retour  à  Naples,  Léo  y  ob- 
tint la  place  de  second  maître  du  Conservatoire 
de  ia  P/eià.En  1716,  il  fut  nommé  organiste  de 
la  chapelle  royale,  et  dans  l'année  suivante  on 
le  désigna  pour  la  place  de  maître  de  chapelle  de 
l'église  Santa  Maria  délia  Solitaria ,  pour  la- 
quelle il   écrivit  beaucoup  de  musique.  En  1719 
il  donna  Sofonisbe,  son  premier  opéra  sérieux, 
qui  fut  bien   accueilli  et  dans  lequel   le  carac- 
tère expressif  de  son  talent  se  fit  déjà  remar- 
quer. Les    biographes  qui  prétendent   qu'il  fut 
maîlre  du  Conservatoire  de  Lorette  se   trom- 
pent :  c'est  au  Conservatoire  de  la  Pietà  qu'il 
fut  d'abord   attaché,   puis  il   passa  à   celui   de 
Sanlo-Onofrio,  où  il  eut  pour  élèves  quelques- 
uns  des  compositeurs  les  plus  illustres  du  dix- 
huitième  siècle,  entre  autres  Jomelli  et  Piccinni. 
Jl  ne  mourut  pas  en  1743,  comme  le  dit  Piccinni, 
dans  une  courte  notice  sur  son  maître,  où  il  s'est 
aussi  trompé  sur  la  date  de  sa  naissance,  ni  en 
1742,  suivant  l'assertion    de   Burney,  mais  en 
1746,  à  l'âge  de  50  ans.  Le  marquis  de  Villarosa 
dit  que  Léo  fut  frappé  d'apoplexie  pendant  qu'il 
écrivait  un   air   bouffe  de  La   finta    Frasca- 
tana  qui  commençait  par  ces  mots  :  Voiparche 
gite  di  palo  in  frasca  (voyez  Memorie  dei 
composiiori  del  regno  di  Napoti,  page  106). 
Dans  la  première  édition  de  la  Biographie  uni- 
vcrselle  des  musiciens,  j'ai  indiqué  la  date  de 
1756  comme  celle  du  décès,  d'après  le  portrait  de 
Léo   qui  était  autrefois  au  Conservatoire  de  la 
Pietà,  et  qui  se  trouve  maintenant  au  collège 
royal  de  musique  de  Naples;  mais  j'ai  reconnu 
plus  tard  que  celte  date  est  erronée.  On  trouva 


(1)  Memorie  dei  composiiori  di  mtisica  dei  regno  di 
NapoH.  (Napoli,  1840,  p.  lOl 

EIOCR.    IMV.    Di:S    HLSIC  ENS.    —   T.    V. 


Léo  la  tète  appuyée  sur  son  clavecin,  et  l'on  crut 
d'abord  qu'il  dormait;  mais  il  avait  cessé  de  vivre» 
Léo  partage  avec  son  prédécesseur  Alex.  Scar- 
latti,  et  ses  contemporains  Durante  et  Feo,  la 
gloire  d'avoir  fondé  l'école  de  Naples,  d'où  sont 
sortis  pendant  plus  d'un  siècle  une  multitude  de 
compositeurs  dramatiques  de  premier  ordre.  Lui- 
même  fut  non-seulement  un  grand  professeur, 
mais  un  artiste  du  plus  beau  talent.  Sa  musique 
d'église  n'a  pas  moins  de  majesté  que  celle  de 
Durante  et  elle  a  plus  de  charme  ;  elle  touche  le 
cœur  et' lui  imprime  des  élans  de  tendre  dévo- 
tion. Son  Miserere  à  deux  chœurs  est  une  com- 
position aussi  remarquable  par  l'élévation  du 
sentiment  qui  l'a  dictée  que  par  la  pureté  du  style, 
et  l'on  y  retrouve  des  traces  de  la  belle  ma- 
nière de  l'école  romaine,  où  le  compositeur  a  été 
élevé.  Dans  sa  musique  d'église  en  style  concerté 
et  accompagné,  Léo  conserve  la  simplicité,  et  se 
fait  admirer  par  la  beauté  de  l'expression.  Je 
citerai  en  ce  genre,  comme  des  modèles  de  per- 
fection, VAve  maris  Stella,  à  voix  de  soprano  et 
orchestre,  et  son  Credo  à  quatre  :  rien  de  plus 
beau  n'existe  dans  ce  style.  Également  remar- 
quable dans  sa  musique  de  théâtre,  Léo  y  est 
toujours  noble,  souvent  pathétique  et  passionné, 
et  c'est  par  des  moyens  fort  simples  qu'il  y  ar- 
rive à  de  grands  effets.  Piccinni,  assez  bon  juge 
pour  n'être  pas  accusé  d'avoir  mis  dans  son  opi- 
nion la  partialité  d'un  élève  pour  son  maîlre,  ac- 
corde les  plus  grands  éloges  aux  opéras  de  Léo, 
et  cite  particulièrement  l'air  Misero  PargolettOy 
de  son  Démo foonte,  comme  un  modèle  d'expres- 
sion dramatique.  Cet  air  est  en  effet  de  la  plus 
grande  beauté.  Arteaga  prodigue  aussi  les  éloges 
à  cet  illustre  musicien,  dans  son  Histoire  des  ré- 
volutions du  théâtre  musical  italien. 

Les  productions  de  Léo,  maintenant  connues, 
sont  celles-ci:  i°  Il  gr  an  giorno  d'Arcadia,séTé- 
nade  à  4  voix,  pourle  jour  de  naissance  de  Léo- 
pold,  archiduc  d'Autriche,  en  1716i  —2°  Diana 
amante,  sérénade  pour  la  fête  de  la  comtesse 
Daun,  vice-reine  de  Naples;  en  1717.  —3°  Le 
Aos-e  in  dansa  ,  pastorale  chantée  chez  le 
prince  de  San  Nicandra,  pour  les  noces  du  duc 
de  Casalmaggiore  et  de  Julie  de  Capoue,  duchesse 
deTermoli,  en  1718.  —  4°  Sérénade  à  la  louange 
de  sir  Georges  Bingh,  plénipotentiaire  du  ro' 
d'Angleterre,  chantée  par  le  chevalier  Nicolas 
Grimaldi  et  Marianne  Beati  Bulgarelli,  dite  la 
Romanina,  en  1719.  —  5"  Sofonisbe,  au  théâtre 
San-Bartolomeo,  à  Naples,  en  1719.  —  6"  Cojo 
Gracco,  au  même  Ihéâtre,  en  1720.  —  7°  Ba- 
jazette,  représenté  au  palais  du  vice-roi,  en 
1722.  —  8°  Tamerlano,  à  Rome,  en  1722.  — 
9°  Timocrate  à  Venise,  en  1723,  —  io°  Zeno- 

IS 


2:  ) 


LEO 


hia  in  Paimira,  drame  d'Apostolo  Zeno,  pour  le 
théûtre  San-Bartolomeo,  en  1725.  —  {{°  Âs- 
tianatte,  de  Salvi,  chanté  par  la  ïesi  et  Farinelli, 
en  1725.  —  12°  La  Somiglianza,  au  théâtre  des 
Fiorentini,  en  1726.  —  i3°  L'Orismayie,  ovvero 
degli  sdegni  gli  amori,  au  tliéàtre  Nuovo,  en 
1726.  —  14°  Ciro  riconosciuto,  en  1727.  — 
lo"  Argene,  en  1728.—  16°  La  Zingara,  in- 
termède, en  1731.  —  17°  Intermèdes  pour  Y  Ar- 
gene, en  1731.  —  18°  Calorie,  de  Métastase,  à 
Venise,  chanté  par  Grimaldi,  Dominique  Gizzi, 
Fiirinelli  et  la  Facciiinelli,  en  1732.  —  id"  Amore 
dà  senno,  au  théâtre  ISuovo  de  Naples,  17  33. 

—  20°  Emira ,  avec  des  intermèdes  d'Ignace 
Prota,  au  tliéàtre  San  Barlolomeo,  en  1735. — 
2t°  La  Clemenza  di  Tito,  en  1735.  —  22°  Onore 
vince  ylî?tore,  au  théâtre  des  Fiorentini,  1736. 

—  23°  La  Smpatia  del  sangue ,  au  théâtre 
Nuovo,  1737.  — 2i°  Si  face,  en  1737.  — 25°  J'este 
teatrale,  en  1739.-26°  La  Contesa  delV Amare 
e  délia  Virlù,  en  1740.  —  27°  Alessandro,  aux 
Fiorentini,  en  1741.  —  28°  Demofoonte,em  nou- 
Yeau  théâtre  Saint-Charles,  1741.  Ce  fui  dans 
cet  ouvrage  que  Caffarelli  chanta  pour  la  pre- 
mière fois.  —  29"  Andromeda,  au  même  tliéà- 
tre, en  1742.-30°  rologeso,en  1744.  —  31° Zo 
Finta  Frascatana^,  pour  le  théâtre  iSuovo, 
1744.CetouvragefutterminéparCapranica,  parce 
que  Léo  fut  frappé  d'apoplexie  pendant  qu'il  y  tra- 
vaillait. Les  autres  opéras  de  ce  maître  célèbre 
dont  les  dates  ne  sont  pas  connues  sont. -32°  ^mor 
vuol  sofferenza,  opéra  sérieux.   —  33°  Arta- 

serse 34°  Lucio  Papirio.  —  35"  Arianna  e 

Teseo,  cantate  théâtrale.  —  30°  VOlimpiade. 
Deux  morceaux  de  cet  ouvrage  ont  eu  beaucoup 
de  célébrité  ;  l'unest  leduo  :  Ne'giorni  tuoi  felici^ 
l'autre  est  l'air  :  No7i  so  donde  viene  :  tous 
deux  sont  remarquables  par  l'expression  et  le 
charme  de  la  mélodie.  — 37°  Evergete,  en  trois 
actes.  —  38°  Il  Matrimonio  anascoso.  — 
3%°  Alidoro.  —  40°  Alessandro  neW Indie.  — 
41°  IlMedo.  —  42°  Nitocri.regina  di  Egitto. 

—  43°  Il  Pisistrate.  —  44°  Il  irionfo  di  Ca- 
millo.  —  45°  LeNozze  di  Psiclie.  —  46°  Achille 
in  Sciro.  Ce  dernier  ouvrage  fut  écrit  à  Turin 
pour  le  duc  de  Savoie,  vers  1743.  Ce  prince 
ayant  montré  le  désir  d'avoir  un  morceau  de 
musique  d'église  composé  par  Léo,  le  maître 
écrivit  en  quelques  jours  le  l)eau  Miserere  à 
8  voix  dont  Choron  a  donné  une  bonne  édi- 
tion à  Paris,  chez  Leduc,  en  1808,  avec  une 
notice  biographique.  A  l'audilion  de  cette  ail - 
mir<jble  composition,  le  duc  de  Savoie  éprouva 
une  émotion  si  vive  qu'il  accabla  l'artiste  de  pré- 
.sents,  etiui  assura  une  rente  viagère  de  cent  on- 
tes  d'argent;  mais  Léo  ne  jouit  pas  longtemps  de 


cette  faveur,  étant  mort  dans  l'année  suivante 
Oratosios.  —  47°  La  Morte  d'Abele,  ei 
deux  parties,  1732.  —  48°  Santa  Elena  al 
Calvario,  en  deux  parties,  1733;  ouvrage  excel- 
lent, considéré  àju.ste  titre  comme  unedespliis 
belles  productions  du  maître.  —  49°  Santa 
Chiara,  en  deux  parties.  —  50° ii  Santo  Alessio, 
cantate  rehgieuse,  chantée  par  les  élèves  du  Con- 
servatoire de  Sau-Onofrio  devant  la  porte  du 
monastère  de  Sainte-Claire.  —  Musique  d'église. 
51"  Messe  à  4  voix  allaPale&trina. —  52°  Messe 
à  quatre  voix  avec  orchestre  (à  la  bibliothè- 
que du  Conservatoire  de  Paris).  —  53°  Messe  à 
cinq  voix  (enre),  pour  deux soprani,  alto,  ténor, 
basse  et  orgue:  composition  sublime,  écrite  en 
1743  pour  l'église  Saint-Jacques  des  Espagnols, 
à  Rome.  —  54°  Autre  messe  à  cinq  voix  (en  fa), 
pour  soprano,  alto,  2  ténors  et  basse,  avec  or- 
chestre. —  55°  Autre  messe  à  5  voix  (en  sol) 
pour  2  soprani,  alto,  ténor  et  basse  avec  2  vio- 
lons, violes,  2  hautbois,  2  cois,  basse  et  orgue. 
La  partition  de  cet  ouvrage,  d'un  grand  dévelop- 
pement, est  dans  ma  bibliothèque.  —  56°  Credo 
à  10  voix  en  deux  chœurs  et  orchestra*.  — 
57°  Credo  à  4  voix  et  orchestre.  —  58°  Dixit  a 
4  voix  et  orgue.  —  59°  Dixit  à  5  voix  et  orgue 
(en  ré).  —  60°  Dixit  à  5  voix,  violons,  viole  et 
orgue.  —  610  Dixit  à  5  voix  ,  violons,  viole, 
2  flûtes,  2  trompettes  et  orgue.  —  62°  Dixit  à  10 
voix  en  2  chœurs  et  orchestre,  composé  en  1741. 
—  63°  Dixit  à  10  voix  en  2  chœurs  et  2  orches 
1res,  1743.  —  64°  Te  Deuvi  à  4  voix  et  orches- 
tre. —  65°  Miserere  à  8  voix  en  2  chœurs,  sans 
orchestre.  Lorsqu'il  retourna  àNaples,après  avoir 
écrit  ce  bel  ouvrage  dont  la  réputation  s'était  ra- 
pidement répandue  dans  toute  l'Italie,  les  élèves 
du  Conservatoire  de  San-Onofrio  prièrent  le  maî- 
tre de  leur  permettre  d'en  prendre  une  copie; 
mais  il  s'y  refusa  ,  parce  qu'il  ne  croyait  pas  que 
cette  composition  fût  encore  sa  propriété,  ayant 
été  écrite  pour  un  prince  qui  l'avait  généreuse- 
ment récompensé.  Un  des  élèves,  plus  adroit 
que  les  autres,  ayant  remarqué  où  le  manuscrit 
était  déposé,  l'enleva  furtivement,  le  divisa  entre 
ses  compagnons,  pour  le  transcrire  avec  rapidité, 
puis  remit  le  manuscrit  à  sa  place.  Quelques 
jours  après,  ils  invitèrent  le  maître  à  les  entendre 
chanter  un  morceau  nouveau,  et  exécutèrent  le 
Miserere  en  sa  présence.  Léo  montra  d'abord 
du  mécontentement  de  ce  larcin;  mais  il  finit  par 
en  rire,  et  fit  recommencer  l'exéciilion  pour  lui 
donner  le  coloris  convenable.  —  66°  Miserere. 
à  4  voix  et  orgue.  —  67°  Magnificat  à  4  voix, 
2  violons  et  orgue.  —  68°  Magnificat  à  5  voix 
et  orchestre.  — 69°  Leçons  pour  les  mercredi, 
jeudi  et  vendredi  saints.  ~  70°  Responsori  à  4 


LEO  —  LÉONARD 


27:-. 


voix  pour  Saint-Antoine  de  Padoiie.  —  71°  Res- 
ponsorih  4  voix  pour  les  mercredi,  jeudi  et  ven- 
dredi saints.  —  72°  Caniaia  per  il  glorioso 
San  Vincenzo  Ferrari  o  sia  inotctio  a  5  voci 
con  stromenti.  —  li°Cantalapcr  il  miracolo 
del  glorioso  San  Gennaro  a  5  voci  e  grande 
orchestra.  — 74°  Molet  Jam  surrexit  diesglo- 
riosa,  à  5  voix  et  orchestre.  —  75°  Motet  à  2 
<!liœurs,  composé  en  1736.  —  70°  Pange  Lin- 
(fiia  à  4, 1744.  —  77°  Christus  (en  ré)  à  2  chœurs. 

—  78°  Christus  (en  sol)  alla  Palestrina.  — 
"9°  Tu  es  saccrdos  à  4  voix.  —  80°  Tantum 
ergo  à  4  voix.  —  8i°AllelumÀi  voix.  —  82°  Lau- 
date  pucri  à  2  voix  de  soprano  avec  ciiœur. 

—  83°  Ave  maris  SlcUd  pour  voix  de  soprano, 
2  violons,  viole  et  orgue,  pul)lié  a  Paris,  chez 
Porro.  —  McsiQUE  instrumentale  :  84"  Toccates 
pour  clavecin.  —  85°  Deux,  livres  de  fugues  pour 
l'orgue.  —  SC)".  Six  concertos  pour  violoncelle,  2 
violons,  viole  et  basse,  écrits  en  1737  et  1738. 

—  87°  Léo  a  écrit  pour  le  Conservatoire  de  San- 
Onofrio  six  livres  de  solfèges,  dont  deux  pwzr  so- 
prano ou  ténor,  deux  pour  contralto,  et  deux 
pour  voix  de  basse.  —  88"  Pour  la  même  école 
il  a  écrit  aussi  deux  livres  <]e  partimenti,  ou  de 
basse  chiffrée.  La  plupart  des  ouvrages  désignés 
ci-dessus  se  trouvent  en  manuscrit  dans  la  bi- 
bliothèque du  Conservatoire  de  Paris,  à  la  Biblio- 
thèque royale  de  Berlin,  dans  la  collection  de 
Pabbé  Santini,  à  Rome,  et  enfiH  dans  les  archives 
<lu  Collège  royal  de  musique  à  Naples.  CeUes-ci 
renferment  particulièrement  de  Léo  les  toccates 
«t  partimenti  pour  clavecin,  les  concertos  pour 
violoncelle,  les  solfèges  pour  soprano,  contralto 
«t  basse,  des  cantates  fort  belles,  56  airs  en  par- 
tition avec  instruments ,  des  duos  et  des  trios 
pour  différents  genres  de  voix. 

Léo  était  de  taille  moyenne,  avait  le  teint 
brun,  l'œil  vif  et  le  tempérament  ardent.  Quoi- 
qu'il fût  habituellement  sérieux,  il  ne  manquait 
pas  d'urbanité.  Infatigable  au  travail,  il  passait 
la  plus  grande  partie  des  nuits  à  écrire,  et  se  trou- 
vait toujours  en  verve.  Il  aimait  ses  ouvrages, 
mais  il  rendait  justice  au  mérite  de  ses  rivaux 
de  gloire.  Il  mourut  regretté  de  tous,  laissant  un 
long  souvenir  et  de  la  valeur  de  ses  œuvres,  et  de 
l'école  admirable  dont  il  fut  un  des  chefs.  Il  ne 
lut  pas  seulement  un  grand  compositeur,  un 
professeur  excellent  et  un  bon  organiste,  car  il 
joua  du  violoncelle  en  virtuose  et  fut  un  des 
premiers  qui  mirent  cet  instrument  en  vogue 
en  Ilalie. 

LEO  (François),  compositeur  italien,  fut 
connu  en  Allemagne,  vers  1754,  par  un  opéra 
intitulé  :  Il  Turco  finto. 

LEO  (Geokges),  est  auteur  d'un   concerto 


jiour  la  flûte  d'amour,  quVn  trouvait  en  manu- 
scrit en  Allemagne  vers  1758. 

LÉON     DE    SAINT -LUBIi\.    Voyez 
SALNT-LUBO. 

LEONARD  (HtBERx),  professeur  de  vio- 
lon au  Conservatoire  de  Bruxelles,  né  à  Bellair*, 
province  de  Liège  (Belgique),  le  7  avril  1819, 
eut  pour  premier  maître  de  violon  un  bon  ar- 
tiste de  Liège,  nommé  Ro%ma,  qui  fut  un  second 
père  pour  son  élève.  Léonard  n'était  âgé  que 
de  neuf  ans  lorsqu'il  reçut  les  premières  leçons 
de  ce  professeur.  Pour  se  rendre  à  Liég«,  il  de- 
vait faire  à  pied  quatre  lieues  chaque  jour  fixé 
par  le  maître  pour  recevoir  ses  instructions  :  cet 
état  de  choses  dura  jusqu'à  ce  que  Léonard  eut 
atteint  l'âge  de  seize  ans.  Alors  M'ne  Francotte, 
femme  d'un  riche  négociant  liégeois,  s'intéressant 
au  sort  du  jeune  violoniste,  lui  fournit  les  moyens 
nécessaires  pour  qu'il  se  rendit  à  Paris  :  il 
y  arriva  au  mois  de  juin  1836,  et  le  7  juillet 
suivant  il  fut  admis  au  Conservatoire,  comme 
élève  d'Habeneck.  Bientôt  après  il  entra  à  l'or- 
chestre du  théâtre  des  Variétés^  d'où  il  passa  à 
celui  de  l'Opéra-Comique  ,  et  de  là  à  l'Académie 
royale  de  musique  (l'Opéra).  Sorti  du  Conser- 
vatoire au  mois  de  juin  1839,  il  continua  d'ha- 
biter Paris  jusqu'en  1844.  Ce  fut  dans  cette 
dernière  année  qu'il  prit  la  résolution  de  voyager 
pour  donner  des  concerts  dans  les  pays  étran- 
gers. Après  s'être  arrêté  à  Liège  pendant  quel- 
ques mois,  il  se  rendit  à  Leipsick,  oii  il  joua  le 
4  avril  au  théâtre,  dans  un  entr'acte,  des  varia- 
tions de  sa  composition  sur  un  thème  de  Haydn. 
La  Gazette  générale  ,de  musique  de  cette  ville , 
rendant  compte  ,  dans  le  n°  15  (9  avril)  de  l'ef- 
fet produit  par  le  jeune  artiste,  donne  beaucoup 
d'éloges  à  l'élégance  de  son  style,  au  brillant  d« 
son  staccato,  et  à  l'ampleur  du  son  qu'il  tirait  de 
son  instrument.  Présenté  à  Mendelsolin  peu  de 
jours  après,  il  trouva  chez  cet  artiste  céJèbrc  un 
accueil  sympathique,  qui  bientôt  devint  une  amitié 
véritable.  Léonard  en  reçut  des  conseils  très- 
utiles  pourises  compositions.  De  Leipsick,  il  se 
rendità  Bonn,  pour  les  fêtes  musicales  de  l'inaugu- 
ration de  la  statue  de  Beethoven,  puis  il  retourna 
dans  la  première  de  ces  villes ,  et  le  i  1  décembre 
1 845  il  joua  dans  le  neuvième  concert  d'abonnement 
du  Gewandhaus  le  premier  concerto  de  sa  com- 
position et  une  fantaisie  dans  lesquels  il  obtint  un 
brillant  succès.  Le  27  janvier  suivant  Léonard  joua 
audeuxièmeconceit  d'abonnement,  à  Dresde,  un 
concerto  de  sa  composition;  puis  il  se  rendit  à 
Berlin,  où  il  joua  dans  un  concert  donné  au  théâtre 
royal  le  21  février  :  il  y  produisit  une  vive  im- 
pression constatée  par  un  article  de  la  Gazette 
générale  de  musique  de  Leipsick  (n°  12).  QueJ- 

18. 


l'Tfi 


I.EOJNARD  —     LEONARDI 


ques  jours  après  il  joua  dans  la  même  ville  le 
concerto  de  Mendelsohn,  qu'on  y  entendait  pour 
la  première  fois,  et  sa  fantaisie  intitulée  Souve- 
nir de  Haydn.  Au  retour  de  ce  voyage ,  il  se  nt 
entendre  dans  un  des  concerts  des  fêtes  musicales 
d'Aix-la-Chapelle. 

En  1847  ,  Léonard  fit  un  voyage  en  Suède  et 
donna  plusieurs  concerts;  puis  il  revint  par 
Hambourg,  où  il  se  fit  entendre  dans  deux  con- 
certs à  la  salle  d'Apollon.  Dans  l'année  suivante 
il  se  rendit  à  Vienne;  mais  bientôt  après  son 
arrivée  dans  cette  ville  la  révolution  éclata,  et 
les  événements  politiques  devinrent  si  graves, 
que  tous  les  artistes  qui  s'y  trouvaient  se  bâtè- 
rent d'en  partir.  Arrivé  à  Bruxelles,  après  ce 
voyage  malencontreux ,  Léonard  fut  nommé  pro- 
fesseur de  violon  au  Conservatoire ,  en  remplace- 
ment de  Charles  de  Bériot,  que  le  délabrement 
de  sa  santé  avait  obligé  à  prendre  sa  retraite.  En 
1851,  Léonard  épousaM'i'^  De  Mendi ,  cantatrice 
distinguée,  nièce  du  célèbre  ténor  Manuel  Garcia. 
Dans  l'hiver  suivant,  il  donna  avec  elle  deux 
concerts  à  Paris,  dans  la  salle  Herz,  et  y  pro- 
duisit une  si  vive  impression  qu'il  fut,  suivant 
l'expression  des  journaux  de  musique  qui  ren- 
dirent compte  de  ces  séances ,  le  lion  de  cette 
saison  dans  la  capitale  de  l'empire  français. 
Postérieurement,  M.  et  M"*  Léonard  ont  fait 
divers  voyages  en  Hollande,  en  Danemark,  en 
Suède,  en  Norwége  et  en  Russie  :  partout  ils  ont 
obtenu  de  brillants  succès,  et  recueilli  des  témoi- 
gnages  d'intérêt  des  artistes  et  des  amateurs. 

Comme  professeur,  M.  Léonard  s'est  montré 
digne  de  la  position  à  laquelle  il  a  été  appelé  dans  le 
Conservatoire  royal  de  Bruxelles.  Il  a  su  commu- 
niquer à  ses  élèves  sa  belle  et  puissante  sonorité, 
qualité  qui  distingue  éminemment  l'école  des 
violonistes  belges  de  toutes  les  autres,  quelque 
soit  d'ailleurs  le  mérite  de  celles-ci  sous  d'au- 
tres rapports.  Parmi  les  compositions  de  M.  Léo- 
nard ,  on  remarque  :  1°  Six  concertos  pour  vio- 
lon et  orchestre  ;  les  deux  premiers  sont  édités 
à  Paris  chez  Richault;  les  autres,  à  Mayence 
et  à  Paris,  chez  les  frères  Schott.  — 2"  24  études 
classiques.  —  3°  Gammes  et  exercices  à  l'usage  de 
ses  élèves.  —  4°  Onze  grandes  fantaisies  avec 
orchestre.  —  5°  Deux  élégies  avec  piano.  — 
6"  Morceau  de  salon,  idem.  —  7°  Quatre  duos 
pour  violon  et  piano  ,  en  collaboration  avec  Li- 
lolf.  —  8°  30  duos  idem,  avec  Joseph  Grégoire. 
—  9"  Trois  duos  pour  violon  et  violoncelle,  en 
collaboration  avec  Servais.  —  10"  Sérénade  pour 
violon  et  piano.  —  11°  Romance  pour  violon 
.seul.  —  12"  Duo  de  concert  pour  deux  violons, 
sans  accompagnement.  M.  Léonard  est  chevalier 
de  l'ordre  de  Léopold. 


LÉOiXARD  (M™*  Antoni.v  Sitcher  de 
Mendi),  femme  du  précédent,  est  née  le  20  oc- 
tobre 1827  à  Talavera  de  la  Reina  (Espagne).  Son 
père  était  frère  de  M"ie  Garcia,  femme  du  célèbre 
ténor  et  compositeur  de  ce  nom  (voyez  Garci\). 
Arrivée  à  Paris  fort  jeune,  elle  y  reçut  des  leçons 
de  musique,  d'harmonie  et  de  chant  de  son  cousin 
Manuel  Garcia.  Lorsque  son  éducation  vocale  fut 
terminée,  elle  chanta  pour  la  première  fois  en 
public  la  Sicilienne  ,  de  Pergolèse,  et  un  air 
d^Orlando,  de  llaendel,  dans  un  concert  du  Con- 
.»iervatoire  de  Paris,  le  23  avril  1847.  Son  suecès 
fut  si  brillant  dans  l'air  de  Hsendel  qu'elle  fut 
obligée  de  le  redire  immédiatement.  La  Société 
des  concerts  lui  envoya  une  médaille  en  souvenir 
de  cette  séance.  A  la  suite  de  ce  début,  M"e  de 
Mendi  fit  plusieurs  voyages  en  Angleterre  avec 
sa  tante  (M^^  Garcia).  Ayant  épousé  M.  Léo- 
nard en  1851,  elle  a  faitavec  lui  plusieurs  voyages 
en  Hollande,  en  Suède,  en  Danemark,  en  Rus- 
sie, et  partout  elle  a  brillé  par  son  talent.  Fixée 
depuis  lors  à  Bruxelles,  elle  s'y  livre  à  l'enseigne- 
ment du  chant,  et  s'est  fait  connaître  aussi  par 
la  composition  de  romances  dont  voici  les  titres  : 
1°  Le  Pain  des  pauvres  j  —  2"  La  Chaumière 
dans  les  champs;  —  3°  Florine;  —  4°  Quand 
viendra  la  saison  nouvelle  ; —  5°  Anne-Rose; 
—  C°  Le  vieux  Ménétrier;  —  7"  Chansons 
des  Moissonneurs.  Tous  ces  morceaux  ont  été 
publiés  à  Mayence  et  à  Bruxelles,  chez  Schott. 

LëOIXARDA  (Isabelle), abbesseducouvent 
de  Sainte-Ursule  à  Novare,  naquit  dans  cette 
ville  en  1G41 ,  ainsi  qu'on  le  voit  dans  le  pre- 
mier livre  de  ses  Motetti  aire  voci,  lihro  primo, 
imprimés  à  Milan  ,  en  16C5,  où  elle  dit  dans  le 
proemio  qu'elle  était  alors  âgée  de  vingt-quatre 
ans.  Ses  autres  ouvrages  connus  jusqu'à  ce  jour 
sont  :  Motetti  a  una,  due  e  tre  voci,  con  vio- 
lini  e  senza,  opéra  décima  terza ,  consecrati 
alla  beatissima  Virgine  di  Loreto  et  augustis- 
sima  impératrice  de'Cieli;  In  Bologna  per  Gia- 
como  Monti,  1687,  in-4".  Motetti  a  voce  sola  , 
op.  17.  Bologne,  J.  Monti,  1C95;  Vespere  delta 
Beata  Maria  Virgine  a  capella  e  Motetti  con- 
certati  apiù  voci;  Bologne,  J.  Monti,  1678;  et 
Messe  a  quattro  voci  concei-tateconstromenti, 
e  motetti  a  una,  due  e  tre  voci,  pure  con  stro- 
menti,  d'Isabella  Leonarda,  madré  vicaria 
nel  îwbilissimo  collegio  de  S.  Orsola  in  No- 
vara,  opéra  décima  ottava;  Bologne,  1696, 
in-4°. 

LËOIVARDl  (Antoine),  musicien  et  gram- 
mairien, né  àPise,a  vécu  dans  le  quinzième 
'  siècle.  Manni  rapporte,  dans  son  livre  Délia  dis- 
ciplina del  canto  ecclesiastico  antico  (p.  21), 
une  épilaphe  qui  se  trouve  dans  le  Campo- 


LEONARDI  —  LEONI 


277 


Sonto  de  Pise,  et  qui  est  ainsi  conçue  :  s.  p. 

lEONARDl     MAClSrRI   DE   FISIS  CRAMMATICE  MUSIGE- 
QUE   PROFESSORIS  ET  HEREDL'M  SUORUM.  MCCCCLVll. 

On  ne  connaît  rien  jusqu'à  ce  jour  des  produc- 
tions deLeonardi. 

LEOiVETTl  (Le P.  Jean-Baptiste ),  moine 
auguslin ,  fut  organiste  du  couvent  de  son  or- 
dre, à  Crema  (Lombardie),  et  vécut  au  commen- 
cement du  dix-septième  siècle.  Il  a  fait  impri- 
mer de  sa  composition  :  i°  Il  primo  libro  di 
Madrigali  a  cinqiie  voci  ;  in  Venetia,  oppressa 
Giaeomo  Vincenii,  1617,  in-4°.  C'est  par  l'é- 
pitre  dédicatoire  de  cet  œuvre  au  podesta  de  la 
ville  de  Crema  qu'on  apprend  que  Leonetti  était 
moine  de  l'ordre  de  Saint-Augustin.  —  2°  Missa- 
rmnocto  vocum  liber primus,  \bid.  1617,  in-4°. 

LEOMHARD  (JeanCiiristowie).  On  a 
sous  ce  nom  une  dissertation  intitulée  :  Quse 
scholas  Gottingensis ,  quse  modo  pxdagogii , 
modo  gtjmnasii  nomine  quondam  insignita 
est ,  cantus  figurâtes,  ab  suo  ortu,  ordine  re- 
censentur ,  eorumdemque  vitis  nonnullx 
schotx  pariter  dexirbis  fatainseruniur;  Gœt- 
tingiie ,  1743. 

LEOXHARDT  (Jules-Émile),  pianiste  et 
compositeur,  est  né  à  Laubau,  dans  la  Siiésie 
prussienne,  le  13  juin  1810.  Après  avoir  vécu 
longtemps  à  Dresde ,  il  a  passé  quelques  années 
à  Leipsick  ,  où  il  était  directeur  d'une  société  de 
chant.  Il  est  aujourd'hui  (1862  )  professeur  au 
Conservatoire  de  Munich.  On  connaît  de  cet  ar- 
tiste une  symphonie  qui  a  été  exécutée  avec 
succès  à  Leipsick,  en  1845  et  1846,  des  oaver- 
ture.s,  des  sonates  de  piano  ,  un  trio  pour  piano, 
violon  et  violoncelle,  un  psaume  exécuté  à  Ham- 
bourg et  à  Leipsick,  l'oratorio  Johannes  der 
Txufer  (Saint  Jean-Baptiste) ,  et  des  Lieder. 

LEOA'I  (LÉON,)  maître  de  chapelle,  non  à 
Vienne ,  comme  il  est  dit  dans  le  Dictionnaire 
des  musiciens  de  Choron  et  Fayolle,  ni  à  Ve- 
nise, comme  on  le  prétend  dans  le  Lexique  uni- 
versel de  musique,  publié  par  Schilling,  mais 
à  la  cathédrale  de  Vicence,  ainsi  qu'on  le  voit  au 
frontispice  de  ses  Sacri  Fiori.  Il  paraît  être  né 
au  plus  tard  vers  1560,  car  il  fat  au  nombre  des 
compositeurs  déjà  célèbres  qui,  en  1592,  dé» 
dièrent  im  recueil  de  psaumes  à  5  voix  à  Pales- 
Irina ,  comme  un  hommage  dû  à  la  supériorité 
de  son  génie  et  de  son  talent.  (Voyez  à  ce  sujet 
le  Saggio  fondam.  prat.  di  contrappunto ,  du 
P.  Martini,!.  II,  p.  74.)  D'ailleurs,  le  premier 
livre  des  madrigaux  à  cinq  voix  de  Leoni  parut 
en  1588.  On  n'a  aucun  renseignement  sur  le  lieu 
de  naissance  de  cet  artiste ,  ni  sur  les  maîtres  qui 
dirigèrent  ses  études.  Les  ouvrages  connus  de  ce 
eonipositeur  sont  :  i"  Il  pi'imo  libro  di  Madri- 


gali acinque  voci;  in  Venetia,  oppressa  An- 
gelo  Gordano  ,  1588,  in-4°  obi.  Il  y  a  une  autre 
édition  du  même  ouvrage,  imprimée  chez  le  mèn.e 
en  160t.  —  2°  Il  seconda  ed  il  terzo  libro  di 
Madrigali  a  cinque  voev;  in  Venetia,  oppressa 
Micciardo  Amadino ,  1595,  in-4°obl.  —  3°  Il 
quarto  libro  di  Madrigali  a  cinque  voci.  A'o- 
vamente  compostiet  dati  in  luce;in  Venetia, 
oppressa  Ricciarda  Amadino,  1598,  in-4'' 
obi.  —  4°  Bell'Alba  di  Madrigali  a  cinque 
voci.Libra  quinto  de' Madrigali  di  Leone  Leoni, 
maestro  di  capella  nel  Duoma  di  Vicenza, 
Academica  olympico;  in  Venetia,  oppressa 
Ricciarda  Amadino,  1602,  in-4°.  —  b°  Il 
primo  libro  de'  Motetti  aseivoci;  ibid,  1603, 
iu-4°.  —  6"  Motetti  a  due,  tre  e  quattra  voci 
con  bossa  perorgano,  libro  primo  ;  in  Venetia, 
oppressa  Ricc.  Amadino,  1606,  in-4''.  —  7°  Li- 
bro seconda  di  Motetti  a  due,  tre  et  quattra 
vaciconilbasso per  Vorgana;MA.,  1608,  in-4°. 
La  deuxième  édition  de  ces  deux  livres  de  mo- 
tets a  été  publiée  sous  ce  titre  :  Sacri  Fiori,  mo- 
tetti a  due ,  tre  et  quattra  voci  per  cantar 
nel  argano,  et  la  sua  parlilura  a  commoda 
delli  organisti,  libro  prima;  in  Venetia,  pressa 
Virtc.  Amadino,  1609,  in-4%  idem  :  Libra  se- 
conda., ibid.,  1610,  in  4".  — 8»  Il  primo  libro 
de'Motetti  a  atto  voci,  ibid.,  1608,  in-4°.  — 
9°  Libro  prima  de'  Motetti  a  una,  due  et  tre 
voci  con  il  bossa  per  argano  ;  in  Venetia,  op- 
pressa Alessandro  Vincenti,  1609,  in-4°  obi. — 
IQ'^  Libra  seconda  de'Motetti  a  una,  due  e 
tre  voci,  con  una  messa  a  quattra  voci  ;  in 
Venetia,  oppressa  Alessandro  Vincenti,  1611, 
in-4''.  Il  y  a  une  deuxième  édition  de  ces  deux 
livres  de  motets  à  une,  deux  et  trois  voix  impri- 
mée à  Venise  en  1612,  chez  Richard  Amadino. 
—  11"  Omnia  Psalmodia  solemnitotum  octa 
vocum;  Venetiis,  apud  Rie.  Amadinum,  1613. 
Une  deuxième  édition  de  ce  Recueil  de  psaumes 
à  8  voix  a  été  publiée  par  Bartolomeo  Magiii ,  à 

Venise,  en  1623 12°  Prima  parte  dell'aurea 

corana  ingemmata  d'armonici  concerti  a  dieci 
con  quattra  voci  et  sei  istromenti.  In  Iode 
delta  santissima  incaronata  di  Vicenza,  di 
Léon  Leoni,  Academica  olimpico.  Et  anca  a 
voci  sali  con  il  bossa  continua  et  a  due  chari 
divisi,  adoprando  le  bassi  delV  unu  e  l'altra 
choro  canargani,  chitaroni,  e  simili.  Nova- 
mente  composta  et  dota  in  luce;  in  Venetia, 
1615,  oppresso  Ricciarda  Amadino.  On  trouve 
des  madrigaux  à  6  voix  de  Leoni  dans  la  col- 
lection intitulée /f  Trianfo  diDori  (Venise,  Gar- 
dano,  15%),  dans  les  Madrigali  pastorali  a 
sei  voci  (Anvers,  Phalèse,  1604),  dans  le  Giar- 
dino  nuovo  bellissimo  di  vari  fiori  vxusicuU, 


2T8 


LEONI  —  LEPRÉVOST 


recueilli  par  Borcligrevinck,  organiste  du  roi  de 
Danemark  (  Copenliague,  1605),  et  les  grandes 
collections  d'Abraham  Scliade  (  Promptuarium 
musicum)  et  de  Bodenschatï  (Florilegium  Por- 
teuse), renferment  des  motets  du  môme  maître. 

LÉOPOLD  (George- Auguste- Jules),  né  à 
Leimbach  (Saxe) ,  le  17  octobre  1755,  mort  le  8 
juillet  1827 ,  a  publié  un  petit  écrit  qui  a  pour 
litre  :  Pensées  et  Conjectures  sur  l'iiistoire  de 
la  viusique;  Stendal,  1780,  in-S"  de  39  pages. 

LEPEINTRE,  ou  LE  PEINTRE,  ou  LE 
PALNCTRE  (Claude),  musicien  français  du 
seizième  siècle,  était,  en  1576,  maître  de  la 
chapelle  de  Monsieur  de  Villeroy ,  suivant 
un  renseignement  fourni  par  un  document  authen- 
tique (I).  11  obtint,  dans  cette  année,  au  con- 
cours du  Put}  de  musique  de  Sainte-Cécile ,  à 
Évreux,  le  prix  de  la  fJùte  d'argent,  pour  la 
composition  de  la  chanson  française  à  plusieurs 
Toix  dont  les  premiers  mots  étaient  :  Un  com- 
pagnon (risque  et  gaillard.  On  connaît  aussi  de 
ce  musicien  la  chanson  à  trois  voix  :  Toutes  les 
nuits,  insérée  au  Tiers  Livre  de  chansons  à 
3  parties,  composé  par  plusieurs  autheurs  ; 
Paris,  Adiian  Le  Roy  et  Robert  Ballard,  1578, 
et  la  chanson  à  quatre  voix  :  Mon  Pensement, 
dans  le  vingt  et  uniesme  livre  de  char^sons 
nouvellement  composées,  à  quatre  et  cinq  par- 
ties, par  plusieurs  autheurs  ;  imprimé  à  Paris 
par  Adrian  Le  Roy  et  Robert  Ballard,  imprimeurs 
du  Roy,  1569.  Dans  ce  recueil,  le  nom  est  écrit 
Lepeintre. 

LEPILEUR  D'APLIGIVY  (....);  Voyez 
PILEUR  D'APLIGINY  (LE). 

LEPIN  (....),  claveciniste  et  compositeur, 
vivait  à  Paris,  vers  1780.  Il  a  exécuté  au  Coricert 
spirituel  plusieurs  concerto» pour  le  clavecin, et 
en  a  fait  graver  six  séparés ,  à  Paris,  chez  Boyer 
(Naderman).  Gerber  s'est  trompé  en  lui  attribuant 
un  petit  opéra  qui  appartient  à  Lépine.  (  Voy. 
te  nom.  ) 

LEPINE  ( ....).  facteur  d'orgues,  né  à  Pézé- 
nas ,  dans  la  première  moitié  du  dix-huitième 
siècle,  fut,  dit-on,  l'homme  de  son  état  le  plus 
occupé  en  France.  11  a  construit  beaucoup  de 
grands  instruments  ,  parmi  lesquels  on  cite  ceux 
de  Narbonne,  de  Pézénas  ,  de  la  cathédrale  de 
Montpellier,  l'orgue  immense  qui  était  autrefois 
dans  l'église  des  Cordeliers ,  à  Toulouse ,  celui 
de  Saint-Falerand ,  à  Lodève  (Hérault),  et  plu- 
sieurs autres  ouvrages  considérables.  Retiré  dans 
le  lieu  de  sa  naissance  en  1789,  Lépine  y  mou- 
rut peu  d'années  après ,  laissant  à  ses  fils  une  for- 

(I)  Puy  de  rmesique  ,  ériijé  à  Évreux,  en  l'honneur  de 
madame  sainte _Cecile;  publié  d'après  un  manuscrit  du 
sei^Uiae  siècle,  par  MM.  Bonniii  et  Ghassan  ,  p.  6^. 


tune  honorablement  acquise  par  de  longs  travaux, 

LÉPIiVE  (.•..),  musicien  peu  connu,  a 
composé  la  musique  d'un  opéra  intitulé  ;  Acis  et 
Galatée,  représenté  au  théâtre  des  Beaujolais, 
en  1787. 

LEPLUS  (Gabriel),  flûtiste  et  compositeur 
pour  son  instrument,  né  à  Lille  (Nord),  le  l'"' 
septembre  1807  ,  commença  ses  études  musicales 
dans  cette  ville.  Le  14  avril  1824,  il  fut  admis  au 
Conservatoire  et  y  devint  élève  de  Guillou  pour  la 
flûte.  Le  premier  prix  de  cet  instrUmentlui  fut  dé- 
cerné aucoucoursdel825.  Retiré  de  cette  école  au 
mois  d'octobre  1 826,  il  y  rentra  en  1829  pour  suivre 
le  cours  de  composition  de  Seuriot  et  de  Jelens- 
perger  ;  mais  il  n'acheva  pas  ses  études  dans  celte 
partie  de  l'arl,  et  se  relira  de  nouveau  à  la  fin 
de  l'année  scolaire  1830.  Leplus  fut  attaché  pen- 
dant quelques  années  à  l'orchestre  de  l'Opéra- 
Comique  ;  mais,  ayant  épousé  Jenny  Colon ,  ac- 
trice et  cantatrice  distinguée,  il  quitta  celte  po- 
sition ,  et  accompagna  sa  femme  à  Bruxelles,  où 
elle  était  cjigagée  pour  le  Théâtre-Royal.  11  a  publié 
de  sa  composition  environ  cinquante  œuvres  de 
Fantaisies,  variations  et  études  pour  la  flûte, 
avec  accompagnement  de  piano,  publiés  à  Paris, 
chez  Brandus,  chez  Colombier,  et  à  Milan,  chez 
Ricordi. 

LEPREUX  (l'abbé),  maître  de  musique  de 
la  Sainlc-Chapelle,  à  Paris,  dans  la  seconde 
moitié  du  dix-huitième  siècle,  a  fait  exécuter 
quelques  messes  avec  orchestre ,  de  sa  composi- 
tion, et  a  donné  au  Concert  spirituel,  en  1787, 
un  Te  Deum  dont  on  a  fait  l'éloge  ,  et  dans  la 
même  année  l'oratorio  intitulé  :  les  Fureurs  de 
Saiil.  Enfin,  le  12  novembre,  il  a  donné  à  la 
Sainte-Chapelle  du  palais  une  messe  solennelle 
avec  orchestre,  pour  la  rentrée  du  parlement. 
Framcry  dit,  dans  son  Almanach  musical  de 
1788  (p.  4),  que  cet  ecclésiastique  était  déjà  connu 
parun  grand  nombre  de  compositions  estimables. 
L'abbé  Lépreux  était  chargé  de  l'éducation  musi- 
cale des  enfants  de  chœur  de  la  Sainte-Chapelle. 

LEPRÉVOST  (Etienne-Alexandre),  or- 
ganiste du  chœur  de  l'église  Saint-Roch ,  à 
Paris ,  et  compositeur,  est  né  le  25  novembre 
1812  à  Trévise  (alors  royaume  d'Italie),  où  son 
père  était  employé  de  l'administration  française. 
Après  avoir  étudié  la  musique,  le  piano  et  l'orgue, 
il  entra  au  Conservatoire  de  Paris ,  le  2  mars 
1832,  pour  y  faire  un  cours  de  composition  sous 
la  direction  de  l'auteur  de  cette  notice.  Après  que 
ce  maître  eut  été  appelé  à  Bruxelles  pour  en 
diriger  le  Conservatoire,  Leprévost  devint  élève 
d'Halévy;  mais  il  cessa  de  fréquenter  les  leçons 
de  son  professeur  au  mois  d'octobre  1833,  et  se 
livra  seul  à  l'étude  des  ouvrages  des  maîtres. 


LEPRÉVOST  —  LEROY 


27Î) 


A\ant  été  appelé  aux  fonctions  de  maître  de 
(  Inpellc  d'une  des  succursales  de  Paris  et  d'or- 
(^aiiistedu  chœur  de  Saint-Roch,  M.  Leprévost 
s'est  particulièrement  occupé  de  composition  de 
musique  religieuse.  Il  a  fait  exécuter  à  Saint- 
Rocli  plusieurs  messes  solennelles  à  4  voix,  chœur 
et  orchestre  dans  lesquelles  on  a  remarqué  le 
mérite  de  la  facture.  Il  s'est  aussi  es.sayé  à  la 
scène,  et  a  donné  au  Uiéàtre  de  l'Opéra-Comique 
(mars  1848)  le  Dormeur  éveillé,  ouvrage  en 
un  acte,  bien  accueilli  par  le  public  dans  sa 
nouveauté.  On  a  publié  de  cet  artiste  :  1°  Messe 
pour  le  temps  de  carême,  à  3  voix  égales  et  or- 
gue; Paris,  Cdnaux.  —  2"  Ave  Maria,  à  3  voix 
égales  avec  orgue  ;  ibid.  —  3"  Domine  salvum 
fac  regem,  à  3  voix  égales  avec  orgue  ;  ibid.  — 
k°  Adoremus,  pour  ténor  solo,  avecorgue;  ibid. 
—  5°  Recueil  de  pièces  d'orgue  contenant  la 
messe  de  Dumont  complète,  et  des  morceaux 
courts  et  faciles  qui  conviennent  pour  alterner 
avec  le  chœur  dans  les  Kyrie,  Gloria,  Magnifi- 
cat,  et  qui  peuvent  servir  d'antiennes  aux 
psaumes  des  vêpres,  en  deux  livres;  ibid.  — 
0°  !'■<'  Messe  solennelle  à  quatre  voix,  chœur  et 
orchestre;  Paris,  l'auteur.  —  7°  2""e  Messe  idem; 
ibid.  —  8"  3™e  Messe  idem  ;  ibid. 

LEPRINCE  (René),  littérateur,  né  à  Paris 
en  1753,  est  auteur  de  plusieurs  ouvrages  con- 
cernant les  arts  au  moyen  âge,  au  nombre  des- 
quels on  remarque  des  Lettres  sur  l'époque  de 
plusieurs  inventions  du  motjen  âge,  qui  furent 
publiées  dans  le  Journal  des  Savants ,  depuis 
1779  jusqu'en  1782,  et  qu'on  réimprima  à  Paris 
en  1785,  1  vol.  in-l2.  Une  de  ces  lettres  est  un 
morceau  curieux  et  intéressant  Sur  V origine 
du  violon.  Fayolle  l'a  reproduite  dans  ses  No- 
tices sur  Corelli,  Tartini,  Gaviniès  et  Viotti ; 
Paris,  1810,  in-8°. 

LERICHE  ou  LE  RICHE  (Antoine).  Voyez 
DlVrriS  (A^TOI^E). 

LERICHE  (Jean-Baptiste),  violoniste,  s'est 
fait  entendre  avec  succès  au  Concert  spirituel  en 
1789,  dans  un  concerto  (en  la),  qui  a  été  gravé  à 
Paris,  chez  Sieber.  On  a  aussi  de  cet  artiste:  Six 
Airs  variés  pour  violon;  Paris,  Boyer;  24  petits 
Duos  pour  deux  violons  ,  op.  4;  Paris,  Sieber. 

LÉRIS  (Antoine  de),  premier  huissier  de  la 
Chambre  des  comptes  de  Paris,  né  à  Mont-Louis, 
dans  le  Roussillou,  le  21  février  1723,  mourut  à 
Paris  en  i795.0n  a  de  lui  une  assez  bonne  compi- 
lalion  intitulée  :  Dictionnaire  portatif  des  théâ- 
tres,contenant  Vorigine  desdifférents  théâtres 
de  Paris ,  le  nom  de  foutes  les  pièces  qui  y  ont 
éléreprésenlécs  depuis  leur  établissement ,  etc.; 
Paris,  Jombert,  1754,  1  vol.  in-12.  Cette  première 
édition  est  anonyme  ;  mais  le  nom  de  l'auteur  Qst 


dans  le  privilège  imprimé  à  la  fin  du  volume.  La 
deuxième  édition,  augmentée,  a  paru  à  Paris  e:r 
1763,  1  vol.  in-12.  On  trouve  dans  cet  ouvrage 
des  renseignements  sur  les  opéras  et  sur  les  coiu- 
positeurs  français,  avec  un  catalogue  par  ordre 
chronologique  de  ces  opéras  et  de  leurs  auteurs. 
Quérard  dit  {France  littéraire,  t.  V,  p.  205)  que 
Léris  fut  le  collaborateur  de  Morambert  dans  la 
rédaction  de  l'écrit  périodique  intitulé  :  Sentiment 
d'un  harmoniphile  sur  différents  ouvrages 
de  musique,  dont  la  publication  commença  en 
175C;  mais  ni  Morambert  ni  Léris  ne  travaillè- 
rent à  cet  ouvrage,  dont  l'abbé  Laugier  fut  seul 
auteur.  (  Voy.  Laugier  et  Morambert.  ) 

LEROUX  (Jean- Jacques),  médecin  et  litté- 
rateur, né  à  Sèvres,  près  de  Paris,  le  17  avril 
1749,  est  mort  du  choléra  le  10  avril  1832.  En 
1791,  il  fut  nommé  officier  municipal  de  la  com- 
mune de  Paris;  plus  tard  il  se  retira  de  l'admi- 
nistration et  des  affaires  publiques  pour  se  vouer 
à  la  médecine.  Pendant  vingt-sept  ans  il  fut 
professeur  de  clinique  à  la  Faculté  de  Paris.  On 
lui  doit  plusieurs  ouvrages  relatifs  à  la  science  qu'il 
cultivait.  Comme  membre  de  la  commune  de 
Paris,  il  a  publié  :  liapport  sur  l'Opéra,  pré- 
senté au  corps  municipal,  le  17  août  1691  ;  Pa- 
ris, 1791,  98  pages  in-8°. 

LEROY  ou  LE  ROY  (Guillaume),  musi- 
cien français  de  la  chapelle  de  Louis  XII,  succéda 
à  Bardemont,  autre  musicien  de  la  chapelle,  le 
17  septembre  1511,  en  qualité  de  chantre  basse. 
Dans  le  recueil  publié  par  Attaignant,  sous  ce  ti- 
tre :  Liber  septimus  XXIII  irium,  quatuor 
quinque  et  sex  vocum,  modulos  Domini  ad- 
ventus,  etc.  (Paris,  1533,  petit  in-4''obl.),  on 
trouveun  motet  deLeRoy  sur  le  texte  :  0  ariens! 
à  cinq  voix. 

LEROY  ou  LE  ROY  (Adrunou  Adrien), 
luthiste  et  compositeur  français,  peut-être  parent 
du  précédent,  établit  à  Paris,  vers  1550,  une  des 
plus  célèbres  imprimeries  de  musique  de  cette 
époque.  Il  était  clianteur  de  la  chapelle  du  roi 
Henri  II.  On  voit  encore  son  nom  figurer  dans 
les  comptes  de  dépense  de  1584,  en  la  même 
qualité.  La  Borde  s'est  trompé  lourdement  en 
disant  que  LEROY  fut  le  premier  qui  eut  une 
imprimerie  de  musique,  car  Attaignant  imprimait 
des  œuvres  et  des  recueils  de  musique  plus  de 
vingt-cinq  ans  avant  lui;  cependant  La  Borde  a 
été  copié  sans  examen  à^^\&\e,  Dictionnaire  his- 
torique des  Musiciens,  par  Choron  et  Fayolle. 
Leroy  imprima  d'abord  seul,  avec  les  premiers 
caractères  que  Guillaume  Le  Bé  grava  et  fondit 
en  1540.  En  1551  il  épousa  la  sœur  de  Robert 
Ballard  et  s'associa  avec  son  beau-frère,  qui 
était  attaché  au  service  de  la  cour,  et  qui  obtint 


ISO 


LEROY 


par  ses  protecteurs,  pour  la  nouvelle  société,  la 
charge  de  seul  imprimeur  de  la  musique  de  la 
chambre,  chapelle  et  menus  plaisirs  du  roi, 
par  lettres  patentes  de  Henri  II,  en  date  du  16 
lévrier  1552.  11  y  a  lieu  de  croire  que  dans  celte 
association  Leroy,  excellent  musicien,  s'occupait 
du  choix  des  ouvrages  à  imprimer,  de  leur  cor- 
rection, et  de  ses  propres  travaux  comme  com- 
positeur et  comme  exécutant,  tandis  que  son 
beau-frère  était  chargé  des  détails  du  matériel 
et  du  négoce.  Le  nom  d'Adrien  Leroy  est  joint  à 
celui  de  Robert  Ballard  sur  le  titre  de  tous  les 
ouvrages  qui  furent  imprimés  dans  leur  maison 
jusqu'en  1588,  mais  il  disparaît  en  1589,  et  de- 
puis cette  époque  on  ne  trouve  plus  que  celui  de 
Ballard  seul  ;  il  y  a  donc  lieu  de  croire  que  Leroy 
mourut  vers  la  fin  de  1588  ou  au  commence- 
ment de  l'année  suivante.  Leroy  était  estimé  des 
artistes  à  cause  de  son  mérite  personnel,  et  en- 
tretenait des  relations  avec  les  musiciens  célèbres 
de  son  temps.  Ce  fut  chez  lui  que  Roland  ou  Or- 
land  de  Lassus  descendit  et  demeura,  lorsqu'il  se 
rendit  à  Paris  en  1571. 

Adrien  Leroy  et  Robert  Ballard  ont  publié,  de- 
puis 1551  jusqu'en  1568,  vingt  livres  de  Chan- 
sons nouvellement  composées  en  musique  à 
quatre  parties,  par  bons  et  excellents  musi- 
ciens; on  y  trouve  plusieurs  morceaux  de  Le- 
roy; entre  autres,  dans  le  septième  livre,  la  chan- 
son à  quatre  voix  En  un  chastcau,  qui  est  fort 
bien  faite.  Deux  ouvrages  ont  fait  surtout  con- 
naître avantageusement  cet  artiste  ;  le  premier  a 
pour  titre  :  Instruction  de  partir  toute  mu- 
sique des  huit  divers  tons  en  tablature  de 
luth;  Paris,  Adrian  Leroy  et  Robert  Ballard, 
1557,  in-4''  obi.  Édition  très-rare,  qui  n'est  citée 
par  aucun  auteur,  et  dont  je  ne  connais  qiie 
l'exemplaire  que  je  possède.  Une  deuxième  édi- 
tion a  paru  chez  les  mêmes  imprimeurs  en  1570, 
et  une  troisième  en  1 583,  que  M .  Grasse  a  prise  pour 
un  ouvrage  différent ,  et  qu'il  a  citée  sous  le  ti- 
tre de  Traité  de  musique  (Lehrbuch  einerAUge- 
meine  Literargeschichte,  t.  III,  p.  962,  note  20). 
Il  a  été  fait  deux  traductions  anglaises  du 
livre  de  Leroy  ;  la  première  est  intitulée  :  A  briefe 
and  easye  instruclionto  learne  thetableture, 
to  conducte  and  dispose  ihe  hande  unto  (sic) 
ihe  lute  ;  Englished  by  J.  Alford;  with  a  eut 
ofthe  lute;  London,  1568,in-4''.  La  deuxième  a 
paru  sous  ce  titre  :  A  briefe  and  plaine  instruc- 
tion to  set  ail  musicke  of  eight  divers  tunes 
in  tableture  for  the  lute;  icith  a  briefe  ins- 
tructionhow  toplay  on  the  lute;  with  certain 
easie  tessons  for  that  purpose;  and  also  a 
ihird  booke,  containing  divers  new  excellent 


translated  into  English,  by  F.  Ke,  gentleman  , 
London,  1574,  in-4".  Baron  neparaît  avoir  connu 
ni  Adrien  Leroy,  ni  son  livre,  car  il  n'en  parle 
pas  dans  son  Traité  historico-théorico-pratique 
sur  le  luth.  Le  second  livre  d'Adrien  Leroy  est 
une  méthode  pour  apprendre  à  jouer  de  la  gui- 
tare, intitulée  :  Briefve  et  facile  instruction 
pour  apprendre  la  tablature,  à  bien  accor- 
der, conduire  et  disposer  la  main  sur  la  gui- 
terne.  Paris,  Ad.  Le  Roy  et  Robert  Ballard,  1578, 
iii-4°.  Je  crois  qu'il  doit  y  avoir  des  éditions  an- 
térieures à  celle-ci.  On  connaît  aussi  d'Adriau 
Leroy  ou  Le  Roy  un  Livre  d'airs  de  cour  mis 
sur  le  luth.  A  Paris,  par  Adrian  Le  Roy  et  Robert 
Ballard,  1571.  Petit  in-4''  oblong  de  24  feuillets 
numérotés.  Sur  le  premier  se  trouve  le  titre 
ci-dessus  ;  au  verso,  est  l'épître  dédicatoire  dont 
voici  le  commencement  : 

«  A  très-excellente  dame  Caterine  (sic)  de 
«  Clermont,  confesse  (sic)  de  Retz. 

«  Ces  jours  prochains,  Madame,  vous  ayant 
n  présenté  l'instruction  d'asseoir  toute  musique 
«  facilement  en  tablature  de  luUi,  qui  estoit  fondée 
«  exemplairement  sur  les  chansons  d'Orlande  de 
«  Lassus,  lesquelles  sot  difficiles  et  ardues  côme 
«  pour  rompre  le  disciple  de  l'art  à  franchir 
«  aprez  toutes  difficultez  :  je  me  suis  avisé  de 
«  lui  mettre  en  queue  pour  le  seconder  ce  petit 
«.  opusculede  chansons  de  la  cour  beaucoup  plus 
«  legieres  (que  jadis  on  appeioit  voix  de  ville, 
«  aujourd'hui  a</"s  rfecowr)  tant  pour  votre  ré- 
«  création,  à  cause  du  sujet  (que  l'usage  ha  desja 
«  rendu  agréable)  que  pour  la  facilité  d'icelles 
«  plus  grande  sur  l'instruraentauquel  vous  prenea 
«  plaisir,  etc.  » 

Il  est  assez  singulier  que  Le  Roy  dise  à  une 
grande  dame  qu'il  lui  dédie  son  recueil  de  chan- 
sons pour  sa  récréation ,  à  cause  du  sujet, 
car  les  paroles  de  quelques-unes  de  ces  chansons 
sont  libres  jusqu'à  l'obscénité.  Les  auteurs  des 
paroles  du  recueil  sont  Sillac,  Ronsard,  De  Bail, 
Desportes ,  Pasquier.  Quelques  chansons  n'ont 
pas  de  nom  de  poètes.  M.  Farrenc,  dont  l'obli- 
geance m'a  fourni  ces  renseignements,  pense 
que  les  mélodies  de  ces  chansons  sont  des  airs 
populaires,  et  que  l'harmonie  seulement  est  l'ou- 
vrage de  Leroy.  On  trouve  le  portrait  de  l'artiste, 
gravé  sur  bois,  dans  ce  recueil,  qui  renferme 
vingt-deux  chansons. 

LEROY  (Etienne),  chanteur  renommé  sous 
le  règne  de  Charles  IX,  était  chargé  du  rôle  de 
Mercure  dans  le  spectacle  que  ce  prince  fit  re- 
présenter quatre  jours  avant  la  Saint-Barthélémy, 
en  1572. 

LEROY  (Eugène),  dit  ROY,  mort  à  Paris 
tunes.  Allfirst  written  inFrench,and  now     en  1816,  à  l'âge  d'environ  quarante-cinq  ans, 


LEROY  —  LESCOT 


28! 


avait  été  musicien  dans  plusieurs  régiments,  et 
jouait  de  presque  tous  les  instruments.  Dans  les 
dernières  années  de  sa  vie,  il  était  second  chef 
d'orcliestre  des  bals  champêtres  de  Tivoli.  Le- 
roy fut  longtemps  chargé  de  faire  pour  les  mar- 
chands de  musique  de  Paris  des  arrangements 
d'après  des  thèmes  populaires  ou  des  mélodies 
d'opéras  nouveaux,  et  d'écrire  de  petites  mé- 
thodes pour  divers  instruments.  Après  sa  mort, 
qui  resta  ignorée,  on  se  servit  encore  longtemps 
de  son  nom  pour  diverses  publications  mercan- 
tiles; en  sorte  que  Zeroy  ou  Roy  est,  pour  beau- 
coup de  ces  ouvrages,  un  pseudonyme.  On  a 
sous  son  nom  :  1°  Des  marches,  des  valses  et 
des  allemandes  ponr  2  violons.  —  2°  Idem  pour 
la  ilùte.  —  3°  Idem  pour  la  clarinette.  —4"  Des 
thèmes  variés  pour  divers  instruments  solos.  — 
5°  Récréations  champêtres  ouduos  et  solos  pour 
flageolet.  —  6°  Pots-pourris  pour  piano.  11  y  a 
de  ces  morceaux  gravés  chez  presque  tous  les 
éditeurs  de  Paris.  —  7°  Petite  méthode  de  flûte  ; 
Paris,  PleyeletViguerie.  —8°  Principes  de  flûte; 
Paris,  Frère.  —  9"  Méthode  de  flageolet;  Paris, 
chez  tous  les  marchands  demusique. —  10"  Nou- 
velle méthode  de  flageolet,  sans  clefs  et  avec 
clefs  ;  Paris,  Janet.  —  1 1"  Petite  méthode  de  fla- 
geolet; Paris,  P.  Petit.  —  12°  Petite  méthode 
de  clarinette,  Paris,  Pleyel.  La  plupart  de  ces 
ouvrages  ont  été  traduits  en  allemand. 

LESCHEIV  (Guillacme)  ,  facteur  de  pianos 
de  la  cour  impériale  et  bourgmestre  à  Vienne,  est 
né  le  27  octobre  1781  à  Grau,  dans  le  Hanovre. 
Après  avoir  appris  les  éléments  de  sa  profession 
chez  différents  artistes  de  son  pays,  il  voyagea 
pour  perfectionner  son  habileté.  En  1805  il  arriva 
à  Vienne  et  travailla  dans  les  ateliers  de  Kœnick 
et  Brodmann,  qui  avaient  alors  delà  réputation. 
Après  cinq  années,  il  obtint  la  naturalisation  de 
bourgeoisie  et  la  maîtrise  dans  cette  ville.  Le 
titre  de  facteur  de  la  cour  lui  a  été  conféré  en 
1830.  Les  grands  pianos  de  cet  artiste  sont  comp- 
tés parmi  les  meilleursinstrumentsde  Vienne,  et 
ceux  de  Conrad  Graeff  sont,  dit-on,  les  seuls 
qu'on  puisse  leur  opposer  pour  la  puissance  du 
son  et  la  légèreté  du  mécanisme.  Leschen  expé- 
diait chaque  année  un  grand  nombre  de  ses  pia- 
nos à  l'étranger,  particulièrement  en  Amérique  et 
dans  l'Inde. 

LESCHEIVET  (Didier),  composieur  français 
du  seizième  siècle,  fut  chantre  de  la  chapelle  du 
roi  Louis  XII,  et  était  chanoine  de  Saint  Quentin 
en  1518,  ainsi  que  le  prouvent  un  arrêt  du  Par- 
lement du  29  juillet  de  la  même  anné«,  et  un 
passage  de  l'inventaire  de  l'église  de  Saint  Quentin 
(tonoe  r'',  p.  579,  dans  les  Archives  du  départe- 
ment de  l'Aisne),  cités  par  M.  Ch.  Gomart  (ISo-  ' 


tes  historiques  sur  la  maîtrise  de  Saint-Quen- 
tin, p.  44).  On  voit  par  le  compte  des  chantres  de 
la  chapelle  du  roi,  dressé  en  1532  par  Bénigne 
Sevré ,  receveur  des  finances ,  et  publié  par 
Castil-Blaze  {Chapelle-musique  des  rois  de 
France,  p.  291  et  suiv.),  que  Leschenet  n'é- 
tait plus  alors  attaché  à  cette  chapelle.  On  con- 
naît de  ce  musicien  un  Magnifi,cat  à  4  voix,  du 
cinquième  ton ,  publié  par  Robert  Ballard , 
en  1558,  dans  le  recueil  qui  a  pour  titre  Can- 
ticum  Beatœ  Marix  Virginis  (quod  Magnificat 
inscribitur)  octo  modis  a  diver&is  auctoribus 
composilum).  Ses  chansons  françaises  à  4  par- 
ties :  \°  Si  vous  me  donnez  jouissance.  — 
2"  Vous  désirez,  etc.  —  3°  Pour  vous  servir, 
ont  été  insérées  par  Adrien  Leroy  et  Robert  Ballard 
dans  les  troisième  et  septième  livres  de  Chansons 
nouvellement  composées  en  musique  à  quatre 
parties,  etc.,  Paris,  1554  et  1561,  in-4''  obi. 
On  trouve  aussi  des  compositions  de  ce  musicien 
dans  le  recueil  intitulé  :  Mellange  de  chansons 
tant  des  vieux  autheurs  que  des  modernes,  à 
cinq, six , sept  et  huit  parties  ;?àT'K,  Adr.  Le  Roy 
et  Rob.  Ballard,  1572,  in-8o  obi. 

LESCLUSE  (Georges  DE),  premier  chape- 
lain ou  maître  de  la  chapelle  du  roi  de  France, 
occupait  cette  place  en  1480,  suivant  le  compte 
des  gens  de  la  chapelle  de  Louis  XI,  depuis 
le  1"  octobre  1480  jusqu'au  31  septembre  1483. 
On  ignore  s'il  conserva  sa  place  sous  le  règne  de 
Charles  VIII,  car  il  n'existe  pas  d'état  nominatif 
des  chantres  de  la  chapelle  de  ce  prince  :  du 
moins  je  n'en  ai  pas  trouvé.  On  voit,  dans  le 
compte  cité  précédemment,  que  les  appointements 
de  Georges  de  l'Escluse  étaient  de  180  livres 
tournois;  or  l'ordonnance  royale  du  2  novembre 
1475  sur  les  monnaies  avait  fixé  la  valeur  de  la 
livre  tournois  à  5  francs  5  centimes,  et  le  traitement 
du  chapelain  ne  s'élevait  nominativement  qu'à 
la  somme  de  909  francs  d'aujourd'hui;  mais  la 
différence  du  prix  des  denrée»  portait  à  peu  près 
la  valeur  à  4,000  francs  (voyez  la  Revue  mu- 
sicale,t.  XII,  p.  23C).  On  ne  connaît  pas  jusqu'à 
ce  jour  de  composition  de  Georges  de  Lescl use. 

LESCOT  (....),  né  à  Nantes  vers  1737,  fut 
d'abord  maître  de  musique  de  l'église  cathédrale  de 
cette  ville,  puis  il  alla  en  1760,  remphr  les  mômes 
fonctions  à  Auch.  En  1773  il  se  rendit  à  Paris, 
et  y  entra  à  l'orchestre  de  la  Comédie  italienne, 
où  il  a  fait  représenter,  en  1789,  la  Négresse  , 
opéra-comique  en  un  acte.  Il  avait  écrit  précé- 
demment plusieurs  messes,  et  avait  composé  les 
paroles  et  la  musique  de  l'Amour  et  V Hymen , 
prologue  représenté  à  Auch,  en  1761,  et  de  la 
Fête  de  Thémire,  pastorale  en  un  acte,  jouée 
dans  la  même  ville  et  dans  la  même  année.  Ou 


î:82 


LESCOT  —  LESSEL 


a  aussi  de  Lescot  un  Recueil  portatif  de  chan- 
sons en  musique  ;  Paris,  1765,  in-8''. 

LESCUREL  (Jehannot),  musicien  français 
du  commencement  du  quatorzième  siècle,  a  été 
inconnu  à  tous  les  liistoriens  de  la  musique.  Un 
manuscrit  du  roman  allégorique  et  satirique  de 
Fauvel,  qui  se  trouve  à  la  Bibliothèque  impériale 
à  Paris  (in-fol.  max.,  n°  6812  de  l'ancien  fonds), 
«t  que  j'ai  fait  connaître  par  une  notice  très- 
'■  détaillée  dans  la  Revue  musicale  (t.  XII,  n°  34), 
contient  des  ballades,  rondeaux  et  dits  entés 
sur  refrains  de  rondeaux,  composés  par  ce 
musicien.  J'ai  démontré,  dans  ma  notice  sur  ce 
manuscrit,  qu'il  a  été  exécuté  entre  les  années 
1316  et  1321,  en  sorte  que  l'époque  où  Lescurel 
a  écrit  les  morceaux  qui  y  sont  contenus  est 
antérieure  à  cette  dernière  date.  J'ai  fait  connaître 
aussi,  dans  ma  notice,  la  musique  d'iu»  rondcl 
de  ce  musicien  dans  sa  notation  originale,  avec 
sa  traduction  en  notes  modernes.  Ce  rondeau, 
dont  les  premiers  vers  sont  : 

A  vous  douce  débonnaire 
Ai  mon  cueur  donné, 

est  d'abord  à  voix  seule  (folio  57  du  manuscrit), 
puis  à  trois  voix,  avec  la  mélodie  dans  la  partie 
intermédiaire.  C'est  un  morceau  très-remarqua- 
ble sous  plusieurs  rapports,  et  du  plus  j^rand 
intérêt,  à  cause  de  son  époque.  L'harmonie  en 
est  beaucoup  plus  pure  que  dans  d'autres  com- 
positions plus  modernes ,  quoiqu'on  y  trouve 
quelques  successions  de  quintes  et  d'octaves.  Les 
ornements  ou  fioritures  y  abondent  et  présentent 
cette  singularité  que  la  plupart  sont  harmonisés 
dans  les  différentes  parties.  • 

LESEBERG  (Joachim),  prédicateur  et 
chanoine  à  Wonslorp,  au  commencement  du 
diï-huitième  siècle,  a  publié  une  dissertation  in- 
titulée :  Oratio  de  honestorum  conviviorum, 
cum  primis  musicorum  ipsiusque  Musices 
jucunditate  et  utilitate,  HagaeSchaumburgico- 
rum,  1616,  in-4°. 

LESLIE  (Henri),  compositeur  anglais  de 
beaucoupde  mérite,  né  à  Londres  le  18 juin  1822, 
a  fait  ses  éludes  musicales  sous  la  direction  de 
M.  Charles  Lucas,  professeur  de  l'Académie 
royale  de  musique  de  cette  ville.  Dans  sa  jeu- 
nesse, M.  Leslie  ne  cultiva  la  musique  que 
comme  amateur.  Plus  lard ,  il  s'est  livré  avec 
ardeur  à  la  composition  et  à  la  direction  des 
concerts.  A  l'époque  de  la  formation  de  la  So- 
ciété musicale  des  amateurs  de  Londres  (1847), 
il  en  fut  nommé  secrétaire  honoraire.  En  1855, 
on  le  choisit  pour  en  être  le  chef  d'orchestre  :  il 
remplit  ces  fonctions  jusqu'à  la  dissolution  de 
cette  société,  qui  eutlieu  en  1861.  En  1856,  il  a 


fondé  une  société  chorale  connue  sous  le  nom  de 
Chœur  de  M.  Leslie  :  il  en  est  le  directeur,  et 
lui  a  donné  un  grand  mérite  d'exactitude  et  de 
nuances  dans  l'exécution.  Comme  composilcur, 
M.  Leslie  s'est  fait  une  honorable  ré[iulation 
par  les  ouvrages  dont  voici  la  liste  :  1"  Qua- 
tuor en  la  pour  deux  violons,  alto  et  basse;  — 
2''  Quintette  en  ré  pour  2  violons,  alto,  violon- 
celle et  contre-basse.  —  3°  Symphonie  en  fa  à 
grand  orchestre.  —  4°  Ouverture  dramatique 
intitulée  The  Templar  (Le  Templier).  —  5°  An- 
tienne festivale  (Z,e/ Goiif  cme)  \>ow  soprano, 
ténor ,  double  chœur  et  grand  orchestre.  — 
6"  Quintette  en  soi  mineur  pour  piano,  haut- 
bois, clarinette,  cor  et  basson.  —  7°  Emma- 
nuel, oratorio  à  plusieurs  voix,  chœur  et  or- 
chestre. —  8"  Judith,  idem.  —  9°  Romanina; 

opérette  jouée  au  théâtre  anglais  de  Londres.  

10"  Holyrood,  cantate  pour  soprano,  contralto, 
ténor,  basse,  chœur  et  orchestre,  composé  pour 
le  mariage  de  la  princesse  Alice  d'Angleterre.  — 
11°  Un  grand  nombre  de  petites  pièces  vocales  et 
instrumentales.  Les  oratorios  de  M.  Leslie  jouis- 
sent de  beaucoup  d'estime  en  Angleterre. 

LESNE  (Mlle),  professeur  de  solfège  et  de 
piano  à  Paris,  a  fait  impriiner  une  méthode  élé- 
mentaire de  musique  intitulée  :  Grammaire 
musicale  basée  sur  les  principes  de  la  gram- 
maire française  ;  Paris,  Pacini  ,  1820,  64  pa- 
ges in-4''.  Quoique  celte  édition  soit  annoncée 
comme  la  deuxième,  il  n'y  en  a  jamais  eu  qu'une  ; 
le  frontispice  seul  a  été  changé.  L'auteur  de  la 
Grammaire  musicale  s'est  servi  de  tous  les 
termes  de  la  grammaire  générale  pour  expliquer 
ceux  de  la  musiqup;  ainsi,  dans  son  livre,  les  lettres 
sont  représentées  par  les  sons,  l'alphabet  par  la 
gamme,  les  articles  par  les  clefs;  les  figures  de 
notes  sont  les  substantifs;  les  dièses,  bémols 
et  bécarres  les  adjectifs;  les  mesures  sont  des 
verbes,  parce  qu'elles  ont  des  temps  ,  etc.  Rien 
de  toul  cela  n'a  de  base  réelle  ni  d'utilité  ;  ce  n'est 
qu'un  jeu  de  mots. 

LESSEL  (François),  pianiste  et  composi- 
siteur,  né  à  Varsovie,  en  1780,  était  (ils  d'un 
musicien  qui  fut  attaché  au  service  du  prince 
Adam  Czartoryski  ,  à  Pulawy.  En  1800,  il  fut 
envoyé  par  ses  parents  à  Vienne ,  pour  y  con- 
tiniier  ses  études  musicales.  M.  Sowinski  dit 
qu'il  y  devint  élève  de  Haydn,  et  qu'il  eut  pour 
condisciples  Camille  Pleyel  et  Ncukomm  (1)  ;  il  y 
a  dans  cette  assertion  une  erreur  évidente  :  jamais 
Camille  Pleyel  n^alla  à  Vienne,  et  son  père 
Ignace  Pleyel,  qui  fut  véritablement  élève  de 
Haydn,  avait  terminé  ses  études  avec  ce  maître 

(1)  Les  /\l!tsiciens  polonais  et  slaves,  p.sss. 


LESSEL  —  LESUEUR 


?s:i 


en  1777.  Quoi  qu'il  en  soit,  Lessel  demeura  à 
Vienne  pendant  dix  années  et  y  publia  ses  pre- 
miers ouvrages.  De  retour  à  Varsovie  en  1810, 
il  s'y  fit  entendre  comme  pianiste  dans  plusieurs 
concerts,  et  se  livra  à  l'enseignemeut  de  son  ins- 
trument. Les  principaux  ouvrages  de  cet  artiste 
sont  :  1°  Quatuor  pour  2  violons,  alto  et  basse, 
op.  3;  Vienne, Artaria.  —  2°  Trio  pour  piano, 
violon  et  violoncelle,  op.  5;  Leipsick,  Breitkopf 
et  Hœrtel.  —  3"  Adagio  et  rondo  pour  piano  et 
orchestre ,  op.  9,  ibid.  —  4"  Ouverture  à  grand 
orchestre  (en  ut),  op.  10,  ibid.  —  5°  Fugue  pour 
piano  à  4  mains,  op.  11,  ibid.  —  6°  Pot-pourri 
pour  piano  et  orchestre,  op.  12  ;  ibid.  — 7°  Con- 
certo (en  ut)  pour  piano  et  orcliestre,  op.  14  ; 
ibid.  —  8"  Sonates  pour  piano  seul,  op.  2  et  G  ;  j 
Vienne,  Weigl  et  Haslinger.  —  9°  Chants  histo- 
riques de  J.  U.  Niemcewicz  mis  en  musique; 
Varsovie,  1818. 

LESSII\G  (Gotthold-Ephiuïm),  célèbre 
littérateur  allemand,  né  le  22  janvier  1729,  à 
Kamenz,  petite  ville  de  la  Lusace,  ou,  suivant 
d'autres  renseignements,  à  Paserwalk ,  dans  la 
Poméranie,  fut  guidé  dans  ses  premières  études 
par  son  père,  ministre  luthérien  et  savant  esti- 
mable. A  l'âge  de  douze  ans  ,  il  entra  dans  l'é- 
cole de  Meissen ,  puis  il  alla  compléter  son  in- 
struction à  l'université  de  Leipsick.  Il  habita 
longtemps  Berlin,  visita  les  principales  villes  de 
l'Allemagne,  et,  en  1770,  il  accepta  la  place 
de  bibliothécaire  à  Wolfenbiittel.  Trois  ans  après, 
il  entreprit  un  voyage  pour  rétablir  sa  santé 
et  accompagna  le  duc  Léopold  de  Brunswick 
dans  le  nord  de  l'Italie.  De  retour  à  Wolfenbiit- 
tel,  au  commencement  de  1774,  il  y  passa  le 
reste  de  ses  jours,  et  y  mourut  le  15  février  1781, 
à  l'âge  de  cinquante-deux  ans.  Lessing  est  un 
(les  écrivains  dont  les  opinions  et  le  talent  ont 
exercé  l'influence  la  plus  active  sur  la  littérature 
allemande  du  dix-huitième  siècle;  mais  l'appré- 
ciation de  ses  ouvrages  n'appartient  pas  à  la 
Biographie  universelle  des  musiciens.  Il  n'y 
est  cité  que  pour  ceux  dont  les  titres  suivent,  et 
dans  lesquels  il  a  traité  de  quelques  parties  de 
la  musique  :  1°  Kleine  Schriflen,  etc.  (Bagatel- 
les, ou  petits  écrits)  ;  Berlin,  1753  à  175G,  in-12. 
On  y  trouve  un  fragment  d'un  poème  didactique 
sur  les  règles  des  arts  et  des  sciences,  particulière- 
ment de  la  poésie  et  de  la  musique.  —  2"  Dra- 
maturgie de  Hambourg;  Hambourg,  année  1709, 
2  vol.  in-8o.  Cet  ouvrage  consiste  en  une  suite 
de  lettres  sur  les  ouvrages  joués  au  théâtre  de 
Hambourg  pendant  l'année  1767  et  jusqu'au  mois 
d'avril  1708. 

LESTAIi\IER  (JEA^),  organiste  de  la  cha-  , 
pelle  de  Vempereur  Charles-Quint ,  à  Madrid, 


dans  la  première  moitié  du  seizième  siècle,  était 
né  vraisemblablement  en  Belgique,  car  tous  les  ar- 
tistes de  cette  chapelle  élaientBelges  ou  Espagnols. 
Lestainier  n'est  connu  comme  compositeur  que 
par  deux  motets  insérés  dans  la  collection  qui  a 
pour  titre  :  Cantiones  seledissimx  quatuor 
vocum,  ab  eximiis  et  prastantissimis  Cxsa- 
rex  Majesiatis  capelhc  Musicis  M.  Cornelio 
Cane,  Thoma  Crequillone,  Nicolas  Payen, 
Joliannc  Lestainier  organista,  compositx,  et 
in  comitiis  Augustanis  studio  et  impcnsis 
Sigismundi  Salmingcri  in  lumen  editx  ; 
Augsbourg,  Ulhard  ,  1548,  petit  in-4''  obi. 

LESTOCART  (  Pascal  DE),  musicien  fran- 
(;ais  établi  à  Lyon,  dans  la  seconde  moitié  du 
seizième  siècle,  obtint,  en  1584  ,  le  prix  de  la 
harpe  d'argent  au  concours  du  Puy  de  musique, 
fondé  à  Évreux,  pour  le  motet  de  sa  composition 
sur  le  texte  £cce  quam  bonum.  U  a  publié  de 
sa  composition  :  1°  Octonaires  de  la  vanité 
du  monde  à  trois,  quatre,  cinq  et  six  voix; 
Lyon,  Barthélémy  Vincent,  15S2,  in-4*  obi.  Les 
vers  de  cet  ouvrage,  composés  par  La  Roche 
Choudieu,  ont  été  remis  en  musique  par  Claude 
Lejeune.  —  2°  Les  Psaumes  en  vers  latins  et 
français,  mis  en  chant  à  quatre  parties,  dis- 
tingues en  plusieurs  livres,  en  forme  de  mo- 
tets,  ibid.  —  3°  Mélanges  de  chansons  latines 
et  françaises. 

LESUEUR  (Jacques),  maître  de  chapelle 
de  la  cathédrale  de  Rouen,  naquit  dans  cette 
ville  et  y  fut  d'abord  enfant  de  chœur.  Musicien 
habile  et  latiniste  instruit,  il  crut  pouvoir  pré- 
tendre à  l'une  des  places  de  maître  de  la  chapelle 
du  roi,  devenues  vacantes  parla  retraite  de  Dumont 
et  de  Robert.  Lalande,  Goupillet,  Coiasse  et  Mi- 
noret  étaient  ses  concurrents.  On  leur  donna  pour 
sujet  de  la  composition  de  concours  le  psaume 
Beati  quorum  remissx  sunt  iniquitates.  L'ou- 
vrage de  Lesneur  fut  jugé  inférieur  à  ceux  de  ses 
compétiteurs,  et  la  place  ne  lui  fut  pas  donnée. 
De  retour  à  Rouen,  il  obtint  celle  de  maître  de 
chapelle  de  l'église  métropolitaine  en  1067,  et  la 
conserva  jusqu'à  sa  mort,  qui  eut  lieu  en  1093. 
Ce  fut  Lesueur  qui  introduisit  dans  cette  église 
l'usage  de  l'orgue  et  de  la  basse  de  viole.  Il  avait 
fait  exécuter  dans  l'église  des  Dominicains  de 
Rouen,  le  9  septembre  1063  ,  une  messe  et  une 
symphonie  funèbre;  mais  aucune  de  ses  com- 
positions n'est  parvenue  jusqu'à  nous. 

LESUEUR  (Jean-François),  compositenr 
et  écrivain  sur  la  musique,  né  à  Drucat-Plessiel, 
près  d'Abbeville,  le  15  janvier  1763,  d'une  an- 
cienne famille  du  comté  de  Ponthieu,  fut  adnus, 
à  l'âge  de  sept  ans,  à  l'école  de  la  maîtrise  d'Ab- 
beville. Peu  de  n:ois  après,  il  entra  comme  entant 


284 


LESUEUR 


de  choeur  à  la  cathédrale  d'Amiens.  C'est  là  qu'il 
fit  pendant  sept  ans  à  peu  près  toutes  ses  études 
pratiques  de  musique,  et  qu'il  apprit  les  éléments 
des  langues  latine  et  française.  Sorti  de  cette  maî- 
trise à  l'âge  de  quatorze  ans ,  il  entra  au  collège 
d'Amiens  pour  y  faire  sa  rhétorique  et  sa  philo- 
sophie ;  mais  il  n'acheva  point  ses  études,  parce 
que  la  place  de  maître  de  musique  de  la  cathé- 
drale de  Séez  lui  fut  offerte  dès  qu'il  eut  atteint 
l'âge  de  seize  ans.  Il  alla  en  prendre  possession 
en  1779;  six  mois  après,  il  quitta  cet  emploi 
pour  celui  de  sous-maitre  de  musique  à  l'église 
des  Saints -Innocents  de  Paris.  Ce  fut  alors  qu'il 
reçut  quelques  notions  d'harmonie  chez  l'abbé 
Roze,  qui  ne  pouvait  lui  enseigner  autre  chose, 
n'ayant  fait  lui-même  que  d'assez  faibles  études. 
Tout  ce  que  Lesueur  acquit  ensuite  de  connais- 
sances dans  l'art  d'écrire,  il  le  dut  à  lui-même 
et  à  ses  propres  observations.  En  1781 ,  il  quitta 
l'église  des  Innocents  pour  la  place  de  maître  de 
musique  de  la  cathédrale  de  Dijon  ;  deux  ans 
après,  il  accepta  une  position  semblable  au 
Mans  ;  mais,  malgré  les  avantages  qui  lui  furent 
offerts  pour  conserver  celle-ci,  il  l'abandonna 
en  1783 ,  pour  la  direction  du  chœur  de  Saint- 
Martin  de  Tours.  Appelé  à  Paris,  en  1784,  pour 
faire  exécuter  plusieurs  morceaux  de  sa  compo- 
sition au  concert  spirituel ,  il  y  obtint  la  maîtrise 
des  Saints-Innocents,  sur  la  recommandation 
de  Gossec,  de  Grétry  et  de  Philidor.  Sacchini 
était  alors  à  Paris  ;  le  jeune  maitre  de  chapelle 
de  l'église  des  Innocents  lui  inspira  de  l'intérêt  ; 
il  revit  quelques-uns  de  ses  ouvrages,  et  lui  con- 
seilla d'écrire  pour  le  théâtre.  Devenue  vacante, 
la  place  de  maître  de  musique  de  la  cathédrale 
de  Paris  fut  mise  au  concours  en  1786,  et  Le- 
sueur, qui  s'était  mis  sur  les  rangs,  l'emporta  sur 
ses  rivaux  et  fut  mis  en  possession  de  cet  emploi. 
La  règle  l'obligeait  à  prendre  le  petit  collet  pour 
en  remplir  les  fonctions;  il  dut  s'y  soumettre,  et 
dès  lors  il  fut  connu  sous  le  nom  d'abbé  Le- 
sueur, quoiqu'il  n'ait  jamais  été  dans  les  ordres. 
Agé  de  vingt-trois  ans,  et  n'ayant  obtenu 
jusque-là  que  d'éphémères  succès ,  le  jeune  ar- 
tiste n'était  point  connu  du  public;  mais,  dès  ce 
moment,  ses  travaux  prirent  une  direction  qui  fixa 
sur  lui  l'attention  ,  et  dont  il  ne  s'est  plus  écarté 
jusqu'à  la  fin  de  ses  jours.  Ses  pressantes  solli- 
citations avaient  obtenu  de  l'archevêque  de  Paris 
et  du  chapitre  de  Notre-Dame  qu'une  musique  à 
grand  orchestre  fût  établie  dans  cette  église  pour 
les  fêtes  solennelles;  les  moyens  d'exécution 
que  lui  présentait  cette  réunion  de  voix  et  d'ins- 
truments lui  permirent  de  réaliser  ses  vues  con- 
cernant la  musique  d'église,  et  de  faire  entendre 
des  motets  qui  excitèrent  une  assez  vive  sensa- 


tion. Les  études  de  Lesueur  avaient  été  faibles , 
parce  que  les  circonstances  n'avaient  pas  été  fa- 
vorables pour  qu'il  en  fît  de  meilleures.  D'ailleurs, 
il  n'y  avait  réellement  pas  d'école  en  France 
dans  sa  jeunesse;  les  doctrines  et  les  beaux  mo- 
dèles des  grandes  écoles  d'Italie  y  étaient  abso- 
lument inconnus.  C'était  donc  en  lui-même  qu'il 
devait  chercher  le  principe  de  sa  direction ,  et 
son  instinct  le  conduisit  à  le  trouver  dans  l'imi- 
tation ,  et  lui  fit  considérer  la  musique  descrip- 
tive comme  la  meilleure ,  quel  que  fût  l'objet  de 
sa  destination.  Il  est  rare  que  les  convictions  de 
la  jeunesse  accompagnent  un  artiste  dans  les  tra- 
vaux de  toute  sa  vie,  sans  être  modifiées  par  sa 
propre  expérience  ou  par  des  influences  étran- 
gères ;  mais  la  suite  de  cette  notice  fera  voir  que 
ces  convictions  furent  inébranlables  dans  l'esprit 
de  Lesueur,  et  que  le  principe  d'imitation  qui  le 
guidait  dans  ses  premiers  travaux,  le  dirigeait 
encore  au  terme  de  sa  carrière.  C'est  une  consi- 
dération qu'il  ne  faut  point  perdre  de  vue ,  si 
l'on  vent  apprécier  avec  justesse  la  valeur  des 
œuvres  de  ce  compositeur,  et  lui  assigner  la  place 
qui  lui  appartient  dans  l'histoire  de  l'art  de  son 
temps. 

Dans  les  années  1786  et  1787  ,  la  foule  se 
pressa  à  l'église  Notre-Dame  pour  entendre  les 
motels  de  Lesueur  ;  les  journaux  de  ce  temps 
émirent  des  jugements  divers  sur  le  mérite  de 
ces  morceaux  ,  particulièrement  sur  un  Regina 
cœli,  sur  un  Gloria  in  excelsis,  et  une  ouver- 
ture (nouveauté  inouïe)  que  le  nouveau  maître 
de  musique  avait  écrite  pour  la  messe  de  Pâques. 
Les  gens  du  monde  approuvaient  fort  celte  mu- 
sique brillante;  d'autres  la  condamnaient  comme 
peu  convenable  à  la  majesté  du  culte,  au  recueil- 
lement de  la  prière;  parmi  ceux-ci,  les  plus 
emportés  appelaient  la  musique  de  Notre-Dame 
l'Opéra  des  gueux.  Lesueur,  persuadé  qu'il  était 
nécessaire  qu'il  expliquât  sa  pensée,  et  qu'il  fît 
connaître  l'objetqu'il  se  proposait  dans  sa  trans- 
formation de  la  musique  d'église,  fit  paraître,  au 
mois  de  février  1787,  un  écrit  intitidé  :  Essai  de 
musique  sacrée ,  ou  musique  motivée  et  mé- 
thodique, pour  la  fête  de  Noël,  à  la  messe  du 
jour.  Paris,  Hérissant,  broch.  ia-8^  Il  y  expo- 
sait ses  vues ,  à  l'occasion  de  la  messe  qu'il  avait 
fait  exécuter  le  25  décembre  1786,  premier  jet 
de  sa  Messe  de  Noël,  ime  de  ses  productions  les 
plus  originales.  Le  succès  de  cet  écrit  ne  réalisa 
pas  ses  espérances.  Dans  un  pamphlet  anonyme, 
daté  de  l'/ie  des  Chats  fourrés,  on  attaqua  avec 
violence  le  principe  d'une  musique  qui  transfor- 
mait l'office  divin  en  un  spectacle,  et  l'on  accusa 
Lesueur  de  s'être  servi  de  la  plume  d'autrui 
pour  écrire  son  Essai.  Il  répondit  par  une  théorie 


LESUEUR 


285 


plus  étendue  de  son  système  dans  un  ouvrage 
qui  a  pour  titre  :  Exposé  d'une  musique  une, 
imitative,  et  particulière  à  chaque  solennité , 
où  Von  donne  des  principes  généraux  sur 
lesquels  on  l'établit,  et  le  plan  d'une  musique 
propre  à  la  fête  de  Noël.  Paris,  Y*  Hérissant, 
1787,  in-8°.  La  préface  de  ce  livre  ne  laisse  au- 
cun doute  sur  l'objet  que  se  proposait  Lesueur, 
car  il  dit  en  ternies  exprès ,  à  propos  des  naesses 
qu'il  avait  écrites  pour  Noël ,  Pâques,  Pentecôte, 
l'Assomption ,  qu'il  veut  rendre  la  musique  d'é- 
glise dramatique  et  descriptive.  Ce  système 
était  certainement  une  grave  erreur,  car  la  prière 
est  une  acte  de  dévotion  ,  où  l'âme  s'efforce  de 
s'isoler  des  passions  humaines ,  et  conséquem- 
ment  du  principe  dramatique,  pour  s'élever  jus- 
qu'à Dieu  ,  principe  de  toute  sagesse.  Et  c'est 
pour  avoir  parfaitement  compris  ce  dernier  prin- 
cipe que  Palestrina  et  les  grands  maîtres  de  son 
école  ont,  dans  la  musique  d'église,  une  incon- 
testable supériorité  sur  tous  les  autres  composi- 
teurs. 

Dans  le  môme  temps  où  Lesueur  publiait  ses 
livres  et  faisait  exécuter  sa  musique  d'église,  il 
présenta  au  comité  de  l'Académie  royale  de  mu- 
sique son  Télémaque,  grand  opéra  en  trois  actes 
qui  fut  reçu  pour  être  représenté  ;  mais,  après 
plusieurs  années  passées  en  sollicitations  infruc- 
tueuses, il  fut  obligé  de  retirer  son  ouvrage  et  de 
rendre  deux  mille  francs  qu'il  avait  reçus  à  titre 
d'avances.  Ce  même  opéra  fut  arrangé  plus  tard 
pour  le  théâtre  Feydeau  au  moyen  de  la  sup- 
pression du  récitatif.  D'autres  tracasseries  com- 
mencèrent pour  lui  dans  le  même  temps.  Le 
penchant  qu'il  laissait  percer  pour  le  théâtre  et 
sa  résistance  aux  désirs  de  l'archevêque  et  du 
chapitre  de  Noire  Dame,  pour  qu'il  entrât  dans 
les  ordres,  lui  nuisirent  dans  l'esprit  des  cha- 
noines, dont  le  plus  grand  nombre  désapprou- 
vaient sa  nouvelle  musique  comme  trop  mou- 
daine  et  trop  dispendieuse.  Pendant  les  vacances 
de  1787, on  profita  de  son  absence  pour  la  sup- 
primer et  rétablir  l'ancien  usage  des  messes  com- 
posées pour  des  voix  et  des  violoncelles  et  contre- 
basses. Lesueur  n'avait  accepté  la  maîtrise  de  la 
cathédrale  qu'à  la  condition  d'y  réaliser  ses  idées 
de  musique  nouvelle;  l'affront  qui  lui  était  fait  en 
cette  circonstance  le  détermina  à  se  retirer.  Ce 
ne  fut  pas  le  seul  chagrin  qu'il  eut  alors,  car,  à 
l'occasion  de  discussions  qui  s'élevèrent  entre  lui 
et  le  grand  chantre  de  Notre-Dame  pour  le 
règlement  des  comptes  de  dépenses  du  chœur  et 
de  l'orchestre ,  ses  ennemis  prétendirent  qu'il 
avait  été  chassé  honteusement,  et  publièrent  im 
pamphlet  où  sa  probité  était  attaquée  de  la  ma- 
nière la  plus  violente.  Roquefort  possédait  un 


exemplaire  de  cet  abominable  libelle,  qui  avait 
pour  titre  :  Dessert  des  plats  deson  métier  que 
M.  l'abbé  L***  ajait  servir  à  Son  E.  Monsei- 
gneur l'archevêque  de  Paris  et  à  messieurs 
du  chapitre  de  la  métropole  (sans  nom  de 
lieu  ni  d'imprimeur),  une  demi-feuille  in-S".  Il 
ne  fallut  pas  moins  qu'un  mémoire  publié  par 
un  conseiller  au  parlement,  ami  du  jeune  com- 
positeur, et  les  certificats  honorables  des  cha- 
noines de  Notre-Dame,  pour  lui  rendre  favorable 
l'opinion  publique,  un  instant  égarée  dans  celle 
affaire.  Mais  tel  est  l'effet  de  la  calomnie  qu'il 
en  reste  toujours  quelque  chose.  Longtemps  après, 
Lesueur,  engagé  dans  de  nouvelles  discussions, 
vit  reproduire  par  ses  ennemis  ces  injurieu- 
ses imputations.  Fatigué  de  ces  intrigues  et 
découragé  par  la  calomnie,  il  se  retira  à  la 
campagne  chez  M.  Bochard  de  Charnpagny,  vers 
la  fin  de  1788,  et  y  passa  quatre  années,  les  plus 
heureuses  de  sa  vie,  uniquement  occupé  de  com- 
position. La  mort  de  son  bienfaiteur  le  ramena 
à  Paris,  en  1792.  L'année  suivante  il  fit  représenter 
au  théâtre  Feydeau  la  Caserne,  opéra  en  3  actes, 
dont  le  suc-cès  fut  populaire,  et  qui  fut  suivi,  en 
1794,  de  Paul  et  Firi/mie,  ouvrage  froid  et  rempli 
de  longueurs,  mais  où  l'on  remarque  de  beaux 
chœurs,  particulièrement  un  hymne  au  soleil,  qui 
fut  exécuté  dans  les  concerts  de  Feydeau,  après 
que  la  pièce  eut  disparu  de  la  scène  ;  puis  on  re- 
présenta au  même  théâtre  le  Télémaque,  destiné 
auti  efois  à  l'Opéra,  et  dont  on  avait  remplacé  le 
récitatif  par  un  dialogue  parlé. 

Désigné  dès  l'origine  du  Conservatoire  de  mu- 
sique de  Paris  comme  un  des  inspecteurs,  et  mem- 
bre du  comité  d'enseignement ,  Lesueur  en- 
tra en  fonctions  en  1795,  et  coopéra  avec  Mé- 
hul,  Langlé,  Gossec  et  Catel,  à  la  rédaction  des 
Principes  élémentaires  de  musique  et  des 
solfèges  de  cette  école.  Il  prononça  en  cette 
qualité,  aux  obsèques  de  Piccinni,  le  8  mai  1801, 
un  éloge  de  ce  grand  musicien,  ou  plutôt  un 
discours  sur  la  musique  dramatique,  suivant  ses 
propres  idées.  Peu  de  jours  après  commença  au 
Conservatoire  et  au  dehors  de  cet  établissement 
une  lutte  d'intérêts  où  Lesueur  n'eut  peut-être 
pas  toute  la  prudence  nécessaire,  et  dont  il  fut 
victime.  Deux  de  ses  ouvrages  (  les  Bardes,  et 
la  Mort  d'Adam)  avaient  été  reçus  à  l'Opéra, 
et  leur  rang  de  réception  lui  donnait  le  droit  de 
les  faire  représenter;  mais,  soit  que  la  musique 
de  ces  opéras  ne  fût  pas  achevée  et  que  les  par- 
titions n'eussent  pas  été  livrées,  comme  le  pré- 
tendit alors  Chaptal,  ministre  de  l'intérieur,  dans 
deux  lettres  qu'il  écrivit  à  Lesueur  à  ce  sujet, 
soit  que  des  considérations  d'une  mise  en  scèue  plus 
facile  et  plus  prompte  leur  eussent  fait  préférer 


236 


LESUEUR 


la  Sémiramis  de  Calel,  premier  ouvrage  drama- 
tique de  ce  compositeur,  ce  fut  ce  dernier  que 
l'administration  choisit  et  mit  à  l'étude.  Irrité  de 
ce  qu'il  considérait  comme  une  injustice,  Lesueur 
écrivit  à   Guillard,  auteur  des  poèmes  de  ses 
deux  opéras,  retiré  à  la  campagne,  et  réclama 
son  appui  ;  mais  ce  littérateur,  fatigué  des  tra- 
casseries du  tiiéâtre,   répondit  avec  indiftérence. 
Ce  fut  alors  que  parut  un  écrit  de  Lesueur  qui 
amena  une  rupture  éclatante  entre  lui  et  Sarrelte, 
directeur  du  Conservatoire  et  protecteur  deCatel. 
Cet  écrit  fut  le  signal  d'une  guerre  violente  entre  le 
Conservatoire  et  ses  détracteurs  ;  il  a  pour  titre  : 
Lettre  en  réponse  à  Guillard  sur  l'opéra  de  la 
Mort  d'Adam,  dont  le  tour  de  mise  en  scène  ar- 
rive pourla  troisième  fois  authédtre  des  Arts, 
et  sur  plusieurs  points  d'utilité  relatifs  aux 
arisetaujk  ^eZ/res;  Paris,  Baudoin,  brumaire  aux 
(octobre  1801),  in-S"  de  lit  pages,  avec  un  aver- 
tissement de  24  pages.  Il  faut  l'avouer,  cet  écrit 
ne  se  fait  remarquer  que  pnr  de  vaines  et  lon- 
gues déclamations,  des  assertions  hasardées,  et 
des  insinuations  peu  bienveillantes  contre  plu- 
sieurs artistes  distingués  et  hommes  honorables 
de  ce  temps.  A  peine  eut-il  paru   que  tous  les 
vieux  musiciens  de  l'Opéra  et  les  partisans  des 
anciennes  écoles  des  maîtrises  de  cathédrales  se 
réunirent  autour  de  Lesueur  pour  lui  former  im 
parti,  et  que  plusieurs  pamphlets  ainsi  que  des  ar- 
ticles de  journaux  furent  publiés  contre  le  Conser- 
vatoire, dont  les  brillants  débuts  annonçaient  une 
génération  nouvelle  d'artistes  remarquables  ;  c'est 
ainsi   que,  dans    l'espace  de   peu   de   mois,  on 
vit  paraître  le  Russe  à  l'Opéra,  ou  Réflexions 
sur  les  institutions  mxisicalcs  de  la  France 
(Paris,  1802,  une  feuille  in-8°);  urfe  diatribe  vio- 
lente dans  le  Censeur  des  Théâtres  (18  ger- 
minal an  x),  une  Lettre  à  M.  Paisiello,  par  les 
amateurs  de  la  musique  dramatique  (Paris, 
an  X,   in-8°)  ;  et  la  Fantasmagorie  des  Menus 
(Paris,  1802,  in-8°) ,  où  le  système  d'enseigne- 
ment suivi  dans  le  Conservatoire  était  amère- 
inenl  critiqué,   tandis  que  celui  des  anciennes 
maîtrises  était  proposé  comme  un  modèle   par- 
fait. Déjà  Lesueur  lui  môme,  oubliant  sa  position 
dans  le  Conservatoire,  avait  donné  l'exemple  de 
ce  dénigrement,  dans  un  écrit  anonyme  intitulé  : 
Projet    d'un  plan  général  de  l'instruction 
musicale  en  France  ;  Paris,  an  ix  (1801),  in-4° 
d'une  feuille.  Vivement  irrités  de  ces  attaques 
imprévues  et  multipliées,  le  directeur,  les  inspec- 
teurs et  les  professeurs  du  Conservatoire  firent 
rédiger  et  publièrent  une  sorte  de  factum  inti- 
tulé :   Recueil  de  pièces  à  opposer  à  divers 
libelles  dirigés  contre  le  Conservatoire  de 
musique  (Paris,  an  x,  de  Piniprimerie  de  P.  Di- 


dot),  in-4°de  40  pages.  Dans  cet  écrit,  de  vif-i 
reproches  étaient  adressés  à  Lesueur,  à  l'occa- 
sion de  certaines  expressions  de  sa  lettre  à  Guil- 
lard, considérées  comme  des  attaques  contre  ses 
collègues,  et  l'on  y  rapportait  des  lettres  sévères 
du  ministre  Chaptal  à  ce  compositeur.  Un  ami 
de  Lesueur,  Ducancel(t'oy(?a  ce  nom),  fit  paraître, 
en  réponse  à  ce  factum  un  volume  in-S"  de  208 
pages  intitulé  :  Mémoire  pour  J. -F.  Lesueur, 
Vun  des  inspecteurs  de  l'enseignement  au  Con- 
servatoire de  musique,  au  conseiller  d^État 
chargé  de  la  direction  et  de  la  surveillance 
de  l'instruction  publique,  en  réponse  à  la 
partie  d'un  prétendu  Recueil  de  pièces,  im- 
primé soi-disant  au  nom  du  Conservatoire, 
et  aux  calomnies  dirigées  contre  le  citoyen 
Lesueur  par  le  citoyen  Sarrette ,  directeur 
de  cet  établissement,  et  autres,  ses  adhérents, 
etc.,  Paris,  vendémiaire  an  xi  (1802).  Ce  mé- 
moire, malheureusement  empreint  d'un  carac- 
tère passionné,  ne  fut  point  utile  à  celui  qu'on 
voulait  défendre,  car,  lorsqu'il  parut,  Lesueur 
venait  d'être  destitué.  Gerber  a  été  trompé  par 
de  faux  renseignements  lorsqu'il  a  dit  {Neues 
Lexikon  der  Tonkimstl.)  que  justice  lui  avait 
été  rendue,  et  que  Sarrette  avait  perdu  sa  place. 
Forcé  de  quitter  le  logement  qu'il  avait  occupé 
au  Conservatoire  pendant  sept  ans,  ne  tirant  au- 
cun produit  de  ses  ouvrages,  et  privé  de  tout 
revenu,  Lesueur,  père  de  famille,  tomba  dans  la 
situation  la  plus  malheureuse,  et  connut  toutes 
les  horreurs  de  la  gêne.  Je  le  vis  alors  chez  Rey, 
mon  vieux  maître  d  harmonie  et  son  ami  :  le 
souvenir  du  désespoir  qui  l'accablait  n'est  pas 
sorti  de  ma  mémoire. 

Un  événement  inattendu  vint  tout  à  coup  le 
tirer  de  sa  pénible  situation,  pour  le  placer  au 
poste  le  plus  élevé  qu'un  musicien  pût  alors  oc- 
cuper en  France.  Depuis  deux  ans,  Paisiello  était 
maître  de  cbapelle  du  premier  consul  Bonaparte: 
des  considérations  de  santé  lui  firent  deman- 
der sa  retraite,  au  mois  de  mars  1804.  N'ayant 
pu  le  déterminer  à  rester  près  de  lui,  Napo- 
léon lui  dit  de  désigner  son  successeur,  et  Pai- 
siello, ami  de  Lesueur,  le  présenta  comme  le 
plus  digne  de  le  remplacer.  Ce  fut  ainsi  que  de 
l'excès  du  malheur  il  passa  sans  transition  à  une 
position  enviée  par  les  plus  grands  artistes.  Il 
profita  de  sa  nouvelle  situation  pour  faire  re- 
présenter les  Bardes  à  l'Opéra.  Cette  pièce  fut 
jouée  en  effet  au  mois  de  juillet  1804,  et  ob' 
tint  un  des  plus  beaux  succès  qu'il  y  eût  eu  à  ce 
théâtre  depuis  Œdipe  à  Colone.  La  messe  et . 
le  Te  Deum  qu'il  écrivit  immédiatement  après 
pour  le  couronnement  de  l'empereur  lui  valurent 
la   faveur  de  Napoléon,  qui,  ayant  assisté  au 


LESUEUR 


287 


mois  de  décembre  à  une  reprësentalion  des 
Bardes,  envoya  quelques  jours  après  au  com- 
|)ositetir  une  riche  tabatière  avec  celte  inscrip- 
tion :  L'empereur  des  Français  à  l'auteur  des 
Bardes.  En  1809,  Lesueur  fit  représenter  à  l'O- 
péra la  Mort  d'Adam,  cause  preinière  de  ses 
chagrins  passé?  ;  il  n'en  fut  point  indemnisé  par 
le  succès,  car  le  public  n'accueillit  qu'avec  froi- 
deur cet  ouvrage  écrit  dans  un  système  lourd, 
monotone  et  dépourvu  de  charme.  En  1814,  après 
la  restauration,  il  fut  nommé  suiinlendant  et 
compositeur  de  la  chapelle  du  roi,  et  eut  pour 
collègue  d'abord'  Martini,  puis  Cherubini.  Ces 
fonctions  n'ont  cessé  pour  lui  qu'après  la  ré- 
volution de  juillet  1830.  Élu  membre  de  la  qua- 
trième classe  de  l'Institut  de  France,  en  1813, 
pour  y  remplacer  Grétry,  il  a  fait  ensuite  partie 
de  l'Académie  royale  des  beaux-arts.  En  1817, 
lorsque  le  Conservatoire  de  musique  a  reçu  une 
nouvelle  organisation,  sous  le  titre  d'École 
royale  de  chant  et  de  déclamation,  Lesueur  y 
fut  appelé  comme  professeur  de  composition,  et 
conserva  son  titre  et  son  emploi  lorsque  l'école  a 
repris  son  ancien  nom.  Membre  du  jury  musi- 
cal de  l'Opéra,  depuis  1806  jusqu'en  1824,  il  à 
fait  aussi  partie  de  celui  de  l'Opéra-Comique. 
L'Académie  royale  de  musique  de  Stockholm  le 
nomma  un  de  ses  membres  le  22  janvier  1819, 
et  la  Société  philharmonique  de  Vienne  lui  fit 
le  même  honneur,  le  8  août  1827;  enfin  les  Aca- 
démies de  Dijon,  d'Amiens,  d'Abbevilie  et  de 
Tours  lui  envoyèrent  des  titres  de  membre  as- 
socié ou  de  correspondant.  Décoré  de  l'ordre  de 
la  Légion  d'honneur  le  17  juillet  1804,  il  reçut 
le  grand  cordon  de  celui  de  Saint-Michel  le 
l*''mai  1821,  et  la  croix  deHesse-Darmstadt,  le 
22  décembre  1822.  Enfin,  comblé  d'honneurs  et 
de  témoignages  de  distinction  pendant  les  trente 
dernières  années  de  sa  vie,  après  avoir  passé  les 
quarante  premières  au  milieu  de  toutes  les  agi- 
tations qui  peuvent  troubler  la  carrière  d'un  ar- 
tiste, Lesueur  a  cessé  de  vivre  le  6  octobre  1837, 
à  l'âge  de  soixante-quatorze  ans. 

On  a  vu  précédemment  que  l'expression  imi- 
tative  et  dramatique  a  été  le  principe  qui  a  guidé 
Lesueur  dans  sa  musique  d'église.  Il  y  a  subor- 
donné toutes  ses  pensées,  et  en  a  développé  les 
conséquences  avec  une  incontestable  originalité, 
soit  par  le  rhythme,  soit  par  les  formes  de  la 
mélodie,  soit  par  la  singularité  des  successions 
harmoniques.  Les  adversaires  les  moins  indul- 
gents de  Lesueur  n'ont  pu  lui  refuser  l'indivi- 
dualité de  sîon  talent  sous  ces  divers  rapports; 
mais,  en  avouant  qu'il  ne  puisait  ses  inspirations 
qu'en  lui-même,  la  plupart  des  artistes  français , 
particulièrement  ceux    qui  se  sont  formés  ati 


Conservatoire,  lui  ont  toujours  reproché  le  dé- 
faut d'élégance,  les  redites  fréquentes,  et  les  lon- 
gueurs interminables  de  la  plupart  de  ses  ouvra- 
ges. Quoique  mieux  disposé  à  reconnaître  les 
qualités  réelles  du  talent  de  Lesueur,  je  dois  dire 
pourtant  que  ces  critiques  ne  sont  pas  dénuées 
de  justesse.  Dans  la  musique  de  théâtre,  il  a  quel- 
quefois saisi  le  sentiment  dramatique  avec  un 
rare  bonheur;  les  Bardes  et  lu  Caverne  of- 
frent des  scènes  entières  empreintes  de  beautés 
réelles,  particulièrement  l'expression  des  sen- 
timents énergiques;  mais,  dans  le  cours  d'un 
opéra,  la  plupait  de  ses  défauts  se  reproduisent 
avecdes  inconvénients  plusgraves  que  dans  la  mu- 
sique d'église,  parce  que  les  exigences  de  la  scène 
rendent  bien  plus  sensibles  la  lourdeur,  la  mo- 
notonie et  l'allure  languissante.  Sevelingcs,  qui  a 
fort  maltraité  Lesueurdans  son  pamphlet  anonyme 
intitulé  le  Rideau  levé,  lui  reproche  d'avoir  mis 
du  dramatique  dans  ses  messes  et  d'en  avoir  man- 
qué dans  ses  opéras  :  quoique  en  apparence  assez 
juste,  cette  observation  ne  soutient  pas  un  exa- 
men sérieux.  Le  dramatique  se  trouve  sans  doute 
dans  la  musique  d'église  de  Lesueur,  et  l'on  a  vu 
par  ses  propres  paroles  qu'il  a  voulu  l'y  mettre; 
mais  il  est  aussi  dans  ses  drames.  Si  quelques 
parties  de  ceux-ci  paraissent  languissantes  ,  et , 
comme  on  l'a  dit  quelquefois,  sont  plus  sembla- 
bles à  des  chants  religieux  qu'à  des  mélodies 
passionnées,  c'est  qu'il  y  a  eu  dans  l'esprit  du 
musicien  quelque  dessein  de  vérité  locale  ou  his- 
torique qu'il  faudrait  examiner  pour  en  bien  ap- 
précier la  valeur.  Sans  doute,  la  musique  théâ- 
trale n'atteint  son  but  qu'autant  qu'elle  émeut 
avant  d'être  analysée;  mais,  si  l'on  peut  condam- 
der  le  système  de  Lesueur,  ce  n'est  pas  à  dire 
que  son  génie  ne  lui  ait  fourni  de  belles  choses 
dans  cette  faus.se  direction  où  il  s'égarait.  A» 
reste,  il  ne  faut  pas  essayer  de  faire  l'analyse  des 
œuvres  de  cet  artiste  en  séparant  les  défauts 
des  qualités  :  les  uns  et  les  autres  composent  la 
physionomie  de  son  talent.  Sa  modulation  était 
souvent  étrange,  quoiqu'il  n'y  employât  guère 
que  des  accords  consonnants,  parce  qu'il  ai- 
mait à  mettre  en  contact  des  tons  qui  n'avaient 
entre  eux  aucim  rapport  d'analogie ,  persuadé 
qu'il  était  de  faire  revivre  ainsi  les  formes  de  la 
musique  antique.  Au  lieu  d'étudier  celle-ci  dans 
le  peu  de  monuments  historiques"  parvenus  jus- 
qu'à nous,  il  l'avait  refaite  d'après  un  système 
qui  n'avait  de  base  que  dans  son  cerveau  ;  ce 
qui  n'empêchait  pas  qu'il  eût  une  foi  robuste 
dans  cette  musique  antique,  fruit  de  son  ima- 
gination, comme  s'il  l'eût  reçue  toute  faite  des 
mains  des  premiers  habitants  du  monde.  Sa 
partition  de  la  Mort  d'Adam  est ,  à  cet  égard. 


288 


LESUEUR  —  LÉTE 


un  moiiument  UDicfue  dans  l'iiistoire  de  l'art. 
Cliaqiie  page  est  surdiargée  de  notes  écrites  tan- 
tôt en  français,  tantôt  en  italien,  où  il  offre  ses 
propres  idées  comme  des  clianls  des  patriarciies. 
ll.y  parle  incessamment  de  la  nécessité  de  mettre 
dans  l'exécution  la  simplicité  des  accents  de  ces 
premiers  hommes  de  l'Orient,  et  il  en  indique 
les  diverses  nuances  avec  autant  de  confiance  que 
s'il  eût  réellement  entendu  ces  mélodies  de  l'an- 
tiquité la  plus  reculée,  avec  les  traditions  cer- 
taines sur  la  manière  de  les  rendre.  Et  remarquez 
que,  selon  toute  apparence,  la  vérité  est  préci- 
sément dans  le  contraire  de  ce  qu'a  imaginé 
Lesueur;  car  tout  ce  qui  nous  est  venu  de  ren- 
seignements sur  la  plus  ancienne  musique  de 
l'Inde  et  de  l'Arabie,  depuis  les  recherches  de  la 
société  asiatique  de  Calcutta,  de  Villoteau  et 
d'autres  savants,  démontre  qu'au  lieu  d'être  sim- 
ples, les  chants  orientaux  qui  remontent  à  plu- 
sieurs milliers  d'années  étaient  surchargés  d'or- 
nements. Lesueur  s'est  occupé  toute  sa  vie  de 
l'histoire  de  la  musique  ;  mais  il  la  faisait  à  son 
gré,  au  lieu  de  l'étudier. 

Dans  la  liste  de  ses  ouvrages,  on  remarque  : 
I.  Opéras,  l**  La  Caverne,  drame  lyrique  en  trois 
actes,  représenté  au  théâtre  Feydeau,  en  1793, 
gravé  en  partition,  Paris,  Naderman.  —  2°  Paul 
et  Virginie,  drame  lyrique  en  troisactes,au  môme 
théâtre,  1794,  partition  gravée,  ibid.  —  3''  Télé- 
maque  dans  Vile  de  Calypso,  en  trois  actes,  au 
même  théâtre,  1796,  partition  gravée,  ibid.  — 
4"  Ossianou  les  Bardes,  grand  opéra  en  cinq  ac- 
tes, à  l'Opéra,  1804,  partition  gravée;  Paris,  Ja- 
net.  —  5"  V Inauguration  du  Temple  de  la  Vic- 
toire, divertissement  en  un  acte  (en  collaboration 
avec  Persuis),  à  l'Opéra,  1 807 .  —  6°  Ze  Triomphe 
de  Trajan  (avec  le  même),  1&07.  Lesueur  n'a 
écrit  qu'un  petit  nombre  de  morceaux  pour  cet  ou- 
vrage. —  1°  La  Mort  d'Adam  et  son  Apothéose, 
grand  opéra  en  trois  actes,  à  l'Opéra,  1809,  parti- 
tion gravée.  —  8°  Tyrtée ,  en  trois  actes,  reçu  à 
l'Opéra  en  1794,  mais  non  représenté.  —  %°  Ar- 
iaxerce,  en  trois  actes,  reçu  à  l'Opéra  en  1 80 1 ,  mais 
non  représenté.  —  \0°  Alexandre  à  Babylone,  en 
trois  actes,  reçu  en  1823,  mais  non  représenté.  — 
IL  Musique  religieuse.  Lesueur  a  écrit  33  messes, 
motets  et  oratorios ,  tant  pour  le  service  des 
églises  où  il  a  été  maître  de  musique,  que  pour 
la  chapelle  de  l'empereur  et  du  roi.  De  toute 
cette  musique,  il  a  fait  graver  :  11°  Messe  ou 
Oratorio  de  ISoél;  Paris,  A.  Petit,  1826.  — 
12°  Messe  solennelle,  à  4  voix,  chœur  et  orches- 
tre ;  Paris,  chez  l'auteur,  1827.  —  13°  Deborah, 
oratorio;  ibid.,  1828.—  14°  Trois  Te  Deum; 
ibid.,  1829.  —  15°  Trois  motets  sous  le  titre  d'O- 
ratorios  pour  le  carême;  ibid.,  1829  à  1833. 


—  16°  Deuxième  messe  solennelle  ;  ibid.,  1831. 

—  17°  Marche  du  Couronnement  de  VEmpe- 
reur,  à  grand  orchestre.  Elle  a  été  gravée  pour 
le  piano.  —  18°  Musique  pour  la  fête  du  l"  ven- 
démiaire an  IX,  exécutée  aux  Invalides  par  4  or- 
chestres, non  publiée.  Outre  les  écrits  indiqués 
précédemment,  Lesueur  a  fait  aussi  pour  la  tra- 
duction française  d' Anacréon,  du  professeur  Gail, 
ime  Notice  sur  la  Mélopée,  la  Rhythmopée 
et  les  grands  caractères  de  la  musique  an- 
cienne. Ce  morceau  ne  doit  être  lu  qu'avec  dé- 
fiance, car  Lesueur  s'est  trompé  presque  sur  tous 
les  points  importants  de  son  sujet.  On  a  aussi 
de  lui  une  Notice  sur  Paisiello,  Paris,  1816, 
in-8'';  elle  a  été  imprimée  dans  la  deuxième 
année  des  Annales  de  la  musique,  par  Gar- 
deton  (pages  175  à  204  ).  L'Académie  royale  des 
beaux-arts,  de  l'Institut  de  France,  qui  s'occupe 
depuis  longtemps  de  la  rédaction  d'un  Diction- 
naire technique  et  historique  de  ces  arts,  avait 
chargé  Lesueur  du  travail  relatif  à  la  musique; 
les  articles  nombreux  qu'il  a  écrits  pour  cet  ou- 
vrage m'ont  été  communiqués  par  la  commis- 
sion du  Dictionnaire,  et  j'y  ai  vu  avec  regret  que 
Lesueur  a  remplacé  presque  partout  les  faits 
réels  de  l'histoire  par  ses  vues  particulières, 
contredites  en  général  par  les  monuments.  Je 
présume  que  l'Histoire  de  la  musique  qu'on  a 
cru  trouver  dans  ses  papiers,  et  qui  a  été  an- 
noncée par  Berlioz  dans  la  Gazette  musicale 
de  Paris  (  ann.  1837  ),  n'est  que  ce  travail  entre- 
pris pour  le  Dictionnaire  des  beaux-arts.  Dans 
les  observations  qui  couvrent  toutes  les  pages 
de  la  partition  de  la  Mort  d'Adam,  Lesueur  a 
renvoyé  pour  les  éclaircissements  de  ses  notes 
à  un  Traité  sur  la  musique  en  général  et  sur  le 
caractère  de  la  musique  antique,  en  particulier, 
dont  il  annonçait  en  1822  la  publication  comme 
prochaine,  mais  qui  n'a  point  paru. 

LETA  (D.  Anaclet  de),  étudiant  en  musi- 
que à  l'université  de  Salamanque,  dans  la  seconde 
moitié  du  dix-huitième  siècle,  est  auteur  d'un  écrit 
qui  a  pour  titre  :  Carta  laudatoria  a  Dom  Vi- 
cente  Adan,  en  accion  de  gracias  para  la 
publicacion  de  su  obra  intitulada  :  Documen- 
tos  para  instruccion  de  mùsicos.  En  Madrid, 
1786,  petit  in-8°  de  80  pages. 

LÉTE  (Nicolas-Antoine),  facteur  d'orgues, 
né  à  Mirecourt,  le  19  mars  1793,  est  fils  d'un  mar- 
chand d'instruments  de  musique  de  pacotille  qui 
se  fabriquent  dans  cette  ville.  Les  ouvriers  qui 
travaillaient  pour  son  père  lui  apprirent  l'art  de 
fabriquer  des  orgues  à  cylindres.  A  l'âge  de 
vingt  et  un  ans,  il  se  rendit  à  New-York  avec  un 
assortiment  d'instruments,  en  compagnie  de  trois 
associés.  Il  parcourut  pendant  sept  années  les 


LÉTE  —  LEVASSEUR 


2S«) 


États-Unis  d'Amérique,  puis  la  Havane,  où  il 
répara  quelques  orj^ues,  et  enfin  revint  en  France 
ne  possédant  qu'une  instruclion  assez  imparfaite 
de  la  construction  des  orgues.  Arrivé  à  Paris 
en  1821,  il  fréquenta  les  ateliers  de  quelques 
fecteurs,  particulièrement  ceux  de  Sébastien  Érard 
où  il  vit  construire  l'orgue  «pii  fut  mis  à  l'expo- 
sition du  Louvre,  en  1823,  et  celui  qui,  plus 
tard,  fut  fait  pour  la  chapelle  des  Tuileries. 
En  1829,  il  fit  pour  l'église  de  Saint-Leu,  près 
de  Paris,  un  orgue  d'accompagnement  avec  un 
clavier  transpositeur.  En  1832  il  se  retira  à  Mire- 
court  avec  l'intention  d'y  vivre  de  sa  modeste 
fortune  ;  mais  l'activité  qui  règne  dans  ce  centre 
de  la  lutiierie  de  commerce  changea  ses  résolu- 
tions et  le  lit  rentrer  dans  la  fabrication  des  orgues. 
Il  monta  un  établissement  important  d'où  sont 
sorties  environ  quatre-vingts  orguesà  cylindres,  et 
vingt-trois  grandes  orgues  d'église,  au  nombre 
desquelles  on  remarque  celui  de  Saint-Pierre,  à 
Bar-sur-Aube,  composé  de  42  reyislres;  celui 
d'Annecy  en  Savoie  avec  trois  claviers  à  la  main, 
pédales  et  34  jeux,  dont  un  10  pieds  ouverts  et  3 
bourdons  de  IC;  l'orgue  de  Nantua,  à  3  claviers, 
pédales,  et45  jeux,  avec  4  pédales  d«  combinai- 
sons. 

LETEIXDART  (N.),  professeur  de  piano, 
né  à  Paris  en  1770,  reçut  des  leçons  de  l'orga- 
niste Balbâlre,  dont  il  a  été  considéré  comme  le 
meilleur  élève,  et  a  lui-même  formé  quelques 
artistes  distingués.  Il  a  fait  entendre  dans  les 
concerts  |)liisieuis  concertos  et  des  sonates  pour 
son  instrument;  mais  ces  morceaux  n'ont  pas 
été  publiés.  Cet  artiste  est  mort  à  l*aris,  vers 
1820. 

LETTiVER  (François-Xavier)  ,  pasteur  à 
Vohebourg,  en  Bavière,  naquit  à  Pl'affenliofen , 
le  12  janvier  1760.  Après  avoir  commencé  son 
éducation  littéraire  et  musicale  au  séminaire  du 
couvent  d'Indersdorf,  qui  depuis  lors  a  été  sup- 
primé, il  entra  au  Lycée  de  Munich,  où  il  acheva 
son  cours  de  latinité.  Il  y  apprit  aussi  à  jouer  de 
plusieurs  instruments,  et  les  éléments  de  l'har- 
monie et  de  la  composition.  Pendant  plusieurs 
années  qu'il  demeura  à  Ingolstadt  pour  y  étudier 
la  théologie,  il  exécuta  dans  plusieurs  concerts 
des  concertos  de  violon,  et  y  fit  applaudir  sa 
dextérité.  Il  s'est  fait  connaître  avantageusement 
par  la  composition  de  deux  messes  à  4  voix,  avec 
accompagnement  de  deux  violons,  viole  et  orgue, 
lithographiées  en  1803,  à  Munich,  chez  Senne- 
felder. 

LEUCONEUS  (Philippe),  musicien  de  la 
Bohême,  fut  pasteur  dans  un  village  près  de  Pra- 
gue, vers  la  fin  du  seizième  siècle.  Il  a  publié 
de  sa  composition  des  litanies  en  langue  bohème 

lilcjGU.    IMV.    DES   MUSICIENS.    —   T.    T. 


avec  les  mélodies,  sous  ce  titre  :  Scdmerij  zpusvb 
spywany  litanie.  Prague,  I6!K),  in-4'',  f*  par- 
tie. La  deuxième  partie  a  paru  en  159t. 

LEUTIIARD  (Jean-Damil),  claveciniste  et 
compositeur,  lié  à  Ileilsberg,  près  de  Rudolstadt 
le  14  juin  1700,  apprit  en  1723  à  jouer  du  cla- 
vecin chez  Vogler,  organiste  nnomiiié  de  ce 
temps,  puis  étudia  le  violon  et  la  composition 
chez  Giaff,  maître  de  chapelle  à  Rudolstadt. 
Eu  1730,  il  entra  aii.servicedu  duc  de  Saxe-Wei- 
mar,  en  qualité  de  copiste  et,  vers  le  même  temps, 
il  commença  à  composer  pour  le  clavecin.  Devenu 
valet  de  chambre  du  prince  héréditaire  de  Ru- 
dolstadt, en  1735,  il  fut  attaché  à  sa  musique; 
puis  il  entra  comme  musicien  dans  la  chapelle 
du  margrave  de  Brandebourg.  Depuis  1741  jus- 
qu'en 1755,  on  a  imprimé  de  sa  composition 
quatre  œuvres  de  pièces  pour  le  clavecin. 

LEUTHOLDÏ  (  Jean-Godefroy),  célèbre 
fabricant  d'instruments  de  cuivre,  né  en  Saxe, 
mort  vers  1780,  s'est  fait  une  réputation  brillante 
dans  la  seconde  moitié  du  dix-huitième  siècle,  par 
la  bonne  qualité  de  ses  cors,  trompettes  et  trom- 
bones 

LEUTWEIIV  (  Chrétien-Louis  ),  pasteur 
dans  le  Wurtemberg,  mort  le  23  juillet  1799, 
est  auteur  d'un  livre  qui  a  pour  titre  :  Versuch 
einer  richligen  Théorie  von  der  biblischen 
Verskunst,  etc.  (Essai  sur  la  théorie  de  la  poésie 
bihliiiue,  etc.)  Tubingiie,  1777,  in-S".  Il  y  explique 
les  divers  rhUlimes  de  la  poésie  et  l'usage  des 
accents  musicaux  des  Hébreux. 

LEVA  (  Bentivoclio  ) ,  organiste  de  l'église 
de  Saint-Étienne  à  Isola  délia  Scala,  naquit  à 
Vérone  en  1587.  On  connaît  de  sa  composition 
un  ouvrage  intitulé  Messe  e  Moteiti  concer- 
tali  a  ire  e  quatro  voci;  in  Venezia,  presso 
J.  Vincenti ,  1C19,  in-4''.  Leva  indique  le  lieu 
et  l'année  de  sa  naissance  dans  l'épîlre  dédi- 
catoire,  où  il  se  dit  Veronese  et  âgé  de  trente- 
deux  ans. 

LEVA  SSE  UR  (Pi  erre-François),  dit  r^2we, 
violoncelliste,  né  à  Abbeville,  le  11  mars  1753, 
fut  d'abord  destiné  à  la  prêtrise,  et  fit  des  études 
pour  entrer  dans  les  ordres.  A  dix-huit  ans,  il  re- 
nonça à  l'état  ecclésiastique  pour  se  faire  musi- 
cien. Pendant  trois  mois  il  reçut  des  leçons  d'un 
maître  obscur  nommé  Belleval  ;  puis  il  étudia  seul 
le  violoncelle.  Arrivé  à  Paris  vers  1782,  il  y  reçut 
quelques  leçons  de  Dupoi  t  aîné,  dont  il  imita  la 
manière  et  acquitta  belle  qualité  de  son.  En  1789, 
il  joua  des  concertos  de  Duport  jeune  au  con- 
ccrtspirituel  ;  plus  tard  il  se  fit  entendre  aux  Con- 
certs du  théâtre  Feydeau.  Entré  à  l'orchestre 
de  l'Opéra  en  1785,  il  obtint  sa  pension  de 
retraite  en  1815,  après  trente  ans  de  service, 

19 


290 


LEVASSEUR  —  LtVEiSS 


«t  à  l'âge  de  soixante-huit  ans.  Il  est  nnort  peu 
<le  temps  après.  On  connaît  de  Levassenr  :  l"  Six 
duos  pour  deux  violoncelles,  op.  1  ;  Paris,  Leduc. 
—  1°  Six  idem  ,  deuxième  livre;  ibid- 

LEVASSEUR  (  Jean'-Henri  ),  dit  le  jeune, 
pour  le  distinguer  du  précédent,  quoiqu'ils  ne 
fussent  pas  de  la  môme  famille,  naquit  à  Paris, 
vers  1765.  Élève  de  Ciipis  pour  le  violoncelle, 
il  reçut  aussi  des  leçons  de  Louis  Duport.  En  1789 
il  entra  à  l'orchestre  de  l'Opéra,  où  il  occupa  en- 
suite la  place  de  premier  violoncellejusqu'en  1  823. 
Désigné  conmie  professeur  du  Conservatoire  de 
musique  à  l'époque  de  sa  formation,  il  y  ensei- 
gna pendant  trente-huit  ans.  Ses  principaux  élèves 
ont  été  Lamarre,  Baudiot  et  Norblin.  Levasseur  fut 
aussi  attaché  à  la  musique  de  l'empereur  Napo- 
léon, puis  à  la  chapelle  du  roi.  Il  est  mort  à  Paris, 
en  1823.  Parmi  le  petit  nombre  de  compositions 
de  cet  artiste  pour  son  instnmient,  on  remarque  : 
1"^  Sonates  pour  violoncelle,  op.  1;  Paris,  Na- 
derman.  —  5°  Duos  pour  deux  violoncelles,  liv. 
1  el  2  ;  Paris,  Louis.  —  3"  Exercices  pour  le  vio- 
loncelle, op.  10;  Paris,  Langlois.  Levassenr  a  été 
un  des  principaux  collaborateurs  de  la  méthode 
de  violoncelle  rédigée  par  Baillotet  ailoptée  pour 
renseignement  dans  le    Conservatoire  de  Paris. 

LEVASSEUR  (  L.  ),  professeur  de  piano  et 
compositeur  pour  cet  instrument,  ne  m'est 
connu  que  par  ses  ouvrages,  parmi  lesquels  on 
remarque  :  1°  Deux  sonates  faciles  pour  piano 
seul,  op.  4  ;  Paris,  Langlois.  —  T  Trois  sonates 
pour  piano  et  violon,  op.  5  ;  Paris,  Vaillant.  — 
5°  Sonate  facile  à  quatre  mains,  op.  6;  ibid.  — 
4°  Grande  sonate  pour  piano  seul,  op,  16  ;  Paris, 
H.  Lemoine.  —  5°  Dix  rondos  pour  piano  seul  ; 
Paris,  chez  tons  les  éditeurs  de  musique.  — 
6"  Un  très -grand  nombre  de  fantaisies,  airs  va- 
riés, marches,  exercices  et  recueils  de  contre- 
danses. 

.  LEVASSEUR  (Nicolas-Prosper),  fils  d'un 
laboureur  de  la  Picardie,  est  né  le  9  mars  1791. 
Admis  comme  élève  au  Conservatoire  de  Paris,  le 
29  décembre  1807,  il  entra  dans  la  classe  de  chant 
de  Garai  le  5  février  1811,  et  commença  bientôt 
après  à  se  faire  remarquer,  dans  les  concerts  du 
Conservatoire,  par  le  beau  timbre  de  sa  voix  de 
basse  et  par  l'élégance  de  son  chant,  qualité  fort 
rare  chez  les  chanteurs  qui  ont  ce  genre  de  voix. 
Le  14  octobre  1813,  il  déhnia  à  !  Opéra  dans  la 
Caravane,  où  il  obiint  le  plus  brillant  succès. 
Mais  cet  ouvrage  était  à  peu  près  le  seul  à  cette 
époque  où  il  put  se  faire  entendre  avec  avantage; 
car  tout  le  répertoire  tragique  était  ou  trop  haut 
pour  sa  voix,  ou  peu  favorable  à  l'art  du  chant 
qu'il  avait  étudié  suivant  la  méthode  italienne. 
On  l'essaya  dans  qnelqnes  autres  rôles,  où  il  ne 


réussit  que  médiocrement,  parce  qu'il  n'y  faisait 
point  entenilre  les  cris  que  le  public  avait  alors 
l'habitude  d'applaudir.  Sa  position  au  théâtre 
ne  répondait  donc  pas  aux  espérances  que  son 
éducation  musicale  et  son  dibut avaient  données. 
Levassenr,  péniblement  affecté  du  dédain  que 
l'administration  alfectait  pour  son  talent,  rompit 
tout  à  coup  avec  elle,  et  partit  poar  Londres, 
où  il  chanta  pendant  la  saison  de  1816.  De  re- 
tour à  Paris,  il  rentra  à  l'Opéra  en  qualilé  de 
remplacement,  suivant  l'expression  en  usage  à 
ce  théâtre,  pour  désigner  l'acteur  placé  entre  le 
chef  d'emploi  et  son  double.  Ses  succès  comme 
ciiunteur  datent  de  cette  époque.  Lié  d'amitié 
avec  Ponchard  depuis  le  temps  de  leurs  études, 
il  se  faisait  souvent  entendre  avec  lui  dans  Ira 
concerts  ;  et  tous  deux  faisaient  achnirer  la  pu- 
reté et  le  fini  de  leur  chant.  En  1822,  Levasseur 
obtint  un  congé  pour  aller  en  Italie;  il  se  rendit 
à  Milan,  où  Meyerbeer  lui  confia  un  rôle  dans  sa 
Marguerite  d'Anjou;  il  s'y  fit  applaudir,  et  le 
succès  commença  à  fixer  sur  lui  l'attention  de 
ses  compatriotes.  La  fin  de  son  congé  l'ayant 
ramené  à  Paris,  l'administration  de  l'Opéra,  qui 
gérait  aussi  l'entreprise  du  Théâtre  Italien,  le  fit 
entrer  à  celui-ci,  pour  y  jouer  en  partage  avec 
Pellegrini  et  Zuchelli  les  rôles  de  basse.  Après 
avoir  chanté  cinq  ans  à  ce  théâtre,  sans  y  pro- 
duire de  vive  sensation,  il  le  quitta  pour  rentrer 
de  nouveau  à  l'Onéra.  Depuis  quatre  ans ,  Ros- 
sini  usait  de  son  influence  pour  changer  la  direc- 
tion de  ce  spectacle,  et  y  substituer  l'opéra  chanté 
à  la  tragédie  lyrique,  afin  d'y  préparer  les  succès 
de  ses  ouvrages.  La  réforme  commença  par  l'en- 
gagement île  M"*^  Cinti  (Toy.  M'^e  DAMonFAi;) , 
et  ia  mise  en  scène  du  Siège  de  Corinthe  ;  cette 
cantatrice  excellente  et  Ad.  Nourrit  offraient  de 
grandes  ressources  aux  compositeurs,  mais  il 
fallait  une  véritable  basse  chantante,  et  l'on  songea 
à  Levasseur,  qui  vint  en  effet  compléter  le  trio, 
il  débuta  dans  le  Conite  Ory ,  en  1828;  depuis 
iors,  le  talent  dont  il  fait  preuve  dans  Guil- 
laume Tell,  le  Philtre,  et  surtout  dans  Ro- 
bert le  Diable  et  la  Juive ,  lui  a  procuré  de 
brillants  succès,  et  l'a  placé  à  la  tête  des  basses 
chantantes  des  théâtres  français.  En  1841  il  fut 
nommé  professeur  de  déclamation  lyrique  an  Con- 
servatoire. Levasseur  a  pris  sa  retraite  de  l'Opéra 
en  1845. 

LEVEIVS  (....),  maître  de  musique  de  l'é- 
glise méIropoHtaine  de  Bordeaux,  vers  le  milieu 
(îu  dix-huitième  siècle ,  a  publié  im  livre  qui  a 
pour  titre  :  Abrégé  des  règles  de  l'Harmonie, 
pour  apprendre  la  Composition,  avecun  nou- 
veau projet  sur  un  système  de  musique  sans 
tempérament    ni  cordes  mobiles;  Boideaux, 


LEVENS  —  LÉVÊQUE    . 


291 


.1.  Cliapuis,  1 743,  in-4''  de  92  pages.  Ce  livre  et  son 
auteur,  méritaient  d'tMre  plus  connus,  car  Levens 
prouve,  dans  la  première  partie (lecct  ouvrage,  qu'il 
était  à  la  fois  bon  musicien  etécrivain  plus  correct 
que  la  plupart  des  auteurs  de  traités  de  musique. 
Cette  première  partie  est  relative  à  la  pratique  de 
l'iiarnionie,  telle  (pfelle  (tait  coiuiiie  de  son 
tenq)s  ,  et  suivant  les  piiiicipeN  de  lî.uneaUj  qu'il 
n'a  pas  cependant  toujours  l)ien  entendus  et 
qu'il  contredit  quelquefois.  On  y  trouve  trois  ciia- 
pitrescontenanldes  règles  pour  composer  à  deux, 
trois,  quatrectcinq  parties,  qui  renferment  de  bons 
principes.  La  seconde  partie,  où  se  trouve  l'exposé 
du  nouveau  système,  est  la  plus  importante  de 
l'ouvrage  par  son  objet,  quoique  la  théorie  en 
soit  fausse.  Telle  qu'elle  est,  Levens  est  le  pre- 
mier qui  l'a  présentée,  et  il  a  rai&on  de  dire,  dans 
sa  préface,  qull  est  inventeur  à  cet  égard.  Il 
avait  remarqué  que  la  progression  harmonique 
ne  peut  engendrer  une  gamme  diatonique  com- 


plète, la  quatrième  note  n'en  étant  pas  nécessai- 
rement le  produit  ;  car,  dit-il,  aucun  des  nombres 
de  cette  progression  ne  saurait  en  trouver  d'autre 
qui  soit  avec  lui  dans  la  proportion  de  3  à  4,  qui 
est  celle  de  la  quarte.  11  propose,  à  cause  de  cela, 
d'avoir  recours  ji  la  progression  arithmétique, 
conjoiu'tement  avec  la  progression  iiarmonique, 
celle-ei  en  montant,  l'autre  en  descendant,  et  il 
divise  d'après  ces  progressions  deux  cordes  qui 
lui  donnent  pour  produit  une  série  de  sons  ascen- 
dante qui  est  celle  des  instruments  harmoniques 
tels  que  le  cor  et  la  trompette,  c'est-à-dire  avec 
le  septième  degré  abaissé  d'un  demi-ton  et  sans 
note  sensible.  Procédant  d'une  manière  inverse 
pour  la  deuxième  corde  par  progression  arithmé- 
tique, il  trouve  une  série  descendante  qui  lui 
donne  le  quatrième  degré  et  le  système  abaissé 
d'un  demi-ton.  Les  deux  séries,  mises  en  rap- 
port, offrent  le  tableau  suivant  : 


IT 


UT 


SOL 


UT 


MI 


SOL 


SI  bémol 


UT 


RE 


MI 


I 

1 

I 

I 

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7 

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UT 

UT 

KA 

UT 

LA 

bémol 

FA 

RE 

UT 

si 

béiuol 

LA 

bémol 

Levens  trouvait  dans  son  système  trois  tons 
différents,  savoir  :  le  ton  viajeur,  dans  la  pro- 
portion de  7  à  8;  le  ton  parfait ,  dans  celle  de 

8  à  9;  et  enfin,   le  ton  mineur,  dans  celle  de 

9  à  10.  Par  l'expérience  qu'il  en  a  faite,  dit-il,  il 
résulte  de  cette  diversité  de  tons  une  variété  fort 
agréable.  Pour  compléter  l'échelle  chromatique, 
il  ne  lui  restait  plus  qu'à  diviser  le  ton  majeur  en 
deux  demi-tons  inégaux  dans  les  propoilions  de 
14  à  15,  et  de  15  à  16;  le  ton  parfait  en  deux 
autres  demi-Ions  dont  les  proportions  sont  de 
16  à  17  et  de  17  à  18  ;  enfin  le  ton  mineur  en 
deux  demi-tons  comme  18  à  19,  et  19  à  20. 

Le  défaut  de  ce  système,  défaut  capital  et  qui 
Iç  fait  crouler  par  sa  base,  c'est  qu'il  ne  répond 
à  la  constitution  d'aucune  tonalité;  mais  on  doit 
avouer  qu'il  est  fort  ingénieux  et  qu'il  peut  exci- 
ter quelque  intérêt,  si  on  ne  le  considère  que 
comme  une  curiosité  spéculative.  Vingt  et  imans 
après  la  publication  de  l'ouvrage  de  Levens,  Bail- 
iière  (voyez ce  nom)  (it  paraître  une  théorie  de 
la  musique  basée  sur  les  sons  harmoniques  du 
cor  et  sur  là  progression  arithmétique;  plus  tard 
1  abbé  Jamard  développa  cette  dernière  (  voyez 
Jamard);  mais  ni  l'un  ni  l'autre  n'ont  fait  men- 
tion des  travaux  antérieurs  de  Levens. 

r  A 

LEVEQUE   (  Jean-Guillaume  )  ,  Français 


d'origine,  né  à  Cologne,  en  1759,  quitta  le  lieu  de 
sa  naissance  à  l'âge  de  trois  ans,  pour  aller  à 
Paris  avec  ses  parents.  On  lui  fit  faire  des  études 
pour  qu'il  pût  succéder  à  un  oncle-  qu'il  avait  à 
Paris,  et  qui  y  possédait  un  bénélice.  Il  eut  aussi 
un  maître  de  violon  qui  lui  fit  faire  de  si  rapides 
progrès  dans  la  musique  et  dans  l'art  de  jouer 
dé  cet  instrument,  que  le  jeune  Lévêque  prit  la 
résolution  d'abandonner  la  théologie  pour  cet  art, 

!  et  qu'il  quitta  secrètement  la  maison  de  son  père. 

j  Après  quelques  voyages  dans  les  provinces  de 
France,  où  il  donna  des  concerts,  il  se  rendit  en 
Allemagne,  et  accepta  la  place  de  maître  de  con- 
certs chez  le  prince  d'Œttingen-Wallerstein. 
Quelques  années  après,  il  fut  appelé  chez  le  prince 
de  Nassau- Weilbourg,  pour  y  remplir  les  mêmes 
fonctions.  La  guerre  qui  suivit  la  révolution  fran- 
çaise ayant  obligé  ce  prince  à  supprimer  sa  mu- 
sique, Lévêque  voyagea  de  nouveau ,  visita  la 
Suisse,  où  il  séjourna  deux  ans,  puis  l'Autriche 
et  la  Hongrie.  A  son  retour,  il  s'arrêta  à  Passau, 
où  le  prince-évêque  le  nomma  son  maître  de 
concerts.  Treize  ans  après,  il  entra  au  service  de 
la  maison  de  Hanovre.  Après  l'institution  du 
royaume  de  Westpbah"e,  son  emploi  fut  supprimé, 
mais  il  garda  le  titre  de  maître  de  concerts 
jusqu'à  sa  mort,  qui  arriva  vers  1816.  Cet  atH^Ig 

id. 


2t)2 


LÊVÊQUE  —  LÉVESQUE  DE  LA  RAVALIERE 


a  joui  de  la  réfutation  d'un  des  violonistes  les 
pins  agréables  de  l'Allemagne;  on  vantait  surtout 
sa  manière  élégante  et  gracieuse  de  pliraser.  On 
connaît  sous  son  nom  plusieurs  solos,  duos,  trios, 
quatuors  et  concertos;  mais  la  plupart  de  ces 
compositions  sont  restées  en  manuscrit. 

LEVERIDGE  (Riohard),  clianteur  de  l'o- 
péra anglais,  né  en  1669  ,  fut  attaché  comme 
basse  chantante  au  tiiéàtre  de  Lincoln' s- Inn- 
Fields  depuis  1698  jusqu'en  1717.  Sa  voix  était 
étendue  et  d'une  puissance  peu  commune  ;  mais 
les  écrivains  anglais  avouent  qu'il  chantait  sans 
goût.  Il  n'avait  point  reçu  d'éducation ,  et  ses 
manières  étaient  grossières  ;  mais  son  esprit  na- 
ture! et  sa  gaieté  le  faisaient  rechercher  dans  les 
clubs  et  assemblées  joyeuses,  et  lui  avaient  pro- 
curé beaucoup  d'amis.  Vers  1726,  il  ouvrit  un 
cafë  où  se  réunissaient  beaucoup  d'amateurs  de 
ses  chansons  ;  mais  il  parait  que  cette  vogue  ne 
fie  soutint  pas  et  que  ses  affaires  ne  prospérèrent 
point;  car  un  médecin  de  la  cité  ouvrit,  dans  la 
vieillesse  de  ce  chanteur  émérite,  une  souscrip- 
tion pour  une  pension  annuelle ,  qu'il  continua 
de  recevoir  jusqu'à  sa  mort,  arrivée  en  1758;  il 
était  alors  âgé  de  près  de  quatre-vingt-dix  ans.  Le- 
veridge  avait  composé  tous  les  airs  de  son  rôle 
<lans  le  drame  musical  arrangé  parMotteaux,  sous 
le  litre  de /ndionPmicess  (la  Princesse  indienne)  ; 
l'opéra  Pyramus  and  Thysbe ,  représenté 
en  1716,  était  entièrement  de  sa  composition. 
Quelques  auteurs  anglais  disent  que  les  mélodies 
dusecondactedeMacfteiA,  publiées  dans  l'édition 
de  Shakspeare  donnée  par  Rowe,  sont  de  Leve- 
lidge;  mais  il  est  plus  vraisemblable  qu'elles  ont 
été  composées  par  Mathieu  Lock.  Leveridge  a 
publié  en  1727  un  recueil  de  ses  chansons  avec 
la  musique,  en  deux  petits  volumes  bien  gravés. 
11  a  été  gravé  à  Londres  deux  beaux  portraits 
de  cet  artiste. 

LÉVESQUE  ou  LÉVÉQUE  (1)  (...),  basse- 
taille  de  la  chapelle  du  roi,  figure  sur  l'état  du  per- 
sonnel de  cette  chapelle,  depuis  1 7  59  jusqu'en  1781. 
En  1763,  il  avait  été  nommé  raaîlre  de  musique 
des  pages  de  la  chapelie  de  Louis  XV.  C'est  pour 
l'éducation  musicale  de  ces  jeunes  gens  que  Lé- 
vesque  recueillit  avec  Bêche,  haute-contre  de  la 
musique  du  roi  et  sous-maître  à  l'école  des  pages, 
les  leçons  dont  la  réunion  forme  la  compilation 
connue  sous  le  nom  de  Solfèges  d'Italie.  La  pre- 
mière édition,  gravée  par  Heina,  parut  en  1768, 
sous  ce  titre  :  Solfèges  d'Italie,  avec  la  basse 
chiffrée  par  Léo,  Durante,  Scarlatti,  Nasse, 
Porpora,   etc.  Bailleux  en  donna  une  édition 

(0  Le  nom  est  écrit  des  deux  mani{:res  lur  le»  ëtaFs  de 
ta  cliai>elle  dn  luI. 


I  plu3  correcte,  et  depuis  lors  il  en  a  été  publié 
plusieurs  autres  à  Paris,  à  Lyon  et  à  Vienne,  lians 
certains  hvres  sur  la  musique,  fabriquéi  en  France 
avec  beaucoup  de  légèrelé ,  on  accorde  à  cette 
compilation  la  qualité  d'excellente,  et  pourtant 
il  était  difficile  de  la  faire  plus  mauvaise.  La  clas- 
sification des  leçons  est  absolument  vicieuse,  soit 
sous  le  rapport  des  tonalités,  qui  ne  s'enchaînent 
point  par  ordre  d'analogie,  soit  sous  celui  des 
difficultés,  qui  ne  sont  point  graduées.  Beaucoup 
de  leçons  y  sont  d'ailleurs  beaucoup  trop  élevées 
pour  les  voix  de  dessus  auxquelles  on  les  a  don- 
nées, parce  qu'elles  ont  été  composées  originaire- 
ment pour  le  ténor.  L'harmonie  de  plusieurs  de 
ces   leçons  est  d'ailleurs  trop  n'ai   écrite  pour 

I  être  des  maîtres  à  qui  on  les  attribue.  Il  est  re- 
marquable qu'aucun  des  solfèges  donnés  dans  ce 
recueil  sous  le  nom  de  Porpora  ne  se  trouve  dans 
le  manuscrit  original  des  leçons  de  ce  célèbre 
musicien  qui  m'a  été  donné  en  1810  par  Asioli, 
et  qu'aucune  de  celles-ci  n'est  dans  la  compilation 
de  Lévesque  et  de  Bêche  :  un  boa  recueil  de  sol- 
fèges d'Italie  est  encore  à  faire. 

LÉVESQUE  (Pierre-Charles),  littérateur, 
néàParis,Ie26marsl737,niortdans  la  même  ville, 
le  12  mai  1312,  fit  ses  études  d'une  manière  bril- 
lante au  collège  Mazarin  ;  puis,  à  la  recommanda- 
tion de  Diderot,  il  fut  nommé,  par  l'impératrice 
de  Russie,  professeur  de  belles  lettres  à  l'école 
des  cadets  nobles  de  Pétersbourg,  en  J773.  C'est 
dans  cette  ville  qu'il  recueillit  les  matériaux  de 
son  Histoire  de  Russie,  qui,  avec  sa  traduction 
de  Thucydide,  composent  ses  plus  beaux  titres 
au  souvenir  de  la  postérité.  De  retour  en  France, 
en  1780,  il  obtint  une  place  de  professeur  au 
collège  royal,  puis  entra  à  l'Académie  des  inscrip- 
tions et  belles-lettres.  La  révolution  lui  fit  per- 
dre ses  emplois;  mais,  en  1707,  il  fut  désigné 
comme  membre  de  l'Institut.  Parmi  ses  nom- 
breux écrits,  on  remarque  ceux-ci,  où  il  a 
traité  de  la  musique  des  Grecs  :  1°  Considéra- 
tions sur  les  trois  poètes  tragiques  de  la 
Grèce  ,•  Paris,  1797,in-8''.  —  T  Études  de  l'his- 
toire ancienne  et  de  l'histoire  de  la  Grèce  ; 
Paris,  1811.  b  vol,  in-S". 

LÉVESQUE  DE  LA  RAVALIERE  (1) 
(Pieure-Alexandre),  savant  littérateur,  né  à 
ïroyes,  le  6  janvier  1697,  était  fils  d'un  greffier 
de  l'élection  de  cette  ville.  Il  alla  faire  son  cours 
de  droit  à  Orléans,  puis  revint  dans  ses  foyers  en 
1726,  avec  le  projet  de  succéder  à  son  père  dans 
l'emploi  de  celui-ci.  Mais  bientôt  le  dégoût  que 

11)  Forkel,  Gerber,  et  d'après  eux  tous  ies  copistes,  ont 
cite  cet  écrivain  &ous  le  num  de  La  RnvaUére,  et  en  ont 
[ait  un  Ovèque. 


LÉVESQUE  DE  lA  RAVALIÈRE  —  LEWALD 


293 


lui  inspirait  le  fravafj  du  grerPe,  et  des  cliagrins 
d'amour,  le  décidèrent  à  se  rendre  à  Paris  pour 
cultiver  les  lettres.  Ses  travaux  relatifs  à  l'his- 
toire l'ayant  fait  connaître  avantageusement,  l'A- 
cadt^iie  des  inscriptions  et  belles-lettres  l'admit 
an  nombre  de  ses  membres  en  1743.  Un  rhume 
ni^gligé  le  conduisit  au  tombeau,  le  4  février  1762, 
à  l'âge  de  soixante-cinq  ans.  Il  avait  épousé  la 
fille  d'un  conseiller  au  parlement  de  Metz  ;  et 
c'est  d'un  fief  qui  appartenait  à  sa  femme  qu'il 
prit  le  nom  de  La  Ravalière.  Lévesque  est  par- 
ticulièrement connu  par  l'édition  qu'il  a  donnée 
des  Poésies  du  roi  de  Navarre;  Paris,  Guérin, 
1742,  2  vol.  in-12.  Ces  poésies  sont,  comme  on 
sait,  les  chansons  de  Thibaut,  comte  de  Cham- 
pagne, qui  fut  appelé  au  trône  de  Navarre,  au 
mois  d'avril  1234.  Parmi  les  pièces  dont  Léves- 
que les  a  accompagnées,  on  remarque  un  bon 
discours  sur  l'ancienneté  des  chansons,  avec 
quelques  détails  sur  la  musique.  A  la  fin  du 
deuxième  volume,  il  a  placé  plusieurs  airs  notés 
de  ces  anciennes  chansons,  mais  complètement 
défigurés;  Lévesque  s'est  servi  de  manuscrits  m- 
corrects,  ou  n'a  pas  connu  la  valeur  des  signes^ 

LEV^E-TT  (.-.),  musicien  anglais,  vivait  à 
Londres  dans  la  seconde  moitié  du  dix-huitième 
siècle.  On  a  publié  sous  son  nom  :  1°  Iniroduc- 
tory  lessons  on  singing,  pariicularly  on  psal- 
modij,  to  which  are  annexed  several  Psalm- 
f ««es  (Leçons  élémentaires  sur  le  cliant,  parti- 
culièrement sur  la  psalmodie,  auxquelles  sont  ajou- 
tées différentes  mélodies  de  psaumes  à  quatre  par- 
ties). Londres,  Preston. — 2°  Newyear's  Anihems 
(Nouvelles  antiennes  de  l'année);  ihid.  — 
3°  Hynin  for  Easter  day  (  Hymne  pour  le  jour 
de  Pâques);  ibid.  — 4°  Hymn  for  Christmas 
day  (Hymne  pour  le  jour  de  Noël);  ibid.  — 
6°  Hymn  for  Whitsunday  (Hymne  pour  la 
Pentecôte),  ibid. 

LEVEZOW(Le  chevalier  Conrab  DE), 
savant  antiquaire  allemand,  conservateur  du  mu- 
sée de  Berlin,  actuellement  vivant,  ne  m'est  connu 
que  par  ses  excellentes  dissertations  latines  et 
allemandes  sur  divers  sujets  d'antiquité  et  d'ar- 
chéologie, ainsi  que  par  son  catalogue  raisonné 
des  vases  grecs  du  musée  de  Berlin.  Il  est  sin- 
gulier que  les  diverses  éditions  du  Lexique  de 
la  conversation  publiées  à  Leipsick ,  ni  les 
recueils  biographiques  allemands  ne  fournis- 
sent aucun  renseignement  sur  cet  homme  de 
mérite.  Il  doit  être  né  vers  1770,  car  son  pre- 
mier ouvrage  a  paru  en  1795.  Parmi  ses  pro- 
ductions, on  trouve  une  notice  sur  la  cantatrice 
de  la  cour  de  Prusse  Marguerite  Louise  Schick, 
intitulée  :  Lcben  und  Kunst  der  Frau  Marga- 
retha  Luise Schicli,  Kœnigl.  Preuss-Kammer- 


sxngerinn;  Berlin ,  Dunker  et  Humbold,  1809, 
in-S". 

LEVI  (M™«),  née  en  Bretagne,  vers  1715,  ac- 
quit un  talent  très-remarquable  sur  le  par-dessus 
de  viole,  et  se  fit  entendre  avec  un  brillant  suc- 
cès au  Concert  spirituel  en  1745.  Elle  tirait  de 
cet  instrument  des  sons  doux  et  purs,  et  exé- 
cutait de  grandes  difficultés  avec  beaucoup  d'ai- 
sance. Celle  dame  a  fait  graver  à  Paris  6  solos 
pour  pardessus  de  viole,  in-fol.  obi.,  chez  Le- 
clair. 

LEVI  (  Samuel  ),  compositeur  dramatique, 
né  à  Venise,  en  1813,  de  parents  Israélites,  a 
donné  en  1837,  au  théâtre  de  la  Fenice,  son 
premier  opéra  ,  intitulé  :  Iginia  d'Asti ,  qui 
obtint  quelque  succès.  Dans  l'année  suivante  il 
fit  représenter  à  Trieste  CAnevra  degli  Almieri. 
On  retrouve  ce  compositeur  à  Venise  en  1844, 
où  il  fit  jouer  Judith,  opéra  sérieux,  qui  n'eut 
que  trois  représentations.  On  n'a  pas  d'autres 
renseignements  sur  cet  artiste. 

LEVRIER  DE  CIIAMP-RIOIN  (Gdii.- 
laume-Dems-Thomas),  littérateur,  né  à  Meulau, 
le  21  décembre  1749,  fit  ses  études  à  Paris,  et  fut 
placé  fort  jeune  dans  les  bureaux  de  Tintendance 
de  cette  ville.  En  1777 ,  il  entra  à  la  bibliothè- 
que du  roi,  comme  employé  au  département  des 
manuscrits.  Après  avoir  occupé  cette  place  pen- 
dant vingt  ans,  il  eut  le  chagrin  de  la  perdre^ 
en  1798,  parce  qu'il  déplaisait  à  Legrandd'Aussy, 
homme  dur  et  fantasque,  alors  conservateur  des 
manuscrits  français.  Lévrier  de  Champ-Rion  oh- , 
tint  en  1800  une  place  d'expéditionnaire  à  la  di- 
rection générale  de  l'enregistrement  et  des  do- 
maines. Nommé  commis  d'ordre  dans  la  même 
administration,  le  27  octobre  1808,  il  fut  mis  à 
la  retraite  le  12  août  1818,  et  mourut  aliéné, 
le  10  mars  1825,  à  soixante-seize  ans.  Ce  lit- 
térateur a  écrit  plusieurs  livrets  d'opéras-comiques 
qui  ont  eu  du  succès.  Il  a  publié,  dans  le  cin- 
quième volume  des  Mélanges  de  littérature 
étrangère,  une  traduction  française  de  quatre 
lettres  de  Métastase  relatives  à  l'opéra  italien  et 
à  la  nécessité  d'y  opérer  une  réforme.  Ces  lettres 
ont  été  réimprimées  sous  ce  titre  :  Lettres  sur 
la  musique,  traduites  de  l'italien,  de  Métas- 
tase; Paris,  1786,  in-12.  Lévrier  de  Champ-Rion 
avait  rassemblé  avant  1810  les  matériaux  d'une 
Histoire  générale  de  l' Opéra-Comique  :  cet 
ouvrage  n'a  point  éié  publié. 

LEWALD  (Aiiccste),  littérateur  qui  vivait 
I  à  Nuremberg  en  1825,  a  donné  une  traduction 
j  libre  de  l'Abrégé  de  l'histoire  de  la  musique  par 
!  filme  de  Bawr,  sous  ce  titre  :  Geschichie  der 
l  Musik  fiir  Freunde und  Verehrer  dicser  Kxlnsii. 
'  Nuremberg,  1826,  in-8". 


294 


lEWY  —  LIBANUS 


LEW Y  (  ÉDOiAno-CoNSTANTiN  ),  corniste  de 
talent,  na(niit  à  Saint-Âvold  (Moselle),  le  3  mars 
179fi.  Son  père,  Élie  Lewy,  avait  été  musicien 
au  service  dn  duc  de  Deux  Ponts.  En  1812  il 
entra  dans  la  musique  d'un  régiment  après  avoir 
été  élève  an  Conservatoire  de  Paris,  où  il  reçut 
des  leçons  de  Doninich  pour  le  cor.  Après  la  ba- 
taille de  Waterloo  ,  Lewy  voyagea  en  France  et 
en  Suisse;  il  se  fixa  à  Bàle,  en  1817.  Conradin 
Kreutzer,  qui  l'avait  connu  dans  cette  ville,  et 
avait  apprécié  son  talent,  l'appe'a  à  Vienne 
enr  1822,  et  le  fit  entrer  au  théâtre  de  la  cour, 
en  qualité  de  cor  solo.  En  1834  il  fut  nommé 
professeur  au  Conservatoire,  et  dans  l'année 
suivante  il  reçut  sa  nomination  de  premier  cor 
de  la  chapelle  impériale.  Il  est  mort  à  Vienne, 
le  3  juin  1846.  On  ne  connaît  aucune  composition 
de  cet  artiste. 

LEWY  (  JosEPH-RoDOM>ME  ),  frère  puine 
du  précédent  et  son  élève  pour  le  cor,  est  consi- 
déré comme  un  des  virtuoses  de  l'Allemagne 
sur  cet  instrument.  Après  avoir  été  attaché  pen- 
dant plusieurs  années  à  la  chapelle  royale  de 
Stuttgard,  il  alla  rejoindre  son  frère  à  Vienne,  et 
devint  son  collègue  à  l'orchestre  du  théâtre  de 
la  cour.  En  1834  il  voyagea  en  Russie,  en  Suède, 
en  Allemagne,  en  Angleterre,  en  Suisse,  donnant 
partout  des  concerts  avec  succès.  En  1837  il 
alla  passer  l'hiver  à  Paris,  puis  il  accepta  la 
place  de  premier  cor  de  la  chapelle  royale,  à 
Uresde.  On  connaît  de  cet  artiste  plusieurs  duos 
pour  cor  et  piano. 

LEYIÎAM  (Christophe-Frakçois-Ambroise, 
baron  DE),  né  à  Vienne,  en  1777,  fut  un  des 
amateurs  de  musique  les  plus  distingués  de  cette 
ville  sur  le  violon  et  le  violoncelle.  Vers  1803, 
il  s'est  fixé  à  Naples,  où  il  résidait  encore  en  1812. 
On  a  gravé  de  sa  composition  :  l"  Trois  cava- 
tincs  pour  voix  de  soprano  ;  Vienne,  VVeigl.  — 
T  Trois  chansons  allemandes,  sur  des  poésies 
de  Reisslg;  ibid. 

LEYMERIE  (  Alexandre  ),  amateur  de 
musique  à  Paris,  s'est  fait  connaître  par  la  pu- 
blication des  ouvrages  suivants  -.  r^  Variations 
pour  violoncelle,  avec  accompagnement  de  piano 
sur  l'air  :  Un  bouquet  de  romarin;  Paris, 
Hanry.  —  2°  V Harmonie  en  dix  leçons,  à  l'u- 
sage des  personnes  qui  veulent  apprendre 
à  faire  un  accompagnement  de  piano,  de 
harpe,  trio,  quatuor,  etc.,  sans  faire  une 
étude  approfondie  de  la  musique;  Paris,  chez 
l'auteur,  182C,  in-4''  de  16  pages,  avec  une  plan- 
che de  musique. 

LEYSER  (Georges-Sigismond),  facteur  d'or- 
gues à  Rothembourg  sur  la  Tauber,  vers  la  fin  du 
dii-septième  siècle,  ne  fut  d'abord  qu'un  simple 


ouvrier  menuisier.  En  1688  il  travaillait  comme 
tel  chez  un  doiteur  Weinlein  à  Rothemhomg  ; 
mais  ses  progrès  furent  si  rapides,  qu'il  fut  en 
état  de  faire  en  1691  non-seulement  des  répa- 
rations considérables  à  l'orgue  de  Saint-Sébald, 
de  Nuremberg,  mais  môuie  d'y  ajouter  un  regis- 
tre double  de  son  invention,  auquel  il  donna  le 
nom  de  Scharfonet. 

L'HOSTE.  Voyez  HOSTE  (Spirito  L'). 

L'HOYER  (Antoine)  ,  guitariste  distingué, 
né  en  France,  entra  fort  jeune  dan>  la  troupe 
des  comédiens  français  au  service  du  |)rince 
Henri  de  Prusse  à  Rheinsberg.  Vers  1800,  il  s'est 
établi  à  Hambourg,  où  il  s'est  livré  à  l'enseigne- 
ment de  son  instrument.  Quelque  annexes  après 
il  s'est  rendu  à  Paris.  An  nombre  des  œuvres 
qu'il  a  publiés  pour  la  guitare,  on  distingue  : 
1*"  Concerto  pour  guitare ,  aven  quatuor,  op.  Ifi  ; 
Hambourg,  Bœhme.  —  2°  Airs  dialogues  pour 
quaireguitares  ;  Paris,  Schœnenberger.  —  .3°  Trio 
pour  trois  guitares,  op.  29  ;  Paris,  Pleyel.  — 
4°  Idem  pour  guitare,  violon  et  alto;  Paris,  Si- 
mon Gaveaux.  —  5"  Trois  sonates  pour  guitare 
et  violon  obligé,  op.  17;  Hambourg,  Bœhme.  — 
6"  Duo  idem,  op.  28  ;  Paris,  Pleyel.  -—  7°  Trois 
duos  pour  2  guitares,  op.  31  ;  Paris,  S.  Gaveaux. 
—  8"  Trois  idem,  op.  34  ;  Paris,  Frey.  —  9°  Six 
i<lem,  op.  35;  Paris,  Meissonnier. —  10°  Six  sé- 
rénades faciles  pour  2  guitares,  op.  36;  Paris, 
Janet  et  Cotelle.  —  11"  Six  duos  nocturnes 
idem,  op.  37  ;Paris,  Meissonnier.  —  12°  Plusieurs 
œuvres  de  sonates,  exercices,  études,  airs  variés 
et  fantaisies  pour  guitare  seule,  Paris,  chez  tous 
les  éditeurs. 

LIBAXUS  (Georges),  appelé  Liban  par 
M.  Sovvinski  (i),  mais  dont  le  nom  allemand 
pourrait  bien  être  Tt'<?/7i7-CMc/i  (encens),  naquit 
vers  1480,  à  Liegnilz  (Silésie).  Les  circonstances 
de  sa  vie  sont  inconnues  ;  on  sait  seulement 
.-;u'ii  était  prêhe ,  qu'il  se  fixa  eu  Pologne  et  fut 
jirolésseur  de  langue  et  de  littérature  grecques  à 
l'université  de  Cracovie,  où  il  se  trouvait  déjà 
antérieurement  à  1528.  Un  éloge  de  la  musique, 
attribué  par  Meusel  (//«'.  Liter.  Bibliogr.  Ma- 
gasin, 7e  liv.,  1794)  à  Sébastien  de  Feiszfyn 
(voy.  ce  nom),  et,  d'après  lui,  par  Gerber, 
Lichtenhal  et  Betker,  parait  néanmoins  appar- 
tenir à  ce  Libauus,  si,  comme  le  dit  J.  Lelewel 
(  Bibliographie  polonaise,  1'"  partie  ) .  on  lit  au 
verso  du  titre  :  Per  M.  Georgium  Lïbanum 
Legnicensem,  dum  utriusque  vmsices  ele- 
menta  tironibus  ejusdem  negotii  studiosis 
prxlcgcrat.  Cracovix  excusum  per  Joan. 
Halycz ,    anno     Deitatis     incarnatss    1540. 

(1)  /.es  Musiciens  polonais,  etc.,  p.  368. 


LIBAN  L  s  —  LIBERTI 


295 


Quoi  q«'il  en  soit ,  voici  le  titre  exact  de 
l'ouvrage  dont  il  s'agit  :  De  Miisica  laudi- 
bus  oratio ,  seu  adhortatio  quxdam  ad  mu- 
sicx  sludiosos.  Cul  annexa  est ,  qux  in  sculis 
et  muskx  tractatus  imdtorum  vocuhulorum 
grcccorum  intcrpretatio ,  cum  octo  fonorum 
proprietatibus  et  totidem  eorum  melodiis , 
tetraphonis  haud  inconcinnis,  alque  alla 
nonnuUu  qux  scquens  ostcndit  paginula. 
His  octo  ionis,  tanquam  auctarium,  addi- 
tur  peregrinus,  quasi  post  liminis  reversus, 
qui  cum  cxteris  tonis,  fratribussuis,  in  pris- 
tinam  redit  notitiam  ;  Cracovise  ,  1540,  in-8". 
Au  nombre  des  ouvrages  de  Libanus ,  Daniel 
Janoçki,  (|ui' en  donne  la  liste  {Janociana, 
tom.  J,  ().  163 et  sniv.  ),  indique  une  dissertation 
intitulée  :  De  accentuum  ecclesiasf/contm 
exquisita  rotione;  Crdcov\x,  1539,8  feuilles 
in-8*.  Cet  écrit  concerne  Tacceutuation  dans  le 
cliant  ecrlésiaslique. 

LIBER  (  ANTO!?«E-JosEi'n  ),  né  âSulzbach, 
près  de  Ralisbonne,  en  1732,  apprit  dans  cette 
ville  le  violon  et  la  composition  ciiez  Joseph 
Riepel,  homme  d'un  mérite  tiès-remarquable,  et 
fut  ensuite  placé,  comme  maître  de  concerts 
et  compositeur,  à  la  petite  cour  de  Dona- 
wert,  puisàRatisbonne,  chez  le  prince  de  La  Tour 
et  Taxis.  Vn  grand  nombre  de  messes,  de  sym- 
phonies et  de  conctitos  a  été  laissé  par  lui  en  ma- 
nuscrit. Cet  artiste  est  mort  à  Ratisbonne,  en  )  809. 

LIBER  (Woi.fgang),  fils  du  précédent,  na- 
quit à  Donawerf,  le  31  octobre  1758.  Né  avec 
d'heureuses  dispositions,  il  fit  de  si  rapides  pro- 
grès dans  la  musique,  sous  la  direction  de  son 
père,  qu'à  l'âge  de  huit  ans  il  fut  en  état  de  jouer 
en  public  un  concerto  de  violon  fort  diflicile,  et 
avec  succès.  Il  entra  \ieu  de  temps  après  au  col- 
lège de  Ratisbonne,  pour  y  faire  ses  études  lit- 
téraires. Devenu  bon  organiste,  il  apprit  la  com- 
|>osition;  puis  il  visita  plusieurs  abbayes,  entre 
autres  celle  des  15énédictins  de  iMichelléid,  qui 
lui  plut,  et  oùiKit  profession,  le  17  octobre  1779. 
Après  la  suppression  de  ce  couvent,  il  se  rendit 
à  Ratisbonne,  où  il  vivait  encore  eu  1817.  On 
connaît  de  sa  composition  cinq  concertos  pour 
violon,  quelques  messes,  des  antiennes,  et  quel- 
ques autres  morceaux  de  musique  religieuse. 

LIBERAT!  (Aktimo),  né  à  Foligno,  dans  la 
première  moitié  du  dix-septième  siècle,  eut  pour 
premier  maîtredeinusiqueGrégoire  Ailegri(™ye:; 
ce  nom),  ainsi  qu'il  le  dit  lui-même  dans  un  de 
ses  écrits  ;  après  la  mort  de  ce  savant  musi- 
cien, il  passa  dans  i'écoie  d'Horace  Benevoli.  Au 
sortir  de  cette  école ,  il  fut  engagé  au  service 
delà  chapelle  de  l'em|>eieur  Ferdinand  III,  puis 
de  Léopold,  son  successeur.  De  retour  en  Italie, 


I  Liberafi  obtint  les  places  d'organiste  et  de  maître 
de  chapelle  de  Sainte-Marie  dcll'  Anima,   à 

i  Rome.  Le  29  novembre  1C61,  il  fut  agrégé  au 
collège  des  chapelains  chantres  de  la  chapelle 
pontificale.  En  1675,  il  était  aussi  maître  de  cha- 

i  pellede^«  SantissimaTrinilàdé'  Pel'eijrini,nt 
de  l'église  dite  dcllc  Stimate.  On  ignore  en  quelle 
année  il  mourut,  mais  on  sait  qu'il  vivait  encore 
en  1685,  car  c'^st  dans  ceite  année  qu'il  publia 
son  dernier  ouvrage.  Beaucoup  de  madrigaux  et 
d'airs  composés  par  ce  musicien  existent  dans 
plusieurs  volumes  manuscrits  qui  appartenaient 
autrefois  à  la  famille  Colonna,  et  qui  ont  passé 
depuis  en  la  possession  de  l'abbé  Baini.  Ses 
oratorios  sont  dans  les  archives  de  Sainte-Marie 
in  Valllcclla;  enfin  on  trouve  quelques-uns  de 
ses  psaumes  dans  une  collection  publiée  par 
Caifabri ,  à  Rome,  en  1683.  Libeiati  avait  été 
consulté  par  \m  de  ses  amis  sur  le  mérite  de  cinq 
candidats  qui  aspiraient  à  la  place  de  maître  de 
ciiapelle  d'une  des  églises  de  Milan  ;  il  répondit 
par  un  écrit  rempli  de  bonnes  observations  et  de 
faits  intéressants  pour  l'histoire  de  la  musique. 
Ce  morceau,  qui  a  été  publié,  a  jjour  litre  :  Let- 
iera  scritfa  dal  sig.  Antimo  Liberali  in  ris- 
posta  ad_  nna  del  sig.  Ovidlo  Persapegi  , 
Rome,  1084,  in-4°.  Liberati  a  laissé  aussi  un 
Epllome  istorico  delta  musica,  qu'il  clédia  au 
pape  Alexandre  VII,  ttqui  se  trouve  aujourd'hui 
en  manuscrit  dans  la  bibliothèque  de  l'illustre 
maison  Chiggi,  à  Rome.  On  lui  doit  aussi  une 
défense  d'un  passage  du  troisième  trio  de  l'œu- 
vre deuxième  de  Corelli,  publiée  sous  ce  titre  : 
Letlera  sopra  nn  scgiiilo  di  quinte  ;  Rome, 
1685.  Enfin,  le  même  musicien  est  auteur  d'un 
Raggualio  dello  data  del  Coro  délia  cappella 
pontificia,  qui  se  conserve  dans  les  arcliives  de 
l'église  Sainte-Marie  i7i  ValUcrJla.  Adami  a 
donné  le  portrait  de  Liberati  dans  ses  Osser- 
vaùonl  per  ben  rcgolare  il  Coro  delta  cap- 
pella pontificia  (page  200).  Hawkins  a  repro- 
duit ce  portrait  dans  son  Histoire  générale  de  la 
musique  (  tome  4,  page  226  ). 

LIBERT  (  Henui  ),  organiste  de  l'église  cathé- 
drale d'Anvers,  né  à  Groniugue,  dans  la  seconde 
moitié  du  seizième  siècle,  a  eu  de  la  réputation 
comme  compositeur  et  comme  exécutant ,  vers 
1020.  On  a  imprimé  de  lui  un  recueil  de  motets 
à  quatre  et  cinq  voix,  intitulé  :  Contioncs  sacrx 
et  suavissimx  cum  vocibus  quatuor  et  quinque 
compositx  ;  Anvers,  P.  Phalèse,  1621,  in-4°  obi. 
On  trouve  le  portrait  de  ce  musicien  dans  l'œu- 
vre de  Vandyck. 

LIBERTI  (Vincent),  compositeur,  né  à 
Spolette,  dans  la  seconde  moitié  du  seizième 
siècle,  paraît  avoir  vécu  à  Venise  au  commeii- 


296 


LIBERTI  —  LICliTENSTEIGER 


cernent  du  dix-septième.  Ses  ouvrantes  connus 
sont  :  i°  Il  primo  libro  di  Madrigali  a  cin- 
que  voci.  In  Venetia  ,  apprcssn  R/cciardo 
Amadino,  1608,  in-4''.  Ces  madrigaux  n'ont  pas 
été  mis  au  jour  par  l'auteur;  Giuseppe  Agabito 
Campelli,  son  concitoyen  et  ami,  en  fut  IVdi- 
leur,  et  l'on  voit,  dans  sa  dédicace  au  cardinal 
Borghese,  datée  deSpolète,  le  28  septembre  1607, 
qu'il  a  recueilli  ces  compositions  à  cause  du 
succès  qu'elles  obtenaient  lorsqu'elles  étaient 
exécutées  dans  la  maison  d'un  certain  signor  Ce- 
cilio,  l'un  des  principaux  habitants  de  cette 
ville.  —  Il  seconda  libro  di  Madrigali  a  cin- 
que  voci.;  ibid.,  1609,  in-4°.  L'épître  dédica- 
toire  au  cardinal  Barberino  est  datée  de  Venise 
le  18  avril  de  la  même  année. 

LIBOIM  (  Philippe)  (1),  né  de  parents  fran- 
çais, à  Cadix,  le  17  août  1775,  apprit  en  cette 
ville  les  éléments  de   la  musique  et  du  violon. 
Ses  progrès  furent  rapides  :  à  l'âge  de  quatorze 
ans,   il  jouait  déjà  si  bien  de  l'instrument  qu'il 
avait  choisi,  qu'on  crut  qu'il  était  destiné  à  |K)6- 
séder  un  talent  de  premier  ordre,  et  sa   famille 
prit  la  résolution  de  l'envoyer  à  Londres  conti- 
nuer ses  études,  sous  la  direction  de  Viotti.  Six 
années  passées  près  de  ce  maître  célèbre,  et  la 
fréquentation  des  artistes  distingués  (ui  étaient 
alors  réunis  dans  la  capitale  de  l'Anglelerre,  don- 
nèrent à  son  talent  les  qualités  solides  par  lesquelles 
il  se  fit  remarquer.  Dans  le  même  temps,  il 
fit  aussi  un  cours  de  composition  avec  Cirnador. 
Viotti,  qui  avait  de  l'affection  pour  son  élève,  lui 
fit  exécuter  des  concertos  dans  quelques  concerts 
publics,  et  joua  même  avec  lui  ses  symphonies 
concertantes  à  Haymarket.  Lorsque  Haydn  alla 
composer  à  Londres  ses  grandes  symphonies, 
Libon  eut  l'honneur  de  lui  être  présenté,  et  c« 
grand  homme  le  félicita  sur  sa  manière  d'exécu- 
ter ses  quatuors.  Passant  à  Lisbonne,  en  1796, 
pour  retourner  à  Cadix,  Libon  se  fit  entendre  à 
la  cour,  et  le  prince  royal  de  Portugal  fut  si  sa- 
lisfait  de  .son  talent,  qu'il  l'attacha  à  son  service,  | 
en  qualité  de  violoniste  solo.  En  1798,  il  se  ren- 
dit a  Madrid,  où  il  fut  engagé  pour  la  musique 
particulière  du  roi  ;  mais  depuis  longtemps  il  était 
préoccupé  du  désîr  de  visiter  Paris,  et  il  aban- 
donna bientôt  son  poste  pour  se  rendre  dans  cette 
ville,  oui!  arriva  au  mois  de  novembre  1800.  Il 
donna  peu  de  temps  après  un  concert  au  théâtre 
de  la  rue  de  la  Victoire,  et  s'y  fit  applaudir  dans 
un  concerto  de  sa  composition.  Plus  tard,  il  joua 
aussi  avec  succès  aux  concerts  de  MM^nes  Catalani 

II)  Il  y  a  erreur  dans  le  prénom  de  Pierre  qu'on  ,i 
donné  ;i  cet  artislean  I.cxique  universel  de  musique  pu- 
blié par  le  docteur  Schilling. 


et  Colbran.  En  1804,  l'impératrice  Joséphine  l'at- 
tacha à  sa  musique  parliculière,  et  en  1810  l'im- 
pératrice Marie-Louise  le  choisit  pour  accompa- 
gnateur. Lors  de  la  restauration ,  il  conserva  sa 
position  dans  la  musique  particulière  du  roi.  Cet 
artiste  estimable  est  mort  à  Paris,  le  i  février 
1838,  à  l'âge  de  soixante-trois  ans.  On  retrouvait 
dans  l'exécution  de  Libon  les  qualités  didactiques 
de  la  belle  école  où  il  avait  été  élevé;  mais  son 
jeu  était  dépourvu  de  génie;  tout  ce  qu'il  faisait 
étaitde  bon  goût;  mais  on  eût  désiré  en  lui  plus  de 
sensibilité  et  d'inspiration.  Comme  compositeur, 
il  s'est  fait  connaître  par  les  ouvrages  suivants  : 
1°  Premier  concerto  pour  violon  (en  re  mineur); 
Paris,  Pleyel.  —  2°  2""^  idem  (mut);  Paris, 
Frey.  —  3"  S^e  idem  (en  mi);  Paris,  Henfz- 
Jouve   —4°  4roe  idem  (ré);  Paris,  Momigny. 

—  5°  5me  idem  (en  sol  mineur  )  ;  Paris,  Pleyel. 

—  6°  6'"e  idem  (en  ré  mineur)  ;  Paris  ,  Nader- 
man.  —  7"  Airs  variés  pour  violon  et  orchestre, 
op.  8,  liv.  1  et  2;  Paris,  Pleyel.  —  8*  Airs  variés 
pour  violon  et  quatuor  ou  piano,  op.  12,  liv.  j 
et  2  ;  Paris  ,  Naderman.  —  9°  Trois  trios  pour 
2  violons  et  violoncelle,  op.  3  ;  Paris,  Leduc.  — 
10"  Trois  idem,  op.  6  ;  Paris,  Pleyel.  —  1 1'^  Trois 
grands  duos  concertants  pour  deux  violons, 
op.  4;  Paris,  Pleyel.  —  12°  30  caprices  pour  violon 
seul,  op.  13;  Paris,  Janet.  —  13°  Deuxième  re- 
cueil d'airs  variés  pour  violon  et  quatuor,  op.  12; 
Paris,  Naderman. 

LICH^'OWSKI  (Le  prince),  amateur  dis- 
tingué de  musique,  pianiste  et  compositeur,  fut 
un  des  premiers  protecteurs  et  des  plus  grands 
admirateurs  de  Beetlioven.  11  était  issu  d'une 
des  plus  nobles  familles  de  la  Pologne,  et  vivait 
à  Vienne  vers  la  fin  du  dix-huitième  siècle,  et 
au  commencement  du  suivant.  On  a  gravé  de  sa 
composition  sept  variations  pour  le  piano  sur  le 
thème  ISel  cor  pià  non  mi  sento;  Vienne,  1798. 
Il  avait  aussi  en  manuscrit  l>eaucoup  d'antres 
productions.  La  princesse  Lichnovvski  élait  à 
cette  époque  une  des  pianistes  les  plus  remarqua- 
bles de  Vienne. 

LICnXEiXAUER  (....),  maître  de  cha- 
pelle de  l'électeur  de  Trêves,  vers  1730,  fut  en- 
suite organiste  à  l'église  cathédrale  d'Osnabruck. 
Il  a  fait  imprimer  :  24  Offertoria  in  honorem 
sancti  Sacra?ncnfi, gloriam  Virginis  mundique 
coniemptmn,  quatuor  vocum  etinstrumentis: 
Augsbourg,  1736. 

LICHTENSTEIGER  (Jean-Ernest),  mu- 
sicien  au  service  du  duc  de  Saxe-Meiniingen,  pa- 
raît avoir  vécu  d'abord  à  Amsterdam,  où  il  pu- 
blia, en  1702,  douze  sonates  pour  le  clavecin, 
op.  I.  Plus  tard,  il  lit  paraître  à  Nuremberg  deux 
sonates  pour  le  même  instnimen;. 


LICHTENSTEIN  —  LICBTENTHAL 


297 


LICHTEI*STEL\  (Loli>),  baron  DE, 
compositeur  dramatique  et  violoniste,  né  avant 
1770,  à  Lalim,  dans  le  cercle  du  Bas-Mein ,  fut 
envoyé  jeune  à  l'université  de  Gœtlingue , 
pour  y  faire  ses  études.  Il  y  continua  aussi  à 
cultiver  son  talent  sur  le  violon,  et  acquit 
sur  cet  instrument  une  habileté  remarquable. 
Pendant  son  séjour  à  Gœttingue,  il  brillait  dans 
les  concerts  dirigés  par  Forkel.  Ses  études  ter- 
minées, il  eut  lo  titre  de  gentilliomme  de  la  cham- 
bre de  l'électeur  de  Hanovre.  Déjà,  il  était  re- 
vêtu de  cette  dignité  lorsqu'il  composa  a  Bamberg, 
en  1795,  ses  premiers  opéras.  Vers  1798  le  prince 
d'Anhait-Dessau  le  nomma  intendant  du  théâtre 
(le  sa  cour  et  son  chambellan.  La  situation  de 
ce  théâtre  était  alors  peu  florissante  ;  le  baron 
de  Lichfenstein  fit  de  notables  améliorations 
dans  le  personnel  des  chanteurs  et  de  l'orches- 
tre, et  le  26  décembre  1798  il  y  fit  représenter 
son  opéra  intitulé  :  Bathmendi,  dont  il  avait 
aussi  composé  les  paroles.  Le  succès  ne  répon- 
dit pas  à  ses  espérances,  et  il  se  vit  dans  l'obli- 
gation de  faire  de  tels  changements  à  sa  pièce, 
qu'il  n'en  resta  plus  que  le  titre  et  la  musique. 
L'année  suivante,  il  donna  un  nouvel  opéra,  qui 
avait  pour  titre  :  Die  steinerite  Braul  (la Fian- 
cée de  pierre),  dont  le  succès  fut  des  plus  bril- 
lants. Lichtenslein  et  sa  femme  y  remplissaient 
les  principaux  rôles.  C'est  ce  même  ouvrage  qui 
a  fourni  le  sujet  de  Zampa,  opéra  d'Hérold.  Au 
commencement  de  1800,  Lichtenslein  conduisit 
sa  troupe  dramatique  à  Leipsick,  et  y  donna 
quelques  représentations,  qui  prouvèrent  que 
cette  troupe  était  alors  une  des  meilleures  de 
l'Allemagne,  et  lui  valurent  des  applaudissements 
universels.  Ce  triomphe  lui  ayant  inspiré  le  désir 
de  briller  sur  une  scène  plus  vaste,  il  se  démit  de 
son  intendance  de  Dessau,  au  mois  d'août  de 
la  même  année,  et  se  rendit  à  Vienne,  où  le  ba- 
ron de  Braun,  directeur  du  théâtre  de  la  cour, 
l'accueillit  avec  distinction  et  lui  confia  la  direc- 
tion de  la  musique  de  ce  spectacle,  ne  se  réser- 
vant que  l'administration  financière.  Cédant  au 
gojit  passionné  qu'il  avait  pour  la  scène,  Lich- 
ienstein  parut  souvent  lui-même  dans  les  opéras 
qu'il  faisait  représenter  ;  on  vantait  alors  l'expres- 
sion de  son  chant,  et  surtout  son  action  drama- 
tique. Après  les  événements  de  la  guerre  de  1805, 
des  réformes  furent  faites  à  la  cour  de  Vienne, 
et  Lichtenslein,  resté  sans  emploi,  reçut  du  roi 
de  Prusse  un  engagement  pour  la  régie  générale 
du  théâtre  royal  de  Berliir.  11  ne  quitta  plus  cette 
ville  depuis  lors;  mais  il  s'y  est  moins  occupé  de 
la  composition  que  de  la  traduction  des  o|péras 
français.  En  1831,  il  a  adapté  à  la  musique  de 
Guillaume  Tell,  opéra  de  Rossini,  la  pièce  an- 


glaise intitulée  André  Hofer.  Ce  travail  est,  je 
crois,  le  dernier  qu'il  fit  pour  la  scène.  Les 
compositions  connues  de  Lichtenslein  sont  : 
Knallund  Fall  (l'Éclat  et  la  Chute)  ,* opéra  en 
deux  actes,  poésie  et  musique,  à  Bamberg,  en  1795. 
Cet  ouvrage  fut  d'abord  représenté  dans  une  so- 
ciété particulière,  puis  en  public. —  2"  Bath- 
mendi,  grand  opéra,  à  Dessau,  en  1798.  La 
partition,  réduite  pour  le  piano,  a  été  gravée  à 
Vienne,  chez  Weigl.  —  3°  Die  steincrne  Braut 
(la  Fiancée  de  pierre),  opéra,  à  Dessau  ,  1799.  — 
4"  La  Sympathie ,  petit  opéra,  en  vaudevilles, 
Dessau,  1800.  —  5"  Endegut,  ailes  gui  (la  Fia 
coirronne  l'œuvre),  ibid.  —  6"  Die  deutschen 
Herren  in  Nûrnberg,  représenté  à  Uerlin,  en  1 833. 
—  7°  André  Hofer,  parodié  sur  la  musique  de 
Guillaume  Tell,  de  Rossini.  On  a  aussi  du  ba- 
ron de  Lichtenslein  une  histoire  de  l'Académie 
dédiant  de  Berlin,  sous  ce  titre  :  Zur  Gescliichte 
der  Sing- Académie  in  Berlin;  Berlin,  1843, 
in-4°.  Il  eslmort  dans  cette  ville,  le  10  septem- 
bre 1845. 

LICHTENTHAL  (Pierre),  docteur  en 
médecine,  compositeuret écrivain  sur  la  musique, 
naquitàPresbourg,  en  Hongrie,  dans  l'année  1780. 
L'abbé  Bertini  dit  qu'il  se  rendit  en  Italie  dans 
sa  jeunesse,  et  qu'il  y  fit  ses  études  de  médecine 
sous  le  docteur  Frank  (1)  ;  je  n'ai  pu  vérifier  l'as- 
sertion, aucun  dictionnaire  biographique  de  ces 
derniers  temps  ne  fournissant  de  renseignements 
sur  ce  savant.  Quoi  qu'il  en  soit ,  il  demeura  à 
Vienne  pendant  plusieurs  années  avant  qu'il 
se  fixât  à  Milan,  où  il  résida  depuis  1810 
jusqu'à  la  fin  de  ses  jours.  On  ignore  le  nom 
du  maître  qui  dirigea  ses  études  musicales.  Je 
le  vis  à  Milan,  en  1841,  et  je  trouvai  en  lui  un 
homme  aimable,  fort  obligeant,  aimant  l'art  avec 
passion,  peu  favorisé  de  la  fortune,  mais  n'eu  dé- 
sirant pas  les  avantages.  Je  le  retrouvai  dans  la 
même  situation  en  1850,  mais  ayant  conservé  sa 
douce  sérénité.  Il  m'avait  promis  des  renseigne- 
ments pour  sa  notice;  ils  ne  me  sont  pas  parvenus. 
Lichtenlhal  est  mort  à  Milan,  vei'S  1858.  Ses  pre- 
mières compositions  furent  instrumentales  ;  il 
a  publié  :  1°  Quatuor  pour  piano,  violon,  alto 
et  basse  (en  la),  op.  4;  Vienne,  Hasiinger.  — 
2°  Trio  pour  piano,  violon  et  violoncelle,  op.  8, 
ihid.  — 5*  Trio  pour  piano,  violon  et  alto,  ibid. — 
4°  Variations  pour  piano  seul,  op.  3,  ibid.  —  5°  So- 
nate (en  ut)  pour  piano  seirl  ;  Leipsick,  Breilkopf 
et  Haertel.  —  6°  Marches  pour  piano  à  quatre 
mains;  Milan,  Ricordi.  Lichtentlial  a  com- 
posé ou  arrangé  une  partie  des  ballets  intitulé.^  : 

(I)  Diiionario   storico-critico  degli  scritlori  dl  viu- 
ztca,  elc.  t  IM,  p.  2*. 


298 


LICHTENTHAL  —  LICKL 


Il  Conte  d'Esscx,  repré^enfé  an  théâtre  de  la 
Scala,  à  Milan,  en  1818;  Chnene,  ibid.,  1820; 
Alessandro ,   ihid.,   1820.,   Mais  c'est  surtout 
comme  écrivain  sur  diverses  parties  de   la  mu- 
sique  qn'il   s'est    fait    connaître   avantageuse- 
ment.  Son  premier  ouvrage  fut  un  petit  traité 
d'harmonie  et  d'accompagnement,  à  l'usage  des 
dames,  intitulé  :  Hannonik  fur  Damen,  oder 
Kurze  Anweisung  die  Regeln  des  Generalbas: 
ses  auf  eine  leicktfassUche  Art  zu  erlernen 
(Harmonie  pour  les  dames,  ou  courte  instruction 
pour  apprendre  par  une  métiiode  facile  les  règles 
de  la  basse  continue)  ;  Vienne,  Hofmeister,  1806, 
21  pages  in-lol.  obi.  Cet  opuscule  fut  suivi  d'un 
traité  de  l'influence  de  la  musique  dans  les  mala- 
dies, publié  en  allemand,  sous  ce  titre  :  Der  musi- 
kalisch  Artz ,  oder  Abhandlung  von  dem  Ein- 
flnsse  derMusik  aihf  dcnmenschlichen  Korper, 
und  von  ihrer  Anwendung  in  gewissen  Krank- 
heiten  ;  Vienne,  Wappler  et  Beek,  1807,  in-8°  de 
107  pages.  Une  traduction  italienne  de  cet  ouvrage 
a  paru  à  Milan,  en  1811,  chez  Maspero;  elle  est 
intitulée  :  Trattato  delV  influença  délia  mu- 
sica  sul  corpo  umano,  c  del  suo  uso  in  certe 
malattie.  Dans  la  même  année  où  l'édition  alle- 
mande de  cet  ouvrage  fut  publiéç,  son  auteur  fit 
paraître  aussi  une  petite  méthode  de  composition 
sous  ce  titre  :  Orpheik,  oder  Anweisung  die 
Regeln  der  Komposition  ait f  eine  leichte  und 
fassliche  Art  zu  erlernen  (  Art  d'Orphée ,  ou 
instruction  pour  apprendre  la  composition   par 
une  méthode  courte  et  facile)  ;  Vienne,  Steiner, 
23  pages  in-fol.  obi.,  avec  42  pages  d'exemples. 
Une  notice  biographique  sur  la  vie  de  Mozart  a 
été  publiée  par  Lichtenthal;  elle  a  pour  titre  : 
Cenni  biografici  intorno  al  célèbre  maestro 
W.-A.  Mozart,  estratti  da  dati  autentici.  Mi- 
lan, Silvestri,  1814,  in-8"  de  40  pages.  Cette  no- 
tice contient  quelques  faits  intéressants  qui   ne 
sont  pas  dans  celles  qui  avaient  été  publiées  pré- 
cédemment. Après  cette  publication ,  M.  Lich- 
tenthal s'est  livré  à  la  rédaction  d'un  dictionnaire 
et  d'une  bibliographie  de  la  musique  ;  il  employa  à 
cet  ouvrage,  le  phis  considérable  de  ses  travaux, 
douze  années  de  recherches.  Le  livre  parut  enfin 
sous  ce  titre  ;  Dizionario  e  Bibliografia  délia 
musica;  Milan,  Fontana,  1826,  4  volumes  in-8°. 
Les  deux  premiers  volumes  renferment  le  diction- 
naire technique  et  historique  de  l'art.  Celte  par- 
lie  du  travail  de  M.  Lichtenthal  est  fort  estima- 
ble; on  y  trouve  un  grand  nombre  d'arlicles  où 
la  matière  est  bien  traitée,  et  qui  ne  sont  pas, 
comme   l'a  prétendu  un  critique  français  ,   une 
simple  traduction  du  Lexique  de  Koch.  Les  deux 
autres  volumes  contiennent  la  bibliographie.  Les 
bases  du  travail  >>ont  la  Littérature  générale  de  la 


.  musique,  par  Forkel,  et  le  nouveau  Lexique  des 
musiciens  de  Gerber.  Un  peu  trop  confiant  dans 
l'autorité  de  ces  deux  auteurs ,  surtout  du  premiei^, 
Lichtenthal  a  souvent  copié  leurs  fautes,  et  lui- 
même  y  a  ajouté  quelques  erreurs  ;  de  plus,  un 
grand  nombre  de  fautes  typographiques ,  particu- 
lièrement dans  les  noms  propres  et  les  dates,  obli- 
gent à  n'user  de  son  livre  qu'avec  précaution  ; 
néanmoins,  les  additions  nombreuses  qu'il  a  faites 
au  travail  de  ses  devanciers,  pour  continuer  le  ta- 
bleau de  la  littérature  de  la  musique  jusqu'à  l'é- 
poque de  sa  publication,  donnent  du  prix  à  celle- 
ci,  malgré  ses  défauts  et  ses  omissions.  Une  tra- 
duction française  des  deux  premiers  volumes  du 
livre  de  Lichtenthal,  par  M.  Dominique  Mondo, 
a  paru  sous  ce  titre  :  Dictionnaire  de  musique 
par  le  D^.  Pierre  Lichtenthal,  traduit  et  aug- 
menté, etc.  ;  Paris,  1839,  2  vol.  gr.  in  8".  Le  der- 
nier ouvrage  de  Lichtenthal  est  un  traité  de  la 
théorie  du  beau  dans  les  arts ,  particulièrement 
dans  la  musique  ;  il  a  pour  titre  :  Estetica,  ossia 
doltrina  delbello  e  délie  belle  arti.;  Milan,  1 831 , 
in-8°  de  435  pages.  Dans  la  première  partie  de  ce 
livre,  l'auteur  traite  du  beau,  ou  de  l'esthétique 
en  général;  dans  la  seconde  il  analyse  chaque 
art  en  particulier ,  et  spécialement  la  musique 
(  pages  210  à  272).  Il  s'y  montre  partisan  du  sys- 
tème de  l'imitation  comme  principe  du  beau.  En 
général,  ses  vues  manquent  de  profondeur. 

LICKL  (Jean-Georges),  né  le  11  avril  1769, 
à  Kornneubourg,  dans  la  basse  Autriche ,  s'est 
fait  connaître  à  Vienne  comme  compositeur  et 
professeur  de  piano.  Il  a  joui  aussi  de  la  réputa- 
tion d'un  organiste  distingué.  Parmi  les  opéras 
qu'il  a  écrits  pour  le  théâtre  Schikaneder,  on  re- 
marque :  1°  Der  Zaaberpfeil  (  La  Flèche  en- 
chantée). —  2*  Der  Bruder  von  Kakrau  (Le 
Frère  de  Kakrau).  —  2°Astaroth,derVerfïihrer 
(Astâroth  le  séducteur). — k°  Faust Leben,Tha- 
ten  und  Hœllenfahrt  (La  Vie,  les  aventures  et 
la  descente  de  Faust  aux  enfers).  —  5°  Derver^ 
meinle  Hexenmcister  (Le  Sorcier  supposé).  — 
6°  Der  Orgelspieler  (L'Organiste). —  7°  Der 
Dnrchmarsch  (La  Traversée).  —  8°  Der  Bri- 
gitta-Kirchtag  {Le  Jour  de  Ste-Brigitte),  etc. 
En  1806,  Lickl  a  été  nommé  maître  de  chapelle 
de  l'église  principale  de  Funflùrchen,  en  Hongrie; 
depuis  ce  temps  il  a  écrit  beaucoup  de  messes, 
vêpres,  psaumes,  motets,  antiennes,  hymnes, 
litanies,  et  autres  compositions  religieuses,  dont 
il  n'a  été  publié  qu'un  petit  nombre.  Cet  artiste 
est  mort  à  Fùnfkirchen,  le  12  mai  1843.  Ses 
principaux  ouvrages  gravés  sont  :  9°  Deux  suites 
d'harmonies  à  6  parties  ;  Vienne,  Hasiinger.  — 
10°  Quintette  pour  flûte,  hautbois,  clarinelte, 
cor  et  basson  ;ibld.  —  ir  Trois  grands  quatuors 


LICKL  —  LIEBE 


299 


pour  2  voilons,  alto  et  violoncelle,  op.  1  ;  Offen- 
bach,  André.  —  12°  Trois  trios  pour  violon,  alto 
et  liasse,  op.  17;  Augsbourg,  Goinbart.  —  13°  Trois 
quatuors  pour  tlùte  ou  hautbois,  violon,  alto  et 
basse,  op.  28;  Vienne,  Haslin^er.  —  14°  Quatuor 
pour  piano,  flùle,  alto  et  violoncelle,  op.  26  ;  ibid. 

—  15°  Trois  sonates  pour  piano,  violon  et  vio- 
loncelle, op  2  ;  Vienne,  Cappi.  —  16"  Grande  so- 
nate brillante  pour  deux  pianos,  op.  .30;  Vienne. 
Hasiinger.  —  17'  Sonate  pour  piano  à  4  mains, 
op.  3;  Vienne,  Cappi.  —  18°  Sonate  brillante, 
idem.,  op.  31  ;  Vienne,  Hasiinger.  —  19°  Trois 
sonates  pour  piano  seul,  op.  5  ;  Vienne,  Artaria. 

—  20°  Plusieurs  thèmes  variés;  idem.  —  21°  Plu- 
sieurs cahiers  de  valses  et  de  danses  ;  idem,  ibid. 

—  22"  Litanies  à  4  voix  avec  2  violons,  2  clari- 
nettes, 2  cors,  contrebasse  et  orgue.  No»  1  et  2  ; 
ibid.  —  23°  Deux  Regina  cœli  à  4  voix,  2  vio- 
lons, 2  clarinettes ,  2  cors,  basson  ,  contrebasse 
etoigue;  ibid.  —  24°  Deax  Salve  Begina  à i  voix 
avec  2  violons ,  2  clarinettes ,  2  cors ,  basson, 
contrebasse  et  orgue;  ibid.  —  25°  Offertoire 
pour  viole  solo,  quatre  voix,  quatuor  et  orgue; 
Vienne,  Trentsensky. 

LICKL  (Charles-Georges),  fils  du  précédent, 
né  à  Vienne  le  28  octobre  1801,  employé  dans 
les  bureaux  de  la  cour  impcriair',  n'a  point  eu 
d'autre  maître  que  sou  père  pour  la  musique.  Il 
joue  bien  du  phy^^harmonica.  On  a  £;ravé  de  sa 
composition  :  1°  Polijhymnia,  suite  de  pièces 
choisies  pour  physliarmonica  ou  tifile  et  piano, 
Vienne,  Meclietti.  —  2°  Les  Quatre  saisons  de 
l'année,  poëme  en  musique  caractéristique  pour 
piano,  op.  17;  Vienne,  Cappi.  —3°  Les  Chai  mes 
de  Presbourg,  rondo  pour  le  piano,  op.  16;  ibid. 

—  4°  Environ  dix  autres  rondos  ou  rondinos  ; 
idem.,  ibid.  ~  5°  Des  Variations  sur  différents 
thèmes,  idem.;  Vienne,  Hasiinger  et  Pennauer. 

—  6°  Des  danses  et  des  valses,  idem. 
LICKL  (Égide-Charles)  ,  deuxième  fils   de 

Jean-Georges,  est  né  à  Vienne,  le  l*^'  septem- 
bre 1803.  H  est  aussi  élève  de  son  père,  et 
s'est  fait  remarquer  comme  pianiste,  guitari>te  et 
compositeur.  11  est  fixé  à  Trieste.  Ses  œuvres 
se  composent  de  musique  religieuse  et  instru- 
mentale :  j'ignore  s'il  en  a  été  publié  quelques 
morceaux. 

LIDL  (Antoine),  né  à  Vienne,  vers  1740,  a 
été  un  des  virtuoses  les  plus  distingués  sur  le 
baryton  ou  violoncelle  d'amour.  Il  brillait  encore 
à  Berlin  en  1784;  mais  Burney  nous  apprend, 
dans  son  Histoire  générale  de  la  musique,  que 
cet  artiste  avait  cessé  de  vivre  en  1789.  On  a 
gravé  de  sa  composition  sept  œuvres,  chacun  de 
six  pièces  consistant  en  duos,  quatuors  et  quin- 
tettes, pour  violon,  flûte  et  violoncelle.  On  con- 


naît aussi  de  lui  un  andante  avec  des  variations 
pour  le  clavecin,  gravé  à  IJerlin  en  1784  :  enfm, 
il  a  laissé  en  manuscrit  quelques  pièces  pour  la 
basse  de  viole. 

LIEBAU  (Frédéric-Guillaume),  organiste 
à  l'église  Saint-Benoît  de  Qiiediinbourg,  est 
né  le  14  novembre  1802,  à  Wickerode ,  dans 
le  comté  de  Stolherg.  Il  est  élève  de  Hummcl 
pour  le  piano,  l'orgue  et  la  composition.  En 
1837,  il  fit  un  voyage  en  Suède  et  (it  exécuter  à 
Stockholm  son  oratorio  Die  Pfade  zur  Gottheit 
(Les  Voies  de  la  Divinité).  Dans  la  même  an- 
née, un  autre  oratorio  de  .sa  composition,  inti- 
tulé nie  Reue  des  Peirus  (Le  Repentir  de 
saint  Pierre),  fut  exécuté  à  Quediinbourg.  On 
connaît  aussi  de  lui  des  cantates,  des  Lie- 
der,  etc.  Cet  artiste  a  publié  peu  d'ouvrages, 
mais  il  a  en  manuscrit  les  psaumes  90  et 
146,  avec  orchestre,  sur  le  texte  de  Mendels- 
sohn,  la  Fêle  de  la  musique,  grande  cantate, 
plusieurs  chants  avec  ou  sans  accompagnement, 
des  quatuors,  des  sonates  et  d'autres  ouvrages, 
pour  le  piano.  On  a  imprimé  de  sa  composition  : 
Les  Délassements  musicaux  du  soir,  pour  les 
amateurs,  consistant  :  1°  en  Un  quintetto  pour 
piano,  deux  flfites  et  deux  violons,  avec  vio- 
loncelle ad  libitum.  —  2°  Variations  sur  un 
thème  connu,  idem  ;  Quediinbourg,  Basse.  Cet 
artiste  est  mort  à  Quediinbourg,  le  27  juil- 
let 1843,  à  l'âge  de  quarante  ans  et  quelques 
mois. 

LIEBE  (Chrétien),  organiste  à  Frauenstein, 
en  Misnie,  naquit  à  Frcyberg,  le  5  novembre  1654. 
Ses  études  fuient  brillantes,  et  il  apprit  en  peu 
de  temps  le  latin,  le  grec,  l'hébreu  elle  syriaque. 
Il  cultivait  aussi  la  poésie  avec  succès,  et  a 
laissé,  comme  organiste ,  un  grand  nombre  de 
compositions  pour  l'église,  qui  sont  restées  en 
manuscrit.  En  1690,  il  fut  ajipelé  à  Zschopau, 
en  qualité  de  recteur  de  l'école  ;  il  y  mourut, 
le  3  septembre  1708. 

LIEBE  (Édouard-Louis),  pianiste  et  compo- 
siteur, né  à  Magdebourg,  le  26  novembre  1819, 
y  reçut  sa  première  éducation  musicale  de  son 
parent  le  professeur  Schwarz.  En  1841  il  alla 
à  Cassel  étudier  le  contrepoint,  chez  le  directeur 
de  musique  Baldewein.  Il  y  reçut  aussi  des 
leçons  de  composition  de  Spohr.  Ce  musicien 
célèbre  fit  exécuter  par  les  musiciens  de  la  cha- 
pelle ducale  un  psaume  à  4  voix  et  orchestre, 
et  l'ouverture  pour  le  drame  de  Schiller,  Guil- 
laume Tell,  de  la  composition  de  M.  Liebe. 
En  1844,  cet  artiste  fut  nommé  directeur  de  mu- 
sique à  Coblence,  et  dans  la  même  année  il 
visita  le  midi  de  la  Fiance  avec  une  troupe  d'o- 
péra allemand  ;  puis  il  fut  directeur  d'une  société 


300 


LIEBE  —  LIEBICH 


de  musique  d'église  à  Mayence,  où  il  écrivit  une 
messe  solennelle,  qui  obtint  le  suffrage  des  con- 
naisseurs. En  1846,  M.  Liebe  fut  appelée  Worms 
pour  y  diriger  la  société  de  musique  ;  quatre  ans 
après  il  s'est  fixé  à  Strasbourg,  comme  professeur 
de  piano  :  il  y  était  encore  en  1856.  On  a  publié 
desa  composition  un  grand  nombredeZieder  avec 
accompagnement  de  piano,  ou  de  piano  et  vio- 
loncelle ;  des  ballades  pour  voix  de  basse,  op.  6 
et  7  ;  des  cbants  pour  des  cbœurs  d'hommes, 
op.  8,  9  et  12  ;  des  fantaisies  pour  piano,  op.  16 
et  18  ;  des  chants  sans  paroles  pour  le  même  ins- 
trumenl,  op.  15,  et  beaucoup  d'autres  ouvrages 
du  môme  genre.  M.  Lietie  a  en  manuscrit  de 
grandes  compositions,  telles  que  symphonies,  ou- 
vertures, psaumes  avec  orchestre,  messes,  etc. 

LIEBEIXWEIIV  (Gaspakd),  chanteur  du 
chœur,  à  la  cathédrale  de  Grœtz,  et  professeur  de 
chant  choral  à  la  maîtrise  de  cette  église,  vers  1830, 
est  auteur  d'un  pelit  ouvrage  élémentaire  intitulé: 
Theoretisch-praktische  Anleitung  zum  Cho- 
ralgesang  (Introduction  théorique  et  pratique 
au  chant  choral);  Graelz,  Keiser,  1832,in-4°  de 
31  pages. 

LIEBER  (...)»  secrétaire  et  conseiller  du 
comte  de  Spauer,  président  de  la  chambre  de 
Wetzlar,  mort  vers  1780,  a  fait  graver  de  sa 
composition  six  sonates  pour  le  clavecin,  avec 
accompagnement  de  violon  ;  Manheim,  1775. 

LIEBESKIMD  (Georges-Gotthilf),  célèbre 
flûtiste  allemand,  naquit  à  Altenbourg,  le  22  no- 
vembre 1732.  Il  n'avait  que  huit  ans  lorsqu'il 
suivit  à  Bayreiith  son  père,  bassoniste  distingué. 
Celui-ci  voulait  faire  apprendre  le  basson  à  son 
lils  ;  mais  le  jeune  Liebeskind  ayant  montré  de 
l'aversion  pour  cet  instrument  et  un  goût  pro- 
noncé pour  la  Hùte,  on  lui  laissa  le  choix  de  ce 
dernier  instrument,  sur  lequel  il  fit  de  rapides 
progrès.  A  l'âge  de  dix-sept  ans,  il  fut  admis  dans 
la  chapelle  du  margrave  de  Bayreuth,  qui  le 
confia  aux  soins  de  Quanz,  en  1756.  Ce  maître, 
obligé  de  résider  à  Potsdam  pour  son  service 
près  du  roi,  conduisit  Liebeskind  à  Berlin,  près 
de  Lindner,  son  ancien  élève ,  et  première  flûte 
de  la  chapelle  royale.  De  retour  en  cette  ville 
dans  la  même  année,  Quanz  s'occupa  lui-même 
à  perfectionner  le  talent  du  jeune  flûtiste,  et 
l'affection  qu'ils  prirent  l'un  pour  l'autre  fut  si 
vive,  que  le  maître  donnait  deux  leçons  par  jour 
à  son  élève  ,  et  qu'ils  ne  se  quittaient  point. 
En  1759,  LiBljcskind  dut  retourner  à  Bayreuth; 
il  y  resta  jusqu'à  la  mort  du  prince  ;  puis  il  alla 
à  Anspach  en  1769,  avec  tout  l'orchestre  de  la 
cour  de  Bayreuth.  Il  est  mort  à  Anspach,  en  1800. 
Cet  artiste  n'a  rien  composé;  mais  son  talent 
d'exécution  était  si  parfait,  qu'il  a  joui  d'une 


réputation  de  grand  artiste  dans  toute  l'Alle- 
magne. 

LIEBESKIND  (Jean-Henri),  fils  du  pré- 
cédent, né  à  Bayreuth,  en  1768,  apprit  de  son 
père  à  jouer  de  la  flûte,  et  fit  de  bonnes  études 
littéraires  et  scientifiques.  Après  avoir  obtenu 
le  grade  de  docteur  en  droit,  il  fut  nommé 
conseiller  de  la  haute  cour  de  justice  de  Bavière, 
à  Bamberg,  où  il  vivait  encore  en  1808.  Amateur 
distingué  sur  la  flûte,  il  ne  s'est  pas  borné  au 
talent  d'exécution,  car  on  lui  doit  une  excellente 
dissertation  insérée  dans  la  Gazette  musicale  de 
Leipsick  (1807,  n°'  7  et  suiv.,  47  et  suiv.  ;  1808, 
n""  6  et  7),  sous  ce  titre  :  Fragments  d'un  essai 
philosopliico-pratique,  non  imprimé,  sur  la  na- 
ture du  son  et  le  jeu  de  la  flùle  allemande.  Il 
a  donné  aussi  dans  la  douzième  année  du  même 
recueil  un  bon  article  sur  le  double  coup  de  lan- 
gue (p.  665  et  suiv.). 

LIEBICll  (GoDEFROiD-SiGiSMOND),  directeur 
de  la  diapelle  du  comte  de  Reuss-Plauischen  et 
secrétaire  intime  du  prince,  naquit  à  Franken- 
berg,  en  Misnie,  le  22  juillet  1672.  Son  père, 
cantor  du  lieu ,  lui  enseigna  les  élémenls  de  la 
musique,  puis  il  fréquenta  le  collège  de  Baulzen, 
et  alla  ensuite  à  Jéna  pour  étudier  la  médecine  ; 
mais  son  penchant  pour  l'art  musical  lui  fit 
abandonner  cette  science,  et  après  un  an  de  sé- 
jour à  l'université,  il  se  rendit  à  Dresde  pour 
suivre  sa  nouvelle  carrière,  favorisé  par  une  belle 
voix  de  ténor,  qui  lui  procura  de  l'emploi  dans 
les  églises.  En  1695  il  obtint  la  position  de  se- 
crétaire chez  le  comte  de  Reuss,  à  Schleifz, 
dans  le  Voigtiand,  puis  il  fut  chargé  des  fonctions 
de  maître  de  chapelle.  Il  mourut  le  1er  juin  1727. 
Parmi  les  compositions  qu'il  a  laissées  en  ma- 
nuscrit, on  remarque  :  1"  Motels  sur  les  textes 
des  évangiles,  pour  une  année  entière,  à  voix 
seule,  2  violons,  2  violes  et  basse  continue. 
—  2°  Une  année  complète  de  motets  sur  les 
mêmes  textes,  à  4  voix  et  orchestre. 

LIEBICH  (Ernest-Jean-Gotti.ob),  facteur 
d'instruments  à  archet  établi  à  Breslau,  naquit 
le  27  octobre  1796,  à  Reibnitz,  près  de  Hirsch- 
berg  (Silésie).  Son  oncle,  Gotffried  Liebich,  fa- 
bricant de  violons  à  Breslau,  le  reçut  jeune  dans 
sa  maison,  et  lui  enseigna  les  éléments  de  son 
état.  Après  la  mort  de  ce  parent,  en  1812,  le  père 
d'Ernest  Jean-Gottlob  Liebich,  vint  recueillir  la 
succession  de  son  frère,  et  s'établit  dans  son  ate- 
lier. Ernest  continua  de  travailler  dans  cette 
maison,  et  par  son  activité,  son  application  et  ses 
études,  il  parvint  à  établir,  en  1819,  une  mai- 
son pour  la  fabrication  des  instruments  à  archet, 
des  harpes  et  des  guitares.  Les  soins  qu'il  don- 
nait à  la  fabrication  de  ses  instruments  l'eurent 


LIEBICH  —  LIGOU 


301 


Lfentôlfait  connaître  avantageusement,  etsa répu- 
tation franchit  les  frontières  de  la  Silésie.  Peu 
d'artistes  de  ce  pays  jouent  d'autres  instruments 
que  ceux  qui  sont  sortis  de  ses  ateliers.  11  en 
expédie  aussi  en  Pologne,  en  Russie,  et  dans  les 
provinces  prussiennes  de  la  mer  Baltique.  Lie- 
bicli  a  beaucoup  étudié  la  construction  des  ins- 
truments de  Stradivarius  et  de  Guarnerius , 
consultant  aussi  les  artistes  et  les  acousliciens 
dans  le  but  de  perfectionner  ses  produits.  Au 
moment  où  celte  notice  est  écrite  (1862),  il  est 
âgé  de  soixante-six  ans  et  conserve  l'activité 
de  sa  jeunesse. 

LIEBMAIMV  (Mme  Hélène),  néeREISE, 
amateur  de  musique,  pianiste  distinguée,  est  née 
à  Berlin,  en  1796.  Élève  de  Lauska,  elle  étonna 
par  son  habileté  dans  un  concert  donné  à  Ber- 
lin en  1806,  quoiqu'elle  ne  fût  âgée  que  de  dix 
ans.  En  1814,  elle  s'est  mariée;  deux  ans  après, 
elle  s'est  rendue  à  Londres,  où  elle  paraît  s'être 
(ixte.  Les  compositions  de  cette  daine  se  font 
remarquer  par  un  sentiment  expressif  et  par  des 
traits  brillants.  On  a  gravé  sous  son  nom  : 
1"  Quatuor  pour  piano,  violon,  alto  et  violon- 
celle, op.  13  ;  Leipsick,  Peters.  —  T  Trios  pour 
piano,  violon  et  violoncelle,  op.  11  et  12;ibid. 
—  3°  Sonates  pour  piano  et  violon,  op.  y  et  14  ; 
ibid.  —  4°  Sonates  pour  piano  seul,  3  œuvres; 
ibid.  —  5°  Thèmes  variés  pour  piano  seul  ;  Vienne, 
Meclietli ,  Artaria  et  Mollo.  —  6°  Des  danses 
allemandes  pour  piano  ;  Vienne ,  Artaria.  — 
7°  idem  ;  Berlin. 

LIEUTAUD  (Piekbe),  instituteur  à  Vai- 
son,  est  né  Carpentras,  en  1799.  On  a  de  lui 
un  ouvrage  intitulé  :  Manuel  des  soixante 
heures  musicales  j  méthode  unique  et  garantie 
infaillible  pour  apprendre  soi-même  et  en- 
seigner aux  autres  à  lire,  vocaliser,  solfier 
el  chanter  la  musique,  etc.  ;  Avignon,  impri- 
merie de  Peyri,  1838,  in-8<*. 

LIGHT  (E.),  guitariste  anglais,  vivait  à  Lon- 
dres vers  la  fin  du  dix-huitième  siècle,  et  y  a  pu- 
blié :  The  Art  ofplaijing  the  guitar,  to  uhich 
is  annexed  a  sélection  of  the  most  familiar 
lessons,  divertissements,  songs,  airs,  etc.  (L'Art 
de  jouer  de  la  guitare,  etc.)  ;  chez  Preston,  1795. 

LIGIITFOOT  (  Jean),  orientaliste  anglais, 
né  à  Stoke,  dans  le  comté  de  Stafford,  en  1602, 
commença  ses  études  au  collège  de  Morton-Green, 
et  les  acheva  à  runiversîté  de  Cambridge-  De- 
venu bachelier,  il  fut  le  collaborateur  de  White- 
head,  son  premier  maître  ,  et  enseigna  pendant 
deux  ans  le  grec  dans  le  collège  de  Rapton  ;  puis 
ayant  été  ordonné  prêtre,  il  fut  successivement 
chapelain  de  lord  Collon,  pasteur  à  Hone,  el  en 
1642  ministre  de  la  paroisse  Saint-Bartliélemy , 


à  Londres ,  docteur  en  théologie  en  16&2 ,  et 
chancelier  de  l'université  de  Cambridge.  Il  mou- 
rut à  Ely,  dont  il  était  chanoine,  le  6  décembre 
1675.  Au  nombre  des  livres  de  ce  savant  on 
en  trouve  un  qui  a  pour  titre  :  Description 
of  the  Temple,  as  it  stood  in  ihedays  of  our 
Saviour  (Description  du  temple  de  Jérusalem, 
tel  qu'il  était  au  temps  de  notre  Sauveur);  Lon- 
dres, 1650,  I  vol.  in-4°.  Il  en  a  été  fait  une  tra- 
duction latine,  publiées  Rotterdam,  1686,  iu-fol. 
Dans  la  deuxième  section  du  premier  livre  <le 
cet  ouvrage  (chap.  7),  Lightfoot  traite  des  chan- 
tres et  de  la  musique  du  temple,  ainsi  que  des 
instruments  qui  y  étaient  en  usage. 

LIG\E  (Le  prince  Cuarles  DE),  fils  aîné  du 
prince  de  ce  nom,  si  célèbre  par  son  esprit,  na- 
quit au  château  deBelœil,  dans  le  Hainaut, 
en  1769,  reçut  ime  éducation  brillante,  et  entra 
de  bonne  heure  au  service  militaire  en  Autriche. 
Vers  1790  il  vivait  à  Vienne;  mais  ayant  voulu 
servir  comme  volontaire  dans  l'expédition  des 
Prussiens  en  Champagne,  il  fut  tué  dans  un 
combat,  le  14  septembre  1792.  Aussi  distingué 
par  ses  talents  que  par  sa  valeur  et  sa  haute  nais- 
sance, ce  prince  cultivait  la  musique  avec  succès. 
Il  a  publié  à  Vienne,  chez  Artaria,  en  1791,  trois 
recueils  d'airs  français,  variés  pour  le  clavecin. 

LIGNEVILLE  (Le  marquis  Elgène  DE), 
prince  de  Conca,  né  près  de  Nancy,  en  1730, 
chaml)ellan  de  l'empereur  d'Aulridie,  directeur 
général  de  la  musique  de  la  cour  de  Toscane,  et 
membre  de  l'Académie  des  Philharmoniques  de 
Bologne,  eut  un  talent  distingué  comme  amateur 
de  musique.  En  1768,  il  a  fait  graver  à  Florence 
un  Salve  Regina  de  sa  composition,  en  canon 
perpétuel  à  trois  voix.  Il  a  publié  un  autre  Salve 
Regina  à  2  voix  avec  orgue,  à  Bologne,  chez 
Lelio  délia  Volpe  (sans  date),  in-4''.  Burney  pos- 
sédait aussi  en  manuscrit  un  Dixit  à  4  voix  et 
orchestre  de  cet  amateur,  et  l'abbé  Santiui  a , 
sous  le  même  nom ,  un  Stabat  Mater,  en  canon 
perpétuel  à  trois  voix.  J'en  possède  aussi  une  co- 
pie. C'est  une  composition  d'un  mérite  fort  dis- 
tingué et  d'(me  inspiration  originale. 

LIGOU  (Piebre),  né  à  Avignon,  en  1749,  fit 
ses  études  au  séminaire  de  cette  ville,  et  fut  long- 
temps appelé  l'abbé,  parce  qu'il  avait  porté  le 
petit  collet,  tant  au  .séminaire  qu'au  chœur  de 
l'église  cathédrale.  En  1769,  il  obtint  la  place 
d'organiste  à  Alais,  et  conserva  cette  position 
toute  sa  vie.  Il  y  était  encore  ,  âgé  de  soixante- 
treize  ans,  en  1822.  Ligou  a  fait  jouer  aux  petits 
tliéàtres  de  Paris  :  1°  Argent  fait  tout ,  opéra- 
comique  en  un  acte.  —  2°  Les  deux  Avewgles 
de  Franconville,  idem.  Celui-ci  a  obtenu  un 
brillant  succès.  Ligou  avait  aussi  en  manuscrit .- 


302 


LIGOU  -   LIMNAJNDËR  DE    INIEUWEINHOVE 


Armide,  opéra  en  cinq  actes,  de  Quinault,  et 
Samson,  de  Voltaire.  Il  a  écrit  des  messes,  des 
motets,  et  un  Te  Demn,  qui  ont  eu  de  la  répu- 
tation dans  le  midi  de  la  France.  Ligou  était  ai- 
mable, bon  et  spirituel  :  il  fut  lié  d'amitié  avec 
Mme  BourdicViot.  Quelqu'un  demandait  à  cette 
dame  ce  qu'elle  avait  trouvé  de  curieux  dans  la 
petite  ville  d'Alais,  elle  répondit  :  Je  n'y  ai  vu 
que  i'abbe  Ligou. 

LILIEiV  (Mine  la  baronne  Antoinette  DE), 
amateur  de  musique  et  pianiste  distinguée,  vécut 
à  Vienne  vers  la  fin  du  dix-huitième  siècle.  Elle 
y  a  (ait  graver  en  1799  :  1°  Huit  variations  pour 
le  piano,  sur  le  thème  :  Pria  cli'  io  l'impegno. 
—  1°  Sep^t  variations  sur  un  thème  du  ballet 
d'Alcine,  op.  2  ;  ibid.,  chez  Eder. —  3"  Neuf  va- 
riations idem  sur  un  théine  original;  ibid. 

LILIEIV  (Mme  la  baronne  JosÉPllI^E  DE), 
sœur  de  la  précédente,  cultiva  aussi  la  musique 
avec  succès,  et  fit  graver  de  sa  composition  : 
1°  Dix  variations  pour  le  piano  sur  le  thème 
d'une  romance;  Vienne,  Eder,  1800.  —  2°  Dix 
variations  idem  sur  le  thème  :  La  RacheLina , 
op.  2,  ibid. 

LILLO  (Joseph),  compositeur  dramatique, 
est  né  vers  1813,  à  Galatina,  dans  la  provincede 
Lecce,  au  royaume  de  Naples.  Entré  fort  jeune  au 
collège  de  musique  de  S.  Pietro  a  Magella,  à 
Naples,  il  y  fit  toutes  ses  études  pour  le  chant,  le 
piano  et  la  composition.  Son  premier  essai  pour 
le  théâtre  fut  La  Moglie  per  vendquaitr'ore , 
représenté  sur  la  petite  scène  du  Lycée  mu- 
sical. L'opéra  bouffe  iZ  G/oieWo,  du  jeune  ar- 
tiste, fut  représenté  au  théâtre  A'uoe;o  de  Naples, 
en  1836,  et  fut  bien  accueilli  par  le  public.  Cet 
ouvrage  ne  fut  pas  moins  heureux  à  Florence , 
en  1838,  et  fut  remis  en  scène  à  Naples 
l'année  suivante.  Quelques  m.orceaux  de  cet 
opéra  ont  été  publiés  avec  accompagnement  de 
piano,  à  Milan  ,  chez  Ricordi.  M.  Lillo  écrivit 
en  1837  Odda  di  Bernauer,  drame  musical  qui 
n'eut  qu'un  succès  médiocre  à  Naples,  et  ne  réus- 
sit pas  mieux  à  Milan,  en  1840.  Ricordi  a  publié 
quelques  morceaux  de  cet  opéra.  En  1838,  on 
joua  du  môme  compositeur  Rosamunda  à  Ve- 
nise, et  dans  la  même  année  M.  Lillo  écrivit  à 
Rome  Alisia  di  Rieux.  Son  opéra  II  Conte  di 
Chalais,  fut  représenté  au  théâtre  Saint-Charles 
de  Naples,  en  1840,  et  dans  la  même  année  il 
donna  à  La  Pergola,  de  Florence,  La  3Iodista, 
à  laquelle  succéda,  à  Naples,  en  iSiijL'Osteria 
di  Andujar,  qui  fut  joué  deux  ans  après  à  la 
Scala  de  Milan.  Cristina  di  Scozzia  fut  joué 
aussi  à  Naples  en  1841,  et  n'eut  qu'un  succès  con- 
testé. Après  un  repos  de  deux  années,  M.  Lillo 
donna,  dans  lamême  ville,  Lara,  drame  musical, 


qui  ne  réussit  pas.  Je  n'ai  plus  de  renseigne- 
ments sur  cet  artiste  dans  la  suite  de  sa  carrière. 
On  connaît  de  M.  Lillo  quelques  petites  pièces 
pour  le  piano,  publiées  à  Milan,  chez  Ricordi. 

LIMMER  (François),  compositeur,  pianiste  et 
violoniste  distingué,  est  né  à  Vienne,  et  y  a  eu  pour 
maître  le  chevalier  de  Sey fried,  maître  de  chapelle 
de  la  cour.  Ses  premiers  ouvrages  ont  été  publiés 
en  1830.  Parmi  ses  plus  importantes  composi- 
tions, on  remarque  :  l-*  \"  quatuor  pour  deux 
violons,  alto  et  basse,  op.  10  (en  sol)\  Vienne, 
Mechetti.  —  2"  Grand  quintette  pour  piano,  vio- 
lon, viole,  violoncelle  et  contrebasse,  op.  13; 
Leipsick  ,  Breitkopf  et  Haertel.  Un  opéra  du 
mêmeartiste.  mWiuXé  Die  AlpenhiUie  (La  Chau- 
mière des  Alpes),  a  été  repre.senté  en  Allema- 
gne, dans  l'année  1845.  VUniversal  Lexikon 
der  Tonk\insi,  de  M.  Bernsdorf,  ne  fournit  au- 
cun renseifinement  sur  cet  artiste. 

LIMAANDER  DE  AIEUWEIVHOVE 
(Ar.mand),  compositeur,  né  àGand,le22  mars 
1814,  d'une  famille  honorable,  anoblie  en  1683, 
fut  envoyé,  dans  sa  jeunesse,  par  sa  famille  3u 
collège  des  Jésuites  de  Fribourg,  pour  y  faire  ses 
études  littéraires.  Il  y  resta  plusieurs  années, 
et  cultiva  aussi  la  musique.  Le  P.  Lambillotte  fut 
un  de  ses  maîtres  pour  cet  art.  De  retour  en 
Belgique,  M.  Lirnnander  se  maria  et  s'établit  à 
Malines.  Animé  du  désir  d'y  faire  pro;;pérer  le 
goût  de  la  musique,  il  y  réunit  quelques  amis  et 
fonda  la  société  Symphonique  des  amateurs,  dont 
il  fut  nommé  directeur.  Parmi  les  membres  de 
cette  société,  quelques-uns  avaient  de  bonnes  voix 
de  ténor  et  de  basse  :  M.  Liinnander  en  forma 
une  section  chorale  de  cette  même  société  qui, 
pendant  l'hiver  de  1838-1839,  commença  ses 
exercices.  M.  Lirnnander  écrivit  pour  ces  ama- 
teurs des  chants  à  plusieurs  voix,  qui  furent  les 
premières  bases  de  sa  réputation,  et  dont  il  di- 
rigea l'exécution  avec  autant  d'intelligence  que 
de  sentiment  vrai  de  l'art.  En  1841  ,  l'associa- 
tion chorale  dont  il  était  le  chef,  et  qui  était 
alors  composée  d'environ  vingt-cinq  chanteurs, 
prit  le  titre  de  Réunion  lyrique,  ouvrit  des 
concours  de  chœurs  et  entra  en  lice  avec  les 
meilleures  sociétés  chorales  de  la  Belgique.  Cette 
époque  est  celle  où  les  facultés  de  M.  Limnander 
pour  la  composition  prirent  leur  essor;  il  écri- 
vit une  multitude  de  chœurs  remplis  d'effets 
nouveaux,  parmi  lesquels  on  remarque  ceux  qui 
ont  pour  titres  :  0  ma  charmante  !  Hymne  à 
VHarmonie,  Boléro,  les  Gueux  de  Mer,  les 
Enfants  de  la  Nuit,  Hymne  à  l'Amitié,  le 
Départ  des  Pasteurs,  l'Aube  du  jour,  la  Re- 
vue des  Ombres,  etc.  Toutes  ces  productions 
ont  été  gravées. 


LIMNANDER  DE  NIEUWENHOVE  —  LIND 


303 


Ce  fut  au  milieu  de  ses  succès  que  M.  Lim- 
nander  comprit  que  son  instruction  dans  l'art 
d'écrire  correcfenienl  la  niusiqueétait  incomplète. 
11  vint  alors  demander  des  conseils  à  l'auteur 
dece  Dictionnaire,  qui  l'encouragea  et  lui  fit  faire 
un  cours  de  composition.  En  1845,  poussé  par 
le  désir  de  travailler  pour  la  scène,  il  lit  un  pre- 
mier voyage  à  Paris,  et,  porteur  de  letires  de 
recommandation  du  marquis  de  Rumigny , 
alors  ambassadeur  de  France  à  Bruxelles, 
il  fut  bien  accueilli  par  le  roi  Louis-Pliilippe  et 
par  les  principaux  personnages  de  sa  cour. 
Dans  une  nouvelle  excursion  qu'il  fit  à  Paris, 
en  1846,  M.  Limnander  obtint  du  succès  par 
l'exéculion  de  quelques-uns  de  ses  chœurs,  dans 
lesquels  il  fit  entendre  les  eflets  d'un  chœur  a 
bocca  chiusa  accompagnant  un  chant  solo,  effets 
jusqu'alors  inconnus  en  France.  Enfin,  en  1847, 
M.  Limnander  prit  la  résolution  de  se  fixer  à 
Paris,  et  le  31  mars  184311  fit  jouer  au  théâtre  de 
l'Opéra-Comique  L(S  Motitcncgrins,  drame  mu- 
sical en  trois  actes.  Bien  qu'il  y  eût  encore  dans 
cet  ouvrage  un  reste  d'inexpérience  dans  l'art 
d'écrire,  un  sentiment  énergique  de  l'expression 
dramatique  s'y  faisait  remarquer  dans  les  finales 
du  premier  et  du  second  acte  et  l'on  y  distinguait 
de  beaux  chants  et  des  chœurs  d'un  effet  pitlo- 
resque.  Le  succès  de  l'ouvrage  fut  complet . 
Le  Château  de  la  Barbe-Bleue,  opéra  en  trois 
actes  joué  au  même  théâtre,  le  l^r  décembre  1851, 
fit  voir  que  le  talent  de  M.  Limnander  avait 
fait  de  grands  progrès  dans  l'art  d'écrire  et  d'ins- 
trumenter. Si  cet  ouvrage,  dans  lequel  les 
idées  ont  de  la  distinction  et  dont  la  partition 
renferme  plusieurs  beaux  morceaux,  n'a  pas 
obtenu  le  succès  d'éclat  des  Monténcgrins,  la 
froideur  du  livret  en  fut  la  cause  ;  mais  la  répu- 
tation du  compositeur  n'en  fut  pas  moins  en 
progrès  dans  le  public  et  parmi  les  artistes.  La 
mauvai.se  influence  d'un  sujet  mal  choisi  et 
d'une  pièce  mal  faite  se  fit  sentir  davantage 
encore  à  la  représentation  du  Maître  chan- 
teur, grand  opéra  en  deux  actes,  qui  fut  joué 
le  20  octobre  1853.  Ainsi  que  l'ont  dit  les  cri- 
tiques des  journaux  de  musique ,  l'ouvrage 
ne  fut  sauvé  à  la  première  représentation 
que  par  l'œuvre  du  compositeur.  Quoique 
jeune  et  désireux  de  se  faire  une  carrière  ac- 
tive au  thcàtre.  M.  Limnander  mettait  de  longs 
intervalles  entre  chacune  de  ses  productions,  à 
cause  de  la  rareté  des  bons  livrets  destinés  à  la 
musique,  et  surtout  par  la  mauvaise  organisation 
des  théâtres  lyriipies  de  Paris,  dont  les  privilè- 
ges sont  donnés  habituellement  à  des  spéciila- 
teursinintelligenls, étrangers  à  l'art  et  incapables 
d'apprécier  le  talent  d'un   artiste  et  le  mérite 


d'un  ouvrage.  M.  Limnander  fit  la  dure  épreuve 
des  effets  de  cette  déplorable  organisation  après 
Le  Maure  chanteur,  en  dépit  du  rang  honorahle 
qn'il  tient  parmi  les  meilleurs  compositeurs  dra- 
matiques de  la  France;  car  six  années  s'écou- 
lèrent avant  qu'il  pût  faire  représenter  au 
théâtre  de  l'Opéra-Comique  son  Yvonne,  le  29 
novembre  1859.  Yvonne,  iUnme\yriqup,  en  trois 
actes,  est  incontestablement  un  des  meilleurs 
opéras  joués  depuis  dix  ans  à  ce  théâtre  :  ce- 
pendant cet  oiivage,  après  avoir  attendu  long- 
temps son  tour  de  représentation  au  théâtre 
Lyrique,  dut  être  transporté  à  l'Opéra  Comique, 
et  quoiqu'il  ait  complètement  réussi,  et  que  les 
journaux  se  soient  accordés  sur  les  éloges 
donnés  à  la  partition  de  M.  Limnander,  la  dé- 
testable administration  qui  mettait  alors  ce  théâtre 
en  péril  n'en  fit  donner  qu'un  petit  nombre  <le 
représentations. 

M.  Limnander  s'est  livré  aussi  à  la  composition 
de  la  musique  religieuse  :  en  1845,  il  a  écrit 
un  Te  Deum  qui  fut  exécuté  à  l'église  Sainte- 
Gudule  de  Bruxelles,  à  l'occasion  de  l'anni- 
versaire du  couronnement  du  roi.  Une  messe  de 
Requiem  lui  lut  demandée  par  le  gouvernement 
belge  pour  l'aimiversaire  des  journées  de  septem- 
bre 1830,  et  fut  exécutée  en  1852.11  est  enfin 
l'auteur  d'ime  cantate  exécutée  à  Bruxelles  à  la 
majorité  politiqrre  du  duc  de  Brabant,  et  d'un 
Chant  solennel  |)0ur  les  fêtes  nationales  de  1856. 

LIND  (Jen.nï),  plus  tard  M"ieGOLDSCll  Ml  UT, 
cautalrice  célèbre,  est  née  à  Stockholm,  le  8  fé- 
vrier 1820.  Le  comte  Pricke,  directeur  du  thràtie 
de  la  cour,  l'admit  à  l'école  de  chant  qui  y  est 
attachée  :  elle  y  leçut  des  leçons  d'un  maître 
nommé  Uerg.  Elle  joua  d'abord  à  Stockholm  le 
rôle  à' Agathe  dans  le  Freyschûtz ,  piris  ceux 
à'Eurionthe,  tV Alice  (dans  Robert  le  Diable  ), 
et  enfin  de  La  Vestale  :  dans  tous  elle  obtint  un 
brillant  succès.  Cependant  M"^  Lind  avait  com- 
pris qu'il  lui  restait  beaucoup  à  apprendre  pour 
posséder  le  mécanisme  de  l'art  du  chant  :  ell.'î 
prit  la  résolution  d'abandonner  momenlanémeni 
la  scène,  et  se  rendit  en  1841  à  Paris,  où  «elle  re- 
çut des  leçons  de  Manuel  Garcia,  pendant  neuf 
mois.  Ce  professeur  ne  discerna  pas  dans  son 
élève  les  précieuses  qualités  qui  allaient  bientôt 
la  rendre  l'objet  d'un  enthousiasme  sans  exemple  : 
il  lui  préférait  M""  fs'issen  ,  dont  il  dirigeait  aussi 
l'éducation  vocale,  à  la  même  époque.  Meyer- 
beer,  qui  se  trouvait  alors  à  Paris,  et  qui  eut  oc- 
casion d'entendre  Jenny  Lind,  en  jugea  mieux , 
et  lui  prédit  la  brillante  carrière  qu'elle  allait 
parcorrrir.  Ayant  obtenu  rrne  audition  à  l'Opéra 
en  18i2,  elle  n'y  produisit  aucun  elfet,  et  ne  firl 
pas  engagée   Blessée  dans  son   amour-propre  à 


304 


LIND 


celte  occasion,  elle  prit  la  résolution  de  ne  jamais 
rentrer  en  France,  et  rien  n'a  pu  la  décider  depuis  | 
lors  à  retourner  à  Paris,  Au  mois  d'août  1844, 
le  maître  la  retrouva  à  Berlin,  où  elle  apprenait 
l'allemand.  Appelée  à  Stockholm  au  mois  de  sep- 
tembre suivant,  pour  la  fêle  du  couronnement 
du  roi  Oscar,  elle  s'y  rendit;  puis  elle  retourna 
en  octobre  à  Berlin,  où  elle  avait  contracté  un  en- 
gagement avec  l'administration  du  théâtre  royal, 
pour  chanter  le  rôle  principal  dans  Le  Camp  de 
Silèsie,  nouvel  opéra  de  Meyerbeer.  Elle  débuta 
par  le  rôle  de  Nonna,  dans  lequel  elle  excita  des 
transports  d'admiration,  qu'elle  retrouva  aussi 
dans  l'ouvrage  de  l'auteur  de  Robert  et  des  Hu- 
guenots. Elle  resta  à  Berlin  jusqu'au  mois  de 
mars  1845.  Au  mois  d'avril,  elle  chanta  à  Ham- 
bourg, après  quoi  elle  se  rendit,  au  mois  d'août 
de  la  môme  année,  à  Cologne,  et  chanta  aux  con- 
certs de  la  cour  de  Prusse  au  château  de  Bruhl, 
à  celui  de  Stoizenfels  et  à  Coblence,  à  l'occasion 
de  l'inauguration  de  la  statue  de  Beethoven  ,  à 
Bonn.  Je  l'entendis  dans  ces  concerts,  et  lui  trou- 
vai un  charme  remarquable  dans  l'organe  et  une 
vocalisation  facile  et  correcte;  mais  sa  manière 
de  phraser  manquait  de  largeur  et  d'accentuation 
expressive.  Après  cette  excursion,  elle  retourna 
à  Stockholm  par  Copenhague,  où  elle  se  fit  en- 
tendre avec  le  même  succès.  Un  engagement 
lui  ayant  été  offert  à  Vienne,  elle  l'accepta  et  ar- 
riva dans  celte  ville  le  18  avril  1846.  En  1847 
elle  débuta  au  théâtre  de  la  Reine,  à  Londres,  et 
y  excita  des  transports  frénétiques.  De  retour  à 
Stockholm,  à  la  fm  de  la  même  année,  elle  y  fut 
l'objet  d'ovations  extraordinaires,  et  les  coupons 
de  places,  pour  les  représentations  qu'elle  y  donna, 
furent  mis  à  l'enchère.  Les  événements  qui  agi- 
tèrent PAllenoagne  et  une  partie  de  l'Europe  en 
1848  la  décidèrent  à  rester  en  Suède  pendant 
toute  cette  année,  à  l'exception  d'un  voyagequ'elle 
fit  à  Manchester  pour  le  festival  qui  y  fut  donné 
au  mois  de  septembre.  De  retour  à  Londres,  au 
printemps  de  1849,  elle  reparut  au  théâtre  de 
la  Reine  pendant  toute  la  saison,  et  y  produisit 
une  si  vive  émotion,  qu'aucun  autre  artiste  ne 
put  fixer  l'attention  publique,  en  quelque  genre 
que  ce  fût.  Jamais  rien  de  semblable  ne  s'était 
vu.  La  reine,  le  prince  Albert,  la  cour  et  la  haute 
aristocratie  ne  manquèrent  pas  d'assister  à  tou- 
tes les  représentations,  et,  bien  que  le  prix  des 
places  eût  été  doublé,  la  salle  fut  encombrée  de 
spectateurs  pendant  toute  la  durée  de  la  saison 
théâtrale,  et  les  recettes  de  chaque  soirée  s'éle- 
vèrent à  la  somme  de  2,000  livres  sterling. 
Tel  était  l'engouement,  qu'après  le  spectacle, 
les  abords  du  théâtre  étaient  remplis  par  une 
foule  compacte  pour  voir  la  cantatrice  monter 


dans  sa  voiture ,  et  que  les  places  les  plus  rap- 
prochées de  la  sortie  du  théâtre  étaient  louées  plu- 
sieurs shillings. 

Après  avoir  chanté  avec  non  moins  de  succès 
sur  la  même  scène  pendant  toute  la  saison  de 
1850,  Jenny  Lind  s'embarqua  pour  l'Amérique, 
accompagnée  du  compositeur  Benedict.  Elle  avait 
passé  un  contrat  avec  l'entrepreneur  Barnum, 
qui  lui  avait  assuré  une  somme  énorme  pour  un 
certain  nombie  de  représentations;  mais  l'enthou- 
siasme qu'elle  lit  naître  che^  les  habitants  des 
États-Unis  dépassa  de  beaucoup  ce  que  le  spé- 
culateur avait  espéré.  La  cantatrice  comprit  alors 
qu'elle  pouvait  espérer  des  bénéfices  plus  consi- 
dérables de  son  talent  sans  l'intervention  de  Bar- 
num :  elle  rompit  avec  lui,  à  l'expiration  du  con- 
trat, et  parcourut  toutes  les  contrées  de  l'Union 
en  compagnie  de  Benedict ,  qui  l'accompagnait 
au  piano  partout  où  elle  s'arrêtait.  Embarquée 
sur  les  grands  fleuves  de  l'Amérique,  elle  s'ar- 
rêtait dans  tous  les  lieux  qui  lui  parais'saient  of- 
frir les  chances  d'une  recette  de  quelque  impor- 
tance. Le  piano  était  tiré  du  bateau  à  vapeur; 
des  commissionnaires,  chargésde  grandes  affiches 
sur  lesquelles  le  nom  de  Jenny  Lind  était  im- 
primé en  caractères  d'une  dimension  colossale , 
parcouraient  le  bourg  ou  la  ville  et  annonçaient  la 
mise  aux  enchères  des  billets  du  concert.  La  cu- 
riosité excitée  par  ce  nom  qui  retentissait  dans 
toute  l'Amérique ,  et  qui  partout  était  salué  par 
les  acclamations  populaires,  faisait  porter  les  en- 
chères à  des  sommes  fabuleuses.  On  cite  un  tail- 
leur qui,  dans  un  bourg  de  peu  d'apparence,  se 
rendit  adjudicataire  du  premier  billet  d'un  de 
ces  concerts  impromptus,  moyennant  le  prix  de 
200  dollars.  Cette  folie  fit  sa  fortune,  car  on  ne 
voulut  plus  être  habillé  que  par  ce  tailleur  mé- 
lomane. Une  heure  suffisait  pour  tout  cela;  une 
autre  heure  était  employée  pour  le  concert,  après 
quoi  la  cantatrice  s'embarquait  de  nouveau  et 
allait,  à  quelques  milles  de  là,  faire  la  même 
opération  dans  une  autre  localité.  C'est  ainsi 
qu'elle  amassa,  dit-on,  plus  de  trois  millions, 
pendant  un  séjour  de  moins  d'une  année  aux 
États-Unis.  Ce  fut  pendant  ce  séjour  qu'elle  de- 
vint la  femme  du  compositeur  et  pianiste  Otto 
Goldschmidt,  dont  elle  avait  fait  la  connaissance 
à  Hambourg.  Je  tiens  ces  détails  de  Benedict, 
qui  l'accompagna  dans  toute  sa  tournée. 

De  retour  en  Europe,  M™»  Goldschmidt  cessa 
de  se  faire  entendre,  et  alla  s'établir  à  Dresde, 
où  elle  vécut  dans  le  repos  pendant  plusieurs 
années.  Les  journaux  ont  parlé  des  institutions 
de  charité  qu'elle  fonda  à  la  même  époque ,  et 
auxquelles  elle  consacra  des  sommes  considéra- 
bles. En  1856  elle  est  retournée  de  nouveau  à 


LIND  —  LINDNER 


3f> 


Londres.  Depuis  lors  elle  y  a  donné  tine  s^^iic 
de  concerts,  où  la  foule  s'est  perlée  avec,  le  même 
empressement  qu'aux  représentations  où  elle 
avait  ciianté  pendant  son  premier  séjour.  Cepen- 
dant sa  voix  n'a  plus  la  même  fraîcheur. 

Comme  actrice,  M""^  Goldsclimidt  était  douée 
d'un  instinct  naturel  de  la  scène  supérieur  à 
celui  des  autres  cantatrices  ;  mais  les  connais- 
seurs lui  reprochaient  d'exagérer  l'expression  pa- 
thétique, et  d'y  mettre  un  ceitain  caractère  ner- 
veux et  violent,  qui  ne  pouvait  avoir  de  succès 
qu'en  Angleterre 

On  a  publié  plusieurs  notices  sur  celte  cantatrice 
célèbre;  j'ai  recueilli  les  titres  deceilesci  ;  {"Jenny 
Lind ,  die  schwcdiscke  ISachIgall;  biogra- 
phische  Shizze  (Jenny  Lind,  le  rossignol  suédois  ; 
esquisse  biographique)  ;  Hambourg,  1845,  in-8", 
avec  portrait.  Une  traduction  en  langue  suédoise 
a  paru  sous  ce  titre  :  Jcnny  Lind,  dcn  Swenska 
ISakiergal,  en  biograftske  Skizze,-  Nordkôpp, 
1845,  in-S".  —  2°  Jenny  Lind.  Skizze  ihres 
Lebens  und  ihrer  Kûnstler  Laufbahn  (Jenny 
Lind.  Esquisse  de  sa  vie  et  de  sa  carrière  d'ar- 
tiste, par  Jules  Alfred  Bêcher);  Vienne,  1846,  in^". 
Deuxième  édition,  augmentée;  Vienne,  1847, 
in-S".  —  3°  G.  Meyerbeer  und  J.  Lind.  Frag- 
mente ans  dem  Tagebuche  eines  altcrs  Musi' 
kers  (Giacomo  Meyerheer  et  J.  Lind,  Fragment 
du  journal  d'un  vieux  musicien,  par  Jean-Pierre- 
Lyser)  ;  Vienne,  1847,  in-S".  —  4°  Memoirs  of 
Jenny  Lind.  Londres,  1847,  in-8",  avec  portrait. 
—  b""  Review  of  Ihe  performances  of  mademoi- 
selle Jenny  Lind,  during  her  engagement  at 
Her  Majcsfy's  Théâtre,  etc.,  with  a  notice  of 
her  life  (Revue  des  représentations  de  M"^  Jenny 
Lind,  pendant  la  durée  de  son  engagement  au 
théâtre  de  Sa  Majesté;  avec  une  notice  de  sa 
vie)  ;  Londres,  1847,  in-S".  —  6"  Jenny  Lind. 
Skildring  of  hanner  Lefnad  (Jcnny  Lind. 
Tableau  de  sa  vie  d'artiste);  Stockholm,  1848, 
10-8". 

LII\DBLAD  (A. -F.),  compositeur  suédois, 
est  né  près  de  Stockholm,  en  1804.  Il  fit  ses  étu- 
des musicales  à  Berlin,  sous  la  direction  deZelter, 
et  vécut  pendant  plusieurs  années  dans  cette 
ville;  mais  il  s'est  fixé  dans  la  capitale  de  la 
Suède  en  1835,  et  ne  s'en  est  plus  éloigné  depuis 
lors.  Le  genre  auquel  il  s'est  livré  de  préférence 
est  celui  des  chants  suédois  à  voix  seule  ,  avec 
accompagnement  de  piano;  il  s'y  est  distingué 
par  le  caraclère  de  l'originalité,  et  a  mérité  le 
nom  de  Schubert  du  Nord.  Il  en  a  publié  divers 
recueils  en  Allemagne  et  à  Stockholm.  On  cite 
comme  un  chef-d'œuvre  d'expression  et  de  nou- 
veauté dans  la  forme  son  chant  intitulé  Kloster- 
raub.  Une   symphonie  de   M.  Lindbiad   a  été 

BlOGIt.    tNIT.    DES  MUSICIENS.  —   T.    V. 


exécutée  h  la  Cevandhaus  de  Leipsick ,  en  1 S39 
On  connaît  aussi  de  sa  composition  un  duo  poi-r 
piano  et  violon ,  op.  9  ;  Lcipsick ,    Breitkopl  et 
Hœrtel. 

LINDEMANIV  (Jean),  cantor  et  musicien 
de  la  cour  à  Gotha,  entra  au  service  de  celte  cour 
en  1571.  11  mourut  en  1630.  On  a  de  lui  trois 
suiles  de  motets  à  quatre  et  cinq  voix,  publiées 
sous  ce  litre  :  Décades  amorum  filii  Dei  ■  !•>- 
furt,  1594,  1596  et  1598,  in-4''. 

LIIMDLEY  (Robert),  violoncelliste  anglais, 
né  en  1772,  à  Rolherham,  dans  le  Yorkshire,  re- 
çut fort  jeune  de  .son  père  des  leçons  <le  violon  ; 
puis  à  l'âge  de  neuf  ans  il  commença  l'étude, 
du  violoncelle.  Lorsqu'il  eut  atteint  sa  seizième 
année  Cervetto  l'entendit,  et  fut  si  satisfait  de  la 
justes.se  de  son  intonation  et  de  la  belle  qualité 
de  son  qu'il  tirait  de  l'instrument,  qu'il  en  fit  .son 
élève.  Après  avoir  été  quelque  temps  attaché  à 
l'orchestre  du  théâtre  de  Brighton,  il  succéda  à 
Sperati  comme  premier  violoncelle  au  théâtre  du 
Roi,  en  1794.  Depuis  lors  il  a  été  attaché  aux 
concerts  de  la  musique  ancienne  et  de  la  Société 
philharmonique  de  Londres,  en  qualité  de  pre- 
mier violoncelliste.  Lindiey  est  mort  à  la  fin  du 
mois  de  juillet  1855.  Il  est  dit  dans  le  Dictionary 
ofmiisicians  (Londres,  1824,  t.  II)  que  cet  ar- 
tiste n'était  inférieur  à  aucun  autre  violoncelliste 
de  l'Europe  ;  cette  assertion  n'est  point  exacte. 
Cet  artiste  se  distinguait  par  un  beau  son  et 
beaucoup  de  justesse  ;  mais  il  était  entièrement 
dépourvu  de  sentiment,  de  style,  et,  dans  Jes  dif- 
ficultés comme  dans  l'expression,  il  est  resté  loin 
de  Romberg,  de  Lamare,  de  Bohrer  et  surtout  de 
Servais.  Il  a  publié  chez  Broderip ,  à  Londres, 
quatre  concertos  pour  violoncelle  et  orchestre.  Ses 
autres  ouvrages  connus  sont  :  1"  Duos  pour  vio- 
lon et  violoncelle,  op.  5;  Londres,  Clementi. — 
2°  Trios  pour  basson,  alto  et  violoncelle,  op.  7; 
ibid.  —  3°  Duos  pour  deux  violoncelles,  op.  6, 
8,  10  et  27;  ibid.  —  4"  Solos  pour  violoncelle, 
op.  9;  ibid.  —  5°  Grand  trio  pour  violon  ,  alto 
et  basse;  ibid.,  et  Bonn,  Simrock. —  6°  Airs  va- 
riés et  pots- pourris  pour  violoncelle,  plusieurs 
œuvres;  ibid.  Lindiey  a  eu  un  fils,  violoncelliste 
aussi,  qui  s'est  fait  entendre  en  public  pour  la 
première  fois  en  1812,  à  l'âge  de  quinze  ans. 

LlA'Di\ER  (FnÉnÉRic) ,  né  à  Liegnitz,  en 
Silésie,  vers  1540,  entra  fort  jeune  dans  la  cha- 
pelle de  l'électeur  de  Saxe,  à  Dresde.  Ce  prince 
l'envoya  ensuite  à  l'école  de  Pforte,  puis  à  l'u- 
niversité de  Leipsick.  Parti  de  cette  ville,  il  alla 
à  Anspach,  où  il  obtint  de  l'emploi  dans  la  cha- 
pelle du  landgrave  Georges-Frédéric.  Après  dix 
années  passées  au  service  de  ce  prince,  il  reçut 
en  1574  sa  nomination  de  cantor   à  réj^liso 

20 


:>on 


LINDNER 


KsinlÉgide  de  Nuremberg.  Il  parait  avoir  passé 
le  reste  de  sa  vie  dans  celte  situation.  Lindner 
a  publié  plusieurs  recueils  de  motets  et  de  ma- 
drigaux de  sa  composition  ou  de  quelques  mu- 
s.iciens  célèbres  de  son  temps.  Voici  les  titres 
de  ceux  qui  sont  connus:  1°  Caniiones  sacrxj 
Nuremberg,  1585.  —  2"  Idem ,  deuxième  par- 
lie;  ibid.,  1588.  —  3°  MisScX  quinque  vocum, 
ibid.,  1591,  in-4".  —  4"  Gemma  musicalis , 
oelectissimas  varii  styli  cantiones  quatuor, 
quinque ,  sex  et  jjlurium  vocum  continens , 
qnx  ex  diversis  prscstantissimorum  muslco- 
rum  libelUs,  in  Italia  excusis,  descrlptcV ,  et 
in  gratiam  utriusque  mwsicx  studiosorum, 
Il  ni  quasi  corpori  inscrtse  etin  lucemeditx 
sunl;  collection  de  soixante-quatre  madrigaux 
italiens  composés  en  partie  par  Lindner,  mais 
dont  le  plus  grand  nombre  appartient  à  d'autres 
•nuisicicns  célèbres  de  ce  temps,  tels  que  Lelio 
Bertani,  Jean  de  Macque,  Jean-Marie  Nanini , 
Soriano,  etc.  ;  Nuremberg,  Cath.  Gerlacchix, 
1588,  in-4"  obi.  —5"  Idem,  2e  partie,  ibid.  ;  1589. 

—  6"  Idem,  3"  partie;  ibid.  ,  15S0,  in-4''  obi. 

—  7°  Corollarium  cantionum  sacrarum  5,  fi, 
7,  S  et  jjlur.  vocum  de  festis  prsccipuis  anni 
quarum  antea  a  prxstantisi>imisno&trse xtatis 
onusicis  Italix  séparât im  editx  sunt,  quxdam 
verd  nuperrime  concinnatx  nec  uspiam  tijpis 
excusx,  ac  nunc  in  unutn  quasi  corpus  re- 
dactx,  studio  et  opéra  Frederici  Lindneri; 
Noiimbergse,  1E90,  in^".  II  y  a  aussi  dans  ce 
recueil  quelques  motets  de  Lindner.  —  8"  Idem, 
2'=  partie,  ibid,;  1590,  in-4°. 

LIi\Dl\ER  (Élie),  organiste  de  l'église  ca- 
tliédrale  de  Freyberg,  vers  1730,  eut  la  réputa- 
tion d'un  artiste  distingué.  Il  était  d'ailleurs  bon 
mathématicien  et  mécanicien  ;  ce  fut  lui  qui 
traça  le  plan  de  l'excellent  orgue  de  Freyberg, 
coinposé  de  quarante-cinq  jeux. 

LIKDA'ER  (Georges-Frédéric)  -.  on  a  sous 
ce  nom  un  petit  ouvragre  sur  l'irsage  de  la  mu- 
sique dans  le  service  divin,  intitulé  :  Vont  recht- 
mxssigen  und  Gott  wohlgefxllirjen  Gebrauch 
der  Musik;  Kœnigsberg,  1747,  in-S". 

LSNDXER  (  Jean-Joseph-Fuédéric),  flûtiste, 
né  à  WeiKersIieim  ,  en  Francouie  ,  dans  la  pre- 
mière moitié  du  dix-huitième  siècle,  reçut  des 
leçons  de  nmsique  de  Pisendet,  frère  de  sa 
mère,  puis  devint  élève  de  Quanz.  Vers  1754,  il 
t'it  admis  dans  la  musique  du  roi  de  Prusse  ,  à 
Lerlin.  Il  y  continua  son  service  jusqu'à  l'avé- 
nement  au  trône  de  Fnîdéric-Guillaume ,  qui  lui 
accorda  sa  retraite  avec  une  pension.  Il  se  relira 
depuis  lors  dans  une  petite  ville  de  la  Prusse  oc- 
cidentale, où  il  mourut,  en  1790.  Cet  artiste  a 
passé  longtemps  pour  un  des  plus  habiles  flfftistes 


de  l'Allemagne.  On  ne  connaît  point  de  compo- 
sitions sous  son  nom. 

LSrVDiXER  (François),  organiste  de  l'église 
deOrunau,  naquit  en  1736,  à  Plinkaii,  en  Bohême. 
Lorsqu'il  eut  atteint  sa  onzième  année,  on  l'en- 
voya comme  enfant  de  chœur  à  Scliœnberg,  en 
Silésie,  où  il  fit  ses  études  de  musique.  Plus  tard, 
il  fut  nommé  organiste  adjoint  de  cette  école,  et 
en  1760  il  reçut  sa  nomination  d'organiste  à 
Grunau.  Il  est  mort  en  ce  lieu,  le  12  septembre 
1793,  laissant  en  manuscrit  quelques  ouvrages 
concernant  l'art  de  jouer  de  l'orgue.  Il  a  publié  à 
Leipsick  quelques  recueils  de  chansons  alleman- 
des ,  avec  accompagnement  de  piano.  Lindner 
était  instruit  dans  la  composition  et  dans  toutes 
les  parties  de  la  musique;  ce  fut  lui  qui  fit  à 
l'orgue  de  Grunau  des  réparations  considérables. 

LIA'D\ER  (Frédéric-Guillaume)  ,  docteur 
en  théologie,  né  le  12  décembre  1779,  à  Weyda, 
était  encore  en  1840  professeur  de  philosophie  à 
l'université  de  Leipsick  et  à  l'école  de  l'ensei- 
gnement moyen  dans  la  même  ville.  Il  a  donné, 
dans  la  13e  année  de  la  Gazette  musicale  de 
Leipsick,  une  dissertation  divisée  en  quatre  arti- 
cles (p.  3,  17,  33,49),  sur  cette  question  :  Was 
ist  bis  jetztfiirdie  Gesangbildung gcschehen? 
(Qu'a-t-il  été  fait  jusqu'ici  pour  la  culture  du 
chant  ?)  On  a  aussi  de  lui  une  suite  progressive 
d'exercices  de  chant,  à  l'usage  de  la  jeunesse, 
extraits  des  œuvres  des  meilleurs  maîtres  alle- 
mands, sous  ce  titre  :  Musikalischer  Jugend- 
freund,  oder  instruktive  Sammlung  von  Gc- 
sxngen  ans  den  Werken  der  berii/initestcn 
Mcister,  etc.,  à  2,  3  et  4  voix,  avtc  ou  sans 
accompagnement  de  piano,  4  numéros  ,  Loipsi(k, 
Vogel.  L'ouvrage  le  plus  important  de  ce  sa- 
vant a  pour  litre  :  Bas  IS'othwcndigste  vnd 
Wisscnswwrdigste  aus  dem  Gesammtgebiete 
der  Tonkunst.  Ein  Handbuch  fiirden  Unter- 
richt  und  die  Selbslbelehrung  van,  etc.  (Ce  qui 
est  le  plus  nécessaire  et  le  plus  digne  d'être  su 
dans  toutes  les  parties  du  domaine  de  la  mu- 
sique ;  Manuel  pour  enseigner  et  s'instruire  soi- 
même);  Leipsick,  Fr.  Christ.  Willi.  Vogel,  1846V, 
un  volume  in-S"  de  vi  et  394  pages. 

LL\D1VER  (Henri),  compositeur  de  pea  de 
mérite,  au  commencemeul  de  ce  siècle,  a  été 
probablement  attaché  à  la  musique  de  qneique 
régiment,  en  Allemagne.  Il  a  publié  :  l"  lîecufil 
de  pièces  pour  la  musique  militaire  ;  Leipsick, 
Breitkopf  etHœrtel.  —  2"  Duos  pour  deux  vio- 
lons ;  op.  2  et  3  ;  Leipsick,  Hofmeister  et  Peters. 
—  3"  Quintette  pour  flûte,  hautbois,  clarinelte, 
cor  et  basson,  op.  I  ;  Leipsick,  Ilofmeisler.  — 
4*  Quatre  pièces  brillantes  pour  piano  et  violoB; 
Leipshk,  Breitkopf  et  Hiiertel. 


LINDNER  —  LINDPAINTNER 


307 


LIND]\ER  (Frédéric),  compositeur,  violo- 
niste et  clarinettiste,  est  né  le  5  juillet  1798,  à 
Dessaii,  où  son  père  l'-tait  vétérinaire.  Il  (it  ses 
études  à  Berlin,  où  il  fut  pendant  trois  ans  cla- 
rinettiste à  rorchestre  de  l'Opéra ,  ce  qui  ne 
l'empêcha  pas  de  recevoir  pendant  ce  temps  des 
teçons  de  Mœser,  pour  perfectionner  son  talent 
sur  le  violon.  En  1817,  Lindner  entra  dans  la 
chapelle  du  ducd'Anlialt-Dessau  :  il  y  fut  nommé 
maître  de  concerts  en  1827.  Il  est  mort  dans  celle 
position,  le  1*'  août  1846.  Lindner  avait  étudié 
!a  composition,  en  1821,  chez  le  maître  de  cha- 
pelle Frédéric  Schneider.  On  a  de  lui  :  1°  Quin- 
tette pour  intrunients  à  vent,  op.  1.  —  2°  Polo- 
naise pour  violon  et  orchestre,  op.  2.  —  3"  Duos 
pour  deux  violons ,  op.  3.  —  4'  Lieder  avec 
accompagnement  de  piano  ,  op.  4.  —  5"  Quatre 
morceaux  brillants  pour  piano,  op.  5,  —  G'^  Piè- 
ces à  quatre  mains  pour  le  même  instrument, 
op.  6.  —  7°  Danses  pour  des  fêtes,  à  grand 
orchestre,  op  7.  Lindner  a  laissé  en  manuscrit 
des  concertos,  des  ouvertui«s  à  grand  orches- 
tre et  des  quatuors  pour  des  instruments  à 
cordes. 

LlIXDIVEIl  (Roderic-Acguste),  fils  du  pré- 
cédent, né  à  Dessau ,  le  29  octobre  1820.  Élève 
de  Dreclisler,  membre  de  la  chapelle  du  prince, 
il  est  devenu  violoncelliste  distingué  et  est  en- 
tré en  cette  qualité  à  la  chapelle  royale  de 
Hanovre,  en  1837.  Compositeur  de  talent,  cet 
artiste  a  écrit  des  concertos  et  des  pièces  de  salon 
et  de  conceit,  ainsi  que  des  choses  de  différents 
genres  pour  le  chanl. 

LIXDPALXTXER  (Piehre  Joscpu),  maî- 
tre de  cli:ipelle  du  roi  de  Wurtemberg,  membre 
de  plusieurs  sociétés  musicales,  est  né  à  Coblence, 
le  8  décenibre  1791.  Fils  d'un  ténor  de  la  mu- 
sique de  l'eieCtetir  de  Trêves,  il  suivit  le  prince 
avec  sa  famille  à  Augsbourg  lorsque  l'électorat 
fut  envaiii  par  les  armées  françaises.  C'est  dans 
cette  ville  que  commença  son  éducation,  dès 
l'âge  de  cinq  ans  ;  depuis  ce  moment  jusqu'à  ce 
que  sa  seizième  année  eut  été  accomplie,  il  fré- 
quenta le  gymnase  catholique  et  le  lycée ,  s'y 
adonnant  aux  études  littéraires  et  scientifiques. 
L»  musique  n'était  alors  cultivée  par  lui  que 
comme  un  complément  de  son  éducation,  quoi- 
qu'il eût  pour  cet  art  un  goût  passionné.  Plœdterll, 
directeur  de  la  musique  de  l'électeur ,  fut  son 
maître  de  violon,  et  Wetzka,  mattre  de  cha- 
pelle de  la  cathédrale,  lui  enseigna  dans  ie  même 
temps  le  piano  et  l'harmonie.  Son  talent  se  dé- 
veloppa avec  rapidité^  ses  progrès  remarquables 
décidèrent  l'électeur  à  envoyer  le  jeune  Lind- 
paintner  à  Munich  pour  y  achever  ses  études 
sous  la  direction  de  Winter.  Suivant  le  Lexique 


universel  de  musique  publié  |)ar  le  docteur 
Schilling,  où  je  puise  les  élémens  de  celte  notice, 
l'auteur  du  Sacrifice  interrompu  ne  pos.sédait 
pas  l'art  d'enseigner,  et  Lindpaininer  n'apprit 
point  de  lui  les  vrais  principes  de  l'art  d'écrire  : 
Winter,  y  est-il  dit,  se  borna  à  cultiver  dans  son 
élève  les  heureuses  dispositions  qu'il  avait  reçues 
de  la  nature  pour  la  poétique  de  l'art.  C'est  dans 
cette  direction  que  le  jeune  artiste  termina  sous 
les  yeux  de  son  maître  son  premier  opéra  {Dé- 
mophoii),  une  messe  et  un  Te  Dcum ,  qui  fu- 
rent exécutés  à  Munich  en  1811.  Le  succès  ob- 
tenu par  ces  ouvrages  fit  prendre  à  l'électeur  la 
résolution  d'envoyer  son  protégé  en  Italie  pour 
qu'il  achevât  de  s'instruire  dans  la  composition  ; 
mais  la  mort  de  ce  Mécène,  en  1812,  empêcha  la 
réalisation  de  ce  projet.  Cet  événement  obligea 
Lindpaininer  à  accepter  une  place  de  chef 
d'orchestre  au  tlïéâtre  de.  la  cour,  nouvelle- 
ment construit  :  il  la  conserva  jusqu'en  1819. 
Plusieurs  compositions  qu'il  lit  exécuter  dans 
les  premiers  temps  de  sa  nouvelle  position 
furent  applaudies,  et  ces  succès  lui  firent  négli- 
ger ses  études  ;  mais  les  avis  sévères  d'un  ami 
lui  firent  voir  que  de  tels  succès  sont  éphé- 
mères, et  qu'il  n'y  a  de  productions  durables 
que  celles  qui  réunissent  toutes  les  conditions 
de  l'art.  Dès  lors  il  reprit  ses  éludes  scola.sti- 
ques  avec  courage.  Joseph  Grœtz  lui  enseigna  le 
contrepoint,  et  lui  fit  faire  de  longs  exercices 
dans  toutes  les  ()arties  de  l'art  d'écrire,  qui  com- 
plétèrent son  éducation  mu.sicale.  En  1819,  la 
place  de  maître  de  ctiapelle  de  la  cour  de  Stutt- 
gard  fut  offerte  à  Laindpaintner  ;  il  l'accepta,  et 
eu  remplit  les  fonctions  avec  autant  de  zèle  que 
de  talent.  Personne  n'entendait  mieux  que  lui  la 
direction  d'un  orchestre  et  ne  saisissait  mieux 
l'esprit  de  la  musique  qu'il  faisait  exécuter.  Mal- 
heureusement pour  son  amour-propre  d'artiste, 
il  était  rare  que  le  roi  de  Wurtemberg  occupât 
son  talent  à  autre  chose;  car  le  goût  de  la  mu- 
sique étrangère  était  dominant  à  Stuttgard  comme 
dans  toute  l'Allemagne,  et  les  com()ositeurs  de 
la  nation  n'apparaissaient  que  de  loin  en  loin  sur 
la  scène  royale.  Lorsque  je  visitai  la  capitale  du 
Wurtemberg  (septembre  1838),  Lindpaininer  me 
tint  sur  sa  position  et  celle  des  autres  composi- 
teurs de  celle  époque  un  langage  de  décourage- 
ment, pénible  dans  la  bouche  d'un  tel  artiste. 
«  Mon  cher  monsieur  (  me  dit-il  ),  un  jeune  mu- 
n  sicicn  allemand,  enthousiaste  des  beautés  mer- 
'<  veilleuses  d'un  Don  Juan ,  d'une  Flûte  en- 
«  chantée  ou  d'un  Fidelio  ,  ne  rêve  d'abord  que 
«  gloire  et  que  suciès  à  marcher  sur  les  traces 
n  des  immortels  auteursdeces  chefs-d'œuvre.  Son 
«  esprit  est  dans  une  perpétuelle  agitation  jusqu'à 

20, 


308 


LINDPAllNTNER 


•  ce  qu'il  se  soit  procnrô  le  livret  qui  doit  servir 
«  de  base  à  ses  inspirations;  mai»  à  peine  a-t-il 
«  mis  la  main  à  l'œuvre,  que  tout  change  d'as- 
«  pect,  et  que  ses  illusions  se  dissipent  doulou- 
«  reusemeiil,  La  première  vérité  qui  le  frappe, 
••  c'est  que  les  entrepreneurs  de  théâtre  n'atta- 
«  client  point  de  prix  à  son  œuvre,  et  qu'ils  con- 
«  sidèrent  l'engagement  de  le  faire  jouer  comme 
«  une  charge  onéreuse  plutôt  que  comme  un 
«  avantage.  A-t-il  enfin  vaincu  ces  premiers  ob- 
«  stades,  de  plus  tristes  déceptions  viennent  l'at- 
«  teindre;  car  il  avait  compté  sur  la  sympathie 
«  de  ses  compatriotes,  et  au  lieu  de  cela  il  ne 
«  trouve  que  de  Tindifférence.  En  général ,  ce 
«  sont  les  cours  qui  donnent  le  ton  dans  les 
n  États  de  l'Allemagne,  et  nos  princes  n'ont  d'es- 
«  time  que  pour  les  opéras  qui  nous  viennent 
«  d'Italie  ou  de  Paris;  de  Paris  surtout,  car 
«  tout  ce  qui  nous  vient  de  celte  ville  nous  pa- 
«  raît  avoir  reçu  la  plus  solide  sanction  du  goût. 
n  Jamais  un  opéra  allemand  n'obtient  decessuc- 
«  ces  d'éclat  tels  qu'on  en  voit  chez  vous;  sou- 
«  vent  ce  n'est  qu'après  la  mort  de  leur  auteur 
«  qu'il  s'établit  une  sorte  de  religion  en  sa  fa- 
'<  veur.  Ne  savons- nous  pas  que,  pour  tout  éloge 
«  de  Don  Juan,  l'empereur  Joseph  II  dit  à 
"  Mozart  qu'il  y  trouvait  trop  de  notes,  et  que 
«  ce  grand  homme ,  justement  blessé,  osa  lui 
n  répondre  qu'il  y  en  avait  précisément  autant 
«  qu'il  en  fallait.?  Ne  savons-nous  pas  que  Fide- 
»  lio  fut  abandonné  après  la  troisième  représen- 
«  tation,  et  qu'on  ne  le  reprit  que  plusieurs  an- 
«•  nées  après?  Si  le  Freyschiitz  a  fait  naître  de 
«  renlliuusiasme  chez  les  Allemands,  il  le  doit 
«  en  partie  au  sujet  de  la  pièce.  Le  diable  est 
«  partout  populaire,  mais  il  l'est  surtout  chez 
«  une  nation  exaltée  et  rêveuse.  Obéron  est  aussi 
«  une  conception  pleine  d'originalité;  Euryan- 
«  the  fourmille  de  beautés,  et  pourtant  ces  pro- 
«  ductions  de  l'auteur  du  Freyschiitz  u'ont  excité 
«  que  peu  d'intérêt  parmi  nous.  D'ailleurs  au- 
«  cune  sorte  d'indemnité  n'est  offerte  à  l'auteur 
«  d'un  opéra  pour  son  travail.  La  vente  dequel- 
«  ques  copies  de  sa  partition  est  tout  ce  qu'il  a 
«  droit  d'en  attendre,  si  par  hasard  sa  pièce  est 
«  bien  accueillie  du  public.  La  dernière  vérité 
«  dont  le  compositeur  acquiert  la  conviction  , 
«  c'est  qu'en  supposant  même  qu'il  obtienne  des 
«  succès,  le  théâtre  ne  le  conduira  qu'à  l'hôpital.  » 
—  «  Que  faites-vous  là?  »  dis-je  à  M.  Lind- 
paintner,  qui  me  tenait  le  langage  dont  je  viens 
de  donner  la  substance,  en  voyant  sur  son  pu- 
pitre une  composition  nouvelle  dont  il  était  oc- 
cupé. —  «  Un  opéra,  me  répondit-il.  —  Comment? 
YX  ce  que  vous  me  disiez  tout  à  l'heure  ?  —  »  Que 
«  voulez-vous  !  devenu  maître  de  chapelle  du  roi 


«  de  Wurtemberg,  j'ai  du  pain  pour  ma  famille  ; 
«  mais  je  n'ai  que  cela  :  mon  jirince  ne  s'inlé- 
>(  resse  pas  plus  à  mes  ouvrages  que  le  roi  de 
«  Hanovre  à  ceux  de  Marschner,  ou  le  duc  de 
«  Hesse-Cassel  à  ceux  de  Spohr.  11  me  reste  ce- 
«  pendant  un  besoin  d'artiste  à  satisfaire  :  ce  be- 
«  soin  est  celui  de  travailler  :  je  fais  cet  opéra 
«  pour  Vienne,  où  il  doit  être  joué  au  mois  de 
«  décembre,  et  je  partirai  dans  huit  jours  pour 
«  aller  le  mettre  à  l'étude,  quoi  qu'il  en  doive 
n  être  de  son  succès.  »  Ce  succès  a  eti  tout  l'é- 
clat que  son  auteur  pouvait  désirer;  l'ouvrage 
était  l'opéra  intitulé  La  Génoise.  Postérieure- 
ment il  a  écrit  à  Stuttgard  La  Rosière,  opéra  eri 
trois  actes,  en  1843,  et  Lichtenstein,  pour  l'ou- 
verture du  nouveau  théâtre  de  cette  ville.  Appelé 
à  Londres,  en  1855,  pour  y  diriger  les  concerta 
de  la  Société  philharmonique,  il  y  a  fait  exécuter 
quelques-unes  de  ses  compositions  avec  succès. 
De  retour  en  Allemagne  ,  Lindpainfner  est  mort, 
le  21  août  1856,  à  Nonnenhorn  ,  près  de  Frie- 
drichshafen,  sur  le  lac  de  Constance.  Le  roi  de 
Wurtemberg  l'avait  fait  chevalier  de  son  ordre, 
à  l'occasion  du  vingt-cinquième  anniversaire  de 
son  entrée  au  service  de  ce  prince,  en  qualité  de 
maître  de  chapelle.  Il  était  membre  de  la  société 
hollandaise  de  Rotterdam  pour  les  progrès  de 
la  musique. 

La  liste  des  ouvrages  de  Lindpainfner  est  éten- 
due; on  y  remarque  :  I.  Opéras.  I°  Dèmophon, 
à  Munich,  1811.  —  2"  Alexandre  à  Éphèse, 
opéra  sérieux.  —  3°  Der  blinde  Gartner  (Le 
jardinier  aveugle),  Singspiele  ou  petit  opéra  de 
la  jeunesse  de  l'auteur,  dont  la  partition  pour  le 
piano  a  été  gravée  à  Leipsick,  chez  Breiîkopf  et 
Hœrtel.  —  4"  Die  Pflegekinder  (Les  Pupilles), 
partition    pour    piano  ;    Leipsick ,   Hofmeister. 

—  ly'^  Der  Bergkœnbg  [h^Rox  de  la  montagne), 
à  Berlin,  en  1830;  partition  pour  le  piano; 
Manheim,  Heckel.  —  6°  Le  Vampire,  opéra 
fantastique  représenté  à  Vienne  avec  succès, 
et  dont  le  sujet  a  été  traité  postérieurement  par 
Marschner.  La  partition  de  piano  a  été  gravée  à 
Leipsick,  chez  Breitkopf  et  Haertel.  —  7"  La 
princesse  de  Cacambo.  — 8°  La  reine  des  As- 
tres. —  9"  Sentiment  pour  Vart  et  pour  Va- 
mour.  —  10"  Timantes,  opéra  sérieux  sur  le 
sujet  de  Dèmophon,  autrement  traité.  —  11°  Hans 
Max  Giesbrecht.  —  12°  Pervonte,  ou  les  sou- 
haits. — 13°  Sulmona.  —  li"  Les  filles  des  roses. 

—  15°  L'Amazone,  à  Stuttgard,  en  1831.  — 
16°  Musique  pour  le  Faust  de  Gœtlie,  dans 
la  même  ville,  en  1832.  —  17°  L'Otage.  — 
ï8°  Aglaja,  ballet.  —  19°  Zéph ire  et  Flore, 
idem.  —  20°  Jocko ,  ou  le  Singe  du  Brésil, 
ballet.  —  21°  Zeila,  idem.  —  22°  La  Cloche 


LINDPAIINTNER  —  LINGKE 


309 


de  Schiller,  mélodrame  sur  le  sujet  de  la  célè- 
bre hallade.  —  23"  Le  Sacrifice  d'Abraham , 
idem.  —24"  Moïse  sauvé,  idem.  —  "ià"  Frédé- 
ric le  Victorieux,  idem.  —  26°  Timoclée  , 
idem.  —  27°  Le  pouvoir  de  la  chanson,  petit 
opéra  très-remarquable.  —  28"  La  Génoise, 
opéra  en  trois  actes,  joué  à  Vienne,  au  mois 
de  décembre  1838.  —  29°  Les  Ve'pres  siciliennes, 
à  Sluttgard,  en  1843.  —  30" La  Rosière,  ibid. 

—  31"  Lichtemtein,  ibid.,  1845.  La  pluparldes 
opéras  de  Lindpaintner  ont  été  composés  sur  de 
mauvais  livrets  qui  ont  nui  au  succès  de  la  mu- 
sique. —  II.  Oratorios  et  musique  d'église. 
31°  Le  jeune  homme  de  Naïm,  oratorio,  dont 
on  vante  le  style  simple,  élevé,  et  la  b€auté  des 
chœurs,  mais  auquel  on  reproche  d'être  dépourvu 
d'expression  dramatique.  —  33oZeSacri/ïce d'^d- 
hraham,  différent  du  mélodrame.  —  34"  Judas 
Macchabée,  oratorio  de  Ilaendel,  avec  une  ins- 
trumentation moderne,  qui  a  reçu  beaucoup  d'é- 
loges dans  quelques  journaux  allemands.  — 
35"  Herr  Gott  dich  loben  wir,  motet  allemand 
à  4  voix  et  orchestre,  sur  un  texte  de  Klopstock, 
gravé  en  partition  à  Lcipsick,  chez  Breitkopf  et 
Haertel.  —  36°  Chant  funèbre  à  4  voix  d'hommes, 
avec  5  cors  et  3  trombones  ou  piano  ad  libitum  ,• 
Stuttgard,  Zumsteeg.  —  37°  Messes,  Te  Deum, 
psaumes,  Pange  Ungua,  cantates  en  manuscrit. 

—  III.  Musique  instrumentale.  SS»  Ouverture 
à  grand  orchestre  pour  la  tragédie  intitulée  Le 
Paria^  Breitkopf  et  Haertel.  —  39°  Ouverture 
du  Sacrifice  d'Abraham;  idem,  ibid.  —  40" 
Ouvertures  idem  de  la  plupart  des  opéras  et 
ballets,  ibid. — 41°  Ouverture  solennelle  pour  la 
grande  fête  musicale  de  Halle,  en  1835.  — 
42°  Symphonie  concertante  pour  2  cors,  op.  23; 
ibid.  —  43°  Idern  pour  flûte,  hautbois,  clarinette, 
cor  et  basson,  op.  36;  Mayence  ,  Scbott.  — 
44°  Seconde  idem,  op.  4  ;  ibid.  —  45°  Fantaisie, 
variations  et  rondeau  pour  2  cors  et  orchestre,  op. 
49;  Leipsick,  Breitkopf  et  Hœrtel. —  46°  Sympho- 
nie à  grand  orchestre,  en  manuscrit.  —  47°  Con- 
certino  pour  violon,  op.  35;  Mayence,  Schott. 
— 48°  Idem,  op.  42  ;  Leipsick,  Probst.  — 49°  Pre- 
mier quatuor  pour  2  violons,  alto,  et  basse  ;  Leip- 
sick, Peters.  —  50°  Trois  grands  trios  pour  vio- 
lon ,  alto  et  violoncelle,  op.  52  ;  Leipsick ,  Probst, 

—  51°  Concertos  pour  la  flûte,  op.  28  et  46;  Leip- 
sick, Breitkopf,  Probst. —  52°  Polonaise  irf(??H,avec 
orchestre,  op.  47;  Leipsick,  Breitkopf  et  Haertel. 

—  530  Polpourri ,  op.  02  ;  ibid.  —  54°  Concerto 
jjoiir  clarinette;  Mayence, Scholt. —  55°  Concerti- 
nos  idem,  op.  19,  41;  Leipsick,  Breitkopf  et  Haer- 
tel ;  Mayence,  Schoît. —  56°  Rondo  brillant  idem, 
op.  45;  Leipsick,  Breitkopf  et  Haertel. —  57°  Ron- 
deau pour  basson  et  orchestre,  op.  24  ;  ibid.  - 


580  Concertino  pour  le  cor,  op.  43;  Leipsick  , 
Probst. —  59"  Romance  et  Rondeau,  op.  48  ;  Leip- 
sick ,  Breitkopf  et  Haertel. —  60»  Divertissement 
pour  2  pianos,  ibid. —  ei^Quelques  pièces  de  diffé- 
rents genres  pour  piano.  —  IV.  Musique  vocale  de 
CHAMBRE.  620  Six  cliaots  pour  4  voix  d'hommes, 
op  39  ;  Mayence,  Schott. —  63o  Die  Frauen  (Lfs 
Femmes),  Six  chants  pour  4  voix  d'hommes,  sur 
des  poésies  de  Wagner,  op.  54;  Manheim,  Heckel. 

—  64°  Quelques  canons,  avec  accompagnement  de 
piano;  Leipsick  ,  Breitkopf  et  Haertel.  —  65°  En- 
viron 50  chants  et  chansonnettes  à  voix  seule, 
avec  accompagnement  de  piano.  Lindpaintner 
s'est  fait  dans  ce  genre  une  réputation  brillante 
et  méritée  en  Allemagne. 

Lli\DSAY  (Thomas),  flûtiste  anglais,  vivait 
à  Londres  vers  1830.  On  a  de  lui  un  ouvrage  élé- 
mentaire pour  la  flûte,  intitulé  :  Eléments  of 
flûte  playi7ig,  according  to  ihe  most  approved 
'principlcs  of  modem  fingering.  In  two  parts;, 
Londres  (sans  date),  in-fol. 

LliVDSEY  (  Christophe)  ,  professeur  de  mu- 
sique à  Londres,  et  membre  du  chœur  de  l'é- 
glise de  Saint-Paul  vers  1780,  a  publié  un  ta- 
bleau de  la  distance  réelle  des  intervalles  de  la 
gamme,  sous  ce  titre  :  A  Scheme  shewing  ihe 
distance  of  intervais;  Londres,  Broderip, 
1793,  in-fol.  La  fille  de  cet  artiste,  connue  sous 
le  nom  de  Miss  Anna  Lindsey,  a  eu  de  la  célé- 
brité comme  cantatrice,  surtout  pour  les  ballades 
écossaises.  Elle  a  composé  la  chanson  de  Robin 
Gray,  qui  a  obtenu  un  succès  de  vogue. 

LIIVELLI  (  Venturi  ) ,  ancien  luthier  de 
Venise,  vécut  au  commencement  du  seizième 
siècle.  Il  fabriquait  des  luths,  des  mandores  et 
des  violes  de  plusieurs  espèces.  Dragonetti,  cé- 
lèbre contrebassiste  (voyez  ce  nom)  a  possédé 
un  accorda  de  cet  artiste;  c'était  une  viole  de 
la  plus  grande  espèce,  semblable  à  celle  qu'on  voit 
dans  le  tableau  des  ISoces  de  Cana,  de  Paul  Vc- 
ronèse,  et  qui  était  montée  d'un  grand  nombre 
de  cordes  assez  serrées  sur  le  manche,  pour  exé- 
cuter des  accords.  Cet  instrument  portait  la 
date  de  1514,  laquelle  était  incrustée  en  écaille 
dans  la  table  d'harmonie. 

LII\G  (Guillaume),  musicien  à  Londres, 
vers  la  fin  du  dix-huitième  siècle,  a  publié  de  sa 
composition  :  1°  Trois  sonates  pour  le  piano  avec 
accompagnement  de  flûte,  op.  1  ;  Londres,  Ralfe. 

—  2°  Duos  pour  deux  flûtes,  op.  2  ;  Londres, 
Broderip.  — 3°  Variations  pour  le  piano  sur  l'air 
an;:;lais  :  The  Kising  ofthe  larh  (L'Ascension  de 
l'alouette)  ;  Londres,  Ralfe. —  4°  Grande  marche 
pour  le  piano,  ibid. 

LIIVGKE  (Georges-Frédéric),  conseiller  de» 
mines  du  roi  de  Pologne,  électeur  de  Saxe,  se  lit. 


310 


I.IINGKE  —  LIKKK 


tctevoir    en    1742    dans    la   sociélé    musicale 
fondée    par  Mizier.  Deux    ans    après,    il    pré- 
senta à  cette  société  un    tal)leau  des  interval- 
les de  iniisifjne,  suivant  un  nouveau  système, 
qui    fut   approuvé,  et   qui  devint  la   base  d'im 
ouvrage  put)!iè  par  iJngke  sous  ce  titre   :  Vie 
Sitzeder  musikalischen  Haxiptsxiztein  einer 
harlen  \md  iveichen  Tonart,  vnd  uie  inan 
damit    forischreitet   und    avsweichet.  (Les 
hases  des  principes  transcendants  de  la  musique 
dans  une  tonalité  majcurect  mineure, etc.)  ;  Leip- 
sick,   BreilJiopf,  1766,  in-4"  de  60   pa^^es.  Dans 
nn  livre  pins  étendu,il  développa  les  conséquences 
«le  son  système;   ce   livre  est  iniitult'   :  Kuv^e 
Myisililehre ,    in    irelcher    iiicht    ollpjn    die 
Verwanfschaft    aller    Tonleilcrn,    sondera 
aiich  die  jeder  zxihommenden  harmonischen 
Sxtze  gezeigt  und  mit  practisc/ien  Reispiclen 
erlaiitert  iverden  (Instruction  ahngée  de  inn- 
sique,  dans  laquelle  non-seulement  ralliiiilé  des 
ëclielles  des  tons,    mais  aussi  les   principes  de 
l'iiarmonie  propre  à  chacune  d'elles  sont  e\|  li 
qués,   avec  des  exemples  iiraliqnes);  Lei|)sick, 
Breitkopf,  1779, 'n-4"dc  11  IrUilles.  La  moitde 
Lingke,   survenue  pendant  l'impression  de  son 
ouvrage,  lit  confier  les  soins  de  réditionà  llil!cr, 
qui  y  a  joint  une  préface.  On  n  a  pas  fait  assez 
d'attention  à  la  théorie  de  Lingke,  ([ui  n'est  point 
exempte   d'erreurs,    mais    où   l'on    trouve   un 
aperçu  de  la  véritable  philosophie  de  la  tonilité. 
On  a  aussi  de  cet  ainaleur  quelquesaulres  petits 
»*crits  relatifs  à  la  musique  ;   le  premier  a  pour 
titre    :    Vertheidigungsschreibcn   an    Hernn 
Matihcson  (Apologies  adressées   à  M.   Matthe- 
son);  Leipsick,  1753.  Je  ne  connais  ce  morceau 
que  par  son  titre;  mais  il  est  vraisemblable  qu'il 
s'agit  d'une  critique  faite  par  Mattheson  du  sys- 
tème tonal  de  Lingke.  Le  second  opuscule  est 
un  article  en  réponse  à  une  autre  critique  de  son 
premier  ouvrage  qui  avait  paru  A&xï?,^  AUgemeine 
deutsch  Bibliothek  (t.  5,  n"  2,  p.  12);  cet  ar- 
ticle est  inséré  dans  les  Notices  hebdomadaires 
de  Hiller  (ann.  1768,  p.  321  ).  Une  réponse  de 
l'auteiu'  de  la  critique  fut  publiée  dans  le  même 
recueil  (ann    1709,  pag.  183-191  ),  et  Lingke  y 
fit    une   dernière  réplique   divisée  en   trois  ar- 
ticles (ibid.,  p.  3G3,  371,  379). 

LIIXGHE  (  Jean-Tiiéodore)  ,  né  le  20  no- 
vembre 1720,  surintendant  à  Torgau,  mort  en 
cette  ville,  le  10  avril  1802,  dans  un  âge  très- 
avancé  ,  a  rempli  ses  fonctions  pendant  cin- 
quante-sept ans.  Il  possédait  des  connaissances 
étendues ,  particulièrement  dans  la  littérature 
orientale  et  dans  la  nmsique.  On  lui  doit  l'inven- 
tion d'un  inslrmnent  auquel  il  a  donné  le  nom 
de  i>tahlspiel ,    parce  qu'il  était   composé  de 


lames  d'a<  ier  mises  en  vibration  par  le  frolfemenf. 

LIi\'IHE  (  Jf.ân-Georgf.s),  violoniste  et  com- 
positeur, né  vraisemblablement  en  Prusse,  dans 
la  dernière  partie  du  dix-septième  siècle,  apprit 
la  composition  sous  la  direction  de  Theile',  à 
Berlin.  D'abord  attaché  à  la  chapelle  royale  de 
Prusse,  i!  quitta  cette  position  en  1713  pour 
aller  à  la  cour  de  Weissenfels  en  qualité  de  mai- 
Ire  de  concert.  Vers  1722  il  obtint  un  congé 
pour  se  rendre  en  Angleterre,  où  il  demeura  pen- 
dant trois  ans;puisil  alla  à  Hambourg  en  1725,  et 
y  lut  attaché  au  théâtre  comme  chef  d'orchestre. 
Les  autres  circonstances  de  sa  vie  sont  ignorées, 
lia  écrit  pour  le  théâtre  de  Hambourg  un  pro- 
logue en  1725,  puis  le  Combat  de  la  Poésie,  de 
la  Èlusique  et  de  la  Peinture ,  autre  prologue. 
Le  catalogue  de  Breitkopf  (  1760)  indique,  en  ma- 
nuscrit ,  sous  le  nom  de  ce  musicien  :  i"  Lungi 
du  mio  pensier,  cantate  pour  voix  de  soprano, 
2  violons,  viol3  et  clavecin.  —  1° Hoiina pena 
intorno  al  cor,  idem.  —  3°  Credo  amore,  etc. 
Canlatc  [lonr  soprano  et  clavecin.  Gerber  pos- 
sédait aussi  tme  symphonie  de  Linike,en  ma- 
nusciit. 

LII\lîE  (  JosF.pii) ,  violoncelliste  et  composi- 
teur, né  le8  juin  1783,  à  Traclienherg.enSilésie, 
reçut  les  premières  leçons  de  musique  de  son 
père,  employé  au  service  du  prince  de  Halz- 
îi'ld ,  et  adminislraleur  de  la  fondation  des 
enfants  trouvé.*.  Après  la  mort  de  celui-ci,  le 
jeune  Linke  eut  [lour  maître  Oswald,  succes- 
seur (le  son  (lère.  A  l'âge  de  douze  ans,  il  entra 
couiuie  enfant  de  chœur  chez  les  dominicains 
de  Bieslau.  Hanisch,  habile  organiste,  lui  donna 
des  kçons  d'orgue  et  d'harmonie.  Vers  le 
mi  nie  temps ,  il  commençH  l'étude  du  violon- 
relie,  sous  la  direction  de  Lose  et  de  Flemming; 
si'S  progrès  furent  rapides,  et  lorsque  Lose  se  re- 
tira de  l'orchestre  du  théâtre,  alors  dirigé  par 
Charles-Marie  de  Weher,  Linke  fut  en  état  de 
le  remplacer.  En  1808' il  prit  la  résolution  de  se 
rendre  à  Vienne,  où  il  arriva  au  mois  de  juin. 
BieiiiOt  après,  le  prince  Rasurnoffsky  l'admit  dans 
sa  musique.  Là,  il  eut  le  bonheur  de  connaître 
Beetlioven  et  de  recevoir  ses  instructions  sur  la 
ni.i.nière  d'exécuter  sa  musique  ;  ce  fut  ainsi  que 
Linke  parvint  à  rendre ,  avec  Scbuppanzigh  et 
Weiss,  les  quatuors  de  c^ grand  artiste  avec  une 
perfection  qui  n'a  pu  être  égalée  que  difficile- 
ment par  d'autres.  Après  huit  années  de  séjour 
à  Vienne,  Linke  accepta  une  place  dans  la  mu- 
si(jui'  de  la  comtesse  Erdœdy-JNiczky,  en  Croatie; 
mais  il  ne  la  garda  que  deux  ans,  et  de  retour  à 
Vienne.en  18l.'-l,il  entra  comme  violoncelliste  solo 
au  Ihéàlre  An  der  Wicn.  Après  en  avoir  rempli 
les  fonctions  [undant  treize  ans,  il  a  été  admis 


LINKE  —  LIINLF.Y 


311 


en  la  même  qualité  et  comme  collègue  de  Merk 
à  l'orcliestre  de  l'Opéra  de  la  cour.  Il  est  mort  à 
Vienne,  le  20  mars  1837.  Les  compositions  de  cet 
artiste  qni  ont  été  publiées  sont  :  1"  Concerto 
pour  violoncelle  ;  Vienne.  —  2"  Adagio  et  polo- 
naise, idem,  ibid.  — 3"  Thème  varié  avec  ace.  de 
quatuor,  op.  .i  ;  Vienne,  Cappi.  —  4"  Rondolelto, 
idem,  ibid.  —  5°  Caiirices  sur  des  thèmes  de 
Rossini,  idem.  —  6"  Variations  avec  accompagne- 
ment de  guitare.  Vienne,  Mecheiti.  —  7°  Va- 
riations sur  l'air  Schœne  Minka,  avec  accomp. 
de  piano  ;  Vienne,  Mechetti.  Linke  avait  aussi 
en  manuscrit  des  thèmes  slyriens  variés  avec 
orclie-iire,  et  {[e,&  Souvenirs  de  la  Croatie. 

LINLEY  (TuoMAs),  compositeur  anglais,  était 
fils  d'un  charpentier,  et  naquit  vers  1733,  dans  le 
comté  de  Gloncester.  Il  avait  embrassé  la  pro- 
fession de  son  père.  Son  état  le  fit  un  jour  ap- 
peler pour  travailler  chez  le  duc  de  Bedfort,  à 
Iîoilmi>ton  ;  là,  ileut  occasiond'eniendre  Chilcot, 
alors  organiste  à  Bath,  qui  chantait  et  jouait  du 
clavecin.  Le  pluisir  que  lui  fit  cette  musique  le 
décida  à  déclarera  son  père  qu'il  ne  voulait  plus 
être  charpentier,  et  qu'il  serait  musicien  ;  puis  d 
se  rendit  à  Bath,  et  y  devint  l'élève  de  Chilcot. 
Paradies,  ou  [liutôt  P«rffd/5i ,  compositeur  ins- 
fiuit  de  l'école  de  Naples,  compléta  son  éducation 
iiiu'iicale,  vers  17C8,  en  lui  donnant  des  leçons 
(Tharmonie  et  de  contrepoint.  Fixé  à  Bath  comme 
professeur  de  chant,  Linley  s'y  était  marié,  et 
avait  eu  douze  enfants,  parmi  lesquels  on  a  dis- 
tingué deux  fib  et  deux  filles.  L'une  de  celles- 
ci,  citée  pour  sa  beauté  sous  le  nom  de  la 
vierge  de  Bath,  devint  à  l'âge  de  seize  ans  la 
première  femme  du  célèbre  Slieridan.  En  1775, 
Linley  (it  un  voyage  à  Londres  pour  faire  repré- 
senter au  théâtre  de  Covenl-Garden  un  opéra- 
pastiche,  intitulé  The  Ducnna  (La  Duègne )p 
dans  lequel  il  avait  placé  de  jolis  airs.  Le  suc- 
cès de  cet  ouvrage  le  décida  à  se  fixer  à  Lon- 
dres, et  dans  la  même  année  il  quitta  Batli  avec 
sa  famille.  Au  mois  d'avril  1776,  il  écrivit  pour 
Covent-Garden  Le  Camp,  mélodrame  mêlé  de 
chant.  Peu  de  temps  après  il  acheta,  eu  société 
avec  Slieridan,  la  part  de  Garrick,  dans  l'en- 
treprise <lu  théâtre  de  Drury-Lane,  pour  la 
somme  de  trente-cinq  mille  livres  sterling  (eu- 
viron  huit  cent  mille  francs  ).  Dans  cette  asso- 
ciation, Liidey  fut  chargé  de  la  direction  de 
toute  la  musique,  et  pendant  plus  de  quinze  ans 
il  donna  des  preuves  d'habileté  dans  l'exercice 
de  .ses  fonctions.  Le  nombre  d'opéras,  de  drames 
et  de  ballets  qu'il  écrivit  aussi  pour  le  théâtre 
de  Drury-Lane  est  considérable.  Il  mourut  à 
Londres,  le  19  novembre  1795,  et  fut  inhumé 
Oans   l'église  de  Weils,    près  de    ses    (illes , 


Mmcs  Slieridan  et  Tickell,  qui  l'avaient  précédé 
dans  la  tombe.  Il  serait  diliicile  de  rassembler 
aujourd'hui  les  titres  de  toutes  les  pièces  dont 
Linley  a  composé  ou  arrangé  la  musique  ;  on  connaît 
ceux-ci  :  1"  The  Duenna  (La  Duègne) ,  opéra- 
comique  représenté  à  Covent-Garden,  en  1775, 
gravé  en  partition  réduite  pour  le  pianc  ;  <  liez  IJio- 
derip.  —  2"  Le  Camp,  mélodrame;  ibid.,  177G. 
—3°  Le  Carnaval  de  Venise,  opéra-comique,  à 
Drury-Lane,  1781,  gravé  pour  le  piano; Londres, 
Broderip.  —  4'^  Genile  Shepherd  (  Le  pâtre  bien 
né),  pastorale;  ibid.,  1781.  —5"  Tkc  Triumph 
orHJîV;/t  (Le  Triomphe  de  la  joie);  ibid.,  1782. 
—  6°  The  Spanish  Maid  (  La  jeune  Espagnole)  ; 
ibid.,  1783.  —  7°  Sclima  and  Azor  (Selime  et 
Azor),  opéra-comique,  ibid.,  173i,  gravé  en  par- 
tition pour  le  piano,  chez  Broderip.  --  8"  Tout 
Joncs,  opéra-conîiquc,  ibid.,  I7S5,  en  partition 
poiu  le  piano,  ibid.  —  9"  .Spanish  Rivais  (Les 
Rivaux  espagnols),  opéra-comique ,  1735.  — 
1.0°  étrangers  at  home  (  Les  Étrangers  chez 
eux  ),  opéra-comique,  ibid.,  178G  ;  en  partition 
pour  le  piano,  ibid.  —  ii'  Love  in  ihe  L'asl 
(L'Amour  dans  l'Orient),  opéra-comique,  ibid., 
1788.  —r  12'^  Robinson  Crusoe,  pantomime.  — 
13°  Le  Mendiant,  opévà-comiqne,  ibid.,  1787:. 
un  des  meilleurs  ouvrages  de  cet  artiste.  Parmi 
ces  compositions,  Le  Carnaval  de  VoUse  et  Se- 
lima  et  Azor&e  font  particulièrement  remarquer 
par  l'originalité  de  la  mélodie.  Les  airs  de  Linley 
ont  en  général  une  grâce  et  une  mélancolie  tendre 
qui  les  placent  au  premier  rang  parmi  les  com- 
positions anglaises  de  ce  genre.  On  cite  comme 
des  modèles  un  recueil  de  six  élégies  qu'il  a  pu- 
blié en  1792.  Après  sa  mort,  il  a  paru  un  recueil 
de  ses  compositions  posihumes  et  de  Qelles  de 
son  fils  aîné,  consistant  en  glees,  chansons,  nia- 
di'gaux,  élégies  et  cantates;  Londres,  Prestou, 
2  volumes  in-folio. 

LIA'LEY  (Thomas),  fils  aîné  du  précédent, 
naquit  à  Bath,  en  <75fa.  Ses  dispositions  pour  la 
musique  étaient  si  précoces,  qu'à  l'âge  de  huit 
ans  il  exécuta  un  concerto  de  violou  dans  un 
concert  public.  De  si  rapides  progrès  firent 
croire  qu'il  était  destiné  à  devenir  un  artiste  de 
premier  ordre,  et  son  père  l'envoya  à  Londres 
pour  acliever  son  éducation  umsicale  sous  la 
direction  de  Boyca.  En  1770,  il  se  rendit  a 
Florence  pour  continuer  ses  études  de  violon 
près  de  iSardini,  qui  le  prit  en  affection  et  eut 
pour  lui  les  soins  d'un  père.  Ce  fut  dans  celle 
ville  que  le  jeune  Linley,  alors  âgé  de  quatorze 
ans,  se  lia  d'amitié  avec  Mozart,  qui  avait  aussi 
le  même  âge.  De  retour  à  Batli  en  1772,  il  se  fit 
entendre  avec  succès  uans  les  concerts  1 1  les 
oratorios  dirigés  par  son  père.  Dans  l'année  sui- 


3f2 


LINLEY 


vante,  il  écrivit  à  grand  orchestre  et  avec  cliœur 
l'anlienne  Let  God  arlse,  qui  fut  exécutée  à  la 
calhédrale  de  Worcester,  le  8  septembre  1773. 
Associé  dès  ce  moment  aux  travaux  de  son  père, 
il  écrivit  l'ouverture,  un  air  de  l'introduction, 
nne  sérénade  et  le  finale  du  premier  acte  de  La 
Duèijne,  opéra-comique  re(»résenté  à  Covent- 
Garden,  en  1775.  L'année  suivante  il  ajouta  à 
La  Tempête  de  Sliakspeare  un  chœur  d'esprits 
conjurant  l'orage,  et  quelques  autres  morceaux. 
Cette  musique  fut  exécutée  sous  sa  direction  à 
Drury-Lane,  et  obtint  on  brillant  succès.  Mais 
le  plus  beau  de  ses  ouvrages  fut  ime  ode  intitu- 
lée The  Wifches  and  Faines  of  ShaJipeare 
(Les  Sorcières  et  les  fées  de  Shakspeare),  qu'il 
fit  entendre  au  même  théâtre,  en  1776.  Suivant 
les  biographes  anglais,  les  beautés  de  cette  com- 
position ,  oîi  l'on  trouvait  une  ouverture,  des 
chœurs,  duos,  airs,  etc.,  n'étaient  point  infé- 
rieures aux  plus  belles  productions  de  Mozart 
et  de  Purcell  (!).  Après  cet  ouvrage,  le  jeune  Lin- 
ley  ajouta  des  instruments  à  vent  à  l'ancienne 
partition  de  Macbeth,  et  composa  un  oratorio 
intitulé  The  Sonç/  of  Moses,  qui  fut  exécuté  à 
Drury-Lane.  De  si  beaux  commencements  an- 
nonçaient une  brillante  carrière  d'artiste;  mal- 
heureusement une  fin  prématurée  ne  permit  pas 
de  voir  réaliser  de  si  belles  espérances.  Dans 
une  promenade  sur  l'eau,  que  Linley  faisait  avec 
quelques  amis,  la  barque  chavira,  et  il  se  noya, 
le  7  août  1778,  à  l'âge  de  vingt-deux  ans.  Quel- 
ques pièces  de  sa  composition  ont  été  publiées 
avec  les  œuvres  posthumes  de  son  père,  en  un 
recueil,  chez  Preston. 

LIIVLEY  (William),  le  plus  jeune  des  en- 
fants de  Thomas  Linley,  et  frère  du  précédent, 
naquit  à  Bath,  en  1771 .  Il  commença  ses  études 
à  l'école  de  Harrow,  puis  alla  les  terminer  à  la 
maîtrise  de  Saint-Paul  de  Londres.  Son  père  ne 
le  destinait  point  à  la  profession  de  musicien, 
mais  il  voulait  que  tous  ses  enfants  eussent  une 
connaissance  approfondie  de  la  musique,  et  le 
jeune  Linley  fut  placé  sous  la  direction  d'Abel, 
qui  lui  enseigna  le  contrepoint.  On  le  destinait 
à  la  carrière  militaire;  Sheridan  le  présenta  au 
duc  de  Kent,  qui  l'accepta  pour  aide  de  camp  ; 
mais  Fox,  ami  de  sa  famille,  lui  ayant  offert  un 
emploi  plus  avantageux  dans  l'Inde,  il  partit 
pour  Madras  en  1790.  La  fâcheuse  influence  du 
climat  de  cette  colonie  sur  sa  santé  l'obligea  à 
retourner  en  Angleterre  en  1795.  Pendant  son 
séjour  à  Londres  à  cette  époque  il  écrivit  la 
musique  de  deux  opéras-comiques  intitulés  : 
The  Honetj  Moon  (  La  Lune  de  miel  ),  et  Le 
Pavillon.  Ces  ouvrages  furent  représentés  au 
théâtre  de  Drury-Lane,  ainsi  que  les  panto- 


mimes Arlequin  captif,  ou  le  feu  magique, 
et  The  Vorticjer  (Les  Tourbillons),  que  Linley 
écrivit  en  1796.  Rappelé  dans  l'Inde  en  1800,  et 
ne  voulant  plus  y  retourner,  il  donna  sa  démis- 
sion des  places  de  payeur  provincial  de  Vellore  et 
de  sous-trésorier  du  fort  Saint -Georges.  Depuis 
lors,  Linley  a  vécu  alternativement  à  Bath  et  à 
Londres.  Il  est  mort  en  cette  dernière  ville,  le 
6  mai  1835,  dans  la  soixante-quatrième  année 
de  son  âge.  Un  recueil  de  glees  assez  médiocres, 
de  sa  composition,  avait  été  publié  en  1799,  chez 
Preston;  mais  Birchall  en  a  publié,  en  1809, 
une  autre  suite ,  où  l'on  remarque  autant  de 
grâce  dans  la  mélodie  que  d'élégance  dans  l'ac- 
compagnement; et  depuis  lors  il  en  a  paru  deux 
autres  recueils,  également  estimés.  Linley  a  laissé 
en  manuscrit  beaucoup  d'antiennes  et  d'autre 
musique  d'église  qui  a  été  souvent  exécutée  à 
l'abbaye  de  Bath.  On  lui  doit  une  publication 
fort  intéressante  pour  l'histoire  de  l'art  ;  elle 
consiste  en  un  recueil  de  toute  la  musique 
écrite  en  Angleterre  par  les  meilleurs  artistes  de 
toutes  les  époques  pour  les  pièces  de  Shakspeare, 
avec  une  préface  et  de  bonnes  remarques  his- 
toriques. Ce  recueil  a  pour  litre  :  Shakspeare's 
Dramatic  Songs,  in  two  volumes,  coiisisting 
of  ail  the  songs,  duets,  trios,  and  choruses 
in  chauacter,  as  introduced  bij  him  in  his 
varions  dramas;  the  Music  partit)  new  and 
parthj  selccted,  ivith  new  Symphonies  and 
accompaniments  for  the  piano-forte,  from 
the  Works  of  Purcell,  Fielding,  Dr.  JJoijce, 
Narcs,  Ame,  and  Cooke,  MM.  J.  Smith, 
J.-S.  Smith,  Th.  Linley  Jun.  aiid  R.-J.-S. 
Stcrens;  to  which  are  prefixed  a  gênerai  in- 
troduction of  the  subject,  and  explanatory 
remaries  to  each  play  ;  Londres,  Preston,  1816, 
2  vol.  in-fol. 

LINLEY  (François),  né  en  1774,  à  Doncas- 
fer,  dans  le  duché  d'York,  était  aveugle  de 
naissance.  Malgré  sa  cécité,  ses  parents,  dont  la 
position  n'était  point  aisée,  voulurent  lui  donner 
un  état  qui  prit  le  faire  vivre  indépendant,  et  ils 
le  mirent  sous  la  direction  de  Miller,  organiste 
de  Doncaster,  et  auteur  connu  de  plusieurs  ou- 
vrages concernant  l'harmonie.  Après  avoir  ter- 
miné ses  études  de  musique  sous  ce  maître, 
Linley  se  rendit  à  Londres,  où  il  obtint  la  place 
d'organiste  de  la  chapelle  de  Pentonville,  après 
avoir  vaincu  quinze  compétiteurs  dans  un  con- 
cours. Peu  de  temps  après,  il  devint  l'époux 
d'une  jeune  dame,  aveugle  comme  lui,  et  qui 
possédait  des  biens  considérables.  Une  fâclieuse 
fantaisie  poussa  Linley  à  se  faire  éditeur  de  mu- 
sique ;  ses  affaires  se  dérangèrent,  il  fut  pour- 
suivi, et  sa  femme  l'abandonna  dans  cette  triste 


LINLEY  —  LIPAWSKÎ 


313 


situation.  Ses  amis  lui  donnèrent  alors  le  con- 
seil  d'aller  en  Amérique  pour  y  tirer  parti  de 
ses  talents.  Il  y  lut,  dit-on,  bien  accueilli;  néan- 
moins, il  n'y  resta  pas  longtemps.  De  relour  en 
Angleterie  vers  le  milieu  de  1799,  il  mourut,  à 
Doncaster,  au  mois  d'octobrede  l'année  suivante, 
a  l'âge  de  vingt-six  ans.  Ce  musicien  avait  de 
l'instruction  et  a  laissé  quelques  bons  ouvrages. 
On  connaît  sous  son  nom  :  1"  Trois  sonates  pour 
le  piano  avec  accompagnement  de  flûte,  op.  1  ; 
Londres,  Longmann  et  Broderip.  —  2°  Sonate, 
idem,  n"  iO  du  journal  des  pièces  de  clavecin, 
ibid.  —  3°  Introduction  of  the  organ  (Intro- 
duction à  l'art  de  jouer  de  l'orgue)  ;  Londres, 
Ralfe,  in  4".  —  4°  Organ  pièces,  interludes, 
fugues,  etc.  (Collection  de  pièces,  préludes  et 
fugues  pour  l'orgue,  etc.),  op.  6 ,  Londres  ;  chez 
l'auteur.  —  5°  Plusieurs  suites  de  solos  et  de 
duos  pour  lliites.  Gerber,  Liebtenthal  et  M.  F. 
Becker,  ainsi  que  le  Dictionnaire  universel  de 
musique  publié  par  Scliiliing,  ont  pris  tous 
les  Linley  l'un  pour  l'autre,  et  les  ont  môme  con- 
fondus avec  le  violoncelliste  Lindley. 

Lli\TAI\T  (C),  violoniste  et  guitariste,  né 
à  Grenoble,  en  1758,  fit  ses  premières  études  de 
musique  dans  sa  ville  natale,  puis  alla  jeune  à 
Paris,  où  il  reçut  des  leçons  de  violon  de  Ber- 
tlieaume.  Il  eut  pour  maître  de  guitare  Benoit 
Pollet,  qui  jouissait  alors  de  quelque  réputation. 
Après  le  départ  des  chanteurs  italiens  du  théâtre 
Feydeau,  Sageret  ayant  pris  la  direction  de  ce 
théâtre,  Lintant,  qui  était  son  beau-frère,  y  entra 
comme  premier  violon,  sous  la  direction  de  La- 
houssaye  et  de  Blasius;  mais  la  faillite  de  Sa- 
geret, quelques  années  après,  lui  (it  perdre  cette 
place.  Il  vécut  quelque  temps  à  Paris  en  don- 
nant des  leçons  de  gnilare.  Vers  1810,  il  se  (it 
entrepreneur  de  théâtres  dans  les  départements  : 
en  dernier  lieu,  il  eut  la  direction  du. théâtre 
de  Grenoble.  Il  est  mort  en  celte  ville,  le  17 
mars  I8o0,  à  l'âge  de  soixante-douze  ans.  Cet 
artiste  a  publié  de  sa  composition  :  1°  Trois 
quatuors  pour  deux  violons,  alto  et  violoncelle, 
op.  1  ;  Paris,  G.  Gaveaux.  —  2"  Trois  idem, 
liv.  2,  op.  4,  Paris,  Carli.  —  3°  Trois  duos  poiu' 

2  violons,  op.  7;  Paris,  Érard 4"  Trois  duos 

pour  deux  guitares ,  Paris ,  Naderman.  — 
5"  Trois  grandes  sonates  pour  guitare  et  violon; 
Paris,  Porro.  —  6°  Sonates  progressives  pour 
guitare  et  alto;  Paris,  Frey.  — 7°  Plusieurs  re- 
cueils d'airs  variés  et  de  petites  pièces  pour  gui- 
tare. —  8°  Méthode  suivie  d'un  abrégé  des  prin- 
cipes des  accords  fondamentaux  pour  apprendre 
à  faire  un  accompagnement;  Paris,  G.  Gaveaux. 
—  9°  Plusieurs  recueils  de  romances  avec 
accompagnement  de  guitare  ;  Paris ,  Janct. 


LIJVUS,  né  à  Chalcis,  dans  l'Ile  d'Eubée,  fui 
selon  les  fables  grecques,  fds  d'Apollon  et  de 
Terpsichore  ou  d'Euterpe.  Plutarque,  d'après 
Iléraclide  de  Pont,  lui  attribue  l'invention  des 
chants  plaintifs.  Il  passait  pour  avoir  été  le 
maître  de  musique  d'Orphée,  de  Thamyris  et 
d'Hercule.  On  dit  qu'il  reçut  d'Apollon  la  lyre 
à  trois  cordes;  mais  lorsqu'il  voulut  perfection- 
ner cette  invention,  en  substituant  aux  corde.s 
de  lin  celle  de  boyau,  beaucoup  plus  harmo- 
nieuses, le  dieu,  irrité,  lui  ôta  la  vie.  Le  tombeau 
de  Linus  était  honoré  à  Thèbes  dans  une  fête 
lugubre,  appelée  Manéros  (1),  où  l'on  exécutait 
des  chants  plaintifs  qui  portaient  son  nom.  Dans 
le  vrai  sens  mythologique ,  Linos  ou  Linus  était 
l'incarnation  grecque  de  la  musique. 

LIPAWSKY  (Joseph),  pianiste  et  com- 
positeur, naquit  à  Hohenmauth,  en  Bohême,  le 
22  février  1772.  Avant  l'âge  de  sept  ans  il  com- 
mença l'étude  de  la  musique,  d'abord  à  Roke- 
nitz,  ensuite  à  Bernwald,  près  de  Glatz.  Er» 
peu  de  temps  il  surpassa  tous  ses  condisciples. 
Son  goût  passionné  pour  la  musique  lui  faisait 
désirer  de  se  livrer  uniquement  à  l'étude  de  cet 
art;  mais  ses  parents  exigèrent  qu'il  entrât  dans 
un  collège  pour  apprendre  la  langue  latine.  Il 
suivit  d'abord  les  classes  inférieures  à  Leulomis- 
chel  ;  puis  il  acheva  ses  humanités  à  Kœnig- 
gratz.  Ce  fut  dans  ce  lieu  qu'il  eut  pour  maître 
de  clavecin  et  d'orgue  l'habile  organiste  Haas. 
Après  avoir  achevé  son  cours  de  philosophie  à 
Prague,  ii  se  rendit  à  Vienne  pour  étudier  le 
droit;  mais  il  ne  tarda  pas  à  renoncer  à  cette 
science,  et  à  se  livrer  sans  réserve  à  son  pen- 
chant pour  la  musique.  Pasterwitz,  savant  moine 
bénédictin,  lui  enseigna  la  composition,  et  ses 
liaisons  d'amitié  avec  Mozart  et  Wanhall  ache- 
vèrent de  perfectionner  sou  goût.  Comme  pia- 
niste et  comme  compositeur,  il  se  rit  en  peu 
d'années  une  brillante  réputation.  Pendant  deux 
ans,  il  fut  attaché  à  la  famille  du  comte  Tcleky, 
comme  professeur  de  piano  ;  ce  seigneur  lui  fit 
ensuite  obtenir  un  emploi  dans  la  cour  des 
comptes.  Lipawsky  mourut  à  la  (leur  de  l'âge, 
le  7  janvier  1810.  On  connaît  sous  le  nom  de 
cet  artiste  :  1°  Der  gebesserie  Hausteufel  (  Le 
Démon  domestique  corrigé),  imitation  de  l'opéra 
français  Le  Diable  à  quatre.  Cet  ouvrage  a  été 
représenté  à  Kornenbourg,  au  bénéfice  des  pau- 
vres et  des  orphelins.  —  2"  Pie  Nymphen  der 
Silberquelle  (  Les  Nymphes  de  la  Source  argen- 
tée), opéra  joué  avec  succès  au  théâtre  Schika- 

(1)  I.'origine  égyptienne  de  ce  mot  (Mavépw;)  est  évi- 
dente; les  chants  lugubres  des  fêtes  d'Isys  clierchunt  le 
corps  de  so'i  fils  s'appelaient  de  ce  nom. 


314 


LIPAWSKI  —  LIPINSKI 


neder,  à  Vienne.  —  3°  Bernadone,  opéra  re- 
présenté à  Prague.  —  k°  Sonate  pour  piano  et 
violon  ;  Prague,  Wedtmann,  1798.  —  5°  Idem, 
op.  9  ;  ibid.  —  6°  Grande  sonate  pour  piano, 
violon  et  violoncelle,  op.  18;  ibid.  —  7"  Idem, 
op.  11  ;  Vienne,  Steiner  (Hasiinger).  —  8°  Grande 
sonate  pathétique  pour  piano  seul ,  op.  27  ,• 
Leipsick,  Breilkopf  et  Hœrtel.  —  9°  Grande 
sonate  idem,  op.  32  ;  Vienne,  Hasiinger.  — 
10°  Trois  andante  pour  piano  seul,  op.  19; 
ibid.  —  11°  Rondos  idem,  op.  23  et  30;  ibid. 
12°  Fugue  sur  la  marclie  des  Deux  Jour- 
nées, de  Clieriibini,  op.  24;  ibid.  —  13°  Six  fu- 
gues pour  piano  seul,  op.  29  ;  ibid.  —  14°  Beau- 
coup de  thèmes  variés,  polonaises,  menuets,  etc. 
LlPIIXSKl  (Charles)  (1),  violoniste  cé- 
lèbre, est  né  à  Radzyn,  en  l'ologne,  au  mois  de 
novembre  1790.  Son  père,  amateur  distingué  de 
musique,  lui  enseigna  les  premiers  éléments  de 
cet  art  à  l'âge  de  six  ans  ,  et  fut  le  seul  maître  que 
Charles  Lipinski  eut  jamais.  Ses  progrès  furent 
rapides  ;  mais  ils  furent  interrompus  par  les  études 
littéraires  qu'on  lui  (it  faire.  Le  premier  instrument 
qu'il  étudia  fut  le  viohncelle  ;  en  peu  de  temps  il 
parvint  à  jouer  sur  cet  instrument  les  concertos 
de  Romberg.  Son  ami  M.  Ferdinand  Kremes, 
employé  du  gouvernemenl  à  Lemberg,  amateur 
distingué  et  violoncelliste  remarquable,  l'encoura- 
geait dans  ses  efforts  et  faisait  avec  lui  de  la 
musique.  Plus  tard,  Lipinski  abandonna  le  vio- 
loncelle pour  le  violon,  sans  autre  maître  que  lui- 
même,  et  'se  proposant  principalement  d'at- 
teindre thns  son  jeu  la  plus  grande  puissance  de 
son  possible.  Ses  études  constantes  lui  firent  ré- 
soudre ce  pioblème.  i\Iême  à  la  fin  de  sa  car- 
rière, la  bravoure  dans  les  traits  difficiles  et  l'am- 
pleur du  son  étaient  les  qualités  les  plus  remar- 
quables de  son  talent.  Il  n'était  âgé  que  de 
vingt-deux  ans  lorsqu'on  le  choisit,  en.  1812, 
pour  chef  d'oichestre  du  théâtre  de  Lemberg  : 
il  en  remplit  les  fonctions  pendant  deux  ans,  et 
compléta  de  cette  manière  son  instruction  musi- 
cale, en  dirigeant  l'exécution  des  meilleurs  opéras 
allemands,  italiens  et  français.  Pendant  ce  temps, 
son  talent  d'exécution  acquit  tout  son  dévelop- 
pement et  prit  toute  la  largeur  qui  e.st  son  ca- 
ractère distinctif.  En  1814,  l'annonce  qu'il  lut 
dansles  journaux  de  l'arrivée  de  Spohr  à  Vienne 
le  décida  à  s'y  rendre  pour  entendre  ce  maître, 
dont  le  jeu  lui  plut,  dit-on,  beaucoup.  De  retour 
à  Lemberg,  il  donna  sa  démission  de  chef  d'or- 
chestre du  théâtre  pour  se  livrer  en  liberté  à  la 

(I)  Les  corrections  faites  ici  à  l'Ogard  de  quelques  faits 
concernant  la  vie  du  célèbre  violoniste  et  compositeur 
Charles  Lipinski  m'ont  été  indiquées  par  sou  fils,  M.  Gus- 
tave Charles  Lipinski,  docteur  en  droit,  à  Dresde. 


culture  de  son  talent  et  pour  donner  des  con 
certs.  C'est  aussi  à  cette  époque  qu'il  écrivit 
ses  premières  composilions  publiées  à  Leipsick. 
Fink,  qui  a  donné  sur  Lipinski  une  notice  assez 
étendue  dans  le  Lexique  universel  de  musique 
publié  par  Schilling,  rapporte  qu'en  I8l7  le 
violoniste  polonais  ayant  appris  que  Paganini 
commençait  à  fixer  sur  lui  l'attention  publique, 
partit  pour  l'Italie  ,  dans  le  seul  but  de  l'en- 
tendre, donnant  des  concerts  sur  sa  route  et 
jusque  dans  le  nord  de  l'Italie  ;  qu'il  entendit  Pa- 
ganini à  Plaisance,  et  qu'il  lui  fut  présenté; 
que  le  célèbre  artiste  génois  lui  proposa  de  jouer 
des  symphonies  concertantes  dans  des  concerts 
publics,  et  que  tous  deux  y  brillèrent  à  un  égal 
degré.  Dans  la  première  édition  de  la  Biogra- 
phie iLiiiverselle  des  musiciens,  j'ai  élevé  des 
doutes  sur  ce  (ail,  parce  qu'en  1817  Paganini 
était  malade  A  Rome;  mais  suivant  rex[)licalion 
qui  m'a  été  donnée  par  M.  Gustave-Charles 
Lipinski,  lils  du  viituose,  la  contradiction  ne 
provient  que  d'une  faute  d'impression  dans  la 
date  donnée  par  Fink.  En  réalité,  Lipinsk-i  a  joué 
dans  deux  concerts  à  Plaisance  avec  Paganini  ; 
les  alliches  originales  qui  sont  en  la  possession 
de  M.  Gustave-Charles  Lipinski  et  qui  ont  été 
comtnuniquées  à  M.  Furstenau,  aitiste  de  la 
chapelle  royale  de  Dresde,  en  sont  une  preuve 
sans  réplique. 

De  retour  en  Allemagne,  Lipinski  y  donna  des 
concerts  dans  plusieurs  villes,  puis  retourna  à 
Lemberg,  où  il  était  en  !823.  Vers  la  fin  de  la 
même  année  il  se  fit  entendre  à  Kiew,  où  il  obtint 
de  brillants  succès.  En  182.5  il  était  à  Pétersbourg; 
il  y  donna,  au  mois  de  juin,  un  concert  dans  la 
grande  salle  de  la  redoute,  où  avant  lui  aucun 
artiste  ne  s'était  fait  entendre.  Liszt  est  le  seul  qui 
après  lui  ait  tenté  celte  épreuve  avec  succès. 
A  l'époque  du  couronnement  de  l'empereur  Ni- 
colas à  Varsovie,  et  dans  le  moment  même  où 
Paganini  donnait  des  concerts  avec  son  succè.> 
accoutumé,  Lipinski  en  donna  un  le  5  juin  ai 
grand  théâtre,  et  y  excita  l'enthousiasme  de  ma- 
nière à  soutenir  le  parallèle  avec  son  prodigieux 
émule  dans  l'opinion  publique.  On  peut  voir  dans 
la  Gazette  de  Berlin  rédigée  par  Voss  (juin  et 
juillet  1829)  des  relations  de  ce  concert  et  de 
l'effet  produit  par  l'artiste  polonais.  On  retrouve 
celui-ci  à  Leipsick  et  à  Francfort  en  1835.  Dans 
l'année  suivante  il  fit  un  voyage  à  Paris  et  à 
Londres.  De  retour  en  Allemagne,  il  se  rendit  à 
Vienne,  et  y  donna,  pendant  les  mois  de  mai  et 
juin  1837,  dans  la  grande  salle  de  la  redoute, 
quatre  concerts,  où  son  talent  produisit  la  plus 
vive  impression.  Il  ne  s'éloigna  de  cette  ville  que 
pour  retourner  à  Lemberg,  où  il  ne  s'arrêta  que 


LIPINSKl  —  LIPOWSKI 


315 


quelques  mois,  puis  il  Ira  versa  la  Pologne  et  en- 
treprit son  second  voyage  en  Russie.  Pendant 
riiiver  de  1838-1839,  il  se  fit  entendre  de  nou- 
veau à  Pétersbourg  et  à  Moscou,  oii  il  <lonna  plu- 
sieurs concerts  au  grand  théâtre  de  l'Opéra  im- 
périal. Le  l*""  juillet  1839  11  se  fixa  à  Dresde  en 
(|ualité  de  premier  maître  de  concerts  de  la  cour 
et  de  la  chapelle  royale  de  Saxe.  A  l'époque  de 
mon  premier  séjour  à  Dresde  (1849),  je  fis  la 
connaissance  de  cet  artiste  intéressant,  et  je  le 
trouvai  plein  de  feu  et  d'enthousiasme  pour  l'art, 
bien  qu'il  touchât  à  sa  soixantième  annre.  Eu 
1854,  le  feu  roi  Frédéric-Auguste  le  nomma  che- 
valier de  l'Ordre  d'Albert  <ie  Saxe,  en  récompense 
de  son  mérite  et  de  ses  services. 

Les  compositions  publiées  de  Lipinski  sont  : 
1°  Variations  pour  violon  et  orchestre,  op.  5  ; 
Leipsick,  Breilkopf  et  Hœrtel.  —  2"  Deux  polo- 
naises idem,  op.  6;  ibid.  —  3"  Rondo  alla  po- 
lacca,  idem,  op.  7;  ibid.  —  4"  Sicilienne  variée 
pour  violon  et  quatuor,  op.  3;  Leipsick,  Pelers. 

—  5°  Variations  idem,  op.  4  ;  ibid.  —  0°  Trois 
polonaises  idem,  op.  9;  Leipsick,  Breilkopf  et 
Hœrtel.  —  7°  Trio  pour  2  violons  et  violoncelle, 
op.  8  ;  ibid  —  8°  Deux  caprices  pour  violon  seul, 
avec  accompagnement  de  basse,  op.  2;  Leipsick, 
Pelers.  —  9"  Trois  idem,  op.  10;  Leipsick, 
Probst.  —  10°  Trio  pour  deux  violons  et  violon- 
celle, op.  12;  Leipsick,  Peters.  —  1 1°  Variations 
avec  accompagnement  de  piano,  op.  11  et  15;ibid. 

—  12°  Rondo  alla polacca  avec  piano,  op.  13; 
Vienne,  Haslinger.  —  13"Rondode  concert  pour 

violon  et  orchestre,  op.  18;  Leipsick,  Peters 

14°  Rondo  alla  polacca  idem,  op.  17;  ibid.  — 
15°!''' Concerto  idem  (en  /'«dièse  mineur)  op.  14; 
ibid.  —  IG'  Concerto  militaire  idem  (en  ré), 
op.  21  ;  Leipsick,  Breilkopf  et  Hœrlel.  —  17°  3é"ic 
concerto  idem  (en  mi  mineur),  op.  2i  ;  Leipsick, 
Hofmeister.  —  18"  Variations  idem  sur  la  cava- 
tine  du  Barbier  de  Séville  (Ecco  ridente  il 
cielo),  op.  20  ;  Leipsick,  Breitkopf  et  Hœrlel.  — 
19°  Varialions.de  bravoure  idem  (en  l'é),  op  22; 
Leipsick,  Peters.  —  20°  Adagio  elcgiaco  à  l'usage 
des  concerts  idem  (  en  mi  )  :  Berlin,  Schlesinger. 

21°  Fantaisie  et  variations  idem  sur  des  motifs 

des  Hiigue7wts{en  mi),  op.  26  ;  ibid.  —  22°  liémi- 
niiccnces  des  Puritains,  grande  fantaisie  idem, 
op.  28;  Leipsick,  Brei Ikopf  et  Hœrtel.  —  23°4è"ne 
concerto  idem  (en  la),  op.  32  ;  Leipsick,  Hofmeis- 
ter. —  24°  Fantaisie  idem  (sur  des  motifs  de 
de  l'opéra  de  Steffani  :  Les  Cracovicns),  op.  33; 
ibid.  —  25°  Trois  caprices  pour  violon  seul, 
op.  29;  Hambourg,  Schuberth.  On  doit  aussi 
à  Lipinski  une  mtéressante  collection  de  chants  po- 
pulaires delà  Galicie  (ancienne  PeUtePologné) ,  au 
nombre  de  169,  avec  accompagnement  de  piano: 


Celle  publication,  faite  avec  le  savant  litléralenr 
polonais  Venceslas  Zalewski,  a  pour  titre  :  Piesni 
polskie  i  ruskie  ludii  Galicijiskiego  s  musyka 
instrunieiitowana;  Lemberg,  Piller,  1834,2  vol. 
gr.  in-s°. 

LIPOWSKI  (TnAnÉE  Ferdinand),  né  à 
Saint-Martin  en  Bavière,  le  28  décembre  en  1738, 
commença  ses  études  à  Pas.sau,  puis  suivit  à 
Sal/.bourg  des  cours  de  philosophie,  de  mathé- 
matiques et  de  droit.  Son  éducation  musicale  se 
lit  en  même  temps  que  son  éducation  littéraire  et 
scientilique  ;  il  apprit  en  peu  d'années  à  bien  jouer 
(lu  clavecin,  du  violon  et  du  basson.  Le  violon 
fut  surtout  l'instrument  qu'il  cultiva  avec  succès. 
Léopold  Mozart,  père  de  l'immortel  compositeur, 
lui  enseigna  aussi  l'harmonie  et  le  contrepoint. 
Son  premier  ouvrage  fut  un  opéra  en  langue  la- 
tine, intitulé  :  Musx  in  Parnasse  Salisbur- 
gensi.  Les  étudiants  de  l'université  le  représen- 
tèrent en  1759,  pour  la  fête  du  prince  évêque. 
L'année  suivante  Lipowski  alla  terminer  son 
cours  de  droit  à  l'université  d'Ingolstadt.  De  re- 
tour à  Munich,  il  s'y  fit  connaître  par  son  talent 
distingué  sur  le  violon.  En  17C3,  il  fut  nommé 
conseiller  de  justice  à  Weissensteig,  en  Souabe 
(maintenant  au  royaume  de  Wurtemberg).  H  y 
avait  en  ce  lieu  un  cliapilre  de  chanoines  séculiers 
de  Saint-Cyriaque,  où  se  trouvaient  beaucoup  de 
bons  musiciens  et  un  chœur  bien  organisé  ;  cette 
circonstanceexcita  lezèle  le  Lipowski,  qui  écrivit 
en  peu  d'années  des  messes,  litanies,  offertoires, 
symphonies,  concertos,  quatuors,  trios,  etc.  Dans 
im  voyage  qu'il  fit  à  Munich  il  joua  un  concerto 
de  violon  chez  le  prince  électoral  Maximilien  III, 
qui,  charmé  de  son  talent,  le  fit  nommer  con- 
seiller de  la  cour  à  Munich  et  administraten." 
des  droits  de  brasserie;  mais  au  moment  où  il 
allait  prendre  possession  de  ses  nouveaux  em- 
plois, une  fièvre  cérébrale  le  conthiisit  au  tom- 
beau, le  18  mars  1767.  Peu  de  jours  avant  sa  • 
mort,  il  avait  achevé  une  messe  de  Requiem,  qui 
fut  exécutée  à  ses  obsèques,  et  dont  le  manuscrit 
a  été  conservé  au  chapitre  deSaint-Cyriac. 

LIPOXATSKI  (Félix-Joseph),  fils  du  pré- 
cédent, né  à  Weissensteig,  en  1765,  s'est  fait  con- 
naître comme  un  des  écrivains  les  plus  féconds 
de  la  Bavière.  Il  s'est  exercé  sur  toutes  sortes  de 
sujets,  mais  surtout  sur  des  points  d'histoire, 
de  littérature,  d'arts  et  de  sciences,  relatifs  à  son 
pays.  Fixé  à  Munich  dès  son  enfance,  il  y  a  pu- 
blié tous  ses  ouvrages.  Le  premier  a  paru  en  1794  ; 
le  dernier  en  1831.  Au  nombre  de  ses  écrits,  on 
trouve  un  dictionnaire  historique  des  musiciens 
de  la  Bavière,  intitulé  :  Baierische  Musik-Lexi- 
kon;  Munich,  Giel,  1811,  1  vol.  in-8".  Ce  livre 
paraît  avoir  été  fait  avec  précipitation  ;  néanmoins 


316 


LII^OWSKI  —  LIROU 


on   y   trouve  quelques  ren<?eignements  utiles. 

LIPPARINI  (Le  p.  Guillaijme),  moine 
augustin,  né  à  Bologne,  vers  la  fin  du  seizième 
siècle,  fut  maître  de  chapelle  de  l'église  cathédrale 
de  Como.  Il  vivait  encore  en  1637,  car  il  puhlia 
dans  cette  année  son  œuvre  quatorzième.  On  con- 
naît sous  son  nom  :  1°  Ilprimo  libro  de  moletti 
a  7,  8  e  15  voci  ;  Venezia  per  il  Roveri,  1609, 
in-4°.  —  T  Madrigali  a  chique  voci  ;  ibid., 
1614. —  3"  Messe  a  8  e  9  voci  ;  ibid.  — 4"  Leta- 
nie  délia  B.  Virgine  a  1,  2,  3  voci  con  il  basso 
per  l'onjano;  ibid,  1623,  in-4° —  h°Sacri  laudi 
a  3,  4,  5,  8  voci,  op.  J2;  Venezia,  per  il  Vin- 
centi,  1634,  in-4°.  —6»  Sacri  concerli  a  1,2, 
3,  4  voci  con  leianie  e  sonate,  op.  13;  ibid., 
1635,  in-4°.  —  7*>  Salmi  concertati  a  8  voci 
con  l'organo,  op.  14;  ibid.,  1637,  in-4'.  — 
8"  Sacri  concerti  a  4,  5,  6,  8,  10  voci.  lib.  2  ; 
ibid.,  1637,  in-4°. 

LIPPIUS  (Jean),  docteur  et  professeur  de 
théologie  à  Strasbourg,  né  dans  cette  ville,  le 
24  juin  1585,  étudia  d'abord  à  l'université  de 
Wittenberg,  puis  à  Jéna,  et  enfin  à  Giessen,  où 
il  fut  gradué  docteur.  Il  mourut  à  Spire,  le  24  sep- 
tembre 1612,  au  retour  d'un  voyage  qu'il  avait 
fait  à  Giessen,  et  lorsqu'il  allait  prendre  posses- 
sion de  sa  chaire  dans  sa  ville  natale.  Lippius 
soutint  à  Wittenberg  une  thèse  sur  la  théorie 
des  intervalles  de  la  gamme,  qui  a  été  imprimée 
sous  le  titre  de  :  Disputatio  de  musica,  Witte- 
bergse,  1609,  8  pages  in-4''.  Cette  dissertation  fut 
suivie  de  deux  autres  sur  le  même  sujet,  impri- 
mées dans  la  même  ville,  en  1609  et  1610.  La 
deuxième  dissertation  forme  deu\  feuilles  et  de- 
mie, et  la  troisième,  quatre  feuilles.  Lippius  les 
réunit  ensuite,  elles  publia,  lorsqu'il  était  à  l'u- 
niversité de  Jéna,  avecle titre  suivant  :  Themafa 
musica,  ut  multls  forte  paradoxa,  ita  hoc 
maxime  sscculo  notanda  et  a  Musophilis  pu- 
'  blice  discutienda  atque  explicanda,  exhibens. 
Jéna,  1010,  in-4''.  Il  y  établit  que  la  musique  n'est 
point  une  science  métaphysique  (Musica  non  est 
scientia  me(aphîjsica),el  qu'elle  n'est  pas  préci- 
sément physique,  parce  que  le  son,  bien  que  chose 
naturelle,  n'est  pas  un  corps  :  do7ic  (ajoute-t-il) 
elle  est  mathématique.  Cette  opinion  erronée 
a  été  reproduite  après  Lippius  par  la  plupart  des 
géomètres.  11  y  ajouta  ensuite  un  supplément  in- 
titulé :  Themata  fonfem  omnium  errantium 
viusicoium  operantia,  etc.,  Jéna,  1611,  in-4''. 
Il  est  vraisemblable  que  celte  dernière  disserta- 
tion est  la  même  qui  est  citée  par  AiValther  dans 
son  Lexique  de  musique  sous  ce  titre  y  Brevicu- 
lum  errorum  musicorum  veterum  et  reccn- 
tiorum.  Toutes  ces  pièces  sont  de  la  plus  grande 
rareté;    mais  nul  doute  que  toute    la  doctrine 


qu'elles  renferment  a  été  reproduite  par  Lippius 
dans  son  livre  intitulé  :  Synopsis  m  iisicœ  novw- 
omnino  verx  atque  methodiccv  universic,  in 
omnis  sophix  fjrxgustum  TiapspYto;  inventx, 
disputatx  et  propositx  otmiibus  philomusis; 
Strasbourg,  Paul  Ledertz,  1612,  in-S".  L'épître 
dédicatoire  est  datée  du  dimanche  de  Lxtare 
1612.  A  la  fin  de  l'ouvrage,  on  trouve  huit  vers 
à  la  louange  de  Lippius,  par  Calwitz  ou  Calvi- 
sius.  Le  livre  de  Lippius  est  une  doctrine  com- 
plète des  proportions  musicales  et  de  la  théorie 
mathématique  de  la  musique.  On  peut  le  consi- 
dérer comme  un  bon  ouvrage  pour  le  temps  où 
il  a  été  écrit.  Gerber  a  fait  une  de  ses  bévues 
ordinaires  en  disant  que  la  première  édition  de 
ce  livre  a  paru  en  1592,  quoiqu'il  eût  donné  lui- 
même  la  date  de  1585  pour  celle  de  la  naissance 
de  Lippius;  en  sorte  que  ce  savant  aurait  été 
âgé  de  sept  ans  lorsqu'il  aurait  publié  son  livre. 
On  a  aussi  de  Lippius  un  écrit  intitulé  :  Philo- 
sophix  verxflc  sincerx  in  qiiibus  continen- 
tur:  1°  Prxparatio  per  musicam,  2"  Perfectio 
interior  realis  per  melaphysicam,  rationalis 
per  logicam,  exterior  realis  perethicam,  etc.; 
Strasbourg,  1612,  in-s".  Erfurt,  1614,  in-12.  Ce 
qui  concerne  la  musique  dans  cet  ouvrage  forme 
cinq  feuilles  d'impression. 

LIPPRAIVD(Jean),  organiste  à  Rudolstadf, 
vers  le  milieu  du  dix-septième  siècle,  a  mis  en 
musique  à  quatre  voix  une  ode  funèbre  sur  la 
mort  du  fils  du  bourgmestre  de  celle  ville.  Elle 
est  imprimée  à  la  suite  d'un  éloge  historique  de 
ce  jeune  homme;  Rudolstadt,  1669,  in-4°. 

LIROU  (JeaivFrançois  ESPIC,  chevalier 
DE),  né  à  Paris,  en  1740,  entra  dans  les  mous- 
quetaires du  roi,  et  fut  décoré  de  la  croix  de  Saint- 
Louis.  Amateur  passionné  de  musique  et  de 
poésie,  il  composa  la  Marche  des  mousque- 
taires,  qui  fut  exécutée  pour  la  première  fois  à 
la  revue  de  la  plaine  des  Sablons  en  1767,  et  qui 
a  continué  d'être  jouée  à  la  tête  de  ce  corps  jus- 
qu'à la  révolution  de  1789.  Louis  XV  paraissait 
avoir  du  goût  pour  ce  morceau,  et  demandait 
souvent  la  marche  de  son  mousquetaire.  M.  de 
Lirou  écrivit  aussi  les  livrets  de  plusieurs  opéras, 
entre  autres  Diane  et  Endymion,  mis  en  mu- 
sique par  Piccinni,  et  représenté  à  l'Opéra,  en 
1784,  Théagéneet  Chariclée,  et  Jason,  présentés 
au  jury  du  même  théâtre,  mais  non  reçus.  L'ou- 
vrage le  plus  important  du  chevalier  de  Lirou 
est  un  livre  intitulé  :  Explication  du  système  de 
l'harmonie,  pour  abréger  l'élude  de  la  com- 
posiiion,  et  accorder  la  pratique  avec  la  théo- 
rie; Londres  (Paris),  1785,  1  vol.  in-8°  L'auteur 
de  cet  ouvrage  est  le  premier  écrivain  français 
qui,  daiis  un  livre  sur  l'harmonie,  se  soit  séparé 


LIROU  —  LISTE 


•17 


coniplclemenl  du  système  de  la  basse  fondamen- 
tale de  Rameau,  pour  cheiclier  les  lois  de  suc- 
cession des  accords  dans  les  rapports  de  tonalité, 
qui  sont  en  effet  les  bases  certaines  de  toute 
musique.  Malheureusement  les  idées  do  Lirou 
manquaient  de  netteté  à  l'égard  de  ce  critérium 
de  la  science.  Au  lieu  de  chercher  le  principe  de 
la  tonalité  des  sons  par  ordre  de  suKcession,  il  a 
pris  son  point  de  départ  dans  la  résonnance  har- 
monique des  corps  sonores,  supposée  uniforme. 
Vt,  dil-il,  produit  «i/,  sol;  sol  engendre  si,  ré; 
de  plus,  nt  |ieut  être  considéré  comme  quinte 
\àefa,  d'où  fa, la,  ut.  Ainsi,  tt^étant  placé  comme 
intermédiaire,  on  trouve  dans  les  résonnances 
harmoniques  de  fa,  d'w^  et  de  sol,  la  suite  de 
sons  mi,  fa,  sol,  la,  si,  ut ,  ré,  mi,  qui  ren- 
ferme tous  les  intervalles  de  notre  gamme  ma- 
jeure, et  qui  correspondent  au  deux  tétracordes 
de  la  musique  grecque  mi,  fa,  sol,  la  ;  si,  ut, 
ré,  mi.  Et  parce  que  par  un  procédé  tout  arbi- 
traire et  mécanique  il  est  parvenu  à  trouver  les 
notes  qui  composent  la  gamme,  il  croit  avoir 
une  tonalité,  et  se  persuade  qu'il  ne  s'agit  que  de 
changer  la  disposition  de  ces  notes,  en  commen- 
çant par  ut  au  lieu  de  mi.  Il  ne  sait  pas  que  toute 
la  difficulté  est  précisément  dans  la  détermina- 
tion de  la  [iremière  note  de  l'échelle.  Arrivé  à 
ce  résultat,  il  dispose  les  notes  en  un  cercle  qui 
lui  représente  les  deux  progressions  ascendante 
et  descendante  «<,  7n?,  sol,  si,  ré,  fa,  la,  et  ut, 
la,  fa,  ré,  si,  sol,  mi,  qu  il  considère  comme 
bases  de  toutes  les  constructions  d'accords,  de 
toutes  les  successions  harmoniques,  des  modes 
et  de  la  motlulation.  L'exposé  de  ce  début  du 
système  suffît  pour  indiquer  ce  qu'on  doit  atten- 
dre d'une  théorie  d'harmonie  fondée  sur  de 
telles  bases.  Le  chevalier  de  Lirou  est  mort 
à  Paris,  en  1806,  d'une  goutte  remontée. 

LIS  (Chaules-Auguste)  ,  compositeur  ama- 
teur, naquit  à  Bruxelles,  le  premier  juillet  1784. 
Fils  d'un  riche  négociant  de  cette  ville,  il  était 
destiné  à  suivre  la  carrière  du  commerce;  mais 
des  spéculations  malheureuses  de  son  père  ayant 
anéanti  sa  fortune,  Charles  Lis  fut  obligé  d'accep- 
ter une  place  dans  l'administration  des  finances 
du  royaume  des  Pays  Bas,  et  alla  à  Amsterdam 
occuper  cet  emploi,  depuis  1814  jusqu'ai  1831. 
De  retour  à  Bruxelles,  après  la  révolution  qui 
sépara  la  Belgique  de  la  Hollande,  il  entra  dans 
les  bureaux  du  ministère  des  finances,  et  il  y 
fut  employé  jusqu'à  sa  mort,  qui  arriva  le  28  juin 
1845.  Lis  avait  appris  la  musique  dans  son  en- 
fance :  dès  l'âge  de  vingt  ans  il  composa  des  ro- 
mances charmantes,  qui  eurent  un  succès  de  vogue. 
Parmi  ces  pièces  légères  on  remarque  celles  qui 
commencent  par  tes  mots  :  Portrait  charmant. 


portrait  de  mon  amie;  Fleuve  du  Tage  ; 
Non,  je  ne  l'aime  pas,  etc.  On  trouve  une 
notice  sur  cet  amateur  distingué,  par  M.  Ar- 
thur de  Mornay,  dans  le  Fsécrologe  universel 
du  dix-huitième  siècle  (Paris,  année  1846, 
in-8°). 

LISCOYIUS  ou  LISIÎOVIUS  (  Cuaules- 
Friîdékic-Salomon),  docteur  en  médecine  et  mé- 
decin praticien  à  Leipsick  ,  est  ne  dans  cette 
ville,  le  8  novembre  1780.  Il  a  publié  une  disser- 
tation concernant  la  théorie  de  la  voix,  sous  ce 
titre  :  Dissertatio philologica  sislens  theoriam 
vocis;  Leipsick,  1814,  in-S"  de  70  pages.  Dans  la 
môme  année,  il  en  a  donné  une  traduction  alle- 
mande intitulée  :  Thoric  der  Stimme;  Leipsick, 
Breitkopf  et  Hœrtel,  in-8'*  de  lOS  pages,  avec  une 
planche  représentant  les  détails  de  l'appareil 
vocal.  Dans  ce  petit  ouvrage ,  Liscovius  se  livre 
à  l'examen  des  théories  de  la  voix  humaine  de 
Ferrein ,  de  Chiadni,  de  Cuvier  et  de  Bur- 
dach;  puis  il  présente  son  propre  système, 
qui  consiste  à  considérer  l'organe  comme  produi- 
sant de  certains  sons  par  l'action  de  ce  que  Fer- 
rein  a  appelé  les  cordes  vocales ,  c'est-à-dire 
par  les  ligaments  de  la  glotte,  et  d'autres  par  le 
brisement  de  l'air  sur  les  bords  de  l'ouverture  du 
larynx.  Il  examine  avec  soin  les  divers  phéno- 
mènes du  mécanisme  de  la  voix,  dans  la  parole 
et  dans  ie  chant,  les  causes  probables  de  la  di- 
versité qu'où  remarque  dans  cet  organe,  et  les 
influences  auxquelles  il  est  soumis.  Il  traite  aussi 
de  la  voix  chez  les  oiseaux  et  les  animaux  amphi- 
bies ;  enfin,  la  dernière  partie  de  l'ouyrage  est  re- 
lative à  l'hygiène  de  la  voix.  Une  analyse  de  la 
dissertation  de  M.  Liscovius  par  le  docteur  Hell- 
wig  a  été  donnée  dans  les  volumes  16*'  et  18'^ 
de  la  Gazette  musicale  de  Leipsick.  Liscovius 
a  publié  aussi  des  remar(iues  sur  l'hypothèse 
physico-acoustique  de  GotttVied  Weber,  concer- 
nant la  voix  humaine,  dans  le  4c  volume  de  l'é- 
crit périodique  intitulé  Cxcilia,  p.  161-166. 

LISSIEUX  (...),  facteur  d'instruments  à 
vent,  établi  à  Lyon,  vers  1660,  était  renommé 
pour  la  bonté  de  ses  musettes  et  de  ses  hautbois 
(  voyez  le  Traité  de  la  Musette,  de  Borjon, 
page  39). 

LISTE  (Antoine),  chanteur,  |)ianiste  et 
compositeur,  né  à  Hildcsheim,  en  1774,  fit  ses 
études  à  Vienne,  et  fut,  dit-on,  d'abord  élève 
de  Mozart,  puis  d'Albrechtsberger.  En  quittant 
l'école  de  ce  dernier,  il  entra  chez  le  comte 
Westphal  en  qualité  de  maître  de  musique  de  Ta 
famille  de  ce  seigneur.  En  1804  il  vivait  sans 
emploi  àHeidelberg;  c'est  là  qu'il  commença  à  se 
faire  connaître  par  deux  sonates  pour  le  piano, 
qui  ont  été  publiées  dans  le  9c  cahier  du  Réper- 


318 


LISTE  ~  LISZT 


toire  des  clavecinistes,  par  Nsegeli.  De  Heidel- 
berg,  Liste  se  rendit  à  Zuricli-,  où  il  parait  s'être 
fixé.  Il  y  vivait  encore  en  1828.  Les  ouvrages 
les  plus  connus  de  cet  artiste  distingué  sont  : 
1°  Grand  concerto  pour  piano  en  forme  de  fan- 
taisie, op.  13  ;  Leipsick,  Breitkopf  et  Haerlel.  — 
2°  Grande,  sonate  pour  piano  et  basson  ou  violon- 
celle, op.  3  ;  Zuricb,  Hug.  —  3°  Grande  sonate 
pour  piano  à  4  mains,  op.  2;  Leipsick,  Breitkopf 
elHîcrtel.  — 4°  Sonates  pour  piano  seul,  op.  1,6, 
8  et  12  ;  Zuricb  et  Leipsick.  —  5°  Pièces  carac- 
téristiques pour  piano,  op.  10  ;  Leipsick,  Hofmeis- 
ter.  —  b"  Variations  sur  le  thème  :  Nice,  se  più 
non  m'ami,  op.  7  ;  Leipsick,  Breitkopfet  Hœrlel. 
—  7°  Chansons  allemandes,  op.  17,  liv.  1  et  2; 
Bonn,  Simrock. 

LISTEIMUS  (Nicolas),  écrivain  sur  la  mu- 
sique, naquit  à  Brandebourg,  au  commencement 
du  seizième  siècle.  Cette  circonstance  de  sa  vie 
€st  la  seule  connue:  elle  serait  vraisemblablement 
ignorée  si  Listenius  n'en  avait  fait  mention  dans 
J'épitre  dédicatoire  du  livre  qu'il  a  publié.  Cet 
ouvrage,  qui  renferme  un  traité  élémentaire  de 
musique  à  l'usage  des  écoles  primaires ,  parut 
la  première  fois  sous  ce  tilre  :  Rudimenta  mu- 
sicse,  in  gratiam  studiosx  juvenfufis  diligenter 
comportai  a;  Wiftenbcrg,  Rhau,  15  J,  iu-8"  de 
six  feuilles.  Feu  de  livres  ont  été  aussi  souvent 
réimprimés  que  celui-là  :  Gerber  porte  à  dix- 
sept  le  nombre  des  éditions  qu'on  en  a  faites,  et 
avoue  qu'il  ne  les  connaît  vraisemblablement 
pas  toutes.  Il  est  vrai  que  j'en  ai  vu  quelques- 
unes  qu'il  ne  cite  pas,  et  peut-être  y  en  a-t-il 
d'autres  encore.  La  deuxième  édition  a  paru  en 
1536,  chez  le  môme  Georges  R-hau  ou  Hliaw,  à 
Wittenberg.  Ou  en  trouve  un  exemplaire  à  la 
bibliothèque  royale  de  Berlin,  et  j'en  possèle 
un  de  la  même  date.  En  1539,  le  même  édi- 
teur en  a  donné  une  autre,  intitulée  :  Musica 
ISicolai  Listenii,  ab  authore  deniio  recognita, 
multisque  novis  regulis  et  exemplis  adaucta. 
Petit,  m-8°  de  6  feuilles.  Toutes  les  autres  édi- 
tions imprimées  chez  Rhau  en  1542,  1544,  et 
1554,  ont  le  même  titre,  qui  a  été  copié  aussi 
dans  une  réimpression  faite  à  Leipsick,  en  1554, 
par  Georges  Hantsch.  Il  en  est  de  même  de  celles 
qui  ont  été  imprimées  à  Leipsick,  chez  Michel 
Blum,  en  1543,  1546  et  1553.  Ce  même  titre  se 
trouve  aussi  en  tôle  d'une  autre  édition  qui  m'a 
été  indiquée  par  le  savant  M.  Gaspari,  de  Bologne, 
mais  avec  une  addition  à  la  fin.  Ce  litre  est  : 
Musica  Nicolai  Listenii ,  denuo  recognita 
multisque  novis  regulis  et  exemplis  aucta, 
ne  correctius  quant  antea  édita.  Noribergx 
exciidebat  Theodoricus  Gerlatzenus  j  1569, 
petit  in-8°.  Celte  même  édition  a  été  reproduite 


en  1570,  avec  un  autre  frontispice.  La  quatrième 
édition  a  pour  litre  :  Nicolai  Listenii  Rudi- 
menta musicT,  ab  authore  aucta  et  reco- 
gnita; Noribergœ,  apud.  Joan.  Pefreium,,  1540, 
in-8°.  Les  autres  éditions  publiées  par  le  même 
imprimeur  en  1544,  1549,  1553, 1577,  et  «liez  ses 
héritiers,  1588  et  1600,  toutes  in-8°,  sont  sim- 
plement intitulées  :  Musica  Nie.  Listenii  ab  au- 
thore recognita  et  aucta.  Enfin,  il  y  en  a  une, 
sans  date,  publiée  à  Francfort-sur-l'Oder,  et  ime 
autre  imprimée  à  Breslau,  en  1573,  dont  Hol- 
mann  a  donné  la  description  dans  son  livre  sur 
les  musiciens  de  la  Silésie  {voyez  Hol'mann).  La 
bibliothèque  royale  de  Berlin  possède  une  édi- 
tion donnéeà  Leipsick,  en  1559  :  j'ignore  le  nom 
de  l'imprimeur.  M.  Charles-Ferdinand  Becker  a  un 
exemplaire  d'une  édition  imprimée  à  Nuremberg, 
sans  date,  et  une  autre  édition,  également  sans 
date,  de  Francfort-sur-le-Mein.  La  simplicité  du 
style  de  Listenius  et  la  clarté  de  ses  définitions  ont 
été  vraisemblablement  les  causes  principales  du 
succès  de  son  livre. 

LISTOiV  (Henki),  ecclésiastique  éco.ssais, 
ministre  de  l'église  unique  du  comté  de  Lin- 
lithgow  et  de  la  ville  de  ce  nom,  près  d'Edim- 
bourg, vécut  au  commencement  de  ce  siècle. 
En  1811  ,  il  soumit  à  l'examen  de  William 
Shield,  de  Samuel  Wesley,  de  J.  Davy  et  de 
Greatorex,  un  orgue  de  son  invention,  auquel  il 
donnait  le  nom  d'enharmonique,  et  qui  avait 
été  construit  par  un  facteur  de  Londres,  sous 
sa  direction.  Ces  artistes  approuvèrent  le  système 
de  cet  instrument ,  le  considérant  comme  un 
progrès,  particulièrement  en  ce  qui  concerne  les 
moyens  de  fixer  la  justesse  la  plus  satisfaisante. 
Quelques  mois  après,  le  révérend  Liston  pu- 
blia un  traité  sur  l'intonation,  avec  im  grand 
nombre  d'exercices,  sous  ce  titre  :  An  Essag 
on  perfect  intonation  ,•  Edimbourg,  Peler  Hill; 
Londres,  Longman,  I8i2,  1  vol.  in-4°.  Cet  ou- 
vrage a  pour  objet  de  faire  connaître  les  avan- 
tages de  l'orgue  enharmonique  pour  la  perfec- 
tion des  intonations  dans  le  chant. 

LISZT  (Fkançois  ou  Franz),  l'un  des  ar- 
tistes les  plus  extraordinaires  de  notre  temps, 
n'a  été  considéré  dans  la  première  édition  de  la 
Biographie  universelle  des  musiciens  qu'au 
point  de  vue  de  son  talent  de  pianiste  :  vingt- 
deux  aimées  se  sont  écoulées  depuis  lors;  dans 
cet  intervalle,  Liszt  s'est  ouvert  une  carrière 
nouvelle,  et  j'ai  à  parler  de  lui  non-seulement  pour 
les  prodiges  de  son  exécution,  mais  pour  ses  tra- 
vaux de  maître  de  chapelle,  et  pour  ses  entre- 
prises de  transformation  de  l'art  dans  la  compo- 
sition symphonique.  De  plus,  il  me  faudra  le 
suivre  aussi  dans  ses  travaux  de  littérature  ;  car 


LISZT 


31!) 


sa  vigoureuse  organisation  intellectuelle  a  saisi 
l'art  sous  tous  ses  aspects. 

Liszt  est  né  le  Tl  octobre  1811,  à  Rœding  (1), 
village  de  la  Hongrie,  non  loin  de  Pestli.  Son 
père,  employé  dans  l'administration  des  l)iens  du 
prince  Esterhazy,  était  bon  musicien  et  jouait 
avecli^ileté  de  plusieurs  instruments.  Le  prince 
employait  ses  talents  dans  sa  chapelle;  ce  fut  là 
(in'Adam  Liszt  se  lia  d'amitié  avec  Haydn,  (jui 
mou  rut  deux  ans  avant  la  naissance  de  son  fils.  Dans 
sa  sixième  année  le  jeune  Liszt  montra  ses  heu- 
reuses dispositions  pour  la  musique,  en  écou- 
tant attentivement  son  père  qui  exécutait  sur  le 
piano  le  concerto  de  Ries  en  ut  dièse  mineur, 
dont  il  chanta  le  même  soir  le  thème  et  les  prin- 
cipales mélodies.  Dès  ce  moment,  on  le  mit  à 
l'étude  du  piano.  Les  tendances  de  son  esprit 
vers  le  recueillement  mélancolique  commencè- 
rent à  se  manifester  \m  [leu  plus  tard,  par  le 
goût  passionné  qu'il  prit  à  la  lecture  du  René  de 
RI.  de  Chateaubriand.  Pendant  près  de  six  mois, 
ce  livre  ne  sortit  pas  de  ses  mains,  et  souvent 
on  le  trouva  les  yeux  baignés  de  larmes  pendant 
sa  leclsire.  A  l'âge  de  neuf  ans,  il  se  fit  entendre 
pour  la  |)remière  fois  en  public  à  Œdenbourg,  et 
quoiqu'il  eût  été  pris  de  la  fièvre  au  commence- 
ment du  concert,  il  exécuta  le  concerto  de  Ries 
en  mi  bémol,  et  une  fantaisie  improvisée  ,  de 
manière  à  exciter  le  plus  vif  étonnement.  Le 
prince  Eslerhazy,  qui  l'entendit  dans  cette 
féance,  lui  fit  beaucoup  de  caresses  et  lui  ac- 
corda un  présent  de  50  ducats.  Peu  de  temps 
après,  Liszt  commença  ses  voyages  avec  ses  pa- 
rents, et  se  rendit  à  Presbourg.  Il  y  trouva  dans 
les  comtes  Amaden  et  Zopary  deux  protecteurs, 
q\ii  se  réimirenl  pour  lui  assurer  luie  pension  de 
600  florins  pendant  six  ans,  dans  le  but  de  l'aider 
à  compléter  son  éducation.  Alors  commença  à  se 
réaliser  l'avenir  de  bien-être  que  le  père  de  Liszt 
avait  espéré  pour  son  fils.  Il  le  conduisit  à  Vienne, 
et  le  confia  aux  soins  de  Czerny.  Les  premières 
leçons  du  maître  blessèrent  le  jeune  orgueil  de 
l'élève,  parce  que  Czerny  présenta  à  Liszt  des 
sonates  de  démenti  que  celui-ci  considérait 
comme  au-dessous  de  son  talent  et  qu'il  joua 
avec  dédain.  Il  fallut  aborder  de  plus  grandes 
difficultés,  et  bientôt  il  y  en  eut  à  peine  d'assez 
grandes,  pour  le  pianiste  enfant,  dans  les  œuvres 
de  Beethoven  et  de  Hummel.  On  rappo!  te  à  ce 
sujet  que  le  jeune  Liszt  se  trouvant  un  jour  avec 
quelques  artistes  chez  l'éditeur  de  musique  qui 
venait  de  publier  le  concerto  en  si  mineur  de 

iXl  Ccttedate  se  trouve  dans  toutes  les  notices  biographi- 
ques de  l.is/.l;  je  crois  pourtant  que  les  renseignements  qui 
me  soiil  parvenus  de  Vienne,etqui  font  remonter  la  nais- 
Banre  de  l'artiste  à  deux  années  plus  tôt,  sont  exacts. 


Hummel,  il  le  joua  sans  hésiter  à  prerni^re  vue- 
Cette  aventure  fit  du  bruit;  il  en  fut  parlé  dans 
les  salons  de  Vienne,  et  chacun  voidut  intendre 
le  jeune  virtuose.  Le  prix  convenu  entre  le  père 
de  Liszt  et  Czerny,  pour  un  certain  nombre  de 
leçons,  était  une  somme  de  trois  cents  florins  ; 
mais  lorsque  vint  le  payement,  le  maître 
refusa,  disant  que  les  succès  de  son  élève  l-'in- 
demnisaient  de  tous  ses  soins.  Pendant  les 
dix-huit  mois  que  Liszt  passa  soiis  la  direction 
de  Czerny,  il  reçut  aussi  quelques  leçons  de 
composition  du  vieux  Salieri.  Après  ce  temps 
d'études ,  il  donna  son  premier  concert  :  les 
artistes  les  plus  célèbres  y  assistèrent,  et  pré- 
dirent à  l'enfant  précoce  une  carrière  .glorieuse. 
Ce  fut  alors  que  Liszt  et  sa  famille  se  dirigèrent 
vers  Paris,  donnant  partout  des  concerts,  et  par- 
tout obtenant  de  brillants  succès. 

Le  père  du  jeune  artiste  s'était  projiosé  de  le 
faire  entrer  au  Conservatoire  et  de  le  confier  aux 
soins  de  Chenibini  pour  le  contrepoint  ;  mais  sa 
qualité  d'étranger  opi)osaà  ce  projet  im  obstacle 
que  ne  purent  écarter  les  recommandations  de 
M.  de  Metlernich  lui-même.  Liszt  (tait  arrivé  à 
Paris  vers  le  commencement  de  1823;il  se  fiten- 
tendre  pendant  cette  saison-dans  plusieurs  con- 
certs à  l'Opéra,  et  y  causa  autant  d'étonnement  que 
de  plaisir.  Il  n'y  paraissait  pas  seulement  comme 
un  de  ces  enfants  prodiges  dont  on  a  vu  beau- 
coup d'exemples  depuis  lors,  mais  comme  un  mu- 
sicien déjà  aussi  remarquable  par  son  aplomb  que 
par  sa  brillante  exécution.  Ses  improvisations 
n'étaient  pas  riches  d'idées  neuves;  mais  elles  in- 
diquaient dans  leur  auteurunerare  inlelligencede 
l'effet,  et  beaucoup  de  sang-froid  dans  la  con- 
duite du  plan.  On  ne  parla  bientôt  plus  que  du 
petit  Liszt,  et  cette  locution  devint  si  familière, 
qu'on  le  désignait  encore  ainsi  à  Paris  après 
qu'il  eut  atteint  l'âge  et  la  taille  d'un  homme. 
Malgré  ses  succès  ,  ses  études  de  piano  conti- 
nuaient sous  la  sévère  diiection  de  son  père. 
Celui-ci  obligeait  son  fils  à  jouer  chaque  jour 
douze  fugues  de  liach,  et  à  les  transposer  à 
l'improvisle  dans  tous  les  tons;  c'est  à  ce  tra- 
vail que  Liszt  est  redevable  de  cette  prodigieuse 
iiabileté  dans  la  lectnre  et  l'exécution  à  pre- 
mière Tue  de  toute  espèce  de  musique  ^  quelle 
qu'en  soit  la  diflicullé.  \n  mois  de  mai  1824  il 
partit  pour  Londres  avec  son  père;  ses  succès 
n'eurent  pas  moinsd'éclatà  la  cour  de  Georges  IV 
qu'à  Paris,  oii  il  retourna  au  mois  de  septembre 
de  la  môme  année,  11  y  reprit  ses  éludes,  et 
commença  à  composer.  L'année  suivante,  au 
:>mois  d'avril,  le  père  et  le  fils  retournèrent  à 
Londres,  et  recueillirent  dans  plusieurs  concerts 
d'abondantes  récoltes,  dues  à  l'admiration  qu'ins- 


320 


LISZT 


pirait  le  taient  du  jeune  artiste.  De  retour  à  Pa- 
ris, Liszt  fut  excité  par  son  père  à  écrire  des 
sonates,  des  fantaisies,  des  variations,  et  mênie 
un  opéra  de  Don  Sanche,  ou  le  Château  de 
l'Amour,  qui  fut  représenté  à  l'Académie  royale 
de  musique,  le  17  octobre  1825,  et  que  le  public 
écouta  avec  indulgence,  à  cause  de  l'intérêt  qui 
s'attachait  au  nom  du  jeune  musicien.  Au  mois 
de  février  182G,  Liszt  s'éloigna  de  Paris  avec  sa 
famille,  dans  le  dessein  de  visiter  les  principales 
villes  de  France.  Ses  concerts  à  Bordeaux,  et 
plus  tard  à  Toulouse,  Montpellier,  Nîmes,  Mar- 
seille et  Lyon,  furent  pour  lui  une  suite  de  triom- 
phes. 

Cependant  jusqu'alors  il  avait  plus   appris  la 
composition  par  instinct  et  par  observation  que 
par  des   études  suivies    et  systématiques.    Le 
besoin  de  s'instruire  mieux  dans  cet  art  se  fit 
sentir  en  lui  vers  cette  époque  ;  Reicha  se  char- 
gea du  soin  de  le  diriger  dans  son  travail,  et  lui 
fit  commencer  un  cours  qui,  je  crois ,  ne  fut 
jamais  achevé .  parce  que  les  sentiments  d'une 
dévotion  mystique  et  contemplative  commencè- 
rent alors  à  pénétrer  dans  l'àme  du  jeune  Liszt. 
Dans  leurs  progrès  ,  ces  sentiments  lui  inspirè- 
rent du   dégoût  pour  l'art  qui  jusqu'à  ce  mo- 
ment lui  avait  procuré  plus  de  contrainte  que  de 
véritables  jouissances.   Combattu  par  son  père  , 
son   nouveau  penchant   ne  (it  que  s'accroître  ; 
alors ,  pour  l'arracher  à  des  méditalions   trop 
précoces ,  on    le  fit  voyager,  et  pour  la  troi- 
sième  fois   il   visita    l'Angleterre,   après  avoir 
parcouru  la  Suisse  jusqu'à  Derne.  Ce  fut  au  re- 
tour de  ce  voyage  à  Londres  que  Liszt  perdit  son 
père ,  à   Boulogne.  Alors  commença  pour  lui  le 
temps  de  la  liberté  et  de  la  disposition  de  ses 
facultés  ;  bonheur  qu'il  dut  d'autant  mieux  ap- 
précier, lorsque  sa  douleur  fut  calmée,  qu'il  n'a- 
vait connu  jusque-là  que  le  despotisme  d'une 
volonté  plus  forte  que  la  sienne.  «  Pauvre  enfant 
dont  on  avait  exploité  la  précoce  habileté,  il  était 
venu  dans  les  pays  étrangers  chercher  un  tribut 
d'admiration  qu'on  payait  à  son  âge.  Ce  fut  mer- 
veille vraiment  que,  soumise  à  cette  rude  épreuve, 
son  enfantine  vanité  n'ait  point  fait  avorter  son 
talent,  comme  cela  est  arrivé  de  tant  d'autres. 
Heureu-sement,  l'amour  de  l'art  était  aussi  puis- 
sant en  lui  que  la  soif  de  la  renommée  était  ar- 
dente ;  lorsqu'il  put  se  diriger  lui-même,  il  com- 
prit,  au  milieu  de  ses  irrésolutions,  que  pour 
donner  à  l'homme  fait  des  succès  comparables  à 
ceux  qu'avait  obtenus  l'enfant  prodige,  il  lui  fal- 
lait réaliser  plus  de  mcveilles  qu'un  autre,  et  son 
courage  ne  recula  pas  devant  le  travail  qu'il  fal- 
lait faire  pour  atteindre  à  ce  but.  Des  éludes 
persévérantes  de  mécanisme  lui  parurent  néces- 


saires pour  qu'aucune  difficulté  ne  pût  l'arrêter 
et  pour  que  ses  doigts  fussent  toujoius  prêts  à 
rendre,  sans  restriction  ,  tout  ce  que  sa  tête 
pouvait  lui  suggérer.  Dès  lors  sa  vie  fut  cachée  ; 
pendant  ])lusieurs  années,  il  ne  se  fit  plus  en- 
tendre, et  lorsqu'il  reparut,  ce  fut  pour  frapper 
d  étonnement  par  l'incomparable  vélocité  de  ses 
doigts,  par  leur  habileté  à  vaincre  toutes  les 
difficultés  ,  par  leur  aptitude  à  l'expression   de 

tous  les  accents.  » 

Une  grave  maladie,  dont  la  convalescence  dura 
près  de  deux  ans,  vint  le  surprendre  au  milieu 
de  ses  travaux;  elle  contribua  au  développement 
de  la  tendance  religieuse  de  son  esprit.  Sa  dé- 
votion devint  austère  ,  et  la  fréquentation  des 
églises  occupa  la  plus  grande  partie  de  son  temps. 
Tout  à  coup,  on  le  vit  briser  avec  ses  habitudes 
mystiques,  rentrer  dans  le  monde  et  prendre  des  L 
allures  dégagées.  C'est  ainsi  que  des  variations  ' 
fréquentes  se  sont  fait  remarquer  dans  ses  goûts 
en  toute  chose  et  ont  témoigné  de  la  mobilité  de 
ses  sentiments  et  de  ses  opinions.  Son  talent 
même  a  pris  tour  à  tour  différents  caractères. 
Nonobstant  les  succès  d'enthousiasme  qu'il  obte- 
nait chaque  fois  qu'il  se  faisait  entendre,  on  pou- 
vait remarquer,  dans  les  variations  fréquentes 
du  système  de  son  jeu,  que  lui-même  n'était  pas 
satisfail,  et  que  l'incertitude  agitait  toujours  son 
esprit.  On  lui  avait  reproché  de  trop  accorder 
à  la  mécanique  des  doigts  :  il  voulut  prouver  qu'il 
y  avait  en  lui  un  foyer  de  chaleureuses  inspira- 
tions, et  il  se  mit  à  improviser  en  quelque  sorte 
des  fantaisies  sur  les  ouvrages  des  plus  célèbres 
compositeurs,  ne  les  considérant  en  quelque  sorte 
que  comme  des  thèmes  qu'il  pouvait  varier  et 
modifier  à  son  gré.  Lui-même  a  reconnu  plus 
tard  son  erreur,  et  s'en  est  expliqué  en  ces 
termes  : 

«■  J'exécutais  alors  fréquemment,  soit  en  pu- 
«  blic,  soit  dans  les  salons  (où  l'on  ne  manquait 
«  jamais  de  m'objecter  que  je  choisissais  bien 
«  mal  mes  morceaux  ),  les  œuvres  de  Beetho- 
n  ven,  Weber  et  Hummel,  et,  je  l'avoue  à  ma 
«  honte ,  afin  d'arracher  les  bravos  d'un  public 
«  toujours  lent  à  concevoir  les  belles  choses 
«  dans  leur  auguste  simplicité,  je  ne  me  faisais 
n  nul  scrupule  d'en  altérer  le  mouvement  et  les 
«  intentions  ;  j'allais  même  jusqu'à  y  ajouter  in- 
n  soiemment  une  foule  de  traits  et  de  points  d'or- 
«  gue,  qui,  en  me  valant  des  applaudissements 
1  ignares,  faillirent  m'eniraîner  dans  une  fausse 
a  voie,  dont  heureusement  je  me  suis  dégagé  bien- 
ce  tôt  (1).  » 

Au  milieu  des  fluctuations  de  goût  qui  se  fai- 

(1)  Caxetle  musicale  de  Paris,  t«  année,  p.  BS. 


IJSZT 


321 


saient  remarquer  dans  le  talent  de  Liszt,  son  ha- 
bileté dans  l'ext^cution  des  plus  grandes  difficultés 
acquérait  chaque  jour  plus  de  développement. 
Par  degrés,  cette  hahileté  a  surpassé  celle  de  la 
plupart  des  grands  pianistes,  et  l'on  [leut  assurer 
que  l'art  de  joner  du  piano  n'a  plus  rien  dont  ne 
puisse  facilement  triompher  la  puissante  exécu- 
tion de  Lisït.  En  1833,  il  s'éloigna  de  Paris,  vi- 
sita la  Suisse  et  s'arrêta  à  Genève,  où  il  resta 
jusqu'au  mois  de  septembre  1S30.  De  retour  à 
Paris,  il  rappela  sur  lui  l'attention  des  artistes 
«t  du  puhlic  par  quelques  compositions  pour  le 
piano ,  remplies  de  difficultés  que  lui  seul  pou- 
vait bien  exécuter,  et  produisit  une  vive  sensation 
par  sa  merveilleuse  habileté  dans  les  concerlsoii 
il  se  fit  entendre  pendant  l'hiver  suivant.  Déjà  il 
avait  publié  quelques  articles  concernant  sa  per- 
sonne ,  ses  opinions  et  ses  impressions  ,  dans  la 
Gazette  musicale  de  Paris. 

Vers  la  fin  de  l'été  de  1837,  Liszt  s'est  éloigné  de 
nouveau  de  Paris,  et  s'est  rendu  à  Milan,  oii  il  a 
fait  un  long  séjour,  interrompu  seulement  par  un 
voyage  à  Vienne.  Salué  dans  la  capitale  de  l'Au- 
triche par  d'unanimes  acclamations,  il  y  laissa 
un  vif  souvenir  de  son  talent  admirable.  Après 
avoir  visité  Venise,  il  se  dirigea  vers  Rome,  où 
il  s'arrêta  pendant  plusieurs  mois. 

De  retour  à  Vienne,  vers  la  fin  de  1839,  Liszt 
y  eut  des  succès  plus  brillants  encore  que  pendant 
son  premier  séjour.  Quelque  éclat  qu'ait  eu  son 
talent  dans  toutes  les  grandes  villes  de  l'Europe, 
il  est  certain  qu'aucune  ne  lui  fit  un  accueil  aussi 
sympathique  :  il  en  fut  véritablement  le  héros. 
En  quittant  la  capitale  de  l'Autriche,  il  se  rendit 
à  Londres,  en  passant  par  Prague,  Dresde  et 
Leipsick,  où  son  talent  produisit  aussi  une  vive 
impression.  Dans  l'année  1841,  il  fit  un  voyage 
en  Danemark,  et  se  fit  entendre,  à  son  retour,  à 
Hambourg,  Leipsick,  Francfort,  Coblence  et 
Cologne  ,  d'où  il  se  rendit  à  Bruxelles.  Ses 
succès  dans  cette  ville  et  à  Liège  eurent  un  éclat 
digne  de  sa  prodigieuse  habileté. 

En  1842,  Liszt  visita  Weimar,  Berlin,  et  fit 
une  excursion  à  Paris,  où  il  passa  quelques  mois 
se  préparant  à  un  voyage  en  Russie,  dont  il 
avait  formé  le  projet  depuis  plusieurs  années.  Le 
retentissement  qu'avaient  eu  les  succès  de  sa 
virtuosité  en  France,  en  Italie,  en  Allemagne  et 
en  Belgique ,  avait  inspiré  aux  habitants  de 
Pétersbourg  et  de  Moscou  un  vif  désir  de  l'en- 
tendre. Son  nom  était  populaire  dans  toutes  les 
classes,  et  le  moiijick  comme  le  grand  seigneur 
ne  se  le  figuraient  que  comme  un  être  surnatu- 
rel. C'est  dans  celte  disposition  que  Liszt  trouva 
îa  population  de  Pétersbourg  lorsqu'il  y  arriva, 
il  ne  faut  donc  pas  s'étonner  que  la  recette   du 

UIOGR.    LiNIV.    DES    MUSICIENS.  —T.  V. 


pifemier  concert  qu'il  y  donna  se  soit  élevée  à  la 
somme  pi esque  fabuleuse  d'environ  50,000  francs. 
Énui  d'une  ardente  curiosité,  le  peuple  encom- 
brait les  avenues  de  la  salle,  dans  l'espérance  de 
voir  l'artiste  lorsqu'il  s'y  rendait.  A  Moscou, 
mêmes  démonstrations  d'enthousiasme.  Le  pre- 
mier concert  de  Liszt  y  fut  donné  le  23  avril 
1S43,  et  i)our  satisfaire  l'avide  désir  de  l'en- 
tendre quianimait  la  population  de  <-ette  grande 
ville,  il  en  dut  donnei-  d'autres  le  27,  le  29  du 
même  mois,  le  2,  le  5  et  le  12  mai.  A  son  re- 
tour, il  visita  la  Bavière  et  donna  des  concerts  à 
Munich  et  à  Augsbourg. 

Après  avoir  visité  de  nouveau  Berlin,  Dresde, 
et  plusieurs  autres  villes  du  nord  de  l'Allemagne, 
Liszt  s'ari-éta  à   Weimar,  où  le   grand-duc  le 
nomma  son  premier  maître  de  chapelle;  puis  il 
se  dirigea  vers  l'Espagne  en  1844,  donnant  des 
concerts  dans  quelques  villes  du  midi  delà  France. 
Le  reste  de  cette  année  et  le  commencement  de 
1845  furent  employés  par  lui  à  visiter  l'Espagne 
et  le  Portugal.  A  Madrid,  à  Cadix,  à  Barcelone,  à 
Lisbonne,  il  excita  des  transports  d'admiration. 
Après  cette   longue  et   fatigante   excursion,   il 
revint  en  Allemagne  pour  l'inauguration   de  la 
statue  de  Beethoven  à  Bonn.  Dans  un  des  élans 
si  fréquents  de  son  noble  cœur,  il  avait  offert  pour 
l'érection  de  ce  monument  une  somme  beaucoup 
plus  importante  que  le  produit  de  toute  la  sous- 
cription à  laquelle  des  princes  avaient  pris  part. 
Là  ne  se  bornèrent  pas  ses  sacrifices  ;  car  il  s'é- 
tablit à  Bonn  plusieurs  mois  avant  les  fêtes  mu- 
sicales qui  se   préparaient  pour  cette  occasion 
solennelle,  afin  d'en  disposer  les  éléments,  com- 
poser une  grande  cantate ,  et  diriger  toutes  les 
répétitions  partielles  et  d'ensemble.  11  prit  à  sa 
charge  des  frais  énormes,  afin  que  tout  fût  digne 
du  grand  homme  dont  on  allait  honorer  la  mé- 
moire, et  pour   jirix   de   tant  de   dévouement, 
d'efforts  et  de  générosité,  il  ne  recueillit  que  des 
témoignages   d'ingratitude   et  de    dénigrement. 
L'envie  s'était  éveillée  au  bruit  de  ses  succès, 
trop    universels  pour  que  la  médiocrité  pût  les 
pardonner.  Je  le  retrouvai,  quelques  jours  après 
ces  fêtes,  à  Coblence,  fatigué,  découragé,  et  a 
peu  près  ruiné.  Mais  bientôt  son  âme  énergique 
retrempa  sa  force  vitale,  et  de  nouveaux  triom- 
phes le  vengèrent  de  ses  ennemis. 

Les  trois  années  suivantes  furent  remplies  par 
de  courts  séjours  de  Liszt  à  Weimar,  et  par  ses 
voyages  en  France,  en  Hollande,  en  Bohême,  en 
Hongrie,  dans  les  provinces  de  la  Russie,  et  à 
Constantinople.  Les  événements  de  1848  et  1849 
vinrent  mettre  un  terme  à  ses  excursions,  et  le 
ramenèrent  à  Weimar,  où  il  prit  définitivement 
possession  de  ses  fonctions  de  premier  maître  de 

it 


322 


LISZT 


cliapelle ,  et  dont  il  ne  s'est  éloigné  depuis  lors 
que  pour  des  fêtes  musicales  qu'il  a  dirigées,  ou 
pourdecourts  voyages.  Cetteépoqueestcelled'une 
transformation  complète  dans  la  carrière  de  cet 
artiste  célèbre.  Par  ses  soins ,  la  composition  de 
la  chapelle  du  grand-duc  de  Weimar  s'est  pro- 
gressivement améliorée;  des  artistes  d'ua  talent 
remarquable  y  ont  été  successivement  appelés, 
et  l'Opéra  de  cette  petite  ville,  auparavant  peu 
renommé ,  a  bientôt  fixé  l'attention  du  monde 
musical.  C'est  là  qu'ont  été  entendus  les  ouvrages 
dramatiques  de  Richard  Wagner,  dont  Liszt  s'est 
fait  l'apôtre  ;  c'est  là  que  le  Lohengrin  fut  en- 
tendu en  Allemagne  pour  la  première  fois.  Ce 
qu'il  fallut  de  soins  ,  de  patience,  de  conviction 
pour  parvenir  à  une  e\éculion  à  peu  près  satis- 
faisante de  ce  chaos  de  combinaisons  sonoresavec 
des  moyens  à  peine  suffisants,  il  serait  difficile 
d'en  donner  une  juste  idée  Wasner  doit  une  re- 
connaissance dévouée  à  Liszt  pour  de  tels  efforts 
et  pour  les  résultats  qu'ils  ont  eus  ;  car  c'en 
était  fait  de  sa  musique  de  l'avenir  lorsque  le 
premier  maître  de  chapelle  du  grand-duc  de 
Weimar  entreprit  de  lui  rendre  l'existence,  non- 
seulement  en  la  faisant  entendre,  mais  par  des 
plaidoyers  en  sa  faveur  et  par  son  influence 
dans  les  journaux  de  l'Allemagne.  Tannhaeuser 
était  tombé  sans  ressource  à  Dresde  en  1848; 
puis  était  venue  la  révolulion  qui  avait  jeté  son 
auteur  dans  l'exil  :  à  peine  osait-on  prononcer 
son  nom;  i»  peine  se  souvenait-on  de  ses  œuvres 
musicales.  Ce  fut  précisément  après  la  révolution 
de  1848  que  Liszt  entreprit  à  Weimar  en  faveur 
de  Wagner  ce  qu'on  n'aurait  osé  faire  en  aucun 
autre  lieu.  Le  retentissement  européen  qu'il  sut 
donner  aux  représentations  du  Tannkxuserti  du 
Lohengrin  fixa  l'attention  de  quelques  directeurs 
de  spectacles  :  un  parti  se  forma  en  faveur  de 
ces  drames  bizarres ,  car  les  excentricités  ne  man- 
quent jamais  de  partisans;  or,  il  était  d'autant 
plus  vraisemblable  qu'il  y  en  aurait  de  nombreux 
en  cette  occasion, que  la  politique  s'y  mêlait.  De 
là  tout  ce  qu'on  a  vu  depuis  lors,  ce  qu'on  a  dit 
et  écrit,  vraisemblablement  ce  qui  se  dira  et  s'é- 
crira encore  pendant  un  certain  temps;  après 
quoi  viendra  l'oubli,  comme  pour  beaucoup  d'au- 
tres choses  dont  on  a  fait  grand  bruit  à  diverses 
époques. 

Il  ne  faut  pas  croire  que  Liszt  se  soit  fait  le 
protecteur  de  cette  musique  de  propos  délibéré  : 
de  tout  temps  il  s'est  senti  du  penchant  pour  les 
tentatives  de  révolutions  dans  l'art.  Tout  en  ren- 
dant hommage  aux  beautés  simples  des  maîtres 
devenus  classiques ,  il  s^'est  persuadé  que  le 
temps  de  la  simplicité  est  passé,  et  la  nouveauté 
des  moyens  et  des  (ormes  lui  a  paru  la  nécessité 


du  temps  présent.  Si  nous  Fe  sirivons  avec  at- 
tention dans  toute  sa  carrière,  nous  le  verrons 
incessamment  sous  l'empire  de  ces  idées.  Dès 
sa  jeunesse,  sa  foudroyante  exécution  crérf  le 
piano-orchestre  j  car  le  clavier  tout  entier  est 
sous  ses  mains  :  il  en  tire  des  effets  qu'on  n'a- 
vait pas  même  supposés  possibles  avant  lin'.  C'eût 
été  assez  pour  la  gloire  et  pour  l'ambition  d'un 
autre;  mais,  dans  sa  pensée,  ce  n'était  qu'un 
acheminement  à  de  plus  grandes  choses.  Il  rêvaii 
une  alliance  intime  du  piano  et  de  l'orgue;  et 
poursuivant  avec  persévérance  la  réalisation  de 
son  utopie,  il  stimulait  le  zèle  des  facteurs  dans 
la  recherche  des  procédés  qui  auraient  pu  con- 
duire à  ce  résultat.  11  crut  nn  moment  que  le 
but  élait  atteint,  lorsque  le  facteur  Alexandre 
eut  réimi  dans  un  seul  instrument  les  combi- 
naisons d'un  piano  d'Érard  avec  toutes  les  res- 
sources d'un  grand  harmonium  perfeclioimé. 
Le  piano-melodium  (  tel  était  le  nom  donné  à 
cet  instrument  )  élait  sans  aucun  doute  une 
curiosité  intéressante  au  point  de  vue  de  certains 
effets  particuliers  de  sonorité  (1);  l'invention 
était  ingénieuse,  et  le  travail  de  la  fabrication 
était  en  tous  points  digne  d'éloges;  mais  bientôt 
Liszt  acquit  la  conviction  par  lui-même  que  le 
piano  et  l'orfjue  ne  sont  point  faits  pour  aller 
ensemble;  qu'ils  ont  chacun  leur  destination 
spéciale,  absolue  dans  l'art,  et  qu'il  ne  faut 
chercher  dans  chacun  que  ce  qui  est  conforme 
à  sa  nature.  En  supposant  nn  but  imaginaire, 
Liszt  aurait  manqué  ceJui  de  la  réalité  :  il  le  com- 
prit enfin,  et  revint  au  piano. 

Le  sentiment  de  la  grandeur  domine  l'organi- 
sation de  Liszt;  c'est  le  principe  de  son  talent. 
Ce  caractère  se  nianifeste  dans  la  plupart  de  ses 
études  (le  piano,  dans  son  recueil  de  pièces  inti- 
tidé  Années  de  pèlerinage,  dans  &es  Rhapso- 
dies hongroises,  où  règne  une  rêverie  mélanco- 
lique, et  dans  les  développements  de  certains 
thèmes  auxquels  il  a  donné  les  noms  de  para- 
phrases et  d'illustrations.  Sous  ce  rapport,  la 
supériorité  de  Liszt  est  de  toute  évidence;  mais, 
ainsi  qu'il  advient  toujours  d'une  qualité  poussée 
à  l'excès,  celle-ci  a  conduit  l'artiste  a  l'exagéré, 
et  lui  a  fait  négliger  cette  autre  qualité  indispen- 
sable aux  œuvres  d'art,  et  surtout  aux  produc- 
tions musicales,  laquelle  se  désigne  d'une  ma- 
nière générale  par  le  nom  de  charme.  La  mélodie 
simple  n'est  pas  dans  sa  nature  ;  le  chant,  lorsqa'il 
lui  donne  accès  dans  ses  ouvrages  (  ce  qui  mal* 

(1)  Voyer  le  Rapport  sur  la  fabrication  des  instruments 
de  musique  rais  à  l'exposition  universelle  de  Paris ,  en 
1855,  par  l'auteur  de  la  Viographie  universelle  des  musi- 
ciejis,  Paris,  1856,  dans  les  deux  édiUons  complètes  publiées 
par  le  gouvernement  français,  et  dans  le  tiré  à  part,  p.  29. 


LISZT 


32S 


Ijeurewseniciit  cstasseï  rare),  a  toujours  quelque 
cliose  de  lieurté  ,  de  violeut,  ou  d'fissHHnbri  par 
riiarmonie  dont  il  est  accompagné.  Si  par  hasard 
sa  plirase  a  le  caractère  du  calme,  on  sent  que 
c'est  le  calme  précurseur  de  rora,.;e.  C'est  sur- 
tout dans  les  compositions  pour  l'orchestre ,  de 
Liszt,  appelées  par  \n\  Pocmes  si/mphoniq^ies 
(  Symplionische  Dichinngon),  que  l'ahsence  de 
«hanne  est  frappante  :  luirlout  il  est  remplacé  par 
Tagitation  nerveuse,  ma!;idie  endémique  de  l'é- 
poque actuelle.  Le  choix  des  sujets  de  ces  feuvres 
appartient  à  une  erreur  capitale  de  notre  temps; 
erreur  (pie  j'ai  combattue  en  plusieurs  endroits 
de  mes  écrits.  Elle  consiste  à  changer  la  destina- 
tion de  la  musique,  en  l'enlevant  au  domaine  de 
l'idéal  pur,  pour  la  transformer  en  art  imitatif 
€t  [)iltoresque.  En  vain  toutes  les  entreprises  de 
ce  genre  ont-elles  ahouti  à  des  déceptions,  en 
dépit  du  talent  des  auteurs  ;  quelques  artistes  ne 
sont  pas  moins  persuadés,  je  dirais  presque  con- 
vaincus, que  cette  voie  est  celle  de  l'avenir  de  la 
musique.  Liszt,  plus  que  tout  autre,  a  foi  ea 
cet  avenir.  De  là  le  choix  de  ses  poèmes  sym- 
phoniques ,  dont  voici  les  titres  :  1"  Ce  qu'on 
eïitend  dans  la  montagne  (d'après  le  poëme 
de  Victor  Hugo).  —  2°  Le  Tasse  (Lamente  e 
trionfo).  —  3°  Les  Préludes.  —  4°  Orphée.  — 
i)°  Promédiée.  —  6°  Mazeppa.  —  7"  Fest- 
klxnge  (  Bruits  de  fête).  —  8°  Héroïde  funèbre. 
—  9°  Hungaria.  —  10°  La  divine  Comédie  de 
Dante.  —  11°  L'idéal.  Tous  ces  ouvrages  ont  été 
publiés  en  partition,  à  Leipsick,  cliee  Breitkopf 
€t  Haertel.  Il  est  difficile  de  n'être  pas  saisi  d'un 
sentiment  pénible  à  la  lecture  de  ces  immenses 
«ombinaisons  d'effets  d'orchestre,  où  le  talent 
s'égare  en  clierchant  im  but  impossible.  Pour 
comprendie  ces  énigmes,  un  livret  serait  né- 
cessaire à  chaque  ouvrage;  une  explication  de- 
vrait être  jointe  à  chaque  page.  Dans  une  des 
deinières  entrevues  que  j'eus  avec  Liszt ,  il  me 
dit,  à  propos  dtî  s€s  tendances  vers  ce  genre  de 
musique  :  «  Nous  sommes  en  Allemagne  un  eer- 
V  tain  nombre  d'intelligents  qui  comprenons  et 
«  voyons  clair  dans  la  destinée  future  de  l'art.  Ce 
n  que  les  classiques  appellent  les  obscurités  de  la 
«  musique  nouvelle  n'existe  pas  pour  nous.  » 
Eh  bien,  soit  ;  admettons  que  ces  OEdipes  mo- 
dernes sont  (le  force  à  défier  le  Sphinx  ;  qu'en 
pouirons-nous  conclure.'  Qu'il  est  des  esprits, 
assez  subtils  pour  trouver  un  sens  à  des  choses 
où  nous  n'eu  voyons  pas?  Mais  quoi.'  s'agit-il  de 
la  science  ou  de  l'art  ?  La  connaissance  et  l'intel- 
ligence composent  le  domaine  de  la  première; 
laiilre  n'existe  qu'à  la  condition  d'affecter  le  sen- 
timent avant  d'arriver  à  la  conception.  En  écou- 
tant une  œuvre  musicale,  qu'importe  la  réahté 


de  l'objet  pris  pour  thème  par  l'artiste?  Ce  qui  im- 
porte, c'est  (pie  nous  soyons  émus  et  (|ue  nous 
le  soyons  parles  moyens  les  plus  simples  ;"ar  le 
simple  seul  est  beau.  L'imagination  n'a  rien  à 
faire  avec  le  réalisme;  mais  sans  elle  l'art  véri- 
table, l'ait  qui  émeut,  qui  impressionne  et  (pii 
procure  à  l'âme  de  pures  jouissances,  n'existe 
pas.  Lisr.t  a  l'ait  des  elforts  immenses  d'intelli- 
gence pour  arriver  à  des  résultats  impossibhîs , 
dans  les  conditions  où  il  s'est  placé  :  il  les  eût 
réalisés  sans  peine  s'il  n'avait  pris  pour  guide  que 
son  sentiment  du  beau.  Ne  parlons  pas  de  la  mé- 
lodie absente,  ou  (lu  moins  indiquée  par  de  trop 
courts  fragments  poui'  que  sa  signification  soi! 
saisie  par  l'esprit  le  plus  altentil;  mais  l'harmo- 
nie, mais  la  tonalité!  ces  bases  essentielles  de 
toute  musique  sentimentale,  oii  les  trouverons- 
nous  respectées  dans  Festklrnge ,  dans  VJIé- 
roide  funèbre,  dans  Hungarin  et  ailleurs  ?  Evi- 
demment tout  cela  est  sacrilié  à  une  pensée  énig- 
matique. 

L'œuvre  de  Liszt  renferme  un  nombre  très- 
considérable  de  pièces  de  tout  genre,  lesquelles 
sont  classées  en  douze  séries  caractérisées  de  celle 
manière  :  1"  Études,  où  l'on  trouve  12  études 
d'exécution  transcendante,  3  grandes  études 
de  concert,  et  les  grandes  études  de  Paganini 
transcrites  pour  le  piano.  —  2°  Compositions 
originales  pour  le  même  instrument,  lesquelles 
renferment  7  suites  intitulées /Ter?/! 07!«e5j5oé/«- 
ques  et  religieuses;  Années  de  Pèlerinage^  la 
première  année  contient  9  compositions  écrites 
en  Suisse;  dans  la  deuxième  sont  les  morceaux 
composés  en  Italie;  une  Sonate;  un  grand  Solo 
de  concert^  des  Ballades;  des  Marches;  trois 
morceaux  intitulés  Apparitions;  six  autres  qui 
ont  pour  titre  Consolations;  des  Polonaises^ 
des  Caprices  et  Valses;  deux  concertos  avec 
orchestre;  une  fantaisie  idem;  un  grand  Galop 
chromatique.  —  3°  Rhapsodies  hongroises,  au 
nombre  de  quinze.  —  4"  Fantaisies,  Polonaises 
et  Caprices  avec  orchestre.  —  5°  Fantaisies, 
Réminiscences,  Polonaises  et  variations  de  bra- 
voure sur  des  thèmes  d'opéras.  —  6"  Para- 
phrases de  concert  sur  des  thèmes  de  tout 
genre.  —  7°  Partitions  de  piano,  ou  arrangements 
pour  piano  seid  de  la  symphonie  en  ut  mineur, 
de  la  symphonie  pastorale,  de  la  septième  et  de 
la  neuvi(!me  symphonie  de  Beethoven,  des  sym- 
l)hoiiies  faidastiques  de  Ilarold,  de  Berlioz,  des 
ouvertures  (roberon,  de  Freischiitz,  et  Jubel 
ov,verture  de  Weber,  de  Guillaume  Tell,  de 
Rossini ,  du  septuor  de  Beethoven,  des  ouvertures 
des  Francs-Juges  et  du  Roi  Lear,  de  Berlioz, 
de  Tannhxuser,  de  Richard  'Wagner,  d'une 
ouverture  de   fête  religieuse  d'Olto  Nicolaï,  et 

21« 


324 


LISZT  —  LITOLFF 


d'une  canfafe  de  Liszt  pour  l'inauguration  de  la 
statue  de  Beethoven  ;  véritai)les  prodiges ,  où 
toutes  les  combinaisons  de  l'orciiestre  sont  re- 
produites. —  8"  Transcriptions  de  musique 
vocale  pour  piano  seul,  parmi  lesquelles 
on  trouve  45  mélodies  de  Schubert  ;  l'Adélaïde 
de  Beethoven  et  18  autres  chants  du  même 
maître;  6  Lieder  de  Mendelssohn;  13  Lieder 
de  Robert  Franz;  d'autres  chants  de  J.  Dessauer, 
de  Robert  Schumann,  de  Weber  el  de  Meyer- 
beer  ;  9  Lieder  et  chants  de  Liszt  ;  les  Soirées 
musicales  de  Rossini;  les  Soirées  italiennes  de 
Mercadante;  les  Nuits  d'été  au  Pausilippe,  de 
Donizetti  ;  des  chansons  napolitaines,  polonaises , 
russes  et  béarnaiseà.  —  9"  Transcriptions  /ns- 
^noHen?«Zes  d'après  Schubert,  Ferdinand  David 
et  autres.  —  10°  Six  préludes  et  fugues.  — 
11°  Compositions  vocales  de  Liszt  :  six  recueils 
et  quelques  pièces  détachées  ;  Chants  pour 
quatre  voix  d'hommes,  4  recueils;  itf  ma  qua^ 
tuor  vocum  ad  œquales  (  2  ténors  et  2  basses  ) 
concinnente  organo  •  Paternosterel  Ave  Maria 
pour  4  voix  d'hommes  et  orgue;  Missa  so- 
lemnis  quani  ad  mandatum  eminentissimi 
ac  rêver endissimi  Domini  Joannis  Scitovszky 
a  ISagyker  S.  B.  eccles.  Presbyteri  Cardi- 
nalis^  archiepiscopi  Strigoniensis,  principis 
primatis  regni  Hungarix ,  etc.;  Viennx 
Austriacorum  ,  typis  Ccvs.  Reg.  status  offici- 
nx,  1859,  in-folio  maximo.  Cette  messe,  écrite 
pour  quatre  voix,  chœur,  orchestre  et  orgue, 
est  imprimée  en  caractères  de  musique  mobiles, 
avec  un  luxe  inusité.  La  partition  est  à  28  portées. 
—  La  dernière  division  du  catalogue  des  œuvres 
de  Liszt  renferme  les  poèmes  symphoniques  pour 
orchestre, dont  les  titres  sont  donnés  ci-dessus. 

Comme  écrivain  sur  l'art,  Liszt  a  publié  : 
1°  De  la  fondation  de  Goethe  à  Weimar,  in-8°; 
Leipsick,  F.  A.  Brockhaus,  1851.  —  2°  Lohen- 
grin  et  Tannhxuser  de  Richard  Wagner, 
1  vol.  in-8' ;  ibid.,  1851.  Une  édition  en  langue 
allemande  de  cet  ouvrage  a  paru  dans  la  même 
année  à  Cologne  et  à  Essen.  —  3°  Fréd.  Cho- 
pin, 1  vol.  iu-8°;  Leipsick  ,  Breitkopf  et  Hœrtel. 
Cette  étude  sur  te  vie,  le  talent  et  les  œuvres 
de  l'artiste  célèbre  avait  paru  précédemment  dans 
le  journal  intitulera  France  musicale.  —  4°  Die 
Zigeuner  und  ihre  Musik  in  Ungarn  (  Les 
Bohémiens  et  leur  musique  en  Hongrie),  traduit 
en  allemand  et  publié  par  Pierre  Cornélius  ; 
Pesth,  1861,  1  vol.  petit  in-8°  de  259  pages.  Un 
grand  nombre  de  morceaux  détaches  publiés  dans 
Ifs  journaux,  particulièrement  dans  la  Revue  et 
Gazette  musicale  de  Paris. 

Beaucoup  de  notices  et  de  fantaisies  sur  Liszt 
«nt  paru  en  Allemagne  et  en  France,  aux  diverses 


,  époques  de  sa  vie;  les  plus  importantes  sont  ; 
1°  Franz  Liszt ,  nach  seinLeben  undWirUen,  etc. 
(Fr.  Liszt.  Sa  vie  et  sa  valeur  artistique),  par  Chris- 
tern ,  in-12;  Hambourg,  Schuherth  et  Gif.  — 
1'^  Fr.  Liszt.  Lebensskizze  {Vv.  Liszt.  Esqui-sse  de 
sa  vie),  par  Rellstab,  in  8";  Cerlin,  Trautwein  et 
Cie. —  3»  Franz  Liszt.  Sein  Lcbenund  Wirken, 
par  G.  Schilling,  in-S";  Stutigard,  Stoppani,  avec 
le  portrait  de  Liszt.  —  4°  Notice  biographique 
sur  Franz  Liszt ,  par  Duverger.  Extrait  de  la 
Revue  générale  biographique,  politique  et  lit- 
téraire; Paris,  Amyot,  1843,  in-s".  —  5°  Franz 
Liszt.  Fine  Biographie  (Franz  Liszt,  Biographie), 
dans  le  recueil  intitulé  :  Die  Componisten  der 
neueren  Zeit  (  Les  Com[)ositeurs  de  l'époque 
actuelle,  par  W.  Neumann),  16*  iiviaison; 
Cassel,  Balde,  1855,  in-8°.  Il  existe  un  grand 
nombre  de  portraits  lithographies  et  grav  s  aux 
diverses  époques  de  la  vie  de  l'artiste,  t.iiisi  que 
des  médailles  grandes  et  petites,  médaillons  en 
bronze,  bustes  et  statuettes.  Docteur  en  piiilo- 
sophie  et  arts  ,  par  diplôme  de  l'université  de 
Kœnigsberg,  Liszt  est  membre  de  la  plupart  des 
sociétés  musicales  de  l'Europe,  de  plusieurs  aca- 
démies, un  des  soixante  chevaliers  de  l'ordre  du 
mérite  de  Prusse,  commandeur  de  la  Légion 
d'honneur,  chevalier  de  l'ordre  de  Léopoiil ,  du 
Faucon  de  Saxe-Weimar,  et  de  plusieurs  autres 
ordres. 

LITERES  (D.  Antoine),  dont  le  nom  se 
prononce  Litérès,  musicien  espagnol,  vécut  vers 
le  milieu  du  dix-huitième  siècle,  et  lut  nommé 
deuxième  organiste  de  la  chapelle  royale  de 
Madrid,  en  175C.  Il  jouit  de  beaucoup  d'estime 
dans  sa  patrie,  pour  son  talent  sur  l'orgue  et 
pour  ses  œuvres  de  musique  d'église.  Son  compa- 
triote Feyoo  parle  avec  enthousiasme  de  ses  com- 
positions dans  le  Teatro  Crilico  universal 
(voyez  Feyoo).  La  chapelle  royale  de  Madrid 
possède  4  messes  avec  orchestre,  14  psaumes, 
8  Magnificat,  10  hymnes  et  un  Miserere  com- 
posés par  Literes. 

LITOLFF  (Henri),  pianiste  el  compositeur, 
maître  de  chapelle  honoraire  du  duc  de  Saxe- 
Cobourg-Gotha,  est  né  à  Londres,  non  en  1820, 
comme  il  est  dit  dans  V  Vniversal  Lexikon  der 
Tonkunst  de  M.  Bernsdorf,  mais  en  1818,  sui- 
vant la  note  qui  ma  été  remise  par  l'artiste  lui- 
même,  dans  sa  jeunesse.  Son  |)ère,  soldat  fran- 
çais, né  à  Colmar  (Haut-Rhin)  ,  avait  été  fait 
prisonnier  en  Espagne  et  avait  été  conduit  en 
Angleterre  :  après  la  paix,  il  se  maria  à  Londres 
avec  une  Anglaise  ,  et  en  eut  le  fils  qui  est  l'objet 
de  cet  article.  La  situation  des  parents  de  Litoiff 
n'était  pas  fortunée  :  son  éducation  fut  négligée; 
mais  la  nature  l'avait  doué  d'une  grande  intelli- 


LITOLFF 


32; 


gence  et  d'une  riclie  organisation  musicale.  Il 
était  âgé  de  douze  ans  lorsqu'il  reçut  les  pre- 
mières leçons  de  piano  d'un  maître  obscur,  sous 
lequel  néanmoins  il  (it  de  si  rapides  progrès,  que 
deux  ans  après,  c'est-à-dire  lorsqu'il  eut  atteint 
l'âge  de  quatorze  ans,  le  hasard  ayant  conduit 
Moschelès  chez  un  facteur  de  pianos,  ce  maître 
l'entendit  étudier  sur  un  instnunent  de  cette 
maison,  et  charmé  de  son  habileté  précoce ,  lui 
offrit  de  le  prendre  pour  élève.  Une  proposition 
si  avantageuse  ne  pouvait  être  refusée;  Litolff 
reçut  donc  les  leçons  de  Moscehlès  ,  qui  pendant 
trois  ans  donna  des  soins  à  son  éducation  de 
pianiste.  A  l'âge  de  dix-sept  ans  ,  épris  d'amour 
pour  une  jeune  fdie  dont  les  parents  ne  voulurent 
pas  lui  accorder  la  main,  Litolff  i'enleva,  l'épousa 
et  partit  avec  elle  pour  la  France,  sans  autre  res- 
source qu'un  talent  encore  incomplet.  Ne  pou- 
vant vivre  à  Paris,  où  il  était  inconnu,  il  s'établit 
dans  la  petite  ville  de  Melun,  à  neuf  lieues  de 
celte  capitale.  Il  y  inspira  de  l'intérêt  à  quelques 
amateurs  de  musique,  par  son  talent,  sa  jeunesse 
et  celle  de  sa  femme.  Pendant  les  trois  années  de 
séjour  qu'il  y  fit,  son  exécution  sur  le  piano  ac- 
quit plus  de  fermeté  et  commença  à  prendre  le 
caractère  chaleureux  et  passionné  par  lequel  il 
s'est  distingué ,  sans  acquérir  toutefois  une  cor- 
rection irréprochable,  qu'il  n'eut  jamais.  Il  avait 
vingt  ans,  et  le  désir  de  se  faire  connaître  le 
préoccupait  incessamment  :  plein  de  confiance 
en  lui-même,  il  prit  enfin  le  parti  de  se  rendre  à 
Paris,  où  il  se  fit  entendre  avec  succès  dans  plu- 
sieurs concerts  (1),  particulièrement  dans  la  salle 
de  Pape,  facteur  de  pianos,  dont  il  joua  les  ins- 
truments ,  et  qui  lui  fournit  généreusement  des 
moyens  d'existence.  Ce  fut  ce  même  facteur  qui 
l'amena  à  Bruxelles  et  me  le  présenta ,  en  me 
priant  de  le  protéger  et  de  le  faire  jouer  dans  un 
des  concerts  du  Conservatoire.  Il  y  joua  en  effet 
en  1839  le  troisième  concerto  de  Beethoven,  et  y 
produisit  une  vive  sensation.  A  cette  époque,  Li- 
tolff trouva  un  zélé  protecteur  dans  la  personne 
du  duc  de  Looz,  qui  l'emmena  à  sa  terre  près  de 
Wavre.  Ce  fut  là  que  le  génie  de  Litolff  prit  son 
essor  et  qu'il  écrivit  sa  première  grande  compo- 
sition, à  laquelle  il  donna  le  titre  de  concerto- 
symphonie  {ei\  ré).  Dans  cet  ouvrage,  le  rôle 
de  l'orchestre  n'était  pas  borné  à  celui  d'accom- 

(1)  On  lit  dans  la  Gazette  générale  de  musique  de  I-eip- 
sink  (qiiarantc-huiliènie  année,  p.  209]  que  Litolff  joua 
alors  dans  un  des  concerts  du  Conservatoire  ;  c'est  une 
erreur:  la  collection  des  programmes  de  lous  les  concerts 
donnés  par  cette  Institution,  depuis  1628  jusqu'en  1860, 
publiée  par  M.  Elwart,  dans  son  Histoire  de  la  Soriele 
des  concerts  du  Consei-vatoire  impérial  de  musique  (l'a- 
ris,  1860),  démontre  que  le  nom  de  Lltollf  ne  s'y  trouve 


pagnateur;  il  entrait  en  lutte  avec  le  piano.  Li- 
tolff n'était  guère  alors  hannoniste  que  d'instinct, 
et  son  inexpérience  de  l'instrumentation  était 
grande;  cependant,  ce  qu'il  ne  savait  pas,  il  le 
devinait.  Son  œuvre  était  remplie  de  traits  har- 
dis et  d'effets  trouvés.  Il  me  pria  de  la  faire  en- 
tendre, à  lui  d'abord ,  qui  peut-être  ne  savait 
pas  très-bien  ce  qu'il  avait  fait,  puis  au  public» 
car  il  avait  l'audace  qui  est  un  des  attributs 
du  talent.  Dès  la  première  répétition  ,  en  dépit 
des  fautes  et  d'un  certain  désordre  d'idées ,  je 
vis  qu'il  y  avait  là  quelque  chose  pour  l'avenir  : 
le  succès  de  l'exécution  me  prouva  que  je  ne 
m'étais  pas  trompé.  Malheureusement  Litolff  n'a- 
vait pas  les  habitudes  d'une  vie  régulière;  il  s'en- 
detta, sa  liberté  fut  menacée ,  et  quelques  amis 
furent  obligés  de  lui  procurer  les  moyens  de  s'é- 
loigner de  Bruxelles  en  secret.  Cela  se  passait 
dans  l'hiver  de  1841  à  1842  (1).  Un  grand  si- 
lence se  fit  alors  sur  l'existence  de  l'artiste  :  il 
est  expliqué  par  l'article  de  la  Gazette  générale 
de  musique  de  Leipsick ,  cité  précédemment,  et 
par  la  notice  qui  se  trouve  dans  VUniversal 
Lexikon  der  Tonkunst,  de  M.  Bernsdorf  :  il  y 
est  dit  que  Litolff  alla  directement  à  Varsovie , 
où  il  remplit  pendant  trois  ans  les  fonctions  de 
chef  d'orchestre  du  Théâtre  national;  suivant  ces 
notices,  le  terme  de  ces  trois  années  aurait  com- 
mencé à  l'automne  de  1841.  Cependant  une  cor- 
respondance de  Francfort  du  mois  de  janvier 
1843,  insérée  dans  la  Gazette  générale  de  mu- 
sique de  Leipsick  (  février  de  cette  année,  p.  93), 
nous  apprend  que  Litolff  était  dans  cette  ville  au 
mois  de  décembre  précédent  et  qu'il  ne  s'y  fit 
pas  entendre.  Il  y  a  sur  cette  époque  de  la  vie  de 
l'artiste  une  obscurité  qu'il  serait  difficile  de  dis- 
siper ;  car  dans  ces  mêmes  notices  où  on  lui 
fait  diriger  pendant  trois  ans  l'orchestre  du  Théâtre 
national  de  Varsovie  il  est  dit  qu'il  fut  si  long- 
temps malade  dans  celte  ville,  qu'il  ne  put  se  faire 
entendre. 

Ce  fut  au  mois  de  novembre  1844  que  LitoKf 
reparut  avec  éclat  dans  le  monde  musical,  bien 
que  sa  santé  fût  alors  dans  un  état  déplorable. 
Nonobstant  un  tel  état  de  souffrance,  il  joua,  dans 
un  concert  du  Gewandhause,  son  second  con- 
certo-symphonie (œuvre  21),  qui  obtint  un  bril- 
lant succès.  Au  mois  de  janvier  1845,  il  était  à 
Prague,  où  il  donna  cinq  concerts  :  dans  le  pre- 
mier, il  étonna  les  amateurs  en  jouant  seul  et 
sans  orchestre  tous  les  morceaux  du  programme, 
à  l'exception  de  la  sonate  en  la  majeur  de  Beet- 
hoven, pour   piano  et  violoncelle,  qu'il  exécuta 

(t)   l'Ins  tard,  Lllolff  a  payé  intégralement    tom   ses 
créancier». 


336 


LITOLFF 


avec  le  TiolonceHiste  Traeg.  Ses  quatre  aiilies 
concerts  furent  donnés  au  théâtre  avec  orcliestre  : 
dans  un  de  ceux-ci  il  exécuta  son  premier  con- 
certo-symplionie ,  composé  à  Bruxelles.  Dans  la 
même  saison,  il  joua  aussi  à  Dresde,  mais  sans 
y  faire  entendre  ses  propres  compositions,  et  il  y 
fit  peu  d'impression.  A  Berlin,  où  il  se  rendit  en- 
suite, il  n'en  fut  pas  de  même,  car  il  y  balança 
les  triomphes  de  Jenny  Lind.  Il  était  arrivé  dans 
cette  ville  presque  mourant  :  les  journaux  exci- 
tèrent l'intérêt  public  en  parlant  de  la  lin  pro- 
bable et  prochaine  d'un  artiste  si  reraar^jiiable. 
On  sut  ensuite  que  le  célèbre  médecin  M.  Schœn- 
lein  avait  promis  de  lui  rendre  la  santé,  et  quel- 
que temps  après  parurent  les  annonces  de  son 
premier  concert.  La  foule  envahit  la  salle  dès 
.*on  ouverture.  Dès  que  Lilolff  parut  sur  l'estrade, 
des  applaudissements  unanimes  l'aceueillirenl,  et 
pendant  que  l'orchestre  exécutait  l'introduction 
de  son  deuxième  concerto-symphonie,  ces  applau- 
dissements éclatèrent  de  nouveau  avec  enthou- 
siasme, avant  même  (pie  Litolff  eût  mis  les  mains 
sur  le  piano.  Le  correspondant  de  la  Gazette 
générale  de  musique  de  Leipsick  s'exprime 
ainsi  dans  le  compte  rendu  des  concerts  de  Litolff  : 
«  A  la  fin  du  poétique  morceau  éclata  une  véri- 
«  table  tempête  d'applaudissements.  Rarement  on 
"  vit  une  pareille  victoire  de  l'esprit  sur  la  ma- 
'<  tière.  On  avait  peine  à  comprendre  que  cet 
«  artiste  au  corps  presque  diaphane,  qui  quelques 
«  jours  auparavant  était  aux  frontières  d'un  pays 
«  dont  le  voyageur  ne  revient  jamais,  était  celui 
«  qui,  maintenant  assis  au  piano,  triomphait  avec 
«  une  énergique  bravoure  des  plus  grandes  dif- 
«  licultés  et  déliait  hardiment  la  masse  de  l'or- 
«  chestre.Tout  l'auditoire  claitéinu  aux  puissants 
<<  accents  de  cette  àme  d'artiste.  Le  concerto 
«  même,  comme  composition,  fit  un  grand  effet 
«  sur  le  public  et  dans  les  cercles  de  musique  ; 
»  on  en  parla  plus  longtemps  qu'on  n'eût  fait  d'un 
«  opéra  nouveau  représenté  avec  succès.  »  Après 
quatre  concerts  qui  ne  furent  pas  moins  favora- 
bles à  Litolff,  il  joua  dans  quelques  concerts  d'ar- 
tistes et  de  bienfaisance ,  eut  l'honneur  d'être 
entendu  par  la  famille  royale ,  et  termina  pai'  un 
«•«ncert  d'adieu,  dans  lequel  son  concerto  de  vio- 
lon fut  joué  par  Léonard,  aujourd'hui  professeur 
au  Conservatoire  de  Bruxelles.  Litolff  y  fit  aussi 
exécuter  sous  sa  direction  l'ouverture  de  son 
opéra  Catherine  Howard,  «  grande  et  im- 
"  portante  composition  (dit  le  journaliste  alle- 
«  mand),  dont  le  caractère  sombre  et  passionné 
'>  exprime  bien  la  détresse  de  l'infortunée  souve- 
«  raine,  et  dans  laquelle  se  (ont  remarquer  dos 
«  effets  étonnants  d'instrumentation.  >>  i^'artiste 
fit  chanter  dans  !e  même  concert  plusieurs  mor- 


ceaux  de   son   opéra  inédit   intitulé    Salcalor 
Rosu. 

Parti  de  Berlin  au  mois  de  janvier  1846,  Li- 
tolff se  rendit  à  Londres,  où  il  avait  des  arrange- 
ments à  prendre  pour  régler  sa  séparation  d'avec  sa 
femme,  qui  depuis  plusieurs  années  était  retour- 
née dans  sa  famille.  Il  paraît  qu'un  piège  lui  avait 
été  tendu  par  les  parents  de  cette  jeune  femme 
pour  l'attirer  dans  la  capitale  de  l'Angleterre.  A 
peine  y  fut-il  arrivé ,  qu'une  action  lui  fut  inten- 
tée ponr  affaires  d'intérêt  privé  :  il  fut  con- 
damné à  payera  cette  famille  une  somme  consi- 
dérable. Le  jugement  fut  immédiatement  exécuté 
par  la  saisie  de  sa  personne,  et  il  fut  conduit  à 
la  prison  pour  dettes.  Il  y  languissait  depuis 
plusieurs  mois,  lorsque  le  hasard  lui  fournit  les 
moyens  d'en  sortir  furtivement  et  de  se  rendre 
en  Hollande,  où  il  obtint  de  grands  succès,  comme 
pianiste  et  comme  compositeur.  Ce  fut  pendant 
son  séjour  à  Amsterdam  qu'il  écrivit  son  troisième 
concerto-symphonie,  dont  un  des  morceaux  a 
pour  thème  un  chant  national  hollandais.  De  re- 
tour à  Brunswick  au  commencement  de  1847, 
il  y  termina  l'opéra  intitulé  Die  Braut  vont 
Kynast  (La  Fiancée  de  Kynast),  qui  fut  repré- 
senté dans  cette  ville  et  à  Francfort-sur-le-,Meiii. 
Ln  1848,  Litolff  entreprit  un  nouveau  voyage,  et 
se  rendit  à  Vienne  ,  où  la  révolution  éclata  peu 
de  jours  après  son  arrivée.  Il  n'y  put  donc 
donner  de  concert,  mais  il  écrivit  une  marche 
pour  la  légion  des  étudiants.  Les  soulèvements  de 
la  plus  grande  partie  de  l'Allemagne  à  cette  épo- 
que n'étant  pas  favorables  aux  projets  de  cet  ar- 
tiste, il  retourna  de  nouveau  à  Brunswick,  où  il 
trouva  «ne  i;énéreuse  hospitalité  chez  Meyer, 
éditeur  de  mnsi(]iic.  Il  y.  composa  deux  ouver- 
tures pour  des  drames  de  Griepenkerl,  dont  les 
sujets  sont  Robespierre  et  Les  Girondins  ;  puis 
il  lit  un  secon<i  voyage  en  Hollande.  Dans  l'inter- 
valle, son  ami  Meyer,  de  Brunswick  ,  mourut. 
Lorsque  Lîtolff  retourna  dans  cette  ville,  il  était 
atteint  d'une  aftèction  nerveuse  d'un  caractère 
très-grave  qui  le  jetait  dans  de  fréquents  accès 
d'hypocondrie,  et  dont  la  durée  fut  d'une  année 
entière.  Revenu  enfin  à  la  santé,  il  épousa,  en 
1851,  la  veuve  de  Meyer,  et  fit  passer  sous  son 
nom  la  firme  de  la  maison  de  commerce  de  cette 
dame;  d'où  il  faut  conclure  que  son  divorce 
avec  sa  première  femme  avait  été  prononcé  pos- 
térieurement à  son  voyage  à  Londres.  Pendant 
trois  ans  après  son  mariage,  Litolff  sembla  ou- 
blier sa  destination  d'artiste,  et  ne  s'occupa  tpio 
d'affaires  commerciales,  travaillant  incessamment 
dans  son  bureau  comme  aurait  pu  le  (aire  un 
négociant  vieilli  dans  les  alfaiies.  T(nit  à  coup, 
son  génie  se  réveilla  ;  le  besoin  des  émotions  de 


LITOLFF 


327 


la  vie  d'artiste  se  fit  sentir  en  lui  de  nouveau  ;  et 
les  villes  principales  de  la  Hollande  furent  visi- 
tées en  1834,  pour  la  troisième  fois,  par  cet 
liomme  extraordinaire,  dont  l'existence  a  toujours 
présenté  des  alternatives  d'activité  fiévreuse  et 
d'inertie  absolue.  Ce  fui  pendant  ce  séjour  dans 
le  royaume  des  Pays-Bas  que  Litolff  écrivit  son 
quatrième  concerto-symphonie,  composition  que 
des  succès  d'entiiousiasme  ont  accueillie  partout. 
Dans  riiiver  suivant,  Litolff  revit  Bruxelles,  où 
il  n'était  pas  venu  depuis  douze  ou  treize  ans. 
Il  joua  son  quatrième  concerto-symphonie  dans 
un  concert  du  Conservatoire,  sous  ma  direction, 
et  y  causa  une  grande  impression,  par  le  carac- 
tère d'originalité  de  cette  musique.  Plusieurs 
conc«rts  suivirent  cette  première  audition  :  Li- 
tolff y  fit  entendre  ses  troisième  et  quatrième 
concertos-symphonies,  ses  ouvertures  de Bobes- 
pierre  et  des  Girondins,  ainsi  que  plusieurs  au- 
tres compositions  nouvelles  ;  toutes  y  furent 
accueillies  avec  la  même  faveur.  Au  milieu  de 
ces  succès,  il  fut  saisi  d'une  des  atteintes  de 
la  maladie  nerveuse  de  la  poitrine  qui  avait  mis 
plusieurs  fois  ses  jours  en  danger  ;  avertie  de  la 
situation  où  il  se  trouvait.  M™*  Litolff-Meyer  ac- 
courut de  Brunswick  pour  le  soigner,  lui  prodi- 
gua ses  soins,  et,  après  le  retour  de  sa  santé ,  le 
ramena  chez  lui.  Mais  le  charme  était  rompu  ; 
l'artiste  venait  de  retrouver  la  vie  agitée,  pleine 
d'émotions,  et  l'air  fébrile  nécessaire  à  son  exis- 
tence. Plus  de  bureau,  plus  d'affaires,  plus  de 
chiffres  :  rien  de  tout  cela  n'est  fait  pour  lui;  ce 
qu'il  lui  faut,  c'est  une  salle  resplendissante  de 
lumières  ,  un  bon  orchestre,  un  public  enthou- 
siaste, des  succès  ,  des  éloges  ,  et  môme  de  la 
critique  pour  lui  donner  des  accès  de  colère. 
Voilà  ce  que  pensait  Litolff  en  touchant  le  seuil 
de  sa  maison  de  Brunswick.  11  n'y  resta  pas 
longtemps  :  des  voyages  à  Gotha  pour  y  revoir 
le  duc  de  Saxe-Cobourg,  dont  la  protection  lui 
était  nécessaire  pour  les  projets  qui  déjà  préoc- 
cupaient sa  tôte,  rem[)iirent  une  partie  de  l'été; 
puis  il  parcourut  les  provinces  rhénanes;  l'hiver 
le  ramena  en  Belgique  :  il  donna  de  nouveaux 
concerts  à  Bruxelles  et  dans  d'autres  villes  prin- 
cipales du  pays,  particulièrement  à  Liège.  De  re- 
tour à  Bruxelles  après  ces  excursions,  il  y  fut 
saisi  d'une  nouvelle  atteinte  de  sa  maladie  ordi- 
naire, et  ne  put  sortir  de  sa  chambre  pendant 
plusieurs  mois.  Rendu  à  la  santé  ,  il  reprit  sa 
vie  nomade,  et  ne  fit  plus  à  sa  maison  de  Bruns- 
wick que  de  courtes  apparitions.  Enfin,  il  se  ren- 
dit à  Paris,  et  y  produisit  en  1858  ime .émotion 
extraordinaire,  en  exécutant  son  quatrième  con- 
cerlo-symphoniqne  et  quelques  autres  composi- 
tions dans   un    concert   des  jeunes   artistes    du 


Conservatoire  dirigé  par  M.  Pasdeloup ,  et  dans 
un  autre  concert  qu'il  donna  dans  la  salle  du 
Conservatoire. 

L'abandon  de  ses  affaires,  de  sa  maison  et  de 
sa  femme,  pour  l'existence  aventureuse  dans  la- 
quelle il  était  rentré,  avait  eu  les  résultats  qu'il 
devait  prévoir  :  une  demande  de  divorce  avait 
été  formée  par  M"*  Litolff-Meyer;  son  mari  y 
acquiesça,  et  la  séparation  fut  prononcée.  Pen- 
dant ce  temps,  Litolff,  retiré  dans  une  maison  de 
campagne  de  M""^  de  Larochefoucauld  ,  près  de 
Fontainebleau,  s'y  occupait  de  la  composition 
d'un  opéra  {Rodrigue  de.  Tolède),  qui  n'apniiil 
été  représenté.  Au  jirintemps  de  1860,  Litolff  re- 
parut en  Belgique,  joua  à  Bruxelles,  à  Lié;^e,  à 
Anvers,  puis  se  rendit  sur  les  bords  du  Rhin,  et 
organisa  à  Wiesbaden  un  grand  concert,  auquel  il 
donna  le  nom  de  Festival ,  et  qui  lut  donné  au 
mois  d'août  de  la  même  année.  La  Revue  et 
Gazette  musicale  de  Paris,  rendant  compte  de 
ce  concert,  dans  sou  n"  36  (2  septembre),  ter- 
minait son  article  par  cette  phrase  :  «  Au  nombre 
«  des  personnes  d'élite  qui  y  assistaient  (au 
«concert),  on  remarquait  M"e  Louise  de  La- 
«  rocbefoucauld,  fille  du  comte  Wilfrid  de  La- 
«  rocbefoucauld,  petite-fille  du  duc  de  Laroche- 
«  foucauld, ambassadeur  en  Prusse  sous  l'empire, 
«  nièce  de  la  princesse  Borghèse,  etc.,  qui  doit, 
«  dit-on ,  le  mois  prochain  échanger  le  nom 
«  illustre  qu'elle  porte  contre  celui  de 
„  ]\imc  Henri  Litolff.  »  Ce  mariage  se  lit  en 
effet  au  mois  d'octobre  suivant.  Depuis  lors  le 
silence  s'est  fait  sur  l'existence  étrange  de  l'artifte 
qui  est  l'objet  de  cette  notice. 

Le  talent  de  Litolff  dans  la  composition  est 
une  alliance  de  qualités  précieuses  et  de  défauts 
considérables,  if  est  éminemment  poète  par  l'i- 
magination, par  l'inspiration  et  par  la  sponta- 
néité de  l'idée;  il  a  de  la  mélodie,  et  celle  mélodie 
asouventde  la  distinction.  Plus  coloriste  que  pen- 
seur, il  a  l'instinct  des  effets  de  l'instrumenta- 
tion et  réussit  presque  toujours  ceux  qu'il  ima- 
gine ;  mais  il  s'abandonne  à  la  divagation  dans 
presque  tous  ses  ouvrages;  répète  les  mômes 
phrases  jusqu'à  satiété,  manque  d'ordre  dans  la 
disposition  des  idées,  et  ne  sait  pas  finir  à  propos. 
Doué  d'un  bon  .sentiment  d'harmonie ,  il  n'y 
obéit  pas  toujours ,  cherchant  par  système  des 
combinaisons  de  sons  qui  blessent  le  sentiment 
tonal.  Ses  meilleures  choses  sont  les  troisième 
et  quatrième  concertos-symphonies  pour  piano 
et  orchestre;  son  concerto  de  violon,  intitulé 
Eroica,  est  très-inférieur  à  ces  compositions. 
Dans  ses  trois  trios  pour  piano,  violon  et  violon- 
celle, Litolff  s'est  jeté  dans  un  système  vague, 
recherché,  tourmenté,  qt:i  ne  paraît  pas  ai)|)ailc:' 


328 


LITOLFF  —  LIVERAÏI 


nir  à  son  organisation  ;  il  semble  avoir  été  sous 
l'impression  des  dernières  oeuvres  de  Beethoven, 
en  écrivant  ces  ouvrages.  Ses  ouvertures  offrent 
un  mélange  de  ses  qualités  et  de  ses  défauts  :'on 
y  trouve  des  endroits  saisissants  d'effet  que  dé- 
parent des  parties  mal  ordonnées,  d'où  la  sim- 
plicité de  la  pensée  est  presque  toujours  bannie. 
Un  seul  but  se  fait  remarquer  dans  ces  produc- 
tions, plus  fantastiques  que  musicales,  à  savoir  la 
production  d'un  grand  effet  de  force  pour  le  cou- 
lonnernent  de  l'œuvre.  Dans  les  petites  choses 
pour  le  piano,  Litoiff  a  de  la  fantaisie  et  de  la 
grâce:  mais  il  n'y  est  pas  toujours  égal  à  lui- 
même.  Jusqu'au  momentoù  cette  notice  est  écrite, 
il  n'a  pas  réussi  dans  ce  qu'il  a  écrit  pour  le 
théâtre  :  doué  d'instinct  dramatique ,  il  n'a  su 
l'appliquer  qu'à  la  musique  instrumentale,  res- 
semblant en  cela  à  plusieurs  des  musiciens  de 
notre  époque,  lesquels  placent  volontiers  le  drame 
dans  une  symphonie,  et  ne  trouvent  plus  rien 
lorsqu'ils  sont  soumis  aux  exigences  de  la  scène. 
On  ne  pourra  toutefois  juger  Litoiff  sous  ce  rap- 
port qu'après  la  représentation  de  son  Rodrigue 
de  Tolède.  Au  résumé,  cet  artiste  singu  lier  est 
incontestablement  un  homme  de  génie,  arrivé 
à  un  point  avancé  de  sa  carrière  sans  avoir 
réalisé  par  des  ouvrages  complets  ce  qu'on  pou- 
vait alteu'ire  de  ses  hautes  facultés. 

LITZIUS  (G.  J.).  On  a  sous  ce  nom  un 
livre  élémentaire  intitulé  :  Anleitung den  G ene- 
rulbass  prciktisch  su  lenien  (Introduction  à 
l'art  d'accompagner  la  basse  continue)  ;  Mayence, 
Scliolt  (sans  date),  in-4°.  Le  même  auteur  a 
publié  aussi  ;  Praktische  Anleitung  zum  Ge- 
sangxinterrichie  fiir  Sc/iu?en (Introduction  pra- 
tique à  l'enseignement  du  chant  pour  les  écoles), 
i  parties  ;  ibid.  On  connaît  aussi*de  ce  musicien 
quelques  bagatelles  pour  la  guitare,  le  piano  et 
]e  chant. 

LIVERATI  (Jean)  ,  compositeur,  né  à  Bo- 
logne, en  1772,  reçut  les  premières  leçons  de  mu- 
sique de  deux  frères  nommés  Joseph  et  Ferdinand 
Tibaldi,  A  l'ûge  de  quatorze  ans,  il  passa  sous  la 
direction  de  l'abbé  Maltei  (voyez  ce  nom)  pour  la 
cotDposition  ,  et  il  apprit  le  chant  de  Laurent 
Gibelli,  bon  maître  qui  a  formé  beaucoup  d'é- 
lèves pour  le  théâtre  et  pour  l'église.  Les  pre- 
mières productions  de  Liverati  furent  quelques 
psaumes  qu'on  chanta  en  1789  dans  l'église  de 
Saint-François  à  Bologne.  Dans  le  même  temps, 
il  se  faisait  remarquer  comme  chanteur  dans  les 
oratorios  et  les  concerts.  Des  engagements  avan- 
tageux lui  furent  offerts  pour  différentes  villes 
de  l'Italie,  mais  il  les  refusa.  En  1790  il  fit  re- 
présenter son  premier  ouvrage  dramatique,  petit 
oijéra  en  un  acte,   intitulé  :  Il  Divertimento 


in  campagna;  puis  il  écrivit  une  mes.'^e  à  deux 
voix  avec  accompagnement  d'orgue,  une  messe 
de  Requiem  à  quatre,  avec  orchestre,  et  l'oratorio 
des  Sept  paroles  de  Jésus-Christ  sur  la  croix. 
En  1792,  il  fut  engagé  comme  premier  ténor  au 
lliéàtre  italien  de  Barcelone;  puis  il  passa  à  Ma- 
drid en  la  même  qualité.  Ap|>elé  à  Polsdam  par 
le  roi  de  Prusse  pour  y  diriger  l'Opéra,  il  publia, 
sous  les  auspices  de  ce  prince,  un  œuvre  de  qua- 
tuors pour  2  violons,  alto  et  basse.  En  1800  il 
quitta  Potsdam,  pour  aller  diriger  la  musique  du 
théâtre  de  Prague.  Pendant  les  trois  années  de 
son  séjour  en  cette  ville,  il  écrivit  pour  différents 
opéras  des  morceaux  détachés ,  ainsi  qu'une 
cantate  pour  le  prince  de  Kinsky,  et  une  messe 
solennelle.  Appelé  à  Triesle  eu  1804,  il  y  fit  re- 
présenter son  opéra  Jl  Maestro  di  musica,  qui 
fut  bien  accueilli.  Précédemment  il  avait  écrit  son 
Maestro  fanatico,  qui  obtint  un  brillant  succès 
à  Vienne,  dans  l'année  suivante.  Liverati  s'établit 
dans  cette  dernière  ville  en  qualité  de  maître  de 
chant,  et  y  vécut  pendant  près  de  dix  ans.  11  y 
lia  des  relations  d'amiliéavec  Haydn,  Beethoven, 
Kozeluch  et  Salieri.  Les  ouvrages  de  ce  dernier 
devinrent  ses  modèles  dans  ses  compositions. 
Parmi  celles-ci ,  on  distingue  surtout  David, 
opéra  en  deux  actes;  Enea  in  Cartagine,  La 
Prova  générale,  et  La  Presa  d'Egea,  qui 
furent  représentés  dans  les  palais  impériaux, 
Liverati  écrivit  aussi  à  Vienne,  pour  le  prince  de 
Lobkowitz,  deux  opéras  allégoriques  intitulés  : 
Il  Tempio  delV  eternità,  et  II  Convito  degli 
Dei.  Enfin,  il  composa,  par  ordre  de  l'impératrice 
Marie-Thérèse  de  Naples ,  les  grandes  cantates 
Il  Trionfo  d'Ausonia,  Milliade,  et  l'oratorio 
VAdorazione  dei  j)astori  e  dei  inaggi  ^  celte 
princesse  chanta  la  partie  de  Marie  dans  l'exécu- 
tion de  cet  ouvraj^e.  Une  messe  solennelle  écrite 
pour  le  prince  Esterhazy,  une  cantate  et  beau- 
coup d'airs,  de  duos,  de  trios  et  de  romances 
furent  les  autres  productions  de  Liverati  pendant 
son  séjour  à  Vienne.  En  1814  il  alla  à  Londres, 
en  qualité  de  compositeur  du  théâtre  du  roi. 
Pendant  les  trois  années  où  il  remplit  ces  fonc- 
tions, il  fit  représenter  /  Selvaggi,  en  deux  actes  ; 
Il  Trionfo  di  Cesare,  Gastone  e  Bajardo,  Gli 
Amanti  fanatici,  et  II  Trionfo  d'Albione.  Il 
publia  aussi  à  Londres  des  ariettes  à  voix  seule, 
avec  accompagnement  de  piano,  op.  2,  7,  13; 
cantate  sur  la  mort  de  la  princesse  Charlotte, 
op.  3  ;  duos  à  deux  voix  de  soprano,  op.  4,  8,  9, 
12,  19,  21  ;  des  airs,  op.  5,  15,  17,  et  quelques 
autres  compositions  légères.  Liverati  est  retourné 
en  Italie  vers  la  fin  de  1817,  et  a  été  remplacé 
à  Londres  par  Pucita.  Son  opéra  intituixi  Uavid 
a  été  publié  à  Vienne,  en  partition  pour  le  piano. 


LIVERZIALI  —  LOBE 


329 


LIVERZIALI  (Joseph),  musicien  romain 
et  compositeur,  est  auteur  d'un  livre  intitulé  : 
Grammaika  délia  mvsica,  dont  la  première 
partie  a  paru  à  Rome,  en  1797,  chez  Pilucchi 
Cracos,  mais  dont  la  suite  n'a  pas  été  publiée. 

LIVRY  (Le  comte  Hippolyte  DE)  naquit  au 
château  de  Livry,  en  1771.  Son  éducation  fut 
négligée,  car  il  avoue  dans  une  de  ses  lettres 
qu'il  ne  connaissait  que  sa  langue  maternelle,  et 
qu'il  était  étranger  à  toute  notion  d'art  et  de 
science.  Cependant  il  était  amateur  passionné  de 
musique,  quoiqu'il  n'en  srtt  pas  une  note;  et  il 
croyait  juger  mieux  de  cet  art  que  ceux  qu'il 
appelait  de  prétendus  connaisseurs.  Affectant 
une  sensibilité  très-expansive,  il  exaltait  le  mé- 
rite de  la  musique  de  Grétry  au-dessus  de  toute 
antre,  et  son  admiration  pour  les  œuvres  de 
ce  compositeur  allait  jusqu'au  fanatisme.  Il  lit 
faire  en  1805  une  statue  en  marbre  de  cet  artiste 
par  le  sculpteur  Stouf.  Cette  statue  fut  placée  en 
1807  sous  le  péristyle  du  théâtre  Feydeau,  et  y 
resta  jusqu'à  la  démolition  de  cette  salle,  en  1830. 
J'ignore  ce  qu'elle  est  devenue  depuis  lors.  Le 
comte  de  Livry  a  publié  un  Jiecueil  de  lettres 
écrites  à  Grétry  ou  à  son  sujet  ;  Paris,  Ogier 
(sans  date),  in-8°  de  157  pages.  Ces  lettres,  fort 
mal  écrites,  sont  remplies  d'extravagances.  L'au- 
teur est  mort  à  Paris,  en  1822. 

LOBE  (  Jkxn-Ciirétien  ),  compositeur  et 
écrivain  distingué  sur  la  musique,  est  né  à  Wei- 
mar,  le  30  mai  1797.  Son  père,  enlumineur  de 
l'imprimerie  en  taille  douce  de  Bertiicli,  jouait 
de  plusieius  instruments,  qu'il  avait  appris  lui- 
même  ;  ce  fut  de  lui  que  le  jeune  Lobe  reçut  les 
premières  leçons  de  musique  pratique  et  de 
flûte.  Le  hasard  ayant  procuré  à  cet  enfant  l'a- 
vantage d'être  entendu  au  parc  par  la  grande- 
duchesse,  protectrice  des  arts  et  des  artistes, 
cette  princesse  le  confia  aux  soins  du  maître  de 
chapelle  Muller  et  du  directeur  de  musique  Rie- 
mann.  Ses  progrès  furent  si  rapides  sur  la  flûte 
et  le  violon,  qu'à  l'âge  de  onze  ans  il  put  exécu- 
ter des  concertos  de  ces  deux  instruments  dans 
les  concerts  publics.  Il  fréquentait  alors  le  Gym- 
nase pour  y  faire  ses  études;  mais  il  ne  les_ 
poussa  que  jusqu'en  troisième,  et  il  quitta  l'é- 
cole pour  entrer  à  la  chapelle  de  la  cour  en  qua- 
lité de  violoniste.  Les  connaissances  qu'il  acquit 
ensuite  dans  la  littérature  allemande  et  dans  les  ' 
langues  étrangères,  il  ne  les  dut  qu'à  lui-même, 
à  ses  études  persévérantes,  et  au  courage  qui 
j  lui  fit  surmonter  les  embarras  de  sa  position.  Jl 
n'eutjamais  do  maître  pour  la  composition  ;  la 
lecture  attentive  de  quelques  bons  traités  d'har- 
monie,  l'étude  des  meilleures  partitions,  et  ses 
observations  à  l'orchestre  de  la  cour,  où  il  était 


employé  comme   flûtiste  lui  en  tinrent  lieu.  A 
l'égard  de  son  talent  d'exécution  sur  la  flûte,  il 
atteignit  un  haut  degré  de  perfection,  suivant  le 
témoignage  de  ses  compatriotes.  En  1819,  Lobe 
fit  à  pied  le  voyage  de  Vienne  ;  et  dans  l'année 
suivante  il  alla  à   Berlin,  où  il  eut  de  grands 
succès  comme  instrumentiste.  Ses  relations  avec 
quelques  artistes  de  cette  ville,   et  la  musique 
qu'il  entendit  au   théâtre  royal,   achevèrent  le 
développement  de  son  goût  pour  la  composition 
dramatique.  L)e  retour  à  Weimar,  il  y  écrivit 
son  ^^itikind,  opéra  en  deux  actes,  qui  fut  joué 
en  1821,  et  qui  eut  quelques  représentations.  Il 
en  avait  lui-même  composé  le  livret.  La  Cage, 
petit  opéra  en  un  acte,  suivit  ce  premier  essai; 
puis,  à  des  intervalles  plus  ou  moins  éloignés, 
Lobe  produisit  Le  Flibustier,  La  Princesse  de 
Grenade,  en   1846,  pour  l'ouverture  du  théâtre 
de  la  cour  à  Weimar,  puis  à  Leipsick  et  à  Cas- 
sel,  et  qui  a  été   publiée   en  partition   pour  le 
piano;  Le   Domino  rouge,  joué  à  Weimar,  en 
1830,  et  enfin  Kônig  und  Pàchter  (Roi  et  Fer- 
mier ),  joué  à  Weimar,  en  1846.  La  plupart  de 
ces  productions  se  font  remarquei'  par  l'origina- 
lité des  idées,  un  vif  sentiment  d'harmonie,  et 
un  heureux  instinct  dans  les  effets  de  l'insfru- 
mentation.   Malheureusement,   l'auteur    de  ces 
compositions  a  langui  longtemps  dans  une  po- 
sition subalterne  au  service  d'une  petite  cour; 
il  en  est  résulté  qu'il  n'a  pas  pris  assez  de  con- 
fiance en  lui-même,  et  que  l'activité  de  son  sen- 
timent artistique  s'est  ralentie.  En  1840,   Lobe 
obtint  sa  retraite  de  la  chapelle  de  Weimar,  avec 
le  titre  de  jjrofesseur  pensionné.  Il  alla  alors 
se  fixer  à  Leipsick,  où  il  fonda  un  Institut  pour 
l'étude  de  la  composition.  La  maison  Breitkopf 
et  Hartel  le  chargea  de  la  rédaction  de  la  Gazette 
générale  de  musique  pendant  les  années  1846- 
1848.  Dans  cette  dernière   année  ce  Journal  in- 
téressant cessa  de  paraître  après  avoir  rendu  de 
grands  services  à  l'art  pendant  un  demi-siècle.  On 
a  de  Lobe  beaucoup  de  musique  instrumentale,  où 
brille  un  mérite  réel.  Voici  la  liste  de  ses  ou- 
vrages les  plus  connus  :  1'  ie  Flibustier,  paroles 
de  Gehr,  j)artition  réduite  pour  le  piano  ;  Leip- 
sick, Breitkopf  et  Hœrtcl.  —  2°  La  Princesse  de 
Grenade,  partition  gravée;  Mayence,  Schott. — 
3"  Ouverture  de  La  Cage  (Der  Kac/ich),  pour 
l'orchestre;    Bonn,  Simrock.  —  4°  Ouverture 
détachée  pour  l'orchestre,    op.     10;    Leipsick, 
Breitkopf  et  Hsertel.  —  5°  Ouverture  de  concert, 
intitulée  Les  Charmes  du  voyage,  op.  26  ,  pu- 
bliée à  grand  orchestre.  —  ù" Peinture  des  sons, 
symphonie  à  grand  orchestre  exécutée  à  Weimar. 
—  7°  Nouvelle  Peinture  des  sons,  idem.  — 
8'  Concerto  (en  sol)  pour  la  flûte,  ibid.  — 


aôo 


LOBE  —  I.OBSÏEIN 


9*  Varialions  pour  flûte  principale,  op.  3;  ibid. 
—  10°  Trois  thèmes  variés;  idem,  ibid. —  11°  1'^'' 
quatuor  pour  piano,  violon,  alto  et  basse,  op.  8  ; 
ibid. —  1 2"  2'"*^  idem,  op.  9;  ibid.—  13"  Caprices 
pour  le  piano,  op.  7;  ibid.  Lobe  a  publié  dans  la 
Gazette  générale  de  musique  de  Leipsick  (t.  33  et 
34)  quelques  articles,  particulièrement  sur  l'usage 
de  la  fugue  dans  la  musique  d'église.  De  plus,  il  y 
a  fait  insérer  beaucoup  d'autres  morceaux  de  cri- 
tique pendant  les  tiois  années  où  il  fut  chargé  de 
la  rédaction  de  ce  journal.  On  lui  est  redevable 
aussi  de   plusieurs  ouvrages  où   il  a  fait  preuve 
non-seulement  de  connaissances  solides  dans  son 
art,  mais  de  philosophie  et  de  talent  dans  l'art 
d'écrire.  Le   premier  a  pour  titre  :  Die  Lehre 
von  der  thematischen  Arbeit,  etc.  (La Science  du 
développement  lies  thèmes  dans  la  composition)  ; 
Weiuiar,  1844.   Le  second  ouvrage  est  un  ca- 
téchisme de  musique  (  Catcchisinus  der  Mu- 
sik),  publié  à  Leipsick,  et  dont  il  a  été  faitquatre 
éditions    ainsi    qu'une    traduction    hollandaise, 
intitulée  :  Katechismus  der  Muzijk  van  J.-C. 
Lobe;  S'  Gravenhage  (La  Haye),  1857,  in-8° 
de  151  pages.    La   Doctrine  de  la    composition 
musicale  (Lehrbuch  der  musikalischoi  fiom- 
position)  est  le  livre  didactique  le    plus  impor- 
tant de  Lobe.  Le  (iremier  volume,  qui  contient  la 
théorie  de  l'harmonie,  et  son  application  dans  le 
style  instrumental ,  a  été  publié  à  Leipsick,  chez 
Breitkopf  et  Hœrtel,  en  1850,  et  réimprimé  en 
1858.  Le   deuxième,  qui  a  paru  en  1855,  ren- 
ferme un  traité  d'instrumentation.  Le  troisième 
volume  est  un  traité  de  la  fugue  et  des  canons. 
Sous  le  pseudonyme  de  Un  Bien  connu  (Eines 
Wohlbekanntcn) ,  Lobe    adonné  des  Lettres 
musicales  (Musikalische  Briefe)  en  2  volumes 
petit  in-8''  (Leipsick,  Baumgœrtner,   1852);  ces 
lettres   furent    suivies    des    Feuilles   volâmes 
pour   la  musique  (Fiiigende  Blœtter  fur  Mu- 
sik),  qui  parurent  par  livraisons,  et  qui  forment 
trois   volumes   in-8".  Lobe  s'est   caché   sous  ce 
pseudonyme,  parce  qu'il  craignait  les  haines  que 
ferait  naître  la  critique  spirituelle  et  pleine  de 
raison  qu'il  fait  des  erreurs  de  ses  compatriotes 
et  de  ses  contemporains  concernant  la  musique. 
LOBEDAXZ  (G.-L.-F.),  archiviste  de  la 
haute  cour  de  Schlesvvig,  est  né  dans  cette  ville,  le 
1*""  mars  1778.  Son  père,   conseiller  de  justice 
et  notaire  du  siège  provincial,  lui  fit  apprendre 
le  violon  à  l'âge  de  sept  ans  :  mais  ses  progrès 
furent  si   rapides,  qu'on  lui   fit  abandonner  la 
musique,  dans  la  crainte  qu'il  ne  s'y  livrât  avec 
trop  de  passion.  Obligé  de  faire  des  études   sé- 
rieuses, qui  lui  firent  négliger  cet  art,  il  parvint 
à  l'âge  de  vingt  ans  sans  avoir  acquis  de  talent 
comme   instrumentiste  ;  mais  alors  il  se  remit 


au  violon,  et  prit  des  leçons  de  piano  et  de  chant. 
En  1800  il  étudia  l'harmonie  et  le  contrepoint, 
et  deux  ans  après  il  publia  une  collection  de 
chants  pour  une  et  plusieurs  voix  avec  accom- 
pagnement de  piano,  qui  fixa  sur  lui  l'attenlion 
des  amateurs  de  musique.  Depuis  lors  il  s'est 
fait  connaître  avantageusement  par  des  compo- 
sitions plus  importantes,  telles  que  des  ouver- 
tures pour  l'orchestre,  la  musique  du  drame 
Jeanne  de  Montfaucon,  un  Sanctus  avec  or- 
chestre, exécuté  en  1809  à  la  cathédrale  de 
Schleswig ,  et  l'Ode  de  la  Résurrection ,  par 
Klopstock,  à  4  voix.  M.  Lobedanz  a  publié,  dans 
l'écrit  périodique  intitulé  Ccccilia  (t.  H,  p.  264), 
un  article  sur  cette  question  :  Y  a-t-il  dans 
la  nmsique  différentes  écoles  comme  dans 
la  peinture,  et  comment  pourrait-on  les  ca- 
ractériser? 

LOBIÎOWITZ.  Voyez  CARAMUEL 
DE  LOBKOW1[TZ(Je\n). 

LOBO  (D.  Alphonse),  compositeur  portu- 
gais, né  vers  1555,  fut  d'abord  maître  de  cha- 
pelle à  Lisbonne.  Le  18  septembre  ICûl,  il  lut 
nommé  maître  de  la  chapelle  de  l'église  primatiale 
de  Tolède  :  il  y  passa  le  reste  de  sa  vie.  Lope 
de  Yega  a  fait  l'éloge  de  Loho  comme  étant  un 
des  plus  grands  artistes  de  son  temps.  Il  a  pu- 
blié un  livre  de  motets  dont  M.  K.slava  a  ex- 
trait le  Magnificat  à  S  voix  inséré  dans  la  Lira 
sacra  hispana.  Plusieurs  messes  de  Lobo  se 
trouvent  à  la  bibliothèque  du  monastère  de  l'Es- 
corial,  dans  la  chapelle  royale  de  Madrid,  et 
dans  plusieurs  églises  d'Espagne. 

LOBBY  (Charles-Josei'ii),  fils  d'un  graveur 
de  niusique  de  Paris,  naquit  en  cette  ville,  vers 
1760.  Ayant  été  admis  parmi  les  pages  de  la  mu- 
sique du  roi,  il  y  fit  ses  études  et  reçut  des  le- 
çons de  clavecin  de  Cardonne.  Francœur  lui  en- 
seigna la  composition.  Il  a  publié  :  1*^  Sonates 
pour  piano  seul,  op.  l,  et7;  Paris,  Naderman.  — 
2"  Mélanges  d'airs,  pots-pourris,  fantaisies  et 
caprices  (environ  15  œuvres)  ;  ibid.  —  3"  Thè- 
mes variés  (environ  10  oeuvres),  ibid.  —  4°  Con- 
tredanses, ibid. 

LOBSIi\GER  (Jean),  artiste  de  Nuremberg, 
né  dans  cette  ville,  en  1510,  suivant  son  portrait, 
à  l'âge  de  vingt-neuf  ans,  gravé  sur  cuivre  à  Nu- 
remberg en  1539,  est  considéré  comme  l'inven- 
teur de  plusieurs  perfectionnements  introduits 
dans  la  construction  des  soufdets  d'orgue  :  il  les 
imagina  en  1550,  et  mourut  à  Nuremberg,  en  1570. 

LOBSTEIN  (  J.-F.  ),  avocat  à  Strasbourg, 
né  dans  cette  ville,  vers  1802,  est  auteur  d'un 
livre  qui  a  pour  titre  :  Beitrxge  zurGeschichte 
der  Musik  im  Elsass  und  besonders  in  SiraS' 
burg  von  dcn  âllesten  bis  au f  die  neueste  Zeit 


LOBSTKIN  —  I.OCATELLI 


331 


(Lssai  pour  l'Iiisloire  de  la  musique  en  Alsace  et 
en  particulier  à  Strasbourg,  depuis  les  temps  les 
plus  anciens  jusqu'à  l'époque  actuelle);  Stras- 
bourg, 1840,  in-S"  de  147  pages,  avec  3  planches 
litbograpliiées.  Cet  ouvrage  parut  dans  la  même 
année  où  Conrad  Berg  publia  son  Aperçu  histori- 
que sur  l'état  de  la  musique  à  Strasbourg  pen- 
dant les  cinquante  dernières  années.  (V.  Berg.) 

LOBVVASSER   (Ambuoisk),   jurisconsulte 
et  conseiller  de  l'électeur  de  Brandebourg,  né  à 
Sclmeeberg,  Ie4  avril  1515,  mourut  à  Ratisbonne, 
le  27  novembre  1587,  à  l'âge  de  soixante-dix  ans. 
Il  traduisit  en   vers  allemands  les  psaumes  de 
Marot  et  de  Théodore  île  Bèzc,  avec  les  mélo- 
dies  de  Goudimel;  cette  traduction  fut  publiée 
sous  ce  titre  ;  Psalmen  des  Kœniglischen  Da- 
vids  in  ieutsche  Reimen    verstandlich  und 
deutlich  fjebracht  nac/i  franzœsischer  Mélo- 
die, etc.;  Leipsick,  15/3,  in-S".  D'autres  éditions 
de  celte  traduction  calviniste  ont  paru  à  Hei- 
delberg  en  1574,  à  Leipsick  en  1579  et  1584,  et 
à  Strasbourg  en  1597.  Il  en  a  été  fait  une  édition 
niagnifitiueà  Francfort-sur-!e-iMein,  sous  ce  titre: 
Psalmen  Davids  nach  franzœsischer  Melodeij 
mit  gegrabenen  Noten  in  teutsche  Reimen  ge- 
bracht  sxmmpt  etlich  geistliche  Gesœnge  D. 
Luthers,  1605,    in-fol.    Le  nom  de  Lobirasser, 
qui  en  allemand  signifie  éloge  de  Veau,  a  donné 
lieu  à  quelques  jeux  de  mois  dans  l'esprit  de  son 
temps,  et    qui  démontrent    que   les  luthériens 
n'aimaient  pas  sa  traduction  des  psaumes.  Martin 
Opitz,  dans  sa  préface  pour  le  psautier,  dit  que 
les  vers  de  Lobwasser  sont  aquatiques  ou  p'ulôl 
marécageux   (Otnnia  sunt  talde  aquea,  sive 
poiius  aquosa).  Le  professeur  Heller,  de  Leip- 
sick, disait  dans  son  cours  de  théologie,  en  par- 
lant de  la  traduction  des  psaumes  de  ce  même 
Lobwasser  :  Ein  anderer  lob  Wasser.  Ich  lob 
den  Wei7i(SiU  lieu  de  louer  l'eau,  j'adresse  mon 
éloge  au  vin)  ;  enfin,  le  professeur  Omeis,  d'Alt- 
dorf,  dans  ses  observations  sur  les  traductions  al- 
lemandes des  psaumes,  s'écrie,  en  parlant  de  Lob- 
vasser  :  Lob  vas  er?  (Quel  éloge  mérite -t  il  ?) 

LOCATELLI  (Pierre),  violoniste  célèbre, 
né  à  Bergame,  en  16'J3,  était  fort  jeune  lorsque 
ses  heureuses  dispositions  pour  la  musique  dé- 
cidèrent ses  parents  à  l'envoyer  à  Rome,  pour 
étudier  le  violon  sous  la  direction  de  Corelli. 
Presque  toutes  les  circonstances  de  sa  vie  sont 
ignorées  ;  on  sait  seulement  qu'après  avoir  beau- 
coup voyage  il  arriva  en  Hollande  et  se  fixa  à 
Amsterdam,  où  il  établit  un  concert  public. 
Lorsqu'il  mourut,  en  1764,  les  membres  de  la 
Société  des  amateurs  d'Amsterdam  prirent  le 
deuil.  Localelli  méritait  cette  distinction  par  un 
talent  plein  d'originalité  et  de  hardiesse.  S'il  ne 


fonda  point  d'école,  c'est  qu'il  fallait  être  doué 
d'une  singulière  dextérité  pour  exécuter  les  traits 
remplis  de  nouveautés  et  de  difficultés,  jus- 
,  qu'alors  inconnues,  dont  il  a  rempli  qiielques- 
!  uns  de-  ses  ouvrages.  Le  comte  de  San-Rafaele, 
qui  avait  entendu  cet  artiste,  lui  accorde  les 
,  plus  grands  éloges  {Letlere  sul'  artc  del 
suono  ).  Burney  prétend  que  les  compositions 
de  Locatelli  excitent  plus  d'étonnement  que 
de  plaisir  :  cette  critique  prouve  seulement  que 
cet  historien  de  la  musique  n'avait  point  com- 
pris le  mérite  des  œuvres  du  violoniste  berga- 
masque.  Il  est  vrai  que  parmi  les  contemporains 
de  cet  artiste  il  en  est  peu,  même  chez  les  pro- 
fesseurs, qui  aient  aperçu  tout  ce  qu'il  y  avait 
de  neuf  et  d'inventé  dans  ses  Caprices  énig- 
viatiques;  mais  ses  autres  sonates  et  .ses  con- 
certos sont  remplis  d'idées  gracieuses,  et  se  fout 
remaniuer  par  une  facture  élégante.  Ces  Ca- 
prices, que  je  viens  de  citer,  ont  été  peu  joués, 
à  cause  de  leur  difficulté.  Locatelli  y  a  fait  usage 
de  beaucoup  de  procédés  nouveaux,  dont  Paga- 
nini  a  fait  son  profit. 

Le  premier  œuvre  de  Locatelli,  conlenant 
en  douze  grands  concertos  (Concerii  grossi  ), 
parut  à  Amsterdam,  en  1721.  L'artiste  y  a  imité 
le  style  de  son  maître.  Le  deuxième  œuvre,  pu- 
blié en  1732,  renferme  des  sonates  de  flûte, 
avec  accompagnement  de  basse.  Le  troisième, 
intitulé  L'Arte  del  vioUno,  contient  douze  con- 
certos et  vingt-quatre  caprices  pour  premier  et 
deuxième  violon,  viole,  violoncelle  et  basse 
d'accompagnement  pour  le  clavecin;  il  a  été 
publié  en  1733.  On  en  fait  de  nouvelles  éditions 
à  Paris.  L'œuvre  quatrième,  publié  en  1735, 
est  composé  de  six  concertos  avec  des  intro- 
ductions. L'année  suivante  parut  l'œuvre  cin- 
quième, contenant  six  sonates  en  trios  pour  deux 
violons  et  basse.  L'œUvre  sixième,  contenant 
douze  sonates  pour  violon  seul,  a  été  gravé  eu 
1737.  11  en  a  élé  fait  d'aulres  éditions  à  Paris  ; 
la  dernière  a  (Ué  publiée  en  1801,  pour  l'usage 
des  élèves  du  Conservatoire.  L'œuvre  septième, 
jqni  renferme  six  Concerti  a  quattro,  a  été  pu- 
blié en  1741.  Le  huitième,  qui  contient  des  trios 
pour  deux  violons  et  basse,  a  paru  l'année  sui- 
vante; il  en  a  été  fait  une  deuxième  édition  en 
1750,  et  d'autres  à  Paris.  Le  neuvième  a  pour 
titre  :  L'Arte  di  nuova  modulazione  ;  c'esl  dans 
ce!  ouvrage  que  Locatelli  a  placé  toutes  ses  in- 
ventions nouvelles  sur  les  diverses  manières 
d'accorder  le  violon,  et  sur  des  combinaisons 
d'effets  auparavant  inconnues.  Les  édifions  fran- 
çai^es  modernes  portent  le  titre  de  Caprices 
énigmatiques.  Le  dixième  œuvre,  qui  passe 
pour   le  plus    beau,  était  intitulé  dans   la   piC' 


382 


I.OCATELLl  —  LOCR 


mière  édition  :  Contrasta  armonico  ;  il  contient 
des  concertos  à  quatre,  remarquables  par  le 
sentiment  de  la  bonne  harmonie. 

LOCATELLO  (Jean-Baptiste),  composi- 
teur de  l'école  romaine  au  seizième  siècle,  fut  le 
contemporain  des  grands  maîtres  de  la  même 
école  qui  vécurent  depuis  1550  jusque  vers  l'an- 
née 1600.  Il  n'est  connu  que  par  quelques  ma- 
drigaux et  motets  insérés  dans  les  collections 
suivantes  :  1°  Dolci  affetti;  madrigali  a  bvoci 
di  diversi  eccellenti  musici  di  Roma  ;  Rome, 
Alexandre  Gardane,  1585,  et  Venise,  chez  les 
héritiers  de  Jérôme  Scoto,  môme  année.  — 
2°  Symphonia  angelica,  di  diversi  eccellen- 
tissimi  ynusici  a  4,  5  c<  6  voci,  nuovamente 
raccolta  per  Huberto  Waelrant  e  date  in  luce; 
In  Anversa,  oppressa  Pietra  Bellasio  e  Gio- 
vanni Bcllera,  1594,  in-4''  obi.  —  3°  Selecfx 
cantianes  excellentissimorum  auctorutn  octa- 
nts vocibus cancinnendx,  a  Fabio  Constant ino, 
romana,  urbevitav x cathedralis miisicx  prx- 
fecta,  in  lucem  editx-  Ramx,  ex  typagraphia 
Bartholomei  Zanetti,  1614. 

LOCATELLO  (  Dominique  ),  premier  orga- 
niste de  l'église  Saint-Antoine,  à  Padoue,.  était  un 
artiste  distingué  lorsque  Burney  visita  cette  ville, 
en  1770, 

LOCCHIiVI  (Antoine),  né  dans  la  Fouille, 
vers  1740  ,  fut  d'abord  élève,  puis  maître  au 
Conservatoire  de  L'Ospedaleito ,  à  Naples.  En 
17C6  il  fit  représenter  au  liiéâtre  des  Fiorentini 
de  cette  ville  un  opéra  bouffe  intitulé  7\itti 
quanti  sono  pazzi,  II  donna  au  théâtre  de 
Parme  l'opéra  sérieux  Scipione  in  Cartago. 
Il  est  vraisemblable  que  Locchini  était  mort 
avant  1787,  car  on  ne  trouve  pas  son  nom  dans 
la  liste  des  compositeurs  existants  de  l'Indice 
teatrale  publié  dans  cette  même  année. 

LOCHXER  (Joiiachim),  musicien  allemand 
du  seizième  siècle,  a  fait  imprimer  à  Nuremberg 
des  Magnificat  à  4  voix,  dans  les  huit  tons  de 
l'église. 

LOCHIVER  (Charles),  violoncelliste  de  l'or- 
chestre de  Manheim,  né  à  Pforzheim,  vers  1760, 
mourut  d'un  coup  de  sang,  en  1795.  Il  s'est  fait 
connaître  avantageusement  en  Allemagne  comme 
compositeur  de  chansons  par  les  recueils  sui- 
vants :  r  XIÏ  chansons,  dont  une  partie  par 
J.-A.  André;  Offenbacli,  1792.  —  2-^  Six  idem, 
avec  accompagnement  de  clavecin,  V  colleclion  ; 
Manheim,  1793.  —  3"  Six  idem,  2^  recueil  ;  ibid., 
1793.  —  4"  Chansons  de  J.-B.  Reck,  mises  en 
musique,  3*  recueil;  Heilbronn,  1794.—  5° Chan- 
sons de  buveurs;  idem,  ibid.  On  connaît  aussi 
de  cet  artiste  la  musique  d'Oryj/ieui,  opéra  ou 
mélodrame  joué  à  Hambourg. 


LOCIIOIV  (Charles),  violoniste  français,  né  à 
Lyon,  vers  1760,  reçut  des  leçons  de  Bertheaume, 
et  fut  admis  à  l'orchestre  de  l'Opéra  en  1787. 
Après  trente  ans  de  service,  il  a  obtenu  sa  pen- 
sion de  retraite  au  mois  d'avril  I8i7.  Il  était 
aussi  attaché  à  l'orchestre  de  l'ancien  Concert 
spirituel.  On  a  gravé  de  sa  composition,  à  Lyon, 
en  1780,  Six  duos  pour  deux  violons,  op.  1. 

LOCK  (Matthieu),  musicien  anglais,  naquit  à 
Exeter,  dans  la  première  partie  du  dix-septième 
siècle,  et  reçut  son  éducation  musicale  au  chœur 
de  l'église  cathédrale  de  cette  ville,  sous  la  di- 
rection d'Edouard  Gibbons.  Devenu  bon  orga- 
niste et  compositeur  habile,  il  eut  d'abord  l'em- 
ploi de  chantre  à  l'église  d'Exeter;  mais  ayant 
été  chargé  de  composer  la  musique  pour  l'entrée 
de  Charles  II,  à  la  restauration  ,  ce  prince  l'at- 
tarha  à  sa  personne  en  qualité  de  compositeur 
ordinaire  de  sa  chambre.  Vers  la  fin  de  sa  vie, 
Lock  abjura  la  religion  réformée  et  se  fit  catho- 
lique. Il  mourut  à  Londres,  en  1C77,  avec  le  titre 
d'organiste  de  la  reine  Catherine.  Il  était  d'une 
humeur  irritable,  et  se  créa  souvent  des  disputes 
avec  d'autres  musiciens,  où  l'on  mit  de  part  et 
d'autre  plus  d'emportement  que  de  raison.  Sa 
première  querelle  eut  pour  objet  la  critique  qu'on 
avait  laite  d'un  de  ses  ouvrages  :  c'était  une 
colleclion  de  morceaux  de  musique  d'église  pour 
le  service  du  malin,  oii  la  prière,  après  chaque 
commandement,  avait  une  musique  différente. 
Cette  innovation  fut  blâmée,  et  Lock  publia  son 
ouvrage  en  partition,  avec  une  préface  où  il  se 
plaignait  amèrement  d'une  critique  qu'il  consi- 
dérait comme  une  injustice.  Lui-même  se  fit  le 
censeur  d'un  autre  musicien,  dans  une  critique 
sévère  du  livre  de  Salmon  sur  la  suppression  des 
clefs.  Une  vive  discussion  s'ensuivit  entre  eux. 

Parmi  les  compositions  de  Lock,  on  remar- 
que :  1°  La  musique  de  Macbeth ,  drame  de 
Shakspeare,  en  1672.  Cette  musique  eut  un  bril- 
lant succès.  —  2°  Colle  de  La  Tempête,  pour 
la  pièce  de  ce  nom  ,  du  môme  auteur,  1673.  — 
30  Psyché,  opéra  en  5  actes,  traduit  de  Quinault 
par  Shadwell,  et  rais  en  musique  en  collaboration 
avec  Draghi.  Cette  pièce  a  été  réunie  à  la  musique 
de  La  Tempête,  et  publiée  sous  ce  titre  :  The 
English  Opéra,  or  ihe  vocal  Music  in  Psyché, 
icith  ihe  instrumental  thereinintermix'd.  Ta 
ichich  îs  atljoyncd  ihe  instrumental  Music  in 
the  Tempest,  by  Matthew  Lock,  composer  in 
ordinary  ta  his  Majesty  and  arganist  to  the 
Queen;  Londres,  1675.  —  4°  Utile  concert  of 
3  parts  for  viols  and  violins  (  Petit  concert 
à  3  parties  pour  des  violes  et  violons),  Londres, 
1657.  —  Hymn  and  anthems  (Hymnes  et  an- 
tiennes) ;  Londres,  1666.  A  la  tête  de  ce  recueil 


LOCK  —  LODI 


333 


se  trouve  une  longue  préface  où  Lock  prend  la 
défense  de  son  ouvrage  ;   celle  préface ,  qui  a 
été  imprimée  séparément  dans  la  même  année, 
a  pour  titre  :  Modem  Church  music  preaccu- 
sed,  censurcd,  and  obstructed  in  its  perfor- 
jnance  before    his  Majesty,  april  l,  1666; 
rindicaled  by  thc  author  M.  Lock  (La  mu- 
sique d'église  moderne  attaquée,  censurée  et  gâ- 
tée dans  son  exécution   devant  Sa  Majesté,  le 
l*""  avril  1666;  vengée  par  l'auteur,  M.  Lock); 
Londres,  1G66,  in-4''.  Une  d'euxième  édition  de 
ce  morceau  a  paru  sous  ce  titre  :  The  preneiU 
practice music vindicated;  Londres,  1673,  in-S". 
Lock  paraît  être  l'auteur  du  plus  ancien  traité 
d'accompagnement  pratique  ou  de  basse  conti- 
nue qui  ait  été  publié  en  Angleterre;  ce  livre  a 
pour  tilie  Melothesia y-  Londres,  1673,  10-4°  obi. 
Lorsque  parut  le  livre  de  Salmon  sur  la  néces- 
sité de  réduire  le  nombre  des  clefs  et  sur  une  no- 
tation uniforme  pour  tous  les  instruments,  Lock 
l'attaqua  avec  violence  dans  un  écrit  qui  a  pour 
litre  :  Observations  xipon  a  late  book  intitled 
An  Essay  ta  the  advancement  of  Music,  etc.; 
Londres,  1672,  in-8".  LepampliletdeLock  n'ayant 
point  eu  de  succès,  on  y  ajouta  deux  morceaux 
critiques  de  Pliillips  et  de  Jean  Playford  sur  le 
même  ouvrage,  et  il  fut  remis  en  vente  sous  ce 
nouveau  titre  :  The  présent  practice  of  music 
vindicated  against  the  exceptions   and  new 
uaij  of  attaining  Music,  lalely  published  by 
Th.  Salmon,  icilh  a  duellum  musicum,  icrit- 
ten  by  John  Phillips,  and  a  lelter  from  John 
Playford  to  M.  T.  Salmon,  by  ivay  of  confu- 
tation  of  his  Essay  to  the  advancement  of 
Music,  etc.;  Londres,  Il 73.  Salmon  répondit  à 
la  critique  de  son  ouvrage  par  un  petit  écrit  in- 
titulé :  A  vindication  of  an  Essay  to  the  ad- 
vancement of  Music,  from  M.  Lock's  observa- 
tions, etc.;  Londres,  1673,  in-S".  A  propos  de 
:elte  dis|>ute ,  Gerber  a  fait,  dans  son  premier 
Lexique  des  Musiciens  ,  une  de  ces  lourdes  mé- 
prises qui  lui  étaient  familières;  car  ayant  malen- 
tendu un  passage  de  l'Histoire  de  la  musique  de 
Hawkins,  il  attribua  à  Lock  le  livre  de  Salmon. 
Il  a  été  copié  dans  cette  faute  par  les  auteurs  du 
Dictionnaire  historique  des  Musiciens  (  Paris, 
Ï810). 

LOCKMAN  (Jean),  poète  anglais  et  ama- 
teur de  musique,  était  membre  de  la  Société  d'A- 
pollon, qui  existait  à  Londres  vers  le  milieu  du 
dix-buitième  siècle.  Les  recueils  de  musique  que 
cette  société  publia  vers  1740  contiennent  quel- 
I  ques  morceaux  de  la  composition  de  Lockman  , 
I  II  est  aussi  auteur  du  poème  de  l'opéra  de  Ito- 
salinde,  qui  fut  mis  en  musique  par  Jean-Cbris- 
topbe  Smitb,  et  dont  il  parut  une  deuxième  édi- 


tion en  1740.  En  lêle  de  cette  édition  on  trouve 
un  discours  de  Lockman  sur  l'origine  et  les 
progrès  de  l'opéra  en  général.  Marpurg  a  donné 
une  traduction  allemande  de  ce  morceau,  dans 
le  quatrième  volume  de  ses  Essais  (  Historisch- 
Krit .  Beitrage  zur  Aufnahme  dcr  Musik). 

LODER  (Gkorgks),  compositeur  anglais  dont 
la  musique  a  de  la  fantaisie,  est  né  à  Batli ,  en 
1816.  Il  a  composé  plusieurs  sympbonies  à  grand 
orciiestre,  qui  ont  été  exécutées  avec  succès  en 
Allemagne.  En  1845  il  s'est  (ixé  à  New-York 
en  qualité  de  directeur  de  musique.  Loder  a  écrit 
quelques  opéras  qui  ont  été  r«présentés  sur  les 
tbcâtres  de  Londres. 

LODI  (Dkmétuius),  moine  camaldule  et  com- 
positeur de  musique,  né  à  Vérone,  dans  la  se- 
conde moitié  du  seizième  siècle,  a  publié  divers 
ouvrages  de  musique  concertée  pour  les  voix  et 
les  instruments,  dans  le  style  de  Jean  Gabrieli. 
Waltber  cite  de  lui  des  Canzoni  o  sonate  con- 
certale  per  chiesa  à  une,  deux  et  trois  parties; 
mais  il  n'indique  ni  la  date  ni  le  lieu  de  l'im- 
pression. Le  P.  Lodi  a  fait  aussi  paraître  à  Ve- 
nise, en  1623,  un  œuvre  de  sonates  pour  instru- 
ments. 

LODI  (Joseph),  surnommé  .S/ertd,  qu'il  ne 
faut  pas  confondre  avec  l'abbé  Jean- François- 
Xavier  Sterkcl  (  voyez  ce  nom  ),  brillait  en  Alle- 
magne comme  compositeur  pour  le  piano,  vers 
la  fin  du  dix-buitième  siècle.  Il  paraît  avoir  vécu 
quelquetemps  à  Varsovie.  Vm  1799  il  fit  un  voyage 
à  Vienne,  et  y  publia  plusieurs  morceaux  pour  le 
piano.  On  n'a  point  d'autres  rensefgnements  con- 
cernant la  vie  de  cet  artiste.  Il  y  a  de  l'élégance 
dans  sa  musique ,  mais  son  barmonie  est  en  gé- 
néral incorrecte.   Gerber  et  les  catalogues   des 
éditeurs  allemands  ne  font  connaître  de  lui  que 
les  ouvrages   suivant.s  •    1°  Sonate  pour    piano 
seul  (  en  ut),  op.  9;  Augsbourg  ,  Gombart.   — 
2'*Grand  concerto  pour  piano  etorcbestre  (en  ut], 
op.   10;   ibid. —  3°  Caprice  pour   piano  seul, 
op.   16;Leipsick,  Breitkopf  et  Hœrtel.— 4°  Z,o 
Morte  di  Mozart,  sonate  pour  piano  seul,  op.  27  ; 
ibid.  —  5°  Variations  (en  ut)  pour  le   piano, 
op.  11;  Augsbourg,  Gombart.    Une  sonate   de 
piano,  en  îti  mineur,  a  été  gravée  sous  le  nom 
de  cet  artiste,  comme  son  œuvre  IS*",  cliez  Breit- 
kopf, à  Leipsick  ;  cette  sonate  est  de  Wrelfi  ,  qui 
en  a  réclamé  la  propriété  par  une  lettre  adressée 
àLodi,  laquelle   est  insérée  dans   la  deuxième 
année  de   la  Gazette  générale  de  musique   de 
Leipsick  (  Intell.  Blatt,  p.  40).  Cependant  cette 
même  sonate  a  été  arrangée  à  4  mains  par  A.  L. 
Crelle,  avec  des  augmentations  en  forme  de 
canons  et  d'imitations,  sous  le  nom  de  Lodi,  et 
publiée  en  1832,  cbez  Breitkoi)f  et  Hxrtel ,  à 


334 


LODI 


LOEHLE 


Lerpsick.  Dans  le  compte  rendu  de  cette  publi- 
cation (Alhjem.  musikal.  Zeitung ,  34*  année, 
n°  45),  Fink  nous  apprend  que  Lodi  vécut  à  Dresde 
pendant  six  mois,  en  179G,  et  que  ce  fut  à  celte 
époque  qu'il  publia  la  sonate  dont  il  s'agit,  sous 
son  nom.  On  y  voit  aussi  que  ce  musicien  vi- 
vait encore  en  1832.  L'article  de  Fink  renferme 
de  curieux  renseignements  sur  ce  personnage. 
LODI  (Angelo),  pianiste,  organiste  et  com- 
positeur, naquit  à  Plume,  dans   le  Frioul ,   le 

10  mai  1777.  Son  premier  maître  de  musique 
fut  son  compatriote  Briggio  Petrucci ,  maître  de 
chapelle  de  la  calliédrale  de  cette  ville.  Lodi  alla 
ensuite  étudier  le  contrepoint  à  Bologne,  sous  la 
direction  du  P.  Stanislas  Mattei.  De  retour  dans 
.sa  ville  natale,  il  obtint  la;place  de  sous-maître 
de  chapelle  de  la  cathédrale.  Il  eut  aussi  le  grade 
de  capitaine  inspecteur  et  instructeur  de  la  mu- 
sique militaire  du  premier  bataillon  de  la  garde 
civique,  et  conserva  c«  titre  jusqu'à  la  fin  de  sa 
vie.  Lodi  mourut  àFiume,  le   11  février  1839. 

11  était  membre  des  Académies  philharmoniques 
de  Ferrare,  Bologne  et  Rovigo,  de  VOdéon  de 
Venise,  de  la  Société  philharmonique  de  Modène, 
et  de  l'Athénée  de  Forli.  On  connaît  plusieurs 
messes  de  cet  artiste,  des  symphonies  avec  or- 
diestre,  des  morceaux  pour  le  piano,  et  des  can- 
ïonette.  Plusieurs  de  ces  ouvrages  ont  été  pu- 
bliés. Lodi  avait  formé  une  collection  intéressante 
de  musique  ancienne  des  maîtres  italiens. 

LOEBER  (  Jean-Frédéric  ),  magister  et  rec- 
teur à  Géra,  naquit  dans  celle  ville,  en  1634,  et 
mourut  eu  169C.  11  est  auteur  d'une  dissertation 
intitulée  :  De  Musiccc  quibuadam  admirandis ^ 
Géra,  1095,  in-4°. 

LOEBER  (Jf.an-I'-rnest)  ,  organiste  de  la 
ville,  a  Weimar.  vers  1630,  a  fait  imprimer  à 
Erfurl  :  Concert  de  noces  à  deux  voix  et  basse 
Continue;  Krfurt,  1632. 

LOEBMAiXN  (F.),  violoniste  et  composi- 
teur, est  né  en  1804,  à  Voischau,  dans  la  Basse- 
Lusace,  et  a  passé  sa  jeunesse  àMuskau(Silésie), 
où  son  père  était  musicien  de  ville.  Il  reçut  sa 
première  éducation  musicale  dans  la  maison  pa- 
ternelle, puis  il  se  rendit  à  Berlin,  oui  il  fut  em- 
ployé comme  alto  à  rorchestrc  du  théâtre  royal. 
Ce  fut  dans  cette  ville  qu'il  se  livra  à  l'étude  de 
l'harmonie,  sons  la  direction  de  Léopold  Schefer, 
puis  à  celle  du  contrepoint,  chez  le  professeur 
Dehn.  Appelé  à  Riga,  comme  premier  violon  et 
re|»étilenr  du  Ihéàtre,  il  quitta  ensuite  cette  po- 
sition pour  celle  de  cantor  et  de  directeur  de 
musique,  qg'il  occupait  en  1847.  Il  était  en  même 
temps  directeur  de  la  Société  de  chant  de  cette 
ville  et  chef  d'orchestre  des  concerts  d'abonne- 
ment. Cet  artiste  s'est  fait  connaître  comme  com- 


positeur par  le  12 1'  psaume  pour  un  chœur 
d'hommes  avec  orchestre,  qui  fut  exécuté  à  Riga 
en  1847,  et  par  des  solos  de  violon  avec  orches- 
tre. On  a  gravé  de  lui  une  ouverture  de  concert 
et  un  quatuor  pour  des  instruments  à  cordes. 

LOEFGROEIV  (Antoine),  né  en  Suède,  dans 
les  premières  années  du  dix-huitième  siècle,  fit 
ses  études  à  l'université  d'Upsal,  où  il  soutint, 
en  1728,  une  thèse  sur  la  basse  fondamentale, 
dont  Rameau  avait  donné  les  principes  six  ans 
auparavant  dans  son  Traité  de  Vharmonie. 
Celte  dissertation  a  paru  sous  ce  titre  :  De  basso 
fundameniali.  Disput.  academ.;  Upsaliœ, 
1728,  in-4''. 

LOEHLE  (François-Xavier),  ténor    dis- 
tingué de  l'Allemagne,  est  né  le  3  décembre  1792, 
à  Wiessensleig,  petite  ville  située  au  pied  de  la 
chaîne  des  montagnes  du  Wurtemberg.  Son  père 
y  était  directeur  du  chœur  an  couvent  du  chapitre 
et  professeur  de  langue  latine.  Homme  instruit 
et  musicien  habile,   il  se  chargea  lui-même  de 
l'éducation  littéraire  et  musicale  du  jeune  Lœhle: 
celui-ci  n'était  âgé  que  de  cinq  ans  lorsqu'il  lui 
enseigna  les  éléments  du  chant.  Six  mois  après 
le  jeune    Lœhle   était  en  état  de  chanter  an 
chœur  les  parties  de  contralto.  Sa  voix  en  avait 
pris  dès  le  premier  moment  le  timbre   franc  et 
décidé.   Lorsqu'il  eut  atteint  l'âge  de  huit  ans, 
on  l'envoya  à  Augsbourg,  où  il  reçut,  au  cou- 
vent de  Saint-Maurice,  une  instruction  solide, 
sous  la  direction  de  Witschka,  alors  directeur  du 
chœur,  et  plus  tard  maître  de  chapelle  à  la  ca- 
thédrale  d'Augsbourg,   Il  continua  aussi  dans 
celle  ville  ses  études  littéraires  et  scientifiques. 
Admis,  en  1803,  comme  enfant  de  chœur  au  sé- 
minaire de  Munich,  il  fut  employé  comme  con- 
traltiste  à  la  chapelle  de  la  <  our  et  dans  quel- 
ques rôles  d'enfant  au  Théâtre  royal.  Ce  fut  là 
qu'il    reçut  les   premières  leçans   pratiques  de 
l'art  du  clianten  écoulant Brizzi,  M™^  Bcnedetli, 
et  quelques  autres  bons  artistes  de  l'Italie.  Aux 
vacances  du  mois  de  septembre  1807,  il  alla  voir 
ses  parents  à  Wiessensleig.  Dans  un  conçoit  qui 
s'y  donna,  en  présence  du  roi  de  Wurtemberg, 
à  l'occasion  d'une  partie  de  chasse,  il  chanta  un 
air  de  Sarti,  qui  fit  tant  de  plaisir  au  roi,  qne  ce 
prince  se  chargea  des  frais  de  ses  études  et  du 
soin  de  son  avancement.  A  son  arrivée  à  Stutt- 
gard,  au  mois  de  novembre  de  la  môme  année, 
Lœhle  fut  confié  aux  soins  du  maître  de  chapelle 
Danzi,  chez  qui  il  resta  jusqu'à  l'automne  de  1809; 
puis  il  devint  élève  du  premier  ténor  Krebs,  à 
qui  il  attribue  la  plus  grande  partie  de  son  sa- 
voir. Après  avoir  chanté  quelque  temps  les  par- 
ties de  deuxième  et  de  troisième  ténor,  au  théâ- 
tre, il  y  joua,  en  1812,  le  rôle  de  Joseph,  dans 


LOEHLE  —  LOEHLEIN 


335 


l'opéra  (leMéhiil.  Après  la  mort  du  roi,  en  ISIG,  , 
il  reçut  un  engagement  de  premier  ténor  pour  le 
lliéAtre  de  Hanovie.  Il  épousa,  dans  cette  ville,  la 
fdiede  l'anly,  acteur  de  la  cour.  Dans  le  cours 
de  la  Dième  année ,  un  autre  engagement  avan- 
tageux de  premier  ténor  au  théâtre  de  Stullgard 
lui  fut  offert;  il  l'accepla,  et  y  retourna  au  mois 
de  janvier  1S18.  Ayant  obtenu  la  permission 
(l'aller  donner  quelques  représentations  à  Munich, 
au  mois  de  mai  suivant,  il  s'y  rendit,  et  le  suc- 
cès qu'il  y  obtint  le  lit  engager  par  un  contrat  à 
vie  pour  lui  et  sa  femme ,  avec  un  traitement 
de  3,500  llorins  et  une  pension  à  l'époque  de  sa 
retraite.  Cet  engai^ement  commença  à  recevoir 
son  ext'ctilion  le  3  mars  1819.  Depuis  lors  Lœhle 
ne  s'est  éloigné  momentanément  de  Municli  que  ' 
|iour  aller  donner  des  représentations  à  Vienne 
en  1820,  àCarlsrulieen  1822  et  en  1823,  à  l^estli 
en  1826,  à  Berlin  deux  ans  après,  et  à  Stuttgard 
en  1830.1ietiré  du  théâtre  au  mois  d'octobre  18.53, 
il  a  été  pensionné,  et  s'est  livré  à  l'enseignement 
du  chant  et  à  la  composition.  En  1828,  il  avait 
fondé  la  société  de  la  LiederJiranz  (Couronne  on 
guirlande  du  chant),  qui  compta  en  peu  de  temps 
environ  COQ  membres;  mais  Lœhle  s'en  étant  re- 
tiré en  1834,  elle  se  dispersa.  Il  a  aussi  institué 
l'école  centrale  de  chant  de  la  Bavière,  où  l'on  ins- 
truit 120  élèves.  Ses  succès  dans  celte  entreprise 
l'ont  décidé  à  la  transformer  en  un  conservatoire, 
où  toutes  les  parties  de  la  musique  sont  ensei- 
gnées :  on  croit  que  cet  établissement  sera  son- 
tenu  par  un  subside  de  l'État.  Lœhle  a  été  marié 
deux  fois  ;  mais  il  a  perdu  ses  deux  femmes  ;  la 
première  a  cessé  de  vivre  le  5  septembre  1822; 
la  seconde,  le  29  juillet  1836.  Lui-même  est 
mort  à  Munich,  le  29  janvier  1837. 

Parmi  ses  compositions,  on  remarque  :  1°  Six 
chansons  pour  quatre  voix  d'hommes;  Augs- 
•  bourg,  Gombart.  —  2°  Liebesklage ,  von 
Ludwig,  Kœnig  von  Baicrn ,  fur  4  Manner- 
stimmen  (Élégies  amoureuses  de  Louis,  roi  de 
Bavière,  pour  4  voix  d'hommes,  avec  accompa- 
gnement de  piano  ad  libitum,  Munich,  Falter. 
—  3°  Vingt-quatre  chansons  allemandes  à  trois 
voix  pour  les  écoles.  —  4"  Vingt-quatre  chansons 
religieuses.  —  5°  Douze  messes  allemandes  à 

4  voix,  avec  accompagnement  d'orgue.  — 
6°  Douze  idem  latines.  —  1°  Trente  chants  à  4  et 

5  voix  sans  accompagnement,  pour  la  société 
de  Liederkranz.  Le  Lexique  universel  de  mu- 
sique publié  par  Gustave  Schilling,  d'où  les 
matériaux  de  cet  article  sont  tirés,  cite  un  ou- 
vrage didactique  de  Lœhle,  sous  ce  titre  : 
AUgcmcine  Anleitung  zu  ciner  Elementar- 
Musikschulc,  vorzuglich  berechnet  fur  den 
Gesang  nach    Pestalozzischen  Grundscetzen 


(Introduction  générale  pour  une  méthode  élémen- 
taire de  musique,  adaptée  principalement  au 
chant,  suivant  les  principes  de  Pestalozzi),  4  vo- 
lumes ;  mais  il  n'indique  ni  le  lieu  ni  la  date  de 
l'inipression. 

LCffillLEIN  (  Georges-Simon  ) ,  maître  de 
chapelle  à  Dantzick,  né  en  1727,  à  Neustadt  sur 
laHeide,  dans  le  duché  de  Saxe-Cobourg,  fut 
enlevé  à  Potsdam,  à  l'âge  de  seize  ans,  au  mo- 
ment où  il  allait  partir  pour  Copenhague  ,  et 
enrôlé  dans  les  troupes  |)russiennes.  Après  avoir 
fait  plusieurs  campagnes,  il  tomba  sur  le  champ 
de  bataille  de  CoUin  et  fut  abandonné  comme 
mort.  Cependant  les  Autrichiens,  vainqueurs 
dans  ce  combat,  remarquèrent  en  lui  quelques 
signes  de  vie  et  le  firent  transporter  dans  un  hô- 
pilal,  où  il  fut  guéri  de  ses  blessures.  11  retourna 
chez  ses  parents,  et  y  arriva  lorsqu'on  portait 
encore  le  deuil  de  sa  mort.  En  1760  il  se  rendit 
à  Jéna,  dans  le  dessein  d'y  faire  ses  études.  Là, 
son  habileté  sur  la  harpe  lui  procura  beaucoup 
d'amis  et  de  protecteurs  :  les  meilleures  mai- 
sons de  la  ville  lui  furent  ouvertes.  En  1761,  la 
place  de  directeur  de  musique,  devenue  vacante 
par  le  départ  de  Wolf,  appelé  connue  maître  de 
chapelle  à  W'eimar,  lui  fut  accordée.  Après  le 
traitédepaix  de  1763,  il  alla  à  Leipsick,  et  y  vé- 
cut en  donnant  des  leçons  de  clavecin  et  de 
violon.  Admis  dans  la  société  du  grand  concert 
de  cette  ville,  il  y  fut  employé  comme  violoniste 
à  l'orchestre ,  et  comme  claveciniste  <lans  les 
concerts.  Quelque  temps  après,  il  établit  lui- 
même  un  concert  d'amateurs,  composé  de  la 
plupart  de  ses  élèves.  11  y  jouait  de  presque  tous 
les  instruments,  et  y  faisait  exécuter  beaucoup 
de  morceaux  de  sa  composition,  qu'il  gravait 
lui-même  à  l'eau  forte.  Appelé  à  Dantzick  en  1779, 
en  qualité  de  maître  de  chapelle,  il  s'y  rendit  ; 
mais  le  climat  ne  convenait  point  à  sa  santé 
délicate,  qui  bientôt  s'altéra,  et  il  mourut  arj 
commencement  de  1782,  à  l'âge  de  cinquante- 
cinq  ans.  Ses  compositions,  au  nombre  de  six 
œuvres,  qu'il  a  toutes  gravées  depuis  l^eo,  con- 
sistent en  sonates  ,  trios,  quatuors  et  concertos 
pour  le  clavecin  et  le  violon.  Lœhlein  n'est  main- 
tenant connu  qae  par  ses  ouvrages  élémentaires; 
le  premier  a  |)our  titre  :  Klavierschulc ,  oder 
kuKze  und  griindliche  Anueisung zur  Mélodie 
und  Harmonie  durch-gehends  mit  praktischen 
Beijspielen  erklxret  (  École  du  clavecin ,  ou 
instruction  courte  et  raisonnée  pour  a[)prendre 
la  mélodie  et  riiarmonic  ,  expliquée  par  des 
exemples),  Leipsick,  1765,  in-4''.  La  troisième 
édition  a  été  pohiiée  à  Leipsick,  1779.  La  (jua- 
trième  fut  imprimée  à  Ziillichau,  en  1782.  Wift- 
hauer    en   donna    une  cinquième ,    avec     des 


336 


LOEHLEIN  —  LOEILLET 


augmentations,  en  1791,  Znllicliau  et  Leipsick. 
La  deuxième  partie  de  cet  ouvrage  a  paru  en- 
suite ,  sous  ce  titre  :  Klavierschule,  zvxyter 
B-and,  tvorinnen  eine  voUstsendige  Anweisung 
zur  Begleitung  der  unbez/fferten  Basse,  und 
andern  im  ersten  Bande  fehlenden-Har- 
monien  gegeben  wird  :  durch  6  sonaten, 
mit  Begleitung  einer  violine  erkUeret  (  École 
du  clavecin,  2^  volume,  où  l'on  donne  uue  ins- 
truction complète  sur  l'accompagnement  de  la 
basse  chiffrée  et  d'autres  clioses  concernant  les 
harmonies,  omises  dans  le  premier  volume.  Le 
tout  éclairci  par  six  sonates  avec  accompagne- 
ment de-vioion.  On  y  a  ajouté  un  traité  du  réci- 
tatiQ;  Leipsick,  1781,  in  4°.  Une  édition  posté- 
rieure de  tout  l'ouvrage  a  été  donnée  avec  des 
augmentations  par  Witlliauer.  C'est  cette  môme 
méthode  qui  est  devenue  plus  tard  la  hase  de 
celle  qui  a  été  publiée  sous  lenom  de  A.-E.  Mùiler, 
et  dont  Charles  Czerny  a  donné  une  dernière 
édition.  La  méthode  de  violon  de  Lœhlein  est 
intitulée  :  Anweisung  zum  violinspielen ,  mit 
praktischen  Beijspielen  und  ::.ur  Uebung  mit 
24  kleinen  Duetten  erklxret  (Méthode  de  violon, 
expliquée  par  des  exemples,  avec  24  petits  duos 
pour  exercices);  Leipsick,  1774,  in-4°.  La 
deuxième  édition  a  paru  en  1781  ;  la  troisième, 
corrigée  et  augmentée,  a  élé  pui)lioe  par  J.-F. 
Reichardt,  à  Jéna,  chez  Fronunann,  1797,  in-4°. 

LCœHNER  (Martin),  fontainier  de  Nu- 
remberg,  né  le  15  février  1636,  mort  le  2  octo- 
bre 1707,  a  construit  un  orgue  hydraulique  pour 
une  représentation  artificielle  du  Parnasse.  Cet 
instrument  jouait  plusieurs  morceaux.  On  ignore 
quel  mécanisme  Lœhner  avait  employé  dans  sa 
construction. 

LOEHKER  (  Jean  ),  compositeur  et  orga- 
niste, naquit  à  Nuremberg,  le  21  décembre  1745. 
A  rage  de  huit  ans  il  perdit  son  père,  et  sa  mère 
le  laissa  orphelin  avant  qu'il  eût  atteint  sa 
quinzième  année.  Wecker,  son  beau-frère,  ex- 
cellent organiste  de  Saint-Sébald,  le  recueillit 
alors  chez  lui,  lui  enseigna  la  musique,  et  lui  fit 
étudier  le  latin  chez  le  recteur  Gresmann.  Lœh- 
ner fit  ensuite  un  voyage  à  Vienne  ;  à  son  retour, 
il  se  fit  entendre  à  la  cour  de  l'archevêque  de 
Salzbourg,  qui  le  récompensa  dignement.  De 
là,  il  alla  à  Leipsick,  pour  faire  la  connaissance 
de  quelques-uns  des  musiciens  les  plus  distin- 
gués de  la  Saxe.  De  retour  à  Nuremberg,  il  ob- 
tint d'abord  la  place  d'organiste  de  l'église  No- 
tre-Dame ,  puis  un  poste  semblable  à  l'église  du 
Saint-Esprit,  et  enfin,  après  la  mort  de  Lunsds- 
dœrffer,  on  le  nomma  organiste  de  Saint-Lau- 
rent, une  des  églises  principales  de  Nuremberg 
après  Saint-Sébald.  Il  en  remplit  les  fonctions 


jusqu'à  l'âge  de  soixante  ans,  et  mourut  le  2  avril 
1705.  Ses  ouvrages  imprimés  sont  :  1°  Zivolf 
Arien  mit  einer  Singstimme  und  2  Violinen 
(Douze  airs  à  voix  seuleet  deux  violons)  ;  Nurem- 
berg, 1680,  in-4°  obi.  —  2"  Auscrlesene  Kirche 
und  Tafel-Musik  (Musique  choisie  pour  l'église 
vi  la  table);  Nuremberg,  1682,  iu-4''.  — 3°  X/^/F 
Arie7i  aus  der  Opéra  von  Theseus,  in  Music 
(sic)  gebracht  durch  etc.  (Quarante-quatre 
airs  de  l'Opéra  de  Thésée,  mis  en  musique  par 
Jean  Lœhner,  etc.)  ;  Nuremberg,  1688,  in-4°  obi. 

—  4°  Trauungslust,  oder  Erdenfreunde  (Plai- 
sir du  mariage,  ou  joie  céleste);  ibid.,  1697,  in-fol. 

—  5°  Suavissimx  canonum  musicalium  de- 
'  licix,  3,4,5-8  voc.  ;  ibid . ,  1 700,  in-4''.  —  6"  C/ir. 

Ad.  Negeleins  alte  Zions-Harfe  in  Melodien 
gebracht  (L'ancienne  Harpe  de  Sion,  de  Chris- 
tian-Adolphe Negelein,  mise  en  musique);  ibid., 
1693. 

LOEIIR  (.Iean-Joseph  ),  docteur  en  philo- 
sophie, est  auteur  d'un  petit  écrit  dans  lequel  il 
a  expliqué  la  nature  de  l'invention  de  Scheibler 
{votj.  ce  nom  )  pour  l'accord  des  instruments  à 
clavier.  Celle  explication  était  nécessaire ,  car 
celle  qu'a  donnée  l'auteur  de  l'invention  est  fort 
obscure,  souvent  même  tout  à  fait  inintelligible. 
L'opuscule  de  M.  le  docteur  Loehr  a  pour  titre  : 
Ueber  die  Scheibler'sche  Erfindung  iiber- 
haupt  und  dcssen  Piano  forte  und  Orgelstim- 
mung  insbesondere  (Sur  l'invention  de  Schei- 
bler en  général  et  sur  l'accord  du  piano  et  de 
l'orgue  en  particulier)  ;  Crefeld,  Schiiller,  1837, 
in-8°  de  45  pages.  Les  biographies  allemandes 
ne  fournissent  aucun  renseignement  sur  l'auteur 
de  cet  écrit. 

LOEILLET  (Jean-Baptiste),  né  à  Gand, 
dans  la  seconde  moitié  du  dix-septième  siècle, 
se  livra  fort  jeune  à  l'étude  de  la  flûte  traversière, 
alors  peu  en  usage,  et  parvint  à  \m  rare  degré 
d'habileté  pour  son  lemps.  Il  se  rendit  à  Paris 
en  1702,  et  y  fit  graver  quatre  œuvres  de  sonates 
pour  flûle  seule ,  un  hvre  de  sonates  pour 
deux  flûtes,  et  des  trios  pour  le  même  instru- 
ment. En  1705  il  alla  s'établir  à  Londres,  où  il 
entra  à  l'orchestrede  l'Opéra.  11  établit  vers  1710 
un  concert  hebdomadaire  d'amateurs  chez  lui 
(Hart-Street ,  Covent-Garden  ) ,  et  les  produits 
de  ces  séances,  joints  à  ceux  de  ses  leçons  et  de 
la  vente  de  ses  ouvrages,  Ini  firent  amasser  une 
somme  de  16,000  livres  sterling  (environ  400,000 
francs),  qu'on  trouva  chez  lui  après  sa  mort, 
arrivée  en  1728.  Lœillet  jouait  aussi  du  clavecin, 
et  il  a  publié  quelques  compositions  pour  cet 
instrument.  Outre  les  ouvrages  qui  ont  été  cités 
plus  haut,  on  connaît  de  ce  musicien  :  1°  Six 
leçons  pour   le  clavecin  ;  Londres ,  Walsh.  — 


LOEILLET  —  LOESENER 


337 


^^  Six  sonates  pour  divers  instruments,  tels  que 
hautbois,  flûtes  douces,  flûtes  allemandes,  ou 
Tiolon,  ibid.  Ses  sonates  pour  flûte  seule  et  pour 
deux  flûtes,  avec  basse  continue,  ont  été  gravées 
à  Londres  ,  chez  Walsh,  et  à  Amsterdam,  chi'z 
Rof;er.  On  connaît  aussi  de  cet  artiste  :  Twelve 
Suils  of  lessons  for  the  Earpsichord,  in  most 
ofike  keys,  witk  variety  of  passages  and  ra- 
rialion's  ihroucjhoiit  ihe  uork  (Douze  leçons 
f)oiir  leclavecin,  dans  les  tons  les  plus  usités,  etc.); 
Londres  (sans  date). 

LOEN  (jEAN-MrcHEL  DE),  né  à  Francfort- 
sur-le-Mein,  le  21  décembre  1G94,  fit  .ses  études 
aux  universités  de  Marbourg  et  de  Halle,  puis 
fut  conseiller  intime  du  roi  de  Prusse,  et  prési- 
dent de  la  régence  des  comtés  d(!  Tockenbourg 
et  de  Lingen.  Il  mourut  le  22  juillet  1770.  Ses 
œuvres  diverses  ont  été  recueillies  et  publiées 
par  J.-E.  Schneider  et  J.-B.  Millier,  à  Francfort, 
1749-1752;  4  parties  in-S".  La  quatrième  partie 
l'enferme  des  remarques  sur  l'art  du  théâtre, 
sur  la  musique,  et  sur  les  oratoriosj 

LOESCHER  (Gasparo),  docteur  et  profes- 
seur lie  théologie  à  Wittenberg ,  naquit  le  8 
mai  1636,  à  Werda-sur-la-Pleisse.  Depuis  1656 
jusqu'en  1668,  il  fit  .ses  études  à  l'université  de 
Leipsick,  d'où  il  fut  appelé  à  Sondershausen,  en 
qualité  de  pasteur  et  de  surintendant.  Huit 
ans  après  il  quitta  cette  position  pour  celle  de 
pasteur  à  Erfurt.  En  1679,  les  fonctions  de 
surintendant  lui  furent  offertes  à  Zwickau  ;  ii 
les  accepta ,  et  demeura  dix  ans  en  cette  ville, 
qu'il  ne  quitta  que  pour  aller  à  Wittenberg, 
en  1687  ,  comme  professeur  primaire  de  théolo- 
gie, assesseur  du  consistoire,  pasteur  à  l'église 
Sainte-Marie,  et  surintendant  général.  Il  y  mou- 
rut, le  11  juillet  1718.  Waither  (Mtisikal.  Lexi- 
con)  lui  attribue  une  dissertation  intitulée  :  De 
Saule  per  musicam  curato ,  dont  la  troisième 
édition  fut  publiée  à  Wittenberg,  en  1705,  in-4°; 
mais  c'est  une  erreur  :  Loescher  n'était  que  le 
pré-Mdent  de  l'exercice  académique  où  cette  thèse 
fut  soutenue.  Le  véritable  auteur  de  cette  dis- 
sertation est  Henri  Pipping( t,'0(/.  ce  nom). 

LCHÎSCIIHORN  (Charles-Albert),  pia- 
niste et  compositeur  pour  .son  instrument,  est 
né  à  Berlin,  le  27  juin  1819.  Son  père,  musicien 
de  cette  ville,  lui  fit  commencer  l'étude  de  son 
art  à  l'âge  de  cinq  ans.  Les  progrès  de  Loeschhorn 
furent  si  rapides,  qu'à  peine  âgé  de  huit  ans  il  se 
faisait  déjà  remarquer  par  son  talent  naissant. 
Bientôt  après  il  commença  ses  études  littéraires, 
qu'il  termina  dans  sa  dix-huitième  année.  Ce 
fut  alors  qu'il  reçut  des  leçons  de  Louis  Berger 
(voyez  ce  nom)  pour  le  piano;  mais  après  une 
année  d'études  sous  sa  direction,  la  mort  de  cet 

BIOGU.    L'NIV.    DES   MUSICIENS.    —   T.    V. 


excellent  maître  le  Iai.ssa  livré  à  lui-même  pour 
le  développement  de  son  talent.  Il  entra  peu  de 
temps  après  à  l'Institut  royal  de  musique  reli- 
gieuse, et  y  reçut  les  leçons  de  Guillaume  Bach  et 
deGrell,  pour  l'harmonie  et  la  composition.  Il  y 
continua  aussi  l'étude  du  piano,  sous  la  direc- 
tion de  KilHlscligy,  un  des  plus  anciens  élèves 
de  Berger.  Après  la  mort  de  ce  professeur,  en 
1850,  Lœschhorn  lui  succéda  dans  cette  école, 
et  s'y  livra  avec  ardeur  à  l'enseignement.  Dès 
1846  il  avait  fondé,  avec  les  frères  Stahlknestel, 
des  soirées  de  trios  pour  piano,  violon  et  vio- 
loncelle. En  1853,  il  entreprit  avec  ces  artistes 
un  voyage  en  Russie,  où  leurs  séances  de  trios 
obtinrent  de  grands  succès.  Les  compositions  de 
Loeschhorn  pour  le  piano  appartiennent  au 
genre  brillant  et  léger  de  l'époque  actuelle.  On  y 
remarque  des  variations,  fantaisies,  études  de 
concert,  nocturnes  et  autres  pièces  de  salon, 
des  polkas,  valses  et  tarentelles.  La  plupart  de 
ces  productions  ont  été  publiées  à  Berlin. 

LtffiSEL  (Jean-Gcorges),  maître  de  chapelle 
du  prince  de  Lœwenslein,  naquit  en  Bohême, 
et  vécut  à  Prague  dans  la  première  moitié  du 
dix-huitième  siècle.  On  connaît  sous  son  nom 
trois  oratorios  allemands.  Le  premier  a  pour 
titre  :  Die  obstegende  Licbe  iiber  die  Ge- 
reichtigkeit,  mit  welcher  Jésus  den  durch  die 
Sûnde  todten  Menschen  zum  Leben  aufge- 
riclitet,  etc.  (L'amour,  vainqueur  de  la  justice 
avec  lequel  Jésus  rappelle  à  la  vie  (éternelle) 
les  hommes  morts  par  le  péché).  Cet  ouvrage  a 
été  exécuté  en  1724  dans  l'église  Saint-Cajetan, 
à  Prague.  Le  second  oratorio,  intitulé  :  Das  bit- 
tere  Leiden  Jesu  (  Les  amères  souffrances  de 
Jestis),  a  été  exécuté  dans  la  même  église  en 
1726.  Le  dernier,  composé  longtemps  après  (en 
1745),  a  pour  titre  :  Das  beweinfe  Grab  des 
Ueilands  (Le  tombeau  déploré  du  Sauveur). 

LOESENER  (J.-G.),  né  en  1769,  à  Salz- 
wedel,  en  Saxe,  M  ses  premières  éludes  musi- 
cales sous  la  direction  de  Leiss  ,  cantoret  théo- 
ricien instruit.  Il  apprit  de  ce  maître  à  jouer  de 
l'orgue  et  du  clavecin  ;  et  lui-même  ac(|uit  une 
certaine  habileté  sur  les  instruments  à  cordes. 
Après  avoir  achevé  l'étude  de  la  théologie  à  l'u- 
niversité de  Halle,  il  retourna  dans  sa  ville  na- 
tale, et  y  fut  nommé,  en  1791,  professeur  du 
gymnase  (collège),  et  organiste  de  l'église  Saint- 
Marie  (Marienkirche) ,  quoiqu'il  ne  fûtâgéque  de 
vingt-deux  ans.  Sa  manière  sur  l'orgue  était  sim- 
ple et  toujours  appropriée  au  caractère  du  cJioral 
qu'il  accompagnait,  ou  pour  lequel  il  exécutait 
des  préludes.  Malheureusement  il  improvisait 
toujours  et  n'écrivait  pas;  en  sorte  qu'il  n'est 
rien  resté  de  ses  inspirations  en  ce  genre.  Dans 

22 


338 


LOESENER  —  LOEWE 


sa  vie  veWrée  et  toute  consacrée  à  son  art,  il  ne 
négligea  rien  de  ce  qui  pouvait  répandre  autour 
de  lui  le  goût  de  la  musique,  et  les  concerts  de 
Salzwedel  lui  durent  longtemps  leur  éclat.  Il 
est  mort  dans  cette  ville,  le  5  février  1829,  k 
l'âge  de  soixante  ans.  Le  plus  grand  nombre  de 
î^es  compositions  est  resté  en  manuscrit.  On  en 
a  publié  :  1°  Ouverture  à  grand  orcheslre,op.  5; 
Leipsick,  Breitkopf  et  Hsertel.  —  2°  Variations 
pour  clarinette  et  orchestre,  op.  4;  ibid.  — 
3*^  Variations  poiu-  cor  de  bassette,  sur  une  ro- 
mance de  Délia  Maria,  avec  ace.  de  2  violons, 
alto,  basse  ,  2  flûtes  et  2  cors,  op.  3;  ibid. — 
4"  Six   variations   idem  avec   orchestre;   ibid. 

LOEWE  (Jea.n-Jacques),  compo.siteur  alle- 
mand, naquit  à  Eisenach,  dans  la  première 
moitié  du  dix-septième  siècle,  fit  ses  études  mu- 
sicales à  Vienne  et  en  Italie,  sous  la  direction  de 
plusieurs  musiciens  célèbres.  Vers  1660  il  était 
maître  de  chapelle  à  la  cour  de  Brunswick  ; 
quelques  années  plus  tard  il  entra  au  service 
du  duc  de  Zeitz.  On  a  imprimé  de  lui  les  com- 
positions suivantes  :  1°  Sinfonien,  Intraden, 
Gagliarden,  Arien,  Ballctten,  Couranten, 
Sarabanden,  mit  3  oder  5  ln$trumenlen 
(Symphonies,  entrées,  gaillardes,  airs,  ballets, 
courantes  et  sarabandes  pour  3et  6  instruments)  ; 
Brème,  1637,  in-fol.  —  2"  12  nevce  geistliche 
Concerien  mit  1,  2,  3  Slimmen  zu  singen 
%nd  2  Violinen  nebsi  der  Grundstimme  fur 
die  Orgel  (Douxe  Concerts  spirituels  nouveaux 
pour  1,  2  et  3  voix  chantantes,  avec  2  violons 
et  basse  continue  pour  l'orgue  )  ;  WoUenbutlel, 
1060,  in-4''.  —  3°  Canones  2,  3,  4  bis  8  Stim- 
mig,  Theils  fur  Instrumente  und  Theils  fur 
Ssenger,  Theils  leicht  und  Theils  schwer,  etc. 
(  Canons  à  2,  3,  4  et  jusqu'à  8  voix,  en  partie 
pour  des  instruments,  et  en  partie  pour  des 
chanteurs,  les  uns  faciles  et  les  autres  diffi- 
ciles, etc.  ),  1G64. 

LOEWE  (  Jean-He»ri  ),  compositeur  et  vio- 
loniste, né  à  Berlin,  en  1766,  y  eut  pour  profes- 
seur de  violon  le  maître  de  concerts  Hauck.  At- 
tactié  d'abord  au  service  duvicomie  de  Scliwedt, 
il  vécut  ensuite  à  Hambourg,  oîi  il  donnait  des 
leçons  de  violon  et  de  piano  ;  puis,  ea  1794,  il 
alla  s'établir  à  Brème,  où  les  places  de  violon 
Bolo  et  de  chef  d'orchestre  lui  avaient  été  offertes. 
Il  mourut  dans  celle  position,  en  1815,  à  l'âge 
de  cinquante  et  un  ans.  On  connaît  sous  le  nom 
de  cet  artiste  :  1"  Concerto  pour  violon  et  or- 
chestre, op,  1  ;  Offenbach,  André.  —  2°  Trois 
grandes  Sonates  pour  piano,  avec  accompagne- 
ment de  violon  et  violoncelle,  op.  2  ;  ibid.  — 
3°  Concerto  pour  violon,  op.  3  ;  ibid.  —  4°  Noo- 
turne  à  huit  parties»  op.  5*  ibid.  —  S"  Duos  po«r 


2  violons,  op.  6;  ibid.  —  6"  Neuf  Variations 
pour  violon  et  alto  sur  un  air  allemand,  op.  4; 
ibid.  —  7°  La  Fille  du  pasteur  de  Taubenhaim 
opérette,  eu  partition  réduite  pour  le  piano. 

LOEWE  (Frédéric- Auguste-Léopold),  frère 
du  précédent,  naquit  à  Scliwedt,  en  1777.  Il 
débuta  comme  acteur  au  théâtre  de  Brunswick, 
et  se  fit  remarquer  par  l'expression  et  le  goût 
de  son  chant.  Le  l'"' juin  1797,  il  fit  représenter 
avec  un  succès  brillont  l'opérette  :  Die  Insel 
der  Verfiihv'ung  (L'Ile  de  la  Séduction),  dont 
il  avait  composé  la  musique.  La  partition  de 
cet  ouvrage,  réduite  pour  piano,  a  été  publiée  à 
Brunswick,  chez Spehr.  Plus  tard,  Lœve  fut  engagé 
au  théâtre  ae  Brème.  En  1810  il  élait  à  Lubeck, 
où  il  obtint  ensuite  la  direction  du  théâtre.  11 
paraît  avoir  renoncé  à  la  culture  de  la  musique 
longtemps  auparavant. 

LOEWE  (  Dorothée-Frédérique-Améue  ), 
sfEur  des  précédents,  et  fille  de  l'acteur  Jean- 
Charles  Lœwe,  naquit  à  Schwetlt,  en  1779.  Son 
père  dirigea  son  éducation  musicale  et  drama- 
tique. En  1798  elle  était  première  chanteuse  au 
théâtre  de  Brunswick.  Plus  lard  elle  chanta  avec 
succès  au  théâtre  de  Hambourg,  sous  la  direction 
de  son  frère  Jean-Henri.  Vers  1815  elle  s'est  re- 
tirée de  la  scène,  et  l'on  n'a  plus  eu  de  rensei- 
gnements sur  sa  personne. 

LtŒlW^E  (Jean-Ch\rles-Godefroid),  direc- 
teur de  musique  à  Stettin,  est  né  le  30  novembre 
1790,  à  Lœbejiin,  près  de  Halle.  Son  père,  cantor 
et  maître  d'école  de  cet  endroit,  lui  enseigna  les 
éléments  de  la  musique  dans  un  âge  si  tendre, 
que  Lœwe  n'a  conservé  aucun  souvenir  de  ses 
premières  études.  Jouissant  d'une  entière  liberté, 
il  se  livra  dès  ses  premières  années  à  des  exer- 
cices et  à  des  plaisirs  champêtres  dont  il  a  con- 
servé le  goût  plus  tard,  et  qui  ont  exercé  sur 
ses  compositions  une  heureuse  influence.  A  l'âge 
de  dix  ans.  on  l'envoya  au  collège  de  Coetben  : 
il  y  fut  employé  comme  enfant  de  chœur.  Après 
y  avoir  achevé  ses  études  élémentaires,  il  fré- 
quenta le  gymnase  de  l'hospice  des  orphelins  à 
Halle.  Le  savant  Ihéorieien  Tiirk,  qui  habitait 
cette  ville,  se  chargea  du  soin  de  terminer  soiî 
éducation  musicale.  Une  certaine  ori^^inalité  sau- 
vagese  faisait  remarquer  dans  les  premières  com- 
positions de  Lœwe  :  les  formes  inusitées  de  ces 
productions  excitaient  souvent  le  rire  de  son 
maître  ;  l'élève  défendait  ses  idées  avec  chaleur, 
et  souvent  il  s'ensuivait  des  discussions  orageuses, 
qui  se  terminaient  par  le  renvoi  de  l'élève.  Mais 
bientôt  après,  Tark  le  rappelait.  Les  événements 
de  1813  et  la  mort  du  maître  interrompirent 
le  cours  de  ses  études  de  musique.  Lœwe  re- 
tourna alors  au  gymnase,  s'y  livra  de  nouvea» 


LOEWE 


339 


à  la  littérature  et  anx  sciences,  puis,  en  1817, 
il  suivit  les  cours  de  l'universilé.  Il  s'y  adonna 
particulièrement  à  la  philosophie  et  à  la  théolo- 
gie ,  sans  négliger  toutefois  la  musique.  Ce  fut 
à  cette  époque  qu'il  parvint  à  un  certain  degré 
«l'habileté  sur  le  piano,  en  jouant  les  œuvres  de 
Mozart,  de  Dussek  et  de  Beethoven.  Il  donnait 
alors  des  leçons  de  musique  pour  vivre,  et  pre- 
nait part  aux  exercices  de  chant  dirigés  par  Maas 
et  Naue.  Dans  l'hiver  de  1819  à  1820,  Lœwe 
visita  Dresde,  et  y  fit  la  connaissance  de  Charles- 
Marie  de  Weber,  qui  le  prit  en  affection  et  l'en- 
couragea dans  ses  travaux.  Dans  l'été  suivant, 
il  lit  un  voyage  à  Weimar,  où  il  visita  Ilummel, 
et  à  Jéna,  où  il  oflrit  à  Gœthe  un  recueil  de 
chansons  de  sa  composition.  Bientôt  après,  il 
accepta  à  Stettin  les  places  de  canior  à  Saint- 
Jacques  et  de  professeur  au  gymnase.  La  ma- 
nière dont  il  remplit  ses  fonctioas  lui  valut  en- 
suite sa  nomination  de  directeur  de  musique  à 
la  même  église,  au  gymnase  et  au  séminaire 
<les  instituteurs.  Devenu  le  centre  d'activité  de 
la  musique  dans  sa  nouvelle  position,  il  en> 
ploya  toute  son  énergie  à  mettre  cet  art  en  pro- 
l^rès  autour  de  lui.  C'est  de  ce  moment  que 
datent  les  nombreuses  comi>ositions  qu'il  a  pu- 
i)lices  et  celles  qui  sont  restées  en  manuscrit. 
Sa  réputation  commença  par  des  ballades,  où 
brille  un  rare  mérite  d'expression  et  d'originalité. 
Il  en  a  fait  imprin>er  un  grand  nombre,  parmi 
lesquelles  on  cite  comme  les  plus  belles  :  Le 
Ksi  des  Erles,  La  ISnlt  de  Sainte- Walpurge , 
La  Nonne  de  la  Sprée,  La  Caverne  des  aman  ts, 
La  Revue  nocturne,  La  Première  Nuit  de 
Saint-e  -  Walpurge  (  pour  voix  de  solos  et 
chœurs),  La  Fiancée  de  Cerinthe,  La  M-aison 
mainte,  etc.  Dans  des  compositions  de  plus 
grande  importance,  on  remarque  ses  oratorios  : 
1°  La  Destruction  de  Jérusalem,  qui  fut  exé- 
cutée la  première  fois  à  Stettin,  puis  à  Berlin,  et 
qui  a  partout  obtenu  un  siiccès  décidé.  — 
■2»  Diesieben  Schlxfer  (Les  sept  Dormants). 

3"  Le  Serpent  d'airain,  pour  des  voix  seules 

sans  orchestre,  écrit  pour  la  deuxième  grande 
fête  de  Jéna,  et  qui  a  été  exécuté  en  1834.  — 
4°  Les  Apôtres  de  Philippe,  autre  oratorio 
purement  vocal,  exécuté  à  Jéna,  en  1835,  et 
considéré  en  Allemagne  comme  la  plus  belle 
composition  moderne  de  ce  genre,  —  5°  Gît- 
tenberg,  cantate  pour  voix  d'hommes  composée 
Doiir  l'inauguration  de  la  statue  de  cet  homme 
célèbre,  à  Mayence.  —  6°  Jean  Hnss,  oratorio 
exécuté  à  Berlin,  en  1842,  et  publié  en  partition 
réduite  pour  le  piano.  Moins  heureux  au  théâtre, 
Lœwe  a  écrit  les  opéras  suivants,  qui  sont  res- 
tés en  manuscrit  ;  r  La  Chaumière  des  Alpes, 


opérette  en  un  acte.  —  2°  Rodolphe,  ou  le  sei- 
gneur allemand,  grand  opéra  romantique  en 
trois  actes.  —  3°  Malck  Adhcl,  opéra  tragique 
en  trois  actes,  qui  n'a  point  été  représenté,  mais 
qu'on  a  exécuté  avec  succès  au  concert  de  Stet- 
tin. —  4"  Les  Taquineries,  opéra-comique  en 
trois  actes.  —  b"  Chœurs  en  entr'actes  pour  Le 
Conte  enre've,  fantaisie  dramatique  deRaupach. 

—  C°  Ouverture,  clKeurs  et  entr'actes  pour 
Themisfe,  tragédie  par  le  même,  représentée  à 
Berlin.  On  cite  aussi  de  cet  artiste  Trois  années 
complètes  de  cantates  et  de  motets  composés 
pour  l'église  de  Stettin.  On  a  publié  de  ses  ou- 
vrages :  1°  Die  Zerstœrung  von  Jérusalem 
(  La  Destruction  de  Jérusalem),  oratorio  en  deux 
parties.en  partition, op.  30  ;  Leipsick,  Hofmeister. 

—  2"  Das  Gebet  des  Herrn  und  die  Einset- 
zungsworte  des  leib.  Abendmahles  (L'oraison 
dominicale  et  les  paroles  sacramentelles  de  la 
sainte  Cène),  op.  2  ;  Halle,  Kummel.  —  3"  Die 
Walpurgis  nacht  (La  nuit  de  Sainte-Walpurge), 
ballade  de  Gœthe  pour  voix  solos,  chœur  et 
orchestre,  op.  25,  en  iiartition;  Berlin,  Schlesin- 
ger.  —  4"  Trois  ballades  de  Herder,  lîhland  et 
Gœthe,  op.  1;  ibid.  —5"  Trois  idem,  de  Théod. 
Kœrner,  Herder  et  Willibald  Alexis,  2e  recueil; 
ibid,  —  6°  Trois  idem,  de  Herder  et  Uhland, 
op.  3;  ibid.  —  7°  Six  chants  de  Byron,  sur  la  tra- 
duction allemande  de  Theremin,  op.  4;  ibi<l.  — 
8°  Beaucoup  d'autres  ballades,  en  recueils  ou 
détachées,  op,  5,  6,  7,  8,  9,  10,  13,  14,  i5,  16, 
17 ,  20,  21,  23,  29;  ibid.  —  9°  Six  chants  pour 
4  ou  5  voix  d'hommes,  op.  19,  partition  et  parties; 
Berlin,  Wagenfuhr. —  10"  Cinq  chants  spirituels 
à4  voix  d'hommes,  op.  22.  —  11° Trais  quatuors 
(our  2  violons,  alto  et  basse,  op.  24  ;  Berlin, 
Wagenfuhr.  —  12  Quatuor  spirituel,  idem, 
op.  26;  Berlin,  Trautwein. —  13°  Grand  trio  pour 
piano,  violon  et  violoncelle,  op.  112. —  14°  Grand 
duo  pour  piano  à  quatre  mains,  op.  18;  ibid.  — 
15°  Grande  sonate  pour  piano  seul  (en  mi), 
op.  16;  Berlin,  Wagenfijhr.  —  16°  Fantaisie 
idem,  op.  11;  ibid.  —  17°Ata-e;îpo,  poème  mu- 
sical d'après  Byron  ,  idem,  op.  27.  —  18°  Sonate 
élégie  pour  le  piano;  ibid.  —  19°  Le  Frère  mi- 
séricordieux, poërae  musical  idem,  op.  28  ;  ibid. 
Lœwe  a  aussi  en  manuscrit  des  symphonies, 
des  ouvertures,  des  concertos  de  piano  et  d'au- 
tres compositions. 

Comme  écrivain  didactique  et  comme  critique, 
il  s'est  fait  connaître  par  une  méthode  de  mu- 
sique et  de  chant  intitulée  :  Gesanglehre,  prak- 
tisch  und  iheoretisch  fur  Gymnasien,  Semi- 
narien  und  Burgerschulen^  entwiirfen;  Stet- 
tin, chez  l'auteur,  1826,  in-4°  de  96  pages. 
Une  deuxième  édition,  corrigée  et  perfectionnée, 

22 


340 


LOEWE  —  LOGIER 


de  cet  ouvrage  a  paru  à  Berlin,  chez  W.  Logier, 
1828,  in-4".  Il  en  a  été  publié  une  troisième,  à 
Sleltin,  en  1834.  On  doilàLœwe  unecritiqne  du 
système  de  Logier,  insérée  dans  la  Gazette  mu- 
sicale de    Berlin  (ann.  1825,  nos  4^  5,  6,  8, 

9,10). 

Lœwe  vivait  encore  à  Stettin  en  1859. 
W.  Neumann  a  publié  sa  Biographie  dans  le 
recueil  intitulé  :  Die  Komponisten  der  neuen 
Zeit  (Les  Compositeurs  de  l'époque  actuelle); 
Casse!,  1857,  livraisons  14-16. 

LOEWE  (Jeanne-Sophie),  cantatrice  dis- 
tinguée, petite-lîlle  de  Frédéric-Auguste-Léopold, 
est  née  à  Oldenbourg,  en  1815.  Après  avoir  reçu 
sa  première  éducation  musicale  à  Manheim,  où 
son  père,  Ferdinand  Lœwe,  était  attaché  au 
théâtre  de  la  cour,  puis  à  Francfort-sur-le-Mein, 
elle  se  rendit  à  Vienne,  où  elle  prit  des  leçons 
de  plusieurs  maîtres,  et  en  parliculier  de  Cicci- 
mara,  bon  professeur  de  chant.  Le  succès 
qu'elle  obtint  dans  un  concert  en  1832  la  fit 
engager  par  la  direction  du  théâtre  Kaernthner- 
thor,  où  se  lit  son  début  sur  la  scène.  Après  y 
avoir  brillé  pendant  plusieurs  années,  elle  fit  son 
premier  voyage  en  Allemagne  dans  l'année  1837 
et  visita  d'abord  Berlin  ;  puis  elle  chanta  à  Ha- 
novre et  à  Hambourg.  De  retour  à  Vienne  en 
1832,  elle  y  resta  jusque  dans  les  premiers 
mois  de  1840,  et  se  fit  entendre  de  nouveau  à 
Hambourg,  puis  à  Leipsick  et  à  Francfort.  Pen- 
dant les  années  1841  à  1843  elle  chanta  sur  les 
théâtres  italiens  de  Paris  et  Londres,  d'où  elle 
se  rendit  à  Milan  en  1844,  et  chanta  dans  les 
années  suivantes  à  Turin,  Venise,  Gênes,  Naples, 
Bologne  et  Vérone.  Le  caractère  de  son  talent 
consistait  dans  la  beauté  de  sa  voix  et  dans  l'in- 
telligence de  son  action  dramatique.  Après  1848, 
les  renseignements  manquent  concernant  la  suite 
de  sa  carrière. 

LCffiWEN  (Jean-Fuédéric),  secrétaire  à  la 
cour  de  Schwerin ,  vers  1758,  est  auteur  de 
deux  dissertations,  la  première,  sur  la  poésie 
de  l'ode  {Anmerkxingen  liber  die  Odenpoesie)  ; 
la  seconde,  sur  la  poésie  de  la  cantate  d'église 
{ Anmerkungen  ubcr  die  geistliche  Caritaten- 
poesie).  Elles  ont  été  insérées  dans  le  recueil  d'é- 
crits sur  la  musique  de  Hœrtel  (n°  1,  p.  1-25, 
n°  2,  p.  138-165).  Lœwen  y  examine  les  rap- 
ports de  la  coupe  et  du  rhythme  de  ces  genres 
de  poésie  avec  la  musique  ;  mais  ses  vues  sont 
.superficielles. 

LOEWEiXSKlOLD  (Hermann  de),  corn- 
positeur  danois,  vivait  à  Copenhague  en  1839, 
et  s'y  trouvait  encore  en  1847.  Il  y  fit  repré- 
senter son  premier  opéra,  intitulé  Sara,  qui  ob- 
tint un  brillant  succès  et  fut   repris  plusieurs 


fois.  En  1849,  il  donna,  sur  le  théâtre  royal  de 
cette  ville,  Le  Printemps  à  Athènes,  ballet  dont 
il  avait  écrit  la  musique.  On  a  imprimé  environ 
20  œuvres  de  sa  composition  pour  le  piano  et 
pour  le  chant,  parmi  lesquels  on  remarque  û&'i 
pièces  caractéristiques  pour  piano  seul,  op.  12, 
des  fantaisies,  et  recueil  de  ballades  à  voix 
seule,  avec  accompagnement  de  piano, 

LOT:WEi\STERi\(MATTHIAS-APELLEDE), 

«)nseii!er  du  prince  de  Mœnsterberg  et  d'Oels, 
naquit  à  Neusladt,  dans  la  haute  Silésie,  le 
20  avril  1594.  Il  était  fils  d'un  sellier  nommé 
Lœwe.  Ajirès  avoir  fréquenté  l'université  de 
Francfort,  il  retourna  dans  sa  ville  natale.  Peu 
de  temps  après,  on  l'appela  à  Leobschùtï,  pour 
diriger  la  musique  de  l'église  du  Lycée.  Le  mar- 
grave de  Brandebourg  l'engagoa  à  se  rendre  à 
ïroppau  ;  mais  Lœwenslern  préféra  sa  situation 
de  Leobscliùtz,  que  la  guerre  de  Trente  ans  put 
seule  lui  faire  quitter.  A  cette  époque,  le  duc 
Henri  Wenceslas  d'Oels  l'attira  à  sa  cour,  et  le 
nomma  directeur  de  sa  musique,  puis  préfet 
du  gymnase  de  Bernstadt,  et  enfin,  en  1631, 
conseiller  et  secrétaire  de  son  cabinet.  Dans  cette 
même  année,  Lœwenstern  fut  nommé  directeur 
de  musique  à  la  cour  de  l'empereur  Ferdinand  II. 
A  la  mort  de  ce  prince,  son  successeur  lui  ac- 
corda des  lettres  de  noblesse.  Tant  de  faveurs 
ne  furent  que  de  faibles  adoucissements  aux 
douleurs  de  la  goutte  et  de  la  gravelle  qui  tour- 
mentèrent ses  dernières  années.  Il  mourut  à 
l'âge  de  cinquante-quatre  ans,  le  3  avril  1648. 
La  plupart  de  ses  productions  musicales  sont 
pour  l'église.  Ses  mélodies ,  dit  Hofmann  dans 
sa  Biographie  des  musiciens  de  la  Silésie,  sont 
simples,  naturelles  et  remplies  d'expression. 
H  publia,  sous  le  litre  de  ISijmbola,  un  re- 
cueil d'airs  religieux  pour  1,  2,  3  et  4  voix; 
Breslau,  sans  date. 

LOFEIER  (Joseph-Frédéric),  intendant 
des  bâtiments  de  Salzbach,  né  le  20  juillet  1766, 
s'est  distingué  comme  amateur  par  ses  talents 
sur  le  piano  et  l'alto,  et  par  quelques  compo- 
sitions, telles  que  symphonies,  ouvertures,  et 
morceaux  d'église.  On  a  gravé  sous  son  nom  : 
12  variations  (en  ré)  pour  piano  sur  un 
thème  original;  Nuremberg,  Winterschmidt, 
1801. 

LOGI.  Voyez  LOSI  (Le  comte  DE). 

LOGIER  (Jean-Bernard),  inventeur  du 
système  d'enseignement  de  la  musique  qui  porte 
son  nom,  descend  d'une  famille  française  ré- 
fugiée en  Allemagne  après  la  révocation  de  l'é- 
ditde  Nantes.  Il  est  né  en  1780  à  Kaiserslautern, 
dans  le  Palalinat,  où  son  grand-père  et  son  père 
avaient  été  organistes.  Ce  dernier  accepta  en 


LOGIER 


341 


1796  une  place  de  premier  violon  dans  la  cha- 
pelle du  prince  électeur  de  Hesse,  à  Cassel ,  puis 
se  rendit  à  Gœttingue,  où  il  fut  jusqu'à  sa  mort 
chef  de  pupitre  des  concerts  dirigés  par  Forkel. 
A  lage  de  neuf  ans,  Logier  reçut  de  son  père 
les  premières  leçons  de  musique  et  de  piano; 
mais  son  instrument  de  prédilection  était  la  flûte, 
qu'il  étudia  sous  la  direction  de  Weiilner.  Ses 
progrès  sur  cet  instrument  furent  si  rajjides, 
qu'à  l'âge  de  dix  ans  il  put  jouer  dans  un 
concert  public  une  symphonie  concertante  avec 
le  fils  de  son  maître.  Peu  de  temps  après,  il 
perdit  ses  parents,  et  on  lui  donna  un  tuteur, 
qui  voulut  lui  faire  abandonner  la  musique  pour 
le  commerce;  mais  Logier  s'enfuit  à  Marbourg, 
où  il  avait  un  oncle,  frère  de  sa  mère.  Il  y  fit 
la  connaissance  d'un  Anglais  qui  l'emmena  à 
Londres,  et  le  traita  comme  un  fils  pendant  deux 
ans,  n'exigeant  de  lui,  en  retour  du  bien-être 
qu'il  lui  procurait,  que  de  jouer  chaque  jour  un 
peu  de  flûte  et  «le  piano.  A  cette  époque  (1805), 
le  marquis  d'Abercorn  organisa  un  corps  de 
musique  pour  son  régiment  :  Logier  y  entra 
comme  flûtiste,  et  suivit  son  corps  dans  une 
ville  du  nord  de  l'Irlande.  Wilmann,  Allemand 
de  naissance,  et  père  de  l'excellent  clarinettiste 
de  Londres,  était  chef  de  musique  de  ce  régi- 
ment :  Logier  épousa  sa  fille.  Dans  ses  heures 
de  loisir,  il  composait  de  la  musique  et  donnait 
des  leçons  de  piano.  Cette  dernière  occupation 
lui  suggéra  ses  premières  idées  sur  la  réforme 
de  l'enseignement.  Après  la  paix,  le  régiment  de 
lord  Abercorn  fut  licencié,  et  Logier,  resté  sans 
emploi,  accepta  la  place  d'organiste  à  Wesfpor- 
ter,  en  Irlande,  qui  lui  fut  offerte  par  lord  At- 
tamund.  Bientôt  ses  nombreuses  occupations 
dans  cette  ville  lui  firent  désirer  de  trouver  un 
aide  pour  ses  fonctions  d'organiste,  et  il  imagina 
d'y  employer  sa  fille,  âgée  seulement  de  sept 
ans.  Mais  la  faiblesse  des  doigts  et  la  mauvaise 
disposition  de  la  main  de  cet  enfant  était  un 
obstacle  à  la  réalisation  de  ses  projets.  L'idée 
lui  vint  alors  d'une  machine  destinée  à  cor- 
riger les  défauts  de  la  main.  Il  la  composa 
d'une  tringle  qui  a  toute  la  longueur  du  clavier, 
et  sur  laquelle  posent  les  mains  ;  d'une  autre 
tringle  cylindrique  sur  laquelle  glissent  deux  es- 
fièces  de  gantelets  ouverts  à  la  partie  inférieure, 
destinés  à  y  placer  les  doigts  pour  les  maintenir 
dans  une  position  convenable.  C'est  à  cette  ma- 
chine que  Logier  donna  le  nom  de  chiroplaste, 
et  ce  nom  fit  sa  fortune.  Ce  qui  n'avait  eu  d'a- 
bord qu'un  but  d'intérêt  particulier,  lui  parut 
pouvoir  devenir  la  base  d'un  enseignement.  Il 
ne  tarda  point  à  aller  s'établir  à  Dublin,  où  il 
commença  à  mettre  sa   méthode  en  pratique  : 


ses  succès  dépassèrent  ses  esjiérances,  et  bien- 
tôt il  fut  considéré  comme  le  meilleur  maître  de 
piano  de  l'Irlande.  Les  élèves  lui  venaient  de 
toutes  parts.  Il  avait  accepté  en  arrivant  à  Dublin 
la  direction  de  la  musique  du  théâtre  de  Johns- 
ton;  mais  la  chute  de  cette  entreprise  lui  ren- 
dit la  liberté  dont  il  avait  besoin  pour  donner 
tous  ses  soins  à  son  système.  Dès  J8l4  il  avait 
pris  un  brevet  pour  le  chiroplaste  :  ce  brevet 
lui  donnait  le  droit  d'exploiter  seul  son  sy.s- 
tème  d'enseignement,  ou  d'en  faire  des  con- 
cessions. Ses  succès,  constatés  par  les  rapides 
progrès  de  ses  élèves  en  certaines  parties  de  la 
musique,  fixèrent  l'attention  publique  sur  cette 
méthode;  l'habileté  qu'il  mit  à  la  répandre,  dans 
des  voyages  qu'il  fit  pendant  l'année  18 16  en 
Ecosse  et  en  Angleterre,  lui  procura  des  transac- 
tions avantageuses  avec  beaucoup  de  maîtres 
de  musique,  et  des  écoles  de  chiroplaste  s'éta- 
blirent  à  Liverpool,  Manchester,  Chester,  Glas- 
cow,  Preston,  etc.,  etc.  Samuel  Webbe,  un  des 
professeurs  de  Londres  le  plus  en  vogue,  fit 
même  le  voyage  de  Dublin  pour  venir  visiter 
Logier,  et  pour  s'instruire  dans  le  mécanisme 
d'enseignement  de  la  nouvelle  méthode,  qu'il  mit 
en  pratique  dans  un  cours  public. 

Cependant  les  succès  mômes  de  cette  mé- 
thode causèrent  à  Logier  beacoup  de  tracasseries. 
Il  avait  publié  dans  l'été  de  1816  une  explica- 
tion de  son  système  dans  un  écrit  intitulé  :  An 
explunatlon  and  description  of  the  royal 
patent  Chiroplasf^  or  hand-directorto  piano- 
forte,  etc.;  Londres,  Clementi,  in-4''.  Cet  écrit 
et  le  bruit  des  résultats  de  la  nouvelle  méthode 
éveillèrent  la  susceptibilité  de  tous  les  profes- 
seurs de  piano,  et  leur  firent  craindre  l'engoue- 
ment de  la  mode  pour  cette  nouveauté,  et  l'a- 
bandon de  leurs  élèves.  Ils  commencèrent  à  se 
réunir  contre  le  danger  qui  semblait  les  mena- 
cer, et  l'attaque  commença  par  le  pamphlet 
anonyme  qui  avait  pour  titre  :  General  obser- 
vations upon  Music  and  remarks  on  M.  Lo- 
gier's  System  of  musical  éducation,  with  ap- 
pendix  (  Observations  générales  sur  la  mu- 
sique, et  remarques  sur  le  système  d'éducation 
musicale  de  M.  Logier,  avec  un  appendice). 
Edimbourg,  Robert  Burdie,  1817,  in-S".  Ce 
pamphlet,  tiré  à  grand  nombre  d'exemplaires , 
fut  répandu  dans  toute  l'Angleterre.  On  y  criti- 
quait la  neuvelle  méthode  avec  amertume.  M.  A. 
de  Monti,  maître  de  musique  à  Glascow,  suivit 
l'exemple  de  l'anonyme,  et  montra  aussi  peu  de 
bienveillance  pour  le  chiroplaste  dans  un  écrit 
intitulé  :  Strictures  on  M.  Logier's  System  of 
musical  éducation  (  Remarques  sur  le  système 
d'éducation  musicale  de  M.  Logier);  Glascow., 


342 


LOGÎER 


W.  TiimbuII,  18(7,  in-8".  Ces  .leiix  pamplilels 
ne  piofinisirent  pas  l'effet  que  s'en  étaient  pro- 
mis leurs  auteurs,  car  l'attention  publique  en 
fut  plus  vivement  excitée. 

Logier,  attaqué  avec  si  peu  de  ménagement, 
crut  qu'il  ne  pourrait  se  défendre  avec  avantage 
qu'en  se  rendant  à  Londres  pour  établir  lui- 
même  des  écoles  de  cliiropiaste.  Arrivé  dans 
cette  ville,  il  Invita  les  membres  de  la  Société 
philharmonique  et  d'autres  musiciens  à  un  exa- 
men des  élèves  de  Webbe,  qui  eut  lieu  le  17 
novembre  1817.  Presque  tous  les  artistes  et 
professeurs  de  quelque  renom  qui  se  trouvaient 
alors  à  Londres,  y  assistèrent.  Les  avis  furent  par- 
tagés, mais  les  pianistes  les  plus  distingués  don- 
nèrent leur  approbation  à  l'invention  de  Logier. 
Celui-ci  rendit  compte  de  cet  examen^  et  le  pré- 
senta sous  le  jour  le  plus  avantageux  dans  une  re- 
lation intitulée  :  An  authentic  Account  of  the 
examination  ofpupils  instructed  on  the  new 
Sijsiem  of  musical  éducation,  by  J.  B.  Logier 
(Relation  authentique  de  l'examen  d'élèves  ins- 
truits par  le  nouveau  système  d'éducation  mu- 
sicale); Londres,  R.  Hunier,  1818,  in-S".  Mais 
ses  adversaires  ne  voulurent  pas  k  laisser  jouir 
en  paix  do  son  triomphe;  ils  vinrent  le  troubler 
par  une  critique  de  mauvaise  humeur  qui  avait 
pour  titre  :  An  Exposition  of  the  new  System 
of  imisical  éducation  of  M.  Logier,  icith 
strictitres  on  his  chiroplast;  published  by  a 
comviittee  of  professors  in  London  (Expo- 
sition du  nouveau  système  d'éducation  musicale 
de  M.  Logier,  avec  des  remarques  sur  son  chiro- 
plaste  ;  par  un  comité  de  professeurs  de  Londres)  ; 
Londres,  Budd  et  Calkin,  1818,  in-S".  Parmi 
les  noms  de  ces  professeurs,  on  remarque  ceux 
d'Attwood,  du  docteur  Crotch,  de  Latoor  et 
de  Ries.  Irrité  par  les  attaques  dont  il  était  l'ob- 
jet, Logier  réplicjua  à  cet  écrit,  avec  un  peu 
trop  d'aigreur,  par  un  autre  intitulé  :  A  Réfuta- 
tion of  the  fallacies  and  misrepresentations 
contained  in  a  pamphlet  entitled  :  An  ex- 
position of  the  new  System,  etc.  (  Réfutation 
des  faussetés  et  des  méprises  contenues  dans  un 
pamphlet  intitulé  :  Exposition  d'un  nouveau 
système,  etc.);  Londres,  Hunier,  1818,  in-8°. 
Le  ton  de  cette  réjiliqHe  et  le  peu  de  ménage- 
ment que  Logier  y  montrait  pour  ses  antago- 
nistes n'étaient  pas  de  nature  à  faire  cesser  la 
polémique  engagée  contre  son  systèn^p  et  contre 
sa  personne.  De  nouveaux  pamphlets,  où  la 
satire  et  les  plaisanteries  plus  ou  moins  grossières 
lui  étaient  prodiguées,  se  succédèrent  avec  ra- 
pidité. Je  ne  connais  vraisemblablement  pas 
tout  ce  qui  a  été  publié  à  ce  sujet;  mais  j'ai  re- 
tenu les  titres  suivants  de  brochures  où  l'on  pré- 


sentait sons  un  aspect  ridicule  Logfer  et  sotî 
système  :  1°  The  Logerian  System  of  tcaching 
/»ius/c  (Le  système  logérien  de  l'enseignement 
de  la  musique);  Londres,  Philips  (sans  date), 
in-8".  —  Ayiton,  qui  plus  tard  fut  rédac- 
teur en  chef  du  journal  de  musique  The  lîar- 
?uoh/co?i,  est  l'auteur  de  ce  pamphlet. —  2"  The 
musical  Tour  of  Dr.  Minim  ABC,  (Voyage 
musical  du  docteur  Minime  ABC);  Londres, 
W.  Glindon,  1818,  in-12;  diatribe  violente  dont 
Graliam,  professeur  de  musique  à  Londres, 
est  auteur.  —  3°  Jocl  Collier  redivivus,  an 
entirely  new  édition  ofthat  celebrated  au- 
thor's  mvsical  travcls,  etc.  (Joël  Collier  res- 
suscité, édition  entièrement  nouvelle  des  voyages 
musicaux  de  ce  célèbre  auteur)  ;  Londres,  J.  As- 
perne,  1818,  in-S"  ;  nouvelle  édition  d'une  plaisan- 
terie mordante  publiée  autrefois  contre  Burney 
(voy.  ce  nom),  à  laquelle  on  avait  ajouté  des  notes 
où  Logier  était  bafoué.  L'éditeur  nouveau  et  auteur 
des  remarques  était  un  certain  Gfic/rg'cs  Veal,  qui 
pendant  longtemps  joua  l'alto  à  l'orchestre  du 
théâtre  italien.  —  4"  Logerian  semibility,  or 
Marsyas  in  the  Chiroplast  (Sensibilité  logé- 
rienne,  ou  Marsyas  dans  le  chiroplaste);  Balh, 
1819,  in-S".  Le  dernier  écrit  de  Logier  relatif  à 
son  enseignement  a  paru  sous  ce  titre  :  A  short 
Account  of  the  progress  ofj.  B.  Logier's  Sys- 
tem of  musical  éducation  in  Berlin  (Courte 
notice  concernant  les  progrès  du  système  d'é- 
ducation musicale  de  J.  A.  Logier,  à  Berlin); 
Londres  1824,  in-S". 

L'écltit  qu'avait  eu  cette  dispute  eut  pour  ré- 
sultat de  mettre  à  la  mode  le  système  d'ensei- 
gnement du  chiroplaste.  L'association  de  Logier 
avec  Kalkbrenner,  pour  l'exploitation  de  ce  sys- 
tème dans  des  cours  établis  à  Londres,  fut  l'évé- 
nement le  plus  heiireux  pour  le  succès  de  la 
nouvelle  méthode.  Dès  lors  les  personnes  le» 
plus  distinguées  de  la  société  s'empressèrent  de 
fréquenter  ces  cours,  et  Logier  lit  de  très-con- 
sidérables bénéfices  sur  les  produits  des  écoles  , 
sur  la  vente  des  chiroplastes  et  de  la  musique 
écrite  spécialement  pour  ses  cours ,  et  sur  les 
concessions  de  brevets  pour  les  villes  de  pro- 
vince. Le  bruit  des  succès  de  cette  méthode  se 
répandit  bientôt  en  France  et  en  Allemagne.  A 
Paris,  Zimmerman  ouvrit  un  cours  de  piano  par 
la  méthode  du  chiroplaste,  qui  eut  pendant  deux 
ans  un  succès  de  vogue,  et  qui  ne  fut  abandonné 
qu'à  la  suite  d'une  longue  et  dangereuse  maladie 
du  professeur.  Sur  les  rapports  qui  lui  furent 
faits  de  la  méthode  de  Logier,  le  roi  de  Prusse 
envoya  Fr.  Stoepel  à  Londres  pour  l'étudier  près 
de  l'inventeur,  et  fit  à  celui-ci  l'invitation  de  se 
vendre  à  Berlin,  pour  y  organiser  des  cours.  Lo- 


LOGIER 


343 


gisr  y  arriva  le  IC  août  1822,  et  y  fonda  une  école 
dont  l'examen  parut  si  satisfaisant  cinq  mois  aprèri, 
que  le  roi  chargea  Logier  du  soin  d'instruire 
vingt  maîtres  pour  répandre  sa  métiiode  dans 
les  villes  principales  de  la  Prusse.  Ces  proposi- 
tions ayant  été  acceptées,  l'inventeur  du  cliiro- 
plaste  passa  trois  ans  à  Berlin,  retournant  chaque 
anni^e  trois  mois  à  Londres   pour  ses  affaires. 

i:n  1826,  il  se  fixa  de  nouveau  à  Duhlin,  où  il 
vécut  dans  la  retraite,  jouissant  du  fruit  de  ses 
travaux.  F.  Sloepi'l  établit  à  Munich  une  école 
d'après  le  système  de  Logier,  en  1826;  plus  tard 
il  vint  fonder  un  établissement  du  môme  genre 
à  Paris;  mais  cette  école  n'eut  qu'un  médiocre 
succès.  Leipsick,  Dresde,  Francfort-sur-le-Mein, 
Francfort-sur  roder,  Stettin,  Nauembourg,  Stult- 
gard  et  Hambourg,  ont  eu  aussi  successivement 
des  cours  de  (>iano  par  le  chiroplaste.  Girschner, 
alors  organiste  à  Berlin,  F.  Stoepel,  C.-F.  MûUer, 
C.-G.  Wehncr  (F.  ces  noms),  et  d'autres  pro- 
lesseurs  et  critiques  de  l'Allemagne  ont  écrit  sur 
cette  méthode,  et  en  ont  fait  valoir  les  avantages. 
On  trouve  aussi  de  longs  articles  analytiques 
sur  le  même  système  dans  le  Quarterlij  musical 
Magazine  and  Revievi  (t.  1,  pag.  111  à  139), 
et  dans  la  Galette  musicale  de  Leipsick  (l.  23 
et  24).  Logier  est  mort  à  Dublin,  le  27  juillet 
184G,  à  l'âge  de  soixante-cinq  ans. 

Le  système  de  Logier  se  compose  d'éléments 
divers,  qui doiventétreexamiuésséparémentpour 
être  appréciés  avec  jusiesse.  Divisé  en  deux  par- 
ties principales,  qui  sont  l'exécution  au  piano  et 
l'harmonie,  ce  système  a  deux  choses  qui  lui  sont 
propres  dans  la  première  section,  savoir  :  le  chi- 
roplaste et  l'exécution  simultanée  d'un  certain 
nombre  d'élèves  sur  plusieurs  pianos.  Le  chiro- 
plaste ne  peut  être  considéré  comme  une  néces- 
sité de  l'enseignement;  car  il  n'est  destiné  qu'à 
corriger  les  positions  vicieuses  de  certaines  mains 
ou  les  déviations  des  doigts.  Les  mains  naturel- 
lement bien  placées  n'ont  pas  besoin  de  ce  se- 
cours. D'ailleurs,  il  a  l'inconvénient  de  ne  per- 
itiellre  aux  doigts  que  les  mouvements  les  plus 
élémentaires,  puisqu'il  leur  interdit  tout  mouve- 
ment de  translation  de  la  main,  soit  par  substi- 
tion  de  doigts,  soit  par  le  passage  des  doigts  sur 
le  pouce,  ou  du  pouce  sous  les  doigts.  Kalkbren- 
lier  paraît  avoir  reconnti  ses  défauts  à  cet  égard, 
car  il  l'a  abandonné  pour  lui  substituer  le  guide- 
mains,   qui   n'est  que   la    partie   inférieure  du 
chiro|ilaste,  séparée  du  reste  de  l'appareil;  mais 
l'emploi  de  cet  appareil  n'a   pas  eu  de  succès  : 
Liszt  l'a  tué  d'un  mot ,  en   appelant  ce  guide- 
main  le  guidedne.  A  l'égard  de  l'enseignement 
individuel  du  mécanisme,  Logier  n'y  a  introduit 
aucun  changement  :  il  n'y  avait  rien  en  effet  à  y 


faire,  et  l'inventeur  du  chiroplaste  n*a  pu  se  dis- 
penser de  faire  donner  à  ses  élèves  des  leçons 
particulières  de  ce  mécanisme,  par  les  procédés 
ordinaires. 

La  partie  la  plus  importante  du  système  con- 
siste dans  l'exécution  simultanée  d'un  certain 
nombre  d'olèves  sur  plusieurs  pianos.  C'est  pour 
cette  partie  de  son  système  que  Logier  a  écrit 
l'ouvrage  qu'il  a  publié  sous  ce  titre  :  The  first 
Companionto  (lie  royal  patent  Chiroplast,  or 
handdirector,  a  new  invented apparafus for 
faciliting  ihe  attainment  of  a  proper  exécu- 
tion on  piano-for  le,  bij  the  inventor,  Dublin, 
in-4''  de  42  pages.  Cette  méthode,  à  laquelle  il 
a  été  ajouté  trois  suites  d'études,  de  duos  et  de 
trios  pour  plusieurs  pianos  (Londres,  Clemcnti), 
a  été  traduit  en  français  et  publiée  sous  ce  titre  : 
Compagnon  du  chiroplaste ,  ou  Méthode  de 
piano-forté,  diviséeen  4  liv.,  avec  des  exercices 
progressifs),  Paris,  Carli.  Il  y  en  a  aussi  une 
édition  allemande;  Berlin,  W.  Logier.  Les  diffé- 
rentes parties  des  morceaux  destinés  h  être  joués 
à  deux,  à  quatre  ou  à  six  mains  sur  divers  pia- 
nos, et  [lar  un  certain  nombres  d'élèves,  étant 
calculées  d'après  les  divers  degrés  d'avancement 
de  ces  élèves,  présentent  un  moyen  fort  ingénieux 
pour  faire  acquérir  promptement,  môme  aux  plu» 
faibles,  un  bon  sentiment  de  mesure  et  d'harmo- 
nie. Ce  mode  d'enseignement  est  pour  la  musique 
instrumentale  ce  que  le  chaut  d'ensemble  est  pour 
les  voix,  et  l'on  peut  dire  que  c'est  une  véritable 
création,  qui  devrait  être  en  usage  dans  toutes 
les  grandes  écoles.  L'auteur  de  cette  notice  a 
écrit  pour  le  cours  de  Zimmerman  des  morceaux, 
parmi  lesquels  il  y  a  jusqu'à  des  septuors  dont 
toutes  les  parties  à  deux  mains  ont  un  objet  dé- 
terminé et  un  degré  d'avancement  particulier  : 
il  résultait  de  leur  exécution  un  effet  assez  riche 
et  de  rapides  progrès  chez  les  élèves.  Plusieurs 
de  ces  morceaux  ont  été  gravés,  mais  le  plus 
grand  nombre  est  resté  en  manusciit. 

L'harmonie,  seconde  partie  du  système  de  Lo- 
gier, paraît  être  celle  qui  a  particulièrement  fixé 
son  attention,  et  qu'il  a  travaillée  avec  pics  de 
soin.  Le  premier  essai  qu'd  publia  sur  ce  sujet 
se  trouve  dans  une  des  suites  de  son  Compa- 
gnon du  chiroplaste }  plus  tard  il  publia  :  Lo- 
gier's  practical  Thorough  bass,  being  siudies 
on  the  worlis  of  modem  composers;  Londres, 
Clementi,  in-4°.  Il  a  été  fait  une  traduction  al- 
lemande de  cet  ouvrage;  elle  a  pour  titre  :  An- 
weisung  zum  Unterricht  im  Clavierspiel  und 
musikalisclie  Composition,  etc.;  Berlin,  1819, 
t  vol.  in-4''.  Cet  ouvrage  est  une  application  pra- 
tique des  principes  de  l'auteur  du  chiroplaste, 
dans  l'analyse  de  quelques  morceaux  de  plusieurs 


344 


LOGIER  —  LOISEL 


compositeurs  célèbres.  Quelques  années  après, 
Logier  refondit  toutes  ses  idées  sur  l'iiarmonie 
dans  un  ouvrage  qu'il  publia  à  Berlin,  el  qui  a 
po'ir  titre  :  System  der  Musik  Wissenschaft 
und  dei'  musikalischen  Composition,  mit  In- 
begriff  dessen,  was  gewœhnlich  unter  dem 
Ansdrucke  Gencral-Bass  versianden  loird  ; 
Berlin,  H.  A.  W.  Logier,  1827,  in-4°.  Dans  le 
même  temps  parut  une  traduction  française  de 
ce  livre,  intitulée  :  Aouveau  système  d'ensei- 
gnement mxisieal,  oit,  Traite' de  composition; 
Paris,  Scli'esinger,  in-4",  de  289  pages.  J'ai 
donné,  dans  le  troisième  volume  de  la  Revue 
musicale  (p.  61-CG),  une  analyse  détaillée  de 
cet  ouvrage,  que  je  ne  répéterai  pas  ici  :  on  pourra 
la  consulter  en  son  lieu.  Je  me  bornerai  à  dire 
<iu'en  résumant  mon  opinion,  j'ai  fait  remarquer 
que  le  livre  de  Logier  n'était  point  un  traité  de 
composition,  mais  un  traité  d'harmonie  auquel  il 
a  mêlé  des  notions  de  mélodie  et  de  rliyllime,  et 
qu'il  a  trop  développé. 

Indépendamment  de  foutes  les  productions 
qui  ont  pour  objet  son  système  d'enseignement, 
Logier  a  publié  comme  compositeur  :  1"  Grand 
concerto  pour  le  piano  (en  mi  bémol),  op.  13  ; 
Berlin,  W.  Logier.  —  2"  Sonate  pour  piano,  llùte 
et  violoncelle,  op.  7  ;  ibid.  —  3"  Sonate  facile 
pour  piano  et  llùle,  op.  8;  ibid.  —  4°  Introduc- 
tion et  grande  marche  pour  piano  à  4  mains , 
op.  14  ;  ibid.  —  5"  Introduction,  fugue  et  2  ca- 
nons, op.  18;  ibid.  —  6°  Grande  sonate  pour 
piano  à  4  mains  (  en  ut  mineur  )  ;  ibid.  —  7"  Pe- 
tite sonate  pour  piano  seul,  op.  10  ;  ibid.  —  8°  Airs 
anglais  varies  pour  piano  seul  ;  Bonn,  Simrocii; 
Berlin  ,  W.  Logier.  —  9°  Grande  sonate  pour 
piano,  ilùte  et  violoncelle,  op.  23;  ibid.  — 
10°  Quelques  marches  et  morceaux  pour  musi- 
que militaire;  Londres,  Clemenli. —  11°  Com- 
plète introduction  to  ihe  hcycd  hugle  (Intro- 
duction complète  à  l'art  de  jouer  du  cor  à  clefs); 
Dublin  et  Londres,  in-4°. 

LOGROSCIA'O  (Nicolas),  compositeur  cé- 
lèbre dans  le  genre  bouffe,  naquit  à  Naples,  vers 
1700.  Les  premiers  essais  dans  le  style  bouffe 
furent  dus  à  Léo,  à  Pergolèse  et  à  Hasse;  mais 
Logrosciiio,  leur  contemporain,  l'emporta  sur 
eux  par  la  verve,  par  la  gaieté,  et  surtout  par 
l'effet  qu'il  leur  donna  au  moyen  de  l'invention 
des  finali.  Depuis  plusieurs  années,  il  était  con- 
sidéré comme  n'ayant  point  de  rival,  lorsque  les 
premiers  opéras  de  Piccinni,  représentés  sur  le 
théâtre  des  Florentins  avec  un  succès  prodigieux, 
lui  firent  connaître  que  son  règne  était  passé.  Il 
quitta  Naples  en  1747,  et  se  rendit  à  Palerrae , 
fù  il  devint  premier  maître  de  contrepoint  au 
Conservatoire  del  FigliuoU  dispersi.  Il  y  lit  de 


bons  élèves,  parmi  lesquels  on  compte  Muratori 
et  Yermiglioli.  De  retour  àNaples,  il  y  est  mort, 
en  1763.  Parmi  ses  nombreux  ouvrages,  on  dis- 
tingue :  lo  Giunio  Bruto,  opéra  séria.  —  2°  Il 
Governatore,  opéra  buffa  en  deux  actes.  —  3°  Il 
vecchio  Marito  ;  idem.  —  4°  Tanto  bene,  tanto 
maie;  idem. 

LOHELIUS  (Jean).  Voyez  OELSCHLEGEL 
(Jean  Lohelîds). 

LOIIEI\STE!r>J  (Daniel-Gaspard  DE),  syn- 
dic de  Breslau,  né  à  Nimptsch,  en  Silésie,  le  5  jan- 
vier 1635,  fit  ses  études  à  Breslau,  Leipsick  et 
Tubingue,  puis  visita  les  principales  jiarties  de 
l'Allemagne  et  de  l'Europe.  En  1666,  il  fut  nommé 
conseiller  impérial  et  syndic  de  Breslau.  Il  mou- 
nit  dans  cette  ville,  en  1683.  Parmi  ses  nombreux 
ouvrages,  on  remarque  un  roman  historique  in- 
lilulé  :  Arminius  et  Thusnelda,  qui  parut  après 
sa  mort,  à  LeipsicI',  en  u;89,  2  vol.  in-4°.  Il 
y  traite  de  la  puissance  de  la  musique  (t.  2, 
p.    907). 

LOÎIET  (Simon),  organiste  de  la  cour  à  Stutt- 
gard,  vers  1600,  est  connu  par  vingt-quatre  fugues 
pour  l'orgue  qui  ont  été  insérées  dans  la  Nova 
musices  organices  iabulatura  (Bâle,  loi 7, 
in-fol  ),  de  Woltz,  organiste  de  Heilbronn.  11  y  a 
lieu  de  croire  que  Loliet  était  Français  de  nais- 
sance  ou  d'origine. 

LOHR  (Michel),  né  à  Marienbourg,  fut 
cantor  à  Dresde,  dans  la  première  moitié  du 
dix -septième  siècle.  On  connaît  sous  son  nom 
un  recueil  intitulé  :  Neue  teutsche  und  latei- 
nische  Kirchen-Gesxnge  und  Conccrten  in 
fûnfz-ehn  7  xind  8  stimmigen  Motetten  (Nou- 
veaux chants  allemands  et  latins,  et  concerts  en 
15  motets  à  7  et  8  voix),  1"^*  partie;  Dresde, 
1035,  in-4°. 

LOISEL  (Jean  ),  chanoine  régulier  de  l'ordre 
des  Prémontrés  au  monastère  de  Saint-Norbert, 
dans  la  petite  ville  de  Ninove  en  Belgique,  Héris- 
sait vers  le  milieu  du  dix-septième  siècle.  On  a 
de  lui  plusieurs  collections  de  messes  et  de  mo- 
tets, parmi  lesquels  on  remarque  les  ouvrages 
suivants  :  1"  Musica  liactenus  inaudiia,  sive 
Missx  IV  quinque  et  sex  vocum,  novo  ae  mo- 
derno  modulamine  concertatx  cum  instru- 
ment is  et  ripieno  duplici  (seu  duobus  aliis 
choris)  siplacet  ;  Anvers,  1644,  in-4°.  —  2"  Mo- 
ietta  sacra  duariim  et  trium  vocum  cum  basso 
continuo  ad  organum;  Anvers,  1649,  in-4°. 
Quelques  chants  à  4,  5  et  6  voix  de  Loisel  ont 
été  insérés  dans  la  collection  qui  a  pour  titre  : 
Cantiones  natalitioc,  seu  Laudes  B.  Marias^ 
quatuor,  quinque  et  sex  vocum  (Gand,  1651 , 
in-4°),  avec  d'autres  de  Philippe  VanSteelaut, 
et  de  Liberli. 


LOISEL  —  LOLLI 


345 


LOISEL  (Jean-Fréuéric),  violoniste,  vécut 
à  Paris  vers  1780,  et  y  mourut  jeone.  Il  y  a  pu- 
blié :  1"  Six  quatuors  pour  2  violons,  alto  et  basse, 
op.  1.  Une  deuxième  édition  de  c«t  ouvrage  a 
été  faite  à  Offenbacli ,  chez  André.  —  1°  Trois 
concertos  pour  violon  et  orchestre,  op.  2. 

LOI  SET  ou  LOYSET.  Voijei  PIÉTON. 

LOKEIMBURG  (Jean  DE),  compositeur  al- 
lemand du  seizième  siècle,  est  connu  par  deux 
messes  à  plusieurs  voix  qui  se  trouvent  dans  les 
manuscrits  de  la  Bibliothèque  royale  de  Munich 
(n"'  51  et  54). 

LOLLI  (Antoine),  violoniste  célèbre,  naquit 
à  Bergame  en  1728,  ou  en  1733,  suivant  des 
renseignements  fournis  à  Boisgelou,  par  Wolde- 
mar,  son  élève.  D'autres  notices  insérées  dans  la 
Gazette  musicale  de  Leipsick  (an.  f^  p.  78,  C09 
et  685)  en  font  un  Vénitien,  et  placent  la  date  de 
sa  naissance  en  1740;  mais  Gervasoni  {Des- 
criziove  storico-critica  dcgli  scrittori  filar- 
monici  italiani)  et  l'abbé  Bevtini  (Dizzionario 
storico-critico  degll  scrittori  di  musica),  qui 
étaient  bien  placés  pour  se  procurer  des  dé- 
tails précis,  ne  parlent  point  de  cette  circons- 
tance, et  font  naître  Lolii  à  Bergame.  D'ailleurs 
la  date  de  1740  est  peu  vraisemblable,  car  les 
l)reniiers  concertos  de  cet  artiste  fuient  gravés  à 
Amsterdam  en  1.760,  et  à  Paris  deux  ans  après. 
Quoi  qu'il  en  soit,  il  parait  qu'il  n'eut  point  de 
maître  de  violon,  et  qu'il  ne  dut  qu'à  lui-même 
le  talent  qu'il  acquit  sur  cet  instrument.  De  là 
vient  qu'il  fut  médiocre  musicien.  On  ignore 
l'emploi  de  ses  premières  années,  mais  on  croit 
qu'il  voyagea  dans  les  Pays-Bas  et  en  Hollande, 
•vers  1760,  d'où  il  se  rendit  en  Allemagne.  En  1762 
il  entra  au  service  du  duc  de  Wurtemberg,  à 
Stuttgard.  L'auteur  anonyme  d'une  notice  insérée 
dans  la  Gazette  musicale  de  Leipsick  dit  qu'il 
y  trouva Nardini,  qui  lui  était  supérieur  en  talent, 
et  qu'il  demanda  au  duc  un  congé  d'une  année,  le- 
quel fut  employé  à  desétudes  presque  continuelles 
dans  un  village  isolé;  puis  qu'il  revint  à  Stutt- 
gard, et  que  son  jeu  y  excita  tant  d'étonnement, 
que  Nardini  ne  put  lutter  avec  lui  et  qu'il  re- 
tourna en  Italie.  Tous  ces  détails  me  paraissent 
manquer  d'exactitude.  Si  l'on  compare  les  deux 
concertos  de  Lolii,  qui  forment  le  deuxième  œu- 
vre de  ses  compositions,  et  qui  ont  été  gravés  en 
Hollande  en  1760,  avec  les  six  concertos,  op.  1, 
de  Nardini ,  on  trouvera  dans  les  premiers  des 
difficultés  incomparablement  plus  grandes  que 
dans  les  autres.  Nardini  brillait  surtout  par  son 
expression  dans  l'adagio;  mais  ce  genre  ne  fut 
jamais  celui  de  Lolii.  Déplus,  Nardini  ne  quitta 
Stuttgard  qu'en  1767,  lorsqu'une  part'C  de  la 
chapelle  du  duc  fut  réformée. 


Après  un  séjour  de  onze  ans  dans  la  capitale 
du  Wurtemberg,  Lolii  accepta  les  propositions 
qui  lui  furent  faites  par  la  cour  de  Ru,ssie,  et  se 
rendit  à  Pétersbourg  vers  la  fin  de  1773.  Son  ta- 
lent excita  l'admiration  de  l'impératrice  Cathe- 
rine II,  qui,  dit-on,  lui  donna  un  archet  où  l'on 
vojtiit  écrit  de  .sa  main  :  Archet  fait  par  Cathe- 
rine Il  pour  l'incomparable  Lolii.  ftlalgré  la 
faveur  qu'il  trouvait  près  de  cette  princesse,  il 
prétexta  le  besoin  de  rétablir  sa  santé  pour  ob- 
tenir un  congé,  et  s'éloigna  de  la  Russie  en  1778. 
Ayant  rencontré  le  compositeur  Dittersdorf  à 
Johannisberg,  il  lui  dit  qu'il  ne  se  plaisait  plus  à 
Pétersbourg,  et  qu'il  n'y  retournerait  pas.  Il  es- 
pérait obtenir  sa  démission  honorable  de  l'impé- 
ratrice en  lui  envoyant  un  certificat  de  médecin. 
Il  parait  néanmoins  qu'il  conserva  son  titre 
de  maître  de  concert  de  la  cour  de  Russie,  car 
c'est  ainsi  qu'il  se  qualifiait  encore  dix  ans  plus 
tard  en  Italie.  En  1779  il  arriva  à  Paris  :  son  talent 
y  fit  une  vive  impression  au  concert  spirituel.  Ce- 
pendant les  connaisseurs  le  trouvèrent  inégal  ;  per- 
sonne en  effet  ne  lefutplusquelui.  Son  talentcon- 
sistait  particulièrement  en  une  singulière  dextérité 
à  vaincre  les  difficultés  de  la  main  gauclie  ;  mais 
il'  y  avait  trop  peu  de  raison  dans  sa  tète  pour 
qu'un  pût  attendre  de  lui  de  l'ordre  et  de  la  sa- 
gesse dans  son  jeu.  On  rapporte  qu'ayant  été 
pressé  un  jour  de  jouer  un  adagio  ,  il  répondit  : 
Je  suis  de  Bergame,  et  les  habitants  de  cette 
ville  sont  trop  fous  pour  pouvoir  jouer  V ada- 
gio. Lorsqu'il  quitta  Paris,  il  se  rendit  en  Espa- 
gne :  on  manque  de  renseignements  sur  son  sé- 
jour dans  cotte  contrée.  Burney  dit,  dans  son 
Histoire  de  la  musique  (t.  IV,  p.  680),  que  Lolii 
arriva  à  Londres  au  conmiencement  de  1785,  et 
que,  i)ar  un  caprice  de  conduite  semblable  à  ceux 
de  son  exécution,  il  s'y  fit  rarement  entendre.  Si 
bizarre  ,  dit-il,  était  son  style  de  composition  et 
d'exécution,  que  la  plupart  de  ses  auditeurs  leconsi- 
déraient  comme  un  fou.  Néanmoins,  Burney  ajoute 
qu'il  s'est  convaincu  que,  dans  ses  intervalles 
lucides,  il  avait  un  talent  admirable  d'expression 
pour  les  choses  larges  et  sévères.  Cette  opinion 
coïncide  avec  celle  que  Schultz  et  Kirnberger 
s'étaient  faite  du  talent  de  cet  artiste  singulier. 
Incapable  d'accompagner  un  chanteur  ou  un 
instrumentiste,  parce  qu'il  était  peu  musicien  et 
n'avait  pas  le  sentiment  de  la  mesure,  il  éfait 
lui-même  fort  difficile  à  suivre  dans  l'exécution 
de  ses  morceaux.  L'abbé  Bertini  rapporte  que 
la  première  fois  que  Lolii  se  fit  entendre  dans  un 
concert  au  théâtre  de  Palerme,  en  1793,  il  apos- 
lro[ilia  publiquement  le  premier  violon  de  l'or- 
chestre, qu'il  accusait  d'avoir  manqué  à  la 
mesure  ;    cependant ,   ajoute  Bertini ,   la   faute 


346 


LOLLI  —  LONDICER 


avait  été  faite  certainement  par  Lolli  lui-même. 

Après  avoir  joué  un  soir  dans  un  oratorio  à 
Londres,  il  disparut  tout  à  coup  de  celte  ville, 
«  la  sourdine,  suivant  l'expression  de  Burney. 
Il  retourna  alors  en  Italie,  et  s'y  lit  entendre  dans 
plusieurs  concerts.  l»lus  tard,  il  Ut  avec  son  fils, 
jeune  violoncelliste  distingué,  un  voyage  en  Al- 
lemagne. En  1791  ils  étaient  à  Berlin,  où  le  fils 
reçut  du  roi  cent  frédérics  d'or,  après  avoir  joué 
à  la  cour.  De  là  ils  allèrent  à  Copenhague.  On 
vient  de  voir  que  Lolli  était  à  Palermeen  1793  ; 
l'année  suivante ,  on  le  trouve  à  Vienne,  puis 
Romberg  l'entendit  à  Naples  en  1796.  11  n'était 
plus  alors  que  l'ombre  de  lui-même.  Enfin,  il 
retourna  en  Sicile,  où  il  mourut,  en  1802.  Il  fut 
Inliumé  honorablement,  dans  l'église  des  capucins 
de  Palerme ,  hors  de  la  ville,  suivant  les  rensei- 
gnements donnés  par  l'abbé  Bertini.  Lolli  n'a 
formé  que  deux  élèves,  Jarnowick  et  Woldemar, 
qui  n'étaient  guère  moins  fous  que  lui. 

Les  compositions  connues  de  Lolli  sont  : 
1°  Six  sonates  à  violon  seul  et  basse ,  op.  1  ; 
Amsterdam,  1760  ;  Paris,  gravées  par  M'"''  Oger. 

—  2"  Deux  concertos  pour  violon  et  orchestre, 
op.  2;  ibid.  On  a  gravé  à  Berlin,  chez  Hummel, 
trois  concertos  séparés  comme  œuvres  1,  2  et  3. 

—  3°  Deuxième  livre  de  sonates,  op.  3  ;  Paris, 
Heina,  gravé  par  Mme  Vendôme.  —  4°  Troisième 
concerto  pour  violon  et  orchestre,  op.  4  ;  Paris, 
Heina.  —  5"  Deux  concertos  pour  violon  et  or- 
chestre, op.  5;  ibid.  —  6°  Trois  concertos  avec 
im  divertissement,  op.  6;  ibid.  —  1'^  École  du 
violon,  avec  alto  et  basse,  op.  8;  Paris,  Sieber; 
Berlin, Hummel  ;  Offenhach,  André.  —  8"  Six  so- 
nates pour  violon  solo  et  1''  violon  d'accompa- 
gnement, op.  9  ;  Paris,  Sieber.  —  9°  Six  idem , 
avec  accompagnement  de  basse,  op.  10;  ibid.  On 
peut  consulter  sur  Lolli  un  écrit  de  Jean-Baptiste 
Rangoni  intitulé  :  Saggio  sul  giisio  délia  viu- 
sica,  co'l  carattere  di  Ire  celebri  suonatori  di 
violino  Nardlni ,  Lolli  e  Piignani  ;  Livourne, 
1790,  in-S". 

LOLLI  (Philippe),  fils  du  précédent,  né  à 
Sluttgard,  en  1773  ,  étudia  le  violoncelle  dès  ses 
premières  années,  et  n'avait  que  dix-huit  ans 
quand  il  se  fit  entendre  à  Berlin,  en  1791.  Le 
roi  fut  si  satisfait  de  son  talent,  qu'il  lui  donna 
100  frédérics.  Vers  la  fin  de  la  même  année,  le 
jeune  Lolli  se  trouvait  à  Copenhague  avec  son 
père.  En  t'94  ,  il  se  fit  entendre  à  Vienne,  où 
l'on  a  gravé  douze  variations  pour  violoncelle, 
op.  2,  de  sa  composition.  Depuis  cette  époque 
on  n'a  plus  eu  de  renseignements  sur  cet  artiste; 
mais  je  crois  que  M.  Lolli,  professeur  de  violon- 
celle, (|ui  vivait  à  Caen  en  1822,  n'est  autre  que 
ce  fils  du  célèbre  violoniste. 


LOMBARDl  (Camille),  compositeur  napo- 
litain cité  par  Cerreto  (Délia  prattica  musicale, 
lib.  III,  p.  156),  vivait  à  Naples  en  1601.  Il 
excellait  sur  le  luth. 

LOMBARDO  (Jérôme),  compositeur  sici- 
lien, a  fait  imprimer  de  sa  composition,  vers 
1600,  quatre  messes  à  4  et  5  voix,  avec  la  basse 
continue. 

LO.MMATZSCH  (  Charles  -Henri  -  Gode- 
FKom) ,  docteur  en  théologie  et  surinlendant  à 
Annaberg,  né  à  Kindelbrùck,  le  22  juin  1772,  est 
mort  le  17  août  1824.  Il  a  publié  :  1°  Predigt 
zur  Einweihung  einer  neuen  Orgel  in  der 
Kirchezu  Wolkensieinin  Jahre  1818  (Sermon 
pour  l'inauguration  d'un  nouvel  orgue  dans  l'é- 
glise de  Wolkenstein)  ;  Annaberg,  1818,  in-8°. 
—  2°  Predigt  zur  Einweihung  der  neuerbau- 
tcn  Kirche  und  Orgel  zu  Drebach  (Sermon 
pour  la  dédicace  de  l'église  nouvellement  cons- 
truite et  de  l'orgue  à  Drebach);  ibid.  1825,  in-S". 

LOMiMTZKY  (Simon),  poète  couronné  de 
la  Bohême,  naquit  à  Budin,  dans  la  première  moi- 
tié du  seizième  siècle,  et  fut  recteur  du  collège 
de  Kanlosch,  où  il  vivait  encore  en  1594.  On 
a  de  lui  deux  recueils  précieux  de  chansons, 
en  partie  historiques,  en  langue  bohème,  avec 
les  mélodies  qu'il  paraît  avoir  composées.  Ces 
recueils,  devenus  d'une  rareté  excessive,  ont  pour 
titre  :  1°  Kancyonal  Nedelny  iv  Girijka  Ny- 
gryna  z  NygroponiUj  Prague,  1580,  in-4''.  — 
2°  Kancyonnl,  a  neb  Pyme  nowé  Hystorycké 
Sicatych;  Prague,  1594,  in-4''. 

LOIVATI  (Chaiîles-Ambhoise),  compositeur 
dramatique,  né  à  Milan,  vers  le  milieu  du  dix- 
septième  siècle,  a  fait  représenterai!  théâtre  San- 
Salvador ,  de  Venise,  en  1684,  un  opéra  intitulé  : 
Aribertoet  Flavio  regide'  Lombardi. 

LOA'DICER  (Ernest-Jean),  organiste  de 
l'église  Sainle-Maric-Madeleine,  à  Stockholm, 
naquit  dans  cette  ville,  en  1717,  et  fut  un  des  en- 
fants les  plus  précoces  du  dix-hiiilième  siècle. 
Un  officier  du  régiment  suédois-allemand  lui  donna 
les  premières  leçons  de  musique,  et  ses  progrès 
furent  si  rapides,  qu'à  l'âge  de  sept  ans  il  dédia 
au  maréchal  de  Diiien  un  prélude  à  quatre  par- 
ties avec  un  menuet.  Dans  les  années  suivantes, 
1724  et  1725,  il  excita  l'admiration  générale,  tant 
à  la  cour  qu'à  l'église  Saint-Jacques,  par  sa  ma- 
nière d'accompagner  les  chorals  et  d'improviser 
les  préludes.  On  l'envoya  ensuite  à  Cassel  pour 
y  aciiever  ses  études.  De  retour  à  Stockholm 
en  1730,  il  y  obtint  les  places  d'organiste  de  la 
cour  et  de  l'église  Sainte-Marie-Madeieine,  quoi- 
qu'il  ne  fût  âgé  que  de  treize  ans  ;  et  il  célébra 
son  entrée  en  fonctions,  à  la  fête  de  la  Toussaint, 
par  l'exécution  d'une  musique  qu'il  avait  compo- 


LONDICER  —  LOPEZ 


34^ 


s(*e.  Les  renseignements  qu'on  a  sur  cet  artiste 
ne  vont  pas  au  delà  de  cette  époque. 

LONGUEVAL,  appelé  en  Italie  LON- 
GHEUAL,  musicien  français,  vécut  au  commen- 
cement du  seizième  siècle,  et  fut  cliantre  de  la 
cliapelle  du  roi  de  France  Louis  XIL  Petrucci  a 
inséré  le  motet  de  ce  musicien,  à  quatre  voix, 
sur  le  texte  :  Denedicat  nos  imperialis  majestas, 
dans  le  premier  livre  des  Motetti  délia  Corona; 
Fossombrone,  1514,  petit  in-4^obl.  On  trouve 
aussi  deux  motels  de  Longueval,  à  quatre  voix, 
dans  le  recueil  intitulé  :  Liber  undecimus,  XXVI 
musicales  habet  modulos  quatuor  et  quinque 
vocibus  éditas  ;  Paris,  Pierre  Attaingnant,  1534. 

LOOSMAN       (  ÉTIENNE-TnÉODORE      VAN  ) , 

irialtre  d'école  et  organiste  à  Yest,  dans  la  Frise, 
a  fait  imprimer  :  l''  Muzikaale  A,  £ ,  C ,  of  het 
Kort  Bcgrip  wcgens  de  Bchandeling  van  het 
Orgel  en  Clavccymbel  (ABC  musical ,  ou 
abrégé  de  la  manière  de  jouer  l'orgue  et  le  cla- 
vecin); ITfiO. —  2°  Te  Deum  laudamiis  in't 
latijn  en  in't  nederduits  voor  de  viool,  dvmrs- 
fluit,  violoncet  en  basso  continua  (Te  Deum 
laudamus,  en  latin  et  en  hollandais,  avec  vio- 
lons, flûte  douce,  violoncelle  et  basse  continue)  ; 
1760. 

LOOTEA'S  (....),  écrivain  liollandais,  cité 
|)arHess  (Korte  Schets  vande  Allereerste  iiit- 
vinding  en  verdere  voortganq  in  het  ver- 
vaardigen  der  Orgelen,  p.  24)  comme  auteur 
«l'un  livre  intitulé  :  Aanmerking  over  de  oudste 
Orgelen  (Remarques  sur  les  anciennes  orgues), 
mais  sans  faire  connaître  la  date  ni  le  lieu  de  l'im- 
pression. Toutefois,  d'après  quelques  rapproche- 
ments de  certaines  dates  rapportées  dans  des 
passages  cités  par  Hess,  cet  ouvrage  a  dû  paraî- 
tre vers  1760.  Un  des  paragraphes  tirés  textuel- 
lement du  livre  de  Lootens  par  Hess  offre  beau- 
coup d'intérêt,  en  ce  qui  concerne  le  clavier  de 
pédales  de  l'orgue,  dont  l'invention  est  commu- 
nément attribuée  à  Bernard  Muret  (Voyez  Muret), 
mais  qui,  suivant  le  fait  rapporté  par  l'auteur 
hollandais,  aurait  été  connu  déjà  au  commence- 
ment du  douzième  siècle.  Voici  la  traduction  du 
passage  dont  il  s'agit  : 

«  Le  facteur  d'orgues  Albert  van  Os,  de  Fles- 
«  singue,  a  trouvé,  il  y  a  environ  soixante-dix 
«  ans  (vers  1670),  en  enlevant  un  orgue  de  l'é- 
«  glise  Saint-Nicolas  à  Utrecht,  sur  le  sommier 
«  du  grand-davier,  la  date  de  1120.  Ce  sommier 
«  n'avait  ni  tirans  ni  registres,  mais  douze  rangs 
«  de  tuyaux,  dont  le  plus  grand  était  un  prcsiant 
«  de  douze  pieds.  Sur  chaque  touche ,  tous  les 
«  tuyaux  parlaient  à  la  fois ,  sans  qu'on  pût  en 
«  détacher  un  seul  ;  en  sorte  que  ce  qu'on  enten- 
«  dait  ressemblait  à  une  fourniture  criarde.  Le 


«  clavier  commençait  par  fa  grave  -"^V'- 


,  et 


n  s'étendait  jusqu'au  la  aigu 


W 


:  il  renîer- 


«  mait  conséquemment  trois  octaves  et  une  tierce. 
«  Le  clavier  supérieur  avait  des  registres  fixes  (?)  ; 
«  le  second  clavier  des  registres  mobiles  (.?).  La 
«  pédale  n'avait  qu'une  seule  trompette.  »  Ce 
passage  a  beaucoup  d'intérêt  pour  l'histoire  <te 
l'orgue  :  mais  ilest  regrettable  que  la  description 
de  cet  ancien  instrument  ne  soit  pas  plus  com- 
plète, et  que  le  facteur  Van  Os  n'ait  pas  fait 
mention  de  ce  qui  lui  présentait  des  traces  de 
restauration  postérieures  à  la  date  de  1120  ;  car  il 
est  impossible  que  l'instrument  ait  servi  pen- 
dant cinq  cent  cinquante  ans  sans  être  plusieurs 
fois  remanié, 

LOPEZ  ou  LOBO  (Duarte  ou  Edouard)  , 
appelé  Lupus  en  latin,  compositeur  portugais, 
clerc  bénéficié  et  maître  de  chapelle  de  l'église 
cathédrale  de  Lisbonne,  vers  1600,  est  connu 
par  un  grand  nombre  d'œuvres  de  musique  pour 
l'église,  dont  voici  la  liste  :  1°  Opuscula  musiea 
nunc  pri7num  édita  ;  Anvers,  1602,  in-4°.  — 
2°  Natalilisenoctis  responsoria ,  4-8  voc.  — 
3"  Missa  ejusdem  noctis,  8  voc.  —  4°  B.  Ma- 
rix  Virginis  antiphonx ,  8  voc.  —  WB.  Marias 
Virginis  Salve ,  11  vocum  in  3  clwr.  —  6"  B. 
Marix  canticum  :  Magnificat,  4  voc.  Ces  cinq 
derniers  ouvrages  sont  renfermés  dans  le  môme 
œuvre;  Anvers,  1605,  in-folio.  —  7°  Canticum 
Magnificat,  4  voc.;  Anvers,  1605,  grand  in-fol. 
On  y  trouve  seize  Magnificat  dans  les  différents 
tons.  —  8"  Missx  4,  5,  6  e<  8  vocum,  Anvers, 
1621  ;  grand  in-fol.  —  ^o  Missx  4,  5,  6  vocum, 
ibid.,  1639 ,  grand  in-folio.  —  lO"  Officium  de- 
functorum  em  canto  cliad;  Lisbonne,  1 603,  in-4''. 
—  11°  Liber  processioman  et  Stationum  eccle- 
six  Olyss/poncnsis  in  meliorem  formam  redac- 
tus;  Lisbonne,  1607.  On  trouve  en  outre  en  ma- 
nuscrit dans  la  bibliothèque  royale  de  Lisbonne  : 
1 2°  Co;  psalm  os  de  vespcras  de  di  versas  votes  ; 
n"  814.  —  13"  Cinco  missas  a  4.  Liçoens  de 
defunctos,  e  a  sequencia  da  Missa  a  4,  6,  8  , 
9  mais  vozes,  n°  806.  —  14"  Mot  et  es  de  de- 
functos; n^SlO.  —  Ib"  Dous  vilhancicos  ac 
Santissimo  Sacraniento ,  n°  703.  Le  style  de 
Lopez  a  beaucoup  d'analogie  avec  celui  de  Bene- 
voli,  mais  il  est  moins  pur.  Vers  la  fin  de  sa  vie, 
qui  se  prolongea  jusqu'à  l'âge  de  cent  trois  ans  , 
il  fut  nommé  recteur  du  séminaire  de  l'évêché. 
Son  maître  de  composition  avait  été  Manuel  Men- 
dez  d'Evora.  Lopez  a  joui  d'une  grande  réputa- 
k  tien  parmi  ses  compatriotes. 


343 


LORBER  —  LORENZINI 


LORBER  (Jean-Christophe),  pocte  lauréat 
et  avocat  ordinaire  de  la  cour  de  Weimar,  naquit 
le  19  avril  1645,  et  mourut  le  16  avril  1722.  Il 
a  écrit  un  poëme  en  vers  allemands  sur  la  mu- 
sique, intitulé:  Lob  der  edlen  Musik,  (Éloge  de 
la  noble  musique);  Weimar,  1696,  in-S"  de  112 
paijcs.  On  a  aussi  de  Lorber  un  autre  é-crit  inti- 
tulé :  Verlhc/d/gung  der  edlen  Musik,  tcider 
einen  ongemiissten  Musikverxchter  ausgefer- 
iirjt  (Défense  de  la  noble  musique  contre  un 
caloumiateur  de  cet  art)  ;  Weimar,  1697,  in-8°  de 
26  pa^es.  Ce  pamphlet  est  dirigé  conlre  le  pro- 
gramme académique  de  Vockerodt  qui  a  pour  ti- 
tre :  Consullatio  IX  de  cavenda  fatsa  vien- 
tium  inlemperatarum  medicina,  sive  abusu 
musicorum  exerciiiorum,  etc.  (  Foyes  Vocke- 

KODT.) 

LORENTE  (André),  né  en  1631  dans  la  pe- 
tite ville  d'Arcîuielo,  près  de  Tolède,  fit  ses  étu- 
des à  l'université  d'AIcala,  et  fut  gradué  dans  la 
faculté  des  arts  de  cette  même  université.  Ayant 
été  nommé  successivement  commissaire  de  l'in- 
quisition de  Tolède,  et  prêtre  prébende  à  Alcala 
de  Hénarès,  il  joignit  encore  à  ces  dignités  ecclé- 
siastiques la  qualité  d'organiste  de  l'éj^lise  Saint- 
Juste  dans  celte  dernière  ville.  C'était  un  savant 
musicien,  qui  avait  étudié  les  ouvrages  des  grands 
maîtres  italiens  du  seizième  siècle  ,  et  qui  était 
aussi  habile  dans  la  pratique  de  son  art  que  savant 
dans  la  théorie,  comme  on  le  voit  par  un  ouvrage 
important  qu'il  a  puhlié  sous  ce  titre  :  El  Porque 
délia  musica  en  que  se  contiene  los  quutro  art  es 
de  ella,  canto  llano,  canto  de  organo,  contra- 
punto  y  composition  (Le  Pourquoi  de  la  musi- 
que, où  sont  contenues  les  quatre  parties  de  cet 
art,  à  savoir  :  le  plain-chanl,  le  chant  mesuré, 
le  contrepoint  et  la  composition  )  ;  Alcala  de  Hé- 
narès, 1672,  infol.  Je  crois  avoir  vu  citer  quelque 
part  une  traduction  italienne  de  ce  livre,  sous  le 
titre  de  ri  Perche  délia  musica;  mais  je  pense 
que  le  titre  seul  était  traduit.  Lorente  dit  dans 
cet  ouvrage  (lib.  II,  p.  218)  qu'il  a  écrit  un  livre 
De  organo ,  dans  lequel  il  a  traité  de  tous  les 
instruments ,  particulièrement  de  l'orgue.  On 
ignore  si  ce  livre  a  été  puhlié. 

LOREKIZ  (Frédéric-Auguste),  musicien  de 
la  chambre  du  roi  de  Saxe,  et  virtuose  sur  le 
basson,  est  né  à  Chemnit/,  au  mois  de  février 
1796.  Cet  artiste  jouait  aussi  de  plusieurs  instru- 
ments, tels  que  le  violon,  la  harpe,  le  czakan  ,  la 
guitare,  etc.  Il  a  été  d'abord  employé  dans  les 
églises  de  Prague,  comme  violoniste.  On  connaît 
sous  son  nom  les  œuvres  suivantes  :  1°  Variations 
pour  violon;  Prague,  Berra.  —  2°  Adagio  et 
rondo  pour  deux  violons;  Prague,  SchœdI.  — 
3'  Tlièmes  vancs  pour  le  czdV^a;  Vienne,  Has- 


linger.  —  4"  Marche  à''Àline  variée  pour  guitare 
et  czakan  ;ibid.  —  5°  Trois  sonates  pour  la  harpe  à 
crochets,  avec  accompagnement  de  violon  ;  Ham- 
bourg, Bœhme.  —  6"  Trois,  idem,  op.   8  ;  ibid. 

—  7°  Collection  de  pièces  pour  harpe,  avec  et 
sans  préludes,  à  l'usage  des  commençants,  op.  7  ; 
Copenhague,  Lose.  —  S"  Thème  varié  pour  harpe 
à  crochets,  op.  10;  Leipsick,  Hofmeister.  — 
9°  Sonate  pour  harpe  à  crochets,  op.   11  ;  ibid. 

—  10°  Six  chansons  allemandes  avec  accompa- 
gnement de  piano  ;  Copenhague,  Lose.  —  11°  Six 
romances  françaises,  idem,  ibid. 

LOREKZ  (Oswald),  organiste  à  l'église  Saint- 
Jean  de  Leipsick,  est  né  en  1806,  à  Juhanngeor- 
gensladt  (Saxe).  Il  fut  un  des  premiers  rédac- 
teurs de  laNouvelleGazette  de  musique  de  Leipsick 
(Ncucs  Zeitschrift  der  Musik) ,  fondée  par  Ro- 
bert Schumann  et  ses  amis.  Kœrner  a  publié  de 
bons  préludes  d'orgue  composés  par  Lorenz 
(Erfiut,  s.d.,  in-4°obl.).  On  a  a\issi  de  cet  artiste 
des  Lieder  et  des  romances  pour  voix  seule,  avec 
accompagnement  de  piano. 

LOREiVZANI  (Paul),  compositeur  de  mu- 
sique d'église,  né  à  Rome,  dans  la  première  moi- 
tié du  dix-septième  siècle,  fit  ses  études  musi- 
cales sous  la  direction  de  Benevoli.  Après  avoir 
été  maître  de  chapelle  à  l'église  ([es  jésuites  ,  à 
Rome .  il  passa  en  la  même  qtialité  à  l'église 
cathédrale  de  Messine,  en  Sicile.  Dans  un 
voyage  qu'il  fit  à  Paris,  il  fit  exécuter  à  la  cha- 
pelle de  Versailles  quelques-uns  de  ses  motets, 
qui  plurent  beaucoup  à  Louis  XIV.  Ce  prince  le 
chargea  du  choix  de  quelques  bons  chanteurs  ita- 
liens en  voix  de  soprano  pour  sa  chapelle;  Lo- 
renzani  accepta  celle  mission,  et  ramena  d'Italie, 
en  1679,  cinq  de  ces  chanteurs,  qui  ont  été  long- 
temps au  service  du  roi.  Dans  la  môme  année. 
Christ.  Ballard  publia  à  Paris  un  livre  de  motets 
à  quatre  voix,  composé  par  Lorenzani.  Cet  ar- 
tiste retourna  ensuite  à  Rome ,  où  il  succéda  à 
François  Beretta  dans  la  place  de  maître  de  cha- 
pelle à  la  basilique  du  Vatican,  le  19  juillet  1664. 
H  mourut  en  1703,  et  fut  inhumé  le  13  octobre 
de  cette  année  à  l'église  du  Saint-Esprit  in  Sas- 
sia.  En  1690,  on  a  imprimé  à  Rou)e  des  Magni- 
ficat à  neuf  voix  en  deux  chœurs,  de  la  compo- 
sition de  cet  artiste,  lia  laissé  aussi  en  manuscrit 
des  psaumes  à  quatre  chœurs,  dans  la  manière 
de  son  maître. 

LOREI\ZÎI\I  (Raimond),  né  à  Rome,  dans 
la  première  moitié  du  dix-huitième  siècle,  entra 
comme  organiste  à  l'église  Sainte-Marie-Majeure 
en  1751,  et  en  remplit  les  fonctions  pendant 
trente-cinq  ans.  Puis  il  fut  nommé  maître  de 
chapelle  dans  la  même  église  le  7  septembre  1786. 
11  est  vnort  à  Rome,  dans  les  derniers  jours  d» 


LOREINZINl  —  LORTZIjNG 


3(î> 


mai  1806.  M.  ral)bé  Santini  possède  en  manus- 
crit les  compositions  suivantes  de  ce  musicien  : 
1°  Messe  de  7?e^u/e»),  concertée  à  quatre  et  à 
huit  voix.  —  2"  Quatre  motets  à  3  ou  à  4  voix 
pour  l'office  des  morts.  —  3°  Motet  à  quatre  voix 
(0  quam  suavis).  —  4°  Tantum  ergo  pour  voix 
de  soprano  et  alto.  ■ —  5°  Salve  liegina  pour  so- 
prano et  allô,  chœur  et  orchestre.  —  6°  Onze  so- 
nates pour  clavecin.  —  7°  Six  divertissements 
pour  clavecin  avec  deux  violons  oblij^és.  —  8°  Six 
nocturnes  pour  deux  clarinettes,  deux  cors,  bas- 
son et  serpent. 

LOREiVZITI  (Antoine),  fils  d'un  musicien 
italien  an  service  du  prince  d'Orange  à  La  Haye, 
naquit  en  cette  ville,  vers  1740,  et  fit  ses  études 
sous  la  direction  de  son  père.  Il  reçut  des  leçons 
de  violon  de  Locatelli.  En  1767  il  obtint  la  place 
de  maître  de  chapelle  de  l'église  principale  de 
Nancy,  et  y  passa  le  reste  de  ses  jours.  On  a 
gravé  de  sa  composition  :  1°  Trios  pour  violon, 
alto  et  basse,  op.  i  ;  Amsterdam;  l'aris,  Heina. 

—  2°  Six  trios  pour  2  violons  et  basse,  op.  2  ; 
ibid.  —  3"  Six  duos  pour  violon  et  alto,  op.  3  , 
gravé  comme  œuvre  10  par  Heina.  —  4"  Six 
quatuors  pour  2  violons,  alto  et  basse,  op.  4  ; 
ibid.  —  5°  Six  quatuors  concertants  idem,  op.  5  ; 
Paris,  Leduc.  —  6'-  Six  duos  concertants  pour 
2  violons,  op.  8  ;  Paris,  Heina,  1775.  —  7°  Six 
quatuors  agréables  et  faciles  pour  2  violons,  alto 
et  basse,  op.  9  ;  ibid. 

LOREl\Z!TI  (Bernard),  frère  et  élève  du 
précédent,  naquit  à  Kircheim,  dans  le  Wurtem- 
berg, vers  1764.  Après  avoir  fait  ses  études  musi- 
cales à  Nancy,  il  vint  à  Paris,  et  entra  à  l'or- 
chestre de  l'Opéra,  comme  second  violon,  en 
1787.  A  la  fin  de  1813,  il  s'est  retiré  avec  la  pen- 
sion, après  vingt-cinq  ans  de  service.  Cet  artiste 
écrivait  de  la  musique  de  tout  genre  avec  autant 
de  facilité  que  de  négligence.  Il  portait  lui-même 
le  nombre  de  ses  ouvrages  à  près  de  deux  cent 
cinquante  :  il  en  a  été  publié  environ  quarante, 
parmi  lesquels  on  remarque  :  i"  Trois  concertos 
pour  violon  et  orchestre;  Paris,  Boyer,  Louis.  — 
2"  Trois  trios  pour  violon,  alto  et  basse  ;  Paris, 
Naderman.  —  3"  Douze  variations  en  forme  d'étu- 
des pour  violon,  avec  violon  et  basse;  Paris,  Pleyel. 

—  4° Onze  œuvres  de  duos  pour  deux  violons; 
Paris,  chez  tous  les  éditeurs.  —  5°  Environ  dix 
œuvres  d'études,  caprices,  airs  variés  pour  violon 
leul  ou  deux  violons  ;  ibid.  —  6"  Quelques  duos 
et  airs  variés  pour  flûte  et  violon  ;  ibid.  —  7°  Con- 
certo pour  alto  et  orchestre  ;  Paris,  Boyer.  — 
8°  Principes  ou  nouvelle  méthode  pour  apprendre 
facilement  à  jouer  du  violon  ;  Paris ,  Naderman. 

LOREl\ZO  (Nicolas)  ,  professeur  de  chant, 
organiste  et  compositeur,  est  né  à  Trieste,  le 


30  octobre  1789.  A  I  ûge  de  douze  ans,  il  com- 
mença l'étude  du  violon  sous  la  direction  de  Pia- 
nametti,  qui  plus  fard  fut  nomiiiéchef  d'orchestre 
du  tlu'âlre  de  cette  ville.  En  1810,  M.  Lorenzo  se 
rendit  à  Vienne ,  où  Salieri  l'accueillit  avec  bonté 
et  lui  enseigna  le  chant  et  la  composition.  Après 
s'être  livré  à  l'enseignement  à  Dresde  pendant 
plusieura  années,  il  se  rendit  à  Paris  en  1830,  et 
quelques  annéesplus  tard  il  y  obtint  au  concours  la 
place  d'organiste  de  l'église  Sainte-Elisabeth,  qu'il 
a  occupée  pendant  plus  de  quinze  ans.  On  a  im- 
primé de  sa  composition  des  antiennes  de  la 
Vierge  et  du  saint  Sacrement,  à  quatre  voix  et 
pour  ténor  et  basse  ;  un  Tantum  crgo  en  chœur 
qu'on  a  chanté  souvent  à  Saint-Roch,  et  dans 
d'autres  église  de  Paris;  Paris,  Canaux;  trois  fu- 
gues pour  l'orgue  ;  quatre  pièces  pour  le  même 
instrument;  trois  offertoires  et  trois  élévations, 
idem;  six  morceaux  pour  harmonium  et  divers 
thèmes  variés  et  fantaisies  pour  le  piano,  sur  des 
motifs  d'opéras  italiens.  Tous  ces  ouvrages  ont 
paru  chez  le  même  éditeur.  ^ 

LORENZON!  (Antoine).  Le  docteur  Lich- 
tenthal  indique  sous  ce  nom,  dans  sa  Bibliogra- 
phie de  la  musique  (tome  IV,  page  171),  un 
livre  intitulé  :  Saggio per  ben  suonareiiflauto 
traverso,  con  alcune  notifie  generali  ed  uiili 
per  quahmque  istromento,  ed  altre  concer- 
nenti  la  sloria  délia  musica;  Venise,  1779, 
in-4°  de  90  pages.  M.  Gaspari,  de  Bologne,  m'a 
indi(]ué  une  édition  datée  de  Vicence  dans  la 
même  année  :  il  doute  de  l'existence  de  l'édition 
de  Venise.  Un  exemplaire  de  cette  édition  de 
Vicence  se  trouve  à  la  bibliothèque  royale  de 
Berlin;  un  autre  est  dans  la  bibliothèque  de 
M.  de  Farrenc,  qui  a  cité  l'ouvrage  dans  les  Pré- 
liminaires du  Trésor  des  pianistes  (Des  signes 
d'agrément,  p.  3). 

LOREA'ZOi\l  (Adrien),  professeur  de  lit- 
térature, au  lycée  communal  de  musique  à  Bolo- 
gne, pour  la  préparation  à  l'étude  du  contrepoint, 
est  auteur  d'un  petit  ouvrage  intitulé  :  Délia 
nécessita  d'applicare  la  filosofia  alla  musica, 
discorso  di ,  tic.  ;  Bologne,  1817,  in-B"  de  48 
pages. 

LORTilE  (Gabriel-Antoi-ie  DE),  professeur 
de  musique  vocale  à  Saint-Denis,  près  Paris,  a 
publié  un  petit  ouvrage  intitulé  :  Moyens  derec- 
tijier  la  gamme  de  la  musique  et  de  faire 
chanter  juste-  Paris,  1791 ,  in-8°. 

LORTZIiVG  (Gl'stave-Albert),  compo- 
siteur dramatique,  acteur  t-t  chef  d'orchestre,  né 
à  Berlin,  le  23  octobre  1803,  était  fils  de  Jean-* 
Gottlob,  marchand  de  cuir  dans  celte  ville.  Sa 
mère,  Charlotte-Sophie,  née  Seidel,  qui,  dans  sa 
jeunesse,  était  agréable  et  spirituelle,  aimait  à 


350 


LORTZING 


jouer  la  comédie  dans  une  société  d'amateurs 
avec  son  mari.  Le  tliéàlre  où  se  donnaient  les  re- 
présentations de  cette  société  s'appelait  Uranie. 
Ce  fut  laque  se  passèrent  les  premières  années  du 
jeune  Lortzing ,  et  qu'il  prit  le  goût  de  la  scène. 
Admis  à  l'Académie  royale  de  chant  de  Berlin,  il 
y  reçut  de  Riingenliagen  les  premières  leçons  de 
musique,  et  fit  de  rapides  progrès  sous  la  direc- 
tion de  ce  maître.  Lortzing  n'était  âgé  que  de 
neuf  ans  lorsque  ses  parents,  renonçant  au 
commerce,  et  s'abandonnant  à  leur  passion  pour  la 
comédie,  quittèrent  Berlin,  et  acceptèrent  un  enga- 
gement au  tliéâtre  de  Breslau.  Dans  la  suite,  ils 
jouèrent  à  Bamberg,  Aschaffenbourg,  Strasbourg, 
Fribourg  en  Brisgau,  Bade,  Coblence,  Cologne  et 
Aix-la-Cliapeile,  où  leur  fils  remplissait  les  rôles 
d'enfant,  pendant  qu'il  continuait  ses  études  de 
musique.  Il  apprit  à  jouer  du  piano,  du  violon,  du 
violoncelle,  et  la  lecture  des  ouvrages  d'Albreclits- 
berger  et  d'autres  traités  didactiques  lui  enseigna 
les  éléments  de  la  composition.  Dans  les  années 
1819  à  1822,  Lortzing  fut  attaché  au  théâtre  de 
Dusseldorfen  qualité  de  ténor  pour  les  rôles  co- 
miques :  ses  premiers  essais  de  composition  fu- 
rent faits  à  la  même  époque.  Sa  voix  ayant  acquis 
àa  développement,  il  fut  engagé  parle  directeur 
de  spectacle  Ringelliardt,  en  1823,  pour  les  rôles  de 
premier  ténor,  et  joua  sous  sa  direction  à  Co- 
4ogne  et  à  Brunswick.  Ce  fut  dans  cette  même 
année  qu'il  épousa  M'ie  Allies,  actrice  de  talent. 
En  1824  il  écrivit  son  premier  opéra,  Ali, pacha 
de  Janina,  qui  fut  joué  avec  succès  à  Cologne, 
puis  à  Detmold,  .Munster,  Osnabriick  et  Pyr- 
mont,  dont  la  direction  théâtrale  engagea  Lort- 
zing et  sa  femme  en  1826.  Puis  ils  jouèrent  à 
Hambourg,  retournèrent  à  Cologne  en  1829,  et 
enfin  ils  ftrrént  attachés  au  théâtre  de  la  cour 
de  Manheim  en  1830.  Lortzing  y  écrivit  en  1832 
deux  petits  ouvrages  dramatiques,  intitulés  Le 
Polonais  et  son  Enfant,  et  Une  Scène  de 
la  vie  de  Mozart.  Dans  l'année  suivante,  Rin- 
gelliardt, qui  venait  de  se  charger  de  la  direc- 
tion du  théâtre  de  Leipsick,  engagea  Lortzing 
pour  y  remplir  les  rôles  de  premier  ténor  des 
opéras-comiques.  Alors  conimença  la  période  la 
plus  heureuse  de  la  vie  de  l'artiste  :  elle  s'étend 
depuis  1833  jusqu'en  1844;  ce  fut  aussi  celle  de 
sa  plus  grande  activité  dans  les  travaux  de  la 
composition  dramatique.  Le  premier  ouvrage 
qu'il  écrivit  à  Leipsick  avait  pour  titre  :  Diebeiden 
Tornister  (Les  deux  Militaires),  auquel  on  sub- 
stitua plus  tard  celui  de  Diebeiden  Schiitzen 
(Les  deux  Tirailleurs);  le  sujet  était  pris  du 
vaudeville  français  Les  deux  Grenadiers.  Cet 
opéra  fut  représentée  Leipsick.  le  20  février  1837  ; 
il  obtint  un  brillant  succès.  Dans  la  même  année 


(■/e  22  décembre),  Lortzing  fit  représenter  au 
même  théâtre  Czar  und  Zimmermann  (  Le  Czar 
et  le  Charpentier  ),  opéra  en  trois  actes,  considéré 
comme  son  œuvre  capitale,  et  qui  obtint  un  suc- 
cès égal  dans  toutes  les  villes  de  l'Allemage,  ainsi 
qu'en  Russie  et  en  Danemark.  Lortzing  écrivit 
ensuite  Die  Schatzkammer  des  Inka  (Le  Trésor 
de  l'Inca  ) ,  opéra  sérieux,  sur  un  livret  de  Robert 
Blum;  mais  cet  ouvrage  ne  fut  pas  représenté,  et, 
par  une  circonstance  inconnue,  la  partition  n'a 
pas  été  retrouvée  dans  les  papiers  du  compositeur. 
Le  20  septembre  1839,  Lortzing  fit  jouer  la  pre- 
mière représentation deCaramo,  ou  LeHaryon- 
nage,  opéra  romantique,  qui  fut  froidement  ac- 
cueilli par  les  habitants  de  Leipsick,  à  cause  du  dé- 
faut d'intérêt  du  sujet;  mais  le  brillant  succès  de 
Ilans  Sachs,  joué  le  23  juin  1840,  vint  consoler 
le  compositeur  d'un  échec  qui  d'ailleurs  n'avait 
rien  de  blessant  pour  son  amour  propre.  Hans 
Sachs  avait  été  écrit  par  Lortzing  pour  fêter  le 
quatrième  anniversaire  séculaire  de  l'introduction 
de  l'imprimerie  à  Leipsick  :  les  mélodies  de  cet 
ouvrage  sont  d'une  remarquable  fraîcheur.  Ca- 
sanova, joaé  le  31  décembre  1841,  et  Wild- 
schiiiz,  oder  die  Stimme  der  Natur  (  L'Arque- 
busier, ou  la  Voix  de  la  Nature),  d'après  le 
Rehbock  de  Kotzebue,  et  qui  fut  représenté  le 
31  décembre  de  l'année  suivante,  achevèrent  de 
répandre  dans  tonte  l'Allemagne  la  réputation  de 
Lortzing  :  tous  les  directeurs  de  théâtre  s'em- 
pressaient de  mettre  ses  ouvrages  en  scène,  et  ses 
partitions,  arrangées  pour  le  piano,  étaient  re- 
cherchées par  les  amateurs. 

Au  commencement  de  1844,  Ringelhardl  cessa 
d'avoii  la  direction  du  théâtre  de  la  ville  de 
Leipsick  {Stadttheater),  laquelle  passa  entre  les 
mains  du  docteur  Schmidt.  Ce  fut  alors  que 
Lortzing  cessa  de  paraître  sur  la  scène,  et  qu'il 
accepta  la  position  de  chef  d'orchestre  du  même 
théâtre.  Il  en  prit  possession  le  1er  août  de 
cette  môme  année  :  le  premier  ouvrage  qu'il 
dirigea  fut  le  Don  Juan.  Dans  le  même  temps 
il  écrivit  Vndine,  opéra  qui  fut  représenté  à 
Hambourg  dans  l'hiver  de  1845,  puis  à  Leipsick 
et  sur  les  principaux  théâtres  de  l'Allemagne. 
Peu  de  temps  après ,  Lortzing  contracta  un 
engagement  avec  l'entrepreneur  Pockorni  pour 
diriger,  dans  la  capitale  de  l'Autriche,  l'orchestre 
du  théâtre  sur  la  Vienne,  et  pour  y  mettre  en 
scène  son  nouvel  opéra  Der  Waffenschmid 
(L'Armurier),  qui  fut  joué  le  30  mai  1846, 
sous  la  direction  de  l'auteur.  Autant  la  ville  de 
Vienne  lui  offrait  d'agrément  pour  les  habitudes 
de  la  vie,  autant  il  en  avait  peu  dans  ses  rapports 
avec  son  théâtre.  Ses  lettres  à  ses  amis  sont 
remplies  de  plaintes  concernant  le  défaut  d'ordre 


LORTZING  —  LOSSIUS 


35f 


et  de  convenance  des  représentations,  ainsi  que 
sur  la  pauvreté  du  répertoire.  La  perte  de  sa  mère 
vint  à  cette  époque  ajouter  un  vif  chagrin  aux  en- 
nuis que  loi  faisait  éprouver  sa  situation  comme 
clief  d'orciiestre  d'un  théâtre  mal  organisé.  Pen- 
dant son  séjour  à  Vienne,  il  écrivit  son  opéra 
en  trois  actes,  Le  grand  Amiral,  qui  fut  mis 
en  scène  à  Leipsick,  au  mois  de  décembre  18i7, 
et  un  autre  ouvrage  intitulé  Regina,  que  des 
considérations  politiques  ne  permirent  pas  de 
représenter,  et  dont  on  a  retrouvé  la  partition 
parmi  les  manuscrits  de  l'auteur.  Dans  l'hiver 
de  1848  à  1849  il  composa  son  opéra  Die  Ko- 
landsknappen  (Les  Écuyersde  Roland),  qui  fut 
représenté  au  théâtre  de  Leipsick,  à  la  fin  de  mai 
1849,  et  accueilli  par  des  applaudissements  unani- 
mes. Cependant  un  chagrin  inattendu  vint  le  frap- 
per dans  celte  ville,  après  son  retour  devienne. 
Il  désirait  y  reprendre  son  ancienne  position  de  chef 
d'orchestre  du  théâtre,  devenue  vacante  ;  mais 
pendant  son  absence  de  quelques  années,  Rietz  s'é- 
tait lait  connaître  avantageusement  par  son  talent 
pour  la  direction  des  orchestres  :  ce  fut  lui  qu'on 
préféra.  Lortzing  en  eut  une  véritable  aflliction, 
qui  lui  fit  prendre  la  résolution  de  s'éloigner  de 
Leipsick  pour  se  rendre  à  Berlin,  où  le  nouveau 
théâtre  Frédéric-Guillaume  (Friedrich-Wil- 
helmstxddschen  Theater)  venait  d'être  ouvert. 
Lortzing  en  fut  nommé  chef  d'orchestre,  et  prit 
possession  de  ses  fonctions  le  18  mai  1850.  Il 
écrivit  dans  la  même  année  pour  ce  théâtre  une 
ouverture  d'inauguration,  de  jolis  morceaux  dans 
le  vaudeville  Fine  berliner  Grisette  (  Une  Gri- 
sette  berlinoise),  et  l'opérette /)<e  Opernprobe 
(La  Répétition  de  l'Opéra) ,  qui  fut  le  chant  du 
cygne.  Sa  santé  déclinait  depuis  quelque  temps  et 
sa  gaieténaturelleavait  fait  place  à  la  mélancolie: 
toutefois  sa  femme  était  loin  de  la  pensée  que 
sa  fin  fût  prochaine,  lorsqu'il  fut  frappé  d'apo- 
plexie, le  21  janvier  1851.  Se  sentant  indisposé, 
il  avait  envoyé  chercher  un  médecin ,  qui  le 
trouva  mort  en  arrivant.  Artiste  de  talent,  homme 
aimable  et  bon,  Lortzing  inspirait  de  l'affection 
à  toutes  les  personnes  qui  le  connaissaient;  sa 
perte  fut  généralement  regrettée.  De  tous  les 
compositeurs  dramatiques  de  l'Allemagne,  il  fut 
le  plus  populaire.  Sa  pensée  ne  s'éleva  jamais 
jusqu'aux  grandes  conceptions;  le  caractère  de 
l'originalité  manque  à  ses  ouvrages;  mais  il 
avait  le  sentiment  de  l'effet  scénique,  de  la  mé- 
lodie ;  son  harmonie  était  facile  et  son  instru- 
mentation, sans  être  bruyante,  avait  de  l'éclat. 
On  ferait  une  appréciation  exacte  du  talent  de 
Lortzing  en  le  considérant  comme  l'Adolphe 
Adam  de  l'Allemagne.  M.  Ph.  J.  Duringer,  ami 
intime  de  cet  artiste  intéressant,  a  publié  sur  lui 


un  écrit  intitulé  Albert  Lortzing,  sein  Leben 
und  Wirken{A\heTt  Lortzing,  sa  vie  et  ses  pro- 
ductions); Leipsick,  Otto  Wigand,  1851,  petit 
in-4°de  126  pages,  avec  le  portrait  du  composi- 
teur. On  trouve  dans  ce  petit  volume  une  partie 
de  la  correspondance  de  Lortzing.  Une  autre 
biographie  de  cet  artiste  est  insérée  dans  le  re- 
cueil de  W.  Neumann,  intitulé  Die  Komponisten 
der  neuern  Zeit  (Les  Compositeurs  des  derniers 
temps),  sixième  livraison.  On  a  aussi  :  ISoticc 
nécrologique  sur  Gustave- Albert  Lortzing, 
compositeur  de  musique,  par  Charles  Mayer  ; 
Paris,  1852,  in-8°,  extraite  du  Nécrologe  uni- 
versel du  dix-neuvième -siècle. 

LOSI  ou  LOSY  (Le  comte  DE),  dont 
le  nom  a  été  changé  par  Baron  [HistoU  theor. 
und  pract.  Untersuchung  des  Lnstrum.  der 
Lauten,  p.  73),  par  Walther  et  par  Gerber,  en 
celui  de  L.ogi,  naquit  en  1638,  dans  une  petite 
ville  de  la  Bohême.  Il  fut  un  des  plus  célèbres 
luthistes  de  son  temps;  peut-être  mèmesurpassa- 
t-il  en  habileté  tous  ses  contemporains.  On  dit 
que  ce  fut  l'empereur  Léopold  qui,  après  l'a- 
voir entendu,  le  créa  comte.  Dans  sa  jeunesse, 
il  parcourut  l'Allemagne,  la  France  et  l'Italie  pour 
entendre  les  meilleurs  musiciens  et  pour  perfec- 
tionner son  talent.  En  1697,  il  vivait  à  Leipsick, 
où  il  y  eut  une  sorte  de  combat  musical  entre 
lui  sur  le  luth,  Kuhnau  snr  le  clavecin,  et  He- 
benstreit  sur  le  pantalon.  Plus  tard,  il  se  fixa  à 
Prague,  jouissant  d'un  revenu  de  80,000  Horins, 
dont  il  faisait  un  noble  usage.  Ses  compositeurs 
favoris  étaient  Lulli  et  Fux;  il  faisait  exécuter 
chaque  soir  dans  sa  maison  quelques  morceaux 
de  leurs  ouvrages.  Une  atteinte  d'apoplexie,  qui 
le  frappa  dans  ses  dernières  années,  contracta 
tous  les  traits  de  son  visage  et  en  fit  un  monstre 
de  laideur.  Il  mourut  à  Prague  en  1721,  à  l'âge 
de  quatre-vingt-trois  ans. 

LOSSIUS  (Ldcas),  né  à  Vaclia,  dans  la 
Hesse,  le  18  octobre  1508,  fut  recteur  à  Luoebourg, 
et  mourut  le  8  juillet  1582.  Il  fut  un  des  plus  sa- 
vants musiciens  de  son  temps,  et  s'occupa  avec 
succès  du  chant  choral  appliqué  au  culte  luthérien. 
Bachmcister  {voyez  ce  nom  )  a  publié  son  éloge 
en  langue  latine,  sous  ce  titre  :  Oratio  de  Luca 
Lossio,  in  qua  etiam  mentio  fit  urb.  Rhegii, 
Herm.  Tulichii ,  aliorumque  in  urbe  Lune- 
burga prxstantium  virorum  (Rostock,  1585), 
in-4°.  Ce  savant  musicien  a  recueilli  une  col- 
lection de  chants  chorals  et  de  cantiques  qu'il 
a  fait  imprimer,  et  qui  est  intitulée  :  Psalmodia, 
hoc  est  cantica  sacra  vetei-is  ecclesix  selecta. 
Quo  ordine  et  melodiis  per  totius  anni  cur- 
riculum  cantari  usilata  soient  in  templis 
de    Deo,   et    de  Filio  ejus   Jesu    Christo , 


352 


LOSSIUS  —  LOTTI 


de  regno  ipsius,  doctrina ,  vita,  passione, 
resurreciione  et  ascen$ione ,  et  de  Spi- 
ritu  Sancto,  etc.  Cum  prœfatione  Philippi 
Melanchionis.  La  première  édition  de  ce  livre 
précieux  est  si  rare,  qu'elle  avait  été  inconnue 
à  tous  les  bibliographes  ;  le  savant  Antoine 
Scliniid  {voij.  ce  nom)  n'en  a  eu  connaissance 
qu'après  l'impression  de  son  ouvrage  concer- 
nant le  célèbre  imprimeur  Octavien  Petrucci,  et 
ne  l'a  mentionnée  que  dans  les  correclions  et  ad- 
ditions qui  terminent  le  volume.  Cette  édition  a 
été  donnée  à  Wittenberg,  en  1552,  par  Georges 
Rliaw.  Il  en  résulte  que  l'édition  imprimée  à  Nu- 
remberg, par  le  gendre  de  Petreius,  en  1553,  n'est 
que  la  deuxième  {Noribergx,  apud  Gahrielem 
Hayn,  Joh.  Pétrel  generum,  1553,  in-folio). 
Une  troisième  édition  de  ce  recueil  a  paru  avec 
la  préface  de  Mélanclithon  ;  Wittenberg,  chez  les 
héritiers  de  Georges  Rliaw,  en  J561,  in-4ode  677 
pages  (non  compris  la  préface).  Cette  édition, 
plus  complète  et  meilleure  que  les  précéden- 
tes,  a  été  inconnue  à  Forkel,  Gerber,  Licli- 
tentlial,  et  à  leurs  copistes.  Gerber  a  cité 
comme  la  seconde  une  quatrième ,  publiée 
à  Wittenberg,  en  1569,  par  Jean  Schwer- 
telius ,  in-4°  de  720  pages  (  non  compris 
Ylndex  et  la  préface).  Il  y  en  a  une  cinquième 
édition,  imprimée  par  André  Scliœn,  à  Witten- 
berg, en  1580,  ii)-4''.  Toutes  les  cinq  sont  au- 
jourd'hui fort  rares.  On  a  aussi  de  Lossius  un 
Traité  des  éléments  de  la  musique,  écrit  pour 
l'usage  de  l'école  de  Lunehourg.  Cet  ouvrage 
a  pour  titre  :  Erotemata  musicx  practicx, 
ex  prohatissunis  hujus  dulcissimx  ariis 
scriptoribns  accurale  et  hrevlter  sélect  a, 
et  exemplis  puertli  histitutioni  accommo- 
dis  illustrai  a.  Item  melodix  sex  gencrum 
carminum  usiiatiorum,  in  primis  suaves,  in 
gratiam  puerorum  selectx  et  editx;  Nurem- 
berg, chez  Jean  Montanus  et  Ulrich  Neuber, 
1563,  in-S"  de  12  feuilles  et  3  feuilles  de  mélo- 
dies à  4  voix,  parmi  lesquelles  on  trouve  un 
morceau  sur  les  premiers  vers  du  premier  chant 
de  l'Enéide  : 

Arma  virumqnc  cano,  Troise  qui  primus  ab  oris 
Italiam,  fato  profugus,  Lavinaque  venit 
Littora.  Etc.,  etc.; 

un  autre  sur  l'épigramme  de  Martial  : 

Vltam  qnae  faciunt  bealiorem, 
Jucundissime  Martialis.hxc  sunt  ; 

et  un  troisième  sur  l'ode  du  premier  livre  d  Ho- 
race : 

Jam  satis  terris  nivis  atqne  dirae 

Grandinis  misit  pater,  el  riibente     ^ 

Dextera  sacras  jaculatus  arces, 
Terrult  urbera. 


Cet  ouvrage  est  écrit  en  dialogue,  entre  le 
maître  et  l'élève;  il  est  divisé  en  deux  livres  : 
le  premier  traite  de  la  musique  chorale  ;  le  se- 
cond, du  chant  figuré  ou  mesuré.  Les  exemples 
à  trois  voix  répandus  dans  celui-ci  sont  bien 
écrits.  On  y  trouve  quelques  passages  curieux 
de  l'emploi  des  prolations.  Les  autres  éditions, 
toutes  fort  rares,  sont  de  Nuremberg,  1565, 
in-8°  ;  ibid.,  1570,  publiée  par  Jean-Christophe 
Praitorius;  Wittenberg,  1574  ;  Nuremberg,  1579, 
in-S",  et  1.590,  in-8°  de  13  feuilles. 

LOTH  (  UKBAiis  ) ,  compositeur  de  musique 
d'église,  au  commencement  du  dix-septième 
siècle,  a  fait  imprimer  un  recueil  de  motets  in- 
titulé :  Miisica  melica,  ou  concerts  solennels  à 
une,  deux  ou  trois  voix  ;  Passau,  1616,  in-4''. 

LOTHERUS  (MELcnioR) ,  compositeur  al- 
lemand qui  vivait  au  commencement  du  seizième 
siècle,  est  connu  par  un  recueil  intitulé  Respon-> 
soria;  Leipsick,  1522. 

LOTÎCHIUS  (Jacquks).  On  a  imprimé  sous 
ce  nom  une  dissertation  intitulée  .  Oratio  de 
Musica  ;  Dorpali  Livonorum  (Dorpat,  en  Livo- 
nie),  1640,  in-4''. 

LOTTERl (....),  professeur dedroitàChiari, 
a  publié  :  Dissertazlone  sulle  qualitù  co7isti- 
tuendi  il  vero  compositore  in  musica  ;  Chiari, 
1827,  in-12.  On  trouve  dans  cette  dissertation  la 
biographie  de  l'organiste  Marc  Arici. 

LOTTI  (  Antoine)  ,  illustre  composileur  de 
l'école  vénitienne,  est  moins  connu  par  les  évé- 
nements de  sa  vie  que  par  la  beauté  de  ses  pro- 
ductions. Il  est  vraisemblable  qu'il  naquit  en  1667, 
à  Hanovre,  où  son  père,  Matteo,  était  maître 
de  chapelle  de  la  CQur  électorale,  laquelle  était 
alors  catholique  ;  mais  il  est  hors  de  doute  que 
sa  famille  était  vénitienne  d'origine ,  car  lui- 
même  se  donne  la  qualité  de  Vénitien  au  titre  de 
son  livre  de  madrigaux.  D'ailleurs,  M.  Caffi  (1) 
fait  la  remarque  concluante  que  François  Lotti, 
frère  d'Antoine,  fut  rncionaire  du  collège  des 
procurateurs  de  Saint-Marc,  et  que  cet  emploi 
ne  pouvait  être  donné  qu'à  un  Vénitien.  Antoine 
Lotti  alla  fort  jeune  à  Venise,  et  eut  pour  maî- 
tre Jean  Legrenzi  {voyez  ce  nom),  qui  fut  en- 
suite maître  de  chapelle  de  Saint-Marc.  Le  31 
mai  1692,  Lotti  fut  nommé  organiste  du  second 
orgue  de  la  chapelle  ducale  de  Saint-Marc.  De- 
puis 1687  il  était  chantre  de  la  même  chapelle. 
Le  17  août  1704  il  obtint  la  place  d'organiste  du 
premier  orgue  de  cette  église  :  il  en  remplit  les 
fonctions  pendant  quarante-trois  ans,  et  ne  les 
quitta  que  pour  prendre  possession  de  la  place 

(1)  Stnria  délia  Musica  sacra  nella  già  capella  ducale 
d»  San  Marco  in  Feneiid,  t.  I,  p.  331. 


LOTTl 


353 


tle  maître  de  chapelle  de  la  même  église,  le 
2  avril  1736.  Il  ne  jouit  pas  longtemps  des  avan- 
tages de  cette  dignité,  car  il  mourut  le  5  jan- 
vier 1740,  à  l'âge  d'environ  soixante-treize  ans , 
suivant  le  registre  mortuaire  de  Saint-Marc.  II 
fut  inhumé  dans  l'église  de  San-Geminiani,  où 
l'on  voit  encore  son  tombeau. 

Lotti  s'est  distingué  comme  compositeur  dans 
les  deux  genres  de  musique  religieuse  et  drama- 
tique. Dans  la  musique  vocale  de  chambre,  il  s'est 
également  placé  au  premier  rang  des  maîtres  de 
son  temps.  L'électeur  de  Saxe,  qui  avait  entendu 
ses  ouvrages  à  Venise,  en  1712,  et  qui  avait 
admiré  son  talent  sur  l'orgue,  l'appela  à  Dresde 
«n  1718,  pour  y  écrire  un  opéra.  Lotti  y  composa 
€11  Odi  dclusi  dal  sangue ,  ouvrage  faible,  qui 
ne  répond  ni  à  la  renommée  ni  au  talent  de  son 
auteur.  De  retour  à  Venise  vers  la  fin  de  la 
môme  année,  Lotti  y  reprit  ses  fonctions  d'or- 
ganiste et  ses  travaux  de  compositeur;  mais  il 
n'écrivit  plus  que  pour  l'église. 

Le  sentiment  vrai,  l'expression  profonde  sont 
les  qualités  dominantes  des  compositions  de 
Lotti.  Son  style  est  simple  et  elair,  et  nul  n'a 
possédé  mieux  que  lui,  dans  les  temps  modernes, 
i'art  de  faire  chanter  les  voix  d'une  manière  na- 
turelle. Dans  ses  opéras,  on  ne  trouve  pas  assez 
de  vivacité  dramatique  ;  mais  dans  les  madri- 
gaux et  dans  la  musique  d'église,  il  est  au  moins 
l'égal  d'Alexandre  Scarlatti,  et  sa  supériorité  sur 
tous  les  autres  maîtres  de  son  temps  est  incontes- 
table. Pour  bien  connaître  ce  grand  artiste,  il 
aurait  fallu  pouvoir  puiser  dans  les  archives  de 
Saint-Marc,  où  se  trouvait  autrefois  une  imnoense 
quantité  de  ses  ouvrages  :  le  peu  qu'on  en  connaît 
aujourd'hui  lui  assure  cependant  un  rang  élevé 
parmi  les  compositeurs  de  son  école.  Voici  la  liste 
de  ses  opéras,  telle  qu'elle  est  indiquée  dans  la 
Dramaturgia  d'Allacci:  tous  ont  été  représentés 
sur  le  théâtre  de  Venise  :  1°  Giustino,  1683.  — 
2°  Il  Trionfo  d'innocenza,  1693.  —  3°  Le  premier 
acte  de  Tirsi,  1696.  —  i°  Achille placato,  1707. 

—  h°  Teuzzone,  1707.  —  6"  Ama più chi men si 
crede,  1709.  —  7"  Il  Commando  non  inteso  ed 
ubbidito,  1709.  —  8"  Sidonio,  1709.  —  9"  Isac- 
cio  Tiranno,  1710.  —  10°  La  Forza  del  san- 
gue, 1711.  —  11°  Il  Tradimenio  traditor  di 
se  stesso.  —  12°   L'Infedeltà  punita,    1712. 

—  \3°  Porsenna,  1712.  —  14°  Irène  Augusta, 
1713.  —  15°  H  PoUdoro,  1714.  —  16°  Foca 
superbo,  1715.  —  17°  Aîcssandro  Severo,  1717. 

—  18°  Il  Vincifor  generoso,  1718.  —  19°  Gli 
Odidelusidal  sangue,  1718. 

Lotti  recueillit  une  collection  de  ses  duos,  trios 
et  madrigaux  à  4  et  5  voix,  les  dédia  à  l'empe- 
reur Léopold,  et  les  publia  à  Venise  en  1703. 

BIOCR.   UMV.    DES    Ml'SIClENS.  T.  V. 


Ce  prince  lui  fit  remettre  en  récompense  une 
chaîne  d'or  et  une  somme  d'argent.  Le  litre  du 
recueil  dont  il  s'agit  est  celui-ci  iDwe^^i,  terzetii- 
€  Madrigali  consacrati  alla  C.  R.  Maestà  ai 
Giuseppe  I  imperaiore,  da  Antonio  Lotti  Ve- 
neto,  organista  délia  cappella  di  S.  Marco;  Ve- 
nezia  1705,  per  Antonio  Beriali.  C'est  dans 
cet  ouvrage  que  se  trouve  le  madrigal  In  una 
siepe  ombrosa,  que  Bononeini  fit  imprimer  plus 
tard  à  Londres,  sous  son  nom,  et  qui  lui  coûta 
sa  fortune  et  son  iionneur  {voyez  Bononcini). 
Nonobstant  la  beauté  achevée  de  la  plupart  des 
pièces  de  ce  recueil,  il  en  parut  une  critique  sé- 
vère peu  de  temps  après,  sous  le  voile  de  l'ano- 
nyme ;  on  sait  aujourd'hui  que  l'auteur  de  ce 
pamphlet  était  Benoît  Marcello  (voyez  ce  nom), 
célèbre  compositeur  d'une  collection  de  psaumes, 
sur  la  traduction  italienne  de  Giustiniani.  La  cri- 
tique porte  particulièrement  sur  des  hardiesses 
d'haimonie  inconnues  avant  Lotti ,  mais  qui 
depuis  lors  sont  entrées  dans  le  domaine  de  l'art. 
Elle  est  d'ailleurs  injuste  en  ce  qui  touche  la 
forme  de  la  plupart  de  ces  compositions,  laquelle 
décèle  un  maître  de  premier  ordre.  Le  célèbre 
madrigal  à  5  voix  avec  basse  continue  7ji  U7ia 
siepe  ombrosa,  que  Bononcini  s'était  attribué, 
sera  toujours  considéré  comme  une  œuvre  parfaite, 
et  par  la  forme,  et  par  le  sentiment.  Marcello  se 
montra  ingrat  dans  sa  critique  anonyme  ;  car  Lotti 
avait  été  un  de  ses  maîtres.  Il  y  a  d'autres  ma- 
drigaux de  Lotti  que  ceux  qu'il  a  placés  dans  ce 
recueil.  J'en  possède  dix  à  quatre  et  cinq  voix  qui 
n'y  sont  point,  et  qui  peuvent  être  cités  comme 
des  modèles  d'expression ,  de  grâce  et  d'élégance. 
M.  l'abbé  Santini,  à  Rome,  a  aussi  douze  duetti 
da  cornera  différents  de  ceux  du  recueil  de  1705. 
On  trouve  chez  le  même  trois  messes  de  Lotti,  à  4 
voix  et  a  cappella  ,  des  motets  à  4,  avec  instru- 
ments, des  motets  à  deux  voix,  un  madrigal  à  4 
qu'on  chantait  autrefois  à  Venise,  le  jour  de  l'As- 
cension, un  Salve  Regina,  et  un  Reginu  cœli,  à 
4  voix,  enfin  un  Miserere  à  4  ,  probablement  le 
même  que  celui  qui  était  autrefois  à  Leipsick, 
chez  Breitkopf,  et  à  Londres,  chez  Burncy.  Cet 
historien  delà  musique  possédait  aussi  une  messe 
(en  ut)  à  4  parties,  et  une  autre  (en  fa),  de 
Lotti.  J'ai  de  ce  maître,  outre  les  madrigaux 
dont  il  est  parlé  précédemment  :  1°  Messe  de 
Requiem  à  4  voix  sans  accompagnement  (en  fa). 
Cette  messe  a  été  chantée  pendant  plus  de  cin- 
quante ans,  près  de  son  tombeau,  le  jour  anni- 
versaire de  sa  mort.  —  2°  Messe  du  cinquième 
ton ,  à  4  voix  sans  orgue  et  sans  orchestre.  — 
3°  Messe  à  2  voix  (basse  et  ténor),  avec  orgue 
(en  ré  mineur  ).  —  4°  Messe  brève  à  3  voix 
(alto,  ténor  et  basse),  m  ut.  —  5°  Benediclus 

23 


354 


LOTTI 


LOUET 


Dominus  Deus  Israël,  et  Miserere,  à  4  voix  sans 
accompagnement   (en   ré    mineur);   admirable 
composition,  d'une  expression  loucliante  et  re- 
marquable par  la  richesse  et  la  nouveauté  de 
l'harmonie  autant  que  par  le  profond  sentiment 
de  tristesse  qui  y  règne  d'un  bout  à  l'autre.  Ce 
Miserere  Siélé  considéré  pendant  le  dix-huitième 
siècle  comme  un  des  chefs-d'œuvre  de  l'école  ita- 
lienne :  riiistoire  de  l'art  confirme  ce  jugement. 
—  6°  Autre  Denedictus  Dominus  Deus  Israël 
et  Miserere  (en  sol  mineur),  à  4  voix  sans  accom- 
pagnement,  composé  en  1733.  Il  est  aussi  fort 
beau  et  rempli  de  grandes  liardiesses  d'harmo- 
nie. —  1°  Laudate  pueri  à  3  voix  (  2  soprani 
ei  contralto),  avec  2  violons,  alto  et  basse  ,  dans 
le  style  moderne.  Ce  psaume  a  été  écrit  pour  les 
jeunes  filles  du  Conservatoire  degli  incurabili , 
à  Venise.  —   8°  Salve  Regina  à  4  voix,  a  cap- 
pella, sans  accompagnement.  —  9°  Vere  lan- 
guores  nostros ,  pour  2  ténors  et  basse ,   sans 
accompagnement.  —  10°  Madrigal  a  4  voix  (Spi- 
rito  di  Dio),  composé  en  1736,  pour  /a  cérémo- 
nie dans  laquelle  le  doge  accompagné  des  séna- 
teurs montait  sur  le  vieux  vaisseau  historique 
appelé  Le  Buccntaure.  Ce  morceau,  où  règne 
un  caractère  de  joie  douce  et  calme,  se  fait  aussi 
remarquer  par  l'élégance  de  la  forme. —  11°  Quar- 
tctto  pastorale,  à  4  voix,  avec  des  violons,  alio 
et  basse  {Sommo  Duce  in  trono  assiso),  char- 
mante composition  de  style  moderne  concerté. 
On  a  gravé  à  Berlin,  chez  Bote  et  Bock,  la  messe 
pour  ténor  et  basse,  le   motet   Vere  languores 
nostros,  pour  2  ténors  et  basse,  et  le  psaume  1 12 
{Laudate  pueri),  pour  ténor  et  basse,  de  Lotti, 
tous  trois  en  partition. 

Lotti  fut  un  grand  maître  de  chant  et  de  com- 
position :  le  nombre  de  ses  élève.?  était  si  consi- 
dérable, qu'on  s'étonne  qu'il  ait  eu  le  temps  d'é- 
crire tous  les  ouvrages  connus  sous  son  nom. 
Parmi  les  maîtres  sortis  de  son  école,  on  remar- 
que Saratelli,  qui  fut  son  successeur  dans  la 
chapelle  Saint -Marc,  Dominique  Alberti,  Jé- 
rôme Bassani ,  Michelange  Gasparini,  Pes- 
cetti,  et  le  célèbre  compositeur  dramatique 
Balthasar  Galuppi,  pour  qui  il  eut  toujours  un 
sentiment  de  prédilection. 

Lotti  avait  épousé  une  cantatrice  bolonaise , 
nommée  Santa  Stella,  qui  lui  apporta  en  dot 
une  somme  de  18,600  ducats  (environ  60,000 
francs),  et  qui  brilla  longtemps  sur  les  théâtres 
de  Venise,  ainsi  qu'à  Dresde,  lorsque  Lotli  y  fut 
appelé  pour  y  écrire  un  opéra.  Elle  survécut  à 
son  mari,  et  l'on  voit  par  son  testament  qu'elle 
avait  eu,  avant  son  mariage,  une  fille  naturelle, 
nommée  Lucrèce  Marie  Basadonna,  qui  fut 
religieuse. 


LOTTIIV  (  Denis  ),  maître  de  musique  et  de 
violon,  né  à  Orléans,  le  19  novembre  1773,  com- 
mença à  l'âge  de  douze  ans  l'étude  de  la  mu- 
sique, sous  la  direction  d'un  maitre  de  la  ville. 
Tridzeri,  passant  ensuit/î  à  Orléans,  crut  remar- 
quer en  lui  d'heureuses  dispositions,  l'emmena  à 
Rennes,  et  le  mit  au  nombre  de  ses  élèves.  Après 
trois  années  d'études  sous  ce  professeur,  Lottiii 
retourna  dans  sa  ville  natale,  et  y  continua  seul  h 
s'exercer  sur  le  violon,  il  fit  ensuite  plusieurs 
voyages  à  Paris ,  et  y  prit  des  leçons  de  Gras- 
set pour  cet  instrument.  Fixé  depuis  1805  à  Or- 
léans, il  y  a  rempli  la  place  de  premier  violon  au 
théâtre,  et  a  dirigé  l'orchestre  du  concert  des 
amateurs  jusqu'à  sa  mort,  eu  1826.  Cet  artiste  a 
publié  :  1°  Vive  Henri  IV en  symphonie;  Paris, 
Janet.  —  2°  l*^'  Concerto  pour  violon,  op.  8; 
Orléans,  Demar.  —  3°  S''  Concerto  idem  ;  Paris, 
Sieber.  —  4°  Six  œuvres  de  duos  pour  deux 
violons,  op.  3  ,  4,  C,  9,  17,  19;  Paris,  Leduc, 
Sieber,  Dufaut  et  Dubois.  —  5°  Trois  sonates 
pour  violon  seul,  op.  20;  Paris,  Dufaut  et  Dubois. 
—  6"  Plusieurs  airs  variés  pour  violon 7°  Prin- 
cipes élémentaires  de  musique etde violon;  Paris, 
Leduc. 

LOUEL  (Aristius),  professeur  de  musique 
à  Nantes,  est  auteur  d'un  petit  ouvrage  qui  a 
pour  titre  :  Grammaire  musicale  ,  ou  Abrégé 
des  principes  de  musique ,  divisé  en  douze 
leçons, par  demandes  et  par  réponses;  Nantes, 
imprimerie  de  Mellinef,  1840,  in-S"  de  20  pages, 
avec  9  pages  de  musique.  On  connaît  du  même 
artiste  des  fantaisies  pour  le  piano ,  gravées  à 
Paris,  en  ISi't. 

LOUET  (Alex.vndre),  dont  le  nom  a  été 
défiguré  par  Gerber  et  ses  copistes  en  ceux  de 
LouvET,  LoLVE  et  LouETTE,  naqujt  à  Marseille, 
en  1753,  d'une  famille  opulente,  et  cultiva  d'a- 
bord la  musique  comme  amateur.  Dans  un 
voyage  qu'il  fit  à  Paris,  en  1786,  il  fit  représeiiter 
à  la  Comédie  Italienne  un  petit  opéra  intitulé  : 
La  double  Clef,  ou  Colombine  commissaire, 
dont  les  paroles  étaient  de  Desfaucherets,  auteur 
de  la  jolie  comédie  du  Mariage  secret.  La 
double  Clef  lomhA  à  plat,  et  le  tumulte  du 
parterre  fut  tel  pendant  la  représentation ,  qu'à 
peine  put-on  entendre  un  seul  morceau  de  la  mu- 
sique. La  révolution  ayant  enlevé  à  l'auteur  de 
cette  musique  toute  sa  fortune,  il  fut  obligé  de  se 
rendre  à  Paris  pour  y  chercher  des  ressources 
dans  ses  talents.  Il  donna  au  théâtre  Feydeau, 
en  1797,  Amélie,  opéra  en  trois  actes,  qui  ne 
réussit  pas.  Obligé  alors  de  se  faire  accordeur  de 
pianos  pour  vivre,  il  publia  une  brochure  inti- 
tulée :  Instructions  théoriques  et  pratiques 
sur  l'accord  du  pano-forté;  ouvrage  qui  ap- 


LOUET  —  LOUIS-FERDINAND 


prendra  en  très-peu  de  icmps  aux  personnes 
ies  moins  exercées  à  accorder  parfaitement 
cet  instrument;  Paris,  Leduc  ,  1798  ,  in-S"  de 
C3  pages.  Il  a  été  fait  une  seconde  édition  de  cet 
écriten  1804.  Cependant,  la  situation  de  Louetétait 
toujours  précaire  ;  on  lui  persuada  de  passer  eu 
Russie.  Ce  voyage  n'améliora  pas  ses  affaires  :  il 
revint  à  Paris  vers.  1810  ,  et  reprit  sa  profession 
d'accordeur.  Je  l'ai  connu  alors,  vieilli  par  le 
chagrin,  infirme,  et  dans  une  position  très-nial- 
lieureuse.  On  a  gravé  de  sa  composition  :  1°  So- 
nates pour  piano  seul,  «p.  1,  2,  3,  4;  Paris, 
Gaveaux.  —  2®  Quatre  sonates  pour  clavecin 
avec  accompagnement  de  violon,  op.  5;  ibid.  — 
3"  l^ot-pourri  pour  piano,  ibid.  —  4"  Six  ro- 
mances d'Estelle  avec  accompagnement  de  piano, 
ibiil.  Louet  est  mort  à  Paris,  en  1817. 

LOUIS  XIII,  roi  de  France,  né  à  Fontai- 
nebleau, le  27  septembre  1601,  succéda  à  son 
père,  Henri  IV,  le  14  mai  1610,  et  mourut  à 
Saint-Germain,  le  14  mai  1643.  Ce  prince  avait 
appris  la  musique  ;  il  l'aimait  et  la  cultivait  avec 
succès.  Le  P.  Kirclier  a  rapporté  (Musurgia  uni- 
rers.,  t.  I,  p.  690)  la  chanson  à  quatre  voix 
Tu  crois,  d  beau  soleil,  de  sa  composition.  Ce 
morceau  est  bien  écrit,  et  Tharmonie  en  est  pure. 
La  Borde,  qui  l'a  aussi  donnée,  à  la  lin  du 
deuxième  volume  de  .son  Essai  sur  la  musique, 
l'a  gâtée  par  une  harmonie  barbare,  qui  n'ect 
point  de  Louis  XllI.  Le  P.  Mersenne  a  aussi 
inséré  ce  morceau  dans  le  Traité  des  insiru- 
mentSjôe  son  Harmonie  universelle  (p.  391), 
mis  en  tablature  pour  l'épinette;  l'harmonie  du 
roi  y  est  conservée. 

LOUIS  (M™*),  femme  d^m  architecte  de 
Paris  qui  a  eu  de  la  réputation  à  la  fin  du  dix- 
huitième  siècle,  eut  un  talent  d'amateur  fort  dis- 
tingué dans  la  mtisi(iiie.  Le  19  août  1776,  elle  fit 
jouer  au  Théàtre-llalien  un  opéra  de  sa  composi- 
tion intitulé  :  Fleur  d'épine.  D'Origny  (,t»ui.  du 
Théâtre-Italien,  t.  II,  j).  104)  dit  en  parlant  de 
cet  ouvrage  :  «  La  musique,  qui  estde  Mme  Louis, 
.(  a  des  beautés  réelles.  Celles  qui  ont  frappé  le 
«  plus  sont  un  trio  en  dialogue ,  un  air  du  som- 
<i  nieil  et  un  grand  air  d'exécution.  »  On  a  gravé 
de  cette  dame,  à  Paris  :  1°  Six  sonates  pour  le 
«lavecin  seul.  —  2°  Recueil  d'ariettes  choisies, 
avec  accompagnement  de  piano.  La  révolution 
de  1789  ayant  obligé  M.  Louis  à  sortir  de  France, 
à  cause  d«  ses  (onctions  dans  les  bâtir>ient.s  de 
la  liste  civile ,  sa  femme  le  suivît  dans  l'émigra- 
tion. On  ignore  quelle  a  été  sa  destinée  depuis 
lors.  Peut-être  est-ce  à  elle  qu'il  faut  attribuer 
les  deux  ouvrages  suivants,  qui  existaient  en 
manuscrit  à  Vienne,  en  1799,  chez  l'éditeur  de 
musique  Traeg,  sous  le  nom  de  Louis  (Ph),  : 


1°  Du  doigté,  des  manières  et  de  l'esprit  de 
Vexécution  sur  le  piano.  —  2"  Principes  de 
la  doctrine  de  l'accompagnement. 

LOUIS  (N.  ),  violoniste,  pianiste  et  compo- 
siteur, commença  à  se  faire  connaître  à  Paris  par 
de  légères  compositions,  vers  1834,  Ces  premiers 
essais  ayant  obtenu  du  succès,  l'artiste  multiplia 
ses  productions,  où  il  montrait  plus  de  fécondité 
que  de  soin  dans  leur  facture  et  d'originalité  dans 
la  pensée.  Peu  difficiles  d'exécution  et  renfer- 
mant beaucoup  de  mélodies  quelque  peu  bour- 
geoises, les  ouvrages  de  Louis  trouvèrent  un 
débit  assuré  ;  par  cela  même  les  éditeurs  les  re- 
cherchèrent, et  peu  d'années  suffirent  pour  en 
voir  porter  le  nombre  jusqu'à  plus  de  trois  cents. 
Études,  divertissements  et  fantaisies  pour  le  vio- 
lon ;  variations,  rondos,  fantaisies  pour  le  piano 
sur  des  thèmes  d'opéras  et  sur  des  mélodies  de 
divers  auteurs;  trios  pour  piano,  violon  et  vio- 
loncelle, pièces  à  quatre  mains ,  valses  et  qua- 
drilles, Louis  aborda  tous  les  genres,  il  se  livrait 
aussi  à  l'enseignement  ainsi  qu«  sa  jeune  femme, 
M""*  Jenny  Louis  ,  pianiste  comme  lui.  N.  Louis 
est  mort  à  Paris,  jeune  encore  ,  au  mois  de  dé- 
cembre 1857. 

LOUIS-FERDINAND  (  Frédéric-Chré- 
tien), prince  de  Prusse,  était  fils  d'Auguste-Fer- 
dinand, frère  de  Frédéric-Guillaume  IL  II  naquit 
à  Berlin,  le  18  novembre  1772.  Doué  de  tous  les 
avantages  extérieurs,  d'une  âme  noble,  de  beau- 
coup d'esprit  et  d'imagination,  il  aurait  pu  par- 
courir une  carrière  glorieuse  ;  mais  dominé  par 
ses  passions,  il  ne  sut  point  les  régler,  et  ses 
désordres  furent  souvent  un  scandale  pour  sou 
pays.  Son  instruction  avait  été  confiée  aux  soins 
d'uû  précepteur  français,  qui  lui  donna  des  con- 
naissances plus  étendues  que  n'en  possèdent 
d'ordinaire  les  princes.  La  musique  était  en- 
trée dans  son  éducation  :  il  y  fit  de  rapides 
progrès.  Sa  brillante  bravoure  dans  la  campagne 
de  l'armée  prussienne,  en  1792,  lui  concilia  l'es- 
time des  généraux  et  l'amour  des  soldats.  Cette 
guerre  fut  de  courte  durée.  Rentré  dans  un 
repos  forcé,  qui  ne  s'accordait  point  avec  ses 
désirs  de  gloire,  le  prince  rechercha  les  plaisirs 
avec  excès,  et  ne  connut  plus  d'autre  occupation 
sérieuse  que  la  musique.  L'arrivée  de  Dussek  à 
Berlin  fortifia  son  penchant  pour  cet  art.  L'artiste 
célèbre  fut  honoré  de  son  amitié,  et  des  relations 
intimes  s'établirent  entre  eux,  comme  si  les  posi- 
tions sociales  eussent  été  ies  mêmes.  Les  leçons  de 
Uussek  perfectionnèrent  le  talent,  déjà  fort  re- 
marquable, de  Louis-Ferdinand  sur  le  piano,  et  sa 
musique  devint  le  modèle  que  le  prince  se  pro- 
posa dans  ses  coinpositions.  Lorsque  l'excellent 
violoncelliste  Lamarre  passa  à  Berlin,  pour  se 

23 


35G 


LOUIS-FERDINAND  —  LOULIÉ 


rendre  en  Russie,  son  talent  excita  l'enthousiasme 
de  ce  protecteur  zélé  des  arts,  qui  lui  donna  un 
logement  dans  son  appartement,  et  qui  passa  sou- 
vent des  nuits  entières  à  exécuter  avec  lui  de  la 
musique  de  piano  et  de  violoncelle.  Au  milieu 
de  cet  exercice,  il  arriva  un  jour  que  Louis-Fer- 
dinand parla  de  la  France  avec  toute  la  violence 
de  sa  haine  contre  ce  pays  :  Monseigneur,  dit 
Lamarre,  j'ai  Vhoimeur  de  rappeler  à  votre 
altesse  royale  que  c'est  de  ma  patrie  qu'elle 
parle  ainsi  !  —  C'est  juste,  mon  cher  La- 
marre, répondit  le  prince.  J'ai  tort-  Laissons 
ce  sujet,  et  reprenons  notre  musique.  Leur 
séparation  fut  celle  de  deux  frères.  Avant  de  le 
quitter,  le  prince  proposa  à  l'artiste  l'échange  de 
deux  bagues  :  Lamarre  a  conservé  jusqu'à  son 
dernier  jour  ce  témoignage  honorable  d'une 
amitié  bien  rare  entre  des  liommes  placés  dans 
des  positions  si  différentes. 

La  guerre,  ardemment  désirée  par  Louis-Fer- 
dinand, se  ralluma,  en  1806,  entre  la  France  et 
la  Prusse  :  on  en  sait  les  résultats.  Chargé  du 
commandement  d'une  division  d'avant-garde,  le 
prince  attaqua  les  Français  à  Saalfeld,  le  9  octo- 
bre, fut  vaincu,  et  trouva  la  mort  dans  ce  combat. 

Ses  compositions  musicales  annoncent  une 
organisation  forte  et  passionnée.  Quoique  assez 
incorrectement  écrites,  elles  ont  assez  de  mé- 
rite pour  démontrer  que  leur  auteur  aurait  pu 
prendre  une  place  élevée  parmi  les  artistes ,  si 
son  rang  lui  eût  permis  de  faire  de  l'art  l'ob- 
jet de  méditations  plus  sérieuses  et  plus  sui- 
vies. On  a  gravé  sous  son  nom  :  X^Quintetio 
pour  piano,  2  violons,  alto  et  violoncelle  (  en  ut 
mineur),  op.  1;  Leipsick,  Breitkopfet  Ha3rtel. 

—  2°  Ottetto  pour  piano,  clarinette,  2  cors,  2  vio- 
lons et  2  violoncelles  (en  fa  mineur  )  ;  ibid.  — 
3°  Nocturne  pour  piano,  llùte,  violon,  alto,  vio- 
loncelle obligés,  et  2  cors  ad  libitum,  op,  8; 
ibid.  —  4"  Larghetto  varié  pour  piano,  violon, 
alto,  violoncelle  et  contrebasse,  op.  11;   ibid. 

—  5°  Rondeau  pour  piano  et  orchestre,  op.  13, 
ibid.  —  6°  Andante  pour  piano,  violon,  alto  et 
Tioloncelle,  op.  4;  ibid.  —  7° Quatuor  idem  (en 
7nn)émol),  op.  5;  ibid.  —  8"  Idem  (en  fa  mi- 
neur), op.  6  ;  ibid.  —9°  Trio  pour  piano,  violon 
et  violoncelle,  op.  2;  ibid.  —  10"  Idem  {^wmi 
bémol),  op.  10;  ibid.  —11*  Fugue  à  4  parties 
pour  piano  seul,  op.  7  ;  ibid.  —  12°  Variations 
pour  piano  seul  (  en  mi  bémol  )  ;  Paris,  H.  Le- 
moine. 

LOULIE  (Etienne)  (l),  maître  de  musique  à 


(1)  lA  Borde,  copié  par  Forkel,  Gerbar,  Lichtcn- 
thal,  Becker  et  d'autres,  a  donné  à  Loulié  le  prénom  de 
français;  il  n'avait  vraisemblablement  pas  lu  l'épltre 


Paris  et  musicien  au  service  de  mademoiselle  de 
Guise,  dans  la  seconde  moitié  du  dix-septième 
siècle,  n'est  connu  que  par  ses  ouvrages.  Il  pa- 
raît avoir  été  le  premier  qui  imagina  de  cons- 
truire un  instrument  pour  mesurer  les  temps 
dans  la  musique.  Cet  instrument,  qu'il  appela 
chronomètre  ,  était  composé  d'un  tableau  gra- 
dué depuis  1  jusqu'à  72  degrés  de  vitesse,  avec 
un  pendule  mobile  composé  d'une  boule  de 
plomb  suspendue  à  un  cordonnet,  qu'on  allon- 
geait ou  raccourcissait  au  moyen  d'une  cheville 
attachée  au  cordonnet,  et  qu'on  plaçait  dans  des 
trous  correspondants  à  toutes  les  divisions  de  l'é- 
chelle. C'est  ce  chronomètre,  avec  quelques  mo- 
difications dans  l'échelle,  que  Jean-Étienne  Des- 
préaux a  reproduit  cent  vingtans  plus  tard  comme 
une  nouveauté  (  voyez  Despréaux  ).  Loulié  ima- 
gina aussi  de  se  servir  d'un  instrument  appelé 
sonomètre,  pour  l'accord  des  clavecins.  Il  en 
construisit  deux  sur  des  modèles  différents,  et 
les  présenta  à  l'approbation  de  l'Académie  des 
sciences  de  Paris.  Le  rapport  qui  fut  iàit  sur 
ces  instruments  dans  l'histoire  de  l'Académie 
(ann.  1699,  p.  121)  dit  qu'au  moyen  du  sono- 
mètre toute  personne  qui  n'aurait  jamais  ac- 
cordé de  clavecin  pourrait  le  faire  aussi  facile- 
ment que  les  maîtres,  pourvu  qu'elle  eût  assez 
d'oreille  pour  meltre  une  corde  à  l'unisson  ou 
à  l'octave  d'uneautre.  Les  figures  des  deux  so- 
nomètres de  Loulié  sont  dans  le  recueil  des  ma- 
chines approuvées  par  l'Académie  (année  1699, 
p.  187-189  ).Le  chronomètre  a  été  approuvé  par 
la  même  société  savante  en  1701 .  D'Ons-Em- 
bray,  auteur  à\m  métromètre  pour  battre  les 
mesures  et  les  temps  de  toutes  sortes  d'airs, 
dit  dans  sa  description  de  cet  instrument  (Mé- 
moires de  l'Académie  des  sciences,  ann.  1732, 
p.  182)  que  Loulié  fut  aussi  l'inventeur  de  la 
patte  à  régler  les  papiers  de  musique.  Les  ou- 
vrages imprimés  de  Loulié  sont  :  1°  Éléments 
ou  principes  de  musique,  mis  dans  im  nouvel 
ordre,  très-clair,  très-facile  et  très-court,  et 
divisez  en  trois  parties  :  la  première  pour 
les  enfants;  la  seconde  pour  les  personnes 
plusavancez  (sic)  en  dge;  la  troisièmepour  les 
personnes  qui  sont  capables  de  raisonner  sur 
les  principes  de  la  musique.  Avec  l'estampe, 
la  description  et  l'usage  du  chronomètre  ou 
instrument  de  nouvelle  invention,  par  le 
moyen  duquel  les  compositeurs  de  musique 
pourront  désormais  marquer  le  véritable 
mouvement  de  leurs  compositions,  et  leurs 
ouvrages ,  marquez  par  rapport  à  cet  instru- 

dédicatoire  des  Éléments  ou  principes  de  musiq,ue,  qui 
est  signée  Estienne  Loulié. 


LOULIE  —  LOVY 


8ô7 


ment,  se  pourront  exécuter  en  leur  absence 
cotnme  s'ils  en  battaient  eux-mêmes  la  me- 
sure. Paris,  Christophe  Ballard,  1690,  in-8°  de 
96  pages,  et  une  planclie  représentant  le  chrono- 
mètre. Je  n*ai  rapporté  ce  titre  fort  long  que  pour 
faire  voir  que  la  pensée  de  l'usage  du  chronomè- 
tre pour  indiquer  les  mouvements  des  morceaux 
de  musique,  reproduite  de  nos  jours  par  Maelzel, 
avait  élé  conçue  à  la  fin  du  dix-septième siè-cle. 
J'ajouterai  que  Loulié  prend  aussi  la  minute  pour 
unitéde  temps.  Unedeuxième  édition  de  ce  livre  a 
été  publiée  à  Amsterdam,  chez  Roger,  1698,  in-8° 
de  110  pages.  —  2°  Abrégé  des  principes  de 
musique,  avec  plusieurs  leçons  sur  chaque  dif- 
ficulté de  ces  mesmes  principes.  Paris,  Chris- 
tophe Ballard,  1696,  in-8°  oblong  de  47  pages. 
Cet  ouvrage,  espèce  de  solfège  abrégé,  est  entiè- 
rement différent  du  premier.  C'est  le  même  dont 
il  a  été  fait  une  édition  à  Amsterdam  (sans  date), 
sous  ce  titre  :  Élémens  ou,  principes  de  musi- 
que, avec  la  manière  du  chant.  —  3° Nouveau 
système  de  musique,  ou  nouvelle  division  du 
monochorde,  avec  la  description  et  l'usage 
du  sonomètre,  instrument  de  nouvelle  inven- 
tion pour  apprendre  à  accorder  le  clavecin; 
Paris,  Christophe  Ballard,  1698,  in-8°.  Je  crois 
devoir  encore  faire  remarquer  que  le  monocorde 
et  le  chronomètre,  pris  comme  bases  de  l'ensei- 
gnement par  Choquel  (voyez  ce  nom  ),  dans  son 
livre  intitulé  La  musique  rendue  sensible  par 
la  méchanique,  sont  précisément  aussi  les  fon- 
dements du  système  publié  par  Loulié  soixante 
ans  auparavant. 

LOULIÉ  (A.),  né  à  Paris,  vers  1775,  reçut 
des  leçons  de  violon  de  Gaviniès,  et  entra  à  l'O- 
péra-Comique  comme  un  des  seconds  violons, 
lors  de  la  réunion  des  deux  théâtres  Favart  et 
Feydeau,  en  1801.  Retiré  en  1832  avec  une  pen- 
sion, il  est  mort  peu  de  temps  après.  On  a  de 
cet  artiste  :  1°  Six  duos  pour  2  violons,  op.  1.  ; 
Paris,  Janet.  —  2°  Trois  duos  pour  violon  et 
alto,  op.  2  ;  Paris,  Louis.  —  3''  Trois  duos  pour 
deux  violons ,  op.  3  ;  ibid.  —  4"  Trois  idem, 
op.  4  ;  ibid.  — 5°  Trois  duos  pour  violon  et  alto, 
op.  5  ;  ibid.  Gerbera  confondu  ce  Loulié  avec  le 
précédent,  qui  vivait  plus  d'un  siècle  avant  lui. 

LOUYS  (Maître  Jean),  ou  LOYS,  musicien 
belge  du  seizième  siècle,  fut  attaché  au  service  des 
empereurs  Maximilien  I<^''  et  Ferdinand,  en  qualité 
de  chantre  de  leur  diapelle.  Joannelli  a  publié 
quehiues-uns  de  ses  motels  dans  le  Thésaurus 
»iMs/cus,imprimé  àVenise,chezGardaue,en  1568. 
On  en  trouve  aussi  dans  le  recueil  intitule  Hor- 
tus  musarum,  imprimé  chez  Pierre  Phalèse, 
à  Louvain,  en  1552.  Des  chansons  françaises  à 
trois  parties   de  Jean  Louys  ont  été  insérées 


dans  les  recueils  qui  ont  pour  titres  :  i°  Jardin 
musiqual,  contenant  plusieurs  belles  fleurs  de 
chansons  à  trois  parties,  choysies  d'entre  les 
œuvres  de  plusieurs  autheurs  excellents  en 
l'art  de  musique.  Le  premier  livre.  En  An- 
vers, par  Hubert  Vaelrant  et  Jean  Laet 
(sans  date,  mais  vraisemblablement  en  1565), 
in-4''.  —  2°  Recueil  des  fleurs  produictes  de  la 
divine  musicque  à  trois  parties,  par  Clément 
non  Papa,  Thomas  Cricquillon,  et  aultres  ex- 
cellents musiciens.  Louvain;  de  l'imprimerie 
de  Pierre  Phalèse,  Van  1569.  On  a  aussi  de  Jean 
Louys  50  psaumes  de  David  mis  en  musique  ; 
Anvers,  1555,  in-4''.  Cet  ouvrage,  cité  par  Ger- 
ber,  est  à  la  bibliothèque  royale  do  Munich. 

LOUYS  (  Le  seigneur  ),  gentilhomme  fran- 
çais attaché  au  service  du  cardinal  le  Richelieu, 
fut  un  des  plus  habiles  joueurs  de  guitare,  au 
commencement  du  dix-septième  siècle.  Il  a  pu- 
blié un  Livre  de  chansons  en  tablature  de  gui- 
tare; à  Paris,  chez  Ballard,  162G,  inr4o.  Louys 
a  noté  ses  chansons  en  tablature  double,  à  sa- 
voir les  chiffres  français  et  les  lettres  majuscules 
italiennes,  suivant  les  méthodes  de  Misioni  et  de 
Colonna. 

LOVY  (Israël) ,  hazan  ou  chantre,  et  mi- 
nistre ofliciant  de  la  synagogue  de  Paris ,  fut 
doué  par  la  nature  d'une  voix  admirable,  qui 
réunissait  les  registres  de  basse  et  de  ténor,  et  y 
ajouta  le  double  mérite  d'être  bon  chanteur  et 
d'imaginer  des  chants  où  le  caractère  oriental 
s'alliait  d'une  manière  originale  avec  les  formes 
mélodiques  des  belles  écoles  de  l'Italie.  Israël 
Lovy  naquit  près  de  Dantzick,  au  mois  de  sep- 
tembre 1773.  Son  père  ainsi  que  son  aïeul 
avaient  rempli  les  fonctions  de  hazan  dans  les 
temples  Israélites  de  la  Pologne  ou  de  la  Pomé- 
ranie;  quant  à  lui,  on  le  destinait  aux  études 
qui  pouvaient  le  conduire  au  rabbinat.  Très-jeune 
encore,  il  accompagna  ses  parents  à  Glogau,  en 
Silésie,  où  son  père  était  appelé  en  qualité  de 
chantre  de  la  synagogue.  Élevé  au  miheu  des 
docteurs  et  des  rabbins  de  cette  ville,  le  jeune 
Lovy  fit  de  rapides  progrès  dans  les  études 
talmudiques;  mais  sa  vocation  musicale  fut 
un  obstacle  invincible  aux  projets  de  sa  fa- 
mille. Déjà  il  diantait  au  temple  avec  son  père, 
et  ses  coreligionnaires  remarquaient  avec  satis- 
faction sa  manière  large  et  accentuée  de  réciter 
la  mélodie  traditionnelle  de  la  Bible  et  des  prières 
hébraïques  :  il  joignait  à  l'intelligence  parfaite 
des  textes  sacrés  le  charme  d'un  organe  doux  et 
sonore  qui  en  faisait  sentir  l'éloquence  et  la  poé- 
sie. Après  deux  années  d'études  complètes  de 
tout  ce  qui  compose  le  savoir  d'un  chantre 
Israélite,  Israël  Lovy  entreprit  son  pèlerinage  de 


358 


I.OVY  —  LOW 


huzan,  et  visita  les  synagogues  de  la  Silésie,  de 
Id  Sa\e,  de  la  Bohême,  de  la  Moravie ,  d'une 
partie  de  l'Autriche  et  de  la  Bavière,  accompa- 
gné de  deux  aides  chanteurs  qui  l'avaient  vu 
naître;  ce  fut  dans  ces  voyages  que  son  éduca- 
tion musicale  se  développa ,  par  la  connaissance 
qu'il  fit  des  œuvres  des  grands  maîtres,  particu- 
lièrement de  Haydn  et  de  Mozart. 

Après  six  ou  sept  ans  d'une  vie  nomade,  Lovy 
arriva  à  Furlh  (Bavière),  en  1799.  On  l'y  re- 
tint ,  et  il  s'y  maria.  Son  séjour  dans  cette  ville 
(1799-1806)  fut  une  des  époques  les  pins  heu- 
reuses de  sa  vie.  Ce  fut  alors  qu'il  étendit  ses 
connaissances  en  musique ,  étudiant  avec  une 
égale  ardeur  le  piano,  le  violon  et  le  violon- 
celle. Dans  le  môme  temps  il  apprenait  aussi 
le  français,  d'un  émigré  logé  dans  sa  maison, 
ainsi  que  la  langue  italienne.  En  1806,  Israël 
Lovy  passa  de  Furth  à  Mayeuce,  où  il  resta  trois 
ans,  puis  à  Strasbourg,  où  son  séjour  fut  de 
huit  années,  sauf  un  voyage  de  quelques  mois 
qu'il  fit  en  1816,  pour  revoir  ses  parents  de 
Glogau,  et  qui  lui  procura  l'occasion  de  se 
faire  entendre  dans  les  synagogues  de  Berlin  et 
de  Francfort.  La  réputation  croissante  de  son 
talent  lui  fit  faire,  en  1817,  des  propositions 
avantageuses  pour  le  fixer  à  Londres,  au  temple 
Israélite.  11  partit  pour  s'y  rendre,  mais  avec  le 
dessein  de  s'arrêter  d'abord  à  Paris,  où  il  ar- 
riva au  mois  de  février  1818,  après  avoir  chanté 
à  Melz,  à  Thionville  et  à  Verdun.  Ce  voyage, 
qui  dans  sa  pensée  ne  devait  être  qu'une  excur- 
sion de  quelques  mois,  aboutit  à  un  établisse- 
ment définitif.  Les  Israélites  de  Paris  l'accueil- 
lirent avec  enthousiasme,  et  bientôt  on  parla 
dans  les  salons  des  artistes  les  plus  célèbres,  et 
des  amateurs  d'élite ,  du  chant  du  huzan  de  la 
synagogue  comme  d'une  merveille  inouïe.  On 
courait  pour  l'entendre  dans  les  temples  de  la 
rue  Sainte-Avoie  et  de  la  rue  du  Chaume,  et  les 
caresses  les  plus  séduisantes  lui  étaient  prodi- 
guées pour  l'attirer  chez  les  dileltanti  qui  don- 
naient alors  le  ton.  L'engouement  lut  poussé 
jusqu'à  vouloir  transformer  le  ministre  officiant 
du  culte  judaïque  en  acteur  de  l'Opéra.  Plus  sage 
que  ses  admirateurs,  Israël  Lovy  sut  résister  à 
cet  entraînement.  Revenu  d'un  éblouissement 
passager,  il  disparut  des  salons  de  Paris,  aban- 
donna son  projet  de  voyage  à  Londres,  et  signa 
un  engagement  définitif  avec  le  consistoire  Israé- 
lite de  Paris.  Une  modification  liturgique  du 
culte  fut  le  résultat  de  son  engagement  :  ce  fut 
lui  qui  particulièrement  en  fut  chargé.  Un  nou- 
veau temple  avait  été  bâti  :  l'inauguration  en 
fut  faite  le  5  mars  1822,  et  les  anciennes  tra- 
ditions furent  abandonnées  pour  de  nouveaux 


chants  composés  par  Lovy  ;  ponr  la  première 
fois  la  synagogue  retentit  d'un  chœur  de  vois 
d'enfants  et  des  sons  de  l'orgue  chrétien.  On  lit 
dans  une  notice  placée  en  tête  de  l'édition  pos- 
thume des  chants  composés  par  Lovy  :  »  Ces  ré- 
«  formes,  qui  suscitèrent  d'abord  quelques  récla- 
«  mations  parmi  les  plus  orthodoxes,  bien  qu'elles 
«  ne  touchassent  en  rien  au  dogme,  finirent  par 
«  triompher  de  tous  les  scrupules,  grâce  à  l'ex- 
«  cellence  des  résultats  :  »  A  ne  considérer  que 
la  musique  en  elle-même,  il  y  avait  sans  doule 
du  charme  dans  les  nouveaux  chants  de  Lovy, 
dans  leur  exécution  par  lui-même,  avec  sa  belle 
voix  d'une  étendue  extraordinaire  et  sa  facile 
vocalisation,  ainsi  que  dans  le  chœur  harmo- 
nieux qu'il  avait  organisé  :  j'en  ai  plusieurs  fois 
admiré  l'effet;  mais  au  point  de  vue  de  l'intérèÈ 
historique,  on  ne  peut  nier  que  ces  formes  mo- 
dernes et  cette  harmonie  européenne  ne  fussent 
une  altération  regrettable  de  l'ancien  caractère 
oriental  du  chant  du  temple.  Il  existe  encore  des 
traditions  de  chants  originaux  qui  ont  traversé 
les  siècles,  et  qui,  dans  leur  contexture  ainsi  que 
dans  leurs  ornements  primitifs  ,  conservent  le 
cachet  d'une  antiquité  non  contestable;  mais  il 
est  à  craindre  que  la  réforme  entreprise  par  Lovy, 
et  continuée  par  ses  successeurs,  n'efface  bien- 
tôt les  restes  de  ces  monuments  de  l'art  an- 
tique. 

Les  fatigues  occasionnées  à  Lovy  par  ses  efforts 
pour  l'accomplissement  de  son  œuvre  finirent 
par  ébranler  sa  forte  constitution.  Déjà  malade, 
il  ne  continua  pas  moins  de  célébrer  les  offices 
du  samedi ,  et  les  jours  de  fête  il  chantait  pres- 
que tout  le  jour,  et  rentrait  épuisé  dans  sa  de- 
meure. Quand  il  voulut  prendre  du  repos,  il  n'é- 
tait plus  temps  :  une  maladie  de  poitrine  s'était 
déclarée;  elle  le  mit  au  tombeau,  le  7  janvier 
1832,  à  l'âge  de  cinquante-neuf  ans.  Ses  chants 
ont  été  recueillis  par  son  fils,  M.  Jules  Lovy, 
rédacteuren  chef  du  Journal  de  musique,  le  Mé- 
nestrel, aidé  par  MM.  David  et  Calien,  lauréats 
du  concours  de  composition  de  l'Institut  de 
France,  et  par  M.  Naurabourg  (vo!/e:,ce  nom), 
ministre  officiant  :  le  recueil  de  ces  chants  re- 
ligieux a  été  publié  à  Paris,  chez  Heugei,  avec  le 
portrait  d'Israël  Lovy. 

LOW  (Édotjard),  musicien  anglais,  né  à  Sa- 
lisbury,  dans  la  première  moitié  du  dix-septième 
siècle,  étudia  les  principes  de  son  arlsous  la  direc- 
tion de  J.  Holm,  organiste  de  la  cathédrale,  et 
fut  d'abord  simple  choriste  dans  cette  église.  Vers 
1650,  il  eut  l'emploi  d'organiste  de  l'église  du 
Christ,  à  Oxford,  et  il  succéda,  en  1661,  au  doc- 
teur Wilson  dans  les  fonctions  de  professeur  de 
musique  à  l'univer.sité.   11  mourut  à  Oxford,  le 


LOW  —  LUCAN 


359 


Il  juillet  1682.  On  a  de  ce  musicien  »m  livre 
intitulé  -Somc  short  directions  for  the  per- 
formance of  calhedral  service  (Quelques  rè- 
gles tourtes  pour  l'exécution  de  la  musique 
dV^lise).  Oxford,  1C61,  in  8"".  U  a  été  publié  une 
deuxième  édition  de  ce  petit  ouvrage,  avec  des 
additions  et  le  portrait  de  l'auteur;  à  Oxford, 
lC64,in-12. 

LOYSET  ,  c'est-à-dire  Petit  Louis,  prénom 
sous  lequel  on  désignait  quelquefois  le  musicien 
COMPÈRE  ,  (voyez  ce  nom  ).  Voyez  aussi  PIÉ- 
TON. 

LUBBERT  (ÉaiLE-TiMOTnÉE),  ancien  di- 
recteur de  l'Opéra  de  Paris,  est  né  à  Bordeaux, 
le  18  février  1794,  d'une  famille  oriynaire  de 
Hollande.  Destiné  à  jouir^d'une  fortune  consi- 
dérable, il  avait  reçu  une  éducation  brillante,  seid 
bien  qui  lui  resta  quand  le  système  continental 
de  Napoléon  eut  causé  la  ruine  des  entreprises 
commerciales  de  son  père.  Il  venait  d'achever 
à  Paris  ses  études  avec  distinction,  lorsque  son 
parent  Garât,  directeur  de  la  Banque  de  France, 
lui  (it  obtenir  une  place  d'inspecteur  de  la  loterie, 
au  ministère  des  finances.  Ce  fut  alors  qu'il  devint 
élève  de  l'auteur  de  cette  notice  et  fit  sous  sa  di- 
rection un  cours  d'harmonie  et  de  composition. 
Le  14  avril  1823,  il  a  fait  représenter  an  théâtre 
Feydeau  un  opéra-comique  en  un  acte,  intitulé  : 
Amour  et  Colère.  Cet  ouvrage  n'a  pas  réussi. 
Plus  tard,  il  a  écrit  un  autre  opéra,  en  deux  actes, 
sur  un  livret  de  M.  Scribe;  mais  diverses  cir- 
constances en  ont  empêché  la  représentation. 
Nommé  directeur  de  l'Opéra  en  1827,  il  a  mon- 
tré d'abord  quelque  iiJtelligence  dans  son  admi- 
nistration ;  mais  bientôt  il  s'est  abandonné  à  l'in- 
dolence de  son  caractère,  n'a  pas  su  profiter  des 
succès  qu'il  obtenait  avec  quelques  beaux  ou- 
vrages, et  a  mis  chaque  année  le  ministre  de  la 
maison  du  roi  dans  la  nécessité  de  combler  d'é- 
normes déficits.  Après  la  révolution  de  juillet 
1830,  la  malveillance  s'est  fait  contre  lui  une 
arme  de  ses  fautes,  et  l'administration  du  pre- 
mier théâtre  de  Paris  lui  a  été  retirée  pour  être 
mise  en  entreprise  particulière.  Ses  nombreux 
amis  auraient  pu  réparer  cet  échec  et  lui  faire 
obtenir  quelque  place  avantageuse,  mais  la  mal- 
heureuse fantaisie  qu'il  eut  de  prendre  en  1831 
l'entreprise  du  théâtre  de  l'Opéra-Comique  à  ses 
risques  et  périls  le  conduisit  bientôt  à  sa  ruine. 
Forcé  d'abandonner  Paris,  il  se  rendit  en  Egypte, 
oii  il  fut  chargé  de  l'organisation  des  fêtes  et  di- 
vertissements de  Mehemet-Ali.  Plus  tard  il  y  eut 
le  titre  de  xccsquil  (chargé  d'affaires),  U  est 
mort  au  Caire,  dans  le  mois  de  mars  1859. 

LUliER  (Antolne  ),  écrivain  didactique  alle- 
mand de  l'époque  actuelle ,  est  connu  par  un  ' 


traité  général  de  musique  et  d'harmonie,  inti- 
tulé :  Versuch  einer  grûndlichen  und  fassli- 
chen  Anleitiuig  ûber  die  Jtegcln  der  Tonsetz- 
/i?0!5<  (Essai  d'une  introduction  naturelle  et  fa- 
cile aux  règles  de  la  composition  )  ;  Coblence, 
J.  H(Plsclicr,  1830,  2  parties  in-i". 

LUBIK  (LÉON  de  SAINT-);  voyez  SAINT- 
LUBIN. 

LUBOMIRSKI  (Le  prince  Casimir),  des- 
cendant des  princes  Stanislas  Lubomirski  qui 
s'illustrèrent  dans  le  dix-septième  siècle,  et  dont 
un  fut  grand  maréchal  de  la  couronne,  en  Po- 
logne, est  né  vers  1815.  Amateur  passionné  de 
musique,  il  a  cultivé  cet  art  dès  son  enfance,  et 
s'est  livré  à  la  composition  avec  quelque  succès^ 
On  a  publié  de  lui,  tant  en  Allemagne  qu'à  Var- 
sovie, des  chants  à  voix  seule  avec  piano,  et  des 
danses  polonaises  pour  cet  instrument.  Dans  le 
nombre  de  ces  légères  productions  on  remarque  : 
1"  Deux  chants  allemands  et  une  romance  ita- 
lienne pour  soprano  et  piano,  op.  3;  Dresde, 
Meser.  —  2°  Trois  Mazourkes  pour  piano,  op.  9  ; 
ibid.  —  3°  Trois  idem,  op.  10;  ibid.  —  3°  Trois 
idem,  op.  11  ;  ibid.  —  i" Le  Dialogue  et  Le  Som- 
meil,deu\  poèmes  pour  voix  seule  et  piano;  Leip- 
sick  ,  Kistner.  —  5°  Galop  du  Postillon  et 
Mazourcs,  op.  50;  Pétersbourg  et  Hambourg; 
id.  —  6°  Polonaise  et  deux  Mazoures,  op.  51  ; 
Dresde,  Meser.  —  7°  Plusieurs  romances  avec 
piano;  Varsovie. 

LUCACIH  (Je.vn),  compositeur,  né  à  Scbe- 
nico  (Dalmatie),  dans  les  dernières  années  du 
seizième  siècle,  fut  maître  de  chapelle  de  la  ca- 
thédrale de  cette  ville.  On  a  de  lui  un  ouvrage 
intitulé  :  Sacrœ  cantiones  singulis,  binis,  ter- 
nis, quaternis,  quinisque  vocibus  concinnats, 
a  J acoho  Finetto  Anconitano,  inecclesia  ma- 
giixdomus  Venetiarum  musices  magistro ,  in 
lucemeditx.  Sub  signa  Gardant  ;  Venetiis , 
1620,  in-4''.  Dans  la  préface,  le  P.  Finetti  (noyez 
ce  nom)  dit  qu'ayant  fait  un  voyage  en  Dalmatie, 
il  fut  frappé  du  mérite  des  motets  de  Lucacih,  et 
qu'il  les  recueillit  pour  les  faire  connaître  à  tous 
ceux  qui  se  délectent  de  bonne  musique.  Un 
exemplaire  complet  de  cet  ouvrage  rare  se  trouve 
à  la  bibliothèque  royale  de  Berlin. 

LUCAN  (Matthieu),  musicien  de  l'église  ca- 
thédrale de  Dijon,  est  auteur  d'un  livre  qui  a 
pour  titre  :  Méthode  de  plain-chant  parisien, 
divisée  en  deux  parties  ;  Dijon,  Douillier,  1826, 
in-12  ,  avec  3  planches.  Une  deuxième  édition 
de  cet  ouvrage,  considérablement  augmentée,  a 
paru  à  Lyon  et  à  Paris,  chez  Rusand,  1828, 
in-12. 

LUCAN  (Henri),  compositeur  et  professeur 
de  musique  à  Hanau,  en  1842  ,  fut  auparavant 


360 


LUCAN  —  LUCCHESI 


attaché  à  la  famille  du  prince  Nicolas  Dolgoroucky, 
en  qualité  de  professeur  de  piano.  Il  a  publié 
quelques  œuvres  pour  cet  instrument,  La  Chan- 
son de  soldat,  ballade  pour  vo'.x  seule  avec 
piano,  op.  5  ,  Ofienbach,  André,  et  trois  Licdcr 
pour  voix  de  soprano,  avec  piano,  op.  6,  ibid. 

LUCARIO  (Jean-Jacques),  prêtre  et  maître 
de  chapelle  de  l'église  Sania-Croce,  à  Venise, 
vivait  vers  le  milieu  du  seizième  siècle.  On  a  im- 
primé de  sa  composition  un  recoeil  de  motets  à 
quatre  voi\,  sous  ce  titre  :  D.  J.Jacobi  Lucarii 
conceniuum  qui  vulgo  Motetia  nuncupantur 
liber  primus  quatuor  vocumj  Venetlis,  apud 
Ant.  Gardane,  1547,  in-4°  obi. 

LUCAS  (Ignace),  né  à  Krinizen,  en  Silésie, 
le  29  avril  17C2,  alla  faire  ses  études  au  gymnase 
Léopokiin  à  Bresiau ,  en  1773,  et  y  apprit  le 
chant.  Dix  ans  après  il  quitta  le  gymnase,  et 
entra  à  l'église  Saint-Vincent  en  qualité  de  chan- 
teur. Sa  voix  de  basse  était  d'un  beau  timbre. 
1!  jouait  bien  de  plusieurs  instruments,  mais 
particulièrement  du  violon,  sur  lequel  Ditters- 
dorf  assure  qu'il  possédait  un  talent  remarqua- 
ble. Cet  artiste  s'est  distingué  par  la  composition 
de  danses  qui  ont  eu  de  la  vogue  en  Silésie.' 

LUCAS  (Louis),  né  à  Reims,  vers  1818,  est 
membre  de  l'Académie  et  de  la  société  des  Bi- 
bliophiles de  cette  ville.  Après  avoir  publié  quel- 
ques opuscules  qui  furent  peu  remarqués , 
M.  Lucas  vint  à  Paris,  et  y  fut  rédacteur  en  cliel 
du  journal  qui  avait  pour  titre  Le  Dix  Décembre. 
Plus  tard,  il  obtint  un  consulat  en  Amérique,  si 
nous  sommes  bien  informé.  Nous  ignorons  les 
motifs  qui  lui  ont  fait  abandonner  la  carrière  di- 
plomatique et  l'ont  ramené  à  Paris,  oii  on  le  re- 
trouve en  1854.  En  1849,  M.Louis  Lucas  publia 
«m  livre  qui  avait  alors  pour  titre  :  Une  révo- 
lution dans  la  musique.  Essai  d'application 
à  la  musique  d'une  théorie  philosophique ^ 
Paris,  Paulin  et  Lechevalier,  1  volume  in- 18°, 
de  326  pages,  avec  une  préface  de  xxx  pages 
par  M.  Théodore  de  Banville ,  ami  de  l'auteur. 
Bousquet  (voy.  ce  nom)  rendit  compte  du  livre 
de  M.  Lucas  dans  le  numéro  de  V  Illustrât  ion 
du  9  février  1850;  mais  l'indifférence  du  public 
pour  l'ouvrage  persista  en  dépit  de  cette  annonce, 
car  on  n'en  vendit  pas  trois  exemplaires.  Revenu 
à  Paris,  M.  Lucas  a  essayé  de  ranimer  en  sa  fa- 
veur l'attention  des  artistes  et  des  amateurs,  au 
moyen  d'un  nouveau  titre  et  d'une  couverture  qui 
donnent  aux  exemplaires  du  seul  tirage  qui  ait  été 
fait  l'aspect  d'une  seconde  édition.  Cette  édition 
supposée  est  intitulée  :  V Acoustique  nouvelle, 
ou  essai  d'application  d'une  méthode  philoso- 
phique aux  questions  élevées  de  l'acoustique, 
de  la  musique  et  de  la  composition  viusicale  ; 


Paris,  l'auteur,  1854,  1  vol.  in-18.  Comme  beau- 
coup d'autres  qui  ont  cru  avoir  découvert  le  prin- 
cipe de  la  science  delà  musique,  M.  Lucas  com- 
mence par  faire  le  procès  aux  théories  qui  ont 
précédé  la  sienne.  Voici  son  début  : 

«  Après  une  étude  patiente  et  laborieuse  des 
«  phénomènes  qui  ont  lieu  en  musique,  je  me 
«  suis  assuré  que  l'absence  de  principes  vraiment 
«  rationnels  et  l'introduction  de  trois  grandes  er- 
«  reurs,  avaient  particulièrement  entravé  les 
•t  progrès  de  la  science  pure.  »  Le  principe  in- 
voqué par  M.  Lucas  est  l'attraction  (des  sons), 
qui  donne  naissance  aux  lois  spéciales  de  suc- 
cession, consonnance,  et  comparaison,  qui  chez 
lui  signifie  la  tonalité.  Les  grandes  erreurs  con- 
sistent :  1°  dans  les  fonctions  attribuées  aux 
dissonances;  2°  dans  les  formules  de  résolu- 
tion de  ces  dissonances;  3"  dans  la  croyance 
à  une  tonalité  absolue.  Avant  d'aller  plus  loin^ 
constatons  que  M.  Lucas  emprunte  la  loi  d'at- 
traction et  ses  conséquences  à  la  doctrine  expo- 
sée dans  tous  les  ouvrages  de  l'auteur  de  cette 
biographie.  Constatons  encore  que  le  rôle  actuel 
et  futur  de  l'enharmonie,  appelée  par  M.  Lucas 
Yenharmonisme ,  est  encore  un  emprunt  fait 
par  lui  à  la  même  source  ;  mais  qu'il  n'a  com- 
pris ni  la  nature  ni  la  signification  de  ces  choses 
dans  leurs  résultats.  Comme  tous  les  savants  qui 
ont  l'iiabitude  des  sciences  de  faits,  et  qui  essayent 
de  porter  leurs  méthodes  dans  la  musique,  il  ou- 
blie que  la  science  d'un  art  qui  n'a  de  base  que 
dans  le  sentiment  ne  peut  être  traitée  de  la  même 
manière  que  les  sciences  physiques  et  mathéma- 
tiques ,  et,  comme  tous  ses  devanciers,  il  s'égare 
dans  ses  déductions  de  principes,  dont  la  signifi- 
cation n'est  pas  celle  qu'il  leur  attribue.  Il  n'y  a 
de  vrai  dans  son  livre  que  ce  qu'il  emprunte  i. 
quant  aux  applications  qu'il  en  fait,  elles  ne  sont 
qu'un  tissu  d'erreurs,  ou  bien  elles  ne  sont  que 
la  reproduction  de  ce  qu'on  a  écrit  avant  lui.  A 
la  fin  de  son  ouvrage  il  a  reproduit  la  vieille  tra- 
duction française  du  livre  de  la  musique  d'Eu- 
clide,  par  Forcadel  (  V.  ce  nom),  et  le  dialogue 
de  Plutaïque  sur  la  musique  traduit  par  Burette 
(F.  ces  noms).  L'ouvrage  de  M.  Lucas  a  rebuté 
les  lecteurs  par  son  style  pédantesque ,  et  n'a 
eu  aucun  succès. 

LUCATELLO   (Jean-Baptiste).     Voyez 

LOCATELLO. 

LUCCHESI  (André),  compositeur,  naquit 
le  27  mai  1741,  àMotta,  dans  le  Frioul  Vénitien. 
Ses  maîtres  de  contrepoint  furent  le  P.  Paolucci, 
savant  musicien  dont  on  a  un  bon  traité  de  compo- 
sition pratique  (  F.  Paoi.ucci)  et  Saratelli,  maître 
de  chapelle  à  Venise.  Cocclii,  maître  napohtain, 
lui  donna  ensuite  des  leçons  pourle  style  théâtral. 


LUCCHESI 


LUCE 


301 


En  1771,  il  se  rendit  à  Bonn  avec  une  troupe 
italienne  de  chanteurs  d'opéras  ;  il  y  entra  au 
service  de  l'électeur,  en  qualité  de  maître  de  cha- 
pelle, avec  un  traitement  de  mille  florins.  Excel- 
lent organiste,  il  se  taisait  remarquer  par  un 
talent  de  nature  absolument  différente  de  la  ma- 
nière allemande.  Comme  compositeur,  il  cultivait 
en  homme  habile  les  genres  dramatique ,  reli- 
gieux et  la  musique  instrumentale.  Il  paraît  avoir 
vécu  à  Bonn  jusqu'au  commencement  du  dix- 
neuvième  siècle.  Ses  ouvrages  pour  le  théâtre 
sont  :  r  L'Isola  délia  Fortuna;  Venise,  1765. 

—  1°  Il  Marito  geloso;  Ma.,  1766.  —  3°  Le 
Donne  sempre  donne  ;  ibid.  —  4"  H  Matrimo- 
nioperasiuzzia;  ibid.,  1771.  —  5"/?  Giocatore 
amoroso ,  intermède  à  deux  personnages.  — 
6"  Cantate  pour  une  fête  que  la  république  de 
Venise  donna  en  1767  au  duc  régnant  de  Wur- 
temberg. —  7"  //  ^'atal  di  Giove.  —  8°  L'In- 
ganno  scoperto.  Ces  deux  dernières  pièces  à 
Bonn.  —  9"  Ademira,  à  Venise,  en  1775.  — 
10°  Quelques  autres  intermèdes  et  cantates  à 
Bonn.  Lucchesi  a  composé  pour  l'église  :  11°  Vê- 
pres à  deux  chœurs.  —  12°  Un  oratorio  latin. 

—  13°  Te  Deum.  Ces  trois  compositions  ont  été 
écrites  pour  le  conservatoire  des  Incurables ,  à 
Venise.  —  14°  Messe  de  Requiem  pour  les  ob- 
sèques du  duc  de  Monte  Allegro,  ambassadeur 
d'Espagne  à  Venise.  —  15°  Messe  pour  la  collé- 
giale de  Saint-Laurent ,  dans  la  même  ville.  — 
16°  Messe  et  vêpres  pour  la  fête  de  la  Conception 
de  la  Vierge,  à  Vérone.  —  l7o  Plusieurs  messes 
et  motets  pour  la  chapelle  de  Bonn.  On  a  gravé 
de  sa  composition  :  —  18°  Trois  symphonies  pour 
l'orchestre.  —  19°  Six  sonates  pour  clavecin  et 
violon.  —  20O  Trio  pour  clavecin,  violon  et  vio- 
loncelle. —  21°  Deux  concertos  séparés  pour  cla- 
vecin. Il  a  laissé  en  manuscrit  plusieurs  autres 
concertos  et  quatre  quatuors  pour  le  même  ins- 
trument. 

LUCCHESI  (Jules-Marie),  violoniste  et 
compositeur,  né  à  Pise,  vers  le  milieu  du  dix- 
huitième  siècle,  eut  pour  premier  maître  de  violon 
Moriano,  puis  reçut  quelques  leçons  de  Nardini. 
11  se  livra  ensuite  à  l'étude  du  contrepoint  sous 
la  direction  de  Cecchi.  Après  avoir  vécu  quel- 
que temps  à  Vienne,  il  entra  au  service  de  l'ar- 
chevêque de  Salzbourg.  En  1799  il  est  retourné 
en  Italie,  où  il  paraît  avoir  cessé  de  vivre  peu  de 
temps  apiès.  On  a  gravé  de  sa  composition  : 
1°  Trois  duos  pour  deux  violons,  op.  1  ;  Vienne^ 
1794.  Us  ont  été  réimprimés  à  Bâle  en  1795.  — 
2°  Trois  duos  idem,  op.  2;  Augsbourg,  1796.  — 
3"  Six  sonates  pour  piano  et  violon,  op.  3;  ibid., 
1796.  On  connaît  aussi  en  Italie,  de  la  composi- 
tion de  cet  artiste,  quelques  symphonies  à  grand 


orchestre,  et  plusieurs  morceaux  de  musique  vo- 
cale. 

LUCCIIESINI  (Jacques,  comte  DE),  d'une 
famille  noble  de  Lucques,  entra  jeune  au  service 
de  l'Autriche,  sous  le  règne  de  l'empereur  Char- 
les VI,  et  fut  chef  d'escadron  au  régiment  de 
cuirassiers  de  Schri.  Il  fut  tué  en  1739,  à  la  ba- 
taille de  Krotska.  Lorsque  Mizler  forma  sa  so- 
ciété de  musique,  le  comte  de  Lucchesini  en  fut 
le  premier  membre.  On  connaît  de  lui  quelques 
concertos  et  des  cantates  en  manuscrit. 

LUCCIIINI  (Matteo),  compositeur  véni- 
tien, né  dans  la  seconde  moitié  du  dix-septième 
siècle,  a  écrit  en  collaboration  avec  Jérôme  Bas- 
sani la  musique  d'un  opéra  intitulé  Amor  per 
forza,  qui  fut  représenté  au  théâtre  S.  Mosè,  de 
Venise,  en  1721. 

LUCE  (Georges),  facteur  d'orgues,  né  à 
Jersey,  en  1799,  exerça  d'abord  la  profession 
de  menuisier,  et  s'établit  à  Lisieux.  Il  était  âgé 
de  vingt-huit  ans  lorsqu'il  commença  à  s'occuper 
de  la  facture  des  orgues.  Ses  principaux  ouvrages 
sont  :  1°  L'orgue  de  Saint-Denis  à  Lisieux  (8  pieds 
avec  pédale  de  16),  construit  en  1838.  —  2°  La 
réparation  de  l'orgue  de  Saint  Germain  d'Argen- 
ton,  dont  la  montre  de  16  pieds  et  la  bombarde 
de  pédale  ont  été  refaites  à  neuf  par  lui  en  1839. 
—  3°  La  restauration  de  l'orgue  de  Notre-Dame 
de  Saint-Lô,  grand  8  pieds  en  montre,  avec  pé- 
dale de  16,  en  1840.  —  4°  L'orgue  de  Cormeille, 
8  pieds  avec  trompette  et  récit,  soufflerie  à  dou- 
ble pompe,  réglée  par  des  parallélogrammes,  en 
1841.  —  5°  L'orgue  de  8  pieds  du  couvent  de  la 
Providence,  à  Lisieux,  en  1841.  —  6°  La  recons- 
truction à  neuf  de  l'orgue  de  l'église  de  Saint- 
Pierre  à  Dreux,  en  1843.  L'instrument,  originai- 
rement construit  par  Clicquot ,  est  remarquable 
par  la  bonté  des  jeux  :  M.  Luce  a  refait  les  som- 
miers, le  mécanisme  et  les  claviers.  —  7°  La 
restauration  de  l'orgue  de  l'église  de  Saint-Mar- 
tin, à  l'Aigle,  en  1844.  Il  en  a  fait  à  neuf  le  som- 
mier du  grand  orgue,  le  mécanisme,  et  la  souffle- 
rie à  double  pompe.  —  8°  L'orgue  des  Lyre 
(dépt  de  l'Eure),  grand  8  pieds  à  2  claviers,  sans 
pédales;  en  1845.-9°  Un  orgue  semblable  à 
Labarre  (Eure),  en  1845.  —  10°  Le  grand  orgue 
de  Saint-Jacques,  à  Lisieux,  terminé  le  9  juillet 
1846,  à  3  claviers,  39  jeux,  soufflet  à  lanterne 
et  deux  pompes.  Cet  instrument  a  coûté  25,000 
francs.  —  lio  La  restauration  de  l'orgue  de  No- 
tre-Dame d'Alençon,  dont  M'.  Luce  a  refait  tous 
les  sommiers,  la  soufflerie,  le  mécanisme,  le  récit 
enfermé  dans  une  boîte  à  jalousie,  et  la  montre 
de  16,  avec  des  bombardes  à  la  pédale.  M.  Ha- 
mel  dit  (Nouveau  Manuel  complet  de  l'orgue, 
t.  III,  p.  458)  que  les  ouvrages  de   ee  facteur 


362 


LUGE  —  LUCIO 


sont  bien  disposés,  exécutés  avec  beaucoup  de 
soin,  et  que  les  matériaux  en  sont  d'une  qualité 
et  d'un  ciioix  renarquables. 

LUCE-VARLET  (C),  violoniste  et  com- 
positeur amateur,  né  à  Douai,  le  13  décembre 
1781,  commença  dans  cette  ville  ses  éludes 
musicales.  En  ISOl,  il  fut  admis  au  Conserva- 
toire de  Paris,  et  y  fut  élève  de  Baillot  pour  le 
violon,  de  Catel  pour  l'harmonie,  et  de  Gossec 
pour  le  contrepoint.  De  retour  à  Douai  en  1805, 
il  s'y  maria  et  s'y  fixa.  Devenu  dès  lors  le  centre 
d'activité  de  la  culture  de  la  m>.isique  dans  cette 
ville,  il  y  établit  des  concerts  d'orchestre  dont  il 
fut  le  chef,  et  des  séances  de  quatuors,  où  il 
jouait  le  premier  violon  avec  talent.  Il  se  livra 
aussi  à  la  composition,  et  produisit  beaucoup 
d'ouvrages  de  tout  genre,  parmi  lesquels  on 
compte  quatre  œuvres  de  quatuors  pour  instru- 
ments à  cordes,  un  quintette  pour  les  mêmes 
instruments,  3  trios  pour  deux  violons  et  basse , 
Paris,  Schonenberger  ;  une  ouverture  à  grand 
orchestre  en  tit  ;  deux  concertos  pour  le  violon 
avec  orchestre;  plusieurs  airs  variés  pour  le 
môme  instrument  ;  deux  trios  pour  piano ,  vio- 
lon et  violoncelle  ;  des  entr'actes  pour  des  dra- 
mes représentés  au  théâtre  de  Douai;  beaucoup 
de  cantates,  hymnes  et  chœurs,  dont  un  Hymne 
à  l'humanité,  pour  ténor  et  chœur  avec  or- 
chestre on  piano,  gravé  à  Paris,  chez  Henri  Le- 
moine,  des  stances  avec  chœur  et  grand  or- 
chestre, à  l'occasion  de  la  naissance  du  duc  de 
Bordeaux,  gravées  à  Paris,  chez  Frey ,  et  les 
opéras  intitulés  :  1°  Caroline  de  Tytzdenz,  en 
un  acte,  représenté  à  Douai,  en  1820;  —  2°  La 
Prévention,  en  un  acte,  représenté  à  Douai, 
Valenciennes  et  Cambrai,  en  1822  et  1825;  — 
3°  La  Mort  de  Paul  1er,  en  trois  actes,  en  col- 
laboration avec  Victor  Lefèvre  {voy.  ce  nom)  et 
Bovery  ;  cet  ouvrage  fut  représenté  à  Douai,  en 
1834;  —  k°  Les  Ruines  de  Mont-C assin,  opéra 
sérieux  en  trois  actes,  représenté  à  Douai,  en  1836  ; 
—  5"  L'Élève  de  Presbourg,  en  un  acte,  re- 
présenté avec  succès  au  théâtre  de  l'Opéra-Co- 
mique,  à  Paris,  le  24  avril  1840,  et  dont  la  par- 
tition a  été  gra\ée  chez  Henri  Lemoine.  Luce- 
Varlet  a  été  fait  chevalier  de  la  Légion  d'hon- 
neur, en  1845.  11  est  mort  à  Douai,  en  1856. 

LUCELBUllG  (André),  auteur  sur  qui  l'on 
ne  sait  rien,  mais  à  qui  Draudius  (Dibl.  class., 
p.  1641)  et  Lipenius  {Bibl.  philos.,  p.  976) 
attribuent  un  petit  traité  de  musique  intitulé 
Musicx  practicx  libri  duo;  Cobourg  et  Jena, 
1604,  in-S". 

LUCIEN,  écrivain  grec,  naquit  à  Samosate 
en  Syrie,  et  vécut  entre  les  années  120  à  200  de 
l'ère  chrétienne.  Après  avoir  fait  ses  études  lit- 


téraires dans  les  écoles  publiques,  il  embrassa 
la  profession  d'avocat,  et  plaida  près  des  tribu- 
naux d'Anlioche,  puis  parcourut  l'Asie,  la  Grèce 
et  la  Gaule,  prononçant  des  discours  sur  les 
questions  qui  lui  étaient  proposées,  et  recueil- 
lant un  produit  considérable  de  son  talent  d'o- 
rateur. Fixé  plus  tard  à  Athènes,  il  s'y  livra  à 
des  travaux  plus  sérieux  et  y  composa  ses  ou- 
vrages les  plus  importants.  Un  emploi  lucratif 
qu'il  obtint  de  l'empereur  Commode  le  fixa  en 
Egypte,  où  il  vécut  jusqu'à  un  âge  avancé.  L'é- 
dition complète  des  œuvres  de  Lucien  donnée 
parHemsterhuys  et  Reilz  (Amsterdam,  1743-46, 
4  vol.  in-4'*)  a  longtemps  passé  pour  la  meil- 
leure ;  elle  a  été  réimprimée  avec  quelques  va- 
riantes à  Deux-Ponts  (1789-93,  10  vol.  in-8°); 
mais  celle  qui  a  été  publiée  à  Leipsick,  1821-31, 
11  vol.  in-8'',  est  préférable.  Un  des  ouvrages  de 
Lucien,  intitulé  :  Les  Harmonides,  traite  spé- 
cialement de  la  musique.  Il  y  a  aussi  plusieurs 
fragments  sur  cetart  dans  ses  Dialogues  des  dieux 
et  dans  sa  Dissertation  sur  la  danse. 

LUCIIXI  (François)  ou  LUCLNO,  né  à  IVli- 
lan,  dans  la  seconde  moitié  du  seizième  siècle, 
fut  un  des  plus  anciens  ciianteurs  célèbres  de 
l'Italie.  Attacbé  à  l'église  cathédrale  de  Milan, 
depuis  l'an  1600  jusque  vers  1630,  il  en  fut  la 
meilleure  basse  chantante.  On  a  sous  son  nom  : 
Concerti  di  diversi autori  adue,  tre  equattro 
voci  in  questa  terza  impressione  corretti  et 
aggixmtovi  altri concerti  a  due  equattro  voci, 
con  una  Missa  a  quattro  e  due  Magnificat  ,•  Mi- 
lano,  raccolli  daFilippo  Lomazzo,  1616,  in-4''.  — 
Concerti  di  diversi  autori  a  due,  tre  e  quat- 
tro voci,  seconda  aggiunta  con  Litanie  délia 
Beata  Virgine,  e  i2Canzoni;  ibid.,  1617,  in-4°. 
Une  partie  des  compositions  contenues  dans  ce 
recueil  est  de  Lucini.  La  première  édition  de 
cette  collection,  con  partitura,  a  été  publiée  à 
Milan,  en  1608. 

LUCIO  (François)  ou  LUZZO,  compositeur 
vénitien,  vécut  vers  le  milieu  du  dix-septième 
siècle.  Il  a  écrit  la  musique  des  opéras  dont  voici 
les  titres  :  1°  Amori  di  Alessandro  Magno  r. 
di  Rossane ,  représenté  en  1652,  au  théâtre 
des  SS.  Apostoli,  de  Venise.  Le  succès  de  cet 
ouvrage  fut  grand,  car  il  fut  joué  aussi  à  Gênes, 
en  1652,  à  Naples,  en  1654,  à  Modène,  dans  la 
même  année,  et  il  fut  repris  à  Venise,  au 
théâtre  San-Mosè,  en  1667.  —  2"  Il  Pericle 
effeminato,  au  théâtre  des  SS.  Apostoli  de  Ve- 
nise, en  1653.  —  3°  Euridamante,  au  théâtre 
San-Mosè,  en  1654.  —  4"  Medoro,  au  théâtre 
de  SS.  Jean  et  Paul,  à  Venise,  en  1658.  On 
connaît  aussi  de  ce  musicien  des  Motetii  con- 
ccrtali  a  due  e  tre  voci  co'l  basso  per  orgmio, 


LUCIO  —  LUDWIG 


363 


libro  primo  ;  in  Venezia,  appresso  Alessandro 
Vincenli,  1649,  in-4°. 

LUCOT  (Alexandre),  littérateur  français  de 
l'époque  actuelle,  a  publié  :  Art  lyrique,  poCme 
avec  notes  et  variantes,  suivi  d'une  table  des 
compositeurs  anciens  et  modernes  ;  Paris,  Fan- 
lin,  1821,  in-18.  C'est  cet  auteur  qui  est  cité 
sous  le  nom  de  Lucet  (Alexis),  dans  la  Ga- 
zette musicale  deLeipsick  (t.  32,  p.  698). 

LUDECIUS  (Matthieu),  diantre  de  fan- 
cienne  église  catholique  de  Wittenberg,  vers  la 
fin  du  seizième  siècle,  a  donné  des  soins  à  la 
dernière  édition  des  livres  du  chant  romain  pu- 
bliée dans  l'Allemagne  protestante.  Ces  livres, 
qui  sont  devenus  fort  rares  ,  sont  intitulés  : 
1°  Missale,  id  est  cantica  et  preces  atque  lec- 
tiones  sacrx  qux  ad  missx  officium,  ex 
primo  xvo  ecclesix  pio  insiituto ,  in  tcmplis 
christianorum  cantari  soient,  in  dua s  partes 
distributx  :  prior  est  de  tempore ,  posterior 
de  Sanctis.  Vitebergae,  1589,  in-fol.  max.  — 
2°  Vespérale  et  Matutinale,  hoc  est  cantica, 
hymni  et  collectœ,  sive  precationcs  ecclesias- 
ticx  qux  in  primis  et  secundis  Vesperis, 
itemque  Matutlnis  precibus,  per  tofius  anni 
circulum,  in  ecclesïis  et  religiosis  piorum 
congressibus ,  cantari  usltatx  soient ,  notis 
rite  adplicatx,  et  in  duas  partes  ordine  di- 
gesta.  ;  ihid.,  1589,  în-fol.  max. 
•  LUDEKE  (Christophe-Guillaume),  doc- 
leur  en  liiéologie,  premier  pasteur  et  assesseur 
du  consistoire  dans  la  paroisse  allemande  de 
Stockholm  ,  naquit  à  Scliœnberg,  dans  la  Vieille 
Marche,  le  3  mars  1737.  En  1768  il  était  pas- 
teur de  l'église  Sainte-Catherine  à  Magdebourg  ; 
il  quitta  ce  poste  en  1775,  pour  aller  prendre 
possession  de  ses  emplois  à  Stockholm.  Il  est 
mort  dans  cette  ville,  le  21  juin  1805.  Au  nom- 
bre de  s-es  écrits,  on  en  trouve  un  qui  a  pour 
titre  :  Rcdc  undPredigtbel  Einweiliung  einer 
neuen  Orgel  in  Gegenivari  des  Kœnigs  von 
Schweden  (Discours  et  sermon  à  l'occasion  d'un 
nouvel  orgue,  prononcés  en  présence  du  roi  de 
Suède);  Stockholm  et  Leipsick,  1731 ,  in-8'\ 
Dans  son  livre  intitulé  :  Allgemein  Schwedisches 
Gelehrtsamkeitsarchiv,  unter  Gustav  III {kv- 
cliives  universelles  de  l'érudition  suédoise,  sous 
le  règne  de  Gustave  III),  Leipsick,  Brockhaus, 
17S1-96,  7  parties  in-S",  il  traite  de  la  littéra- 
ture de  la  musique. 

LUDEN  (Henri),  professeur  d'histoire  à 
Jéna,  né  le  10  avril  1780,  à  Lockstadt,  près  de 
Brème,  est  auteur  d'un  livre  intitulé  :  GrundzUge 
œslhet/scher  Yorlesungen  (  Introduction  aux 
principes  fondamentaux  de  l'Esthétique),  Gœt- 
tingue,  1808.  Il  y  traite  du  beau  dans  la  musique. 


LUDEMUS  (Laurent),  docteur  et  profes- 
seur de  droit,  d'éloquence  et  de  poésie,  biblio- 
thécaire à  Dorpat,  en  Livonie,  naquit  à  Ecklen- 
furt,  dans  le  Holslein,  vers  la  (in  du  seizième 
siècle,  et  mourut  à  Dorpat,  le  21  avril  1654,  à 
l'âge  de  soixante-deux  ans.  Avant  de  se  fixer 
dans  cette  ville,  il  avait  enseigné  pendant  dix- 
sept  ans ,  à  Greifswalde,  la  poésie,  l'histoire, 
puis  les  mathématiques  et  la  philosophie.  On  lui 
attribue  un  écrit  intitulé  :   Oratio  de  viusica. 

LUDERS  (Jean-Henri),  célèbre  organiste  à 
Flensbourg,  naquit  le  24  février  1677,  àRelling, 
bourg  du  comté  de  Pinneberg.  Depuis  trois  gé- 
nérations, sa  famille  avait  fourni  de  bons  orga- 
nistes au  pays.  A  douze  ans,  il  entra  à  l'école 
latine  de  Glùcksiadt,  où  l'habile  organiste  Fran- 
çois-Henri Millier  lui  enseigna  pendant  cinq 
ans  le  chant  et  le  clavecin.  Plus  fard,  il  prit  à 
Ilzehoe  des  leçons  de  composition  chez  Jean 
Conrad  Resenbosch  ;  il  continua  cette  étuiîe  jus- 
qu'à l'âge  de  vingt  ans  ;  puis  il  voyagea  pour 
entendre  les  meilleurs  artistes  et  former  son 
goût.  C'est  ainsi  qu'il  demeura  quatre  ans  à 
Hambourg  pour  étudier  la  manière  de  Lûbeck, 
organiste  de  Saint-Nicolas.  En  1706  il  fut  ap- 
pelé à  Flensbourg  en  qualité  d'organiste,  et  il 
occupait  encore  cette  place  en  1740.  Après  ces 
renseignements  fournis  par  Mattheson,  dans  son 
Grundlage  einer  Ehrenpforle,  etc.,  on  ne  trouve 
plus  rien  sur  cet  artiste.  Cet  écrivain  nous  four- 
nit l'indication  des  ouvrages  suivants  de  Liiders, 
qui  sont  restés  en  manuscrit  :  1°  Une  année  en- 
tière de  musique  d'église  pour  les  dimanches  et 
fêles,  à  trois  voix,  2  violons,  viole  et  orgue.  — 
2°  Oratorio  de  la  Passion,  à  cinq  voix  et  neuf 
instruments.  —  3°  Douze  suites  de  pièces  pour 
le  clavecin. 

LUDOVICI  (Thomas),  musicien  italien,  vi- 
vait à  Rome  vers  la  fin  du  seizième  siècle.  Il  a 
fait  imprimer  de  sa  composition  :  Hymni  to- 
tius  anni  4  vocum  ;  una  cuni  IVpsalmis  prx- 
cipuis  festivitatibus  8  vocum;  Rome,  1591, 
in-fol.  max. 

LUDOVICI  (Jacques-Frédéric),  vice-chan- 
celier et  premier  professeur  de  droit  à  l'univer-' 
site  de  Giesseu,  naquit  à  Vacholshagen,  dans  la 
Poméranie,  et  mourut  le  14  décembre  1723,  à: 
l'âge  de  cinquante-deux  ans.  Au  nombre  de  ses 
écrits,  on  trouve  une  dissertation  concernant  les 
cloches,  intitulée  :  De  co  quodjustum  est  cn-ca 
campanas.  Il  en  a  été  fait  une  édition  en  1739, 
et  une  autre  en  1780. 

LUDWIG  (M.  Godefroid),  né  à  Bayreuth, 
le  26  octobre  1670,  fut  recteur  du  gymnase  de 
Schleusingen,  dans  le  comté  de  Henneberg,  et  y 
mourut,  le  21  avril  1724.  Il  est  auteur  d'un  livre 


364 


LUDWIG  —  LUESTNER 


qui  a  pour  litre  :  Schediasma  sacrum  de  hym- 
nis  et  hijmnopms  Hennebergicis  ;  Henneberg, 
1703,  in-8°. 

LUDWIG  (Ciirétien-Gottlob),  docteur  en 
médecine  à  Leipsicii,  connu  par  un  grand  nom- 
bre d'ouvrages  relatifs  à  cette  science,  mourut  le 
7  mai  1773.  Il  a  publié,  dans  la  Collection  de 
pièces  pour  servir  à  l'histoire  critique  de  la 
langue  allemande  (n°  8,  pag.  648-C61),  un  pelit 
écrit  intitulé  :  Versuch  eines  Beweises,  dass 
ein  Slngspiel  oder  eine  Oper  nicht  gnt  sein 
kœniie  (  Essai  d'une  démonstration  qu'un  vau- 
deville ou  un  opéra  ne  peut  être  bon).  Ce 
morceau  a  été  publié  aussi  dans  la  bibliothèque 
musicale  de  Mizier  (t.  II  ,  p.  1-27),  avec  des 
notes  de  ce  critique. 

LUDWIG  (Jean- Adam -Jacques),  né  le 
1er  octobre  1730,  à  Sparneck,  dans  le  margra- 
viat de  Bayreutli,  fut  membre  de  la  Société  des 
Abeilles  de  la  haute  Lxisace,  et  de  la  Société  éco- 
nomique du  Palatinat.  Il  remplit  à  Ilof  les  fonc- 
tions de  secrétaire  de  la  poste,  et  mourut  dans 
cette  .ville,  en  1782.  On  lui  doit  divers  écrits  re- 
latifs à  la  facture  des  orgues;  ils  ont  pour  titres  : 
1°  Versuch  von  den  eigensdiafteii eines rechts- 
chaffenen  Orgelbauers  (  Essai  sur  les  qualités 
nécessaires  à  un  bon  constructeur  d'orgues); 
Hoff,  J.-A.  Hetschel,  1759,  in-4°  de  15  pages. 
—  3"  Schreiben  an  llerrn  J.  S.  Hoffmann, 
Oberorganislen  in  Breslau  (  lettre  à  M.  J.  S. 
Hoffmann,  premier  organiste  à  Breslau);  ibid., 
1759,  in-4°.  —  3"  Verlheidigung  des  H.  Sorge 
wider  II.  Marpiirg  (Défense  de  M.  Sorge  con- 
tre M.  Marpurg)  ;  ibid.,  1760,  in-4'' 4°  Ge- 

danken  ilbcr  die  grossen  Orgehi,  die  aber 
desivegen  keine  Wunderwerke  sind  (Idées  sur 
les  grandes  orgues,  qui  néanmoins  ne  sont  pas  des 
merveilles) ;  Leipsicii,  Breitkopf,  1762,  in-4°  de 
15  pages.  —  50  Von  den  unverschxmten  En- 
tehrcrn  der  Orgeln  (Des  impertinents  détrac- 
teurs desorgues)  ;  Erlang,  1764,  in-4o  de22  pages. 

LUEBECK  (Vincent),  organiste  distingué, 
naquit  à  Podingsbiittel,  près  de  Brème,  en  1654. 
Il  était  encore  enfant  quand  son  père  fut  appelé 
à  Flensbourg  en  qualité  d'organiste.  Ce  fut  sous 
sa  direction  que  Vincent  Luebeck  lit  ses  études 
musicales.  En  1674,  il  obtint  la  place  d'organiste 
à  l'église  SS.-Cosme  et  Damien  de  Stade.  Après 
un  séjour  de  vingt-huit  ans  dans  celte  petite 
ville,  il  fut  appelé  à  Hambourg  pour  y  remplir 
les  fonctions  d'organiste  de  l'église  Saint-Nicolas. 
Le  reste  de  sa  vie  s'écoula  paisiblement  dans 
cette  situation  modeste,  où  il  faisait  admirer  sa 
grande  habileté.  Il  mourut  le  9  février  1740, 
dans  la  quatre-vingt-sixième  année  de  son  âge. 
La   bibliothèque  royale  de  Berlin  possède  en 


manuscrit,  de  cet  artiste,  un  recueil  de  bons 
préludes  pour  des  chorals. 

LUEBEKE  (Adolphe),  directeur  de  musique 
et  artiste  de  la  chambre  ducale  à  Cobourg,  fut 
d'abord  chef  d'orchestre  du  théâtre  de  Gotha. 
Il  mourut  au  mois  de  mars  1838,  dans  un  âge 
peu  avancé,  estimé  pour  son  talent.  Il  s'est  fait 
connaître  comme  compositeur  dramatique  en 
1832,  par  l'opéra  intitulé  Der  Glockengiesser{  Le 
Fondeur  de  cloches),  représenté  à  Gotha  avec  suc- 
cès. L'ouverture  de  cet  ouvrage,  arrangée  pour 
le  piano  par  E.  Lampert,  a  été  publiée  à  Gotha. 
On  connaît  aussi  de  Luebeke  :  1°  Trois  qua- 
tuors concertants  pour  deux  violons,  alto 
et  violoncelle ,  op.  1  ;  Brunswick,  A.  Mayer. 
—  2"  Quatre  chants  pour  quatre  voix  d'hommes; 
Gotha,  Lampert. 

LUEÏIRSS  (Charles),  compositeur  et  pro- 
fesseur de  piano  à  Berlin,  est  né  à  Schwerin, 
dans  le  Mecklembourg  ,  le  7  avril  1824.  Il  com- 
mença l'étude  de  la  musique  sous  la  direction  de 
son  père,  musicien  de  la  cour  et  organiste  du 
château  ;  et  dès  l'âge  de  dix  ans  il  se  fit  re- 
marquer par  son  habileté  sur  le  piano.  Lors- 
qu'il eut  atteint  sa  seizième  année ,  il  fut  en- 
voyé à  Berlin,  où  il  fut  admis  comme  élève 
dans  l'Académie  royale  de  chant.  Pendant  qu'il 
suivait  les  cours  de  cette  institution,  il  eut  la 
bonne  fortune  d'être  remarqué  par  Mendelssohn, 
qui  lui  donna  des  leçons  de  piano  et  de  compo- 
sition. Ce  maître  célèbre  s'étant  rendu  à  Lon- 
dres pour  l'exécution  de  son  Elias,  il  y  fit 
connaître  et  y  publia  les  premiers  essais  de  com- 
position de  Luehrss  pour  le  piano.  Dans  l'hiver 
de  1845  à  1846,  Luehrss  accompagna  M"" 
de  Schererneteff  à  Rome ,  comme  professeur  de 
musique  de  la  famille  de  celte  dame.  De  retour 
en  Allemagne,  il  s'établit  d'abord  à  Schwerin,  et 
s'y  livra  à  l'enseignement  et  à  la  composition; 
postérieurement  (  1853) ,  il  s'est  fixé  à  Berlin  et 
s'y  est  marié.  Cet  artiste  s'est  distingué  comme 
compositeur  de  Lieder  à  voix  seule  avec  accom- 
pagnement de  piano,  op.  5,  6,9,  10,  11,  12,19; 
Berlin,  Guttentag  ,  Schlesinger  ;  Bonn ,  Simrock. 
Parmi  ses  ouvrages  pour  le  piano ,  on  remarque 
un  trio  pour  cet  instrument,  violon  et  violon- 
celle, op.  16,  Berlin,  Schlesinger;  des  sonates 
pour  piano  seul  et  pour  piano  et  violon,  un  qua- 
tuor pour  piano,  violon,  alto  et  violoncelle,  des 
pièces  de  salon  pour  piano  seul.  Deu\  sympho- 
nies à  grand  orchestre  (en  mi  majeur  et  ré  mi- 
neur) ,  de  sa  composition ,  ont  été  exécutées  à 
Leipsick  et  à  Berlin.  M.  Luehrss  a  fait  entendre 
aussi  à  Schwerin  le  108™^  psaume  pour  voix 
seules,  chœur  et  orchestre. 

LUESTNER  (Ign.ace-Pierre),  violoniste. 


LUESTNER  —  LULLE 


365 


né  le  22  décembre  1792,  à  Poiscliwiss  ,  près  de 
Jauer  (Silésie),  reçut  sa  première  éducation  mu- 
sicale de  son  père,  instituteur  à  l'école  catiio- 
lique  de  ce  lieu.  Dès  l'âge  de  douze  ans  il  était 
parvenu  à  une  assez  grande  habileté  sur  la  cla- 
rinette, pour  pouvoir  jouer  des  concertos  de  cet 
instrument.  Mais  bientôt  il  l'abandonna  pour  se 
livrer  à  l'étude  du  violon  :  en  1814,  il  se  rendit 
à  Breslau,  dans  le  dessein  de  perfectionner  son 
talent  sur  cet  instrument,  mais  n'y  trouvant  pas 
le  maître  iiabile  qu'il  chercbait,  il  allapasserune 
année  à  Paris,  s'y  lia  avec  les  artistes  les  plus 
renommés,  étudia  leurs  principes  de  mécanisme 
d'archet,  et,  riche  d'observations ,  il  retourna  à 
Breslau,  s'y  établit  comme  professeur  de  son  ins- 
trument, et  y  demeura  deux  ans.  A  la  fin  de  1817, 
il  accepta  les  propositions  du  comte  Henkel  de 
Donnersmark  pour  jouer  le  premier  violon  du 
quatuor  que  ce  seigneur  avait  réuni  dans  son 
château.  Il  quitta  cette  position  en  1819,  pour 
entrer  au  service  du  prince  Karoloth-Schœnâich, 
eu  qualité  de  premier  violon  de  sa  musique.  Il  y 
demeura  cinq  ans,  après  quoi  lamusique  du  prince 
ayant  été  congédiée,  Luestner  retourna  à  Breslau, 
entra  à  l'orchestre  du  théâtre  comme  premier  vio- 
lon solo,  et  établit  avec  ses  frères  Charles,  Otto  et 
Louis  des  séances  de  quatuors  qui  eurent  de 
grands  succès.  Il  fit  dans  les  années  suivantes 
quelques  voyages  en  Allemagne.  En  1844  il  fonda 
à  Breslau  une  école  de  violon ,  d'où  sont  sortis 
quelques  bons  élèves.  11  eut  le  malheur,  en  1854, 
de  se  faire  une  blessure  grave  à  la  main,  qui  le 
mit  pour  toujours  dans  l'impossibilité  de  jouer 
du  violon.  Luestner  est  le  violoniste  le  plus  dis- 
tingué qu'ait  produit  la  Silésie. 

LUFT  (Henri),  hautboïste  allemand,  s'est  fixé 
à  Saint-Pétersbourg,  vers  1830,  et  y  a  toujours 
résidé  depuis  lors.  Cet  artiste  s'est  fait  remarquer 
par  la  beauté  du  son  qu'il  tirait  de  l'instrument 
et  par  la  précision  de  son  exécution.  Il  a  publié 
de  sa  composition  :  1°  Vingt-quatre  études  pour 
le  hautbois,  op.  1  ;  Leipsick,  Peters.  —  2°  Varia- 
tions (scène  suisse),  en  ut,  pour  hautbois  et 
orchestre  ;  Leipsick ,  Kistner.  —  3o  T""  Concer- 
tino  brillant  pour  hautbois,  orchestre,  ou  qua- 
tuor, ou  piano,  op.  5  ;  ibid. 

LUGE  (  F.«i.\Nçois),  directeur  de  musique  tt 
régent  du  chœur  à  l'église  catholique  d'Oppeln, 
naquit  dans  cette  ville,  en  1776,  et  y  mourut, 
le  12  avril  1828.  Il  s'était  fait  remarquer,  pen- 
dant sa  carrière  trop  tôt  terminée,  par  ses  qua- 
lités comme  professeur  de  chant  au  gymnase, 
et  |)ar  son  activité  dans  la  direction  de  la  mu- 
sique. On  ne  cite  aucun  ouvrage  de  sa  composi- 
tion. 

LUGE  (Charles),  frère  du  précédent,  né  à 


Oppein,  est  directeur  de  musique  au  théâtre  de 
Breslau.  Vers  1805,  il  s'est  fixé  dans  celte  ville, 
et  après  avoir  été  pendant  quelque  temps  répéti- 
teur et  second  chef  d'orchestre  au  théâtre,  il  en 
est  devenu  le  directeur.  Comme  violoniste ,  cet 
artiste  appartient  à  l'école  de  Rode;  on  vante  la 
qualité  de  son  qu'il  lire  de  l'instrument  et  l'ex- 
pression de  son  jeu.  Son  meilleur  élève  est 
M.  Panofka.  On  connaît  de  sa  composition  des 
variations  pour  violon,  sur  un  thème  de  Himmel  ; 
Breslau,  Fœrster.  Il  a  arrangé  pour  le  piano,  en 
1814,  la  partition  de  l'opéra  de  Weigl  :  Le  Vil- 
lage dans  les  montagnes ,  et  l'a  publiée  cliez 
le  même  éditeur. 

LUIGI  (  Alessandro).  Je  dois  corriger  ici 
une  faute  qui  a  été  faite  dans  le  premier  vo- 
lume de  cette  nouvelle  édition  de  la  Biographie 
universelle  des  musiciens,  en  conservant  l'ar- 
ticle Alessandro  (Low/s) .de  la  première  édition  j 
car,  ainsi  que  le  remarque  M.  Casamorata,  dans 
la  Gazzetta  musicale  di  Milano  (1847,  no  47, 
p.  372),  le  nom  de  l'artiste  dont  il  s'agit  est 
Luigi ,  et  le  prénom  Alessandro.  Mais  cette 
faute  n'est  pas  la  mienne  :  elle  appartient  à  Ger- 
vasoni  (Nuova  Teoria  di  Musica,  p.  80) ,  qui 
fut  compatriote  et  contemporain  de  Luigi,  et  qui 
a  changé  son  nom  de  ftimille  en  celui  d'Ales^ 
sandro.  C'est  lui  qui  a  été  mon  guide  dans  tout 
ce  que  j'ai  dit  de  cet  artiste.  Quoi  qu'il  en  soif, 
Luigi,  né  à  Sienne,  succéda,  au  mois  de  juin  1786, 
à  Borsini  dans  la  place  de  maître  de  chapelle  de 
la  cathédrale  de  cette  ville,  et  mourut,  non  le 
29  janvier  1794,  comme  ledit  Gervasoni ,  et 
comme  je  l'ai  répété  d'après  lui,  mais  le  28  juin 
de  la  même  année,  suivant  le  catalogue  des  maî- 
tres de  chapelle  de  la  cathédrale  de  Sienne.  A  l'é- 
gard de  la  réputation  dont  la  musique  d'église  de 
Luigi  aurait  joui  de  son  vivant,  Gervasoni  est 
contredit  par  M.  Casamorata,  qui  fait  de  ce  maî- 
tre un  musicien  obscur. 

LUIZ  (François),  religieux  portugais,  com- 
positeur et  maître  de  chapelle  de  Lisbonne,  naquit 
en  celte  ville,  vers  le  milieu  du  dix-septième  siè- 
cle, et  mourut  le  27  septembre  1693.  11  a  laissé 
en  manuscrit  :  1"  Un  service  complet  à  quatre 
voix  pour  les  dimanches  de  la  Passion,  des  Ra- 
meaux et  pour  la  semaine  sainte.  —  2°  Psaumes 
et  vilhancicos  à  plusieurs  voix. 

LULLE  (Raymond),  écrivain  du  treizième 
siècle,  longtemps  célèbre  par  sa  méthode  philo- 
sophique, appelée  ^lrsZi(//ianfl,  naquit  vers  1235, 
à  Palma,dans  l'île  de  Maiorque.  Élevé  à  la  cour 
de  Jacques  1er,  roi  d'Aragon,  il  eut  une  jeunesse 
dissipée;  mais  ensuite  un  retour  sur  lui-même 
le  ramena  vers  des  sentiments  religieux,  et  le 
jeta  dans  des  études  sérieuses,  qui  le  conduisirent 


3C6 


LULLE  —  LULLY 


à  la  découverte  d'une  méthode  philosophique 
pour  la  recherche  de  la  vérité  en  toutes  choses. 
C'est  cette  méthode,  dont  il  a  fait  ensuite  de  nom- 
breuses applications ,  qu'il  a  appelée  Art  géné- 
ral, et  qui  a  ensuite  porté  son  nom.  Il  l'expli- 
qua lui-même  à  Maïorque  dans  un  collège  fondé 
pour  cet  objet  par  le  roi  d'Aragon   Jacques  II, 
puis  en  divers  autres  lieux.  Après  des  voyages 
multipliés  en  diverses  parties  de  l'Europe  et  dans 
l'Orient,  Lulle  mourut,  en  1314.  Dans  trois  cha- 
pitres de  son  Arhor  scientix,  qui  forme  la  qua- 
trième partie  de  YArs  generalis  sive  magna, 
il  traite  de  la  musique  suivant  les  principes  de  sa 
raélliode.  La   première  édition  de   cette  partie 
a  été  publiée  à  Barcelone,  en  1482,  in-fol.  Il  en  a 
paru  d'autres  à  Venise,  1514,  et  à  Lyon,  1515, 
1635.  Des  traductions  espagnoles  en  ont  été  faites, 
Tune  par  M.  de  Guevara  ;  Madrid,  1584,  in-S", 
Pautre  par  Alphonse  de  Zepeda;  Bruxelles,  1663, 
in-fol.  Perroquet  en  a  aussi  donné  une  traduc- 
tion française,  d'après  l'édition  de  Proaz/a.  Toutes 
les  parties  de  VArs  magna  ont  été  réunies  dans 
une  collection  complète  des  œuvres  de  Lulle,  sous 
ce  titre  :  Lulli  opéra  omnia;  Mayence,  1721  , 
10  vol.  in-fol.  La  plupart  des  biographes,  trompés 
par  les  mots  Ars  magna,  ont  cru  que  les  livres 
de  Lulle  traitaient  du  grand  œuvre,  et  les  ont 
rangés  parmi  ceux  delà  philosophie  hermétique  : 
c'est  une  erreur  d'autant  moins  excusable,  qu'on 
sait  que  Lulle  consacra  toute  sa  vie  à  la  défense 
et  au  triomphe  de  la  foi  catholique. 

LULLE  (  Antoine)  ,  grammairien  du  seizième 
siècle,  né  dans  l'île  de  Maiorque,  de  la  même 
famille  que  le  précédent,  fut  appelé  à  Dôle,  en 
1535,  pour  y  enseigner  la.  théologie.  Il  mourut 
à  Besançon,  le  12  janvier  1582,  dans  un  âge 
avancé.  On  a  de  cet  écrivain  un  traité  De  ora- 
iione,  Uhri  Vll^  Bâle,  1558,  in-fol.  Il  y  traite 
dans  le  cinquième  livre  de  l'application  de  la 
musique  à  l'art  oratoire.  Il  dit  aussi  à  la  fin  de 
ce  livre  qu'il  a  écrit  un  traité  général  de  la  mu- 
sique :  cet  ouvrage  n'a  point  été  imprimé,  et  l'on 
n'en  connaît  point  aujourd'hui  de  copie  manus- 
crite. 

LULLY  ou  LULLI  (Jean-Baptiste  DE), 
fondateur  de  l'Opéra  français,  naquit  à  Florence, 
en  1633,  suivant  l'opinion  la  plus  répandue,  ou 
près  de  cette  ville,  d'après  une  autre  version. 
Un  homme  qui  a  soutenu  contre  lui  un  procès 
scandaleux,  Gtiichard,  dans  un  mémoire  publié 
à  Paris,  en  1675 ,  avance  que  ce  musicien  célè- 
bre était  fils  d'un  meunier  des  environs  de  Flo- 
rence. Voici  comment  il  s'exprime  (p.  16  de 
ce  mémoire)  :  «  Ctiacua  sait  de  quelle  trempe 

•  et  de  quelle  farine  est  Jean-Baptiste.  Le  mou- 

*  Ua  des  environs  de  Florence,  dont  son  père 


«  était  meunier,  et  le  bluteau  de  ce  moulin,  qui 
«  a  été  son  premier  berceau  marquent  encore 
«  aujourd'hui  la  bassesse  de  son  origine.  Un  vent 
«  meilleur  que  celui  de  son  moulin  le  poussa  en 
«  France  à  l'âge  de  treize  ans.  «  Le  témoignage 
d'un  homme  que  Lidly  avait  profondément 
blessé  n'est  guère  recevable  quand  il  parle  de  son 
adversaire  (1)  ;  il  paraît  plus  juste  de  consulter 
des  titres  sinon  décisifs,  au  moins  probables. 
Ces  titres  semblent  établir  d'une  manière  cer- 
taine que  Liilly  était  gentilhomme,  ce  qui  im- 
fKtrte  peu  pour  sa  gloire,  mais  ce  qui  intéresse 
la  vérité.  D'abord,  les  lettres  de  naturalisation 
qui  lui  furent  accordées  par  Louis  XIV  au  mois 
de  décembre  1661 ,  et  qui  furent  enregistrées  en 
la  chambre  des  comptes  le  30  juin  1062,  lui 
donnent  le  titre  d'écuijer,  et  le  déclarent  fils  de 
Laurent  de  Lully,  gentilhomme  florentin,  et  de 
Catherine  del  Serta.  A  ces  lettres  était  joint 
son  acte  de  naissance  en  italien,  légalisé  en  la- 
tin. En  second  lieu,  son  contrat  de  mariage,  qui 
f(!t  passé  le  14  juillet  1662,  et  signé  par  le  roi, 
la  reine,  la  reine  mère,  etc.,  le  23  du  même 
mois,  lui  donne  les  mêmes  qualités.  Enfin,  on 
lit  ce  qui  suit  dans  la  Gazette  de  France  du  21 
mai  1661,  page  476,  à  l'article  Fontaine- 
bleau :  «  Le  roi,  voulant  conserver  sa  musique 
«  dans  la  réputation  qu'elle  a  d'être  des  plus 
«  excellentes,  par  le  choix  de  personnes  ca- 
«  pables  d'en  remplir  lesdites  charges,  a  gra- 
«  tifié  le  sieur  Baptiste  Lully\,  gentilhomme 
«■  florentin,  de  celle  de  surintendant  et  compo- 
«  siteur  de  la  musique  de  sa  chambre,  et  le  sieur 
«  Lambert  de  celle  de  maître  de  ladite  musique, 
«  vacante  par  le  décès  du  sieur  Cambefort.  » 
A  l'égard  de  l'orthographe  du  nom  de  Lully,  on  a 
remarqué  qu'étant  Italien  il  ne  pouvait  être  ter- 
miné par  un  y  ;  mais  il  est  certain  que  c'est  par 
cette  lettre  que  son  nom  finit  dans  tous  les  actes 
authentiques  qui  se  rapportent  à  lui,  et  que  lui- 
même  signait  ainsi. 

Un  vieux  cordelier  lui  enseigna  à  lire  et  à 
écrire,  lui  donna  quelques  leçons  de  musique, 
et  lui  apprit  à  jouer  de  la  guitare.  Lully  en  était 
à  ce  point  de  ses  éludes  musicales  lorsque  le 
chevalier  de  Guise,  qui  voyageait  en  Italie,  passa 
par  lelieu  où  il  demeurait.  La  vivacitéde  l'enfant 
lui  plut,  et  comme  ce  courtisan,  en  prenant 
congé  de  mademoiselle  deMontpensier,  lui  avait 
promis  d«  lui  amener  un  petit  Italien,  il  pro- 


(1)  Lully  avait  exclu  Guichard  de  l'entreprise  de  l'Opéra  ; 
celui-ci  lui  intenta  un  procès,  et  publia  contre  lui  un  fac- 
tura injurieux.  Lully  se  vengea  des  attaques  de  son  ad- 
versaire en  l'accusant  d'avoir  voulu  l'empoisonner,  ce  oui 
donna  lieu  à  uae  instruction  au  criminel,  [f^oyez  dui- 

CHARR  1 


LULLY 


367 


posa  à  Lully  de  le  suivre  en  France;  ce  qui  fut 
accepté  a?ec  empressement,  la  gentilliommerie 
du  père  denotre  musicienne  le  mettant  vraisem- 
blablement pas  dans  une  situation  fort  aisée. 
Lully  avait  alors  douze  ou  treize  ans.  Il  paraît 
que  le  chevalier  de  Guise  ne  se  mit  pas  fort  en 
peine  de  réaliser  les  promesses  qu'il  lui  avait 
faites,  car  le  fondateur  futur  de  l'Opéra  n'entra 
chez  mademoiselle  de  Montpensier  qu'en  qualité 
de  marmiton;  rude  apprentissage  pour  le  fils 
d'un  gentilhomme.  Dans  les  inlervalles  de  ses 
occupations,  il  s'amusait  avec  un  mauvais  vio- 
lon. Le  comte  de  NogenI,  qui  l'entendit  par 
hasard ,  fut  étonné  de  ses  dispositions,  et  rendit 
compte  à  Mademoiselle  du  talent  précoce  de  son 
apprenti  cuisinier,  ajoutant  qu'il  méritait  un 
maître  habile  pour  hâter  ses  progrès.  Lully  ne 
tarda  point  à  mériter  d'être  mis  au  nombre  des 
musiciens  de  cette  princesse,  et  bientôt  il  de- 
vint célèbre  autajit  par  son  violon  que  par  les 
airs  qu'il  composait.  Malheureusement  il  lui  ar- 
riva d'en  écrire  un  sur  des  paroles  satiriques 
contre  Mademoiselle  :  celte  princesse  lui  fit 
dire  de  se  retirer.  C'est  par  cette  marque  d'in- 
gratitude que  les  vices  de  son  cœur,  égaux  à  ses 
talents,  conunencèrent  à  se  faire  connaître. 

Lully  était  trop  jeune  quand  il  vint  en  France 
pour  avoir  pu  faire  des  études  concernant  l'art 
d'écrire  la  musique,  en  sorte  qu'on  était  dans 
l'ignorance  sur  les  lieux  et  le  temps  oii  il  avait 
appris  cet  art,  lorsque  l'auteur  de  cette  notice  a 
découvert  à  ce  sujet  des  renseignements  authen- 
tiques dans  un  mémoire  publié  par  les  orga- 
nistes de  Paris,  à  l'occasion  de  leur  procès  contre 
le  roi  des  ménétriers.  On  y  voit  que  Lully  a  fini 
par  abandonner  le  violon  ;jour  i>e  livrer  à  l'é- 
tude du  clavecin  et  de  la  composition,  sous 
la  discipline  des  sieurs  Metru,  Roberdet  et  Gi- 
gault, organistes  de  Saint-Nicolas-des-Champs. 
Toutautre  que  Lully  se  serait  trouvé  dans  un  fâ- 
cheux embarras  après  son  expulsion  de  la  mu- 
sique de  Mademoiselle; mais  son  parti  fut  bien- 
tôt pris.  Ses  talents  lui  avaient  donné  de  la  ré- 
putation; il  en  profita  pour  se  faire  recevoir 
dans  la  grande  bande  des  violons  du  roi,  et 
composa  des  airs  de  violon  qui  le  firent  connaître 
de  Louis  XIV.  Ce  monarque  voulut  l'entendre, 
et  en  fut  si  satisfait,  qu'il  lui  donna  en  1652  (à 
l'àgede  dix-neuf  ans),  l'inspection  générale  de  ses 
violons,  et  qu'il  créa  pour  lui  une  nouvelle  bande 
qu'on  appela  petits  violons,  pour  les  distinguer 
des  vingt-quatre  violons  de  la  chambre,  connus 
sous  le  nom  de  la  grande  bande.  Ces  nouveaux 
violons,  dirigés  par  Lully,  devinrent  bientôt  les 
meilleurs  de  France,  ce  qui  n'était  pas  beaucoup 
dire  à  une  époque  où  il  n'existait  pas  en  ce  pays 


un  seul  musicien  en  état  de  jouer  sa  partie,  s'il 
ne  l'avait  apprise  par  cœur.  C'est  pour  cette 
même  bande  qu'il  écrivit  des  symphonies,  espèces 
d'ouvertures  entremêlées  d'airs  de  danse  de  ce 
temps ,  tels  que  sarabandes,  courantes  et  gigues* 
11  existe  plusieurs  copies  manuscrites  de  ces 
symphonies;  mais  il  ne  paraît  pas  qu'elles  aient 
été  gravées.  L'habileté  de  Lully  sur  le  violon 
surpassa  celle  de  tous  les  autres  violonistes  de 
France.  Personne,  dit  de  Fresneuse,  son  con- 
temporain (  Comparaison  de  la  musique  ita- 
lienne et  françoise,  2""=  partie,  p.  187)  n'a 
tiré  du  violon  les  sons  qu'en  tirait  Lully. 

Avant  l'établissement  de  l'Opéra,  le  roi  donnait 
tous  les  ans  de  grands  spectacles ,  qui  por- 
taient les  titres  de  ballets  ou  mascarades  ;  ils 
étaient  composés  d'un  grand  nombre  d'entrées 
de  danses,  mêlées  de  récits,  qui  souvent  n'a- 
vaient aucune  liaison  entre  eux.  Lully  composa 
d'abord  quelques  airs  pour  ces  ballets,  oii  le  roi 
dansait;  puis  il  fit  la  musique  entière  des  pièces 
de  ce  genre.  Parmi  ces  divertissements,  on  re- 
marque celui  A''Alcidione,  dont  Benserade  fit  les 
vers,  et  qui  fut  donné  en  1G58.  Le  ballet  des 
^Ws,  joué  à  la  cour  en  1663,  celui  de  V Amour 

<  déguisé,  qui  parut  l'année  suivante  au  Palais- 
Royal,  et  plusieurs  autres  divertissements  turent 
mis  en  musique  par  Lully.  En  1664  il  se  lia  d'a- 
mitié avec  Molière,  et  composa  pour  lui  la  mu- 
sique de  ia  Princesse  d'Élide,  comédie-ballet  en 
cinq  actes,  qui  fut  jouée  pendant  les  fêtes  que 
Louis  XIV  donna  à  Versailles.  Cette  pièce  fut  suivi 
de  L'Amour  médecin,  autre  comédie  de  Mo- 
lière, avec  un  divertissement  dont  Lully  fit  aussi 
les  morceaux.  Dès  ce  moment  tout  ce  qu'il  y 
eut  de  musique  au  théâtre  de  Molière  fut  écrit 
et  dirigé  par  lui.  Longtemps  il  avait  joué  et 
dansé  dans  les  ballets  de  la  cour,  sous  le  nom 
de  Baptiste  :  c'est  ainsi  qu'il  est  désigné  dans  la 
liste  des  danseurs  de  ces  pièces,  depuis  1653 
jusqu'en  1660.  Alors  il  reprit  le  nom  de  sa  fa- 

*  mille,  et  vécut  avec  plus  de  dignité.  Cependant 
les  avantages  que  Molière  lui  offrit  pour  jouer 
dans  ses  pièces  quelques  rôles  comiques ,  oii  il 
se  faisait  remarquer  par  une  verve  peu  com- 
mune, le  décidèrent  à  reparaître  sur  la  scène. 
C'est  ainsi  qu'il  joua  avec  beaucoup  de  succès 
le  rôle  de  Pourceaugnac,  en  1669,  et  celui 
du  Mufti,  dans  le  Bourgeois  gentilhomme, 
l'année  suivante.  On  rapporte  à  ce  sujet  qu'ayant 
indisposé  le  roi  contre  lui  par  une  aventure  scan- 
daleuse (1),  il  ne  consentit  à  jouer  le  rôle  de 

(1)  De  Fresneuse  dit,  dans  sa  Comparaison  de  la  mu- 
siqtu  italienne  et  de  la  musique   françoise  (  î«   part» ,' 
p.  18  ),  que  Lull7,  étant  déjà  surintendant  de  la  musique 
du  roi,  courut  risque  d'être  cliassu  une  au  deux  lais. 


368 


I.ULLY 


Pourceau^nac  que  dans  l'espoir  de  regagner  les 
bonnes  grâces  de  Louis  XIV  par  ses  bouffon- 
neries :  ce  stratagème  lui  réussit;  car  daus  sa 
fuite  devant  les  apothicaires,  il  sauta  dans  l'or- 
chestre et  brisa  un  clavecin.  Le  roi  rit  beau- 
coup de  cette  farce,  et  pardonna  à  celui  qui  l'a- 
vait imaginée. 

La  faveur  dont  Lully  jouissait  à  la  cour  n'eut 
bientôt  plus  de  bornes.  Louis  XFV  ne  voulait 
plus  entendre  d'autre  musique  que  la  sienne.  Le 
rusé  Florentin  en  écrivit  une  énorme  quantité 
pour  la  chambre,  l'église  et  le  théâtre.  Le  bril- 
lant succès  qu'elle  obtenait  était  pour  lui  une 
source  inépuisable  de  grâces  et  de  faveurs  ;  dans 
l'espace  de  vingt  ans,  outre  les  gratifications 
sans  nombre  qu'il  reçut,  il  obtint  du  roi  neuf 
brevets  (1),  et  des  lettres  patentes  du  mois  de 
mars  1672  qui  lui  accordaient  la  permission  d'é- 
lablir  à  Paris  une  académie  royale  de  musique 
(l'Opéra).  Lully  éprouva  de  l'opposition  à  l'en- 
registrement de  ces  lettres,  de  la  part  de  Jean 
de  Grenouillet  et  de  Henri  Guichard,  qui 
se  prétendaient  cessionnaires  du  privilège  ac- 
cordé à  Perrin  pour  ce  spectacle,  par  lettres 
patentes  du  28  juin  1669.  Ce  fut  à  ce  sujet  qu'eut 
lieu  le  procès  dont  il  a  été  parlé  précédem- 
ment; mais  telle  était  l'adresse  de  Lully  dans  ses 
manœuvres,  qu'il  obtint  une  lettre  de  la  main 
du  roi  au  lieutenant  de  police  pour  faire  fermer 
le  théâtre  de  Guichard,  et  qu'un  arrêt  de  la  cour, 
en  date  du  27  juin  1672,  ordonna  que,  sans  s'ar- 
rêter aux  oppositions,  les  lettres  patentes  du 
mois  de  mars  seraient  enregistrées  (2). 

C'est  de  cette  époque  que   date  la  gloire  de 


;i)  Voici  la  liste  de  ces  faveurs  constatées  par  des  actes 
aullientiques  : 

Le  16  mars  1633,  brevet  par  lequel  le  roi  lui  confère  la 
cliarge  de  compositeur  de  la  musique  instrumentale,  va- 
cante par  le  décès  de  Lazarin. 

Le  16  mai  1661,  deux  brevets  portant  que  le  roi  lui  a  fait 
don  des  cliarges  de  compositeur  et  de  surintendant  de  la 
chambre,  vacantes  par  la  mort  de  Cambefort. 

Au  mois  de  décembre  de  la  même  année,  lettres  de 
naturalisation,  avec  exemption  des  droits. 

Le  S  juillet  1662  :  l»  Brevet  par  lequel  le  roi  lui  accorde 
la  charge  de  maître  de  musique  de  la  famille  royale,  que 
Michel  Lambert  tenait  en  survivance.  2°  Brevet  qurîxe 
à  10,000  livres  la  somme  qui  devra  être  payée  aux  héri- 
tiers de  Lambert  et  de  Lully  pour  la  charge  de  maître  de 
musique,  si  ceux-ci  viennent  à  décéder.  3=  Brevet  qui  fixe 
à  20,000  francs  l'indemnité  qui  devra  être  payée  à  la  veuve 
et  aux'  héritiers  Lully,  pour  être  pourvu  après  lui  des 
chai-ges  de  compositeur  et  de  surintendant  de  la  musique 
de  la  chambre  du  roi. 

Le  21  avril  1668,  brevet  par  lequel  le  roi  accorde  la  sur- 
vivance des  trois  charges  de  Lully  à  calui  de  ses  enfants 
cju'il  voudra  choisir,  et  fixe  la  valeur  de  ces  charges  à 
30,000  livres. 

(S)  Voy.  Titres  concernant  l'Académie  royale  de  mu- 
sique,- l'aris,  Christophe  Ballard,  1740,  ia-k"  de  172  pages. 


Lully.  Non-seulement  on  le  vit  donner  tous  ses 
soins  à  l'administration  du  nouveau  théâtre  qu'il 
venait  de  fonder  ;  former  des  acteurs,  des  dan- 
seurs et  des  musiciens  d'orchestre  ,  qui  n'exis- 
taient point  auparavant  ;  être  à  la  fois  directeur, 
régisseur,  maître  de  ballets,  maître  de  musique, 
et  machiniste  de  son  spectacle  :  il  trouva  aussi 
le  temps  de  composer  tous  les  ouvrages  qu'on  y 
représentait,  et  son  génie  eut,  au  milieu  de  tous 
ces  travaux,  la  force  nécessaire  pour  produire 
dix-neuf  opéras  dont  le  succès  a  duré  près  d'un 
siècle,  et  qui  même  aujourd'hui  méritent  encore 
à  de  certains  égards  l'estime  des  connaisseurs. 
Cependant  il  était  dans  sa  quarantième  année 
lorsqu'il  écrivit  le  premier  de  ces  ouvrages.  Il 
est  vrai  qu'il  fut  puissamment  aidé  par  les  cir- 
constances, les  encouragements  de  la  cour,  et  le 
génie  de  Quinault,  dont  il  avait  su  deviner  le  ta- 
lent et  qu'il  s'attacha  par  un  traité  qui  obligeait 
le  poète  à  lui  fournir  annuellement  un  opéra  pour 
le  prix  de  4,000  liv.  Quinault  faisait  le  plan  de 
plusieurs  opéras  et  les  portait  au  roi ,  qui  en 
choisissait  un.  Lorsque  ce  choix  était  fait,  Lully 
prenait  connaissance  du  sujet  et  du  plan,  et  fai- 
sait la  musique  des  divertissements  ,  des  danses 
et  l'ouverture,  pendant  que  le  poète  versifiait  sa 
pièce.  Lorsque  Quinault  avait  terminé  son  tra- 
vail, il  le  lisait  à  l'Académie,  et  faisait  les  correc- 
tions qui  lui  étaient  indiquées;  mais  Lully  ne  te- 
nait aucun  compte  de  l'avis  de  l'Académie.  Il 
corrigeait,  faisait  les  suppressions  et  les  change- 
ments qu'il  jugeait  nécessaires  pour  sa  musique. 
Il  fallait  que  Quinault  fît  ce  qu'il  voulait  et  re- 
tournât versifier  de  nouveau.  Si  Lully  était  satis- 
fait du  poëme,  il  faisait  le  chant  et  la  basse  des 
scènes  dans  l'ordre  où  elles  se  trouvaient  dans 
la  pièce,  et  remettait  ensuite  ses  brouillons  à  ses 
élèves  Lalouette  et  Colasse,  pour  qu'ils  écrivissent 
les  parties  d'orchestre  sur  ses  indications  :  sorte 
de  travail  qu'il  n'aimait  pas  et  qu'il  ne  faisait  pas 
avec  facilité.  Pour  comprendre  ceci,  il  ne  faut 
pas  oublier  qu'au  temps  de  Lully  on  n'avait  point 
encore  appris  à  donner  à  l'instrumentation  ces 
formes  variées  et  pittoresques  qu'on  lui  voit  au- 
jourd'hui, et  que  les  violons  et  hautbois  ne  fai- 
saient guère  que  suivre  les  voix,  en  brodant  quel- 
ques traits.  Tant  que  Lully  vécut,  son  génie  suffit 
à  tout  pour  donner  à  l'Opéra  un  intérêt  toujours 
soutenu  et  pour  y  attirer  la  foule.  Il  y  fit  sa 
fortune;  mais  tout  le  succès  reposait  sur  lui. 
Apiès  sa  mort,  les  choses  changèrent,  et  de  l'é- 
tat le  plus  prospère  l'Opéra  passa  à  la  décadence  : 
les  administrateurs  s'endettèrent.  C'est  ce  qu'on 
voit  avec  évidence  pcfr  le  préambule  du  règlement 
donné  en  1713  par  Louis  XIV,  lequel  commence 
par  ces  mots  :  «  Sa  Majesté  étant  informée  que  de- 


LULLY 


369 


«  puis  le  flécès  du  feu  sictir  Lully  on  s'est  relâché 
«  insensiblement  de  la  règle  et  du  bon  ordre  de 
«  l'intérieur  de  l'Académie  royale  de  musique..., 
«  et  que  par  la  confusion  qui  s'y  est  introduite 
«  ladite  Académie  s'est  trouvée  surchargée  de 
«  dettes  considérables  et  le  public  exposé  à  la 
«  privation  d'un  spectacle  qui  depuis  longtemps 
«  lui  est  toujours  agréable,  etc.  » 

Lully  était  homme  de  plaisir  et  fort  recherché 
des  grands  seigneurs,  qu'il  amusait  par  ses  sail- 
lies. Ils  allaient  souvent  le  voir  travailler  chez 
lui.  Pendant  une  maladie  qu'il  eut  avant  la  re- 
présentation A'Arinide ,  son  confesseur  avait 
exigé  qu'il  brûlât  la  partition  de  cet  opéra.  Le 
prince  de  Conti  étant  allé  le  voir  le  même  jour  : 
«  Eh  quoi,  Baptiste!  lui  dit  ce  prince,  tu  as  pu 
«  jeter  au  feu  un  si  bel  ouvrage?  —  Paix,  paix, 
«  monseigneur,  répondit-il  ;  je  savais  bien  ce  que 
«  Je  faisais,  j'en  avais  une  autre  copie.  »  Étant  à 
l'extrémité,  il  fut  visité  par  le  chevalier  de  Lor- 
raine :«  Oh!  vraiment  vous  êtes  fort  de  ses  amis, 
«  hii  dit  madame  Lully  ;  c'est  vous  qui  l'avez 
■«  enivré  le  dernier,  et  qui  êtes  cause  de  sa  mort.  » 
«  Lully  répondit  aussitôt  :  Tais-toi ,  ma  chère 
«  femme;  si  j'en  réchappe,  ce  sera  lui  qui 
«  m'enivrera  le  premier.  »  Après  une  maladie  de 
Louis  XIV,  Lully  composa  un  Te  Deuvi  pour 
sa  convalescence,  et  le  fit  exécuter  aux  Feuillants 
de  la  rue  Saint-Honoré,  le  8  janvier  1687.  Dans 
la  chaleur  de  l'exécution,  il  se  frappa  le  bout  du 
pied  en  battant,  la  mesure  avec  sa  canne.  Il  y 
vint  un  petit  abcès,  qui  devint  ensuite  uii  mal 
considérable.  On  lui  conseilla  d'abord  de  se  faire 
couper  le  doigt,  puis  le  pied,  et  enfin  la  jambe  ; 
mais  un  charlatan,  qui  se  faisait  appeler  le  mar- 
quis de  Carrette,  répondit  de  sa  guérison. 
MM.  de  Vendôme,  qui  aimaient  beaucoup  Lully, 
promirent  à  cet  homme  2,000  pisloles  s'il  par- 
venait à  sauver  l'artiste  ;  mais  la  générosité  de 
MM.  de  Vendôme  et  les  efforts  du  charlatan  fu- 
rent inutiles  :  Lully  mourut  à  Paris ,  le  samedi 
22  mars  1687,  à  l'âge  de  cinquante-quatre  ans 
dans  une  de  ses  maisons,  rue  de  la  Ville-l'Évêqu 
Il  fut  inhumé  dans  une  chapelle  des  Petits-Pères 
de  la  place  des  Victoires,  et  sa  famille  y  fit  éle- 
ver un  superbe  mausolée,  qui  fut  exécuté  par 
Cosson.  Santeuil  fit  pour  ce  tombeau  une  belle 
é|)itaphe,  ainsi  conçue  : 

Pcrfida  mors,  inlmica,  audaï,  temeraria  et  excors, 
Crudclisque,  c  cseca  probris  te  absolviraus  islis. 
Non  de  te  queriniur  lua  sint  liœc  munia  magna. 
Sed  quando  per  te  populi  rogisque  voluplas. 
Non  ante  auditis  rapiiU  qui  cantibus  orbem, 
LuLLius  eripitur,  querimur  modo  surda  fuisli. 

4 

Le3  portraits  de  Lully  gravés  par  Edeliiick  et 

BIOCR.   UNIV.   DES   MUSICIENS.  — T.   V. 


U-        \ 

di    I" 


par  Bonnard  sont  aussi  accompagnés  de  vers 
louangeurs  à  sa  mémoire;  mais  si  les  éloges 
qui  lui  ont  été  accordés  comme  artiste  sont  una- 
nimes, les  jugements  sévères  et  les  traits  satiri- 
ques n'ont  pas  manqué  à  sa  personne  et  à 
son  caractère.  Courtisan  jusqu'à  la  bassesse  près 
des  grands,  dont  la  protection  pouvait  être  utile  à 
ses  desseins,  il  était  insolent  et  brutal  avec  toute 
autre  personne.  Le  crédit  dont  il  jouissait  à  la 
cour  lui  donnait  une  puissance  dont  il  abusait 
souvent  pour  humilier  ou  perdre  quiconque  es- 
.sayait  de  hii  résister.  Jaloux  jusqu'à  la  frénésie 
de  tout  artiste  dont  le  talent  lui  inspirait  la  crainte 
que  le  roi  ne  le  remarquât,  il  ne  négligeait  rien 
pour  l'écarter.  Cambert  et  Bernier  furent  persé- 
cutés par  lui ,  et  son  élève  Lalouetfe  fut  chassé 
de  l'orchestre  de  l'Opéra  pour  s'être  avoué  l'au- 
teur du  meilleur  air  d'un  de  ses  ouvrages.  Véri- 
table tyran  de  ses  acteurs  et  des  musiciens  de 
son  orchestre,  il  lui  arriva  plus  d'une  fois  d'ar- 
racher à  ceux-ci  leur  instrument  pendant  l'exécu- 
tion et  de  le  leur  briser  sur  le  dos.  Au  moment 
oii  son  opéra  A'Armide  allait  être  joué  pour  la 
première  fois,  une  grossesse  de  la  fameuse  can- 
tatrice Rochois  en  arrêta  les  représentations. 
Dans  sa  colère,  Lully  l'aborda  sur  le  théâtre  : 
Qui  t'a  fait  cela?  lui  crie-t-il  :  n'en  recevant 
aucune  réponse,  il  lui  donna  un  coup  de  pied 
qui  lui  fit  faire  une  fausse  couche.  Quelquefois 
sa  brusquerie  ne  respectait  pas  môme  les  person- 
nages les  plus  élevés  :  voici  deux  anecdotes  qu'oa 
rapporte  à  ce  sujet.  A  l'un  des  divertissements 
de  la  cour,  le  roi,  fatigué  de  la  longueur  des  pré- 
paratifs, lui  fit  dire  qu'il  s'ennuyait  d'attendre  ; 
Lully  répondit  au  gentilhomme  de  la  chambre  : 
Le  roi  est  bien  le  maître,  il  peut  s'ennuyer 
tant  qu'il  lui  plaira.  En  1681,  Louis  XIV  lui 
ayant  fait  compliment  sur  la  manière  dont  il 
avait  joué  le  rôle  du  Mufti  dans  Le  Bourgeois 
'gjentilhomme,  à  une  fête  de  Saint-Germain  : 
Cire,  dit-il,  j'ai  pourtant  regret  d'y  avoir  été 
oliligé  pour  le  service  de  Votre  Majesté;  j'a- 
vaîs  dessein  d'être  secrétaire  du  roi  :  messieurs 
vos  secrétaires  ne  voudront  plus  me  recevoir. 
«  —  Ils  ne  voudront  plus  vous  recevoir?  répon- 
■%_  dit  le  monarque  :  ce  sera  bien  de  l'honneur 
«  pour  eux  ;  allez,  voyez  M.  le  chancelier.  »  Lully 
alla  trouver  le  marquis  de  Louvois,  qui  lui  re- 
procha sa  témérité,  en  lui  disant  que  toute  sa 
recommandation  était  d'avoir  fait  rire.  Eh ,  te'te- 
bleu  !  lui  répondit  Lully,  vous  en  feriez  bien 
autant  si  vous  le  pouviez!  On  a  révoqué  en 
doute  cette  anecdote,  disant  que  personne  en 
France  n'aurait  osé  tenir  un  pareil  langage  à 
Louvois ,  mais  il  ne  faut  pas  oublier  quel  homme 
était  Lully ,   et  quelle  fut  sa  faveur    près  de 

•24 


370 


LULLY 


Louis  XIV.  Quoi  qu'il  en  soit,  il  eut  la  charge 
qu'il  désirait. 

Ingrat  envers  ses  meilleurs  amis,  et  toujours 
occupé  de  ses  intérêts,  sans  s'informer  s'il  bles- 
shit  ceux  d'autrui,  il  s'est  brouillé  avec  Molière 
pour  avoir  pris  les  meilleurs  morceaux  des  bal- 
Jets  et  divertissements  qu'il  avait  composés  pour 
ses  pièces ,  et  en  avoir  formé  la  pastorale  des 
Fêtes  de  l'Amour  et  de  Bacchus,  qu'on  joua  à 
l'ouverture  du  théâtre  de  l'Opéra.  A  peine  ce 
grand  homme  eut-il  rendu  Le  dernier  soupir,  que 
Lully  fit  chasser  sa  troupe  du  théâtre  du  Palais- 
Royal,  dont  il  s'empara  pour  son  spectacle.  Après 
avoir  décidé  par  ses  instances  La  Fontaine  à  écrire 
pour  lui  la  pastorale  de  Daphné,  il  ne  voulut 
point  la  mettre  en  musique,  et  lui  déclara  qu'elle 
ne  valait  pas  le  diable.  Peut-ôtre  l'illustre 
poète  se  serait  consolé  de  sa  mésaventure  si  Li- 
gnière,  poëte  chansonnier  de  ce  temps,  n'eût  fait 
sur  lui  ce  couplet  . 

Ah!  qiie  j'aime  La  Fontaine, 
D'avoir  fait  un  opéra  ! 
On  verra  finir  ma  peine, 
Aussitôt  qu'on  leJ.onera. 
Par  l'avis  d'un  fin  critique 
Je  vais  me  mettre  en  boutique, 
Pour  y  vendre  des  sifflets  : 
Je  serai  riche  à  Jamais! 

Désespéré  d'être  ainsi  bafoué,  La  Fontaine  se 
Tengea  par  une  épigramme,  qu'on  ne  trouve  pas 
dans  toutes  les  éditions  de  ses  œuvres,  et  qui 
commence  ainsi  : 

Le  Florentin 
Montre  à  la  fin 
Ce  qu'il  sait  faire. 

Il  écrivait  plaisamment  à  Mn'e  de  Bouillon  : 
Je  me  suis  laissé  enquiimuder.  Borieau  avait 
eu  sans  doute  aussi  quelque  grave  sujet  de  plainte 
contre  Lully  lorsqu'il  écrivait  ces  vers  de  son 
épîlre  à  Seignelay,  oà  il  le  désigne  avec  tant 
d'amertume  : 

lin  vain  par  sa  grimace  un  bouffon  odleus 

A  table  nous  fait  rire  et  divertit  nos  yeux  :  ^ 

Ses  bons  mots  ont  besoin  de  farine  et  de  plâtre  :  ' 

Prenez-le  tête  à  tête,  ôtez-lui  son  théâtre  , 

Ce  n'est  plus  qu'un  ctnar  bas,  un  eoguin  ténébreux  : 

Son  visage  essuyé  n'a  plus  rien  que  d'affreux. 

De  tous  ceux  qui  eurent  à  se  plaindre  de  Lully, 
aucun  n'a  montré  plus  «Tanimosité  dans  sa  ven- 
geance que  Sénecé,  valet  de  chambre  de  la  reine 
Marie-Thérèse,  femme  de  Louis  XIV.  Ce  poëte 
courtisan  avait  été  chargé  de  la  composition  de 
plusieurs  divertissements  et  de  morceaux  de  cir- 
constance que  Lully  avait  mis  en  musique.  Comme 
beaucoup  d'autres,  il  fut  victime  de  sa  fourberie. 
Sa  position  à  la  cour  lui  avait  fait  voir  les  res- 
sorts secrets  mis  en  usage  par  le  musicien  pour 


accroître  sa  fortune  et  pour  obtenir  des  hon- 
neurs ;  mais  la  crainte  que  lui  inspiraient  son 
crédit  et  sa  méchanceté  lui  avait  fait  garder  le 
silence  tant  que  Lully  avait  vécu.  Rendu  plus 
hardi  par  la  mort  du  compositeur,  et  choqué  des 
honneurs  qu'on  rendait  à  sa  mémoire,  il  voulut, 
en  rendant  hommage  aux  talents  de  l'artiste , 
faire  justice  de  sa  personne.  Son  dessein  fut 
réalisé  dans  un  écrit  intitulé  :  Lettre  de  Clé- 
ment Marot  à  Monsieur  de*** ,  touchant  ce 
qui  s'est  passé  à  Varrivée  de  Jean-Baptiste 
Lullij  aux  Champs- Éhjsées  (1).  Le  portrait 
qu'il  fait  de  sa  personne  n'est  pas  séduisant; 
mais  il  paraît  avoir  été  exact.  «  Sur  une  espèce 
«de  brancard  (dit  il),  composé  grossièrement 
«  de  plusieurs  branches  de  laurier,  parut,  porté 
«  par  douze  satyres,  un  petit  homme  d'assez  maii- 
«  vaise  mine  et  d'un  extérieur  fort  négligé.  De 
«  petits  yeux  bordés  de  rouge,  qu'on  voyait  à 
«  peine  (2),  brillaient  d'un  feu  sombre  qui  mar- 
«  quait  tout  ensemble  beaucoup  d'esprit  et  beau- 
«  coup  de  malice  ;  un  caractère  de  plaisanterie 
«  était  répandu  sur  son  visage,  et  certain  air 
«  d'inquiétude  régnait  dans  toute  sa  personne.  » 
Sénecé  fait  ensuite  un  tableau  sévère  des  vices 
de  Lully,  et  le  représente  comme  un  homme  de 
mœurs  infâmes  (3),  d'une  âme  noire  et  d'une  ava- 
rice sordide. 

Ce  célèbre  musicien  avait  épousé  Madeleine 
Lambert,  fille  unique  de  ce  Lambert  dont  parle 
Boileau  dans  sa  troisième  satire.  Celui-ci  avait 
donné  une  dot  de  29,000  francs  à  sa  fille.  Le 
mariage  se  fit  à  la  paroisse  Saint-Eustache ,  le 
24  juillet  1662.  Jamais  union  ne  fut  mieux  as- 
sortie, car  si  Lully  était  habile  à  se  procurer  des 
richesses,  sa  femme  savait  les  faire  fructifier  par 
l'ordre  et  par  l'économie  qui  régnait  dans  sa 
maison.  Lully  ne  s'était  réservé  pour  ses  menus 
plaisirs  que  le  prix  de  la  vente  de  ses  ouvrages, 
qui  s'élevait  annuellement  à  sept  ou  huit  mille 
francs.  Outre  le  produit  de  l'Opéra  et  le  revenu 

^  (1)  La  première  édition  de  cette  Lettre  parut  à  Cologne, 
in-12, 1683  ;  il  en  a  été  fait  une  réimpression  à  Lyon,  1823, 
in-8o  de  59  pages. 

(S)  Lully  avait  en  effet  ta  vue  fort  basse. 

(3)  L'accusation  qui  concerne  ses  mœurs  a  été  repro- 
duite à  l'occasion  du  somptueux  tombeau  qu'on  lui  avait 
élevédans  l'église  des  Petits-Pères.  Ce  tombeau  futgrave;- 
parmi  les  vers  assez  mauvais  qu'on  avait  placés  au  ba» 
de  l'estampe,  on  lisait  ceux-ci  ; 

Pourquoi,  par  un  faste  nouveau, 
Kous  rappeler  la  scandaleuse  histoire 
D'un  libertin,  indigne  de  mémoire, 
Peut-être  même  indigne  du  tombeau? 
Venez,  ô  Mort!  faites  descendre 
Sur  ce  buste  honteux  votre  fatal  rideau; 

Et  ne  montrez  que  le  flambeau 
Qui  devrait  pour  jamais  l'avoir  réduit  en  cendre. 


LULLY 


371 


de  ses  emplois  à  la  cour,  il  jouissait  de  7,000  li- 
vres de  rente  sur  les  aides  et  gabelles,  qu'il  te- 
nait de  la  munificence  du  roi.  De  plus,  il  avait 
fait  bàlir  la  maison  qui  existe  encore  au  coin  des 
rues  Neuve-des-Petits-Ciiamps  et  Sainle-Anne, 
sur  laquelle  on  voit  des  attributs  de  musique; 
jine  maison  rue  des  Moulins,  appel(''e  alors  rue 
/foya^e.et  deux  autres,  ruedelaVille-rÉvèciue  (1). 
De  son  mariage  il  eut  six  enfants,  trois  filles  et 
trois  garçons  (î).  Deux  de  ses  fils  ont  suivi  la 
même  carrière  que  lui ,  mais  avec  moins  de 
gloire. 

Parmi  les  productions  du  génie  de  ce  musi- 
cien célèbre,  on  trouve  une  multitude  de  sym- 
phonies, de  Irios  et  d'airs  de  violon,  de  mor- 
ceaux de  circonstance,  de  divertissements  et  de 
danses.  Une  de  ses  premières  compositions  de 
cette  espèce  fut  la  suite  d''airs  de  danse  qu'il 
ajouta  à  la  partition  du  Xerccs  de  Cavalli,  pour 
une  représentation  qui  en  fut  donnée  à  la  cour. 
Bien  que  cet  ouvrage  n'eût  pas  alors  de  succès, 
Lully  en  comprit  le  mérite,  et  Cavalli  devint 
un  de  ses  modèles.  On  lui  doit  aussi  plu- 
sieurs grandes  compositions  pour  l'église;  entre 
autres  un  Te  Deum,  un  Exaudiat,  le  psaume 
Plaudite  (/entes,  le  Veni  Creator,  un  Jubi- 
late ,  ua  Miserere,  un  De  profundis  et  un 
Libéra.  Il  ne  réussissait  pas  moins  bien  dans 
ce  genre  qu'au  théâtre,  et  n'y  produisait   pas 

(1)  Par  l'inventaire  des  biens  de  Lully,  fait  après  sa  mort, 
4e  3  avril  1687  et  jours  suivants,  son  argenterie  est  esti- 
mée 16,707  livres;  ses  joyaux  et  pierreries,  13,000  livres; 
ses  deniers  comptants,  250,000  livres;  le  mobilier  de  l'O- 
péra, 11,000  livres,  et  la  salle  80,0«0.  Par  acte  du  18  avril 
1685,  il  avait  loué  sa  maison  de  la  rue  Royale  i,609  livres 
par  an,  et  la  partie  de  la  maison  de  la  rue  Neiive-des-Pe- 
tits-Champs  que  sa  famille  n'occupait  pas,  3,000  francs.  Sa 
charge  de  secrétaire  du  roi  fut  vendue  par  sa  veuve,  le  3 
avril  1687,  moyennant  le  prix  de  71,«00  livres.  Le  Cerf  de 
la  VievUle  de  Fresneuse,  contemporain  de  Lully,  a  dit 
dans  sa  Comparaison  de  la  musique  italienne  et  de  la 
imtsique  françoise  (2=  partie,  p.  197  )  que  ce  musieienavait 
laissé  dans  ses  coffres  six  cent  trente  mille  livres  en  or  ; 
tous  les  biographes  ont  répété  le  même  fait,  et  moi-même, 
je  crois  avoir  dit  cela  quelque  part;  mais  Beffara,  qui  m'a 
fourni  les  renseignements  q«e  je  viens  de  donner,  les  a 
■vérifiés  sur  des  actes  authentiques. 

(2|  Ces  enfants  furent  :  1°  Catherine-Madeleine  de  Lully, 
baptisée  à  l'églLse  Saint- Eustaehe,  le  l*'  mai  1663.  — 
5»  Louis  de  Lully  [voyez  son  article).  —  3»  Jean-Baptiste 
<le  Lully,  né  au  mois  d'aoàt  1665,  à  qui  Louis  XIV  donna 
l'abbaye  de  Saint-Hilaire  près  de  Narbonne,  et  qui  mou- 
rut à  Saint<;ioud,  le  9  juin  17«1.  —  4=  Gabrielle-Hilaire 
de  Lully,  née  au  mois  d'octobre  1666,  qui  épousa  Jacquts- 
Dumoiilin,  dont  une  fille  fut  mariée  au  marquis  de  Com- 
brcux,  et  dont  les  descendants  sont  le  marquis  et  letomte 
de  Uampierre,  ainsi  que  la  venve  du  général  marquis  Des- 
soles, qui  fut  pair  de  France  et  ministre  de  la  guerre.  — 
6°  .fean-Louis  de  Lully  (  voyez  son  article).  —  6°  Marie- 
Louise  de  Lully,  baptisée  à  l'église  Saint-Roch,  le  19  sep- 
tembre 1668.  A  l'égard  de  Chrétien  Lully,  dont  parlent 
GofJ)er,  Choron  et  FayoUc,  il  n'a  point  existé. 


moins  d'effet.  M""  de  Sévigné,  en  parlant  de 
la  pompe  funèbre  du  cliancelier  Seguier  (lettre 
du  6  mai  1672  ),  s'exprime  ainsi  sur  la  musique 
de  Lully  :  «  Pour  la  musique,  c'est  une  chose 
«  qu'on  ne  peut  expliquer.  Baptiste  avait  fait  un 
«  dernier  effort  de  toute  la  musique  du  roi.  Ce 
«  beau  Miserere  y  était  encore  augmenté.  Il  y 
■<  eut  un  Libéra  où  tous  les  yeux  étaient  pleins 
«  de  larmes  :  je  ne  crois  point  qu'il  y  ait  une 
«  autre  musique  dans  le  ciel.  »  Perne  possédait 
en  manuscrit  une  messe  de  Lully  à  quatre  voix 
sans  accompagnement;  elle  est  aujourd'hui  dans 
ma  bibliothèque  :  c'est  un  ouvrage  de  peu  de 
valeur.  La  collection  des  motets  de  Lully,  en 
partition,  copiée  pour  le  comte  de  Toulouse  par 
Philidor  aîné,  forme  cinq  volumes  in-fol.  Les 
Motets  à  2  chœurs  composés  pour  la  chapelle 
du  roi  ont  été  publiés  à  Paris,  par  Christophe 
Ballard,  en  1684,  in-4''  obi. 

Les  tilres  des  ballets,  divertis.'ïements  et  co- 
médies pour  lesquels  Lully  a  écrit  de  la  musique 
et  qu'on  a  retenus,  sont  les  suivants  ;  1"  Alci' 
dione,  à  Saint-Germain.  —  2*  Airs  de  ballets 
de  Xercès,  opéra  italien  de  Cavalli,  représenté 
dans  la  grande  galerie  du  Louvre,  le  11  novem- 
bre 1660.  —  3°  Le  ballet  de  La  Raillerie.  — 
4°  Celui  de  L'Impaticticc.  —  5"  Hercule  amou- 
reux, idem.  —  6°  Les  sept  Planètes,  idem.  — 
7°  L'Amour  malade,  comédie.  —  8"  La  Noce 
au  village ,  ballet-  —  9°  Le  Ballet  des  Arts. 
—  10°  Les  Amours  déguises,  idem.  —  1 1°  La 
Princesse  d'Élide,  comédie-ballet.  —  12"  Ca- 
riselli,  ballet  pour  Fontainebleau.  —  13°  Ae 
Mariage  force,  comédie  de  Molière.  —  14"  La 
Naissance  de  Vénus,  divertissement.  — 
15"  ie  Ballet  des  Gardes.  —  X^"  Le  Ballet 
de  Créqui.  —  17°  Le  Ballet  des  Muses.  — 
18"  La  Fête  de  Versailles,  avec  Molière.  — 
19°  Le  Ballet  de  Flore.  —  20°  L'Amour  mé- 
decin, comédie  de  Molière.  —  21°  Monsieur 
de  Pourceaugnac,  idem.  —  22°  Le  Ballet  de 
Chambord,  ou  le  Bourgeois  gentilhomme, 
idem.  —  23°  Le  Ballet  des  Notions,  suite 
du  Bourgeois  gentilhomme.  —  2i°  Les  Jeux 
Pythiens ,  ballet.  —  25°  Airs  de  danse  de 
Psyché,  trafrédie-ballet.  —  26°  Entr'actes  d'Œ- 
dipe,  tragédie  de  Corneille,  pour  une  représen- 
tation donnée  à  Versailles,  en  1659. 

Lully  doit  sa  gloire  la  plus  solide  à  ses  opé- 
ras. Le  premier,  intitulé  :  Xc5  Fe'tes  de  l'A- 
mour et  de  Bacchus,  fut  représenté  en  1672: 
ce  n'était  qu'une  sorte  de  pastiche  composé  de 
fragments  de  divers  morceaux  écrits  précédem- 
ment par  lui  pour  des  comédies  ou  des  ballets; 
mais  dans  l'année  suivante  parut  Cadmus,  tra- 
gédie lyrique  en  cinq  actes,  poésie  de  Quinauli, 

24. 


572 


LULLY 


où  le  gonie  véiilablement  dramatique  du  com- 
posiieur  s'éleva  tout  à  coup  à  une  grande  hau- 
teur. Alors  sans  interruption  se  succédèrent  Al- 
tvi.'^,  tragédie  en  cinq  actes,  1674;  Thésée, 
idem,  167.^;  Le  Carnaval,  mascarade  et  en- 
trées ;  Atys,  tragédie  lyrique  en  cinq  actes, 
1670;  /s/s,  idem,  1677;  Psyc/îe,  idem,  1678; 
BeUérophon,  idem,  1679;  Proserpine ,  idem, 
1680;  Orphée,  1680;  Le  Triomphe  de  l'Amour, 
ballet  en  vingt  entrées,  1681  ;  Persée,  tragédie 
liri(iue  en  cinq  actes,  1682;  Phaëton,  idem, 
1683;  Amadis,  idem,  1684;  Roland,  idem, 
1185;  L'Idylle  de  la  Paix  et  L'Églogiie  de 
Versailles,  divertissement,  1685;  Le  Temple 
de  la  Paix,  ballet  en  six  entrées,  1685;  Ar- 
mide,  tragédie  lyrique  en  cinq  actes,  1686  ;  Acis 
et  Galatée,  pastorale  héroïque  en  trois  actes, 
1687.  On  a  aussi  attribué  à  Liilly  le  premier 
acte  à'' Achille  et  Polixène,  opéra  de  Colasse, 
joué  en  1677  ;  il  paraît  certain  qu'il  en  avait  écrit 
quelques  morceaux  ;  niais  on  s'est  trompé  lors- 
qu'on a  dit  que  c'était  cet  ouvrage  que  son  con- 
fesseur lui  fit  brfller. 

Si  l'on  compare  le  style  de  LuUy  à  celui  des 
grands  musiciens  italiens  de  son  temps,  on  n'y 
trouvera  d'abord  rien  qui  lui  appartienne  en 
propre.  Les  chœurs  et  le  système  d'instrumen- 
tation rappellent  la  manière  de  Carissimi;  les 
airs  ne  sont  évidemment  que  des  copies  de  ceux 
de  Cavalli  ;  mais  le  sentiment  dramatique  qui 
anime  tout  cela  et  qui  a  longtem|)S  soutenu  le 
succès  de  ses  ouvrages,  avait  sa  source  dans 
l'âme  du  Florentin.  C'est  dans  ce  sentiment 
que  Liilly  puisa  la  force  d'expression  quelles 
hommes  exempts  de  préjugés  de  temps  et  d'é- 
cole estimeront  toujours.  C'est  ce  même  sen- 
timent qui ,  malgré  le  défaut  de  variété  dans 
les  formes,  a  fait  vivre  pendant  un  siècle  ses  ou- 
vrages, premiers  essais  de  l'art  en  France. 
Trente  ans  après  la  représentation  des  premiers 
opéras  de  Lully,  leur  mérite  fut  attaqué  dans 
un  Parallèle  entre  les  Italiens  et  les  François 
en  ce  qui  regarde  la  musique  et  les  opé- 
ras (i)  ;  mais  l'auteur  de  cette  brochure  trouva 
peu  de  sympatliie  parmi  ses  lecteurs.  Cinquante 
ans  après,  c'est-à-dire  lorsque  quatre-vingts  an- 
nées de  succès  non  partagés  eurent  fatigué  l'al- 
tention  de  plusieurs  générations  pour  ces  mêmes 
ouvrages,  la  renommée  de  Lnlly  fut  mise  à  une 
plus  rude  épreuve  par  l'arrivée  à  Paris  d'une 
tj-oupe  italienne  qui  fit  entendre  quelques  com- 
positions de  Léo,  de  Pergolèse  et  de  IMarcello 
de  Capoue,  bien  supérieures  aux  siennes  par  l'é- 
I6gance  des  formes,  les  grâces  et  la  variété  de 

(i|  Par  l'abbé  Ragiicnet;  Paris,  1702,  In  12. 


la  mélodie,  mais  peut-être  moins  puissamment 
dramatiques.  Tous  les  beaux  esprits,  les  hommes 
dont  la  parole  avait  le  plus  d'autorité,  se  dé- 
clarèrent en  faveur  de  cette  musique,  si  nouvelle 
à  des  oreilles  fran^;aises,  et  se  persuadèrent  que 
les  psalmodies  de  Lully,  comme  ils  les  appe- 
laient, ne  soutiendraient  pas  le  parallèle.  Des 
multitudes  de  brochures,  à  la  tête  desquelles  il 
faut  placer  la  lettre  de  Jean-Jacques  Rousseau 
sur  la  musique  française,  furent  publiées  à  cette 
occasion;  cependant,  malgré  le  crédit  littéraire 
de  ses  adversaires,  le  vieux  Lully  sortit  encore 
vainqueur  de  cette  lutte.  N'oublions  pas  enfin 
que  le  génie  de  Rameau  même  fut  impuissant  à 
bannir  de  la  scène  les  œuvres  de  son  prédéces- 
seur, et  qu'après  un  .siècle  il  ne  fallut  pas  moins 
que  les  sublimes  inspirations  de  Gluck  pour  en 
linir  avec  cette  longue  existence.  La  dernière 
représentation  d'un  opéra  de  Lully  (Thésée)  fut 
donnée  en  1778;  il  y  avait  cent  trois  ans  que  le 
même  ouvrage  avait  paru  pour  la  première  fois. 
On  joua  dans  la  même  année  Armide,  Iphigé- 
nie,  Orphée,  de  GInck,  Roland,  de  Piccinni,  et 
les  meilleurs  opéras  italiens  de  ce  dernier, 
d'Anfossi  et  de  Paisiello.  Tel  fut  le  cortège  im- 
posant dont  on  environna  les  obsèques  musi- 
cales du  surintendant  de  la  musique  de  Louis  XIV. 
Que  les  musiciens  de  nos  jours ,  dont  le  dédain 
accueille  d'un  sourire  de  pitié  le  nom  de  ce 
vieux  maître,  n'oublient  pas  qu'il  y  a  des 
beautés  réelles  dans  des  œuvres  qui  jouissent 
d'une  si  longue  vie,  et  qui  font  palpiter  les 
cœurs  de  plusieurs  générations  chez  une  na- 
tion sensible  et  polie.  Sans  doute  il  y  a  trop  d'u- 
niformité dans  le  style  de  Lully;  trop  souvent 
il  a  fait  usage  des  mêmes  rhythmes  ;  les  mêmes 
finales  s'y  reproduisent  trop  fréquemment  dans 
les  phrases  mélodiques,  et  son  instrumentation 
manque  d'effet;  mais  puisque  ces  défauts  mêmes 
n'ont  |)u  nuire  à  ses  succès,  il  faut  bien  avouer 
que  chez  lui  les  qualités  de  l'expression  ont  dû 
être  puissantes,  pour  en  tiiomplier.  D'ailleurs, 
on  ne  peut  apprécier  avec  justesse  le  mérite  d'un 
artiste  qu'en  se  plaçant  au  point  de  vue  de 
circonstances  où  il  s'est  trouvé  et  en  examinant 
linlluence  qu'il  a  exercée  sur  ce  qui  l'entourait; 
or  c'est  dans  un  pareil  examen  que  la  valeur  de 
Lully  se  manifeste  tout  entière.  Tout  était  nul  en 
France  autour  de  lui,  car  le  récitatif  y  était  in- 
connu, et  l'on  n'y  avait  d'autre  genre  de  mélodie 
que  celui  des  chansons.  Le  chant  dramatique  et 
les  chœurs  d'action  y  étaient  des  nouveautés 
inouïes.  Ce  fut  Lully  qui  créa  tout,  qui  anima 
tout,  qui  devint  le  modèle  sur  lequel  on  se  for- 
mula, et  qui  donna  à  l'art  une  existence  qu'il 
n'avait  pas.  , 


LULLY 


373 


Les  opéras  de  Lully  ,  en  partitions  d'orclies- 
tre,  ont  été  imprimées  en  caractère-;  mobiles  ;  lis 
mêmes  partitions  réduites  pour  le  client  avec  une 
partie  de   violon    et    l'indication    des   rentrées 
d'instruments,   plus  la   basse,  ont  été   gravées. 
Voici  l'indication   de  celles  que  je    connais    : 
1"  Les  Fêtes  de  V Amour  et  de  Baccims,    pas- 
torale,   1"    édition    imprimée,    Paris,    1C79; 
2'   idem,    ibid.,    1717.    —    2°  Cadmvs,     tra- 
gédie   lyrique,    1"   édition    imprimée,   Paris, 
1C79;2^  idem,  ibid.,  1719.  —  rAlccsie,  T'^édi- 
lion   imprimée,  Paris,    tG78  ;  2*  idem  ,   parti- 
lion  gravée,  Paris,  1708.  —4"  Thésée,  1"  édi- 
tion imprimée,   Paris,    1678;    2°  idem,  gravée, 
Paris   1711.   —  5°   Le    Carnaval,  mascarade, 
partition  imprimée,    Paris,   1720.    —  G"  Atys, 
r*  édition  imprimée,  Paris,  1679;  2^  idem,  par- 
tition gravée,  Paris,  1709.  —  7°  lus,  1"  édition 
imprimée,  Paris,  1677;  2°  idem;  ibid.,  1719. — 
8'^  Psijclié,  partition   imprimée,  Paris,  1720. — 
!)"   Bcllcrophon,  V  édition  imprimée,  Paris, 
1079;  autre  gravée,  Paris,    1712.  —  10°  Pro- 
serpine ,    partition    imprimé*,    Paris,     1680; 
V  idem,  ibid.,   1707.   —  M"  Le  Triomphe  de 
l'Amour,    ballet,    partition    imprimée,    Paris, 
1681.  —  12°  Pcrsée,  T*  édition  imprimée,  Pa-  j 
ris,  1682;  2e  idem,  gravée,  Paris,  1710.  J'en  ai  \ 
le  manuscrit  de  la  main  de  Colasse  et  signé  par 
lui.  —  13°  Phaéton,  f^  édition  imprimée,  Pa- 
ris,   1083;   2e    idem,  gravée,  ibid.,    1718.   — 
ii"  Aniadis,  V  édition  imprimée,  Paris,  1684; 
2e  idem,  gravée,    ibid.,    1711.  —  15°  Roland, 
ire  édition  imprimée,  Paris,  1685;  2^  idem,  gra- 
vée, ibid.,  1709. —  16°  Le  Temple  de  la  Paix, 
ballet  ;  Paris,  1685,  imprimé.  — 17°  L'Idylle  de  la 
Paix  et  L'Égloguede  Versailles,  partition  impri- 
mée,Paris,  1085.  —  lS°Armide,  première  édition 
imprimée,  Paris,  1686;  2e  idem,  gravée,  ibid., 
1710.   —   19°  Acis  etGalatée,  partition   im- 
primée, sans  date,  mais  vraisemblablement  pu- 
bliée en  1687.  On  y  trouve  le  portrait  de  Lully, 
gravé  par  Bonnard. 

On  a  plusieurs  biograpliies  de  Lully  :  la  pre- 
mière en  date  a  été  donnée  par  Le  Cerf  de  la 
Vieville  de  Fresnense,  dans  la  deuxième  partie 
(le  la  Cojnparaison  de  la  musique  italienne 
et  de  la  musique  françoise  (p.  182-239),  Titon 
(lu  Tillet  en  a  inséré  une  autre  dans  le  Par- 
nasse français.  Il  en  existe  une  mieux  faite, 
sous  le  titre  de  Lulll  musicien,  brocbure  in-8° 
sans  date  (1779)  et  sans  nom  de  lieu  (Paris). 
Cette  biographie  est  l'ouvrage  de  François  Le 
Prévost    d'Exmcs  (I).  Sénecé  a  donné  aussJ, 

11)  Ainsi  nommé  p.nrce  qu'il  était  de  la  petite  ville 
(i'Kxmcs  (Orne).  I.ittcratcur  de  mérite,  ra.iispeu  fortuné, 
Ue  Prévost  écrivit  cette  notice  iioiir  un  recueil  de  Biogra- 


sous  le  voile  de  l'anonyme,  une  sorte  de  biogra- 
phie satirique  de  Lully  dans  le  pamphlet  intitulé  : 
Lettre  de  Clément  Marot  à  Monsieur  de  ***, 
touchant  ce  qui  s'est  passé  à  l'arrivée  de 
Jean-Baptiste  de  Lully  aux  Champs-Elysées. 
A  Cologne,  chez  Pierre  Marteau,  1688,  petit 
in-12. 

LULLY  (Louis  DE),  fils  aîné  du  précédent, 
né  à  Paris,  le  4  aoilt  1604,  eut,  après  la  mort  de 
son  frère  Jean-Louis,  la  charge  de  surintendant 
et  de  compositeur  de  la  chambre  du  roi.  Par  un 
acte  de  cession  du  privilège  de  l'Opéra  en  1713, 
on  voit  qu'il  vivait  encore;  l'époque  préci.se  de 
sa  mort  est  ignorée.  Il  écrivit  avec  son  frère 
Jean-Louis  la  musique  de  l'opéra  Zéphire  et 
Flore  (en  trois  actes),  qui  fut  représenté  le  22  mars 
1088.  En  1090  il  donna,  avec  son  frère  Jean- 
Baptiste,  Orphée,  tn  trois  actes,  qui  eut  peu  de 
succès.  Trois  ans  après,  il  fit  représenter  Alcide, 
ou  le  Triomphe  d'Hercule,  dont  il  avait  com- 
posé la  musique  en  collaboration  avec  Marais. 
Enfin  il  donna  au  mois  d'octobre  1695,  avec 
Colasse,  le  Ballet  des  Saisons,  on  quatre  en- 
trées. Dans  le  voyage  de  la  cour  à  Fontainebleau 
en  1703,  il  fit  exécuter  devant  le  roi  une  can- 
tate intitulée  :  Le  Triomphe  de  la  Raison. 

LULLY  (Jean-Baptiste  DE),  deuxième  fils 
du  célèbre  compositeur,  naquit  à  Paris,  au  mois 
d'août  1665.  Élève  de  son  père  pour  la  musique, 
il  fit  des  éludes  littéraires  et  théologiques  au 
séminaire  de  Saint-Sulpice.  Louis  XIV  lui  donna 
l'abbaye  de  Saint-Hilaire,  près  de  Narbonne,  ce 
qui  n'empôcha  pas  qu'il  eût  une  pension  sur  l'O- 
péra, après  la  mort  de  son  père.  Il  mourut  à 
Saiut-Cloud,  le  9  juin  1701.  Avant  d'entrer  au  sé- 
minaire, il  avait  composé  avec  son  frère  Louis 
ia  musique  d'Orphée,  opéra  en  trois  actes,  qui  fut 
repré.seiité  en  1690.  On  cite  aussi  de  sa  com- 
position quelques  cantates  et  des  symphonies. 

LULLY  (  Jean-Louis  DE  ),  troisième  fils  de 
Jean-Baptiste,  fut  baptisé  à  l'église  de  Saint- 
Roch,  le  24  septembre  1667.  Désigné  pour  la 
survivance  des  places  que  son  père  occupait  à 
la  cour,  il  n'en  jouit  pas  longtemps  après  le  dé- 
cès de  celui-ci,  car  il  mourut  à  l'âge  de  vingt  et 
un  ans,  le  28  décembre  1688,  et  fut  inhumé  le 
lendemain  aux  Petits-Pères.  On  ne  connaît  de 
sa  composition  que  l'opéra- ballet  de  Zéphire 
et  Flore,  qu'il  fit  avec  son  frère  Louis,  et  qui 
fut  représenté  'e  22  mars  1680. 

ptiies  d'hommes  rélébrcs,  que  voulait  publier  une  sor;tté 
d  hommes  de  lettres  ;  mais  cette  entreprise  ne  réussit 
pas  et  ne  fut  pas  continuée,  les  exemplaires  de  la  Notice 
I  sur  Lully,  tirés  à  part,  sont  très-rares.  Le  Prévost  d'Ex- 
mes  mourut  de  misère,  à  l'hôpital  de  la  CUiarltc,  en  1793. . 
11  était  né  le  29  septembre  1729. 


1 


374 


LUMBIE  —  LUNEAU  DE  BOISTERMAIN 


LUMBYE  (H.  C),  compositeur  de  danses 
et  clief  d'orchestre  danois,  surnommé  le  Sti'auss 
du  Nord,  est  né  à  Copenliague,  vers  1816.  Il 
commença  à  se  faire  connaître  dans  sa  patrie 
vers  1839 ,  et  obtint  tout  d'abord  de  brillants  suc- 
cès par  l'originalité  de  ses  mélodies  dansantes, 
la  variété  des  rliythmes  et  le  brillant  de  l'ins- 
trumentation. En  1841,  il  établit  des  concerts  de 
danse  à  l'hippodrome  de  Copenhagne,  avec  un 
orchestre  qu'il  avait  formé  et  qu'il  dirigeait  avec 
talent,  à  l'imitation  de  Strauss  et  de  Lanner.  Ses 
compositions,  bientôt  répandues  dans  le  Nord  , 
en  Allemagne,  en  France,  en  Angleterre,  furent 
arrangées  pour  le  piano ,  à  deux  et  à  quatre 
mains,  et  publiées  à  Leipsick,  chez  Breitkopf  et 
Hœrtel.  En  1845  il  se  rendit  à  Paris  avec  son  or- 
chestre, et  s'établit  dans  la  salle  qui  existait  alors 
rue  Vivienne  :  il  y  fit  une  vive  impression  sur 
l'auditoire  des  premières  soirées  ;  mais  à  cette 
époque  il  n'y  avait  d'enthousiasme  oossible  dans 
celle  grande  ville  que  pour  les  concerts  de  Mo- 
sard,  quoique  sa  musique  de  danse  fût  bien 
moins  originale  et  moins  piquante  que  celle  du 
compositeur  danois.  Lumbye,  qui  ne  pouvait 
prolonger  la  lutte,  à  cause  des  frais  énormes  oc- 
casionnés par  le  personnel  de  son  orchestre, 
prit  le  parti  de  retonrner  en  Danemark,  où  bien- 
tôt ses  succès  eurent  réparé  ses  pertes.  En  1846 
il  visita  Berlin,  et  deux  après  il  se  rendit  à  Ham- 
bourg et  à  Leipsick.  Les  quadrilles,  valses,  galops 
et  polkas  de  cet  artiste  s'élèvent  au  nombre  de 
plus  de  trois  cents. 

LUMPP  (Léopold),  organiste  et  maître  de 
chapelle  à  la  cathédrale  de  Fribonrg-en-Brisgau, 
est  né  le  4  janvier  1801 ,  à  Baden-Bade,  où  son 
père  était  organiste  et  directeur  de  musique. 
Lumpp  père  ayant  été  appelé  plus  tard  à  Ras- 
tadt,  en  qualité  de  professeur  de  l'école  des 
instituteurs  primaires,  Léopold  lit  ses  études 
littéraires  au  lycée  de  cette  ville,  puis  à  l'uni- 
versité de  Friboiirg.  Pendant  qu'il  y  suivait 
les  cours  de  théologie,  il  continua  de  s'instruire 
dans  la  musique,  qu'il  cultivait  depuis  son  en- 
fance. Après  qu'il  eut  été  ordonné  prêtre,  le  24 
mai  1823,  à  Rothenbourg  sur  le  Necker,  il  fut  en- 
voyé comme  vicaire  à  l'église  paroissiale  deRas- 
tadt.  En  1825,  il  y  fut  nommé  professeur  et  se- 
cond maître  de  musique  de  l'école  normale. 
Lors  de  l'érection  de  l'archevêclié  de  Fribourg, 
en  1827,  Lumpp  y  fut  appelé  comme  bénéficier 
de  la  cathédrale,  et  chargé  d'enseigner  le  plain- 
cliant  au  séminaire;  en  même  temps  il  remplis- 
sait les  fonctions  d'organiste.  Eu  183Silreçutsa 
nomination  de  maître  de  chapelle  de  la  cathé- 
drale. Ses  ouvrages  sont  ceux-ci  :  1"  Sammlung 
der  bci  Kirchlichen  Feierlichketten  ublichen 


Choralgessenge  fur  KatoUsche  Geistliche  etc. 
(  Collection  de  plain-chants  à  l'usage  des  solen- 
nités de  l'église  pour  le  clergé  catholique,  etc.  )  ; 
Fribourg,  Herder,  1830.  Une  deuxième  édition  a 
paru  sous  ce  titre  :  Der  Choralgesangen  nach 
der  Cultus  der  KatholLschen  Kirche  fur  Geist- 
liche, Cantoren  und  Organisten  (Manuel  du 
chant  de  l'église  catholique  à  l'usage  des  ecclé- 
siastiques, des  chantres  et  des  organistes  );  ibid., 
1837.  —  2"  Messes  allemandes,  à  quatre  voix, 
6  suites  ;  ibid.,  1833.  —  3"  Huit  chants  à  voix 
seule,  avec  accompagnement  de  piano,  deux  ca- 
hiers ;  tbid.  1837.  —  4°  Edouard  et  Julie ,  chant 
alternatif  pour  ténor  et  soprano,  avec  ace.  de  piano; 
ibid.,  1838. —  5°  Livre  de  cantiques  pour  le  dio- 
cèse de  Fribourg,  en  collaboration  avec  Gassner 
(voij.  ce  nom)  ;  ibid.,  1839.  —  6°  Préludes  pour 
l'orgue,  première  et  deuxième  partie;  ibid.  — 
7"  Recueil  de  préludes  et  de  finales  pour  l'orgue, 
suivi  de  pièces  faciles,  ibid. 

HJ1\D  (  Jean  ) ,  pasteur  luthérien  à  Ton- 
dern,  dans  le  duché  de  Schleswig,  naquit  à  Flens- 
bourg,  en  1638,  et  mourut  en  1686.  On  a  de  lui 
un  livre  intitulé  :  Alte  judische  Heiligihumer, 
Goltesdienste  und  Gewohnheiten  des  ganzen 
levitischen  Priesterlhums  (  Antique  sanc- 
tuaire judaïque,  cérémonies  et  coutumes  reli- 
gieuses de  tout  le  ministère  des  lévites),  dont  la 
deuxième  édition,  publiée  par  Mtihlius,  a  paru  à 
Hambourg,  en  1738,  in-fol.  Lund  y  traite,  dans 
les  chapitres  4^  et  âe  du  4e  livre,  des  instru- 
ments et  du  chant  des  lévites. 

L(JI\D  (Daniel),  savant  suédois,  né  à 
Fogdœ,  dans  la  Sudermanie,  le  1^"^  août  1666, 
fut  professeur  de  langues  orientales  à  Abo  et  à 
Upsal,  puis  évoque  de  Strengnaës.  H  mourut 
le  25  décembre  1747,  à  l'âge  de  quatre-vingt- 
nn  ans.  Parmi  les  nombreuses  dissertations  aca- 
démiques qu'il  a  publiées,  on  en  trouve  une  in- 
titulée :  De  musica  Hebrœorum  antiqua,  Up- 
sal, 1707,  in-8°. 

LUND  (  CHiiÉTiEN-ER>EST  ) ,  né  dans  un  vil- 
lage près  de  Gliickstsedt,  en  Danemark,  le  11 
mars  1683,  étudia  la  théologie  à  Wittenberg;i| 
fut  ensuite  professeur  au  collège  de  Flensbourg, 
puis,  en  1712,  diacre  dans  la  même  ville,  où  il 
mourut,  le  21  janvier  1767.  On  a  de  lui  une  dis- 
sertation intitulée  :  Oratio  de  reqaisitis  bonis 
caniom;  Flensbourg,  1739. 

LUJ\EAU  DE  BOISJERMAIIV  (Pierre- 
Joseph-François  )  ,  littérateur  médiocre,  connu 
par  un  commentaire  sur  Racine,  est  né  à  Issou- 
dun,  en  1732.  Après  avoir  achevé  ses  études  au 
collège  de  Bourges,  dirigé  par  les  jésuites,  il 
entra  dans  leur  société;  mais  bientôt,  dégoûté 
de  l'état  qu'il  avait  embrassé,  il  le  quitta,  el  alli 


LUNEAU  DE  ROISJERMAIN  —  LUPI 


375 


s'établir  à  Paris,  oii  il  se  livra  d'abord  à  des  spé-  ^ 
dilations  de  librairie,  qui  ne  (ureiit  point  beu- 
reuses.  Il  passa  le  reste  de  sa  vie  dans  l'obscurité, 
..et  mourut  le  25  décembre  1801.  Parmi  ses  écrits, 
on  remarque  un  Almanach  muskal  dont  il  a 
paru  trois  années,  en  quatre  parties,  1781-83, 
4  vol.  in-12  :  c'est  un  recueil  (ait  sans  discerne- 
ment et  sans  connaissance  de  l'art. 

LUPACCIIIXO(BEKNARmNO)  DELVASTO, 
compositeur  de  l'école  romaine,  dans  le  seizième 
.siècle,  succéda  à  Paul  Animuceia  comme  uiaître 
de  cbapelle  de  Saint- Jean-de-Latrau.  L'abbé 
Buini  nous  apprend,  d'après  les  registres  de 
cette  église,  que  le  cbapitre  lui  accorda  six 
écus  pour  le  délivrer  de  la  poursuite  de  ses 
créanciers  ;  mais  que  son  congé  lui  fut  donné  en 
1555,  parce  qu'il  faisait  souvent  des  excès  d'in- 
tempérance, après  avoir  teruuné  son  service  à 
l'église.  Ce  fut  Palestrina  qui  lui  succéda  dans 
son  emploi.  Lupaccbino  lut  un  musicien  de  beau- 
coup démérite.  Pitoni  dit  de  lui,  dans  ses  notices 
manuscrites  sur  les  compositeurs,  qu'il  était  ex- 
cellent maître  de  cJiant,  et  qu'il  avait  écrit  de 
bons  solfèges  et  des  ricercari  k  deux  voix.  On 
connaît  sous  son  nom  :  1°  Madrigali  à  quattro 
voci,  lib.  I;  Venise,  Ant.  Gardane,  1546.  — 
2"  idem,  lib.  II  ;  ibid.,  1546.  —  3"  Madrigali 
a  h  voci,  lib.  I;  Venise,  1547,  in-4''.  Dans  une 
collection  publiée  à  Venise,  par  Gardane,  en 
1559,  on  trouve  aussi  des  madrigaux  de  cq 
musicien. 

LUPI  j  LUPUS.  Beaucoup  de  recueils  de 
compositions  du  seizième  siècle  renferment  des 
morceaux  sous  ces  noms.  On  a  souvent  confondu 
Jes  artistes  qui  les  ont  portés.  De  nouvelles  re- 
cbercbes  m'ont  permis  de  débrouiller  ce  cahos. 
Ainsi  que  je  l'ai  dit  dans  la  première  édition  de 
cette  Biograpliie,  les  désignations  sont  quelque- 
fois assez  claires  pour  distinguer  avec  certitude  les 
artistes  qui  ont  porté  le  nom  de  Lnpi;  ainsi 
l'un  est  appelé  Jean  Lnpi;  un  autre,  Lnpus 
XUJ3Ï,- un  troisième,  Didier  Lupi,am^e\é  souvent 
Didier  Lupi  second;  enfin,  il  y  a  aussi  Ma7i- 
fred  Lvpi,  compositeur  né  au  commencement 
du  seizième  siècle,  à  Correggio,  dans  le  ducbé 
de  lModène,et  dont  lé  nom  de  famille  était  Lupi 
Barharini.  Pour  tous,  Lxipi  est  le  nom  de  ïà- 
m\\\&;  J ohannes  ou  Jean,  Lupus,  Didier,  Man- 
fred,  les  prénoms.  Jean  Lupi  et  Lupus  Lupi 
étaient  Flamands,  et  lournom  de  famille  était,  sans 
aucun  doute,  Wolf  i  Loup),  dont  la  traduction 
latine  est  Lupus;  mais  d'après  l'usage  général 
des  Pays-Bas,  les  noms  de  famille  flamands  ou 
latins  se  mettaient  au  génitif,  tandis  que  les 
prénoms  étaient  toujours  au  nominatif.  Il 
buit  de  là  que  Lupus  est    le  nom  patrony- 


mique, car  il  y  a  dans  le  calendrier  trois  saints 
du  nom  de  Zowju  (enlalin  iifpiis),  tous  trois 
évoques.  Ainsi  Johannes  Lupi  signifie  Jean 
Wolf;  Lupus  Lupi,  Loup  Wolf.  A  l'égard  de 
Didier  Lupi,  il  était  Français,  et  son  nom  de  fa- 
mille était  Lupi;  il  vécut  plus  tard  que  les  au- 
tres, et  ne  peut  être  confondu  avec  eux.  HJan- 
fredi  Lupi  était  Italien  ;  son  nom  de  famille 
était  Lupi  Barharini.  La  difficulté  consiste  en 
ce  que,  dans  les  recueils  de  composition  du 
seizième  siècle,  on  trouve  quelquefois  £i(/»i , 
seul,  et  quelquefois  Lupm,  également  seul. 
Si  c'est  Lupi,  il  est  incertain  si  le  morceau 
appartient  à  Jean  Lupi  ou  à  Lupus  Lupi 
si  c'est  Lupus,  il  est  douteux  si  l'ouviage 
est  de  Lupus  Lupi  ou  de  Lupus  HelLinc 
(  voyez  Hëllinc  ) ,  qui  vécut  dans  le  même  temps. 
Toutefois  il  est  à  remarquer  que  les  éditeurs  ont 
pris  le  soin,  en  général,  de  nommer  ce  dernier 
par  son  nom  de  famille.  J'ai  distingué ,  autant 
qu'il  m'a  été  possible,  dans  les  articles  suivants, 
ce  qui  appartient  à  cbacun  de  ces  artistes. 

LUPI  (Jean),  musicien  flamand,  dont  le 
nom  était  Wolf,  fut  un  des  artistes  distingués 
de  la  première  moitié  du  seizième  siècle.  On 
ignore  quel  fut  le  lieu  de  sa  naissance  et  dans 
quelle  école  il  fit  *es  études.  M.  de  Coussemaker 
pense  qu'il  fut  enfant  de  cbœur  de  la  catbé- 
drale  de  Cambrai,  parce  qu'il  a  trouvé  le  nom 
Johannes  Lupus  écrit  sur  la  garde  d'un  manus- 
crit de  la  bibliothèque  de  cette  ville,  lequel  pro- 
vient du  cbœur  de  la  cathédrale  (1).  Bien  que  la 
conclusion  de  ce  fait  soit  un  peu  forcée,  la  chose 
n'est  pas  impossible.  Quoi  qu'il  en  soit,  la  plus 
ancienne  mention  authentique  de  la  position  de 
Jean  Lupi  est  celle  qui  a  été  découverte  par 
M.  Pincbart,  chef  de  section  aux  archives  du 
royaume  de  Belgique,  dans  les  comptes  de  la 
collégiale  de  Nivelles.  Sa  note  est  conçue  en  ces 
termes  :  «  En  1502,  Johannes  Lupi  est  rem- 
«  placé  en  qualité  d?organiste  du  chapitre  de  Ni- 
«  velles,  ou  plutôt  de  l'église  collégiale  deSainte- 
«  Gerlrude,  par  Othon  de  Pont.  Le  motif  de  son 
«  remiilacement  n'est  pas  indiqué.  »  M.  Pin- 
cbart conjecture  que  Jean  Lupi  a  été  élève  de 
Jean  Tinctoris,  qui ,  dans  les  dernières  années 
du  quinzième  siècle,  était  chanoine  de  la  même 
collégiale,  et  peut-être  aussi  maître  des  en- 
fants de  chœur.  A  l'égard  du  motif  qui  fit 
abandonner  par  Jean  Lupi  sa  position  d'orga- 
niste de  l'église  de  Nivelles,  on  en  trouve  l'ex- 
plication dans  les  registres  de  l'éghse  Sainte- 
Marie  d'Anvers,  où  l'on  voit  qu'il  fut  chapelain' 

(1)  A'otiee  sur  les  collections  muslcalet  de  la  biOiio- 
ihéque  de  Cambrai,  p.  25  et  40. 


376 


LUPI 


cliantre  de  cette  collégiale  dans  la  première  moitié 
du  seizième  siècle,  et  qu'il  mourut  en  1547.  Les 
ouvrages  de  sa  composition  portant  les  noms  de 
Joh.,  ou  Jo.,ou  J.  Lupi,  sont  ceux-ci  :  1°  Jo. 
Lupi  Mvsicx  cantioncs  qux  vulgo  Moleiti 
nnncupaniui-  8,C),  5  et  ivocuin;  Parisiis,  ex 
ofjicina  Pelri  Atiaingnant  et  Huberti  Jallet, 
1542,  in-4''  obi.  —  2"  Joh.  Lupi  Mutetx  qua- 
tuor et  qulnque  vocibus  concinendœ  ;  Venetiis, 
apud  Anionium  Gardanum,Wtb.  Les  recueils 
où  l'on  trouve  des  morceaux  sous  les  mêmes 
noms  sont  :  1°  Mofetti  de  la  Corona,  Libro 
secundo;  impressum  Forosempronli,  per  Oc- 
tavlanwn  Peirutium,  etc.,  1519,  petit  in-4°.  Le 
molet  Postquam  consummaii  sunt,  qui  est  le 
finquième  de  ce  livre,  est  de  Jean  Lupi. —  2°  31o- 
tetti  del  Fruito.  Liber  pi'imus  (sic).  In  Vene- 
tia,  Antonio  Gardane ,  1538,  petit  iM-4°  obi. 
On  y  trouve  deux  motels  de  Jean  Lupi.  —  S'"  Fior 
di  Mottetti  tratli  dalli  Mottetii  del  Fiore.  In 
Venetia,  per  Antonio  Gardane,  1539,  petit  111-4° 
obi. —  4o  Missarumquinque  liber  primus,  cum 
quatuor  vocibus  ex  diversis  aathoribus  excel- 
lent issimisnoviter  inunum  congestus.  Venetiis, 
apud  Hieronymum  Scolum,  1544,  petit  in-4" 
obi.  On  y  trouve  la  messe  Peccata  inea  de  Jean 
Lupi.  —  50  Selectissimx  nccnun  familiaris- 
simx cantiones  ultra  centum,  publié  pars.  Sal- 
blinger  {voy.  ce  nom  ).  Auguslx  Vindelicoj-um, 
Melchior  Kriesstein,  15G0,  petit  in-4''  obi.  — 
60  Cantiones  septem,  sex,  et  quinque  vocum, 
publié  par  le  même  éditeur;  ibid.,  1645,  petit 
in-4o  obi — ',0  Concentus  octo  ,  sex,  quinque 
et  quatuor  vocum;  Augustx  Vindelicorum , 
Philippus  Vhlardus,  1545.  —  8"  Novum  et 
insigne  opus  musicum,  sex,  quinque ,  et  qua- 
tuor vocum;  Koribergee ,arte  Mxetonynn  Gra- 
pliœi,  1539,  in-40  obi.  —  9»  Liber  quindecim 
missarum  a  prœstantissimis  musicis  compo- 
sifarum  ;  ISoribergx,  apud  Jo.  Petreium,  1538, 
petit  in-40  obi.  On  y  trouve,  sous-le  n"  VIII,  la 
messe  Hercules  dux  Ferrarix,  de  Lupi,  sur 
le  même  chant  que  celui  delà  messe  de  Josquin  : 
cette  messe  est  aussi  dans  le  Liber  decem  mis- 
sarum a  prxclaris  maximi  nominis  musicis 
contextus;  publié  par  Jacques  Moderne  de  Pin- 
guento,  à  Lyon,  1540,  petit  in-fol.  —  10°  Tomus 
secundus  et  tomus  teriius  psalmorum  selec- 
torum  quatuor  et  quinque  vocum;  ISoribergx, 
apud  Jo.  Petreium,  1539  et  1542,  in-40.— 
1 1"*  Selectissimarum  Moteiaruni  pariim  quin- 
que  et  partim  qualuorvocum.  Tomus  primus  ; 
ibid.,  1540.  —  12°  Liber  primus  quinque  et 
viginli  musicales  quatuor  vocum  motetos 
complectitur  ;  Parisiis,  apud  Pet rum  Atiain- 
gnant, 1534,  petit  in-4"  obi.  —  13"  Liber  ocia- 


vus,  XX  musicales  motetos  quatuor,  quinque 
et  sex  vocum  modulos  habet,  etc.  ;  ibid.,  1534. 
—  ik°  Liber  nonus ,  XXIIt  Davilicos  (sic)  mu- 
sicales psalmos  habet;'\h\i.,  1534.  —  15"  Liber 
tertius,  et  liber  quartus  cum  quatuor  vocibus , 
impressum  Lugduni ,  per  Jacobum  Moder- 
num  de  Pinguento.  Anno  Domini  1539,  in-4° 
obi.  Ces  deux  recueils  sont  des  collections  de 
motets.  —  16°  Quartus  liber  Moitetlorum  ad 
quinque  et  sex  voces ;  ïb\d. ,  1539.  —  il'' Chan- 
sons à  4  parties ,  auxquelles  sont  contenues 
XXXI  nouvelles  chansons,  convenables  tant 
à  la  voix  qu'aux  instruments,  livre  I ;  impri- 
mées à  Anvers,  par  Tylman  Susato,  154.3.  — 
18°  Le  deuxième  livre  des  chansons  à  quatre 
parties;  ibid.,  1544.  —  19°  Ze  cinquième  livre , 
contenant  XXXII  chansons  à  5  et  6  parties  ; 
ibid.,  1544.  —  20°  Le  treizième  livre,  con- 
tenant XXVI  chansons  musicales  et  nouvelles 
à  5  parties;  ibid.,  (sans  date).  —  21°  Cantiones 
sacrx,  quas  vulgo  âlotetta  vacant,  ex  opti- 
mis  qaibusquehujus  xtatis  musicis selectx.  Li- 
bri  quatuor.  Ed.  Tilemannus  Susato.  Antwer- 
pix,  apudTillemannujn  {sic}  Susato, iM6-iài7, 
gr.  in-40.  —  22°  Libro  llamado  Silva  de  Sire- 
nas,  compuesto  por  el  excelente  mvslco  Anri- 
quez  de  Valderavano,  etc.  En  Valladolid,  per 
Francisco  Fernande':  de  Cordova,  impt  essor, 
gr.  iu-4°.  —  Plusieurs  messes  de  Jean  Lupi 
sont  contenues  dans  les  anciens  volumes  manus- 
crits de  la  chapelle  pontificale,  à  Rome. 

LUP3  (Lupus),  musicien  belge,  dont  le  nom 
de  famille  fut  Wolfel  le  prénom  Lupus  (Loup), 
vécut  dans  la  première  partie  du  seizième  siè- 
cle. La  position  qu'il  occupa  n'est  pas  connue  ■ 
les  recberclies  patientes  de  MM.  de  Burbure  et 
Pinchart,  ainsi  que  les  miennes,  ne  nous  ont  rien 
fait  découvrir  à  ce  sujet.  Hermann  Finck  en 
parie  avec  éloge  dans  sa  Practica  musica , 
c^mme  s'il  l'avait  connu;  d'autre  part  on  peut  croire 
qu'il  a  vécu  en  Italie,  comme  beaucojip  d'artistes 
de  sa  nation  à  cette  époque,  car  l'abbé  Baini, 
maître  de  la  chapelle  pontificale,  dit  dans  une 
note  de  son  livre  sur  Palestrina  (\)  :  Le  opère  di 
Lupo  Lupi  si  trovano  nella  raccoUa  indicato 
del  Fiore,  nella  raccolta  del  Fruito,  et  varie  se 
ne  conservano  inédite  nel  nostro  archivio.  Plu- 
sieurs messes  à  quatre  et  cinq  voix  de  Lupus  Lupi 
se  trouvent  dans  les  volumes  des  archives  de  la 
chapelle  pontificale  à  Rome.  Le  volume  XVI  des 
manuscrits  de  la  bibliothèque  royale  de  Munich, 
provenant  de  l'ancienne  chapelle  ducale,  contient 
un  motetà  4voixdeLupusLupi,  et  le  volume  XLI 
de  la  même  bibliothèque  renferme  une  messe  à 

())  T.  Il,  pag.  359,  note  646. 


UlPl    —  IXTUS 


377 


cinq  voix  de  cel  artiste.  Les  autres  recueils  qui 
conliennentde  ses  compositions  sont  :  1°  Moltctii 
del  Flore;  Venise,  AnI.  Gardane,  1552.  On  y 
trouve  :  1°  le  motet  de  ce  maître  Panis  quem 
ego  dabo.  —  2"  Mottetti  del  Frulto,  Itbro  se- 
conda ;  Venise,  Ant.  Gardano,  1544.  Le  motet 
Hierusalem  luge  ,  qui  se  trouve  dans  le  hui- 
tième livre  des  Musicales  motelos  quatuor, 
quinque ,  vel  sex  vocum  (Parisiis,  P.  Attain- 
gnant,   1543,  in-i"  obi.)  est  aussi  de  lui. 

LUPI  (DiDiEii),  musicien  français,  vécut  dans 
la  seconde  moitié  du  seizième  siècle,  et  paraît 
avoir  été  employé  dans  quelque  éj^lise  de  Lyon, 
ou  du  moins  avoir  vécu  dans  cette  ville  ;  car  ses 
ouvrages  y  ont  été  imprimés.  Didier  Lupi  est 
nommé  dans  le  prologue  du  quatrième  livre  de 
Rabelais, parmi  les  musiciens  fiançais  qui  eurent 
de  la  célébrité  vers  le  milieu  du  seizième  siècle. 
Les  notes  de  Le  Ducliat  et  des  autres  commenta- 
teurs de  ce  passage  ne  nous  apprennent  rien 
de  plus,  et  les  renseignements  fournis  sur  cet 
artiste  par  son  contemporain  Duvcrdier,  dans  sa 
Bibliothèqxie,  sont  dénués  d'intérêt.  Il  était  sou- 
vent désigné  sous  le  nom  de  Lupi  second,  pour 
le  distinguer  de  Jean  Wolf ,  ou  Lupi  d'Anvers, 
son  prédécesseur  immédiat  {  V.  Llm  [Jean).  Les 
ouvrages  connus  deDidier  Lupi  sont  les  suivants  : 
lt>  Chansons  spirituelles  de  Guillaume  Guer- 
ret  mises  eii  musique  à  quatre  parties;  Lyon, 
cliezGodefroid  et  MarcellinBeringer  frères,  1548, 
in-4".  Une  deuxième  édition  de  cet  œuvre  a  été 
imprimée  à  Paris,  par  Nicolas  Dncliemin , 
en  1571,  in-40  obi.  —  2"  Tiers  livre, contenant 
trente-cinq  chansons  à  4  parties^;  ibid.,  1548, 
in-4o  obi.  —  3°  PsaUne  trente  du  royal  Pro- 
phète David,  traduits  en  français  par  Gilcs 
Davrigny,  dit  le  Pampliile,  et  mis  en  musique 
par  D.  Lupi  second;  Lyon,  par  Godefroid  et 
Marceilin  Beringer  frères,  1549,  in-4o  obi.  Dans 
le  deuxième  livre  du  Eecueil  des  recueils  de 
chansons  coiiiposces  à  quatre  parties  par 
plusieurs  auteurs  (Paris,  Adrien  Le  Roy  et  Ro- 
bert Ballard,  1564,  in-4o) ,  on  trouve  deux  chan- 
sons à  4  voix  sous  le  nom  de  Luppi.  Un  pré- 
cieux manuscrit  qui  a  appartenu  à  la  duchesse 
d'Orléans,  mère  du  roi  Louis-Philippe,  lequel 
contenait  une  nombreuse  collection  de  motets  et 
(le  chansons  à  4  voix,  renfermait  une  très-jolie 
chanson  de  Didier  Lupi,  sur  ces  paroles  ;  Re- 
viens vers  moi,  qui  suis  tant  désolé  ' 

LUPI  (Mario)  ,  chanoine  et  primicerio  de 
l'église  cathédrale  de  Bergame,camérierd'honneur 
du  pape  Pie  VI,  naquit  à  Bergame ,  d'une  famille 
noble,  en  1710.  Il  fit  ses  études  dans  sa  ville  natale 
et  au  collège  Cerasoli  à  Rome.  Par  ses  travaux 
littéraires  il  acquit  la  réputation  d'un  homme 


savant.  Il  mourut  dans  sa  patiie,  le"  novembre 
1789.  On  connaît  de  lui,  en  manuscrit,  une 
Dissert azione  intorno  al  suono. 

LUPI  BARBARIIM  (Manfred);  Yoy. 
BARBARINI  (  Manfred-Lupi). 

LUPOT  (Nicolas),  luthier  distingué,  naquit 
en  1758,  à  Slutlgard,  où  son  père,  Français  de 
naissance,  exerçait  la  même  profes.'Jon.  Gelui-ci 
quitta  la  capitale  du  Wurtemberg  lorsque  son 
fils  eut  atteint  l'âge  de  neuf  ans,  et  alla  se  fixer 
à  Orléans.  C'est  dans  l'atelier  qu'il  y  établit  que 
le  jeune  Lupot  étudia  les  principes  de  la  facture 
des  instruments  à  archet,  et  qu'il  y  acquit  des 
connaissances  étendues.  En  1794,  il  s'éloigna 
d'Orléans,  pour  aller  s'établir  à  Paris.  Aucun 
luthier  de  son  temps  n'avait  étudié  avec  autant 
de  soin  les  proportions,  les  qualités  des  instru- 
ments anciens,  et  ne  les  connaissait  aussi  bien. 
Stradivari  était  devenu  particulièrement  son  mo- 
dèle, à  cause  de  la  perfection  de  ses  formes  : 
c'est  sur  les  patrons  des  beaux  instruments  de 
cet  artiste  que  Lupot  fit  lui-même  de  très-bons 
violons  et  des  basses  estimées.  11  prenait  quel- 
quefois plaisir  à  choisir  des  bois  convenables 
pour  la  construction  d'un  quintette  complet , 
composé  de  deux  violons,  deux  altos  et  violon- 
celle, et  à  donner  à  ces  instruments  une  analogie 
parfaite  pour  la  qualité  des  sons.  Quelques 
amateurs  ont  eu  de  ces  collections  d'instruments , 
devenues  rares  aujourd'hui.  Lupot  excellait  aussi 
dans  la  restauration  des  anciens  instruments  de 
prix ,  se  bornant  à  y  faire  ce  qui  était  néces- 
saire. Il  avait  recueilli  sur  la  facture  des  anciens 
luthiers  et  les  qualités  de  leurs  instnmients  un 
certain  nombre  d'observations  qu'il  confia  à 
l'abbé  Sibire,  et  qui  servirent  de  matériaux  à 
celui-ci  pour  son  livre  intitulé  :  La  Chélonomie, 
ou  le  parfait  luthier.  (  Voy.  Sibire.)  Lupot  est 
mort  à  Paris,  le  13  août  1824.  Son  gendre  et 
son  meilleur  élève,  M.  C.-F.  Gand,  a  conservé 
ses  principes  dans  laconstruction  desinstruments 
à  archet. 

LUPRANO  ou  LURAXO  (PhilifpeDE). 
compositeur  de  la  lin  du  quinzième  siècle,  né 
vraisemblablement  dans  les  États  vénitiens,  a  été 
un  des  auteurs  de  frottoles  recueillies  et  im- 
primées par  Petrucci  de  Fossombrone  en  neuf 
livres,  depuis  1505  jusqu'en  1508.  On  trouve  des 
pièces  de  cet  artiste  dans  les  neuf  livres. 

LUPUS  (Edouard),  chanoine  de  la  collé- 
giale Sainte-Marie ,  à  Anvers ,  vers  la  fin  du 
seizième  siècle,  a  publié  dans  cette  ville  un  ou- 
vrage cité  par  Paul  BMwSim}?, (Biblioth.  philos., 
p.  182) ,  sous  ce  titre  :  Opuscula  musica;  An- 
vers, 1602,  in-40.  Foppens  ne  parle  pas  de  cet 
écrivain  dans  sa  Bibliotheca  bclgica. 


578 


LURIN  —  LUSIGNANI 


LURIIV  (J.-M.),  avocat  à  la  cour  royale 
(le  Lyon,  littérateur  et  amateur  de  musique,  est 
auteur  d'un  bon  livre  inlituli?  :  Éléments  du 
rhythme  dans  la  versification  et  la  prose 
françaises;  Lyon,  Gaucliu.el  Paris,  Gaume  frè- 
res, 1850,  1  vol.  in-8°.  M.  Lurin  est,  après  le 
litlérateur  français  Fr.-B.  Hoffmann,  et  Caslil- 
Blaze,  le  premier  qui  se  soit  occupé  en  France 
d'une  manière  sérieuse  du  rhyllime  de  la  ver- 
sification dans  ses  rapports  avec  la  musique. 
«  Après  des  erreurs  nombreuses,  dit-il  (l^réface, 
«  p.  5),  de  longs  et  pénibles  tâtonnements,  je  par- 
«  vins,  en  m'appuyant  toujours  sur  les  principes 
«  de  la  musique,  en  feuilletant  sans  cesse  les 
«  poètes  et  les  musiciens,  à  construire  une  tliéo- 
«  rie  complète  du  rliytbme  de  la  versification  et 
«  de  la  prose  françaises.  »  On  ne  peut  faire  à  M.  Lu- 
rin d'autre  reprocbe  que  celui  de  s'être  trop  oc- 
cupé de  la  versification  dans  l'antiquité,  où  le 
mètre  était  en  continuel  conflit  avec  le  rbytbme 
musical  et  souvent  l'absorbait;  mais  dans  la 
partie  qui  concerne  spécialemeut  les  formes  de 
la  versification  française  ,  quant  à  la  symétrie 
rbytlimique,  on  trouve  de  très-bonnes  observa- 
tions. Au  reste,  le  môme  sujet  a  été  traité  récem- 
ment d'une  manière  bien  plus  profonde  et  plus 
complète  par  M.  Van  Hasseït,  inspecteur  géné- 
ral de  l'enseignement  en  Belgique,  dont  le  travail, 
lorsqu'il  sera  publié,  résoudra  tous  les  problèmes 
de  l'accord  de  la  poésie  et  de  la  musique ,  dans 
la  versification  lyrique. 

LUSCIIMUS  (Otuvur),  dont  le  nom  alle- 
mand était  NACHTGALL  (Rossignol),  naquit  à 
Strasbourg,  en  1487.  Après  avoir  fait  ses  études 
dans  cette  ville,  à  Paris,  à  Louvain,  à  Padoue  et 
h  Vienne,  il  retourna  dans  sa  patrie  en  1514. 
Pendant  son  séjour  à  Vienne,  il  avait  reçu  des 
leçons  de  musique  de  Hoffliaimer,  organiste  de 
l'empereur,  à  qui  il  a  accordé  de  grands  éloges 
dans  un  de  ses  ouvrages.  Lui-même  y  fit  des 
cours  de  cette  science,  et  eut  un  grand  nombre 
d'élèves.  Il  remplit  ensuite  les  fonctions  de  prédi- 
cateur à  l'église  de  Saint-Maurice  d'Augsbourg,  et 
de  lecteur  de  littérature  grecque  chez  les  Béné- 
dictins de  Saint-Ulricli  et  Afra.  Le  goût  de  la 
littérature  et  des  arts  le  ramena  en  Italie  en  1517, 
et  on  le  retrouve  à  Rome  en  159.0.  Il  y  a  ici  quel- 
que embarras  dans  les  dates;  car  on  voit  dans 
VEssai  sur  l'histoire  de  la  musique  en  Alsace, 
et  particulièrement  à  Strasbourg,  de  M.  Lob- 
stein  (1),  que  le  8  août  1517  Otbmar  Lusci- 
nius  fut  nommé  organiste  de  l'église  Saint-Tho- 
mas, par  le  chapitre  de  cette  collégiale.  Suivant 
M.  Lobstein  il  ne  quitta  cette  position , et  ne  s'é- 

(1)  neitrxge  zur  Ceschichte  der  Ulusih  im  Elsass  und 
bccfijiders  in  Struibourg,  p.  58. 


loigna  de  Strasbourg,  pour  aller  à  Augsbourg, 
qu'en  1523.  Lui-même  nous  apprend  qu'il  a  fait 
de  longs  voyages  ;  qu'il  a  demeuré  quelque  temps 
en  Turquie,  puis  qu'il  a  parcouru  presque  toute 
rEurojieet  une  partie  de  l'Asie;  enfin,  qu'il  a  fait 
un  long  séjour  en  Hongrie  et  dans  la  Transyl- 
vanie. De  retour  à  Strasbourg,  il  y  fut  pourvu 
d'un  canonicat  à  l'église  deSaint-Étienne,  en  1522. 
Ami  des  Fugger,  riches  banquiers  d'Augsbourg , 
il  obtint  aussi  parleur  crédit  un  bénéfice,  qu'il 
abandonna  en  152G  pour  se  retirer  à  Bâle,  oii  il 
eut  l'emploi,  de  prédicateur;  mais  les  progrès  de 
la  réforme  l'obligèrent  à  s'éloigner  de  cette  ville, 
et  il  se  relira  à  Fribourg  en  Brisgau,  oii  il  par- 
tagea l'appartement  d'Érasme.  Son  caractère 
difficile  et  les  sarcasmes  qn'il  lançait  souvent 
contre  se.s  meilleurs  amis  le  brouillèrent  bientôt 
avec  cet  homrne  illustre.  Il  retourna  à  Strasbourg, 
oii  l'on  croit  qu'il  mourut,  en  1535,  mais  certaine- 
ment à  tort,  car  l'épître  dédicatoire  de  sa  Mu- 
surgia  est  datée  de  Strasbourg,  1536.  On  a  de 
Luscinius  de  bonnes  éditions  grecques  et  latines 
de  quelques-uns  des  auteurs  classiques,  et  deux 
livres  sur  la  musique.  Le  premier  de  ceux-ci  a 
pour  titre  :  Institutiones  musicse.  a  nemine  vn- 
quamprius  pari  facilitât e  tentatœ,  Strasbourg, 
1515,  in-4o.  C'est  dans  la  préface  de  ce  petit  ou- 
vrage que  Luscinius  nous  apprend  qu'il  a  ensei- 
gné la  musique  à  Vienne,  avec  succès.  Le  second 
livre  que  nous  lui  devons  sur  la  musique  est 
intitulé  :  Musurgia,  seu  praxis  musicas ,  illius 
primo  quoc  instrumentis  agitur  cerla  ratio,  ab 
Otlomaro  Luscinio,  Argentino ,  duobus  abso- 
luta.  Ejvsdem  deconcentu%  polyphoni,  id  est 
ex  plurifariis  vocibus  compositi,  canonibus  , 
libri  totidcm;  Strasbourg,  1536,  in-4o  oblong 
de  102  pages.  Une  deuxième  édition  du  même 
livre  a  été  publiée  également  à  Strasbourg,  en  1542, 
in-40  obi.  L'une  et  l'autre  sont  rares;  cependant 
elles  ne  sont  pas  introuvables ,  comme  l'a  cru 
Gerber,  car  j'en  connais  des  exemplaires  dan-s 
beaucoup  de  grandes  bibliothèques,  et  moi-même 
j'en  possède  des  deux  éditions.  La  Musurgia  de 
Luscinius  offre  beaucoup  d'intérêt  par  les  figures 
et  les  descriptions  de  la  plupart  des  instruments 
en  usage  à  la  fin  du  quinzième  siècle,  et  au 
commencement  du  seizième.  Il  a  fait  beaucoup 
d'empriuits  pour  son  livre  à  l'ouvrage  de  Sébas- 
tien Wirdung  (voy.  ce  nom),  et  même  il  l'a 
copié  quelquefois  littéralement. 

LUSIGiVAIM  (ViNCENzo),  fut  connu  généra- 
lement sous  le  nom  de  Vincenzo  da  Modena, 
parce  qu'il  était  né  à  Modène.  Il  est  cité  sous  son 
nom  véritable  dans  le  catalogue  des  artistes  il- 
lustres de  cette  ville,  lequel  est  annexé  à  la  Chro- 
nique manuscrite  de  Lancilotlo.  On  y  voit  que 


LUSIGNANI  —  LUSTIG 


379 


Vincent  Lusignani  ou  Lusignano était  nn  organiste 
excellent,  au  service  du  pape  Léon  X,  et  qu'il 
jouissait  d'un  traitement  considérable  (1).  Lucas 
Gaurico  fournit  des  renseignements  précis  sur 
cet  artiste,  dans  son  traité  d'astrologie.  11  nous 
apprend  qu'il  était  né  le  23  février  1469;  qu'il 
surpassait  tous  ses  contemporains  dans  le  jeu  de 
l'orgue  et  du  clavecin,  et  qu'avec  ses  longs  doigts 
il  touchait  ces  instruments  avec  autant  de  vélo- 
cité que  de  douceur.  Le  traitement  que  lui  ac- 
cordait le  pape  Léon  X  était,  dit-il,  de  sept  cents 
écus  d'or,  somme  énorme  pour  ce  temps  et  qui 
paraît  exagérée.  Déplus,  il  recevaitdes  aliments 
pour  lui  et  son  serviteur.  Enfin,  on  voit  dans  le 
même  passage  que  Vincent  enseigna  à  son  neveu 
Jules  (voy.  Segni)  l'art  de  jouer  de  l'orgue  et 
des  autres  instruments  à  clavier  (2). 

Jérôme  Pasio  ajoute  à  ces  renseignements,dans 
sa  clironique,  imprimée  en  1525,  que  Vincent  de 
Modène  avait  été  d'abord  au  service  d'un  royal 
patron,  qu'il  nomn;e  Frédéric  (3)  ;  puis,  qu'il  passa 
à  celui  de  Léon  X,  devenu  pape  en  1513,  et 
qu'enfin  il  était  mort  au  moment  où  écrivait 
le  chroniqueur  (4).  Aucune  composition  de  Lu- 
signani  n'est  parvenue  jusqu'à  nous,  ou  du 
moins  n'est  connue  jusqu'à  ce  jour. 

LUSITAIXO  (Vincent)  ,  musicien  du  sei- 
zième siècle,  né  àOlivença,  en  Portugal,  vivait 
à  Rome  en  1551.  Il  y  a  lieu  de  croire  que 
le  nom  sous  lequel  il  est  connu  n'était  pas  ce- 
lui desa  famille,  mais  plutôt  une  désignation  de  sa 
nation,  parce  qu'il  était  Portugais  (Lusltano)  de 
naissance  ;  au  surplus,  je  n'ai  aucun  renseignement 
à  cet  égard,  et  mon  opinion  n'a.  que  la  valeur 
d'une  simple  conjecture.  Forkel  l'appelle  Vi- 
cente,  d'après  Macliado  ;  mais  Vlcente  ou  Vin- 
cenzo  ne  sont  évidemment  que  le  prénom.  Une 
discussion  s'était  élevée  entre  ce  musicien  et  D. 


(1)  M.  Vlcenzo  Lusignano,  crganista  dignissimo,  che  già 
ste  con  la  Santita  di  Papa  Léon  X,  con  buonissima  pro- 
vigione  per  suonare. 

(21  Vincentius  Mutincnsis  organista  clarissimus  :  In  pul- 
sandis  Organicis  inRlriimentiset  cymballs  erat  pro  catrrls 
cmincntiisimus,  cum  digitis  longls  et  macilentis  velocissi- 
iiius  atquc  dulclsslmus.  Ilabebat  pro  salario  quotannis  a 
Leone  X  aurcos  "700,  et  sportiilum  pro  ipso  et  famnlo  : 
edocuit  Julium,  ejus  uepotem,  inpulsandis  ctlara  organis 
orpliicum.  Anno  U69.  Mense  Februario,  die  23,  h.  5.  m.  50. 
(  Tract,  astrotof;.  nativ.  p.  85.  ) 

(3)  Peut-être  Frédéric  III,  dit  le  Sage,  duc  de  Saxe,  qui 
commença  à  régner  en  1486.  Ce  prince  aima  beaucoup  les 
sciences  et  les  arts.fonda  l'université  de  Wittenberg,  en  1502, 
mais  se  sépara  plus  tard  de  l'Eglise  catholique  en  deve- 
nant le  protecteur  de  Luther. 

(4)  lia  Modena    Vincenzo  almo  organista, 
Morto  Federico  suo  real  Padrone, 
Sonù  poi  in  Roma  al  decimo  Leone  : 
Hursona  col  prophela  Citharlsta. 

{Cron.,  p.  48.) 


Nicolas  Vicenlino  (voy.  ce  nom)  sur  ce  que  celui- 
ci  prétendait  qu'aucun  musicien  compositeur  ne 
savait  en  quel  genre  était  la  musique  q-.i'il  écri- 
vait; ce  qu'il  offrait  de  prouver.  V.  Lusitano 
soutenait,  au  contraire,  que  tout  bon  musicien 
connaissait  le  genre  de  la  musique  qu'il  écrivait 
ou  qu'il  chantait.  Le  pari  fut  de  deux  écus  d'or, 
et  les  adversaires  choisirent  Bartholomé  Esco- 
hedo  et  Ghiselin  Dankerts,  chantres  pontificaux, 
pour  juges  de  leur  difiérend.  Après  avoir  remis 
par  écrit  leurs  propositions  aux  arbitres,  ils  plai- 
dèrent tous  deux  en  faveur  de  leur  opinion,  le  7 
juin  1551,  dans  la  cliapelle  du  Vatican,  en  pté- 
sence  de  tous  les  chantres  de  la  cliapelle  ponti- 
ficale, et  de  plusieurs  personnages  éminents. 
Vincentino  fut  condamné  à  payer  les  deux  écus, 
et  les  juges  déclarèrent  que  Vincent  Lusitano 
avait  prouvé  qu'il  entendait  bien  en  quel 
genre  était  la  musique  qu'on  exécutait  commu- 
nément. Arteaga,  qui  a  parlé  de  cette  discussion 
dans  ses  liivoluùoni  del  teatro  musicale  Ua- 
liano  (t.  1,  pag.  222),  n'a  pas  compris  l'état 
de  la  question.  M.  l'abbé  Baini  rapporte  en  dé- 
tail toute  cette  affaire  (Memor.  istor.-crit, 
délia  vita  e  délie  opère  de  Giov.  Pierl.  da 
Palestrina,  I.  1,  n°424  ),  d'après  des  pièces  au- 
thentiques et  originales  qui  existent  dans  la  cha- 
pelle pontificale.  On  a  de  V.  Lusitano  un  petit 
traité  de  musique  intitulé  :  Introduttione,  faci- 
lissima  e  novisslma,  di  canto  fermo.,  figu- 
raio,  contraponto  semplice,  et  inconcerio,  con 
regole  generali  per  far  fughe  differenti  so- 
pra  il  canto  fermo  a  2,3e  i  voci,  e  composi- 
tioni,proportioni,  generi  diatonico,cromatico, 
enc?'mo?iico  ;  Rome,  Antoine  Blado,  1553,  in-4'' 
de86  pages,  avec  le  portrait  de  l'auteur.  Il  y  a  une 
deuxième  édition  :  In  Venetia,  appresso  Fran- 
cesco  MarcoUni,  1558,  in-4''  de  23  feuillets  dou- 
bleset  une  troisième  imprimée  à  Venise,  en  1561, 
chez  Fr.  Rampazetto.  Tout  ce  qui  concerne  les 
fugues,  ou  plutôt  les  imitations  et  les  genres, 
dans  ce  petit  écrit,  depuis  la  page  17  jusqu'à  la 
page  23,  de  la  deuxième  édition,  est  digne  d'in- 
térêt et  contient  de  fort  bonnes  ob.Ncrvations 
qu'on  chercherait  vainement  dans  d'autres  ou- 
vrages. Une  traduction  portugaise  du  livre  de  Lu- 
sitano, par  Bernard  de  Fonsecâ,  a  été  publiée  à 
Lisbonne,  en  1603. 

LUSTIG  (  Jacques-Guillaume  ),  organiste  à 
l'église  Saint-Martin  de  Groningue,  naquit  à 
Hambourg,  le  20  septembre  1706.  Élève  de  son 
père,  organiste  de  l'église  Saint-Michel  dans 
cette  ville,  il  fit  de  si  rapides  progiès,  qu'à  l'âge 
de  dix  ans  il  pouvait  déjà  remplacer  son  maître 
dans  ses  fonctions,  et  lorsque  celui-ci  mourut 
il  obtint  sa  place,  quoiqu'il  ne  fût  cigé  que  de 


380 


LUSTIG  —  LUTGERT 


seize  ans.  Il  étudia  alors  la  tliéoiie  de  la  musique 
et  la  composilion,  sous  la  direction  de  Matth  - 
son,  et  apprit  de  Telemann  tout  ce  qui  concer- 
nait la  pratique  de  l'arî.  La  fréquentation  des 
théâtres  et  des  concerts  forma  son  goilt.  L'illus- 
tre J. -S.  Bach,  qu'il  eut  occasion  d'entendre, 
devint  son  modèle  pour  l'orgue.  En  1728,  il  con- 
courut à  Groningue  pour  la  place  d'organiste  de 
Saint-Martin,  et  l'obtint.  Six  ans  après,  il  fit  un 
voyage  à  Londres,  pour  entendre  les  opéras  de 
IJaeniiel  et  les  célèbres  chanteurs  italiens  de  cette 
époque.  De  retour  à  Groningue,  quelques  mois 
après,  il  ne  s'en  est  plus  éloigné.  Lorsque 
IJurney  visita  cette  ville  en  1772,  Lustig  y  rem- 
plissait encore  ses  fonctions  d'organiste  avec 
talent,  quoiqu'il  fût  âgé  de  soixante-six  ans.  Il  y 
avait  alors  quarante-quatre  années  qu'il  occupait 
sa  place  d'organiste.  On  n'a  plus  eu  de  rensei- 
gnements sur  cet  artiste  après  la  publication  du 
voyage  musical  de  Burney  ;  on  sait  seulement 
qu'il  vivait  encore  en  1776,  car  il  donna  dans  cette 
année  une  traduction  des  voyages  musicaux  de 
Burney.  Il  avait  alors  soixante-dix  ans.  Lustig  a 
publié  de  sa  composition  :  1°  Six  sonates  pour 
le  clavecin,  gravées  à  Amsterdam.  —  2°  Suite 
aux  amusements  de  musique  de  Mahaut,  cousis» 
tant  en  vingt  ariettes  spirituelles  et  dix  mondai- 
nes. Mais  c'est  surtout  comme  écrivain  sur  la 
musique  qu'il  s'est  fait  connaître  avantageuse- 
ment. Parmi  ses  travaux  en  ce  genre,  on  remar- 
que :  1°  Inleyding  tôt  de  vmslkkunde ,  uit 
klaare  onwedcr-spreckelyke  gronden,  de  in,' 
nerhjke  geschapenheit ,  de  oorzakcn  van  de 
zonderhaare  uilwerkselen,  etc.  (  Introduction 
à  la  connaissance  de  la  musique  )  ;  Groningue, 
1751,  in-8°.  Il  ya  une  deuxième  édition  perfec- 
tionnée de  ce  livre;  Groningue,  1771,  in-8°.  Dans 
le  catalogue  delà  bibliothèque  Van  Hulthem,  on 
en  indique  (n"  9800)  une  édition  d'Amsterdam, 
1758  ;  mais  j'ai  vérifié  l'exemplaire  :  c'est  la  pre- 
mière édition  dont  on  a  changé  le  frontispice. 
Ce  traité  est  purement  théorique  :  Lustig  y  fait 
preuve  de  savoir  et  de  philosophie.  —  2"  Muzij- 
kaale  spraakkonst,  of  Duidelgke  aanwijzing 
€11  verklaaring  van  allerhande  wcetenswaar- 
dige  dingcn,  die  in  de  geheele  musijkaale 
praktyk  totecnen  grondslag  konnen  verstrek 
kcn.  (Grammaire  musicale,  ou  instruction  et 
explication  claire  de  toutes  les  choses  dignes 
«l'être  sues,  et  qui  peuvent  servir  de  base  à  toute 
la  pratique  de  la  musique)  ;  Amsterdam,  Olofsen, 
1754,  in-S"  —  3"  Twaalf  redeneeringen  over 
nuttige  musykaale  ondeiicerpen,  verhande- 
lende  :  \°  Algemeerte  beginselen,  etc.  (Douze 
arguments  sur  des  sujets  de  musique  fort  utiles, 
r.ontenant  :  1°  Principes  généraux,  —  2°  Le  vrai 


rapport  desnotes  m/,  ré,  mi,  etc.,  —  3°  et  4"  Los 
tons  fondamentaux  des  psaumes,  —  5°  Le  bon 
emploi  de  la  musique  de  chant,  —  G"  L'origine 
de  l'art  du  chant,  —  7°  L'essence  de  la  mu- 
sique, —  8"  Lego\1t  musical,  —  9''  La  poésie  mu- 
sicale, —  10°  Un  nouveau  système  des  inter- 
valles, —  11°  et  12°  L'harmonie  musicale  et  un 
traité  complet  des  chants  de  l'église,  enrichis  de 
quelques  su|)pléments  qui  font  comprendre  l'état 
actuel  de  la  musique  (avec  20  planches  )  ;  Ams- 
terdam, Olofsen,  sans  date  (  1756  ),  in-8°  de  699 
pag.  avec  une  table  générale.  Cet  ouvrage  a  paru 
sous  la  forme  d'un  journal,  en  12  numéros,  de 
mois  en  mois.  Il  est  écrit  en  dialogues,  et  ren- 
ferme des  choses  fort  bonnes  et  très-curieuses. 
Dans  le  numéro  10  on  trouve  la  description  du 
piano  de  Bartholomé  Cristofali ,  avec  la  figure 
du  mécanisme,  traduite  de  l'italien,  de  Maffei. 

Lustig  a  aussi  traduit  en  hollandais  plusieurs 
bons  ouvrages  relatifs  à  la  musique,  elles  a  en- 
richis de  notes  savantes  et  érudites,  entre  autres  : 
10  L'essai  d'une  méthode  pour  apprendre  à  jouer 
delà  llùte  par  Quantz,  sous  ce  titre  :  Grondig 
onderwys  der  dwarsfluit ,  etc.,  Amsterdam , 
1754,  in-4",  —  2°  La  Musico-Theolog-ia  de 
J.-M.  Schmidt,  intitulée:  Musico-T/icologia,  of 
stigtelyke  toepassing  van  musikaale  traarhe- 
dcn;  Amsterdam,  Olofsen,  sans  date  (1756), 
in-12  de  261  pages  et  3  tables  des  passages  de 
l'écriture,  des  auteurs  et  des  matières.  —  3°Z.'0r- 
ganum  Gruningense  redivivum,  de  Werkmeis- 
ter,  etc.  —  4°  L'introduction  à  l'art  de  jouer  du 
clavecin,  de  Marpurg,  sous  ce  titre  ;  Aanleiding 
tôt  liet  cJavierspielen;  Amsterdam,  Olofsen, 
1760,  iu-4°.  —  5°  La  méthode  de  violon  de 
Wodiczka  {voyez  ce  nom),  intitulée  :  Korte 
Iiisiructie  voor  de  viool ^  etc.  ;  Amsterdam, 
Olofsen,  1757.  —  6°  La  méthode  de  flûte  de  Ma- 
îiaut.  —  7°  Les  voyages  musicaux  de  Burney, 
sous  ce  titre  :  Dagboek  van  zyne  muzikaale 
reize  door  Frankryk,  Italien  en  Duitschland ; 
Groningue,  1770,  in-8°.  —  On  a  aussi  de  Lustig 
des  notices  sur  146  musiciens,  insérées  dans  le 
deuxième  volume  des  lettres  critiques  de  Mar- 
purg ;  le  plus  grand  nombre  est  sans  intérêt, 
mais  il  y  en  a  quelques-unes  qui  fournissent  des 
renseignements  utiles,  particulièrement  sur  des 
artistes  hollandais. 

LUIGERT  (F.-H.  ),  musicien  à  Hambourg, 
vivait  à  la  fin  du  dix-huitième  siècle.  Il  a  fait 
graver  de  sa  composition  :  1°  Douze  chansons 
allemandes,  avec  accompagnement  de  piano; 
Hambourg,  1797.  —  2°  Six  variations  sur  l'air  : 
Contre  les  chagrins  de  la  vie  pour  piano,  op.  2  ; 
ibid.,  1798.  —3°  Journal  de  la  musique  de  piano 
c\lrait   des  meilleurs  opéras  allemands  et  fraa- 


LUTGERT  —  LUÎTIER 


381 


çais  ;  Hambourg,  Meyer.  —  4°  Huit  variations 
pour  le  piano  sur  un  air  allemand  ;  ibid.,  180t. 

LCTIÏER  (Martin),  célèbre  réformateur, 
naquit  le  10  novembre  1484,  à  Eisleben,  dans  le 
comté  de  Mansfeid,  en  Saxe.  Il  commença  ses 
études  à  Mansfeid,  les  continua  à  Eiscnacli,  et 
alla  les  terminer  à  Erfurt,  où  il  fut  gradué  maî- 
tre de  pliilosopliie  en  1505.  Il  se  destinait  alors 
au  barreau;  mais  la  mort  funeste  d'un  ami  tué  à 
ses  cfltés,  par  un  coup  de  tonnerre,  frappa  son 
imagination  d'une  terreur  qui  le  conduisit  à  s'en- 
fermer au  couvent  des  Augustins  d'Erfurt.  11  y 
fit  profession,  et  bientôt  il  s'y  distingua  par  son 
éloquence  et  son  savoir  L'bistoire  des  circons- 
tances et  des.  motifs  qui  le  conduisirent  à  sa 
doctrine  de  la  réformation  n'appartient  pas  à  cet 
ouvrage  :  on  la  trouve  dans  tous  les  diction- 
naires biographiques.  Luther  mourut  à  Eisleben, 
le  18  février  1546.  Il  fut  inhumé  avec  pompe 
dans  l'église  du  château  de  Wittenberg. 

Lutiier  n'était  pas  seulement  théologien;  il 
cultivait  aussi  avec  succès  la  poésie  et  la 
musique.  La  nature  l'avait  doué  d'une  belle 
voix  et  d'un  goût  passionné  pour  le  chant  et 
pour  l'harmonie.  Encore  enfant  ,  il  apprit  les 
éléments  de  l'art  au  collège  de  Mansfeid  ;  à  Mag- 
debourg,  il  continua  ses  études  musicales,  et  à 
Eisenacli  il  fut  admis  au  chœur  de  l'église.  Il  a 
laissé  des  témoignages  non  équivoques  de  son 
amour  pour  la  musique  dans  deux  lettres,  dont 
la  première ,  adressée  au  compositeur  Louis 
Senfel  (vay.  ce  nom) ,  est  datée  de  Cobourg,  le  4 
octobre  1530  (1),  et  dont  l'autre,  intitulée  En- 
comium  musices,  a  été  écrite  à  Wittenberg,  en 
1538(2).  «La  musique' (dit-il)  gouverne  le 
a  monde;  elle  rend  les  hommes  meilleurs;  elle 
«  adoucit  leurs  mœurs.  La  musique  est  le  meil- 
«  leur  soutien  des  affligés  ;  elle  rafraîchit  l'âme 
«  et  la  rend  à  la  félicité.  On  ne  peut  mettre  en 
«  doute  (  ajoute-t-il  dans  un  autre  endroit)  que 
«  les  esprits  sensibles  à  la  musique  ne  renfer- 
«  ment  le  germe  de  toutes  les  vertus  ;  mais  ceux 


(1)  Elle  a  élu  publiée  clans  la  collection  dos  lettres  de 
Luther,  par  François  Budee,  p.  213.  Foikcl  la  donnée 
aussi  dans  son  alnianach  musical  pour  l'année  1784,  167 
et  sulv. 

(2)  On  trouve  cette  lettre  dans  ses  œuvres,  t.  VIU  , 
p.  140  de  l'édition  de  Jena.  Wcrkmeisterl'a  insérée  dans  son 
livre  :  IJ  iirde,  Gebrauch  vnd  I\lisbrauch  der  edlen  Mit- 
sihhunst,  1691,  in-4'',  p.  36.  Enfln  on  la  trouve  dans  la  Bi- 
bliothèque musicale  de  Mizler,  t.  Il, p.  SO;  dans  le  livre 
de  Wlntcr  intitulé  De  cura  priiicipiim  et  magistraUmin 
piorum  in  tuendo  et  conaervando  cantu  ecclesiatico  ;  et 
dans  le  petit  volume  de  M.  F.-A.  Beeck,  qui  a  pour  titre  : 
Dr.  Martin  Luther' s  Cedanken  ueber  jMusik  (Opinions 
de  Martin  l.utlier  concernant  la  musique) ,  p.  xxi.  .1.  C. 
S.  Kicfhaher  a  aussi  publié  la  lettre  à  Senfel,  avec  des 
notes,  à  Munich,  en  1817.  [Foyct  Kiefhaber.) 


«  qu'elle  ne  peut  toucher,  je  ne  puis  mieux  les 
»  comparer  qu'à  des  morceaux  de  bois  ou  de 
»  pierre.  La  jeunesse  doit  être  élevée  dans  cet 
«  art  divin,  qui  rend  les  hommes  meilleurs  ; 
«  enfin  la  musique  est  nécessaire  dans  les  écoles, 
«  et  je  ne  considère  pas  comme  un  instituteur 
«  celui  qui  ne  sait  pas  chanter.  * 

Bien  qu'il  ne  fût  pas  un  savant  musicien,  Lu- 
ther possédait  des  connaissances  assez  étendues 
dans  la  musique  pour  cultiver  cet  art  avec 
fruit.  Non-seulement  il  était  en  état  de  chanter 
des  chorals  à  première  vue,  mais  il  pouvait  lire 
avec  facilité  toute  espèce  de  musique.  Il  con- 
sacrait à  cet  art  toutes  les  soirées  qu'il  passait 
au  milieu  de  ses  enfants  et  de  ses  amis.  Ils 
chantaient  alors  de  beaux  motets  de  Senfel,  de 
Josquin  et  d'autres  grands  maîtres  :  Luther  fai- 
sait venir,  pour  les  exécuter,  des  musiciens  exer- 
cés, et  organisait  chez  lui  de  petits  concerts. 

«  A  moins  de  se  montrer  injuste  (dit  le  pasteur 
«  Rambach,  dans  son  excellent  livre  intitulé  : 
«  De  l'influence  de  D.  Martin  Luther  sur  le 
«  chant  d'église  (1)  ,  on  est  forcé  d'avouer  que 
«  personne  n'était  plus  apte  que  Liilher  à  orga- 
«  niser  noblement  et  d'une  manière  utile  le  chant 
«  religieux  et  le  service  divin.  Réunissant  l'i- 
«  magination  à  la  sensibilité,  la  persévérance  à 
«  l'amour  du  peuple,  le  goût  et  la  connaissance 
«  théorique  et  pratique  du  chant  à  beaucoup 
«  d'autres  qualités  qui  se  rencontrent  rarement 
«  ensemble,  il  était  plus  capable  qu'aucun  autre 
«  de  faire  pour  le  chant  d'église  ce  qu'il  lit  eu 
«  effet.  » 

Dans  sa  liturgie,  il  insiste  sur  la  nécessité  de 
retrancher  les  antiennes  et  cantiques  de  la  Vierge, 
l'offertoire,  les  chants  de  vigi/e  et  de  la  messe 
des  morts,  qu'il  considérait  comme  contraires  à 
l'esprit  évangélique.  Les  proses  furent  aussi  sup- 
primées par  lui  ;  il  les  estimait  peu,  et  les  consi- 
dérait comme  ne  faisant  point  essentiellement 
partie  du  culte.  En  général ,  il  ne  conserva  des 
anciennes  pièces  de  chaut  que  ce  qui  con- 
tenait des  louanges  de  l'Éternel  et  l'expression 
de  la  reconnaissance  pour  ses  bienfaits. 

Luther  ne  fit  pas  disparaître  absolument  les 
chants  latins  de  l'office  divin,  il  n'approuvait 
même  pas  ceux  qui  le  firent;  mais,  en  beau- 
coup d'endroits  il  remplaça  par  de  simples 
chorals  en  langue  vulgaire,  en  faveur  du  peuple, 
des  pièces  plus  longues  et  plus  difficiles.  Au 
reste  il  n'y  eut  point  en  cela  d'innovation  ;  car 
Mélanclilhon  a  fort  bien  remarqué,  dans  son  Apo- 
logie de  la  Confession  d'Augsbourg,  que  l'usage 


(1)  Vcber  Dr.  IMhr.r  ferdicnste  um  den  Kircheng&- 
sanq,  clc.  ;  IlambourR,  1813. 


382 


LU  THER 


du  chanl  allemand  par  le'peuple,  dans  le  culte, 
est  fort  ancien.  M.  Henri  Hoffmann  a  prouvé, 
dans  son  intéressante  Histoire  des  chants  d'é- 
glise jusqu'au  temps  de  Luther  (1) ,  que  ces 
chants  existaient  avant  le  douzième  siècle,  et  en 
a  rapporté  des  exemples. 

Convaincu  de  la  nécessité  d'une  réforme  dans 
le  cliantd'église,etvoulantsurtout  lui  donner  une 
assez  grande  simplicité  pour  que  le  peuple  pût 
lui-même  chanter  les  psaumes  et  les  cantiques 
dans  l'office  divin,  il  choisit  dans  les  anciennes 
mélodies  religieuses  du  culte  catholique  celles 
qui  répondaient  à  ses  vues,  et  composa  lui- 
même  d'autres  chants,  devenus  des  modèles 
«ju'on  a  imités  depuis  lors.  Les  chants  anciens 
qu'il  conserva  sont  ceux  des  hymnes  qu'il  tra- 
duisit du  latin;  ainsi  la  mélodie  du  canti- 
que Der  du  bist  drsi  in  Emgkeit,  etc.,  est 
la  même  que  celle  de  0  beata  lux  irinitas^ 
celles  de  Christum  Wir  sollen  Icben  schœn , 
et  de  Komm,  Gott  schœpfer ,  heiliger 
Geist,  sont  les  mêmes  que  celles  de  Veni 
Creator  spiritus,  et  de  Ortus  cardine.  A 
l'égard  des  hymnes  Veni  Redemptor  (  num 
Komvi  der  heiden  Heiland)  et  Te  Deum 
laudamus  {Herr  Gott,  dich  loben  Wir), 
Luther  y  fit  de  notahles  changements.  Les 
chants  composés  par  Luther  se  divisent  en  deux 
classes  :  1°  ceux  des  traductions  en  prose  de  la 
Bible; —  2°  ceux  des  cantiques  versifiés.  Les 
premiers  se  distinguent  par  une  mélodie  simple, 
plusieurs  syllabes  étant  placées  sur  la  même  m- 
tonalion,  ce  qui  leur  donne  de  l'analogie  avec 
l'ancienne  psalmodie.  Des  modulations  plus  va- 
riées, plus  fortes,  plus  expressives,  caractérisent 
au  contraire  la  seconde  classe.  Parmi  les  chants  de 
la  première  classe,  on  remarque  particulièrement 
ceux  que  Luther  composa  à  Wiltenberg,  pour  la 
messe  allemande,  et  qu'il  publia  d'abord  dans  sa 
liturgie,  en  1516,  puis  dans  sa  Formula  missx  et 
communionis  pi-o  ecclesia  (Wittenberg,  1523, 
2  vol.  in-4'').  Les  principaux  sont  :  1°  deux 
chants  différents  pour  l'épître  ;  —  1°  celui  de 
l'évangile;  —  3°  le  Pater  (Vater  timer).  A 
l'égard  des  cantiques  de  Zacharie,  de  Siméon, 
de  Marie,  et  des  litanies  allemamies,  attribués  à 
Luther,  il  n'est  pas  certain  qu'ils  lui  appartien- 
nent. L'épître  et  l'évangile  ne  se  chantent  plus; 
on  les  récite  simplement.  Les  autres  chants  ont 
été  conservés  dans  la  partie  de  l'Allemagne  où 
les  formes  de  la  messe  et  l'usage  de  la  musique 
pendant  l'office  divin  existent  encore. 

La  seconde  classe  des  compositions  est  plus 


W  Ceschichte  des  deutschen  Kirchenlkdcs  bis  auf  Lu- 
^er$ZeUi  Breslau,  i83î,  in  8». 


intéressante ,  et  par  elle-même ,  et  parce 
qu'elle  est  encore  en  usage  dans  les  temples  de 
l'Allemagne  protestante.  On  n'est  pas  d'ac- 
cord sur  le  nombre  de  cantiques  dont  les 
mélodies  lui  appartiennent.  Turk  n'en  compte 
que  seize  dans  son  livre  Des  principaux  de 
voirs  d'un  organiste  (1)  ;  d'autres  le  portent 
jusqu'à  vingt,  et  même  davantage.  Mais  il  en 
est  plusieurs  qu'on  lui  a  attribués,  etqui  ne  sont 
point  de  lui  :  tels  sont  les  cantiques  Mensch, 
irillst  du  leben,  etc.;  Dies  sind  die  heil'gen, elc. 
N'oublions  pas  que  lui-même  dit  dans  la  préface 
de  sa  liturgie,  publiée  en  1557  :  «  L'hymne  Nu 
«  last  uns  den  Lieb  begraben,  qu'on  chante 
«  aux  funérailles,  porte  mon  nom,  mais  elle 
n  n'est  pas  de  moi.  Si  je  la  renie,  ce  n'est  pas 
«  que  je  ne  la  trouve  excellente;  mais  elle 
n  est  de  Jean  Weiss,  et  je  ne  veux  pas 
«  m'approprier  son  ouvrage.  »  Suivant  les 
meilleures  autorités  et  les  livres  de  mélodies 
chorales  publiés  vers  le  milieu  du  seizième 
siècle,  Luther  parait  être  auteur  de  celles-ci  : 
1°  Nunfreut  euch,  lieben  Christen  gemein,  etc. 
—  2°  Christ  lug  in  Todesbanden.  —  3°  Hin 
neues  Lied  ivir  haben  an,  etc.  —  4°  Aies 
tiefer  Noth  schrei  Ich  zu  dir,  etc.  —  5'^  Ach 
Gott,  vom  Himmel  sieh  darein,  etc.  —  6°  Es 
wolV  uns  Gott  gnxdig  seijn,  etc.  —  7°  Wir 
glauoen  alV  an  einen  Gott,  etc.  —  8"  Blit 
Fried' und  Freuiid' Lch  fahr'dahin ,  etc.  — 
9°  Jesaia,  dem  Propheten,  elc.  -  iû°  Wohl 
dem,  der  in  Gottesfurcht  steht,  elc.  —  11°  Jé- 
sus Chrisius,unser  Heiland.  —  12°  Es  sprich't 
der  unweisen  Mund.  —  13°  Wœr  Gott  nicht 
mit  uns  dièse  Zeit.  —  14°  Verleih  uns  Frieden 
gmediglich,  etc.  — 15°  E in' f este  Burg  istunser 
Gott,  etc.  —  16°  Vom  Himmel  hoch  da  komm 
Ich,  etc.  —  17°  Vater  unser  im  Himmel- 
reich,  etc.  —  18°  Christ  unser  Herr,  etc.  — 
19°  Erhall  uns,  Herr.  — ■  20"  Sie  ist  mir 
Lieb,  etc. 

Si  l'on  a  attribué  à  Luther  des  mélodies  de  can- 
tiques qui  ne  lui  appartiennent  pas,  il  ne  faut 
pas  imiter  l'auteur  de  La  Harpe  de  Sion  (2), 
qui  lui  dispute  non-seulement  les  cantiques 
Wir  glauben  ail' an  einen  Gott,  etc.,  Verleih 
uns  Frieden  gmediglich,  etc.,  mais  qui  pré- 
tend que  la  mélodie  Ein'feste  Burg  ist  unser 
Go<i  n'est  que  l'hymne  du  culte  catholique  Exul- 
tet  cœlum  laudibus  ;  que  celle  de  Nunfreut 
euch,  lieben  Christen  gemein  est  senblable  au 

(1)  fort  den  wichtigsten  Pflichten  eines  Organis- 
ten,  ctc  ;  HaUe,  1787,  tn-8". 

(?)  Die  Sions-Harfe  oder  Abhandlund  ùber  das  loesen, 
die  G  eschicMe  und  die  Lileratur  der  Kathol.  Kirchen- 
gfsxnge. 


LUTHER 


383 


cliant  Foriem  virili  pectore:  que  Erhaltuns, 
Jlerr,  bel  delncm  Wort,  est  sans  aucun  clian- 
gement  l'hymne  Jesu  corona  virginum,  et  qu'il 
en  est  de  même  de  plusieurs  autres.  Cependant 
un  examen  attentif  ne  fait  découvrir  entre  ces 
morceaux  que  de  faibles  analogies.  A  ceux  qui 
prétendent  contester  à  Lutlier  la  composition 
des  mélodies  de  ses  cantiques,  et  qui  affirment 
que  toutes  ces  mélodies  sont   l'ouvrage  de  J. 
Waltlier,  de   Conrad    Rupff,    de  Martin  Agri- 
cola,  de  Senfel,   de  Henri  Isaak,   de   Georges 
Kliaw,  de  Thomas  Stœlzer  et  d'autres,  on  peut 
opposer  le  témoignage  de  Jean  Walther  lui-même 
qui,  dans  la  préface  deson  Cantional,  s'exprime 
ainsi  :  «  Il  y  a  quarante  ans,  lorsqu'il  (Luther) 
«  voulut    établir  la  messe  allemande  à  Witten- 
«  berg,  il  écrivit  au  prince  Jean,  de  glorieuse 
«  mémoire,  pour  que  son  professeur  de  chant, 
«  Conrad  Rupff,  et    moi  vinssions  à  Witten- 
«  berg,   afin  de  se  concerter  avec  nous  sur   la 
«  musique  chorale.  Il  employa  le  huitième  ton 
«  pourl'épîlre,  et  le  sixième  pour  l'évangile,  en 
«  disant  :  «  Les  paroles  de  Jésus-Christ  étant 
«   rempltes  de  douceur,  nous  consacrerons 
«  le  sixième  ton  à  l'évangile;  et  saint  Paul 
«  étant  un  apoire  austère,  nous  emploierons 
«  le  huitième  ton  pour  Vépitre.  Il  composa 
«  aussi  la   musique  des  épftres,  des  évangiles, 
«  du  Qui  pridie,  me  la  chanta  et  me  demanda 
«  mon  avis.  Il  me  retint  pendant  près  de  trois 
«  semaines    à  Wittenberg,    occupé    à   écrire 
«  la  musique  de  ses    évangiles,   de  ses  épî- 
«  très,  jusqu'à  ce  que  la  première  messe  alle- 
«  mande  eût  été  célébrée  dans  les  paroisses.  Je 
«  fus  obligé  de  les  écouter  attentivement,  d'en 
«  emporter  une  description  à  Torgau,  et  de  la 
«  présenter  au  prince  de  la  part  du  docteur.  Il 
«  entreprit  de    composer  des  vêpres   pour  la 
«  jeunesse,  et  il  écrivit  à  cet  effet  de  beaux 
«  cantiques  allemands  ,  quHl  entremêla  ce- 
«  pendant  d'anciens  cantiques  latins;  etc.  » 
Ce  témoignage  est  irrécusable,  et  démontre  que 
Luther  est  réellement  auteur  du  chant  de  quel- 
ques-unes des  mélodies  de  l'ancien  Choralbuch, 
quoiqu'il   soit  certain    que    beaucoup   d'autres 
ont  été  composées  par  J.  Walther,  C.  Rupff,  G. 
Rhaw,    J.    Agricola,  Speratus,   Stoeizer,   ûie- 
tricht,  et  d'autres  anciens  musiciens  allemands. 

La  première  édition  du  Choralbuch  (  livre 
choral  )  fut  publiée  à  Wittenberg,  en  1524  ;  elle 
ne  contenait  que  huit  mélodies  de  Luther.  11  en 
parut  une  autre,  plus  étendue,  en  1525.  J'en  pos- 
sède une  fort  rare  intitulée  Enchiridion  geistli- 
cher  Ges&nge  und  Psalmen  fur  die  Lcien, 
mit  viel  andern  zuuort  gcbesscrt ,  petit  in-8° 
carré  de  sept  feuilles.  A  la  fin  du  volume  on  lit  ■• 


Gedruckt  durch  Michael  Dlum,   1528   (.sans 
nom  de  lieu).  Ce  livre  contient  quelques  psaumes, 
les  cantiques,  les  vêpres,  matines,  compiles,  li- 
tanies et  la  messe  allemande,  avec  les  mélodies 
gravées  sur  des  planches  de  bois,  l'indication  de 
celles  qui  sont  tirées  de    l'antiphonaire  et  du 
graduel  romain,  et  les  noms  des  auteurs  des 
chants  allemands  :  parmi  ceux-ci  on  remarque 
celui  de  Luther  aux  cantiques  Nun  freui  euch, 
lieben  Christen  gemein,  etc.;  Jésus  Christus 
unser  Heiland,  et  à  sept  autres.  Il  y  a  aussi 
une  autre  mélodie  sur  Jésus  Christus  unser 
Heiland,    indiquée  comme  l'ouvrage  de   Jean 
Huss,  perfectionné  par  Martin  Luther.  Les  édi- 
tions, plus  ou  moins  augmentées,  du  livre  cho- 
ral se  multiplièrent   rapidement.   J'en   possède 
environ  quarante,  toutes  du  seizième  siècle,  en 
différents  formais,   et  ce  n'est  pas  à  beaucoup 
près  toutes  celles  qui  ont  été  publiées.  Elles  ont 
toutes  pour  titres  Enchiridion  geistUcher  Ge- 
sxnge,   ou    gcistlichcr  Lieder  D.  Mart.  Lu- 
ther's.  Une  des  plus  belles  est  celle  qui  a  été 
donnée  par  Valentin  Bapst,  à  Leipsick,  en  1545, 
in-S",  avec  la  musique  bien  imprimée,  et  le  nom 
de  Luther  à  tous  les  cantiques  qui  lui  appar- 
tiennent. Toutes  les  pages  sont  encadrées  de  jo- 
lies vignettes,  et  Ton  trouve  en  différents  en- 
droits de  belles  figures  en  bois.  Les  mêmes  mé- 
lodies ont  été  adaptées   à  des  traductions  des 
cantiques  et  des  psaumes  dans  les  différents 
patois   de  l'Allemagne,    et   dans   ses  différents 
dialectes.  J'en  possède  plusieurs  en   patois  de 
Hambourg,  de  Magdebourg,  de   Berne,  en  lan- 
gue dalmate,  et  même  en  Bohême  et  en  polonais. 
Tous  ces  livres  de  chant,  qui  portent  le  nom  de 
Luther,  sont  antérieurs  à  1580.  M.  K.  Grell  a 
aussi  publié  les  cantiques  de  Luther,  avec  ses 
opinions  sur  la  musique,  sous  ce  titre  iLuiher's 
geisdiche  Lieder  nebst  dessen  Gedanken  ûber 
die  Miisik;  Berlin,  1817,  in-8'. 

On  peut  consulter  avec  fruit,  sur  Luther  et 
sur  ses  travaux  dans  la  liturgie  musicale  des 
églises  réformées,  les  ouvrages  suivants,^  dont 
quelques-uns  ont  été  publiés  à  l'occasion  de  la 
troisième  fêle  séculaire  de  la  réformation  ; 
1"  Dr.  J.  G.  W.  Augusti  de  Hymnorum  sa- 
crorum  debemus  in  Historia  dogmatum  usu  ; 
Breslau,  1817.  —  2°  O.  L.  Rambach  VeberLu- 
ther's  Verdienste  um  dem  Kirchengesxnge 
(Sur  l'influence  de  Luther  dans  le  chant  d'é- 
glise) ;  Hambourg,  1813.  —  ^Luther's  Ver- 
dienste um  Musik  und  Poésie  von  Knecht 
(  Influence  de  Luther  sur  la  musique  et  la  poé- 
sie, par  Knecht);  Ulm,  1817.  —  4"  Luther's 
Verdienste  um  die  Musik,  von  Millier  (In- 
fluence de  Lutlier  sur  la  musique,  par  Millier  )j 


384 


LUTHER  —  LUZZASCO  LUZZASCHI 


Erfurt,  1817.  —  b°  Morthner,  Der  Choralge- 
sang  ziir  Zeit  der  Reformation  (  Le  Cliant 
choral  au  temps  de  la  Réformation)  ;  Berlin,  1821, 
in-8°.  —  6°  TJeber  die,  zur  Dreihundert  jah- 
ringen  Jubelsfeier  der  Reformât  ion  verschie- 
nenen  Schriften  (Sur  les  ouvrages  publiés  à 
l'occasion  de  la  fête  du  troisième  siècle  de  la  ré- 
formation) ;  Nuremberg,  1817.  —  1°  Index  li- 
brorum  ad  celebranda  sacra  sxcularia  refor- 
mationis  ecclesiasdcsttertia,  quos  bibliotheca 
regia  Berolin.,  comparavit  jussu  V.  E.  cl  J. 
ab  Altenstein  ediius  ;  Berlin,  1821.  — 8"  Dr. 
Martin  Luthei-'s  Gedanken  iiber  die  Musik, 
von  F. -A.  Beeck  (Opinions  de  M.  Luliier  con- 
cernant la  musique,  par  M.  Frédéric-Adolphe 
Beeck)  ;  Berlin,  1825,  in-8°.  —  9"  Une  suite  de 
bons  articles  sur  les  auteurs  des  mélodies  cho- 
rales de  l'église  réformée,  dans  les  quatre  pre- 
miers volumes  de  l'excellent  écrit  périodique 
publié  à  Bresiau,  par  M.  J.-G.  Hientzscii-,  sous 
ce  titre  :  Eutonia,  eine  haupisxchlich  Musik 
Zeitschrift.  J'ai  puisé  dans  ces  divers  ouvrages 
les  éléments  de  cet  article. 

LUX  (Frédéric),  violoniste  et  maître  de 
concerts  à  Dessau  ,  né  le  24  novembre  t820  à 
Ruhla,  dans  le  duché  de  Saxe-Cobourg-Gotha, 
frt  ses  premières  études  musicales  à  Eisenacli, 
et  devint  élève  de  Frédéric  Schneider,  à  Dessau, 
en  1839.  En  1S46  il  fit  exécuter  une  cantate  de 
fête  dans  celte  ville  ;  elle  obtint  un  succès  si 
brillant,  que  les  dames  lui  firent  offrir  une  cou- 
ronne d'argent.  Le  24  mars  de  la  même  année, 
i!  fit  représenter  sur  le  théâtre  de  la  cour  l'opéra 
de  sa  composition  Das  Keethchen  von  Heil- 
bronn  (Catherine  de  Heilbronn),  dont  la  musique 
fut  fort  applaudie.  Postérieurement  M.  Lux  s'est 
fixé  à  Mayence,  comme  professeur  de  musique. 

LUYR  (Adam),  savant  musicien  du  seizième 
siècle,  naquit  à  Aix-la-Chapelle.  Glaréan  Je  vit 
dans  sa  jeunesse  à  Cologne,  où  il  enseignait  les 
mathématiques.  On  trouve  dans  le  Dodecachor- 
don  du  savant  de  Glaris  (pag.  291)  une  chanson 
latine  d'Adam  Luyr  à  trois  voix,  fort  bien  faite, 
et  qui  offre  un  curieux  exemple  de  l'emploi  des 
prolalions  parfaite  et  imparfaite. 

LUYTON  (Charles),  bon  organiste  et  com- 
positeur de  l'empereur  Rodolphe  II ,  vécut  à 
Prague  depuis  1577  jusqu'en  1611,  époque  où  il 
mourut  eu  cette  ville,  dans  un  âge  avancé.  On 
connaît  de  cet  artiste  :  1°  Épigramme  latine  sur 
le  blason  des  maisons  nobles  Berka  de  Dub  et 
de.  Lypa,  mise  en  musique;  Prague,  1579.  — 
T  Madrigall  acinque  voci  ;  Venise,  1582.  — 
V  Selectissimarum  sacrarum  caniionum  sex 
vocibus  composa  arum,  nunc  primum  in  lu- 
cem  editaruiu ,  fasciculus  primus  ;  PragXft  ijpis 


Georgii  Nigrivi,  anno  1603.  Ce  recueil  contient 
29  motets  à  six  voix.  —  k°  Opus  musicum  in 
Lameniationis  Hieremix  prophetse  ;  Pragx , 
typis  Georgii  Nigrini  ,1604.  —  5°  Collectio  Mis- 
saruvi  7  vocum,  Pragx,  typis  Nicolai  Siraus, 
1609.  Cet  ouvrage,  dédié  à  l'empereur  Rodolphe, 
a  été  réimprimé  à  Francfort-sur-le-Mein,  en  1611, 
in-fol.  —  6°  Popularis  anni  Jubilus,  seu  man-  ' 
tissa,  a  Georgio  Bertholdo  Pontono  e  Brei- 
tenberg  scripta,  et  a  nobili  clarissimoque 
Carolo  Luy(on,organista  Cœsaris  antepaucos 
annos,  suavissima  melodia  exornata;  Franc- 
fort, 1595,  i^-4^ 

LUZZASCO  LUZZASCHI,  célèbre  orga- 
niste et  compositeur  du  seizième  siècle,  naquit  à 
Ferrare,  et  fut  attaché,  en  qualité  de  maître  de 
chapelle,  à  l'église  cathédrale  de  cette  ville  et  au 
service  du  duc  Alphonse  IL  II  mourut  à  l'âge  de 
soixante-deux  ans,  et  fut  inhumé  dans  l'église  des 
Carmes.  Claude  Merulo  le  considérait  comme  le 
plus  grand  organiste  italien  de  son  temps,  et  Vin- 
cent Galilée  l'a  placé  au  nombre  des  quatre  mu- 
siciens les  plus  distingués  de  cette  époque.  Pierre 
Pontio  le  cite  dans  la  deuxième  partie  de  son 
Dialogo  ove  si  traita  delta  teoria  e  pratica 
dimusica  (p.  49),  comme  auteur  de  ricercari 
excellents  pour  l'orgue  ;  deux  de  ces  ricercari,  du 
premier  et  du  deuxième  ton,  ont  été  publiés  par 
Diruta  (voy.ce  nom),  dans  la  seconde  partie  de  son 
Transilvano.  La  première  partie  du  même  ou- 
vrage contientune  toccate  du  quatrième  ton,  par 
Luzzasco  Luzzaschi.  On  connaît  de  Luzzasco  : 
1°  Madrigalia  quattro  voci;  Naples,  1576.  — 
2"  Madrigall  a  cinquevoci,  lib.,  1  ;  Venise,  Ant. 
Gardano,  1575.-3"  Idem,  lib.  2;  Ferrare,  1576. 
-  4°  Idem,  lib.  3  ;  ibid.,  1.581.  —  5°  Idem,  lib. 
4;  ibid,  1584.  L'abbé  Requeno  cite  Luzzasco 
Luzzaschi  parmi  les  musiciens  du  seizième  siècle 
qui  tentèrent  de  ressusciter  le  genre  enharmo- 
nique des  Grecs,  et  assure  qu'il  avait  fait  un  cla- 
vecin dont  le  clavier  était  disposé  de  manière  à 
pouvoir  exécuter  de  la  musique  dans  les  trois 
genres,  diatonique  ,  chromatique  et  enharmoni- 
que {\Qy.  Saggi  sut  ristabilmeiile  delV  arte 
armon.,  t.  2,  p.  123).  Requeno  a  été  mal  in- 
formé; le  clavecin  dont  il  s'agit  avait  été  con.s- 
truit  d'après  les  idées  de  Nicolas  Vicentino  {voy. 
ce  nom),  et  se  trouvait  chez  le  duc  de  Ferrare, 
suivant  ce  que  nous  apprend  Bottrigari  dans  son 
livre  intitulé  II  Desiderio,  overo  dé'  concerti  di 
varii  strumenii  musicali  (pp.  40  et  41,  édition 
de  1599).  Bottrigari  ajoute  que  cet  instrument 
était  l'effroi  des  accordeurs  et  des  exécutants  par 
le  grand  nombre  des  touches  de  son  clavier; 
mais  que  Luzzasco,  premier  organiste  du  duc, 
avait  triomphe  de  ces  difficultés  et  qu'il  jouait  le 


I.UZZASCO  LUZZASCHI  —  O-KOANG-TY 


clavecin  de  Vicentino,  dont  il  tirait  de  beaux 
effets  d'harmonie  dans  des  pièces  qu'il  avait  écri- 
tes spécialement  pour  cet  instrument. 

LVOFF  (ÀLExis-THiioDORG),  général  major 
et  directeur  de  la  chapelle  impériale  de  Russie, 
né  le  25  mai  1799,  à  Réval,  enEstiionie,  révéla 
dès  son  enfance  d'heureuses  dispositions  pour  la 
musique.  Le  vio!on  était  l'instrument  pour  lequel 
son  penchant  était  décidé  :  on  lui  donna  un  maî- 
tre, et  ses  progrès  fuient  si  rapides,  qu'à  l'âge 
de  huit  ans  il  exécutait  déjà  des  concertos  diffi- 
ciles. Lorsqu'il  eut  atteint  sa  dix-septième  année, 
il  prit  la  résolution  d'étudier  seul  les  œuvres  de 
Corelli,de  Bach,  deGaviniès,  de  Viotti,  de  Bail- 
lot  et  de  Kreutzer;  un  travail  constant  le  fami- 
liarisa avec  la  manière  de  chacun  de  ces  artistes , 
et  de  leur  fusion  il  se  fil  un  style  personnel.  La 
lecture  des  partitions  de  Hœndel,  de  Graun,  de 
Jomelli,  de  Durante,  de  Gluck,  de  Mozart,  de 
Haydn  et  de  Beethoven  ,  devint  aussi  la  source 
de  SCS  connaissances  pour  la  composition.  Tous 
les  moments  de  liberté  que  lui  laissaient  ses  de- 
voirs du  service  de  l'État,  oii  il  était  entré  fort 
jeune,  suivant  l'usage  établi  dans  la  noblesse 
russe,  il  les  consacrait  à  l'art  jwur  lequel  il  se 
sentait  une  passion  invincible.  C'est  ainsi  que 
par  des  travaux  persévérants  pendant  plus  de 
trente  ans,  M.  Lvoff  s'est  fait  une  juste  réputa- 
tion de  violoniste  et  de  compositeur.  Servant 
honorablement  son  souverain  et  son  pays,  il  par- 
vint par  degrés  au  lang  de  général  major,  et 
l'empereur  Nicolas,  ayant  apprécié  son  mérite 
dans  la  musique,  lui  confia,  en  1836,  la  place 
de  directeur  de  la  chapelle  impériale.  En  1840, 
M.  Lvoff  a  visité  Paris  et  Leipsick  :  il  s'y  est 
fait  connaître  avantageusement  comme  violo- 
niste et  comme  compositeur.  Un  de  ses  opé- 
ras (  Bianca  e  Gualtiero  )  fut  représenté  à 
Dresde  avec  succès,  en  1845,  après  avoir  été 
joué  à  Pétersbourg.  Les  Académies  philliarmo- 
niques  de  Bologne,  Sainte-Cécile  de  Rome,  des 
Amis  de  la  musique  de  Vienne,  royale  de  chant 
de  Berlin,  et  d'autres  de  Londres  et  de  Péters- 
bourg, ont  décerné  à  cet  amateur  distingué  le 
titie  de  membre  honoraire.  Parmi  les  ouvrages 
les  plus  connus  de  M.  Lvoff,  ou  remarque  :  r  Six 
duos  instructifs  pour  deux  violons;  —  '2"  Air 
varié  pour  violon  avec  accompagnement  de  qua- 
tuor, gravé  à  Pétersbourg.  —  3"  Stabat  Mater 
de  Pergoièse  arrangé  en  chœur  et  instrumenté  à 
grand  orchestre  ;  publié  à  Berlin  ;  —  4"  Première 
fantaisie  pour  le  violon,  avec  orchestre,  Ber- 
lin, Schlesinger.  —  5°  Seconde  fantaisie  idem, 
ibid.  —  6°  Le  Duel,  divertissement  pour  violon 
et  violoncelle,  avec  orchestre,  op.  4  ;  ibid.  — 
7"  Concerto  pour  violon  avec  orchestre;  Leipsick.  ^ 

lilOGlt.    IIMV.    DES   MUSICIESS.   —    T.    V. 


—  &°  Duo  caiidca  quatuor  vocibus  cantanda, 
op.  6;  Berlin,  Schlesinger.  —  9°  Grand  chœur 
militaire  sur  des  thèmes  russes,  avec  orchestre, 
dédié  àF.  Mendelssohn-Bartholdy,  op.  15  ;  gravé 
en   partition,    Leipsick,    Breitkopf    et  Haertcl. 

—  10°  Hymne  national  russe,  qui  a  eu  un  grand 
succès  populaire  dans  toute  la  Russie,  composé  en 
1833,  gravé  à  Pétersbourg  et  à  Berlin.  —  11°  Qua- 
torze mélodies  de  Schubert  et  antres  arrangées 
avec  une  partie  de  violon  obligé,  Pai  is,  Richault, 
et  Saint-Pétersbourg. — 12°  Six  psaumes  et  vingt- 
huit  chants  détachés,  composés  pour  le  chœur 
des  chantres  de  la  cour  impériale,  gravés  à  Pé- 
tersbourg. —  13°  Stabat  Mater  à  quatre  voix 
en  chœur  et  grand  orchestre,  texte  latin  et  al- 
lemand, gravé  en  partition,  à  Vienne.  Cet  ouvrage 
est  une  des  productions  capitales  de   M.  Lvoff. 

—  14°  Chants  antiques  de  toutes  les  parties  de 
l'office  divin,  du  rit  grec  de  Russie,  harmonisés 
à  quatre  parties  sur  le  texte  slave;  onze  gros 
volumes  in-4°,  gravés  à  Pétersbourg;  travail 
immense,  qui  fait  beaucoup  d'honneur  au  direc- 
teur de  la  chapelle  impériale.  Les  ouvrages  dra- 
matiques de  M.  Lvoff  représentés  à  Pétersbourg 
sont  :  —  15"  ie  Bailli  de  village  ,  en  trois  actes, 
texte  russe.  —  16°  Bianca  e  Gualtiero,  opéra 
lyrique  en  deux  actes,  texte  français,  gravé  en 
partition  à  Pétersbourg.  —  17°  Ondlne,  Opéra 
féerique  en  trois  actes,  texte  allemand,  représenté 
à  Vienne  en  1846,  à  Pétersbourg  en  1848,  et 
gravé  en  partition  pour  le  piano,  à  Vienne.  — 
18°Z«  Brodeuse,  en  un  acte,  texte  russe,  repré- 
senté et  publié  à  Pétersbourg. 

LYCHOR  (Samuel),  savant  et  littérateur 
suédois,  a  fait  imprimer  une  dissertation  acadé- 
mique intitulée  :  Disputailo  de  Intendendls  so- 
nis  ;  Uafniœ,  1693,  in-8°. 

LY-KOANG-TY ,  écrivain  chinois  sur  la 
musique ,  ministre  d'État,  et  membre  du  pre- 
mier tribunal  des  lettrés,  vécut  à  la  fin  du  dix- 
septième  siècle  et  au  commencement  du  dix- 
huitième.  Il  avait  composé  un  grand  ouvrage 
concernant  la  doctrine  des  musiciens  chinois,  et 
son  livre  était  terminé,  quand  un  incendie  dé- 
truisit sa  maison  en  1705,  et  anéantit  le  manus- 
crit qiù  renfermait  le  fruit  de  ses  recherches. 
Plein  de  cotuage,  il  se  remit  au  travail,  et  refit 
son  ouvrage ,  mais  sur  un  plan  moins  étendu. 
\oici  ce  qu'en  dit  Tslng-tclii,  fils  de  Ly-Koang- 
iij,  éditeur  de  l'ouvrage  de  son  père,  dans  la 
préface  qu'il  ya  ajoutée;»  Il  (,Ly-Koang-ty)  fit 
«  un  recueil  de  tout  ce  qu'il  avait  pu  trouver 
«  sur  l'ancienne  musique  dans  les  livres  les 
«  plus  estimés  et  les  plus  authentiques  ;  il  le 
«  mit  en  ordre,  et  le  divisa  en  huit  parties,  dont 
«  voici  les  titres  :  1°  Théorie  de  la  musique  en 

25 


386 


LYTTICH 


«  général  ;  —  2"  Effets  de  la  musique  ;  —  3"  Ex- 
«  plication  des  différentes  espèces  de  musique  ; 
"  —  4°  Des  règles  de  la  musique.  —  5°  Des 
n  instruments  dont  on  se  servait  anciennement 
«  dans  l'exécnlion  de  la  musique;  —  6"  De  la 
<<  musique  \ocaie  ;  — 7"  De  la  musique  qu'on 
«  employait  anciennement  pour  les  danses  et 
«  la  comédie;  —  8°  De  l'usage  de  chaque  es- 
•(  pèce  de  musique  en  particulier.  L'ouvrage 
«  achevé,  ajoute  Tsing-tchi,  le  feu  prit  à  notre 
«  maison,  et  consuma  dans  un  instant  le  fruit 
«  d'un  travail  immense.  Ce  fâcheux  accident  ar- 
'(  riva  l'année  du  cycle  y-yeou  (1705).  Dans 
«  l'année  ou-lsëe  (  1708),  mon  père  eut  réparé 
«  en  partie  la  perle  qu'il  avait  faite.  Il  avait 
«  fouillé  de  nouveau  les  sources  où  il  avait  puisé 
«  auparavant;  mais  ne  les  ayant  pas  toutes  sous 
«  la  main,  et  beaucoup  de  choses  s'étant  effa- 
«  céesde  sa  mémoire,  il  racco-urcit  son  ouvrage, 
«  et  le  renferma  dans  des  limites  plus  étroites. 
«  Enlin  dans  l'année  Ting-ouei  (  1727  )  l'ouvrage 
«  fut  mis  entre  les  mains  des  imprimeurs  ,  qui 
«  en  peu  de  mois  eurent  achevé  la  première 
«  édition,  w 

Le  jésuite  Amiot,  missionnaire  à  la  Chine 
{voy.  Amiot  ),  fit,  vers  1750,  avec  l'aide  de  quel- 
ques lettrés  chinois,  une  traduction  française  de 
l'ouvrage  de  Ly-Koang-tij,  lequel  a  pour  titre  : 
Kou  yo-Kingtchouen  (Commentaire  sur  le  livre 
classique  qui  concerne  la  musique  ancienne  ) , 
et  envoya  le  manuscrit  de  cette  traduction  à 
Bougainville,  secrétaire  perpétuel  de  l'Académie 
des  inscriptions  et  belles-lettres,  qui  le  reçut  en 
1754.  Ce  manuscrit  lut  communiqué  à  Rameau, 
puis  à  l'abbé  Roussier,  qui  le  garda  longtemps; 
il  passa  ensuite  dans  plusieurs  mains ,  et  finit 
par  s'égarer.  Klaproîh  a  possédé  un  exemplaire 
de  l'ouvrage  original  de  Ly-Koang-ty,  et  me  l'a 
communiqué  :  plus  tard  il  l'a  vendu  au  biblio- 
graphe anglais  Dibdin.  Ce  livre  est  sans  doute  au- 
jourd'hui dans  quelque  grande  collection  en 
Angleterre. 

LYJ\G-LUI\,  personnage  fabuleux  de  la  cour 
de  Hoangty,  empereur  de  la  Chine,  à  qui  les 
anciens  auteurs  de  traités  chinois  de  musique 
attiihuent  la  découverte  des  proportions  néces- 
saires des  tuyaux  de  bambou  pour  former  les 
dou/e  demi-tons  de  l'octave,  en  prenant  pour 
son  le  plus  grave  celui  qui  correspond  à  fa  de  la 
gamme  européenne.  Ces  douze  demi-tons  sont 
appelés  lu  par  les  Chinois.  La  découverte  de 
Lyng-lun  fut  faite,  disent  les  auteurs  anciens  de 
musique,  dans  la  soixantième  année  du  règne  de 
H-oang-iy,  qui  répond  à  l'an  2637  avant  l'ère 
chrétienne.  Toutes  les  circonstances  relatives  à 
cette  découverte  prétendue,  et  que  rapportent 


les  mômes  auteurs,  sont  autant  de  merveilles  fa- 
buleuses. 

LYSANDRE,  cilharède  grec,  naquit  à  Si- 
cyone.  Philochore,  cité  par  Athénée  (liv.  14,  c.  9), 
dit  qu'il  changea  le  jeu  de  la  cithare  simple,  en 
prolongeant  les  sons  aigus,  en  sorte  qu'il  rendit 
les  sons  de  eet  instrument  analogues  à  ceux  de 
la  flûte  ,  c'est-à-dire  qu'il  trouva  les  sons  har- 
moniques ;  invention  dont  Épigone  propagea lu- 
sage.  Lysandre  fut  aussi  le  premier  qui  ôta  aux 
instruments  appelés  Magadis  et  Sambuqne, 
l'espèce  de  son  sifflant  qu'on  y  remarquait  au- 
paravant. J'avoue  que  cette  dernière  partie  du 
texte  d'Athénée  me  paraît  fort  obscure  ;  il  est 
difficile  de  se  faire  une  idée  juste  du  perfection- 
nement attribué  à  Lysandre. 

LYSER  (Jean-Pierre),  peintre  et  amateur  de 
musique  à  Dresde,  né  dans  cette  ville,  en  1804,  a 
fait  imprimer  dans  la  iN'0!<re?/eGfi;c^/<?  de  musi- 
que de  Leipsick  (anné*e  1834)des  nouvelles  musi- 
cales surDoles,  Mozart,  Beethoven  et  Haendel.  Ces 
morceaux  ont  été  imprimés  séparément  à  Leip- 
sick,  1835,  in-8°.  On  a  aussi  de  M.  Lyser  :  dv- 
cilia ,  ein  Taschenbuch  fur  Freunde  der 
Tonkunst  (  Cécilia,  annuaire  pour  les  amis  de 
la  musique),  fe  année  (la  seule  qui  a  paru), 
in-8°.  avec  des  gravures  et  de  la  musique,  Ham- 
bourg, 1833  ;  et  une  biographie  développée  de 
Meyerbeer,  ou  plutôt  une  étude  sur  sa  tendance, 
son  style  et  ses  antagonistes.  Cet  écrit  a  pour 
titre  :  Giacomo  Meyerbeer,  sein  Wirken  und 
seine  Gegner  ;  Dresde,  Wagner,  1838,  in-8°  de 
61  pages.  On  a  aussi  du  même  auteur  un  éeiitin- 
titulé:  G.  Meyerbeer  und  J .  Lind.  Fragmente 
ausdem  Tagebuche  einer  allers  Musikers  (G. 
Meyerbeerg  et  J.  Lind.  Fragments  du  journal 
dun  vieux  musicien);  Vienne,  1857,  in-8"*- 
M.  Lyser  vit  habituellement  à  Vienne. 

LYSOIXS  (Daniel),  ecclésiastique  anglais, 
recteur  de  Rodmarton,  dans  le  comté  de  Glouces- 
ter,  au  commencement  du  dix-neuvième  siècle, 
est  auteur  d'un  livre  qui  a  pour  titre  ;  History 
of  the  origin  and progress  of  the  Meeting  of 
the  three  choirs  of  Gloucester,  Worcester  and 
Hereford  (Histoire  de  l'origine  et  des  progrès  de 
la  réunion  des  trois  chœurs  de  Gloucester,  Wor- 
cester et  Hereford);  Gloucester,  D.  Walker,  1812, 

I  vol.  gr.  in-8°.  La  seconde  partie  de  cet  ouvrage, 
depuis  la  page  159  jusqu'à  la  page  268,  renferme 
les  annales  des  festivals  de  musique. 

LYTTICH  (Jean),  professeur  au  gymnase 
(collège)  du  comté  Mansfeld  à  Eisîeben,  et 
cantor  de  l'église  Saint-Nicolas,  de  cette  ville, 
naquit  à  Plauen,  vers  la  fin  du  seizième  siècle. 

II  a  fait  imprimer  les  ouvrages  de  sa  composition 
sous  les  titres  suivants  :  1"  Venus  Glœklein, 


LYTnCH 


387 


oder  newewdtliche  Gesxnge,mit  anmuthigen 
Melodien  und  lustigen  Texten,  auffi  und  5 
Stimmen  componirt  (La  Clochette  de  Vénus, 
ou  Nouveaux  Chants  mondains,  avec  des  mélo- 
dies  agréables  et  des  textes  plaisants,  composés 
pour  quatre  ou  cinq  voix)  ;  Jéna,  1610,  in-4°.  — 
2°  Sales  Venerex  musicales,  oder  newe  deut* 
sche  PoliUsche  (?)  Gesxnge,  mit  anmuthigen 
lustigen  Texten  und  Melodien  von  vier  und 
fùnff  Stiimncn (PlAhainteries  musicales  de  Vé- 
nus, ou  nouveaux  chants  politiques  allemands, 
avec  des  textes  joyeux  et  des  mélodies  agréables 


à  4et  5  voix)  ;  Jéna,  leiO,  in-4''.  —  3"  Musilta- 
lische  Streitkranzlein  hiebevorn  von  den  al- 
lerfûrtreflichsten  und  beruhmbtesten  compo- 
ni  sien ,  in  welcher  Sprach,  pro  certamine, 
mit  sonderlichen  Fleiss,  und  auffskindlichst, 
mit  6  Stimmen  auffgesetzt,  etc.(Petite  Couronne 
tressée  de  fleurs  musicales,  etc.,  à  6  voix)  ; 
Nuremberg,  Kaurfraann,  len,  in-4°.  — 4'  Rosen- 
thaï  oder  newe  xrtige  Melodien  mit  lustigen 
polilischen  Texten  anffk  undb  Stimmen^  Nu- 
remberg, 1609,  in-4''. 


25. 


M 


MAASS  (Nicolas),  facteur  d'orgues  dans 
le  seizième  siècle,  au  service  du  roi  de  Dane- 
mark, construisit  àStralsund,  en  1343,  un 
instrument  de  quarante-trois  jeux,  à  trois  cla- 
viers et  pédale,  dont  on  trouve  la  disposition 
dans  les  Syntagma  de  Prœtorius  (tome  II, 
op.  167). 

MAASS  (Jean-Gcebha'rd-IIonoré),  profes- 
seur de  philosophie,  né  à  Rrottendorf,  dans  les 
environs  de  Ilalberstadt,  le  26  février  1 766,  fut 
d'abord  simple  magister  à  Halberstadt,puis,  en 
1791,  devint  professeur  de  philosophie  à  Halle, 
cil  il  est  mort  le  2ô  décembre  1 823.  De  bons  ou- 
vrages relatifs  à  la  philosophie  et  aux  mathé- 
matiques l'ont  fait  connaître  avantageuse- 
ment. Il  n'est  cité  ici  que  pour  quelques  ar- 
ticles relatifs  à  la  musique,  imprimés  dans 
différents  Journaux  allemands.  Les  principaux 
sont  :  1°  Sur  la  musique  instrumentale,  dans 
la  Nouvelle  bibliothèque  des  belles-lettres 
(tom.  48,  ann.  1791,  pag.  1-40).  2°  Supplé- 
ment à  l'article  accent  musical  de  la  Théorie 
des  beaux-arts  de  Sulzer,  inséré  dans  l'ou- 
vrage Sur  les  caractères  des  principaux 
poètes  de  toutes  les  nations,  par  une  société 
de  savants  (Leipsick,  1790,  tom.  II,  n»  2). 
ô"  Sîir  les  sons  harmoniques  (dans  la  Gazette 
musicale  de  Leipsick^  ann.  XVIII,  p.  477). 
4»  Notice  sur  Ttirk  (ibid.,  t.  XVI,  p.  609). 
S"  De  la  représentation  des  sons  par  les  chiffres 
(ibid.,  t.  XVII,  p.  85,  103,  125).  6°  Compa- 
raison des  rapports  des  sons  (ibid.,  p.  733). 
7»  De  la  perception  des  sons  aigus  (ibid., 
tom.  XVIII,  p.  17).  8»  Analyse  de  l'Essai  de 
M.  G.  Weber  sur  une  thèse  générale  de  la  mu- 
sique (î6îd.,  t.  XIX,  pag.  637,  661;  t.  XX, 
!..  477). 

3IABELLII\I(Théodule), compositeur  dis- 
tingué, est  né  à  Pistoie,  le  2  avril  1817.  Son 
père,  Vincent  Mabellini,  était  bon  mécanicien 
et  habile  trompettiste.  Ce  fut  lui  ijui  donna  les 
premières  leçons  de  musique  à  Théodule,  dont 
les  dispositions  pour  cet  art  étaient  si  remar- 
(juables,  que  dès  l'âge  de  neuf  ans  il  jouait 
•léjà  les  œuvres  des  pianistes  les  plus  renom- 
més, exécutait  de  grandes  dilTicuUés  sur  la 


flûte,  et  faisait  admirer  sa  belle  voix  de  so- 
prano au  choeur  de  la  cathédrale.  Frappé  de 
l'heureuse  organisation  de  cet  enfant,  Joseph 
Pilotti,  l'un  des  meilleurs  élèves  du  P.  Mattei, 
et  maître  de  la  chapelle  de  Pistoie,  à  celle 
époque,   le  prit  en  affection  et  lui  fil  com- 
mencer l'élude  de  l'harmonie  et  du  contre- 
point. A  l'âge  de  douze  ans,  Mabellini  avait 
déjà  produit  beaucoup  d'œuvres  instrumen- 
tales, particulièrement  pour  la  musique  mili- 
taire. Appelé  à  Bologne  en  qualité  de  profes- 
seur de  composition  au  Lycée  communal,  Pi- 
lotti ne  put  continuer  l'éducation  musicale  de 
Mabellini;  mais  avant  son  départ,   il  donna 
aux   parents   du  jeune  artiste    le  conseil   de 
l'envoyer  à  Florence,  pour  qu'il  y  continuât 
ses  études  sous  la  direction  de  quelque  bon 
maître.  Mabellini  se  rendit  en  effet  dans  celle 
ville  lorsqu'il  eut  atteint  l'âge  de  seize  ans.  Il 
y  arriva  en  1833  et  y  resta  jusqu'à  la  fin  de 
1836;  mais  les  cours  du  lycée  musical  ne  lui 
offrant  pas  les  ressources  qu'il  avait  espéré  y 
trouver  pour  son  instruction,  il  cessa  deles  fré- 
quenter, et  se  remit  à  l'étude  de  ses  instru- 
ments favoris,  le  piano  et  la  flûte,  sans  autre 
guide  que  lui-même.  Vers  le  milieu  de  1835, 
ses  parents  et  ses  protecteurs,  au  nombre  des- 
quels  était  le   chevalier  Rossi ,    de  Pistoie , 
affligés  de  lui  voir  perdre  ainsi  ses  plus  belles 
années,  lui  donnèrent  le  conseil  de  faire  effort 
l)our  fixer  sur  lui  rallenlion  publique  par  un 
ouvrage  d'une  certaine  importance ,  ce  qu'il  fit 
en  écrivant  la  musiquede  l'opéra  intitulé  Jla- 
tildam  Toledo,  qui  fut  représenté  avec  succès 
au  théâtre  Alfieri,  dans  l'automne  de  1836. 
Le  résultat  en  fut  heureux,  car  il  obtint  du 
grand-duc  de  Toscane  une  pension  pour  aller 
étudier  son  art  chez  Mercadante,  alors  maître 
de  chapelle  à  Novare.  On  ne  pouvait  choisir 
un  meilleur  guide,  car  3Iercadante  est,  sans 
aucun  doute,    le  compositeur  dramatique  de 
l'Italie  qui  possède  l'instruction  la  plus  solide. 
Mabellini  resta  près  de   ce  maître    ,(endant 
trois  ans  et  demi,  l'accompagnant  partout  où  il 
allait  mettre  en  scène  ses  opéras,  et  s'instrui- 
sant  autant  par  l'exemple  et  par  la  pratique 


MABELLINI 


389 


que  par  les  travaux  didactiques  qu'il  faisait 
sous  la  direction  du  maître.  Pendant  toute 
cette  période  d'études,  Mercadanle  montra 
pour  son  élève  une  affection  toute  paternelle. 
A  cette  époque,  Mabeliini  écrivit  la  Chasse, 
pour  chœur  et  orchestre,  qu'il  fit  exécuter  à 
un  concert  de  la  courde  Florence  et  qu'il  offrit 
au  grand-duc  de  Toscane,  comme  un  tribut 
de  reconnaissance  pour  ses  bienfaits  :  cet  ou- 
vrage fut  suivi  d'une  messe  solennelle  à  quatre 
voix  et  orchestre,  qui  fut  exécutée  à  la  cathé- 
drale de  Noyare. 

En  1840,  Mabeliini  écrivit  la  partition  de 
Tinlla,  opéra  qui  fut  représenté  au  théâtre  de 
Carignan,  à  Turin,  et  qui  obtint  un  brillant 
succès,  non-seulement  dans  cette  ville,  mais 
à  Trieste,  Naples  et  Milan;  Ricordi  en  a 
publié  la  partition  pour  le  piano.  Cet  ouvrage 
fut  suivi  de  Gincvra  degli  Jlmieri,  repré- 
senté dans  la  même  ville  et  au  même  théâtre 
jieudant  la  saison  d'automne  1841.  Dans 
l'année  suivante,  3Iabellini  retourna  à  Pis- 
toie  :  it  y  fut  élu  membre  de  l'Académie 
des  sciences,  lettres  et  beaux-arts,  et  com- 
posa une  grande  cantate  en  honneur  de 
Raphaël  Sanzio,  pour  une  fête  donnée  par 
cette  société  savante,  le  27  Juillet.  Une  partie 
de  celte  cantate  a  été  publiée  à  Milan,  chez 
Ricordi.  Appelé  à  Florence  en  1843,  il  écrivit 
pour  le  théâtre  de  la  Pergola  son  opéra  il 
Cotile  de  Savagna,  qui  fut  chanté  par  la  Bar- 
bieri  Njni,  la  Brambilia,  mademoiselle  Caste- 
lan,  et  Ottolini  Porta.  Le  succès  de  cet  ou- 
vrage eut  beaucoup  d'éclat  ;  il  occupa  la  scène 
pendant  une  grande  partie  de  la  saison  : 
SiennC;  Rome  et  Naples  ne  lui  firent  pas  un 
moins  bon  accueil  ;  la  partition  pour  le  i)iano 
l'ut  publiée  à  Milan,  chez  Ricordi.  Dans  cette 
même  année,  Mal)ellini  fut  nommé  directeur 
delà  Société  philharmonique  de  Florence;  il 
ne  tarda  pas  à  lui  donner  l'impulsion  qui  a 
fait  la  prospérité  de  cette  inslitutioo.  naguère 
languissante.  Au  printemps  de  1844,  il  se 
rendit  à  Rome  pour  mettre  en  scène  au  théâtre 
Jpollo  son  nouvel  opéra  i  Feneziani  a  Cos- 
tanlinopoli;  qui  ne  réussit  pas.  De  retour  à 
Florence,  il  fut  chargé  par  le  duc  de  Toscane, 
en  1843,  de  composer  la  musique  de  l'oratorio 
Eudossia  e  Paolo,  qui  fut  exécuté  dans  la 
grande  salle  dei  Cinquecenti ,  au  Palazzo 
Fecchio,  par  cinq  cent  cinquante  chanteurs  et 
musiciens  d'orchestre,  à  l'occasion  de  la  fête 
de  saint  Jean,  patron  de  Florence.  En  1846,  Ma- 
beliini s'établit  définitivement  dans  cette  ville 
et  se  maria.  Dans  la  même  année,  il  composa 
l>our  le  théâtre  de  la  Pergola  l'opéra  Maria 


di  Francia,  et  la  cantate  il  Rilorno,  qui  lui 
avait  été  demandée  par  legrand-duc.  Sa  nomi- 
nation de  mailre  de  chapelle  de  la  Cour  de 
Toscane,  au  commencement  de  1847,  fut  la 
récompense  de  ces  travaux.  Ses  Responsori  k 
huit  voix  en  deux,  chœurs,  qu'on  a  exécutés 
chaque  année  dans  la  semaine  sainte,  furent 
écrits  à  la  même  é[)oque  ;  cet  ouvrage,  l'une 
des  meilleures  compositions  de  cet  artiste,  a 
été  publié  à  Florence,  chez  Guidi,  en  grande 
partition.  Des  cantates,  des  hymnes,  et  l'ora- 
torio le  Dernier  jour  de  Jérusalem,  turenl  les 
seuls  ouvrages  écrits  par  Mabeliini  pendant 
les  années  1848  et  1849  :  en  1830,  il  com- 
posa sa  grande  messe  de  Requiem,  qui  fut 
exécutée  pour  la  première  fois  au  mois  de 
mars  1831,  dans  l'église  de  Saint-Gaétan,  et 
dont  la  partition  a  été  publiée  à  Paris,  chez 
Richault.  Celte  production,  que  j'ai  sous  les 
yeux  en  écrivant  cette  notice,  prouve  que  son 
auteur  est  du  petit  nombre  des  maîtres  italiens 
qui  conservent  encore  les  bonnes  traditions  de 
l'art  d'écrire  la  musique  sérieuse.  Elle  est 
dédiée  à  la  reine  d'Es|)agne,  Dona  Isabelle  II, 
qui  a  récompensé  l'auteur  en  lui  envoyant  la 
croix  de  l'ordre  d'Isabelle  la  Catholique.  // 
/'e/Uur/ero,  opéra  composé  par  Mabeliini,  en 
collaboration  avec  son  ami  Gordigiani,  fut 
représenté,  en  1831,  au  théâtre  de  Livourne, 
et,  dans  l'année  suivante,  il  donna  à  Florence 
Baldassar ,  grand  opéra  dont  le  finale  du 
second  acte  excita  l'enthousiasme  des  specta- 
teurs. Depuis  lors,  Mabeliini  n'a  plus  écrit 
(pie  de  la  musique  d'église,  à  l'exception  de 
Fiametta,  opéra  bouffe  représenté  à  la  Per- 
gola, en  1837. 

Les  compatriotes  de  Mabeliini  lui  reprochent 
d'être  trop  savant.  Peu  de  maîtres,  si  toute- 
fois il  en  est  parmi  les  Italiens  de  l'époque 
actuelle,  pourraient  mériter  ce  blâme.  Dans  le 
nombre  d'ouvrages  dramatiques  qui  se  sont 
produits  pendant  les  dernières  années  au  delà 
des  Alpes,  une  partition  bien  écrite  est  in- 
conteslablement  une  œuvre  très -originale. 
Aujourd'hui,  les  graves  événements  politiques 
qui  agitent  la  nation  sont  un  temps  d'arrêt 
pour  les  arts  :  espérons  qu'après  le  retour  à  la 
tranquillité,  cette  grande  diversion  aura  pour 
effet  d'opérer  une  réforme  salutaire  dans  le 
goût  musical  des  Italiens. 

Les  œuvres  de  musique  d'église  composées 
par  Mabeliini  jusqu'en  1859  sont  celles-ci  : 
1"  Messe  à  quatre  voix  et  orchestre,  à  Novare, 
en  18Ô8.  2"  Responsori  à  deux  chœurs  (1847), 
à  Florence,  chez  Guidi.  ô»  Messe  de  Requiem 
(1850);  Paris,  Richault.  4»  Messe  à  trois  voix, 


390 


MABELLINI  —  MABLY 


chœar  et  orcïieslre  (1853),  ibîd.  5°  Libéra  me 
Domine,  à  quatre  voix,  chœur  et  orchestre, 
ibid.  6»  Messe  solennelle  à  quatre  voix,  chœur 
etorchestre(1843).7°Messe2de?n,ibid.  (1848). 
8°  Messe  a capella,  à  trois  voix  (1849).  9°  Messe 
idem  (1851).  10"  Motet  (O  Pater),  pour  ba- 
ryton, chœur  et  orchestre.  Il"  Motet  {Spes 
impii) ,    pour    basse,    chœur    et    orchestre. 
\^'' Stabat  mater,  pour  basse,  chœur  et  or- 
chestre. 13»  Te  Deum  à  quatre  voix,  chœur  et 
orchestre.  14"  Fexilla  Régis,  à  quatre  voix, 
chœur  et  orchestre.  15°  Iste  confessor,  idem. 
16°  Domine  ad  adjuvandum,  ideni.  17°  et 
18»  Deux  Dixit,  idem.  19»  Magnificat,  pour 
ténor  et  basse,  chœur  et  orchestre.  20»  Lau- 
date  pueri,  pour  ténor,  chœur  et  orchestre. 
21°  Loquebar,  à  quatre  voix,  chœur  et  or- 
chestre. 22»  Loquebar,  à  trois  voix  et  orgue. 
23»  ^udi  filia,  à  quatre  voix,  chœur  et  or- 
chestre. 24»  Off'erentur,  à  trois  voix  et  orgue. 
25»  £cce  sacerdos  magnus,  à  quatre  voix, 
chœur  et  orchestre,  exécuté  à  la  cathédrale  de 
Florence,  en  présence  du  pape  Pie  IX,   en 
1857.  20»  Unguentem,  à  quatre  voix  et  or- 
chestre.  27°   O  gloriosa  Firginum,  idem. 
28»    Exnltet  ,    à    trois    voix    et    orchestre. 
^^  O  Salutaris  pour  ténor,  basse  et  orgue. 
30»  Tantum  ergn,  pour  ténor,  basse  et  or- 
chestre. 31»  Tantum  ergo ,  pour  contralto, 
ténor  et  orchestre.  32"  Gaudeamus,  à  quatre 
voix  et  orchestre.  McsiotiE  de  cojicert  et  de 
CHAMBRE  :  33»  La  Chasse,  chœur  et  orchestre, 
1837.  33"  (bis)  Raphaël  Sanzio,  cantale,  1842. 
34"  Six  valses  pour  le  piano;   Milan,  Lucca, 
1839.  35»  Grande  fantaisie  pour  flûte,  clari- 
nelle,  cor,  trompette  et  trombone,  composée 
par  ordre  du  grand-duc  de  Toscane  pour  les 
artistes  de  sa  chapelle  Ciardi  (fliite),  les  frères 
Bimhoni,  (clarinette  et  trombone),  Paoli  (cor) 
et  Brizzi  (trompette),  avec  orchestre,    1846. 
36°  L^Addio,   romance  pour  baryton,  avec 
violoncelle  obligé  et  piano,  1847;  Florence, 
Lorenzi.  37»  Cantate  élégie  sur  la  mort  du 
célèbre  sculpteur  Bartolini,  de  Florence,  1846. 
38»  //  Rilorno,  cantate,  1846.  39»  Fantaisie 
militaire   pour   flûte,   clarinette,  cor,   deux 
trompettes,    trombone    et    orchestre,    1847. 
40»   Italia  risorta ,   hymne    pour  soprano, 
chœur,  orchestre,   1848;  Florence,   Lorenzi. 
41»   La   buono  Andata,   chanson    devenue 
populaire;  Florence,  Guidi,  1847.  4^2^  E  spero 
di  tomate,  idem,  ibid.,\M8.  43»  L'Etruria, 
cantate;   Florence,  Lorenzi,  1849.  44»    Bou- 
quet de  Florence,  album  de  douze  morceaux 
de  chant  avec    accompagnement  de   piano; 
Paris,  Bichault,  1855.  45°  Élégie  pour  chant 


et  piano;  Florence,  Guidi,  1850.  40»  Cantate 
pour  baryton,  chœur  et  orchestre,  intercalée 
dans   Saiil,  tragédie  d'Alfieri.   47°  II%jmne 
national  toscan,  1858.  48»  Un  grand  nombre 
de  romances,    petites  cantates,  avec  piano, 
marches  et  fantaisies  pour  musique  militaire. 
MABILLOIV  (Jeau),  savant  bénédictin  de 
la  congrégation  de  Saint-Maur,  naquit  à  Saint- 
Pierremont,  village  du  diocèse  de  Reims,  le 
25  novembre  1632.  Après  avoir  achevé  de 
brillantes   études   au    collège   de   Reims,    il 
entra  au  séminaire,  où  il  passa  trois  années;  il 
n'en  sortit  que  pour  prononcer  ses  vœux  à 
l'abbaye  deSaint-Remi,  au  mois  de  septembre 
1654.  Ce  n'est  point  ici  le  lieu  d'examiner  les 
travaux  importants  de  ce  savant  homme  :  on 
en   trouve  l'indication  et  l'analyse  dans  les 
dictionnaires    historiques    généraux;    je   ne 
citerai  que  ses  ouvrages  qui  renferment  des 
objets  relatifs  à  la  musique  :  1»  i>e  Lilurgid 
gallicanà  libri  très,  Paris,  1685:  ibid,  1729, 
in-4».  Mabillon  y  traite  de  la  musitiue  d'église, 
dans  la  première  partie,  sous  le  titre  de  Mu- 
sicx  status.  2°  Annales  ordinis  S.  Benedicti, 
in  quibus  non  modo  res  monasticx  sed  etiam 
ecclesiasticx  historix  non  minima  pars  con- 
tinetur,  Vavis,  1713-39,  0  vol.  infol.  3»  Acla 
Sanctorum  ordinis  S.  Benedicti  in  sxculo- 
rum  classes  distributa,   Paris,    1668-1702, 
9  vol.  in-folio.  On  y  trouve  des  renseignements 
curieux  sur  l'histoire  de  la  musique  d'église. 
Mabillon  est  mort  à  l'abbaye  de  Saint-Ger- 
main-des-Prés,  le  27  décembre  1707,  à  l'âge 
(le  soixante-quinze  ans. 

MABLY  (Gabriel  BOINTVOT  DE),  frère 
de  l'abbé  de  Condillac,  naquit  à  Grenoble,  le 
14  mars  1709,  d'une  famille  parlementaire  du 
Dauphiné.  Après  avoir  fait  ses  études  au  Col- 
lège de  Lyon  chez  les  jésuites,  il  se  rendit  à 
Paris  où  le  cardinal  de  Tencin,  son  parent,  le 
fit  entrer  au  Séminaire  de  Saint-Sulpice  ;  mais 
il  ne  tarda  pas  à  se  dégoûterdes  études  théolo- 
giques, qu'il  abandonna  pour  se  livrer  à  celle 
de  l'histoire  et  du  droit  public.  Sans  autre 
ambition  que  celle  de  se  faire  un  nom  par  ses 
écrits,  et  satisfait  du  médiocre  revenu  de  trois 
mille  francs,  qui  composait  toute  sa  fortune, 
il  consacra  sa  vie  entière  à  la  composition  de 
ses  ouvrages.  Il  est  mort  à  Paris,  le  23  avril 
1783.  Parmi  des  écrits  d'un  genre  tout  diffé- 
rent, on  est  étonné  d'en  trouver  un  qui  a  peu 
de  rapport  avec  ses  autres  travaux,  et  qui  est 
intitulé  :  Lettres  à  madame  la  marquise  de 
P...  (Pompadour)  siir  rOpera,  Paris,  1741, 
in-I2  de  cent  soixante-six  pages,  réimpiimé 
en    1752,    in-12.  C'est  une  poétique  assez 


MABLY  —  MAGE 


391 


vague  de  ce  genre  de  spectacle.  Il  la  publia 
sous  le  voile  de  l'anonyme.  L'abbé  Goujet  en 
a  parlé  avantageusement,  sans  en  connaître 
rauteur,danssa^'i'6;«o</iè<j'Me/"ranfa/se,  t.lll, 
p.  531).  Cet  opuscule  n'a  point  été  recueilli 
dans  les  diverses  éditions  complètes  de  Mably. 
MACAllI  ou  MACCARI  (Jacques), com- 
))0siteur  dramatique,  né  à  Rome  dans  les  pre- 
mières années  du  dix-huitième  siècle,  est  connu 
par  les  opéras  suivants,  tous  représentés  à  Ve- 
nise :  1°  Adoalda  furioso,  en  1727.  2»  Aris- 
tide^ 17-55.  ô"  Oltaviano  trionfante  di  Murc- 
Jntonio.  1755. 4»Za  Fondazione  di  Fenezia, 
1736. 

MACAÏIRY  (PiEnnr),  professeur  de  mti- 
sique  à  Marseille,  s'est  fait  connaître  par  un 
écrit  intitulé  :  Questions  sur  la  diversité 
d'opinions  et  de  doctrines  des  auteurs  didac- 
tiques en  musique,  adressées  à  Messieurs  les 
professeurs  et  membres  du  Conservatoire  de 
France,  Paris,  1827,  in-S"  de  soixante-huit 
pages,  avec  deux  planches.  Ces  «luestions  sont 
relatives  aux  divers  systèmes  d'harmonie  :  j'en 
ai  donné  une  analyse  dans  la  Revue  musicale 
(t.  I,  p.  245  et  suiv.  ;  ô24  et  suiv.). 

MACCAIAI  (Antoine),  chantre  de  la  cha- 
pelle ducale  de  Saint-Marc,  à  Venise,  concou- 
rut, en  1740,  pour  la  place  de  maître  de  celle 
chapelle.  Mais  on  lui  préféra  Lotti  {voyez  ce 
nom).  M.  Caffî  dit  que  Maccari  s'était  fait 
connaître  par  de  bonnes  compositions  pour 
l'église  (1).  Cet  artiste  a  écrit  aussi  pour  la 
scène  et  a  fait  représenter  :  Lucrezia  romana 
in  Costantinopoli,  au  théâtre  S.  Samuele,  de 
Venise,  en  1737,  et  La  Contessina ,  opéra 
bouffe,  au  même  théâtre,  en  174ô.  Dans  la 
première  édition  de  la  Biographie  des  Musi- 
ciens, ces  ouvrages  étaient  attribués  par  er- 
reur à /flC7)/e.s  iJîacari , de^ome {voy .  ce  nom). 
MACCklERINÏ  (Joséphine),  cantatrice 
qui  a  joui  de  quelque  réputation,  principale- 
ment dans  le  style  d'expression,  était  née  à 
Bologne  en  1745.  Ayant  quitté  le  théâtre  en 
1788,  elle  se  retira  dans  sa  ville  natale,  où  elle 
est  morte,  le  19  septembre  1825,  à  Tâge  de 
(jualre-vingts  ans. 

M ACDOISALD  (Jean),  ancien  lieutenant- 
colonel  du  génie  et  commandant  en  chef  de 
l'artillerie  à  rétahlissemenl  anglais  de  Suma- 
tra (2),  naquit  en  1700  dans  les  Hébrides,  d'une 
famille  attachée  aux  Sluarts.  Il  revinlde  l'Inde 

{\)  Storia  delta  vtusica  sacra  nella  già  cappella  di 
S.  Jlarco,  etc. y  lonie  i,  p.  SG8. 

(2)  C'est  par  erreur  qu'il  a  été  dit,  dans  la  preniiëre 
édition  de  la  Biographie  universelle  des  muticitns,  que 
îtaivlonald  «lait  tccUsiaslique  anglican. 


en  1796,  et  se   fixa   à   Londres.  Cultivant  les 
sciences  et  la  musique  avec  succès,  il  se  livra 
à  des  recherches  curieuses  sur  la  théorie  des 
sons  harmoniques  qui  peuvent  se  produire  sur 
les   instruments   à  archet.  Le  résultat  de  ses 
découvertes  furent  publiés,  en   1811,  à  Lon- 
dres, chez  Monzani,  sous  ce  titre  :  A  Treatis* 
on  tliepractice,  theory  and  harmonie  System 
(Traité  sur  la  prati(|ue,  la  théorie  et  le  système 
(les  harmoniques).  Le  traité  des  hai'moniqnes 
du  violoncelle  parut  séparément  chez  le  même, 
en  181Ô,  et  en  1815,  avec  des  additions;  mai'< 
les  deux  ouvrages  ont  été  refondus,  avec  de 
nouvelles  recherches,  dans  le  volume  qui  a 
pour  litre   :   A   Treatise  on   the  harmoni. 
System  arising  from  the  vibrations  of  thi 
aliquot  divisions  ofSlrint/s  according  to  thr 
graduai   progress   of   the  notes,  from  the 
midlc,  to  the  remote  extremis,  explainino 
simpJy.  hy  curved  delinealions,  the  manner 
in  which  the  harmonie  tones,  halfand  qnar- 
ter  notes,  are  generated  and  produced  on 
every  corrcsponding    part    of   the   Slring 
(Traité  sur  le  système  harmoniciue  provenant 
des    vibrations     des    parties     aliquotes    des 
cordes,  etc.),  Londres,  Preston,  1822,  in-fol., 
avec  beaucoup  de  planches;  ouvrage  imprimé 
avec  luxe.    Ce  savant  est  mort  à  Exeter,  le 
12  août  1831. 

Î^IACE  (Thomas),  luthiste  anglais,  naquit 
en  I6!o,  cl  fut  attaché  longtemps  au  Collège 
de  la  Trinité,  à  Cambridge,  en  qualité  de  clerc. 
En  1690,  il  quitta  cette  i>rofession,  et  se  rendit 
à  Londres,  où  il  annonça  par  les  journaux  une 
vente  d'instruments  et  de  musi(|ue.  Il  fit  aussi 
connaître  par  la  même  voie  qu'il  donnait  des 
leçons  de  !héorbe,delulh,  de  viole  et  de  com- 
position. Hawkins  nous  apprend  que  ce  musi- 
cien mourut  en  1709,  à  l'âge  de  quatre-vingt- 
seize  ans.  On  lui  doit  un  livre  singulier  qui  a 
pour  litre  :  Musik's  Monument  ;  or,  a  re- 
membrancer  of  the  best  practical  Musich, 
both  divine  and  civil,  that  has  ever  been 
known  to  hâve  been  in  the  workl  (Monument 
de  musique,  ou  conservateur  de  la  plus  belle 
musique  pratique,  divine  et  humaine,  connue 
dans  le  monde),  Londres,  T.  RatclifTe,  1676, 
in-fol.  de  deux  cent  soixante-douze  pages.  Cet 
ouvrage  est  divisé  en  trois  parties.  La  pre- 
mière traite  de  la  musique  d'église,  que  Mace 
distingue  en  musique  de  paroisse  et  musique 
de  cathédrale.  La  seconde  renferma  "in  traité 
fort  étendudu  lulheldulhéorbe,  avecungrand 
nombre  de  préludes  et  de  pièces  en  tablature 
pour  ces  instruments.  Mace  y  donne  la  figure 
,  et  la  description  d'un  double  luth  de  son  in- 


392 


MAGE  —  MACHADO 


vcnlion,  qu'il  appelle  diphoue.  Dans  la  troi- 
sième partie,  on  trouve  un  traité  de  la  viole  et 
de  la  musique  en  général,  avec  le  plan  d'une 
salle  de  concert  et  la  figure  d'un  orgue-table 
inventé  par  Mace.  Celte  troisième  partie  est 
beaucoup  moins  étendue  que  les  premières.  II 
y  a  des  choses  utiles  dans  ce  livre;  mais  le 
style  en  est  bizarre.  Mace  y  fait  preuve  de 
beaucoup  d'originalité  et  de  gaieté.  Il  i)araSt 
qu'il  avait  un  goût  passionné  pour  la  poésie, 
car  son  livre  est  rempli  de  j)ièces  de  vers. 

MACE  (Denis),  musicien  de  la  cbaml)re 
du  roi  de  France,  vers  le  milieu  du  dix- 
septième  siècle,  a  publié  :  Cantiques  du 
Pirennée  d'Eu  mis  en  musique ,  Paris , 
Christophe  Ballard.  Il  y  en  a  deux  éditions, 
sans  date. 

MACEDONO  DI  ANTIO  (Jean-Vin- 
cent), chevalier  napolitain,  amateur  distingué 
de  musique,  vivait  au  commencement  du  dix- 
seplième  siècle.  Il  a  fait  imprimer  de  sa  com- 
position :  Madrigali  a  cinque  voci,  libro 
primo,  Napoli,  Coslanzo  Vltali,  1603,  10-4°. 

MACER.  f'oyez  MACIIT- 

MACFARLAIV'E  (Georges!,  chef  de  mu- 
sique d'un  régiment  d'infanterie  anglaise,  est 
auteur  d'un  ouvrage  intitulé  :  Cornopean  Jn- 
slructor,  conlaining  the  elementary  Princi- 
ples  ofJ}Jusic,  togelher  tcith  Exercises,  Pré- 
ludes ^  Jirs ,  and  Duetts  in  every  R'ey  in 
which  the  Instrument  is  playable  with  effect 
(!e  Maître  du  cor  à  clefs,  contenant  les  principes 
de  musique,  avec  des  exercices,  préludes,  airs 
et  duos  dans  tous  les  tons  où  l'instrument  est 
jouable  avec  effet),  Londres  (sans  date),  in-fol , 

MACFARREN  (  Georges -Alexandre), 
compositeur  et  professeur  de  musique  d'un 
mérite  dislingué,  est  né  à  Londres  en  1813. 
Ayant  donné,  dès  ses  premières  années,  des 
indices  d'une  bonne  organisation  pour  la  mu- 
sique on  lui  fit  apprendre  les  éléments  de 
cet  art  j  mais  ce  ne  fut  qu'en  1827  qu'il  en  fit 
une  étude  régulière,  lorsqu'il  fut  placé  sous 
la  direction  de  M.  Lucas,  professeur  assez  re- 
nommé à  cette  époque.  Après  avoir  reçu  ses 
leçons  pendant  deux  années,  M.  Macfarren 
entra  à  l'Académie  royale  de  musique,  où  la 
composition  devint  l'objet  principal  de  ses 
études,  sans  négliger  toutefois  le  piano,  dont 
il  jouait  depuis  l'âge  de  quatorze  ans.  Sollicité 
aussi  par  les  administrateurs  de  l'école,  pour 
qu'il  apprit  à  jouer  d'un  instrument  d'or- 
che.«lre,  il  choisit  le  trombone.  Parvenu  à  la 
connaissance  complète  de  l'art  d'écrire  en 
musique,  il  sertit  de  l'Académie  royale  de 
musiqut  pour  se  livrer  à  l'enseignement  et  à 


la  composition;  mais  il  y  rentra  en  1838,  en 
qualité  de  professeur  d'harmonie.  Deux  ans 
après  il  fut  un  des  fondateurs  de  la  société  des 
Musiciens  antiquaires  de  Londres,  pour  la 
publication  des  œuvres  des  musiciens  anglais 
les  plus  célèbres  des  seizième  et  dix-septième 
siècles.  Malheureusement,  vers  le  même  temps, 
la  vue  de  M.  Macfarren  commença  à  s'altérer; 
le  mal  s'agrava  d'année  en  année,  et  enfin  la 
cécité  devint  complète.  Nonobstant  cette  pé- 
nible situation,  cet  artiste  justement  estimé 
n'en  a  i)as  moins  continué  à  se  livrer  à  la 
composition  et  à  l'enseignement. 

Le  premier  ouVrage  de  quelque  importance 
produit  par  M.  Macfarren  est  sa  symphonie  à 
grand  orchestre  (en  fa  mineur),  qui  fut  exé- 
cutée îe  27  octobre  1834,  par  l'orchestre  de  la 
société  des  British  Musicians.  Sa  seconde 
symphonie  (en  ut  mineur)  a  été  exécutée 
avec  succès  dans  plusieurs  concerts.  Ces  deux 
symi)honies  ont  été  arrangées  à  quatre  mains 
pour  le  piano,  par  l'auteur,  et  publiées  à  Lon- 
dres. Il  a  écrit  plusieurs  ouverlures,  dont  une 
a  été  exécutée  au  concert  du  Gewandhaus,  de 
Leipsick,  en  1843,  sous  la  direction  de  Men- 
delsohn.  On  a  aussi  gravé  du  même  artiste,  à 
Londres  :  l^""  quatuor  pour  deux  violons,  alto 
et  basse,  op.  37;  2""^  quatuor  idem,  op.  54; 
U^  sonate  pour  le  piano  (en  mi  bémol); 
2""^  idem,  intitulée  Ma  cousine  (en  la); 
liicces  de  différents  caractères  pour  le  même 
instrument;  beaucoup  de  mélodies  avec  piano, 
et  d'autres  productions  de  musique  vocale  et 
instrumentale.  Le  premier  ouvrage  dramatique 
de  BI.  Macfarren  fut  joué  à  l'Opéra  anglais  de 
Londres,  en  1837,  sous  ce  titre  :  DeviVs  opéra 
(rOpéradu  Diable), etobtintun  succès  d'estime 
parmi  les  connaisseurs.  En  1846  il  donna  au 
même  théâtre  son  Don  Quixote,  dont  le  succès 
fut  complet  et  qui  obtint  une  suite  de  repré- 
sentations fructueuses.  Son  opéra  Charles  II 
fut  représenté  en  1849,  à  Princesses  Théâtre, 
et  reçut  de  la  population  de  Londres  un 
accueil  enthousiaste.  Un  des  plus  beaux  ou- 
vrages de  M.  Macfarren  est  la  cantate  in- 
titulée The  Sleeper  awakened  (Le  dormeur 
réveillé),  qui  fut  exécutée  au  concert  national 
du  théâtre  de  la  Reine,  en  1850,  et  dont  la  par- 
tition arrangée  pour  le  piano  a  été  publiée  à 
Londres,  chez  Cramer,  Beale  et  C.  Le  dernier 
ouvrage  important  de  M.  Macfarren  est  son 
opéra  intitulé  Robin  Hood ,  représenté  au 
théâtre  anglais,  en  18CI,  avec  un  très-brillant 
succès. 

MACIIADO  (Mancel),  musicien  de  la  cha- 
pelle du  roi  de  Portugal,  naquit  à  Lisbonne 


MACHADO  -  MACQUE 


393 


dans  la  seconde  moitié  du  seizième  siècle,  et  y 
vivait  en  ICIO.  Il  eul  pour  maître  de  compo- 
sition Ducirte  Lobo,  un  des  meilleurs  artistes 
portugais.  On  trouvait  dans  la  Bibliothèque 
royale  de  musique  de  Lisbonne,  avant  le  dé- 
sastre de  175G;  les  ouvrages  suivants  de  la 
composition  deMachado:  1"  Cogitavit  Domi- 
nus.  2°  Salve  Regina,  à  huit  voix.  3'^  Vilhan- 
cicos  à  plusieurs  voix. 

MACHAULT  (Guillaume  DE).  Foxjez 
GUILLAUME  DE  MAC  H  AU. 

MACUETTI  (le  P.  Théophile),  moine 
camaldule,  maître  de  chapelle  de  l'église  pri- 
miziale  de  Pise,  naquit  à  Venise  et  non  à  Bo- 
logne, comme  il  est  dit  dans  la  première  édi- 
tion de  cette  Biographie.  Il  vécut  dans  la  se- 
conde moitié  dudix-septième  siècle.  On  connaît 
sous  son  nom  ■.l''Salmi a  qtiattrovocie Quattro 
stromenti  ,  Bologne,  Jacques  Monli,  1G87. 
2»  Sacri  concerti  di  Salmi  a  qiiallro  voci, 
ibid.,  169Ô,  in-4». 

MACHOLD  (Jean), compositeur  allemand 
du  seizième  siècle.  Gerber  le  croit  né  dans  la 
Thuringe.  On  connaît  sous  son  nom  :  l^Die/fis- 
toria  vom  Leiden  und  Sterben  Christi  mit 
55a'mmencomponrr«  (l'Histoire  de  la  Passion 
et  de  la  mort  de  Jésus-Christ,  à  cinq  voix), 
Erfurt,  1o9ô,  in-4''.  2°  Motets  à  cinq  voix, 
ibid.,  1395.  Paul  Balduanus  cite  de  ce  musi- 
cien {Bibliolheca  pliilosophica,  p.  179,  edit. 
Jense,  1616),  un  traité  de  musique  intitulé  : 
Compendium  Germanico-Latinum  Musicœ 
practicx  quxstionibus  exposituni,  Erphor- 
diaî,  1593,  in-S".  Cet  ouvrage  n'est  indiqué 
par  aucun  autre  bibliographe. 

MACIIY  (le  sieur  DE),  maître  de  viole, 
à  Paris,  sous  le  règne  de  Louis  XIV,  a  fait  im- 
primer de  sa  composition  :  Pièces  de  viole  en 
musique  et  en  tablature,  Paris,  1685,  in-4'' 
oblong. 

MÀCICIOWSKI  (Stanislas)  ,  violoniste 
polonais,  est  né  à  Varsovie,  le  8  mai  1801. 
Doué  d'heureuses  dispositions  pour  la  musique, 
il  se  livra  à  l'étude  du  violon  sous  la  direclion 
d'un  violoniste  nommé  Buzyczka.  En  1821, 
Maciciowski  s'éloigna  de  Varsovie,  dans  le  but 
d'aller  à  Berlin  pour  y  prendre  des  leçons  de 
Moeser  (voyez  ce  nom).  Plus  tard,  il  se  rendit  à 
llesse-Cassel  pour  y  entendre  Spohr,  qui  dès 
lors  devint  son  modèle  ;  puis  il  parcourut  l'Al- 
lemagne et  la  France.  Établi  à  Angers,  vers 
1833,  il  s'y  livra  à  l'enseignement;  puis  il 
visita  Bordeaux  et  Agen:  enfin,  il  alla  se  fixer 
en  Angleterre.  A  Londres,  il  S€  fit  entendre 
avec  succès  aux  concerts  de  la  Société  philhar- 
monique; il  ne  fut  pas  moins  ncurcux  dans 


les  concerts  qu'il  donna  à  Manchester  et  dans 
plusieurs  autres  villes.  On  connaît  de  lui  une 
fantaisie  pour  violon  et  orchestre,  un  rondeau 
dans  le  genre  des  polonaises,  une  mélodiedra- 
matique  d'après  Spohr,  et  divers  autres  ou- 
vrages. 

MACQUE  (Jean  DE),  compositeur  belge, 
fut  organiste  du  vice-roi  de  Naples.  vers  le 
milieu  du  seizième  sièle.  Il  occupait  déjà  cette 
place  en  1540  lorsqu'il  publia  ses  litanies  à 
huit  voix;  mais  longtemps  après,  c'est-à-dire 
en  1592,  il  était  encore  au  service  de  la  même 
cour,  en  qualité  de  maître  de  chapelle,  car 
Fabio  Colonna  lui  fit  alors  entendre  un  orgue 
hydrauli(iue  qu'il  avait  construit  d'après  les 
descriptions  des  anciens  (1).  Son  maître  de 
contrepoint  avait  été  Philippe  de  Mons  :  c'est 
ce  <iue  nous  apprend  le  titre  de  son  premier 
livre  de  madrigaux  à  six  voix  conçu  en  ces 
termes  :  Di  Giovanni  de  Macque  discipulo 
di  M.  Filippo  de  Monte  il  primo  libro  de' 
Madrigali  a  sei  voci ,  novamente  da  lui 
composti  e  dati  in  luce,  in  Venelia,  presso 
Ang.  Gardano,  1576,  in-4''.  On  doit  conclure 
de  là  que  de  Macque  reçut  son  éducation  mu- 
sicale comme  enfant  de  chœur  de  la  collégiale 
de  Soignies  où  Philippe  de  Mons  {voyez  ce 
nom)  était  chantre  dans  les  premiers  temps  de 
sa  carrière.  Cerreto  nous  apprend  (Z?e//aPrat- 
tica  Musica,\\h.  3,  p.  136),  que  de  Macque 
vivait  encore  à  Naples,  en  1601  ;  il  devait  être 
alors  fort  âgé.  On  connaît  sous  le  nom  de  cet 
artiste  :  1°  Litanie  a  8  voci,  Naples,  1540. 
2^  Canzonette  alla  napoktana  a  G  voci,  Na- 
ples, 1553.  5'^  Di  Giovanni  de  Macque,  etc., 
il  primo  libro  de'  Madrigali  a  sei  voci 
(comme  ci-dessus).  4"  Il  seconda  libro  de'  Ma- 
drigali a  cinque  voci.  Novamente  composti  e 
dati  in  luce,  in  Venezia,  presso  Giac.  Vin- 
centi,  1387,  in-4''.  L'épître  dédicatoire,  daii'e 
de  Naples,  le  20  mai  1387,  est  adressée  à  don 
César  d'Avalos  d'Aragona.  5"  Madrigali  a 
4  voci.  libro  terzo,  in  Napoli,  presso  Gar- 
gano,  1604,  in-4''.  C'est  une  réimpression 
comme  l'ouvrage  suivant  :  6"  Jl  sesto  libro 
de'  Madrigali  a  5  voci,   in  Venezia,   app. 

(I)  Cette  circonstance  est  rapportée  par  l'éditeur  delà 
deuxième  partie  de  V/Zisloire  des  Plantes,  de  Fabio  Cn- 
lonna  (fionie,  I61G,  in-i");  voici  ses  paroles  :  llabeliis 
itirtem  Orfjani  Ilijdraulici  à  nemine  hactenus  bene  inlel- 
tectiverain  ileclaniliotiem,  quod  atictor  nos(er  non  mnrio 
jierfecit,  sed  .':œjjius  etiam  à  Juaniie  de  Macque  Belga  in 
sarcllo  rerjio  iVeapolitano  miisices  prœfeclo,  ut  ciwi  mii- 
sica  voculi,  et  iiislrumentali  sono  suo  projirio  audircinr 
efl'ecit.  L'ne  faute  d'impression  s'est  glissée  dans  la  cit)- 
tion  de  ce  passage  faite  par  Léonard  Nicodemo,  dans  ses 
additions  a  la  liiOlioleca  najtoleiana  de  Toppi  (p.  '/2;  : 
On  y  lit  De  .Varquc  pour  De  Mucque. 


394 


MÂCQUE  -  MACROPEDIUS 


1 


l'erede  di  Bart.  Magni,  IGlô,  in-4°.  Il  y  a  une 
troisième  édition  du  troisième  livre  des  ma- 
drigaux à  quatre  voix,  imprimée  en  1610, 
à  Naples,  chez  B.  Gargano,  in-4°.  7"  Madri- 
galetti  a  6  voci,  Anvers,  1600,  in-4''.  Les  re- 
cueils suivants  contiennent  aussi  des  morceaux 
de  sa  composition  :  1"  Dolci  affetti;  Madri- 
gali  a  5  voci  di  diversi  eccellenti  musici, 
Rome  et  Venise,  i585.  2"  Harmonia  céleste, 
de  diversi  eccellenlissimi  musici  a  4,  S,  6,  7 
et  8  voci,  nuovamente  raccolta  per  Andréa 
Pevernage^  etc.,  Anvers,  P.  Phalèse,  1393, 
in-4"  obi.  3»  Simphonia  Angelica,  di  di- 
versi eccellentissimi  musici  a  4,5  et  6  voci, 
nuovamente  raccolta  per  Huberto  TFael- 
rant,  etc.,  ibid.,  1394,  in-4<'  obi.  4»//  Lauro 
verde,  Madrigali  a'  sei  voci,  composti  da 
diversi  eccellenlissimi  musici,  ibid.,  1591, 
in-4»  obi.  5°  //  Trionfo  di  Dori,  descritlo  du 
diversi  e  posto  in  musica  da  altrettanti  au- 
thori,  Venise,  1396;  Anvers,  159G;  ibid., 
1601  ;  ibid.,  1614,  in-4»  obi.  6»  Paradiso 
musicale  di  Madrigali  e  canzoni  a  cinque 
voci,  Anvers,  P.  Phalèse,  1596,  in-4''  obi. 

MACRI  (Paul),  compositeur,  né  à  Bo- 
logne vers  le  milieu  du  seizième  siècle,  est 
connu  par  les  ouvrages  suivants  :  1»  Motetti  a 
cinque  voci,  Venise,  Scotlo,  1581,  in-4". 
2»  Lamentationcs  Jeremiae  a  5,  6,  7,  8  et  10 
VQcum.,  Venet.  per  Ricarduna  Amadinum, 
1397,  in-4". 

MACIUIZI.  Vogez  MARRIZI. 

MACllOltE,  philosophe  platonicien  et 
grammairien  latin,  vécut  à  la  cour  de  Théo- 
<lose  le  Jeune,  au  commencement  du  cin- 
(|uième  siècle.  Ses  noms  latins  sont  :  Aurelius- 
Macrobius-Amhrosius-Theodosius.  On  ne 
connaît  pas  le  lieu  de  sa  naissance,  et  la  plu- 
part des  circonstances  de  sa  vie  sont  ignorées. 
Un  passage  du  code  théodosien  nous  apprend 
seulement  qu'il  était,  en  422,  grand  maître  de 
la  garde-robe  de  l'empereur  Théodose.  Parmi 
les  ouvrages  de  Macrobe,  on  remaniue  un 
commentaire  fort  curieux  sur  le  Songe  de 
Scipion,  fragment  du  sixième  livre  de  la  Ré- 
publique de  Cicéron.  Cet  ouvrage  est  divisé  en 
<leux  livres  :  il  contient  une  exposition  du  sys- 
tème du  monde,  suivant  les  idées  des  anciens. 
Dans  le  sixième  chapitre  du  premier  livre,  et 
dans  les  quatre  premiers  du  second,  l'auteur 
traite  de  l'harmonie  des  sphères  et  de  la  mu- 
siijue  d'api'ès  la  doctrine  de  Pylhagore.  La 
première  édition  de  VExpositio  in  Somnium 
Scipionis  a  paru  avec  les  Saturnales,  le  plus 
important  des  ouvrages  de  Macrobe,  à  Venise, 
chez  Jansonjcn  1472,  in- loi.  On  a  repioduitce 


livre  depuis  lors  plusieurs  fois,  notamment  dans 
l'édition  complète  des  œuvres  de  Macrobe,  cwm 
no<îsvar/orMi?i;  publiée  parGronovius,  Leyde, 
1670,  in-8»,  dans  celle  de  Jean-Charles  Zeune, 
Leipsick,  1774,  in-8";  et  enfin  dans  celle  de 
Deux-Ponts,  1788,  deux  vol.  in  8".  Il  existe 
une  traduction  française  des  mêmes  œuvres, 
par  Ch.  De  Rosey;  Paris,  Firmin  Didot,  1827, 
deux  vol.  in-8°,  et  une  autre  traduction  fran- 
çaise se  trouve  dans  la  deuxième  série  de  la 
Bibliothèque  latine-française  de  Panckoucke, 
Paris,  1843,  3  volumes  in-8".  On  est  étonné 
de  lire,  dans  le  Dictionnaire  historique  des 
musiciens  de  Choron  et  Fayolle,  ([ue  les  Sa- 
turnales et  le  Songe  de  Scipion  ont  été  écrits 
en  grec,  par  Macrobe  :  il  existe  une  version 
grecque  du  commentaire  sur  le  Songe  de 
Scipion;  mais  elle  est  de  Maxime  Planudes, 
moine  de  Nicomédie,  qui  vivait  à  Constanti- 
nople  dans  le  quatorzième  siècle. 

MACROPEDIUS  (Georges),  grammai- 
rien, poëte  et  philosophe,  naquit  à  Gemert, 
village  des  environs  de  Bois-le-Duc,  dans  les 
Pays-Bas,  vers  la  fin  du  quinzième  siècle.  Il 
entra  dans  l'ordre  des  frères  de  Saint-Jérôme, 
et  fut  préfet  du  collège  d'Utrecht,  puis  ensei- 
gna pendant  quelques  années  les  lettres  grec- 
ques et  latines  à  Bois-le-Duc.  11  mourut  dans 
cette  v'ile,  en  1538.  Macropedius  écrivait  en 
latin  avec  élégance,  et  possédait  bien  les 
langues  grecque,  hébraïque,  chalilaï(iue,  les 
mathématiques  et  la  philosophie  scolaslique. 
Il  a  écrit  des  rudiments  des  langues  grecque 
et  latine,  un  traité  de  la  syntaxe,  un  autre  sur 
la  prosodie,  un  livre  sur  la  dialectique,  sur  le 
comput  ecclésiastique  et  le  calendrier,  des 
scolies  sur  les  évangiles  et  épilres  de  toute 
l'année,  et  d'autres  sur  les  hymnes  et  les 
séquences  (Bois-le-Duc,  1532,  in-4").  Tous  ces 
ouvrages  ont  été  imprimés  en  Hollande  et  à 
Francfort.  3Iacropedius  fut  un  des  premiers 
qui  écrivirent,  au  temps  de  la  renaissance,  des 
comédies  latines,  avec  des  chœurs  en  mu- 
sique :  elles  ont  été  recueillies  au  nombre  de 
onze  et  publiées  sous  ce  titre  :  Omnes  Georgii 
31acropedii  fabulse  comicx  ,denuo  recognitx , 
et  juslo  ordine  (proiit  éditas  sunt)  in  duas 
parles  divisa;  Ultrajecti,  Harmannus  Bor- 
culous  excudebat ,  1532-53,  petit  in-8".  Les 
chants  des  chœurs  ont  le  caractère  rhythmique 
des  chants  populaires  d'après  lesquels  les 
hymnes  de  l'église  ont  été  notées  dans  les 
treizième  et  quatorzième  siècles.  Je  crois 
devoir  ra(iporler  ici  un  de  ces  chants  lequel 
appartient  à  un  chœur  de  la  comédie  intitulée  : 
Pctriscus,  à  cause  de  l'inltrclqui  s'y  allaclie, 


MACROPEDIUS  —  MADONIS 


393 


pour  rhisloire  du  (liéi'.re  vers  le  milieu  du 
seizième  siècle.  Le  rhythme  de  ce  chant  est 
dimètre  cataleclique  : 


IL 


5:^ 


:zt. 


de   -   a   -    lu;       sunl    so 


2^ 


iii 


ZZZZÏ 


la    -   (i 


Dnccho  di 


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s 


ca  -  lie  mu  -  ne  -        ra,       m 


i 


ztzat 


Y>— ^ 


-^ 


i 


gau  -  (il      -      uni    -    que  dantlii 


i 


122= 


^E^ 


ràziJL 


suiit,  su     -    nien  -  tia  sunl     niœ- 


i 


2Z 


-Q 

ren  -  ti    -    bus. 

Le  même  chant  se  répète  sur  les  onze 
strophes  prononcées  par  le  chœur,  à  l'unisson. 

Foppens,  qui  adonné  une  notice  sur  Macro- 
pedius  (m  Bibliot.  Belg.  1. 1,  p.  359),  y  a  joint 
son  portrait. 

MADEYSKI(M.),  compositeur,  né  a  Lem- 
berg,  vers  1821,  y  enseigne  le  chant  et  le 
piano.  Il  s'est  fait  connaître  par  la  publication 
d'un  album  de  chant  intitulé  Spietvick,  par 
deux  mélodies  sans  paroles  pour  le  piano, 
gravées  à  Vienne,  chez  Mechetti,  et  par  un 
Noël  (A'o?e?ida)  pour  le  même  instrument. 

MADIi>  (Henui),  abbé,  était  fils  d'un  gen- 
tilhomme irlandais  qui  suivit  en  France  le 
roi  Jacques  IL  II  naijuit  à  Verdun,  en  1698, 
cl  fit  ses  éludes  chez  les  jésuites  de  cette  ville. 
La  musique  fut  particulièrement  l'objet  de  ses 
travaux.  Jeune  encore,  il  obtint  la  place  de 
maître  de  chapelle  de  l'église  mélropolilaine 
lie  Tours;  en  1737,  il  quUta  celte  place  pour 
celle  de  maître  de  la  cathédrale  de  Rouen, 
qu'il  conserva  jusqu'en  1741.  Il  reçut  alors  sa 
nomination  de  sous  maître  de  la  chapelle  du 
roi.  En  1744,  il  succéda  à  Campra  dans  la 
charge  de  gouverneur  des  pages  de  la  musique 
du  roi,  et,  le  24  avril  174G,  il  obtint  un  cano- 
nicatà  la  collégiale  de  Saint-Quentin;  mais  il 
ne  jouit  pas  longtemps  des  avantages  attachés 
à  cette  position,  car  il  mourut  à  Versailles  le 
4  février  1748.  Dans  la  collection  de  messes 


de  divers  auteurs  imprimées  par  J.-B.  Ballaid, 
à  Paris,  en  grand  format  de  chœur,  on  trouve 
trois  messes  de  l'abbé  Madin,  à  quatre  voix. 
La  première  a  pour  titre  :  Z>jco  ego  opéra  mea 
régi;  la  seconde,  f  ivat  pax ;  la  dernière, 
Felociter  currtt  Sermoejiis.  La  Bibliothèque 
du  Conservatoire  royal  de  Bruxelles  possède 
un  exemplaire  de  toutes  trois;  de  plus  elle  en 
a  les  partitions  manuscrites.  Elle  possède 
aussi  les  partitions  de  deux  autres  messes  du 
même  auteur,  la  première  intitulée  :  f'ivat 
rex,  composée  au  commencement  de  1741, 
lorsque  l'auleur  était  encore  maître  de  cha- 
pelle de  la  cathédrale  de  Rouen,  l'autre,  Inci- 
pile  Domino,  également  à  quatre  voix,  écrile 
en  1743.  On  trouve,  à  la  Bibliothèque  impé- 
riale de  Paris,  les  manuscrits  des  motels 
Diligam  te,  à  grand  chœur,  et  IVotus  in 
Judea,  idem.  L'abbé  Madin  s'est  aussi  fait 
connaître  comme  écrivain  didactique  par  un 
livre  intitulé  :  Traité  du  contrepoint  simple 
ou  du  chant  sur  le  livre;  Paris,  1742,  in-4'', 
gravé.  Cet  ouvrage,  où  l'on  ne  trouve  ni  doc- 
liine,  ni  critique,  contient  des  exemples  de 
contrepoint,  fort  mal  écrits,  qui  ne  donoenl 
pas  une  haute  idée  du  savoir  de  son  auteur. 

MADLSEDER  (Nonnos),  bénédictin  et 
supérieur  du  monastère  de  Saint-Gall,  à  An- 
dich,  en  Bavière,  est  mort  jeune  encore,  dans 
ce  couvent,  au  mois  de  mars  1773.  Il  s'est  fait 
connaître  par  des  compositions  de  musique 
d'église  intitulées  :  1»  Offertoria  XV  pro 
principalioribus  festivitatibus  Donnni  cum 
4  vocibus  ordinariis,  violinis  duobus  obli- 
gatis,  viola  obligata,juxta  stylum  novissi- 
mum,  op.  I,  Augsbourg,  M.  Rieger,  1703. 
2»  Offertoria  XV  solemnîa  de  festis  Sanc- 
torum  in  communi  cum  4  vocibus,  2  viol., 
viola,  clar.  et  corn,  ad  lib.,  op.  II,  ibid., 
1787.  3»  Miserere  V  et  Stabat  Mater  I  pro 
tempore  quadragesimale  cum  A  voc.  ord. 
2  violinis,  viola,  clar.,  cornib.  et  tribus 
trombis  cum  dupl.  basso,  op.  III,  ibid., 
1768.  4»  Vesperx  solemnes  sed  brèves  4  voc. 
ord.,  2  viol.,  viola,  clar.,  vel  cornib.  cum 
dupl.  basso;  impressx  in  principali  monas- 
terio  S.  Galli,  Andich,  1771,  op.  IV. 

MADOIMS  (JEAîi),  violoniste  distingué, 
né  à  Venise  dans  les  dernières  années  du  dix- 
septième  siècle.  Quanz  l'entendit  à  Venise, 
en  1725,  et  lui  trouva  un  talent  digne  des  plus 
grands  éloges.  L'année  suivante,  Madonis  se 
rendit  à  Breslau  avec  une  troupe  de  chanteurs 
italiens,  en  qualité  de  chef  d'orchestre.  Arrivé 
à  Paris,  dans  les  premiers  moisde  1729,  il  se  fit 
entendre  avec  succès  au  concert  spirituel  qui 


396 


MADONIS  -  MAELZEL 


fut  donné  aux  Tuileries  le  l*^""  mai  de  cette 
année,  et  lut  engagé  comme  un  des  violons 
ordinaires  de  la  musique  du  roi.  Eu  1731,  il 
fut  appelé  à  Saint-Pétersbourg,  et  l'impéra- 
trice lui  accorda  un  traitement  de  trois  mille 
roubles.  Quinze  ans  après,  il  se  trouvait  dans 
la  même  ville  et  y  jouissait  de  beaucoup  d'es- 
time. On  voit  dans  la  composition  de  l'or- 
chestre de  la  chapelledeSaint-Marc,  à  Venise, 
décrétée  le  28  février  1786,  qu'un  des  violo- 
nistes de  cette  chapelle  se  nommait  Joseph 
Madonis.  M.  Cafii  croit  que  cet  artiste  était 
celui  qui  se  fit  entendre  à  Paris,  en  1729  (1); 
mais,  outre  la  différence  du  prénom,  il  est  de 
toute  évidence  que  celui-ci  ne  pouvait  encore 
élre  employé  dans  un  orchestre  cinquante-sept 
ans  plus  tard.  C'était  ou  un  fils,  ou  un  membre 
de  la  même  famille.  On  a  gravé  à  Paris  quel- 
ques compositions  de  cet  artiste,  entre  autres 
des  sonates  à  violon  seul,  op.  1  (sans  date),  et 
(rois  concertos  en  un  recueil. 

MADRE  DE  DIOS  (Antoine  DE),  reli- 
gieux portugais,  compositeur  de  musique 
d'église,  né  à  Lisbonne,  fut  musicien  de  la 
chambre  à  la  cour  de  Jean  IV,  puis  maître  de 
chapelle  d'Alfonse  VI.  Sa  vie  d'artiste  est  ren- 
fermée entre  les  années  1C20  et  16G0.  Ses 
compositions  pour  l'église  étaient  conservées 
dans  la  bibliothèque  royale  de  musique  avant 
le  désastre  de  Lisbonne,  en  1756. 

MADRE  DE  DIOS  (Antoine  DE),  carme 
portugais,  né  à  Lisbonne,  fut  second  maître 
de  chapelle  de  son  couvent,  et  mourut  dans 
cette  ville,  en  1690.  Son  maître  de  musique  et 
<le  composition  avait  été  Manuel  Caldoso.  Ce 
moine  a  écrit  beaucoup  de  psaumes,  ré- 
pons, etc.,  dont  il  y  a  des  copies  manuscrites 
<lans  les  églises  de  Lisbonne. 

MAELZEL  (Jean-Népomucène)  ,  mécani- 
cien célèbre,  né  à  Ratisbonne,  le  15  août  1772, 
était  fils  d'un  facteur  d'oi'gues,  habile  dans  la 
mécanique.  Son  père  lui  fit  apprendre  la  mu- 
sique et  le  piano,  et  ses  progrès  furent  si  ra- 
pides, qu'à  l'âge  de  quatorze  ans,  il  était  déjà 
considéré  comme  un  des  meilleurs  pianistes 
de  Ratisbonne.  Depuis  1788  jusqu'en  1792,  il 
donna  des  leçons  de  son  instrument.  La  méca- 
nique était  cependant  son  occupation  princi- 
pale; pour  augmenter  ses  connaissances  dans 
cette  partie  des  mathématiques  appliquées,  il 
fit  plus  tard  des  voyages  à  Paris  et  à  Londres. 
La  nature  lui  avait  donné  le  génie  de  celte 
science:  il  résolut  de  l'employer  à  des  objets 
relatifs  à  la  musique,  et  le  premier  fruit  de 

fl)  Sloria  (teltumiislca  sacra  nette  l'ià  cappeiia  ducale 
di  S.  Mario  m  Venezia,  vol.  Il,  p.  hK, 


ses  méditations  fut  le  Panharmonlcon ,  or- 
chestre mécanique  dans  lequel  il  avait  imité 
de  la  manière  la  plus  heureuse  le  son  de  plu- 
rieurs  instruments,  particulièrement  ceux  de 
la  trompette,  de  la  clarinette,  de  la  viole  et  du 
violoncelle.  Cette  machine  avait  d'ailleurs 
une  puissance  de  son  qui  frappait  d'étonne- 
ment,  et  les  nuances  de  piano  et  de  forte  s'y 
exécutaient  parfaitement.  En  1805,  cet  instru- 
ment était  déjà  fini  et  Maelzel  le  faisait  en- 
tendre à  Vienne.  Deux  ans  après,  il  le  trans- 
porta à  Paris  où  son  exhibition  causa  autant 
d'étonnement  que  de  plaisir.  Cherubini  écrivit 
alors  pour  le  Panharmonicon  un  écho,  mor- 
ceau d'une  rare  suavité  et  d'une  facture  digne 
du  grand  maître.  Vers  la  fin  de  1807,  Maelzel 
vendit  cet  instrument  soixante  raille  francs,  et 
en  commença  une  autre  où  il  avait  inti-oduit 
plusieurs  perfectionnements,  et  c(ui  était  déjà 
achevé  en  1808.  Environ  dix-huit  ans  après, 
il  tiansporta  celui-ci  à  Boston,  où  il  a  été, 
dit-on,  vendu  à  une  société  pour  la  somme 
énorme  de  quatre  cent  mille  dollars. 

De  retour  à  Vienne,  en  1808,  Maelzel  s'y 
occupa  d'une  nouvelle  invention,  son  trom- 
pette automate  qui,  par  la  pureté  des  sons  et 
la  netteté  de  l'articulation  dans  les  passages 
les  plus  compliqués,  fut  considéré  comme  un 
morceau  i)arfait.  La  réputation  de  l'habile  ar- 
tiste s'étendait  progressivement  :  l'empereur 
d'Autriche  récompensa  ses  travaux  en  le  nonir 
mant  mécanicien  de  la  cour.  Vers  celte 
époque,  il  s'occupa  du  perfectionnement  du 
métronome  de  Slœckel  {voyez  ce  nom),  dont  le 
volume  trop  grand  lui  semblait  un  obstacle  à 
l'usage  ordinaire;  mais  n'ayant  rien  trouvé  de 
satisfaisant  à  cet  égard,  il  profita  d'un  voyage 
qu'il  fit  en  Hollande,  au  commencement  de 
l'année  1812,  pour  proposer  la  résolution  du 
problème  à  Winkel  {voyez  ce  nom),  mécani- 
cien à  Amsterdam.  Celui-ci  le  résolut  en 
homme  de  génie,  par  le  seul  déplacement  du 
centre  de  gravité,  pour  les  diverses  nuances  de 
lenteur  ou  de  vitesse  des  vibrations,  au  moyen 
d'un  poids  glissant  le  long  de  la  tige  du  balan- 
cier. W^inkel  ne  fit  point  mystère  de  sa  décou- 
verte à  Maelzel  qui,  s'en  emparant,  l'appliqua 
à  une  échelle  graduée  des  mouvements  de  la 
musique,  et  en  fit  le  métronome  connu  depuis 
sous  son  nom.  Il  soumit  cette  machine  à  l'exa- 
men de  l'Institut  de  France,  obtint  son  appro- 
bation dans  un  rap|>ort  qu'il  fit  imprimer  avec 
des  déclarations  de  i)lusieurs  com()ositeurs  à 
la  suite  d'une  Notice  sur  le  Métronome  de 
J.  7Va<;/:e/ (Paris,  1816,  in-S"  de  vingt-quatre 
p^gos;  ibid.,  1822,  in-8"  de  huit  pagesà  deux. 


MAELZEL  —  MAERZ 


897 


colonnes),  et  forma  à  Paris  une  société  com- 
merciale pour  la  fabrication  de  cet  instru- 
ment. Informé  du  larcin  que  Maelzel  lui  avait 
fait,  Winkel  réclama  la  priorité  d'invention 
dans  le  n»  25  de  la  Gazette  musicale  de  Leip- 
sick  (anD.  1818).  Quelques  années  après,  Mael- 
zel se  trouvant  à  Amsterdam  avec  l'automate 
joueur  d'échecs,  Winkel  demanda  à  l'Institut 
des  Pays-Bas  qu'une  commission  fût  nommée 
pour. juger  le  différend  survenu  entre  lui  et  le 
prétendu  inventeur  du  métronome.  On  fit 
droit  à  sa  requête,  et  la  commission  examina 
avec  soin  cette  affaire.  Dans  une  séance  où  il 
ne  donna  j)as  une  haute  idée  de  ses  connais- 
sances en  mathématiques,  Maelzel  fut  obligé 
d'avouer  qu'il  était  redevable  à  Winkel  de 
l'idée  première  de  son  métronome,  et  ne  ré- 
clama que  la  propriété  de  l'échelle,  qui  ne  lui 
était  pas  contestée  par  son  adversaire.  Procès- 
verbal  fut  dressé  de  cette  séance  et  déposé 
dans  les  archives  de  l'Institut  des  Pays- 
Bas  (1). 

En  1817,  Maelzel  était  retourné  à  Vienne, 
d'où  il  avait  répandu  le  métronome  dans  toute 
l'Europe.  Deux  ans  après,  il  s'établit  à  Paris 
avec  le  Joueur  d'échecs  qu'il  avait  acheté  à 
Vienne,  après  la  mort  de  Rempelen  son  inven- 
teur (voyez  ce  nom),  et  y  fit  connaître  son 
danseur  de  corde  automate,  chef-d'œuvre  de 
mécanique,  et  son  plus  beau  titre  de  gloire,  si 
toutefois  il  en  était  l'inventeur,  ce  qui  peut 
être  mis  en  doute,  après  l'affaire  du  métro- 
nome, et  lorsqu'on  se  souvient  qu'il  s'attri- 
buait aussi  faussement  l'invention  du  joueur 
d'échecs,  duquel  il  avait  seulement  adapté  la 
machine  parlante  du  même  Kempelen,  pour 
jjrononcer  les  mots  échec  et  mat.  11  se  donnait 
aussi  pour  auteur  de  celle  dernière  invention, 
et  il  prit  un  brevet  à  Paris,  pour  des  poupées 
parlantes  qui  disaient  bonjour  papa,  bonsoiv 
maman.  A  l'égard  de  l'automate  joueur  d'é- 
checs, quia  tant  exercé  la  curiosité  publique,  et 
que  son  inventeur  avait  déjà  fait  voiràParis  en 
1783,  c'est  une  machine  fort  ingénieusement 
conçue  pour  l'exécution  de  tous  les  mouve- 
ments que  doit  faire  l'automate  pour  porter  le 
bras  vers  la  pièce  qui  doit  être  jouée,  ouvrir 
la  main,  saisir  la  pièce  en  la  refermant,  l'en- 
lever et  la  mettre  sur  la  case  où  elle  doit  aller, 
suivant  les  directions  particulières  à  toutes  les 
pièces.  Mais  les  problèmes  relatifs  à  tous  ces 
mouvements  sont  les  seuls  que  la  mécanique  a 

(I)  On  peut  voir,  sur  celte  affaire, une! ellrc  de  JI.J.  De 
Vos  Willems,  secrétaire  perpétuel  de  la  quatricmeclasse 
«II»  rinstilul  des  Pays-lias,  et  l'un  des  commissaires,  in- 
sérée dans  ia/ieiue  musicale  (t.  \'l,  ann.  ISi'J,  p.  'M  ci  s  }. 


pu  résoudre,  car  un  peu  de  réflexion  suffit  pour 
faire  comprendre  qu'il  sera  toujours  impos- 
sible de  faire  une  machine  intelligente  :  les 
combinaisons  du  jeu  d'échecs  sont  donc  l'of- 
fice d'un  joueur  habile,  caché  dans  l'intérieur 
du  socle  où  est  contenu  le  mécanisme,  et  qui 
fait  mouvoir  les  différents  ressorts,  lorsque 
les  mouvements  des  cases  mobiles  de  l'échi- 
quier de  l'automate  lui  indiquent  le  coup  qui  a 
été  joué,  et  qu'il  exécute  aussitôt  sur  un  petit 
échiquier  placé  devant  lui  et  éclairé  d'une 
bougie.  Arrivé  à  Paris ,  Maelzel  engagea 
d'abord  BI.  Boncourt,  très-bon  joueurd'échecs, 
pour  faire  jouer  l'automate  dans  les  séances 
publiques  qu'il  donnait  chaque  soir;  mais  la 
taille  élevée  de  ce  joueur  lui  faisait  éprouver 
une  fatigue  excessive  lorsqu'il  était  couché 
dans  l'élroit  espace  réservé  à  ses  fonctions;  il 
dut  y  renoncerj  et  M.  Alexandre,  puis  M.  Mou- 
ret,  autres  joueurs  très-habiles,  le  remplacè- 
rent, et  accompagnèrent  Maelzel  à  Londres, 
où  ils  lui  firent  gagner  des  sommes  considéra- 
bles, qu'il  dissipa  bientôt  dans  la  débauche. 
Des  discussions  d'intérêt,  survenues  entre  lui  et 
ses  joueurs,  furent  cause  que  ceux-ci  se  sépa- 
rèrent de  lui  et  divulguèrent  son  secret.  Cette 
circonstance,  jointe  aux  poursuites  de  ses 
créanciers,  détermina  Maelzel  à  se  rendre  en 
Amérique,  en  1826,  avec  ses  automates  et 
son  panbarmonicon.  On  dit  que  le  succès  de 
ces  machines  à  New-York,  à  Philadelphie  et  à 
Boston,  lui  ont  procuré  une  grande  opulence. 
Suivant  quelques  renseignements,  parvenus 
aussi  de  Boston,  où  il  avait  fixé  son  séjour 
dans  ses  dernières  années,  il  aurait  exécuté 
un  automate  à  larynx  mécanique  qui  exécutait 
des  gammes  diatoniques  et  chromatiques,  en 
montant  et  en  descendant.  M.  Bienaimé-Four- 
nier,  horloger-mécanicien  à  Amiens,  ayant 
exécuté,  en  1829,  un  métronome  qui  faisait 
entendre,  outre  les  vibrations  du  pendule,  des 
coups  plus  forts  pour  les  combinaisons  de  ces 
vibrations  en  mesures  à  temps  binaires  ou  ter- 
naires, Maelzel  fit  à  son  métronome  une  mo- 
dification du  même  genre,  mais  dont  le  méca- 
nisme était  plus  simple  et  meilleur,  et  céda  la 
propriété  de  cette  machine  à  M.  Wagner,  hor- 
loger-mécanicien de  Paris,  qui,  pendant  plu- 
sieurs années,  a  construit  tous  les  métronomes 
dont  on  fait  usage  en  France.  Maelzel  est  mort 
au  commencement  du  mois  d'août  1838,  dans 
un  voyage  de  La  Guayra  à  Philadelphie,  a  l'âge 
de  soixante-six  ans. 

MAE  HZ  (Co.mkad),  fadeur  d'orgues  de  la 
cour  de  Bavière,  naquit  à  Haimbourg,  arron- 
dissemcnl  de  Plaffenhofen,  le  20  février  1703. 


398 


MAERZ  —  MAGALHAENS 


Il  servit  d'abord  dans  l'artillerie  de  l'armée 
bavaroise,  et  fut  envoyé  en  garnison  à  Ingol- 
stadt,  où  il  apprit  les  principes  et  la  pratique 
de  la  construction  des  orgues  chez  le  facteur 
Gaspard  Kœnig.  Après  avoir  employé  quatre 
années  à  ce  genre  de  travail  et  d'éludé,  il  entra 
dans  le  corps  des  archers  de  la  garde  du 
prince  électoral.  Le  facteur  d'orgues  et  de 
pianos  de  la  cour^  Joseph  Gloner,  qui  demeu- 
rait à  Munich,  était  alors,  fort  âgé  et  ne  pou- 
vait plus  remplir  ses  fonctions  :  le  prince 
Charles-Théodore  lui  donna  Maerz  pour  suc- 
cesseur en  1800,  et  celui-ci  se  retira  alors  du 
service  militaire.  Il  avait  déjà  construit  à 
Glon,  près  de  Zinnenhourg,  en  1796,  un  bon 
orgue,  et  à  Eschenhach  un  autre  instrument 
d'une  excellente  qualité.  En  1800,  il  refit  à 
neuf  l'orgue  de  l'abbaye  de  Waldsassen. 
Depuis  lors  il  a  produit  plusieurs  bons  instru- 
ments. 

MAESTRINI  (.....),  compositeur  drama- 
tique de  peu  de  mérite,  né  à  Florence,  a  fait 
représenter,  dans  l'automne  de  1837,  au  petit 
théâtre  délia  Piazza  de  cette  ville,  un  opéra 
intitulé  :  Jmelia^  dont  l'existence  ne  fut  pas 
longue.  En  1844,  il  fit. jouer  à  Pistoie,  pendant 
la  saison  du  printemps,  Margherita  Pus- 
terla,  opéra  en  trois  ac(es,  dans  lequel  il  n'a- 
vait pas  négligé  de  mettre  un  orgue  et  un 
Salve  Regina,  comme  dans  les  Lombardi,  de 
Verdi,  qui  avaient  alors  grand  succès  en  Ita- 
lie. Le  même  opéra  fut. joué,  dans  l'année  sui- 
vante, au  théâtre  Jlfieri,  de  Florence.  Ce 
inaestro  Maestrini  est  un  des  plus  pauvres 
maestrinetti  de  notre  pauvre  époque. 

3IAFFEI  (Jean-Camille),  savant  italien, 
né  à  Solofra,  dans  le  royaume  de  Naples.  au 
commencementdu  seizième  siècle,  est  auteur  de 
plusieurs  traités  de  philosophie,  parmi  lesquels 
on  remarque  le  plus  ancien  traité  connu  de 
l'art  du  chant  proprement  dit,  confondu  par 
Forkel  et  les  autres  biographes  allemands 
avec  l'Enseignement  des  principes  de  la  mu- 
sique, qui  en  e«t  le  préliminaire.  L'ouvrage 
(!(<  iMaffei  a  pour  titre  :  Discorso  filosofico 
(h'iht  voce,  e  del  modo  d''imparare  di  cantar 
di  garganta,  raccoUe  da  D.  Fahrio  de' 
Pdoli  da  Limosînano;  Napoli,  appresso 
Haymondo  Amato,  150)3,  in-12  de  130  pages. 

MAFFEI  (le  marquis  François-Scipion), 
célèbre  littérateur,  également  distingué  par 
SCS  poésies,  pièces  de  théâtre  et  ses  savanîes 
recherches  sur  l'histoire  et  les  antiquités, 
naquit  à  Vérone,  le  1"  juin  1G75,  et  mourut 
le  11  février  1755,  à  l'âge  de  quatre-vingts 
aHs.  Dans  le  tome  5<^  du  Giornale  de'  letlerati 


d'Italia  (Venise,  1711),  qu'il  avait  entrepris 
de  concert  avec  Apostolo  Zeno  et  Vallisnieri, 
il  a  inséré  une  description  du  forté-piano,  qui 
venait  d'être  inventé  par  Cristofali,  sous  le 
titre  de  Nuova  invenzione  d'un  gravecem- 
balo  col  piano  e  forte;  aggiunte  alcune  con- 
siderazioni  sopra  U  stromenti  musicali. 
Une  traduction  allemande  de  cette  dissertation 
a  été  placée  par  Mattheson  dans  sa  Critica 
musica,  t.  11,  p.  335.  On  en  trouve  une  tra- 
duction hollandaise  dans  l'écrit  périodique  de 
Lustig  intitulé  :  Twaalf  redeneeringen  over 
musijkuale  onderwerpen,  etc. 

MAFFEI  (Madame  FESTA).  Foyez 
FESTA  (Françoise). 

MAFFOLI  (Vincekt),  célèbre  ténor  ita- 
lien, né  à  Reggio  vers  1760,  commença  à  se 
faire  connaître  en  1783.  La  heauté  de  sa  voix, 
son  habileté  dans  l'art  du  chant  et  son  mérite 
comme  acteur,  lui  procurèrent  bientôt  les 
plus  brillants  succès.  En  1787,  il  chantait  au 
théâtre  Aliberti  à  Rome,  et  son  talent  y  pro- 
duisit une  si  vive  impression  que  le  public 
s'écria  un  soir,  plein  d'enthousiasme  :  RPaf- 
folo!  M'affolissimol  Pendant  les  saisons  du 
carême  et  du  printemps  1789,  il  eut  aussi  de 
brillants  succès  à  Milan,  où  il  chantait  avec  la 
Morichelli  Bosello.  En  1790,  il  alla  à  Reggio, 
sa  patrie,  puis  à  Sienne;  au  printemps  de 
1791,  il  était  à  Florence,  où  il  se  fit  admirer 
dans  l'oratorio i>e6ora  e  Sisara,  de  Guglielmi. 
Dans  l'automne  de  la  même  année,  il  chanta 
à  Turin,  puis  il  partit  pour  Vienne,  où  il 
demeura  pendant  les  années  1792  et  1793. 
Les  représentations  du  théâtre  italien  ayant 
cessé,  vers  la  fin  de  cette  dernière  année, 
dans  la  capitale  de  TAulriche,  Maffoli  re- 
tourna en  Italie;  mais  depuis  cette  époque, 
on  n'a  plus  de  renseignements  sur  sa  per- 
sonne. 

MAGALHAENS  (Philippe  DE),  maître 
de  chapelle  du  roi  de  Portugal,  naquit  dans  les 
dernières  années  du  seizième  siècle  à  Azeitam, 
au  diocèse  de  Lisbonne.  Son  maitre  de  musi- 
que et  de  composition  fut  Manuel  Mendes.  Sa 
réputation  de  savant  musicien  était  déjà  si 
bien  établie,  lorsqu'il  eut  achevé  ses  études, 
qu'il  obtint  immédiatement  sa  position  dans 
la  chapelle  du  roi.  Compositeur  laborieux,  il 
a  laissé  en  manuscrit  beaucoup  de  messes  et 
de  niolels  qui  étaient  conservés  dans  la  Bi- 
bliothèque royale  de  musique,  à  Lisbonne, 
sous  le  numéro  809.  On  n'a  imprimé  de  lui 
que  les  ouvrages  dont  les  litres  suivent  • 
1°  Canlica  beatissimx  Firginis,  Lisbonne, 
Craesbcck,  1630,  in-l'ol.  inax,  2"  Missm  qua- 


MAGALIIAENS  -  MAGGI 


399 


iuor,  quinque  et  sex  vocibus  constantibus, 
ibid.,  IGôo,  in-fol.  max.  5°  Cantus  ecclesias- 
ticus  coniniendandi  animos  corporaque  se- 
peliendi  defunctorum  :  Missa  et  stationes 
juxta  ritura  sacro-sanctœ  Romatiœ  Ec- 
clesiœ  hreviarii  missalisque  Romani  Clé- 
ment s  FUI  et  Urbani  f  III ,  recogni- 
tionem  ordinala,  Lisbonne,  Craesbeck,  1G41, 
in-4''.  La  même  édition  a  reparu  en  1642, 
avec  un  nouveau  fronlisplce;  Lisbonne,  An- 
toine Alvarez.  Longlcmps  après,  il  a  été  fait  une 
autre  édition  de  ce  recueil,  à  Anvers,  chez 
Henri  Aerlsen,  1091,  in^». 

MAGDEBURG  (Joaciiim)  fut  d'abord,  et 
postérieurement  à  1552,  diacre  à  l'église  de 
Saint-Pierre,  à  Hambourg,  puis  fut  appelé 
comme  pasteur  à  Magdebourg,  en  1558.  On 
connaît  de  sa  composition  un  recueil  de  chants 
à  t|uatre  voix,  imi)rimé  à  Erfiiit,  en  1572. 

MAGE  (DE),  organiste  à  Saint-Quentin, 
vers  1752,  était  élève  de  Marchand.  On  a 
de  lui  un  livre  de  pièces  d'orgue  qui  parut  en 
1753. 

MAGENDIE  (Fkançois),  médecin  et  ana- 
tomiste  célèbre,  est  né  à  Bordeaux,  le  15  oc- 
tobre 1783.  A  l'âge  de  quinze  ans,  il  avait 
déjà  terminé  ses  humanités,  et  bientôt  après 
il  commença  l'étude  de  la  médecine.  Il  se  livra 
particulièrement  à  des  recherches  d'anatomie 
qui  lui  ont  fait  faire  de  belles  découvertes. 
Pai  mi  ces  travaux,  ceux  qui  ont  pour  objet  la 
conformation  et  les  fonctions  des  organes  de 
la  voix  ont  fait  honneur  à  Magendie  :  ce  sont 
ceux  qui  doivent  être  ici  mentionnés.  Ne  se 
l)ornant  pas,  comme  ses  prédécesseurs,  à  con- 
sidérer ces  organes  dans  l'état  de  nature 
morte,  il  a  fait  un  grand  nombre  d'expé- 
riences sur  des  animaux  vivants,  dont  il  avait 
mis  à  découvert,  avec  beaucoup  d'adresse,  le 
larynx  et  les  autres  parties  du  mécanisme  de 
la  phonation.  C'est  ainsi  qu'il  est  parvenu  à 
déterminer  l'action  des  principaux  muscles  du 
tuyau  vocal.  Dans  une  de  ses  expériences,  il  a 
reconnu  que  l'épiglolte  est  étrangère  à  la  pro- 
duction du  son,  car  il  a  coupé  impunément 
cette  partie  de  l'appareil  vocal  avec  tous  ses 
muscles  :  la  voix  n'a  été  détruite  que  lorsqu'il 
a  coupé  le  milieu  des  cartilages  aryténoïdes, 
dont  la  section  détruisait  la  glotte.  A  l'égard 
de  son  .système  général  de  la  phonation,  il  se 
range  parmi  ceux  qui  comparent  l'appareil 
vocal  à  un  instrument  à  vent.  Suivant  lui,  les 
muscles  thyro-arylénoïdiens  vibrent  à  la  ma- 
nière des  anches.  L'intonation  varie,  dit-il, 
en  raison  de  la  longueur,  de  la  grosseur,  de  la 
tension,  et  consé<iucmment  de  l'élasticité  de 


ces  muscles.  Cette  théorie  est  opposée  ^  celle 
de  Savart,  qui  est  revenu  à  l'ancienne  idée  de 
l'analogie  du  mécanisme  vocal  avec  celui  des 
instruments  à  vent  du  genre  des  flûtes.  Ma- 
gendie a  exposé  avec  beaucoup  de  détail  tout 
ce  qui  concerne  la  voix,  son  appareil,  et  son 
mécanisme  dans  le  chant  et  dans  la  parole,  au 
premier  volume  de  son  Précis  élémentaire  de 
Physiologie  (p.  229-275  de  la  deuxième  édi- 
tion). La  première  édition  de  cet  ouvrage  a 
paru  en  1816,  à  Paris,  deux  vol.  in-S";  la 
deuxième  en  1825;  la  troisième  avec  des  ad- 
ditions, en  18ÔÔ,  deux  vol.  in-S".  On  a  aussi 
de  ce  savant  :  Mémoire  sur  les  usages  du  voile 
du  palais  dans  le  chant  et  dans  la  parole, 
Paris,  1808,  in-4''.  Magendie  était  médecin  en 
chef  de  la  Salpétrière,  membre  de  l'Académie 
royale  des  sciences,  de  l'Académie  royale  <le 
médecine,  et  de  beaucoup  de  sociétés  savantes. 
Il  est  mort  à  Paris,  le  7  octobre  1855. 

MAGGllIELS  (Jean),  compositeur  fla- 
mand de  la  fin  du  seizième  siècle,  a  publié  un 
recueil  de  chansons  à  quatre,  cinq  et  six  voixj 
Douay, 1600,  in-4». 

MAGGI  (Jéhôme),  savant  du  seizième 
siècle,  naquit  à  Anghiaii,  dans  la  Toscane,  et 
non  en  Angleterre,  comme  le  disent  les  auteurs 
du  Dictionnaire  historique  des  musiciens 
publié  en  1810.  Après  avoir  fréquenté  les  uni- 
versités de  Pérouse,  de  Pise  et  de  Bologne,  où 
il  étudiait  le  droit  et  les  antiquités,  Maggi 
obtint,  en  1558,  une  place  déjuge  à  Amatri- 
cani,  dans  le  royaume  de  Naples.  Vers  1560, 
il  s'établit  à  Venise,  où  il  publia  quelques 
ouvrages  qui  commencèrent  sa  réputation. 
Nommé  ensuite  juge  dans  l'île  de  Chypre,  il  se 
trouva  au  siège  de  Famagouste,  dont  il  retarda 
la  prise  pendant  plusieurs  mois  par  des  ma- 
chines de  son  invention  ;  mais  enfin  cette  ville 
étant  tombée  au  pouvoir  des  Turcs,  iMaggi  fut 
emmené  en  esclavage  à  Constantinople.  Sans 
autre  secours  que  celui  de  sa  mémoire,  il  com- 
posa dans  sa  prison  deux  petits  traités,  l'un 
De  Tinlinnabulis  (des  clochettes),  l'autre 
De  Equuleo  (du  chevalet),  qu'il  dédia  aux  am- 
bassadeurs de  France  et  d'Autriche.  Tous 
deux  s'occupèrent  alors  de  son  rachat;  mais 
pendant  qu'ils  le  négociaient,  Maggi  trouva 
moyen  de  s'enfuir  et  de  se  réfugier  chez  l'am- 
bassadeur d'Autriche.  Y  ayant  été  découvert, 
il  fut  ramené  dans  sa  prison  et  étranglé,  dans 
la  nuit  du  27  mai  1572.  Le  traité  De  Tintin- 
nabulis  a  été  publié,  pour  la  première  fois,  à 
Hanau,  1608,  petit  in-8».  Une  seconde  édition, 
avec  la  vie  de  l'auteur  et  des  notes,  par 
F.  Swcrtius,  parut  à  Amsterdam,  en  1GG4, 


400 


MAGGI  -  MAGINI 


in-12»Toulefois  il  n'est  pas  exact  de  dire, 
comme  tous  les  bibliographes,  et  même  comme 
la  Biographie  universelle  des  frères  Michaud, 
c[ue  cette  édition  fut  donnée  par  Sweriius  lui- 
même,  car  ce  savant  était  mort  en  1659; 
mais  il  l'avait  préparée.  On  en  a  une  troisième 
édition  datée  d'Amsterdam,  1689,  in-12. 
Sallengrea  inséré  cette  dissertation  dans  son 
Thésaurus  novus  antiquit.  Roman.,  t.  II, 
p.  1157.  On  a  aussi  de  Maggi  :  Farix  Lec- 
tiones  seu  Miscellanea;\emse^  1564,  in-S». 
Il  y  propose  une  correction  pour  un  passage 
d'Aulugelle  relatif  à  la  forme  de  quelques 
instruments  de  musique  des  anciens,  lib.  I, 
chap.  13  ;  et  le  chap.  ô3™^  du  quatrième  livre 
est  intitulé  :  Musica  in  humanos  animas  in 
qua  corpora  ipsa  vim  esse  maximam. 

MAGGI  (le  comte  Sébastien),  prêtre  véni- 
tien, ex-moine  de  l'ordre  de  Saint-Philippe,  a 
publié,  sous  le  voile  de  l'anonyme,  un  écrit 
intitulé  :  Dissertazione  sopra  il  grave  disor- 
dine  ed  abusa  délia  moderna  musica  vocale 
ed  istromentale  che  si  è  introdatta  e  si  usa  a 
nostri  dï  nelle  chiese  e  ne  divine  ufpzii  (Dis- 
sertation sur  le  grave  désordre  et  sur  l'abus 
de  la  musique  moderne,  vocale  et  instrumen- 
tale, qui  s'est  introduite  de  nos  jours  dans  les 
églises,  et  dont  on  fait  usage  dans  le  service 
divin),  Venise,  1821,  in-8''(I). 

MAGGIORE  (François),  compositeur  na- 
politain, vécut  vers  le  milieu  du  dix-huitième 
siècle,  voyagea  longtemps,  et  mourut  en  Hol- 
lande dans  un  état  voisin  de  la  misère, 
en  1782.  Parmi  ses  compositions  pour  le 
théâtre,  on  cite  I  Raggiri  délia  cantatrice. 
opéra  bouffe  représenté  en  1745,et(î/«  scherzi 
di  Jmore^  1762.  Ce  musicien,  qui  aurait 
dû  chercher  dans  ses  talents  une  existence 
honorable,  préféra  se  donner  en  spectacle 
dans  la  plupart  des  villes  qu'il  visita,  et  re- 
cueillir des  applaudissements  par  son  adresse 
à  imiter  le  chant  et  les  cris  de  divers  ani- 
maux. 

MAGIIEROI  (Joseph-Marie),  né  près  de 
Milan,  en  17ô2,  ht  son  éducation  musicale  en 
cette  ville.  En  1770,  on  a  exécuté  à  Londres 
un  oratorio  de  sa  composition  intitulé  :  le  Ju- 
gement de  Salamon.  Dix  ans  après,  six  trios 
pour  deux  violons  et  basse  ont  été  gravés  sous 
son  nom  dans  la  même  ville. 

MAGIELLI  (Dominkjue),  compositeur  ita- 
lien du  seizième  siècle,  né  à  Valeggio,  dans 
la  Lombardie,  a  publié  de  sa  composition  : 
l"  Madrigali  a  cinque  vaci,  lib.  1,  Venise, 

(I)  Voyez  le  Dizzionario  di  Opère  anonime  e  pscuclo- 
nime  diSvrttlori  ilaliani,  di  G.  M.,  tome  I,  p.  ÔIO. 


1567.  2"  Madrigali  a  cinque  vaii,  lib.  2, 
Venise,  1568,  in-4''. 

MAGI]>'I  (Jean-Paul),  excellent  luthier, 
né  à  Brescia  dans  la  seconde  moitié  du  sei- 
zième siècle,  établit  ses  ateliers  dans  celte 
ville,  et  se  distingua  particulièrement  dans  la 
facture  des  violons.  Suivant  les  recherches  que 
j'ai  faites,  depuis  que  la  première  édition  de 
cette  Biographie  a  été  publiée,  cet  artiste  tra- 
vailla depuis  1590  jusqu'en  1640  environ.  Le 
patron  de  ses  violons  est  en  général  fort  grand; 
cependant  il  y  en  a  quelques-uns  de  petit 
format  ;  les  voûtes  en  sont  élevées  et  s'étendent 
près  des  bords.  Les  tables  d'harmonie  sont  de 
bonne  qualité  et  assez  fortes;  le  dos,  assez 
aplati  vers  les  extrémités  supérieure  et  infé- 
rieure, est  considérablement  renflé  près  des 
éclisses  qui  ont  peu  d'élévation  et  dont  les 
courbes  sont  adoucies  vers  les  angles.  Un 
large  filet  double  règne  sur  la  table  et  sur  le 
dos;  il  se  termine  quelquefois  sur  cette  der- 
nière partie  de  l'instrument  en  un  ornement 
placé  au-dessous  du  manche  et  au-dessus  de 
l'attache  du  lire-cordes  ;  cet  ornement  repré- 
sente une  large  feuille  de  trèfle.  La  plupart 
de  ces  instruments  sont  vernis  à  l'esprit-de- 
vin,  d'une  belle  couleur  brun  clair.  Ce  vernis 
est  remarquable  par  sa  finesse.  Les  dimensions 
en  étendue  et  la  combinaison  des  voûtes  avec 
les  épaisseurs  donnent  à  la  plupart  des  instru- 
ments de  Magini  un  son  grandiose,  grave  et 
mélancolique.  Ce  son  a  moins  de  velouté  que 
celui  des  Stradivari,  et  moins  de  puissance  que 
les  Joseph  Guarneri;  il  a  plus  d'analogie  avec 
celui  de  la  viole  ;  mais  il  a  beaucoup  de  charme 
dans  le  quatuor  d'instruments  à  cordes. 

MAGIÎSÏ  (Pietro-Santo),  luthier  de  Bres- 
cia ,  vraisemblablement  de  la  même  famille 
que  le  précédent,  a  été  souvent  confondu  avec 
lui.  Ll  travailla  dans  le  dix-septième  siècle, 
environ  vingt  ans  plus  tard  que  Jean-Paul. 
Bien  qu'il  ait  fabriqué  des  violons  qui  ne  sont 
pas  dépourvus  de  qualité,  il  s'est  distingué 
particulièrement  par  des  contrebasses,  qui 
sont  renommées  en  Italie  comme  les  meilleur.* 
instruments  de  ce  genre. 

MAGINI  (François),  compositeur  italien 
de  musique  vocale,  vécut  vers  le  commence- 
ment du  dix-huitième  siècle.  Gerber  le  cite 
comme  auteur  de  cantates  avec  accompagne- 
ment de  clavecin  qui  existent  en  manuscrit 
dans  diverses  bibliothèques  de  Leipsick.  On 
connaît  aussi  de  lui  des  solfèges  à  deux  voix, 
datés  de  1702,  et  des  sonates  pour  trois  trom- 
bones, qui  se  trouvent  en  manuscrit  dans  ia 
bihlio'hèque  dcrabbé  Sanlini,  à  Rome. 


MAGIO  —  MAGNI 


401 


MAGIO  (François),  compositeur  sicilien, 
né  à  Castro  Velrano,  dans  la  première  partie 
du  dix-septième  siècle,  a  publié  :  Sacra  Ar- 
monta,  e  musicuU  concenti  a  2,  3,  4  e  5  voci, 
con  una  messa  a  5  concertata  ;  Milan,  1670, 
10-4». 

MAGIRUS  (Jeas),  prédicateur  et  pasteur 
à  l'église  de  Saint-Biaise  à  Brunswick,  naquit 
à  Cassel  vers  1550,  et  fut  d'abord  cantor  à 
l'école  de  Sainte-Catherine,  dans  la  première 
de  ces  deux  villes.  On  a  de  lui  un  livre  inti- 
tulé :  Artis  musicx  methodicè  legibus  logicis 
informât^  libri  duo  ad  tolum  jnusices  arli- 
fîcium  et  ralionem  componendi  valdè  acco- 
modati ;  Francfort,  1596,  in-S»  de  cent  cin- 
<|uanle-huit  pages.  Ce  traité  fut  composé  par 
Magirus  pour  l'usage  de  l'école  de  Sainte- 
Catherine.  La  seconde  édition  a  été  publiée  à 
Brunswick,  en  1611,  in-S",  mais  avec  des 
changements  considérables  dans  la  forme  du 
livre  et  dans  le  fond  des  choses.  La  préface 
de  ce  livre,  adressée  aux  élèves  de  l'école  de 
Sainte-Catherine  de  Brunswick,  est  de  Charles 
Bumann,  recteur  de  cette  ville.  Elle  est  suivie, 
conformément  à  l'usage  du  temps,  de  plusieurs 
pièces  devers  latins  à  la  louange  de  Magirus. 
Le  premier  livre,  qui  traite  des  éléments  de  la 
musique,  est  divisé  en  vingt-trois  chapitres  ; 
le  second  livre  traite  de  la  tonalité,  de  l'har- 
monie, de  la  composition  et  de  la  forme  des 
pièces  de  musique.  Il  contient  trente  chapitres. 
La  discussion  concernant  l'ordre  et  le  nombre 
des  modes,  qui  termine  !e  livre,  est  savante  et 
i  ndique  chez  son  auteur  un  jugement  très-sûr. 
Après  avoir  fait  remarquer  (page  125)  la  diver- 
sité d'opinions  des  musiciens  concernant  le 
nombre  de  ces  modes,  et  les  avoir  discutées 
toutes,  Magirus  se  prononce  en  faveur  de  celle 
de  Glaréan  (page  lô7)  et  dit  :  Atqui  tam  in 
chorali  quam  in  figurait  cantu  inusii  artifi- 
cium  sunt  isH,  quos  diximus,  modi  duode- 
cim.  Magirus  est  mort  d'apoplexie  en  1631. 

MAGIUS  (Jérôme),  /'oyez  MAGGI. 

MAGLIARD  (Pierre).  Foyes  MAIL- 
LART. 

MAGNELLI  (Joseph),  compositeur  de 
musique  d'église,  naquit  à  Florence  en  1767. 
Élève  de  Louis  Braccini,  il  étudia  pendant  dix 
années  sous  la  direction  de  ce  maître,  et  devint 
un  des  plus  savants  musiciens  italiens  des  der- 
niers temps.  On  connaît  de  lui  beaucoup  de 
musique  estimée;  sa  messe  de  Requiem  avec 
orchestre,  exéculéc  pour  la  première  fois  à 
Florence  en  18C6,  pour  l'anniversaire  de  l'As- 
sociation des  musiciens,  passe  pour  son  chef- 
d'œuvre.    Cet    artiste   est  mort   à   Florence, 

DIOCR.   UMV.   DES  MUSICIENS.  T.  V. 


le  31  décembre  1847,  à  l'âge  de  quatre-vingts 
ans. 

MAGIM(Behedetto),  compositeur  vénitien, 
né  à  Ravenne  vers  1580,  était  neveu  d'Angelo 
GardanOj  compositeur,  imprimeur  et  éditeur  de 
musique  à  Venise.  Il  fut  organiste  du  cardi- 
nal Aldobrandini,  à  la  cathédrale  de  Ravenne. 
On  a  imprimé  de  sa  composition  :  1"  Concerti 
0  Mottctti  a  1 ,  2,  3,  4  voci^  con  basso  con- 
fmtto,  opéra  1,  lib.  I.  Venise,  chez  l'héritier 
d'Ange  Gardane  (Bartholomé  Magni),  1612, 
in-4''.  Il  y  a  des  exemplaires  qui  portent  les 
noms  de  Richard  Amadino,  avec  la  même 
date  ;  sans  doute  par  suite  d'échanges  entre  cet 
éditeur  et  B.  Magni.  2»  Concerti  o  Mottetli 
a  2,  5,  4,  5e6  voci,  op.  l,lib.  II,  Ibid.,  1612. 
ô"  Concerti  o  Mottetli  a  1,  2,  3,  4  e  8  voci, 
Vih.Wl^ibid.,  \(3\6. 4° Messe concertatea otto 
t'OCJ,  Ijb.  1,  Il  fit  m,  ibid.  Une  collection  des 
madrigaux  de  Magni  à  cinq  voix  a  été  recueil- 
lie par  son  sec^ond  frère,  et  publiée  sous  ce 
titre  :  Madrigali  a  cinquevoci  da  Benedetto 
Magni,  raccolti  da  Bastiano  (Sebastiano) 
Magni  da  Ravenne  suofratello,  opéra  terza, 
in  Venetia,  1613,  appresso  l'IIerede  di  Angelo 
Gardano,  in-4''.  Dans  la  dédicace,  datée  du 
l"^""  décembre  1612,  Sébastien  Magni  dit  que 
depuis  que  son  frère  cultive  la  composition  de 
la  musique  religieuse,  il  dédaigne  les  madri- 
gaux ,  fruits  de  sa  jeunesse,  et  les  laisse 
ignorés  du  jiublic  au  fond  d'une  armoire;  Sé- 
bastien s'est  décidé  à  les  tirer  de  l'obscurité  et 
les  publie. 

MAG]>I  (Bartholomé),  célèbre  imprimeur 
et  éditeur  de  musique,  paraît  être  né  à  Ra- 
venne; il  vécut  à  Venise,  au  commencement 
du  dix-septième  siècle.  Il  a  mis  au  jour  une 
grande  quantité  de  motets  et  de  madrigaux  des 
artistes  les  plus  renommés  de  son  temps.  Bar- 
tholomé Magni  était  neveu  d'Angelo  Gardano 
etfrère  de  Benedetto  Magni,  compositeur. Après 
la  mort  de  leur  oncle,  ils  lui  succédèrent  dans 
son  imprimerie  et  dans  sa  librairie  musicale, 
la  gérèrent  en  société;  mais  après  le  retour 
de  Benedetto  à  Ravenne,  Bartholomé  resta 
seul  chargé  de  la  typogra|)hie  et  du  commerce 
des  livres  de  musique.  Ses  premiers  produits 
parurent  en  1613.  Sebastien  Magni,  frère  de 
Bartholomé  et  de  Benoît,  paraît  avoir  vécu  à 
Venise,  où  vraisemblablement  il  était  l'associé 
de  Bartholomé. 

3IAG1M  (Joseph),  maître  de  chapelle  de  la 
cathédrale  de  Foligno,  naipiit  en  cette  ville 
dans  la  seconde  moitié  du  dix-septième  siècle. 
Il  était  considéré  vers  1700comijie  un  des  bons 
musiciens  de  son  temps.  Parmi  ses  ouvrages, 

2G 


402 


MAGNI  -  MAGNIEN 


on  cite  :  Decio  in  Foligno,  mélodrame  reli- 
i;ieux  exécuté  dans  l'égUse  cathédrale  de  cette 
ville,  en  1697. 

Un  autre  musicien,  nommé  MAGIVI 
(Paolo),  qualifié  de  maître  de  chapelle  de  la 
cour  royale  de  Milan,  dans  la  Dramalurgia 
d'Allacci,  a  écrit  la  musique  des  deuxième  et 
troisième  actes  d''^riovisto,  drame  musical, 
représenté  au  nouveau  théâtre  ducal  de  Milan, 
en  1099.  La  musique  du  premier  acte  avait  été 
écrite  par  Antoine  Perti.  Paul  Magni  a  com- 
l)osé  aussi  la  musique  du  premier  ctcle  de  Teiiz- 
zone,  opéra  représenté  au  théâtre  ducal  de  cette 
ville,  en  1700.  Lamusiquedes  deux  autres  actes 
avait  été  composée  par  67emenfy7/onar«,maitre 
de  chapelle  de  la  cathédrale  de  la  même  ville. 

IH/iGISIEIV  (Victor),  directeur  du  Con- 
servatoire de  musique  de  Lille  (Nord),  violo- 
niste, guitariste  et  compositeur,  est  né  à  Épinal 
(Vosges),  le  19  novembre  1804,  et  fut  baptisé 
le  22  du  même  mois,jour  de  sainte  Cécile,  ce  qui 
était  de  bon  augure  pour  un  musicien  futur. 
Victor  Magnien  avait  atteint  l'âge  de  dix  ans 
lorsque  les  armées  alliées  envahirent  la  France  ; 
toutes  les  administrations  furent  bouleversées, 
et  M.  Magnien  père,  (jui  était  alors  receveur  des 
contributions  indirectes  dans  le  département 
de  la  Haute-Marne,  reçut  sa  démission,  comme 
tous  les  employés  des  droits  réunis.  C'est  alors 
que  Victor  Magnien  reçut  les  premières  leçons 
de  violon.  Son  père,  ayant  obtenu  un  nouvel 
emploi  en  1817,  l'envoya  à  Paris  pour  conti- 
nuer des  études  plusieurs  fois  interrompues,  et 
pour  prendre  des  leçons  de  Rodolphe  Kreutzer. 
Carulli  devint  aussi  dans  le  même  temjis  son 
maître  de  guitare.  Ses  progrès  furent  rapides; 
après  deux  années  d'études,  il  était  devenu 
lin  des  guitaristes  les  plus  habiles  de  Paris,  et 
son  talent  sur  le  violon  le  plaçait  à  un  rang 
honorable  parmi  ses  émules.  En  1820,  il  alla 
revoir  sa  famille  qui  alors  était  à  Colmar;  il 
était  âgé  de  seize  ans. Ses  talents  le  firent  bientôt 
accueillir  avec  distinction  chez  les  principaux 
habitants  de  cette  ville.  N'étant  pas  destiné  à 
faire  sa  profession  de  la  musique,  il  allait  en- 
trer dans  une  administration  publique,  lorsque 
son  père,  compromis  dans  l'affaire  politique 
du  colonel  Caron,fut  destitué.  Par  une  consé- 
quence de  ce  fâcheux  événement,  le  jeune  Ma- 
gnien dut  songer  à  venir  en  aide  à  sa  famille, 
et  la  musique,  qui  n'avait  été  destinée  qu'à  ses 
plaisirs,  devint  sa  ressource  la  plus  solide. 
Bien  que  fort  jeune  et  inexpérimenté  dans 
l'enseignement,  il  se  mit  à  donner  des  leçons 
«le  ses  deux  instruments,  et  la  sympathie  qu^il 
Irouva  dans  les   familles  les  plus  distinguées 


de  Colmar  le  soutint  dans  son  entreprise.  Pen 
de  temps  après,  une  situation  plus  lucrative 
pour  la  culture  de  son  art  lui  fut  offerte  à  Mul- 
house; il  l'accepta  et  alla  s'établir  dans  cette 
ville.  Ce  fut  là  qu'il  écrivit  ses  premiers  ou- 
vrages. Chaque  année  il  allait  jtasser  trois 
mois  à  Paris,  où  il  trouvait  chez  Baillot,  La- 
font,  quelques  autres  artistes  distingués,  et 
chez  l'auteur  de  cette  notice,  des  encourage- 
ments et  des  conseils.  L'éditeur  de  musique 
Richault  l'accueillit  aussi  et  publia  ses  pre- 
miers ouvrages  j)our  la  guitare  et  pour  le 
violon.  Des  excursions  que  fit  M.  Magnien  en 
Allemagne  eurent  aussi  pour  résultat  de  com- 
pléter ses  connaissances  et  de  perfectionner 
son  goût  jiar  l'audition  des  œuvres  des  grands 
maîtres  de  cette  époque.  De  1827  à  1851,  l'édi- 
teur Richault  lit  paraître  trente-deux  œuvres 
de  sa  composition.  Après  la  révolution  de  1850, 
M.  Magnien  avait  résolu  de  se  fixer  soit  à  Paris, 
soit  dans  une  ville  qui  en  fût  peu  éloignée;  ce 
projet  fut  réalisé  par  l'engagement  qu'il  con- 
tracta avec  la  ville  de  Beauvais  (Oise),  pour  y 
diriger  l'orchestre  de  la  Société  philharmonique 
et  y  remplir  les  fonctions  de  directeur  des 
écoles  élémentaires  de  chant,  ainsi  que  celles 
de  membre  de  la  commission  d'examen  jjour 
l'enseignement  primaire.  Il  s'y  maria  et  se  fil 
estimer  comme  homme  et  comme  artiste  pen- 
dant les  seize  années  de  son  séjour  dans  cette 
ville.  L'impulsion  qu'il  y  avait  donnée,  tant 
dans  l'instruction  musicale  de  la  population 
que  dans  la  culture  de  l'art,  fixa  sur  lui  l'at- 
tention de  l'autorité,  qui  le  choisit  pour  diriger 
le  Conservatoire  de  Lille  (Nord),  succursale 
du  Conservatoire  impérial  de  musique.  M.  Ma- 
gnien occupe  cette  position  au  moment  où 
cette  notice  est  écrite  (1862),  et  imprime  aux 
études  musicales  un  mouvement  de  inogrès 
dans  l'institution  confiée  à  son  expérience. 
Parmi  ses  compositions  publiées  on  remarque  : 
1"  Des  duos  pour  violon  et  guitare,  Paris,  Ri- 
chault. 2"  Des  thèmes  variés  pour  violon, 
avec  accompagnement  de  quatuor,  ibid. 
ô"  Des  duos  et  nocturnes  pour  deux  guitares, 
ibid.  4"  Des  fantaisies,  rondeaux,  thèmes  va- 
riés et  andanle  pouv  guitare  seule,  ibid. 
3"  Une  messe  à  plusieurs  voix  avec  orgue. 
Plus  de  cinquante  œuvres  de  sa  composition 
ont  été  publiés  chez  Richault.  Parmi  les 
vingt  derniers  ouvrages,  très-supérieurs  aux 
premiers,  on  distingue  surtout  :  Concerto  pour 
violon  (en  »nî),  op.  43;  fantaisie  caprice  pour 
violon  avec  piano,  op.  49  ;  éludes  pour  violon, 
op.  41  ;  le  Soir  an  bord  d'un  lac  suisse,  mé- 
lodie pour  piano,  op.  31  j  divertissement  el 


fi 


MAGNIEN  —  MAllU 


403 


îiol(5ro  pour  violon,  op.  52.  On  a  aussi  de 
M.  Magnién  :  Théorie  musicale  ou  Réponse 
au  programme  arrêté  par  le  ministre  de 
l'' instruction  publique  pour  l'interrogatoire 
des  aspirants  des  deux  sexes  aux  brevets  de 
capacité,  Paris,  Richault,  1837,  in-8». 

MAGIMJS  (Richard),  compositeur  alle- 
mand, dont  le  véritable  nom  est  vraisembla- 
hlement  latinisé,  vécut  au  commencement  du 
dix-septième  siècle,  et  fit  imprimer  :  Canti- 
cum  canticorum  Salomonis^  4,  5  e  8  voci- 
bus,  Francfort,  Slein,  1615. 

MAfilNUS,  prénom  sous  lequel  s'est  fait 
connaître  un  pianiste,  dont  le  nom  de  famille 
est  DEUTZ.  Il  est  né  à  Bruxelles  en  1828. 
Ayant  été  admis  au  Conservatoire  royal  de 
musique  decette  ville,  il  y  obtint  le  second  prix 
de  piano  en  1843,  eut  un  second  prix  d'har- 
monie dans  l'année  suivante,  et  le  premier 
|)rix  de  piano  lui  fut  décerné  au  concours 
de  1845.  Sorti  de  l'institution  où  il  avait  fait 
son  éducation  musicale,  M.  Magnus  Deutzalla 
s'établir  à  Paris,  où  il  reçut  des  conseils  de 
quelques  artistes  renommés.  Dei)uis  lors  il  s'y 
est  fait  entendre  dans  plusieurs  concerts  et  s'y 
est  livré  à  renseignement.  11  a  voyagé  aussi 
en  Allemagne  et  a  publié  à  Vienne  quelques 
petites  compositions  pour  le  piano,  entre  autres 
La  danse  des  esprits,  caprice,  oeuvre  12,  et 
Les  pleurs  de  la  jeune  fille,  œuvre  13. 

MAGRIIM  (Louis),  professeur  de  physique 
à  Milan,  a  publié  un  petit  écrit  intitulé  :  Pen- 
sieri  sulla  musica  e  sul  magnetismo  ani- 
male, Milan,  Resinati,  1842,  in-8-"  de  trente- 
six  pages.  Le  nom  de  l'auteur  n'est  pas  indi- 
qué au  titre  de  l'ouvrage,  mais  la  dédicace  est 
signée  du  nom  de  M.  Magrini.  L'objet  qu'il 
s'est  proposé  dans  celle  biochure  est  de  con- 
stater, par  des  expériences,  les  effets  divers 
produits  par  la  musi(|ue,  et  ses  conclusions 
sont  que  ces  effets  sont  le  résultat  d'une  in- 
fluence magnétique. 

MAHALiLT(ANToiNE),elnonMAHAUT, 
comme  les  auteurs  du  Z>^<;^^OM/it(^re  historique 
des  musiciens  (Paris,  1810-181 1)  écrivent  sou 
nom,  était  flûtiste  à  Amsterdam  en  1737; 
époque  où  fut  imprimé  son  premier  ouvrage. 
Ses  créanciers  l'obligèrent  à  prendre  la  fuite 
et  d'abord  il  vint  à  Paris  ;  mais,  ne  s'y  croyant 
pas  en  sûreté,  il  se  retira  dans  un  couvent 
vers  1760.  Mahault  mérite  quelque  estime 
pour  ses  compositions.  On  a  de  lui  :  1"  Sym- 
phonies pour  plusieurs  instruments.  2»  Trios 
pour  trois  flûtes.  5»  Deux  livres  de  duos  pour 
<leux  tlûles.  4"  Tiois  livres  de  sonates  pour  le 
*néme  insUumenl.   5°  Trois  livres  d'aricllcs 


hollandaises,  françaises  et  italiennes. Elles  ont 
j)our  titre  :  Maandelijks  musikaal  Tijdver- 
drijf,  heslaande  in  nieuwe  hollandsche  can- 
zonetten,  gecomponeerd  doorJ.  Mahault,  etc. 
(Agréables  passe-temps  musicaux,  consistant 
en  nouvelles  chansons  hollandaises,  composées 
par  A.  Mahault,  etc.),  Amsterdam,  A.  Ololsen, 
(sans  date),  in-4».  Quelques-uns  de  ces  ou- 
vrages ont  paru  à  Amsterdam;  les  autres  ont 
été  publiés  à  Paris.  En  1759,  Mahault  donna 
un  des  premiers  ouvrages  véritablement  mé- 
thodiques qui  ont  été  publiés  pour  la  flûte  ;  cet 
ouvrage  a  pour  titre  :  Nouvelle  méthode  pour 
apprendre,  en  peu  de  temps,  à  jouer  de  la 
flûte  traversière,  à  l'usage  des  commençants 
et  des  personnes  plus  avancées.  Quelques  an- 
nées après,  il  en  parut  une  édition  nouvelle, 
augmentée  de  douze  planches  de  musique. 

MAUIEU,  surnommé  DE  GAISD,  parce 
qu'il  était  né  dans  cette  ville,  fut  poêle  et  mu- 
sicien vers  le  milieu  du  treizième  siècle.  Le 
Mss.  n"  66  (fonds  de  Gange)  de  laBibliothèque 
impéiiale  de  Paris  nous  a  conservé  deux  chan- 
sons nolées  de  sa  composition.  On  en  connaît 
quatre  autres  dans  différentes  Bibliothèques. 

MAHMOUD -SCHIRAFI ,  encyclopé- 
diste persan  ,  commentateur  du  théoricien  de 
musique  SsalTi-Eddin  (voyez  ce  nom);  est 
considéré  comme  un  des  meilleurs  écrivains 
[)ersans  sur  cet  art.  Son  ouvrage  a  pour  titre  : 
Durret  el  Tadsch  (Perles  de  la  Couronne);  il 
se  trouve  à  la  Bibliothèque  royale  de  Madiid. 
Mahmoud-Schirafi  mourut  l'an  716  de  l'hégire 
(I5I5  de  l'ère  chrétienne). 

MAII]>iE  (GuiLLACME-LÉOMAnD),  philologue 
distingué,  né  à  Amsterdam  vers  1760,  fut 
d'abord  professeur  au  Collège  de  cette  ville, 
et  occupait  cette  place  en  1793.  En  1808,  il 
était  recteur  du  collège  d'Amersfoort,  en  Hol- 
lande. On  a  de  ce  savant  une  excellente  dis- 
sertation sur  la  vie  et  les  écrits  d'Aristoxène 
(voyez  ce  nom),  intitulée  :  Diatribe  de  Aris- 
toxeno  philosopha  peripatetico ,  Amslelo- 
dami,  typis  Pétri  den  Ilengsl,  1793,  iu-8»  de 
deux  cent  dix-neuf  pages. 

MAim  (Jean-Andeé),  mécanicien  et  fac- 
teur d'instruments  à  clavier  de  la  cour  du  duc 
de  Nassau,  à  "Wiesbaden,  vers  1788.  Il  était 
associé  avec  son  frère,  et  fabriquait  avec  lui 
des  instruments  auxquels  il  donnait  le  nom  de 
Clavi-Mandores.  Gerber  cite  aussi  de  lui  de 
bons  clavecins  et  un  piano  à  queue  considéré 
alors  comme  excellent. 

MAHU  (Etienne),  ancien  compositeur  alle- 
mand, est  placé  par  Forkcl  et  Gerber  dans  son 
activité  artistique  vers  1520;  mais  il  appar- 

2S 


404 


MAIIU  —  MAIGRET 


lient  à  une  époque  un  peu  plus  reculée,  sui- 
vant un  passage  (le  la  Praclica  Musicad'lïer- 
mann  Tinck  {voyez   ce   nom).  On  voit  par  le 
Novus  thésaurus  musicce  de  Pierre  Joannelli 
(voyez  ce  nom)  que  Malni  fut  un  des  clianlrcs 
de   la  chapelle  de  l-erdinand  I",  d'abord  vi- 
caire d€  l'empire,  puis  empereur  d'Allemagne. 
Il  avait  cessé  de  vivre  avant  la  mort  de  ce 
prince  (15C4) ,   car  son   nom    ne  paraît  pas 
l)armi  ceux  des  autres  chantres  qui  composè- 
rent des  pièces  de  musique  à  la  louange  de 
Ferdinand  et  des  princes  de  la  famille  impé- 
riale, lesquelles  se  trouvent  dans  le  cinquième 
livre  du  recueil  de  Joannelli.  Cet  artiste  eut  la 
réputation  d'un  des  musiciens  les  plus  remar- 
quables de  son  temps  ;  il  la  mérita  sans  aucun 
doute,  car  ses  Lamentations  de  Jérémie,  à 
quatre  voix,  qui  se  trouvent  dans  le  premier 
livre  de  celle  collection,  sont  un  des  meilleurs 
ouvrages  de  la    première  partie  du  seizième 
siècle.  Le  style  de  ces  compositions  indique 
i|ue  l'auteur  les  a  écrites,  au  plus  tard,  vers 
1520;  car,  après  cette  époque,  l'art  se  modifia 
et  prit  une  allure  plus  libre  et  plus  légère.  Il  y 
a  lieu  de  croire  qu'il  n'<5tait  plus  jeune  lors- 
qu'il produisit  celle  œuvre,  car  sa  notation  est 
celle   des   maîtres   du  quinzième  siècle.  On 
trouve  de  Mahu  deux  Magnificat  Au  huitième 
ton,  àquatre  voix,  dans  le  manuscrit  de  la  Bi- 
bliothèque royale  de  Munich,  coté  XLIII.  Un 
cantique   à  cinq   voix,  de  la  composition  de 
Mahu,  rapporté  en  partition  parForkel,  dans 
son  Histoire  de  la  musique  (t.  II,  p.  G86-G91), 
d'après  un  recueil  imprimé  à  Wittenberg,  en 
1544,  justifie  les  éloges  qui  lui  ont  été  donnés, 
car  il  est  fort  bien  écrit;  les  imitations  sont 
bien  choisies,  les  mouvements  des  voix  ont  de 
l'élégance,  la  tonalité  est  bien  suivie  et  l'har- 
monie a  de  la  plénitude.  Le   Cancional  de 
llansWallher  contient  des  mélodies  chorales 
de  Mahu.  La  rare  collection  publiée,  en  1540, 
par  Melchior  Kriesstein,  à  Augsbourg,  sous  le 
litre  :  Selectissimx  nec  non  familiarissimx 
cantiones  ultra  centum,  contient  des  mor- 
ceaux de  Mahu.  On  en  trouve  aussi  dans  les 
Modulationes  aliquot  quatuor  vocum^  im- 
jirimées  à  Nuremberg,  par  Pelrejus,  en  1538, 
ainsi  que  dans  les  iVeujer  Teutschen  Liedlein 
(Nouvelles  chansonnettes  allemandes),  impri- 
mées par  le  même,  en  1539,  et  dans  les  Selec- 
tissimarum  Motetarum  partira  quinquepar- 
tim  quatuor  vocum,  etc.,  chez  le  même,  en 
1540.  Le  cantique,  publié  parForkel,  est  tiré 
<iu  recueil  qui  a  pour  tilre  :  Newe  geistliche 
Gesxnge  CXXIII  mit  4   und  5  Stimmen 
(Nouveaux  chants  spirituels  au  nombre  de  cent 


vingt-trois,  à  quatre  et  cinq  voix),  Wilten- 
berg,  Georges  Rhau,  1544.  De  ces  diverses- 
productions  résulte  la  preuve  qu'Etienne Maliu 
lui  un  des  fondateurs  de  la  bonne  école  alle- 
mande des  premiers  temps. 

MAICilELBECK  (  François-Antoine  ), 
directeur  de  musique,  professeur  de  langue 
italienne,  et  bedeau  de  la  cathédrale  de  Frey- 
berg,  a  publié  à  Augsbourg,  en  1736,  huit 
sonates  pour  le  clavecin,  sous  ce  titre  :  Die 
auf  dem  Klavier  spielende  und  das  Gehœr 
^•ergnugende  Cxciiia,  etc.,  op.  1.  Le  second 
œuvre  de  sonates,  divisé  en  trois  parties,  et 
destiné  à  l'enseignement  de  l'art  de  jouer  du 
clavecin,  a  paru  en  1738  ;  il  est  intitulé  :  Die 
auf  dem  Klavier  Lehrende  Cxciiia,  welclie 
guten  Unterricht  ertheilet,  wie  man  nicht 
allein  in  PartHur  selbst  Schlagstiicke  ver- 
fertigen  ,  und  alhrhand  Lwufe  erflnden 
kœnne.  In  drey  Theile  abgetheilet  ;  deren  der 
erste  de  Clavibus ,  Mensuris  et  Notarum 
valore,  der  zweyte  de  Fundamentis  Parti- 
turx  handelt;  der  dritleaber  mit  Exemplis 
Tonorum  et  Fersuum  vcrsehen  ist.  On  con- 
naît aussi  sous  le  même  nom  :  FI  pompeuse, 
schane,  leichte  und  auf  den  neuesten  ilu- 
lianiscken  Stylum  fur  aile  Chœr  dienliche 
Jflissen,  etc.  (Six  messes  solennelles,  belles, 
faciles  et  dans  le  plus  nouveau  style  italien). 
Fribourg  en  Brisgau,  1739. 

MAIEil  (Grégoire),  compositeur  allemand, 
vécut  vers  le  milieu  du  seizième  siècle.  Jacques 
Paix  a  arrangé  et  publié  quelques  morceaux 
de  ce  musicien  dans  son  recueil  de  pièces 
d'orgue  en  tablature,  Lauingen,  1586,  in-fol. 

M  AIER     (JOSErit-FRÉDÉRIC-BERNARD  -Gas- 

pard)  :  voyez  MAJEU. 

MAIEU  (L.),  musicien  au  service  de  l'élec- 
teur palatin,  dans  la  seconde  moitié  du  dix- 
huilième  siècle,  s'est  ensuite  établi  à  Paris, 
où  il  a  élé  connu  comme  maître  de  piano 
jusqu'en  1805.  On  a  gravé  de  sa  composition  : 
1"  Trois  sonates  pour  clavecin  avec  accompa- 
gnement de  violon  obligé,  Manheim,  1782. 
2»  Six  symphonies  pour  deux  violons,  alto, 
basse,  deux  hautbois  et  deux  cors,  op  2, 
Paris,  1785. 

MAIEU  (Catherine),  née  SClilATTI, 
pianiste  et  compositeur,  vivait  à  Saint-Péters- 
bourg vers  la  fin  du  dix-huitième  siècle.  De- 
puis 1795  jusqu'en  1798,  elle  a  fait  imprimer 
onze  œuvres  de  fantaisies,  trios  et  variations 
pour  le  piano. 

MAIGUET  (Robert),  musicien  français, 
né  au  Mans,  fut  un  bon  compositeur  de  chan- 
sons à  quatre  voix.  Il  mourut  dans  sa  ville 


MAIGRET  —  MAILLARD 


405 


natale  au  mois  d'août  1368,  à  l'âge  de  plus  de 
soixante  ans.  Ou  trouve  trois  chansons  de  sa 
composition  dans  le  Recueil  des  recueils  com- 
posés d  quatre  parties  par  plusieurs  an- 
theurs,  3""'  livre;  Paris,  Adrien  Le  Roy  et 
Robert  Ballard,  1565,  in-4»  obi. 

MA1LA]>D  (Eugène).  Je  n'ai  pu  me  pro- 
curer aucun  renseignement  biographique  sur 
routeur  d'un  bon  livre  qui  porte  ce  nom,  et 
qui  a  pour  titre  :  Découverte  des  anciens  ver- 
nis italiens  employés  pour  les  instruments 
à  cordes  et  à  archet.  Paris,  imprimerie  de 
Ch.LahureetC,  1859,1  vol.in-12.  M.  Mailand 
a  fait  une  étude  sérieuse  de  ce  sujet  difiicile  et 
rempli  de  mystères  :  non-seuîement  il  a  lu  les 
traités  modernes  sur  les  vernis  de  Watin  (1), 
de  Zingry  (2)  et  de  M.  Tripier-Deveaux  (ô), 
non-seulement  il  a  analysé  les  formules  de 
fabrication  de  vernis  des  auteurs  anciens, 
tels  que  les  Secrets  des  arts  (pui)liés  en  1550), 
le  Miroir  universel  des  arts  et  des  sciences, 
de  Fioravanti  (4),  le  Recueil  abrégé  des  secrets 
merveilleux  (5^,  l'Oculus  arlificialis  du 
P.  Zahn  (6),  l'Epitome  cosmographique  de 
Coronelli  (7),  le  Traité  des  Fernis  du 
■p.  Bonanni  (8),  et  d'autres  ;  mais  il  a  fait  lui- 
même  un  grand  nombre  d'expériences  et  a 
trouvé  enfin  des  formules  qui  reproduisent 
l'aspect  des  vernis  des  anciens  maîtres  de 
Crémone. 

MAILLA  ou  plutôt  MAILLAC  (Joseph- 
Anne-Marie  DE  MOYRL4.  DE),  célèbre 
missionnaire,  naquit  en  1679,  au  château  de 
Maillac,  dans  le  Bugey.  Après  avoir  terminé 
ses  études,  il  entra  chez  les  jésuites,  et  fut 
envoyé  à  la  Chine,  en  1702.  Il  y  passa  qua- 
rante-six ans,  et  y  mourut  le  28  juin  1748. 
On  a  de  ce  jésuite  une  Histoire  générale  de  la 
Chine,  ou  Annales  de  cet  empire,  traduit  du 
Thoung-Rian  Kangmou ,  Paris,  1777-83, 
douze  vol,  in-4''.  Les  sections  128-148  de  cet 
ouvrage  traitent  de  la  musique  des  Chinois, 
et  la  section  186  contient  une  notice  du  Yo- 
King,  livre  de  musique  sacrée. 

MAILLARD  (Jean),  musicien  français 
du  seizième  siècle,  paraît  avoir  vécu  à  Paris, 
suivant  l'épitre  dédicatoire  d'un  recueil  de 
motets  à  quatre  parties  qu'il  a  publié;  mais  on 
ne  sait  rien  sur  sa  position  comme  artiste. 

(1)  Paris,  1772,  \n-%". 

(2)  Gciies,  1803,  in-S", 

(3)  Paris,  18*5,  in-S». 

(4)  Bologne,  1SC4,  in-4". 

(5)  Paris,  Ibbô,  in-12. 

(6)  Nuremberg,  1U85,  3  vol. 

(7)  Venise,  1695. 

l8)  n^rac,  (715,  in-45. 


Son  nom  ne  figure  pas  dans  les  com;)les  delà 
chapelle,  à  la  fin  du  règne  de  François  I"",  ni 
sous  les  successeurs  de  ce  prince,  Henri  II  et 
François  II.  Ce  musicien  paraît  avoir  joui  de 
quelque  renommée,  car  il  est  peu  de  recueils 
publiés  de  son  temps,  en  France,  où  l'on  ne 
trouve  quelque  morceau  de  sa  composition.  Le 
manuscrit  n°  76  des  archives  de  la  chapelle 
pontificale,  à  Rome,  contient  une  messe  de 
Maillard.  On  en  trouve  une  autre  à  cinq  voix 
dans  le  recueil  publié  à  Paris,  en  1537,  par 
Adrien  Leroy  et  Robert  Ballard,  in-fol.  max. 
Elle  a  pour  titre  :  Missa  ad  imitationem  mo- 
duli  Missae  Virginis  Mariœ.  On  connaît  aussi 
de  lui  :  3Iissa  ad  imitationem  moduli  ;  Aux 
regretz,  cum  quatuor  vocihus,  Lutctiae,  apud 
Adr.  Le  Roy  et  Robertum  Ballard,  1557, 
in-fol.  Maillard  a  fait  imprimer  une  collection 
de  motets  à  quatre  voix  intitulé  :  XX  Can- 
tiones  sacras  seu  Motectx  quatuor  vocum. 
Lutetiœ  Parisiorum,  apud  Ad.  Le  Roy  et  Robert 
Ballard,  1561.  L'épîlre  dédicatoire  à  Messire 
Cautelin  d'Hesdin,  conseiller  au  présidial  de 
Paris,  est  datée  de  cette  ville,  le  19  avril  1561 . 
On  trouve  des  chansons  françaises  à  quatre 
parties,  de  Maillard,  dans  les  recueils  dont  les 
titres  suivent  :  1"  Second  livre  de  chansons 
nouvellement  mises  en  musique  à  quatre 
parties,  par  bons  et  sçavans  musiciens, 
Paris,  Ad.  Leroy  et  Robert  Ballard,  1554, 
'  in-4''  obi.  2»  Idem,  sixième  livre,  ibid,  1556. 
ô"  Tiers  livre  de  chansons  nouvellement 
composées  en  musique  à  quatre  parties,  par 
N.  Jaqties  Arcadet  et  autres  aulheurs,  ibid., 
1561,  in-4''  obi.  A"  Quart  livre,  idem,  ibid., 
1561 .  ^^  Premier  recueil  des  recueils  composés 
à  quatre  parties ,  de  plusieurs  aulheurs  ,\h\d. , 
1539,  in-4'',  deuxième  édition,  1567.  0°  Idem, 
second  livre,  ibid.,  1364,  in  4".  Il  y  a  aussi 
un  motet  à  quatre  voix  composé  par  Maillard, 
dans  la  collection  qui  a  paru  sous  ce  titre  : 
Liber  primus  Musarum  cum  quatuor  vo- 
cibus,  seu  sacrx  Cantiones,  quos  vulgo  Mot- 
teta  appellant,  etc.,  Mediolani,  apud  Anton. 
Barré,  1388.  Enfin,  il  y  a  des  morceaux  de 
Maillard  dans  la  Bicinia  gallica,  latina  et 
germanica,  publiée  par  Georges  Rhau,  à 
Wittenberg,  en  1545. 

MAILLARD  (Gilles  ou  Égide),  compo- 
siteur français,  né  à  Thérouanne  (Pas-de- 
Calais),  vécut  à  Lyon,  dans  la  dernière  partie 
du  seizième  siècle.  On  connaît  sous  son 
nom  :  la  Musique ,  contenant  plusieurs 
chansons  françaises  à  quatre,  cinq  et  six- 
parties.  Lion  (sic),  chez  Jean  de  Tournes,. 
1381,  in-4". 


406 


MAILLARD  —  MAILLART 


MAITXARD  (MAniE-THtnÈsEDAYOUX, 
connue  sous  le  nom  de  Mademoiselle),  naquit 
à  Paris,  le  6  janvier  1766.  Dans  son  enfance, 
elle  reçut  quelques  leçons  de  musique  à  l'école 
de  Corrette  père  et  fils;  puis  elle  l'ut  admise 
dans  l'école  de  danse  du  magasin  de  l'Opéra. 
A  l'âge  de  douze  ans,  elle  dansait  dans  les  di- 
vertissements du  théâtre  d'Opéra-Comique  qui 
avait  été  élahli  au  bois  de  Boulogne  ;  les  succès 
qu'elle  y  obtint  la  firent  engager  pour  les  spec- 
tacles de  la  cour  de  Saint-Pétersbourg.  De  re- 
tour à  Paris,  en  1780,  elle  fut  entendue  par 
Berton,  alors  directeur  de  rOi>éra,  qui  la  fit 
entrer  dans  l'école  de  chant  de  ce  théâtre; 
ses  progrès  furent  si  rapides,  qu'elle  put  débu- 
ter, le  17  mai  178:2,  à  l'Académie  royale  de 
musique,  dans  le  rôle  de  Colette  du  Devin  du 
village^  quoiqu'elle  ne  fût  âgée  que  de  seize 
ans.  La  beauté  de  son  organe,  sa  taille  impo- 
sante et  sa  précoce  intelligence  la  firent  ac- 
cueillir avec  faveur  par  le  public.  x\près  avoir 
remplacé  madame  Saint-IIuberly  dans  ses 
rôles  les  plus  importants,  pendant  quelques 
années,  elle  succéda  à  cette  actrice  célèbre, 
lorsque  celle-ci  se  relira.  Âlceste,  Armide, 
Didon,  Iphigénie  en  Tauride ,  furent  les 
rôles  qui  d'abord  établirent  sa  réputation  ; 
mais  ce  fut  surtout  dans  67j/femnesfre  (d'/p/jt- 
génie  en  Aulide)  et  dans  Hécube  que  sa  ma- 
nière noble  et  l'énergie  de  son  expression  dra- 
matique lui  firent  prendre,  comme  actrice,  >in 
rang  oti  aucune  autre  n'a  pu  la  remplacer  de- 
puis lors.  Retirée  du  théâtre,  après  plus  de 
trente  ans  de  service,  au  mois  d'avril  1813, 
elle  ne  jouit  point  du  repos  qu'elle  pouvait  es- 
pérer après  de  si  longs  travaux  :  des  chagrins 
domestiques  lui  causèrent  une  maladie  de  lan- 
gueur qui  la  conduisit  au  tombeau,  le  16  oc- 
tobre 1818. 

MAILLAIVT  (Pierre),  écrivain  sur  la 
musique,  est  l'objel  d'une  multitude  d'ereurs  de 
la  part  des  bibliographes.  Doni,  qui  voulait 
sans  doute  approprier  le  nom  de  cet  écrivain 
à  la  prononciation  italienne,  l'appelle  Ma- 
gliard  {Comp.  del  Trattato  de' generi,  e  de' 
modi  délia  musica,  p.  127),  et  Maitheson  (qui 
cile  inexactement  le  litre  de  son  livre)  a  copié 
Doni  sans  examen  (Grnndlage  ciner  Musik 
Ehrenpf.,  p.  218).  Walther  n'a  pas  connu  le 
titre  français  du  livre  de  Maillart,  mais  il  ne 
s'est  trompé  ni  sur  l'orthographe  de  son  nom, 
ni  sur  sa  personne.  Forkel  aurait  dû  suivre  les 
indications  de  ce  lexicographe;  mais  au  lieu 
de  cela,  il  fait  deux  articles;  le  premier  sur 
JJ/a.^h'ard  (Pierre),  (jui  aurait  été  chanoine  et 
chantre  à  Tournai,  et  qui  serait  auteur  d'un 


traité  De  Tonis  jntisecî's  ;  l'autre  sur  Mail- 
lard (Pierre),  jésuite  d'Ypres,  né  en  1585, 
qui  aurait  aussi  écrit  un  traité  Z^eTonî*  (voyez 
y4llg.  Litter.  der Musik,  p.  274).  On  est  étonné 
de  voir  faire  de  pareilles  fautes  à  un  savant  tel 
que  Forkel.  Mais  voici  bien  autre  chose  !  Sur 
l'indication  du  jésuite,  prise  par  Forkel  dans 
le  Lexique  de  Jœcher,  Geiber  a  pris  dans  la 
Bibliothèque  des  écrivains  de  la  Société  de 
Jésus,  par  Alegambe,  les  renseignements  sur 
le  jésuite  Pierre  Maillart  (qu'il  a\^\)G\\e  Mail- 
lard)^ recteur  du  collège  de  Bois-le-Duc,  au- 
teur de  plusieurs  traités  de  théologie  en  langue 
flamande,  a  mêlé  tout  cela  avec  ce  qu'on  sait 
sur  le  chanoine  de  Tournay,  et  n'en  a  fait 
qu'un  seul  personnage.  Lichtenthal  n'a  pas 
manqué  de  le  copier  (Dizion.  e  Bibliog.  délia 
musica,  t.  IV,  p.  86).  M.  Charles-Ferdinand 
Becker,  qui  a  trouvé  dans  la  Bibliothèque  de 
la  ville  de  Leipsick  un  exemplaire  du  livre  de 
Maillart,  a  rétabli  la  vérité  en  disant  que  cet 
écrivain  était  né  à  Valenciennes,  mais  il  n'est 
pas  exact  dans  la  citation  du  titre  [System. 
Chronol.  Darstellung  der  Musik.  Litcr., 
p.  272).  Ce  titre  et  l'épître  dédicatoire  nous 
apprennent,  en  effet,  que  Maillart  était  né  à 
Valenciennes.  Lui-même  nous  infornedu  nom 
de  son  mailre  dans  ce  passage  :  «  Je  pourroys 
«  ici  alléguer  l'aulhorité  de  mon  maistre,  le 
«  sieur  Jean  Bonmarché,  homme  de  grand 
«  savoir,  etc.  »  {Les  Tons  de  M.  Pierre  Mail- 
lart,  p.  ô46.)  Or,  j'ai  fait  voir,  dans  la  notice 
sur  Jean  Bonmarché,  ou  de  Bonmurchié, 
qu'il  était  chanoine  et  maître  des  enfants  de 
chcEurde  la  cathédrale  de  Cambrai,  au  mois 
de  décembre  1564,  et  qu'il  ne  quitta  cette  po- 
sition qu'au  commencement  de  l'année  sui- 
vante, pour  se  rendre  à  Madrid,  en  qualité  de 
maître  de  la  chapelle  flamande  de  Philippe  II. 
De  nouvelles  découvertes,  faites  dans  les  ar- 
chives du  royaume  de  Belgique,  par  M.  Pin- 
chart,  démontrent  que  ce  maître  était  encore 
en  possession  de  cet  emploi  au  mois  de  mai 
1569,  mais  qu'au  mois  de  novembre  1572,  son 
successeur  était  Gérard  de  Turnhout;  d'oii  il 
suitque Bonmarché  était  mort  antérieurement 
à  celte  date.  Il  paraît  donc  certain  que  l'édu- 
cation musicale  de  Pierre  Maillart  se  fit  à  la 
maîtrise  de  Cambrai,  en  qualité  d'enfant  de 
chœur,  pendant  que  Bonmarché  y  était,  c'est- 
à-dire  avant  1565  ;  car,  bien  que  ce  maître  ail 
fait  chercher  en  Belgique  des  enfants  de 
chœur  pour  le  service  de  la  chapelle  royale  de  'i 
Madrid,  en  1568,  ce  n'est  pas  en  Espagne  (jue 
Maillart  aurait  été  son  élève,  puisque  Bonmar- 
ché était  maître    de  celte  chapelle   et   non      i 


MAILLART  -  MAINBERGER 


407 


mailrc  des  enfants  de  chœur,  ce  qui,  alors, 
claiL  ditrérenl.  De  tout  cela  on  peut  conclure 
qu'il  avait  environ  quinze  ans  àla  fin  de  13(54, 
et  conséquemment  qu'il  naquit  à  Valenciennes 
vers  1530.  Devenu  liabile  musicien,  il  fut  ap- 
pelé à  Tournay,  ou  il  obtint  un  canonicat  et 
remploi  de  premier  chantre  de  l'éi^lise  cathé- 
drale. De  nouvelles  recherches  faites  dans  les 
archives  de  la  cathédrale  de  Tournay,  par  M.  le 
chanoine  Voisin,  prouvent  que  Maillart  entra 
dans  ses  fonctions  de  cette  place  au  mois  de 
novembre  1 383,  et  qu'il  y  succéda  à  Georges  de 
la  Hèle,  après  un  intérim  de  trois  années,  qui 
avait  été  rempli  par  un  musicien  nommé  Phi- 
lippe Durieu.  Il  est  hors  de  doute  que  iMaillart 
mourut  dans  l'année  où  parut  son  livre,  ou 
au  commencement  de  l'année  suivante,  car 
Omar  Mussellis,  suivant  les  registres  de  la 
cathédrale  de  Tournay,  y  remplit  les  fonctions 
de  premier  chantre  depuis  1611  jusqu'en  1C21. 
Le  livre  publié  par  Maillart  a  pour  titre  :  les 
Tons  ou  discours  sur  les  modes  de  la  musi- 
que, et  les  Tons  de  réglise,  et  la  distinction 
entre  iceux,  de  Pierre  iVaillart  falencen- 
tiois,  chantre  et  chanoine  de  l'église  cathé- 
drale de  Tournay;  divisez  en  deux  parties  ; 
auxquelles  est  adioustée  la  troisiesme  par  le 
dict  autheur,  en  laquelle  se  traicte  des  pre- 
miers élémens  et  fondemens  de  la  musique^ 
à  Tournay,  chez  Charles  Martin,  1610,  in-4" 
de  trois  cent  quatre-vingts  pages,  non  com- 
pris une  longue  épilre  dédicatoire  et  la  table 
des  matières.  Ce  livre,  fort  mal  écrit,  est  rem- 
pli de  recherches  savantes  et  curieuses  qui 
ont  pour  objet  de  démontrer  que  les  douze 
modes  de  la  musique  ancienne  ne  sont  pas 
identiques  avec  les  huit  tons  du  plain-chant. 
Maillart  entréprend  d'y  prouver  que  les  douze 
modes  (suivant  Glaréan,  mais  plus  exactement 
les  quatorze)  ont  pour  base  l'octave  divisée  en 
deux  parties  inégales,  c'est-à-dire  une  quinte 
et  une  quarte,  tandis  que,  selon  lui,  les  tons  du 
plain-chant  sont  fondés  sur  l'hexacorde.  De  là 
vient  qu'il  rejette  (p.  6G  et  67)  la  septième  syl- 
labe 6/  proposée  par  H.  Van  de  Pulle,  dans  sa 
Musathena,  comme  inutile  dans  la  tonalité 
du  plain-chant,  et  qu'il  veut  conserver  à  celle- 
ci  ses  trois  gammes  par  nature,  par  bemvl 
el  par  bécarre,  avec  les  muances  qui  en  sont 
inséparables.  Ses  distinctions  entre  les  deux 
systèmes  de  tonalité  sont  plus  ingénieuses 
que  solides.  Un  de  ses  meilleurs  arguments, 
pour  prouver  que  le  moyen  âge  n'a  jamais  re- 
connu que  huit  tons,  consiste  à  faire  voir  qu'il 
n'y  a  que  huit  neumes  (récapitulations  des 
Tons  en  formules)  dans  la  psalmodie;  mais  il 


n'est  pas  sans  réplique;  car  les  neumes  sont 
une  invention  moderne  relativement  à  la  for- 
mation du  système  de  tonalité  du  plain- 
chant. 

MAILLART  (Louis,  dit  AIMÉ),  compo- 
siteur dramatique,  né  à  Montpellier  (Hérault), 
le  24  mais  1817,  fit  ses  premières  éludes  mu- 
sicales dans  le  lieu  de  sa  naissance.  A  l'âge  de 
seize  ans,  il  se  rendit  à  Paris  et  fut  admis  au 
Conservatoire,  le  6  mai  18ôô.  Il  reçut  d'abord 
des  leçons  de  violon  dans  la  classe  de  M.  Gué- 
rin  el  continua  l'élude  de  cet  instrument  jus- 
qu'en 1836.  M.  Ehvart  lui  enseignal'harmo- 
nie  et  le  contrepoint  élémentaire,  puis  il  devint 
élève  de  M.  Lcborne  pour  le  contrepoint  su- 
périeur, la  fugue  et  la  composition.  Le  premier 
prix  de  fugue  lui  fut  décerné  en  1858,  et  il 
obtint  le  premier  grand  prix  de  composition 
au  concours  de  l'Institut  en  1841.  Devenu 
pensionnaire  du  gouvernement  à  ce  titre,  il 
partit  de  Paris  pour  se  rendre  à  Rome,  à  la 
fin  de  la  môme  année.  Après  un  séjour  de  deux 
ans  en  Italie,  il  visita  Vienne  et  les  princi- 
pales villes  de  l'Allemagne,  puis  il  retourna  à 
Paris.  Après  plusieurs  années  d'efforts  infruc- 
tueux pour  obtenir  un  poème  d'opéra  et  faire 
connaître  son  latent,  il  |)arvint  à  faire  repré- 
senter pour  l'ouverture  du  Théâtre-National, 
au  mois  de  novembre  1847,  Gastibèlza,  opéra 
en  trois  actes,  dans  lequel  l'instinct  scénique 
du  compositeur  se  fit  remarquer  comme  qua- 
lité dominante.  Cet  ouvrage  fut  suivi  du  Jflou- 
lin  des  Tilleuls,  opéra  comique  en  un  acte, 
joué  le  9  novembre  1849;  le  10  juillet  1852, 
M.  Maillart  donna  au  théâtre  de  l'Opéra-Co- 
mique  la  Croix  de  Marie,  en  trois  actes,  qui 
n'eut  qu'une  courte  existence  à  la  scène,  quoi- 
qu'il y  eût  du  mérite  dans  la  partition.  Les 
Dragons  de  Fillars,  opéra  comique  en  trois 
actes,  joué  au  Théâtre- Lrjrique,  le  19  sep- 
tembre 1836,  ont  procuré  à  M.  Maillart  le 
succès  le  plus  décidé  de  sa  carrière  de  compo- 
siteur dramatique.  Le  17  décembre  1860,  il  a 
donné  au  même  théâtre  les  Pécheurs  de  Ca- 
tane,  opéra  comique  en  trois  actes. 

MAILLERIE  (A.  DE  LA),  musicien 
français  qui  vivait  au  commencement  du  dix- 
huitième  siècle,  n'est  connu  que  par  les  ou- 
vrages suivants:  1°  Trios  jiour  toutes  sortes 
d'instruments,  Amsterdam,  Roger,  17]0.2''Six 
sonates  pour  deux  flûtes  et  basse  continue,  ibid. 

MAII>'BERGE!l  (  Jean-Ciiaules)  ,  né  à 
Nuremberg,  en  1750,  étudia  le  violon,,  l'har'- 
monie  el  l'orgue  chez  GrUber,  dont  il  fut  plus 
tard  le  successeur.  Il  apprit  aussi  à  jouer  de 
plusieurs  instruments  à  vent,  et,  en  1768,  il. 


408 


MÂINBERGER  —  MÂINZER 


obtint  la  place  de  hautbois  à  l'orchestre  de  la 
ville  de  Nuremberg.   Cependant  il  jouait  de 
préférence  le  clavecin  et  l'orgue.  Son  habileté 
sur  ces  instruments  étaiL  remarquable.  En 
1770,  la  place  d'organiste  de  la  ville  lui  fut 
confiée,  et  dix  ans  après  il  fut  appelé  à  remplir 
les  mêmes  fonctions  à  l'église  Saint-Laurent. 
Il  est  mort  d'une  atteinte  d'apoplexie  à  Nu- 
remberg, le  22  avril  1815.  Ses  premières  com- 
positions datent  de  1790;  on  cite  particulière- 
ment celles-ci  :  1°  Der  ehrliche  Schweizer 
(l'honnête  Suisse),   opérette   représenté   sur 
plusieurs  théâtres  particuliers.  2»  Musique  fu-' 
nèbre  pour  la  mort  de  Joseph  II,  exécutée  le 
18  mai  1790.  o"  La  Résurrection  et  l'Ascen- 
sion de  Notre-Seigneur  Jésus-Christ^  orato- 
rio de  Rammler,  exécuté    le  ôl   mars  1793. 
4»  Der  Spiegetritter  (le  Chevalier  du  Miroir), 
opéra  en   trois  actes,   paroles  de   Kolzebue. 
5»  Deux  années  complètes  de  musique  d'église 
pour  les  dimanches,  contenant  ensemble  cent 
quatorze  morceaux.  6°  Vingt-cinq  grandes 
compositions    religieuses,   telles   que  messes, 
Te  Deum,  etc.   7»  Quatre  cantates  d'église, 
avec  et  sans  accompagnement.  8°  Deux  grands 
morceaux  d'harmonie  pour  onze  et  seize  i  nstru- 
ments  à  vent.  9»  Les  Fureurs  de  la  guerre, 
fantaisie  musicale,  publiée,  en  1813,  au  profit 
des  blessés.  10"  Sonates  et  concertos  pour  le 
piano.   Il*  Quelques  symphonies  pour  l'or- 
chestre. 

MAIINERÎO  (Georges),  maître  de  cha- 
pelle de  l'église  d'Aquilée,  naquit  à  Parme 
vers  1545.  Il  s'est  fait  connaître,  comme  com- 
positeur, par  un  recueil  de  Magnificat,  inti- 
tulé :  Sacra  Cantica  Beatissimx  Mari3s 
Firginis  omnitonum  sex  vocum  parium  ca- 
nenda,  nunc  primum  in  lucem  édita;  Vene- 
tiis,  apud  Angelum  Gardanum,  1580,  in-40 
obi.  L'épitre  dédicatoire  est  datée  d'Aquilée, 
le  30  août  1580. 

MAITVYIELLE-FODOI\(madame). 
Foijez  FODQil  (madame  Joséphine  MAIIX- 
VIELLE). 

MAUXZER  (Frédéric),  musicien  au  ser- 
vice du  roi  de  Bavière,  virtuose  sur  le  violon 
et  bon  clarinettiste,  né  vers  1760,  fut  d'abord 
attaché  à  la  musique  de  la  chambre  du  mar- 
grave de  Brandebourg-Schwedt,  puis  entra  au 
service  du  duc  de  Mecklembourg-Strelitz  en 
1795.11  quitta  celle  place  en  1807  pour  passer 
dans  la  chapelle  du  roi  de  Bavière.  Il  paraît 
avoir  obtenu  sa  retraite  de  cette  position  anté- 
rieurement à  1827,  et  depuis  lors  on  manque 
de  renseignements  sur  sa  personne.  On  a 
gravé  de  sa  composition  :  1"  Trois  quatuors 


pour  flûte,  violon,  alto  et  basse,  op.  I,  Offen- 
bach,  André.  2"  Trois  idem,  op.  2,  ibid. 
ô"  Rondo  espagnol  varié  pour  violon  prin- 
cipal, deux  violons,  alto  et  basse,  Vienne, 
Diabelli.  4"  Cantiques  allemands  à  quatre 
voix,  Mayence,  Schott. 

MAIIMZEll  (l'abbé  Joseph),  né  à  Trêves, 
en  1807,  était  fils  d'un  boucher  de  cette  ville. 
Son    penchant  pour  la    musique   décida  ses 
parents  à  lui  faire  suivre  comme  enfant  de 
chœur  les  cours  de  la  maîtrise  de  la  cathé- 
drale, où  il  resta  pendant  huit  ans.  Après  avoir 
achevé  ses  études  élémentaires,  il  eut  le  désir 
d'être  ingénieur  des  mines,   et,  suivant  les 
usages  de  la  Prusse,  il  commença  cette  car- 
rière comme  ouvrier  dans  les  houillères  de 
Donlweiler  et  de  Sattzbach,    près   de  Saar- 
bruck.  Bientôt  fatigué  par  les  rudes  travaux 
auxquels  il  était  employé,  il  prit  en  dégoût  sa 
profession  et  retourna  à  Trêves.  Cédant  alors 
aux  sollicitations  de  ses  parents  pour  lui  faire 
embrasser  l'état  ecclésiastique,  il  fut  admis 
au  séminaire  pour  y  faire  un  cours  de  théo- 
logie, puis  fut  ordonné  prêtre,  en  1826.  La 
protection  de  l'évéque  lui  fournit  les  moyens 
de  voyager  en  Allemagne  et  en  Italie  pour 
perfectionner  son   instruction,    particulière- 
ment dans  la  musique.  De  retour  à  Trêves,  il 
fut  chargé  de  l'enseignement  du  chant  au  sé- 
minaire, et  publia,  pour  l'instruction  de  ses 
élèves,  une  méthode  de  chant,  précédée  des 
principes  généraux  de  la  musique,   sous  ce 
titre  :  Singschule,  oder  praktische  Antvei- 
sung  zum   Gesang ,   verbiinden  mit  einer 
allgemeinen  Jflusiklehre  ;  Trêves,  1831 ,  in-4°. 
Des  relations  politiques  attribuées  à  Mainzer 
par  le  gouvernement  prussien,   et  quelques 
écrits  le  compromirent  pendant  l'insurrection 
de  la  Pologne,  et  lui  firent  donner  l'ordre  de 
s'éloigner  de  Trêves  ;  il  se  rendit  à  Bruxelles 
et  commença  à  s'y  occuper  spécialement  de  la 
composition  dramatique.   Son    premier  essai 
fut  un  opéra  intitulé  :  le  Triomphe  de  la  Po- 
logne. Ce  triomphe,  trop  tôt  chanté,  se  ter- 
mina comme  on  sait;  l'ouvrage  de  Mainzer, 
destiné  au  théâtre  royal  de  Bruxelles,  ne  put 
être    représenté,    mais    quelques    morceaux 
furent  entendus  comme  essais  dans  une  répé- 
tition. Vers  la  lin  de  1833,  Mainzer  prit  part 
à  la  rédaction  d'un  journal  intitulé  l'Jrtisle, 
et  y  donna  quelques  articles  concernant  la 
musique.  Peu  de  temps  après,  il  se  rendit  à 
Paris  où  il  ouvrit  des  cours  de  chant  et  de 
musique  pour  les  ouvriers.  Il  devint  aussi  un 
des  coopérateurs  de  la  Gazette  musicale  de 
Paris j  et  fut  charge  de  la  rédaction  du  feuil- 


MAINZER  —  MAIROBERT 


409 


lelon  musical  dans  7e  IVationaî ,  journal  poli- 
tique. Depuis  lors  il  a  publié  :  1°  Méthode  de 
chant  pour  les  enfants  ;Varis,  1835,  in-8». 
a™»  édition,  ibid.,  1838.  2»  Méthode  de  chant 
pour  voix  d'hommes,  à  l'usage  des  col- 
lèges, etc.;  ibid.,  1836,  in-8».  Il  a  paru  une 
deuxième  édition  de  cet  ouvrage.  3°  Biblio- 
thèque élémentaire  du  chant  (séries  de 
chants  à  l'usage  des  écoles  élémentaires); 
ibid.,  1836,  in-8".  4"  Méthode  pratique  de 
piano  pour  les  enfants  ;  ibid.,  1837.  5»  abé- 
cédaire de  chant,  à  Vusage  de  la  première 
enfance;  ibid.,  1837.  6»  École  chorale,  à 
l'usage  des  écoles  de  chant;  ibid.,  1838. 
7°  Cent  mélodies  enfantines  destinées  aux 
salles  d'asile,  aux  écoles  primaires,  etc.; 
Paris,  1840,  in-8".  8"  Esquisses  musicales  ou 
souvenirs  de  voyages ;V3iiis,  1838-39,  1  vol. 
in-S».  Ce  livre  devait  avoir  deux  volumes  ;  le 
premier  seul  a  paru.  9"  Chronique  musicale 
de  Paris,  1'"=  livraison,  ibid.,  1838,  quatre- 
vingt-quinze  pages  in-8".  Toute  cette  livrai- 
son renferme  une  critique  amère  des  talents 
de  Berlioz,  comme  compositeur  et  comme 
écrivain  sur  la  musique.  Mainzer  a  écrit  la 
musique  de  la  Jaquerie,  opéra  en  quatre 
actes,  qui  fut  représenté  sans  succès  au 
théâtre  de  la  Renaissance,  le  10  octobre  1839. 
Mainzer  était  dépourvu  de  sentiment  dramati- 
que et  d'imagination.  N'ayant  à  Paris  qu'une 
situation  précaire,  il  se  décida  à  passer  en 
Angleterre,  au  commencement  de  1841.  Il 
s'établit  d'abord  à  Londres^  essayant  d'y  ou- 
vrir des  cours  de  musique,  qui  furent  peu 
suivis.  Une  place  de  professeur  de  musique  à 
l'université  d'Edimbourg  étant  devenue  va- 
cante en  1842,  il  se  mit  au  nombre  des  can- 
didats pour  l'obtenir  ;  mais  elle  fut  donnée  au 
compositeur  Henri  Bishop.  Mainzer  finit  par 
s'établir  à  Manchester,  ou  il  ouvrit  des  cours 
populaires  de  musique  qui  prospérèrent.  Alors 
sa  position  fut  fixée,  et  il  put  donner  une 
grande  extension  à  son  enseignement  de  la 
musique  pour  les  enfants  du  peuple  et  les  ou- 
vriers. Il  publia  un  petit  écrit  qui  eut  beau- 
coup de  retentissement  en  Angleterre,  sous  ce 
litre  :  Address  to  the  public  of  Great  Bri- 
tain.  dissociation  for  popular  and  gratui- 
tous  Instruction  in  singing,  as  a  powerfull 
auxiliary  in  the  religions  and  moral  éduca- 
tion of  the  peopde.  Cet  appel  fut  entendu  par 
la  nation  anglaise;  les  souscriptions  vinrent 
en  foule,  et  les  cours,  établis  par  Mainzer  dans 
plusieurs  villes  et  dans  les  campagnes,  furent 
suivis  par  près  de  cent  mille  élèves.  Il  en  rêvait 
un  million,  comme  on  le  voit  par  le  litre  d'un 


ouvrage  élémentaire,  en  cahiers  de  seize 
pages  qu'il  publia  sous  ce  titre  :  Singing  for 
the  Million.  .^ practical  course  of  musical 
instruction,  etc.  La  sixième  édition  de  cet 
ouvrage,  divisé  en  deux  parties,  a  été  publiée 
à  Londres,  en  1842,  1  vol.  in-8»  de  deux  cent 
cinquante-trois  pages.  Il  donna  aussi,  pour 
des  cours  supérieurs,  une  Grammaire  musi- 
cale {Musical  Grammar),  et  des  traductions 
anglaises  des  ouvrages  publiés  précédemment 
à  Paris;  mais  la  fatigue,  causée  par  cet  excès 
d'activité,  altéra  sa  santé,  et  il  mourutàMan- 
chester  le  10  novembre  1851.  Des  traductions 
allemandes  de  tous  les  ouvrages  de  Mainzer 
ont  paru  à  Mayence,  chez  Schott.  On  trouve 
dans  la  Revue  des  Deux  Mondes  (1825, 
l-^'  mars),  un  article  signé  de  son  nom,  inti- 
tulé Musique  et  chants  populaires  de  l'Italie  ; 
ii  a  fourni  aussi  quelques  morceaux  au  recueil 
qui  a  pour  titre  :  Les  Français  peints  par 
eux-mêmes  (t.  IV). 

MAIRATV  (Jean -Jacques  DORTOUS 
DE),  mathématicien  et  littérateur,  né  à 
Béziers  en  1676,  fut  admis  à  l'Académie  des 
sciences  en  1718,  y  succéda  à  Fontenelle  en 
1740  dans  la  charge  de  secrétaire  perpétuel, 
entra  à  l'Académie  française  en  1743,  et 
mourut  à  Paris,  le  20  février  1771,  à  l'âge  de 
quatre-vingt-treize  ans.  Parmi  les  ouvrages 
publiés  par  cet  académicien,  on  remaque  : 
Discours  sur  la  propagation  du  son  dans  les 
différents  tons  qui  le  modifient,  dans  les  Mé- 
moires de  l'Académie  des  sciences,  année 
1737,  p.  1-'20.  Eclaircissements  sur  le  discours 
précédent,  même  année,  p.  20-58.  Le  discours 
est  divisé  en  six  parties  :  1"  Sur  la  différence 
des  particules  de  l'air  entre  elles.  2"  Sur  l'ana- 
logie du  son  et  des  différents  tons  avec  la 
lumière  et  les  couleurs  en  général.  3"  Sur 
l'analogie  particulière  des  tons  et  des  couleurs 
prismatiques.  4"  En  quoi  l'analogie  du  son  et 
de  la  lumière  des  tons  et  des  couleurs,  de  la 
musique  et  de  la  peinture  est  imparfaite  ou 
nulle.  5"  Sur  l'analogie  de  propagation  entre 
les  sons  et  les  ondes  par  rapport  à  l'expérience 
dont  il  est  fait  mention.  6"  Sur  la  manière 
dont  les  vibrations  de  l'air  se  communiquent 
à  l'organe  immédiat  de  l'ouïe.  Une  traduction 
allemande  de  ce  discours,  par  Steinwerth,  a 
été  publiée  dans  les  Mémoires  de  physique 
de  l'Académie  de  Breslau  ,  1748,  t.  XII, 
p.  209. 

MAÏROBERT  (Matiueu-Fra:«çois  PI- 
DAINZAT  DE),  écrivain  polémique,  né  à 
Chaource,  en  Champagne,  le  20  février  1727, 
fit  ses  éludes  à  Paris^  cl  devint  censeur  royal 


410 


MxVlROBERT  —  MAJEFl 


et  secrétaire  des  commandements  du  duc  de 
Chartres,  depuis  lors  duc  d'Orléans,  père 
du  roi  Louis-Philippe.  Compromis  dans  les 
affaires  du  marquis  de  Brunoy  et  du  fermier 
général  Parts  de  Jflont martel,  où  sa  probité 
ne  parut  pas  intacte,  il  fut  blâmé  par  arrêt  du 
parlement,  en  1779.  Le  chagrin  qu'il  éprouva 
de  ce  déshonneur  le  porta  à  se  donner  la  mort 
par  un  coup  de  pistolet,  après  s'être  ouvert  les 
veine»  dans  un  bain  chaud,  le  27  mars,  jour 
même  de  l'arrêt.  Mairobert  avait  pris  part  à  la 
querelle  des  bouffons  et  de  l'Opéra  français, 
par  la  publication  d'un  pamphlet  intitulé  : 
Les  Prophéties  du  grand  prophète  Monnet; 
Paris,  1753,  in-8". 

MAISOrSCELLE  (M.  DE),  contrôleur  de 
la  maison  du  duc  de  Bourbon,  vers  le  milieu 
du  dix-huitième  siècle,  est  auteur  d'un  petit 
écrit  intitulé  :  Réponse  aux  observations  sur 
la  musique,  les  musiciens  et  les  instruments; 
Avignon  (Paris),  1758,  in-S".  Cet  opuscule  a 
pour  objet  une  brochure  intitulée:  Observa- 
tions sur  la  musique^  etc.;  Paris  1757,  in  8", 
publié  sous  le  voile  de  l'anonyme  par  Ancelet, 
major  des  mousquetaires  noirs  (voyez  An- 
celet). Celui-ci  fit  paraître  une  Répliqua  à 
la  répotise  aux  observations  sur  la  musique, 
■les  musiciens  et  les  msf rume/i^s;  Amsterdam, 
(Paris),  1758,  vingt  pages  in-8". 

MAISOIXS  (GinEs  DE),  ou  DE  VIEUX 
MAISOIVS,  poète  et  musicien,  vivait  dans  le 
treizième  siècle,  sous  le  règne  de  saint  Louis. 
On  trouve  deux  chansons  notées  de  sa  com- 
position dans  un  manuscritde  la  Bibliothèque 
impériale,  coté  G5  (fonds de  Cangé). 

MA  JEU  (.îosEPii-FuÉDÉnic-Bi;nNARD-GAS- 
PAR»),  cantor  et  organiste  de  l'église  Sainte- 
Catherine  à  Hall,  en  Souabe,  vécut  dans  la 
première  partie  du  dix-luiitième  siècle.  Son 
premier  ouvrage  est  une  méthode  j)our  l'ensei- 
gnement de  la  musique,  intitulée  :  Hodegus 
musicus,  Ualœ  Suevorum,  1718,  in-8''.  Il  pu- 
l)Iia  ensuite  un  traité  général,  mais  succinct, 
de  la  musi(iiie  vocale  et  instrumentale,  sous 
«e  litre  :  Muséum  musiciim  theoretico-prac- 
ticum,  das  ist  :  Neu-erœ/fneter  theoretisch 
imd  pralitischer  3Iusiksaal,  darinnen  [jelehrt 
wird,  wie  man  sowohl  die  vocal  als  inslru- 
menlac  Musik  griindlich  erlernen,elc.,  Halle 
en  Souabe,  1752,  in-4°  de  cent  quatre  pages. 
Une  seconde  édition  de  ce  livre  est  intitulée  : 
Neu-erœfj'ncter  theoretisch  und  praktischer 
Musiksaal,  das  ist  :  Kurze,  dach  vollstxn- 
dige  Méthode,  sowohl  die  auch  die  heut  zu 
Tag  iiblich  und  gewcehnlichste  blasend, 
schlagend  undstrcichende  Jnslrumenlc,elc. 


(Salon  de  musique  théorique  et  pratique,  ou 
méthode  succincte,  mais  complète,  pour  ap- 
prendre la  musique  vocale  et  instrumen- 
tale, etc.),  Nuremberg,  J.  J.  Cremer,  1741, 
in -4"  de  cent  dix-sept  pages.  Outre  la  mé- 
thode générale  de  musique  contenue  dans  cet 
ouvrage,  on  y  trouve  une  méthode  abrégée  de 
flûte  à  bec,  dessus,  alto,  ténor  et  basse,  de 
flûte  traversière,  de  basson,  de  cornet  à  six 
trous,  de  flageolet,  de  clarinette,  de  trompette, 
de  corde  chasse,  de  trombone,  de  clavecin,  de 
luth,  de  théorbe,  de  harpe,  de  cistre,  de  tim- 
bales, de  violon,  de  viole,  de  violoncelle,  de 
contrebasse,  de  basse  de  viole  et  de  viole 
d'amour.  A  vrai  dire,  ces  méthodes  ne  sont 
guère  que  les  tablatures  de  ces  instruments 
dont  l'auteur  donne  les  figures.  On  y  voit  l'état 
où  étaient  ces  instruments  à  l'époque  où  le 
livre  a  paru.  La  flûte  traversière  n'a  qu'une 
clef,  la  clarinette  en  a  deux  et  le  basson  trois. 
Les  violes  sont  divisées  en  pardessus,  violes 
alto,  ténor  et  basse.  La  contrebasse  est  montée 
de  six  cordes  accordées  ainsi  : 


3 


t 


^ 


L'ouvrage  de  Majer  est  curieux  et  utile  pour 
l'histoire  de  la  musique,  vers  le  milieu  du  dix- 
huitième  siècle.  Il  est  pour  cette  épo(iue  ce 
que  sont  les  livres  de  Sébastien  Virdung,  de 
Nachtgall  [Ottomarus  Luscinius)eli\e  Martin 
Agricola  pour  le  seizième  «iècle,  de  Michel 
Prsetorius  et  l'Harmonie  universelle  du 
P.  Mersenne  pour  le  dix-septième  {voyez  ces 
noms). 

MAJER  (le  chevalier  Andué),  amateur  des 
arts  et  littérateur,  né  à  Venise  le  8  juin  1705, 
est  mort  à  Padoue  le  12  mars  1837.  Connu 
par  quelques  écrits  sur  la  peinture  et  sur  la 
langue  italienne,  il  a  publié  trois  opuscules 
relatifs  à  la  musique.  Le  premier  a  pour  titre  : 
Discorso  intorno  aile  vicende  délia  lUusica 
italiana;  Rome,  Mordachini,  1819,  une  feuille 
in-S".  Ce  petit  écrit  avait  déjà  paru  à  la  suite 
de  l'ouvrage  du  même  auteur  intitulé  :  Dell' 
imilazione  pittorica,  deW  eccellenza  délie 
Opère  di  Tiziano,  etc.,  Venise,  1818,  1. 111, 
p.  95-110.  Ce  discours  n'était  que  l'ébauche 
du  travail  plus  considérable  que  Majer  rédigea 
sur  l'histoire  de  la  musique  en  Italie,  après  un 
voyage  qu'il  fit  à  Rome,  en  1819  et  1820, 
pour  recueillir  des  renseignements  sur  ce 
sujet,  puisés  à  de  bonnes  sources.  11  lit  paraître 


MAJER  —  MAJO 


4lt 


son  nouvel  ouvrage  sous  ce  titre  :  Biscorso 
sulla  origine,  progressi  e  sUito  altuule  délia 
musîca   italiana;  Pndoue,    1821,   in-S",    de 
cent  soixante-treize  pages.  Le  docteur  Joseph 
de  Valeriani,   ancien  jurisconsulte,   profes- 
seur de  langue  et  de  littérature,  en  a  donné 
une  traduction  française  intitulée  :  Essai  de 
littérature  musicale  concernant  l'origine, 
les  progrès  et  les  révolutions  de  la  musique 
italienne,  avec  des  remarques  critiques  sur 
les  véritables  causes  de  sa  décadence  et  sur 
le   nouveau  slgle   de  Rossini  ;   Augsbourg, 
Wirlh,  1827,  in-S".  Cette  traduction  a  reparu 
à  Ralisbonne  en  1829,  avec  un  nouveau  fron- 
tispice. Le  mérite  d'une  érudition  variée,  de 
connaissances  positives  dans  la  théorie  de  Ja 
musique,   et  d'un   goût  épuré,   recommande 
l'ouvrage  de  Majer;  on  ne  peut  lui  reprocher 
qu'un  peu  de  partialité  en  faveur  des  Grecs, 
qui  le  conduit  à  leur  accorder  la  connaissance 
de  certaines  parties  de  la  musique  qui  n'ont 
certainement  point  été   à  leur  usage,   et  la 
sévérité  de  ses  jugements  sur  les  travaux  des 
anciens  musiciens  de  l'école  belge,  qui  ont  été, 
sans  aucun  doute,  les  maîtres  des  Italiens  dans 
les  quatorzième,  quinzième  et  seizième  siècles. 
Le  dernier  opuscule  de  Majer,  relatif  à  la 
musique,  a  pour  litre  :  Sulla  conoscenza  che 
aveano  gli  antichi  del  contrappunto.  Il  le  fit 
paraître  dans  le  troisième  volume  de  la  Nuova 
Raccolta  di  scelle  opère  ituliane  e  straniere 
di  scienze,    lettere  ed  arti  (Venise,   1822); 
mais  on  en  fit  un  tirage  séparé,  sans  date  ni 
nom  de  lieu,  petit  in-8"  de  trente-six  pages. 
Majer  s'est  proposé  d'établir  dans  ce  morceau 
que  les  anciens  ont  fait  usage  de  l'harmonie 
dans  leur  musique.  Il  base  son  système  sur  un 
passage  du   Songe   de   Scipion^  extrait   du 
sixième  livre  de  la  République  de  Cicéron, 
que  nous  ne  connaissions  (jne  par  le  commen- 
taire deMacrobe,  avant  que  M.  l'abbé  Maj  eût 
retrouvé  tout  ce  sixième  livre,  avec  d'autres 
parties  de  l'ouvrage,  dans  un  manuscrit  pa- 
limpseste de  la  Bibliothèque  du  Vatican.  Voici 
la  portion  de  ce  passage  qui  paraît  concluante 
à  Majer  :  Qux  quum  iïituerer  stupens,  ut  me 
recepi,   Quid?   Hic,  inquam,   quis  est,  qui 
complet  aures  meas,  tantus,  et  tam  dulcis 
sonus?  Hic  est,  inquit  ille,  qui  intervallis 
conjunctus  imparibus,  sed  tamen  pro  rata 
portione  distinctis  impulsu  et  motu  ipsorum 
orbiitm  conficitur  :  qui  acuta  cum  gravibus 
temperans ,    varios    xquabiliter   concentus 
e/pcit.  Nec  enim  silentio  tanti  motus  inci- 
tari  possunt,  et  natura  fert  ut  extrema  ex 
altéra  parte  graviter,  ex  altéra  autem  acutè 


sonent  (1).  Cette  doctrine  de  l'harmonie  des 
sphères  célestes  est  empruntée  par  Cicéron  à 
Pythagore.  On  peut  douter,  par  le  vague  de  la 
dernière  phrase,  qu'il  l'ait  bien  entendue.  Au 
surplus,  je  rappellerai  ici  ce  que  j'ai  dit  ail- 
leurs, savoir,  que  plusieurs  passages  du  traité 
grec  sur  la  musi(iue,  d'Aristide  Quintilien,  le 
plus  clairet  le  plus  méthodique  des  écrivains 
de  l'antiquité  sur  celte  matière,  prouvent  que 
par  l'harmonie  des  intervalles,  les  anciens 
entendaient  celle  qui  résulte  de  la  succession 
des  sons  qui  les  composent.  Voyez,  au  surplus, 
sur  ce  sujet  mon  Mémoire  sur  cette  question  .* 
Les  Grecs  et  les  Romains  ont-ils  connu  l'har- 
monie simultanée  des  sons,  etc.  G.  Carpani  a 
publié  des  lettres  sur  les  ouvrages  de  Majer 
relatifs  aux  arts,  sous  le  litre  :  Le  Majeriane, 
Padoue,  1825,  in-8». 

MAJO  (Joseph  DE),  compositeur  de  mu- 
sique d'église,  né  à  Naples ,  en  1G98,  fut 
d'abord  destiné  à  la  profession  d'avocat,  mais 
abandonna  le  droit  pour  la  musique  à  l'âge  de 
vingt  ans,  et  fit  ses  éludes  musicales  sous  la 
direction  d'Alexandre  Scarlalli.  Lorsque  Du- 
rante quitta  (en  1727)  le  poste  de  maître  de  la 
chapelle  palatine,  pour  se  livrer  entièrement 
à  ses  fonctions  de  directeur  du  Conservatoire 
dei  Poveri  di  Gesù-Cristo,  Majo  lui  succéda 
dans  cette  place,  et  se  montra  digne  par  son 
talent  de  remplacer  ce  savant  maître.  Les 
autres  circonstances  de  la  vie  de  cet  artiste 
sont  ignorées.  Je  possède  de  sa  composition  : 
1"  DixiT  ad  otto  reali  in  duo  cori.  2»  Miserere 
MEi  a  tre,  cioè  due  soprani  e  tenore^  con  due 
violini  ed  organo.  3»  Letanie  délia  Madona 
a  quattro  voci,  2  violini,  violetta  ed  or- 
gano. 

MAJO  (Frapiçois  DE),  appelé  par  les  Na- 
politains Ciccio  de  Majo,  fils  du  précédent, 
naquit  à  Naples  en  1745  (2).  Doué  d'un  génie 
plein  d'originalité  et  de  force  dramatique,  il 
l'ut  un  des  plus  illustres  compositeurs  de  l'école 

(1)  «  Des  que  je  me  remis,  après  avoir  été  frappé  de 
stupeur  à  la  vue  de  ces  choses  ;  Quel  est,  lui  dis-je,  ce 
son  si  grand  et  si  doux  qui  remplit  mes  oreilles?  C'est, 
me  répondit-il,  celui  qui,  forme  d'intervalles  inégaux, 
mais  distribués  dans  une  proportion  bien  entendue, 
pro\icnl  de  linipulsion  et  du  mouvement  dts  corps 
célestes  eux-mêmes,  et  qui,  accordant  les  sons  aigus 
avec  les  graves,  produit  des  concerts  variés.  De  si  grands 
mouvements  ne  peuvent  en  effet  s'exécuter  en  silence, 
et  la  nature  veut  que  les  extrêmes  résonnent  les  uns  au 
grave,  les  autres  à  l'aigu,  u 

(2)  L'auteur  de  Tarlicle  Majo  du  Dictionnaire  uni- 
versel de  musique  publié  par  le  docteur  Scliilling  est 
dans  une  erreur  manifeste  en  plaçant  la  naissance  de 
cet  artiste  en  17Î0,  puisque  son  pérc  n'clait  alors  ùgù 
que  de  douze  ans. 


412 


MAJO  —  MAJORANO 


napolitaine  de  son  temps,  si  fertile  en  grands 
artistes. Son  père  dirigea  ses  premières  études; 
plus  tard,  il  compléta  son  instruction  dans  les 
conservatoires  de  Naples,  sous  les  meilleurs 
maîtres  de  cette  époque.  Il  était  fort  jeune 
lorsqu'il  commença  à  écrire  pour  l'église  et 
pour  le  théâtre  :  ses  premières  productions 
fixèrent  sur  lui  l'attention  des  artistes  et  des 
amateurs,  et  le  placèrent  au  rang  des  maîtres 
les  plus  distingués.  Son  premier  opéra  fut 
VArtaserse,  représenté  à  Naples,  en  1762;  il 
n'était  âgé  que  de  dix-sept  ans  lorsqu'il  l'écri- 
vit; néanmoins  le  succès  fut  complet.  Cet  ou- 
vrage fut  suivi  d^Jfigetiia  in  AuUde,  Naples, 
1762;  Catone  in  Utica,  ibid.,  1763;  Demo- 
foonte,  à  Rome,  1764;  Montezuma,  à  Turin, 
1765;  chef-d'œuvre  d'expression  où  se  trouve 
le  bel  air  :  Ah!  numi  tiranni;  Adriano  in 
i^tna,  Naples,  1766;  Alessandro  neW  Indie, 
ibid.,  1767;  Antigono,  ibid.,  1768;  Didone 
aftftandonafa, ibid.,  1769;  [//me;, Rome,  1769,- 
Jpermestra,  Naples,  1770;  VEroe  Cinese, 
1771.  Appelé  à  Rome  pour  y  écrire  l'opéra 
6,''Eumene,  Majo,  dont  la  santé  était  chance- 
lante depuis  près  de  deux  ans,  ne  put  écrire 
que  le  premier  acte  de  cet  ouvrage,  et  mourut 
avant  de  Tavoir  terminé  en  1774,  à  l'âge  de 
vingt-neuf  ans,  laissant  à  l'Italie  de  vifs  regrets 
pour  la  perte  d'un  si  grand  artiste  (1).  Peu  de 
compositeurs  ont  eu  dans  le  style  sérieux  au- 
tant de  profondeur  et  de  mélancolie  que  Majo; 
presque  tous  ses  ouvrages  contiennent  des 
morceaux  où  brille  une  grande  force  drama- 
tique; son  Ipermestra,  une  de  ses  dernières 
productions,  est  particulièrement  remarquable 
à  cet  égard.  Ses  airs  :  Sono  in  mar,  non 
veggo  sponde^  etc.,  Per  lei  fra  l'armi,  etc., 
et  celui  de  Montezuma,  A  morir  mi  con- 
danna,  seront  éternellement  des  modèles  de 
sentiment  et  de  vérité.  Il  ne  réussit  pas 
moins  dans  la  musique  d'église  du  style  con- 
certé. Il  y  réunit  le  rare  mérite  d'une  mélodie 
expressive ,  et  de  beaucoup  de  pureté  dans 
l'harmonie.  On  connaît  de  lui  cinq  messes, 
dont  une  à  deux  chœurs  et  deux  orchestres, 
des  psaumes  pour  les  vêpres,  plusieurs  gra- 
duels, dont  un  à  quatre  voix  et  orchestre 
pour  la  fête  de  la  Pentecôte,  et  quatre  Salve 
regina,  pour  soprano  solo,  deux  violons, 
viole  et  orgue.  Un  de  ces  derniers  morceaux 

(I)  Suivant  le  livre  du  marquis  de  Villarosa  sur  les 
compositeurs  de  musique  du  royaume  de  Naples  (p.  108), 
Hlajo  serait  mort  à  l'âge  de  vingl-sept  ans,en  1774;  d'où 
il  suit  qu'il  serait  né  en  1747,  et  qu'il  n'aurait  él<^  âgé 
que  de  quinie  ans  lorsqu'il  donna  son  Artasene  6  Na- 
ples. La  date  de  i7'ij  est  la  vcritaMc. 


(en  fa)  est  un  chef-d'œuvre  de  grâce  et  de 
facture. 

MAJOCCHI  (Louis),  compositeur,  naquit 
à  Codogno  (Lombardie)  en  1809,  et  fit  ses 
études  musicales  à  Milan,  puis  à  Bergame, 
sous  la  direction  de  Simon  Mayr.  Il  écrivit 
pour  la  Scala,  de  Milan,  Rosamxinda,  qui  fut 
représenté  en  1831,  et  donna  à  Parme,  deux 
ans  après.  Il  Segreto.  Cet  artiste  mourut  à 
l'âge  de  vingt-sept  ans,  dans  sa  ville  natale, 
en  18Ô6. 

MAJONE  (Slanio),  compositeur  napoli- 
tain, cité  par  Cerrelo  (Pract.  musica,  p.  157), 
vivait  à  Naples  en  1601.  Il  était  un  des  meil- 
leurs organistes  de  Naples  et  virtuose  sur  la 
harpe.  Cet  artiste  a  laissé  beaucoup  de  com- 
positions pour  l'orgue  et  les  voix. 

MA  JOR  AGIUS  (Antoine-Marie  CONTI, 
connu  sous  le  nom  de),  naquit  le  26  octobre 
1514,  dans  le  Milanais.  Après  avoir  fait  ses 
études  sous  les  plus  habiles  maîtres  de  son 
temps,  il  fut  fait  professeur  d'éloquence  à 
Milan,  où  il  mourut  en  1555.  On  a  de  lui  un 
recueil  de  harangues  et  d'autres  pièces,  remar- 
quables par  leur  belle  latinité,  publié  sous  le 
titre  de  Orationes  ;  Leipsick,  1628,  in  8».  Le 
vingt-troisième  discours  a  pour  objet  la  mu- 
sique, qu'il  considère  dans  son  origine  et  dans 
ses  progrès. 

MAJ OR AIVO  (Gaétan),  célèbre  chanteur 
connu  sous  le  nom  de  CAFFARELLI,  na- 
quit à  Bari,  dans  le  royaume  de  Naples,  le 
16  avril  1793.  Fils  d'un  pauvre  laboureur,  il 
était  destiné  à  la  profession  de  son  père;  mais 
son  goût  passionné  pour  la  musique  lui  fit  né- 
gliger les  occupations  où  l'on  voulait  l'em- 
ployer, et  résister  aux  châtiments  qui  lui 
étaient  infligés  pour  l'empêcher  d'aller  en- 
tendre chanter  dans  les  églises.  Un  musicien, 
nommé  Caffaro,  remarqua  l'assiduité  du  jeune 
paysan  à  la  chapelle  où  il  était  employé,  et  lui 
entendit  joindre  sa  voix  avec  justesse  à  celle 
des  autres  chanteurs  :  cet  enfant  lui  inspira  de 
l'intérêt.  Voulant  s'assurer  de  la  réalité  de 
ses  dispositions,  il  le  fit  venir  chez  lui,  l'in- 
terrogea et  lui  fit  chanter  la  gamme  avec  ac- 
compagnement de  clavecin. Convaincu  qu'il  ne 
s'était  pas  trompé  sur  l'organisation  du  jeune 
Majorano,  il  se  rendit  chez  le  père  de  cet  en- 
fant, et  lui  fit  un  tableau  si  séduisant  delà  for- 
tune destinée  à  son  fils  par  le  talent  qu'il  pou- 
vait acquérir,  que  le  paysan  de  Bari  se  laissa 
persuader,  et  consentit  à  ce  que  le  futur  vir- 
tuose fût  envoyé  à  Norcia,  pour  qu'on  lui  fit 
l'opération  de  la  castration.  Lorsque  le  jeune 
M.ijorano  revint  à  Bari,  Caffaro  le  i)rit  chrz 


MAJORANO 


413 


lui,  lui  fil  apprendre  à  lire  et  à  écrire,  et  lui 
enseigna  les  éléments  de  la  musique  j  puis  il 
l'envoya  à  Naples  chez  Porpora,  aussi  grand 
maître  de  chant  que  compositeur  savant.  Dès 
ce  moment,  le  protégé  de  Caffaro  prit  par  re- 
connaissance le  nom  de  Caffarelli. 

La  méthode  de  Porpora  était  celle  des  plus 
anciens  maîtres  de  l'Italie;  méthode  lente, 
mais  sûre,  et  dont  les  résultats  ne  sont  jamais 
douteux  quand  elle  s'applique  à  de  beaux  or- 
ganes. Épurer  le  son;  le  préserver  de  toute 
inflexion  gutturale  ou  nasale;  le  développer 
dans  toute  son  amplitude  possible;  étendre  les 
limites  de  l'organe,  tant  au  grave  qu'à  l'aigu  ; 
égaliser  les  registres  laryngien  et  surlaryn- 
gien ;  donner  à  la  fois  à  la  vocalisation  de  la 
souplesse,  de  l'agilité,  de  la  fermeté  et  de  la 
liaison;  enfin,  donner  à  l'articulation  de  la 
parole  chantée  la  plus  grande  netteté  possible 
dans  les  modifications  de  ses  divers  accents  ; 
tels  étaient  les  objets  que  se  proposait  cette 
méthode  :  tel  est  tout  l'art  du  chant.  Mais  si 
l'exécution  de  ces  choses  est  difiicile,  les  élé- 
ments en  sont  fort  simples.  On  ne  doit  donc 
pas  s'étonner,  si,  comme  on  le  rapporte,  Por- 
pora fît  étudier  son  élève  pendant  cinq  ans 
sur  une  seule  feuille  de  papier  de  musique  où 
il  avait  tracé  des  gammes  lentes  et  vives,  des 
trilles,  des  mordens,  des  appogiatures  simples 
et  doubles,  et  quelques-uns  de  ces  traits  prin- 
cipaux qui  entrent  dans  les  combinaisons  de 
tous  les  autres.  On  a  dit  qu'en  agissant  ainsi, 
le  maître  s'était  proposé  d'abaisser  l'orgueil  de 
son  élève;  d'autres  ont  révoqué  en  doute  la 
réalité  de  l'anecdote,  ne  pouvant  se  persuader 
qu'on  pût  employer  cinq  ans  à  apprendre  si 
peu  de  chose.  Ce  fut  cependant  après  cette 
longue  étude  sur  la  feuille  de  musique  que 
Porpora  dit  à  son  élève:  Fa^  mon  fils  ;  je  n'ai 
plus  rien  à  t' apprendre;  tu  es  le  premier 
chanteur  du  monde.  C'était  assez  mal  termi- 
ner les  leçons  de  modestie  qu'il  avait  voulu  lui 
donner,  mais  c'était  dire  une  incontestable 
vérité  ;  car  le  mécanisme  du  chant  est  la  seule 
chose  que  puisse  enseigner  un  maître  :  la 
création,  l'accent  qui  émeut,  la  conception  de 
formes  nouvelles  dans  les  ornements,  appar- 
tiennent au  génie  de  l'artiste  ;  on  ne  peut  rion 
lui  apprendre  à  cet  égard  qui  ait  quelque  va- 
leur pour  son  avenir. 

En  1724,  Caffarelli  débuta  au  théâtre  f'alle. 
à  Rome,  et  parut  pour  la  première  fois  dans 
un  rôle  de  femme,  suivant  l'usage  de  ce  temps 
pour  les  sopranistcs.  La  beauté  de  sa  voix,  la 
perfection  de  son  chant  et  la  régularité  <Ics 
irails  de  son  visage  lui  procurùrcnl  un  succès 


d'enthousiasme.  Recherché  par  les  principaux 
théâtres  d'Italie,  il  s'y  fit  entendre,  et  partout 
il  recueillit  des  témoignages  d'admiration.  De 
retour  à  Rome,  en  1728,  il  chanta  au  théâtre 
Jrgentina,  pendant  la  saison  du  carnaval,  le 
rôle  de  primo  Uomo,  avec  un  succès  d'éclat 
dont  il  n'y  avait  point  eu  d'exemplejusque-là. 
Plusieurs  femmes  de  haut  parage  s'éprirent 
alors  pour  lui  de  violentes  passions;  les  bonnes 
fortunes  lui  venaient  de  toutes  parts.  Elles 
faillirent  lui  coûter  cher,  car  se  trouvant  près 
d'une  dame  du  plus  haut  rang,  il  se  vit  con- 
traint, pour  fuir  la  colère  d'uik  mari  jaloux, 
de  se  tenir  caché  jusqu'à  la  nuit  au  fond  d'une 
citerne  vide  qu'il  trouva  dans  le  jardin.  Il 
n'en  sortit  qu'avec  un  rhume  violent  qui  le 
retint  au  lit  près  d'un  mois.  La  dame  qui  le 
protégeait,  connaissant  jusqu'où  pouvait  aller 
le  ressentiment  de  son  époux,  mit  Caffarelli 
sous  la  garde  de  quatre  spadassins  qui  le  sui- 
vaient de  loin  partout  ou  il  allait.  Cette  aven- 
ture n'eut  pas  de  suites  plus  fâcheuses,  et  le 
célèbre  chanteur  sortit  de  Rome  en  1730,  pour 
se  rendre  à  Londres.  Après  y  avoir  passé  plu- 
sieurs années  et  acquis  des  richesses  considé- 
rables, il  reprit  la  route  de  l'Italie.  Turin, 
Gênes,  Milan,  Florence  et  Venise,  l'accueilli- 
rent avec  enthousiasme.  A  Naples,  son  talent 
excita  un  véritable  délire.  Pendant  qu'il  étart 
dans  cette  ville,  il  apprit  que  Gizziello  {voyez 
CoNTi)  devait  débuter  à  Rome;  ne  connaissant 
pas  ce  chanteur,  dont  il  avait  souvent  entendu 
vanter  le  mérite,  il  prit  la  poste,  voyagea 
toute  la  nuit,  et,  arrivé  à  Rome,  se  rendit  au 
théâtre,  enveloppé  dans  son  manteau.  Placé 
au  parterre,  il  écoula  d'abord  en  silence  ; 
mais,  entraîné  par  le  plaisir  qu'il  éprouvait, 
il  s'écria  :  Bravo!  hravissimo,  Gizziello!  è 
CaiJarellichi  te  lo  dice.  Puis  il  retourna  à  Na- 
ples avec  la  même  précipitation.  Quand  il  y 
arriva,  on  faisait  beaucoup  de  conjectures  sur 
sa  disparition  :  il  n'eut  que  le  temps  de  s'ha- 
biller pour  jouer  son  rôle,  dans  la  représen- 
tation d'un  opéra  sérieux.  En  1740,  il  retourna 
à  Venise  où  il  eut  huit  cents  se([uins  anciens 
(neuf  mille  six  cents  francs)  d'appointements, 
et  une  représentation  de  sept  cents  sequins 
(huit  mille  quatre  cents  francs)  pour  trois 
mois,  somme  considérable  alors  et  qu'aucun 
chanteur  n'avait  obtenue  avant  lui.  Après  cette 
saison,  Caffarelli  sembla  avoir  renoncé  au 
théâtre;  mais  il  reparut  à  Turin  en  1746,  puis 
il  alla  à  Florence  et  à  Milan.  La  grande  dau- 
.  phine  de  France,  princesse  de  Saxe,  qui  ai- 
mait la  musique,  le  fit  venir  à  Paris  en  1750; 
il  y  chan'a  dans  plusieurs  concerts  spirituels, 


414 


MAJORANO  —  MALAGOLI 


et  quoiqu'il  fût  alors  âgé  de  quarante-septans, 
il  y  excita  autant  d'étonuement  quede  plaisir. 
Louis  XV  chargea  un  de  ses  premiers  gentils- 
hommes de  lui  faire  un  présent  :  le  gentil- 
homme crut  remplir  la  volonté  du  roi  en  fai- 
sant remettre  à  l'artiste  une  boîte  d'or  par  son 
secrétaire.  «Quoi,  monsieur,  dit CafTarelli,  le 
X  roi  de  France  m'envoie  cela?  Tenez  (et  il 
«  ouvrit  son  secrétaire),-  voici  trente  boîtes 
«  dont  la  moindre  a  plus  de  valeur  que  celle- 
«  là.  Si  du  moins  on  y  avait  mis  le  portrait  du 
«  monarque!... — Monsieur,  répondit  le  secré- 
«  taire,  Sa  Majesté  ne  fait  présent  de  son  por- 
«  trait  qu'aux  ambassadeurs.  —  Cependant,  de 
«  tous  les  ambassadeurs  du  monde,  on  ne  fe- 
«  rait  pas  un  Caffarelli  !  «  Cette  conversation 
fut  rapportée  à  Louis  XV  qui  en  rit  beaucoup, 
et  qui  la  redit  à  la  dauphine.  Cette  prin- 
cesse envoya  chercher  le  chanteur,  lui  donna 
un  diamant  de  prix  et  lui  remit  eo  même 
temps  un  passeport.  «  Il  est  signé  du  roi,  lui 
«  dit-elle;  c'est  pour  vous  un  grand  hon- 
«  neur;  mais  il  faut  vous  hâter  d'en  faire 
«  usage,  car  il  n'est  valable  que  pour  dix 
»  jours.  "  CafTarelli  partit  assez  mécontent, 
disant  qu'il  n'avait  pas  gagné  les  frais  de  son 
voyage. 

Rentré  en  Italie  pour  n'en  plus  sortir, 
€t  ayant  acquis  de  grandes  richesses,  il  acheta 
le  duché  de  Santo-Dorato ,  dont  il  prit  le 
litre,  et  qu'il  laissa  après  sa  mort  à  son  neveu, 
avec  un  revenu  de  quatorze  mille  ducats  (en- 
viron quarante-cinq  mille  francs).  Peu  de 
temps  avant  son  décès,  il  fit  aussi  bâtir  un  pa- 
lais où  il  mit  cette  orgueilleuse  inscription  : 
Jmphijon  Thehas,ego  domum.  On  dit  qu'un 
plaisanL  écrivit  au-dessous  :  Jlle  cum,  sine 
tu.  CafTarelli  mourut  dans  sa  terre  de  Sanlo- 
Dorato,  le  30  novembre  178ô,  ou,  selon  d'au- 
tres renseignements,  le  l'"' février  de  la  même 
année,  à  Naples,  avec  la  réputation  d'un  des 
chanteurs  les  plus  étonnants  de  l'Ilalie.  La 
beauté  de  sa  voix  ne  pouvait  être  comparée  à 
aucune  autre,  tant  pour  l'étendue  que  pour  la 
force  unie  à  la  douceur  des  sons.  E,!;alement 
remarquable  dans  le  chant  large  et  dans  les 
traits  rapides,  il  exécutait  avec  une  perfection 
auparavant  inconnue  le  trille  et  les  gammes 
chromatiques.  Il  parait  avoir  introduit  le  pre- 
mier dans  l'art  du  chant  cette  dernière  espèce 
de  traits,  dans  des  mouvements  très-vifs.  Il 
jouait  bien  du  clavecin,  lisait  toute  musique 
à  livre  ouvert,  cl  souvent  improvisait.  Enfin, 
il  n'y  eut  que  Farineili,  parmi  les  chanteurs 
de  la  iM'cmière  moitié  du  dix-huilième  siècle, 
«lui  put  soutenir  sans  désavantage  le  paralicle 


aveclui;  mais,  plus  modeste,  Farineili  sut  se 
faire  pardonner  sa  supériorité  par  ses  rivaux, 
tandis  que  Caffarelli  révolta  souvent  les  ar- 
tistes et  le  public  par  son  orgueil. 

MAKOWECZKY  (...),  virtuose  sur  le 
cor,  naquit  en  Bohême  vers  1760,  et  se  rendit 
dans  sa  jeunesse  à  Paris,  oii  il  devint  élève  de 
son  compatriote  Punto.  En  178G,  il  commença 
à  voyager  pour  donner  des  concerts,  et  il  s'ar- 
rêta à  Berlin,  où  il  reçut  le  titre  de  musicien 
de  la  chambre  de  la  reine  de  Prusse.  Il  était 
à  Hambourg  en  1790;  mais  les  renseigne- 
ments manquent  depuis  cette  époque  sur  sa 
personne.  On  sait  seulement  qu'il  a  fait  gra- 
ver, en  1802,  à  Leipsick,  chez  Breitkopf  et 
Hœrtel,  un  duo  pour  cor  et  alto,  et  un  quatuor 
pour  cor,  deux  violons  et  basse. 

MARRIZI  (Abou -Ahmed -Mohammed 
TAKY-EDDIIV,  surnommé),  ou  plutôt  EL 
MAKRIZI,  parce  qu'il  était  né  au  bourg  de 
Makrizi,  près  du  Caire,  entre  l'an  760  et  l'an 
770  de  l'hégire  (lô58  et  1368  de  Jésus-Christ). 
Après  avoir  fait  ses  études  en  cette  ville,  il  fut 
revêtu  de  la  charge  de  commissaire  de  police 
du  Caire  et  exerça  plusieurs  autres  emplois 
relatifs  à  la  religion.  La  place  de  cadi  de  Da- 
mas lui  fut  offerte,  mais  il  la  refusa  pour  ne 
point  renoncer  à  ses  habitudes  de  retraite  et 
d'étude.  Il  mourut  au  mois  de  ramadan  845 
(janvier  1442),  à  l'âge  d'environ  quatre-vingts 
ans.  Parmi  les  nombreux  écrits  de  Makrizi, 
dont  la  plupart  sont  relatifs  à  l'histoire,  on 
trouve  un  traité  de  l'action  salutaire  de  la  mu- 
sique contre  la  mélancolie,  dont  le  manuscrit 
esta  la  Bibliothèque  de  l'Escurial  (Espagne). 

MALABIIAIXCA  (Latinus),  religieux  do- 
minicain, connu  aussi  sous  le  nom  d'Orsmt, 
qui  était  celui  de  sa  famille  maternelle,  et 
sous  celui  de  Frangipani,  fut  créé  cardinal 
par  son  oncle  Jean-Gaëtan  Orsini,  qui  fut 
pape  sous  le  nom  de  Nicolas  III.  En  1278,  ce 
ponlife  le  nomma  évêqued'Ostie  etde  Velletri. 
Plus  tard,Malabranca  fut  gouverneur  de  Rome 
avec  le  cardinal  Jacques  Colonna,  et  eut  la 
légation  de  Bologne.  Il  mourut  au  mois  de 
novembre  1294.  Le  recueil  d'Isidore  de  Thes- 
salonique,  intitulé  Mariale,  contient  deux 
proses  de  Malabranca ,  en  l'honneur  de  la 
Vierge.  Quelques  écrivains  de  son  ordre  lui 
attribuent  la  célèbre  prose  des  morts,  Dies 
irae,  plus  généralement  reconnue  comme 
l'œuvre  de  Thomas  de  Celano.  Voyez  l'examen 
de  cette  question  à  l'article  Celaso. 

MALAGOLI  (Gaetano),  ancien  maître  de 
chapelle  de  la  cathédrale  d'Imola,  né  à  Reg- 
qio,  est  auteur  d'un  ouvrage  qui  a  pour  titre  : 


MALAGOLl  —  MALCOLM 


41S 


Metodo  brève,  facile  e  sicuro  per  appren- 
dere  bene  il  coUo  ;  Bologne,  1834,  in-S".  Ce 
livre,  où  abondent  les  erreurs  les  plus  gros- 
sières, a  pour  objet  de  faire  abandonner  l'étude 
du  solfège.  Malagoli,  qui  était  fixé  à  Modène, 
dit  qu'il  a  fait  pendant  trente  ans  l'expérience 
des  bons  résultats  de  sa  méthode.  Il  était 
académicien  philharmonique  de  Bologne,  de 
Parme,  de  Modène  et  de  Reggio. 

MALAISE  (Jacques),  chanoine  régulier 
de  l'ordre  des  prémontrés ,' à  l'abbaye  de 
LefTe,  près  de  Dinant  sur  la  Meuse,  vers  le 
milieu  du  dix-septième  siècle,  s'est  fait  con- 
naître par  des  motets  à  trois  voix  qu'il  a  pu- 
bliés sous  ce  titre  :  Motetta  sacra  trium 
vocum  opus  primum;  Anvers,  1643,  in-4». 

MALAN  (César-Henri-Abraham),  docteur 
en  théologie  de  l'université  de  Glascow,  né  à 
Genève,  le  8  juillet  1787,  a  été  fait  ministre 
de  l'évangile  en  1810,  et  a  pris  place  immé- 
diatement parmi  les  pasteurs  de  l'église  de 
Genève.  En  1823,  il  s'en  sépara  pour  entrer 
dans  une  secte  de  méthodistes  mystiques  con- 
nue sous  le  nom  de  Mômiers  (Comédiens); 
peu  de  temps  après,  il  en  est  devenu  le  chef. 
On  a  de  ce  sectaire  un  recueil  de  cantiques 
dont  il  a  aussi  composé  le  chant  en  grande 
partie;  ce  recueil  a  pour  titre  :  Chants  de 
Sion,  ou  Recueil  de  cantiques  de  louanges, 
de  prières  et  d'actions  de  grâces  à  la  gloire 
del'Eternel]Genè\e,  imprimeriedeS.-A.  Bon- 
naut,  1824,  1  vol.  in-12.  La  deuxième  édition, 
revue  et  augmentée,  a  paru  à  Genève  en  1828. 
La  cinquième  est  intitulé  :  Chants  de  Sion, 
ou  Recueil  de  cantiques ,  d'hymnes ,  de 
louanges  et  d'actions  de  grâces  à  la  gloire 
de  l'Eternel,  com|)osés  et  mis  en  musique  par 
C.  Malan;  Paris,  Delay,  1841,  1  vol.  in-12. 

MALAIXOTTE  (Adélaïde),  cantatrice 
distinguée,  née  d'une  famille  honorable  et 
aisée,  à  Vérone,  en  1785,  n'apprit  d'abord  la 
musique  et  le  chant  que  pour  compléter  la 
bonne  éducation  qu'elle  avait  reçue;  mais  ses 
dispositions  jjour  cet  art  étaient  si  heureures, 
qu'après  un  petit  nombre  de  leçons,  elle  put 
se  faire  entendre  dans  les  concerts  publics  ou 
jiariiculiers,  et  qu'elle  y  excita  l'admiration 
jrénérale.  Ses  succès  eurent  dès  lors  tant 
«l'éclat,  que  le  poêle  Pendemonte  les  célébra 
dans  des  vers  qui  ont  été  imprimés.  Épouse 
d'un  Français,  nommé  i?/o?i(resor, elle  donna 
le  jour  à  deux  enfants.  Des  malheurs  do- 
mestiques l'obligèrent  tout  à  coup  à  cher- 
cher des  ressources  dans  le  talent  qui  n'avait 
été  jusqu'alors  pour  elle  (ju'un  amusement. 
Elle  recommença  ses  études  de  chant  sous  la 


direction  de  bons  maUres ,  et  débuta  au 
théâtre  de  Vérone,  en  180C.  Après  avoir  paru 
sur  quelques  théâtres  secondaires  jusqu'en 
1809,  elle  prit  rang  parmi  les  meilleures  can- 
tatrices, et  se  fit  entendre  avec  succès  à  Turin, 
à  Gênes  et  à  Naples,  considérés  comme  des 
théâtres  de  premier  rang.  Sa  belle  voix  de  con- 
tralto, son  expression  à  la  fois  énergique  et 
tendre,  n'avaient  cependant  point  encore  ren- 
contré le  rôle  où  ces  qualités  eussent  pu  se 
produire  dans  tout  leur  éclat,  lorsque  Rossini, 
la  trouvant  à  Venise  en  1813,  écrivit  pour  elle 
son  Tancredi.  Cette  pièce  mit  le  sceau  à  la 
réputation  de  la  Malanotte.  En  1817,  elle 
chanta  de  nouveau  à  Venise,  puis  au  prin- 
temps de  1818,  elle  joua  à  Brescia  dans  la 
Ginevra  di  Scozzia,  et  dans  la  même  année, 
dans  le  Teodoro  de  Pavesi.  Une  maladie 
cérébrale  l'atteignit  peu  de  temps  après,  et  sa 
santé  en  fut  si  ébranlée,  qu'elle  ne  parut  plus 
que  l'ombre  d'elle-même  lorsqu'elle  chanta  à 
Bergame  et  à  Bologne,  en  1821 .  Retirée  depuis 
lors  à  Salo,  elle  y  eut  une  existence  languis- 
sante. Vers  l'automne  de  1832,  elle  voulut 
essayer  du  séjour  de  Brescia  pour  le  rétablis- 
sement de  sa  santé,  mais  les  progrès  de  son  mal 
lui  firent  interdire  le  voyage  par  ses  médecins. 
Elle  mourut  le  31  décembre  de  la  même 
année,  à  l'âge  de  quarante-sept  ans. 

MALATIGNI  MODEIMI^O  (c'est-à  dire 
de  Modène),  musicien  italien  du  quinzième 
siècle,  n'est  connu  que  par  une  inscription 
funéraire  qui  se  trouve  dans  l'église  de  Saint- 
Lorenzo,  à  Padoue,  et  qui  a  été  conservée  par 
Sa\Qmom{UrbisPatav. Inscript.,  p.  312);  la 
voici  : 

Ossa  MoBENm  claudunturmarmore  tanlo 
Quetn  tulit  a  Mutina  proies  Malatignu  quondam. 
Musicus  ipse  fuit  patrioe  splendor(}ue  decusque 
Atque  suis  palriam  nieritis  ad  sidéra  duxit. 

Forciroli,  qui  rapporte  aussi  cette  inscrip- 
tion dans  ses  Monumenti  inediti,  dit  que 
Malatigni  mourut  en  1420. 

MALCOLM  (Alexandre),  savant  écossais, 
né  à  Edimbourg  en  1687,  n'est  connu  que  par 
un  livre  qui  a  pour  titre  :  A  Treatise  of  Mu- 
sick  spéculative,  practical  and  historical; 
Edimbourg,  1721,  1  vol.  ia-S".  La  même  édi- 
tion a  été  reproduite  quelques  années  a|)i-ès, 
avec  un  frontispice  nouveau  ainsi  conçu  : 
A  Treatise  of  Musick,  spéculative,  practical 
and  historical  :  containing  an  explica- 
tion of  the  philosophical  and  rationat 
grounds  and  principles  thereof;  ths  na- 
ture and  office  of  the  scale  of  musick;  the 
wholc  art  ofwriting  noies  ;  and  the  gênerai 


416 


MALCOLM  -  MALGAIGNE 


rttïes  of  composition.  JFith  aparticularac- 
coitnt  oftfie  ancient  musick^and  a  compari- 
son  thereof  wilh  the  modem  (Traité  théori- 
que, pratique  et  historique  de  musique;  con- 
tenant une  explication  des  bases  et  des 
principes  philosophiques  et  rationnels  de  cet 
art;  la  nature  et  Tusage  de  la  gamme;  la 
notation  et  les  règles  générales  de  la  compo- 
sition; avec  une  notice  particulière  de  la 
•  musique  ancienne,  et  une  comparaison  de 
celle-ci  avec  la  moderne);  Londres,  J.  Osborne 
et  T.  Longman,  1730,  un  vol.  in-8»  de  six 
cent  huit  pages,  avec  six  planches.  Ce  livre, 
qui  contient  d'excellentes  choses,  particuliè- 
rement sur  la  théorie  physique  et  mathéma- 
tique des  intervalles  et  la  constitution  de  la 
gamme,  est  divisé  en  quatorze  chapitres.  Le 
premier  traite  de  l'objet  de  la  musique,  de  sa 
nature  et  de  sa  division  en  tant  que  science. 
Le  second,  du  son,  considéré  dans  sa  nature 
et  ses  diverses  intonations.  Le  troisième,  des 
consonnances  et  des  dissonances.  Les  qua- 
trième, cinquième  et  sixième,  de  la  théorie 
arithmétique  et  géométrique  des  proportions 
des  intervalles.  Le  septième,  de  l'harmonie. 
Les  huitième  et  neuvième,  de  la  gamme  et  de 
son  usage.  Le  dixième,  des  défauts  des  instru- 
ments à  sons  fixes  et  du  tempérament.  Le 
onzième,  de  la  notation,  des  clefs  et  de  la 
transposition.  Le  douzième,  de  la  mesure  du 
temps  en  musique.  Le  treizième,  des  lois  de 
Ja  composition.  Le  dernier,  de  la  musique  des 
anciens  et  de  sa  comparaison  avec  la  musique 
moderne.  Un  maigre  abrégé  du  livre  de  Mal- 
colm,  fait  avec  assez  peu  d'intelligence,  a 
paru  sous  ce  titre  :  Malcolm's  Treatise  of 
music j  spéculative f  practical  and  historical, 
corrected  and  abridged  by  an  eminent  mu- 
sicia7i;  Londres,  1776,  in-S"  de  treize  feuilles. 
MALEDKIN  (M.),  professeur  de  musique  et 
d'harmonie,  est  né  à  Limoges,  vers  1806.  Il 
reçut  sa  première  éducation  musicale  dans 
cette  ville,  puis  se  livra  à  l'enseignement; 
mais  son  esprit  d'analyse  lui  fit  bientôt  com- 
prendre qu'une  instruction  plus  solide  lui 
manquait  pour  remplir  sa  mission,  et  sa  réso- 
lution fut  prise  de  ne  rien  négliger  pour  l'ac- 
quérir. Il  se  rendit  à  Paris,  en  1828,  et  vint 
demander  à  l'auteur  de  cette  notice  de  lui 
ouvrir  la  voie  d'un  cours  d'études  sérieuses. 
Après  dix-huit  mois  de  leçons  et  de  conversa - 
lions  avec  ce  maître,  il  partit  pour  l'Allemagne 
dans  le  but  de  comparer  les  méthodes  et  s'ar- 
rêta à  Darmsladt,  près  de  GoltlVied  Weber, 
en  qui  il  trouva  un  ami  et  un  père.  Son  séjour 
à  Uiirmstadt  se  prolonga  pendant  les  années 


1830  et  1831.  De  retour  à  Paris,  il  n'y  resta 
que  quelques  mois,  et  riche  d'observations 
recueillies  avec  discernement,  il  alla  fonder 
une  école  de  musique  à  Limoges,  sa  ville 
natale.  Les  succès  que  M.  Maleden  y  obtint  le 
décidèrent  à  transporter  son  enseignement  à 
Paris,  où  il  s'établit  définitivement  en  1841. 
Ses  cours  analytiques  de  musi(|ue  élémentaire 
et  d'harmonie  y  ont  prospéré  :  il  y  a  formé 
beaucoup  de  bons  élèves.  On  est  redevable  à 
M.  Maleden  de  perfectionnements  importants 
dans  la  méthode,  particulièrement  en  ce  qui 
concerne  l'intonation  et  le  rhythme.  On  a  de 
ce  professeur  distingué  les  ouvrages  suivants  : 
1»  Introduction  d'une  revue  des  études  et  de 
l'enseignement  musical;  Limoges,  impri- 
merie de  Chapouland,  1841,  in-4°  de  vingt- 
quatre  pages.  2°  Les  sept  clefs  rendues 
faciles f  méthode  silre  et  prompte  pour  lire  à 
toutes  les  clefs,  déduite  d'observations  et 
d'analyses  très-simples  sur  la  portée  et  la 
notation  ;  Paris,  Prilipp,  1843,  in-S"  de  vingt- 
quatre  pages.  5°  Du  Contrepoint  et  de  son 
enseignement,  considérés  en  eux-mêmes  et 
dans  leurs  rapports  aux  études  de  la  com- 
position musicale;  Paris,  Bernard  Latte, 
1844,  in-S^de  cinquante-six  pages. 

MAtrETTI  (Jean  DE),  compositeur  fran- 
çais, qui  vivait  dans  la  seconde  moitié  du 
seizième  siècle,  naquit  à  Saint-Maximin  en 
Provence.  On  connaît  de  sa  composition  :  Les 
Amours  de  Ronsard,  mis  en  musique  à 
quatre  parftes;  Paris,  Adrien  Le  Roy,  1558, 
in-4'. 

MALGAÏGNE  (J.-F.),  docteur  et  pro- 
fesseur de  la  faculté  de  médecine  de  Paris, 
né  le  14  février  1806,  à  Charmes  (Vosges), 
a  adressé,  en  1830,  une  réclamation  à  l'Aca- 
démie royale  des  sciences  de  Tlnstitut,  à  l'oc- 
casion du  rapport  de  Cuvier  sur  la  théorie  de 
la  voix  parBennali.  Il  y  disait  qu'après  avoir 
lui-même  établi  une  théorie  nouvelle  de  la 
voix  humaine  chantée  et  articulée,  il  avait  été 
conduit  à  examiner  comment  le  larynx  étant 
à  son  plus  haut  degré  d'ascension,  lorsque 
la  glotte  semble  avoir  épuisé  tous  les  moyens 
de  production  des  sons,  le  chanteur  retrouve 
j)Our  ainsi  dire  une  voix  nouvelle  de  l'étendue 
d'une  octave  et  plus,  dans  ce  qu'on  nomme 
vulgairement  le  fausset.  Ce  mémoire  a  été 
publié  postérieurement  sous  ce  titre  :  Nou- 
velle théorie  de  la  voix  humaine.  3Iémoire 
couronné  par  la  société  médicale  d'émula- 
tion; Paris,  Béchet  jeune,  1831,  in-8''.  Cette 
dissertation  a  été  insérée  dans  les  Archives 
générales  de  médecine,  ]6Z\,  tome  XV,  L'anat- 


MALGAIGNE  -  MALIBRAN 


4n 


lyse  des  travaux  de  M.  Malgaigne,  en  ce  qui 
concerne  la  science  médicale,  ne  peut  trouver 
place  ici. 

MALGARIIVI  (Federico),  musicien  au 
service  du  duc  de  Mantoue,  dans  la  première 
moilié  du  dix-septième  siècle,  a  publié  un 
œuvre  de  motels  avec  orgue,  sous  ce  litre  : 
Motetti  a  una,  due,  tre  e  quattro  voci  co' t 
basso  continuo  per  l'organo,  fatti  da  diversi 
tmtsici  servitori  del  sereniss.  Signor  Duca 
di  iVantova,  e  racolti  da  Federico  Malga- 
rini  pur  anch'egli  servitore ,  e  musico  di 
detta  altezza.  Novaviente  composti  e  dali  in 
htce,  dedicati  aW  illustriss.  Signor  principe 
di  Pozzolo.  In  f'enetia,  app.  Giac.  f  in- 
centif 1G18,  in-4''. 

MALIBIIAN  (  Mahie- FÉLICITÉ  )  ,  née 
GARCIA,  en  dernier  lieu  épouse  du  célèbre 
violoniste  DE  BÉIUOT,  naquit  le  24  mars 
1808,  à  Paris,  où  son  père  {vogez  Garcia)  n'é- 
tait arrivé  qu'environ  deux  mois  auparavant. 
C'est  par  l'éclat  des  succès  de  cet  énergique 
chanteur  que  fut  saluée  îa  venue  de  celle  qui 
devait  être  la  cantatrice  la  plus  étonnante  de 
son  siècle.  A  l'âge  de  trois  ans,  elle  suivit  sa 
famille  en  Italie.  Arrivée  à  Naples,  elle  joua 
en  181Ô  le  rôle  de  l'enfant  dans  VJgnese,  de 
Paer,  au  théâtre  des  Fiorentini.  Après  quel- 
ques représentations  de  cet  ouvrage,  elle  en 
avait  si  bien  retenu  la  musique,  qu'elle  se  mit 
tout  à  coup  à  chanter  la  parlie  d'Jgnese  dans 
le  beau  duo  du  second  acte,  et  le  public  ap- 
plaudit à  cette  audace  de  bon  augure.  Deux 
ans  après,  Panseron,  qui  se  trouvait  à  Naples, 
lui  enseigna  le  solfège,  et  le  compositeur 
Hérold,  arrivé  dans  cette  ville  vers  le  même 
temps,  lui  donna  les  premières  leçons  de 
piano.  En  181G,  Garcia  s'éloigna  de  Naples  et 
se  rendit  à  Paris,  puis  à  Londres  où  il  em- 
mena sa  famille,  vers  la  fin  de  1817.  Déjà  la 
Jeune  Marie  parlait  avec  facilité  l'espagnol, 
l'italien  et  le  français;  deux  années  et  demie 
rie  séjour  à  Londres  lui  rendirent  aussi  fami- 
lier l'usage  de  la  langue -anglaise.  Plus  tard, 
elle  apprit  l'allemand  presque  en  se  jouant, 
malgré  les  dilTicullés  inhérentes  à  celte  langue. 
Le  séjour  de  Londres  fut  aussi  employé  |iar 
elle  à  l'étude  du  piano;  les  leçons  de  bons 
maîtres  et  le  travail  forcé  que  lui  faisait  faire 
son  père  développèrent  rapidement  son  talent, 
et  tels  furent  ses  progrès  sur  cet  instrumenl, 
<|ue  lorsqu'elle  revint  avec  sa  famille  à  Paris, 
au  mois  de  novembre  1810,  elle  jouait  déjà  les 
pièces  de  clavecin  de  J.-S.  Bach,  <]ue  Garcia 
aimait  avec  passion. 

Lorsqu'elle  eut  atleint  l'âge  de  quinze  ans, 

BIOGU.   LMV.   DES  MUSICIEXS.   T.   V. 


une  nouvelle  existence  commença  pour  elle  : 
Garcia  lui  fit  commencer  l'étude  du  chant  sous 
sa  direction,  et  prépara  par  ses  excellentes 
leçons  ce  talent  original  dont  les  succès  ont 
effacé  ceux  de  tous  les  autres  chanteurs.  Déjà 
Marie  laissait  entrevoir  ce  qu'on  devait  at- 
tendre d'une  âme  ardente  comme  la  sienne,  et 
des  trésors  d'imagination  dont  la  nature  l'avait 
douée.  Malgré  la  crainte  que  lui  inspiraient 
les  violences  de  son  père,  elle  se  laissait  sou- 
vent allerà  ces  élansd'inspirationqui  décèlent 
le  génie  de  l'art.  Après  deux  années  d'études 
sévères,  elle  se  fit  entendre  pour  la  première 
fois,  en  1824,  dans  un  cercle  musical  dont 
Garcia  venait  d'essayer  l'établissement.  Elle  y 
produisit  une  vive  sensation;  tous  ceux  qui 
l'entendirent  alors  ne  doutèrent  pas  qu'u» 
avenir  de  gloire  ne  fût  réservé  à  ce  talent,  si 
jeune  encore.  Deux  mois  après,  Garcia  re- 
tourna à  Londres  en  qualité  de  premier  ténor 
du  Théâtre  du  Roi;  il  y  ouvrit  un  cours  de 
chant  où  l'éducation  vocale  de  Marie  fut  ter- 
minée. Une  indisposition  de  madame  Pasia 
hâta  son  apparition  sur  la  scène.  En  deux 
jours,  elle  apprit  tous  les  récitatifs  du  Barbier 
de  Séville,  dont  elle  savait  les  morceaux,  et, 
le  7  juin  1825,  elle  joua  le  rôle  de  Rosine  au 
Théâtre  du  Roi.  Le  public  l'y  accueillit  avec 
tant  de  faveur,  qu'elle  fut  immédiatement  en- 
gagée pour  le  reste  de  la  saison  (six  semaines 
environ), aux  appointements  de  cinq  cents  livres 
sterling.  Le  25  juillet  suivant,  elle  chanta  le 
rôle  de  Felicia  dans  la  première  représenta- 
tion du  Crociato  de  Meyerbeer.  La  saison  ter- 
minée, Garcia  quitta  Londres,  alla  chanter 
avec  sa  fille  aux  festivals  de  Manchester, 
d'York  et  de  Liverpool,  puis  s'embarqua  dans 
cette  dernière  ville  pour  aller  prendre  ladirec- 
tion  du  théâtre  de  New-York.  C'est  là  que  le 
talent  de  Marie  prit  un  caractère  de  fermeté 
qui  ne  peut  s'acquérir  qu'à  la  scène,  et  que  ses 
admirables  qualités  se  développèrent  progres- 
sivement dans  Olello,  Romeo,  Don  Juan, 
Tancrède,  Cenerentola,  et  dans  deux  opéras 
(L'amante  astuto  et  la  Figlia  delV  aria) 
écrits  i)our  elle  par  son  père.  Un  enthousiasme 
frénétique  accueillait  chaque  soir  son  entrée 
sur  la  scène.  Malibran,  négociant  français, 
élabli  à  New-York,  déjà  parvenu  à  l'âge  mur, 
mais  qui  i)assait  pour  être  riche,  quoique  ses 
alTaires  fussent  embarrassées  depuis  long- 
temps, demanda  à  Garcia  la  main  de  sa  fille, 
et  l'obtint  malgré  la  répugnance  de  Marie 
pour  cette  union.  Le  mariage  fut  célébré  le  25 
mars  1820.  Il  ne  fut  point  heureux  ;  il  ne  pou- 
vait l'élrc,  car  j.imais  oiganisations  ne  furent 

27 


418 


MALI  BRAN 


moins  assorties  que  celles  de  Malibran  el  de  sa 
femme.  Celle-ci,  tout  excentrique,  passionnée 
pour  l'art,  avide  de  succès  et  de  gloire,  ne 
pouvait  se  plaire  dans  les  habitudes  froides  et 
r(5gulières  de  la  maison  d'un  négociant.  Un  an 
s'était  à  peine  écoulé  lorsque  l'époux  de  Marie 
fut  obligé  de  déclarer  sa  faillite.  Il  ne  pouvait 
quitter  le  sol  de  l'Amérique  ayant  que  ses 
affaires  fussent  arrangées;  mais  elle  était 
libre  ;  elle  partit  de  New-York,  au  mois  d'août 
4827,  et  arriva  en  France  dans  le  mois  sui- 
vant. 

Déjà  les  journaux  avaient  signalé  son  jeune 
talent  commç  une  des  merveilles  de  l'époque, 
avant  qu'elle  eût  revu  le  continent  européen. 
Jls  annoncèrent  son  arrivée  à  Paris;  des 
succès  de  salon  J'atlendaient  dans  cette  ville 
avant  qu'elle  débutât  en  public.  Enfin,  au 
mois  de  janvier  1828,  elle  chanta  le  rôle  de 
Sémiramis,  dans  une  représentation  donnée 
à  l'Opéra,  au  bénéfice  de  Galli.  Le  génie  du 
chant,  la  nouveauté  de  ses  fioriture,  et  quel- 
ques éclairs  d'un  bea»  sentiment  dramatique 
firent  voir  ce  qu'elle  devait  élre  bientôt,  quoi- 
que l'émotion  eût  nui  en  plusieurs  endroits  au 
développement  de  ses  rares  facultés.  Toutefois, 
ou  apercevait  dans  l'ensemble  de  son  chant 
un  défaut  de  goût,  car  elle  y  multipliait  les 
traits  de  tous  genres  sans  examiner  s'ils 
avaient  entre  eux  les  rapports  nécessaires,  ni 
s'ils  s'appropriaient  à  la  mélodie,  ou  même  à 
l'harmonie.  Quelques  observations  critiques 
des  journaux,  les  occasions  fréquentes  qu'elle 
avait  d'entendre  de  bonnes  choses  à  Paris,  et 
surtout  son  instinct  admirable,  donnèrent 
bientôt  une  meilleure  direction  à  son  talent. 
Engagée  au  Théâtre  Italien,  elle  y  joua  sa  pre- 
mière représentation  le  8  avril.  Déjà  un  chan- 
gement notable  se  faisait  remarquer  dans  sa 
manière  :  elle  avait  compris  la  justesse  des 
critiques  qu'on  avait  faites  de  son  premier 
t!ssai.  Peu  de  personnes  comprirent  alors 
quelle  était  la  portée  du  talent  de  celte  canta- 
trice :  le  public  se  inontraif.  incertain.  Ce  ne 
fut  qu'après  l'avoir  entendue  dans  Otello, 
Cenerentola  et  la  Gazza,on  son  inépuisable 
verve  et  la  nouveauté  de  ses  conceptions  lui 
fournissaicntàchaque  représentation  des  effets 
différents,  qu'elle  se  classa  enfin  dans  l'opi- 
nion comnMi  la  première  cantatrice  de  son 
époque.  Par  la  réunion  de»  deux  voix  de  con- 
tralto etdesoprano  aigu, elle  frappait  toujours 
d'étonnement  ceux  (lui  l'entendaient  passer  de 
l'une  à  l'autre  avec  des  traits  hardis,  rapides 
et  qui  ne  ressemblaient  à  rien  de  ce  <|u'on 
avait  entendu.  Son  instinct  de  l'action  drama- 


tique était  admirable,  quoiqu'il  s'y  mêlât  par- 
fois des  fantaisies  bizarres.  Avide  de  succès 
populaires,  elle  ne  négligeait  rien  pour  les 
obtenir  ;  de  certaines  petites  ressources  de 
charlatanisme  n'étaient  même  pas  dédaignées 
par  elle  pour  atteindre  à  ce  but,  quoique  per- 
sonne n'en  eût  moins  besoin. 

L'administration  du  Théâtre  Italien  de  Paris 
ayant  pris  la  résolution  de  le  fermer  pendant 
les  étés  de  chaque  année,  et  de  ne  donner  de 
représentations  que  depuis  le  commencement 
d'octobre  jusqu'à  la  fin  de  mars,  les  princi- 
|)aux  chanteurs  de  ce  théâtre  souscrivirent  des 
engagements  avec  l'entrepreneur  du  Théâtre 
du  Roi,  à  Londres,  pour  la  saison  qui  ne  com- 
mence en  cette  ville  qu'au  1"  avril.  Déjà,  en 
1828,  mademoiselle  Sonlag  avait  obtenu  à 
hinrj's  Théâtre^  dans  les  concerts  et  dans  les 
festivals,  un  succès  d'enthousiasme  justifié 
par  son  beau  talent.  Madame  Malibran  prit  la 
résolution  d'aller  à  Londres,  en  182'J,  el  d'y 
vaincre  celle  qu'on  lui  opposait  comme  une 
rivale.  Le  résultat  de  ce  voyage  ne  fut  pas 
celui  qu'elle  s'était  promis,  car  les  couronnes 
furent  partagées  entre  elle  et  mademoiselle 
Sontag  ;  mais  elles  laissèrent  l'une  et  l'autre  le 
souvenirde  deux  beaux  talents dansdes  genres 
différents;  l'nn  grand,  sublime,  fantasque,  et 
quelquefois  inégal;  l'autre,  moins  élevé,  mais 
pur,  parfait  dans  son  exécution,  et  toujours 
guidé  par  un  goût  délicat.  De  retour  à  Paris  à 
l'automne  de  la  même  année,  ces  deux  grandes 
cantatrices  se  partagèrent  la  faveur  publique. 
Réunies  dans  quelques  pièces,  elles  otTrirent 
le  plus  bel  ensemble  qu'on  eût  jamais  en- 
tendu. L'enthousiasme  du  public,  lorsqu'il  les 
entendait  dans  Tanerède  et  dans  Don  Juan, 
se  manifestait  par  des  trépignements  et  par 
des  cris  d'admiration. 

Au  mois  de  janvier  18Ô0,  l'adminîstratio'n 
du  Théâtre  Italien  renouvela  l'engagement  de 
madame  Malibran,  moyennant  la  somme  de 
mille  soixanîe-quinze  francs  pour  chaqne  re- 
présentation. Peu  de  temps  après,  mademoi- 
selle Sontag  qoitia  le  théâtre  pour  épouser  le 
comte  de  Rossi,  ambassadeur  du  roi  de  Sar- 
daigne  à  La  Haye.  Restée  seule,  madame 
Malibran  fil  voir  que  l'émulation  de  la  rivalité 
ne  lui  était  pas  nécessaire  pour  la  porter  à 
l'étude  :  son  talent  prit  chaque  jour  un  carac- 
tère plus  élevé  ;  sa  vocalisation  se  perfecJionna 
de  plus  en  plus.  Elle  continua  de  chanter  al- 
ternativement à  Paris  et  à  Londres,  et  ses 
succès  actjuircnt  plus  <réelat  dans  cha(iue 
saison.  En  18ô0  une  liaison  se  forma  entre  la 
célèbre  cantatrice  et  le  violoniste  De  Bériot  j 


MALIBRAN 


419 


depuis  lors  ils  ne  se  quittèrent  plus.  En  1831, 
ifs  firent  l'acquisitiond'une  maison  à  Bruxelles, 
et  plus  tard  ils  firent  construire  une  belle  ha- 
bitation dans  un  faubourg  de  cette  ville,  où 
ils  allaient  se  reposer  chaque  année  des  fati- 
gues de  rhiver.  Vers  le  mois  de  juin  1832,  au 
moment  où  le  choléra  décimait  la  population 
de  Paris,  Lablache  partit  d'Angleterre  pour 
se  rendre  en  Italie,  et  prit  sa  route  par  la 
Belgique,  afin  d'éviter  les  cordons  sanitaires 
<le  France.  Arrivé  à  Bruxelles,  ilvit  De  Bériot, 
madame  Malibran,  et  leur  fit  en  plaisantant 
la  proposition  de  l'accompagner  jusqu'à 
Naples.  Mais  avec  une  imagination  ardente 
comme  celle  de  cette  femme  extraordinaire, 
l'imprévu  ne  pouvait  manquer  d'être  bien 
accueilli  :  quelques  heures  après,  des  chevaux 
de  poste  l'emportaient  sur  la  route  de  l'Italie. 

Ici  commence  une  nouvelle  époque  de  sa  vie 
d'artiste  :  époque  sinon  plus  brillante,  au 
moins  plus  agitée,  plus  conforme  à  ses  goûts. 
Arrivée  à  Milan,  elle  y  chanta  dans  quelques 
soirées  chez  le  gouverneur  et  chez  le  duc  Vis- 
conti  :  ce  chant  si  nouveau,  si  suave  et  à  la 
fois  si  énergique,  fit  une  profonde  impression 
sur  l'enthousiaste  auditoire  qu'elle  y  trouva. 
Ce  voyage  d'Italie  ne  fut  en  quelque  sorte 
qu'une  série  de  triomphes  emportés  à  la  course. 
Six  représentations  données  au  théâtre  Falle, 
«Je  Rome,  vers  la  fin  de  juillet,  firent  pousser 
«ks  cris  d'étonnement  et  de  plaisir  à  la  popu- 
lation romaine.  Dans  les  premiers  jours  du 
mots  <raoût,  début  à  Naples  et  même  succès. 
Vers  la  fin  de  seittembrCj  début  à  Bologne,  et 
fanatisme  presque  inconnu  auparavant  dans 
cette  ville  de  paisible  existence.  Les  Bolonais 
ne  bornèrent  pas  les  témoignages  de  leur 
jtlaisiràdes  appîaudisseracnts;  ils  firent  exé- 
cuter, en  marbi-e,  le  buste  de  la  cantatrice, 
et  ce  buste  fut  inauguré  sous  le  péristyle  du 
théâtre. 

De  retour  à  Bruxelles,  au  mois  de  novembre, 
madame  Malihran  y  mit  au  monde  une  fille 
(jui  n'a  point  vécu  :  déjà  elle  avait  un  fils.  Au 
printemps  de  1833,  elle  alla  à  Londres,  où  elle 
était  engagée  pour  jouer  ro|)éra  anglais,  au 
(liéâtre  de  Drury-Lane,  où  elle  était  engagée 
au  prix  de  quatre-vingt  mille  francs  pour 
«luarante  représentations;  à  quoi  il  faut  ajouter 
le  produit  net  de  deux  représentations  à  son 
bénéfice  «jui  s'élevaient  à  près  de  cinquante 
mille  francs.  Les  avantages  qui  lui  étaient 
offerts  augmentaient  chaque  année  dans  une 
proportion  dont  il  n'y  avait  pas  d'exemple  : 
ainsi,  aux  mois  de  mai  et  de  juin  1835,  on  lui 
<3oiina  à  rOpOra  italien  de  Londres  deux  mille 


sept  cent  soixante-quinze  livres  sterling 
(soixante-neuf  mille  trois  cent  soixante-quinze 
francs)  pour  vingt-quatre  représentations. 
Dans  la  même  année,  elle  souscrivait  à  Milan 
un  engagement  pour  cent  (luatre-vingt-cinq 
représentations  moyennant  quatre  cent  vingt 
mille  francs  ;  enfin,  elle  reçut  aux  mois  d'avril 
et  de  mai  1835,  la  somme  énorme  de  deux  mille 
trois  cent  soixante-quinze  livres  (cinquante- 
neuf  mille  trois  cent  soixante-quinze  francs) 
pour  vingt  représentations,  et  lorsqu'elle 
mourut,  elle  venait  de  contracter  de  nou- 
veaux engagements  pour  près  de  six  cent 
mille  francs. 

Après  avoir  joué  à  Londres  les  traductions 
anglaises  de  la  Somnambule^  de  Bellini,  et  du 
Fidelio,  de  Beethoven,  elle  retourna  à  Na- 
ples où  elle  resta  jusqu'au  mois  de  mai  1834  ; 
puis  elle  alla  à  Bologne  et  de  là  à  Milan.  L'Ita- 
lieentiêre  répétait  alors  son  nom  avec  enthou- 
siasme, et  retentissait  du  bruit  de  ses  succès 
inouïs.  EUe  débuta  à  Milan  dans  la  Norma, 
de  Bellini,  où  madame  Pasta  avait  brillé  peu 
de  temps  auparavant.  Mais  les  succès  de  la 
nouvelle  cantatrice  firent  bientôt  oublierceux 
de  la  grande  tragédienne  lyrique.  Cependant 
elle  ne  se  fit  entendre  que  dans  quatre  soirées 
parce  qu'elle  avait  promis  de  se  rendre  à  Lon- 
dres pour  chanter  dans  un  concert  au  bénéfice 
de  son  frère,  Manuel  Garcia.  Ce  voyage  dans  la 
capitale  de  l'Angleterre  ne  fut  qu'une  course 
rapide,  car  elle  était  déjà  de  retour  à  Siniga- 
glia  au  mois  de  juillet  pour  y  chanter  pendant 
la  saison  de  la  foire.  Partie  de  cette  ville,  le 
11  août  1834,  madame  Malibran  se  rendit  à 
Lucques,  où  l'attendaient  de  nouveaux  triom- 
phes. Lorsqu'elle  sortit  du  théâtre  après  sa 
dernière  représentation,  le  peuple  détela  les 
chevaux  de  sa  voiture  et  la  reconduisit  chez 
elle  en  triomphe.  Au  mois  de  septembre,  elle 
retourna  à  Milan  :  ce  fut  alors  que  le  duc  Vis- 
conti  lui  fit  signer  un  contrat  pour  un  grand 
nombre  de  représentations  dont  chacune  de- 
vait être  payée  deux  mille  cinq  cents  francs. 
Elle  ne  quitta  la  capitale  du  royaume  Lom- 
bardo-Vénitien  que  pour  aller  à  Naples,  où  elle 
chanta  pendant  tout  le  carnaval  au  théâtre" 
Saint-Charles.  Pendant  cette  saison,  sa  voiture 
ayant  versé  au  détour  d'une  rue,  elle  se  démit 
le  bras,  et  quinze  jours  se  passèrent  avant 
qu'elle  pût  reparaître  à  la  scène.  Elle  ne  put 
même  jouer  les  premières  repi-ésentations  qui 
suivirent  cet  accident  qu'avec  le  bras  en 
écharpe. 

La   saison  théâtrale  achevée,  madame  Ma- 
libran s'éloigna  de  Naples,  le  4  mars  1833, 

27. 


420 


MALICRAN 


pour  aller  à  Venise.  A  rapproche  de  la  gon- 
dole qui  la  portait,  des  fanfares  annoncèrent 
son  arrivée.  Une  foule  immense  bordait  les 
quais;  l'aflluence  était  si  grande  lorsque  la 
cantatrice  traversa  la  place  Saint-Marc, 
qu'elle  en  fut  effrayée,  et  qu'elle  se  réfugia 
dans  l'église,  qui  fut  bienlôt  remplie.  Ce  ne  fut 
qu'avec  beaucoup  de  difficultés  qu'on  parvint 
à  lui  ouvrir  un  passage  jusqu'à  son  hôtel.  Son 
talent  répondit  à  l'attente  des  Vénitiens,  dont 
l'enthousiasme  alla  jusqu'au  délire.  De  Venise, 
madame  Malibran  alla  à  Paris  où  elle  s'arrêta 
quelques  jours,  puis  à  Londres,  poury  chanter 
pendant  la  saison  d'été.  Au  mois  d'août,  elle 
arriva  à  Lucques  où  l'attendait  Vlnès  de 
Castro,  que  Persiani  avait  écrit  pour  elle  ; 
puis  elle  passa  l'hiver  à  Milan.  L'énergie  de 
son  chant  dramatique  |)arut  acquérir  de  nou- 
neaux  développements  dans  la  Maria 
Sluarda  de  Lonizelti.  Ce  fut  pendant  cet 
hiver  que  les  tribunaux  de  Paris  prononcèrent 
la  nullité  de  son  mariage  avec  Malibian, 
comme  n'ayant  pas  été  contracté  devant  l'au- 
torité compétente  de  New-York.  Le  29  mars 
1836,  elle  épousa  de  Bériot  à  Paris,  et  le  len- 
demain ils  se  rendirent  à  Bruxelles,  où  ils  se 
firent  entendre  tous  deux,  la  première  fois 
dans  un  concert  au  bénéfice  des  Polonais,  la 
seconde,  dans  un  autre  qu'ils  donnèrent  eux- 
mêmes  auThéàtie-Royai. 

Au  sein  de  l'enivrement  de  ses  succès,  ma- 
<lame  Maliliran  de  Bériot  n'apercevait  qu'un 
avenir  de  fortune  et  de  gloire  ;  cei)en(lant  elle 
approchaitdu  terme  de  sa  carrièred'agitations 
et  de  succès.  Arrivée  à  Londres,  ù  la  fin  du 
mois  d'avril,  elle  fit  une  chute  de  cheval  dont 
les  suites  eurent  les  conséquences  les  i)lus  fu- 
nestes. Traînée  sur  le  pavé  à  une  longue  dis- 
lance, elle  eut  le  visage  déchiré  et  reçut  a  la 
tête  des  contusions  violentes  dont  elle  ne  se 
remit  pas.  Son   énergie  sembla  d'abord  sur- 
monter le  mal.  Elle  revint  à  Bruxelles,  et  de 
là  se  rendit  à  Aix-la-Chapelle,  où  elle  donna 
deux  concerts  avec  de  Bériot;  mais  elle  n'était 
plus  la  même;  son  caractère  avait  changé,  et 
[lour  ses  amis,  il  était  évident  que  son  cerveau 
avait  reçu  quelque  lésion.  Un  engagement  la 
raitpelaitau  mois  de  septembre  en  Angleterre 
pour  le  festival  de  Manchester  :  elle  s'y  ren- 
dit et  s'y  fit  entendre  le  premier  jour;  mais  le 
lendemain  elle  s'évanouit,  après  avoir  chanté 
un  auo  d'Jndronico  avec  madame  Caradori. 
Il  fallut  l'emporter.  A  peine  arrivée  chez  elle, 
des  convulsions   la  saisirent;  on  la  saigna; 
mais  le  mal  lit  d'effrayants  progrès,  et  le  23 
septembre  1850,  elle  expira  dans  les  douleurs 


aiguës  d'une  fièvre  nerveuse,  à  l'âge  de  vingt- 
huit  ans. 

Telle  fut  la  fin  prématurée  de  la  cantatrice 
la  plus  étonnante  dont  il  soit  fait  mention 
dans  l'histoire  de  l'art.  Des  obsèques  magnifi- 
ques lui  furent  faites  à  Manchester,  où  l'on 
voulut  d'abord  conserver  ses  dépouilles  mor- 
telles; mais  plus  tard  ces  tristes  restes  furent 
rendus  à  sa  famille,  transportés  à  Bruxelles, 
et  inhumés  avec  pompe  dans  le  cimetière  de 
Laeken.  M.  de  Bériot  y  a  fait  élever  un  mau- 
solée, où  la  statue  de  l'illustre  artiste  a  été 
placée.  Cette  statue,  en  marbre,  est  l'ouvrage 
du  célèbre  sculpteur  Geefs. 

Bien  des  appréciations  contradictoires  ont 
été  faites  «lu  talent  de  madame  Malibran  de 
Bériot  :  mais  on  n'a  pu  lui  refuser  les  qualités 
qui  assurent  à  un  artiste  une  supériorité  non 
contestable.  Ces  (|ualités  sont  celles  du  génie 
qui  invente  des  formes,  qui  les  impose  comme 
des  types,  et  qui  oblige  non-seulement  à  les 
admettre, mais  aies  imiter.  La  voix  de  madame 
Malibran  n'était  pas  précisément  ?)elle;  on  y 
remarquait  même  d'assez  grands  défauts,  par- 
ticulièrement dans  les  sons  du  médium,  les- 
quels étaient  sourds  et  inégaux.  Pour  triompher 
d"s  imiierfections  de  cette  partie  de  son  organe, 
elle  était  obligée  de  faire  chaque  matin  des 
exercices   de   vocalisation.  Dans  le  choix  des 
oiiiijments  de  son  chant,  il  y  avait  toujours  de 
la  hardiesse,  souvent  du  bonheur,  quelquefois 
du  mauvais  goût  :  non  que  le  sien  ne  fût  pur; 
111..1S  avide  de   succès   populaires,  elle  faisait 
souvent,  pour  i.iaire  à  un  public  ignorant,  ce 
qu'intérieurement  elle  condamnait.  L'auteur 
de  cette  notice  lui  a  souvent  reproché  ses  com- 
plaisances à  cet  égard.  «Au  degré  d'élévation 
«  où  vous  êtes  parvenue  (lui  disait-il),  vous 
Il  devez  imposer  votre  sentiment  au  public, 
«  non  subir  le  sien.  «  Mais  sa  réponse  était 
toujours  :  «  Mon  cher  grognon  (c'était  son  ex- 
u  pression  favorite  avec  lui),  il  y  a  à  peine 
i<  deux  ou  trois  connaisseurs  dans  une  grande 
«  salle  où  je  chante;  ce  ne  sont  pas  eux  qui 
«  font  les  succès,  et  ce  sont  des  succès  que  je 
«  veux.  Quand  je  chanterai  pour  vous  seul,  je 
«  ferai  autre  chose.  «  Pour  bien  comprendre 
la  portée  du  talent  de  cette  femme  extraordi- 
naire, il  fallait  l'entendre  à  la  scène.  Là,  son 
imagination  s'exaltait  ;  les  plus  heureuses  im- 
provisations lui  venaient  en  foule;    ses  har- 
diesses étaient  inouïes,  et  nul  ne  pouvait  résis- 
ter à  l'entraînement  de  son  chant  exi)ressif  et 
pathétique.  Au  concert,    une   partie   de  ces 
avantages  disparaissaient. 
Madame  Malibran  a  composé  beaucoup  de 


MALIDRAN  -  MALOUIN 


421 


nocturnes,  de  romances  et  de  chansonnettes; 
on  en  a  gravé  plusieurs,  parmi  lesquelles  on 
remarque  :  1°  Le  Réveil  d'un  beau  jour. '2°  La 
voix  qui  dit  .Je  t'aime  lô"  Le  f'illage.  A"  La 
Tarentelle.  o°  Les  Refrains.  6°  Rataplan. 
7°  La  Bayadère.  8»  La  Résignation.  9"  Le 
Ménestrel.  10»  Enfants,  ramez.  11»  Le  Re- 
tour de  la  Tyrolienne.  Après  sa  mort,  on  a 
recueilli  les  légères  productions  de  ses  dernières 
années,  et  l'on  en  a  formé  un  Jlbum  qui  a  été 
publié  sous  ce  titre  :  Dernières  Pensées  musi- 
cales de  Marie-Félicité  Garcia  de  Bériot; 
Paris,  Troupenas  (Brandus  et  Dufour),  in-4", 
orné  de  charmantes  lithographies. 

Plusieurs  portraits  de  madame  Malibran  ont 
^té  gravés  et  lithographies  :  un  des  plus  beaux 
la  représente  dans  le  rôle  de  Desdemona,  ap- 
puj'ée  sur  une  harpe  écossaise. 

On  a  publié  diverses  notices  biographiques 
de  celte  grande  cantatrice  ;  en  voici  les  titres  : 
1"  Cenni  biografici  di  Madama  Maria  Gar- 
cia Malibran  /Venise,  1.835,  in-8».  "2" Notizie 
biografiche  di  Maria-Félicité  Malibran,  da 
Gaetano  £arbieri;Wi\an^  18ôô,  in-S",  avec 
le  portrait,  ô»  Madama  Maria  Malibran  e 
il  suo  secolo,  Lucques,  18ô6,  in-8".  4°  Life  of 
Madame  Maria  Malibran  de  Bériot,  by 
John  Nathan  ;  Londres,  1836,  in-12.  Cet  ou- 
vrage a  été  traduit  en  allemand,  par  A.  de 
Treskow,  et  publié  à  Quedlinbourg,  en  1837, 
in-S".  5"  Loisirs  d'un»  femme  du  monde, 
par  madame  la  comtesse  Merlin  ;  Paris,  1838, 
deux  volumes  in-S".  Sous  ce  titre,  madame  la 
comtesse  Merlin  a  prétendu  donner  une  bio- 
graphie de  Marie  Malibran-de  Bériot;  mais  la 
plus  grande  partie  de  cette  biographie  est  un 
roman.  On  en  a  publié  une  traduction  alle- 
mande intitulée  :  Maria  Malibran  als  JFeib 
iind  Kliinsllerin^  nebst  Characterziigen  und 
Anecdoten  aus  ihren  Zeben  ;  Leipsick,  1839, 
in-S".  On  a  aussi  du  révérend  Richard  Par- 
kinson  :  Sermon,  etc.,  on  the  day  after  the 
fanerai  of  Madame  Malibran;  Manchester, 
1836,  in-8". 

MALIBRAN  (Alexandre),  violoniste,  com- 
positeur et  critique,  né  à  Paris  le  10  novembre 
18:;23.  étudia  la  musique  dès  son  enfance  et 
reçut  des  leçons  de  violon  de  M.  Sauzay.  qui 
lui  transmit  les  principes  de  l'école  de  Baillot. 
Déjà  marié  à  l'âge  de  vingt-deux  ans,  il  se 
rendit  en  Allemagne  avec  sa  femme,  pianiste 
de  talent,  donna  quelques  concerts,  puis  s'éta- 
blit en  1845  à  Cassel  (îlesse-électorale),  oii 
Spohr  l'admit  au  nombre  de  ses  élèves  et  eut 
pour  lui  l'afreclion  d'un  père.  De  retour  à 
Paris,  quelques  années  après,  M.  Dla'.ibran  y 


fonda  un  journal  de  musique  sous  le  titre 
d'Union  instrumentale  et  annonça  la  forma- 
tion d'une  société  dont  l'objet  était  d'organi- 
ser des  concerts  populaires  de  sym|)honie.  Ces 
entreprises  ne  réussirent  pas,  et  M.  Malibran 
retourna  en  Allemagne.  Établi  à  Francfort- 
sur-le-Mein,  depuis  1858,  il  y  rédige  k  feuille- 
ton musical  du  journal  français  de  celte  ville. 
Dans  sa  critique,  dont  la  forme  est  d'ailleurs 
vive  et  spirituelle,  il  se  montre  musicien  in- 
struit, homme  de  goût  et  appréciateur  judi- 
cieux. Parmi  les  compositions  de  cet  artiste, 
on  remarque  :  1"  Ouverture  pour  la  tragédie 
d'Ifamlet;  2"  Le  dernier  jour  d'un  con- 
damné, fantaisie  pour  l'orchestre;  3°  Fie  du 
marin,  symphonie  à  grand  orchestre;  4"  La 
Vie  du  soldat,  idem  ;  5"  ISonetlo  pour  instru- 
ments à  cordes  et  à  vent,  dédié  à  Spohr  ;  6°  Trio 
pour  piano,  violon  et  violoncelle;  7"  Messe 
pour  l'ordre  de  la  Légion  d'honneur,  à  quatre 
voix  d'hommes  et  instruments  à  vent.  M.  Mali- 
bran a  i)ublié  une  biographie  de  son  maître 
Spohr,  en  langue  allemande,  sous  ce  titre  : 
Louis  Spohr,  sein  Leben  und  TPirken;  dan- 
gestellt  von  seinem  Schiller  Jlexander  Ma- 
libran. Francfort,  J.  D.  Sauerlander,  1860, 
1  vol.  in-12  de  247  pages,  avec  le  portrait 
de  Spnhr. 

MALIPIEÏVO{FiiASC0is), compositeur  dra- 
matique, né  en  1822,  à  Rovigo,  a  l'ait  jouer  à 
Padoue,  en  1842,  puis  à  Lugo  et  à  Bologne, 
l'opéra  sérieux  Giovanua  7"  di  ISapoli, 
avec  plus  ou  moins  de  succès.  Au  carnaval  de 
1846,  il  donna,  au  théâtre  San-Benedetto,  de 
Venise,  VAttila,  qui  prit  plus  tard,  à  Milan, 
le  titre  d\lldegonda  di  Borgogna.  Cet  ou- 
vrage fut  traité  sévèrement  à  sa  première  ap- 
parition; le  correspondant  de  la  Gazette  gé- 
nérale de  musique  de  Leipsick  écrivait  alors 
{t.  XLVÏII;  p.  126)  que  la  mélodie  de  la  parti- 
tion de  M.  Malipiero  était  nulle,  l'harmonie 
mal  écrite,  et  que  l'orchestre  ta\sa\l  un  tapage 
impertinent.  Je  ne  connais  pds  les  opéras 
écrits,  par  le  même  artiste,  après  VAttila. 

MALISZEWSKI  (Antoine),  musicien 
polonais  de  l'époque  actuelle,  et  professeur  de 
son  art  à  Cracovie,  a  publié  un  livre  de  chant 
])Our  les  enfants,  intitulé  :  Spiewniczek  piesni 
naboznych  dla  dzieci;  Cracovie,  Gieszkowski, 
1849. 

MALOUIN  (PAtL-jACQUEs) ,  médecin  et 
chimiste  de  l'Académie  royale  des  sciences, 
professeur  au  Collège  royal  de  France,  naquit 
à  Caen,  en  1701,  et  mourut  à  Paris,  le  ô  jan- 
vier 1778.  Au  nombre  des  dissertations  qu'il 
i  a  publiées,  on  en  trouve  une  intitulée  :  An 


422 


MALOUIN  -  MANCIilCOURT 


ad  sam'tatem  musicè;  Paris,  1757,  in-4».  Le 
véritable  auteur  de  cette  thèse  est  César  Coste, 
d'Arles,  qui  l'a  défendue  sous  la  présidence  de 
Malouin. 

MALTIZ(GoTTiniF-AtGusTE,  haron  DE), 
littérateur  allemand  et  amateur  de  musique, 
né  à  Kœnigsherg,  le  9  juillet  1794,  est  mort 
à  Dresde,  le  7. juillet  1837.  Après  avoir  occupé 
dans  l'administration  forestière  un  emploi 
qu'il  perdit  pour  avoir  composé  une  satire 
contre  ses  supérieurs,  il  alla  s'établir  à  Berlin, 
d'où  il  fut  ensuite  obligé  de  sortir,  parce 
qu'il  avait  fait  jouer,  au  théâtre  Kœnigsiadl,  le 
drame  intitulé  :  le  Vieil  Etudiant,  rempli 
d'allusions  sur  les  souffrances  des  Polonais.  Il 
vécut  alors  pendant  deux  ans  à  Hambourg  et  y 
écrivit  des  notices  sur  des  musiciens  célèbres, 
pour  un  recueil  biographique  qui  se  publiait 
alors.  Ces  notices  ont  été  réunies  et  publiées  à 
part,  sous  ce  titre  :  Denkmal  den  beriihmten 
musihalischen  Kiinstlern  Mozart,  Beethoven, 
Hummel,  Kulkbrenner,  field.  JVeher,  Ries, 
Moscheles  et  Czerny  (Monument  élevé  aux 
célèbres  artiste»  musicien»  Mozart,  Beet- 
hoven, etc.);  Leipsick,  Hambourg  et  Itzehoe, 
Schubert  et  Niemeyer  (sans  date),  in-8*.  M.  de 
Maltiz  était  pianiste  distingué  et  avait  un 
goût  passionné  pour  son  instrument;  ce  qui 
explique  le  choix  des  artistes  dont  il  a  écrit 
les  notices.  Arrivé  à  Paris  après  la  révolution 
de  1830,  il  y  vécut  une  année;  puis  il  alla  se 
fixer  à  Dresde^  où  il  finit  ses  jours  à  l'âge  de 
qiiarante-lrois  ans. 

MAL  VOISirV  (Robert  DE) ,  issu  d'une 
des  principales  familles  du  comté  de  Vexin- 
le-Français,  était  neveu  de  Gui,  châtelain  de 
Coucy,  avec  qui  il  se  croisa,  en  1168  (voyez 
Fillehardouin.  et  Du  Cange,  Observations 
sur  Fillehardouin ,  p.  159).  Il  était  poêle, 
musicien,  et  a  laissé  deux  chansons  notées 
qu'on  trouve  dans  les  manuscrits  de  la  Biblio- 
thèque impériale  de  Paiis. 

MALZAT  (Jean-Miciiel),  virtuose  sur  le 
hautbois  et  le  cor  anglais,  naquit  vers  1750,  à 
Vienne,  où  son  père  était  musicien  de  la 
chambre  impériale.  Après  avoir  vécu  quelque 
temps  dans  cette  ville,  il  entra  au  service  du 
prince-évéque  de  Salzbourg.  Quelques  années 
jilus  tard,  il  voyagea  en  France,  en  Italie, 
dans  la  Suisse,  et  enfin  il  se  fixa  à  Bassano, 
dans  leTyrol,où  il  vivait  encore  en  1784.  Le 
catalogue  de  Traeg  (Vienne,  1799)  indique  les 
compositions  suivantes  comme  appartenant  à 
cet  artiste  :  1"  Trois  symphonies  concertantes 
pour  hautbois  et  cor  anglafs.  2"  Deux  con- 
certos pour  le  hautbois,  ô»  Deux  idevi  pour 


cor  anglais.  4°  Deux  idem  pour  basson, 
S"  Un  idem  pour  violoncelle.  6»  Septuor  pour 
cor  anglais  et  divers  instruments.  7»  Trois 
sextuors  pour  le  hautbois.  8"  Quatre  quintettes 
pour  hautbois  et  pour  flûte.  9"  Onze  quatuors 
pour  flùle,  ou  hautbois,  on  cor  anglais,  ou 
basson.  10»  Deux  symphonies  concertantes 
pour  hautbois  et  basson.  Gerber  s'est  trompé 
lorsqu'il  a  donné  à  Malzatle  prénom  d' Ignace. 

MAMERT  (CtAi'BE),  en  latin  MAMER- 
TUS,  et  quelquefois  MAMERCUS,  frère  de 
Mamert,  évéque  de  Vienne,  fut  son  vicaire, 
et  vécut  dans  le  cinquième  siècle,  vers  l'an 
460.  Il  est  connu  par  un  traité  de  la  nature  de 
l'âme,  qu'il  dédia  à  Sidoine  Apollinaire.  Son 
contemporain  Gennade  de  Marseille  lui  attri- 
bue, dans  son  livre  sur  les  écrivains  ecclésias- 
tiques (ch.  LXXXIII),  le  chant  et  les  paroles 
de  l'hymne  Pange  lingua  gloriosi  prxlium 
certaminis  ,  dont  Sidoine  a  fait  l'éloge  (In 
Epist.,  l.  4,  3),  et  que  d'autres  ont  attribué  à 
Venance  Fortunat.  Au  reste,  le  chant  de  cet 
hymne,  tel  qu'il  se  trouve  dans  l'anti|)honaire 
romain,  n'est  pas  celui  dont  Mamert  était  l'au- 
teur. 

MAMMIIVI  (Aïoïs),  maître  de  chapelle  de 
la  cathédrale  de  Crémone,  dans  la  seconde 
moitié  du  dix-septième  siècle,  a  fait  imprimer 
de  sa  composition  :  Missx  et  Psalmi  domini- 
cales cum  Salve  Regina  5  vocibus;  Bologne, 
Jacques  Monti,  1678,  in-4". 

MAIXARA  (FnANCESco),  chantre  de  l'église 
Saint-Antoine  de  Padoue,  vers  le  milieu  du 
seizième  siècle,  a  publié  de  sa  composition  : 
Madrigali  a  qualtro  voci,  libro  primo;  in 
Venezia,  appresso  d'Antonio  Gardano,  1555, 
in-4"  obi. 

3IAIVARA  (le  P.  Jeah-Ahtoi:«e),  domini- 
cain, né  à  Venise,  en  1658,  fit  ses  vœux  au 
couvent  de  Bologne.  En  1666,  époque  de  la 
fondation  de  l'Académie  des  Philharmoniques 
de  cette  ville,  il  en  fut  un  des  premiers  mem- 
bres, et  le  titre  de  prince  de  celte  société  lui 
fut  décerné  en  1668.  11  a  composé  la  musique 
de  l'oratorio  intitulé  :  Cuor  Umano  ail'  in- 
canto,  dedicalo  alla  Gloriosissima  Fergine 
Maria  del  sanlissimo  Rosario,  ed  a  tutti  li 
suui  divoti,  dont  le  poëme  a  été  imprimé  à 
Venise  en  1685,  in-8°.  Deux  autres  oratorios 
de  sa  composition  dont  les  titres  sont  inconnus 
ont  été  exécutés  à  Bologne  en  1665  et  1672. 

MAWCIIICOURT  (PiERBE),  compositeur, 
né  à  Béthune  en  Artois,  vers  1510,  fut  d'abord 
chanoine  d'Arras,  puis  maître  des  enfants  «le 
chœur  de  l'église  cathédrale  de  Tournay, 
comme  on  le  voit  par  le  titre  d'un  de  ses  ou- 


MANCHICOURT   -  MANCINI 


422 


vragfs,  imprimé  en  1545.  D'après  les  recher- 
ches faites  dans  les  archives  de  la  cathédrale 
de  Tournay,  par  M.  le  chanoine  Voisin,  vicaire 
général  de  ce  diocèse,  pour  former  la  liste 
authentique  des  maîtres  de  chapelle  de  celte 
cathédrale,  recherches  qu'a  bien  voulu  me 
communiquer  M.  Xavier  Van  Eiewycic  (voyez 
ce  nom),  Manchicourt  paraît  être  resté  dans 
cette  position  jusqu'en  1557,  et  avoir  eu  pour 
successeurun  maître  nommé  Florent  Fillain^ 
car  celui-ci  est  mentionné  dans  les  comptes 
de  1558.  Il  paraît,  d'après  la  Description  des 
Pays-Bas,  de  Guichardin,  que  Manchicourt 
quitta  ce  poste  pour  se  rendre  à  Anvers,  où  il 
vivait  au  commencement  de  15G0.  C'est  par 
erreur  que  La  Croix  du  Maine  le  fait  naître  à 
Tours  (voyez  sa  Bibliothèque  française,  édit. 
deRigoleyde  Juvigny).  Manchicourt  futap|)elé 
à  Madrid  pour  succéder  à  Nicolas  Payen  (dé- 
cédé avant  le  mois  d'avril  1559),  en  qualité  de 
maître  de  la  chapelle  royale.  Il  figure  comme 
Ici  dans  les  comptes  de  cette  chapelle  au  mois 
de  novembre  1561,  et  on  le  trouve  encore  dans 
la  même  position  au  mois  de  juillet  1505;  mais 
il  y  a  là  quelque  erreur  de  date,  et  probable- 
ment on  doit  lire  juillet  1564;  car,  dans  une 
lettre  de  Philippe  II  à  la  duchesse  de  Parme, 
datée  du  7  juillet  1564,  on  voit  que  le  maître 
de  chapelle  (Manchicourt)  était  mort,  et  que 
ce  prince  demandait  un  maître  belge  pour  lui 
succéder  (voyez  Bonmarciié).  Manchicourt 
jouissait  d'une  prébende  à  l'église  Sainte-Wau- 
dru,  de  Mons.  Les  ouvrages  de  ce  compositeur 
connus  jusqu'à  ce  jour  sont  :  1"  Liber  decimus 
quartus  XIX  musicas  cantiones  continet, 
anclore  Petro  de  Manchicourt  ;  Parisiis  apud 
Petrum  Atlaingnant  et  Ilubertum  Jallet,  1539, 
jictit  in-4''  oblong.  Il  paraît  par  le  titre  de  ce 
recueil  que  Pierre  de  Manchicourt  était  maître 
de  chapelle  de  l'église  collégiale  de  Tours, 
en  1559;  c'est  vraisemblablement  ce  qui  a 
IrompéLa  Croixdu  Maine  surle  lieu  de  sa  nais- 
sance. 2"  Liber  Modulorum  musicalium,  auc- 
tore  etc.;  ibid.  1545,  petit  in-4"  obi.  Ce  sont 
des  motels  à  quatre  parties.  Cet  ouvrage  est 
divisé  en  trois  volumes;  le  premier  contient 
dix-neuf  motels,  le  deuxième  (juinze,  et  le 
troisième  quatorze.  5"  Le  neupesme  livre  de 
chansons  à  quatre  parties,  auquel  sont  con- 
tenues vinyt-neuf  chansons  nouvelles,  com- 
posées par  maistre  Pierre  de  Manchicourt, 
.maislre  de  chappeUe  (sic)  de  Notre-Dame  de 
'lournuy.  Correctement  imprimé  en  Anvers 
par  Tylman  Susato,  1545,  in  4".  4"  Liber 
quinlus  cantionum  sacrarum,  vulyo  Motetta 
vocaut,  qiiinque  et  sex  vocum  a  D.  magislro 


Petro  Manchicurtio  Betunio,  insignis  ecch- 
six  Tornacensis  phonasco ,  nunc  primum 
in  lucem  editus;  Lovanii  apud  Petrum  Phale- 
sium,  1558,  in-4»  obi.  D'après  ce  titre,  il 
semble  que  Manchicourt  était  encore  maître 
de  la  cathédrale  de  Tournay  en  1558;  d'où 
l'on  doit  conclure  qu'il  n'avait  quitté  cette 
position  que  depuis  peu,  et  que  cette  circon- 
stance était  ignorée  de  l'imprimeur  Phalèse. 
5°  Dans  le  recueil  des  messes  de  Certon,  pu- 
bliées, en  1546,  par  Atlaingnant,  on  trouve 
deux  messes  de  Manchicourt,  l'une  sous  le 
litre  :  C'est  une  dure  départie,  l'autre  sous 
celui  de  Povre  cœur.  On  connaît  aussi  de  lui  : 
Missa  quatuor  vocum  cui  titulus  :  Quo  abiit 
dileclus  tuus  ;  Paris,  Nicolas  Duchemin,  1508, 
in-folio  max".  Le  septième  livre  de  motets  à 
quatre,  cinq  et  six  voix,  publié  parAltaingnant 
(Paris  1554),  contient  le  motel  â  Thoma  Di- 
dyme  du  même  musicien.  On  trouve  deux  de 
ses  motels  dans  le  recueil  intitulé  :  Fior  de 
Mottetti  tratti  dalli  Mottetti  del  Fiore;  Ve- 
nise, Antoine  Gardane,  1539,  et  deux  autres 
dans  la  Bicinia  gullica,  latina  et  germanica 
(t.  II),  publiée  à  Wiltenberg,  chez  Georges 
Rhau,  en  1545.  Le  Liber  quintus  XII  trium 
primorum  tonorum  Magnificat  continet,  im- 
primé parAltaingnant,  en  1534,  en  renferme 
un  de  Manchicourt.  Les  XIV  et  XIV  livres  de 
chansons  nouvelles  à  quatre  parties  (Paris, 
Atlaingnant,  1543)  en  renferment  quelques- 
unes  du  même  maître.  Enfin  les  recueils  de 
Jacques  Moderne,  de  Lyon,  et  de  Pierre  Pha- 
lèse, de  Louvain,  contiennent  des  motets  du 
même. 

MANCINELLI  (André),  flûtiste  italien, 
vint  à  Paris  vers  1775,  puis  se  fixa  à  Londres, 
où  il  est  mort  en  1802.  On  a  gravé  de  sa  com- 
jiosilion  cinq  oeuvres  de  duos  pour  deux 
flûtes  ;  à  Paris,  chez  Sieber,  et  à  Londres,  chez 
Longman. 

fllAIMCIISI  (CuRzio),  compositeur  de  l'école 
romaine,  fut  nommé  maître  de  chapelle  de  la 
basilique  de  Sainte-Marie-Majeure  au  mois  de 
septembre  1589,  et  donna  sa  démission  de 
celte  place  au  mois  de  décembre  1591.  En 
1607,  il  obtint  remjiloi  de  maître  de  chapelle 
de  Saint-Jean-de-Latran;  l'année  suivante,  il 
eut  pour  successeur  Abbondio  Anlonelli,  et  il 
alla  (irendre  possession  de  la  place  de  maître 
de  chapelle  de  la  Santa  Casa  de  Lorettc.  Ce 
musicien  a  laissé  en  manuscrit  trente-deux 
molels  à  quatre,  cinq,  six,  sept  et  huit  voix, 
cl  a  publié,  en  1608,  dçs  litanies  à  huit  voix. 
Ces  compositions  se  trouvent  dans  la  collec- 
tion de  l'abbé  Santiui,  à  Kome.  On  connail 


424 


MANCINI 


aussi  de  lui  :  Il  primo  libro  de'  Madrigali  a 
cinque  voci,  in  Venetia,  appresso  Giacomo 
Vincenli,  1595,  \n-A°.  Une  seconde  édition  du 
même  ouvrage  fut  imprimée  ohez  le  même, 
en  1C03. 

MAI\CII>I  (François),   compositeur  na- 
politain, né  en  1674,  fil  ses  éludes  musicales 
au  Conservatoire  de  Loreto,    puis  devint  un 
des  maîtres  lie  cette  école.  En  1097,  il  écrivit 
la  musique  de  l'opéra  Alfonso,  qui  fut  repré- 
senté au  collège  des   nobles  dirigés  par  les 
jésuites.  VÂriovisto,  opéra  sérieux,  fut  son 
premier  ouvrage  représenté  au    théâtre  San 
Bartolomeo,  en  1702.  Dans  la  même  année, 
Mancini  écrivit  les  oratorios  VÂrca  del  Tes- 
tamento  in  Gerico,  et  il  Laccio  piirpureo  di 
Raab,   pour  la  congrégation  du  Rosaire,   à 
Palazzo.  En  1705,  il  donna    au  théâtre  San 
Bartolomeo  Gli  amanti  generosi,  et  au  même 
théâtre,  où  chantait  la  Bulgarini,  en  1706, 
Alessandro   il  Grande  in  Sidone.  Devenu 
directeur  d'orchestre  de  ce  théâtre,  il  ajouta 
quelques  airs  à  VArtaserse  de  Joseph  Orian- 
dini,  représenté  en  1708.  Dans  l'année  sui- 
vante, il  écrivit  VEngelberto,  pour  le  palais 
du  vice-roi,  et  obtint  le  litre  de  second  maître 
de  la  chapelle  royale.  En  1710,  il  donna  au 
théâtre  San  Bartolomeo  Jl  Mario  fugitivo; 
trois  ans  après,  il  écrivit  pour  le  théâtre  du 
palais  royal  VJtrtaserse  re  di  Persia,  à  l'oc- 
casion du  Jour  anniversaire  de  la  naissance 
de  l'empereur   Charles  VI.    Dans  la    même 
année,  il  donna  au  théâtre  San  Benedetto  II 
gran  Mogol  et  ajouta  quelques  scènes  bouffes 
à  r Jgrippina  de  Hœndel,    joué   au    même 
théâtre.  Cet  usage  de  scènes  burlesques  mêlées 
aux  sujets  sérieux  était  dans  le  goût  de  ce 
lemps.  Mancini  osa  écrire,  en  1714,  la  musi- 
(pie  d'un  drame  intitulé  :  Il  Génère  umano  in 
catena   (le  genre  humain  dans  les  chaînes), 
mais  il  ne  i)arait  pas  que  cet  ouvrage  ait  été 
exécuté.  Le  titre  de  premier  maître  du  Con- 
servatoire de  Loreto  fut  donné  à  cet  artiste, 
en  1720,  et,  dans  la  même  année,  il  écrivit  il 
Cavalier  brettone  pour  les  élèves  de  cette  in- 
stitution. En  172Ô,  il  donna  son  Trajano  au 
théâtre  San  Bartolomeo,  avec  des  intermèdes 
boufTes.  Il  était  devenu  premier  maître  de  la 
chapelle  royale,  en  1728,  car  il  en  prend  le 
titre  sur  sa  partition  de  VOrontea,  <\\\\  fut  re- 
présenté dans  celte  année.  En  1752,  Mancini 
écrivit  la    musiijue    de    l' Jlcssandro    nelle 
Jndie,  de  Métastase,  avec  l'intermède  intitulé 
1(1  Levantina ,   pour  le  théâtre  San  Barto- 
iouieo.  On  connaît  aussi  sous  son  nom  Jdaspe, 
Oindra  sérieux,  et  //  Maurizio;  mais  on  ignore 


quand  ils  ont  été  représentés.  Sa  partition  do 
l'Elia,  oratorio  écrit  en  17ôô,  existe  au  col- 
lège royal  de  musique  de  San  Pietro  in  Ma- 
jelJa,  à  Naples.  On  connaît  aussi  de  lui  l'ora- 
torio l'jimor  divino  trionfante  nella  morte 
di  Cristo,  et  un  Magnificat  à  huit  voix  réelles. 
Mancini  mourut  à  Naples,  en  1739. 

MAIVCIIM  (JEAJi-BAPTrsTE),  professeur  de 
chant  à  la  cour  impériale  d'Autriche,  et  mem- 
bre de  l'Académie  des  Philharmoniques  de 
Bologne,  naquit,  en  1716,  à  Ascoli,  ville  des 
États  romains.  Dans  sa  jeunesse,  il  fut  envoyé 
à  Bologne  et  confié  aux  soins  de  Bernacchi, 
dont  l'école  de  chant  était  à  juste  titre  con- 
sidérée comme  une  des  meilleures  de  l'Italie. 
Des  études  longues  el  sévères  conduisirent  in- 
sensiblement Mancini  à  la  connaissance  par- 
faite de  l'art  du  chant.  Considéré  plus  tard 
comme  un  habile  maître  dans  cet  art,  il  fut 
appelé  à  Vienne  pour  l'enseigner  aux  archi- 
duchesses,   antérieurement   à   1761,    comme 
nous  l'apprend  un  passage  de  ses  Réflexions 
pratiques  sur  le  chant.  Mancini  avait  reçu  des 
leçons  du  célèbre  P.  Martini  pour  le  contre- 
point. Il  est  mort  à  Vienne  à  l'âge  de  quatre- 
vingt-trois  ans  et  quelques  mois,  le  4  janvier 
1800.  Cet  artiste  est  avantageusement  connu 
par  un  bon  livre  qu'il  a  pul)lié  sous  ce  tilre  : 
Pensieri  e  riflessioni  pratiche  sopra  il  canto 
figuruto;  in  Vienna,    1774,    ^-4».   A  peine 
l'ouvrage  eut-il  paru,  que  l'auteur  reconnut 
des  lacunes  dans  son  travail,  et  en  prépara 
une  réimpression  qui  parut  à  Milan,  en  1777, 
in-S",  et  qui  est  indiquée  au  frontispice  comme 
une  troisième   édition.   Tous  les   biograjjhes 
ont    parlé    en    effet    (depuis   Forke!    jus(iu'à 
Bl.  Ch.Ferd.Becker)  de  cette  troisième  édition, 
sans  rechercher  les  preuves  de  la  réalité  d'une 
édition  intermédiaire  entre  celles  de  1774  el 
de  1777;  mais  il  suffît  de  lire  la  préface  de 
cette  prétendue  troisième  édition  pour  acqué- 
rir la  conviction  qu'elle  n'est  que  la  seconde, 
et  que  les  mots  terza  edizione  sont  ou  une 
faute  typographique,  ou   une  fraude  du  li- 
braire, qui  aurait  voulu  par  là  recommander 
l'ouvrage  à  la  faveur  publique.  Un  petit  ou- 
vrage intitulé  :   Metodo  pcr  ben  insegnare 
d'apprendere   l'arte   del  cantare ,   ossiano 
osservazioni  pratiche  su  questo  nobile  e  diffi- 
cile arlc,  a  été  imprimé  à  Florence,  en  1807, 
l)etit  in-8''  de  quatre-vingt-une  pages.  L'au- 
teur le  représente  comme  un  livre  nouveau  qui 
manquait  à  l'enseignement  du  chant  ;  mais  ce 
n'est  «[u'un  extrait  de  celui  de  Mancini,  dont 
on  n'a  pas  même  changé  le  style  en  plusieurs 
passages.  Une  traduction  française,  ou  l'Iutôt 


MANCIM  —  MAiNDINI 


Aû-c 


tin  exirait  de  la  première  édilion  du  Traité  de 
Mancini  fut  publiée  par  Desaugiers  {voyez  ce 
nom),  sous  le  litre  :  l'^'irt  du  chant  figuré; 
Paris,  1770,  in-S»  de  soixante-quatre  pages. 
Une  autre  traduction  plus  comi)Ièle,  faite  sur 
l'édilion  de  Milan,  et  intitulée  Réflexions 
pratiques  sur  Is  chant  figuré  (Paris,  an  in, 
ou  1796,  un  volume  in-8")  a  été  publiée  par 
M.  de  Rayneval,  qui  a  gardé  l'anonyme.  Le 
livre  de  Mancini  est,  avec  celui  de  Tosi,  ce 
(|u'on  a  fait  de  mieux  concernant  l'art  du 
chant.  On  y  trouve  une  mullilude  de  bonnes 
observations  pratiques  qui  décèlent  le  profes- 
seur expérimenté,  et  des  renseignements  his- 
toriques qu'on  chercherait  vainement  ailleurs 
sur  beaucoup  de  chanteurs  distingués.  Hiller 
en  a  donné  une  traduction  allemande  dans  son 
traité  de  l'art  du  chant  {voyez  Hiller).  On  a 
aussi  de  Mancini  une  lettre  dirigée  contre 
Vincent  Manfredini  qui  avait  «ritiqué  son 
livre;  elle  a  pour  titre  :  Lettera  di  Giumbat- 
tista  Mancini  diretta  aW  illust.  Sig.  Conte 
N.  N.,  Vienne,  M. -A.  Schmidt;  elle  est  datée 
du  7  avril  1796.  La  violence  empreinte  dans 
cet  écrit  était  peu  convenable  pour  l'âge  de 
l'auteur  (il  avait  alors  quatre-vingts  ans),  et 
n'ajoute  rien  à  ses  arguments  en  faveur  de 
son  livre. 

MAISCIÎNL^S  (TnoMAs),  né  dans  le  Bleck- 
lembourg,  en  1500,  fut  maître  de  chapelle  de 
l'évéciuc  d'Halbersladt  et  du  prince  de  Bruns- 
wick, vers  la  fin  du  seizième  siècle.  On  voit  par 
son  portr.iit  gravé  sur  bois  à  l'âge  de  trente- 
cinq  ans,  en  1590,  qu'il  était  alors  maître  de 
chai)elle  à  Brunswick.  Il  a  été  imprimé  de  sa 
composition  :  1"  Newe  lustige  und  hœ/fliche 
weltliche  Lieder  mit  4  und  5  Stimmen  (Nou- 
velles chansons  profanes,  gaies  et  honnêtes,  à 
quatre  et  cinq  voix);  Helmstadt,  1588,  in-4''. 
2"  Hockzeit-Lied  von  5  Stimmen,  etc.  (Chant 
de  noce  à  cinq  voix,  à  l'honneur  de  Georges 
Burchard,  secrétaire  de  l'évéque  d'Halber- 
stadt,  et  à  l'occasion  de  son  mariage);  Helm- 
stadt, 1591, in-4". 

MAWDAIMICI  (Placido),  compositeur  et 
membre  de  l'Académie  des  beaux-arts  de 
Naples,  iia([uit,  en  1798,  dans  la  petite  ville 
de  Barcellona,  située  dans  la  vallée  de  De- 
mone  en  Sicile.  A  l'âge  de  quinze  ans,  il  se 
livra  à  l'étude  de  la  musique  et  trouva  un  pro- 
tecteur dans  le  comte  Nicolaci,  dilettante  qui 
jouait  un  peu  de  violoncelle  et  qui  lui  en 
donna  quel(|ues  leçons.  Lors(iu'il  eut  atteint 
sa  dix-septième  année,  Mandanici  entra  au 
Conservatoire  de  Palerme,  où  il  continua 
l'étude  de  son  premier  instrument  et  apprit  à 


jouer  de  i)lusieurs  autres.  En  1820,  il  était 
attaché  à  l'orchestre  du  théâtre  de  Reggio,  en 
Calabre,  comme  contrebasse;  mais  déjà  il 
s'adonnait  avec  ardeur  à  l'étude  du  piano, 
afin  de  pouvoir  quitter  la  position  desimpie 
sym|dioniste.  En  1824,  il  se  rendit  à  Naples 
et  y  étudia  la  composition,  sous  la  direction 
de  Raimondi.  De  1824  à  1834,  il  fut  attaché 
aux  théâtres  royaux  de  cette  ville,  comme 
compositeur  de  musique  des  ballets.  Dans  !a 
même  période,  il  a  écrit  les  opéras  l'Isola 
disabitata  pour  le  théâtre  du  Fo7ido:  Argene, 
pour  celui  de  Saint-Charles  ;  //  Marito  di  mia 
moglie,  pour  le  théâtre  Nuovo,  et  Gli  Amanti 
alla  prova,  pour  le  Fonda.  Vers  la  fin  de 
18Ô4,  il  se  rendit  à  Milan,  et  s'y  livra  à  l'en- 
seignement du  chant  et  de  la  com|>osition.  En 
1836,  il  écrivit  à  Turin,  pour  le  théâtre  Cari- 
gnano,  l'opéra  il  Segreto.  De  retour  à  Milan, 
il  y  donna  II  Rapimento ,  en  1857.  Outre  les 
ouvrages  qui  viennent  d'être  ciiés.  Mandanici  a 
écrit  un  grand  noml)''e  de  ballots,  beaucoup 
de  musique  instrumentale  cl  de  la  musique 
d'église.  En  1841,  il  donna  à  Milan  l'opéra 
boiifTe  II  Ihionlempone  délia  vorta  Ticinese, 
qui  eut  du  succès  et  fut  repris  en  1845.  Appelé 
à  Palerme,  en  1843,  il  y  écrivit  l'opéra 
sérieux  yJ/arta  degli  Albizzi,  puis  il  retourna 
à  Milan.  Il  est  mort  à  Gênes,  le  5  juin  1852, 
à  l'âge  de  cinquante-quatre  ans.  Mandanici  a 
publié  plusieurs  oeuvres  de  musique  vocale  et 
instrumentale,  chez  Ricordi,  à  Milan,  et 
vingt-quatre  exercices  de  vocalisation,  chez 
Lucca,  éditeur  de  la  même  ville.  Ses  œuvres 
de  musique  religieuse  sont  :  1°  Ave  Maria  à 
trois  voix, choeur  ad  libitum  et  orgue;  Milan, 
Ricordi.  2°  Pater  nosler  à  quatre  voix,  chœur 
et  orgue;  ibid.  5"  Salve  Regina  à  trois  voix 
et  orgue  ou  piano;  ibid. 

MAINDEUSCIIEID  (Nicolas),  facteur 
d'orgues  à  Nuremberg,  naquit  à  Trêves,  le 
2  avril  1580.  Il  était  âgé  de  soixante  dix-sept 
ans  lorsqu'il  construisit,  en  1057,  le  second 
orgue  de  Saint-Sébald  à  Nuremberg;  cet  in- 
strument est  composé  de  treize  jeux.  Mander- 
scheid  est  mort  à  Nuremberg,  le  2 avril  1002. 
Walsch  avait  gravé  son  jiortrait  en  1054. 

MAINDlIXi  (Paul),  excellent  ténor,  né  à 
Arezzo,  en  1757,  a  eu  pour  maître  de  chant 
Saverio  Valenlo,  homme  d'un  rare  mérite, 
<iui  a  formé  beaucoup  de  bons  chanteurs  dans 
la  seconde  moitié  du  dix-huitième  siècle. 
En  1777,  Mandini  débuta  à  Brescia  dans  des 
rôles  de  demi-caractère,  et  son  entrée  dans  la 
carrière  dramati<|ue  fut  maniuée  jtar  un  si 
beau  succès,  qu'en  1781  il  fut  appelé  au  grand 


426 


MANDINI  —  MANFKEDINI 


théâtre  de  Milan,  pour  y  chanter  pendant  l'au- 
tomne avec  la  célèbre  cantatrice  Anne  Mori- 
chelli  Bôsello.  Il  s'y  fit  entendre  dans  II  Fa- 
legnamo,  de  Cimarosa,  et  dans  //  Fecchio 
gelosQ,  d'Alessandri.  Turin,  Parme,  Bologne 
et  Rome  l'applaudirent  ensuite.  En  1787,  il  se 
trouvait  à  Venise  ;  l'année  suivante,  il  retourna 
à  Milan  avec  la  Morichelii,  et  y  chanta  pen- 
dant les  saisons  du  printemps  et  de  l'automne. 
Ce  fut  alors  que  Viotti  l'engagea  pour  le 
théâtre  de  Monsieur,  à  Paris,  où  il  fit  admirer, 
pendant  les  années  1789,  1790  et  1791,  son 
talent  plein  de  finesse,  d'élégance  et  d'expres- 
sion dramatique,  ainsi  que  la  perfection  de 
son  jeu.  Les  terribles  événements  politiques 
de  1792  ayant  dispersé  cette  belle  trou|)e  ita- 
lienne, dont  le  souvenir  n'est  point  encore  ef- 
facé, Mandini  retourna  en  Italie,  et  chanta  à 
Venise  au  carnaval  de  1794.  Longtemps  après 
(1805),  il  était  à  Berlin;  mais  il  ne  parut  plus 
que  l'ombre  de  lui-même.  Peu  de  temps  après, 
il  se  retira  à  Bologne,  ou  il  est  mort,  à  l'âge 
de  quatre-vingt-cinq  ans,  le  27  janvier  1842. 

MAWELLI  (FnANcois),  compositeur  dra- 
matique, né  à  Tivoli,  au  commencement  du  dix- 
septième  siècle,  a  écrit  la  musique  de  VAndro- 
meda,  premier  opéra  qui  fut  représenté  publi- 
quement à  Venise,  en  1CÔ7.  Cet  ouvrage  fut 
suivi  de  La  ]}Jaga  fulminata,  au  même  théâ- 
tre, en  1638,  et  à  Bologne,  en  1641,  au  théâtre 
formagliari.  Benoît  Ferrari  {voyez  ce  nom), 
auteur  des  livrets  de  ces  deux  oi)éras,  fit  les 
frais  de  leur  représentation.  Les  noms  des 
chanteurs  de  cet  ouvrage  sont  imprimés  en 
têle  du  livret;  ce  sont  :  Félicité  Uga,  Ro- 
maine ;  Antoine  Parmi,  de  Reggio  ;  François 
Angeletti,  d'Assise;  Jean-Baptiste  Bifurci, 
de  Bologne;  François  Pesarini,  de  Venise; 
et  Madeleine  Manelli,  Romaine,  femme  du 
compositeur.  La  nouveauté  et  le  charme  de  ce 
spectacle  portèrent  les  Vénitiens  à  bâtir  des 
salles  de  spectacle  destinées  à  l'Opéra.  Les 
«leux  premiers  théâtres  furent  ceux  de  San- 
Cassiano  :  Monteverde  et  Cavalli  y  firent  re- 
présenter leurs  premiers  ouvrages.  Manelli 
écrivit  encore  Temistocle ,  à  Florence,  en 
1CÔ9;  Alcale,  dans  la  même  ville,  en  1642; 
Ercole  neW  Erimanto,  à  Plaisance,  en  1651  ; 
Il  Ratto  d'Europa,  dans  la  même  ville,  en 
1653;  J  Sei  Gigli,  à  Ferrare,  en  1666. 

M AI^ELLI  (Pierre),  chanteur  italien,  était 
le  premier  boutl'e  chantant  d'une  troupe  ita- 
lienne d'opéra  qui  parut  en  France,  en  1752. 
Elle  joua  d'abord  à  Rouen,  puis  fut  appelée  à 
Paris,  et  donna  des  représentations  dans  la 
salle  de  rAcadOmic  royale  de  musique,  alter- 


nativement avec  l'opéra  français.  On  sait 
quelles  discussions  s'élevèrent  entre  les  part  - 
sans  de  la  musique  italienne  et  de  la  musique 
française,  à  cette  occasion,  et  la  guerre  de 
plume  soulevée  par  le  Petit  Prophète  de  Boe- 
michhroda,  de  Grimm,  et  par  la  Lettre,  de 
J.-J.  Rousseau,  sur  la  musique  française. 
Manelli  jouait  les  principaux  rôles  dans  les 
opéras  bouffes  ou  intermèdes  dePergolèse,  de 
Rinaido  de  Capua,  et  d'autres  compositeurs 
italiens,  qu'on  entendait  alors  à  Paris  pour  la 
première  fois.  Il  paraît  avoir  été  le  seul  de  sa 
troupe  qui  eût  quelque  talent.  Son  portrait, 
peint  au  pastel  par  Latour,  a  été  exposé  au 
Louvre,  en  1754;  il  était  représenté  dans  le 
costume  du  rôle  de  V Imprésario  qu'il  jouait 
dans  le  Maestro  di  musica.  Au  mois  de  fé- 
vrier 1754,  l'opéra  italien  fut  banni  de  l'Aca- 
démie royale  de  musique,  et  Manelli  retourna 
en  Italie.  Depuis  lors  on  n'a  plus  entendu  par- 
ler de  lui. 

MANFREÏ)!  (Louis),  cordelier  qui  vivait 
à  Venise  vers  le  milieu  du  dix-septième  siècle, 
a  fait  imprimer  de  sa  composition  :  l"  Motet li 
a  Quattro  e  cinque  voci;  Venise,  1658. 2o6'on- 
cerli  ossia  Madrigali  a  5  voci,  lib.  1,  2,  3, 
4,  i6îd.,  1641, 

MAINFREDI  (Marie-Madeleise)  ,  canta- 
trice renommée  au  «ommencement  du  dix- 
huitième  siècle,  était,  en  1720,  au  service  du 
roi  de  Sardaigne,  à  Turin, 

MArSFREDI  (Philippe),  violoniste  dis- 
tingué, né  à  Lucques  vers  1738,  fut  élève  de 
Tartini.  Compatriote  de  Boccherini,  il  se  lia 
d'amitié  avec  lui,  et  tous  deux  entreprirent  un 
voyage  en  1769.  Après  avoir  visité  plusieurs 
villes  de  la  Lombardie,  et  s'être  arrêtés  long- 
temps à  Turin  et  dans  le  Midr  de  la  France, 
les  deux  amis  arrivèrent  à  Paris  ea  1771. 
Manfredi  y  exécuta  les  trios  et  quatuors  de 
Boccherini  avec  un  succès  d'enthousiasme.  Eu 
quittant  Paris,  les  deux  amis  se  dirigèrent 
vers  l'Espagne,  ou  l'infant  don  Louis,  frère  du 
roi  Charles  III,  les  accueillit  et  leur  donna 
une  position.  Manfredi  était  devenu  le  premier 
violon  de  la  musique  de  ce  prince;  mais  il  ne 
jouit  pas  longtemps  de  cet  avantage,  car  il 
mourut  à  Madrid,  en  1780.  On  a  gravé  de  sa 
composition  à  Paris,  en  1772,  six  solos  pour 
le  violon,  op.  1.  Six  sonates  pour  violon  avec 
basse,  du  même  artiste,  ont  été  publiées  à 
Leipsick,  en  1832.  Il  a  laissé  en  manuscrit 
plusieurs  concertos  et  des  trios  qui  se  trouvent 
en  Espagne, 

MArVFIlEDIlM  (François),  violoniste  et 
compositeur,  na<iuit  à  Bolo^^nc,  en  1673.  lia 


MANFREDINI 


427 


fait  imprimer  de  ses  ouvrages  :  1»  Conccrtini 
par  caméra  a  vioJino  e  violoncello;  Dp.  1, 
Bologne,  G.  Silvani,  1704,  in-fol.  2»  Sinfonia 
da  chiesa  a  due  vioUni  con  l'organo  obli- 
gatoe  viola  ad  libitum  ;o[>.  2,  ibid.,  1709, 
in-fol.  Cet  ouvrage  a  été  réimprimé  à  Amster- 
dam, chez  Roger,  sous  ce  titre:  Quarlettia 
due  violini,  viola  e  basso  continua. ô''Concerti 
a  due  violini  e  basso,  con  viola^  et  violini  di 
rin/bfzo;  Bologne,  G.  Silvani,  1718,  in-fol., 
op.  3.  Manfredini  fut  élu  membrede  l'Académie 
des  Philharmoniques  de  Bologne  en  1704. 

MAINFUEDIIVI  (Vincewt),  compositeur  et 
écrivain  sur  la  musique,  n'est  pas  né  à  Bo- 
logne, comme  le  disent  Gerber,  Choron  et 
Fayolle,  M.  Ch.-Ferd.  Beckcr  et  \e  Lexique 
universel  de  musique,  \nib\ié  par  Schilling, 
mais  à  Pisloie,  comme  il  nous  l'apprend  lui- 
même  dans  un  de  ses  articles  du  Giornale 
Enciclopedico  de  Bologne.  C'est  aussi  par  lui 
que  nous  savons  qu'il  apprit  à  Bologne  et  à 
Milan  la  composition  sous  la  direction  de  Perti 
et  de  Fioroni.  En  1735,  il  s'éloignade  l'Italie 
pour  aller  à  Pétersbourg  avec  quelques  chan- 
teurs. Chargé  d'écrire  la  musique  de  plusieurs 
ballets,  il  y  réussit  de  manière  à  inspirer 
quelque  confiance  dans  son  talent,  et  l'impéra- 
trice le  choisit  pour  enseigner  le  clavecin  au 
grand-duc  Paul  I'"",  dont  il  dirigea  ensuite  la 
musique.  Quelques  opéras  qu'il  composa  sur 
des  poëmesde  Métastase,  entre  autres  l'Olim- 
piade,  le  mirent  en  réputation  à  la  cour  de 
Russie.  Il  écrivit  aussi,  pour  son  élève  le  grand- 
duc,  six  sonates  de  clavecin,  qui  furent  vive- 
ment critiquées  dans  le  journal  intitulé  : 
amusements  littéraires,  de  Hambourg;  mais 
l'impératrice  consola  Manfredini  de  cet  échec 
en  iui  accordant  une  somme  de  mille  roubles 
lorsqu'il  lui  présenta  un  exemplaire  de  son 
ouvrage.  L'arrivée  de  Galupjii  à  Pétersbourg, 
et  sa  nomination  de  premier  maître  de  cha- 
pelle de  la  cour  impériale,  ruinèrent  les  espé- 
rances de  Manfredini;  car  il  n'était  pas  en 
état  de  lutter  avec  un  i»areil  athlète.  Après 
avoir  repris  pendant  deux  ou  trois  ans  son 
premier  emploi  de  compositeur  de  ballets,  il 
•luitta  Pétersbourg,  en  1709,  et  alla  se  fixer  à 
Bologne,  où  les  sommes  qu'il  avait  amassées 
en  Russie  lui  procurèrent  une  existence  indé- 
pendante. Renonçant  dès  lors  àla  composition, 
il  se  livra  à  l'élude  de  la  didactique  et  se  fit 
écrivain  sur  la  musique.  Son  premier  ouvrage 
de  littérature  musicale  parut  sous  ce  titre  : 
Regole  armoniche,o  sieno  precetti  ragionali 
per  apprender  i  principj  délia  musica,  il 
porlamenlo  del  basso  sopra  gli  slromenti 


da  tasti,  corne  l'organo ,  il  cembalo,  etc.  ; 
Venise,  1773,  soixanle-dix-sept  pages  in-4'' 
avec  des  planches.  Celivre  est  divisé  en  quatre 
parties  :  la  première  contient  un  exposé  des 
éléments  de  la  musique;  la  seconde  traite  des 
accords,  de  leur  origine,  de  leurs  renverse- 
ments, et  renferme  une  méthode  simple  et 
facile  d'accompagnement;  dans  la  troisième, 
on  trouve  les  principes  abrégés  de  l'art  du 
chant  avec  des  exemples;  enfin,  la  quatrième 
traite  des  éléments  du  contrepoint,  et  renferme 
dans  le  dernier  chapitre  des  réfutations  de 
quelques  principes  de  Rameau,  de  d'Alembert 
et  de  Tartini  concernant  la  base  fondamentale 
des  accords  naturels  delà  gamme,  ainsi  qu'une 
discussion  de  l'opinion  du  P.  Martini  sur  la 
nécessité  de  prendre  le  plain-chant  pour  base 
de  l'étude  du  contrepoint.  Rameau  et  Tartini 
avaient  cessé  de  vivre  quand  parut  l'ouvrage 
de  Manfredini,  et  le  P.  Martini,  bien  que  vi- 
vant encore,  dédaigna  de  lui  répondre;  mais 
il  n'en  fut  pas  de  même  de  Mancini,  dont  il 
avait  attaqué  les  Réflexions  pratiques  sur  le 
chant  figuré  (voyez  Mancini),  car  celui-ci 
riposta  avec  la  supériorité  d'un  maître  con- 
sommé, dans  la  deuxième  édition  de  son  livre 
publiée  à  Milan,  en  1777.  Près  de  vingt  ans 
après,  Mancini  revint  sur  ce  sujet  dans  sa 
Letlera...diretta  alV  illust .  Sig .  Conte  N .N . , 
et  Manfredini  répliqua  avec  humeur  dans  une 
deuxièmeédiliondeses7?egroZearmonjc/ie^etc., 
considérablement  augmentée;  Venise,  1797, 
in-S".  Dans  cette  nouvelle  édition  de  son  livre 
il  annonçait  la  prochaine  publication  d'un 
autre  ouvrage  intitulé  :  Saggio  di  Musica; 
mais  il  ne  l'a  point  fait  paraître.  Manfredini 
était,  en  1783,  un  des  rédacteurs  du  Giornale 
Enciclopedico  de  Bologne;  il  y  rendit  compte, 
dans  le  numéro  du  mois  d'avril,  des  deux  pre- 
miers volumes  du  livre  d'Arteaga  {voyez  ce 
nom),  intitulé  :  le  Rivoluzioni  del  teatro  mu- 
sicale italiano,  et  attaqua  d'une  manière  assez 
dure  quelques  opinions  contenues  dans  cet 
ouvrage,  notamment  la  préférence  que  l'au- 
teur y  donne  à  la  musique  ancienne  sur  la  nou- 
velle ;  enfin  il  y  émit  cette  proposition  au  moins 
singulière  de  la  part  d'un  homme  dont  l'édu- 
cation musicale  avait  été  faite  dans  une  bonne 
école  d'Italie  :  Que  dirons-nous,  si  JII .  Jrleaga 
semble  être  précisément  du  nombre  de  ces 
vieux  déprédateurs,  en  louant  avec  excès 
les  ouvrages  de  Carissimi  et  de  Palestrina 
de  préférence  aux  plus  modernes,  qui  sont 
cent  fois  meilleurs  et  plus  parfaits  (1)?  Ar- 

(1)  Cosa  diremo  noi,  se  il  Signor  Artcaga  scmbra  csscr 
appunto  lU'l  iiumcro  di  quci    tali   vccclii    sprczzalori 


AiS 


MANFREDINI  —  MANGOLD 


leaga  répondit  avec  énergie  à  son  critiquedans 
«les  observations  placées  à  la  fin  du  troisième 
volume  de  son  ouvrage  (p.  285391).  Ces  ob- 
servations, dont  la  dialectique  était  pressante, 
«lonnèrent  naissance  à  un  nouvel  ouvrage  de 
Manfredini,  intitulé  :  Difesa  délia  musica 
9noderna  e de' suoi  celebri  eseculori;  Bologne, 
C.  Trenti,  1788,  in-8".  On  n'a  imprimé  des 
compositions  de  ce  musicien  que  six  airs  et  un 
duo  de  V Olimpiade ,  avec  deux  violons,  viole, 
basse  et  deux  cors,  à  Nuremberg,  en  1705,  el 
six  sonates  de  clavecin,  à  Pétersbourg,  en 
1766.  On  croit  que  Manfredini  est  mort  avant 
1800,  mais  je  n'ai  pas  de  renseignements  po- 
sitifs à  cet  égard. 

ITAIVFIIOCE  (Nicolas),  compositeur,  né 
à  Palma,  dans  la  Calabre  citérieure,  en  1791, 
montra,  dès  son  enfance,  les  plus  heureuses 
dispositions  pour  la  musique.  Devenu  élève  de 
Trilto,  il  acheva  ses  éludes  dans    le   collège 
royal  de  musique  à  Naples.  Plus  tard,  il  re;;ut 
aussi,  à  Rome,  quelques  conseils  deZingarelli. 
A  peine  âgé  de  quinze  ans,  il  commença  à  com- 
poser et  montra  dans  ses  ouvrages  un  génie  qui 
aurait  pu  peut-être  lutter  avec  celui  de  Ros- 
sini;  mais  il  mourut  à  Naples,  en  1815,  à  l'âge 
de  vingt  et  un  ans  et  quelques  mois.  En  1810, 
il  donna,  à  Rome,  Alzira^  son  premier  opéra, 
qui  fut  reçu    avec  enthousiasme.  Cet  ouvrage 
fut  suivi  à^Jrmida,  grande  cantate  en  deux 
parties,  exécutée  au  théâtre  Saint-Charles,  à 
Naples,  dePiramo  e  Ttsbe,  opéra  sérieux,  dont 
l'ouverture  fut  considérée  comme  la  plus  belle 
qu'on  eût  écrite  en  Italie  avant  Rossini ,  et  de 
la  Nascita  d^Jlcide,  grande  cantate  exécutée 
à  Saint-Charles  pour  l'anniversaire  de  la  nais- 
sance de  Napoléon,  en   1812.  La  suavité  et 
l'expression  de  la  mélodie  de  ces  ouvrages,  la 
force  et  l'originalité  de  l'harmonie,  la  nou- 
veauté de  l'instrumentation,  tout  présageait 
un  talent  de  premier  ordre,  que  la  mort  est 
venue  arrêter  dans  son  développement.  L'air 
No,  che  non  puo  difenderlo,  de  Manfroce,  a 
eu  un  succès  de  vogue.  On  citait  aussi,  en 
1812,  de   ce  jeune  el  brillant  artiste,   deux 
messes  à  quatre  voix  et  orchestre;  des  vêpres 
idem;  une  messe  à  huit  parties  réelles  et  deux 
orchestres;  un  Miserere  à  trois  chœurs;  six 
symphonies    pour   l'orchestre,    dont    une   du 
plus  grand  effet,  intitulée  :  l'Jrmonica;  des 
airs,  des  duos,  et  beaucoup  d'autres  morceaux 
«létachés.  La  partition  à''Alzira,  réduile  pour 
le  piano,  a  été  publiée  à  Milan,  chez  Ricordi. 

loilando  cgii  moUissino  le  oprre  del  Carissimi,  del 
l'alcslrina,  crc,  a  prelcrenra  dolle  più  moderne,  chc 
buiio  cento>oL(e  niijjiiori  e  più  pcrleUe  ? 


BlAIVCiEAN  (...),  violoniste  français  d'un 
mérite  distingué,  était,  en  1750,  attaché  au 
concert  spirituel  de  Paris.  Il  mourut  dans 
cette  ville  en  1756.  On  a  gravé  de  sa  composi- 
tion deux  livres  de  duos  pour  deux  violons,  un 
œuvre  de  solos  pour  le  même  instrument,  el 
deux  trios  pour  deux  violons  et  basse. 

MAIVGIIV  (...),  d'abord  professeur  de  mu- 
sique à  Orléans,  se  fixa  ensuite  à  Nancy,  et  s'y 
livra  à  l'enseignement.  11  a  publié  :  Eléments 
de  musique,  précédés  d'une  dissertation  sur 
cet  art,  avec  des  planches  contenant  tous  les 
signes;  Nancy,  Ilancr,  1827,  in-8°  de  quatre- 
vingts  pages  et  six  planches. 

MAIVGO  (l'abbé  Vincent),  né  à  Palerme, 
en  1741 ,  d'une  famille  noble  et  ancienne,  fui, 
suivant  l'abbé  Bertini  (Dizion.  stor.  criticol 
degli  scrillori  di  Musica,  t.  IV,  supplem, 
p.  ÔO),  doué  du  génie  d'invention,  et  posséda 
une  rare  instruction  dans  les  sciences  et  dans 
les  lettres.  Les  défauts  de  son  oreille  ne  lui 
avaient  permis  ni  de  chanter,  ni  de  Jouer  de 
quelque  instrument;  néanmoins,  parla  seule 
force  de  son  intelligence,  il  acquitune  parfaite 
connaissancedes  systèmes  de  musique  anciens 
et  modernes,  et  entreprit  la  réforme  de  la 
science  de  cet  art.  Les  ouvrages  qu'il  a  écrits 
sur  cette  matière  sont  restés  en  manuscrit; 
ils  pourraient  former  environ  deux  forts  vo- 
lumes in-8''.  Si  l'on  en  croit  l'abbé  Bertini, 
bien  que  dégagés  de  tout  échafaudage  de  cal- 
culs, ils  offrent  des  princi{)es  et  des  règles  in- 
variables tirés  de  la  nature  même  des  choses,, 
et  exposés  avec  autant  de  clarté  que  d'élé- 
gance et  de  concision.  Voici  la  liste  qu'il  donne 
de  ces  ouvrages  :  1"  Elementi  délia  moderna 
musica  conforme  aile  correzzioni  faite  aile 
sue  parti  artificiali.  2"  Discorso  sopra  i  ca- 
ratteri  délia  musica.  5»  Progetto  délie  note 
novelle  délia  musica.  4"  Discorso  sopra  la 
reforma  délie  note  volgari  délia  musica. 
5»  Sopra  la  moderna  musica  e  suo  tempera- 
mento.  G"  Origine  slorica  del  canto  ferma 
ecclesiastico  diatonico.  7»  Origine  délia  mu- 
sica teatrale  diatonico  cromatica.  8"  Ori- 
gine storica  dei  volgari  caratteri  délia 
musica. 

MAiV'GOLD  (HE?iRi),  pianiste  et  com- 
positeur, a  vécu  à  Brunswick,  vers  1815, 
puis  s'esl  fixé  à  Halbersladt.  On  a  publié  de 
sa  composition  :  1"  Six  sonates  pour  piano 
seul,  op.  1  ;  Brunswick,  Spehr.  2*  Six  sonates 
faciles  idem,  op.  2  :  ibid.  3°  Six  pièces  à 
quatre  mains,  op.  5;  Spire.  4"  Six  marches 
pour  le  piano,  oi).  15;  Halbersladt,  Vogler. 
5"  Div-huit  variations  .sur   un  air  allemand^ 


MANGOLD 


4-29 


op.  16;  ihid.  6"  La  Fiancée  et  l'Organiste, 
cantate,  avec  accompagnement  de  piano, 
ibid.  7"  Dix  valses  et  deux  bacchanales,  op.  ô; 
Brunswick,  Spehr.  8"  Dix-huit  écossaises  pour 
le  piano,  op.  4;  ibid. 

MArSGOLD,  famille  d'artistes  attachée 
au  service  de  la  cour  de  Darmstadt,  a  eu  pour 
chef  Jean-Henri  Mangold,  né  en  1G89  à 
Umstadt,  petite  ville  de  la  liesse,  dans  la  pro- 
vince de  Starkenbourg.  Il  y  fut  musicien  de 
ville,  et  mourut  en  1773. 

MAI^GOLD  (jEAN-WiiuELsi),  son  fils,  na- 
quit, en  1756,  à  Umstadt.  En  1764,  il  se  rendit 
à  Darmstadt.  Le  grand-iluc  de  Hesse-Darm- 
stadt  l'admit  dans  sa  chapelle,  en  1781,  comme 
violoniste  et  professeur  de  divers  instruments. 
Il  mourut  à  Darmstadt,  en  1800,  laissant  cinq 
lils  qui,  tous,  furent  attachés  au  service  de  la 
cour,  et  qui  sont  indiqués  dans  les  notices 
suivantes. 

MAINGOLt)  (Georges),  fils  aîné  du  précé- 
dent, né  à  Darmstadt,  le  7  février  1767,  apprit 
dans  sa  jeunesse  à  jouer  du  violon,  et  devint 
plus  tard  élève  de  Schick,  maître  de  concertde 
la  cour  de  Mayence.  Il  acquit  un  talent  remar- 
(luable  sur  son  instrument;  il  se  distinguait 
l)arliculièrement  par  son  exécution  délicate 
dans  les  quatuors.  Appelé  à  la  position  de 
maître  de  concert  de  la  cour  de  Darmstadt,  il 
fut  fait  chevalier  de  l'ordre  de  Louis  en  1816, 
et  dans  l'année  suivante,  il  obtint  la  place  de 
directeur  de  musique  de  la  chapelle  ducale.  Il 
mourut  à  Darmstadt,  le  18  février  1835. 

MAINGOLD  (Auglste-Damel),  deuxième 
fils  de  Jean-Wilhelm,  naquit  à  Darmstadt.  le 
25  juillet  1775.  Son  premier  instrument  fut  la 
clarinette;  plus  tard,  il  l'abandonna  pour  le 
violoncelle.  En  1798,  il  entra  dans  la  musique 
particulière  d'un  amateur  opulent  d'Offen- 
bach,  nommé  Bernard,  et  fut  ensuite  chargé 
de  la  diriger.  De  là,  il  passa  à  l'orchestre  du 
théâtre  de  Francfort,  où  il  se  trouvait  dans  les 
j)rennèrcs  années  du  dix-neuvième  siècle.  Eu 
1805,  il  entre[)rit  avec  son  neveu,  Jf'illielm 
Mangold  {voijez  ce  nom),  un  voyage  en  Alle- 
magne et  en  Hollande  :  partout  il  fit  admirer 
son  exécution  sur  le  violoncelle.  En  1814,  il 
entra  dans  la  chapelle  de  la  cour  de  Darmstadt; 
il  mourut,  en  1842,  avec  le  titre  de  maître  de 
concert  de  celle  chapelle. 

MAINGOLD  (Louis),  deuxième  frère  de 
Georges,  né  à  Darmstadt,  en  1777,  fut  simple 
violoniste  de  la  chambre  du  prince,  et  mourut 
en  1829.  Son  fils,  Georges-Charles,  né  à 
Darmstadt,  en  1812,  fut  élève  de  llammel 
pour  le  piano,  et  s'est  fixé  à  Londres,  comme 


professeur  de  son  instrument,  pour  lequel  il  a 
publié  quelques  compositions. 

MAINGOLD  (Paul)  né  à  Darmstadt,  en 
1780,  était  le  quatrième  fils  de  Jean-Wilhelm. 
Il  se  distingua  par  son  talent  sur  le  basson  et 
joua  aussi  fort  bien  de  l'alto.  Après  avoir  été 
quelque  temps  attaché  à  la  musique  d'un  régi- 
ment français,  il  entra  dans  la  chapelle  ducale 
de  Darmstadt,  en  1808.  Il  y  était  encore  lors- 
«lu'il  mourut  en  1851 ,  à  l'âge  soixante  et  onze 
ans. 

MANGOLD  (CnARLEs-FRÉDÉnic),  le  plus 
jeune  des  fils  de  Jean-Wilhelm,  naquit  à 
Darmstadt,  en  1784.  Il  a  été  considéré  comme 
un  des  bons  cornistes  de  l'Allemagne.  Après 
avoir  servi  avec  son  frère  Paul  dans  la  mu- 
sique d'un  régiment  français,  depuis  1801 
jusqu'en  1808,  il  entra  dans  la  c'.iapelle  ducale 
de  Hesse-Darmstadt.  En  1849,  il  fut  mis  à  la 
retraite  avec  une  pension.  Son  fils,  Louis 
Mangold,  né  en  1815,  est  aujourd'hui  membre 
de  la  chapelle  de  la  cour. 

MAINGOLD  (Wilhelm),  maître  de  cha- 
pelle du  grand-duc  de  Hesse-Darmstadt,  et  fils 
aîné  de  Georges,  naquit  à  Darmstadt,  le 
19  novembre  1796.  Les  premières  leçons  de 
violon  lui  furent  données  par  son  i)ère  :  Rink 
et  l'abbé  Vogler  lui  enseignèrent  l'harmonie. 
En  1816,  il  se  rendit  à  Paris  pour  y  continuer 
ses  études  musicales  à  l'école  royale  de  musi- 
que. Il  y  reçut  des  leçons  de  contrepoint  de 
Cherubini,  et  Rodolphe  Kreutzer  fut  son  maître 
de  violon.  Après  trois  années  de  séjour  dans 
cette  ville,  il  retourna  à  Darmstadt  en  1819. 
Admis  d'abord  comme  simple  membre  de  la 
musique  de  la  cour,  il  y  obtint  ensuite  la  po- 
sition de  mailre  de  concert.  Vers  le  même 
temps,  il  voyagea  en  Allemagne  et  en  Hol- 
lande avec  son  oncle  Auguste-Daniel,  et  obtint 
dans  ses  concerts  des  succès  comme  violoniste 
et  comme  compositeur.  En  1825,  il  reçut 
l'ordre  de  Louis.  Wilhelm  Mangold  remplit 
ses  fonctions  jusqu'au  1'^''  janvier  1858,  épo- 
que où  il  fut  pensionné.  Parmi  les  composi- 
tions de  cet  artiste,  on  remarque  :  1°  Mérope, 
opéra  sérieux,  et  le  Comte  Orij,  tous  deux 
inédits.  2°  Cascilia,  cantate  à  quatre  voix, 
avec  accompagnement  de  piano;  Wayence, 
Scholt.  ô"  Plusieurs  cantates  pour  le  service 
de  la  cour.  4"  Quelques  symphonies.  5"  ]>a 
musique  du  drame  intitulé  Zivei  beiden  Ga- 
Zeere/i-s/i/at;en  (les  deux  Galériens).  6"  Thème 
varié  pour  violon  et  orchestre,  op.  4;  Ofîen- 
bach,  André.  7»  Idem  avec  quatuor  (en  si 
bémol),  op.  2;  ibid.  8"  Idem,  (en  ré),  op.  5; 
ibid.  S)"  Pol-pnirri  pour  violon  et  violonci'lle; 


430 


MANGOLD  —  MANiN 


Maycnce,  Scholt.  10"  Douze  pièces  pour  quatre 
cors;  OfTenbach,  André.  11»  Trois  polonaises 
pour  piano  et  violon,  op.  8;  Mayence,  Schott. 
12"  Trois  quatuors  pour  deux  violons,  alto  et 
basse,  op.  5;  OfTenbach,  André,  lô"  Trois 
sonates  faciles  pour  le  piano,  op.  7  ;  Mayence, 
Schott.  14°  Un  quintette  pour  des  instruments 
à  vent.  13"  Des  canzonettes  à  voix  seule,  avec 
piano.  lG"Des  chants  maçonniques  à  plusieurs 
voix.  Deux  fils  de  cet  artiste,  Paul,  né  en  1833, 
et  Georges^  né  en  18ÔG^  se  sont  fixés  dans 
l'Amérique  du  Nord,  et  s'y  livrent  à  l'ensei- 
gnement. 

MAIVGOLD  (Cuarlf.s-Amand)  ,  composi- 
teur, frère  du  précédent,  est  né  à  Darmstadl, 
le  8  octobre  1813.  Son  père  lui  donna  les  pre- 
mières leçons  de  violon,  de  piano,  de  chant  et 
d'harmonie.  A  l'âge  de  dix-huit  ans,  il  fut 
admi.s  dans  la  chapelle  du  grand- duc,  au 
nombre  des  violonistes.  En  1834,  il  fit  un 
voyage  à  Londres  en  compagnie  de  son  frère 
aine,  qui  y  était  engagé  pour  diriger  l'or- 
chestre de  l'opéra  allemand  qu'on  venait  d'y 
établir.  En  1836,  Charles-Amand  Mangold  se 
rendit  à  Paris  pour  y  continuer  ses  éludes 
musicales.  Admis  au  Conservatoire,  il  y  reçut 
des  leçons  de  Lordogni  j)our  le  chant  et  de 
Berton  pour  la  composition.  M.  Sausay, 
gendre  et  élève  de  Baillot,  se  chargea  de  per- 
fectionner son  talent  de  violoniste.  Pendant 
son  séjour  à  Paris,  il  fut  associé  de  Mainzer 
{voyez  ce  nom)  pour  les  cours  de  musique  et 
«le  chant  populaire  que  celui-ci  y  avait  fondés  : 
il  écrivit  j)our  ces  écoles  plusieurs  morceaux 
de  chant  d'ensemble.  De  retour  à  Darmstadt  à 
la'fin  de  1839,  il  obtint,  en  1841,  la  place  de 
co-répétiteur  du  théâtre  de  la  cour,  et  dans 
les  années  suivantes,  il  fut  chargé  de  la  direc- 
tion musicale  de  la  société  de  chant  «l'hommes 
connue  sous  le  nom  de  Sxngerkranz,  et  de  la 
société  de  dames  appelée  Cxcilia.  Enfin,  en 
1848,  MangoUl  obtint  la  place  de  chef  d'or- 
chestre de  la  musique  de  la  cOur  (ffofmusik 
Director).  Le  grand-duc  de  llesse-Darmstadt 
l'a  décoré,  eu  1858,  de  la  grande  médaille 
d'or  pour  l'art  et  la  science.  Parmi  les  ou- 
vrages connus  de  cet  artiste,  on  remarque  : 
1"  Das  Kœhlermxdchen  (la  Fille  du  charbon- 
nier), opéra  représenté  à  Darmstadt,  en  1843. 
2"  Der  Tannh,vuser ,  opéra  sérieux,  sur  le 
même  sujet  que  le  drame  de  Richard  Wagner 
(voyez  ce  nom);  cet  ouvrage  fut  représenté  à 
Darmstadl,  en  184G.  3"  Die  Hermannschlacht 
(la  Bataille  dMIermann),  en  1848,  dans  la  même 
ville.  4"  La  musi(iue  du  drame  Dornrœsclien 
(rÉiiine  des  roses).  3»  Symphonie  cantate  in- 


titulée £'/i/Sî«m.  G"  Ouverture  en  «f,  couronnée 
dans  un  concours  à  Manheim.  7"  Des  Mxd- 
chensklage  (la  Plainte  de  la  jeune  fille),  scène 
pour  mezzo  soprano,  chœur  et  orchestre. 
8"  Jeanne  d'Arc,  air  de  concert  composé 
pour  le  prince  de  Ilechingen.  9"  Beaucoup  de 
Lieder  détachés  ou  en  recueils,  pour  voix  seule 
avec  accompagnement  de  piano.  10°  Douze 
chants  pour  quatre  voix,  op.  22,  etc. 

MAIXGOIV  (Richard),  organiste  du  collège 
de  Tubinge,  naquit  à  Aix-la-Chapelle  vers 
1380.  On  connaît  de  sa  composition  Canticum 
canticorum  Salomonis,  4-8  vocibus,  Franc- 
fort, 1G09,  in-4'\ 

MANGOINE  (Jeas-Baptîste),  surnommé 
il  Piccino  (le  Petit),  né  à  Pavje,  dans  la  se- 
conde moitié  du  seizième  siècle,  vécut  dans 
celle  ville,  oii  il  exerçait  les  professions  d'avo- 
cat, de  maître  de  chant  et  d'organiste.  Il  s'est 
fait  connaître  par  un  livre  devenu  rarissime, 
lequel  porte  ce  titre  singulier  :  Ghirlanda 
musicale  dcl  Sig.  Gio-Battista  Mangone, 
detlo  IL  PICCINO,  in  cui  si  scorgel'eccellenza 
délia  musica,  fondamento  deW arti  liberali, 
et  un  finto  sonno  nel  capitolo  sisto,  co'se- 
guenti.  .41  Sereniss.  Signor,  il  signor  Ha- 
nuccio  Farnese  Duca  di  Parma  et  Pia- 
cenza,  etc.  Jppresso  poi  si  vede  un  discorso , 
si  dcW  ufjlcio  del  sopr'  intendente  di  musica, 
quanlo  deir  esercizio  de  concertati  cantori, 
aU'illustriss.  et  eccellentiss.  Sig.  don  Ot- 
tnvio  Farnese.  Opéra  nuova,  madotta,  di- 
lettevole,  vaga  et  utile  a  ciascuno,  et  in 
particolar  al  musico  e  cantore.  In  Pavia, 
oppressa  Giovanni  Negri,  1013,  conlicenza 
di  superiori,  in-4°. 

MATVGOîNO  (Jean-Autoine),  compositeur, 
né  à  Caravaggio  (Lombardie),  dans  la  seconde 
moilié  du  seizième  siècle,  fut  organiste  de 
Sainle-Marie-Majeure,  à  Bergame.  Il  a  publié 
de  sa  composition  :  Sacra  cantica  sive  mo- 
tecta  Deiparae  Firgims  quatuor  vocibus 
concinnenda  a  Jo.  Antonio  Mangono  Cara- 
vagiensi,  organ.  in  Ecclesid  S.  Mar.  Maj. 
Bergam.  édita.  Fenetiis,  ap.  Jacob,  f'in- 
centium,  1G17,  in-4". 

MAIMV  (Mathias-Georges),  né  en  1720  ou 
1721,  dans  la  basse  Autriche,  fut  enfant  de 
chœur  à  Kloster-Neubourg,  et  y  reçut  son 
éducation  musicale  et  littéraire.  Il  fut  ensuite 
organiste  de  l'église  Saint-Charles  à  Vienne, 
et  mourut  dans  cette  position  en  1751,  à  l'âge 
de  trente  ans.  Il  jouait  bien  du  violon,  de 
l'orgue,  et  composait  pour  l'église  de  la  mu- 
si(|ue<run  bon  style  «jui  est  restée  en  manu- 
scrit, ainsi  que  ses  quatuors  et  trios  pour  des 


MANN  -  MANRY 


431 


instruments  à  cordes.  Didacticien  instruit,  il 
a  formé  de  bons  élèves,  à  la  tête  desquels  se 
place  Albrechtsberger  {voyez  ce  nom). 

MÀTVN  (FRÉDÉnic-THÉODonE),  prédicateur 
à  Berlin  et  amateur  de  musique  au  commen- 
cement de  ce  siècle,  y  vivait  encore  en  1830. 
Outre  ses  ouvrages  de  théologie,  on  lui  doit  la 
rédaction  d'un  almanach  de  musique  intitulé  : 
Musicalisches  Taschen-Buch  auf  das  Jahr 
1803,  herausgegeben  von....  mit  Musik  von 
JP'ilhelm  Schneider.  2""  Jahrgang.  Penig, 
1805,  in-12.  La  première  année  de  cet  alma- 
nach, publiée  en  1803,  avait  été  rédigée  par 
les  frères  Jules  et  Adolphe  Werden. 

MAIVIXA  (Gennaro  ou  Janvier),  composi- 
teur distingué,  né  à  Naples  en  1721,  reçut  son 
éducation  musicale  au  Conservatoire  de  Lo- 
reto.  En  1747,  il  écrivit  son  premier  opéra 
I)our  le  théâtre  de  Ferrare  ;  le  titre  de  cet  ou- 
vrage est  maintenant  ignoré.  L'année  sui- 
vante, il  donna  dans  la  même  ville  ^driano 
placato.  En  1750,  il  alla  à  Turin  composer 
£umene,  et  en  1751  il  donna  à  Venise  Didone 
abbandonata,  de  Métastase.  On  connaît  aussi 
de  lui  :  Siroe,Yemse,  1753  ;  Achille  in  Sciro, 
Milan,  1755,  et  Temistocle,  Plaisance,  1761. 
Après  la  mort  de  Durante,  Manna  fut  chargé 
temporairement,  en  1756,  d'instruire  les  élèves 
du  Conservatoire  de  Loreto.  Plus  tard,  un 
concours  ayant  été  ouvert  pour  la  nomination 
définitive  du  maître  de  celte  école,  il  ne  se 
présenta  pas  de  concurrent  pour  disputer  la 
place  à  Manna  ;  elle  lui  fut  donnée  en  partage 
avec  un  maître  peu  connu,  nommé  Ignace 
Gallo,  suivant  les  Mémoires  des  compositeurs 
napolitains,  par  le  marquis  de  Villarosa; 
mais  il  y  a  là  quelque  erreur,  car  Gallo,  élève 
d'Alexandre  Scarlatti,  était  alors  âgé  d'environ 
soixante-dix  ans,  elfutattachéauConservatoire 
de  la  Pietà  de'  Turchini.  La  nouvelle  position 
de  Manna  ne  l'empêcha  pas  de  parcourir  en- 
core l'Italie  et  d'écrire  pour  les  théâtres  de 
plusieurs  grandes  villes.  De  retour  à  Naples 
vers  1764,  il  cessa  d'écrire  pour  la  scène,  et 
composa  beaucoup  de  musique  d'église  qu'on 
exécutait  encore  dans  les  couvents  et  dans  les 
paroisses  de  cette  ville  en  1790.  //  Trionfo 
di  Maria  Fergine  assunta  in  Cielo,  orato- 
rio, passe  pour  un  des  meilleurs  ouvrages  de 
ce  compositeur.  Manna  est  mort  à  Naples  en 
1788. 

MAIVNA  (Gaétan),  neveu  du  précédent, 
naquit  à  Naples  vers  1745,  et  fit  son  éducation 
musicale  au  Conservatoire  de  Loreto ,  où  il 
reçut  des  leçons  de  son  oncle  pour  le  chant  et 
pour  la  composition.  Attaché  comme  maître  à 


plusieurs  églises,  il  a  écrit  pour  leur  usage 
onze  messes  solennelles,  nentVixit,  un  Credo, 
trois  JSenedictus,  le  psaume  Confitebor,  un 
Magnificat,  un  Lauda  Sion,  un  Te  Denm  et 
vingt- cinq  motets.  Toute  cette  musique  est 
restée  en  manuscrit. 

MANIMI  (Dominique-Marie),  imprimeur, 
grammairien  et  antiiiuaire,  naquit  à  Florence 
le  8  avril  1690,  et  mourut  dans  la  même  ville, 
presque  centenaire,  le  30  novembre  1788. 
Parmi  les  nombreux  ouvrages  de  ce  savant, 
on  trouve  celui  qui  a  pour  titre  :  Délia 
disciplina  del  canto  ecclesiastico  antico  ra- 
gionamento,  Florence,  Stecchi ,  1756,  in-S». 
On  trouve  quelques  renseignements  sur  le» 
rtssais  faits  à  Florence  des  premiers  opéras 
iJans  le  livre  du  même  auteur  intitulé  :  De 
Florentinis  inventis  commentarius  j  Fer- 
rare,  1731. 

TiIAIVrVSTEIN  (Henri-Ferdinand),  ama- 
teur de  musique  à  Dresde,  a  publié,  en  alle- 
mand et  en  français,  une  méthode  de  chant 
intitulée  :  Système  de  la  grande  méthode  de 
chant  de  Bernacchi  de  Bologne,  avec  des  vo- 
calises classiques  jusqu'à  présent  inédites  de 
maîtres  de  chant  formés  dans  la  même  école; 
Dresde  et  Leipsick,  Arnold,  1835,  in-fol. 
L'auteur  de  ce  livre  nous  apprend  qu'il  est 
élève  de  M.  Jean  Micksch,  chanteur  de  la 
chapelle  royale  de  Dresde.  Cet  ouvrage  a  été 
suivi  de  ceux  dont  voici  les  titres  :  1»  Die  Sa- 
genannte  Praktik  der  Klassischen  Gesang  ; 
ein  Handbuch  fiir  Komponisten,  Gesang- 
lehrer,  Sxnger,  Cantoren  und  aile  Kenner 
und  Forlierer  der Kunst  (les  Règles  pratiques 
du  chant  classique  ;  manuel  pour  les  composi- 
teurs, professeurs  de  chant,  chanteurs,  can- 
tors,  etc.);  Dresde  et  Leipsick,  Arnold,  1839. 
2»  Follstxndiges  P'erzeichniss  aller  Compo- 
sitionen  der  KurfUrstl.  Saichs.  Kapellmeis- 
ters  Naumann,  etc.  (Catalogue  général  de 
toutes  les  compositions  de  Naumann,  maître 
de  chapelle  de  la  cour  électorale  de  Saxe,  etc.)*, 
Dresde,  Arnold,  1841.  3»  Geschichte,  Geisl 
und  Ausiibung  des  Gesanges  Fon  Gregor 
dem  Grossen  bis  auf  unsere  Zeit  (Histoire, 
esprit  et  pratique  du  chant  depuis  Grégoire 
le  Grand  jusqu'à  notre  époque);  Leipsick, 
Teubner,  1845.  M.  Mannstein  a  fourni  des  ar- 
ticles sur  divers  sujets  à  la  Gazette  générale 
de  musique  de  Leipsick. 

MAWOm  (Guillaume  DU).  Foyez  DU- 
MAINOIR. 

HIAIVRY  (CnAnLES-CASinin),  compositeur, 
né  à  Paris  le  8  février  1823,  est  fils  du  docteur 
J.  Manry,  médecin  de  l'hôpital  Saint-Louis  et 


432 


MANRY  -  MANTIN 


membre  de  l'Académie  de  médecine.  Destiné 
au  barfeau,  M.  Charles  Manry  fréquenta 
l'école  de  droit  et  passa  sa  thèse  d'avocat; 
mais,  indépendant  par  sa  position  de  fortune, 
il  prit  la  résolution  de  s'abandonner  à  son 
penchant  pour  la  musique  et  de  se  livrer  à 
l'élude  de  la  composition.  Après  avoir  reçu 
pendant  plusieurs  années  de  M.  Elwart  (voyez 
ce  nom)  des  leçons  d'harmonie  et  de  contre- 
point, il  fit  exécuter  à  l'église  Saint-Jacques 
du  Haut-Pas,  le  !<■■•  novembre  1844,  sa  pre- 
mière messe  à  trois  voix,  avec  accompagne- 
ment d'orgue.  Depuis  cette  époque  il  s'est  fait 
connaître  par  un  grand  nombre  d'ouvrages  de 
musique  religieuse  exécutés  dans  les  églises 
de  Paris,  et  par  des  compositions  instrumen- 
tales. Ses  productions  les  plus  importantes 
sont  :  1"  La  messe  à  trois  voix  citée  ci-dessus. 
2»  Messe  à  quatre  voix  d'hommes,  sans  accom- 
pagnement, exécutée  à  l'église  Saint-Philippe- 
du-Roule,  le  jour  de  Pâques  1852.  3»  Messe  à 
trois  voix  avec  accompagnement  d'orgue  et 
d'instruments  à  cordes,  exécutée  dans  la  même 
église  le  jour  de  Noël  1855,  et  à  Saint-Thomas 
d'Aquinle  jourde  l'Ascension  1856.  4"  Messe  à 
grand  orchestre  avec  solos'et  chœurs,  exécutée 
à  l'église  Sainf-Roch  le  1"  mai  1860,et  àSainl- 
Eustache  le  25  décembre  de  la  même  année. 
5°  Deuxième  messe  à  trois  voix  (soprano,  ténor 
et  basse),  avec  accompagnement  d'orgue. 
0"  Te  Deum  à  quatre  voix  seules  et  chœur. 
7"  Huit  motets  à  trois  voix  avec  orgue  ou  seu- 
les. 8»  Plusieurs  O  Salutaris,  Ave  Maria, 
Salve  Regina^  et  Regina  C'œli  pour  différentes 
voix  avec  accompagnement  d'orgue.  9"  Sym- 
phonie pour  l'orchestre  ,  en  mi  bémol. 
10"  Trois  quatuors  pour  deux  violons,  alto  et 
bssse.  11"  Trio  pour  violon,  alto  et  violon- 
celle. 12»  Sérénade  pour  orchestre.  13"  La 
Sorcière  des  eoHX, ouverture  pourl'orchestre. 
14"  Grand  duo  pour  piano  et  violon,  en  trois 
parties.  15"  Les  Nachtez,  oratorio.  16"  Les 
Disciples  d'Emmaiis,  mystère  à  trois  voix, 
chœur  et  orchestre.  17"  Les  deux  Espagnols, 
opéra  bouffe  représenté  au  thé.itre  des  Néo- 
Ihermes,  à  Paris,  le  19  décembre  1854,  etc.,  etc. 

MANSUY  (CtATJDK-CiiARLEs),  professeur 
(le  musique  à  Amsterdam,  dans  la  deuxième 
moitié  du  dix-huitième  siècle,  s'est  fait  con- 
naître par  la  composition  d'un  opéra-comique 
en  deux  actes  intitulé  :  Jérôme  et  Suzelte. 
Cet  ouvrage  a  été  représenté  au  théâtre 
dWmsterdam,  en  1785. 

MANSUY  (FRANçois-CiunLEs),  fils  du  pré- 
cédent, né  à  Amsterdam  le  18  février  1783, 
eut  pour  mciîlrc  de  musique  el  de  piano  son 


père,  jusqu'à  l'âge  de  quinze  ans  ;  puis  il  s'est 
livré,  sous  sa  propre  direction,  à  des  études 
sérieuses,  particulièrement  à  celle  des  fugues 
de  J.-S.  Bach  qu'il  jouait  d'un  mouvement 
excessivement  rapide,  et  qui  lui  ont  fait  ac- 
quérir une  très-grande  habileté.  Après  avoir 
voyagé  avec  succès  en  Allemagne,  où  il  a 
fait  imprimer  quelques-unes  de  ses  composi- 
tions, il  a  parcouru  la  France  en  donnant  des 
concerts.  Tour  à  tour  il  s'est  livré  à  l'ensei- 
gnement du  piano  à  Lille,  à  Lyon,  à  Bor- 
deaux, à  Nantes,  où  il  s'est  marié,  et  dans 
plusieurs  autres  villes.  En  dernier  lieu,  il  est 
retourné  à  Lyon,  s'y  est  enfin  fixé,  et  y  est 
mort  dans  les  premiers  jours  du  mois  d'octo- 
bre 1847,  laissant  deux  filles  qui  se  sont  livrées 
à  la  culture  de  la  musique.  Il  a  publié  de  sa 
composition  :  1"  Premier  concerto  pour  piano 
et  orchestre  ;  Paris,  Ph.  Petit.  2"  Grand  quin- 
tetto  pour  piano,  violon,  alto,  cor  et  violon- 
celle; Paris,  Pacini.  3"  Pastorale  en  trio  pour 
piano,  violon  et  violoncelle;  ibid.  4"  Grand 
duo  pour  piano  et  violon,  op.  18  ;  ibid.  5"  Duo 
brillant  idem,  op.  20  ;  ibid.  G"  Duo  pour  piano 
et  clarinette,  op.  23  ;  Paris,  Schœnenberger. 
7"  Nocturne  pour  piano  et  cor;  ibid.  8"  So- 
nate pour  piano  et  violon;  Paris,  Chanel. 
9"  Trois  grandes  sonates  pour  piano  seul, 
op.  6;  Paris,  Leduc.  10"  Grande  sonate  idewt 
(en  fa  mineur),  op.  11;  Bonn,  Simrock. 
II"  Sonate  idem,  op.  28;  Paris,  Erard* 
12"  Grande  sonate  idem,  Paris,  Janet.  13"  Des 
fantaisies,  rondeaux,  études,  pots-pourris, 
fugues  et  canons,  environ  vingt  œuvres; 
Paris,  Pacini,  Pleyel,  Troupenas,  Schlesinger, 
Petit,  etc.  14"  Environ  dix  œuvres  d'airs 
variés,  ibid.  Mansuy  a  laissé  en  manuscrit  un 
concerto  pour  piano,  un  quintetto  pour  deux 
violons,  deux  altos  et  violoncelle,  une  sym- 
phonie à  grand  orchestre,  une  ouverture 
idem,  et  un  opéra  représenté  au  théâtre  de 
Nantes. 

MAIXTIN  (C),  professeur  à  l'école  gra- 
tuite du  plain-chant,  à  Orléans,  est  auteur 
d'un  bon  livre  qui  a  pour  titre  :  Traité  de 
Psalmodie,  ou  exposé  des  règles  qui  la  con- 
cernent; Orléans,  Niel,  1846,  un  volume  gr. 
in-8°  de  cent  quarante-huit  pages.  La  matière, 
aujourd'hui  peu  connue,  de  la  psalmodie  est 
l)ien  traitée  dans  cet  ouvrage.  M.  Mantin  a 
publié  aussi  une  Nouvelle  méthode  de  plain- 
chant;  Orléans,  Pelisson,  1835,  in-12,  dont 
il  a  paru  une  seconde  édition,  augmentée 
d'un  Essai  en  faveur  du  plain-chant  contre. 
ses  détracteurs,  et  de  notions  sur  Vhtstotrc 
et  la  théorie  de  ce  chant;  Orléans,  184G,  in-8". 


iMANTIUS  -  MARA 


433 


MAINTIUS  (Édoiiaud),  premier  ténor  du 
théâtre  royal  de  Berlin,  né  à  Schwerin,  le 
18  janvier  1808,  alla  suivre  un  cours  de  droit 
à  l'université  de  Halle,  après  avoir- achevé 
ses  humanité.  Jusqu'à  l'époque  de  son  séjour 
dans  cette  ville,  Il  ne  s'était  occupé  de  la  mu- 
sique que  comme  d'un  amusement;  mais  la 
beauté  de  sa  voix  l'ayant  fait  rechercher  dans 
plusieurs  sociétés  de  chant,  il  se  livra  à  l'étude 
de  cet  art  dans  l'académie  dirigée  par  Naue. 
Admis  à  se  faire  entendre  dans  la  grande  fête 
musicale  des  bords  de  l'Elbe,  à  Halle,  il  y  fit 
une  si  vive  sensation,  que  Spontini,  Schnei- 
der, et  d'autres  artistes  célèbres,  qui  assis- 
taient à  cette  solennité,  le  pressèrent  pour 
qu'il  abandonnât  le  droit,  afin  de  se  livrer  à 
la  carrière  du  théâtre.  Il  ne  s'y  décida  qu'avec 
peine,  mais  enfin  il  débuta  à  Berlin,  en  1829, 
dans  le  rôle  de  Tamino  de  la  Flûte  enchantée, 
et  le  public  l'accueillit  avec  faveur.  L'air 
Dt'ese  Bildnissilét\x\a  le  succès  du  jeune  chan- 
teur. Manlius  a  brillé  sur  les  principaux 
théâtres  de  l'Allemagne  du  Nord  et  à  Vienne, 
quoique  sa  taille  fût  si  petite  qu'elle  pût  à 
peine  être  considérée  comme  suffisante  à  la 
scène.  On  a  publié  de  sa  composition  des  Zie- 
der  à  voix  seule,  avec  accompagnement  de 
piano. 

MANUCE  (Alde),  le  jeune,  fils  aîné  de 
Paul  Manuce,  célèbre  imprimeur,  na(iuit  à 
Venise  le  13  février  1547.  Son  enfance  fut  re- 
marquable par  des  dispositions  prématurées, 
qu'il  ne  justifia  point  par  la  suite.  Nommé, 
en  1576,  professeur  de  belles  lettres  aux  écoles 
de  la  chancellerie  de  sa  ville  natale,  et  secré- 
taire du  sénat,  en  1584,  il  quitta  ces  emplois 
pour  la  chaire  d'éloquence  qu'il  alla  remplir 
en  1585.  De  là,  il  se  rendit  à  Pise  en  1587,  et 
ensuite  à  Rome,  où  Clément  VIII  lui  confia 
ta  direction  de  l'imprimerie  du  Vatican.  Il  est 
mort  d'une  suite  de  débauche,  le  28  octobre 
1597.  On  a  de  ce  savant  une  épitre  sur  les 
flûtes  des  anciens,  adressée  à  Barthélemi 
Capra,  et  imprimé  à  Venise,  en  1570,  sous  le 
titre  de  Epistola  de  tibiis  veterum.  Gruter  l'a 
placée  dans  son  recueil,  tom.  IV,  pag.  251, 
Graevius  dans  son  Thesaur.  Jntiq.  Roman., 
t.  IV,  p.  1210,  et  Ugolini,  dans  son  Thesaur. 
Jntiq.  Sacr.,  tom.  XXXII,  p.  861.  Cet  ou- 
vrage n'apprend  rien  sur  cette  matière,  qui 
reste  encore  à  traiter. 

M.4INTJSARDI  (César),  professeur  de 
musique  de  l'iustitulion  des  aveugles  à  Milan, 
,T  fait  jouer  dans  cette  ville  les  opéras  intitulés  : 
\"  L' Ammalata  ed  il  Consulta  {\i  Malade  elle 
Médecin), en  iSô7. 2°  Il  Birrichino  di Par iyi 

BIOGR.  UMV.   DES  MUSICIEKS.  Y.  V. 


(le  petit  Sergent  de  Paris),  en  1841  ;  et  Un 
sogno  di  primavera  {un  Rêve  du  printemps), 
en  1847.  Je  n'ai  pas  d'autres  renseignements 
sur  cet  artiste. 

MAIMZA  (Charles),  compositeur  drama- 
tique, né  à  Brescia  dans  la  seconde  moitié  du 
dix-septième  siècle,  s'est  fait  connaître  par  les 
opéias  Paride  in  Ida,  représenté  en  1706, 
et  Jlessandro  in  Susa,  1708. 

MxVI>iZI  (GtJii.LAtJME),  né  à  Civita  Vccchia 
vers  1784,  mort  à  Rome  en  1821,  fut  bibliothé- 
caire de  la  Barberina  :  il  a  publié  un  ouvrage 
intitulé  :  Discorso  sopra  gli  spettacoli,  le  [este 
ed  il  lusso  degV  Italiani  ncl  secolo  AIF, 
connote ed  illustrazioni ;  Rome,  Mordachini, 
1818,  in-8".  On  y  trouve  d'intéressantes  no- 
lices  relatives  à  la  musi(]ue. 

MANZII^I  (Padl),  auteur  inconnu  d'un 
pamphet  intitulé  :  JW  autore  dcW  Osserva- 
zioni  in  lingua  francese  sopra  la  musica  e 
la  danza  in  Jtalia;  Venise,  Carlo  Palese, 
1773.  L'ouvrage  dont  il  s'agit  a  pour  titre  : 
Remarques  sur  la  musique  et  la  danse.  Let- 
tres de  M.  G.  à  Milord  Pembroke  ;  Venise, 
Charles  Palese,1773,  in  12de  cent  trente  pages. 

MANZUOLI  (Jean),  chanteur  distingué 
de  l'ancienne  école  italienne,  naquit  à  Flo- 
rence vers  1720.  Il  était  déjà  célèbre  en  Italie 
lois(|u'il  se  rendit  en  1745  à  Londres,  où  son 
talent  fit  une  profonde  sensation.  En  1753, 
Farinelli  l'appela  en  Espagne  pour  chanter  au 
théâtre  de  Madrid,  avec  un  traitement  consi- 
dérable. En  1765,  il  était  à  Vienne;  mais  peu 
de  temps  après,  il  se  retira  à  Florence,  sa  pa- 
trie, avec  le  titre  de  chanteur  de  la  cour  du 
grand-duc  de  Toscane.  Burney  l'entendit  dans 
cette  dernière  ville,  en  1770;  il  chantait  alors 
dans  les  églises  et  n'avait  rien  perdu  de  son 
goût  et  de  l'expression  de  son  chant.  Au  nom- 
bre de  ses  élèves,  on  cite  l'excellente  canta- 
trice Céleste  Collellini. 

MARA  (Cajetan),  moine  augustin,  naquit 
à  Teutschbrod,  en  Bohême,  le  4  septembre 
1719.  Après  avoir  achevé  son  cours  de 
philosophie,  il  entra  dans  son  ordre  et  y  fit 
profession  en  1739.  Excellent  organiste  et 
musicien  instruit  dans  la  composition,  il  fut 
chargé  pendant  treize  ans  de  la  direction  du 
chœurdel'églisedes  Augustins,  puis  il  remplit 
les  mêmes  fonctions  pendant  dix-neuf  an- 
nées à  l'église  Saint-Wencelas,  de  Prague. 
Admirateur  du  mérite  des  anciens  maîtres  des 
écoles  italiennes  et  allemandes,  il  passa  la 
plus  grande  partie  de  sa  vie  à  mettre  leurs 
ouvrages  en  partition  :  on  assure  qu'il  a  fait 
ce  travail  pour  environ  trois  cents  messes.  On 

28 


«4 


M  ARA 


connaît  aussi  plusieurs  œuvres  de  sa  composi- 
tion, entre  autres  des  pièces  d'orgue.  Frappé 
d'une  atteinte  d'apoplexie  en  1788,  il  languit 
(|iielf|ne  temps  et  mourut  deux  ans  après  à 
Deuischbrod. 

MAllA  (Ignace),  violoncelliste,  frère  du 
précédent,  naciuit  à  Deutschbrod  vers  1721. 
Une  J)elle  (pialité  <le  son  et  beaucoup  d'expres- 
sion étaient  les  caractères  principaux  de  son 
talent  dans  sa  jeunesse.  En  1742,  il  alla  de- 
meurer à  Berlin,  s'y  maria,  et  quelques  années 
après  l'ut  admis  dans  la  musique  de  la  cham- 
bre du  roi  de  Prusse,  Frédéric  II.  Il  mourut 
à  Berlin  en  1783,  après  avoir  rempli  ses  fonc- 
tions de  musicien  du  roi  pendant  trente -cinq 
ans.  Il  a  laissé  en  manuscrit  des  concertos, 
lies  solos  et  «les  <liios  pour  le  violoncelle. 

MARA  (Jeaîn),  fils  d'Ignace,  habile  vio- 
loncelliste comme  lui,  naquit  à  Berlin  en  1744. 
Son  père  lui  <ionna  des  leçons  et  lui  fit  faire  de 
lapides  progrès.  Lorsque  son  talent  fut  formé, 
H  entra  dans  la  musique  paiticulière  du  prince 
Henri  de  Prusse,  et  alla  demeurer  habituelle- 
ment au  château  de  Rheinsberg.  Le  |)rince 
l'employa  aussi  comme  acteur  dans  les  opéras 
qu'on  jouait  sur  son  théâtre,  et  il  montra 
quelque  talent  à  la  scène.  Malheureusement, 
il  était  hautain,  querelleur,  débauché;  plus 
laid,  il  joignit  l'ivrognerie  à  ces  vices.  En 
1773,  il  épousa  la  cantatrice  Gertrude-Élisa- 
beth  Schmœhling,  i|ui,  depuis  lors,  acquit  une 
grande  célébrité,  -^ous  le  nom  de  Madame 
JUara.  Les  appointements  considérables  dont 
elle  jouissait  à  la  cour  de  Prusse  fournirent  à 
son  mari  les  moyens  de  pourvoir  à  ses  dé- 
penses, et  la  conduite  de  celui-ci  devint  chaque 
jour  plus  mauvaise.  Pour  se  soustraire  au  des- 
j)otisme  du  roi,  qui  traitait  les  artistes  de  sa 
musique  comme  ses  soldats,  un  projet  de  fuite 
fut  concerté  entre  les  époux;  mais  ils  furent 
arrêtés  avant  (l'a voir  passé  la  frontière,  et  le  vio- 
loncelliste fut  transformé  en  tambour  et  placé 
dans  une  forteresse.  Les  larmes  de  M""^  Mara 
ne  purent  fléchir  le  roi,  et  ce  ne  fut  que 
par  l'abandon  d'une  partie  de  son  traitement 
qu'elle  obtint  la  mise  en  liberté  de  son  mari. 
Cependant  les  débauches  de  Mara  et  ses  folles 
dépenses  finirent  par  fatiguer  l'amour  de  sa 
femme  ;  elle  se  sépara  de  lui  ;  mais  elle  conti- 
nua de  lui  envoyer  de  temps  en  temps  des 
sommes  considérables  qu'il  dissipait  promple- 
ment.  Il  tomba  enfin  dans  ra!)rulissement, 
dans  la  misère,  et  perdit  son  talent.  Vers 
1799,  il  vivait  dans  une  triste  situation  aux 
environs  de  Berlin.  En  1801 ,  il  visita  Sonders- 
hausen  et  s'y  lit  entendre  à  Gerbcr  qui  lui 


!  trouva  encore  de  l'expression  dans  Vadagio, 
j  et  qui  ne  remarqua  point  en  lui  ks  habitudes 
:  d'ivresseoii  il  étaitenclin.  Peu  de  temps  après, 
Blara  se  rendit  en  Hollande  où  il  s'a!)andonna 
sans  réserve  à  son  penchant  à  l'intempérance. 
Dans  les  derniers  temps  de  sa  vie,  il  ne  sortait 
pas  des  plus  misérables  cabarets,  occupé  à 
jouer  des  danses  pour  les  paysans,  afin  de  se 
procurer  les  moyens  de  boire.  Enfin  il  mourut 
à  Schiedam,  près  de  Rotterdam,  en  1808,  à 
l'âge  de  soixante-quatre  ans.  Le  grand  cata- 
logue de  Breitkopf  et  Hsertel  (1826)  indique 
en  manuscrit  sous  le  nom  de  Mara  :  1»  Deux 
concertos  pour  violoncelle  et  orchestre. 
2"  Douze  solos  pour  violoncelle  avec  accom- 
pagnement de  basse.  5"  Un  duo  pour  violon- 
celle et  violon.  A"  Une  sonate  pour  violoncelle 
et  basse. 

MAT. A  (M"'«  GERTncDE-ÉLiSABETii)  ,  née 
SCIIM.EIILIJ^G,  fut  une  des  plus  célè- 
bres cantatrices  de  la  fin  du  dix-huitième 
siècle.  Elle  naquit  à  Cassel  le  25  février  1749. 
Sa  mère  mourut  peu  de  temps  après  sa  nais- 
sance, et  son  père,  pauvre  musicien  de  ville, 
n'ayant  pas  le  moyen  de  lui  faire  donner  des 
soins  pendant  qu'il  vaquait  à  ses  travaux  hors 
de  chez  lui,  l'attachait  dans  un  fauteuil  et  la 
laissait  dans  une  solitude  com[)lète.  L'enfant, 
ainsi  privée  de  soins  et  de  mouvement,  tomba 
dans  le  rachitisme.  Schmaehiing  s'occupait 
quelquefois  à  raccommoder  de  vieux  instru- 
ments ;  sa  fille,  alors  âgée  de  quatre  ans,  par- 
vint à  atteindre  un  violon  dont  elle  fit  réson- 
ner les  cordes.  Elle  était  encore  livrée  au 
plaisir  que  lui  procurait  cet  exercice  lorsque 
le  père  rentra  chez  lui  :  il  lui  infligea  ua  châ- 
timent, lui  défendant  de  toucher  à  aucun  in- 
strument à  l'avenir.  Mais  la  tentation  était 
trop  vive  pour  la  pauvre  petite  :  elle  eut  soin 
seulement  de  tromper  la  vigilance  de  son 
père.  Cependant  il  la  surprit  encore  un  jour, 
et  son  étonnement  fut  extrême  lorsqu'il  enten- 
dit cet  enfant  qui,  sans  maître,  avait  appris  à 
jouer  la  gamme  avec  justesse.  Dès  lors  il  se 
mit  à  lui  donner  des  leçons,  et  bientôt  elle 
parvint  à  jouer  avec  lui  des  duos.  Ce  prodige 
fit  du  bruit,  et  plusieurs  personnes  demandè- 
rent à  entendre  la  petite  Gertrude  ;  mais  quoi- 
qu'elle fut  dans  sa  cinquième  année,  elle  ne 
pouvait  se  soutenir  sur  ses  jambes,  et  son  père 
était  obligé  de  la  porter  dans  tous  les  lieux 
oii  elle  était  appelée.  Quelques  amateurs, 
touchés  du  sort  de  cet  enfant,  lui  (ionnèrcnt 
des  secours,  et  l'un  d'eux,  appelé  par  ses 
affaires  à  la  foire  de  Francfort,  y  conduisit  le 
père  et  la  fille.  Ils  s'y  tirent  entendre  dans 


MAUA 


An 


plusieurs   sociétés,    et  rélonnement   que  la 
petite  Schmaehllng  y  excita  engagea  des  per- 
sonnes aisées  et  charitables  à  ouvrir  une  sous- 
cription dont  le  produit  permit  de  lui  donner 
une  meilleure  éducation  physique  et  morale. 
Sa  santé  s'améliora,  et  lorsqu'elle  eut  atteint 
sa  neuvième  année,,son  père  entreprit  avec  ell« 
le  voyage  de  Vienne.  Ils  y  donnèrent  des  con- 
certs. L'ambassadeur  d'Angleterre,   charmé 
par  l'habileté  précoce  de  la  petite  Schmïeliling, 
flonna  à  son  pèi'e  le  conseil  de  la  conduire  à 
Londres,  où  elle   pourrait  gagner  beaucoup 
d'argent. Le  pauvre  musicien  de  Cassel,  séduit 
par  la  perspective  d'une  meilleure  l'oriunc, 
paitit    avec    des    lettres     de    recommanda- 
lion  de  cet  amliassadeur,  et   n'eut  pas  lieu 
de  se  repentir  d'avoii-  suivi  ses  conseils.  Ac- 
cueillie par  les  giands,  protégée  même  par  la 
reine,  la  jeune  fille  n'éprouva  (l'autre  désa- 
grément  que  d'éli'e   obligée   de    renoncer    à 
un  instrument  que  les  dames  anglaises  trou- 
vaient indigne  d'une  femme.  Elle  possédait 
déjà  une  voix  sonore  :  quoiqu'elle  n'eût  point 
appris  à  la  diriger  par  l'art,  elle  obtint  beau- 
coup d'applaudissements  dans  les  morceaux 
qu'elle  chanta  d'instinct.  Des  secours  furent 
accordés  à  son  père  pour  qu'il  lui  donnât  un 
bon    maître.   Elle    fut  confiée  aux  soins  du 
chanteur  Paradisi,  et  reçut  quelque  temps  ses 
leçons.  Il  lui  lit  l'aire  de  bons  exercices  sur  la 
gamme  pour  développer  son  organe,  et  ses 
progrès  furent   rapides;   mais  on  s'aperçut 
bientôt  de  la  nécessité  de  la   soustraire  aux 
penchants   vicieux   de   ce    castrat.    L'inlérêi 
(|u'elle  avait  excité  dans  les  premiers  temps 
s'affaiblit  insensiblement,  et  son  père  comprit 
qu'il  ne  pouvait  mieux  faire  que  de  retourner 
à  Cassel.  Il  avait  espéré  placer  sa  fille  à  la 
cour,  mais  le  prince  ne  voulait  entendre  que 
((es  chanteurs  italiens.  Le  public  montrait  pour 
elle  de  la  bienveillance;  mais  il  n'en  résul- 
tait rien  d'avantageux   pour   son   existence, 
dans  une  ville  ruinée  par  la  guerre  de  sept 
ans.  Ces  circonstances  décidèrent  Schmœhling 
à  prier  Hiller  de  recevoir  sa  lille  dans  l'école 
de  chant  qu'il  venait  d'ouvrir  à  Leipsick.  Elle 
y  entra  en  17G6  et  y  passa  cinq  années  entiè- 
res. Lorsqu'elle  en  sortit,  en  1771,  elle  était 
aussi  remarquable  par  l'étendue  et  la  beauté 
de  sa  voix,  que  par  sa  profonde  connaissance 
de  la  musique  et  sa  brillante  vocalisation. 
Considéré  dans  son  ensemble,  son  talent  était 
certainement  le  plus  complet  qu'eût  possédé  jus- 
(ju'aiors  unecantatrice  allemande.  Hiller  avait 
d'ailleurs  orné  sa  mémoire  des  plus  beaux  airs 
de  liasse,  Gijun,  Bcnda,  JomcHi,  Pcrgolèse, 


Porpora  et  Sacchini.  liasse  était  particulière- 
ment son  maître  de  prédilection,  à  cause  de  la 
facilité  que  tout  chanteur  trouvait  dans  l'exé- 
cution de  sa  musique.  Sa  voix  s'étendait,  avec 
une  égale  sonorité,  depuis  le  sol  grave  jus- 
qu'au wit  suraigu. 

L'essai  qu'elle  fit  de  son  talent  dans  le  rôle 
principal  d'un  opéra  de  liasse,  au  théâtre  de  la 
cour  de  Dresde,  fut  heureux.  On  en  parla,  et 
la   réputation   de   mademoiselle  Schmaehling 
commença  à  s'étendre.  A  cette  époque,  le  roi 
de  Prusse,  Frédéric  II,  ayant  perdu  quelques 
dents,  avait  cessé  déjouer  de  la  flûte.  Son  goût 
pour  la  musique  s'en  était  attiédi,  et  il  accor- 
dait moins  de  protection  aux  musiciens.  Les 
personnes  qui  approchaient  ce  monarque  pen- 
sèrent que  s'il  était  possible  de  ranimer  son 
penchant  pour  cet  art,  sa  morosité  habituelle 
sedissiperait  ;  elles  lui  proposèrent  d'entendre 
la  jeune  cantatricede  Cassel  ;  mais  il  accueillit 
fort  mal  cette  proposition,  disant  qu'il  aimait 
autantentendre  hennir  son  cheval  que  chanter 
une  Allemande.  On  obtint  pourtant  qu'il  la  fit 
venir  à  Potsdam  et  qu'il  lui  entendit  chanter 
quelques  airs  de  ses  compositeurs  favoris.  Elle 
choisit   pour  le  premier  morceau  un  air  de 
Graun  que  le  roi  aimait  :  il  parut  frappé  du 
mérite  de  la  cantatrice  et  demanda  si  elle  chan- 
tait aussi  à  première  vue.  Sur  sa  réponse  affir- 
mative, il  alla  chercher  un  autre  airde  Graun, 
fort  difficile,  et  dontil  avait  seul  le  manuscrit  : 
elle  le  chanta  sans  faute,  et  le  roi  avoua  qu'elle 
possédait  un  beau  talent.  Plusieurs  fois  rap- 
pelée à  Potsdam  dans  les  semaines  suivantes, 
elle  reçut  enfin    la   proposition  d'entrer  au 
service  de  la  cour  avec  un  traitement  de  trois 
mille  écus  de  Prusse (1 1 ,250  francs)  pour  toute 
sa  vie  :  ce  qui  fut  accepté  avec  joie.  Il  y  avait 
alors  à  la  cour  de  Frédéric  deux  Irès-hahiles 
chanteurs  italiens  (Concialini  et  Porporino), 
qui  devinrent  les  modèles  de  la  nouvelle  can- 
tatrice pour  l'adagio,   et  qui   achevèrent  de 
perfectionner  son  goût  et  le  fini  de  son  exé- 
cution. 

Son  existence  était  assurée,  sa  position  ho- 
norable et  son  talent  distingué.  Plusieurs 
artistes,  séduits  par  tant  d'avantages,  essayè- 
rent de  lui  plaire  ;  mais  elle  montra  pour  tous 
beaucoup  d'indifférence  jusqu'à  ce  que  le  vio- 
loncelliste Mara  se  fût  présenté  à  ses  yeux  :  il 
triompha  de  sa  froideur  et  la  décida  à  l'épouser. 
En  vain  lui  re|»résenta-t-on  les  défauts  de  cet 
homme,  son  inconduite,  ses  débauches;  rien 
ne  put  ébranler  sa  résolution.  Deux  fois  le  roi 
refusa  son  consentement;  mais  elle  revenait 
toujours  à  la  charge;  il  finit  par  l'accorùcr. 

2^>. 


436 


MARA 


Elle  ne  tarda  pourtant  point  à  acquérir  la 
preuve  que  ses  amis  ne  l'avaient  pas  irompéej 
fatiguée  de  voir  dissiper  toutes  ses  ressources 
par  son  mari,  qui  se  perdait  lui-même  dans 
d'affreux  désordres,  elle  finit  par  se  séparer 
de  lui;  mais  elle  continua  de  lui  fournir  des 
secours. 

Cependant  sa  renommée  grandissait  chaque 
jour  :  il  lui  vint  des  offres  secrètes  d'un  enga- 
gement à  Londres  pour  quelques  concerts, 
moyennant  2,500  livres  sterling  (02,500  fr.)  ; 
mais  elle  n'osa  demander  un  congé,  qui  lui 
aurait  été  refusé.  Après  une  couche  malheu- 
reuse, les  médecins  lui  conseillèrent  l'usage 
des  eaux  thermales  de  la  Bohême;  madame 
Mara  demanda  la  permission  de  s'y  rendre; 
mais  le  roi  répondit  que  les  bains  de  Freien- 
wald  étaient  aussi  bons.  Pende  temps  après, 
elle  rappela  qu'une  clause  de  son  contrat  lui 
concédait  le  droit  de  faire  un  voyage  en  Italie. 
Soit,  dit  Frédéric;  mais  elle  ira  $eule,  son 
mari  doit  rester  en  Prusse.  Insensiblement 
elle  s'irrita  contre  ce  despotisme  et  résolut  de 
se  faire  donner  son  congé,  par  la  négligence 
de  son  service.  Une  occasion  se  présenta  bien- 
tôt de  mettre  son  projet  à  exécution.  Le  czaro- 
witz,  depuis  Paull",  était  venu  passer  quelques 
joursàBerlin,où  des  fêtes  brillantes  lui  furent 
données.  Un  opéra  où  madame  Mara  devait 
remplir  le  rôle  principal  fut  indiqué  pour 
certain  jour;  elle  feignit  d'être  malade.  Le  roi 
lui  fit  dire  le  matin  qu'elle  eût  à  se  bien  porter 
et  à  chanter  comme  elle  pouvait  le  faire  ;  mais 
elle  resta  couchée.  Deux  heures  avant  le  spec- 
tacle, une  voiture  escortée  de  huit  dragons 
s'arrêta  à  sa  porte,  et  un  capitaine  entra  dans 
«a  chambre  en  lui  déclarant  qu'il  avait  ordre 
de  la  mener  au  théâtre,  morte  ou  vive.  — 
»  Mais  vous  voyez  que  je  suis  au  lit  !  — 
S'il  n'y  a  que  cette  difficulté  (dit  le  militaire 
habituée  ne  pointconnaîlre  d'obstacles  contre 
les  ordres  qu'il  avait  reçus) ,  je  vous  prends 
avec  le  lit.  »  Il  fallut  obéir.  Baignée  de  lar- 
mes, elle  se  laissa  conduire  au  magasin  du 
théâtre  et  habiller,  bien  résolue  de  chanter 
sans  âme,  sans  goût,  et  de  manière  à  faire 
repentir  le  roi  de  ses  violences.  Tout  alla  de 
cette  façon  pendant  le  premier  acte;  mais  en- 
suite il  lui  vint  dans  l'esprit  qu'elle  ne  devait 
pas  laisser  une  fâcheuse  opinion  de  son  talent 
au  grand-duc  de  Russie,  et  dans  un  air  bril- 
lant, elle  déploya  toutes  les  ressources  de  son 
habileté,  particulièrement  dans  un  trille 
qu'elle  soutint  au  delà  de  tout  ce  qui  parais- 
sait possible,  le  battant  avec  une  agilité  mer- 
veilleuse, et  modifiant  la  puissance  de  sa  voix 


depuis  le  son  le  plus  faible  jusqu'au  plus  in- 
tense, puis  le  diminuant  par  degrés.  Ravi  de 
ce  qu'il  entendait,  le  prince  se  jeta  presque 
hors  de  sa  loge,  et  applaudit  avec  transport. 
Ce  fut  à  la  suite  de  celte  circonstance  que, 
fatiguée  du  despotisme  qui  pesait  sur  elle, 
madame  Mara  résolut  de  s'en  affranchir  par  la 
fuite  :  on  peut  voir  dans  l'article  précédent 
quelles  furent  les  suites  de  cette  démarche, 
qui  rendit  sa  situation  plus  triste  pendant  plu- 
sieurs années.  Enfin,  elle  parvint  à  se  rendre 
secrètement  à  Dresde,  où  l'ambassadeur  de 
Prusse  la  retint  jusqu'à  ce  qu'il  eût  reçu  des 
instructions  de  sa  cour.  Frédéric  II,  dont  le 
goût  pour  la  musique  s'affaiblissait  chaque 
jour  davantage,  envoya  le  congé  de  la  canta- 
trice et  ne  voulut  plus  entendre  prononcer 
son  nom.  Devenue  libre,  madame  Mara  re- 
trouva sa  gaieté,  sa  santé  altérée  par  le  cha- 
grin, et  résolut  de  visiter  l'Allemagne  et  la 
France.  En  1780,  elle  arriva  à  Vienne  avec 
son  mari.  L'empereur  Joseph  II  avait  fait 
venir  alors  dans  cette  ville  un  opéra  bouffe 
italien  dont  la  cantatrice  Slorace  était  \a  prima 
donna;  il  n'aimait  que  ce  genre  de  musique, 
qui  n'avait  point  d'analogie  avec  le  caractère 
de  talent  de  la  Mara  :  celle-ci  fut  donc  ac- 
cueillie froidement  par  le  monarque;  mais 
l'impératrice  Marie-Thérèse,  bien  que  fort 
âgée  et  vivant  dans  la  retraite,  prit  à  elle  un 
intérêt  bienveillant,  et  lui  donna  une  lettre 
pour  sa  fille,  Marie-Antoinette,  reine  de 
France.  Madame  Mara  se  fit  entendre  dans 
plusieurs  grandes  villes  de  l'Allemagne,  de  la 
Hollande  et  de  la  Belgique  :  elle  arriva  à  Paris 
en  1782.  Madame  Todi  {voyez  ce  nom),  can- 
tatrice italienne  de  beaucoup  de  mérite,  s'y 
trouvait  alors,  et  passait,  dans  l'opinion  de 
beaucoup  d'amateurs  et  d'artistes,  pour  la  plus 
habile  de  son  temps.  Après  avoir  chanté  à 
Versailles  devant  la  reine,  qui  l'accueillit  avec 
bonté,  madame  Mara  se  fit  entendre  au  Con- 
cert spirituel  dans  un  air  de  Naumann  (Tu 
m'entends),  où  elle  excita  autant  d'élonne- 
ment  que  d'admiration.  On  lui  trouva  deux 
qualités  dont  la  réunion  est  rare  :  une  bril- 
lante exécution  dans  léchant  de  bravoure,  et 
beaucoup  d'expression  dans  l'adagio.  Après 
le  premier  essai  du  talent  de  la  cantatrice 
allemande,  il  se  forma  deux  partis  parmi  les 
amateurs  :  on  les  distingua  sous  les  noms  de 
Maralistes  et  de  Todistes.  Suivant  l'habitude 
des  Français,  il  fut  débité  des  quolibets,  des 
bons  mots  et  des  calembours  à  cette  occasion. 
On  rapporte  celui-ci  :  Dans  un  concert  où  elles 
chantaient  toutes  deux,  un  amateur  dcman- 


MARA 


daità  son  voisin  quelle  était  la  meilleure  :  — 
C'est  Mara,  répondit  celui-ci.  —  C'est  bien 
Tode  (bientôt  dit),  reprit  un  troisième  interlo- 
cuteur. 

Après  avoir  passé  près  de  deux  années  à 
Paris,  madame  Mara  partit  pour  Londres  où 
l'attendaient  de  plus  grands  succès  encore. 
Elle  y  arriva  en  1784,  au  moment  du  festival 
en  commémoration  de  Haendel.  Les  adminis- 
trateurs de  cette  solennité  lui  confièrent  les 
solos  de  la  première  partie  de  soprano,  et  le 
talent  qu'elle  y  déploya  prouva  qu'elle  était 
digne  de  cet   honneur.  Elle-même  acquit  la 
conviction,    dans    cette    importante  circon- 
stance, que  l'oratorio  était  le  genre  de  musi- 
que où  ses  facultés  se  déployaient  avec  le  plus 
d'avantages.  A  la  scène,  elle  manqua  toujours 
de  grâce  j  elle  était  gauche,  embarrassée  dans 
l'action  dramatique  ;  mais  le  genre  sévère  et 
large  de  l'oratorio  convenait  à  sa  profonde 
connaissance  de  la  musique  et  à  sa  puissante 
exécution.  Ses  succès  eurent  tant  d'éclat  en 
Angleterre,  que  dans  l'espace  de  quinze  jours 
elle  gagna  70  mille  francs.  Elle  chantait  quel- 
quefois cinq  ou  six  morceaux  dans  une  seule 
soirée,  et  le  prix  qu'elle  avait  fixé  était  de  cin- 
quante guinées  pour  un  seul  air.  L'avantage 
de  parler  la  langue  anglaise,  qu'elle  avait  ap- 
prise à  Londres  dans  sa  jeunesse,  lui  permet- 
tait de  bien  chanter  la  musique  de  Hsendel 
et  de  Purcell,  qui  excitait  alors  des  transports 
d'admiration  dans  toutes  les  classes  de  la  so- 
ciété. Il  n'y  eut  bientôt  plus  de  concert,  plus 
de  solennité  musicale  possible  sans  madame 
Mara  :  elle  devint  l'idole  de  la  nation  anglaise. 
Après  quatre  années  de  séjourdans  la  Grande- 
llrctagne,  elle  partit  pour  l'Italie  et  chanta  au 
théâtre  royal  de  Turin  pendant  le  carnaval, 
en  1788.  Quoiqu'elle  n'y  brillât  pas  comme 
actrice,  elle  y  obtint  des  succès  par  la  beauté 
de  son  chant.  L'année  suivante,  elle  eut  un 
véritable  triomphe  à  Venise.  De  retour  à  Lon- 
dres en  1790,  elle  y  chanta  pendant  la  saison; 
puis  elle  alla  remplir  un  engagement  pour  le 
carnaval,  à  Venise.  En  1792,  elle  retourna  de 
nouveau  à  Londres,  et  cette  fois  son  séjour  en 
Angleterre  fut  de  près  de  dix  ans.  Vers  1801, 
elle  sentit  un  atTaiblissement  assez  remarqua- 
ble dans  son  organe;  elle  était  alors  âgée  de 
cinquante-deux  ans.  L'année  suivante,   elle 
(|uitta  Londres,  pour  retourner  sur  le  conti- 
nent. Avant  son  départ,  le  public  lui  donna  un 
témoignage  de  l'intérêt  qu'il  prenait  à  sa  per- 
sonne par  l'empressement  qu'il  mit  à  se  rendre 
«  son  dernier  concert  :  la  recette  fut  de  près 


J 


*ii 


elle  désira  s'y  faire  entendre,  et  son  ancienne 
ré|)utation  lui  fit  offrir  avec  empressement  la 
salle  de  l'Opéra  pour  son  concert.  Je  l'entendis 
alors;  sa  manière  de  direle  récilalifétaitbelle, 
mais  dans  les  traits  qui  exigent  de  la  force,  sa 
voix  était  impuissante.  Elle  fit  peu  d'effet. 
Madame  Grassini,  qu'on  avait  entendue  peu 
de  temps  auparavant,  et  qui  était  dans  l'éclat 
de  son  talent,  fit  faire  des  comparaisons  qui 
n'étaient  point  à  l'avantage  de  madame  Mara. 
Celle-ci  prit  alors  sa  route  par  l'Allemagne  et 
donna  des  concerts  à  Francfort,  àWeimar, 
à  Leipsick,  à  Berlin,  et  à  Vienne.  En  1804,  elle 
alla  en  Russie,  chanta  d'abord  à  Pétersbourg, 
puis  se  fixa  à  Moscou,  où  elle  acheta  uo» 
maison. 

Madame  Mara,  dont  l'esprit  était  borné  et 
l'organisation  passionnée,  avait  toujours  été 
à  la  merci  des  hommes  qu'elle  avait  aimés,  et 
s'était  laissé  dépouiller  par  eux  de  tout  ce 
qu'elle  avait  gagné  par  son  talent.  Longtemps 
son  mari  avait  dissipé  les  sommes  considéra- 
bles qu'elle  lui  abandonnait  avec  une  généro- 
sité mal  entendue.  Plus  tard,  elle  eut  pour 
amant   un    flûtiste    italien    nommé    Florio 
{voyez  ce  nom),  quoiqu'elle  eûl  déjà  plus  de 
cinquante  ans,  et  le  même  désordre  continua 
de  régner  dans  ses  affaires.  Effrayée  par  l'ap- 
proche de  la  vieillesse  et  par  la  perte  de  sa 
voix,  elle  aperçut  trop  tard  la  fâcheuse  situa- 
tion où  l'avaient  placée  ses  folles  prodigalités. 
Alors,  pour  la  première  fols,  des  idées  d'éco- 
nomie   lui    vinrent.    Pendant   six   ans,  elle 
donna  des  leçons  de  chant  à  Moscou  et  parvint 
à  réunir  une  somme  assez  considérable,  dont 
elle  plaça  le  capital  chez  un  négociant,  après 
avoir  acheté  sa  maison  :  faible  ressource  en 
comparaison    des   sommes   énormes    qu'elle 
avait  autrefois  gagnées  et  dissipées!  Un  sort 
fatal,  voulut  qu'elle  perdît  encore  cette  der- 
nière planche  de  salut   :   car  l'incendie  do 
Moscou,  en   1812,  détruisit  sa  propriété  et 
ruina  le  négociant  dépositaire  de  son  argent. 
Déjà  âgée  de  près  de  soixante-quatre  ans,  elle 
dut  chercher  encore  des  moyens  d'existence 
dans  ce  qui  lui  restait  de  savoir  et  d'expé- 
rience; mais  elle  montra  de  la  résignation  dans 
cette  adversité,  et  se  mit  à  voyager  dans  la 
Livonie,  où  elle  reçut  un  bon  accueil  :  elle  se 
fixa  enfin  dans  la  petite  ville  de  Revel,  passant 
une  partie  de  chaque  année  dans  des  châteaux 
à  instruire  dans  l'art  du  chant  déjeunes  f.lles 
nobles.  Après  quatre  ans  de  ce  genre  de  vie, 
elle  eut  la  singulière  fantaisie  de  revoir  Lon- 
dres, où  elle  espérait  gagner  encore  quelque 


de  vingt-sept  mille  francs.  Arrivée  à  Paris,  |  argent.  Elle  y  arriva  en  1819,  et  y  donna  uo 


43S 


MARA  —  MARAZZOLI 


concrrt  an  Iht'âtre  thi  Roi  :  le  produit  fut 
avantageux;  mais  le  public,  par  respect  pour 
le  souvenir  d'un  grand  talent,  ne  put  que 
garder  le  silence.  De  retour  en  Livonie  dans 
Tété  de  1820,  elle  y  reprit  ses  habitudes,  et  fut 
entourée  de  soins  par  ses  amis  jus'ju'à  ses 
derniers  jours.  Elle  a  cessé  de  vivre  à  Revel, 
le  20  janvier  18ôo,  à  l'âge  de  quatre-vingt- 
quatre  ans.  Peu  de  temps  avant  sa  mort,  elle 
avait  reçu  de  l'illustre  Gœlhe  un  poëme  sur 
l'anniversaire  de  sa  naissance.  G.-C.  Gros- 
licim  a  publié  à  Cassel,  en  182-3,  une  biogra- 
phie de  cette  célèbre  cantatrice,  sous  le  titce 
de  Dus  Leben  der  Kiinstlerin  Mara.  On  en 
doit  une  plus  intéressante  à  Rochlitz,  insérée 
dans  le  premier  volume  de  son  recueil  fiir 
Freunde  der  Tonkunst  (p.  49-117).  Je  me 
suis  servi  de  ces  deux  écrits  pour  les  rensei- 
gnements de  cette  notice.  Il  y  a  plusieurs 
portraits  de  madame  Mara;  le  jtlus  beau  est 
celui  qui  a  été  gravé  par  Collyer,  à  Londres, 
en  1794. 

HIAllAlS  (ÎMAnn),  célèl)rc  violiste,  né  à 
Paris,  le  31  mars  IGSfi,  l'ut  d'abord  enfant  de 
chœur  à  la  Sainte-Chapelle  du  Palais,  puis 
devint  élève  de  Holtemann,  et  en  dernier  lieu 
de  Sainte-Colombe,  pour  la  viole.  Lully  lui 
donna  aussi  quelques  leçons  de  composition, 
particulièrement  pour  le  style  dramatique.  En 
1685,  ii  entra  dans  la  musique  de  la  chambre 
du  roi,  en  qualité  de  viole  solo  et  conserva 
celte  place  jusqu'en  1725.  Il  mourut  à  Paris, 
le  15  août  1728,  dans  sa  soixante-treizième 
année.  Marais  avait  eu  dix-neuf  enfants,  dont 
la  plupart  cultivèrent  la  musique.  Sa  fille 
aînée  avait  épousé  le  compositeur  Bernier. 
Trois  de  ses  fils  et  une  fille  cultivèrent  la  viole 
avec  succès.  Le  plus  célèbie  de  ses  fils  fut  Ro- 
land Marais,  objet  de  l'article  suivant.  La 
basse  de  viole,  cultivée  en  France  avec  succès 
par  Hotlemann,  avait  acquis  de  nouvelles 
ressources  sous  la  main  de  Sainte-Colombe, 
Desmarets  et  du  Buisson;  mais  Marais  alla 
plus  loin  que  ces  artistes  dans  l'art  de  jouer  en 
harmonie  sur  ce  bel  instrument.  Il  y  ajouta 
la  septième  corde,  qui  n'était  point  en  usage 
avant  lui.  On  dit  aussi  qu'il  fut  le  premier 
violiste  qui  fit  filer  en  fil  de  laiton  les  trois 
grosses  cordes  de  l'instrument  pour  leur  don- 
ner plus  de  tension  et  conséquemment  plus 
(le  sonorité  sans  en  augmenter  la  grosseur,  et 
sans  leur  donner  trop  d'élévation  au-dessus  de 
la  touche.  On  a  de  lui  cinq  livres  de  pièces  de 
vitde,  dont  le  cinipiième  a  été  gravé  à  Paris, 
ou  1725;  ces  eruvres  ont  pour  titre:  1"  Pièces 
aune  et  deux  violes,  avec  basse  continue. 


liv.  I".  2»  Pièces  de  viole  avec  basse  conti- 
nue, liv.  II,  III,  IV,  V;  Paris,  sans  date, 
in-4''  ol)!.  On  connaît  aussi  sous  son  nom  -. 
Pièces  en  trios  pour  les  jMtes,  violons  et 
dessus  de  viole;  Paris,  Ballard,  1692,  in-4" 
ol)l.  Marais  s'est  fait  connaître  comme  com- 
positeur dramatique  par  les  opéras  suivants  : 
1"  Alcide,  tragédie  lyrique,  en  société  avec- 
Louis  de  Lully,  lfi9-'>.  Cet  ouvrage  fut  re- 
pris en  1705,  1716  et  1744.  2"  Jriane  et 
Bacchus,  1696.  a"  Jlcione,  tragédie  lyrique, 
en  1706;  repris  en  1719,  17ô0  et  1741. 
4"  Sémélé,  en  1709.  Les  partitions  de  ces 
opéras  ont  été  imprimées  à  Paris,  chez  Bal- 
lard,  in-4"  ohl.  Trois  ou  quatre  ans  avant  sa 
mort.  Marais  se  retiia  dans  une  maison  qu'il 
avait  achetée  rue  de  l'Oursine,  pour  y  cultiver 
des  fleurs.  Il  donnait  cependant  encore  des 
leçons  de  viole  deux  ou  trois  fois  chaque  se- 
maine. 

BIARAIS  (Roland),  fils  du  précédent,  fut 
aussi  un  violiste  distingué.  En  1725,  il  obtint 
la  place  de  violiste  solo  de  la  chambre  du  roi, 
en  remplacement  de  son  père,  dont  il  avait 
eu  la  survivance  pendant  plusieurs  années. 
Quanlzl'entendit  en  1726,  et  il  en  parlecomme 
d'un  artrate  fort  habile.  Marais  a  publié  une 
méthode  de  musique  sous  ce  litre  :  Nouvelle 
méthode  de  musique. pour  seroir  d'introduc- 
tion aux  auteurs  modernes;  Paris,  Chr.  Bal- 
lard,  1711,  in-4''.  On  a  aussi  de  cet  artiste  : 
1"  Premier  livre  ds  pièces  de  viole,  avec  la 
basse  chiffrée  en  partition,  dédié  à  Mgr  le 
duc  de  Bélhnne  Charost ;  Paris,  l'auteur, 
17ÔJ  ,  i)elit  in-folio,  gravé  sur  cuivre. 
2"  Deuxième  livre  de  pièces  de  viole,  avec  la 
basse  chiffrée  en  partition,  dédié  à  Mgr  le 
Dauphin;  ibid.,  17-38. 

MARAZZOLI  ou  MARAZZUOLÎ 
(Marc),  né  à  Parme,  dans  les  premières  années 
du  dix-septième  siècle,  fut  agrégé  comme 
chapelain  chantre  de  la  chapelle  pontificale, 
le  23  mai  1637.  Virtuose  remarquable  sur  la 
harpe,  il  fut  aussi  un  des  meilleui's  comi)osi- 
teurs  d'oratorios  et  de  cantaies  de  son  temps. 
Il  obtint  un  bénéfice  à  l'église  Sainte-Marie- 
Majeure,  et  le  pape  Urbain  VIII  lui  donna 
l'emploi  de  bussolante  (1).  Il  fut  aussi  attaché 
à  la  musique  de  la  reine  Christine  de  Suède, 
qui  avait  voulu  à  tout  prix  le  compter  parmi  les 
virtuoses  de  «a  chambre.  Gerher  dit,  dans  son 
ancien  Lexi(iue  des  musiciens,  que  Jlarazzoli 
abandonna  la  chapelle  pontificale  pour  aller  à 
Venise  faire  représenter  un  opéra;  mais  c'est 

(I)  Directeur  lies  ccrcmonics  de  TcgliiC. 


MARAZZOLI  —  MARCA 


439 


une  erreur.  La  Borde,  qui  en  a  fait  un  Véni- 
tien, d'après  la  dramaturgie  d'AUacci,  a  aussi 
fait  une  faute,  car  il  est  certain  que  Marazzoli 
était  de  Parme.  Il  mourut  le  24  janvier  1CG2. 
Il  avait  laissé  une  fondation  pour  Panniver- 
saire  de  sa  mort,   consistant   en  une  messe 
chantée   par    les  chapelains    chantres    de  la 
chapelle  pontificale,  dans  l'église  de   Saint- 
Grégoire  (voyez  Adami  da  Bolsena  ,  Osserva- 
zioni  per  ben  regolare  il  coro  délia  Capella 
pontificia,  p.  1S5).  Les  litres  des  principaux 
ouvrages  de  ce   musicien  sont  :  1"  Jmori  di 
Giasone  e  d'Jsifde;  dramma,  ovvero  festa 
tealrale  recitata  nel  teatro  de'  santi  Gio.  e 
Paolo  di  renezia,  l'anno  1fi42.  2»  L'Arme, 
e  gli  Jmori;  dramma  musicale  recitato  piu 
volte  nel  palazzo  Barherini  alla  presenza 
délia  regina  di  Siiezzia.  ô"  Del  maie  il  bene; 
dramma  musicale  posto  in  musica  dalV  Ab- 
batini  e  dal  Marazzoli,  recitato  cou  l'occa- 
zione  délie  nozzc  de'  signori  il  principe  di 
Palestrina  e  donna  Olimpia  Giustiniani,  e 
di  nuovo  più  volte  alla  presenza  délia  regina 
di  Suezzia  nello  stesso  palazzo.  4°  La  f'ita 
umana  j    ovvero    il    Trionfo    délia   pietà  ; 
dramma  musicale  rappresentalo ,  e  dedicato 
alla  serenissima  regina  di  Suezzia  nel  pa- 
lazzo Barberini ,  parole  di  Giulio  Bospi- 
gliosi  (depuis  Clément  IX),  musica  del  Ma- 
razzoli ;  Roma,  Mascardi ,    1658.   Quel(iues 
cantates  morales  de  ce  musicien  ont  été  Insé- 
rées dans  le  recueil  des  Poésie  morali  poste 
in  musica  da  Giuseppe  Giamberti;  Orvieto, 
1(528.  Beaucoup  de  ses  oratorios  sont  dans  les 
archives  de  Sainte-Marie  in  Vallicella,  à  Rome. 
L'abbé  Baini  possédait  aussi  beaucoup  de  ma- 
drigaux, d'airs  et  de  petites  cantates  dans  des 
\olumes  qu'il  avait  acquis  à  la  vente  de  la  Bi- 
bliothèque de  la  maison  Colonna.Tout  celaest 
aujourd'hui  à  la  Bibliothèque  de  la  Congréga- 
tion de  la  Minerve,  à  Rome. 

MARBACIl  (Chrétien),  magister  et  pas- 
teur à  Mertschlitz,  en  Silésie,  dans  la  première 
partie  du  dix-huitième  siècle,  est  auteur  d'un 
livre  intitulé  :  Evangelische-Singe-Schule, 
darinnen  diejenigen  Dinge  deutlich  gelehrt 
und  wiederhalt  werden ,  etc.  (Méthode  de 
chant  évangélique,  dans  laquelle  on  enseigne 
d'une  manière  claire  les  choses  qui  sont  en 
général  nécessaires  et  utiles  à  tout  chrétien 
évangélique,  pour  l'édification  et  la  propaga- 
tion de  la  dévotion  du  chant  agréable  à  Dieu)  ; 
Breslau  et  Leipsick,  172G,  in-S"  de  deux  cent 
seize  pages. 

MAUBECR  (.Iean),  bachelier  en  musique, 
et  organiste  de  la   chapelle  Sainl-Gcorgcs  à 


Windsor,  naquit  au  commencement  du  sei- 
zième siècle.    Il    posséda  des   connaissances 
étendues  dans  la  musique,  et   i»récéda  Tye  et 
Tallis,  considérés  à  tort  comme  les  plus  an- 
ciens compositeurs  de  l'Église  reformée  d'An- 
gleterre. Vers  1544,  il  se  forma   à  Windsor 
des  associations  qui  avalent  pour  but  de  favo- 
riser la   réformation    suivant   la  doctrine  de 
Luther;  Marbeck  était  un  des  chefs  de  cette 
association;  l'évéque  de  Winchester,  chargé 
d'une  procuration  du  roi  Henri  VIII  pour  sé- 
vir contre  ces  rassemblements,  le  fit  arrêter 
avec  trois  autres  qui  furent  condamnés  à  être 
brûlés  vifs,  et  exécutés  le  lendemain  du  juge- 
ment. Quanta  Marbeck,  les  dispositions  favo- 
rables de  l'évéque  en  sa  faveur  le  sauvèrent. 
On  n'exigea  pas  môme  qu'il  rétractât  publi- 
(|uement  ses  opinions  l'eligleuses;  il  reprit  ses 
fonctions  d'organiste  et  les  études  de  son  art. 
Il  vivait  encore  en  157G,  et  même  vraisembla- 
blement en  1581,  car  on  imprima  dans  celte 
dernière  année  plusieurs  ouvrages  de  sa  com- 
position. On  a  de  Marbeck  le  plus  ancien  livre 
de  chant  simple  qui  ait  été  publié  pour  l'usage 
de  l'Église  anglicane.  Ce  livre  a  pour  titre  : 
T/ie  Boke  of  common  Praier ,  noted.  Lmprin- 
ted  by  Bichard    Grafton ,   printer   to  the 
Kiiiges  Majeslics,  1550.   Il  est  d'une  rareté 
excessive.  Un  exemplaire,  médiocrement  con- 
servé, a  été  vendu  à  Londres,   en  1847,   par 
M.   Chapell,   éditeur  de  musique  et  amateur 
d'antiquités    musicales,   pour   la    somme   de 
dix-hult  guinées  (quatre  cent  soixante-douze 
francs).  Le  chant  qu'on  y  trouve  est  peu  diffé- 
rent de  celui  qui  est  encore  en  usage  aujour- 
d'hui dans  la  liturgie  anglicane.  M.  Robert 
Jones,  organiste  de  la  cathédrale   d'Ely,    a 
donné  une  édition  nouvelle  du  livre  de  Mar- 
beck, d'après  un  exemplaire  qui  se  trouve  à  la 
Bibliothèque   de  l'Universilé  de  Cambridge. 
L'éditeur  a  substitué  la  notation  moderne  à  la 
vieille  notation  de  l'original,  et  a  publié  l'ou- 
vrage  sous   ce    titre   :   Marbeck's   Book   of 
common  prayer  for  voices  in  tmison,  ar- 
ranged  for  modem  use,  wilh  an  ad-libi- 
tum  Organ-Bass  accompaniment ;  Londres, 
R.  Cooks,  1847,  un  volume  in  4".  Ilawkins  a 
inséré  un   hymne  à  trois  voix  de  Marbeck  (a 
Firgin  and  Motlier)  dans   le  troisième  vo- 
lume de  son  Histoire  générale  de  la  musique 
(p.  246-249);  c'est  un   morceau  bien   écrit. 
On  trouve  aussi  un  Te  Deumûe  Marbeck  dans 
le  premier  volume  de  la  Musica  antiqua  de 
Smith,  et  une  messe  à  cinq  voix  de  cet  artiste 
se  trouve  dans  la  musique  du  Muséum  bri- 
•   tannique,  sous  le  n"  220. 


440 


MARCA  —  MARCELLO 


MARCA  (Léonard),  carme  déchaussé  et 
facteur  d'orgues  à  Nuremberg,  dans  la  seconde 
moitié  du  quinzième  siècle,  fit,  en  1479,  des 
réparations  au  grand  orgue  de  l'église  Saint- 
Laurent  de  celte  ville,  et  y  ajouta  un  positif 
qui  renfermait  quatre  cent  cinquante-quatre 
tuyaux;  mais  on  fit  ensuite  peu  d'usage  de  cet 
instrument,  et  il  fut  remplacé,  en  1523,  par 
l'orgue  de  l'église  des  Dominicains. 

MARCELLO  (Benoît),  noble  vénitien,  fils 
d'Augustin  Marcello  et  de  Paule  Cappello,  na 
quit  à  Venise,   le  24  juillet  1686,  et  reçut, 
ainsi  que  ses  frères  Alexandre  et  Jérôme,  une 
éducation  brillante  et  solide  dans  la  maison  de 
leur  père,  qui  dirigea  lui-même  leurs  études. 
La  poésie  et  la  musique  occupèrent*particu- 
lièrement  tout  le  temps  qu'il  put  dérober  aux 
affaires  publiques,  où  l'appelaient  sa  naissance 
et  sa  position  sociale.  Dans  sa  première  jeu- 
nesse, il  avait  commencé  l'étude  du  violon  ; 
mais  les  difficultés  de  mécanisme  de  cet  in- 
strument le  lui  firent  bientôt  abandonner.  Le 
chant    et    la    composition  avaient    seuls    du 
charme  pour  lui.  Quoique  Benoit  Marcello  an- 
nonçât du  génie   pour  les    arts,   l'étude   des 
règles  lui    paraissait  pénible,   et   ce  n'était 
qu'avec    peine   qu'on    obtenait   de   lui  qu'il 
s'y   livrât.   Cependant,   son  application  à  la 
musique  était  devenue    si   ardente,  que   son 
père,  craignant   les   conséquences  fâcheuses 
d'un  travail   immodéré,  l'emmena  à  la  cam- 
pagne, et  le  priva  de  tous  les  moyens  de  s'oc- 
cuper de  son  art  favori.  Mais  le  génie  de  Be- 
noit était  éveillé  ;  trompant  la  vigilance  de  son 
père,  il  se  procura  du  papier  réglé,  et  écrivit 
une  messe  remplie  de  beautés.  Convaincu  alors 
que  la  contrainte  serait  inutile,  Augustin  Mar- 
cello laissa  son  fils  se  livrer  à  son  goût.  Peu 
de  temps  après  il  mourut,  et  Benoit  retourna 
à  Venise,  où  la  culture  des  arts  et  les  affaires 
publiques  partagèrent  son  temps.  Une  société 
d'amateurs  de  musique  s'était  formée  au  Ca- 
sino de'  Nobili;  il  y  entra  et  y  fit  souvent 
exécuter  ses    ouvrages.   C'est  aussi    à    cette 
époque  que,  convaincu  de  la  nécessité  d'aug- 
menter son  savoir  dans  l'art  du  contrepoint, 
il  devint  élève  de  Gasparini,  alors  maître  du 
chœur  des  jeunes  filles  du  Conservatoire  de  la 
Pietà.  Il  eut  toujours  beaucoup  de  déférence 
pour  ce  maître,  et  soumit  la  plupart   de  ses 
|)roductions  à  son  examen.  Lui-même  forma 
plusieurs  élèves,   au   nombre    desquelles   on 
compte  la  célèbre  cantatrice  Faustine  Bordoni, 
qui  depuis  fut  la  femme  de  liasse;  cependant 

il  est  vraisemblable  que   celle   virtuose  n'en 

reçut  que  des  conseils  pour  la  parlie  drama- 


tique de  son  art,  car  son  maître  de  chant  fui, 
comme  on  sait,  Michel-Ange  Gasparini. 

Nonobstant  ses  travaux  importants  dans  la 
poésie,  la  littérature  et  la  musique,  Marcello 
ne  négligea  pas  les  devoirs  de  sa  position  so- 
ciale. Ainsi  que  la  plu[iart  des  nobles  véni- 
tiens, il  se  livra  dans  sa  jeunesse  à  l'exercice 
de  la  profession  d'avocat.  A  l'âge  de  vingt-cinq 
ans,  il   en  prit  l'habit,   et  jusqu'à  trente,  il 
remplit  les  fonctions  de  diverses  magistratures. 
Plus  tard,  il  fut  pendant  quatorze  ans  membre 
du  conseil  des  quarante,  et,  en  1730,  il  alla 
comme  provéditeur  à  Pola.  L'air  insalubre  de 
cette  ville  fut  nuisible  à  sa  santé  :  il  y  perdit 
toutes  ses  dents.  De  retour  à  Venise  en  1738, 
il  y  resta  peu   de  temps.  A  sa  demande,  le 
gouvernement  l'envoya  à  Brescia,  en  qualité 
de  camerlingue  (trésorier).  Le  climat  de  cette 
ville  est  renommé  par  son  excellence,  mais  il 
ne  put  rétablir  la  santé  délabrée  de  Marcello. 
A  peine  celui-ci  commençait-il  à  jouir  des 
avantages  de  sa    position,   que  la  mort  vint 
l'enlever  aux  arts  et  à  sa  patrie  :  il  cessa  de 
vivre  à  Brescia,  le  24  juillet  1739,  et  fut  in- 
humé avec  pompe  dans  l'église  de  Saint- Jo- 
seph-des-Franciscains.On  plaça  sur  sa  tombe 
l'inscription  suivante  : 

Denedieto.  Marcello 
Palricio.  Veneto. 

Pientissimo. 

Philologo.  Poetœ 

Itlusices.  princlpi 

Quœstori.  Brixiensi 

V.  M. 

Anno  MDCCXXXIX.  VIII.  Kal.  Aug. 

Posv.it 

yixil  ann.  LU,  mens.  XI,  d.  XXIII. 

Marcello  fut  membre  de  l'Académie  phil- 
harmonique de  Bologne,  et  de  la  Société  des 
Arcadi,  sous  le  nom  de  Driante  Sacreo. 

Dans  sa  jeunesse,  il  aimait  le  plaisir  et  re- 
cherchait la  société  des  artistes,  particulière- 
ment les  femmes  de  théâtre,  dont  plusieurs 
suient  toucher  son  cœur.  Homme  du  monde, 
avide  d'honneurs  et  de  distinctions,  il  consa- 
crait à  ses  relations  sociales  tout  le  temps 
qu'il  n'employait  pas  à  la  production  de  ses 
ouvrages.  Un  événement  extraordinaire  vint 
changer  son  humeur  et  ses  habitudes,  à  l'âge 
de  (|uarante-deux  ans.  Le  16  août  1726,  il  as- 
sistait, dans  l'église  des  SS.  Apotoli,  au  ser- 
vice divin  :  tout  à  coup  une  pierre  sépulcrale 
sur  laquelle  il  se  trouvait  s'écroula  sous  ses 
pieds  et  l'entraîna  jusqu'au  fond  de  la  tombe. 
Il  ne  se  fit  aucun  mal;  mais  il  se  persuada 
que  cet  accident  était  un  avertissement  du 
ciel;  les  sentiments  religieux  dans  les(|uels  il 
avait  été  élevé  se  réveillèrent,  et  dès  ce  mo- 


MARCELLO 


441 


menl  il  se  renferma  dans  la  solitude,  éloigna 
tous  ses  anciens  amis,  rompit  avec  ses  habi- 
tudes de  dissipation,  et  même,  dit-on,  perdit 
le  goût  passionné  qu'il  avait  toujours  eu  pour 
la  musique.  Il  est  du  moins  certain  qu'il  ne 
s'en  occupa  plus  que  de  loin  en  loin.  Quel- 
ques prêtres  devinrent  sa  société  habituelle, 
et  les  œuvres  des  philosophes  chrétiens  furent 
désormais  les  objets  de  ses  lectures  et  de  ses 
méditations.  La  poésie  remplaça  la  musique 
dans  ses  travaux  d'imagination;  mais  ce  fut 
dans  un  but  plus  grave  que  ses  autres  tra- 
vaux; car  l'ouvrage  dont  il  s'occupa  fut  un 
]wëme  stir  la  Rédemplion.  Cependant  une  de 
ses  plus  belles  productions  musicales,  sur  un 
sujet  religieux,  dont  il  sera  parlé  plus  loin, 
fut  composée  en  17ôô. 

Il  avait  épousé  secrètement  une  belle  fille, 
d'une  condition  obscure,  qui  avait  été  son 
élève;  mais  il  n'en  eut  point  d'enfants.  Un 
intérêt  romanesque  s'attache  aux  circon- 
stances qui  la  lui  firent  connaître.  Dans  les 
belles  soirées  de  l'été,  des  gondoles  remplies 
de  jegnes  filles  parcouraient  alors  le  grand 
canal,  et  de  ces  barques  résonnaient  des  airs 
populaires  chantés  par  des  voix  fraîches  et 
pures.  L'une  de  ces  voix  frappa  Marcello  par 
ses  accents  angéliques.  Il  envoya  ses  domesti- 
ques à  la  recherche  de  la  bnrque  d'où  se  faisait 
entendre  cette  voix  incomparable,  afin  qu'ils 
la  fissent  approcher  de  son  palais.  Rosana 
Scalfi  était  le  nom  de  celle  qui  possédait  cet 
organe  enchanteur;  la  beauté  de  ses  traits 
égalait  la  douceur  de  son  chant  :  Marcello  fut 
séduit  par  les  yeux  auiantque  par  les  oreilles. 
Rosana  devint  d'abord  son  élève  :  plus  tard 
elle  fut  sa  femme. 

B.  Marcello  esta  juste  titre  considéré  comme 
un  des  plus  beaux  génies  qui  ont  honoré  non- 
seulement  Venise,  mais  l'Italie.  Il  fut  à  la 
fois  écrivain  éloquent,  poêle  distingué  et 
compositeur  d'un  mérite  remarquable.  L'ou- 
vrage qui  a  particulièrement  immortalisé  son 
nom  est  la  musique  qu'il  a  composée  sur  une 
paraphrase  en  vers  italiens  île  cinquante 
\)saumes  par  Jérôme  Ascagne  Giustiniani.  Les 
(juatre  pi'omiers  volumes  de  cette  belle  collec- 
(ion  parurent  sous  ce  titre  :  Estro  Poetico- 
Jrmonico.  Parafrasi  sopra  i  primi  venti- 
cinque  saUni.  Poesia  di  Girolamo  Ascunio 
Ciustiniani^  Musica  di  Benedttto  Marcello 
de'  patrizi  Feneti:  in  Fenezia,  oppressa  Do- 
inenico  Lovisa.  1724,  in-fol.  Les  vingt-cinq 
derniers  psaumes  furent  publiés  par  le  même 
éditeur,  en  172fi  el  1727,  sous  le  titre  :  Estro 
PocUco-Jrmonico.  Parafrasi  sopra  i  se- 


condi  venticinque  Salmi ,  quatre  volumes 
in-fol.  Marcello  a  écrit  ces  psaumes  pour  une, 
deux,  trois  et  quatre  voix,  avec  une  basse 
chiffrée  pour  l'accompagnement  de  l'orgue  ou 
du  clavecin,  et  quelques-uns  avec  violoncelle 
obligé  ou  deux  violes.  Un  rare  mérite  d'ex- 
pression poétique,  beaucoup  d'originalité  et 
de  hardiesse  dans  les  idées;  enfin,  une  singu- 
lière variété  dans  les  moyens,  sont  les  qualités 
qui  non-seulement  ont  fait  considérer  ce  grand 
ouvrage  comme  le  chef-d'œuvre  de  son  auteur, 
mais  comme  une  des  plus  belles  productions 
de  l'art.  Marcello  a  emprunté  quelques-uns 
des  thèmes  de  ses  psaumes  aux  intonations  des 
juifs  d'Orient,  d'Espagne  ou  d'Allemagne  sur 
les  mêmes  psaumes,  ou  même  à  la  psalmodie 
de  l'Église  latine;  la  manière  dont  il  a  traité 
ces  motifs  n'est  pas  un  des  moindres  témoi- 
gnages de  l'élévation  de  son  talent.  Quelques 
incorrections  de  style,  quelques  dissonances 
mal  résolues,  ne  sont  que  de  légères  taches 
dans  un  si  bel  ouvrage,  et  c'est  avec  raison 
que  cet  œuvre  jouit  depuis  plus  d'un  siècle  de 
la  réputation  d'une  desjdus  belles  productions 
de  la  musique  moderne. 

Toutefois,  la  vérité  m'oblige  à  dire  qu'on 
s'est  en  général  trompé  lorsqu'on  a  considéré 
Marcello  comme  l'inventeur  de  la  plupart  des 
formes  dont  il  a  fait  usage  dans  la  com- 
position de  ses  psaumes.  Si  les  ouvrages  de 
Lotli  étaient  plus  connus,  on  y  verrait  que 
Marcello  y  a  puisé  la  plupart  de  ces  formes  :  il 
doit  aussi  beaucoup  à  Clari  qui  l'avait  précédé 
par  la  publication  de  ses  duos  et  trios,  et  dont 
le  système  de  modulation  se  retrouve  en  beau- 
coup d'endroits  dans  les  psaumes.  Si  Je  fais 
celte  remarque,  ce  n'est  pas  assurément  pour 
diminuer  la  considération  attachée  à  l'œuvre 
de  Marcello,  dont  je  suis  sincère  admirateur, 
mais  parce  que  je  crois  qu'il  s'agit  d'un  fait 
important  de  l'histoire  de  la  musique.  Matthe- 
son,  qui  a  parlé  des  psaumes  de  Marcello, 
dans  sa  Critica  musica,  n'en  a  pas  compris 
d'abord  le  mérite  ;  mais  après  en  avoir  entendu 
une  bonne  exécution  à  Hambourg,  son  opinion 
devint  plus  favorable  à  cette  originale  compo- 
sition. Burney  a  montré  beaucoup  de  légèreté 
dans  l'appréciation  de  ce  bel  ouvrage  (A  Ge- 
neral history  ofmusic,  t.  IV,  p.  543). 

Avison,  auteur  d'un  Essai  sur  l'expression 
musicale,  a  publié  à  Londres  une  belle  édition 
des  psaumes  de  Marcello  avec  une  traduction 
anglaise;  le  dernier  volume  de  celle  collection 
a  paru  en  1750.  Peu  de  temps  après,  une  nou- 
velle édition  italienne  fut  donnée  à  Venise, 
par  Dominique  Pompeati.  En  1803-1808,  Se- 


■JP- 


4i2 


MARCELLO 


I)aslien  Valle,  imprimeur  dans  la  même  ville, 
en  a  publié  une  fort  belle,  en  huit  volumes 
grand  in-folio,  avec  un  portrait  de  3Iarcello 
gravé  par  Zuliani,  la  préface  de  la  première 
cMilion,  des  lettres  relatives  à  l'ouvrage  par 
Giustiniani,  Marcello,  Gasparini,  etc.,  la  vie 
de  Marcello  par  Fr.  Fontana,  qui  avait  paru, 
en  1782,  dans  le  neuvième  volume  des  fils 
Italorum,  etc.,  de  Fabroni,  et  enfin  le  cata- 
logue des  ouvrages  de  Marcello.  En  dernier 
lieu  ces  psaumes  ont  été  réimprimés  avec  un 
accompagnement  de  piano  arrangé  parFr.  Mi- 
recki  ;  cette  édition  est  intitulée  :  50  Salmi  di 
Davidde  parafrasati  da  Giustiniani,  a  2, 
3  e  4  voci,  in  partitura,  conaccompagna- 
menfodipiano/'orfe,  etc.;  Paris,  Carli,  quatre 
parties  en  douze  livres  gr.  in-4''.M.  CafTi  dit  (1) 
que  d'autres  éditions  avalent  été  projetées  à 
Venise  par  le  typographe  Pietro  Bettini,  par 
le  P.  Anselme  Marsand,  et  enfin  par  Pietro 
Tonassi,  professeur  de  contrebasse;  mais  au- 
cune n'a  paru. 

Les  autres  ouvrages  publiés  par  Marcello 
sont  :  1"  Concerti  a  cinque  istromenti ,  opéra 
prima.  In  Venezia,  presso  il  Sala,  1701. 
2»  Sonate  di  cemhalo,  op.  2",  ibid.  3»  Sonate 
a  cinqiie,  e  fJauto  solo  col  basso  contimio; 
ibid.,  1712.  A"  Canzoni  madrigalesche,  ed 
Arie  per  caméra  a  dite,  a  tre,  a  quattro  voci, 
di  Benedetlo  Marcello,  nobile  Feneto,  Jca- 
demico  filarmonico  ed  Arcade,  opéra  quarta; 
Bologna,  1717,  presso  G.  A.  Silvani,  très- 
grand  in-4"  obi.  5°  Calisto  in  Orsa,  pasto- 
rale a  cinque  voci  ad  iiso  di  scena;  in  Vene- 
zia, per  Domenico  Lovisa,  1725,  in-4°.  Poésie 
et  musique  de  Marcello.  La  musique  n'a  pas 
été  imprimée.  6°  La  Fede  riconosciuta. 
Dramma  per  musica  rappresentato  net 
tealro  di  Piazza  di  Ficenza;  in  Vicenza, 
1702.  La  même  pièce  a  été  reprise,  en  1729, 
sous  le  litre  de  la  Comcdia  di  Dorinda.  La 
poésie  et  la  musique  étaient  de  Marcello  ;  la 
mnsi(iue  n'a  point  été  publiée.  6"  {bis). 
AniANNA,  i/itreccîio  scenico  musicale  a  cinque 
i^oci,  poésie  de  Vincenzo  Cassani,  Vénitien. 
Le  livret  seul  a  été  imprimé  à  Venise,  sans 
date  et  sans  nom  de  lieu,  in-4''.  La  musique 
est  restée  en  manuscrit. 7"  Giuditta,  oratorio 
per  musica  (poésie  et  musique  de  Marcello); 
in  Venezia,  per  Domenico  Lovisa,  1710,  in-8". 
liurney  |tos8édait  la  musique  de  cet  ouvrage, 
en  manuscrit.  8"  Jl  Teatro  alla  moda,  o  sia 
metodo  sicuro  e  facile  par  ben  comporre,  ed 
cscynire  le  opère  italiane  in  musica,  etc.  (Le 

(I)  Storia  délia  musica  tacra  nella  g!n  Capptlla  ducale 
i/i  isun  Uluno  in  Venezia,  lomc  II,  p-  "08. 


théâtre  à  la  mode,  ou  méthode  certaine  pour 
bien  composer  et  exécuter  les  opéras  italiens 
en  musique,  dans  laquelle  on  donne  des  avis 
utiles  et  nécessaires  aux  poètes,  compositeurs 
de  musi(|ue,  musiciens  de  l'un  et  de  l'autre 
sexe,  entrepreneurs,  instrumentistes,  machi- 
nistes, décoiateurs,  tailleurs,  habilleurs,  com- 
parses, copistes,  prolecteurs  et  mères  des 
actrices,  et  autres  [)ersonues  attachées  au 
théâtre).  Slampato  in  Broglio  di  Belinsania 
per  Aldiviva  Ligante.all'insegna  dell'Orso 
in  Prata.  Si  vende  nella  strada  del  Corallo, 
allaporta  del  Palazzo  d'Orlando;  e  si  stam- 
perà  ogn'anno  con  nuova  aggiunta,  in-8" 
(sans  date).  Celle  ingénieuse  satire  en  prose 
est  imprimée  sans  nom  d'auteur.  Suivant  le 
catalogue  de  tous  les  drames  en  musique  im- 
primé à  Venise,  chez  Antoine  Gruppo,  en  1745, 
cet  opuscule  aurait  été  imprimé  en  1727;  mais 
il  est  à  peu  près  certain  que  la  premièie  édi- 
tion est  antérieure  à  cette  date,  car  Apostolo 
Zeno  parle  de  l'ouvrage  avec  éloge  dans  une 
lettre  au  chevalier  Antoine  Fiançois  Marmi, 
écrite  de  Vienne  le  2  avril  1721.  Il  y  a  une 
autre  édition  sans  date,  absolument  semblable 
à  celle  dont  le  tilre  est  rapporté  ci-dessus, 
avec  celte  seule  différence  qu'après  les  mots  : 
Si  vende  nella  strada  del  Corallo  alla  porta 
del  Palazzo,  on  lit  ceux-ci  :  Corne  pure  in 
Milano  da  Francesco  Agnelli.  Le  P.  Martini, 
qui  a  dû  avoir  connaissance  de  l'époque  pré- 
cise de  la  première  publication,  la  fixe  à  1720. 
J'ignore  sur  quels  renseignements  Gerber  a 
dit  dans  son  ancien  Lexique  des  musiciens  que 
l'opuscule  de  Marcello  a  été  imprimé  en  1722; 
peut-être,  en  effet,  est-ce  dans  celle  année 
que  l'une  des  éditions  sans  date  a  été  publiée. 
Mazzuchelli,  dans  une  notice  sur  la  ne  et  les 
ouvrages  de  Marcello^  insérée  au  dixième  volume 
des  Memorie  per  servire  alla  Storia  lette- 
raria  (p.  157  et  suiv.),  cite  une  édition  avec 
date  imprimée  en  1753;  j'en  possède  une  autre 
qui  a  pour  titre  :  Il  tealro  alla  moda,  o  sia 
metodo  sicuro  e  facile,  per  ben  comporre  ed 
eseguire  opère  ilaliane  all'uso  moderno,  nel 
qnule,  etc.  Slampulore,  Borghi  di  Belisunia: 
Venezia,  1738,  in-S"  de  soixante-douze  p.iges. 
Une  nouvelle  édition  de  ce  spirituel  opuscule 
a  été  publiée  sous  ce  titre  :  //  teatro  di  mu- 
sica alla  moda;  Florence,  de  l'imprimeiie 
(le  G.  Piatti,  1841,  in-S"  de  cinquante  et  une 
pages. 

Forkel  a  cru  qu'un  autre  opuscule  de  Mar- 
cello a  été  imprimé;  il  est  intitulé  :  Letteru 
familiare  d'un  Academico  filarmonico  cd 
Arcade,  discorsiva  soprau»  libre  diductti, 


MAUCELLO 


443 


terzetli  e  madrUjali  a  piùvoci,  slampato  in 
Peneaia  da  Jnlonio  BarloU,  1705;  mais  ce 
|)elil  ouvrage,  crilique  amère  d'un  des  plus 
beaux  ouvrages  de  LoUi,  est  resté  en  manu- 
scrit. Burney  en  avait  rapporté-  une  copie  faite 
à  Venise  et  qui  a  été  achetée  trois  shillings 
six  pence  à  la  vente  de  sa  bibliothèque.  Une 
faute  d'impression  de  la  notice  de  Foniana 
insérée  dans  les  Vits  Italorurh,  etc.,  de  Fa- 
broni  (t.  IX,  p.  ô7ô)  a  causé  l'erreur  de  Forkel; 
au  lieu  de  stampato  in  Fenezia,  qui  se  rap- 
porte au  recueil  de  duos  et  de  trios  de  Lotti, 
dont  il  s'agit  dans  cette  lettre^  on  lit  stam- 
pata,  e<c.,qui  semble  indiquer  que  la  lettre  a 
été  imprimée  dans  cette  année.  L'auteur  du 
Dizionario  di  opère  anonime  e  pseudonime  di 
Scrittori  ituliani  indique  le  même  ouvrage 
(t.  II,  p.  8C)  sous  cet  autre  titre  :  Leltera  cri- 
tica,  ossiatio  osservazioni  contro  i  Madri- 
gali  posti  in  musica  da  Jntonio  Lotit  ; 
f'enezia,  al  principio  del  secolo  XFIII. 
M.  Caffi  a  mis  en  doute,  dans  sa  notice  sur  la 
vie  et  les  œuvres  de  Benedetto  Marcello,  qu'il 
soit  le  véritable  auteur  de  cette  crilique  injuste 
et  envieuse  d'un  excellent  recueil  de  compo- 
sitions accueillies  par  le  public  et  par  les 
artistes  avec  applaudissement.  Marcello,  dit-il, 
ne  s'en  déclara  jamais  l'auteur;  ce  qui  ne 
prouve  rien  ,  car  il  est  assez  ordinaire  de 
nier  les  choses  peu  honorables.  Un  des  meil- 
leurs arguments  de  M.  CalTi  consiste  à  établir 
que  Marcello  ne  fut  nommé  de  l'académie  des 
Philharmoniques  de  Bologne  qu'en  1712, 
c'est-à-dire  sept  ans  environ  après  que  les 
copies  de  la  Leltera  familiare  se  furent  ré- 
pandues. Malheureusement  le  caractère  natu- 
rellement satirique  de  Marcello,  et  le  peu 
d'estime  qu'il  avait,  en  général,  pour  les  œu- 
vres des  compositeurs  de  son  temps,  donnent 
beaucoup  de  vraisemblance  à  l'opinion  qui  lui 
attribue  cette  diatribe.  Marcello,  comme  iilu- 
sieurs  autres  grands  artistes,  réservait  toutes 
ses  affections  |)our  sa  propre  musique.  Il  ne 
faut  pas  oublier  que  le  P.  Fontana,  qui  fut  le 
confesseur  de  Marcello,  dit  positivement,  dans 
la  notice  de  sa  vie,  qu'il  écrivit  en  1705  contre 
les  madrigaux  de  Lotti. 

Outre  les  ouvrages  cités  précédemment,  on 
a  publié  de  Marcello  des  recueils  de  vers,  de 
sonnets,  des  drames  et  des  poèmes  burlesques. 
Son  poëme  d'opéra  Aralo  in  Sparta,  a  été 
mis  en  musi(iue  par  Ruggieri,  et  rei)résenlé 
au  théâtre  de  Sant'Angelo  à  Venise,  en  1709. 

Marcello  a  laissé  en  manuscrit  :  1°  Teorià 
musicale  ordinata  alla  moderna  praltica.  Si 
traita  de'principi  fondamenlali  del  canlo, 


e  suono,  in  parlicolare  d'ortjano,  di  gravi- 
cembalo,  e  del  comporre.  Opéra  ulilissima 
tanto  agit  studenli,  quanto  a'maeslri  pcr  il 
biton  metodo  d'insegnare.  Ce  traité,  écrit 
en  1707,  lorsque  l'auteur  n'était  âgé  que 
de  21  ans,  est  divisé  en  trois  parties  :  la  pre- 
mière est  relative  aux  proportions  ;  la  seconde, 
au  système  musical  ;  la  troisième,  aux  conson- 
nances  harmoniques.  Les  deux  premières  par- 
lies  de  cet  ouvrage  se  sont  égarées  :  la  troisième 
seulement  est  à  la  Bibliothèque  de  Saint-Marc, 
à  Venise.  Elle  passe  pour  être  l'original  sorti 
de  la  main  de  Marcello;  mais  M.  Caffî  croit 
que  ce  n'est  qu'une  copie.  2"  Alcuni  avverti- 
menti  al  Venelo  Giovanetlo  Patrizio,  di 
Benedetto  Marcello ,  per  istruzionedel  nipote 
di  lui  Lorenzo  Alessandro.  5»  Cassandra, 
cantate  à  voix  seule  et  basse  continue.  4"  2Ï- 
moteo,  cantate  à  deux  voix,  sur  une  traduction 
italienne,  par  l'abbé  Conti,  du  Banquet 
d' Alexandre  de  Dryden.  Ces  deux  cantates, 
qui  ont  une  grande  célébrité,  sont  comptées 
parmi  les  plus  belles  iiroductions  du  génie  de 
Marcello.  5"  Serenala  da  cantarsi  alla  corle 
di  Fienna  il  primo  d'ottobre  1725  ;  poésie  et 
musique  de  Marcello.  6»  Deux  madrigaux  à 
quatre  voix  ;  le  premier  pour  deux  ténors  et 
deux  basses,  qui  se  moquent  des  sopranos  et 
des  altos;  le  second  pour  deux  sopranos  et 
deux  altos,  en  réponse  aux  basses  et  aux 
ténors.  Cette  pièce  bouffonne  a  été  écrite  pour 
tourner  en  ridicule  les  castrats  sopranistes  et 
altistes;  les  paroles  et  la  musique  y  sont  dis- 
posées de  manière  que  les  chanteurs  imitent 
un  troupeau  bêlant.  7°  Lettera  scritta  dal 
signor  Carlo  Jntonio  Benatti  alla  signora 
Filloria  Tesi,  posta  in  musica  dal  Marcello. 
Dans  cette  lettre,  écrite  de  Bologne,  il  est  parlé 
de  beaucoup  de  chanteurs  célèbres  dont  Mar- 
cello a  imité  la  manière  dans  sa  musique. 
Cette  bouffonnerie  est  une  véritable  satire. 
8°  Gioas,  oratorio  à  <|uatre  voix  et  instru- 
ments, en  deux  parties.  9° ZaP5«c/ie,2/i/recciO 
musicale  a  cinque  voci,  poésie  de  Vincenzo 
Cassani.  Le  livret  a  été  imprimé  à  Venise,  sans 
nom  d'imprimeur  et  sans  date.  La  musique 
est  restée  en  manuscrit.  10"  Vingt-six  cantates 
pour  voix  de  soprano,  de  contralto,  de  ténor 
ou  de  basse,  avec  instruments.  11"  Vingt-sept 
duos,  avec  basse  continue.  Le  P.  Martini  a 
publié  un  de  ces  duos  dans  son  Esemplare  os- 
sia  Saggio  fondamentale  pratico  di  contrap 
punto  (t.  I,  pag.  21).  12"  Un  très-grand 
nombre  de  cantates  à  voix  de  soprano  ou  de 
contralto  sans  autre  accompagnement  que  le 
clavecin.    13"  Miserere  iiour  deux  ténors  c( 


4U 


MARCELLO  -  MARCESSO 


basse.  14»  Messe  à  quatre  voix  et  orchestre 
composée  pour  l'église  Santa-Maria  délia 
Celestina.  Cette  messe  fut  écrite  par  Marcello, 
à  l'occasion  de  la  prise  d'habit  de  sa  nièce 
dans  le  monastère  de  Sainte-Céleste.  14»  (bis) 
Deux  autres  messes,  dont  une  avec  accompa- 
gnement d'orgue.  15»  Lamentations  de  Jéré- 
mie.  16°  Tantum  ergo,  à  six  voix,  en  canon. 
17o  Jnomneju  terram,i<iem.\S"  Salve  Regina, 
à  sept  voix,  en  canon.  19»  //  Trionfo  délia 
poesia  e  délia  musica  nel  celebrarsi  la  morte, 
lu  esaltazione ,  e  la  incoronazione  di  Maria, 
sempre  vergine  assunta  in  cielo;  oratorio 
sagro  a  6  voci,  musica  di  Benedetto  Mar- 
cello, 1733.  Cet  ouvrage,  l'une  des  plus  belles 
et  des  plus  considérables  productions  de  son 
auteur,  n'a  été  connu  d'aucun  des  biographes 
de  Marcello.  J'en  possède  la  partition  manu- 
scrite de  l'époque  même  où  cet  oratorio  a  été 
composé.  Les  interlocuteurs  sont  la  poésie,  la 
musique,  le  soprano,  le  clavecin,  le  ténor  et 
la  basse.  On  y  trouve  trois  chœurs,  le  premier 
composé  de  poètes,  le  deuxième,  des  arts  libé- 
raux, et  le  dernier,  de  vieux  musiciens  (Musici 
vetterani).  L'instrumentation  se  compose  de 
deux  parties  de  violon,  d'alto,  violoncelle  et 
orgue.  La  partition  renferme  quatre  cent 
trente  pages.  L'originalité  et  le  sentiment  ex- 
pressif sont  les  caractères  distinctifs  de  l'ou- 
vrage et  l'instrumentation  est  d'un  remar- 
quable effet,  pour  l'époque  où  Marcello  écrivait. 
Le  P.  François  Fontana,  de  la  congrégation 
de  Saint-Paul  de  Brescia,  qui  avait  assisté  Mar- 
cello à  ses  derniers  momeuls,  fit  insérer  une 
notice  sur  sa  vie  dans  le  neuvième  volume  des 
f^itx  Italorum  doctrine  excellent ium ,  de 
Fabroni.Une  critique  assez  vive  de  cette  notice 
fut  faite  par  le  savant  littérateur  italien  Save- 
rio  Mattei,  dans  une  note  de  ses  Libri  poetici 
délia  Bibblia.  Le  P.  Fontana  donna,  quelques 
années  après,  une  nouvelle  édition  de  sa  no- 
tice, en  langue  italienne,  avec  une  réponse  à 
la  critique  de  Maltei,  sous  ce  titre  :  Fita  di 
Benedetto  Marcello  Patrizio  f'eneto,  con 
l'uggiunta  délia  riposta  aile  censura  del  sig. 
Saverio  Mattei,  con  r  indice  deW  opère  stam- 
pate  e  manoscritte,e  alquante  testimonianze 
intorno  ail'  insigne  suo  merito  nella  facoltà 
musicale;  Venise,  Zalla,  1788,  in-8»  de  cent 
sept  pages.  Suivant  les  renseignements  fournis 
par  le  catalogue  des  livres  rares  de  la  biblio- 
thèque de  M.  Gaspari  [voyez  ce  nom),  la  tra- 
duction de  la  notice  du  P.  Fontana  a  été  faite 
par  le  P.  Sacchi,  qui  n'y  a  |)as  mis  son  nom. 
Ces  pièces  ont  été  réimprimées  en  tête  de 
l'édition  des  Psaumes  j   Venise,  1803,  Blon- 


deau  a  publié  une  traduction  française  de  la 
notice  de  Fontana,  en  tête  de  la  Nouvelle  mé- 
thode de  chant,  par  Marcello  Perino  etc.; 
Paris,  Evrard.  1839,  in-8°.  M.  Carti  (tjoyez  ce 
nom)  est  auteur  d'une  notice  très-supérieure 
à  celle  de  Fontana,  pour  l'ordre  et  la  clarté, 
laquelle  a  été  publiée  sous  ce  titre  :  Bella 
vita  e  del  comporre  di  Benedetto  Marcello, 
jatrizio  Feneto ,  sovranominato  Principe 
délia  Musica.  Narrazione  di  Francesco 
Ca/p,  Feneziano.  Fenezia,  dal  Pîcotav,  1830, 
trente  et  une  pages  in-8».  Il  est  dit  dans  la 
Gazette  générale  de  musique  de  Leipsick 
(oô"^  année,  n°  11),  que  cet  opuscule  ne  fut  tiré 
qu'à  cinquante  exemplaires,  pour  les  amis  de 
l'auteur.  Elle  a  été  reproduite  postérieurement 
dans  le  deuxième  volume  du  grand  ouvrage  de 
M.  CalTi  intitulé  :  Storia  délia  musica  sacra 
nella  già  Cappella  ducale  di  S.  Mdrco  in 
P'enezia  (p.  173-220).  On  a  aussi  de  M.  Crevel 
de  Charlemagne,  littérateur  français  et  ama- 
teur de  musique,  auteur  de  beaucoup  de  ro- 
mances :  Sommaire  de  la  vie  et  des  ouvrages 
de  Benedict  Marcello-,  Paris,  imprimerie  de 
Duverger,  1841,  in  8".  Il  existe  deux  portraits 
gravés  de  Marcello  ;  le  premier,  par  Jean- 
Antoine  Zuliani,  au  premier  volume  de  ses 
psaumes,  édition  de  Venise,  1803;  l'autre,  en 
manière  noire,  par  Jacques  Zatla,  graveur 
vénitien. 

MARCELLO  (Alexandre),  frère  aîné  du 
précédent,  naquit  à  Venise  vers  1684,  et  fut 
amateur  distingué  de  poésie  et  de  musique. 
Il  avait  fait  une  étude  particulière  de  ces  arts, 
de  la  philosophie  et  des  mathématiques.  Sa 
maison  était  ouverte  à  tous  les  artistes  et  aux 
étrangers  amateurs  de  musique  :  chaque  se- 
maine il  y  donnait  un  concert,  où  l'on  exécu- 
tait particulièrement  ses  compositions.  Il 
mourut  à  Venise,  en  1750.  On  connaît  sous 
son  nom  :  1»  Cantate  da  Caméra  a  voce  sola; 
Venise,  1715.  2»  Douze  solos  pour  violon, 
Augsbourg,  1737.  3»  FI  Concerti  a  2  flauti 
trav.  0  violini  principali,  2  violini  ripieni, 
viola  0  violoncello  obliyato,  e  cembalo;  ibid., 
1738.  4»  La  Cetra,  concerti  di  Eterio  Stin- 
fulico  [iuvnom  qu'il  avait  pris  dans  l'Académie 
des  Arcadi),  parte  prima,  oboe  o  traversieri 
co'l  violino  principale,  publicati  da  Gio. 
Christiano  Leopold;  Augsbourg,  1738. 

MARCELLO  DI  CAPUA.  FoyezBEn- 
AARDIIM  (Marcello). 

MARCESSO  (Bartholomé),  compositeur 
italien  du  dix-seplième  siècle,  est  connu  par 
un  ouvrage  intitulé  :  Sacra  Corona,  o  sia 
Moletti  a  due  e  tre  voci;  Venise,  1656. 


MARCHAND 


MARCIIAND  (Loris),  organiste  qui  eut 
une  grande  lépulalion  dans  son  temps,  na- 
quit à  Lyon,  le  2  février  1C69  (1),  et  dut  le 
jour  à  Jean  Marchand,  maître  de  musique,  qui 
lui  donna  les  premières  notions  de  son  art. 
Selon  E.  Gerber  {Lexikon  der  Tonkiinstler) , 
et  le  Dictionnaire  des  imisiciens  (Paris, 
1810-1811),  Marchand,  fort  jeune  encore  et 
dépourvu  de  ressources,  serait  allé  à  Paris, 
cil  le  hasard  l'aurait  conduit  chez  les  jésuites, 
au  collège  de  Louis  le  Grand,  précisément  au 
moment  où  l'on  attendait  vainement  l'orga- 
niste delà  maison;  le  jeune  homme  aurait 
offert  de  le  remplacer,  et  aurait  montré  une 
habileté  si  rare  pour  son  âge,  qu'il  aurait  été 
reçu  au  collège  et  aurait  obtenu  les  secours 
nécessaires  pour  continuer  ses  études.  Mais 
Titon  d'i  Tillet,  qui.  en  général,  a  fait  preuve 
d'axactitude  dans  ses  notices,  dit  que  Mar- 
chand fut  reçu  organiste  à  la  cathédrale  de 
Nevers,  n'ayant  encore  que  quatorze  ans,  et 
que,  dix  ans  après,  il  alla  remplir  la  même 
place  à  celle  d'Auxerre,  où  il  séjourna  cinq  ou 
six  ans;  en  sorte  qu'il  ne  serait  venu  à  Paris 
que  vers  1697  ou  même  en  1698,  et  qu'alors 
seulement  il  aurait  obtenu  la  place  d'organiste 
chez  les  jésuites.  Il  l'a  gardée  longtemps,  et  la 
réputation  qu'il  s'y  fit  lui  en  procura  plu- 
sieurs autres  :  il  en  eut  même  jusqu'à  cinq  ou 
six  à  la  fois.  Il  obtint  l'orgue  de  la  chapelle 
du  roi,  à  Versailles,  et  fut  décoré  du  cordon 
de  Saint-Michel.  Tout  semblait  devoir  assurer 
sa  fortune;  mais  son  inconduite,  son  carac- 
tère capricieux  et  bizarre  y  mirent  toujours 
obstacle  :  il  finit  par  se  compromettre  d'une 
manière  si  grave,  qu'il  fut  exilé  de  France 
en  1717. 

Il  se  rendit  à  Dresde,  et  joua  devant  le  roi 
de  Pologne,  qui  goûta  son  jeu  au  point  de  lui 
offrir  la  place  d'organiste  de  la  cour,  avec 
un  traitement  considérable.  Mais  Volumier, 
maître  de  concert  à  cette  cour,  craignant  le 
voisinage  d'un  pareil  antagoniste,  et  désirant 
l'éloigner,  invita  secrètement  Jean-Sébastien 
Bach,  alors  organiste  du  duc  de  Weimar,  à 
venir  à  Dresde,  afin  de  disputer  la  palme  à 

(I)  Papillon  (Bibliothèque  des  auteurt  de  Bourgogne), 
qui  donne  à  Marchand  les  prénoms  de  Jean-Louis,  le 
fait  naître  à  Auxonne  ;  c'est  une  erreur.  Il  a  conTundu 
cet  organiste  avec  Jean-Louis,  fils  de  Pierre  Marchand, 
organiste  à  Auxonne,  ne  le  10  octobre  1079.  Voyez 
l'acte  de  naissance  de  l'un  et  de  l'autre  dans  une  lettre 
d'Amanton  à  Chardon  de  la  Itochclle,  insérée  au  Maga- 
sin eiicycl.,  1812,  tom.  IV,  p.  341.  La  Borde  donne  aussi 
à  Marchand  les  prénoms  de  Jean-Louis  {Essai  sur  la 
musique,  loni.  III,  p.  440);  il  en  est  de  même  de  Gerber, 
aans  :>vs  deux  Lexiques,  et  de  ses  copistes. 


Marchand.  Bach  s'y  rendit,  et  assista  incognito 
au  concert  du  roi,  où  Marchand  se  fit  entendre 
dans  un  air  français  qu'il  varia,  et  qui  fut  fort 
applaudi.  Volumier  invita  alors  Bach  à  se 
mettre  au  clavecin  :  ce  grand  artiste  y  ayant 
consenti,  joua,  dit-on,  l'air  et  les  variations 
de  Marchand,  et  y  en  ajouta  douze  nouvelles, 
plus  difficiles  et  plus  brillantes  que  celles  de 
son  rival,  après  quoi  il  présenta  à  celui-ci  un 
thème  qu'il  venait  de  noter  aucrayon,  en  l'in- 
vitant à  une  lutte  sur  l'orgue  ;  mais  Marchand, 
effrayé  de  ce  qu'il  venait  d'entendre,  et  voulant 
éviter  une  défaite  assurée,  n'attendit  point  le 
jour  fixé,  et  s'éloigna  de  Dresde  en  toute  hâte. 

Tel  est  le  récit  que  fait  Marpurg  de  cette 
anecdote  :  il  la  tenait  de  Bach  lui-même.  Si 
l'on  songe  au  talent  prodigieux  de  cet  homme 
extraoïdinaire;  si  l'on  compare  ses  ouvrages 
aux  misérables  œuvres  qui  nous  restent  de 
Marchan<l,  ou  ne  sera  point  tenté  de  la  révo- 
quer en  doute,  et  l'on  s'étonnera  seulement 
qu'on  ait  songé,  en  Allemagne,  à  faire  une 
semblable  comparaison.  Marchand  pouvait 
avoir  une  exécution  brillante,  mais  ses  idées 
sont  triviales,  son  harmonie  pauvre  et  incor- 
recte ;  il  n'avait  d'ailleurs  que  des  notions  fort 
incomplètes  du  style  fugué,  sans  lequel  on  ne 
saillait  produire  de  grands  effets  sur  l'orgue; 
enfin,  il  ressemblait  à  la  plupart  des  organistes 
français  du  dix-huitième  siècle  qui  ont  eu  de 
la  réputation,  habiles  à  tirer  des  effets  variés 
de  l'instrument,  mais  qui,  si  l'on  excepte 
François  Couperin,  appelé  le  grand,  et  Ba- 
meau  n'ont  rien  laissé  qui  soit  digne  de  passer 
à  la  postérité. 

On  lit  dans  l'informe  compilation  de  La 
Borde  {Essai  sur  la  musique,  t.  III,  p.  450)  : 
«  Le  célèbre  Rameau,  son  ami  (de  Marchand), 
u  el  son  plus  dangereux  rival,  nous  a  dit  plu- 
«  sieurs  fois  que  le  plus  grand  plaisir  qu'il 
«  ait  eu  en  sa  vie,  était  celui  d'entendre  Mar- 
«  chand;  que  personne  ne  pouvait  lui  être 
«  comparé  pour  manier  la  fugue,  et  qu'il 
«  n'avait  jamais  pu  concevoir  qu'on  eût  une 
w  pareille  facilité  pour  jouer  de  tête  (impro- 
«  viser).  »  Ce  jugement  d'un  si  grand  musi- 
cien pourrait  causer  de  l'élonnement,  si  l'on 
ne  savait  que  Rameau  n'avait  jamais  entendu 
de  grand  organiste  allemand  ou  italien,  qu'il 
ne  connaissait  rien  de  leurs  ouvrages,  et  que 
la  fugue  véritable  n'avait  jamais  existé  dans 
la  musique  française.  Tout  ce  qui  est  parvenu 
du  dix-huitième  siècle  en  ce  genre,  dans  les 
productions  des  organistes  et  clavecinistes 
français,  est  pitoyable. 

Après  le  retourde  Marchand  à  Paris,  sa  répi- 


446 


MARCHAND 


iTlion  s'accrul  au  point  qu'on  se  croyait  obligé 
<le  prendre  de  ses  leçons  pour  être  compté 
parmi  les  gens  dégoût.  Onoiciu'il  se  fît  payer 
un  loiys  par  leçon,  le  nombie  de  ses  élèves 
était  si  grand,  qu'on  assure  qu'il  avait  loué  ries 
ajipartements  dans  i)lusieurs  quartiers  diffé- 
ri  nts,  ne  demeurant  guère  qu'un  mois  dans 
chacun,  et  changeant  son  domicile  selon  la 
convenance  de  ses  élèves,  ou  plutôt  selon  ses 
caprices.  Mais,  quoique  son  revenu  s'élevât  de 
celte  manière  à  près  de  dix  louis  par  jour,  il  ne 
put  suffire  à  ses  folles  dépenses,  car  il  mourut 
dans  la  misère,  le  17  février  1752.  Sept  ans 
auparavant,  il  avait  été  blessé  au  bras  gauche, 
mais  il  continua  néanmoins  à  toucherde  l'orgue 
avec  la  main  droite,  en  se  servant  des  pédales 
jiour  la  basse.  On  a  de  lui  :  ]°Vt\  livre  de  pièces 
de  clavecin  (in-4'>,  Paris,  Ballard,  1705).  2"  Deux 
livres  de  pièces  de  clavecin,  dédiés  au  roi 
(in-4'',  1718).  3"  Un  livre  de  pièces  d'orgue, 
gravé.  4"  La  musique  de  l'opéra  intitulé  :  Py- 
rame  et  Thisbé  :  cette  pièce  n'a  jamais  été  re- 
présentée. Le  portrait  de  Marchand,  gravé  par 
Dupuis,  d'après  Robert,  est  dans  la  collection 
d'Odieuvre. 

MARCHAIVD  (Jean-Baptiste),  joueur  de 
petit  luth  à  la  chambre  du  roi  de  France  et 
dessus  de  violon  de  la  chapelle,  en  1091,  s'est 
fait  connaître  comme  compositeur  par  une 
messe  à  quatre  voix  (en  sol  mineur)  qu'on 
exécutait  autrefois  à  l'église  Notre-Dame  de 
Paris,  et  qui  existe  encore  en  manuscrit  dans 
les  archives  de  cette  chapelle.  Elle  est  intitu- 
lée :  Quis  est  Deus?  Jean  Baptiste  Marchand 
était  frère  cadet  de  Jean-Noël  Marchand,  qui 
avait  été  reçu  en  qualité  de  violoniste  de  la 
chapelle  du  roi,  en  168G. 

MARCHAl^iD  (Joseph),  fils  du  précédent, 
violoniste  d'un  certain  mérite,  eut  la  charge 
de  premier  violon  de  la  musique  du  roi  de 
France,  en  1717,  et  mourut  à  Paris,  en  1737. 
Il  a  publié  à  Paris  un  livre  de  sonates  qui  a 
pour  titre  :  Douze  sonates  pour  flûte  traver- 
sière,  ou  hautbois,  ou  violon  avec  basse 
continue;  Paris,  1709,  in-4''.  Il  a  été  fait  une 
seconde  eailion  decel  œuvre,  à  Paris,  en  1732, 
in-4°  obi.  gravé. 

MARCIIAIN'D(LoiJis-JosEPH),néàTroyes, 
le  1'"''  janvier  1G92,  fut  élève  de  la  maîtrise  de 
la  cathédrale  de  Bourges,  où  il  apprit  le  chant 
et  les  principes  du  contrepoint.  De  retour  dans 
sa  ville  natale  ,  après  avoir  terminé  ses 
éludes,  il  entra  au  séminaire.  On  voit  dans  les 
registres  capitulaires  de  Saint-Maxe,  à  Bar- 
le-Duc,  qu'il  fut  tonsuré  le  15  avril  1713,  et 
qu'il  reçut  l'ordre  de  la  prêtrise,  le  10  avi  il 


1718.  Il  paraît  que,  peu  de  temps  après,  il 
obtint  un  bénéfice  à  la  cathédrale  d'Auxerre, 
et  qu'il  y  eut  une  place  de  chantre  dans  la  mu- 
sique du  chœur.  Après  avoir  occupé  ce  poste 
pendant  plusieurs  années,  il  fut  maître  de 
chapelle  à  Chàlon-sur  Saône,  puis  à  Besançon, 
et,  enfin,  au  chapilrc  de  Saint-Maxe,  à  Bar- 
le-Duc.  Sa  nomination  à  la  maîtrise  de  celte 
église  est  du  23  août  1735  :  il  y  remplaça 
Champret,  qui  avait  élé  appelé  à  l'économat 
de  Revigny.  Le  20  novembre  1707,  Marchand 
se  démit  de  cet  emploi,  parce  qu'il  venait 
d'être  pourvu  d'un  canonicat  à  la  métropole 
de  Troyes.  Il  mourut  dans  cette  situation,  le 
29  novembre  1774  (I).  Cet  ecclésiastique  est 
auteur  d'un  Traité  du  contrepoint  simple  ou 
chant  sur  le  livre;  Bar-le-Duc,  1750,  in -4"  de 
quaranle-deux  pages.  Ce  petit  ouvrage  ne 
contient  que  quelques  règles  pour  faire  le 
chanl  sur  le  livre  ou  contrepoint  improvisé  à 
deux  parties. 

MAUCIIATVD  (Marguerite),  iille  du  cé- 
lèbre acteur  et  directeur  de  théâtre  Théobald 
Marchand,  et  femme  du  compositeur  Danzi, 
naquit  à  Manheim  en  1708.  Dans  son  enfance 
elle  jouait  déjà  de  pelits  rôles  avec  une  rare 
intelligence  qui  faisait  prévoir  qu'elle  serait 
un  jour  une  actrice  remarquable.  Lorsque  la 
troupe  dirigée  par  son  père  suivit  la  cour  pa- 
latine   à  Munich ,    mademoiselle    Marchand 
trouva  dans  celle  ville  des  maîtres  qui  déve- 
loppèrent ses   heureuses  facultés,  et  qui  en 
firent  une  pianiste  distinguée,  et  une  canta- 
trice habile.  En  1787,  pendant  l'absence  de  la 
célèbre  madame  Lebrun,  elle  débuta  au  grand 
théâtre  de  Munich  dans  le  Castor  et  Pollux 
de  Vogler  ;  le  succès  qu'elle  y  obtint  lui  valut 
immédiatement  le  titre  de  première  cantatrice 
de  la  cour.  En  1790,  elle  épousa  Danzi,  dont 
les  leçons  perfeclionnèrent  son  talent.   Deux 
ans  après,  elle  chanta  l'opéra  italien  à  Prague, 
puis  elle  fut  engagée  à  Florence.  De  retour  à 
Munich  en   1790,   elle  y  reprit  son  emploi; 
mais  déjà  sa  santé  commençait   à  s'altérer, 
par  suite  de  la  fatigue  qu'elle  avait  éprouvée 
à  Prague  et  à  Florence,  en  jouant  presque  tous 
les  jours;  une  maladie  de  poitrine  se  déclara 
et  la  conduisit  au  tombeau,  le  11  juin  1800,  à 
l'âge  de  trente-deux  ans.  L'accent  mélanco- 
licpie  et  pénétrant  de  sa  voix,  le  charme  du 
son  action  dramatique  et  l'expression  de  sa 

(I)  Je  suis  redevable  de  la  plupart  de  ces  renseigne- 
mcnls  à  Tobligeance  de  M.  Picqiiol,  auleur  d"uiie  lrt•^- 
bonne  notice  biograpliique  de  Itocclierliii  (  Voyez  Vii- 
çuûT),(iui  a  bien  voulu  raire,à  ma  prii;ie,dcs  reclieicliis 
à  r.nr-.e-l)uc  cl  à  Trojcs. 


MAKCilAiND   -  MAKCIIESI 


447 


l»3Titomime  composaient  un  des  talents  les 
l)lus  agréables  qu'il  y  ait  eu  à  la  scène  alle- 
mande. Son  meilleur  rôle  était  la  Nina,  de 
Paisiello.  Comme  pianiste,  elle  a  eu  aussi  de 
la  renommée.  On  a  gravé  de  sa  composition  : 
1"  Trois  sonates  pour  piano  et  violon  obligé, 
op.  1,  Munich,  Falter.  2"  Jndanlc^  avec  va- 
riations pour  le  piano,  gravé  à  Munich,  avec 
une  sonate  de  Danzi. 

MAi;CIIA]\D  (îlExni),  fils  de  Théol)al(i 
Marchand,  né  à  Jlanlieim  en  1774,  appiil  le 
violon  et  la  composition  à  Salzbourg,  cliez 
Léopold  Mozart,  et  devint  un  des  violonistes 
allemands  les  plus  célèbres  de  son  temps.  Il 
jouait  aussi  fort  bien  du  piano.  Ses  études  ter- 
minées, il  enli'a  dans  la  musique  du  prince  de 
la  Tour  et  Taxis,  à  Rnlisbonne.  Plus  tard,  il 
fit  un  voyage  à  Paris.  On  a  gravé  de  sa  com|)o- 
silion  :  1"  Dix  vaiialions  sur  un  thème  de 
Joseph  Haydn,  pouri)iano  seul,  op.  1,  Munich, 
Falter.  2"  Romance  de  Koulouf,  variée  pour 
piano,  Paris.  Pleyel.  3"  Grande  valse  pour 
piano,  Paris,  Naderman. 

MAIICUE  (Hugues  DE  LUSIGNAN, 
comte  DE  LA) ,  se  révolta  plusieurs  fois 
contre  saint  Louis,  qui,  l'ayant  vaincu  à  la 
bataille  de  Taillebourg,  l'obligea  à  se  sou- 
mettre. Il  avait  épousé  Isabelle  d'^ngoulême, 
veuve  de  Jean  Sans  Terre,  mort  le  11)  octobre 
1210.  Le  comle  de  La  Marche  était  poêle  et 
musicien  ;  il  a  laissé  trois  chansons  notées  de 
sa  composition,  qu'on  trouve  dans  les  manu- 
scrits de  la  bibliothèque  impériale,  à  Paris. 

MARCHE  (François  DE  LA),  docteur  en 
théologie,  conseiller  ecclésiastique  et  maître 
de  chapelle  du  prince-évêt|ue,  à  Eichstadt, 
vers  le  milieu  du  dix-septième  siècle,  est  au- 
teur d'uo,  livre  qui  a  pour  titre  :  Synopsis 
Musîca,  oder  kleiner  Inhalt  wie  die  Jugcnd 
und  andere  kurzlich  und  mit  gerinyer 
Miihe  in  der  Musica ,  auch  Jnslrumenlen 
abzurichten  (Aiirégé  de  musique,  ou  petit 
traité  de  la  manière  d'enseigner  en  peu  de 
temps  et  avec  peu  de  peine  la  musique  et  les 
instruments  à  la  jeunesse),  3Iunich,  IGoG, 
in-4''  de  trois  feuilles.  On  connaît  aussi  sous 
son  nom  un  recueil  d'airs  allemands  distri- 
bués d'après  l'année  et  les  saisons. 

MAllCIIESI  (Louis) ,  chanteur  célèbre 
désigné  quelquefois  sous  le  nom  de  Marche- 
sini,  naquit  à  Milan  en  1755.  Son  père,  cor- 
niste au  théâtre  de  Modène,  cultiva  d'abord 
lui-même  les  dispositions  extraordinaires  du 
jeune  Marchesi  pour  la  musi(|ue,  et  lui  fit  ap- 
prendre la  musi(|ue;  mais  la  beauté  de  sa  voix 
ayant  été  remarquée  par  (|ueliiucs  amateurs, 


on  engagea  le  corniste  de  Modène  à  en  conser- 
ver les  avantages,  et  l'opération  qui  trans- 
forma Marchesi  en  sopraniste  fut  faite  à  Ber- 
game.  Confié  ensuite  aux  leçons  du  castrat 
Caironi  et  du  ténor  Albujo,  Marchesi  fit  de 
ra[)idcs  progrès  dans  l'art  du  chant,  et  com- 
pléta son  instruction  musicale  près  de  Fioroni, 
maître  de  cha|)elle  de  la  cathédrale  de  Milan. 
Il  chantait  au  chœur  de  cette  église,  et  pen- 
dant plusieurs  années  il  excita  l'admiration  de 
la  poimlation  milanaise  aux  grandes  fûtes  où 
il  se  faisait  entendre.  Cet  exercice,  dans  le 
vaste  local  d'une  église,  développa  la  puis- 
sance de  sa  voix  d'une  manière  remarquable. 
Ce  chanteur,  dont  le  talent  a  eu  tant  d'éclat 
sur  tous  les  grands  théâtres  de  l'Europe,  parut 
pour  la  [iremière  fois  à  Rome,  en  1774,  dan» 
un  rôle  de  femme.  L'année  suivante  il  chanta 
à  Milan  une  i)arlie  de  second  contralto  avec 
Pacchiarotli,  et  à  Venise  avec  Millico.  Dans  la 
même  année  il  occupa  le  premier  emploi  à 
Trévise.  Vers  la  fin  de  1775,  l'électeur  de 
Bavière,  grand  amateur  de  musique,  engagea 
le  jeune  sopraniste  pour  le  service  de  sa  cha- 
pelle; mais  la  mort  prématurée  de  ce  prince^ 
deux  ans  après,  rompit  l'engagement  qui  avait 
été  contracté,  et  Marchesi  quitta  Munich  pour 
retournera  Milan.  Il  y  débuta,  en  1778,  dans 
les  rôles  de  femme  au  théâtre  Interinale,  où 
l'on  jouait  l'opéra,  depuis  l'incendie  de  la 
Scala.  A  l'automne  de  1776,  il  chanta  à  Flo- 
rence dans  le  Castore  e  Polhice,  de  Blanchi, 
et  V Achille  in  Sciro,  de  Sarli.  Le  charme 
qu'il  mit  dans  l'exécution  du  rondeau  de  ce  der- 
nier opéra ,  Mia  speranza,  io  pur  vorrei, 
transporta  d'enthousiasme  son  auditoire,  et 
pendant  plusieurs  années,  ce  morceau  et  le 
talent  du  chanteur  occupèrent  toute  l'Italie, 
et  furent  le  sujet  de  toutes  les  conversations. 
Dès  ce  moment,  Marchesi  passa  pour  le  pre- 
mier chanteur  de  l'Europe,  et  fut  recherché 
par  tous  les  directeurs  de  spectacles.  De  retour 
à  Milan  en  1780,  il  y  chanta  dans  VJrmide 
de  Misliwececk,  où  il  intercala  le  fameux  ron- 
deau de  Sarti,  ainsi  «lue  l'air  de  Blanchi,  Se 
piangi  e  peni,  qui  n'eut  guère  moins  de  suc- 
cès. Le  portrait  de  Marchesi  fut  gravé  dans  la 
même  année  à  Pise  :  les  amateurs  de  chant  en 
recherchèrent  avidement  les  épreuves.  Suc- 
cessivement appelé  à  Turin,  à  Rome,  à  Luc- 
(jues,  à  Vienne,  à  Berlin,  où  il  chanta  avec  le 
même  succès,  il  se  rendit  en  1785  à  Péteis- 
bourg,  avec  Sarti  et  madame  Todi  ;  mais  le 
rigoureux  climat  de  la  Russie  lui  ayant  paru 
nuisible  à  sa  voix  et  à  sa  santé,  il  s'éloigna  de 
ce  pays,  et  accepta  un  engagement  à  Londres, 


448 


MARCUKSl  -  MAKCHEÏTO 


où  il  arriva  en  1788.  Il  y  chanta  dans  le 
Giulio  Sabine,  de  Sarti. 

Rarement  Marchesi  avait  consenti  à  chanter 
deux  saisons  de  suite  dans  la  même  ville;  il 
aimait  à  occuper  la  renommée  presque  dans  le 
même  temps  en  des  pays  différents.  C'est 
ainsi  qu'à  son  retour  de  Londres,  il  parut  à 
peu  de  dislance  sur  les  théâtres  de  Venise,  de 
Reggio,  de  Naples  et  de  Mantoue.  La  plupart 
des  airs  qu'il  avait  embellis  des  grâces  de  son 
chant  devinrent  populaires.  Je  me  souviens  du 
temps  où  l'on  parlait  encore  avec  enthou- 
siasme du  talent  prodigieux  qu'il  déployait 
dans  Fo  morte  ad  incontrar^  de  Pirro,  dans 
la  cavatine  Ma  chi  s'  avanza,  de  Vira 
d^ Achille,  dans  le  rondeau  de  Sarti,  et  d'au- 
tres. Marchesi  revenait  toujours  avec  plaisir 
se  faire  entendre  dans  sa  ville  natale;  on  re- 
marque qu'il  parut  au  théâtre  de  la  Scala,  en 
1780,  dans  Vlfigenia,  de  Cherubini,  puis  en 
1782,  87,  88,  92,  94,  1800,  1803,  et  dans  le 
carnaval  de  1805.  Ce  fut  au  printemps  suivant 
qu'il  quitta  la  scène,  à  l'âge  de  cinquante  ans. 
Le  fameux  air  Ferace  a  lei  sembrar  saprà, 
de  Lodoïska,  de  Mayer,  et  celui  de  Castore  e 
Polluce,  de  Federici, 

Dille  cht  l'aura  to  sptro 
D'un  citl  tranquillo  e  vago  ; 

forent  les  derniers  accents  d'une  voix  qui 
avait  charmé  toute  l'Europe. 

Marchesi  passa  le  reste  de  sa  vie  dans  sa 
patrie,  et  fit  pendant  ses  dernières  années  un 
noble  usage  de  la  fortune  qu'il  avait  acquise. 
Il  aimait  encore  à  faire  et  surtout  à  entendre 
de  la  musique;  les  jeunes  chanteurs  trouvaient 
en  lui  un  maître  toujours  prêt  à  leur  donner 
les  conseils  d'une  longue  expérience  et  d'un 
savoir  profond.  Il  est  mort  à  Milan,  lieu  de  sa 
naissance,  le  15  décembre  1829,  à  l'âge  de 
soixante-quatorze  ans.  On  connaît  de  la  com- 
position de  Marchesi  deux  livres  d'ariettes 
italiennes  qui  ont  été  publiés  à  Londres,  chez 
Clementi  ;  à  Vienne,  chez  Cappi  ;  et  à  Bonn, 
chezSimrock.  On  a  gravé  aussi  de  lui  un  air 
{In  seno  quest'  aima)  qu'il  avait  introduit 
dans  plusieurs  opéras. 

MAUCHESI  (Gaetano),  professeur  de 
musique,  né  en  Lombardie,  dans  les  dernières 
années  du  dix-huilième  siècle,  s'établit  à 
Vienne  vers  1825.  Il  a  proposé  un  nouveau 
système  de  notation  musicale  dans  un  petit 
ouvrage  intitulé  :  Bic  Elemente  und  das 
Alphabet  der  Musik  (les  Éléments  et  l'alpha- 
bet de  la  musiiiue);  Vienne,  Wallishauser, 
1835,  in  8»  de  vingt-cinq  pages.  Le  syslème 


exposé  dans  cet  opuscule  consiste  en  une 
portée  de  quatre  lignes,  sur  laquelle  se  placent 
les  lettres  e,  l,  a,  b,  n,  disposées  de  diverses 
manières. 

MARCHETTI  -  FANTOZZI  (  José- 
phine), naquit  le  14  mars  1786,  à  Naples,  où 
sa  mère'  chantait  au  théâtre  Saint  Charles. 
A  l'âge  de  neuf  ans,  elle  suivit  sa  mère  h 
Berlin  ,  où  elle  fit  son  éducation  musicale. 
A  l'âge  de  seize  ans,  sa  voix  était  déjà  remar- 
quable par  sa  beauté;  des  offres  furent  faites 
à  sa  mère  pour  qu'elle  censenlU  à  l'engager 
aux  théâtres  de  Prague  et  de  Dresde;  elle 
préféra  cette  dernière  ville  à  la  première,  et 
la  jeune  Marchetti  y  débuta  en  1802.  Après 
avoir  chanté  pendant  trois  ans  les  seconds 
rôles,  elle  quitta  la  capitale  de  la  Saxe  pour 
aller  à  Munich,  où  elle  chanta  devant  le  roi, 
dans  un  concert  de  la  cour  en  1805,  puis  elle 
fut  engagée  comme  première  femme  au  théâtre 
royal.  Après  avoir  chanté  les  principaux  rôles 
dans  les  opéras  de  Mozart,  dans  Sargines,  de 
Paer,  et  dans  Calypso,  de  Winter,  elle  obtint 
un  congé  pour  aller  en  Italie,  en  1808,  et 
chanta  avec  succès  à  Vérone  et  à  Trente.  De 
retour  à  Munich,  elle  y  épousa,  au  mois  de 
mars  1809,  le  chanteur  de  la  cour  Weixel- 
baum,  avec  qui  elle  a  brillé  pendant  plu- 
sieurs années  dans  les  opéras  allemands  et 
italiens. 

MARCOETTO  ou  MARCHETO,  sur- 
nommé DE  PADOUE,  à  cause  du  lieu  de  sa 
naissance,  vécut  dans  la  seconde  moitié  du 
treizième  siècle.  On  voit  par  un  de  ses  ou- 
vrages, intitulé  :  Lticidarium  in  arte  musicas 
plans;,  dans  le  manuscrit  de  la  Bibliothèque 
ambrosienne  de  Milan,  qu'il  demeura  quel- 
(jue  temps  à  Césène,  et  qu'il  était  à  Vérone  en 
1274,  car  à  la  fin  de  ce  livie,  on  lit  :  Inchoa- 
tum  Cesenae ,  perfectum  P'eronx  1274.  Il 
retourna  ensuite  à  Césène,  car  à  la  fin  de  son 
Pomertum  Artis  musicx  mensurabilis ,  on 
trouve  ces  mots  :  Conditum  Cesenae  in  domo 
Baynaldi  de  Cyntris  (1).  Des  difficultés  se 
l)résententà  l'égard  des  époques  où  Marchetto 
aurait  écrit  ses  ouvrages.  Je  crois  devoir  faire 
connaître  ici  en  quoi  elles  consistent.  On  a 
vu  que  le  Lucidarium  est  daté  de  1274,  dans 

(I)  Le  manuscrit  du  quatorzième  sièclf  des  Traités  de 
Murvlietto  de  Padoue,  que  je  possède,  ne  se  termine  pas 
ainsi;  j'y  lis  :  Ex/jlicit  Pomerium  musicœ  vieHsurabilis 
Marclteti  de  Podua  cotiditum  Ceseiie  in  domo  Oomini 
ftaynaldi  civitatis.  Amen;  construction  d'assez  mauvaise 
latinité,  car  il  faudrait  au  moins  hujiis  civilalis.  Toute- 
fois il  est  vraisemblable  que  le  copiste  employé  par 
l'abbé  Gerbert  a  mal  lu,  car  de  cijntris  ne  signifie  rien 
et  ne  peut  être  un  nom  italien. 


MARGHETTO 


449 


1c  manuscrit  de  Milan.  D'autre  part,  Pépitre 
dédicatoire  de  cet  écrit  commence  par  ces 
mots  :  Magnifier)  militi  et  potenti  Domino 
suo,  Domino  Raynerio  Domini  Zaccharix 
de  urbe  veteri,  illustris  principis  Domini 
Joannis  clarx  et  excelsx  memoriie  Domini 
Karoli  régis  Jérusalem  et  Sicilix  gloriosi 
filii,  comitis  Gravinx  et  ffonoro,  montis 
Sancti  Jngeii  Domini  in  provinciaRoman- 
diolxvicario  generali,  Marchetus  de  Padua 
se  ipsum  paixitiim  ad  omnia  gênera  man- 
datorum.  Or.  le  prince  Jean,  comie  de  Gra- 
vina,  fils  de  Charles,  roi  de  Sicile,  dont  il  est 
ici  question,  ne  peut  être  que  le  «ils  de 
Charles  II,  qui  ne  commença  son  règne  (m'en 
1285.  D'ailleurs,  Rainier,  prince  de  Monaco 
et  seigneur  d'Orvièle,  surnommé  le  Chevalier, 
est  Rainier  II,  qui  ne  fut  général  au  service 
de  Charles  ÏI,  roi  de  Sicile,  que  postérieure- 
ment à  l'année  lâOO.  Si  donc  le  Lucidarium 
a  été  fini  en  1274,  comme  l'indique  le  manu- 
scrit de  la  Bibliothèque  ambrosiennede  Milan, 
la  dédicace  ne  parait  pas  avoir  pu  être  faite 
avant  l'année  1300.  Il  y  a  même  lieu  de  croire 
qu'elle  est  postérieure  au  mois  de  mai  1309, 
car  les  mots  clarx  et  excelsx  memorix  Do- 
mini Karoli  régis  Jérusalem  et  Sicilix 
semblent  prouver  que  Charles  II  avait  cessé 
de  vivre  :  or  il  n'est  mort  que  le  5  de  ce  mois 
et  de  cette  année.  11  est  vrai  que  Muralori 
{Jntiquit.Itdl.  medii  xvi,  t.  III,  p.  870) 
croit  que  Marchetto  a  pu  employer  par  hon- 
neur ces  expressions  clarx  et  excelsx  memo- 
rix en  parlant  au  roi  vivant  encore.  Au  sur- 
plus le  beau  manuscrit  du  quatorzième  siècle 
qui  renferme  les  ouvrages  de  Marchetto,  et 
qui  est  dans  ma  bibliothèque,  n'a  pas  la  date 
de  1274  à  la  fin  du  Lucidarium  in  arte  mu- 
sicx  plans;  on  y  trouve  seulement  :  Explicit 
Lucidarium  Marcheti  de  Padua  in  musica 
plana.  Je  suis  donc  porté  à  croire  que  cette 
'late  (1274)  est  arbitraire  et  a  été  ajoutée  par 
Se  copiste,  lequel  n'aura  pas  aperçu  les  rai- 
sons qui  la  rendent  à  peu  près  inadmissible. 
A  l'égard  du  Pomerium,  il  est  dédié,  dans  le 
manuscrit  de  Milan,  à  Robert,  roi  de  Sicile, 
tpii  succéda  à  son  père  Charles  II  en  1509; 
mais  suivant  Burney  {A  gênerai  History  of 
niMSiC,  t.  II,  p.  162),  ce  même  ouvrage  se- 
rait dédié  à  Charles  I",  vers  1285,  dans  le 
manuscrit  des  œuvres  de  Marchetto,  qui  se 
trouve  à  la  Bibliolbèque  du  Vatican.  Ce  der- 
nier fait  est  rejeté  comme  une  erreur  dans  le 
Dictionnaire  des  musiciens  de  Choron  et 
Fayolle  (art.  Mahciietto);  j'ignore  ce  qui  en 
est  à  l'égard  du  manuscrit  du  Vatican;  mais 

OIOUII.  VMV.  DES  MU$ICIE.>'S.  T.  V. 


l'épUre  dédicatoire  de  celui  que  je  possède 
commence,  comme  le  manuscrit  de  Milan, 
l)ar  ces  mots  :  Prxclarissimo  principum 
Domino  Roberlo  Dei  gralia  Jérusalem  et 
Sicilix  Régi  Marchetus  de  Padua  recom- 
mendalionem  humilem  et  devotam^  etc. 

Quoi  qu'il  en  soit  de  ces  ditrérences  dans  les 
manuscrits,  on  peut  considérer  les  écrits  de 
Mai-chetto  comme  des  monuments  historiques 
du  plus  haut  intérêt.  Le  Lucidaire  de  la  mu- 
sique plaine  est  divisé  en  seize  petits  traités 
dont  la  plupart  sont  eux-mêmes  subdivisés  en 
un  certain  nombre  de  chapitres.  Après  avoir 
dit,  dans  le  quatrième  cli;i|>ili-e  du  second 
traité,  que  tous  les  auteurs  ont  divisé  le  tou 
majeur  en  neuf  parties  (commas)  dont  le  ton 
mineur  contient  huit,  il  rejette  cette  division, 
et  dit  (chap.  V),  que  le  ton  doit  être  divisé  en 
cinq  parties,  ni  plus,  ni  moins  {Sciendum  est, 
quod  tonus  habet  qninque  parles^  et  non 
plures  neqtce  pauciores).  Ce  qu'il  appelle  la 
démonstration  de  ce  principe  est  un  raison- 
nement plus  spécieux  que  solide.  Prodoscimo 
de  Beldomandis,  commentateur  de  Jean  de 
Mûris,  au  commencementdu  quinzièmesiècle, 
se  prononça  contre  Marchetto  sur  ce  point  de 
doctrine;  mais  plus  tard  Tinctoris  (Definitor. 
Mus.),  Nicolas  Vicentino  {Antica  Musica  ri- 
dotta  alla  moderna prattica),  Fabio  Golonna 
{Sambuca  Lincea) ,  et  d'autres  ont  adopté 
cette  théorie.  Quelques  théoriciens  ont  |)ré- 
tendu  qu'il  est  indifférent  de  diviser  le  ton  en 
cinq  parties,  en  sept  ou  en  neuf,  pourvu  qu'on 
admette  la  différence  du  ton  majeur  au  mi- 
neur; mais  cette  différence  étant  précisément 
dans  la  proportion  de  huit  à  neuf,  il  est  évi- 
dent que  ce  n'est  que  par  la  division  du  ton 
majeur  en  neuf  commas  qu'on  peut  la  repré- 
senter. Il  n'est  indifférent  d'adopter  l'une  ou 
l'autre  division  que  lorsqu'on  n'admet  qu'une 
seule  sorte  de  ton,  comme  l'on  fait  les  auteurs 
du  système  égal  et  les  pythagoriciens. 

Le  Lucidaire  est  surtout  remarquable  par 
les  exemples  d'harmonie  chromatique  qu'il 
renferme  dans  les  deuxième,  cinquième  et 
huitième  traités.  Les  successions  harmoni- 
ques présentées  dans  ces  exemples  sont  des 
hardiesses  prodigieuses  pour  le  temps  où  elles 
ont  été  imaginées  (1).  Elles  semblaient  devoir 
créer  immédiatement  une  nouvelle  tonalité; 
mais  trop  prématurées,  elles  ne  furent  point 
comprises  par  les  musiciens,  et  restèrent  sans 
signification  jusqu'à  la  fin  du  seizième  siècle 

(I)  Voyez  à  ce  sujet,  dans  la  préface  de  celle  nouvelle 
édition  (p.  xxviii-xxxv),  la  discussion  des  olijcctions  qui 
m'ont  clé  fjiiis  conlrc  et  parajjiaplie. 

2'J 


4:;o 


MARCHETTO  —  MARCÛNCINI 


Le  Pomerittm  musicx  mensurata;  est  un 
long  et  savant  commentaire  sur  la  doctrine  de 
la  musique  mesurée  exposée  par  Francon  de 
Cologne.  Ainsi  que  le  Lucidarium ,  il  est  di- 
visé en  un  certain  nombre  de  traités,  dont 
chacun  a  nn  «bjek  particulier.  Cet  ouvrage 
fournit  beaucoup  de  lumières  sur  une  multi- 
tude de  difficuliés  relatives  à  la  notation  en 
usage  à  la  fin  du  treizième  siècle  et  au  com- 
mencement du  quatorzième. 

L'abbé  Gerbert  a  publié  le  Lucidarium  et 
le  Pomerium  dans  le  troisième  volume  de  ses 
Scriplores  ecclesiastici  de  Musica  (p. 65-188), 
d'après  le  manuscrit  de  la  Bibliothèque  de 
Milan  :  on  y  trouve  quelques  fautes  singulières, 
non-seulement  dans  les  exemples  notés,  mais 
même  dans  le  texte. 

A  la  suites  des  deux  traités  de  Marchelto  de 
Padoue  contenus  dans  mon  manuscrit  se 
trouve  un  résumé  anonyme  fort  bien  fait,  par 
ïlemandes  et  réponses,  de  la  doctrine  de  la 
■notation  proportionnelle  noire  de  cet  auteur, 
avec  des  exemples  très-bien  notés.  Cet  écrit, 
de  Tieuf  pages  in-4»,  d'une  écriture  très- 
menue,  esl  de  la  seconde  moitié  du  quatorzième 
siècle.  Il  a  pour  titre  :  Incipit  brevis  compi- 
lalio  magistri  Marchetti  de  Padua,  musice 
mensurate  pro  rudibus  ex  modernis.  Je  ne 
connais  rien  d'aussi  satisfaisant  de  cette  époque. 

MAilCHETO  ou  MAUCHETTO,  de 
Padoue,  compositeur,  vécut  vers  la  fin  du 
quinzième  siècle  et  au  commencement  du 
seizième.  Il  appartenait  vraiseml)lablement  à 
la  même  famille  que  le  précédent.  Le  genre 
«lans  lequel  il  a  exercé  son  talent  est  celui  des 
frottole.  On  a  de  lui  un  morceau  de  celte 
espèce  sur  le  sonnet:  .Sio  sedo alombra ,  atnor , 
dans  le  cinquième  livre  des  Frottole,  publié 
par  Peliucci  de  Fossombrone,  à  Venise,  en 
1505,  et  un  antre  [Piangea  la  donna  m ia), 
dans  le  recueil  également  rare,  intitulé  ;  t'an- 
zoni,  Frottole,  et  CupitoU,  da  diversi  eccet- 
leutissimi  fliusici  composti.  Libre  primo; 
imprimé  à  Rome,  pour  Jac<iues  Junle,  pai- 
Jean-Jacques  Pasoti  et  Valcrius  Doricli,  an 
mois  d'avril  1526. 

MAUCIlï  (Jean-Marik),  compositeur,  né 
à  Milan,  vécut  dans  la  première  moitié  du 
dix-huitième  siècle.  En  1736,  il  fit  représenter 
au  théâtre  Saint  Samuel  de  Venise,  pour  la 
foire  de  l'Ascension,  son  opéra  intitulé  :  Ge- 
nerosilà  politica.  Quelques  airs  de  cet  opéra 
sont  connus  en  manuscril.  Le  catalogue  de 
Traeg  (Vienne,  171)0)  in(ii(|ue  de  la  composi- 
tion de  Marchi  :  Letanie  a  4  toc*;  a  cappella, 
datée  de  1711. 


]>IAI\COÎ.Ii^I  (Fr\!vçois),  écrivain,  gra- 
veur en  caractères  et  architecte,  naquit  à 
Forli,  en  1500.  Il  fut  un  des  premiers  impri- 
meurs de  musique  à  Venise,  après  Oclavien 
Pelrucci.  Il  établit  son  imprimerie  dans  celle 
ville,  en  1530,  et  y  imprimait  encore  en  ISôfi; 
plus  tard,  il  se  fixa  à  Vérone.  On  ne  connaît 
aujourd'hui  qu'un  seul  ouv;'age  sorti  de  ses 
presses,  par  un  exemplaire  qui  esta  la  Biblio- 
thèque impériale  de  Vienne.  Cet  ouvrage,  qui 
renferme  des  iiièces  de  lulh  en  tablature,  de 
Francesco  de  Milan,  A'Jlberto  de  Mantoue  et 
de  Marco  de  VAquileo,  a  pour  tilre  :  Inta- 
bolatura  di  liuto  da  diversi  con  la  Bataglia 
et  allre  cose  bellissime,  di  M.  Francesco  da 
3Iilano,  stampata  nuovamente  per  Fran- 
cesco Marcolini  di  Forli,  con  gratia  et  pri- 
vilegio.  Le  volume  est  un  petit  iu-4"  obi.  de 
cinquante-trois  feuillets;  on  lit  au  dernier  ; 
In  finegia  per  Francisco  (sic)  It/arcolini  du 
Forli,  in  lu  ('outra  di  Santo  Jpostolo,  ne  la 
casa  de  Frati  di  Crosachieri,  negilanni  (sic) 
delSignore  1556  de/  me»e  di  M  agio.  Dans  )a 
préface,  Marcolini  dit  que  le  mon<Ie  a  une 
grande  obligation  à  Pelrucci  de  Fossom!)rone, 
pour  avoir  inventé  les  caractères  à  imprimer 
la  musique  comme  on  impiime  les  livres; 
mai-i  que  la  musique  de  lulh  de  son  temps 
n'exigeait  pas  pour  la  tablature  la  multitude 
<le  signes  que  l'art  plus  avancé  de  Francesco 
de  Milan,  d'Alberto  de  Manloue  et  d'autres  y 
a  introduits  ;  et  qne  lui,  Marcolini,  a  |ierlec- 
lionné  l'invention  de  Petrucci  sous  ce  rapport. 
Il  promet  aussi  de  publier  bienlôt  «n  livre  de 
messes,  un  livre  de  motets  et  un  livre  de  ma- 
drigaux de  lo  slupendo  Jdriano  (Willaerl). 
Ces  ouvrages,  s'ils  ont  paru,  n'ont  pas  été  re- 
trouvés jusqu'à  ce  jour. 

MARCOLirSI  (Mabiette),  cantatrice  dis- 
tinguée, commença  à  se  faire  connaître  en 
1805,  et  joua  avec  succès  dans  plusieurs 
grandes  villes  de  l'Italie.  Au  printemps  de 
1809,  elle  chanta  au  théâtre  de  la  Scala,  à 
Milan;  retourna  dans  la  même  ville  au  prin- 
temps de  1811,  et  alla  dans  l'automne  de  la 
même  année  à  Bologne,  où  Rossini,  alors  âgé 
de  dix-neuf  ans,  écrivit  pour  elle  VEquivoco 
stravaganlc.  Elle  a  aussi  chanté  d'origine 
Ciro  in  Babilonia,  à  Rome,  en  1 8 1 2  ;  /a  Pietra 
dcl  Paragone,  à  Milan,  dans  la  même  année, 
et  Vltaliuna  in  Algeri,  à  Venise,  en  1815. 
Cette  cantatrice  parut  pour  la  dernière  fois  au 
théâtre  Ré  de  Milan,  en  1818.  Peu  de  temps 
après,  elle  se  retira  de  la  scène. 

MAUCOINCIISl  (Joseph),  un  des  mcjl- 
Iciiis  luthiers  modernes  de  l'Italie,  travail l.i 


MAKGONGINI  —  MAREiNZiO 


4SI 


dans  SI  ieunesse  chez  Storioni ,  élève  de 
l'école  de  Stradivari,  à  Crémone,  puis  se  fixa 
à  Ferraie,  où  il  esi  mort  dans  un  âge  avancé, 
le  17  janvier  1841.  Ses  violons  sont  classés 
parmi  ceux  du  troisième  ordre;  mais  il  en 
existe  quelques-uns  de  patron  moyen  qui  éga- 
lent ceux  de  son  maître. 

MAllCOlJ(PiERnE), violoniste,  futadmisen 
l'yOdans  la  musique  du  roi  de  France;  puis, 
après  la  dissolution  de  la  chapelle  royale,  il 
alla  s'établir  à  Rouen,  où  il  fui  quelque  temps 
attaché  à  Torcheslre  du  théâtre.  De  retour  à 
Paris  trois  ans  après,  il  entra  comme  un  des 
premiers  violons  à  Porchestre  du  Théàtre- 
l.yrique,  en  1798.  Ce  théâtre  ayant  été  feimé 
deux  ans  après,  Marcou  se  rendit  à  Nancy  ; 
puis,  en  1804,  il  alla  s'établir  comme  profes- 
scuide  musique  à  Bourges,  où  il  était  encore 
en  1812,  Il  avait  cessé  de  vivre  en  1820.  Ce 
nuisicien  est  auteur  d'un  livre  intitulé  :  Elé- 
ments théoriques  et  pratiques  delà  musique; 
Londres  et  Paris,  veuve  Ballard,  1782,  in-8"' 
de  cinquante-huit  pages.  Pendant  son  séjour 
à  Nancy,  il  en  donna  une  deuxième  édition 
avec  l)eaucou{>  de  changements,  sous  ce  litre  : 
Eléments  de  musique,  rédigés  par  le  ci- 
toyen yV'**;  Nancy,  Vincent,  an  xi  (1803). 
Enfin,  il  en  a  paru  une  troisième,  intitulée  : 
jManuel  du  jeune  musicien  ,  ou  éléments 
théoriques  et  pratiques  de  la  musique  en  f/é- 
m-ral,  suivis  du  discours  sur  l'harmonie, 
par  Gresset;  Paris,  Duponcet,  1804,  in-12. 

HIARCUOUI  (Adamo),  maître  de  chapelle 
de  la  cathédrale  de  Pise,  né  à  Arezzo,  vers  le 
milieu  du  dix-huitième  siècle,  est  mort  à 
Moulenero  le  5  avril  1808.  C'était,  dit-on,  un 
musicien  de  génie,  qui  écrivait  pour  l'église 
«les  compositions  expressives  et  pathétiques. 
Il  a  laissé  en  manuscrit  beaucoup  de  messes, 
motels,  psaumes,  deux  Salce  Regina,  un 
Stabat  Mater  à  deux  voix  et  instruments, 
des  vêpres  complètes,  et  un  Te  Deum.  Tous 
CCS  ouvrages  se  trouvent  dans  la  cathédrale  de 
Pise. 

M4RCUS(JoAcniM),  compositeur  allemand 
de  la  fin  du  seizième  siècle,  a  publié  à  Stettin  : 
Sacrx  Cantiones  5,  6,  7,  8,  D  et  plurimum 
DOCMW.  Wallher  cite  une  deuxième  édition  de 
ce  recueil,  publiée  à  Leipsick  en  1G08. 

.MAKD  (RÉMo:«D  DE  SAli>T).  Fâyez 
UKUlOi^D  DE  SAL^T-.UAIVD   (Tous- 


saint) 


MARE  (GuiLLAUVE  DE  LA),  cordelier  du 
treizième  siècle,  né  en  Angleterre,  vécut  vers 
12'J0,  et  fut  docteur  en  théologie  et  professeur 
à  Oxford.  Il  est  auteur  d'un  traité,  intitulé  : 


De  Arte  musicali,  lib.   1,  qui  se  trouve  tu 
manuscrit  dans  la  Bibliolhè(|ue  bodiéienne. 

MAllE  (André-Jacques),  violiste  à  Pa- 
ris, dans  la  première  moitié  du  dix-huitième 
siècle,  s'est  fait  connaître  jtar  un  recueil  de 
(ilèces  intitulé  :  Solos  pour  le  pardessus  <le 
viole.  Paris,  17ô9.  Il  était  attaché  à  la 
musique  <le  la  chambre  du  l'oi. 

MAllECZEK  (...),  compositeur  hongrois, 
<le  race  Israélite,  est  né  en  1825.  Il  était  en  1842 
maître  de  chapelle  à  Agram,  en  Gioatie.  En 
184Ô,  il  fit  représenter  à  BrUnn,  Ilamlet , 
opéra  sérieux  en  trois  actes,  (jui  fut  bien  ar- 
cueilli  par  le  public.  Dans  l'année  suivante,  il 
s'est  établi  à  Nancy,  comme  directeur  de  mu- 
sique d'une  société  de  chant. 

MAUEIXZIO  (Ltc),  illustre  compositeur 
du  genre  madrigalesque ,  dans  le  seizième 
siècle,  naquit  de  parents  pauvres,  à  Coccaglia, 
près  de  Brescia,  vers  1550.  André  Mezetto, 
archiprêtre  de  ce  lieu,  le  recueillit  et  lui  lit 
faire  ses  premières  éludes;  c'est  à  ce  véné- 
rable religieux  qu'il  fut  redevable  de  ses  vertus 
et  des  connaissances  qu'il  acquit  dans  les  let- 
tres. La  beauté  de  sa  voix  et  ses  heureuses 
dispositions  pour  la  musique  ayant  élé  remar- 
quées, il  fut  confié  aux  soins  de  Jeau  Conlini, 
maître  de  chapelle  de  Brescia  et  l'un  des  mu- 
siciens italiens  les  plus  instruits  de  celle 
époque,  qui  lui  fit  apprendre  tout  ce  (|ui  con- 
cernait la  musique,  l'art  du  chant  et  la  com- 
position. Ses  premiers  recueils  de  madrigaux 
l'ayant  fait  connaître  avantageusement,  le  roi 
dePologne  l'engagea  à  son  service;  mais  après 
quelques  années  passées  à  sa  cour,  la  fâcheuse 
influence  du  climat  du  Nord  sur  la  santé  de 
Marenzio  l'obligea  à  demander  sa  retraite.  Il 
se  rendit  à  Rome,  en  1581,  et  fut  placé  chez 
le  cardinal  d'Esté,  en  qualité  de  maître  du 
chapelle,  puis  chez  le  cardinal  Aldobrandini, 
neveu  du  pape  Clément  VIII,  qui  prit  ce  cé- 
lèbre artiste  sous  sa  protection.  En  1593,  il  fut 
agrégé  au  collège  des  chapelains  chanlres  de 
la  Chapelle  pontificale.  Il  mourut  le  22  aoàl 
1599,  et  fut  inhumé  dans  l'église  Saint-Law- 
rent  in  Lucina^ 

Marenzio  est  considéré  avec  raison  comma 
un  des  plus  grands  compositeurs  italiens  du 
seizième  siècle.  L'admiration  qu'on  avait  pour 
ses  ouvrages  l'a  fait  appeler  par  (]uel(|ues 
musiciens  i7  dolce  cigno,  et  Sébastien  Raval, 
savanlconlrapuntisteespagnol,  l'appelle,  dau( 
l'épilre  dédlcatoire  de  son  premier  livre  du 
madrigaux  à  cin(|  voix  :  il  signer  Luca  jVa- 
renzio,  divino  compositore.  Le  mérite  de  se» 
madrigaux  consiste  bien  moins  dans  les  com- 

2y 


452 


MARENZIO 


biaaisons  savantes  et  dans  la  pureté  de  style 
que  dans  l'expression  tendre,  gracieuse  ou 
mélancolique  des  paroles,  et  dans  des  har- 
diesses d'harmonie  qu'on  est  étonné  de  ren- 
contrer à  l'époque  où  i)arurent  ses  premiers 
livres  de  ce  genre  de  pièces. 

Plusieurs  auteurs,  particulièrement  M.  de 
Winterfeld  dans  son  livre  concernant  Jean 
Gabriel!  et  quelques  maîtres  de  son  temps,  ont 
considéré,  avec  raison,  Marenzio  comme  un 
des  premiers  musiciens  qui  ont  établi  dans 
des  pièces  entières  le  système  de  la  musique 
chromatique;  cependant,  il  ne  faut  pas  se 
tromper  sur  la  signification  du  mol  c/iroma- 
tique  employé  dans  ce  cas,  et  ne  pas  croire 
que  Marenzio  ait  fait  usage  des  dissonances 
naturelles  attaquées  sans  préparation,  qui  dé- 
terminent immédiatement  des  modulations 
nécessaires;  car, ainsi  que  ses  contemporains, 
ce  compositeur  ne  connaissait  d'autre  harmo- 
nie fondamentale  que  l'harmonie  consonnanle 
dans  laquelle  il  introduisait  des  prolongations 
ou  des  notes  de  passage  plus  ou  moins  har- 
dies. Ce  n'est  point  là  ce  qu'a  fait  Monteverde 
(voyez  ce  nom),  vers  la  fin  de  la  carrière  du 
même  Marenzio.  Les  œuvres  publiées  de  ce 
grand  musicien  sont  :  1»  Neuf  livres  de  ma- 
drigaux  à  cinq  voix-,  publiés  et  réimprimés 
plusieurs  fois  à  Venise,  chez  Ange  Gardane  et 
ses  successeurs,  en  1580,  1581,  1582,  1583, 
1584,  1585,  1580,  1587,  1589;  réimprimés  en 
1504,  1595,  1G02,  ICOÔ,  1605,  1608  et  1609, 
in-4".  Une  édition  complète  de  ces  neuf  livres 
de  madrigaux  a  été  publiée  sous  ce  litre  :  Di 
Luca  Marenzio,  musico  eccellentissimo,  Ma- 
driyali  a  ciiiqne  voci  ridotli  in  un  corpo, 
nuovamenle  posli  in  luce,  e  con  ogni  dili- 
gentia  correlli.  In  Jnversa,appresso  Pietro 
Phalesio  e  Giovanni  Bellero ,  1593,  in  4"  obi. 
Le  même  Phalèse  a  aussi  réimprimé  quel(|ues 
livres  séparés  de  cette  collection  en  1594. 
2»  Six  livres  de  madrigaux  à  six  voix,  publiés 
à  Venise  en   1582,  1584,  1585,  1587,  1591, 

1609,  in-4".  Phalèse  en  a  donné  de  nouvelles 
éditions,   à  Anvers,  en  1594,  1597,   1603  et 

1610,  in^"  obi.  La  dernière  de  ces  éditions  a 
pour  litre  :  Di  Luca  Marenzio,  musico  eccel- 
lentissimo, il  primo,  seconda,  terzo,  quarto, 
quinto  e  sesto  libro  de'  Madrigali  a  sei  voci, 
novamentiristampati ed  inun  corpo  ridotti, 
111-4"  obi.  Il  a  élé  donné  aussi  à  Nuremberg 
des  éditions  des  madi  igaux  à  cinq  elà  six  voix, 
en  1601  et  1608. 3°  Madrigali  a  quuttro  voci, 
lib.  I,  Venise,  1592,  1608.  Ces  madrigaux 
doivent  être  classés  parmi  les  plus  beaux  ou- 
vragesde Marenzio.  4"  Moiclli  a  4  coc/,  lib.  II, 


in  P'e7iezia,  par  u4less.  f'incenti,  1588,  in  4". 
5»  Motetli  aAvoci,  lib.  II,  ib.,  1592,  {0-4". 
5"{bis)v7/o«e«ta  12  voce,  Venise,  1614,  in-4". 
6"  Sacri  concenti  q^iinque,  sex  et  sept,  voc; 
Veneliae,  J.  M.  Piccioni,  1616,  in-4".  7"  Covi- 
pletorum  ac  Antiphons  sex  voc;  Veneti», 
1595,  in-4".  8"  Cin(i  livres  de  viilanelies  alla 
Napoletana,'a  trois  voix;  Venise,  1584, 1586, 
1589,  1592,  1600  et  1605,  in-4".  Ces  viila- 
nelies ont  élé  réimprimées  à  Nuremberg,  avec 
un  texte  allemand,  en  1606.  Parmi  les  manu- 
scrits de  la  collection  Eler,  appartenant  à  la 
bibliothèque  du  Conservatoire  de  Paris,  on 
trouve  deux  madrigaux  à  six  voix  de  Marenzio, 
en  partition,  et  un  motel  à  quatre.  Le  P.  Mar- 
tini a  publié  de  cet  auteur,  en  partition,  les 
madrigaux  à  quatre  :  Ahi!  dispietata  morte; 
Ma per  me  lasso;  Zeffiro  torna;  le  madrigal 
à  cinq  voix,  yih,  tu  mel  neghi!  f  ezzos'  au- 
gelli;  et  le  madrigal  O  fortuna  volubile,  dans 
le  second  volume  de  VEsemplare,  o  siasaggio 
fondamentale pratico  dicontrappunto.  M.  de 
Winterfeld  a  donné  aussi  en  partition  le  ma- 
drigal à  cinq  voix  :  O  voi  cfie  sospirate,  dans 
la  troisième  partie  de  son  livre  sur  Jean 
Gabrieli.  Enfin,  Choron  a  réimprimé  dans  ses 
Principes  de  composition  des  écoles  d'Italie 
les  madrigaux  publiés  par  le  P.  Martini.  Tous 
les  madrigaux  de  Marenzio,  à  quatre,  cinq  et 
six  voix,  sont  en  partition  dans  la  collection 
de  l'abbé  Sanlini,  à  Rome.  Beaucoup  de  col- 
lections, [)ubliées  vers  la  fin  du  seizième  siècle 
et  au  commencement  du  dix-septième,  ren- 
ferment des  morceaux  de  Marenzio;  j'en  ai 
trouvé  dans  celles  dont  voici  les  titres  :  1"  Spo- 
glie  amorose;  madrigali  a  5  voci  di  diversi 
eccellentissimi  musici;  in  Venegia,  appresso 
r  herede  di  Girolamo  Scoto,  1583,  in-4°. 
2"  Musica  divina  di  XIX  autori  illuslri 
a  4,  5,  6  et  7  voci  nuovamente  raccolta  da 
Pietro  Phalesio;  Anvers,  1595,  in-4"  oblong. 
3"  Harmonia  céleste  di  diversi  eccell.  musici 
a  4,  5,  6,  7  e  8  voci,  nuovamente  raccolta 
per  Andréa  Pevernage;  Anvers,  P.  Phalèse 
et  J.  Bellere,  1593  in-4"  oblong.  4"  Sympho- 
nia  angelica  di  diversi  eccell.  musici,  nuo- 
vamente raccolta  per  Huberto  TFaelrant , 
ibid.,  1594,  in-4"  obi.  5"  Melodia  olimpica 
di  diversi  eccellentissimi,  ec,  ttuovamente 
raccolta  da  Pietro  Philippi,  Inglese;  ilnd., 
1594,  in-4"  oblong.  6"  Il  Lauro  verde,  ma- 
drigali a  sei  voci,  composti  da  diversi  eccell. 
musici,  ec;  ibid,  1591,  in-4".  7"  Il  Trionfo 
di  Dort,  descritto  da  diversi,  e  posli  in 
musica  da  altrettanli  autori  a  6  voci;  Ve- 
nise, Gardane,  1596.  in-4";  Anvers,  Phalésç, 


MARENZIO  —  MARET 


433 


1596,  in-4<>  oblong;  ibid.,  1601;  ibid.,^GU. 
S^Paradiso  musicale  de  madrigali  e  canzoni 
a  5  voci;  ibid,  1596.  9»  Ghirlanda  di  madri- 
gali a  sei  voci  di  diversi  eccellent.  aulori; 
ihjd.,  1601,  in-4''  obi.  10°  Madrigali  a  otto 
voci  di  diversi  eccellenti  e  famosi  aulori, 
ibid.,  1596. 

MARESCALCm  (Louis),  compositeur, 
né  à  Rome,  suivant  Gerber,  mais  plus  vrai- 
semblablement à  Naples,  cù  il  y  a  des  familles 
de  ce  nom,  étudia  le  contrepoint  sous  la  direc- 
tion du  P.  Martini,  à  Bologne.  Cependant  il  fut 
plutôt  un  musicien  d'instinct  et  de  goût  qu'un 
maitre  remarquable  par  son  savoir.  En  1770, 
il  demeurait  à  Venise,  où  il  avait  établi  une 
maison  de  commerce  pour  la  musique  gravée. 
En  1780,  il  écrivit  à  Florence  le  ballet  de 
JUeleagro.  Quatre  ans  après,  son  opéra  I Diser- 
tori  felici  obtint  un  brillant  succès  à  Plai- 
sance. Un  duo  de  cet  ouvrage  (Sventurato,  a 
chi  finora)  a  été  gravé  à  Venise,  avec  accom- 
pagnement dedeux  violons  et  basse.  En  1784, 
il  a  écrit  à  Rome  Andromeda  e  Perseo,  opéra 
sérieux.  L'année  suivante,  il  transporta  à  Na- 
ples son  commerce  de  musique.  Le  Rivolu- 
zioni  del  seraglio,  ballet  en  trois  actes,  fut 
représenté  en  1788;  et  il  donna  Giulietta  e 
Romeo,  à  Rome,  en  1789.  On  connaît  plu- 
sieurs morceaux  détachés  tirés  des  opéras  de 
Marescalchi,  un  concerlino  à  quinze  instru- 
ments, et  quatre  quatuors  pour  deux  violons, 
alto  et  basse,  gravés  à  Paris.  Sous  le  nom  de 
Boccherini,  on  a  gravé,  comme  œuvre  7"'*, 
des  trios  pour  deux  violons  et  violoncelle  qui 
n'appartiennent  pas  à  ce  compositeur,  mais  à 
Marescalchi.  C'est  une  supercherie  d'éditeur 
qui  a  été  faite  par  Marescalchi  lui-même.  Le 
véritable  œuvre  7™*  de  Boccherini  est  composé 
de  six  sonates  pour  violon.  Marescalchi  a  pu- 
blié un  petit  ouvrage  élémentaire  pour  le 
piano,  sous  ce  titre  :  Scale  simplici  edoppie 
per  piano-forte  in  tutti  i  dodici  tuoni  mag- 
giori  e  minori,  secondo  il  metodo  antico, 
nggiunte  le  scale  de'  tuoni  minori  colle  seste 
minori  ascendenti,  corne  pure  la  scala  géné- 
rale cromatica  o  sia  semituonata.  Il  tutto 
colla  numerica  délie  dita,per  l'esecuzione  se- 
condo il  nuovo  metodo;  Naples,  Marescalchi  ; 
Milan,  Ricordi,  in-fol.  obi.  de  onze  pages. 

MARESCH  (J.-A.),  corniste,  né  en  Bo- 
hème, en  1709,  alla  s'établir  en  Russie  vers 
1744  et  entra  au  service  de  la  cour  impériale. 
Son  talent  le  fit  remarquer  du  prince  Narisch- 
kin,  qui  lui  proposa,  en  1751,  de  s'occuper 
du  perfectionnement  de  la  musique  de  cors 
russes.   Depuis  longtemps   les    chasseurs  de 


cette  nation  se  servaient  d'un  cor  de  cuivre 
jaune, dont  la  forme  était  à  peu  près  semblable 
à  un  cône  parabolique,  et  (jui  ne  rendait  qu'un 
son.  Maresch  en  fit  fabri<|uer  trente-sept  qui, 
par  leurs  grandeurs  différentes,  rendaient 
tous  les  demi-tons  compris  dans  l'étendue  de 
trois  octaves.  Les  cors  destinés  aux  sons  les 
plusgraves  avaient  environ  sept  pieds  de  long; 
les  plus  petits  n'avaient  qu'un  pied.  Depuis 
lors  on  a  fait  des  tubes  de  douze  pieds  pour  la 
note  la  plus  grave,  et  de  (jnelques  pouces  seu- 
lement pour  la  plus  aiguC.  Maresch  distribua 
ses  trente-sept  cors  à  un  nombre  égal  de  chas- 
seurs, et,  par  un  exercice  dont  la  sévérité 
n'était  praticable  que  dans  un  pays  d'esclaves, 
il  parvint  à  leur  faire  exécuter  les  traits  les 
plus  difficiles  et  les  plus  rapides.  Rangés  sur 
plusieurs  lignes,  les  exécutants  attendent  dans 
cette  musique  l'instant  où  il  doivent  faire  son- 
ner leur  note;  car  chacun  d'eux  n'en  saurait 
produire  davantage.  Le  mérite  consiste  à  le 
faire  exactement  dans  le  temps  nécessaire,  et 
avec  le  degré  de  force  qui  convient  pour  la  mu- 
sique qu'on  exécute.  Le  premier  essai  de  cette 
musique  fut  fait  en  1755,  en  présence  de  la  cour 
impériale,  à  la  maison  de  chasse  Ismaïlow,  à 
peu  de  dislance  de  Moscou.  L'effet  frappa 
d'étonnement  tous  ceux  qui  l'entendirent.  De 
près,  les  cors  réunis  produisent  l'effet  d'un 
grand  orgue;  de  loin,  on  croit  entendre  un 
puissant  harmonica.  Maresch,  après  avoir  été 
récompensé  avec  magnificence,  vécut  encore 
près  de  quarante  ans.  Il  est  mort  à  Saint-Pé- 
tersbourg, en  1794,  laissant  une  fille  qui  a  eu 
de  la  réputation  comme  pianiste. 

MARESCHALL  (Samuel),  voyez  MAR- 
SCHALL. 

MARESSE  (Louis),  pianiste  et  composi- 
teur, né  à  Évreux  en  1797,  vint  à  Paris  vers 
1819  et  se  fit  connaître  par  un  petit  opéra- 
comique,  intitulé  •  l'Habit  retourné.  On  a 
gravé  sous  son  nom  :  1»  Des  trios  pour  piano, 
violon  et  violoncelle,  op.  3  et  9;  Paris,  Dufaut 
et  Dubois.  S»  Des  duos  pour  piano  et  violon, 
op.  6  et  7;  ibid.  ô°  Fantaisie  sur  un  air  suisse 
pour  piano  seul,  op.  4;  ibid.  A"  Trois  airs  va- 
riés détachés  pour  piano;  ibid.  5°  Deux  recueils 
de  valses  pour  piano,  op.  8  et  10;  ibid.  En 
1828,  M.  Maresse  s'est  éloigné  de  Paris,  et 
depuis  lors  on  n'a  plus  eu  de  renseignements 
sur  sa  personne. 

MARET  (Hugues),  né  à  Dijon  en  1726, 
mort  dans  la  même  ville  le  11  juin  1786,  fut 
docteur  en  médecine  de  l'Université  de  Mont- 
pellier, démonstrateur  de  chimie  à  Dijon,, 
médecin  du  roi  et  de  la  généralité  de  Bour- 


454 


MARET  —  MAIË 


gffgne,  censeur  royal,  membre  de  plusieurs 
académies,  et  secrétaire  j)er|)élucl  de  celle  de 
Dijon.  C'est  en  celle  (lualité  (ju'il  a  prononcé 
en  1766  un  Éloge  historique  de  Rameau,  qui 
a  été  imprimé  dans  le  volume  des  Mémoires 
de  V Académie  de  Dijon  publié  dans  la  même 
année.  Cet  éloge  a  été  imprimé  séparément; 
Dijon,  1766,  in-8".  On  a  aussi  de  Maret, 
VÈloge  de  Durcy  de  Noinville,  auteur  de 
Vllistoire  de  l'Opéra.  Cet  éloge  est  imprimé 
parmi  les  Mémoires  de  l'Académie  de  Dijon 
(1769). 

MAUEX  on  MAIVCKX  (Charles),  né  à 
Alost,  vers  1720,  a  été  nommé  maître  de 
cbant,  ou  chef  du  chœur  à  l'église  de  Sainle- 
Walburge,  d'Audenarde,  le  12  mars  17G1. 
Après  avoir  occupé  cette  position  pendant 
vingt-sept  ans,  il  mourut  le  28  juillet  1788, 
laissant  dans  les  archives  de  l'église  d'Aude- 
narde :  1»  Six  Ave  Maria  à  plusieurs  voix 
avec  instruments.  2°  Six  Tantum  ergo,  idem, 
ô"  Messe  de  Requiem,  à  quatre  voix,  avec 
quatuor  d'instruments  à  cordes,  tous  de  sa 
composition. 

MARGRAFF  (Akdré),  né  à  Egger,  en 
Bohême,  dans  les  dernières  années  du  quin- 
zième siècle,  fut  instituteur  et  chantre  à 
Schwandorf,  près  de  Ratisbonne.  Il  a  fait  im- 
primer de  sa  composition  le  cent  vingt-hui- 
tième psaume  à  cinq  voix;  Amberg,  1536. 

MARlABil  (Jf.an-Baptiste),  compositeur 
dramatique  de  l'école  romaine,  vécut  vers  le 
milieu  du  dix-septième  siècle.  Il  fit  représen- 
leràViterbe,  en  1639,  Amor  vuol gioventii, 
oi)éra  qui  a  été  trouvé  fort  beau  à  celte 
époque. 

MAUIAIVI  (Paul),  chanteur  célèbre,  né  à 
Urbino,  vécut  vers  1710. 

MARIAIMI  (JEAW-LAcnEJiT),  compositeur 
de  musique  d'église,  né  à  Lucques  en  1737, 
fut  maître  de  chapelle  de  l'église  cathédrale 
de  Savone,  et  mourut  dans  cette  ville  en  1793. 
Élève  du  P.  Martini,  il  fut  un  des  plus  savants 
musiciens  de  son  temps.  On  connaît  un  grand 
nombre  de  messes,  de  vêpres,  de  psaumes, 
d'hymnes,  d'antiennes  et  de  litanies  de  sa 
composition,  la  plupart  à  six,  sept  et  huit 
voix  réelles,  dont  les  copies  manuscrites  se 
trouvent  dans  plusieurs  grandes  bibliothèques. 
M.  l'abbé  Sanlini,  de  Rome,  possède  de  ce 
musicien  un  Miserere  à  quaire  voix,  avec 
instruments,  et  deux  Salve  Regina. 

MARIE  -AIM'C)I]>I:TTI:  -AMÉLIE  , 
-duchesse  de  Saxc-Golha,  (ille  d'Uliic  de  Saxe- 
Meinungen,  née  le  17  septembre  1732,  eut 
des  talents  qui  auraient   l'ait  honneur  à   un 


artiste  sur  le  clavecin  et  dans  la  composition. 
On  a  imprimé  de  sa  composition  des  canzoni 
italiennes  avec  des  variations  pour  le  clave- 
cin, auxquelles  on  a  ajouté  d'autres  variations 
de  Benda,  Schweilzer,  Scheidler,  etc.,  Leip- 
sick,  1782,  in-fol.  Elle  a  aussi  fait  paraître  à 
Gotha,  en  1786,  Chansons  d'un  amateur  de 
musique.  Enfin,  il  existe  une  symphonie  à  dix 
parties,  composée  par  cette  princesse. 

MARIE  (...),  chanteur  dramatique,  né  à 
Paris,  en  1814,  fut  admis,  vers  l'âge  de  dix 
ans,  dans  l'institution  <le  musique  religieuse 
diiigée  par  Choron,  et  y  fit  de  bonnes  études 
musicales.  Lorsque  cette  institution  fut  sup- 
primée, après  la  révolution  de  juillet  1830, 
Marié  n'avait  pasencoreatteintsa  dix-septième 
année.  Il  fut  obligé  de  chercher  des  ressources 
pour  son  existence  en  chantant  dans  les 
églises,  particulièrement  à  Saint-Eustache. 
Plus  tard,  le  besoin  lui  fit  accepter  une  place 
de  choriste  à  l'Opéra-Comique  :  il  entra  à  ce 
théâtre  sous  le  nom  de  Mécène.  Cependant, 
artiste  par  le  sentiment,  musicien  d'une  édu- 
cation solide,  et  possédant  une  bonne  voix  de 
ténor,  il  était  fait  pour  occuper  une  meilleuie 
position  :  il  le  sentit  et  se  prépara,  i)ar  l'étude 
du  répertoire,  à  tenir  sur  un  théâtre  de  pro- 
vince l'emploi  de  premier  ténor.  Un  engage- 
ment lui  fut  offert  pour  le  théâtre  de  Metz  : 
il  y  débula  au  commencement  de  l'année 
théâtrale  1838.  Sa  voix,  où  se  faisaient  i-emar- 
quer  de  beaux  sons  dans  toute  l'étendue  d'un 
bon  ténor,  n'avait  i)as  été  convenablement 
li'availlée  par  des  exercices  de  vocalisation 
bien  «liiigés;  elle  manquait  de  souplesse  et 
d'ég.ilité;  mais  elle  était  accentuée.  Marié 
possé<lait  un  sentiment  pur,  une  manièrelarge 
de  [)hraser,  et  de  plus  il  était  très-bon  mu- 
sicien. Ses  succès  euient  du  retenlissemeni  ; 
les  journaux  de  Paris  le  signalèrent  à  l'atten- 
tion publique,  et  le  directeur  du  nouveau 
Théâtre  de  la  Renaissance  engagea  l'artiste 
pour  l'année  1839;  mais  le  directeur  de; 
rOpéra-Comique  le  réclama,  en  vertu  d'une 
clause  de  son  privilège  qui  ne  permettait  pas 
à  un  chanteur  sorti  de  son  théâtre  de  paraître 
sur  une  autre  scène  de  Paris  avant  le  teime  de 
trois  ans  révolus.  Un  procès  s'ensuivit,  et  le 
tribunal  ayant  donné  gain  de  cause  à  M.  Cros- 
nier,  alors  directeur  de  l'Opéra-Comique, 
Marié  fut  obligé  de  rentrer  à  ce  théâtre  avec 
le  titre  de  premier  ténor.  Il  y  parut  pour  la 
première  fois  dans  la  Symphonie,  opéra  écrit 
pour  lui  par  Clapisson.  Il  y  eut  un  véritable 
succès,  i»arce  que  le  comi)Ositeur  avait  coni- 
[nis  ce  qu'il  fallait  pour  le  caractère  large  de 


MARil-:  —  MAULN 


45a 


son  chant;  mais  bienlAt  ratlminislralion  du 
théâtre  put  comprendre  qu'elle  avait  fait  une 
faute  en  ohlij^eant  Marié  à  y  entrer,  car  le 
répertoire  courant  n'avait  (las  un  rôle  qui 
lui  convînt.  En  1840,  cet  artiste  fut  engagé 
par  l'administration  de  l'Opéra,  pour  chan- 
ter les  principaux  rôles  en  remplacement  de 
Duprez,  qui  commençait  à  se  fatiguer  II  y 
réussit  d'abord,  mais  aucun  rôle  n'ayant  été 
écrit  pour  lui,  dont  la  direction  ne  sut  pas 
comprendre  la  destination  spéciale ,  Marié 
perdit  insensiblement  la  faveur  du  [lublic. 
Sorti  de  l'Opéra,  il  parcourutlesdépartements 
et  la  Belgique,  où  il  obtint  des  succès  ;  puis,  il 
alla  en  Italie,  s'y  essaya  dans  les  rôles  de 
baryton,  revint  à  Paris,  et  rentra  à  l'Opéra, 
dans  une  situation  secondaire,  où  il  s'est 
effacé.  C'est  ainsi  qu'un  vrai  talent  de  senti- 
ment et  de  distinction  fut  perdu  et  ne  parut 
jamais  ce  qu'il  valait,  parce  <|u'il  ne  fut  com- 
pris, ni  par  les  directeurs  de  théâtres,  ni  par 
la  critique  vulgaire. 

MARIIV  (Fabuice),  né  dans  le  Piémont 
vers  1540,  a  mis  en  musique  à  quatre  parties  : 
Airs  sur  aucunes  poésies  de  Bdif,  Ronsard, 
Jamin  et  Desporles;  Paris,  Adrien  Le  Roy, 
1578,  in-4"obl. 

MAU1I>    (Fkançois-Louis-Claude    MA- 
1\I3II,  dit),  littérateur,  connu  principalement 
par  un  bon  ouviage  intitulé  :  Histoire  de  Sa- 
ludin,  sultan  d'Egypte  et  de  Syrie,  naquit 
à  la  Ciotat,en  Provence,  le  G  juin  1721.  Venu 
à  Paris,  vers  1742,  après  avoir  été  enfant  de 
chœur,  puis  organiste,  et  enfin  ecclésiastique, 
il  quitta  le  petit  collet,  et  fut  reçu  avocat  au 
Parlement.   On  ne  rapiiellera   pas  ici   toutes 
les  circonstances  de  la  vie  de  ce  lilléraîeur, 
(|ui  ne  figui-e  dans  ce  dictionnaire  qu'à  l'oc- 
casion d'un  opuscule  relatif  à  la  niusi<|ue:  ces 
détails  d'une  carrière  assez  .agitée  sont  con- 
signés  dans  les   divers   dictionnaires   histori- 
<|ues  publiés  depuis  quelques  années.  .le  me 
bornerai  à  dire  qu'après  avoir  été  successive- 
ment censeur  royal,  censeur  de  la  police,  se- 
crétaire <le  la  librairie  et  «liiccteur  de  la  Ga- 
zette de  France,  il  perdit  ces  places,  se  retira 
dans  sa  ville  natale,  en  1778,    et  y  acheta 
la  place  de  lieutenant-général  de  l'amirauté. 
Mais   la   révolution    l'ayant    privé    de    cette 
cliarge   et  d'une  partie  de  sa  fortune  placée 
sur  l'État,  il  vint  à  Paris  recueillir  k-sdébiis 
de  son  ancienne  opulence,  s'y  lixa  et  y  vécut 
jusi[u'à   l'âge  de   quatre-vingt-neuf  ans.  Sa 
mort  eut  lieu  leT.iuilIel  180'J.  Il  s'était  marié 
et  avait  eu  un  fils, grand  amateu:  de  musique, 
uiaLs  étourdi  cl  dissipateur,  qui  épousa  une 


fille  de  Grétry,  ne  la  rendit  point  heurei.sc,  et 
mourut  peu  de  temps  après  son  père.  On  a  de 
Maiin  un  petit  écrit  publié  à  l'occasion  des 
querelles  sur  la  musique  française  (jue  la  lettre 
de  J.-J.  Rousseau  avait  fait  naître.  Cet  oi)us- 
cule  est  intitulé  :  Ce  qu'on  a  dit,  ce  qu'on  a 
voulu  dire,  lettre  à  madame  Foliot ;  Paris, 
1752,  in -8".  Marin  s'y  range  parmi  les  défen- 
seurs de  la  musique  française. 

MAUm  (Guillaume'mARCEL  DE),  né 
à  la  Guadeloupe,  le  22  mai  17ô7,  descendait 
des  jVarini  qui  ont  donné  des  doges  à  Ve- 
nise. Sa  famille  était  établie  en  France  dei)uis 
1402.  Il  vint  à  Paris  à  l'âge  de  dix  ans,  et  fit 
ses  études  au  collège  de  Louis  le  Grand;  mais 
il  ne  les  acheva  pas.  A  quatorze  ans,  il  em- 
brassa la  carrière  des  armes;  à  quinze,  il  se 
livra  à  l'étude  des  mathématiques  et  de  la 
musique.  Il  enlrepiil  alors,  sans  maître,  l'étude 
du  violon,  et  ses  efforts  le  conduisirent  à  jouer 
avec  facilité  les  caprices  de  Locatelli.  Plus 
tard,  Gaviniès  et  Pagin  lui  donnèient  des  le- 
çons, et  Rameau  lui  enseigna  l'harmonie.  On 
a  gravé  un  Stabat  de  sa  composition,  pour 
quatre  voix  et  orchestre;  Paris,  Leduc. 

l»IAUi:\  (Mahie-Martin  MxVUCEL  DE), 
fils  du  précédent,  est  né  à  Saint-Jean -de-Luz, 
|)rès  de  Rayonne,  le  8  septeml.>re  1769.  Lors- 
qu'il eut  atteint  l'âge  de  quatre  ans,  son  père 
lui  enseigna  la  musique;  à  sept,  il  composa 
un  concerto   de  piano.   Plus  tard,    il  fit  un 
voyage  eu  Italie,  où  il  reçut  des  leçons  de  Nar- 
dini  pour  le  violon.  Son  admirable  organisa- 
tion musicale  lui  fil  faire  de  rapides  progrès 
sous  la  direction  de  ce  maître,  qui  le  considé- 
rait comme  son  meilleur  élève.  De  retour  en 
France,  M.  de  Marin  prit  de  Hocbrucker  des 
leçons  de  hari>e;  inais  bientôt  les  idées  «lu'il 
se  forma  des  ressources  qu'on  pouvait  tirer  de 
cet  instrument  le  décidèrent  à  n'avoir  plus 
d'autre  maître  que  lui-même.  La  musique  de 
harpe  qu'on  possédait  alors  était  plate  et  mi- 
sérable :  Krumpholz  seul  savait  écrire  pour 
cet  instrument;  mais  M.  de  Marin  alla  j)lus 
loin  que  lui  dans  les  hardiesses  harmoni(|ucs 
et  dans  la  variété  des  styles.  Comme  violoniste, 
il  était  l'amateur  le  plus  remarquable  de  son 
époque;  comme  harpiste,  il  n'avait  point  de 
rivaux.   Dans  un    second  voyage  qu'il  fit  en 
Italie;  en  178ô,il  fui  reçu,  à  l'âge  de  quatoize 
.3ns,  membre  de    l'Académie  des  Arcades  de 
Rome,  improvisa  sur  la  harpe  dans  une  séance 
publique,  joua  des  fugues  de  Bach  sur  cet  in- 
strument, et  accompagna  (!e?  airs  de  Jomclli 
et  d'autres  compositeurs,  comme  on  aurait  pu 
le  faire  sur  le  piano.   La  célèbre  improùsa.- 


4i;6 


MARIN  —  MARINl 


trice  Corilla,  présente  à  celte  séance,  fit  un 
impromptu  sur  les  merveilles  d'un  talent  si 
précoce  et  si  solide. 

A  son  retour  d'Italie,  M.  de  Marin,  âgé  de 
quinze  ans,  entra  à  l'école  militaire  des  che- 
vau-légers,  à  Versailles.  Il  en  sortit  en  1786, 
avec  le  titre  de  capitaine  de  dragons.  Peu  de 
temps  après,  il  sollicita  et  obtint  un  congé 
pour  voyager,  visita  l'Autriche,  la  Prusse, 
l'Espagne,  et  mit  à  profit  tout  ce  qu'il  enten- 
dit, pour  développer  son  triple  talent  de  violo- 
niste, de  harpiste  et  de  compositeur.  Éloigné 
de  sa  patrie,  au  moment  où  la  révolution  fran- 
çaise éclata,  il  fut  mis  sur  la  liste  des  émigrés, 
et  sollicita  vainement  la  faveur  de  rentrer 
dans  sa  patrie,  où  ses  biens  avaient  été  sé- 
questrés. Il  prit  alors  le  parti  d'aller  en  An- 
gleterre et  d'y  chercher  des  ressources  dans 
ses  talents.  C'est  là  que  son  habileté  sur  la 
harpe  a  atteint  le  plus  haut  degré  de  perfec- 
tion. Sa  qualité  de  gentilhomme,  la  beauté  ac- 
complie de  sa  personne,  ses  manières  nobles  et 
la  variété  de  son  instruction,  rendaient  plus 
facile  l'exercice  de  son  talent,  dont  il  tira  des 
produits  considérables  qui  lui  permirent  de 
soulager  l'infortune  de  beaucoup  d'émigrés. 
De  retour  en  France  sous  le  consulat,  M.  de 
Marin  obtint  la  restitution  de  ses  biens  qui 
n'avaient  pas  été  vendus,  et  se  retira  à  Tou- 
louse, où  la  musique  ne  fut  plus  pour  lui  qu'un 
délassement.  Labarre  qui,  dans  sa  jeunesse,  a 
eu  occasion  d'enteudre  M.  de  Marin  et  de 
jouer  devant  lui,  a  compris  le  mérite  de  ce 
grand  artiste  amateur,  et  s'est  proposé  de 
continuer  sa  manière  en  l'appliquant  aux 
formes  de  la  musique  actuelle  :  c'est  à  cette 
direction  de  son  talent,  autantcju'à  son  organi- 
sation personnelle, que  Labarre  fut  redevable  de 
sa  supériorité  comme  harpiste.  On  ignore  si 
M.  de  Marin  vil  encore  au  moment  où  cette 
notice  est  revue  (1861). 

La  musique  de  harpe  de  M.  de  Marin  est  vé- 
ritablement classique 5  elle lestera  comme  mo- 
dèle et  comme  un  monument  historique.  Il 
n'a  pas  publié  tout  ce  qu'il  a  écrit,  mais  on  a 
gravé  de  lui  :  l"Quinletto  pour  harpe,  deux 
violons,  alto  et  basse,  op.  14;  Paris,  Cousi- 
ueau.  2"  Duo  pour  harpe  et  piano,  op.  17; 
Paris,  Érard.  3"  Duo  pour  harpe  et  violon  ; 
Paris,  Pleyel.  4"  Sonates  pour  harpe  seule, 
op.  5,  15,  16,  22,  51,  32  ;  Londres,  Clementi  ; 
Paris,  Lemoine  aîné,  Érard  et  Schlesinger. 
5"  Airs  variés  pour  harpe  seule,  op.  4,  7,  11, 
13;  Londres,  Clementi;  Paris,  Lemoine  aîné. 
6"  Trois  trios  pour  violon,  alto  et  basse, 
op.  20;  Palis,  Érard.  7"  Air  varié  pour  violon, 


avec  accompagnement  de  violon,  alto  et  basse, 
op.  35;  ibid.  8"  Douze  romances  avec  accom- 
pagnement de  harpe,  liv.  I,  II,  III  ;  Hambourg, 
1798. 

MARII\ATI(Aijrélien),  docteur  en  droit, 
né  à  Ravenne,  vers  le  milieu  du  seizième 
siècle,  a  publié  un  livre  qui  a  pour  titre  :  La 
prima  parte  délia  Somma  di  tutte  le  scienze, 
nella  quale  si  traita  délie  selte  arti  liberali, 
in  modo  taie  che  ciascuno  polrà  da  se  intro- 
dtirsi  nella  Grammatica ,  Retorica,  Logica, 
Musica,  Âritmetica,  Geometria  et  Astrolo- 
<7ja;Rome,  1587,  in -4°.  L'abrégé  de  musique 
qui  comprend  depuis  la  page  73  jusqu'à  la  98'' 
est  très-bon ,  pour  le  temps  où  ce  livre  a 
paru. 

MARINELLI  (le  P.  Juies-César),  reli- 
gieux servite  de  Monte-Cicardo,  vers  le  milieu 
du  dix-septième  siècle,  a  publié  un  bon  traité 
de  plain-chant  sous  ce  titre  :  Via  retta  délia 
voce  corale  overo  osservationi  intorno  al 
relto  esercitio  del  canto  ferma,  divisa  in 
cinque  parti,  etc.;  Bologne,  Monli ,  1671^ 
in^".  Ce  livre  est  rare. 

MARIINELLI  (Gaetano),  compositeur  na- 
politain, né  en  1760,  fit  ses  éludes  musicales 
au  Conservatoire  de  la  Pietà,  ou,  suivant  le 
marquis  de  Villarosa,  au  Conservatoire  de  Lo- 
reto,  et  fut  attaché  comme  compositeur  au  ser- 
vice de  l'électeur  de  Bavière,  vers  1790.  11 
s'est  l'ait  connaître  au  théâtre  par  les  opéras 
suivants  :  1°  Le  tre  Bivali,  ossia  il  Matri- 
monio  inaspettato  ;  Rome,  1784.  2"  Gli  Uc- 
cellatori;  Florence,  1785.  3"  Il  Trionfo  del 
amore.  4"  Il  Letterato  alla  moda.  5»  La  Ro- 
chetta  in  equivoco.  6"  Z/Uc/o Papmo, -Naples, 
1791 .  7"  Il  f  illano  al  governo,  ossia  Jmore 
aguzza  l'ingegno.  8»  La  Vendetta  di  Medea, 
opéra  séria,  au  théâtre  de  Saint-Samuel,  à 
Venise,  en  1792.  9»  Il  Concorso  délie  spose; 
Venise,  1795.  lO" I quattro  Rivali  in  amore; 
Naples.  11»  Alessandro  in  Efeso;  Milan, 
1810.  X'i"  L' Equivoco  fortunato  ;  ibid.,  1811. 
13"  La  finta  Principessa.  14"  Quinto  Fabio; 
Rome.  15"  La  bizarra  Contadina.  16»  Gli 
accidenti  inaspeltati.  17"  La  Fillanella 
semplice.  18"  //  Barone  di  Sarda  fritta. 
19"  Tobiae  Sara,  cantate  à  quatre  voix.  On 
cite  aussi  avec  beaucoup  d'éloges  son  oratorio 
il  Baldassaro,  écrit  à  Naples. 

MAIIIIXI  (Alexasdre),  chanoine  de  La- 
teran  et  compositeur,  na(iuit  à  Venise  et  llo- 
rissail  en  cette  ville  vers  le  milieu  du  seizième 
siècle.  Les  ouvrages  de  sa  composition  dont 
nous  avons  connaissance  sont  :  1"  Psalmi 
vcspcrarum  et  Magnificat  quatuor  vocuni; 


MARINI 


4S7 


Venise,  chez  les  héritiers  rie  Jérôme  Scoto, 
1578,  in-4»  obi.  '2°  Psalmi  omnes  qui  ad  Fes- 
peras  decantanlur  sex  vocibus  ;  ibid.,  1579, 
in-4"  obi.  La  seconde  édition  a  été  publiée  à 
Anvers,  en  1637,  in-4».  3"  jVoletli  a  sei 
voci;  Venise,  1588,  in-4».  C'est  une  seconde 
édition. 

MAUIIM  (Jean),  compositeur  vénitien, 
vécut  dans  la  seconde  moitié  du  seizième  siècle, 
et  fut  maître  de  chapelle  de  l'église  de  la  Ma- 
dona  delV  Orto.  On  a  imprimé  de  sa  compo- 
sition :  1"  Madrigali  a  ci'nque  voci,  libro 
primo;  f'enezia,  app.  Jng.  Gardano,  1571, 
petit  in-4».  2" Madrigali  a  cinque  voci,  libro 
secondo;  in  Fenezia,  app.  Fincenti,  1618, 
in-4».  C'est  une  réimpression. 

MARir\Iou  MARIIXO  (Jean-Baptiste), 
poëte  italien  qui  a  eu  de  la  célébrité,  naquit  à 
Naples,  au  mois  d'octobre  1569.  Destiné  à  la 
profession  d'avocat  par  sa  famille,  il  préféra 
la  culture  des  lettres  et  s'exposa  à  la  colère  de 
son  père  pour  suivre  son  penchant.  Après 
avoir  été  pendant  quelque  temps  secrétaire  du 
prince  de  Tonca,  il  alla  à  Rome,  où  le  cardinal 
Aldobrandini  le  prit  sous  sa  protection;  puis 
il  fit  un  assez  long  séjour  à  la  cour  de  Turin. 
D'abord,  il  jouit  de  la  faveur  du  duc deSavoie  ; 
mais  ayant  été  desservi  près  de  ce  prince  par 
des  envieux,  il  fut  jeté  en  prison.  Rendu  à  la 
liberté,  après  quelques  mois  de  détention,  il 
se  rendit  à  Paris,  en  1615,  et  fut  accueilli 
avec  beaucoup  de  bienveillance  par  Marie  de 
Médicis,  qui  lui  assura  une  pension  de  deux 
mille  écus.  Ce  fut  pendant  son  séjour  en 
France  qu'il  publia  son  célèbre  poème  de 
VAdone,  dont  le  goût  faux  et  maniéré  est  au- 
jourd'hui condamné  parles  connaisseurs,  mais 
qui  fut  fort  vanté  quand  il  parut.  En  1622, 
Marini  s'éloigna  de  Paris  et  retourna  à  Rome; 
mais  après  la  mort  de  son  protecteur  ,  le  pape 
Grégoire  XV,  il  alla  finir  ses  jours  à  Naples,  le 
25  mars  1625.  Au  nombre  de  ses  ouvrages,  il 
eu  est  un  qui  a  pour  titre  :  Dicerie  sacre.  Tu- 
rin, 1614,  un  volume  in-12.  La  deuxième  édi- 
tion a  paru  dans  la  même  ville,  en  1620  ;  la 
troisième,  à  Venise,  en  1628,  et  la  quatrième 
également  à  Venise,  en  1642.  Le  deuxième 
discours  contenu  dans  ce  volume  est  intitulé  : 
La  Musica,  diceria  seconda  sopra  le  selle 
parole  délie  da  Cristo  in  croce.  Il  occupe 
environ  deux  cents  pages  dans  le  volume; 
toutefois,  il  est  sans  intérêt  pour  l'art,  auquel 
il  ne  touche  qu'indirectement,  et  d'une  ma- 
nière pres(iuc  toujours  allégorique. 

MAIIIIM  (BiACGio  ou  Blaise)  ,  composi- 
teur, né  à  Brcscia,  dans  les  dernières  années 


du  seizième  siècle,  fut  d'abord  maître  de  cha- 
pelle à  l'église  cathédrale  de  Vicence,  puis  oc- 
culta un  poste  semblable  dans  sa  ville  natale, 
vers  1620.  Plus  tard,  il  se  rendit  en  Allemagne 
et  entra,  en  1621,  au  service  du  comte  palatin 
Wolt'gang  Guillaume,  qui  le  fit  chevalier.  De 
retour  en  Italie,  il  entra  au  service  du  duc  de 
Parme,  en  1623,  comme  compositeur  et  pre- 
mier violon  de  sa  mnsi(|ue.  Marini  est  mort  à 
Padoue  vers  1660.  Il  jouait  fort  bien  de  plu- 
sieurs instruments,  particulièrement  du  vio- 
lon. On  connaît  sous  le  nom  de  ce  musicien  : 
1°  Arie,  madrigali  e  corrente  a  1 ,  2  e  3  voci; 
Venise,  1620.  \'>  {bis)  L'Ordine  quarto  délie 
musiche  a  1,  2,  3,  4,  5  e  6;  Venise,  1622, 
in  4».  2»  Salmi  a  5  voci;  Venise,  Gardane. 
2»  (bis)  Le  Lagrime  d'Erminia,  canzoïii 
a  voce  so/a;  Parme,  1623,  in-4».  3»  Musiche 
da  caméra  a  2,  3  e  4  voci;  ibid.  4"  Miserere 
a  2,  3,  ivocieviolini;  \h\d.^''Composizioiii 
varie,  madrigali  a  3,  4,  5  e  7  cnn  violini  ; 
Venise,  Alexandre  Vicenti.  6»  Madrigali  e 
sinfonie  a  2^  3  e  4  voci;  ibid.  7°  Arie  a  1,  2, 
3  e  Musiche  a  1,  3,  4,  5  voci,  lib.  4,  o,  7; 
ibid.  8»  Sonale,  Canzoni,  Passamezzi,  Bdl- 
letti,  Correnti,  Gagliarde,  Ritornelli,  a  1, 
2,  3,  4,  5,  6  voci;  Venise,  Bartolomeo  Magni. 

MAftlIM  (Joseph),  maître  de  chapelle  à 
Pordenone,  dans  l'Étal  vénitien,  au  commen- 
cement du  dix-septième  siècle,  est  connu  par 
un  recueil  de  madrigaux,  imprimé  à  Venise, 
en  1618. 

MAUIIVI  (le  P.  Marie),  moine  camaldule, 
né  à  Pesaro,  dans  les  premières  années  du 
dix-septième  siècle,  fut  maître  de  chapelle  de 
la  république  de  Saint-Marin.  Il  a  publié  de 
sa  composition  :  Concerti  e  Motetti  a  una, 
due,  tre,  quattro,  cinque,  sei  e  sette  voci  con 
slromenti,  libro  primo.  In  Venezia,  presso 
Bartolomeo  Magni,  1637,  in-4°. 

MAllIIM  (CuAnLES-AsTOiNE),  violoniste  et 
compositeur,  né  à  Bergame  vers  le  milieu  du 
dix-septième  siècle,  fut  attaché  à  l'église 
Sainte-Marie  Majeure  de  cette  ville.  On  con- 
naît de  sa  composition  :  1»  Douze  sonates, 
op.  3,  dont  les  huit  premières  pour  deux  vio- 
lons, violoncelle  et  basse  continue,  et  les  au- 
tres pour  six  instruments;  Venise,  1696. 
2"  Balletti  alla  francese  a  3,  op.  5;  Venise, 
1699.  3»  Douze  sonates,  op.  6,  dont  six  pour 
deux  violons,  violoncelle  et  basse  continue,  et 
six  à  deux  violons,  viole,  violoncelle  et  basse 
continue,  op.  7.  4»  Douze  sonates  pour  violon 
seul  et  basse  continue,  op.  8.  Il  a  paru  une 
autre  édition  de  cet  œuvre  chez  Roger,  à  Am- 
stcidam,  en  1706. 


4o8 


MARIO  -  MARLE 


MARIO  (comte  DE  CAINDIA),   ténor, 
qui  a  obtenu  de  biillanls  succès  aux  théâtres 
italiens  île  Paris  et  de  Londres,  est  né  vers 
1812,    à  Gênes,  d'une   famille   ancienne   et 
considéiée.  Doué  d'une  voix  de  ténor  de  la 
plus  belle  qualité,  il  ne  la  cultiva  d'abord  que 
pour  l'agiément  ((u'elle  lui  procurait  dans  la 
société.  Arrivé  à  Paris  en  1836,  il  y  fut  re- 
cherché dans  les  salons,  non-seulement  pour 
son  talent  de  chanteur  amateur,  mais  aussi 
pour   l'éléi^auce   de  ses    manières.    Sollicité 
longtemps  par  l'administration  de  l'Opéra, 
jiour  qu'il  se  vouât  à  la  carrière  du  théâtre, 
il  finit  par  céder  à  ces  instances,  séduit  par  le 
chiffre   des   appointements    (jui    lui    étaient 
offerts,  et  le  50  novembre  1838,  il  débuta  par 
le  lôle  de  Robert,  dans  l'opéra  de  Meyerbeer. 
Nonobstant  son  inexpérience  de  la  scène  et 
les    imperfections    qu'il    laissait    apercevoir 
dans  son  chant,  la  beauté  de  son  organe  fit 
naître  l'enthousiasme  du  public.  Mario  resta 
au  même  théâtre  pendant  l'année  1839;  mais 
en  1840,  il  passa  au  Théâtre  Italien,  où  ses 
avantages  naturels  se  produisirent  avec  plus 
d'éclat.  Le  travail  et  l'habitude  de  la  scène 
marquèrent  cliaciuejour  de  nouveaux  progrès 
de  son  talent,  et  pendant  plus  de  <|iiinze  ans, 
il  fut  en  possession  de  la  faveur  publique,  soit 
à  Paiis,  soit  à  Londres  ou  en  Améiique.  Il  est 
fâcheux  que,  devenu  riche,  il  n'ait  pas  quitté 
la  scène  lorsqu'il  a  senti   les  premières  at- 
teintes de  l'altération  de  sa  voix,  et  qu'il  en 
ait  exposé  les  ruines  à  la  critique  dans  les 
dernièies  années.  Il  est  attaché  à  l'Académie 
impériale  de  musique   (l'Opéra)  de  Paris  au 
moment  où  cette  notice  est  éciite  (1862). 

MAIIKLLL  (Frédéric-Guillau.'ïïf.),  né  le 
17  février  1816  à  Reichenbach,  près  d'Elbing, 
reçut  les  premières  leçons  de  piano  et  d'orgue 
de  son  père,  cantor  et  organiste  de  l'église 
Sainte-Anne,  à  Elbing.  Lorsqu'il  eut  atteint 
l'âge  de  dix  ans,  il  devint  élève  de  Charles 
KIoss  pour  le  piano,  et  le  directeur  de  mu- 
si<iue  Urban  lui  enseigna  les  éléments  de 
l'harmonie.  En  1833,  Markull  fut  envoyé  par 
son  père  à  Dessau ,  pour  y  continuer  ses 
éludes  de  composition  et  d'orgue,  sous  la 
direction  de  Frédéric  Schneider.  Après  deux 
ans  de  séjour  dans  l'école  de  ce  maître,  il  re- 
tourna à  Elbing  au  printemps  de  1855,  et  s'y 
livra  à  l'enseignement  du  [liano,  et,  dans  l'été 
lie  l'année  suivante,  il  obtint  la  place  d'orga- 
niste à  l'église  Sainte-Marie  de  Dantzick;  en 
1845,  il  ajouta  à  cet  emploi  celui  de  profes- 
seur de  chant  au  Gymnase  (collège),  et  deux 
ans  après,  il  eut  le  titre  de  directeur  roxjal  de 


musique.  Son  activité  dans  l'exercire  de  ses 
fonctions  a  imprimé  un  remarquable  piogrès 
dans  la  culture  de  la  musique  parmi  les  habi- 
tants de  cette  ville.  On  connaît  environ  qua- 
rante œuvres  de  sa  composition,  parmi  les- 
quelles on  remarque  :  \°  L'opéra  intitulé  31ctja 
und  Alpino,  qui  fut  représenté  à  Dantzick,  le 
23  décembre  1843.  2"  Drei  Nachspiele  fiir 
die  Orgel  (Trois  conclusions  pour  l'orgue); 
Erfurt,  Kœrner.  3°  L'oratorio  Bas  Gedacht- 
niss  der  Entschlafeuen  (la  Commémoration 
des  morts),  gravé  en  partition  pour  le  piano. 
4°  Le  quatre-vingt-sixième  psaume  pour  voix 
solos,  chœur  et  orchestre.  5"  Deux  symphonies 
l)Our  l'orchestre,  la  première  en  «ï  mineur, 
la  seconde  en  ré.  6"  Johannes  der  Taiifer 
(S.  Jean  le  baptiseur),  oratorio.  7"  Le  roi  de 
Sion,  opéra.  8»  La  fête  de  If'aJpurg.  9»  Des 
pièces  caractéristiques  et  de  salon  pour  le 
piano.  10"  Lieder  et  chants  pour  une  et  plu- 
sieurs voix.  12°  Livre  choral  pour  le  nouveau 
livre  de  chant  de  Danlzick. 

MAURWORT    (JEAX-CiiRÉTiEr^)  ,  direc- 
teur du  chœur  au  théâtre  de  Darmstadt,  s'est 
fait  connaître  comme  écrivain  sur  la  musique 
par  les  ouvrages  suivants  :  1°  Umriss  einer 
Gesainmt-Ton-Tf'issenschaft;wicaucheiner 
Sprach  iind  Tonsa-tzlelire  und  einer  Gesang, 
Ton  und  Ilede  vortraglehreinbesonders{V\3in 
d'une  théorie  complète  de  la  musi(|ue,  etc.), 
Darmstadt,   C.-W.   Liske,    1826,    in-8»    de 
soixante-quatre  pages.  2°  Elementar-  Unter- 
richt  fiir  das  Piano-Forte,  etc.  (Instruction 
élémentaire  pour  le  piano,  etc.),  Francfort- 
sur-le-Mein  (sans  date),  chez  Fischer,  in-4''  de 
vingt-quatre  pages  de  texte  et  de  vingt-trois 
planches  d'exemples.  M.  Blarkworta  fait  aussi 
insérer  dans  la  Gazette  musicale  de  Leipsick 
(tom.  XIX,  pag.  517  et  533)  un  Essai  sur  la 
manière  d'indiquer  par  la  notation  l'expres- 
sion musicale  (Idem,  pag.  5C9,  589,  605;  et 
tom.  XX,  pag.  273),  sur  la  manière  d'indiquei- 
la  valeur  du  temps  musical;  {idem,  p.  461  ; 
497  et  513),  sur  la  léalilé  du  rhylhme  et  sur 
son  application  à  la  poésie;  dans  le  Musikal. 
Hausfreund  (ô"^  année,  1824,  p.  13-22),  pre- 
mière introduction  à  la  connaissance  de  la 
musique. 

MAIILE  (Nicolas  DE),  est  souvent  indi- 
qué dans  les  recueils  de  compositions  du  sei- 
zième siècle  par  le  simple  prénom  de  Nicolas. 
Il  est  vraisemblable  <iue  ce  musicien  n'est  pas 
connu  par  son  véritable  nom  de  famille,  et 
que  De  Marie  est  la  désignation  du  lieu  de  sa 
naissance  {]\Jarle,  petite  ville  du  département 
de  l'Aisne,  à  quelques  lieues  de  Laon).  Quoi- 


MAULE  —  MAUMONNIER 


ÂO'J 


(ju'il  en  soit,  il  est  est  certain  qu'il  vécut  vers 
le    milieu   du   seizième   siècle,    et    qu'il    fut 
mnîlre  des  enfants  de  chœur  de  l'église  de 
Noyon.    On    connaît    de    sa    composition  : 
]" Missa  ad  imitationem  moduli  Panis  quem 
e^o  (laho;  auctore  Nicolao  de  Marie  ^  cum 
qtiatuor  vocibus ,   nunc  pritmtm  in  Iticem 
édita.  '  iilelise,  apud  Adiianum  Le  Roi  et  Ro- 
herluni  Uallaid,  1559,  in-fol.2v7/ma  ad  imi- 
tationem moduli  Je  suis  déshéiilée,  anclore 
elc,  ibid.  1359,  in-l'ol.  max.  3»  il/issa  qua- 
tuor vocum  oui  titulus  0  génie  brnnetle.  Pa- 
risiis,  ex  typoyraphia  Nicolai  Duchemin, 
15G8,  in-fol.  max.  Le  XF^  livre,  contenant 
trente   chansons  nouvelles  à   quatre  parties, 
imprimé  par  Pierre  Altaingnant,  à  Paris,  en 
1544,  en  contient  deux  de  De  Marie.  Le  sep- 
tième livre  de  chansons  nouvellement  com- 
posées en  musique  à  quatre  parties  (Paiis, 
Adrian  Le  Roy  et  Robert  Ballard,  153G,  in-4") 
renferme  trois  chansons  par  Nicolas  D.  M. 
On  en  trouve  aussi  dans  le  XVII'=  livre  des 
trente-cinq  livres  de  chansons  nouvelles  à 
quatre  parties  de  divers  auteurs,  en  deux  vo- 
lumes, imprimés  par  Pierre  Atlaingnant,  à 
Paris,  1539-1549,  in-4»  obi.  Enfin,  un  beau 
recueil  manuscrit  de   chansons  françaises  à 
quatre   voix ,    lequel    a   appartenu    à    la  du- 
chesse  d'Orléans,    mère   du   roi   Louis-Phi- 
lippe, contient  onze  chansons  sous  le  nom  de 
Nicolas. 

MARLIAIM  (le  comte  AunÈLE),  né  en 
Lombardie,  d'une  famille  noble  et  opulente, 
vers  1803,  s'enrôla  dans  le  carbonarisme,  dis- 
sipa sa  fortune  au  service  de  son  parti,  et, 
compromis  par  ses  imprudences  politiques, 
fut  obligé  de  se  réfugier  à  Paris,  en  1830. 
Ayant  reçu  dans  sa  patrie  une  bonne  éduca- 
tien  musicale,  il  trouva  des  ressources  dans 
l'enseignement  du  chant  :  c'est  à  ses  leçons 
<|ue  Julie  Grisi  dût  le  perfectionnement  de 
son  talent.  Plus  tard,  la  position  du  comte 
niarliani  s'améliora  lorsnu'il  fut  nommé  con- 
sul général  d'Espagne  à  Paris.  Après  la  révo- 
lution de  février  1848,  il  retourna  dans  son 
pays  et  prit  les  armes  i)our  son  affranchisse- 
ment. Son  dévouement  à  la  cause  de  l'Italie 
lui  fut  fatal,  car  il  fut  tué  sous  les  murs  de 
Kologne,  au  mois  de  juin  1849,  pendant  l'at- 
l.Kjue  de  cette  ville  par  l'armée  autrichienne. 
j\Iarliani  s'est  fait  connaître  comme  comi)Osi- 
leui-  par  Le  Bravo,  opéra  en  trois  actes,  re- 
présenté au  Théâtre-Italien  de  Paris,  au  mois 
de  janvier  1834,  et  qui  fut  ensuite  représenté 
à  Vienne,  en  1855,  a  Prague,  à  Gènes,  à  Na- 
plcs  et  à  Plaisance,  en  183G.  Le  Marchand 


forain,  opéra  en  trois  actes ,  dont  Mailiani 
avait  composé  la  musi<|ue,  fut  joué  sans  succès 
au  théâtre  de  rOpéra-Coniii|uc,  le  1'^^''  octobre 
1854.  La  Xacarilla  (danse  espagnole),  en  un 
acte,  ouvrage  écrit  pour  madame  Stolz,  fut 
représenté  avec  succès  au  tliéâtre  de  l'Opéra 
au  mois  d'octobre  1839.  La  musique  écrite  par 
Marliani  pour  ce  petit  drame  était  élégante  et 
facile.  Sous  le  titre  de  Lazarillo  ^  cet  opéra 
fut  bien  accueilli  à  Vienui;,  à  Milan  et  à  Ve- 
nise. La  «lernière  production  dramali(iue  de 
Marliani  fut  l'opéra  sérieux  Jldegonda,  «lu'il 
écrivit  pour  Florence,  et  i|ui  fui  reiirésenlé  en 
1841,  au  théâtre  de  la  Pergola,  et  deux  ans 
après  à  la  Scala  de  Milan.  On  a  aussi  de  lui 
des  canzoni,  des  romances  avec  accomjjagne- 
menl  de  piano,  des  pots-pourris  pour  cet  in- 
strument, à  deux  et  à  quatre  mains,  sur  les 
thèmes  de  la  Xacarilla. 

IWAULOW  (IsAAc),  écrivain  anglais,  vécut 
à  la  lin  du  dix-seplième  siècle.  Il  n'est  connu 
que  par  un  pamphlet  intitulé  :  Controversia 
of  Sinfjing  brought  to  an  end  (Controverse 
sur  le  chant  arrivée  à  sa  fin);  Londres,  1G9G, 
pelit  in-8''.  Cet  écrit  a  été  occasionné  par  une 
discussion  élevée  à  |>ropos  d'une  brochure  ano- 
nyme qui  avait  pour  titre  :  On  Singing  (Sur 
le  chant);  Londres,  1C9I,  in-8».  Un  certain 
Robert  Sleed  en  fit  une  critique  intitulée  : 
Epistle  concerning  Singing  (Lettre  concer- 
nant le  chant);  Londres,  1G92.  L'auteur  de 
l'ouvrage  anonyme  y  répondit  par  un  livre 
<lont  le  litre  est  :  ^  Replg  to  Mr.  Robert 
Steed's  Epistle  concerning  Singing  (Réplique 
à  la  lettre  de  M.  Sleed  concernant  le  chanl); 
Londres,  1692,  in-8»,  qui  donna  lieu  à  un  autre 
écril  intitulé  :  Answer  to  a  late  Book  stiled  a 
Reply,  elc.  (Réponse  à  un  livre  récemment 
publié  et  intitulé  Réplique,  etc.),  Londres, 
1G93,  in-8».  Plusieurs  autres  brochures  sur 
le  même  sujet  se  succédèrent  pendant  les 
années  suivantes.  L'écrit  de  Marlow  a  pour 
but  de  clore  la  discussion. 

HAUHADUKE  OVEREISD.  Foyez 
0VEI;EI\D  (Marmadoke). 

MAllMOIMMEll  (A. -J.-M.),  ecclésiastique 
et  chantre  de  la  Collégiale  de  Vienne,  en  Dau- 
phiné,  a  publié,  sous  le  voile  de  l'anonyme, 
un  livre  qui  a  pour  litre  :  Manuel  du  Chantre 
viennois,  ou  méthode  universelle  de  chant, 
appliquée  particulièrement  au  chant  vien- 
nois, et  qui  peut  également  servir  à  toutes 
les  églises;  Lyon,  Rusand,  1833,  un  vol.  gr. 
in-12,  de  trois  cent  trente-deux  pages.  Ce  livre 
est  divisé  en  leçons,  dont  chacune  a  un  objet 
spécial. 


460 


MARMOiNTEL  —  MARNEF 


MAIXMONTEL  (Jean-François),  litléra^ 
(eiip  qui  a  joui  de  beaucoup  de  célébrité, 
naquit  le  11  jiiillet  1723,  à  Bort,  petite  ville 
du  Limousin,  et  mourut  d'apoplexie  à  Abbe- 
ville,  le  31  décembre  1799.  Nommé  membre 
de  l'Académie  française,  en  1763,  il  y  succéda 
à  d'Alerabert,en  1783,  dans  la  place  de  secré- 
taire perpétuel.  Dans  la  querelle  des  giuckistes 
et  des  piccinnisles,  Marmontel  s'enrôla  sous 
la  bannière  de  ceux-ci,  et  fournit  à  Piccinni 
trois  opéras  {Roland,  de  Quinault,  refait, 
Didon,  et  Pénélope),  que  ce  grand  compositeur 
mil  en  musique.  Déjà  Marmontel  s'était  dé- 
claré en  faveur  du  musicien  italien  et  contre 
Gluck  dans  une  brochure  publiée  en  1777, 
sous  le  titre  d'Essai  sur  les  révolutions  de  la 
musique  en  France  (Paris,  in-4'').  Celte  espèce 
de  déclaration  de  guerre  lui  valut  une  attaque 
directe  de  la  part  de  Gluck,  dans  une  lettre  de 
l'année  littéraire,  en  1778,  une  multitude  de 
critiques  dans  les  écrits  polémiques  de  Suard, 
et  beaucoup  d'épigrammes  de  l'abbé  Arnaud. 
Il  n'y  fut  point  insensible;  pour  se  venger,  il 
composa  un  poëme  en  douze  chants,  intitulé  : 
Polymnie,  où  il  prend  la  défense  de  Piccinni 
contre  les  admirateurs  du  musicien  allemand, 
et  dans  lequel  la  satire  n'est  point  épargnée. 
Ce  poëme,  où  l'on  trouve  plus  de  force  que 
dans  les  autres  ouvrages  en  vers  de  Mar- 
montel, n'était  connu  que  par  de  longs  frag- 
ments lorsqu'il  fut  publié  en  entier,  en  1819, 
in-8°;  mais  pres(|ue  toute  l'édition  fuî  aussitôt 
supprimée  sur  !  '  demande  de  M.  Marmontel 
fils. 

Marmontel  fut  le  premier  qui  procura  à 
Grétry  l'occasion  de  se  faire  connaître  parle 
petit  opéra  h  Huron,  et  successivement  il 
donna  avec  lui  Lucile,  le  Sylvain,  Zemireet 
u4zor,  l'Ami  de  la  maison,  la  fausse  Magie 
et  Céphale  et  Procris.  Malgré  les  succès  que 
lui  valut  la  musique  deGrélry,  à  dater  de  1775 
il  y  eut  du  refroidissement  entre  l'homme  de 
lettres  et  le  musicien.  Marmontel  attaque  le 
célèbre  compositeur  en  plusieu'-s  endroits  de 
ses  Mémoires;  il  semble  être  persuadé  de  la 
supériorité  de  ses  canevas  sur  la  musique;  peu 
s'en  faut  même  qu'il  n'accuse  celle-ci  d'avoir 
gâté  5a  poésie!  le  pauvre  homme  ! 

MARMOx'M'EL  (Antoine-François),  né  à 
Clermonl-Ferrand  (Puy-de-Dôme),  le  18  jan- 
vierlSlG,  fut  admis  au  ConservatoiredeParis, 
le  31  mai  1827,  dans  la  classe  de  solfège  de 
M.  Lanncau,  et  entra  dans  la  classe  de  piano 
deZimmerman.  En  1828,  il  obtint  le  premier 
prix  de  solfège;  dans  l'année  1830,  le  deuxième 
prix  de  piano  lui  fut  décerné  au  concours  :  il 


obtint  le  premier  prix  en  1832;  le  deuxième 
prix  d'harmonie  et  d'accompagnement  pra- 
tique lui  fut  également  décerné  dans  la  même 
année,  et,  devenu  élève  d'Halévy,  il  eut  le 
second  prix  de  contrepoint  et  de  fugue  en 
1853.  Dans  le  même  temps,  il  suivait  le  cours 
de  composition  de  Lesueur;  mais  il  s'en  retira 
en  1837,  pour  se  livrer  exclusivement  à  l'en- 
seignement du  piano.  Après  avoir  rempli, 
pendant  un  an,  les  fonctions  de  professeur  de 
solfège,  M.  Marmontel  succéda  à  son  maître, 
Zimmerman,  dans  la  place  de  professeur  de 
piano,  à  laquelle  il  fut  appelé  le  13  octobre 
1848.  Déjà  il  avait  remplacé  Henri  Herz,  pen- 
dant le  voyage  de  celui-ci  en  Amérique,  depuis 
1846.  M.  Marmontel  est  depuis  plus  de  quinze 
ans  un  des  professeurs  les  plus  recherchés 
pour  le  piano.  Le  nombre  de  ses  élèves  est 
immense.  Parmi  ceux  qu'il  a  formés  au  Con- 
servaloire,  on  remarque  Joseph  Wieniawski, 
Thurner,  Jules  Cohen,  Deschamps,  Bizet, 
Ghys,  Diesner  et  Planté.  Environ  cinquante 
œuvres  de  musique  de  piano,  composés  par 
cet  artiste,  ont  été  publiés.  On  y  compte 
quinze  morceaux  faciles,  sans  numéros  d'oeu- 
vres, Quarante  mélodies,  des  romances,  des 
duetlinos ,  quatre  livres  d'études  pour  divers 
degrés  de  dilTicullé  (Paris,  Gius),  une  sonale 
pour  piano  seul,  des  nocturnes,  romances  sans 
paroles,  polonaises,  valses  et  marches. 

MAIVINEF  (Godefroid),  imprimeur  de 
Paris,  au  commencement  du  seizième  siècle, 
est  un  des  plus  anciens  Iyi)ographes  français 
qui  ont  imprimé  du  plain-chant  en  caractères 
mobiles,  avec  les  signes  des  ligatures.  Un  des 
premiers  ouvrages  concernant  la  musique, 
sorti  de  ses  presses,  est  la  troisième  édition  du 
traité  de  Guerson  (voyezce  nom)  intitulé  :  Uti- 
lissimx  musicales  régule^  plant  cantus,  etc.; 
il  le  publia  en  1513,  in-4".  Ses  caractères  sont 
les  mêmes  que  ceux  dont  François  Regnault 
s'était  servi,  en  1509,  pour  la  deuxième  édition, 
et  dont  Jehan  Petit,  autre  imprimeur  de  Paris, 
avait  fait  usage,  en  1508,  pour  VEncIdridion 
rnusices  de  Nicolas  Wollic.  A  l'égard  de  la 
première  édition  du  livre  de  Guerson,  publiée 
sans  date  par  Michel  Tolose,  tous  les  exemples 
de  plain-chant  y  sont  en  planches  gravées  sur 
bois  ;  ce  qui  prouve  que  les  caractères  mobiles 
parisiens  ont  été  gravés  et  fondus  peu  de 
temps  avant  1308.  Jérôme  et  Denis  Marnef, 
fils  de  Godefroid,  succédèrent  à  leur  père,  et 
imprimèrent,  en  1530,  une  nouvelle  édition 
des  Utilissimx  musicales  régula  plant 
cantuSf  qui  parait  avoir  été  la  dernière  de  ce 
livre. 


MARONCELLI  —  MARPURG 


•461 


]>ï\RO]\CELLI  (Pierre),  littérateur  ita- 
lien de  l'époque  actuelle,  né  vers  1796,  a  été 
inculpé  par  le  gouvernement  autrichien  pour 
des  écrits  politiques,  et  mis  dans  une  forte- 
resse avec  Silvio  Pellico.  Dans  son  cachot,  une 
de  ses  jambes  se  gonfla,  et  le  mal  devint  si 
considérable  qu'on  fut  obligé  de  lui  en  faire 
faire  l'amputation  par  un  barbier  de  village. 
Sorti  de  prison,  il  s'est  rendu  à  Paris  où  il  a 
donné  des  soins  à  de  nouvelles  éditions  de 
quelques  classiques  italiens.  Il  a  fait  imprimer 
dans  les  f'ite  e  Ritratti  d'illustri  Italiani 
(Milan,  Bettoni,  1819),  une  notice  sur  la  vie 
d'Arcangelo  Corelli. 

MAllOIMI  (Jean),  maître  de  chapelle  de 
l'église  cathédrale  de  Lodi,  où  il  vivait  encore 
en  1620,  naquit  à  Ferrare,  dans  la  seconde 
moitié  du  seizième  siècle.  Il  avait  été  long- 
temps maître  de  chapelle  à  l'église  cathé- 
drale de  cette  ville.- Il  a  laissé  en  manuscrit 
beaucoup  de  messes,  de  motets  ,  de  madri- 
gaux, etc. 

MAROTHI  (Georges),  né  à  Debreczin,  en 
Hongrie,  le  11  février  1715,  fit  ses  éludes  à 
Berne,  à  Bâle  et  à  Groningue,  puis  retourna 
dans  son  pays,  où  il  enseigna  les  langues 
grecque  et  latine,  la  géographie,  la  géométrie 
et  la  musique.  Il  a  traduit  les  psaumes  en 
langue  hongroise,  les  a  mis  en  musique,  et  les 
a  publiés  en  1751 .  Il  est  mort  à  Debreczin,  le 
16  octobre  1753. 

MAROTïA  (Érasme),  né  àRadunazzo,  en 
Sicile,  vers  la  fin  du  seizième  siècle,  entra 
dans  la  société  des  jésuites  en  1612,  fut  rec- 
teur du  collège  de  Messine,  et  mourut  à  Pa- 
lerme,  le  6  octobre  1641.  Il  a  publié  des  re- 
cueils de  motets  à  plusieurs  voix,  àPalerme,  et 
a  composé,  en  1630,  la  musique  de  VAminle, 
pastorale  du  Tasse. 

MARPALU.  On  trouve  sous  ce  nom  deux 
bonnes  dissertations  intitulées  ;  Traités  de 
l'harmonie  et  de  ceux  qui  l'ont  inventée, 
desonuiage  et  de  ses  effets,  dans  le  Mercure 
galant ,  smUet  1680,  t.  XI,  p,  240-275; 
octobre  1680,  t.  Xft,  p.  56-76  et  312-350. 

MARPURG  (Frédéric-Guillaume),  célè- 
bre écrivain  sur  la  musique,  naciuit  à  Seehau- 
sen,  dans  la  Vieille-Marche  de  Brandebourg,  en 
1718.  Peu  de  circonstances  de  sa  vie  sont  con- 
nues ;  on  sait  seulement  (iu'a|)rès  avoir  fait  de 
bonnes  éludes,  non-seulement  dans  les  lan- 
gues anciennes  et  modernes,  mais  aussi  dans 
les  mathématiques  et  la  musique,  il  fit,  en 
1746,  un  veyage  de  quelques  mois  à  Paris; 
(ju'ily  connul  Rameau,  dont  il  étudia  le  sys- 
lùme  de  la  basse  l'ondamentalc  ;  que  de  retour 


à  Berlin,  il  fut  quelque  lemjts  secrélaired'ua 
ministre,  puis  résida  à  Hambourg,  et  enfin 
retourna  à  Berlin,  où  il  fut  nommé  directeur 
de  ta  loterie  et  eut  le  titre  de  conseiller  du  roi 
de  Prusse.  Depuis  lors  sa  vie  fut  sans  événe- 
ments, et  quarante  années  d'une  existence 
paisible  lui  permirent  de  composer  et  de  pu- 
blier un  grand  nombre  d'ouvrages  sur  la 
théorie  et  la  littérature  de  la  musique.  Le  ti- 
rage de  la  loterie  était  la  seule  chose  qui,  pé- 
riodiquement, rompait  la  monotonie  de  ses 
habitudes;  il  y  prenait  un  vif  inlérêt.  En 
1793,  Gerber  le  vit  à  Berlin  et  le  trouva  un 
jour  fort  triste,  parce  que  Tadministration  de 
la  loterie  avait  éprouvé  une  perte  considérable 
dans  le  tirage  fait  le  malin.  C'était  d'ailleurs 
un  vieillard  rempli  de  bonhomie  et  de  gaieté. 
II  était  fort  gros,  mangeait  beaucoup  et  buvait 
de  même.  De  son  mariage,  il  avait  eu  un  fils 
et  une  fille  qui,  tous  deux,  cultivèrent  la  mu- 
sique avec  succès.  Il  mourut  à  Berlin,  le 
22  mai  1795,  à  l'âge  de  soixante-dix-sept 
ans.  • 

Marpurg  jouit  en  Allemagne  de  la  réputa- 
tion d'un  savant  théoricien  el d'un  critique  de 
premier  ordre    :  il    la    mérile    à    beaucoup 
d'égai'ds,  quoique  dans   la  didactique  il  ail 
manqué  quelquefois  de  netteté  dans  les  idées 
et   d'ordre  dans    la    classification   des  faits. 
C'est  surtout  dans  ses  ouvrages  critiques  qu'il 
s'est  montré  supérieur  à  tous  ses  contempo- 
rains en  Allemagne  :  il  y  fait  preuve  d'une 
instruction    très-variée.   La    multiplicité  des 
écrits   qu'il    publia   dans    l'espace  d'environ 
vingt-cincj  ans  prouve  une  prodigieuse  activité 
dans  ses  travaux  :  les  vingt  dernières  années 
de  sa  vie  furent  beaucoup  moins  laborieuses, 
Parmi  ses  traités  didactiques  de  musique,  on 
remarque  les  suivants  :  1»  Die  Kunst  dus  Kla- 
vier  zu  spielen  (l'Art  déjouer  du  clavecin); 
Berlin,  1750,    in-4'',    première    partie.    Une 
deuxième  partie  a  paru  dans  la  même  ville, 
en  1751,  in-4".  Toutes  les  deux  sont  anonymes 
et  ont  seulement  pour  indication  l'auteur  du 
Musicien  critiqxiede  la  Sprée.  Il  y  a  eu  plu- 
sieurs édilions  de  cet  ouvrage  :  la  deuxième 
est   indi(iuée     par     Gerber,    Lichtenihal    et 
M.  Becker  comme  ayant  paru  en  1751,  in-4''. 
La  troisième  porte   la  date  de  1760;  la  qua- 
trième, augmentée  et  corrigée,  est  de  1762. 
Toutes  ont  paru  à  Berlin  et  sont  dans  le  for- 
mat in-4".  Dans  la  première  partie  on  trouve 
l'application  des  principes  de  la  musique  au 
clavier,  et  des  règles  de  doigter  pour  les  deux 
mains.  La  deuxième  itarlie  est  un  traité  d'har- 
•   monie  pralinue  et  d'accomi>agncment  du  cla- 


462 


MARPURG 


vecin.  2»  Jnleitung  zum  Clavierspielen,  der 
schcenen Ausiihung  der  heutigenZeit  gemass 
enticorten  (Instruction  pour  jouer  du  cla- 
vecin, etc.);  Berlin,  1755,  in^"  de  soixanle- 
dix-huil  pages  et  dix-huit  planches  d'exemples. 
Une  deuxième  édition  améliorée  a  été  publiée 
en  1765  à  Berlin.  Forkel  a  cru  que  la  deuxième 
partie  de  l'ouvrage  précédent  appartenait  à 
celui-ci  :  c'est  une  erreur.  Yi'Anleitung  zum 
Clavierspielen  est  un  traité  spécial  de  l'art  de 
jouer  du  clavecin,  considéré  dans  la  partie 
élevée  et  philosophique  de  cet  art,  tandis  que 
le  premier  ouvrage  est  purement  élémentaire. 
Marpurg  a  donné  lui-même  une  traduction 
française  de  son  livre,  sous  ce  titre  :  Prin- 
cipes de  clavecin,  avec  vingt  planches;  Ber- 
lin, 175G,  in  4".  Il  a  été  publié  à  Paris  une 
autre  édition  de  cette  traduction  ;  elle  est  inli- 
lulée  :  l'y^rt  de  toucher  le  clavecin  selon  la 
manière  perfectionnée  des  modernes;  divisé 
en  deux  parties  :  la  première  contenant  dif- 
férents exemples  pour  le  doigter  du  clavecin  ; 
la  seconde,  douze  leçons  pour  l'exercice  des 
deux  mains;  Paris,  Naderman,  in-fol.  obi., 
gravé  (sans  date).  Lustig  (voyez  ce  nom),  a 
fait  aussi  une  traduction  hollandaise  de  ce 
livre,  avec  de  bonnes  notes.  L'ouvrage  de 
Marpurg  contient  d'excellentes  obseivations 
générales;  il  devrait  êtie  plus  connu  des 
maîtres,  qui  y  puiseraient  des  principes  fé- 
conds pour  une  bonne  méthode  d'enseigne- 
ment. 3°  Handbuch  von  dem  Generalbasse 
und  der  Composition  mit  2,  3,  4,  5,  6,  7,  8 
und  mehrer  Stimmen,  nebst  einem  vorlaiif- 
fîgen  kurzen  Begriff  der  Lehre  vom  General- 
basse fiir  Anf^nger  {Manue]  de  la  basse  con- 
tinue et  de  la  composition,  à  2,  3,  4,  5,  6,  7, 
8  et  un  plus  grand  nombre  de  voix,  avec  une 
idée  abrégée  de  la  science  de  la  basse  con- 
tinue pour  les  commençants);  Berlin,  17S5, 
in-4°de  soixante-dix  pages,  avec  huit  planches 
d'exemples. Ce  premierjet  d'un  grand  travail  de 
Marpurg  concernant  l'harmonie  fut  réimprimé 
l'année  suivante  à  Berlin,  comme  première 
partie  du  grand  manuel,  dont  la  deuxième 
partie  fut  publiée  en  1757,  et  la  troisième  et 
dernière  en  1758.  Un  supplément  aux  trois 
parties  a  paru  ensuite  sous  ce  litre  :  Anhung 
zum  Handbuche  bey  dem  Generalbasse  und 
der  Composition;  Berlin,  1760,  10-4".  Le 
nombre  total  des  pages  des  trois  parties  et  du 
supplément  est  de  trois  cent  quarante  et  une, 
et  celui  des  planches  j  trente -sept.  Une 
deuxième  édition  de  tout*  l'ouvrage,  aug- 
mentée en  quel(|ues  parties,  mais  où  Marpurg 
a  supprimé  l'idée  abrégée  de  la  basse  con- 


tinue, qui  formait  onze  pages  dans  la  pre- 
mière édition,  a  été  publiée  à  Berlin  en  1762, 
in-4".  Une  traduction  française  de  ce  livre  a 
été  placéedans  la  deuxième  partieduiV^ouveaM 
Jflanuel  complet  de  musique  vocale  et  instru- 
mentale  de  Choron  et  Ad.  de  Lafage  (Paris, 
1836-1838).  On  a  aussi  traduit  en  langue  sué- 
doise l'introduction  de  la  première  édition  ; 
cette  traduction  a  pour  titre  :  Kort  begrep 
oni  Generalbassen ;  Stockholm,  1782,  in-4", 
avec  deux  planches.  Le  système  d'harmonie 
de  Marpurg,  sous  le  rapport  de  la  génération 
des  accords,  est  une  modification  de  celui  de 
Rameau  :  j'en  ai  indiqué  les  inconvénients 
dans  un  article  critique  de  la  Gazette  mws/- 
cale  de  Paris  (sixième  année,  1839,  n"  20).  Je 
ne  répéterai  point  ici  ce  que  j'en  ai  dit;  on 
pourra  consulter  cet  article  où  les  considéra- 
lions  de  théorie  sont  développées.  4°  Abhand- 
lung  von  der  fuge  nach  den  Grimdsxtzen 
und  Exempeln  der  besten  deutschen  und 
auslxndischen  Meister  entworfen  (Traité  de 
la  fugue,  rédigé  d'après  les  principes  et  les 
exemples  de  meilleurs  maîtres  allemands  et 
étrangers),  première  partie,  Berlin,  1753; 
deuxième  partie,  ibid.,  1754,  in-4",  avec  cent 
vingt-deux  i)lanches  d'exemples.  Unedeuxièmc 
édition  de  cet  ouvrage  a  été  publiée  à  Leip- 
sick,  chez  A.  Kuhnel,  en  1806,  un  volume,  gr. 
in-4''  de  texte  et  un  volume  in-folio  oblong  de 
planches.  Marpurg  a  donné  lui-même  une  tra- 
duction française  de  son  livre,  sous  ce  titre  : 
Traité  de  la  fugue  et  du  contrepoint,  divisé 
en  deux  parties,  accompagné  de  cent  vingt- 
deux  planches;  Berlin,  1756,  in-4o.  Cette 
traduction  a  été  réimprimée  à  Paris,  chez  Im- 
bault  (sans  date),  in-fol.  Choron  l'a  ensuite 
insérée  dans  ses  Principes  de  composition 
des  écoles  d'Italie  (Paris,  1808),  en  interca- 
lant les  exemples  dans  le  texte;  avantage  qui 
rend  cette  édition  préférable  aux  autres.  Pos- 
térieurement, le  même  savant  a  donné  |)lace  à 
cet  ouvrage  dans  son  Nouveau  Manuel  de 
musique  vocale  et  instrupientale.  Marpurg  a 
particulièrement  traité  de  la  fugue,  de  l'imi- 
tation, des  canons  et  du  contrepoint  dans  le 
style  instrumental.  Il  y  a  de  bonnes  observa- 
tions de  détail  dans  son  livre,  mais  il  n'a  pas 
connu  les  vrais  principes  de  l'imitation  cano- 
nique, ni  des  deux  parties  les  plus  impor- 
tantes de  la  fugue,  qui  sont  :  le  sujet  et  la  ré- 
ponse. Les  objets  sont  d'ailleurs  disposés  dans 
son  livre  en  sens  inverse  de  l'ordre  naturel, 
car  il  ne  traite  des  contrepoints  doubles 
qu'après  la  fugue,  dont  les  contre-sujets  ne 
peuvent  être  établis  que  d'a|)rès  le  contrepoint 


MARPIJRG 


463 


double  à  l'oclave,  et  il  place  les  canons  après 
les  conlrepoinls  doubles,  quoique  ce  genre  de 
composition    appartienne  naturellement   aux 
contre()oinls   non  susceptibles    de  renverse- 
ment. Choron,  qui  n'avait  pas  aperçu  ce  dé- 
faut radical   d'ordre,  l'a  maintenu  dans  ses 
Principes  de  composition;  mais  il  l'a  corrigé, 
d'après  mon   Traité  du  contrepoint  et  de  la 
fugue,  dans  son  Nouveau  jVaniiel.  5°  Anlei- 
tung  zur  Singcomposilion  (Introduction  à  la 
comi)osilion  du  chant);  Berlin,  1758,  in-4"de 
deux  cent  six  pages.  Excellent  ouvrage,  su- 
périeur à  tout  ce  que  l'on  a  fait  sur  le  même 
sujet,  et  qui   n'a  pas  en  le  succès  qu'il  méri- 
tait. G"  Jnleitung  zur  Musilc  iiberltaupt  und 
zur    Singkunst    bezonders  ,    mit    Uebungs 
£xempeln    erlxutert    vnd    den    beriilimten 
Herren     DIusikdirecloren     und     Cantoren 
Deutschlands   zugeignet  (Introduction  à   la 
musique  en  général,   et  à  l'art  du  chant  en 
particulier,  etc  )  j  Berlin,  1763,  in-8"  de  cent 
soixante  et  onze  pages.  Cet  ouvrage  est  divisé  en 
trois  parties  dont  la  première  traite  des  prin- 
cipes de  l'art  du  chant;  la  seconde,  des  élé- 
ments de  la  musique,  et  la  troisième  renferme 
des  exercices  pour  une,  deux,  trois  et  quatre 
voix.    7"   Anfangsgriinde  der  theoretischen 
Musilc  (Éléments  de  la  musique  théorique); 
Leipsick,    Breitkopf,    1757,    in-4°    de    cent 
soixante-seize  pages.  Cet  ouvrage  contient  la 
théorie  mathématique  de  la  musique  et  traite 
du  calcul  des  intervalles  et  du  tem|)érament. 
8"  Anfangsgriinde  der  progressiotial  figur- 
lichen  Zifferkulkuls  (Éléments  du  calcul  des 
progressions  arithmétique  et  géométrique  ap- 
plicables à  la  théorie  de  la  musique);  Berlin, 
1774,  gr.  in-8°  avec  quarante-quatre  [ilanchcs 
gravées.   9»    rersuch  iiber  die  musikalische 
Temperatur,  nebst  einem  Jnhang  iiber  den 
Rameau-und  Kirnbergerschen  Grundbass  , 
und  vier  Tabellen  (Essai  sur  le  tempérament 
musical,  suivi  (l'un  supplément  sur  la  basse 
fondamentale  de  Rameau  et  de  Rirnberger, 
avec  quatre  planches);  Breslau,  1776,  in-8"de 
trois  cent  dix-neuf  pages.  Cet  ouvrage  n'est 
pas,  comme  on  pourrait  le  croire,  un  rema- 
niemenldu  précédent.  La  manière  y  est  traitée 
d'une  manière  plus  générale  et  plus  philoso- 
phi(|ue.   10»  Neue  Méthode,  allerlei  Arten 
vom  Temperaturen  dem  Claviers   aus   be- 
quemste  mitzutheilen,  etc.  (Nouvelle  méthode 
l)our  concilier  les  divers  systèmes  de  temi)éra- 
ment  dans  l'accord  du  clavecin);  Berlin,  1779, 
in-40  de  quatre  cents  pages.  Une  deuxième 
édition  de  cette  méthode,  purement  pratique, 
a  été  publiée  à  Berlin,  en  1790,  in^". 


Ouvrages  iiiSToniQtiEs  i:t  cniTiQiiF.s.  1 1»  A>< - 
lische   Einleitung  in  die   Geschichte   und 
Lehrsxtze  der  alten  und  neuen  Dhisik  (Intro- 
duction crititiue  à  l'histoire  et  à  la  connais- 
sance de  la  musique  ancienne  et  moderne); 
Berlin,  1759,  in-4<'dedeux  cenl(iuarante-six 
pages,  non  compris  la  préface  et  la  table,  avec 
huit  planches.  Ce  livre  a  pour  objet  principal 
d'examiner  la    question   :   Si   les  Giecs   ont 
connu  l'harmonie.  Marpuig  y  a  fait  preuve 
«l'érudiiion  et  de  saine  critique,  \2°  Légende 
einiger  fllusikheiligen.  Ein  Nachtrag  zu  den 
musikalischen  Almanachen  und  Taschen- 
biichernjetzigerZeit  von  Simon Metaphras- 
tes  denjiingern  (Légendes  de  quelques  saints. 
Suite  aux  almanachs  musicaux  et  aux  livres 
de  poche  de  l'époqire  actuelle,  par  Simon  Mé- 
taphrastes  le  jeune);   Cologne,  Pierre  Ham- 
mer,  178G,  in-S"  de  trois  cent  trente  et  une 
pages,  avec   deux  planches  de  musique.  Ce 
livre,    qui    n'a    point  de   nom  d'auteur,    est 
attribué  à  Marpurg.  On  y  trouve  un  grand 
nombre  d'anecdotes  sur  des  musiciens  célè- 
bres,   lô"   Der  krilische   3Itisikus  an  der 
Spree   (Le  Musicien    critique  de    la   S|>rée)} 
Berlin,  1750,  in-4''  de  quatre  cent  six  pages 
avec  cinq  planches.  Cet  écrit  est  le  premier 
journal  de  musique  publié  par  Marpurg.  IF 
lui  a  donné  le  nom  de  Musicien  critique  de 
la  Sprée  pour  le  distinguer  du  Krilischer 
Musicus,  autre  journal  critique  de  musique 
publié  par  Scheibe  (voyez  ce  nom),  à  Ham- 
bourg, douze  ans  auparavant.  L'écrit  de  Mar- 
purg a  paru  sous  la  forme  d'une  publication 
hebdomadaire,  en  cinquante  numéros  d'une 
feuille.  Marpurgfutatlaqtié,  à  l'occasion  de  cet 
écrit,  i)ar  un  musicien  de  Berlin  qui  se  cacha 
sous  le  pseudonyme  de  Flavio  Jnicio  Olibrio 
(voyez  ce  nom).  Il  répondit  avec  plus  d'hu- 
meur que  d'esprit  à  cette  atla(|ue,  dans  les 
numéros  4,  5  et  suivants  du   Musicien   cri' 
tique;  mais  ses  réponses  lui   attirèrent   de» 
censures  plus  sévèies,   dans  un  autre  écrit 
signé  du  même   pseudonyme.  Il  parut  aussi 
une  criti<iue  de  la  prédilection  manifestée  par 
Marpurg  pour  la  musique  française,  dans  le 
numéro  37  des  Freye   Urtheile  und  Nach- 
richten  (12  mai  1750)  de  Hambourg  ;  mais  un 
musicien    anonyme  de   Ilalberstadt   prit    l.i 
défense  de  Marpurg,  dans  un  écrit  intitulé  : 
Gedanken  iiber  die   IFelschen  Tonkunsller 
(Idées  sur  les  musiciens  Welches);llalber»ta(ll, 
1751,  in-4»  de  vingt-trois  pages.  XA"  Hisln- 
risch-krilische-Begtrxge  zur  aufnahmc  der 
Musik  (Notices  histori(|ucs  et  ciiiiques  pour 
servir  au    progrès  de  la   musiiiue);   Berlin, 


464 


MAUPURG  —  MARQUE 


1754-1762,  cinq  volumes  in-8°,  composés 
chacun  de  six  numéros  de  plusieurs  feuilles, 
publiés  à  des  é|)oques  irrégulières.  Ces  deux 
recueils  renferment  des  recherches  curieuses 
sur  plusieurs  points  historiques,  et  de  très- 
bonnes  critiques  de  divers  ouvrages  relatifs 
à  la  musique.  15°  Kritische  Briefe  iiber  die 
Tonkunst ,  mit  kleinen  Clamerstucken  und 
Singoden  begleitet  von  musikalischer  Gesell- 
schaft  in  Berlin  (Lettres  critiques  sur  la 
musique,  etc.);  Berlin,  1759-1764,  deux  vo- 
lumes in-4".  Chaque  volume  est  divisé  en 
quatre  parties,  et  chaque  partie  renferme 
seize  numéros  d'une  feuille  d'impression,  qui 
paraissaient  chaque  semaine.  Ces  lettres,  dont 
la  publication  commença  le  23  juin  1759  et 
finit  le  15  janvier  1765,  renferment  une  mul- 
titude de  renseignements  et  d'intéressantes 
discussions  sur  toutes  les  parties  de  la  musique 
considérée  comme  art  et  comme  science. 
Quelques-unes  sont  adressées  à  des  musiciens 
célèbres,  tels  que  Ch.-Ph.  Emmanuel  Bach, 
son  frère  Friedmann,  Kirnberger,  Riepel, 
Agricola  et  d'autres. 

Marpurg  eut  une  discussion  sur  la  théorie 
(le  l'harmonie  exposée  par  Sorge  (vmjfz 
ce  nom)  dans  son  Compenditim  lui  mo- 
nicum.  Dans  cet  ouvrage,  Sorge  avait  lait 
une  critique  de  quelques  principes  du  savant 
musicien  de  Berlin;  Marpurg  se  vengea  en 
faisant  réimprimer  l'ouvrage  de  son  adver- 
saire avec  de  savantes  remarques,  où  l'amé- 
nité de  son  caractère  s'est  un  peu  démentie. 
L'ouvrage  a  pour  titre  :  16®  Herrn  Georg.  An- 
dréas Sorgens  Anleitung  zum  Generalbass 
und  zur  Composition  jyitAnmerkungen,etc. 
(Instruction  sur  l'harmonie  et  la  composition 
de  M.  Georges-André  Sorge,  avec  des  remar- 
ques, etc.);  l'épigraphe  du  livre  est  celle-ci  : 
f^ous  l'avez  voulti^  George  Dandin ,  vous 
l'avez  voulu;  Berlin,  Lange,  1760,  in-4'>  de 
cent  cinquante  deux  pages.  Marpurg  revint 
encore  plus  tard  sur  cette  discussion  dans  le 
cinquième  volume  de  ses  notices  historiques 
(p.  131-202,  265-285)  (voyez  Sorge).  On  doit 
à  ce  savant  une  traduction  allemande  des  Élé- 
ments de  musique  de  d'Alembert,  intitulée  : 
Systematische  Einleitung  in  der  musika- 
lische  Setzkunst  nach  des  Lehrsxtzen  des 
Herrn  Rameau.  Mit  Anmerkungen ,  etc., 
Leipsick,  Breitkopf,  1757,  in-4"  de  cent 
trente-six  pages.  Les  remarques  du  traduc- 
teur commencent  à  la  page  119.  Lorsque 
Gerber  visita  Marpurg  à  Berlin,  en  1795, 
celui-ci  était  occupé  de  la  rédaction  d'une 
histoire  de  l'orgue,  que  la  mort  ne  lui  a  pas 


permis  d'achever.  Sa  veuve  envoya  à  l'auteur 
du  Lexique  des  musiciens  tous  ses  papiers  et 
les  dessins  relatifs  à  cet  ouvrage.  Ils  appar- 
tiennent maintenant  à  la  Société  impériale  de 
Vienne  pour  les  progrès  de  la  musique. 

Comme  compositeur  ou  comme  éditeur, 
Marpurg  a  publié  :  1°  Kyrie  cum  Gloria, 
Sanctiis  et  Agnus,  quatuor  vocum.  violinis, 
violisetorgano,  in  partitura ;  Berlin,  1758, 
in^».  2°  Neue  Lieder  zum  Singen  beym 
Clavier  (Nouvelles  chansons  avec  clavecin); 
Berlin,  1756,  in-4''.  ô"Geistliche,  moralische 
und  wellliche  Oden,  mit  Klavier  (Odes  spiri- 
tuelles, morales  et  mondaines  avec  accom[)a- 
gnement  de  clavecin);  Berlin,  1758,  petit 
in-fol.  On  en  connaît  cinq  recueils  sous  son 
nom.  4"  Sei  sonate  per  il  cembalo:i  Nurem- 
berg, 1756.  5"  Klavierstiike  fiir  Anfxnger 
und  Geiibtere  mit  einem  practischen  Unlvr- 
richt  (Pièces  de  clavecin  pour  les  commen- 
çants et  les  élèves  plus  instruits,  avec  une 
instruction  pratique),  trois  suites;  Berlin, 
1762.  6°  Fughe  e  capricci  per  il  clavicembalo 
e  per  l'organo;  Berlin,  1777.  7°  Raccolta 
délie  pm  nuove  composizionidi  clavicembalo 
per  Vanno  1756;  e  Raccolta  2"  per  ianno 
1757;  Nuremberg.  Marpurg  n'est  que  l'éditeur 
de  ce  dernier  ouvrage,  ainsi  que  d'un  recueil 
de  fugues  de  Graun,  de  Kirnberger,  et  d'an- 
tres savants  musiciens  allemands  ;  ce  recueil  a 
pour  titre  :  Fugen  Sammlung ,  etc.,  première 
partie;  Berlin,  1758.  Il  en  avait  promis  la 
suite  avec  l'analyse  :  mais  rien  de  tout  cela 
n'a  paru. 

Le  portrait  de  Marpurg  se  trouve  au  com- 
mencement de  son  Introduction  critique  à 
l'histoire  de  la  musique,  et  en  tète  de  la  neu- 
vième année  de  la  Gazette  musicale  de  Leip- 
sick. 

MARQUE  (Chahlus- Auguste),  d'abord 
amateur,  puis  professeur  de  musique  à  Paris, 
naquit  à  Amiens  en  1773.  Il  y  vivait  encore  en 
1827,  mais  il  est  mort  peu  de  temps  après.  Il 
s'est  fait  connaître  par  quelques  jolies  ro- 
mances, parmi  lesquelles  on  remarque  L'Ab- 
sence, l'Origine  de  la  troisième  Grâce, 
Malvina,  et  la  chansonnetteZ-'oiVd  le  plaisir, 
mesdames.  Tous  ces  morceaux  ont  été  gravés 
chez  Naderman. 

MAKQÏJE  (Pierre),  violoniste  et  compo- 
siteur de  musi(|ue  de  danse,  est  né  à  Paris, 
le  26  janvier  1781 .  Fils  d'un  amateur  de  mu- 
siciue  <iui  jouissait  d'une  certaine  aisance, 
mais  qui  fut  ruiné  par  les  suites  de  la  révolu- 
tion de  1789,  le  petit  Marque  commença  l'élude 
du  violon  à  l'âge  de  trois  ans;  à  cin<(  ans,  il 


MARQUE  —  MARSALO 


465 


jouait  déjà  de  petils  morceaux  avec  une  jus- 
tesse d'intonation  qui  causait  autant  d'éton- 
nement  que  de  plaisir  aux  témoins  de  son 
habileté  précoce.  En  1789,  le  chevalier  de 
Saint-Georges  l'entendit  à  Versailles  et  i'ut  si 
charmé  par  l'organisation  de  cet  enfant,  qu'il 
offrit  à  son  père  de  l'adopter  comme  son 
propre  fils  et  lui  promit  d'en  faire  un  artiste 
de  talent.  Cette  proposition  fut  rejetée,  ce  qui, 
toutefois,  n'empêcha  pas  que  Saint  Georges 
n'entreprit  l'éducation  musicale  de  Pierre 
Marque.  Engagé  dans  des  intrigues  politiques 
en  1791,  et  forcé  de  s'éloigner  momentané- 
ment de  Paris,  il  confia  son  élève  aux  soins 
de  Navoigille  (vorjez  ce  nom),  qui  lui  donna 
des  leçons  jusqu'à  la  fin  de  1792.  Dans  l'année 
suivante,  Pierre  Marque  fut  admis,  par  une 
protection  spéciale,  dans  VEcole  des  enfants 
des  défenseurs  de  la  patrie,  quoique  son  père 
n'eût  jamais  été  militaire.  Quelques  mois 
après,  l'école  fut  transférée  à  Liancourt,  dans 
le  château  du  duc  de  Larochefoucault.  Marque 
y  tomba  dangereusement  malade,  et  l'on  fut 
obligé  de  l'envoyer  à  l'hospice  de  Beauvais, 
où  il  se  rétablit.  Rentré  à  l'école  de  Lian- 
court, il  y  eut  une  rechute  et  obtint  un  congé 
pour  retourner  à  Paris  près  de  sa  famille.  Il 
retrouva  dans  celle  ville  son  ancien  maitre 
Navoigille  qui,  connaissant  la  détresse  des 
parents  de  son  élève,  et  considérant  la  difii- 
cuilé  de  lui  procurer  alors  une  occupation 
lucrative  pour  son  talent,  lui  donna  le  conseil 
de  cultiver  la  musique  de  danse.  Cet  avis, 
adopté  par  le  jeune  artiste,  eut  des  résultats 
avantageux.  Marque  put  alors  venir  au  secours 
de  sa  famille.  A  vingt-deux  ans,  il  était  re- 
cherché comme  chef  d'orchestre  de  bal,  et  les 
recueils  de  contredanses  qu'il  publiait  obte- 
naient des  succès  de  vogue.  Sous  l'empire, 
il  eut  un  rival  dangereux  dans  Julien  Clar- 
chies;  mais  la  restauration  lui  fut  favorable, 
à  cause  de  ses  opinions  royalistes  bien  con- 
nues, et  l'aristocratie  de  cette  époque  accorda 
presque  toujours  la  préférence  à  Pierre 
Marque  pour  la  direction  de  ses  bals.  Cepen- 
dant la  danse  n'avait  pas  fait  perdre  à  cet 
artiste  le  goût  de  la  musique  sérieuse  :  il 
avait  une  passion  véritable  pour  les  quatuors 
et  quintettes  de  Boccherini,  dans  lesquels  il 
faisait  sa  partie  avec  talent.  Il  a  publié  des 
duos  pour  violon  et  alto,  et  des  études  remar- 
quables pour  ce- dernier  instrument,  dont  il 
jouait  avec  sentiment  et  délicatesse.  En  1832, 
Musard,  qui  estimait  Pierre  Marque,  l'attacha 
aux  concerts  des  Champs-Elysées  fondés  pai' 
Masson  de  Puyneuf,  en  <iualité  de  chef  des  sc- 

BlOCn.  U.MV.  DES  MUSICIENS.  T.   V. 


conds  violons.  Retiré  de  la  vie  active  depuis 
1848,  il  a  joui  depuis  lors  d'un  repos  et  d'une 
indépendance  acquis  dans  une  carrière  labo- 
rieuse et  par  des  habitudes  d'économie.  Au 
moment  où  cette  notice  estécrite  (1861),  il  est 
âgé  de  quatre-vingts  ans.  On  a  publié  de  sa 
composition  environ  vingt-cinq  recueils  de 
contredanses  pour  l'orchestre,  en  quatuor  et 
pour  le  piano. 

MAIIQUET  (François- Nicolas),  médecin 
et  botaniste,  né  à  Nancy  en  1687,  termina  sa 
carrière  à  l'âge  de  soixante-douze  ans,  le 
29  mai  1759.  On  a  de  lui  un  ouvrage  plus  cu- 
rieux qu'instructif,  sous  le  litre  de  Méthode 
pour  apprendre ,  par  les  notes  de  la  musique, 
à  connaître  le  pouls  de  l'homme,  et  les  chan- 
gements qui  lui  arrivent,  depuis  sa  nais- 
sance jusqu'à  sa  mort  ;  in-4",  Nancy,  1747. 
Buchoz,  gendre  de  Marquel,  a  donné  une  nou- 
velle édition  de  ce  livre;  Paris,  1808,  in-12. 

MAI\QUEZ(AktoineLESBIO),  maître  de 
chapelle  du  roi  de  Portugal,  naquit  à  Lis- 
bonne vers  1660.  Littérateur  instruit,  poêle  et 
musicien  savant,  il  obtint,  en  1698,  la  place 
de  maître  de  la  chapelle  royale,  et  mourut  le 
l»'''  novembre  1709.  Un  seul  ouvrage  de  sa 
com|)osition  a  été  imprimé;  il  a  pour  litre: 
filhancicos  que  se  cantaraô  ne  Jgreja  de 
N.  Senhore  de  Nazareth  das  religiosos  des- 
calças  de  S.  Bernardo  em  as  Matinas  e  Festa 
do  glorioso  S.  Gonçala  (Vilhancicos  qui  ont 
été  chantés  à  l'église  Jésus  de  Nazareth  des 
religieux  déchaussés  de  Sain^Bernard,  aux 
matines  de  la  fête  du  glorieux  saint  Gonsalve)  ; 
Lisbonne,  31ichel  Manescal,  1708,  in-4'>.  On 
conservait  autrefois  dans  la  Bibliothèque 
royale  de  Lisbonne  des  messes,  Magnificat, 
Miserere,  répons,  etc.,  en  manuscrit,  com- 
posés par  Marquez.  Ces  productions  jouissaient 
de  beaucoup  d'estime. 

MARS  (J.  DE),  organiste  à  l'église  cathé- 
drale de  Vannes ,  connu  sous  le  nom  de 
MARS  LE  CADET,  était  célèbre  vers  1730 
par  son  habileté  à  jouer  de  l'orgue  et  du  cla- 
vecin. On  a  de  lui  un  livre  de  pièces  d'orgue, 
gravé  à  Paris,  en  1747.  Sa  fille,  Henriette- 
Louise  de  Mars,  était  fort  habile  surleclavecin; 
elle  a  publié,  en  1752,  à  l'âge  de  quinze  ans, 
deux  cantalilles  qui  ont  eu  de  la  vogue. 

MARSALO  (Pierre-Marie),  compositeur 
sicilien,  vécut  dans  les  dernières  années  du 
seizième  siècle  et  au  commencement  du  dix- 
septième.  Il  est  auteur  de  quatre  livres  de  ma- 
drigaux à  cinq  voix  qui  ont  été  publiés  à  Ve- 
nise, chez  Vincenti.  Le  quatrième  livre  a  paru 
en  1609,  chez  cet  éditeur. 

30 


466 


MARSAND  —  MARSCHNER 


IHARSAIND  (le  P.  Anselme),  religieux 
bénédiclin  au  monastère  de  Sainl-Michel,  à 
Miirano,  près  de  Venise,  naquit  en  1769,  dans 
celle  ville,  où  son  père  était  banquier.  Elève 
de  Furnaletlo,  il  acquit  sous  la  direction  de  ce 
maître  une  profonde  connaissance  du  contre- 
point, et  fut  un  des  plus  savants  musiciens  de 
l'école  vénitienne,  dans  les  derniers  temps  de 
la  musique  classique.  En  1828,  il  succéda  à 
Antoine  Calegari  dans  la  place  de  maître  de 
chapelle  de  Saint-Antoine,  à  Padoue.  Il  est 
mort  dans  celte  situation,  le  4  janvier  1841. 
Le  P.  Marsand  s'est  fait  connaître  i)ar  un 
grand  nombre  de  comi)Ositions  pour  l'église, 
parmi  lesquelles  on  remarque  des  psaumes, 
des  messes,  des  hymnes,  des  motets  et  des 
pièces  d'orgue,  outre  beaucoup  de  morceaux 
détachés  à  deux,  trois  ou  quatre  voix,  avec 
instruments  ou  sans  accompagnement,  soit 
pour  la  chambre,  soit  pour  des  circonstances 
particulières.  On  m'a  dit  à  Venise,  en  1830, 
que  le  nombre  des  ouvrages  de  ce  maître  est 
de  plus  de  six  cents.  Il  en  écrivit  quarante 
pendant  l'exercice  de  ses  fonctions  à  l'église 
du  Saint  {il  Santo),  à  Padoue.  Ce  fut  le 
P.  Marsand  qu'on  chargea  d'écrire  le  f^eni 
Creator  à  quatre  voix,  pour  l'élection  du  pa])e 
Pie  VII.  On  lui  demanda  aussi  un  Te  Deum 
qui  fut  chanté  dans  l'église  Saint-Grégoire,  à 
Rome,  à  l'occasion  de  l'élection  du  pape  Gré- 
goire XVI.  Parmi  ses  messes,  on  en  distingue 
une  solennelle  qu'il  a  écrite  pour  l'église 
Saint-Michel,  de  Mnrano,  et  deux  autres,  la 
première  à  quatre  voix,  l'autre  à  six,  en  deux 
cîiœurs,  composée  pour  l'église  de  S.-Ge- 
miniano,  de  Venise,  dont  il  fut  maître  de 
chapelle  pendant  plusieurs  années.  On  n'a 
publié  de  ce  maître  que  le  psaume  ExaUabo 
fe  Z>om«/ie  en  double  canon,  qui  a  paru  à  la 
lithographie  musicale  de  Barozzi,  à  Venise,  et 
(|ui  a  été  l'objet  de  critiques  assez  dures  dans 
la  Cicala,  de  Venise  (1838),  et  dans  le  Fi- 
fjaro,  de  Milan,  dans  la  même  année.  Les  au- 
teurs de  ces  critiques  étaient  les  professeurs 
(le  musique  Pascal  Negri  et  Pierre  Tonazzi. 
Marsand  répondit  par  un  article  inséré  dans  la 
Gazette  privilégiée  de  Fenise;  mais,  ainsi 
qu'il  était  facile  de  le  prévoir,  celte  réponse 
lui  attira  de  nouvelles  attaques.  Il  a  réuni 
toutes  les  critiques,  ainsi  que  ses  réponses, 
dans  une  brochure  qui  a  pour  titre  :  Marsand 
sopra  gli  articoli  nei  n.  A  ed  \\  délia  Cicala, 
di  Fenezia,  e  70  del  Figaro,  di  I\lilano,  nel 
corrente  1838,  usciti  conlro  il  suo  salmo  a 
doppio  canone  Exaltabo  (e  Domine.  CoW  ag- 
(jiunta  d'un  saggio  dei  comment»  che  si  po- 


trebbero  fare  agli  articoli  stessi,  compilato 
da  alcuni  teorico-pratici  amutori  délia  ve- 
rità  ;  Venise,  Andreola  ,  1838,  iu-8"  de 
soixante  et  une  pages.  Le  P.  Marsand  a  cor- 
rigé les  épreuves  de  la  grande  édition  des 
psaumes  de  Marcello,  publiée  à  Venise,  en 
1803,  chez  Sébastien  Valle,  en  huit  volumes 
in-fol. 

MARSCHALL  (Samuel),  né  à  Tournay, 
dans  le  Hainaut,  en  1537,  fut  en  dernier  lieu 
notaire,  musicien  de  l'Université  de  Baie,  cl 
organiste  de  celle  ville,  où  il  vivait  encore 
en  1627,  à  l'âge  de  soixante-dix  ans.  Né  dans 
l'église  calholique,  il  avait  abjuré  sa  foi  el 
s'était  fait  protestant.  On  connaît  de  sa  com- 
position :  \°  Ber  gatitze  Psaller  //.  Jinhrosii 
Lohwassers  mit  4  Stimmen  (Tout  le  psautier 
de  Lobwasser,  à  quatre  voix);  Leipsick,  1394; 
Bâie,  1608,  in-12.  2"  Psalmen  Davids ,  Kir- 
chengesang  und  geistliche  Lieder  vom  Dr. 
M.  Lulhers ,  etc.,  mit  4  Stimmen;  Bàle, 
Kœnig,  1606,  in-12. 

Balduanus  cite  aussi  Marschall  {Biblioth. 
philosoph.,  p.  181)  comme  auteur  d'un  traité 
élémentaire  de  musique,  intitulé  :  Porta  mu- 
sices ,  das  ist  Einfuhrung  zii  der  edlen 
Kunst  Musica,  mit  einem  kurtzen  Bericht 
undAnleilungzuderviolen,  etc.  (Introduc- 
tion au  noble  art  de  la  musique,  avec  un  court 
avertissement  pour  apprendre  à  jouer  de  la 
viole,  etc.);  BâIe,  1392,  in-4". 

MARSCUrSER  (Henri),  compositeur  dra- 
matique, est  né  le  16  août  1795,  à  Zittau,  dans 
la  haute  Lusace.  Ses  heureuses  dispositions 
pour  la  musique  se  manifestèrent  dès  ses  pre- 
mières années.  Sa  mémoire  était  si  bonne  et 
sa  conception  si  prompte,  qu'il  retenait  sans 
peine  les  airs  les  plus  dilTiciles.  Lorsqu'il  eut 
atteint  l'âge  de  six  ans,  on  lui  donna  un 
maître  de  piano;  mais  ses  progrès  furent  »i 
lapides,  qu'après  six  mois  de  leçons,  il  était 
plus  habile  que  son  professeur.  I)  en  fut  de 
même  d'un  second,  puis  d'un  troisième;  après 
quoi,  son  père  n'étant  pas  assez  riche  pour 
payer  le  meilleur  maître  de  la  ville,  les  leçons 
furent  interrompues  pendant  un  an.  Ce  fui 
alors  qu'il  entra  dans  le  chœur  des  enfants  du 
Gymnase,  où  il  occupa  bientôt  la  place  de 
chanteur  solo,  à  cause  de  son  habileté  dans  la 
lecture,  et  de  sa  jolie  voix  de  soprano.  A  celte 
époque,  ce  chœur  était  placé  sous  la  direction 
(le  Fr.  Schneider,  devenu  célèbre  depuis  lors 
par  la  composition  de  ses  oratorios.  L'orga- 
niste de  Baulzen  ayant  entendu  le  jeune  ar- 
tiste dans  un  concert,  lui  offrit  un  engagement 
pour  enlrer  dans  le  chœur  de  son  église  :  l'es- 


MARSCHNER 


4tM 


poir  d'éludier  l'harmonie  en  même  temps  que 
le  chant,  lui  fit  accepter  celte  proposition  ; 
mais  son  allenle  fut  trompée.  Bergt,  chantre 
de  Bautzen,  repoussant  toujours  les  sollicita- 
tions de  Marschner  pour  qu'il  lui  donnât  des 
leçons  de  basse  continue,  ne  lui  enseignait 
que  le  grec  et  le  latin.  Le  séjour  de  Baulzen 
devint  dès  lors  désagréable  au  jeune  musicien 
qui  retourna  à  Ziltau,  plus  pauvre  qu'aupara- 
vant, car  il  avait  perdu  sa  voix  de  soprano, 
et  avec  elle  ses  moyens  d'existence.  Blessé  de 
son  brusque  départ  pour  Bautzen,  le  directeur 
de  la  musique  de  l'église  ne  voulut  plus  le  re- 
cevoir au  nombre  de  ses  élèves,  et  Marschner 
fut  obligé  de  développer  sans  guide  ce  goùl  de 
la  composition  qui  le  tourmentait  depuis  son 
enfance.  Dans  ses  heures  de  loisir,  il  écrivait 
tout  ce  qui  lui  venait  à  la  tête.  Chansons,  mo- 
tets, musique  de  piano,  il  abordait  tous  les 
genres,  ne  s'instruisant  que  par  ses  propres 
fautes.  Une  troupe  de  danseurs,  (jui  vint  à 
Zitlau,  lui  fournit  même  l'occasion  de  compo- 
ser un  ballet,  dont  le  titre  était  la  Fière 
Paysanne.  Le  jour  de  la  répétition,  le  jeune 
compositeur,  caché  dans  un  coin  obscur  du 
Ihéâlre,  observait  de  loin  l'effet  de  l'instru- 
menlalion,  dont  il  n'avait  pas  les  premières 
notions,  et  qu'il  n'avait  faite  que  d'instinct. 
L'ouverture,  esi)èce  de  valse,  allait  assez  bien, 
lorsque  tout  à  coup  l'orchestre  s'arrêta.  Les 
cors,  dont  Marschner  ignorait  la  portée,  de- 
vaient entonner  des  notes  qui  n'existent  pas 
dans  l'instiument.  Persuadé  qu'il  y  avait  des 
fautes  de  copie,  on  examina  la  (lartilion,  et 
les  mêmes  fautes  s'y  retrouvèrent.  Alors  ce  fui 
à  qui  se  divertirait  aux  dépens  du  pauvre  ar- 
tiste. L'émolion  de  Marschner  avait  été  jus- 
qu'à la  fièvre,  au  commencement  de  la  répé- 
tition; mais  quand  il  entendit  ces  railleries, 
sa  douleur  fut  si  vive,  qu'il  s'évanouit.  Recon- 
«luit  chez  lui,  il  y  fut  retenu  six  semaines  par 
(me  maladie  grave.  Pendant  ce  temps,  la 
troupe  de  danseurs  quitta  Ziltau,  et  Maischner' 
n'enlendit  Jamais  la  Fière  Paysanne,  ou- 
vrage dont  cette  troupe  profila  longtemps.  Il 
écrivit  cependant  encore  pour  celte  même  so- 
ciété deux  autres  ballets  dans  lesquels  il  eut 
soin  d'éviter  les  fautes  précédemment  faites 
dans  l'emploi  des  instruments.  En  1812,  Jle- 
ring,  connu  par  plusieurs  bons  ouvrages  sur 
la  musique,  arriva  à  Ziltau,  et  fit  tout  ce  qui 
dépendit  de  lui  pour  procurer  à  Marschner 
les  moyens  de  s'instruire.  Malheureusement, 
ce  dernier  ne  put  profiler  longtemps  de  ses 
leçons,  diverses  circonstances  l'ayanl  obligé 
de  se   rendre   à  Prague.   Ce   fut   dans   celle 


ville  qu'il  se  lia  avec  Tomasoheck,  distingué 
comme  professeur  et  comme  compositeur,  <l 
dont  les  conseils  lui  furent  piolilables.  Weber 
dirigeait  alors  l'orchestre  de  l'excellent  Opéra 
de  Prague;  trop  occupé  pour  suivre  l'éduca- 
tion du  jeune  Marschner,  il  lui  sacrifia  cepen- 
dant le  peu  d'inslants  dont  il  pouvait  disposer. 
A  l'expiration   de  l'armistice,  sa  qualité  de 
Saxon  obligea  Marschner  à  quitter  Prague;  il 
revint  à  Ziltau,  d'où   il   partit   bientôt  pour 
aller,  suivant  le  désir  de  son  père,  étudier  le 
droit  à  Leipsick.  L'amour  de  la  musique  n'en 
était  pas  moins  le  goùl  dominant  du  jeune  ar- 
tiste. L'excellent  maître  Schichl  s'intéressa  à 
ses  progrès,  et  c'est  à  ce  compositeur  qu'il  est 
redevable  de  la  plus  grande  partie  de  ce  qu'il 
sait.  Il  composa  sous  sa  direction  plusieurs 
motets  ;  mais  son  penchant  l'enlrainait  à  tra- 
vailler pour  le  théâtre.  A  défaut  de  livret,  il 
essaya  ses  forces  sur  une  traduction  du  Titus, 
de  Métastase.  Cet  ouvrage,  quoique  entière- 
ment achevé,  est  cependant  resté  inconnu.  Un 
concert  que  Marschner  donna  à  Carisbad,  pen- 
dant l'été  de   1815,   lui    fit  faire  la  connais- 
sance de  plusieurs  personnages  distingués  de 
la  Hongrie  et  de  l'Autriche,  et  principalement 
celle  de  M.  le  comte  Thadée  Amadée.  La  pro- 
tection de  ce  seigeur  lui  procura  assez  d'élèves 
pour  qu'il  put  jouir  d'une  existence  aisée,  lout 
en  lui  laissant  assez  de  loisir  pour  se  livrer  à 
l'étude.  Les  relations  qu'il  eut  à  celle  époque 
avec  Beethoven  ,    Kozeluch    et  le  professeur 
Klein,  de  Presbourg,  lui  furent  d'une  grande 
utilité.   D'après   les   conseils  de    Beethoven, 
Marschner  composa  un  grand  nombre  de  mo- 
tets, de  sonates,   de  symphonies,   etc.,  afin 
d'acquérir  plus  d'habileté  dans  l'art  d'écrire. 
En  1816,  il  composa  le  petit  opéra  der  Kiff- 
hauser  Berg  (la  Montagne  de  Kiffhaus)  qui 
eut  du  succès  sur  plusieurs  théâtres  en  Au- 
triche.   L'année  suivante,   on    repi'ésenla    ; 
Dresde  son  opéra  de  Henri  IF  et  d'Aubignéf 
ouvrage  en  trois  actes,  qui,  malgré  le  grand 
nombre  de  fautes  qu'il  renferme,  fut  cepen- 
dant bien  accueilli  du  public.  Ce  fut  vers  la 
même  époque  qu'on  représenta  à  Presbourg 
son  Saidur,  opéra  en  Irois  actes,  qui  réussit 
également.  Marschner  eut  l'immense  avantage 
d'entendre  souvent  ses  ouvrages  et  de  pouvoir 
éviter,  dans  ses  nouveaux  essais,  les  fautes  ou 
il  était  tombé.  Malheureusement  il  n'y  a  pas 
en  Allemagne  d'institutions  qui  procurent  aux 
jeunes  compositeurs  le  même  avantage;  très- 
rarement  les  directions  de  théâtre  ont  du  goiit 
pour  les  nouveautés,  et  peu  d'artistes  ont  des 
proleclions  assez  puissantes  pour  vaincre  les 

3u 


4GS 


MARSCHNEU 


prévenlions  des  entrepreneurs  contre  des  noms 
peu  connus. 

En  1821,  IHarschner  retourna  en  Saxe,  et 
choisit  Dresde  pour  sa  résidence.  A  la  même 
époque,  Tieck  mit  sur  la  scène  le  drame  inti- 
tulé le  Prince  de  Jlombourg^  et  désira  à  cet 
effet  une  musique  particulière  pour  l'intro- 
duction et  les  entr'actes.  L'intendant  géné- 
ral, M.  de  Konneritz,  en  chargea  Marschner; 
celui-ci  réussit  et  eut  l'appiobalion  de  îieck 
et  de  Weher.  Ce  fut  en  1822  qu'il  acheva  son 
grand  opéra  de  Lucrèce.  Dans  la  même  an- 
née, il  composa  la  musique  de  l'opéra  de 
F.  Kind,  la  Belle  Ella.  Cette  pièce  fut  assez 
mal  accueillie  à  Francfort,  où  d'ailleurs  l'exé- 
cution fut  médiocre.  A  Berlin,  où  elle  devait 
être  représentée,  diverses  circonstances  l'éloi- 
gnèrent  longtemps  de  la  scène.  Enfin,  à  Mu- 
nich, le  théâtre  fut  détruit  par  un  incendie 
quelques  jours  avant  la  représentation.  Plu- 
sieurs morceaux  de  cet  ouvrage,  que  l'on  peut 
considérer  comme  un  des  meilleurs  de  son 
auteur,  eurent  un  grand  succès  dans  les  con- 
certs. Son  opéra  A''Ali-Baha  n'eut  pas  un 
meilleur  sort  que  les  autres  au  théâtre.  Ce 
poëme,  qu'il  préféra  à  celui  des  Galériens,  fut 
mal  reçu  du  public.  3Ialgré  toutes  ces  contra- 
riétés, Marschner  ne  perdit  [)as  courage;  à 
chaque  nouvelle  production,  il  se  sentait  plus 
de  facilité  à  rendre  ses  idées,  à  introduire  dans 
ses  ouvrages  plus  d'elTets  dramatiques  et  à 
mieux  observer  les  convenances  de  la  scène. 

L'idée  d'un  genre  de  musique  moins  sévère 
que  celui  des  drames  en  usage  sur  les  théâtres 
allemands,  mais  plus  vigoureux  que  celui  des 
simples  opérettes,  qui  ne  sont  guère  que  des 
vaudevilles,  occupa  quelque  temps  Marschner, 
qui  en  donna  le  modèle  dans  son  Foleur  de 
bois  (der  Holzdieb),  dont  les  paroles  étaient  de 
F.  Kind.  Marschner  destinait  cette  pièce,  et 
d'autres  qu'il  voulait  écrire  dans  le  même 
genre,  à  des  théâtres  de  société,  afin  de  déve- 
lopper le  goût  de  la  musique  dramatique  alle- 
mande dans  sa  nation,  et  de  diminuer  l'in- 
fluence des  traductions  d'opéras  étrangers.  Il 
fit  à  cet  égard  un  appel  aux  poètes  et  musi- 
ciens allemands  dans  l'amanach  musical  inti- 
tulé Polyhymnie,  où  fut  insérée  la  partition 
du  Foleur  de  bois,  réduite  pour  le  piano; 
mais  cet  appel  ne  fut  pas  entendu.  Cependant, 
ce  joli  ouvrage,  où  l'on  trouve  plusieurs  mor- 
ceaux d'un  très-bon  goût,  obtint  beaucoup  de 
succès  sur  plusieurs  théâtres  d'amateurs  et 
de  petites  villes.  Peut-être  Marschner  ne  se 
serait-il  pas  laissé  rebuter  par  l'indifférence 
de  ses  collègues,  si  ses  occupations  multipliées 


lui  avalent  laissé  le  temps  de  continuer  son 
entreprise.  En  effet,  directeur  de  la  musique 
de  l'Opéra  allemand  et  italien,  conjointement 
avec  Weber  et  Morlacchi,  depuis  1823,  il  était 
souvent  chargé  de  tout  le  travail,  par  suite  des 
absences  ou  des  indispositions  fréquentes  de 
ses  collègues.  Ses  relations  avec  ces  deux  der- 
niers furent  toujours  amicales.  Cependant 
Weber,  après  ses  grands  succès,  se  refroidit 
un  peu  à  l'égard  de  Marschner;  leur  différence 
d'opinion  sur  la  nouvelle  musique  italienne, 
particulièrement  sur  Rossini,  était  une  des 
des  causes  de  ce  refroidissement.  D'ailleurs, 
Marschner  ayant  préféré  la  place  de  directeur 
de  musique  de  Dresde  à  une  autre  qu'on  lui 
avait  offerte  à  Amsterdam,  Weber  se  vit  con- 
trarié dans  le  projet  qu'il  avait  formé  de  faire 
venir  à  Dresde  son  ami  Gansbacher. 

Les  grands  succès  des  œuvres  de  Rossini 
déterminèrent  Marschner  à  donner  dans  ses 
propres  ouvrages  un  libre  cours  à  la  mélodie, 
et  à  attacher  moins  de  prix  à  un  travail  com- 
pliqué d'harmonie  et  de  contrepoint.  Néan- 
moins, il  ne  traitait  pas  l'harmonie  en  subor- 
donnée, parce  que,  d'après  sa  manière  de 
voir,  la  mélodie  et  l'harmonie  doivent  être 
unies  constamment.  En  outre,  il  s'efforçait^ 
dans  ses  ouvrages  dramaliciues,  même  dans 
ceux  qui  sont  sans  paroles,  de  présenter  à 
l'auditeur,  au  moins  d'une  manière  générale, 
non-seulement  le  sentiment  à  exprimer,  mais 
aussi  le  caractère  des  personnages  chan- 
tants. On  voit,  par  les  derniers  ouvrages  de 
Marschner,  le  Vampire  et  le  Templier,  jus- 
qu'à quel  point  ce  compositeur  a  atteint  le  but 
qu'il  s'était  proposé.  Malgré  d'incontestables 
défauts,  il  est  certain  qu'on  trouve  dans  ces 
deux  opéras  des  mélodies  originales,  bien  ap- 
propriées au  caractère  des  personnages  et  à 
la  situation  dramatique. 

En  1826,  Marschner  épousa  mademoiselle 
Marianne  Wohlbruck, cantatrice  bien  connue, 
et  se  lia  avec  Wohlbruck,  son  frère.  Dans  la 
première  entrevue  qu'ils  eurent  ensemble,  ils 
s'entretinrent  du  sujet  du  Fampire.  Cette  re- 
marque est  nécessaire  pour  réfuter  le  reproche 
fait  à  Marschner  par  la  Gazelle  musicale  de 
Berlin  d'avoir  travaillé  sur  un  sujet  déjà 
choisi  par  Lindpaintner,  sou  ami;  l'ouvrage 
de  Marschner  fut,  au  contraire,  annoncé  le 
premier  par  les  feuilles  publiques,  et  ce  fut 
l)oslérieurement  que  la  Gazette  musicale  de 
Leipsick  fit  mention  de  celui  de  Lindpaintner. 

Au  mois  de  juin  1820,  époque  de  la  mort  de 
Weber,  Marschner  eut  dans  ses  fonctions  une 
grande  augmentation  de  travail,  et,  n'ayan'. 


MARSCHNER 


469 


|iu  obtenir  de  succcdor  à  ce  compositeur  dans 
l'emploi  de  premier  directeur  de  la  musique 
de  l'Opéra  de  Dresde,  il  donna  sa  démission  de 
ses  autres  em[)lois. 

Au  mois  d'août  1826,  il  se  rendit  à  Berlin, 
où  madame  Marschner  obtint  de  brillants  suc- 
cès sur  le  théâtre  de  la  cour;  ils  y  reçurent 
tous  deux,  de  la  part  îles  artistes  de  la  capi- 
tale, l'accueil  le  plus  honorable.   Le  souhait 
général  était  de  voir  Marschner  prêter  son  se- 
cours au  théâtre  de  Rœnigstadt  en  composant 
plusieurs  opéras  comiques;   mais  les  circon- 
stances ne  lui  permirent  pas  d'accéder  à  cette 
proposition.  Les  époux  quittèrent  Berlin  pour 
visiter  Breslau,  Posen,  Rœnigsberg  et  Danl- 
zick  ;   ce  fut   dans  celle  dernière  ville    que 
Marschner  reçut  le  premier  acte  du  f'ampire, 
auquel  il  travailla  immédiatement.   Au  mois 
de  mars  1827,  il  revint  à  Berlin;  mais  la  né- 
cessité de  s'entretenir  avec  l'auteur  du  P'am- 
pire,  sur  quelques  détails,  le  détermina  à  se 
rendre  à  Magdcbourg  et  à  y  séjourner  jusqu'à 
ce  que  tout  ée  qui  concernait  l'opéra  fût  ar- 
rêté. Au  mois  de  juin  de  la  même  année,  il 
entreprit  un  nouveau  voyage.  A  Brunswick,  il 
reçut  une  lettre  de  Kuslner,  alors  directeur 
du   Ihéâire  de  Leipsick,    qui    offrait   à  ma- 
djme  Marschner  un  engagement  pour  les  pre- 
miers rôles.  Les  conditions  étant  de  nature  à 
être  acceptées,  Marschner  et  sa  femme  se  ren- 
dirent à  Leipsick,  où  ils  arrivèrent  le  12  août 
1 827.  Au  mois  de  décembre  de  la  même  année, 
le  Fampire  fut  terminé  :  la  première  repré- 
sentation  l'ut  donnée  le  28  mars   1828.    Un 
beau  succès  couronna  cette  composition.  Rap- 
pelés sur  la  scène  après  la  représentation,  le 
compositeur  et  les  acteurs    furent  accueillis 
avec  enthousiasme.  La  renommée  de  cet  opéra 
s'étendit    rapidement;   tel  fut,  dit-on,  l'em- 
pressement  des    théâtres   de    l'Allemagne   à 
monter  cet  ouvrage,  que  les  copistes  ne  pou- 
vaient satisfaire  à  toutes  les  demandes  de  par- 
titions. Beaucoup  de  morceaux  du  f'ampire 
devinrent  populaires.  Cependant  le  comte  de 
Gallenberg,entrepreneurdu  théâtre  de  l'Opéra 
;illemand  de  Vienne  ,  ne  put  obtenir  de  la  di- 
rection de  la  police  la  permission  de  le  faire 
jouer,  quoiqu'il  eût  déjà  été  donné  à  Prague  et 
à  Pesth.  La  direction  du  théâtre  de  Berlin,  qui 
avait  pris  dçs  engagements  pour  le  Fampire 
de  Lindpaintner,  ne  put  faire  jouer  celui  de 
Marschner.  Une  traduction  anglaise  de  ce  der- 
nier fut  jouée  à  Londre-.  avec  un  brillant  suc- 
cès. Il  était  aussi  destiné  à  paraître  à  Paris, 
en  18Ô0;  mais  l'acteur  qui  devait  être  chargé 
du  rôle  principal  fut  si  mal  accueilli  dans  le 


Faust  de  Spohr,  qu'on  n'osa  l'en  charger.  Il 
a  été  fait  aussi  une  traduction  du  famptre  en 
polonais. 

En  1828,  Marschner  avait  commencé  à 
écrire  le  Templier  et  la  Juive;  mais  il  ne 
l'acheva  qu'au  moisd'aoûtde  l'année  suivante. 
Le  brillant  succès  qu'avaitobtenu  le  f'ampire^ 
décida  le  directeur  du  théâtre  de  l'Opéra  an- 
glais à  offrir  à  Marschner  cinq  cents  livres 
sterling  pour  composer  un  opéra  sur  des  pa- 
roles anglaises,  et  cent  livres  pour  diriger  les 
cinq  premières  représentations,  sous  la  condi- 
tion que  l'ouvrage  resterait  la  propriété  du 
compositeur  sur  le  continent.  Ce  marché 
conclu  ;  Marschner  se  mit  avec  ardeur  à  étu- 
dier la  langue  anglaise.  Déjà,  au  mois  de  fé- 
vrier 1830,  il  était  assez  avancé  dans  cette 
nouvelle  composition  pour  se  préparer  au 
voyage,  lorsque  la  nouvelle  de  l'incendie  du 
théâtre  lui  parvint.  Le  changement  que  celle 
circonstance  faisait  éprouvera  sa  destination 
détermina  Wohlbruck  à  lui  écrire  une  pièce 
nouvelle,  intitulée:  la  Fiancée  du  Faucon- 
nier. Marschner  s'occupa  immédiatement  de 
cet  ouvrage,  qui  fut  achevé  au  mois  de  no- 
vembre 1830,  malgré  le  voyage  qu'il  avait 
fait  à  Berlin  pour  la  mise  en  scène  du  Tem- 
plier. La  Fiancée  a  été  représentée  pour  la 
première  fois  à  Leipsick,  en  1852. 

Au  mois  de  septembre  1830,  ce  compositeur 
fut  appelé  à  Hanovre  en  qualité  de  maître  de 
chapelle  du  roi.  Il  s'est  rendu  en  cette  ville 
au  mois  de  décembre.  Ce  fut  alors  qu'il  com- 
mença son  opéra  le  Château  au  pied  du  mont 
Etna;  mais  à  peine  s'en  était-il  occupé,  qu'il 
reçut  le  poème  de  Ed.  Devrient,  Hans  Ilei^ 
ling.  Le  sujet  de  cet  ouvrage  le  séduisit  si 
bien,  qu'il  y  travailla  immédiatement.  Dans. 
une  lettre  que  Marschner  écrivit  alors,  il  s'ex- 
primait ainsi  :  «  Si  l'on  pouvait  composer  un 
«  opéra  d'un  seul  trait,  je  l'eusse  fait,  tant 
«  j'étais  inspiré  par  cet  ouvrage,  que  je  con- 
«  çus  tout  d'un  jet.  »  Malgré  ses  nombreuses 
occupations  et  une  assez  grave  maladie,  cet 
opéra  fut  terminé  au  mois  de  juillet  1832  et 
représenté  le  24  mai  1833,  sous  la  direction 
de  son  auteur.  Il  obtint  du  public  l'accueil  le 
plus  favorable.  Le  sort  du  Château  au  pied 
du  mont  Etna  fut  moins  heureux  en  1856. 
Un  nouvel  opéra  que  Marschner  fit  représenter 
à  Berlin  en  1838  ne  réussit  pas  mieux.  Cet 
ouvrage  avait  pour  titre  der  Falkners  Braut 
(la  Fiancée  du  Fauconnier).  Fixé  à  Hanovre 
dans  une  position  agréable,  Marschner  fut  oc- 
cupé par  la  cour  à  écrire  des  cantates  de  fêtes, 
des  symphonies  et  d'autres  morceaux  de  cjr-^ 


470 


MARSCIINER  —  MARSELLl 


constance.  Pendant  les  premières  années,  il 
suspendit  ses  travaux  dramatiques.  Ce  ne  fut 
qu'en  1844  qu'il  fit  représenter  au  Théâtre- 
Royal  de  Hanovre  son  grand  opéra  intitulé 
Adolphe  de  Nassau,  considéré  comme  une 
de  ses  meilleurs  productions,  et  qui  fut  aussi 
représenté  avec  succès  à  Dresde,  à  Hambourg 
et  à  Breslau. 

Je  vis  Marschner  à  Hanovre  en  1849  et 
trouvai  en  lui  un  homme  aimable  et  bienveil- 
lant. Il  était  alors  satisfait  de  sa  situation; 
mais  plus  tard  il  éprouva  des  désagréments 
par  la  fâcheuse  influence  d'un  chanteur  du 
théâtre  de  la  Cour,  et  demanda  sa  retraite,  qui 
lui  fut  accordée  avec  une  pension.  Marschner 
avait  pris  la  résolution  de  se  fixer  à  Paris;  il 
y  avait  fait  un  voyage  pour  préparer  son  éta- 
blissement, lorsqu'il  mourut  après  une  courte 
maladie,  à  Hanovre,  dans  la  nuit  du  14  au 
15  décembre  1861 ,  à  l'âge  de  soixante-six  ans. 

Cet  artiste  fut  un  des  hommes  les  plus  re- 
marquables parmi  les  compositeurs  allemands 
de  son  temps.  On  ne  peut  lui  refuser  le  mérite 
d'être  un  des  successeurs  de  Weber  qui  ont 
montré  le  plus  de  sentiment  dramatique  dans 
leurs  ouvrages.  Il  ne  réussit  pas  seulement 
dans  le  drame  sérieux  :  on  peut  même  assurer 
qu'il  est  du  très-petit  nombre  des  compositeurs 
allemands  qui  ne  tombent  pas  dans  le  trivial 
en  traitant  le  genre  comique.  Ses  mélodies  sont 
expressives;  mais  sa  manière  d'écrire  est  né- 
gligée, et  souvent  il  abuse  de  l'emploi  des  tran- 
sitions. Nonobstant  cette  critique,  l'auteur  du 
Fampire, du  Templier  elde Hans Heiling,  ne 
laissera  point  un  nom  vulgaire  dans  l'histoire  de 
l'art  Si  ses  dernières  années  ont  compté  moins 
de  succès  que  les  autres,  il  en  faut  accuser  les 
mauvaises  pièces  qu'il  a  mises  en  musique. 
En  général,  les  drames  allemands  destinés  à 
la  musique  sont  au-dessous  du  médiocre. 

Marschner  s'est  fait  connaître  en  Allemagne 
comme  compositeur  de  musique  instrumen- 
tale par  environ  cinquante  œuvres  pour  le 
piano.  Ses  ouvrages  publiés  sont  :  1"  Der 
Jiolzdieb  (le  Voleur  de  bois),  en  partition  ré- 
duite pour  le  piano,  dans  la  Polyhymnie; 
Leipsick,  Hartmann.  Il  y  en  a  une  nouvelle 
édition  publiée  à  Glogau,  chez  Heymann. 
2»  Ouverture  et  enlr'actes  du  drame  le 
Prince  de  ffombourg,  à  grand  orchestre, 
l.eipsick,  Breitkopf  et  Haertel.  5"  Ouverture  et 
airs  du  drame  La  belle  Ella,  en  partition 
réduite  pour  le  piano;  Leipsick,  Hofmeisler. 
4"  Le  Fampire,  opéra  en  trois  actes  ;  idem, 
ibid.  On  a  publié  l'ouverture  à  grand  or- 
chijirej  ibid.  5'  Le  Templier  et  la  Juive, 


grand  opéra  romantique,  en  partition  réduite 
pour  le  piano,  ibid.  Ouverture  à  grand  or- 
chestre, ibid.  6"  La  Fiancée  du  Fauconnier 
(Das  Braut  der  Falkner),  en  partition  pour  le 
piano;  Leipsick,  Breitkopf  et  Haertel.  7»  Hans 
Heiling,  opéra  romantique,  idem;  Leipsick, 
Hol'meister.  8°  Environ  dix  recueils  de  chants 
pour  quatre  voix  d'hommes  (deux  ténors  et 
deux  basses);  Leipsick  et  Hanovre.  9"  Environ 
vingt  recueils  de  chansons,  romances  et  airs 
italiens  et  allemands,  pour  voix  seule,  avec 
accompagnement  de  piano;  Leipsick,  Hom- 
bourg,  Magdebourg,  Brunswick  et  Hanovre. 
10"0i'aluor  pour  piano,  violon,  viole  et  basse, 
op.  36;  Leipsick,  Hofmcister.  11"  Trios  pour 
piano,  violon  et  violoncelle,  op.  29  et  50; 
Leipsick,  Probst  et  Hofmeister.  12»  Divertis- 
sements, Polonaises  et  Marches  pour  piano  à 
quatre  mains,  op.  7,  13,  10,  28;  Leipsick, 
Hofmeister,  Breitkopf  et  Hœrtel.  15'  Sonates 
pour  piano  seul,  op.  6,  24,  53,  38,  39,  40; 
ibid.  14°  Rondeaux  et  fantaisies  idem,  op.  10, 
11,  15,  18,19,20,  21,22,  23,  25,51,  55,  37, 
49,  57,  58,  59,  64,  71 ,  74;  ibid.  15"  Variations 
pour  piano  seul,  op.  48,  69;  ibid. 

MARSELLT  (Nicolas),  philosophe  napo- 
litain et  amateur  des  sciences  et  des  arts,  né 
vers  1825,  s'est  livré  à  l'étude  de  la  philoso- 
phie allemande,  particulièrement  de  la  doc- 
trine de  Hegel,  et  en  a  adopté  les  principes. 
On  a  de  lui  divers  ouvrages,  parmi  lesquels 
on  remarque  des  Essais  de  critique  histo- 
rique, l'Architecture  comparée.,  et  un  livre 
intitulé  :  Laforza  délia  natura  e  il  metodo 
délie  scienze  naturali,  desquels  on  n'a  point 
à  parler  ici.  Il  n'est  mentionné  dans  ce  dic- 
tionnaire biographique  que  comme  auteur 
d'un  volume  qui  a  pour  titre  :  La  ragione 
délia  musica  moderna;  Naples,  1859,  in-8" 
de  XXXIII  et  deux  cent  cinquante-six  pages. 
M.Marselli,  fidèle  au  t)rincipe  de  l'idéal  phi- 
losoi)hique  de  son  maître,  pose  d'abord  cet 
axiome  :  que  les  arts  indéterminés  ne  peu- 
vent être  soumis  à  la  critique  définie.  Tous 
les  arts,  dit-il,  ont  l'élément  idéal,  parce  qu'ils 
agissent  dans  la  sphère  du  sentiment;  et  1^ 
valeur  de  cet  élément  s'accroît  en  raison  de 
la  diminution  de  la  matérialité  de  l'art.  Si 
donc  la  part  de  l'indéfini  est  faible  dans  l'ar- 
chitecture et  dans  la  sculpture,  elle  est  plus 
grande  dans  la  peinture;  dans  la  musicjue 
elle  est  immense,  jusqu'à  ce  que  son  union 
avec  la  parole  en  diminue  la  portée,  parce  que 
celle-ci  a  pourobjet  d'en  déterminer  la  signi- 
fication. Le  vague  sentiment  de  la  musi(|ue  ne 
peut  donc  être  soumis  à  une  critique  ligou- 


MARSELLI 


471 


reusement  scientifique.  N'^anmoins,  il  y  a 
aussi  dans  l'art  un  élément  défini  et  définis- 
sable, c'est-à-dire,  susceptible  de  critique.  11 
y  a  également  un  moyen  de  circonscrire  entre 
certaines  limites  les  opinions  diverses  qui  se 
produisent  sur  les  beautés  d'une  œuvre  musi- 
cale :  il  consiste  à  établir  exactement  la  no- 
lion,  ou,  ce  qui  est  la  même  chose,  la  nature 
de  la  musique  en  elle-même,  puis  à  voir 
quelle  forme  recevra  cette  notion  dans  le 
cours  de  son  développement  historique.  Ces 
deux  recherches  appartiennent  à  l'esthétique 
musicale;  car  l'histoire  ne  s'étudie  pas  dans 
ses  minimes  particularités,  mais  dans  les  gé- 
néralités illuminées  par  la  notion  première. 
Aidé  par  ces  principes,  nous  pourrons  étudier 
le  caractère  d'une  œuvre  musicale,  ce  qui  est 
l'objet  spécial  de  la  critique.  Alors  beaucoup 
d'erreurs  seront  abandonnées,  les  vaines  dé- 
clamations seront  réduites  au  silence,  et  l'on 
portera  sur  chaque  maître  un  jugement  aussi 
raisonnable  que  possible.  Si  nous  nous  per- 
suadons que  le  principe  de  la  musique  réside 
dans  l'indéfini,  nous  ne  considérons  plus  les 
déterminations  expressives  des  passions  comme 
le  couronnement  final  de  l'art;  d'autre  part, 
si  nous  savons  que  la  musique  doit  devenir 
dramatique  par  une  nécessité  de  son  dévelop- 
pement historique ,  nous  ne  déprécierons  plus 
le  Robert  de  Meyerbeer,  parce  qu'on  y  re- 
marque la  pénurie  de  mélodies  à  la  Bcllini  et 
autres. 

Telles  sont  les  idées  d'après  lesquelles 
M.  Marselli  divise  son  livre  en  deux  parties, 
dont  la  première  concerne  la  musique  en 
elle-même,  et  l'autre,  le  développement  histo- 
rique de  cet  art.  Cette  dernière  partie  se 
subdivise  en  trois  sections,  lesquelles  traitent 
de  la  musique  du  passé,  de  la  musique  du 
présent,  et  de  celle  de  l'avenir.  Peur  obtenir 
des  jugements  d'une  valeur  incontestable  sur 
ces  diverses  conceptions  de  l'art,  il  ne  repousse 
pas  seulement  la  critique  rigoureusement 
scientifique  et  absolue  :  il  est,  dit-il,  une 
autre  critique  vulgaire,  qui,  n'ayant  d'autre 
iiase  que  des  o|>inions  personnelles,  de  vagues 
aperçus,  et  des  habitudes  de  sensations  irré- 
fléchies, s'exprime  d'un  ton  tranchant,  par 
exclamations  et  par  épithètes  plus  ou  moins 
brutales.  En  parlant  de  celle-ci,  il  attaque 
"lersonnellement  M.  Scudo,  qu'il  appelle  un 
des  coryphées  de  la  critique  vulgaire  (1).  En 


{\)  A  fine  dl  porre  in  rilievo  il  cattivo  aucla::o  d'una 
falsa  critira,  ho  preso  a  partare  di  M.  Scudo,  parendo'ui 
<tno  de'curifei  délia  critka  volgarc,  clc. 


cfTet,  il  attaque  résolument  le  rédacteur  de  la 
critique  musicale  de  la  lievue  des  Deux 
Mondes,  dont  le  grand  tort  à  ses  yeux  est 
d'avoir  méconnu  la  valeur  des  œuvres  de  Mer- 
cadante  et  de  Verdi  qui,  avec  les  opéras  de 
Meyerbeer,  lui  paraissent  l'expression  néces- 
saire de  la  musique  du  présent;  car,  bien 
qu'il  aime  les  produits  du  génie  de  Rossini,  il 
ne  les  considère  que  comme  appartenant  au 
passé  de  l'art,  et  comme  une  forme  épuisée. 

Après  avoir  laissé  M.  Marselli  exposer  les 
points  fondamentaux  de  sa  doctrine,  il  reste 
à  apprécier  son  ouvrage  au  point  de  vue  des 
applications  qu'il  fait  de  ses  principes.  Disons 
d'abord  qu'il  a  bien  vu  que  la  musique  réside 
tout  entière  dans  les  facultés  de  l'âme  appelées 
sentiment  et  imagination.  Les  évolutions  de 
l'idée,  principe  esthétique  de  Hegel,  l'ontcon- 
duit  à  ce  qu'il  appelle  les  développements 
historiques  et  nécessaires  de  l'art,  en  raison 
des  phases  de  l'histoire  de  l'humanité.  Jusque- 
là  tout  est  bien,  et  M.  Marselli  est  dans  le  vrai. 
Mais,  de  ce  que  le  sentiment  se  modifie  inces- 
samment dans  l'indéfini  de  l'art,  qui  n'est 
représenté  que  par  la  musique  instrumentale, 
il  ne  résulte  pas  nécessairement  qu'une  cri- 
tique scientifique  et  absolue  ne  lui  soit  point 
ai)plicable;  car,  si  l'objet  de  l'œuvre  est  in- 
déterminéj  la  forme  est  patente.  Or,  la  forme 
est  un  des  attributs  de  la  beauté  sentimentale- 
attribut  toujours  saisissable  et  analysable. 
M.  Marselli  n'y  a  pas  pris  garde  :  que  serait-ce 
que  considérer  la  musique  en  elle-même,  si 
le  sentiment  seul  était  en  action,  et  si  la  pré- 
sence ou  l'absence  des  qualités  de  la  forme 
ne  pouvaient  être  constatées  de  manière  qu'il 
en  résultât  un  jugement?  On  en  serait  pré- 
cisément à  ces  impressions  personnelles,  à 
ces  vagues  aperçus,  à  ces  habitudes  irréflé- 
chies qu'il  reproche  à  la  crKique  vulgaire.  Il 
est  à  supposer  que  ce  qui  est  appelé  par 
M.  Marselli  une  critique  rigoureusement  scien- 
tifique n'est  autre  chose  que  la  critique  pure- 
ment technique,  dont  on  a  quelquefois  abusé. 
Celle-ci,  sans  aucun  doute,  doit  être  réservée 
dans  ses  jugements,  surtout  lorsque  l'origi- 
nalité du  sentiment  revêt  des  formes  inusitées  ; 
mais,  si  la  critique  technique  a  pour  devoir 
de  ne  pas  précipiter  ses  jugements,  elle  doit 
se  garder  d'abdiquer  ;  car,  si  elle  est  absente, 
on  tombe  immédiatement  dans  la  diversité 
arbitraire  des  opinions  personnelles,  laquelle 
prend  sa  source  dans  les  variétés  d'organisa- 
tion des  individus  ;  dans  ce  cas,  aucun  moyen 
de  conciliation  n'est  possible. 

N'oublions    pas    que    l'objet    du    livre  de 


472 


MARSI:LLI  —  MARSH 


M.  Marselli  esl  la  raison  d'être  de  la  musique 
moderne f  c'est -à-dire,  de  la  musique  ac- 
tuelle. Cette  raison,  il  la  trouve  dans  le  pen- 
chant de  la  génération  existante  pour  le 
drame  émouvant  et  pour  les  ébranlements 
nerveux.  A  merveille  :  mais  il  a  reconnu 
aussi  la  nécessité  d'examiner  la  musique  en 
elle-même,  ce  qui  suppose  qu'il  y  a  dans  cet 
art  des  conditions  absolues,  indépendantes  des 
temps,  et  auxquelles  le  génie  de  l'artiste  doit 
se  soumettre  pour  donner  à  son  œuvre  les 
qualités  d'où  dé(iendra  son  existence  au  delà 
du  moment  qui  la  voit  naître.  Ces  conditions 
sont  donc  susceptibles  d'analyse  et  d'appré- 
ciation, bien  que  le  sentiment  soit  indéfini. 
Une  critique  scienlifuiue  est  donc  possible  au 
point  de  vue  dont  il  s'agit;  car,  que  serait 
sans  cela  l'examen  de  la  musique  en  elle- 
viême?  Non  seulement  celte  critique  est  pos- 
sible, mais  c'est  la  seule  qui  ait  de  la  valeur 
pour  assigner  à  une  composition  musicale  la 
place  qu'elle  doit  occu|)er  dans  l'histoire  de 
l'art.  Toute  autre  critique  n'est  que  contin- 
gente et  ne  peut  avoir  pour  objet  que  les  qua- 
lités transitoires. 

De  ce  qui  précède,  résulte  la  démonstra- 
tion que  M.  Marselli,  après  avoir  posé  des 
principes  fort  justes  de  'vitique,  qui  lui  ont 
été  fournis  par  V Encyclopédie  des  sciences 
philosophiques  de  Hegel,  et  surtout  par  le 
Cours  d'Esthétique  de  ce  penseur  célèbre, 
s'est  égaré  dans  l'application  qu'il  en  a  faite. 
En  rejetant  la  critique  scientifique,  par  le 
motif  que  le  sentiment  indéfini  n'est  pas  ana- 
lysable, il  s'est  privé  de  toute  possibilité 
d'aiipréciation  certaine. 

MARSII  (Narcisse),  issu  d'une  famille 
saxonne  établie  dans  le  comté  de  Kent,  na- 
quit en  1638,  à  Hannington,  dans  le  comté  de 
Wills,  et  obtint,  en  1004,  le  grade  de  docteur 
en  théologie  à  l'Université  d'Oxford.  Après 
avoir  exercé  les  fonctions  de  chapelain  dans  la 
maison  du  chancelier  llyde,  comte  de  Claren- 
don,  il  fut  nommé  principal  du  collège  d'AI- 
ban-Hall  à  Oxford,  et  devint,  en  1078,  prévôt 
du  collège  de  Dublin.  La  dignité  d'évêque 
de  Leighlin  et  Ferns  lui  fut  confiée  en  1083; 
puis  il  fut  appelé,  en  1090,  à  l'archevêché  dé 
Cashell;  à  celui  de  Dublin,  en  1099,  et  enfin, 
quatre  ans  après,  à  celui  d'Armagh,  qu'il  con- 
serva jusqu'à  la  fin  de  sa  vie.  Il  mourut  en 
1713.  Grand  amateur  de  musique  et  profondé- 
ment instruit  dans  les  sciences,  il  a  écrit 
V Essai  d'une  introduction  à  la  théorie  des 
sons,  contenant  des  avis  pour  le  perfectionne- 
ment de   l'acoustique.  Ce  mémoire  est  inséré 


dans  la  première  série  des  Transactions 
philosophiques.  Marsh  est  aussi  connu  pas- 
quelques  ouvrages  de  théologie  et  de  philo- 
sophie. 

MARSH  (Jean),  amateur  distingué,  est  né 
en  1752,  àDorking,  dans  le  comté  de  Surrey. 
Son  père,  capitaine  de  la  marine  royale,  s'éta- 
blit, en  1758,  avec  sa  famille,  à  Greenwich,  où 
il  avait  été  nommé  commandant  d'un  yacht 
royal.  Ce  fut  alors  que  le  goût  naturel  du 
jeune  Marsh  pour  la  musique,  et  surtout  pour 
l'orgue,  se  manifesta.  L'orgue  de  la  chapelle 
de  l'hôpital,  joué  alors  par  Lupton  Relfe,  lui 
causait  de  si  agréables  sensations,  que  ce 
n'était  pas  sans  peine  qu'on  parvenait  à  l'en 
éloigner.  En  1701,  son  père  fut  chargé  de  ra- 
mener l'ambassadeur  de  Hollande  à  Hellevoel- 
sluys  sur  son  yacht;  il  prit  son  fils  avec  lui, 
et  tous  deux  firent  une  tournée,  dans  laquelle 
ils  eurent  la  satisfaction  d'entendre  l'orgue 
de  Harlem,  qui  fit  sur  l'enfant  une  impression 
profonde.  Depuis  sa  huitième  année,  il  avait 
commencé  ses  études  au  collège  de  Greenwich  ; 
il  désirait  y  apprendre  la  musique  comme  plu- 
sieurs de  ses  camarades;  mais  son  père  |)ar- 
vint  à  lui  faire  attendre  la  fin  des  cours  qu'il 
suivait.  En  1700,  il  apprit  à  jouer  du  violon 
dans  la  petite  ville  de  Gosporl,  puis  il  reçut 
des  leçons  d'orgue  et  quelqies  notions  d'har- 
monie d'un  oi'ganiste  obscur  nommé  Wofer. 
En  1708,  on  l'envoya  à  Romsey  pour  étudier 
le  droit  :  il  y  resta  cinq  ans.  Ayant  perdu  son 
père  en  1772,  il  se  maria  deux  ans  après  et 
alla  se  fixer  à  Salisbury,  où  il  fit  exécuter  dans 
des  concerts  des  symphonies  de  sa  composi- 
tion. Ce  fut  là  qu'il  se  livra  à  l'éludede  l'orgue, 
et  qu'il  écrivit  ses  premiers  recueils  de  fantai- 
sies et  de  préludes  pour  cet  instrument.  Un 
héritage  considérable  qu'il  fit,  en  1781,  lui 
permit  de  quitter  la  carrière  d'avocat  et  de 
s'établira  la  campagne  dans  une  belle  maison 
où  il  fit  construire  un  grand  orgue.  Il  passa 
le  reste  de  sa  vie  dans  cette  retraite,  unique- 
ment occupé  de  la  culture  des  sciences  et  des 
arts.  Son  frère  et  ses  fils,  devenus  ses  élèves 
pour  la  musique,  exécutaient  souvent  des  qua- 
tuors et  des  quintettes  dans  des  concerts 
d'abonnés.  M.  Marsh  vivait  encore  en  1824,  à 
l'âge  de  soixante-douze  ans.  Il  a  publié  à 
Londres  :  1°  Huit  symphonies  à  plusieurs  par- 
ties. 2"  Sym]>honie  pour  deux  orchestres. 
3"  Quatuor  pour  deux  violons,  alto  et  basse. 
4'  Trois  morceaux  finals,  pour  l'oi'gue. 
5"  Trois  ouvertures  à  cinq  parties,  idem. 
G"  Ouverture  et  six  pièces  idem.  7"  24  volun- 
tarics  for  Ihe  organ  (Préludes  et  fantjisics 


MARSH   -  MARTIN 


473 


pour  rorgni;)  ;  Londres,  Preslon.  8"  Idem, 
deuxième,  troisième,  quatrième  et  cinquième 
recueils;  ibid.  9°  Ouvertures  et  sonates  pour 
le  piano;  Londres,  Clemenli.  10»  Neuf  an- 
tiennes et  seize  psaumes  à  quatre  voix  ;  Lon- 
(lies,  Rolfe.  11»  Beaucoup  de  cliansons  et  de 
glees  à  une,  deux  et  trois  voix;  ibid.  12 "Ou- 
verture et  dix  pièces  pour  musique  militaire. 
15"  RudimeiKs  on  thorough-bass  ^Éléments 
de  la  basse  continue)  ;  Londres,  Payne,  in-4''. 
Une  deuxième  édition  a  été  publiée  sous  le 
titre  de  Thorough-Bass  catechism.  \i''Hints 
to  young  composers  (Conseils  aux  jeunes 
compositeurs)  ;  ibid.,  1798,  in-8''.  15»  Essay 
on  Harmonies  (Essai  sur  les  accords);  ibid., 
1801  ,  in-8».  16»  Sixteen  movements  from 
différent  composers  in  score  for  the  use  of 
musical  students  (Seize  morceaux  de  diffé- 
rents compositeurs,  pour  l'usage  des  étudiants 
en  musique).  17°  Tables  of  transposition  of 
consonant  intervais  (Tables  de  transposition 
des  intervalles  consonnanls);  Londres,  Long- 
mann  etBroderip.  1%"  First  Bookof  eighteen 
voluntaries,  chiefly  intended  for  the  use  of 
young  practitioners,  to  which  is  preflxed  an 
explanation  of  the  différent  stops  of  the  or- 
gfin,  and  of  the  several  combinations  that 
vtay  be  made  thereof,  ivith  a  few  thoughts 
on  style,  ex  tempore  playing ,  modula- 
tions, etc.  (Premier  livre  de  dix-huit  pré- 
ludes, principalement  destinés  à  l'usage  des 
commençants,  précédé  d'une  explication  des 
différents  jeux  de  l'orgue,  et  des  différentes 
combinaisons  qu'on  en  peut  faire,  avec  quel- 
ques réflexions  sur  le  style,  l'improvisation, 
les  modulations-,  etc.);  Londres,  Preslon, 
1800,  in-4''.  19»  Deuxième  livre  idem.  Marsh 
avait  en  manuscrit  beaucoup  de  musique  vo- 
cale et  instrumentale,  ainsi  qu'une  descrip- 
tion de  l'orgue  qui  n'a  pas  été  imprimée  après 
sa  mort. 

MARSHALL  (William),  docteur  en  mu- 
sique de  l'Université  d'Oxford,  organiste  de 
l'église  cathérale  du  Christ,  de  la  chapelle  du 
collège  de  Saint-Jean,  et  de  l'église  de  Tous 
les  Saints,  à  Oxford,  est  l'auteur  d'un  petit 
ouvrage  qui  a  pour  titre  :  The  art  of  reading 
Church  Music;  founded  on  a  simple  expia- 
nation  of  the  first  principles  of  Music  (l'Art 
de  lire  la  musique  d'église,  basé  sur  une  expli- 
cation Simple  des  premiers  principes  de  la 
musique);  Oxford,  J.Vincent,  1842,  in-8». 

MAllSOLO  (Pietro-Mahino),  maître  de 
chapelle  de  la  cathédrale  de  Ferrare,  et  de 
l'Académie  des  Inlrepidi  de  cette  ville,  au 
commencement  du  dix-septième  siècle,  est  au- 


teur de  deux  livres  de  motets  à  cinq  voix  pour 
toutes  les  fêtes  de  l'année,  lesquels  ont  été  pu- 
bliés sous  ce  titre  :  Motetla  quinqtie  tantum 
vocibus  decantanda  in  totius  anni  solemnio- 
ribus  diebus.  Liber  primus ;  Fenetiis,  apud 
Jacob.  Fincentium,  1612,  in-4».  Liber  se- 
ctindus;  ibid.,  1614,  in-4». 

MAUSYAS,  fameux  joueur  de  flûte,  était 
fils  de  Ilvagnis  et  naquit  à  Celènes,  en  Phry- 
gie.  Un  le  croit  inventeur  delà  flùteà  plusieurs 
tuyaux  connue  sous  le  nom  de  flûte  de  Pan. 
La  fable  de  sa  dispute  avec  Apollon  est  con- 
nue. Il  rencontra,  dit-on,  ce  dieu  à  Nyse,  lui 
proposa  un  défi  de  musique,  fut  vaincu,  et, 
pour  prix  de  sa  présomption,  fut  écorché 
vif. 

MARTELIUS  (Eue),  luthiste  célèbre  au 
commencement  du  dix-septième  siècle,  vécut 
à  Strasbourg,  sa  patrie.  Il  a  publié  un  recueil 
de  pièces  pour  le  luth,  sous  ce  titre  :  Hortus 
musicalis  noutts;  Strasbourg,  1615. 

MAUTELLI  (...),  maître  de  chapelle  à 
Munster,  vers  1790,  s'est. fait  connaître  à  celte 
époque,  en  Allemagne,  par  la  composition  de 
quelques  opérettes,  parmi  lesquels  on  re- 
marque :  1°  Die  Reisenden  nach  Ifolland 
(les  Voyageurs  en  Hollande).  2»  Der  Tempel 
der  Bankbarkeit  (le  Temple  de  la  Reconnais- 
sance), o»  Der  Kœnig  Rabe  (le  Roi  Corbeau). 

MAllTIGTSOIM  (Don  Ignace),  professeur 
de  droit  à  Como,  né  au  mois  de  juin  1757, 
mourut  dans  cette  ville,  le  23  mars  1814. 
Dans  ses  Opérette  varie  (Milan,  Galeazzi, 
1784)  on  trouve  (p.  59-92)  des  considérations 
sur  les  effets  moraux  de  la  musique  et  sur 
l'histoire  de  la  musique  dramatique.  On  a  du 
même  écrivain  un  traité  d'esthétique  intitulé  : 
Delbello  e  sublime;  Milan,  Mussi,  1810,  in-8». 
Il  a  été  donné  une  seconde  édition  de  cet  ou- 
vrage avec  la  vie  de  l'auteur,  par  le  profes- 
seur Louis  Calenazzi;  Como,  1826,  in-12.  Le 
quatrième  chapitre  traite  du  beau  dans  la  mu- 
sique. 

MARTIN  (Claude),  écrivain  sur  la  ma- 
sique,  naquit  à  Couches  en  Bourgogne,  dans 
la  première  moitié  du  seizième  siècle,  et  non 
à  Autun,  comme  le  prétendent  La  Borde  et 
ses  copistes,  car  lui-même  a  indiqué  le  lieu 
de  sa  naissance  par  le  mot  Colchensis,  placé 
après  son  nom,  au  frontispice  de  l'édition  la- 
tine de  son  traité  de  musique  (1).  On  voit,  par 
l'épitre  dédicatoire  de  ce  même  traité  de  mu- 
sique, qu'il  vivait  à  Paris  en  1550.  Aucun 
autre  renseignement  ne  nous  est  parvenu  sur 

(I)  Couclies  est  une  petite  ville  du  département  de 
Saùne-et-Loire,  à  cinq  licucs  d'Autun. 


474 


MARTIN 


ce  musicien,  à  qui  Ton  doit  un  bon  livre  inli- 
tulé  :  Elementorum  musices  practicée  pars 
prior,  libris  duobus  absoluta,  nunc  primum 
in  lucem  édita,  ^ccesserunt  exercitationes 
nonnuUx  quos  qui  noverit,  omnium  ferme 
prxcevtorumcognilionem  habuerit; Parisiis, 
ex  oflîcinâ  Nicolai  Du  Chemin,    1550,  ln-4'' 
oI)l.  Les  mots  pars  prier  indiquaient  l'inten- 
tion de  publier  une  deuxième  partie,  qui  n'a 
point  paru.  Le  premier  livre  de  celle-ci,  di- 
visé en  huit  chapitres,  traite  du  plain-chant; 
le  deuxième  contient  les  principes  de  la  mu- 
sique mesurée,  en  dix  chapitres;  l'ouvrage  est 
terminé  par  un  motet  à  quatre  voix  qui  paraît 
avoir  été  composé  par  Claude  Martin.  Six  ans 
après  la  publication  de  ce   traité,   il  fit  un 
extrait  de  son   livre   en  français,  et   le  fit 
l)araître  sous  ce  litre  :  Institution  musicale, 
non  moins  brève  que  facile,  suffisante  pour 
apprendre  à  chanter,  et  qui  a  cours  aujour- 
d'hui entre  les  musiciens;  extraite  de  la 
première  partie  des  éléments  de  musique  de 
Claude  Martin,  et  par  lui-même  abrégée; 
Paris,  de  l'imprimerie  de  Nicolas  Du  Chemin, 
1556,  in-4»  obi.  Cet  abrégé  du  deuxième  livre 
est  fort  différent  de  l'original  latin,  et  ne  con- 
tient que  six  feuillets.  On  trouve  à  la  Biblio- 
thèque   impériale    de    Paris    un    manuscrit 
«laté  de   1008    (n»  7377,    in-4'')    contenant 
plusieurs  petits   traités  des  sciences,  parmi 
lesquels  il  y  en  a  un  intitulé  :  £>.  Martin 
Tractatus  de  3Iusicd.  Je   n'ai  pu  vérifier  si 
c'est  une  copie  du  traité  de  Claude  Martin  ou 
un  autre  ouvrage,  parce  que  le  volume  était 
prêté  lorsque  j'ai  voulu  faire  celte  recherche. 
Claude  Blartin  s'était  fait  connaître  comme 
compositeur   par   des  Magnificat   des  cinq 
premiers  tons   à    quatre  voix,    imprimés    à 
Paris,  en  1540,  par  Pierre  Allaingnant.  Un 
exemplaire  de  cet  ouvrage  rarissime  est  chez 
l'abbé  Sanlini,  à  Rome. 

MARTIW ,  su  rnommé  PEU  D'ARGEIXT, 
musicien  belge,  vécut  vers  le  milieu  du  sei- 
zième siècle,  et  fui  maître  de  chapelle  du  duc 
de  Clèves  etdeJuliers.  Il  était  contemporain 
(le  Nicolas  Gonibert,  de  Créquillon,  de  Clé- 
ment (non  papa)  et  d'autres  musiciens  célè- 
bres. Jean  Orydrius  (voyez  ce  nom),  son 
élève  et  ami,  dil  de  lui ,  dans  la  préface  du 
second  livre  de  ses  Praciicx  musica;  utriits- 
que prxcepta  brevia  .•«  Cum  quibus  (Th.  C're- 
«  quillon,  Jac.  Clemens  (non  papa),  et 
«  plerique  alii)  equidem  optimo  jure  memo- 
«  randum  censco  imo  xquandum,  suavis- 
»  simum  et  candidissimum  hominem,  ami- 
w  cum  mcum  integerrimum  M.  Marlinum 


«  peu  d'argent ,  coUegii  musici  illuslriss. 
«  Principis  Guillelini  ducis  nostri  clemen- 
«  tiss.  prœfectum  dignissimum.  Qui  mihi 
«  stib  auspicium  hujus professionis  musica- , 
«  pro  suo  in  me  candore  animi,  ac  benevo- 
«  lentia  familiari,  non  semel  auctor  horta- 
»  torque  fuit,  etc.  »  Le  même  auteur  ajoute 
que  Martin  a  publié  deux  livres  de  motets  et 
de  chansons  à  quatre  et  cinq  parties  dont  il 
vante  la  suavité.   . 

MARTI]\  (Nicolas),  musicien  du  seizième 
siècle,  né  à  Saint-Jean-de-Maurienne,  en 
Savoie,  vivait  à  Lyon,  vers  1560.  Il  a  fait  im- 
primer de  sa  composition  :  Chants  sur  la 
nativité  de  Notre  Seigneur  Jésus-Christ , 
tant  en  vulgaire  françoys  que  langage  savoi- 
sien,  dit  patoxjs,  imprimés  avec  la  musique, 
à  Lyon,  parMarc  Bonhomme,  1506,  in-S". 

3IAUT1]\  (Jean),  bachelier  en  théologie 
de  la  faculté  de  Paris,  et  curé  de  Treze,  au 
diocèse  d'Auxerre,  vers  le  milieu  du  dix-sep- 
tième siècle,  a  composé  deux  messes  à  quatre 
voix,  l'une  ad  imitationem  moduli  Audite, 
l'autre  ad  imitationem  moduli  Jvbilxte,  qui 
ont  été  publiées  chez  Robert  Ballaid,  en  lOoô, 
in-fol. 

MARTIN  (François),  violoncelliste  fort 
distingué,  vivait  à  Paris  en  1750.  Il  y  était 
attaché  au  duc  de  Giammonl.  Il  s'est  fait 
connaître  avantageusement  comme  com|)osi- 
teur  par  des  motels  qu'il  a  fait  exécuter  au 
concert  spirituel,  et  surtout  par  un  Cantate 
Domino,  dont  le  Mercure  du  mois  de  janvier 
1751  a  rendu  compte  avec  beaucoup  d'éloges  : 
on  cite  aussi  de  lui  un  Lxlenlur  cœli.  Ses 
autres  ouvrages  consistent  en  trois  cantatilks 
{le  Soupçon  amoureux ,  le  Suisse  amoureux 
et  le  Bouquet  de  Thémrjre),  deux  livres  du 
sonates  en  trio  pour  violon,  et  deux  livres  de 
sonates  pour  le  violoncelle.  3Iartin  est  mort  à 
Paris  en  1773. 

MARTIN  Y  COLL  (Antoine),  né  dans  la 
province  de  Castille,  vers  1680,  (ut  moine  de 
l'étroite  observance  de  Saint-François  et  or- 
ganiste de  son  couvent,  à  Madrid.  Ou  a  de  lui 
un  traité  du  plain-chanl  qui  a  pour  litre  : 
j4rte  de  Canto  llano  y  brève  resumen  de  sus 
principales  reglas  para  cantores  de  choro, 
dividido  in  dos  libros;  Madrid,  1711),  1  vol. 
in-4".  Plus  tard,  il  a  ajouté  à  ce  volume  i\n 
traité  de  la  musique  mesurée  qui  forme  le 
troisième  livre  de  l'ouvrage,  et  qui  est  inti- 
tulé :  Libro  tercero  donde  se  contienen  las 
reglas  mas  notables  y  précisas,  que  escri- 
van  todos  los  dortos  escriptores  de  el  arte  de 
canto  de  organo  (sans  date). 


MARTJN 


41c 


MARTIN  Y  SOLAR  (Vi>ci:>t),  appelé 
par  les  Italiens  Martini^  ou  lo  Spagnuolo, 
naquit  en  1754  à  Valence,  chef  lieu  de  la 
province  de  ce  nom,  en  Espagne.  Après  avoir 
fait  ses  études  de  musique  comme  enfant  de 
chœur  dans  une  maison  de  chanoines  régu- 
liers (prémontrés)  de  celte  ville,  il  remplit 
quelque  temps  les  fonctions  d'organiste  à 
Alicanle;  mais  son  penchant  pour  la  musique 
de  théâtre  le  porta  à  donner  sa  démission  de 
cette  place  pour  se  rendre  à  Madrid.  Il  y 
trouva  un  chanteur  napolitain,  nommé  Gu- 
glietti,  pour  qui  il  écrivit  quelques  airs,  et 
qui  lui  donna  le  conseil  d'aller  en  Italie,  lui 
prédisant  des  succès.  Merlin  y  arriva  vers 
1781,  et  écrivit  à  Florence,  pour  la  saison  du 
carnaval,  Ingénia  in  Valide.  Il  alla  ensuite 
à  Lucques  où  il  fit  représenter  Astartea^  qui 
ne  réussit  pas;  puis  le  grand  ballet  en  trois 
actes  La  Regina  di  Golconda.  Quelques 
autres  ballets,  écrits  à  Gènes  et  à  Venise,  pré- 
cédèrent l'apparition  des  opéras  qui  lui  firent 
une  brillante  réputation  et  lui  procurèrent  un 
instant  de  vogue  à  une  époque  où  se  faisaient 
remarquer  en  Italie  des  compositeurs  du  plus 
haut  mérite,  tels  que  Paisiello,  Cimarosa  et 
Guglielmi.  En  1783,  Martin  était  à  Turin,  où 
il  écrivit  La  Dora  festeggiata ,  prologue; 
puis  VAccorta  Cameriera,  opéra  bouffe.  Ces 
ouvrages  furent  suivis  de  VJpermestra^  jouée 
à  Rome  en  1784. 

Martin  se  rendit  à  Vienne  en  1785,  dans 
l'espoir  d'y  écrire  pour  le  théâtre  de  la  Cour. 
Il  y  trouva  une  protectrice  zélée  dans  l'ambas- 
sadrice d'Espagne,  amie  de  l'impératrice  : 
elle  lui  fit  obtenir  la  faveur  qu'il  désirait,  et 
d'ApoDte  écrivit  pour  lui  le  livret  de  l'opéra 
bouffe  II  Burbero  di  buon  cuore  (le  Bourru 
bienfaisant),  qui  obtint  du  succès  et  le  mit  à 
la  mode.  Mais  ce  furent  surtout  La  Cosa  rara 
et  VArbore  di  Diana,  ouvrages  charmants, 
composés  sur  des  livrets  du  même  poêle,  qui 
lui  donnèrent,  à  Vienne,  une  vogue  que 
n'avaient  obtenue  ni  les  Noces  de  Figaro^ 
ni  Don  Juan,  de  Mozart,  représentés  à  la 
même  époque.  L'empereur  Joseph  II  récom- 
pensa magnifiquement  Martin,  et  l'admit  sou- 
vent près  de  lui,  ne  se  lassant  pas  de  lui 
entendre  chanter  les  mélodies  naturelles,  fa- 
ciles, expressives,  de  la  Cosa  rara.  Mozart 
rendit  justice  aux  productions  de  cet  artiste; 
mais  il  leur  reprochait  avec  raison  de  man- 
quer des  qualités  solides  qui  font  vivre  les 
œuvres  d'art  dans  la  postérité,  et  prédit  que 
lorsque  la  vogue  serait  passée,  les  opéras  de 
Martin  tomberaient  dans  un  profond  oubli; 


ce  qui  s'est  vérifié.  L'auteur  de  Don  Juan  lui 
a  fait  l'honneur  d'intercaler  un  air  de  la  Cosa 
rara,  arrangé  en  harmonie  d'instruments  à 
vent,  dans  le  second  acte  de  ce  grand  ouvrage. 
En  1788,  Martin  fut  appelé  à  la  cour  de 
Catherine  II  :  il  partit  pour  Pétersbourg,  où 
il  fut  chargé  de  la  direction  de  l'Opéra.  Il  y 
écrivit  Gli  Sposi  in  contrasta,  opéra  bouffe, 
et  71  Sogno,  cantate  à  trois  voix.  Paul  I"'  lui 
donna,  dix  ans  ai)rès,  le  titre  de  conseiller. 
Dans  ses  dernières  années,  le  génie  de  Martin 
s'éteignit  complètement.  L'Opéra  français 
aySnt  remplacé  l'Opéra  italien  en  1801,  Martin 
perdit  son  emploi,  et  il  ne  lui  resta  d'autre 
ressource  que  de  donner  des  leçons  pour 
vivre.  Il  est  mort  à  Pétersbourg  au  mois  de 
mai  1810.  On  a  gravé  de  sa  composition  : 
1»  L'Arbore  di  Diana,  |)artilion  réduite  pour 
le  piano;  Paris,  Leduc;  Bonn,  Simrock, 
2°  La  Capricciosa  corretla,  idem;  ibidem. 
3°  Gli  Sposi  in  contrasta,  idem;  Vienne,  Ar- 
laria.  4"  La  Cosa  rara,  idem,  ihid.  ;  Paris, 
Leduc  ;  Bonn,  Simrock.  5»  6  Canoni  a  3  vocij 
con  ace.  di  piano- for  le;  Brunswick,  Spehr, 
6°  12  Canoni  d'  amoro,  idem;  Leipsick,  Pe- 
lers.  7°  Il  Sogno,  cantate  à  trois  voix,  avec 
accompagnement  de  piano;  Leipsick,  Breit- 
kopf  et  llaerlel.  8"  Douze  ariettes  italiennes  à 
voix  seule  et  piano;  Brunswick,  Spehr.  Elles 
ont  été  traduites  en  allemand  et  publiées  à 
Bonn  et  à  Hambourg.  Les  ouvertures  et  mor- 
ceaux détachés  des  opéras  de  MaHin  ont  été 
arrangés  pour  divers  instruments,  et  gravés  à 
Paris,  Vienne,  Londres,  etc.  On  connaît  aussi 
de  la  composition  de  cet  artiste  un  Te  Deum 
à  quatre  voix  et  orchestre,  en  manuscrit. 

MARTIN  (Jean-Blaise),  acteur  célèbre  de 
l'Opéra-Comique,  naquit  à  Paris,  le  14  oc- 
tobre 1769.  Petit-fils  d'un  peintre  dont  le  ta- 
lent a  été  célébré  par  Voltaire,  il  perdit  son 
père  dans  ses  premières  années,  et  fut  élevé 
par  un  oncle,  qui  prit  soin  de  son  éducation. 
A  l'âge  de  sept  ans,  on  lui  fit  commencer 
l'élude  de  la  musique;  à  neuf  ans,  il  étaitdéjà 
bon  lecteur.  Sa  jolie  voix  de  soprano  le  faisait 
rechercher  dans  le  monde,  et  pendant  quatre 
ans,  il  chanta  les  solos  dans  la  plupart  des 
concerts  de  société.  L'âge  de  la  mue  de  la  voix 
l'obligea  de  suspendre  cet  exercice  ;  il  se  livra 
alors  à  l'étude  du  violon  et  acquit  beaucoup 
d'habileté  sur  cet  instrument.  Obligé  de  cher- 
cher des  ressources  dans  son  talent,  il  essaya 
de  se  faire  admettre  dans  l'orchestre  de 
l'Opéra,  mais  n'ayant  pu  réussir  dans  ce  pro- 
jet, il  tourna  ses  regards  vers  la  scène.  Sa  voix 
avait  pris  le  caractère  d'un  beau  baryton  qui, 


476 


MARTIN 


dans  les  cordes  élevées,  alleignait  aux  limites 
des  ténors  les  plus  élevés,  et  qui,  dans  les  sons 
graves,  avait  la  sonorité  d'une  basse.  Malgré 
cet  avantage,  il  ne  put  se  faire  recevoir  à 
rOpéra,  parce  qu'on  ne  lui  trouva  pas  assez 
de  puissance  dans  l'organe  pour  le  chant,  ou 
plutôt  pour  les  cris  alors  en  usage  à  ce  théâtre. 
Martin  n'eut  qu'à  s'applaudir  du  mauvais 
accueil  qu'on  lui  avait  fait  à  l'Opéra,  comme 
symphoniste  et  comme  chanteur,  car  ce  fut  la 
cause  première  de  la  direction  qu'il  prit  en- 
suite dans  sa  carrière  d'artiste,  et  des  succès 
qu'il  obtint  sur  une  autre  scène.  On  donnait, 
en  1788,  des  concerts  à  l'hôtel  de  Bullion,  rue 
Plâtrière,  où  la  musique  en  vogue  était  parti- 
culièrement empruntée  à  l'Italie.  Quelques 
morceaux  de  cette  musique  chantés  parMartin 
à  ces  concerts  le  mirent  en  réputation  parmi 
les  amateurs  ;  lorsque  le  théâtre  de  Monsieur 
fut  organisé,  on  le  choisit  pour  y  chanter  les 
rôles  de  baryton.  Il  y  débuta  à  la  fin  de  l'an- 
née 1788,  par  celui  du  Marquis  de  Tulipano, 
opéra  de  Paisiello  traduit  en  français,  et  y 
obtint  un  succès  brillant,  dû  autant  à  la 
beauté  de  sa  voix  qu'à  la  fraîcheur  de  la  mu- 
sique. Il  n'était  point  acteur;  sa  gaucherie 
était  même  si  excessive,  qu'on  était  obligé  de 
lui  tracer  sur  le  plancher  sa  position  dans  les 
différentes  scènes.  Cependant,  insensiblement 
il  acquit  de  l'habileté,  et  vers  la  fin  de  sa  car- 
rière théâtrale,  il  était  parvenu  sinon  à  être 
cité  pour  la  finesse  de  son  jeu,  au  moins  à 
animer  la  scène  et  à  rendre  convenablement 
les  rôles  dont  il  était  chargé.  L'opéra  italien, 
qui  jouait  dans  les  premiers  temps  allernati- 
vement  avec  l'opéra  comique  français  au 
théâtre  Feydeau,  offrait  à  Martin  les  plus 
beaux  modèles  de  chant  dans  les  talents  de 
Viganoni,  de  Mandini  et  de  madame  Mori- 
chelli  ;  cette  école  ne  lui  fut  sans  doute  pas 
inutile  :  cependant  il  ne  parait  pas  avoir  bien 
compris  le  mérite  de  leur  excellente  méthode, 
car  il  conserva  toute  sa  vie  d'assez  grands  dé- 
fauts; par  exemple,  celui  d'une  vocalisation 
saccadée  de  fort  mauvais  goût  qui  paraissait 
plaire  beaucoup  aux  spectateurs  habituels  de 
l'Opéra-Comique.  Le  mérite  principal  de  Mar- 
tin consistait  dans  la  beauté  incomparable  de 
sa  voix,  la  fraîcheur  de  l'organe,  qu'il  con- 
serva pendant  plus  de  trente  ans,  une  grande 
habileté  à  passer  de  la  voix  de  poitrine  aux 
sons  surlaryngiens,  dont  il  se  servait  avec 
beaucoup  d'adresse,  du  feu,  de  l'animalion, 
enfin,  dans  une  connaissance  profonde  de  la 
musique  et  beaucoup  d'aplomb  dans  les  mor- 
ceaux d'ensemble. 


Les  rôles  de  Crispin,  dans  le  Nouveau  don 
Quichotte,  et  de  Frentin,  dans  les  Visitan- 
dines,  avaient  fondé  sa  réputation;  il  faisait 
la  fortune  du  théâtre  Feydeau,  et  balançait 
seul  les  succès  de  toute  l'excellente  troupe  de 
l'ancienne  Comédie  italienne;  celle-ci  com- 
prit la  nécessité  de  se  débarrasser  d'une  con- 
currence si  redoutable;  des  efforts  furent  faits 
auprès  de  Martin  pour  l'engager  au  théâtre 
Favart;  il  finit  par  accéder  aux  propositions 
qui  lui  étaient  faites,  et  il  entra  à  ce  théâtre 
en  1794.  C'est  là  que  secondant  Elleviou,  ma- 
dame Saint-Aubin,  Chenard  et  madame  Du- 
gazon,  il  forma  avec  ces  excellents  acteurs  un 
ensemble  parfait  qu'on  ne  reverra  plus  vrai- 
semblablement à  rOpéra-Comique.  Gulnare, 
Zoraïme  et  Zulnar ,  Maison  à  vendre , 
Trente  et  quarante,  lui  fournirent  des  occa- 
sions pour  donner  à  son  talent  une  spécialité 
qui,  dans  les  arts,  fonde  toujours  les  réputa- 
tions les  plus  solides  ;  spécialité  qui  a  été  long- 
temps un  embarras  pour  les  théâtres  de  pro- 
vince; car,  suivant  l'habitude  qu'on  a  dans 
ces  théâtres  de  désigner  les  emplois  par  les 
noms  des  acteurs  qui  les  remplissent  à  Paris, 
il  fallait  dans  toutes  les  troupes  dramatiques 
un  Martin,  et  ce  n'était  pas  sans  peine  qu'on 
parvenait  à  trouver  des  voix  qui  pussent 
chanter  d'une  manière  passable  les  rôles  éta- 
blis d'origine  par  le  véritable  Martin,  de  Paris. 

A  la  réunion  des  troupes  d'opéra  comique 
des  théâtres  Feydeau  et  Favart,  en  1801, 
Martin  devint  sociétaire  et  membre  du  comité 
d'administration  de  la  nouvelle  société.  Il  pro- 
fita de  celte  position  pour  partager,  plus  tard, 
avec  Elleviou  la  plus  grande  partie  de  la  sub- 
vention accordée  à  l'Opéra-Comique  par  Napo- 
léon. Cet  avantage  était  acquis  à  deux  artistes 
sur  qui  reposait  toute  la  fortune  de  ce  spec- 
tacle. L'influence  de  Martin  augmenta  encore 
en  18]r3,  après  qu'Elleviou  se  fut  retiré  du 
théâtre,  car  seul  il  attirait  encore  le  public; 
seul  il  jirocurait  à  la  société  d'abondantes  re- 
cettes. L'Irato,  une  Folie,  ma  Tante  Ju- 
rore,  les  Confidences,  Picaros  et  Diego,  Gn- 
listan ,  Koulouf,  les  Maris  garçons,  le 
Charme  de  la  f'oix,  Jean  de  Paris,  Lutly  et 
Quinuult,  le  Nouveau  Seigneur  de  village, 
Joconde,  Jeannot  et  Colin,  le  petit  Chape- 
ron et  les  Foitures  versées,  lui  valurent  tour 
à  tour  (le  nouveaux  succès,  et  firent  admirer 
longtemps  la  fraîcheur  et  la  conservation  de 
son  organe,  autant  que  les  progrès  de  son  la- 
lent  dans  le  chant  scénique. 

Une  légère  altération  commença  à  se  faire 
apercevoir  dans  la  pureté  de  la  voix  de  Mai- 


MARTIN 


An 


tin,  en  1822.  Déjà,  deux  ans  auparavant,  il 
avait  paru  vouloir  se  reliier  et  n'avait  con- 
senti à  rester  au  théâtre  que  moyennant  une 
{^ratification  de  trente  mille  francs.  Mais  dès 
qu'il  crut  que  son  organe  ne  lui  fournirait 
plus  les  mêmes  moyens  d'exécution,  il  ne 
voulut  pas  voir  diminuer  ses  succès,. et  il  prit 
sa  retraite  le  31  mars  1823, après  avoir  chanté 
pendant  trente-cinq  ans  à  la  scène.  Logé  alors 
dans  un  des  quartiers  les  plus  éloignés  du 
centre  de  Paris,  il  semblait  avoir  oublié  le 
théâtre  de  sa  gloire,  lorsque  en  1826  le  direc- 
teur de  rOpéra-Comique  l'engagea  pour  quel- 
ques représentations.  Plusieurs  années  de 
repos  avaient  rendu  à  sa  voix  la  souplesse  et 
le  moelleux;  il  étonna  encore  les  artistes  par 
la  vigueur  de  son  exécution  dans  quelques- 
uns  de  ses  anciens  rôles.  Cependant  il  reprit 
bientôt  après  ses  habitudes  de  retraite.  Huit 
années  s'étaient  écoulées  depuis  lors,  et  Mar- 
tin était  âgé  de  soixante-cinq  ans,  lorsqu'une 
nouvelle  apparition  du  chanteur  émérile  fut 
annoncée  en  1834.  Il  reparut  en  effet;  mais 
alors  les  ravages  du  temps  se  firent  apercevoir, 
surtout  dans  les  traits  rapides  et  qui  exi- 
geaient de  l'énergie;  cependant  il  y  avait 
encore  beaucoup  d'adresse  dans  la  manière  de 
Martin  lorsqu'il  chantait  de  la  musique  d'un 
caractère  doux  et  élégant.  C'est  à  cette  époque 
que  Halévy  écrivit  pour  lui  la  Fieillesse  de 
Lafleur,  opéra  comltjue  en  un  acte,  où  il  eut 
encore  des  éclairs  de  son  ancien  talent.  Re- 
tiré définitivement  dans  la  même  année,  il  ne 
prit  plus  de  participation  à  l'art  que  par  les 
leçons  de  chant  qu'il  donnait  au  Conserva- 
toire. Il  avait  été  appelé  à  remplir  les  fonc- 
tions de  professeur  dans  celte  école  en  1825. 
La  fin  de  son  existence  s'écoulait  paisible- 
ment; mais  la  mort  d'une  fille,  en  1836,  lui 
causa  une  vive  douleur  qui  ébranla  sa  consti- 
tution, et  qui  le  conduisit  an  tombeau  le  18  oc- 
tobre 1837.  Ce  fut  à  la  Roncière,  maison  de 
campagne  de  son  ancien  camarade  Elleviou, 
près  de  Lyon,  qu'il  mourut.  Il  avait  été  ténor 
de  la  chapelle  de  Napoléon,  puis  de  celle  des 
rois  Louis  XVIII  et  Charles  X. 

Martin  avait  reçu  des  leçons  de  Candeille 
pour  la  com.position;  en  1796,  il  fit  repré- 
senter, au  tréàtre  Feydeau,  les  Oiseaux  de 
mer,  opéra  comique  en  un  acte,  qui  ne  réussit 
pas.  Il  a  conservé  longtemps  son  talent  sur  le 
violon,  car  il  était  déjà  au  théâtre  depuis  plus 
de(iuinze  ans  lorsqu'il  étonna  le  public  et  les 
artistes  par  la  manière  dont  il  exécuta  un  solo 
sur  cet  instrument,  dans  l'opéra  intitulé  :  le 
Concert  interrompu. 


MARTIÎV  (Crescentia),  cantatrice,  naquit 
en  1770,  à  Babenhausen,  en  Bavière,  où  son 
père  était  directeur  de  la  chancellerie.  Élevée 
dans  un  couvent  à  Landsbach,  elle  y  apprit  la 
musiiiue;  puis  elle  reçut  des  leçons  de  chant 
du  célèbre  Raff,  à  Munich.  Pendant  plusieurs 
années,  elle  donna  des  concerts  en  Suisse,  en 
Hongrie,  en  Autriche  et  particulièrement  à 
Vienne.  En  1800,  elle  embrassa  la  profession 
de  cantatrice  dramati(|ue,  et  parut  sur  divers 
théâtres  sous  le  nom  de  madame  Dorse.  De 
retour  à  Munich,  en  1811,  elle  y  débuta  au 
théâtre  delà  cour;  mais  déjà  elle  n'était  plus 
jeune  et  sa  voix  avait  perdu  sa  fraîcheur:  elle 
eut  peu  de  succès  et  ne  tarda  pas  à  se  re- 
tirer. 

MARTIN  (Astoi:«e),  professeur  de  mu- 
sique au  collège  de  Saint-Maxenl,  est  né  à 
Rochefort,  en  1805.  Il  apprit  presque  seul  le 
piano,  le  violon  et  la  clarinette.  On  connaît 
sous  son  nom  quelques  compositions  pour  les 
deux  premiers  de  ces  instruments,  et  les 
Délassements  de  l'étude  pour  le  piano. 

MARTIÎN  (Julien)  connu  sous  le  nom  de 
3IARTI1\  D'A]>GERS,  est  né  dans  celle 
ville  vers  1808.  Après  y  avoir  fait  ses  pre- 
mières études  musicales,  il  se  rendit  à  Paris  et 
y  acheva  de  s'instruire  dans  cet  art,  sans 
suivre  toutefois  les  cours  du  Conservatoire. 
Sur  la  recommandation  de  M.  Danjou,  il  ob- 
tint, en  1841,  la  place  de  maître  de  chapelle  de 
l'église  Saint-Germain-l'Auxerrois.  En  1845, 
il  imagina  un  nouveau  système  d'harmonisa- 
tion du  plain-chant  ou  de  faux-bourdon^ 
qui  fut  annoncé  par  les  journaux  religieux 
sous  le  nom  An  Nouveau  mode  de  plain-chant 
et  fort  vanté  par  ces  feuilles;  ce  n'était  au 
fond  que  d'assez  mauvaise  harmonie,  comme 
on  en  a  fait,  depuis  lors,  beaucoup  d'aulres 
essais  dans  des  systèmes  divers.  Celui  que 
proposait  M.  Martin  consistait  à  faire  chanter 
la  mélodie  chorale  à  l'octave  par  les  dessus  et 
les  ténors,  en  l'harmonisant  à  trois  parties 
par  le  baryton  et  la  basse.  L'auteur  de  ce 
plain-chant  harmonisé  en  publia  un  sjiécimen 
dans  une  brochure  intitulée  »  Plain-chant 
populaire  pour  tous  les  offices  de  l'année, 
noté  dans  la  voix  naturelle  du  clergé  et  des 
fidèles,  et  harmonisé  d'après  un  nouveau 
procédé  musical  déposé,  sous  cachet,  dans 
les  archives  de  l'Institut,  le  'ii  janvier  1846, 
par  J.  Martin  d'Angers,  maître  de  chapelle 
et  organiste  accompagnateur  de  la  paroisse 
royale  de  Saint-Germain-V Auxerrois  et  du 
collège  royal  de  Saint- Louis.  Premièrelivrai- 
son.  Spécimen  de  l'office  du  malinqui  est  sous 


478 


MAUTIN  —  MARTINENGO 


jjresse-j  Paris,  20  janvier  1846,  in-8".  Des 
analyses  de  ce  système  et  de  l'œuvre  en  elle- 
même  furent  publiées  dans  la  Revue  de  la 
musique  reUyieuse,  populaire  et  classique 
(t.  II,  p.  169-171  et  285-295),  ainsi  que  dans 
la  Revue  et  Gazette  musicale  de  Paris  (année 
1846,  n»  34).  Une  ardente  polémique  en  fut  la 
suite,  tant  par  les  journaux  que  par  de  petites 
brochures  anonymes;  mais  la  mauvaise  harmo- 
nisation du  plain-cliant  qui  en  était  l'objet  ne 
peut  résister  à  la  critique  qui  en  avait  été  faite, 
et  elle  fut  abandonnée.  On  a  aussi  de  M.  Martin 
un  petit  écrit  intitulé  :  De  l'enseignement 
musical  dans  les  collèges  royaux  de  Paris; 
Paris,  1841,  in-S»  de  vingt-quatre  pages.  Ce 
travail  avait  déjà  été  publié  dans  la  Revue  et 
Gazette  musicale  de  Paris.  Comme  composi- 
teur, M.  Martin  a  fait  exécuter  à  Saint-Ger- 
raain-l'Auxerrois,  le  jour  de  Pâques  1846,  une 
messe  solennelle  avec  orchestre,  et  une  messe 
de  Requiem.  Il  a  publié  plusieurs  romances 
avec  accompagnement  de  piano;  Paris,  Ca- 
naux ;  Prière  de  la  jeune  fille,  mélodie  avec 
accompagnement  de  piano  et  de  violoncelle; 
ibid.;  Galerie  musicale,  ou  série  de  mor- 
ceaux de  chant  faciles  à  deux  et  trois  voix, 
avec  accompagnement  de  piano,  à  l'usage 
des  pensionnats  ;  ibid.  Cet  artiste  a  pris  part 
à  la  rédaction  du  journal  intitulé  la  France 
musicale,  pendant  les  années  1843  et  1846. 

MAUTIN  (Tocssaint),  professeur  de  mu- 
sique à  Paris,  n'est  connu  que  par  un  petit 
ouvrage  élémentaire  intitulé  :  Principes 
méthodiques  de  musique  vocale  et  instru- 
mentale; Vaugirard  (près  Paris),  10-4»  de 
trente-quatre  pages,  lithographie. 

MARTIN  (Casimir),  facteur  de  pianos  à 
Paris,  est  inventeur  d'un  appareil  destiné  à 
donner  de  la  souplesse  aux  doigts  des  per- 
sonnes qui  se  livrent  à  l'étude  du  piano,  et 
auquel  il  a  donné  le  nom  de  Chirogymnaste. 
M.  Martin  a  publié  une  instruction  pour  l'usage 
de  cet  appareil,  sous  le  titre  de  Méthode  de 
chirogymnaste,  ou  gymnastique  des  doigts; 
Paris,  1843,  in-S"  avec  six  planches.  Il  a  été 
fait  deux  éditions  de  ce  petit  écrit. 

MARTINE  (J.-D.),  littérateur  français, 
né  à  Genève,  vivait  à  Paris  vers  1815,  et  s'est 
fait  connaître  par  un  commentaire  sur  l'Art 
poétique  d'Horace.  Il  a  aussi  publié  un  livré  in- 
titulé :  De  la  musique  dramatique  en  France, 
ou  des  principes  d'après  lesquels  les  compo- 
sitions lyri  dramatiques  doivent  être  jugées; 
des  révolutions  successives  de  l'art  en  France, 
de  ses  progrès  et  de  sa  décadence;  des  compo- 
siteurs qui  ont  travaillé  pour  nos  spectacles 


lyriques,  et  de  leurs  prodtictions  restées  au 
théâtre;  Paris,  Dentu,  1813,  in-S".  Cet  écrit, 
rempli  de  fausses  vues  et  de  préjugés,  a  pour 
objet  de  démontrer  que  l'ancienne  comédie  à 
ariettes  et  les  anciennes  formes  de  l'opéra 
français  étaient  préférables  aux  formes  plus 
musicales  de  l'opéra  modeine. 

MARTINEAU  (Adrien),  professeur  de 
musique  à  Nantes,  est  auteur  d'un  livre  qui  a 
pour  titre  :  Nouvelle  grammaire  de  la  langue 
musicale^  miseen  rapport  avec  la  grammaire 
française;  Nantes,  imprimerie  de  Forest; 
Paris,  Heugei,  1845,  in-8". 

MARTINELLI  (Georges),  musicien  au 
service  du  duc  de  Parme,  dans  la  seconde 
moitié  du  dix-septième  siècle,  a  fait  imprimer 
(le  sa  composition  :  Motetti  e  le  quattro  Ju- 
tifone  délia  Beata  Firgine  a  due,  tre  e 
quattro  voci.  op.  1,  Bologne,  Jacques  Monli, 
1676,  in-4''. 

MARTINELLI  (Vi>cest),  docteur  en 
droit,  né  à  Turin  dans  la  première  moitié  du 
dix-huitième  siècle,  résidait  à  Londres  vers 
1750;  de  là  il  se  rendit  à  Paris,  où  il  fit  in- 
sérer plusieurs  morceaux  dans  les  écrits  pé- 
riodiques jusqu'en  1762.  Il  avait  travaillé 
longtemps  à  une  histoire  de  la  musique  qu'il 
n'a  point  achevée,  et  dont  il  n'a  rien  paru. 
On  a  de  lui  un  recueil  intitulé  :  Lettere  fa- 
miliari  criliche;  Londres,  1758,  in-S".  Les 
lettres  27,  28,  30,  31,  54  et  36  sont  relatives 
à  la  musique.  Il  a  publié  aussi  une  Lettre  sur 
la  musique  italienne,  dans  le  premier  nu- 
méro du  recueil  intitulé  :  L' Amateur,  ou 
nouvelles  pièces  et  dissertations  françaises 
et  étrangères;  Paris,  1762,  in-12. 

MARTINELLI  (Locis),  excellent  chan- 
teur bouffe  italien,  commença  à  se  faire  con- 
naître vers  1795,  et  fut  bientôt  recherché  sur 
les  principales  scènes  de  l'Italie.  Eu  1801,  il 
chanta  au  théâtre  de  la  Scala,  à  Milan,  pen- 
dant les  saisons  de  l'automne  et  de  l'avent.  Il 
vint  ensuite  à  Paris,  où  il  chanta  avec  beau- 
coup de  succès  les  grands  airs  bouffes  de  Ci- 
marosa  et  de  Guglielmi.  On  le  retrouve  à  Mi- 
lan en  1807.  Après  cette  époque,  les  renseigne- 
ments manquent  sur  sa  personne. 

MARTIi>iENGO  (Jules-César),  composi- 
teur, né  à  Vérone,  dans  la  seconde  moitié  du 
seizième  siècle,  fut  d'abord  maître  de  chapelle 
à  Udine,  dans  le  Frioul,  puis  fut  appelé  à 
remplir  les  mêmes  fonctions  à  Saint-Marc,  de 
Venise,  le  22  août  1609.  Il  mourut  jeune  en- 
core dans  cette  ville,  en  1613,  et  eut  pour 
successeur  Claude  Monteverde.  On  connaît 
sous   le  nom  de   Marlincngo  trois  livres  do 


MARTINENGO  -  MAEITINEZ 


4-;9 


madrigaux  à  quatre,  cinq  et  six  voix,  publiés 
à  Venise;  le  troisième  a  paru  en  1605.  Il  est 
vraisemblable  qu'il  a  laissé  en  manuscrit  de 
la  musique  d'rfjlise  dans  les  archives  de  Saint- 
Marc. 

MAUTIINENGO  (jEAN-PAtt),  organiste 
de  la  cathédrale  de  Pavie,  vers  le  milieu  du 
dix-septième  siècle,  n'est  connu  jusqu'à  ce 
jour  que  par  un  Adoro  <e,  et  un  Congrattila- 
iiiini,  à  deux  voix  de  so[)rano  ou  de  ténors 
(n  duoi  soprani  ocero  tenori)  (|ui  se  trouvent 
dans  l'œuvre  de  Gaspard  Casali  intitulé  Mo- 
tetti  concertât i  a  1,2,  3  e  4  voci  con  una 
messa  a  4;  Venise,  Alexandre  Vincenti,  1643, 
in-4'>,  dont  il  y  a  une  édition  antérieure,  el 
une  autre  pul)liée  à  Venise,  en  1G3I . 

MAllTI.^liS  ou  MAilTOEZ  (Ma- 
rianne), femme  d'un  mérite  distingué  dans  la 
musique,  a  passé  pour  la  nièce  de  Métastase. 
Elle  était  fille  de  Nicolas  Martines,  maître  de 
cérémonies  de  la  chambre  du  nonce  aposto- 
lique à  Vienne,  et  naquit  dans  celle  ville  vers 
1745.  Sa  famille  élait  napolitaine,  d'origine 
espagnole,  et,  sans  doute,  l'orthographe  pri- 
mitive de  son  nom  fut  Marlinez;  l's  rem- 
plaçant les  fut  une  altération  produite  parle 
temps;  il  est  d'ailleurs  remarquable  que  le 
célèbre  poète  Métastase,  ami  du  père  de  Ma- 
rianne, et  «lui  vécut  dans  l'intimité  de  celle 
famille  pendant  cinquante-deux  ans,  écrit 
Martinez  dans  les  articles  de  son  testament 
et  de  son  codicille  qui  la  concernent  ainsi  que 
ses  frères.  Riesewetler  place  la  date  de  la 
naissance  de  Marianne  Martines  vers  1750  (1), 
mais  elle  vil  le  jour  évidemment  plutôt,  car 
Métastase  lui  laissa,  par  l'article  7  de  son 
testament,  fait  en  1765,  une  somme  de  douze 
mille  florins,  pour  donner  une  faible  re- 
compense  à  ses  mœurs  pures  et  à  ses  hon- 
nêtes et  louables  éludes.  Si  Marianne  Mar- 
tines était  née  vers  1750,  elle  aurait  eu  quinze 
ans  à  l'époque  où  le  poêle  lui  faisait  ce  legs, 
et  l'on  auiail  pu  s'étonner  qu'à  cet  âge  ses 
mœurs  n'eussent  pas  été  pures.  La  date  de 
1745  que  j'ai  adoptée,  dans  la  première  édi- 
tion de  ce  dictionnaire  comme  dans  celle-ci, 
parait  donc  plus  rapprochée  de  l'exactitude. 
Mademoiselle  Martines  eut  le  bonheur  de  re- 
cevoir de  Haydn,  jusque-là  peu  connu, 
des  leçons  de  musique  et  de  clavecin,  et  Por- 
j)ora  lui  enseigna  l'art  du  chant  et  la  compo- 
sition. Ses  piogrès furent  rapides.  Claveciniste 
d'un  talent  élégant  et  gracieux;  cantatrice 
«lonl  le  chant  était  suave  et  d'une  expicssion 

(1)  CalaloQ  tUr  Sammlung  aller  Musik,  p.  Ii3. 


aussi  vraie  que  pénétrante;  compositeur  doué 
d'une  vigueurdeconception  rare  et  d'unsavoir 
très-étendu,  elle  réunissait  en  elle  seule  les 
qualités  de  plusieurs  artistes  distingués.  Bur- 
ney,  qui  l'entendit  à  Vienne  en  1772,  en  parle 
avec  admiration.  Par  un  codicille  du  17  août 
1780  Métastase  porta  à  vingt  mille  florins  le  lef>s 
qu'il  avait  fait  à  Marianne  Martines.  Par  l'ar- 
ticle 8  de  son  testament,  daté  du  5  août  1765, 
il  lui  avail  légué  son  clavecin,  ses  épinettes  et 
toute  sa  bibliothèque  musicale.  En  1796,  elle 
vivait  à  Vienne  dans  l'aisance.  Les  samedis  de 
chaque  semaine,  elle  donnait  chez  elle  des 
concerts,  dont  l'entrée  était  ouverte  à  tous  les 
étrangers.  Elle  avait  aussi  institué  une  école 
de  chant,  où  elle  forma  de  bons  élèves.  Burney 
cite  avec  éloge  de  sa  composition  des  sonates 
de  piano,  beaucoup  de  chants  italiens  sur  des 
poésies  de  Métastase,  un  Miserere  à  quatre  voix 
concertantes  et  orgue,  composé  en  1768,  qui 
se  Irouve  dans  plusieurs  grandes  bibliothè- 
ques, notamment  à  la  bibliothèque  impériale 
de  Vienne,  plusieurs  psaumes  italiens  sur  des 
traductions  de  Métastase,  à  quatre  et  à  huit 
voix,  avec  orchestre,  parmi  lesquels  on  remar- 
que Vin  exilu  Israël  à  quatre  voix  concer- 
tantes, chœurs  à  quatre  voix  et  instruments; 
l'abbé  Gerbert  a  tenu  entre  ses  mains  une 
messe  et  un  oratorio  écrits  par  elle;  l'abbé 
Santini,  de  Rome,  possède  le  psaume  41*  à 
quatre  voix  el  orchestre,  de  sa  composition, 
qui  se  trouve  aussi  à  la  bibliothèque  impériale 
de  Vienne.  Marianne  Martines  avait  été 
nommée,  en  1773,  académicienne  honoraire 
des  Philharmoniques  de  Bologne,  dans  la 
série  des  compositeurs.  Elle  mourut  à  Vienne, 
en  1812,  à  l'âged'environ soixante-sept  ans(l). 
MAUTIINEZ  (Jean),  prêtre  espagnol,  fut 
maître  de  chapelle  à  l'église  cathédrale  de 
Séville,  vers  le  milieu  du  seizième  siècle.  Il  a 
fait  imprimer  un  livre  qui  a  pour  titre  :  Arte 
de  canto  llano  puesta  y  reducida  iiuova- 
menteen  su  entera  perfeccion  segun  la  pra- 
feca (l'Art  du  plain-chant,  rétabli  dans  son  en- 
tière perfection,  selon  les  règles  de  la  prati- 
que); Séville,  1360,  in-S».  Uachado  (Bibliot. 
Lusit.,  t.  II,  p.  692)  cite  cet  auteur  sous  le 
nom  de  Martins,  comme  un  poète  portugais, 
de  qui  l'on  a  imprimé  un  livre  intitulé  :  Jlrle 
do  Canto  chaâ  posta  e  reducida  em  sua  en- 
teira  perfeçaô  segundo  a  practica  délia, 
muito  necessaria  para  todo  o  sacerdote , 
e  persoas  que  haâ  de  saber  cantar,  etc.; 
Coimbre,  Manoel  de  Araujo,  1003,  in-S";  se- 

(1)  Je  suis  redevable  à  M.  Farrenc  des  rcitscigncmenl» 
daijiis  lesquels  cette  noliee  a  élt  rcfaile. 


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MARTINEZ  —  MARTINI 


conde  édition,  Coïmbre,  Nicolas  Carvalho, 
1612,  in-8";  3«  idem,  revue  et  augmentée  par 
Antoine  Cordeyro;  Coïmbre,  1625.  L'identité 
<Ie  personne  et  d'ouvrage  est  évidente;  il  est 
vraisemblable  que  le  livre  portugais  n'est 
qu'une  traduction  de  l'espagnol,  et  que  l'exis- 
tence de  celui-ci,  antérieure  à  l'autre  de  plus 
de  quarante  ans,  est  réelle, 

MARTIINI  (Jacqces),  professeur  de  phi- 
losophie à  l'université  de  Wittenberg,  au 
commencement  du  dix-septième  siècle,  a 
publié  des  recherches  sur  beaucoup  de  ques- 
tions philosophiques  et  politiques,  sous  ce 
litre  :  Centuria  qiixstionum  illustrium  phi- 
losophtcartim;  "Wittenberg,  1609-1610,  in-4». 
Dans  la  cinquième  centurie,  il  examine  ces 
questions  :  ^n  vocalis  et  instrumentalis 
Musica  omni  stati  conveniat?  Musica  ad 
quid  conducat ? 

MARTIIVI  (Christophe),  musicien  hollan- 
dais, vivait  vers  le  milieu  du  dix-septième 
siècle.  On  a  de  lui  un  livre  intitulé  :  Hand- 
boek  van  waren  loop  der  Toonen  (Manuel  du 
véritable  enchaînement  des  tons);  Amsterdam, 
1641, in-4». 

MARTIIVI  (Adam-Sigismoud)  ,  cantor  à 
Giessen,  vers  la  fin  du  dix-septième  siècle,  fut 
ensuite  appelé  à  Hambourg  en  la  même  qua- 
lité. Il  a  fait  imprimer  un  traité  élémentaire 
de  musique  qui  a  pour  titre  :  Grundliche  und 
'leichte  Unterweîsung ,  wie  man  nach  AnUi- 
tung  des  deutschen  Alphabets  die  ganze 
TFissenschaft  der  heutigen  Vocalmusik 
fassen  kann  (Méthode  naturelle  et  facile  pour 
apprendre  la  musique  vocale  d'après  l'alpha- 
bet allemand,  etc.);  Giessen,  1700,  in-S". 

MAUTIINI(MA!itim),  religieux  franciscain, 


né  en  Bavière,  vécut  dans  la  première  partie 
du  dix-huitième  siècle.  On  a  de  sa  composi- 
tion :  1"  Soixante-deux  motets  à  une  et  deux 
voix,  pour  toutes  les  fêtes  de  l'année,  avec 
deux  violons  et  basse  continue;  Augsbourg, 
Lotler.  2"  Vêpres  à  quatre  voix  pour  les  fêtes 
de  la  Vierge  et  des  apôtres,  ibid.  ô»  Litanies 
et  Salve  Regina  avec  accompagnement  de 
deux  violons  et  basse  continue,  ibid.^  1717. 

MAUTIIVI  (Georges-Henri),  né  en  1722  à 
Tanneberg,  en  Misnie,  fut  professeur  d'élo- 
quence à  Ratisbonne,  puis  à  Altenbourg,  où  il 
est  mort  le  23  décembre  1794.  Au  nombre  de 
ses  ouvrages,  on  trouve  deux  dissertations 
relatives  à  l'histoire  de  la  musique.  La  pre- 
mière a  pour  titre  :  Fersuch  von  den  must- 
kalischen  TFettslreiten  der  Alten  (Des  luttes 
musicales  des  anciens).  On  trouve  ce  morceau 
dans  la  Nouvelle  bibliothèque  des  sciences  et 
beaux-arts  f^Neuen  Bibl.  der  schœnen  Wis- 
sensch.  und  freyen  Kiinste),  t.  7,  p.  1-37,  et 
205  251.  Hiller  l'a  aussi  insérée  dans  la  troi- 
sième année  de  ses  notices,  p.  150-221.  La 
seconde  dissertation  de  Martini  est  intitulée  : 
Beweis,  dass  der  neueren  Urlheile  iiber  die 
Tonkunst  der  Alten  nie  zulxnglich  and  ent- 
scheidend  sein  kœnnen  (Démonstration  que 
les  jugements  des  modernes  sur  la  musique 
des  anciens  ne  peuvent  jamais  être  décisifs); 
Ratisbonne,  1764,  in-4°  de  douze  pages. 

MAUTIIM  (....)  1  facteur  d'orgues  et  de 
clavecins  à  Friederichstadt,  près  de  Dresde, 
naquit  vraisemblablement  dans  les  dernières 
années  du  dix-septième  siècle  :  il  vivait  encore 
en  1740.  Il  a  construit  quelques  bons  instru- 
ments dans  les  églises  de  !a  Saxe,  et  a  eu  de 
la  réputation  pour  ses  clavecins. 


FIN   DU   TOKE    CIMOVlF.nP- 


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