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'The search for truth even unto its innermost parts'
The Gift of
SADYE RUBIN MARANÏZ LEE
The National Women's Committee
of Brandeis University
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BIOGRAPHIE
UNIVERSELLE
DES MUSICIENS
TOME CINQUIÈME
TYPOGRAPHIE Dli II. l•rliWI^ DIDOT. — MIÎSML (liUKIî)
BIOGRAPHIE
UNIVERSELLE
DES MUSICIENS
ET
BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE DE LA MUSIQUE
-^X«o
DEUXIÈME ÉDITION
KÎNTlicitliMKM HIFONnVE ET Alîf.MF.NTF.IC DE PLUS OE MOITIÉ
PAR t J.^'TETIS
uaIthe de chapelle du noi des belges
DIRKCrKUR DU CONSEll VATOIUK ROYil. DE MUSIQUE DK DRUXELI.ES ET<..
TOME CINQUIEME
PARIS
LlliRAlRlE DE FIKMIN DIDOT FRÈRES, FILS ET C'^
IMPRIMEURS DE l'iNSTITUT, RUE JACOB, 56
1867
Tous droits réserves.
Musîb
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BIOGRAPHIE
UNIVERSELLE
DES MUSICIENS
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KECflLI^IA (Jean), le plus ancien lu-
thier italien connu jusqu'à ce jour, travailla à
Brescia, vers 1450. On connaissait de lui au-
trerois quelques anciennes violes de diverses
formes conservées dans les ca!)ine(s des cu-
rieux; mais la plupart de ces vieux instru-
ments ont disparu parce qu'on les a dépecés
pour en faire des altos et des violons.
KECK (Jean), moine bénédictin de Tah-
baye de Te£i:ernsée, dans le quinzième siècle,
était né à Giengen, dans le diocèse d'Augs-
bourg, et fut professeur de théologie en cette
ville. Il a été connu de quelques écrivains sous
le nom de Fr. Joannes Jugustanus (voyez
Biblioth. Jugust. , de Weilh , p. 93). Au
nombre de ses ouvrages, on en trouve un qui
était autrefois conservé en manuscrit à l'ab-
baye de Tegernsée, et qui a pour litre : Intro-
ductorium musicx. Cet écrit, qui est daté de
1442, a été inséré par l'abbé Gerbert dans sa
Collection des écrivains ecclésiastiques sur
la musique, t. III, p. 519-029. Il concerne
particulièrement les proportions géométriques
des intervalles des sons.
KEEBLE (Jean), né à Chichester, en
17Ô7, fut d'abord élève de Kelway, frère du
célèbre Relway de Saint-Martin ; puis il se
rendit à Londres, où il reçut des leçons d'or-
gue et de composition de Pepuscb {voyez ce
nom). Devenu organiste distingué, il fut
chargé de jouer l'orgue à l'ouverture du Jardin
du Ranelagh, et Roseingrave (voyez ce nom)
le choisit pour le remplacer comme organiste
à la chapelle de Saint-Georges, dans ^anoi'er-
Square. Plus tard, il lui succéda dans cette
place, qu'il conserva jusqu'en 1794. On n'a pas
SI<t)GR. UNlV. DES BUSICIESS. T. V.
de renseignements sur l'époque de la mort de
cet artiste. Il a publié cinq livres de i)ièces
pour l'orgue qui ont été plusieurs fois réimpri-
mées chez les divers éditeurs de musique de
Londres, et en dernier lieu chezCIementi sous
le titre de : Keeble's organ pièces. On trouve
aussi dans le catalogue de Preston (Londres,
1795) : Keeble's and Kirman's 40 interludes
to be played betiveen the verses oftkePsalms,
expresshj composed for the use of the
Church (Quarante préludes de Keeble et de
Kirkmann pour jouer entre les versets des
psaumes, composés spécialement pour l'usage
de l'église). Keeble avait adopté les opinions
de son maître Pepusch concernant la musique
des Grecs; il a exposé sa doctrine dans un
livre intitulé : The Theory of harmonie, or
an illustration of the Grecian Harmonica,
in tvco parts (Théorie de l'harmonie, ou ex-
plication de la musique harmonique des Grccs)^
Londres, 1784, gr. in-4''. De bonnes analyses
du livre de Keeble se trouvent dans VEuro-
pxun Magazine (ann. 1785, t. VI, mars,
p. 186, mai (353), et juin (431), ainsi que
dans la Monthly Revierx), vol. LXXIII. L'au-
teur de la critique, <lans ce dernier journal,
montre une grande sévérité dans son juge-
ment. Le but que se propose Keeble estde faire,
dans la première partie de son livre, l'exposé
de la doctrine musicale des Grecs, d'après les
traités attribués à Euclide, celui d'Aristoxène,
et celui de Bacchius l'ancien. Dans la seconde
partie, il entreprend de concilier la doctrine
tonale des Grecs avec celle de la musique mo-
derne : c'est là qu'il s'égare. Toutefois, le
livre de Keeble n'est pas dépourvu de mérite.
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KEEGAN - KEGEL
KEEGAIX (Guillaume), professeur de
langues et de calcul commercial à Londres, vi-
vait au commencement de ce siècle. On a de
lui un livre qui a pour litre : New dialogues
itiFrencli and English ; containing exempli-
fications of the parts of speech, and the
auxiliary and actives verbs, with familiar
conversations on the following subjects, His-
tory, Arithmetic, Bolany, ^stronomy, the
Cornet j the Opéra, Singing, Ilippodramatic
performances^ ItalianpaiiUing, Music) etc.,
Londres, 1811, in-12.
KEFERSTEIN (Gustave-Adolphe),
connu sous le pseudonyme de Iv. STEIN, est
né à Crœllwilz, près de Halle, en Saxe, le 13 dé-
cembre 1799. Son père, Xabricant de papier,
connu par i)lusieurs inventions de machines,
alla, peu de temps après la naissance de son fils,
lixer son séjour à Weida, dans le Voiglland,
où Referslcin reçut i)lus tard des leçons de
ciiant, de piano et de composition du cantor
llaegel. A l'âge de quatorze ans, il fréquenta
le Gymnase de Géra, et pendant son séjour en
cette ville, il eut occasion de former son goût
par l'audition des oeuvres de Mozart, de Beet-
hoven et d'autres maîtres célèbres. Après
quatre années d'études brillantes, il se rendit
à l'Université de Halle, pour y faire un cours
de théologie. Là, il fit la connaissance de
Naue, musicien instruit qui lui fit faire des
progrès dans les diverses parties de l'art. Ses
liaisons avec quelques jeunes artistes et littéra-
teurs de mérite commencèrent à tourner dés
lors ses vues vers l'esthétique. Trois années de
séjour à Halle lui firent atteindre le terme de
ses éludes de théologie ; il accepta alors (en
1820) une place de précepteur dans nne mai-
son particulière à "Weimar, où il fut admis
dans la maison de Hummel et chez Gœthe. Il
n'a quitté celte place que pour celle d'aumô-
nier et de diacre à Jéna. Dans un des voyages
<|u'il faisait quelquefois à Dresde pour en-
tendre de la musique, il s'est marié. Lié d'ami-
tié avec Robert Schumann, il fut un de ses
premiers collaborateurs dans la rédaction de
la Nouvelle Gazette musicale de Leipsick. Les
articles relatifs à la musique qu'il a donnés
dans différents journaux ont été publiés sous
le pseudonyme de A'... Stein. Ayant été
nommé jiasleur à Wickerslsedt, en Thuringe,
Referslein passa dans celte situation les vingt
dernières années de sa vie. Il est mort le
10 janvier 1861, à l'âge de soixante et un
ans accomplis. Paimi ses écrits, on remarque
VEssai sur la partie comique de la musi-
que, publié dans l'ouvrage périodique intitulé
Cxcilia (t. XV), qui a donné lieu à une polé-
mique terminée par un autre article sur le
même sujet," inséré dans la Gazette musicale
de Leipsick (janvier 1835), et une allégorie
musicale intitulée : Kœnig Mys von Fidibus
(le Roi Mys de Fidibus), dans la Cxcilia
(cah. 01-64). On a aussi du docteur Referslein
un discours ou sermon <|u'il prononça dans
l'église Saint-Michel à Jéna, en 1839, le dix-
septième dimanche apiès la Ti'inilé, sur un
lexte des actes des apôtres, etijui a été publié
sous ce titre : Die Kunst von ihrer Schat-
tenseite (l'Art sous ses divers aspects), Jéna,
1839, seize pages in-S". Le 15 octobre 1841, il
a prononcé à l'Académie d'Erfurt, dont il était
membre correspondant, un discours sur la re-
lation de la musique avec la pédagogique
{Ueber das f'erhxUniss der Musik ziir Pœ-
dagogik)., publié à Leipsick, chez Breitkopf et
llœrlel, 1841, in-8" de seize pages. Enfin, le
15 oclohre 1843, le docteur Referslein a fait, à
l'occasion du jour de naissance du roi de
Prusse, Frédéric-Guillaume IV, une leçon à
l'Académie des sciences d'Eifurt, sur VOra-
torio. Ce morceau a été publié dans la Ga-
zette musicale de Leipsick (t. XLV, p. 873,
897 et 921).
KEGEL (Emmanuel), directeur de la cha-
pelle du comte de Reuss, né à Géra, en 165o,
fit ses études au Gymnase de Gotha, et fré-
quenta ensuite l'Université de Jéna. D'abonJ
cantor à Neustadt, il ne conserva cette posi-
tion que six mois; puis il remplit les mêmes
fonctions à Saalfeld et enfin à Géra, où le
comte de Reuss le nomma directeur de sa cha-
pelle. Il mourut subitement à Breslau , le
23juin 1724. Son meilleur élève est le maître
de chapelle Stœlzel. Ses compositions sont res-
tées en manuscrit.
REGEL (Louis-Henri), fils du précédent,
né à Géra le 25 octobre 1705, alla terminer
ses études à l'Université de Leipsick, après les
avoir commencées dans le lieu de sa naissance.
En 1726, il obtint la place d'organiste de
l'église Saint-Salvador de Géra ; sept ans après,
il alla par ordre du comte de Reuss, son pro-
tecteur, apprendre la composition à Golha,
chez Stœlzel, ancien élève de son père. De re-
tour à Géra, il a rempli sa place d'organiste
jusqu'en 1770, époque de sa mort. Ses compo-
sitions n'ont pas été publiées.
KEGEL (("iinÉTiEN-llEMii), descendant de
cette famille, et organiste à Géra, s'est fait
connaître par les ouvrages suivants : 1" Or-
gelschule, zunxchst fiir Organisten in klei-
ncn Stâ-'dten und auf dem Lande ( lîcole
KEGEL — KEINSPECK
(l'or^nie à l'usage des organistes des petites
villes et des campagnes), Leipsick, Breitkopf
et Hsertel.
REGEL (CirAnLES-CiiRisTiAN) né, le 50 sep-
tembre 1770, à Frankleben près de Merse-
boiirg, fut élève de Killcl et se montra digne
d'un tel maître par son talent sur l'orgue et
par le mérite de ses compositions. Eu 1807,
il obtint les places de canlor et d'instituteur
de l'école communale à GunglossUmmen, près
de Weissensée, dans la Thuringe. C'est dans
cette position modeste et peu faite pour exciter
l'imagination qu'il passa le reste de sa vie.
Cependant à l'âge de cinciuante-six ans, il fil
un voyage à Leipsick et y donna, en 1826, un
concert d'orgue à l'église Pauline, dans lequel
il fit admirer son habileté. Cet artiste distingué
est mort le 28 janvier 1843, laissant en ma-
nuscrit la plupart de ses ouvrages. On a pu-
blié de lui dix préludes et finales pour l'orgue
sous le titre : 10 f'or-und Nachspiele fiir die
Orgel, Leipsick, Breitkopf et Ilsertel. Deux
autres préludes de sa composition ont été pu-
bliés dans la vingt-neuvième année de la
Gazelle générale de musique de Leipsick, et
Rœrner, d'Erfurt, a inséré une fugue de cet
artiste dans son nouveau journal d'orgue
{Neues Orgel-Jnurnal) .Toul le reste, consis-
tant en un grand nombre de morceaux pour
l'église, de pièces et fugues d'orgue, est resté
en manuscrit.
KEIIL ( Jean-Baltitazar), né à Cobourg
dans la première partiedu dix-huitième siècle,
fut d'abord organiste à Erlang, et ensuite
ca«<oràBayreulh.En 1780, il devint aveugle.
Il a fait imprimer à Nuremberg, en 1770,
quatre suites de chorals variés pour l'orgue, et
l)lus tard, quelques sonates pour le clavecin.
La Bibliothèque royale de Berlin possède de
cet artiste, en manuscrit, Andanlino, avec
neuf variations pour le clavecin. Il a laissé en
manuscrit : 1° Les Bergers à la crèche de
Bethléem, oratorio. 2» les Pèlerins de Gol-
gollta , idem, ô" Plusieurs morceaux de
musique instrumentale. Kehl est mort vers
1790.
REIEFEU (Ciirïtien), chanoine prémon-
Iré et organiste du monastère d'Auge, en
Bavière, vécut au commencement du dix- sep-
tième siècle, et mourut le 12 avril 1027. Il est
auteur d'un recueil intéressant de canticiues à
<iua!ie voix égales pour le temps de Noèl, pu-
blié sous ce litre singulier : Odx soporiferœ
ad infantuhtm Belhlehemiticum sopicndum,
quatuor vocibus xqualibus factx; Augustae
Vindclicorum; 1012, in-4''. On a aussi de lui
un œuvre contenant une messe el des motels
à six voix, intitulé : Flores musiciseu divinx
taudis odores suavissimi, in quibus can-
tiones cummissa, senisdecantandx vocibus,
adjuncto bassoproorgano. Ingolsladt, 1018,
in-4».
KEIL (Jeam), virtuose sur le cor, né en
Bohême, vécut à Prague pendant quelques
années. Son instrument était le cor chroma-
tique ou à pistons, dont il a disputé la priorité
d'invention à Slœizel {voyez ce nom). Keil a eu
une fille cantatrice qui chantait au théâtre de
Weimar en 1842. Il voyagea avec elle pour
donner des concerts.
REILIÏOLZ (Ciihistine-Madeleise-Élisa-
BETii), t;oj/ez IIasslocii.
REI]\SPECR (Michel), musicien de la
fin du quatorzième siècle, né à Nuremberg, est
connu par un traité de plain-chant, intitulé:
Ltlium Musice pZane; Basilese, p. Michaeleni
Furter, 1496, in-4''. Un exemplaire de cette
édition existait dans la bibliothèque du comte
de Boutourlin (n» 504 de son catalogue);
M. Brunet, qui le cite (Nouvelles recherches
bibliographiques, t. II, pag. 259), ajoute que
c'est un opuscule de douze feuillets, en beaux
caractères gothiques, sign. a-6., avec musique.
Maittaire, Panzer, Forkel et tous les biblio-
graphes ont ignoré l'existence de cette édi-
tion. En 1789, J.-F. Christmann a signalé,
dans la Gazette musicale de Spire (pag. 554),
l'existence d'une autre édition du même livre
qu'il avait trouvée dans la bibliothèque de
Stutigard ; elle a aussi pour titre : Ltlium
Musice plane. A la fin du dernier feuillet,
on lit : Explicit Ltlium Musice plane Mi-
chaelis Keinspeck de Nurnberga musicf
Alexandrini benemerili, una cum psalmo
dia utriusque tam majoris quam minoris
intonatione secundum omnes tonos et exer-
citio solmisandi noviter adjunctis ; Impres-
sum Ulmae per Joh. SchœtïJer, 1497, petit
in^" de quinze feuillets. Un exemplaire de
cette édition est à la bibliothèque royale de
Berlin. Gerber a cru que celte édition était la
première (voyez Neues hist. biogr. der Ton-
hunstj 3 7'/j., col. 27) ; mais on vient de voir
que c'est une erreur. Maittaire {/annales ty-
pograp., t. IV, pag. 759), et Panzer (Annal,
typog., t. III) indiquent une troisième édition
donnée à Augsbourg, en 1498, in-4'', dont
Forkel parait avoir vu un exemplaire dans la
bibliothèque du monastère de Buxheim (AlUj.
Littcr. der Music, p. 297). J'ignore si c'est
d'après cette édition qu'il écrit le nom de
l'auteur Keinsbeck. Le savant bibliographe
i.
KEINSPEIK — KEISER
G.-W. Zapf fait connaître, dans son histoire
des imprimeurs d'Au{i;sbourg(y^«g's6ar(7jÇwcA-
drucker-Geschichle , I th., p. 155), une qua-
trième édition du même livre, déjà indiquée
par Gesncr dans sai Bibliothèque universelle ;
l'article de Zapf est ainsi conçu : Michael
lîeinspeck 3Iusicus Mexandrinus , Lilium
Nusicx planœ. Vexplicit est comme dans les
éditions précédcnics. A la fin, on lit : Impres-
sum Juguste per Johannem Froschnuer,
anno Domini MCCCCC, \viA°. Ainsi qu'on
le voit, le nom de Keinspech est ici changé en
celui de Reinspeck ; cette faute, qui a été faite
aussi par ClH-istmann, dans son article de la
Cazetlc musicale de Spire, provient sans
doute de la forme incertaine du K allemand,
el de sa ressemblance avec l'R. Un exemplaire
de chacune des éditions de 141)7 et 1498 se
trouve dans la Bibliothèque impériale de
Vienne , suivant les renseignements que
M. Mosel nous fournit dans sa description de
cette bibliothèque {Geschichte der K.K. Hof-
bibliothek su TFien, pag. 3GG). Les exem-
plaires de ces quatre éditions du livre de Rein-
speck sont de la plus grande rareté. Il en
existe une cinquième sous le même litre :
Lilium musice plane Joannes Knoblauch
typis xreis excepit Argentins, 150G, seize
feuillets petit in-4". J'ai vu un exemplaire
de cette édition dans les collections de feu
Landsberg, à Rome. Le nom de l'auteur y est
orthographié Kunspeek {Michael).
Forkel (loc. cit.) dit qu'on ne sait pas pour-
quoi Keinspeck est appelé tnusicus Alexan-
drintts au titre de son livre, et ajoute que son
nom ne se trouve pas dans le catalogue des
artistes et des savants de Nuremberg publié
par Woll et Doppelmayer. Je pense que l'ex-
l>rcssion Jtiusici Alexandrini indique que
Keinspeck fut attaché, comme beaucoup de
musiciens belges, français et espagnols de ce
temps, à la chapelle pontificale, sous le pape
Alexandre VI, qui fut élu le 11 août 1492, et
gouverna l'Église jusqu'au 18 août 1503. Je
n'ai pu vérifier le fait dans le catalogue de
chapelains-chantres de cette chapelle donné
par A. Adami de Rolsena, à la suite de ses
Osservazioni per ben regblare il coro delta
Capella Ponlificia, parce que, à l'exception
de Josquin Deprès, il ne cite dans sa liste
aucun musicien antérieur au pontifical de
Paul III ; mais il me semble que c'est la seule
explication qu'on puisse donner des mots dont
il s'agit.
KEISER (REiniiARD), un des plus illustres
compositeurs de l'école allemande, naquit
vers 1673, dans un village situé entre Weis-
senfels et Leipsick. Son père, musicien distin-
gué qui a laissé en manuscrit de bonnes
compositions pour l'église, lui enseigna les
éléments de la musique; puis il entra a l'école
Saint-Thomas de Leipsick, où il fit ses études,
qu'il termina à l'université de cette ville. Le
génie de Reiser se manifesta de bonne heure :
cet artiste avait à peine dix-neuf ans lorsque
la cour de "Wollenbuitel le chargea (en 1692)
d'écrire la musique d'une pastorale intitulée
Ismène. Celte époque était l'aurore de l'opéra
allemand qui, jusqu'alors, avait emprunté son
style aux compositions italiennes etfrançaises.
Dès ses premiers essais, Reiser fit entrevoir
un génie original destiné à s'affranchir, au
moins en beaucoup de choses essentielles, de
toute imitation. Le succès de sa pastorale lui
fit confier, l'année suivante, la composition de
Basilius, opéra sérieux, qui ne fut pas moins
bien accueilli. L'Opéra national de Hambourg
était alors le plus florissant de toute l'Alle-
magne : Reiser résolut d'aller essayer ses
forces sur ce théâtre; il y arriva vers la fin
de 1694, et fit représenter son Basilius. La
musique de cet ouvrage était si différente de
ce qu'on avait entendu jusqu'alors, et sa supé-
riorité était si incontestable, que le public
montra, dès ce moment, une prédilection pour
les ouvrages de Reiser. Cependant, trois an-
nées s'écoulèrent avant qu'il put faire jouer
quelque autre ouvrage, parce que désengage-
ments pris envers d'autres compositeurs, et
peut-être aussi quelques intrigues d'artistes
alarmés par la puissance de son talent, firent
occuper la scène pendant tout ce temps. Enfin,
il put donner Irène, en 1697, puis Janus, et
la pastorale d'/smène, fraîche et gracieuse
composition qu'on entendait encore avec
plaisir longtemps après. Pendant quarante ans,
Reiser fut le plus actif, le plus abondant et
le plus aimé des compositeurs du théâtre
de Hambourg. Mattheson compte cent seize
opéras sortis de sa plume dans cette série
d'années, non compris tous ceux qu'il fit en
société avec d'autres musiciens, ou dans les-
quels il introduisit des airs, quoiqu'il eut aussi
écrit beaucoup d'oratorios et de morceaux de
musique d'église.
En 1700, Reiser institua des concerts d'hiver
qui furent peut-être les plus brillants qu'il y
ait jamais eu. Un choix de la meilleure mu-
sique de ce temps, le meilleur orchestre qu'il
fût possible de rassembler alors, te choix des
meilleures cantatrices et des virtuoses les pies
distingués, parmi lesquels on remarquait l'ex-
KEISER
!t
cellenl violoniste Reinwaltl, n'étaient pas les
seules causes de rempressemenl du public pour
ces solennités. Le luxe qui brillait dans la salle
de ces concerts, les mets délicats, les vins exquis
qu'on y servait, composaient, de la distraction
<|u'on y venait chercher, le plaisir le plus vif
et le plus complet. Keiser y paraissait lui-
même vêtu avec élégance et avec le ton d'un
homme du monde. Matlheson, contemporain
de ces concerts, et qui en dirigea plusieurs fois
l'orchestre, déclare (Grundlage einer Ehren-
P forte, p. 152) qu'il n'a point vu de cour où
il y eût autant de magnificence et de bon goût.
Au commencement de 1702, l'entreprise de
ces concerts cessa ; mais, en 1703, Keiser s'as-
socia avec un Anglais, nommé Drusike, pour
prendre la direction de l'Opéra. L'entreprise
sembla d'abord prospérer; mais après quel-
ques années, les folles dépenses de cet Anglais,
et peut-être aussi de Keiser, ruinèrent l'en-
treprise. Poursuivi par ses créanciers, le com-
positeur fut obligé de se cacher; mais bientôt
rappelant son courage, il écrivit dans un court
espace de temps huit opéras qui furent consi-
dérés comme ses plus beaux, et qui lui pro-
curèrent des sommes assez considérables pour
satisfaire ses créanciers. Dans le même temps
(1709), il épousa une demoiselle d'Oldenbourg,
fille d'un riche musicien du conseil, et canta-
trice distinguée dont le talent prêta «le nou-
veaux charmes aux productions de l'artiste
célèbre. Ainsi se trouvèrent réparées toutes
les conséquences de son désastre.
En 1716, Keiser organisa de nouveaux con-
certs avec Mattheson; ils n'obtinrent pas la
même vogue que les premiers. Six ans après,
le comte de VVedel lui fit, de la part du roi de
Danemark, des propositions qui furent accep-
tées. Keiser se rendit à Copenhague et y fut
mis en possession de la place de maître de
chapelle de la cour. Quelques années plus fard,
il retourna à Hambourg, où il obtint, en 1728,
la direction de la musique de l'église Sainte-
Catherine, avec le titre de chanoine. Alors
l'activité de son génie se réveilla pour la pro-
<luclion d'une grande quantité de musique
d'église. En 1729, Keiser se rendit à Moscou
avec sa fille, qui devint la femme du violoniste
et compositeur Verocai. Keiser resta dans cette
ville et à Saint-Pétersbourg jusqu'en 1730.
L'impératrice l'avait chargé de la direction de
son opéra. En cette qualité, il prit la résolution
<le faire un voyage en Italie pour y engager
des chanteurs et des instrumentistes; mais,
arrivé à Hambourg, il ne put se décider à
s'en éloigner de nouveau cl ne s'acquitta pas
de sa mission. Pendant plusieurs années on
ignora à Saint-Pétersbourg ce qu'il était de-
venu. En 1734, il écrivit son opéra de Circé :
ce fut son dernier ouvrage. Retiré depuis ce
temps chez sa fille, dont il avait fait une can-
tatrice excellente, il vécut dans le repos pen-
dant quelques années, et mourut à l'âge de
soixante-six ans, le 12 septembre 1739.
Les artistes les plus célèbres, les musiciens
les plus instruits, se sont accordés dans les
éloges qu'ils donnent au génie cl aux ouvrages
de Keiser. Mattheson et Scheibc, si avares de
louanges, n'hésitent point à lui attribuer la
première place parmi les compositeurs dra-
matiques des temps antérieurs à leur époque.
Ils assurent que Ilaendel et liasse ne se sont
formés que d'après lui, cl qu'ils ont même
emprunté à ses ouvrages dos traits originaux
qu'ils ont ensuite développés. C'était aiîssi
l'avis de Telemann ; celui-ci ajoutaitqueGraiin
devait beaucoup à la lecture des œuvres de
Keiser. Au surplus, llœndel et liasse n'ont
jamais nié les obligations qu'ils avaient à cet
homme de génie. Burney rapporte, dans le
deuxième volume de son Voyage musical eu
Allemagne, que liasse lui dit à ce sujet « qu'il
o considérait Keiser comme le premier musi-
« cien de l'univers (en son genre); que cet
a homme célèbre avait écrit un plus grand
« nombre d'ouvrages qu'Alexandre Scarlaiti,
» (le plus fécond des compositeurs italiens de
« ce temps), et que ses mélodies, malgré les
« changements que cinquante ans avaient
u apportés dans la musique, avaient tant de
» grâce et d'élégance, qu'on pouvait les mêler
« parcni d'autres modernes, sans que les con-
« naisseurs mêmes pussent les reconnaître. «
Le maître de chapelleReichardt s'exprime avec
le même enthousiasme, dans son Magasin
musical (p. 36), sur le mérite des compositions
de Keiser. De tels éloges n'étonneront point
ceux qui ont entendu le fragment des compo-
sitions de ce grand artiste que j'ai fait exécuter
dans mon premier concert historique du
l'Opéra, et qui se souviennent de la profonde
impression qu'il fit sur l'auditoire.
Les qualités par où Keiser se distingue sot t
la justesse et la profondeur de l'expression,
unies à l'originalité des formes. Comme l;i
plujiart des maîtres de son école, il a une har-
monie forte et pénétrante, mais ses successions
d'accords ont je ne sais quoi qui lui appartient
en propre. Ainsi que J.-S. Bach, il instru-
mentait d'instinct, et nullement d'après les
conventions ordinaires. Il a placé jus(|u'à qua-
rantc-ncufairs dans son opùra de Frcdcgondfj^
KEISËR
et tous ont un effet particulier résultant de
celte originalité de dispositions. Tantôt il n'a
pour orchestre que la basse avec le clavecin et
des instruments à cordes pincées; ou bien,
c'est simplement le quatuor; d'autres fois, des
hautbois seuls accompagnent la voix, ou c'est
une flûte douce et des violes. Gerber cite un air
{fuient a me, doke oggetto) qui n'a pour ac-
compagnement qu'un violon concertant, et un
autre, qu'un seul hautbois avec la basse. On ne
peut s'empêcher d'admirer les ressources que
le compositeur tirait de si faibles moyens.
Tous les opéras de Keiser ne sont pas con-
nus; ceux (ju'il a composés à Copenhague,
ainsi que beaucoup d'airs détachés, ont péri
dans l'incendie du palais de cette ville, en
1794. Parmi les cent seize ouvrages drama-
tiques composés i)ar Keiser seul, suivant Mat-
Iheson, on ne connaît que les soixante-dix-
sept dont les titres suivent : 1" Ismène, 1092,
à WolfcnbUllel. 2» Busilius, 1093, ibid. et
1094, à Hambourg. .'5» Mahomet , 1090, à
Hambourg, ainsi que tous ceux qui suivent.
A" Jdonis, 1097. 5" 7rè«e, 1097. (SoJanus,
1698. 7" La Pomme d'or transportée des
régions hyperboréennes dans la C'imbrie ,
1698. 8» Ismène y refaite. 9"> Iphigénie.
10" Hercule. W" Le Retour de l'Jge d'or.
12» Ballet pour la fête de l'empereur Léopold,
13» La Forza délia virtù, 1701. 14» Endy-
mion. 15» Dallet prussien. 16» Slxrlcbecker
und Gœdje Michel. 17» Psyché, 1701.
18"Circe, 1702. X^» Pénélope, 1702. 20» Po-
m.one,\~Q'il.'i\° Orphée, première et deuxième
partie, 1702. 22» Nouveau ballet prussien,
1702. 23»C;/a«dj«s, 1703. ^i" Minerve, 1703.
25» Salomon, 1703. 26» Nabuchodonosor,
oratorio. 1704. 27» Oclavie, 1705. 28" Lu-
crèce, 1705. 29» La Fedellà coronata, 1706.
30» Mosaniello furioso , 1706. 31» Sueno,
1700. 32» /; Gcnio di Holsazia, 1700. 53» Jl-
mira, 1706. 54» Le Carnaval de f'enise,
1707. 35» Hélène, 1709. 36» Helias et Olym-
pie, 1709. 37» Desiderius, 1709. 38» Orphée
dans la Thracc, 1709. 39» Jrsinoe. 1710.
40» La Foire de Leipsick, 1710. 41»Z'^u-
rore, 1710. 42» Jules-César, 1710. 43» Cré-
sus, 1711. 44» Charles V, 1712. 45» Diane,
1712, 46» Héraclius, 1712. 47» L'Inganno
fedele, 1714. 48» La f'irtù coronata, 1714.
49» Le Triomphe de la Paix, 1715. 50» Frc-
degonde, 1715. 51» Caton, 1715. 52» Arté-
tnise, 1715. 53» La Fête d'Avril à Rome,
1716. 54» La Maison d'Autricho triom-
phante, 1716. 55" Achille, 1716. Cet ouvrage
qui, d'après une indication de la main de Kei-
ser, est le soixante-sixième qu'il a écrit, fjit
voir qu'il y a des lacunes dans la lisle précé-
dente. 56» Julie, 1717. 57» Tomyris, 1717.
58" Trajan, 1717. 59» Bellérophon , 1717.
GO» Ariane, 1722.61° Ulysse, 1722.62»Z'^r-
ment'en, Copenhague, 1722. 63» La Grande-
Bretagne en allégresse, Hambourg, 1724.
64» Claris. 65» Bretislaus , 1725. 66» La
Foire annuelle de Hambourg , 1725. Gl" L'E-
poque de la Bataille de Hambourg, 1725.
Dans la préface de cet ouvrage, on voit (|u'il
était le cent septième opéra tle Keiser : la
lacune de 1717 à 1722, et le séjour de Copen-
liague doivent avoir fourni beaucoup d'ou-
vrages inconnus aujourd'hui. 68» L'Anniver-
saire de la Naissance du prince de Galles,
1726. 08" (bis) Ulysse, pour le théâtre de
Hambourg, en 1727, différent de celui de
1722. GO" Mislcvojus, \72G. 70" Jodclet, 1720.
71» Le Prince muet ; Alys, intermède, 1728.
72» Barbacola, intermède, 1728. 73» Nabu-
chodonosor, refait, 1728. 74» Lucius f'erns,
1729. Tù<> Parthénope, 1733. 70» Circé, 1734.
Wallher adribne aussi un opéra de Sancio à
Keiser; mais Matlheson dit que cet ouvrage est
deTelemann. Les compositions de Keiser qui
ont été publiées .sont : 1» Cantates pour une
voix, avec <leux violons, basse et clavecin,
sous ce litre : R. Keisers Gcmulhs-Ergœt-
zung, bestehcnd in einigen Sing-Gedichten,
mit ciner Stimmc t'.nd unterschiedlichen
Instrumenten, llami)Oiirg, Nicolas Spieringl;,
1098, iu-4» obl. 2" Erlesene Sxtze aus der
opéra ringanno fedele (Collection choisie des
nirs de Vlnganno fedele, avec violons, haut-
bois, basse et clavecin) , Hambourg, 1714,
in-fol. Quchpies-uns de ces morceaux sont tle
la plus grande beauté. 3» Componimenti mu-
sicali, oder deutsche und italienische Arien,
nebst unterschiedlichen Recitativen aus Al-
niira und Octavia (Compositions musicales, ou
airs allemands et italiens entremêlés de récita-
tifs des opéras Almira et Octavia), Hambourg,
Zacharie llacrtcl, 1700, in-4» obl. 4" Diverti-
nienti sercnissimi, consistant en difîérenlcs
cantates, en duos cl airs avec clavecin, Ham-
bourg, 1713, in-fol. 5» Soliloques choisis dans
l'oratorio Jésus martyrisé, exécuté dans la
semaine sainte des années 1712 et 1713, Ham-
bourg, 1714, in-fol. G" iVusikalisch Landlust
(Amusements musicaux de la cami»agne), can-
tates avec basse continue pour le clavecin,
Hambourg, 1714, in-4» o])l. 7» Kaiserliche
Freidenpost (Messager impérial de la poste),
composé de chants et duos avec instruments,
llambourg, 1715, in-fol. 8» Pensées bien-
KEISER - KKLLER
heureuses de salut, airs, duos, chœurs cl r(';ci-
tatifs tirés de l'oratorio Jésus martyrisé ,
Hambourg, 1715. Je crois que c'est une réim-
pression, ou plutôt un changement de titre
du recueil n° 5. 9» TPeinacItts-cantate fiir
2 soprani, 2 violinen, viole iind Bass (Can-
tate de Noël pour deux voix de soprano, deux
violons, alto et basse, en partition), Hambourg
(sans date), in-fol. 10» Airs de la Forza délia
virtu (en allemand), Hambourg, 1701, in-fol.
M. le docteur Lindner {voyez ce nom) a publié,
comme deuxième volume de son livre I)ie
erste Stehende deutscheOper{\es plus anciens
Opéras allemands existants), neuf morceaux
extraits des opéras de Keiser représentés de-
puis 1700 jusqu'en 1734, en partition, avec
des arrangements pour le piano, sous ce titre :
9 Compositionen aus den Jahren 1700-1734,
Ouverlure , 7 Opernarien und Duett von
Reinhard Keiser, Berlin, Schlesinger, 1855.
Le choix de ces morceaux est fait avec beau-
coup de discernement: on y trouve l'ouverture
de l'opéra de Jodelet, un air |)our conti-allo
de la Forza délia virtu (die Macht der Tu-
gend), un air de ténor et uu air de basse tirés
de Pomone, un air pour soprano de VOr-
pfietis , un ail' pour ténor de la Diana, et
deux petits airs, également pour ténor, ex-
traits de Circé, dernier opéra de ce grand
artiste; enfin, un duo pour soprano et con-
tralto tiré de la Diana. Tout cela offre le plus
grand intérêt. On connaît aussi du même
compositeur, en manuscrit : 1° Musique de
clumbre, composée pour le roi de Danemark.
2" Sérénade pour les noces du prince Othon-
Louis (Reichardt en possédait la partition),
ô" Jlottet pour soprano solo, deux violons,
viole*et basse continue; Gerber en possédait la
liarlition. 4» Sérénade sur le texte allemand
Das um den Rang streitende Frieden-
burg, etc., manuscrit daté de 172G.
Il a été fait si i)eu de copies des opéras de
Keiser, qu'ils sont devenus de la plus grande
rare'é. Burney possédait les manuscrits ori-
ginaux de ses opéras Iléraclius, Cloris, Ja-
nus, Ariane et de l'oratorio Nabuchodonosor ;
la valeur de ces piécieuses reliques était si peu
connue en Angleterre, qu'à la vente de sa bi-
bliothè(|ue, en 1814, la première parlition ne
(ut vendue que 7 schcliings (8 fr. 75 c.) ; la
deuxième, 2 sch. (2 fr. 50 c.); la troisième, le
même i)rix; la quatrième, 7 sch., et l'oratorio,
5 sch. 6 pence (0 fr. 77 c), tandis «ju'une col-
lection de vieux madrigaux anglaisa été ])ayéc
24 livres sierling (GOO francs). La Bibliothè(|uc
royale de Berlin conscivc, hcureusemcnl, ks
partitions des opéras : Adonis, Janus, la
Forza délia virlu, Pomona, Orpheus, Oc-
tavie, iMasaniello, Diana, Tomyris, Ulysse
(de 1727), Jodelet et Claudius César. On
trouve aussi dans 1^ même bibiiolliè<iue les
partitions des ouvrages de Keiser dont voici
les titres: 1" Oratorio de la Passion, composé
en 1712 sur la poésie de B.-H. Brockes. 2" Un
autre oratorio sur le même sujet, composé en
1729, d'après le texte de saint Marc. ô« Le mo-
tet Sanctus est Dominus (en sol majeur),
pour quatre voix et instruments. A" Kyrie et
Gloria (en /a mineur), à quatre voix et instru-
ments. Je possède une ancienne copie de quel-
ques airs et des chœurs de Basilius, d''Almira
et de Lucrèce.
RELLER (Henri-Michel), né à Nord-
hausen, le 10 février 1038, eut pour maître
d'orgue et de composition Bernard Meyer, or-
ganisteà Zerbst. En 1G58, il obtint la place de
chantre à Berga, quoi(iu'il ne fut âgé que de
vingt ans. Quatre ans après, il fut nommé
organiste à Frankenhausen, où il mourut, le
20 mai 1710. Il a laissé en manuscrit des
chorals variés pour l'orgue, que Wallher, bon
juge en cette matière, estimait beaucoup.
RELLEïl (Godepuoid), claveciniste dis-
tingué, né en Allemagne, se fixa à Londres,
vers le commencement du dix-huitième siècle.
Il parait avoir joui en Angleterre d'une bril-
lante renommée, car au titre d'un traité d'ac-
co i,)dgnement publié après sa moi't, il est
appelé The laie famous M. G. Keller. On
connaît sous son nom : 1" 6 sonate a cinque,
cioè 5 a 2 violini, tromba o oboe, viola e
continuo, Londres, 1710, Amsterdam, Roger,
in-fol. 2" 6 sonate a 2 flauti e basso continuo,
Amsterdam, Roger. Cet ouvrage ne fut publié
qu'après sa mort. 5° A complète Method of
atlaining to a Iborougti-bass upon citlier
organ, harpsichord, or Iheorbo-lule, by t/ie
laie famous M. Godfrey Keller; with a va-
riely of proper lessons and fugues, explain-
ing tiie several rulcs IhroughoiU the wliotc
work; and a scale for tuning the harpsi-
chord or spinet ; ail tahen from his own co-
pies, winch he did design to print (Méthode
complète pour apprendre à accomiiagner la
basse continue sur l'orgue, le clavecin, ou le
liiéorbe-Iuth, par feu le <élèbre M. Godefroid
Keller, etc.), Londres , John Cullen, 1707,
in-4'' obi. Cette édition, remplie de fautes dans
les exemples notés, est toute gravée. Il y en
a une autre intitulée simi)lenicnt : Rules or
a compleat Metliod for attaining to playing
a thoroughbass, Londres (sans date), in-fol.
KELLER
pravée» Le travail de Kcllcr a él6 r(';imi>rimt' à
la suite de la troisième édition du Traité des
principes naturels de l'harmonie par Ilolder.
Ce livre a pour titre : ^ Trealise ofthe natu-
ral grounds and priuciplcs of harmony, by
iniliam Holder. To which is added, by tcay
of appendix, Rules for playing a thorovo-
bass; with variety of proper lessons, fugues
and examples to explain tkc said raies. Jlso
directions for tuning an harpsichord or
spinnet. By the late M. Godfrey Keller ,
London, by W. Pearson, 1731, in-8"de deux
cent six pages. L'éditeur dit dans son avertis-
sement que son intention en publiant les rè-
gles de Keller a été de les purger des méprises
et des erreurs occasionnées par l'ignorance de
ceux qui avaient publié la première édition, et
que ces fautes n'auraient point existé si l'au-
teur eût vécu et eût corrigé lui-même les
planches. Au reste, c'est une idée fort bizarre
que de joindre deux ouvrages tels que celui de
Holder et les règles de Keller, car l'objet des
deux auteurs n'a point d'analogie. Les règles
données par celui-ci sont suffisantes pour la
pratique de l'accompagnement, mais les exem-
ples sont écrits d'une manière incorrecte.
KELLER (CiuntEs), flûtiste, musicien de
la chambre du prince de Furstemberg, à Do-
naucscbingen, est né à Dessau, le 16 octobre
1784. Son père, Jean-Gotthilf Keller, y était
musicien «le la chambre et organiste delà cour;
mais il mourut trop tôt pour être l'instituteur
de son fils. Celui-ci reçut son éducation dans la
chapelle du prince. Parvenu à l'âge de puberté,
il eut une belle voix de baryton qui lui sgggéra
la pensée de s'engager au théâtre; mais l'aver-
sion de la mère et de tousses parents pour la
profession d'acteur, le fit renoncer à ce des-
sein, et la nécessité lui fit choisir la flûte pour
son instrument, quoiqu'il n'y eût pas d'artiste
dans la musique du duc de Dessau qui pût lui
servir de maître. Il était alors âgé de dix-huit
ans; néanmoins, il fit de si rai)ides progrès
par son zèle infatigable, qu'à l'âge de vingt
ans il pouvait déjà être compté parmi les flû-
tistes distingués. Il crut alors devoir voyager;
sa première excursion fut à Leipsick et à
Berlin. Ce fut dans cette dernière ville qu'il
jeta les fondements de sa réputation. Reichardt
ne larda point à discerner les qualités du
jeune artiste; il le plaça dans la chapelle du
roi de Prusse, et se lia avec lui d'une amitié
qui fut durable. Après les événements de la
guerre de Prusse, en 1806, Keller se rendit à
Casscl où il fut placé comme flûtiste de la cha-
l)elle, et employé comme maître de chant et de
guitare à la cour deWestphalie. Il y passa sept
années heureuses et y perfectionna son talent.
Après la dissolution du royaume de Westpha-
lie, il alla à Stutlgard et y obtint bientôt un
emploi dans la chapelle; il n'y resta néan-
moins que deux ans, ayant conçu le projet
d'un voyage d'artiste qu'il exécuta dans les
années 181 6 et 1817, en Allemagne, en Fiance,
en Hollande et dans la Hongrie. C'est aussi de
cette époque que «latent ses premières com-
positions, et particulièrement ses chansons
allemandes qui ont obtenu un succès d'en-
thousiasme. Ses concertos pour la flûte ont
été accueillis aussi avec l)€aucoup de faveur
par les artistes. Keller venait de terminer son
voyage à Vienne, lorsque Conradin Kreutzer
lui proposa de le suivre comme flûtiste à la
chapelle de Donaueschingen. Plus lard, il y a
été chargé de la direction du théâtre, où il
jouait lui-même quelquefois avec succès dans
la comédie. Toutefois, il n'a point cessé de
cultiver la musique comme artiste; le temps
qui lui laissait l'exercice de ses fonctions, il
l'employait à composer pour son instrument.
En 1849, il obtint du prince sa pension et se
retira à SchafThouse, où il est mort, le 19 juil-
let 1855. Sa femme, née Guillelminc Meyer-
haver, à Carisruhe, était attachée comme can-
tatrice au théâtre de la cour de Donaues-
chingen. Après avoir fait ses études musicales
sous la diiection de Berger, de Lœhle et de
madame Sossi, elle a brillé à Amsterdam, à La
Haye et à Utrecht. On a publié de la com|)Osi-
tion de Keller trois concertos pour flûte, Leip-
sick, Peters ; Mayence, Scholt ; quatre grandes
polonaises avec orchestre, op. 7, 13, 24, 54,
Vienne, H.islinger ; Hambourg, Bœhnie ;
Brunswick, Spehr; des divertissements ïrfe;/»,
op. 10 et 31; ibid.; des variations ideui,
op. 3, 11, 14; OlTenbach, André; Hambourg,
Bœhme; des pots-pourris, idem, op. 4 et 9;
«6îd.; des solos pour flûte, op. 17; des duos
pour deux flûtes, oeuvres 39, 40 et 48; une
grande quantité de chansons à voix seule, avec
accompagnement de piano, la plupart chez
Peters, à Leipsick; enfin, six chants pour
quatre voix d'hommes, op. 49.
KELLEK (Max), organiste de mérite, na-
quit en 1770, à Trostberg, bourgde la Bavière,
où son père était garde forestier. Lorsqu'il eut
atteint sa dixième année, il fut envoyé comme
enfant de chœur à l'abbaye deSeeon, de l'ordre
de Saint-Benoît. Il y continua ses études jus-
qu'à l'âge de dix-huit ans, et reçut de son
frère aîné, Joseph Keller, qui était organiste
de ce monastère, des leçons d'orgue et d'har-
KELLER — KELLNER
9
monie. Lorsque ce Trèrc quilla sa place pour
une aulre position, elle fut donnée à Max Rel-
ier, qui l'occupa pendant dix ans, faisant de
temps en temps des voyai^es à Sal/bourg pour
y perfectionner ses connaissances par les con-
seils de Michel Haydn. De Seeon, il allaàBurg-
liausen où il demeura trois ans, puis il futappelé
à Altœttingen, comme organiste de la chapelle
? du prince. Il y vivait encore en 1842, âgé de
soixante-douze ans. Si cet artiste est encore vi-
vant(18C0), il estâgé de quatre-vingt-dix ans.
Il a publié un grand nombre d'oeuvres de mu-
sique d'église, d'un usage général dans les prin-
cipales localités de la Bavière. On y remarque:
1" Des chants pour l'Avent à une ou deux voix
avec orgue obligé, et deux violons, deux cors
et contrebasse, ad libitum, en deux suites.
Munich, Faller. 2» Sei>t litanies de la Vierge,
à quatre voix et orgue, avec divers instru-
ments ad libitum, op. 1, Augsbourg, Bœhme.
3" Trois litanies allemandes à quatre voix et
orgue, avec deux violons, deux cors, deux
trompettes et contrebasse ad libitum. Munich,
Sidler. ■*" Litanies à voix seule et orgue, avec
deux violons, deux cors et contrebasse, ad li-
bitum. Augsbourg, Bœhme. 5» Six messes
allemandes à voix seule et orgue. Salzbourg,
Dayle. 6" Messes allemandes pour une voix et
orgue, avec une seconde et une troisième voix,
deux violons, deux flûtes, deux clarinettes,
deux cors, deux trompettes, timbales et basse
ad libitum (en ut, en fa, en sol, en mi bémol,
en la, et en ut), Munich, Faltep, et Passau,
Pastel. 7° Trois messes latines pour les églises
<ie la campagne, à trois voix et orgue, Munich,
Falter. 8» Trois idem, à une voix et orgue,
avec les autres voix et les instruments ad li-
bitum, ibid. 1)° Recueil de chants pour toutes
les fêtes de la Vierge, à deux voix et orgue
(n"' 1 à 13), ibid. 10" Huit chants funèbres,
pour une voix etorgue, Munich, Sidler. 11° Di-
vers autres chants funèbres pour une, deux ou
trois voix et orgue, avec instruments à vo-
lonté, Salzbourg, Dayle, Munich, Sidler et
Faller. 12" Préludes courts et faciles, cadences,
versets et pièces diverses pour l'orgue, en dix
suites, Munich, Faller. 13" Cent vingt cadences
et préludes pour l'orgue, en deux volumes,
Augsbourg, Bœhme.
RELLEll (F.-A.-E.), ancien élève de l'éccle
polytechnique et ingénieur hydrographe de la
marine française, a inventé un pupitre méca-
nique destiné à écrire les improvisations au
piano, et auquel il a donné le nom de pupitre
improvisateur. En 1835, il déposa au secré-
tariat de rinslilul un paquet cacheté conte-
nant les résullals de ses recherches à ce sujet :
au mois de mai 183'J, il y déposa également
l'instrument qu'il avait inventé pour atteindre
le but qu'il se proposait. Ce pupitre, disposé
pour être appliqué à tous les pianos, renfer-
mait le mécanisme propre à noter les impro-
visations. Un rapport favorable fut fait par la
section de musique de l'Académie des beaux-
arts, le 25 du même mois, tant sur l'instru-
ment que sur une Méthode d improvisation
musicale, théorique et pratique fondée sur
les propriétés du pupitre improvisateur, par
M. Keller. Paris, Schlesinger, 1839, un vol.
in-8" de deux cent deux pages. A la suite de
cet ouvrage se trouve le rapport de M. Halévy,
membre de l'Académie, ainsi que la descrip-
tion de l'instrument et de son application aux
pianos de diverses formes. Cette invention n'a
pas eu le succès que l'auteur s'en était promis.
KELLEUMA]>IIV (C.-F.-A.), fadeur d'in-
struments à clavier, à Nordhausen, a donné,
dans la troisième année de la Gazette musi-
cale de Leipsick (p. 757), une analyse d'un
piano-viole ou à archet construit par lui. Il
y critique la construction d'un instrument de
ce genre fait par Rnellig {voyez ce nom). Des
instruments de même esi)èce ont été construits
par des procédés mécaniques plus ou moins
analogues, plus ou moins ditrérents, depuis le
commencement du dix-septième siècle.
KELLISER (David), capitaine au service
du roi de Suède, vécut dans la première partie
du dix-huilième siècle. Jonas OEdman four-
nit un renseignement sur ce musicien, dans sa
dissertation historique De Musicd sacra gene-
ratim,etEcclesixsueoqothicxspeciatim,Gic.
(Lundini Gothorum, 1745, in-4", p. 3). J'y
vois que David Rellner vivait encore à cette
époque, qu'il était directeur de musique de
l'église allemande à Stockholm, et qu'il a pu-
blié son traité de la basse continue ainsi qu'un
traité du droit public en langue suédoise et en
allemand {De basso generali tam germanica
quam sueogolhica lingua tractatum publici
juris fecit prxfectus musicx ecclesiasticx ad
templum teutonicum Stockholmense David
Kellner, quod ab artis peritis in magno
semper honore est habilum). Il s'est fait con-
naître par un traité d'harmonie et d'accompa-
gnement intitulé : Treulicher Unterricht im
General-Bass, worinnen aile Weitlxuftig-
keit vsrmieden, und dennoch gantz deutlich
und umstxndlich vielerley neuerfundene
Fortheile an die Hand gegeben werden, elc.
( Instruction fidèle de la basse continue ,
dans laquelle toute sa vaslc étendue est
10
KELLNER
explorée, etc.), Hambourg, 1732, in-4''.
Une deuxième édition de cet ouvrage fut
publiée en 1737; une troisième parut dans
la même ville en 1743; on en renouvela
le frontispice en 1745. Les autres éditions,
qui ont été toutes publiées à Hambourg,
sont de 1749, 1767, 1773, 1782, in-4», et
1796, in-S». Ayant comparé les exemplaires
des éditions de 1767 et 1773, je crois que ceux
qui portent cette dernière date appartiennent
à la cinquième édition (1767), et qu'on a sim-
plement changé le frontispice. A la deuxième
édition, Daniel Solander, professeur de droit à
Upsal, a ajouté une préface qui a été repro-
duite dans toutes les autres. Il est assez sin-
gulier que David Kellner ayant écrit originai-
rement son livre en suédois, un professeur de
musique de Stockholm, nommé Miklins, ait
fait une traduction suédoise du même ouvrage,
d'après le texte allemand, et l'ait fait impri-
mer dans cette ville, en 1782, avec une disser-
tation sur le même sujet (voyez Svensktmu-
sikaliskt Lexikon , de Charles Envallsson ,
p. 281). Il y a lieu de s'étonner qu'on ait tant
multiplié les éditions du livre de Kellner,
ouvrage médiocre et bien inférieur à d'autres
du même genre, publiés en Allemagne, qui
n'ont pas obtenu le même honneur.
KELLIXER (Jean-Pierre), né le 24 sep-
tembre 1705 à Grsefenrode, dans la Thuringe,
apprit les éléments de la musique chez Nagel,
alors cantor dans ce lieu. Le fils de ce maître
lui donna ensuite des leçons de clavecin.
Quand ce dernier fut appelé à Dielendorf pour
y remplir les fonctions de cantor^ Kellner l'y
suivit et prit encore de ses leçons pendant
deux ans. Dans la suite, il se rendit à Zell
chez l'organisle Schmidt, qui dirigea ses étu-
des pendant une année; puis il alla à Suhia ,
où il étudia encore la composition chez Qnehl,
excellent organiste de l'ancienne école. A l'âge
<le dix-sept ans, il retourna chez son père, y
demeura trois ans, puis fut nommé cantor à
Frankenheim, et obtint enfin les places de
cantor et d'organiste à Grœfenrode. Les bio-
graphes allemands n'ont rien ajouté à la notice
que cet habile artiste a donnée sur lui-même
en 1754, dans le premier volume des Essais
•le Marpurg (Histor. krit. Beytrxge ztir
Jufnahme der Musik, t. I, p. 439-445); en
sorte qu'on ignore l'époque de sa mort. Il a
laissé un grand nombre de compositions
parmi lesquelles on remarque : 1» Cerlamen
musicum, consistant en préludes, fugues, al-
lemandes, courantes, sara!)andes, gigues et
menuets pour le clavecin, Arnsladt;, 1748-4'J,
six suites in-fol. obi. â" Chorals variés pour
l'orgue, à deux claviers et pédale. 3» Muni-
pulus musices, suites de pièces pour le même
instrument, Nuremberg, sans date, quatre ca-
hiers. On a aussi de lui en manuscrit : 4» Le
psaume Der Herr ist gut und fromen, à
quatre voix, deux violons, alto, deux trom-
pettes, un hautbois, un basson, timbales et
orgue. 5» Une année complète de musique
d'église à quatre voix, deux violons, alto et
orgue. 6° Des cantates religieuses à quatre
voix, instruments et orgue. 7" Un oratorio
pour le vendredi saint, à quatre voix, deux
violons, alto, un hautbois, un basson et orgue.
Tous ces ouvrages se trouvaient au magasin
de musique de Breitkopf, à Leipsick, en 1770.
Kellner était un très-bon organiste qui avait
étudié le style de Bach, et qui improvisait des
fugues avec un rare talent. On rapporte
qu'ayant vu entrer J. -S. Bach dans son église,
il commença immédiatement une fugue sur le
thème B, A, C, II, et la traita en maître. La
Bibliothèque royale de Berlin possède en ma-
nuscrit un recueil de chorals, trios à trois cla-
viers et fugues pour l'orgue, de la composition
de cet excellent artiste.
RELLINER ( jEAN-CnnisTOPiiE) , fils du
précédent, né à Grœfenrode le 16 août 1735,
apprit de son père à jouer de l'orgue, et fit un
cours de composition sous la direction de
Georges Benda, à Gotha. Ses études terminées,
il fut appelé à Cassel pour y remplir à la fois
les fonctions d'organiste de la chapelle catho-
lique de la cour, et de l'église luthérienne
principale. Il est mort dans cette ville en
1803. Comme organiste, comme compositeur
et comme écrivain didactique, Kellner s'est
fait une honorable réputation en Allemagne.
On a de cet artiste : 1" Trois concertos pour le
clavecin, op. 5, Offenbach, André, 2" Trois
idem, op. 8, ibid. 3» Un grand idem, op. 11,
ibid. 4° Trios pour clavecin, violon et violon-
celle, op. 19, Leipsick. 5° Sonates pour clave-
cin seul, op. 2 et 15, ibid. 6" Préludes de
chorals pour orgue à deux claviers et pédale.
Gotha. 7° Quatorze pièces d'orgue pour les
commençants, op. 20, Brunswick, Spelir.
8" Deux fugues à quatre mains pour l'orgue,
Leipsick, Breitkopf et Ilsertel. 9" Deux finales
pour l'orgue, Brunswick, Spehr. 10" Trente
pièces d'orgue, contenant douze préludes
courts, quatorze grands préludes pour des
chorals, une fantaisie, une fugue, un quatuor
pour deux personnes, avec pédale, et deux
chorals en trios pour deux claviers et pédale,
op. 17, première partie. Spire, Bossler, 1789,
KELLNER
it
in fol. idem, deuxième partie, Darmstadt,
179Ô. Kellner a aussi laissé en manuscrit plu-
sieurs cantates et Passions pour Téglise, ainsi
qu'une année complète <ie motets et de psau-
mes à quatre voix, deux violons, alto, basse,
<leux hautbois, deux bassons, deux cors, deux
trompettes et orgue obligé. Ces morceaux
étaient dans l'ancienne collection de Breit-
kopf. Il a aussi écrit un opéra qui a été repré-
senté à Cassel sous ce titre : Die Schnden-
freude. Enfin, Kellner a publié un traité de
musi(|uc intitulé : Grundriss des Général-
basses, eine theoretisch-praktische Anleitunij
fiir die ersten ylnfxnger entwurfen (Tableau
de la basse continue, instiuction tliéoriciue et
pratique pour les commençants), Cassel, 1785,
in-4". Gerber dit que la septième édition de
cet ouvrage, augmentée de quatorze mélodies
de Ch.-Ph.-E. Bach, a paru chez Breilkopf et
Ilaerlel, en 179G.
RELLTS'ER (GEoncF.s-CHRisTOPiiE), littéra-
teur et précepteur à Manheim,dans la dernière
partie du dix-huitième siècle, mort au mois de
septembre 1808, est auteur de plusieurs romans
historiques, etdes ouvrages suivants, relatifs à
la musique, publiés sous le voile de l'anonyme :
1° Ueber die Characteristik der Tonarten
(Sur la caractéristique des tons), Breslau, 1790.
2" Neue Clavierschide fiir Jnfasnger (Nou-
velle méthode de piano pour les commen-
çants), Halle, sans date. 5» Amusements au
piano avec chant; ce recueil a eu deux édi-
tions. 4" Jdeen zu einer neuen Théorie der
srha'ue Knnsten iiberliaupt nnd der Ton-
liiinst insbesondere (Idées sur une nouvelle
théorie des beaux-arts en général et de la
musique en particulier), dans le Magasin alle-
mand de Eggers, août 1800. Kellner était
aussi organiste et a publié divers ouvrages
pour l'orgue, parmi lescjucls on remarque un
recueil contenant trois préludes ou conclu-
sions, trois fugues et trois préludes de chorals
intitulés : 3 For-oder IVuchspielc^ô Fugen,
3 Choralvorspielen in Trio mit den Canto
ferma, 14''0Euvre, Cassel; et trois fugues à
<iuatre ninins pour l'orgue, Leipsick.
KELLINEU (Jean-Sigismond), né dans un
village de la Silésie, en 17G5, fut cantor et
directeur de musi<iue h l'église Saint-Ber-
nardin de Brcsiau. Il mourut dans celte posi-
tion, le 13 novembre 1811. Plusieurs mor-
ceaux de musique d'église de sa composition
sont restés en manuscrit.
liELLIMEil (Eiinest-Aucuste) , vraisem-
blablement petit-fils de 7ean-67trts<op/)t', car
son grand-père et son père étaient, dit on, de
Graefenrode, village du duché de Saxe-Co-
bourg-Gotha, naquit le 20 janvier 1792, à
Windsor, où son père était violoniste de la
musique particulière de la reine Charlotte-
Sophie de Mecklembourg-Strelitz, femme de
Georges III^ qui l'avait amené à sa suite en
Angleterre. Il n'était âgé que de deux ans
lorsqu'il commença l'étude du piano: à cinq,
il joua un concerto deHaendel dans un concert
donné au château de "Windsor, en présence de
la famille royale. Le roi ayant remarqué le
timbre de sa voix , le confia aux soins de Wil-
liam Parson, maître de chant des princesses,
pour qu'il lui enseignât les principes de la
vocalisation, parce (ju'il avait le dessein de
l'em|»loyer dans les concerts de musique clas-
sique qui se donnaient alors, chaque soir, en
présence du roi. A l'âge de huit ans, le petit
Kellner fit son début vocal dans les concerts
de la famille royale, et, dans la même séance,
il étonna son auguste auditoire sur le piano.
Lord Spencer, grand amateur de musique, le
prit ensuite sous sa protection et le fit quel-
quefois chanter avec mesdames Mara et Banti.
En 1819, Kellner ayant atteint l'âge de
vingt-trois ans, se rendit en Italie pour étudier
l'art du chant sous d'habiles maîtres. Après
un court séjour à Florence, il se rendit à Na-
ples où il reçut des leçons de Nozzari, de Ca-
sella et de Crescentini. Il voyagea ensuite dans
la haute Italie et. y donna des concerts.
Charmée de son talent, l'impératrice Marie-
Louise, duchesse de Parme, lui accorda le
titre de pianiste de sa musique particulière.
Au mois de décembre 1820, Kellner retourna
en Angleterre et y liladmiier son double talent
de chanteur et de pianiste : sa voix de baryton
avait acquis le plus beau timbre. Il fit à celte
époque une tournée de concerts avec la célèbre
cantatrice madame Calalani. Ajtpelé à Venise,
en 1824, il débuta au théâtre de la Fenice^
pendant la saison du carnaval et y chanta, le
l*'' janvier 1825, dans le Mosè, de Rossini,
avec la Méric-Lalande et Davide. Il se rendit
ensuite à Bologne et y fut nommé membre de
TAcadémie des Philharmoniques. En 1828, il
partit pour Saint-Pélersb^urg, où il obtint de
Inillants succès comme pianiste et comme
chanteur. L'impératrice le faisait souvent ap-
peler pour lui entendre chanter des airs écos-
sais. En 1833, il s'arrêta quelque temps à
Paris, et, dans l'année suivante, il retourna à
Londres où il fut nemmé organiste de la cha-
pelle de Bavière, où se faisait le service reli-
gieux pour tons les allemands catholiques qui
se trouvaient à Londres. Une maladie aiguO
19
KELLNER - KELWAY
l'enleva, le 18 juillet 1839, à l'âge de quarante-
sept ans. Il laissait en manuscrit plusieurs
compositions au nombre desquelles était un
drame intitulé : Poland (la Pologne). On a pu-
blié à Londres une notice nécrologique sur cet
artiste, sous ce titre : Case of precocious
musical Talent, being a notice of the late
Ernest- August Kellner, maestro, Academico
Filarmonico di Bologna, Pianist to her
Majesty Maria-Louisa Arch-Duchess and
Duchess of Parma etc., etc., late Maestro di
Capella to the Bavarian Embassady, Lon-
don, 1839, with some Phrenological Remarks
on bis Head and Character, by Richard Cull,
in-8».
KELLI\ER (Gustate), pianiste et compo-
sitejir, né, en 1809, à Weida, dans le grand-
duché de Saxe-Weimar, fut pendant quelques
années directeur de musique au théâtre de
Potsdam. En 1838 , il s'établit à Weimar,
comme professeur de piano. Il est mort dans
sa ville natale, le 24 février 1849, avant
d'avoir accompli sa quarantième année. Cet
artiste a fait jouer à Potsdam deux petits
opéras dont les titres ne sont plus connus. On
a aussi de lui des sonates et fantaisies pour le
piano, des Lieder, et des chants à quatre voix
d'hommes.
RELLY (Michel), né, en 1764, à Dublin,
où son père était marchand de vin, montra fort
jeune d'heureuses dispositions pour la mu-
sique, et reçut une éducation toute conforme à
ses goûts. Ayant à peine atteint sa onzième
année, il jouait déjà sur le piano les sonates
les plus ditTiciles de son temps. Rauzzini, qui
était alors fixé à Dublin, lui donna quelques
leçons de chant, et conseilla à son père de
l'envoyer à Naples. Il partit en effet pour cette
ville à l'âge de seize ans, avec des lettres de
recommandation pour l'ambassadeur anglais,
sir Hamilton, qui le fit entrer comme élève au
Conservatoire de Loreto. Il y reçut des leçons
de Fenaroli pouf le chant et l'accompagne-
ment. Quelque temps après, il fit la connais-
sance d'Aprile, alors le meilleur maître de
chant dp Naples ; cet artiste célèbre, qui avait
alors un engagement pour Palerme, offrit à
Kelly de l'emmener avec lui, pour en faire
gratuitement son élève. Une pareille proposi-
tion ne pouvait qu'être acceptée avec recon-
naissance. Pendant toute la durée de l'enga-
gement d'Aprile à Palerme, Kelly reçut ses
leçons, puis il alla débuter à Livourne et à
Florence, comme premier ténor. Les succès
qu'il y obtint le firent appeler à Venise et
lans les villes les plus importantes de l'Italie.
Il fut ensuite engagé à Vienne, où l'empe-
reur Joseph II l'accueillit avec bienveillance.
C'est pour lui que Mozart écrivit le rôle de
Basilio dans les Noces de Figaro. Ayant
obtenu un congé de l'empereur pour aller
voir son père, il partit avec la cantatrice
Storace, et arriva à Londres dans les pre-
miers jours de 1787. Au mois d'avril de la
même année, il débuta au théâtre de Drury-
Lane dans l'opéra anglais Lionel and C'ia-
rissa; depuis lors il fut attaché à ce théâtre,
comme premier ténor, jusqu'au moment où il
quitta la scène, à l'exception du temps où il
chanta dans l'Opéra italien à Haymarket.
Après avoir cessé de paraître sur la scène, il
remplit, pendant quelques années, les fonc-
tionn de directeur de musique, à Drury-Lane,
puis dirigea l'Opéra italien jusqu'à sa mort,
arrivée à Margate, le 9 octobre 1826 Pendant
plusieurs années, il chanta dans les anciens
concerts du roi, à Westminster.
Kelly n'avait publié que des airs italiens,
des duos et des chansons anglaises, lors-
que en 1797, à l'âge de trente-trois ans, il
écrivit son premier opéra, à la manière des
compositeurs anglais, qui empruntent souvent
une partie de leurs productions dramatiques
à des partitions étrangères. Il montra dans
cette nouvelle carrière une grande fécondité,
car, dans l'espace de vingt-deux ans, il a écrit
soixante ouvrages, dont on trouve les titres
dans le livre qui a pour titre : Musical Bio-
graphy, Londres, 1814, deux vol. in-8°, et
dans le Dictionary of Musicians, Lon-
dres, 1824, deux vol. in-8". A l'exception de
quelques airs, rien de tout cela n'a été publié,
et toute la musique de Kelly est maintenant
plongée dans l'oubli en Angleterre, où seule-
ment elle a été connue. Après la mort de cet
artiste, on a trouvé dans ses papiers des mé-
moires sur sa via, et surtout sur l'Opéra italien
et l'Opéra anglais de Londies, qui ont été im-
primés sous ce titre : Réminiscences of the
King's Théâtre and Théâtre Royal Drury
Lane, including a period of nearly half a
century, with original anecdotes of many
distinguished persans, political, literary
and musical (Souvenirs du théâtres du Roi et
de celui de Drury-Lane, renfermant une pé-
riode de près d'un demi-siècle, avec des anec-
dotes originales sur beaucoup de personnes
distinguées dans la politique, la littérature et
la musique), Londres, Colburn, 1826, deux
volumes in-8".
KELWAY (Joseph) , organiste à l'église
Saint-3Iartin, de Londres, avait appris l'har-
KELWAY — KEMBLE
iS
monie et la basse continue par les leçons de
Geminiani. II vécut vers le milieu du dix-
huitième siècle. Improvisateur assez original,
il eut quelquefois l'honneur de voir Hœndel
venir l'écouter dans son église; mais lorsqu'il
écrivait, il était froid, sec et ne savait pas ar-
ranger ses idées. Il n'aurait vraisemblable-
ment rien publié , si Jean-Ch|étien Bach
n'était allé en Angleterre avec le titre de
maître de musique de la reine, et n'avait fait
paraître, peu de temps après son arrivée, un
œuvre de sonates; Relway, qui était maître de
musique du roi, crut qu'il était de son hon-
neur d'avoir aussi des sonates imprimées, et il
en donna un oeuvre ; mais celle fantaisie de sa
vanité lui fut plus préjudiciable qu'utile, car
ses sonates ne valaient rien, et leur publica-
tion nuisit à sa réputation de bon organiste.
Comme claveciniste, Relway brillait par la
netteté de son jeu et l'agilité de ses doigts
dans les pièces les plus dilTiciles de Scarlatti,
qu'il jouait ordinairement d'un mouvement
fort rapide.
KELZ (Mathieu), né à Baulzen, en Silésie,
au commencement du dix-septième siècle,
apprit la com|>osition en Italie, et alla en
1G20 à Stargard, pour y occuper le poste de
cantnr. Dans la suite, il fut |tlacé à Sorau en
la même qualité, et y resta jusqu'à sa mort,
dont l'époque est ignorée. Ce musicien est
connu comme compositeur et comme théori-
cien. Parmi ses écrits didactiques, Matheson
cite un Isagoge musicx, mais sans indiquer
le lieu ni la date de l'édition (Grundl. einer
Elirenpforle, p. 273). Ce livre était déjà de-
venu si rare du temps de Printz, qu'il n'avait
pu se le procurer qu'en le copiant de sa main.
Cet historien de la musique parle aussi d'un
traité DeArte componenti {ffistor. Beschreib.
der edlen Musik, p. 137) qu'il possédait alors,
3t qui fut brûlé en 1684. J'ignore si cet ou-
vrage est le même que celui qui est annoncé
dans le catalogue de Francfort de 1008, sous ce
titre : Ars Methodica et fnndamentalis prx-
cepta et documenta tradens harmonica,
certa, «xquisita , instrumenta musicalia ,
cum primis verso chelim ucutam, dextre ,
pcrfecte, ingeniose suaviterque , etc., in-4".
Les (Puvres de musique pratique composés par
Kelz sont : 1» Operetla nuova, oder evange-
hscheSonntags-Spruche,vonAdvent bis Pal-
marum, aufeine leichtc,doch reine Italixn-
yUlanellische wie auch Dialogen- Manier
von 3 Slimmen gesetzt ( Nouveaux i)etits
ouvrages, ou chanls évangéliques pour tous
les dimanches, depuis r.Vvent jns(ji!'au di-
manche des Rameaux, etc., à trois voix),
Leipsick, 1036. 2° Primitif Musicales, oder
Concentus novi harmonici ^ ans Sonaten,
Intraden, Mascaraden , Baletten , Alle-
Tnanden , Gagliarden, Arien, f'ollen, Sere-
naten, und Surabanden fiir'2 f'iolinen, Jjù;ss
und Generalbass bestehend (Prémices musi-
cales, ou nouveaux concerts harmoni<iues, con-
sistanten sonates, entrées, mascarades, ballets,
allemandes, galiardes, voiles, sérénades et
sarabandes, pour deux violons, basse et basse
continue), Ulm, 1058, in-4". 3" Exercitalio-
num Musicarum a violino et viola da gamba
semi-centuria, Augsbourg, 1669, in-folio.
KELZ (Jean-Frédéric), né à Berlin, le
1 1 avril 1780, s'est fait connaître, depuis 1815,
I»ar un grand nombre de compositions faciles
de tout genre. Dans sa jeunesse, il fut envoyé
chez le musicien de ville Fuchs, pour ap-
prendre à jouer de tous les instruments; mais
le violoncelle fut celui qu'il cultiva de préfé-
rence. En 1801, il se rendit àOEIs, en Silésie, et
entra au service du duc Frédéric-Auguste de
Brunswick-OEls, en qualité de violoncelliste.
Après la mort de ce seigneur, il retourna dans
sa ville natale, et fut admis, en 1811, dans la
iTiusique de la chambre du roi. Les biographes
allemands disent qu'il reçut alors des conseils
de Duport; mais c'est une erreur; car à celte
épo(|ue Duport n'était plus à Berlin. Relz a
écrit des symphonies burlesques dans le genre
de celle de Haydn, pour deux violons, basse,
coucou, petite trompette et autres jouets d'en-
fants, Berlin, Schlesinger; quintelle pour
deux violons, deux violes et basse, op. 102,
Berlin, Trautwein; introduction el fugue sur
le nom de Fesca, pour deux violons, alto et
basse, op. 108, ibid.; des solos, des caprices
et des variations pour violon, violoncelle; un
quintette pour flûte, deux violons, alto et
basse, op. 79, ibid. ;des bagatelles pour divers
autres instruments; des sonates pour piano; des
psaumes, des chanls pour voix d'homme, etc.
Tout cela est de peu de valeur. Un de ses
meilleurs ouvrages consiste en fugues pour des
instruments à cordes. Au reste, sa production
était troi» rapide pour qu'il pût y mettre les
soins nécessaires, car ses ouvrages sont au
nombre d'environ trois cents.
KEMBLE (Adélaïde), marquise deCAZA
BARGUILLEU Y S AIlTORIO,cantatrice
dramatique et de concert, est née a Londres,
en 1814. Fille du célèbre comédien anglais
Charles Remble, elle fut destinée au thé.itrc
dès son enfance, et reçut de son père et d'un
l)on niailic de chant une éducation analogue à
a
KEMBLE - KEMPIS
celle carrière. En 1831, ayant à peine ac-
compli sa seizième année, elle débuta, dans
des arrangements d'opéras anglais, au théâtre
de Covent-Garden, dont son père était direc-
teur. Sa voix était belle, sa vocalisation facile
et sa beauté rappelait son origine; car Charles
Kemble était un des plus beaux hommes de
l'Angleterre. Le succès de miss Kemble fut dé-
cidé tout d'abord. Engagée ensuite au théâtre
de Drury-Lane, elle y chanta pendant deux
ans, puis donna des concerts dans les villes de
province et partout se fit applaudir. En 18ôG,
elle fit un voyage en Allemagne, brilla à
Prague pendant deux saisons, et, deux après,
chanta dans quelques concerts à Paris. Arrivée
en Italie au commencement de 1839, elle
chanta, dans la même année, au théâtre de la
Scala de Milan, à la Fenice de Venise et à
Trieste. En 1840, elle fut engagée au théâtre
de Mantoue, puis elle se rendit à Naples, où
elle chanta avec succès pendant le carnaval de
1841. Rappelée en Angleterre pour y tenir
l'emploi de prima dorina de l'opéra anglais,
au commencement de 1842, elle partit ensuite
I)our Dublin. Ce fut là qu'elle inspira un amour
passionné à un gentilhomme espagnol de
grande maison , qui jouissait d'une fortune
très-considérable, et qu'elle devint marquise
de Caza Barguiller y Sartorio. Le dernier
concert où elle chanta fut donné à Dublin, le
1 1 juillet 1842 : depuis lors, elle a disparu du
inonde musical.
REMMLEIN (GEORCES-MicnEL) , né en
1785, à Dingsleben, entre Cobourg et Mei-
iiingen, apprit les éléments de la musiqne,
sous la direction de son père, instituteur de
l'endroit et organiste habile. Dès l'âge de huit
qns, il pouvait déjà remplacer celui-ci à l'or-
gue de la paroisse. Dans sa treizième année,
il alla faire ses études au Gymnase de Schleu-
singen : Staep, cantor de cette ville, l'initia à
l9 théorie de la musique. En 1806, Kemmiein
alla étudier la théologie à l'Université de Jéna;
il y continua ses exercices de musique, et de-
vint un pianiste distingué. Après avoiiété pré-
cepteur pendant trois ans chez un riche ama-
teur de musique à Lodersieben, près de
Querfurth, il est retourné à Jéna en 1812, en
qualité de cantor et de professeur de l'École
moyenne. Plusieurs sociétés de chant l'ont
choisi depuis lors pour les diriger. Quoique
Kemmlsin ait beaucoup écrit de musique, on
n'a publié qu'un petit nombre de ses com-
positions religieuses, telles que cantates,
hymnes, etc. , dans les archives de Kalbilz
(foi/ejce nom).
KEMPE (EMMAîiDEt-BENJAiiiiN), autcup in-
connu d'une dissertation intitulée : Commen-
tatio de sacri Musicx prxfectis apud veteres
Mebr^os, Dresde, 1737, in-4''.
KEMPELEN (WoLFGANG DE), conseiller
de la cour royale et impériale, et référendaire à
la chancellerie de la cour royale de Hongrie,
à Vienne, naquit à Presbourg, en 1729. On
lui doit l'invention d'une machine parlante
(Sprachmaschine) fort ingénieuse, dont il a
donné la description dans un écrit intitulé :
Mechanismus der menschlichen Sprache,
nebst der Beschreibung einer spreclienden
Maschine (Le mécanisme de la parole, suivi
de la description d'une machine parlante),
Vienne, 1791, grand in-S», avec vingt-sept
planches. Chiadni assure que cette machine est
fort simple et que chaque son y est exactement
rendu sans supercherie. M. de Remjjelen est
mort à Vienne, dans le mois d'avril 1804.
KEMPIS (Thomas A), ainsi nommé parce
qu'il était de Kempen, petite ville du duché
de Clèves (aujourd'hui Prusse rhénane), avait
pour nom de famille Hamerlein. Il naquit
vers 1380, fut sous-prieur du monastère de
Mont-Sainte-Agnès, au diocèse d'Utrecht, où
il avait prononcé ses vœux, en 1407, et mourut,
en 1471, à l'âge de plus de quatre-vingt dix
ans. La plus grande partie de l'existence de ce
pieux solitaire se passa, dans le calme du
cloître, à copier des manuscrits, parce qu'il
possédait un talent de calligraphie très-remar-
quable. On lui a attribué la composition du
livre célèbre de V Imitation de Jesus-Christ,
que d'autres ont considéré comme l'ouvrage
du savant Gerson. Les partisans d'A Kemi)is
ont pour argument principal en sa faveur
l'existence d'un manuscrit de sa main con-
tenant Vlmilation, lequel est daté de 1441,
et renferme beaycoui) de ratures qui pré-
sentent des variétés de leçons. Ce manuscrit
est aujourd'hui dans la Bibliothèque royale de
Bruxelles. Ses adversaires lui opposent des
manuscrits plus anciens, lesquels contiennent
de meilleures leçons. Les uns reconnaissent de
nombreux gallicismes dans le latin de l'ou-
viage original, tandis que Mgr Malou, évéque
de Bruges et auteur d'une dissertation sur ce
sujet, voit des flandricismes dans le texte. Il
n'appartient pas à notre sujet d'entrer dans
celle discussion : Thomas à Kempis n'est cilé
ici que pour des chants liturgiques que M.E.dc
Coussemaker lui a attribués, et qu'il a publiés
dans le Messager des sciences historiques de
la Belgique (Gand, 185G). Le manuscrit de
la maiu de Kempis d'où il les a tirés, et qui
I
KEMPIS ~ KENNIS
renferme plusieurs ouvrages, appartient à la
, Bibliothèque royale de Bruxelles, et s'y trouve
sous les numéros 4585, 4586 et 4587. 11 est
daté de l'année 1461. Bien qu'à la dernière
page on lise : fînitus et scriptus per manus
fratn's Thome Kempis, il ne paraît pas dé-
montré qu'il soit l'auleur de ces chants. Occupé
presque incessament des copies de manuscrits,
« Thomas, dit M. De Gence, dans sa notice
« sur ce moine laborieux, copia aussi plusieurs
t> livres de chant (cantuales), qu'on a dési-
« gnés comme des canti(|ues dans la liste de
« ses ouvrages donnée d'après les chanoines
« réguliers de Bobdorf. » Il se peut que les
chan(s publiés par M. de Coussemaker ne soient
aussi qu'une transcription. Quoi qu'il en soit,
la i)ublication de ces fragments accompagnés
d'une notice a pour titre : Chants liturgiques
de Thomas à Kempis. Il en a été tiré quelques
exemplaires à part (Gand, 1856, in-8" de vingt
pages), avec les fac-similé des trois chants,
d'après le manuscrit, en notation allemande
gothique des quatorzième et quinzième siècles,
et de leur traduction en notation de plain-
chant ordinaire.
KEMPTEK (Charles), compositeur de
musique d'église, né en Bavière, était, en 1842,
maître de chapelle d'une des églises d'Augs-
bourg. Je n'ai pas d'autres renseignements sur
cet artiste, que les biographes allemands les
plus récents ne mentionnent pas. Ses ouvrages
les i)lus connus sont ceux-ci : 1" Messe alle-
mande pour soprano, contralto, ténor et basse;
avec orgue ol)ligé, violoncelle et contrebasse,
op. 8, Augsbourg, Schmidt. 2" Messe latine
(en ré) à quatre voix, orchestre et orgue,
op. 9, Augsbourg, Bœhm. 5° Messe solennelle
(en si bémol), à quatre voix, orchestre et orgue
op. 11, ibid. 4" Missa sancla pour soprano
et contralto, deux violons, alto, contrebasse
et orgue obligés, ténor, basse, flùte, deux
clarinettes, deux cors, deux trompettes et tim-
bales ad libitum, op. 13, ibid. 5° Seconde
Messe solennelle (en fa) à quatre voix et or-
chestre, op. 17, ibid. 6» Messe pastorale à
quatre voix et orchestre, op 24, ibid. 7° Tan-
tum Ergo, Salve Regina, Graduel et Offer-
toire, à quatre voix, deux violons, alto, basse
et orgue obligés, fliite, deux clarinettes et deux
cors ad libitum., ibid. M. Rempter a publié
aussi quelques pièces |iour le piano, à Offen-
bach, chez André.
Kîi]>DALL (Jeas), organiste de l'église
Sainlé-Mary-le-Bone, à Londres, dans la se-
conde moitié du dix huitième siècle, a publié,
en 1780, un livre de pièces d'orgue.
RENN (P.), professeur de cor, né en
Allemagne, vers le milieu du dix-huitième
siècle, se rendit à Paris, en 1782, et entra
l'année suivante à l'Opéra, pour y jouer la
partie de second cor. Lorsque la musique delà
garde nationale de Paris futorganisée,en 1791,
Renn y entra comme beaucoup d'autres artistes
distingués, et à ce titre, il fut compris dans le
nombre des professeurs du Conservatoire de
Paris, à l'époque où cette école fut instituée;
mais une réforme considérable de ces profes-
seurs ayant été faite, en 1802, MM. Domnich
et Frédéric Duvernoy furent seuls conservés
pour l'enseignement du cor, et Renn reçut sa
démission. Vers la fin de 1808, il se retira de
l'orchestre de l'Opéra avec une pension, et il
eut poursuccesseurson élèveM. Uauprat. Renn
a été un des meilleurs cors-basses qu'il y ait eu
en France. Il a publié : 1° Duos mêlés d'airs
pour deux cors, op. 1, Paris, Sieber. 2» Recueil
de petits airs pour deux cors, op. 2, Paris,
fllichel Ozy. 3" Recueil d'airs arrangés pour
trois cors, ibid. 4° Trente-six trios pour troia
cors en mi bémol, ibid. 5" Douze duos pour
clarinette et cor, op. 5, Paris, Sieber.
KEl>i]>iIS(GuiLLAUME-GoiuMAiRF.), violoniste
distingué, compositeur et maître de chapelle,
naquit à Lierre (Belgique), vers 1720, ou même
l)lus tôt, car il existe à l'église Notre-Dame,
d'Anvers, un motet de sa composition pour
le dimanche des Rameaux, à quatre voix et
orgue, lequel est daté de 1743. On ignore le
nom du maître qui l'a dirigé dans ses étude»
musicales; il y a lieu de croire que ce futijucl-
que musicien obscur du lieu de sa naissance,
et que, prédestiné pour l'art, il ne dut qu'à
lui-même le développement de ses talents;.,
car il ne parait pas s'être éloigné de cette ville,,
y ayant occupé fort jeune la place de maître de
chapelle de l'église de Saint-Gonimaire. Vers.
1768, il abandonna cette position pour celle de-
maître de chapelle et des enfants de chœur
de la grande collégiale de Saint-Pierre, à
Louvain. Il en remplit les fonctions avec zèle
et talent jusqu'à ses derniers jouis, et mourut
dans cette ville, le 10 mai 1789. Rennis était
considéré ajuste titre comme le violoniste le
plus habile de la Belgique, particulièrement
dans les traits difficiles pour le doigter de la
main gauche (1). L'impératrice Marie-Thérèse,
(t) L'historien de la musique Burney>qui visita Lou-
vain, en 1772, mais ne s'y arrêta que le temps nécessaire
pour y prendre des noies i la liàte, dit cependant de
Kennis : « M. Kennis est le plus cctébre violoniste non-
<i seulement de Louvain, mais de tout le pays. Les soios-
« qu'il écrit pour son instrument, ainsi que son exc-
« talion, oITrcnl des traits si' dilTiciles, qu'aucun auire-
i6
KENNIS - KEPLER
après l'avoir entendu, lui témoigna sa satis-
faction par le don d'un des plus beaux violons
connus de Steiner. Cet instrument avait été fait
par le célèbre luthier pour la famille impé-
riale. Il est vraisemblable que Kennis voyagea
et visita Paris et Londres, car la plupart de ses
ouvrages furent imprimés dans ces deux villes ;
cependant, on ne trouve pas, soit dans les
journaux, soit dans les almanachs de musique,
l'indication de concerts spirituels où il se serait
fait entendre. Ses productions connues sont
celles-ci : 1" Six sonates pour violon seul et
basse continue (pour le clavecin), Liège, gr.
in-fol. (sans date). 2» Six trios, dont quatre
pour violon, violoncelle et basse, et deux pour
deux violoncelles et basse, Paris, Le Menu.
3" Six duos pour violon et violoncelle, Paris,
Cousineau. 4" Six sonates pour violon et basse
continue, Louvain, Wyberechts. 6° Six qua-
tuors pour deux violons, alto et basse, Lon-
dres, Mondhare. G* Six duos pour deux vio-
lons, Londres, BJand. 7° Douze symphonies
pour l'orchestre. 8" Premier, deuxième et
troisième concertos pour violon et orchestre,
Paris, Bailleux. O"» Motet (//^c dies quam fecit
Dominus), pour quatre voix et orchestre.
10" Le motet indiqué ci-dessus.
KENNIS (Guillaume-Jean-Jacqces), fils
du précédent, né à Louvain, le 21 mai 1768,
fat élève de son père et lui succéda en qualité
de maître de chapelle de l'ancienne collégiale
de Saint-Pierre. La clôture des églises, pen-
dant les troubles révolutionnaires, détermina
cet artiste à se fixer à Anvers et à s'y livrer à
l'enseignement; mais après le retour au culte,
par suite du concordat avec le gouvernement
français, Kennis fut appelé, eu 1803, à la place
de maître de chapelle de l'église Notre-Dame
de cette ville, et fut chargé d'en réorganiser la
musique. II s'acquitta de cette mission avec
plus de zèle que de talent. Quoiqu'il n'ait rien
composé, il travaillait sans cesse à des arran-
gements (ou plutôt dérangements) des œuvres
des grands maîtres, auxquels il ajoutait ou
ôtait des instruments, selon les besoins de sa
« violoniste belge ne pourrait les rendre. Cependant,
n M. Sclieppers, carillonneur de la «ille, piqué de la
« haute réputation de M. Kennis, a fait récemment la
M gageure de jouer sur ses cloches un des solos les plut
« difficiles de cet artiste, et de s'en acquitter à la satis-
•> faction des juges qui seraient désignés pour en décider.
« Non-seulement il gagna son pnri, mais son succès
« augmenta beaucoup In réputation dont il jouissait
« dans les l'ays-Bas. « (The présent slale of JUutie in
Certnany, the Nelherlandi, etc., t. I, p. C2). Burney s'est
irompë sur le nom du carillonneur qui fit ce tour de
force : il se nommait AJatlliias Van tien (jheyH (voj'Cl
(C nom).
chapelle. Il passait à Anvers pour un savant
compositeur; mais, au fond, c'était un musicien
médiocre. Il est mort à Anvers, au mois
d'avril 1845. Sa collection de masique d'église
fut achetée, après son décès, par le conseil de
fabrique de l'église Notre-Dame.
KEÎNT (Jacques), né à Winchester , le
13 mars 1700, fut admis comme enfant de
chœur à l'église cathédrale, et y apprit les élé-
ments de la musique, sous la direction de l'or-
ganiste Vaughan-Richardson; puis il passa en
la même qualité dans la chapelle royale. Là, il
termina ses études par les leçons du docteur
Croft. La première place qu'il occupa fut celle
d'organiste de l'église de Findon, dans le
Northamptonshire; nommé ensuite organiste
de la chapelle du collège de la Trinité à Cam-
bridge, il y resta jusqu'en 1737; à celte
époque il obtint l'orgue de l'église cathédrale
et de la chapelle du collège à Winchester. Il
conserva cette position pendant quarante ans,
et mourut vers la fin de 1776. Admirateur du
talent et du style de son maître, le docteur
Croft, il l'a souvent copié servilement dans sa
musique d'église; mais il attachait si peu de
prix à ses propres ouvrages, que ses amis
n'obtinrent pas sans peine qu'il publiât, peu
de temps avant sa mort, un livre de douze an-
tiennes à quatre voix, en partition. Plus tard,
Corfe, organiste à Salisbury, publia un second
volume des œuvres de Kent, contenant des
services du matin et du soir, avec huit an-
tiennes à quatre voix. Quelques antiennes de
sa composition ont été insérées dans la collec-
tion de Boyce intitulée : Cathedral tnusic, et
dans VHarmonia sacra de Page.
KEPLER (Jean), illustre auteur de la
découverte des lois mathématiques du mouve-
ment des planètes qui a immortalisé son nom,
naquit le 27 décembre 1571, à Weil, dans le
duché de Wurtemberg, d'une famille noble
tombée dans l'indigence. Admis dans un cou-
vent pour y commencer ses études, il alla les
terminer à Tubinge. En 1594, il fut appelé à
Grsetz pour y remplir la place de professeur de
mathématiques ; cette circonstance décida de
sa vie, car dès lors toutes ses vues se tournè-
rent vers l'astronomie qui allait en quelque
sorte changer entre ses mains de direction et
d'objet. Ce n'est point ici le lieu d'examiner la
nature des travaux de ce grand homme, ni
l'influence qu'ils ont exercée sur la science :
il n'est question de lui dans ce dictionnaire
que pour un ouvrage dont il sera parlé tout à
l'heure. Kepler vécut dans l'indigence; pour
lui, ce n'était point un mal. Riche de ses
KEPLER - KERL
n
snblinres découvertes, il n'éprouvait de besoin
que pour sa famille; mais les piivalions de
sa femme et de ses enfants décliiraient son
cœur. Ses écrits, lus seulement par un petit
nombre de savants qui n'en comprenaient
point alors la portée, ne produisaient rien
pour son bien-être. Sa fin fut aussi triste que
l'avait été sa vie. H était allé à Ralisbonne
pour solliciter le payement d'une somme qui
lui était due ;ol)ligé défaire la route à cbevàl, il
arriva dans cette ville, malade, excédé de fa-
tigue et rongé d'inquiétude; six jours api'ès
(le 15 novembre KjôO), il expira dans un âge
peu avancé, laissant dans une profonde misère
sa femme et quatre enfants.
Les idées des pythagoriciens sur les rapports
des nombres et des proportions appliqués à la
constilulion de l'univers paraissent avoir été
le point de départ de cet homme célèbre :
elles furent à la fois la source des vérités qu'il
«iéconvril et des erreurs où il se laissa cntrai-
iver. Ce furent ces mêmes idées qui lui inspi-
i-èrent le plan d'un livre dont le sujet avait été
déjà traité par Robert Fludd, mais avec toutes
les extravagances qui pouvaient naitre dans le
cerveau d'un tel illuminé. Le litre complet de ce
livre célèbre est : Harmonices IHundi libri f^,
quorum primus genmatricus, de figurarum.
rcgulariiim , qua? proporCiones har7nonicas
cvnstituunt, ortu et demonstrationibiis ; se-
cundits architectonîcits , seu ex genmelria
figurdla, de figurarum regularium congruen-
lin in piano tel in solido; tertius proprie
Narmonicus, de proportionum harnwnica-
ru7n orlu ex figuris, deque natura et difl'eren-
liis rerum ad cantum perlineulium, contra
vcteres; quarlus melaphysicus ,psydtologicus
ei aslrologicuSj dS Harmoniarum mentait
essenliu earumque generibus in mundo; prs ■
sertim de harmonia radiorum,ex corporibus
cœleslibus in terram descendentibus. ejusque
cfftclu in natura seu anima sublunari et
Inimana; quintus astronomicus et metuphy-
siiiis de Harmoniis absolutissimus moluum
ca'lesti^im orluque excentricitatum ex pro-
porlionibus harmonicis, Linz, 1619, in-fol.
C'est dans le troisième chapitre du cinquième
livi-e de cet ouvrage célèbre que si; trouve la
troisième loi fondamentale de l'astronomie
moderne découverte par Kepler, la(|uelle, dé-
montrée par Newton, lui a fourni la base de sa
Ihéor'te de l'attraction qui régit le monde
Bien que les lois du mouvement des planètes
soient certainement sans analogie avec celles
des relations des sons, c'est pourtant quelque
chose de grand et de sublime que celte idée
BIOKU. tXlV. UES MtSlCIK.NS. T. V.
d'une harmonie universelle démontrée; et la
singulière force de tête de Kepler me semble
se manifester encore au milieu de toutes ses
aberrations. Le troisième livre de son ouvraire
est spécialement consacré à la musique ; comme
chacun des autres livres, il forme à lui seul une
pagination particulière depuis la page 1 jus-
qu'à lOû. Il est divisé en un prolongue et seize
chapitres qui conliennent des propositions
curieuses et plus utiles qu'on ne pense à la
formation d'une philosophie de la musique. Le
cinquième livre, destiné à établir l'analogie
des proportions harmoniques de la musique et
de celles de l'astronomie, est le plus singulier
de tout l'ouvrage, et renferme beaucoup de
passages relatifs à la musique, considérée
dans l'acception la plus étendue «pi'on puisse
lui donner. L'analyse des idées de Kepler en-
traînerait bois des bornes de l'article (jui lut
est ici consacré : elle trouvera sa place dans
mon Histoire de la philosophie de la musique,
complément nécessaire de la |)hilosophie de
cet art. Dans un appendice de son livre, Kep-
ler attaque les traités de la musique univer-
selle qui forment une partie du Macrocosme
de Robert Fludd {voyez ce nom) : celui-ci
ayant répondu par son livre intitulé : Mono-
chordum Mundi Symphoniacum , Kepler
réplicjua dans sa dissertation intitulée : Spor-
tula genelhliacis missa, Sagan, 1619, in-fol.
On s'étonne de voir de savants hommes s'é<>a-
rer dans les rêves dont ces ouvrages sont rem-
plis.
KERL (Jean-Gaspard DE), grand orga-
niste et compositeur distingué, naijuit dans la
Haute-Saxe, vers 1625. Il était fort jeune lors-
qu'il alla à Vienne., où il commença l'élude de
la musique sous la direction du maître de cha-
pelle <le la cour impériale Jean Valentini, et
fut ensuite envoyé par l'empereur Ferdi-
nand III à Rome, vers 1645, chez Carissiroi,
l)our y perfectionner son talent. Les leçons de
ce maitre célèbre et les occasions fréquentes
qu'il eut d'entendre souvent des oeuvres de
grande valeur formèrent son goût et dévelop-
pèrent les heureuses facultés de son organisa-
lion naturelle. De retour en Allemagne, il s'y lit
bientôt remarquer comme un des organistes
les plus habiles de cette époque, ou plutôt
comme le seul rival qu'on put alors opposer à
Froberger, qu'il avait dû connaitreà Rome; il
y a même lieu de penser que, comme lui, il avait
reçu des leçons de Frescobaldi. Quoi (ju'il en
soit, ce fut au couronnement de l'empereur
Léopold que de Kerl se fil connaître pour ce
qu'il était. Il avait appris que ce couronnement
i8
KEÎiL
<levait se faire à Francforl-sur-le-Mein, le 22
juillet 1C38, et celte circonstance lui suggéra
le dessein de s'y rendre en secret. Arrivé dans
cette ville, il se lia d'amitié avec le vice-maître
tie chapelle de rem[)ereur, Jean-Henri Schmel-
zer, qui le présenta à son maître et parla de
sion talent en termes remplis d'enthousiasme.
^'on-seulemenl le monarque accueillit l'artiste
;tvec bienveillance, mais il voulut lui donner
pour le lendemain un thème qu'il lui demanda
de traiter à quatre parties sur l'orgue. De Kerl
accepta avec joie la i)roposilion de l'empereur;
mais il le ()ria de ne lui donner le thème qu'au
moment où il irait s'asseoir au clavier de
l'orgue. Le lendemain, l'empereur, les élec-
teurs et les autres princes qui assistaient au
couronnement se rendirent à l'église; De Kerl
commença luv une fantaisie magnifique, suivie
du thème traité àdeu\ i)arlies seulement, mais
avec tant de lessources d'harmonie et de mo-
dulation, que l'auditoire l'ut saisi d'admira-
tion. Ce n'était pourtant que le prélude de ce
qu'il voulait faire entendre ; car, après un ada-
gio d'invention, il rentra dans le thème donné
et le traita à trois parties, puis à quatre, et
enfin à cinq, au moyen de la pédale, introdui-
sant sur le thème principal un contre-sujet
traité en concrepoint double, et changeant
plusieurs fois la mesure de deux à trois temps
cl de (rois à deux. Après avoir épuisé ces mei-
veillea de l'art. De Rerl fit exécuter une belle
messe de sa composition. Charmé de ce (ju'il
venait d'entendre, l'empereur accorda immé-
diatement à l'artiste des lettres de noblesse;
de leur côlé, les électeurs palatin et de Bavière
lui offrirent la place de directeur de leur cha-
pelle : De Kerl préféra Munich à Manheim, et
;<lla y jirendre possession de ses fonctions.
Les ouvrages qu'il écrivit pour la chapelle
de l'électeur de Bavière furent considérés alors
comme des productions achevées. La connais-
sance qu'il avait, d'ailleurs, du style italien le
rendait propre à écrire pour les concerts du
I>rince, où brillaient des artistes distingués de
l'Italie. Toutefois, l'antipathie que les chan-
teurs ilaUens de cette époque avaient pour les
compositeurs allemands se manifesta bientôt,
et De Kerl fut en butte à mille tracasseries qui
finiient par le fatiguer, et qui lui firent donner
sa démission de maître de chapelle, en 1673,
après plus de quinze ans de service. Mais avant
d'abandonner ses fonctions, il se vengea d'une
manière plaisante des mauvais tours des vir-
tuoses ultramontains, en écrivant un morceau
composé d'intonations si bizarres et si diffi-
ciies, qu'ils chantèrent horriblement faux en
l'exécutant et se couvrirent de ridicule. Le bon
accueil qui lui fut fait à Vienne le consola de
ses chagrins; en 1677, il obtint la place d'or-
ganiste de Saint-Étienne. Recherché aussi
comme maître de clavecin, il en donnait des
leçons qui le mirent dans l'aisance. Mattheson
dit {Grilndl. einer Ehrenpf., p. 137) (jne
l'époque de la mort de cet artiste n'est point
connue : d'après l'ancien Lexique des musi-
ciens de Gerber, il aurait cessé de vivre à
Vienne, vers 1690; mais dans son nouveau
dictionnaire, ce biographe avoue son erreur,
et nous apprend que le tombeau de De Kerl se
trouve à Munich, dans l'église des Augustins.
Il paraît que la pierre tumulaire qui a fait
connaître ce fait à Gerber n'indique pas la
date du décès de l'artiste, car il n'en dit rien,
et se borne à rapi)orter une sorte de rébus mu-
sical qui est gravé à droite et à gauche de la
pierre, avec le mot seni qui semble indiquer
que De Kerl est mort dans un âge avancé.
Ce qui nous reste des compositions de ce
musicien justifie sa renommée , au moins
comme organiste. Ses pièces d'orgue, comme
celles de Froberger et de Buxlehude, forment
une époque de transition dans l'école alle-
mande, entre Samuel Scheidt et Jean-Sébastien
Bach. Son style a même plus d'analogie avec
celui de ce dernier que ceux des deux autres ;
il fait un plus fréquent usage des dissonances
et les résout presque toujours d'une manière
neuve, inattendue, et dans un système de mo-
dulation qui était alors complètement nouveau.
Les productions connues de ce grand musicien
sont : 1» Un recueil de motets intitulé : Selec-
tus sacrarum Caiitionum cum quatuor et
quinque vocibus concert, el basso gênerait ad
organum, Norimbergse, 1669, in-4". 2'^ Opus
primtim Missarum 2, 3, 4, 5 vocum, Norim-
bergse, 1669, in fol. 5» Modulatio organica
super Magnificat , octo tonis organicis re-
spondens, Monachi, 1686. Collection de j)ièces
d'orgue pour les préludes, versets el conclu-
sions du Magnificat, dans les huit tons, qui
sont du plus grand mérite. 4'' Missœ scx 4, '6
et G vocibus cum instriimentts eoncertantibus
et vocibus in ripieno, adjuncta ttna pro de-
functis cum seq. Dies irœ, consecratx Leo-
poldo J, imperatorij Monachii, 1689, in-4^.
Mattheson accorde de grands éloges à cet ou-
vrage. 5° Missa nigra, appelée ainsi, parce
qu'il ne s'y trouve pas une seule note blanche.
C'est une de ces recherches puériles qui
avaient pris naissance dès la fin du seizième
siècle, et qui se multiplièrent dans le dix-sep-
tième. Cette messe est restée en manuscril.
KERL — KLRLE
\9
C" Kyrie h quatre voix el orgue ; en manuscrit
chez Breilkoitl", en 1770. 7" Kyrie à quatre
voix, deux violons, deux violes, deux haut-
bois, deux bassons et orgue; en manuscrit,
ibid. 8" Missa, Kyrie cum Gloria, à cinq
voix; deux violons, deux violes el orgue, fdem,
ibid. 9" Missa, Kyrie cum Gloria, à huit
voix en deux chœurs, deux violons, quatre
trombones et orgue, idem, ibid. 10» Messe à
cinq voix et oigue, idem, ibid. 11" Motet à
deux voix de sopiano el basse continue, sous le
titre de Concert, et sur les paroles : O bone
Jesu , en manuscrit. 12» Trio pour deux vio-
lons et basse de viole, en manuscrit, lô" Des
(occales cl suites pour le clavecin, en manu-
scrit. Le catalogue deTraeg, de Vienne, indi(|ue
un Irailé manuscrit du contrepoint, attribué à
Ue Rerl, sous ce litre : Compendinse relalione
von dem Conlrapunct, trois parties.
KERLE (Jacques DE), né à Ypres, en
Flandre, dans la première partie du seizième
siècle, fui chanoine de Cambrai, el directeur
du chœur de celle église, puis maître de cha-
pelle de l'empereur Rodolphe II, ainsi que le
prouve la souscription d'une messe sur tit, ré,
mi, fa, sol, la, qui se trouve dans un volume
manuscrit (coté 84) des archives de la chapelle
iwntilicale, à Rome. Il paraît qu'il visita l'Ita-
lie dans sa jeunesse, et qu'il y séjourna envi-
ron dix ans, car ses premiei-s ouvrages ont élé
imprimés à Venise, depuis 1562 jusqu'en
1571. Peut-être avait-il été attaché à la suite
de quelqu'un des prélats des Pays-Bas qui as-
sistèrent aux dernières sessions du concile de
Trente; il a du moins mis en musique des
prières pour l'heureux succès de ce concile.
Ses premières messes furent imprimée.sà Ve-
nise, en 1502; près de trente ans ajirès, il
écrivait encore, car il dédia sa messe sur la
gamme au pape Grégoire XIV, qui ne fut élu
que le 5 décembre 1500. Ces circonstances ont
clé ignorées des biographes qui ont parlé de
Jacques De Kerle. On connaît de ce musicien :
1" Sex Missae suavissimis moduhitionibus
rcfertx parlim quatuor partim quinque vo-
cibiis concinend.r, Veneliis, 1562, in-fol. Ce
titre est celui <iue porte réellement ce re-
cueil ; je le transcris d'après mon exemplaire.
Walther, Gerber, ni les autres ne l'ont pas
connu, et le catalogue de la Bibliothèque mu-
sicale de Burney l'a défiguré (p. 11). Burney
ôH (General Hist. of Music, t. III, p. 512)
que le style de cet ouvrage est sec el dépourvu
d'intérêt, quoi(|ue l'harmonie soit bonne et
<iue les réponses de fugues soient excellentes.
Ce jugement est dépourvu de sens; car si
l'harmonie des meStSoe de Kerle est bonne, et
si les imitations sont excellentes (non les
fugues, la fugue véritable ayant pour base le
contrepoint double, qui n'était point encore
en usage en 1502), le style ne saurait être sec
et dépourvu d'intérêt, puisque l'intérêt du
style de ces sortes de compositions reposait
précisément sur ces conditions. Burney tombe
d'ailleurs en celle phrase dans une de ses mé-
prises ordinaires, lorsqu'il parle de la bonté
des réponses de fugues faites par Jacques
De Kerle; car ces réponses sont ce qu'elles
devaient être absolument au temps où il écri-
vait, c'est-à-dire réelles : les réponses tonales
n'ont pris naissance qu'au commencement du
dix-septième siècle, avec la tonalité moderne.
Je ne m'étends sur ce sujet qu'afin de faire
voii' le danger des jugements portés par des
hommes dé|)Ourvus de connaissances techni-
ques suffisantes : Gerber, le Dictionary of
musicians, le Musical biography, et d'autres
ont copié le passage de Burney. Au reste, j'ai
acquis la preuve de la fausseté de l'opinion de
l'historien anglais de la musique, car j'ai mis
en partition les deux premières messes du
recueil de De Kerle, el j'en ai trouvé le style
excellent, eu égard au lemps où il écrivait.
2" Preces spéciales pro salubri Concilii ge-
neralis successu, Veneliis, 1569, in -4". Ce
doit être une deuxième édition, car le concile
de Trente fut clos par acclamation le 4 dé-
cembre 1563. ô" Madriyali a quatlro voci,
lib. I, in Venezia, 1570, in-4". C'e>t ce recueil
qui est cité par Diaudius, el d'après lui par
Wallheret Gerber, sous le titre latin : Car-
minu italien 7nusicis modulis ornata. 4" Il
primo libro capilolo del Triumpho d'amore
(kl Petrarclia poslo ininusica a 5 voci, in
Venezia, 1570, in-4". 5» // primo libro de
Motetti a cinque e seivoci, ibid., 1571, in-4".
Il y a une édition de cet ouvrage (jui a pour
litre : Select^ quidam, cantiones sacrxmodis
musicis quinque et sex vocum, recens compo-
site per Jacobum de Kerle, Noriberj;ae in
officina Theod. Gerlatzini , 1571, in-4''. Il
est vraisemblable que celte édition est origi-
nale, et que celle de Venise n'en a élé que la
reproduction. 6» Moduli sacri quinque et sex
voc. rum cantione contra Turcas, Monachii,
1572, in-4". 7" Motetti a 2, 4 e 5 voci, et Te
Deum Laudamus , a 0 voci, ibid. 1573. S" Sex
Missœ A et 5 voc, et Te Deum, ibid., 1576.
9" Cantio in honorem generosi oc nobilis
Dm. Melch. Lincken G voc, Norimbcrgœ,
1574, in-4". 10" Mutetx 5 ef 6 roc, quibus
adjuncti sunl ecclesiastici hymni, Monachii,
2.
30
KERLE - KERPEN
1575, in-4''. W" Sacrx cantiones,quas viilgo
Motela vacant f quinque et sex vocurn^ quibus
adjuncti sunt ecdesiastici Hymni de Resiir-
rectione et Ascensione Domini, et de B. Maria
Firgine. Monachii per Adamutn Berg, 1575,
in-4" obi. Je crois que celte colleclion n'est
qu'une nouvelle édition de celle de Nurem-
berg, avec l'addition des hymnes des fêles
de Pâques, de l'Ascension et de l'Assomption.
12° Quatuor Missx suavissimis modulatio-
nibus refertx, quarum una quatuor, reliqux
vero quinque vocibus concinendx . jidjunclo
in fine Te Deum Laudamus. Anluerpiee ex
officina Christophori Planlini. 1583, in-fol.
max. Les archives de la chapelle pontificale, à
Rome, contiennent quelques messes manu-
scrites du môme musicien, entre autres une sur
la gamme, dédiée au pape Grégoire XÏV.
KERLE (ViTUs), directeur du chœur à
Ileisbach, bourg de la Bavière, près de Landau,
vers le milieu du dix-huitième siècle, a mis en
musique un drame spirituel intitulé : le Bon
Ismaël, qui a été exécuté chez les Jésuites de
Munich, en 1750.
KERLIIMO (Jean), luthier du quinzième
siècle (1), le seul connu de celte époque. Sui-
vant La Borde, il y eut en Bretagne, vers 1450,
un luthier nommé KerJin, dont il avait vu un
violon construit en 1449. En 1804, c'est à-
Hire environ vingl-cin(| ans après l'époque où
La Borde écrivait, cet instrument s'est trouvé
en la possion de Ruliker, luthier à Parisj c'est
alors que l'auteur de celte notice l'a vu. Ce
n'était pas un violon, mais une viole dont le
manche avait été changé, el qui était montée
de quatre cordes, comme un violon. L'instru-
ment était plus bombé que ne le sont les violes
«l'une époque postérieure, et ses voûtes étaient
fort élevées. Ses extrémités inférieure cl supé-
rieure n'étaient pas exactement arrondies, et
les angles étaient tronqués et aplatis. Au lieu
de la <|aeue ou cordier ordinaire, on y voyait
une attache en ivoire percée de quatre trous
pour fixei" les cordes, ce qui semble indiquer
que cet instrument appartenait à l'espèce des
Geige à quatre cordes <lont il est parlé dans le
livre de Martin Agricola {voyez Acricola). La
qualité des sons était douce et sourde. L'instru-
ment portail intérieurement celle inscription ;
Jo. Kerlino, ann. 1449. Ce nom, commen-
çant |)ar la syllabe Ker, est probablement ce
qui a fait croire à La Borde que le luthier
(I) Cet article prend la place de Kerlin, de la première
cdition de la Uiograpliie universelle des «nuii'dVni, qui
avait et','- f lit d'apics de mautaii renseignements fournis
pir l.a C«ide.
était Breton, car on connaît en Bretagne une
immense quantité de familles dont les noms
commencent de la même manière; mais des
renseignements certains, venus d'Italie, nous
apprennent qu'il y eut à Brescia, vers 1450,
un luthier nommé Jean Kerlino. Tout porte à
croire que l'instrument possédé par Koliker,
au commencement de ce siècle, avait été fait
par cet artiste, et que celui-ci fut le fondateur
de l'École de Brescia, l'une des plus anciennes
de l'Italie et l'une des plus distinguées. Il est à
remarquer que Kerlino, de même que tous les
luthiers de la première époque dont les noms et
les ouvrages sont connus, n'ont fabriqué que
des rebecs, des violes de toutes dimensions,
des lire d'arco el des lirones, à onze et doiize
cordes.
RERIV (JosEPn-SÉnAPni:*), compositeur de
la chambre du prince évéque, à Passavv, est
connu par un œuvre de messes intitulé :
Jlauda ad sacrificium sacerdotale cantans,
in seleclissimis III Missis quatuor voc.
2 violinis et viola ad primam missam ,
2 clarinis et tympano cum organo continuo,
stylo ecclesiastico ad régulas exquisHissimas
deductis, op. 2, Burghusianee, 1747, in-fol.
KERN (Augdste), professeur de piano à
Hambourg, s'est fait connaître, depuis 1840,
par des danses pour cet instrument et parjjli!-
sieurs recueils de Lieder. Depuis 184-3, cet
artiste s'est fixé à Hanovre.
KERPEIS (Frédéric-Hugues, baron DE),
capitulaire de l'église cathédrale de Wurz-
bourg, et protecteur du concert des amateurs
de celle ville, où il jouait lui-même du violon-
celle, parait avoir quitté WUrzbourg [)oslérieu-
rement à 1786, pour aller s'établir à Mayence,
puis à Heilbronn, où il vivait encore en 1800.
Il a composé la musique des opéras dont voici
les litres : l°Ze Naufrage, à Wtirzbourg, en
1786. 2" Z'^neyme, petit opéra en deux actes,
Mayence, 1791. 3" Céphale et Procris , mélo-
drame, ibid., 1792. A" Adèle de Ponthieu,
opéra en trois actes, a6îd.,1798. Il a aussi pu-
blié pour le piano : 5" Trois trios avec violon el
violoncelle, op. 1, Manheim, 178ô. 0° L'Adieu,
ode avec accompagnement de piano, Mayence,
1783. 7" Sonate pour piano, publiée dans
l'École du piano, de Vogler. 8" Sonate à quatre
mains, op. 4, Mayence. 9° Six ariettes à trois
voix, avec accompagnement de piano, ibid.
10" Six chansons allemandes, ibid., 1797.
11" Six chansons de Mathison, Heilbronn,
1798. 12" Sept variations pour le piano sur
l'air allemand : Ifir kammen von der Kiiste,
Heilbronn. 15" Six grandes sonates poiirpiano,
KERPEN -- KESSLER
il
avec violon, op. 8, ibid., 1799. 14» Concerto
ponrjiiano, avec orclieslre, op. 9, ibid., 1800.
Aucun renseignement postérieur n'a été pu-
l)lié concernant cet amateur distingué.
KERZEL (Michel), musicien né en Bo-
hême, vivait à Vienne vers la fin du dix-hui-
llème siècle. En 1787, il se trouvait à Moscou.
On a gravé de sa composition : 1° Six quatuors
j'our deux violons concertants, alto et basse.
Vienne, 1783. 2» Six duos pour deux violons,
ibid. Z" V Enchanteur de u»7Za(7e, petit opéra
russe, partition réduite pour le piano, 1790.
4" Six trios pour deux violons et basse, op. 1,
Ueriin, Iliimmel.
KESEINHEIMEU (Sophie), cantatrice al-
lemande dont la carrière a commencé sous
d'heureux auspices. Née le 14 mars 1836, à
Friedrichshofeu, dans le royaume de Wurtem-
berg, elle a reçu son éducation musicale de
Lindpaintner, qui la destinait au Théâtre de
Slutlgard. Plus tai'd, elle alla continuer ses
études de chant chez Lenz, à 3Iunich et reçut
des leçons de Madame Constance Uahn, pour
la déclamation et l'action dramatique. Ses pre-
miers essais eurent lieu en 1857 à Munich et à
Steltin, comme prrma donna, dans les rôles de
Valcntine (des /ftiguenots), de Royneo (de Bel-
lini), et de Fidelio. Les avantages dont elle
est douée sont, dit-on, une belle voix pleine et
sonore de mezzo soprano, dont l'étendue est
de deux octaves, une vocalisation facile, un beau
trille, un sentiment dramatique plein de feu,
une taille élégante, et une figure aussi belle
qu'expressive. S'il n'y a pas d'exagération dans
ces éloges, mademoiselle Kesenheimer est des-
tinée à de beaux et grands succès.
RESLEll (Wendelin), musicien allemand
<lu seizième siècle, né à KannewurfT, dans la
Thuringe, a i)ublié une collection de motets
pour l'Avent, intitulée : Selectx aliquot et
omnibus fere musicalium instrumentorum
generibus accomodatissime cantiones super
Evangelia quœ diebus Domitiicis et prwci-
puis sanctorum Festis ab Jdventu adResnr-
reclionem usque Christi soient tractarif mu-
sices harmonicis exornatx atque vocibus
q\iinque diversis jamprimum in lucem
cditx, Wittebergae, per Zachariam Lehman,
lo82.
KESSEL (Jean-Chrétien-Bertram), can-
tor à Eislehen, né à Lengelfeld vers 17G6, lit
ses études à Leipsick et fut d'abord employé,
en 1794, comme canior suppléant a Franken-
' hausen ; puis il se rendit en 1799 à Eisleben, où
on lui confia les places d'instituteur primaire
et de direetcupdu chœur. Il est mort en ce lieu
le 19 juin 1823. Ce musicien s'est fait con-
naître par un livre qui a pour titre : Uuter-
richt im Generalbasse zum Gebrauche fiir
Lehrer und Lernende (Instruction sur la basse
continue, à l'usage des maîtres et des élèves),
Leipsick, 1790, in-8". Un. supplément fut pu-
blié dans la même année et dans la même ville.
Il a été refondu dans une deuxième édition
qui a paru en 1791. On connaît aussi le
soixante-cinquième psaume à plusieurs voix
composé par Kessel.
RESSELRirSG (Jeapi-Asure), cantor à
Ringleben, en Thuringe, vécut vers le milieu
du dix-huitième siècle. Il a écrit, pouf les
Kirchenandachten de Neumeisler, une pré-
face intitulée : Ob Gott die Kirchenmusik
dnrch die Propheten befolden habe (Si Dieu
a ordonné l'usage de la musique par ses pro-
phètes)? Il se prononce pour ralTirmalive. Un
anonyme, qui signait Z. R., ayant cherché à
réfuter son opinion, Kesselring répondit par
un pamphlet intitulé : Zwinglius Hedivivus,
oder ungegriindele Censur eines der Gottes-
gelahrtheit Beflissenen Uber die, die Hoheit
und den wahren Gebrauchder Musik abhan-
delnde Forrede, etc. (Zwingle Ressuscité, ou
critique non fondée d'une doctrine théologique
sur celte question. Si Dieu a ordonné l'usage
delà musique par ses prophètes, etc.), Erfurt,
1744, in-8'' de quarante pages. Par ce titre,
Kesselring faisait allusion et aux initiales de
l'anonyme, et aux opinions de Zwingle contre
l'usage de la musique dans le service divin.
KESSLEll (Jean), étudiant en théologie,
puis cantor à Ziegenriick (petite ville de la
Thuringe) pendant le dix-septième siècle, a
publié un recueil de chants avec accompagne-
ment et ritournelles pour deux violons et
basse continue, sous le litre de Musikalischer
7/^i7Aommen (Bienvenue musicale) Jéna, 1668,
in-folio.
KESSLER (Frédéric-Gottlob), médeciq
à Altenbourg dans la première moitié du dix-
huitième siècle, a soutenu, à l'université de
Halle, une thèse concernant l'effet du son sur
le corps humain ; elle a été imprimée sons ce
titre : Dissertatio inauguralis medica : de
tono partium corporis humant , quam in
Âlma Fridericianasubprxsidiodr. Joannis
Henrici Schulzii, pro gradu doctoris, pu-
bliée submittit auctor, Halle, 1737, in-4'' de
trente-huit pages.
KESSLER (Jean-Guillaume), organiste el
maître d'écriture à Heilbronn, vers la fin du
dix-huilième siècle, vivait encore dans cette
ville en 1810, cl y publia alors la dcux-tèm«.
//
t-2
KESSLER
Oïlilion d'urt traiU; de l'écriture qu'il y avait
r.iit paraître en 1787. Après avoir pris part à
la Correspondance musicale de Bossier, en
1790, il se fit connaître comme compositeur
par les ouvrages suivants : lFûrlen\ber(jische
viersliinmiges Clioralbuch (Livre choral du
Wurleniher'g à quatre voix), Stuttgard, 179-3,
iu-4". 2" Divertissements sociaux, ou six
anijidises pour le claveciUj avec leur choré-
Urtipliic, liariuslndi, 179G.
lilûSSLt^lV (FitAJiçois-AuGnsTr), né en
178-3 à Bcrclitolsgaden, en Bavière, a l'ait ses
«•tu. les n)usic,ilesà Municli, el a eu pour maîtie
de fhile Guillaume Legiand, musicien de la
cour. En 1802, il a été placé comme flûtiste
dans 1,1 chapelle royale. Il a publié : 1" Six
duos pour deux flûtes, Munich. 2" Douze pe-
tites pièces pour deux flûtes, Munich, Falter.
Kessier est mort cà Munich, en 1849.
KESSLKU (FEHDir«AniD) , compositeur et
professeur de piano, fils d'un contr'ohassilc de
l'oichestre de Francfoit-sur-le-Mein , iiai|iiit
<lans celte ville au moisde, janvier 179-3. Apr(\s
avoir afipris les éléments de la musique et du
pianochezun maîtreobscur, il reçut des leçons
d'Aloys Schmitt(iioye; ce nom), qui n'était son
aîné que de six ans. Au mois de mars 1812,
Kessier joua [lour la première fois en public
dans un concert donné parson pèrectSchmitt ;
il y exécuta le huitième concerto de Mozart
(en ré mineur). Vers le même temps, André,
d'OfTenbach , lui enseigna l'harmonie et la
composition. Fixé dans sa ville natale, Kessier
s'y est lait la réputation d'un bon mailre de
piano, et y a publié des comiiositions pour son
ijistrument. Il a écrit un grand opéra en trois
actes, intitulé : Cécile, qui n'a pu être repré-
senté, à cause des défauts liop considérables
du livret. Il a composé aussi des symphonies
et des quatuors pour instruments à cordes qui
sont restés en manuscrit. Son livre intitulé :
System zitm Selbstunterrichtindcr Harmonie
(Système pour s'instruire soi mémedans l'har-
monie), était sous presse loisqu'il mourut à
Francfort, le 28 octobre 1850. L'ouvrage parut
dans la même année, un vol. in-S". Parmi les
productions connues de cet artiste, on remar-
<|ue : 1° Trois sonates pour piano seul , op. 9,
Maycnce, Scholt. 2" Trois idem, op. 10, ibid.
ô" Quatre rondeaux faciles et progressifs pour
le même instrument, op. 11, Francfort, Dunst.
4" Trois thèmes de l'opéra de Freischiitz, va-
riés pour piano, Bonn, Simrock. Gassner a
attribué à Ferdinand Kessier, dans le supplé-
ment au Lexique de Schilling, ainsi <|ue dans
son Universel Lcxilion dcr TonLunsl, l'écrit
intitulé : Der musikalischa Gottesdienst , etc.;
mais c'est une erreur (voxjez l'article suivant).
KESSLER (FuiÎDÉRic), prédicateurà Wer-
dolil , village des Étals prussiens , dans la
Weslplialie, et surintendant du diocèse de Lll-
•lenscbeid, nommé en 1819, a publié les ou-
vrages suivants : 1" Per musikalische Gottes-
dicnst. Ein tvort fiir yllle dienen die
Befœrdernng des Cultus am Herzen liegl ;
insonderheit fiir Organisten und Prcdiger.
Nebst ciner f orrede von Dr. Cari Immanuel
Nitzsch, Prof essor der Théologie zu Donn
(la Liturgie musicale. LTn mot pour tous, etc.;
parliculièrement pour les organistes et les
prédicateurs. Avec une préface du docteur
Cliailcs-Ernmanuel Nitzsch, etc), Iserlohn,
1832, in -8" de deux cent huit pages. M. Charles-
Ferdinand Becker dit ([ne cet ouvrage n'est
«ju'une compilation, tirée en grande |)3rtie de
son ouvrage intitulé : lîathgeber fiir Orga-
nisten (Avis aux organistes). 2" Kurze und
fassliclte Jndentungcn einiger Mxngel des
Ki : chen-Cesanges , Ein Neujahrs Biichlein
fiir Jung und Alt (Courtes et faciles indica-
tions de <iuel(iues défauts du chant de l'église.
Petit livie d'étrennes i)our jeunes et vieux),
Iseiluhu, 1832, in-S" de trente-deux pages.
Partisan de l'enseignement de la musique parla
nolalion en chiffres que Natorp avait introduit
dans les écoles primaires, Kessier fit de grands
efforts pour le propager, et publia avec l'in-
venieurde cette méthode un livre choial {Clio-
ralbuch), noté en chiffres et arrangé à quatre
voix par Rink, dont la i)remière édition parut
en 1829, àEssen,chez Baedeker, et la deuxième
en 183G. On a encore de Kessier un écrit inti-
tulé : Der Gesungbuch von seinen musiliulis-
chen Zeit belrachtet (le Livre de chant consi-
<léié an point de vue musical), Elberfeld, 1838,
in 8».
KESSLEIl (Erasme), fils d'un musicien de
l'orchestre du théâtre Sur-la- f'iennc, dans
la capitale <le l'Autriche, naquit dans cette
\ille en 1808. A l'âge de (jualorze ans, son
éducation musicale était assez avancée pour
(ju'il écrivît une ouverture qui fut exécutée
aux représentations du mélodrame intitulé :
der Goldene SchlUssel (\3i Clef d'or), en 1823.
Deux ans après, une autre ouverture de sa
coni|)Osition futjouée avec succès dans un con-
cert à Vienne, et dans le même tcmi)sil éciivit
loule la musi(|ue composée de chanis , de
choL'urs et de danses, pour le drame Clolilde
die Sprachlosc (Cloiilde la muette), dont il di- .
rigea toutes les représentations comme chef
(rorchcslrc. En 182G, il fit aussi représenter
1
KESSLER - KETTE
Satcrina, drame musical pris dans un sujet de
Bohémiens ou Zinganes, et, enfin , il donna au
même théâtre, en 1828, der Stock im Eisen
(le Bâton de fer), drame romantique, avec une
ouverture et des chœurs. Ressier avait alors
vingt ans ; depuis cette époque, son nom a
disparu de l'activité musicale.
KESSLKil(J.-C.), pianiste etcompositeur,
est né vers 1800, à Leitmcritz, en Bohême, et
non à Varsovie, comme il est dit dans la Ga-
zette générale de musique de Leipsick (ôô*^ an-
née, p. 597); mais il vécut quelque temps
dans la capitale de la Pologne. En 1827, il
était à Vienne, où il publia quelques com-
|)ositions pour le piano, parmi lesquelles on
remarque un recueil de vingt-quatre études
dans tous les tons, œuvre 20«, dont le grand
mérite lui assure une place honorable parmi
les artistes les plus dintingués. M. Kessier,
ayant pris la résolution de continuer ses
voyages, s'éloigna de Vienne et s'arrêta à
Breslau, en 1851. Il y donna des concerts
dans lesquels il fit admirer son talent d'exé-
cution et plusieurs de ses ouvrages. Dans l'an-
née 1832, il y lut alleint du choléra; mais
sa bonne constitution le fil écha[)per aux im-
vages de celte terrible maladie. Au mois de
janvier 18ô5, M. Resslcr fut appelé à Lem-
berg; il s'y trouvait encore en 1840 et y jouis-
sait de beaucoup d'estime comme virtuose,
compositeur et professeur pour son instrument.
Les ouvrages les |)lus connus de cet artiste
sont : 1" Introduction et andante pour le
piano, op. 0; Vienne, Arlaria. "i"! vo\s scherzi
idem, op. 7; ibid. o" Marche de l'opéra Al-
fred, variée, op. 10. 4° Éludes pour le piano,
en quatre suites, op. 20, Vienne, llaslinger.
Richault, de Paris, a donné une édition nou-
velle de cet ouvrage, sous le titre de : f'ingt-
(juatre études pour le piano dans tous les
(ans. 5" Fantaisie pour piano seul, op. 25,
Vienne, Diabelli. G" Impromii tus, idem, op. 24,
ibid. 7" Six bagatelles idem, o\). 27, Breslau,
Weinhold. 8" Trois nocturnes idem, op. 28,
Hambourg, Cranz. 9» Trois bagatelles idem,
op. 29, Breslau, Grusser. 10" Trois bagatelles
»(/em,o[). ôO, ibid. 11° Vingt-quatre préludes,
op. ôl, ibid. 12° Variations sur un thème des
Puritani, op. 32, Vienne, llaslinger. lô"Trois
pensées fugitives, op. 58, Leitmeritz, Pohtig.
14" Romance et élude de concert, op. 59, ibid.
Des valses et mazourkes. Plusieurs recueils de
chants pour voix seule et piano, op. 22, 55,
54, 41, ibid. Les recueils d'études de Kessier
sont remarquables par l'originalité de la forme
autant que par IVIégance de la pensée; elles
ont d'ailleurs le mérite de justifier leur litre,
car la plupart sont des études véritables, oii
les diflicullés ne sont pas épargnées. Quelques
journaux ont attribué à tort ces études à Fer-
dinand Kessier de Francfort (voyez ce nom).
KESSLEÏl ( JosEPii-IlENni-FEUDixAND ) ,
canlor de l'église Sainte-Elisabeth, à Breslau,
est né le 4 décembre 1808, à Tost, en Silésie.
Le directeur de musique Siegert lui enseigna
les éléments de l'art et le chant, et il reçut des
leçons de piano, d'orgue et de violon du pro-
fesseur Juste Kessier. D'abord employé comme
enfant de chœur, i)uis comme choriste à
l'église Saint-Bernardin, il acheva ses études
musicales sous la direction de l'organiste Freu-
denberg, qui lui enseigna l'harmonie et la
composition. En 1832, il fut nommé choriste
de l'église Sainte-Elisabeth, et, en \d>iA^sig7ia-
tor {?) de la même église. On connaît de Kess-
ier : 1° Le lOO'"*" [isaume pour chœur et or-
chestre. 2° Une cantate pour un chœui*
d'hommes avec quatre coi's. 3" Trois cantates
[tour chœur de voix différentes avec oichestre.
4° Des chants pour quatre voix d'hommes.
5° Des Lieder et des mélodies à voix seule avec
accompagnement de jiiano.
KETSCIIAU (Auguste), né dans la Thu-
ringc, vers 18015, fut organiste et [)i'ofesscur de
piano à Erl'urt, depuis 1829 jusque vers 1845.
Après cette époque, son nom disparaît du
monde musical actif. Cet artiste brillait parti-
culièrement par le talent de bien diriger les
orchestres et les grandes masses chorales. Ce
fut lui qui dirigea toutes les grandes fêtes mu-
sicales d'Erfurt, de Weimar, etd'auti-es villes
environnantes, dejjuis 1855 jusqu'en 1842. En
1841, il fit exécuter, dans une de ces solen-
nités, un hymne de fête de sa composition pour
voix seule, chœur et orchestre ; cet ouvrage
fut fort applaudi. On n'a publié de lui que des
Lieder et chants à voix seule avec accompa-
gnement de piano, op. 1 et 2, Erfuri, AVilh.
Meyer.
RETTE (Albekt), organiste de la coui- et
de la cathédrale de WUrzbourg, naquit dans
les environs de Schwarzenberg, en 1720. Son
père, qui était maître d'école et organiste du
lieu, lui enseigna les éléments de la musique
et du clavecin. Ses progrès furent si rapides,
qu'ayant perdu son père à l'âge de onze ans, il
put le remplacer à l'orgue. Plus tard, il alla à
WUrzbourg pour y faire ses éludes : y ayant
icnconlré Bayer, très-bon organiste, il allait
l'entendre tous les jours, et même il recevait
de ses leçons. A la mort de ce maître, en
1749, il fut jugé capable de lui succéder. U
Ï4
KETTE — KETTENIJS
moui'ut à Page de quarante et un ans, en 17G7.
Cet artiste brillait principalement sur l'orgue
dans l'improvisation etrexéculionde la fugue.
Il a beaucoup écrit pour l'église et jiour son
instrument, mais toute sa musique est resiée
en manuscril. On cite particulièrement les mor-
ceaux suivants qui se trouvaient autrel'ois chez
Traeg, à Vienne : 1» Concerto pour l'orgue,
avec accompagnement de deux violons, deux
violoncelles, deux cors, deux trompettes et
timbales. 2" Concerto pour clavecin, deux vio-
lons, viole, basse, deux trompetles et timbales.
3" Vingt-six cadences pour l'orgue. 4° Six pré-
ludes pour l'orgue, dont trois grands et trois
petits.
KETTENUS (Alois), violoniste et compo-
siteur belge, né à Verviers, le 22 février 182ô,
commença dès ses premières années l'élude
de la musique, ^our laquelle il avait d'heu-
reuses dispositions. Un frère de son père lui
donna les premières leçons de violon. Agé seu-
lement de huit ans et demi, il joua l'air varié
de Rode (en sol) dans un concert de la Société
d'harmonie de sa ville natale. Peu de temps
après, il fut admis au Conservatoire de Liège,
où il devint élève d'un professeur nommé
M. Wanson; mais sa santé délicate l'obligea
de retourner chez ses parents après une année
d'étude. Rentré au Conservatoire quelque temps
après, il fut de nouveau obligé d'en sortir par
la même cause à l'âge de douze ans et demi,
et retiré dans sa famille, il n'eut plus d'autre
guide que lui-même, saisissant toutes les occa-
sions où il pouvait entendre les meilleurs ar-
tistes, <[ui devenaient ses modèles. En 1841,
M. Keltenus se rendit à Aix-la-Chapelle et y
obtint la place de premier violon du théâtre,
après une épreuve de son talent comme soliste
et comme lecteur à première vue ; cependant
il abandonna bientôt cette position, qui ne lui
laissait pas assez de temps pour se livrer au
travail et à l'enseignement. Ce fut dans la
même ville qu'il apprit d'un ancien élève du
Conservatoire de Prague les éléments de l'har-
monie. Après s'être fait entendre avec succès
dans des concerts donnés à Francfort, Mayence,
Darmstadt et Carlsruhe, il reçut, à l'âge de
vingt-deux ans, sa nomination à la place de
maître de concert et de violon solo du théàtie
et de la cour à Mannheim. Il l'occupa pendant
plusieurs années, et pendant ce temiis il fit un
tours complet de composition, sous la direction
de V. L:ichner. Ce fut aussi à Mannheim que
M. KeUenus écrivit ses premiers ouvrages,
entre les<iuel5 on remarque un Rondo sicilien
pour violon, dédié au prince régcul de Bade,
et des Lieder, dont un recueil de six est dédié
au grand -duc de Uesse-Darmstadt; à la même
époque il écrivit aussi un concertino pour
hautbois et une fantaisie pour clarinette.
Cependant le besoin d'une existence pins
active que la vie uniforme et monotone de
Mannheim tourmentait le jeune artiste ; il con.-
prenait qu'il ne pouvait trouver cette activité
que dans un grand centre de population, tel
que Londres ou Paris ; il se décida pour la pre-
mière de ces villes, et sa résolution lui fit refu-
ser la place de maître de concert à la cour du
roi de Wurtemberg, laissée vacante par le dé-
part de Moiique pour Londres, et, en 1855, il
s'éloigna de Mannheim, chargé d'une lettre de
recommandation de la grande-duchesse Sté-
phanie de Bade pour la duchesse llamilton,
sa nièce. Arrivé à Londres, au mois de no-
vembre de cette année, M. Rettenus fut immé-
diatement engagé pour jouer dans les concerts
lie Julien les solos de violon, trois fois chaque
semaine, alternativement avecErnst.Lesjour-
naux de celte capitale, particulièrement la
Presse de Londres, ont rendu le compte le
plus avantageux de l'effet produit par lui sur
le public nombreux de ces concerts populaires.
Appelé dans l'hiver de 1836-1857 à Dublin,
pour y diriger les représentations d'un opéra
de Wallace (J}/aritana), données par la hante
aristocratie au profit de l'école de musique
<)e Uublin, M. Keltenus fit, dans cette occasion,
preuve de talent dans l'art de diriger un or-
chestre. Pendant la même saison, il joua avec
succès, dans les concerts de la Société philhar-
monique de Dublin el devant le vice-roi, deux
fantaisies de s.i composition, avec orchestre.
Deux ans après, il fut rappelé par la même
société, pourexécutcr le concertodeBeelhoven.
Pendant l'hiver de 1837 à 1838, il fut engagé
au théâtre de la reine, à Londres, en «lualilc
de premier violon d'attaque, pour une série de
concerts donnée par Julien. A cette même
époque, M. Rettenus a composé un grand con-
certo de violon non encore publié, un concer-
tino pour quatre violons et orchestre exécuté à
Londres avec succès dans plusieurs concerts,
notamment par l'auteur, Henri Wieniawsky,
le violoniste hongrois Remengi et Ries. Plu-
sieurs autres compositions ont été publiées de-
puis lors par M. Rettenus, entre autres, un
duo pour piano et violon, Londres; Adtlison;
un duo pour soprano et ténor, ibid. ; deux mé-
kxlies anglaises (Christmas eve et T/ic Luke).
Londres, Wessels; le Meunier de Sans-sonci,
romance française; Londres, Schott; Paris,
Lcinoine, etc. Dans les dernières a!inée->, cet
i
KETTENUS — KIIALEDOUNE
artiste (lislingiié s'est fait enleiiclre, el toujours
avec succès, aux concerts de la Société phil-
harmonique, du Palais de Cristal, el dans
les salons de la marquise de Devonshire. Un
grand opéra de sa composition (Stella) a été
représenté au théâtre royal de Bruxelles, au
mois de février 18C2. On y a remarqué de
lionnes choses dans la musique; mais la nul-
lité d'intérêt dans le livret a nui au succès de
l'ouvrai^e.
lŒYllî.EBEIl (Jean-Georges), profes-
seur de philosophie et amateur de musique,
né dans le Wurtemherg, vivait vers la fin du
dix-septième siècle. Il avait un goût passionné
pour les canons, et toute la musique lui sem-
blait renfermée dans les pièces de ce genre;
idée bizarre pour le temps où il vivait, mais
qui avait eu longtemps ses partisans dans les
quinzième et seizième siècles. Les pièces de sa
composition, citées par les biographes alle-
man<is, sont une preuve de sa passion pour
cette espèce de musiijue ; elles ont pour litre :
l" Aygralulaiio viusico-poelica, en six dis-
tiques latins, avec un canon perpétuel de seize
dessus et de seize violons à plusieurs sujets,
pour l'anniversaire de naissance de l'empe-
reur Joseph I'"', roi des Romains, le l'''" mars
1G9I. D'après la description iju'on en donne,
ce canon pouvait être exécuté à deux cent cin-
quante-six voix et autant d'instruments, c'est-
à-dire, à cinq cent douze parties. 2" Le chris-
tianisme bien conçu et brièvement exprimé
par les deux mots : Ora et labora, avec quel-
(|ues images allégoriques, gravé sur cuivre en
une planche in-folio. On y trouve un canon à
deux altos (chantants), deux ténors- et (jualre
basses de viole, susceptible de trois systèmes
(le résolution. Ce canon est établi sur ces pa-
roles :
Da Adam hackt und Eva spann,
Wer >var damais eiii Edelmann ?
(Lorsque Adam coupait du bois, et qu'Eve fi-
lait, qui était alors gentilhomme?) De plus, en
<|ualre systèmes de résolution, une ariette à
huit voix, dont quatre marchent par mouve-
ment direct, et quatre par mouvement rétro-
grade, sur ces paroles :
Creif an das Werk und set/ nicht faul :
Afin v'bratne Taub flerjt dir in.i Maul.
(Mets Li main à l'œuvre et ne sois point pares-
seux; les pigeons ne viennent pas rôtis dans
Ia-l)ouche.) '
KEYSER (Reimiaud). Foycz Keiseu.
RUAILL ou ÎÎAIL (Joseph), né à Gras-
lilz, en Bohême, l'ut admis comme élève au
Conservatoire de l'rague, on ISll, et y iccut
<les leçons de Wenccslas Zaluschau pour le cor
et de François Weiss pour la trompette. Il est
connu dans son pays comme inventeur d'un
cor chromalique à clefs; cet instrument est
maintenant oublié, et il n'y a plus d'autre cor
chromatique que le cor à pistons.
KIIALEDOUN (IBX ou Ebn), ou, sui-
vant l'orthographe du savant orientaliste Sil-
vestre de Sacy [Chrestomathie arabe, etc.,
a™' édition, Taris, 18i>0 à 1827, t. l", n'ô),
EIl3î' KIL\LDOCrV,naquilàTHnis, le l"de
ramadlian 732 de l'hégire (1531 de l'ère chré-
tienne). Ses noms véritables étaient j4ld-
Jlruhman Hadltrami , fils de Mohammed,
fils de Khaledoun ; mais il est connu sous celui
de Ebn KI>aledoun, c'est-à-dire, descendant
de Khaledoun. Il fit ses éludes à Tunis. Ayant
pertiu son père et sa ipère par la peste, lors-
qu'il eut atteint l'âge de dix-sept ans, il fut
attaché au seivice du gouverneur de cette
ville, pour écrire en gros caractères sur les
diplômes la devise du sultan Abou-Ishac
Ibrahim, cinquième roi de la dynastie des
Abou-llafs. Il s'éloigna de Tunis en 784
(108-3 de Jésus-Christ), el alla se fixer au
Caire. Deux ans après, le sultan Barkouk le
nomma Kahdi'lkodat de la secte des maléki-
tes; mais sa fermeté à repousser les recom-
mandations et sollicitations des grands le fit
destituer après un an d'exercice de ses fonc-
tions. Elles lui furent rendues en 801 (1398),
mais après la mort de Barkouk, sa position
lui fut enlevée de nouveau. Ayant suivi, en
Syrie, le sultan Mélic-Alnaser Faradj, il devint
prisonnier de Timoiir-Leng ( Tamcrlan ) à
la jjrise de Damas, et ne recouvra la liberté
qu'au moment où ce conquérant retourna dans
la Mongolie. Revenu au Caire après deux ans
de captivité, Ebn Khaledoun fut nommé une
troisième fois Kahdi'lkodat ; api'ès avoir perdu
el recouvré plusieurs fois ce litre, il mourut
le mercredi 25 de ramadhan 808 (1405), à
l'âge de soixante-seize ans et vingt -cinq
jours.
On a de ce savant un ouvrage considé-
rable, composé de plusieurs parties sur divers
sujets, et qui jouit d'une grande célébrité
dans le Levant; Silvestre de Sacy en traduit
ainsi le titre arabe : Le livre des exemples
instructifs et le recueil du sujet et de l'attri-
but, concernant l'histoire des arabes et des
Berbers, ainsi que celle des souverains les
plus puissants qui ont été contemporains de
ces nations. Une des parties de cet ouvrage
renferme un traité de la musique des Berbers
01! Cabylcs. Ce fragment a été extrait d'un m.»-
26
KIIALEDOUNE — KHYM
nuscrit de la Bibliothèque impériale de Paris
par M. James-Gray Jackson (î;oj/ez Jackson),
membre de la Société asiatique de Londres,
qui en a publié une traduction anglaise dans
le vingtième volume de VAsialic Journal
(juillet à décembre 1825). Ebn Khaledoun
donne, dans cette intéressante partie de son
grand ouvrage, la théorie de la musique arabe
basée sur la division de l'octave en dix-sept
intervalles et du ton en trois parties égales ;
il dit que, de toute antiquité, les instruments
berbers et arabes ont été accordés selon ce
système.
Un autre fragment du même ouvrage a été
l)ublié à Vienne dans les Mines de l'Orient
(Fundgraben des Orients, t. II). Ebn Khale-
doun y présente des assertions qui d'abord
semblent contradictoires; car il dit dans un
endroit qu'avantMahomet les Arabes brillaient
«lans l'improvisation poétique par la variété
des rhylhmes, la richesse des images et l'har-
monie euphonique, ainsi que par les chants
(|u'ils y appliquaient; etdans un autre passage,
il avoue que la vie nomade de ces peuples ne
leur avait pas peimis de faire plus de progrès
dans la musique que dans les autres arts. Tou-
tefois celle contradiction disparaît si l'on se
souvient du génie éminemment poétique ma-
nifesté dans tous les temps par les peui)les
orienlaux, et du charme de certaines mélodies
rêveuses des Arabes; mais, d'autre part, l'ab-
sence absolue d'enseignement
régulier de la
musique, de méthode et d'éducation musicale ;
l'ignorance où sont ces peuples des relations
harmoniques des sons, et l'impeifectlon des
instruments, démontrent que l'Idée d'art et de
progrès n'a pas de signification pour eux.
Lorsqu'ils chantent ou s'excitent à la danse
par les rhylhmes de leurs instruments, ils sa-
tisfont un besoin de leur organisation ; ils ont
<les inspirations instinctives; mais la musique,
au |)oint de vue d'art, telle que la conçoivent
les populations civilisées de l'Europe, n'a ja-
mais existé chez celles dont parle Khaledoun.
RIIAYLL (JosnPH), né le 20 août 1781, à
llerzmanmiestec, en Bohême, apprit à jouer
de tous les instruments à vent chez un musicien
de Vienne, nommé Neustadt, et fit particuliè-
rement de rapides progrès .sur le hautbois. La
variété de ses talents lui procura une place de
chef de musi(iue d'un régiment, et pendant
longtemps il la remplit avec honneur; mais
l'afTaiblIsscment prématuré de ses forces l'obli-
gea à demander sa retraite. Il entra alors à
l'opéra de la cour comme hautboïste solo, et,
en 181Ô, il fui attaché à la chapelle impériale.
Une maladie de poitrine, dont il portait le
germe, l'obligea bientôt à renoncer à l'instru-
ment sur lequel il n'avait point, dit-on, de
rival. Cependant l'intérêt qu'inspirait cet ar-
tiste était S! grand, que le mailre de chapelle
Eybler ne voulut pas qu'il connût le besoin à
la fin de sa carrière, et qu'il lui donna une
sorte de sinécure dans une place d'allo qu'il
lui confia, en 1828; mais le mal empira rapi-
dement, et le 24 janvier 1829, Khayll cessa
d'exister, laissant un fils qui semblait des II né à
se faire un nom comme pianiste et qui débuta
brillamment dans les concerts de Vienne ,
enl829, 1830et18ôl, maisqui, bientôt après,
suivit son père dans la tombe. On ne connaît
aucune composition de Joseph Khayll pour le
hautbois.
RIIAYLL (A>toise), frère du précédent,
né le 7 avril 1787, reçut la même éducation
que son frère, mais le piano et la trompette
furent les inslruments sur lesquels il se <lis-
liugua. Sa nomination de trompette à l'Opéra
de la cour et à la Chapelle impériale lui assura
une exislence paisible. Il était encore plein de
force lorsqu'une atteinte d'apoplexie l'enleva
à sa famille, le 28 avril 1834.
KHAYLL (Alois), troisième frère de ce
nom, est né le 5 juin 1791 . Son talent de pre-
mier ordre, comme flùllsle, l'a fait admettre à
l'Opéra de la cour et à la Chapelle impériale,
comme ses frères. On assure que l'ensemble
résultant du talent de ces artistes donnait
l'idée de la perfection ; cet ensemble se faisait
surtout remarquer daiTs des morceaux con-
cerlanls composés par Weiss pour eux, avec
hautbois, flûte et trompette. M. Aloïs Khayll
a composé quelques morceaux de concert
agréables, entre autres des variations bril-
lantes pour flûte et itlano, Vienne, Trent-
sensky. Il a été pendant plusieurs années pro-
fesseur de flûte au Conservatoire de cette ville;
Il occuiiait encore cette position en 1848.
RIIISEL (Jean-Jacques), musicien alle-
mand du seizième siècle, parait avoir vécu en
Italie, où il a fait imprimer : Libro primo de
Madrifjali e Motetti a 4 e 6 voci, Venise,
1591, ln-4°.
KIIYM (CiiAHLEs), dont le nom est écrit
quelquefois RYHM, hautboïste et compositeur
de musique instrumentale, naquit en Bohême,
vers 1770, et passa la plus grande partie de sa
vie à Vienne. Ses talents ne se sont pas élevés
au-dessus du médiocre. On connaît de lui :
1" Trois duos pour deux clarinettes, op. 1,
Augsbourg, 1798. 2» Trois îdem, op. 2. ibid.
ô" Collections de danses pour piano, op. ô et 4,
KHYM - KIENLEN
27
ibtd., 1799. 4° Marche de Bonaparte, avec
douze variations pour le clavecin, op. 5, ibid.
5» Trois duos concertants pour deux flûtes,
op. 6, ibid. 6° Variations pour violon et alto,
sur un air allemand, Vienne, 1800. 7" Séré-
nade pour flûte et ailo, ibid. 8" Vini^t-quatre
variations pour violon sur un air allemand,
avec accompagnement de viole et l)asse, ibid.
KIALMAUK (E.), né en 1781 à Lynn-
Regis, dans le comté de Norfolrk, est fils tl'un
officier suédois, et d'une mère anglaise, fille
de M. Banks. Resté orphelin et sans appui, il
se livra à l'étude de la musique pour laii-e sa
profession de cet art. Son premier maître fut
un Allemand qui avait moins de talent que de
vanité; mais i)lus lard il devint élève de Bar-
Ihélemon, de Cobham et de Spagnoletti pour
le violon, et leurs leçons le mirent en état
d'occuper une place dans les orchestres.
En 1803, un mariage avantageux lui permit de
rompre ses engagements comme symi)honisle
et de se livrer à l'enseignement du piano. Vers
le même temps, il a commencé à publier quel-
ques morceaux de piano qui ont été recherchés
en Angleterre. La nomenclature des airs va-
riés et des petites pièces pour le i)iano qui
portent son nom, est très-étendue; toutes ces
légères productions ont été gravées à Londres;
elles sont maintenant tombées dans l'oubli.
lilCllLI'^U (Martin), professeur de piano
à Vienne, vers I8ô0, est auteur de plusieurs
morceaux pour cet instrument, et d'une mé-
thode complète, théorique et i)ratique inli-
tuléc : f'olIst,rndi(/es Iheoretisch-praldisckes
Lehrbuch in Pianofortespiele^ op. 12, Vienne,
Ilaslinger.
RIliFH AIÎEU (Jean CiiAnLcs-SiECMrjiD ou
Sicis.noND), assesseur royal de la commission
des archives et archiviste-adjoint à Munich,
fut longtemps professeur à Nuremberg, où il
était né. Écrivain laborieux, il est auteur d'un
grand nombre de dissertations historiques et
archéologiques qui sont estimées. Il a publié,
à l'occasion de l'anniversaire de la Réforma-
tion : Sendschreiben Dr. Martin Luthers an
Ludwig Seufel, herzogl. baierische Hofniu-
sikus in Munchen. Zum Andcnken der Ge-
dxchtnissfeier der von Luther vor ZOO jahren
bewirkten Kirchenverbesseritng auss Neue in
den Druck gegeben und mit einigen Zusxtzen
versehen, in Beziehung auf Luthers L.iehc
sur Musik und Singkunst (Lellres originales
du dr. Martin Luther à Louis Senfel, musicien
de la cour du duc de Bavière, etc.), Munich,
1817, in 8». Ce recueil a de l'intérêt pour l'his-
toire de la musique en Allemagne, au seizième
siècle. On a aussi dé Kiefhnberune notice fort
bien faite et riche de renseignements sur les
célèbres luthistes et fabricants de luths, /^ans
Gerle, de Nuremberg {voyez ce nom). Celle
notice a été publiée dans la Gazette générale
de musique de Leipsick (ann. 181G, p. 309
et 525).
KIEL (Auguste), fils d'un ancien ténor et
professeur de musique à Brunswick, naijuit
dans cette ville, vers ]S\^. Après avoir reçu
(le son père les premières instructions concer-
nant la musique, il choisit le hautbois pour
instrument et cultiva la composition. Sou
premier ouvrage jmblié est un recueil de six
Lieder à voix seule avec accompagnement do
piano, Hanovre, A. Nagel, 1839. Déjà, <le|iuis
jilusieurs années, Kiel était entré comme haut-
boïste dans la chapelle royale <le Hanovre.
Depuis lors, il a conservé cette position. Plu-
sieurs compositions pour le chant ont suivi
son premier ouvrage. Son œuvre 14" est un
Concertsliicke pour hautbois et orchestre (ré-
citatif, adagio et polonaise), Hanovre, Nagel,
et son œuvre 17<", une Elégie pour hautbois ou
clarinette et piano, Hanovre, Bachmann.
IvIEIM]>iGEU (Joseph-Melciuor), premier
violon de la société philharmonique à Grœlz,
dans la Slyrie, s'est fait connaître par un
ouvrage intitulé : Theorelisrhe undpraktischc
Jnleitung fiir angehende f'iolinspieler nach
den hesten Metliodetieingerichtet {Inslrucl'wn
théorique et pratique pour les violonistes com-
mençants, rédigée d'après les meilleures mé-
thodes), Graelz, J.-F. Kaiser, 1823, in-4».
KIEIMLEIX (jEAN-CiiniSToriiE) , composi-
teur, né en Pologne, dans la seconde moitié
du dix-huitième siècle, était chef d'orchestre
du Théâtre national àPresbourg, en 1808. On
voit dans la Gazette générale de musique de
Leipsick (an. 23", p. 864) qu'il vécut ensuite à
Berlin sans emploi pendant environ deux ans,
puis, qu'il fut maître de chant au théâtre royal,
où il écrivit la musique (ouverture, entr'actes,
mélodrame et danses) pour le drame en trois
parties DonnaLuura^de Sophie de Knorriiig,
sœur du célèbre poëte Tieck. Dans l'intervalle
de ses séjours à Preshourg et à Berlin, il avait
vécu à Paris pendant quel(|ues années, puis à
Vienne, où il avait fait jouer, en 1815, son
petit opéra dieKaiserrosc (la Rose impériale).
Appelé à Posen, il fut attaché comme maître
de chapelle à la maison des princes Radziwill;
puis il eut la placede directeur de musi(iue du
théâtre d'Augsboiirg , pour kMjuel il écrivit
l'opéra Claudine de Fillabcllu, sur le poème
de Gœthc, cl enfin il alla à Munich, on qualité
28
KIENLEN — KIESIlWETTER DE WEISENBRUNN
de dirccleur de musique do la cour de Bavière.
Parmi les ouvrages dramatiques de Rienlen,
on remarque aussi son opéra Laiire et Pétrar-
que, représenté à Carisruhe en 1820, la mu-
sique pour la tragédie de Germanicus , exécu-
tée à Berlin en 1818. Il vivait alors à Baden,
près de Vienne, et y dirigeait un orchestre de
danse. Enfin, en 1823, il écrivit la musique
du drame romanli(iue, intitulé Innocenzia,
pour le théâtre de Berlin. Il y a lieu da croire
ijue Texislence de cet artiste fut fort agitée. Il
est mort à Dessau, en 1830, dans une misère
profonde. On a publié de sa composition :
1" Symphonie à grand orchestre, Posen, Si-
mon. 2° Polonaise avec trio pour piano à quatre
mainS; Berlin, Traulwein. 5» Deux sonates
pour piano seul, Paris, llentz-Jouve. 5° Chan-
sons allemandes avec accompagnement de
piano, en recueils et séparées, Leipsick ,
Munich, Vienne et Berlin.
RICSKR (J.-J.), organiste à Erfurt ou
dans les environs, vei's le milieu du dix-hui-
tième siècle, a laissé en manuscrit une fan-
taisie avec un trio pour l'orgue, sur le choral :
Nun lobt meine Seel.
RIESEAYETTESl (Jean-Frédéric) , ar-
chiviste de la chambre des finances, et pre-
mier violon de la chai)elle d'Anspach, naquit
à Cobourg dans la première moitié du dix-
huitième siècle. Élève de Técole de Benda, il
fut considéré en Allemagne comme un des
meilleurs violonistes de son temps. Vers 1754,
il fut appelé à Anspach, et mis en possession
des places qu'il a occupées jusqu'à sa mort,
arrivée vers 1780. Ce musicien n'a rien publié.
RIESEWETTER ( Christophe -Gode-
froid), fils du précédent, naquit à Anspach
le 24 septembre 1777, et fut élève de son père
pour le violon, mais le surpassa dans l'exécu-
tion des difiicultés. Fort jeune encore il voya-
gea et fit admirer son talent; il lui eût été
facile de trouver partout de bons engagements,
mais son humeur peu sociable lui suscita
beaucoup <le discussions fâcheuses qui le firent
changer souvent de situation et nuisirent à sa
fortune. La première ville où il s'arrêta fut
Amsterdam; puis il alla à Pvastadt, où il eut
(le brillants succès ; mais il n'y resta pas long-
temps. Pendant environ dix-huit mois il vécut
à Bentheim-Steinfurt, et de là il se rendit à
ÎJeundorf, et enfin, vers la fin de 1801, à
Ballenstedl, où il contracta un engagement
moyennant une somme annuelle de COO écus
(2,250 francs). Il en partit en 1803 pour aller
à Oldenbourg, en qualité de maître de cha-
pelle, avec 800 Ihalers (3,000 francs) de trai-
tement. Cette position honorable est celle qu'il
a gardée le plus longtemps. Il y fit preuve,
non-seulement d'une grande habileté comme
violoniste, mais d'un rare talent comme chef
d'orchestre. En 1815, il alla se fixer à Ham-
bourg, et y vécut environ six ans. Dans l'hiver
de 1821, il arriva à Londres, yjoua un concert
philharmonique et fit admirer la puissance de
son exécution ; mais bientôt la médiocrité in-
trigante, qui abonde partout, et surtout à
Londres , usa de tous les moyens pour lui
nuire, et quoiqu'il se fit entendre de temps en
temps dans les concerts publics, particulière-
ment dans les oratorios, il ne put parvenir a
rien, et mourut dans un état voisin de la mi-
sère, le 27 septembre 1827. Riesewetter avait
en manuscrit plusieurs concertos de sa com-
position, mais il ne voulut jamais les publier.
Ils ont été dispersés après sa mort.
RIESE\^ EÏTERDE\\ EISEN-
RllUiMV (Raphaël-Georges), conseiller de la
cour impériale, référendaire de la haute cour
militaire, et directeur de la chancellerie, à
Vienne, est né le 29 août 1773 à Holleschau,
en Moravie, où son père était médecin. Dès sa
jeunesse il ap{)rit la musique, le chant et plu-
sieurs instruments, particulièrement la flûte,
sur laquelle il aciiuit un talent distingué. Il
possédait une belle voix de basse, qui le fit re-
chercher dans plusieurs sociétés de musique
vocale. A l'âge de vingt et un ans il fut employé
dans l'armée impériale placée sous les ordres
du prince Charles, et y resta depuis 1794 jus-
qu'en 1801 . Les mouvements de cette armée le
conduisirent en diverses contrées, particuliè-
rement en Italie. Après que M. Riesewetter se
fut établi à Vienne et y eut été attaché aux
fonctions publiques qui l'ont successivement
élevé aux postes honorables qu'il occupa, il
commença l'étude de l'harmonie en 1803, sous
la direction d'Abrechtsberger; quelques an-
nées plus tard, Hartmann lui enseigna le con-
trepoint. Depuis 1816, son goût pour la mu-
sique ancienne le i)orta à recueillir les raretés
de ce genre et à en former une collection qui,
sans être nombreuse, offrait cependant beau-
coup d'intérêt par le choix des objets qui la
composaient. Son but, en recueillant ces ri-
chesses d'art, était de s'entourer de documents
])ropres à l'éclairer sur divers points de l'his-
toire de la musique, qu'il se proposait de
traiter. Ce sont ces travaux qui depuis lors
l'ont fait connaître avantageusement. Sa.tar-
dive éducation musicale, dans la partie scien-
tifique, a retardé ré|)oque de ses premières
' publications; il n'était déjà plus jeune quand
KIESEWETTER DE VYEISENBRIJNN
29
il s'est décidé à livrer à Timpression les pre-
miers résultats de ses recherches 5 mais depuis
lors, Riesewetter montra beaucoup d'activité,
et ses ouvrages se succédèrent avec ra{)idité.
Il n'allait pas dans le monde, et tout le temps
que lui laissaient ses fonctions administratives
était employé au travail. Il y portait une opi-
niâtreté invincible lorsqu'il rencontrait dans
les objets de ses études des choses obscures ou
(jui lui semblaient avoir été mal étudiées. Par
Ha grande lecture, et par son esprit de re-
cherche, il devint un des hommes de son temps
les plus instruits dans la littérature de la mu-
sique et dans son histoire.
Malheureusement l'art de généraliser les
résultats des faits observés manquait à ce sa-
vant distingué ; il avait de l'érudition dans les
détails de la théorie de l'art et dans ceux de
son histoire, mais les lois |)hilosophiques aux-
quelles cesdétaiissontsoumis ne furentjamais
aperçues par lui. D'ailleurs, certains points
importants et qui dominent toute la science,
n'avaient pas fixé son attention d'une ma-
nière suffisante : tel était, par exemple, le
principe constitutif de la diversité des tona-
lités. Prenant son sentiment personnel comme
le critérium de la vérité en cette matière, il ne
voulut jamais admettre qu'il y eût d'autre
sentiment possible, ni qu'il y eût jamais eu
d'autre tonalité que celle de la musique mo-
derne. Pour lui , les modes du chant des
Grecs, les tons du plain-chant, nos gammes et
nos deux modes étaient la même chose. Celte
erreur capitale l'a égaré dans ses ouvrages les
plus importants, i)articulièrement dans sou
Histoire de la musique moderne de V Europe
occidentale^ et dans ses écrits sur la Musique
des Grecs moderne, sur la Musique des
Jrahes, et sur la Destinée et nature de la
musique mondaine depuis le commencement
du moyen âge, etc., quoiqu'il se trouve, dans
ces livres, des pailies qui font grand hon-
neur à leur auteur.
Une autre cause a exercé une fâcheuse in-
fluence sur les travaux de Riesewetter ; elle se
trouvait dans un sentiment de vanité dont il
ne pouvait se défendre, et dans une suscepti-
bilité de caractère qui s'irritait à la moindre
opposition à ses opinions. Les ouvrages qui
viennent d'être cités, et plusieurs autres dont
on trouvera la liste plus loin, ont été écrits à
l'occasion des déplaisirs causés à ce savant par
les idées et les vues émises i)ar l'auteur de
celle notice dans la Revue musicale, dans le
Itùsniné pliilnsnpliique de Vhistoire de la mu-
sique^ et dans la Biofjrapltic uniivrselle des
musiciens. Il est de toute évidence que ces
productions furent le cauchemar des <|uinze
ou seize dernières années de la vie de Riese-
wetter, et que détruire l'eflet qu'elles pou-
vaient produire sur l'opinion publique fut sa
pensée fixe.
Depuis 1816, la maison de Riesewetter était
devenue un centre de réunion pour beaucoup
d'artistes et d'amateurs qui formaient une sorte
d'académie de musique ancienne, où, pendant
trente ans, et plusieurs fois chaque année aux
époques de l'avent, du carême, et particuliè-
rement de la semaine sainte, on exécutait les
plus beaux ouvrages de Paleslrina, d'Allegri,
de Victoria, de Carissimi, de Léo, d'Alexandre
Scarlatti, de Jomelli, de Durante, de Pergo-
lèse, de Majo et de Lotti, ainsi que ceux de
Fux, de Caldara, de J.-S. Bach, de Graun et
d'autres maîtres célèbres. Ces concerts de
musique classique offraient un vif intérêt aux
amateurs qui s'y rendaient en foule.
Justement estimé comme homme et comme
savant, Riesewetter vit sa vieillesse honorée
par des distinctions auxquelles il attachait \in
grand prix. Mis à la retraite en 1845, après
cinquante ans de service, il avait été anobli
quelques années auparavant, en récompense
de son mérite et de ses travaux. Depuis lors,
il ajouta le titre de Jl'eisenhrunn à son nom
de famille. Il fut membre de la première classe
de l'Institut des sciences, de la littérature et
des arts d'Amsterdam; membre honoraire de
l'Académie royale des beaux-arts de Berlin;
correspondant de l'Académie impériale des
sciences de Vienne; correspondant du minis-
tère de l'instruction publique de France, sec-
tion des travaux historiques; associé hono-
raire de l'Académie de Sainte-Cécile de Rome ;
membre de mérite de la Société pour la propa-
gation de la musique dans les Pays-Bas;
membre honoraire et vice-président éméritc
de la Société des amateurs de musique de
l'empire d'Autriche, à Vienne; membre hono-
raire des Sociétés musicales de Pesth, de Bude,
de Prague, de Presbourg, de Graetz et de Rla-
genfurth. Il est mort le 1" janvier 1850, à
Baden, près de Vienne, où il vivait dans une
retraite absolue depuis le mois d'avril 1848, à
l'âge de soixante-dix-sept ans et aiuès une
courte maladie. Le 3 du même mois, après les
obsèques, son corps a été transporté à Vienne
et inhuméau cimetière appelé Fonder JT'aek-
renger-Linie, près de sa femme, i\m l'avait
pri'cédé de quelques années dans la tombe.
Par une disposition testamentaire, Riese-
wetter a b'gué à la Bibliothèque impériale de
30
KIESEWETTER DE WEISENBRUNN
Vienne sa collection d'ancienne musique,
décrite dans le catalogue qu'il en avait publié
avant sa mort, sous la condition qu'elle reste-
rait dans son ensemble et serait exposée dans
les salles de cette Biblioihè(iue, sous la déno-
mination de Fonds de Kiesewetter. Quant à
ses livres et manuscrits sur la musique, il
les légua au chanleur de la Chaiiclle impériale
Aloys Fuchs, son ami de))uis vingt-cinq ans,
qui ne lui survécut que peu d'années.
La liste des écrits de Kiesewetter se com-
pose de la manière suivante :
I. Histoire et théorie de la mcsique :
1» Die ferdt'enste der Niederlander um die
Tonkttnst, etc. (Les mérites des Néerlandais
dans la musique, mémoire couronné, en ré-
ponse à cette <|ueslion mise au concours par la
quatrième classe de l'Instilut royal des Pays-
Bas, en 1826 : Quels sont les mérites des Néer-
landais dans la musique, particulièrement
<iux quatorzième , quinzième et seizième siè-
cles, elc), publié par le même Institut dans
le volume intitulé : Ferhandelingen over de
Fraag : Jf'elke f^erdiensten,etc.^ Amsterdam,
J. Muller, 1829, in-4", avec des planches de
musique lilh. 2" Geschichte des europsisch-
abendlxndischen oder unsrer heutigen Mu-
sik (Histoire de la musique moderne dans
l'Europe occidentale, etc.), Leipsick, Breit-
kopf et Hserlel , i)remière édition, 1854,
in-4", de cent seize pages, avec vingt pages
de musicjue; deuxième édition, 184G, in-4".
Cette deuxième édition n'est que la première,
dont on a changé le frontispice. Bottée «le
Toulmon a fait une traduction française de cet
ouvrage, laquelle est restée en manuscrit jus-
qu'à ce jour (1862). ô" Ueher die Musik der
neueren Griechen, nebst freien Gedanken iiber
altegyptische und altgriechische Musik (Sur
la musique des Grecs modernes, avec des pen-
sées sur cet art chez les anciens Grecs et Égyp-
tiens, en trois i)arties), Leipsick, Breitkopf et
Haertel, 18ô8, in 4", avec des planches. Cet
ouvrage est la première opposition faite par
Kiesewetter au succès obtenu |)ar les idées
nouvelles répandues dans le Résumé philoso-
phique de l'histoire de la musique, qui forme
la plus grande partie du premier volume de la
première édition de la Biographie uiiiverselle
des musiciens. 4" Guido von Arezzo, sein
Lehen und JFirken (Guido d'Arezzo, sa vie
et ses travaux, avec un supplément sur les
traités de musi(iue attribués à saint Bernard),
Leipsick, Breitkopf et llœrlel, 1840, in-4" de
cin(|uante-cinq pages; ouvrage extrait en
grande partie de la Biographie universelle
des musiciens y ou paraphrasé. 5" Schicksale
und Beschaffenheit der weltlichen Gesanges
vom friihen Mittelalter bis zuder Erfindung
der dramatischen Styles und den Anfxngen
der Oper (Destinée et nature de la musique
mondainedepuis le commencement du moyen
âge jusqu'à l'invention du style dramatique et
du commencement de l'opéra), Leip.iick,
Breitkopf et Haertel, 1841, in-4", de soixante-
six pages avec cent six pages de musique.
Il y a de bonnes choses dans cet ouvrage ; mais
il est trop sommaire pour rimi)orlance du
sujet. 6" Die Musik der Araber nach Origi-
nalquellen, etc. (La musique des Arabes,
d'après les sources originales, avec un avant
proi)os, par le baron de Ilammer-Purgstalt),
Leipsick, Breitkopf et Hœrtel, 1842, in-4", de
quatre-vingt-seize pages, avec vingt-qualre
pages de musi(iue : seconde opposition de Kie-
sewetter à la partie du Résumé philosophique
de l'histoire de la musique qui concerne la
musique des Arabes ; il y a com|)létement mé-
connu le caractère de cet art dans l'Orient.
Quelques fragments traduits d'ouvrages origi-
naux par le célèbre oiientaliste llammer-
Purgstalt forment la partie la plus intéres-
sante de celte dissertation. 7" Ber neuen
Aristoxener zerstreute Aufswlze (Mémoiies
épars des Aristoxéniens modernes sur ce qu'il
y a d'erroné dans l'Arithmétique musicale, et
sui' ce qu'il y a de vain dans le calcul du tem-
pérament, recueillis et accompagnés d'une
introduction historique en forme de préface,
avec une partie supplémentaire par B. G. Kie-
sewetter, et publiés par lui), Leipsick, Breitkopf
et Haertel, 1846, in-8". 8" Sur l'octave de
Pythagore, su\i\)\émenl à l'ouvrage précédent.
Vienne, 1848, aux frais de l'auteur, in 8".
Kiesewetter publia ces deux mémoires dans le
but de détruire par la base la théoiie de l'har-
monie établie par l'auteur de la présente
notice, sur les intervalles attractifs formés de
demi-tons mineurs, en s'appuyant de l'autorité
des auteurs modernes qui, à l'exemple d'Aris-
toxène, ont soutenu que l'octave renferme six
tons, et que tous les tons sont divisés par des
demi-tons égaux; lui-même a essayé de dé-
montrer contre l'évidence, par des calculs de
sa façon, la solidité de cette fausse doctrine et
s'est complètement égaré dans cette entreprise.
Averti de ses erreuis i)ar un de ses amis, ma-
thématicien distingué, peu de temps avant sa
mort, Kiesewetter a chargé FischofT (voyez ce
nom) de veiller à la suppression de ces deux
écrits; mais son intention n'a été réalisée que
pour le second. d"Calalogue de la collection de
KIESEWETTER DE WEISENBRUNN - KIMMERLING
31
partitions de musique ancienne du conseiller
aulique R.-G. Kiesewetter, publié par lui,
Vienne, 1847, deux parties in-4'\
II. DlSSEUTATIONS INSÉRÉES DANS DIVERS
ÉCRITS PÉRIODIQUES : lOoSup l'étenduc des voix
chantâmes dans les ouvrages des anciens
maîtres, et sur les changements qui ont eu lieu
dans le diapason {Gazette musicale de Vienne,
année 1826). Il" Sur la notation de saint Gré-
goire le Grand (Gazette générale de musique
de Leipsick, année 1828). 12» Sur Francon de
Cologne et les anciens auteurs, concernant la
musique mesurée (ibid). lô» Sur un manuscrit
inconnu du seizième siècle {ibid., année 1850).
14" Sur un passage du sixième quatuor de
Mozart (/ecne par M. Fétis. (Plusieurs articles
dans la même Gazette, sous le i)seudonyme de
/e Duc, année 1831). Le passage dont il s'agit
est rinlroduction du quatuor en ut de Mozait,
qui produit chez tous les musiciens autant
d'élonnement que de dé[Uaisir, et que Sarti et
Cherubini appelaientî/ne 6ar6arîe. J'avais fait
voir dans la Revue musicale (année 1830) que
les duretés de ce passage proviennent de ce
que l'imilation n'est pas régulière, et j'avais
démonlréqu'en faisantentrerle premierviolon
lin temps plus tard, Mozart, sans rien changer
à sa pensée, aurait produit une bonne har-
monie. C'est ce que Kiesewetter appelle décrier
Mozart. J'ignorais que le pseudonyme Le Duc
cachait le véritable auteur des articles de la
Gazette (jénérale de musique ; je répondis
dans la Revue musicale de 1831 ,• mais l'oubli
des convenances alla si loin, dans le style de
mon adversaii-e, (jue je dus cesser celle polé-
ini(|ue. 15" Les tablatures des anciens instru-
inenlistes, depuis l'introduction de la musique
figurée et mesurée (en quatre articles, dans la
même Gazette, année 1831.) ICSur l'origine
dejosquiu desPrés {ibid . ,\%o6) . M" Compère;
lin d'une polémique commencée par M. Fétis
contre l'auteur du mémoire couronné par
l'Institut des Pays-Bas (ttid., 1847). 18» Sur le
chant populaire et mondain dans le moyen
âge {ibid. 1830). 19» Sur la période deFrancon;
réplique à M. Fétis {ibid.). 20» Sur la manière
de mesurer les sons et sur le tempérament
(dans l'écrit pério(ii(]ue intitulé : Cxcilia,
année 1832). 21" Sur les instruments de mu-
sique et sur la musique instrumentale jusqu'à
ré|iO(iHe de la musique moderne de chambre
et d'orchestre {ibid., année 1843). 22» Sur
l'écriture musicale de saint Grégoire le Grand;
ré|)onse à l'occasion des lettres de M. Fétis
sur son voyage en Italie {Gazette musicale de
Leipsick^ 1843). 23» Sur les difTérenlcs mé-
thodes d'harmonie (Revue de Gassner, Carls-
ruhe, 1843). 24» Sur la nouvelle historique
musicale (Cxcilia, 1844). 2u» Gloses margi-
nales sur l'article de M. Félis, concernant
l'écriture musicale dont saint Grégoire s'est
servi pour son Antiphonaire (Gazette musi-
ccUe de Leipsick^ 1845). 20» Le soi-disant tem-
pérament égal et parfait, sans logarithmes,
exécuté par une méthode graphique, etc.
(Cxcilia, 1847). 27" Supiilément à la biogra-
phie d'Astorga {Gazette musicale de Leip-
sick, 1859). 28» Correction à un critique du
grand Palestrina (Gazette musicale de
L ienne, 1843. 29» Les vrais principes de la
musique grecque (ibid. 1841).
■ III. Analyse et critique : 50" La musique
grecque dans ses principes; anti-critique de
Diieberg (ibid. 1841). 51" Notice sur les col-
lections musicales de la Bibliothèque de Cam-
brai, par E. de Coussemaker (Cxcilia, 1844).
52" Mo(tes du plain-cliant romain, par Séb,
Slehiin (ibid. 1842). 53» Ottaviano dei Pe-
irucci da Fossombrone, premier inventeur
de la typographie de la musique par les carac-
tères mobiles, par M. Ant. Schniid (dans les
Feuilles de Lienne pour la littérature et l'art,
en 1840).
IV. Ouvrages non publiés : 34" L'enseigne-
ment des accords déveloi)i)é d'ajjrès le système
de l'harmonie rondamcnlalc, avec une table
de toutes les prolongations possibles. Mss. gr.
in-l'ol., un volume de texte et deux d'exemples^
ouvi'age terminé à Vienne, en 181 1.35» Sys-
tème de l'harmonie fondamentale, en extraits,
Mss. gr. in-4» de deux cent huit pages.
30» Préparations pour l'étude de l'harmonie,
trois cahiers in-fol. écrits à Vienne, 1811.
37» Pensées sur la construction et la dispo-
sition d'un oichestre. 58» Notice sur I'^m/J-
parnasso d'Orazie P'ecchi, comme préface à
un exemplaire de cet ouvrage rarissime et de
grande impoitance.
Kiesewetter a été l'éditeur de l'ouvrage post-
hume de Kandler sur la vie et les ouvrages de
Palestrina (voyez Kandler), et y a ajouté une
préface et des notes.
KIESLIISG (Jean-Fbançois), organiste et
compositeur, né en Bohême, dans le dix-hui-
tième siècle, a laissé en manuscrit plusieurs
ouvrages de musique d'église, parmi lesquels
Foyia cite des litanies qui se trouvaient à
l'église de Raudnitz , et qu'il considérait
comme une de ses meilleures compositions.
KIMJ>IEULI3iG (Robert), prêtre et direc-
teur du chieur de l'abbaye de Melk, en Au-
triche, naquit à Vienne, le 5 décembre 1737.
M
KIMMERLINO - KINDERVATEU
Après avoir terminé ses humanités ainsi que
ses éludes musicales, il entra dans les ordres,
en 1759, fit ses études de théologie à l'Uni-
versité de Vienne, et prononça ses vœux au
monastère de Mclk, où il lut chargé de la di-
rection de la musique. En 1761, il fut fait
préfet des études des novices. Lorsque en 1770
l'archiduchesse Marie-Antoinette, plus tard
infortunée reine de France, visita l'abbaye de
Melk avec son frère Joseph II , une sorte
d'oratorio intitulé : Bebecca, fiancée d'Isuac,
composé par le P. Rimmerling, fut exécuté
devant ces pi-inces qui, bons connaisseurs,
firent présent à l'auteur d'une belle médaille
d'or, et Joseph II demanda une copie de la
partition. Possédant une belle voix de ténor,
habile dans l'art de jouer du clavecin et de
l'orgue, et savant dans le contrepoint, Rim-
merling était un musicien accompli. Il a laissé
en manuscrit des quatuors, trios et duos pour
des instruments à cordes, des vêpres, hymnes,
offertoires, graduels, litanies, Salve Regina,
Te Deum et plusieurs messes, dont une à huit
voix (en ut), en deux chœurs, que Haydn con-
sidérait comme un chef-d'œuvre. Le P. Rim-
merling est mort à Melk, le 5 décembre 1799.
KirNDERLirVG (Jea^ Frédéric- Auguste),
né à Magdehoui-g, en 1743, fut d'abord pro-
fesseur à Rloslerbergen , en 1768, et deux
ans après recteur dans le même lieu. En 1771,
on l'appela comme prédicateur à Schwartz,
près de Colbe, et trois ans plus tard il fut
diacre et magister dans cette dernière ville.
En 1797, il fut appelé à Magdebourg, en qua-
lité de prédicateur et recteur. Il est mort dans
cette ville, le 23 août 1807. Parmi ses nom-
breux écrits on remarque : Nœthige Berichti-
(jung der kurzeti wehrhuften Geschichte der
A'Uesten deutschen Kirchengesxnge des
Herrn O. K. R. Tellcrs besonders von
D. Martin Luther (Correction nécessaire
de la courte et véritable histoire des chants
d'église allemands les plus anciens, par
M. 0. R. R. Teller, etc.), Dessau, 1782, in-4",
sans nom d'auteur. Un manuscrit trouvé dans
ses papiers a été publié sous ce titre : Kri-
tisches Betrachtungen iiber die Ferzug-
lichsten alten, neueren und die verbesserten
Kirchenlieder (Considérations critiques sur
les meilleurs chants d'église anciens, nou-
veaux et perfectionnés), Berlin, 1813, in-S",
de cent qiiatie-vingt-dix-sept pages.
KlWDEUMAIViV (Jean-Érasme), né à Nu-
remberg, le 29 mars 1616, fut un des plus cé-
lèbres organistes de son temps , et remplit
ses fonctions à l'église Saint-Égide, dans sa
ville natale. Il mourut le 14 avril 1635. Ce sa-
vant musicien a publié de sa comi)osition :
1° Musica Catechica, oder Catechismus auf
die 6 Hauptstiicke desselhen gerichtet (Mu-
sique catéchétique, ou catéchisme (musical)
composé sur les six articles principaux, avec
deux chants avant et après le lepas, elc.,à cinq
voix avec basse continue), Nuremberg, 1646,
in-4"'. 2" Harmonia organica per tabula-
turam germanicam composita (consistant en
quatorze préludes, huit fugues pour l'orgue,
deux prélu<ies et un Magnificat du huitième
Ion), Nuremberg, 1645. 3" Neu-verslimnite
f'iolen-lust mil 3 T'iolen nebst einen Gène-
ralbass (Récréations de violes accordées d'une
manière nouvelle, pour trois violes et basse
coutinue) , Francfort, ]Çnii. 4" Dilberriis
EvangelischerSchluss ReimenderPrediglen,
1, 2 und ôten Theil mit drey Stiinmen ,
neml. 2 Discanlen und einem Bass, zxi einein
Positiv, Régal, Spinet , Clavicytnbel oder
Theorbe (Rimes finales des sermons évangéli-
qucs de Dilberrn, jiremière, deuxième et troi-
sième parties à trois voix, savoir deux dessus et
basse, avec un positif, régal, épinette, clavecin
ou théorbe), Nuremberg, 1652. 5" (Juatrc suites
de sonates et decart;o?iei pour l'orgue ou le cla-
vecin, ibid., 1655. Çy Musicalischcr Felder und
TFxlderfreund ;initeiner singendcnStimme,
neben dem Basso Generali filr einen Orga-
nisten, Theorb-oder Lutenisten, accommo-
dirtund componirt [Àmi musical des champ.s
et dos bois, composé et arrangé pour une voix
chantante et basse continue à l'usage d'un or-
ganiste, d'un théorbiste ou d'un luthiste),
Nuremberg, 1643. La Bibliothèque royale de
Berlin possède de cet artiste un motet à huit
voix avec instruments sur la mélodie choi'ale :
I/err Gottdich lobenwird, en tablature alle-
mande. J'ai examiné ce morceau, qui est fort
bien fait.
KII^DERMAI^iS (Auguste), chanteurdra-
malique distingué, est né à Berlin, le 6 fé-
vrier 1816. Engagé d'abord comme choriste
et chanteur de petits rôles au théâtre royal
(le cette ville, il alla au théâtre de Leipsick
en 1839, et s'y fil remarquer à son début par
la beauté de sa voix de baryton. Après huit ans
de succès dans celle position, il accepta, en
1847, la place de premier baryton au théâtre
royal de Munich.
RODERVATER(Jean-He>ri), assesseur
du consistoire et pasteur île Saint-Biaise, à
Nordhausen, né à Relbra, près de Franken-
hauscn, le 4 avril 1675, alla, en 1696, à l'Uni-
versité de Jéna, fut magister en 1700, diacre
KINDERVATER - KING
33
àErfurlen 1703, trois ans après pasteur dans
le même lieu, et enfin assesseur à Nordhausen,
où il mourut le 2 octobre 1726. Dans un de
ses ouvrages, intitulé: Gloria tempU Blasiani
(Nordhausen, 1724, in-S"), il a donné une
description de l'orgue de cette église (p. 99 et
suiv.). Il a laissé aussi en manuscrit un traité
de musique de neuf feuilles qui a pour litre :
De mnsica Lilteraloribus necessaria. Cet
ouvrage, qui avait appailenu à Rcicliardt, est
devenu la propriété de Gerber, auteur des
Dictionnaire des rnusiciens. Il se trouve
aujourd'hui dans la Bibliothèque de la So-
ciété impériale des amis de la musique, à
Vienne.
lilIMDI (El), auteur arabe de six traités de
musique indiqués par le baron Ilamnier-Purg-
stall {Jahrbiichern der Lileratur, t. XCI,
troisième trimestre). Le premier de ces ou-
vrages traite de la composition (des modes);
le second, de l'ordonnance des tons; le troi-
sième, des éléments de la musique: le qua-
trième est un traité stir le rliylhine; le cin-
quième, une description des instruments; le
sixième est relatif à l'accompagnement mu-
sical des poésies (la mélodie). El Rindi est le
plus ancien écrivain arabe sur la musique ;
il mourut l'an 248 de l'hégire (862 de l'ère
chrétienne).
KIINDSCIIER ( Jean-Louis-Gottfried ) ,
né à Dessau, le 14 octobre 1764, fit son édu-
cation musicale sous le directeur de musique
Rust, et fut professeur à l'École supérieure de
cette ville, et organiste de l'église du château
et de la ville. Il y est mort, le 20 octobre 1840.
On a publié sous son nom les ouvrages sui-
vants : 1° Vingt-quatre chansons allemandes
à voix seule, avec accompagnement de cla-
vecin, Dessau, 1792. 2° Chansons courtes avec
accompagnement facile pour piano, Leipsick,
1801 , in-4°. Z" Jnvoeisung zu Ausweichungen
in aile Dur-und Molltonarten in Behand-
lung der einzelnen Twne des verminderteu
Septimen-yiccords durch /liilfe desSemilonii
m,odi (Instruction sur les modulations dans
tous les tons majeurs et mineurs, etc.), Des-
sau, 1812. Nouvelle édition corrigée, ibid.,
1814, in-fol. 4» Anleitung zum Selbstunter-
richtin Clavier-und Orgelspielen, in beson-
derer Hinsicht auf richtige kenntniss und
Behandlung bezifferter Chorale , aucU For-
und Zwischenspiele zu desselben. Eine ior-
bercitung zum Generalbass und Fortsetzung
meines Semitonii modi oder Anvoeisung su
Jusweichungen, etc. (Méthode i)our apprendre
soi-même à jouer du piano et de l'orgue, etc.),
FIOCR. UKIV. DES MUSICIENS. T. V.
Leipsick, Ilofmeistcr, 1817, in-4"decinquante-
deux pages avec deux planches. Une deuxième
édition améliorée a été publiée en 1830,
ibid.
RIINDSCÏIER ( IIenri-Ciiaules-Louis) ,
fils dii précédent, né le 16 octobre 1800, à
Dessau, reçut de son père les premières leçons
de piano et d'harmonie, et alla à Leipsick, en
1820, compléter son instruction musicale chez
Schicht {voyez ce nom). De retour à Dessau, il
succéda à son père, en 1824, dans la place de
professeur de chant au Gymnase (collège).
Quatre ans après, il entra dans la chapelle du-
cale comme f!ûtisle,eten 185711 eut la place de
son père, comme professeur de musique au
Séminaire. Il continua de remplir ses deux
I)laces au Gymnase et au Séminaire jusqu'en
1854, où il fut appelé à Cœlhen, pour enseigner
la musique dans le Collège qui y était nouvel-
lement érigé. Kindscher a fait insérer dans
la Gazette générale de musique de Leipsick
(an. 1847, p. 596) une Esquisse sur la mu-
sique et sur l'art en général. Dans le même
journal (an. 1848, p. 530), il a fait une criti-
que sévère du livre de L. Kraussold {voyez ce
nom) sur l'ancien chant choral protestant, sa
construction rhylhmique et sa restauration.
Riaussold se servit du même recueil pour faire
[laraitre une anticritique très-solide (ibid.,
1>. 744), et la polémique fut close par une
longue ré[)lique de Kindscher, publiée dans le
n" 49 de la même gazette, p. 785. On a de cet
artiste : 1° Vingt Lieder à trois voix, Leipsick,
Freise.2<>Douze Lieder pour un chœur à quatre
voix, ibid.
KIl^iG (Robert), bachelier en musique à
Cambridge, en 1696, fut un des musiciens at-
tachés' au roi Guillaume III. Il a coni|>osé
plusieurs airs qui ont été insérés dans la col-
lection intitulée : Tripla Concordia, et a mis
en musique quelques chansons insérées dans
le Théâtre of Music.
lil^G (William), organiste et composi-
teur du nouveau Collège d'Oxford, vers la fin
du dix-septième siècle, a mis en musique le
poëme de Cowley, intitulé : La Maîtresse
(Mistress), et a publié cet ouvrage sous ce
titre : Poems of M. Cowley and others, com-
posed into sangs and ayres, voith a Tho-
rough-basse for the Theorbo , Ifarpsicor
{Harpsichord) or Base-violl (Poèmes de
M. Cowley et autres, composés sous la forme
dechansons et d'airs, avec basse continue pour
le ihéorbe, le clavecin ou la basse de viole),
Oxford, 1688, in-fol. Gerber, Choron cl
Fayolle sonl tombés dans une plaisante mé-
KliNG — KLNRI
l)iise au sujel tic King el de son ouvrage :
Irompés vraisemblablement par le titre du
poëme de Cowley {Mistress), ils ont lu 3Iis-
triss, et disent que King a rédigé sa composi-
tion pour madame Cowley. Or, Anne Cowley,
auteur dramatique, n'a vu le jour qu'en 1745,
et a cessé de vivre seulement en 1809, c'est-à-
dire cent vingt ans après la publication du
recueil du musicien anglais.
KIlNG (Charles), musicien anglais de peu
de mérite, a cependant exercé une certaine in-
fluence en son temps. Élevé parmi les enfants
de chœur de Saint-Paul, sous la direction de
Blow, il devint ensuite un des premieis chan-
tres de cette cathédrale, et fut admis, en 1704,
au grade de bachelier en musi(]ue à l'Univer-
silé d'Oxford. Après la mort de Clark, il lut
nommé aumônier et maître des enfants de
chœur de Saint-Paul. En 1730, on l'éleva à
la dignité de vicaire. Il lui fut permis de cu-
muler avec ces i)laces celle d'organiste de
l'église paroissiale de Saint-Bennet-Fink, à
Londres. Il conserva tous ses emplois jusqu'à
sa mort, arrivée au mois de mars 1745. Un
grand nombre de services pour l'église sont
connus sousson nom, ce qui a fait dire au doc-
teur Greene, en plaisantant, que M. King
était un homme très-serviable. Quatre an-
tiennes de sa composition ont été insérées dans
VHarmonia sacra, de Page, et deux autres
dans la Sacred Music, de Slevens.
KIING (M. -P.), pianiste et compositeur an-
glais, vécut à Londres dans les vingt dernières
années du dix-huitième siècle, et au commen-
cement du dix-neuvième. Il a beaucoup écrit
pour le théâtre anglais, el a publié des sonates
et d'autres pièces pour le i)iano. On connaît
sous son nom les 0[>éras suivants : False alarms
(les Craintes supposées). 2» Invisible Girl
(la Fille in visible). 3" iVa/riWiOHy (le Mariage).
4" One o'Clock (Une heure). 5" Timour the
Tartare (le Tartare Timour). Il a aussi publié
deux livres de chansons et de cantates, un re-
cueil de glees à trois voix et des duos. Parmi
ses œuvres de musique instrumentale, on re-
marque : l^Trois sonates pour le piano, op. 1 ,
Londres, Clementi. 2° Jro'isidem, op. 2, ibid.
5" Plusieurs sonates séparées. 4° Trois idem,
op. 5, ibid. 5" Trois rondeaux indiens, op. 13,
ibid. 6» Quintette pour piano, flûte, violon,
alto et basse, op. IG, ibid. 7" Trois rondeaux
pour piano seul, op. 22, ibid. 8" Divertisse-
ment idem, op. 24, ibid. King s'est fait con-
naître comme écrivain didactique parplusieuis
ouvrages élémentaires pour l'enseignement de
l'iKumonie, de l'accompagnement et du chant,
dont voici les litres : Thorovgh bass mode
clear to every capacity (la Basse continue
éclaircie pour toutes les intelligences), Lon-
dres, 1796, grand in-4''. Cet ouvrage est un
assez bon manuel pratique, qui renferme des
instructions sur la manière de traduire sui* le
piano une partition d'orchestre. 2" ^ gênerai
treatise on Music , particularly in Harmonxj
or thorough-bass, and ils application to
composition, containing also many and
essential and original subjecls, tending to
explain and illustrate the whole (Traité gé-
néral sur la musique, particulièrement sur
l'harmonie ou la basse continue, et son appli-
cation à la composition), Londres, 1800, in-fol.
Il y a une deuxième édition de cet ouvrage,
publiée en 1809. Dans la préface de la seconde
partie se trouve une ciilique assez dure de
l'ouvrage de Kollmann, intitulé : Practieal
Guide to thorough-bass. S" Introduction to
the theory and practice of Singing at first
sight (Introduction à la théorie et à la pra-
tique du chant à première vue), Londres,
1800, in-4».
RIIMi.1 ou KINSKI (Joseph), né à Olmutz,
en Moravie, vers 1790, fit ses humanités sous
la direction de son oncle Dominique Kinki,
professeur et prêtre de l'ordre des Piarisles, el
dans le même temps étudia la musique. Plus
lard, il se rendit à Vienne et y fut employé
comme alto au théâtre Sur-la- Vienne. 11 y fut
chargé de la direction des répétitions el mon-
tra tant d'intelligence dans cet emploi, que le
chevalier de Seyfried, alors directeur de mu-
sique de ce théâtre, se l'adjoignit comme se-
cond chef d'orchestre. Quelques années après,
il fut lui-même choisi pour directeur de mu-
sique du théâtre de la Porte de Carinthie, où il
écrivit la musique de plusieurs ballets d'Au-
mer, et de quelques pantomimes. Lorsque
Slœger se chargea de l'entreprise du théâtre
de Grsetz, il choisit Kinki comme chef d'or-
chestre; et lorsque cet entrepreneur alla
prendre la direction du théâtre de Josephsladt,
Kinki l'y suivit en la même qualité. Peu de
temps après, il s'est retiré dans le lieu de sa
naissance. Parmi ses ouvrages, ceux qui ont
eu le plus de succès sont les ballets suivants :
\'> La Fête champêtre au bosquet de Kisbier.
2" Le Chevalier dupé. 5° La petite Foleuse.
4" Les Blanchisseuses. 5" Le Jugement de
Salomon. 6" La Fêle de l'Amour. 7° La Fêle
des Grâces. S" La Fête du Soleil. 9» La Noce
au Fillage. 10« Emma. W" Der Marktrich-
ter (le Juge du marché). 12° Le Sacrifice de
6'erës. Kinki a écrit aussi la musique des petits
KINKI - KIRCHEU
38
opéras suivants: iZ" Le Prince et le Ramoneur .
14" Lorenzo, chef de brigands. 15" Lundi,
Mardi, Mercredi (en collaboration avec Gy-
rowetz et le chevalier de Seyfiied). 1G" Le
Quolibet. 17" Le Sultan IFampum. Les airs,
ouvertures et entr'actes de ces ouvrages ont
élé aiian}>és par difTérenls musiciens pour le
violon, la fliite, la guitare, le piano, etc.
KIIMNER DE SCIIEUI I Ei>STElI\
(maître Martin), savant, poëte et musicien,
naquit à LeobscliUtz, en Siiésie, au commence-
ment de l'année 15ô4, étudia à Wittenberg
sous Mêlanchton, fut ensuite professeur de
poésie dans la même ville, puis retourna dajis
le lieu de sa naissance, où il cul le litre de
secrétaire (archi-grammatus), et de musicien
de la ville. Il mourut à l'âge de soixante-trois
ans dans un voyage, à Baumgarlen, près de
Frankenslein, le 24 mars 1597. l/épilaphe de
ce savant se voit dans l'église de Leo!)schU(z.
L'ancien livre choral de Breslau contient un
grand nombre de pièces dont Kinncr a fait la
poésie et la musique.
RI1\CII(J.), musicien hongrois et compo-
siteur de danses d'un caractère très original,
est né dans un village près de Peslh, vers
1820, et vit dans cette ville. Il écrit aussi pour
le piano des compositions romantiques. Au
nombre de ses ouvrages, on remarque Zene-
yibrand (Peintures des sons), pour piano,
op. 15, Pesth, Wagner, et f^lgadd nj magyar
Tàncz (Dans magyare pour piano), op. 17, ibid.
KIRCHRAUEH (Alphonse), bénédictin
du couvent de Neresheim, en Souabe, et chan-
celier de l'évéque de Coire, vivait vers le mi-
lieu du dix-huitième siècle. Il s'est fait con-
naître comme compositeur par un recueil de
sept messes brèves à quatre voix, deux violons
et basse continue intitulé : Jubilus curix
cœlestis in terrestre cwrta^Augsbourg, 1731,
gravé. Une deuxième édition corrigée a été
publiée en 1740.
KIRCHER (Athanase), un des plus sa-
vants jésuites du dix-septième siècle, et i)eul-
«lie le plus savant de tous, nacpiit le 2 mai
1602, à Geysen, près de Fulde. Chargé par ses
supérieurs d'enseigner la philosophie, |)uis les
langues orientales, au Collège de Wllrzbourg,
il fit preuve, dans l'exercice de ses fonctions,
d'unprofondsavoir ([ui s'est ensuite développé
avec éclat dans les grands ouvrages qui nous
restent de lui. Ce savant homme offre dans ses
écrits la réunion bizarre de connaissances éten-
dues en malhémali(]ues, en physique, en his-
toire naturelle, en philologie, et d'un esprit
crédule, avide de merveilleux et dépourvu de
jugement. Dans ses immenses travaux , le
faux et le vrai sont entassés péle-méle; mais
il s'y trouve de bonnes et curieuses choses en
assez grande quantité pour qu'on se donne la
peine de les y chercher. Il y a plus de pré-
vention que de justice dans le dédain que cep-
tains critiques modernes ont montré pour ses
ouvrages. Troublé dans sa tran(iuillité par les
événements de la guerre de Trente Ans, Kii--
cher fut obligé de s'éloigner de l'Allemagne.
Il alla chercher du repos chez les jésuites
d'Avignon, avec lesquels il passa deux années,
s'occupant de l'étude de ranti(|uilé ; puis il se
rendit à Rome, où le resic de sa vie fut em-
ployé en travaux giganles(iues sur presque
toutes les branches du savoir humain. Il mou-
rut en cette ville, le 28 novembre 1080, à l'âge
de soixante-dix-huit ans.
Plusieurs ouvrages du P. Kircher traitent
spécialement de la musique, ou reufermeul de
curieux renseignements pour Thistoire de cet
art. Le plus important a pour titre : Mtisur-
giauniversalis, sive ars magna consoni et
dissoni in X libros digesla. Qua utiiversa
sonorum doclrina et pliilosophia, Music^a:-
que tam théories quam practicx scientia,
summa varietatv tradilur; admirandx con-
soni et dissoni in mundo, adeoquc universa
natura i;ire.v effectusque, uti tiova, ita pere-
grina variorum speciminum exhihitione ad
singulares usus, tum in omni pœne facul-
tale, tum polissimum in Philologia, Mathe-
matica , Fhysica , Mechanica , Medicina,
Politica, Metaphysica, Theologia, uperian-
iur et demonstrantur, Romœ, 1650, deux vo-
lumes in-fol. Ce long titie fait connaître la
nature de l'ouvrage, et explique la pensée en-
cyclopédi(|ue qui a présidé à sa rédaction.
Suivant Siilzer et Forkel, une troisième édition
de cet ouvrage aurait paru en 1C54; mais c'est
une erreur; il n'y a jamais eu qu'une édition
de cet ouvrage datée de Rome, et c'est celle de
1650 ; j'en ai vu plus de trente exemplaires,
tous portaient cette date. Suizer et Forkel ont
confondu avec la Musurgia unicersalis le
livre De Arte magnetica, dont la Iroisièiîie
édition a été, eneflel, publiée à Rome, en 1654.
Je doute aussi de l'existence de l'édition
d'Amsterdam, 1062, in fol., citée par le savant
M. Weiss, dans l'excellent article ([u'il a fait
sur Kircher pour la Biographie universelle
des fières Michaud. Il existe dans la Bibliothè-
que royale de Berlin un exemjjlaire daté de
Rome, 1600, deux volumes in-fol. Je n'ai pas
vu de mes yeux cet exemplaire, et ne sais si
c'est une édition difrércnle, ou un simple
3.
36
KIKCIIEK
changement de frontispice. Le premier livre
iriiile du son en général, de sa production, de
sa propagation et de sa nature dans les voix et
dans les instruments. Le deuxième livre ren-
ferme beaucoup de choses curieuses, mais
aussi beaucoup d'autres hasardées, ou complè-
tement fausses, sur la musique et les instruc-
ments des Hébreux et des Grecs. Le troisième,
«|Ui aurait du être le second, est relatif aux
proportions numériques des intervalles. Le
quatrième traite de la division géomélriquedu
monochorde. Le cinquième est un traité de
composition extrait des meilleurs ouvrages
sur cette matière qui existaient au temps où
Kircher écrivait. Il y rapporte quelques mor-
ceaux d'artistes célèbres de cette époque,
qu^on ne trouve pointailleurs. Dans le sixième
livre, l'auteur donne la desciiption de tous les
instruments : ce livre est divisé en quatre
parties. Le septième est consacré à un examen
de la nature, des défauts et des qualités de la
musique ancienne et de la moderne, et traite
de quelques particularités qui n'avaient pu
trouver place dans les livres précédents. Tel
est le contenu du premier volume. Le huitième
livre, où il est traité de la composition des
chants, est rempli de beaucoup d'inutilités
sur les combinaisons des notes, à peu près
semblable à ce que Mersenne a publié sur le
même sujet dans son Harmonie universelle;
mais on pourrait encore tirer de bonneschoscs
des deuxième et troisième parties de ce livre,
relatives au rhythme poétique appliqué à la
musique. Le neuvième livre traite des effets
physiques et moraux sur l'homme en santé et
dans l'état de maladie, particulièrement de la
morsure de la tarentule, et de sa guérison parla
musique. Kircher avait déjà traité ce sujet dans
son livre sur le magnétisme. Ce livre renferme
quelques faits intéressants mêlés à beaucoup
de contes absurdes. Kircher traite aussi dans
ce livre de l'écho, de ses causes, de la con-
struction de quelques instruments mécani-
ques, et de certains automates chantants ou
jouant des instruments. C'est là qu'il parle
d'une statue parfaitement isolée, dont les
yeux, les lèvres et la langue auraient un mou-
vement à volont*, qui prononcerait des sons
articulés, et f|ui paraîtrait vivante. LeP. Schott
dit, dans sa Magia universalis (t. II, liv. III),
que Kircher a\ ait eu le projet de faire exécuter
cette statue poui* l'amusement de la reine de
Suède, Christine; mais qu'il en fut empêché
jiar le défaut de temps, ou à cause de la dé-
jicnse. C'est surtout dans le dixième livre de
son ouvrage que Kircher s'est abandonné à
toutes les bizarreries de son imagination, en
traitant d'une sorte de musique mystérieuse
et universelle répandue jusque dans les pieires,
les plantes, les animaux, l'air et le ciel. Il
y parle sérieusement et en détail de la mu-
sique hiérarchiqur qu'on entend dans les cieux,
et où les anges sont distribués en neuf chœurs.
André Hirsch (voyez ce nom), prêtre luthé-
rien du dix-huitième siècle, a publié un ex-
trait du gros livre de Kircher, en un volume
in-12. De tous les critiques du savant jésuite,
Meibomius a été le plus dur. On reconnaît son
âprelé ordinaire dans ces phrases de la pré-
face qu'il a mise en tête de son édition des au-
teurs grecs sur la musique : Mxisicam, grx-
cam disciplinam , dit-il, quam hactenus
Grœce doctissimorum virorum vix ullus
attrectare ausus fuit^ sine ulla ferme grxca
litteratura , nullo Grxcorum musicorum
leclo, tradere adgressus est vir Cl. Athana-
siua Kircherus, Fateor non tantum me mi-
rattim ex celeberrimo orbis terrarum loco,
Româ, tantum ineptiarum adferri poluisse ;
sed etiam à tantx famx viro. Le quatrième
chapitre du deuxième livre de la Musurgia
universalis, qui traite de la musique des Hé-
breux, a été inséré par Ugolini dans son
Thesaur. antiq. Sacr. (t. XXXII, p. 554-416).
Le second ouvrage du P. Kircher qui a pour
objet spécial une branche de la musique, a
pour titre : Phonurgia nova, sive conjugium
mechanico-physicum artis et naturœ, Para-
nympha Phonosophia concinnatum ; qux
universa sonorum natura, proprietas , vires
effectuumque prodigiosorum causa;, nova et
multiplici experimentorum exhibitione enu-
cleantur; instrumenlorum acusticorum, ma-
chinarumque ad naturx prototypon adap-
tandarxim, tum ad sonos ad remotissimu
spatia propagandos, tum in abditis domo-
rnm recessibusper occultioris ingenii machi-
namenta clam palamve sermocinandi modus
et ratio tradittir, tum denique in bellorum
tumultibus singularis hujusmodi organo-
rum usus, et praxis per novuin phonologum
describitur , Campidonse (Kemplen), 1673,
in-fol. de deux cent vingt-neuf pages. Cet ou-
vrage est le développement de quelques parties
des premier et sixième livres de la Musurgis
universelle, avec quelques inventions d'instru-
ments acoustiques dont l'exécution n'aurait
peut-être pas répondu aux résultats que Kir-
cher en attendait. Cependant ce livre n'est pas
sans intérêt : il renferme un certain nombre
de faits ((ui paraissaient merveilleux à l'époque
où l'auteur écrivait, mais dont on a depuis lors
KIRCHER - KIRCHHOF
37
vérifié la réalité, et dont on a trouvé les lois.
Une traduction allemande de cet ouvrage, inti-
tulée : Neue Hall-und Thon-Kunst, oder
mechanische Geheim-Verbindung der Kunst
und Nalur (N.ordlingue, 1084, in-fol.), a été
publiée sous le nom d''Agatho Carione, qui
n'est vraisemblablement qu'un pseudonyme.
Dans son traité du magnétisme intitulé :
Magnes sive de arte magnelicd opus tripar-
titum (Rome, 1641, 10-4°; Cologne, 1643,
in-4", et Rome, 1654, in-fol.), Rircher a traité
au troisième livre : De Magnetismo musics.
Il y disserte longuement sur des faits mal ob-
servés et des suppositions gratuites. On y trouve
les airs qui, de son temps, passaient pour
guérir du tarentisme. Enfin, le savant jésuite
a donné un chapitre rempli de rêveries sur la
musique hiéroglyphique^ dans son célèbre
livre intitulé : Œdipus wgyptiacus, hoc est
universalis hieroglyphicie veterum doctrinx,
temporum injuria aiolitx , instauratio ,
Rome, 1052-1G54, trois volumes in-fol.
KIRCUG/ESSrSEU (Marianne), virtuose
sur l'harmonica, naquit en 1770à Waghœusel,
dans le duché de Bade. A peine âgée de quatre
ans, elle perdit la vue : néanmoins, douée d'un
sentiment musical très-actif et de beaucoup
d'adresse, elle apprit en peu de temps, quoi-
que sans maître, à jouer quelques petits mor-
ceaux sur le piano; ses succès intéressèrent à
son sort le baron de Beroldingen, capitulaire
de la cathédrale de Spire, qui la confia aux
soins du maître de chapelle Schmitlbauer, de
Carisruhe, et qui lui fit présent d'un harmo-
nica de cent ducats. Après avoir étudié avec
persévérance les ressources de cet instrument,
mademoiselle Rirchgaessner parvint à un de-
gré d'habileté qu'aucun autre artiste n'avait
atteint avant elle. Au mois de février 1791,
elle entreprit son premier voyage en Alle-
magne, accompagnée du conseiller Bossner,
de Spire, et se rendit d'abord à Munich où
elle se fit entendre dans quelques sonates ,
quatuors et quintettes, composés pour elle par
Eichhorn. De Munich elle alla à Vienne, où
elle donna un grand concert au Théâtre Na-
tional. Son talent produisit une si vive impres-
sion sur Mozart, que cet homme célèbre écrivit
pour elle un délicieux quintette pour harmo-
nica, deux violons, viole et basse. Ce morceau
a été publié longtemps après. Le vieux Van-
hall écrivit aussi pour cette virtuose quelques
compositions qu'elle a exécutées dans plusieurs
grandes villes. Elle ne s'éloigna de Vienne que
pour se rendre à Dresde, où l'électeur lui fi( de
beaux présents en témoignage de sa satisfac-
tion. Le compositeur Naumaun, qui l'entendit
aussi dans cette ville, déclara qu'elle était sans
rivale sur l'harmonica. A Berlin, le roi, ému
par son talent, voulut l'entendre quatre jours
de suite, et lui fit donner cent frédérics d'or,
à quoi la reine ajouta le cadeau d'une montre
d'or. Vers la fin de 1792, elle quitta Berlin
pour aller à Hambourg, où l'admiration pour
son jeu alla jusqu'à l'enthousiasme. A Copen-
hague, en Hollande, partout elle recueillit des
témoignages du même intérêt. Arrivée à Lon-
dres au commencement de l'année 1794, elle
y donna son premier cohcert le 17 mars; son
succès fut un véritable triomphe. Son séjour
en Angleterre fut pour elle une source de féli-
cité, car, outre les richesses considérables
qu'elle y amassa, elle eut le bonheur de recou-
vrer la vue, de manière à distinguer les objets
et les couleurs. Un médecin de Londres fit
cette cure sans ojjération, et par le seul usage
de collyres. Ce fut aussi dans cette ville qu'elle
fit l'acquisition de l'harmonica dont elle joua
toujours dans la suite; Frœschel, mécanicien
allemand, le construisit pour elle.
En 1796, mademoiselle Rirschgaessner re-
tourna en Allemagne. Au mois de novembre
de celte année, elle se fit entendre de nouveau
à Hambourg; puis elle partit pour la Rus-;ie.
Au mois de mars 1798, elle était à Saint-Pé-
tersbourg, où elle obtenait de brillants succès.
De retour dans sa patrie, elle acheta une jolie
maison de campagne à Gohiis, près de Leip-
sick, où elle se proposait de passer le reste de
ses jours dans le repos, avec ses fidèles com-
pagnons de voyage, le conseiller Bossler et sa
femme. Cependant elle entreprit un nouveau
voyage en Suisse, en 1808; mais arrivée à
Schaffouse, elle y fut atteinte d'une inflamma-
tion de poitrine qui la mit au tombeau le 9 dé-
cembre de la même année, à l'âge de trente-
huit ans. Le 13 de ce mois, elle fut inhumée
dans le cimetière du couvent Paradis, et un
service solennel fut chanté à ses obsèques.
RIRCUHOF (Godefroid), né à Muhlbeck,
près de Bitterfeld, le 15 septembre 1685, étudia,
dans sa jeunesse le clavecin et la composition
près du célèbre organiste Zachau, à Halle, et f
fut nommé, en 1709, maître de chapelle du
duc de Holstein-GlUcksbourg, puis, en 1711,
organiste de l'église des Bénédictins à Qued-
linbourg. En 1714, il fut appelé à Halle pour
y remplir les fonctions d'organiste et de direc-
teur de musique à l'église Notre-Dame, et
depuis lors, il refusa toutes les places de
maître de chapelle qui lui furent ofTertes, ne
voulant pas quitter cette position. Il la con-
38
KIRCHHOF — KIRCHNER
serva jusqu'à sa morl, arrivée au mois de
mars 174G. On a publié de cet artiste L'.^/? 6'
musical, contenant des fugues et des pré-
ludes dans tous les tons pour le clavecin,
Amsterdam, Witbogel. Gerber possédai! aussi
de Rirchhol'des chorals variés et des suites de
pièces pour Torgne.
RlUCmiOFF (...), harpiste allemand, né
en Saxe, se fixa à Copenhague, et fut allaclié
à la musi(|ue du roi de Daneniaïk. Il mourut
au mois de février 1799, à l'âge de soixante-
dix sept ans. Vers 1758, il avait lait un voyage
en Russie, et s'était fait entendre avec beau-
coupde succès à Saint-Pétersbourg. On connaît
de sa compositftn quelques solos de harpe, et
six quatuors pour Tiar|ie, deux violons et
basse. Tous ces morceaux sont restés en ma-
nuscrit.
En 1838, un chef d'orchestre du Théâtre
lie Breslau, nommé Kirchhoff ou Kirclihof
(Wilhelm), y fit exécuter une ouverture de sa
composition. On retrouve cet artiste à Ulm,
en 1847, occupant une position semblable et
faisant représenter au théâtre de cette ville,
le 17 décembre, son opéra intitulé : André
Jlofer^ en trois actes. Kirchhof était alors
pensionné comme ancien chef d'orchestre à la
cour de Sondershausen. On connaît aussi de
cet artiste des mélodies à voix seule, avec
accompagnement de piano, i>ubliées à Stutt-
gard, chez Ebner, à Nuremberg, chez Eudter,
et à Mannlieim, chez Heckcl.
Un autre musicien , nommé Kirchhoff
{F. F. G.) était, vers 1840, professeur de
musique à Aix-laChapelle, et y a publié plu-
sieurs recueils de Lieder et de mélodies avec
accompagnement de piano.
KlIlCIIMAlEll (Georges GASPAnn), sa-
vant chimiste et littérateur allemand, né
en 1655, à OITenheim, en Fraiiconie, fit ses
études dans les universités principales de l'Al-
lemagne. Il mourut le 28 septembre 1700.
Joecher donne la liste de cent (|uarante-huit
ouvrages composés par ce savant. Bans ce
nombre est comprise une dissertation De Ta-
rentula, où il paile de la morsure de cet
insecte, de l'exallalion qu'elle pioduit, et de
sa guérison par la musique. Ce morceau a été
imprimé avec d'autres dissertations du même
auteur, à Wittenberg, 1669, in-8''.
KIUCUMAIEIl (TiitODORi;), professeur
de philosophie et adjoint à la faculté des
sciences de Wittenberg , dans la seconde
moitié du dix-septième siècle, a fait imprimer
une dissertation intitulée : SchediasmaPhy-
sicuin de viribus mirandis toni consoni,
Wittenberg, 1672, in-4" de trois feuilles et
demie. Il y traite : De viribus mirandis toni
consoni 1" in movendis affectibus; 2» in
concitandis ac rumpendis corporibus ; 3" in
curandis morbis.
KlllCllJ>'EIl ( ), cantor à Buchlohe,
bourg de la iTavière, en 1770, est connu par
une année complète de musique d'église avec
orchestre, et [)ar quelques sym|)honies. Toutes
ces compositions sont restées en manuscrit.
RIIICIUXEU (Jean-Henri), fils du précé-
ilent, né à Bucblohe, lit ses premières études
dans quel'iues collèges du Mecklenbourg, et
suivit un cours de théologie à l'Université de
Jéna. Vers 1798, il se rendit à Rudolstadt, où
il fut nommé canfor, i)uis, en 1801, troisième
diacre. Il a publié un traité élémentaire de
musique intitulé : Theoretisch-praktisches
Jfandbuch zu einem fiir kiinslige Land-
schullehrer nœlhigen musikalischen Unter-
richt (Manuel théorique et pratique de l'in-
struction musicale nécessaire à un instituteur
delà campagne), Arnstadt, Langbein, 1801.
On a aussi du même auteur : I" Douze airs en
chœur, deux suites, Arnstadt, Hildebrandt.
2" Le 149* psaume, en manuscrit.
KIRCIIWER. Plusieurs musiciens de ce
nom se sont fait connaître depuis 1830 : mais
tous les biographes allemands gardent le
silence sur eux. Le premier en date est un
chanteur en voix de fausset, né à Hambourg,
an commencement du dix-neuvième siècle. Il
vécut quelque temps à Munich et s'y fit con-
naître comme ténor et comme exécutant sui'
le piano : puis il s'établit à Berlin et y resta
pendant les années 1824 et 1825. En 1827, il
se rendit à Vienne et y entra au théâtre de
Léopoldstadt. Ce fut alors <|ue, remar<iuant
l'étendue, la sonorité et la flexibilité de sa voix
de fausset, il travailla cet organe factice et
parvint à lui donner un caractèie de voix
féminine qui produisait une illusion complèle.
Il écrivit sous le titre de La Fausse prima
donna un opéra en un acte qui fut'rcprésenlé
avec succès, à Vienne, à Prague, à Slntlgai-d
et à Kœnigsberg. Le compositeur y remplissait
le rôle principal, et lui-même fut connu long-
temps, en Allemagne, sous le nom de La
fausse Catalani. Il chantait encore au théâtre
Léopoldstadt, à Vienne, en 1858; mais apiès
celte époque, on ne trouve plus aucun rensei-
gnement sur lui.
Un autre compositeur, du nom de Kirchner,
était directeur de musique au théâtre de
Strasbourg, en 1834, et y fit représenter un
opéra intitulé ; Les deux Duègnes. Enfin, un
KIRCHNER - KIRNBERGER
39
pianiste, fécond auteur d'une infinité de petites
pièces, parliculièiement de polkas pour son
instrument, s'est produit depuis 1840. Cet
artiste, né à Neukirchen, bourg de la Bavière,
se nomme Jf'enceslas Kirchner : il vivait à
Lemberg(Gallicie),en 1842.
RIUCIlllATlI (Remier), chantre de
l'Église cathédrale de Cologne, vécut dans la
seconde moitié du dix-huitième siècle. Il est
auteur d'un livre qui a pour litre : Theatrum
musicxchoralis, das ist : Aitrze und grilnd-
lich gelehrte f erfassung der ^retintschen
und Gregorianischen Singkunst^ zusam-
mengetragfti und in den Druck gegeben
von u. s. w. (Théâtre de musique chorale,
c'est-à dire, constitution solide et savante de
Fart du chant arétinien et grégorien, etc.),
Cologne, Godschalk, 1782, iu-4'', de quatre-
vingt-huit pages, non compris la préface.
HIUK])lAI>i (Je4n), musicien hollandais,
né vers le milieu du dix-huitième siècle, se
fîxa à Londres, en 1782, et y l'ut organiste de
la chapelle réformée du rit luthérien. Il
mourut de consomption à Norwich, en 1799.
On a de cet artiste : 1" Trois trios pour piano,
violon et basse, op. 1, La Haye, 1781. 2« Trois
sonates à ({uatre mains et une à deux mains
pour le clavecin, Amsterdam, 1782. 3° Six
leçons ou sonates pour le piano, op. ô, Lon-
dres, 1783. 4" Versets pour les psaumes, com-
posés pour l'orgue, en collaboration avec
Keeble, ibid. 5° Deux sonates et un duo à
quatre mains, op. 6, Londres, Preston.C"Trois
sonates pour clavecin et violon, op. C, ibid.
7" Sonate pour le piano, dédiée à Clementi,
op. 8, Londres, Clementi. 8" Organ pièces,
op. 9, ibid. 9" Huit ballades dédiées à la mar-
(juise de Salisbury, op. 10. lO*" Quatre rondos
pour piano seul, op. 14, ibid.
KIÎIMAYEIV (Wolfgang), musicien de la
chapelle de l'électeur de Bavière, mourut a
Munich, en 1795. On connaît de sa composi-
tion des sérénades et des nocturnes à plusieurs
instruments.
KIRMAYEU (Frédéric-Joseph), fils du
précédent, a changé l'orthographe de son nom
en celle de Kirmair. Il naquit à Munich, et
fit ses études musicales sous la direction de
son père. Destiné au barreau, il suivit d'abord
des cours de droit, mais son goût pour la mu-
si(iue lui fit abandonner celle carrière pour
celle de pianiste et de compositeur. Après avoir
longtemps voyagé en France, en Italie, en
Suisse, en Hollande et en Allemagne, il arriva
à Berlin en 1795, et y fit admirer son habileté
dans l'exécaliou des Mails dilTicilcs, particu-
lièrement des tierces et des octaves. Ses succès
lui procurèrent en 1795 l'honneurd'ôtre choisi
pour maître de piano de la princesse royale,
depuis lors reine de Prusse. U fit ensuite des '
séjours de |)eu de durée dans les cours de
quelques petits princes d'Allemagne, puis
accepta un engagement à Cassel, oii la musique
fit sous sa direction de notables progrès. Eu
1803, il quitta celle iiosilion pour prendre
celle de maître de concert du duc de Gotha.
On a publié de sa composition : 1» Sonates
pour piano avec violon et violoncelle, op. 9,
13, 21, 22 et 23, Offenbach, André, et Ham-
bourg, Bœhme. 2" Sonates yiour piano seul,
op. 2, 5, 12, 17, 19, ibid. 5" Pièces détachées
pour piano, op. 29, Hambourg, Bœhme.
4° Thèmes variés pour piano, environ trente
œuvres, chez la plupart des éditeurs d'Alle-
magne. 5" Grande symphonie pour l'orchestre,
Berlin, Hummel, 1800. Rirmayer est mort à
Gotha, en 1814.
RIUISBERGEU (Jean PiiiurPE) , né le
24 avril 1721, à Saalfeld, dans la Thuringe,
apprit dans cette ville les éléments de la mu-
sique, du clavecin et du violon, puis alla con-
tinuer ses études chez J.-B. Rellner, alors
organiste à Graefenrode. En 1738, il se rendit
à Sondershausen, où il reçut des leçons de
violon de Meil, musicien de la chambre du
prince, et chercha les occasions de former son
goût, en fréquentant la chapelle. Il y fit aussi
la connaissance de Gerber, élève de Bach, <]ui
lui parlait souvent de ce grand homme, et qui
lui suggéra l'idée de se rendre à Dresde pour
l'entendre et profiter de ses leçons. Kiinberger
réalisa en effet ce projet dans l'année 1739, et
pendant deux ans, il eut le bonheur d'étudier
sous la direction du plus grand musicien de
l'Allemagne. En 1741, il partit pour la Pologne,
où il demeura pendant dix ans au service de
plusieurs princes, en qualité de claveciniste,
puis comme diiectcur de musi(|ue d'un cou-
vent de filles à Lemberg. En 1751, il retourna
en Allemagne, et quoiqu'il eut alors plus de
trente ans, il reprit l'élude du violon, dans le
dessein d'entrer comme simjjle sym])honis(o
dans la chapelle du roi de Prusse, Frédéric II.
Arrivé à Berlin vers la fia de la même année,
il y eut en effet une place, et y resta jusqu'en
1754. A cette époque, il oblint l'aulorisaliou
du roi pour passer au service du prince Henri ;
mais il n'y resta pas longtemps, parce que l.t
l)rincesse Amélie le piil pour son maître de
composition, et le chargea de la dircclion de
sa musique. Rirnberger remplit ces fonclioiis
pendant les vingt dernières années de sa Vic.
40
KiruNDKRGEIl
Ilmourulà Berlin, dans la luiil du 27 au 28
juillet 1783, après une maladie longue et dou.
loureuse.
Comme organiste, Rirnberger fut imitateur
du style de Bach. Ses l'ugues n'ont pas lecachet
de création qu'on reniarciue daus celles de
son maître; mais on y trouve du savoir et de
l'habileté dans l'art de développer un sujet, et
dans les mouvements des dillérenlcs parties.
11 a écrit beaucoup de musiiiue instrumentale
dont une partie a été publiée, et quelques mor-
ceaux pour l'église, qui sont restés eu manu-
scrit. Sa musique de clavecin est remplie de
choses charmantes, d'un goût naturel et d'une
naïveté élégante. Dans les vingt dernières
années de sa vie, il s'occupa particulièrement
de la didactique et de la théorie de Part.
On a publié de sa composition : 1" Alle-
gro pour clavecin seul, ou pour violon et vio-
loncelle, 1730. 2" Fugue pour clavecin en
contrepoint double à l'octave, 17G0. ô" Chan-
sons avec mélodies, 1702. 4» Douze menuets
pour deux violons, deux hautbois, deux flûtes,
deux cors et basse continue, 1772. 5° Quatre
recueils d'exercices pour le clavecin, dans la
manière de Bach, 17G1-17G4. 4» Deux solos
pour flûte, 1703. 7" Deux trios pour deux vio-
lons et basse, 1763. 8" Deux solos pour flûte,
1707. 9" Pièces de musique mêlée, 1709.
10» Odes avec mélodies, Dantzick, 1773.
1 1° Chansons à Doris, avec accompagnement
de clavecin, Leipsick, 1774 (seconde édition).
12» Huit l'ugues pour le clavecin ou l'orgue,
Berlin, 1777. 13» Recueil d'airs de danses
caractéristiques, consistant en vingt-quatre
pièces pour le clavecin, ibid.., 1779. 14° Chant
pour la paix, sur un texte de Claudius, ibid.,
1779. 15» Diverses pièces pour le clavecin,
1780. Rirnberger a été aussi l'éditeur d'un
choix de pièces de difTérents compositeurs,
comme modèles d'harmonie pure, consistant
particulièrement en duos, trios, quintettes,
sextuors et chœurs de Graun, quatre volumes,
Berlin et Rœnigsberg, 1773 et 1774; ainsi
que des psaumes et chants chrétiens à quatre
voix, de Jean-Léon Ilassler. Il a laissé en
manuscrit plusieurs morceaux de musique in-
strumentale, des messes latines, Ino, cantate
de Ramier, à dix voix, la Chute du premier
ho)nme, cantate, le 51* psaume à quatre voix,
et le 137* idem, à quatre voix. On trouve de
Rirnberger, à la Bibliothèque royale de Berlin,
les ouvrages suivants en manuscrit : 1» Les
motets : Gott ist unsre Zuversicht (en si
bémol) ; JFcnde dich zu mir (en vl mineur) ;
Erbarm dich unser Golt (en si mineur); tous
ces morccnux sont à quatre voix et orgue ; les
cantates spirituelles : der Fall der ersten
Menschen , pour soprano (en ii mineur);
Chrislus ist gesetzes Ende-, à quatre voix tl
instruments (en ré majeur); des préludes et
des fugues pour l'orgue, des sonates de clave-
cin, etc. Quelques-unes de ces compositions
sont en manuscrit original.
Mais c'est surtout comme écrivain didac-
tique et comme théoricien que Rirnberger
s'est fait une honorable réputation. Ses idées
sur la construction rationnelle du système de
l'harmonie furent plus nettes et plus avancées
que celles de Marpurg et des autres harmo-
nistes de la seconde moitié du dix-huitième
siècle. Le premier, il comprit bien le méca-
nisme général de la prolongation des notes
sur la succession des accords, et des modifica-
tions qu'elles y introduisent; il en exposa les
principes dans son livre intitulé : Die wahren
Gnindsxtze zum Gebrauch der Harmonie
(Les vrais principes concernant l'usage de
l'harmonie, etc.). Il pourrait y avoir à la vérité
plus d'ordre dans l'exposé des idées de son
système qu'il n'en a mis dans cet ouvrage;
mais le seul aperçu de sa théorie fut un ser-
vice immense rendu à la science, et ce fut la
seule chose réelle l'aile pour l'avancement de
celte science depuis la classification des accords
fondamentaux etdérivés de Rameau, jusiju'aux
travaux de Catel. Yoici la liste des écrits de
Rirnberger : \° Construction der gleichschwe-
benden Temperatur (Construction du temjié-
rament balancé), Berlin, 1700, une feuille
avec une i)lanche. C'est ce même opuscule qui
a été publié à Paris chez Beaucé, sous le titre
de Nouvelle méthode d'accorder le piano-
forte. Le tempérament de Rirnberger a l'in-
convénient de manquer de simplicité : depuis
longtemps les accordeurs de piano en ont
abandonné l'usage. Le général de Tempelhof
{voyez ce nom) a fait un analyse critique de ce
lcmi)érament et en a fait voir les défauts con-
sidérables. 2» Die Kunst des reinen Satzes tu
der Miisik, aus sicheren Grundssclzen her-
geleitet und mit deutlichen Beyspielen er-
la^utert (L'art de la composition pure dans la
musique, d'après des principes positifs exi)li-
qués par des exemples). Berlin, II. -A. Rott-
mann, sans date, un vol. in-4» de 252 pages.
Une deuxième édition de cette première partie
parut peu de temps ajuès, Berlin et Rœnigs-
berg, G.-J. Decker et G.-L. Ilartung, 1774,
in-4°. Deuxième partie, première section,
ibid., 1770, in-4» de 155 pag. Jdem, deuxième
section, ibid.^ 1777, in-4» de 232 payes.
KIRNBERGER
41
Idem, troisième seclion, ibid., 1779, in-4"de
188 pages. Rirnberger a reproduit, au com-
mencement de la première partie de cet ou-
vrage, son système de tempérament. Vient
ensuite le traité des accords et de l'harmonie,
cil l'auteur expose sa théorie sur les harmo-
nies produites |)ar la prolongation. Rirnberger
y traite aussi de la manière d'accompagner la
mélodie en général, et les chorals en parlit
lier. Les sections VII, VIII et IX de celle
première partie sont relatives à la modulation
et aux transitions; les deux dernières, au con-
trepoint simple. La deuxième partie manque
d'ordre; sa première division aurait du être
l'appendice de l'ouvrage, afin de ne rien in-
troduired'étrangerentre lecontrepoint simple
qui termine la première partie, et les diffé-
rentes espèces de contrepoints doubles qui
remplissent Iq deuxième division. La troisième,
où Rirnberger revient sur quelques cas parti-
culiers de ces contrepoints, et où il traite des
canons, est incomplète, en ce qu'il n'y donne
ni les règles ni les exemples des divers sys-
tèmes de fugues. Toutefois, tel qu'il est, cet
ouvrage peut être considéré comme un des
meilleurs traités de composition publiés en
Allemagne, quoiqu'il y ait plus de méthode
dans les livres de Marpurg et d'Albrechts-
herger. o" Die wahren Grundsxtze zum
Gebraiich der Harmonie, darinn deutlich
(jezeigt wird, wie aile mœgliche Jccorde aus
dem Dreyklang und dem wesentlichen Sep-
timenaccord, und deren dissonirende Vo-
chaellen, herzuleiten und zu erklxren sind,
aïs ein Zusatz zu der Kunst des reinen
Satzes in der Musik (Les vrais principes con-
cernant l'usage de l'harmonie, etc.), Berlin
et Rnenigsberg, 1773, in-4'' de 115 pages.
Tous les écrivains qui ont parlé de ce livre
disent que Rirnberger y a réduit l'harmonie
aux deux accoids fondamentaux, parfait et
de septième. Lui-même, dans ses préfaces, et
surtout dans celle de ses Principes de basse
continue, se félicite d'être arrivé à ce degré
de simplicité. Nul doute qu'il eût atteint le
dernier terme de la perfection du système
normal de l'harmonie, si sa prétention était
fondée en réalité : mais de même qu'il prend
pour point de départ de l'harmonie conson-
nanle l'accord (larfait avec tierce majeure, ou
avec tierce mineure, ou avec quinte mineure
(sur le septième degré), de même il considère
comme accords primitifs les quatre accords de
septième sol, si, ré, fa; la, ut, mi, sol; si,
ré, fa, la; ut, mi, sol, si, qui ne lui parais-
sent ditTércr que pai- la qualité de Icuis inter-
valles. Il ne s'est pas aperçu que le premier seul
est un accord primitif qui s'attaque sans pré-
paration, comme lés accords consonnants, et
que les autres, étant toujours préparés, sont
néeessairement d'autre nature, et résultent de
la prolongation réunie au mécanisme de la
substitution, ou à d'autres circonstances qui,
toutes, lui ont été inconnues. Ne supposons
donc point ce qui n'est pas, et n'accordons à
Rirnberger que ce qui lui appartient réelle-
ment : la découverte du mécanisme de la pro-
longation dans les accords qui ne sont point
modifiés par d'autres circonstances. C'est cette
découverte que Catel a introduite en France
dans son traité d'harmonie Une deuxième
édition de l'ouvrage dont il s'agit a été publiée
à Vienne chez Haslinger, in-4". 4» Grund-
sxtze des Generalbasses als erste Linien der
Composition (Principes de la basse continue,
comme premiers éléments de la composition),
Berlin, Hummel, 1781, in-4"de88 pages avec
23 planches de musique. Diverses autres édi-
tions ont paru à Hambourg, chez Boehme, à
Berlin, chez Lischke, à Offenbach, chez André,
à Vienne, chez Haslinger. Cet ouvrage est le
développement prati(iue de la théorie de l'au-
teur sur la formation et la classification des
accords. S» Gedanken iiber die verschiedenen
Lehrarten in der Composition, als Forberei-
tung zur Fugenkentniss (Idées sur les diffé-
rentes méthodes de composition, comme in-
troduction à la connaissance de la fugue),
Berlin, 1782, 32 pages in-4''. Il est vraisem-
blable que cet opuscule aurait été suivi d'un
trailé spécial sur la fugue, comme complément
de l'art de la composition pure, si la mort ne
fût venue arrêter les travaux de Rirnberger.
Dans ce petit ouvrage, il fait l'éloge des livres
de Berardi, de Bononcini et de Fux sur la
composition; mais il vante par dessus tout la
méthode pratique de J.-S. Bach. Q" Anleitung
sur Singkomposition, mit Oden in verschie-
denen Sylbenmassenbegleitet (Instruction sur
la composition du chant, etc.), Berlin, 1782,
85 pages in-fol. Après une dissertation sur le
chant, Rirnberger a placé quelques odes bien
traitées dans les différents rhythmes, suivant
la doctrine des anciens. 7° L'art de composer
des menuets et des polonaises sur-le-champ,
Berlin, 1757, in-4''. Une édition allemande a
paru dans la même année sous ce titre : Der
allzeitferlige Memtetten und Polonaisen-
Componist, Berlin, 1757, 19 feuilles in-4".
L'aitifice de cette espèce de secret consiste
dans la combinaison d'un certain nombre de
mesures de menuets ou de polonaises qu'il
42
KIRNBERGER — KIST
sufTit (l'assembler de iliverser manières pour
obtenir des morceaux différents. Kirnberger
est aussi l'auteur de tous les articles sur la
musique qui se trouvent dans la Théorie des
beaux arts de Sulzer.
RIllSCUrSEll (Jean-Écide), cantor à
Schmalkalden , s'est beaucoup occupé des
moyens de faciliter l'enseignement dans les
écoles publiques. En ce qui concerne la mu-
sique, il a publié : 1» Elementar Gesanyhil-
dungslehre , oder die Aunst in mœglichst
kurzer Zeit Kinder nach Stephani's Méthode
singen zu lehren (Constitution d'un enseigne-
ment élémentaire du chant, ou l'art d'ensei-
gner aux enfants à chanter, dans le temps le
plus court possible, par la méthode de Ste-
I»hani), Ilmenau, Voigt, 1816, grand in-8".
2" Clavier-instrumental- M aschine , nebst
Anhang einer beweglichen Singmaschine
und eingestreuten TVinken eines Elementar-
stufengangs (Machine instrumentale à cla-
vier, avec l'addition d'une machine chantante
portative, etc.), Schmalkalden, 1819, in-4"
obi. de IG pages et 2 planches.
ItlRSCHIMGK (...), facteur d'instru-
ments de musique, né en Bohême, était établi
à Saint-Pétersbourg, en 1794. Cet artiste, sui-
vant le /ourna/ de mî/stgue de Koch (p. 195),
faisait déjà à celte époque des pianos orga-
nisés dont les jeux de flûtes étaient expressifs
au moyen d'une pédale.
RIUSTEIV (Michel), organiste de la
deuxième église de Breslau, naquit au mois
d'octobre 1682, à Lossen, dans le comté de
Brieg. Dès son enfance, il montrait un goùl
passionné pour la musique, et avait appris
seul à jouer des airs de danse sur un tympanon
que son père lui avait procuré. Destiné à
exercer la profession de celui-ci, c'est-à-dire,
à être cordonnier, il ne put obtenir d'abord
qu'on le mît en apprentissage chez quelque
musicien de village; mais enfin ses sollicita-
tions triomphèrent ; à l'âge de douze ans, il
reçut des leçons d'un joueur de tympanon, et
trois mois lui suffirent pour être en étal de
jouer dans les fêles de village. Plus tard, une
épinetle, qu'il trouva par hasard, lui fournit
l'occasion d'apprendre à jouer sur le clavecin
des chorals et d'aulres mélodies, sans con-
naître d'autres principes que ceux de la rou-
tine. Résolu enfin à se livrer sérieusement à la
culture de la musique, il se rendit à Brieg,
n'ayant que six thalers (environ vingt-trois
francs) dans sa poche, pour y étudier sous la
direction de l'organiste Gasjjard Schroeter. Ce-
lui-ci lui fil si;;ncr un engagement pour deux
ans, puis lui enseigna à lire les notes et lui
donna quelques principes de doigter du cla-
vecin. Une place d'organiste dans un village,
appelé Grond-JcBugnitz , étant devenue va-
cante, Schroeter y envoya Rirsten dans le
cours de sa seconde année. Cette position lui
fit utile, en ce qu'il y prit l'habitude d'accom-
pagner les mélodies chorales. On construisait
alors un nouvel orgue dans ce lieu : Kirsten
profita de cette circonstance pour connaître le
mécanisme des instruments de cette espèce.
Ses éludes terminées, il obtint les places d'or-
ganiste, de maître d'école, de carillonneur et
de musicien de ville, à Lœwen. Il y passa qua-
torze années, qui furent les |)lus heureuses de
sa vie, et pendant lesquelles il augmenta beau-
coup ses connaissances en musique. En 1720,
on l'appela à Breslau pour y remplir la place
d'organiste de l'église Sainle-Marie-Madeleine,
qui lui fut donnée après un concours. Le reste
de sa vie s'écoula dans ces paisibles fonctions,
et il mourut avec la réputation d'un organiste
habile, le 28 juin M'r2. Dins sa jeunesse, il
avait montré du talent |,oui la composition de
la musique instrumentale, mais ses ouvrages
sont restés en manuscrit et se sont égarés. Ou
n'a imprimé de lui qu'un TeDeum et un jVa-
gnificiit en allemand.
KIllSTEIV (FRKDÉnic) fut d'abord orga-
niste de l'église réformée, puis de l'église du
château, à Dresde. Il vécut vers la fin du dix-
huitième siècle. En 1793, il se fit entendre à
Berlin et y fut considéré comme un habile
pianiste. On connaît de ^a composition :
1° Trois solos pour piano, oj). 1, Offenbach,
André. 2» Deux idem, op. 2, ibid. 3» Six trios
pour piano, violon et violoncelle, Leipsick.
4° Chansons à voix seule avec accompagne-
ment de piano, Leipsick, Wienbrock. 5''Clian-
sons pour des réunions joyeuses à huit voix,
avec accompagnement de piano, Hambourg,
Guniher, 1797.
RIUSTEIV (Henhi), organiste de la ville
dans les deux églises principales de Golha, oc-
cupait celle position en 1840. On a de lui une
discussion concernant la question posée dans
un numéro de la Gazette générale de Leip-
sick, à savoir, pourquoi il n'y a pas un jeu de
seize pieds ouverts au moins, dans toutes les
orgues. Ce morceau a été publié dans la même
gazette (an. 1841, p. 583).
RIST (le docteur FtonENT-ConNEiLLE), fils
du célèbre pasteur et orateur Ewald Rist, est
né à Arnheim, le 28 janvier 1796. Dès l'âge
de huit ans, il reçut des leçons de piano ; qucl-
•lues années après, il se livra à réludc de la
KIST
43
flùlc cl du cor. Lorsiiii'il tiil icnninô ses hu-
nianilés, il suivit, de 1813 à 1818, les cours
de médecine de l'Universilé de Leyde el reçut
le diplôme de docteur. La flûte était devenue
.son instrument de prédilection; il en Jouait
avec succès dans les concerts. Vers la même
époque, il cultiva aussi l'art du chant sous la
direction de quelques bons maîtres et se pro-
duisit comme chanteur dans les concerts de La
Haye, de Delft et de Dordrecht. Enfin, il étudia
seul l'harmonie, et reçut des leçons de contre-
point et de fugue du docteur Bekker et d'un
élève de Frédéric Schneider. En 1818, M. Kist
s'établit à La Haye et y exerça la médecine
jusqu'en 1825. Dominé par son penchant, il
abandonna sa profession pour se livrer ex-
clusivement à la musique comme amateur.
L'hiver, il habitait à La Haye et passait l'été
dans une maison de campagne près de Delft.
En 1821, il avait été un des fondateurs et ad-
ministrateurs de la Société mus\cii\e Diligen-
tia, de La Haye ; en 1829, il créa aussi à Delft
une société de chant d'ensemble et une sec-
lion de l'association pour les progrès de la
musique, dont il fut président jusqu'en 1840.
II fut aussi pendant plusieurs années admi-
nistrateur de la Société Collegium musicum
dans la même ville. Enfin, il établità La Haye,
en 1852, la société de chant d'ensemble con-
nue sous le nom de Cxcilia, eldeux ans après
il devint administrateur du concert d'artistes
Harmonief dans la même ville. C'est ainsi
que s'écoulèrent les belles anuées de la vie de
M. Rist dans une activité incessante pour les
progrès de l'art.
Fixé à Ulrecht en 1841, il y rédigea jus-
qu'en 1844 ]e. Nederlandsch muzikaal Tijd-
sckrift , écrit périodique qu'il abandonna
pour créer et rédiger le journal hebdomadaire
de musique Carilia, qui se publie encore et
compte aujourd'hui (18C2) dix-neuf années
d'existence. Non-seulement il fil le sacrifice
de quelques milliers de florins pour assurer le
succès de cette publication, mais il y consacra
ses veilles et y fournit un grand nombre de
dissertations et d'articles, particulièrement sur
l'histoire de la musique à Ulrecht, depuis le
<|uatorzième siècle jusqu'en 1851. De 1841
à 1849, il fut vice-président du concert érigé
à Utrecht par l'administration de la ville, sous
le nom de Collegium musicum Ultrajectinum.
En 1845, il visita l'Allemagne et y fit un sé-
jour de six mois pour se livrer à l'examen de
la situation de la musique; les résultats de ses
observations ont été publiés dans la Cxcilia.
Dans la même année, M. Kist devint corres-
pondant du Zeitschrift fiir Dilcllanten de
Gassner, à Carisruhe, du Signale de Leipsick,
et de la Teutonia Zeitschrift fiir Mdnnergc-
sang Fereinen de Dresde. En 1847, il créa à
Ulrecht le concert d'amateurs connu sous le
nom de Symphonie, et deux ans après il éta-
blit dans sa maison la société de chant Dtice
Apolline. Ses principaux litres honorifiques
sont : 1° Membre d'honneur du Mozarteum el
du Dom-Musik Ferein, à Salzbourg, en 1843 j
2" de la société de chant Csrcilia, à La Haye,
en 1844 ; ô" de la Société Historique d'Utrechi,
en 1847 ; 4" de la société de chant C^cilia, de
Nimègue, en 1848 ; 5» de la Société de littéra-
ture nationale, de Leyde, dans la même an-
née, et G" de la société de chant Euphonia,
d'Ulrecht, en 1852.
Les œuvres musicales de cet amateur, aussi
zélé que distingué, sont : 1» Chant de fan
Speyk , avec accompagnement de piano.
2° Hommage à fan Speyk, cinq quatuors
pour voix d'hommes, textes hollandais et
allemand. 3° Neerlattde, pour baryton avec
piano. 4" Notre patriotisme, idem. 5" Huit
chants patriotiques avec piano. C" Thème
varié pour la flûte. 7° Six chorals pour voix de
contralto et de soprano, textes hollandais et
allemand. 8" Six morceaux de chant à Iroi.s
voix, texte hollandais. 9" Les Dernières Pa-
roles de Nourrit, chant pour voix de basse
avec piano. 10" Deux romances avec piano.
11° Cavatine italienne, idem. 12" Gahrieltc ,
quatuor pour voix tl'hommes. 13" Vingt-cinq
chants pour une et deux voix, à l'usage des
écoles. 14" .<^ Anna, mélodie pour voix seule,
avec piano et violoncelle. 15" Chant du gon-
dolier, avec piano, texte hollandais. Toiilis
ces productions ont été éditées par Weygjnd
et Beuster, à Amsterdam, Dony et C^, à La
Haye, et par Nalan, à Utrecht.
M. Kist a en manuscrit : 1" Cantate pour
voix d'hommes, avec solos de soprano et de
basse et accompagnement d'orchestre. 2" Le
Pèlerin, cantate pour voix d'enfants, chœurs
et solos avec piano. 3" Air italien pour voix de
basse, avec piano el violoncelle. 4" Beaucoup
de chorals à quatre voix, canons et fugues.
5" Grand duo pour voix de basse avec piano.
G" Ernst und Freude, ouverture à grand or-
chestre, exécutée avec succès, en 1842, dans un
des concerts Diligenlia, à La Haye. 7" Plu-
sieurs airs italiens jtour voix de basse el or-
chestre. 8" Air italien pour conirallo et or-
chestre. 9" Plusieuis mélodies allemandes avec
piano. 10" Duo pour soprano et conirallo, id.
Comme écrivain sur la musique, M. Kist a
44
KIST - KITTEL
publié : 1" De Toesland van het protestant-
sche Kerkgesang in Nederland, benevens mid-
delen tôt deszelfs verbeteriny (la Situation du
chant de l'église protestante en Hollande, etc.),
un volume in-8" avec i)lanches de musique,
Utrecht, L.-E. Bosch, 1840. "2" Levensgeschie-
denis van Orlando de Lassus (Histoire de la
vie de Roland de Lassus), un volume in-S" avec
portrait et musique, La Haye, A.-D. Scliinkel,
1841. 5» Grondtreicken va?i de geschiedenis
der Musik door Brendel (Faits princi[>aux de
l'histoire de la musique, par Brendel, traduit
«le l'allemand, etc.), un volume in-8", Utrecht,
Dannenfessel et Doorman, 1851. 4° Disserta-
tions sur .la musique, dans le journal ^m-
phion f de 1820, et dans le Musikaaltijd-
schrift de 1836. 5" Une multitude d'articles,
de dissertations et de notices biographiques
dans le journal de musique Cxcilia, Utrecht,
1844 à 1861, in-4''.
RITCHirSER (William), docteur en mu-
sique de l'Université de Cambridge, vivait à
Londres, au commencement du dix-neuvième
siècle, et s'y trouvait encore en 1831. Il a fait
représenter, au théâtre de l'Opéra-Anglais ,
Love among the Roses (l'Amour parmi les
roses), opérette dont la partition pour le piano
a été publiée. On a aussi de lui un livre inti-
tulé : Observations on Focal Music, Lon-
dres, 1821, un volume in-12. Comme éditeur,
il a publié plusieurs recueils d'anciennes chan-
sons anglaises, d'après des manuscrits, ou d'an-
ciennes éditions, sous les litres suivants : Sea
songs of England (Chansons maritimes de
l'Angleterre), un volume grand in-4''; et
Loyal and NationalSongs of England, pour
une, deux et trois voix, Londres, un volume
gr. in-4''.
KITTEL (Jean-Ciirétieh), savant orga-
niste, né à Erfurt, le 18 février 1732, fut un
des meilleurs élèves de Jean-Sébastien Bach.
Sorti de l'école de ce grand homme, il ne quitta
Leipsick que pour prendre possession de la
place d'organiste à Langensalza. En 1756, il
retourna à Erfurt et y fut nommé organiste de
l'Église du magistrat. Artiste d'un rare talent,
il ne paraît pas avoir connu lui-même sa
portée, car sa vie tout entière s'écoula dans
une place obscure dont les émoluments étaient
si faibles, qu'il aurait connu les horreurs du
besoin vers la fin de sa carrière, si le prince
primat n'était venu à son secours, en lui ac-
cordant une petite pension. Il y avait qua-
rante-quatre ans qu'il était organiste à Erfurt,
et déjà il était arrivé à sa soixante-huitième
année, lorsque ses amis lui suggérèrent l'idée
d'un voyage en Allemagne qui lui procura
quelques ressources, et qui révéla l'existence
de son beau talent aux artistes et aux ama-
teurs de plusieurs grandes villes. Il partit au
printemps de l'année 1800. A Goettingue, à
Hanovre, à Hambourg et à Altona, il provoqua
l'admiration de tous ceux «jui l'entendirent. Son
séjour dans cette dernière ville se prolongea
pendant près d'une année, et il employa la
plus grande partie de ce temps à faire un livre
de chant choral pour les églises du Holstein.
De retour à Erfurt, il y retrouva la monotone
existence qui, pendant un si grand nombre
d'années, n'avait eu-qu'un seul jour de gloire
(le 24 novembre 1798), lorsque le digne artiste
joua de son orgue devant la reine de Prusse,
le duc de Weimar et les princes de Hombourg
et de Schwartzbourg-Riidolstadt. Ses derniers
jours s'écoulèrent paisiblement, et, le 9 mai
1800, il cessa de vivre. Gerber, que j'ai suivi
dans la première édition de cette Biographie,
dit que Kittel mourut dans la nuit du 17 au 18
mai ; mais Rinck, le meilleur élève de ce grand
organiste, qui devait bien savoir la date de la
mort de son maître, la fixe au 9 mai, dans
son autobiographie imprimée chez Aderholz,
à Bieslau, en 1833. Killcl ne fut pas seulement
un organiste et un compositeur de grand mé-
rite ; il posséda aussi un beau talent sur l'har-
monica. Parmi ses uombreux élèves, on
distingue surtout Hfessler, Umbreit et Fischer.
L'admiration que Kittel avait conservée pour
son maître Bach, était empreinte d'une sorte
de respect religieux. Il avait hérité d'une partie
des œuvres d'orgue de ce célèbre artiste, et de
son portrait peint en grand. La vue de ce por-
trait était une récompense qu'il accordait à
ses élèves. S'il était mécontent de leurs tra-
vaux, le rideau qui couvrait le portrait ne se
levait point; mais s'il était satisfait, les éco-
liers pouvaient alors paraître devant l'image
(lu plus célèbre de tous les organistes. Naïf
hommage, bien différent de l'esprit de déni-
grement qui accuse aujourd'hui l'ingratitude
des élèves envers leurs maîtres !
Riltel n'a publié qu'une partie de ses com-
positions : le reste est resté en manuscrit.
Voici l'indication de ceux qui ont paru ; 1" Six
sonates suivies d'une fantaisie pour le clave-
cin, op. 1, Leipsick, Breitkopf, 1787. 2» Va-
riations pour le clavecin sur le thème alle-
mand : Nicht so traurig, Nicht sa sehr,etc.y
ibid., 1797. 5" Grands préludes pour l'orgue,
deux parties, Leipsick, Pelers. 4" Vingt-quatre
préludes faciles pour <les chorals, œuvre post-
hume, Offenbach, André et Bonn, Simrock..
KITTEL - KITTL
*5
5" Vingt-quatre chorals avec huit basses diffé-
renles pour chaque mélodie, Offenbach, André,
fi" Variations sur deux chorals (Struf midi
nicht, et TVernur denlieben Go((),Leipsick,
llofmeisler. 7" Der Angehende pralUische
Organist, oder Aniveisung zum zwechmxs-
sigen Gebrauch der Orgel bei Gottesvereh-
rungen in Beispielen (L'organiste pratique
commençant, ou instruction sur l'usage de
l'orgue pendant l'ofTice divin, en exemples),
Erfurt, Beyer, 1801-1808, première, deuxième
et troisième parties, in-4'' obi. Le portrait de
Kittel est gravé au titre de la deuxièmepartie.
Une deuxième édition améliorée de la pre-
mière partie a été publiée, en 1808, chez le
même libraire, in-4", obi. Une troisième édi-
tion de tout l'ouvrage a paru dans la même
ville, chez Otto, en 18ôl. Cette méthode élé-
mentaire d'orgue est une des meilleures qui
existent [lour les organistes protestants; on y
trouve d'excellents préludes. 8" Livre choral à
quatre parties avec des préludes, à l'usage des
organistes, Altona, Hammereich, 1803, in fol.
Il y a deux cents mélodies dans ce recueil.
Rinck possédait en manuscrit diverses com-
positions de Kittel qu'il me fit voir, lorsque je
le visitai à Darmstadt, en 1838. On y remar-
quait une grande quantité de chorals, avec des
versets, des introductions et des finales; un
livre choral à quatre voix; beaucoup d'exer-
cices pour l'accompagnement de la basse
chiffrée, et des préludes d'orgue.
KITTEL (Jean-Michel), vraisemblable-
ment descendant du précédent, est musicien
à Erfurt. Il s'est fait connaître par les produc-
tions suivantes : 1° Musikalische Folkscliule
(École musicale du peuple), Erfurt, 1828,
in-S». 2° D. merkwUrdigste Lebensjuhr des
musikalischen Famille Kittel, oder Kunst-
Gesang-Reise im jahre 1830, diirch Frank-
reichf Englund und die Niederlanden, etc.
(L'année la plus mémorable de la famille mu-
sicienne Kittel, ou voyage d'art et de chant
dans l'année 1830, en France, en Angleterre
et dans les Pays-Bas, etc.), Erfurt, 1832, in-8°,
premier volume.
KITTL (Jean-FAédekic), directeur du
Conservatoire de Prague, et compositeur, est
né» le 8 mai 1809, au château de Worlik, en
Bohême, appartenant au prince de Schwar-
zenberg, où son père occupait l'emploi de jus-
ticier (bailli). Dès ses premières années, il
reçut une éducation toute musicale et apprit à
jouer du piano sous la direction du maitre de
musique du château. A l'âge de neuf ans, il fut
envoyé à Prague pour y fréquenter les écoles,
et dans sa treizième année, il continua l'étude
du piano à l'aide des conseils d'un amateur
distingué, puis il reçut des leçons d'un musi-
cien nommé Sawora. A l'âge de seize ans, il
écrivit ses premières compositions, et, sans
aucune connaissance de la théorie de l'har-
monie et du contrepoint, il produisit une messe
et l'opéra en un acte , Daphnis Grab (le
Tombeau de Daphnis). Un peu plus tard, pen-
dant qu'il suivait les cours de droit à l'Uni-
versité de Prague, il étudia l'harmonie chez
Tomaschek. Après qu'il eut terminé ses études
de jurisprudence, et pendant qu'il faisait son
stage d'aspirant aux emplois des finances de
l'État auxquels il était destiné, il s'instruisit
dans le contrepoint par les soins du même
maître. Au mois de mai 1836, Kittl donna un
concert, dans lecjuel il fit entendre plusieurs
de ses compositions, parmi lesquelles on re-
marquait un nonetto, un septuor et des Zieder.
C'est vers ce moment que les journaux de
musique le rangèrent parmi les compositeurs
d'avenir. Dans les années suivantes, il pro-
duisit trois symphonies, dont une symphonie
de chasse qui a de la réputation en Allemagne
et plusieurs ouvertures de concert. Il fit aussi,
à la même époque, plusieurs voyages dans le
but (le faire connaître ses compositions hors
de son pays, particulièrement en 1842. La
résolution qu'il avait prise de se livrer à l'art
qu'il aimait avec passion, le détermina à se
retirer entièrement de la carrière des emplois
publics. Après la mort de Dionys Weber (dé-
cembre 1842), Kittl lui succéda dans la place
de directeur du Conservatoire de Prague : au
moment où cette notice est écrite (1862), il
occupe encore cette position.
Kittl a écrit la musique de trois opéras, à
savoir: 1° Biancae Giuseppe, ou les Français
devant Nizzu, dont le texte est de Richard
Wagner. 2" JP^aldblume (leï Fleurs de la
forêt ). 3" Die Bildersturmer ( les Icono-
clastes). Une marche du premier de ces ou-
vrages est devenue populaire depuis 1848, où
il a été représenté à Prague. Les symphonies
de ce compositeur ont été exécutées dans les
concerts à Berlin, Leipsick, Vienne, Prague et
dans plusieurs autres villes de TAIlemagne. Sa
première composition de ce genre (en ré mi-
neur), a été publiée à Leipsick, chez Breitkopf
et Haerlel, et la troisième (en ré majeur), à
Mayence, chez Schott. La symphonie de chasse
(en mi bémol) a paru chez Breitkopf et Haîrtel,
à Leipsick, et la partition en a été gravée. Les
autres ouvrages de ce compositeur qui ont été
publiés sont : 1" Ouverture de concert (en ré),
46
KITTL - KLAUSS
op 22, Leipsjck, Risincr. 2» Grand septuor
(en mi bémol), pour piano, flùle, hautbois,
clarinette, cor, basson et contrebasse, op. 25,
ibid. Z" Grande sonate pour piano à quatre
mains (en fa mineur), op. 27, Hamiiourg,
Schuberlh. 4° Trois impromptus pour piano
seul, op. 17, Berlin, Schlesinger. 5» Six idem,
op. 18, Leipsick, Hofmeister. C" Six Idylles
pour piano seul, op. 1, Prai,me, Berra. 7" Six
idem, Vienne, llaslinger. 8" Trois scherzi pour
piano, op. G, Leipsick, Breilkopf et llaerlel.
9" Romance pour piano seul, op. 10, ibid.
10" Beaucoup de Lieder et de mélodies à voix
seule avec piano, op. 2, 3, 5, 20, 21, 25, elc
Les ouvrages non publiés sont une messe so-
lennelle pour voix seules, chœur et orchestre,
exéculéeà Prague, en 1844; un nonello pour
piano, flûte, hautbois, clarinette, deux cors à
pistons, alto, violoncelle et contrebasse; un
trio pour piano, violon et violoncelle; et di-
verses autres compositions.
KLAEKEL (Etienne), connu sous le nom
de Patan , violoniste distingué, naquit,
vers 1753, à Braun, en Bohême, et entra fort
jeune à l'église des Dominicains de Prague,
comme enfant de chœur. Il y étudia la mu-
sique pendant cinq ans, et, dans le même
temps, fit ses humanités chez les Jésuites.
Son frère, Czeslaus Klaekel, direrleur de mu-
sique à Krummau, devint ensuite son maître
de violon et lui donna des leçons pendant
deux ans; puis le jeune artiste se rendit à
Linz pour y faire sa philosophie, et pour y
continuer ses éludes de violon sous la direction
de Wenzel Kral. Appelé plus tard à Vienne
comme violoniste du Théâtre impérial, et
comme maître des concerts du prince d'Auers-
berg, il se fit bientôt remarquer par son ha-
bileté extraordinaire. L'empereur Joseph II,
l'ayant entendu exécuter quelques solos, fut
si satisfait de son talent, qu'il lui dit de de-
mander une grâce et qu'elle lui serait accor-
dée; Klaekel exprima le désir d'obtenir un
congé pour voyager, et l'empereur y consentit.
L'artiste se rendit à Paris et y resta six mois;
puis il retourna à Vienne par Ratisbonne, et
y reprit son service. Quelques années après,
il eut le titre de maître de concerts du prince
de La Tour et Taxis, et retourna en Bohême,
où il mourut, le 19 mars 1788, laissant en
manuscrit plusieurs concertos, des sonates et
d'autres morceaux pour le violon.
KLAGE (Charles), guitariste, pianiste et
compositeur, s'est fixé à Berlin, vers 1814. Il y
a l)ublié des duos et solos pour guitare, des
solos, des airs varies, et des danses pour le
piano, au nombre d'environ vîîigt cinq œu-
vres. Il a fait aussi beaucoup d'arrangements
pour le piano, particulièrement de symphonies
de Haydn. En 1838, il fit un voyage à Dresde
et y publia des chants avec accompagnement
de piano, op. 3G et 37. De retour à Berlin,
Klage y est mort au mois d'octobre 1850.
Ou a de cet artiste : Die J'onleitern der
Dur tmd JUoU Tonarten mitihren Accorden
und Schluss-Cadenzen, mit Fingersatz (les
Gammes des tons majeurs et mineurs, avec
leurs accords et leurs cadences finales et le
doigter pour le piano, Berlin, Schlesinger.
Cet ouvrage a eu deux éditions.
KLAGE (Marie), fille du précédent, née à
Berlin, en 1817, s'est fait connaître comme
cantatrice à Berlin et à Leipsick, en 1838.
Elle a publié de sa comi)Osition Quatre Lieder
à voix seule avec accompagnement de piano,
op. 1, Berlin, Schlesinger.
KLAUSS (Joseph), organiste distingué,
né à Seelendorf, près de Ziltau. le 27 mars
1775, était filsd'un marchand de fer et de lin.
Sa mère, fille d'un instituteur, lui enseigna la
lecliire, l'écriture et les principes <le la mu-
sique. Confié ensuite aux soins d'Antoine
Rretschmer, instituteur à Grunau, près d'Os-
treilz, il apprit sous sa direction l'orgue et la
basse continue. Dans sa neuvième année, il
accompagnait déjà des messes d'une certaine
difficullé. A onze ans, il fréquenta le Gymnase
de Kommotau, en Bohême, et depuis 1791
jusqu'en 1794, il suivit avec distinction les
cours de philosophie à l'Université de Prague.
Il fut ensuite employé comme sous-bibliothé-
caire de cette Université, mais la mort de son
père, qui arriva le 28 octobre 1794, l'obligea
à quitter cette position, pour prendre la pro-
fession de celui-ci. Ses nouvelles occupations
ne purent diminuer son goût pour les sciences
et la musique; il continua ses éludes d'orgue
et de théorie; ses connaissances dans toutes
les parties de la musique s'étendirent chaque
jour, et bientôt il fut l'oracle de tout le pays
pour ce qui concernait cet art. Il devint aussi
un des collaborateurs des gazettes musicales,
particulièrement de celle de Leipsick, où il a
fait insérer quelques bons articles, et un canon
sur le Feni Sancte Spiritus (ann. XIX,
p. 280). L'histoire et la théorie de la construc-
tion des orgues lui étaient particulièrement
familières; il connaissait les détails de dispo-
sition d'environ trois cent soixante-dix de ces
instruments ; il savait les noms des facteurs et
le prix qu'avaient coûté 1130 des meilleures
oignes de l'Allemagne et de l'étranger; il se
KLAUSS — KLEIN
47
vantail aussi d'en avoir joué cent treize. Cet
homme laborieux, dont les dernières années
furent troublées par des souffrances physiques
presques continuelles, est mort le l""" mars
18Ô4. On n'a publié qu'un petit nombre de
ses compositions, entre autres des duos et des
trios pour cors, Leipsick, Breitkopf et llœrlel.
Il a écrit pour l'église ; 1" Deux Regina Cœli.
2" Quatre Salve Regina. 3° Un Jlma redemp-
toris. A" Qualie Jve Maris Stella. 5» Un /'e/tt
Sancle Spiritus. G» .S'j\r offertoires. 7" Deux
messes solennelles. 8" Deux messes de morts
(en mi bémol et en fa). 9" Un Requiem en
si mineur. 10» Quatorze psaumes. 11» Deux
Magnificat. 12» Quatre cantates pour la Fête-
Dieu. 13» Quarante-deux chants funèbres, dont
trente-trois avec instruments. 14» Cinq chants.
15» Un motet pourenlerrement.l G" Sept chants
j)our des bénédictions nii()liales. 17» Sanctus.
18» Un Pange lingua à quatre voix. l'J» Des
ré[)ons à six voix. Klanss a laissé en manuscrit
pour les instruments : 20» Quelques préludes
pour l'orgue. 21» Des variations pour piano.
22» Des sonates idem. 23» Exercices de doigter
idem. 24» Nocturne pour cor. 25» Concerto
idem (en si bémol). 26» Trio pour instruments
à cordes (en sol mineur). 27» Huit marches.
28» Douze polonaises. Enfin, il a écrit pour
la musique vocale : 29» Une cantate. 50» Deux
canlatilles. 31» Une canzonelte avec chœur.
32» Un petit opéra.
RLAUSS (Victor), organiste et directeur
de musi(iue à Bernbourg, né dans celte ville,
le 24 novembre 1805, s'est fait remarquer par
un talent de bonne école dans l'exécution des
fugues de J. -S. Bach sur l'orgue et sur le piano,
ainsi que par ses compositions pour ces deux '
instruments. On vantait particulièrement la
grande correction de son jeu. Au mois de juin
1837, il abandonna la position qu'il occupait
à Bernebourg depuis huit ans imur celle de
maître de concert et de directeur de la cha-
pelle du duc de Ballensledt. En 1847, la
jiosition de maître de chapelle de la cour
d'Anhalt-Bernbourg lui ayant été offerte, il
. l'accepta, et depuis lors il y est resté attaché
en cette qualité. Plusieurs symphonies de la
composition de cet artiste ont été exécutées
;i Bernbourg et à Leipsick. Ses ouvrages pu-
bliés sont ceux-ci : 1» Quatre chants spirituels
à quatre voix, llalberstadt, C. Brtiggemann.
2» Choral : O ffaupt voll Bluî tend JFanden,
varié pour l'orgue avec une introduction, op. 2,
ibid. ô" Deux thèmes variés pour piano, v\k 5,
Prague, Berra. 4» Six pièces d'orgue pour
rusa;;e des féics solennelles, oj). 7, Bonn,
I Simrock. 5» Trois chants à quatre voix, op. G
tbid. G» Chants et Lieder à voix seule avec
piano, op. 8, Quedlinbourg, Basse. 7" Intro-
duction et variations sur un air allemand pour
le piano, oi>. 9, Leipsick, llolmeisler. 8» Huit
chants à quatre voix i)our soprano, contralto
ténor et basse, à l'usage des Instituts de chant
op. 10, Magdebourg, C. Lehmann. 9» Six
chants du printemps à voix seule, avec piano
et violoncelle, op. 11, Leii)sick, Breitkopf et
llaertel. 10» Fantaisie pour le piano sur un
thème de l'opéra de Freischfltz, op. 12, ibid.
Il y a de la distinction cl du savoir dans toute»
les compositions de M. RIauss.
KLEUEIl (LÉo:iAiiD), organiste allemand,
vécut au commencement du seizième siècle. Il
a laissé en manuscrit une collection de pièces
d'oigue en tablature sur des compositions de
Josqnin de Près, Isaak, Brumel, George»
Schaps, Conrad de Spire, Henri Fink,Ollhmar
Naclugall , Paul Iloriieimer, Adrien Pelit ,
Louis Senfl, elc. Cet intéressant ouvrage csl à
la Bibliothèque royale de Berlin : il forme m»
volume de cent soixante-dix feuillets in-folio,
et offre le plus ancien monumentde la musique
d'orgue connu jusqu'à ce jour.
KLELBEUG ( CiinÉTiE>-TiiÉopniLE), nt-
le 12 avril 1766, à Gautsch, près de Leipsick,
où son père était aubergiste, étudia la théo-
logie à l'Université de Leipsick, et termina
aussi ses éludes musicales dans cette ville.
Après avoir occupé quelques places d'orga-
niste, entre autres à Altenbourg, il fui appelé
à Géra en 1790, pour y remplir les mêmes
fonctions. Il occupa cette place jusqu'à sa
mort, qui eut lieu le 13 juin 1811. Kleeberg
était un musicien instruit et un bon organiste.
On a de lui : 1» Trois duos pour deux violons,
op. 1, Offenbach, André. 2» Sonates pour cla-
vecin, op. 2. 3" Canon à trois voix avec chœur
et piano, Augsbourg, Gombart. 4» Chansons à
voix seule, avec accompagnement de piano,
Brunswick. 5» Danses allemandes et anglaises
pour piano, op. G. 6» Concerto pour piano et
harpe, op. 9, Augsbourg, Gombart.
KLEIN ou KLEIIXE (André), savant or-
ganiste, né vers 1650, à Cœlleda, dans la Tbu-
ringe, fut recherché dans la seconde moitié dn
dix-septième siècle à cause de son talent pro-
digieux pour l'improvisation sur l'orgue. Il
péril à Copenhague en 1689, ilans l'incendie
de l'opéra.
KLE1I\ (Jacqdes), musicien hollandais,
appelé, dans le catalogue de Le Cène, Jac-
ques ktein le Jeune, a fait graver à Amster-
dam, vers 1750, trois livres de sonates pour
48
KLEIN
}e violoncelle, et douze sonates pour hautbois
et basse continue, op. 1 et 2.
KJLEIIV (Jean-Joseph), organiste à Eise-
nach, inscrit sur la matricule des avocats de
Dresde, naquit le 24 août 1759, et mourut dans
les premières années du dix-neuvième siècle.
On ne connaît de sa composition que le chant
du matin de Gellert, mis en musique pour voix
seule, avec accompagnement de piano, Offen-
bach, André. C'est surtout comme écrivain
didactique que ce musicien s'est rendu recom-
mandable ; on a de lui en ce genre : 1» f^er-
such eines Lehrbuchs der praktischen Mttsik
in systematischer Ordnung entwurfen (Essai
d'une méthode de musique pratique conçue
dans un ordre systématique), Gera,C.-Fr.Beck-
mann, 1783, in -8" de deux cent soixante-quatre
pages, non compris la préface. 2" Lehrbuch
der theoretischen Musik in systematischer
Ordnung entwurfen (Traité de musique théo-
rique rédigé dans un ordre systématique),
Leipsick, Herisius, 1801, de cent quatre-vingt-
huit pages in-4'' avecdes planches ; bon ouvrage
dont on trouve des exemplaires avec un titre
gravé, au bas duquel est l'adresse de Jean André
à Offenbach. 3» Neues FollstéEudiges Choral-
buch %um Gebrauch bei dem Gottesdienste ;
nebst einem kurzen f'orberichte von den
Choralmusik (Nouveau livre choral complet
pour l'usage du service divin, avec une intro-
duction courte sur la musique chorale), Ru-
dolstadt, 1785, in-4'' de cent soixante-quinze
pages. Il a été fait une deuxième édition de ce
livre à Rudolstadt, en 1802. Klein a aussi fait
insérer quelques articles concernant la mu-
sique, dans les journaux, particulièrement les
suivants dans la Gazette générale de musique
de Leipsick : 1° Sur les signes des sons, suivi
de la proposition d'un petit changement à
l'égard de la dénomination des tons (notes)
(t. I, pag. 641). 2" Propositions tendant à
améliorer les écoles ordinaires du chant en
Allemagne (t. II, pag. 465).
KLEIIV (Chrétien-Benjamin), né le 14 mai
1754, à Sleinkunzendorf, près de Kupferberg,
en Silésie, fut un bon organiste dans le genre
simple et sévère, et un musicien instruit dans
la théorie de son art. Après avoir fréquenté
jusqu'à l'âge de huit ans l'école du lieu de sa
naissance, il fut mis au collège de Rudolstadt
où il apprit les éléments de la musique en
même temps que ceux de la langue latine.
En 17G5, on l'envoya à Landshut pour y con-
tinuer ses études, particulièrement celle de la
musique, sous la direction de Gebauer, cantor
de l'endroit, qui lui fit connaître les ouvrages
de Jean-Sébastien Bach et de son fils Charlcs-
Philippe-Emmanuel. En 1771. il alla achever
ses humanités au lycée de Jauer. Quatre ans
après, il fut nommé second organiste à
Schweidnilz; en 1778, on lui confia les fonc-
tions de professeur à Schmiedeberg, quoiqu'il
ne fût âgé que de vingt-quatre ans, et, en 1780,
il eut dans le même lieu les places de cantor
et d'organiste. Quoique sa vie tout entière se
soit ensuite écoulée dans cette petite ville, il
eut de la réputation en Allemagne, surtout
comme organiste. Reichardt et d'autres qui
l'ont entendu, en ont parlé avec beaucoup d'es-
time. Klein s'est fait aussi remarquer comme
professeur, et a formé de bons élèves, parmi
lesquels on distingue Leuschner, Kloss et
Charles Ilacke. Sévère à l'excès, brutal même
avec ses élèves, il les conservait pourtant jus-
qu'à la fin de leurs études, parce que sa mé-
thode excellente leur faisait faire de rapides
progrès. Vers la fin de sa vie, son humeur
devint encore plus chagrine, à cause du mau-
vais état de sa santé, et de la perte d'une partie
de ce qu'il [)ossédait. Il est mort à Schmiede-
berg, à l'âge de soixante et onze ans, le 14 sep-
tembre 1825. La plupart de ses compositions
sont pour l'église; elles sont, dit-on, écrites
avec correction, mais dépourvues d'invention.
A l'exception d'une cantate pour le vendredi
saint et de deux chants funèbres pour quatre
voix d'hommes, qui ont été publiés en par-
tition à Leipsick, chez Hofmeister, tous ses
ouvrages sont restés en manuscrit; on y re-
marque plusieurs motels à quatre voix et
orgue, une cantate de noces avec accompagne-
ment de violons et d'instruments à vent,
quelques airs et morceaux détachés pour di-
verses circonstances, des psaumes, et un livre
choral à l'usage des élèves organistes. Parmi
les manuscrits de Klein, on a aussi trouvé :
1" aiéthode de chant. 2° Méthode de basse con-
tinue, d'après les principes de Kirnberger,
avec beaucoup d'exemples. 3° Théorie de la
fugue, contenant aussi des leçons sur les imi-
tations et les canons.
RLEirV (Henri), né en 1756 à Rudelsdorf,
près de Schœnberg, en Moravie, étudia d'abord
la musique sous la direction d'Aschermann,
directeur du chœur à Zœpta, et fit de si rapides
progrès, qu'à l'âge de huit ans, il fut en état
de remplir les fonctions d'organiste; puis il
fut pendant cinq ans élève de Harlenschneider,
organiste de la cathédrale de Presbourg.
A l'âge de dix-sept ans il obtint la place de
directeur de musique du comte de llodicz ; ces
fonctions ne l'empêchèrenl pas de continuer
KLEÏN
49
ses études, particulièrement celle de la théorie
de Kirnberger et du style de Jean-Sébastien
Bach. Plus tard, il quitta le service du comte
pour retourner à Presbourg, où il vécut en
donnant des leçons jusqu'en 1796. Il succéda
alors à Riegger dans la [)Iace de professeur à
l'École nationale de musique de Presbourg.
En 1805, l'Académie royale de musique de
Stockholm l'a choisi pour un de ses membres
correspondants. Pianiste et organiste distin-
gué, compositeur instruit et bon professeur,
Klein. joignait à ces divers mérites celui d'être
habile mécanicien. On lui doit l'invention d'un
harmonica à clavier, dont il a donné la des-
cription dans la Gazette de Bude , en 1798,
puis dans le premier volume de la Gazette
générale de musique de Leipsick (K"^ année,
p. C75-679, avec une planche). En 1807, il
a aussi inventé un instrument du genre de
l'orgue, qu'il a appelé Orchestrion. Le même
journal contient une intéressante disserta-
tion de Klein sur les danses nationales de la
Hongrie. On a de cet artiste en manuscrit :
1° Un Te Deum. 2" Messe à quatre voix et or-
chestre, ô" Cantate pour le jour de naissance
de l'archiduc Joscph-François-Léopold, exé-
cutée le 9 avril 1779. 4" Cantate pour le jour
de naissance de l'empereur et roi François P"",
exécutée le 12 février 1807. 3" Collection de
musique d'église pour une année entière. On a
gravé de sa composition : 1° Fantaisie pour le
l>iano. Vienne, Traeg, 1790. 2» Douze chan-
sons allemandes, avec accompagnement de
piano, ibid. Klein est mort à Presbourg, en
1832.
KLEIN (...). On a sons ce nom un traité de
musique en langue danoise, intitulé : Grund-
regler for Theorica af Musiken i Alminde-
Ughed , og en praktist Jndivendeîse for
Klaveret i Sordeleshed (Règles fondamentales
de la théorie de la musique avec leur applica-
tion pratique au clavecin), Copenhague, 1791,
in-4''.
KLEIN (JEAN-VALERins), professeur sup-
|)léant de philosophie à l'Université de Giessen,
est auteur d'une thèse intitulée : De arte mu-
sica, imprimis de Cantu. Prolusio scholas-
lica qua ad solemnia pxdagog. acad. exa-
mina DD. XIX et XX Martii instituenda
et ad audiendas orationes D. XXI Martii
publica habendas omnes literarum faulores,
cas qua decet observantia invitât Jo. l'ai.
Klein, Philos. D. pxd. Collega. Gissœ, 1812.
Vingt-huit pages in-4''.
KLEIN (CuAnLES-AtcusTE, Baron RE),
ni- près de Manheim, en 1794, reçut les jHin-
BIOGR. UKIV. DES MUSICIENS. T. V.
cipes de son éducation élémentaire, sous là
direction de son père, conseiller privé du roi
de Bavière, connu comme prosateur et comme
poète. Avec une connaissance étendue des
poëtes latins, français et allemands , Klein
acquit aussi une solide instruction dans la
musique, et dans les sciences physiques et
mathématiques. Il n'était âgé que de sept ans
lorsqu'il écrivit une petite sonate pour le piano,
qui fut suivie de plusieurs morceaux du mémo
genre, et de beaucoup de chansons dont son
père lui fournissait les paroles. En 1809, il
essaya ses forces dans un genre plus élevé, en
écrivant la musique d'un méloilrame de son
père, intitulé -. Jppel à la jouissance de la
vie. Godefroid VVeber, qui se trouvait encore
alors à Manheim, ayant entendu cet ouvrage,
fut étonné de l'instinct musical qui s'y déce-
lait, et offrit au jeune homme de l'instruire
dans la composition; mais déjà Klein éprou-
vait les premiers symptômes de l'épilepsie,
maladie affreuse dont sa mère lui avait trans-
mis le funeste héritage. En 1810, il perdit son
père, et alla demeurer chez un oncle qu'il avait
à Mayence. Là, il se livra à l'élude de la com-
position, sous la direction de Zulehner. Par-
venu à sa dix-huitième année, il éprouva plu-
sieurs atteintes violentes du mal qui troublait
son existence, et pendant trois ans les atta-
ques se renouvelèrent souvent. 11 lui fallut
suspendre ses travaux et se soumettre à un
traitement qui finit par triompher de la vio-
lence du mal ; mais la convalescence fut longue
et douloureuse. Un régime sévère a rendu,
depuis lors, les atteintes fort rares, et en a
diminué sensiblement l'intensité. En 1817,
M. de Klein a fait un voyage à Paris, et y a
connu Méhul, bien près de sa fin alors, mais
qui, malgré son état de souffrance habituelle,
consentit à voir les compositions du jeune ar-
tiste, et lui prédit qu'il se ferait un nom. Ces
paroles encourageantes ranimèrent son zèle
pour l'art; plus tard une lettre de félicitation,
écrite par Beethoven sur les quatuors de violon
de M. de Klein, est venue le consoler des cri-
tiques sévères qu'on avait faites de ses ou-
vrages dans quelquesjournaux de l'Allemagne.
On a publié de cet artiste : 1° Sonate pour
piano et violon (en fa), op. 27, Mayence, Schott.
2» Sonate idem ( en mi bémol), ibid. ô" Trois
sonates pour piano seul. 4° Sonate pour piano
à quatre mains (en ré majeur). 5» Le prin-
temps, fantaisie pour piano. 6" Trio pour
piano, violon et violoncelle (en la majeur).
7" Symphonie à grand orchestre (en ut majeur),
exécutée à Mayence, en 1837. 7" {bis) Deuxième
4
80
KÎ.EIN
symphonie, exécutée en 1838. 8° Tdejn (en
itii bémol). 9° Ouverture pour la tragédie
d'Otello, exécutée à Berlin. On en a publié la
réduction pour piano. 10" Sept quatuors pour
deux violons, alto et basse. 11° Un trio pour
violon, allô et violoncelle. 12» Ouverture de
concert, à grand orchestre. 12» (bis) Sonate
pour piano et violon , Mayence , Scliott.
1 ô° Graduale quinque vocum pro festo sancti
Stephani,o[-<. \U,ibid. 14" Quelques chan-
sons avec accompagnement de piano. M. de
Klein a fourni plusieurs articles de critique,
relatifs à la musique, dans différents jour-
naux de rAllemagne, mais sous le voile de
l'anonyme.
KLEIIH (Berward), compositeur, né à Co-
logne en 1794, est considéré, en Allemagne,
comme un des artistes les plus estimables du
dix-neuvième siècle. Fils d'un marchand de
vin, il fut destiné par ses parents à l'état
ecclésiastique, mais son penchant décidé pour
la musique le fit renoncer à cette carrière.
Malheureusement Cologne lui offrait peu de
moyens d'instruction, et les leçons d'un prêtre
quelque peu connaisseur .dans l'art, furent les
seules ressources qu'il y trouva. Bientôt,
oliligé de se livrer lui-même à l'enseignement,
il éprouva tous les dégoûts inséparables de la
vie d'un musicien mercenaire, sans que son
enthousiasme d'artiste en fût diminué. Des
circonstances favorables vinrent enfin recom-
penser son zèle, car, en 1812, il fut libéré de
la conscription par la protection du préfet
Alexandre de Lameth, et dans la même année
une occasion se présenta pour qu'il se rendit à
Paris. Il y reçut des conseils de Cherubini, et
y puisa des connaissances étendues dans les
trésors qu'il trouva à la bibliothèque du Con-
servatoire. De retour à Cologne, il y fut
chargé de la direction de la musique de la
cathédrale, et de l'école des enfants de chœur.
Pendant qu'il remplissait ces fondions, il fit
un voyage à Ileidelberg, où la belle colleclion
de M. Thibaut lui fournit l'occasion de con-
naître le style des anciens maîtres italiens.
Après que l'exécution de sa première messe
en 181G et de sa cantate sur les Paroles de la
foi (Worte des Glaubens) deSchiller, en 1817,
l'eut fait connaître avantageusement, il fut
chargé d'aller à Berlin pour y jirendre con-
naissance des institutions musicales de celle
grande ville, parliculièrementderécole dirigée
parZeltcr. Celui-ci ne vit d'abord dans Klein
qu'un de ces élèves soumis, comme ceux qui
depuis longtemps se trouvaient sous sa domi-
talent du jeune artiste et le sentiment de sa
force, lorsqu'il eut enfin acquis la conviction
qu'au lieu d'un écolier, il avait près de lui un
rival qui l'égalait en savoir et le surpassait en
génie, ses sentiments changèrent à son égard,
et la bienveillance dont il l'avait d'abord en-
touré fit bientôt place à des critiques amères
et à des sarcasmes sur son talent. Mais déjà
Klein s'était fait, à Berlin, des amis qui le »ié-
fendirent avec chaleur. L'école royale d'orgue
venait d'être instituée : il demanda la place
de professeur d'harmonie et de contrepoint
qui y était vacante et l'obtint; il y joignit, peu
de temps après, les fonctions de directeur de
musique et de professeur de chant à l'Univer-
sité. Son oratorio de Job, gravé en partition
chez Breitkopf et Haerlel, en 1820, l'avait si-
gnalé comme un des jeunes compositeurs dont
l'avenir donnait les plus belles espérances;
cet ouvrage fut suivi, en 1823, de Didon,
grand opéra dans la manière de Gluck, qui ne
réussit pas. Dans cette même année, il épousa
la nièce du célèbre libraire Nicolaï, riche héri-
tière dont la fortune le mit dans une position
indépendante. Peu de temps après son ma-
riage, il partit avec sa femme pour l'Italie.
Quoique l'état actuel de la musique dans ce
pays n'eût rien qui pût l'intéresser, son voyage
ne fut pourtant pas sans fruit, car il trouva
dans les bibliothèques, dans les archives, et
surtout dans les conversations du directeur de
la chapelle pontificale, une source inépuisable
d'instruction. Après son retour à Berlin, il
reprit ses travaux. En 1828, il fit exécuter à
Cologne son oratorio de Jephté; deux ans
après, il donna, à la fêle musicale de Halle,
son David, considéré comme une de ses meil-
leures productions. Les succès que ces ou-
vrages obtenaient ne le satisfaisaient pourtant
pas, car la carrière de compositeur .drama-
tique était celle qu'il désirait surtout par-
courir avec éclat; mais si cette carrière est
partout ditTicile, en Allemagne elle est envi-
ronnée d'obstacles presque insurmontables.
D'ailleurs , malgré les éloges que Rellslab
lui a donnés, il est douteux que Klein ait eu
le sentiment delà scène. La nature sérieuse de
ses idées n'était propre qu'au genre dans le-
quel il s'est fait surtout un nom honorable.
Enlevé i l'art et à ses amis dans la fleur de
l'âge, il est mort à Berlin le 9 septembre 1852.
Cet artiste laborieux a laissé les ouvrages
suivants : 1" Didon, grand opéra, en manu-
scril. 2" Deux actes d'un opéra intitulé Irène,
en manuscrit. 3" Entr'actes de la tragédie do
nation; mois lorsqu'il aperçut la portée du ' Raupach die Erdmnacht (la Nuit sur la
KLEIN
SI
(erre), en manuscrit. 4" Joh, oratorio, gravé
en partition; Leipsick, JJreilliopf et IlPertel.
5" Jephté, oratorio, avec orchestre. 6" David,
idem. 7" ^thalie, oratorio, non terminé, en
manuscrit. 8" Hymne allemand (Ick danke
dem Herrn), pour quatre voix d'hommes et
orgue; op. 4, Hambourg, Chrisliani. 9° Mu-
sique spirituelle, première livraison conte-
nant : Jgnus Dei et Ave Maria, à quatre
voix et orgue, op. 12; Berlin, Tr'autwein.
10° Magnificat pour deux sopranos, alto,
deux ténors et basse, avec accompagnement
d'orgue, op. 13, ibid. W" Musique spirituelle,
deuxième livraison, contenant six répons à
quatre et six voix, en partition, op. 17, ibid.
12° Musique spirituelle, troisième livraison,
contenant le Paler noster, à deux chœurs,
op. iS.y ibid. 13° Musique si)irituelle, qua-
trième livraison, contenant Miserere mei ,
pour soprano, contralto et orgue, op. 21, ibid.
14° Salve Regina, pour soprano solo, deux
violons, alto et basse, ibid. 15° Musique spiri-
tuelle, cinquièmelivraison, contenant : Stabat
Mater, à quatre voix et orgue, ibid. ÎC" Six
chants religieux pour des voix d'hommes et
accompagnement de piano, op. 22, ibid.
M" S'widem. op. 23, ibid. 18° Trois chants
l)0urdeux sopranos, ténor et basse ; Leipsick,
Breitkopfet Hœrtel. 19° Chants religieux pour
voix d'hommes, 3% 4% 5«, 6% 7" et 8° livrai-
sons; Berlin, Trautwein. 20° Messe à quatre
voix et orchestre (en re), op. 28; Elberfeld,
Arnold. 21° Magnificat, à voix seule, avec
deux violons, alto, violoncelle et contrebasse.
22» Sonate pour piano seul, op. 1; Hambourg,
Christiani. '2.0° Idem, op, 5; Leipsick, Breit-
kopfet Hœrtel. 24° /rfem, op. 7, rtid. 25° Fan-
taisie pour piano, op. 8, ibid. 26" Variations
pour piano, trois œuvres, ibid. 27° Chansons
de table pour des voix d'hommes, op. 14;
Berlin, Lane. 28° Rodrigue et Chimène, chant
pour ténor et soprano; Hambourg, Christiani.
29° Plusieurs ballades avec accompagnement
de piano. 30° Deux messes à quatre voix et
orchestre, en manuscrit. 31° Beaucoup de
chansons et de romances à voix seule, avec
accompagnement de piano; Hambourg, Leip-
sick, Berlin et Bonn.
KLCIiy (Joseph), frère du précédent, est
né à Cologne en 1802. Après avoir commencé
ses études musicales à Paris, il alla les termi-
ner à Berlin en 1820, sous la direction de son
IVèro; puis il fut ai)pelé à Memei , comme
professeur de chant et de piano. Le séjour de
celle ville ne convenant point à sa santé, il
n'y resta pas longtemps et retourna à Cologne.
C'est lui qui a été l'éditeur des ouvrages post-
humes de son frère. Les œuvres connues de
cet artiste consistent principalement en chants
à voix seule avec accompagnement de piano
sur les foésies de Gœthe, Heine, Chamisso,
Simrock, Uhland, ou extraites des drames de
Shakespeare, au nombre de douze recueils
publiés à Cologne chez Eck ; à Bonn, chez
Simrock; à Berlin, chez "WagenfUbr, Bote et
Bock, Schlesinger; à Leipsick, chez Hofmeister;
à Elberfeld, chez Arnold ; non compris beau-
coup de Lieder séparés; quatre recueils de
chants pour des chœurs de voix d'hommes,
Berlin, WagenfUhr; Bonn, Simrock, et Elber-
feld, Arnold; trois romances françaises, El-
berfeld, Arnold. On a aussi du même artiste :
un Salve Regina pour soprano solo, avec ac-
compagnement de deux violons, alto et basse,
op. 3, Berlin, Lane; une ouverture à grand
orchestre, exécutée à Berlin, en 1832; Berlin,
Schlesinger; l'ouverture de la Pucelle d'Or-
léans, exécutée à Cologne, en 1844; Bonn,
Simrock; sonate (en mi bémol) pour piano
seul; Berlin. Wagenfubr; Adagio ei rondeau
(en fa mineur) idem; Berlin, Schlesinger;
douze variations sur un air lithuanien ; Berlin,
Bote et Bock.
KLEIj\ (Charles), organiste de la cathé-
drale à Osnabruck (Hanovre), et directeur
d'une Société de chant, s'est fait connaître,
comme compositeur, par l'exécution d'une
messe solennelle pour chœur et orchestre, à
la fête musicale donnée en cette ville, en
1844, sous sa direction.
KLEIN (...). Plusieurs musiciens de ce
nom se sont fait connaître par leurs ouvrages ;
mais on n'a que peu ou point de renseigne-
ments sur leur personne. Le premier, musi-
cien et flûtiste du Concert spirituel, vers 1750,
a fait imprimer alors trois divertissements
pour deux violons. Le second, organiste de la
grande église de La Haye, naquit à Hambourg,
vers le milieu du dix-huitièmesiècle. Le 18 sep-
tembre 1788, il fit exécuter dans son église
une grande musique solennelle, en commémo-
ration de la révolution qui a affranchi la Hol-
lande du joug espagnol.
KLEIIN (Frédéric-Wilhelm) , pianiste à
Berlin, sur qui tous les biographes allemands
gardent le silence, mérite cependant, plus
que beaucoup d'autres, d'être mentionné, car
sa sonate pour piano seul, en la mineur,
œuvre 7% qui m'est tombée sous la main, à
Berlin, en 1849, est une composition distin-
guée. Le seul renseignement que j'ai trouvé
sur cet artiste, c'est qu'il était né à Berlin,
4.
KLEIN - KLEINKNECHT
qu'il était à Blême en 1854, depuis le mois de
janvier jusqu'à la fin de mars, et qu'il y pro-
duisait une vive sensation par son jeu et par
ses compositions, dans le moment où les
quatre frères Muiler y obtenaient de grands
succès par leur exécution parfaite des quatuors
de Beethoven. Klein a publié pour son instru-
ment : : 1" Polonaise, op. 1, Berlin, Lischke.
2° Variations sur divers thèmes d'opéras, op. 2,
4, 6, 8, 9, 13, ibid. o" Divertissements, op. 3,
ibid. 4° Rondo, op. 4, ibid. 5" Sonate (en la
mineur) pour piano seul, op. 7, ibid. 6" Sonate
en contrepoint, op. 14, ibid. 7» Grande
marche, op. 10, ibid. 8" Chansons à voix
seule, avec accompagnement de piano, op. Il,
ibid.
ÏÎLEnV (Théodore), clarinettiste, est au-
teur des ouvrages suivants : 1" Air varié pour
clarinette et orchestre, op. 1, Paris, Richault.
2" Divertissement idem, op. 2, ibid.
KLEIN (...), corniste à Paris, est connu
par une Méthode {nouvelle) de premier et se-
cond cor, suivie de quarante leçons et vingt-
quatre duos, V suis, Vh. Petit.
RLEIISE (O.-Fr.), professeur à l'Univer-
sité de Jéna, vers 1820, passa ensuite à l'Uni-
versité de Berlin. On a de lui : Dissertatio
de Stesichori vitaetpoesi, Jéna, 1825, in-8".
Celte dissertation a été réimprimée en tète des
fragments parvenus jusqu'à nous des poésies
de Stésichore, publiés par le même savant,
sous ce titre : Stesichori Fragmenta collegit,
dissertât, de vita et poesi auctoris prxmi-
sit, etc., Berlin, Reimer. 1828, gr. in-8''. On
trouve dans cet ouvrage quelques recherches
sur les inventions de Stésichore, comme poète
et comme musicien : elles sont empruntées à
la note XVI de Burette, sur le dialogue dePlu-
tarque concernant la musique.
RLEINOEINZ ( Charles- François-Xa-
vier), professeur de piano et compositeur, est
né le 3 juillet 1772, à Mindelheim, en Souabe.
Il reçut les premières leçons de musique au
couvent de Memmingen, et perfectionna son
talent de pianiste à Munich. Ayant obtenu une
place de conseiller et de secrétaire intime de
l'électeur de Bavière, il semblait destiné à ne
cultiver la musique que comme amateur ; mais
son penchant pour cet art lui fit quitter sa po-
sition pour aller à Vienne étudier l'harmonie
et le contrepoint chez Albrechtsberger. Vers
1807, il accepta la place de maître de musique
dans la maison du comte de Brunswick, ma-
gnat de Hongrie, puis dirigea l'orchestre des
théâtres de Brunn et de Pesth. Il est mort
dans celte dernière ville, au mois d'octobre
1831. On connaît sous le nom de cet artiste :
1° Deux oratorios, en manuscrit. 2" Deux
messes, ô» Harold, opéra représenté à Pesth.
4" La Cage, idem. 3" Trois sonates pour piano
et violon, op. 1 ; Offenbach, André. 6" Une
idem,o[^. 14 ; Vienne, Mollo. 7° Fantaisie pour
pour piano et violon, op. 19; Vienne, Weigl.
8" Grande sonate pour deux pianos; Vienne,
Mollo. 9» Douze sonates pour piano seul, op. 4,
5, 7, 9, 11, 16; Vienne. 10» Deux trios pour
piano, violon et violoncelle, ibid. 11" Grande
toccate (en ut) ; Vienne, Mechelti. 12° Varia-
tions pour le piano sur différents thèmes
d'opéras; Leipsick,Breitkopf et Haertel. lô^Des
chants à voix seule avec accompagnement de
piano; Vienne, llaslinger et Mechelti. 14» Des
ouvertures, marches, chœurs, entr'actes, etc.,
pour des drames, tragédies, etc., en manu-
scrit. 13" Des concertos de piano, fantai-
sies, elc, idem.
RLEIIVRNECHT (Jean-Wolfgang), fils
aine de Jean Kleinknecht, maître de concert
à Ulm, naquit en cette ville, le 17 avril 1713.
Élève de son père pour la musique, il fit
aussi de bonnes études au Gymnase du lien
de sa naissance. Dès l'âge de huit ans, il
joua un concerto de violon devant le duc de
Wurtemberg, et le frappa d'étonnement par
son habileté précoce. Ce prince le confia aux
soins de Brescianello, excellent violoniste de
cette époque, et son maître de chapelle. Après
la mort du duc, Kleinknecht visita plusieurs
villes de l'Allemagne et se fil partout entendre
avec succès. Arrivé à Eisenach, il s'y fixa et
entra dans la chapelle en 1758; mais il n'y
resta pas longtemps, car la margrave de Bay-
reuth, l'ayant entendu, fut si satisfaite de son
talent, qu'elle le demanda au prince pour qu'il
assistât à la représentation d'un opéra qui de-
vait être joué à Bayreuth pour l'anniversaire
de la naissance du margrave. Charmé de sa
nouvelle position, Kleinknecht oublia la petite
cour d'Eisenach, et accepta la place de maître
de concert à Bayreuth. C'est là qu'il entendit
pour la première fois le célèbre violoniste
François Benda, dont il adopta plus tard la
manière. Cependant, lorsque l'enthousiasme
de la nouveauté fut dissipé, l'artiste se ressou-
vint du duc d'Eisenach qui l'avait comblé de
bienfaits et se reprocha son ingratitude. Sous
le prétexte du désir de voyager pour augmenter
son talent, il demanda et obtint sa démission
de la chapelle de Bayreuth, i)uis retourna à
Eisenach, où son ancien maître l'accueillit avec
bonté. Kleinknecht se livra dès lors à de nou-
1 velles éludes pour étendre ses connaissances
KLEINKNECHT — KLEMM
dans son art. Après la mort du duc, des offres
lui furent faites pour retourner à Bayrcuth, où
il resta jusqu'à l'époque de la suppression de la
chapelle, en 1769. Il passa alors, avec tous les
musiciens de celte chapelle, à la cour d'Ans-
pach, où il mourut, le 20 février 1786, à l'âge
de soixante et onze ans. Aussi habile chef d'or-
chestre que violoniste distingué, Kleinknecht
avait acquis en Allemagne une haute réputa-
tion. On a gravé à Paris, en 1763, six solos
pour le violon, composés par cet artiste, et, en
177Ô, il existait en manuscrit chez Breitkopf,
à Leipsick, huit trios pour deux violons et vio-
loncelle, et deux concertos de violon, de sa
composition.
KLEITVKNECHT ( JACQDES-FnÉDÉnic ) ,
frère du précédent, né à Uim, le 8 juin 1722,
fut un des plus habiles flûtistes de l'Allemagne
pendant le dix -huitième siècle. Attaché dès sa
jeunesse à la chapelle d'Anspach. il y passa
toute sa vie, et mourut dans cette ville, le
14 août 1794, avecle titre de maître de chapelle
honoraire du roi de Prusse. Un grand nombre
de concertos de sa composition, pour la flûte et
pour d'autres instruments à vent, se trouvait
en manuscrit, chez Breitkopf, en 1787. On a
gravé de ses ouvrages : 1» Six sonates pour la
flûte, avec accompagnement de basse, Nurem-
berg, 1748. 2° Trois trios pour deux flûtes et
basse, ibid.^ 1749. ô" Six solos pour la flûte,
Londres, 1782. 4» Six sonates idem. 5" Six
trios pour deux flûtes et basse, Paris, 1767.
6" Symphonie concertante pour deux flûtes,
ibid., 1776.
Un troisième fils de Jean Kleinknecht,
wommé Jean-E tienne ^ naquit àUlm, le 17 sep-
tembre 17,37, et cultiva ia flûte comme son
frère Jacques-Frédéric, mais ne s'éleva pas
au dessus du médiocre. Il fut attaché comme
flûtiste à la chapelle de Bayreuth, puis à
celle d'Anspach, où il se trouvait encore
en 1786.
liLEINW/ECHTER (Louis), docteur en
philosophie et en droit, né à Prague en 1807,
fut professeur de droit en cette ville, et ama-
teur de musique distingué. Spohr dirigea ses
études de composition. Doué d'un noble carac-
tère, d'un esprit vif et élevé, et possédant une
instruction solide dans les lettres et dans les
sciences, Kleinwaechler n'estimait que les
l)elles œuvres classiques où la richesse des
idées s'allie à la perfection de la forme, et Mo-
zart lui représentait le plus haut degré où peut
arriver le génie de création de la musique. Il
ne cultivait pas seulement la musique avec
amour, mais avec talent. Une ouverture à
grand orchestre desa composition fut exécutée
dans les concerts de Prague, en 1837, 1840,
1843 et 1844, à Cassel, en 1858, et à Leipsick,
dans la même année. Cet ouvrage a été publié
comme œuvre 1"", en 1839, à Leipsick, chez
Breitkopf et Haertel. Deux sonates de piano,
qui forment l'œuvre 2*^ de Rleinwœchter, ont
élé publiées à Prague, chez Berra. Cinq Lieder
avec accompagnement de piano, ont paru dans
le même temps à Leiiisick, chef Breitkopf et
Ilœrtel. L'œuvre 4 du même auteur est un mo-
tet à quatre voix solos avec un chœur de quatre
parties et accompagnement de deux violons,
alto, violoncelle et contrebasse, publié chez les
mômes éditeurs. Une courte maladie a enlevé
Rleinwœchter, à l'âge de trente-trois ans, au
mois de septembre 1840. Sa mort imprévue fit
une douloureuse impression parmi ses nom-
breux amis et parmi les artistes qui avaient
une haute estime pour sa personne et pour
son talent. On a publié de lui, comme œuvre
posthume, un quatuor pour deux violons, alto
et violoncelle, à Leipsick, chez Breitkopf et
Ilaertcl. Cet ouvrage porte le numéro 8 :
j'ignore quels sont les œuvres 5, 6 et 7.
KLEMCZYIXSRI (.Julien), pianiste et
compositeur polonais, s'établit à Meaux, après
les événements qui portèrent la désolation
dans sa patrie, en 1831, et s'y livra à l'ensei-
gnement de son instrument. Fixé à Paris,
quelques années plus tard, il y a publié un
grand nombre de morceaux sur des thèmes
d'opéras, particulièrement de duos pour piano
et flûte sur les motifs des opéras d'Auber, dont
quelques-uns en collaboration avec M. Deneux
(voyez ce nom). Le nombre de ses ouvrages de
ce genre et de ses fantaisies pour piano seul
s'élève à environ soixante-quinze. Klemczynski
est mort à Parisien 1831.
KLEMM (Frédéric), attaché au conseil de
la guerre, à Vienne, est né en cette ville, le 29
mars 1793. Il y est considéré comme un des
amateurs de musique les plus instruits. Jac-
ques Schauer lui donna les premières leçons
de musique, de violon et de violoncelle, et
Hejdenreich, maître de chapelle du prince de
Lobkowitz, lui enseigna le piano et la compo-
sition. Rlemm a été un des fondateurs de la
Société des amateurs de musique des États
Autrichiens et du Conservatoire de Vienne. Il
a écrit des messes, des chœurs, des ouvertures
et des quatuors de violon considérés comme de
bons ouvrages. Un psaume et une fugue, de sa
composition, ont été exécutés, avec beaucoup
de succès, aux concerts du Conservatoire de
Vienne, cl l'uiie de ses messes a été entendue,
Si
KLEMM - KLENGEL
avec plaisir, à Téglise des Minorilee, en 1840.
On a publié de sa composition : Tantum ergo
pour soprano, contralto, ténor et basse avec
orgue, Vienne, Glœgel.
KLEMME (Jean), organiste de la cour de
Saxe, né à Dresde, vers 1595, fut admis comme
sopranisle dans la Chapelle de l'électeur,
en 1605, y resta six années, puis fut envoyé,
aux frais du prince, à Augsbourg, en 1GI3,
chez le célèbre Chrétien Erbach, pour ap-
prendre l'orgue et la composition. Après trois
années d'études, il fut appelé à Dresde et placé
sous la direction de l'illustre maitre de cha-
pelle Henri SchUlz. En 1625, la place d'orga-
niste de la cour étant devenue vacante par la
mort de Georges Rretzschmar, Klemme l'ob-
tint et y passa le reste de ses jours. On a sous
son nom une collection de madrigaux alle-
mands à quatre, cinq et six voix, avec basse
continue, publiée à Freyberg, en 1629, in-4",
et trente-six fugues dans le style libre, pour
l'orgue; Dresde, 1631. Rlemme a été aussi
l'éditeur de la seconde partie des Symphonie
sacrxde Schtitz.
KLEMP (F.-A.), musicien à Vienne, est
connu par les ouvrages suivants : 1" Trois
trios faciles pour deux violons et basse; Vienne,
Artaria. 2" Six duos faciles pour deux violons,
liv. l'*" et 2«, ibid. ô" Trois duos pour deux
violons, livre 3"; Vienne, ifasîinger. 4" Douze
menuets de la redoute pour piano, liv. I, II,
III; Vienne, Artaria.
RLEIVG (GRÉGOinE), fadeur d'orgues alle-
mand, vécut vers 1495. Ce fut lui qui restaura
l'orgue de la cathédrale de Ilalberstadt ,
construit par Nicolas Faber, en 1361. Au-
dessous des deux claviers de cet orgue, il s'en
trouvait un troisième d'une seule octave pour
la basse. Prœtorius, qui nous fournit ces ren-
seignements, est incertains! on jouait ce cla-
vier avec les genoux ou avec les doigts.
KLEISGEL (Auguste-Alexandre), premier
organiste de la cour de Dresde, naquit dans
cette ville en 1784. Son père, paysagiste dis-
tingué, et professeur de peinture, ne le desti-
nait point à la profession de musicien ; mais le
jeune Rlengcl montra de si heureuses dispo-
sitions pour la musique, qu'il fallut céder à
son penchant et lui donner un maitre. Michl-
mayer lui donna les premières leçons de
piano. Les progrès de l'élève furent si rapides,
qu'à douze ans il excitait déjà l'étonnement
par son habileté. Clementi, l'ayant entendu
dans le voyage qu'il lit en Allemagne en
1803, apprécia sa portée, et le prit pour élève.
Pendant l'année 1804, il lui fit parcourir avec •
lui les villes rhénanes, la Suisse, îa Prusse et
la Bavière. Un peu plus tard, Clementi se ma-
ria à Berlin, partit pour l'Italie et se sépara de
Rlengel; mais l'illustre maître, ayant perdu
sa femme pendant ce voyage, revint en Alle-
magne, et engagea Rlengel à l'accompagner
en Piussie : le maître et l'élève s'y rendirent
en effet. Rlengel y resta depuis 1805 jus-
qu'en 1811, et s'y livra à l'enseignement, sans
négliger ses propres études. Son talent d'exé-
cution, particulièrement dans la musique de
Bach et des anciens maîtres, était dès loi-s
arrivé au plus haut point de perfection. En
1811, il se rendit à Paris et y passa deux
années. Vers le milieu de 1813, inquiet sur
les événements qui désolaient l'Allemagne et
menaçaient la France, il partit pour l'Italie et
y demeura un an. De retour à Dresde en
1814, il se fit entendre à la cour, puis se ren-
dit en Angleterre et y passa toute l'année
1815. Cependant, malgré cette longue absence,
le roi de Saxe avait conservé le souvenir du
plaisir que lui avait fait le talent de Rlengel ;
lorsque cet artiste retourna à Dresde en 1816,
il le nomma premier organiste de la coui-.
Depuis lors , il n'a cessé d'habiter sa ville
natale, à l'exception d'un voyage de peu de
durée qu'il a fait à Paris en 1828. Dans ce
voyage, il a fait entendre à ses amis une suite
de pièces dans un genre plutôt canonique que
fugué, et d'un style gracieux et mélodique qui
a été considéré par les connaisseurs comm-e
une véritable création. Personne ne doutait
alors que ce bel ouvrage n'ajoutât beaucoup à
la réputation de Rlengel, qui semblait décidé
à le mettre bientôt au jour. Cependant les
années s'écoulèrent, et rien n'en fut publié
pendant sa vie. à l'exception d'un recueil de
pièces d'un genre moins sévère, auquel il avait
donné pour titre : les Avant-coureurs , exer-
cices pour le piano, etc., et qui parut à
Dresde en 1841. Eu 1849, je le visitai dans
cette ville, et dans l'intimité de notre ancienne
amitié, il me joua les pit'ces qu'il avait ajou-
tées à son lecueil depuis le voyage de Paris, et
me fit remarquer les corrections qu'il avait
faites aux anciens morceaux : toutes n'étaient
pas heureuses. Au reste, il ne pouvait plus me
jouer ces choses difficiles avec la correction et
la délicatesse qu'il y mettait vingt ans aupa-
ravant. Ses doigts avaient perdu leur souplesse
et leur brillant. Il avait trop attendu pour la
publication de cet important ouvrage : le
temps de l'intérêt que faisait niître l'admi-
rable exécution de l'auteur était passé. En
1831, Rlengcl s'est rendu à Bruxelles et y a
KLENGEL — KLIER
passL' riiiver pour entendre les concerts du
Conservatoire, qui lui faisaient éprouver un
vif plaisir. Il venait causer avec moi de temps
en temps; mais sa santé était mauvaise et
son humeur chagrine. Il partit au printemps
de 1832 pour retourner à Dresde et y mourut
le 22 novembre de la même année, à l'âge de
soixante-huit ans.
Après sa mort, M. Ilauptmann [v. ce nom),
son ami, a publié son grand ouvrage sous le
litre de Carions et fugues (Canons und Fugen,
opus poslhumum), à Leipsick, chez Breitkopf
et Ilsertel ; mais, ainsi que je l'avais prévu, cet
œuvre n'a pas eu le succès qu'il mérite, parce
qu'il n'a pas été mis au jour à l'époque pour
laquelle il a été fait.
Les ouvrages connus de Klengel sont ceux
dont les titres suivent : 1° Concerto pour le
jiiano (ensî bémol), op. 4 ; Londres, Dalmaine;
Paris, Pleyel ; Leipsick, Breitkopf et Haertel.
2" Deuxième concerto (en mi mineur), op. 29 ;
Leipsick, Peters. 3" Polonaise concertante
pour piano, flûte, clarinette, alto, violoncelle
et contrebasse, op. ô5. 4° Grand trio pour
piano, violon et violoncelle, op. 56 ; Leipsick,
Breitkopf et Haertel. 5" Fantaisie à quatre
mains, op. ôl ; Leipsick, Peters. G" Sonates
pour piano seul, op. 2 ; Leipsick, Breitkopf et
llaertel. 7° Sonate idem, op. 9; Paris, Érard.
8" Morceaux détachés tels que rondeaux, di-
vertissements, nocturnes, etc., op. 5, 6, 7, 12,
14, 18, 19, 20, 21, 22, 23, 2o, 26, 27, 28, 30,
33, 34; Paris, Vienne, Leipsick. 9" Variations
sur un air suisse, op. 32; Leipsick, Peters.
10" Les Jvant-coureurs. Exercices pour le
piano, contenant XXIV canons dans tous
les tons majeurs et mineurs, calculés pour
servir d'étude préparatoire du grand re-
cueil de canons et fugues, composés par
Aug .-Alexandre Klengel, premier organiste
de S. M. le roi de Saxe. Dresde, Guill. Paul.
Klengel a laissé en manuscrit un concerto (en
mi bémol), un autre (en ut), un quintette
(en mi bémol), écrit i)0ur la Société philhar-
moniipie de Londres, et la belle collection de
toccates, de pièces fuguées et de canons indi-
quée plus haut.
KLENGEL (Auguste-Gottlieb ou Théo-
phile), chanteur dramatique allemand, naquit
à Dresde, le 7 avril 1787. Ayant été admis
parmi les élèves de l'École de la Croix, il y
reçut des leçons de musique et de chant. Sa
belle voix de soprano le faisait rechercher pour
chanter les solos dans les églises et dans les
chœurs du Théàtre-Ilalien. Destiné à l'état
ecclésiastique, il alla étudier la théologie à
l'Université de Leipsick. En 1811, il venait de
terminer ses cours et de prononcer un sermon
lorsque tout à coup il changea la direction de
sa vie et se fit entendre comme ténor dans les
concerts du Gewandliaus; puis il acccepla un
engagement pour le Théâtre de Breslau. Dans
les années 1815 à 1820, il chanta à Manheim
Munich et Leipsick. Appelé à Hambourg, en
1820, il y resta jusqu'en 18515. Retiré depuis
lors du théâtre, il a dirigé, pendant quelque
temps, diverses sociétés de chant. La voix de
cet artiste avait une belle et puissante sono-
rité, son style était beau et large, et son action
dramatique avait de la chaleur et de l'expres-
sion.
KLES (F.), violoniste, né vraisemblable-
ment en Silésie, vivait à Breslau, vers la lin
du dix-huitième siècle. Il a fait imprimer, en
1786 : 1" Concerto pour violon principal, avec
accompagnement. 2» Concerto pour alto et
orchestre.
liLETZINSRI ou RLECZïNSliï
(Jean), violoniste et compositeur, né en Po-
logne, dans la seconde moitié du dix-huitième
siècle, vécut à Vienne après le partage de sa
pairie. 11 a publié de sa composition : 1" Six
trios pour violon, alto et violoncelle, op. 4,
Vienne, Kozeluch. 2» Premier concerto pour
violon (en re), op. 1; Lemberg. 3» Vingt varia-
tions pour deux violons concertants sur un
thème allemand, op. 5; Vienne, Kozeluch.
4° Douze variations sur l'air : O mein lieber
Augustin ; Vienne, Artaria. 5" Trois duos pour
deux violons, op. 8; Vienne, Haslinger.
îiLIEU (Augustin), né le 25 octobre 1744,
dans la petite ville de Weiden, sur le Mein, fit
ses éludes au Collège des jésuites à Amberg.
En 1762, il entra au monastère de Speinshart,
et y fit profession comme chanoine régulier
de Saint-Norbert, le 8 décembre 1763. Là, il
trouva dans la plupart des moines des musi-
ciens instruits, et cette circonstance lui permit
de développer ses heureuses facultés pour la
musique. Voulant hâter ses progrès dans cet
art, le supérieur du couvent l'envoya à Mu-
nich, où il étudia le chant, la flûte et le vio-
loncelle, sous la direction d'un bon maître. De
retour dans son monastère, il y fut ordonné
prêtre, le 10 novembre 1771, et bientôt après
fut chargé de l'enseignement de la musique. Il
possédait une belle voix de ténor, et chantait
avec beaucoup d'expression et de goût. Après
l'envahissement du haut Palatinat par les
armées françaises, en 1796, son couvent fut
supprimé, et il se retira à Munich, où il vivait
encore en 1812, s'y occupant de musique et de
m
KUEIX - KLÏNGENSTEIN
lillérature. Il avail en manuscrit neuf messes
de sa composition, des litanies, des Magni-
ficat , et d'autres morceaux de musique
d'église.
RLIER (André), frère du prcîcédent, na-
quit, en 1746, à Sladt-Remnatli, dans la Ba-
vière. Ayant été admis au séminaire d'Amberg,
comme enfant de chœur, il y apprit la musique
et la langue latine. En 1707, il entra chez les
Franciscains de cette ville et y remplit les
fonctions de directeur du chœur. Les messes,
les litanies et autres compositions de musique
d'église, qu'il y faisait exécuter, furent remar-
quées à cause de leur mélodie simple et facile.
En 1812, il vivait au couvent de Neukirchen.
Depuis cette époque, on n'a plus eu de rensei-
gnements sur sa personne.
KLIER (Joseph), frère cadet des précé-
dents, naquit à Stadt-Kemnalh, le 24 avril 1760,
et étudia, cojnnie ses frères, au séminaire
«l'Amberg. En 1777, il entra chez les béné-
«lictins de Weissenhohe, y fit profession le 17
novembre de l'année suivante, puis alla étu-
dier la philosophie et la théologie à l'univer-
sité d'Ingolstadt. De retour dans sou couvent,
il y fut ordonné prêtre, le 24 juin 1783, et y
remplit pendant plusieurs années les fonctions
de directeur de musique. Après la suppres-
sion de son monastère, il se fixa à Neumark ;
mais au mois d'août 1810 il obtint le prieuré
de Wondrech. Ce moine se distingua autant
par la beauté de sa voix que par son habileté
sur le violon, l'alto et la guitare. Il a fait im-
primer de sa composition un trio pour flûte,
violon et guitare, à Augsbourg, chez Bœhm.
H.LI]\G (M.), musicien bavarois, a fait
imprimer un livre qui a pour titre : Theore-
tisch-prakiische Horn,Postlwrn und Trom-
petenschule, oder die Kunst, in ganz kurzer
Zeit mit Leichtigkeit dièse Instrumente auf
eine bisher nacli unbekannte Art erlernen
zu kœnnen (École théorico-pra tique du cor,
du cornet de poste et de la trompette, etc.),
Ratisbonne, Reitmayer, 1829, in-S».
KLII>'GE]>iBEllG (Frédéric-Guillaume),
cantor à l'église Saint-Pierre de Gœrlitz, est
né, le 6 juin 1809, à Sulau (Silésie), où son
père était catitor el organiste. Il reçut de lui
les premières instructions dans la musique : à
l'âge de onze ans, il fut envoyé à Breslau pour
s'y préparer, par les études du gymnase, à celle
de la théologie. Pendant les cinq années qu'il
demeura dans celle ville, il reçut des leçons
de théorie de l'organiste Neugebauer, apprit
le violon chez Taschenberg, et le piano chez
Réffcl. Le maitic de chapelle J. Schnabel lui
enseigna la composition. Son père, ayant été
nommé cantor et organiste de l'église Noln;-
Dame (Frauenkirche) à Liegnilz, y appela le
jeune Rlingenberg pour y suivre les cours du
collège. Il y resta jusqu'en 1830, puis se rendit
à l'Université de Breslau : dans l'année sui-
vante, il f utchoisi commedirecteur de la société
de chant. Sa bonne direction de cette Société
et ses talents comme violoniste solo et comme
compositeur l'ayant fait connaître avantageu-
sement, il fut nommé cantor de l'église Saint-
Pierre à Gœrlitz, en 1840. Là, son habileté
dans les fonctions qui lui étaient confiées se
montra sous un aspect si favorable, que le
magistrat, avec l'autorisation du roi, le nomma,
en 1844, directeur de musique. Cet artiste de
mérite a publié plusieurs recueils de Lieder à
vofx seule, avec accompagnement de piano,
d'autres chants pour des chœurs d'hommes, à
quatre parties, une cantate de fête, à quatre
voix, avec orchestre, op. 16, quelques composi-
tions pour le piano, dont une fantaisie-sonate,
op. 11, et des pièces d'orgue. Un hymne de sa
composition, pour chœur et orchestre, a été
exécuté à Gœrlitz, en 1843.
Le frère de Rlingenberg (Jules), né à Suîau,
le 15 mars 1815, est élève de Rummes, de
Dresde, pour le violoncelle. Depuis 1842, il vit
à Saint-Pétersbourg. On a de lui des compo-
sitions pour le violoncelle et pour le piano.
IÎLI]>iGEr«iiBIlUr»iWER (Guillaume), cais-
sier des États provinciaux, à Vienne, est né
en cette ville, le 27 octobre 1782, et a appris
la musique, la flûte, la clarinette, le cor de
bassette et d'autres instruments sous la direc-
tion de différents maîtres. Il a publié de sa
composition : 1" Duos de flûte, op. 8, 14, 16,
18, 48. 2" Variations pour deux flûtes, op. 9,
19. 5° Environ trente œuvres de variations,
fantaisies, caprices, préludes, etc., pour flûte
seule. 4" Des pièces pour czakan et guitare.
5° Environ dix œu.res de solos pour czakan.
Toute cette musique a paru à Vienne, chez
Haslinger et Artaria. On a aussi de Rlingen-
brunner une méthode de flûte, Vienne, Has-
linger, et une méthode de czakan, ibid.
iiLirSGENSTEIN (Bernard), religieux
de l'ordre de Saint-Benoît et directeur de mu-
sique de l'église cathédrale d'Augsbourg, vécut
au commencement du dix-septième siècle.
Élève de la belle et savante école qui existait
en Bavière dans le siècle précédent, il a fait
preuve de beaucoup d'habileté dans les ouvrages
dont voici les titres : 1" Trinodium sacrariim,
motels à trois voix, première partie, Dillingen,
1003. 2» Sijmphoniarum 2, 5, 4, 5, 0 et 8
KLINGENSTEIN - KLINGSOIIR
57
vocum, pars 1, Munich, 1607, in-4». ô" Ro-
setum Marianum , contenant Irente-lrois
hymnes et antiennes à la Vierge, à cinq voix,
première édition, Dillingen, Adam Meilzer,
ICOî, in-4''. La deuxième édition est de
Mayence, 1609. Une troisième édition de cette
«iernière collection a été publiée à Augsbourg,
en 1684.
KLI]\GnAMMEll (J.-C). Sous ce nom
d'un auteur inconnu, a paru le premier cahier
d'un ouvrag'é dont la publication devait être
I)ériodique, et qui avait pour titre : Theore-
tischpraktische Gedanhen iiber die Tonkunst
(Idées théoriques et pratiques sur la musique),
Salzwedel, 1777, in-S". La suite n'a point été
publiée.
KLIIVGOllR, nom d'une famille distin-
guée dans la musique. Elle est originaire de
la Bohême et s'est établie en Silésie vers le
milieu du dix-huitième siècle. Le père, Joseph
Klingohr, né en 1733, était instituteur et
organiste à Tropplowitz, près de LeobschUtz.
Il est mort à l'âge de quatre-vingt-quatorze
ans, le 7 juin 1829, après avoir rempli ses
fonctions d'une manière honorable, pendant
un demi-siècle. Au nombre de ses élèves les
l)lus remarquables sont ses trois fils. L'aîné
{y^itguste Klingohr) , violoniste d'un rare
mérite, est directeur d'orchestre de quelques
sociétés musicales de Ureslau. Le plus jeune
(François), né le 16 mars 1793, est professeur
de musique et de piano à Posen. Mais le plus
célèbre des trois frères Rlingohr est celui qui
est l'objet de l'article suivant.
KLIÎ^ GO II II ( .JosEPn - Guillaume ) ,
deuxième fils de Joseph, est né à Tropplowitz,
le 11 septembre 1783. Doué des plus heureuses
dispositions pour la musique, il reçut de son
père les premières leçons de chant et de i)iano.
Un œuvre de deux sonates de piano, avec ac-
compagnement de violon et de violoncelle,
qu'il publia en 1803, et douze landler pour
piano seul, sont les premières productions ([ui
l'ont fait connaître. Peu de temps après que
ces ouvrages eurent paru, Klingohr se rendit
à Breslau et s'y fit une honorable réputation
comme pianiste et comme compositeur. Bien-
lôt lié d'une étroite amitié avec Ch.-M. de
Weber et Berner, il éprouva la favorable in-
fluence de ces liaisons par le développement
que prirent ses idées. Dans l'exécution des
concertos de Mozart et de Beethoven, qu'il fai-
sait quelquefois entendre, on admirait l'ex-
pression de son jeu. Vers 1810, il accepta la
place de maître de chapelle du prince d'An-
halt-Plessl j mais il ne jouit pas longlemps des
avantages de celle situation, car il mourut à
l'âge de trente et un ans, le 16 janvier 1814.
On a de sa composition : 1° Sonates pour piano
violon et violoncelle, Breslau. 2" Variations
faciles pour piano, violon, alto et violoncelle
n" 1; Breslau, Fœrster. 3° Idem, n» 2, ibid.
4° Variations sur un thème original à quatre
mains, avec accompagnement de violon et vio-
loncelle, ibid. 5° Marche pour piano à quatre
mains, ibid. 6° Variations faciles pour ])iano
seul, ibid. 7» Polonaise pour piano, ibid.
8" Six valses et six allemandes ; Breslau, Grass.
9° Chants du matin et du soir, pour trois so-
pranos et contralto, à l'usage des écoles de
chant; Breslau, Fœrster. 10" Chansons à
voix seule, avec accompagnement de piano,
ibid. Rlingohr a laissé en manuscrit beaucoup
de chants à quatre voix, à l'usage du Gym-
nase catholique de Breslau^ une messe à quatre
voix, Stationes Theophoricx , qui se chantent
à Breslau chaque année dans les stations de la
Fête-Dieu, trois offertoires, trois litanies,
un Requiem allemand , un p^eni Sancle
Spiritus, des duos pour soprano et basse, des
sonates de piano avec et sans accompagne-
ment, etc.
RLOGSOIIR, ou KLITVGSOnUE, cé-
lèbre maître chanteur, ou plutôt minnesinger
(chanteur d'amour), vécut vers la fin du dou-
zième siècle et au commencement du treizième.
Après avoir étudié à Cracqvie, à Paris et à
Rome, il se rendit en Orient pendant les expé-
ditions des croisades et parcourut l'Arabie.
De retour en Europe, il se fixa dans la Tran-
sylvanie, d'où il fut appelé par Ilermann de
Thuringe, en 1207, pour disputer le prix du
chant contre Wolfram d'Eschenbach {voyez
ce nom), autre maître chanteur célèbre, dans
le combat poétique et musical de la Wartbourg.
Le résultat fut incertain parce qu'Eschenbach
se montra plus habile dans le chant religieux,
et Klingsohr dans les chansons d'amour. On
ne sait rien concernant les dernières années
de celui-ci. D'après le poëme anonyme sur
cette lutte célèbre, dont un manuscrit esta la
Bibliothèque de Jéna, Klingsohr n'y a pris
part que comme juge.
Suivant W^. Ç.r\mm{Meistergesang , p. 117),
Koberstein (dans sa dissertation sur le combat
poétique du combat de Wartbourg , p. 55 et
suivantes), et Gœrres {Préface du Lohen-
grin, p. xxxvi) , Klingsohr ne serait qu'un
personnage allégorique dont le nom, formé de
A'iingen, résonner, et ohr, oreille (sons qui
fiappc l'oreille), serait l'emblème de la puis-
sance de la poésie chantée sur le sentiment hu-
{J8
KLINGSOIIR — KLOEKENBRING
main; mais des autorités contemporaines, no-
tamment le biographe de sainte Elisabeth de
Hongrie, Dietrich d'ApoIda, qui écrivait en
1289, prouvent l'existence de ceminnesinger:
Hic maqnUr, dit Dietrich, Chjnsornomine,
ad dijudicandas prxdictorum virorum can-
tiones in Thuringiam per voluntatem et be-
neplacitum principiim est addiictus.
Il existe quelques fragments d'un poëmede
Klingsohr dans un manuscrit de Jéna et dans
un autre du Muséum de Colmar ; mais on n'a
rien retrouvé jusqu'à ce jour de la poésie ni
des mélodies de ses chansons d'amour.
RLIIMKOSCîI (Joseph-Thadée), conseiller
impérial et docteur en médecine à l'Université
de Prague, naquit dans cette ville, le 24 octo-
bre 1734 et y mourut le 16 avril 1778. Doué
d'un esprit inventif et d'idées originales, il fa-
briqua des violons, des harpes et d'autres instru-
ments de nouvelles formes, qui se sont perdus.
Il s'occupa aussi longtemps d'une machine
propre à imiter les sons articulés de la voix
humaine ; mais la mort l'a empêché de publier
les résultats de ses recherches.
KLIP3TEIN (Jeatv), célèbre luthiste, né
à Prague, dans le seizième siècle, passa toute
sa vie dans cette ville, où il a laissé à sa mort
beaucoup de pièces manuscrites pour son in-
strument. On trouve dans lesSylvarum Juvn-
niliutn, de Steinmetz (p. 63, 66), tme pièce de
vers latins d'assez mauvais goût, ainsi conçue, |
sur cet artiste : i
Kllpsteînium in Pliilire tcstudine ludere Pliœbi j
Suaviter aima Venus vidit, et ohstupuit. \
Exin risil, el ad natum : Testudine nostra I
Klipsteinium poslhac ludere oporicl, ait.
Annuit aies Amor, ccleriijue cilalor Kiiro
Klipsleinii notum venlt ad liospilium.
Monsiravitque siniul Veneris tesludincm cl liac Te
Ivlipsleini. postlinc ludere oporlei, ait
Klipsteinio placuii lestudo liacc, jamqiie per annum
Dum didicit doclus pêne Magisler erit.
Utere Klipstcini liac tesludine, ludc fréquenter
Donec verliculo cliûrda miaula cadat.
Idquc fac ad Veneris libitum, tum proemia si Te
Déficient, vates carminé faisus cro.
KLIPSTEIN (Giror.GEs-GoDEFnoiD) ,
caritor et instituteur à Oels, eu Silésie, naquit
à lUiilhausen, dans la Thuringc, le 24 sep-
tembre 1772, et mourut à Oels, le ïïî janvier
18Ô0. Il s'est fait connaître par un manuel
d'orgue intitulé : Rath- und Hulfsbuch fur
Organisten und solche, die es xoerden wol-
len (Livre d'avis et de secours pour les orga-
nistes, et pour quiconijuc veut le devenir),
Brcslau, Joseph Max cl C, 1820, in-fol. ol)l.
Cet ouvrage conticql cent quatre-vingts clianls
chorals choisis , particulièrement d'anciens
compositeurs, avec dix mille petits versets ou
préludés. Le texte, le titre et l'index de ce livre
forment quatre feuilles d'impression, suivies de
trois cent quinze pages de musique lithogra-
phiée. Une deuxième édition de ce livre a été
publiée à Breslau, chez le même éditeur, en
1833, un volume in-fol. obi. de quatre-vingts
feuilles.
KLOEREIVBRIING (Frédéric- Arnold) ,
fils d'un prédicateur, naquit àSchnakenbourg,
près de Lunebourg, le 31 juillet 1742. Après
avoir commencé ses études sous la direction de
son père, il alla les terminer, en 1761, au collège
Carolinum de Brunswick. Il avait alors dix-
neuf ans et n'avait jamais assisté à des repré-
sentations d'opéra. Ce fut à Brunswick qu'il
entendit le premier ouvrage de ce genre, et
son extase fut telle, que la représentation
étant finie, il resta assis à sa place, absorbé
par le plaisir qu'il venait d'éprouver. Il fallut,
pour le tirer de sa rêverie, que rinsi)ecteur de
la salle vint lui demander si son intention était
de passer la nuit au théâtre. Cette circonstance
décida de sa vocation pour la musique. Il fit de
rapides progrès dans cet art, et y acquit en
peu de temps assez d'habileté pour que le
maître de chapelle Schwanberger l'employât à
instrumenter la partition d'un opéra qui lui
était demandé et qui devait être terminé rapi-
dement. Ce fut vers le môme temps qu'il mit
en musique diverses poésies, entre autres l'ode
intitulée Selmar à Selma, Le désir d'augmen-
ter ses connaissances musicales lui avait fait
prendre la résolution d'aller étudier cet art en
Italie, mais le sort en décida autrement. Son
père l'envoya en 1704 suivre un cours de phi-
losophie à l'Université <ie Leipsick, et deux
ans après, il étudia la jurisprudence à celle de
Gœttingue. L'éiendue du savoir qu'il avait ac-
quis lui fit confier en 1772 la place de bourg-
mestre à Hamein, et en 1778 il obtint celle de
secrétaire de la chancellerie, à Hanovre. Dans
ses dernières années, sa raison se dérangea. Il
mourut à Hanovre, le 12 juin 1793. Parmi les
écrits de ce savant, on remarque : \'' Etwas
liber die Musik in den neuerlich entdukten
Siidta^ndern^ besondcrs iiber den Untersckied
zwischen dem Jnlervallen- System dieser
Fœlher und dem tmsrigcn (Quelque chose
sur la musique des psys nouvellement décou-
verlsdans la mer du Sud, et particulièrement
sur la (lifTérence du système d'intervalles de
ces peuples avec le notre). Cet écrit est inséré
dans les Jufss'tzen verschicdenr»' JnhnUs,
Hanovre. 1787, deux volumes. Dans le mémo
KLOEKENBRING — KLOSS
S9
ouvrage, on douve aussi : 2" Ueber die Fehlcr
des gewœlmlichen Unterrichts in der Musik
(Sur les défauts de l'enseignement ordinaire
dans la musique) Gerber cite aussi du môme
écrivain, dans son ancien Lexique des musi-
ciens, ces deux morceaux : 5" Lettre dhtn
amateur de musique sur la question .• Si des
jeunes personnes de bonne famille doivent
apprendre la musique, et comment? 4° Ré-
ponse d'une dame à l'auteur de lalettre pré-
cédente. L'amateur de musique recommande
l'étude de la théorie de l'art ; la dame, au con-
traire, insiste sur la pratique.
KLOEFFLEÎV (Jean-FrédÉric), directeur
<le concert, et assesseur des finances du comte
de Bentheim-Steinfurt à Burg-Steinfurt, près
de MUnsler, est mort en ce lieu dans l'an-
née 1792. Il a publié à Amsterdam, avant
1784 : 1» Six sonates pour le clavecin. 2" Six
concertos pour la flûte, ô» Six trios pour le
même instrument. 4" Six symphonies à grand
orchestre. 5" Six sonates pour clavecin, violon
et violoncelle. On attribue au même musicien
une Bataille à deux orchestres qui a été exé-
cutée à Hambourg, Berlin et Copenhague,
KLOSE (Georges), facteur d'orgues à
Brieg, vers le milieu du dix-septième siècle, a
construit, en 1668, l'orgue de l'église évangé-
lique de Schweidnitz, de trente-cinq jeux, deux
claviers et pédale, avec six soufflets.
KLOSE (F.-J.), né à Londres, vers la fin
du dix-huitième siècle, est fils d'un professeur
de musique de cette ville, qui lui a enseigné
les éléments de cet art. Ensuite il a étudié la
composition avec différents maîtres, surtout
avec François Tomisch. Devenu un des bons
violonistes de Londres, Klose fut employé dans
plusieurs orchestres, particulièrement à ceux
du théâtre du roi et du concert de l'ancienne
musique; mais il quitta toutes ses places
pour se livrer à renseignement. Ses ballades,
qui sont en général d'un genre tendre et sen-
timental, ont eu du succès. On cite, comme
la meilleure, celle qu'il a écrite sur les vers de
lord Byron : My native land, good night. Il a
écrit, pour le théâtre de Covent-Garden, la
musique de plusieurs ballets et mélodrames,
et a fait exécuter, avec succès, une ouverture
à grand orchestre à King's théâtre. On a im-
primé de sa composition : 1" Six sonatines
pour le piano. 2" Grande sonate pour piano et
flûte, û" Préludes pour i)iano. 4" Sept divertis-
sements détachés pour le même instrument.
5" Beaucoup de ballades et de chansons avec
accompagnement de piano 6" Un livre de
mélodies irlandaises choisies. 7"^ Un idem de
mélodies écossaises. 8» Un idem de mélodies
cambriennes. 9» Deux idem de mélodies fran-
çaises. 10» Des déguisements amoureux,
grand ballet représenté au théâtre du Roi,
arrangé pour le piano. 11" Beaucoup d'airs et
de rondos idem. 12" Des airs de danse idem.
iô° Instruction Book for Piano -forte (deux
éditions). \4° Practical hints for acquiring
Thorough'Bass (Leçons pratiques pour ap-
prendre la basse continue), Londres, 1822,
gr. in-8''. Cet ouvrage est rempli des fautes
les plus grossièi^es dans les exemples d'har-
Dionie.
RLOSE (He^ri-Auguste), cantor et insti-
tuteur supérieur à LObau, dans la Prusse po-
lonaise, né dans les premières années du dix-
neuvième siècle, a publié un livre choral pour
les écoles, contenant les chants et répons les
plus en usage, arrangés pour deux, trois et
quatre voix d'enfants, sous ce titre : Schul-
choralbuch oder Sammlung der gebrduch-
lichsten Chorale und Responsorien fur 2,
5 und 4 Kinderstimmen ausgesetzt, Lobau,
C.-G. Schuize, ISôO, in-S" de 48 et iv pages.
KLOSE (IIyacinthe-Éléonoiie), professeur
de clarinette au Conservatoire de Paris, est né
le 11 octobre 1808 à Corfou (iles Ioniennes).
Venu jeune en France et entré dans la musique
d'un régiment comme clarinettiste, il perfec-
tionna son talent par les leçons de Berv {voyez
ce nom), et, après la mort de cet excellent
artiste, il lui succéda comme j)rofesseur au
Conservatoire , le l'"'" janvier 1839. M. KIosé
possède un beau son et une belle manière
de phraser, dans laquelle on retrouve le
style de son maître. Il s'est fait entendre
avec de brillants succès dans les concerts de
la société du Conservatoire. Il a formé de
bons élèves, au nombre desciuels on distingue,
en première ligne, M. Le Roi. Il a aussi per-
fectionné le doigter <le son instrument i)ar
l'application du système des clefs à anneaux,
vers 1845. On a gravé de la composition de cet
artiste : 1» Premier air varié pour la clari-
nette, avec orchestre on piano, Paris, Ri-
chault. 2" Premier solo idem, avec orchestre
ou i)iano, ibid. •>" Trois duos pour deux clari-
nettes, premier livre, ibid. 4" Deuxième solo
pour clarinette, en si bémol, avec accompa-
gnement d'orchestre ou de piano, Paris, Wcis-
sonnier. M. Klosé a arrangé pour la clarinette
vingt études de Kreutzer et de Fiorillo, j6/'/.
KLOSS (Charles), directeur de musique à
Dresde, né à Mohrîlngcn (Prusse oricnlale),
près d'Elbing, le 8 février 1792, est fils d'un
cantor de cet endroit. Dès l'àgc do six an>, il
60
KLOSS - KLOTZ
apprit les élt'mcnls de la musique, du piano et
de l'orgue, sous la direction de son père. De-
venu orphelin, à l'âge de onze ans, il alla con -
linuer ses études de musique et de latinité au
collège de Sangerhausen, qu'il fréquenta pen-
dant quatre ans. L'organiste Rœdiger fut pen-
dant ce temps son maître de piano et d'orgue.
Plus tard, il commença à pourvoir à sa sub-
sistance en donnant des leçons. Turk , qui
le connut alors et qui remarqua ses heureuses
dispositions, l'engagea à se rendre à Halle, et
à entrer dans le chœur de musique dont il
était directeur. Kloss, ayant accueilli ces pro-
positions, étudia la théorie sous la direction de
cet excellent maître. Après la mort de celui-ci
(en 1813), Kloss fut obligé d'accepter une place
de violoniste au théâtre deLeipsick.Enl816,le
prince Jablonowski le choisit pour son maître
de chapelle et pour directeur de ses concerts.
Deux ans plus tard, il quitta cette position pour
aller vivre à Kœnigsberg où il occupe une
place de violoniste à l'orchestre du théâtre 5
mais la vie calme d'une petite ville lui fit
préférer, trois ans après, la place d'organiste
à Elbing; mais son caractère inconstant lui
fit encore abandonner cette ville pour une
place de directeur de musique et de professeur
de chant à Dantzick : il ne la garda pas
longtemps, étant revenu une seconde fois à
Leipsick, où il ne resta que quelques mois,
parce qu'il avait obtenu la position d'organiste
d'une des églises de Dresde, qu'il échangea
ensuite contre celle de directeur de musique.
Son séjour dans cette ville fut le plus long
qu'il eût fait depuis longtemps dans le même
lieu, car il y resta trois ans. Après cette époque
de calme, Kloss rentra dans les habitudes
d'agitation où il paraissait se plaire : ainsi on
le voit, pendant un certain nombre d'années
élever une école de musique à Berlin (18-33),
l'abandonner pour une place d'organiste
en 1857, devenir directeur de musique chez le
prince Carolath, en Silésie (1838), puis se
transporter en Magdebourg, pour s'y faire
professeur de chant (1839) ; de là faire un saut
jusqu'à Cronstadt, où il redevient organiste et
directeur du chœur d'une des églises de celte
ville (1840). En 1843, il est de retour à Berlin,
où il donne des concerts historiques et reçoit
une médaille d'or du roi de Prusse; deux ans
après, il est à Francfort; puis on le tiouve à
Eperies, en Hongrie, où il tient une école de
musique pour les enfants, et enfin, il va mou-
rir à Riga, le 26 avril 1853.
Ses compositions annoncent peu de génie,
m.iis elles sont bien écrites. Parmi ses ouvrages.
on remarque : 1" Des sonates pour piano et
violon, op. 16 et 25; Bonn, Simrock et Leip-
sick, Breilkopf et Hferlel. 2» Des pièces déta-
chées pour piano, tel les que polonaises, rondos,
marches à quatre mains, etc., op. 3, 5, 14, 24,
26, ibid. 5" Des sonates pour pianoseul, op. 23,
27, 29, ibid. 4" Des rondos idem, ibid. 5° Des
variations idem, ibid. 0° Des polonaises et des
valses idem, ibid. 7° Des chœurs extraits de la
liturgie de Prusse, trois suites, avec accompa-
gnement d'orgue ; Berlin, Trautwein. 8» Plu-
sieurs cahiers de chants à voix seule, avec ac-
compagnement de piano ; Leipsick. 9" Plusieurs
recueils de motets et de chants religieux à quatre
voix et orgue; Berlin, Guttentag. 10» Le choral :
O Haupt voll Blut und TFunden^ varié pour
l'orgue, avec une introduction, op. 2; Leip-
sick, Hofmeister. 11° Six pièces d'orgue, pour
l'usage des fêtes solennelles, op. 7; Bonn, Sim-
rock.
KLOTZ ou CLOTZ (Mathias) (1), luthier
tyrolien, naquit vers 1640. Ayant été admis
dans l'atelier de Jacques Sleiner, il devint son
meilleur élève. Après la mort de son maître, il
établit une manufacture. d'instruments, dont
les formes sont en général imitées de celles de
Sleiner, mais dont la qualité de son est moins
argentine. La plupart des violons de KIolz ont
été fabriqués depuis 1673 jusqu'en 1G96. M
existe cependant des instruments qui i»ortent
le nom de Malhias Klotz, et une date posté-
rieure, mais on croit qu'ils ont été fabriqués
par les fils de cet artiste, et que ceux-ci n'ont
mis leurs noms aux violons et violes sortis de
leurs ateliers qu'après la mort de leur père.
J'ignore sur quels fondements Otto a donné à
Rlolz le père le prénom é''EgHia {Uber den
Bander £ogeninstrumente,y). 81); tous les
instruments de cet artiste que j'ai vus portent
celui de Slathias. Égide fut le prénom d'un
de ses fils.
Georges, Sébastien et Égide Klotz, fils de ce
luthier, ont fabriqué des violons qui ne sont
pas dépourvus de mérite, mais qui sont moins
recherchés que ceux de leur père. Ces artistes
avaient pour habitude, lorsqu'un instrument
de leur fabrique était meilleur que d'autres,
et plus soigné dans les détails des formes, de
leur mettre une étiquette indiquant le nom de
Steiner ; c'est à cette fraude qu'il faut attri-
buer les faux Steiner <|u'on trouve dans le
commerce. Toute la famille Klotz a vécu dans
(1) On trouve les deux orlliograpiies aux éti(|uetles
plarécs dans les inslrumcnls de ce lulliier; mais un
gland nombre de ces étiquettes étant fausses, il est à
peu pris impossible de savoir quelle est l'ortliographa
prirriili\c.
Il
KLOTZ - KNECHT
61
le Tyrol et y a formé de nombreux élèves , I
fondateurs de toutes les fabriques d'instru-
ments de ce pays. Il a existé un luthier du nom
de Georges Clolz, en 1734, à Mittenwald sur
riser, près de Landshut, en Bavière. J'ai vu
un violon de lui qui était daté de ce lieu et de
la même année. Rien n'indique s'il était petit-
fils de Malhias.
RLUGE (Gottlob), prédicateur à Neu-
markt, mort en 1771, a fait imprimer un
sermon sur le psaume 150, à l'occasion de
réfection d'un nouvel orgue placé dans l'église
de Neumarkt. Il y prend avec chaleur la dé-
fense de la musique dans l'olTice divin, et
fournit quelques renseignements sur les jeux
et la disposition de l'orgue. Cet opuscule a
pour titre : OrgeJpredigt,welche am 3* ^dv.
1754, 6e» Einweihung der im Evangel-
Jiethause zu Neumarkt erwunscht erbauten
neuen Orgel gehalten worden iiber den 150
Psalin. Breslau, 1756, in-4° de cinq feuilles.
On a aussi du pasteur Kluge : Hymnopceogra-
phia Silesiaca y oder hist. Zebensschreib .
Schles. Liederdichter (Hymnopéographie si-
lésienne, ou histoire de la vie des poètes de la
Silésie, auteurs de cantiques), Breslau, trois
livraisons in-S", 1751-1754. Il y fournit quel-
ques renseignements sur les compositeurs de
ces cantiques.
ÏÏLUGEP» (Florun), compositeur né en
Bohême , dans la seconde moitié de dix-hui-
tième siècle, a publié à Prague, chez Schœdel :
1" Quelques nocturnes à deux* voix, avec ac-
compagnement de piano, 1807 et 1808. 2° Des
variations pour piano sur un thème de Rosetti.
3° Des trios pour piano, violon et violoncelle,
1810. 4° Des landier et des menuets idem,
1810.
RLUGLIWG (...), organiste à l'église de
Saint-Pierre et Saint-Paul, à Dantzick, vers la
fin du dix-huitième siècle, était considéré
comme un des plus habiles clavecinistes et
organistes de ce temps. Il a composé plusieurs
concertos pour le piano, dans la manière de
Schobert.
KrVAFEL (Josepii-Léopoid), pianiste et
harpiste à Vienne, vers la fin du dix-huitième
siècle, est connu par les compositions sui-
vantes : 1° Sept variations pour piano sur le
chœur des Papagenos : Ach schœn willkom-
men, etc. Yienne, Eder, 1709. 2° Six varia-
tions pour la harpe sur le trio : Pria ch' io
Vimpegno, ibid., 1799. 3" Recueil d'airs pour
la harpe à crochets, ibid., 1803.
RIVAPTOIX (PiiiuppE), né à York en
1788, a eu pour maître de musique le docteur
Ilague, professeur à l'Université de Cambridge,
et après avoir terminé ses études, il est re-
tourné dans la ville natale. Il a publié de sa
composition : 1" Trois sonates pour le piano;
Londres, Chappell. 2» Plusieurs duos pour
harpe et piano, ibid. 3° Des chansons anglaises
avec accompagnement de piano. Il a laissé en
manuscrit plusieurs ouvertures à grand or-
chestre, et des concertos pour le piano.
RNAUST (llEXRi-TnÉODonE), premier té-
nor du théâtre de Weimar, est né à Bruns-
wick, le 14 février 1803. La beauté et l'étendue
de sa voix le firent remarquer par quelques
personnes attachées au théâtre de Brunswick,
qui le décidèrent à étudier le chant et à se
vouer à la carrière dramatique. Riel, ténor
du théâtre de Brunswick, se chargea de son
éducation musicale, et Ilaake, acteur du même
théâtre, lui fit faire un cours de déclamation.
En 1822, Rnaust s'essaya en public pour la
première fois dans un air qu'on avait écrit
pour lui ; les espérances qu'il y donna pour
son avenir le firent engager comme second
ténor. Il se livra dès lors à ses études avec ar-
deur, et, en 1827, il quitta le théâtre de Bruns-
wick pour aller à Cassel, où il joua quelques
rôles; mais n'y pouvant être engagé comme
premier ténor, à causede laprésence deWild,
il alla à Brème, oîi il joua avec de brillants
succès. Des offres lui furent faites pour plu-
sieurs villes, mais il les refusa, et continua de
résider à Brème pendant sept années. Ayant
été donner quelques représentations à Dresde,
en 1833, il y produisit une si vive sensation,
que le grand-duc de Weimar l'engagea immé-
diatement pour son théâtre. Les qualités qui
distinguaient cet artiste étaient la beauté de la
voix, l'expression et la chaleur dramatique.
Après une longue maladie, il a obtenu sa pen-
sion du grand-duc de Weimar, en 1842.
RNECHT (Justin-Henri), organiste, com-
positeur et théoricien, naquit le 30 septembre
1752, à Biberach, dans la Souabe. Son père,
qui vivait alors en celte ville, lui donna
les premières leçons de chant et de violon;
plus tard, d'après les conseils de son compa-
triote Wieland, on lui fit apprendre l'harmonie
et l'accompagnement chez l'organiste Kramer.
Pendant ce temps, il faisait ses études au col-
lège, apprenait à jouer de la flùle,du hautbois,
du cor, de la trompette, et Wieland lui ensei-
gnait la prosodie italienne. En 17C8, il se ren-
dit au collège du couventd'Esslingen, s'y livra
a"vec succès à des études supérieures de philo-
logie grecque et latine, sous la direction du
célèbre professeur Bœckb, et y devint le subsli-
62
KNECHT
tut de Schmidl à l'orgue principal. Ce dernier
lu; fit connaître les œuvres de Graun, de Tele-
mann, de J.-S. Bach, de Hœndel, et les livres
de Marpur^. Parvenu à l'âge de dix-neuf ans,
Knecht se disposait à aller dans une des uni-
versités voisines pour y faire un cours de phi-
losophie, lorsque le magistrat de Biberach le
rappela pour remplacer le professeur de belles-
lettres Dell, qui venait d'être mis à la retraite
à cause de son grand âge. En 1792, il échan-
gea cette position contre celle de directeur de
musique, qui convenait mieux à ses goûts.
Après en avoir rempli les fonctions pendant
quinze ans, il accepta, en 1807, la place qui
lui fut offerte de maître de chapelle de Stutt-
gard pour la direction de l'orchestre du théâtre
et de la musique particulière de la cour ; mais
cette position exigeait plus de goût et de talent
qu'il n'y en avait dans la tête de Knecht. Lui-
même se sentit bientôt déplacé dans cette po-
sition nouvelle. Il regrettait ses paisibles tra-
vaux, et souffrait de trouver peu de sympathie
pour lui chez les artistes qu'il était chargé de
diriger. Après la deuxième année de séjour à
Stuttgard. il donna sa démission, qui fut ac-
ceptée, et il retourna dans sa modeste demeure
de Biberach, où sa place de directeur de mu-
sique de la ville lui fut rendue. Il mourut à la
suite de plusieurs atteintes d'apoplexie, le
11 décembre 1817.
Knecht a longtemps joui, parmi ses compa-
triotes, de la réputation d'un des grands musi-
ciens de son temps. Comme organiste, il
n'avait, dit-on, point d'autre rival que Vogler.
Dans cet éloge, il ne s'agit sans doute que de
l'habileté de l'exécutant, car la musique d'orgue
qu'il a publiée est faible de conception, bien
((u'agréable. Il manquait de génie et n'a été
qu'imitateur. Comme écrivain, il a été aussi
élevé beaucoup au-dessus de sa valeur. Il avait
sans doute du savoir, mais sa doctrine est in-
certaine, peu logique en plusieurs points, et
ses idées n'ont pas cette portée qui imprime
à la science un mouvement d'avancement.
Knecht fut un homme laborieux, un ami sin-
cère et dévoué de son art et de la vérité : ce
sont là ses titres au souvenir de la postérité.
Son école d'orgue est un manuel utile pour les
organistes allemands des campagnes et des
petites villes ; mais elle n'enseigne point l'art
pris d'un point de vue élevé ; on peut d'ailleurs
lui reprocher de manquer et d'ordre et de gra-
dation dans la classification des objets. C'est
donc bénévolement que Gerber a appelé Knecht
un second Kirnberger , car entre ces deux
écrivains didactiques la distance est considé-
rable. D'abord Knecht se montra partisan de
la doctrine de Kirnberger ; plus tard, il l'aban-
donna pour celle de Vogler : cela seul dénote
peu de jugement.
Dans la liste des ouvrages de Knecht, on
trouve : 1» Chant concertant de Mirjam et
Beborah, sur le texte de Klopstock; Leipsick,
1780. 2» Le 23^ psaume à quatre voix et or-
chestre, ibid., 1783. 5° Tableau musical de
la nature, grande symphonie à quinze par-
lies, ibid., 1784. C'est ce même thème que
Beethoven a traité plus tard dans sa Sym-
phonie pastorale. A° Les quinzième, seizième,
vingt-cinquième et vingt-sixième couplets de
VOberon de Wieland, mis en musique pour
piano, ibid., 1785. 5» Douze variations pour
piano, ibid., 1783. 6» Le 6* psaume complet
à plusieurs voix, sur la traduction de Men-
delssohn; Spire, 1788. 7° Cantiques des meil-
leurs poëtes religieux, à quatre voix, deux
violons et orgue, ibid. 8" Les Charbonniers
fidèles, petit opéra, en manuscrit. 9" La Cou-
ronne de la moisson, idem. 10» L'Enlève-
ment du sérail, idem. 11" Cantique de la
Trinité, pour voix seule et orgue ; Spire, 1789.
12* Trois duos très-faciles pour deux flûtes,
ibid., 1791. lô° Le premier psauttie de David
à voix seule et orgue (dans la Correspondance
musicale de Spire, 1791, p. 77). 14" Magni-
ficat \dem {ibid., 1792, p. 55). 15" Hymne à
Dieu, cantate solennelle pour l'église ou pour
le concert, à quatre voix, deux violons, alto et
orgue; Hambourg, Bœhme, 1798, en partition.
lG"Petite collection de morceaux pour l'orgue ;
Spire, Bossler. 17" Nouvelle collection com-
plète de toutes sortes de préludes, ritournelles,
fantaisies, versets et fugues, huit cahiers j
Spire, Darmsladt et Munich, 1791-1800. Une
deuxième édition de cet ouvrage a été publiée
à Munich, chez Falter. 18" Sonate pour clave-
cin, violon et violoncelle; Darmstadt, 1792.
19" La Joie des Bergers interrompue par
l'orage, tableau musical pour l'orgue; Darm-
sladt, 1794. Beethoven, qui n'avait certaine-
ment aucune connaissance de cette composi-
tion , a fait du même sujet l'avant-dernière
l)artie de sa symphonie pastorale. 20° Pièces
d'orgue progressives, premier cahier; Leip-
sick, Breitkopf et Hœrtcl, 1796. 21" Dixit
Dominus, composition qui a obtenu en 1800
un prix de trente ducats. 22" Grand Te Deum
à deux chœurs et orchestre complet, composé
en 1802, et dédié à l'empereur François II et
au premier consul Bonaparle. 23" Autre Ta
Deum h quatre voix et orchestre; Offenbach,
André. 24" Six sonatines pour le piano, 1802.
KNECllT
63
25" Ouarante-huit préludes de clavecin, dans
tous les tons, 1802. 26» Collection complète de
mélodies chorales, en partie corrigées et en
partie nouvellement composées, à quatre voix
et orgue, pour le Nouveau Livre de chant de
la campagne dans le IFurtemberg , à l'usage
des églises et des écoles (en société avec Christ-
mann), Stuttgard, 1799, in-4'' de trois cent
Irente-huit pages. 27» Cxcilia, œuvre pério-
di(|ue des pièces d'orgue grandes et petites,
trois cahiers; Fribourg, Ilerder.
ÉcniTS THÉORIQÎJES ET DIDACTIQUES : 1» Er-
hlxrunq einiger von einem dcr Rechts-Gel.
A. in Erlangen angetxsleten, aber missver-
standenen Grundswtze aus der Foglerschen
TUcorie, etc. (Explications de quelques prin-
cipes de la théorie de Vogler attaqués et mal
comiiris par un jurisconsulte d'Erlangen); Ulm,
178o, cinq feuilles in-4". Weissbek, profes-
seur de droit, avait attaqué ces principes dans
la Gazette musicale de Spire (année 1788,
p. 98); c'est à son article que répond l'écrit
de Knecht. 2" Lettres instructives sur l'harmo-
nie (d^ns la Gazette musicale de Spire, an-
nées 1791 et 1792). 3» GemeinniUzliches Ele-
metitarwerlc der Harmonie und des Gencral-
basseSf elc. (Traité élémentaire de l'harmonie
et de la basse continue, c'est-à-dire véritable
méthode pour enseigner et apprendre l'art
d'accompagneravec une connaissance i)arfaite
de toutes les harmonies, d'après les principes
de Vogler, avec beaucoup de tables d'accords
et d'exemples pratiques, etc.), première partie,
neuf feuilles de texte et quatre feuilles
d'exemples; Augsbourg, chez Ilamm, 1792;
deuxième partie, Stuttgard, 1793; troisième
partie, ibid., 1794; quatrième et dernière
jjartie, ibid., 1798. 4» Ueber die Harmonie
(sur l'harmonie), articles de la Gazelle musi-
cale de Leipsick, t. T, p. 129, ICI, 521, 527,
5C1 et 595. 3» Kleines alphabetisches JFœr-
terbuch der vornekmsten und interessanten
Artikel aus der musikalischen Théorie (Petit
vocabulaire alphabétique des princi[)aux et
des plus intéressants articles de la théorie mu-
sicale) ; Ulm, 1795, huit feuilles in-8°. Ce vo-
cabulaire avait été écrit par l'auteur iiour
V Ahnanach des instituteurs, où il fut d'abord
inséré ; puis on l'imprima séparément. G° /'o//-
stxiidige Orgelschule fiir Jnfœnger und
Geiiblere (Méthode complète de l'orgue pour les
commençants et pour ceux qui sont plus avan-
cés), première partie, contenant les principes
de l'art de jouer de l'orgue; Leipsick, Breilkopf
ctllaertel, 1795, quatre-vingt-six pages in-fol.;
deuxième partie, renfermant l'explication des
principaux jeux de l'orgue, ibid., 1796, cent
quatre-vingt-seize pages in-fol.; celte partie
contient beaucoup de morceaux d'orgue pour
l'application et la combinaison des différents
registres; troisième partie, contenant un traité
théorico pratique du chant choral protestant
et catholique, ibid., 1798, in-fol. Pour mettre
de l'ordre dans son ouvrage, Knecht aurait du
donner dans la première partie l'exposé de la
construction de l'orgue, de ses différents jeux
et de leur emploi, au lieu de le rejeter dans la
seconde ; renvoyer dans celle-ci certaines
choses qui sont dans la i)remière, par exemple
l'emploi de la pédale et les exercices qui lui
appartiennent, car l'emploi de la pédale, de-
puis ses éléments jusqu'aux traits les plus dif-
ficiles et les plus compliqués, constitue le se-
cond degré de |a science de l'organiste; l'art
d'accompagner le chant aurait dû suivre im-
médiatement tout ce qui concerne le méca-
nisme du jeu de l'orgue; enfin, ce qui est relatif
à la forme des pièces aurait dû former une
quatrième et dernière partie. Cette gradation
résulte de la nature même des choses. J. -P. -E.
Martini (voyez ce nom), surintendant de la
musique de Louis XVIII, roi de France, s'est
emparé du travail de Knecht, sans le nommer,
et l'a publié sous le titre iVEcole d'orgue, di-
visée en trois parties; il a bouleversé tout
l'ouvrage de l'estimable musicien allemand,
sans y mettre plus d'ordre. 7° Theoretisch-
praktische Generalbass - Schule , welche in
90 Notentafeln nebst allen Intervallen, aile
mœgliche Bewegungsarlen der Tœne, Ue-
bungen aller vorkommenden Accorde, die
verschiedenen Uebergxnge und das Inei-
nandenceben der Tœne durch aile gebrauch-
lichen Dur- und Moll- Tonarten enthwlt
(Méthode théorique et pratique de la basse con-
tinue, etc.); Fribourg, Ilerder (sans <late),
in-4o de soixante pages de texte et de quatre-
vingt-douze pages d'exemples. 8° Kleine Cla-
vierschiile fiir die ersten Anfxnger, worin
die Anfangsgriinde sowohl der Musik iiber-
haupt, als des Clavierspielens insbesondere
auf eine fassliche TFeise gelehrt wird (Petite
méthode de piano pour les commençants, etc.),
première partie (théorique); Munich, Falter,
1800, in-4''; deuxième partie (pratique), ibid.,
1802. Je crois que c'est le même ouvrage dont
il a été donné une é<liiion sous ce titre : Be-
icxhrten-Melhodenbuch beim ersten Clavier-
unterricht mit 50 Notentafeln , etc.; Fri-
bourg, Ilerder (sans date), trente-six pages
in 4° de texte et cinquante-deux pages d'exem-
ples. 9" Allgcmeines viusikalischer Katcchis-
6+
KNFXHT — KNIGGE
rmis oder kurzer Inhegriff der aïlyemeinen
Musiklehre zum Behnfe der Musiklehrer
und ihrer Zœglinge (Catéchisme général de
musique, ou courte explication de la science
de la musique, etc.); Biberach, chez les frères
Rnecht, 1803, huit feuilles in-8». La cin-
quième édition de ce petit livre a été publiée
en 1824, à Fribourg, chez Herder, in-4''. Has-
linger, de Vienne, en a donné une in-S" sans
date. 10» Luther''s Verdienst in Musik und
Poésie (Mérite de Luther pour la musique et
la poésie), Ulm, 1817, in-S" de quatre feuilles-
Cet écrit, publié à l'occasion de la fête sécu-
laire de la Réformation, fut le dernier travail
de Knecht. Il a aussi publié beaucoup d'ar-
ticles relatifs à la musique dans divers jour-
naux, entre autres : 11° Recherche des princi-
pales causes pour lesquelles la, musique est en
général peu estimée des gens du monde (dans
la Correspondance musicale, 1792, p. 180).
12° Si l'harmonie a ses bases dans la nature
(dans la Gazette musicale de Leipsick, 1792,
p. 129). 13° Si les anciens savaient quelque
chose de l'harmonie (ibid., p. 161). 14° Ce
«jui a contribué à la lenteur des progrès dans
la connaissance de l'harmonie au moyen âge
{ibid., p. o21). 15° Jusqu'où l'on est parvenu
avec les découvertes les plus modernes dans
l'harmonie {ibid., p. 527). 1G° Essai d'une
nouvelle théorie des consonnances et des dis-
sonances, dans lequel on indique en particu-
lier, d'une manière sensible et intelligible, les
causes physiques et les différents degrés de la
consonnance et de la dissonance des inter-
valles, avec une introduction sur la doctrine du
son en général (ibid., deuxième année, p. 518,
361, 385, 433, 449, 465). 17° Courte réponse
à cette question : Qu'est-ce que la musique
pratique peut espérer de l'application du
système de Foglcr? (ibid., troisième année,
p. 725,741). 18°Surrartd'accorder les instru-
ments en général et l'orgue en particulier
(ibid., cinquième année, p. 529). Enfin, une
préface Sur la nature véritable de lamusique
d'église , précédée du 23"^ psaume en partition.
liPifEFERLE (IIE^RI), organiste à Eich-
stsedt (Bavière), naquit dans cette ville vers le
milieu du dix-huitième siècle. Les singulières
dispositions qu'il montra dès son enfance pour
la musique lui procurèrent la protection du
prince évêque, qui lui fournit les moyens
d'aller étudier cet art en Italie. Il y demeura
huit ans et fixa principalement son séjour à
Naples, où il eut des leçons des meilleurs
maîtres. De retour dans sa patrie, il écrivit
plusieurs petits opéras, des concertos pour le
clavecin, le basson et la flûte, des trios pour
le piano, des sonates pour le même instru-
ment, et arrangea beaucoup de morceaux de
la Flûte enchantée, de l'arbre de Diane, et
de divers autres opéras, pour des instruments
à vent.
KIVIËSCHECK (Wenceslas), né à Prague
en 1743, fut d'abord employé comme basso^
niste dans un orchestre en Pologne, puis alla
se fixer à Ratisbonne, où le prince de la Tour
et Taxis le fit entrer dans sa musique. Il mou-
rut en cette ville dans l'année 1806. Plusieurs
messes, vêpres, cantates et morceaux de piano
de sa composition ont été publiés à Ratisbonne.
KNIEVEL (IIermann-Ignace) , professeur
de musique et organiste de l'église catholique
à Lippstadt, dans la principauté de Detmold,
est né dans cette ville vers 1802. Il est auteur
d'un livre choral à quatre voix, avec des pré-
ludes et des versets pour l'orgue, à l'usage du
culte catholique dans l'ancienne partie du
diocèse de Paderborn. Ce livre a paru sous le
titre suivant : Choralbuch fur catholische
hirchen, zunœchst fiir den altern Theil der
Biœcese Paderborn vierstimmig und durch-
gehends mit zwischenspielen bearbeitet; Pa-
derborn, Jungfermann, 1840, in-4°.
RNIEWELT (TiiÉODORE-FKÉDÉnic), doc-
teur en philosophie, et professeur au gymnase
de Dantzick, puis recteur et enfin prédicateur
et archidiacre de l'église Sainte-Marie, a pu-
blié une savante dissertation intitulée : Obser-
vationum in vetutissima; Grxcorum Honie-
rici atque Hesiodei œvi musicx ralioneni
atque conditionem fasciculus T.; Gedani ap.
Krause, 1819, in-4° de 24 pages. Amateur
passionné de musique, le docteur Rniewelt a
été le fondateur d'une académie de chant à
Dantzick, sur le modèle de celle de Berlin. Déjà
en 1832, cette institution était en prospérité,
et les dames les plus haut placées de la ville
prenaient part à ses exercices. Pendant plus de
vingt ans, le docteur Kniewelt dirigea celte so-
ciété chantante avec au tant de talent que de zèle.
Cet amateur distingué vivait encore en 1845.
HNTGGE ( Adolphe-François-Fkédéric-
Louis, baron DE), né à Bredenbeck, dans le
Hanovre, le 16 octobre 1752, fut d'abord page
et assesseur de la guerre et du domaine à
Cassel, vécut ensuite à llanau, à Francfort-
sur-le-Mein, àlleidelberg et à Hanovre, et fut
en dernier lieu nommé surintendant-inspec-
teur des écoles de la ville de Brème et
chambellan du duc de Saxe-Weimar. Il
mourut à Brème le6mail79G. Amateur do
musique distingué, il a publié à Francfort, en
KNIGGE — KNOEFEL
65
1781, six solos pour le clavecin. Dans le sep-
tième numéro de ses feuilles d^amatu^giques
(Dramaturgische Blxtter), il a donné une
très-bonne appréciation du talent du chanteur
Farinelli.
KINIGHT (J.-P.), musicien anglais et
compositeur de chansons et de ballades à voix
seule, avec accompagnement de piano, a
commencé à se faire connaître vers 1818. Je
n'ai point d'autre renseignement sur cet ar-
tiste, à l'exception des titres de quelques-unes
de ses chansons et ballades qui ont été les plus
recherchées; on y remarque : Beaiitifull Ve-
nice; EngJand, fnrewell! Ofwhat is the old
man thinlcing^ dont il a été fait plusieurs
éditions; Music, svoeet music; et la ballade
^^e wore a wreath of roses.
RIMGHT (Edouard), surnomme îe Jeune,
né à Londres vers 1800, a débuté dans cette
ville comme pianiste et compositeur en 1822.
Sa première production consiste en variations
pour le piano sur l'air anglais : Kitty clever,
Londres, Goulding. Le recueil de ses composi-
tions intitulé : Comte Songs and Recitations ;
with Symphonies and Âccompaniments for
the piano-forte a eu du succès. On y trouve
le portrait de l'auteur.
KlMTTELMAIIl (Lambert), fils d'un in-
stituteur à Konzell, village de la Bavière,
naquit le 13 mars 1769. Il commença ses
études littéraires et musicales au couvent des
Bénédictins d'Oberattaich , les continua à
Straubing, et les termina à Salzbourg. En 1791
il fit profession au monastère d'Oberattaich,
«•t depuis 179G il fut chargé d'enseigner les.
belles-lettres alternativement dans son cou-
vent, à Straubing et à Munich. Il vivait encore
en 1812, niiais on n'a plus de renseignements
sur sa personne après cette époque. Sans avoir
appris l'harmonie, et guidé seulement par son
instinct et par l'étude des partitions, il a écrit
plusieurs morceaux pour le piano, des messes,
et d'autres compositions, qui ont été bien
accueillies par le public, particulièrement à
Ratisbonne. Parmi ses ouvrages, on remarque :
1" Trois marches avec trios pour piano à
«luatre mains ; Munich, Falter. 2» Douze alle-
mandes, idem, ibid. Z° Variations sur la ro-
mance de Joseph, idem, ibid. A" Variations
sur la marche A'' Aline, idem, ibid. 5° Messe
allemande à quatre voix , orgue et deux cors ;
Straubing, Haigl. 6° Le Rossignol, de Matthi-
son, à voix seule avec accompagnement de
piano; Landshut, Krull.
KNJZE (F. -M.), guitariste bohémien et
compositeur, est fixé à Prague, oii il a publié,
BlOCn. UMIV. DES MISICIEXS. T. V.
chez Berra, beaucoup de pièces, deiliverlisse-
ments, de variations et de danses nationales
pour son instrument. On a aussi de lui deux
ouvrages élémentaires sur l'art de jouer de la
guitare, intitulés : 1° Fundament fur die Gui-
tare nebst praktischen Beispielen; Prague,
Kronberger et Weber. 2» f'ollstasndige Guit-
tarschule, etc. (Méthode complète de gui-
tare, etc.); Prague, Enders.
RIVOBLOCII ou RNOBLAIJCH (Char-
les), directeur du chœur au couvent de Grus-
sau (ordre de Cîteaux), vers 1790, était à la
fois compositeur estimable, bon organiste, bon
directeur de musique et théoricien. Il a laissé
en manuscrit des compositions qu'on chanle
encore à Grussau.
KIXOCR (Nicolas-Arnold), docteur en
droit à Groningue, vers la fin du dix-huitième
siècle, est auteur d'un livre qui a pour titre :
Dispositien der merkwaardigste Kerk-Orgc-
len welke in de zeven vereenigde Provintien,
en wel byzonder in de Provintien Friesland,
Groningen en elders aangetroffen werden.
Kunnende dit IFerk verstrekken tôt een ver-
volg van het JVerk van den Heer J. Hess.
(Dispositions des orgues les plus remarqua-
bles qui se trouvent dans les sept provinces
unies, et en particulier dans les provinces de
Frise^ de Groningue, etc.), Groningue, 1788,
in-4''.
RIVOEFEL (Jean), maître de chapelle de
l'électeur palatin, dans la seconde moitié du
seizième siècle, était né à Lauban, dans la
Ilaule-Lusace. Le titre de son premier recueil
de compositions fait connaître qu'il fut d'abord
au service de Henri, duc de Silésie, en qualité
de maître de chapelle. Ses ouvrages connus
sont eeux-ci : 1° Dulcissimx quidam can-
tiones numéro XXXII quinque, sex et sep-
tem vocum factx, ut tum humanx voci, tum
musicis instrumentis aptx esse possint, au-
thore Johanni Knœfelio Zaubensi, illustris-
simi principis ac Domini, Domini Henrici,
ducis Silesix, Lignicen. Brigen. et Goltber-
gens. musici chori magistro. Noribergae, in
oiricinaTheod.Gerlatzeni,1571,in 4°.2°6'an-
tus choralis numeris musicis quinque vocum
inclusus , eo ordine quo per totum anni
curriculum prxcipuis diebus festis in eccle-
sia cantari solet; Noribergae, in oflicina Theo-
dorici Gerlachi, 1575, in-4». 3" Cantiones pix
5 et 6 voc. tam voci humanx, quam instru-
mentis musicis accommodatx ; Nuremberg,
1380, in-4". A° Teulsche Liedlein , welche den
mehrern Theil den Brauch und Lau/f dieser
U'elt bcschrtcben itnd anziegen (chansons
S
66
KNOEFEL — KNORR
allemandes dont la plupart décrivent et indi-
quent les usages et la marche de ce monde, à
cinq voix); Nuremberg, 1S81, in-4'' obi. La
deuxième édition a été publiée à Francfort, en
1610.
KIXOEP (Lcder), organiste de l'église
Sainl-Élienne, à Brème, vers le milieu du
dix-septième siècle, a publié de sa composi-
tion : 1° Paduanen, Gaillarden, Balktten,
Mascaraden, Jrien, Allemanden, Couran-
ten und Sarabanden von 3 Inslrumenlen
(Pavanes, gaillardes, ballets, mascarades,
airs, allemandes, courantes et sarabandes
pour trois instruments), Brème, 1C52, in-4''.
2» Idem, deuxième partie, à deux et trois in-
struments, avec la basse continue, Brème,
106O, in-4".
RI\OLL (David-Tobie), né en 1736 à Nam-
slau, en Silésie, était fils du meunier de cette
petite ville. Il était encore enfant, lorsque sa
mère adressa des plaintes à HolTmann, maître
d'école et organiste du lieu, sur ce que son
fils, an lien d'étudier, s'amusait à faire mou-
voir avec les doigts une rangée de petits bâ-
Jons qu'il plaçait sur une table. Le maître
jugea sur cet indice que le petit Knoll avait de
l'instinct pour la musique, et il lui donna des
leçons de clavecin. Les progrès de l'élève fu-
rent rapides. Il paraissait destiné à cultiver
l'art avec succès, lorsque la mort prématurée
de son père l'obligea de suspendre ses études
et d'aller à Breslau chercher des ressources
pour son existence dans une maison de com-
merce. Charmé de son activité et de son inlel -
ligence dans son emploi de commis, le négo-
ciant chez lequel il était, ayant eu connais-
sance de son penchant pour la musique, et du
regret qu'il éprouvait d'être obligé de renoncer
à la cultiver, lui fit présent d'un clavecin,
pour qu'il en jouât dans ses heures de loisir,
et engagea Holland, organiste de l'église
Saint Christophe, à lui faire continuer ses
éludes. Plus tard, 'Hoffmann , organiste de
Sainle-Blarie-Madeleine, lui donna des leçons
de composition, en 17G6. Cependant ayant
établi lui-même une maison de commerce, il
sembla renoncer pour toujours à la musique :
ce ne fut que six années plus tard, et lorscju'il
était déjà âgé de Irenle-six ans, qu'il écrivit
un Domine ad adjuvandum, el un Fcni
Sancte Spiritus qui furent suivis de plusieurs
psaumes, d'un Kyrie, de quatre Magnificat ,
de deux Ecce quomodo moritur justus, de
cantates d'église, de motets à quatre parties, et
d'un livre de chorals à quatre voix. Il avait
étudié spécialement les formes des anciennes
compositions conventionnelles, telles que les
contrepoints rétrogrades et à retourner le
livre, et son habileté à résoudre les canons
énigmaliques était fort remarquable. Knoll a
écrit aussi plusieurs ouvrages de théorie et de
didactique; mais rien de tout cela n'a été pu-
blié. On peut voir la liste de ces écrits dans le
Scklesischer Tonkunstler-Lexihon de Ross-
maly et Carlo (première suite, p. 48 et suiv.).
Il mourut à Breslau en 1818, à l'âge dequatre-
vingt-deux ans.
RIS'OLL (Catherine DE), cantatrice dn
théâtre royal de Slultgard, est née en 1796 à
Ravensbourg, dans le Wurtemberg, d'une fa-
mille nommée Hug. Douée par la nature
d'une voix pure et bien timbrée, elle ne rernt
d'abord que l'éducation d'un choriste au
théâtre de Slutlgard, où elle entra en 1814.
Son intelligence et le désir ardent qu'elle avait
de s'élever, lui fit choisir par instinct les
meilleurs modèles. En 1825, elle se rendit à
Milan, on elle reçut quelfiues leçons de Ban-
derali. Toutefois, quels que fussent ses efforts,
elle n'a jamais pu parvenir à se poser au
théâtre avec avantage, parce que son extérieur
ne lui était pas favorable; mais, suivant la no-
tice que le docteur Schneider a faite sur cette
dame (dans le Lexique général de musique
publié par Schilling), la beauté de son chant,
dans la musique d'église, est d'un ordre supé-
rieur. Elle a fait admirer son grand style et sa
belle manière de phraser en chantant les solos
du Messie de Ilœndel, le 6 septembre 1837,
dans la grande fête musicale de Ilechingen,
dirigée par Lindpaintner. Ce fut elle encoirc
qui , dans l'exécution du même ouvrage à
Stuttgard, le 25 octobre 1838, eut une suiwî-
riorité non contestée sur tous les autres chan-
teurs. Son mari était un négociant de Stutt-
gard, et sa position était indépendante. .
Mademoiselle Berlhe de Knoll, sa fille, su
fit remarquer aussi comme cantatrice distin-
guée dans les concerts donnés à Stultgard,
puis fut engagée au théâtre de Francfort, ou
elle chanta depuis 1843 jusqu'à la fin de 1845.
Elle a cessé de se faire entendre en public de-
puis son mariage avec le littérateur musicien
et professeur, M. Richl, en 1846.
KNORR (Jules), professeur de musique et
de piano, né à Leipsick, le 22 septembre 1807,
fit SCS études au gymnase de cette ville et y
j reçut les premières leçons de musique. Plus
I tard, il suivit d'une manière sérieuse le cours.
I de philologie du professeur Gotlfriedllernianii
j et sembla se destiner à la carrière de la litté-
j rature; mais, en 1827, il s'adonna exclusive-
KNORR — KNYVETT
67
ment au piano, sous la direction de "Wilhelm
Neubeck, pianisle de talent et bon prolesseur.
Knorr se fit entendre avec succès dans un
concert du Gewandhaus, le 27 octobre 18ôl.
Lié d'amitié avec Robert Schumann et Louis
Schunke, il prit part avec eux, en 18Ô4, à la
l'ondation de la nouvelle Gazette musicale
(Neue Zeitschrift fiir Mnsik); mais il n'y
travailla que pendant la première année.
Oiî a de cet artiste un ouvrage élémentaire
pour le piano intitulé -. JVeue Piano-forte-
Scliule, iu 184 Uebungen, oder Materialen
fiir dem Unterricht und das Selbststudium
am Piano-forte (Nouvelle méthode de piano
€n cent quatre-vingt-quatre exercices, etc.),
Leipsick, R. Friese, 1835, trente-deux pages
in-fol. Une deuxième édition de cet ouvrage
Fut publiée en 1841, avec ce nouveau titre :
Die Piano-forte-Schule der neuesten Zeit.
Ein Supplément zu den derartigen bisher
erschienenen JFerken von Cramer, Czerny,
//erz , Hummel , Hûnten , kalkbrenner ,
Moscheles , etc. (l'École de piano de l'époque
actuelle. Supplément aux ouvrages classiques
de Cramer, Czernj', Herz, llummel, Hiinten{J)
Kalkbrenner, Mosclieies , clc), Leipsick,
R. Friese. Il donna, en 1844, une sorte de
supplément de cette méthode, sous ce titre :
Materialien fur das meclianische Clavier-
spiel (Matériaux pour le mécanisme du jeu de
l)iano) ; Leipsick, Rrcilkopr et Ilaertel. Déjà,
en 1850, Rnorr avait publié une nouvelle édi-
tion de la méthode de piano de J.-G. Werner,
ovec les additions; Leipsick, Hofmeister. On
lui doit aussi une neuvième édition de la
iirande Méthode de piano de A.-E. Muiler
(voyez ce nom), avec des observations criti-
ques et analyti(|ues; Leipsick, Peters, 1848.
Knorr est mort à Leijisick, le 17 juin 1861.
ïi-IVOX (Jea>), musicien écossais du sei-
zième siècle, a composé la musique d'un livre
de psaumes à quatre voix qui a été publié
sous ce titre : The Common Tunes. Ces
psaumes se chantent encore dans les églises
d'Ecosse.
RIMJPFER (SÉDASTiE«), directeur de mu-
sique et cantor de l'école de Saint-Thomas, à
Leipsick, naquit le 6 septembre lOôô, à As-
chen, dans le Voigtland, où son père, Jean
Kniipfer, était ca»i<or et organiste. Ce fut sous
sa direction que le jeune KnllpPer lit ses
études de musique et de cor.iposition, pendant
qu'il suivait avec ardeur les cours de lani^ucs
anciennesdansun collège situé à quatre milles
de la maison paternelle. IMus lard, il se rendit
à Lcipsickj où il cul la bonne fortune d'entrer
dans la maison du savant jurisconsulte Jean
riiilippi, qui devint son protecteur. KoUpler
profita de cette position pour compléter son
instruction philologique et musicale. En 1657,
il obtint le cantorat de Saint-Thomas, et peu
de temps après il fut mis en possession des
fonctions de directeur de musique. Également
savant dans les lettres et dans la musique, il
s'est fait une solide réputation par ses comi)o-
sitions. Ses ouvrages de musique d'église, ses
madrigaux et ses chansons allemandes étaient,
recherchés particulièrement dans la Saxe. Il
mourut en 1676. On trouve de ce musicien, à
la Bibliothèque royale de Berlin, le manusci'it
autographe d'un motet à huit voix, composé en
1660 sur le choral : Erforsche mich Gott.
L'éloge de Knltpfer a été publié sous ce titre :
Programma de lande musicx in honorem
Seb. Knuepferi, philologi eximii, musicique
celeberrimi chori, item mnsici directoris et
cantoris ad £>. Thomx benemeritissimi ,
Lipsise, 1676, 10-4".
KI\YVETT (Charles), fils d'un organiste
de la chapelle du roi d''Angletere, naquit à
Londres vers 1773. Son premier maître de
musique fut le docteur en musique William
Parsons {voyez ce nom), et Samuel Webbe lui
enseigna à jouer de l'orgue. En 1802, il fut
nommé organiste de la paroisse de Saint-
Georges (Hannover-Squaré). Il fut un des di-
recteurs des célèbres concerts de musique
ancienne, conjointement avec son trève{voyez
l'article suivant), Greatorex et Bartieman.
Knyvett fut pendant près de vingt ans l'ac-
compagnateur le plus renommé de Londres.
On a publié de sa composition : Six airs
harmonisés pour trois et quatre voix. Lon-
dres, Goulding.
RINYVETT (William), frère puîné du
précédent, né à Londres vers 1778, fut un des
plus célèbres chanteurs anglais pour le genre
de l'oratorio et de la musique classique. La
nature l'avait doué d'une voix de haute-
contre aiguë susceptible de monter aux notes
les plus élevées du contralto : le timbre en
était de la plus grande beauté. Sa belle jtronon-
cialion des paroles anglaises était admirée de
ses compatriotes. Son début dans les concerts
<le la musique ancienne se fit vers 1797; la
beauté de son organe y fit éclater les applau-
dissements les plus unanimes. J'ai entendu
Knyvett à une époque où il avait dépassé l'âge
de cinquante ans : sa voix était encore d'une
grande beauté. Il était alors engagé pour tous
les festivals de musique qui se donnaient dans
les villes principales de l'Angleterre. Cet ar-
5.
€S
KNYVETT — KOCII
lisles'est faitconnaîlre avantageusementaussi
comme compositeur de gf/ees (sorte de mélodies
anglaises à plusieurs voix) : parmi les mor-
ceaux de ce genre qu'il a publiés : Hark to
Philomela singing ; Yes, Iwill go wilh thee,
my love, pour soprano, contralto, ténor et
basse, et The Shepherd and his dog Rover,
pour contralto, ténor et basse, ont été parti-
culièrement recherchés et chantés. Knyvett a
aussi harmonisé un assez grand nombre de
chansons écossaises à quatre voix. En 1839, il
chantait encore à la chapelle royale^ et était
âgé de soixante et un ans.
KOBELIUS (JeaS-Augustin), receveurdn
prince de Saxe-Weissenfels et directeur de sa
chapelle, naquit à Wœhlitz, entre Halte et
Mersebourg, le 21 février 1674. Son premier
maitre de musique et de clavecin fut, en 1689,
Nicolas Braun, alors organiste à Weissenfels ;
après la mort de ce musicien, il passa sous la
direction de Jean-Chrétien Schieferdecker,
son successeur. Ensuite il étudia la composi-
tion pendant trois ans chez le maître de cha-
pelle Jean-Philippe Krieger. Pour perfection-
ner son éducation musicale, il voyagea et visita
Cobourg, Erlangen, Nuremberg, Anspach,
Sluttgard, Augsbourg et Venise. A son retour
il fut nommé musicien de la chambre à Weis-
senfels ; puis, en 1712, il obtint la place d'or-
ganiste de la petite ville de Sangerhausen,
d'où on l'appela, en 1713, à la chapelle de la
Sainle-Croix de Querfurt, en qualité de direc-
teurde musique. Il obtint enfin, àWeissenfels,
les emplois ci-dessus mentionnés en 1725, et
il mourut en cette ville le 17 août 1731. Ce
musicien a écrit, pour le théâtre allemand de
la cour de Weissenfels, plusieurs opéras depuis
1716 jusqu'en 1729; il a laissé aussi en manu-
scrit beaucoup de cantates, de sérénades, de
concertos, de sonates, et plusieurs chants
d'église pour un ou deux chœurs.
KOBERGER (A.), auteur inconnu d'un
petit dictionnaire de musique [Kleines musi-
kalischer JFœrlerbuch), dont la troisième édi-
tion a été publiée à Quedlinbourg et à Leip-
sick, chez G. Busse, en 1833. On ne trouve ni
dans le livre, ni à aucune autre source, d'indi-
cation des deux premières éditions. Les rensei-
gnements manquent également sur l'afcteur,
ainsi que sur la position qu'il a occupée. Le
volume est divisé en deux parties : la première
coniient le vocabulaire, en quarante-neuf
pages; la seconde est un aperçu de l'histoire
de la musique, en vingt-deux pages.
KOBRICIIT (Jean-Antoine), prêlre et
oj-ganisle à Landsberg, en Bavière, né vers '•
1720 à Raudnilz, en Bohême, a écrit pour les
églises de la campagne beaucoup de petites
messes à trois ou quatre voix avec deux violons
et orgue. Le style de ces compositions est peu
élevé; pourtant elles ne manquent pas d'une
certaine grâce facile. Parmi ses ouvrages, qui
ont été tous imprimés à Augsbourg, chez
Lœtter, on compte quatre œuvres de litanies
(o]). 9, 16, 24, 36); trente-six messes en sept
recueils (op. 25, 29, 30, 31, 33, 35, 36); douze
Tantumergo, op. 10; neuf offertoires, op. 28;
soixante-douze psaumes brefs, op. 32; de pe-
tites vêpres, op. 12. On a du même artiste
environ treize œuvres de sonates pour piano,
et des préludes et fugues pour l'orgue. En
1782, Kobricht a publié une méthode de piano
qui a eu beaucoup de succès dans l'enseigne-
ment élémentaire. Elle a pour titre : Griind-
liche Klavierschule (Méthode ralionfielle <le
clavecin). Il en a été fait une deuxième édition
en 1788. Enfin on a du même auteur une mé-
thode de violon intitulée : Geig-Fundament ,
das sich mehr in Zeichen und Noten, etc.
(Fondement pratique du violon , consistant
plus en signes et en noies qu'en explications),
Augsbourg, 1787, in-4'' obi. de quatre-vingt-
dix-sept pages. Dlabacz dit (^Ug. histor.
Kunstler Lexikon fiir BcEhmen, t. II, col. 80)
que Kobricht dirigeait encore le chœur de
l'église de Raudnitz en 1788 ; mais après cette
époque, on ne trouve plus de renseignements
sur sa personne.
KOCH (Jérémie), maître de chapelle du
comte de Schwarlzbourg, et recteur adjoint
du Gymnase dé Sondershausen, né au mois
d'octobre 1637, en cette ville, y fut placé, en
1662, comme chantre de la Cour, et comme
troisième professeur du collège. Ce fut en
1686 qu'il obtint sa nomination de maître de
chapelle. Il mourut le 24 mars 1693. Ce musi-
cien n'est connu comme compositeur que par
un chant funèbre à cinq voix sur la mort <lu
comte Antoine Guntherde Schwarlzbourg, qui
a été imprimé en 1666, et qui a pour litre :
Trawriges-Abschieds-Lied, Gespr^chsweise
(Triste chant d'adieu, en forme de dialogue),
neuf pages in-4». Les dix premiers couplets, à
cinq voix, expriment les plaintes de la veuve
du prince ; les réponses du défunt sont écrites
pour trois voix d'homme graves. Les lamenta-
tions du peuple, en chœur, à cinq parties,
sont dans les onzième et douzième couplets.
Toute cette composition est empreinte d'un
caractère solennel et mélancolique.
KOCII (Antoine-Albert), né en Silésie
vers 1678, élail mailre de chapelle à Brcslau,
KOCH
69
dans les premières années du dix-Iiuilième
siècle, et y composa en 1710 une cantate inti-
tulée : Die Freudens Bezetgung, [louv la dédi-
cace du Gymnase. Il passa ensuite au service
(lu comte de Bernstadt, en qualité de maître
<Ie chapelle, écrivit une sérénade pour divers
instruments, plusieurs opéras, et mourut à
OEIs en 1745. Gerber lui attribue la composi-
tion d'une collection de musique d'église pour
le service d'une année entière {voyez l'article
suivant).
ROCH (JEAS-SÉBASTiEji), né à Ammern ,
près de Muhlhausen, dans la Thuringe, le
16 juin 1039, fréquenta dans sa jeunesse le
Collège de celte ville, puis acheva ses études
dans un séjour de cinq années à Blankenberg.
Ensuite il retourna à Muhlhausen et y remplit
pendant deux ans les fonctions de directeurdu
chœur de l'église ; mais au bout de ce temps,
il alla étudier la théologie à l'Université de
Jéna. En 1712, il fut appelé à Schlaitz, dans
le Voigtland, comme professeur de musique et
(le chanteur bassiste de la chapelte du comte de
Reuss ; il échangea celte situation, en 1728,
pour celle de directeur de cette chapelle, et
mourut au mois de janvier 1757. Mattheson
attribue à ce musicien {Grundl. einer Eh-
renpf., p. 112) la composition d'une année
complète de musique d'église que l'organiste
Quiel possédait en 1714; mais Gerber ptnse
que ces ouvrages appartenaient à Antoine-Al-
bert Roch (vo]jez l'article précédent). Les au-
tres compositions de Jean-Sébastien Koch ne
sont pas connues.
ROCH (Françoise-Romana), née GIRA.-
WEOK, fut une cantatrice Irès-estimée du
théâtre allemand; elle naquit à Dresde, en
1748. Destinée d'abord à la profession de dan-
seuse, elle débuta comme telle, en 1765, au
théâtre de Leipsick, et devint dans l'année
suivante la femme de Koch, maître de ballets,
qui en fit une de ses danseuses les plus habiles
et les plus aimées du public. En 17C7, elle prit
des leçons de Gerber pour le clavecin; quatre
ans après, Schweitzer, maître de chapelle à
Weimar, lui 'enseigna l'art du chant, et par
ses soins elle parvint à un degré d'habileté
qui la fit admirer pendant dix ans sur les
théâtres principaux de l'Allemagne. Retirée
en 1787, elle ne s'occupa plus que de l'éduca-
tion de ses enfants, qui ont été aussi des ar-
tistes distingués. Elle mourut d'une maladie
de poitrine, à Dresde, en 1796.
KOCH (IIenri-Ciiristophe), né à Rudol-
, sladt, le 10 octobre 1749, reçut de son père,
musicien de la chapelle du prince, sa première
instruction musicale. L'électeur lui fitensuit«
donner des leçons de piano, de violon et d«;
composition par le maître de chapelle Schien-
pflug, et le prince Louis Gunther l'admit dans
sa musique à l'âge de quinze ans, en qualité de
second violon, et lui accorda une pension pour
l'aider à continuer ses études littéraires. Par-
venu dans les classes supérieures , Koch prit
un goût décidé pour les mathématiques. Les
progrès qu'il fit dans ces sciences lui furent
ensuite fort utiles pour ses travaux sur la
théorie de la musique. En 1708, le prince le
nomma premier violon de sa chapelle, et
l'admit, en 1777, dans la musique de sa
chambre. Entièrement remplie par des études
et des travaux, la vie paisible de ce savant mu-
sicien s'est écoulée, exempte de soucis et d'évé-
nements, dans l'exercice de ses devoirs. Un
coup d'apoplexie l'a enlevé à l'art et à ses
amis, le 12 mars 1816. Par une circonstance
singulière, l'Académie royale de musique de
Stockholm, qui n'avait point été instruite de
sa mort, le nomma l'un de ses membres, et
envoya le diplôme, à Rudolstadt, le 2 dé-
cembre 1818.
Koch est plus connu comme écrivain sur la
musique que comme compositeur. Ses ouvrages
occupent une place importante dans la littéra-
ture musicale. Le premier qu'il fit paraître a
pour titre : f'ersuch einer Jnleitung zur
Composition (Essai d'une introduction à la
composition), première partie, Rudolstadt,
1782, un volume in-8° de trois cent soixante-
quatorze pages; deuxième partie, Leipsick,
1787, un volume in-8"de quatre cent soixante-
quatre pages ; troisième partie, Leipsick, 1795,
un volume in-8»dequatre cent soixante-quatre
pages. Ce livre est un des meilleurs qui ont été
publiés en AUemagnesurle sujet dont il s'agit,
et Koch l'a traité d'après des vues originales.
Dans la première partie, il examine d'une ma-
nière savante, logique et neuve les rapports de
la tonalité avec l'harmonie des accords; la
constitution de ces accords, leur enchaîne-
ment, et l'analyse des divers cas de résolution
des dissonances, complètent cette partie du
travail. La deuxième section de cette première
partie est relative au contrepoint : c'est la plus
faible de l'ouvrage; Koch n'a point compris
le but de cette partie de la science. La première
section de la deuxième i>artie renferme des
considérations pleines de justesse sur la forme
des pièces de musicpie et l'arrangement de
leurs diverses parties. Sous le titre de Règles
mécaniques de la mélodie, la seconde section
de celle deuxième partie contient des aperçue
70
KO Cil
absolument neufs et d'un haut intérêt concer-
nant cette branche importante de l'art. On
n'a rien fait de mieux jusqu'à ce jour, et l'on
n'avait rien produit d'aussi satisfaisant arant
Koeh. La troisième partie tout entière est le
développement de la théorie de la forme mé-
lodique. La période et ses diverses combinai-
son» y sont traitées demain de maître. Toute-
fois le mérite de cet excellent livre a été
méconnu en Allemagne. L'existence obscure
de l'auteur, l'absence de tout moyen de publi-
cité à l'époque où l'ouvrage parut, et le savoir-
faire de quelques théoriciens, bien inférieurs
en mérite à l'auteur de VEssai d'une intro-
duetion à la composition, mais plus actifs,
ont fait en quelque sorte rester dans l'oubli
ce livre conçu d'une manière vraiment philo-
sophique. Aujourd'hui même, les musiciens
allemands et les critiques de profession sem-
blent ignorer la valeur de ce livre, et les bio-
graphes se bornent presque tous à en indiquer
le titre. En 1795, Koch entreprit la publica-
tion d'un journal de musique qui parut à Er-
furt, chez Rayser, sous ce titre : Journal der
Tonkunst. Le plan était bien conçu, et les
deux premiers numéros qui parurent (formant
ensemble deux cent soixante et une pages
in-S") annonçaient un recueil bien fait; mais
ce furent les seuls qu'on publia. Koch n'était
pas placé convenablement pour faire pros-
pérer une telle entreprise. D'ailleurs, il était
déjà occupé de recherches pour \e Grand Dic-
tionnaire de musique qu'il publia quelques
années après, et le temps employé pour ce
nouvel ouvrage ne lui permettait pas de donner
des soins à la rédaction d'un journal. Ce dic-
tionnaire parut six ans après, sous ce titre :
Musikalixcltes Lexikon, tvekites die theore-
tische und praelische Tonkunst encydopœ-
(lisch bearbeitet, aile alte und neue Kunst-
tcœrter erldiert, und die alten und neuen
Instrumente besehreiben enthxU (Lexique
musical, contenant la musique théorique et
l)ratique, en forme d'encyclopédie, l'explica-
tion de tous les termes techniques anciens et
modernes, la description des anciens instru-
ments et des nouveaux, etc.), Franclbrt-sur-
Te-Mein, llermann, 1802, gr. in-S" de plus de
lieuf cents pages. Une deuxième édition a été
publiée à lleidelberg, chez Mohr et Winter^
en 1817, un volume gr. in-S". Bien que ce
livre ne soit pas à l'abri de tout reproche sous
ïes rapports de l'érudition, de l'histoire et de
ïa philosophie de l'art et de la science, on peut
dire qu'il est le premier où les questions ont
été traitées avec les développements néces-
saires et le langage technique convenable. Les
exemples de musique qui accompagnent les
explications en donnent bien l'intelligence, et
ces exemples, en général bien écrits, sont d'un
musicien instruit qui unissait une parfaite con-
naissance de la pratique à la théorie. Le dic-
tionnaire de Roch pourrait être considéré
comme suffisant pour l'usage de» artistes et des
littérateurs musiciens, si, comme je viens de le
dire, la partie historique de la musique y était
traitée avec plus d'érudition, si l'esthétique
y était moins négligée, et si le défaut de pro-
portion ne s'y faisait remarquer en plusieurs
endroits dans l'étendue des articles. Koch a
donné un abrégé de ce grand dictionnaii-e, et
l'a publié sons ce litre : R'urzgefasstes I/and-
wœrterbuch der Musih fiir praktisches Ton-
kiintsler und Dilettunten (Vocabulaire abrégé
de musique pour les musiciens pratiques et
les amateurs), Leipsick, Hartknoch, 1807, un
volume in-8" de trois cent quatre-vingt-seize
pages. Une deuxième édition a été faite àUlm,
en 1828, un volume in-8". Cet abrégé est un
bon manuel pour l'usage auquel il est destine .
Les autres ouvrages de Koch sont : 1" Jland-
buch bei dem studium der Harmonie (iVIanuel
pour l*étude de l'harmonie), Leipsick, Hart-
knoch, 1811, in-4"obl. de quatre cenicpjatre-
vingt-trois pages. Dans ce livre, l'auteur a eu
pour but de classer les accords suivant leur
destination résolutive, avec les diverses modi-
fications que l'art moderne y a introduites. IJ
s'y est placé à un point de vue différent de ce-
lui on il s'était mis en écrivant la première
partie de son Essai d'une introduction à la
composition. 2" f'ersuch ans derharten und
weichen Tenartenjeder Stufe der diatonisch-
cfiromatischen Tonleiter vermittelst des en-
harmonischen Tonwechsels in die Dur und
Molltœne der iibrigen Stufen auszuweichen
(Essai sur le passage du mode majeur et mi-
neur de tout degré de l'échelle diatonique et
chromatique , au moyen de la modification
enharmonique dans les modes majeur et mi-
neur des autres notes), Rudolstadt, 1812,
in-4'* de quatre feuilles. Koch à aussi fourni
quelques articles à des journaux de musique^
entre autres à la Gazette musicale de Spire.
Comme compositeur, il a écrit plusieurs can-
tates et un drame pour la cour de Rudol-
stadt.
lïOCII (Frasçois-Paul) , musicien alle-
mand, né en,1761, à Mittersill, dans les envi-
rons de Salzboui'g, où son père était relieur,
s'est fait connaître par son habileté singulière;,
à jouer de la guimbarde. Il avait atteint Và'^f^
KOCII - KOCIIER
7!
<1e vingt et un ans lorsqu'il tomba entre les
mains d'un recruteur prussien qui l'embaucha
et le fit entrer dans un régiment qui était en
garnison à Magdebourg. Son talent fut dccou-
vert par un officier qui, dans une ronde de
nuit, surprit Roch jouant de son instrument
au poste où il était en faction. L'affaire était
grave, elle fut portée jusqu'au roi Frédéric-
Guillaume II, qui fit venir son grenadier, et
après l'avoir entendu, lui accorda son congé
«lu service militaire. Alors Koch voyagea pour
tirer parti de son talent, et partout il excita
l'admiration populaire. Il mourut en 1792, et
VAlmanach de Schuinel de 179Ô lui consacra
une notice (p. 322). Son talent fut aussi célé-
bré dans une brochure intitulée : Biographie
Franz-Paul Koch's des Mundharmonica
spielcr's von G.-D. Geisskr (Biographie du
joueur d'harmonica de bouche François-Paul
Koch, par G.-D. Geissler), Augsbourg, 1793,
in-8».
ROCU (Étiex^e) , facteur d'instruments
à vent, né le 12 avril 1772, à Besprin, en Hon-
grie, se rendit à Vienne dans sa jeunesse, et
y apprit la profession de tourneur; puis, il
s'est adonné avec succès à la facture des in-
struments à vent. Ses clarinettes, ses flûtes,
ses bassons et ses hautbois étaient recherchés
«•n Autriche, en Hongrie, en Bohème et en Ba-
vière. Peu de facteurs sont parvenus aussi bien
que lui à donner de la précision au mécanisme
des clefs, et à rendre la qualité du son partout
égale. Il est mort à Vienne, le 10 octobre
1828, à l'âge de cinquante-six ans. Ayant fait
quelques changements à la position des clefs
et au percement des trous de la clarinette, il a
publié la nouvelle gamme de son instrument,
sous le litre de Neueste Tonleitcr fiir die Cla-
rinette, Vienne, Ilaslinger.
KOCH (Jkak Frédéric-Guiilaume), surin-
fendant et prédicateur de l'église principalede
Magdebourg, chevalier de l'ordre du Mérite de
Prusse, s'est fait connaître avantageusement
iwr des travaux sur diverses sciences depuis
le commencement du dix-neuvième siècle jus-
qu'en 1830. Au nombre de ses ouvrages, on
remarque les suivants, relatifs à la musique :
Gesanglehre. Ein Hulfsmittel fiir Elemen-
tarschullehrer, diirch eine einfache Bezeich-
niingsart und Lehrmethode und durch eine
zinckma'ssige Sammlung von Singsliicken
cinen reinen mehrstimniigen l'olks Gesang
zii bilden (Science du chant. Moyen d'ensei-
gnement à l'usage des instituteurs pri-
maires, etc.), Magdebourg, 1814, in-4» de
cent six pages. L'auteur de cet ouvrage est un
des premiers qui ont proposé en Allemagne la
notation des chiffres pour les chorals à l'usage
du peuple. Une deuxième édition de son livre
a été publiée à Magdebourg, en 1825, in-4''.
2" JFarum soll der Gesang en unsern Folks-
schulen nicht nach Noten, sondern nach
Ziffern gelehrt werden ? (Vo\\vc\iioi léchant
n'est-il pas enseigné dans nos écoles non pai*
les notes, mais par les chiffres, etc.?) Magde-
bourg, 1817, quarante-huit pages in-S".
3" Einslimmiges Choralbuch fur Folks-
schnlen (Livre choral à une voix pour les
écoles populaires), Magde!)ourg, 181G, in-S»;
deuxième édition, ibid.^ 1820; troisième é(\\-
i\on^ ibid., 1821. 4° Dreistimmîges Choral-
buch in Ziffern fur Folksschulen (Livre cho-
ral à trois voix, en chiffres, pour les écoles
populaires), Magdebourg, 1821, in-S". 5» Fter-
stimmige Chorale und Jltargesxnge in Zif-
feren fur Sxngerchvere (Chants chorals et
d'église à quatre voix, en chiffres pour les
choristes), Magdebourg, 1822, in-4''.
ROCH (Charles), virtuose sur le basson et
compositeur pour son instrument, né dans les
environs de Coblence, en 1793, fit ses études
musicales dans cette ville, et reçut des leçons
d'Almenrîeder {voyez ce nom) pour son in-
strument. En 1822, il fut attaché à la chapelle
du prince de Saxe-Cobourg. Parmi les ou-
vrages ([u'il a publiés, on remarque : 1" Grand
cotTcerto pour basson, op. 11, Bonn, Sjmrock.
2" Grand rondo brillant s!ir des airs et des
danses suédoises, op. 13, Offenbach, André.
3» Pot-pourri sur des thèmes de Preciosa ,
op. 18, Leipsick, Hofmeisler. 4" Fantaisie et
variations sur desthèmes de la Dame blanche,
op. 27, Mayence, Schott. 5" Boléro en forme
de rondo, avec piano, op. 40, ibid.
ROCH (FERDINA^D), instituteur et orga-
niste à l'église principale de Havelberg, dans
leBrandebourg, a fait insérer dans le neuvième
volume de l'écrit périodique intitulé : Eutonia
(I83o, p. 1-33), un article sur la science de la
modulation.
ROCHER (Cowrad), né le 16 décembre
178G, au village de Dizingen, dans le Wur-
temberg, se destina dès sa jeunesse à la car-
rière de l'enseignement, et après avoir fini
ses études, se rendit à Pétersbourg comme
précepteur, à l'âge de dix-sept ans. Les œu-
vres de Haydn et de Mozart qu'il entendit bien
exécutées pour la première fois dans cette
ville, firent une impression si vive sur lui,
qu'il prit la résolution de se livrer exclusive-
ment à la culture de la musique. L'amitié de
* Clcmenti et de ses élèves Klcngel et Berger,,
72
ROCHER — KOCKEN
qui se trouvaient alors à Pélersbourg, l'en-
couragea dans cette résolution. Il reçut de
ces derniers des leçons de piano, et J.-H. Mill-
ier lui enseigna le contrepoint. De retour dans
sa patrie, il y publia quelques sonates de
piano, des quatuors, des chansons, etc. ; puis
composa des opéras parmi lesquels on re-
marque la Cage, et le Roi des Elfes, qui ont
été représentés à Slutlgard. Son oratorio, la
Mortd''Jbel, fut exécuté à Leipsick, en 1819,
et àSluttgarddans l'année suivante. Ses succès
attirèrent sur lui l'attention de quelques vrais
amateurs, et particulièrement du libraire Cotta,
qui lui fournit les moyens d'aller en Italie, et
d'y prolonger son séjour. Rome excita sur-
tout l'intérêt de Rocher, particulièrement par
les œuvres de Palestrina que Baini lui fil con-
naître et étudier avec fruit. Dès lors ses idées
se modifièrent à l'égard de la musique d'église,
et lui firent concevoir le plan d'une réforme
dans la musique chorale de l'Allemagne. Il a
exposé ses vues à cet égard dans l'ouvrage
qu'il a publié sous ce titre : Die Tonkunst in
der Kirche, oder Idcen zu einem AUgemeinen
plerstimmigen Choral-und einem Figurai-
gesang fur einen kleinenChor ,nehst Ansich-
ten, iiber den Zweck der Kunst im AUge-
meinen (la Musique dans l'église , ou idées
sur un chant universel choral et figuré à
quatre voix pour un petit chœur, avec des
vues sur le but de l'art en général); Slutlgard,
181Ô, in-8» de cent sept pages et quatre
planches. En plus d'un endroit de cet opus-
cule, on aperçoit la tendance de l'esprit de
Kocher à rapprocher les mélodies du culte
prolestant et la manière de les traiter en har-
monie, de l'ancien style de l'école romaine.
W.-C. Muller de Brème a donné dans le
deuxième volume de la Cs^cilia (p. 141-155)
une analyse de cet ouvrage plus étendue que
substantielle. Kocher avait insisté dans son
livre sur la nécessité d'introduire le chant
choral dans les églises 5 il voulut ensuite
joindre l'exemple au précepte, et fonda une
société de chant religieux qui envahit en peu
de temps tout le Wurtemberg, et qui parait
devoir arriver au résultat de populariser le
chant à quatre parties dans les églises. Les
fonctions d'organiste de l'église du couvent, à
Slutlgard, auxquelles Rocher a été appelé en
1827, lui ont fourni les moyens de réaliser eu
partie son plan. L'année suivante, il a publié
son livre choral à quatre parties pour les or-
ganistes, sous ce titre : Fierstimmiges Cho-
ralbuch fiir Orgel- und Clavier-spieler oder
JUelodien zu sxmmUischen Liedern des
coffentlichen Gesangbuchs der evangelischen
Kirche in TVurtemberg mit einem sowohl
alphabetisch als nach Fermassen geordneten
Register, etc.; Slutlgard, 1828, in-4'' de cent
quarante et une pages. Kocher a eu pour colla-
borateurs dans ce travail ses amis F. Silchcr
el J.-G. Frech. Les autres compositions de
Kocher sont : 1» Quatuor pour piano, violon,
alto et violoncelle, Leipsick, Breitkopf et llser-
lel. 2" Trois sonates pourpiano seul, Leipsick,
Peters. 3° Sonate détachée, idem; ibid.
A° Douze chants à quatre voix, pour un chœur
d'hommes, Slutlgard, Zumsteeg. 5" Six Lieder
à voix seule, avec accompagnement de i)iano,
Leipsick, Breitkopf et Ilsertel. G" Cantates et
motets pour soprano, contralto, ténor et
basse, pour l'usage de l'église, de l'école et de
la chambre, n"' 1 à G, en partition ; Stuttgard,
Zumsteeg, 1842. En 1847, Kocher a publié,
sous ce titre: ChristlicheJIausmusik {Mimique
chrétienne pour la maison), un recueil de
morceaux religieux pouruneet plusieurs voix,
avec accompagnement de piano, lesquels sont •
pris en grande partie dans les œuvres de Ilaen-
del; Stuttgard, Millier.
KOCULOW (GiiARLEs-FnAJMANN DE),
compositeur el maître de chapelle à Pres-
bourg, est né en Hongrie vers 1812. Il dirigea
à l'église Saint-Martin de cette ville un chœur
pour l'exécution de la musique religieuse et
classique, dont la fondation remonte à l'année
1500. Cette chapelle était encore en pleine
prospérité en 1842, par les soins de l'abbé et
doyen Kremlitzka, qui en avait été le restau-
rateur, sous la protection del'évéque de Raab,
Mgr. de Stankowitz, et M. de Kochlow y don-
nait une impulsion d'artiste dévoué; mais ou
dit que les événements politiques de 1841) ont
été funestes pour cette institution, comme ils
l'ont été pour toute la Hongrie. M. de Kochlow
s'est livré particulièrement à la composition
pour le chant. Je ne connais de lui que les
œuvres dont voici les titres : 1" Fisciters
NachtUed (Chant nocturne du pécheur), op. 5,
Vienne, llaslinger. 2° Der Liebe Sehnsuclit
(le Désir ardent de l'Amour), à voix seule pour
piano, op. 4. Vienne, Mechetti. 3" IFandrers
Jleimwech (Nostalgie du Voyageur) , idem...
op. 5, ibid. 4" Le Danube, pour quatre voix
d'hommes, op. G, Vienne, llaslinger. 5" Trois
poèmes pour quatre voix d'hommes, op. 7,
ibid. G" Trois idem, op. 8, ibid. 7» An dia
Zj'efccnuicier/'ej'ne (A la bicn-aimée absente),
à voix seule avec piano. Vienne, Diabelli.
KOCKEIV (.jEA>-FnA>çois-BAnTiiELEJiv ).
logez CoivKEN.
KOEBER — KOEHLER
73
KOEBEU (...)) virtuose sur le hautbois,
vivait vers la fin du dix-huitième siècle et fut
élève de Le Brun. Dans l'année 1800, il se fit
entendre à Hambourg avec succès. Il a laissé
en manuscrit plusieurs concertos pour le haut-
bois.
KOECIIER (Paul), violoniste et violon-
celliste distingué, naquit en 1719 à Domazlic,
en Bohême, et entra en 1735 dans l'ordre des
frères de la Charité à Prague, où il acheva ses
études littéraires et musicales. L'année sui-
vante, il fit profession. Après avoir été envoyé
dans quelques couvents de son ordre, il fut
nommé supérieur de celui de Vienne. Ensuite
il remplit les fonctions de prieur à Graelz, à
Neustadt, et à Feschen, en Silcsie. Vers la fin
de sa vie, il se relira au monastère de Kukus,
en Bohême, où il mourut le 21 février 1783.
Outre les deux instruments dont il a été parlé
précédemment, ce moine jouait fort bien de la
viole d'amour, pour laquelle il a écrit plusieurs
concertos.
ROECKE (BAnTnÉLE.in DE), fondeur de
cloches à Alost (Flandre), dans la seconde
moitié du quinzième siècle, inventa les caril-
lons, en 1481, suivant Ortelius, cité par Gra-
maye [Anliq. Brabant., ch. III, p. 55). Il con-
çut le premier le mécanisme du cylindre noté,
pour mettre les cloches en vibration et former
les mélodies. Ortelius dit que ce fut un homme
de peu de sens [Arlificio apud Alostano re-
perto anno 1481, et quidem per kominem
parum sani cerebri); cependant l'invention
d'une chose si compliquée indique une force
de conception peu commune. Les paroles du
célèbre géographe anversois peuvent s'expli-
quer par la tradition populaire des habitants
d' Alost, suivant laquelle De Roecke, homme
de génie dans son art, aurait eu le défaut
d'être ébranlé lorsqu'il rencontrait dans son
travail des difficultés imprévues; mais sa
femme, dont le prénom était Pharaïlde, exer-
çait sur lui de l'ascendant, et le soutenait dans
ses moments de découragement. Cet homme
demeurait dans la rue du Sel : sa sœur utérine
avait épousé Thierry Martens ou Mertens, de
cette ville, le plus ancien imprimeur de la
Belgique. Suivant la tradition belge, le caril-
lon de De Roecke, placé au beffroi d'Alost, se
fit entendre pour la première fois le jour de
Noël (25 décembre 1487), cinq minutes avant
que la cloche du beffroi sonnât midi. Toutefois
cette date est contestée par quelques écrivains
hollandais qui, bien qu'ils reconnaissent l'an-
tériorité de l'invention, en 1481, dont parle
Ortelius prétendent oue ce fut à Utrechl que
le premier carillon résonna, précisément en
1487 (1). Il est certain qu'un carillon fut con-
struit dans cette ville vers la même date [lar
un fondeur nommé f^an Hemona, et perfec-
tionné par Nicolas Toorn, qui porta jusqu'à
deux octaves celui qui fut placé dans la tour de
la cathédrale.
J.-P.-A. Fischer met en question le moyen
employé par De Roecke pour faire résonner
son carillon (2) ; ce moyen était mécanique :
il étaiten communication avec le mouvement
de l'horloge de la ville d'Alost. D'autre part,
Abraham de Wesel dit (ô) que ce fut à Utrecht
qu'un clavier fut appliqué au carillon pour le
jouer. La contestation au sujet de la priorité
d'invention de l'instrument résulte donc d'un
malentendu. L'invention du carillon remonte
à l'année 1481 ; elle appartient à De Roecke;
mais son mécanisme ne fut achevé et ne put
fonctionner que le25 décembre 1487. Pendant
qu'il y travaillait, son idée s'étant répandue
jusqu'à Utrecht, Van Hemona la réalisa. Per-
fectionnée par Nicolas Toorn, celte invention
se transforma en carillon à clavier. Le carillon
mécanique appartient donc à Barthélémy De
Roecke et à la ville d'Alost; le carillon à cla-
vier fut l'œuvre de Nicolas Toorn, et a été pro-
duit à Utrecht.
ROEÏILER ( GoTTFRiED ) fut cantor à
Leipsick, puis à W^urzen (Saxe), vers le milieu
du dix-septième siècle. Il s'est fait connaître
par une dissertation qui porte ce titre singu-
lier : Mutata musica mutari res publicas et
ccclesiast.; Leipsick, 1655, in-4''. On ne voit
(1) Quelques archéologues ont essayé de faire rc-
monler à lies temps plus reculés l'invention des caril-
lons, qu'ils ont confondus avec les sonneries mécaniques
de certaines horloges anciennes. Il est vrai que le chro-
niqueur Froissart rapporte qu'en 1382, lorsque le roi
de France, Charles VI, fit détruire par le feu la ville
de Courtrai, le duc de Bourgogne, son oncle, « fil ôter
des halles un oroloige qui sonnoit les heures, l'un des
plus beaux que on seul deli ni deçà la mer, etc. »
lîuchon, dans une note de son édition sur ce passage,
dit que la plupart des grandes horloges à sonnerie
datent du xi v siècle, mais que leur invention est beau-
coup plus ancienne. II cite à ce sujet Ihorloge de Mag-
debourg, qui fut longtemps célèbre, et qui avait été
fabriquée à la fin du x' siècle, par Gerbert, moine de
l'abbaye de Saint-Géraud d'Aurillac, qui fut pape sous
le nom de Sylvestre II. (Les chroniques de sire Jean
rroissarf, édition du l'anlhéon littéraire, lome II, liv. ii,
page 257.) On n'a point remarqué que ces horloges à
sonnerie n'ont pas de rapport avec les carillons, car
leur système ne se compose que d'un échappement (|ui
permet au marteau de frapper le timbre ou la cloche et
d'un ressort qui le relève. Ce système n'entre pour rien
dans la construction des carillons.
(2) Yerliandeling van de Klokken en hel Klokke-Si>el,
p. 7.
(?) Commcnl. ad Novellas const. UUraj. art I», p. 249.
74
KOEHLER
pas trop pourquoi, la musique, étant modi-
fiée, ferait changer le gouvernement des États
et des choses ecclésiastiques. C'est une idée
fausse empruntée aux Grecs, particulièrement
à Platon.
KOEIILER (Jean-Chrétien), facteur d'or-
gues à Francfort-sur-le-Mein, vers le milieu du
dix-huitième siècle, a construit en 1759 et
17C0 à Wurzbourg, au couvent d'Eborach,
deux orgues de chœur, le premier, de vingl-
ileux jeux, le second, de quinze jeux. En 1760
il a fait aussi un orgue de vingt-six jeux, deux
claviers et pédale, à Bamherg.
KOEIILER (Jean -Louis), organiste à
"Weissenbourg, vers le milieu du dix-huitième
siècle, était né en Bohême. Il vivait encore en
1789, car il fit imprimer dans cette année un
ouvrage de sa composition à Nuremberg. On a
de cet artiste : 1° Angenehmer Zeih)ortreib
zwischen sweyen musikalischen Freunden,
hestehend in leichten und nack dem neitesten
Gusto gesetzten fl Sonalen, auf die Fiolin
mit dem ace. eines ohligaten Cembali oder
Klaviers componirt (Passe-temps agréable
entre deux amis de la musique, consistant en
six sonates faciles, composés dans le goût le
plus nouveau pour le violon, avec accompa-
gnement obligé de clavecin), Augsbourg, 1750.
2" 24 leichte tmd angenehme Galanterie-
stiicke auf die Harfe, welche eben sowolil auf
dem Klavier kœnnen gespielet werden ( Vingt-
quatre morceaux faciles et agréables de galan-
teries pour la harpe, lesquels peuvent aussi se
jouer sur le clavecin), première et deuxième
suites. Nuremberg, 1760. 5° Quelques mélodies
chorales arrangées pour l'orgue, Nuremberg,
1789.
KOEHLER (GoTTLiEB ou Théoph. -Henri),
né à Dresde le 6 juillet 1765, apprit les élé-
ments de la musique chez le musicien de villeà
Baulzen, puis retourna dans sa ville natale, où
il vécut en donnant des leçons de piano et de
llùle. En 1794, il entra à l'orchestre du théâtre
en qualité de première flûte; mais après quatre
ans, un coup de sang, dont il ne guérit que
lentement, le força de se retirer. Lorsqu'il put
rentrer .î l'orchestre, sa place était occupée,
et il dut prendre la partie de deuxième flûte.
En 1817, on lui confia les timbales, dont il
Jouait avec dextérité; enfin on lui donna la
jiension de retraite en 1851. Il est mort à
Dresde le 29 janvier 1833, dans la soixante-
huitième année de son âge. Plus remarquable
pai' son activité que par ses talents, ce musicien
jouait de i)lusieurs instruments pour lesquels
il a écrit environ cent soixante-dix œuvres de
musique médiocre. Parmi ses nombreuses pro-
ductions, on trouve des sonates de piano avec
ou sans accompagnement, environ trente
œuvres; une multitude de polonaises, pots-
pourris, fantaisies, rondeaux et airs variés
pour le même instrument; des duos pour
violon; concertos, quatuors, duos et solos de
flûte; plusieurs morceaux pour le même in-
strument et la guitare; des cahiers de chan-
sons à voix seule, avec accompagnement de
I)iano et de guitare, etc. Toute celte musique a
été publiée à Leipsick, Berlin, Bonn, Mayence,
Hambourg, etc. Kœhler a laissé un fils (Gus-
tave), né à Dresde dans les premières années
de ce siècle, musicien comme son père, et qui
a publié de petites pièces et des danses pour
le piano.
KOEIILER (Bemjamin- Frédéric), né le
l"""" octobre 1777, à Steinau près de Liegnitz
(Silésie), fréquenta le gymnase de Sainte-Ma-
rie-Madeleine, à Breslau, et obtint, en 1798,
sa nomination d'instituteur et d'organiste
dans la petite ville de Guhrau. En 1817, il a été
fait cantor dans le même lieu. On a de ce
musicien : 1° Jeu de dez de valses à composer
l»our le piano. Breslau, Leuckart, 1803. 2" Jeu
de dez d'écossaises à composer pour deux
clarinettes, deux cors, une trompette et un
basson, ibid. 5" Six Lieder, à voix seule, avec
accompagnement de piano, i6/d. 1808. 4° Amu-
sements pour les pianistes, ibid. 1834. 5" Plu-
sieurs cantates d'église, en manuscrit. Kœhler
a fait insérer de bons articles dans VAntho-
logie musicale de la Silésie.
KOEHLER (Ernest), premier organiste de
Sainte-ÉIisabeth à Breslau, est né le 28 mai
1799 à Langenbielau, près de Reichenbach, en
Silésie. Après avoir appris les éléments de la
musique, du violon et du piano chez son beau-
frère llauptmann, cantor de cet endroit, il
alla continuer ses études à Peterwaldau chez
F. -A. Rœhler, qui lui enseigna les principes
de l'harmonie et du contrepoint; puis il se
rendit à Breslau, où il reçut des leçons de
Fœrster pour le violon, et de Berner pour le
piano. En 1817 , il a été appelé à remplir les
fonctions de second organiste à l'église Sainle-
Élisabelh, et après la mort de Berner, en
1827, il lui succéda comme i)remier organiste.
A différentes reprises, Kœhler visita les villes
principales de l'Allemagne, Dresde, Berlin,
Vienne^ Francfort, Cassel^ "VVeimar, et y con-
nut les artistes les plus célèbres. Ces excur-
sions furent utiles à son talentparlesoccasions
fréquentes qu'il eut d'entendre de belles œuvres
bien exécutées. En 1845, je le vis à Bonn où
KOEHLER - KOENIG
il s'élail rendu à l'occasion des fêles pour
l'inauguration de la statue de Beethoven j c'était
un homme bon, simple, et point envieux du
mérite d'autrui. Depuis 1820, cet artiste a pu-
blié environ cinquante œuvres pour l'orgue et
le piano; parmi ces ouvrages on remarque:
1" Essai d'une introduction à l'oratorio de
Graun, la Mort de Jésus, consistant en deux
grands préludes pour l'orgue, op. 15 ; Breslau.
Fœrster. 2» Fantaisie pour l'orgue, sur V Allé-
luia du Messie, de Hfendei, op. 22 ; Hambourg,
Crantz. ô» Six chorals à quatre parties avec
des conclusions pourl'orgue, suivis de préludes
fugues, op. 29, deux suites ; ihid. 4" Des varia-
lions pour l'orgue sur différents thèmes,
go Variations et rondeaux pour piano à quatre
mains, plusieurs œuvres; Leipsick, Breitkopf
et llaertel ; Breslau, Fœrster. G» Des polonaises,
rondos et fantaisies sur des thèmes d'opéras,
pour piano seul, op. 6, 16, 18,30, ôl, 57, etc.;
Hambourg, Crantz; Breslau, Fœrster. 7» Quel-
ques thèmes variés pour piano seul, ibid. On
a aussi du même artiste des cantates d'église
avec orchestre, œuvres GO, G2, 63 et 72 ; Bres-
lau, C. Crantz; un motet pour quatre voix
d'hommes, op. 74 ; ibid.; des chants de fêtes
cl autres. Kœhler a fait exécuter à Breslau des
ouvertures de concert en 1839 et 1840, et des
symphonies pour l'orchestre, en 1832, 1853
et 1841. Il est mort dans cette ville au mois
de juin 1847. On trouve la liste complète des
œuvres publiées et inédites de Kœhler dans le
Schlesisches Tonkilnstler-Lexikon, de Kosz-
maly et Carlo (deuxième suite, p. 128-134).
KOEHLER" (Louis), pianiste et composi-
teur, né à Brunswick, le 5 septembre 1820,
reçut dès son enfance, de plusieurs maîtres,
des leçons de musique, de piano, d'harmonie
et de composition. Après s'être rendu à Vienne,
il reçut encore des conseils de Sechter, de
Seyfricd et de Baklet, depuis 1839 jusqu'en
1843. Il a écrit dans cette ville l'opéra-comi-
que et romantique intitulé : Prinz und Maler
(Prince et peintre), une symphonie-cantate;
des Lieder, des chœurs et des pièces pour le
piano. Sa musique pour Vifélène, d'Euripide,
et son ouverture pour le Phormion, de Té-
rence, ont été exécutées au Théâtre- sxir-la-
Vienne. De retour à Brunswick, il y écrivit
son deuxième opéra yl/arîaZ>o?ores, qui obtint
plusieurs représentations en 1845. Dans son
troisième ouvrage dramatique, Gil Blas de
Santillane, il changea sa manière et entra
dans Je système de Richard Wagner; mais cet
opéra n'eut pas de succès. Le dégoût qu'il en
ressentit lui fit accepter lour à tour diverses
places de directeur de musique de théâtres,
particulièrement à Dantzick; mais en dernier
lieu il s'est fixé à Kœnigsberg comme profes-
seur de piano, comme compositeur et comme
écrivain didactique. Kœhler a publié : l"Com-
positions de salon caractéristiques et dans le
style moderne, n"' 1 à G, op. 1. Leipsick,
Brauns. 2° Six chants pour soprano ou ténor
avec piano, en deux suites, op. 2, Brunswick,
Meyer. 3» Six poèmes pour soprano ou ténor,
avec piano et cor ou violoncelle, op. 3, ibid.
4° Six Lieder pour soprano ou ténor, avec
piano, op. 4, Leipsick, Brauns. 5" Cinq chants
idem, op. o. Berlin, Schlesinger. Dans l'espace
de quinze ans environ, le nombre de ses pro-
ductions, tant pour le piano que pour le chant,
s'élève aujourd'hui (1862) à plus de quatre-
vingts. L'œuvre 76 est composé de six ron-
deaux pour le piano. En 1857, Kœhler a publié
le premier volume d'une Méthode instructive
et systématique de [nano {Systematische Lekr-
méthode fiir Klavierspiel und Musik), Leip-
sick, Breitkopf et Hœrtel. J'ignore si la suite
de l'ouvrage a paru. On peut considérercomme
le complément de cette méthode le catalogue
systématique de la musique de piano que
Kœhler a publié sous ce titre : Fiihrer durch
den Clavierunterricht ; ein repertorium der
Clavierliteratur {Guide dans l'étude du piano;
répertoire de la littérature de cet instrument);
Hambourg et Leipsick, Schuberth, petit in-8»,
de 126 pages. Le mot littérature est employé
par Kœhler dans le sens de Connaissance des
œuvres de piano. Il a été fait deux éditions de
ce petit ouvrage, toutes deux sans date.
KOELLINER. (Beiinaiid-Guillaume), né à
Wohlau en Silésie, étudia au Lycée de Sainte-
Elisabeth à Breslau, puis à Wittenberg, et
succéda, en 1770, à son père qui était pasteur
à Wohlau. Il est mort en 1829, à l'âge d'en-
viron quatre-vingt-quatre ans. Une disser-
tation académique de cet ecclésiastique a été
publiée sous ce titre : Be principiis Harmo-
nie Musicx. Londini Gothorum, 1777, in-4''.
ROEIVIG (JEAJi-MATiiiAs) , commis à la
chancellerie royale d'Ellrich, eu Prusse, dans
la seconde moitié du dix-huitième siècle, a
composé, en 1783, la musique d'un opéra in-
tiiulé:Z27Za ou la Jardinière, et, en 1782,
l'Exécution. En 1782, ii a publié deux re-
cueils de chansons à voix seule avec accompa-
gnement de piano, et, en 1784, six sonatines
pour cet instrument.
ROEINIG (Jean-Baltiiazar), directeur de
musique à Francfort-sur-le-Mein, dans la iire-
mièrc moitié du dix -huitième siècle, y a fail
76
KOENIG — KOENICSPERGER
imiu-imer, en 1738, un livre choral avec basse
continue, à l'usage des églises réformées, sous
ce litre : Harmonischer Liederschatz, oder
allgemeine Clwralbuch, welches die Melo-
dien dener sotvohl alten und neuen bisker
eingefiihrten Gesxnge unsere Deutschlands
in sick hxlt, so dass sie durchaus mit der
Orgel oder Klavier accompagnirt werden
kœnnen.
KOEIXIG (Jean-Ulrich DE), né à Esslin-
gen, en Souabe, le 8 octobre 1688, fit ses
études à Stutlgard et aux Universités de Tu-
bingen et delleidelberg, puis demeura pendant
dix ans à Hambourg, où il publia ses pre-
mières poésies. Plus tard, il se rendit à
Dresde, où le roi de Pologne lui donna des
titres de noblesse, et le fit conseiller de cour et
maître des cérémonies. Il mourut à Dresde, le
14 mars 1744. On trouve une dissertation de
ce littérateur Sur la composition du rhythme
de la poésie et de celui de la musique, dans
l'appendice des œuvres de Jean de Besser,
publiés à Leipsick, en 1715, deux volumes
in-8°.
KOEIVIG (GASPAnn), né à Ingolstadt, en
1723, apprit, dans cette ville, les principes de
la construction des orgues, voyagea pour aug-
menter ses connaissances, puis retourna dans
sa ville natale, où il s'établit comme facteur
d'orgues et se maria le 7 février 1763. Dans la
suite, il eut le titre de conseiller de la ville. Il
mourut le 3 novembre 1791, avec la réputa-
tion d'un des meilleurs facteurs de son temps
en Allemagne. Parmi les bons instruments
sortis de ses mains, on cite celui de l'ancien
couventd'Asbach, composé de vingt-cinq jeux,
et celui du couvent de Drissen, composé de
vingt et un jeux.
ROEI\IG (S.), littérateur et musicien, né
à Berne vers 1810, est connu des voyageurs
par une description de la ville de Berne. Il
est auteur d'une petite méthode de piano et
d'harmonie, pour apprendre sans maître, dont
il a été fait deux éditions sans date, sous ce
titre : Kleine Musiklehre oder Clavier-und
Generalbasschule, sowohl fur Anfxnger im
Clavierspielen als fur diejenigen, welche sich
eine grundliche Kenntniss der Musik durch
Selbstunterricht verscha/Jen wollen; Berne et
Saint-Gall, Huber, in-4'' de quarante pages.
KOEINIG (Frédéric), violoniste à Magde-
bourg, né à Brunswick, vers 1812, y joua, en
1857, d'une manière brillante la première
partie de la symphonie concertante de Maurer
pour quatre violons, aux concerts d'abonne-
ment. On connaît de cet artiste: 1" Trois trios
concertants pour deux violons, livre 1'''',
Brunswick, Leibrock. 2" Trois «cfem; livre 2'',
ibid. ô° Deux duos concertants et caractéris-
tiques pour violon et alto, op. 7, Wolfenbuttel,
Holle. 4» Des thèmes variés pour violon et
I)iano. 5» Des Lieder.
KOEIMGSLOEV^'' (Jean-Guillaume), or-
ganiste de l'église Sainte-Marie et receveur de
la ville de Lubeck, naquit à Hambourg, le
16 mars 1745. Fils d'un professeur de musique
de celte ville, il apprit ('e lui les premiers
principes de cetart, puis il termina ses études
sous la direction d' Adolphe-Charles Kunzen,
organiste de Lubeck, dont il fut ensuite l'ad-
joint. Par ses dispositions, son travail elles
leçons de ce maître, il acquit en peu d'années
une rare habileté sur l'orgue. Il jouait aussi
du violoncelle et composa pour cet instrument
des solos etdesconcertos. Versle même temps,
il écrivit aussi beaucoup de morceaux pour le
clavecin. En 1773, Kunzen fut frappé d'apo-
plexie, et dès lors il ne put vaquer à ses fonc-
tions; son élève lui donna une preuve d'atta-
chement en le remplaçant gratuitement jus-
qu'à sa mort, arrivée en 1781 . Kœnigslœw lui
succéda dans ses places, et les remplit pendant
un demi-siècle. En 1823, il fit son jubilé de
cinquante ans comme organiste, et il mourut
en 1827, à l'âge de quatre-vingt-deux ans.
Chladni, qui avait entendu cet artiste à Lu-
beck, le considérait comme un organiste de
rare mérite. Il a écrit plusieurs grands et pe-
tits oratorios, ainsi que des pièces d'orgue et
de piano ; mais toutes ses productions sont res-
tées en manuscrit.
Un violoniste du même nom a brillé à Ham-
bourg, Leipsick et Copenhague, depuis 1843
jusqu*en 1846. Il descendait vraisemblable-
ment du précédent.
KOEIVIGSPERGER (le père F.-Maria-
Nus) naquit le 4 décembre 1708, à Rœding,
dans le Haut-Palatinat , et fut envoyé fort
jeune par ses parents à l'abbaye des Bénédic-
tins de PrUfling, où il fui admis à l'école de
chant. Les rares dispositions qu'il avait reçues
de la nature pour la musique le détournèrent
des études littéraires et scientifiques, où il ne
fit que peu de progrès, et bientôt il acquit sur
l'orgue et dans la composition une habileté
très-remarquable. En 1734, il fit profession
dans l'ordre de Saint-Benoît. On le fit orga-
niste et maître de chapelle de son couvent, et
peu d'années s'écoulèrent avant qu'il fut con-
sidéré comme le plus habile organiste et le
meilleur compositeur de musique d'église de
tous les couvents de la Bavière. Sei œuvres,.
KOENIGSPERGER — KOERNER
77
qui furent toutes publiées à Augsbourpr, eurent
un succès de vogue, et leur éditeur, Lotler, a
souvent avoué qu'il devait sa fortune à l'im-
pression de ces ouvrages. Le P. Kœnigsperger
en retirait lui-même un produit considérable,
mais il employait tout l'argent qu'il recevait
à l'acquisition de livres pour son monastère,
ou à aider des savantsà publierleurs ouvrages.
Ce musicien distingué mourut dans son cou-
vent de PrUfling, le 9 octobre 17C9. Sa mu-
sique d'église est dans le style concerté. Il
avait pour but d'en rendre l'exécution facile
afin de propager le goût de la musique jusque
dans les villages; mais dans la simplicité de
ses messes, on découvre à chaque instant des
traits d'une mélodie douce et facile, écrits avec
une pureté d'harmonie satisfaisante. Le mépris
affecté par beaucoup d'artistes de nos jours
pour cette musique légère et facile n'est pas
fondé, comme ils le croient. Les principaux
ouvrages de Kœnigsperger sont : Sex missa-
rum solemnit. 4 voc. cum 2 violinis et or-
gaîio, op. 1 ; Augsbourg, Lotler. 2" Missx
brèves pro domin. ac festiv. simpl. A voc.
2 viol, et org. ; ibid. 3» Missa pastoritia de
Nativitate Jesu Christi 5 voc. cum 2 oblig.
viol, et organo ; 2 clarinis et tymp. ad libi-
tum; ibid. 4° Eucharisticon complectens Of-
ferloria et Hymnos 4 voc. cum 2 viol, et
organo oblig., op. 12; ibid. 5» Offertorinm
duplicis textus 4 voc. cum 2 x)iol. et organo.,
ibid. 6° 0/fertorium (Laudetur Jésus Chris-
tus) 4 voc. 2 obi. viol, et organo; ibid. 7" Te
DeumAvoc. cum 2 viol. org. "2 clav.ettymp.;
ibid. 8» 6 Litanie B. M. V. 4 voc. 2 viol,
obi. et organo ; Und.^)" Der wohlunterwiesene
Klavierschuler, welchen nicht nur die wahre
xind sichere Fundamenla zum Klavier, etc.
(l'Élève claveciniste bien instruit, auquel on
met ici devant les yeux non-seulement les
fondements véritables et certains du clavecin,
mais aussi huit préludes, vingt-quatre versets
et huit airs dans tous les tons), Augsbourg,
1755, in-fol. 10» Huit préludes et fugues dans
tous les tons, ibid., 1756, in-4°, huit suites.
11° Fingerstreit oder Klavierubung durch
ein Prxambulum und Fugen (Lutte des doigts,
ou exercices de clavecin consistant en un pré-
lude et des fugues dans tous les tons majeurs
et mineurs), Augsbourg, 1700, in-fol.
KOERBÉIV (Georges), musicien, né à Nu-
remberg, vers le milieu du seizième siècle, fut
d'abord sous-professeur au Collège de Saint-
Laurent, dans sa ville natale, puis, en ICOI,
magisler à Alldorf. II a publié de sa composi-
tion ; 1» Tyrocinium musiciim (Moteu à trois
voix), Nuremberg, 1589, in-8». 2» Disticha
moralia duabus vocibus, ibid., 1599. ô" Be-
nedictiones Gratiarumactionesvocum, ibid.,
in-4''.
Il y eut un musicien de ville de ce nom à
Berlin {Jean-Chrislophe), qui mourut le 13 fé-
vrier 1713. André Schmidt a célébré le mérite
de cet artiste dans un écrit intitulé: Die Lobes-
erbesungen der Instrumentalmusik in einen
Trauer-und Standrede vorgestellt, als Herr
Joh. Cristoph Kœrber, Stadmusikus in Ber-
lin, begraben wurde (Les louanges de la mu-
sique instrumentale réunies dans un discours
funéraire prononcé aux obsèques de Jean-
Christophe Kœrber, musicien de ville à Ber-
lin); Berlin, 1713, in-fol.
KŒRBER (Ichace), corniste de la mu-
sique du duc de Saxe-Gotha, né à Mayence,
vers 1744, est considéré comme un des vir-
tuoses les plus remarquables qu'ait produits
l'Allemagne pour son instrument. Arrivé à
Paris, vers 1780, après de longs voyages, il y
rivalisa avec Punto {voyez ce nom). Cet artiste
a laissé en manuscrit plusieurs symphonies
concertantes pour deux cors. En 1785, il éta-
blit un magasin de musique à Gotha. Il parait
qu'il cessa de jouer du cor en 1787, et qu'il
adopta le basson, sur lequel il acquit aussi une
rare habileté. On manque de renseignements
sur les denières années de sa vie. Le Lexique
universel de musique publié par Schilling fixe
l'époque de sa mort aux premières années du
dix-neuvième siècle.
KOERISER (Ciirétien-Godefboid), doc-
teur en droit et en philosophie, naquit à Leip-
sick, en 1756, et fit toutes ses études à l'Uni-
versité de cette ville. En 1784, il fut appelé à
Dresde en qualité de conseiller supérieur du
consistoire, et huit ans après il y obtint la
place de conseiller de la courd'appel. Après en
avoir rempli les fonctions pendant quinze ans,
il alla, en 1813, prendre possession de la place
de conseiller d'État, et quelques années après
il y joignit le titre de membre du conseil privé
ou supérieur du gouvernement. Il est mort à
Berlin, le 13 mai 1831, et a été enterré au pied
du chêne de Kœrner, dans le Mecklembourg,
près de son fils, Charles-Théodore Kœrner,
poëte célèbre, tué à l'âge de vingt-deux ans,
dans la campagne de 1813. Chrétien-Godefroid
Kœrner, amateur passionné de musique, s'est
beaucoup occupé de l'esthétique de cet art, et
a publié à ce sujet, dans l'écrit périodique in-
titulé: Horen (les Heures), un morceau Sur
le caractère des sons, et sur rexpose du ca-
ractèrc en musique {n" 7, ann. 1795, p. 97-
78
KOERNER — KOHAUT
121). Plus tard, il a repris ses travaux esthéti-
ques, mais il n'en a rien publié.
KOEUrSEll (J.-GUILLADJIE-FUÉDÉRIC), flÙ-
tiste, pianiste et graveur des monnaies de la
cour, à Cassel, vers la fin du dix-huitième
siècle, a publié, en 1798, les ouvrages suivants
de sa composition : 1" Treize variations pour
flûte avec accompagnement de basse, sur
l'air allemand : Der Fogehxnger bin ichja,
op. 1 ; OfTenbach, André. 2» XI variations
idem, sur le thème : Nel cor più non mi
sente, op. 2; ihid. 3" Quinze variations pour
flûle et basse; Manheim, Heckel. 4° Neuf va-
riations pour flûte seule sur l'air allemand :
Bei Msnnern, tcelche Lie.be fuhlen, op. ô;
Leipsick, Joacliim. 5" Divertissement en forme
de polonaise pour piano, flûte, violon et basse,
op. 20 ; Hambourg, Cranz. G» La Chasse, po-
lonaise pour piano à quatre mains, op. 17;
Brunswick; Spehr. 7" Sonates pour piano seul,
op. 6,7,8,9, 10; Hambourg, Cranz. 8" Grande
polonaise idem, op. 19; ibid. 9° Rondeau
agréable idem, Hanovre, Bachmann, etc., etc.
Un artiste du même nom {G.-J. Kœrner)
vivait à Pélersbourg, en 1830. Il a publié à
cette époque : 1" Deux sonates à quatre mains
pour piano ; Pétersbourg, Richter. 2» Quatuor
pour deux violons, alto et basse, op. 3; Leip-
sick, Brcilkopf et Ilaerlel. 3" Quintetto pour
deux violons, deux altos et violoncelle, op. 4;
Pétersbourg, Richter.
ROERriER (Gotthiif-Wiliielm), éditeur
de musique à Erfurt, a publié, sous son nom et
avec difTérentes titres, des recueils de pièces
d'orgue de dilTérenls genres qui ne sont que
des compilations d'œuvres des organistes les
plus renommés : Tels sont VOrganiste com-
mençant {Der angehenâe Organisl); le Par-
fait organiste (Der vollkommcne Organisl) ;
le Livre des préludes (Prœkulienbuch) ; te
Livre des finales (Postludienbuch), etc. Au
reste, M. Kœrner a placé en léte de chaque
pièce le nomde son auteur. Cet éditeur publie
aussi depuis 1844 un journal musical men-
suel particulièrement relatif à l'orgue, sous le
lilre : Vrania.
KOESTEU (Heumann), docteur en philo-
sophie et professeur de littérature ancienne, à
Berlin, dans la première moitié du dix-neu-
yième siècle, est auteur d'une savante disser-
tation intitulée : De Cantilenis poptdaribus
veterum Gr^corum,'Bero\im, 1831, in-8° de
quatre-vingt-quatre pages.
ROIIAULT ou ROUAUT (FnABcois-
Aîsnnt), excellent organiste, naquit en Bo-
hême, dans la seconde moitié du dix-septième '
siècle, et fut directeur du chœur de l'église
Sainte-Marie à Saatz, où il se trouvait encore
en 1722. Il y fit exécuter, le IG mai de cetle
année, une cantate de sa composition pour la
fête de saint Jean-Népomucène.
ROHAULT ou plutôt ROÏIAUT (Jo-
seph), né en Bohême, en 173G, entra d'abord
comme trompette dans un régiment de cava-
lerie; mais ayant acquis un talent remar-
quable sur le luth, il déserta et vint en France,
où il fut attaché à la musique du prince de
Conti. Il a écrit la musique de quelques opé-
ras-comiques : le Serrurier, en 1774 ; lu Ber-
gère des Alpes, le 18 février 17G5 ; Sophie ou
le Mariage caché, le 21 mai 17C8 ; et la Clo-
sière. Tous ces ouvrages ont été représentés à
la Comédie-Italienne; les deux premiers ont
obtenu de brillants succès, bien qu'ils soient
en général de fai])!es conceptions. Kohaut est
mort à Paris, en 1793. On ignore si ce musi-
cien était fils d'un excellent luthiste du même
nom qui était attaché à la musique de la cour
de Berlin, et qui, s'élant fixé à Breslau en
1710, fut le maître de Baron.
ROHAULT ou ROUAUT (CnAnLEs),de
la même famille que le précédent, était même
son frère, si Grimm a été bien informé lors-
qu'il a dit, en parlant de l'auteur du Serru-
rier : u Ce M. Kohaut a un frère aine qui est
« venu en France avec M. le comte deKaunitz,
« et qui est un homme sublime quand il
« touche le luth. Celui qui nous est resté joue
« aussi de cet instrument, mais froidement
« et sans enthousiasme : l'homme de génie
« est à Vienne {Correspondance littéraire,
« t. IV, p. 150, édition de Paris, 1829). « Quoi
qu'il en soit, celui-ci vécut à Vienne, vers le
milieu du dix-huitième siècle, et y fut secré-
taire de la chancellerie de la cour. De tous les
liilhistes de son temps, il fut le plus habile, et
la musique qu'il composa pour son instru-
ment fut aussi considérée comme ce qu'on
avait de mieux en ce genre. En 1761, Kohaut
a publié à Leipsick : Divertissement pour luth
obligé, denx violons et basse. Je possède en
manuscrit de cet artiste : 1° Concerto (en sol
mineur) pour luth, deux violons, alto et basse.
2" Trio (en re)""pour luth obligé, alto et violon-
celle. 5" Cinq trios pour luth, violon et violon-
celle (en si bémol, mi bémol, la majeur et
deux en fa). Gerber cite douze trios sem-
blables, et douze solos pour luth, de Ko-
haut.
ROIIAUT (François), virtuose sur le cop
de bassette et la trompette, est né à Vienne, et
vraiscmbicment il est un descendant du célèbre
KOHAUT — KOLBERER
luthiste Charles Kohaut. En 1817, il s'est rendu
en Russie. Deux ans après, ilétait au service
d'un noble russe, propriétaire d'une terre située
aux environs de Moscou. En 1824, il habitait
encore cette ville où il s'étaitfait entendre avec
succès. On connaît de sa composition : Ron-
deau pour cor de bassette avec orchestre, op. 4,
Offenbach, André.
HOIIL (Jean), luthier à Munich, dans la
seconde moitié du seizième siècle, y eut, en
1599, le titre de luthier de la cour avec un
traitement annuel. On voit dans d'anciens
comptes que la cour lui payait un lulh deux
florins.
ROHL (Wenceslas), né en 1753 à Qua-
lierub, en Bohème, apprit à Prague la musique
comme enfant de chœur, puis se livra à l'étude
du cor et acquit beaucoup d'habileté dans
l'exécution. En 1784, il se rendit à Paris où il
fit graver: 1" Six quatuors pour cor, violon,
alto et basse, op. 1, Paris, Sieber. 2" Six
idem, op. 2, ibid. Z" Six idem, op. 3, Paris,
Imbault.
HOLB (le P. CARLOMAn) , bénédictin au
monastère d'Aschbach, en Bavière, vivait au
milieu du dix-huitième siècle. Il paraît avoir
été un organiste distingué, si l'on en juge par
un recueil de préludes, de versets et de finales
pour l'orgue, qu'il a publié sous ce litre :
Preambulantm, vers, et cadentiarum durch
die Kirchentœne stechen lassen, Augsbourg.
1750, in-fol.
ROLIÎ (Jean-Baptiste), né à Neudettelsau,
village de la Franconie, le 51 août 1743, vécut
à Furth, près de Nuremberg, comme musicien.
Il passait pour élève de Haydn; mais cela pa-
rait peu vraisemblable. Dans un voyage qu'il
fit à Paris, vers 1782, il y fit graver six qua-
tuors pour deux violons, alto et violoncelle, de
sa composition. Ses autres ouvrages se trou-
vaient plus tard en manuscrit dans le magasin
de Westphall à Hambourg : ils consistaient en
cantates et ariettes avec instruments , con-
certos pour clavecin, deux violons et basse,
pièces détachées pour clavecin et divers in-
struments, quintettes et trios pour hautbois,
clarinette et basson.
KOLB (F.). Sous ce nom d'un musicien
inconnu, on a publié : 1» Messe allemande
pour soprano et orgue (ou pour trois voix ,
deux violons, flûte, deux cors et contrebasse
ad libitum)^ op. 9, Munich, Falter. 2» Messe
allemande à une ou deux voix et orgue, op. 1 1 ,
ibid. 3» Œlbergsmusik (Musique du mont des
Oliviers) pour soprano et oi"gue (ou à trois voix
cl contrebasse ad libitum), ibid.
Un musicien de la chapelle royale de Mu-
nich, nommé KOLB (K..)) a fait représenter
dans cette ville, en 1843, un opéra intitulé;
les Souliotes{die Sulioten), de sa composition.
C'est vraisemblablement le même artiste qui a
fait imprimer un pot-pourri pour le Zilher, à
Munich, chez Falter,
KOLBE (...), cantor à Potsdam, vers le
milieu du dix-huitième siècle, a laissé en ma-
nuscrit des cantates spirituelles à quatre voix
avec instruments, sur les chorals : Danket
dem Ilerrn et Zuvi Erntfest erwekte Her-
zen. Ces ouvrages se trouvent à la Bibliothèque
royale de Berlin.
KOLBE (Cajetan); nom défiguré par
Gerber et ses copistes, qui en ont fait uu
double emploi avec Kolberer {iwyez ce nom).
KOLBE (Astoine), violoniste distingué, né
à Seestœdtel, près de BrUx, en Bohême, vers
1740, vécut à Prague, et y fut employé à l'or-
chestre de l'Opéra ainsi qu'aux églises Saint-
Égide et Saint-Jacques, depuis 1775. Son style
grandiose, dans les solos et concertos qu'il
exécutait en public, excitait une vive admira-
tion. Il passa les dernières années de sa vie
malade et dans un état voisin de la misère,
tantôt chez les frères minorités, tantôt à l'hô-
pital Saint-Jacques, et mourut le 30 août 1804.
C'était un homme pieux et bienveillant qui,
nonobstant son indigence, donnait volontiers
des leçons gratuites aux jeunes gens pauvres
qui ne pouvaient payer un maître. Il a écril
plusieurs concertos, solos, sérénades, etc., qui
sont restés entre les mains de ses amis et de
ses élèves. Le maître de concerts Rlockel, qui
avait reçu de ses leçons pour le violon, en pos-
sédait plusieurs.
KOLBE ( CHAnLES-CllRÊTIEB-GuiLLAUME ) ,
candidat des sciences, ingénieur des mines et
membre de la Société littéraire de Halbersladt,
vécut en cette ville, vers la fin du dix-huitième
siècle et au commencement du dix-neuvième.
En 1830, il publiait encore de nouvelles édi-
tions de ses ouvrages. Dans le premier volume
d'un de ses écrits intitulé : Fersmischte Ab-
handlungen besonders bergmànnischen und
vhysikalischen Inhalts (Différents traités,
principalement relatifs aux sciences des mine»
et de physique, Quedlinbourg, 1794-1796,
in-S"), on trouve an article concernant la
construction des instruments à cordes, et spé-
cialement de la table d'harmonie.
KOLBERER (Cajetan), moine bénédictin
de l'ancienne abbaye d'Andech, dans la haute
Bavière, vécut au commencement du dix-hui-
tième siècle. Ou a sous son nom ; 1" Partus
80
KOLBERER - KOLLESCHOWSKY
primus seu 6 Dixit Dominus et 6 Magnificat
pro quatuor vocibus concertantibus , cum
quatuor vocibus a capella, Augsbourg, 1701,
in-fol. 2" Partus secundus, Introïtus brèves
et faciles secutidum claves ordinarias in
très partes divisus, per totum annum, Augs-
bourg, 1703, in-fol. On ignore quel est le troi-
sième œuvre de musique d'église de ce moine.
3" Partus quartus, continens XXJi Offer-
tnria festiva ab Adventu usque ad Pente-
costen; cum 4 voc. duobus violinis concert.
1 fagotto concordante ad libitum et aliis
4 vocibus a capella seu ripienis, Augsbourg,
1710, in-fol. A'répoqueoùleP. Rolbererpublia
cet ouvrage, il desservait la cure de Paring,
appartenant au monastère d'Andech. 4» Par-
tus quintus in lucem profercns alia XXX
Offertoria festiva pro 4 vocibus, 2 violinis
concert, et 1 fagotto concordante ad libitum,
et aliis A voc. ripienis, Augsbourg, 1719,
in-fol. Le P. Kolberer avait mis aussi en mu-
sique un opéra allemand pour la maison d'édu-
cation des demoiselles anglaises de Munich.
Cet opéra, intitulé : Jeux de la divine Provi
dence, fut représenté, en 1714, par les élèves
de ce pensionnat, pour le retour du prince élec-
toral Maximilien-Emmanuel.
KOLBERG (Oscar), pianiste et composi-
teur fixé à Varsovie, est né en 1814, dans une
petite ville du gouvernement de Radom. Dès
son enfance il commença l'étude de la musique
et y fit de rapides progrès. Après avoir suivi
les cours du Lycée de Varsovie, il se rendit à
Berlin et y reçut, pendant deux ans, des leçons
d'harmonie et de composition de Rungen-
hagen et de Girschner {i^oyez ces noms). De
retour à Varsovie, il s'est occupé avec beau-
coup d'activité à recueillir les airs populaires
de son pays et en a réuni un nombre considé-
rable avec le but d'en publier la collection.
La première livraison de ce recueil intéres-
sant a paru à Lemberg, en 1842, sous le titre
de Piesni ludu : la cinquième fut publiée en
1845. Parmi les compositions <le M. Kolberg,
ou remarque ; 1" cinq livres de Kuïawiaks,
sorte de danse caractéristique de la Pologne,
pour piano, œuvres 2, 5, G, 12 cl 19. 2» Deux
livres de Mazourcs, idem, œuvres 8 et 22.
o" Deux livres iVEttides, dédiées à Chopin,
œuvre 20. 4° Cracovicnne, œuvre 10. 5" Fan-
taisie sur l'air national de la Pologne,
fi" Grande Valse. 7" Beaucoup de pièces fugi-
tives et de chant avec accompagnement de
piano. En 1854, !e même artiste a fait repré-
senter au théâtre des Variétés, à Varsovie, un
opérette intitulé : Le retour de Jean.
KOLBORIV (Ehnest), dominicain à
Mayence, y a publié, en 1736, un ouvrage
élémentaire pour le clavecin, intitulé : Mu-
sikalisches A B C ., in jedem Buchstaben
brauchbar in drey Stuck.
liOLDITZ (Jacques), facteur d'instru-
ments à Ruhmbourg, en Bohême, y mourut au
mois de novembre 1796, dans un âge très-
avancé. Ses violons et altos sont estimés en
Allemagne.
KOLDITZ (...), musicien vraisemblable-
ment né en Bohême, a laissé trois concertos
pour flûte, et deux concertos pour la harpe,
qui se trouvaient en manuscrit en 1782 et
1783 au magasin de musique de Westphall, à
Hambourg.
KOLEU (Jacques), facteur d'orgues alle-
mand, vécut vers la fin du quinzième siècle.
En 1497, il fut chargé de la restauration du
vieil orgue de Sainte-Marie à Rœnigsberg. Cet
orgue avait onze jeux au clavier et quatre à
la pédale, parmi lesquels on remarquait un
cor de chamois, jeu qui parait avoir été in-
venté à peu près au temps de Koler, et
peut-être par lui.
KOLLER (Le P. Boniface), bénédictin ba-
varois, naquit en 1752 à Fœlz, et fit ses études
à Munich. Il écrivit dans sa jeunesse la mu-
sique de quelques opéras pour le théâtre de la
cour, entre autres, les Lois de la chevalerie.
Le mérite de ces ouvrages valut à leur auteur
les bonnes grâces de l'électeur Clément de
Bavière qui voulut lui donner un emploi à sa
cour; mais Roller préféra la solitude, et entra
dans l'ordre de Saint-Benoît, à l'abbaye de
Bénédict-Bayern. Il en dirigea le séminaire
pendant plusieurs années ; puis il fut directeur
du séminaire du prince électoral, à Munich,
où il mourut en 1799.
KOLLESCHOWSKY (Sigmond) , violo-
niste et compositeur, né à Prague, vers 1809,
fut admis comme élève au Conservatoire do
cette ville, en 1828, et y fit ses études de
violon sous la direction du professeur Pixis;
Dionys Weber fut son maître d'harmonie et
de composition. Sorti de cette institution^ il
s'est fait connaître avantageusement comme
compositeur pour l'église et a été nommé ré-
gent du chœur de l'église de Saint-Étienne de
sa ville natale. Il est aussi directeur de la
Sophienacademie. Je ne connais de sa com-
position que les ouvrages dont les titres sui-
vent : 1» Feni sancte Spiritus , à quatre voix,
orchestre et orgue, à Prague, chez Hoffmann.
2" Adagio religioso, pour deux clarinettes et
deux bassons, ibid.
KOLLMANN
81
KOLLMAIVN (Aucuste-Fhédkric-Char-
lEs), organiste de la chapelle allemande du
roi d'Angleterre, à Saint-James, naquit en
1756 à Engelbastel, près de Hanovre, où son
père était organiste et maître d'école. Après
avoir fait ses premières éludes avec le fils du
pasteur de son village, il alla les continuer, à
l'âge de quatorze ans, au collège de Hanovre,
où il resta pendant deux années. Ensuite il
étudia la théorie de la musique, le clavecin et
l'orgue sous la direction de J.-C. Bœttner,
bon organiste, et employa cinq ans à acquérir
loutes les connaissances qui constituent le
musicien instruit. En 1779, il fut admis
comme élève dans l'école normale de l'électo-
rat de Hanovre. Les leçons qu'il y reçut lui
furent u nies, dans la suite, pour ses écrits et
]>onr l'enseignement. Pendant ce temps, il
rnlendait souvent Bœttner, ou le'remplaçait à
l'orgue, et cette circonstance lui fit acquérir
du talent dans la pratique. Vers la fin de
1781, il futappelé à Lline, près de Lunebourg,
comme organiste d'un chapitre protestant de
dames nobles; mais il y resta peu de temps,
parce que le roi d'Angleterre demanda au
gouvernement de Hanovre un organiste pour
sa chapelle allemande. On jeta les yeux sur
Kollmann, qui accepta et se rendit à Lon-
dres dans l'automne de 1782. La place d'or-
ganiste de la chapelle l'obligeait à s'occuper
<ie l'éducation des enfants de choeur, et à leur
donner quatre leçons chaque semaine ; cepen-
dant, il trouva assez de temps pour écrire
plusieurs ouvrages considérables concernant
riiarmonie et la composition. Plus tard, par
des motifs qui ne sont point connus, il perdit
celle place ; mais il continua d'enseigner dans
beaucoup de nobles familles. Il est mort à
Londres au mois de novembre 1824, à l'âge
de soixanle-huit ans.
Les productions de Kollmann se divisent en
trois classes, savoir : I. Ecrits théoriques^
II. Ouvrages didaclico-pratiques. lll. Com-
positions. En vpici la liste : 1" ^n Essay on
Musical Harmomj, accordinq to tlie nature
of that science and the principles of the
ffreatest musical authors (Essai sur l'harmo-
nie musicale, suivant la nature de cette
science et les principes des auteurs les plus
célèbres), Londres, 1796, in-fol., 140 pages de
texte et quarante d'exemples. Une deuxième
édition de ce livre a été publiée avec des addi-
tions considérables et publiée à Londres, en
1812, grand in-4''. Dans cet ouvrage, qui est
divisé en dix-huit chapitres, Kollmann suit
les |>rincipes de Kirnberger, et souvent se
BIOGR. U.MV. DES MUSICIEXS. T. V.
borne à le traduire. Mais Kirnberger ayant
laissé incertains beaucoup d'accords dont il
n'avait pas saisi le mécanisme de la substitu-
tion réuni à celui de la prolongation, Koll-
mann a pris pour guide, dans cette partie de
son ouvrage, la théorie de Marpurg, imitation
de celle de Rameau. De cet amalgame de deux
théories opposées, résulte un défaut choquant
d'unité de doctrine que tous les efforts de
Kollmann n'ont pu dissimuler. 2» ^ JVew
Theory of Musical Narmony, according to
a complète and natural System of that
Science (Nouvelle théorie de l'harmonie mu-
sicale, suivant un système complet et naturel
de cette science), Londres, 1800, 92 pages de
texte et ôO planches d'exemples, in-fol. Koll-
mann avait aperçu l'anomalie des deux sys-
tèmes d'harmonie qu'il avait essayé de réunir
dans son premier ouvrage publié dix ans au-
paravant; il cherchait une base plus uniforme,
et il crut l'avoir trouvée dans le système de
Ballière, développé par l'abbé Jamard {voyez
ces noms). C'est ce même système, inconnu
jusqu'alors en Angleterre, et qui repose sur
une fausse progression arithmétique, dérivée
de l'échelle du cor, que Kollmann a voulu
faire adopter comme la seule théorie naturelle
de l'harmonie. Il paraît que ce système trouva
des lecteurs et des partisans, car, en 1812, il
donna une nouvelle édition de son ouvrage,
avec quelques corrections, o" jin Essay on
practical musical Composition, according to
the nature ofthat science, and the principles
of the greatest musical authors (Essai sur la
composition pratique de la musique, suivant
la nature de cet art, etc.), Londres, 1799, in-
fol. Dédié au roi d'Angleterre. Cet ouvrage,
formant la suite du premier, fait avec lui un
corps de doctrine et d'exemples pratiques pour
la composition. On y trouve des règles pour la
forme des différentes pièces de musique, pour
les fugues, les canons, l'instrumentation, etc.,
avec des exemples pris dans les œuvres de
Jean-Sébastien Bach et de ses fils, de Graun,
llœndel, Kirnberger, Fasch et Marpurg. Une
deuxième édition de ce livre a été publiée à
Londres en 1812. 4» ^ Practical Guide to
Thorough-Bass (Guide pratique de la basse
continue), Londres, 1801, in-fol. Cet ouvrage,
où l'on ne trouve que des instructions som-
maires concernant la forme et la succession
des accords, renferme particulièrement des
exercices d'accompagnement. Une suite de
cette méthode a paru sous le titre : Second
practical Guide of Thorough-Bass, Londres,
1807, in fol. On trouve souvent les deux par-
G
82
KOLLMANN — KONING
lies réunies en un seul volume. Le professeur
«le piano et d'harmonie P. King attaqua un
passage de ce livre dans l'avertissement de
la deuxième partie de son Traité général de
musique (voyez King); Rollmann fit paraître,
en réponse à cette attaque, un pamphlet inti-
tulé : 5° ^ ^indication of a passage in the
Practical Guide to Thorougk-Bass, against
an advertisement of JW M. - P. King
(Défense d'un passage du Guide pratique
de l'harmonie, contre un avertissement de
M. M. -P. King), Londres, 1802. 6» .4 second
Practical Guide to Thorough-Bass, Londres,
1807, in-fol. C'est une suite au premier guide
pratique. 7° The Quarterly musical register.
Écrit périodique sur la musique, dont le pre-
mier et le second numéros seulement ont paru
en 1812, et qui n'a point été continué. Le
premier contient : 1" Une liste chronologique
des publications du même genre qui avaient
précédé le Quaterhj musical register-, 2" Une
revue de la musique en Angleterre depuis
1789 jusqu'en 1812; 3° Une notice sur
J.-S. Bach et ses ouvrages ; 4° Une analyse des
ouvrages théoriques de Koilmann; 5" Une
analyse de la Grammaire musicale de Callcolt;
6» Des remarques sur le tempérament artifi-
ciel, d'après les trois systèmes des musiciens
anglais llawkes, Loehsman et Liston. Dans le
second numéro, on trouve : 1" Une revue de
la musique en Allemagne ; 2" Une notice sur
la vie et les ouvrages de Mozart ; 5" La fin de
J'analyse des œuvres théoriques de Koilmann.
Dans la seconde classe des productions de
ce musicien, on remarque : 8" Twelve analy-
sed Fugues for two performcrs, with double
eounterpoints in ail intervais, and intro-
ductory explanations (Douze fugues à quatre
mains analysées, avec des contrepoints dou-
bles à tous les intervalles, et des explications
préliminaires). Il a élé fait deux éditions de
cet ouvrage : la seconde a été publiée en 1823.
9" The Melody of the hundredth Psalm with
examples and directions for a hundred dif-
férent harmonies in four parts (la Mélodie
du centième psaume avec des exemples et des
instructions i)our cent harmonies différentes
à quatre parties), op. 9, Londres, 1809.
10" jtn introduction to the Art of Prelu-
ding and Extemporizing (Introduction à
l'art de préluder et d'improviser), op. 3, Lon-
dres, 1791. 11° The first beginning on the
piano forte, according to an improved me-
thod of teaching beginners (le Premier Elé-
ment du piano forte, d'après une méthode
perfectionnée pour enseigner aux commen-
çants), Londres, 1796. 12» ^n introduction
to the modulation (Introduction à l'art de
moduler), op. il, Londres, 1820. 13° An
Jnalysed Symphony for the piano forte,
violin and bass, Londres, 1799. 14° A rondo
on the chord of the diminished SeventU.
(Rondo sur l'accord de septième diminuée),
une feuille gravée, in-fol., Londres, 1810.
Des observations de Koilmann sur le système
d'enseignement de Logier ont été insérées
dans \3iGazette musicale de Leipsick (t. XXIII
p. 768, 783, 801, et t. XXIV, Intelligenz-
blatt, p. 9). Elles ont été ensuite recueillies
et réunies avec celles de C.-F. Millier, profes-
seur de musique à Berlin, en une brochure
intitulée : Ueber Logier's Musikunterrichts
System, Munich, Falter, in-8° de 59 pages.
Ces observations sont extraites d'un long arti-
cle sur le même sujet, qui a été publié dans
le Quarterly musical Magazine and Review
(t. I, p. 111-139). La liste des compositions de
Koilmann renferme : 13° Six cantiques avec
de nouvelles mélodies chorales et basse conti-
nue, Leipsick, Breitkopf. 16° Six sonates pour
le clavecin, op. 2, Londres. 17° Six petites
sonates, idem, op. 4, ibid. 18° Divertissement
pour trois exécutants sur un seul piano, Lon-
dres, 1800. 19" Concerto pour piano et or-
chestre, exécuté en public par l'auteur en
1804, op. 8, ibid. 20° Plusieurs chansons an-
glaises, ibid.
Le fils de Koilmann (Georges-Auguste), né à
Londres en 1780, fut organiste de la chapelle
allemande, et mourut dans cette ville, le 19 mars
1843. On a de cet artiste trois grandes sonates
pour le piano, avec violon obligé pour la
seconde sonate, op. 1 ; Londres, Goulding.
KOMOROWSKA (la comtesse Stépha-
nie), dame russe, née à Mittau, a reçu des
leçons de piano des artistes les plus renommés
à Pétersbourg et à Paris. Elle possède un ta-
lent distingué sur son instrument et a com-
posé des choses agréables dont voici les
titres : 1° Fantaisie sur un motif de Preciosa
pour piano; Mittau, Reyher. ^'' Mes Adieux,
andante pour piano; ibid. 3° Pensée fugitive j
idem, ihld. *
ROrHIIVG (Loris DE), facteur d'orgues à
Cologne, fut appelé en Hollaiîde pour terminer
le grand orgue de l'église Saint-Étienne, à
Njmèguc, que le facteur Chrétien Muller,
devenu malade en 1770, n'avait pu exécuter.
De Koning employa trois années à faire cet
ouvrage, composé de cinquante-sept jeux,
dont quelques-uns de seize pieds, trois cla-
viers, pédale et huit soulîlels.
KONING - KONTSKl
83
KOIVITXG (David), pianiste et compositeur
hollandais, est né à Rotterdam, en 1820. Fils
d'un négociant, il était destiné au commerce;
mais son père, amateur passionné de musique,
voulut qu'il cultivât cet art pour lequel il lais-
sait apercevoir les dispositions les plus heu-
reuses. Dès l'âge de douze ans, il jouait avec
facilité de plusieurs instruments, particuliè-
rement du piano; ce qui ne l'empêchait pas
de travailler aux affaires commerciales de la
maison paternelle. En 1834, son père le con-
duisit à Francfort-sur-le-Mein, dans une
maison de commerce, afin qu'il y prît l'habi-
tude de parler la langue allemande; mais ne
voulant pas qu'il négligeât la musique, il lui
donna pour maître de piano et de composition
l'excellent professeur Aloys Schmilt. Pendant
quatre ans, le jeune Koning reçut des leçons
de cet artiste qui, ayant reconnu la belle or-
ganisation de son élève pour Part, lui donna
le conseil de s'y consacrer exclusivement, et de
renoncer à la carrière de commerçant. Koning
écrivit plusieurs compositions sous la direction
de son maître, particulièrement trois grandes
ouvertures d'orchestre. Quand il retourna à
Rotterdam, en 1838, son instruction pratique de
compositeur était complète, quoiqu'il ne fiU
âgé que de dix-huit ans. Devenu libre de se
livrer sans réserve à son penchant d'artiste, il
n'eut plus d'autre occupation que la musique,
étudia les œuvres des maîtres célèbres et les
prit pour modèles dans ses travaux. Des qua-
tuors d'instruments à cordes et des sonates de
piano furent ses premières productions après
son refour dans sa ville natale. En 1859, il
écrivit une quatrième ouverture pour le con-
cours ouvert par la Société néerlandaise, insti-
tuée pour Tencouragement de la musique, et
nonobstant la jeunesse de l'auteur, cet ou-
vrage obtint le prix, et la partition de l'ouver-
lure de Koning fut publiée aux frais de cette
institution. Dans la même année, il publia à
Bonn, chez Simrock, un Domine Salviim fac
regem^ avec orchestre, op. 1, composé pour le
roi des Pays-Bas. Cette composition, d'un
grand développement, a été analysée par
G.-W. Fink, dans la Gazette générale de mu-
sique de Leipsick (année 41'', p. 944). L'ou-
verture couronnée, œuvre 7", parut en 1840, à
Rotterdam, chez II. Paling. Des fantaisies et
variations pour le piano, des études, une sym-
phonie à grand orchestre, ont succédé aux
premières œuvres. Postérieurement, Koning a
résidé à Paris, à Londres, à Vienne; mais les
rcnseig'nements manquent sur ses travaux.
KOINIINK (Sebvaas DE), maître de mu-
sique à Amsterdam, au commencement du dix-
huitième siècle, a fait imprimer quelques ou-
vrages de musique instrumentale, de sa
composition, parmi lesquels on remarque :
1° Douze sonates à flûte seule, violon ou
hautbois et basse contenue, Amsterdam, Ro-
ger, in-4'' oblong. 2" Trios pour flûtes, violon
ou hautbois, ibid. 3» IloUandsche minne en
drinh liederen, in-S*», ibid.
KO]>iTSRÏ (DE), famille de musiciens po-
lonais qui, dans la réunion de ses membres,
bien jeunes encore, a excité l'étonnement de
l'Europe entière. Le père, Grégoire de Kontski,
descend de l'ancienne famille polonaise Rroch-
witsch ; mais il n'était que simple employé du
tribunal civil de Cracovie, en 1810. La mère,
née de Rozika, appartient aussi à la noble
maison deTrojanow. Le fils aîné, Charles, est
né le G septembre 1815; sa sœur, Eugénie, le
28 novembre 1816; Antoine, deuxième fils,
le 27 octobre 1817; Stanislas, le 8 octobre
1820. Tous ont vu le jour à Cracovie. Apolli-
naire, dernier enfant de cette famille, est né
à Varsovie, le 25 octobre 1825. Les disposi-
tions merveilleuses de Charles pour la mu-
sique frappèrent son père, assez bon musicien
et qui jouaitde plusieurs instruments. Il avait
à peine atteint l'âge de cinq ans lorsqu'on lui
mit entre les mains un violon, dont il joua
bientôt de manière à exciter l'étonnement de
ceux qui l'entendirent. Dans le mémo temps,
son père lui enseigna les règles de la versifi-
cation, qu'il apprit sans peine et qu'il n'a ja-
mais oubliées. Antoine et Eugénie, qui avaient
choisi le piano pour leur instrument, y firent
aussi de rapides progrès. Dans les premiers
temps, Kontski ne songeait point à tirer parti
de leurs talents; il ne leur enseignait la mu-
sique que comme un délassement, et cet art
ne les occupait que dans les intervalles du
temps où ils ne fréquentaient pas les écoles.
Cependant les progrès remarquables de ces en-
fants fixèrent enfin son attention ; il leur ac-
corda tous ses soins, et le 3 février 1822, il
donna son premier concert avec eux. L'éton-
nement des habitants fut au comble quand ils
entendirent ces virtuoses en herbe, dont l'alné
avait sept ans. Un second concert n'eut pas
moins de succès que le premier. Kontski prit
alors la résolution de ne rien négliger pour
compléter l'éducation de ses enfants. Il donna
sa démission de son emploi, et obéit à un
ordre du gouvernement qui l'appelait à Var-
sovie pour faire entrer les jeunes gens au Con-
servatoire de cette ville. La protection de la
comtesse Zamaïska contribua à leur faire rece-
li.
8t
KONTSKI
voir une instruction solide dans l'art ; elle eut
aussi part à la nomination de Rontski,le père,
à la place d'inspecteur du Lycée de Varsovie.
En 1825, Charles fit ses premiers essais de
composition en écrivant des polonaises, des
mazurkes et d'autres petits morceaux qui fu-
rent alors publiés. L'empereur Alexandre, qui
se trouvait à Varsovie, au mois de mai 1823,
accepta la dédicace d'une de ces bagatelles, et
promit sa protection aux enfants de Rontski ;
mais il ne revit plus Fétersbourg, et sa mort
laissa la famille des jeunes artistes dans son
ancienne situation. Charles et Antoine ayant
achevé leurs éludes au Conservatoire, et tous
deux ayant acquis un talent extraordinaire
pour leur âge, le premier devint le modèle
de son frère Apollinaire, qui déjà jouait du
violon, et le second fut celui de Stanislas
sur le piano. En 1827, toute la famille entre-
prit son premier voyage et prit sa route par
Lemberg, Wilna et Mittau, pour se rendre
à Fétersbourg. Partout elle donnait des con-
certs , et partout elle excitait l'admiration.
Stanislas commençait à se faire entendre sur
le piano, et déjà le petit Apollinaire, âgé de
qtiatre ans et demi, jouait du violon devant
de nombreuses assemblées. Arrivés à Féters-
bourg, au mois de janvier 1829, les Konlski y
demeurèrent six mois, pendant lesquels ils
donnèrent plusieurs concerts, et jouèrent de-
vant la famille impériale avec un succès d'en-
thousiasme. Charles y prit aussi des leçons de
composition chez Blanchi. A Moscou, Antoine
reçut des conseils de Field pour ses composi-
tions de piano, et le jeune artiste dédia à ce
maître son concerto en fa, morceau d'une
prodigieuse difliculté. La famille partit de
Moscou au mois de jeuillet 18-30, voyageant
avec lenteur, à cause du choléra, et s'arrêta
longtemps dans la Gallicie, où elle rencontra
Lipinski : elle n'arriva à Cracovie qu'au mois
d'octobre 1831. L'année suivante, elle recom-
mença ses voyages en se dirigeant sur Vienne,
et depuis lors elle a visité la Hongrie, la plus
grande partie de l'Allemagne, la Suisse, l'An-
gleterre et une partie de la France, (/^oyea les
notices suivantes de chacun des membres de
la famille Rontski devenus artistes.)
ROINTSRI (CiunLEs), l'aîné des quatre
frères de ce nom, n'a pas réalisé d'une ma-
nière complète les espérances qu'il donnait
dans son enfance comme violoniste. Il s'est
fixé à Paris et s'y livre à l'enseignement de
son instrument. On a vu, dans l'article précé-
dent, qu'il a commencé l'étude de la composi-
tion à Pétcrsbourgj et qu'il reçut des leçons de
Bianclii concernant l'art d'écrire en musique.
Arrivé à Paris, il continua cette étude sous fa
direction de Reicha. lia écrit quatre quatuors
pour deux violons, alto et basse; deux quin-
tettes, dont le dernier est son œuvre 27'-', et
un sextuor pour deux violons, deux altos, vio-
loncelle et contrebasse, lequel obtint un succès
d'estime dans une séancepubliqueoiiilfutexé-
cuté par lui et plusieurs des meilleurs artistes
de Paris^ Les autres productions de M. Charles
Rontski sont : 1" Duo pour piano et violon,
op. 1. 2" Grand duo pour piano et violon sur
des thèmes de Schubert, op. 2. 3» Trois mélo-
dies originales pour piano, op. 3. 4° Fantaisie
pour violon, op. 4. 5" Variations sur un thème
original.
KOI\TSRI (Antoine), pianiste distingué,
a vécu quelques années à Paris, puis a par-
couru l'Espagne, le Portugal, et a joué avec
succès à Madrid, à Séville et à Lisbonne. Après
un court séjour à Londres, il revint à Paris et
s'y livra à l'enseignement du piano. Plus
tard, il visita Berlin, Posen, Varsovie où son
talent produisit une profonde impression. Il
donna ensuite des concerts dans les villes
principales de la Lithuanie, de la Podolie et
de l'Ukraine. Arrivé à Fétersbourg, il s'y est
fixé comme professeur de piano. En 1857, il y
a organisé des séances pour l'exécution de la
musique classique. Les compositions ou ar-
rangements de cet artiste s'élèvent au nombre
d'environ cent cinquante œuvres de fantaisies,
variations, études, méditations et pièces de
salon et de concert.
RO?«iTSRI (Stanislas) , troisième frère
des précédents, est fixé à Paris depuis l'arrivée
de sa famille en cette ville. Élève en partie de
son frère Antoine pour le piano, il ne s'est pas
élevé au même degré d'habileté; mais il est
considéré comme un des bons professeurs de
son instrument. Il a publié environ vingt
œuvres de pièces légères, telles que valses,
marches, nocturnes, caprices, etc.
ROI>iTSRI (Apollinaire), le plus jeune
des quatre frères, et violoniste imitateur de
Paganini, a obtenu de brillants succès dans
toutes les contrées européennes qu'il a par-
courues. La Pologne et la Russie ont retenti/
des applaudissements qui lui ont été prodi-
gués. La partie la plus remarquable de son
talent consiste principalement dans la dexté-
rité de la main gauche. Son premier concert à
Fétersbourg fut donné au théâtre Michel, le
28 mars 1851. Dans l'année suivante, il visita
Moscou, puis il parcourut les diverses pro-
vinces de l'empire de Russie. De retour àPé-
KONTSKI — KOPRZIWA
lersboiirg, il y reçut le diplôme de premier
violon solo (le l'empereur de toutes les Russies.
On a de cet artiste quarante-cinq œuvres pour
son instrument et pour le piano, soit publiées,
soit inédites. Il donne à quelques-uns de ses
morceaux avec accompagnement d'orchestre
ou de piano, le titre de poëmes musicaux. Sa
fantaisie sur les motifs de Lucie de Lammer-
moor, jouée par lui, a toujours eu beaucoup
d'applaudissements. On a publié sur M. Kont-
ski : Notice sur Apollinaire de Kontski, sa
naissance, sa vie, ses œuvres, ses études
et ses succès jusqti'à ce jour, par Justin Du-
puy, Bordeaux, 1847, in-S".
KOIX'WALlTMvA (Paul), compositeur,
naquit à Sagolza, en Hongrie, dans la pre-
mière moitié du dix-seplième siècle. Après
avoir demeuré quelque temps à Prague, puis
à Vienne, il voyagea et arriva jusqu'.à Jéna,
oii ses ouvrages lui firent la réputation d'un
nnisieien habile. En 1G72, il y fit imprimer
un chant pour basse solo avec accompagne-
ment de viole da braccio, sur les paroles :
Christe, tibi vivo,moriar; tibi, Christc^re-
surgam, etc.
ROPCZYNSKI (Janus), pianiste et com-
positeur amateur, est né en 1851, à lloladki,
propriété de sa famille, en Ukraine. Les pre-
mières leçons de piano lui furent données par
Ignace Platon Kozlowski(iioj/e3 ce nom). Arrivé
à Paris, il s'est livré à l'étude sérieuse de cet
instrument sous la direction de Charles-Valen-
tin Alkan. M. Ropczynski a écrit six éludes
pour le piano, dans le style brillant, trois ro-
mances sans paroles et plusieurs Mazoures.
KOPP (Georges) , organiste à Passau,.vers
le milieu du dix-septième siècle, naquit en
Bohème et vécut longtemps à Prague. En
1059, il a fait imprimer à Passau, chez Geor-
ges Ilœller, huit antiennes de la Vierge, de
sa composition. Wallher cite aussi, dans son
Lexique de musique (p. 344), un œuvre de
messes à cinq et six voix , de cet artiste,
comme ayant été publié ; mais il n'indique ni
la date ni le lieu de l'impression.
KOPP (Le p. André), religieux augustin,
né en Bavière, dans les premières années du
dix-huitième siècle, a fait imprimer un re-
cueil de musique d'église de sa composition,
intitulée : Promptuarium musico sacrum,
consistant en deux messes à quatre voix, vio-
lons etorgue, deux offertoires, deux litanies de
la Vierge, un Te Deum, un Miserere, deux
Magnificat, deux SaKe Begina, un Mma,
un Ave Regina, et un Regina Cœli, Augs-
Lourg, 1736, in-fol.
ROPPRASCII (Wenceslas), bassoniste
attaché à la chapelle de Dessau, vers la fin du
dix-huitième siècle, était vraisemblablement
né en Bohême. Il a écrit pour le théâtre de
Dessau un opéra intitulé : Einer jagt den
Andern (L'un chasse Taulre). On connaît
aussi de sa composition : 1° Air avec varia-
tions pour basson avec orchestre, op. 1.
2» Concerto pour le basson avec orchestre,
op. 2. 5" Symphonie concertante pour deux
bassons, idem, op. 3. 4» Six valses pour le
piano, ibid.
ROPPRASCII (G.), fils du précédent, né à
Dessau, fut attaché d'abord à la musique d'un
régiment prussien, puis entra à l'orchestre
du théâtre royal de Berlin, où il se trouvait en
1824. On a de sa composition : 1" Six quatuors
couils et faciles pour quatre cors, Leipsick,
Rollmann. 2" Douze petits duos pour deux
cors, ibid. 3» Trois grands duos, idem, ibid.
4° Six sonates pour deux cors, deux trom-
pettes et trois trombones. Leipsick , Peters.
5° Soixante études pour cor alto (premier cor),
op. 5, ibid. G" Soixante études pour cor basse
(second cor), ibid. Kopprasch adopta ces dé-
nominations de cor alto et cor basse d'après
la méthode de cor de Dauprat.
ROPPiZIWA (Wenceslas), surnommé
Urtica, naquit à Brdloch , en Bohème, le
8 février 1708. Après avoir terminé ses études
à Prague, il fut nommé organiste et recteur
du collège à Czytolib; il en remplit les fonc-
tions pendant cinquante-sept ans. Il vivait
encore près de son fils à Czytolib, en 1787.
Koprziwa a composé beaucoup de musique
d'église qui est connue en Bohême sous le
nom d'[7rfîca, et qui est restée en ma-
nuscrit.
ROPRZIWA (Charles), fils du précé-
dent, fut un des meilleurs élèves du célèbre
organiste Segert. Il naquit à Czytolib, le
9 février 1736, et alla étudier la musique à
Prague. En sortant de l'école de Segert, il re-
tourna chez son vieux père, qui ne jouit pas
longtemps du plaisir d'admirer son talent,
car Charles mourut à l'âge de vingt-neuf ans,
le 16 mai 1783. Quoiqu'il ait si peu vécu, il a
écrit beaucoup de musique d'église, d'orgue
et de concert, où l'on remarque un génie
élevé. Parmi ses ouvrages, qui tous sont restés
en manuscrit, on peut citer : 1° Sept messes
solennelles. 2» Trois offertoires, ô» Trois
motets. 4° Douze symphonies. 5° Huit concer-
tos d'orgue, et un grand nombre de fugues et
de préludes. Il a formé plusieurs élèves dis-
tingués, au nombre desquels était son frère
86
KOPRZIWA - KOSSMÂLY
cadet, Jean-Baptisle Koprziwa, qui lui suc-
céda comme organiste à Czytolib.
KORB (Jean-Frédéric), né en Bavière, fut
organiste à Diessenhoven (Suisse), vers le mi-
lieu du dix-huitième siècle. Il a fait imprimer
à Nuremberg, en 1756, une suite de pièces
pour le clavecin, intitulée : Musikalische Ge-
muthsergœtzung , bestehend in 6 Klavier-
parthien, première et deuxième parties, in-4'>.
RORINACIIER (L.), d'abord étudiant en
droit, devint ensuite élève de l'abbé Vogler,
et fit avec lui un voyage à Paris, en 1784. On
connaît sous son nom : 1" Chansons de l'école
de chant de Manheim, publiées à Mayence.
2" Premier concerto de clavecin, sans accom-
pagnement; ibid.; deuxième idem, Paris,
o" Sonates pour le clavecin, op. 1, 2 et 3;
ibid.
iiOSOD (BioRCE-PossonoLAw), docteur en
théologie, chapelain et prédicateur du châ-
teau, à Copenhague, nacjuit à Mariagor, dans
le Jutland, le 24 janvier 1752. Il est auteur
d'une dissertation historique et philosophique
intitulée ; Musikens infleydelse paa Men-
nesket (Influence de la musique sur l'espèce
humaine), Copenhague, Niels Christensens,
1804, in-8" de 104 pages. L'auteur de cet
opuscule s'y livre à l'examen des effets moraux
de la musique chez les anciens et chez les
modernes.
K O S P O T H (OTnoK-Cir arles-Erdm ANN,
baron DE), né à Muhltroff, en Saxe, vers le
milieu du dix-huitième siècle, voyagea dans
sa jeunesse en Italie, puis eut le titre de cham-
bellan du roi de Prusse, et fut chanoine sécu-
lier à Blagdebourg. Il mourut à Berlin, le
23 juin 1817. Depuis 1782, il s'est fait con-
naître avantageusement comme compositeur
par les ouvrages suivants : 1" Der Freund
deutscherSillen (l'Ami des mœurs allemandes),
j)etit opéra. 2» Der Ifrwisch (le Feu follet).
3" Adraste et Isidore. Des airs de ces deux
derniers ouvrages, arrangés pour Je piano,
ont été publiés à Berlin, par Rellstab. 4° Bella
et Fernando ou le Satyre. 5" Der Msdchen-
markt zu Ninive (le Marché de filles à Ni-
nive), 1795. 6" Le Pouvoir de l'harmonie,
cantate exécutée à Berlin, à l'ouverture du
Concert d'amateurs. 7» Un oratorio écrit à
\enise et exécuté avec succès en 1787. 8" Chan-
sons à voix seule avec accompagnement de
piano; Brunswick, 1795.9° Sym|)honie à grand
orchestre (en sol), op. 22; Brunswick, Spehr.
10''/(/em(en?a),op. '20, ibid. 11° Mem {en ré),
op. 24, ibid. 12" Six quatuors pour deux vio-
lons, alto cl basse, op. 8; Offenbach, André.
13" Six trios pour violon, alto et basse, op. 1,
ibid. 14" Six quatuors pour flûte, violon, alto
et basse, op.5,i6id. 15" Sérénade pour piano,
hautbois, deux cors de bassette et basson,
op. 19; ibid. 16" Six quatuors pour deux vio-
lons, alto et basse, op. 10; Spire, Bossler,
17" Grande sérénade pour deux violons, deu-;
altos, deux cors, violoncelle et contrebasse,
op. 11 ; ibid. 18" Composizioni sopra il Pa-
ter noster, consistente en 7 sonate caratte-
ristiche con un introduzione per 2 violint,
2 oboe, 2 corni, fagotto, viola et basso, op. 2 ;
Darmstadt, 1794. 19" Concerto pour hautbois
et orchestre, ibid. Quelques ouvertures de ses
opéras ont été aussi publiées. Kospoth a laissé
en manuscrit un Miserere à quatre voix et or-
chestre, qui est à la Bibliothèque de Berlin.
KOSSAR (CnARLES-ERîiEST), critique de la
nouvelle école qui commença à se produire,
tant en France qu'en Allemagne, avec le ro-
mantisme. Il naquit à Berlin, vers 1818. Une
brochure qu'il publia sous ce titre : Aphoris-
men Uber Rellstab^s Kunstkritik (Aphorismes
sur la critique d'art de Rellstab), Berlin,
C,-W. Essiinger, 1846, fit quelque sensation
en Allemagne par sa hardiesse, et par son ton
tranchant et dogmatique. Il y professait des
doclrines musicales assez semblables à celles
de Richard Wagner. Quelques rédactions de
journaux recherchèrent alors la collaboration
de l'auteur de cet écrit; mais son feu s'était
épuisé dès le premier jet, et rien de lui depuis
lors n'a fixé l'attention.
KOSSMALY (Charles), compositeur et
écrivain sur la musique, est né en Silésie et a
fait vraisemblablement ses études musicales à
Breslau.En 1842, il était directeur d'orchestre
de la chapelle de Detmold, et il occupa celte
position pendant plusieurs années. A la même
époque, il fournit à la Gazette générale de
musique de Ze/pst'cft quelques bons articles de
critique. En 1845, il était de retour à Breslair,
avec le litre de directeur de musique, et il fai-
sait exécuter quelques-unes de ses composi-
tions pour l'orchestre. Postérieurement on le
trouve à Stettin où, toutefois, il ne parait pas
être resté. Les biographes allemands gardent
un silence absolu sur cet artiste. On a de lui
une sorte de supplément de la Biographie des
musicien» silésiens , \mhUée par C.-J. -Adolphe
Hoffmann, en 1830 {voyez C.-J. -Ad. Hoff-
mann). M. Rossmaly a eu pour collaborateur
M. Carlo, nom inconnu dans la littérature de
la musique. Aucun ordre systématique n'est
suivi dans la nomenclature des artistes dont il
est parlé dans cet ouvrage. Il parut en quatre
KOSSMALY - KOZELUCH
87
suites Jans chacune desquelles la succession
alphabétique recommence. M. Kossmaly a
donné à son livre le titre de : Schksisches
Tonhunstîer Lexihon, enthaltend die Bio-
r/raphien aller Schlesischen TonkUnstkr,
Componisten, Cantoren, Organisten, Ton-
fjelehrten, Texidichter, Orgelbauer, Instru-
mentetimacher, etc. IVebst genauer Angabe
aller Schlesischen musikalischen Instiiute,
yereine, Musihschulen , Liedertafeln , etc.
(Dictionnaire des musiciens de la Silésie, ren-
fermant les biographies de tous les musiciens
silésiens, compositeurs, cantors, organistes,
théoriciens , poêles lyriques, constructeurs
d'orgues, fabricants d'instruments, avec des
renseignements exacts sur toutes les institu-
tions musicales de la Silésic, académies, écoles
de musique, sociétés de chant, etc.), Breslau,
Ed. Trevent, 1840-1847, quatre suites in-S",
foimant un volume de trois cent trente-deux
pages. Le litre de Dictionnaire ne convenait
pas à cet ouvrage où l'ordre alphabétique est
quatre fois interverti; mais les notices, parti-
culièrement celles qui sont signées du nom de
Kossmaly, sont faites avec soin et fournissent
des renseignements exacts. Comme composi-
teur, cet artiste a mis au jour plusieurs re-
cueils de chants à qtiatre voix (soprano, con-
tralto, ténor et basse), en partition ; Breslau,
Leuckart. Des romances allemandes, avec ac-
compagnement de piano; Berlin, Rosmar,
1850; trois Licder à voix seule, avec piano et
cor obligé; Leipsick, Wunder; d'autres Lie-
der avec piano et clarinette obligée; Cassel,
Appel ; des chants pour quatre voix d'hommes,
op. 10, etc.
KOSTHA BE]\ LOUKA (Kostha , fils
de Lucas), philosophe chrétien, arabe de nais-
sance, vécut dans la seconde moitié du neu-
vième siècle. Parmi ses ouvrages se trouve
tin traité de musique, dont le manuscrit, indi-
qué par Casiri (Biblioth. urabico-hispana ,
t. I, n» 420), existe à la Bibliothèque de l'Es-
curial.
KOTZWARA (François), né à Prague, a
voyagé quelque temps en Allemagne et en
Hollande, puis s'est fixé à Londres en 1793,
et y est mort dans les dernières années du
dix -huitième siècle. On a i>nblié de sa compo-
sition : 1" La Bataille de Prague pour itiano,
violon et violoncelle, Berlin, Lischke ; llam-
Iioiirg, Bœhme. Ce morceau a été célèbre vers
la fin du dix-luiilième siècle. 2" Trois sonates
jiOiir \)inno et violon, op. ô4, Offenbach, An-
dré, ô ' Tiois sonates pour piano seul, op. ôG,
ôlahlicim, Ucck'.l. 4" Sonate pour clavecin à
quatre mains, Amsterdam, 1783. 5" Sérénades
pour violon, alto, violoncelle et deux cors,
ibid. 6" Trois solos pour alto, Londres. Je me
souviens que ce bon Kotzwara passa à Mons,
au printemps de 1792, et qu'il vintvisiler mon
père. Il m'entendit jouer sur le piano des
sonates de Mozart. L'après-midi, il revint, ap-
portant sa Bataille de Prague, qu'il venait
d'achever, et qui obtint une grande célébrité
vers la fin du dix-huitième siècle; je la lui
jouai immédiatement, accompagné par mon
père sur le violon et par lui sur le violoncelle.
Ravi de ce qu'à l'âge de huit ans, j'avais pu
jouer ce morceau à première vue, ce digne
homme me prit entre ses bras et me prédit,
d'un air inspiré, plus de bonheur qu'il ne
m'en est avenu. Il jouait bien du piano, du
violon, du violoncelle, du hautbois, de la flùle,
du basson et du cistre. Pourtant, il ne parais-
sait pas être dans l'aisance. Il était en voyage
pour jouer à Londres la contrebasse au théâtre
du Roi etau concert de l'ancienne musique. Son
habileté à imiter le style des compositeurs les
plus en vogue de cette époque .e fit employer
par les marchands de musique anglais à écrire
des |)ièces qu'ils publiaient sous les noms de
Pleyel, de Haydn et de Mozart (1). Kotzwara
aurait pu vivre dans l'aisance, mais ses pas-
sions pour le vin et pour les amours faciles le
mettaient souvent dans de grands embarras.
Vers la fin de 1793, on le trouva pendu dans
une maison suspecte de Chandos street (Co-
vent Garden). Une instruction criminelle fut
commencée contre les habitants de cette mai-
son, mais ils prouvèrent que la mort de Kotz-
wara était le résultat d'un suicide (2).
KOZELUCH (Jea>-.\ntoine), maître de
chapelle à l'église métropolitaine de Prague,
et l'un des meilleurs compositeurs de la Bo-
hême, naquit à Welwan, le 13 octobre 1758,
Dès son enfance, il trouva un protecteur dans
le comte de Kolowrat, qui l'emmena dans ses
propriétés de Brzeznicz, et le plaça au collège
des jésuites en qualité de sopraniste. Il s'y
distingua par ses progrès dans la musique.
Après plusieurs années passées en ce lieu, il
alla continuer ses études à Prague et y apprit
les éléments de la composition. Cependant, la
nécessité de pourvoir à son existence l'obligea
à s'éloigner de cette ville, oii il trouvait toutes
les ressources nécessaires à son instruction, et
à accepter une place de directeur de musiiiuc
à l'église de Rakonitz; mais il n'y resta pas
(1) W. T. Parts, .Vu«co/.Veij)OiM. T. I , p. 181.
(2) IbU.
88
KOZELUCH
longtemps, ayant été bientôt après nommé di-
recteur du chœur dans sa ville natale. Le désir
d'augmenter ses connaissances dans la mu-
sique lui fit quitter cette i)osition, au bout de
quelque temps, pour retourner à Prague, où
il vécut d'abord comme sim|)le basse chantante
à Saint-Vith et dans d'autres églises. Ce fut
alors qu'il fil de grands progrès dans l'art
d'écrire, ayant eu le bonheur d'être accueilli
par le célèbre organiste Segert, qui lui donna
des leçons de contrepoint. Parvenu à la lin de
ses études techniques, il comprit la nécessité
de recevoir les conseils de quelque grand
maître pour les autres parties de l'art, et son
instinct lui persuada qu'il ne pouvait trouver
ce maitre qu'à Vienne. Les petites économies
qu'il avait faites l'aidèrent à s'y rendre. Il y
trouva dans ses compatriotes Gluck et Gas-
mann tout ce qu'il pouvait désirer sous les
rapports de l'expérience et du beau sentiment
de l'art : tous deux lui firent le meilleur ac-
cueil et lui jirodiguèrent les enseignements
qu'il venait chercher près d'eux. Plus tard, il
apprit de liasse le mécanisme de la coupe des
morceaux de musique d'apiès la méthode ita-
lienne. De retour à Prague, Kozeluch y vécut
en donnant des leçons de chant et de clavecin
jusqu'à ce qu'il fut nommé directeur du chœur
de l'école de musique à l'église des religieux
de la Croix. Il y forma un grand nombre
d'élèves, parmi lesquels il s'est trouvé quelques
artistes distingués. Considéré comme le plus
grand musicien qui fût à Prague, Kozeluch ob-
tint, le 15 mars 1784, la place de maître de
chapelle de l'église métropolitaine, et il en
remplit les fonctions jusqu'à sa mort, arrivée
le ô février 1814. Ses compositions lui ont fait
dans sa patrie la réputation d'un grand musi-
cien, et les artistes qui ont entendu ses ou-
vrages avouent que leur mérite n'est point
au-dessous de l'estime qu'on leur accorde à
Prague; mais telle était la modestie de Koze-
luch, tel était son pur amour de la musique, qu'il
n'a travaillé que pour l'art lui-même, qu'il ne
s'est jamais occupé de sa renommée, et que ses
productions sont inconnues à toute l'Europe.
Parvenu à l'âge de soixante-dix ans, il eut
pourtant, en 1801, la pensée de publier quel-
ques-unes de ses plus belles compositions pour
l'église 5 mais dans un pays si pauvre que la
Bohême, il ne put trouver un nombre de sous-
cripteurs sutTisant pour couvrir les frais de
l'impression, et ce projet fut abandonné.
Parmi l'immense quantité d'ouvrages sortis
de la iiliime de. Kozeluch, on remarque:
1» Jlexandrc aux Indes j grand opéra, re-
présenté à Prague, en 1774. 2» Démophon ,
idem. 3" La Mort d'Abel, oratorio. 4" Gioas
Re di Giuda, oratorio, exécuté à Prague, le
vendredi saint de l'année 1777. 5" Des messes
à quatre voix et orchestre pour tous les di-
manches et jours de fête de l'année, avec les
graduels et offertoires. G*" Quelques messes
solennelles et grandes vêpres pour les solen-
nités de l'église. 7° Cinq messes de Requiem.
8» Cent seize graduels et offertoires. *J° Cent
quarante-sept motets pour toute l'année.
10» Des litanies de la Vierge et des saints.
]\" Antiennes de la Vierge, Salve Regina et
Regina Cœli, etc. La Bibliothèque royale de
Berlin possède de cet artiste les partitions ma-
nuscrits de deux messes solennelles, la pre-
mière (en mi bémol) pour quatre voix et orgue
obligé; l'autre (en re majeur), pour quatre
voix et orchestre; de plus, l'offertoire .ffonum
est confilcri , à quatre voix et orchestre (en mi
mineur), et les motels Omni die Marix me
laudes anima, et Jla'c persona nobis dona,
également à quatre voix et orchestre.
Kozeluch a laissé un fils (Vincent), né à
Piague, bon maître de chant et de piano,
dont on a quelques bagatelles, entre autres
des Menuets pour le bal du Bretfeld, publiés
en 1797, et des danses allemandes, Prague,
Pollé, 1803.
KOZELUCH (Léopold), né en 1754, à
Welwarn, en Bohême, fut un artiste d'instinct
qui aurait pu s'élever au plus haut degré de
l'art sij moins entraîné par sa facilité à pro-
duire, et moins occupé comme maître de
piano, il avait pu méditer avant d'écrire, et
développer, par des études sérieuses, la ri-
chesse d'idées qu'il tenait de la nature. Dès
rage de neuf ans, il apprit les élémenls du
chant et du clavecin sous la direction de son
cousin Jean-Anloine, déjà très-habile musi-
cien à cette époque. Dans sa onzième année il
alla faire ses humanités à Prague, et pendant
ce temps il continua de s'instruire dans la
musique. Déjà il composait de petits mor-
ceaux pour le clavecin, oii l'on remarquait de
la grâce et de la facilité. Après avoir achevé
ses cours de philosophie, de mathématiques
et de droit, il écrivit, pour le théâtre national
de Prague, la musique d'un ballet qui fut re-
présenté en 1771. Le succès qu'obtint cet
ouvrage l'encouragea et lui fil composer, dans
l'espace de six ans, vingt-quatre autres bal-
lets, trois pantomimes, et plusieurs airs et
chœurs introduits dans différentes pièces. En
1778, il se rendit à Vienne, où il se fit bientôt
connaître avantageusement par un très-grand
KOZELUCH — KOZLOWSKI
80
nombre de composilions de tout genre. L'em-
pereur Joseph II le choisit pour maître de
piano de l'archiduchesse Elisabeth, première
femme de l'empereur François II. Cette cir-
constance fut la cause de sa fortune d'artiste,
carsa position à la cour lui fournit les moyens
d'obtenir, après la mort de Mozart (en 1792),
sa nomination de compositeur de la chambre
impériale; sinécure à laquelle était attaché
un traitement de quinze cents florins, et qui,
de plus, donnait de la considération à celui
qui la possédait. Le frère de Rozeluch avait
établi un magasin de musique à Vienne : il
fut le principal éditeur <les œuvres du compo-
siteur. Celui-ci, pianiste distingué par le
goût et l'expression, avait une mullilnde
d'élèves dans les maisons les plus considé-
rables de Vienne : bientôt cette haute société
mil en vogue la musique de Rozeluch de pré-
férence à toute autre. Cette musique ne se
fait pas remarquer par un grand mérite de
facture; on y trouve même bon nombre d'in-
correclions; mais la mélodie gracieuse, élé-
gante et facile y abonde. De là vient qu'elle
était recherchée par tous les amateurs. En
France, le prodigieux succès des œuvres de
Pleyel lui fut nuisible, et sa vogue y cutmoins
de durée qu'en Allemagne. Aujourd'hui, cette
musique est complètement oubliée. Rozeluch
est mort à Vienne le 8 février 1814, cinq jours
après Jean-Antoine, son parent et son maître.
Le nombre des compositions de cet artiste
~'est immense. On y compte, parmi les opéras
et les oraloirios : \° Mazet, petit opéra fran-
çais. 2° Didone abbandonata, opéra sérieux
italien, ô" Mosè in Egitlu, oratorio écrit en
1787, et exécuté quatre fois à Vienne, au bé-
néfice des veuves d'artistes, par cent quatre-
vingts musiciens. A" Judith, opéra sérieux,
écrit par ordre de l'empereur Léopold. 3" Ot-
tone, grand ballet héroïque, publié en parti-
tion pour le piano. 6" Les aventures de
Tclémaque daiis Vile de Calypso, tableau
caractéristique de musique, composé en 171)8.
7" Debora et Sisara, opéra sérieux. 8" Beau-
coupde cantates, dontune grande, à l'occasion
du couronnement de l'empereur Léopold II,
exécutée au théâtre national de Prague, le
fi septembre 1791 ; Complainte de Denis à la
mort de Marie-Thérèse; Joseph; la Béné-
diction de l'humanité; l'Orage; la cantate
de PfelTel sur Thérèse paradies, etc. 9» Beau-
coup d'airs détachés et de chœurs pour diffé-
rentes circonstances. Dans sa musique in-
strumentale, on cite : 10» Environ trente
symphonies à grand orchestre. 11 en a été
publié deux à Paris, chez Sieber. 11» Deux
suites de pièces d'harmonie pour deux haut-
bois, deux clarinettes, deux cors, deux bas-
sons et contrebasse, Bonn, Simrock. 12" Qua-
tuors pour deux violons, alto et basse, op. 52
et ôô, Paris, Naderman. lô» Concertos pour
piano et orchestre, n^M à 11, Paris, Nader-
man; OlTenbach, André. Il en avait écrit,
dit-on, plus de soixante, dont trois à quatre
mains. 14° Sonates et trios pour piano, violon
et violoncelle, au nombre de cinquante-sept,
op. 3, 6, 12, 21, 25, 28, 32, 33, 34,36, 37,
40, 41, 42, 44, 4G, 47, 48, 49, 50, 52. Man-
heim, Offenbach, Vienne et Paris. 13" Sonates
pour piano à quatre mains, op. 4, 10, 11, 13,
19, 29, ibid. 10» Sonates pour piano seul,
op. 1, 2, 5, 7, 8, 9, 22, 30, 35, 38, 51, 53,
ibid. 17" Pièces faciles, caprices, etc , op. 43,
45, ibid. 18" Sept recueils de menuets, de dan-
ses allemandes pour piano, ibid. 19" Plusieurs
recueils de chansons allemandes et italiennes,
avec accompagnement de piano, ibid. 20" Six
concertos pour violoncelle. Deux seulement
ont été gravés. 21" Deux idem pour clarinette.
22" Deux idem, pour cor de bassette. 23" Trois
symjihonies concertantes pour violon, alto et
violoncelle. 24" Symphonie concertante pour
deux pianos et orchestre. 25" Concerto pour
piano à quatre mains et orchestre. 2G" Vingt-
quatre ballets et trois pantomimes, pour le
théâtre de Prague. La bibliothèque royale
de Berlin possède la partition manuscrite de
l'Oratorio de Léopold Rozeluch jVosè in
Egitto, en deux parties, composé en 1792.
KOZLOWSKI (Joseph) (1), né à Varsovie
en 1737, apprit dès son enfance la musique
dans la chapelle de l'église cathédrale de
Saint-Jean, dans cette ville, et montra de
bonne heure les plus heureuses dispositions
pour cet art. A l'âge de dix-huit ans, il entra
comme maître de musique dans la maison du
comte André Oginski, depuis lors palatin de
Traki, et ce fut lui qui donna les premières
leçons au jeune comte Michel Cléophas Oginski,
dont le nom est devenu plus tard si célèbre
dans les annales de la musique polonaise.
Dans un voyage qu'il fit en Russie, il y entra
au service militaire, et s'attacha au prince
(I) El non A'oss/otwiAj/iCommeGerbcrécrit ce nom,el
comme on le trouve dans le Lexique universel de mu-
sique, publié par Scliilling; encore moins Koto/J'slt;/,
objet d'un autre article du même Lexique, el qui n'est
qu'un double emploi. Il faut remarquer au surplus que les
noms polonais ont la terminaison en t, et non en y : c'est
ce qui Us dislingue des noms russes et de ceux de l.t
liolume. I.a plupart des biographes allemands et fran-
çais font une faute à cet égard.
so
KOZLOWSKI
Dolgorouky, en qualité d'aide de camp, dans
la guerre contre les Turcs. Le prince Po-
temiiin , favori de l'impératrice de Russie
Catherine II, ayant eu occasion de voir Roz-
lowski, fut frappé de sa figure prévenante, du
son agréable de sa voix et de son talent. Il
l'attacha à son service, le conduisit à Péters-
bourg, et c'est depuis ce temps que le musicien
|)olonais s'est rendu célèbre comme directeur
de musique et comme compositeur. Ce fut lui
qui dirigea un orchestre de quatre cents musi-
ciens à la fête somptueuse que Potemkin
donna à l'impératrice dans le palais de la
Tauride, à Pélersbourg. La fameuse polo-
naise qu'il composa à celte occasion, trans-
porta d'admiration la brillante assemblée qui
assistait à cette fête. Bientôt répandue dans
tout l'empire et dans la Pologne, elle y eut le
même succès ; aujourd'hui même les Polonais
ne peuvent l'entendre sans émotion.
Après la mort de Potemkin, Roziowski fut
appelé au service de la cour comme directeur
de musique des théâtres impériaux. Il en rem-
plit les fonctions sous Catherine II, et sous
les empereurs Paul P'' et Alexandre, jusqu'en
1821, pendant trente ans. Une atteinte d'apo-
plexie dont il fut frappé à cette époque, atTai-
l)lit ses facultés, et l'obligea à demander sa
retraite ; elle lui fut accordée avec une pension
considérable, et il conserva le titre de conseil-
ler d'Etat qu'il avait reçu en récompense de
ses services et en considération de son talent.
Dans l'espoir qu'un climat plus doux pourrait
lui rendre la sanlé^ sa famille lui fit faire un
voyage en Pologne pendant les années 1822
et 1823; il en éprouva quelque soulagement;
mais le désir de retrouver de longues habi-
tudes le fit retourner à Pétersbourg en 1824.
Il y passa ses dernières années dans le repos
près de sa fille, harpiste d'un mérite distin-
gué, et mourut à l'âge de soixante-quatorze
ans, le 17 mars 1831.
La multiplicité des occupations de Kos-
lowski pour le service de la cour de Russie,
et le grand nombre de morceaux qu'il était
obligé d'écrire pour les fêtes de tout genre, ne
lui permirent pas de travailler pour l'art,
comme il aurait pu le faire, s'il eut joui de
plus de liberté. Le nombre de chœurs, de can-
tates et de polonaises à grand orchestre qu'il
a écrit pour des occasions solennelles est im-
mense : on compte plus de'six cents de celles-ci.
Les premières qu'il composa sont les meil-
leures; dans la suite on lui en demanda sur
«les thèmes d'opéras français et italiens qui
plaisaient aux gens du monde, mais qui
n'avaient plus le cachet d'originalité natio-
nale, si remarquable, de ses premières pro-
ductions. Il a écrit aussi beaucoup de chan-
sons sur les vers de Derschawin, poëte russe
renommé pour ce genre. L'empereur Alexan-
dre aimait beaucoup les airs de Roziowski, et
les faisait arranger pour les corps de musique
de sa garde. Parmi les ouvertures et chœurs
que ce musicien écrivit pour des drames, on
cite particulièrement les morceaux qu'il in-
troduisit dans la tragédie de Fingal. Mais le
meilleur ouvrage de Roziowski est, de l'aveu
de tous les artistes, la messe de Requiem à
quatre voix et orchestre qu'il écrivit en 1798
pour le service funèbre du dernier roi de
Pologne Stanislas Auguste Poniatowski, et
qui fut exécuté à Pétersbourg par un grand
nombre d'artistes distingués. Cette messe a
servi depuis lors (le 29 novembre 1804) pour
les obsèques de Jarnowick. La partition de
cet ouvrage a été imprimée chez Breitkopf et
Ilœrlel à Leipsick. On a publié à Berlin, chez
Lischke, huit polonaises de Roziowski, arran-
gées pour le piano. On a aussi gravé de sa
composition à Prague, en 1797 : Six polonaises
à grand orchestre, et un recueil de polonaises
pour le piano.
ROZLOWSRI (Icnace-Plato?,), né en
1780, à Winniça, petite ville de la Podolie,
est un des bons professeurs de piano et com-
positeurs polonais pour cet instrument. Dans
sa jeunesse, il se rendit à Pétersbourg et y re-
çut des leçons de Field. Ses éludes terminées,
il s'établit d'abord comme professeur dans sa
ville natale, puis en Ukraine, et visita Varso-
vie, où il écrivit un opéra, intilulé : Marylla,
qui ne fut pas représenté. De retour en Russie,
il se livra pendant plusieurs années à l'enseigne-
menl, à Pélersbourg et à Moscou. Devenu
riche par le produit de ses leçons, il forma le
projet d'établir un Conservatoire de musique à
Winniça, et déjà l'on voyait s'élever les murs
de cette école, lorsque des obstacles imprévus
en arrêtèrent la construclion. Contrarié dans
ses vues, Roziowski s'éloigna du lieu de sa
naissance et se rendit à Odessa, où il séjourna
quelque temps. Il quitta ensuite cette ville, et
depuis lors les renseignements précis man-
quent sur sa personne. Cet artiste a publié de
sa composition : un recueil de mélodies sur des
paroles polonaises, avec accompagnement de
piano, qui a rendu son nom populaire dans sa
patrie; une rêverie intitulée : DumaoKosins-
kim; plusieurs polonaises pour le piano, et
l'ouverture de son opéra, arrangée pour cet
inslrumenl, et gravée à Odessa; mais i'ou-
K^lOWSKI — KR^IlMEn
91
vrage le plus important de Kozlowski est une
méthode de piano {Sykola na Forlepian) qui
renferme de bons aperçus concernant l'en-
seignement pratique et l'art de nuancer le jeu
de cet instrument.
KOZMANECZRY, en latin RÔZ-
MAJXCZÏÎJS (Wenceslas), naquit à Czaslau,
en 1008. Il apprit dans sa jeunesse le latin et
la musique à Bœmisch-Brod. Plus tard, il em-
brassa le catholicisme, et alla étudier la phi-
losophie et la théologie chez les jésuites à
Prague. Ses connaissances musicales et litté-
raires le firent bientôldistinguer. Il iut nommé
directeur de musique de l'église de Saint-Henri,
puis de celle de Saint-Étienne à Prague, où il
resta depuis 1644 jusqu'en 1653. L'année de
sa mort est inconnue. Plusieurs morceaux de
sa composition sont conservés au couvent de
Slrahow.
RUACIÎEU (Jean-Mathieu), né à Mattig-
horen, en Autriche, le 30 janvier 1752, entra
comme enfant de chœur au couvent de Fllrsten-
zell, près de Passau. Il y remplit ensuite les
fonctions de chantre. En 1772, il fut nommé
organiste au couvent de Seekirchen, près de
Salzbourg, et il y demeura plus de quarante
ans. On ignore l'époque de sa mort. A défaut
de maître de composition, il avait appris l'art
d'écrire dansdes.partilions qui lui étaient prê-
tées par Michel Haydn. Gerber indique les
productions suivantes de cet artiste comme
existant déjà en manuscrit dès l'année 1803 :
1» Vingt-deux messes de différents genres pour
plusieurs voix et instruments. 2» Quatre Re-
quiem, ô" Vingt-quatre graduels. 4» Six offer-
toires. 5» Quatre litanies de la Vierge. 6» Deux
Te Deum. 7". Six leçons des ténèbres. 8» Vé-
lires de la Vierge, 9" Vingt Hymnes des vêpres
et autres motels.
RRyEGElX (CHAni.Es), professeur de piano
et compositeur, naquit à Lemberg, en 1797,
se fixa à Dresde vers 1820 et se livra à l'en-
seignement de son instrument. En 1824, il
établit dans cette ville des cours de piano
d'après la méthode de Logier : il a écrit i>our
ces cours des morceaux de piano à quatre
mains. Rrœgen vivait encore en 1840; mais il
est mort peu de temps après. Ses ouvrages les
plus connus sont ceux-ci : 1" Grande polonaise
brillante pour le piano, op. 1; Posen, Ste-
fanski. 2" Pièces pour physharmonica et piano
à quatre mains ; Leipsick, Hofmeister. 3" Trois
polonaises pour piano à quatre mains, op. 9;
Leipsick , Whistling. 4° Rondeau polonais
pour piano à quatre mains, op. 12; Leipsick,
lireilkopr et Hœrtcl. 5° Polonaise biillante
idem, sur des thèmes de l'opéra d'Auber, la
Muette de Portici, op. 13 ; ibid. G» Trois po-
lonaises pour piano à quatre mains, op. 15;
Leipsick, Whistling.
KRyEHMEi; (Caholine), née SOIILEI-
ClîER, a vu le jour, le 17 décembre 1794, à
Stokach , sur le lac de Constance, et à cinq
lieues de cette ville. Son père, bon musicien et
bassoniste habile, était chef de musique d'un
régiment; plus tard, il entra dans la chapelle
du duc de W^urlemberg et sa famille le suivit
à Stuttgard. Caroline et sa sœur aînée appri-
rent à jouer du vjolon chez Baumiller, musi-
cien de la cour. Lorsque la première «ut
atteint l'âge de neuf ans, son père lui enseigna
la clarinette; choix bizarre d'instrument pour
une personne de son sexe. Les deux sœurs
ayant atteint le degré d'habileté que leur père
désirait leur voir posséder, celui-ci donna sa dé-
mission de sa place, afin de voyager avec elles
dans le Tyrol et en Italie; mais la guerre mit
obstacle à ce dessein, et obligea cette famille
d'artistes à borner ses courses au Tyrol et à la
Suisse. Pendant j)lusieurs années ils restèrent
à Zurich, où la société de musique les avait
engagés pour les concerts permanents. Plus
tard, ils se fixèrent dans la petite ville de Bade
pour le service de la musique d'église et de
théâtre. Caroline continuait de jouer du violon
et de la clarinette : quelquefois elle dirigeait
l'orchestre. De nouveaux voyages ayant été
entrepris par sa famille, elle se trouvait à
Augsbourg lorsqu'elle eut occasion d'entendre
Rode, dont lé talent fit sur elleune impression
qui exerça beaucoup d'influence sur ses pro-
grès. Le mauvais étal de la santé du père de
celte jeune virtuose l'ayant obligé d'accepter
une place fixe de musicien à Pforzheim, sa
fille l'y suivit. Elle ne quitta cette ville qu'en
1819 pour se rendre à Carlsruhe, où elle prit
des leçons de piano, tandis qu'elle perfection-
nait son talent sous la direction de Fesca, et
qu'elle apprenait l'harmonie chez le maître de
chapelle Danzi. Après deux années de séjour
dans cette ville, elle recommença ses voyages,
visita beaucoup de villes où elle se fit entendre
avec succès, et arriva à Vienne, au mois de
février 1822. Des applaudissements unanimes
y furent accordés à son double talent de violo-
niste et de clarinettiste dans les concerts
qu'elle donna aux théâtres An der JFien et
de la Porte de Carinthie. Ce fut dans cette
ville qu'elle épousa Kraehmer, artiste de la
chapelle impériale {voyez l'article suivant).
Depuis lors, elle a fait plusieurs voyages avec
son mari, et partout elle a été applaudie avec
9i
RR.^HMER - KR.4^MER
enlhousiasme. On a gravé de sa composition :
Sonatine pour piano et clarinette, Vienne,
Leidesdorf. Après la mort de son mari, ma-
dame Rraehmer ne s'est plus fait entendre
que dans un concert donné à Vienne, au mois
de février 1839 : elle y joua avec ses deux fils
untriodesa composition pourclarinette, piano
et violoncelle.
KR.^HMER {J. -Ernest), premier haut-
boïste du théâtre de la cour de Vienne, et mu-
sicien de la chambre impériale, est né à
Dresde, le 50 mars 1795. Dans son enfance, il
apprit presque seul à jouer de plusieurs in-
struments. A l'âge de onze ans, il entra dans
rinstitut militaire d'Annaburg et s'y livra
avec ardeur à l'étude de la musique. Deux ans
après, il joua dans un examen public un con-
certo sur la flûte et un autre sur la clarinette,
et l'année suivante il en joua un sur le basson
et un autre sur le hautbois. De retour chez ses
parents à l'âge de quinze ans, il fut placé chez
Krebs, musicien de la ville, qui, voulant es-
sayer ses forces, lui fit jouer un concerto sur
chacun des quatre instruments qui viennent
d'être nommés, Kummer et Jackel, artistes de
beaucoup de mérite, et musiciens de la
chambre du roi de Saxe, lui donnèrent ensuite
des leçons de hautbois pendant trois ans, et
développèrent son talent qui, depuis lors, est
devenu remarquable. Les événements de la
guerre, au commencement de 1814, l'obligè-
rent à prendre les armes comme volontaire;
mais une inflammation de poumons, occa-
sionnée par des marches forcés, le fit mettre
à l'hôpital, et bienlôtaprès, il obtint son congé
comme invalide. Invité alors à prendre pos-
session d'une jilace de hautboïste au théâtre
de la cour de Vienne, il se rendit dans cette
ville et y arriva au mois de février 1815. Au
mois de septembre 1822, il a reçu sa nomina-
tion de musicien de la chambre. C'est dans la
même année qu'il est devenu l'époux de la cé-
lèbre clarinettiste mademoiselle Schleicher,
avec qui il a fait depuis lois des voyages en
Russie, en Hongrie, en Bohême et dans tliverses
parties de l'Allemagne, où son talent a obtenu
de brillants succès. .Rrœhmer n'est pas seule-
ment un hautboïste de première force; il se
distingue aussi sur le Czakan, instrument à
vent d'origine hongroise, dont il joue avec une
habileté extraordinaire, et pour lequel il a
écrit une méthode, suivie d'exercices et d'une
table des cadences dans tous les tons, intitu-
lée : lYeueste theorciische und praktisclie
Czakanschule, iiebst ôO fortschrcilenden Ue-
btinysliicken , de. , Vienne, Dia!)clli Une
deuxième édition a été publiée en 1800-180',
trois parties in-fol., chez le même éditeur.
Cet ouvrage est l'œuvre 31^ de Rraehmer.
Krœhmer était compositeur ; il avait écrit la
plupart des morceaux qu'il exécutait darts les
concerts : toute cette musique est restée en
manuscrit. Cet artiste est mort à Vienne, le
16 janvier 1837. Il eut deux Vûs^ Charles ^pia-
niste, et Ernest, violoncelliste, qui ne se sont
pas élevés au dessus du médiocre.
RR.IÎMER (GEoncES-LoDis), né à Tlofen-
Neuhaus, dans le Wurtemberg, en 1731, était
un habile facteur d'orgues, qui vivait à Bam-
berg, en 1783. Il a perfectionné quelques dé-
tails de son art.
KUtEMEU (Jean-Pai!l), facteur de clave-
cins et de pianos, naquit en 1743 à JUchsen,
village du duché de Saxe-Meinungen. Après
avoir fait son apprentissage dans la fabrica-
tion des instruments à Gross-Breitenbach, en
Thuringe, il alla s'établir à Gnettingue, et
l'excellence de ses clavecins lui fit bientôt
une brillante réputation dans toute la Saxe et
le Hanovre. Ses instruments étaient recher-
chés comme ceux de Stradivari ou de Guar-
neri le sont parles violonistes. Sans être mu-
sicien, il avait un sentiment délicat de ce qui
constitue la beauté du son et l'accord le plus
pur. En 1786, aidé de son fils aine, il fit ses
premiers grands pianos, précisément à l'épo-
(pie où Siein se livrait aussi à Augsbourg à la
fabrication de ce genre d'instruments; l)ien-
tôt Kraemer vit ses pianos recherchés comme
l'avaient été autrefois ses clavecins. En 1806,
ses fils se séparèrent de lui et fondèrent une
fabrique en leur nom. Seul, il continua encore
de produire quelques instruments, mais avec
moins d'activité. Il cessa de vivre le 9 mars
1819.
KR.'EMEll (Jean-Chrétien-Frédéiiic), né
à JUchsen, le 10 février 1770, et KIl/EMER
(Georges-Adam), né à Gœttingue le 26 décem-
bre 1775, tous deux fils du précédent, ont
fondé' en 1806 une fabrique de pianos sous la
raison sociale les frères Krxmcr. D'après
l'opinion de l'auleur d'un article qui les
concerne, dans le Lexique universel de mu-
sique publié par Schilling, leurs instruments
égalent ou surpassent même ceux des meil-
leures fabi'iques de Paris et de Londres.
J'ignore ce qu'il peut y avoir d'exact dans
cette assertion; toutefois, il est permis d'en
apprécier la valeur, lorsque cet auteur ajoute
que Sireicher, Graff et Schiedmann sont pour
l'Allemagne méridionale, ce que les frères-
Krîrmcr ont été longtemps ponr le nord de co
KR^EMER - KRAFFT
93
pays. Georges-Adam ayant cessé de vivre le
20 mars 1826, son frère est resté seul chargé
de la direction de la fabrique. Ce dernier,
élève du célèbre historien de la musique
Forkel , passe à bon droit pour musicien
instruit.
KR.lîMERnOF (Jean-Guillaume), fac-
teur d'orgues à Dusseldorf, depuis 1801, s'est
fait connaître avantageusement par le grand
orgue de l'église Saint-Lambert, à Oldenbourg,
qu'il a achevé dans cette même année. Cet in-
strument est composé de quarante-six jeux,
quatre claviers et pédale.
KR^UÏEU (Philippe-David), cantor et
directeur de musique de l'église Sainte-Anne,
à Augsbourg, est né en celte ville, le 14 août
1690. En 1712, il institua un concert d'ama-
teurs qui eut pour effet d'étendre le goût de la
musique à Augsbourg, où il était alors peu
répandu. Ce concert n'a cessé d'exister qu'en
1779. Rrseuler était mort en 1741 , laissant en
manuscrit des messes, graduels, offertoires,
vêpres et motets pour tous les dimanches et
fêtes de l'année.
RUAFF (Michel), compositeur du dix-
septième siècle, né dans un village de la
Franconie, suivant l'avertissement de son re-
cueil de messes à douze voix, et, selon toute
probabilité, vers 1380, n'est connu que par les
ouvrages suivants : 1" Die neun Mttsen, mit
8 Stimmen und Generalbass (les Neuf Muses,
à huit voix et basse continue), Dillingen,
1616. On trouve à la bibliothèque royale de
Munich un exemplaire du même ouvrage avec
ce titre latin : Musx novx octonis vocihus,
cum duplici basso ad organum. Saiiclx
MisScT sacrificio, horis vespertinis et cœlibits
festive honorandis accomomodatcV jBiWingen^
apud Greg. Haculinum, 1616, in-4''. 2" Missx
12 t'OCM/n, op. 6, 1624. ô" Sacri concentus 2,
3, 4, 7 vocMm, Ravensbourg, 1624.
KRAFFT (Jean-Frédéric), né à Dona-
wert (Bavière), en 1698, fit ses études littéraires
et musicales au couvent de Benedictbeucrn.
Dans la première édition de celte Biographie
des musiciens , je l'ai confondu à tort avec les
Krafft de la Belgicpie. Feu mon excellent ami
Joseph Stunz, maître de la chapelle royale de
Slunich, qui a bien voulu m'aider dans mes
recherches sur les musiciens bavarois, m'a
fourni sur cet artiste les renseignements qu'on
trouve ci-dessus, et y a ajouté que Jean-Fré-
déric Rrafft fut directeur de musique de
l'église des Jésuites d'Augsbourg, et que dans
ses dernières années il se retira chez sa fille,
mariée à Aschaffenbourg, où il mourut le
29 juillet 1753. Il a publié de sa composition :
Sex Missx brèves pro quatuor vocibus cum
organo obligato, op. 1, Augsbourg, Lotler. II
a laissé en manuscrit des messes allemandes
avec deux violons et orgue, des psaumes, des
hymnes et des litanies avec petit orchestre.
KRAFFT. Trois musiciens de ce nom, et
qui ont pour prénom François, sont nés à
Bruxelles à la même époque. Il est difficile de
les distinguer dans les positions qu'ils ont oc-
cupées ainsi que dans leurs œuvres. M. Xavier
Van Elewyck [voyez ce nom), amateur distin-
gué de musique, à Louvain, qui s'est livré,
comme moi, à des recherches patientes sur ces
artistes, a trouvé pour résultat les faits sui-
vants :
KRAFFT (François-Joseph), né à Bruxel-
les, le 22 juillet 1721, était fils de Jean-Lau-
rent Krafft et de Marie Aubersin. Il fut enfant
de chœur à Gand dans le même temps que
Terby, de Louvain, chef et aïeul de la famille
d'artistes de ce nom. M. Thys dit (1) que
KrafTt a étudié en Italie, et qu'il y obtint un
prix dans un concours pour la composition
d'un motet {In convertendo Dominus); mais
cela ne peut être exact, car, pendant le dix-
huitième siècle, il n'y eut en Italie de concours
que pour des places de maitre de chapelle.
M. Van Elewyck pense que François-Joseph
Krafft succéda à son père dans la place de
maître de chapelle de l'église Notre-Dame du
Sablon ; Gerber dit, dans son Premier Lexique
des musiciens (t. I, p. 731), qu'il occupait
cette place en 1760 ; ]e Dictionnaire des musi-
ciens de Choron et Fayolle le copie en cela;
cependant Krafft, dont le nom se trouve parmi
ceux des compositeurs de musique et des orga-
nistes et professeurs de clavecin dans l'espèce
d'almanach qui a pour titre : le Guide fidèle
contenant la description de la ville de
Bruxelles, etc. (Bruxelles, J. Moris, 1761 ,
in-12), n'y figure pas dans la liste des maîtres
de chapelle ou directeurs de musique (p. 79),
composée des noms de Croes, Van llelmont,
Godecharle, Moris cadet et Delhaye. A celle
époque, Croes était maitre de la chapelle
royale; Van llelmont, de Sainte-Gudule; Jac-
ques-Antoine Godecharle, de Saint-Nicolas;
Delhaye, de Notre-Dame du Sablon, et Moris,
de l'église du Finistère. \J'Almanach nouveau
pour l'année 1766, ou le Guide fidèle , etc.
(p. 78-79) reproduit encore le nom de Krafft
parmi les compositeurs, organistes et profes-
seurs du clavecinj mais on ne le trouve pas dans
(I) les Sociétés chorales en Belgique, 2« cdit.> p. 20i.
94
KRAFFT
la lisle des directeurs de musique et maîtres de
chapelle, composée de cette manière : Croes,
Fan Hclmont , Delpier , Godecharle , Del-
fiaye, Brenqué, Moris cadet, Stncq et Pau-
wels. Ce dernier, père du compositeur de ce
nom, était chanteur de la chapelle royale et
dirigeait la musique à l'église des Riches-
Claires; Delpier était à l'église du Béguinage.
Or, Krafft quitta Bruxelles deux ans après
cette date de 1766; il ne fut donc maître de
chapelle ni de Notre-Dame du Sablon, ni d'au-
cune autre église de cette ville. On voit dans
les registres de l'état civil qu'il épousa, à
Bruxelles, Jeanne-Catherine JFillems , le
9 janvier 1768; il était alors âgé de près de
quarante-sept ans. Après cette époque on ne
trouve plus de traces de son existence à
Bruxelles, ni de celle de sa femme dans les re-
gistres de l'état civil, parce qu'il alla prendre
alors possession de la place de maître de cha-
pelle de l'église Saint-Bavon, à Gand. Il est
certain qu'il occupait cette place en 1772, car
M. Van Elewyck a trouvé à Maiines une pièce
authentique dans laquelle on voit que le ma-
gistrat de cette ville lui paya les frais de son
voyage de Gand à Maiines, où il était venu
comme membre du jury d'un concours de ca-
rillon et d'orgue. Il mourut dans cette position,
le lôjanvier 1795, suivant un registre de la
paroissede Saint-Bavon, où on lit : \^januarii
i79^ sepultum est cadaver Francisci Krafft
mariti Joannx Catharinx JFillems, hujus
cathedralis Ecclesias Phonasci qui obierat
13 hxijusdem, mcdio octavx vespertinae,xta-
tis sux anno 67™". Il y a erreur ici dans l'in-
dication de l'âge de cet artiste au moment de
son décès, car Krafft avait alors soixante-qua-
torze ans moins quelques mois. Il ne peut y
avoir de doute sur l'identité de François-Jo-
seph Krafft avec le maître de chapelle de
Saint-Bavon, bien qu'il ne soit nommé que
François dans la mention authentique de
ses funérailles, car il s'agit de l'époux de
Jeanne-Calherine Willems. La lisle de ses
composilions pour l'église, tirée des archives
de Saint-Bavon, se compose de la manière sui-
vante : 1° Te Deum à huit voix et orgue (en
ut majeur), daté de 17G9. 2" Messe à cinq voix
et orgue, 1771 . 5" £cce panis, duo pour alto et
«énore (en ré majeur), à grand orchestre, daté
«le Bruxelles, 1774. Il est vraisemblable que ce
moi-ccau appartient à un autre musicien du
même nom, dont il sera parlé tout à l'heure.
4" Te Deum à huit voix et orgue (en ré ma-
jeur), Gand, 1774. 5" Te Deum à huit voix et
orgue (en la mineur), 1774. 6» Confitcbor tibi.
chœur avec orchestre (en ré majeur), 1770.
7» Messe à cinq voix et orgue (en la mineur),
1776. 8» Beatus vir, chœur avec orchestre
(en re majeur), 1777. Q" Dixit, à petit orchestre
(en fa majeur), 1782. 10" Laudate pueri à
petit orchestre (en mi bémol), 1782. 11° Quis
sicut Dominus à cinq voix et orgue (en sol
majeur), 1786. 12" y/ve Regina Cœlorum à
petit orchestre (en ré majeur), 1787. 13" Lx-
tatus sum, chœur et grand orchestre (en sol
majeur), 1789. 14" Dixit à six voix et grand
orchestre (en ut majeur), 1789. 15» Laudate
pueri, chœur et grand orchestre (en ré ma-
jeur), 1790. 16" Idem, idem (môme ton), 1791 .
17" Messe à quatre voix et orgue (en ré mi-
neur), 1791. 18" O Sacrum Convivium pour
ténor et basse, à grand orchestre (en fa ma-
jeur), 1792. 19° Idem à huit voix et grand or-
chestre (en ré majeur), 1792. 20" y/ue verum,
chœur et orchestre (en fa majeur), 1792.
21" O Salutçiris à cinq voix et orchestre (en
fa majeur), 179^ 22» Messe à petit orchestre
(en sol majeur), sans date. 25" Messe à huit
voix et orgue (en ré mineur), idem. On con-
naît, en outre, de François-Joseph Krafft le
motet Super flumina Babylonis, charmante
composition à cinq voix, chœur et orchestre
dans le style dePergolèse: suivant la tradition,
cet ouvrage lui aurait fait obtenir la place de
maître de chapelle à l'église du Sablon de
Bruxelles, et serait au nombre de ses pre-
mières productions; In convertendo Dominus,
motet qu'on croit avoir été écrit eu Italie dans
un concours; les Sept psaumes de la péni-
tence, pour chœuretorchestre (à la cathédrale
de Gand) ; In exitu Israël, dernier ouvrage
de l'artiste et qui, suivant M. Thys (loc. cit.),
ne fut achevé que quatre jours avant sa mort
(1795). M. VanElewyck considère aussi comme
appartenant à François-Joseph Krafft six
messes et trois motels qui sont à la paroisse
de Notre-Dame à Saint-Nicolas (Flandre orien-
tale) et proviennentde la vente de la collection
de musique de Terby (père), de Louvain. Elles
portent le nom de François Krafft, mais sans
indication de lieu et de date. Ces compositions
ont pour titres: Cum invocarem, motet avec
orchestre divisé en huit morceaux; Stat in
cœlo (en ré), idem; Foces Ixtx (en ré), idem ;
Missa solemnis, à quatre voix et orchestre ;
Missa soletyinis (sans indication de ton),
idem; Messe de requiem (en fa), idem ; Missa
solemtiis (en ré), idem ; Missa solemnis
(en sol), idem; Messe (en la), idem. Rien
ne prouve toutefois que jdusieurs de ces
ouvrages n'ont pas clé composés par un des
KRAFFT
9S
autres musiciens dont les notices suivent celle-
ci. Quoi qu'il en soit, il est hors de doute que
François-Joseph Rrafft fut un artiste de grand
mérite, et qu'il eut une brillante réputation
dans les Pays-Bas. Une question reste incer-
taine à son égard, à savoir si son père, Jean-
Laurent, était musicien et fut un ancien
maître de chapelle de l'église du Sablon de
Bruxelles qui portait le nom de Krafft. Un de
mes plus anciens souvenirs est que je fis mon
■ début comme organiste à l'âge de huit ans, en
1792, à l'église du chapitre de Sainte-Waudru,
à Mons, et que j'accompagnai un motet de
Krafft sur une partie de basse chiffrée dont le
papier jauni par le temps et l'ancienne nota-
tion sont encore présents à ma mémoire, et
indiquaient certainement une époque alors
plus reculée de soixante-dix ou quatre-vingts
ans. Le motet était écrit pour quatre parties
vocales, basse instrumentale exécutée par un
violoncelle et une contrebasse, etpartied'orgue
pour l'accompagnement. L'auteur de ce mor-
ceau, sans aucun doute pour moi, avait pré-
cédé François-Joseph. Ma conviction intime
est que les artistes de ce nom étaient Alle-
mands d'origine. M. Dupuis, employé de l'état
civil à l'hôtel de ville de Bruxelles, qui a bien
voulu faire des recherches pour moi à ce su-
jet, m'a affirmé qu'avant 1721 , il n'a pas trouvé
trace d'une famille Krafft dans celte ville.
RRAFFT (Jean-François), fils de Tho-
mas-Jean et d'Elisabeth Vanllelmont, naquit
à Bruxelles, paroisse de Sainte-Gudule, le
7 juillet 1732, et mourut dans la même ville,
le 16 décembre 1806.-
KRAFFT (François), deuxième fils de
Thomas-Jean et d'Elisabeth Van Helmont, et
frère du précédent, naquit le 3 octobre 17ôô :
on n'a pas trouvé la date de sa mort dans les
livres de l'état civil de Bruxelles. Celui-ci me
paraît avoir été compositeur et maître de
chapelle à Bruxelles postérieurement au départ
de François-Joseph et à son établissement à
Gand comme maître de chapelle de Saint-
Bavon. Je lire celte induction de plusieurs faits ,
qui semblent hors de contestation. Malheureu-
sement les volumes du Guide fidèle publiés
après celui de 1707 ne renferment pas les ren-
seignements qu'on trouve dans les précédents
sur les compositeurs et maîtres de chapelle de
Bruxelles, et la disparition des archives de
l'ancienne fabrique de l'église Notre-Dame du
Sablon rend toute vérification impossible en ce
qui concerne la maîtrise de cette chapelle.
Une seule induction se lire des Fermischte
I\'achrichlen die schœnen KUnste betreffend
des Unterhaltiingen de IIambourg(ann. 17CC,
n» ô) : on y voit que François Krafft, de
Bruxelles a publié récemment trois sonates
pour le clavecin , à Francfort-sur-Ie-Mein.
D'autre part, Gerber indique sous le même
nom six quatuors pour deux violons, alto et
basse publiés à Nuremberg en 17G1, sous le
titre de symphonies f SIX duos pour deux flûtes,
imprimés dans la même ville, ainsi qu'une
ariette italienne avec deux violons et basse.
Or, on a vu dans l'article précédent qu'en
1761 jusques et y compris 1767, François
RrafTt est à Bruxelles comme organiste, pro-
fesseur de clavecin et compositeur : il n'est
donc pas en Allemagne et n'y publie pas de
musique de sa composition. Je dois à l'obli-
geance de M. Xavier Van Elewyck la connais-
sance du litre exact de l'œuvre de six divertis-
sements pour clavecin et violon de François
Krafft indiqué sommairement par Gerber; le
voici : Sei Divertimenti per il cembalo da
sonarsi con un violino solo o pure senza,
dedicati ail' eccellenza del Sig^^ Barone di
ed in Dalberg etc. Composti da Francesco
Krafft di Bruxelles^ maestro di cappella, e
compositore di musica. Op. quinta. Si ven-
dono in Brusseles, appresso l'autore; — da
J.-J. Boucherie, Stampatore e Libraio, nella
strada del Imperadore. A Liegi, da Bene-
detto Andrez intagliatore , etc. Il y a sur ce
titre quelques observations qui tendent à prou-
ver que l'ouvrage n'appartient pas à François-
Joseph Krafft, mais bien à un autre artiste dont
le prénom était simplement François. Remar-
quons d'abord que cet œuvre est dédié au
baron de Dalberg, et que la dédicace se fail
chez ce seigneur : AU' eccellenza del
Sig''" Barona di ed in Dalberg. Or ce baron
de Dalberg, grand amateur de musique, et
frère aîné d'un écrivain sur cet art et compo-
siteur, n'est autre que celui qui devint plus
tard prince Primat de la confédération du
Ilhin : sa seigneurie était située près de
Worms. C'est là que fut faite la dédicace. If
est plus que vraisemblable que l'auteur de
l'ouvrage est le même qui avait vécu en Alle-
magne pendant plusieurs années et y avait
publié ses compositions. De plus, cet auteur
prend le litre de maître de chapelle, et son
ouvrage se vend chez lui, à Bruxelles ; mais on
a vu, dans Tarticle précédent, que François-
Joseph n'eut ce titre qu'après avoir obtenu la
maîtrise de Saint-Bavon, à Gand. Ou la publi-
cation de l'œuvre des six divertissements de
clavecin a précédé l'année 1769, ou elle est
postérieure à celte date ; dans le premier cas,
96
KRAFFT
François-Joseph n'était pas maître de cha-
pelle ; dans le second, il ne demeurait plus à
Bruxelles.
Dans un recueil qui a pour titre : L'Echo,
journal de musique française , italienne,
contenant des airs, chansons, brunettes,
duos tendres et bachiques, etc. (Liège, chez
B. André, 1760), M. Van Elewyck a trouvé un
morceau intitulé : ^ir de l'Opéra l'Enfant
GÂTÉ, par François Krafft-, maître de musique
à Bruxelles. Où cetopéra a-t-il été représenté ?
Ce n'est pas à Bruxelles, car j'ai sous les yeux
l'almanach qui a pour litre : Spectacle de
Bruxelles j ou Calendrier historique et chro-
nologique, etc., première partie, 1767: ^^idem,
1708,2 vol. in-18 (Bruxelles, J.-J. Boucherie).
On y trouve le catalogue des opéras-comiques
et bouffons représentés sur cette scène depuis
1753; l'Enfant gâté n'y est pas ; la liste des
compositeurs dont on .a joué les ouvrages sur
le même théâtre n'offre que deux noms belges,
Fan Maldère et JVitzthumb. Si donc cet ou-
vrage fut représenté, ce fut à Liège. Son auteur
s'appelait François Krafft, non François-
Joseph.
Enfin, parmi les ouvrages de musique
d'église qui se trouvent^ l'église Saint-Bavon
de Gand, sous le nom de Krafft, il en est un
qui est daté de Bruxelles 1774. Or, à cette
époque, François-Joseph était parti de cette
ville depuis cinq ou six ans. Il me paraît que
de tout cela l'on peut conclure qu'il y a eu
deux compositeurs du nom de Krafft, nés à
Bruxelles, à savoir François-Joseph, maître
de chapelle de Saint-Bavon, à Gand, et Frati-
eoîs, qui, plus tard, devint maître de chapelle
dans sa ville natale. Il est vrai que le nom de
ce dernier ne se trouve pas dans les registres
de décès de cette ville; mais il se peut que,
plus jeune de douze ans que le maître de cha-
pelle, et connaissant l'Allemagne où il avait!
vécu plusieurs années, il y ail émigré au mo-
ment de l'invasion de la Belgique par les
armées françaises, et qu'il y soit décédé.
KRAFT (GuiLL\uME-FiîKDtRrc),doct£uren.
théologie et doyen des prédicateurs à Danl-
zick, naquit à Krautheim, dans le duché de
Wcimar, le 9 aoiU 1712. Après avoir fait ses
éludes aux universités de Jena et de Leipsick,
il fut nommé pasteur à Frankcndorf ; quelques
années après il fut appelé à Gœttingue, et en
1730, il se rendit à Dantzick, où il paraît avoir
fini ses jours. Parmi ses sermons pour des oc-
casions particulières, publiés à Jena en 1740,
in-8", il y en a un sur le bon usage de la mu-
sique dans le service divin.
KRAFT ou KRAFFT (Antoine), violon-
celliste distingué, naquit à Rokyzan, en Bo-
hême, dans l'année 1751. Après avoir achevé
des cours de philosophie et de droit à l'univer-
sité de Prague, il prit des leçons d'un maître
nommé Trerner^ pour le violoncelle. Plusieurs
années d'études lui firent acquérir beaucoup
d'habileté sur cet instrument. Haydn, qui lui
avait donné des conseils pour la composition,
le fit entrer comme premier violoncelle dans
la chapelle du prince Esterhazy. Kraft y de-
meura treize ans et n'en sortit qu'après la
mort du prince. Pendant ce temps, il entre-
prit, avec son fils, âgé de huit ans, un voyage
à Berlin où il se fil entendre avec succès, en
présence du roi et de la reine de Prusse.
A Dresde et à Miltau il fut applaudi avec en-
Ihousiasrae. Ce voyage terminé, il entra dans
la chapelle du prince de Grasalkowitz, en
Hongrie, et y demeura trois ans ; puis il passa
au service du prince de Lobkowitz, qui le mena
avec lui plusieurs fois en Bohême. Dans un de
ces voyages, il donna, le 7 novembre 1802, un
grand concert à Prague; et quoiqu'il ne fût
déjà plus jeune, il y fut applaudi avec trans-
port. Cette occasion fut la dernière où il se fit
entendre en public. Cet artiste estimable a
cessé de vivre le 28 août 1820, dans la soixante-
dixième année de son âge. On a gravé de sa
composition : 1» Trois sonates pour violon-
celle et basse, op. 1 ; Berlin et Amsterdam.
Hummel. 2" Trois idem, op. 2, Offenbach,
André. 3° Trois duos concertants pour violon
et violoncelle, op. 3; Leipsick, Breilkopf et
Ilœrtel. 4» Concerto pour violoncelle et or-
chestre (en M(), op. 4, ibid. 5" Gratid duo pour
deux violoncelles, op. 5; Vienne, Haslinger.
0» Idem, op. 6, ibid. 7° Divertissement i»our
violoncelle et basse; Leipsick, Pelers. On
trouve aussi sous son nom, en manuscrit, un
nocturne pour deux violoncelles, deux violes,
deux flûtes, deux cors et basse, dans le cata-
logue de Traeg, de Vienne.
KRAFT (Nicolas), fils du précédent, est
■né à Esterhazy, en Hongrie, le 14 décembre
IMfe. Il n'était âgé que de quatre ans quand
s&Fpève essaya de lui donner les premières
leçons de violoncelle sur une grande viole ;
deux ans après, il put exécuter, en présence
du prince Esterhazy, un concerto que son
père avait composé pour lui. A l'âge de huit
ans, il accompagna celui-ci dans plusieurs
voyages à Vienne, Presbourg, Dresde et Berlin,
et partout son talent précoce fut admiré.
Lorsqu'il eut atteint sa treizième année, ses
études musicales furent interrompues par des
KRAFT - KKANZ
97
éludes littéraires, et pendant cinq ans il ne
cultiva le violoncelle que comme un délasse-
ment. Cependant son habileté toujours crois-
sante faisait regretler à plusieurs amateurs de
haut rang, particulièrement au prince de Lob-
kt)wilz, que ses belles facultés ne fussent [las
uniquement employées au développement de
son talent. Ce prince l'engagea dans sa cha-
pelle avec Ri'ari ie père en 179G; cinq ans
après, il l'envoya à Berlin chez Louis Duport
pour qu'il y perfectionnât la qualité de son
(ju'il lirait de rinstrument. Ses progrès sous
un tel maître furent rapides. Il en recueillit
les fruits dans un concei'l d'adicn qu'il donna
à Bei'lin au mois de déceml)i'e 1801 ; des trans-
ports d'admiration éclatèrent dans l'assemblée.
Il fit alors un voyage en Hollande; mais le
prince de Lobkowitz , qui craignait de le
perdre, lui fit donner l'ordre de retourner im-
médiatement à Vienne. Il obéit; mais dans le
retour il excita l'enthousiasme du public à
Leipsick,à Dresde et à Prague. En 1809, il fut
placé comme violoncelliste solo à l'Opéra
impérial de Vienne, sans perdie toutefois sa
pension de virtuose de la chambre du |)rince
de Lobkowitz. Ce prince lui fit, peu de temps
après, une pension viagère, sous la condition
qu'il ne se ferait point entendre, sans sa pei-
mission, ailleurs que dans son palais. En 1814,
lorsque les souverains alliés se trouvèrent réu-
nis à Vienne, il joua devant eux avec Mayse-
der, et le plaisir qu'il fit à ces princes fut si
vif, que le roi de Wuitemberg et le grand duc
de Toscane lui firent offrir immédiatement de
glands avantages pour le reste de sa vie; il se
rendit de préférence aux offres du roi, et se
fixa à Stuttgard, en qualité de musicien de la
chambre. En 1818, il fit avec Hummel un
voyage sur les bords du Rhin, et se rendit, a^.
Hambourg. Romberg, qui s'y trouvait alors,
lui témoigna beaucoup d'estime pour son Él-
lent; et lorsque ce célèbre artiste visiftpMr-
méme Stullgard, en 1820, il invita Kraft à
jouer avec lui une symphonie concA-tanle
dans un concert public. L'année sui^nte /
Rraf: entreprit un second voyage avec ^Kfils
(Frédéric^ né à Vienne, le 12 février ^07,
son élève pour le violoncelle, et musicien de la
chapelle royale de Stuttgard). Ils visitèrent
une partie de l'Allemagne et retournèrent à
leur poste vers la fin de l'année. En 1824,
Kraft se blessa l'index de la main droite en
accordant son instrument; le mal augmenta
progressivement pendant dix ans; enfin il dut
renoncer à jouer du violoncelle, et au mois de
décembre 1854, il fut mis à la retraite avec
mocn. UMV. des ui)sici£»s. t. y.
une pension. Cet artiste a publié de sa compo-
tion : 1" Concertos pour le violoncelle, n"* 1,
2, 3, 4 ; Leipsick, Breitkopf et Ha;riel, Pelers.
2° Polonaise pour violoncelle et orchestre
op. 2; Offenbach, André. 5» Boléro idem,
op. G; Leipsick, Pelers. 4" Scène pastorale
idem, op. 9, ibid. ^" Rondo à la chasse idem,
op. 11, ibid. 6" Pot-pouiri sui- des thèmes
du Freijschhtz , idem, oi). 12; Offen!)acb,
André. 7" Fantaisie avec accompagnement
de quatuor, op. 1, ibid. 8° Trois diverlisse-
menls jirogressifs pour deux violoncelles,
op. 14, ibid. 9° Trois duos faciles idem,
op. 15, ibid. 10» Trois grands duos idem,
op. 17, ibid.
KUAFT (Nicolas, baron Dl'2), ne doit i)as
•"■Ire confondu avec le pi'écédent. Il na(|uità
Vienne, vers 1780. On connaît sous son nom :
1" Chansons tirées des contes de La Fontaine
(en allemand), avec accom(>agnemen t de piano ;
Vienne, Eder, 1800. 2» Variations |)our piano
sur le thème d'Axur : O ttnmi possenli, ibid.
3» Sonate pour piano seul, op. 4; Vienne,
1804. 4" Chants pour quatre voix d'hommes,
ibid. 3° Variations sur un air polonais, ibid.
6" Marche pour le piano à quatre mains, op. 5;
Vienne, 1803.
KRAKAMP (E.), flùliste et compositeur,
né en Allemagne, vers 181 3, a vécu longtem|ts
en Italie, particulièrement à Naples et à Mi-
lan. Je l'ai connu dans celle dernière ville, en
1830. Il a publié, chez Ricordi, de grandes
fantaisies de concert sur des thèmes d'opéras
modernes, des duos pour flûte et piano, des
caprices, etc. Le nombre de ses productions
s'élève environ à cent.
KI\A]>iZ (Jean-Frkdéric), violoniste, né à
Weimar en 1734, a eu pour maître Gœpfert,
maître de concert en cette ville. A l'âge de
vingt-qualre ans, il exécuta à la cour un con-
certo de viole qui lui valut la faveur du duc
régnant. Ce prince le fit entrer dans sa cha-
pelle; puis, en 1781, il l'envoya en Italie pour
qu'il y peifectionuàt son lalent. De retour en
Allemagne dans l'année 1787, Kranz s'arrêta
quelque temps à Munich; ensuite il retoui-na
à Weimar, où il fut placé comme second chef
d'orchestre. Apres la mort de Zumsteeg, en
1803, le duc de Wurtemberg l'appela à Stull-
gard et lui donna la place de maître de con-
cert, avec un traitement de quinze cents flo-
rins. Il est mort dans cette position, au com-
mencement de l'année 1807. Kranz a publié :
1» Concerto de viole, Darmsladl, 1778. 2" Ro-
mance (an denscliœnslen Friihlingsmorgen),
1799. 11 a écrit des airs et des chœurs pour
m
KRANZ - KRAUS
-ygiielqucs pièces repr(jscnl(;cs aux théâtres de
Weimar et de Slullgard.
KRASINSKI, pseudonyme. Foycz Mul-
lER (Ernest-Louis), dit Miller.
RRASKE (Tobie), né dans la Lusace, au
dix-septième siècle, fut magisler et prédica-
,teur à Francfort-sur-rOder en 1C90 et dans
les années suivantes. On a de lui deux opus-
cules intitulés : 1" Kurze Beschreibung der
neuerbauten Orgel bey der Unterkirclte zu
Franefurt (Courte description de l'orgue nou-
vellement construit dans l'église inférieure
<le Francfort), Francfort-sur-l'Oder, 1690.
2° Kurze Beschreibung der neuen Orgel bei
der Oberkirehe zu Franefurt (Courte descrip-
tion du nouvel orgue de l'église supérieure
â Francfort), Francfort-sur-l'Oder, 1095.
IiIlATZErNSTEIl>(CiiiiÉTiF.>-TiiÉopinLE),
docteur en philosophie, en médecine, et pro-
fesseur de la faculté médicale a l'Université de
Copenhague, est né à Wernigerode en 1723. Il
passe pour être l'inventeur d'une machine in-
génieuse propre à articuler musicalement les
cinq voyelles. L'Académie de sciences de Pé-
lersbourg a décerné un prix à l'auteur de
celle machine. Kratzenslein a publié dans les
Observations de physique de Rozier (1782,
supplément, p. 358) un essai sur la formation
des voyelles, qui renferme quelques observa-
tions curieuses.
KUAUS (Antoipie), excellent organiste,
naquit à Winlerberg, en Bohême, vers 1745.
Il y obtint la place de directeur de musique,
et il y vivait encore en 1795. Cet artiste jouait
aussi fort bien du violon et du violoncelle. Le
chœur de l'église de Raudnilz était, en 1780,
en possession d'un Requiem et de litanies de
sa composition.
RRAUS (Bei^oSt) , directeur de musique à
Weimar, en 1785, né aux environs de Salz-
bourg, dans la première moitié du dix-hui-
tième siècle, fut d'abord engagé comme maitre
de chapelle chez le duc de Bavière, puis eut la
direction de l'orchestre du Théâtre de la Cour
à Weimar. Il est vraisemblable qu'il perdit
cette dernière place quelques années avant sa
mort, car il tomba dans l'indigence. Il a fait
représenter à Weimar un opéra allemand in-
titulé : les Accidents de ramour. On connaît
aussi de sa composition : l" Une symphonie
pour orchestre. 2" La Création, grande can-
tate sur la poésie de llofbaum, composée en
1789. 5» Les Pèlerins de Golgotha, Leipsick,
Breitkopf. 4° Chant de Zacharie, à grand
orchestre.
IIIIAUS (Joscpu-MAnxi^) , compositeur,
naquit à Manheim en 175G. Après avoir fré-
quenté plusieurs universités d'Allemagne, où
il fit de brillantes études, il devint élève de
l'abbé Vogler. Destiné à ne cultiver la mu-
sique qu'en amateur, il fut contraintdedevenir
artiste par une circonstance inattendue. Il
avait prêté une somme d'argent assez forte à
un jeune Suédois, son condisciple ; au moment
où il dut quitter l'Université, cet étranger ne
put acquitter sa dette et engagea Kraus à le
suivre à Hambourg, où, disait-il, il devait
recevoir beaucoup d'argent. Arrivé dans cette
ville, le Suédois fut trompé dans son espoir.
A Copenhague, où ils allèrent ensuite, même
déception; il fallut aller jusqu'à Stockholm.
Kraus y arriva en 1778. Là, l'opéra produisit
sur lui une impression si profonde, qu'il réso-
lut de se livrer entièrement à la musique. Le
roi de Suède, ayant a[)précié la portée de son
talent, lui fournit les secours nécessaires pour
voyager en Italie. Il y était déjà depuis plu-
sieurs années, et avait employé ce temps à
l'étude des œuvres des maîtres anciens et mo-
dernes, lorsque, en 1786, le roi se rendit lui-
même en Italie et l'attacha à sa personne pen-
dant ses voyages à Rome et â Vienne. Après
avoir demeuré quelque temps dans cette der-
nière ville, Kraus obtint du roi la permission de
visiter Paris. Ce fut là qu'il écrivit son premier
opéra suédois, qui fut représenté à Stockholm
en 1790. Le niéiite de cet ouvrage présageait
une brillante carrière à son auteur; mais le
chagrin qu'il eut de la catastrophe où Gus-
tave III perdit la vie, altéra sa santé et le
conduisit au tombeau le 15 décembre 1792.
Les ouvrages connus de ce compositeur sont :
1'' Didon et E née, grand opéra suédois, re-
présenté à Stockholm en 1792. 2" Musique
funèbre pour les funérailles de Gustave III,
exécutée dans l'église cathédrale de Stockholm,
le iô avril 1792. Cette composition a été pu-
blll^à Stockholm, dans la même année.
3» Steïïa cœ/t, motet à quatre voix, orchestre
et org^e, en manuscrit. 4" Symphonie en
partition, airs avec orchestre et piano, ca-
non^™c., publiés sous le titre d'Œuvres iné-
dite^ae J. Kraus, Stockholm, G. -A. Silver-
stolpe, deux cahiers in-fol. 5» Intermèdei
pour la comédie A''Amphitrxjon, Stockholm,
imprimerie de musique privilégiée, 1792.
O'Grande symphonie (en m< mineur), Leipsick,
Breitkopf et lleeitel. 7" Quintelto pour flûte,
deux violons, alto et basse, Paris, Pleyel,
1798. 8» Six quatuors [lour deux violons, alto
et violoncelle, Berlin, llunimel. Kraus a laissé
aussi en manuscrit : 9» Une symphonie (en ré).
KRAUSE
93
10" Concerto pour violon principal et or-
chestre. 11° Sonate pour violon seul et basse.
12" Deux sonates pourpianoet violon. 13»^n-
dante, pour deux violons, deux flùles, deux
cors, alto et violoncelle. 14" Rondo pour piano
seul. 15° Contredanses à grand orchestre.
Suivant une note de Pœlchau, qui m'a élé
communiquée par Dehn, Kraus serait Pauteur
«Pun écrit intitulé : JFahnheiten die Musik
betreffend (Vérités concernant la musique),
Franclort-sur-le-Mein, 1779, in-S», de cent
quaranle-deux pages. C'est un recueil de pen-
sées et de maximes sur divers objets de la mu-
sique. Il j)araît que Kraus, se rendant en
Italie eu 1779, fit un voyage à Manlicini pour
y voir son maître Vogler; il a donc pu, en
effet, se trouver alors à Francfort, et y faire
imprimer son ouvrage, quoiqu'il fut déjà au
service (lu roi de Suède. Une notice sur la vie
et les ouvrages de cet artiste a élé publiée en
suédois, sous ce litre : liiof/rciphie ofter
J.-M. Kraus; Stockholm, 183.3, in-8°.
liUAUS (V.), musicien de la cour à Bern-
bourg, vers la fin du dix-huitième siècle, s'est
fait coiinaitre comme compositeur pour la
guitare par les ouvrages suivants : 1° Sonate
pour guitare et violon, op. 1; Leipsick,Peters.
2" Sonate pour guitare seule, op. 2, ibid.
ô° An die Mxdchen, polonaise avec accompa-
gnement de guitare, ibid.
Il existait à Vienne, en 1840, un pianiste
nommé Kraus (A.), qui y publiait une fan-
taisie pour piano et violoncelle, œuvre 14,
chez llaslinger, et ses œuvres 15 et 10, chez
Glœggl. On retrouve le même artiste à Lon-
fîres, en 1848, où il donnait un concert. N'y
nurait-il point identité entre lui et Antoine
Krause, dont les éditeurs Breilkopf et Ilaertel
publiaient, en 1838, une polonaise à quatre
mains pour le piano, op. 1 ?.
RIIAUSE (Jean-IIenri), organiste Uès-
habile, naquiten l<}82àRanlh, danslallJite-
Silésie. A Tàge de neuf ans, il reçut les pre-
mières leçons de musique : deux ans après, il
^tait déjà organiste du couvent des Minorités,
à Schweidnitz. En 1694, il devint JKve de
François-Tiburce Vinckler, organiste de la
cathédrale «le Breslau, dont, pendant cin(| ans,
il reçut des leçons. Lorsqu'il eut atteint l'âge
<le dix-huit ans, on lui confia la place d'orga-
niste en second à réglise cathédrale : en 1700,
il succéda à son maître comme premier orga-
niste. Il mourut eu 1754, avec la réputation
«l'un des organistes les plus habiles de son
temps pour les fugues et les préludes.
IvUAUSE (CiiKtTiE.N Godefuoih), né à
Winzig, en Silésie, en 1710, était fils d'un
musicien de cette ville. Son |)ère lui enseigna le
violon et le clavecin. En 1747, il entra chez le
lieutenant général, comte de Rolhenbourg, à
Berlin, en qualité de secrétaire, et il y resta
Jusqu'en 1753, époque où il fut admis comme
avocat au Sénat et aux tribunaux français, à
Berlin. Il mourut le 21 juillet 1770. Krause fut
à la fois compositeur et écrivain sur la musique.
Il a laissé en manuscrit plusieurs symphonies,
une cantate à grand orchestre sur le texte du
psaume 104; /no, cantate; Pijgmalion, id.
Ses écrits relatifs à la musique sont : }" Lettre
à monsieur le marquis de B. sur la différence
entre la musique italienne et française; Ber-
lin, 1748, in-S". Marpurg a inséré une traduc-
tion allemande de cet opuscule daus ses Essais
historiques et critiques, t. II, pag. 1-23, avec
des remarques contenues pag. 23-40. 2" fort
der musikalische Poésie (De la poésie lyrique);
Berlin, Voss, in-S" de 484 pages ; ouvrage
estimé. 3» Pensées diverses sur la musique
(en allemand), insérées dans les Essais de
Marpurg, t. II, p. 181, et t. III, p. 18 et 523.
RUAUSE (CiiAniES-JosEPii), chef de mu-
sique du premier régiment de la garde du roi
de Prusse, est né le 15 juillet 1773, à Forsta,
dans la Basse-Lusace. Son père, musicien de la
chapelle du baron de Ilohberg, à Plogwitz, lui
donna les |)remières leçons de musique, et il
appi it à jouer de la clarinette sous la ilirection
de David et de Springer, artistes d*un rare
mérite, attachés à la même chapelle. Parvenu
à Page de douze ans, il fut admis chez M. Hart-
mann, à Grœlz, près de Glogau, et y fut traité
comme le fils de la maison. Non-seulement il
y continua avec succès ses études musicales,
mais il y reçut aussi une instruction conve-
nable dans les sciences et dans les lettres. En
1789, lors(iue le père de Krause entra dans la
musi(|ue du comte Rœder, à Ilolstein, près de
Lowenberg, il y fut aussi engagé comme clari-
nettiste ; mais la chapelle de ce seigneur ayant
cessé d'exister en 1794, il se rendit à Breslau
avec son frère; tous deux entrèrent dans la
musi(|uc du comte de lloym, et obtinrent en
même temps un emploi dans l'administration
civile. En 1813, sur la proposition du général
Perscb, Krause fut engagé parle roi de Prusse,
eu qualité de chef de musique de sa garde :
comme tel, il a fait la campagne de France en
1814. Il a arrangé beaucoup de musique pour
l'hnrmonie militaire et a publié (|uclques mor-
ceaux pour la clarinette, la flûte et le cor,
entre autres : Adagio et polonaise sur un
' thème du froyschUtz, op. 12; Berlin, Schlc-
7.
mo
KRAUSE
singer. Krause vivait encore à Potsdam en
1830.
KRAUSE (Jean-Théophile), frère du pré-
cédent, est né à Giiben, dans la Basse-Lusace,
le 31 juillet 1777. Il apprit d'abord à jouer du
cor et du violon; puis il reçut à Plogwilz des
leçons de Springer et de David pour la clari-
nette et le cor de hassetle. Plus tard, il alla à
Hohistein où son habilelé sur la clarinette
reçut les derniers déve!opi)ements. Il y apprit
aussi le hautbois sous la direction de Blaha. En
1794, il se rendit à Breslau avec son frère et y
apprit encore le basson, sur lequel il acquit un
talent distingué, sans négliger pourtant la
clarinette, son instrument favori. En 1805, il
^ntra dans l'administration civile et fut con-
trôleur des contributions de première classe à
OEIs. On a de Rrause deux œuvres de duos
pour deux flûtes, Leipsick, Breitkopf et Ilœrlel,
et Berlin, Schlesinger; ainsi que trois duos
pour deux clarinettes, Berlin et Paris, Dufaut
et Dubois.
KllAUSE (CnAULES-CHnÉTiEN-EnÉDÉRic),
docteur en philosophie, est né le C mai 1781, à
Eisenberg, dans le duché de Saxe- Gotha. Il
était fort jeune lorsqu'il fut envoyé à l'univer-
sité de Jéna; il y suivit les cours de philosophie
de Ficble et de Schelling. Tour à tour il se
passionna pour la doctrine de ces hommes de
génie; celle de Schelling eut surtout de l'at-
trait pour son esprit, et il en devint un des
plus zélés partisans. Depuis 1802 jusqu'en
1804 il vécut en donnant des leçons particu-
lières de philosophie, de mathématiques et de
droit naturel; puis il alla à Rudoistadt, et de
là à Dresde, où il se livra à des recherches sur
l'histoire des beaux-arts. En 1813, la guerre
l'obligea à s'éloigner de Dresde : il se rendit à
Berlin et y ouvrit des cours gratuits et publics.
Cependant la difficulté d'y pourvoir à l'exis-
tence d'une famille nombreuse, et le peu
d'espoir d'y obtenir un emploi , lui firent
abandonner celte ville et retourner à Dresde.
En 1817, il voyagea avec un de ses amis en
Allemagne, en France et en Italie. A son
retour, il obtint une chaire à l'université de
Gœttingue, dont il a été un des professeurs les
plus distingués. Dans ses dernières années, il
fut api)elé à Munich par le roi Louis, pour y
enseigner son système de philosophie trans-
cendentale. Il est mort en cette ville le
27 septembre 1852. La musique a occupé une
partie de la vie de ce savant. Dès 180811 avait
déjà publié une méthode du doigter du piano
sous ce tilie : f'ollst.Tudig.e Anweisiing allen
fingcvn beider J/xnde zum Clavier und
ForlepianospieUn in Icurzer Zeit gkiche
Stœrke und Getvardlkeit zu verschnffen, etc.,
Dresde, Arnold, in-fol. A l'époque où Rrause
fit paraître cet ouvrage, il vivait en donnant
des leçons de piano. On trouve, dans sa mé-
thode, des lablus de combinaisons de doigter
les plus embarrassantes. Deux ans après, il
donna dans le 12'-' volume de la Gazette musi-
cale de Leipsick (pag. 649 et 1043) deux
articles sur un perfectionnement essentiel du
clavier des instruments à louches. Dans les
volumes 13" (p. 497) et 14" (pag. 117 et 135)
de la même gazette, il a aussi donné des
articles sur une notation améliorée de la mu-
sique. Mais l'ouvrage le plus im|tortant con-
cernant cet art , publié pendant la vie de
Rrause, est celui qui a pour litre : Darstel-
lungen aus der Geschichte der Musik nebst
vorbereitenden Lehren aus der Théorie der
Musik (Exposition de l'histoire de la musique,
précédée d'instructions préliminaires sur la
théorie de cet art), Gœttingue, Dielrichs,
1827, in-S". Ce livre est divisé en trois parties :
la première renferme une recherche des prin-
cipes philosophiques de l'art; la seconde est
un exposé succinct des principales divisions
de son histoire ; la troisième contient quelques
détails sur la vie des plus célèbres artistes,
avec une appréciatioji esthétique de leurs ou-
vrages. Il faut l'avouer, l'exécution du plan
que s'était proposé Rrause ne répond pas au
mérite d'un savant si distingué, et l'on a peine
à comprendre, en lisant la première partie,
qui devait être la plus intéressante, qu'elle
appartienne à un homme habitué aux rigou-
reuses méthodes de Schelling et de Fichte ; car
on y chercherait en vain soit le principe de la
construction rationnelle des tonalités, soit la
discussion des phénomènes que l'art développe
dans la conception humaine. Tout le travail
de Mrause, dans celte partie, se borne à quel-
ques vagues aperçus concernant des faits par-
ticuliers qui ne constituent pas la science en
elle-même. Quant à la partie historique, elle
ne coniUteguère qu'en certaines classifications
d'épo^res assez arbitraires. A l'égard de la
dernière partie, on y trouve quelques bonnes
vues esthétiques concernant la valeur de quel-
ques grands maîtres; mais ce travail est ti-op
succinct. A|)rès la mort de Rrause, ses amis et
élèves ont trouvé dans ses papiers des ouvrages
entièrement achevés sur différentes parties de
la philosophie et les ont publiés à Gœttingue,
en plusieurs séries, sous le titre général :
Karl-Christian-Friedrich Krause's hand-
scliriftlicher Naclilass (Écrits posthumes de
KRAUSE - KREBS
46 1
Charles-Chrélien-Fréduric Rrause), et dont
chaque ouvrage porte un litre particulier. Dans
la série de la philosophie de l'art se trouve un
volume spécial concernant la musique, lequel
a pour titre : Anfangsgriinde der allge-
meinen Théorie der Musik , nach Grund-
sxtzen der IFesenlehre (Éléments de la
théorie générale de la musi(|ue, d'après les
principes fondamentaux de l'Ontologie). Gnet-
lingue, Dietrichs, 1838, in-S». M. Lindmann,
de Munich, a publié une notice qui a pour
titre : Uebersichlliche Darstellung des Lebens
und der JVissenschaftslehre Krause's (Ta-
bleau complet de la vie et de l'enseignement
de Krause). Munich, 1839, in-S".
KRAUSIIAAR (Otto), professeur et com-
positeur, n'est pas mentionné par les biogra-
phes allemands. Le premier ouvrage par
lequel il s'est fait connaître a pour titre :
Construction der gleichschwebenden Tempe-
ratur ohne Scheibler'sche Stimmgabeln àuf
musikalische Instruments. Mit Ruchsicht
auf die Scheibler'sche Erfindunij (Construc-
tion d'un tempérament égal pour les instru-
ments de musique, sans l'appareil de diapasons
de Scheibler, avec un examen de l'invention
de celui-ci), Cassel, Rrieger, 1838, in-8» de
22 pages. En 1845, M. Kraushaar a fait exé-
cuter dans un concert, à Cassel, une ouverture
de sa composition. Ses ouvrages de musique
pratique publiés sont ceux-ci : 1" Six Lieder
à voix seule avec accompagnement de piano,
op. 1, Cassel, Luckhardt; 2» Six idem., op. 2,
ibid. ; ô" Six idem., op. 3, ibid. ; 4" Six Lieder
sans paroles pour piano, 1*^* et 2^ suite,
op. 4, ibid,
KRAUSSKOPF (Wilhelm), professeur de
musique à Zurich, n'est connu que par un ou-
vrage qui a pour titre : ffandbuch beim Un-
terricht im Gesang fUr Lehrer und Lernende
(Manuel de l'enseignement du chant, à l*sage
des professeurs et des élèves). Zurich, 1843,
in-8».
HREBS (Frédéric), facteur d'orgues du
quinzième siècle, est cité par PraelorWj (Syn-
tagm. mus., t. II, pag. III) comme ayant tra-
vaillé avec distinction vers les années 1475 à
1480. 11 faisait déjà à celte époque des claviers
de pédales fort étendus.
KUEIiS (.Iean-Tobie), naquit à Heichal-
lieimb, dans le duché de Wcimar, le 7 juillet
1G90. Il fiéquenla d'abord le collège de Wei-
mar, dans rinlenlion d'aller ensuite à l'uni-
versité; mais ayant obtenu en 1710 sa nomi-
nation d'organisie à Buitelstaedl, il prit pos-
&csâiOQ de cette i>lace. Ce fut alors seulement
qu'il commença régulièrement l'étude de la
composition chez Jean-Godefroid Walther, et
il continua cette étude jusqu'eo 1717, malgré
la route pénible qu'il devait faire de Butlel-
staedt jusqu'à Weimar, pour y aller prendre ses
leçons. En 1721, son zèle fut récompensé par
sa nomination d'organiste à Buttstedt, petite
ville du duché de Weimar. Il vivait encore eti
1758, mais il commençait à perdre la vue. Se*
premières compositions consistent en mor-
ceaux de musique d'église ; plus tard, il a écrit
des chorals variés pour l'orgue, d'un très-bon
slyle. Toutes ces productions sont restées en
manuscrit. On trouve à la bibliothèque royale
de Berlin un prélude suivi d'une fugue en ut
majeur, et une fugue en sol mineur, composées
par Jean-Tobie Rrebs : ces morceaux remar-
quables sont copiés de la main du célèbre orga-
niste Fischer, d'Erfurt.
KREBS (Jean-Louis), fils du précédent»
naquit à Builelstœdt le 10 octobre 1713. Après
avoir appris de son père les éléments de la
musique et de l'art de jouer du clavecin, il
entra en 1726 à l'école Saint-Thomas de Leip-
sick, dirigée alors par l'illustre Jean-Sébaslieri
Bach. Il y reçut l'instruction commune pen-
dant neuf ans, puis il entra dans l'école parti-
culière de ce grand maître, qui en fit un élève
de prédilection. Ses études musicales termi-
nées, il suivit à l'université un cours de philo-
sophie pendant deux ans, puis il accepta en
1737 la place d'organiste à Zwickau, d'où il
passa à celle d'organiste du château de Zeitz,
et ensuite, le 13 octobre 1756, à une position
semblable à la cour d'Altenbourg. Il mourut
en cette ville au commencement de 1780, à
l'âge de 07 ans. Krebs et Friedmann Bach
furent les meilleurs élèves de Jean-Sébastien,
et ceux qui approchèrent le plus de leur
modèle. Le maître lui-même estimait beaucoup
le talent de son écolier, et disait, par allusion
à son nom et à celui de Krebs, qu'il n'avait
jamais pris qu'une écrevisse dans son ruis-
seau (1). Krebs a publié de sa composition :
1» Quatre suites d'exercices pour le clavecin,,
consistant en mélodies chorales variées, fugues,
peti tes pièces et sonatines, Nuremberg, 1743-4'J..
2" Musikulischer und angenehmer Zeitver-
treib in 2 Klaviersonaten mit einer Flato
(Amusements agréables de musique, en deux
sonates de clavecin avec flûte), ibid., 1700.
3" Deux sonates détachées avec flûte, ibid.
4" Six trios pour flûte, ibid., 1738. 5° Quatre
suites de pièces, consistant en six préludes,
(1) Krebs, en allemand, signifie une écrevisseyCt
liach. un ruisseau.
102
KUEDS
jictiles pièces, une oiiverlnrc et un concerto
pour le clavecin, ibid., 1740 à 1743. G" Six
sonates pour clavecin et flûte, Leipsick, 1762.
On connaît aussi de cet artiste, en manuscrit :
1° Magnificat , en allemand, pour quatre
voix et or^ue, dont la partition est à la biblio-
thèque royale de Berlin, ainsi que le motet à
cinq voix sur le choral : Erfœrsche mich
Coït. 2» Deux Sanctits , avec orchestre.
3" Des pièces d'orgue. Je possède de sa com-
position en manuscrit dix chorals variés à deux
claviers et pédale, et quatre fugues.
HREBS (Ehrenfried-Ciirétien-Traugott),
fils du jirécédent, a succédé à son père, en
1780, dans la place d'organiste de la cour de
Saxe-Altenbourg. En 1787, il a publié à Leip-
sick quelques-uns des principaux cantifiues
variés pour l'orgue.
KREBS (Jea:^-Baptiste), ténor allemand
qui a eu de la réputation, est né à Ueberauchen,
près de Billingcn, dans le pays de Bade, le
12 avril 1774. Dans son enfance, il apprit le
chant choral à Billingen et à Constance. Plus
lard, il reçut (juclques leçons de clavecin et
d'orgue et fit des études de philosophie à Do-
naueschingen. Après avoir étudié le chant
sous la direction de Weiss, élève de RafT, il
dévelopjia par de bons exercices la puissance
de sa voix de ténor, qui était belle. Cependant,
il ne paraissait pas destiné à devenir chanteur
de théatie, car il étudiait la théologie à Do-
naueschingen et à l'université de Fribourg.
Enfin, il se décida pour cette carrière, débuta
en 1795, et fut bientôt attaché au théâtre de la
cour de Sluttgard, comme premier ténor. Il a
brillé longtemps dans les plus beaux rôles des
0|)éras allemands et français. Après vingt-huit
ans de service, l'affaiblissement de son organe
l'a obligé de ([uitter la scène, et il a chanté
pour la dernière fois le rôle iVAchille, le
17 septembre 182ô. Depuis lors il a rempli les
fonctions de régisseur au théâtre de Stuttgard.
Krebs a composé des chansons, des duos et
des trios, avec accompagnement de piano. On
lui doit aussi des livrets de plusieurs opéras
français et italiens traduits en allemand, ainsi
que plusieurs articles de criliciue littéraire et
musicale insérés dans les journaux. Il est le
même artiste que Gerber appelle François-
Xavier.
KREIîS (Ji;A?i-GoDEiRoiD), chanteur de la
cour à Allenbourg, mort en 180-3, a publié dans
cette ville, en 1777, des chansons avec mélo-
«lies et accompagnement de clavecin. La
seconde parlie «le ces chansons a paru en
1783. On tiouvc aussi une sonate facile
pour le clavecin, de sa composition, dans le
recueil de pièces publié par lliller. j^nfin il a
fait imprimer 6 divertissements pour le même
instrument, à AUenbourg, en 1796. La biblio-
thèque royale de Berlin possède de sa compo-
sition la cantate pour la nouvelle année Zo6cf
den Herrrij à quatre voix et instruments, en ré
majeur.
KREBS (Charles- Auguste), né le 16 jan-
vier 1804 à Nuremberg, est fils d'acteurs nom-
més Miedke; mais il fut adopté par la femme
du chanteur Krebs, qui le recueillit lorsqu'il
perdit sa mère, et il prit le nom de sa bien-
faitrice. Doué de rares dispositions pour la
musique, il apprit presque en jouant les
éléments de l'art; puis il fitde rapides progrès
sur le piano, sous la direction de M.Schelhle,
et reçut des leçons de Jean-Baptiste Krebs
pour la composition. Il n'était âgé que de sept
ans lorsqu'il mit en musique le petit opéra
de Fedora, de Kolzehue. Trois ans aiuès, il
écrivit des quatuors de violon et beaucoup de
sonates de piano. Mais bientôt il lui fallut in-
terromiire ses travaux de musicien pour étu-
dier la langue latine dans les collèges, paice
qu'il se destinait à l'état ecclésiastique. Par-
venu à sa treizième année, il sentit se réveiller
son goût pour la musique et se livra de nou-
veau à la culture de cet art. A l'âge de quinze
ans, il commença à donner des leçons, et
malgré son extrême jeunesse, il forma quel-
ques bons élèves. Cependant, ayant des vues
plus élevées, il quitta la carrière de l'enseigne-
ment en 1824, et se rendit à Vienne pour
étendre ses connaissances musicales. Il y
devint élève de M. de SeyI'ricd pour la compo-
sition de la musique instrumentale, cl ai)rès
s'être fait connaître avantageusement par la
composition d'une symphonie à grand or-
chestre, et de plusieurs morceaux jioiir le
piawo, il y obtint la place de chef d'orchestre
de l'Opéra de la cour. La manière <lont il s'ac-
quitta de ses fonctions lui a fait offrir en 1827
la direction de la musique au nouveau tliéalrc
de Ilaldbourg ; il l'a acceptée, et ses soins ont
réalisé toutes les espérances que les fondateurs
de ce théâtre avaient en lui. Il y a fait re-
présenter deux opéras {Sylva, on le Pouvoir
du chant, et Agnès Bernauerin). Le premier
a été froidement accueilli, mais le second a
complètement réussi. En 1833, il a fait im-
[uimerà Hambourg plusieurs cahiers de chan-
sons allemandes, et a fondé une école de chant
d'ensemble dans la(|ue!lc il a obtenu des
sticcès. Krebs dirigeait encore la musi(|ue du
théâtre de Hambourg en 1830. Après cette
KREBS — KREMBÉRG
103
époque, il esl passé à Dresde comme directeur
de musique.
KREIIL (Théophile-Adolphe), surinten-
dant à Pyrna, mort en ce lieu, le 10 mars
1823, est auteur d'un sermon prononcé à l'oc-
casion de l'érection du nouvel orgue de
Pyrna : ce discours a été publié dans le Ma-
gasin pour les prédicateurs, d'Ammon (t. IV,
p. 1), sous ce titre : Ueber der f'erhxltniss
des Orgeispiels ztir kirchlichen Andacht
(Sur les rapports du jeu de l'orgue avec le re-
cueillement religieux).
RREIBE (Jea>-Conrad), né à Gotha en
1722, reçut les premières leçons de musi(iue
par l'assistance d'un certain baron de Slein,
puis acheva son éducation par l'étude des
compositions de Georges Benda. Il séjourna
pendant plusieurs années à Berlin , puis à
Dresde, et obtint, en 17G5, la place de maître
de chapelle du i)rince de Bernbourg, à Ballen-
slaedt. Il mourut le 23 octobre 1780. Kreibe a
écrit beaucoup de musique d'église, destajM-
phonies, des quintettes, des quatuors et des tms
pour divers instruments. Tous ces ouvrages
sont restés en manuscrit.
KIIEIBE (BENJAMiN-FÉLix-FnÉDÉnic), fils
du précédent, né à Ballenstfedt,le ô avril 1772,
a étudié la musique sous la direction de Agthe,
le hautbois chez Rast, et le violon chez Fré-
déric Albrecht. Après avoir suivi des cours de
philosophie et de droit, il est entré comme
simple musicien dans la musique du prince de
Bernbourg; mais il en a été nommé plus tard
maître de chapelle. On a de sa composition :
1° Concerto pour clarinette et orchestre, op. 2,
Brunswick-, Spehr. 2° Concerto pour cor, op. 1 ,
Offenbach, André. 5" Concerto pour basson,
op. 0, ibid., et quelques morceaux pour le
violon.
RUEIBICH (François), né en 172|, à
Zwickau, près de Kamnitz en Bohême, se
rendit à Vienne vers 1750 et y excita l'étonne-
ment par son habileté sur le violon, quoiqu'il
fût bien jeune encore. En 1770, l'empjyeurle
choisit pour diriger la musique de sa chambre :
il se montra digne de celte faveur par un rare
talent pour la direction d'un orchestre. Il était
aussi renommé pour ses préludes sur le
violon. Jusque dans sa vieillesse, il conserva
le feu de l'âge viril dans l'exécution de la mu-
sique des glands maîtres. Il mourut à Vienne,
Je 3 septembre 1797, à l'âge de soixante-neuf
ans. On ne connaît de sa composition qu'une
sonate à violon seul, avec accompagnement de
basse, en manuscrit.
KUtlI>EK (Catherine), née à Isen (Ba-
vière), enl754, reçut des leçons dechanlrteson
parent, le maître de chapelle Camerloher, à
Frising. Lorsque son éducation musicale fut
terminée, elle se rendit à Munich, où elle fut
placée au théâtre de la cour, en qualité de pre-
mière cantatrice, au mois d'avril 1782. Dans
la même année, elle épousa Camerloher, se-
crétaire du cabinet de l'électeur. Mademoiselle
Kreiner brilla particulièrement en 1787 dans
le Castor et Pollux de l'abbé Vogler. Elle
mourut à Munich en 1790, à l'âge de trente-
six ans.
KREITII (Charles), flûtiste, compositeur
médiocre, mais fécond, et écrivain didacti<iue
sur la musique, vécut à Vienne, dans la se-
conde moitié du dix-huitième siècle. Selon Rass-
mann (Panthéon der Tonkiinstler p. 137), il
est mort en cette ville dans le courant de
l'année 1807. On connaît sousson nom environ
cent vingt œuvres de concertos, duos, solos et
airs variés pour la flûte ; des i)ièces d'harmonie
et des quatuors pour divers instruments à
vent, etc. Il a aussi publié divers ouvrages pour
l'enseignement de la flûte, sous ces titres :
1° Anweisiing, wie aile Tœne aufder Flœte
traversièrè richtig zu nehmen sind nebst
ihren gehœrigen Benennungen (InstruclioQ
sur la manière de produire sur la flûte toutes les
notes avec justesse, avec leurs dénominations
respectives). Vienne, Artaria, 1799. 2" Schule
fiir die Flœte, jedem Spieler dièses Instru-
ments sehr nutzlich, soicohl fiir Finger, als
auch Zunge in 115 Lectionen (Méthode de
flûte, très-utile à ceux qui jouent de cet in-
strument, tant pour le doigter que pour le
coup de langue, etc.). Vienne, Bermann.
3" Kurzgefasste Anweisung die Flœte zu
spielen (Instruction abrégée pour jouer de la
flûte). Vienne, Cappi, et Brunswick, Spehr.
KREMBEÏIG (Jacques), chanteur, com-
positeur et poëte, né à Varsovie, vers le milieu
du dix-septième siècle, vécut d'abord à Mag-
debourg, puis fut attaché à la chapelle du roi
de Suède, et se rendit en 1688 à Dresde, où il
fut employé dans la musique de l'électeur.
Vers 1704, il alla à Londres et y fit représenter
deux ans ai)rès une sorte d'opéra intitulé En-
gland's Glory (Gloire de l'Angleterre), à
l'occasion de l'anniversaire de naissance de la
reine Anne. Il vivait encore en 1718, et était
attaché à la musique de la cour. En 1C89, il
fit imi)rimer à Dresde un ouvrage qui a pour
titre : Musikalische gemutlisergœtzung a
vuce sola e contin. oder auch mit der I.aute.
Jngelica, Fiola di gamba und Cithara
(Uivcrlissemcnt musical à voix seule et basse
<0*
KREMBERG — KRETSCHMAR
continue, ou pour le luth, l'angélique, la
basse de viole ou la guitare).
KUEI\GI;L (Grégoire), luthiste du sei-
zième siècle, né à Frankenslein, en Silésie,
est connu par un recueil de compositions qui
a pour litre : Lauternstuche verschiedener
Jrt, jedes aiifdoppelte TFeise gesetzt (Pièces
de luth de différents genres, etc.), Francfort
sur rOder, 1584, in-fol. Gerber possédait le
portrait de cet artiste, gravé à Breslau en
1592, avec cette inscription : In vivam
D. Gregorii Krengel, Musici excellentiss . ,
iconem.
KREISN (François), pianiste et composi-
teur, né en 1822, vivait à Vienne dans les
années 1844 à 1848. Si mes renseignements
sont exacts, il est Bavarois de naissance et a
fait ses études à Munich, sous la direction de
Stunz. Il a mis au jour plusieurs œuvres de
morceaux faciles pour Iç piano, particulière-
ment les œuvres 7, 10, 12 et 16. M. Krenn
écrit de préférence la musique d'église. Oii
connaît de lui : 1» Offertoire {,0 Deus ego
amaré)i pour soprano ou ténor et basse avecry
deux violons, alto, contrebasse et orgue (deux
clarinettes et deux cors ad libitum), op. 2ô,
Vienne, Haslinger. 2" Graduel (Dominus in
Sion)j à quatre voix, deux violons, alto, deux
hautbois, deux trompettes, contrebasse, orgue
et timbales, op. 15, Vienne, Diabelli. ô" Re-
quiem (en ré mineur), a quatre voix, orgue
obligé, deux violons et deux cors ad libitum,
op. 17, Munich, Faller. En 1847, une cantate
avec orchestre de cet artiste, intitulée. Die
vier letzten Dinge, a été exécutée à Vienne
avec succès.
Ii.UEIN'Z (Henri), facteur d'orgues alle-
mand, vivait vers la fin du quinzième siècle.
Eu 1499, il a construit l'orgue de l'église de
Sjint-Basile, à Brunswick.
KllESS ou KUESSE (Jean- Albert) ,
second maître de chapelle à Stultgard, vers la
lin du dix-septième siècle, s'est fait connaître
par un traité d'harmonie intitulé -.Jlanuductio
novo-melhodica ad Bassum generalem ,
Sluttgard, 1701, in-fol. On a aussi de lui des
concerts spirituels à quatre voix et instru-
ments, ibid., 1081, in-4", et un cantique alle-
mand intitulé : Der fusse Name Jésus, oder
teutscher Jubilus Bernardi , à trois voix,
ibid., 1683, in- 4».
KllESS (Jacques), maître de concert du
landgrave de Ilesse-Uarmsladt, mourut vers
17Ô6. lia fait imprimer de sa composition, à
Nuremberg, six concertos de violo.i à cinq
parties, op. 1. i
lïRESS (Georges-Frédéric), peut-être fils
du précédent, violoniste à Darmstadt, fut
attaché à la chapelle du duc de Mecklembourg
en 1756. En 1763, il se rendit à Gœttingueet
y fut maître de concerts de l'Académie. Il
mourut dans cette position vers 1783. Le
caractère de son talent d'exécution consistait
dans l'agilité j mais il manquait d'expression
et de goût. On a imprimé de sa composition à
Nuremberg, en 1764, une sonate pour le
violon; il a laissé en manuscrit six solos pour
violon, et un concerto pour le même instru-
ment.
KRETSCHMAR (Jean), musicien alle-
mand, vécut dans les premières années du
dix-septième siècle. La position qu'il occupait
n'est pas connue. On a publié sous son nom
un traité de musique élémentaire intitulé :
jVusica laiino-germanica cujus adminiculo
pueri puellxque facile brevissimo temporis
spalio integram recte et bene canendi scien-
Uanu assequi possunt, LipsiBe, 1005, in-8".
^ ÏHIE TSC UM AR (Gaspard), chambellan
àbiJreslau, né à Neisse, en 1602, mourut à
lyeslau en 1657. On a de lui un livre inti-
tulé : Ursprung und Fortgang der edelen
Singeliunst (Origine et progrès du noble art
du chant), Breslau, 1650, iu-4".
KRETSCHMAR (Jean-André), organiste
de l'église des négociants à Erfurt, en 1699,
était auparavant à Weimar. Il y fut le second
maître de Wallher (auteur du Lexique de mu-
sique) pour le clavecin et la composition.
Prinz et Wallher disent que ce musicien a
écrit un traité intitulé Melopoeia, ou l'art de
la composition (en allemand), qui n'a pas été
im|)rimé, mais dont il a été répandu des
copies. C'est sans doute le même ouvrage qui
est cité par Mallheson {Grundl. einer musil;.
Ehrenpforte, p. 106). La plupart des biblio-
gr*)hes de la musique ont confondu le traité
dont il est question avec celui de Jean
Rretschmar {F. ci-dessus), quoiqu'il y ait
entre les deux auteurs environ quatre-vingts
ans d^distance.
KRETSCH3IAR (Godefroid), magisler
et pasteur primaire à Gorlilz, au commence-
ment du dix-huitième siècle, a prononcé dans
celle ville un sermon qui a été publié sous ce
titre : Einweihungspredigt auf die neue
Orgel in der Gœrlitzer Pétri und Pauli
Kirche (Sermon sur l'inslallalion du nouvel
orgue dans l'église de Saint-Pierre et Saint-
Paul de Gorlilz), Gorlilz, 1704, in-4'' de 40 p.
Gel ouvrage conlient des détails curieux sur
l'histoire générale de l'orgue.
KRETSCIIMAR — KREUSER
4 os
KRETSCIIMAR (Jean), facteur d'orgues ;
h Schweidnitz, vivait dans la première moitié j
du dix-huit -huitième siècle. Ha construit les
instruments dont voici la liste : 1" A Neisse,
l'orgue de Saint-Jacques, composé de cin-
quante-quatre jeux. 2" A Schweidnitz, en 1711,
celui des Dominicains, composé de trente jeux.
3» A Meelschulz,en 1735, un orgue de trente-
cinq jeux.
RR1:ïSCIIMER(François-Jean-Charles-
André), conseiller intime de guerre du roi de
Prusse, dans la Poméranie, né en 1775 (le lieu
n'est pas connu), est mort à Anclam, le 5 mars
1839. Il s'est occupé depuis sa jeunesse de re-
cherches sur l'histoire et la théorie de la
musique, et a publié un livre qui a pour titre :
Jdeen zu einer Théorie der Musik (Idées
d'une théorie de la musique), Stralsund ,
Lœlîler, 1833, in^». Cet ouvrage, qui renferme
des idées neuves sur la constitution des tona-
lités, n'est en quelque sorte composé que de
fragments d'un livre écrit par l'auteur sur une
théorie générale de la musique. On trouvera
dans mon Histoire de la philosophie de la mu-
sique, faisant suite au système de cette philo-
sophie, une analyse des principes qui servent
de base à la théorie de Kretschmer. Ce savant
a commencé en 1838 la publication d'une col-
lection de chansons populaires allemandes qui
fut interrompue par sa mort; elle a été con-
tinuée et achevée par les soins du docteur
Massmann, de Munich, de M. de Zuccalmaglio,
de Varsovie, et de plusieurs autres collabora-
teurs. Elle forme deux volumes, grand in-
octavo et a pour titre : Deutsche f'olkslieder
mit ihren Original- JFeisen (Chansons popu-
laires allemandes avec leurs formes origi-
nales), Berlin, 1840. Ce travail n'est pas à
l'abri de tout reproche, sous le rapport de l'au-
thenticité traditionnelle des mélodies.
KREUBÉ (Charles -FRiioÉRic) né à Lujjê-
ville, le 5 novembre 1777, apprit la musique
et le violon dans cette ville, puis fut attaché à
l'oixhestre du théâtre de Metz, en qualité de
chef d'oichcstre. Arrivé à Paris en 1800, il y
reçut des leçons de Rodolphe Kreutzer pour le
violon. Dans l'année suivante, il entra à l'or-
chestre de l'Opéra-Comique. Devenu sous-chef
(l'orchestre du même théâtre en 1805, il suc-
céda à Blasius, comme premier chef, en 1816,
et conserva cette place jusqu'au mois de no-
vembre 1828. Retiré alors avec la pension, il
vécut depuis ce temps à la campagne, près de
Saint-Denis. Admis au nombre des musiciens de
la chapelle du roi en 1814, Kreubé perdit cette
position en 1850, lorsque cette chapelle fut sup-
primée. Il est mort dans sa maison de cam-
pagne, au printemps de 1840. Il s'était d'abord
fait connaître comme compositeur de musique
instrumentale et avait publié : l" Deux pots-
pourris en quatuor pour deux violons, alto et
basse; Paris, Gaveaux. 2"» Trios pour deux
violons et basse, op. 6, 21; Paris, Hanry.
5" Duos pour deux violons, op. 11, 24, 25, 26,
30 ; Paris, Hanry, Gaveaux. 4° Thèmes variés
pour violon; Paris, Hanry, Gaveaux. 5» Trois
nocturnes pour deux violons, alto et basse,
op. 23; Paris, madame Duhan. 6° Trois qua-
tuors pour deux violons, alto et violoncelle,
op. 31, ibid. Plus tard, Kreubé s'est livré
à la composition d'ouvrages dramatiques pour
l'Opéra-Comique. Quelques-uns de ses opéras
ont réussi; mais ils ont maintenant tous dis-
paru (le la scène. En voici la liste chronolo-
gique : 1" Ze Forgeron de Bassora, en deux
actes, 1813. 2° Le Portrait de famille, en un
acte. 1814. 3" La Perruque et la Redingote,
en trois actes, en collaboration avec Kreutzer,
1815. Â" La jeune Belle-mère, en deux actes,
1816. 5° Une nuit d'intrigue, en un acte,
18I6.6"Z'^eri7iére,enunacte, 1817. 7».£'d-
mondet Caroline, en un acte, 1819. S" La
jeune Tante, en un acte, 1 820.9° Le Philosophe
en voyage, en trois actes, en collaboration
avec Pradher, 1821. 10" Le Coq de village,
en un acte, 1822. 11° Le Paradis de Ma-
homet, en trois actes, avec Kreutzer, 1822.
12» Jenny la bouquetière, en deux actes,
avec Pradher, 1823. 13» L'Officier et le
Paysan, en un acte, 1824. 14" Les Enfants de
Maître Pierre, en trois actes, 1825. 15» La
Lettre posthume, en un acte, 1827. 16" Le
Mariage à l'anglaise, en un acte, 1828.
Les partitions du Forgeron de Bassora ,
d'Edmond et Caroline, du Coq de village,
des Enfants de Maître Pierre et de VOfflcier
et le Paysan ont été gravées à Paris.
KREUSER ou KREES8ER (Geokces-
Antoine), né en 1743 à Heidingsfeld, petite
ville de la Bavière , près de Wurzbourg ,
voyagea en Italie, dans sa jeunesse, pour per-
fectionner son talent sur le violon et dans la
composition; puis il parcourut la France et la
Hollande, et s'établit dans ce dernier pays
pendant plusieurs années. Il fut directeur
d'orchestre et compositeur à Amsterdam, en
1770; plus tard, il eut la place de maître de
chapelle de l'électeur de Mayence. Il est mort
en celte ville dans les premières années du
dix-neuvième siècle. Les principaux ouvrages
de cet artiste sont : 1" La Mort de Jésus,
oratorio, sur le texte de Ramier, exécuté à
406
KREUSER — KREUTZER
Mayence, en 1790; gravé en partition à
Mayence, chez Schott. 2» Trois symphonies
pour l'orchestre, liv. 1 ; Offenbach, André.
3» Trois idem, liv. 2, ibid. On assure que
Kreuser en avait composé trente. Il est vrai-
semblable que le plus grand nombre est resté
en manuscrit, ou a été publié en Hollande.
4" Dix-huit quatuors pour deux violons, alto
et violoncelle. 5" Douze trios pour deux violons
et basse. 6" Six quatuors faciles pour flûte,
violon, alto et basse, liv. 1 et 2; Bonn, Sim-
rock. 7" Trois sonates pour piano et violon,
op. 1; Mayence, Schott. 8" Trois sonates faciles
pour piano seul, op. 30; Paris, Carli. 9° Chan-
sons allemandes avec accompagnement de
piano; Mayence, Schott.
Le frère aîné de Georges-Antoine, Adam
Kreuser, était beaucoup plus âgé que lui, car
il naquit à Heidingsfeid, le 22 juin 1727. Il
était un des meilleurs cornistes de son temps
et jouait bien du violon. En 1752, il visita la
France, puis se fixa à Amsterdam où il mourut,
le 19 avril 1791, dans la position de chef d'or-
chestre. On ne connaît pas d'ouvrages de sa
composition.
KREUTZER (Rodolphe), violoniste cé-
lèbre et compositeur, né à Versailles le 16 no-
vembre 1766, était fils d'un musicien de la
chapelle du roi, qui lui enseigna les éléments
de la musique. Dès l'âge de cinq ans, il montra
les plus heureuses dispositions pour cet art;
particulièrement pour le violon, qui lui fut
enseigné par Antoine Slamitz, violoniste alle-
mand d'une certaine réputation, et qui a fondé
une école. Les progrès du jeune Kreutzer
tinrent du prodige : il avait à peine atteint
sa douzième année, que déjà il faisait pres-
sentir ce jeu brillant et plein de verve par
lequel il excita depuis lors l'enthousiasme du
public dans tous les concerts ou il se fit en-
tendre. Personne ne lui avait enseigné les
principes de l'harmonie, mais son heureuse
organisation suppléait au savoir qui lui man-
quait, et avant d'avoir acquis des notions sur
l'art d'écrire la musique, il composait des
concertos. A l'âge de treize ans, il fit entendre
au concert spirituel son premier ouvrage en
ce genre : le compositeur et le virtuose furent
applaudis avec transport.
Souvent appelé à Trianon, pour les petits
concerts de la reine, il y chantait avec goût
et se faisait ensuite admirer comme violoniste.
A l'âge de seize ans, il perdit en deux jours
son père, sa mère, et se trouva chargé de l'en-
tretien de quatre enfants dont il était l'aîné.
La reine Marie-Antoinette vint heureusement
à son secours et lui remit, quelques jours après,
le brevet de la place de premier violon de la
chapelle royale, que son père avait occupée.
Plein de courage et de confiance dans ses
forces, Kreutzer travailla avec ardeur pour
développer son talent par les occasions fré-
quentes qu'il avait eu d'entendre Mestrino et
Viotti. A peine âgé de vingt ans, il pouvait
être déjà classé parmi les violonistes les plus
habiles.
Ses ouvrages se succédaient avec rapidité, et
son talent d'exécution se perfectionnait de plus
en plus. Mais ce n'était pas seulement à la
musique instrumentale qu'il voulait se livrer
exclusivement; le besoin de travailler pour la
scène ne lui laissait point de repos. N'ayant
pu se procurer un poëme pour l'Opéra-Comi-
que, il se mit à refaire la musique de deux an-
ciennes pièces, et cette musique fut répétée à
la petite salle du château de Versailles, devant
la cour, grâce aux bontés de la reine, qui avait
pris le jeune artiste sous sa protection. Une
occasion se présenta bientôt de mettre à exé-
cution son projet favori, et de se procurer le
poëme d'opéra, objet de ses désirs. En 1790,
il était entré au Théâtre Italien, comme pre-
mier violon; celle place lui fit faire la con-
naissance de Desforges, qui lui confia le drame
historique de Jeanne d'Arc, en trois actes,
dont la musique fut écrite en quelques jours
par Kreutzer. Cette pièce fut représentée au
Théâtre Italien, en 1790, et eut assez de succès
pour donner de la confiance à d'autres poêles.
Le 15 janvier 1791, Kreutzer donna au même
théâtre Paul et p'irginie, composition pleine
de chaleur, d'élégance, de naïveté, et qui se
fait remarquer par une couleur locale ravis-
sante d'efl"et. Le succès fut complet. Au mois
d'août de la même année, Lodoïska fut ac-
cueillie avec enthousiasme par les habitués de
l'Qpéra-Comlque. C'est aussi par un coloris
analogue au sujet que cet opéra mérite d'être
placé au rang des bonnes compositions dra-
matiques; toutefois, il faut avouer qu'il est
inférieur à Paul et Firginie, bien qu'il soit
resté au répertoire, et que son ouverture soit
-devenue populaire.
Jusque-là, Kreutzer n'avait suivi que son
heureux instinct dans la composition de ses
ouvrages; car toute notion d'harmonie lui
était éliangère. Sa manière de concevoir toutes
les parties de sa partition consistait à marcher
à grands pas dans sa chambre, chantant ses
mélodies et les accompagnant sur son violon.
Ce fut de la même manière qu'il écrivit, en
1792, Charlotte et JF'arther, en un acte, pour
KREUTZER
107
le Thi^llrc Italien; Zj Franc Breton, pour le
même tliéâlre; et en i/t)ô, le Déserteur de la
montagne de Hnmm, au Théâtre Italien; le
Congrès des RoiSj auquel il travailla en col-
laboration avec Grétry, Méhul, Dalayrac, Des-
hayes, Solié, Devienne, Berton, Jadin, Trial
(ils, Cherubini et Blasius; le Siège de Lille,
en un acte, au théâtre Feydeau ; la Journée
de Marathon, en quatre actes, au théâtre Na-
tional ; On respire, petit opéra improvisé
après le 9 thermidor, et quelques autres ou-
vrages de peu d'importance. Ce fut long-
temps après que Kreutzer, devenu membre
du Conservatoire, crut que ses fonctions de
professeur lui imposaient l'obligation d'être
savant, et qu'il se mit à faire des études tar-
dives, dont le résultat fut d'arrêter l'élan de
son imagination.
Après la mémorable campagne de 1790 et
ie traité de Campo-Formioqui en fut la suite,
Kreutzer partit pour l'Italie. Il y donna de
brillants concerts à Milan, Florence et Ve-
nise (1). Il se rendit ensuite en Allemagne oii
il obtint aussi de beaux succès comme violo-
niste et comme compositeur, et revint à Paris
par la Hollande, en passant par Hambourg.
Le Conservatoire de musique venait d'être
organisé, Kreutzer y fut appelé comme pro-
fesseur de violon : Il s'y fit bientôt distinguer
par les excellents élèves qu'il forma» Sa mé-
thode d'enseignement se distinguait surtout
jiar une (lualité précieuse, à savoir l'enthou-
siasme et la confiance qu'il savait inspirer à
ses élèves. Dans le même temps, il se faisait
entendre avec le plus grand succès dans les
concerts de l'Opéra et du théâtre Feydeau ; ce
fut pour un de ces concerts qu'il composa la
symphonie concertante en /"a, qui fut exécutée
par Rode et par lui. Après le départ de Rode
pour la Russie, Kreutzer lui succéda comme
violon solo de l'Opéra en 1801 ; conserva cette
place jusqu'en 1810, où il fut nommé second
(I) I/aiilour (le la noiico Hc Kreutzer, qui se Irome
dniis le supplément de lo liiotjra'phie universelle de Mi-
cliaud, dit que Bonaparte chargea cet artiste de recueil-
lir dans les bibliolliéques les œuvres non puliliés des
maitres de la scène italienne : cette assertion n'est point
exacte; car je tiens de l'illustre géomètre Monge, alors
cliarjîé d'une mission générale relative aux sciences et
aux arts, que ce fut lui qui, ayant rencontré Kreutzer
à Milan, lui confia ce soin, et qui, l'ayant retrouvé plus
tard à Venise, lui fit la remise de caisses où étaient con-
tenues les copies des œuvres des pics anciens maitres
de l'église de Sainl-Mare. Occupé de ses concerts et de
ses relations avec les artistes, Kreutzer ajourna l'envoi
qu'il devait faire à Caris de ces caisses. Dans l'inter-
valle, la guerre recommença ; l'armée française fut obli-
gée de battre en retraite, et les trésors recueillis par
Mongc furent perdus.
chef d'orchestre, et devint directeur du même
orchestre l'année suivante. Entré en 1802 dans
la chapelle du premier consul Bonaparte,
comme un des premiers violons, il fut fait
violon solo de la musique particulière de l'em-
pereur Napoléon en 1806, et maitre de la
chapelle du roi en 1815, en survivance de
Plantade.
Malgré tant de travaux et d'emplois, Kreutzer
n'avait point renoncé à sa passion pour le
théâtre; il écrivit, en 1801, sa partition
iVAstianax pour l'Opéra, et commença à
montrer dans cet ouvrage sa nouvelle direction
par une facture plus soignée que dans ses
[tremières compositions. Ce penchant se dé-
velopjia dans les ouvrages qu'il écrivit par la
suite; mais son originalité primitive parut
s'affaiblir. Une multitude de compositions de
tout genre furent écrites par lui dans l'inter-
valle de vingt années qui suivirent la repré-
sentation de son opéra à.''Astianûx. Le der-
nier opéra qu'il fit représenter fut Ipsiboé, en
182Ô, à l'Académie royale de musique : on y
trouvait encore de belles choses.
En 1824, Kreutzer fut fait chevalier de la
Légion d'honneur; dans la même année, il
quitta la direction de l'orchestre de l'Opéra pour
celle de toute la musique de ce spectacle ; mais
il ne garda cette dernière position que peu de
temps : en 1826, il fut admis à la retraite.
Alors il voulut faire un dernier adieu au
public par l'opéra de 3Iatilde qu'il avait écrit
avec soin ; mais l'artiste célèbre, qui avait eu
tant de succès en tous genres, sollicita vaine-
ment du directeur placé à la tête de l'Opéra
en 1827, la faveur d'être admis à faire repré-
senter son ouvrage : il fut repoussé bru-
talement par l'esprit de monopole qui s'était
emparé de ce directeur. Kreutzer fut vi-
vement blessé du refus qu'il éprouvait; un
profond chagrin s'empara de son âme, et
plusieurs atteintes d'apoplexie portèrent le
dérangement dans ses facultés. Pendant plu-
sieurs années, il fut languissant; enfin on crut
que l'air de la Suisse et les soins d'un mé-
decin célèbre de Genève pourraient lui rendre
la santé; on le conduisit dans cette ville;
mais les ressorts de la vie étaient usés; il y
expira le 6 Juin 1831. On lit dans la I>io-
graphie des hommes remarquables du dé-
partement de Seine-et-Oise, par MM. Daniel
(p. 250), qu'un curé de cette ville refusa la sé-
pulture à cet artiste célèbre, parce (|u'il avait
travaillé |)(»ur ie théâtre. Depuis plus de dix
ans, Kieiilzei" avait cessé de jouer du violon,
jiar suite d'une chute oii il avait eu le bras
108
KREUTZER
cassé, dans un voyage quMl fît au midi de la
France.
Comme violoniste, Kreutzer avait pris une
position élevée dans l'école française, où bril-
laient alors Rode et Baillot; non quMl eût
l'élégance, le charme et la pureté du premier
de ces artistes, ni l'admirable variété de mé-
canisme et le sentiment profond du second;
car, dans son talent d'instrumentiste, comme
dans sa musique, Kreutzer dut tout à son
instinct et rien à l'école. Cet instinct, riche et
plein de verve, donnait à son exécution une
originalité de sentiment et de manière qui
portait toujours l'émotion dans l'auditoire, et
que personne n'a surpassée. Il avait le son
puissant, l'intonation juste, et sa manière de
phraser avait une chaleur entraînante. Le seul
reproche qu'on lui a fait avec justesse était de
manquer de variété dans l'accentuation de l'ar-
chet, et de couler presque tous les traits, au
lieu d'y introduire le détaché.
Voici la liste des principaux ouvrages de ce
musicien distingué. A l'Opéra : 1» Za Journée
de JUarathon, enquatreactes, \7dZA°{bts)FIa-
minius à Corinthe, en un acte, 1800, avec
Nicolo Isouard. 2» Jstianax, opéra en trois
actes, 1801 . 3» Aristippe, en deux actes, 1808.
A" La Mort d'Jbel, en trois actes, 1810.
5» Antoine et Cléopâtre, ballet en trois actes,
1809. 5" {hîs) La Fêle de Mars, en un acte,
1814. 6° L'Oriflamme , en deux actes, en
collaboration avec Méhul, Breton, etc., 1814.
7° La Princesse de Babylone, en trois actes,
1815. 8° Les Dieux rivaux, en deux actes,
avec Spontini, Persuis et Berton, 1816. 9° Le
Carnaval de Fenise, ballet en deux actes,
avec Persuis, 1816. 10» La Servante justifiée,
ballet en un acte, 1818. 11» Clari, ballet en
trois actes, 1820. 12» /pstftoe, opéra en trois
actes, 1823. 13» 7>/an7(Ze, opéra en trois actes,
inédit. Au théâtre Favart: 14» Jeanne d'Arc
à Orléans, en trois actes, 1790. 13» Paul et
Firginie, en trois actes, 1791. 16° Lodotska,
en trois actes, 1791. 17» Charlotte et Wer-
ther, en un acte, 1792. 18» Le Franc Breton,
1792. 19» Le Déserteur de la Montagne de
Jfamm, en un acte, 1793. 19» {his) On res-
pire, en un acte, 1794. 20» Le Brigand, en
un acte, 1793. 21» Imogène, ou la Gageure
indiscrète, en trois actes, 1796. 22» Ze Congrès
des Bois, en collaboration avec plusieurs mu-
siciens, 1793. Au Théâtre Feydeau : 23» Ze
Siège de Lille, en un acte, 1793. 24" Le Len-
demain de la bataille de Fleurus, en un acte,
1795. 23° Le Petit Page, en un acte, 1793.
23" (bis) Les Surprises, ou l'Étourdi en
voyage, en deux actes, 1806. 26° Jadis et
aujourd'hui, en un acte, 1808. 27» Fran-
çois J", en trois actes, 1808. 28» Le Triomphe
du 7nois de mars, en deux actes, 1811,
29» L'Lfomme sans façon, en trois actes,
1812. 30» Le Camp de Sobieskî, en deux actes,
1813. 31» Constance et Théodore, en deux
actes, 1813. 32» Les Béarnais, en un acte,
avec Boieldieu, 1814. 33» La Perruque et la
Redingote, en trois actes, avec Rreubé. 34» Le
Maître et le Falet , en trois actes, 1816.
33» Le Négociant de Lfambotirg , en trois
actes. 1821. Il a aussi arrangé la musique du
ballet de Paul et Virginie, dont son opéra
lui a fourni les principaux matériaux. Musique
INSTRUMENTALE : 1» Deux symphoules concer-
tantes pour deux violons, l'une en fa, l'autre
en mi; Paris, Pleyel et Frey. 2» Symphonie
concernante pour deux violons et violoncelle,
Paris, Troupenas. 5» Premier concerto pour
violon (en sol); Paris, Sieber. 4» Deuxième
idem (en la),ibid. 5»Troisième idem {enmi) ;
Paris, Leduc. 6»0uatrième idem (en ut),ibid.
7» Cinquième idem (en la); Paris, Troupenas.
8» Sixième idem (en mi mineur) ; Paris, Janet
et Cotelle. 9° Septième idem (en la), ibid.
10» Huitième idem (en ré mineur); Paris,
P. Petit. 11» Neuvième idem (en mt mineur);
Paris, Janet et Cotelle. 12» Dixième îdern (en
ré mineur); Paris, Pleyel. 15» Onzième idem
(en ut), ibid. 14» Douzième idem (en la); Paris,
Érard. 13» N* 13, lettre A (en ré); Paris , Frey,
16» N» 14, lettre B (en mi), ibid. 17» N° 15,
lettrée (en la) ibid. 18» N° 16, lettre D (enmi
mineur), ibid. 19» N» 17, lettre E (en sol),
ibid. 20» N» 18, lettre F, (en mi mineur), ibid.
21» N» 19, lettre G (en ré mineur), ibid.
22» Air provençal varié pour violon et or-
chestre, ibid. 23» Romance de Joseph, idem,
ibid. 24» Quinze quatuors pour deux violons,
alto et basse, op. 1, 2, 3; Paris, Janet, Pleyel,
Frey. 23» Quinze trios pour deux violons et
violoncelle, op. 5, 15, 16, lettre A et lettre B ;
Paris, Michel Ozy, Pleyel, Frey. 26» Sept
(puvres de duos pour deux violons ; Paris, Le-
duc, Pleyel, Troupenas, Frey. 27» Cinq œuvres
de sonates pour violon et basse ; Paris, Leduc,
Frey. 28» Huit œuvres d'études et de caprices
pour violon seul, ouvrages devenus classiques
pour IVtude de l'instrument; Paris, Leduc,
Frey, Troupenas. 29» Plusieurs airs variés
pour deux violons, en trios, en quatuors, Paris.
Kreutzer a pris part à la rédaction de la
Méthode de violon publiée parle Conservatoire
de P;i!is.
liîiKLTZEïl (Jean -Nicolas- Auguste)-,,
KREUTZER
109
frère du pr(5c<5dent, naquit à Versailles en
1781 (1), et reçut des leçons de Rodolphe poul-
ie violon. Lorsque le Conservatoire de Paris
fut organisé, il entra dans la classe du même
professeur, et obtint le second prix de violon
au concours de l'an VIII (1800), puis le pre-
mier prix l'année suivante. Sans avoir jamais
eu l'éclat du jeu de Rodolphe, il appartint
cependant à son école par une certaine élé-
gance tonte française, très-différente de la
manière de Baillot et de celle de Rode. En
1798, Kreutzer entra à l'orchestre de l'Opéra-
Comiquedu théâtre Favart. En 1802, il passa
de cet orchestre à celui de l'Opéra, et il y
resta jusqu'au commencement de 1823, époque
où il se retira avec la pension^ après vingt ans
de service. Pendant plusieurs années, il avait
été professeur suiipléant au Conservatoire :
en 1825, il succéda à son frère dans la place
de |»rofesseur de première classe. Une maladie
de poitrine l'a conduit au tombeau dans l'été
de 1832. Kreutzer, qui avait été attaché à la
chapelle de Napoléon, est entré dans celle du
roi en 1814, et a conservé sa place parmi les
premiers violons jusqu'à la dissolution de cette
chaj)elle en 1830. Cet artiste a publié : 1» 1"
et 2* concerto pour violon, Paris, Boieldieu.
2» Duos pour deux violons, op. 2 et 5, Paris,
Janet, Naderman. 5" Trois sonates pour
violon et basse, op. 1, Paris, Janet. 4" Plu-
sieurs airs variés et solos pour violon.
KREUTZER (Léon-Chahles-Frai^çois),
(ils du précédent et neveu de Rodolphe, est né
à Paris, le 23 septembre 1817. Après avoir
apj)ris, dans ses premières années, les élé-
ments du solfège, il commença, à treize ans,
Pétude du piano sous la direction de M. Flè-
che, ancien élève lauréat du Conservatoire.
Deux ans après, il reçut des leçons de compo-
sition de M. Benoisf, professeur au Conserva-
toire. A vrai dire, la plus solide instruction
musicale de Léon Kreutzer fut puisée dans ses
lectures de partitions et de livres relatifs à
l'art, dans la comparaison des productions
d'époques différentes et du style des maîtres.
Ces études, faites dans l'isolement, ont donné
pour résultats à l'artiste des théories esthé-
tiques et des vues sur l'art toutes personnelles,
indépendantes et peut-être un peu trop exclu-
sives. Épris d'un amour passionné pourl'arf
pur, il n'a point transigé avec le fait des
(I) La Biographie universelle des contemporains place
)a naissance île cet artiste en 1778, et M. Gabct, dans son
nictionnuire ùes artistes de l'érole française, la fixe en
178S La date (|iic je donne est consignée dans les anciens
registres du Conservatoire de Paris.
succès de vogue et des entraînements de la
mode. Poussant même à l'excès son penchant
pour le sérieux et sa haine du frivole en mu-
sique, il n'a pu éviter, comme critique, une
certaine roideur d'opinions qui, parfois, a
faussé ses jugements. Les travaux de M. Kreut-
zer dans la critique musicale ont paru dans les
journaux dont voici les titres : 1" L'Union,
depuis 1840 jusqu'au moment où celte notice
est écrite (18C2); M. Kreutzer y fait l'analyse
des opéras représentés sur les théâtres de
Paris. 2" Revue et gazette 7nusicale de Paris :
sous le titre de l'Opéra en Europe, le critique
y a donné depuis 1841 un travail étendu avec
des exemples de musique pour servir d'éclair-
cissement au texte. Il y a publié aussi des
analyses du Faust de Berlioz, de VElie de
Mendelsohn , et une suite d'articles sur la
Sociélédes concerts du Conservatoire de Paris.
3" Rev'.ie contemporaine, depuis 1834 : divers
articles sur les théâtres et une biographie Irès-
développée de Meyerbeer. 4° DOpinion pu-
blique. 5» Le Théâtre. Divers travaux dans
ces deux journaux.
Compositeur d'un talent solide et dont les
tendances ont de l'originalité, M. Kreutzer au-
rait pu prétendre à des succès qui eussent eu
plus d'éclat, si, se tenant moins à l'écart et
plus soigneux de sa renommée, il se fût donné
quelque peine pour faire connaître son œuvre,
très-varié d'ailleurs, et s'il eilt attaché plus
de prix à l'opinion publique, sans laquelle on
n'arrive à rien, quoi qu'on fasse. C'est un mau-
vais refuge que celui du dédain pour celte
opinion : on n'y porlejamais qu'un esprit mé-
content. Voici la liste des productions de
M. Kreutzer, publiées et inédites : I. ntsiQUE
DE PIANO : 1° Sonate dans l'ancien style, Paris,
Richault. 2" Sonate en si bémol, ibid. 3" So-
nate en fa mineur, ibid. 4" Six études, ibid.
5° Dix valses et deux écossaises, ibid. 6° Deux
quadrilles, ibid. 7° Prélude, Paris, Heugel.
8» Romance sans paroles, Piris, Bernard
Latte. 9" La Gymnastique du piano, Paris,
Gérard. 10» Minuelto, Paris, Richault. II. mu-
sique DE CHAMBKE : 11» Trio pour piano, violon
et violoncelle, ibid. 12° Quatuors pour deux
violons, alto et violoncelle, n"' 1, 2, 3, 4,
ibid. III. MDSiQUE DE CHAMT : 13° Vingt-six
mélodies avec accompagnement de piano
U^ suite, ibid. 14» Vingt mélodies idem
2"^ suite, ibid. 13» Les Cloches de Sdid, idem
ibid. IG» L'Enfant pauvre, idem, Paris
Gérard. 17» La Fiancée du Marin, idem
ibid. IV. MusiguE de violon : 18» Romance en
sol mineur, Paris, Richault. V. musique D'on-
110
KRf'LUTZER
CHESTRE. 19° Introduction à la Tempête de
Shakespeare,,Paris, Parent. VI. pour l'ensei-
gnement : 20» Petit cours d'harmonie , au
point de vue de la modulation.^
M. Kreutzer a en manuscrit : 21" Quatuors
pour deux, violons, alto et violoncelle, n"' 5, 6,
7, 8. 22» Troisième suite de mélodies. Plu-
sieurs mélodies tirées des trois suites publiées
et inédile ont été arrangées avec accompa-
gnement d'orchestre par l'auteur. Il en est un
certain nombre qui ont été traduites en alle-
mand par M. Richard Lindau. 23" Symphonie
en si bémol pour orchestre. 24» Idem en fa
raineur.23''Fantaisie burlesque, tdem.26»/dem
militaire. 27° Concerto symphonique en quatre
parties pour piano et orchestre, musique dra-
matique : 28» Serafina, opéra-comique en un
acte. 29» Les Filles d'azur, opéra féerie, mn-
sfQUB religieuse : 30» Stabat Mater, à deux
choeurs, avec orgue non obligé. 31° Petit traité
decontrepoint.il y a beaucoup de distinction
et de fantaisie dans les ouvrages de M. Kreut-
zer dont l'auteur de cette notice a eu connais-
sance.
KREUTZER (Conradin). Un meunier
dont !e moulin était situé à une demi-lieue de
Mœsskirch, aujourd'hui sous la domination du
grand-duc de Bade, avait huit enfants. L'un
d'eux, Conradin Kreutzer, né le 22 novembre
1782, jour de Sainte-Cécile, montra dès son
enfance beaucoup de penchant pour la mu-
sique. A rage de sept ans, ses parents l'en-
voyèrent chez Rieger, directeur du chœur et
organiste, qui lui enseigna les premiers prin-
cipes de la musique appliqués au piano, au
violon et au chant. Ce fut précisément le jour
de Sainte-Cécile qu'il arriva chez son maître.
Ce jour est devenu remarquable parles événe-
ments qui signalèrent ses progrès et les cir-
constances principales de sa vie.
Rieger était un homme de grande sévérité
pour ses élèves; mais tels étaient le zèle et
l'aptitude de Conradin, que le maître se laissa
loucher et qu'il montra toujours une préfé-
rence marciuée pour cet élève. Après une
année d'éludé, le jeune Kreutzer se trouva en
élat de chanter, de manière à satisfaire le
professeur et le public, un grand solo à l'ofTer-
loire de la messe de Sainte-Cécile, Il resta
encore une année sous la direction de son
maître, après quoi il pass'a en qualité d'enfant
de chœur au monastère de Zwyirallen. Il était
alors âgé de neuf ans, et, par une circonstance
assez singulière, ce fut encore le jour de
Sainte-Cécile <ni'il entra dans le couvent.
Le monastère de Zwyffallen est situé près de
Riedlingen,en Ajlriche. C'est là que Conradin
Kreutzer continua ses éludes et qu'il reçut
(l'un moine, nommé Ernest Weinrauch, di-
recteur de la musique du couvent, des leçons
qui exercèrent la plus heureuse influence sur
sa carrière. Cet Ernest Weinrauch, qui était
entré à Zwyffallen comme enfant de chœur et
qui n'en sortit plus, était un musicien de
génie, mais un homme si ignorant des choses
du monde, qu'il n'avait jamais pu comprendre
l'usage de la monnaie. Conradin Kreutzer
assure que ses composilions étaient Irès-
remarquables. Il possédait aussi un rare
talent comme organiste; talent (|u'il commu-
niqua à son jeune élève Les leçons de contre-
point et d'harmonie données par un maître
tel que Weinrauch à un élève aussi plein de
zèle que Kreutzer ne pouvaient manquer de
produire d'heureux résultats. Le professeur se
voyait avec joie revivre dans son élève, et
celui-ci n'avait d'aulre i)ensée, d'autre pas-
sion que la musique. Telle était l'ardeur de
Kreutzer pour le travail, qu'il étudiait souvent
au clair de la lune, et (|u'on était obligé <le le
surveillera cause de la faiblesse de sa santé.
Dans le monastère de Zwyfîallen, comme
dans beaucoup d'autres, on avait l'hahitude
d'exécuter de symphonies pendant la messe :
Kreutzer se sentit pressé du désir d'en com-
poser une. Mais il n'était encore qu'aux pre-
miers éléments de l'harmonie, et il ignorait la
manière de «lisitoser les différentes parties
dans une partition. Pour exécuter sou projet,
il se borna donc à faire un brouillon <le la
partie principale, après quoi il arrangea sépa-
rément chacune des autres. Son professeur le
surprit un jour au travail, lorsque sa table cl
le plancher de sa cellule étaient jonchés des
parties de tous les instruments. Le professeur,
tout ému de joie, enseigna à son élève les pro-
cédés de la formation de la partition.
Après trois années de leçons données à Con-
radin, le digne Weinrauch cessa de vivi-e. Uu
jeune moine, venu d'un autre couvent, lui
succéda; mais il ne possédait ni l'afTabilité de
caractère, ni les hautes connaissances de sou
prédécesseur. Conradin sentit qu'il avait tout
perdu, et il se décida à quitter le couvent de
Zwyffallen pourse rendre à celui de Schussen-
ried, ce qu'il fit en 17'JG. Les moines de celui-
ci appartenaient à l'ordre des Prémonlrés, et
jouissaient d'une grande liberté. Kreutzer
chanta encore pendant un an comme enfant
de chœur, mais au bout de ce temps, sa voix
passa du soprano au ténor. Il se borna alors à
remplir les fondions d'organiste, et le reste de
KREUTZER
iti
son temps fut employé à terminer ses études.
On le jugea bientôt assez habile pour devenir
professeur, et l'éducation musicale de qua-
rante élèves du couvent lui fut confiée.
Les parents de Kreutzer voyaient avec in-
quiétude sa passion pour la musique, parce
cjuMls le destinaient au barreau. On finit même
j)ar lui interdire absolument l'étude de cet
art, ce qui lui causa beaucoup de chagrin.
Devenu orphelin en 1797, il reprit le cours de
SCS travaux favoris; mais un oncle pharma-
cien, qui était son tuteur et qui voulait lui
faire embrasser sa profession , l'obligea à
(|uilterSchus3enriéd, et à se rendre à l'univer-
sité de Fribourg en Brisgau, pour y étudier la
médecine. Il arriva dans celle ville, en 1799,
et suivit d'abord le cours de philosophie.
Cependant il ne cessait d'importuner son
oncle pour reprendre ses éludes lie prédilec-
tion; enfin sa persévérance triom[)ha des
obstacles, et il obtint la permission d'aller à
Vienne pour y reprendre ses travaux de mu-
sique. La durée de son voyage fut plus longue
(|u'il ne l'avait imaginé. Les connaissances
«ju'il avait faites dans plusieurs familles no-
tables de la Suisse furent cause qu'il resta
jusqu'en 1804 dans la ville de Constance. Au
commencement de 1 802, il avait pris part à la
première exécution de l'Oratorio la Création
du monde : il y jouait le premier hautbois.
L'orgue et la clarinelleétaient aussi des instru-
ments sur lesquels il possédait un talent dis-
tingué. Le dernier lui procura une certaine
célébrité à Vienne.
Lorsqu'il partit pour celte ville, il ne possé-
dait que quatre-vingt-dix florins et n'avait
pas une lettre de recommandation : sa seule
espérance était d'y rencontrer un cousin, avec
qui il était en relation d'amilié. Gai, dispos et
léger comme les artistes de son âge, sans ré-
fléchir aux suites de son entreprise, et sans
douter du succès de ses projets, il se mit en
voyage. A quelques lieues de Vienne, dans un
petit endroit nommé Nusdorf, il lui restait
quelques florins ; il prit une voiture et se fit
conduire chez son cousin. Quelle fut sa sur-
prise! il apprit que son parent avait quitté sa
demeure sans indiquer le lieu de sa nouvelle
habitation. Cruellement désappointé, il erra à
l'aventure, et ne fut tiré de sa rêverie et de
son abattement qu'à la vue des affiches de
spectacle. Celle de l'Opéra lui apprit que le
même soir on jouait l'opéra d'^xwr de Salieri.
11 se rendit à l'inslant au théâtre, et cessa de
songer à sa mésaventure, Axur était le pre-
mier opéra que Kreutzer voyait représenter :
il produisit sur lui une impression profonde,
et fixa son attention de telle sorte, qu'il sem-
blait que toutes ses facultés fussent absorbées.
Malheureusement le spectacle devait finir;
l'enchantement se dissipa, et ce fut avec un
sentiment profond de mélancolie que Kreutzer
sortit avec les autres spectateurs. Il cherchait
à ressaisir encore ses illusions, lors(jue au mi-
lieu de la foule qui s'écoulait, il reconnut avec
un vif plaisir mêlé de surprise ce cousin qui
lui avait causé tant d'anxiété, et qui lui était
si nécessaire! Celui-ci, charmé de le voir,
l'emmena chez lui et l'installa dans son loge-
ment. Le hasard fit bientôt faire à Conradin
Kreutzer la connaissance du célèbre violoniste
Schuppanzigh, qui le recommanda à Albrechls-
berger. L'habile professeur prit le jeune ar-
tiste en amitié, et se chargea de rectifier ses
études et de les terminer. Pendant deux ans,
Kreutzer reçut les leçons de ce grand harmo-
niste. Schuppanzigh reconnut bientôt le talent
distingué de son protégé; il s'intéressa vive-
ment à ce jeune homme, et, pour l'aider à se
faire connaître, il lui donna le conseil de com-
poser un concerto de piano. Kreutzer se mit à
l'ouvrage, et le concerto fut écrit en huit jours,
Conradin l'exécuta sans répétition dans un
concert i)ublic, et fil naître l'admiration par
le mérite de la composition et par celui de
l'exéculion. Schuppanzigh redoubla alors
d'efforts .lour faire connaître le jeune musi-
cien, et le recommanda particulièrement au
comte Xavier de Fuchs et à son épouse, née
comtesse de Gallenberg, une des plus belles
femmes de Vienne. Bientôt Kreutzer fut admis
dans les meilleures maisons de cette ville; il
fit beaucoup de connaissances, entre autres
celle de Haydn. Ce grand compositeur s'in-
téressa en faveur du jeune homme, et corrigea
même de sa main trois sonates pour piano qu'il
avait composées.
Après plusieurs années de séjour à Vienne,
Kreutzer, qui avait composé des messes, des
quatuors et quelques pièces de moindre im-
portance, voulut écrire un opéra. Il choisit
celui de Conradin de Souabe. L'ouvrage étant
achevé devait être représenté, mais la censure
s'opposa à la mise en scène. Cette circonstance
fâcheuse ne rebuta point Kreutzer, qui se mit
immédiatement à écrire un autre opéra inti-
tilué Der Raiicher (le Plongeur). Cet opéra
était destiné par le prince Esterhazy à être
joué sur le théâtre de Vienne : la distribution
en était faite et plusieurs réi>étitions avaient
eu lieu ; mais l'armée française entra à Vienne
et fit éprouver à cet opéra le sort de Conradin
H2
KREUTZER
de Souahe. Les désastres politiques occupaient
alors tous les habitants de la capitale de l'Au-
triche, et Conradin Kreutzer lui-même ne
pensait plus à cet opéra. Lorsque l'empereur
rentra à Vienne, on songea à faire reparaître
la pièce; mais un homme chargé d'arranger
la musiciue pour divers instruments avait égaré
la partition; on crut l'ouvrage perdu ; heureu-
sement les parties de chant furent trouvées
chez les acteurs ; c'est au moyen de ces parties
que l'auteur put refaire ensuite son ouvrage,
qui fut représenté avec beaucoup de succès à
Vienne, en 1814, et depuis lors sur quelques
autres théâtres de l'Allemagne. Après la dis-
parition de la partition du Plongeur de
Kreutzer, il composa un autre opéra pour le
théâtre de la cour que dirigeait W^eigl. Celui-
ci, d'un caractère envieux et jaloux, s'opposait
presque toujours à ce que les jeunes artistes
se fissent connaître du public. Les tracasseries
qu'il suscita à Kreutzer firent perdre à celui-
ci l'espoir de faire représenter sa nouvelle
composition intitulée : Jery et Balely. Cepen-
dant Weigl, persuadé que la pièce n'aurait
pas de succès, finit par consentir à la repré-
sentation; mais son attente fut trompée, et le
nombre des partisans du talent de Kreutzer
augmenta beaucoup après qu'on eut entendu
cet ouvrage.
Par suite de ses relations désagréables avec
Weigl, Kreutzer résolut de quitter Vienne :
il entreprit un voyage avec son ami Leppig,
mécanicien habile qui venait d'inventer l'in-
strument appelé panmelodicon. Kreutzer
jouait cet inslrtiment avec beaucoup de délica-
tesse et de goût ; dans toutes les villes où il se
fit entendre, il recueillit des applaudissements.
Arrivé à Slullgard, il donna plusieurs concerts
et se fit entendre différentes fois à la cour.
Frédéric, roi de Wurtemberg, voulut que
Conradin de Souahe fût représenté sur le
théâtre de l'Opéra; le succès du compositeur
fut complet. Ce succès l'encouragea à com-
poser un nouvel ouvrage dramatique {Féo-
dora, de Kotzebue). La représentation de cet
opéra fut un nouveau triomphe pour lui. Le
roi le nomma ensuite directeur du Conserva-
toire, en remplacement de Danzi. Il accepta,
et se mit en route pour retourner à Vienne,
où il devait attendre sa nomination défini-
tive; mais à peine arrivé à Munich, il la
rerut par estafette. Il retourna alors à Sîult-
gai'd où il resta jusqu'à la mort du roi, en
ISlfi.
Les promesses du prince de Furstemberg,
et plus encore les diflércnds qui s'élevèrent
après la mort du roi entre l'intendant de la
ville et Kreutzer, décidèrent ce dernier à
donner sa démission, après quoi il partit pour
la Suisse, où il resta pendant une année. Il
résolut de nouveau de se mettre en route pour
Nuremberg, Gotha, MeinUngen , Leipsick,
Berlin, Dresde, Prague et Vienne. A Berlin,
il donna un concert un théâtre royal de
l'Opéra. A Prague , il fui déterminé à
composer une tragédie lyrique [Oreste) dont
les vers sont de Reinbeck. Cette pièce fut re-
présentée et applaudie. Plus tard, lorsqu'il fut
arrivé à Vienne, ses amis l'engagèrent à en-
voyer ce dernier ouvrage à la direction de
l'Opéra. Il s'en défendit d'abord, parce qu'il
pressentait son sort; enfin, déterminé par ses
amis, il l'envoya; mais ses pressentiments ne
l'avaient point trompé : l'opéra étantacheté fut,
sans être représenté, déposé dans les archives
du théâtre. Pendant son séjour à Vienne, Kreut-
zer obtint duducCharles-Égon deFurstemberg
la place de directeur de sa musique à Donaues-
chingen. Il resta trois ans dans cette position,
insulTisanle pour le développement de ses ta-
lents. Il leur chercha un théâtre plus élevé, et
le trouva. En 1821, la comtesse Fuchs, sœur
du comte de Gallenberg, lui appiit qu'à Vienne
le théâtre était mieux dirigé, et qu'il pouvait
espérer d'y trouver un emploi convenable.
A cette nouvelle, Keutzer demanda sa démis-
sion ; ce ne fut que sur ses instances réitérées
qu'elle lui fut accordée. En novembre, il partit
pour Vienne et y fit monter son opéra .inti-
tulé : Libussa, dont le poëme est de Bernard.
La représentation eut lieu dans Je courant de
l'automne de 1822, et réussit complètement.
Après ce succès, Barbaja, entrepreneur du
théâtre impérial {ffo/ftheater), autorisé par
l'empereur, lui confia la direction de sa mu-
sique, avec des appointements de2,000 florins.
Après l'expiration, en 1827, du bail de Bar-
baja, qui ne fut point renouvelé, on ne trouva
pas de remplaçant à cet entrepreneur. Alors
Kreutzer partit pour Paris, où il composa un
opéra-comique (l'Eau de Jouvence) qui n'eut
point de succès. L'année suivante, le Théâtre-
Royal de Vienne fut ouvert de nouveau ; Kreut-
zer s'y rendit et rentra dans son poste. Un
an après, le directeur Cerf arriva à Vienne,
et ayant afipris (|ue Kreutzer travaillait à
un nouvel opéra, entra en relation avec lui
dans le but de l'emmener à Berlin, pour
y faire étudier et représenter cet opéra inti-
tulé : Mélusine^ dont le succès lui parais-
sait assuré, et qui pourtant n'a pas réussi.
Eu 18Ô3, Kreutzer fut chargé de la direction
KREUTZER
113
de rorclieslrc du théâ(re Josephslsedt : il
garda celte po-ilion jusqu'en 1840 ; mais alors
il donna sa démission pour voyager en Alle-
magne avec sa fille, Cécile, cantatrice, sur qui
il fondait de grandes espérance» qui ne se
sont pas réalisées. Dans la même année, il
reçut un engagement, comme directeur de
musique à Cologne. En 184G, la place de di-
recteur de la musique du théâtre royal de
Berlin lui fut offerte, après la mort de Ni-
colaï; mais il préféra la position de maître de
chapelle à Riga, à laquelle il fut a[)pelé dans
le même temps. Il est mort dans cette ville, le
14 décembre 1849.
Kreutzer jouit en Allemagne delà réputa-
tion d'un compositeur distingué ; toutefois ses
ouvrages sont plus remarquables par des qua-
lités de facture et d'expérience, que par le
don de l'invention. Sa partition la plus origi-
nale me parait être son monodrame de Cor-
delia. Il a d'ailleurs été rarement heureux à
la scène. On connaît de lui les opéras sui-
vants : 1° L'Enrôlement ridicule {W\e\^che.T-
liche Werbung), opéra-comique en deux actes,
composé à Fribourg en Brisgau, en 1801.
Dans cette pièce, Kreutzer chanta lui-môme
avec succès la partie de premier ténor. 2'' Con-
radin de Souahe , drame lyrique en trois
actes, composé à Vienne, en 1805, et repré-
senté à Stuttgard pour la première fois, en
1812. 5° Les deux Mots ou Une Nuit dans la
forêt, composé à Vienne, en 1803. (Dalayrac a
composé la musique d'un opéra sur le même
sujet.) A°Jery et Bately, composé à Vienne, en
1803. 5»£sopeenf/iri/g'îe, à Vienne, en 1808.
6» Der Taucher (le Plongeur) , grand opéra
romantique, en deux actes, composé à Vienne
en 1809. 7» Panthea, grand opéra en trois
actes, composé à Vienne, en 1810 (la repré-
sentation de cette pièce a été défendue par
l'autorité). 8» Féodora, opéra-comique en un
acte, paroles de Kotzebue, composé et repré-
senté à Stuttgard, en 1811. 9° Les Insulaires,
opéra en deux actes, composé et représenté à
Stuttgard, en 1812. 10» Mimon et Zayde,
opéra en trois actes, composé et représenté à
Stuttgard, en 1815. 11" Oreste, tragédie lyri-
que en trois actes, composée en 1815 et repré-
sentée pourla première fois àPrague,en 1818.
12» La Chaumière des Alpes (Alpen Hûtter),
opéra en un acte, paroles de Kotzebue, com-
posé et représenté en 181G. 13» Cordelia,
drame lyrique en un acte, paroles de P. Wolff,
composé et représenté pour la première fois,
en 1819, à Donaueschingen, et en 1823, à
Vienne. Celte pièce a été dédiée à M"" Milder.
DIOCn. l'NIV. BES MUSICIENS. T. V.
M» Lihussa, grand opéra en trois actes, com-
posé et représenté à Vienne, en 1822. 15» Le
Plongeur {Der Taucher), corrigé et repré-
senté à Vienne, en 1823. 1G° ^«.ijHna, drame
lyrique, composé et représenté à Vienne, en
1824. 17» La Laitière de Iflontfcrmeil, opéra
en cinq actes, composé cl représenté à Vienne
en 1827. 18» L'Eau de Jouvence, opéra-
comique en deux actes, rei)résenté au théâtre
de l'Odéon à Paris. 19» Le Portefaix des
bords de la Tamise, opéra en trois actes,
composé et représenté pour la première fois à
Prague en 1828. 20» La jeune Demoiselle
[Die Jungfrau), opéra en trois actes, repré-
senté pour la première fois à Prague en 1830.
21» Le Duron Luft, opéra comique en un
acte, représenté pour la première fois à Vienne
en 1830. 22» La Montagnarde , opéra en
un acte, composé en 1831. Il n'est pas encore
représenté. 23» Mélusine, opéra romantique
en irois actes, représenté pour la première fois
sur le théâtre de Rœnigstadt, le 27 février 1835,
24» Das Nachtlayer (la Mauvaise Nuit), à
Vienne en 1834. Dans la période de 1828 à
1840, Kreutzer a encore écrit les opéras .
La Grotte de TVaverlcy, Fridolin, les deux
Figaro, la musifiue pour les drames intitulés
Raymond et le Dissipateur, enfin, les opé-
rettes Tom Rick et le Nouveau marié dans
l'embarras. Dans les neuf dernières années
de sa vie, l'activité productrice de Kreutzer ne
. s'arrêta pas, car il écrivit les deux opéras
l'Ecuyer, et la Montagnarde du Caucase.
On trouva dans ses papiers, après son décès, la
partition â' Aurélia, opéra en deux actes, qui
a été représenté avec succès. De tous ses opéras
Libussa, Cordelia, la Mauvaise Nuit de
Grenade, la Montagnarde et le Dissipateur,
sonl ceux qui ont reçu le meilleur accueil dans
lesvillesprincipalesdel'AUemagne. Ils ont été
joués et repris plusieurs fois à Berlin, Vienne,
Prague, Hambourg, Francfort, Cassel et W^ei-
mar. Les autres n'ont eu que de courtes exis-
tences dans une seule ville. En musique reli-
gieuse, Kreutzer a composé un oratorio en deux
parties intitulé Moïse, qui a été exécuté en
1814 à Slutlgard, et en 1819 à Zurich ; la can-
tate Friedensfeier {la Célébration de la
paix), exécutée d'abord à Stuttgard en 1815,
ensuite à Winterlhur (Suisse) en 1817. Il a
écrit aussi trois grandes messes et six petites,
ainsi que plusieurs offertoires, graduels cl un
Te Deum.
Parmi les autres compositions de Kreutzer,
on remarque: 1» Grand septuor pour violon,
alto, violoncelle, clarinette, cor et basson,
8
114
KREUTZER - RRIEGER
op. G2. 2" Quintette pour deux violons, deux
altos et violoncelle, Vienne, Pennauer. 3° Va-
riations pour clarinette et orchestre, op. 35,
Augsbourg, Gombart. 4° Polonaise pour piano
et guitare, op. 10, Vienne, Weigl. 5» 1" con-
certo pour piano et orchestre, op. 42 (en si
bémol), Leipsiçk, Peters. 6" 2" idem (en ut),
op. 50, Bonn, Simrock. 7° 3« idem (en mi
bémol), op. 65, Leipsiçk, Ilofmeister. 8» Di-
vertissement pour piano, flûte, cor, basson et
contrebasse, op. 37, Augsbourg, Gombart.
0" Fantaisie pour piano sur une valse favorite
de la reine de Prusse, avec quatuor, op. 76,
Leipsiçk, Peters. 10" Fantaisie sur un thème
suisse pour piano, clarinette, alto et violon-
celle, op. 55, Vienne, Pennauer. 11° Quatuor
pour piano, violon, alto et basse. Vienne, Ilas-
linger. 12» Grandes sonates pour piano, flûte
€l violoncelle, op. 23, Bonn, Simrock. 13° Trio
pour piano, clarinette et basson, op 43, Leip-
siçk, Peters. 14" Fantaisie mélancolique pour
piano et violoncelle, op. 77, ibid. 15" Plusieurs
oeuvres de sonates faciles, marches et rondeaux
pour piano à quatre mains. 16» Plusieurs di-
vertissements, fantaisies et pot-pourris pour
piano seul. 17" Plus de vingt-cinq cahiers de
chants à plusieurs voix sans accompagnement,
particulièrement pour des chœurs d'hommes,
ouà voixseule, avec accompagnement de piano.
KREYSIG (Frédéric-Louis), né à Eilen-
bourg, près de Leipsiçk, le 8 juillet 1770, fit
ses premières études à Leipsiçk et alla les con-
tinuer à Pavie, en 1792. Il fut professeur de
médecine à l'Université de Wittenberg, puis
il eut le titre de conseiller et de médecin du
roi de Saxe. Il est mort à Dresde, le 4 juin
1839. On a de lui une dissertation intéressante
intitulée :^ris(ofeZi* de soniet vocis humant
naturd atqtte ortu theoria, cum recentiorum
decretis comparata, Lipsise, 1793, in-8" de
vingt-huit pages.
KltEZ (Gaspard). On a sous ce nom une
dissertation historique et liturgique intitulée :
DeUtaniis ecclesix romanx, Tubinge, 1742,
in-4" de vingt-cinq pages.
KRIEDEL (Jeau-Christophe) , organiste
à Rornberg, en Bohême, au commencement du
dix-huitième siècle, a fait imprimer de sa
composition : Nexierœffneles Blumen-Gxrt-
lein bestehend in sechs Konzerte a voce sola,
con 2 violini e org. (Petit parterre nouvelle-
ment ouvert, consistant en six concerts à voix
seule, avec deux violons et orgue), Baulzen,
1706, vingt feuilles in-4».
KRIEGCK (J.-J.), violoncelliste etmailre
de concert du duc de Saxe-MeinUngen, naquit
à Bibra, près de Mersebourg, le 25 juin 1750.
A l'âge de six ans il perdit son père, et peu de
temps après il suivit sa mère à Meinungen, où
il fréquenta l'école publique et apprit les élé-
ments de la musique. Admis d'abord comme
enfant de chœur dans la musique de la cour,
il y servit ensuite en qualité de violoniste jus-
qu'à l'âge de dix-neuf ans; puis il entra au
service du landgrave de Ilesse-Philippsladt,
qu'il suivit deux fois en Hollande. Ayant ob-
tenu un congé, il se rendit à Amsterdam et y
entra dans l'orchestre de l'Opéra hollandais,
comme [fremier violon. Après une année de
séjour dans celte ville, il s'attacha au marquis
de Taillefer qui le conduisit à Paris. Là, il fit
la connaissance de Duport et prit de lui des
leçons de violoncelle. Ses progrès sur cet in-
strument lui firent abandonner le violon. Un
an après, il entra comme violoncelliste chez le
prince de Laval-Montmorency ety resta quatre
années, perfectionnant pendant ce temps son
talent d'exécution, et augmentant ses con-
naissances. De retour à MeinUngen, il entra
dans la musique du prince : il y vivait encore
vers 1810. On connaît de la composition de cet
artiste : 1° Quatre sonates pour violoncelle et
basse, op. 1, Offenbach, 1795. 2" Trois con-
certos pour violoncelle et orchestre, op. 2, 3, 4,
ibid., 1795 à 1798.
HRIEGER (Adam), musicien de chambre
de l'électeur de Saxe, et poète, né en 1628,
mourut à Dresde en 1666. On a de sa compo-
sition : 1" Air à deux voix de dessus avec
ritournelles pour deux violes, Leipsiçk, 1656,
une feuille in-fol. Lorsque ce petit ouvrage fut
publié, Krieger n'était pas encore au service
de l'électeur de Saxe. 2" XVI airs pour une,
deux ou trois voix, avec des ritournelles pour
deux violons, deux violes, violçncelle et basse
continue, Dresde, 1667, in-fol. Ce dernier
ouvrage ne parut qu'après la mort de l'au-
teur.
RRIEGER (Jean-Philippe), maître de
chapelle du duc de Weissembourg, naquit à
Nuremberg, le 26 février 1649. Il était âgé de
huit ans lorsqu'il reçut de Druckser les pre-
mières leçons de clavecin, et dans le même
temps il apprit à jouer de plusieurs autres in-
struments, sous la direction de Gabriel Schutz.
A l'âge de seize ans, il se rendit à Copen-
hague chez Jean Schrœder, organiste de la
cour et de l'église allemande de Saint-Pierre.
Le jeune Krieger remplit pendant cinq ans les
fonctions d'adjoint de ce maître; pendant ce
temps, il recevait des leçons de composition de
Georges Ftlrslcr, maître de chapelle du roi de
KRIEGEU
11:
Danemark. Le roi Frédéric TIT, ayant eu oc-
casion de l'enlendre, fut si satisfait de son
talent, qu'il lui offrit un emploi danr sa mu-
sique ; mais les parents de Krieger s'opposèrent
à ce qu'il se fixât dans le nord, et il fut obligé
de retourner dans sa ville natale, prenant sa
roule par la Hollande et les provinces du Rhin.
Arrivé à Nuremberg, il s'y fit entendre avec
tant de succès, que la première place vacante
lui fut promise, et que le magistrat de la ville
lui offrit une pension; mais il préféra la place
d'organisle de la cour de Bayreulli qui lui fut
ofTerte à la même époque, et qu'il échangea,
après la mort de Coier, contre celle de ce
maître de chapelle. Quelque temps après qu'il
eut pris possession de celle-ci, il accompagna
son maître à Anspach efà Stutigard, où se
trouvaient quelques artistes distingués avec
lesquels il se lia. En 1672, la guerre ayant
éclaté entre l'empire d'Allemagne et la France,
le margrave de Bayreuth se rendit à l'armée,
et cette circonstance laissa Rriegerdansl'inac-
tion. Il conçut alors le projet d'un voyage en
Italie, et demanda sa démission : elle lui fut
refusée; mais on lui accorda un congé avec la
jouissance de son traitement. Il partit aussi-
tôt, se dirigeant par Nuremberg, Augsbourg
et le Tyrol pour aller à Venise, où il fit la con-
naissance de quelques artistes célèbres, tels que
RosenmUlIer, Cavalli, Ziani et Legrenzi. Ca-
valli et RosenmUlIer lui donnèrent des leçons
de composition pour le slyledramalique. Après
huit mois d'études, Krieger alla à Padoue, puis
à Bologne où il rencontra Jean-Marie Bonon-
cini, Charles Donati, et d'autres musiciens re-
nommés. Enfin, il visita Ferare, Florence et
Home, s'inslruisant toujours par la conversa-
tion ou les leçons des maîtres. Dans cette der-
nière ville, il trouva encore d'utiles enseigne-
ments près de Garissimi, d'Abbalini, et du
célèbre organiste Bernard Pasquini. Abbatini
lui fit connaître l'art d'écrire suivant les tra-
ditions de l'excellente école romaine, et Pas-
quini lui donna des leçons de clavecin. Rome
renfermait alors beaucoup d'artistes, de théo-
riciens et d'écrivains distingués, parmi lesquels
on remarquait le vieux François Foggia, Gian-
setti , Kircher et d'autres ; Krieger se lia
d'amitié avec la plupart de ces hommes célè-
bres. Après avoir fait un voyage de peu de
durée à Naples, il retourna à Venise pour y
attendre la fin de son congé, et profita de son
nouveau séjour en cette ville pour prendre
quelques leçons d'orgue de Jean Rovello, or-
ganiste de Saint-Marc. Rappelé enfin par son
maître, il retourna à Bayreuth par la Caria-
thie, la Slyrie et Vienne. Admis à l'honnenr «le
jouer du clavecin devant l'empereur Léopold,
il charma ce prince et sa cour par la beauté de
son talent, et reçut en récompense une chaîne
d'or avec le i)orlraitde l'empereur, vingt cinq
ducats et des lettres de noblesse. De retour
à Bayreuth, il fut chagriné dans son emploi ;
fatigué des tracasseries qu'on lui suscitait, il
demanda sa retraite, l'obtint, et partit pour
Cassel, où l'attendait la place de maître de
chapelle. Il ne resta pas longtemps dans celle
nouvelle position; celle de vice-maître «le
chapelle lui ayant été offerte à Halle, il l'ac-
cepta et l'occupa conjointement avec celle
d'organiste de la cour. Dans un voyage qu'il
fit à Dresde, il joua devant l'électeur Jean-
Georges II. Charmé par son talent, le duc de
Weissenfels, qui l'entendit dans celte circon-
stance, lui offrit la place de maître de sa cha-
pelle; Krieger l'accepta et y joignit bientôt la
direction des chapelles des cours d'Eisenbeig
et de Brunswick. Plus tard, l'électeur de Saxe
Jean-Georges III voulut l'avoir à son service,
mais les avantages dont l'arliste jouissait à la
cour de Weissenfels lui firent refuser les pro-
positions qui lui furent faites à ce sujet. Après
quarante années passées au service du prince
et de son successeur, il mourut le 6 février 1723,
à l'âge de soixante-seize ans.
On ne connaît pas les titres des opéras qui
furent écrits par Krieger pour les cours de
Weissenfels et de Brunswick; il y a lieu de
croire cependant que ceux qui ont pour titre :
flore, Cécrops et Procris ont été du nombre,
car on en a publié des airs choisis, sous le nom
de ce musicien, à Nuremberg, 1690, in-fol.
obi. Les autres ouvrages dramatiques de sa
composition, représentés à Hambourg, en
1694, sont : 1° Le Combat de la Fidélité.
2» Hercule, première partie. 3" Hercule,
deuxième pai lie. On connaît aussi sous le nom
de Krieger : 4" Douze sonates pour deux violons
et basse continue, op. 1, Nuremberg, 1687.
5" Douze sonates pour deux violons et basse
de viole, op. 2, ibid., 1693. 6" Lustige Feld-
Musik aufvier blasende oder andere Instru-
mente gerichtet, etc. (Musique gaie des champs
pour quatre iustruments à vent ou autres,
consistant en six ouvertures avec les suites),
îiuremhei'^.7''I}IusikalischerSeelenfriede,etc.
(Paix musicale de l'âme, consistant en vingt
morceaux à voix seule avec accom|)agnemenl
d'un ou de deux violons et basse continue, sur
des textes de psaumes latins et allemand-»),
première édition, Nuremberg, 1697. Deiixième
édition, corrigée, Leipsick, 1717, in-fol.
8.
116
KRIEGER - KRIESSTEIN
RRIEGEU (Jean) , frère puîné du précé-
dent, naquit à Nuremberg le l*""" janvier 1652.
Dès ses premières années, il montra les plus
heureuses dispositions pour la musique, quoi-
que la profession de son père (il était tapissier)
lui fournît peu d'occasions d'exciter en lui le
goiit de cet art. Admis comme enfant de chœur
dans l'église de Saint-Sébald, il apprit les élé-
ments du chant sous la direction de Henri
Schvvemmer; puis il reçut des leçons de Gas-
pard Wecker pour le clavicorde et continua
ses études jusqu'à l'âge de seize ans. En 1668,
il se rendit près de son frère, qui se trouvait
alors à Zeilz, pour apprendre les règles de la
composition. Jean-Philippe ayant été nommé
organiste de la cour de Bayreulh l'année sui-
vante, Jean l'y suivit, et lorsque son frère eut
t>l)tenu le litre de maître de chapelle, il lui
succéda comme organiste. Plus tard, des dis-
cussions s'étant élevées entre les artistes ita-
liens de la chapelle et les Allemands, ceux-ci
donnèrent leur démission, et Krieger suivit
leur exemple. Il retourna alors près de ses pa-
rents, et dans ses moments de loisir il prépara
des ricercari à plusieurs sujets sur des thèmes
de chorals, se proposant de livrer cet ouvrage
à l'impression ; mais son manuscrit lui fut en-
levé, et depuis lors il ne le revit plus. Après
avoir demeuré à Halle pendant quelque temps
il alla, en 1078, prendre possession à Graelz
de la place de maître de chapelle du comte de
Reuss, et l'occupa i)endant trois ans; mais
après la mort de ce seigneur, il dirigea pen-
dant un an la musique de la petite cour d'Ei-
senberg; puis il obtint la place d'organiste de
l'église Saint-Jean à Zittau, et en remplit les
fonctions pendant cinquante-qualre ans. L'es-
lime qu'on accordait à ses talents dans cette
ville, lui fit aussi confier l'orgue de l'église
Saint-Pierre et Saint-Paul après vingt ans de
séjour. Dans ce long espace de temps, il écrivit
un grand nombre de morceaux pour l'église,
des divertissements et des chorals : on n'a pu-
blié qu'une très-petite partie de ces ouvrages.
Gel estimable artisteétait âgé de quatre-vingt-
quatre ans lorsqu'il rencontra (le 17 juillet
17315) un ami qui, remarquant en lui les signes
d'une extrême faiblesse, l'engagea à retourner
chez lui ; mais il ne put l'empêcher d'aller à
l'église, où il accompagna un cantique. Quand
il eut achevé ce morceau, il pria son ami
d'achever l'olTice en lui disant : Je sens que je
n'entrerai plus ici. Le lendemain il fut frappé
d'un coup d'apoplexie dont il mourut immé-
diatement. Krieger a publié de sa composi-
tion : 1" Diverlissemcnl musical consistant en
airs à cinq, six, sept, huit et neuf voix, Franc-
fort et Leipsick, 1684, in-fol. 2» Divertisse-
ment musical consistant en allemandes, cou-
rantes, sarabandes, variations et gigues avec
des bourrées, menuets et gavottes pour les
amateurs et à jouer sur l'épinelte ou le clavi-
corde, Nuremberg, Euter, 1697. ô" Exercices
agréables pour clavecin, consistant en ricer-
cari^ préludes, fugues, chacones, et une toc-
cate pour l'orgue avec pédale, ibid., 1699,
in-fol. Matlheson compte Jean Krieger parmi
les meilleurs contrepointisles de l'Allemagne,
dans son Parfait maître de chapelle (p. 442).
La Bibliothèque royale de Berlin possède de
cet artiste, en partitions manuscrites, des mo-
tets allemands , à quatre voix, avec instru-
ments ; deux Sanctus, ibid., et des Magni-
ficat.
RIIIEGEÎI (jEAN-GoTTuriF), fils de Jean-
Philippe, naquit à Weissenfels, le lô septem-
bre 1687. Après avoir terminé ses études mu-
sicales et littéraires au gymnase de cette ville,
il se rendit à Halle en 1706 pour y suivre un
cours de droit. Pendant les quatre années
qu'il passa à l'Université, il apprit les règles
du contrepoint et de l'art déjouer de l'orgue
et du clavecin chez le célèbre organiste Zachau.
Il ne quitta l'Université de Halle que pour
fréquenter pendant six mois celle de Leipsick ;
j)uis il retourna à Weissenfels, où le duc ré-
gnant le nomma avocat du Consistoire; mais
son penchant pour la musique le décida à faire
un cours de composition sous la direction de
son père, nonobstant les occupations de sa
place. Enfin, en 1712, il abandonna celle-ci
pour devenir organiste de la cour, el en 1725,
il succéda à son père en qualité de maître de
chapelle. Il occupait encore cette position en
1740. On trouve à la Bibliothèque royale de
Berlin un motet allemand à quatre voix avec
instruments {Ich verlasse mich aiif Gôttes
(jute). Ce motet, composé à Weissenfels, au
mois d'avril 1725, est attribué à Jean-Philippe
Krieger dans le catalogue : c'est une erreur,
car cet artiste était mort depuis deux mois à
celte époque, à l'âge de soixante-seize ans.
KRIESSTEirV ou KRIEGSSTEIIX
(Melchior), Irès-bon imprimeur de musique
à Augsbourg, dans la première moitié du sei-
zième siècle, commença à publier les œuvres
des maîtres célèbres de celle époque vers
1528. Les produits les plus importants de ses
presses sont deux collections dont Sigismond
ou Sigmond Salblinger a été l'éditeur. La pre-
mière a pour titre : Selectissimx nec non fa-
miliarissimx cantiones ultra ccnfum, vario
KRIESSTEIN - KROLLMANN
in
idiomate vocum, tam multiplicium quam
etiam paucarum , etc. Aiigustae Vindelicorum
Melchior Rriesstein excudebat, anno 1540,
petit in-S» obi. Ce recueil contient cent chan-
sons à deux, trois, quatre, cinq et six voix, en
différentes langues. Les principaux composi-
teurs sont Ghislain Dankerts, Jean Mouton,
L. Senfl, A. Willaert, Sixte Dietricht, Arka-
delt, Benedictus, Noël Baulduin, Richafort,
Josquin Després, Jean Géro (ou Maistre Jean),
Verbonnet, Antoine Feuin , Verdelot, Jean
Lebrun, Lupi, N. Benoist, Jules Regiensis,
JoriusVender, Huldrich,Brœttel, JeanFrosch,
Jœrg BlankenmUller, Henri Isaac, Grégoire
Pœschin, Consilium, André de Sylva, Janne-
quin, Antoine Gardane, Pelletier, Jean Ileugel,
Pierre de la Rue, et Tileman {sic) Susato. La
seconde collection a pour titre : Cantiones
septem, sex et quinque vocum longe gravis-
simx, juxla ac amœnissimx, in Germania
maxime hactenus typis nonexcus^, Augustae
Vindelicorum^ Melchior Kriesstein excudebat,
anno 1545, petit in-4" obi.
KRIFFT (William DE), amateur de mu-
sique, né en Angleterre vers 1765, reçut des
leçons de Clementi, et se fit remarquer vers
1790 comme pianiste et comme compositeur.
En 1789, il publia son premier œuvre qui con-
siste en trois solos pour le piano. Peu de temps
après, il voyagea en Allemagne, et se fit en-
tendre avec un brillant succès le 17 février
1791 dans un concert donné à Coblence, en
présence de la cour. Il y exécuta un concerto
de piano de sa composition avec orchestre,
et le concert commença par une symphonie
dont il était l'auteur. On connaît aussi de lui
un Stabat Mater avec orchestre. Parmi ses
autres ouvrages, on remarque : 1" Siège de
Québec, sonate pour piano, violon, violoncelle
et timbale ad libitum, Londres, Bland, 1792,
in-fol. 2" Trois sonates pour piano, violon et
violoncelle, op. 9, ibid.
KRIMMEÏISHOFF (Jean-Guillaume),
facteur d'orgues, né à Dusseldorf, dans la se-
conde moitié du dix-huitième siècle, a été
breveté du duc d'Oldenbourg en 1801. Le
principal ouvrage sorti de ses mains est l'orgue
de l'église Saint-Lambert, à Oldenbourg, com-
posé de quarante-sept jeux, quatre claviers et
pédale. Les différents claviers de cet orgue
peuvent être combinés de plusieurii manières,
soit deux à deux, ou trois à trois.
RROENER, voyez Croener.
KROGULSKI (Michel), musicien polo-
nais, mort à Varsovie en 1842, fui attaché au
chœur de l'église des Fiaristes, et a écrit de la
musique pour le culte catholique, particuliè-
rement des messes en langue polonaise qui
ont été chantées à l'église dans laquelle il di-
rigeait le chœur. On a aussi de lui des motets,
deux psaumes pour plusieurs voix, une prière
à quatre voix, qui a été publiée à Varsovie,
un Benedictus, un Offertoire, un Graduel et
un Ave Maria.
KROGULSKI (Joseph), fils du précédent,
né à Varsovie en 1815, fut élève d'Eisner
pour la composition, et fut maître de chapelle
de l'église des Piaristes. Ses premières produc-
tions annonçaient un homme de talent ; mais
il mourut en 1842, à l'âge de vingt-sept ans,
regretté des artistes et de ses compatriotes.
Pendant sa courte, mais laborieuse carrière,
il avait écrit dix messes à quatre voix et or-
chestre, toutes sur le texte polonais, et un
grand nombre de morceaux de musique reli-
gieuse, tels que motets, psaumes et prières. Sa
première messe, la seule qui soit à deux voix
et orgue seulement, a été publiée dans un re-
cueil de musique d'église intitulé : Zbior
spiewowkoscielnyck. Krogulski cultivait aussi
la musique instrumentale : des variations de
sa composition pour le piano, intitulées : la
bella Cracoviana, et un quatuor pour piano,
violon, alto et violoncelle, op. 2, ont été pu-
bliés à Leipsick, chez Hofraeister. Il a fait
paraître aussi à Varsovie, chez Sennewahl,
une cantilène pour voix seule avec piano.
Après la mort de cet artiste, on a trouvé dans
ses papiers une sonate pour le piano, dédiée à
Rurpinski, et un second quatuor poui* piano,
violon, alto et violoncelle, œuvre 8.
KROHIV (Gaspard-Daniel), organiste des
églises Sainte-Catherine, Saint-Pierre et Saint-
Jean à Hambourg, vivait en cette ville vers la
fin du dix-huitième siècle. Il a publié de sa
composition : 1" Six sonates pour le clavecin,
dédiées aux mânes de Ch.-Ph.-Em. Bach,
Hambourg. 2" Six petites sonates idem, ibid.,
1787, in-4" obi. 3" Divertissement avec douze
variations, sur un thème allemand, ibid.
KROLLMAIVIX (Antoine), né le 3 juin
1798 à Seulingen, village situé près de Gœt-
tingue, eut pour premier maître de musique
son père, musicien du bailliage. Celui-ci,
ayant été placé ensuite à Celle, en qualité de
choriste, fil faire à son fils des études pour ap-
prendre à jouer de la flûte, et le confia aux
soins d'un maître nommé Hœntlke, pour ap-
prendre l'harmonie. Ayant acquis un certain
degré d'habileté sur son instrument, le jeune
Krollmann a fait des voyages à Celle, Ila-
iiovre, Oldenbourg, et dans les provinces.
118
KROLLMANN — KROMMER
rhénanes. Il jouail aussi du piano et a publié
pour cel instrument beaucoup de morceaux
d'une force moyenne qui ont obtenu un suc-
cès populaire. En 1829, cet artiste devint chef
de musique du régiment de la garde du roi de
Hanovre : il occupait encore cette position en
1838. Parmi ses compositions, on remarque :
1» Introduction et rondeau pour flûte et or-
chestre, op. G, Hanovre, Bachmann. 2» Trois
grands trios pour trois Jlùtes, op. 13, ibid.
Z" Trois thèmes variés pour flûte seule, ibid.
4" Divertissement pour piauo et flûte, op. 10,
ibid. 5» Idem. op. 19, ibid. G" Sonates faciles
pour piano à quatre mains, op. 24, 25, 30,
Leipsick, Ilofmeister, Peters. 7" Pièces faciles
idem, op. 26, Leipsick, Breitkopf etllœrtel.
8» Rondeau brillant et facile pour piano seul,
op. 27, ibid.
KROMMER (François), compositeur, na-
quit en 1759 à Kamenitz, en Moravie. Son
oncle (Antoine Krommer), directeur du chœur
à Turas, lui donna les premières leçons de
musique, de clavecin et de contrepoint; mais
ce fut surtout à ses propres efl^orts qu'il dut
son instruction musicale la plus solide. A peine
eut-il atteint sa dix-septième année qu'il fut
employé comme organiste, et pendant huit
ans, il en remplit les fonctions sous la direc-
tion de son oncle. Déjà à cette époque, il écri-
vait beaucoup pour l'église, cherchant à former
son style d'après les meilleurs modèles : dans
le même temps, il s'occupait de l'élude du
violon. Le comte Ayfum lui ayant offert un
engagement comme premier violon de sa mu-
sique, il se rendit à Simonthurn, en Hongrie,
pour l'occuper. Deux ans après, il fut nommé
directeur de la chapelle de ce seigneur : il
acheva de compléter son instruction et de
perfectionner son goût pendant les quatre an-
nées qu'il occupa ce poste, par la lecture des
partitions des plus grands maîtres. Ses pre-
mières compositions pour des corps de musi-
que d'harmonie datent de celte époque. Vers
la fin de 1790, la direction du choeur de
l'église principale de Funfkirchen lui fut con-
fiée. Pendant qu'il la remplissait, il écrivit des
messes et d'autres morceaux de musique
d'église, ainsi que des symphonies et des qua-
tuors qui furent accueillis avec faveur par les
artistes et les amateurs. Trois ans après, le
comte Raroli le choisit pour chef de musique
de son régiment; mais il ne garda pas long-
temps celte position. Après la mort du comte,
Krommer se rendit à Vienne, où le prince
Krasalkowilz le mit à la tête de sa musique.
Le décès de son nouveau iia'.ron le laissa sans
emploi au bout de quelques années ; mais après
cet événement, il ne chercha plus à se pla-
cer, et il vécut dans l'aisance, en donnant des
leçons et en composant. Plus tard, son revenu
fut augmenté par sa nomination à la place
d'huissier des appartements impériaux; espèce
<le sinécure qui ne l'emiiécha pas de se livrer
à ses travaux de composition, et qui lui pro-
cura de puissantes protections. Lorsque la
l)lace de directeur de musique de la chambre
impériale devint vacante en 1814, par la mort
de Kozeluch, Krommer l'obtint, et en celle
qualité, il accompagna l'empereur son maître
dans ses voyages en France et en Italie.
A Paris, les professeurs du conservatoire l'ac-
cueillirent avec distinclion et lui firent obtenir
le titre de membre honoraire de celte école.
De relourà Vienne, Krommer reprit ses paisi-
bles travaux et montra jusqu'à ses derniers
jours une infatigable activité. Parvenu à l'âge
de soixante-onze ans, il composait encore
et écrivait une pastorale qu'il n'eut pas le
temps de finir. Il mourut à Vienne le 8 janvier
1831, après une courte maladie.
Homme simple et bon, d'une humeur gaie
et d'une bienveillance sans bornes, Krommer
s'est peint dans sa musique, qui se fait remar-
quer par un style facile et clair, d'excellentes
dispositions d'harmonie, et des mélodies élé-
gantes et naturelles. Ses pièces d'harmonie
pour divers instruments à vent lui ont fait
particulièrement une honorable réputation.
On connaît aussi de lui des quatuors et des
quintettes d'une bonne facture. Le seul genre
dans letiuel il ne s'est pas essayé est celui du
style dramatique. Il a beaucoup écrit pour
l'église, mais on n'a publié qu'une seule messe
de sa composition, à quatre voix, orchestre et
orgue (en uf), oeuvre 108, Offenbach, André.
Se» autres ouvrages sont classés de la manière
suivante : 1» Symphonies à grand orchestre,
]'", œuvre 12 (en fa); Offenbach, André;
2% op. 40 (en ré), ibid.; 3« op. G2, (en re),
ibid.; 4" op. 102 (en ut mineur), ibid.;
5» op. 105 (en mi bémol), ibid. 2» Harmonie
à neuf ou dix parties, op. 57, G7, 73, 7G, 77,
78, 79, 83; Vienne, Hasiinger. ô" Marches et
pas redoublés, op. 31, GO, 97, 98, 99, 100,
ibid. i" Concertos pour violon, \" (en la);
Vienne, Artaria; 2", op. 44 (en ré); Vienne,
llasllnger; 3<", op. 61 (en ré mineur); Olfen-
bnch , André; A" op. 64 (en re), ibid.;
5" op. 81 (en mi mineur) ; Vienne, Hasiinger,
5" Quintettes pour deux violons, deux altos
et violoncelle, 01). S, 11, 25, 70, 88, 106, 107,
au nombre de dix-huit j Olfcnbach, André j
KROMMER — KRUFFT
*iî)
Paris, Sieber. 6» Quatuors pour deux violons,
allô et basse, op. 1,3, 4, 5, 6, 7, 10, IC, 19,
23, 24, 26, 34, 40, 53, 54, 56, 72, 85, 90, 92,
103, au nombre de soixante-neuf; Vienne,
chez Arlaria, Haslinger et Cappi ; Offenbach,
André; Paris, Sieber et Pleyel. 7° Grand trio
pour violon, alto et basse, op. 96, Vienne,
Haslinger. 8" Duos pour deux violons,
op. 22, 33, 35, 51, 94, ibid. 9» Concertos pour
flûte, op. 30 (en sol); Offenbach, André;
op. 86 (en mi mineur); Vienne, Haslinger.
10» Quintettes pour flûte, op. 49, 55, 63, 66,
101, 104, 109; Vienne. Haslinger. 11» Qua-
tuors pour fixité, op. 13, 17, 75, 89, 93, 97,
ibid. ; Offenbach, André. 12» Concertos pour
clarinette, op, 56, 52; Offenbach, André.
15» Quatuors pour clarinette, op. 21, 82,
ibid. 14» Symphonies concertantes pour
divers instruments; concertino pour flûte,
hautbois, deux altos, deux cors, violoncelle et
contrebasse, op. 18; ibid.; Concertante pour
deux clarinettes, op. 55, ibid.; idem pour
flûte, hautbois, violon obligé, deux altos, deux
cors, violoncelle et contrebasse, op. 38 et 39,
ibid.; idem pour flûte, clarinette et violon
obligé, op. 70; Vienne, Haslinger; idem,
op. 80, ibid.
RIIOUIMER (AccrsTE), fils du précédent,
né à Vienne en 1807, était pianiste, violoniste
habile et compositeur. Admis à la chapelle
impériale, il y fit exécuter plusieurs morceaux
de musique religieuse. En 1841, une ouver-
ture de sa composition fut exécutée à Prague
avec beaucoup de succès, et l'on entendit,
l'hiver suivant, dans la même ville, une autre
ouverture de concert du même artiste, où l'on
remarqua de l'originalité dans la pensée et
dans la forme. Rrommer est mort à la fleur
de l'âge, le 27 mars 1842, à Dornbach, près
devienne.
KROPACZ (GEonr.ps), musicien de la
Bohême, vivait vers le milieu du seizième
siècle. On connaît sous son nom un recueil de
messes intitulé : Missarum quinque vocum
juxta decachordi modos, dorii scilicet, hypo-
dorii et lidii accuratè compositus, recensque
in lucem edilus, Venetiis, 1578, in-4».
KUOPFFGANS (Jeaw), virtuose sur le
luth, naquit à Neusladt, en Autriche, le
12 septembre 1663. A l'âge de neuf ans, son
père commença à lui enseigner le luth. Trois
ans après on le mil en apprentissage chez un
négociant de Leipsick, mais ensuite il reprit
son instrument et prit des leçons chez Scha-
chart, et chez Meley, nouvellement revenu de
Paais, En 1720, un accident le blessa à la main
et il cessa de jouer du luth ; mais il s'occupti
dès lors de la théoriedela musiijue. En 1732, ili
vivait encore à Breslau, où il était négociant.
KROPFFGAIMS (Jean), fils du précédent,
naquit à Breslau, le 14 octobre 1708. Son père
lui donna les premières leçons de luth; plus
tard il devint élève du célèbre luthiste Weiss.
Devenu musicien de la chambre du comte de
BrUhl, après la mort de ce seigneur, il vécut à
Leipsick. Il s'y faisait encore entendre dans
les concerts en 1769, quoiqu'il fût alors âgé
de soixante et un ans. Kropffgans fut un des.
luthistes les plus distingués du dix-huitième
siècle, et surtout un compositeur remarquable
pour son instrument. On n'a imprimé de ses
ouvrages que trois solos pour le luth, à Nu-
remberg, mais il a laissé en manuscrit trente-
six autres solos pour le même instrument; six
duos, trente-deux trios pour luth, violon et
violoncelle ; un quatuor pour luth, flûte, violon
et violoncelle, et un concerto pour luth, deux
violons, alto el basse. J'ai acquis plusieurs de
ces ouvrages manuscrits à la vente du cabinet
d'assortiment delà maison de BreitkopfetHaer-
tel, au mois de juin 1836.
KRUFFT (Nicolas, baron DE), conseiller
ordinaire de la chancellerie impériale de
Vienne, naquit en cette ville, le 1" février
1779. Dès l'âge le plus tendre, il reçut de sa
mère les premières leçons de piano, et ses i)ro-
grès tinrent du prodige. Sa mémoire était si
heureuse, qu'il pouvait exécuter sur le piano
de longs passages de symphonies de Haydn,
qu'il n'avait entendus qu'une fois. Plus tard,
Albrechlsberger lui fit faire un cours complet
d'harmonie et de composition. Son goût pour
la musique était si vif, que pour ne |n)inl man-
quer aux devoirs de ses emplois, il jouait du
piano et composait pendant une partie des.
nuits. En vain, sa famille lui représentait-elle
que sa faible constitution ne pourrait résister
à ce travail forcé; son ardeur de travail ne se
ralentit que lorsque ses forces furent épuisées
et que sa santé eut été perdue: Une fièvre ner-
veuse, résultat d'un travail immodéré, le con-
duisit au tombeau, le 16 avril 1818, à l'âge de
trente-neuf ans. Cet amateur distingué a pu-
blié beaucoup de compositions qui attestent
ses connaissances dans l'art et sa facilité de
production. On y remarque : 1° Trois quatuors,
pour deux violons, alto et basse; Vienne, Me-
chetti. 2» Grande sonate pour piano et basson
ou violoncelle, op. 54; Leipsick, Breilkopf et
Hœrtel. 3» Idem avec violon obligé, ibid.
4» Idem avec cor ou violoncelle, ibid. 5° Grande
sonate pour piano à quatre mains; Vienmi,^
120
KRUI FT - KRUG
Mechelli. 6» Grande sonate pour piano seul
(en u<); Berlin, Schlesiuger. 7° Vingt-qualre
préludes et fugues pour le piano; Vienne, Me-
chetli; PariSjPleyel.S" Douze grands caprices
en quatre cahiers; Vienne, Mechelli. 9" Thème
allemand varié pour piano et violon; Vienne,
Haslinger. 10" Beaucoup d'autres variations
pour piano seul. 11" Environ cinquante chants
allemands à quatre voix. 12" Plus de quatre-
vingts chansons à voix seule. 13" Quatre
hymnes pour l'église.
KRUG (...), fadeur d'orgues à Halle, est
connu par la restauration de l'orgue de la
cathédrale de Mersehourg , qu'il a faite en
1781 , et par la construction de celui de l'église
Saint-Maurice, à Halle, qu'il a terminé en
178Ô. Ce dernier instrument est à trois cla-
viers, et contient quarante-trois jeux.
KRUG (Guillaume-Thaugott), savant dis-
tingué, professeur de philosophie à l'Univer-
sité de Leipsick, naquit à Radis, près de Wit-
tenberg, le 22 juin 1770. Après avoir fait ses
premières études au Collège de Pforte, il fré-
quenta les Universités de Wittenberg, de Jéna
et de Gœltingue, et cultiva particulièrement la
philologie et les mathématiques. En 1794, il
obtint le titre d'adjoint à la faculté de philoso-
phie de Wittenberg, et pendant sept ans, il en-
seigna en cette qualité, sans aucun traitement,
et n'ayant pour vivre que ses travaux parlicu-
liers. Un écrit qu'il avait publié lorsqu'il
n'était encore qu'étudiant à Gœtlingue, sous le
litre de : Lettres sur laperfectibililé de la re-
ligion révélée, lui atlira de violentes attaques,
dans une multitude de pamphlets; l'autorité in-
tervint dans celte affaire; Krug fut obligé de
s'avouer l'auteur de l'écrit, et il lui fut défendu
d'enseigner la théologie. D'abord partisan de
la philosophie critique de Kant, dont il modi-
fia ensuite la théorie par ses idées particulières,
il s'était déjà fait connaître avantageusement
par plusieurs ouvrages, lorsqu'il fut appelé
en 1801 à remplir la chaire de philosophie à
Francfort-sur l'Oder. Après la mort de Kant,
ce fut lui qu'on choisit pour son successeur à
l'Université de Kœnigsberg, où il se rendit
vers la fin de 1803. Le désir de revoir son pays
natal, et d'autres motifs qui ne sont point con-
nus, lui ayant fait quitter sa chaire en 1809, il
accepta la place de professeur ordinaire de
philosophie à l'Université de Leipsick, et la
conserva jusqu'à sa mort.
Les livres philosophiques de Krug sont
nombreux et intéressants pour la science; il
ne doit être ici question «lue de ceux qui ont du
rapport avec la musique. Le plus ia)i>orlant
est son Esthétique, ou Théorie du goût, qui
forme la troisième partie de son Système de
philosophie Théorétique (System der Iheore-
tischen Philosophie), dont la troisième édi-
tion a été publiée à Kœnigsberg, 1823-1830,
trois volumes in-8". Il y traite du beau esthé-
tique dans la musique (t. III, p. 331 etsuiv.).
Adversaire déclaré de la philosophie de Schel-
ling, Krug avait nié, dans son Nouvel Orga-
non de la philosophie, l'unité identique du
réel et de l'idéal, du subjectif et de l'objectif;
à cette identité essentielle, il avait voulu sub-
stituer une unité synthétique, passagèrement
établie au sein de la conscience, en raison de
notre activité intellectuelle. Ce sont ces prin-
ci[)es qui l'ont guidé dans son Esthétique,
comme dans toutes les autres parties de la
philosophie. Il y établit : que le beau de Part
des sons, considéré dans le sens le plus géné-
ral, se produit sous deux aspects : le premier,
matériel, consistant dans les rapportsdes sons,
dans l'intonation, dans l'intensité, dans le
timbre et dans la durée; enfin, dans la suc-
cession, d'où la mélodie, et dans la simulta-
néité, d'où l'harmonie; le second, intellectuel
et sentimental, résultant de la forme. Suivant
lui, le premier genre de beauté constitue
Vagréuble; c'est celui qui flatte le sens de
l'ouïe; le second est le beau en soi, le beau
esthétique, le beau absolu. Sa conclusion est
que la plupart des hommes sont plus disposés
à recevoir les impressions de l'agréable et de
la beauté matérielle qu'à concevoir le beau
esthétique pur. Pour eux, le grand est dans la
puissance du son et dans la cadence du
rhylhme; c'est pour cela, dit-il, que la musi-
que militaire plaît tant au peuple, tandis que
la beauté formate de compositions d'un ordre
plus élevé lui échappe.
Le point de départ de Krug était excellent.
Il avait généralisé la pensée de Pythagore à
l'égard des rapports des sons, et avait aperçu
les limites de la philosophie naturelle du beau
matériel et du beau esthétique pur ; mais il n'a
rien fait pour le développement d'une doctrine
d'après ces données, et cette question si dilfi-
cile de la beauté formale, il l'a seulement in-
diquée. Il n'a d'ailleurs rien ajouté dans son
traité du beau, sur ce qui concerne l'action de
lu sensibilité dans les perceptions de l'art, aux
principes qu'il avait posés dans son livre inti-
tulé : Principes pour une nouvelle théorie du
sentiment et de la sensibilité (Grundsœlze zu
einer neuen Théorie d. Geftlhle und des soge-
nannten Geftihlsvermœgen), Gœtlingue, 1803,
, Kœnigsberg, 1824. Krug a traité de beaucoup
KRUG - KRÙGER
121
d'objets relatifs à la musique dans son Dic-
tionnaire général des sciences philosophi-
ques (Allgemeine Ilandwœrterbuch d. phllo-
soph. Wissenschal'len ) , dont la première
édition a paru à Leipsick, en 1827-1829, et la
deuxième avec un supplément, en 1832-1838.
Krug a publié dans la troisième année de la
Gasette musicale de Leipsick (p. 57 et suiv.)
un article intitulé : Remarques sur le langage
et le chant.
KIIUG (FnÉDÉnic^, chanteur en voix de
baryton, est né à Cassel en 1810, ou, suivant
d'autres renseignements, à Magdebourg. Les
théâtres de Leipsick, de Magdebourg, de Cas-
sel et de Carlsruhe, sont ceux où il s'est fait
entendre avec succès. Il est aussi compositeur
et a fait jouer quelques opéras intitulés : La
Marquise, en un acte, à Cassel, en 1843;
Meisler Martin der Kiiffner und seine Ge-
sellen (Maître Martin le ventru et ses compa-
gnons), en 1843, à Carlsruhe; Der Nacht-
VDXchter (le Veilleur de nuit), représenté à
Manlieim, en 184G, et à Wiesbaden dans
l'année suivante. Krug a i)ris la direction du
théâtre de Carlsruhe en 1849. On a publié de
sa composition environ vingt œuvres de Lieder
et de chants à voix seule et piano, ou de duos
pour soprano et ténor, depuis 1836 jusqu'en
1843, à Manheim, Carlsruhe et Mayence.
RRUG (Gustave), né à Naumbourg, en
Prusse, en 1821, a vécu quelque temps à Ber-
lin, et s'est fixé à Hambourg, en 1844. Les
biographes allemands gardent le silence sur
cet artiste, compositeur sérieux etde mérite, et
les renseignements manquent sur les maîtres
qui ont dirigé ses études. Les ouvrages publiés
par M. Ilrugetdonlj'ai connaissance sontccux-
ci : 1° Trois quatuors pour deux violons, alto et
violoncelle, op. 1; Berlin, Traulvvein. 2° Trois
idem, op. 8, ibid. 3" Grand duo pour piano et
violon, op. 3; Hambourg, Schuberth. 4" Adagio
et rondo pour piano et alto, op. 4, ibid. 5° Trio
(en sol mineur) pour piano, violon et violon-
celle, op. 5, ibid. 6° Introduction et fugue
(en mi mineur) pour piano, violon, alto et
violoncelle, op. 6, ibid. 7° Six Lieder pour
piano et violoncelle, op. 7; Berlin, Trautwein.
8" Peintures musicales et caractéristiques
consistant en trois grandes sonates à quatre
mains pour i)iano, chacune composée de quatre
morceaux très-développés, op. 10; Hambouig,
Schuberth. 9" Deuxième quatuor (introduction
et fugue en ut mineur) pour piano, violon,
alto et violoncelle, op. 11, ibid.
RRUG (1).), pianiste et compositeur, éta-
bli à Alloua vers 1843, n'est mentionné par
aucun biographe allemand. On a de lui :
1° Caprice en forme de tarentelle pour piano,
op. 2; Hambourg, Schuberth, 2"Mazurke pûUr
piano, op. 3, ibid. 3" Fantaisie sur des chants
de Pjschek, op. 15, ibid. 4" Le Carnaval de
New-York, variations burlesques sur l'air
américain : Yankee doddle, op. 16, ibid.
5" Quatre Lieder à deux voix avec piano,
op. 18. 6» Deux rondeaux pour le piano sur
des thèmes d'Jlessandro Strudella, op. 20;
Hambourg, Bœhme. 7» Grandes fantaisies
romantiques sur des thèmes à.'' Alessandro
Slradella, op. 21, ibid. 8" La Rose, romance
transcrite et variée pour piano; Hambourg,
Schuberth. 9° Chants du Schleswig-Holstein
pour quatre voix d'hommes; Altona, Wiebe.
KUtiGEU (le docteur Edouard), recteur
du collégeà Emdenetrédacleurde \aGazetlede
/^anoure, est né à Lunebourg, et a fait ses études
à l'université de Gœttingue. Dès sa plus tendre
jeunesse, il a cultivé la musique avec succès.
Son premier ouvrage fut une thèse académique
pour le doctorat en philosophie, publiée sous ce
titre : Dissertatio inauguralis philosophica
de Musicis Grxcorum organis circa Pindari
tempora florentibus, Gœttingue, 1830, in-4",
de 30 pages. Les points principaux établis
dans cette thèse sont ceux-ci : 1» La lyre était
rarement employée comme instrument de mu-
sique : son usage habituel était de servir de
guide dans la déclamation ou récitation de la
poésie. 2» La cithare était particulièrement en
usage dans la musique instrumentale. ô° La
musique avait pour objet chez les Grecs, d'une
part l'Ethique, c'est-à-dire la morale et le
perfectionnement des mœurs; d'autre part /e
Pathétique, ou l'expression des passions.
4» Les instruments à cordes étaient considérés
comme propres à atteindre le premier de ces
buts; la flûte, comme plus analogue au second.
Le même savant a publié un autre ouvrage
plein d'intérêt intitulé : Beitrxge fiir Leben
und JFissenschaft der Tonkunst (Essais pour
le progrès (1) et la science de la musique),
Leipsick, Breitkopf et llaertel, 1847, un volume
in-8° en trois parties. G. Nauenburg a donné
une analyse de ce livre dans la Gazette gé-
nérale de musique (49'^ année, pp. 753, 770 et
786). Les objets traités dans ce volume par le
D"" Krtlger sont : 1° Le dilettantisme et la vir-
tuosité. 2" Les académies de musique et les
sociétés de chant. 3» Les représentations théâ-
trales et les concerts. 4» Les fêtes musicales.
3" Réminiscences pratiques et créations. G" De
(1) Liuéralement : Estais pour la vie et la science dt
la musique.
423
KRUGER - KRUMPHOLZ
la critique de l'art en général. 7» Tentatives
systématiques. 8° De la musique religieuse.
9° De la musique mondaine. 10» Habitudes
pratiques et science de l'art. 11» Connaissance
du chant. 12» Écoles supérieures de musique.
13» Doctrine scientifique de l'art. 14» Moralité
de l'art. M. KrUger a présenté de hautes con-
sidérations sur la musique dans quelques ar-
ticles qu'a publiés la Gazette générale de mu-
sique (années 48", pp. 569, 50«, p. 481 et 817).
Comme musicien pratique, il s'est fait con-
naître par la direction de la fête musicale
donnée à Emden, en 1846. On a publié de sa
composition : Prélude en sol mineur pour
l'orgue; Erfurt, Kœrner ; prélude et fugue en
mi majeur, idem, ibid.
RRLGER (Wilhelm), compositeur et
pianiste, fils d'un musicien de la chapelle du
roi de Wurtemberg, est né à Stuttgard, en
1820. Après avoir voyagé en Allemagne, il a
vécu à Paris plusieurs années. Il a publié des
fantaisies et des caprices sur des thèmes
d'opéras de Donizetli et autres compositeurs.
Dans quelques-uns de ses morceaux, il a cher-
ché des formes nouvelles et romantiques. La
plupart de ses ouvrages ont été publiés à
Mayence, chez Schott.
Le frère de cet artiste, Gottlieb Kruger,
né à Stuttgard en 1824, est un harpiste de
talent, attaché à la musique du roi de Wur-
temberg, lia publié diverses choses pour son
instrument.
KUUMBIIORiy (Gaspard), organiste de
l'église Saint-Pierre et Saint-Paul à Liegnilz,
en Silésie, naquit en cette ville le 28 octobre
1542. A l'âge de trois ans, il perdit la vue par
la petite vérole, et peu de temps après son père
mourut. Sa mère ayant épousé en secondes
noces un homme dont le nom était Stiinmler,
on ne connut pendant longtemps Krumbhorn
que sous le nom de Vaveugle Stimmler. Ayant
montré, dans un âge plus avancé, un vif désir
d'apprendre la musique, il fut confié par son
frère, pasteur à Waldau, aux soins de Rnœbel,
musicien habile et compositeur à Goidberg,
(|ui lui enseigna d'abord la flûte, puis le
violon, le clavecin et la composition. Les pro-
grès de Krumbhorn furent rapides, et bientôt
il fut cité comme un excellent organiste et un
compositeur distingué. Sur sa réputation,
l'électeur de Saxe le fit venir, et après l'avoir
entendu, lui offrit du service à sa cour; mais
Krumbhorn préféra retourner dans son pays.
A son arrivée à Liegnilz, il y fut nommé orga-
niste <le l'église principale (il avait alors
vingt-trois ans), cl il occupa cette place pendant
cinquante-six ans.Danscelong espace de temps,
il forma plusieurs bons élèves, et il écrivit un
grand nombre de morceaux pour l'église et
pour l'orgue, qui sont restés en manuscrit. Il
mourut le 11 juin 1621, à l'âge de 79 ans. Son
épitaphe, placée dans l'église Saint-Pierre et
Saint-Paul de Liegnitz, fournit ces renseigne-
ments.
KRUMBHORiy (Tobie), vraisemblable-
ment fils du précédent, eut la réjjutation d'un
excellent organiste, et fut employé comme tel
à la cour de Georges Rodolphe, duc de Liegnitz.
Après avoir fait des voyages en Bohème, en
Moravie, en Hongrie, en Allemagne et dans les
Pays-Bas, il retourna à Liegnitz, où il mourut
le 14 avril 1617. Son épitaphe se trouve dans
l'église principale de sa ville natale.
KRUMLOWSRY (Jean), né en Bohême
au commencement du dix-huitième siècle, fut
un virtuose de premier ordre sur la viole
d'amour. Il vécut d'abord à Prague, puis fut
attaché au servicede la courde Dresde, et enfin
retourna dans sa patrie, où il mourut en 1768.
Il a laissé en manuscrit plusieurs concertos,
des trios, et des solos pour le violon et la viole
d'amour.
KRUMPHOLZ (Jean-Baptiste), excellent
harpiste et compositeur distingué, naquit à
Zlowicz, en Bohême, vers 1745. Admis dans
la musique du prince Esterhazy en 1766, il
reçut des conseils de Haydn pour la composi-
tion. Encouragé par le succès que ses ouvrages
obtenaient en Allemagne, il forma le dessein
de voyager, obtint un congé, et i)rit sa route
vers la France par Dresde, Leipsick, Franc-
fort et Coblence. Arrivé à Metz, il y fit la con-
naissance de mademoiselle Meyer qui, bien
qu'encore enfant, montrait les plus heureuses
dispositions pour la musique, particulièrement
pour la harpe. Krumpholz se chargea de son
éducation musicale, développa son talent, et
l'épousa lorsqu'elle eut atteint l'âge de seize
ans. Après son arrivée à Paris, Krumpholz s'y
fit connaître par ses compositions et par son
habileté pour l'enseignement. Bientôt il fut le
seul maître de harpe en vogue. Incessamment
occupé du soin de perfectionner la harpe, il
communiqua d'abord ses idées à Naderman,
qui les exécuta, et le 21 novembre 1787, il fit
entendre à l'Académie des sciences de Paris
une harpe construite parce facteur, où il avait
fait adapter deux pédales dont la première
augmentait ou diminuait la force des sons, en
ouvrantune soupape, et dont la seconde plaçait
une sourdine sur les cordes. La première de
ces pédales a clé conservée dans la harpe mo-
KRUMPHOLZ - KUCIIARZ
123
derne. Krumpholz a rendu compte de son in-
vention dans les préfaces de ses œuvres 14« et
15< pour la harpe. Cependant, convaincu qu'il
restait beaucoup à faire pour faire disparaître
les défauts de la harpe à crochets dont il se
servait, et plein de confiance dans le génie de
Sébastien Érard, il le sollicita vivement pour
qu'il s'occupât de la recherche d'un meilleur
mécanisme. Le célèbre facteur y songea, et
trouva la solution du problème de la manière la
plus simple et la plus rationnelle (ucyezÉnAnn).
Déjà le nouvel instrument était prêt et allait
paraître, quand Krumpholz lui-même, qui
dans l'intervalle s'était lié d'intérêts à Nader-
nian, vint prier Érard de ne point mettre au
jour son instrument, dont la supériorité devait
faire abandonner la harpe à crochets : et par
condescendance, l'inventeur consentit à re-
tarder la publication de sa découverte. Peu de
temps après, madame Krumpholz, dont le talent
d'exécution, bien supérieur à celui de son mari,
excitait la plus vive admiration, partit pour
l'Angleterre avec un jeune homme qui l'avait
séduite, et abandonna l'artiste à qui elle devait
tant de reconnaissance. Cet événement inat-
tendu , et le mauvais état des affaires de
Krumpholz poussèrent cet artiste à un acte de
désespoir : il alla se précipiter dans la Seine, et
se noya près du Pont-Neuf, le 19 février 1790.
Un génie original, un profond sentiment
d'harmonie, et des modulations inattendues,
se font remarquer dans la musique de Krump-
holz, et malgré le temps qui s'est écoulé depuis
qu'elle a paru, les variations de goût et les
perfectionnements que la harpe a reçus, elle
serait encore considérée comme excellente, si
elle ne s'était dispersée depuis un demi-siècle,
et si elle n'était devenue fort rare. On connaît
de cet artiste : 1" Concertos pour harpe et
orchestre, n<" 1,2, 3, 4, 5, 6, Paris, Cousi-
neau (Lemoine aine). 2" Quatuor pour harpe,
violon, alto et basse, op. o, ibid. 3» Duo
pour deux harpes, op. 5, ibid. 4" Sonates
pour la harpe, op. 1, 8, 12, 13, 14, 15, IG,
17, 18, au nombre de 52, Paris, Lemoine,
Janet, Naderman. 5° Sonates pathétiques ,
dont une inlilulée l'Jmante abandonnée.
C" Thèmes variés, ihid. 7" Préludes, ibid.
8» Symphonie pour harpe, deux xnolons ,
flûte, deux cors it basse, op. 11, ibid. On
a publié sous le nom de Krumpholz des Prin-
cipes pour la harpe, qui ne sont pas de lui :
ce n'est qu'une fraude mercantile.
KUUMPIIOLZ (M""), harpiste célèbre,
femme du précédent, est née à Melz, et
non à Liège, comme le dit Gerbcr. Son nom
de famille était Meyer. Devenue l'élève de
Krumpholz pour la harpe, elle acquit, après
quelques années d'études, une habileté supé-
rieure à celle de son maître. Son expression
était entraînante, et la nature, qui lui avait
donné le génie de l'instrument, lui révéla
le secret d'une multitude d'effets inconnus
aux autres harpistes, et qui donnaient à son
jeu un caractère inimitable. Son début à
Paris avait été brillant, et Krumpholz sem-
blait être arrivé au moment de recueillir le
fruit de ses soins, lorsque sa femme se laissa
enlever par un amant, et conduire à Londres
au commencement de 1790. Depuis cette épo-
que jusqu'en 1802, elle fit admirer son talent
dans les concerts donnés dans cette ville, et
jouit (le fous les avantages attachés à la supé-
riorité; mais plus tard elle semble avoir dis-
paru du monde musical, et les biographes
anglais gardent sur ce qui la concerne le plus
profond silence. Il paraît toutefois certain
qu'elle vivait encore en Angleterre en 1824;
mais depuis lors, on n'a plus de renseigne-
ments sur elle.
KHIJMPKE (...), facteur d'orgues à Bres-
lau, construisit en 1701 l'orgue de l'église
Saint-Catherine de cette ville à quatorze jeux,
deux claviers et pédale.
KUBLEU (G. -F.), professeur de musique
de la maison royale des Orphelins, à Stuttgard,
est auteur d'un livre qui a pour titre : Anlei-
tung zum Gesangunterrichte in Schulen.
Nebst einem Anhange con 53 zweiunddreis-
timmigen Ges^njen (Instruction pour l'ensei-
gnement du chant dans les écoles. Suivie d'un
appendice de cinquante-cinq chants à deux et
trois voix). La deuxième édition de cet ouvrage
a été publiée à Stultgard, Metzler, 1826, in-S»
de cent quarante-quatre pages.
KUBUSCH (...), violoniste'allemand, était
né dans la llaute-Lusace, et y mourut en 1780,
dans la position la plus misérable. Il a laissé
en manuscrit deux concertos pour le violon.
RUCHARZ (Jean-Baptiste), célèbre orga-
niste, naquit le 5 mars 1751 à Chotecz, près do
Mlazowicz, en Bohême, où son père était au-
bergiste et cultivateur. Après avoir reçu la
première instruction chez son parent, pasteur
à Mlazowicz, il entra au gymnase des jésuites
. à Koniggraetz, et y fit de brillantes éludes lit-
téraires et musicales. L'orgue devint particu-
lièrement l'objet de ses études assidues. Plus
tard, il fut reçu au Séminaire des jésuites de
Gitczin en qualité d'organiste, et y continua
ses humanités. Dès lors il commença à écrire
quelques petites compositions cl à se faire
124
KUCHÂRZ — KOCKEN
entendre sur l'orgue dans des concertos de
différents maStres. Ses succès lui persuadèrent
qu'il pouvait se présenter partout comme un
des organistes les plus habiles de son temps ;
mais son illusion ne tarda pas à se dissiper
lorsqu'il se rendit à Prague, pour y étudier la
philosophie ; car il eut alors occasion d'enten-
dre Segert, qui était le plus grand organiste de
la Bohême, et le beau talent de cet artiste lui
fitcomprendrequ'il devait encore étudier long-
temps avant de pouvoir se mesurer avec un tel
maitre. Bientôt il devint l'élève de ce même
Segert, dont les leçons le conduisirent, après
quelques années, au rang des organistes les
plus distingués de l'Allemagne. Attaché en
cette qualité à l'église Saint-Henri, de Prague,
Rucharz devint en peu de temps un des maî-
tres de musique de cette ville dont on recher-
chait les leçons avec empressement. L'étude
des partitions des plus grands maîtres avait
achevé de former son goût. Après la mort de
l'habile organiste Jean Wolf, il obtint sa place
au couvent de Slrahow, dont l'orgue passe
pour le meilleur de la Bohême. Sa nomination
h cette place est datée du l'''" septembre 1790.
L'année suivante, il y ajouta celle de chef
d'orchestre de l'Opéra italien de Prague. Dans
plusieurs circonstances importantes, particu-
lièrement aux couronnements de Léopold II,
en 1791, et de François II, l'année suivante,
il se montra également grand artiste dans ses
doubles fonctions de directeur d'orchestre et
d'organiste. Les musiciens les plus instruits
ont donné des éloges au jeu de Rucharz sur
l'orgue ; le maître de chapelle Naumann assu-
rait, après l'avoir entendu dans le couvent de
Strahow, qu'il ne croyait pas qu'il y eût en
Allemagne trois organistes de son mérite. Cet
artiste, âgé de soixante-quatre ans, vivait en-
core en 1815, et s'occupait à terminer un
grand ouvrage à l'usage des organistes et des
compositeurs de la Bohême, auquel il avait
travaillé pendant plus de vingt ans. Il ne pa-
raît pas que ce livre ait été publié. Kucharz
possédait aussi un talent remarquable sur
l'harmonica et sur la mandoline. Il a laissé
en manuscrit : 1° Deux concertos pour l'orgue.
2» Des préludes, fantaisies, toccates et pièces
finales pour le même instrument. 3" O Salu-
taris avec orgue concertant, composé pour le
couvent de Strahow. 4° Diverses cantates de
circonstance. 5" Divers morceaux pour l'har-
monica et la mandoline. Il a aussi arrangé
pour le piano la plupart des grands opéras de
Mozart. •
KUCIILER (Jea>), bassoniste renommé
pour son habileté, dans la seconde moitié di:
dix-huitième siècle, était attaché au service
de l'élecleurde Cologne, à Bonn, en 1780. Dix
ans plus tard, il était membre delà chapelle à
Mayence. Dans l'intervalle de ces deux épo-
ques, il fit un voyage à Paris, et joua avec suc-
cès au Concert spirituel. On a gravé de sa
composition, en cette ville, dix-huit quatuors
pour divers instruments; deux symphonies
avec basson obligé, un concerto et six duos
pour violon. Le Calendrier des théâtres de
Gotha, de 1792, indique aussi sous son nom
un opéra intitulé : Azakia.
KtJCKElN (FRÉDÉRic-GnitLAUME), compo-
siteur, né à Bleckede, bourg du royaume de
Hanovre, le 16 novembre 1810. Son beau-frère
Luhrs, directeur de musique et organiste du
château, à Schwerin, lui enseigna la musique
et le piano. Il était fort jeune encore lorsqu'il
écrivit des marches militaires qui eurent du
succès. Elles attirèrent sur lui l'attention du
grand-duc de Mecklembourg-Schwerin, qui le
choisit pour maître de piano de ses enfants (le
grand-duc actuel Frédéric-François II et la
princesse Louise). En 1831, Kucken alla con-
tinuer ses études à Berlin et y prit des leçons
de contrepoint chez Birnbach. Ce fut alors
qu'il fit paraître ses premiers Lieder qui eu-
rent un succès populaire. Son premier opéra,
Die Flocht nach der Schweiz (la Fuite vers la
Suisse) , fut représenté à Berlin, en 1839,
Un amour inspiré par une dame noble et
riche, partagé par celle qui en était l'objet,
mais traversé par sa famille, obligea RUcken
à s'éloigner de Berlin, en 1841 ; il alla d'abord
à Paris et y resta six mois; puis il fut appelé
en Suisse pour diriger les fêtes musicales d'Ap-
penzell et de Saint-Gall. De là il se rendit à
Paris, où il reçut un accueil cordial d'IIalévy
et de plusieurs compatriotes au nombre des-
quels était Heine, dont il avait mis en musique
plusieurs poésies. Il y composa pour le théâtre
de Stutlgard un opéra en trois actes intitulé :
Der Prétendent (le Prétendant), qui fut re-
présenté dans cette ville en 1847, puis à Ham-
bourg et à Berlin, avec un grand succès, et
dont la partition pour le piano a été publiée.
Le 1 1 octobre 1858, Rucken a été nommé pre-
mier maître de chapelle de la couràStuttgard,
en remplacement de Lindpainlner : depuis
1851, il occupait à la même cour la place de
second maître de chapelle. Il a publié à Ham-
bourg, chez Schuberth, des duos pour piano et
violoncelle en forme de sonates, et quelques
petites pièces pour ces deux instruments ; mais
il a rendu surtout son nom populaire par ses
KUCKEN - KUFFERATII
<25
Lieder et ses morceaux de chant pour diverses
voix. Le nombre de ses œuvres en ce genre
s'élève à plus de soixante; leurs mélodies sont
f^racieuses, naturelles et faciles à retenir; c'est
particulièrement à ces qualités qu'elles ont dû
kur succès. On y remarque un grand nombre
de pièces pour divers genres de voix seules
avec accompagnement de piano, des chants à
deux voix, des quatuors pour soprano, con-
tralto, ténor et basse, des chants pour des
chœurs d'hommes, etc.
KUCZERA (Georges), directeur de l'école
Saint-Adalbert, à Podskal, en Bohême, et bon
musicien, mort le 21 mai 1757, a laissé en
manuscrit plusieurs antiennes de la Vierge à
plusieurs voix, entre autres un Salve Regiiia
estimé.
lïUFF (J.-D.), professeur de musique à
Ulm, actuellement (1862) vivant, a publié une
méthode abrégée d'harmonie et d'accompagne-
ment intitulée : Kxirzer, fassUcher,doch voll
sta'ndiger Unterricht im Generalbasse, Ulm,
1817.
KUFFEUATH (Jeau-Herman), fils aîné
d'une nombreuse famille dont six frères se
sont livrés à la culture de la musique avec des
succès divers. Jean-Hcman est né le 12 mai
1797, à Mulheim, sur la Ruhr. Dès son en-
fance, il fit voir d'heureuses dispositions pour
la musique; à l'âge de huit ans, il exécuta un
concerto de violon dans un concert public,
n'ayant eu jusqu'alors d'autres leçons que
celles deson père, simple amateurde musique.
Plus tard, l'habile violoniste Alexander, de
Duisbourg, développa par ses leçons les fa-
cultés musicales du jeune RutTeralh, qui, sans
avoir les premières notions de l'harmonie,
s'occupa aussi de la composition; enfin, il
parvint à une connaissance assez avancée de
plusieurs instruments pour en jouer des solos.
II n'était âgé que de quinze ans lorsqu'il fut
choisi pour diriger la musique d'un régiment,
de la Landwehr, et dès ce moment, il s'exerça
dans l'art d'écrire et d'arranger de la musique
pour les instruments à vent. Ayant été en
garnison à Dortmund, il y reçut des leçons de
Scheffer, un des meilleurs élèves de Spohr. La
guerre ayant été déclarée entre la Prusse et
la France, Rufferath dut servir pendant trois
ans comme simple musicien dans un régiment
(le ligne. Pendant quelque temps, il résida à
Cologne, et lorsqu'il eut obtenu son congé du
service militaire, il retourna à Mlilheim, où il
dirigea les concerts, ainsi qu'à Duisbourg et à
Kleinberg.
Depuis longtemps, Kurfcralh désirait rece-
voir des leçons de Spohr ; il jouit de cet avan-
tage pendant les années 1822 et 1823 où il
demeura à Cassel. Ce fut aussi à cette époque
qu'il étudia la composition sous la direction
de Hauptmann, devenu plus tard directeur de
l'École Saint-Thomas, à Leipsick. En 1823,
KufTerath fut appelé à Bielefeld, en qualité de
directeur de musique : il y resta jusqu'en
1830. On lui offrit alors les places de maître de
concert à Cologne et de maître de chapelle à
Paderborn ; mais la régence de la ville d'U-
trechl lui ayant fait offrir dans la même année
la place de directeur de musique de la ville, il
accepta cette dernière position , à laquelle
étaient attachées les directions des concerts
d'hiver et de l'école du chant de la ville, ainsi
que de la société de chant. Depuis lors, Ruffe-
rath a puissamment contribué aux progrès de
la musique dans la ville d'Ulrecht par son
zèle, son activité et son talent. Il y a dirigé
l'exécution des grands ouvrages de Haydn, de
Mozart, de Beethoven , de Mendelssohn, de
Spohr, de Haendel et de Schumann. Comme
compositeur, il a écrit diverses œuvres de mu-
sique instrumentale et vocale parmi lesquelles
on remarqueunecantate jubilairequ'il a écrite
en 1833, qui fut exécutée dans cette même
année, puis en 1836 et 1837, et qui a été
publiée à Leipsick, chez Breitkopf et Hsertel.
RUFFERATH (IIuBERT-FEnDl^AND), pro-
fesseur de piano et compositeur, est né le
10 juin 1818, à Mulheim sur la Ruhr, dans la
province de Clèves-Berg. Dès son enfance, il
se voua exclusivement à l'étudede la musique;
à l'âge de dix ans, il jouait du piano, du violon
et de la flûte d'une manière assez remarquable
pour se faire entendre sur ces instruments
dans les concerts. A seize ans, il se rendit à
Utrecht près de son frère aîné, qui voulut en
faire un virtuose violoniste et lui donna des
leçons pendant trois ans, puis l'envoya à Co-
logne, chez Hartmann (voyez ce nom), pour
perfectionner son talent sous sa direction.
S'étant rendu au festival de Dusseldorf, en
1839, il eut occasion d'être entendu sur le
piano par Mendelssohn, qui l'accueillit avec
beaucoup de bienveillance, et qui, après avoir
examiné quelques-unes de ses compositions,
l'engagea à le suivre à Leipsick. M. Rufferath
avait alors vingt et un ans; c'est à cette époque
de sa vie qu'il se livra d'une manière sérieuse
à l'étude du piano; cependant, par déférence
pour le désir de son frère, il jirit encore des
leçons de David pour le violon. Pendant deux
ans et demi il resta sous la direction de Men-
delssohn pour la composition et eut pour con-
426
KUFFERATH — KUFFNER
disciples chez ce maître, Verhuist, Eckert et
llorsley. En 1841, il retourna à Cologne et y
dirigea pendant six mois la société de chant
Gesang Verein, en remplacement de Conra-
din Kreutzer, qui venait de s'éloigner de cette
ville. En 1844, après deux années de voyages,
M. KufTerath s'établit à Bruxelles en qualité
de professeur de piano et de composition ; de-
puis lors, il n'a pas quitté cette ville. Les com-
positions gravées de cet artiste sont celles-ci :
1° Symphonie à grand orchestre, Bonn; Sim-
lock. 2" Le même ouvrage arrangé pour piano
à quatre mains, ihid. ù° Ouverture arrangée
pour piano à quatre mains; Mayence, Schott.
4" Concerto pour piano et orchestre, ibid.
îî» Quatuor pour piano, violon, alto et violon-
celle, ibid. 6° Trio pour piano, violon et vio-
loncelle, ibid. 7" Six éludes de concert pour
piano; Bonn, Simrock. 8« Six idem; Leipsick,
llofmeister. 9" Capriccio pour piano avec or-
chestre ; Leipsick, Breitkopf et Hsertel. 10» An-
dante, pour violon avec accompagnement de
piano, Mayence, Schott. 11» Six morceaux ca-
ractéristiques pour piano, ibid. ; le même
œuvre transcrit pour violon et piano, par Léo-
nard, ibid.; idem transcrit pour violoncelle
et piano par Servais, ibid. 12° Trois pensées
fugitives pour piano, ibid. 13" Trois morceaux
pour piano (rêverie, Scherzo, romance), ibid.
14» Berceuses pour piano, ibid. 15" Romance
sans paroles pour piano, ibid. 16» Étude de
salon, idem, ibid. 17» Six divertissements fa-
ciles tdem, ibid. 18" Marche à quatre mains
idem, ibid. 19» Impromptu à quatre mains
idem, ibid. 20" .allegro pour piano seul, ibid.
21» Scherzo idem, il)id. 22» Deux romances
sans paroles idem, ibid. 23" Quatre cahiers de
Lieder pour soprano ou ténor. 24» Six Lieder
idem, Leipsick, Breitkopi et Haertel.
KUFFIXER (Jeak-Jacques-Paul), né à Nu-
remberg, en 1713, fut d'abord organiste en
cette ville, puis entra au service du prince de
laTour et Taxis, à Ratisbonne,en 1750, comme
claveciniste et compositeur. I! occupa cette
l)lace pendant trente-six ans, et mourut à l'âge
de soixante-treize ans, le 12 juillet 178G. Son
jeu se faisait remarquer par la netteté et l'ex-
pression, et ses compositions étaient remplies
de feu et d'idées neuves. On a gravé sous son
nom à Nuremberg, à Francfort et à Paris, trois
oeuvres de sonates pour clavecin et violon, six
quatuors pour deux violons, alto et basse, et
un recueil de petites pièces pour le clavecin.
La deuxième édition de son premier œuvre de
sonales a paru en 1762. On trouve aussi dans
le CalaloQue de Tracg, de Vienne, une sonate
à quatre mains attribuée à Jean-Jacques-Paul
RufTner.
RIJFFIVER (GriiLAUME-JosEPii), fils du
précédent, est né à Kalmunz, près de Ratis-
bonne, en 1738, et n'a eu pour maître de mu-
sique et de piano que son père. Vers 1785, sa
réputation d'habile pianiste et de compositeur
commença à s'éteindre. Vers cette époque, il
fit un voyage à Vienne; le prince de Palme l'y
entendit et l'engagea pour sa musique. Ayant
parcouru la Bavière dans sa jeunesse, il s'ar-
rêta à WUrzbourg où le retint son amour pour
Catherine Wassmuth, fille du maître de cha-
pelle aulique du prince-évéque de ce diocèse.
Après la mort de Wassmulh, il lui succéda
dans sa position à la cathédrale. Quelques an-
nées après, il se rendit à Paris, puis à Lon-
dres, où il publia quelques sonales pour le
piano. Il perdit sa femme en 1787, et lui-même
mourut en 1798, laissant peu de fortune à
partager entre cinq enfants.
KUFFNER (Joseph), fils du précédent,
naquit à WUrzbourg, le 31 mars 1770. Il était
à peine âgé de onze ans, lorsqu'il perdit sa
mère. Destiné par son père à la carrière des
sciences et des lettres, il fut envoyé au collège
où il fil ses éludes «l'une manière honorable,
puis il suivit les cours de l'université. En 1793,
il acheva ses éludes de philosophie. Pendant
qu'il fréquentait les écoles, son père lui avait
enseigné les principes de la musique, et KufT-
ner s'était épris de passion pour le violon. Le
maitre de concert, Laurence Schmitl, lui donna
des leçons de cet instrument, et les progrès de
Ruffner furent si rapides, qu'il put exécuter
dans les concerts d'hiver, en 1794 et 1795, des
concertos de Mestrino et de Viotti. Ayant fini
son cours de droit, il entra chez un avo-
cat pour y faire son stage; mais, en 1797,
l'évêque le fitattacher à la musique de sa cha-
pelle comme surnuméraire, avec promesse de
la première place vacante et d'un emploi dans
l'administration. La mort de son père changea
sa position et l'obligea à donner des leçons de
violon, de clavecin, et même de langue latine,
afin de pourvoir à son existence. Le peu de
temps qui lui restait, il l'employait à perfec-
tionner son instruction dans l'art. Le désir de
composer l'occupa dès lors ; mais il n'avait au-
cune notion d'harmonie. Un ami lui prêta le
livre de Knecht sur celte matière ; il le lut avi-
dement et se mit à faire quelques essais de
compositions légères en quatuor pour des in-
struments à cordes. Les encouragements de
ses amis l'ayant déterminé à continuer ses
éludes de composition, il prit des leçons do
KUFFNER - KUFNER
-127
Frœhlich, et bientôt après il commença à se
faire connaUre par de petits ouvrages pour le
clavecin, la flûte et la guitare. Ses sérénades
pour guitare, flûte et alto, faites à l'imitation
de celles de Léonard de Call, obtinrent un bril-
lant succès.
En 1802, Wllrzbourgetson territoire ayant
passé sous la domination de la Bavière, tout
espoir d'obtenir des emplois lucratifs dans la
chapelle et dans l'administration fut perdu
pourKutTner; il accepta une place de chef de
musique dans un régiment bavarois, et son ac-
tivité productrice se tourna particulièrement
vers la composition des pièces d'harmonie mi-
litaire. Pendant plusieurs années, il n'eut pas
d'autre occupation que son service militaire et
la composition de ce genre de musique; mais
WUrzbourg étant échu à l'archiduc Ferdinand,
comme grand-duché j ce prince, grand amateur
de musique, nomma Ruffner musicien de la
chambre et de la cour avec un traitement
d'environ quatre cents florins, et y ajouta la
place de chef de la musique militaire, avec un
autre traitementde trois cents florins. Alors la
position de l'artiste devint satisfaisante. Il
s'était marié en 1801 et trouvait dans son
ménage les joies de la famille : tout lui sourit
dès ce moment. Ses ouvrages étaient recher-
chés par les éditeurs, et sa réputation s'éten-
dait de jour en jour. En 1811, André, d'Offen-
bach, avait commencé la publication de ses
suites pour musique militaire; elles devinrent
bientôt le répertoire de toutes les sociétés
d'harmonie. Des offres brillantes furent faites
à Rtlffner pour le fixera l'étranger, mais il ne
les accepta pas et préféra conserversa vie calme
et ses douces habitudes.
En 1814, le grand-duché de WUrzbourg fut
réuni de nouveau à la Bavière, et Kuffner fut
mis à la pension, ainsi que tous les autres
musiciens de la chapelle; mais cet événement
qui, autrefois, aurait pu porter le trouble dans
son existence, n'eut pas alors les mêmes in-
convénients. Ses ouvrages étaient recherchés
partons les éditeurs et lui assuraient une ai-
sance dont le charme s'augmenta par l'indé-
pendance qu'il avait acquise. En 1837, il écri-
vit ses deux premières symphonies qui furent
publiées à la maison Schott, de Mayence ; bien-
tôt en parut une troisième, chez André. Ce
temps est celui où la fécondité productrice de
l'artiste prit le plus grand essor. Il arrangea
presque tous les opéras modernes en harmo-
nie, et fit paraître dans le même temps une
multitude de productions de différents genres.
Le nombre de ses ouvr;igcs publiés s'élève à
plus de trois cents, et plus de soixante inédit»
se sont trouvés après sa mort. A l'époque où
des sociétés d'harmonie se trouvaient partout,
particulièrement en Belgique et en Allemagne,
Kuffner était la providence qui les alimentait.
Chez elles, la réputation de ce musicien effa-
çait toutes les autres. Sa musique ne se distin-
guait cependant ni par la nouveauté des idées,
ni par les qualités du style; mais elle était
brillante pour le temps et d'une exécution fa-
cile. Lorsqu'il visita la Belgique, en 1829,
quelques-unes de ces sociétés le fêtèrent à
l'envi, et toutes lui envoyèrent un diplôme de
membre honoraire. Au mois d'août 1830, il
présida à Bruxelles le jury d'un grand con-
cours où vingt-neuf sociétés se disputèrent le
prix; il y fut l'objet d'une véritable ovation.
En 1835, la société d'harmonie lui offrit son
portrait peint par Gustave Wappers. Kuffner
est mort à WUrzbourg, le 9 septembre 1856, à
l'âge de quatre-vingts ans et quelques mois.
Aujourd'hui, toute sa musique est tombée dans
l'oubli.
Les œuvres les plus importantes de cet ar-
tiste sont celles-ci : 1° Sept symphonies à grand
orchestre, publiées à Mayence, chez Schott, et
à Offenbach, chez André. 2» Dix ouvertures
idem, œuvres 74, 130, 172, 175, 174, 175,
176, 177, 183, 184. 3° Des pièces d'harmonie
de tout genre à six, huit, dix et douze parties,
au nombre de plus de vingt cahiers. 4" Des
pièces de musique militaire, marches, pas
redoublés , ouvertures, pots-pourris, fantai-
sies, thèmes variés, etc., au nombre de |)lu9
de soixante cahiers. 5» Des quatuors pour deux
violons, alto et basse, œuvres 41,42,48, 52,
89 et 90; Mayence, Schott; Offenbach, André.
6" Concerto pour alto, op. 139; Mayence,
Schott. 7° Quintettes pour flûte, deux violons,
alto et basse, op. 32, 33 et 66; Paris, Richanlt.
8° Trios pour trois flûtes et duos pour deux
flûtes, cinq œuvres, ibid. 9° Plusieurs œuvres
de duos pour deux clarinettes, ibid. 10» Une
multitude de morceaux de guitare seule ou ac-
compagnée. 11» Sonates, duos et pots-pourris
pour piano et violon, quinze œuvres; Mayence,
Schott; Offenbach, André, etc. : l'œuvre 310
est une fantaisie avec variations pour violon
principal et orchestre. Kuffner a composé
aussi l'opéra comique en un acte, intitulé : le
Cornet f dont la partition pour piano a été pu-
bliée en 1842.
KUFINER (le P. Liber*ti), né en 1731,
dans le Haut Palatinat, étudia dès son enfance
l'orgue et le contrepoint chez un organiste
nommé Uueder, et fit ses éludes littéraire» à
128
KUFNER - KUHLÂU
Amberg, En 1750, il entra dans Tordre des
Franciscains, et quelques années après, il fut
choisi comme organiste du couvent de Regel-
holzgaden. Il improvisait avec un rare talent
à quatre ou cinq parties sur des thèmes donnés,
et a laissé en manuscrit des pièces d'orgue
qui donnent une haute idée de son mérite.
Beaucoup de bons élèves ont été formés par lui.
Il est mort dans son couvent en 1799.
KUGELlïIAIS (Jean), musicien de la pre-
mière moitié du seizième siècle, vécut à Kne-
nigsberg, vers 1525, puis fut tromboniste à
Nuremberg. Il a publié un recueil qui a pour
litre : Concentus novi trium vocum, eccle-
siarum usui in Prussia prxcipue accomo-
datus. Joanne Kugelmano, tuhicins sxjm-
phoniarum mithore. Item etliche Stuclc, mit
acht, sechs, fiinf und vier Slymmen hin-
zugethan. Augustx Findelicorum per 3Iel-
chiorem Kriesstein^ 1540, in-S'obl. Outre les
compositions de Kugelman, on trouve dans ce
recueil des morceaux de BlankmUller, de
Georges Frœhlich, de Jean Ileugel, de Valen-
tin Schaellinger et de Thomas Stolzer.
KUIIE (Guillaume), pianiste et composi-
teur de musique de salon, est né à Stuttgard,
en 1822. Il s'est fixé à Londres comme pro-
fesseur de son instrument, en 1848. On a pu-
blié de cet artiste un grand nombre d'oeuvres
légères pour le piano parmi lesquelles on re-
marque des Lieder sans paroles, à l'imitation
de Mendelssohn,op.l2; Stutlgard, Hallberger;
Chanson d'Amour, romance sans paroles,
op. 17, ibid.; le Carillon (das Glockenspiel),
op. 13, ibid. ; Réminiscences de Lucrèce Bor-
</ta, grande fantaisie, op. 16, ibid.
KUilLAU (FrédïSric) , compositeur, na-
quit en 1786, à Ueizen, dans le pays de Lune-
bourg, près des frontières du Holstein. Avant
• d'avoir atteint l'âge de sept ans, il fut envoyé
par sa mère, dans une soirée obscure d'hiver,
pour puiser de l'eau à une fontaine; chemin
faisant il tomba, se blessa et perdit un œil.
Déjà à cette époque, il faisait apercevoir les
plus heureuses dispositions; ses parents, bien
que peu fortunés, se décidèrent à les cultiver.
Ils lui firent donner d'abord quelques leçons
de clavecin, puis l'envoyèrent à Brunswick,
pour qu'il y fréquentât l'école de chant. Il ap-
prit aussi dans cette ville à jouer de plusieurs
instruments, entre autres, de la flûte. Il ne
s'éloigna de Brunswick que pour se rendre à
Hambourg, où Schwenke, directeur de mu-
sique, compléta son éducation musicale en lui
enseignant l'harmonie et les éléments de la
composition. Pendant son séjour à Hambourg,
Kuhlau commença à publier ses premières
compositions, la plupart pour le piano et la
flûte. Pour échapper à la conscription établie
sous la domination française, il fut obligé de
se réfugiera Copenhague en 1810; dès ce mo-
ment son talent prit un élan qui, jusque-là,
avait été comprimé par des circonstances peu
favorables. Kuhlau fut d'abord placé comme
première flûte à la chapelle de la cour, avec le
titre de musicien de la chambre. L'Opéra-Na-
tional était alors dans une situation peu flo-
rissante en Danemark; Kuhlau conçut le
projet de travailler à sa restauration, et pour
l'exécution de ce dessein il écrivit la musique
d'un drame intitulé : Rœverbergen (la Mon-
tagne des brigands). Le succès de cet ouvrage
fut éclatant et produisit une vive sensation
dans le pays. On oubliait que le musicien était
Allemand de naissance, et tout le monde l'ap-
pelait le grand compositeur danois. Il est
vrai que Kuhlau, empruntant sa couleur
locale aux chants nationaux du Danemark,
avait réussi à donner à son opéra le caractère
particulier de la musique du Nord. Elisa, son
second ouvrage dramatique, suivit de près le
premier : il ne fut pas moins bien accueilli,
quoiqu'il n'eût pas au même degré le mérite
de l'originalité. Après la première représenta-
tion, Kuhlau reçut du roi de Danemark le
titre de compositeur de la conr, avec une dis-
pense d'assister à l'orchestre comme exécu-
tant. L'artiste prit alors la résolution de se
fixer en Danemark, acheta une maison à
Lyngbye, petite ville peu éloignée de Copen-
hague, et s'y établit avec ses parents qu'il
avait fait venir d'Allemagne. Dans son nou-
veau séjour, il écrivit la plus grande partie
de cette multitude de compositions instrumen-
tales connues sous son nom, et ses opéras da-
nois intitulés : ZwZm, la Harpe enchantée,
Hugo og Adelheid, et FAverhoe (la Montagne
des Elfes). Ce dernier outrage, qui fut repré-
senté en 1828, est plutôt une sorte de vaude-
ville composé d'airs anciens du Danemark,
qu'un opéra; mais ces chants ont tant d'at-
trait pour les habitants du pays, que l'ouvrage
obtint un succès d'enthousiasme. Il est vrai
qu'il y avait beaucoup d'art dans l'usage que
Kuhlau avait su faire de *€S mélodies natio-
nales. Au surplus, la brillante réputation de
cet artiste en Allemagne et en France est due
plutôt à SCS compositions instrumentales pour
la flûte et le piano qu'à sa musique dramati-
que. Un incendie, qui réduisit en cendres, en
18Ô0, la plus grande partie de son habitation,
détruisit les manuscrits de plusieurs ouvrages
1
KUHLAU — KUIIMSTEDT
129
considérables : le chagrin que lui causa cet
événement, joint à celui qu'il ressentit à la
mort de son père, ébranla sa sanlé, qui .jus-
que-là avait été bonne; après une année pas-
sée dans une situation languissante, une ma-
ladie sérieuse se déclara et le conduisit au
tombeaudansThiverde 1832. Ases lunérailles,
qui furent faites avec pompe, on exécuta une
marche funèbre de sa composition , et le
théâtre, ainsi que plusieurs sociétés particu-
lières honorèrent sa mémoire par diverses
solennités.
On a gravé quelques-unes des ouvertures
des opéras de Kuhiau pour l'orchestre, Leip-
sick, Breilkopf et Hœrtel. Parmi ses autres
compositions, on remarque : 1° Trois quin-
tettes pour la flûte, op. 51; Bonn, Sinirock.
2» Trios concertants pour trois flûtes, op. 15;
Leipsick, Breitkopf et Ilaerlel, Paris, Farrenc;
op. 86, Hambourg, Bœhme. ô" Duos pour deux
flûtes, op. 10, 39, 80, 102 ; Leipsick, Breitkopf
et Hœrtel ; Paris, Farrenc. 4" Solos, fantaisies,
divertissements, etc., pour flûte seule, op. 37,
08, 73, etc.; Leipsick, Hambourg, Paris.
5« Concertos pour piano, op. 7, 93; Leipsick,
Breitkopf et Heertel. 6» Quatuors pour piano,
op. 32, 50, ibid.; Bonn, Simrock. 7° Sonates
pour piano et violon, op. G, 33, 64, 69,71,79,
85, 85; Leipsick, Bonn, Copenhague, Ham-
bourg, Mayence, Paris. 8° Sonates pour piano
à quatre mains, op. 8, 17, 44, 66; Hambourg, .
Copenhague. 9" Rondos et variations idem,
op. 58, 70, 72, 75, 76, ibid. 10" Sonates pour
piano seul, op. 5, 20, 26, 30, 54, AG, 52, 55,
59, 60, 88, ibid. 11" Beaucoup de rondeaux et
de divertissements idem, ibid. 12" Beaucoup
de thèmes variés idem, ibid. 13" Plusieurs
cahiers de danses, de valses, etc., idem, ibid.
14" Plusieurs cahiers de chants pour quatre
voix d'hommes, ibid. 15" Onze cahiers de
chants à voix seule, avec accompagnement de
piano, î6td.
KLIIIMSTEDT (Frédéhic), compositeur,
directeur et professeur de musique à Eisenach,
est né à Oldisleben, dans le grand-duché de
Saxe-Weimar, le 20 décembre 1809. Organisé
pour la musique, il tit dès sa première enfance
de rapides progrès dans les éléments de cet
art, sous la dir^tion de Zoelner, cantor du
lieu de sa naissance. A l'Age de dix ans, son
penchant pour la musique était devenu une
passion; mais ses parents, le destinant à l'étude
de la théologie, multiplièrent les obstacles
pour l'empêcher d'acquérir des connaissances
dans un art qui avait pour lui tant d'attraits.
A l'âge de douze ans, il fut envoyé au collège
BIOGR. UNIV. DES MDSICIE.NS. T. V.
de Frankenhausen, petite ville de la princi-
pauté de Schwarzbourg-Rudolstadt, où se trou-
vent des eaux thermales qui attirent les
étrangers. Le lieu était mal choisi pour guérir
KUlimstedt de sa mélomanie, car il y vint une
troupe de comédiens ambulants qui représen-
tèrent le FreyschUtz deWeber, et le .jeune
étudiant y chanta dans les choeOrs. Un monde
nouveau de musique s'ouvrit dès ce moment
pour lui : il en eut des vertiges; mais toutes
ses sollicitations furent vaines : il ne put
changer les résolutions de ses parents. A seize
ans, on le plaça au collège de Weimar avec le
dessein de lui faire suivre plus tard les cours
de l'université de Jéna. Là, les concerts,
l'opéra et la musique d'église donnèrent de
nouveaux aliments à la passion de Ruhmstedl.
Pendant trois ans, il fut dans un état de souf-
l'rance de ne pouvoir se livrer en liberté à la
culture de l'art pour lequel il était né. Enfin,
parvenu à l'âge de dix-neuf ans, il prit une
résolution énergique, et seul, à pied, presque
sans argent, il franchit l'énorme distance qui
le séparait de Darmstadt, pour aller demander
au célèbre organiste Rink une instruction
théorique et pratique dont il éprouvait l'im-
périeux besoin. Trois années d'études sous cet
excellent maître suffirent pour faire de KUhm-
sfedt un musicien instruit, un bon organiste
et un pianiste habile. De retour dans sa fa-
mille, il se réconcilia avec elle et parvint à lui
donner des idées plus justes sur la musique et
sur ceux qui la cultivent. Ce fut alors qu'il
écrivit un- opéra intitulé Bie Schlangen
Kœnigin (la Reine des serpents), et plusieurs
autres ouvrages qui furent terminés dans sa
vingt-troisième année. Il formait le projet d'un
voyage d'artiste dans les villes principales de
l'Allemagne, pour se faire connaître comme
pianiste, organiste et compositeur, lorsqu'un
accident funeste, inattendu, vint tout à coup
dissiper ses rêves de bonheur, et le priver en
quelque sorte de tout moyen d'existence. Une
paralysie de la main droite se déclara subite-
ment, sans cause apparente, et le mit dans
l'impossibilité de jouer d'un instrument et de
faire entendre ses ouvrages. L'espoir de trouver
quelque remède pour son mal, et le désir de
faire mettre en scène son opéra, le conduisi-
rent d'abord à Weimar, puis à Leipsick, et
enfin à Berlin, mais inutilement pour un but
comme pour l'autre. Il retourna à Weimar
pauvre, maladif, et y vécut misérablement, en
donnant quelques leçons de piano mal payées. -
Quelques années se passèrent ainsi : enfin, la
place de directeur de musique à Eisenach de-
9
130
KUHMSTËDT - KUHN
vint vacante, et le pauvre artiste roblint avec
le modique traitement de moios de deux cents
écus de Prusse (à peine sept cent cinquante
francs). C'était une ajnélioralion à sa situa-
tion ; mais il n'en avait pas fini avec l'infor-
tune; car il se maria, et le jour de ses noces,
sa femme fut frappée de mort subite, en sor-
tant du temple. Accablé par ce nouveau mal-
heur, Kuhmstedt resta quelque temps dans
l'inaction; mais après avoir épuisé cette dou-
leur, l'amour de l'art lui revint, et il se remit
au travail. Il avait pris l'habitude d'écrire sa
musique de la main gauche et maniait sa
plume avec autant de dextérité qu'il aurait pu
le fairede sa droite. Ce futalors que commença
sa grande activité productrice et qu'il écrivit
son oratorio de la Résurrection du Christ
(Die Juferstehung Jesu); deux grandes
symphonies, exécutées à Cassai, en 1843 et
1844; un autre oratorio intitulé Der Sieg des
Gœttlichen (le Triomphe des choses divines);
une messe solennelle à quatre voix et or-
chestre ; deux grandes ballades avec chœur et
orchestre ; plusieurs ballades et Lieder avec
accompagnement de piano; des hymnes, des
motets et d'autres pièces pour l'église, avec
et sans accompagnement ; des concertos et des
sonates pour piano; des rondos, caprices et
fantaisies pour le même instrument, op. 15,
16, publiés à Leipsick, chez Hofmeister; une
grande fugue de concert à quatre parties, sur
un thème donné par Liszt, op. 24, Erfurt,
Kœrner; une bonne introduction à l'étude
des œuvres de J.-S. Bach, pour les organistes
et les pianistes, sous ce litre : Gradus ad
Parnassum, oder Forschule zu Seb. Bach
Klavier und Orgel compositionen, op. 4;
Mayence, Schott. Cet ouvrage, composé de six
suites, renferme des préludes et fugues, dans
tous les tons majeurs et mineurs, pour l'orgue
et le clavecin. On a aussi de Kuhmstedt :
Vingt-cinq préludes faciles et mélodieux pour
l'orgue, à l'usage du service divin, op. 5,
in-4''; Erfurt, Kœrner; vingt-cinq idem,
op. 12; Mayence, Schott; huit pièces d'orgue
de différents genres pour l'élude et pour le
service divin, op. 17; Erfurt, Kœrner; quatre
fugues pour servir de conclusions, op. 18,
t6td. ; grande double fugue pour servir de
pièce de concert d'orgue, op. 28, ibid. ; Fan-
tasia eroica pour orgue, op. 29, ibid. ; re-
cueil de fugues et de grands préludes idem,
op. 19; Mayence, Schott; l'Art de préluder
sur l'orgue (die Kunst des Vorspiels filr
Orgel), op. 6, ibid. Kahmsledt est aussi auteur
d'un traité d'harmonie pour ceux qui veulent
apprendre cette science sans le secours d'un
maitre {Theoretisch-praktische Harmonien-
und Ausweichungslehre fur aile dieienigen,
welche , ohne den mundlichen Unterricht
eines Meisters geniessen zukœnnen, sich die
nœthige praktische Ferligkeit im reinen
Satz-und harmonische Gewandtheite in
kuTzer Zeit aneignen tvollen , Eisenach ,
Bœrnker, 18-38, in-4° de XX et de cent trente
pages. La réputation méritée qu'avaient faite
à Kuhmstedt ses compositions et ses ouvrages
didactiques le firent rechercher comme pro-
, fesseur ; il eut beaucoup d'élèves, et sa position
fut heureuse dans ses dernières années. Cet
artiste estimable est mort à Eisenach, le
8 Janvier 1838, à l'âge de quarante- huit
ans.
KCHN (Adaib-Frédékic), magister et rec-
teur au gymnase de Sorau, mort le 18 octobre
1795, a publié, au nombre de plusieurs savants
écrits : 1" Ueber Lieder filr die Jugend (Sur
les chansons pour la jeunesse), Sorau, 1787,
in-4'> de 16 pages. 2» Beytrxg zu einer
Allgem. Schulgesangbuche fiir die gebilde-
tere Jugend (Essai d'une méthode générale de
chant pour la jeunesse bien élevée), ibid.,
1795, in-8».
KUIIIX (Antoine L.), professeur de piano,
à Manheim, vers la fin du dix-huitième siècle,
y a publié : 1" Trois sonates pour clavecin et
violon, op. 1, 1783. 2" Trois idem, op. 2,
ibid. 3° Trois idem, op. ô, ibid., 1786.
4° Trois îcZem, op. 3, ibid. 5" Petites pièces
pour clavecin, op. 7, ibid., op. 8, Baie.
RUIIIX (Joseph), professeur de musique
élémentaire à Amerbach ( Cercle du Mein
inférieur, en Bavière), est auteur d'un livre
qui a pour titre : Harmonielehre nebst An-
leitutig zum Generalbass-spielen, mit No-
tenbeispielen (Science de l'harmonie suivie
d'une instruction pour jouer la bassecontinue,
avec des exemples notés), Wurzbourg, Struker,
1823, in-8».
KUUN (Joseph-Charles) , professeur de
musique et compositeur à Liegnitz, est né à
Elbing, le 30 avril 1803. Après avoir appris
pendant six ans les éléments de la musii|ue
et de l'art de jouer du piano, sous la direction
de M. Urban, conseiller de la ville et directeur
de musique, il a fait, en 1823, un grand
voyage en Allemagne, dans lequel il s'est fait
connaître avantageusement comme virtuose.
Il s'est ensuite établi à Breslau, pour enseigner
l'harmonie et la composition, et a écrit pour
ses élèves dans cette dernière partie de la
science un manuel spécial intitulé : la Doctrine
KUHN - KÙIINAU
131
des fugues mise en ordre et appliquée par
des exemples. Après un séjour de trois ans en
cette ville, M. Kuhn a recommencé ses voyages
et a visité l'Autriche et la Bohême ; puis il est
retourné dans la Silésie, d'abord à Neisse, où
il a fait un séjour de onze mois, ensuite à
Liegnitz. Depuis ce temps il a écrit un très-
grand nombre de compositions de tout genre,
mais il n'en a été publié qu'une petite partie,
dans laquelle on remarque une fantaisie pour
clarinette et orchestre, un Miserere à deux
voix, et quelques chansons avec accompagne-
ment de piano. 11 a composé trois opéras
{Fédor et Marie , les Ouvriers mineurs, Ca-
lypso), qui n'ont point été représentés et qui
sont encore en manuscrit, ainsi que plusieurs
messes, un Te JDeiim à quatre voix et or-
chestre, deux symphonies, plusieurs ouver-
tures, concertos et caprices pour hautbois,
fantaisies pour l'orchestre, concertos et autres
morceaux pour basson, quatuors, sonates et
rondeaux pour piano, chansons à plusieurs
voix, etc. On a aussi de RUhn un petit ou-
vrage intitulé : 48 Uehergsnge von C dur
und C moll nach aller Dur-und Molltonar-
ten (Quarante-huit transitions des tons d'wf
majeur et d'j<i mineur dans tous les tons
majeurs et mineurs), op. 10, Vienne, Has-
Iinger(1829), petit jn-lol. obl.de treize pages.
Cet artiste montre dans quelques-uns de ses
ouvrages des qualités estimables et une cer-
taine élévation de style.
KUIIÎN (Georges), né à Montbéliard(Doubs),
le 2G novembre 1789, fit ses premières éludes
musicales dans cette ville. A l'âge de dix-huit
ans, il se rendit à Paris et fut admis au Con-
servatoire comme élève de Catel pour l'har-
monie. Plus tard, il étudia le contrei)oint
sous la direction de Cherubini et devint
habile dans l'art d'écrire. Le 15 avril 1822,
il fut nommé professeur de solfège au Con-
servatoire. Livré à l'enseignement, Kuhn pu-
blia divers ouvrages élémentaires, au nombre
(lesquels on remarque un Solfège des écoles,
Paris, 1824; un Tableau de la génération
des accords; un Recueil de contrepoints
doubles et de fugues scolastiques, et un Sol-
fège des chanteurs avec accompagnement de
piano, ou m,éthode analytique de musique,
Paris, Benoit et Meissonnier, 1851, gr. in-4''.
Lors(iue les Concerts du conservatoire furent
rétablis, en 1829, par une association de ses
anciens élèves qui prit le titre de Société des
concerts, Cherubini lui confia, en qualité de
professeur, une classe de chant d'ensemble
destinée à cet objet. Kuhn enseignait au-isi la
théorie de la musique et le solfège aux élèves
du pensionnat du Conservatoire.
Né dans la religion réformée, il dirigeait la
musique au temi)le protestant de la rue des
Billetles. En 1832, il publia un recueil de
chants à voix seule et à plusieurs voix, à
l'usage de ce culte. Ayant amassé, par ses
économies, le capital d'un revenu modeste, il
prit sa retraite de professeur au Conservatoire,
le 1" février 1848, e( obtint la pension en
récomi)ense de ses longs et honorables sel-vices.
En 1849, il retourna à Monlbéliard et y passa
ses dernières années dans le repos et l'étude
des œuvres classiques. Il y est mort, le 20 sep-
tembre 1858, à l'âge de soixante-neuf ans.
KUHNAU (Jean), savant musicien, naquit
au mois d'avril 1G67, à Geysing, en Saxe, sur
les frontières de la Bohême, où ses ancêtres
s'étaient retirés à l'époque des troubles reli-
gieux. Lorsqu'il eut atteint l'âge de neuf ans,
ses parents l'envoyèrent à l'école de Sainte-
Croix, à Dresde. Alexandre Heriag, organiste
de cette paroisse, lui donna les premières le-
çons de musique. Il fit sous ce maître de ra-
pides progrès; à peine avait-il atteint l'âge de
douze ans, que déjà il écrivait de petites com-
positions. Ces premiers essais intéressèrent
en sa faveur le maître de chapelle Vincent
Albricci, qui lui permitd'étudier les partitions
de ses ouvrages, et d'assister aux répétitions
et aux exercices de la chapelle. Admis dans la
famille de ce maître, il y recueillit, entre au-
tres avantages, celui d'apprendre de bonne
heure la langue italienne, la seule qu'on y
parlât. Dans le même temps, il prenait des
leçons de français. Une maladie épidémique,
assez semblable à la peste, se manifesta tout à
coup à Dresde, en 1680, et fut cause que les
parents de Kuhnau le rappelèrent près d'eux,
avant qu'il eût eu le temps de se préparer à
finir ses études à l'Université. A peine de re-
tour à Geysing, il reçut de Titius, cantor à Zil-
tau, l'invitation de se rendre au Gymnase de
cette ville, pour y continuer ses éludes sous
la direction de Weiss, alors recteur de cette
école. Il s'y rendit en effet et sut bientôt ac-
quérir l'amitié de son maître par ses progrès
dans les sciences et par son mérite comme mu-
sicien. L'époque approchaitoù l'on devait élire
à Zillau les magistrats de la ville, et l'usage
exigeait qu'on célébrât cet événement par un
discours suivi d'une musique solennelle. La
protection de Weiss valut à KUhnau l'hon-
neur d'être choisi pour composer le motet qui
devait être chanté en cette circonstance. Il
choisit pour sujet le texte du psaume 20 j el
y.
13-2
KUHNAU
il termina son ouvrage par plusieurs cantiques
allemands. Ce psaume fut chanté par un
double chœur que Kuhnau dirigeait lui-
même.
En 1C82, il alla à l'Université de Leipsick.
Le titre d'élève d'Albricci le fit accueillir avec
empressement dans les meilleures malsons de
la ville. Une circonstance favorable se présenta
bientôt pour le faire connaître avec avantage.
L'électeur de Saxe Jean-Georges venait de
rentrer dans ses États, après avoir vaincu les
Turcs. Il visita Leipsick à l'époque de la foire,
et les étudiants de l'Université chantèrent à
cette occasion un grand morceau composé par
Kuhnau, et qu'il dirigea lui-même. Cette com-
position produisit un bel effet. Elle fixa l'at-
lention générale sur son auteur qui, à la mort
de Kuhnel, organiste de l'église Saint-Tho-
mas, fut élu pour son remplaçant, en 1684,
quoiqu'il ne fut âgé que de dix-sept ans. Cette
place lui ayant fourni les moyens de continuer
ses études, il commença celle de la jurispru-
dence, fréquenta les leçons des meilleurs pro-
fesseurs, soutint plusieurs thèses surdifférents
sujets, entre autres une en langue grecque, et
obtint enfin le titre d'avocat. Le savoir, la pru-
dence et la droiture dont il fit preuve dans les
procès qui lui furent confiés, lui concilièrent
l'estime générale. Dans le même temps, il cul-
tivait les mathématiques, ainsi que la philolo-
gie grecque et hébraïque. Il traduisit aussi
plusieurs ouvrages du français et de l'italien,
écrivit des compositions musicales de diffé-
rents genres, et des traités relatifs à l'histoire
ou à la théorie de la musique. En 1700, on le
choisit pour remplir la place de directeur de
musique de l'Université de Leipsick; dans
Tannée suivante, après la mort de Schelle,
il joignit à ces fonctions celles de cantor ou de
maître des enfants de l'école Saint-Thomas,
et de plus il fut organiste des deux églises
principales de la ville. Il mourut à l'âge de
cinquante-cinq ans, le 25 juin 1722.
Les ouvrages de Kuhnau relatifs à la mu-
sique sont : 1° Une thèse académique qu'il
soutint à l'Université de Leipsick pour ses
licences d'avocat, et qui est citée parWalther,
Maltheson, Forkel, Gerber et tous leurs co-
pistes, sous ce titre : Dissertatio de Juribus
circa musicos ecclesiasticos, ma's dont le
litre véritable, bien prolixe à la vérité, est
celui-ci : Divini Numinis assistentia illus-
Crisqiie Juriconsultorum in (îorentissima
Academia Lipsiensi Ordinis indultu Jura
circa Musicos ecclesiasticos , sub modera-
mine Dn. Jndrex Mylii, J. U. D. Jnst.
Jmp. P. P. et Facultatis Juridics Assesso-
ris, Domini Patroni, PrxceptoTisque sut,
omni honoris et observantix cultu œtatem
suspiciendi ad diem 21 decembris 1688, loco
horisque consuetis publics Eruditorum dis-
quisitioni submittit Johannes Kuhnau, au-
tor, Lipsiœ, Literis Christian! Blankmanni,
1688, in-4'' de quarante-quatre pages. 2° Dtr
Musikalische Quack-Salber , nicht allein de-
nen verstxndigen Liebhabern der Mustk,
sondern auch allen andern, tvelche in diesir
Kunst keine sonderbare Wissenschafl ha-
ben, etc. (le Charlatan musicien, etc.),
Dresde, Jean-Christophe Mielh, 1700, in-12
de cinq cent trente-quatre pages. Ce livre est
une sorte de roman satirique dirigé contre la
musique italienne, alors en vogue à la cour de
Saxe, et contre les musiciens italiens qui y
étaient en faveur. Rempli de plaisanteries
lourdes et de mauvais goût, de pédanlisme, et
d'interminables divagations, cet ouvrage, dont
le héros est un certain Cara/a, maître de cha-
pelle ignorant et charlatan, n'est plus lisible
aujourd'hui. Les autres ouvrages théoriques de
Kuhnau sont restés en manuscrit : ils ont pour
titre : 3» Tractatus de Tetracordo seu mu-
sica antiqua ac hodierna. 4" Introductio ad
compositionem musicalem, 1696. 5° Dispu-
talio de Triade harmonica. Wallher a indi-
qué le contenu de ces trois ouvrages, dans son
Lexique de musique. Le même auteur donne
les titres suivants des compositions de Kuhnau :
1 " Zwei Theile der Clavier- Ubung ans 1 4 Par-
tien zusammen bestehend (Exercices de cla-
vecin, deux cahiers, en quatorze suites),
Leipsick, 1689. 2° Die Clavier-Friichten aus
7 Sonaten (les Fruits du clavecin, en sept so-
nates), 1696; ouvrage d'un excellent style qui
a servi de modèle à plusieurs compositeurs
plus modernes. 3" Biblische Historien von
6 Sonaten (Histoires tirées de la Bible, avec
les explications, en six sonates), 1700.
M. Ch. Ferd. Becker, de Leipsick, a publié
dans cette ville douze pièces choisies dans les
œuvres des clavecinistes des dix-septième et
dix-huitième siècles et y a inséré deux mor-
ceaux de Kuhnau tirés, l'un de la deuxième
partie des Exercices (Claoier Ûbung), l'autre
du recueil intitulé : Clavier-Friichten (Fruits
du clavecin); il donne au premier de ces re-
cueils la date de Leipsick, 1695, et à l'autre,
celle de 1710. M. Farrenc, qui a inséré les sept
sonates de Kuhnau dans la deuxième partie de
sa magnifique collection intitulée Trésor des
pianistes, y a joint une bonne notice dans
laquelle il a rétabli les véritables litres, d'après
KUHNAU
133
un exemplaire qui m'appartient, en les ac-
compagnant de quelques observations. Voici
ces titres : « Johann Ktihnauens Neiier Cla-
vier Ûbung andern Thcil das ist stebcn
Partien aus dem Re, mi, fa, oder Tertia
minore eines jedweden Toni, benebensteiner
Sonata arts dem B. denen Liebhabern dièses
Instruments besondern Fergnugen auffge-
setzet. Leipsick , in rerlegung des Autors.
Il n'y a pas de date sur le titre ; mais à la fin
de l'avis au lecteur, gravé, qui suit, on lit :
Leipsig, anno 170ô; mais il est facile de voir
que la planche a été retouchée, caries carac-
tères de cette date ne sont pas ceux de l'avis
au lecteur.
Le titre de l'autre recueil, dans mon exem-
plaire, est : Johann Kiihnauens , Frische Cla-
vier-Friichte oder sieben Suonaten von guter
Invention und- Manier auff dem Clavier zu
spielen. Dresden und Leipsick in Ferlegung
Joh. Christoph Zimmermans , ,1700. Suit
l'épître dédicatoire au comte Jean Antoine
Losy, à la fin de laquelle on lit : Leipsick,
4 may 1696. Vient enfin un long avis au
lecteur. Le titre, gravé sur cuivre comme tout
l'ouvrage, est renfermé dans une guirlande où
sont représentées toutes sortes de fruits.
Les contradictions de dates qu'on remarque
dans ces ouvrages ne se peuvent expliquer que
par des tirages faits à des époques ditTérenles
sur les planches de cuivre, et dont a on voulu
rafraîchir la publication en changeant l'indi-
cation des années. Il y a, du reste, beaucoup
d'obscurité sur tout cela.
Les pièces de Kuhnau, particulièrement les
sonates, sont d'un beau style, où se fait recon-
naître la tradition de la grande école des or-
ganistes allemands du dix-septième siècle. Le
caractère en est plus religieux que passionné.
Il n'y faut chercher ni les formes, ni le carac-
tère de la sonate moderne, dont le modèle pri-
mitif n'existe que dans les œuvres de Charles-
Philippe-Emmanuel Bach. Les sonates de
Kuhnau sont l'ancienne pièce sérieuse qu'on
opposait autrefois à ce qu'on appelait les
suites, c'est-à-dire les recueils de morceaux
courts composés dans les mouvements des
divers caractères de danses.
Herzog, juge à Mersebourg,a publié l'éloge de
Kuhnau sous ce titre : Memoria beati defuncti
Directoris Chori Musici Lipsiensis Dn. Jo-
hannis Kuhnau, Polyhistoris musici, et re-
Uqua summopere incliti , etc., Lipsiœ, 1722,
10-4».
RUIINAU (Jean-Ciiristophe), directeur
de musique et cantor à l'église de la Trinité,
à Berlin, naquît le 10 février 1735, à Volk-
stadt, village près d'Eisleben. Après avoir ap-
pris à jouer de plusieurs instruments chez le
musicien de ville de Magdebourg, il se voua à
l'enseignement, et fut nommé professeur à
l'École normale de Berlin, en 1763. Il y éta-
blit dans la même année un chœur de chant
qui, jusqu'à la mort de son fondateur, fut con-
sidéré comme undes meilleursdel'Allemagne.
En 1775, le nouvel orgue de l'église de la Tri-
nité ayant été inauguré, Ktlhnau écrivit à
cette occasion une cantate solennelle qui fut
exécutée avec succès. Sa nomination de cantor
à cette église, en 1788, le décida à donner sa
démission de sa place de professeur à l'École
normale; il conserva seulement la direction
du chœur qu'il y avait fondé. Jusqu'à l'âge de
soixante -dix ans, il remplit ces fonctions, et
mourut le 5 octobre 1805. Kuhnau avait trente
ans lorsqu'il apprit à jouer du clavecin ; il était
plus âgé encore lorsque Rirnberger lui ensei-
gna l'harmonie et la composition ; néanmoins,
il a composé quelques cantates qui ne sont pas
sans mérite. Son Jugement dernier a été pu-
blié, en 1784, en partition réduite pour le
piano. En 1790, il fit paraître aussi à Berlin
des préludes de chorals pour l'orgue, dont une
partie a été composée par lui, et le reste par
Kirnberger, Schale, Vierling, C.-P.-E. Bach,
Harsow. J.-Léon Hassler, Gulterman et Oley.
3Iais le titre principal de KUhnau au souvenir
de la postérité est le livre de mélodies chorales
à quatre voix, qu'il publia sous ce titre: Fier-
stimmige alte und neue Choralgesxnge, mit
Provinzial-Abweichungen (Anciens et nou-
veaux chants chorals à quatre voix, avec les va-
riantes de différentes provinces), Berlin, 1786,
in^" de deux cent trente pages obi. Idem,,
deuxième partie, Berlin, 1790, in-4'' de deux
cent soixante-quatorze pages. Gerber dit que
ce recueil est un des plus complets qui exis-
tent, et qu'il a le mérite d'indiquer, outre les
variantes provinciales, les noms des auteurs,
ou du moins l'époque à laquelle les mélodies
appartiennent. Quatre autres éditions de ce
même recueil ont été publiés par le fils de
l'auteur en 1817, 1818, 1823 et 1825.
RLIINAU (Jean-Frédéuic-Guillaume) ,
fils du précédent, est né à Berlin, le 29 juin
1780. Élève de son père, il s'est formé prin-
cipalement dans l'art de jouer de l'orgue par
ses propres efforts. En 1814, il a été nommé
organiste de l'église de la Trinité. Plusieurs
fois il a donné des preuves de son habileté
dans des concerts d'orgue, en exécutant de»
l pièces de J.-S. Bach. Dans les diverses éditioni,
134
KÙllNAU — KÙHNEL
du livre c'noral de son père, il a introduit
beaucoup de corrections et d'améliorations.
On dit que longtemps il s'occupa de grands
travaux relatifs à l'histoire et à la théorie de
la musique. Dans son système de construction
de l'orgue, l'abbé Vogler avait attaqué l'exis-
tence des jeux de mutation de cet instrument,
tels que les cymbales et fournitures. Ce système
a trouvé beaucoup de partisans en Allemagne;
Kiihnau prit avec juste raison la défense de
ces jeux singuliers, et démontra très-bien
qu'ils sont essentiels et caractérisques dans
l'orgue. Ses observations sur cet objet eut été
publiées dans la Gazette musicale de Leipsick
(t. 33, p. 227 etsuiv., et t. 34, p. 65 et suiv.).
Cet artiste est mort à Berlin le 1" janvier
1848.
KÙHIXAU (K.-J.), étudiant en médecine
à l'université de Gœttingue , a soutenu dans
cette université une thèse sur les fonctions des
organes de l'ouie , qui a été imprimée sous ce
titre : Dissertatio de organis auditui inser-
vientibus, Gœttingae, 1799, iu^".
KÛHIVAU ( Jean-Curistophe-Guillaume) ,
littérateur allemand , mort à Berlin, le 27 août
1813, est auteur d'une Biographie des célèbres
musiciens aveugles. Cet ouvrage a pour titre :
Die Blinden Tonkunstler; Berlin, 1810, chez
C. Salfeld, petit in-8" de 347 pages, avec
quelques planches de musique. La préface (de
xxxx pages) est datée de Carlshoff, près de
Brietzen sur l'Oder, dans Je Brandebourg.
Lichtenthal et F. Becker se sont trompés en
attribuant l'ouvrage dont il s'agit, le premier,
à Jean-Christophe Kùlmau, mort cinq ans avant
l'impression du livre, le second, à Jean-Frédéric-
Guillaume.
KÛIIIVE (Jean-Guillaume-Henri), suivant
les indications de Kœrner, ou , d'après les
Lexiques universels de musique de Gassner
et de M. Bernsdorf, Jérérnie-Nicolas,] est
né à Erfurt, le 1" mai 1807. Il n'était âgé que
de huit ans, lorsque son père lui enseigna à
jouer de la flûte. A douze ans , il apprit à jouer
du violon. Deux ans après, il entra au Collège
du lieu de sa naissance et y reçut des leçons
de piano et d'harmonie de Gebhardi {voyez ce
nom). Lorsqu'il eut atteint sa seizième année,
on l'envoya au Séminaire des instituteurs de
la même ville, et il se livra à l'élude de l'or-
gue , s«î3 ia direction de l'excellent organislii
M. G. Fischer. A peine était-il âgé de dix-neuf
ans lorsqu'il fut nommé organiste de l'église
Saint-André, et dans l'année suivante il ob-
tint la place de professeur à l'École des pré-
dicateurs. Après avoir occupé ces places pen-
dant deux ans , il fut désigné pour la position
de cantor et d'organiste au village de Gebesen ,
près d'Erfurt. Plus tard, il fut appelé à Cor-
bach , dans la principauté de Wakleck, en
qualité de directeur de musique. Ou a de cet
artiste plusieurs petites pièces pour le piano ,
quelques œuvres pour le violon , des Lieder et
chants à plusieurs voix; des pièces de conclu-
sion pour l'orgue (Eifurt, Kœrner), et une
cantate à quatre voix avec orgue obligé , inti-
tulée : Lohgesang , op. 31, ibid. Kœrner a
inséré des morceaux de la composition de
Kiihne dans le recueil qui a pour titre : Orgel-
freund (l'Ami de l'orgue) ; Erfurt, ibid.
KUHNEL (Auguste), virtuose sur ia basse
de viole, né à Delmenhorst, le 3 août 1645,
eut pour maître de composition le célèbre
abbé Steffani. Vers la fin du dix-septième
siècle et au commencement du dix-huitième,
il vécut à Cassel , dans le grand-duché de
Hesse. Il y a fait imprimer : Sonates ou Par-
thien (divertissements) pour une ou deux basses
de viole, avec accompagnement de basse con-
tinue; 1098, in-fol.
KÛHIXEL (Jean -Michel), luthiste et
joueur de basse de viole , né dans la seconde
moitié du dix-septième siècle, fut d'abord atta-
ché au service de la cour de Berlin, puis, en
1717, à celui du duc de Weimar, où il eut
le litre de secrétaire du prince , et enfin passa
chez le feld-maréchal Flemming , à Dresde.
Dans les derniers temps de sa vie il était à
Hambourg. Vers 1730 on a gravé de sa com-
position, à Amsterdam, chez E. Roger : So-
nates pour une ou deux basses de viole , avec
basse continue.
KÛHIVEL (Ambroise), né en 1770, était,
en 1800, organiste de la cour de l'électeur de
Saxe, à Leipsick, lorsqu'il s'associa avec Hoff-
meister ( voijez ce nom ) pour l'établissement
d'un commerce de musique. Après le départ
de Hoffmeister pour Vienne, Kùnhel continua
seul jusqu'à sa mort, arrivée le 19 août 1813,
la publication d'un grand nombre d'œuvres
intéressantes. Il a eu pour successeur Charles
Peters. C'est à Kùhnel qu'on doit la publica-
tion de quelques belles compositions de Jean-
Sébastien Bach , pour l'orgue et le clavecin ,
qui étaient restées en manuscrit jusqu'alors.
KÛHI\EL (Jean-Wîlhelm), né à Stult-
gardt, le 17 novembre 1812, perdit son père à
l'âge de sept ans, et fit son éducation musi-
cale sons la direction de son oncle Bnk, chef
de musique d'un régiment. Il apprit à jouer de
phisiciiis instruments à vent, et lorsqu'il eut
atteint l'âge de quatorze ans, il entra comme
I
KiJHNEL - KULLAK
flûtiste dans la brigade où servait son oncle. En
18Ô3, il obtint un congé illimité et ei> prolita
pour faire des études sérieuses de l'art sous
la direction de Lindpaintner; puis il se rendit
à Vienne et y reçut des leçons de composition
de Seyfried. En 1837, il reprit sa place de mu-
sicien de brigade, et peu de temps après il ob-
tint la place de chef de musique de la première
brigade d'infanterie. Cet artiste a écrit beau-
coup de musique militaire, le ballet intitulé :
Majah, qui a été représenté à Stuttgàrdt, plu-
sieurs symphonies et ouvertures, une immense
quantité de danses pour l'orchestre telles que
valses, polkas, galops, masurkas, publiées à
Stuttgàrdt, à Manheim , chez Ileckel, et à
Maycnce, chez Schotl; des solos pour divers
instruments, enfin, des Lieder et ballades à
vtix seule avec piano.
KUUlMIAUSEll (G.), cantor à Zelle, ou
Celle (Hanovre), en 1719, a composé un ora-
torio intitulé : Passio Chrisii secundum
Malthxnm, donl la partition manuscrite esta
la Bibliothèque royale de Berlin.
K€Hi\SIUS (B.), cantor et organiste de
Berlin, est cité par Maltheson [Mithridale,
p. Ô21) comme auteur d'une thèse intitulée :
De admirandis musices ejfcctibus, qu'il a
soutenue sous la présidence de L.-J. Schechl,
et qu'il a fait imprimer, conjoinlemeut avec
un autre cantor nommé W.-G. llackius, au
commencement du dix-huitième siècle.
RtlirSTFELD (Frédéric), canlor et pro-
fesseur de musique à Eisenach, vers 1830, s'est
fait connaître par un livre qui a pour titre :
Theoretischeund praktische Harmonien und
Ausrichtungslehre (Science théorique et pra-
tique de l'harmonie et de ces cas d'exception),
Eisenach, 1833, in-4''.
KULEP^RAMP (Georges-Charles), pia-
niste et compositeur, est né le 19 mai 1799, à
"Witzenhausen, petite ville de la Hesse- Électo-
rale, où son père était conseiller du bailliage et
fermier du domaine. En 1805, celui-ci alla se
fixer dans les environs de Fulde, et profita du
voisinage de cette ville pour faire donnera son
fils des leçons de musique, de piano et de vio-
lon par un maître nommé Gerlach . Malheureu-
sement pour le jeune Kulenkamp, cet habile
musicien fut appelé à une meilleure position
au bout d'un an, et l'enfant demeura livré à
lui-même. Lorsqu'il eut atteint l'âge de douze
ans, on l'envoya au collège, où il reçut ([uel-
ques leçons de piano d'un organiste; mais le
talent médiocre de cet homme et la situation
maladive de son élève furent cause que ce-
lui-ci fit alors peu de progrès. De retour à la
maison paternelle en 1815, il dut s'occuper âa
l'économie rurale, sans néanmoins négliger la
musique; mais ayant perdu son père l'année
suivante, il se rendit à Cassel chez Grosheim,
qui lui donna le conseil de se livrer exclusive-
ment à la culture de la musique. Cet avis^
d'accord avec le i)enchant du jeune homme, le
détermina à rester deux ans sous la direction
de Grosheim. En 1818, il alla à l'Université
deGœttingue pour y achever ses études, et il
y passa cinq années; mais ce qu'il possédait
ne sulTisant pas à ses besoins, il fut obligé
d'employer une partie de son temps à donner
des leçons de musique. Celte circonstance lui
procura la connaissance de plusieurs familles
distinguées, et lui fit prendre la résolution de
rester à Gœttingue et de s'y livrer à l'ensei-
gnement. Devenu habile pianiste, il a fait
avec succès plusieurs voyages dans (juelques
grandes villes de l'Allemagne en 1824, 1827,
1829, 1832 et 1834. De retour à Gœttingue, il
y a été nommé directeur de musique de la so-
ciété de Sainte-Cécile, en 1838. On donne
beaucoup d'éloges au brillant, à l'élégance et
à l'expression de son jeu. Ses compositions lui
ont fait aussi une réputation honorable. On a
gravé jusqu'à ce jour environ soixante œuvres
qui portent son nom, et parmi lesquels on re-
marque des ouvertures, concertos, rondeaux,
grandes variations avec orchestre, quintettes,
quatuors, trios, duos, sonates, nocturnes, ainsi
que quelques ballades et chansons.
KULLAK (Théodore), pianiste et pro-
fesseur de son instrument à Berlin, est né
dans cette ville, en 1820. Il se livra d'abord
à l'étude du droit; mais il l'abandonna pour
cultiver en liberté la musique qui lui inspirait
un penchant irrésistible. En peu d'années, il
acquit un talent brillant d'exécution et obtint
des succès à la cour et dans les salons. Re-
cherché comme professeur de piano, il s'est
voué à l'enseignement et a obtenu le litre de
pianiste de la cour. On a de cet artiste des
fantaisies, nocturnes, caprices pour le piano,
beaucoup de pièces de salon et de ces sorles
d'arrangements que, dans le langage du jour,
on appelle Transcriptions et paraphrases.
Un frère de l'artiste dont il s'agit, M. yi-
dolphe Kullak, docteur en philosophie et pro-
fesseur de musique, à Berlin, écrit, dans les
journaux de musique de l'Allemagne, des
articles de critique musicale. On a de lui un
bon livre intitulé Aesthetikdes Clavierspiels
(Esthétique du jeu du piano, c'est-à-dire :
Théorie de l'art de jouer du piano), Berlin,
J. Gutlenlag, 1801, 1 vol, in-S" de 370 pages..
136
KUMLIK — KUMMER
KUMLIK (Joseph), maître de chapelle et
j)roresseur à l'école royale de musique de
PresbOiIrg, est né à Vienne, le 10 août 1801.
Les premières leçons lui furent données par
son père, maître de musique en cette ville;
plus tard, son éducation artistique fut con-
tinuée par Jacques Kunnert, directeur du
chœur à la cathédrale de Preshourg. Dans les
années 1813 et 1814, il était employé au
théâtre du baron de Czink, €n qualité de cho-
riste, pour la partie de soprano, et il reçut
alors quelques leçons de chant; ensuite il
entra comme élève à l'école de Presboui'g, où
il acquit beaucoup d'habileté sur le piano et
le violon. Henri Klein était alors professeur
de composition et de théorie musicale dans
cette institution; Rumlik reçut de ses leçons
et fit de si rapides progrès, qu'en peu de temps
il fut en état de tenir quelquefois la place de
son maître pour l'enseignement. En 1828, des
affaires de famille l'ayant appelé à Vienne, il
y passa plusieurs mois et employa ce temps à
étudier l'art du chant et le contrepoint, sous
la direction de Sechter. A son retour à Près-
bourg, on l'adjoignit à Klein pour la direction
supérieure de l'école de musique, et lorsque
celui-ci mourut, en 1832, Kumiik reçut sa
nomination définitive de directeur et de pro-
fesseur. L'année suivante, la Société de mu-
sique religieuse de Presbourg le choisit pour
son maître de chapelle, et depuis lors son
existence presque tout entière se partage entre
ces deux institutions. Quoi(iu'il lui reste peu
de temps disponible, il compose néanmoins et
a déjà écrit une messe solennelle (en ré), plu-
sieurs chorals pour le culte évangélique,. un
Feni Sancle Spirilus à cinq voix, des lita-
nies, un inalve Regitia, un Te Deum, plusieurs
Tantum ergo à huit voix, différents morceaux
de musique progressive pour le chant et le
piano, et des chants à quatre voix d'hommes.
On assure que ces ouvrages sont d'un ordre
très -distingué.
KLIMMEL (Jean-Vaientin), compositeur
de musique instrumentale, paraît avoir vécu à
Hambourg au commencement du dix-huitième
siècle. Ou voit par le titre d'un de ses ou-
vrages, publié en 1714, qu'il était mort à cette
époque. Cet ouvrage a pour titre : Neuermu-
sikalischer Porrath in Suiten fiir Hohoen
und JJœrner (Nouvelle provision musicale
consistant en suites pour hautbois et cors),
Hambourg, 1714.
KUMMEL (Bernahd-Chbistophe), né dans
la seconde moitié du dix-huitième siècle, fut
candidat en théologie, àMulhausen, depuis 1786
jusqu'en 1706, puis recteur à Hedemtlnden, et,
en 1801, prédicateur à Besenrode. Vers 1796,
il se présenta au concours pour la place de
cantor à Goettingue. L'exercice consistait en
un morceau de musique d'église avec un cho-
ral à quatre voix. Le directeur de musique
Weimar fut chargé de prononcer «ntre les
candidats; mais quoique son rapport eût été
favorable à KUmmel, des considérations par-
ticulières empêchèrent celui-ci d'obtenir la
place. Ses compositions connues sont : 1» Poé-
sies d'Isaac Maus, mises en musique avec ac-
compagnement de piano, Leipsick (sans date),
2" Six sonates progressives pour le clavecin.
ibid., 1788. 3" Recueil pour le chant et l'in-
strument, consistant en chansons et une ro-
mance avec sept variations pour le piano,
Cassel, 1799. 4» Heures de récréation musi-
cale, 1" et 2<= cahiers, 1802.
KUMMER (Gottkilf-Henri), né à Dresde
le 25 janvier 1777, fut d'abord attaché à l'or-
chestre de Leipsick en qualité de bassoniste,
et, en 1801, entra dans la musique de la
chambre de l'électeur , à Dresde. Homme
habile sur son instrument, il a voyagé en
Allemagne et a donné dans plusieurs grandes
villes des concerts où il a fait applaudir son
talent. Cet artiste jouait aussi du violon ef
possédait un talent agréable sur cet instru-
ment. Parmi ses compositions publiées, on
remarque : 1° Concertos pour basson et or-
chestre, n" 1 , op. 7 ; n» 2, op. 10 ; n» 3, op. 1 1
(facile); n» 4, op. 16; n» 5, op. 24; n" 6,
o]). 2o; n" 7 (concertino), op. 27; tous gravés
à Leipsick, chez Breilkopf et Hsertel. 2° Airs
variés pour basson et orchestre, op. 6, 8, 14,
15, ibid. 3" Trios pour trois bassons, op. 12,
1Ô; Leipsick, Peters, Breitkopf et Hœrtel.
4" Concerto facile pour violon, avec orchestre
ou quatuor, op. 20; Leipsick, Hoffmeister.
5° Duos pour deux bassons, op. 1,2, 5, Leip-
sick et Dresde. Kummer est mort à Dresde,
dans les premiers jours d'avril 1860, à l'âge
de quatre-vingt-trois ans.
RUMMER (Frédéric-Auccste), violon-
celliste, né à Meinlingen, le 5 août 1797, n'est
|)as le frère du précédent, comme l'a cru
l'auteur de l'article inséré dans le Lexique
universel de musique publié par Schilling,
et n'a même aucun lien de parenté avec lui.
Son père, nommé comme lui Frédéric-Au-
guste, fut d'abord hautboïste à Meinungen,
puis entra au service de la cour de Dresde, et
mourut dans cette ville. Après avoir appris
les éléments de la musique dans sa ville natale
et avoir commencé l'élude du violoncelle sous
KLIMMER - KUNG
137
un maître obscur, il a reçu quelques leçons de
Romberg qui est devenu son modèle, et qu'il
s'est efforcé d'imiter dans le travail constant
qu'il a fait ensuite seul. Admis dans la cha-
pelle du roi de Saxe en 1822, il en fut, pendant
trente ans, le premier violoncelliste. Il tirait
un beau son de l'instrument, et sa manière de
phraser avait de la largeur; mais son archet
manquait de souplesse et de variété. Son
talent se distinguait particulièrement par la
dextérité de la main gauche et par une con-
naissance approfondie de toutes les positions
sur le manche. Rummer fit quelques voyages
en Allemagne et en Danemark. Dans les
années 1850, 1832, 1834 et 1857, il joua aux
concerts de Leipsick. En 1834, il était à Co-
penhague; dans l'année suivante, il visita
Rudolstadt et Vienne, et joua à la cour de
AVeimar, en 1836. En 1849, je le vis à l'or-
chestre de la ehapelle de Dresde. Les compo-
sitions connues de cet artiste sont : 1" Con-
certo pour violoncelle (en fa), op. 18; Leip-
sick, Breitkopf et Ilsertel. 20 Concertino idem,
avec orchestre et quatuor, op. 16, ibid. 5° Di-
vertissement pour violoncelle et orchestre,
op. 2, ibid. 4" Pot-pourri idem, op. 3, ibid.
5" Adagio et variations brillantes, avec or-
chestre ou piano (en la)\ Hanovre, Nagel.
6" Divertissement sur des thèmes de la Muette
de Portici, avec quatuor ou piano, op. 9,
ibid. 7° Airs russes variés pour violoncelle et
piano, op. 7; Leipsick, Breitkopf et Ilaertel.
8» Amusements pour violoncelle et piano,
op. 14; Ofîenbach, André.
Charles Kummer, frère aîné de Frédéric-
Auguste, fut un hautboïste distingué, et suc-
céda à son père en cette qualité, dans la cha-
pelle royale de Dresde. Il était né à MeinUngen
en 1795.
KUMMER (Gaspard), flûtiste allemand et
compositeur laborieux, né le 10 décembre
1795, à Erlau, près de Schleusingen, apprit à
jouer de son instrument chez Neumeister,
musicien de cette ville, et reçut des leçons de
composition d'un cantor nommé Stàps. En
1835, il entra comme flûtiste dans la chapelle
de Cobourg; quelques années après, il y a
obtenu la position de directeur de musique.
Parmi ses compositions, lesquelles sont au
nombre de cent trente oeuvres, on remarque :
1" Polonaise facile pour deux flûtes principales
et orchestre, op. 17; Offenbach, André. 2" In-
troduction et allegro pour flûte et orchestre,
op. 61 ; Bonn, Simrock. o" Introduction et
rondeau idem, op. 73; Leipsick, Breitkopf et
llsertel. 4" Concertos pour flùle, op. 2 (en mi
mineur), 7 (en re), 35 (en ré) ; Bonn, Simrock;
Offenbach, André. 5» Quintette pour flttle,
violon, deux altos et basse, op. 66; Leipsick,
Breitkopf et Heertel. 6» Introduction et varia-
tions avec quatuor, op. 4,6, 48; Mayence,
Offenbach, Leipsick. 7» Quatuors brillants
pour flûte, violon, alto et basse; op. 10, 57,
54 ; Leipsick, Peters ; Bonn, Simrock. 8" Trios
pour trois flûtes, op. 24, 30, 52, 53, 58, 65,
72, 77; Offenbach, Bonn, Leipsick. 9° Trio
pour flûte, violon et basse, Offenbach, André.
10» Duos pour deux flûtes, op. 3, 9, 14, 20,
25, 50,69; Augsbourg, Mayence, Leipsick,
Offenbach, Bonn, Brunswick. 11° Beaucoup
de divertissements, de pots-pourris, de varia-
tions, etc., sur des motifs d'opéras nouveaux,
pour flûte seule, ou deux flûtes, ou flûte el
piano, ou flûte et guitare.
KUMPF (François-Antoine), musicien de
la cour de Bavière, dans la première moitié du
dix-huitième siècle, fut nommé maître de cha-
pelle à Alternœtting, en 1754. En 1727, il
avait composé, pour le Collège des jésuites de
Munich, un drame religieux intitulé : y^loïs
Gonzaga. Cet ouvrage fut représenté dans la
même année et applaudi.
KIJIXC (Alois-Martin) est né le l" jan-
vier 1832 à Cintegabelle, chef-lieu de canton
du déi)artement de la Haute-Garonne. Son
père, ayant remarqué ses heureuses disposi-
tions pour la musique, le plaça comme enfant
de chœur, dès l'âge de huit ans, à la métropole
Saint-Étienne de Toulouse. Il y commença ses
études littéraires et musicales, dans lesquelles
il fit de rapides progrès. M. Hazard, maître de
chapelle de cette cathédrale, lui donna les
premières leçcns de piano, et M. Leybach,
organiste de la même église, lui fit continuer
l'élude de cet instrument. A quatorze ans, il
sortit de la maîtrise, déjà bon musicien, et
entra au séminaire de l'Esquile pour y ter-
miner ses humanités, mais sans négliger !a
musique. L'orgue et la composition furent
particulièrement les objets de ses études
sous la direction de M. llommey, alors orga-
niste de ce séminaire, et l'un des professeurs
les plus distingués du Conservatoire de Tou-
louse. Au mois d'avril 1849, M. Runc, ayant
été reçu bachelier es lettres, fut nommé pro-
fesseur dans ce même séminaire où il venait
de terminer ses études. Déjà à celte époque,
quelques-unes de ses compositions avaient reçu
un accueil favorable des meilleurs artistes du
pays. En 1850, le jour de Pâques, un Ave
verum, pour voix de basse et orgue, dont il
est auteur, fut exécuté à la calhédralc du
138
KUNC — KUNKEL
Toulouse, et dans la même année, il fit
entendre dans la même église sa première
messe à trois parties vocales et orgue, pour
laquelle il reçut les félicitations des connais-
seurs.
Au mois de novembre 1852, M. Kunc quitta
le petit séminaire de l'Esquile pour aller
remplir les fonctions d'organiste à Notre-Dame
de Lombez, ancien évéché, maintenant en-
clavé dans le diocèse d'Auch. Là, pendant
cinq ans, il se livra avec ardeur à des études
spéciales sur le plain-chant et la musique
religieuse. Son premier œuvre gravé, consis-
tant en un recueil de quinze motets, parut en
1854. Il en a été fait depuis lors une deuxième
édition. Au milieu de ses succès d'artiste, un
malheur vint le frapper : le 25 octobre 1855,
il s'était allié à l'une des familles les plus
honorables de Lombez; deux mois après, une
fièvre typhoïde lui enleva sa jeune épouse. Au
mois de juillet 1857, M. Kunc fut appelé à
Auch comme maître de chapelle de la cathé-
drale, et fut chargé de l'enseignement du
chant religieux, tant dans la métropole que
dans les deux séminaires. Dès ce moment, il
se consacra tout entier à l'œuvre qui lui était
confiée; ses travaux didactiques, relatifs au
plain-chant, ne tardèrent pas à le faire con-
naître et lui assurèrent une honorable réputa-
tion. Des témoignages d'estime lui furent
donnés à ce sujet lorsqu'il se rendit à Paris
au mois de novembre 1860, pour assister au
congrès organisé par M. d'Ortigue pour par-
venir à la restauration du plain-chant et de la
musique religieuse, ainsi que dans un autre
voyage qu'il a fait à Rome au mois de juillet
1861. Pendant son séjour dans la capilale du
monde chrétien, M. Kunc reçut sa nomina-
tion de membre des académies de Salnle-
Cécile et des Quiriles. Les principales œuvres
imprimées de cet artiste sont celles-ci : 1° Le
Plain-Chant liturgique dans l'archidiocèse
d'Juch, Auch, 1858, in-S". 2» Mémoire sur
le nouveau chant liturgique de Toulouse^
ibid., octobre 1860, in»8''. Z" Essai sur le
rhythme qui convient auplain-ckant, ibid.,
novembre 1860, in-8". Ce morceau a été lu
au congrès de Paris. 4» Le Plain-Chant
romain et le nouveau chant liturgique de
Toulouse, ibid., 1861, in-8'\ 5" Quinze motets
pour les fêtes de N. S. et de la sainte Fierge,
2« édition. 6» Ttente-deux nouveaux canti-
ques à la sainte Fierge, deux éditions en
1859 et 1861. 7" Messe à trois voix et orgue
dédiée à N. A. P. le pape, ibid., 1861. Beau-
coup de morceaux d'orgue dans VJlbum, et le
Journal d'un organiste catholique publiés
par M. Grosjean, organiste de Saint-Dié
(Vosges). M. Kunc s'occupe en ce moment
(1862) d'un ouvrage considérable dont l'objet
est V accompagnement d'orgue des livres de
chant romain de la commission ecclésiasti-
que de Digne (Basses-Alpes). La musique de
pinno du même artiste a été publiée à Paris,
chez Brandus etDufour; elle consiste en fan-
laisies, chants sans paroles, etc., sous les
titres suivants : op. 1, Heureux échange;
op. 4, Soyez heureux-^ op. 6, Procession au
village; op. 7, Isolement ; op. 8, C'était un
rdre;op. 9, Mystère; op. 10, la Chasse aux
flambeaux; op. 12, Fantaisie sur le Pardon
de Ploermel; op. 15, Rêve perdu, élégie j etc.
Quelques mélodies pour le chant.
liiJINDIIVGEU (Guillaume), cantor et di-
recteur de musique à l'église du Saint-Esprit
de Nuremberg, est né, en 1800, à Rœnigs-
hofen, près d'Anspach. Son père, cantor et
organiste de ce bourg, qui se fixa plus tard
à Nuremberg, lui enseigna les principes de la
musique. Rtlndinger passa ensuite sous la di-
rection du musicien de ville Zœsinger pour
la continuation de ses études musicales. En
1819, le consistoire d'Anspach le nomma can-
tor et directeur de musique à Windheim. 11
profita de la proximité de ce lieu à WUrzbourg
pour achever son instruction dans la composi-
tion chez Frœhlich (voyez ce nom). En 1831,
la place de directeur de musique de l'église
principale de Nordlingue lui fut donnée. C'est
dans cette position qu'il a écrit des cantates
religieuses pour toutes les fêtes de l'année, et
qu'il s'est occupé de l'amélioration du chant
choral dans les écoles et dans les églises de ce
district. Rappelé à Nuremberg, en 1837, peur
occuper une position semblable à l'église du
Saint-Esprit, ii y était encore douzeansaprès,
lorsque j'ai visité celte ville. La plus grande
partie des compositions de cet artiste est restée
en manuscrit. Il a publié quelques œuvres pour
le piano, des chants pour des chceurs
d'homme, et une cantate pour le vendredi
saint {Charfreytags-cantate) à quatre voix
et orchestre, op. ôO, en partition, à Nurem-
berg, chez Endter.
KUIMi-EL (Fraisçois-Josei*ii) , directeur
de musique à Bensheim, dans le grand-duché
de Hesse-Darmstadt, est né le 20 août 1804, à
Diebourg, petite ville de la même principauté,
où son père, amateur passionné de musique,
était boulanger. Dès son enfance, Kunkel re-
çut une éducation musicale et apprit à jouer de
la flùlc, du violon, du piano et de l'orgue.
KUNKEL - KUNTZ
439
A l'âge de dix-huit ans, Il entra an Séminaire
de Bensheim dont il suivit les cours pendant
deux ans, et aux instruments qu'il^ouait avant
d'y entrer, il ajouta le hautbois, le violoncelle,
la clarinette et le cor. C'est dans cette même
école qu'il fit ses premiers essais de composi-
tion. A l'âge de vingt ans, il obtint une place
d'instituteur à Heppenheim, dans le Berg-
slrass. Il resta quatre ans dans ce lieu, et
pendant ce temps, il fit quelques voyages à
Uarmstadt pour recevoir les conseils de Rink
{voyez ce nom), sur ses compositions. En
1828, le rectorat de l'école bourgeoise de Bens-
heim lui fut donné, et il reçut, en 1834, sa
nomination de professeur de chant au Gym-
nase (Collège), à laquelle il ajouta plus tard le
titre de directeur de musique. Après trente
années de service dans l'enseignement ,
Kunkel demanda sa retraite; il l'obtint en
1854 avec la pension, et depuis lors il s'est
fixé à Francfort -sur-le-Mein, cultivant encore
l'art et fournissant des articles de critique aux
journaux de musique et de littérature. Parmi
les compositions de cet artiste, on remarque :
1" Der Tod Jesu (la Mort de Jésus), cantate à
quatre voix et orgue, en partition, op. 4;
Manheim, Ileckel. 2» Le psaume loO, à
quatre voix et orgue, en partition, op. 5;
Spire, Lang. o" Le motet Gott seiuns gnstdig
(Dieu nous soit favorable), pour quatre voix
d'hommes avec accoinpagnement d'orgue ad
libitum, op. 9 ; Mayence, Schott. 4» Messe al-
lemande pour quatre voix d'hommes, op. 17;
Giessen, Ferber. 5" Trois cantiques à trois
voix d'enfants pour la première communion,
011. 19, ibid. C" Katholisches Choralbuch fiir
die Mainzer Diocesevierstimmig , mit ziveck-
mxssigen Eingangs-, Zwischen- undNach-
spielen, etc. (Livre choral catholique pour le
diocèse de Mayence à quatre voix, avec de
courts préludes, versets et conclusions pour
l'orgue), Mayence, Schott. 7" Huit poëmes mis
en musique pour quatre voix d'hommes, op. 6;
Darmstadt, Pabst. 8» Lieder avec accompa-
gnement de piano. 9» Neuf pièces d'orgue
pour les fêtes solennelles, op. ô; Manheim,
Heckel. 10" Douze préludes de chorals pour
l'orgue, op. 7; Mayence, Schott. 11° Six pièces
de conclusions fuguées, idem, op. 8; Spire,
Lang. 12" Douze petites fugues à l'usage du
service divin, op. 12; Mayence, Schott. On a
aussi de Kunkel un petit traité élémentaire de
musique intitulé : Kleine Musiklehre, Darm-
stadt, Jonghaus,in-8", et une brochure dirigée
contre Schindler, à l'occasion de son dénigre-
ment du Conservatoire de musique de Paris,
dans l'écrit intitulé : Die Ferurthcilung dcr
Conservatorien (la Condamnation du Conser-
vatoire).
KUI\LII\ (François), maître de chapelle
de l'Association suisse pour le chant, a pu-
blié un opuscule iniiluU : Miisikalische u^nec-
doten, fUr Liebhàher und Tonkiinstler ge-
sammelt (Anecdotes musicales recueillies
pour les amateurs et les artistes), Saint-Gall.
Weglin et Rœtzer, 1825, in-8" de cent dix-
huit pages.
KUIXSTMANN (Jean-Gotifried), négo-
ciant à Chemnitz, au commencement du dix-
neuvième siècle, était un pianiste distingué.
Il a fait exécuter à Leipsick une symphonie à
grand orchestre qui a été applaudie. On a
gravé de sa composition : Six quadrilles pour
deux violons, flûte, petite flûte, clarinette,
deux cors, basson, trombone et basse; Leip-
sick, Breitkopf et Haertel, el des chants pour
un choeur d'hommes avec des solos, et un ac-
compagnement de piano ad libitum, Leipsick,
Klemm, en deux suites. La dernière produc-
tion de M. Kunstmann, laquelle consiste en
Chants nocturnes à quatre voix d'hommes, a
été publiée chez les mêmes éditeurs, en 1844.
KUINTE (F.-S.), excellent violoniste, né en
Bohême, fut au service du comte Buquois, à
Prague, depuis 1750 jusqu'en 1770. Après
celle époque, il se fit instituteur. Il a composé
pour le violon plusieurs concertos qui ont été
estimés en Bohême, mais qui sont restés en
manuscrit.
KUI\TZ (Thomas-Antoine), pianiste et
compositeur, né à Prague en 1759, s'est fait
connaître avantageusement par un opéra de
Pygmalion, qu'il a composé à l'âge de vingt
et un ans, et dont la partition, réduite pour le
piano, a été publiée à Prague, en 1781, chez
Walther. On a aussi gravé de sa composition ;
1" Vingt-quatre chansons allemandes avec ac-
compagnement de piano; Leipsick, 1799,
Breitkopf et Haertel. 2" Chansons idem;
Prague, 1807, Ernest Schadl, in-fol. Mais c'est
surtout pour l'invention d'une sorte de piano
organisé, appelé Orchestrion, que cet artiste
a fixé sur lui l'attention publique. Cet instru-
ment, qui avait la forme d'un piano organisé,
mais dont la caisse était beaucoup plus
élevée, renfermait un orchestre complet. On
y trouvait deux claviers à la main et un cla-
vier de pédales. Le premier clavier était des-
tiné à jouer le mécanisme d'un piano ordinaire
et qui attaquait des cordes de métal ; mais ce
même clavier pouvait également faire vibrer
des cordes de boyau , par un archet mécani-
140
KUNTZ - KUNZEN
que mis en mouvement au moyen d'une ma-
nivelle. L'auteur appelait ce jeu particulier du
premier c\a\ier Lautenzug . Le second clavier,
ainsi que celui de la pédale, étaient destinés à
l'orgue, qui renfermait quinze registres de
huit pieds bouchés sonnant le seize pieds, de
huit pieds ouverts, de quatre et de deux pieds,
lesquels faisaient entendre des jeux de flùle,
de clarinette, de hautbois, de basson et de cor.
Les différents jeux des deux claviers pouvaient
être réunis par un accouplement. De plus, ces
jeux avaient le crescendo et le diminuendo,
Kunz a inventé cetinstrumentenl791,elen a
donné la description dans la Gazette musicale
de Leipsick (tom. 1, p. 88 et suiv.). Après
avoir vendu son premier Orchestrion, il en a
fait un deuxième beaucoup plus parfait, qu'il
a commencé en 1 796 et achevé deux ans après.
II jouait de cet instrument difficile avec beau-
coup de succès. Il a fait aussi un piano-viole,
d'après un système particulier, dont Meusel a
donné une courte description dans son Dic-
tionnaire des artistes (t. 1, p. 583). Kunz
vivait encore à Prague en 1830j aucun autre
renseignement n'a été fourni postérieurement
sur sa personne par les biographes alle-
mands.
RUISTZEL (Ladreîst), luthier à Breslau,
est né à Ilofen (Bavière), en 1790. D'abord
ouvrier menuisier, il travailla dans plusieurs
ateliers des diverses parties de l'Allemagne,
puis il abandonna cette profession pour
s'exercer dans la facture des instruments à
cordes. Obligé de servir dans les chasseurs
bavarois en 1813, il fit les campagnes d'Alle-
magne et de France. Après la conclusion de
la paix, en 1815, il obtint son congé, et s'éta-
blit à Breslau. Il travailla d'abord chez le
facteur d'instruments Fichtel, et après plu-
sieurs années d'études et de pratique, il se
livra exclusivement à la fabrication des instru-
ments à cordes. On a de lui de bonnes imita-
tions des violons et basses de Crémone que
Paganini, Ole-Bull et Ernst ont approuvées
dans des lettres flatteuses adressées à cet ar-
tiste. Kuntzel travaillait encore à Breslau, en
1850.
KUIXZ (Conrad-Maximilien) , né en Ba-
vière, vers 1817, a fait ses études musicales à
Augsbourg, puis s'est fixé à Munich comme
professeur de piano. Devenu directeur d'une
société de chant, il a dirigé la fête vocale de
Ralisbonne en 1847. On a de cet artiste :
1» Méthode pratique de piano {Praktische
Pianoforte-Schule), op. 2, dont il a été fait
neuf éditions j Munich, Finsterlin. 2» Licdcr
à voix seule avec accompagnement de piano,
op. 5 ; Munich, Aibl. 3° Trois chants à quatre
voix d'hommes, op. 4, ibid. 4» Six idem^
op. 5j Leipsick, Breitkopf et Hsertel. 5" Mé-
lodie chorale de Schickt, pour les services
funèbres, à quatre voix d'hommes, avec ac-
compagnement de quatre trombones ; Munich,
Aibl. 6" Hymne (an Herthà) pour un choeur
d'hommes, op. 7, ibid. 7» Trois chants pour
quatre voix d'hommes, op. 8; Leipsick, Breit-
kopf et Hœrtel, 1847.
/. Kunz, directeur de la société de chant
(Liedertafel) à Freisingen, en 1844, a publié
aussi des chants pour voix d'hommes, qu'il ne
faut pas confondre avec ceux de Conrad-
Maximilien.
KUIN'ZE (Charles-Henri), professeur de
musique et compositeur, vivait à Heilbronn
vers la fin du dix-huitième siècle et au com-
mencement du dix-neuvième. On connaît sous
son nom : 1» Concerto pour la flûte, op. 5;
Augsbourg, Gombart. 2" Six variations sur un
air allemand idem, avec accompagnement de
quatuor, ibid. 3» Trois quatuors pour flûte,
violon, alto et basse, op. 4, ibid. 4» Trois
quatuors pour cor, op. 1 ; Offenbach, André.
5" Trios pour trois cors, 1" et 2« livres ; Heil-
bronn. 6* Chansons allemandes avec accom-
pagnement de guitare.
KUINZEN (Jean-Paul), architecte et or-
ganiste à Lubeck, naquit à Leisnig, en Saxe,
le 30 août 1696. Après avoir appris les élé-
ments de la musique en ce lieu, il alla conti-
nuer ses études à Torgau, à l'âge de neuf ans,
puis à Freyberg. En 1716, il se rendit à Leip-
sick pour y trouver de l'emploi comme musi-
cien, et ne possédant qu'un seul florin dans
sa poche : son mérite l'eut bientôt tiré d'em-
barras, car il ne tarda pas être admis dans
l'orchestre de l'Opéra, comme premier violon.
En 1719, il établit à Wittenberg un concert
public qui fut fréquenté par tous les amateurs
de cette ville. Ce fut aussi dans cette ville
qu'il se maria. Quelques années après, il alla
à Dresde, où il se lia d'amitié avec Schmidt,
Heinichenet Volumier, et il perfectionna son
goût et ses connaissances sous la direction de
ces artistes et de Ruhnau. Ils lui procurèrent
l'occasion de faire entendre ses compositions
pour l'église, et le succès de ces ouvrages lui
fit offrir une place de maître de chapelle de
rélectrice; mais il préféra se rendre à Ham-
bourg en 1723. Il y eut l'emploi de composi-
teur au théâtre, y ajouta des récitatifs â plu-
sieurs opéras de Keiser et de Hœndel, puis
il composa C'admus et un divertissement inli-
KUNZEN
141
tulé : Critique du théâtre de Hambourg. Il
parait qu'il avait peu de talent pour la musi-
que <lramatique. En 17Ô2, il fut appelé à Lu-
beck, en qualité d'organiste, et il continua de
résider en cette ville jusqu'à sa mort, arrivée
en 1770. Il avait été nommé membre de la
Société musicale de Mizler en 1747. Toute la
musique de Runzen est maintenant oubliée, et
l'on ne cite plus que son oratorio de la Pas-
sion. Mattheson, qui a publié une notice sur
ce musicien, le considérait comme un des
meilleurs organistes de son temps. Je possùde
le manuscrit autographe d'un traité de l'har-
monie dont ce musicien est auteur : il a pour
titre .• Jnfangsgriinde des Generalbasses
(Principes élémentaires de la basse continue).
Douze feuilles in-4°.
RU]>'ZEI\ (Charles-Adolphe), fils du pré-
cédent, naquit à Wilieuberg, le 22 septem-
bre 1720. Dès l'âge de huit ans, il jouait du
clavecin de manière à exciter l'étonnement
de ceux qui l'entendaient. Il fit alors un
voyage en Hollande et en Angleterre avec son
père, et partout il produisit une vive sensa-
tion. Le docteur Pepusch, qui l'entendit à
Londres, le considérait comme un prodige.
Après l'année 1730, qui suivit son retour à
Hambourg, on le perd de vue jusqu'en 1750,
époque où il obtint la place de maître de cha-
pelle à Schwerin. Sept ans après, il se rendit à
Lubeck pour remplacer son père, qui avait dû
cesser ses fonctions, à cause de sa mauvaise
santé. Après une atteinte d'apoplexie qui le
frappa en 1772, une de ses mains demeura
paralysée, et l'on fut obligé de lui adjoindre
son élève Roenigslow. II mourut en 1781, lais-
sant la réputation d'un savant musicien et
d'un habile organiste. On n'a gravé de sa
composition que douze sonates de clavecin,
qui ont paru à Londres. Tous ses autres ou-
vrages sont restés en manuscrit; ils consis-
tent en plusieurs symphonies, vingt et un con-
certos pour violon, huit concertos pour flûte,
six idem pour hautbois, beaucoup de duos
j)our deux violons et douze sonates pour le
clavecin. Parmi diverses grandes compositions
de musique vocale, on remarque un oratorio
de la Passion, un autre intitulé Die Gœtlliche
Berufung des Glaubens Abrahams (l'Appel
de Dieu à la foi d'.\braham), des cantates et
des sérénades pour des occasions particulières.
La bibliothèque du conservatoire royal de
Bruxelles possède aujourd'hui les manuscrits
originaux de la plupart de ces ouvrages.
KUIXZEN (Frti)tr.ic-Louis- Emile), fils de
Charles- Adolphe, né à Lubeck, en 17G1, a été
considéré comme un musicien distingué par
ses contemporains. Après avoir fait sous la
direction de son père ses études musicales, il
vécut d'abord à Hambourg comme professeur
de musique, y reçut des leçons d'harmonie et
de composition de Naumann, et y publia ses
premières productions ; puis, en 1784, il alla
continuer ses études littéraires à l'université
de Kiel. Là il se lia d'amitié avec Cramer, ré-
dacteur de l'écrit périodique intitulé Magasin
de musique, dont les idées originales n'ont
peut-être pas été sans influence sur la direc-
tion de ses travaux. Quoiqu'il fùtun très-habile
pianiste et un grand lecteur de musique, il ne
put d'abord obtenir une place de simple ac-
compagnateur de la chapelle royale de Copen-
hague, où il s'était rendu après avoir quitté
l'université de Kiel; mais au lieu d'être dé-
couragé par sa mauvaise fortune, il profita
de ses loisirs pour étendre ses connaissances
théoriques et pratiques. Son premier essai de
musique dramatique fut l'opéra intitulé Hol-
ger le Danois. Cet ouvrage fut représenté à
Copenhague en 1790, sous la direction de
Schulz, et il obtint un brillant succès. On y
remarquait déjà ce sentiment juste de l'elTel
scénique qui est un don de la nature, et qu*au-
cune autre qualité ne peut remplacer. Cepen-
dant, fatigué de la situation précaire où il se
trouvait dans la capitale du Danemark, et n'y
apercevant point de chances favorables pour
son avenir, il résolut d'aller chercher fortune
ailleurs. D'après le conseil de SchUlz, il se
rendit à Berlin, où Reichardt l'accueillit avec
bienveillance, et n'épargna rien pour lui
rendre profitable le séjour de cette ville.
Kunzeu y écrivit la musique d'une petite pièce
qui ne réussit pas; mais il fut bientôt consolé
de cet échec par sa nomination de directeur de
musique au théâtre de Francfort. Cette place
lui fournit l'occasion de se familiariser avec
les œuvres de Mozart, et d'en étudier l'esprit
et la facture. Les opéras de cet homme célèbre
devinrent dès lors ses modèles. A Francfort,
il avait épousé une cantatrice du théâtre,
nommée Zuccherini. Cette femme ayant ob-
tenu un engagement à Prague, Kunzen la
suivit dans cette ville et y prit aussi la direc-
tion de la musique. Ce fut là qu'il fit repré-
senter son Winzerfest (la Fête des vendan-
geurs), dont la réussite fut complète. Vers le
même temps, Schulz ayant demandé sa re-
traite de la direction de la musique du théâtre
de Copenhague, le roi lui laissa le soin de dé-
signer son successeur, et il indiqua Kunzen,
qui fut mis en effet en possession de la place,
14-2
KUNZEN - KUPSCH
€t qui justifia, par le talent qu'il y déploya,
la confiance qu'on avait eue en lui. Il entra
en fonctions dans l'été de 1793, et conserva
la même situation pendant les vingt-deux der-
nières années de sa vie. Satisfait de ses ser-
vices, le roi le décora de l'ordre de Danebrog.
Kunzen mourut à Copenhague le 28 janvier
18iy, à rage de cinquante-six ans.
Cet artiste a écrit pour le théâtre : 1° IIol-
ger Danske (Holger le Danois) ou Ohéron,
opéra danois en trois actes, en 1790 ; partition
réduite pour le piano, avec une traduction
allemande par C.-F. Cramer, Copenhague,
Sœnnischsen,1790, in-4''obl. 2»Zes Vendan-
geurs, opéra en trois actes, à Prague, 1793,
gravé pour piano en 1798. 3» Hemmeligheden
(le Secret), à Copenhague, 1796. 4» Drage-
duckken, opéra danois, 1797. 5» Joheyen,
idem, 1797. C Fric Ejegad, grand opéra
danois, 1798. 7« Naturens Rœst, (la Voix de
la nature), opéra danois, 1799. S" La Harpe
d'Ossî'an, opéra allemand en trois actes, 1799.
9" Le Retour dans les foyers, opéra danois, à
Copenhague, en 1802. 10» Le Conquérant et
le Prince ami de la paix, cantate théâtrale,
en 1802.
Les autres ouvrages de musique vocale com-
posés par Kunzen sont : 1 1° Chœurs et chants
l)our Hermann et les princes, de Klopstock.
12" La Résurrection, oratorio danois, de
Thomas Thaarup. 13° Autre oratorio danois
dont le titre est inconnu. 14" Jlkluia de la
Création de Baggesen^ en danois, imprimé
en partition à Copenhague et à Hambourg.
15° Hymne à Dieu, poésie de Schmidt de
Phiseldeck, publiée pour le piano à Zurich,
chez Naegeli. 16» Cantate funèbre sur la mort
(i.u maître de chapelle Schtllz, exécutée en 1800
à Copenhague, au concert pour les veuves de
musiciens. 17" Cantate pour la solennité du
nouveau siècle, exécutée à l'église de la cour,
en 1801. 18" Chansons religieuses, tirées des
poésies de Cramer, avec accompagnement de
piano, publiées en 1785 par Cramer, comme
4* partie de sa Pohjmnie, à Leipsick, chez
Breitkopf et Hœrtel. Cramera donné l'analyse
de ces mélodies dans la .deuxième année de
son Magasin musical (pag. 503-534). Parmi
les compositions instrumentales du même
artiste, on remarque : 19" Ouverture à grand
orchestre (en ut), n° 1, Zurich, llug. 20" Idem
(en ré), n» 2 ibid. 21° /de»isurle thème de
l'ouverture de la Flûte enchantée, de Mozart,
n° 3, Leipsick, Peters. 22» Six sonates pour
piano, Berlin, 1792. 23» Fantaisie et varia-
lions sur l'air allemand : Ohne Lieb und ohnc
TFein (Sans amour et sans vin), exécutée par
l'auteur avec un brillant succès dans un con-
cert donné à Berlin en 1791 .
KUPPLEU (Jean-Georges), facteur d'in-
struments, neveu et élève du célèbre S tein, s'est
établi à Nurembergen 1789, aprèsavoirachevé
son apprentissage à Augsbourg. Quoiqu'il ne
soit pas considéré comme un des meilleurs fac-
teursde son temps en Allemagne, il s'est néan-
moins fait remarquer par l'invention de pianos
à deux tables d'harmonie. Il construisait aussi
de bons harmonicas. Les pianos à deux tables
d'harmonie ont été reproduits à l'exposition
universelle de Paris, en 1833, par le facteur
Lichtenthal, de Pétersbourg, comme une in-
vention nouvelle.
KUPSCH (Charles-Gustave), né le 24 fé-
vrier 1807, à Berlin, où son père était direc-
teur d'une école, fut destiné dans sa jeunesse à
l'élude de la théologie et à la prédication ;
mais un penchant irrésistible pour la culture
de la musique le détourna de celte carrière.
Louis Berger fut son maître de piano ; Benelli
lui enseigna le chant ; Edouard Bietz, le violon ;
il reçut des leçons d'orgue de Guillaume Bach
et il apprit la composition chez Zelter et chez
Bernard Klein. A l'âge de dix-huit ans, il ob-
tint les places de cantor et d'organiste de
l'église de la Sprée à Berlin et se livra à l'en-
seignement d'après le système de Logier. Ses
premières compositions fuient écrites pour
l'église. En 1828, il écrivit la musique d'un
ballet. En 1831, il abandonna ses places de
cantor et d'organiste pour aller à Leipsick: il
y dirigea les concerts de la Société d'harmonie,
et écrivit la musique d'une pantomime inti-
tulée ; der Zauberkessel (le Chaudron magi-
que). Peu de temps après, il accepta la place de
premier chef d'orcheslie du théâtre de Lubeek.
En 1838, il quitta encore cette position et se
rendit à Rotterdam, où il fut nommé profes-
seur et directeur de l'Académie royale de
chant, et chef d'orchestre de la société Eru-
dilio-Musica. Il y obtint aussi le titre de
membre honoraire de la Société néerlandaise
pour l'encouragament de la musique, en
1839. On ignore les motifs qui lui firent quit-
ter une situation si honorable, mais on le
trouve, en 1844, à Fribourg, où il remplissait
les fonctions de directeur de musique. Deux
ans apiès, il enseignait le chant à Berlin, et,
dans la même année 1846, il avait déjà
changé de position et dirigeait une société de
chœur d'hommes à Nuremberg. On le perd de
vue après celte époque. Environ vingt œuvres
de Lieder, de danses et de chants pour des
KUPSCII - KURPINSKI
143
voix d'hommes ont été publiées sous le nom
de ce musicien.
RURPIIXSKI (Chaiiles), compositeur po-
lonais, jouit de beaucoup de célébrité parmi
ses compatriotes. Fils de Martin Kurpinski,
organiste à l'église de Wloszakowice, village
du grand-duché de Posen, il naquit dans ce
lieu en 1785. Son père le destinait à lui suc-
céder et lui faisait étudier l'orgue et le plain-
chant; mais l'arrivée de deux frères de sa
mère, nommés Roch et Jean Wanski, tous
deux musiciens de profession, attachés au ser-
vice du staroste Félix Polanowski, fit changer
les résolutions de la famille Kurpinski et tira
de son village le futur compositeur. Il jouait
quelque peu de violon ; c'en fut assez pour que
l'oncle Roch Wanski l'emmenât en Galicie et
le fit entrer dans la chapelle de son seigneur.
Devenu membre d'un bon orchestre, Kurpinski
eut souvent occasion d'exécuter et d'entendre
la musique des maîtres, forma son goût, prit
l'habitude de l'ensemble, et apprit la compo-
sition dans les partitions de la Création et de
Bon Juan. Après la mort de son oncle, il
s'éloigna de la Galicie et se rendit dans la
capitale de la Pologne. Il avait compris que
Varsovie était la seule ville de sa patrie qui
pût lui offrir les moyens d'atteindre le but où
tendaient ses désirs. Comme acheminement à
ce but, il obtint bientôt la place de second chef
d'orchestre auThéàlrc-Nalional ; Elsner occu-
pait celle de premier chef. Kurpinski fut son
successeur en 1825. Depuis 1811, il a fait re-
présenter sur ce théâtre plusieurs ouvrages dra-
matiques dont la plupart ont été accueillis avec
cnlhousiasme par les compatriotesde l'artiste.
En 1819, une médaille d'or à son effigie lui fut
offerte après le succès d'un de ses ouvrages.
A la fin de la même année, l'empereur Alexan-
dre le nomma maitre de chapelle de la cour de
Varsovie, et au commencement de 1823, il le
décora de l'ordre de Saint-Stanislas. Danscette
même année, il fit un voyage en Allemagne, en
France et en Italie, pour connaître la situation
de la musique dans ces pays où elle est cul-
tivée avec succès j il ne retourna à Varsovie
qu'en 1824.
Kurpinski était doué de toutes les qualités
des artistes d'élite, à savoir: le sentiment de
l'art, l'énergie, l'activité et la facilité de pro-
duction. Il cultivait tous les genres de musi-
que, composait pour la scène, pour l'église,
pour une multitude de circonstances particu-
lières et pour les salons, étudiait la théorie de
son art, en cultivait la littérature, écrivait des
livres pour l'instruction des artistes cl des
amateurs, fondait un journal de musique afin
de stimuler le goût de ses compatriotes pour cet
art, dirigeait la musique du théâtre et remplis-
sait les fonctions de directeur du chant à
l'École royale de musique. Il s'était marié. Sa
femme, née Sophie Brzowska, débuta à l'Opéra
de Varsovie dans le Freyschiitz, de Weber.
Actrice aimée du public, elle ne se retira qu'en
1842 avec la pension. La dernière composi-
tion de Kurpinski fut une cantate pour la fête
de l'empereur de Russie, en 1837. Retiré en
1841, après trente ans de service, il reçut de
tous les artistes du théâtre les témoignages
d'une sincère affection. En 1857, il vivait en-
core et se plaisait dans une solitude absolue.
C'est à Kurpinski et à Elsner que la Pologne
est redevable des progrès qu'elle a faits dans
la musique depuis le commencement du dix-
neuvième siècle. Leurs travaux ont doté leur
patrie d'un véritable opéra national, lequel a
pris la place des traductions de l'allemand, du
français et de l'italien qui, précédemment, oc-
cupaient la scène polonaise. Kamienski avait
commencé cette ère nouvelle de la musique
polonaise dans la seconde moitié du dix-hui-
tième siècle. Kurpinski a donné un grand
nombre d'opéras qui ne sont pas tous connu*
des biographes allemands.
En voici la liste la plus complète parvenue à
notre connaissance : 1" DwieChatki (les Deux
Chaumières), 1811. 2» Palai Lucyfera (le Pa-
lais de Lucifer), 1811. ô" Marlinowa wSeraju
(la Femme Martin au sérail), mélodrame co-
mique en deux actes, 1812. A" Ruyni Babi-
lonu (les Ruines de Babylonè), en trois actes.
5» Szarlatan (le Charlatan), jopéra bouffe en
deux actes, 1814. 6» Laska Imperatora (la
Faveur de l'empereur), en trois actes, 1814.
7" Jadwiya (Edwige), opéra qui obtint un
grand succès, 1814.8" Jgartia paszczy (Agar
dans le désert), scène lyrique, 1814.
9'' Jlexander i appelles (Alexandre chez
Apelles), en un acte, 1815). 10° Obleszenia
Gdanska (le Siège de Danlzick), 1815.
11" Nadgrada (la Récompense), 1815.
12" Mala Szkula Ojcôw (le Mauvais Exemple
du père), en un acte, 1816. 13" IVowe Krako-
wiaki (les Cracoviens), en deux actes. 1816.
14" Dziadek, en un acte, 1816. 15» £ro i
Leander (lléro et Leandre) , scène lyrique,
181G. 10" Jan Kochanowski (Jean Kocha-
novvski), en deux actes, 1817. 17" Batcrya o
iednym 'zolniezu (Batterie servie par un seul
soldat), 1817. 18" Czaromysl, en trois actes,
1818. 19" Zamek na Czorstynie (le Château
de Czorstyn), 1819. 20"Ze forestier^ en deux
144
KURPINSKI - KURZINGER
actes, 1819. 21° Kalmora , en deux actes,
1820. 22» Casimir le Grand, pièce à grand
spectacle. 23» Nasze przebiegi (Nos Trans-
fuges), opéra comique. M'^Cécile de Piascezno,
grand opéra dont la partition a été publiée à
Varsovie. Rurpinski a écrit aussi l'ouverture
et les chœurs de ZbignieWj tragédie, en 1819,
et des ballets : le Bourgeois gentilhomme,
Terpsichore sur la Fistule, Mars et Flore, etc.
Les autres compositions de musique vocale de
cet artiste sont : 1° Messe à quatre voix sur le
texte polonais. 2» Hymne polonaise (Oycze-
nacsz), à trois voix. 3» Messe à quatre voix,
chantée à l'église de Saint-Alexandre par les
élèves du district du Nouveau-Monde (colo-
nie militaire). 4» Messe latine à quatre voix,
exécutée dans l'église des Franciscainsde Var-
sovie.S^Messe sur le texte polonais publiée dans
le Spiewenik de Vahhé Mioduszewski. 6» Messe
villageoise sur un texte de Felinski. 7" Messe à
trois voix (contralto, ténor et basse), avec ac-
compagnement d'orgue, trompettes, trombones
et timbales, composée pour la confrérie litté-
raire. 8° Recueil de chants religieux, publiée
à Varsovie, chez Rlubowski. 9» Un grand
nombre de cantates et pièces pour les fêtes of-
ficielles et anniversaires. 10" Elégie sur la
mort de Kosciusko . 11» Cantate pour l'inaugu-
tion de la statue de Kopernick, exécutée à Var-
sovie, le 11 mai 1830, à quatre voix et orches-
tre. 12» Te Deum pour le sacre de l'empereur
Nicolas, à quatre voix, chœur et orchestre,
exécuté en 1829, dans la cathédrale de Varso-
vie, sous la direction de l'auteur. 15° Cantate
pour la fête de l'empereur, en 1857. La mu-
sique instrumentale de Kurpinski n'est pas
toute connue ; on en a publié à Leipsick, chez
Breitkopf et Haertel : Symphonie à grand or-
chestre, op. 15; fantaisie pour piano, op. 8;
fantaisie idem, op. 10 5 fugue pour piano avec
hilroduction ; collection de quatorze polonaises
pour piano, op. 11; trois polonaises idem,
op. 4. On a publié à Varsovie, chez Brzczina :
Polonaise à grand orchestre; Nocturne pour
cor, alto et basson, op. \6 ; Paijsage musical,
pot-pourri pour cor, basson et quatuor d'in-
struments à cordes, op. 18; thème varié pour
piano. Les ouvertures de Kalmora, de la
Femme Martin, de la Reine Hedwige et des
Ruines de Babylone ontéfé publiées à Leip-
sick, chez Breitkopf et Haertel.
Les œuvres de littérature musicale pro-
duites par l'activité infatigable de Kurpinski
sont celles-ci: JFyUlad systematyczny zasad
Musyki na Klawikord (Exposé systématique
de la musique pour le piano), Varsovie, Rlu-
bowski, 1819; Zasady ffarmonii {Vr'mc'ipes
d'harmonie), ibid.,\S2\; Tygodnikmusyczny
(Journal hebdomadaire de musique), ibid.,
1820-1821, trois volumes; Coup d'ceil sur
l'opéra en Pologne, inséré dans les Annales
de la Société des Jmis des sciences (dont
Kurpinski était membre), 21™« volume.
KUllZ (Jean), organiste et directeur de
musique à Calw, dans le Wurtemberg, vers la
fin du dix septième siècle et au commencement
du dix-huitième, est auteur d'un écrit qui a
pour titre : Neue erfundene Harfe , so
durch ein Klavier, gleich einem Spinet zu
schlagen (Harpe d'une invention nouvelle,
qui se joue au moyen d'un clavier, à la ma-
nière d'une épinette), Tubingen, 1681. C'est
l'idée d'un instrument que Dietz (voyez ce
nom) a réalisé environ cent trente ans plus
tard. Mattheson parle aussi, dans son Parfait
maître de chapelle, d'un autre ouvrage de
Kurz intitulé : Classis prima musices. Il ne
paraît pas que ce livre ait été imprimé.
KURZIIVGEIl (Ignace-François-Xavier),
musicien au service de la petite cour de Mer-
gentheim ou Marienthal, dans le Wurtemberg,
vécut vers le milieu du dix-huitième siècle. Il
a publiée Augsbourg, en 1758, une collection
de symphonies intitulée : David et ^pollo,
iste profanus Parnassi, ille sacer Cœli uter-
que rex et jubilaris archiphonascus chori,
sive FlIIsymphonis solemnioresseu brèves,
tam pro ecclesia quam aula compositx ,
op. 1. On a aussi du même artiste une in-
struction pour le chant figuré et le violon,
imprimée à Augsbourg, chez Lotter, en 1763,
95 pages in-4''.
KU11ZI]\GER (Pacl), fils du précédent,
né à Wttrzbourg vers 1760, fut destiné par
son père à la jurisprudence et suivit des
cours dans les universités de la Bavière. Mais
pendant qu'il était occupé de ses études, il
reçut aussi une éducation musicale d'artiste;
bientôt le goût de l'art devint en lui si pro-
noncé, qu'il prit la résolution de renoncer au
barreau. Il se rendit à Munich et entra dans
la chapelle de l'électeur. En peu de temps, ses
progrès le conduisirent à écrire un petit opéra
{la Comtesse) qui obtint du succès sur le
Théâtre électoral. Il voulut ensuite retourner
à WUrzbourg; mais il n'y trouva pas de posi-
tion convenable, et dut quitter cette ville pour
aller à Ratisbonne, où il obtint une situation
honorable dans la chapelle du prince de la
Tour et Taxis. Le prince, satisfait de ses
talents, lui confia la composition delà musique
qui devait être exécutée aux fêtes prenarécs
KURZINGER - KUTZING
145
pour l'arrivée de l'empereur Joseph II à Ra-
t<sbonne. Ce qu'il écrivit à celte occasion jus-
tifia complètement le choix qu'on avait fait de
lui; l'empereur lui-même fut si satisfait de
cette musique, qu'il engagea l'auteur à se
rendre à Vienue, lui promettant une place
•lans sa chapelle. Kurringer se rendit à cette
invitation, et fut bien accueilli à la cour. Il
vivait encore à Vienne en 1807, et y était di-
recteur de musique dans une maison d'éduca-
tion. On connaît de lui plusieurs bons mor-
ceaux de musique d'église : La Comtesse,
opéra-comique représenté à Munich en 177ô;
l'Illumination, idem, à Vienne, en 1792;
Robert et Calixte, dans la même ville, en
1794. Il a fait aussi imprimer : Six chansons
allemandes avec accompagnement de piano,.
Vienne, Rurzbeck, 1789, et douze chansons
allemandes pour le piano, Vienne et Darm-
sladt, \7'J-2.
KUItZWEIL (....), compositeur de mu-
sique instrumentale, parait avoir vécu à Vienne
veis la tin du dix-huitième siècle. On connaît
sous son nom, en manuscrit : 1° Symphonie à
grand orchestre. 2" Symphonie concertante
l)onr violon et clarinette, avec orchestre,
ô" Concerto pour violon. 4" Concerto pour
allô. 5° Concerto pour violoncelle. G» Trio
pour clarinette, alto et basson. Rurzweii vivait
encore en 180G.
KIJSÏER (Hermanîi), directeur de musi-
que et organiste du Dom à Berlin (1861), a fait
ses éludes de composition dans la section de
musique de l'Académie royale (fes beaux-arts
(le celte ville, sous la direction de Rungen-
liagen. Ses premières productions furent pu-
bliées en 1840 et 1841 ; elles consistent parti-
culièrement en chants pour qualre voix
d'hommes. En 1845, il fit exécuter à l'Acadé-
mie de chant l'ouverture et la première scène
d'un pelil opéra de sa composition intitulé :
la Double Noce (die Doppelhochzeil), et, dans
la même année, il publia quarante-huit fugues
pour l'orgue, op. 4, à l'usage des organistes
de petites villes et de la campagne, Berlin,
C. Paez. Appelé à Saarbruck, deux ans après,
en qualité de directeur d'une société de chant,
il y resta environ deux ans et s'y occupa spé-
cialement de la composition. Au mois de no-
vembre 1844, il fit exécuter à l'Académie de
chant de Berlin, sous sa direction, un oratorio
dramatique intitulé : Die Erscheinung des
Kreuzes (l'Apparition de la croix) ; cet ouvrage
itroduisit une vive impression sur l'assemblée.
M. KtLslcr a été appelé à remplir la place va-
cante d'organiste du Dom de Berlin, en 1852.
Postérieurement, il a fait entendre divers ou-
vrages importants de sa composition, parmi
lesquels on distingue l'oratorio intitulé : Die
ewige Heimath (la Patrie éternelle), dont la
partition réduite pour le piano a été publiée à
Neu-Ruppin, chez Rodolphe Petrenz. La Ga-
zette de Spener, du 14 juillet 1861, a rendu
un compte avantageux de cet ouvrage. On
connaît aussi du mêmecompositeurdes Lieder
distingués pour contralto, op. 8, Mayence,
Schott, et les psaumes 40, 07, 100 et 149,
pour un chœur d'hommes à quatre voix; Neu-
Ruppin, Rodolphe Petrenz.
KUTSCHER (G.-F.), professeur de musi-
que et pianiste à Ralisbonne, actuellement
vivant (1862), a publié une méthode élémen-
taire de piano, avec des exercices faciles, sous
ce titre : Der Anfxngerim Clavierspiel, Ra-
tisbourg, Reitmayer.
KUTTj\OHOI\SKY(Jean-Népomucène),
directeur du chœur au château de Prague et
dans l'église de Saint-Benoît, est né en cette
ville vers 17-30. Sen père, bon musicien de
l'église métropolitaine, lui enseigna la musi-
que. Kuttnohorsky entra d'abord en qualité de
ténor à l'église cathédrale et à celle de Sainte-
Marie-des-Victoires, puis il obtint la place de
directeurci-dessus indiquée. Parmi ses compo-
sitions, qui sont restées en manuscrit, on cite
deux messes et huit symphonies qui sont
estimées en Bohême. Kuttnohorsky est mort à
Prague en 1781.
KLÏZIISG (Charles), d'abord facteur
d'instruments à Coire (Suisse), s'est établi à
Berne en 1840, et y a transporté ses ateliers.
Il est auteur d'un manuel théorique et prati-
que de la construction des pianos, avec une
indication de toutes les innovations introduites
dans ce genre d'instruments. Cet ouvrage a
liour titre : Theoretisch-praktisches Iland-
buch der Fortepiano-Baukiinst mit Beriich-
sichtigung der neuesten Ferbesserungen,
Bonn et Coire, J.-F.-J. Dalp, 1833, in-8» de
94 pages avec six planches. Klllzing a donné
comme supplément à ce traité un livre qui a
pour titre : Beitrxge zur praktischcnAkustik
(Essais pour l'acoustique pratique), Berne eJ
Coire, Dalp, 1858, in-8'> de 51 pages, avec
deux planches. On a aussi du même facteur
d'instruments un manuel théorique et pratique
de la construction des orgues, sous ce titre :
Theoretisch-praktisches Handbuch der Or-
gelbaukunst , Berne et Coire, Dalp, ]84ô,
in-S" de 137 pages, avec 8 planches.
BJ06H DMIV. DES MUSICIE.NS. T. V.
10
I.
LAAG (Henri)» organiste et facteur de ela-
vccins à Osnabrùck, né à Herford (Westplialie),
le 18 février 1713, remplissait ses fonctions à
l'éijiise de Sainte-Catiierine d'Osnabriick. On a
de lui un livre intitulé : Anfangsgrûnde zum
Clavicrspiden und Generalbass (Éléments
du clavecin et de la basse continue); Osnabrùck,
1774, in^" de 74 pages, lia aussi publié cin-
quante chansons avec accompagnement de cla-
vecin, sous ce titre : lunfzig Lieder mit Meio-
dienfûr Clavier ; Csiss,el, Mil. Cet artiste a
écrit sa propre biographie, qui a été publiée après
sa mort, par un de ses amis, sous ce titre : Le-
bcns-Geschichle Heinrich Laag's, Organisten
an der Katharinen Kirche in Osnabrùck,
von ihm selbst beschreiben und mit eincm
Nachtrage herausgegebcn von eincm seincr
Freunde ( Biographie de Henri Laag , organiste
de l'église Sainte-Catherine à Osnabrùck, écrite
par lui-même, et publiée, avec un appendice, par
un de ses amis); Herford, 1798, in-8° de 248 pa-
ges. L'éditeur de cette autobiographie nous ap-
/)rend que Laag mourut le 30 octobre 1797.
LABADEA'S (....), violoniste à Paris, vers
le milieu du dix-huitième siècle, a publié : Nou-
velle méthode pour le violon ; Paris, Narlerman.
En 1707, Labadens était altaclié à l'orchestre de
l'Opéra; mais il ne faisait plus partie du person-
nel (le cet orchestre en 1802.
LABARRAQUE (Antoine - Germai ),
pharmacien à Paris, est né à Oléron ( Basses-
Pyrénées), le 29 mai 1777. Après avoir servi
quelque temps dans la compagnie de grenadiers
de Latour d'Aovergne , il entra au service des
hôpitaux en qualité de pharmacien , fut charge
en Espagne de la direction de l'hôpital de
Biira, et suivit ensuite des cours à l'école de
1
n>édecine de Montpellier. En 1799, il se rendit à
Paris, où il acheva ses études. Au mois de juîre
1805, il reçut son diplôme de pharmacien, puis
il se livra à divers travaux, qui le conduisirent
à des découvertes utiles ; entre autres celle des
chlorures d'oxyde de chaux et d'oxyde de sonde,
dont on a fait d'importantes applications dans
certaines maladies épidémiques et endémiques,
M. Labarraque est cité ici pour son livre in-
titulé VArtdu boyaudier; Paris, 1822, in-8".
Cet ouvrage se rattache à la musique par la
fabrication des cordes d'instruments.
LABARRE ( Michel DE ) , flûtiste et
compositeur, né à Paris, en 1675, mourut en
celte ville, vers la fin de 1743. On a représenté
à l'Opéra, en 1700, \m ouvrage de sa composi-
tion, intitufé : Le Triomphe des ylr/s, paroles
de Lamotte; la partition de cet ouvrage fut im-
primée dans la même année, à Paris, chez Bal-
hud. Labarre donna aussi, en 1703, un intermède
intitulé -.La Vénitienne. On a du même artiste
quelques œuvres de duos et de trios pour la flûte.
LABARRE (Trille), guitariste , vécut à
Paris vers la fin du dix- huitième siècle. On con-
naît soas son nom : 1* Étrennes de guitare, ou
recueil des plus jolies romances qui ont paru
dans l'année 1787, suivies d'une sonate pour
guitare, avec accompagnement de violon obligé,
op. 2; Paris, Bailleux, 178S. — 2" Nouvelle
méthode pour la guitare à Vusage des per-
sonnes qui veulent V apprendre sans viaitre,
op. 7; Paris, 1793. — 3° Reeueil pour la gui-
tare, oxi, leçons graduelles et faciles, Paris,
1794.
LABARRE (Louis-Julien CASTELS DE)^
né à Paris, le 24 mars 1771, est issu d'une fa-
mille noble de Picardie. Après avoir reçu, dan»
4U
LÂBARRE
147
«a jeunesse, qirelqnes conseils de Violti pour le
•violon, il lit, en 1790, un voyage en Italie. Admis
nu Conservatoire de La Piclà, à Naples, comme
'ôlève, il y apprit le contrepoint sous la direction
■<ie Sala, puis il rentra en France, dans l'armée
1793, et y acheva ses études de composition près
«le Méliul. Après avoir rempli pendant deux ans
les fonctions de premier violon an Tht'dlre de
Molière, il entra à l'Opéra en Pan VII ; mais
aprèsquelques années il quitta cette position pour
im emploi dans la famille de Pempereur Napo-
léon. Dans Tan YI de la république (1798) il a
fait représenter au Théâtre de Molière Les Époux
de seize ons, opéra en un acte, qui n'obtint point
(le succès et ne fut joué que trois fois. Il a pu-
Mié deux recueils de romances avec accompagne-
ment de piano, ime scène d€s Adieux du Cid à
'Chimène , tFois tBuvres de duos de violon , des
"Caprices et des airs variés pour cet instrument.
LABABRE (Tukobor'f.}, compositeur-et iiar-
.piste célèbre, est né à Paris, le 5 mars 1805. Dès
t^on enfance on lui lit étudier la musique «001*06
im délassement 4 car il n'était pas destiné à l'aire
fia profession de c«t art. La harpe fut l'instru-
jnent qu'on Ini mit entre les mains; il notait à^é
<juedesept ans lorsque Coiisineau lui en donna les
•premières leçons, il continua de s'y exercer &ous
la direction de ce maîtrejusqu'en l^U. A cette
<ipoque il devint élève de Bochsa, qui, trouvant
«n lui les plus rares dispositions, lui lit faire de
rapides progrès. Après le départ inopiné de cet
artiste pour l'Angleterre, en 1816, Laiiarre con-
tinua ses études de harpe auprès de Naderman
jusqu'en IStO; mais il n'^en reçut que de rares le-
■^lons. En 1S17, ses parents prirent la résolution
<le faire servir ses talents à sa fortune, et pour
achever son éducation d'artiste, ils le firent en-
trer comm« élève au Conservatoire , où il apprit
auprès deM. Dourlen les éléments de l'harmonie;
puis il devint élève d'iiler, pour le «onlrepoint.
Après la mort de œ maître, il continua ses étu-
■des sous la direction d« l'auteur de cette notice
({en 1821), et ^dans te même temps Boieldieu lui
«nseigna le mécanisme des formes d« la«ompo-
silion idéale. Bien •qu'il ne ftU^gé que de dix-
Iniit ans, Labarre se présenta au concours de
l'Instilut, en 1823, pour le grand prix de compo-
sition musicale. Le sujet du concours était la
cantate de /'yr^Hîe ci Thisbé, composée de plu-
sieurs récitatifs, aifs et duos. Des mélodies d'im
goût élégant, un bon sentiment dramatique, une
liarmonie piquante, distinguaient r<euvre de La-
barre : le second prix lui hit décerné. Nul doute
■qu'il eût obtenu le premier l'année suivante, si
4es succès qu'il trouvait déjà dans son talent sur
ia haipe et dans ses compositions pour cet ins-
trument ne lui avaient fait prendre une autre di-
rectitm.
En 1824, il se rendit en Angleterre, où son
habileté le fit bientôt remarquer. Des couceits
donnés chaque année à Londres; d'autres, dans
des lieux de plaisance, tels que Ratli et lîrigli-
ton ; enlin des voyages en li lande et en l^xosse
étendirent sa réputation, et le placèrent à la tête
des harpistes de la Grande-Bretagne. Dans les
intervalles des saisons, il rev-enait en France
chaque année, et après avoir donné des concerts
à Boulogne ou dans d'aatres viltes, il allait pas-
ser quelques mois à l*aris. Dans un de ses voya-
ges, il visita la Suisse; dansun autre, il se rendit
à Naples, où il «xcila autant de surprise que
d"'admiration , au théâtre de Saint-Charles. La
harpe entre ses mains avait acquis une impor-
tance plus grande, nn caractère phis élevé, une
variété d'effets, enlin ime énergie qu'elle n'avait
point auparavant. Sa musique pour cet instru-
ment avait paru d'abord trop difficile : peu d'a-
mateurs et même d'artistes étaient assez habiles
pour la jower; ce défaut relatif nuisit à son suc-
cès dans les premiers temps. Quelques jeunes
gens formés -à son école, tels que MM. Léon Ga-
tayes et Godefrey, la popularisèrent enfin; il est
peu de harpistes aujourd'hui qui ne la recher-
chent.
Des romances •charmantes, qui ont obtenu des
succès ■de vogire, avaient commencé la réputation
de Labarre pour la musique vocale ; ses amis ne
doutaient pas <]ue s'il essayait son talent à la
scène, il n'y réussît à merveille ; i«ais il était
difficile de trouver un poème f-avorable à son
talent. Malheureusement il crut l'avoir rencontré
dans Zes deux Familles, drame en trois actes
dont il composa la musique, et qui fut représenté
le It janvier 1831 au théâtre Ventadour. Cette
pièce ne réussit pas, et la musique, qui subit
toujours en France le sort du livret, fut entraî-
née dans sa chute. Considéré sous le rapport de
l'art, cet ouvrage n'avait pas réalisé les espéran-
ces des amis de Labarre, On y trouvait de jo-
lies mélodies, des détails pleins de goût, mais
non la liardiesse de pensée qu'on attendait du
jeune compositeur. Je ne puis rien diie de L'As-
pirant de marine, opéra-comique en deux ac-
tes, joué au théâtre de la Bourse (mai 1834),
n'ayant point entendu cet ouvrage. La Bévolle
au Sèraii^ ballet en trois actes, joué à l'Opéra
dans le mois <le décembre 18^3, fut écrit avec
beaucoup de rapidité; néanmoins on y trouve des
morceaux d'un très-bon effet.
Après un séjour de quelques années à Paris,
Labarre retourna à Londres. Il s'y livra avec suc-
cès à l'enseignaient. En 1837, il devint J'e-
10,
143
LA BARRE — LABAT
poux de M'ie Lambert, jeune et jolie cantatrice
qui possédait un talent plein de grâce et d'ex-
pression. Il vécut alors pendant quelque temps
à Paris. Après que Girard eut quitté la direction
de l'orchestre de l'Opéra-Comique pour passer
à l'Opéra, Labarre lui succéda dans cette position,
en 1847. Le 9 août 1845, il avait fait pour ce
théâtre Le Ménétrier, ou les deux Duchesses,
opéra en trois actes, dont la musique, bien écrite
et bien instrumentée, renfermait des mor-
ceaux pleins de mélodie et de distinction ; mais
la faiblesse du livret en empêcha le succès. En
1849, Labarre quitta la direction de l'orchestre
de rOpéra-Comique. En 1851 il était à Londres;
niais après le coup d'État du mois de décembre
de la même année qui fit succéder l'empire à la
république en France, il revint à Paris et obtint
la direction de la musique particulière de l'em-
pereur Napoléon IIL Au mois de novembre 1853,
il a fait jouer à l'Opéra Jovita ou les Bouca-
niers, ballet en trois tableaux, et au mois de
janvier 1855 il a donné au même théâtre La
Fond, ballet en six tableaux. Cet artiste a pu-
blié environ cent œuvres de musique de harpe,
parmi lesquels on remarque : 1° Trios pour
harpe, cor et basson, op. 6; Paris, Pacini. —
2" Duos pour harpe et piano, œuvres, 3, 5, 9,
ibid.; œuvres 43,47,48, 49, 59, 54, Paris, Trou-
penas. — 3" Duos pour harpe et violon (avec
de Bériot), sur divers motifs des opéras d'Aii-
ber, de Rossini et d'autres compositeurs ; ibid. —
— 4° Duos pour harpe et cor, n^^ 1,2, 3; Paris,
Naderman; — 5*^ Nocturnes id., nos \^ 2, 3; Paris,
Pacini. — 6° Duo pour harpe et hautbois (Sou-
venirs de la Dame blanche), Paris , Janet. —
1° Solos, fantaisies, rondeaux, etc , pour la
harpe, op. 8, 10, 11, 12; Paris, Pacini; op. 25,
26, 29, 30, 31, 32, 33, 34, 35, 36, 39, 40, 44, 46,
50, 51, 56, 60, 63, 66, 70, 72, 73, 75, 77, 82,
Paris, Troupenas; op, 90, 91, 92, 93; Paris, De
Laliante. Parmi les plus jolies romances de La-
barre, on cite : Le Contrebandier, la jeune Fille
aux yeux noirs , La pauvre Négresse, La
jeune Fille d'Olaïii, Méphistophélès, La Tar-
tane, Cora ou la Vierge du Soleil. lien a pu-
blié plusieurs recueils en albums. Enfin, on a
de lui une Méthode complète pour la harpe,
ouvrage excellent en son genre, et aussi remar-
quable par le plan que par l'exécution.
LABAT (Jean-Baptiste), organiste de la
cathédrale de Montauban, est né le 17 juin
1802, à Verdun ( Tarn-et-Garonne ), où son père
était marchand de grains. Il reçut d'abord des le-
çons de plainchant, et fut employé dès l'âge de
huit ans comme enfant de chœur. A neuf ans il
commença l'étude du solfège pendant qu'il fré-
quentait l'école d'im bon instituteur pour les lan-
gues française et latine. Ses progrès dans la mu-
sique furent rapides. En 1817, son père l'envoya
à Toulouse pour y continuer l'étude de cet art;
il y r(>çut les leçons de Jacques Causse, habile
organiste de la cathédrale, qui lui enseigna pen-
dant quatre ans l'orgue et l'harmonie. En 1821
M. Labat accepta la place d'organiste de l'église
de Verdun , devenue vacante. Pendant les six
années qu'il conserva cette position il perfec-
tionna et compléta ses connaissances dans la lit-
térature et dans les sciences. En 1827, il se ren-
dit à Paris, et fut admis au Conservatoire, comme
élève de M. Benoist pour l'orgue, et de l'auteur
de cette notice pour la composition ; mais appelé à
Montauban, au mois de septembre de l'année
suivante, pour y occuper les places d'organiste
et de maître de chapelle, il dut quitter cette école.
La maîtrise de la cathédrale ayant été supprimée
en 1833, M. Labat ne conserva que la place
d'organiste. Ne vo\dant pas toutefois voir cesser
le progrès à Montauban , dans la culture de la
musique, il fonda et dirigea une société philhar-
monique pour l'exécution des œuvres classiques,
et ouvrit un cours d'harmonie, dans lequel il a
formé de bons élèves. On a de cet artiste un
livre qui a pour titre : Études philosophi-
ques et morales sur l'histoire de la mu-
sique , ou recherches analytiques sur les
éléments constitutifs de cet art à toutes
les époques, sur la signification de ses trans-
formations, avec la biographie des auteurs
qui ont concouru à ses progrès ; Paris , Tecli-
ner, et Montauban, Forestier, 1852, 2 vol.
in-8''. Cet ouvrage est bien écrit, mais on y
trouve beaucoup d'emprunts faits aux écrivains
modernes sur la musique , particulièrement à
l'auteur de la Biographie universelle des mu-
siciens.
Les autres productions littéraires de M. Labat
en ce qui concerne la musique, et dont plusieurs
ont paru dans les Mémoires des Académies de
Bordeaux et de Toulouse, sont des études sur La
mue de la voix; sur le Stabat de Bossini ; sur
les Noéls; sur sainte Cécile; sur l'histoire de
l'orgue; sur les Concerts; sur les chants de
la chapelle Sixtine; sur le faux-bourdon;
sur les nombres appliqués à la science musi-
cale; sur les notations musicales du moijen
âge, travail couronné par l'académie de Tou-
louse ; sur Vesthétiquedcs huit modes du plain-
chant; Biographie de J.-R. Reij (dans le BiO'
graphe de Tarnet-Garonne); Biographie de
Donizetti (dans la Bévue de Toulouse). Les
principales compositions de M. Labat, dont plu-
sieurs ont été publiées, sont : T Une Messe so-
LABAT — LABLACHE
149
lennelle, avec orchestre, — 2" Deux messes brèves
avec orgue. — 3° Oralorio de Noël, avec orcliestre.
— '1° Le Siège de Montauban, owvcrlurea ^rand
orchestre. — 5" Grand Magnificat. — G" Grand
opéra en deuxactes (inédit). — 1° La Sibylle, ora-
torio. — 8" Recueil de fugues pour l'orgue. — 9" Re-
cueil de motels à la sainte Vierge. — 10° Recueil de
motels et d'adorations au saint Sacrement. —
1 1° Recueil de cantiques à voix égales. — 12° Re-
cueil de cantates pour des distributions de prix. —
13" Deux antiennes à la Palestrina, à six voix.
— 14° Leçons d'iiarmonie d'après le système de
M. Fétis. — 15° Leçons de contrepoint d'après
le môme auteur. — 16° Plusieurs composi-
tions pour le piano. — 17° Plusieurs romances
et morceaux de chant avec piano. M. Labat est
membre de l'Académie impériale des sciences de
Toulouse , de l'Académie impériale des sciences
de Bordeaux , et de la société des sciences de
Tarn-et-Garonne, auxquelles il fournit régulière-
ment des mémoires.
LABBÉ( Robert), musicien français, vécut
à la lin du quatorzième siècle et dans le com-
mencemfnt,du quinzième. Suivant les registres
de l'église métropolitaine de Rouen , il fut
nommé organiste de cette cathédrale en 1386, et
fiitconséquemment contemporain de Tagiapeitra
( ou plutôt, vraisemblablement, Tagliapietra) ,
sixième organiste de la chapelle ducale de Saint-
Marc, à Venise. Labbé occupa cette place jus-
qu'en 1419, et la quitta alors pour celle de maître
de chapelle de la même église. Au mois de mai
1423, il cessa temporairement ses fonctions,
sans doute pour cause de santé , car il les re-
prit au mois d'octobre de la même année; puis
on le voit remplacé de nouveau par deux sous-
maîtres nommés Nicolas Decan et Jean Des-
quesnes, en 1425. Labbé rentra pour la troi-
sième fois, en 1431, avec Jean Desquesnes
pour second maître; mais sans doute il mourut
en 1433, car il disparaît alors des états, et c'est
un ancien enfant de chœur de Rouen, nommé
Jean d' Eudemare , devenu chanoine et maître
es arts, qui est alors son successeur. Quoiqu'on ne
connaisse rien jusqu'à ce jour des productions de
Labbé, son nom, comme ceux de tous les artistes
«les premiers temps de l'art régulier, a de l'in-
térêt pour l'histoire.
LABBÉ. Voyez ABBÉ ( Joseph-Barnabé
SAlNT-SÉVINdit L').
LABITZKI ( Joseph ) , ou LABITZKY,
«ompositeur de musique de danse qui a eu beau-
coup de vogue en Allemagne, est né le 4 juillet
1802 à Schœnfeld , petite ville située dans les
montagnes de la Bohême, près d'Eger. Un an
après sa naissance, ses parents allèrent s'établir
à Petsehau. Son père, grand amateur de mu-
sique, le confia aux soins de Charles Veil,
maître d'école et directeur du chœur, qui lui en-
seigna léchant , le piano et le violon. Un peu plu.'!
tard , Labitzki apprit à jouer de la flûte et s'ins-
truisit dans les éléments de Tliarmonie. A l'Age
de douze ans il perdit ses parents, et fut obligé
de pourvoir à son existence. C'est à cet âge qu'il
essaya ses forces dans de petites compositions.
En 1820, il fut engagé comme violoniste pour
la saison d'été à l'orchestre de Marienbad. Dans
l'hiver de 1822-1823 il fil son premier voyage
comme artiste, et visita Ratisbonne, Nuremberg,
Augsbourg et Munich. Ce fut dans celte der-
nière ville qu'il fit exécuter ses premiers ouvrages
de musique de danse, en 1824 et 1825. Il y re-
tourna dans les années 1827 et 1828, et y olUint
de brillants succès. Dans les intervalles, il alla
plusieurs fois à Vienne jusqu'en 1835 : sa musique
y partagea la vogue de celle de Strauss et de-
Lanner. Il faisait aussi de temps en temps des
excursions en Allemagne et à l'étranger : c'est
ainsi qu'il visita Stuttgard et Varsovie. Il .se
trouvait dans cette dernière ville en 1830 lorsque
la révolution y éclata. En 1835, Labitzki
prit la direction de l'orchestre des fêtes et bals
de Carlshad, et s'établit en ce lieu avec sa fa-
mille. Depuis lors il a fait quelques voyages avec
son orchestre, et partout il a obtenu de brillants
succès. En 1839 il était à Pétersbourg, et
en 1850 à Londres. De ses onze enfants, trois
se sont livrés à l'étude de la musique : les deux
premiers, Wilhelm et Auguste, ont fait leur
éducation musicale comme violonistes au Con-
servatoire de Prague , puis à Leipsick. Depuis
lors Wilhelm s'est fixé à Toronto , dans la partie
anglaise du Canada, et Auguste est un des vio-
lonistes de l'orchestre de son père , à Carlsbad.
M"e Tony Labitzki a étudié l'art du chant
chez Mnie Marchesi-Graumann , à Vienne. Elle
a été engagée comme cantatrice au théâtre de
Francfort, en 1858. Le nombre de quadrilles,
de contredanses, de valses, de galops , de po-
lonaises et de mazourkps pour orchestre et pour
piano publiés par Labitzki, à Leipsick, chez
Hofmeister, à Munich , chez Aibl, et surtout à
Prague, chez Berra, est immense. Cette musique
a , en général , les caractères de l'originalité et
de la verve. Labitzki est un bon artiste, qui
cultive aussi l'art sérieux : il a écrit des qua-
tuors de violon restés en manuscrit, et a coni-
l)osé aussi des concertos , des divertissements et
des thèmes variés pour le violon, la flûte, la
clarinette et le cor.
LABLACHE (Louis), acteur et chanteur
célèbre du théâtre italien, est né à Naples, le
Î50
LABLACHE
6 décembre I79'4. Son père, Nicolas Lablaclie,
avait été négociant à Marseille , et s'était fixé à
Napies en 1791 ; il fut une des victimes des per-
sécutions exeicces contre les Français en 1799.
Plus tard, Joseph Napoléon prit des mesures
pour améliorer la situation de ceux qiiii avaient
été maltraités dans ces circonstances, et le
jeune Lablaclie Cul placé comme élève au Con-
servatoire de La PicHi de' yM/r/inii^ à Naples.
Il était âgé de douze ans lorsqu'il y l'ut admis.
Gentilli lui enseigna les éléments de la musique
et Valesi lui donna des leçons de chant. On lui
lit aussi commencer l'étude du violon et du vio-
loncelle; mais il paraissait avoir peu de goût
et de disposition pour la musique; il était négli-
gent dans son travail , et n'était pas cité parmi
ses condisciples pour la régularité de sa con-
duite. Un incident bizarre vint tout à coup
Caire connaître son aptitude , qui ne s'était pas
uévélée jusque-là. Un de ses can>arades devait
jouer, dans une certaine occasion , une partie
sur la contrebasse ; ce jeime homme tomba ma-
lade trois jours avant le concert. Lablaclie
n'avait jamais touché de contrebasse; néan-
moins il offrit de remptacer son condisciple, et
trois jours lui suffirent pour se mettre en état
de bien exéculer sa partie. Son succès n'aug-
menta pas son penchant pour les instruments :
il ne se sentait de vocation que pour la scène.
Sa voix juvénile était un beau contralto i il en
hâta la ruine , au moment où la mue allait se
déclarer, en chantant les solos du Requiem de
Mozart à l'occasion de la mort de Haydn,
en 1809. Il était alors âgé de quinze ans i ses
efforts pour soutenir sa partie jusqu'à la fin de
l'exécution de l'ouvrage eurent pour effet de
le mettre dans l'impossibilité de faire entendre
un son après la fugue finale. Ses maîtres crai-
gnaient la perte totale de son organe vocal;
mais peu de mois après, cet organe se trans-
forma en une voix de basse magnifique de deux
octaves d'étendue {mi bémol grave à mi bémol
aigu), dont la puissance augmenta d'année en
année jusqu'à l'âge de vingt ans. Supportant
avec impatience le régime sévère des études
et de la discipline du Conservatoire , Lablaclie
aspirait à s'en affranchir. Cinq fois il s'enfuit du
Conservatoire pour prendre un engagement dans
les petits théâtres de la etpitale. C'est à la suite
•le ces escapades qu'une ordoimance royale dé-
fendit aux directeurs de spectacle d'engager un
élève du Conservatoire sans autorisation S|ié-
eiale, sous peine d'une amende de deux mille
ducats, et de la clôture du théâtre pendant
quinze jours.
Devenu libre enfin , après avoir achevé péni-
blement ses études,.LabIaclie fut engagé en 1812
au théâtre San-Carlino , à Naples, comme
, buffo napoletano, quoiqu'il ne fût âgé que de
dix-huit ans. Peu de mois après, il devint l'é-
poux de !a fille du célèbre acteur Pinotti. Cette
union eut d'heureux résultats pour l'artiste,,
car sa femme sut exciter soii émulation , et luf
faire recommencer avec soin ses études vocales,
lille le fit aussi renoncer au patois napolitain ,
seule langue qu'il eût parlé jusqu'alors, et con-
tracter Hiabitude de s'exprimer dans le pur
idiome italien. L'ouvrage dans lequel il avait dé-
buté au théâtre San-Carlino était fM MoUnara
de Fioravanti. L'année suivante il se rendit à
Messine pour y remplir le même emploi ; mais
il ne tarda point s le quitter pour celui de pre-
mière basse chantante qu'il alla tenir au théâtre
de Palerme. Il y débata dans l'opéra de Pavesi ,
Sey Marc-ArdoiMO , et le succès qu'il y obtint
le décida à rester en cette ville pendant près de
cinq ans. Bien qu'éloigné d» centre de l'Italie ,.
ri n'y était point inconnu. Insensiblement sa ré-
putation s'étendit r et l'administration du théâtre
de La Scala, de Milan, l'engagea en 1817. Il
chanta le rôle de Dandini dans la Generenlola
de Rossini, et y fut applaudi avec transport.
Son jeu et son chant obtenaient les éloges de
tous les diletianti; mais sa mauvaise prononcia-
tion était l'objet de beaucoup de critiques. Ce
ne fat pas sans peine qu'il parvint à eu corriger
les défauts; mais sa ferme volonté parvint à
surmonter tous les obstacles, et plus tard il
se fit admirer par la pureté , par l'élégance de
son articulation. Mercadante écrivit ensuite
pour lui Elisa e Ciaudio. Dès ce moment
son nom se répandit dans toute l'Europe. De
Milan, il alla à Turin où il joua Uberto,
dans l'Agnese de Paer, avec im succès d'en-
thousiasme. Après avoir paru sur quelques
théâtres, il revint à Milan en 1822 , puis alla k
Venise, et enfin à Vienne en 1824. Là il éclipsa
tous les artistes qui l'entouraient par la beauté de
sa voix , son intelligence profonde et la vérité de
son jeu. Dans leur admiration pour un artiste si
remarquable, les habitants de Vienne firent
frapper en son honneur ime médaille avec cette
inscription : Actione Koscio , Joppe canlu ,.
comparandus uirique, lauro conserta , am-
bobus major j Viennx, 1825.
Après le congrès de Laybach, Lablaclie obtint
à Vienne une audience du roi de Naples , Ferdi-
nand P'', qui l'accueillit avec bonté, le nomma
chanteur de sa chapelle, et lui lit donner un en-
gagement pour le grand théâtre de Saint-Charles.
Après une absence de près de douze aimées,
l'iirtiste retourna à Naples, grandi par ses études^
LABLACIIE — LABORDE
l.')t
et SCS succès. Admirable dans le rôle d^Assur,
de la Scmiramide de Rossini , il y produisit la
plus vive sensatioii. Deux ans plus tard il joua
à Parme, dans la Zaira de Bol 11 ni , dont le
talent était à son aurore. Arrivé à Paris dans la
saison de 1830, il y débuta le 4 novembre, et s'y
fit admirer comme acteur par le talent llexible
qu'il déployait dani le style bouffe et dans le
sérieux , et comme clianteur par la puissance
incomparable de son organe, par la verve de
son exécution , et par la perfection de son intel-
ligence musicale. Véritablement grand comédien
dans le Gcronimo du Mairimonio segrcto ,
et dans le Podesta de la Gazza Ladra , excel-
lente caricature dans La Prova d'un opéra
séria, dans le Dandini et dans le baron de
Moiitefiascone de Cencrenfola, il faisait preuve
d'une rare énergie dramatique et d'une infelli-
çence parfaite dans Henri VIII tVAtma Bolcna,
dans i\orma , endn dans tous les rôles du
genre sérieux. Sa belle et noble lêle, sa baute
stature, qui affaiblissait les inconv<^nients de
son embonpoint, les qualités de son esprit,
son instruction variée , ses connaissances éten-
dues dans la musique, enfin ses babitudes d'un
monde distingué, composaient dans sa (ler-
soime et dans son talent l'ensemble le plus sa-
tisfaisant qu'on puisse rencontrer dans l'emploi
qu'il remplissait à la scène. D'ailleurs , bomme
«stimable et d'une exacte probité dans ses rela-
tions sociales , il n'était pas moins considéré
dans la vie privée qu'admiré sur la scène. Après
avoir brillé à Paris pendant les années 1830,
1831, 1832 et 1833, il retourna à Naples à
l'aulomne de 1833, et y joua avec un prodigieux
succès VElisire d'amore et Don Pasquale ,
de Donizelti. De retour à Paris, vers la lin
de 1834 , il y brilla depuis ce temps cbaque
biver, allant ensuite en Angleterre, au mois
d'avril, et s'y faisant entendre au théâtre italien
de Londres, ainsi que dans les festivals musi-
caux des grandes villes de province. Cbarmée
des qualités précieuses du talent de cet excel-
lent artiste, la reine Victoria le faisait souvent
jqipeler pour des soirées intimes de musique ;
elle voulut qu'il lui dormât des leçons de cbant.
Au commencement de 1852, Lablacbe reçut un
engagement pour le tbéàtre impérial de Saint-
Pétersbourg : ses succès dans cette grande ville
ue furent pas moins brillants qu'à Paris, à Lon-
dres, à Vienne et à Naples. Il avait acquis une
agréable maison de campagne à Maisons-Laffitte,
et y^ goûtait avec délices les rares moments de
repos que lui laissaient les travaux du théâtre.
Kn 1856, sa santé commença à s'altérer, et au
printemps de l'année suivante il fut obligé d'aller
chercher du soulagement aux eaux de Kin-
singen, en Bavière. L'empereur de Russie,
Alexandre II, qui s'y trouvait, nomma Lablache
chanteur de sa chambre et lui fit remettre une
belle médaille d'or à l'efligie de ce prince, avec
le cordon de l'ordre de Saint-André. Lorsfjue
l'artiste, frappé de l'idée de sa fin prochaine,
reçut ces présents , il dit avec l'accent de la tris-
tesse : Cela servira à décorer mon cercueil.
De retour dans sa propriété de Maisons, il y
passa quelques jours du mois d'août , et en partit
le 18 pour aller essayer de l'influence de l'air nat.d
dans sa villa du Pausilippe; mais au lieu d'y
trouver l'amélioration qu'il avait espérée pour
sa santé, l'air trop vif de la mer l'obligea à s'en
éloigner pour rentrer à Naples. Le mal faisait
chaque jour de nouveaux progrès : Lablache com-
prit que tout était fini pour lui, et demanda les
secours de la religion. Ils lui furent administrés
par un de ses anciens camarades de théâtre,
qui était entré dans l'ordre des Dominicains.
L'artiste célèbre expira le 23 janvier 1858. Son
corps fut rapporté à Paris et inhumé à Mai-
sons-Laffitte. Lablache avait deux sœurs : L';iîn('e
devint marquise de Braida , l'autre fut abbesse
de Sessa. De ses nombreux enfants , l'aîné des
fils suivit la carrière du théâtre, et fut cbanleur
et acteur médiocre : le plus jeune, ancien élève
de l'École polytechnique, est devenu officier dans
l'arnjée française. Une des filles du grand chan-
teur est femme du célèbre pianiste Thalberg. On
a de h&hVàcheuna Méthode de chant publiée à
Paris, chez M'oe V^ Canaux. Cet ouvrage ne ré-
pond pas à ce qu'on pouvait attendre de l'habi-
leté et de l'expérience de l'auteur.
LABORDE (Jean-Baptiste), Voy. BORDE
(LA).
LABORDE (Jean-Benjamin DE). Voy. BOR-
DE (DE LA).
LABORDE (Le comte Alexandre-Louis-Jo-
SEPH DE), né à Paris, le 15 septembre 1774, a
été successivement auditeur au conseil d'Élat
(en 1808), maître des requêtes (en 1810), admi-
nistrateur des ponts et chaussées du département
de la Seine (en 1811), adjudant-major de la
garde nationale (en 1814), maître des requêtes
en service ordinaire (en 1816), puis (1838) mem-
bre de la Chambre des députés, aide de camp du
roi , de l'Institut de France (Académie des ins-
criptions et belles-lettres), et de plusieurs autres
sociétés savantes. Après avoir fait ses études au
collège de Juilly, il suivit ses parents dans l'émi-
gration , et servit en Allemagne dans les dragons
de Kinsky. Rentré en France après le traité de
Campo-Formio, il se livra à la culture des lettres
et des arts, fit des voyages en Italie et en Espa
152
L ABORDE — LACÉPÈDE
gne, et publia le résullat de ses recherches dans
lies ouvrages de hixe, dont l'examen n'est pas
l'objet de cette biographie. Il n'est cité ici que
pour une Lettre à madame de Genlis, sur les
sons harmoniques de la harpe; Paris, 1806,
in-12. L'auteur de celte brochure prétend que
les sons harmoniques tirés de la har[>e par M. Ca-
simir Becker, élève de madame de Genlis, sont
un effet renouvelé de la musique des Grecs, et
que ceux-ci suppléaient par ce moyen à l'insuf-
lisance du nombre des cordes de ia lyre. Cette
thèse ne peut soutenir un examen sérieux.
LACASSAGAE ( L'abbé Joseph DE). Voy.
CASSAGNE (DE LA).
LACEI\Y (OuDART DE), poète et musicien
du treizième siècle, vivait eii 1260. Les manus-
crits de la Bibliothèque impériale nous ont con-
servé trois chansons notées de sa composition.
LACÉPÈDE (Le comte Beknard-Germain-
Etienne LAVILLE OE), né d'une famille noble,
à Agen, le 26 décembre I7J6, lit ses premières
éludes dans celte ville. Les livres de Billion,
qu'on lui mit entre les mains dès son enfance ,
lui inspirèrent un goût passionné pour l'histoire
naturelle. Il partagea son temps entre l'élude de
cette science et celle de la musique , qui avait
aussi pour lui beaucoup d'attrait. Quelques
années d'un travail assidu lui tirent acquérir de
l'habileté sur plusieurs instruments ; puis il se
livra à l'étude de la composition. Avant l'âge de
vingt ans, il était occupé à écrire une musique
nouvelle pour l'opéra A''Armide; mais ayant
appris que Gluck refaisait cet ouvrage, il aban-
donna son travail. Quelques expériences sur l'é-
lectricité l'avaient mis en relation avecBnffon;
il en reçut des encouragement, qui le décidèrent
à se rendre à Paris. Accueilli avec bienveillance
par l'éloquent auteur de Y Histoire naturelle,
il ne fut pas moins bien traité par Gluck, dont il
était admirateur enthousiaste. Les éloges qu'il
en reçut lui persuadèrent qu'il lui serait donné
de marcher sur les traces de l'un et de l'autre,
et lui firent prendre la résolution de se parta-
ger désormais entre l'étude de la musique et
celle de la nature. Ce fut alors qu'il prit des
leçons de Gossec pour le contrepoint et qu'il
suivit les cours de Daubenlon , au Jardin des
Plantes. Le premier fruit de ses travaux dans
la composition fut un opéra d'Omphale. Lacé-
pède attendit deux ans après la mise en scène de
cet ouvrage; enfin le jour de la répétition géné-
rale arriva (en 1771). Tout semblait présager un
beau succès, dit lui-même Lacépède, mais le ca-
price d'une actrice (vraisemblablement M™« Saint-
Huberty) fit suspendre indéfiniment la représen-
tation. 11 n'explique pas ce qui fit naître ce
caprice; mais il assure que cet événement le
dégoûta du théâtre, et qu'il prit la résolution de
ne plus écrire que de la musique instrumentale.
Il parait qu'avant cet événement il avait composé
plusieurs opéras qu'il destinait à succéder à Om-
phale, car dans l'Avanl-Propos de sa Poétique
de la musique ( imprimée en 1785), il dit : « J'i-
« gnore quelle sera la destinée des tragédies lyri-
« ques que j'ai mises en musique , etc. » Il ne
paraît pas que sa résolution ait été inébranlable,
car en 1786 il fit recevoir deux autres opéras
(Scarkderbrg et Alcine) qui n'ont pas été re-
présentés. Beffara, dans ses recherches sur l'Aca-
démie royale de musique, assure que M. de La-
cépède composa aussi les paroles et la musique
d'un grand opéra dont le sujet était pris dans
l'histoire de la Perse, et qu'il en écrivit plusieurs
autres, parmi lesquels il s'en trouvait trois dont
les paroles étaient de Paganel. Tout cela est
resté inédit, et sans doute il n'en est résulté au-
cun dommage pour la gloire de l'auteur, car les
amis du comte de Lacépède ont toujours consi-
déré ses prétentions à la composition comme un
travers. Cependant on assure qu'il y a des beau-
lés dans une messe de Requiem qu'il a laissée
en manuscrit, et l'on dit qu'après avoir entendu
une autre production musicale de sa façon, Gré-
try le félicita en l'embrassant. Quoi qu'il en soit,
il est certain que s'il ne se distingua point par
ie talent, il eut du moins une singulière fécon-
dité, car, outre les ouvrages qui viennent d'être
cités , il a écrit cinq œuvres de sonates , dont
deux ont été publiés à Paris chez Boyer, plu-
sieurs symphonies à grand orchestre , trois sym-
phonies concertantes pour des instruments à
vent, qui ontété exécutées aux séances publiques
de l'Académie des beaux -arts et de la Société
philotechnique, cinquante-quatre sextuors pour
deux violons, deux violes et deux violoncelles;
enfin, une suite de tableaux en musique instru-
mentale descriptive, où il avait voulu exprimer
toutes les situations du roman de Télémaque,
afin de réaliser les théories de sa Poétique de la
musique. Ce dernier ouvrage a été publié à Paris,
en 1785 (2 vol. in-S").
Admirateur de la musique de Gluck, le comte
de Lacépède s'était pénétré des idées de ce grand
artiste concernant l'expression dramatique. Il en
expose la théorie dans le deuxième livre de son
ouvrage. Le reste est consacré à ses vues particu-
lières sur l'imitation, qu'il considère comme l'objet
principal de la musique en général. Dans les com-
positions de musique religieuse et instrumentale,
il demande avant tout des tableaux : c'est le sys-
tème de la musique descriptive, reproduit plus
tard dans les Essais de Grétry; système essen-
LACÉPÈDE — LACHNER
153
tiellement faux, qui a (oujoiirs eu des prosélytes
chez les Français.
Après avoir été jusqu'à l'époque de la révolu-
tion française garde des cabinets du Jardin du
Roi à Paris, le comte de Lacépède débuta dans la
carrière politique par l'emploi d'administrateur
du département de Paris, et fut nommé par cette
ville député à l'Assemblée législative. En 1796
il entra à l'Institut de France, dans l'Académie
des sciences. Appelé par l'empereur Napoléon au
sénat conservateur, il en devint le président en
1801. L'ordre de le Légion d'honneur ayant été
institué en 1803, il en fut fait grand chancelier,
et il obtint en t804 la sénatorerie de Paris. La
restauration lui laissa une partie de ses honneurs
et de ses emplois : une ordonnance royale l'ap-
pela à la pairie le 4 juin i814; mais après les
événements de 1815 il rentra dans la vie privée,
et reprit ses travaux scientifiques. Il est mort de
la petite vérole, à Épinay, près de Saint-Denis, le
6 octobre 1825. Ce savant a acquis beaucoup de
célébrité par ses travaux sur l'histoire naturelle,
particulièrement parses Histoires des quadrupèdes
ovipares, des reptiles et des poissons, dont on a
lait plusieurs éditions, et qui ont été traduites en
diverses langues.
• LACHAi\TERIE (MUe Elisabeth), élève
de Couperin , eut un talent distingué sur l'orgue
et le clavecin. Elle était en 1770 organiste de
l'église Saint-Jacques de la Boucherie. On a gravé
à cette époque deux concertos pour clavecin
de sa composition, avec accompagnement d'or-
chestre.
LA CHAPELLE (A. DE); sous ce nom
d'im musicien inconnu, on a un ouvrage intîtulé :
Les vrais principes de la musique exposés par
gradation de leçoiui; Paris, veuve Boivin, 1736
et années suivantes, 3 parties in-4''.
LACHER (Joseph), maître de chapelle à
Kempten, et virtuose sur le hautbois, la clari-
nette et le cor anglais, naquit à Haustetten, près
d'Augsbourg, le 5 novembre 1739. Fils d'un
pauvre ménétrier de village, qui jouait bien du
hautbois et de la clarinette, quoiqu'il ne sût pas
lire la musique, il en reçut des leçons de violon
à l'âge de sept ans. Plus tard, il apprit aussi à
jouer du hautbois, et peu de temps lui suffit pour
le mettre en état d'aider son père dans ses occu-
pations. Dans le désir de s'élever au-dessus de sa
condition , il acheta la Méthode de violon de Léo-
pold Mozart, dont il apprit les exercices; puis il
se procura un basson du musicien de la ville
d'Augsbourg , et par une étude constante il ac-
quit beaucoup d'habileté sur cet instrument.
Admis eu qualité de bassoniste dans la musique
du régiment impérial de Migazzi, il fut envoyé en
garnison à Manheim. Un médecin de cette ville,
amateur de musique distingué , qui avait étudié
la composition chez le maître de chapelle Cam-
merloher, devint ami de Lâcher et lui enseigna
les éléments de l'harmonie et dn contrepoint.
.\près trois ans de séjour à Manheim , celui-ci
abandonna son régiment et retourna à Augsbourg,
où Giulini lui procura un emploi dans la musique
de la cathédrale. Deux ans après, Lâcher entre-
prit un voyage en Suisse et sur les bords du Rhin :
il se fit entendre avec succès dans quelques con-
certs sur le hautbois et le cor anglais, puis entra au
service de quelques grands seigneurs, et fut enfin
placé, en 1779, en qualité de maître de chapelle
au couvent de Kempten. Après avoir rempli
ces fonctions pendant plus de vingt-cinq ans , il
mourut dans les premières années du dix-neu-
vième siècle. Cet artiste a beaucoup écrit pour
divers instruments, entre autres des concertos
pour basson, hautbois, cor anglais , clarinette et
violon , ainsi que des quatuors, quintettes et oc-
tuors pour divers instruments ; mais aucun de
ces ouvrages n'a été publié.
LACHMAIMM (Charles), célèbre philolo-
gue, naquit à Brunswick, le 4 mars 1793. Après
avoir fréquenté l'université de Leipsick, il alla
terminer ses études à Gœttingue, où i! suivit les
cours du savant helléniste Herrmann. Il était âgé
de vingt ans lorsqu'il s'engagea dans les chasseurs
prussiens, en 1813, à l'époque du soulèvement
général de l'Allemagne contre la France. Après
la paix de 1814, il rentra dans la vie civile et re-
prit ses travaux d'érudition. En 1827, la chaire
de littérature grecque à l'université de Berlin lui
fut donnée, et l'Académie royale de cette ville
l'admit au nombre de ses membres en 1830. Ce
savant est mort à Berlin, le 13 mars 1851. Au
nombre de ses ouvrages, on remarque un très-
bon livre intitulé : De Choreis systematis tra-
gicorum grxcoruvi libri IV ; Berolini, 1819,
un vol. in-8".
LACHIVER (François), maître de chapelle
du roi de Bavière, est né le 2 avril 1804, à Rain,
petite ville de ce royaume, où son père était or-
ganiste. Dès ses premières années, on lui enseigna
la musique, et ses progrès furent si rapides,
qu'il fallut bientôt songer à lui donner des maîtres
plus habiles. Ou l'envoya d'abord à Neubourg, où
il fréquenta le gymnase (collège), et reçut des
leçons d'harmonie, d'orgue et de piano; puis il se
rendit à Munich, où il vécut quelque temps en
donnnant des leçons. Déjà son instruction était
étendue en théorie et dans la pratique de l'art;
toutefois, il crut qu'il lui restait beaucoup à ap-
prendre, et il partit en 1823 pour Vienne, où il
espérait rencontrer des occasions favorables au
154
LACHNER
développement de son talent : son attente ne fut
pas trompée, car il se lia d'amitié avec les artistes
les plus distingués de la capitale des États autri-
c.liiens, particulièrement avec l'aobé Stadier et
Simon Secliter, dont les conseils iui furent utiles.
Ce fut alors qu'il lut avec avidité tout ce qu'on
avait écrit de meilleur sur la tliéorie, la pratique
et l'est liétique de l'art; son goût et son jugement
se formèrent sur les meilleurs modèles; enfin, au
talent d'habile exécutant sur l'orgue , !e piano et
le violon, à celui de compositeur distingué, il
joii^uit bientôt le mérite d'iuie érudition musicale
étendue. Dans un concours pour la place d'orga-
niste de l'église évangélique de Vienne, il l'em-
porta sur trente compétiteurs; mais il ne garda
pas longtemps cette position, car il la quitta
l'année suivante pour celle de directeur de mu-
sique au théâtre de la Porte de Cariiitliie. En
18:54 il donna sa démission de ce dernier emploi
pour celui de maître de chapelle de la cour du-
cale à Manheim. Le plus brillant accueil lui fut
fait dans cette ville , où il célébra son arrivée
par l'exécution de sa troisième grande symphonie.
En 1833, un concours ayant été ouvert à Vienne
pour la meilleure symphonie, Lachner en a écrit
une qui a pour titre : Shifonia j)assiona(a, et
l'a envoyée au jury chargé de prononcer sur le
mérite des concurrents. 'Le premier prix lui a
été décerné ; M. Strauss, maître de chapelle à
Carlsruhe , a obtenu le second. Les deux
ouvrages couronnés ont été publiés. Lachner
n'avait pas encore terminé sa symphonie, lors-
qu'il reçut sa nomination de maître de chapelle
du roi de Bavière , et il partit pour Munich, lais-
sant à son frère son emploi de directeur de mu-
sique à la cour de Manheim. Sous sa direction,
'.'orchestre du théâtre royal de Munich est devenu
l'un des meilleurs de rAllcmagnc. En 1852, le
roi de Bavière l'a élevé au rang de directeur gé-
néral de sa chapelle et de la musique de chambre.
Avant que Lachner eut été installé à Munich,
la plupart de ses grandes compositions n'avaient
été entendues qu'il Vienne , où elles jouissaient
de beaucoup d'estime. Parmi les principaux ou-
vrages de cet artiste, on cite : 1° Les Quatre Ages
de l'homme, oratorio. — 2° Moïse, idem. —
3° Première symphonie à grand orchestre, en mi
bémol. — 4° Deuxième idem (en fa). — 5" Troi-
sième idem (en rc mineur); — G° Quatrième
idem, Sinfonia passionuta (en mi. majeur) :
couronnée à Vienne. — 7" Cinquième symphonie
(en ut mineur ). — 8° Sixième idem (en ré). Ces
«uvrages ont été publics à Vienne, chez DiabeiJiet
Hasiinger ; ils ont été exécutés avec succès et
«ntreçii l'approbation des altistes à Vienne, Man-
Iheim , Traucfort, Leipsick, IJerlin et Municii.
Les autres compositions de Lachner sont .
1" Des ouvertures de concert exécutées à Vienne
et dans plusieurs autres villes de l'Allemagne. —
2° Un quintette pour des instruments à cordes.
— 3° Trois quatuors idem, op. 75, 76 et 77. —
4° Deux quintettes pour des instruments à vent.
— 5° Une sérénade pour quatre violoncelles. —
6" Une élégie pour cinq violoncelles, sur la mort
de Beethoven. — 7" Deux andanie pour 4 cors,
2 trompettes et 3 trombones. — 8° Deux concertos
de harpe, exécutés dans les concerts de Vienne;
— O^Concerlino pour basson. — 10" Trois trios
pour piano, violon et violoncelle. — 11° Sonate
pour violon et violoncelle, op. 14; Vienne, Me-
ciietti. — 12" Grande sonate pour piano à quatre
mains, op. 20 ; Vienne, Leidesdorf. — 13" Deux
grandes sonates pour piano seul, op. 25 et 27 ;
Vienne, Pennauer et Mechetti. — 14° Deux noc-
turnes à 4 mains pour le même instrument, op. 12
et 22; Vienne, Pennauer. — 15" Des rondeaux
brillants idem, op. 8 et 17. — 16° Des caprices
et des marches ii 4 mains. — 17° Introduction et
variations brillantes sur un thème original ,
op. 1 .5. — 18° Trois grandes sonates et deux lùgues
pour l'orgue. — 19° Des préludes, fugues et ca-
nons idem. — 20° Un nonelto pour des instru-
ments à vent. — 21° Plusieurs cantates de cir-
constance avec orchestre. — 22" Trois messes
solennelles avec orchestre. — 23° Des offertoi-
res, hymnes, psaumes et graduels, idem. —
24° Des chants allemands avec piano, op. 33, 48,
49, 56, 62 et 63. — 25° Des chants pour 4 voix
d'homme. Lachner a écrit pour le théâtre :
Alidia, grand opéra en trois actes, représenté avec
im brillant succès à Munich, le 12 avril 1839;
Die Burgschaft (La Caution), grand opéra en
troisactes, joué dans la même ville en 1834 ; Ca-
therine Cornaro ( sujet de la Reine de Chy-
pre), grand opéra joué à Munich, Vienne, Berlin,
Francfort, Manheim, Bruxelles, et partout ap-
plaudi ; l'ouverture et les entr'actes du drame
iiditulé Lanassa, représenté à Vienne, en 1832.
Le dernier ouvrage dramatique de ce composi-
teur, Bevenuto Cellini, a été représenté à Mu-
nich avec succès.
Lachner est, à juste titre, considéré en Alle-
magne comme un des artistes les plus recom-
mandables de l'époque actuelle, soit comme com-
positeur, soit comme directeur de musique. Son
talent est sérieux, solide, et appartient aux meil-
leures traditions de l'ancienne école, qui malheu-
reusement s'effacent de jour en jourdans sa patrie,
LACHiVER (Ignace), frère du précédent, di-
recteurde musique delà cour à Stutigard, est né
à Rain,le 11 septembre 1807. Destiné d'abord à la
carrière de l'enseignement, il fit ses humanités au
LACHNER ~ LACHNITH
gymnase de Neuboiirg; mais il cultiva aussi la
musique et apprit à jouer du piano, de rorf^ue^ et
surtout du violon, sur lequel il acquit beaucoup
d'habileté. Parvenu à l'âge de quatorze ans, il prit
la résolution de se vouer spécialement à la culture
de l'art, et se rendit à Munich pour y acquérir
une éducation musicale sous les meilleurs maîtres.
Il était âgé de quinze ans lorsqu'il entra comme
violoniste à l'orchestre du Théàtre-Royal. Après
avoir occupé cette position pendant quatre ans,
il se rendit à Vienne, où l'appelait son frère Fran-
çois, qui devint son maître d'harmonie et de con-
trepoint. Dès ce moment, toutes les études
d'Ignace Lachner se tournèrent vers la compo-
sition. Un an après son arrivée à Vienne, il obtint
la place d'organiste de l'église réformée, et fut
attaché comme violoniste à l'orchestre du théàtie
impérial de l'Opéia, dont il devint ensuite se-
cond chef et enfin premier. En 1831, il accepta
la place de directeur de musique dans la chapelle
du roi de Wurtemberg. Il a fait représenter au
théâtre royal de Stuttgard, en 1847, l'opéra in-
titulé Der Geisterthurm (La Tour des reve-
nants ) , et deux ans après Die Rerjenbnider
(Les Frères de la pluie) : ces ouvrages ne réus-
sirent pas ; mais on attribue leur chute en Alle-
magne à la stupidité des livrets. Lachner a écrit
aussi des ouvertures et des entr'actes poirr plu-
sieurs drames, quelques ballets, une symphonie,
des quatuors pour instruments à cordes, des so-
nates de piano, des pièces de concert pour plu-
sieurs instruments, et une grande quantité de
chansons allemandes avec piano. Son chant sur
les paroles Ucberall Du! (Toi partout! ),avec
cor obligé, a eu un succès de vogue. On connaît
aussi de cet artiste une Messe à 4 voix, orgueet
instruments à vent; Stuttgard, Haydn.
LACHiXER (Vincent), autre frèr-e de Fran-
çois, est né à Rain, en 1811. Destiné, comme
son frère Ignace , à l'enseignement, il fut envoyé
à Augsbourgà l'âge de quatorzeans, pour y suivre
les cours du gymnase. Déjà il avait de riiahileté
sur le piano et sur leviolon ; mais il ne cultivait la
musique que comme le complément d'une bonne
éducation. Jl était âgé de dix-sept ans lorsqu'il
fut engagé comme précepteur dans une famille
noble de Pologne qui résidait à Coscewitz. Obligé
d'y faire usage de ses connaissances en musique
pour ses élèves , il sentit alors se développer son
penchant pour cet art, et l'étudiaavec plus de zèle
qu'il ne l'avait fait jusqu'alors. La lecture des
traités d'harmonie et de contrepoint, et surtout
l'étude des partitions des meilleurs maîtres lurent
les sources ou il puisa son instruction dans l'art
décomposer. Lorsque son frère Ignace fut appelé
de Vienne à Stirtlgard, il alla le remplacer dans
les emplois d'organiste de l'église réformée et dt;
violoniste au théâtre de l'Opéra impérial. En 1838
il fut appelé à Manheim pour y diriger la mu-
sique de la chapelle et du théâtre. C'est dans
cette ville qir'il a écrit la plupart de ses compo-
sitions. On a de lui plusierrrs grandes sympho-
nies, un quintette pour instrrrmenta à cordes,
considéré comme rme production fort remarqua-
ble, un quatuor pour piano, violon, alto et basse,
op. 10; des pièces porrr le piano, beaucoup de
Lieder, elàes chants pour qiratre voix d'homme.
M. Lachner est l'âme de la musique à Manheim.
L'aîné des frères Lachner (Théodore), né à
Rain, en 1798, est bon organiste, professeur de
musique recherché, et occrrpe au théâtre de Mu-
nich la place de répétiteur. On ne connaît aucun
orrvrage de sa composition, il a arrangé pour le
piano la partition de Macbeth, opéra de Che-
lard, publiée à Munich chez Falter.
Deux sœrrrs de ces artistes, Theklo, née à
Rain, en 1803, et Christine, qui vit le jour dans
la même ville, en 1805, ont cultivé aussi la mrr-
sique avec succès. L'aînée était en 1841 orga-
niste de l'église Saint-Georges, à Augsbourg; et
l'arrtre enseignait le piano et était organiste de
l'église de sa ville natale.
LACHNITH (Louis-Wenceslas), fils de
François Lachnith, bon musicien attaché à l'é-
glise des Jésuites de Prague, naquit en cette ville,
le 7 juillet 1746, et non en 175G, comme il est dit
dans le Dictionnaire historique des musiciens de
Choron et Fayolle, et dans la Biographie uni-
verselle des contemporains. Après avoir appris
de son père les éléments de la musique, il prit
chez différents maîtres des leçons de violon , de
clavecin et de cor; ce dernier instrument fut celui
sur lequel il acquit le talent le plus distingué.
D'abord employé dans la musique du duc de
Deux-Ponts, non en qrralité de maître de cha-
pelle, comme on le dit dans les ouvrages cités
précédemment, mais comme simple musicien, il
se rendit à Paris en 1773, y perfectionna son jeu
sur le cor, sous la direction de Rodolphe, el se
fit entendre plusieurs fois avec succès au concert
spirituel. Sa mauvaise santé l'obligea ensuite à
cesser de jouer de cet instrument. Philidor de-
vint son maître décomposition en 1776. Vers le
môme temps il commença à se faire connaître
comme professeur de clavecin, et forma de bons
élèves. Ses premières productions pour le théâtre
furent : 1" L'henreux Divorce, ou la Réconci-
liation, opéra-comique en un acte, représenté le
25 juin 1785. — 2'' L'Antiquaire, parodié sur la
musique d'Anfossi, au théâtre de Monsieur, en
1789. — ^"Eugénie et Linval, ou le mauvais
fils, en deux actes, au théâtre Montansiei-, 17'J8,
156
LACHINITH — LACOMBE
Plus lard Lachnith écrivit pour l'Opéra un grand
ouvrage en trois actes intitulé : Les fêtes lacé-
démoniennes; mais il ne put jamais en obtenir
la représentation. Ses autres travaux dramati-
ques n"ont consisté qu'en pasticiies et traduc-
tions. C'est ainsi qu'il a dénaturé La Flûte en-
chantée, de Mozart, dans une monstrueuse com-
pilation intitulée : Les Mystères d'Isis. Saùl et
la Prise de Jéricho, pastiches du même genre,
ont été arrangés par lui , en collaboration avec
Kalkbrenner (père), sur des morceaux puisés
dans les œuvres des maîtres les plus célèbres.
Lachnith a écrit pour la musique instrumentale :
1° Six symphonies à grand orchestre pour les
concerts de la Loge olympique; elles sont restées
en manuscrit. — 2° Six symplionies à 10 parties,
op. 1 ; Paris, Sieber. — 3° Trois ulem, op. 4 ;
ibid. — 4" Trois idem, op. ll;ibid. — 5° Six qua-
tuors pour 2 violons, alto et basse, op. 7; ibid.
— 6" Six idem pour deux violons , alto et basse,
non publiés. — 7" Six trios pour deux violons et
basse; ibid. — S" Trois concertos pour cor et
orchestre, inédits. — 9" Trois trios pour cla-
vecin, violon et violoncelle, op. 2; Paris, Boyer.
— 10" Six sonates pour clavecin et violon, op. 3 ;
Paris, Sieber. — 11° Six idem, op. 14; ibid.
— 12° Six idem, op. 15 ; ibid. — 13° Trois idem,
op. 16; ibid. — 14° Trois idem, op. 20; ibid. —
15° Plusieurs pièces détachées pour le piano et
pour la harpe. — 16° Méthode ou principe gé-
néral du doigter pour le forte-piano (avec
Adam); Paris, Sieber. Il a aussi arrangé huit
œuvres de quatuors de Pleyel pour piano, violon
et violoncelle. Lachnith est mort à Paris, le .3 oc-
tobre 1820, à ''âge de soixante-quatorze ans.
LACUIMTH (Antoine), frère du précédent,
a été confondu avec lui par l'auteur de l'article
inséré dans le Lexique universel de musique pu-
blié par le docteur Scliiliing. Celui-ci fut d a-
bord musicien de chambre à Deux-Ponts,
comme son frère, puis retourna à Prague en
1799, et fut employé dans la musique de la ca-
thédrale de cette ville, en qualité de trompet-
tiste. 11 jouait biendu clavecin, et il a laissé en ma-
nuscrit quelques œuvres de trios et de sonates
pour cet instrument. Il est mort à Prague,vers 1796.
LACKMAIXIV (Adam-Henri), savant |)hiio-
togue, né en 1694, à Weningen, dans le duché
deLauenbourg, fut professeur d'histoire à l'univer-
.sité de Kiel, et premier assesseur du consistoire,
dans le duché de Holsteiu. Il mourut à Kiel, le
17 août 1753. Parmi ses nombreux et savants ou-
vrages, on en trouve un qui a pour titre : Ge-
danken ueber das bey Tondern gefimdene
golden Ilorn (Pensées sur le cor d'or trouvé
près de Tondern); Hambourg, 1735, in 4°.
LACODRE (M.-S.). Voy. BLIN.
LACOMBE (Jacques), né à Paris, en 1724,
fut dabord avocat, puis se fit libraire en 1766,
et fut chargé pendant plusieurs années de la pu-
blication du Journal des savants et du Mer-
cure. Des entreprises trop considérables aux-
quelles il se livra dérangèrent sa fortune, et le
conduisirent, en 1778, à une faillite de 500,000
francs. Il mourut à Paris, à l'âge de quatre-vingt-
sept ans, le 16 juillet 18 11. Choron et Fayolle ont
dit dans leur Dictionnaire historique des mu-
siciens que Lacombe était le beau-père de Gré-
try; ils ont été trompés par de faux renseigne-
ments, car il était le beau-frère de ce composi-
teur. Lacombe a publié un grand nombre d'ou-
vrages, dont la plupart sont des compilations.
On trouve des observations sur la musique dans
ceux dont les litres suivent : Dictionnaire por-
tatif des beaux-arts, Paris, 1752 ; réimprimé
en 1753 et en 1759; traduit en ilalien, Venise,
1758, in-8°. — 2° Le Spectacle des beaux-arts,
Paris, 1758, 1 vol. in-12 ; réimprimé en 17G2.
LACOMBE (Louis BROUILLOIV-), pia-
niste distingué et compositeur, est né à Bourges
(Cher), le 26 novembre 1818. Ureçutdc sa mère
les premières leçons de musique. A peine âgé de
sept ans, il joua du piano dans un concert donné
au théâtre pour les incendiés de Salins, En 1828,
son père alla s'établir à Paris, afin que son lils
pût y développer son talent naissant. Admis au
Conservatoire de Paris, le 10 avril 1829, le jeune
Lacombe y fut élève deZimmerman pour le piano,
et obtint le premier prix au concours de 1831 ,
avant d'avoir accompli sa treizième année. Il sor-
tit de cette école le premier octobre 1832, et bien-
tôt après il entreprit avec son père, sa mère, et sa
sueur (Félicie Lacombe), devenue son élève, vn
voyage en France, en Allemagne, recueillant par-
tout des applaudissements accordés à son talent
précoce. Arrivé à Vienne, Lacombe développa
ce talent sous le rapport du mécanisme par le.s
leçons de Charles Czerny, et apprit, sous la di-
rection de Fischoff, à interpréter les œuvres
classiques de Haydn, de Mozart, de Hœndel, de
Bach et de Beelhoven. L'instruction du jeune ar-
tiste se compléta dans l'harmonie et le contre-
point, dont il fit un cours chez Simon Sechter ;
le maître de chapelle Seyfried lui enseigna la
facture de la fugue et l'instrumentation. Ce fut
à Vienne que le jeune Lacombe écrivit ses pre-
mières compositions, lesquelles consistaient en
quelques morceaux pour le piano, et deux ouver-
tures pour l'orchestre. Après plusieurs annéesde
séjour dans cette ville, il reprit le cours de ses
pérégrinations avec sa mère et sa sœur, en 1840,.
visita Dresde, la Saxe, les villes du Rhin, et rcn-
LACOMBE — LACROIX
tii?
tra à Paris à la fin de celte même année. Depuis '
cette époque jusqu'en 1842, il publia quelques
œuvres brillants et gracieux pour le piano qui
furent bien accueillis, nij quintette en fa dièse
mineur, un trio en ré mineur pour piano, violon
et violoncelle, et des études. Jugeant toutefois que
ses études de composition n'avaient pas été com-
plètes, il prit des leçons de M. Barbereau pour
l'harmonie, lut et médita les traités de contrepoint
de Clierubini et de l'auteur de cette notice, et
acheva avec couragecette nouvelle excursion dans
le domaine de la science.
Marié à vingt quatie ans à une femme qui pos-
sédait une modeste aisance, Lacombe putse livrer
avec plus de liberté à la composition : c'est alors
que parurent Les Harmonies de la nature, pour
piano, la grande étude en octaves, le second trio
pour piano, violonet violoncelle (en la mineur),
supérieur au premier sous le rapport du dévelop-
pement des motifs et de la facture, ainsi que
quelques pièces de moindre importance. Le 21
mars 1847 il donna dans la salle du Conservatoire
un concert où l'on exécuta une ouverture de
sa composition, plusieurs morceaux de chant,
dont un {Jj'Ondineetle PecAewr) a obtenu un
succès de vogue, et une symphonie dramatique
intitulée Manfred, qui appartient au genre des-
criptif et scénique par lequel Berlioz, Félicien Da-
vid, M. Douay et quelques autres compositeurs
ont entrepris de donner une direction nouvelle
à l'art. Déjà M. Lacombe avait fait entrevoir son
penchant pour ce genre dans une ouverture qui
avait pour titre Mitternacht (Minuit), et qui fut
exécutée à Dresde en 1840, dans un concert qu'il
y donna. Le 26 mars 1859, une autre symphonie
dramatique de Lacombe , intitulée Arva, ou les
Hongrois, fut exécutée dans un second concert
donné par lui. La marche des Racoleurs, tirée
de cet ouvrage, et arrangée pour piano, à deux
et à quatre mains , a été publiée chez Heugel à
Paris. A l'excepUon de quelques fragments
à'une Épopée lyrique, qui ont été exécutés aux
concerts de la Société de Sainte - Cécile ,
sous la direction de M. Seghers, et de la Société
des jeunes artistes , dirigée par M. Pasdelonp,
aucun grand ouvrage du genre de Manfred et
à'' Arva, composé par Louis Lacombe, n'a été
entendu après ceux-ci, quoiqu'il ait beaucoup
écrit. Ce n'est qu'au prix de grands sacrifices
qu'un compositeur peut se donner la satisfac-
tion d'entendre ses productions lorsqu'elles ont
des proportions gigantesques d'orchestre et de
chœurs ; carelles occasionnent des dépenses con-
sidérables pour les répétitions et l'exécution.
L'exagéré est la maladie des artistesde l'époque
actuelle : ils ne peuvent se décider à rester dans '
des limites plus modestes, parce qu'ils se persua-
dent que Vef.fort est \e génie. M. Louis Lacombe
a fait représenter auThéûtrc-Lyrique, le 16 jan-
vier 18G1, un opéra-comique en un acte, intitulé
La Madone, où les proportions de la musique
étaient en désaccord avec la simplicité du sujet,
bien qu'il yeûtdu mérite dans la manière dont
la partition était écrite. On y remarquait l'er-
reur qui vient d'être signalée : la haine du
simple! Parmi le grand nombre de morceaux
de piano publiés par cet artiste estimable, on a
distingué particulièrement les œuvres qui ont
pour titre Veux nocturnes (op. bO); Marche
turque; Simples mélodies ; Larmes et souri-
res ; douze Lieder pour voix seule, avec accom-
pagnement de piano.
LACOSTE (....). compositeur, entra à l'O-
péra (le Paris, comme choriste, en 1693, et se
retira avec la pension en 1708. Il vivait encore
en 1757, suivant VHistoire du théâtre de l'A-
cadémie royale de musique, publiée par Durey
de Noinville, d'après les notes de Travenol
(S^c partie, page 20). Lacoste a composé la mu-
sique de plusieurs opéras représentés à Paris et
à Versailles. En voici la liste avec les dates .•
i°Aricie, opéra balleten 5 actes, 1697. — 2" jV/u-
lomèle, tiagédie lyrique, représentée en l7or»,
et reprise en 1709, 1723 et 1734. — i" Brada-
mante , tragédie lyrique en 5 actes, 1707. —
4° Creuse, en 5 actes, 1712. — 5'^ Télégonc,
en 5 actes, 1725. — 6° Orion, en 5 actes, 1728.
— 7° Biblis, en 1732. — 8" Pomone, pastorale
en 3 actes. Lacoste a publié à Paris un livre de
cantates à voix seule avec basse continue. Les
partitions de Philomèle, Bradamanie, Té-
légone, Orion et Biblis ont clé imprimées à
Paris, chez Ballard, dans les années de leur re-
présentation.
LACROIX (Antoine), violoniste distingué,
naquit en 175(i, à Remberville, près de Nancy,
Quelques biographes ont fixé par erreur la date
de sa naissance en 17()5. Antoine Lorenziti,
maitre de chapelle de la cathédrale de Nancy,
lui enseigna le violon et la composition. Arrivé
à Paris en 1780, il s'y fit entendre avec succès,
et bientôt il jouit de la réputation d'un artiste de
grand mérite. En 1784 il publia son premier œu-
vre, consistant en six sonates pour le clavecin,
avec accompagnement de violon obligé. Les évé-
nements de la révolution française le décidèrent
à s'éloigner de la France, vers la fin de 1/92 il
alla se fixer à Brème, où s'étaient retirés plu-
sieurs émigrés français, qui l'accueillirent avec
faveur. En 1793, Lacroix entrepiitun voyage
en Allemagne et en Danemai-k , et partout il
donna des concerts qui le firent connaître avanta-
tâ8
LACROIX — LADURINER
g€iisement . Après avoir passé quelques années à
Leipsick, Hambourg el Gotha, il ohlinl, en 1800,
sa nomination de directeur de musique a Lubeck,
oii il passa le reste de ses jours. Il est mort en
cette ville, vers la fin de 1812. Neuf ans aupara-
vant, il avait fondé une maison pour le com-
merce de musique. Homme d'esprit et de bon ton,
Lacroix s'était fait autant estimer par son ca-
ractère qu'admirer par son talent. Sa musique
n'a point eu à Paris le succès que son originalité
aurait dû lui procurer; elle est plus connue des
Allemands que des Français. On a de sa compo-
sition : 1° Duos pour 2 violons, op. 12, 14 , 15,
1C, 18, 20 et 21 ; Paris, Pleyel ; Leipsick, Breit-
kopfet Hœrlel ; Brunswick, Spebr. —2'' Quatuors
pour deux violons, alto et l)asse, op. 5, 13, 17;
Hambourg, et Brunswick. — 3° Sonates pour vio-
lon, avec accompagnement de basse, op. 3; Ham-
bourg, Bœlime. — 4" Thèmes variés pour violon,
op. 6, 19; Hambourg, Bœhme ; Vienne, Cappi.
— 5" Sonates pour piano et violon, op. 1, Paris,
Boyer. — G" Thème varié pour piano seul. —
7° Plusieurs recueils de danses allemandes,
LACY (RoPH(No), violoniste, né à Biibao, en
Espagne, le 19 juillet 176j, d'une famille anglaise,
est fils d'un négociant établi dans ce pays. Dès
l'âge de cinq ans on lui enseigna àjouer du vio-
lon; un an plus tard il exécuta un concerto de
Jarnowick au concert d'un violoniste italien ,
nommé Andreossi. Devenu un de ces prodiges
de précocité qui souvent ne deviennent que des
artistes médiocies, il se fit admirer à la cour de
Madrid à un âge où d'autres ignorent encore les
éléments de la musique. Au commencement
de 1802, on l'envoya commencer ses études au col-
lège de Bordeaux ;il alla ensuite les achever dans
un lycée de Paris. Elles furent brillantes, et des
prix lui furent décernés chaque année dans les
concours. Devenu élève de Kreutzer, il fit, sous
la direction de ce maître habile, de rapides progrès.
Au mois de janvier 1805, peu de temps après le
couronnement de Napoléon, il jouaaux Tuileries
un solo de violon, où il excita Pétonnement. On
*ne le connaissait alors que sous le nom du
petit Espagnol. Des spéculations malheureuses
ayant ruiné son père, celui-ci conduisit son
fils en Angleterie pour -,lui faire embrasser la
profession de musicien , et le confia aux soins
de Viotti. Le jeune artiste était alors âgé de dix
ans; il parlait avec une égale facilité l'anglais,
le français, l'italieu , l'espagnol, et connaissait
les éléments de la langue latine. Le patronage
des ducs de Galles et de Sussex fut le signal de
la protection que lui accorda toute la noblesse
de l'Angleterre, et ses concerts^, qui furent donnés
dans la salle d'Hannover square, eurent le
plus brillant succès. A Dublin, il se fit entendre
dans le premier concert que IM""^ Catalan! y
donna ; à Edimbourg, il joua dans ceux de Corri.
Peu de lemps après, son père lui fit abandonner
la musique pour le théâtre, et le fit engager pour
ies rôles comiques à Edimbourg, puis àGlascow,
et enfin à Dublin. Versle milieu de l'année 1818,
on lui proposa de succéder à Yanevicz, comme
directeur des concerts de Liverpool ; il accepta, et
reprit son violon. De retour à Londres à la fin
de 1820, il y eut l'emploi de compositeur de bal-
lets au Théâtre italien pour la saison de 1821 ;
mais des discussions avec le directeur lui firent
abandonner celte place trois ans après, et re-
prendre son emploi de chef d'orchestre à Liver-
pool. On a publié de la composition de cet ar-
tiste plusieurs fantaisies pour le piano, sur des
thèmes d'opéras italiens, trois rondeaux brillants,
un quintette pour deux violons, alto et violon-
celle, avec accompagnement de piano, et des
chansons anglaises.
LADURIVER (IGNACF,-ANTOI^E-FRA^çoIS-
Xaviiîr), fils d'un organiste-instituteur, naquit à
Aldein, dans le Tyrol, le l*"'août 1766, et entra
à l'âge de dix ans au monastère de Benedict-
Bayern, pour y faire ses éludes. Après la mort
de son père, en 1782, il dut remplir les fonctions
de ses deux places, quoiqu'il ne fût âgé que de
seize ans. Devenu libre en 1784, ayant été rem-
placé par son frère, il se rendit à Munich pour y
faire sa rhétorique et continuer ses études musi-
cales. Peu de temps après il suivit une comtesse
de Heirnbauen à Longueville, près de Bar-le-Duc,
où elle possédait une propriété. Cette dame,
pianiste distinguée, avait engagé Ladurner pour
faire de la musique avec elle. Après deux ans de
séjour cliez elle, l'artiste se rendit à Paris, où il
se fit bientôt connaître avantageusement comme
professeur de piano et comme compositeur. Il
arriva dans celte ville au mois de juillet 1788,
et déjà son portrait était gravé en 1790, comme
celui d'un artisie célèbre. Fink, à qui l'on
doit un article sur la famille Ladurner, inséré
dans le Lexique universel de musique publié
par Schilling, dit que depuis le départ de ce-
lui qui est l'objet de cette notice, il semble
avoir oublié les siens et son pays, n'ayant jamais
écrit à sa famille pour l'informer de sa situa-
tion. Ceux qui ont connu T,a(lurner ne seront
point étonnés de ce silence, car peu d'artistes
ont eu une existence aussi active que lui. Le
nombre de ses élèves était si grand, pendant
quarante ans, qu'il employait à ses leçons près
de quinze heures chaque jour. Parmi ses élèves,
on compte M. Auber et Boely, pianiste et com-
positeur distingué ( voy. ce nom). Frappé de pa
LADURNER — LAEGEL
U',0
ralysie en 183G, il se relira dans sa maison, de
campagne, à Viliain, commune de Massy (Seine-
el-Oise), où il mourut, le 4 mars 1839. 11 avait
épousé M"^ Mnssier de Gondrevilie, qui s'était
Tait connaître comme violoniste distinguée, sous
le nom de 3/"e de la Jonchère. Cette dame,
élève de Mestrino , brilla longtemps dans les
concerts de Paris. Plus tard, elle fut nommée
directrice de la maison royale de Saint-Denis,
et mourut le 25 octobre 1823. Fink dit que les
œuvres de Ladurner sont au nombre d'environ
quatre-vingts : son erreur est manifeste. Voici la
liste des ouvrages de cet artiste : 1° Trois sonates
pour piano seul, op. 1 ; Paris, Naderman. — •
2°Trois idem., op. 2 ; Paris, Leduc aîné. — 3° Mé-
lange harmonique pour le piano, op. 3 ; Paris,
Carli. — 4° Trois sonates pour piano seul, op. 4 ;
Paris, Naderman. — 5° Trois sonates pour piano
et violon, op. 5; Paris, Carli. — 6" Sonate pour
piano à quatre mains, op. 6 ; ibid . — 7° Trois so-
nates pourpianoetviolon,op.7 ;ibid. — 8° Trois
caprices pour piano seul, op. 8 ; Paris, Leduc.
— 9° Trois sonates pour piano et violon, op. 9;
Paris, Carli. — 10" Deuxième mélangeharmonique
pour piano seul, op. 10; ibid. — 11° Trois sonates
pourpianoseul, suivies d'un caprice, op. 11 ;ibid.
— 12° Fantaisie pour piano seul, op. 12; Paris,
Michel Ozi. — 13° Trois divertissements, op. 13;
ibid. — 14° Trois thèmes variés pour piano seul,
op. 14; Paris. Carli. — 15° Six airs variés, liv. 1
et 2, op. 16; ibid. — 16" Airs irlandais variés,
op. 17: ibid. — 17° Air des Trembleurs varié,
op. 18; ibiil. Ladurner a fait représenter au
théâtre de l'Opéra-Comique : 1" Wenzel, ou le
Magistrat du peuple, en un acte ; 1793. —
2° Les vieux Fous, en un acte; 1796.
LADURiVER (Joseph-Aloïs), frère du pré-
cédent, né le 7 mars 1769, à Allgund, dans le
Tyrol, où son père s'était fixé deux ans aupara-
vant, a fait ses études sous la direction de son
oncle, professeuret prédicateurà Benedicl-Bayern.
Dès l'âge de quatorze ans il était assez avancé
dans son instruction pour être en état de rem-
plir les fonctions d'organiste et de maître d'école,
devenues vacantes par la mort de son père. 11
occupa ces places pendant neuf ans. Pendant ce
temps il perfectionna son talent |sur le piano, en
jouant beaucoup les œuvres de Clementi, et il
acheva ses études dans la langue latine. En 1792
il se rendit à Munich, où il fut admis au lycée
du Prince électeur : il y resta sept années, pen-
dant lesquelles il suivit avec distinction les cours
de philosophie et de théologie. Pendant la der-
nière année, Joseph Gratz lui donna des leçons de
contrepoint. Appelé à Rrixen en 1798, il y fut
d'abord collaborateur el secrétaire du consistoire
et chapelain de la cour. Il éfail encore plein
d'activité en 1835, et travaillait avec succès
comme compositeur de musique instrumentale tl
religieuse. On a publié de sa composition :
1° £cce sacerdos magnus, à 4 voix sans accom-
pagnement; Munich, Falter. — 2° Graduel, idem ;
ibid. — 3° Offertoire, idem; ibid.— 4° Seize va-
riations sur un thème pastoral, avec introduc-
tion et fugue pour le piano; ibid. — 5° Seize
variations sur une valse de Vienne ; ibid. —
6° Trente-deux cadences, avec modulations variées
sur une suite d'accords dans les 24 modes ; ibid.
— 7° F^antaisie (en ut) pour les commençants;
ibid. — 8° Fantaisie (en ré bémol majeur);
Mayence, Schott — 9° Rondo à V anglaise pour
le piano; Munich, Falter. — 10° Fantaisie, fu-
gue et sonate sur le thème d'une fugue de Haen-
del (en fa dièse mineur), ibid. Fink possédait en
manuscrit les ouvrages suivants du même ar-
tiste. — 1 1° Ave Maria à quatre voix sans ac-
compagnement. — 12° 0 Salut aris, idem. —
13° Le 94® psaume : Venile exultemus, à 4
voix avec accompagnement d'orgue.
LAEGEL (Jean-Théopbile) , né le 13 dé-
cembre 1777, à Flœssberg, près de Borna , dans
le royaume de Saxe, apprit de son père, pau-
vre musicien de village et maître d'école de l'en-
droit, les principes de la musique, du violon et
du piano. Un professeur, nommé Telzel, qui
vivait dans le voisinage, le prit ensuite sous sa
direction et avança son instruction de telle sorte,
qu'il put entrer en troisième au collège d'Alten-
bourg à l'âge de seize ans. Il y continua ses
études de musique dans le chœur dirigé par
Krebs, fils du célèbre organiste. Une troupe dra-
matique ambulante vint s'établii- à Altenbourg ,
et y donna des représentations des opéras de
Mozart, qui commencèrent à former le goût de
Laegel et augmentèrent son penchant pour la
musique. Vers le même temps il prit des leçons
de l'organiste Krebs, et fut choisi comme sup-
pléant du canlor au chœur de l'église principale.
En 1800, il était prêt à se rendre à l'université
de Leipsick, pour y faire des études de théologie,
lorsque la place de ca?i/or à Weyda, dans le
Voiglland, lui fut offerte; il l'accepta , et entra
en fonctions après avoir passé un examen au
consistoire de Leipsick. Tous ses efforts se diri-
gèrent dès lors vers le développement de ses fa-
cultés musicales. Il établit des concerts dont il
fut le directeur , fonda une école de chant, et se
livra à l'enseignement ainsi qu'aux autres tra-
vaux de musicien avec une prodigieuse activité.
L'art musical lui dut de grands progrès dans, le
petit cercle où il était placé. Après douze ans de
séjour à Weyda, il accepta le cantorat d'Eisenberg
IGO
LAEGEL — LAFAGE
qui lui fut offert ; mais il ne le garda que trois
au?, parce que la position plus avantageuse de
cantor et de directeur de musique à Géra devint
vacante en 1815 et lui fut accordée. Il y est mort,
le 5 juin 1843. Les œuvres de Laegel sont au
nombre d'environ cinquante ; on y remarque :
1° Trois sonates pour le piano, à quatre mains.
— 2" Cantate de Noël. — 3° Six cliants à quatre
voix pour les sociétés de chant. — 4° Cantate
pour la fêle de Pâques, publiée dans les arcliives
de Kalbitz. — 5° Cantate pour la fête de l'Ascen-
sion. — 6° Cantate pour la Pentecôte. Ces deux
dernières forment les premiers numéros d'une
collection d'environ dix morceaux pour l'église;
les critiques allemands en ont porté un jugement
favorable. — 7" Plusieurs oratorios.
LAELIUS (D.-Daniel), luthiste allemand,
vécut au conimencemeut du dix-septième siècle.
Il a fait imprimer un recueil intitulé : Testudo
spiritualis; Francfort, 1616, in-4''. Cet ouvrage
contient les psaumes de Lobwasser, arrangés
pour le luth sur des motets français à quatre
parties.
LAEMMENHIRT (G.), pianiste et com-
positeur, vivait vers la lin du dix-huitième siècle,
en qualité de précepteur, dans la terre du comte
d'Erbach. Il a publié de sa composition : 1° Grande
sonate pour piano et violon, op. 1 ; Offenbach,
André, 1797 2° Deux sonates faciles à 4 niains
pour le clavecin, op. 2 ; ibid.,1198.
LAET (Jean), imprimeur de musique à An-
vers, naquit en cette ville, dans les dernières
années du quinzième siècle. Un des ouvrages les
plus rares sortis de ses presses est un recueil de
psaumes de David, en^angue llamande, avec le
chant, publié sous ce litre : Souier Liede/iens
fjhemaechtter eeren Gods, opalle die Psalmen
van David, lot slichiinghe en eengheestelijcke
vennakinghe van. allen christen menschen.
Gheprent Thantwerpcn, in de Haye by Jan de
Laet ; 1540, petit in-S". Laet s'associa avec Hu-
bert Waelranf, vers 1545, et publia pendant celle
association un nombre assez considérable d'ou-
vrages des compositeurs de cette époque, particu-
lièrement de musiciens belges.
LAET ( Jacqces de), en latin Laetius, savant
belge, né à Louvain, vers la fin du seizième siècle,
a écrit un éloge de la musique (Encomium mu.
sices) imprimé à Maestricht. Lipenius ( Bibl.,
pag. 976), Swertius (^^Aen. Bclg.), Valère
André {Bibl. Belg.) et Foppens ( Bibl. Belg. ),
qui ont cité cet ouvrage, ne font pas connaître
la date de l'impression.
LAFAGE (Pierre de), musicien français,
né dans la seconde moitié du quinzième siècle,
et dont le nom est souvent écrit dans les anciens '
recueils La Faghe, La Fague, et La Farge, ne
doit pas être confondu avec Faugues, Fauques,
ou Fagus, ou La Fage ( Vincent), autre musi-
cien, qui vécut dans la première moitié du même
siècle {voy. Faugues). On ne sait rien de la vie de
cet artiste, maison trouve sous son nom, dans le
deuxième livre des Motets de la Couronne,
imprimé à Fossombrone par Octave Petrucci, en
1519, le motet à quatre voix qui commence par
ces mots : Elisabeth Zacharix. Pierre Attai-
gnant a inséré deux motets du même auteur ( ^45-
pice. Domine, et Vide, Domine, afflictionem )
dans le onzième livre de sa collection de motets
à quatre et cinq voix intitulé : Liber undecimtis
XXVI musicales habet modulas quatuor et
quinque vocibus éditas. Parrhisiis, in vico
Citharx prape sanctorum Cosmi et Damiani
templum. In adibus Pétri Attaignant, mu-
sice calcographi; 1534, in-4'', goth. On trouve
aussi des compositions de cet artiste dans le re-
cueil intitulé : Tamus secundus psahnorum
selectarum quatuor et quinque vacum; ISoriin-
bergx, apudJo. Petreium, anno 1539; dans le
Liber tertius ,• tiginii musicales quinque, sex,
vel octo vocum motetos habet, etc. ; Paris, At-
taingnant, 1534, petit in-4° obi.; dans le Liber
quartus; XXIX musicales quatuor vel quin-
que parium vocum modulas habet, etc. ; ibid.
1534; dans le quatrième livre des Motet ti dcl
Fiore à 4 voix, imprimé à Lyon chez Jacques Mo-
derne, en 1539; dans le Secundus liber cum
quinque vocibus de la même collection ; ibid.,
1533; enfin, dans le Quintus liber Matetlarum
quinque et sex vocum, etc. ; ibid., 1542.
LAFAGE (Juste-Adrien LKNOIR DE), né
à Paris, le 27 mars 1805, lut enfant de chœur de
l'église Saint-Philippe-du-Roule dès l'âge de six
ans. Ses parents, qui le destinaient à l'état ecclé-
siastique, le placèrent au séminaire : il y com-
mença ses études ; mais, ne se sentant aucune vo-
cation pour entrer dans les ordres, il les inter-
rompit brusquement. On voulut alors le faire
entrer dans la carrière des armes; mais son goût
décidé pour la musique le fit résister au désir
de ses parents, qui, pour le détourner de son
penchant, lui firent reprendre ses études littérai-
res. Il s'y livra avec ardeur. A peine furent-elles
terminées qu'il commença, sous la direction de
Perne ( voy. ce nom ), à étudier le plain-chant,
l'harmonie et le contrepoint. Ce savant musicien
l'engagea ensuite à se livrer à des recherches
sur la musique de l'antiquité et du moyen âge. Il
lui lit faire la connaissance de Choron, et celui-ci
le prit aussitôt pour élève. Devenu lui-même pro-
fesseur de solfège et de chant, Lafage se livra
avec ardeur à l'enseignement; mais en 1828,
I
LA.FAGE
ICI
ayant obtenu un subside de la caisse de la liste
civile pour faire un voyage en Italie , il s'éloigna
de Paris. Pendant, son séjour au delà des Alpes,
il demeura surtout à Rome, où l'abbé Baini lui
donna d'utiles conseils pour l'étude de l'ancien
style fugué. Lafage séjourna aussi plusieurs mois
en Toscane, et fit représentera Florence une farce
intitulée / Creditori. De retour à Paris vers la
fin de 1829, il y fut nommé maître de chapelle de
Saint-Iïtienne-du-Mont, et reprit ses travaux
relatifs à l'enseignement. En 1833 il retourna en
Ilaliej et pendant trois ans il s'y occupa de re-
cherches sur la musique. Fixé de nouveau h Pa-
ris après cette excursion, il s'y est occupé de
i'achèvement d'ini Manuel de musique, com-
mencé par Choron et laissé imparfait par ce sa-
vant. Le premier volume de cet ouvrage fut pu-
blié vers le milieu de 1836; les autres ont paru
en 1837 et 1838. On a aussi de cet artiste une
Sétnéiologie musicale, ou Exposé des xtrinci-
j)es élémentaires delà musique; Paris, 1837.
Plusieurs articles de sa composition, relatifs au
même art, ont été publiés dans la Revue musi-
cale, les Tablettes^ universelles, \3l Revue
encyclopédique, les Lunes parisiennes, le Pa-
norama des nouveautés, le Journal des ar-
tistes; la Gazette musicale de Paris, et en der-
nier lieu, dans la Revue universelle. En 1848
M. de la Fage a fait uu troisième voyage en Italie
et a séjourné à Rome, à Naples et à Florence,
se livrant à de nouvelles recherches concernant
Phisloirede ia musique. Dans ce voyage il a fourni
divers articles à la Gazetta musicale di Milano.
La liste des ouvrages de M. de Lafage se com-
pose de la manière suivante : l. Mcsiqi^e instru-
mentale. 1° Air varié en trio pour 2 flûtes et
violon. — 2° Six duos faciles pour 2 flûtes.
— 3° Air varié jwur 2 flûtes et piano. — 4° Duo
pour flûte et harpe. — 5" Fantaisie pour flûte et
piano sur des airs de Rossini. — 6" Fantaisie
sur un air de La Dame blanche, pour flûte et
piano. Ces opuscules ont été publiés avant 1827
chez David , Hentz-Jouve , et Janet , à Paris.
II. Musique vocale. — 7° Plusieurs romances
françaises et italiennes. — 8" Choix de solfèges et
morceaux divers à plusieurs voix, d'une exécution
facile; Paris, 1825. — 9° Cantiques religieux et
moraux à plusieurs voix; Paris, 1826-1828, 6 li-
vraisons. — 10° Cent chansons morales à 2 voix ;
Paris, 1829. — ii° Missa cuititulus: Omnes
Sancti; Paris, 1831. Cette messe est pour deux
voix de dessus et basse, sans accompagnement.
— 12° Cinq messes très-faciles à deux, trois ou
quatre voix, à volonté; Paris, 1832. La dernière
messe seulement de ce recueil est de M. de Lafage.
— J3'' Adriani de Lafage mot etonnn liber pri-
nio&n. iMV. Di:s musiciens. — t. v.
mus; Paris, 1832-1835. Cet ouvrage contient
soixante-douze morceaux à une, deux, trois, qua-
tre et cinq voix ; il a été publié en huit livrai-
sons. — 14° Ordinaire de VOfjice divinarrungé
en' harmonie sur le plain-chant; Paris, 1832-
1835. Deux parties; la première pour le malin,
l'autre pour le soir. — 15° Domine, Salvum fac
regem, prière pour le roi à une, deux ou trois
parties, à l'usage des écoles primaires, suivie d'un
O 5aMcm; Charleville,Lhuyer; Paris, Masson,
1836, in-8° obi. — 16° Recueil de moiets en
plain-chant à une ou plusieurs voix, tirés des
meilleurs auteurs (Rose, Lasceux, Imbert, etc.),
revus et mis en ordre; Chaileville, Lhuyer;
Paris, Masson, 1836, in-8° obi. — 17° De Pro-
fundish huit voix, dédié à la mémoire de F.-L.
Peine; Paris, 1836. — 18° Adriani de Lafage
motetorum liber secwnrfus; Paris, Nitou, i837.
— 19° Psalmi vespertini quaternis vocibus cum
organo ; ibid., 1837. III. Écrits didactiques. —
20° Manuel complet de musique vocale et ins-
trumentale, ou Encyclopédie musicale, par
A.-E. Choron et Adrien de Lafage; première
partie, Paris, Roret, 1836, 1 vol. in-18 ; deuxième
partie, ibid., 1837, 3 volumes in-18; troisième
partie, ibid., 1838, 2 vol. in-18. Cet ouvrage,
dont Choron avait fait le plan, n'est, à vrai dire,
qu'une compilation ; malheureusement ce plan,
fait d'après ses idées habituelles sur la fusion
de écoles ( F. Choron ), est très-défectueux, et
le choix des ouvrages où il a puisé est fort mal
fait. Les quatre premiers livres avaient été prépa-
rés par lui. Le premier traite de la théorie des
éléments de la musique traduits de la Scuola di
musica de Gervasoni ( voy. ce nom ) ; le second,
de la mélodie, d'après le Manuel décomposition
de Koch ( voy. ce nom ) ; le troisième, de l'harmo-
nie et du contrepoint , d'après Marpurg, Fena-
roli et Azopardi ; enfin, le quatrième, consacré
aux contrepoints simples et doubles, est tiré de
Fux et de Marpurg. Les huit autres livres, ré-
digés d'après les plans de Choron, par M. de la
Fage, traitent des canons et de la fugue, suivant
plusieurs maîtres allemands et italiens; des ins-
truments, par Francœur, de l'union mécanique
et intellectuelle de la musique et du discours,
d'après les idées de Framery et de Chabanon.
Le huitième hvre, qui a pour objet les styles,
est un développement de ce que Choron a écrit
sur ce sujet dans ses Principes de composition
des écoles d'Italie; le neuvième renferme le
petit traité d'acoustique qu'il a inséré dans le
même ouvrage; le dixième est relatif aux insti-
tutions musicales. On comprend que dans cet
étrange amalgame il ne peut y avoir tiace de
doctrine ni de véritable méthode. La plus grande
11
102
LAFAGE
partie des matériaux avait déjà été employée dans
les Principes de composition des écoles d'Italie.
Ce Manuel, qui ne justifie pas son titre, est en
somme un mauvais ouvrage, — 21" Séviéiologie
musicale, ou Exposé succinct et raisonné des
principes élémentaires de musique, etc.; Paris,
Nicou, 1837, in-4''. Cet ouvrage sert d'introduc-
tion aux métliode'^ concertantes de Clioron. —
•n" Principes élémentaires de musique; Paris,
1837. Ce petit extrait de la Séméiologie est placé
en tète de quelques petites raétliodes d'instru-
ments pi'blites par le libraire Roret. — 23" No-
tice sur la vie et les ouvrages de Stanislas Mat-
iei; Paris, 1839, in-l2 de 32 pages, extraite de
la Gazette musicale de Paris. Elle a été traduite
en italien par l'auteur, sous ce titre : Memorie
intorno la vita e le opère di Stanislao Maitco,
da J. A. de la Fage, Parigino, etc.; Bologne,
1840,in-8°. — 2i° Notice surZingarelU; Paris,
imprimerie de Bourgogne, in-8". — 26" De
la Chanson considérée sous le rapport mu-
sical; Paris, 1840, iu-S". — 26" Éloge de Cho-
ron, lu à l'Académie de Caen, dans la séance
du 7 février 1836; Paris, imprimerie du Duces-
sois, 1844, in-8° de 48 pages. — 27" Notice
sur Bocquillon-Wilhem, écrite en mai 1S42;
ibid., 1844, in-8°. — 28° Histoire générale de la
musique et de la danse; Paris 1844, 2 vol.
in-8°, et deux livraisons de planches. Ces volu-
mes contiennent seulement la partie de l'histoire
qui concerne la musique de l'Orient dans l'antiquité.
La suite n'a pas été publiée. — 29" Notice sur
Joseph Baini, écrivain musical et compositeur;
Paris, 1844, in-8° de 20 pages. — 30° Miscel-
lanécs musicales ;T^av\s, 1844, 1 vol. in-8''. L'au-
teur reproduit dans ce volume ses notices sur
Zingarelli, Mattei et Baini ; on y trouve aussi
d'antres notices sur Haydn, Martin, Lays, Tritto,
Belliui, Pilotti, Pierliiigi de Palestrina, etc. —
31" Orgue de l'église royale de Saint-Denis,
construit par MM. Cavaillé-Coll père et fils.
Rapport fait à la Société libre des beaux-arts;
Paris, 1845, in-8" de 100 pages, avec une planche;
2^^ édition, Paris, 1846, in-8"de96 pages, avec une
planche. — 32" Orgue de Saint- Eustache , etc.
Lettre adressée à M. Eugène Sue ; Paris, 1845,
in-8' de 16 pages. — 33" De la reproduction
des livres de plain-chant romain; Paris,
1853, in-8". — 34" Lettre écrite à l'occasion
d'un mémoire pour servir à la restauration
du chant romain en France, par l'abbé Cé-
leste Alix; Paris, 1853, in-8". — 35" Cours
complet de plam-chant, ou Nouveau traité
méthodique ei raisonné de chant liturgique de
V Église latine, à l'usage de tous les diocèses;
Paris, 1855-1856,2 vol. in-8". — 36" Quinze vi-
LAFFILLE
sites musicales à l'exposition universelle de
1855; Paris, 1855, in-8". Ce travail est extrait de
ia Gazette musicale àe Paris. — 37" Prise à
partie de M. l'abbé Tesson dans la question
des nouveaux livres de plain-chant romain;
in-8". — 38" Extraits du catalogue critique et
raisonné d'une petite bibliothèque musicale;
in-8". — 39" Nicolai Capuani, presbiteri, com-
pendium musicale; in-8°. — 40" Routine pour
acco)npag7ier le plain-chant,ou moyen prompt
et facile d'harmoniser à première vue le
plain-chant pris pour basse, sans avoir étu-
dié Vharmonie ; Paris, in-8". Lafage est mort à
Cliarenton, le 8 mars 1862.
LAFFtLLARD (Michel). Fo?/. AFFIL-
LARD {L').
LAFFILLE (Charles), amateur de mu-
sique , est né à Amiens, vers 1772. Jeune encore,
il entra dans l'administration; en 1798 , il obtint
l'emploi de receveur des domaines à Bruxelles, et
il occupa ce poste jusqu'en 1810. Fixé depuis
lors à Paris , il s'y lia d'amitié avec beaucoup
d'artistes, qui réveillèrent eu lui le goût de la mu-
sique; il composa quelques romances, des can-
tates de circonstance , et se fit éditeur de mu-
sique. En 1824, sa maison de commerce fut ac-
quise par A. Petit, et Laffillé, resté sans emploi ,
fonda une agence spéciale des beaux-arts-, dont
il fut le directeur. En 1831, il prit la direction du
Grand-Théâtre de Bruxelles; mais les agitations
de la Belgique à cette époque ne furent pas favo-
rables au succès de son entreprise; il y perdit
beaucoup d'argent, l'abandonna au mois d'oc-
tobre de la même année, et retourna à Paris.
Il y est mort, au mois de novembre 1843. On
a de cet amateur quelques recueils de poésies,
publiés à Paris. Comme musicien, il a donné :
1" Marches et pas redoublés en harmonie, n"s i à
24; Paris, A. Petit. L'auteur lésa composés pour
l'usage de la garde nationale de Paris, dont il
était un des capitaines de musique. — 2" Les Veil-
lées parisiennes , contredanses pour deux vio-
lons et basse, livres 1 à 3; ibid. — 3° Valses et
marches pour 2 clarinettes; ibid. — i° Les con-
certs de Bellone, arrangés pour piano pa. L. Ja-
din, liv. 1, 2; ibid. — 5" Douze romances avec
accompagnement de piano ; ibid. — 6" Le retour
des Lys, cantate à grand orchestre , exécutée à
i'Opéra de Paris, au mois d'avril 1814. Laffdlé a
été l'éditeur d'un joli recueil intitulé : Souvenir
des Ménestrels , contenant une collection de
romances inédites, composées par les poètes
et les musiciens les plus célèbres; Paris, 1813
à 1828, 16 volumes in-ls. Plusieurs romances ,
dont Laffillé a composé les vers ou la musique ,
se trouvent dans ce recueil.
LAFLECHE — LAFONT
IG3
LAFLECHE ( J.-A. -M. ). Professeur de
guitare , d'Iiarmonie et de cliant, à Lyon , a fondé
en cette ville une école publique de musique qui
était déjà en activité en 1819. Il a publié un
livre élémentaire qui a pour titre : Méthode de
guitare, contenant une théorie de viusique,
d'harmonie et d'accompagnement ; Lyon, 1818,
in-4''.
LAFONT { Charles-Philippe), violoniste
célèbre, est né à Paris, le r"^ décembre 17S1. Sa
mère , sœur de Bertbeaume (voy. ce nom), jouait
du violon ; elle lui donna les premières leçons de
musique et de cet instrument ; plus tard, Ber-
tbeaume lui-même le prit pour son élève , et le
fit voyager avec lui en Allemagne. Encore enfant,
Lafont exécutait des solos dans des concerts pu-
blics en 1792 à Hambourg et à Lubeck, et faisait
déjà remarquer la [parfaite justesse de ses in-
tonations et sa dextérité. De retour à Paris, il re-
çut pendant deux ans des leçons de Kreutzer :
Navoigilie aîné , puis Berton , lui enseignèrent
riiarmonie. Doué de tact et dégoût, il apprit
seul à chanter, n'ayant pour le guider que ce qu'il
entendait de Garât. Cette époque était celle des
concerts du théâtre Feydeau, qu'on établit après
la réaction politique qui suivit le 9 thermidor.
Lafont y chanta des airs français et des roman-
ces qu'on applaudit à cause de l'expression qu'il
y mettait. Devenu ensuite élève de Rode, il s'ef-
força d'imiter le fini et la perfection du jeu de
cet artiste ;dès lors son talent de violoniste com-
mença à prendre le caractère qu'il conserva
depuis , et qu'un long travail perfectionna de
plus en plus. Une justesse irréprochable , un son
pur et moelleux auquel on aurait désiré quelque-
fois plus d'énergie, beaucoup de sûreté dans
l'exécution des traits, enfin un charme irré-
sistible dans la manière de chanter sur son ins-
trument, telles étaient les qualités par les--
quelles Lafont se fit remarquer à son entrée dans
la carrière, et qu'il a perfectionnées dans la
suite par des études constantes. En 1801, il com-
mença «es voyages en parcourant la Belgique
pour y donner des concerts avec Gabriel Lemoinc,
faible pianiste, qui ne lui servait guère que d'ac-
compagnateur. Apiès cette première tournée, qui
dura quelques années , Lafont revint à Paris , et
jeta les fondements de sa réputation dans les con-
certs qui furent donnés à l'Opéra et au théâtre
Olympique en 1805 et 1806. Il fit ensuite de-
longs et nombreux voyages en Allemagne, en Hol-
lande, dans les Pays-Bas, en Italie, en Angle-
terre et dans le nord de l'Europe. Après le retour
de Rode en France, en 1808, Lafont lui succéda
à Pétersbourg dans la place de violon solo de l'em-
pereur de Russie. Son séjour dans cette ville se
prolongea pendant six ans. En 1812, il lutta
à Milan avec Paganini. Lorsqu'il revint à Paris ,
en 1815,1e roi Louis XVIII le nomma premier
violon de la musique de sa chambre; plus tard
Lafont joignit à cette place le titre de premier ac-
compagnateur de la duchesse de Bcrry. Apres
cette époque, il.se fit entendre souvent dans de
grands concerts à l'Opéra et ailleurs; partout le
public l'accueillit avec des applaudissements
justifiés par son beau talent. En 1831 , il fit
avec le célèbre pianiste Henri Herz un nouveau
voyage en Allemagne; deux ans après il visita
la Hollande, et dans l'été de (838 11 parcourut
une partie de la France. En 1839 il fit une ncou-
velle excursion avec le même artiste; mais ce
voyage eut une fin malheureuse , car Lafont y
trouva la mort, le 14 août (1), par la chule de la
diligence dans laquelle il .se trouvait, sur la route
de Bagnères de Bigorre à Tarbes. La secousse
fut si violente, qu'il avait cessé de vivre quand on
le releva.
On connaît de cet artiste : 1° 1*"" concerto pour
violon et orcliesfre;'Paris,Lemoin€. — 2° Deuxième
idem (en «^mineur) ; Paris,|Leduc. — 3' Troisième
idem (en mi mineur); Paris, Janet. — 4° Quatrième
idem (en ré) ; ibid. — 5° Cinquième idem (en ut) ;
ibid. — 6" Sixième idem (en fa) ; Paris, Érard.
— 7° Septième ,idem, ibid. — 8" Fantaisie sur
les airs de La Vestale, avec orchestre; ibid. —
9° f'' et 2* air russes variés pour violon et or-
chestre; Paris, Leduc. — 10° Souvenirs du
Simplon, airs suisses variés pour violon et or-
chestre. — 11° Grande fantaisie et variations
sur la romance d'O/e/io , avec orchestre; Paris,
A. Petit. — 12" Grande fantaisie et variations
sur des thèmes de La Gaz::,a ladra et de Cene-
rentola , avec orchestre, ibid. — 13° Ronde
d'Emma variée, avec orchestre; ibid. —
14° Grande fantaisie sur des airs de Léocadie,
avec orchestre; Paris, Pleyel. — 15''' Andante el
boléros pour violon principal, 2 violons, alto,
violoncelle et contrebasse; Vienne, Leidersdorf.
— 16° Rondeau brillant (en ki) , avec accom-
pagnement de quatuor, ibid. — 17° Tioisième
et quatrième airs variés pour violon principal ,
avec accompagnement ie violon, alto et vio-
loncelle; Paris, Érard. — 18» Les Chevaliers
de la Fidélité, variations pour piano , violon
et cor; Paris, Janet. — 19° Environ vingt duos,
fantaisies et airs variés pour piano et violon ,
en société avec différents pianistes, tels que
Kalkbrenuer, H^rz, Mt^e Hérault, etc.— 20° Duo
pour harpe et violon ; Paris, Janet. — 21° Envi-
(1) Quelques biographes placent ce triste événement an
23 août ; mais Henri Herz, compagnon de voyage de La-
font, m'a donné la date du 14.
11.
164
1.AF0NT — LAGRANGE
ion deux cents romances, dont plusieurs ont eu
lin succès de vogue ; Paris, cliez tous les éditeurs
de musique. — 22" Plusieurs morceaux inédits,
dont un pour violon et orgue. Lafont a composé
deux opéras; le premier, en un acte, intitulé
Zélie et Terville, a été représenté au théâtre
Feydeau, en 1803, et n'a point réussi ; le second
a été écrit à Pélersbourg, pour le théâtre particu-
lier de l'empereur, à l'Ermitage, puis a été re-
présenté au Théâtre-Français de cette ville. La-
font était chevalier de la Légion d'honneur.
Mme Lafont a eu de la réputation comme can-
tatrice.
LAGARDE (N. [DE), musicien ordinaire
de la chambre du roi, fut choisi en 17)7 pour
maître de musique des enfants de France. Il pos»
sédait une voix de basse fort belle,, fort étendue
surtout, et passait pour un chanteur habile. La
Borde dit que rien n'était plus parfait que des duos
cliantés par Lagarde et par Jéliotte; ces deux
artistes faisaient, dit-il, le charme des soupers de
leur temps. En 1751, Lagarde écrivit l'acte d'i'-
glé dans l'opéra intitulé Les nouveaux Frag-
ments : cet ouvrage lut accueilli avec faveur; le
public applaudissait surtout un chœur et les airs
de danse. On a aussi de ce musicien trois livres
de duos de table, quinze livres d'airs à chanter.
Nouveaux airs à une et plusieurs voix en
quatre reciLeils; plusieurs cantates, parmi les-
quelles on citait particulièrement celle à'Énée et
J)idon, et La Musette, cantatille. Ces petites piè-
ces ne manquent pas d'une certaine mélodie na-
turelle : elles ont eu un succès prodigieux dans
leur nouveauté, et Lagarde passait pour n'avoir
point de rival dans ce genre de composition. Ce
musicien vivait encore en 1780.
LAGARIN ( François), violoniste, né à Ge-
nève, le 10 juin 1814, commença l'étude de la
musique dans cette ville, et y (it de rapides i)ro-
grès. Le 15 octobre 1824, il fut admis comme
élève au Conservatoire de Paris, et y reçut des
leçons d'Auguste Kreutzer pour le violon. 11 ob-
tint le second prix au concours de 1830, et le
premier lai fut décerné dans l'année suivante.
Ses études furent terminées en 1832, et bientôt
après il entra à l'orchestre de l'Opéra, d'abord
comme un des seconds violons, puis comme
premier. M. Lagarin est aussi membre de la So-
ciété des concerts du Conservatoire. On a de cet
artiste quelques compositions pour son instru-
ment.
LAGETTO (....), luthier italien, fixé à
Paris sous le règne de Louis XIV , a fait des
violons qui ont été recherchés dans le dix-hui-
tième siècle. Ils sont fabriqués sur le modèle de
ceux d'André Amati, et sont vernis à l'esprit-de-vin.
LAGKiXER (Daniel), organiste à Losdorp ,
au commencement du dix-septième siècle, naquit
à 'Marchpurg, dans la Styrie. Il vécut pendant
quelques années à Nuremberg , comme maître
de chapelle de Saint-Sébald, et fut en dernier lieu
compositeur du comte de Lobenstein. On ignore
l'époque de sa mort. Ses ouvrages imprimés sont :
1° Melodia funebris 6 vocum; Vienne, 1601 ,
in-fol. — 2° Soboles musica, id est cantiones
sacrx 4-8 vocum; Nuremberg, 1002. —
3° Florum Jessxorum semina veicibus qua-
tuor per musicos numéros disseminaia, etc.;
Nuremberg, 1607, in-4''. — 4° Neuwe teutsche
Lieder mit 4 Stimmen (Nouvelles chansons
allemandes à 4 voix); Nuremberg, 1C06, in-4''.
LAGO (Jean DEL ), moine et contrepointisie,
né à Venise, au commencement du seizième siècle
a publié un livre élémentaire intitulé : IJreve in-
troduttione alla musica misurata; Ex prxlo
Brandini et Octaviani Scoti frairumhabentur
excussx Venetiis, 1540, petit in-4'', volume fort
rare. Giovanni del Lago est le même auteur
que Possevin appelle Joannes de Lacu {Bi-
blioth. Select a. lib. XV, tom. II, p. 223).
LAGOANÈRE (Le chevalier DE), violo-
niste et compositeur pour son instrument, né
dans le midi de la France, vers 1785 , servit d'a-
bord comme soldat , se distingua dans la guerre
d'Espagne, sous l'empire, fut fait officier et obtint
la décoration de la Légion d'honneur. Rentré en
France après la paix, il reprit le violon qu'il avait
cultivé dès son enfance, et se fit remarquer à
Paris dans les concerts, en 1817 et dans les an-
nées suivantes. Après avoir été violon solo de la
Société des amateurs duWauxhall, il voyagea et
s'arrêta quelque temps à Strasbourg, oùilse trou-
vait en 1 824. Plus tard , il se fixa à Lausanne, en
qualité de premier violon et directeur de musique.
11 est mort au Vigan (département du Gard ),
dans le mois de janvier 1841. On a publié de .^a
composition : 1" Six duos faciles et progressifs
pour 2 violons, hvres l^'' et 2*^; Leipsick, Breit»
kopf et Hœrtel.
LAG RANGE (Joseph-Louis), illustre géo-
mètre, naquit à Turin, le 25 janvier 1736, de pa-
rents français d'origine. Il ne parut pas d'a-
bord avoir de penchant pour les mathématiques;
mais à l'âge de seize ans il commença à étudier
les ouvrages des anciens géomètres ; un an après,
la lecture d'un mémoire de Halley développa tout
à coup son goût pour l'analyse moderne. Deux
années d'études lui suffirent pour être au courant
de la science. Dès 1754 il fit paraître un pre-
mier écrit sur une série de son invention pour
les différentielles et les intégrales d'un ordre quel-
conque. Depuis lors, de beaux mémoires et des
I
lAGRANGE
ir.à
onvrages importants sur les principaux objets de
la science se succédèrent avec rapidité. Ce n'est
point ici le lieu d'en examiner la valeur. Je ne
dois citer que ceux de ses travaux qui ont du rap-
port avec la musique. Eu première ligne se pré-
sente sa dissertation sur la propagation du son,
insérée dans le premier volume des Mémoires de
rAcadéraie de Turin (1759), et dont Montucla a
donné une analyse dans le Journal étranger
(mai 1760). On trouve dans cette analyse le ré-
sumé suivant du travail du grand géomètre :
« M. de Lagrange s'attache d'abord à montrer
l'insuffisance de la théorie de Newton, et à l'aide
de la méthode des variations, il résout la ques-
tion par les principes directs et lumineux de la
dynamique. Toutes les propriétés de la transmis-
sion du son sont renfermées dans la formule gé-
nérale de M. de Lagrange. Voici les conséquen-
ces principales qu'il en tire : 1° que la vitesse
du son ne dépend aucunement de la vitesse ou
de la force de l'ébranlement imprimé à l'air;
2° que le son se propage également de tous les
côtés du corps qui le produit; 3° que la vitesse
est la même dans toute l'étendue de la fiDre élas-
tique; 4° que cette vitesse ne dépend point
de la longueur de cette fibre, c'est-à-dire, que
le son se transmet avec la même vitesse dans
un air libre et dans celui qui est renfermé. La
plupart de ces conséquences étaient, il est vrai,
déjà connues par l'observation ; mais nous pen-
sons qu'il n'y a aucun physicien qui méconnaisse
le mérite d'avoir déduit ces faits d'une solide
théorie. »
Dans le même mémoire, Lagrange fournit une
nouvelle théorie de la formation des échos; il la
tire du développement de quelques cas de sa
formule. On trouve dans le dernier chapitre la
solution du problème du troisième son, qui a
servi de base à la Théorie musicale de Tartini.
Taylor avait déterminé dans son livre : Me-
thodus incrementorum directa et inversa
(Lond., 171.'j), la courbe que forme une corde
vibrante, tendue par un poids donné, en suppo-
sant : 1" que la corde dans ses plus grandes
excursions s'éloigne peu de la direction rectili-
gne de l'axe ; 2° que tous ses points arrivent
en même temps à l'axe. 11 trouva que cette courbe
est une trochoïde très-allongée; ensuite il assi-
gna la longueur du pendule simple qui fait ses
oscillations dans le même temps que la corde vi-
brante fait les siennes (1). D'Alembert, Euler
et Daniel Bernoulli, qui s'étaient ensuite occu-
pés de la solution de ce problème, en avaient rec-
tifié la seconde partie, présentée en effet d'une
(1) Bossiit, Histoire des MatMmatiques , teine II,
p. »32 et suiv.
manière trop arbitraire par Taylor; mais leurs
solutions, sans conduire à des résultats absolu-
ment satisfaisants, avaient donné lieu à des dis-
cu.ssions animées, dans les mémoires de l'Aca-
démie de Berlin (années 1747, 1748, 1753, 1760).
Lagrange se livra à une savante discussion de
cette question dans le même volume de l'Acadé-
mie de Turin qui a été cité précédemment; puis
il y revint dans le volume de 1762, et présenta
sur ce sujet une analyse aussi nouvelle que pro-
fonde. Depuis lors il a perfectionné sa théorie dans
les diverses éditions de sa Mécanique analy-
tique. Lagrange s'était beaucoup occupé de re-
cherches sur la musique des anciens ; on assure
que parmi ses papiers, recueillis après sa mort
par l'Institut de France, il y a quelque chose sur
ce sujet.
Les premiers travaux d* Lagrange fixèrent
sur lui les regards de toute l'Europe savante. En
1759 il fut nommé membre de l'Académie de
Berlin. Frédéric II l'appela ensuite pour la pré-
sider, après la retraite d'EuIer. En 1787, le roi
de France lui accorda une pension de 6,000 li-
vres, un logement au Louvre, et divers autres
avantages pour qu'il allât se fixer à Paris : il
s'y rendit immédiatement. Après la révolution,
il fut successivement professeur à l'École normale
et à l'École polytechnique, membre de l'Institut,
sénateur, comte de l'empire, et grand officier de
la Légion d'Iionneur. Il mourut à Paris, le 10
avril 1813,3 l'âge de soixante-dix-sept ans.
LAGRANGE (Anna-Caroline DE), can-
tatrice célèbre, née à Paris, le 24 juillet 1825,
montra dès ses premières années une organisa-
tion musicale tout exceptionnelle. Élève de Sta-ai-
maty {voyez ce nom) pour le piano, elle fit en
peu de temps des progrès qui tenaient du pro-
dige , et déjà le professeur, qui lui transmettait
le mécanisme de l'école de Kalkbrenuer, prédi-
sait à la mère de cette jeune fille les succès de
pianiste les plus brillants, lorsque Bordogni
{voyez ce nom), ayant un jour essayé sa voix,
dit à son tour : Jetez ce piano par la fenêtre,
et ne vous occupez que du chant; il vous con-
duira à la plus belle renommée ainsi qu'à la
fortune. On ne jeta pas le piano; mais son
étude ne fut plus qu'accessoire, et Ml'e de La-
grange devint élève de Bordogni. Douée de la
plus rare facilité de vocalisation, elle eut bientôt
dépasséles espérances du professeur. Le premier
essai de son talent fut fait au théâtre d'amateurs
que le comte de Castellane avait fait construire
dans son hôtel du faubourg Saint-Honoré. On y
devait représenter La duchesse de Guise, opéra
de M. de Flottow, alors à l'aurore de sa carrière
de compositeur. Des amateurs distingués,^ appar»
IGG
LAGRANGE — LAGIIERRE
tenant à l'élite de la société, devaient chanter
<ians cot ouvrage; mais il lallait pour le rôle prin-
cipal fie femme un véritable talent d'artiste : on
eut recours à M"* de Lagrange, qui frappa l'au-
(liloire (i'étonnement et d'admiration par la ma-
nière dont elle chanta ce rôle. Les avis furent
unanimes sur le; succès qu'elle obtiendrait au
théâtre si elle se rendait en Italie. Dès ce mo-
ment la résolution de M™'^ de Lagrange fut
prise : elle partit avec sa fille pour Milan. Arrivée
dans cette ville, M'ie de Lagrange prit des leçons
de Mandanici (voyez ce nom), pour se préparer
aux traditions de la scène italienne; mais ce maî-
tre ne tarda point à lui dire : Mademoiselle, je
ne sais plus ce que je pourrais vous apprendre.
Cependant, elle ne se faisait point illusion, et elle
comprenait très-bien qu'il lui restait beaucoup à
faire, parce que la vocalisation, si brillante qu'elle
soit, n'est qu'une des qualités de l'art du chant.
Après Mandanici, elle se confia aux soins de
Lamperti, à cette époque le maître le plus re-
nommé de rjtalie, et ce fut sous sa direction
qu'elle acheva ses études au point de vue de l'art
dramatique. Cependant, nonobstant l'opinion fa-
vorable des artistes italiens sur le talent de
M"e de Lagrange , il existait alors en Italie un
préjugé contraire aux cantatrices françaises qui
faisait hésiter les entrepreneurs à l'engager pour
leurs théâtres : enfin, grâce à la protection de la
famille Medici , elle fut engagée pour chanter à
Vare.se, au mois d'octobre 1842, la Chiara di
Bosenberg , de Louis Ricci. Le succès qu'elle y
obtint eut un éclat extraordinaire; car elle dut
répéter sa cavatine, et elle fut rappelée douze fois
pendant le cours de la représentation. A Novare,
OH elle se rendit ensnite, son triomphe fut égal.
Dans l'année suivante, elle chanta à Plaisance,
puis à Pavie, et toujours elle rencontra la même
faveur dans le public. En 1844 elle fut engagée à
Modène pour chanter le Corrado d'Altamura
de Frédéric Ricci, mauvais ouvrage qu'elle sou-
tint pendant quelques représentations par le seul
mérite de son chant. Dans la même année elle
chanta les Lombardi de Verdi, et y produisit une
vive impression. Après celte saison, elle fit un
voyage en Hollande et en Belgique, puis elle alla
chanter à Venise la Marescialla d'Ancre de
Nini, qui tomba à plat, mais dans lequel tous les
morceaux qu'elle chanta furent applaudis avec
enthousiasme. De là elle alla à Bologne, où elle
était engagée pour la Linda de Chamounix de
.Donizetti, elle y eut un brillant succès. Ce fut
dans cette ville qu^elle chanta pour la première
fois le Slabat Mater de Rossini, dans le palais
de la princesse Ercolani , pour le jour de nais-
sance de l'illustre maître (28 février). Les autres
chanteurs de solos étaient le ténor Ivïanoff e£
Zucchini, la meilleure basse italienne de ce
temps. Rossini tenait le piano. Dès ce moment il
prit un vif intérêt à cette jeune cantatrice, et lu!
donna des conseils sur les principaux rôles de ses
ouvrages. Dans la même année (1845) elle fut
eng^g(-e à Turin, puis (184G) elle chanta à Rovigo
et à Trieste. Dans celte dernière ville elle eut des
succès d'enthousiasme par la manière dont elle
chanta VErnani de Verdi, la Sonnanbula de
Bellini, et le Barbiere di Seviglia de Rossini.
Ce fut à la suite de ce succès que Mi'e de Lagrange
fut appelée à la Scala de Milan, et qu'elle y
produisit une profonde sensation dans la Normo.
En 1848, M"«de Lagrange se trouvait à Vienne
avec sa mère, qui ne l'avait jamais quittée et lui
avait prodigué ses soins dans les commencements
difliciles de sa carrière. Elle était engagée pour
le théâtre italien de cette ville, et venait d'épou-
ser M. Stankcwich, gentilhomme russe, lorsque
la révolution éclata en Autriche. Bientôt les évé-
nements devinrent si graves, que les théâtres de
la capitale furent fermés. M™e de Lagrange re-
vint alors à Paris avec son mari et sa mère.
L'administration de l'Opéra lui proposa un enga-
gement à cette époque; elle ne l'accepta que
condilionneliement, voulant d'abord s'essayer
dans le genre de musique de ce théâtre, dont
elle n'avait pas l'habitude et qui a peu d'analogie
avec le caractère de son talent. Elle y débuta
dans la traduction iVOtello, le 1" décembre I8485
n'y réussit que médiocrement, et prit le parti de
décliner l'engagement qui lui était offert. Depuis
lors elle a obtenu de grands succès à Vienne, à
Berlin, à Pélersbourg, dans les États-Unis d'A-
mérique, dans l'Amérique du Sud et au Brésil, où
elle a passé plusieurs années avec des avantages
énormes. Au moment où cette notice est écrite
(1862), M'"^ de Lagrange chante à l'Opéra de
Madrid avec ses succès habituels.
LAGUERRE(ÉLisABETn-CLAtiDE JACQUET
Dl"^), née à Paris, en 16fi9, se fit remarquer dès
ses premières années par ses heureuses disposi-
tions pour la musique. A peine âgée de quinze
ans, elle parut à la cour et charma Louis XIV
par son talent sur le clavecin; cette circonstance
engagea M"*^ de Montespan à la garder trois ou
quatre ans chez elle. Elle épousa ensuite Marin
De Laguerre , organiste de Saint-Séverin et de
Saint-Gervais, dont elle eut un fils, qui à l'âge de
huit ans étonnait ceux qui l'entendaient jouer du
clavecin, mais qui mourut dans sa dixième année,
jjme £jg Laguerre possédait un talent remarqua-
ble, pour son temps, dans l'art de préluder et
d'improviser sur l'orgue et le clavecin. En 1694,
elle lit représenter à l'Académie royale de mu-
LAGUERRE — LAHARPE
sique Cèphale et Procns,^xaxià. opéra de sa com-
position. Elle a publié trois livres de cantates à
voix seule, un livre de pièces de clavecin, et un
recueil de sonates pour le même instrument. En
1721 elle lit exécuter, dans la chapelle du Lou-
vre, un Te Deum, pour la convalescence du
roi. Elle mourut à Paris, le 27 juin 1729, à l'âge
de soixante-neul ans, et fut inhumée à Sainl-
Euslaclie.
L.IGUERRE (Marie-Joséphine), cantatrice
à l'Académie royale de musique, naquit à Paris ,
en 1755. Admise d'abord dans les chœurs, en
1774, elle débuta en 1776 par le rôle d'Adèle
de Ponthieu, musique de La Borde , et joua
avec succès, au mois de juin de la môme année,
celui A'Alceste, qui venait d'être créé par sa ri-
vale, Rosalie Levasseiir. Douée d'une voix pure
et touchante, plus jeune et plus jolie que M''eLe-
vasseur, avec qui elle partagea le premier em-
ploi eu 1788, a la retraite de M^e Arnould, elle
aurait .icquis une grande réputation si son in-
conduite n'eût avili ses talents et arrêté leurs
progrès. Piccinni lui avait enseigné son rôle d'/-
phigénie en Tauride, qu'elle chanta fort bien à
la première représentation; mais à la seconde
elle était ivre en entrant en scène; elie chan-
celait et balbutiait au point d'exciter le rire et
les buées du public. M^'e Arnould dit plaisam-
ment à cette occasion que c'était Iphigénie
en Champagne. Elle mourut à Paris, le 14 février
1783, à l'âge de vingl-buit ans. Oit trouva dans
son portefeuille sept à huit cent mille francs
en billets de la caisse d'escompte; et elle laissa
en outre 40 mille livres de rente, deux maisons
et beaucoup de bijoux.
LAHALLE (Pierre), est né à Rouen, le 9
novembre 1785, d'une bonne famille du pays de
Caux. Il était encore enfant lorsqu'il perdit son
pèri", négociant aisé, dont la fortune fut ensuite
dilapidée. Jeune encore, il se rendit à Paris et s'y
livra à l'étude des mathématiques. Peu fortuné,
il chercha des ressources pour son existence dans
l'enseignement de cette science. 11 a publié aussi
divers ouvrages originaux ou traduits de l'an-
glais, et a coo[)éré à la rédaction de plusieurs
journaux, entre autres au Mercure du dix-neu-
vième siècle , auquel il a fourni plusieurs arti-
cles relatifs à la musique, ainsi qu'au supplément
de la Biographie universelle des contempo-
rains, publiée par Rabbe et M. de Boisjolin;
mais aucun de ces travaux n'a pu le tirer de sa
posHion précaire ni lui créer une position dans
le monde littéraire. Après la révolution de juillet
1830, un des anciens amis de M. Lahalle, ayant
été nommé préfet d'un département, l'emmena
avec lui pour s'aider de ses conseils et de son
expérience, et celui-ci quitta Paris; malheureu-
sement une sanlé délabrée et la perte totale de
la vue ne laissait d'autre espoir à ce littérateur
que de voir bientôt arriver la fin d'une vie agitée
et malheureuse. M. Lahalle a publié un livre inti-
tulé : Essai sur la musique, ses fonctions dans
les mœurs, et sa véritable expression ; suivi
d'une bibliographiemusicale^V&m, Rousselon,
1825, 1 vol. in-18 de 196 pages. Cet ouvrage,
dont le style est agréable, ne renferme que ries
vues d'une esthétique vague, dont les applica-
tions ne présentent point d'utilité pour l'art. Les
réflexions de l'auteur contre l'imitation en mu-
sique, insérées dans le chapitre intitulé Bornes
de l'art (p. 74 et suiv.), sont ce qu'il y a de
plus utile dans le livre.
LAHARPE (JEAN-Fi;\Neois DE), critique
célèbre et poète, naquit à Paris, le 20 novembre
1739. De brillantes études faites au collège d'Har-
court lui préparèrent des succès ; mais son dé-
but ne fut point heureux. Quelques vers sa,li-
riques contre le directeur de ce collège lui furent
attribués, et le firent enfermer d'abord à Bicêtre,
ensuite au For-Lévêque. A l'âge de vingt ans il
publia ses premières productions, qui consistaient
en plusieurs héroïdes, genre de poésie alors à la
mode. Quelques tragédies, parmi lesquelles on
remarque ^Va>'wi(■k, Philoctcte et Virginie,
des discours, des éloges et des poèmes couron-
nés par l'Académie française et par quelques
autres sociétés littéraires, les traductions de Sué-
tone et de la Lusiade de Camoëns, enfin la ré-
daction du j1/ercure rfe France, etVAbrégéde
l'histoire générale des voyages de l'abbé Pré-
vost, remplirent sa vie jusqu'en 1786. A cette
époque il commença au lycée le cours de littéra-
ture française, qu'il continua pendant quatre ans,
dont il a publié ensuite la rédaction, et qui est
un de ses plus beaux titres au souvenir de la pos-
térité. Après avoir adoplé avec enthousiasme
les principes de la révolution française, et même
après avoir porté jusqu'au fanatisme l'ardeur
des réformes démagogiques, il chanta la palino-
die, attaqua ce qu'il avait encensé, se fit exiler
de Paris, y resinl, reprit son cours, et mourut
le 11 février 1803, dans sa soixante-quatrième
année. En 1777 Labarpe était chargé delà ré-
daction du Journal de politique et de littéra-
ture; il y fit insérer, le 5 mars, à propos d'une
reprise à'Iphigénie en Aulide, une critique de
la musique de Gluck, qui lui attira une piquante
réponse de Suard, dans le Journal de Paris,
sous lepseudonymede V Anonyme de Vaugirard.
Labarpe publia, le 25 du même mois, dans son
Journal une assez longue réplique, qui fut suivie
de plusieurs autres lettres de l'anonyme. Le
1(,S
LAHARPE — LAHOUSSAYE
5 octobre de la même année Laliarpe rentra
dans cette polémique, et publia un long article
critique à propos de l'annonce d''Armide. Ce fut
le signal d'une nouvelle lutte, plus ardente que
la première : des réponses de tous genres furent
adressées au critique. Toutes ces pièces ont été
réunies dans !e voliuiie intitulé Mémoires pour
servir à l'histoire de la révolution opérée
dans la musique par M. le chevalier Gluck.
Longtemps après, Laliarpe a reproduit ses idées
sur ce sujet dans son Cours de Littérature
(Ille partie, liv. !«', cliap. 6, iv' section), mais
avec beaucoup plus de développement.
LA. HIRE (Philippe de), géomètre, pro-
fesseur de mathématiques et d'architecture au
Collège de France, et membre de l'Académie
royale des sciences, né à Paris, en 1640, y
mourut, le 21 avril 1719. Parmi les nombreux
mémoires qu'il a fournis à la collection de l'A-
cadémie royale des sciences , on remarque celui
qui a pour titre : Explication des différences
des sons de la corde tendue sur la trompette
marine (Tom. IX, pages &00-529). Ce mé-
moire a été reproduit dans les Œuvres meslées
de M. De La Hire, Amsterdam, 1759, in-4''
(pages 330-350). La plupart des faits indiqués
dans ce mémoire sont empruntés à la 16'^ propo-
sition du traité de musique du P. Dechailes
( Cursus sew mundus mathematicus, tom. ÏV,
pag. 23), particulièrement l'explication du phé-
nomène des battements du pied du chevalet sur
la table d'harmonie, lorsque l'archet met en vi-
bration énergique la corde de la trompette ma-
rine. SavArl (voyez ce nom) a fait de nouvelles
expériences sur ce phénomène. On a aussi de La
Hire des Expériences sur le so7i, dans le volume
des Mémoires de l'Académie royale des sciences
de 1716 (p. ?62-268 ).
LAHMEYER ( J.-F. ), maître de musique
du séminaire et organiste de l'église Saint-
Égide, à Hanovre, est auteur d'un ouvrage qui
a pour titre : Handbuch der Harmonielehre,
oder Anweisung z.ur Théorie der Musik. Zu-
nxchsi zum Sclbstunterricht fUr Seminaristen,
nncl angehende Orgelspieler bestimmt ( Ma-
nuel de la science de l'harmonie, ou instruction
sur la théorie de la musique, etc. ), Hanovre,
1823, in-fol. Cet ouvrage a pour base la théorie
de Gottfried Weber {voy. ce nom ).
LAIIOU ( Jean-François-Joseph ) , né à
Lille, le 10 avril 1798 , a été admis comme élève
au Conservatoire de Paris, eu 1815. Après y
avoir fini ses études , il entra au théâtre de l'O-
déon comme première flûte, pendant les années
1818 et 1819; puis il fut appelé en Hollande, où
il eut pendant deux ans les fonctions de chef de
musique du 9^ régiment. Devenu, en 1822, pre-
mière flûte du Théâtre Royal de Bruxelles , il
conserva cette place pendant quinze ans , et y
joignit le titre de première flûte solo du roi des
Pays-Bas. A l'époque de l'organisation du Con-
servatoire de Bruxelles , il y fut nommé pro •
fesseur. On lui doit des élèves distingués, parmi
lesquels on remarque MM.Aerts, Derudder, Léo-
nard et Demeurs. N'ayant pas voulu adopter
la flûte de Boehm, que le directeur du Conser-
vatoire voulait introduire dans l'école, Lahou
donna sa démission et fut remplacé par son élève
Demeurs. Il établit un hôtel pour les voyageurs;
mais cette affaire n'ayant pas réussi , sa têle se
dérangea, et il mourut aliéné le 12 janvier 1847.
On a de cet arliste : 1" Concerto pour flûte ;
Anvers, Schott. : — 2" Fantaisies et airs varies
pour flûte principale. — 3" Trois duos pour
2 flûtes.
LAHOUSSAYE (Pierre ), violoniste dis-
tingué , naquit à Paris, le 12 avril 1735. Doué
des plus heureuses dispositions , il apprit seul la
musique à l'âge de sept ans, et parvint, sans
avoir eu de maître, à jouer agréablement du
violon. Piffet, musicien de l'Opéra, sur-
nommé le grand nez , lui donna ensuite des
leçons et le mit en état de jouer au concert spi-
rituel, avant d'avoir atteint sa dixième année.
Quelque temps après, Lahoussaye fut intro-
duit ciiez le comte de Senneterre, où il eut
le bonheur d'entendre les plus célèbres violo-
nistes de l'époque, entre autres Pagin, Gaviniès,
Pugnani , Giardini , Van Maldere, et Dorai-
nique Ferrari. Rassemblés un jour dans cette
maison, plusieurs de ces artistes jouèrent cha-
cun une sonate : remarquant l'enthousiasme du
jeune homme, Ferrari lui présenta son violon,
et Lahoussaye , après avoir préludé d'une ma-
nière brillante , exécuta de mémoire plusieurs
traits de la sonate de Tartini qu'il venait d'en-
tendre. Des félicitations lui furent adressées
par ces maîtres habiles , et Pagin le prit pour
son élève; puis le fit entrer chez le comte de
Clermont, en qualité de violoniste de ses con-
certs. Cependant un vif désir de voir et d'en-
tendre Tartini tourmentait Lahoussaye , malgré
l'heureuse position où il se trouvait. Une occa-
sion favorable se présenta pour réaliser ses
vœux à cet égard. Le prince de Monaco le prit
à son service et l'emmena en Italie. Arrivé à
Padoue, son premier soin fut de se rendre à l'é-
glise où Tartini devait jouer uii concerto. Rien,
disait-il longtemps après, ne saurait exprimer
la surprise et l'admiration que me causèrent
la justesse, la pureté du son, le charme de
l'expression , la magie de l'archet, enfin
LAHOUSSAYE — LAINEZ
ir.a
toutes les perfections dont le jeu de Tarlini
venait de m'offrir le modèle. Ce grand artiste
l'accueillit avec bonté , et, retrouvant eu lui les
principes de son école, que le jeune violoniste
avait puisés chez Pagin, il lui donna des le-
çons.
Rappelé par le prince de Monaco , Lahous-
saye dut s'éloigner à regret de Padoue; mais
arrivé à Parme, il y trouva un engagement
avantageux à la cour de l'inlant don Piiilippe et
l'accepta. Traetta était alors maître de chapelle
du prince ; il enseigna au jeune violoniste les
éléments de la composition, et lui fil écrire,
pour l'exercer, beaucoup d'airs de ballets dans
ses opéras. Comblé de témoignages de bonté
par le prince, mais désireux de revoir encore
celui qu'il appelait le maure des maîtres, La-
houssaye retourna à Padoue près de Tarlini ,
dont il reçut encore des leçons jusqu'en 1769.
Devenu ensuite chef d'orchestre dans plusieurs
grandes villes de l'Italie, il déploya un rare
talent dans l'exercice de cet emploi. Après
quinze ans de séjour dans ce pays, il suivit Ga-
glielmi à Londres en 1772, pour y diriger l'or-
chestre de l'Opéra italien. De retour à Paris
en 1775 , il y eut en 1779 la direction de l'or-
chestre du concert spirituel , et en 1781 celle de
l'orchestre de la Comédie italienne, fn 1790 il
partagea ave« Puppo les fonctions de chef d'or-
chestre du théâtre de Monsieur, qui prit ensuite
le nom de théâtre Feydeau. Il occupait encore
ce poste en 1800 , et je l'y ai connu , dirigeant
l'orchestre de cette époque avec un rare talent.
C'était un beau vieillard, dont la figure calme ,
les traits réguliers , et les cheveux blancs ilot-
tant sur ses épaules, inspiraient le respect. A
la réunion des deux théâtres Favart el Feydeau,
il perdit son emploi, et ce digne artiste, qui
avait rendu tant de services à l'art et en parli-
culier au théâtre , fut mis à la retraite sans
obtenir de pension. A l'origine de la forma-
tion du Conservatoire , il avait été nommé un
des professeurs de violon de cette école : com-
pris au nombre des maîtres dont la réforme fut
décidée en 1802, il perdit encore celte place. On
dit que le chagrin qu'il eut des malheurs qui le
frappaient dans sa vieillesse le porta à des
excès d'intempérance dans ses dernières an-
nées, et qu'il tomba dans une profonde misère.
Le besoin l'avait obligé d'accepter une place de
second violon à l'Opéra; mais en 1813 la di-
minution de ses forces et une atteinte de surdité
ne lui permirent plus de faire son service, et
il fut réformé. Il est mort à Paris , vers la fin
de 1818, à l'âge de soixante-dix-neuf ans. Peu
de violonistes ont eu une manière plus grande
et plus belle que Lahoussaye : la justesse de
son intonation était parfaite, et le son qu'il ti-
rait de l'instrument était pur et vigoureux. Je
me souviens de lui avoir entendu jouer la so-
nate du, Diable, de Tarlini, de manière à
exciter autant d'étonnement que de plaisir,
quoiqu'il ne fût déjà plus jeune. 11 a publié à
Paris un œuvre de sonates pour le violon , et
a laissé en manuscrit douze concertos d'église
pour le même instrument , sept œuvres de so-
nates , et trois œuvres de duos. On ignore qui
a recueilli ses manuscrits après sa mort.
LAINEZ ou LAINE (Etienne), acteur de
l'Opéra, était fils d'un jardinier et naquit à Vau-
girard , près de Paris, le 23 mai 1753. On dit
que Berton (père), directeur de l'Opéra, l'ayant
entendu chanter dans une rue où il vendait de la
laitue , et lui trouvant une assez bonne voix et de
la justesse , le demanda à ses parents , et lui
fit apprendre la musique. Lainez parut en pu-
blic pour la première fois en 1770 , à l'époque du
mariage de Louis XVI, dans un acte de ce qu'on
appelait alors des Fragments. 11 fut ensuite ad-
mis à l'école de chant et de déclamation de l'O-
péra (en 1771 ), et débuta en 1773 , dans des rô-
les de peu d'importance. Ses succès le firent
choisir pour doubler Lcgros dans Alceste, en
1777, et dans Armide, l'année suivante. Après
que Legros eut pris sa retraite , il devint chef de
l'emploi de premier ténor, appelé alors haute-
contre, el pendant quarante-deux ans que dura
sa carrière théâtrale , il créa beaucoup de rôles
qui lui firent plus d'honneur comme acteur que
comme chanteur, parliculièrement ceux d'Énée
dans Didon,de Dardanus, de Rodrigue dans Chi-
mène , de Polynicc dans Œdipe à Colorie, de
LiciniusdansZff P'eitoZe,deTrajan,deCortez,etc.
Une physionomie expressive, une démarche
noble et aisée , une action dramatique pleine de
chaleur, étaient les qualités qui distinguaient cet
acteur ellui procuraient de brillants succès, quoi-
qu'il portât souvent l'énergie jusqu'à l'exagéra-
tion. A l'égard de son chant, on ne peut rien
imaginer de plus ridicule. Une voix criarde et
chevrotante , l'absence de toute éducation vocale,
si ce n'est d'une articulation fort nette du réci-
tatif; des sons gutturaux ou nasards mêlés à des
cris; voilà ce qu'on remarquait dans le chant du
premier ténor de l'Académie royale de musique,
et ce qui inspirait autant d'étonnement que de
dégoût aux étrangers qui l'entendaient. Dès le
commencement de la révolution de 1789 , Lainez
montra son attachement à la cause de la royauté.
Applaudi et couronné par le parti royaliste à la
fin de 1791, pour avoir chanté avec enthousiasme
dans Iphigénie en Aulide ; Chantons, celé-
170
LAINEZ — LALANDE
Iroiis notre reine, il fut siffié à outrance quel-
ques jours après par le parti contraire , qni le
contraignit à s'excuser, à protester de son ci-
visme, et à fouler aux pieds la couronne qui lui
avait été décernée. 11 se vengea de cette humilia-
tion, après le 9 thermidor, par sa véhémence
lorsqu'il chantait le Réveil du peuple, au com-
mencement de chaque soirée. Laintz se retira de
l'Opéra le 1" janvier 1812; puis il alla donner
quelques représentations à Marseille et à Lyon.
Dans la même année il se chargea de la direc-
tion du théâtre de celte dnrnière ville; mais
cette entreprise ne fut point heureuse; elle le
mina, et il fut obligé de l'abandonner, vers' la
(inde 1816. Il revint alors à Paris, essaya de
repjiraître à l'Opéra, dans Arvire et Evelina,
mais il ne parut plus supportable, et ne se soutint
jusqu'à la fin de la représentation qu'à la faveur
du souvenir de ses anciens services. Il retourna
à Marseille, y resta quchpies mois, puis revint
encore à Paris , où il obtint, en 1817 , une place
de professeur de déclamation lyrique au Con-
servatoire de musique. Les chagrins et les in-
firmités empoisonnèrent ses dernières années. Il
mourut le 15 septembre 1822, des suites de l'o-
pération de la taille , dans la soixante-dixième
année de son âge.
LAIOLLE. Vouez LAYOLLE.
LALANDE (Michel-Richard DE), surin-
tendant de la musique de Louis XIV et de
Louis XV, naquit à Paris, le 15 décembre 16-57,
de parents pauvres. Son père était tailleur. La-
lande fut le quinzième enfant de ce pauvre homme.
Placé comme enfant de chœur dans l'église
Saint-Germain-l'Auxerrois, il y apprit la musique
sous la direction de Chaperon , qui l'affection-
nait à cause de sa jolie voix. La nature l'avait
doué d'un esprit sérieux qui le portait au travail,
et telle était son ardeur à l'étude, qu'il y passait
souvent les nuits. Il apprit presque seul à jouer
du violon, du clavecin, de la basse de viole et
de plusieurs autres instruments. A quinze ans i!
perdit sa voix par la mue, et sortit de la maî-
trise où il avait été élevé. Un de ses beaux-frères
le reçut généreusement chez lui, et donna chaque
semaine des concerts pour qu'il eût occasion de
se faire connaître. Le violon était l'instrument
dont il jouait alors mieux que d'aucun autre; Il
paraît toutefois qu'il n'y était pas des plus ha-
biles, même pour son temps , car s'étant présenté
à Lulli pour être admis dans son orchestre, il
ne fut point agréé. Le mauvais succès de sa
démarche lui causa tant de chagrin,que de dépit
il brisa son violon, et qu'il renonça pour toujours
à cet instrument. Il se remit alors à l'étude de
l'orgue, et y fit de si grands progrès, qu'on le
choisit pour desservir à la fois quatre orgues des
églises de Paris, savoir, celles de Saint-Gervais ,
de Saint- Jean, des Jésuites et du petit Saint-An-
toine. Le P. Fleuriau lui confia la composition
des symphonies et des chœurs de plusieurs tragé-
dies destinées au collège des Jésuites : on fut sa-
tisfait de son travail. Plus tard il se présenta au
concours pour la place d'organiste du roi :
Louis XIV l'entendit à Saint-Germain, et Lulli,
juge de ce concours, déclara que si la place de-
vait être donnée au plus habile, elle lui appar-
tenait ; mais on le trouva trop jeune. Ce fut la
seule fois que Lulli rendit justice à Lalande; on
a fait la remarque qu'il ne savait pas le nom du
concurrent lorsqu'il prononça en sa faveur.
Le maréchal de Noailles avait choisi Lalande
pour enseigner la musique à ses filles; sur sa
recommandation, le roi confia au jeune artiste
l'éducation musicale des princesses qui furent en-
suite duchesse d'Orléans et Madame la Duchesse.
Reconnaissant des bontés du monarque, l'artiste
mit tant de zèle dans l'exercice de ses fonc-
tions, qu'il ne sortit du château de Versailles
pendant trois ans que pour aller passer les
nuits à Clagny , où Louis XIV lui avait donné
un logement. Ce prince, qui aimait la personne
et les talents de Lalande, le combla de faveurs.
D'abord il lui donna la charge de maître de la
musique de sa chambre; puis, en 1683, après la
retraite des surintendants de la chapelle Dumont
et Robert, lorsqu'il fut décidé qu'il y en aurait
quatre qui serviraient par quartier, il lui accorda
une de ces places. On rapporte à ce sujet que Ro-
bert, qui se relirait, ayant présenté Goupillet,
l'archevêque de Reims Minoret, et Lulli son
élève Colasse, chacun exaltant le mérite de son
protégé et discutant le choix du quatrième surin-
tendant, le roi leur dit : « Messieurs, j'ai accepté
« ceux que vous m'avez présentés; il est juste
« que je choisisse à mon tour un sujet de mon
«goût, et c'est Lalande que je prends pour
« rem[)lir le quartier de janvier. » Le choix de
Louis XIV était le meilleur, car Lalande fut le
plus habile compositeur français de son temps
pour la musique d'église. En 1684 , le roi lui fit
épouser Anne Rebel , qui passait pour la meil-
leure cantatrice de sa chambre , fit les frais de
la noce et dota la jeune femme. Lalande eut
deux filles de ce mariage. Elles étaient douées
de belles voix ; leur père ne négligea rien pour en
faire des musiciennes distinguées. En 1704, il les
fit entendre à Louis XIV, qui , charmé de leur
talent, les admit dans sa chapelle, et donna à
chacune mille livres de pension. La satisfaction
que donnaient à Lalande des filles dun tel
mérite, dit un historien de la musique, ne fut
LALANDE
171
pas de longue durée : la petite vérole les lui
enleva on douze jours, à la même époque où
la mort dx, dauphin mit toute la France en
deuil. Ces jeunes cantatrices moururent en l7il.
Quelques jours après ce funeste événement, La-
lande parut à la cour; il n'osait approcher du roi ,
mais ce prince l'appela et lui dit : « Vous avez
« perdu deu\ filles qui avaient bien du mérite;
« moi j'ai perdu Monseigneur. » Puis il ajouta ,
en lui montrant le ciel : « Lalande, il faut sesou-
« mettre. » A toutes ses largesses précédentes en fa-
veur du surintendant de sa chapelle, le roi ajouta
successivement le don de plusieurs pensions, dont
t;ne de six mille livres sur l'Opéra, qui fut ensuite
supprimée par arrêt du conseil , celui du cordon
de l'ordre de Saint-Michel; enfin, il réunit dans
sa personne les quatre places de maître de sa
chapelle, avec tous leurs émoluments et avan-
tages .
En 1722, Lalande perdit sa femme : le cha-
grin qu'il en eut lui fit désirer la solitude et le
repos; il supplia le roi de permettre qu'après
quarante-deux ans de service il remît, gratuite-
ment et sans aucune réserve , trois quartiers de
l'emploi de maître de musique de la chapelle. Il
présenta pour le remplacer Campra, Bernier et
Gervais. Le roi (ou plutôt le régent, car Louis XV
n'était âgé que de douze ans) récompensa le
désintéressement de Lalande par une pension de
trois mille livres. Cet artiste remarquable s'était
remariéen 1723 à M'ie de Cur}- , fille d'un chirur-
gien de la princesse de Conti; il mourut le 18
juin 1720 , à l'âge de soixante-sept ans, après en
avoir employé quarante-cinq au service de la
cour.
Lalande a composé soixante motets avec
chœurs et orchestre pour le service de la cha-
pelle de Versailles; ils ont été publiés avec beau-
coup de luxe aux frais du roi , et divisés en vingt
livres qui se relient ordinairement en dix volu-
mes. Ces compositions , qui étaient d'un style
nouveau en France à l'époque où elles parurent,
démontrent que Lalande était doué d'imagination,
et qu'il possédait surtout l'art de bien exprimer
les paroles. .Cependant les éloges qu'on en a faits
sont exagérés; rien n'est plus ridicule que de voir
dans La Corde que c'est depuis Lalande que les
étrangers accordent aux Français la pri-
mauté dans la musique d'église sur toutes les
nations de l'Europe (Essai sur la musique,
1. III , p. 440). En supposant qu'il ne soit ques-
tion que de la musique d'église du style concerté,
et du temps où Lalande écrivait, comment se
fait-il que La Borde ait ignoré que toutes les for-
mes de ce style se trouvent dans les ouvrages de
Carissimi , et que Lalande l'a seulement appro-
prié au goût français? Ce compositeur eut in-
contestablement plus de génie que les Goupillet,
les Minoret, et les autres faiseurs de musique
d'église qu'on trouvait en France à la fin du dix-
septième siècle et au commencement du dix-hui-
tième; mais ses productions paraîtraient bien
pâles à côté de celles de Haendel et de Bach , qui
furent presque ses contemporains. Lalande a écrit
aussi la musique de Mélicerte, comédie de Mo-
lière, mêlée de chants, et le ballet des Élé-
ments, dont le poète Roi avait fait les paroles.
L'acte du Feu a été joué longtemps avec succès :
il formait à lui seul une pièce entière. Ces ou-
vrages sont restés en manuscrit. Titon duTillet
assure que Lalande a travaillé à plusieurs opé-
ras , mais qu'il n'a jamais permis qu'on en jouât
rien sous son nom.
LALANDE (Joseph-Jérôme LEFRANÇAIS
DE), célèbre astronome, né à Bourg (Ain), le 11
juillet 1732, fit SCS études chez les jésuites, se
fit recevoir avocat au barreau de Paris, et com-
mença la pratique chez un procureur. Plus tard
il abandonna la carrière du droit pour l'astrono-
mie, qu'il étudia sousMessier, puis sous Lemon-
nier. Infatigable au travail, il fit beaucoup d'ob-
servations, et publia un grand nombre de livres ;
mais il avait l'esprit étroit, et jamais il ne com-
prit la science dont il s'occupa pendant plus de
cinquante ans, que dans le mécanisme de ses dé-
tails. Il mourut à Paris, le 4 avril 1807. Pendant
les années 1765 et 1766, il avait fait un voyage
en Italie, dont la relation, beaucoup trop prolixe,
a été publiée sous le titre de Voyage d'un Fran-
çais en Italie ; Paris , 1769, 8 vol. in-8% et 1786,
9 vol. in-12. On y trouve beaucoup de rensei-
gnements sur la musique et les musiciens de l'I-
talie à cette époque.
LALANDE (Henriette-Clémentine MÉRIC),
et non Marie, connue elle est appelée dans la
Biographie portative des contemporains, n'est
point fille d'un comédien, mais d'un directeur
de musique d'une troupe de province, nommé
Lamiraux- Lalande. Elle naquit à Dunkerque,
eu 179S. Son père lui e4iseigua les éléments de
la musique. Sa voix avait de la fraîcheur et du
timbre, et son intelligence ainsi que sa mémoire
étaient parfaites. On ne lui donna d'abord d'autre
éducation vocale que les rôles qu'on lui fit ap-
prendre. En 1814, elle parut pour la première
fois au théâtre de Nantes, et son début fut heu-
reux. Je l'entendis à Douai, en 18.15; elle était
alors une des plus agréables actrices d'opéra-co-
mique qu'on pût entendre sur les théâtres «le
province. Jusqu'en 1822, elle continua de jouer
dans les villes les plus importantes de France,
et partout avec succès. Le bruit de son talent
Ï72
LALANDE — LAMANIÈRR
d'instinct était parvenu à Paris, et l'administra-
tion du Gymnase dramatique, qui avait obtenu
l'autorisation de faire jouer l'opéra-comique sur
son tliéâlre, lui offrit un engagement qu'elle ac-
cepta. F.Ile était alors âgée de vingt-quatre ans.
Mais à peine fut-elle arrivée à Paris, qu'elle com-
prit, en écoutant les bons chanteurs du théâtre
italien, que les premières notions de l'art lui man-
quaient absolument. Sa voix s'était développée,
avait acquisdii timbre et de la souplesse ; mais elle
ignorait les principes de l'émission du son et
de la vocalisation. Garcia lui enseigna de cet art
ce qui était indispensable pour chanter le rôle
iV Angélique, dans Les Folia amoureuses, pas-
tiche arrangé par Castil-Blaze sur des mor-
ceaux tirés des opéras de Piossini, de Cimarosa,
de Paer et de Generali. Elle parut pour la pre-
mière fois à Paris dans ce rôle le 3 avril 1823,
et le succès qu'elle y obtint fit naître les plus
belles espérances pour son avenir. Ce fut à cette
époque qu'elle devint la femme de Méric, alors
corniste au théâtre de l'Opéra-Comique. Un en-
gagement avait été offert à M'"* Lalande par
l'administration de ce dernier théâtre; mais elle
suivit ie conseil qui lui fut donné par Garcia
d'aller en Italie. Arrivée à Milan en 1824, elle y
prit des leçons de Bontichi, puis de Banderali. Au
mois de novembre de la môme année, elle se
rendit à Venise, où elle débuta dans la saison du
carnaval. Ignorée dans cette ville aussi bien que
dans tout le reste de l'Italie, elle ne fut point
annoncée avec éclat; mais à peine eut-elle été
entendue, que sa réputation s'étendit avec rapi-
dité. Elte chanta pendant cette saison, avec un
succès toujours croissant, dans VEgilda de Pa-
vesi, dans Vllda d^Avenel, de Morlacchi, et
dans le Crociaio de Meyerbeer. Morlacchi, qui
l'avait enlendue et qui avait reconnu en elle les
qualités d'un beau talent, la (it engager immé-
diatement pour le théâtre de Munich, où elle
joua au printemps suivant dans VÉlisaheth, !a
Semiramide et le Mosè de Rossini, Don Juan
de Mozart et Egilda de Pavesi. Rappelée ensuite
en Italie, elle chanta à la foire de Brescia dans
La Donna del Lago et dans Eosa bianca e
Rosa. rossa de Mayer; puis elle alla à Crémone
pour l'ouverture du nouveau théâtre, et enfin elle
retourna à Venise, où la rappelait le désir de
tous les amateurs. Elle y chanta avec de nou-
veaux succès VAlcibiade de Cordella, le Mosè,
la Zclmire de Rossini, et VOrdeno ed Artulla
de Pavesi. Depuis lors jusqu'à la fin de 1829
elle se fit entendre sur les principaux théâtres de
l'Italie, et partout elle excita l'enthousiasme. Il
paraît toutefois que vers les derniers temps une
altérstion conunença à se faire sentir dans son
organe, car lorsqu'elle parut au théâtre Favart,
à Paris, le 2 octobre 1830, (Siàn^.VVltimo giorno
di Poi7ipeia de Pacini, on ne lui trouva pas le
charme qui lui avait procuré ses succès en Italie.
Après un assez long séjour à Paris, où sa voix
ne parut pas recevoir d'amélioration sensible,
elle s'est, dit-on, rendue en Espagne en 1833.
Aucun renseignement ne m'est parvenu depuis
lors sur cette cantatrice.
Une notice biographique sur M™* Méric-La-
îande a été publiée avec son portrait dans l'al-
manach musical intitulé : Teatro délia Fenice ,
Venise, 1826, in- 18.
LALLEMA1\D ( Jean-Baptiste- Joseph ),
médecin de Stanislas, roi de Pologne, né à Lan-
gres, le 28 août 1705, vivait encore en 1762. Il
était à cette époque directeur de la Faculté de
médecine de Paris. Au nombre de ses ouvrages,
il y en a un qui a pour titre : Essai sur le mé-
canisme des passions en général; Paris, 1751,
in-12. Il y traite des effets de la musique, et
analyse la manière dont le chant et la musique
instrumentale agissent sur les passions.
LALOUETTE ( Jean-François), ou LAL-
LOUETTE, né h Paris, en 1651, apprit la mu-
sique à la maîtrise de Saint-Eustaclie et eut des
leçons de violon de Guy-Leclerc, violon de la
grande bande du roi. Lulli, qui lui enseigna la
composition, le prit pour un des violons de son
orchestre, lorsqu'il eut l'entreprise de l'Opéra.
Lalouette , qui passait pour un des meilleurs
violonistes de son temps, fut ensuite chef d'or-
chestre du même spectacle et battit la mesure
pendant neuf ans. Il était quelquefois employé
par Lulli pour écrire les récitatifs de ses opéras
et remplir les parties des instruments; car Lulli
n'écrivait souvent que les parties vocales et la
basse ; mais on dit que ce compositeur jaloux
l'obligea de céder sa place de chef d'orchestre à
Cotasse, parce qu'il s'était vanté d'avoir composé
quelques-ims des plus beaux airs des opéras
de son maître. Cet événement arriva en 1084.
Neuf ans après, Lalouette obtint la place de
maître de chapelle de l'église métropolitaine de
Rouen; mais il ne la garda que deux ans, s'étant
retiré au mois de mars 1695 pour accepter l'em-
ploi de maître de chapelle à l'église Notre Dame
de Versailles. Il mourut dans cette ville, le I" sep-
tembre 1728, à l'âge de soixante-dix-sept ans.
Cet artiste composa la musique de plusieurs bal-
lets et intermèdes pour l'Opéra; ces ouvrages
sont restés en manuscrit. On a gravé de sa com-
position : 1° Motets à plusieurs voix, 1er livre,
Paris, in-fol., sans date. — 2° Miserere, 2« livre
de motets, ibid.
LA MANIÈRE (Exvpîjre DE), harpiste et
LAMANIÊRE — LAMARE
professeur de son instrument, né à Laon, s'éta-
blit à Paris en 1784 : il y vivait encore en 1302.
Ce musicien a eu un moment de vogue parmi ies
amateurs de harpe, par les recueils d'airs variés
qu'il a publiés pour cet instrument, chez Boyer
et chez Imbault. Le huitième de ces recueils a
paru en 1789, chez Sieber. On connaît aussi de
Lamanière des préludes pour la harpe , œu-
vre 11, et des romances avec accompagnement
de cet instrument, dont il avait composé les pa-
roles et la musique.
LAMARCHE ( François DE ), docteur en
théologie, chanoine, conseiller et directeur de la
chapelle de l'évêque d'Eichstadt, en Bavière,
vécut vers le milieu du dix -septième siècle. Il a
publié un traité élémentaire de musique en forme
de dialogue, à l'usage des élèves des écoles, sous
ce litre : Synopsis musica,oder Kleiner inhalt
wie die Jugend und andere ku?-zlicli und
mit geringer Mûhe in der Musica auch Ins-
trumenten ahzureichten ; Munich, 165C, in-8°.
LAMARCHE (Jean-Baptiste), médecin de
la faculté de Paris, né en 1779, est auteur d'un
mémoire intitulé : Essai sur la musique, con-
sidérée dans ses rapports avec la médecine ;
Paris, 1815, in-4''.
LAMARCK ( Jean-Baptiste-Antoine DE
MONNET, chevalier de), naturaliste distingué,
né le 1er avril 1744, à Bazantin, entre Bapaume
et Albert, mort à Paris, le 18 décembre 1829,
fut d'abord oflicier au régiment de Beaujolais,
et plus tard directeur des herbiers du Cabinet
d'histoire naturelle, professeur de zoologie, mem-
bre de l'Académie des sciences et de plusieurs
autres sociétés savantes. On a de ce savant beau-
coup d'ouvrages sur les sciences naturelles, jiar-
ticulièrement une Histoire naturelle des ani-
maux sans vertèbres, qui jouit de beaucoup
d'estime. Il n'est cité ici que pour un mémoire
qui a été publié dans le Journal de physique
(ann. 1800), et qui a paru séparément sous ce
titre : Mémoire sur la matière du son; Paris,
Belin, in-4° de 16 pages. Dans ce morceau cu-
rieux, Lamarck attribue les phénomènes du son
non à la vibration de l'air et des corps sonores,
mais à l'existence d'un fluide éthéré, très-sub-
til, et d'une grande rareté. C'est à ce même
fluide qu'il attribue les phénomènes de la chaleur.
Cette opinion, absolument contraire à toutes les
théories, ne soutient pas le plus léger examen.
Lamarck ne s'est point aperçu qu'il détruisait
lui-même son système par l'excessive rareté de
son fluide, car il est évident qu'il ne pourrait suf-
lire à des émissions de masses sonores telles que
de certains grands orchestres et des chœurs
nombreux de chanteurs.
17.3
LAMARE ( Jacques-Michel HURELDE),
célèbre violoncelliste, naquit à Paris, le 1" mai
1772, de parents peu fortunés dont il était le sep-
tième enfant, mais le fils unique. A l'ûge de sept
ans il entra chez les pages de la musique du roi,
où son caractère aimant et généreux lui fit des
amis de tous ses camarades, des professeurs
et du gouverneur. Il y reçut une bonne éduca-
tion musicale et littéraire. Lorsqu'il eut atteint
l'âge de quinze ans, Duport lui donna les pre-
mières leçons de violoncelle. Il semblait être né
pour cet instrument; ses succès tinrent du pro-
dige. Rentré dans sa famille avant d'atteindre sa
dix-septième année, il vit bientôt après éclater
les orages de la Révolution. La nécessité de pour-
voir à son existence et à celle de ses parents bii
fit chtrcher une ressource dans son talent, qu'un
travail obstiné développait avec rapidité. En 1794
il entra à l'orchestre du théâtre Feydeau, et il y
resta jusqu'en 1800. Les concerts de ce théâtre,
si célèbres dans ce temps, lui fournirent l'occa-
sion de se faire connaître et de se placer au pre-
mier rang parmi les violoncellistes français. Déjà
il avait été admis au Conservatoire, en qualité
de professeur de violoncelle; mais il ne garda
pas longtemps cet emploi, car il partit au com-
mencement de 1801 pour un voyage en Allema-
gne et en Russie. Arrivé à Berlin, il y fut pré-
senté au prince Louis-Ferdinand de Prusse (roj/.
ce nom), qui l'accueillit avec le plus vif intérêt,
s'enthousiasma pour son talent, et fit souvent de
la musique avec lui. La dernière fois que La-
mare vit ce prince, avant son départ pour la
Russie, il en reçut une bague avec la demande
de l'échanger contre une autre qui appartenait à
l'artiste. Touché de tant de bonté, Lamare a
conservé toute sa vie le souvenir de ce malheu-
reux prince, si digne d'une meilleure destinée.
Arrivé en Russie, de Lamare y vécut alterna-
tivement à Pétersbourg et à Moscou, fut atta-
ché au service de l'empereur, et donna des con-
certs où son talent excita toujours le plus vif en-
thousiasme. Son séjour en Russie se prolongea
jusqu'à la fin de 1808. Il reprit alors la route de
France par la Pologne et l'Autriche, et arriva à
Paris au mois d'avril 1809. Au mois de mai sui-
vant, il donna à l'Odéon un concert où son talent
ne produisit pas l'effet que ses amis espéraient j
une longue absence de cette ville lui avait laissé
de l'incertitude sur le goût du public: il n'eut pas
dans cette séance l'assurance qu'on attendait de
lui. Depuis lors il ne parut plus en public à Pa-
ris ; mais on l'entendit dans les cercles particu-
liers, et loin qu'on trouvât son talent diminué,
on reconnut qu'il avait acquis plus de fini. Il
était d'une habileté prodigieuse dans les diffieul-
174
LAMARE - LAMBERT
tés ; mais il était surtout admirable lorsqu'il exé-
cutait des quatuors ou qu'il accompagnait: aucun
violoncelliste, à mon avis, n'entrait aussi bien
que lui dans l'esprit de la musique, et n'en l'ai-
tait aussi bien ressortir les beautés.
Dans un voyage qu'il lit en Normandie, il con-
nut une dame qui, charmée de son beau talent
et touchée parles excellentes qualités qu'elle re-
marquait en lui, devint sa femme, le 15 mai 1815.
Dès lors il renonça à la carrière d'artiste, quoi-
qu'il continuât de l'être par son amour pour l'art.
11 vécut heureux pendant quelques années; mais
la perte de deux enfants lui causa un chagiiu
profond, qui paraît avoir été l'origine d'une
phthisie du larynx à laquelle il succomba, le 27
mars 1823, à l'âge de près de cinquante-deux
ans. Il cessa de vivre à Caen ; mais il fut in-
humé àSaint-Contest, près de cette ville, où il
possédait une maison de campagne.
Il me reste à signaler un fait singulier, peu
commun dans l'histoire des arts, et entièrement
inconnu dans les pays étrangers, mais qui n'est
<m mystère pour aucun artiste français, et que
la vérité m'oblige à publier. li existe sous le
nom de Lamare des concertos et des airs variés
pour le violoncelle qui ont obtenu de brillants
succès, et dont on a remarqué les formes origi-
nales autant que la piquante harmonie : tous
ces ouvrages ont été composés par Àuber
pour son ami de Lamare. Telle était l'impossi-
bilité où se trouvait celui-ci d'écrire lui -môme de
la musique analogue au caractère de son talent
d'exécution, qu'il n'a jamais pu fournir à Au-
ber le moindre trait qu'on put intercaler dans
un morceau. Ce ne fut pas sans peine que sa pro-
bité se résolut au subterfuge qui trompa le pu-
blic sur le nom du véritable auteur de ces com-
positions; mais il ne pouvait faire connaître son
talent d'exécution que dans de la musique com-
posée spécialement pour lui; et pour écrire cette
musique, Auber, qui ne se destinait point alors
à la profession de compositeur, n'avait mis qu'à
cette condition sa plume au service de son ami.
Lorsqu'il se présenta des occasions de décla-
rer la vérité à ce sujet, de Lamare les saisit tou-
jours avec empressement. Les compositions con-
nues sous le nom de cet artiste sont : i° Qua-
tre concertos pour violoncelle et orchestre (en
la mineur, )t, si bémol et la majeur); Paris,
Pleyel. — 2° Air varié idem, op. 4, ihiii. —
.3° Duos pour 2 violoncelles, op. 5; Paris, Ja-
net.
LAMARIOUSE (... DE), amateur de mu-
sique, né à Poitiers, dans les premières années du
dix-neuvième siècle, s'est fait connaître par un
opuscule qui a pour titre : Considérations sur
la mvsique; Poitiers, imprimerie de Saurin,
1841, in-8° de 12 pages.
LAMBARDI (Jérôme), né à Venise, fut
chanoine régulier du monastère de lo Spirito
Santo, près de cette ville, et vécut au commen-
cement du dix-septième siècle. Il s'est fait con-
naître comme compositeur de musique d'église
parles ouvrages intitulés -. 1° Psalmodia vesper-
tina omnium solemnit. cum cantico liealag
Virginis Marise octo vocum, cum basso ad
organum, liber secundus. In Cœnobio Sancti
Spiritus,propeVenetia, 1 605, in-4°. J'ignore quelle
est la date de la publication du premier livre des
psaumesàhuit voixdu P. Lambardi. Ces psaumes
sont divisés en deux chœurs, chacun pour so-
prano, alto, ténor et basse, avec une double par-
tie de basse pour l'orgue, laquelle a pour litre :
Armonia (sic) ex basibus desiimptaorganistis
dcscrviens libri secundi psalmorum vesper-
tinorum octonis vocibus, etc. Cette double basse
s'exécutait vraisemblablement l'une sur le cla-
vier du grand orgue, l'autre par le clavier de
pédale. Les notes de ces basses ne sont pas
chiffrées, ce qui indique que la nouvelle inven-
tion de ces chiffres n'était pas encore générale-
ment répandue : or, la partie de double basse
n'étant ni chiffrée ni en partition avec les par-
ties de chant, il est évident que l'organiste n'exé-
cutait pas l'harmonie avec la main droite. —
2" Salmi vesperiini m ogni solennità delV
anno acinque voci: Venise, 1613, chez les hé
ritiers d'Angelo Gardano. — 3" Vespertina
omn. solemn. psalmodia sex vocibus j ibid.,
1013, in-4".
LAMBARDI (Camille), maître de chapelle
(le VAnnunziata, à Naples, vécut dans cette ville
vers la fui du dix-septième siècle. On connaît
sons son nom l'ouvrage qui a pour litre : lies-
ponsori délia Settimana sanla, con il Beiie-
dictus,eChristusfactus est, a due cori ; Naples,
1692, in-4°.
LAMBERT , moine de l'abbaye de Saint-
Hubert, ordre de Saint-Benoît, cité dans le Can-
iatorium, \\\ait en 1055. Les bénédictins Mar-
tenne et Durand , premiers éditeurs de cette
jmportante chronique du onzième siècle, ont
fait observer que la mention d'orgues qui s'y
trouve est un fait très-remarquable à une épo-
que où ellesétaient d'une rareté excessive dans les
monastères. D'après cette chronique, Lambert
était organiste de l'abbaye de Saint-Huhert :
c'est le plus ancien nom connu d'un artiste de
ce eenre.
LAMBERT ( Pierre ), musicien français,
né à Noyon, en 1493, fut attaché à la chapelle
pontificale, ainsi qu'on le voit par son épitaphe,
LAMBERT
175
qui est dans l'église Sain, -Augustin à Rome.
Celte mOme épitaphe fait voir qu'il mourut à
Rome, le 1"" des calendes de septembre 1563 , à
lage de soixante-dix ans, et que Nicolas Polie-
îius, son élève, fut son exécuteur testamentaire.
Enfin, le même document nous apprend que,
Lambert était né à Noyon. Voici cette épitaphe :
Petro l.amberlo Bel», ncrvio
Noviodunensl
Summor. l'ontif. Symphoniaco
Gravi viro Inocciitia
El erga inopes adniir.ibili mia
Nicolaus Polletins
Cllcns et testamenti exccutor
Municipi et palrono lie se benemerenti
P.
Vixit annos LXX
Obitt 1 kal. sept. ann. Sal. MDLXIII.
Il est vraisemblable que c'est le même artiste
qui est désigné par plusieurs écrivains italiens du
seizième siècle sous les noms de Lamberto il
caldarino (Lambert le petit chaudron) et de
Lamberto il caldarajo ( Lambert le chaudron-
nier), peut-être parce qu'il avait exercé d'a-
bord cette profession. Quelques madrigaux de
Lambert ont été imprimés avec ceux d'An-
toine Barré, dans la collection qui a pour titre :
Primo libro délie Muse a qualtro voci , Ma-
drigali ariosi di Antonio Barré , et allri di-
versi autori; Rome, Ant. Barré, 1555, 'm-A°.
LAMBERT ( Michel), musicien et maître
de chant à Paris, dans le dix-septième siècle, eut
dans le monde élégant et à la cour la ré|iutation
d'un des meilleurs artistes de son temps. 11 na-
quit en 1610, à Vivonne, dans le Poitou, fut en-
fant de chœur à la sainte chapelle de Champigny,
et vint fort jeune à Paris, où Moulinier [voyez
ce nom ), charmé de son intelligence et de sa jolie
voix , le fit entrer dans les pages de la musique
de Gaston d'Orléans, frère de Louis XIII. Après
plusieurs années passées dans cette situation , il en
sortit, et se livra à l'étude de plusieurs instruments
et de la composition. Plus tard , il reçut des le-
çons de chant de De Niel , ou De Niert , valet de
chambre du roi et chanteur de sa musique. Ce
De Niel avait suivi le maréchal de Créqui dans
son ambassade à Rome. Il prit des leçons de
<;hant dans cette ville, et communiqua la mé-
thode italienne à Lambert lorsqu'il fut de retour
à Paris. Lambert, qui avait mis à profit ses
conseils, chantait d'une manière agréable; de
plus , il jouait bien du théorbe , du luth et du
clavecin. Le cardinal de Richelieu, dont la fa-
mille était du Poitou, l'admit près de sa per-
sonne, et lui promit de prendre soin de sa for-
tune ; cependant il ne paraît pas que l'artiste en
ait reçu d'autre faveur que celle de chanter dans
ses assemblées (1).
Il ne paraît pas facile de décider quand a
commencé la réputation de Lambert comme
maître de chant et comme compositeur d'airs à
la mode. Mersenne , dont le livre de Y Harmonie
universelle ia\. \m[>v\n\é en 1636, ne cite pas
son nom parmi ceux des musiciens connus de
son temps ; cependant Lambert était alors âgé de
'vingt-six ans. Ce qui paraît certain , c'est qu'il
était alors plus homme de plaisir qu'artiste soi-
gneux de sa renommée. Suivant les habitudes
des jeunes gens de ce temps, il hantait les ca-
barets et s'y enivrait parfois. Dans l'une de ces
maisons, appelée le cabaret du Bel-Air, et qui
était tenue par un certain Le Puis, il vit la
fille de l'hôte, lui trouva de la beauté, de l'es-
prit, une voix charmante, en devint amoureux,
et l'épousa. Tallemant des Réaux rapporte,
dans ses Historiettes, une autre anecdote, qui
fait voir jusqu'où il se laissait aller quelquefois,
même apiès son mariage. « Un jour, dit-il , que
« notre Orphée s'était lai.ssé entraîner dans une
« de ces caves de vin muscat, à la Croix du ti-
« voir ( autrement dit du trahoir) , il en sortit
« la tête en compote, et en s'en retournant il
« trouva Le Puis, son beau-père, qui lui dit
« qu'il le cherchait, que le cardinal le demandait,
« et qu'il y avait un carrosse au logis qui atten-
« dait il y avait longtemps. Il fallut aller; par
« bonheur pour lui, il y avait ce jour-là deux
« comédies ciiez le cardinal, l'une françoise,
« l'autre italienne, durant lesquelles il dormit
<( fort bien. On soiipa : il n'avait pas besoin de
« souper, il employa encore ce temps à dormir;
« il était dix heures quand on le lit chanter : il
« n'eut jamais tant de voix. « Le même Talle-
mant dit aussi que le mariage de Lambert ne
fut pas des plus heureux , et que sa femme
mourut de chagrin, au bout de trois ou quatre
ans, laissant une fille, Madeleine Lambert, qui
fut élevée avec beaucoup de soin par sa jeune
tante, M'ie Hilaire Le Puis. Tout cela appar-
tient à la jeunesse de Lambert et du vivant du
cardinal -de Richelieu , qui mourut en 1642 :
l'artiste' n'était alors âgé que de trente-deux
ans.
Ce fut vers cette époque que commença la
vogue de Lambert comme maître de chant; elle
devint telle en peu de temps, qu'il ne put sa-
(1) J'ai dit dans la première édition de cette Biogra-
phie, d'après le Parnasse français de Titon du Tillet.
que le cardinal de Richelieu fit avoir à Lambert la charge
de maitre de musique de la chnrabre du roi; mais ce
fait parait inexact. Lambert n'obtint cette charge que
sous le règne de Louis XIY.
Î/O
LAMBERT
tbfaire aux demandes de toutes les personnes
de condition qui voulaient prendre de ses leçons.
Quel que fût son talent, ce n'était pas le seul
avantage qui lui procurait la faveur de la ville et
de la cour ; car il était homme d'esprit , bon
convive , et fort plaisant dans sa manière de
conter. Quelques vers de la troisième satire de
Boileau font voir qu'on recherchait avec em-
pressement les occasions de se trouver avec
mi. Tout le monde les connaît :
Molière av*c Tartufe y doit jouer son rôle;
Et Lambert , qui plus est , m'a donné sa parole.
C'est tout dire en un mot , et vous le connolssez. —
Quoi! Lambert?... - Oui, Lambert : à demain. — C'est
assez,
Il paraît que ce musicien était obsédé par les
invitations des oisifs, qui s'amusaient de son chant
et de ses bons mots; il promettait souvent de
s'y rendre, pour se soustraire aux importunités;
mais rarement il était fidèle à sa parole : il
préférait aux plaisirs du monde le repos qu'il
goûtait dans sa maison de campagne, près de
Puteaux.
En dépit de son talent et de la faveur des
grands, l'existence de Lambert était peu fortunée,
et son revenu ne reposait que sur des bases assez
peu solides. Il aurait pu s'enrichir par ses le-
çons ; mais il n'y mettait pas beaucoup d'exac-
titude. Comme la plupart des artistes d'imagi-
nation, il en éprouvait souvent des dégoûts. Il
n'y avait point alors de concerts pour le public,
car ce qu'on appelle aujourd'hui le public
n'existait pas. Le roi , la cour et les plaisirs des
grands étaient la seule ressource des artistes :
la bourgeoisie et le peuple n'avaient d'autre des-
tination que de travailler et de payer les im-
pôts. Ajoutons que les musiciens en renom ne
faisaient pas leurs conditions, comme ils le font
aujourd'hui, pour aller jouer des instruments,
et chanter dans les salons de la noblesse : ils
recevaient des cadeaux éventuels, et parfois
on ne se souvenait d'eux qu'après de longs in-
tervalles. Lambert en éprouvait souvent d'assez
grands embarras. Le travail qu'il faisait pour
les ballets du roi (était aussi rétribué d'une
manière irrégulière. Enfin les airs charmants
qu'il composait, et qui faisaient les délices de la
cour et de la ville, ne lui rapportaient rien, car
personne alors n'imaginait que les idées d'un
compositeur eussent une valeur représentée par
de l'argent. La famille des Ballard , imprimeurs
de musique à Paris , avait seule la propriété de
toute la musique qui s'écrivait en France, sans
être tenue de l'acheter, parce qu'elle avait pour
cela privilège de roi. Lambert finit par se fati-
guer iTune existence si peu convenable pour un
homme de son mérite. Il se trouva si gueux,
dit Tallemant , quHl en eut honte. Toutefois il
fit peu de démarches lui-même pour sortir de
cette position -. il fallut que ses amis s'entre-
missent pour lui. M. de Lamoignon , évêque de
Lisieux, qui aimait avec passion le chant de
Lambert, fut un des premiers à s'intéressera
son sort : il lui donna une pension de mille
francs sur ses bénéfices. A quelque temps de là
il en eut une autre, de huit cents livres, de l'é-
vêque de Langrcs. Vers 1650 , il en obtint une de
400 écus sur la cassette du roi ; enfin, Louis XIV
lui accorda une des places de maître de la
musique de sa chambre. Celte époque fut la
plus brillante de sa carrère, et dès lors il goûta
les douceurs d'une vie exempte de soucis.
Vers 1655, il quitta la maison de Le Puis,
avec sa fille et sa belle-sœur Hilaire : tous trois
allèrent demeurer près des Petits-Pères , chez
un ami nommé Hervault, qui prit soin de leurs
affaires, et Lambert ne s'occupa plus que de
son art. Insensiblement il cessa de sortir de
chez lui pour donner des leçons, et sauf quel-
ques grandes dames pour lesquelles il consentait
à se déranger, ceux qui désiraient l'entendre et
recevoir ses conseils devaient aller chez lui. Sa
réputation croissait de jour en jour, son talent
passait pour incomparable. La Fontaine , vou-
lant donner l'idée de la perfection du chant , dit
dans une de ses fables : vous surpassez Lam-
bert (1), et Le Gallois, bon juge des artistes de
son temps , cite les plus habiles en ces termes :
u II est certain que quelques-uns d'entre eux
« ont eu une approbation universelle, qui semble
« les mettre dans une juste possession de la
« couronne, comme un Gautier pour le lut,
a un Chambonière pour le clavessin , un Lam-
V n bert pour le chant , un Francisque Corbette
« pour la guitare, etc. (2). » Il y a de charmantes
mélodies parmi les chansons et les petites can-
tates de Lambert : on y trouve plus d'élégance
et de variété que dans les airs de LuUi ; mais
la musique de théâtre, liée à l'intérêt drama-
tique, aura toujours des succès populaires qui ne
pourront être balancés par la musique de cham-
bre. Lambert surchargeait la sienne d'une foule
d'ornements , tels que le trille , les groupes ,
le coulé, le flatté, le port de voix, etc.
Ce sont vraisemblablement ces broderies, et
les doubles ou variations du thème, qui va-
lurent à Lambert sa réputation de grand chan-
teur.
(1) Livre XI. fable S».
(2) Lettre de M. Le Gallois à Mademoiselle Regnault
de Solier touchant la musique; Paris, listiennc Michallet,
11)80, in- 12; p. 66 et 66.
LAMBERT
177
Lulli épousa la fille de Lambert, le 24 juillet
1662, et reçut de son beau-père une dot de
20,000 livres. On a remarqué que celui-ci fut le
seul musicien dont le Florentin ne fut pas ja-
loux , et pour qui il eut toujours un respect
qu'on n'aurait pas attendu de son caractère
brutal. Lambert lui survécut, car il ne mourut
qu'en 1696, à l'âge de quatre-vingt-six ans. Il
fut inliumé près de son gendre, dans l'église des
Petits-Pères. On a de cet artiste un recueil
d'airs et de brunettes, publié en 1666, chez
Ballard, petit in-4° oblong. Il en a été fait une
deuxième édition , augmentée de quelques mor-
ceaux, chez Christophe Ballard, 1689, in-fol.
Après la mort de l'artiste , on recueillit un grand
nombre de ses morceaux de chant épars, et ils
furent publiés sous ce titre : Airs et dialogues
à une , deux, trois, quatre et cinq voix , com-
posez (sic) par feu M. Lambert, maître de
la musique de la chambre du Roi ; Paris ,
Ballard , 1698, in-4''. Dans la même année , il
parut une autre édition de ce recueil, à Ams-
terdam, chez Etienne Roger. Il y a des airs de
Lambert répandus dans plusieurs recueils de
divers auteurs publiés par les Ballard , notam-
ment dans celui qui a pour titre : Recueil des
plus beaux vers mis en chant. Il existe aussi
des recueils manuscrits qui renferment des
morceaux de la composition de cet artiste, les-
quels n'ont pas été publiés. Un de ces recueils
est à la Bibliothèque impériale de Paris : on y
trouve quarante-trois airs de Lambert avec d'au-
tres de Boesset, de Camus, etc. La bibliothèque de
l'Arsenal en possède un autre, sous le titre d'Airs
de M. Lambert non imprimés ( copié chez
Foucault , rue Saint-Honoré , à la Règle d'or ).
Enfîn, la Bibliothèque du Conservatoire de Paris
est en possession de Leçons des Ténèbres pour
la semaine sainte el d'un motet de Lambert qui
n'ont point été mis au jour.
M. J. Ed. Bertrand a publié dans la Revue
et Gazette musicale de Paris (I) une mono-
graphie , ou , comme on dit aujourd'hui , une
Étude sur Michel Lambert, oii il y a de l'intérêt,
bien qu'un peu diffuse ; ce travail nous a été
utile. Gerber a confondu Lambert avec Saint-
Lambert , autre professeur de musique et au-
teur d'un Traité d'accompagnement.
LAMBERT (N. DE SAINT-). Toj/e3 SAINT-
LAMBERT.
LAMBERT (....), luthier lorrain, sur-
nommé le charpentier de la lutherie, s'est
moins fait remaïquer par le mérite de ses ius-
(I) Voyez net'ue et Caiette musicale de Paris , *«• an-
née ( 1859 ) , p. 9, 3s, «9, 143, 15;.
uioGi; L.MV. niis musiciens. — t. v.
truments que par leur nombre. La quantité d«
violons qui sont sortis de ses ateliers est im-
mense. Il a formé quelques bons élèves , parmi
lesquels on distingue Saunier. Il parait qu'il
vivait encore à Nancy vers 1750, car on connaît
des instruments qui portent son nom et qui eut
été faits vers le milieu du dix-huitième siècle.
LAMBERT (Jean-Henri ) , savant mathé-
maticien et philosophe distingué , na()uit le 29
août 1728, à Mùlhausen, dans la Haute-Al-
sace. Il fut un des membres les plus actifs de l'A-
cadémie de Berlin , et mourut dans celte ville,
le 25 septembre 1777. Parmi ses nombreux écrits
on remarque les mémoires suivants, sur des su-
jets relatifs à la musique : 1° Sur quelques ins'
truments acoustiques (Mém. de l'Académie des
sciences de Berlin, 1763, p. 87 et suiv.). Il y a
une traduction allemande de ce morceau, avec
des notes du professeur Huth, publiée non à
Berlin, comme le dit Lichtenlhal, mais à Franc-
fort-sur-l'Oder, en 1796. — 2°5ur la vitesse du
so?r (Mém. de l'Académie de Berlin, ann. 1798,
p. 70 et suiv.). Lichtenthal s'est trompé en in-
diquant pour ces deux ouvrages les Mémoires da
l'Académie des sciences de Paris. — 3° Remar-
ques sur le tempérament en musique (Idem,
ann. 1774). Marpurg a inséré une traduction al-
lemande de ce morceau dans ses essais historiques
et critiques sur la musique (Hisfor. krit. Bey-
trxge, etc., t. V, pages 417-450). — 4° Obser-
vations sur les tons des flûtes (Mém. de l'Aca-
démie de Berlin, 1775) ; mémoire intéressant et
plein de recherches savantes.
LAMBERT (Georges-Joseph-Laurent), pro-
fesseur de chant et compositeur, est né à Arras,
en 1779. Les premières leçons de musique lui
furent données par son père ; puis il eut pour maî-
tre Schorn, maître de chapelle à l'église Saint-
Pierre. Il n'était âgé que deseizeans lorsqu'il fut
attaché en qualité de chef d'orchestre à une troupe
de comédiens qui jouaient alternativement dans
les villes du département du Nord, et pendant
près de dix ans (1795 à 1804) il en remplit les
fonctions. En 1805, il se trouvait à Amiens, où
il écrivit plusieurs morceaux de musique pour
rinstailation de l'évêque. Dans la môme année il
se fixa à Paris, où il se fit bientôt connaître comme
professeur de chant et comme compositeur de
romances agréables et de rondeaux qui eurent
alors de la vogue. Parmi ses romances, celles
qui ont obtenu beaucoup de succès sont : Qu'il
est doux ce premier désir; De la pudeur à
son aurore; Respectez l'aimable candeur;
Les adieux d'une fille à sa mère; Cécile, ou
l'amour; Les bords de la Loire, etc. Elles ont
été toutes publiées à Paris. Une des meilleures
12
I7S
LAMBERT — LAMBILLOTE
productions de cet artiste consiste en (rois qua-
iiioi's pour deux violons, alto et basse ; Paris ,
chez l'auteur. Ces quatuors, dont les mélodies
«nt du charme, et dont la facture est fort honne,
méritaient plus de succès qu'ils n'en ont obtenu ;
mais Lambert n'était pas connu pour ce genre
de musique, et l'on n'a voulu voir en lui que le
compositeur de romances. On a aussi de cet ar-
tiste quelques morceaux de musique d'église,
dont un Dotnine salvvm fac regem à 2 voix
et orgue ; Paris, Baucé ; \m 0 Salutaris à 3 voix
et orgue, ibid. ; un Magnificat à 4 voix et orgue,
ïbid. ; et un Chœur de vierges ( Jesu corona
virginum) à 3 voix et orgue, ibid. ; enfin, un autre
Magnificat à 4 voix, chœur et orcliCïtie, qui
a été exécuté après sa mort, à Paris, au mois de
juillet 1852. Lambert avait acquis de l'aisance,
on pourrait presque dire de la fortune, par un
travail constant et par l'économie. 11 n'était pas
marié. Libre de tons soins, il aimait à voyager,
et dans les dix dernières années de sa vie, il vi-
sita toutes les parties de l'Europe, pariant de
Paris vers le mois de juillet, et n'y rentrant qu'en
. novembre. Ses excursions avaient particulière-
ment la musique pour objet. Il est mort a Dijon,
dans les derniers jours de juin 1852, à Page de
soixante-treize ans.
LAMBERT (Charles)", professeur de
piano, né a Paris, en 1793, a reçu des leçons de
MM. Adam etZimmerman. Il a publié : 1° Sonate
élémentaire doigtée pour piano; Paris, Janet et
Cotelle. — 2° Recueil de contredanses pour piano ;
Paris, Omonl. — 3° Méthode de piano, con-
tenant le tableau du clavier, les principes du
doigter, etc. ; Paris, Boieldieu. — 4" Petite mé-
thode extraite de la précédente ; ibid. La fille de
ce professeur époBsa le harpiste et compositeur
Labarre.
LAMBERT (G.-L.)', né à Beverley, dans
le duché d'York, en 1705, a étudié les principes
de la musique sous la direction de son père,
organiste à l'église principale de cette ville. A
J'âge de seize ans , on l'envoya à Londres pour
achever son éducation musicale sous la direction
de Lyon, puis sous le docteur Crotch. En 1818,
H perdit son père, et le remplaça comme orga-
niste à Beverley, après avoir obtenu sa place
au concours. Il a publié : 1° Sonate pour piano
seul ; Londres, Latour. — 2° Duo pour piano à
quatre mains ; ibid. — 3" Trois trios pour piano,
violon et violoncelle ; Londres, Birschall. — 4° Sep-
tuor pour piano, violon, alto, violoncelle, deux
cors et contrebasse ; ibid.
LAMBERTl (Loi's) , compositeur, né à
Savone, le 22 octobre 1769; fit ses études musi-
cales sous la direction de L. Mariani, maître de
chapelle de la cathédrale de sa ville natale, el devirjt
un musicien fort habile. Après la mort de son
maître, il lui succéda dans ses fonctions de maî-
tre de chapelle; mais cinq ans après il les aban-
donna, par caprice, et depuis lors il eut une vie
agitée et précaire. En 1806 il vint à Paris, y
vécut sans emploi , et y publia diverses com-
positions pour le piano, dont il dédia plusieurs
morceaux à la princesse Pauline, sneur de Napo-
léon. On connaît sous son nom en Italie trois
opéras : 1° L'Amante schernito, farce. —
2" Orfeo, opéra séria. — 3" / due FratelU ori-
ginali. Il a aussi écrit plusieurs messes concer-
tantes , des vêpres pour toute l'année, des leçons
des ténèbres, un Miserere, deux Tanfiim ergo ,
plusieurs motets, hymnes et beaucoup de sympho-
nies, dont plusieurs caractéristiques, telles queZa
Mort de Louis XVI (ti Publius Claudlus; des
quintettes, quatuors et trios pour violon, alto
et violoncelle; des duos pour violon', clarinette»
llûte, beaucoup de pièces en harmonie pour des
instruments à vent; des concertos pour divers
instruments ; des sérénades, des sonates de piano
avec accompagnement de violon ; d'autres à qua-
tre mains, et des pièces de différents caractères.
On a publié de sa composition à' Paris : Sonate
pour piano avec violon ou flûte, op. 37 ; Paris,
Sieber. Lainberti vivait encore à Paris en 1812;
j'ignore ce qu'il est devenu depuis ce temps.
LAMBERTINI (Jean-Thomas), musicien
italien du seizième siècle, vécut à Venise, où il
était, suivant le fronli>pice de ses Madrigali ,
vice-maître de chapelle à l'église San-Lorenzo ,
en 1560, et oii il publia : Salmi penitenfiali a
quattro voci , 1569, in-4''. On a aussi de lui :
Madrigali a quattro, novamentc composti so-
pra quindici stanze di 3[. Bernardo Tasso,
con alcuni o.ltri madrigali del medesimo au-
tore. Libro primo; in Venezia, apj)rcsso d'Anto-
nio Gardano, 1560, in-4° obi.
LAMBILLOTE (Le P. Louis), jésuite, né à
Charleroi (Hainaut), le 27 mars 1797, montra
dès son enfance du goût pour la musique. A l'âge
de sept ans il eut la bonne fortune d'être ren-
contré par un abbé italien qui demeurait dans
un château des environs, et qui, remarquantses
dispositions mélomanes, lui enseigna les éléments
du solfège, du clavecin et de l'harmonie. Plus
tard, il reçut des leçons d'orgue d'un religieux
de l'ordre de Saint-Augustin, qui le mit en état de
remplir les fonctions d'organiste à l'église de
Charleroi, puis à celle de Dinant sur la Meuse.
Il était parvenu à l'âge de vingt-cinq ans lors-
qu'un de ses amis le détermina à l'accompagner
jusqu'à la maison des jésuites de §ainl-Acheul.
Il s'y présenta comme candidat pour la place
LAMBILLOTE
179
vacante de maître de chapelle, et l'obtint. Ce fut
alors qu'il conçut le dessein d'entrer dans la
Compagnie de Jésus ; mais il n'avait pas fait d'é-
tudes littéraires dans sa jeunesse : il dut se rési-
gner à les commencer à un âge où il est rare
qu'on y réussisse. Toutefois son courage et sa per-
sévérance le firent triompiier des didicultés et
acquérir une certaine connaissance de la lan-
gue latine. Admis au noviciat, le 15 août 1825,
il acheva le temps d'épreuves et fut ordonné
prêtre. Le reste de sa vie s'écoula dans diverses
maisons de son ordre, à savoir Saint-Acheul,
Fribourg, Aix (en Savoie), Briegg, Brugelette
(Belgique), et enfin, Vaugirard. Il est mort dans
celle-ci, le 27 février 1855, à l'âge de près de
cinquante-huit ans. Jusqu'à l'âge d'environ qua-
rante-trois ans, le P. Lambillote composa une
4;rande quantité de musique d'église d'un style
vulgaire, plus convenable pour les guinguettes
que pour le service divin, et de plus fort mal
«crile. Elle eut cependant du succès dans les
^)rovinces de France, où le goût est en général
•assez mauvais.
Le P. Lambillotle s'était fort peu occupé du
plain-chant jusqu'en 1842, époque où l'auteur de
celle biographie, ayant appelé l'attention des
ecclésiastiques sur les altérations qu'a subies le
chant grégorien dans un grand nombre de ma-
nuscrits, ainsi que dans la plupart des éditions,
et ayant fait connaître ses idées sur la nécessité
d'en faire une restauration uniforme, celte ou-
verture fit naître une grande agitation en France
-et en Belgique. Une foule d'écrits de tous genres
parut à celle occasion, et dans une question qu'il
aurait fallu étudier avec calme, on vit se pro-
duire une ardente polémique, où les'intérêts
d'amour-propre devinrent bientôt l'objet prin-
cipal (1). Au lieu de principes certains, qui ne
peuvent se déduire que d'une étude historique
des monuments, laquelle, il est vrai, est envi-
ronnée de grandes difficultés, chacun apporta
«es opinions et ses vues particulières. Celui qui
avait été la cause de tout ce bruit s'était pro-
posé l'unité dans le chant de toute l'église catlio-
lique : au lieu de cela , l'anarchie la plus com-
plète régna pendant plus dequinze ans, et l'on eut
pour résultats les livres de chant de Malines, de
Dijon, de Reims et de Cambrai, de Rennes et de
Digne, tous dissemblables, tous s'éloignant d'une
(1) l'arml le grand nombre d'auteurs qui ont pris part
à ce débat, on peut consulter, pour lesouvrages qu'ils ont
publics, les articles JIfleri, Alix, Bonhomme, Cloet, Fra-
selle et Germain, Ad. de La Fuije, bogaerts, Duval , De
f'ooht, Miiinurd. A'isard, Patu de Saint- Vincent, d'Or-
tiyue, Schubiger, ot l'fsscn. Il en rst beaucoup d'antres,
qui n'ont écrit sur ce sujet que dans Icsjouinauxecclésias-
li^ufset autres.
manière plus ou moins arbitraire du véinlable
but. Le P. Lambillotte s'était jeté dans la rnélée :
lui aussi se persuada qu'il était appelé à opérer
l'œuvre de la réforme du chant, et sans posséder
les connaissances nécessaires, il alla explorer des
manuscrits en diverses bibliothèques de l'Europe.
Il s'attacha particulièrement à celui de Saint-Gall,
que des traditions mal fondées présentaient comme
une copie authentique de l'Antiphonaire de saint
Grégoire; il en fit faire une copie en fac-simile ,
et la publia sous ce titre : Antiphonaire de saint
Grégoire, fac-simile du manuscrit de Saint-
Gall ( viii" siècle ) accompagné : 1' d'une no-
iice historique ; 2" d'une dissertation don-
nant la clef du chant grégorien ; 3" de di-
vers monuments, tableaux neumatiques iné-
dits, etc. ; Paris, 1851, gr. in-4''. La notice sur
le manuscrit supposé être une copie authentique
derantiphonairedesaintGrégoireenvoyceàChar-
leiuagne, en 790, par le pape Adrien V, est
tirée d'une chronique du moine Ekkard ou Ek-
keard, du monastère de Saint-Gall, lequel écri-
vait au douzième siècle ; mais le savant P. Schu-
biger, bénédictin de l'abbaye d'EinsiedeIn, a
prouvé que l'écriture de ce manuscrit est du
dixième siècle; qu'on y trouve des pièces, entre
autres la messe de La Trinité, qui n'existaient
pas au huitième; enfin, que ce manuscrit, coté
350, n'est pas mentionné dans le catalogue de la
bibliothèque de l'abbaye de Saint-Gall, dressé dans
le neuvième siècle, et qui se trouve dans la même
bibliothèque sous le numéro 728 (voy. Schubi-
CER ). Déjà l'auteur de cette biographie avait
établi, dans une discussion avec le conseiller de
Kiesewetter (Revue et Gazette musicale de Pa-
ris, 1844, n°* 24, 25, 26) , que le manuscrit de
Saint-Gall n'est pas un antiphonaire , et sur-
tout n'est pas celui de saint Grégoire, n'étant pas
conforme à celui qui a été publié par les béné-
dictins Denis de Sainte-Marthe et Guillaume Bes-
sin, dans les œuvres de ce saint pontife ( t. 3,
p. 737-778), d'après un manuscrit authentique
du neuvième siècle qui avait appartenu à l'église
de Compiègne. Le P. Schubiger reprend cette ob-
jection, et la fait valoir par de nouveaux argu-
ments. Au résumé, le manuscrit de Saint-Gall,
bien qu'intéressant comme ceux de son époque,
n'a pas l'authenticité que Kiesewetter et le P. Lam-
billotte ont voulu lui attribuer. A l'égard du tra-
vail dont le P. Lambillotte l'a accompagné, sous
le titre de Clef des mélodies grégoriennes dans
les antiques systèmes de notations , et de l'u-
nité dans les chants liturgiques, il se compose
de deux parties, la première, de monuments his-
toriques qui ont de l'intérêt; l'autre, de raisonne-
ments du R. P. jésuite, où souvent il fait preuve
«so
LAMBILLOTE — LAMIA
<le peu d'intelligence de la matière. Les autres ira-
vaux, de ee religieux relatifs au chant de l'église
n'ont vu le jour qu'après sa mort, par les soins
du P Dufoui, du même instiiut Le premier en
date est un rcrit intitulé : Quelques mois sur la
restauration du chant liturgique; état de la
question; solution des difficultés; Paris 1855,
in-S" de 46 pages, avec un spécimen du systèmede
restauration imaginé par le P. Lambillotte, lequel
consiste dans la messe de Pâques, en notation de
plaint-chant et en notation moderne. M. l'abbé
Konhommea fait une analy se accablantedu système
et de l'écrit du R. P. jésuite dans une brochure
intitulée : Simple réponse à la brocJiure du P.
Lambillotte intitulée : Quelques mots ; etc., Pa-
ris, J. Lecoffre, 1855, in-8°de48 pages. M, l'abbé
Jules Bonhomme, très-fort lorsqu'il met en évi-
dence les inconséquences du P. Lambillotte, ne
l'est plus autant lorsqu'il veut faire considérer
comme excellentfs les leçons des éditions rémo'
cambraisiennes du graduel et de l'antiplionaire,
dont il avait mission de faire l'apologie. Après
les Quelques mots, le P. Dufour a publié l'ou-
vrage du P. Lambillotte intitulé : Esthétique,
Théorie et Pratique du chant grégorien res-
tauré d'après la doctrine des anciens et les
sources primitives ; Paris, Ad. Leclerc, 1855,
1 vol.gr. in-S", de 418 pages. On peut voir dans
la préface de cette biographie ( p. xxvi, xxvii )
les exemples que ^'ai donnés de l'absence de
toute critique et de logique dans cet ouvrage du
P. jésuite. La dernière publication posthume
des travaux de ce religieux est le Graduel et le
Vespéral en double notation moderne et de plain-
chant; Paris, Ad. Leclerc, 1856. Il est dit dans la
Biographie générale de MM. Didot, que Vœu-
rre capitale du P. Lambillotte est sans contre-
dit la restauration du chant grégorien (t. 29,
col. 166) : je suis oblige de dire que cette res-
tauration consiste à l'avoir altéré partout. Le
P. Lambillotte, qui ne cesse de répéter qu'il faut
recourir aux manuscrits, ne les consulte que pour
changer ce qu'il y trouve. On a aussi de lui ;
1° Choix des plus beaux airs de cantiques ar-
rangés à deux parties. — 2° Musée des orga-
nistes; collection des meilleures fugues com-
posées pour l'orgue et choisies dans toutes les
écoles; Paris, 1842-1844, 2 vol. in-4° obi. —
3" Choix de cantiques sur des airs nouveaux
pour toutes les fêtes de l'année, à 3 et 4 voix,
avec accompagnement d'orgue ou de piano ; Paris,
1843. — 4° Petits saluts pour les fêtes de
deuxième classe; Paris, Canaux , 1844-45. —
b° Première collection de deux saluts pour les
grandes fêtes de Vannée, avec orgue et or-
chestre, en 12 livraisons; Paris, 1845. — e^Quel-
, ques motets détachés publiés de 1843 à 184G. —
7° Seconde collection de douze saluts pour
toutes les fêtes de Vannée, avec accompagne-
ment d'orgue ou à'' harmonium; Paris, 1854.
8° Chants à Marie, recueils de cantiques à la
sainte Vierge, publiés en trois parties de 1844
à 1854; Paris, 3 vol. in-t2 et in-8". — 9° Trois
Messes solennelles avec orgue etorcliestre; Paris,
V* Canaux. — 10° Messe solennelle en stylegré-
goriendu cinquième mode; Paris, 1855.
LAMl (Michel), ouLAMY, prêtre, fut d'abord
maîtredechapelle de l'église des Saints-Innocents,
à Paris, puis obtint la maîtrise de la cathédrale
de Rouen, en 1697. Il en remplissait les fonctions
depuis trente et un ans lorsqu'il crut devoir don-
ner sa démission (en 1728), parce que les cha-
noines de la métropole avaient décidé que les
musiciens et chanteurs de l'Opéra seraient admis
à chanter et jouer des instruments dans la chapelle.
Les scrupules austères de Lami ne lui permirent
pas d'admettre cette alliance de l'église et du
théâtre, il a laissé en manuscrit quelques messes
qu'on a longtemps exécutées à la cathédrale de
Rouen, et a fait imprimer un recueil d'ouvrages
de sa composition, sous ce titre: Cantates, pe-
tits motels à une, deux et trois voix, et un
cantique nouveau à deux chœurs et sympho-
nie ajoutée, propre particulièrement pour la
fête de Pâques, à Vusage des cathédrales;
Paris, 1721, in-fol. Il examine, dans la préface
de cet ouvrage, la manière de composer la mu-
sique d'église, et promet de faire paraître un gi-und
nombre de morceaux de ce genre, ainsi qu'un
traité sur le même sujet, où il se proposait de
prouver que l'organisation de la musique d'église
en France était de son temps la meilleure et de-
vait être préférée à celle de l'Italie.
LAMIA, célèbre joueuse de tlùte de l'anti-
quité, était née en Egypte; mais elle vécut long-
temps à Athènes, où ses talents n'excitaient pas
moins d'admiration que sa beauté. Elle eut beau-
coup d'amants, dont les profusions lui procurè-
rent d'immenses richesses. Elle se retira à Alexan-
drie, et elle était devenue la maîtresse de Pto-
lémée Soter, lorsque la défaite de la flotte de ce
prince par Démétrius ht tomber Lamia entre les
mains de celui-ci, avec les femmes et les esclaves
du vaincu. Elle n'était déjà plus dans la pre-
mière jeunesse ; cependant elle inspira la plus
vive passion à Démétrius, moins âgé qu'elle et
le plus bel homme de son temps. Elle n'usa de
son crédit dans cette circonstance qu'en faveur
des Athéniens, à qui Démétrius accorda d'assez
grands avantages. La reconnaissance des habi-
tants d'Athènes les engagea à lui dédier un temple
sous le nom de Venus Lamia. Il existe au ca*
LAiMIA — LAMPADARIUS
binet de la Bibliotlièqne impériale de Paris une
ani( tliyste gravée, d'un travail exquis, qui offre
les traits de cette joueuse de flûte, avec son
nom : cette tête est de la plus grande beauté, et
justifie les éloges accordés à Laniia par Plutarque
et par Athénée.
LAM01\ll\ARY (Jean), premier violon du
concert de Valenciennes, né dans cette ville, au
commencement du dix-huitième siècle, a publié
de sa composition deux livres de sonates en trios
pour le violon ; Paris, sans date.
LAMORETTI (Piekre), né à Plaisance,
vers la fin du seizième siècle, fut organiste de l'é-
glise Saint-Augustin de cette ville, ainsi que de
la chapelle des chevaliers de Latran. Il s'est fait
connaître par un recueil de madrigaux et de
chants intitulé : Madrigali concertati a 2, 3, e
4 voci, con due madrigali pieni, a 5 voci edun
balletto a cinque. In Venezia, app. Aless.
Vincent i, 1621, in-4''.
LAMOTTE (François), premier violon de
la chapelle impériale, à Vienne, naquit dans cette
ville, en 1751, ou, selon quelques écrivains, dans
les Pays-Bas. A l'âge de douze ans, il joua de-
vant l'empereur et sa cour un concerto de sa
composition. En 1767, l'empereur le fit voyager.
Il avait atteint sa seizième année, et déjà il an-
nonçait nn talent de premier ordre. Arrivé à
Prague, il se fit connaître comme un très-habile
lecteur capable de jouer à vue toute espèce de
musique. Boblizeck, secrétaire du prince de Fiirs-
temberg, voulut essayer si son talent répondait
à ses prétentions ; il composa pour le jeune vir-
tuose un concerto fort difficile en fa dièse ma-
jeur, et ne mit les parties sur les pupitres qu'au
moment de commencer l'exécution. Pendant le
tutti de l'orchestre, Lamotte avait examiné ce
qu'il avait à jouer; il monta rapidement .son vio-
lon un demi-ton plus haut, et joua conséquem-
ment le morceau en fa majeur, avec beaucoup
de facilité. Après que Boblizeck eut éprouvé cette
mystification , personne ne fut tenté de soumettre
Lamolte à de nouveaux essais.
Vers la fin de 1769, ce jeune artiste arriva à
Paris; il y excita l'étonnement. Jarnowick était
alors dans cette ville. Jaloux, comme il l'était,
de tout violoniste de mérite, il voulut essayer
de compromettre Lamotle, et lui proposa de
jouer avec lui une symphonie concertante à son
choix. Quel est le virtuose, lui répondit La-
motte, qui pourrait se distinguer par là ? Je
vous offre autre chose, moi : apportez un
concerto de votre composition, j'en ap-
porterai un de la mienne : vous jouerez te
mien, je jouerai le votre, et Von verra.
€omme il arrivait presque toujours dans les oc-
ISI
battit en retraite.
casions difficiles, Jarnowick
Après avoir passsé un an à Paris, Lamotle se
rendit à Londres. Il y pouvait acquérir des ri-
chesses; mais le goût de la dissipation, et des
amis dangereux l'entraînèrent à faire beaucoup
de dettes, et ses créanciers le privèrent de sa li-
berté. Il languissait dans sa prison depuis plu-
sieurs années, quand il en fut tiré ainsi que beau-
coup d'autres, pendant une émeute excitée par
lord Gordon. Il s'enfuit en Hollande, et y mourut
en 1781, à l'âge de trente ans, n'ayant pas réalisé
les espérances de ses admirateurs. Un prodigieux
mécanisme de la main gauche , qui lui permet-
tait déjouer de longs passages sur une seule corde,
et le staccato le plus brillant qu'on eût entendu
jusqu'à lui, étaient les qualités qui distinguaient
particulièrement cet artiste. Il a publiée Paris,
chez Bailleux, en 1770, trois concertos de violon
et des airs variés; à Londres, il n'a fait paraître
que six sonates avec accompagnement de basse.
LAMPADARIUS ou LAMPADAIRE
(Jean), chantre grec , vécut à Constantinople au
commencement du quatorzième siècle. Son nom
lui fut donné du mot grec Xaijniâç (flambeau'),
parce qu'étant second chantre à Sainte-Sophie,
il remplissait ses fonctions ayant un flambeau
à la main , suivant l'usage des églises grec-
ques d'Orient. La Bibliothèque impériale de
Vienne possède un traité du chant ecclésiastique
grec intitulé Tex^'o^oy»* "^^Q (xovTty-vïç tex^'vï;
(Traité de la science de la musique), dont il est
auteur. Le P. Martini en possédait une copie.
Quelques chants d'un Troparion de ma biblio-
thèque portent le nom de Jean Lampadarius.
Biirney a trouvé aussi, dans la Bibliothèque de
Turin, d'autres chants du même auteur, contenus
dans un hymnaire grec coté 353, 6. L 24.
LAMPADARIUS ou LAMPADAIRE
(Pierre), surnommé le Péléponnésien, parce
qu'il naquit à Tripolitza, dans la Morée ( l'an-
cien Péloponnèse), vers 1730, fut prêtre et chan-
tre de l'église grecque de Constantinople. Ayant
conçu le dessein de réduire les divers livres de
chant du rit grec, trop nombreux et trop volu-
mineux pour l'usage habituel , à ce qui était
nécessaire pour le service ordinaire dans la plu-
part des églises, aux dimanches et fêtes, en écar-
tant le chant des offices de nuit, qui ne se font
que dans les monastères, Pierre Lampadaire fit
un choix intelligent des meilleurs chants anciens
du Triodion, et en composa un assez grand
nombre pour compléter son œuvre de réforme.
Plus lard, Grégoire Lampadaire, de la même
famille que Pierre et comme lui chantre et pro-
fesseur de musique religieuse à Constantinople,
ima^jina, vers 1815, de concert avec Chrysantlie
i82
LAMPADARIUS - LAMPE
de Madyte ( voyez ce nom ) et un atifie pro-
fesseur de cliant, un système de simplification
de la notation excessivement compliquée du
ciiant de l'église grecque. Lorsque ce système
eut été définitivement arrêté et complété, Gré-
goire Lampadaire nota par celte nouvelle mér
thode tout le Triodion de Pierre, et Chrysantlie
de Madyte composa une instruction théorique
et pratique sur le système de notation qui y était
employé. Les trois professeurs résolurent alors
d'envoyer à Paris leur élève Anastase Tharayris,
pour faire graver les caractères nécessaires et
surveiller l'impression de ces ouvrages. Pour les
dépenses de eelie entreprise, qui devaient être
eonsidérables, ils eurent recours à de riches
familles grecques, qui s'empressèrent de mettre
à leur disposition tout l'argent nécessaire. Ar-
rivé à Paris, Thamyris trouva dans son com-
patriote Nicolo-Poulo ( voyez ce nom ), Grec de
Smyrne, bon musicien,^ l'appui dont il avait
besoin pour établir ses relations. L'imprimerie
de Rignoux fut choisie pour la confection des
Hvres, et M. Léger, artiste habile, grava tous les
caractères du chant grec, dans l'espace de cinq
mois. Enfin, l'ouvrage de Clirysanihe de Madyte
et le premier volume du chant de Pierre Lam-
padarius parurent, par les soins du jeune ciiantre
de Constanlinople. Le premer volume d'un
Triodion, précédé d'une préface grecque^ ou
plutôt d'une lettre de Thamyris aux trois pro-
fesseurs, a pour titre : AoEowttxà toO ÈvtauToû
Tcôv Sea^TOTixcûv xat 6eo[jLïiTopix(ôv éopTÔJv, -/.al
Tôiv '£opTaÇo[A£vâ)v àyiûv. MeXîaÔEvxa Ttapà IléTpoù
AafjLnaôapto'j toù neXÔTtovvYiotoù. £|r)Yr,9riCTav Se
xaxâ trjv vecxv [xéôoôov, Tiapâ Tpriyôpioy Aa^Ttaoa-
pîoy. T6[jLo; kowto; ( Invocations pour les fêtes
annuelles du Seigneur et de la mère de Dieu,
ainsi que pour les fêtes des saint?, mises en chant
par Pierre Lampadaire le Péloponnésien. Notées
selon la nouvelle méthode par Grégoire Lampa-
daire. Tome premier). A Paris, de l'imprimerie
de Rignoux, et à Constanlinople, faubourg de
Galata, chez Castrou, 1821. 1 vol. in-S"* de
3C7 pagi's. Le premier volume seul a paru,
parce que le soulèvement de la population grec-
que], qui arriva dans le même temps, la guerre
et les horribles calamités qui en furent la suite,
obligèrent à suspendre l'impression du second
volume. Les Turcs et les Egyptiens ne forent
chassés définitivement de la Grèce qu'en 1828, et
Anastase Thamyris mourut précisément dans la
même année ; en sorte que la suite de l'entreprise
fut abandonnée. Le premier volume contient le
chant des offices depuis le mois de septembre
jusqu'au 1er dimanche du carême> avec le chant
noté ; son exécution typographique est fort belle.
LAMPARELLI (Antoine), professeur de
chant, naquit à Turin, en 1761, et y fit ses étude»
musicales sous la direction de l'abbé Amboni,
chantre de la cathédrale, et musicien instruit.
Après que l'armée française, commandée par le
général Bonaparte, se fut emparée de Turin,
celte ville perdit de son éclat par l'éloignemeut
de la cour : cette circonstance et les sollicitalions
de quelques jeunes officiers français engagèrent
Lamparelli à aller se fixer à Paris. Ses romances
et ses chansonnettes italiennes, dont il publia
plusieurs recueils, le mirent à la mode , et il eut
du succès comme professeur de chant. Cepen-
dant il quitta tout à coup Paris, sans que le mo-
tif de ce brusque dépari fût connu, voyagea quel-
que temps dans lès départements, et finit par
s'établir à Lille, où il était encore en 1816. Vers
ce temps, il disparut encore de cette ville, sans
qu'on sût ce qu'il était devenu. Le hasard me
l'a fait découvrir à Troyes (Aube) en 1820. 11
est mort en 1832, à Vitry-le-Français, où il rem-
plissait les fonctions d'organiste. Lamparelli a
publié à Paris onze recueils de romances avec
accompagnement de piano, chez Naderman. On
connaît aussi de lui deux chansonnettes : i° Le
diable emporte V amour ;Mà. — 1° Lechien de
la Seine; ibid., 1799.
LAMPADIUS (....), chantre et maître
d'école à Lunebourg dans la première moitié du
seizième siècle, était né dans cette ville. Il a fait
imprimer un livre intitulé : Compendium Mu-
sices, tainfigurati quam plani cantus, ad
formam dialogi, in usum ingénus^ pubis ex
eruditissimis miisicorum scriptis accurate
congestum ; quale aiitehac nunquam visum,
etjam recens publieatinn. Adjectis etiain rc-
gulis concordaniiarum et componendi can-
tus artificio ; summatitn omnia musices pree-
cepta pulcherrimis exemplis illustra succincte
et simpliciter complectens; Berne, 1537, in-S";
Berne, 1539, petit iu-8°; Berne, 1546, in-8°. Je
possède ces trois éditions. Lipenius en indique
une autre de la même ville, 1554 in-8° ( £i-
blioth., p. 997). Le livre de Lampadius est un
Irès-hon manuel des éléments de la musique :
la première partie traite du plain-chant; la se-
conde, de la musique mesurée. On y trouve des
exemples bien écrits. Tout l'onvrage est eu dia-
logues.
LAMPE ( Frédéric- Adolphe ) , théologien
protestant, naquit le 19 février 1683, 5 Detmold,
dans la principauté de Lippe-Detmold. Après
avoir fait de bonnes études à Hanovre, il des-
servit plusieurs églises en qualité de pasteur;
puis il fut appelé à Utrecht, pour y enseigner la
théologie et l'histoire ecclésiastique. Dans les
LAMPE — LAMPROCLE
183
dernières années de sa vie, il occupa la place de ,
{)astcur à l'égli.^e Sainl-Élienne de Brème. Il
mourut en celle ville, d'une hémorragie, le 3 dé-
cembre 1729, à l'âge de quarante-six ans. Homme
savant, mais rempli de cette érudition minu-
tieuse et futile qui était le défaut principal de
beaucoup de littérateurs de son temps, Lampe a
publié plusieurs ouvrages sur les antiquités, où à
côté de choses bonnes et utiles on trouve beau-
coup de niaiseries et d'inutilités. Parmi ses écrits,
on remarque : De Cymhalis veterum libri très,
in qulbus quwcunque ad eorum nomina, dif-
ferentiam, originem, historlam, ministros,
1-ilus pertinent, elucidantur; Utrecht, 1703,
in-i2, (ig. Le premier livre de cet ouvrage traite
des noms et des espèces de cymbales; dans le
second, Lampe s'est livré à des recherches sur la
forme de cet instrument de percussion; le troi-
sième est consacré à l'examen des usages aux-
<]uels il servait. Malgré ses défauts, ce livre est
précieux pour l'histoire de la musique des anciens,
parce que l'auteur y a rassemblé tous les passa-
des des écrivains et des monuments de l'antiquité
qui concernentcesujet.il paraît, d'après le ca-
Jalogue des livres de la bibliothèqne de Fabricius
(part. Iir, pag. 25, n° 429), que Lampe avait
fait paraître le plan de son ouvrage trois ans avant
sa publication, sous ce titre : Delineatio tract,
de Cy)nbalis veterum; Brème, 1700, une feuille,
in-4°. La description d'une agate du cabinet de
Th. Hase, son ami, lui fournit l'occasion de don-
ner de nouvelles conjectures sur la forme de la
cymbale antique, dans son livre intitulé : Excr-
citationum sacrarum dodecas, quibus psal-
mus XL V perpétua commentario explanatur ;
Brème, 1715, 1 vol. in-4°.
LAMPE (Jean-Frédéric), compositeur et
écrivain sur la musique, naquit en Allemagne,
dans les premières années du dix-huitième siècle,
lit ses études à Helmstsedt, en Saxe, et se rendit
à Londres en 1725. Son compatriote Hœndel le
lit entrer alors à l'orchestre de l'Opéra : on
croit que ce fut pour y jouer du basson, parce
que Heendel fit faire pour lui un contrebasson en
1727. Cet instrument resta depuis lors dans le
magasin d'instruments du théâtre, et ne fut joué
que par Ashiey, en 1784, à l'occasion de la
grande fêtemu'iicale en commémoration de Hœn-
del. En 1730, Rich, directeur du théâtre de Co-
vent-Garden, engagea Lampe pour écrire la mu-
sique des pantomimes et des intermèdes qu'il
fais-ail représenter. Son premier ouvrage de
quelque importance fut l'opéra burlesque de Ca-
rey intitulé : Le Dragon de Wantley. W obtint
un succès de vogue. Cet opéra et Margery, qui
en est la suite, ont été publiés. Dans ce dernier
ouvrage. Lampe avait fait une parodie asseï
plaisante de la musique italienne et des chan-
teurs italiens de son temps. Le meilleur opéra
composé par lui fut représenté en 1732, sous te
titre i'Amo.Ua.. En 1739, il donna aussi Roger
et Jean, qui réussit. Il a composé la musique
de la cantate burlesque de Swift qui commence
par ces mots -.In harmony would you excell.
Lampe n'est plus connu aujourd'hui que par un
traité d'harmonie et d'accompagnement qu'il a
publié sous ce tilre : A plaiii and compendious
viethod of teaching thorough bass, after the
most rational manner, wilh proper rules
for practice; Londres, 1737, 1 vol. in 4". Ce li-
vre est basé sur le système de la basse fonda-
mentale de Rameau. La partie théorique est
fort succincte; mais on y trouve 93 planches de
leçons pratiques sur la succession des accords.
Ces exemples sont assez mal écrits, et remplis de
redoublements d'intervalles qui donnent lieu à
des successions d'octaves. Un traité élémentaire
de musique a été publié aussi par Lampe, sous
ce titre : The art of Music; Londres, 1740,
10-4°. C'est, je crois, le même ouvrage sous un
autre titre. On a aussi de lui un recueil, devenu
fort rare, qui a pour titre : Cantata and four
engl/sh sangs; Londres, in-4° (sans date).
Lampe avait épousé Isabelle Young , fille de
Charles Young, et sœur de M*"® Ame. Il mou-
rut en 1756.
L.\1MPE (Georges-Frédéric), ténor distin-
gué du théâtre allemand, naquit à Wolfenbùttel,
en 1744. En 1779 il brillait sur la scène de
Hambourg, et se faisait remarquer dans le même
temps par son habileté sur le piano et sur le
violon. En 1788 il était attaché au théâtre delà
cour à Schwedt. Lorsqu'il quitta cette position,
il se rendit àDusseldorf, où il vécut depuis lors
en donnant des leçons de chant et de piano. Cet
artiste a composé la musique de deux petits opé-
ras intitulés : La Fille dans le bois de chênes,
et Die Licbe (l'Amour), ainsi que de la cantate
funèbre de Galora. On connaît aussi de lui plu-
sieurs symphonies et divers autres morceaux de
musique instrumentale, qui sont restés en manus-
crit.
LAMPERT (Ernf.st-Lodis), maître de con-
cerl à Gotha, naquit dans cette ville, où son père
étaitéditeurdemusique. Il va fait représenter, en
1841, un opéra intitulé Nanon, Ninon, Mainte-
non, et y adonné en 1845 Didon, opéra sérieux.
Il occupait encore sa position à la cour de Gotha
en 1847. On ne trouve pas d'autre renseigne-
ment sur cet artiste.
LAMPROCLE, musicien grec, naquit à
Athènes, et fut le fils ou le disciple de Midon. U
184
LAMPROCLE — LAMY
pa<«»a pour I« rérormateur du mode luixolydien.
Cette réforme consistait dans une disposition dif-
férente des tétracordes de Vendëcacorde ou
triple tétracorde (voy, la note 114 de Burette
sur le dialogue de Plutarque ).
LAMPRL'S. Plusieurs musiciens de l'anti-
quité ont porté ce nom. Le plus ancien est celui
dont parle Platon dans son Ménexène. Suivant
le dire de ce philosophe, Lamprus n'aurait pas
eu beaucoup de jugement , car il prétend qu'il
fut interdit. Quant à son mérite en musique, il
le rabaisse au-dessous de celui de Konnos, qui
fut le maitre de musique de Socrate. A propos
de ce passage, Athénée, qui se montre rarement
favorable à Platon, dit dans le onzième livre de
son Banquet des savants : « Je n'aurais pas
« assez de la journée si je voulais rappeler ici
« tous ceux dont ce philosophe a mal parlé. »
Dans ses Varise Lectiones (lib. 9, cap. 5), Muret
cite en faveur de Lamprus un passage de la Po-
litique d'Aristole (lib. 7, c. 13), où ce grand
homme, pour faire comprendre l'erreur de ceux
qui font consister le bonheur non dans la vertu,
mais dans la richesse, ajoute : Ils raisonnent
avec aussi peu de sens que le ferait celui qui,
entendant Lamprus bien jouer de la ci-
thare, attribuerait cet effet non à l'artiste ,
mais à Vinstrvment. Ces paroles donnent une
opinion plus favorable du talent de Lamprus que
celles de Platon. Il parait que ce même Lam-
prus, qui enseigna la musique et la danse à So-
phocle, était d'une maigreur extrême, car Athé-
née (lib. t, cap. 6) dit, en parlant de lui : Lam-
prus, ce grand buveur d'eau, cet excellent
auteur de chants plaintifs, ce squelette des
Muses', qui donnait le frisson aux rossi-
gnols, ce chantre de Pluton est mort.
Un autre Lamprus, plus moderne, fut aussi
un musicien distingué. Il naquit à Erythrée, et
fut un des maîtres d'Aristoxène. Suidas, qui
nous l'a fait connaître, dit qu'il avait écrit un
très-grand nombre d'ouvrages, parmi lesquels il
cite les suivants, relatifs à la musique : 1° Traité
des joueurs de flûtes, des flûtes et des autres ins-
truments. — 2° De la manière de forer et de fa-
briquer la flûte. — 3° De la musique en général.
— 4° De la danse tragique.
LAMPUGKAJVI (Jean-Baptiste), né à Mi-
lan , en 1706, écrivit pour le théâtre, pour l'é-
glise, et enseigna avec talent le chant, le piano
et la composition. En 1743, il fut engagé pour
succéder à Galuppi dans la direction de l'Opéra
italien de Londres. Le premier opéra qu'il y fit
représenter fut if oarcna, le 15 novembre de cette
année. Le 3 janvier 1744, il donna un nouvel ou-
vrage intitulé Alfonso. Burney ne dit pas quelle
fut l'époque où Lampugnani retourna en Italie.
Gervasoni, qui a donné une courte notice sur ce
musicien , nous apprend qu'il mourut peu après
1772. Imitateur du style de Hasse dans les airs
et dans les chœurs, il a eu le mérite de mettre
beaucoup d'expression dans les récitatifs , et
d'instrumenter avec goût, pour son temps. De
tous les opéras qu'il a écrits, on ne connaît au-
jourd'hui que ceux dont les titres suivent. 1" £zio,
au théâtre Sani'Angiolo, de Yen\&e, en 1737.
— 2° Angelica e Medoro, au théâtre Saint-Sa-
muel de Venise, 1738. — 3" Demofoonle, à Plai-
sance, en 1738.— 4° Candace, an théâtre Saint-
Chrysostome de Venise, 1740. — 5" Roxana;
Londres, 1743. —6° /l//bn*o ; ibid., 1744. —
1° Alceste, ibid., 1745. — 8" Tigrane ; ibk].,
17^7.-9" Alessdndro inPersia, 1748. —iCSi-
roe. Milan, 1755. — 11° Artaserse, 1757. —
12° Amor contadino; à Lodi, 1766. Lampu-
gnani a laissé en manuscrit beaucoup de mu-
sique d'église.
LAMY (Bernard), prêtre de l'oratoire, né au
Mans, dans le mois de juin 1645, fit ses huma-
nités au collège de cette ville, et sa rhétorique
sous le célèbre orateur Mascaron. A l'âge de dix-
huit ans, il entra dans la congrégation de l'Ora-
toire, où il perfectionna ses études. Il fut en-
suite chargé d'enseigner les belles lettres aux
collèges de Vendôme et de Juiily, puis la phi-
losophie à Saumur et à Angers. Partisan enthou-
siaste de la philosophie de Descartes, il se com-
promit par ses leçons, dans lesquelles il en dé-
veloppa les principes, et fut exilé à plusieurs
reprises. Il mourut de langueur le 29 janvier
1715, àl'âgede plus de soixante-neuf ans. For-
kel et d'après lui Lichtenthat ont cité nne
di.ssertation du P. Lamy, qui a été insérée par
Ugolinidans son Thésaurus ant. sacrar. (t. 32,
p. 571-642), et qui a pour titre : De Levitis
cantoribus, eorum divisione,classibiis, de He-
hrxorum canticis, musîca,inst7'umentis, etc. ;
ils disent que cet ouvrage est extrait d'un li-
vre du P. Lamy intitulé : Apparatus ad intel-
ligenda sacra bibtia , etc., dont il y a eu plu-
sieurs éditions à Grenoble , 1687, in-fol., à
Lyon, 1698, 1724, etc. Cependant on ne trouve
pas un mot de la dissertation dont il s'agit dans
cet ouvrage ; mais elle est tout entière dans un
autre livre du même écrivain qui a pour ti-
tre : De Tabernaculo fœderis , de saacta
civitate Jérusalem, et de templo ejus, etc.;
Paris, 1720, in-fol. Ce qu'il y a de plus singu
lier dans l'erreur de ces écrivains, c'est que Ugo-
lini a pris soin d'indiquer lui-même d'où il •
tiré la dissertation; car il dit : Desumta exlibro
de Tabernaculo fœderis; or, Forkel et Liclr
LAMY -
tenllial ont aussi copié cette phrase ; elle aurait
dû les éclairer. Le morceau historique du P.
Lamy sur les lévites chantres, sur les cantiques
des Hébreux, sur la musique et sur les instru-
ments de ce peuple, est un des meilleurs qui
existent sur ce sujet : l'auteur y a fait preuve
de beaucoup d'érudition. Dans les Éléments de
mathématiques du même savant (Paris, 1704,
in-12), il y a un petit Traité de la proportion
harmonique, dans lequel il a établit que la mu-
sique est une partie des mathématiques.
LANA-TERZI ( Le P. François ) , né à
Brescia, le 13 décembre 1631, fut conduit à Rome
dans sa jeunesse, et entra chez les Jésuites à
l'âge de seize ans. Après une vie active et tou-
jours occupée de recherches relatives aux scien-
ces et aux arts, l'état déplorable de sa santé le
ramena dans sa famille, à Brescia, où il fonda
l'académie des Filosotici. Il mourut en cette
ville, à l'âge de cinquante-deux ans, le 26 fé-
vrier 1687. Ce jésuite a traité de la musique dans
son livre intitulé : Magisterium naturee et ar-
tis, opus physico-mathematicum ; Brescia,
1684, 1686, et Parme, 1692, 3 vol. in-fol.
LA-NAUZE (Loujs JOUARD DE), savant lit-
térateur, membre de l'Académie des inscriptions
et belles-lettres, naquit à Villeneuve d'Agen, le
27 mars 1696, et mourut à Paris, le 2 mai 1777.
Dans sa jeunesse, il était entré dans la Compa-
gnie de Jésus, mais il en sortit pour se livrer en
liberté aux travaux littéraires. Au nombre deses
écrits on trouve deux Mémoires sur les chansons
de l'ancienne Grèce, dans les Mémoires de l'A-
demie des inscriptions, t. IX.
LAIVCE (Le chevalier DE LA), officier au
régiment des gardes françaises , né à Verdun,
sortit de France pendant les troubles de la révo-
lution, et demeura quelque temps à Fiancfort-
sur-le-Mein, où il donnait des leçons de piano pour
vivre. Il se rendit ensuite en Silésie, pour y faire
l'éducation musicale de la fille d'un gentil-
homme. Il s'y trouvait en 1797. Après le 18 bru-
maire , il obtint la permission de rentrer en
France, et se retira dans sa ville natale. Composi-
teur agréable, il a publié : 1° Romance de Zilla;
Paris. — 2° Trois sonates pour clavecin avec
violon, op. 2; ibid. — 3° Six airs variés pour le
piano, op. 3; ibid. — 4° Sonate brillante pour
clavecin, op. 5; ibid. — 5" Trois sonates pour
clavecin et violon, op. 6 ; ibid. — 6" Trois sonates
pour clavecin , avec violon et basse , op. 8 ; Of-
fenbach, 1793. — 7° Grand concerto pour le cla-
vecin, op. 9; Francfort, 1794. — 8'' Trois trios
pour clavecin, violon et basse, op. 10; Offenbach,
1795. — 9° Plaintes de Vénus sur la mort
d'Adonis, cantate avec accompagnement de
LANCTIN
18.5
piano ,'2 violons, alto et basse; Mayence, 1795,
— 10° Recueil d'allemandes, anglaises, etc., pour
le clavecin; Vienne, 1798. — li° Thème avec 12
variations pourleclavecin; 1801.— •12°Airrusse,
avec sept variations pour le piano. — 13° Qua-
tuor pour clavecin, deux violons et violoncelle,
op. 13. — 14* Deux grands trios pour clavecin,
violon et violoncelle obligés, op. 14 ; Augsbourg,
1802.
LAIXCELOT (Claude), grammairien de
Port-Royal, naquit à Paris, en 1615. Après avoir
été élevé dans la communauté de Saint-INicolas du
Chardonneret , il se mit sousla direciion de l'abbé
de Saint-Cyran, qui le fit entrer chez les solitai-
res de Port-Royal, en 1638. Lancelot organisa
les écoles de cette maison célèbre d'après les
plans de cet abbé : il en fut le premier régent.
Après la destruction de ces écoles, il fit l'éducation
du duc de Chevreuse et des deux fils du prince
de Conti. A l'âge de plus de soixante ans, il fut
exilé à Quimperlé, où il mourut, le 15 avril
1695. Parmi les savants ouvrages qu'il a publiés,
on remarque celui qui a pour titre : Nouvelle
méthode de plain-chant , plus facile et plus
commode que l'ancienne; Paris, 1668, in-4°.
Une deuxième édition a poui titre : L'art de
chanter, ou méthode facile pour apprendre
les principes du plain-chant et de la musique ;
Paris, 1685, in-4'' oblong. Les deux éditions de
ce petit ouvrage sont fort rares.
LAIVCTIN (Charles-François-Honop.é), dit
DUQUESNOY, naquit en 1759, à Beuzet (Bel-
gique). Après avoir fait des études musicales et
littéraires comme enfant de chœur, la beauté de
sa voix de ténor élevé (liaute-contre) lui fit pren-
dre la résolution de suivre la carrière de chan-
teur dramatique. Ce fut alors que pour satis-
faire sa famille il changea de nom et prit celui
de Duquesnoy , sous lequel il a été connu au
théâtre. Jamais organe plus admirable ne fut en-
tendu dans l'opéra français ; par le charme de
cette voix exceptionnelle , Duquesnoy fit long-
temps la fortune du théâtre de Bruxelles. En
1799 il y avait à Hambourg un Opéra français
pour le grand nombre d'émigrés qui s'y trou-
vaient; Duquesnoy y chantait, et le correspon-
dant de la Gazette générale de musique .
de Leipsick, écrivait au mois de juin de celte an-
née : « Si la beauté de l'organe suffisait pour
« faire un chanteur excellent, je dirais que Du-
« quesnoy, dont la voix est de la plus grande beauté,
« est en vérité et incontestablement le chanteur
« le plus parfait que j'aie entendu (1). » De retour
(1) .... Haette Duquesnoy dicse (schœnsten SUmine), so
ware er unstrcitlg der Vollkommenste Saenger dan icii
kennc. (Allgem. musikal. Zeitung, I' Juhrg, p. 730.)
\Rn
L-ANCTIN — LA.NDINO
en Be'gique, après la suppression de l'Opéra
français de Hambourg (1802), Lanctin, que je
continuerai d'appeler Duquesnoy, s'établit à A lost,
et y remplit, pendant plusieurs années, les fonc-
tions de maître de cliapeile; car il était excellent
musicien et compositeur de mérite pour l'église.
En 1814, Van Helmont s'étant retiré de la direc-
tion de la musique de la collégiale des Saints-Mi-
chel-et-Gudule, à Bruxelles, ce fut Duquesnoy
qui fut appelé à lui succéder. Pendant le temps
qu'il occupa cette position , il donna une impul-
sion de progrès à l'exécution de la musique reli-
gieuse en Belgique, et composa un grand nombre
de motets , d'hymnes et de psaumes, qui furent
chantés dans la plupart des grandes églises du
pays. On cite particulièrement au nombre des
meilleurs ouvrages de cet artiste : Beati om-
nes, Victimsc paschali , Audite reges, Exspec-
tans exspectavi , Lauda Sion, Mémento Da-
vid, Deus re(jnavit,Ave salus. Pie Jesu, Homo
quidam. In exitu Israël, tous les motets du
Saint-Sacrement, ceux de la Vierge , etc. La plu-
part de ces compositions sont écrites pour or-
clieslre complet. Lanclin , ou Duquesnoy, mourut
à Bruxelles le 9 mai 1822. Van Helmont, dont il
avait été le successeur, rentra, après sa mort,
dans la place de maître de chapelle de l'église
des Saints-Micbel-et-Gudule.
LAi\DGRAFF (Jean-Frédéric), né le 21
mai 1683, à Schloss-VVippacli , village du grand
duché de Saxe-Weimar, apprit la musique et les
éléments du clavecin chez Gulgesell, organiste de
l'église des Marchands, à Erfurt. En 1705 il suc-
céda à son maître dans cette place et fut aussi
nommé collaborateur d'une école à Erfurt. Il est
mort d-ans cette ville le 4 avril 1744 , laissant en
manuscrit une grande quantité de musique de sa
composition, particulièrement pour l'église.
LA.j\Dl (Etienne) , compositeur, né à Rome,
vers la fin du seizième siècle, fut maître de cha-
pelle de l'église du Saint à Padoue (ainsi qu'on
le voit par le titre du premier livre de ses madri-
gaux , imprimé à Venise en 1619), et maître de
chapelle à l'église de Sainte-Marie m Tf/onic; puis
il retourna à Rome, oii il obtint le titre de clerc
bénéficié de Saint-Pierre du Vatican. Le 29 no-
vembre 1629 11 fut agrégé au collège des chape-
lains chantres de la chapelle pontificale. On voit
dans le catalogue de ces chantres, placé à la suite
des Osservazioni per ben regolare il coro
delta Cappella Pontificia, d'Adami de Bolsena
(p. 197), qu'il chantait la partie de contralto; ce
qui indique qu'il était un de ces prêtres châtrés
que la nécessité avait fait tolérer dans le service
divin d'une chapelle où il n'y avait pas d'enfants
de chœur. Quoi qu'il en soit, Landi fut un mu-
sicien d'un rare mérite : savant dans le chant ec-
clésiastique et dans la musique du style ancien,
il joignait à des connaissances étendues un génie
original, et le don de l'invention dans les fornu s
de la mélodie , dans le rhylbme et dans la modu-
lation. Son drame religieux II Santo Alcssio
renferme une multitude de choses neuves et de
bon goût. On connaît de sa composition : i° Il
primo libro di madrigali a quattro t'oci,- Ve-
nise, 1619, in^". — 2° Madrigali a 5 voci ;
Rome, Robletti , 1625. — 3° Poésie diverse in
musica; ibid., 1628. — 4" Missa in benedic-
tione nuptiarum, sex vocum, auctore Ste-
phano Lando in basilica Principis Apostolo-
riim clerico beneficiato, nec non in ecclesia
S. Marix ad montes musicx prxfecto , etc.;
Rome, Robletti, 1628.— 5" Ane ad una e due
voci, huit livres publiés à Rome, chez Robletti,
depuis 1627 jusqu'en 1639.— 6° Saimi intieri
a 4 voci; ibid., 1629. — 7" Il Santo Alessio ,
dramma musicale dall' E>no. e Rmo, sig.
card. Barberino fatto rapprcsentare al Ser.
principe Alessandro Carlo di Polonia; Rome,
Masotli, 1634, in-fol. — 8" // libro primo délie
jnisse a Capella a 4 e 5 voci; Rome, Grignani,
1639. — 'J° La Morte d'Or feo, pastorale ;ihid.,
16,39.
LAJXD1I\0 (François), célèbre organiste et
compositeur italien du quatorzième siècle, fut
souvent appelé Francesco Cieco, parce que la
petite vérole l'avait rendu aveugle dans son en-
fance, et Francesco degli Orgnni , à cause de
son talent sur l'orgue. Il naquit à Florence vers
l'année 1325; son père était un peintre qui jouis-
sait de quelque réputation, et qui descendait de
l'illustre famille des Landini. Les biographes
nous apprennent que le jeune Landino, cher-
chant des consolations contre le malheur de la
cécité qui venait de le frapper, chantait des mé-
lodies populaires. Plus tard, le goût qu'il avait
pris II ces mélodies le conduisit à l'étude de la
musique , dans laquelle il fit de rapides progrès.
En peu de temps il fut en état d'accompagner sa
voix avec l'orgue ou un instrumenta cordes. Telle
était sa facilité, dans l'âge mûr, qu'il savait jouer
de presque tous les instruments, quoiqu'il n'eût
jamais eu de maître. 11 cultiva aussi la poésie
avec succès. Quelques-unes de ses pièces de
vers ont été imprimées dans divers recueils. Lan-
dino était à Venise vers l'an 1364 , sous la do-
mination du doge Laurent Celsi, lorsque de su-
perbes fôtes y furent données au roi de Chypre,
qui s'y trouvait en même temps que Pétrarque.
Charmé par le talent de l'organiste aveugle , ce
prince le couronna de lauriers. M. de Winterfeld
a révoqué ce fait en doute (dans son livre sur
LANDINO — LANFRAINCO
187
Jean Gabrieli , pari. 1'% cli. 2), et a pensé que
la couronne a été accordée à François Landino
comme poëte plutôt que comme musicien; se
fondant sur ce que le nom de cet artiste ne se
trouve pas dans le catalogue des organistes de
Saint-Marc au quatorzième siècle; mais il me
semble que Landino , voyageur, étranger à Ve-
nise, a pu s'y faire entendre sur l'orgue de Saint-
Marc, sans y être attaché comme organiste, et la
conjecture de M. de Winterfeld ne me paraît pas
assez bien appuyée pour infirmer le témoignage
de Philippe Villani, contemporain et compatriote
àe Franccsco degli Orgaai, qui a rapporté le
fait dans ses Vite d'illustri FiorenUni.Laiadiao
mourut à Florence en 1390.
Chaque siècle, chaque pays a eu quelque
homme supérieur dans les arts, les sciences et
les lettres. Rarement les contemporains se trom-
pent à l'égard de ces supériorités; celle de Lan-
dino est constatée parles écrivains de son temps ;
mais, n'ayant aucun moyen de vérifier la justesse
de leurs éloges, nous, étions forcés de les ac-
cepter sans examen. On ne connaissait aucune
composition de cet artiste , et l'on ne pensait pas
qu'il restât rien de lui , lorsque j'ai découvert à
la Bibliothèque impériale de Paris, dans un
manuscrit (in-4'', n" 535 du supplément) dont
aucun écrivain n'avait parlé, et qui est du com-
mencement du quinzième siècle, cent quatre-
vingt-dix-neuf chansons italiennes à deux et
à trois voix, parmi lesquelles il y en a cinq de
Francesco degli Organi. J'en ai publié une en
partition et en notation moderne, avec une notice
du manuscrit, dans le premier volume delà Revue
»iî(s«caZe(ann.l827,p. 111 etsuiv.). Le manuscrit
est malheureusement rempli d'une multitude de
fautes de copie. J'en ai dû corriger plusieurs dans
la première partie de la chanson , la seule que
j'ai publiée , parce que la seconde est si défigurée
qu'elle n'a aucun sens harmonique en rapport
avec l'état de l'art au quatorzième siècle. Celte
chanson et les autres compositions de Landino
contenues dans le manuscrit justifient les éloges
qui ont été accordés à leur auteur. On y trouve
plus de douceur, un sentiment d'harmonie plus
délicat que dans les pièces des compositeurs de
la même époque. Jacopo de Bologne est le seul
qui soutienne la comparaison sans désavantage.
Un autre manuscrit qui a appartenu au célèbre
organiste Antoine Squarcialupi, etquiestaujour-
dliui dans la Bibliothèque ducale de Florence ,
semble être un double de celui de la Bibliothèque
impériale , car il contient les chants des mêmes
auteurs, particulièrement de Landino. On peut
consulter sur ce manuscrit l'excellente notice que
M. Casamorata, de Florence, a publiée sur Squar-
cialupi, dans la Gazzetta musicale di Milano
(ann. 1847 n" 48).
LANDOLFI (Charles-Ferdinand), luthier
de Milan , vécut dans cette ville au milieu du
dix-huitième siècle. Ses violons sont assez esti-
més et se vendent de trois à quatre cents francs.
J'en connais deux, dont un porte la date de 1752
et l'autre celle de 1753.
LA\DRlAIVO ( Charles-Antoink), sopra-
niste célèbre, organiste et compositeur, né à Mi-
lan, vers 1626, brilla par son talent aux fêtes
qui furent données dans sa ville natale, lorsque
le duc de Parme, Edouard Farnèse , la visita. Il
obtint à cette occasion la place d'organiste à l'é-
glise Saint-Raphaël , quoiqu'il fût déjà chantre
de la cathédrale. 11 mourut à l'âge de trente-trois
ans , peu après 1657. On a imprimé de sa com-
position : Moitetia voce sola; Milan, 1655.
LAIVDSBEKG (Louis), professeur de mu-
sique, naquit à Breslau dans les premières années
du dix-neuvième siècle. Il commença sa carrière
comme ténor choriste du théâtre royal de Berlin ;
puis il se rendit à Rome, où il vécut pendant
vingt-quatre ans, se livrant à l'enseignement du
piano. Il y avait établi des concerts d'amateurs
qui eurent beaucoup de succès. Il est mort dans
cette ville, le 6 mai 1858. Landsberg se livra à
l'étude des œuvres des anciens maîtres et de la
littérature musicale : il avait des connaissances
étendues dans ces matières et avait rassemblé
une rare et précieuse collection de musique et de
livres, pour laquelle il explorait incessamment
l'Italie et l'Allemagne. Après sa mort, sa collec-
tion fut transportée en partie à Breslau et en
partie à Berlin par ses héritiers : on en a fait
imprimer des catalogues pour en proposer l'ac-
quisition aux amateurs; mais, bien qu'ils indi-
quent encore des choses fort intéressantes, les
ouvrages les plus importants en ont disparu.
L'auteur de cette biographie a pu s'en convaincre
en comparant ces catalogues avec celui que
Landsberg lui avait envoyé en manuscrit.
LANFRANCO ( Jean-Marik), né sur le
territoire de Parme, vraisemblablement' dans les
dernières années du quinzième siècle , ou dans
les premières du suivant , fut maître de chapelle
à la cathédrale de Brescia. Il n'est connu que par
un petit traité de musique , divisé en quatre
parties , dont la rareté est excessive. Ce livre a
pour titre .' Scintille o sia regole di musica,
che mostrano a leggere il canto fermo e figu-
rnto , gli accidenti délie note mensurate, le
proportioni e tuoni, il contrapunto e la di-
visione d'il monocordo ,• con la accordatura
di varii instrumenti, délia quale nasce un
modo, unde ciascxm per se stesso imparare
188
LANFRANCO — LANG
poirà le voci di la, sol, fa, mi, ré, ut. In
Brescia, per Ludovico Britannico, 1533, 142 pa-
ges i)etit in-4°. L'opinion de Perne était que
Lanfranco fournit les explications les plus claires
et les plus satisfaisantes concernant les prola-
tions. Un exemplaire de ce petit ouvrage, prove-
nant de la bibliothèque de M. Gaspari, de Bolo-
gne, a été vendu à Paris, le 29 janvier 1862, 80
francs ; un autre exemplaire avait été vendu en
1805, dans la même salle de la maison Silveslre,
1 franc 85 centimes ! Avant que l'auteur de cette
notice eût fixé l'attention de l'Europe sur la va-
leur des anciennes œuvres musicales, au point
de vue de l'histoire, elles ne trouvaient pas d'a-
cheteur ; aujourd'hui fin fait mille folies pour les
acquérir à tout prix.
LA]XG (Gaspard), musicien allemand du
dix-septième siècle, est connu par un recueil de
motets intitulé : Musœ 1,2 und 3 siimmige Can-
tiones sacrx tempori et festis accommodatx
cum violinis; Constance, 1660, in-4''.
LAI\G (Jean-Georges), né en Bohême en
1724, y apprit la musique et l'art de jouer de
l'orgue. En 1749, il.fit un voyage en Italie, étudia
le contrepoint à Naples, puis retourna en Alle-
magne, où il entra en 1760 au service du prince-
évêque d'Augsbourg. Lorsque cet évêque ( Clé-
ment-Wenceslas , prince royal de Pologne) fut
fait archevêque de Trêves, il appela Lang à Co-
blence en qualité de maître de chapelle. Cet artiste
a publié de sa composition : 1° Six symphonies
pour l'orchestre; Augsbourg, Lotter, 1760. —
2" Six quatuors pour piano , flûte, violon et vio-
loncelle; Offenbach, 1775. — 3" Deux concertos
pour piano ; ibid., 1776. — 4° Divers autres mor-
ceaux pour cet instrument; Nuremberg. —
b° Deux cahiers de pièces d'orgue; ibid. — 6° Six
trios pour clavecin, violon et violoncelle ; Augs-
bourg, Lotter. — 7° Une fugue pour l'orgne à
trois parties ; ibid. Il a laissé en manuscrit di-
verses compositions, parmi lesquelles on remar-
que deux concertos pour piano à quatre mains.
LANG (Ernest-Jean-BenoIt ), peintre et mu-
sicien distingué, naquit au mois de février 1749
à Ilmenau, alors dans le comté de Henneberg.
Son père, peintre et bon musicien , lui enseigna
les principes des deux arts qu'il cultivait : la
liarpe fut l'instrument qu'il choisit; il y fit des
progrès si rapides, qu'à l'âge de six ans il put
en jouer devant le duc de Saxe-Hildburghausen.
Lorsque son père alla se fixer à Nuremberg, il
l'y accompagna, et apprit à jouer du clavecin
et du violon, sous la direction du maître de cha-
pelle Gruber, qui lui enseigna aussi les éléments
de la composition. Déjà marié, en 1782, i! réso-
lut de voyager et de tirer parti de ses talents pour
sortir de la pénible situation où il se trouvait. Il
prit sa route par la Souabe, visita une partie de
la Suisse , s'arrêta quelque temps à Strasbourg ,
puis se rendit à Bruxelles, où il entra au service
du duc d'Arenberg, en qualité de musicien de
la chambre. Après un an de séjour près de ce
prince , il fut obligé de retourner à Nuremberg
pour des affaires de famille, et dans sa route il
donna des concerts à Trêves , Mayence et Franc-
fort. Obligé de donner des leçons pour vivre, il
augmenta les vertiges qu'il ressentait depuis plu-
sieurs années, et il mourut d'une maladie céré-
brale, à Nuremberg, le 6 mai 1785, à l'âge de
trente-six ans. Cet artiste a composé plusieurs
concertos, quatuors, trios et solos pour la harpe;
on n'a gravé de ses ouvrages que les suivants ^
r Sonata per Varpa, accompagnala con il
violino, composta daEnr. Giov. Bened.Laag,
virtuoso dell'arpa, in Norimt}erga ; Nurem-
berg, J.-G. Birckmann. — 2° Quelques poésies
de Biirger, mises en musique par E.-J;-B. Lang;
Nuremberg, J.-M. Schmidt, in-fol. obi.
LANG, famille de musiciens, originaire du
Palatinat, qui s'est distinguée dans la Bavière.
Lang (François), né à Manheim, le 30 novem-
bre 1751, eut pour maître de cor le musicien de
la cour Zwini. A l'âge de huit ans il joua sur
cet instrument un concerto , le jour de la fête
du prince électoral , et fit naître l'étonnement
par son habileté. En 1763 il était déjà musicien
de la cour, et en 1770 il épousa la fille du direc-
teur de musique Stamitz, excellente cantatrice du
théâtre de Manheim, puis de Munich. Plus tard,
Lang fit de longs voyages avec son frère ( Martin
Lang), et partout ils excitèrent l'étonnement par
leur talent. En 1801, François Lang était encore
attaché à la musique de la cour de Munich.
LANG (Martin), frère du précédent, naquit'
à Manheim, le 21 juin 1755, et reçut aussi des
leçons de cor de Zwini. En 1778 il fut attaché à
la chapelle de la cour à Munich. En 1784 il fit
un voyage à Vienne, où il donua des concerts
avec succès, puis il visita l'Italie avec son frère.
Le talent de ces deux artistes consistait en une
belle qualité de son et une grande sûreté dans
l'attaque des traits difficiles.
LANG (Catherine), fille de François Lang,.
naquit à Manheim au mois de novembre 1774(1),,
et suivit son père à Munich à l'âge de quatre ans-
Plus tard elle reçut de Streicher des leçons de
piano, et devint élève de Dorothée Wendling
pour le chant. En 1789 elle se rendit en Italie, et
(0 Gerber et les biographes qui l'ont copié ont fait
sur celte cantatrice une accumulation d'erreurs ; ils ^on^
confondue avec sa mère, et ont cbangé son nom en celHl»
de Lange,
LANG — LANGBECRER
189
reçut, à Padoue,(les leçons de PacchiaroKi.
Deux ans après elle débuta au grand théâtre
de Mantoue avec un brillant succès. A Venise,
elle chanta avec Crescentini au théâtre de la
Fenice ; à Bergame et à Vicence, avpc Marcliesi ;
à Vérone, avec Matteucci. Son talent se soutint à
côté de ces grands chanteurs; mais, après plu-
sieurs années , une maladie de l'organe vocal l'o-
bligea à quitter la scène. Elle retourna à Munich
et y épousa le chanteur Zuccarini en 1796. Cette
actrice avait un chant d'expression qui remuait
le cœur. Elle était excellente pianiste et possédait
des connaissances étendues dans la musique. Elle
mourut des suites d'une maladie de larynx, le
4 mai 1803.
LANG (Théobald), fils de Martin Lang, na-
quit à Munich, en 1783. Après avoir terminé ses
études de violon, il prit des leçons de composi-
tioa cites le maitre de chapelle François Danzi ,
et entra, en 1798, à l'orchestre de la cour, quoi-
qu'il ne fût âgé que de quinze ans. En 1802, il reçut
un engagement pour l'orchestre de Stultgard.
Deux ans après il retourna à Munich, où il
épousa, en 1808, la cantatrice Régine Hitzel-
berger. Lang a été un violoniste distingué, pour
son temps.
LANG (François-Xavier), deuxième fils de
Martin Lang, né à Munich en 1785, a été un
bassoniste de mérite. Son maître pour cet ins-
trument a été Philippe Ruppert, membre de la
cJiapelle du roi de Bavière. Lang a écrit quel-
ques ballets dont la musique n'est pas sans
mérite.
LANG (Marguerite), fille de Martin Lang,
est née à Munich le 20 septembre 1788. Mine Diil-
ken lui a donné des leçons de piano, et sa mère
a fait son éducation vocale. Le 4 avril 1805,
elle a paru pour la première fois sur le théâtre
royal de Munich dans le Sacrifice interrompu
de Winter, et y a été applaudie avec transport.
Elle a brillé ensuite (en 1807 et 1810) aux théâ-
tres de Stuttgard et de Francfort.
LANG (Joséphine), sœur de la précédente,
est née à Munich en 1791. Après avoir reçu des
leçons de chant et de piano du maître de chapelle
Danzi , et avoir appris les éléments de l'art dra-
matique de sa mère, elle a débuté en 1807 au
théâtre royal de sa ville natale. Elle jouissait en
1812 de la faveur publique.
LANG (Antoine), fils de Théobald Lang, est
né à Munich en 1804. 11 s'est livré à l'étude du
piano et de la composition. On a publié de ses
premiers essais : 1° Gedichte ans Willielm
Meister, de Gœthe, pour voix seule et accom-
pagnement de piano; Ralisbonne, Reitmayr. —
2° Sechs Gedichte von J. Paul Richter, Schil-
ler, etc., pour voix seule et piano. Muni :h, Sid-
1er. — 3° Variations pour piano, avec quatuor
d'accompagnement ; ibid.
LANG (•...), excellent clarinettiste, né en
Bohême vers 1760, fut maître de musique du
premier régiment d'artillerie impériale à Prague.
Un grand concert qu'il donna au théâtre national
de cette ville, en 1786, lui fit la réputation d'un
artiste distingué sur son instrument. En 1802, il
renonça à sa place de maître de musique, et ser-
vit dans le même régiment comme caporal. On
n'a jamais connu les motifs de ce changement.
Enfin il eut son congé en 1808, et entra au ser-
vice du comte Metrowsky, en qualité de maître
de musique de son régiment, qui se trouvait en
Moravie, mais avec exemption de service mili-
taire et avec des appointements considérables.
Cet artiste vivait encore dans cette position en
1816. Lang a écrit beaucoup de concertos et de
sonates pour la clarinette, ainsi que des suites
d'harmonie pour la musique militaire : toutes ces
compositions existent en manuscrit.
LANG (Alexandre), docteur en droit et
professeur à l'université d'Erlangen (Bavière) na-
quit le 6 mars 1806 à Ratisbonne, où son père
était conseiller dé justice des domaines du prince
de la Tour et Taxis. Dès son enfance il commença
l'étude de la musique, et ses parents, qui ai-
maient cet art, cultivèrent ses heureuses disposi-
tions. Après avoir achevé ses études de collège,
il fréquenta les universités d'Erlangen et de Hei-
delberg, sans interrompre ses études musicales.
En 1834, il reçut sa nomination de professeur de
droit à l'université d'Erlangen; mais il ne jouit pas
longtemps des avantages de sa position , car it
mourut le 18 février 1837, à l'âge de 31 ans. On
a publié de cet amateur : 1° Variations pour
piano à 4 mains. — 2'^ Polonaise idem. — 3° Grande
sonate pour piano seul. — 4° Rondeau brillant
pour piano à 4 mains. — 5" Variations pour piano,
avec accompagnement de petit orchestre. —
6° Variations pour piano avec 2 violons, alto et
violoncelle; à Munich, chez Sidler. — 7" Intro-
duction et polonaise de concert, avec orchestre.
— 8" Quatuor pour 2 violons, alto et violon-
celle. — 9° Adagio pour guitare et piano. —
10° Lieder, avec accompagnement de piano.
LANGBECKER ( Emmanuel - Chrétien -
Théophile ), né à Berlin, le 31 août 1792 , fit ses
études littéraires au gymnase (collège) de cette
ville, puis alla suivre les cours de médecine des
plus célèbres professeurs ; mais l'invasion de la
Prusse par les armées françaises interrompit
ses études, et dès lors il s'occupa des affaires
industrielles de son père, qui possédait une
manufacture d'étoffes de laine. Dans ses rao-
190
LANGBECRER — LANGE
ments de loisir, Langbecker s'occupa spéciale-
ment d'ouvrages relatifs à l'ancienne musique
d'église, pour laquelle il eut toujours un goût
passionné. Ses travaux en ce genre le firent con-
naître avantageusement à la princesse Wilhel-
mine de Prusse, qui le prit sous sa protection
et le plaça, en qualité de secrétaire, près de son
fils, le prince Waldemar. Il occupa cette po-
sition jusqu'à sa mort, arrivée le 21 octobre
1843. Les principaux ouvrages de Langbecker
relatifs à la musique sont : 1" Das Deutsch-
cvangelische Kirchenlied, eine historisch œs-
thetische Abhandlung zur dritten Jubelfeier
des Augsburgischeii Confession verfasst ( Le
chant allemand de l'Église évangélique, disser-
tation historique et esthétique, à l'occasion du
troisième jubilé séculaire de la Confession
d'Augsbourg ) ; Berlin, 1830. — 2° Johann
Cruger's, -von 1622-1662 Musikdirector an
der St-Nicolai Kirche zu Berlin choral Me-
lodien,eic. (Mélodies chorales de Jean Cruger,
directeur de musique de l'église Saint-Nicolas à
Berlin, depuis 1622 jusqu'en 1662, tirées des
meilleures sources originales, et accompagnées
d'un abrégé de sa vie, etc. ) ; Berlin, 1835, in-4°.
— 3** Gesangblaite aus dem i&ten Jahrhun-
dert mit einer kurzen Nachricht vom ersten
Anfange von evangelischen Kirchenliedes
und den Enislehen der Gesangblatter, etc.
( Feuilles de chant du seizième siècle avec une
courte notice historique de l'origine du chant de
l'Église évangélique, et de la naissance des feuilles
de chant); Berlin 1838. Ces ouvrages sont faits
avec soin et renferment de bons renseignements
puisés à des sources authentiques.
LANGDON (Richard), musicien anglais,
fut organiste à Londres, dans la seconde partie
du dix-huitième siècle. Il a publié : 1° Deux
livres de Chansons anglaises; Londres, Preslon.
— 1° Divine hartnony, livre l*''; Londres,
Bland. Ce recueil contient environ soixante
psaumes en partition. — 3° Divine harmony ,
deuxième livre, ibid. Ce second livre renferme
des antiennes. — 4° Douze glees; Londres,
Bland. — 5° Canzonets, lib. 7 ; Londres, Pres-
ton.
LANGE ou LANGIUS (Jérôme-Grégoire),
né à Havelberg, dans le Brandebourg, vers
ia première moitié du seizième siècle, fut canior
à Francfort-sur-l'Oder, et l'un des musiciens les
plus instruits de sou temps. Frappé de paralysie
aux pieds et aux mains, il fut obligé de se dé-
mettre de sa place, et mourut le 1*"^ mai 1587.
1! a fait imprimer de sa composition : 1° Çan-
tiones aliquot sacrx ,
cum tum vives voci.
quinque et sex vo-
tum omnis generis
insirumentis canlaiu commodissime jam
pr imum hi luccin editx. Francofordix Mar-
chionum per Andream Eichorn, 1580, in-4''.
— 2'* Cantiones sacrx, 4, b, G et 8 vocum,
pars I; Nuremberg, 1580. — 3° idem, pars II,
ibid., 1584. Les deux parties de cet ouvrage
sont dédiées au conseil de Breslau. Dans la pré-
face. Lange rapporte l'accident qui l'a privé de
sa place. — 4" Neuerteutschen lieder mi.
drey Stimmen xcelche nicht allein Lieôlich
zu singen, sondern auch allcrlcy Instrumen-
ten zu gebrauchen,erster Theil (Nouvelles
chansons allemandes a trois voix, non-seule-
ment pour chanter agréablement, mais aussi
pour l'usage de toute espèce d'instruments ,
r^ partie); Breslau, chez Joh. Schaffenberg,
1584, in-4° obi. On voit dans la préface de cet
ouvrage que le magistrat de Breslau avait ac-
cordé un asile avec une pension à Langius, en
considération de l'accident qui l'avait privé de
moyens d'existence. La deuxième partie de ce
recueil a paru chez le même éditeur, en 1586.
Après la mort de Langius, il a été l'ait une
deuxième édition des deux parties, publiée
chez Georges Baumann, à Breslau, en 1597-
1598, in-4''.
LANGE (Joachim), né à Eylau (Prusse),
dans la seconde moitié du seizième siècle, fut,
suivant l'avertissement placé en tête de l'ou-
vrage cité ci-dessous, organiste au service du
comte Havata, à Clilum et Koschenberg, en
Bohême. Il s'est fait connaître par la compo-
sition d'un recueil de chansons allemandes à
trois voix, intitulé : Das erste Buch schœner
newer iveltlicher Liedlein mit drey Stimmen,
componirt durch Joachimum Langium Eu-
lauiensem Borussum. Pragx, typis Nigri-
nianis, 1606, in-4°. On y trouve 24 mor-
ceaux.
LANGE (Jean-Gasfard), cantor à Hildes-
heim, dans la seconde moitié du dix-septième
siècle, est auteur d'uîi opuscule qui a pour
titre : Meihodus nova et perspicua in artem
vnisicam, das ist : Becht grûndliche Anwei-
sung wie die edlen Musik mit allen zu gehœ-
rigen StUcken auf aller leichteste und geuis-
seste nach heutigen neuesten Art, etc. ( Mé-
thode nouvelle et claire concernant la musique,
ou instruction solide, etc. ) ; Hildesheim , 1688,
64 pages in-S". Ce petit ouvrage est en dialogue.
LANGE (Joseph), acteur allemand, na-
quit à Wiirzbourg, le 1" avril 1751. Son père y
était secrétaire de légation. Après avoir fait des
études dans la peinture et dans la musique, il so
rendit à Vienne pour y perfectionner son habileté
<!ans ces arts, et y trouva un frère qui y était
LAKGE — LANGER
J9f
placé comme seeiélaire. Tous deux aimaient l'art
dramatique avec passion ; ils s'associèrent avec
d'autres jeunes gens et fondèrent un tliéâtre d'a-
mateurs. C'est là que les vit le conseiller de la
cour de Sonnenfels, qui, convaincu de la réalité
de leur talent, les engagea à se vouer à la scène,
Ceci se passait en 1770. L'aîné des deux frères
mourut bientôt après; le plus jeune fut en peu
de temps l'acteur favori des habitants de Vienne.
Comme musicien , il s'était fait connaître avan-
tageusement : il jouait bien du piano et compo-
sait avec goût. Déjà il avait publié quelques
morceaux de musique inslrumenlale et des
chansons, lorsqu'il fit représenter, en 1796, un
petit opéra intitulé : Adèle de Ponthieu, qui
fut bien accueilli du public. Après qu'il se fut
retiré du théâtre, il continua de cultiver la com-
position et la peinture. Il a aussi obtenu des
succès dans cet art, et l'onîconnaît de lui de
grands tableaux d'église qui sont estimés.
Lange est mort à Vienne, le 18 septembre 1831.
L AIXGE ( Louise-Marie-Antoinette ) , née
DE WEBER, femme du précédent, vit le jour
à Manheim. En 1779, elle débuta au théâtre de
celte ville, dans l'opéra ; ensuite elle se rendit à
Vienne. Là, elle devint élève de Mozart , dont
elle était la belle-sœur, et ses progrès furent
rapides sous un tel maître. Elle contracta un
engagement à l'Opéra de Vienne. Ce contrat ex-
piré, elle voyagea, se fit entendre avec succès sur
plusieurs théâtres de l'Allemagne, puis elle re-
tourna dans la capitale de l'Autriche, où elle fut
engagée de nouveau, aux appointements de 400
ducats. Des discussions qu'elle eut avec les en-
trepreneurs la firent se retirer en 1735. Elle se
rendit à Hambourg, et y chanta jusqu'en 1798;
puis elle fut engagée à l'Opéra allemand d'Ams-
terdam, et y eut 800 ducats de traitement. Cette
cantatrice a passé pour une des meilleures de
son temps; on l'a même comparée à M'"^ Mara,
quoiqu'elle lui fût inférieure. Lorsqu'elle quitta
la scène , elle se retira à Francfort, oîi elle est
morte en 1830, regrettée de tous ceux qui l'a-
vaient connue.
LA3JGE (Joseph-Henri), compositeur et or-
ganiste à Brème, fils d'un instituteur, est né dans
cette ville en 1784. Il était fort jeune lorsque
son père l'envoya à Munich pour y étudier la
musique, sous la direction deWinler. De retour
à Drême, il y obtint la place d'organiste de
l'église principale. M a publié : 1° Vierslhnmige
ausgesciztes Choralbuch zii, dem neuen Bre-
mischen Gesangbuchei Livre de chorals arrangés
à quatre voix pour le nouveau livre de chant de
Brème ); Brème , Kai.ser. — 2" Melodien zum
piewen Bremcr Gesawjbiiche, fur Schulen und
zum Privatgebrauche (Mélodies du nouveau
livre de chant de Brème, à l'usage des écoles, etc.) ;
ibid. — 3° Melodien far eine und mchrere
Singslhnmcn zmii Brcmlschen IJederbuclie
fur Schulen (Mélodies à une et à plusieurs voix
chantantes, pour le livre de cantiques de Brème, à
l'usage des écoles) ; ibid. On a publié de cet ar-
tiste, dans la même ville, en 1833, la Chanson
de Mignon pour quatre voix d'hommes.
LANGE (le docteur OTTO), né à Berlin,
dans les premières années du dix-neuvième
siècle, a fait ses études dans cette ville, et s'est
attaché à la philosophie de Hegel, dont il s'est
montré ardent admirateur. En 1S47, il est de-
venu rédacteur de laNouvelie Gazette musicale de
Berlin ( Neue Musikzeitung fur Berlin ), pour
la partie technique, sous la direction de M. Gus-
tave Bote. On a de M. Lange un écrit intitulé :
Die Musik als Unterrichlsgegensfand in
Schuten neben den ivissenschaft lichen Lehr-
ziceigen ( La musique, telle qu'elle est enseignée
dans les écoles, confrontée avec son but comme
accessoire scientifique); Berlin, 1841, in-8".
Fink a donné une longue analyse de cet ouvrage
tians la Gazette générale demusique deLeipsick
(n° 45, 10 novembre 1841).
LAJ\GER(Dominique), violoniste du théâtre
de Breslau, est né en Bohème. On n'a que peu
de renseignements sur cet artiste, même dans
la Biographie des musiciens de la Silésie, par
Hoffmann. On sait seulement qu'il jouait égale-
ment bien du violon, de la clarinette et du cor
de bassette, et qu'il dirigeait avec talent la mu-
sique dans un jardin de plaisance, à Breslau. Il a
été publié de sa composition : 1° Rondo pour
piano et violon; Vienne, Mechetti. — 2" Valses
idem; Milan, Ricordi. — 3" Polonaises pour le
piano ; Breslau, Leuckart. — 4° Danses favorites
de Breslau ; Breslau, For.ster. — 5" Le Temps
ancien et le moderne, quolibet musical lire
d'airs connus et de danses, avac piano; Breslau,
Leuckart. Langer avait en manuscrit une grande
symphonie dédiée au maître de chapelle Schnei-
der.
LANGER (Matthieu), virtuose distingué
sur le cor, bien que simple amateur, employé pré»
du gouvernement à Oppein, a fait ses études an
gymnase de Neisse et à l'université de Breslau.
Il a pris part, dans cette ville, aux concerts de
l'Académie, en 1822. Il était déjà cité alors pour
son talent, mais il l'a beaucoup augmenté par soiî
travail depuis lors : vers 1840 il avait peu de
rivaux.
LANGER (Hermann), organiste à Leip-^'ck,
eslné le 6 octobre 1819, à Hœckendorf, village
du royaume de Saxe, dans l'Erzgebirgejsonédu.
192
LATNGER — LANGLE
cation musicale fut faite dans la maison pater-
nelle, puisa Oscliatz, où il apprit à jouer du cla-
Tecin, du violou, et le chant. Un artiste de !a
chambre royale de Dresde cultiva ensuite la voix
de ténor de Langer, qui contracta un engagement
comme chanteur de l'Opéra. En 1840 il se ren-
dit à Leipsick , où il étudia la philosophie, la
pédagogique et prit des leçons d'orgue de M. C.
F. Becker. Dans le même temps il étudiait aussi,
la théologie ; mais, après qu'il eut complété son
instruction scientifique, il s'adonna particulière-
ment à la musique. En 1843 il fut nommé orga-
niste de l'église de l'Université, et fut aussi clioisi
comme directeur de la société de chant dite
Paulinienne. En 1845, la place de professeur
de chant liturgique à l'Université lui fut conOée ;
dix ans après, il y ajouta la position de directeur
de musique de la deuxième société de concerts de
Leipsick, appelée Euterpe , et en 1856, il fut
chargé de diriger la société de chant Orpheus.
Langer s'est particulièrement distingué en 1857
par le cours qu'il a fait à l'Université sur l'his-
toire du chant liturgique et sur l'histoire des an-
tiquités musicales.
LAIVGHAMS ( Cbarles-Gotthard), archi-
tecte, fut d'abord conseiller intime du roi de
Prusse, dans l'administration de la guerre, puis di-
recteur du conseil supérieur des bâtiments publics
à Berlin. Il naquit à Landshut (Silésie) en 1733,
et mourut à Berlin le 1er octobre 1808. Il s'est
rendu célèbre parmi ses compatriotes par les mo-
numents dus à ses talents, et parmi lesquels on cite
particulièrement l'église des Onze mille Vierges,
la Bourse, et le palais Uatzfeld, à Breslau; à
Ber\'m,lelSouveauthèâtre d'Opéra,etl3iPoiie de
Brandebourg, considérée comme son œuvre ca-
pitale. Langhans a publié, à l'occasion du théâtre
construit par lui, un écrit intitulé : Vergleichung
des neiien Schauspielhauses zu Berlin mit
verschiedenen altern und neuen Schaus-
pielhxusern in Rucksicht aûf akustische und
optische Grundsœtze ( Comparaison du nouveau
théâtre de Beriin avec divers théâtres anciens
et modernes, au point de vue des principes
d'acoustique et d'optique ). Berlin, 1800, 15 pages
in-4°, avec deux planches.
L ANGLE (Honoré-Fkançois-Marie), com-
positeur et théoricien de musique , d'une famille
originaire de Picardie, mais établie en Italie de-
puis le dix-septième siècle, naquit à Monaco en
1741. A l'âge de seize ans on l'envoya à Naples
pour y étudier la composition ; il y entra au Con-
servatoire de la Pietà dei Turchini, et fit ses
études d'harmonie, d'accompagnement et de
contrepoint, sous la direction de Cafaro. Après
avoir été huit ans dans cette école, où il eut le
titre de maure, c'est-à-dire, répétiteur, il se
rendit à Gênes et y demeura plusieurs années,
en qualité de directeur de musique du théâtre
et du concert des nobles. Arrivé à Paris en 1768,
il se fit une existence honorable en donnant des
leçons de clavecin , de chant et de composition.
Il connaissait bien l'art du chant, en ayant étudié
les principes dans l'école de Naples, la meilleure
de cette époque. Tourmenté du désir de se faire
connaître à Paris par ses compositions, il fit exé-
cuter au concert spirituel et à celui des amateurs
des cantates et des motets, entre autres les mono-
logues d'Afcirfe, de Sapho, àeCircé, etc. Lors-
que le baron de Breteuil eut institué l'École royale
de chant et de déclamation, en 1784, Langlé fut
chargé d'y enseigner le chant, et il conserva cet
emploi jusqu'à la suppression de l'école en 1791.
A l'époque de l'organisation du Conservatoire
de Paris, on le désigna pour remplir les fonctions
de bibliothécaire, qu'il réunit à celle de profes-
fesseur d'harmonie ; mais il ne garda pas celle-ci
longtemps, et la place de bibliothécaire fut la
seule qu'il conserva en 1802. Il était aussi mem-
bre du Lycée des arts. Dans les dernières années
de sa vie, Langlé prenait plaisir à la culture d'un
jardin qu'il possédait avec une maison de campa-
gne, à Villiers-le-Bel, près de Paris : il mourut
dans ce lieu le 20 septembre 1807, à l'âge de
soixante-six ans.
Les compositions de Langlé indiquent peu de
génie : elles manquent de chaleur et do vie,
quoiqu'on y trouve des mélodies assez faciles.
J'ai examiné à la bibliothèque du Conservatoire
tous ses manuscrits , et je n'y ai rien trouvé qui
eût pu assurer des succès à leur auteur, s'ils
avaient obtenu les honneurs de la représentation.
Le seul opéra de Langlé joué à l'Académie royale
de musiqne est Corisandre, en trois actes : il fut
représenté en 1791; on le reprit l'année sui-
vante, mais il n'excita jamais d'intérêt. Ses au-
tres ouvrages dramatiques, tous inédits, à l'ex-
ception à'Antiochus et Stratonice, joué sans
succès à Versailles, en 1786, sont -. 1" Oreste et
Tyndare, présenté au jury de l'Opéra en 1783
et en 1780. — 2° Soliman et Éronime,o\i Maho-
met II, en 1792. — 3" La Mort de Lavoisier,
1794. — k" Le Choix d'Alcide, 1801. — 5° Mé-
dée.—6° L'Auberge des volontaires. — 7° Tan-
crède. — 8° Les Vengeances. Langlé a fourni un
certain nombre de leçons, assez mal écrites, à
la première édition des solfèges du Conservatoire
de Paris. Ses ouvrages didactiques sur l'harmo-
nie et la composition sont ceux qui ont particu»
lièrement contribué à le faire connaître e.
France. Le premier a pour titre : Traité d'har-
monie et de modulation; Paris, Naderman,
LANGLÊ - LANGLOIS
19?,
1797, in-fol.de96 pages. Aux premiers mots de
l'avertissement de ce traité, on serait tenté de
croire que Langlé avait saisi jes vrais principes :
de la science de l'l)armonie, qui ne sont autres
que ceux de la tonalité; car il s'élève contre
les traités de cette science, précédemment pu-
bliés, où les accords sont considérés d'une ma-
nière isolée, sans égard aux lois de successions
qui les régissent; mais, immédiatement après, on
le voit avec étonnement avancer cette singulière
proposition : Qu'il n'y a qu'un seul accord, ce-
lui de tierce, dont les combinaisons produi-
sent tous les autres. Et pour la démonstration
de ce principe, il présente l'exemple de cette
suite de tierces : fa, la, m<, mi, sol, si, ré, fa.
Il en tire l'accord parfait du quatrième degré fa,
la, ut ; l'accord parfait mineur, la, ut, mi; l'ac-
cord de la Ionique ut, mi, sol; l'accord relatif
mineur de la dominante, mi, sol, si; l'accord de
la dominante, sol, si, rc ; les accords de septième
majeure, fa, la, ut, mi, et ut, mi, sol, si; enfin,
l'accord de septième mineure avec tierce mineure,
la, ut, mi, sol, et l'accord de septième dominante,
sol, si, ré, fa. C'est à peu près par un procédé
semblable que Catel a fondé son système d'har-
monie sur une division arbitraire du monocorde;
mais celui-ci a du moins racheté son erreur à
cet égard par sa division des accords en natu-
rels et artificiels; tandis que Langlé confond
tout en faisant, au moyen de ses générations de
tierce, des classes d'accords de septièmes, par
exemple, de toutes les espèces, comme si ces
rapports existaient par eux-mêmes et abstrac-
tion faite de toute considération de modilicalion
par l'altération, la prolongation et la substitution.
D'ailleurs, les exemples pratiques qu'il donne de
l'emploi des accords sont mal écrits, et fourmil-
lent de mauvaises successions d'octaves et de
quintes.
Le second ouvrage de Langlé est le Traité de
la basse sous le chant, précédé de toutes les
règles de la composition; Paris, Naderman,
1798, in-fol. de 304 pages. Ce que Langlé appelle
toutes les règles de la composition sont celles
des contrepoints simple et double, qui enseignent
en effet l'art d'écrire à plusieurs parties. Mais
comment un ouvrage destiné à faire connaître
la manière de mettre une basse sous un chant
peut-il être précédé de toutes les règles de la
composition? Un amûdtiï qui sait toutes ces
règles n'est donc pas capable de faire une basse?
Quelle absurdité ! Et qu'est-ce, je vous prie, que
ce qui vient après les règles du contrepoint
dans le livre de Langlé? Une énorme quantité
de progressions appelées communément mar-
ches d'harmonie, la plupart mal écrites, et dont
BlOCn. UNlV. DES MUSICIENS.— T. V.
on ne trouve presque jamais l'application dans
la musique mélodique. Cet énorme fatras n'est
bon à rien : il n'a jamais eu de véritable sucrés,
et depuis longtemps il est tombé dans l'oubli,
comme une multitude de fausses doctrines qui
ont pris naissance depuis un siècle, en France et
en Allemagne.
Le Traité de la fugue ( Paris, 1805, in-folio
de 100 pages ) est le troisième ouvrage didactique
de Langlé. II y débute par une proposition bien
bizarre : La fugue, dit-il, est le premier mor-
ceau de musique régulier que l'on ait fait. S'i\
avait eu quelques notions des plus ancieiuu'S
compositions, il y aurait vu qu'il ne s'y trouve
pas l'apparence de ce qu'on appelle fugiie,
même dans l'acception la plus générale. Quoique
l'ordre dans la classilication des objets manque
dans ce livre comme dans tous les autres ouvra-
ges de Langlé, le début renferme des notions
assez précises des parties principales de la fugue;
c'est ce qu'il a fait de mieux. C'est en quelque
sorte une traduction de ce que le P. Martini a
placé en tête de son Saggio fondamentale pra-
tico di contrappunto. La suite est beaucoup
moins bonne; on y trouve beaucoup de fausses
réponses à des sujets donnés, et de fugues mal
faites. Ses fugues à la seconde et à la septième
sont contraires à tout principe de tonalité.
On a aussi de Langlé une Nouvelle méthode
pour chiffrer les cccorrf^; Paris, 1801, in-8°.
Ce livre renferme l'exposé d'un système particu-
lier que l'auteur avait déjà fait connaître en par-
tie dans ses traités de l'harmonie et de la basse
sous le chant. Il s'y sert de plusieurs signes qui
n'ont jamais été employés par les harmonistes ;
signes dont l'utilité n'est pas sensible, et qui
auraient l'inconvénient de manquer de simpli-
cité. Langlé, comme tous les auteurs de systèmes
de basse chiffrée, a oublié qu'un ouvrage de ce
genre, au lieu de présenter de nouveaux signes,
devrait être seulement l'exposé des systèmes des
diverses écoles, afin de rendre plus facile l'ac-
compagnement de toute espèce de musique, par
une bonne synonymie des signes.
LANGLOiS (M.), avocat à Gisors, dans la
dernière partie du dix-huitième siècle, a publié
un petit écrit qui a pour titre : Éloge funèbre
de P. Buisson, organiste de Gisors , prononcé
dans cette ville, decant une société d'aman
ieurs,\e 2 seD'fmbre 1775; Rouen, 1775, in-8".
LAA'GLOl'S (l'abbé), maître de chapelle
de la métropole de Rouen, et membre de l'Aca-
démie des sciences, belles-lettres et arts de cette
ville, est auteur d'un discours prononcé dans
une séance de cette société, le 28 juin 1850, le-
quel a pour objet la Revue des maures de cha-
Vi
194
LANGLOIS — LANIÈRE
pelle et musiàens de la cathédrale de Rouen,
et se trouve dans le Précis analytique des Tra-
vaux de l'Académie de Rouen, 1850, 1 vol.
in-S". Ce morceau historique fournit de bons
renseignements puisés dans les archives de cette
église métropolitaine.
LANGSHAW (....), organiste et mécani-
cien de grand mérite, né en Angleterre vers 1718,
s'est fait connaître par des cylindres mécaniques
qu'il a adaptés à un orgue superbe, lequel ap-
partenait au comte de Batb. Ce seigneur ayant
demandé à Haendel quelques pièces pour cet
instrument, le grand musicien les écrivit et
chargea Langshaw de les noter sur de très-grands
cylindres qui faisaient leurs révolutions dans di-
vers systèmes de mouvement, et dont les com-
binaisons produisaient des effets majestueux.
Langshaw fut employé par le comte à perfec-
tionner son ouvrage pendant près de douze ans.
En 1772 il obtint la place d'orgaftiste à Lancas-
tre. Il l'occupa pendant plus de vingt-cinq ans,
et mourut dans cette ville en 1798.
LANGSHAW (Jean), fils du précédent, né
à Londres en 1763 , fut élevé à Lancaslre, et ne
commença à étudier la musique qu'à l'âge de
treize ans. Lorsqu'ileut atteint sa seizième année,
il se rendit à Londres, et continua ses études mu-
sicales sous la direction de Charles Wesley et de
son fière Samuel. De retour à Lancastre, il s'y
livra à l'enseignement de la musique : en 1798 il
succéda à son père dans la place d'organiste de
cette ville. On a de ce musicien quelques ballades,
des chœurs de Haendel et de Haydn arrangés, et
un thème avec variations pour le piano.
LAIMÈRE (Nicolas) ou LANIER, musicien,
peintre et graveur, fut chef de la bande de musi-
ciens du roi d'Angleterre Charles T'. Hawkins,
qui ne cite aucune autorité contemporaine, dit
qu'il naquit en Italie dans l'année 1563 (1). Bur-
ney se borne à dire que Lanière fut un musi-
cien italien qui se rendit en Angleterre, dans le
commencement du dix-septième siècle. Il lit, dit-
il, sa profession de la musique, de la peinture
et de la gravure ; mais il excella surtout dans
le premier de ces arts (2). Il est de toHte évidence
que Lanière n'est pas un 'nom italien : si l'ar-
tiste dont il s'agit naquit en effet en Italie, ce dut
être de parents français ou belges. Un magnifique
portrait de lui, ouvrage du célèbre graveur Lu-
cas Vosterman, son contemporain, ne nous ap-
prend rien à cet égard , si ce n'est qu'il était ama-
teur passionné de tous les arts libéraux , particu-
lièrement des antiquités de l'Italie, ce qui indique
(1) /< General Historyofthe science and practice of Mu-
sic, t. m, p. 380.
(ï) ^ General llistory of Music, t. U\, p. 346. noie n.
au moins qu'il y était allé et y avait vécu. Voici
cette inscription : Nicolas Lanier. In aula Se-
renissimi Caroli Magnse Britanniœ Régis Mii-
sicse artis directori, admodmn insigni pictori,
caelerarumque Arlium liberalium maxime
Antiquitatum Italise admiratori et amatori
summo, Mœcenati suo unicè colendo. Quoi
qu'en disent Hawkius et Biirney, il paraît plus
que douteux que Nicolas Lanier se soit rend» d'J.
talie en Angleterre ; car dans un procès relatif aux
privilèges accordés par Charles F"^ aux musiciens
de sa chapelle, on voit paraître en cause avec cet
artiste et avec beaucoup d'autres musiciens, Jérôme
Lanier, Clément Lanier, André Lanier, Jean La-
nier et Guillaume Lanier, qui sont évidemment de
sa famille, et dont les prénoms accusent une origine
française en belge. Quoi qu'il en soit, il paraît cer-
tain que Nicolas Lanière ou Lanier et Cooper, dont
le nom italianisé était Coperario [voyez, renom),
furent les premiers qui introduisirent en Angleterre
le style récitatif , depuis peu mis en vogue par
Jacques Péri et Jules Caccini , puis perfectionné
par Monteverde (voyez ces noms). Un des pre-
miers ouvrages cités de Nicolas Lanière est un
matgue (divertissement dramatique) composé
en 1C17 pour lord Hay, sur un poème de Ben
Johnson. En 1614 il prit part, avec Coperario et
quelques autres musiciens, à la composition du
maske of Flowers, pour les noces du comte de
Sommerset avec lady Frances Howard , femme
divorcée du comte d'Essex. Ce divertissement
fut exécuté dans la salle du banquet, à Wliite-
hall, pendant la nuit de Saint-Étienne. Les per-
sonnages qui y figurèrent furent le duc de Len-
nox, les comtes de Perabroke, Dorset, Saiisbury,
Montgomery , les lords Walden , Scrope, NorUi
et Hayes, sir Thomas, sir Henri, et sir Charles
Howard. Plusieurs recueils publiés sous le règne
de Charles \" contiennent des aiis de Lanière.
On en trouve neuf dans un volume manuscrit du
Muséum britannique (in-fol. n" 11,608 des addi-
tions de Mss). Le dernier (Colin, say uhy sit'st
ihou «eeP) est accompagné d'un choeur. Hawkins
dit que, sous le règne de Jacques 1", les musi-
ciens qui avaient vécu sous le patronage de la
reine Elisabeth ne furent point en faveur, et
qu'aucun ne fut employé à la cour , à l'exception
de Lanière et de Coperario. La position du pre-
mier de ces artistes sous le règne de Charles F*
dut le faire vivre dans l'aisance, car son traite-
ment était de deux cents livres sterling, somme
considérable pour ce temps (1). Outre le portrait
dont il est parié ci-dessus, il en existe un autre
fort beau, peint par Lanière lui-même, et qui
(1) Cette somme annuelle lui est assurée par une orden-
nance (a grant] de Cliarles l"'"', du 11 juillet 1625, laquelle
LANIERE — LANNOY
in:,
se trouve à l'école de musique à Oxford ; Hawkins
l'a fait graver pour son Histoire de la musique
(t. III, p. 380). Enlin, on en connaît un troisième
en Angleterre, ouvrage admirable de Van Dyck,
qui fut la première cause de la fortune de ce
grand peintre à la cour de Charles V.
La musique des masques composés par La-
nière seul, ou en collaboration d'autres musiciens,
serait aujourd'hui introuvable; mais plusieurs
morceaux tirés de son œuvre intitulé Musica
narrativa ont été imprimés par Playford dans les
collections de son temps , particulièrement dans
le recueil intitulé Ayres and dialogues (Londres,
1653), et dans la seconde partie du Musical
Companion (Londres, 1667). Dans ces recueils,
la musique de Lanière est d'une grande supé-
riorité sur tout le reste : on y trouve du senti-
ment, de la mélodie et du rhytlime. Burneydit
que la cantate Béro et Léandre, de ce composi-
teur, fut célèbre vers le milieu du dix-septième
siècle et que le récitatif de cet ouvrage fut consi-
déré alors comme un modèle de déclamation musi-
cale, dans le genre italien. Smitli a inséré dans sa
Musica aniica un air de Lanière tiré de la masca-
rade, intitulée : iwmi/tGiw, or the Festival of
Lighl , qui fut exécutée dans la nuit du mardi
gras de l'année 1637 , et dans laquelle la reine
et les dames du palais prirent des rôles.
LAI\I\ER (JosEPH-FaANÇois-CH ARLES), cé-
lèbre compositeur de musique de danse, naquit le
II juillet 1802, à Vienne, où son père était fabri-
cant de gants. Dès son enfance, il montra d'heu-
reuses dispositions pour la musique , et acquit
une grande habileté sur le violon , quoiqu'il n'eût
eu que des maîtres médiocres. Il apprit de même
la composition par la lecture des livres de tbéo-
lie et sans maître. Ses premiers travaux consis-
tèrent en arrangements de morceaux d'opéras,
d'ouvertures et de marches en quatuors ou quin-
tettes d'instniments à cordes ; mais bientôt ses
compositions pour la danse le rendirent populaire
et le firent rechercher pour les redoutes et les
bals de société. Ses ouvrages en ce genre dépas-
sent le nombre de deux cents. Lanner avait au plus
haut degré le génie de ce genre de musique. Il
innova dans les formes , dans le rhythme, l'har-
monie et l'instrumentation. Ses valses particu-
lièrement ont un caractère d'originalité très-
remarquable. Il a écrit aussi des marches , des
pots-pourris à grand orchestre, une ouverture,
et la musique de plusieurs mélodrames et panto-
mimes. Cet artiste distingué est mort dans sa
quarante et unième année, le 14 avril 1843, à
est rapportée te^ttuclleœenl dans les Fœdera de Rymer,
t. XVIII, p. 788.
Oberdœbling, près de Vienne Plus de vingt mille
personnes assistèrent à ses funérailles.
LAIVKOY (Philippe DE), musicien et fac-
teur d'orgues , vécut à Anvers dans la seconde
moitié du quatorzième siècle. Des restes d'un
instrument construit par lui existent encore
dans la cathédrale de cette ville. Cet insli nuient,
qui n'a pas été fait pour la place où il se trouve
aujourd'hui, a été achevé en 1394, ainsi que le
prouve cette inscription placée sur la face anté-
rieur du sommier : Fecit hoc Organ. Ph. de
Lannoy, an. Sal. 1394. Il fut construit pour l'é-
glise d'un couvent de moines Augustins. La ca-
thédrale ayant été détruite par le feu en l.'jôS,
l'ancien orgue fut réduit en cendres. Après que
l'église eut été reconstruite sur un Houveau plan,
les Augustins offrirent leur orgue, considéré déjà
à cette époque comme un précieux monument
d'antiquité; leur offre fut acceptée ; l'instrument
fut démonté et transporté à Notre-Dame ; mais
le nom du facteur qui fit cette opération et ré-
para l'ouvrage de De Lannoy est ignoré.
L'ancien clavier de l'orgue de cet artiste a été
conservé comme une curiosité historique : son
octave basse était disposée 4e cette manière
bizarre :
zû-.fu.jol la. Jf. %ii.
La disposition des autres octaves était sem-
blable à celle des claviers ordinaires. La dernière
note à l'aigu était la
En 1611, Van
Erpen, facteur d'orgues à Bruges , fit des répara-
tions à l'orgue de Notre-Dame , et ajouta deni
touches blanches à l'octave grave pour les notes
ré et mi, en sorte que les deux premières tou-
ches noires de cette octave servirent pour les
notes /"a dièse et sol dièse, auxquelles elles ap-
partiennent. En 1717 , De Lahaye, bisaïeul des
facteurs de ce nom qui existaient encore en 1835,
fit de nouvelles réparations et de nouvelles ad-
ditions à ce vénérable instrument : il porta le
clavier jusqu'à l'w< aigu. Le vandalisme révolu-
tionnaire de 1793 ne respecta pas ce monument
des anciens temps de la facture régulière de
l'orgue; une partie des tuyaux fat enlevée, et
de notables dommages furent faits au mécanisme
intérieur. De Volder père (poy. ce nom), ayant
été chargé de la restauration et de l'agrandisse-
ment de ce même orgue, en a fait un instru-
ment de bonne qualité, relativement aux con-
13
196
LANNOY
ditions qui lai étaient imposées , et a étendu le
clavier jusqu'au fa au grave et à l'aigu. Plusieurs
jeu\ et un clavier ont été ajoutés par lui au tra-
vail de De Laliaye; mais, dans le bulde conserver
intact, autant qu'il était possible, l'instrument
primitif de De Lannoy, il en a fait la base du cla-
vier de récit.
Au temps de De Lannoy, on ne connaissait
que le système des tirages directs : c'est celui
qu'il avait établi dans son ornue. Les abrégés
n'étaient pas en usage : le petit nombre de jeux
et le peu d'étendue qu'on donnait aux instruments
ne les rendaient pas nécessaires : il n'y a donc
riea de semblable dans l'orgue de Notre-Dame.
Tout est de la plus grande simplicité dans sa
construction : c'est sans doute à cette simplicité
qu'il faut attribuer sa longue conservation. Les
tuyaux sont en plomb, sans aucun mélange dé-
tain. Entièrement oxydés au pied, ceux qui res-
taient debout n'ont pu être tous conservés , parce
que leur propre poids les faisait s'affaisser. Je tiens
de l'amitié de De Volder un de ceux qu'on a dû
réformer et je le conserve comme une preuve de
l'état avancé où était déjà la facture de l'orgue
vers la fin du quatorzième siècle. Ce tuyau sonne
la quinte supérieure du la aigu de la mixture :
ses proportions sont bonnes, le biseau est bien
fait, et la partie supérieure du tuyau est soudée
sur ce biseau, comme cela se pratique aujourd'hui.
Malgré son état de vétusté , il rend un son pur et
plein. Les jeux qui composaient l'orgue de De
Lannoy étaient : 1" Openfluit (flûte ouverte de
4 pieds ) ; 2" Dulcian ( bourdon de 4 sonnant
le 8 pieds); 3° Octaf (doublette de 2 pieds);
4° Rorefluit (flûte de 6 pieds commençant à
sol); 5" Qwm<acZu7i (flûte sonnant la quinte);
6° Sesquialter ( jeu composé de l'octave
aiguë du cornet, et d'une petite tierce); 7° Mix-
tnr (plein-jeu de 3 tuyaux); 8° Regalis (jeu
d'anches très-fort avec de courts tuyaux de
quelques pouces). Les jeux de régale et de ses-
quialter ont disparu de l'ancien orgue.
LAKNOY (M™* la comtesse DE), née com-
tesse de LOOZ CORSWAREM , au château de
Gray, dans le Brabant, en 1767, épousa le comte
de Lannoy en 1788, et le suivit dans l'émigration,
lorsque les Pays-Bas furent envahis par les ar-
mées françaises. Ses biens furent saisis, et, comme
beaucoup d'autres personnages de haut rang,
exilés de leur patrie à cette époque, elle dut
chercher des moyens d'existence dans l'emploi
de ses talents. Elle était bonne musicienne,
jouait bien du piano pour son temps, et môme
composait. Elle s'établit à Berlin et s'y livra à
l'enseignement. En 1798, elle publia dans celte
ville: 1° Deux romances françaises avec accom-
pagnement de piano; Berlin, Hummel. — 2* Trois
sonates pour clavecin, avec accompagnement de
violon et violoncelle; ibiJ. — 3° Romances avec
accompagnement de piano ou harpe, V et 3^ re-
cueils ; ibid., 1801. Peu de temps après cette
dernière publication, elle rentra en Belgique avec
sa famille, et y soutint un procès considérable
d'où dépendait toute sa fortune. Après plusieurs
années d'attente pénible, elle perdit ce procès,
dont l'issue la laissait sans ressource, et elle se
réfugia à Paris, où l'on prétend qu'elle fut assez
malheureuse pour être obligée de jouer avec ses
filles des rôles secondaires sur les théâtres des
boulevards. Je crois qu'elle a cessé de vivre vers
1822,
LAA'IVOY (Edouard, baron DE), delà même
famille que la précédente, né à Bruxelles au
mois de décembre 1787, suivit sa famille dans
l'émigration, et s'établit avec elle à Graetz, dans
la Styrie, où il commença ses éludes. De retour
à Bruxelles en 1801, il y entra bientôt a|)rès au
lycée, puis il acheva ses études à Paris. Vers la
fin de 1806, il retourna dans la Styrie. Depuis
1813, il vécut alternativement à Vienne et à sa
maison de campagne, dans les environs de Mar-
pilTg. Il est mort à Vienne, le 28 mars 1853.
Poète et musicien, il s'est fait connaître avanta-
geusement par uu grand nombre de morceaux de
littérature et de critique, ainsi que par ses con-
positions musicales, parmi lesquelles on remar-
que : t° Cantate exécutée à Bruxelles, pour la
distribution des prix, en 1806. — 2° Margue-
rite ou les Brigands, opéra en im acte, repré-
senté à Gr.netz en 1814, et à Vienne, en 1819. —
3° Les Morlaques, opéra en deux actes, à Graetz,
en 1817. — 4" Libussa, opéra en deux actes, a
Braun, en 1818. — 5» Ketlij, opéra en un acte;
Vienne, 1827. — 6° Une heure, mélodrame, à
Vienne, 1822. — 7* Le Meurtrier, mélodrame.
— 8" Emnuj Teels, idem. — 9" Les deux For-
çats, idem. — 10° Le Lion de Florence, idem.
— 11° Ouverture et entr'actes pour la tragédie
intitulée le Czar Iwan. — 12° Abu le noir, mé-
lodrame. Tous ces derniers ouvrages ont été joués
sur différents théâtres de Vienne et de l'Allema-
gne, depuis 1823 jusqu'en 1830. Les principales
compositions instrumentales de M. de Lannoy sont :
— 13° Grande symphonie en mi majeur, exécu-
tée au concert de la société musicale de Vienne.
— 14° Symphonie en v.1 majeur, exécutée au
concert spirituel. — 15° Plusieurs ouvertures
et solos pour divers instruments et orchestre. —
16° Grandes variations pour piano et violon, avec
orchestre, op. 13; Mayence, SchoU. — 17° Quin-
tette pour piano , hautbois, clarinelle, cor et
basson, op. 2; Offenbach, André. — 18° Grand
LANNOY — LAPICIDA
197
Irio pour piano, clarinette et violoncelle, op. 15;
Vienne, Haslinger. — 19° Sonates pour piano et
\iolon, op. 6; Vienne, Mechelti; op. 12, Leip-
sick, Breitkopf et Hœrtel ; op. 21 , Bonn, Sim-
rock. — 20° Sonate pour piano seul, op. 9;
Vienne, Haslinger. — 21" Plusieurs rondeaux, fan-
taisies, variations, etc. Depuis 1830, M. de Lan-
noy s'était dévoué exclusivement à la direction
du Conservatoire de Vienne, dont il était encore
président en 1835. Il était aussi entrepreneur du
concert spirituel.
LANZ (J.-M.) , pianiste et compositeur
allemand, s'est fait connaître à la (in du dix-
liuitième siècle par les compositions suivantes :
1° Chansons pour la loge maçonnique; Dresde,
1788. — 2° Six sonates pour le clavecin, d'une
exécution facile, op. 3; Brunswick , 1795. —
3° XXI variations sur God save the King, pour
piano, op. 4; ibid., 1795. — 4° Sonate à quatre
mains, op. 5;ib., 1796. — 5° Huit variations pour
clavecin sur l'air : Freut euch des Lebnu; Ha-
novre, 1796. — 6° Six écossaises pour le piano ;
Berlin, Sclilesinger.
LANZ (Joseph), amateur de musique, à
Vienne, a proposé im nouveau système de nota-
tion, ayant pour objet la suppression des clefs
au moyen de la lettre C placée sur la troisième
ligne de la portée, et qui, se combinant avec
une note noire, avec deux, ou trois, indique
une, deux, ou trois octaves au dessus ou au-
dessous d'une note donnée , et présente une
étendue de sept octaves. L'ouvrage dans lequel
ce système est exposé a pour titre : Das
System der Musik-Schliissel auf die ein-
fachsten Grundssetze zuriXck gefûhrt, wo-
durch die Einheit des Schliissels und grœssere
BesUmmtkeit , Deullichkeit, und Bequemlich-
heit in der Tonbezeichnung erzielh wird^
Vienne, A. Diabelli, 1842. L'auteur de ce sys-
tème ne s'est pas aperçu de l'incertitude où se-
raient les exécutants, particulièrement les pia-
nistes et organistes , à l'aspect d'une musique
dont toutes les octaves seraient renfermées dans
les cinq lignes de la portée, et ne présenteraient
aucune différence aux yeux.
LA1\ZA (François-Joseph), professeur de
chant , né à Naples, y vivait en 1792 et y publia
6 ariettes italiennes avec accompagnement de
guitare et violon. Vers le même temps, il s'est fixé
à Londres et y a vécu pendant plusieurs années
dans la maison du marquis d'Abercorn, en qualité
demaîtrede musique. Il a publié plusieurs recueils
de chansons, entre autres : Six trios pour deux so- ]
pranos et basse, op. 13; Londres, Birscliall, et
six chansonnettes avec récitatifs, ibid. Il a com-
posé plusieurs œuvres de sonates pour le piano,
publiés à Londres. On connaît aussi de lui l'o-
péra bouffe intitulé le ISozze per fanatismo,
et Vlngannatrice, ouvrage du même genre.
De retour à Naples, en 1812, Lanza fut nommé
professeur de chant au collège royal de musique
de San-Pietro a Majella, et du pensionnat
royal dei Miracoli.
LAIVZA (Gesualdo), fils du précédent, né à
Naples, en 1779, a suivi son père en Angleterre
dans son enfance, s'y est fixé, et s'y est fait con-
naître comme un bon maître de chant. Il a public
sur cet art un ouvrage estimable intitulé : The
Eléments of Singing familiarly exemplified;
Londres, 1817, in-4° obi. Il est mort à Londres,
en 1859 , à l'âge de quatre-vingts ans.
Un autre fils de Joseph Lanza, plus jeune que
le précédent, fut aussi un bon chanteur. Après
avoir demeuré à Londres jusqu'à l'âge de vingt
ans environ, il a voyagé, a vécu pendant quel-
ques années à Paris, puis dans diverses villes
de province. Il était en 1838 à Lille, où il se
livrait à l'enseignement; mais il en partit eu
18il pour aller en Amérique. Un de ses fils a été
chanteur.bouffe au théâtre de Valparaiso, en
1845.
LANZETTI ( Salvator), violoncelliste cé-
lèbre, naquit à Naples au commencement du dix-
huitième siècle, fit ses études musicales au Con-
servatoire de Loreto, et passa la plus grande
partie de sa vie au service du roi de Sardaigne.
En 1736, on publia à Amsterdam deux livres de
sonates de sa composition pour le violoncelle.
Quelque temps après il parut en cette ville un
ouvrage méthodique intitulé : Principes du
doigter pour le violoncelle dans tous les ions,
dont il était aussi l'auteur. Lanzetti est mort à
Turin vers 1780, dans un âge fort avancé.
LANZI (PETRONio), maître de chapelle à Bo-
logne, dans la seconde moitié du dix-huitième
siècle, naquit dans cette ville et fut élève de
Jacques-César Predieri. Il fut élu deux fois prési-
dent de la société Philharmonique, et fil exécuter
en 1770, dans l'église de Saint-Jean in Monte,
à l'occasion de sa seconde promotion, une messe
de sa composition, dont Burney fait l'éloge dans
son Voyage musical en Ilalie.
LAPICIDA (Érasme), compositeur, né dans
la seconde moitié du quinzième siècle, est quel-
quefois indiqué dans les anciens recueils publiés
par Petrucci de Fossombrone [voy. ce nom) par
son prénom (Erasmo), écrit aussi Rasmo, ou
simplement par E. L. Sa patrie n'est pas connue:
il n'est pas môme certain que le nom latin La-
picida s,o\\.\ë sien, et qu'il ne désigne pas sim"
plement la profession que l'artiste aurait exercée
dans sa jeunesse {tailleur de pierres), significa,..
j;)s
LAPICIDA — LAPORTE
lion exacte de ce mot). On n'a donc pas jusqu'à
ce jour lie renseignement sur le lieu de sa nais-
sance ni sur la position qu'il occupa ; mais quel-
ques-uns de ses ouvrages mêlés à ceux des ar-
tistes les plus célèbres de son temps dans les re-
cueils publiés en Italie et en Allemagne, prou-
vent qu'il était alors estimé pour son mérite. Une
chmson flamande (Tandernahen) à trois voix, de
sa composilion, se trouve dans le troisième li-
vre (Canti cento cinquan(a) de la rarissime
collection imprimée (en 1501-1503) par Pe-
trucci , sous le titre : Harmonicœ Musices
Odhecaton. Le neuvième livre des Froilolc du
même imprimeur renferme une pièce de ce genre
(Lapieià ha chiuso le porte), du même musi-
cien. Le quatrième livre de motets à 4 voix
publié par le même imprimeur, en 1505, contient
un Vent Sancte Spiritui-, et le motet Nativitas
tua Dei genitrix, de Lapicida. On trouve aussi
des pièces de sa composition dans le Lamentât io-
num liber secundus; \enkc, Octavieu Petrucci,
1506; dans un recueil de chansons allemandes
(Eiii Auszug guier citer undnewer teutschen
Liedlein), imprimé à Nuremberg, par Petrejus, en
1539; et enfin dans les Symphonix jiicundx
atque adeo brèves quatuor vocum, imprimées
à Wittenberg, par Georges Rliaw, en 1538.
LAPIIVI (Charles), né à Sienne en 1724,
a été le musicien le plus distingué qu'ait produit
cette ville pendant le dix-huitième siècle, quoi-
qu'il soit peu connu. Son caractère indolent, ca-
pricieux, peu sociable, fut cause de l'obscurité
oii son nom est resté. Distrait jusqu'à l'excès,
il s'abandonnait parfois aux bizarreries les plus
extraordinaires, et, dans la conversation, passait'
souvent d'un sujet à un autre sans aucune tran-
sition. Il apprit la musiqne, l'orgue et le contre-
point sous la direction de François Franchini,
maître de chapelle de la collégiale, et obtint en
1743 l'orgue de la chapelle de cette église, quoi-
qu'il n'ait jamais eu de talent pour cet instru-
ment. Eu 1757, il succéda à Franchini dans la
place de maître de chapelle, et «n remplit les fonc-
tions pendant quarante-cinq ans. Il mourut le 28
octobre 1S02. Son portrait, peint par Luigi Campa-
ni, se trouve dans un des locaux annexés à la collé-
giale de Provenzano : il y est représenté dans l'at-
titude d'un homme qui bat la mesure. Lapini était
en correspondance avec le P. Martini. Jamais
Piccinni ou Anfossi ne passèrent à Sienne sans
l'aller visiter. lia laissé en manuscrit beaucoup
de musique d'égliso : sa messe de Requiein, exé-
cutée, à l'occasion de la mort de rimpératrice
Marie-Thérèse, en 1780, était une production de
premier ordre. Il la termina seulement en 1792,
pour le service funèbre de l'empereur Léopold.
LAPIS (Santo), composlteirr dramatique, né
à Bologne, dans les premières années du dix-
huitième siècle, a passé la plus grande partie de
sa vie à Venise, où il enseignait le chant et la
mandoline. Il jouait aussi de plusieurs autres
instruments. Vers la tin de sa vie, sa position
était malheureuse. 11 voyagea pour chercher une
position lixe et arriva, dit-on, à Amsterdam
vers 1762. Il y fit imprimer six duos à deux voix,
deux suites de chansons françaises et six trios
pour flûte, violon et violoncelle. En 1729 il avait
fait représenter à Venise l'opéra intitulé : la
Generosità di Tiberio ; la musique des deux
premiers actes seulement avait été composée
par lui : celle du troisième était de Bartliolomé
Cordans. L'année suivante Santo Lapis y donna
la Fedein Cimenta.
LAPLACE (le marquis Pierre-Simon DE),
célèbre géomètre, né à Beaumont-en-Auge (Calva-
dos), le 28 mars 1749, se rendit jeune à Paris, fut
nommé examinateur de la marine à l'âge de vingt-
trois ans, et entra l'année suivante à l'Acadé-
mie des sciences. Successivement chancelier du
sénat conservateur, pair de France, membre du
bureau des longitudes, de l'Institut, et de beau-
coup d'autres sociétés savantes, il est mort à
Paris, le 5 mars 1827. Son Exposition du sys-
tème du Monde , et surtout sa Mécanique ce-
lestCf lui ont fait un nom illustre parmi les sa-
vants. Parmi les mémoires qu'il a publiés dans
différents recueils scientifiques, on en trouve un
intitulé : Développement de la théorie des
fluides élastiques et applications de cette théo-
rie à la vitesse du son (voy. Bulletin des
sciences de la société Philomathique , 1821,
p. 161). Il avait déjà exposé en partie sa théorie
sur ce sujet dans son mémoire sur la chaleur
(Mém. de l'Acad. des sciences, 1780). Biot et
Poisson ont fait, en 1807, des expériences sur
la propagation du son, qui ont confirmé cette
théorie.
LAPORTE (l'abbé Joseph DE), né à Bé-
fort en 1713, entra chez les jésuites, après avoir
terminé ses études, et en sortit au bout de quel-
ques années pour s'établir à Paris et s'adonner
à la culture des lettre?. Il mourut en cette ville
le 19 décembre 1779. Parmi ses nombreux écrits,
on remarque les suivants, où se trouvent des
faits relatifs à l'histoire de l'Opéra : 1" Anecdotes
draynatiques, contenant toutes les vièces de
théâtre, tragédies, comédies, pastorales, dra-
mes, opéras, opéras-comiques, parades et pro-
verbes; Paris, veuve Duchêne, 1775, 4 vol. in-S".
— 2" Dictionnaire dramatique; Paris, La-
combe, 1776, 3 vol. in-S". — 3° Almanach des
spectacles de Paris, ou Calendrier historique
LAPORTE — LARRIVÉE
im
des théâtres de l'Opdra, des Comédies française
et italienne et des foires ; Paris, Diicliesne ,
1750 à 1794; 1799, 1800, 1804. En tout 48 vo-
lumes in-n. Les années 1750 à 1779 ont été
faites par l'abbé de Laporte; les autres parDu-
cbesne et d'autres continuateurs.
LAPPE (P.), musicien de la chapelle du duc
de Mecklembourg-Sciiwérin, a composé la musi-
que (i'un grand opéra en quatre actes , intitulé :
Die Obotrite)i{i), qui a été représenté à, Sctiwé-
rin, le 6 janvier 1840, avec un brillant succès. An
mois de février 1841, il donna au même théâtre
un opéra comique en 2 actes, sous le titre :
Petermanncheti (Pierre le petit homme) qui
fut moins heureux. Le même artiste s'est fait
connailre par d'autres compositions telles qu'ou-
vertures, morceaux deconcert pour divers instru-
ments, airs, entr'actes pour des drames, et musi-
que de ballets, à l'usage de la cour de Schwérin.
LAPPI (Pierre), compositeur, né à Florence
dans la seconde moitié du seiKième siècle, em-
brassa l'état ecclésiastique et fut nommé maître
de chapelle de l'église de Sainte-Marie délie
Grazie, à Brescia, en 1601. Il a publié de nom-
breuses compositions pour l'église, parmi les-
quelles on remarque : 1" Litanie délia madona
o4,5, 7e 8 vocL — 2° Salmiconcertati a àvoci ;
Venise, 1600. — 3'' Misse a otto voci, libro P, in
Venezia, app. di Angelo Gardano, 1601. Il y
a une deuxième édition de cet ouvrage publiée
à Venise, -chez Raveri, en 1607. — 4° Salmi
vesperiini a 5 voci con Inni e Gloria a 9 voci
in fine} in Venezia, app. di Ang. Gardano,
1605. — 5' Omnium solemnitatum vespertina
psalmodia rribus et quinque vocibus; cum B. M.
V. Canticus octo vocibus]; ibid., 1607. — &" Mis-
sarum quatuor, quinque et sex vocum liber
primus. Venetiis,apud Rie. Amadinum, 1613.
— 1° Misse a 3, 4 e 5 chori ,-ibid., 16 1 6. — 8" Sa-
crxmelodiœ. 1, 2, 3, &voc. decantandsc, una
cuvi Symphoniis et B. ad organum ; Franc-
fort, 1621, in 4°. Il y a une édition de ces motets
sous la date d'Anvers, 1622, in^". —9° Compléta
a3eti chori, op. 16 ; Venise 1626.— 10° Salmi
concert ati a 5 voci, op. 18; in Venezia, app.
Bartol. M agni,{bbl .—W" Rosarium musicale,
Venise, 1629. Cet œuvre contient une wiesse, des
psaumes. Magnificat, litanies et Te Deum à 2
et 3 chœurs.
LARBA (Jean-Léonard), musicien italien
du seizième siècle, a fait imprimer desa composi-
tion : Canzonette napoletane a tre ; Venise,
156.5, in-4°. On n'a pas d'autre renseignement sur
cet artiste.
(1) Les Obotrites étalent une tribu des anciens Jfendes,
aacétrcs de la population du Mecklembour?.
LARCHIER (Jean), Voyez ARCHiEll
(JeanL'.) ^^ n >
LARDEMÔ¥ (Antoine), écrivain genevois, ■*««^"^'**''»^"«'^
passé sous silence par Senebier, dans son His- ^oû\, O^cri/cA
taire littéraire de Genève, n'est connu que par If a}- Ajt fi^cm-
un livre qui a pour titre : Les Psaumes de Da- -, a aj
vid, réduits nouvellement en une méthode fa- ' ^ ^.^
cite pour apprendre le chant ordinaire de i^C/f
l'église; Genève, 1651, in-8°. A- ^/ C>
LARDOIS ( Jehan ou Jean) , premier chape-
lain ou maitre de la chapelle du roi de France
Lonis XI, paraît avoir succédé en cette qualité k
Gallois Gourdin, qui, lui-même, avait été le suc-
cesseur de Jean Ockeghem , depuis le mois de
janvier 1462, ainsi que le prouve un compte de
la maison du roi dressé par Jacques le Camus,
commis au payement des officiers de cette mai-
son, depuis 1461 jusqu'au mois de septembre 1464
(voy. Ockeghem). Un autre compte, dressé
en 1466 par Pierre Jobert, receveur général des
(inances, démontre qu'à cette époque Jean Lar-
dois occupait le poste de premier chapelain (voy.
la Revue musicale, t. XII, p. 235). J'ignore
s'il existe dans quelque manuscrit de la musi-
que de cet artiste.
LARIVIÈRE (Edmond), né à Paris, en 1811,
fut admis au Conservatoire de cette ville le pre-
mier décembre 1820, y apprit le solfège, puis
devint élève de Zimraerman pour le piano ; mais
il abandonna bientôt cet instrument pour la harpe,
dont Naderman lui donna des leçons. Il obtint
le second prix au concours de 1825, et le premier
lui fut décerné en 1827. Il fut répétiteur de sol-
fège dans la même école pendant les années 1827
et 1828, et se retira au mois d'octobre de cette
dernière. Après avoir voyagé pendant quelques
années, Larivière s'est fixé à Londres en 1838,
et y est mort au mois d'août 1842. On a de cet
artiste environ vingt-cinq œuvres pour la harpe,
au nombre desquels on remarque : 1° Exercices
et études pour la harpe; Paris, Challiol. —
V Boléro, larghetto et finale; idem, ibid. —
3* Duo sur les thèmes de Norma, pour harpe
et piano, ibid. — 4° Caprice pour harpe seule,
op. 20, ibid. — 5" Tarentelle; idem, ibid. —
6° Fantaisie sur Lucie de Lammermoor, idem ;
Paris, Mayaud. — T Duo sur les thèmes deSa-
rah, pour harpe et piano, ibid. — 8° Fantaisie sur
Sarah, pour harpe seule, ibid.
LARRIVÉE ( Henri ) , acteur de l'Opéra qui
eut beaucoup de réputation, et qui paraît l'avoir
méritée par la beauté de sa voix et par son ta-
lent comme acteur, naquit à Lyon le 8 septem-
bre 1733. Venu fort jeune à Paris, il fut d'abord
garçon perruquier. L'exercice de cet état l'ayant
conduit auprès de Rebel , directeur de l'Oiitia-
200
LARRIYEF. — LARUE
«eliii-ci, frappé de se£ dispositions pour lecliant,
de ses avaiilages extérieurs et de l'éclat de sa voix
de basse, l'engagea pour les chœurs et lui lit en-
seigner lu musique. D«ux ans après, il fut engagé
comme seconde basse à 1,200 fr. d'appointe-
ments et cent écus de gratification. Son premier
début eut lieu le 15 mars 1755, par le rôle du
grand-prètredans Castor et Pollux, le jour même
où Jéliotle joua pour la dernière fois celui d«
Castor. Les succès de Larrivée furent assez bril-
lants pour le faire parvenir promplement au rang
de chef d'emploi. Ces succès étaient dus surtout
à la justesse de sa déclamation et à la pureté de
son organe plein et sonore. Avant lui, le réci-
tatif se débitait avec une lenteur monotone et
(aligante : il fut le premier qui lui donna du mou-
vement et de l'accent. Les conseils de Gluck dé-
velo|)pèrent ce que la nature avait fait pour cet
acteur; mais, à l'époque où Larrivée était entré
à l'Opéra, on n'avait aucune idée en France de
l'art du chant; lui-même avait commencé l'é-
tude de la musique à un âge où il n'est guère
possible d'y devenir habile, et Gluck , venu en
France vingt ans après ses débuts, n'avait pu dé-
raciner des défauts fortifiés par une routine lon-
gue et vicieuse. D'ailleurs, Larrivée donnait
malheureusement aux sons élevés un accent nasal
dont il ne put jamais se corriger, et qui fit qu'un
plaisant du parterre s'écria un jour : Voilà un
nez qui aune belle voix! Celte voix parait avoir
été plutôt un baryton qu'une basse, car les rôles
d'Agamernnon et d'Oreste, écrits par Gluck pour
cet acteur, sont si hauts, qu'on ne les chante
plus qu'avec peine aujourd'hui. En 1779, on
accorda à Larrivée une pension, qu'il cumula
avec un traitement annuel de quinze mille francs
jusqu'en 1786, où il se relira. Alors il voyagea
dans les provinces et y donna des concerts avec
sa femme et ses filles, dont l'une jouait de la
harpe, et l'autre du violon; mais, devenu vieux,
et dépouillé du prestige de la scène, il ne parut
plusquel'ombre de lui-même. Retiré à Vincennes,
où l'emploi de garde-consigne lui avait été donné,
il y mourut le 7 août 1802, des suites d'une pa-
ralysie, à Tàge de soixante-neuf ans. Par une
particularité remarquable, son frère aîné, qui
était concierge du château de Meudon, fut atteint
de la même maladie, et mourut le même jour, à
la même heure.
LARRIVÉE (Marie-Jeanne), femme du
précédent et sœur de Lemierre, violoniste habile,
débuta à l'Opéra en 1750, se retira en 1753, re-
parut en 1757, et obtint sa pension de retraite
en 1778. On vanta la douceur de sa voix dans
quelques journaux de son temps.
LARTIGAULT ( N. ) : on trouve sous ce
nom une messe à 5 voix ad îmîtationem mo-
duli : Confirma hoc, Deus, dans la collection
de messes publiée par les Ballard : elle porte la
date de 1G44. Lartigault était vraisemblablement
chantre dans une des églises de Paris.
LARUE ou LA RUE (Pierre, ou Pier-
ciioN DE ), musicien célèbre, né en Picardie,
vécut dans la seconde moitié du quinzième siècle
et au commencement du seizième. C'est ce même
artiste que les contemporains désignent sous les
noms latins de Pe^n/s Platensis (1), et quelque-
fois aussi par celui de Pierchon ( Pierre ).
Pierre De Larue naquit certainement avant la
mort de Charles le Téméraire (1477), car les
comptes de la maison de Marie de Bourgogne
prouvent qu'il était déjà au service de celte
princesse en 1492 , en qualité de chantre de sa
chapelle ; et l'on ne peut douter qu'il n'y ait iden-
tité entre lui et le musicien appelé Pierchon.
La preuve de cette identité se trouve dans un
État de l'hctfel de Philippe le Beau , dressé
en 1476; manuscrit qui , après avoir appartenu
à M. Roovere de Roosemark , a été acquis par
la Bibliothèque royale de Bruxelles, en 1845 (2).
Parmi les cliapelains chantres de la chapelle
de ce prince , qui y sont mentionnés , on voit
figurer Pierchon de La Rue, lequel a pour ap-
poinlement 12 sols par jour.
Glaréan dit que De Larue était Français (3);
mais la plupart des autres écrivains qui en ont
parlé s'accordent à le placer parmi les musi-
ciens des Pays-Bas. Cette différence dans la pa-
trie attribuée à cet artiste peut se concilier, car il
est une explication facile à donner delà confusion
qu'il y a eu des deux côtés. Il faut remarquer d'a-
bord que Pierchon, forme familière du nom de
Pierre, n'a jamais été en usage dans la Belgique :
cette forme appartient à la Picardie. Or, cette
province faisait partie des possessions des ducs
de Bourgogne, aussi bien que la Flandre française,
la Belgique et la Hollande : elle était comprise
dans la dénomination collective de Pays-Bas.
3Iais, après la mort du duc Charles le Téméraire
( 5 janvier 1477 ), Louis XI s'empara de cette
province et la réunit au royaume de Franct.
Glaréan, qui écrivait son livre vers 1545, a
donc pu dire aussi que Larue était Français.
Les Italiens, pour qui les noms de Pierchon
(1) On ne comprend pas cette traduction latine du nom
de La Rue , et l'on est étonné de la trouver dans le livre
de Glaréan : platea (large rue, ou place publique) est
de la première déclinaison.
(2) Le baron de Relffeuberg a publié cette pièce dans
le Xl^ volume des Bulletins de la commission royale
ifliistoire ( de la Belgique ) , pages 678-718.
(3) .. .. gucm Petrus Platensis Callus tleganlisUme
quatuor instituU vocibus. ( Dodec, p. |34).
LA RUE
?01
de La Rue élakal d'une prononciation trop dif-
ficile, les ont transformés en ceux de Pierzon,
Perisone, et môme Pierazon de la Ruellien.
Ainsi , le célèbre imprimeur de musique Pe-
Irucci a publié à Fossombrone , en 1515, un re-
cueil de messes d'Antoine et de Robert de Fevin,
avec la messe du quatrième ton de Pierre De
Larue , sous le nom de Pierzon, et Antoine Gar-
dane a donné, en 1544, sous celui de Perisone,
un recueil de madrigaux à 4 voix cbangées
{voci mutaie), avec quelques autres de Cy-
prien deRore(l). Enfin il existe dans les arcbi-
ves de la cbapelle pontificale, à Rome, des messes
sous les noms de Pierazon de la Ruellien (2j.
Pierre De Larue fut élève de Jean Ockegliem :
cela résulte avec évidence de la Déploration sur
la mort de ce maître, où il est mentionné avec
Josquin Deprès, Brumel et Compère :
Acoustrez vous d'habilz de deuil
Josquin, Brumel, Pierchon , Compère.
Une partie de la vie de De Larue n'a pu être
éclaircie jusqu'à ce moment , à cause de l'ab-
sence de documents autbentiques. On ne sait
en eîlet où il reçut des leçons d'Ockegliem, ni
à quelle époque il était près de lui. Il était
prêtre; mais on ignore quelle fut l'école où il
étudia la tliéologie et quand il reçut les ordres.
La plus ancienne indication de la position qu'il
occupa se trouve dans un état des cbantres de
la cbapelle de Marie de Bourgogne, dressé au
mois de novembre 1492 (3). Depuis dix ans
cette princesse était morte alors ; mais son fils,
Pbilippe le Beau , bien qu'il fût reconnu souve-
rain des Pays-Bas , était encore sous la tutelle
de son père Maximilien l" , et la chapelle était
toujours censée être celle de la fille de Charles-
le-Téu)éraire; mais, après l'élévation de Maximi-
lien à l'empire, en 1493, la majorité de Pbi-
lippe fut déclarée au mois d'août de la même
année, et dès lors toute l'ancienne cbapelle passa
à son service personnel, ce qui explique le chan-
gement apparent de position de Pierre De Larue,
en 1496, qui résulte du document cité précé-
demment. On trouve cet artiste au service du
même prince en 1499, 1500 et 1502 (4) , et l'on
(1) Il ne faut pas croire qu'il y ait ici confusion avec
Perizone Cambio , chantre français dont le nom a été
altéré par Italiens; car celui-ci vécut plus d'un siècle
après De Larue, et fut diantre de la chapelle Saint-Marc
d Venise.
(2) Voyez la note 33i des Mémoires de l'abbé Balni sur
Plerluigi de Palestrina.
(3) Voyez le Kapport sur les archives de Lille , par
M. Gachard , p. 2S0.
(4) Cartons de la maison des souverains, aux archives
du royaume de Belgique , à Bruiclîes.
voit qu'il avait, en 1501 , une prébende à Cour-
trai , avec la qualité de chantre de la cbapelle
du souverain , et qu'il y était porté second sur
le rôle des bénéfices pour en obtenir un à
Gand (i). Il ne suivit pas en Espagne Pbilippe,
devenu roi deCastilie,en 1504, comme d'au-
tres musiciens de la maison de ce prince ; car il
resta dans la cbapelle des souverains des Pays-
Bas, ainsi qu'on le voit dans un état de celle
cbapelle en 1.'505. Après la mort de Philippe le
Beau en 1506, Marguerite d'Autriche , sœur de
Philippe, ayant été nommée gouvernante des Pays-
Bas pendant la minorité de son neveu Charles ,
plus tard empereur Charles-Quint, De Larue, resté
toujours dans la chapelle, parait avoir été le mu-
sicien le plus en faveur près de cette princesse ,
comme on le verra tout à l'heure. Au mois de
juin 1510, il résignala prébende dont il jouis-
sait k l'église Saint-Aubin de Naraur, sans
doute pour un bénéfice plus considérable qui
lui avait été accordé (2). Ce renseignement est
le dernier qu'on ait sur la personne de De Larue ;
car il disparaît des états subséquents de le
maison des souverains du pays. Il est vraisem-
blable qu'après avoir résigné sa prébende de Na-
mur, il obtint un des canonicals qui étaient à
la nomination des princes souverains, dans
une des collégiales du pays , et qu'il mourut
dans cette situation. L'année de son décès est in-
connue (-i).
J'ai dit que Pierre De Larue paraît avoir été
le musicien le plus en faveur près de Marguerite
d'Autriche : cela se voit avec évidence par le
soin que prit cette princesse aimable et spiri-
tuelle de faire transcrire les compositions de ce
maître dans des manuscrits exécutés avec un luxe
inusité. La Bibliothèque royale de Bruxelles pos-
sède un de ces manuscrits, d'une exécution ma-
gnifique , sur vélin in-folio atlantique, lequel
contient sept messes de De Larue , dont six à
cinq voix, et la septième à quatre. Le volume,
orné de lettres , d'arabesques , de portraits et
d'autres ornements en couleur, a été fait dans
les Pays-Bas avant 1530, car Marguerite mourut
à Malines dans cette année. Il était destiné à
la cbapelle de Jean III , roi de Portugal , qui
(1) Cartons de la maison des souverains, aux archives
du royaume de Belgique, à Bruxelles.
(2) Voyez les archives des arts, des sciences et det
lettres | Analectes de M. P4nchart ), T. 1, § 42.
(3) Le poëlc allemand Bruich , ou Bruschius, cité par
Priutz {Bcschreibung der edten Sing-und K ling-Kunst ,
p. ISi ), prétend que De I.aruc composa, en 1549 , les La-
mentations de Jèrcmie .- iJ y a lieu de croire qu'il était
mal infirmé, quoiqu'il écrivit dans le même temps, car
' ce musicien aurait été alors âgé de plus de quatre-vingts
ans ; toutefois le fait n'est pa» absoluaicnt impossible.
202
LARUE
régna depuis 1521 jusqu'en 1557, et de sa femme,
Catherine d'Autriche, sœur de Charles-Quint.
Deux miniatures du second feuillet représentent
ces princes agenouillés sur un prie-Dieu ; leurs
armoiries sont attachées à des colonnes. Parmi
les ornements, on voit à profusion la violette,
la pensée et la marguerite, emblèmes de la gou-
vernante des Pays-Bas. On ignore pourquoi ce
volume est resté en Belgique; mais il paraît cer-
tain qu'il était passé dans la chapelle des princes
gouverneurs, à Bruxelles, et qu'il en a disparu
eu 1792, dans la première invasion de la Bel-
gique par l'armée française. Van Hulthem
l'acheta plus tard dans une vente publique : il est
devenu la propriété de la Bibliothèque royale
de Bruxelles avec toute la collection de livres de
cet amateur. Les messes de De Larue contenues
dans ce manuscrit sont : T Missœ de Concep-
tione Virginis Marix, quingite vocum. —
2° Idem sub titulo : Ista est sptciosa inter filias
Jérusalem, quinque vocum. - 3° Idem, de
doloribus, quinque vocum. — 4*" Idem , Pas-
chale, quinque vocum. — 5" Missa sex vo-
cum : Ave sanctissima Maria, canon ascen-
dendo per diaiessaron. — 6° Missa de Sancta
Cruce, quinque vocum. — 7° Missa de feria,
quatuor vocum. J'ai mis en partition le Kyrie
de la messe Af^ sanctissima Maria, et j'ai
reconnu dans ce morceau un chef-d'œuvre de
facture.
Un autre manuscrit, d'un format moins grand,
mais dont l'exécution n'est ni moins belle , ni
moins riche , et qui renferme cinq messes de De
Larue, se trouve aux archives de Malines. On
y trouve aussi les emblèmes de Margueriie d'Au-
triche , qui le lit faire pour le service de sa cha-
pelle. Les messes contenues dans ce volume
sont : r Fors seulement , à 4 voix ( la mi-
niature représente l'empereur Maximilien rece-
vant le serment de ses sujets ). — 2'' Besur-
rexit, à 4 voix (la miniature représente la Ré-
surrection de Jésus-Chrisl ). — 3" Sinenomine,
à 4 voix. Le Kyrie de cette messe est mêlé
avec l'Oraison dominicale. Ces sortes de KyriCy
appelés /■«ms, étaient en usage dans quelques cha-
pelles au quinzième siècle, particulièrement dans
les Pays-Bas. Les miniatures de cette messe re-
présentent l'Annonciation et les phases de l'Imma-
culée Conception , avec des portraits à quelques
pages. Ces miniatures sont des chefs-d'œuvre de
délicatesse. — 4° Messe de Saiicta Cruce, à
4 voix. — 5° Missa quinque vocum, super
alléluia. Les miniatures ne sont pas de la même
main ; elles sont de peu de valeur. La dernière
messe est signée Petnis de la Rue.
Un beau manuscrit de la Bibliothèque royale
de Bruxelles, qui contient des messes et autres
pièces pour la semaine sainte, par divers compo-
siteurs du seizième siècle, renferme la messe, à
cinq voix, de De Larue, De septem doloribus,
qui est dans le premier manuscrit cité précé-
demment; une autre messe, aussi De septem
doloribus, à quatre voix, et un Stabat Mater
dolorosa , à cinq voix, sur le thème de la
chanson française : Comme dame de recon-
fort , par le même maître. Un manuscrit des
archives de la chapelle pontificale (n° 36) con-
tient deux messes de De Larue ; la première a
pour titre : l'Amour de moy ; la deuxième, 0
cjloriosa Margarita! Christum pro nobis
exora. Le manuscrit coté V de la Bibliothèque
royale de Munich renferme deux messes du
même, sine nomine , à 4 et 5 voix; un
Credo à 4 voix, de ce maître , se trouve dans le
recueil manuscrit de la même bibliothèque,
n" LUI; la messe à 4 voix du même sur le
chant cum jucunditate , et la messe pro de-
functis , également à 4 voix, sont contenues
dans le volume n" LVII; enfin, l'on trouve dans
le manuscrit coté XXXIV, de cette riche biblio-
thèque, deux Salve Regina, et deux Vita, dul-
cedo, etc., tous à 4 voix, du même musicien.
Octavien Petrucci , de Fossombrone , a publié ,
en 1513, un livre de messes de Pierre De
Larue qui en contient cinq ; en voici les titres :
1° Beatse Virginis; — 2° Puer nobis est; —
3° Sexti toni, ut , fa; — 4° Vhomvie armé;
— 5" Nunquam fuit pœna major. La cin-
quième messe du premier livre des Missarum
diversorum auctorum , publié par le même
imprimeur, est aussi de Pierre De Larue; elle
est intitulée : De Sancto Antonio. Un autre
recueil de messes, publié à Rome, en 1516,
in-fol. , par André Antico de Montona, con-
tient les messes du même compositeur, Ave
Maria (1), et O Salutaris hostia , à 4 voix.
Ce recueil a pour titre : Liber quindecim mis-
sarum electarum qux per excellentissimos
musicos compositx fuerunt. La collection de
treize messes à quatre voix intitulée : Missx
tredecim quatuor vocum a prxstantissimis
artificibus compositx (Nuremberg, 1539) ren-
ferme une réimpression des messes de De Larue,
Cum jucunditate , 0 gloriosa , et de Sancto
Antonio, citées précédemment. Un autre re-
cueil qui a pour titre : Liber quindecim mis-
sarum a prxstantissimis musicis composi-
(1) Celte messe {Ave Maria) se trouve en manuscrit
d;ms un recueil de la bibllothèqne de Cambrai (n" 20).
Voyes la Notice des collections musicales de cette biblio-
tbcqui", par M. de Coussemaker, p. 66.
LA.RUE — LASAGNA
20;î
tarum ( Nuremberg, 1538 ), contient une messe
du même compositeur qui ne se trouve point
ailleurs; elle est à quatre voix, sur le thème
de la chanson française qui commence par ces
mots : Tous les regrets. La messe du quatrième
ton, (lu môme, est imprimée dans le livre des
Missx Antonii de Fevin , publiée par Petrucci
de Fossombrone ( Voyez Fevin ) , en 1515. D'a-
près ce qui précède , on voit que le nombre de
messes de De Larue, à quatre, cinq et six voix ,
connues jusqu'à ce jour, s'élève à vingt-neuf.
Les motets de ce musicien connus jusqu'au-
jourd'hui sont en très-petit nombre : on n'a
imprimé qu'un Salve Regina à 4 voix , dans
le quatrième livre des Motetti de la Corona
publié par Petrucci à Venise, en 1505; et un
Lauda anima mea Dominum, également à
4 voix, dans le troisième volume de la collec-
tion de motets publiée à Nuremberg, en 1564.
Ce dernier morceau a été donné en partition par
Forkel , dans son Histoire de la musique (t. IL
p. 616 ). Comme tous les compositeurs de son
temps. De Larue a écrit des chansons à deux ,
trois et quatre voix sur des thèmes d'airs popu-
lahes. Le livre A du rarissime recueil publié à
Venise, en 1501, par Petrucci, sous le titre
Harmonica, rnusices Odhecaton , coniient sa
chanson à quatre voix , commençant par ces mots
Por quoij non ( pourquoi non). Le livre B du
môme recueil renferme trois chansons à quatre
voix, du même, à savoir : Ce n'est pas; Tous
les rt'f/rcA- ( regrets ) ; Fors seulement. Le livre
C , qui renferme cent cinquante chants à trois
et quatre voix , contient la chanson à quatre
voix de De Larue, sur le thème de l'air popu-
laire flamand Myn heer. Plusieurs chansons du
même maître, à deux voix, se trouvent dans la
collection intitulée Bicinia gallica, latina et
germanica, et quecdam fugac. Tomi duo.
Vitebergae , apud Georg. Rhav, 1545, petit in-4°
obi. Enfin , De Larue a exercé son talent dans
le genre madrigalesque des Italiens , car, ainsi
qu'on l'a vu au commencement de cette notice ,
Antoine Gardane , imprimeur de musique à Ve-
nise, a publié sous le nom de Perisone, des
Madrigali a quattro voci mutate , eu 1544.
Cependant ces madrigaux, dont deux se trou-
vent dans les extraits Je Burney qui sont au Mu-
séum britannique , à Londres, m'ont paru n'être
que des traductions de chansons dans le style
des anciens maîtres français et flamands de la
fin du quinzième siècle et du commencement du
stizlème.
LiVRUETTE ( Jean-Louis ) , acteur de l'O-
péra-Comique et compositeur dramatique, na-
quit à Toulouse le 27 mars 1731 , et vint dé-
buter à Paris en 1752 , à l'époque du renouvel-
lement de l'Opéra-Comique, à la foire Saint-
Laurent. Il prit d'abord les rôles d'amoureux ,
mais son défaut de voix et l'air vieux de sa
figure l'empêchèrent d'y réussir. Il eut le bon
esprit de comprendre ses défauts , et les fit
tourner à son avantage en prenant les rôles de
pères et de tuteurs, où il se fit une grande ré-
putation comme acteur. On dut déplorer en-
suite les succès qu'il obtint dans cet emploi,
auquel il a donné son nom , et dont l'influence
se fit longtemps sentir ; car, ayant établi un ré-
pertoire où les rôles de pères , qui doivent ap-
partenir aux voix de basse, sont écrits pour
le ténor, on peut le regarder comme le type
de ces acteurs sans voix qui se sont succédé
sans interruption à l'Opéra-Comique, tels que
les Dozainville, les Saint-Aubin, les Lesage, les
Vizentini, etc., tous excellents comédiens, mais,
comme l'a fort bien remarqué Castil-Blaze , chan-
teurs déplorables qui ont empêché qu'une meil-
leure distribution des rôles ne fût faite dans les
opéras français , et qui ont retardé l'introduction
des morceaux d'ensemble dans la musique drama-
tique eu France. Laruette fut reçu à la Comédie
italienne en 1762, lorsqu'on y réunit l'Opéra-Co-
mique, et se retira en 1779 , après avoir fait pen-
dant vingt-sept ans les délices du public, par le
naturel de son jeu. Il a composé la musique de
plusieurs opéras qui ont eu quelque succès dans
la nouveauté, mais qui sont oubliés mainte-
tenant : tels sont : Le Docteur Sangrado ,
en 1756; l'Heureux Déguisement, en 1758;
le Médecin de l'Amour, en 1758, au théâtre
de la Foire; en 1759, l'Ivrogne corrige,
Cendrillon; à la Comédie italienne, en 1761,
le Dépit généreux ; en 1763, le Gui de chêne;
en 1772, les Deux Compères. Laruette est
mort à Toulouse, au mois de janvier 1792. 11
avait épousé M"^ Villette, née vers 1740, qui
avait débuté à l'Opéra en 1758, et qui, après
y avoir chanté pendant trois ans, était entrée
à la Comédie italienne, en 1761. La pureté de
la voix de M"^ Laruette et son jeu expressif
lui tirent une brillante réputation dans les opéras
de Monsigny et de Grétry.
LASAGIVA ( Laurent), né à Gênes en 1777,
a été bassoniste et compositeur distingué pour
les instruments à vent. Il vivait encore en 1812,
dans sa ville natale. Gervasoni assure que sa
musique est remarquable par l'originalité ( Voir
Nuova Tcoria di Musica), et qu'il a écrit d'ex-
cellentes pièces.
L-' SAGN1I>I0 (Looovico), musicien floren-
tin, vécut dans la première moitié du seizième
siècle. Ganassi ( voyez ce nom ) cite cet artiste
204
LASAGNINO — LA SALETTE
ainsi que Juliano Tihurtino, dans le chapitre
seizième de la seconde partie de sa Regola
Ruberfina (î"' partie, c. XVT), comme les plus
habiles joueurs de viole de cette époque (1542).
LA SALETTE (P. Joubert DE), né à Gre-
noble en 1762, entra jeune comme oflicier dans
le corps royal d'artillerie, servit avec honneur
dans cette arme, et parvint, dans les guerres delà
République, au grade de général de brigade. Plus
tard il eut le titre d'inspecteur d'artillerie. Il est
mort dans le lieu de sa naissance, en 1832, lais-
sant , par son testament , sa bibliothèque à
M. ChampoUion-Figeac, son concitoyen, son ami,
et qui avait été son éditeur pour plusieurs de ses
ouvrages. La Salette était membre de la société
des sciences et arts de Grenoble ; il y lut en 1799
le projet d'une sténographie de la musique, qu'il
publia quelques années après , sous ce titre :
Sténographie musicale, ou manière abrégée
d'écrire la musique, à l'usage des compoii-
teurs et des imprimeurs; Paris, Goujon, 1805,
in-8° de 64 pages. L'idée d'une sténographie de
la musique n'était pas nouvelle. Sans parler de
quelques prétendues méthodes de simplification
pour noter la musique, telles que celles du P. Sou-
haitty, de Demotz et de Rousseau (voij. ces noms),
une véritable sténographie musicale avait été
proposée en 1797, sous le titre de Mélo-tachy-
graphie, par Michel de Woldemar(t'oj/. la Revue
musicale, ann. 1828, p. 270). Celle-là était
réellement une manière abrégée de noter la mu-
sique par des signes de convention ; tandis que
la méthode de La Salette consiste simplement à
substituer les lettres c d e f g a h, aux notes,
avec des points en dessus ou en dessous pour
distinguer les octaves , et des signes particuliers
pour les dièses, bémols, bécarres, indications
de mesures, etc. Rien dans ce système n'a le ca-
ractère ni l'objet de la sténographie : le titre que
i'auteor lui a donné n'est donc pas celui qui lui
convient.
Eu 1786, La Salette avait fait insérer dans le
Recueil des connaissances élémentaires pour
le forte- piano, par J.-C. Bach et F. -P. Ricci
(Paris, Leduc), une nouvelle méthode d'ac-
corder les clavecins, et en général tous les
instru7nenfs à demi-tons tempérés. Plus tard il
traita le même sujet avec plus de développement
dans une Lettre à M. A.-L. Millin sur l'accord
du forte-piano , datée du 26 juin 1807, et in-
sérée dans le Magasin encyclopédique de cette
année (mars), puis publiée séparément; Paris,
Sajou, 1808, in-S" de 18 pages. La Salette pro-
pose dans cet écrit de modérer la justesse de la
quinte par la quarte, afin que les tierces ma-
jeures ne soient pas trop fortes , et que l'égalité
des consonnanccs résulte de l'égalité des douze
demi-tons de l'octave. Il arrêta ensuite ses idées
sur cette matière d'une manière plus absolue,
dans un opuscule qui a pour titre : De la fixité
et de l'invariabilité des sotis musicaux, et de
quelques recherches à faire à ce sujet dans
les écrivains orientaux ( Paris , imprimerie de
Dondey-Dupré , 1824, in-8° de 12 pages). 11 sou-
tint le principe invariable de l'égalité de tous les
demi-tons, contre les théories basées sur le cal-
cul {voy. Momigny). Un extrait de ce mémoire (ut
publié dans le Bulletin universel des sciences
et de l'industrie (1824), et dans le Bulletin des
sciences viathématiques et physiques (a^ril
1325, p. 272). Les assertions erronées de La Sa-
lette furent réfutées par Chladni dans la Gazette
musicale de Leipsick (1825, n" 40), et par M. de
Prony, dans le Bulletin des sciences techno^
logiques (juillet 1825, p. 42).
En 1810 La'Salette publia son meilleur ouvrage,
intitulé : Considérations sur les divers systèmes
de la musique ancienne et moderne, et sur le
genre enharmonique des Grecs; arec une dis-
sertation préliminaire, relative à l'origine
du chant, de la lyre, et de la flûte attribuée à
Pan; Paris, Goujon, 1810, 2 vol. in-8°. La dis-
sertation qui sert d'introduction à ce livre avait
été lue par l'auteur à la société des sciences et
des arts de Grenoble en 1802, et la sixième
partie, relative au rhythrae, avait été l'objet
d'une autre lecture, dans la même année. La partie
de ce livre qui concerne la musique des Grecs
est la plus étendue; elle n'est pas exempte d'er-
reurs , surtout en ce qui est relatif au genre
enharmonique; mais on y reconnaît que l'auteur
avait de la lecture, et qu'il ne manquait pas de
sagacité dans l'analyse des faits. La quatrième
partie de l'ouvrage (tome 2'^), qui a pour objet
les changements arrivés dans le système de
musique, depuis le temps de Gui Arétin jus-
qu'à rétablissement des vingt-quatre modes
modernes, est la plus faible de l'ouvrage. La Sa-
lette ne connaissait pas la musique du moyen
âge. Le livre de cet écrivain est fort rare, parce
qu'il n'a point obtenu de succès à l'époque de
sa publication. Le libraire me disait en 1820
qu'il n'en avait pas vendu vingt exemplaires. Ce
libraire n'existe plus, et je crois qu'à sa mort
toute l'édition a été vendue comme vieux papier.
Cet ouvrage méritait un rueilleur sort.
On a aussi de La Salette deux opu.scules inti-
tulés : 1" Lettre à M. le rapporteur de la com-
mission chargée par la seconde classe de l'InS'
iitut de France d'examiner les mémoires con-
cernant le prix proposé sur les difficultés qui
s'opposent à l'introduction d'un rhythme
LA SALETTE — LASSEN
205
régulier dans la versification française, le
15 août 1815 (extrait du Maj;asin encyclopc'idi-
que); Paris, Sajou, 1815, in-S" de 30 pages. —
2" De la notation musicale en général, et on
particulier de celle du système grec (extrait
des Annales encyclopédiques) ; Paris, Lenorniant,
18)7, in-8".
LASALLE D'OFFEMOIVT (le marquis
DE), fils d'un conseiller au Châielet, naquit en
1734. Il suivit la carrière des armes, et obtint ie
grade de lieutenant-colonel, fut fait chevalier de
Saint-Louis et commandeur de l'ordre de Malte.
Ayant embrassé les principes de la révolution
Irançaise en 1789, il fut employé dans l'état-
major de la place de Paris , disparut pendant la
terreur, et reprit ensuite du service. Sous le ^ou-
vernement consulaire, il fut fait commandant du
10^ régiment de vétérans, parvint au grade de
lieutenant général, puis à celui de commandant
de la Légion d'honneur. Atteint d'aliénation men-
tale peu de temps après la restauration, il est
mort dans une maison de santé, à l'âge de quatre-
vingt-quatre ans, ie 22 octobre 1818. Passionné
pour les lettres et les arts, le marquis de Lasalle
a fait représenter beaucoup de comédies , dont
quelques-unes ont eu du succès, a écrit des ro-
mans , et a composé la musique de Bertholde à
la t-jWe, représenté à l'Opéra-Comique en 1754,
et celle de l'Amant corsaire, joué à la Comédie-
Italienne le 3 juin 1702. Il a aussi publié un
opuscule intitidé : Réponse à l'auteur de la
lettre sur les drames-opéras ; Londres, 1776,
24 pages in^-* ( anonyme).
LASALLE (....), secrétaire de l'Opéra, dans
les dernières années du dix-huitième siècle, a
publié un petit écrit intitulé : Lett)-e du comité
de ropéra à l'auteur de Tarare, 7 août 1790,
suivie d'une réponse de l'auteur au comité de
l'Opéra; Paris, 1790, 8 pages in-8°.
LASCEUX (Guillaume), organiste à Paris,
naquit à Poissy le 3 février 1740. Après avoir
fait ses premières études de musique dans celte
petite ville, il fut nommé organiste au bourg de
Chevreuse, à l'âge de dix-huit ans. En 1702 il
se rendit à Paris, y devint élève de Noblet, mu-
sicien médiocre , qui lui enseigna pendant cinq
ans c« qu'on appelait alors en France la com-
position. En 1769 Lasceux fut reçu organiste des
églises Saint-Étienne du Mont et du séminaire de
Saint-Magloire. Plus tard, il succéda à son maître
Noblet dans les places d'organiste de l'église des
Matliurins, et du collège de Navarre. Il était
encore organiste titulaire de Saint-Étienne du
Mont, lorsqu'il mourut en 1829, âgé de quatre-
vingt-neuf ans. Les compositions de Lasceux i
que des notions insuffisantes de la fugue; cepen-
dant ses ouvrages ont obtenu quelque succès
dans leur nouveauté, il a publié : \° Six sonates
pour le clavecin; Paris, 1768. — T Journal de
pièces d'orgue, en 1771 et 1772. — 3° Six sona-
tes pour le cla,vecin, op. 2; Paris, 1773. —
4° Suite de Noëls variés pour l'orgue; ibid. —
5° Trois quatuors pour piano, deux violons et
basse. — 6* Te Deum pour l'orgue; Pans, 1785.
En 1789 il a fait représenter trois opéras-ccmi-
ques sur les petits théâtres. Après un long repos,
il a fait exécuter, en 1804, le jour de Sainte-
Cécile , une messe solennelle avec orchestre, à
l'église de Saint-Gervais. Dans les dernières an-
nées de sa vie, ii a fait paraître pour l'orgue ;
Messe des annuels et grands solennels, n" 1 ;
Paris, Janet; Hymnes, proses et répons de
l'office de la Fête-Dieu, n° 2, ibid.; j}fess€
des solennels mineurs, n" 3, ibid. Il a laissé
aussi un Essai sur l'art de jouer de l'orgue,
qu'il avait soumis en 1810 à l'examen de la qua-
trième classe de l'Institut, et dont le manuscrit
est, je crois , à la bibliothèque du Conservatoire
de Paris.
LASKA (François), excellent organiste, na-
quit le 2 mai 1750 à Choruschitz, eu Bohême.
Après avoir fait ses études littéraires et musicales
à Prague, il entra en 1770 dans l'ordre de Saint-
Benoît, au monastère de Saint-Jean-sous-lc- Ro-
cher. La suppression de ce couvent l'obligea
ensuite à se retirer à Mokarzow, en qualité de
desservant de la paroisse. Il y est mort le 19 jan-
vier 1795, laissant en manuscrit plusieurs suites
de pièces d'orgue.
LASIÎE (Joseph ), appelé aussi LASKA, né
à Ruhmbourg, en Bohême, le 18 mars 1738,
fut un très-bon facteur d'instruments. Jacques
Kolditz lui enseigna les éléments de son art; en-
suite il voyagea pour étendre ses connaissances,
et visita Dresde, Berlin, Vienne el Briinn. Dans
toutes ces villes, il travailla chez les luthiers les
plus renommés ; puis il retourna à Prague et com-
mença en 1764 à y fabriquer les instruments qui
portent son nom. Il y mourut le 30 novembre
1805. Ses violons, altos, violoncelles, violes d'a-
mour et mandolines jouissent de beaucoup d'es-
time en Bohême, en Saxe, en Pologne, et sont
plus recherchés que les instruments de Vienne
et d'Italie.
LASSEIV (ÉnoDATio) , compositeur, est né
à Copenhague, le 13 avril 1830. Il n'était âgé
que de deux ans quand sa mère vint avec lui
rejoindre M. Lassen père, qui, depuis un an en-
viron, y avait fondé une maison de commerce.
Dès ses premières années, Edouard Lassen fit
pour l'orgue sont mal écrites ; il ne possédait voir les plus heureuses dispositions pour la mu-
206
LASSEN — LASSER
Rîque. Admis comme élève an Conservatoire de
Bruxelles à l'âge de douze ans, il y obtint le
premier prix de piano au concours de 1844.
Trois ans après, le premier prix d'iiarmo'nie lui
fut décerné, et, devenu élève de l'auteur de cette
notice, il fit, sous sa direction, toutes ses études
de contrepoint et d'instrumentation. En 1849 il
obtint, au grand concours du gouvernement belge,
lesecond prix de composition, ayant pour concur-
rent son condisciple Alexandre Stadtfeld (voyez
ce nom ), à qui le premier prix fut décerné.
Par la composition de la cantate Balthazar,
Edouard Lassen obtint en 1851 le grand prix du
gouvenjeraent, et à ce titre devint pensionnaire
de l'État. Déjà, dans l'année précédente, il avait
élé couronné à Gand pour la meilleure compo-
sition d'un chœur, et à Anvers, pour une sym-
phonie avec chœur. Comme lauréat du grand
concours de composition, il entreprit les voyages
prescrits par les règlements, et se rendit d'abord
en Allemagne ; il séjourna à Dusseldorf, Leip-
sick. Casse), où Spohr lui témoigna de l'intérêt,
Weimar, où il trouva la généreuse hospitalité
de Liszt , Dresde et Berlin ; puis il alla visiter
ritalie, et. passa quelque temps à Rome. De re-
tour à Bruxelles dans l'été de 1855, il y rapportait
la partition d'un opéra en cinq actes qui avait
pour titre le Boi Edgard. L'ouverture de cet
ouvrage fut exécutée avec succès par l'orches-
tre du Conservatoire, le 26 septembre de la
même année , aux fêtes nationales. Présenté au
comité de lecture du théâtre royal de Bruxelles,
le Roi Edgard fut refusé , sous prétexte qu'il
était inexécutable à la scène. Sans être décou-
ragé par cet échec , Lassen alla porter son ou-
vrage à Weimar, où Liszt lui ouvrit les portes
du tkéitre grand-ducal. Le Roi Edgard, iTAàwW,
en allemand, y fut représenté au mois de mai
1857. L'accueil le plus sympathique fut fait à
cette importante composition par le public et
par les artistes, et ce succès valut à Lassen
l'offre d'une place de directeur- de musique de la
cour devenue vacante : il S'accepta et en prit
possession le 1er janvier «858. Frauenlob, au-
tre opéra en trois actes dont le sujet était pris
dans les légendes des minnesinger du moyen
âge, et dont le livret est de M. Pasqué, fut com-
posé immédiatement après par Lassen, et repré-
senté sur le théâtre de Weimar en J 860 : il y
obtint un brillant succès. Les autres composi-
tions de cet artiste distingué sont : 1° Un Te
Deum, exécuté à l'église Sainte-Gudule ie IG dé-
cembre 1860, pour l'anniversaire du jour de nais-
sance du roi Léopold 1"", et au mois de juillet
1861, pour l'anniversaire du couronnement du
même prince. — 2" Une marche pour l'orches-
tre, composée à l'occasion d'une visite du roi de
Prusse à la cour de Weimar. — 3° Une sym-
phonie à grand orchestre. — 4° Des chœurs
pour voix d'hommes. — 5" Des Lieder. Il n'a pu-
blié, jusqu'au moment où cette notice est écrite,
quedesromancesavecaccompagnementde piano;
à Bruxelles et à Mayence, chez S<liott; un ca-
hier de 6 Lieder, à Berlin, chez Schlesinger; un
second cahier idem, à Leipsick, chezSchuberth ;
et un troisième idem, chez Kùlm, à Weimar.
LASSER (Jean-Bvptiste), célèbre ténor et
compositeur allemand, naquit à Steinkirchen, dans
la Basse- Autriche , le 12 août 1751, et fit ses
éludes à Linz, où il fut admis en qualité de sémi-
nariste. Après y avoir passé quelques années, il
se rendit à Vienne , et y vécut en donnant des
leçons. Au mois de janvier 1781 , il épousa la
cantatrice Jeanne Rœlhner; l'année suivante il
aila avec elle au théâtre de Brùnn ; il y resta
trois ans, puis il alla prendre la direction du
théâtre de Linz, d'où il partit après deux années.
En 17S8 il jouait à Grselz ; puis il alla à Munich en
1791, et depuis lors il ne quitta plus cette ville.
Il y mourut le 21 octobre 1805. On a de cet ar-
tiste les opéras dont les titres suivent : 1" Das
xvûthende i/cer (l'Armée furieuse), où l'on re-
marquait des finales frès-développés. — 2° Die
gliickliche Maskarade (l'heureuse Mascarade).
— 3'' Der Kappelmeister ( le Maître de chapelle).
— 4° La Veuve prudente. — 5" Die unruhige
Nacht (la Nuit orageuse). — 6" La Marchande
de modes. — 7° Le Juif. — 8" Die Huldigung
Treue (le Serment de fidélité), prologue, 1791.
— 9° Cora et Alonzo, grand opéra. Lasser a
écrit aussi pour l'église, particulièrement des
messes; mais il a moins réussi dans ce genre
qu'au théâtre. On a publié de sa musique d'é-
glise : 1' Missx diversis vocibiis ac instrumen-
tis obligatis et non obligatis, op. 1; editio 2;
Augsbourg, Lotter. — 2" 6 Missae diversis vo-
cibus, etc., op. 2; ibid. Lasser a publié une méthode
complète de chant pour les voix de soprano et
de contralto ; Munich, 1798, in-4''. Cet ouvrage a
pour titre : Vollstecndige Anwelsung ziir Sing-
kunst, fur der Sopran und Alt.
LASSER (Joseph ), fils du précédent, pianiste
distingué, est né à Vienne en 1782. Un musicien
de la cour de Bavière, nommé François Sche-
menauer, lui enseigna le violon et le piano; il
continuacnsuite l'étude de ce dernier instrumentet
de la composition sous ladirectionde Joseph Grœtz.
Lasser n'était âgé que de douze ans lorsqu'il exécuta
à Vienne un concerto avec le plus grand succès.
On ne connaît aucune composition de cet arti ;te.
Son frère, né à Brùnn, le 20 janvier 1784, a
été placé comme chanteur de la cour à Munich.
LASSUS
207
LASSUS (Orland ou Roland DE), célèbre
compositeur belge du seizième siècle, naquit à ]
Mons(Hainaut) en 1520. Beaucoup d'incertitude
a régné jusqu'à ce jour sur le nqfn véritable de
cet artiste et sur l'année de sa naissance. Son
nom italianisé en celui d^Orlando Lasso, ou Or- i
lando di Lasso, est le seul qui ait été connu en
Italie, el se trouve sur toutes les éditions des ,
œuvres de Lassus publiées à Venise. Des écrivains |
français (1) ont afiirmé qu'il s'appelait Roland
Lassé, et qu'il l'avait latinisé en celui de Lassus. ,
D'autre part , si l'on en croit le passage d'une 1
cbronique qui sera rapportée tout à l'heure , fio- i
land Delattre aurait été son nom véritable.
Enfin, l'épitaplie de Regina Weckinger, femme
de Lassus, est conçue en ces termes : « L'an de
« grâce 1600, le 5 juin, décéda la noble et ver-
« tueuse dame Regina de Lassin (2), veuve de
« feu Orland de Lassus, en son vivant maître
« de chapelle au service des princes Sérénissi-
«1 mes de Bavière. R. L P. Amen. » Un manus-
crit original des Anriales du Jlainavt, par
Vinchant (3) , renferme un passage dont la dé-
couverte est due à Henri Delmotte (voy. ce nom),
et dans lequel on lit : « L'an 1520, fut né en la
« ville de Mons Orland dit de Lassus (ce fust en
« cest an que Charles V fust couronné empereur
« à Aix-la-Chapelle); il fut de son temps le
« prince et phénix des musiciens, d'où vient ce
« vers :
« Hic llle Orlandus Lassus qui recréât orbem.
« 11 fut né donc en la rue dicte Gerlande à
« l'issue de la maison portant l'enseigne de la
« Noire Teste. Il fut enfant de chœur à l'église
« de Saint-Nicolas de la rue de Havrecq. Après
« que son père fut par sentence judicielle con-
« traint de porter en son col nn pendant de
« fausses monnoies et avec iceluy faire trois
« pourmaines ( promenades ) publiquement à
« l'entour d'un hour (échafaud) dressé pour
« avoir esté convaincu d'estre faux monnoyeur,
« ledit Orland, qui s'appeloit Roland de Luire,
« changea de nom et de surnom, s'appellant Or-
« land de Lassv^, et aussi quitta le pays et s'en
« alla en Italie avec Ferdinand de Gonzague, qui
« suivoitleparty du roy de Sicile, etc. »
{i) Histoire delà musique, par don Caffiaui, manus-
crit delà Bibliothèqae impériale de Paris, n" 16, fonda de
Corble, au supplément, et liéfleiions sur la poésie et la
peinture, par l'abbé Dubos, t. l*'', p. 463.
(î) Dans les actes originaux qui concernent les avanta-
ges accordés à Regina Werkinger par les ducs de Bavière,
elle est souvent appelée de Liusin (femme de Lassus), el elle-
même a signé ainsi ses requêtes à la duchesse Maximi-
Itenne, sœur du duc Guillaume.
il) Ce manuscrit est dans la bibliothèque de la ville de
Muiis.
Ce passage a paru d'une autorité incontestable
à Delmotte (1), ainsi qu'à Dehn, qui adonnéune
traduction allemande de sa notice (2). Moi-
niôme , j'ai accepté cette tradition dans la pre-
mière édition de la Biographie universelle des
musiciens; mais, depuis l'époque de sa publica-
tion, j'ai examiné l'anecdote qui concerne le père
supposé de Lassus, et j'y ai trouvé <l'assez gran-
des difficultés qui me l'ont fait révoquer en doute.
Et d'abord, il est à remarquer que Lassus n'é-
tait âgé que de douze ans lorsqu'il fut conduit
en Italie par Ferdinand de Gonzague, suivant ce
que Samuel Quickelberg, compatriote et ami
de l'artiste, a écrit sur sa vie : or ce n'est pas à
cet âge qu'on est capable de prendre des résolu-
tions semblables à celles dont parle Vinchant.
En second lieu, on voit aussi dans la notice de
Quickelberg que Lassus , lorsqu'il était maître
de chapelle de Saint-Jean de Lalran, à Rome,
se rendit de cette ville à Mons, pour revoir
ses parents, qui étaient vieux et malades. S'il
eiit eu honte de son origine, c'est alors sur-
tout qu'il eût voulu la cacher. Enfin, si le père
de ce grand artiste eût été condamné comme
faux monnayeur, nul doute que, suivant les cou-
tumes de ce temps, il eût été banni de la ville,
après avoir subi la peine infamante dont parle
le chroniqueur, et que Lassus n'eût pas eu la
pensée de le retrouver à Mons. Si donc il y a eu
un homme du nom de De Lattre condamné
pour avoir fait de la fausse monnaie, il n'était
pas le père de Lassus. Laissons donc à celui-ci
le nom sous lequel il s'est illustré, que lui-même
signait dans toutes ses préfaces, dans les actes
authentiques où îl est intervenu, dans ses let-
tres autographes, et que ses fils, petits-fils et
descendants jusqu'au cinquième degré ont con-
servé, comme on le voit dans le tableau généalo-
gique de «a famille publié par Delmotte.
Trois dates inexactes ont été données pour la
naissance de Lassus : Moréri (3) et l'abbé de Fon-
tenay (4) donnent celle de 1524 , mais sans indi-
quer la source où ils l'ont prise. Samuel van Qui-
ckelberg, dans sa notice, fournit cellede 1530 (5),
erreur singulière de la part d'un ami intime de
(1) A'otire biographique sur Roland Delattre, connu
sous le nom d'Orland de Lassus. Valenciennes, 1835,
in-8°; p. 13-U.
(2) Biographlsche yotizùber Roland dt Lattre bekannt
unter detn Namen : Orland de Lassits; Berlin, 1837, in-8*.
(3) Le (,rand Dictionnaire historique; Paris, 1759, 10
Toi. in-fol.
(4) Dictionnaire des artistes; Paris, 1776, 2 vol. in-12.
(5) Cette notice est insérée dans la troisième partie des
prosopoçjrap'iix hcroum atque illustrium virorum to-
tius Cermanix de Henri Pantaléon, iiaiilese, 1866,
iu-4°.
208
LASSUS
l'illustre musicien'; et ce qui n'est pas moins éton-
nant, c'est que Hawkins donne comme preuve de
l'exactitude de cette date une épitaplie qu'il dit
être placée sitr son monument (t)' Où a-t-il
pris celte épitaphe? Il ne le dit pas. De quel mo-
miment veut-il parler? Du tombeau de Lassus,
sans doute, car on n'en connaissait pas d'autre
lorsque Hawkins écrivait son Histoire de la mu-
sique. Mais le tombeau existe encore, et l'épita-
phe qu'on y lit ne ressemble en rien à celle que
l'écrivain anglais a publiée. Rien de plus facile
que de démontrer l'inexactitude de la date ins-
crite dans cette épitaplie prétendue ainsi que
dans la notice de van Quickelberg; car, suivant la
liste chronologique des maîtres de chapelle de
l'église Saint-Jean de Latran publiée par l'abbé
Baini (2), d'après des sources authentiques, Las-
sus fut nommé à celte place, en 1541 : s'il était
né en 1530, il serait entré en fonction à l'âge
de onze ans. Au reste, Delmotte remarque, avec
beaucoup de vraisemblance, que la date de 1530
de la notice de Quickelberg, copiée par tous les
autres, est une faute d'impression (3).
La troisième date inexact-e, plus éloignée en-
core de la véritable, et celle de 15S2 : ce qui la
rend digne de remarque , c'esi que Lassus ayant
passé la plus grande partie de sa vie en Bavière,
trois écrivains liavarois , (lui auraient dû être
instruits des circonstances de sa vie, à savoir A -
M. Kobolt (4),Mein (5),et Lipowsky (6), sont les
seulsqui l'aient donnée, sans indiquer où ils l'ont
prise. Ce qui a été dit à l'égard de la date de
1530 est applicable, à fortiori, k celle de 1532.
La date de 1520, indiquée par Vincliant, est
rendue inattaquable par les témoignages de l'his-
torien de ïliOH (7), de Swertius (8), et de Lo-
crius (9), qui, tous. Mit écrit dans des temps rap-
prochés de celui où vécut Orland de Lassus. De
Tliou ne dit pas en termes exprès que Lassus na-
quit en 1520, mais, suivant sa méthode d'inscrire
les événements à leur date, dans les Histoires de
son temps, il dit que le célèbre musicien mourut à
(1) Â General History of the science and practiee of
Music, t. II, p. 498. Voie! le commencement de l'épllaphe
dont 11 s'agit :
OrlaDdas Lassus, Bergx Hannonix urbe natus ""*
anno M. U. XXX.
[i) Memorle storico-critiche délia vita e délie opère di
Gio. Pierluigi da Palestrina, t. I, p. 70, n. 109.
(3) Notice biographique sur Roland Dflattre, p. 2o.
(4) Baierisches Gelehrten-LexiKou , etc.; Landsliutt,
1795, gr. in-8°.
(8) Baierisches Kunstler-Lexiknn, elc , t. i, p. 238.
l6)Baierisclies Musih-Lexikon, p. 176.
(7) Histor., Llb. QX.
(8) Aihenx Belgicx; Antuerpiœ, 1628, in-4", p. 889.
(9) Chronicon Belgicum; Atrebati, 1616, petit In-Iol.
Aon. It94.
Munich, le 3 juin 1594, à l'âge de soixante-treize
ans écoulés (1), ce qui fait voir que la date de la
naissance de Lassus fut postérieure au mois de
juin 1520, et qu'il n'avait point accompli sa
soixante-quatorzième année.
Plusieurs auteurs, et Samuel van Quickelberg
lui-même, disent que Lassus fut enlevé trois fois
à ses parents lorsqu'il était enfant de chœur à
l'église Saint-Nicolas, à causede sa belle voix; que
deux fois on le retrouva, mais qu'enfin on con-
sentit, après le troisième rapt, à ce qu'il demeurât
à Saint-Didier, près de Ferdinand de Gonzague,
général au service de l'empire et vice-roi de Si-
cile, qui, après la guerre, l'emmena avec lui, à
l'âge d'environ douze ans, à Milan, puis en Si-
cile. Celte histoire ne paraît qu'un roman à Del-
motte; pour moi, j'avoue que je n'y vois pas de
difficulté. Il me paraît vraisemblable que celui
qui a eu tant de renommée comme compositeur
a montré dans sa jeunesse un rare instinct musi-
cal, et qu'il y avait dans son chant un accent ex-
pressif qui pouvait faire naître le désir de l'enle-
ver pour l'attacher au service d'un grand seigneur.
Quoi qu'il en soit, legéuéraldeCharles-Quintem-
mena son jeune musicien à Milan. Celui-ci y con-
tinua ses études, puis il suivit Ferdinand de Gon-
zague en Sicile, où il acheva de s'instruire dans
son art. A l'âge de dix-huit ans, il s'attacha à
Constantin Caslriotto, qui le conduisit à Naples.
Arrivé dans cette ville, Lassus entra chez le mar-
quis de la Terza et y demeura environ trois an-
nées (2). En 1541, il se rendit à Rome, où le
cardinal-archevêque de Florence l'accueillit avec
bienveillance, ei le logea dans son palais pen-
dant six mois. Après ce temps, Lassus obtint la
place de maître de chapelle à l'église Saint-Jean
de Latran. Ce fait est constaté par les registres
de cette église, dont l'abbé Baini a donné un ex-
trait dans la note 109 de son livre sur la vie et
les ouvrages dePierluigi de Palestrina. Il fallait
que le mérite du musicien de Mons fût déjà bien
remarquable, pour qu'une place de cette impor-
tance fût confiée à un jeune homme de vingt et un
ans, à Rome, alors ia première ville du monde
pour la musique, et qui renfermait dans son sein
des compositeurs du premier ordre pour l'église.
Depuis deux ans, dit Van Quickelberg, Lassus
remplissait ses fonctions de maître de chapelle à
Saint- Jean de Latran, lorsqu'il apprit, en 1543,
u) Celcbratissimus Orlandus Lassus matura morte Mo-
naci, hoc anno (1594) 111 junias, decessit, cura LXXXIII
excessisset.
(?) Swertius, et d'après lui Foppens, ont t'té instruits de
cette circonstance : ce dernier dit tcstuellcraent : IVea-
poli tribus circUer annis vixit (Biblloth. Belgica, t. II,
p.9î4).
LASSTIS
2C?9
qu'une maladie grave menaçait les jours de ses
parents. Le désir de les revoir et de les embrasser
une dernière fois l'emporta sur toute autre con-
sidération ; il donna «a démission de son emploi,
s'éloigna de Rome et se rendit àMons en tonte liàte;
mais quand il y arriva, ceux qu'il y venait cher-
cher n'existaient plus. Ilyaici uneerreurde date
évidente; earLassusn'eut pour successeur Riihino
(voy, ce nom) dans sa place de maître de chapelle
de Saint-Jean de Latran, suivant le catalogue
chronologique donné par Baini (loc. ci(.), qu'en
1548. Ce ne fut donc que dans cette dernière an-
née, ou au commencement de 1549 qu il revint
àMons. N'y trouvant plus de liens de famille, le lieu
de sa naissance ne pouvait plus avoir pour lui
que de tristes souvenirs; il s'en éloigna, dit Van
Quickelberg, et, accompagné de Jules-César
Brancîccio, il visita l'Angleterre et la France ,
puisil allas'établir à Anvers, et y demeura deux
ans. Il y a ici quelques difficultés assez considé-
rables qui ne sont point expliquées par le plus
ancien biographe de Lassus, bien qu'il écrivît en
1 505 ou 1566, vraisemblablement sous la dictée
de son illustre ami. On verra tout à l'heure que
Lassus ne dut s'arr('ter à Anvers que vers le rai-
lieu de l'année 1554; or, depuis 1549 jusqu'à
cette é|)oque, il y a un intervalle de cinq années
dont il est difficile de déterminer l'emploi par le
célèbre maître. Et d'abord, où trouva-t-il Jules-
César Brancaccio, de la noble famille napolitaine
des Brancacci, dont il avait pu faire la connais-
sance à Naples huit ou neuf ans auparavant? Il
y a peu d'apparence que ce soit dans les Pays-
Bas, et peut-être y am ait-il plus de vraisemblance
à supposer «lu'il retourna à Naples, oii aurait été
décidé le voyage en Angleterre et en France. Ainsi
serait remplie une partie de la lacune dans la
vie de l'artiste dont il vient d'être parlé; car, si
le départ s'était effectué de quelque ville de la
Belgique, on ne comprendrait pas que sa durée
eût été de cinq ans, et qu'il ne fût resté aucune
trace du séjour de Lassus à Londres, ou dans
quelque grande ville de France. Ce voyage en
France est aussi une cause d'embarras, car , lors-
que Lassus se rendit à Paris, en 1571, il voyait
cette ville pour la première fois, ainsi qu'il le
dit dans l'épitre dédicatoire d'un de ses ouvra-
ges (1). On a peine à comprendre qu'un sei-
gneur tel que Brancaccio ait voyagé en France
sans visiter la ville la plus importante de ce
(1) Cette dédicace à Guillaume de Bavière, datée de Ta-
ri», le U juin 1571, se trouve en tête du recueil de mo-
tets de Lassus intitulé : Moiivli qninis vocibus nunguam
hactenus editi, etc.; Paris, Adrlao l.eroj et Robert Ballard,
1571, In-i» obi.
BIOCH. UNIV. DES Hl'SSClEVs, T. V.
royaume. Toute cette partie de la vie de Lassus
est remplie d'obscurité.
A l'égard de son séjour de deux années à An-
vers, il n'est pas douteux. Le récit deVanQuic-
kelberg sur ce sujet est très-explicite, et sans
doute il devait être bien informé, car lui-même
était de celte ville.
n Après avoir voyagé avec le noble amateur
<• de musique Jules-César Brancaccio, dit-il, d'a-
« bord en Angleterre, puis en France, il revint
« à Anvers, où il demeura deux années, vivant
« dans la société des hommes les plus distingués,
« les plus savants, et des plus noWes familles,
" auxquels il inspira le goût de la musique , et
« de qui il fut aimé et vénéré. C'est de cette
«ville qu'il fut appelé à Munich, en 1557,
« avec d'autres Belges, jiar le duc Albert de Ba-
« vière, le plus grand jjrotecteur de l'art musical
« qu'il y eût alors dans toute l'Allemagne , en
« qualité de musicien de sa chapelle Lors-
« qu'il eut été nommé premier maître de celte
« chapelle, en 1562,.... il revint de nouveau en
« Belgique et à Anvers, d'où il ramena (en Ca-
« vière) les meilleurs chantres pour le service du
« prince (I). »
Le séjour de Lassus à Anvers pendant deux
années environ peut aussi se démontrer par
les ouvrages qu'il y publia à l'époque indiquée
par Van Quickelberg. Pendant qu'il était maître
de chapelle de Saint-Jean-de-Latran,il avait fait
imprimer à Venise , chez Antoine Gardane , son
premier livre de messes à quatre voix, en 1545,
dont un exemplaire se trouve dans la collection
de l'abbé Sauliui à Rome , et le premier livre de
ses motets à quatre et cinq voix , chez le même
et dans la même année, cité par le P. Martini (2) ;
mais, après cette époque, dix ans s'écoulèrent sans
qu'aucun recueil de ses compositions fût pulilié,
soit en Italie, soit ailleurs, avant que l'artiste
allât s'établir à Anvers, ou du moins je n'en ai trouvé
d'indication dans aucun catalogue. C'est dans
cette ville que l'activité de ses travaux semble
se réveiller; car Tilrnan Susato y publie, en
(1) Cum nobili viro Julio Csesare Brancaccio musices cul-
tore, primum in Angliara, demum in Galliam, ejus quoque
videndl gratis profectus est. Tandem Inde reversua
Anluerplse mansit duobus annis, infer viros ornatissinins,
doctissimos et nobills!.liuos, quos undique in musicis eici-
tavit, à quibus etiam sumire adaniatus veneratusquc fuit Ex
eo loco anno 1557, ab Alberto Bavarise duce, suiiimo om-
nium Germanise principum Mœccuate, vocatus est Monu-
chium cum aliis Belgis, utsacello musico suo Delude
anno l562sacelli musicisummusprscfectus eflJciebatur
imo et subinde in Bcigiam et Anluerpiam regrossiis, priii-
cipi sclectlssimos secum adduxit. (Henr. l'antal. Proso-
pogr , part. III, fol. Ï4i.)
(!) Storia délia musica, t. l«',dans l'indice des auteurs,
p. i5S.
14
210
LASSUS
1 555, le second livre de ses motets, sous ce litre : i
Sacras cantiones vulgo motectx appellatx, |
tum viva voce, lum omnis generis instru-
mentis caniatu commodissime. Liber secun-
dus quinque et sex vocum. Dans l'année sui-
vante, Jean Laet, autre imprimeur de musique
de la même ville, y fait paraître une deuxième édi-
tion du premier et du second livre des motets de
Lassus, avec le titre italien : Primo (et seconda)
libro de'Mofetti a cinque et a sei voci nuova-
mente posti in luce.
Massimo Trojano, musicien italien au service
du duc de Bavière , nous apprend , dans une
description des fêtes qui eurent lieu à Munich en
1568 , à l'occasion dn mariage du duc hérédilaiie
Guillaume avec Renée de Lorraine (1), que Las-
sus ne fut pas nommé maître de chapelle de la
cour de Bavière lorsqu'il y arriva, parce qu'il ne
savait pas la langue allemande, et qu'il n'eut
d'abord que le titre de maître de la musique de
la chambre. A cette époque Daser ou Das«er
(voye:i ce nom ) était le maître de chapelle titu-
laire. Quatre ans après , dit-il, ce maître ayant
demandé sa retraite et l'ayant obtenue, Lassus
fut son successeur. Ces dates coïncident à peu
près à celles qui sont indiquées par Van Quickel-
berg. Trojano dit , à la vérité, qu'en 1568 Lassus
était depuis douze ans an service du duc Albert,
ce qui semble fixer en 1556 l'année où il y entra,
au lieu de 1557 , date fixée par le biographe
de l'artiste ; mais la différence est de trop peu
d'importance pour qu'on s'y arrête. Quickelberg
dit que Lassus, voulant justifier la réputation qui
l'avait précédé à Munich, se fit remarquer par
l'étendue de ses connaissances, ses bons mots,
sa gaieté, sa conduite irréprochable, et surtout
par la beauté de ses compositions. Heureux de
sa position honorable et de la bienveillance dont
le duc l'honorait, il songea à se marier, et moins
d'un an après son arrivée dans la capitale de la
Bavière , il devint l'époux de Régine Weckinger,
fille d'honneur de la duchesse régnante. En 1562,
il se trouva à la tête de la meilleure chapelle qui
existât alors en Europe, soit par le nombre de
(1) Discorsi di trionfl, giostre, apparati, e délie cose
piii notabili/atte nelle nozze deW illustr. ed excellent.
Signor Duca Guglielmonte ; Uanicii, Adam Berg, in-4",
p. 64 . Trojano dit dans cet écrit (p. 53) que Lassus fit
exÊcuter à la cérémonie du mariage de ce prince un
Te Deum à six parties, dans lequel il y avait de beaux
trios et quatuors : cette composition ne figure pas parmi
celles de l'illustre maître qui ont été publiées. Le lende-
main (93 février 1368) 11 fit entendre ^ans la chapelle du-
cale une messe à six parUes pour des voix et des instru-
ments à vent, qu'il avait composée pour cette circonstance.
Donner des éloges à cet ouvrage, ajoute Trojano (p. 57),
ce terait vouloir ajouter de l'eau à la mer et des étoiles
au ciel.
musiciens qui la composaient, soit parleur mé-
rite (l). Avec de tels moyens d'exécution Lassus
sentit se développer la puissance de son génie :
ses plus grandes compositions , au nombre des-
quelles on remarque ses Psaumes de la ponilence
et ses Magnificat, sont de cette belle époque de
sa vie (1560 à 1575). La plus grande distinction
s'attacha à son nom et à tout ce qui venait de sa
plume. Bien que contemporain de Palesfrina,
qui l'emportait sur lui sous plusieurs rapports, il
eut une renommée plus univenselli^ parce que
les circonstances lui furent plus favorables. En
Allemagne , en France, en Angleterre et dans les
Pays-Bas, on lui décerna le titre de Prince des
musiciens, que les Italiens donnaient dans le
(1) Massimo Trojano donne, dans l'écrit cité (note pré-
cédente), la liste des principaux artistes qui composaient
cette chapelle en 1568; on y remarque : Hans Fischer
Franz FlorI, Gallo Rueff, Richard et Oclavien d'Albertl
(basses chantantes); don Carlo, Livlzzano, don Alessandro,
Ramedello, Cornelio, Giorgio, Wolfgang, Henri et Gioac-
chin (ténors) ; Gaspard, Piler, Francisco diSpagna, Martin
et Guillaume (Flamands), Christophe Haberstoch, et Vll-
balda (contraltos ou hautes-contre); douze snprani ou
enfants de chœur, tous élèves de Lassus. Les trois orgn-
nlstes étalent : !• Messer Giuseppe da Lucca, qui avait
été élève d'Adrien Wlllaerf, -a» Marsolino,de Crémone,
homme de grand talent; — S» Messer ho de Fento, com-
positeur de mérite (voyez Veio'o, Ivo de]. Ces organistes
étaient alternativement de service pendant une semaine.
M. Léon de Burbure a fait de patientes recherches dans
les archives de la collégiale de Notre-Dame d^Aiivers pour
découvrir les noms des chantres qui ont suivi Lassus à Mu-
nich; 11 en a trouvé fix qui ont quitté le chœur de cette
église depuis le 2i Juin 1556 Jusqu'au 24 Juin usi ; en vciicl
les noms : 1° Joachim van Scneninghe, cantor et vicaire;
c'est celui que Trojano appelle simpleroent Cioarchin. —
2° Petrus de Edammls (d'Edam). — 3» Cornélius de Bur-
gos, cantor, appelé Cornelio par Trojano. —4» Martinuii
de Hove, vicaire. — fi» Wllhelmus de Dlest : ce sont ces
deux derniers que Trojano appelle Martin et Guil-
laume (Flamands).— 6" Dominus Johannes Martini. De ces
six chanteurs quatre étalent donc encore au service du
duc de Bavière en i568; Pierre d'Edam et Jean Martini
avalent quitté cette position ou étaient décédés. Onze
autres chantres ont aussi abandonnél'égllse d'Anvers après
que Lassus eut été nommé premier maître de chapelle, en
1662 : mais 11 paraît douteux qu'ils se soient rendus à Mu-
nich, car on ne trouve à la chapelle ducale, en 1568, que
Gaspar Hutters, appelé simplement Gaspard par Trojano.
Les joueurs de viole , dans la musique du duc de Ba-
vière, étalent : 1° Messer Antoine Morarl, qui Jouait non-
seulement de la viole da braccio (dessus de viole), mais
aussi du cornet, de la basse de viole et de la guitare. —
5» Baptiste Morarl, son frère, contralto de viole, lequel
était aussi fort habile sur la basse de viole et le luth. —
S" Annlbal Morarl .dessus de viole, beaucoup plus Jeune
que ses frères. — 4° Cerbono Besutlo , ténor de viole. —
5" Mathieu E||sutio, neveu du précédent, basse de viole ;
tous deux Jouaient de tous les instrument à vent. —
eoLucIo Besutlo, dessus de viole, quijouaitaussi delà lyre,
instrument dugenredes violes, monté d'un grand nombre
de cordes qu'on pinçait en accords , ou qu'on jouait avec
l'archet en accords ou en arpèges: tous ces artistes étaient
de Bergame. — 7<> Crlstoforo, de Crémone , contrebasse
de viole.
LASSIJS
211
même temps à l'illiislre compositeur de l't^role
romaine. Les princes , les rois, le recherchèrent
et lui firent des offres séduisantes : plusieurs
lui donnèrent des témoignages éclatants de l'es-
time qu'ils accordaient à son mérite. Le 7 dé-
cembre 1570, l'empereur Maxmiilien, alors à la
diète de Spire, accorda de son propre mouvement
à Lassusdes lettres de noblesse, ainsi qu'uses en-
fants légitimes et à leurs descendants des deux
sexes. D'autres honneurs lui furent décernés par
le pape Grégoire XIII, qui, le G avril 1571 , le fit
chevalier de Saint-Pierre à l'éperon d'or, et chargea
les nobles cl»evaliers Honoré Cajetan et Ange Mazza-
costa de lui chausser l'éperon et de l'armer du
glaive, dans la chapelle papale de la cour, avec le
cérémonial accoutumé. En 1571, Lassus fit un
voyage à Paris : c'était la première fois qu'il voyait
cette ville, comme il le dit lui-même dans l'é-
pître dé.iicatoire d'un de ses ouvrages (1). Adrian
Le Roy, célèbre imprimeur de musique de ce
temps, et lui-même musicien distingué , le logea
dans sa maison , et le présenta à la cour, où
Charles IX l'admit à lui baiser la main , le reçut
avec beaucoup de bienveillance et lui fit défiches
présents (2).
Plus tard, ce prince se souvint de Lassus, le
Parmi les instruments à vent , on distinguait : 1» Doml-
nico, de Venise, qui jouait du cornet avec beaucoup de
douceur ainsi que du trombone. —V Francesco de Luc-
ques, ténor de cornet. — 3» Sébastlano d'Alberti, com-
positeur, qui Jouait la cinquième partie de cornet —
4° rtiiléne Cornazzano, contralto de cornet et jeune
artiste d'un talent remarquable — 5° Simon Gatti, basse
de cornet. Les instruments à vent ne se joignaient aux
voii que dans les offices des dimanches et fêtes. Les vlo-
{es ne servaient que pour la musique instrumentale , ou
pour accompagner les voii dans la muiilque de chambre,
pendant le dessert des repas de la cour, sous la direction
de Lassus.
Plus tard le nombre des musiciens attachés à la cha-
pelle ducale fut encore augmenté : on y comptait seize
enfants, six castrats, treize contraltos ou haute-contre,
quinze ténors, douze basses, et trente instrumentistes,
formant un ensemble de quatre-vingt-douze exécutants.
Cette chapelle était de beaucoup la plus considérable
qu'ilyeiit en Europe; mais après la mort d'Albert V, Guil-
laume, son successeur, fit une grande réduction du
personnel de la chapelle, car en 1593 on n'y trouvait plus
que huit enfants, six castrats, pour le contralto , sept té-
nors , cinq basses, onze Instrumentistes et un organiste.
De tous les artistes de la liste de 1568, Antoine Morari et
Mathieu Bcsutio étaient les seuls qui s'y trouvassent en-
(I) Voyez la dédicace de Lassus au duc héréditaire Guil-
laume de Bavière, datée de Paris, le 7 Juin 1571, en tète
(le son recueil de motets intitulé : MoilMli guinis vocibus
unquam hacteaus editi. etc.; Paris, AdAn Le Roy et Ro-
bert Ballard, 1511, in 4» obi.
(21 Adrian Leroy parle en termes explicites de ces hon-
neurs et de ces largesses dans la dédicace à Charles IX
de l'ouvrage qui a pour titre : Primus liber modulorum,
quinis vocibui constautium, Orlando Lassusio auctore ;
Paris, Adrian I.e Boy et Robert Ballard, 1571, in-4'' obi.
fît inviter à se rendre près de lui, et lui offrit
la maîtrise de sa chapelle, avec un traitement
considérable. Plusieurs auteurs ont dit à ce .su-
jet que les Psaumes de la pénitence, considérés
comme le plus bel ouvrage de Lassus, lui avaient
été demandés par Charles IX, et qu'illes avait com-
posés pour ce prince; mais M. Schmiedhamer,
savant bibliothécaire de Munich , exprime ainsi
son opinion contraire sur ce fait, dans une lettre
qu'il écrivait à Delmolte en 1830 : » Il serait peut-
« être bon de réfuter l'opinion erronée de plusieurs
« historiens qui prétendent qu'Orlaudo di Las?o
« avait rais en musique les sept psaumes de la
« pénitence à la demande de Charles IX, roi de
« France, en expiation du crime de la Saint-Bar-
« tliélemy. Ce fait est évidemment faux, car :
« 1° Le premier volume contenant la copie de
« la musique, ainsi que l'explication des tableaux
« par VanQuickelberg, étaitdéjà achevé en 1565,
« et le second en 1570 : donc l'original de la
« composition avait dû être terminé avant 1565,
« et avant qu'on commençât la copie magnifi-
« que dont il s'agit. Or le massacre où plus de
B trente mille huguenots périrent dans une seule
« nuit, n'eut lieu que le 24 août 1572. _2»Sa-
■ muel VanQuickelberg, dans l'exorde de.sapré-
« face sur l'explication des tableaux du manus-
« cril, dit expressément qu'Orlando di Lasso avait
« reçu du prince Albert V l'ordre de composer
c< cet ouvrage. »
Quels que fussent les avantages offerts à Las-
sus par le roi de France, il hésitait à les accepter.
Le sort heureux dont il jouissait à Munich , la
bienveillance ou plutôt l'amitié dont l'honorait
le duc Albert, l'attachaient à la Bavière; mais le
duc lui-même, quoiqu'il vît à regret le départ
d'un artiste qu'il appelait te perferfe5oc/iaj9cWe,
l'engagea à ne pas lui sacrifier sa fortune, et à se
rendre à l'invitation de Charles IX. Lassus se
mit en effet en route avec toute sa famille ; mais,
à peine arrivé à Francfort, il y apprit la mort du
roi (1574), Sans perdre de temps, il retourna
à Munich, où le duc le rétablit dans ses fonc-
tions et le combla de nouveaux bienfaits. Charme
du retour de son maître de chapelle, ce prince
composa un panégyrique en son honneur, et le
23 avril 1579, il lui assura, pour tout le temps
de son règne, la jouissance de ses appointements
(400 llorius), sans qu'on pût y faire de réduc-
tion, pour quelque cause que ce fût. Malheu-
reusement, ce prince survécut peu à ce der-
nier acte de sa munificence, car il mourut le
24 octobre 1579. Son successeur, Guillaume V,
dit le Pieux, aimait aussi la musique; il té-
moignait beaucouj» d'estime pour les talents de
Lassus, et se montra généreux à son égard ; mais
14.
512
LASSUS
II n'y eut jamais entre le souverain et son maître
de chapelle la douce familiarité qu'on avait re-
marquée sous le règne précédent. Le 17 janvier
1587, le duc Guillaume, voulant donner à Las-
sus un témoignage particulier de sa bienveillance,
lui fit présent d'un jardin à Meising, sur la roule
.le Fiirstenfeld, et, le 6 novembre de la même
année, il accorda à sa femme une pension an-
nuelle de cent florins. Indépendamment de cette
propriété de Meising, Lassus en possédait une
autre à Putzburnn , dans le district de Wol-
fartlis Hauen; elle fut vendue en 1.^88 à un ha-
bitant de Munich, pour le prix de 425 florins.
Parvenu à l'âge de soixante-sept ans, Lassus
commença à éprouver de la fatigue dans ses fonc-
tions quotidiennes de maître de chapelle ; il dési-
rait d'être dispensé de ce service, afin de con-
sacrer ses dernières années à la composition. Ce
désir devint si mf qu'il se décida, en 1587, à
demander au duc Guillaume l'autorisation d'aller
passer quelques mois chaque année dans sa pro-
priété de Meising, sur l'Amber. Cette permission
lui fut accordée, mais on lui diminuait son trai-
tement de moitié, le réduisant à 200 florins.
Pour adoucir ce que cette réduction avait de pé-
nible, le duc lui promit d'avoir soin de ses deux
fils Ferdinand «t Rodolplie. Toutefois la perle de
200 florins parut trop considérable au vieux
compositeur ; il renonça à son projet de passer
une partie de l'année à la campagne, et continua
de remplir avec exactitude ses devoirs de maftre
de chapelle, employant le temps qui lui restait à
écrire de nouveaux ouvrages ou à perfectionner
les anciens. Une singulière ardeur de travail se
manifesta dès lors en lui, comme s'il eût prévu
la fin prochaine de son génie. Tout à coup ses
facultés mentales l'abandonnèrent : ce fut avec
effroi que sa femme le vit revenir de Meising,
où il avait été passer quelques jours. On le ra-
menait à Munich faible, souffrant, et dans un état
de démence complète. Il ne reconnut aucun des
siens. Dans sa frayeur d'un événement si terrible, si
peu prévu, Régine fit avertir la princesse Maxi-
milienne, sœur du duc Guillaume, qui envoya
aussitôt son médecin, le docteur Mermaun, près
du malade. Des soins assidus améliorèrent la
santé de Lassus, mais sa raison ne revint pas.
Un air triste, rêveur, avait succédé à son an-
cienne gaieté. Le duc lui avait fait savoir, par le
docteur Mermann, qu'il continuerait à jouir,
malgré son état, de son traitement entier ; mais
cette nouvelle ne put le ranimer. Dans un des
accès de sa folie, il écrivit au prince « qu'il
•• avait l'intention de quitter entièrement le ser-
» vice de la cour, s'il voulait lui laisser les
u 400 florins que son illustre père, le duc Albert,
« lui avait promis, en y ajoutant une somme
« quelconque à sa volonté. » Sa femme, crai-
gnant les suites fâcheuses de cette folle démarche,
fit prier le prince de la considérer comme non
avenue; et Guillaume fit savoir à Lassus que
tout resterait pour lui comme par le passé, mais,
que s'il renouvelait sa demande, il serait libre de
se retirer etqu'on lui donneraitson congé. L'artiste
infortuné ne vécut pas longtemps en cet état : sa
profonde mélancolie le conduisit bientôt au tom-
beau.
La date de la mort de cet homme célèbre a
été longtemps aussi incertaine que celle de sa
naissance. Ainsi que l'a remarqué M. Schmiedha-
mer, les auteurs ne se sont accordés que sur le jour
( le 3 juin) ; à l'égard de l'année, les opinions
diffèrent chez tous sans qu'on puisse leur accor-
der aucune confiance. Les unsont fixé l'année 1585
pour celle de son décès, d'autres 1593, beaucoup
ont choisi 1594, et quelques-uns 1595. Parmi les
écrivains qui ont indiqué la date 1593, on remar-
que Philippe Rrasseur (1), de Boussu (2), de la
Serna Santander (3), Feller (i,), Locrius (5), Pa-
quot (6), Vinchant (7), et l'auteur anonyme d'un
ouvrage intitulé : Belgii Chronicoii sacrum us-
que ad ann. !603, dont le manuscrit .se trouve
à Bruxelles, dans la Bibliolhèque royale (8). Ou
aurait dû voir qu'elle est inadmissible, car la
dédicace de l'œuvre de Lassus intitulé Le La-
grime di S. Pietro, porte la date du 24 mai 1594.
Cet ouvrage, imprimé à Munich, renferme un
portrait de Lassus, avec la date 1594, et les
mots cctatis LXH qui prouvent, comme le dit
Delmotte, que Lassus vivait encore à cette épo-
que, mais aussi (ce qu'il n'a point remarqué) que
tetarliste était lui-même incertain de l'année de
sa naissance, car s'il avait vu le jour en 1520, ri
avait soixante-quatorze ans en 1594. La date de
1 594 est celle qu'on trouve dans l'historien De
Thou, dans le Dictionnaire des artistes de
l'abbé deFontenay, dans le& Mélanges tirés d'une
(1) Sydera illustrium Hannonite scriptorum,- Mons,
1687, ln-12,
{i) Hiftoire de nions ; J>\ons. i7îB, in-4o.
(S) Mémoire historique sur lu bibliothèque publique île
Bourçogne, présentement bibliothèque publique de
Uruxelles: Bruxelles, J809 In-S».
(4) Dictionnaire historique , Uége, 1789-1794, 8 vol.
In 8».
(B) Chronicon Bejaicum ; Arra», 1616, in-fol.
(0) Mémoires Jkur servir à l'histoire littéraire des
dix-sept provinces des Pays-Bas, etc.; Louvain, 1768-1770,
3 vol. iD-ful.
(7) Manuscrit autographe des Annales du Ilainaut.
(8) Voici ce qu'on y lit : ytnno 1B93, Orlandus Jmssus
Montibus Hannonix natus, nostri sxculi cnryphceus at-
que princeps, Monachii in Bavaria, anno xlcHis 73, mo~
ritur.
LASSUS
213
grande bibliothèque, par le marquis dePaulmy, j
dans i'Iiistoire manuscrite de la musique de
Dom Caffîaux, enfin, dans les Dictionnaires liis-
toriques de Moreri, de Chaudon et Delandine, et
de Choron et Fayoile. C'est aussi celle que j'ai
adoptée dans mon Mémoire sur les musiciens
néerlandais; enfin les mots o&/j7 1594 se trou-
vent au portrait de Lassus gravé par Jean Sadelcr.
Le document le plus extraordinaire et le plus
erroné concernant la mort de Lassus est certai-
nement la prétendue inscription de son monument
rapportée par Hawkins (1), laquelle commence
ainsi :
Orlaadus Lassus, Bergx. Ilannunlx urbe
natus anno M. D. XXX.
et finit par ces mots :
Obllt Monaci anno Sal. M. D. XXCV. Mt. LV. (î).
Elle fait naître l'artiste dix ans plus tard, et le fait
mourir neuf ans plus tôt, à l'âge de cinquanie-
cinq ans. Mais cette pièce est fausse de toute
évidence, car elle n'a jamais existé sur le tom-
beau de Lassus.
Au surplus toute incertitude a cessé récemment
pour la date de la mort de l'illustre musicien,
par la découverte d'une \Mre autographe de sa
veuve, écrite à l'archiduchesse d'Autriche Marie,
et dans laquelle elle informe la princesse qu'Or-
land de Lassus est décédé le 14 juin 1594. L'exis-
tence de ce document dans les archives de la
cour et de l'État, à Vienne, a été signalée par le
professeur Dehn, de Berlin, dans une lettre du
21 mars 1854, adressée au président de la société
des sciences du Hainaut (3).
Lassus fut inhumé dans le cimetière de l'église
des Franciscains, à Munich : on lui éleva ua
superbe tombeau en marbre rouge, haut de trois
palmes et demie (2 pieds 4 pouces), large de sept
(4 pieds 8 pouces ) , et orné de bas-reliefs repré-
sentant d'un côté le tombeau du Christ, avec les
(1) ^ General History ef,the science end praclice of
Jl/uJic, vol II, p. 498.
(!) Cette Inscription, rapportée par Hawkins in extenso,
n'est en quelque sorte que l'histoire abrégée de la vie de
Lassus, telle qu'on la trouve chez la plupart des auteurs
contemporains, particulièrement dans l'histoire de De
Thou, à lexceptlon delà différence des dates.
(1) Voyez le rapport de Camille Wins, nrésident de celte
société, publié sous ce titre : De la péff^ue yi Société
des sciences du Hainaut a prise d l'érection de lastutue
d'Orlando de Lassus, célèbre compositeur montais. Mons,
J854, page 17. Voici en quels termes s'exprime Dehn
concernant la lettre de la veuve de Lassus : « la dera
« gehelmen Haus, Hof, und Staats Arcbiv in Wlen befindet
« sich ein Brief von der eigenen Hand der Wlttwe des Be
« Lassus . den diesc an die Erzherzogln Marie von Oester-
« reich geschriebcn liât, und iu welchem sie dleser hohen
« Frau unterandern Nachrichten auch mlttheilt : dass
« Orland de Lassus am U Juni 1694 çestorben ist. »
saintes femmes, de l'autre les armoiries de Las-
sus, lui-même, sa femme, ses enfants et pelits-
enfants agenouillés. Aux deux côtés du bas-re-
lief, où est représenté le tombeau du Christ, sont
deux cartouches sculptés sur lesquels on lit
l'épitaphe suivante, composée par Sébastien liauer,.
de Haidenkeim :
Orlandi cincrcs, cheu! modo dulce loquentcs
Nunc mutos, cheu! nebllis urna prcmit,
Lassx sunt fleado Charités tua funera l^sse,
Principlbus multum, charcquc Casaribus.
Bclgica qucm tcUus genitrii dédit ingenioruni,
Ingenlorum altrlx Boja fovlt humus.
Corporls exuvlas codem quoquo Boja tciit,
l'ost lustra ac hyemes sens bis acta duas.
Robora, saxa, feras Orphcus, at hic Orphea traxlt.
tiarmonixque duces percutit harmonlâ.
Niiiic quia complevit totum concentibus orbem
Victor cum superis certat apud superos.
Ce tombeau resta dans le cimetière des Fran-
ciscains jusqu'en 1800. Lorsque ce cimetière fut
détruit, Heigel, arti.ste du théâtre de la cour,
et admirateur passionné des œuvres de Lassus,
le recueillit et le plaça dans son jardin, devenu
depuis lors la propriété d'une demoiselle de
Manntich. Il s'y trouvait encore en 1830. C'est
là que M. Schmiedhamer l'a découvert alors, et
en a fait prendre un dessin au trait, que Delmotte
a fait graver pour le publier dans sa notice,
avec la description.
Lassas eut de sa femme, Régine Weckinger,
morte le 5 juin 1600, quatre fils, Ferdinand, Ro-
dolphe, Jean et Ernest, et deux filles, Anne, et
Régine, qui devint la femme d'un seigneur d'Ach.
Peu de noms d'artistes ont eu autant de re-
tentissement que celui de Lassus ; il n'en est
point qui ait été plus connu non-Feulement des
musiciens, mais des gens du monde et même du
peuple. On a dit de lui :
Hic ille est Lassus lassura qui recréât orbcm,
Discordemque su4 copulat harmoniâ.
Et ces vers ne sont point une vaine flatterie de
quelque poêle obscur; ils s'accordent avec la
multitude d'éloges dont beaucoup de recueils du
temps sont remplis. Etienne Jodelle, contempo-
rain de Lassus, a fait en son honneur un poëme
français en cent soixante-douze vers, dont Duver-
dier nous a donné les vingt-sept premiers, dans
sa Bibliothèque française. Les diverses éditions
des Meslanges de Lassus, publiées par Adrien
LcRoyetles Ballard, portent en tête ces vers :
Bruta Orpheus, saxa Araphion. dclphlnas Arlon
Traxlt; at Orlaodus post se terramquc (retumque,
Post se traxlt item molera totlos Olympl.
Quanto Igitur major, quantoque potentlor unus
Orlandus tribus hls, Amphioae, Arione et Orpheul
Un enthousiasme égal pour ce compositeur se
214
LASSUS
rencontre dans les œuvres de Philippe Bocquier,
dans les Hydera illustrium llannonix scrip-
iorum de Brasseur, et dans les recueils de
beaucoup d'autres poêles des seizième et dix-
septième siècles. Adrien Le Roy, qui connaissait
l'ait, et qui en parlait bien, disait de lui, dans la
préface de son traité de musiiiue ( imprimé en
1585 ): • Ce grand maître et suprême ouvrier,
« l'excellente et docte veine duquel pourroit
« seule servir de loi et de reigle à la musique,
« attendu que les admirables inventions, ingé-
« nieuses dispositions, douceur agréable, pro-
« prêté nayve, nayveté propre, traits signalés, li-
« berté hardie, et plaisante harmonie de sa com-
« position fournissent assés de sujets pour
n recevoir sa musique, comme patron et exem-
« plaire, sur lequel on se peut seureraent ar-
» rêter. »
Le nombre des éditions des ouvrages de Las-
sus surpasse tout ce qu'on a fait pour aucun mu-
sicien ds ces temps déjà reculés; elles se-succé-
daient avec une rapidité qui indique clairement
le prompt débit qu'elles obtenaient. Depuis long-
temps on avait cessé de réimprimer les œuvres
des artistes les plus renommés du seizième siècle,
tandis que celles de Lassus étaient encore re-
produites par la presse. C'est ainsi que les mo-
tets de ce compositeur étaient encore publiés
par les t3allar(l en 1C77. De nos jours même, on
en a l'ait de nouvelles publications.
Une si vaste renommée, des succès si univer-
sels, si soutenus, offriraient des preuves irrécu-
sables du mérite de Lassus et de l'influence qu'il
a exercée sur l'art, lors même que nous ne pos-
séderions pas aujourd'hui d'autres moyens pour
nous éclairer sur la valeur de ses œuvres ; car
un homme médiocre n'a jamais été l'objet d'éloges
unanimes de plusieurs générations et de nations
diverses. L'examen attentif des productions de
Lassus nous démontre que ces éloges étaient
mérités. Ce n'est donc pas sans étonnement qu'on
lit dans les Mémoires sur la vie et les ouvrages
de Palestrina des paroles de mépris sur son illustre :
contemporain: Roland de Lassus, Flamand
de naissance, Flamand de style, stérile de
belles mélodies, privé d'âme et de feu, et qui,
avec quelques messes et quelques motets à
huit toix du genre choral, a usurpé cet éloge
outré : Lassum qui kecreat orbem (1). Qu'il y &!!■
d'injustice dans cette amère critique I Eh quoi !
|t) Urlando dt Lauus, Fiammingo di nascKa, Flammingo
<li stile, stérile dl bel cnncetti, prlvo di anima e di fuoco,
c che conalcune messe e motetti ad otlo voei di stile piano
si usurpô l'eccessivo elogio : Lassum qui recréât orbem.
{IHemor. storico-critir/ie délia vitti et délie opère di
(,ioi: Piert. da Palestrma, t. 2, p. 43J.)
Palestrina, le héros de l'abbé Baini, n'est-il
donc pas assez grand dans l'histoire de l'art, et
faut-il, pour l'élever encore, lui sacrifier la re-
nommée du plus illustre de ses contemporains?
Pour moi, admirateur sans réserve du grand
maître de l'école romaine, j'ose dire que tout est
faux et passionné dans ces paroles du savant
italien. Flamand de naissance! on pourrait
discuter là-dessus, puisque la langue fait la dif-
férence des peuples, et que Lassus était né Wallon ;
au surplus, on ne comprendrait guère qu'il y ertt
une injure dans celte qualification, si la suite de
la phrase ne lui donnait ce caractère. Flamand
de style! ceci est une erreur palpable <le
l'abbé Baini. Le style flamand, qui devint le mo-
dèle du style italien, au quinzième siècle et dans
la première partie du seizième , était composé
de recherches plus mécaniques que véritablement
esthétiques sur des motifs de chansons vulgair&s,
dont les mélodies et les paroles même faisaient
dans la musique d'église un monstrueux assem-
blage avec les textes sacrés. Or, ce qui distingue
particulièrement la musique de Lassus, ce qui fit
ses succès, ce qui donne à ses ouvrages le carac-
tère de l'originalité, c'est précisément qu'il se sé-
para de ce style et prit dans sa musique d'église
un caractère grave et simple, et dans ses compo-
sitions légères une manière élégante et facile.
Si quelquefois il suivit l'exemple des maîtres de
son temps, en écrivant quelques messes sur des
chansons populaires, on ne peut lui en faire un
reproche, car tout jeune artiste commence par
l'imitation. D'ailleurs, Palestrina lui-même n'a-
t-il pas fait la messe de l'Homme armé? Sui-
vant l'abbé Baini, Lassus éUit stérile de mé-
lodies (I), privé d'âme et de feu! Eh! mais,
c'est exactement le contraire; car c'est par la
mélodie (j'entends ici celle du système de son
temps) que ce maître se distingue de ses contem-
porains, et ce sont les chants de ses compositions
qui ont fait la popularité de ses succès. Si le cri-
tique italien avait fait remarquer que sa facture
içst inférieure à celle du célèbre maître de l'école
romaine, il aurait exprimé une vérité inattaqua-
ble ; car c'est suitout par son admirable correc-
tion, par son art inimitable de faire mouvoir
toutes les parties, et par son élégante manière
de faire chanW toutes les voix et de leur don-
ner de.ffnt^^, que Palestrina s'est placé au-
dessus de tous les musiciens; mais attaquer Las-
sus dans ce qui constitue précisément son talent,
il me semble que c'est plus que de l'injustice.
(1| Je rends concetti par mélodies parce que je ne sau-
rais lui donner d'autre signification en fnnçais sans une
longae pérlpiirase. Mélodie, dans le sens queje lui donne ^
signifie concert mélodieux.
LASSUS
2IÔ
L'abbé Baini prétend que Lassus a usurpé un
éloge outré avec quelques messes, quelques mo-
tets! D'abord, on n'usurpe pas les éloges de tous
les peuples, de tous les temps : ceux-là sont l<-iu-
jours mérités. Mais que veut dire Baini avet;
ces molsi : quelques messes, quelques motets?
Ignore-t-il donc que le nombre des compositions
de Lassus est de plus de deux mille? Or re-
marquez que c'est aussi un des signes du génie
que cette fécondité et ce besoin de produire qui
se manifesta dans la vie du compositeur belge
Jusqu'à ses derniers moments. Concluons de tout
ceci que la prévention nationale a exercé trop
d'influence sur le jugement d'un savant, ordinai-
rement bon juge, et lui a fait liasarder une cri-
tique acerbe que rien ne justifie. La gloire de
Lassus n'en restera pas moins intacte, et celle de
Paleslrina ne s'en trouvera pas diminuée.
On a vu qu'un souverain, le duc Albert V de
Bavière, ne crut pas manquera sa dignité en com-
posant un panégyrique à l'occasion du retour de
son maître de chapelle à Municli. Déjà ce prince
avait donné un éclatant témoignage de son admi-
ration pour le génie de Lassus, en faisant exé-
cuter une copie de ses Psaumes de la pénitence
avec un luxe dont il n'y a point d'exemple (1).
Ce superbe manuscrit est composé de quatre vo-
lumes in-folio reliés en maroquin avec des garni-
tures, des fermoirs et des serrures en vermeil ci-
selé et émaillé, dont le poids total est de 24 li-
vres. Des armoiries, des portraits en pied et en
buste du duc Albert, de Lassus, du peintre Jean
Mielîch, qui a exécuté les miniatures, de Samuel
Van Quickelberg, auteur des descriptions des vo-
lumes, de Mathieu Frisliammer, le calligraphe, de
Gaspard Lindel, qui a surveillé l'exécution de l'ou-
vrage entier, de Georges Seyhkein, orfèvre, qui a
fait les garnitures en argent et en vermeil, de Gas-
pard Rilter, relieur, enfin de belles miniatures
de la plus grande dimension, et des lettres his-
toriées en or et en couleur, en font un monument
unique. On en trouve la description dans la notice
de H. Delmotte (pag. 132-139). «
Liste des compositions de Lassus. Ouvrageâ
imprimés :
I. Messes : 1° Missarum quatuor vocum
liber primus. Venetiis , epud Antonium Gar-
danum, 1545, in-4''. — 1.° C y priant De Rare}
Annibalis Patavini et OrlanduM^er missarum,
quatuor, quinque et sex
dj^e
i^jl^'^enetijs ,'
(I) Je m'étais trompé lorsque J'ai dit dans mon mémoire
snries musiciens néerlandais que le duc avait fait exécuter
de cette manière une copie de tous les ouvrages de Las-
sus : ainsi que me l'écrivait plus tard Georges Pœlchau,
les revenus de ses États auraient à peine suffi à une telle
ai,igntficence.
15G6, in-4''. —3''Missx aliquot quinque vocum,.
Illustrât, principis D. Guilkelmi L'omit, râ-
lât. Rheni, etc , liberalitate in lucem editœ.
Monachii, Adam. Berg, 1574 in-fol. Ce volume
fait partie d'une collection imprimée ati\ frais du
duc de Bavière, et qui a pour titre général : Pa-
trocinium musices. Il contient six messes i à
voix. — 4° Liber missarum, quatuor et quin-
que vocum; Norimbergœ, 1581, in-4''. —
5° Missse cum cantico Beatx Marix ocio
modis musim ,-Parisiis, R. Ballard, 1583, in-fo-
lio. — 6" Missx decem cum quatuor vocibus ;
Venetiis, apud Ang. Gardanum, 1588, in-4''.
— 7" Missx aliquot quinque vocum ; Monachii,
excudebatAdamus Berg, 15S9, in-fol. Ce volume
est le deuxième des messes de la collection Pa-
trocinium musices.— s° Lassi (Orland.) Belgx,
musicorum Orphei, choroque apud sereniss.
Bojx principes annis 40 prxfecti. Missiv
posthumx sexritu veteriRomano Catholico,
in modes quà senos , quà octonos temperatx,
hactenùs ineditx ; et omnium quas edidit, se-
lectissimx : vulgatx demum affectu, studio
sumptu superstitis filii Rudolphi de Lasso ,
sereniss. Bojor. Duci Maximiliano ab odis
aique organis. Monachii, ex typograpbiâ mus.
Nicolai Henrici, 1610, in-fol. max. C'est la même
collection que Draudius a citée sous un titre
altéré , avec l'adresse du libraire Jean Kniger,
et la date de 1611. Peut-être a-t-il été fait un
nouveau frontispice avec ce nom et cette date. A
l'égard de l'édition de 1612, citée par le baron de
Reiffenberg (Lettre à M. Fétis, etc., sur quelques
particularités de fhistoire musicale de la
Belgique], je crois qu'elle n'existe pas, et qu'il
y a erreur de dat3.
TI. Magnificat. — 9° Magnificat octo tono-
7-u7n, quatuor, quinque et sex vocum. Norim-
bergœ, 1567, inT4''. L'éd. de 1568 citée par le ba-
ron de Reiffenbergcst supposée par Draudius, qui
s'e^t souvent trompé sur les dates. — 10° Magni-
ficat ocio tonorum, quinque et sex vocum. No-
rimbergœ, 1572, in-fol. — 1 1° Octo eantica divx
Marix Virginis qux vulgà Magnificat appel-
lantur secundum singulos octo tonorum qua-
ternis vocibus. Monachii, 1573, in-fol. max.
Une deuxième édition de ces Magnificat a élé
publiée à Paris par Adrian Le Roy et Robert Bal-
lard, 1581, in-4''. — il" Magnificat aliquot 4, 5,
6 e^ 8 vocum. Monachii, Adamus Berg, 1576,
in-fol. Ces Magnificat font partie de la collection
qui renferme deux livres de messes, un livre de
motels, un d'hymnes et d'antiennes pour les
principales fêtes de l'année, une Passion à 5 voix,
les leçons de Job, et les leçons des matines <le
Noël à 4 voix ; elle a été publiée en 6 voliiiiR<i
'216
LASSUS
in-foKo, depuis 1573 jusqu'en 1589, aux frais du
duc Guillaume de Bavière avec l'inscriplion gé-
nérale de Patrocinhim musices. Il a été fait
en 1580 une deuxième édition des hymnes et an-
tiennes sous ce titre : Officia aliquot de prx-
cipuis festis anni, in-fol. — 13' Lassi sereniss.
Bojorum ducis symphoniacorum prafecii,
cantica sacra , recens numeris ei modulis mu-
sicis ornât a, nec alibi antea typis vulgata,sex
ctocto vocibus: Monachii, excudebat Ad. Berg,
1585, in-4''. C'est ce même ouvrage que Drau-
dius a donné sous le titre tronqué de Cantica
sacra 6 et S vocum, et avec la fausse date de
Munich, 1383. — 14° Magnificat i, à et 6 voci-
bus ad imitationem cantilenarum quarum
singulari concentus hilaritate excellentium ,
Monachii, Adam. Berg, 1587, in-fol. C'est le
même ouvrage que Draudius cite avec un titre
abrégé, sous la date de 1588. — \:>^ Magni-
ficat octo tonorum suaviss. modulationes qua-
tuor vocum. ; Mediolani, apud Franc, et iisered.
Simon. Tini, 1590. — IG" Magnificat octo tono-
rum 4, 5 e/ 6 vocum. August. Vindel., 1601.
— 17° Lassi {Orlandi) serenissimorum Ba-
varix ducum Albertiet Guilielmi music. Prse-
fecti Jubilus B. Virginis, hoc est centum Ma-
gnificat, labore et impenso liodolphi de Lasso
sereniss. utriusque Bavarix ducis Maximi-
liani, etc., melopœiet organistes prxlaudati ;
Monaciiii, 1619, in-4''. Ces Magnijicat sont à
cinq, six, sept, huit et dix voix. C'est le même
recueil que Draudius a indique sous la fausse date
de 1621. Précieuse collection de tous les Ma-
gnificat composés par Lassus et revus avec soin
par son fils Rodolphe.
III. PsAt'MES — 18" Lassi musicorum apud
sereniss. Bavariee ducem Guillielmum, etc.,
Rectoris Psalmi Davidici pœnitentiales , mo-
dis musicis reddiii, atque antehac nunquam
in lucem editi. Jlis accessit Psalmus : « Lau-
date Dominum de cœlis » quinque vocam ^
Monachii, Ad. Berg. 1584, in-4°. Une deuxième
édition de ce recueil a été publiée à Douar, erj.
1600. — 19° Psalmi sacri 3 vocum, Monachii^
1588, in-4°. Le.^ mômes, traduits en allema!rd,v
Zurich, 1594, !n-4°. —IQ" Cinquante psaumes
de David avec la musique à 5 parties par
Orlande de Lassus; vingt autres psaumes à
5 et 6 parties par divers musiciens; Heidel-
berg, Commeiin, 1597, in-4° (cilé par de
Reiffenberg : Lettre à M. Félis, etc.), et sotis
un titre latin, par Paul Balduanus {Biblioth.
philos., p. 184).
IV. Lamentations et leçons. — 2i° Sacnc
Icctiones novcm ex propheta Job, quatuor
vocum t in officiis dcfunclorum cunlari so-
litx, etc.; principi Alberto corn. Palat. Rheni,
utriusque Bavurix Duci, etc., dedicatx; Ve-
netiis, apud Ant. GardanUm, 1565, in-4''.
Une deuxième édition de cet ouvrage a été pu-
bliée à Lyon, en 1566, sous ce titre : Novem lec-
tiones ex historia Job, quatuor vocum. Il y
en a une troisième intitulée : Lectiones novem
ex Jobi voc; Norimbergac, apud Gerlach, 1567;
et une quatrième, Louvain, 1572. Je doute de
l'existence des éditions de Venise, 1573, citée par
Draudius, et de Louvaio, 1577, par de Reif-
fenberg, et je pense que ce sont les éditions de
1566 et de 1572 avec de nouveaux frontispices.
A l'égard de l'édition de Nuremberg, 1597, je la
crois réelle. Je possède une édition de ces leçons
qui n'est citée par aucun biographe et qui a
pour titre : Lectiones sacrx novem, ex libris
Hiob excerptx, musicis numeris jam recens
compositx, nec non alia nonnullx pix
cantiones, omnibus qui iam vivx vocis quam
instrumentorum musicorum, cantu non impa-
rité utuntur, apprimè accommodât X quatuor
vocum. Monachii excudebat Adamus Berg,
annoDomini, 1582, in^^obl. — ll^'Passio 5 vo-
cum. Item lectiones Job, et lectiones matutinx
de nativitate i vocum. Monachii, Adam. Berg,
1575, in-fol. C'est le même recueil que Draudius
cite sous ce titre .- Patrocinii musices, Passio
quinque vocum, et lectiones matutinx de na-
tivitateChristi, quatuor vocum, pars quarta,
et avec la fausse date de 1565. — 23° Lassi sere-
niss. Bavarix ducis Guilelmus, etc. sacelli
magistri Hieremix prophetx lamentationes
et alix pix cantiones nunquam antehac visx.
Monachii, Ad. Berg. 1585, in-4^ Il y a des exertn-
plaires (le cette édition qui portent l'adresse ;
Francofurtii , Steinius, 1585. Je crois que ce
sont les mêmes lamentations de Jerémie qui ont
été réimies avec la Passion à 5 voix (voyez
rtf.22) , dans une édition qui a pour litre : Jere-
mix prophetx dcvoiissimx lamentationes cum
Jassiohe Domini domin. palmarum qnin-
ue vocum, aicctore Orlando Lasso; Lutetise
' Parisiorum, apudAdrianum Le Roy et Robertum
Ballard, 1586, in-4°. — 24° Moduli quatuor et
octo vocum partim à queritaliouibus Job,
i^artim è psalm. Davidïs et aliis scripturx
^qcis descripti, Orlando Lassusio auctore; Ku-
kpellse (Ij^Rq^lle), apud P. Haultinum, 1576,
rin-4°. W« deuxième édition de ce recueil, qui
contient près de cent morceaux , a été publiée
à Pari.s, chez Adrien Le Roy et Robert Ballard,
1587, in-4°. — 25° Le Lagrlme di S. Pietro
descritte del Signor Luigi Tansillo; Munich,
Adam. Berg, 1595, in-l'o!. Avec un portrait de
Lassus (xtalisLXll anno) portant la date 1594,
LASSUS
217
pt une dédicace au pape Clément VU F, datée du
?5 mai (le la même année.
V. Motets. Les indications des recueils de tes
compositions de Lassus sont souvent trop vagues,
« t les éditeurs en ont fait trop de mt^langes dif-
f.'rents, pour qu'il .soit possible d'en faire une
classification certaine et sans double emploi.
11 faut aussi remarquer que des motets ont été
arrangés sur des chansons profanes, ou môme
obscènes, et que celles-ci ont été quelquefois
parodiées sur des motets. — SC^ Il primo libro
de' Moteiti di Orlando di Lasso; Venise, Ant.
Gardane, 1545, in-4''. Le nombre de voix de ces
motets n'étant point indiqué, j'ignore si le recueil
suivant est une autre édition du même : Il primo
libro de' moteiti a à et & voci nuovamente
posti in luce; In An versa, per Johanne Latio
(Jean Laet), 1556, in-4°. Cet ouvrage est dédié
à Antoine Perrenot, évêque d'Arras , depuis car-
dinal de Granvelle. — 27" Sacrée cantiones
(vulgo moteta appellatae) b et 6 vocum;
liber secimdws ; Veneliis , Rampazelto, 1560,
in-4°. La même collection a été reproduite par le
même imprimeur, en 1562, avec un nouveau
frontispice. Une autre édition de ces deux pre-
miers livres de motets a été publiée à Paris, en
1571, in-4°, par Adrien Le Roy et Robert Bal-
lard, et dédiée à Charles IX : elle est à la Biblio-
thèque royale de Munich. — 28° Sacrx cantio-
nes quinque vocum cum viva voce tum omnis
generis instrumentis cantatu commodissimx;
Norimbergae, 1562, iu-4 '. Cet ouvrage est dédié
par Lassus au duc Albert de Bavière, le 1"^ juin
1502; il contient vingt-cinq motets. — 29° Sa-
crue cantiones (vulgo moteta appellatge ) quin-
que vocum cum vivd voce tum omnis generis
instrumentis cantatu commodissimx; Venetiis,
apud Ant. Gardanum, 1565, in-4°. L'épître dédi-
catoire à Albert, duc de Bavière, est datée du
1«' novembre 1562. Cette édition est la repro-
duction de celle de Nuremberg, datée de 1562.
Gardane a publié le second livre de motels, à 5
et à 6 voix, dans la même année, et Jérôme Scoto
a donné à Venise, également en 1565, des édi-
tions du premier et du second livre des mêmes
motets. Ces éditions se trouvent à la bibliolhèque
du Lycée communal de musique, à Bologne. —
30° Sacrx cantiones {vulgo moteta ^mpellatx)
h et% vocum,; liber tertius; Venetii^^ud Ant.
Gardanum, 1566, in-4°. Cet œuvre contient
trente motets. — 31° Sacrx cantiones (vulgo
moteta appellatx) & et % vocum; liber quar-
tus, ibid. 1566, in-4°. Une autre édition de ce
«piatrième livre a été publiée à Venise, en 1569,
in-4°, et il en a paru une troisième en 1586, chez
le même. Tous ces recueils sont à la bibliothèque
de Munich. La collection suivante, citée par
Draudius, paraît être un choix des précédentes :
Motetorum libri duo, quatuor, quinque, sex,
octo et decem vocum; Parisiis, 1566. 11 en est
de même de cellescci : Selectissimx cantiones,
quas vulgo motetas vocant, partim omnino
novx, partim nusquam in Germania excusx,
sex et pluribus rocibus compositx ; Norim-
bergaj, 1568, in-4°; Selectissimx cantiones,
quas vulgo motetta vocant, i et b vocibus,
ibid., 1568, in-4°. Ce recueil est divisé en deux
parties ; la première partie contient cinquante et
un motets ; la secontle soixante-deux. Ces deux
recueils sont dans la bibliothèque de Munich.
Gerber cite aussi : Selectissimx cantiones sex
vocum, ibid., 1569 : c'est, je crois, l'édition pré-
cédente avec une date inexacte. Gerlach a donné
uneautre édition deces motets à 6 et un plu» grand
nombre de voix, a Nuremberg, en 1579, sous ce
titre : Selectissimx cantiones , sex et plur. vo-
cibus, pars prima et altéra. J'ai vu la partie du
basse de cette édition à Augsbourg, chez le libraire
antiquaire Butsch. — 32° Lassi Illustr. Bava-
rix ducis Alberti musici chori rnagistri selec-
iiorum aliquot cantionum sacrorum sex vo-
cum fasciculus adjunciis in fine tribus dialogis
octo vocum, quorum nihil adhuc in lucem est
erfi<u??i; Monachii , excud. Adam. Derg, 1570^
in-4''. Cette collection, qui contient vingt-troi»
morceaux, est le cinquième livre de motets ; elle
est dédiée par Lassus à Jean, abbé de Weingar-
ten. — 33°Moduli quinis vocibus nunquamhac-
tenus editi, Monachii Doiorum composai;
Luiet'ae Parisiorum, apud Adrianum Le Roy et
Roberlum Ballard, 1571, in-4°. Sixième livre,
dédié par Lassus au duc Guillaume pendant son
séjour à Paris, avec des vers français du com-
positeur. Une édition de ce recueil a été publiée
à Munich, dans la même année, et Claude Me-
ndo en a donné une autre à Venise, en 1569, avec
le titre : Sesto libro de' Mottetti a cinque voci.
Celle-ci, comme on voit, avait précédé de deux
ans celle de Paris, ce qui indique que Lassus
a seulement revu son ouvrage dans cette ville,
pour lui donner plus de perfection. Dans la même
année où ce sixième livre fut publié par Adrien
Le Roy et Robert Ballard, les mêmes édileuis
avaient donné une édition des trois premiersiivres
à cinq voix sous le titre -. Primus liber (secun-
dus, tertius) Modulorum quinis vocibus con-
stantium. Ilsdonnèrent ensuite : Moduli quatuor
et octo vocum, 1572, et Moduli sex, septem et
duodecim vocum, 1573, petit in-4° obi. —
34° Cantionum quos motetos vocant opus no-
vum, pars I. Illusirissimi principis D. Guil-
helmi comil. Palatin. Rheni etc. liberalitaie
21 s
LASSUS
in lucem editxim; Monachii, Adam. Cerg, 1573,
in-fol. max.; avec le portrait du duc Guillaume,
et une dédicace de l'auteur à ce prince. C'est la
première partie de la collection in-fol. de motets,
messes, Magnificat, etc., pour l'usage de la cha-
pelle royale sous le titre général de Pairocinium
viusices. Delmotte a pensé que cette collec-
tion renferme tout ce que Lassus avait publié
précédemment ; mais les mots opus novum dé-
mentent cette opinion. Ces motets doivent for-
mer le septième livre. Draudius a cru que les
cinq volumes qui composent celte collection ap-
partenaient aux motets, et il a cité l'ouvrage
sous ce titre : Cantionum qiios motetos vacant
opus novum V (omis digestum, quorum 1, 2,
3 e< 4 m lucem prodierunt grandissimis pro
choro 7iotis et folio regall; Monachii, Adam.
Berg, 1573, in-fol. maximo. Une deuxième édition
de ces motets a été publiée à Nuremberg, en 1575,
in-4°. Une autre édition de ce recueil a paru à "Ve-
nise, en 1585, sous ce titre : Ilsettimo libro dimo-
teiti del Orlando di Lasso, a cinque voci, in-4°.
— 36° Novse aliquot ad duas voces cantiones
suavissimx. Monachii, Ad. Berg, 1577, in^"
obi. Le même ouvrage a été réimprimé sous ce ti-
tre : Moduli dxiarumvocum nunquam hactenus
editi;Luieti8eParisiorum,apud Adrianum, Le
Roi et Bob. Ballard, 1578. On voit que ces mots
nunquam hactenus editi étaient une superche-
rie des éditeurs français. — 37° Lassi musicorum
apud sereniss. Bavarix ducem Guillebnum
rectoris Motetta sex vocum; Monachii, exoude-
bat Adam. Berg, 1582, in-4°. La deuxième partie
de ce recueil contient des molets à cinq voix : elle
a pour titre : Lassi musicorum apud ser<^niss.
Bavarise ducem Guilielmum, etc., rectoris
Sacrx Cantiones quinjue vocum ; Monachii ,
excudebat Adam. Berg, 1582, in-4°. Draudius et
Gesner citent ce recueil, avec la même date,
mais sous des titres différents. J'ignore si celte
collection doit être considérée comme le huitième
livre, ou si elle ne renferme qu'un choix de pièces
des recueils précédents. — 37° Lassi serenissimi
Bavarix ducis Guilielmi, etc., musicorum
prxfecti Sacrx Cantiones : antehac nunquam
visx, nec typis uspiam (sic) excusx, quatuor
vocum^ Monachii, Adam. Berg, 1585, in-4°. Hui-
tième ou neuvième livre , avec une dédicace de
Lassus à Alexandre II Fugger, prévôt de r('glise
cathédrale de Frisinge. Une deuxième édition a été
publiée sous ce titre : Sacrarum cantionum
moduli quatuor vocibus contexti. Auctore Or-
lando Lassusio ; Lutetiae Parisiorum, apud Adria-
num Le Roy et Robertum Ballard, 1586, in-4°.
On a donné à Venise, en 1586, comme huitième
livre des motets de Lassus, une compilation in-
titulée : Il otiavo libro de' Motetti di Orlando
di Lasso, al, k, 6 es voci. Les recueils inti-
tulés : // nono libro de' motetti di Orlando di
Lasso,asei voci, Venise, 1589, in-4°; /i decimo
libro de' motetti di Orlando di Lasso, ibid.,
1593, et II undecimo libro de' Motetti, sont
également des compilations. — 38° Sacrx can-
tiones quinque vocum , qux cum vivx voc.
tum omnis generis imtrumentis musicis corn-
modissime applicari possunt. Opus plane no-
vum nunquam ante typis excusum, jam,
pridem summa diligentia composituin, ac
sine menda in lucem editum, authore Orlan-
do de Lasso, musicorum apudlllustriss. Bava-
rix Ducem Guilielmum, etc., rectori. Monachii,
excudebat Ad. Berg, 1587, in-4°. Si ce titre
n'est pas une supercherie, qui ne peut se supposer
dans une ville où vivait Lassus, c'est le neu-
vième ou dixième livre de motels. — 39° Can-
tiones sacrx sex vocum, quas vulgo motectas
vacant, nunc primum lucem aspicientes, tum
vivx vocis, tum omnivario instrumentorum
concentui accommodatx, etsingulari confectx
industria, Authore, etc. Grxtii Styrix, excu-
debat Georgius Widmanstadius , 1594, in-4°.
Diverses réimpressions des anciens livres de mo-
tets ont aussi été faites, mais sans indication de
numéro d'ordre : je citerai les suivantes : Selec-
tissimx cantiones, quas vulgo motetos vo'
cant, partim omnina novx, partim nusquam,
in Germania excusx, sex et pluribus vocibus
compasitx,per excellentissimum musicum Or-
landum de Lassus; Norimbergœ, 1587, in-4".
— Moduli quinque vocum, auctore Orlando
Lassusio ; iMi&Waè Parisiorum, apud Adrianum
Le Roy et Robertum Ballard, 1588, in-4°. —
Moduli sex vocum, auctore Orlando Lassu-
sio; ibid., 1588, in-4°. — Sacrarum cantionum
flosculi Orlandi di Lasso; Antuerp., 1G07,
in-4°.
Il a été fait plusieurs éditions de collections
générales des motets de Lassus. La première a
pour titre : Lassi musici prxstantissimi fas-
ciculi aliquot sacrarum cantionum cum qua-
tuor, quinque, sex et acto vocibus, antea
quidem separatim excusi, nunc vero auctoris
cansensu in unum corpus redacti; Norimbergae,
in officin^erlachiana, 1583, 6 vol. in-4°. Après
sa mort^nls, Ferdinand et Rodolphe, élevèrent
un monument à sa mémoire en publiant un re-
cueil de tous ses motets lalins déjà connus ou
inédits, au nombre de 510. Cette belle et pré-
cieuse collection est intitulée : Magnum opus
musicum Orlandi de Lasso Capellx Bavarix
quondam magistri, complectens amnes can-
tiones quas vulgo motetas vacant, tain antea
LASSUS
'2\'.i
éditas quant hactenus nonclum publicatas 2,
3, 4, 5, 6, 7, 8, 10, 12 vocum. A Ferdinando se-
renissimi Bavarhv ducis Maximillani musi-
corumprxfecto, et Rudolpho, eidcm principi
ab organis, authoris filiis, sutnmo studio col-
lectum, et impensis eorundem typis manda-
tuni; Monacliii ,N. Henricus, 1604,6 vol. in-fol.,
qui contiennent : Cantus, Altus, Ténor, Bassus,
Quinta et Sexta pars. On y a joint un septième
volume, plus rare que les autres et qui a pour
(itre : In magni illust. magni Bojoarix ducis
symphoniardix Orlandi de Lasso magnum
opus musicum, Bassus ad orgamnn ntudio
Casparis Vincent ii Audanariensis Arthesii in
cathedral. Wirceburgerisis organœdi. Septima
pars; Wirceburgi, typis J. Volamari, 1625, jn-fol.
Je ne crois pas que l'édition d'Augsbourg, du
Magnum opus, citée par Draudius et d'autres,
existe.
Des motets de Lassus ont été publiés conjoin-
tement avec ceux de quelques autres musiciens
dans divers recueils, dont je citerai les suivants :
1° Orlandi de Lassus et Cijpriani de Rore
cantionum sacrarum lib. II, 4 vocum; Lo-
vanii, 1569, in-4°. — 2° Premier livre du mes-
lange des psaumes et cantiques à trois parties,
recueillis de la musique d'Orlande de Lassus
et autres excellens musiciens de nostre temps
(sans nom de lieu), 1577, in-S". — 3° Second
livre du meslange des psaumes et cantiques à
trois parties, recueillis de la musique d'Or-
lande de Lassus et autres excellens musiciens
de nostre temps (sans nom de lieu), 1578,
in-8°. — 4° Theatrum musicum Orlandi de
Lassus aliorumque prscstantissimorum musi-
corum selectissimas cantiones sacras, quatuor,
quinque et plurium vocum reprxsentans.
Liber primus; Argentorati, 1580, in-4''. —
5° Theatrice musici Orlandi de Lassus, alio-
rumque prxstantiss. musicorum selectissimas
cantiones 4, 5 et plurium vocum représen-
tant; liber secundus; ibid., 1580, in-4°. —
6° Cantiones sacrée ab Orlando di Lasso et
ejus filio Rudolpho, sex vocibus compositx,
typis jam primum subjectas; Monachii, 1601,
in-4". — 7° Liber primus. Cantiones sacrx. Ma-
gnificat vacant, b et & vocum, auctore Or-
lando Lasso. His accesserunt quatuor ab
ejusdem Orlandi filio Ferdinandc^h Lasso
compositx, jam primum in luce^n editx ; Mo-
nacliii, Nicol. Henricus, 1602, in-4''. On peut
voir aussi le Florilegium Portense de Boden-
sciiatz et d'autres recueils du commencement du
dix-septième siècle.
VI. Madrigaux et chansons latines , fran-
çaises et allemandes — 40** tl primo e seconda
libra de' madrigali a cinque voci; in Vinegia,
appresso Girolaino Scoto, I55y , in-4"'. Une édi-
tion précédente des deux premiers livres de ces
madrigaux avait été publiée à Venise, chez An-
toine Gardane, et 1555 en 1559. — 41° H
primo libra de' madrigali a quattro voci, in-
sieme alcuni madrigali d'altri autori; in Te-
netia, appresso di Antonio Gardano, 1560, in-4''.
La première édition de ce recueil a paru à Rome ,
chez Valerio Dorico , en février 1560, sous ce
litre : Il primo libra delli madrigali d' Orlando
Lasso et altri eccellenti musici, a quatro voci.
Les autres compositeurs dont il y a des madri-
gaux dans ce recueil sont Francesco Roselli et
Jean -Dominique de Noia. Une deuxième édition
de cet œuvre a été faite à Venise, en 1562.
Dans la même année, il a été fait une deuxième
édition du deuxième livre des madrigaux à cinq;
Venise , chez Jérôme Scoto , in-4"'. D'autres
réimpressions des mêmes madrigaux ont été pu-
bliées dans la même ville chez Antoine Gardane,
en 1566, 1568 et 1570. — 42° Di Madrigali a
quattro voci il seconda libra; Roma , apjiresso
Antonio Barré, 1563, in-4°; réimprimé à Ve-
nise en 1569 et 1573. — 43" Il terzo libra de'
Madrigali del eccellentissimo Orlando di,
Lasso a quattro voci; in Venetia , appresso
Gardano, 1564, in-4"'. Plusieurs fois réimprimé.
— 44° Il libro terzo dé' Madrigali a cinque
voci; ibid., 1564, in-4°. La deuxième édition a
paru sous ce titre : Il terzo libro de' Madri-
gali a cinque voci, novamenie per Antonio
Gardano ristampato ; in Venelia, 1566 , in-4°.
L'année suivante, un choix des deuxième et troi-
sième livres de madrigaux à 4 et 5 voix a 'été
publié sous ce titre : It terzo libra de' Madri-
gali a i e 5 voci; Venezia, 1567, in-4°. —
ià° De' Madrigali delV attimo Orlando diLasso
a cinque voci il quarto libra ; in Venezia, ap-
presso Antonio Gardano, 1567, in-i"; réim-
primé dans la même ville en 1587, et vraisem-
blablement auparavant. Dans l'intervalle, diffé-
rents choix des madrigaux de Lassus avaient
été publiés par lui-même, ou par différents édi-
teurs, entre autres ceux-ci: Madrigali nava-
mente composti a cinque voci; Nuremberg,
Catherine Gerlach, 1585, in-4° (avec une
dédicace de Lassus au comte Bevilacqua).
Draudius cite aussi : Madrigali a i , S e 6
voci, Norimbergae, 1587, in-4°, et Madrigali
ai, 5,6 et 8 voci, Anvers, Jean Bellere,
1593, in-4". —46° Il quinta libro de' Madri-
gali a 4 voci, del Orlando di Lasso; in Venezia
1587 , in-4°. Il est viaisemblable qu'il y en a des
éditions antérieures. — 47° Il sesto libra de*
Madrigali ak et h vaci, di Orlando di Lassa,
220
LASSlfS
in Venezia, 1588, in 4». — 48° Libro di VU-
lanelle, moresche ed altre canzoni a'i, 5, 6
ed 8 voci; Paris, Adrien Le Roy et Robert
Ballard , in-4" obi.; réimprimé à Anvers en 1582.
Delmotte reprend Brunet d'avoir écrit dans le
Supplément de son Manuel du Libraire (t. 2,
p. 284), moresche, à quoi il veut qu'on subs-
titue motesche; mais il se trompe : la mo-
resque était une sorte d'air en tisage dans les
seizième et dix-septième siècles : motesche n'est
pas italien et n'a point de signification. — 49" Le
quatorzième livre à quatre parties contenant
dix-huit chansons italiennes, six chansons
françaises et six motets faicts ( à la nouvelle
composition d'aucuns d'Italie ) par Rolando
de Lassus; nouvellement imprimé à Anvers
par Tyiman Susato, 1555, in-4''. Ce recueil
n'est indiqué comme quatorzième livre que parce
qu'il appartient à une collection de divers au-
teurs publiée par Tyiman Susato. — 60° Las-
sus, maistre de la chapelle de l'excellentis-
sime et illustrissime duc de Bavière. Nou-
velles chansons à quatre parties convena-
bles tant à la voix comme aux instruments.
Le premier livre, en Anvers, par Jean Laet,
1566, cum privilegio, in-4°. 11 doit y avoir des
éditions antérieures, car le quatrième livre a
été publié en 1564. — 51° Lassus, le second
livre des nouvelles chansons tant à quatre
comtne à cinq parties. En Anvers, par Jean
Laet, 1566, in-4°. — 52° Tiers livre des chan-
sons à quatre, cinq et six parties convena-
bles tant aux instruments qu'a la voix, im-
primé à Louvain, par Pierre Phalèse, 1566,
avec grâce et privilège, in-4°. La dernière
chanson de ce recueil a pour texte ces vers de
Virgile :
Tltyre , tu patulx recubaas sub tegmtne fagi, etc.
— 53° Le quart livre des chansons nouvelle-
ment composées par Roland de Lassus, conve-
nables tant aux Instruments comme à la voix,
en Anvers, par Jean Laet, 1564, in-4». Dans
la même année, une autre édition a été publiée
sous ce litre : Quatriesme livre des chan-
sons, etc., Louvain. Pierre Phalèse, 1564,
in-4°. Un choix de chansons de ces quatre li-
vres fut donné par le même imprimeur, en 1570,
avec d'autres chansons de Cyprien de Rore et de
Philippe de Mons, sous ces titres : Premier livre
des chansons à quatre et cincq parties com-
posées par Orlando di Lassus, Cyprian de
Rore, etc., convenables tant aux instruments
comme à la voix, in-4''. — Second livre des
chansons à quatre et cinq parties , etc. —
Tiers livre des chansons à quatre, cinq et six
parties, etc. — Quatriesme livre des chansons
à quatre et cinq parties , etc. Draudius cite une
autre édition de ces quatre livres de chansons
imprimée à Francfort, en J570, chez Stein ,
in-4'. — 54° Livre de chansons nouvelles à
cinq parties, avec deux dialogues à huict ,
Paris, 1571, in 4°. Lassus a publié lui-mêuie
ce recueil pendant son voyage à Paris, avec,
une ode en vers français adressée à Charles IX.
Le même ouvrage a paru l'anni^e suivante
à Louvain, chez Pierre Phalèse, in-4°, sous
ce titre : Livre V de chansons nouvelles à
5 parties , avec deux dialogues. Il en a été
fait une troisième édition par la veuve Ballard
et son fils Pierre Ballard , 1599, in-8°. — 55°i>/o-
duli duobus vel tribus vocibus, auctorc Or-
lando de Lasso; lib. 1; Monachii , 1582, in-4*.
— 56° Cnntiones elegiacx suavissimx duobus
vocibus, lib. 2; Antuerpiœ, 1598, in-4° obi.
— 57° Orlandi di Lasso prophetix Sibylla-
rum quatuor vocibus chromatico more
singulari confectx industria et per Rodol-
phum cjus filium typis datx ; Augustae , apud
Georg. Willer, 1600, in-8°— hS'^ Lassus, maure
de la chapelle ducale bavaroise. IVouvelles
chansons allemandes à cinq voix , propres à
chanter sur tous les instruments; Munich,
Adam Berg, 1567, in-4° — 59° Deuxième
partie des chansons allemandes à cinq voix ( en
allemand); ibid., 1573, in-4° — 60° Troisième
partie des belles chansons allemandes nouvelles
à cinq voix, avec une gaie cliansonnetfe fran-
çaise ( en allemand ), ibid., 1576 , in-4°. — 61°
Teutsche und Franzœsische Gesxng mit 6
Stimmen ( Chansons nouvelles allemandes et
françaises ); Munich, Adam Berg, 1590,in-4°.
— 62° Etiiche ausserlesene kurze, gute,
geistliche und weltliche Liedlein mit 4 Stim-
men, so zu vorin franzœsischer Sprache auss-
gangen, jetzund aber mit teutschen Texten,
und mit des Authors Bewilligung in Truck
gegeben, durch Johann Bilhler von Schwanr
dorff ( Quelques chansons choisies , tant spiri-
tuelles que profanes , à 4 voix , d'abord compo-
sées sur des paroles françaises , mais aujourd'hui
publiées en allemand , etc. Imprimées du con-
sentement de l'auteur par Jean Biihler de Sclman-
dorff, en sm vivant maître de chapelle de l'em-
pereur F^Ruand , de glorieuse mémoire , puis
professeur à l'église collégiale de Ratisbonne ) ; Mu-
nich, Adam Berg, 1 582, in-4°. Ce recueil contient
30 chansons. — 63°Sex cautiones latinœ, quatuor,
adjuncto dialogo octo vocum. — Sechs teutsche
Lieder mitk Stimmen, sammt einem dialogo
mit 8 Stimmen. — Six chansons françaises nou-
velles à 4 voix, avec un dialogue à huit. — Sei
I
LASSUS
221
madrigali nuovi a quatro, conundialogo a otto
voeJ;Monacliii,perAiiaiuiiinHerg,l573, in-4"obl.
Des tirages diftérents ont été faits du même ou-
vrage, pourcliacune de ces langues, cliez le même
imprimeur et avec la même date. — 64" ISeue
teutsche Liedlein mit fûnf Stimmen.... su
singen, und aufallerley Instrumenten zu ge-
brauchen. I, II, III Theil. Mùnclien, bei Adam
Berg; 1567-1576, in-4"' obi 65''7Vewc teutsche
und etliche franzœsische Gesxng mit sechs
Stimmen; Miinchen, bei Adam Berg, 1590,
in-4'' obi. Après la publication de ce cinquième
livre par Lassus, il a été fait une multitude de
coliedions complètes ou choisies de mélanges, de
parodies de motets en cbansons ou de chansons
en motels, et de traductions de madrigaux ou
de cliansons allemandes et latines, sur la musique
de cet homme célèbre. Les plus connues de
ces publications sont celles dont les titres sui-
vent : 1° Meslange contenant plusieurs chan-
sons latines et françaises à 4, 5 , 6, 8 eMO
parties; Paris, 1570 , in-4°, avec le portrait de
Lassus gravé en bois, cinq distiques latins de
Gahori m effigiem Lassi, et trois hexamètres
de Jodelle sur le même portrait — 2° Meslanges
a'Orlande de Lassus , ou recueil de ses plus
beaux ouvrages en musique ; Pàth , Adrien
Le Roy et Robert Ballard, 1576, in-4°. —
:«" Continuation des meslanges d'Orlande de
Lassus; Paris, Adrian Le Roy, 1584, in-4". —
4" Continuation des meslanges d'Orlande de
Lassus, Paris, Adrian Le Roy et la veuve
H. Ballard, 1586, in^". Une nouvelle édition
complète de ces Meslanges a été publiée à Paris,
chez Pierre Ballard, en 1619, ia-8''. — b°Thrésor
de musique d'Orlande de Lassus, conte-
nant ses chansons, à quatre, cinq et six par-
ties (sans nom de lieu), 1576, in-8°. L'impri-
meur, en s'adressant aux musiciens , s'excuse de
ne pouvoir publier toutes les cliansons d'Or-
lande à cinq et six parties comme celles qui sont
à quatre voix , et il promet de présenter à la
deuxième édition un thrésor accompli. Cette
promesse a été réalisée dans Le Thrésor de viu-
sique d'Orlande de Lassus, prince des musi-
ciens de nostre temps, contenant ses chan-
sons françoises, italiennes et latines, à
quatre, cinq et six parties : augmentées de
plus de la moitié en ceste seconde édition
(sans nom de lieu), 1582,in-12. Cé^^ecueil
contient 183 chansons. L'éditeur explique dans
la dt^dicace les motifs qui l'ont porté à changer
les paroles peu chastes de la plupart des chan-
sons de Lassus, pour leur en substituer d'au-
tres plus honnêtes. On peut lire ce passage cu-
rieux dans la notice de Delmotte(p. 107 et suiv )
La troisième édition du Thrésor a paru chez
R. Ballard, en 1594. C'est cette même édition
que Draudius a citée ( sans nom de lieu ) sous
le litre latin : Thésaurus musicus cantionum
Gall. Ital. Latin. 4, 5, 6 vocum, et avec la
fausse date de 1595. Il en a été publié une qua-
trième à Cologne, dans la même année, in^".
— 6° La fleur des chansons des deux plus
excellents musiciens de nostre temps, assavoir
d'Orlande de Lassus et de Claude Goudimel;
Lyon, par Jean Bavent, 1574. Premier livre à
4 parties, in 12 obi. Deuxième livre à cinq
parties, 1575. Burney en indique une autre édi-
tion de la même ville, 1576, in-4°. Un titre
semblable a été choisi pour un recueil de chan-
sons de Lassus seul : le voici : — 7° La fleur
des chansons d'Orlando Lassus y. maistre de
la chapelle du sérénissime duc de Bavière,
à quatre, cincq, six et huict parties, en An-
vers, chez Pierre Phalèse et chez Jean Bellere,
1592, 6 vol. in-4''. La date de 1593, donnée par
Draudius, est fausse. Il y a une deuxième édi-
tion de ce recueil , en Anvers, de l'imprimerie
de Pierre Phalèse , libraire juré, 1604, 6 vo-
lumes in-4''. — 8° Chansons nouvelles alle-
mandes et françaises à 6 voix, Munich,
Adam Berg , 1590, in-4''. — 9" Jean Pasquier,
la lettre profane des chansons des Mes-
langes d'Orlando changée en lettre spiri-
tuelle à 4, 5 et S parties, à la Rochelle,
Pierre Haultin, 1575 et 1576. — 10° Jean Pas-
quier, cantiques et chansons spirituelles pour
chanter soubz la musique des chansons pro-
fanes d'Orlando de Lassus, à 4 et b parties,
à la Rochelle, Pierre Haultin , 1578. — 11° Dou-
zième livre de chansons à quatre et cinq
parties d'Orlande de Lassus et autres. Im-
primé en quatre volumes à Paris, 1583, par
Adrian Le Roy et Rob. Ballard. — 12° Trei-
zième livre (même titre); ibid., 1573 (Cette date
prouve que le douzième livre a été réimprimé).
— 13° Quatorzième livre (même titre); ibid.,
1578. — 14° Quinzième livre, etc.; ibid., 1578.
— 15° Sesième livre (sic), etc.; ibid., 1579
16° Dix-setièmc livre (sic); etc.; ibid., 1579.
— 17° Dix-huictième livre, etc., ibid., 1576.
— i&° Dix-neuvième livre des chansons d'Or-
lande de Lassus, iWd., 158t 19° Vingtième
livre idem.; ibid., 1578. — 20° Vingt-unième
livre de chansons d'Orlande de Lassus et aul-
très à quatre et cinq parties, ibid., 1571. —
21° Vingt- deuxième livre, idem ; ibid., 1583. —
22° Vingt-troisième livre iàem ; ibid., 1583. —
23° Vingt-quatrième livre d'airs et chansons
à quatre parties d'Orlande de Lassus et
Claude le Jeune.; ibid., 1587.-24° Vingt-cin-
22*
LASSUS
quiètne livre (Pairs et chansons à quatre par-
ties d'Orlande de Lassus et Claude le Jeune ;
ibid., 1587. Toutes ces collections existent à la
bibliothèque royale de Berlin, mais incom-
plètes.
Outre le superbe manuscrit des Psaumes de
la pénitence , la bibliothèque royale de Munich
possède cent quatre-vingt-onze compositions
manuscrites de Lassus, parmi lesquelles on re-
marque 32 messes, dont une de requiem, 53 3Ia-
gnificat, 11 Nunc dimittis, 3 psaumes, 1 of-
fice complet de la Purification de la Vierge ,
3 Benedictus, 7 litanies de la Vierge, dont une
à 9 voix en deux chœurs, 30 motets, 34 hym-
nes, 2 Asperges me, 6 Salve Regina, dont 1 à
8 voix, 1 Ave regina, 1 Aima redemptoris ,
1 Regina cœli, et une Passion.
Depuis le milieu du dix-septième siècle, la
transformation de la tonalité et de l'harmonie
avait fait oublier peu à peu les ORUvres de l'il-
lustre musicien de Mons ; son nom avait con-
servé sa célébrité, mais ses oeuvres étaient à
peu près inconnues. Dans la seconde moitié du
dix-huitième siècle, le goût de l'histoire de la mu-
sique s'éveilla, et la nécessité de l'appuyer sur
les monuments de l'art se révéla aux historiens.
La Borde, le premier en France, donna des spé-
cimens de la musique de Lassus, en partition,
dans le deuxième volume de son Essai sur la
musique, mais le choix qu'il fit de deux motets
de ce maître, dans les Meslanges publiés à Pa-
ris en 1576, n'est pas heureux ; car il s'en faut
de beaucoup qu'ils soient les plus intéressants,
soit par les thèmes, soit par la facture. Déjà,
quatre ans auparavant (1776), Hawkins avait in-
séré dans le second volume de son Histoire gé-
nérale de la musique (1) l'excellent madrigal à
cinq voix Oh d'amarissiine onde, morceau
aussi remarquable par la douceur de l'harmonie
que par les mouvements naturels des voix, et
par l'élégance de la facture. En 1789 Buruey
donna, dans le troisième volume de son Histoire
de la musique (2), la chanson latine à quatre voix
Aima Nemes qux sola, Nemes qu3p. dicere Cy-
pris altéra, tirée du recueil qui fut publié à An-
vers, en 1555.
Maisc'est surtout dans notre siècle que de beaux
monuments du talent de Lassus ont été publiés
en partition et ont fourni aux amis de l'art les
moyens de connaître l'importance des travaux de
ce grand artiste. La plus intéressante de ces pu-
blications est, sans aucun doute , celle des sept
(i| ^ General History of the science and practice of
Music, 1. 11, p. SOI.
(ï| ^ General History of Music, t. III, p. 817.
psaumes de la pénitence, dont on est redevable
au savant Dehn. Elle a paru chez Gustave Crantz,
à Berlin, en 1838, sous ce titre : Psalmos VII
poEnitentialesmodismusicis adaptavit Orlan-
dus de Lassus, publici juris fecit et Friderico
Guilelmo Principi Borumse hxredilario ar-
tium fautori sacros esse vult S. W. Dehn. En
1835, M. Pearsall de Willsbridge avait déjà mis
au jour à Carlsruhe un Magnificat du deuxième
ton, à 6 voix, du môme auteur, et dans la même
année Rochlitz avait fait paraître le premier vo-
lume de sa collection de musique vocale des
maîtres les plus célèbres de toutes les nations (1),
où l'on trouve un Regina cœli, et un Salve Re-
gina à 4 voix , le chant de Noël à 5 voix, Angé-
lus ad pastores ait, et un Miserere à 5 et à 6
de Lassus. Vers le même temps, Dehn publia à
Berlin le psaume 33 (Gustateet videte) à 5 voix,
le motet à 10 voix en deux chœurs Quo prope-
ras; un Magnificat à 5 voix parut dans la même
ville, chez Schlesinger, ainsi que l'offertoire Con-
firmahocDeus, h 6\oi\, chezGuttentag. L'infati-
gable Dehn a publié, dans sa collection d'ancienne
musique des seizième et dix-septième .siècles (2),
une suite intéressante de six chansons allemandes
à quatre voix et un dialogue à huit de Lassus,
tirés de l'édition imprimée à Munich, chez Adam
Berg, en 1573 (voy. le numéro 54 du catalo-
gue précédent). Douze motets et psaumes à 4, 5,
6, 7 et 8 voix du même maître ont été donnés
par M. François Commer dans les septième et
huitième volumes de sa grande collection des
compositeurs belges intitulée Collectio operum
Musicorum Batavorum sœculi XVI (Mayence,
Schott). Charles Proske, chanoine de la cathé-
drale de Ralisbonne, en a publié vingt à 4 voix
dans le second volume de sa belle collection qui
a pour titre : Musica divina , sive Thésaurus
concentuum sélect issimorum omni cultui di-
vino totius anni juxta ritum sanctx Ecclesiee
cathoUcx inseroientium (^Ratisbonne, 1S55,
in-4°). Dans le premier volume de la même collec-
tion, on trouve la messe du huitième ton, et celle
qui a pour thème la chanson populaire Puisque
fay perdu, toutes deux à 4 voix. Le même sa-
vant éditeur a publié aussi dans la première par-
tie du premier volume de son Selectusnovus mis-
sarum,prxstantisslmorum superioris xviauc-
torum (Ralisbonne, 1856,in-4°),lamesseà 5voix
de LasA sur le thème de la chanson italienne :
(1) Sammluna vorzûglicher Gesangstûcke der aner-
kannt çrœssten zugleirh'fiir die Geschichte der Ton-
kunst, de. Mayence, Schott, In-fol.
(2) Sammlung altermusik ans dem 16* und n« Jahr-
hunderl, kerausgegeben von, etc. Berlin, Gustav Cranl»
(s. d.), Rr. iD 8".
LASSUS
22.T
Quai donna attende a gloriosa fama, en parti-
tion. En 1847, le pasteur M. Ferrenberg a publié
à Cologne, chez Heberlé, la messe à 4 voix de Las-
siis, or sus à coup, avec d'autres compositions
d'Asola, d'Horace Yecclii et d'Arcadeit. Enfin ,
M. Gommer a fait paraître à Berlin, en 1860,
six messes inédites de l'illustre musicien de Mons,
d'api es les manuscrits de la bibliothèque royale
de Munich.
Un monument digne de ce grand -compositenr
va ôtre élevé à sa gloire dans le pays qui l'a vu
naître. Sur la propositionet le rapport de M. Char-
les Rogier, ministre de l'intérieur en Belgique, le
roi Léopold a décidé, par arrêté royal en date du
10 novembre 1860, qu'une collection des œuvres
des musiciens belges les plus célèbres des quin-
zième et seizième siècles sera publiée en partition,
sous les auspices du gouvernement, et que la pre-
mière série comprendra les œuvres complètes de
Lassus. La direction de celte entreprise est con-
fiée à l'auteur de cette notice.
Beaucoup de portraits de Roland de Lassus
sont connus. Parmi les miniatures du beau ma-
nuscrit de Munich, on en trouve un en buste et
un autre en pied : Delmotte a fait faire une belle
lithographie d'après le dessin de celui-ci pour sa
notice. Le Meslange publié à Paris en 1570 con-
tient un portrait gravé sur bois; les Lagrtme di
S. Pietro {l'o9i) en renferment un autre de l'ar-
tiste, à l'âge de 72 ans. Dans l'Iconographie de
Reusner, on en trouve un, gravé sur bois, in-8°;
un autre in-4°, gravé de la même manière, est
ajouté au Thré.sor in-4'' de Robert Ballard, 1594.
N. de Larmessin en a gravé un in-4° en taille-
douce; Théodore de Bry et Meysens en ont pu-
blié deux autres également in-4°; la colleclion de
Hawk en renferme un gravé par Cadwal , petit
in-4''; celui de Jean Sadeler, publié en 1600, est
en format in-8°; il a été copié dans l'Académie
des sciences et des arts de Bullart et dans la
Bibliotheca Belgica de Foppens ; il y en a un
gravé sur bois (in-fol.)dans \e& Prosopographise
heroum atque illustrium virorum totius Ger-
manise,de H. Pautaleone (Bâie, 1566, 3" partie,
p. 541) ; un autre est dans le livre de Paul Fre-
her; Amelingue, célèbre graveur français, en a
publié un beau en taille-douce, avec les vers :
Hic ille, etc.
11 en est sans doute plusieurs autres qui rae sont
inconnus.
L'historien de la ville de Mons (de Boussu) as-
sure, d'après Philippe Brasseur { Sydera illus-
trium Hannonim scriptor., p. 84), que les ma-
gistrats de cette ville élevèrent à Lassus une sta-
tue dans l'église Saint-Nicolas, avec celte inscrip-
tion sur le piédestal.
s. 1'. Q.M.
Montigenœ Orlando, c|uod eo nascenle renata est
Musica, Montenses hoc posiiere decus.
Il ajoute que cette statue a été détruite vers
1680 ; mais Delmotte a démontré la fausseté de
ces assertions, et a rendu plus que douteuse l'exis-
tence de cette statue, à quelque époque que ce soit.
Depuis que la première édition de la Biographie
universelle des musiciens a été publiée, une
belle statue de l'artiste célèbre a été élevée à Mu-
nich, dans la rue Louis (Ludwigsstrasse), aux
frais du roi de Bavière. Animée d'un zèle louable
pour l'honneur de la ville de Mons, la Société des
sciences, des lettres et des arts de Hainaut prit
en 1840 l'initiative de l'érection d'un monument
du même genre, à la mémoire de la plus grande
illustration de cette cité. Par son zèle et ses ef-
forts persévérants, etgrâce à la partactive prise
par l'administration communale à la réalisation
de ce vœu, le but a été atteint, et le 25 mai 1853,
une statue en bronze d'Orland de Lassus, ouvrage
de M. Frison, a été inaugurée dausie parc de la
Tille qui a vu naître ce grand homme.
Grand nombre de notices biographiques ont
été faites sur Roland de Lassus dans les recueil»
généraux et nationaux, ainsi que dans les die.
tionnaires d'artistes ; mais la plupart des compi-
lateurs n'ont fait que se répéter en ajoutant
quelques erreurs nouvelles aux anciennes er-
reurs. Dans ces derniers temps, de meilleures
sources ont été explorées et ont donné de bons
résultats : je citerai particulièrement une excel-
lente notice insérée dans les nos 3s, 39, 41, 43 et
47 du journal allemand Das Inland (ann. 1830),
publié par le libraire Cotta, à Munich, et la cons-
ciencieuse monographie intitulée : Notice bio-
graphique sur Roland de Lattre, connu sous
le nom d'Orland de Lassus, .par H. Delmotte,
imprimerie de Prignet, à Valenciennes, 1836,
iu-8° de 176 pages. Dehn en a donné une tra-
duction allemande, et il en a été publié une ver-
sion hollandaise par M. F.-C. Kist, sous ce ti-
tre : Levensgeschiedenis van Orland de Las-
sus; la Haye, 1841, in-8% avec le portrait,
M. Adolphe Mathieu a publié un poënie intitulé :
Roland de Lattre ; Mons, Piérarl, 1838, in-18
76 pages. Ce poëme est précédé d'une notice bio-
graphique extraite de celle de Delmotte, et suivi
de notes
LASSUS (Ferdinand DE), fils de Roland, pa-
rait avoir été l'aîné des enfants de cet artiste cé-
lèbre ; mais l'année de sa naissance est inconnue.
On ignore aussi s'il apprit la musique sous la di-
2?4
I-ASSUS
rection de son père, ou s'il eut pour maître Jean
à Testa, \ice-maltre de chapelle chargé de l'ins-
truction des enfants de chœur. Ferdinand entra
d'abord au service de Frédéric, comte de Hohen-
zollern, en qualité de musicien de sa chapelle;
puis, en 1593, il passa comme ténor dans la
Giiapelie du duc de Bavière. En 1602 il succéda
à Jean de Tosta dans la direction de cette cha-
pelle, et fut en même temps chargé de la surveil-
lance, del'entretien et de l'instruction des enfants
de chœur. Ces enfants étaient logés chez lui; on
lui accordait pour ciiacun 132 florins par an. Une
recevait pour ses émoluments de maître de cha-
pelle qu'une somme annuelle de 300 florins, tan-
dis que Jean de Testa avait eu ôOO florins de
traitement (100 florins de plus que Roland de
Lassus), 10 florins pour un habit, et 20 florins
pour le logement. Ferdinand était marié et père
de sept enfants ; le duc Guillaume lui accorda la
faveur d'envoyer en Italie le troisième de ses fils,
nommé Ferdinand comme lui, pour y achever
son instruction dans la musique. Devenu souf-
franten 1608, et bientôt hors d'étatde remplir ses
fonctions, Ferdinand languit près d'ime année,
et mourut à Munich, le 27 août 1609. Il avait
coopéré à la publication du Magnum opus. Fer-
dinand était compositeur : on voit parmi les piè-
ces des archives de Munich qu'il lui fut payé
18 florins pour un Magnificat. Il a publié de sa
composition : Cantiones sacrx suavissimse et
omnium musicorum instrument orum harino-
nise per quam accommodatx, alias nec visx,
nec unquam typissubjectse; Graetz, 1587, in-4''.
A la Hn des leçons de/o& de Roland de Lassus,
publiées à Nuremberg, en 1588, in 4°, on trouve
quelques motets de Ferdinand, ainsi que dans
le recueil de motets à 5 voix (Municli, 1596,
10-4°), et dans le premier livre àt Magnificat,
édition de Munich, 1602, in-fol. Après la mort de
son fils Ferdinand, on Irouva beaucoup de com-
positions sous le nom de Ferdinand de Lassus,
mais il y a lieu de croire qu'elles appartiennent
au petit-fils d'Orland de Lassus.
LASSUS (Rodolphe DE), second fils de Ro-
land, naquit à Munich. Par une ordonnance de
Guillaume, duc de Bavière, datée du C décembre
1587, on voit qu'il avait demandé à ce prince la
permission de se marier, qui lui fut accordée
avec le titre d'organiste et le traitement de 200
florins, sous la condition qu'il apprendrait à chan-
ter aux musiciens de la chapelle, et qu'il les
instruiraitdans la composition. En 1609, son trai-
tement fut porté à 300 florins. Après une mala-
die dangereuse, il composa en 1616 ses Virgi-
nalia eucharistica, qu'il fit présenter par son
fils au duc régnant. L'année suivante, il lui of-
frit encore quhize volumes contenant 6 messes,
6 Magnificat et 6 motets; et enfin, en 1618, il le
pria d'accepter la dédicace de son Sacrum con-
vivium. La réputation de cet artiste, digne fils
d'un illustre père , était celle d'un musicien si
distingué , que lorsque Gustave-Adolphe, sur-
nommé le Lion du Nord, vint à Munich, en
1622, il l'honora d'une visiteet lui demanda plu-
sieurs morceaux de sa composition. Il mourut
en 1625. Les compositions connues de Rodolphe
de Lassus sont : Cantiones sacrx quatuor vo-
cuvi; Munich, Henrici, 1606, in-4°. — 2° Circus
symphoniacus, ibid., 1609, in-4°. — 3* Moduli
sacri ad convivium sacrum 2, 3 et 6 vocum ;
Aiigsbourg, 1614, in-4°. — 4" Virginalia Eucha-
ristica quatuor vocum; Monachii, Henrici,
1616, in-4''. — i>° Alphabetum marianum tri-
plici cantionum série ad multifariam vocum
harmoniam; Munich, i62l.Ce recueil contient
57 antiennes de la Vierge. On trouve aussi des
compositions de Rodolphe de Lassus dans quel-
ques recueils des œuvres de son père. La biblio-
thèque royale de Municli ne possède pas les vo-
lumes manuscrits que Rodolphe fit présenter à
son souverain, et qui contenaient 6 messes, 6 Ma-
gnificat et 6 motets; maison y trouve le Madrigal
à 6 voix : Perche fu^gi, et un Miserere à 9 voix
de cet artiste. Rodolphe a été l'éditeur de quel-
ques œuvres posthumes de son père et le principal
collaborateur du Magnum opus.
LASSUS (Fekdinand DE), troisième fils de
Ferdinand, et petil-fils de Roland, étudia d'abord
la musique sous la direction de son père, comme
enfant de chœur de la chapelle ducale. En i609
il fui envoyé à Rome p^r l'électeur de Bavière
Guillaume, pour y achever ses études musicales.
De retour en Allemagne, il entra en 1616 au
service du duc Maximilien. Le 19 janvier 1625,
l'électeur lui accorda une augmentation de 100
florins pour son traitement annuel. Par des mo-
tifs inconnus, il reçut à l'improviste sa démis-
sion de maître de chapelle, au mois de novem-
bre 1629, avec sa nomination de juge du district
et de caissier à Reispach. Il mourut au com-
mencement de 1636, laissant en manuscrit un
gj-and nombre de compositions que sa veuve of-
frit en vente à la cour, et dont le catalogue pré-
sente les ouvrages suivants : 3 Magnificat ;
1 Aima redemptoris ; 1 Nunc dimittis; 8 mo-
tets; quelques madrigaux à 8 voix; 1 Miserere;
0 quam gloriosa, motet à 16 voix; Miserere
à 15 voix; idem à 16 voix ;Alma redemptoris
à 16 voix; quelques madrigaux à 3, 4, 5, 6, 7
voix; d'autres madrigaux à 2, 3 et 4 chœurs;
2 Miserere à 2 chœurs et un à trois ; des hym-
nes pour toute l'année; quelques psaumes à
LASSUS — LATILLA
•)■);
8 voix ; un Magni^cat h 9 voix, et trois idem à
3 chœurs; deux Te Deum à 4 ciiœurs; Stabat
Mater à 2 chœurs ; 2 litanies de la Vieige à
2 chœurs ; 2 messes à 10 voix ; idem à 3 chœurs ;
quelques motets à 10, 11, 12, 15 el 16 voix;
un Miserere à 9 en 2 ciiœurs ; 1 idem à 8 en
2ciiœurs; 1 iilem à 15 en quatre chœurs; i idem
à 12 en 3 diœurs. Ferdinand de Lassus fils a pu-
blié un seul ouvrage de sa composition intitulé :
Apparatus musicus octo vocum varias casque
sacras et divinis officiis aptas complectens
odas; Monattiii, 1622, in-4". Un exemplaire de
cet ouvrage, devenu d'une rareté excessive, est
à la bibliothèque royale de Berlin. Les huit voix
sont divisées en deux chœurs, et il y a une par-
tie séparée pour l'accompagnemont de l'orgue.
Malheureusement la partie de contralto du se-
cond chœur manque dans cet exemplaire, le
seul que j'aie trouvé dans tous les catalogues que
j'ai vus.
Quelque incertitude paraît avoir régné dans
l'esprit des bibliothécaires de Munich et deDel-
motte, pour décider si ces compositions appar-
tiennent à Ferdinand de Lassus père, ou à son (ils;
pour moi, j'ai la conviction qu'elles sont de celui-
ci; car le grand nombre de voix dont elles sont
formées en général était un des signes carac-
téristiques de l'école deBenevoli, qui était à Rome
dans toute sa splendeur quand le jeune Ferdi-
nand de Lassus s'y rendit; c'est là qu'il a dû
prendre le goût de ce genre de composition, au-
paravant peu connu en Allemagne. D'ailleurs
Ferdinand, tils d'Orland de Lassus, était mort
depuis treize ans quand V Apparatus musicus fut
publié.
LASUS, poète et musicien grec dont parle
Athénée, naquit à Hermione, dans l'Argolide,
vers la 50" olympiade (environ cinq cent-quatre-
vingt-dix ans avant l'ère chrétienne). Athénée
dit que Lasus fut le premier parmi les Grecs
qui écrivit sur la musique et qui donna des
règles pour la composition du chant; mais aucun
de ses ouvrages n'est parvenu jusqu'à nous.
Clément d'Alexandrie lui attribue l'invention du
poème <lilhyrambique. On croit aussi que ce fut
lui qui introduisit l'usage de battre la mesure,
et qui perfectionna la llûte, auparavant rauque
et g^rossière.
LATILLA (Gaétan), né à Bari, dans le
royaume de Naples, en 1713, apprit la musique
dans la maîtrise de l'église cathédrale du lieu de
sa naissance, puis fut envoyé à Naples, pour y
achever son éducation musicale, sous la direc-
tion de Dominique Gizzi. Il était âgé de vi.-igt-
cinq ans lorsqu'il fit représenter à Naples son
premier opéra, qui réussit et le fit connaître
RIOCR. UMV. nies MUSirjENS. — T. v.
avec avantage. Appelé à Rome dans la même
année pour y écrire son Orazio, il y obtint un
éclatant succès qui lui fit trouver des protecteurs
et lui ouvrit les portes de la maîtrise de Sainte-
Marie-Majeure. Il y hit admis comme second
maître de chapelle et coadjuteur de Cannicciari,
le 31 déceml)re 1738; naais une longue maladie
ne lui ayant pas permis de remplir ses h)nctions,
il fut remercié le 8 avril 1741, et retourna à
Naples pour y rétablir sa santé. Sa convalescence
fut longue et pénible : enfin il put reprendre ses
travaux, el, pendant plus de vingt ans, il continua
d'éci ire avec succès pour les principaux théâtres
d'Italie. En 1756, Latilla fut nommé maître du
chœur du Conservatoire de laPietà, à Venise, et
le 16 mars 1762 il obtint la place de second
maître de ia chapelle ducale de Saint-Marc, en
remi)lacement de Galuppi qui venait d'être élevé
au poste de premier maître. Son traitement n'é-
tait que de 120 duc-ats : au mois de janvier 1765,
Latilla obtint une augmentation de quarante du-
cats; mais jamais il ne parvint à faire porter son
salaire à 200 ducats, qui était celui du premier or-
ganiste. Blessé d'une injustice que son mérite, et
son zèle dans l'exercice de ses fonctions, auraient
dû lui épargner, il donna sa démission au mois
de juin 1772 et s'éloigna de Venise, en décla-
rant qu'il n'y mettrait plus les pieds. Burney, qui
vit cet artiste dans cette ville en 1770, dit qu'il
trouva en lui un homme instruit dans la musique
ancienne et moderne, beaucoup de simplicité
et de bonté. De retour à Naples vers la fin de
1772, Latilla y était encore en 1785, lorsque
Ferrari y arriva et le prit pour maître de com-
position. Nous devons à ce dernier quelques dé-
tails intéressants sur le caractère et les habitu-
des de son maître : il les a publiés dans ses
mémoires (1). « Latilla (dit-il) était fort habile
« dans l'art du contrepoint ; mais, dans ses ha-
« bitudes, c'était un vrai lazzarone : pourvu
« qu'il eût de quoi acheter un plat de macaroni,
« il était satisfait. Le prix de ses leçons était d'un
« carlino pour un Napolitain, de deux pour \n\
« étranger en général, et de trois pour un An-
« glais. Comme étranger, je lui offris deux car-
« Uni : Non, non, me dit-il, vous êtes un Ty-
« rolien ; et comme Tirolese rime avec Inglese,
« crgo, vous devez payer comme votre ami sir
(i Thomas Attwood. I! n'y avait rien à répondre
« à cet argument : je me résignai à payer, et
« n'eus qu'à me louer d'avoir trouvé un maître
« S! instruit. Il venait chez moi quatre fois clia-
(1) j4n€ddoti piacevoli e ititeressanti ocoorsi nella vita
di Giacomo Gotifredo Ferrari, Londres, 1830, 2 toI.
in-l'i.
15
2:fi
LATILLA. — L\TR03E
« que semaine, et nous passions ensemble plu-
'< sieurs heures. »
Latilla vivait encore en 1788, mais il mourut
peu de temps après. Peu de compositeurs de
l'école napolitaine ont en un style atissi correct
que lui : sa musique d'églisH est particulièrement
remarquable à cetéf^ard. Je possède de lui une
messe a quatre voix avec orgue, et le psaume
invxitu à cinq, compositions de grand mérite.
La liste de ses opéras est couiposée des ouvrages
suivants : 1" Dejiiofoonte; Napies, 1738. —
2° Orozio; Rome, 1738, et Venise, 1743. —
3° La fmta Cameriera; Napies 1743. —4° La
Gara per la gloria; Venise, 1744. — 5° Ma-
dama Giana , avec Galuppi ; ibid. — 6° Amore
in tarentola, ibid. 1750. — T La Pastorella al
soglio, ibid. 1751. — 8" Griselda, Home, 1747.
— y" cr Impostori, 1751. — 10° L'Opéra in
prova alla moda, 1751. — ii" L'Isola d'a-
more.— 12" Vrganostocor , 1752.— 13° VO-
limpiade,\'b1. — \k" Amore artigiano, 1761,
— ih° Alessandro neWIndie, 1753. — ie,° Me-
rope, 1763. — 17" Za Giardiniera contessa. —
\?,° LaCommedia in Commedia. — \^° Don
Calascione. — 20° La buona Figliiiola cre-
duta vedova; Venise, 1766. On connaît aussi
de Latilla l'oratorio : L'onnipofenza e la mise-
ricordia divina. Ce compositeur était oncle de
Piccinni.
LATOUR (Jean), pianiste et compositeur,
né à Paris vers 1766, se rendit à Londres dans
les premières années de la révolution française,
et s'y livra à l'enseignement avec beaucoup d'ac-
tivité. Ses relations avec quelques émigrés de
haut rang lui furent utiles, et lui procurèrent
l'entrée de plosieiirs grandes maisons. Le titre
qu'il obtint de pianiste du prince de Galles
( depuis lors roi d'Angleterre, sous le nom de
Georges IV) acheva sa fortune. Devenu en quel-
que sorte le Gelinek de l'Angleterre par ses
(compositions et ses arrangements faciles pour le
piano, il multiplia les variations, pots-pourris,
fantaisies, qui obtenaient partout un succès de
vogue, et en recueillit des .sommes considérables.
Vers 1810 il établit à Londres ime maison de
commerce de musique sous le nom de Chappell
etC^^; plus tard, il se sépara <le son associé, qui
fonda une autre maison. Quoi(iue Latour
vécût alors dans ime maison de campagne voi-
sine de Londres, il conserva encore son com-
merce pendant quelques années. Vers 1830 il
quitta les adaircs, et quelque temps après il se fixa
à Paris, oii il est morten 1837. On a, sous le nom
de cet artiste : i° Concerto militaire pour le
piano (en «i ) ; Paris, Janet et Cotelle. — 2° Cinq
duos détachés pour harpe et piano; Londres et
Paris. — z° Environ trente divertissements et
rondeaux détachés pour piano et violon ou flûte,
la plupart sur des thèmes d'opéras ou des airs po-
pulaires, gravés à Londres, à Paris, et dans les
principales villes d'Allemagne. — 4° Environ
vingt-cinq duos à quatre mains sur différents
thèmes connus, ibid. — 5° Sonates progressives
pour piano seul ; Londres, Berlin, Oflenbach. —
6° Sonates faciles et doigtées idem ; Paris, Carli,
Frey, etc. — 7° Environ soixante suites de va-
riations, divertissements, caprices, etc, pour
piano seul, Londres, Paris, et les principales
villes de l'Europe. — 8° Valses et danses pour
piano seul, Londres et Offenbach.
LATOUR DE FRA]\QUEVILLE (M"'^
DE). On attribue à une dame de ce nom une
critique amère de tous les passages qui concer-
nent J.-J. Rousseau dans l'Essai sur la musique,
de La Borde. Ce pamphlet a pour titre : Errata
de l'Essai sur la musique ancienne et 7noderne,
ou Lettre à M*** par Mme*** (lin Suisse),
1780, in-t2. D'autres personnes ont cru que Ga-
viniès {voy. ce nom) était le principal auteur de
cette brochure, La Borde répondit avec aigreur
dans le Supplément à l'Essai sur la musique,
et l'auteur de VErrata fit une réplique intitulée
Mon dernier mot, qui termina la dispute. Ces
deux pièces ont été ajoutées à l'édition complète
des œuvres de J.-J. Rousseau, publiée à Genève
en 1782, et à toutes les éditions postérieures.
LATROBE (Chkétien-Ignace), fils d'un ec-,
clésiastique anglais, naquit à Fulnee, dans' le
YorJisliire, en 1758. Dès son enfance il mêla l'é-
tude de la musique à ses éludes littéraires. Après
avoir suivi des cours élémentaires dans .sa ville
natale, il fut envoyé par son père, en 177t, au
collège de la secte religieuse des Frères-unis^
situé à Niesky, dans la haute Lusace. Il y
resta treize ans, puis il retourna en Angleterre
dans l'année 1784, et y entra dans les ordres.
Depuis lors il a toujours résidé à Londres, où
il vivait encore en 1824. Quelques concertos
pour le piano ont été ses premières composi-
tions; ils sont restps en manuscrit. Vers 1790 il
a fait paraître 12 variations pour le même instru-
ment; Londres et Leipsick. A cette jtublication
succéda une sonate pour piano et violon obligé,
ibid. Eu 1793, lorsque Haydn vlsiia Londres,
Latrobe lui fit entendre une œuvre de trois so-
nates, op. 3, qui forent approuvées par le célèbre
artiste et parurent à Londres dans la même
année. Quelques antiennes parurent ensuite, et
furent suivies du Dies irse, hymne du jugement
dernier, traduit en anglais, de The Dawn of
Glorij (L'aurore de gloire), hymne sur le bon-
heur du rédempteur; de Y Antienne du Jubilé,
LATROBE — LAUCHER
pour le cinquantième anniversaire de l'avéneinont
(le Georges III au trône d'Ann;Ieterre ; d'un Te
Deum exécuté dans la catliédrale d'York ; d'un
Miserere; de quelques antiennes pid>!iées dans
un livre de chant à l'usage des Frères unis, et de
six airs avec accompagnement de [)iano, dont les
paroles sont de Cooper et de Miss Anna More.
En 1800, Latrobe commença la publication d'une
collection de musique religieuse, dont il avait
paru cinq volumes en 1824; cet ouvrage a pour
titre : Sélection ofSacred Music.
LATROBE ( J.-A.), fils du précédeni, na-
quit à Londres, en 1792. Dès son enfance il se
livra à l'étude de la musique. Devenu maître de
chapelle àLiverpool, il a écrit plusieurs antiennes
à trois et à quatre voix ; mais il est connu sur-
tout par un livre sur la musique d'église in-
titulé : Music to the Church considered in ils
varions branches, congregational and cho-
ral ,-Liverpool, 1837, in-S".
LATZEL (Joseph), né le 12 mai 1764, à Ma-
rientlial, dans le comté de Giatz, était fils d'un
instituteur qui fut placé à Rosentbal en 1770.
Dès son enfance, il manifesta les plus heureuses
dispositions pour la musique. Quoiqu'il ne reçût
pas de leçons, à cause des occupations multi-
pliées de son père, et qu'il fût obligé de s'ins-
truire lui-même, il fit de si rapides progrès,
qu'à l'âge de quatorze ans il était en état de
donner des leçons d'orgue , de violon et de
solfège. En 1778, il se rendit au gymnase ca-
tholique de Breslau pour y continuer ses études.
Son talent précoce attira sur lui l'attention du
directeur de musique Fœrster, qui le prit en
affection et le dirigea dans ses travaux. En 1787
il commença un cours de théologie : lorsqu'il
l'eut terminé, il entra, le 15 octobre 1790, au
couvent de la Croix, à Neisse, où il fut ordonné
prêtre deux ans après. Dès lors il put se livrer
en liberté à la pratique de l'art qu'il aimait avec
passion. En 1798 il fut nommé directeur du
chœur de son couvent et professeur de musique
d'un grand nombre d'élèves, dont plusieurs sont
devenus depuis lors des artistes renommés dans la
Silésie. Après unecourte maladie, ce digne homme
a cessé de vfvre le 5 septembre 1827. Il a laissé
en manuscrit plusieurs vêpres, une messe so-
lennelle (en ut majeur), beaucoup d'hymnes,
offertoires etanliennes, quatre Aima, un Regina
Cœli, et une cantate pour l'anniversaire d'un
jour de naissance. Tous ces morceaux ont été
exécutés dans le chœur du couvent de la Croix
pendant trente ans.
LAU (Charlus), né en Bohême vers le mi-
lieu du dix-huitième siècle, se fil d'abord connaî-
tre par son talent sur le cor, et composa quel-
ques concertos qui étaient estimés, ver» 1780, v*
qui sont restés en manuscrit. Plus tard il alla eu
Russie et y fut employé comme professeur <le
musique à l'université d'iekalherinoslaw, où il
se trouvait en 1796. il était aussi dans le même
temps diiecteur «le la musique du corps imp.^-
rJal des chasseurs, et en même temps de la gai de
achevai. Il travailla longtemps au perfeclionno-
ment de la musique de cors russes lorsqu'il était
(en 1784) directeur de la musique du prince Po.
temkin. En 1787, il lit entendre celte musique
en Crimée, devant l'empereur Joseph II et l'im-
pératrice Catherine, qui le félicitèrent sur ses
succès.
LAUB (Ferdinand), violoniste distingué, fils
d'un pauvre musicien, est né à Prague, le 19 jan-
vier 1832. Entré au Conservatoire de cette ville en
1840, il y devint élève de M. Mildner pour son
instrument. Ses progrès furent si rapides, qu'à
l'âge de douze ans il joua dans un concert la
grande polonaise d'Ernst avec un brillant .suc-
cès. Lorsqu'il eut atteint sa dix-huitième année, ^
il voyagea en Allemagne, particulièrement en Ba-
vière, donna un concert à Augsbourg, et joua au
théâtre de Munich. Partout il excita l'admiration
par son talent précoce. Entré à l'âge de vingt ans
dans la chapelle du duc de Saxe-Weimar, il y
est resté attaché pendant plusieurs années; pu';?
il a été engagé, comme maître de concerts, a
Berlin, où il se trouve encore ( 1862). M. Laub
a fait plusieurs voyages en Hollande et en Bel-
gique, où il a obtenu de beaux succès. 11 a éga-
lement visité Londres, Vienne et plusieurs bh-
tres grandes villes , où il est considéré comnte
un violoniste de grande valeur. Cet artiste, mu-
sicien d'une éducation solide, est particulière-
ment remarquable par le mécanisme de la main
gauche. Son jeu a de la hardiesse et de l'origi-
nalité, mais il laisse désirer plus de délicatesse
et d'élégance.
LAUBE ( Antoine), né à Brux , en Bohôme,
le 10 novembre 1718, vécut d'abord à Prague
comme enfant de chœur, et obtint ensuite la
place de directeur de musique à l'église des Char-
treux de Saint-Galle, dans cette ville. Après la
mort de François Brixi , il fut nommé maître de
chapelle de l'église méiropolitaùie, le 1" no-
vembre 1771 , et il y resta jusqu'à sa mort, qui
arriva le 24 février i784. Il était aussi membre
de la confrérie de Sainte-Cécile, à l'église des
Minorités. On connaît de lui plusieurs messes et
motets dont le style lâche et sautillant n'est pas
convenable pour l'église : ces compositions .sont
restées en manuscrit.
LAUCHER (Joseph-Antoine), corniste et
compositeur, dans la sc-conde partie du dix-
15.
228
LAUCHER — LAUR
huitième siècle, fut directeur de musique à Dil-
tingen sur le Danube, ville qui appartenait au-
trefois à l'Autriche et qui est maintenant à la Ba-
Tière. Cet artiste a publié : T XVIII hymnes de
\êpres à 4 vofx, 2 violons, orgue, violoncelle et
2 cors, suivis d'un Te Dew7«etd"un Veni Sancte
spiriius comp\e{s, Augsbourg, 1786 — 2° Sacri-
flcium mortuorum seti III missae solemnes ,
brèves tamen, de Requiem , occasione exe-
quiarum felicissimx memorix Josephi II,
Romanoriim imperaiorum et Elisabelhx im-
perairicis, in insig. ecclesia collegiala D.
Pétri Dilling. rite persolularumdecantatx,
nunc vero in lucem publicam editx. Vocibus
ordin. concinnentibus, 1 violinis, alto viola
et organo necessariis, 2 cornibus vero, 2 clari-
nettis vel abois et violone, partim oblig. par-
tim ad libit., op. 2 ; Spire, Bossier, 1792.
LAUCHER (...), nisd'un trompettiste ha-
bile, est né à Strasbourg vers 1794. Il était lui-
même corniste de talent. Cet artiste fut direc-
teur d'une école de musique qu'il avait fondée
dans cette ville , et qui a été l'origine du con-
servatoire actuel. Laucher a écrit une messe so-
lennelle à 4 voix et orchestre qui a été exécutée
à Strasbourg en 1840.
LAUDI (Victor), maître de chapelle delà
catiiédrale de Messine , vers la fin du seizième
siècle, naquit à Alcaraen Sicile, lia fait imprimer
de sa composition : Ilprimo librode' Madrigali
a 5 voci ; cou un dialogo a otto voci ; Palerme ,
1597, in-4*.
LAUER (A. baron DE), officier de cavalerie
au service de Prusse , et amateur de musique
à Berlin, s'est fait connaître comme pianiste
et comme com|)ositeur par les ouvrages sui-
vants : 1® Rose la Meunière, petit opéra
représenté au théâtre de Hamhoiirg en 1S29,
et gravé en partition réduite pour le piano ; Ham-
bourg, Christiani. — 2" Introduction et varia-
tions sur l'air allemand : Wenn ich nur aile
Masdchen wûsste, op. 1 ; Berlin , Lisclike. —
3° 6 chansons allemandes ave<; ace. de piano ;
Hambourg, Christiani. On connaît aussi sous le
même nom un œuvre de quatuors pour des ins-
truments à cordes, publiée Berlin, en 1838.
LAUER ( ), professeur de musique à
Strasbourg, vers 1830, a publié : 1° 50 chants à
2 voix , dans tous les tons majeurs et mineurs.
— 2° 24 chants religieux pour les écoles popu-
laires. — 3° Canons à 4 voix idem.
LAUFFEJ\STEII\ER ( .... DE), luthiste
au service de l'électeur de Bavière, vivait à Mu-
nich vers 1760. Il a laissé en manuscrit : l^Six
divertissements (parthien) pour le luth. — 2° Six
duo» pour deux luths.
LAUGIER (l'abbé Marc- Antoine), naquit
en 1713 à Manosque, en Provence. Après avoir
fini ses études, il entra chez les jésuites, à Lyon,
et s'y fit remarquer par son talent pour la pré-
dication. Appelé à Paris, il eut l'honneur de prê-
cher devant le roi, et, pendant plusieurs années,
ses sermons attirèrent la foule dans les princi-
pales églises de la capitale. En butte à la jalousie
de ses confrères, et prévoyant leur intention de
le renvoyer en province, il sortit de la société,
et devint abbé séculier. Ses protecteurs lui firent
obtenir l'emploi de .secrétaire d'ambassade près
de l'électeur, à Cologne. Les services qu'il y rendit
pendant la guerre de Hanovre furent récompen-
sés, en 1757, par l'abbaye de Ribeauté qu'on
lui donna. Il passa le reste de ses jours dans
une vie tranquille , uniquement occupé de tra-
vaux littéraires, et mourut d'une lluNion de
poitrine, le 7 avril 1769. L'abbé Laugier aimait
passionnément la musique ; une partie de sa
vie fut consacrée à l'étude de cet art. A l'é-
poque où parut la lettre de Jean-Jacques Rous-
seau sur la musique française , il prit part à la
polémique qu'elle fit naître, par la publication
d'un écrit intitulé : Apologie de ta musique
française, Paris, 1754, in-4''. Boisgelou possé-
dait le manuscjit autographe d'un autre ouvrage
de Laugier sur le même sujet ; il avait pour titre :
Supériorité de la musique française démon-
tr.ée. L'abbé Laugier commença en 1756 1a pu-
blication d'un écrit périodique sous le titre de
Sentiment dhtn harmoniphile sur divers ou-
vrages de musique ( voyez Moiumbert et Lé-
Ris), in-8°. H n'en a paru que deux numéros.
LAUR (Ferdinand), né le 22 février 1791 à
Markdorf, dans le grand-duché de Bade, près
du lac de Constance, fut destiné par son père,
dès son enfance, à la profession pédagogique. La
musique fut particulièrement l'objet de ses études.
Il n'était âgé que de dix-huit ans lorsqu'il fut
chargé d'enseigner les éléments de cet art dans
une institution à Gottstadt, bourg du canton de
Berne; mais il n'y resta qu'une année, et en 1810
il accepta une position semblable à Hofwyl ; il
l'occupa jusqu'à la fin de 1820. Ce fut alors qu'il
fut appelé à Bftle , en qualité de professeur de
chant du Gymnase et de l'école primaire des
filles. Peu de temps après il fut chargé du même
enseignement à l'université. En 1824, il fonda
dans cette ville une société de chant pour des
voix d'hommes : il la dirigeait encore en 1858.
Les compositions de cet homme laborieux con-
sistent en plusieurs recueils dédiants à 2 voix
pour les écoles, des chants enchœur pour l'é-
glise , les écoles et les sociétés chantantes , et
des chœurs pour des voix d'hommes.
LAURENBERG — LAURENT
22<.>
LAURENBERG ( Pie: re) , docteur en mé-
decine et professeur de poésie à Rostock, né dans
cette villeen 1585, y est mort le 13 mai 1 639. Il est
auteur d une facétie intitulée ; Belligcrasinns, id
est historia belU exorli in regno musico, que
Sartorius, organiste de Maximilien , archiduc
d'Autriche , publia à Hambourg en 1622, in-8°.
Une seconde édition de cet ouvrage parut en 1626,
et l'auteur en donna une troisième en 1636 , où
il se nomme. Enfin, après la mort de Laurenberg,
une quatrième édition fut publiée sous le titre de
Musomachia, seu belluni musicale, Rostock,
1642, in-S". L'objet de cette plaisanterie est une
discussion entre la nouvelle musique, représentée
par Orphée, et la tonalité du plain-clianl sous
la figure d'un personnage appelé Bisthon. Celui-
ci calomnie son adversaire, qui le confond par ses
arguments. Opinions diverses sur l'objet de la
querelle; guerre acharnée, après laquelle vient
une transaction par laquelle l'autorité du plain-
chant sera renfermée dans l'église, tandis que la
nouvelle musique régnera dans les plaisirs mon-
daios. Venu à propos, à l'époque où il parut, ce
petit ouvrageaurait puètre piquant, si l'exécution
en eût été meilleure; mais au lieu de l'esprit
qu'il aurait fallu y mettre, on n'y trouve qu'un
slyle SfC, lourd et pédant.
LAUREIXCIN (F.-P., comte), docteur en
philosophie et amateur de musique, né à Vienne
vers 1808, est, dit-on, fils naturel de l'archiduc Ro-
dolphe. 11 est auteur d'un écrit qui a pour titre :
zur Geschichie der Kirchenmusikbei denlta-
Uenern und Deutscken (Pour l'histoire de la mu-
sique d'église chez les Italiens et les Allemands),
Leipsick, H. Matthes, 1856, in-S" de 108 pages.
LAUREi\CIJ\I, ou plutôt LORENZliNI
(....), fut un célèbre luthiste à Rome, dans la
seconde partie du seizième siècle. Le pape le créa
chevalier de l'Éperon d'or. Besardus, dont il fut
le maître , en parle avec admiration dans la pré-
face de son Thésaurus harmonicus.
LAURENCIO (Mariani DE), prêtre et cha-
noine de Noii, en Sardaigne , vécut au commen-
cement du dix-septième siècle. Il a publié plu-
sieurs ouvrages de sa composition, dont on ne
connaît que ceux-ci : i° Il primo libro de'
Madrigali a 5 voci con un diulogo ad otto ,
Venise, 1602, in-4". — 2° Salmi, Magnijicat,
falsi bordoni e Missa a 4 voci con il basso
continuo per Vorgano, op. 5, Palerme, 1624.
LAUREiXS (Jean-Bonaventure), archéo-
logue, dessinateur, organisle'el compositeur, né à
Carpentras, le 14 juillet 1801 , occupe, depuis 1835
environ, la position de secrétaire agent comptable
de la faculté de médecine à Montpellier. Ama-
teur passionné de musique, M. Laurens en a
fait une étude sérieuse dans sa jeunesse, et s'est
attaché particulièrement à l'orgue. Admirateur
des ouvrages de Rink (vo/jez ce nom), aux-
quels il devait la connaissance pratique de ce
bel instrument, il fit trois fois le voyage de
Darmstadt pour chercher près de cet excellent
maître l'instruction dont il sentait le besoin. H
ne tarda pas à devenir son ami dévoué , et fut
traité comme un fils par ce digne artiste et res-
pectable vieillard. Depuis une longue suite d'an-
nées, M. Laurens remplit les fonctions d'orga-
niste à l'église Saint-Roch de Montpellier. Porté
vers l'art sérieux par son sentiment et par .ses
études , il a écrit de la musique d'orgue et de
chant dont une partie a été publiée à Paris chez
Richaull, entre autre un Siabat à 3 voix et
orgue, et dont le reste est encore inéiit. Comme
littérateur musicien , il a donné : 1° La traduc-
tion française d'une autobiographie de Rink ,
avec des additions et le portrait très-ressemblant
du célèbre organiste de Darmstadt , dessiné par
lui , et qui a paru dans le deuxième volume de
la Revue de la musique religieuse, populaire
et classique, ^nh\\é& par M. Danjou (p. 275-284
et 320-332). — 1" Notice sur Éléazar Genêt
{voyez ce nom), connu sous le nom de Car-
pentras, dans le même recueil (t. III, p. 49 et
72), avec la mise en partition des Lamentations
de Jérémie pour deux ténors et deux basses, par
Carpentras. — 3" Quelques articles de critique
dans la Revue et Gazette musicale de Paris ,
dans plusieurs Revues du Midi et dans le Jour-
nal de l'Hérault. — 4" Souvenirs d'un voyage
à l'île de Majorque j Paris, Artlius-Rertran(l,
1840, g. in-S", avec 55 planches litliographiéos,
et deux pages de musique. Le onzième chapitre
de ce volume contient des renseignements sur la
situation de la musique à Majorque, particulière-
ment à Palma. M. Laurens a été collaborateur des
Voyages pittoi esques dans Vaiicienne France
de MM. Taylor et Nodier. Il est auteur de plu-
sieurs ouvrages relatifs aux antiquités de la France
méridionale et aux arts du dessin, dont la liste
se trouve dans la Littérature française con-
temporaine (t. IV, p. 641), et dans la Biogra-
phie générale, publiée par MM. Firmin Didot
frères (t. XXIX, col. 926).
LAUREI\T (C. ), professeur de harpe à Pa-
ris, depuis 1810 jusqu'en 1820, s'est fixé ensuite
à Boulogne, où il vivait encore en 1841. Il a pu
blié de sa composition : 1" Sonates pour harpe
et violon, n°' 1 et 2; Paris, Hanry. — 2» Duo
pour harpe et piano; Paris, Janel et Cotelle. —
3° Fantaisie pour deux harpes sur des thèmes
de P.ossini; Paris, Pacini. — 4° Sonates pour
h;irpe seule, op. 1 ; Paris, Janet. — 5° Fantaisie
:30
LAUREINT — LAUSRa
«iir un air des Mystères d'Isis, op. 7 ; Paris , Pa-
<;ir.i. — 6° Six petits airs variés, op. 8, ibid. —
7* Pièces de différents genres ; Paris, H. Lemoine.
— 8" Études progressives , pouvant servir de
niétliode de harpe; Paris, Janet.
LAURKIVTI ( Pierre ) , prêtre, chantre et
chanoine de l'église de Chartres, vers le milieu
du dix-septième siècle, a composé une messe à
quatre voix , ad imitationem moduli Regina
Cœli, que Ballard a publiée en 1659, in-fol.
LAUREiNTI ( Bartholomé- JÉRÔME ), excel-
lent violoniste et compositeur, né à Bologne, en
1644, fut un des premiers membres de l'Acadé-
mie des Philharmoniques de cette ville, à l'époque
de sa fondation (1666). Il fut attaché à la collé-
giale de Saint-Pétrone, eu qualité de premier
violon , et conserva cette position jusqu'à sa
mort, arrivée le 18 janvier 1726, à l'âge de quatre-
vingt-un ans et quelques mois. Il a fait imprimer
de sa composition ; Sonate per caméra a
violino et vtoloncello , opéra la, Bologne,
Monti, IGOl. Sou second œuvre a pour litre :
Sei concerti a tre cioè violino, violonccllo' et
organo,\b\A., 1720. Laurenti était déjà fort âgé
quand il publia cet ouvrage.
LAURENTI ( Jérôme-Nicolas ), fils du pré-
cédent, apprit de lui les principes du violon, et
perfeclionna son talent sous la direction de Jo-
seph Torelli et de Thomas Vitali. Il fut long-
temps premier violon de Saint-Pétrone et de
plusieurs autres églises de Bologne. Il obtint le
titre d'académicien philharnionique eu 1698, et
mourut à Bologne le 26 décembre 1752. On con-
naît de lui Six concertos pour 3 violons, viole,
violoncelle et or(;wc,- Amsterdam , Roger.
LACREI\TJ (le P. Pierre-Paul), second
fils de Bartholomé-Jérôme et religieux de l'ordre
de Saint-François, à Bologne, naquit en cette ville
dans la seconde moitié du dix-septième siècle.
Dans sa jeunesse il se distingua comme chanteur
dans les églises et brilla aussi comme violon-
celliste. En 1698, il fut agrégé à l'Académie des
Philharmoniques de Bologne pour son talent sur
son instrument, et le fut en 1701, comme compo-
siteur. Jacques-Antoine Perti avait été son maître
de contrepoint. Le P. Laurenti mourut à la lleur
de l'âge. (Voyez Série cronologica de' Principi
delVAccadcmia de' Filarmonici, etc., p. 18.)
LAlIRE\TIJ\0 ( Laurent ), né à Husum,
dans le duché de SIeswig, le 8 juin 1660, fut
nommé canior de la cathédrale et de l'école de
Brème, en 1 684 : il mourut dans cette v ille en 1723 .
On a imprimé de sa composition • GeistUche
Lieder ilber die Sontxgliche Texte. Brème,
1700, in-4''. ( Voy. 1. Molleri Cimbria lilerato,
i. I, fol. 336. )
LAUREKTIUS, ou plutôt LAURENZIO
(Joseph ), savant italien, né à Lucques, a écrit
un tra\[é de Conviviis , fiospitalitate, etc., où
se trouve une partie intitulée : Colleciio de
Prseconibns, Citharxdis, Fistuliset Tintinna-
bulis, qui occupe trois feuilles d'impression dans
le tome YIII ( p. 1458 et suiv. ) du Trésor des
antiquités grecques de Gronovius, et que Ugo-
lini a aussi inséré dans le tome 32" (p. 1111 et
suiv. ) de son Trésor des antiquités sacrées.
LAURE1\ZI ( FiLiBERTo ), compositeur italien
du dix-septième siècle, n'est connu que par la ci-
tation qu'en fait AUacci ( Dramalurgia, p. 308 ).
comme ayant écrit, en collaboration avec André
Mattioli, de Mantoue, la musique de VEsilio d'a-
more, opéra représenté à Ferrare en 1651 et 1666.
LAURETIS ( Gaetano ), compositeur né à
Naples, élève du Collège royal de musique de
cette ville, a fait représenter à Civitta-Vecchia ,
en 1844, l'opéra intitulé : H Eapimento délie
spose vendicato, et a donné dans l'année sui-
vante au théâtre Saint-Charles, de Naples, Aiua-
lia Candiana, qui n'eut ni succès décidé , «i
chute éclatante.
LAURO ROSSI. Voy. ROSSI ( Lauro).
LAUSKA ( François-Ignace ), pianiste dis-
tingué, naquit à Briinn, en Moravie, le 13 jan-
vier 1769. Il n'avait point encore atteint sa vingt-
quatrième année lorsqu'il fut attaché à la musique
de la chambre de l'électeur de Bavière. Peu de
temps après, il entreprit de longs voyages, visita
Francfort, Hambourg, ou il publia plusieurs ou-
vrages de sa composition, Copenhague, et Vienne,
où il séjourna plusieurs années. Vers 1803 il se
fixa à Berlin; depuis lors il ne quitta plus cette
ville, si ce n'est pour faire un voyage en Italie.
Ses élèves étaient en grand nombre ; il eu a formé
plusieurs qui se sont fait remarquer par leur ta-
lent. Dans le Lexique de musique publié par
Schilling , il est dit que Lauska est mort à
Berlin en 1821 ; mais c'est une erreur : il n'a
cessé de vivre que le 18 avril 1825. Les compo-
sitions les plus importantes de cet artiste sont :
1° Sonates pour piano seul, op. 1 , 4 , 6 , 7, 8, 9 ;
Hambourg, Bœhme. — 2" idem, op. 19; Leip-
sick, Breitkopf et Hœrtel. — 3° Idem, op. 20, 21 ;
Berlin, Grœbenchutz. — 4° Idem, op. 24, 26;
Leipsick, Pelers. — 5° Idem, op. 30, 34, 35 ; Ber-
lin, Schlesinger. — 6" Idem, op. 43, 45, 46 ; Leip-
sick, Peters. — 1" Sonate facile pour piano et
violon, op. 18; Mayence, Scliott. — 8" Sonate
pour piano et violoncelle obligé, o|>. 28 ; Berlin,
Schlesinger. — 9" Introduction et rondoleltoidcni,
op. 39, ibid. — 10° Sonate pour piano à quatre
mains, op. 31, ibid. — 11° Rondeaux pour piano
senl, op. 23, 27, 44 ; Leipsick et Berlin. — 12 "Po-
LAUSKA — LAVALLIÈRE
?3l
lonaises idem, op. 25, 29, 36, 42 ; ibid. — 13" Ca-
|)tices idem, op. 32, 38; ibid. — I4" Plusieurs
tbëmes variés idem; Hambourg et Berlin. —
15° Plusieurs recueils de divertissements et de pe-
tites pièces ; ibid. — 16" Une méthode pratique
pour le piano; Berlin, Sclilesinger. — 17° Des
chansons de table pour quatre voix d'hommes;
Berlin, Trautwein. — 18° Deux recueils de chan-
sons à voix seule, avec accompagnement de
piano, Hambourg, Bœlime.
LAUTEA'SACK (Padl), im des plus an-
ciens organistes allemands, naquit à iîamberg,
en 1478. H joua l'orgue de l'église Saint-Lau-
rent à Nuremberg, et mourut en I5G1, dans
un âge avancé. H a écrit des pièces d'orgue,
dont trois ont été insérées dans le rarissime re-
cueil de Schlick (voy. ce nom). Lautensack cul-
tivait aussi la peinture, les lettres et les sciences
avec succès.
LAUTIER (Gustave-André), docteur en
philosophie et écrivain sur la musique de l'épo-
<|ue actuelle, ne m'est connu que par un livre
qu'il a publié et qui a pour titre : Praktisch-
theorelisches System des Grundbasses der Mu-
sik und Philosophie, als erste Abtheilung eines
Grundrisses des Systems der Tonswisseiischaft
(Système pratique et théorique de la base fon-
damentale de la musique et de la philosophie,
comme première partie des éléments du système
de la science musicale) ; Berlin, Duncker et Hum-
blot, 1827, in-8" de 14 feuilles. L'analyse dé-
taillée de ce sy.sième se trouve dans la 30* an-
née de la Gazette musicale de Leipsick (1828,
p. 149-153 . Ou a aus.si de M. Lautier un article
sur les successions de quintes, inséré dans la
Gazette viusicale<\e Berlin (1827, n°' 48 et 49).
LAUVERJAT (Pierre), maître de musique
de la Sainte-Chapelle de Bourges, au commen-
cement du dix-seplième siècle, a lait imprimer
plusieurs messes dont voici le.^ titres : 1° Missa
b vocum ad imitationem moduli Tu es Petrus;
Paris, Pierre Ballard, 1613, in-fol. — 7° Missa
ad imit. moduli Nemoreris, 5 voc.; ibid,,
1613, in-fol. — 3" Missa 5 vocum ad imit.
moduli Confitebor tibi Domine; ibid , 1613,
in-l'ol. — 4° Missa 5 voc. ad imit. moduli Fun-
damenta ejus; ibid , 1613. — 5° Missa qua-
tuor vocum ad imit. hymni Iste Confessor;
ibid., 1617. — 6° Missa quatuor vocuvi ad
imit. moduli Le^'^m pone; ibid., 1617, in-fol.
— 7° Missa pro defunctis quatuor vocum,
ibid., 1623, in-fol. — 8° Missa ad imit. hymni
O gloriosa Domina ; ibid., 1623, in-lol.
LAUXMIlX (Sigismond), jésuite polonais,
né en 1596, devint en 1656 provincial de son
ordre en Lithuanie, et mourut en 1670, dans
sa 74« année. On a de lui un petit traité élé-
mentaire de musique, intitulé Ars et Praxis
musica, Wilna, 1667, in-4°.
LAVAINE (Ferdinand), professeur de piano
au Conservatoire de Lille (Nord) et compositeur,
est né dans cette ville vers 1810. Dans sa jeu-
nesse il reçut des leçons de quelques bons mal-
tret ; mais la lecture des partitions des composi-
teurs les plus renommés de cette époque fut la
principale source de son instruction dans l'art.
Il débuta jeune dans la carrière de compositeur,
et publia vers 1833 ses premiers ouvrages pour
le piano. Bientôt après il aborda les choses d'un
ordre plus élevé , écrivit des ouvertures, des
symphonies, qui furent entendues dans les con-
certs de Lille, et y fit exécuter, en 1835, La
Fuite en Egypte, oratorio dont Berlioz a donné
l'analyse dans la Revue et Gazette musicale de
Paris (ann. 1837, pages 203 et suivantes). En
1836 il (it représenter au théâtre de sa ville na-
tale Une Matinée à Cayenne, opéra en un acte,
qui fut bien accueilli et eut tout le succès qu'on
peut obtenir dans une ville de province, c'est-à-
dire trois ou quatre représentations. Un drame
en 4 actes, écrit par le bcau-frèie de M. Lavaine,
et qui avait pour litre : Artus et Rikemer, lui
fournil l'occasion d'écrire une ouverture et quel-
ques morceaux mélodramatiques. Cet ouvrage,
représenté au théâtre de Lille, au mois de fé-
vrier 1840, eut du succès. Dans la même année,
M. Lavaine fit entendre dans la même ville le 29"
psaume avec chœur et orchestre. En 1841, ce lut
un De Profundis qui appela de nouveau l'at-
tention des concitoyens du compositeur. Plein
d'ardeur et d'ambition, M. Lavaine (it cntenilre,
au mois de novembre de la même année, une
messe solennelle pour voix d'hommes dans l'é-
gli.se Saint-Élienne. Enfin , chaque année de la
carrière de cet artiste fut marquée pendant près
de vingt ans par quelque grand ouvrage où des
qualités estimables se niélaient à des défauts
d'expérience ou de gortt qu'il est difficile d'éviter
en province, oii l'activiti! de l'art nian(|ue piesqiie
toujours. Les génies d'exception seuls n'ont be-
soin que d'eux-mêmes pour créer des œuvres
d'élite. M. Lavaine a fait graver à Lille et à Paris
chez Brandus, Richault et autres éditeurs, envi-
ron soixante-ilix o'iivres de pièces de différents
genres pour le piano.
LAVALLIÈRE (Louis-César DE LA-
BEAUME-LE-BLAA'C, duc de), grand ia..-
connier de France, né le 9 octobre 1708, moit à
Paris, le 19 novembre 1780, fut un des biblio-
philes français les plus distingués, et posséda
une des Idbliothèque^ les plus belles et les plus
précieuses de l'Europe. On lui attribue un liwe
232
LAVALLIERE — LA VOYE MIGNOT
qui a pour litre : Ballets, opéras et autres ou-
vrages lyriques, par ordre chronologique ,
depuis leur origine, avec une table alpha-
bétique des ouvrages et des auteurs ; Paris ,
1768. Jl parait certain que le duc de Lavallière
a eu quelques collaborateurs pour cet ouvrage.
LA VAUX (Amable), professeur de flûte à
Paris, vers 1750, a publié dans celte ville qua-
tre livres de sonates pour flûte, en solos, en duos
et en trios.
LAVEi\U ( Loms-HEMRi) , fils d'un flûtiste
etmarciiand de musique à Londres, naquit dans
cette ville, en 1818. Élève de l'Académie royale de
musique, il y reçut des leçons de violoncelle, de
pia«io et de composition, et lorsqu'il fut sorti de
cette'institution, il entra comme violoncelliste au
théâtre de la reine. On connaît sous son nom
quelques petites pièces de (liano, des Glees et des
chansons anglaises. Un opora de sa composition,
intitulé Loretta, fut représenté à I>rurij-Lane
en 1848. Mécontent de sa situation en Angleterre,
Lavenu se rendit en Australie, et y prit la posi-
tion de chef d'orchestre du théâtre de Sydney.
Il est mort dans cette ville, le I*"^ août |859, à
l'âge de 41 ans.
LAVIGIXA (Vincent), néàNapIes, vers 1777,
étudia le chant et la composition au Conserva-
toire de la Pietà de' Turchini; puis, sur la re-
commandation de Paisiello, fut chargé en 1802,
d'écrire pour le théâtre de la Scala , à Milan ,
La Mutaper amore, ossia il Medico per forza
(Le médecin malgré lui), qui obtint un brillant
succès. Au carnaval suivant, il écrivit à Ferrare :
L'Idolo di se stesso. A la saison d'automne de
1804 il composa L'Impostore avvilito, qui fut
suivi, à Parme, d' Il Coriolano, en 1806, elà Mi-
lan, en 1808, Di Posta in posta (traduction du
Conteur, de Picard) ; de Zaïra, à Florence, en
1809; de Orcamo, & Milan, dans la saison du
carême de la même année, et enfin dans la môme
ville, au printemps de IStO, de Chi s'è visto s'è
visto. Lavigna, fixé à Milan, en qualité de pro-
fesseur de chant et de maestro al cembalo du
théâtre de La Scala, y vivait encore en 1837;
mais il est mort peu de temps après.
LA VIGNE (Antoine-Joseph), célèbre haut-
boïste, né à Besançon (Doubs), le 23 mars 1816,
leçut les premières leçons de musique de son
père, qui était musicien dans un régiment d'in-
fanterie. Admis comme élève au Conservatoire
de Paris, le 24 janvier 1830, il fut obligé d'en
sortir le 3 mai 1835, pour suivre son père, dont
le régiment quittait alors Paris, et allait en gar-
nison dans un département éloigné. Le 17 oc-
tobre 1836, Lavigne rentra au Conservatoire dans
la classe de M. Vogt, son ancien maître , et obtint
le premier prix au concours de l'année suivante.
M. Lavif;ne fut attaché à l'orchestre du Théàlre-
llalien de Paris pendantplusieurs années, comme
premier hautbois ; puis il .se rendit à Londres
ef s'y fixa. Il entra d'abord au théâtre de la
reine , et fut engagé ensuite comme solisle
par Jullien (vo/j. ce nom) pour ses concerts.
M. F.,avigne fut le premier qui entreprit d'appli-
quer an hautbois le système de clefs imaginé par
Bn^lim pour la flûte : il se rendit ensuite en Al-
lemagne auprès de cet artiste pour travailler au
perfectionnement de son instrument, et ne cessa
de s'en occuper pendant près de quinze ans. Pen-
dant ce temps il fit aussi des études constantes
pour donner à son talent de hautboïste toute
la perfection désirable. Il est aujourd'hui consi-
déré comme un artiste de premier ordre en son
genre.
LAVL\ETTA (Bernard DE), ou plutôt
LAVINHETTE, moine de l'ordre des Frères mi-
neurs et théologien, né dans le Béarn, vers 1475,
a donné une explication delà doctrine de Raiinond
Lulle, sous te titre : Artis magnx Lullianse in-
terpretatio, Lyon, 1517, 1523, in-4"', qui a été
réimprimée à Cologne, en 1612, par les soins
d'Alstedius. Il y traile en 6 chapitres de la musi-
que, suivant la théorie philosophique de Lulle
(foy. ce nom).
LAViT (J.-B.-G.), ancien élève de l'École
polytechnique, puis professeur de l'AIhénée de
Paris, né dans la seconde partie du dix-liuitième
siècle, s'est fait connaître avantageusement par
un traité complet de perspective, publié à Paris
en 1804. On lui doit aussi un livrequi a pour titre :
Tableau comparatif du système harmonique
de Pyihagore et du système des modernes,
Paris, 1808.
LAVOCAT (Pierre), maître de musique à
Dijon, dans la seconde moitié du dix-septième
siècle, a compo.sé la musique d'une pièce intitu-
lée : Le Concert des dieux, dont les paroles
étaient de Derequeleyné, curé d'Esbarres : cette
pièce fut écrite pour le mariage du duc de Lor-
raine; elle fut chantée au château de Fain, et
publiée à Dijon , chez Reneyre ( sans date),
in-S".
LA VOYE MIGNOT (DE), géomètre
français, né dans la première partie du dix-sep-
tième siècle, s'est fait connaître par un Com-
mentaire bref des éléments d'Euclide, Pari.^
1649, in-4''. Il publia ensuite un livre qui a pout
titre : Traité de musique, revu et augmenté de
nouveau d'une quatricsme partie , laquelle
( outre tous les exemples des principales rè-
gles pratiquées par les plus fameux aut heurs)
contient de plus la manière de composer à
LA VOYE MIGJNOT — LAWES
233
deux, à trois, à quatre et à cinq parties, avec
les plus importantes observations qui se doi-
vent garder en toute sorte de musique, tant
vocale qu'instnimcntale, conformément aux
ouvrages des plus rares et des plus célèbres
maîtres de ce bel art. Seconde édition ,
Taris, Robert Ballard, 1666, in-4°. Celte deuxième
édition n'est point réelle; on a seulement clianjjé
le frontispice et l'avant-propos, puis ajouté la
quatrième partie de l'ouvrage, qui forme une pa-
gination particulière, depuis la page l jusqu'à 36,
et qu'on a placée à la suite de la table des cha-
pitres, des errata et de l'extrait du privilège des
trois premières parties. La supercherie se recon-
naît à ces mots placés au bas de la dernière page
de la troisième partie : Achevé d'imprimer le 35
septembre 1656. Le privilège est du 11 septem-
bre de la même année. Le titre des exemplaires
publiés alors était celui-ci : Traité de musique
pour bien et facilement apprendre à chanter
et composer tant pour les voix que pour les
instruments. Ce livre était déjà rare en 1722,
comme on le voit par la table des ouvrages im-
primés chez les Ballurl, placée à la suite du Traité
d'harmonie de Rameau : il est à présent à peu
près introuvable. La VoyeMignota fait preuve de
prendre les armes en sa faveur. Pour i'éloigner
du danger, lord Gerrard le nomma commissaire
de l'armée royale; mais l'activité de Lawes lui
fit repousser ce poste; il voulut combattre les
ennemis de son roi, et se fit tuer au siège de
Chesteren 1645. Charles I" fut, dit-on, si aflligé
de sa perte, qu'il en porta le deuil. La plupart des
compositions de ce musicien consistent en fan-
taisies pour des violes et l'orgue; mais son ou-
vrage le plus important est une collection de
psaumes à trois voix et basse continue, sur la
paraphrase de Sandy, qu'il composa conjointe-
ment avec son frère Henri, et que celui-ci a pu-
bliée en 1648, sous ce titre : Choice psalmsput
into musicfar three voices. Burney a inséré un
des morceaux de cet œuvre dans son Histoire
générale de la musique (t. III, p. 405). Quel-
ques-unes des fantaisies de Lawes ont été pu-
bliées dans les collections de son temps.
LAWES (Henri), frère du précédent, mais
beaucoup plus jeune, naquit à Salisbury en 1600,
et apprit la musique sous la direction de Cope-
rario. Au mois de novembre 1635, il reçut sa
nomination de musicien delà chapelle royale;
quelque temps après, il entra dans la musique
particulière du roi Charles ^^ Ami de Milton,
connaissancesréellesen musique dans cet ouvrage, |il mit en musique quelques poésies de cet homme
dont les exemples d'harmonie sont bien écrits.
L'exposé des [)rincipes delà musique a pour base
la gamme du plain-chantavec ses mnances ; il n'y
est même fait aucune mention de l'existence de la
gatume moderne. A la fin de la quatrième partie, on
trouve ce passage : « Afin de ne laisser que le moins
« que je pourray à désirer, je tâcherai de mettre
« au jour quelques ouvrages de ma façon, non-
ce seulement en parties séparées, mais encore en
« partition, où l'on pourra faire beaucoup de
» remarques sur quantité de choses dont j'ay
H parlé en ce présent Traité. » 11 ne parait pas
que La Yoye Miiinot ait réalisé son projet à cet
égard.
LAWES (Guillaume), fils de Thomas La-
wes, vicaire de Salisbury, naquit en cette ville
vers 1585. Ayant montré d'heureuses disposi-
tions pour la musique dès son enfance, il fut
placé par le comte de Hertford sous la direction
de Coperario, qui lui (it faire de rapides progrès
dans cet art. Après avoir été quelque temps at-
taché au chœur de Chicliesler, il obtint en 1602
une place dans la chapelle royale; mais bientôt il
abandonna cet emploi pour entrer dans la mu-
sique particulière de la chambre du roi Char-
les |T. Tous ceux qui le connurent, dit Fuller,
l'aimèrent et le respectèrent à cause de sa droi-
ture et des qualités de son esprit. Son attache-
ment pour le prince qu'il rervait l'engagea à
célèbre , et le Cornus de l'auteur du Paradis
perdu fut d'abord composé par Lawes. Depuis
lors , plusieurs nuisiciens anglais y ont adapté
de la musique nouvelle. Celle pièce fut repré-
.sentée en 1634 à Ludlow-Castle, pour lamuse-
ment de la famille du comte de Bridgewater et
d'autresgenlilshommesdu voisinage. Lawes jouait
lui-môme un rôle dans cet ouvrage, dont la mu-
sique n'a jamais été imprimée. Ce musicien con-
tinua son service près du roi jusqu'à l'époque
de la révolution. Pendant le protectorat, il vécut
en donnant des leçons. A l'époque de la restaura-
tion, il rentra dans la chapelle, et composa l'an-
tienne du couronnementdeCharlesII.il mourut
au mois d'octobre 1662, et fut inhumé à l'abbaye
de Westminster. Ce musicien a joui pendant sa
vie de la réputation d'un artiste de premier or-
dre, chez les Anglais; sa complainte d^Ariane
fut longtemps considérée comme un chef-d'œu-
vre ; cependant ce morceau, qui n'est ni un réci-
tatif, ni un air proprement dit, ne justifie passa
renommée. Burney, qui a examiné les ouvrages
de Lawes, assure qu'ils sont dépourvus de mé-
rite, et qu'on n'y trouve ni génie, ni savoir. Cet
écrivain en a rapporté quelques airs, dans son
Histoire générale de la musique (t. 111. p. 406)
qui ne méritent pourtant pas la sévérité de ce ju-
gement, car la mélodie n'y est pas dépourvue de
naïveté. En 1633, Lawes composa la musique
234
LAWES — LAYOTXE
d'iire mascarade qui fut représentée à Wliiteliall
«levant le roi et la reine : il reçut cent livres
sterling pour cette produi tion. On connaît sous
son nom : 1" iMélod les pour les psaumes de Sandy,
Londres, 1638, in-fol. Deuxième édition, ibid.,
1676, in-8°. L'ouvrflf'e a été réimprimé sous ce
titre : Psahnody for a single voiccj heing
twentij-fonr Mélodies for private dévotions,
icit/i a bass for voice or instrument, etc.;
Londres, 1789, \n-^°. — 2° Choice psalmsput
info music for three voices, by Henry and
William Lau'cs brothers and servants to his
Majesty, Londres, 1648. On y trouve des canons
à quatre et cinq voix par Henri Lawes. — 3° Ay-
res and dialogues for one, twb and three
voices; Londres, 1653 ; liv. 2*, ibid., 1655 ; liv. 3%
ibid., 1656. L'antienne du couronnement est
restée en manuscrit.
LAYOLLE (François DE), musicien, né
vraisemblablement vers la (in du quinzième
siècle. J'ai donné, dans la première et dans la
deuxième édition de la Biographie universelle
des Musiciens, une courte notice sur Francesco
Ajolla, d'après les renseignements qui m'étaient
fournis par le Catalogue des écrivains illustres de
Florence, par Poccianti , et par VIstoria de'Flo-
rentini scrittori, de Negri : M. Farrenc, à qui je
suis redevable des soins qu'il a bien voulu
donner à la correction des épreuves et de ses
bons avis sur les etreurs qui me sont échap-
pées , me fait remarquer que cet Ajolla est le
même artiste que Francesco delV Aiolle , qui
fut le maître de cliant et de composition du cé-
lèbre artiste Benvenuto Cellini, et dont Andréa
del Sario a placé le portrait d'ans son tableau de
l'Adoration des Mages peint à fresque dans le
cloître de VAnnunciata de Florence (1). C'est
aussi le même Francesco delV Aiolle qui est
appelé François de Layolle dans les recueils de
messes etde motets imprimés en France et en
Allemagne. Plusieurs considérations me portent
à croire que le véritable nom de ce musicien est
de Layolle, et que Poccianti et Negri ont erré
en le faisant naître à Florence : d'abord delV
Aiolle n'est pas une forme italienne de nom
propre; en second lieu, suivant les autorités
de Poccianti et de Negri, il aurait composé de
beaux madrigaux qui auraient été publiés en Italie
avant qu'il se rendît en France vers 1530; or,
dans toutes les grandes biltliollièques publiques
et particulières que j'ai visitées en Italie, je puis
certilier qu'il n'existe pas un seul ouvrage sous
ce nom, et qu'on ne le trouve dans aucun des
(t) y Ha (Il Itenremito Cellini , arrichita dCiUiistra-
ziiinhie doctnnenti inédite dal dotlnr Francesco Tassi.
Florciice.l'iatll, )829Uoine l"-, p. 15-16)
nombreux recueils publiés à Venise, à Milan et
à Rome pour un seul morceau, tandis que les
compositions de François de Layolle sont impri-
mées à Yenise, à Lyon, à Nuremberg et à Witten-
berg; enfin, aucun musicien italien n'est venu se
fixer en France dans la première moitié du seizième
siècle, car ils étaient alors moins avancés dans
l'art que les Belges et les Français : ceux-ci , au
contraire, étaient appelés en Italie et y occupaient
les premiers emplois dans toutes les chapelles, à
cause de leur liabileté supérieure dans la pratique
de l'art. Je n'hésite donc pas à croire que Fran-
çois de Layolle fut un musicien français qui s'é-
tablit à Florence au commencement du seizième
siècle, où il exerça les fonctions d'organiste et se
fil; de la réputation par ses talents; qu'il re-
tourna plus tard dans sa patrie, laissant vraisem-
blablement à Florence un fils, dont il sera parlé
dans l'article suivant; et qu'enlm les Florentins
ont altéré son nom pour l'ajuster à leurs habitu-
des de prononciation et à leur orthographe. Quoi
qu'il en soit, les compositions connues de ce
musicien sont renfermées dans les recueils dont
voici les titres : 1° Motet ti del flore cum
quatuor vocibws liber primus. Impressum
Lugduni per Jacobum Modernum de Pin-
guento, 1532, in^" obi. — 2° Tertius liber
{idein);ibid., 1539. — 3° Tertius liber Mot-
tettorum ad quinque et sex voces. Opéra et
solertia Jacobi Moderni alias dicti Grand
Jaques in unum coactorum et Lugduni... ab
codem imprcssorum , 1538, in-4° obi. —
4° Quartus liber mottctorum ad quinque et
sex voces, etc., ibid, 1539. — 5" Liber quin-
decim missarum a prastantissimis musicis
composa arum ; etc., Avribergx, apud Joh.
Petreium, 1538, petit in-4° obi. On y trouve la
messe de Layolle, Adieu mes amours, à (|uatre
voix. — 6" Liber decem missarum, q prxclaris
et maximi nominis musicis contextus; etc.,
Jacobus Modernus à Pinguento excudcbat
Lugduni, 1540, petit in-fol. Ce recueil renferme
les trois messes de Layolle intitulées : Adieu
mes amours, 0 salutaris hostia ; ces fâcheux
Sotz. — 7° Selectissimarum motctarum, par-
tim quinque, partim quatuor vocum, tomus
primus; ISoribergx, apud Joh. Petreium,
15'<0, in-4''. — 8° Tomus tei-tius psalmorum
selectorum ; quatuor et quinque, et quidam
jj/!(/7W?H7'ocMm,-Noriberga3, apud Joh. Petreium,
1542. in-4'' obi. — 9° Bicinia gallica , latina et
germanica et qiuvdam fugic Tomiduo. Vite-
bergx,Georg.l{\\a\\, 1545, petit in-4'' obi. — 10° Le .
Parangon des chansons, contenant plusieurs
nouvelles et délectables chansons à deux,
trois et quatre voix. Livres 1 à tO. Lyon, par
LAYOLLE — LAYS
2.^5
Jacques Moderne, dit Grand Jacques, 1340-
1643, in-4°obl. Les livres I, 2, 3, 4 et 5 contiennent
des chansons de Layolle à deux , trois et quatre
parties. Ici se trouve encore une preuve que ce
musicien était né en France, car jamais, au
seizième siècle , musicien italien n'a composé de
ctiansons françaises. — 1 1° Madrigali a quattro
voci del Arcadelt insieme con alcuni madri-
gali da altri autori, con ogni diligenza stam-
pate et corretie; libri i, 2, 3, i et 5. In Ve-
netia, nella stampa d'' Antonio Gardano,
1538-1543, in-4°obl. Plusieurs fois réimprimés,
ces cinq livres de madrigaux ont eu une dernière
édition, chez le même Gardano, depuis 1560 jus-
qu'en 1560, in-4° obi. On trouve au premier livre
de cette collection un madrigal à quatre voix,
page 25, et un Agnus Dei à trois voix par Franc.
Layolle; et dans le second livre, deux. madri-
gaux à quatre voix, par le même, pages 24 et 32.
Il est à remarquer que le nom du compositeur est
écrit Francesco Layole et Layolle. Enfin, on
trouve des morceaux de cet artiste dans le Libro
llaniado Silva de Sirenas de Enriquez de
Valderavano j Valladolid, 1547, gr. in-4'', le-
quel contient des motets, villancicos, roman-
ces, etc., mis en tablature de guitare.
LAYOLLE (Aleman), vraisemblablement
fils du précédent, paraît être né à Florence
pendant le Ion;; séjour de François dans cette
ville; car son prénom (Alamanno) est plus
italien que français. Il est hors de doute qu'il
suivit son père en Franre lorsque celui-ci y
rentra; car on voit, pnr le seul ouvrage connu
de lui aujourd'hui, qu'il était organiste à Lyon
en 1561 ; mais plus fard il retourna à Florence,
car un curieux document, dont je dois la con-
naissance à M. Farrenc, le prouve d'une ma-
nière irrécusable. Dans un recueil de mémoires
manuscrits de Benvenuto Cellini qui se trouve à
la bibliothèque Riccardiana de celte ville, on
lit ce qui suit : « Aujourd'hui 15 janvier 1569,
« .selon l'usage florentin , et 1570 suivant l'usage
« commun (1), commencent à courir, pour
« maître Alamanno Aiolle , organiste, les hono-
" raires d'un demi-écu par mois (2), dont le
(1) Jusqu'en nso l'année commençait à Florence le 25
mai, au lieu du i*' janvier admis dans la plupart des autres
pays depuis la réforme du calendrier.
(2) Pour avoir une notion approximative de la valeur en
apparence si minime de ce payement mensuel, il faut faire
la comparaison delà valeur du marc d'argent fin monnayé
en 1570 avec sa progression ascendante à différentes épo-
ques postérieures, et avec le prix des ctioses nécessaires
à la vie; or, le marc d'argent qui valait en 1S70 quinze
livres ou Zire.étalt monté à cinquante-quatre lire en 1740,
et l'ancienne mesure de blé équivalant à trois hectolitres,
qui se payait alors trois lire, était montée à quinze lire, à
« premier payement «le trois lire et demie sera
« fait le 15 février, selon ce (jui a été convenu
« entre nous, à la condition qu'il viendra chez
« moi, au moins une fois par jour, pour
« donner leçon de clavecin à ma (ille Liperata,
« maintenant âgée de six ans (l). » On connaît
d'Aleman Layolle un ouvrage intitulé : Chan-
sons et Vauxdevillesà quatre voix,- Lyon, Si-
mon Gorlier, 1561, in-4''. On voit dans VAdvisà
un chacun, placé en tête de la partie de té-
neur, que ce musicien était alors organiste de
l'église de Saint-Dizier, à Lyon.
LAYS (François), dont le nom véritable
était LAY, chanteur de l'Opéra de Paris, qui a
joui d'une brillante réputation, naquit le 14 fé-
vrier 1758, dans un village de l'ancienne Gasco-
gne, nommé La Barthe de ISestès. Destiné à
l'état ecclésiastique, il entra comme enfant de
chœur au monastère de Guaraison, dont le maî-
tre de chapelle dirigeait d'assez bonne musique.
L'éducation musicale des élèves, dans ces sortes
d'écoles, n'était pas brillante, mais solide, et l'on
en sortait ordinairement bon lecteur. Lorsque
Lays eut atteint l'âge de dix-sept ans, il se rendit
à Auch, pour y terminer ses études par un cours
de philosophie; mais le goût de la solitude le ra-
mena bientôt à Guaraison, où il se livra à l'étude
de la théologie. Il possédait une voix de ténor
grave de la plus grande beauté; cet avantage le
détourna du dessein qu'il avait eu d'abord d'em-
brasser l'étal ecclésiastique, et il quitta son mo-
nastère pour se rendre à Toulouse, dans le but
d'y étudier le droit. Il ne resta qu'un an dans
cette ville. La beauté de sa voix avait fait du
bruit, et déjà l'on s'accordait à classer Lays
parmi les plus habiles chanteurs, bien qu'il n'eilt
que d'assez faibles notions dece qui constitue l'art
du chant. A cette époque, on n'était point en
vain propre à contribuer aux plaisirs de la cour :
une lettre de cachet porta à l'artiste l'ordre
la même époque, c'est-à-dire dans la proportion d'un A
cinq. La différence est bien plus grande aujourd'hui. IvoTin
le salaire d'un vicaire de grande paroisse était en tSTO tie
76 sous par mois, et une messe se payait 3 sous au curé
officiant solennellement. On voit donc qu'à raison île 2o
sous par iire, le payement d'un demi-écu par mois à Ale-
man de Layolle était à peu près ce qu'il devait être pour
cette époque. (Voyez les tables de l'Essai sur les mounoifs
ou réflexions sur le rapport de l'urçieiit et des denrées,
par Dupré da Saint-Maur; l'aris, I7i6, 1 vol. in-*".)
(I) A maestro Alamanno Aiolle, organlsta qucsto di 15 di
gcnnajo i569, secondo Firenze, che secondo la cliiesa
siamo nel 70, comincia la sua provisione dl uno inezzo
scudo il mese, che la prima paga gli viene a di 15 di Icli-
brajo, sono lire tre e mezzo d'accordo : e il detto promette
di venire una volta il manco ogni giorno a casa mia a
dar lezione dl sonare di gravicembolo alla Liperata mia
ligliunla. quil'? é délia ria dl sci anni appuntu.
2nr.
LAYS-LAZZARI
<le se rendre à Paris pour y être essayé à l'O-
péra. 11 arriva dans cette ville au mois d'avril
1779, et ses débuts eurent lieu au mois d'octo-
bre delà même année.
La première fois que Lays se lit entendre à
l'Académie royale de musique, ce fui à la fin d'un
ballet, dans un air de Berton père, qui com-
mence par ces mots :
Sous les lois de l'hymen
Quand l'amour nous cngjge,
etc. '
La beauté de son organe assura son succès. Le
rùle du Seigneur bienfaisant, qui fut écrit pour
lui, le classa bientôt parmi les chanteurs les
plus en vogue. En 1780, il fut attaché aux con-
certs de la reine, et il y chanta jusqu'en 1791.
Ses succès au concert spirituel n'avaient pas
moins d'éclat qu'à l'Opéra ; il s'y faisait souvent
entendre avec la fameuse M'^e Saint-Huberty, et
les amateurs de l'époque s'extasiaient sur l'ex-
pression de ces deux coryphées du bon goût.
Comme acteur, Lays avait néanmoins peu de
succès, quoiqu'il eiitjoué les principaux rôles des
opéras de Gluck, de Piccinni et de Sacchini,
mais celui de Panurge, écrit pour lui par Gré-
Iry, lui fut si favorable, qu'il fit oublier ses dé-
fauts. Le rôle du marchand d'esclaves dans la
Caravane, et celui d'Anacréon, mirent le sceau
à sa réputation. La beauté de sa voix se con-
serva jusque dans un âge avancé; ce ne fut
qu'après quarante-trois années de service qu'il
.se retira de l'Opéra, au mois d'octobre 1822.
Deux ou trois ans après, il reparut dans une re-
présentation au bénéfice d'un de ses anciens ca-
marades; mais il était alors âgé de soixante-six
ans, et il ne parut plus que l'ombre de lui-
inéme.
Lays avait embrassé avec chaleur les principes
de la révolution de 1789. Au mois de septembre
1792, il alla protester au conseil général de la
commune de son zèle pour la liberté et l'égalité ;
puis, en 1793, il parcourut les provinces du Midi
en missionnaire ardent du système de la terreur,
et se rangea à Bordeaux parmi les ennemis de la
faction des Girondins. Il paraît que des tracasse-
ries lui furent suscitées au théâtre, en haine de
ses principes, car il crut devoir se défendre dans
un petit écrit devenu d'une excessive rareté, et
qui a pour titre : Lays, artiste du théâtre des
Arts, à ses concitoyens, Paris, 1793, 23 pages
in -8°. Toutefois, aux différentes époques de réac-
tion, il ne fut point inquiété, et la seule ven-
geance qu'on tira de son radicalisme fut de l'o-
bliger à chanter sur la scène le Eéveil du Feu-
pie, après le 9 thermidor (1794), et des couplets
pour les Bourbons le 10 avril 1814, devant les
souverains alliés.
Lays avait été nommé professeur de chant âu
Conservatoire de Paris, le 9 novembre 1795 ; il
en remplit les fonctions jusqu'au mois de sep-
tembre 1799; mais à cette époque, des discus-
sions s'élevèrent entre l'administration de cette
école et celle de l'Opéra, et pour ne point y
prendre part, il se retira. En 1819, il rentra à
l'École royale de chant et de déclamation,
dont l'organisation avait succédé à celle du Con-
servatoire; mais le désir de jouir enfin du repos
dont il sentait le besoin après de si longs travaux,
lui fit demander sa retraite définitive : il l'obtint
au mois de décembre 1826. Ce fut alors qu'il
partit de Paris pour aller se fixer dans une habi-
tation sur les bords de la Loire, au village d'In-
grande, à quelques lieues d'Angers : ses derniè-
res années s'y écoulèrent en paix. Il est mort
dans ce lieu, le 30 mars 1831, à l'âge de soixante-
treize ans. Il avait élé premier chanteur de la
chapelle de Napoléon, depuis 1801 jusqu'en 1815;
mais après la deuxième restauration, on lui fit
un crime de son ancienne exaltation républi-
caine, et son emploi lui futôté.
Malgré l'enthousiasme qu'il a longlemps excité
parmi les habitués de l'Opéra, Lays n'était pas
un grand chanteur : on peut même dire qu'il
ignorait les éléments de l'art dn chant. Sa voca-
lisation était lourde; il n'avait point appris à
égaliser les registres de sa voix, et quand il pas-
sait des sons de poitrine à ceux de la voiï mixte,
c'était par une transition subite d'un organe
formidable à une sorte de voix flûtée d'un effet
plus ridicule qu'agréable. 11 affectait cependant
de se servir de «et effet, qui, de son temps, faisait
pâmer d'aise les amateurs de profession. La plu-
part des ornements de son chant étaient suran-
nés et de mauvais goût; mais, malgré ces dé-
fauts, la beauté de sa voix lui faisait des parti-
sans de presque sous ses auditeurs, et il n'y
avait guère de succès possible pour un opéra, si
Lays n'y avait un rôle. Au reste, il avait de la
chaleur et savait animer un morceau de musi-
que : ses défauts étaient ceux de son temps, car
il n'y avait pas en France d'école de chant à l'é-
poque où il débuta. S'il fût venu plus tard, avec
sa belle voix et sa connaissance de la musique, il
aurait pu devenir un chanteur distingué.
LAZZARI (Albert), carme et compositeur
né à Venise, fut maître de chapelle en cette ville,
dans la première moitié du dix-septième siècle.
Il a publié plusieurs ouvrages de sa composition,
entre autres : \° Armonie spirituali Concer-
tate a 1, 2, 3, 4, 5 e 6 voci, con litanie delta
B.V.ài e 8 voci se place, lib. le 2, op . 2;
LAZZARI - LRBEUF
237
Venise, Barl. Magni, 1637. — 2° La Gloria di Vc-
nezla ed altre musiche a voce solaconilbasso
continua, op. 3; Venise, 1637,in-4°.
LAZZARI!\I ( Scii'ioN ) , né à Ancône en
1641, entra dans l'ordre des Ermites de Saint-Au-
gustin, on Préinonlrés, et fut professeur de lliéo-
l()j;ie. Il cultiva la musique avec succès, et (it
imprimer plusieurs ouvrages de sa composition,
parmi lesquels on remarque : 1° Mntetti a due
e tre voci op. 2; Ancône, Claude Perciniinco,
1674. — 2° :salmi vespertini a tre e cinque voci,
con due violini, op. 3; ibid. 1675.
LAZZARliXI (Gustave), bon ténor italien,
né à Padoue , ou, selon d'autres renseignements,
à Vérone, vers 1765, débuta à Lacques en 1789,
et s'y fit applaudir dans Vifigenia in Aalide de
Zingarelli. En 1794 il chanta à Milan, pendant
la saison du carnaval, avec M""' Grassiui et
Marcliesi , dans VArtaserse du même composi-
teur et le Demofoonie de Porlogallo. Son talent
se soutint à côlé de ces grands artistes; épreuve
diflicile que peu de chanteurs auraient pu subir.
L'année suivante il fut engagé de nouveau dans
cette ville; en 1798, il y retourna encore, pour '
chanter Gli Orazi de Cimarosa, et le Meleagro
de Zingarelli, avec La Riccardi et Crescentini.
En 1801 il fut un des acteurs qui composèrent la
troupe de VOpera buffa de Paris. Il y chanta
avec M"""' Strinasacchi et Georgi Belloc. Déjà
.sa voix avait perdu sa fraîcheur, mais on recon-
naissait en lui un talent supérieur dans l'art du
chant et un musicien excellent. Il eut à Paris
Nozzari pour successeur, en 1803. Son portrait a
été gravé dans cette ville par Nitôt Du.frène,
acteur de l'Opéra. Laz/arini a publié deux œuvres
d'ariettes italiennes avec accompagnement de
piano, Paris, Carli, et une pastorale, idem, ibid.
LAZZARIIVI (Alexandre), prélat romain
attaché au service du pape Pie VII, naquit à
Rome, en 1769. Il accompagna le saint Père en
France lorsqu'il vint sacrer Napoléon empereur
des Français, et une seconde fois, lorsque le chef
de l'Église fut conduit en exil à Fontainebleau.
De retour à Rome, en 1814, monsîg. Lazzarini y
reprit le cours de ses études et de ses travaux
littéraires. On a de lui un curieux traité de l'usage
des cloches chez les anciens Hébreux et chez les
autres peuples de l'Orient, sous ce litre : De va-
rio tintinnabulorum usu apud Hebrasos et
Ethnicos; Rome, 1822, 2 vol. in-S". Cet ouvrage
est rempli de recherches intéressantes, et se re-
commande par une érudition solide.
LEACH (....), musicien anglais, vraisem-
blablement attaché à quelque église de Londres,
vers la fin du dix-huitième siècle, a publié :
1° Hymns and psalmfunes for ihe me of
churches, chapels and sundry schools. Book
1 and 2; Londres, Preston. — 2° Collection of
Hymnstunes and anthems adapted for a
full choir, publisking in numbers; ibid. —
3° Trios pour deux violons et basse, ibid.
LÉAUMOIVT (Le chevalier DE), officier
au régiment de Neiislrie, vivait à Paris, vers la
fin du dix-huitième siècle. H y fil graver, en
1786, un duo concertant pour violon et violon-
celle.
LEBÈGUE (Antoine-Nicolas). Voyez BÈ-
GUE (LE).
LE BESIVIER (L'abbé Anicet), chanter
de l'église paroissiale de Saint-Ouen, à Rouen, a
fait imprimer un livre intitulé Manuel du chan-
tre, Rouen, Mégard, 1839, in-S", et im recueil
de cantiques qui a pour tilre : Chants du mois
de Marie, en l'église paroissiale de Sainl-Oucn,
recueillis par l'abbé Anicet Le Besnier ; Rouen,
Mégard, 1840, in-12 de 72 pages.
LEBEUF ( l'abbé Jean ), chanoine et sous-
chantre de l'église cathédrale d'Auxerre, naquit
en cette ville le 6 mars 16«7. Homme simple,
modeste et laborieux, il n'a laissé d'autres ma-
tériaux pour l'histoire de sa vie que ses ouvra-
ges oii l'on remarque beaucoup plus d'érudition
que de goilt et de style. L'Académie des inscrip-
tions et belles-lettres le choisit, en 1740, pour
remplacer Lancelot. Le pape Benoit XIV, après
avoir vu son Martyrologe d'Auxerre, en fut
si satisfait, qu'il fit proposer à l'auteur de se ren-
dre à Rome; mais la mauvaise santé de l'abbé
Lebeuf fut un obstacle à ce voyage. Il mourut le
10 avril 1760, à l'âge de soixante-treize ans. On
porte à près de cent quatre-vingts le nombre
de dissertations et d'ouvrages de tout genre dus
aux re'hercbes de cet infatigable savant. Je ne
parlerai ici que de ce qui a quelque rapport à
l'histoire de la musique dans ses travaux ; on y
distingue : T Remarques sur le chant ecclésias-
tique (dans le Mercure de France, septembre
1725, p. 1897.) — 2° Lettre contre la nouvelle
manière de noter le plain-chan' , inventée par
M. de Molz ( Mercure de février 1728, p. 2l7).
— 3° Règles pour la composition du plain-
chant (Ma., jum 1728, 1" volume, p. 1162;
2'"' vol. pag. 1300). — 4° Réflexions sur la
nouvelle manière de noter le plain-chant,
inventée par M. de Motz ( ibid., novembre 1728,
p. 2230, et ilécembre, 1" vol., p. 2271). —5" Ré-
ponse aux questions proposées dans le Mer-
cure de novembre 1728, à l'occasion de quel-
ques contestations musicales formées à Troyes
en Champagne (ibid., mai 17-29, p. 844). On
trouve dans le catalogue de Falconet (tome l*"",
p. 477, n" 8355) l'indication d'un ouvrage de
238
r.EBEUF — LEBLANC
l'ahbé Lebeiif, sous ce titre : Mémoire de Jean
Lebeuf srir le plahi-chant, 1729, in-l2. Il est
vraisemblable que ce n'est qu'un tirage à part île
ce qti'il avait (uiblié sur cette matière, en 1728,
dans le Mercure de France. — 6" Lettre sur
les orgues , à l'occasion de ce qui est dit de
celles de la cathédrale d'A Ibi dans le Mercure
de juillet \121 (ibid., aortt 1737, page 1750). —
7° Recueil de divers écrits pour servir d'é-
claircissements à l'histoire de France et de
supplément à l'histoire des Gaules; Paris ^
1738, 2 vol. in-12. Cet ouvrage est formé de la
réunion de plusieurs dissertations envoyées pré-
cédemment par l'auteur à différentes académies.
Parmi ces morceaux historiques, on remarque au
premier volume une Dissertation sur le lieu où
s'est donnée en 84 1 la bataille de Fontenay.
Après avoir éclairci le point principal de la dis-
cussion, Lebeuf y rapporte une pièce très curieuse
sur la bataille de Fontenay, ou Fontanet, qui est
du temps de cet événement. Celte pièce, en vers
trochaiques, existe dans un manuscrit de Saint-
Martial de Limoges qui est à la Bibliothèque im-
périale, à Parjs, n° 1154. Elle est composée de
différentes strophes qui, ainsi que l'a remarqué
Lebeuf, sont dans le style des complaintes lati-
nes. Cette pièce commence ainsi :
VERSUS DE BELLJV QVM. FUIT ACTA FOIfTANETO.
Aurora cum primo manè
Tetram iioctem divldens,
Sabbatuiii non illud fuit,
Sed saturni dolium ;
Etc.
Lebeuf la rapporte en entier (pag. 165-168,
vol. 1 ). Il a bien vu par les caractères de nota-
tion saxonne ( neumes ), placée au-dessus des vers
de la première strophe, que c'est une sorte de ro-
mance historique; mais ces caractères ont été
pour lui un mystère impénétrable. J'ai traduit
en notation moderne ce morceau, l'un des plus
curieux et des plus intéressants de l'histoire de la
musique ( Voyez la planche du Résumé philo-
sophique de l'histoire de la musique, en tête
de la première édition de !a Biographie uni-
verselle des Musiciens. )
Une dissertation pleine de recherches sur l'état
des sciences et des arts au temps de Charlema-
gne se trouve au commencement du deuxième vo-
lume ; elle renferme des détails qui ne sont pas
sans intérêt pour l'histoire de la musique, par-
ticulièrement sur Remi-d'Auxerre et Hucbaid.
— 8° Dissertations sur l'histoire ecclésiasti-
que et civile de Paris, suivie de plusieurs
éclaircissements sur l'histoire de France,
Paris 1739-1745, 3 vol. in-12. On trouve dans le
deuxième volume de cette collection une bonne
Dissertation sur l'état des sciences en France
depuis la mort du roi Robert jusqu'à celle
de Philippe le Bel. Lebeuf y a réuni quelques
renseignemenls sur la situation de la musique
française depuis l'an 1031 jusqu'en 1304; mais
il n'a pas connu toutes les sources on il pouvait
puiser. — 9° Traité historique et pratique
sur le chant ecclésiastique avec le directoire
qui en contient les principes et les règles,
suivant l'usage présent du diocèse de Paris,
et autres. Précédé d'une nouvelle méthode
pour l'enseigner et l'apprendre facilement,
Paris, 1741, in-8". Les règles de plaiu-chant
qu'on trouve dans cet ouvrage ne sont point de
l'abbé Lebeuf; elles avaient été compo.sées vers
la fin du dix-septième siècle par l'abbé Cliaste-
lain , chanoine de Notre-Dame et ami de Bros-
sard , pour être placées en lêle de l'ancien anti-
phonaire de Paris. La partie historique seule,
jusqu'à la page 150, apparlient à l'abbé Lebeuf:
elle contient des choses curieuses qu'on ne trouve
point dans la plupart des ouvrages sur la même
matière. Toutefois ce livre a été trop vanté :
l'abbé Lebeuf n'avait presque aucune connais-
sance de l'histoire du plain-chant en Italie et ea
Allemagne. Il avait été chargé de travailler en
1744 au nouvel antiphonaire et au nouveau gra-
duel de Paris : ce fut ce qui le jeta dans ces re-
cherches qu'il avait déjà ébauchées autrefois.
LEBLAIN ou LE BLAI\ { P.-J.), carillon-
neur de la ville de Gand et compositeur, ne m'est
connu que par une note de la Bibliographie
Gantoise, de M. Ferd. Vanderbaegen, p. 190,
où un article du catalogue Van de Poêle ( im-
primé à Gand en 1816, p. 45, n" 193) est cité
de cette manière : Livre de clavecin, par P. J.
Le Blan, cajHllonneur de la ville de Gand.
Cet ouvrage, dont on n'indique pas la date dans
le catalogue, était relié avec le traité de musique
de Jean Van der Elst (voy. ce nom) intitidé Den
Ouden «nde Nieuwen Grondt Van de Musijke
Bevangehende. {GAnd, Maximilien Graet, 1662,
in-4''.)
LEBLAIVC (Hubert) , docteur en droit et
amateur de musique, qui jouait bien de la basse
de viole, vécut à Paris dans la première moitié
du dix-huitième siècle. C'était un homme d'un
caractère bizarre, qui, dans son admiration pour
la basse de viole, ne connaissait rien qui ptlt lut
être comparé, et qui voyait avec chagrin l'aban-
don de cet instrument se préparer par la vogue
qu'obtenaient en France le violon et le violoncelle.
Il écrivit à ce sujet un livre singulier, intitulé r
Défense de la basse de viole contre les entre-
prises du violon et les prétentions du violon-
ccl (sic). Amsterdam, 1740, in-12. Il y traite le
LEBLANC — LEBOKNE
230
violon d'orgueilleux, d'arrogant, visant à l'empire
universel de la musique; quant au violoncelle,
c'est, dil-il, un pauvre hère, qui se cache tout
honteux derrière le clavecin, et dont la condi-
tion est de mourir de faim. Le style du livre
est digne des pensées. Leblanc n'avait pu trouver
à Paris de libraire pour une telle production ; il
fut obligé d'envoyer son manuscrit à Amsterdam.
Lorsqu'il apprit que Pierre Mortier consentait à
l'imprimer, il en fut si transporté de joie, qu'il
partit pour la Hollande en l'état où il se trou-
vait quand la nouvelle lui parvint, c'est-à-dire
en robe de chambre, en pantoulles , et en bonnet
de nuit.
LEBLANC (....), violoniste et compositeur
français, né vers 1750, fut d'aboni chef d'or-
chestre au Théâtre Comique et Lyrique, à
Paris, lequel prit ensuite le titre de Théâtre des
Jeunes Artistes. Il occupait celte place en 1791.
Plus tard, il fut attaché au Théâtre d'Ému-
lation, en qualité de compositeur des opéras
et pantomimes; il conserva cet emploi jus-
qu'en 1801. Descendant presque toujours dans
des positions pires, il fut ensuite obligé d'accep-
ter une place de second violon au Théâtre sans
prétention du boulevard du Temple, et enlln,
dans ses dernières années, il fut réduit à copier
de la musique. Il est mort à Paris, dans une
situation malheureuse et dans un âge fort avancé.
Les premières compositions de Leblanc sem-
blaient lui promettre une carrière plus heureuse ;
on y remarquait du talent, et leur succès n'avait
pas été sans éclat; mais il écrivit presque tous
ses ouvrages pour les petits théâtres, où rien ne
saurait avoir une longue existence. Son premier
opéra, joué au théâtre des Beaujolais, en 1787,
était intitulé : La Noce Béarnaise ; il eut un
succès de vogue. Vinrent ensuite Gabrielle et
Paulin, au même théâtre, 1788; La Folle ga-
geure, au théâtre Comique et Lyrique, 1790;
Rosine et Zeltj, au même théâtre, 1790 ; Le Ber-
ceau de Henri IV, en deux actes , au même
théâtre; Nicode'me dans la lune, en trois actes,
au même théâtre, qui lit courir tout Paris aux bou-
levards pendant plus d'une année ; Télémaque,
pantomime dialoguée,avecdes morceaux dédiant,
une ouverture et des entr'actes, au Théâtre
d'' Émulation, en 1797. Leblanc a écrit aussi la
musique d'une très-grande quantité de pantomi-
mes, de mélodrames et de ballets pour la plupart
des théâtres des boulevards.
LEBLICQ (CHA.RLES-TuÉonoRE) , né à
Bruxelles, le 2.5 août 1833, tut atlmis au Conser-
vatoire de c«tte ville en 1851, et y fut élève de
l'auteur de ce dictionnaire poiir la composition.
Vm tsrjo et 1857, il prit part aux grands concours
, de coiniiO'iitioH musicale, iiistilués par le ponvi r
nement, sans y obtenirni premier ni second prix.
En 1856, M. Leblicq fit exécuter à l'église Sainte-
r.udiile une messe solennelle avec orchestre, et
ilans l'année suivante il y donna un salut où l'on
remarqua <le bonnes choses. Il s'est fixé à Paris vn
1 859, et a fait représenter au Théâtre-Lyrique, le 6
décembre 1861, La Tyrolienne, opéra-comique
en un acte, dont les journaux ont fait l'éloge eu
citant ses mélodies naturelles, son harmonie dis-
tinguée et son instrumentation élégante.
LEBLOIXD ( Gaspak MICHEL, surnommé),
abbé et savant antiquaire, naquit à Caen, le
24 nov. 1738. Venu à Pari», il s'y fit bientôt
connaître avantageusement, et ne tarda pas à
être nommé sous-bibliolliécaire à la Bibliothè(]ue
Mazarine. En 1772, il fut reçu à l'Académie des
inscriptions , où il lut de savants mémoires sur
divers objets d'antiquité. Pendant la Révolution,
Leblond ayant été nommé membre de la com-
mission temporaire des arts, profita de cette cir-
constance pour enrichir la Bibliothèque Maza-
rine d'environ 50 mille volumes. Au mois de
mai 1791 , le.directoire du département de Paris
le nomma conservateur de la même bibliothèque }
il devint ensuite membre de la classe des anti-
quités, lors de la première formation de l'Ins-
titut. Après rétablissement du gouvernement
impérial, il se retira à l'Aigle, où il mourut
le 17 juin 1809, à l'âge de soixante et onze
ans. Il ne s'agit point ici de ses travaux litté-
raires; je ne le citeqiic ,^our une compilation rela
tive à la musique. Lié d'amitié avec l'abbé Ar-
naud , il s'intéressa à la querelle des Gluckisies
et des Piccinnistes, et publia la collection des
pièces qui avaient paru sur celte dispute, sous
le titre de : Mémoires pour servir à l'histoire
de la révolution opérée dans la musique
far le chevalier Gluck ; Paris, 1781 , in-8°.
LEBOEUF. Voy. BOECTF (LE).
LEBORIXE , musicien français du quator-
zième siècle, fut attaché à la maison de Louis X,
dit le Hutin, roi de France, en qualité de
joueur de psallérion , ainsi qu'on le voit par
une ordonnance de l'hôtel de ce prince, en
date de 1315, au c\ia[>\[re de^ Ménestrels (voy .
la Revue musicale, t. XII, p. 194).
LEBORNE ( Aimé-Ambroise-Simoin ), fils
d'im artiste dramatique, est né à Bruxelles, le
29 décembre 1797. Ses premières études musi-
cales ont été faites à l'école gratuite de Vei-
sailles , où la classe de musique était dirigée
par Desprez, ancien musicien de la chapelle
du roi. M. Leborne y obtint les premiers prix
1 dans les années 1809 et 1810. A cette époque,
son père entra au théâtre de l'Impératrice
240
LEBORNE — LE BOURGEOIS
(Odéon). Le jeune Leborne le suivit à Paris; il
fut admis comme élève au Conservatoire le
8 janvier 1811, et entra dans une classe de
solfège. Déjà bon lecteur de musique, il eut
bientôt (ini son cours de celte partie élémentaire
de Tart, et le 26 octobre 1812 il commença l'é-
tude de riiarmonie dans la classe de Berton;
mais il reçut toutes ses leçons de Dourlen, alors
répétiteur de cette classe , et plus tard profes-
seur. Au mois d'octobre de l'année suivante il
devint élève de Cherubini, pour le contrepoint
et la composition. En 1818 , il concourut à l'Ins-
titut de France et y obtint le second grand prix
de composition musicale; deux ans après il se
présenta de nouveau au même conconrs et l'em-
porta sur ses émules. Le premier grand prix lui
fut décerné, et pendant les années 1821 , 1822
et 1823, il voyagea en Italie et en Allemagne,
en qualité de pensionnaire du gouvernement.
De retour à Paris, il s'y est livré à des travaux
de composition; le 2.3 février 1828 il a fait re-
présenter au théâtre de l'Opéra-Comique Le
Camp du drap d'or, opéra en trois actes,
composé en société avec IJatton et Rifaut; cet
ouvrage n'a pas été favorablement accueilli par
le pnblic. Dans la même année M. Leborne a
écrit quelques morceaux importants de La Vio-
lette, opi'ra de M. Carafa, représenté le 7 oc-
tobre 182». Le 15 juin 1833, il a fait jouer au
Tliedtre de la Bourse l'opéra-comique inti-
tulé -.Cinq ans d'entr'acte, en deux actes. Cet
ouvrage a été suivi de Lequel, opéra-comiqiie
en un acte, représenté au même théâtre, le 21
mars 1838. Successivement répétiteur de sol-
fège au Conservatoire, en 1816, et professeur
de la même classe, en 1820, M. Leborne a été
appelé à remplacer Reicba comme professeur
de composition dans la même école, le 13 août
1836. Le 1" janvier 1829, il a remplacé à
l'Opéra Lefebvre, son beau-père, en qualité de
bibliothécaire et d'entrepreneur de la copie , et
le titre de bibliothécaire de la chapelle du roi
lui a été donné en (834. Professeur de mérite et
possédant les excellentes traditions pratiques de
l'ancienne école d'Italie, qu'il a reçues de Che-
rubini , M. Leborne a formé de bons élèves ,
dont plusieurs ont été couronnés dans les con-
cours de l'Institut. On lui doit une nouvelle édi-
tion du Traité d'harmonie de Catel , avec de
nombreuses additions, non dans le système, mais
en ce (|ui concerne la pratique ( Paris , Brandus
et C'S 1848, gr. in-4^ )
LÈBOUC (Chaules-Joseph), violoncelliste
distingué et compositeur, est né à Besançon , le
22 décembre 1822. Après avoir appris la musique
et le violoncelle dans le lieu de sa naissance, il
se rendit à Paris à l'âge de dix-huit ans , et fut
admis au Conservatoire, en 1840, comme élève
de M. Franchomme pour son instrument. Ses
professeurs pour la composition furent Colet et
Halévy. Après avoir obtenu le premier prix de
violoncelle au concours de 1842, un second prix
d'harmonie en 1843, un premier prix de cette
science dans l'année suivante et des accessits de
contrepoint, M. Lebouc entra à l'orchestre de
l'Opéra en 1844 et y resta attaché jusqu'en 1848.
Élu membre de la Société des concerts du Con-
servatoire en 1842, il en a été secrétaire dans les
années 1856 et 1860. Fondateur des Soirées de
musique classique, où l'on entend exécuter par
de bons artistes de la musique instrumentale de
chambre et des morceaux de chant tirés d'opéras
et d'oratorios, M. Lebouc a vu prospérer cette
inslitution. Les ouvrages gravés de «et artiste
sont : op. 1 : Fantaisie pour violoncelle sur des
motifs des Mousquetaires de la reine; Paris,
Brandus. — Op. 3 : Trio de concert sur des motifs
de Rossini pour piano, violon et violoncelle ; ibid.
— Op. 4 : La Vision de sainte Cécile, mélodie pour
soprano ou ténor, avec accompagnement de violon-
celle obligé et de piano; Paris, Girod. — Op. 5 :
Duo sur des mélodies d'A.Gouffé pour piano
et violoncelle ou violon^ ibid. — Op. 6 : Noc-
turne sur Plaisir d'amour de Martini, pour
piano etvioloncelle ou violon; ibid. — Op". 7 :
Souvenirs d'Italie, fantaisie pour violoncelle
avec accompagnementde piano ; ibid. — Op. 8 :
Duo sur des motifs de Gluck pour piano et vio-
loncelle; Paris, Lemoine. — Op. 9 : Mazurka
pour violoncelle; Paris, Girod. — Op. 10 : Ave
verum à une voix, avec accompagnement de
violoncelle et orgue; ibid. — Méthode de vio-
loncelle; Paris, Lemoine.
LE BOURGEOIS ( Pierre -Auguste ),
compositeur né à Versailles, au mois de juin
1799, suivant les registres du Conservatoire de
Paris , et d'après celui des inscriptions des
concours de l'Institut, au mois d'octobre de la
même année, commença l'étude de la mu-
sique dans le lieu <le sa naissance, sous la di-
rection de Matlliieu {voyez ce nom); puis il
fut admis au Conservatoire comme élève du
cours d'harmonie professé par Dourlen. Devenu
élève de Lesueur, pour la composition , il con-
courut à l'Institut en 1823, pour le grand prix,
qui lui fut décerné par la classe des Beaux -arts,
après l'examen et l'audition de sa cantate inti-
tulée Geneviève de Brabant. Cet ouvrage fut
exécuté à la séance de cette Académie, au mois
d'octobre de la même année. Devenu pension-
naire du gouvernement à ce titre, il partit pour
Rome; mais [leu de jours après son arrivée, il
LE BOURGEOIS — LEBRUN
241
Tnoiinit au mois de mais 1824, avant d'avoir
accompli sa vingt-cinquième année, laissant en
manuscrit beaucoup de compositions vocales et
insiriiinenfales.
LEBRETON (JovcniM). Voyez BIIETOAÎ
(LE).
LEBRUN, ou LEBRUIVG (Jean), prêtre
et musicien , né dans la seconde moitié du quin-
zième siècle, fut attaché à la chapelle du roi
de France Louis XII, suivant un compte de la
maison de ce prince qui se trouve dans un
volume manuscrit de la Bibliothèque impériale de
Paris (n° P, 540 du supplément )i II était chantre
en voix de basse. Les troisième et quatrième li-
vres des Moleltl de la Corona publiés par Pe-
trucci de Fossombrone , en 1519, en contiennent
deux à quatre voix , sous le nom de Lebning.
On trouve aussi le motet à 4 voix, Saul ,
Saul, qiiid me, du même artiste, dans le re-
cueil intitulé : Fior de motetti e canzoni novi
composa da diversi eccellentissimi Musicl, et
imprimé à Rome, par Jacques Junte, en 1523.
Le recueil de Georges Forster, qui a pour titre
Helectissimarum Motetarum partim quinque
partim quatuor vocuni Tomus primus ( No-
rimbergœ, J. IMrejus, 1540), renferme deux
motets de Lebrun. Enfin , on trouve des compo-
sitions du même dans le cinquième livre de la
collection d'Atlaingnant (Paris, 1536), ainsi que
dans le huitième livre, et dans le septième livre
de ciiansons à 5 et 6 parties publié par ïilman
Susato (Anvers, 1545).
LEBRUM ( Lours-AUGUSTE ) , hautboïste cé-
lèbre, naquit à Manheim en 174G, et non
en 1752, comme le dit Lipowsky dans son Dic-
tionnaire des musiciens de la Bavière. A peine
parvenu à l'âge de vingt et un ans, il était déjà
cité pour son habileté extraordinaire dans son
pays, où les virtuoses sur le hautbois ne sont
pas rares. En 1767 il entra dans la musique de
l'électeur de Bavière, à Munich, et le prince,
qui aimait beaucoup son talent, lui accorda un
traitement de quinze cents llorins. En 1 775 il
épousa Françoise Danzi , sœur du compositeur
de ce nom; ce fut à dater de cette époque que
son nom acquit de la célébrité, parce que, voya-
geant avec sa femme , artiste du premier ordre
pour le chant, il put donner avec elle des
concerts dans les plus grandes villes de l'Eu-
rope. Ayant obtenu des congés, il visita Berlin,
Vienne, Londres, Paris : partout il recueillit
des témoignages d'admiration. Son premier
voyage à Londres eut lieu en 1781; il y re-
tourna en 1785, et ciiaqne fois il y excita au-
tant d'étonnement que de plaisir. Mais c'est
surtout à Paris, où il se trouvait en 1784, que
CIDGH. INIV. DES MUilCIi.NS. — T. V.
son talent fit naître les émotions les plus vives
et qu'il recueillit les applaudissements les plu.s
llatteurs. Des offres avantageuses lui furent
faites pour qu'il se fixât en cette ville; mais
fidèle à ses engagements avec son prince, il re-
jeta toutes les propositions du même genre qui
lui huent faites. Malheureusement cet artiste si
distingué n'eut qu'une courte carrière; il mourut
à Berlin, le 16 décembre 1790, à l'âge de
quarante-quatre ans. Lebrun s'est fait connaître
comme compositeur par les ouvrages suivants :
1° Six trios pour hautbois , violon et basse, ou
2 violons et basse, op. 1, Ofténbach , André.
— 2° Duos faciles pour 2 flûtes; Paris, Na-
derman. — 3" Concertos pour hautbois et or-
chestre ; n° 1 ( en ré mineur ) , Offenbach ,
André; Paris, Omont; n° 2 ( en sol mineur);
n° 3 (en ut); n° 4 ( en si bémol ) ; n° 5 ( en
ut) , Paris, Sieber et Omont; n° 6 (en fa),
Paris, Omont; n° 7 ( en fa), Paris, Sieber. —
4" Trios pour hautbois , violon et basse, op. 2,
Paris , Sieber.
LEBRUN ( Fha.nt.oise), femme du précé-
dent et fille du bassiste Danz', naquit à Man-
heim en 1756. La nature l'avait douée d'une
voix aussi remarquable par la pureté des sons
que par son étendue; dans les notes élevées,
elle atteignait sans peine au conlre-fa. L'étude
développa ses belles qualités et compléta un des
plus beaux talents de cantatrices (|ue l'Alle-
magne ait produits. A peine âgée de seize ans,
m"* Danzi se fit entendre pour la première fois
en 1771 , et charma toute la cour. L'année sui-
vante elle fut engagée à l'Opéra de Manheim.
Devenue la femme de Lebrun, elle partit avec
lui pour l'Italie, et chanta à Milan, en 1778,
dans l'opéra de Salieri Europa riconosciuta.
Sa voix admirable, dont l'étendue était de deux
octaves, et sa facile vocalisation, excitèrent
parmi les Milanais des transports d'enthousiasme,
malgré les intrigues de la Balducci, prima donna
du théâtre de la Scala. M""* Lebrun obtint un
succès égal à Londres, dans les années 1781 et
1783. De retour à Munich en 1785, elle y chanta
pendant tout l'hiver, puis elle retourna en Italie
l'année suivante , et obtint à Venise et à Naples
de brillants succès comme dans toutes les villes
qu'elle avait visitées. Pendant les années 1788
et 1789 , elle chanta à Mimich dans Vldoménée
de Mozart, dans l'Arviide de Prali , et dans le
Castor et Pollux dé Vogler. Engagée à Berlin,
elle iiartit au mois de décembre 1790 |»our cette
ville; mais à peine y élait-elie arrivée, qu'elle
perdit son mari. Le chagiin qu'elle en éprouva
lui causa une maladie de langueur, dont elle
mourut le 14 mai 1791. M""*" Lebrun possédait
2 12
LEBRUN
aussi un talent remarquable sur le piano , et
composait avec goût pour cet instrument. Elle
a publié à Offeni)acli , en 1783, des sonates
de piano avecaccompagnement de violon, et des
trios pour piano, violon et basse où il y a de
jolies mélodies et le mérite d'une facture facile.
M"" Lebrun eut deux filles. L'aînée ( So-
phie), née à Londres le 20 juin 1781, eut de
la célébrité comme pianiste. Après avoir étudié
la musique sous la direction de Kneclit, elle
reçut des leçons de Streicber pour le piano , et
de Sclilett pour Tbarmonie. Douée d'un senti-
ment vif et profond , et possédant un méca-
nisme facile , elle voyagea avec succès et fit ad-
mirer la perfection de son jeu en France, en
Allemagne et en Italie. Le 18 avril 1799 elle
épousa DulUen, facteur de pianos à Munich;
c'est surtout sons le nom de M^e jjulken qu'elle
acquit de la renommée. Elle a composé des
sonates et d'autres pièces pour le piano , mais
elle n'en a rien publié.
Rosine, seconde fille de M^e Lebrun , na-
quit à Munich, le 13 avril 1785. Après avoir reçu
des leçons de Streicber pour le piano, elle
fit des études de chant sous la direction de son
oncle, le maître de chapelle Danzi. Ses débuts
annoncèrent un talent distingué ; mais ayant
épousé l'acteur de la cour Stenzsch , le 30 no-
vembre 1801 , elle renonça à chanter l'opéra
pour jouer la comédie , où elle a montré du ta-
lent. ■'
LEBRUN ( Je.vn ) , virtuose sur le cor, na-
quit à Lyon le 6 avril 1759. Fils d'un amateur
instruit dans la musique, il apprit fort jeune
les éléments de cet art, et se forma presque seul
sur le cor un talent déjà remarquable avant
qu'il eût atteint sa vingtième année. En 1783,
il se rendit à Paris , où Rodolphe lui donna quel-
ques conseils, puis il reçut des leçons de Punto.
Jamais peut-être il n'a existé un corniste qui
eût une puissance de lèvres comparable à celle
de Lebrun pour monter jusqu'aux notes les plus
élevées , avec une pureté de son et une sûreté
d'attaque qui n'étaient jamais en défaut. Je l'ai
entendu en 1 802 ; il exécutait alors en se jouant
des difficultés qui auraient été inabordables pour
tout autre artiste. En 1786, il entra à l'or-
chestre de l'Opéra en qualité de premier cor,
et il occupa cette position jusqu'en 1792. Les
troubles de la révolution le déterminèrent alors
à passer en Angleterre ; mais il y resta peu de
lemps, car dans la même année il entra dans la
chapelle Royale de Berlin, en remplacement de
Palsa, décédé. En 1802, il obtint un congé et
lit un voyage sur le Rhin , en Hollande et dans
la Belgique. Après la bataille de Jéna, il quitta
définitivement la Prusse, comme tous les mem-
bres étrangers de la chapelle congédiée , et re-
tourna à Paris. Son originalilé , le peu d'ordre
qu'il y avait dans sa conduite, et surtout ses
dédains pour les autres artistes du même genre
que lui ne lui firent pas d'amis ; il ne put par-
venir à se placer. Déjà il n'était plus jeune et
n'avait plus au même degré les qualités bril-
lantes qui avaient fait autrefois ses succès; il
tomba dans la misère , et de désespoir il se
donna la mort par l'asphyxie, en 1809. Lebrun
avait inventé une sourdine composée d'un cône
de carton ouvert à son sommet et percé d'un
trou à sa base : en l'introduisant dans le pa-
villon du cor, il tirait de cette sourdine quel-
ques beaux effets dans Vadarjio. 11 avait com-
posé plusieurs concertos fort difficiles qu'il exé-
cutait dans ses concerts, mais il n'en arien fait
imprimer. C'est Lebrun qui a fourni à Framery
les matériaux de l'article Co/-, inséré dans !'£'«,-
cyclopédie méthodique.
LEBRUN (Locis-Sébastien), compositeur,
né à Paris le 10 décembre 1764, entra comme
enfant de chœ-ur à la maîtrise de Notre-Dame, à
l'âge de sept ans, et y apprit la musique et la
composition. Après douze années d'études dans
cette école, il en sortit en 1783, pour remplir, à
l'église Saint-Germain-l'Auxerrois, tes fonctions
de maître de chapelle; mais trois ans après, ses
amis le décidèrent à entrer au théâtre, où l'on
croyait que sa voix de ténor pouvait lui procurer
des succès. Il débuta à l'Opéra, au mois de mars
1787, par lerôledePolynice, dànsOEdipe à Co-
lone. L'événement ne justifia pas les espéran-
ces qu'on avait eues, car Lebrun fit peu d'effet
dans ce rôle, et ne fut jamais qu'acteur médiocre.
En 1791, il quitta l'Opéra pour passer au théâtre
Feydeau , où il n'eut guère plus de succès ;
toutefois il y resta jusqu'à la banqueroute du di-
recteur Sageret, en 1799. Il retourna alors à
l'Opéra comme double, puis se retira de la scène
en 1803, pour prendre une des quatre places de
maître de chant de ce théâtre. Admis comme
ténor à la chapelle de Napoléon, en 1807, il eut^
trois ans après, l'emploi de chef du chant de la
même chapelle. Lebrun ne mettait pas plus de
génie dans ses compositions que dans son chant;
cependant des circonstances favorables l'ont
quelquefois secondé, et lui ont fait obtenir des
succès à la scène. 11 a donné au théâtre Mon-
tansier : l" VArt d'aimer, ou l'Amour au vil'
/«■(/c, opéra-comique en un acte, 1780. — 2° Ils
ne savent pas lire, en unacte, 1791. — 3" Éléo-
iiore et Dorval, ou la suite de la Cinquan-
taine, ttn un acte, 1800.— i° Les Petits Aveu-
gles de Franconville , en un acte, 1802. ~ Aa
LEBRUN — LECHNER
243
llif^âtrc Lonvois : 5° Emilie et Melcour,
1797. — 6° Un Moment d'erreur, en un acte.
— 7° La Veuve américaine, en deux actes, 1 799.
— An théâtre Molière : 8° Le Menteur mal-
adroit, en un acte, 1798. —Au théâtre Feydeau :
a" Le Bon Fils, en un acte, 1795. — iO" L'As-
tronome, en un acte, 1798. — il°Le Maçon,
eu un acte, 1800. — 12" MarcelUn, en un acte,
1800. — A l'Opéra : IS'^ Le Rossigiiol, en un
acte, 181C. Cet ouvrage a eu un succès tie
vogue et se joue encore, quoique la musique
en soit assez plate. Ce succès a ctédù au talent de
M""^ Alhert Hymni, dans le rôle principal, et à
celui de Tulou sur la flûte. — 14° Zéloïde, ou
les Fleurs enchantées, ea deux actes, 1818. Le-
brun avait composé la musique d'un opéra en
«inq actes, intitulé : L'An //, pour le tiiéàtre
Feydeau; mais des considérations politiques en
ont empêché la représentation. Il a aussi écrit,
pour l'Opéra, plusieurs grands ouvrages qui
n'ont point été joués. Quelques partitions des
opéras de ce musicien ont été gravées; entre
autres : l'Astronome^ Maixellin et le Jtos-
■signol. Il a aussi publié un recueil de ro-
mances, à Paris, chez Janet. On connaît de lui
quelques morceaux de musique d'église, parmi
lesquels on remarque un Te Deum, avec orches-
tre, exécuté à Notre-Dame, en 1809, à l'occa-
sion de la victoire de Wagram ; une Messe so-
lennelle, chantée à l'église Sàint-Eustache, en
1815, pour la fête de Sainte-Cécile; et une autre
messe en trio avec instruments à cordes, exé-
cutée à Saint-Maur, le jour de Sainte-Thérèse,
au mois d'octobre 1826. Lebrun est mort à Paris
Je 27 juin 1829.
LEBUGLE (L'abbé), amateur de musique et
claveciniste, vécut à Paris depuis 1780 jusqu'à la
révolution. Il a publié de sa composition trois
œuvres de sonates de clavecia, avec accompa-
^^nement de violon, un recueil d'airs pour clave-
cin seul, et un rondeau avec violon.
LECAMUS (...), chef de la grande bande
des violons du roi (Louis XIV), vivait dans la
seconde moitié du dix-septième siècle. Il n'est
pas mort en l<i77, comme le prétendent Choron
et Fayolle, dans leur Diciionnaire historique
des musiciens ; car il a publié à Paris, en 1678,
un recueil intitulé : Airs à deux et trois parties,
par le sieur Lecamus, maure de la musique
du roi, in-4''obl.
LECARPENTIER. Voyez CARPEN-
TIER (LE).
LEGERE DE LA VIEVILLE (Jean-Lau-
rent), seigneur de Fresneuse, garde des sceaux
du parlement de Normandie, et de la même fa-
ifiille que dom Lecerf, bénédictin de la congré-
gation de Saint-Maur, naquit à Rouen en 1647,
et mourut dans la mémo ville le 10 novembre
1710. Admirateur enthousiaste de la musique de
Lully, il fut vivement blessé de la préférence que
l'abbé Raguenet avait donnée à celle des com-
positeurs italiens, dans son Parallèle des Ita-
liens et des Français en ce qui concerne la
musique, publié en 1702; pour venger l'objet
de son admiration, il lit paraître une Compa-
raison de la micsique italienne et de la mu-
sique française, où, en examinant en détail
les avantages des spectacles et le mérite des
compositeurs des deux nations, on montre
quelles sont les vraies beautés de la mu-
sique: Bruxelles, 170'*, in-12, première partie,
qui contient trois dialogues et une lettre. L'an-
née suivante, une seconde édition de ceUe pre-
mière partie parut accompagnée d'une deuxième
oii sont renfermés une histoire delà musique et
des opéras, une vie de Lully, une réfutation du
traité de Perrault sur la musique des anr.lens
et un traité du bon goût en musique, Bruxelles,
1705, in-12. Ces dissertations ont élé réimpri-
mées dans l'histoire de la musique de Bourdelot
et Bonnet {voyez, ces noms). L'abbé Raguenet
ayant fait paraître, en 1705, une défense de son
Parallèle contre les attaques du seigneur de Fres-
neuse, celui-ci répondit en 1706 par une troisième
partie de sa Comparaison ( Bruxelles, in-12), où
il inséra, outre sa réponse, un discours sur la mu-
sique d'église et un éclaircissement sur BononcinL
Dans celte dispute, Lecerf de la Yieville se
montra plein de préventions et presque étranger
à la question : tout l'avantage demeura à Pabbé
Raguenet {voyez ce nom). On a aussi de Fres-
neuse : V Art de décrier ce qu'on n'entend pas^
ou le Médecin musicien, exposition de la
mauvaise foi d'un extrait du Journal de Pa-
ris; Bruxelles, Foppens, 1706, in-12, dirigé
contre Andry, docteur en médecine de la faculté
de Paris , qui avait attaqué sa Comparaison,
On trouve l'éloge de Lecerf de la Fresneuse dans
le 3/e/TM?'e d'avril 1726.
LECHIVER (Léonard), musicien tyrolien
du seizième siècle, né dans les environs de Gla-
rus, sur l'Adige, fut d'abord musicien de ville à
Nuremberg, et y vécut depuis 1570 environ,
jusqu'en 1594; puis devint compositeur et
maître de chapelle du duc de Wurtemberg. On
trouve à la bihliothèque de Munich quelques-uns
de ses ouvrages, et les autres sont indiqués par
DraudiuSjdans sa Bibliothèque classique. En voici
les titres : 1* Motectse sacrœi, 5 et 6vocum,
ila composite, ut non solum viva voce corn-
modissimè canlari, sed etiani ad omnis gene-
ris instrumenta optimè adhiberi possint. Auc-
16.
•2U
LECHNER —LECLAIR
tore Leonardo Lechnero. Addita est in fine
Motecta octo vociun, ad duos choros eodem
auclori; Norimbergiv, 1 576, in-4-" obi . — T Neue
teuischer Lieder mit 4 und 5 Stimmen ( Nou-
velles chansons allemandes à 4 et 5 voix) ; Nurem-
berg , Knorr, 1577, in^". —3° Neue teuischer
Lieder zu drey Stimmen nachArt der tcelschen
Villanellen (Nouvelles chansons allemandes
pour 3 voix, dans le style des vilianelles , etc. ); Nu-
remberg, Catherine Gerlach, 1577, in-4° obi. —
4° JSewe teutscher Lieder, erstlich durch den
fiirnehmen und bcrhumhten (sic) JacobiimRe-
gnart componirt mit 3 Stimmen, nach Art der
welschen Villanellen setz und ahermit 5 Stim
mengesetz durch Leonardum Lechner (Nouvel-
les chansons allemandes , composées d'abord à
trois parties dans la manière des chansons (la-
inandes, par le noble et célèbre Jacques Regnart,
mais à présent mises à cinq voix par Léonard
Lechner) Con alchuni (sic) madrigali in lin-
guaitaliana; Nuremberg, Catherine Gerlach,
1579, in-4° obi. — 5" Sacrarum Cantionum
b et & vocnm, lib. I et II, ibid. 1581, in-4*'
obi. — 6° Epithalamium 24 vocum, etc. (Épi-
thalame à 24 voix pour le mariage d'un patricien
d'Augsbourg) ; ibid., 1582. C'est; le plus ancien
morceau allemand de ce genre venu à ma con-
naissance ; aucun autre, que je saclie, n'a été fait
pour un si grand nombre de voix à cette époque.
— 7° Harmonia panegijrica illustrissimo
Principi Anhaldino Joachimo Ernesto, 6 vo-
cibus composlta et oblata ; ihid., 1582, in-fol.
— 8° Harmoniie miscellx; ibid., 1583. —
9° Liber Missarum sex et quinque vocum;
adjunctis aliquot introitibus in j)ri7icipua
fcsta, ab Adventu Domini usque ad festum
Sanctissimx Trinitatis, Norimbergx, tijpis
Gerlachinnis, 15S4, in-4''. — 10° Biciniaund
dreijstimmige deutsche Yillanelle (Vilianelles
allemandes à deux et trois voix), ibid. 1586. —
11° Psaumes pénitentiaux à 6 voix, ibid. 1587.
— 12° L'histoire de la Passion sur l'ancien choral
à 4 voix, ibid. 1594, in-fol.
LÉCIIOPIE ( Pierre-Maktin-Nicolas), né
à Senlis le 5 septembre 1771, a étudié à Paris
la musique, le piano et la composition sous la
direction de Schmilt et de Boutroy. Son éduca-
tion terminée, il s'est retiré dans sa ville natale,
où il s'est livré à l'enseignement ; il y vivait
encore en 1845 et y remplissait les fonctions
d'organiste. On connaît sous le nom de cet
artiste : 1° Duos pour 2 violons; Paris, G. Ca-
veaux. — 1° Trois sonates avec ace. de violon;
Paris, Pli. Petit. — 3° Duo pour -2 pianos;
Paris, Langlois. — 4° Six sonates pour piano
seul; Paris, S. Caveaux. — 5° Pastorale et
chasse; Paris, Pacini. — 6° Sonate pour piano et
violon obligé; Paris, Leduc. — 7° Polonaise et
rondeau pour piano seul ; Paris , Ph. Petit. —
8" Six contredanses et valses; Paris, Richault. —
9" Valses et sauteuses; Paris, Janet et Cotelle.
LECIEUX (Léon), violoniste, né le 12 mai
1821, à Bayeux (Calvados), fut admis au Conser-
vatoire de Paris, le 13 décembre 1844, comme
élève d'Habeneck ; mais il n'y acheva pas ses
études, s'étant retiré de cette institution au mois
de juin 184G. Il s'est fait connaître par plusieurs
morceaux pour son instrument, au nombre des-
quels on remarque : Grande fantaisie sur les
motifs du Duc d'Olonne (opéra d'Auber), avec
accompagnement de piano, op. 8 ; Paris, Brandus.
LECLAIR (Jean - Marie) (1), surnommé
VJïné, violoniste célèbre, naquit à Lyon en 1697.
Il était (ils d'Antoine Leciair, musicien du roi
(Louis XIV), et de Benoîte Perrière. La marquise
de la Mésangère le recueillit chez elle dans son
enfance, et prit soin de son éducation. On lui
avait appris à jouer du violon ; mais il ne se ser-
vit d'abord de cet instrument que pour la danse,
et dans sa jeunesse il débuta comme danseur au
théâtre de Rouen. Plus tard, il fut maître de
ballets à Turin. Somis, qui se trouvait alors en
cette ville, lui adressa des compliments sur
quelques airs de ballets qu'il avait composés, et
le prit ensuite comme élôve. Ses progrès rapides
le firent renoncer à la danse pour la musique.
Après deux années d'étude, Somis déclara qu'il
n'avait plus rien à lui apprendre ; mais Leclaircon-
tinuaàse livrerlui-mômeà des exercices particu-
liers pour se faire une manière personnelle. Arrivé à
Paris en 1729, il entra dans la même année à
l'orchestre de l'Opéra, aux appointements de 450
livres. En 1735, ils furent augmentés de 50 fr.
Un si faible iraitement, pour un homme dont la
supériorité sur tous les violonistes français de ce
temps était incontestable, peut causer quelque
étonnement; et, ce qui peut paraître plus bizarre
encore, c'est qu'un tel artiste ait été mis au dernier
rang parmi les ripiénistes qu'on appelait alors le
grand chœur, comme le prouvent les documents
autiientiques de la direction de l'Opéra, qui
sont en ma possession. Ce grand chœur ne
jouait que dans les ouvertures, chœurs et airs de
(1| Dans la collection des poëines d'opéras français im-
primée parBallard (Paris, 1*43-1701, 18 vol. in-12), le nom
de cet artiste est écrit Lerler, comme auteur de la mu-
sique de Gtaucus et Scijlla (t. 18, p- 142). Durey de Noin-
^ille a adopté cette orthograplie dans son Histoire de
l'Opéra (t. II. p. 161). J'ai eu le tort de les suivre dans
cette erreur, en écrivant l'introduction de ma Notice flio-
graphique sur Nicolo Paganini (Paris, Schonenberger,
ISSl], quoique j'eusse écrit Lccluir, dans la première édi-
tionlc la Biographie zwiterselle des iVusictens.
LECLAIR
24â
dnnse; raccompagnoment du chant se faisait par
le petit chœur où, à l'exception de Monteclair,
il n'y avait que des iiommes d'un mérite très-
înfcrieur à celui de Leclair, tels que Favre, les
deux Baudy, et les deux Francœur. Mais à cette
époque, et longtemps après encore, les meilleurs
emplois et les meilleurs appointements étaient
donnés à l'ancienneté plutôt qu'à l'habileté, dans
l'orchestre de l'Opéra. Leclair profita de sonar-
rivée à Paris pour étudier la composition , sous
la direction de Chéron qui, depuis lors, fut d'a-
bord accompagnateur au clavecin , puis chef
d'orchestre de l'Opéra. En 1731 Leclair entra dans
la musique du roi ; mais une discussion qu'il eut
ensuite avec Guignon, pour la place de chef des
seconds violons de cette musique, lui fitsolliciter
son congé. Vers le même temps il se retira aussi
de l'Opéra, et c'est alors qu'il amassa une for-
time modeste par ses leçons et par la vente de
ses compositions, qu'il faisait graver par sa
femme.
Leclair était un véritable artiste de cœur; on
«n a la preuve par le voyage qu'il fit en Hol-
lande pour entendre Locatelli, quoiqu'il ne fût
déjà plus jeune. Les nouveautés que lui fit con-
naître le violoniste italien ne furent pas sans in-
fluence sur son goût : on en remarque des tra-
ces dans l'œuvre posthume de ses sonates pu-
blié par sa femme. Ce fut peu de temps après
son retour de Hollande que Leclair, rentrant
chez lui à 11 heures du soir, fut assassiné près
de sa porte, le 22 octobre 1764 : l'auteur de ce
crime n'a jamais été découvert. Cet artiste
exerça dans son temps la plus heureuse in-
fluence sur les progrès de l'école française du
violon : il fut un des premiers qui y mirent en vo-
gue la double corde, dont il se servait avec un
rare talent; son second livre de sonates est re-
marquable par l'emploi qu'il y a fait de ce genre
de difficulté. Choron et Fayolle disent, dans
leur Dictionnaire historique des musiciens,
que Leclair eut deux rivaux redoutables dans
lîaptisteet Guignon : ils ignoraient que Baptiste
avait quitté Paris depuis vingt-cinq ans pour
entrer au service du roi de Pologne, quand Le-
clair y arriva. On a de celui-ci les ouvrages dont
il a publié lui-même le catalogue en tête de son
œuvre douzième, tel que je le donne ici :
1" Opéra i" . Premier livre de sonates à violon
seul, avec la basse continue; Paris, Boivin 1723.
Le privilège accordé à l'artiste pour la pubMca-
tion de ses œuvres est du 7 octobre de cette même
année. — 2° Second livre de sonates pour le vio-
lon et pour la llùte traversière, avec la basse
continue. Paris, chez l'auteur et chez Boivin.
Cet œuvre contient douze sonates . — 3" Six sona-
tes à 2 violons, ibid. — 4" Six sonates en trios pour
2 violons et la basse continue; ibid. — 5° Troi-
sième livre de sonates à violon seul et la basse
continue; ibid. Leclair venait d'être nommé Or-
dinaire de la musique de la chapelle et de la
chambre du roi : pour témoigner à Louis XV sa
reconnaissance, il lui lit hommage de cet œu.vrc,
qui renferme 12 sonates. — 6° Première récréa-
tion de musique d'une exécution facile pour
2 violons et basse continue; ibid. — 1" 6° Con-
certiatre viollni, alfo,basso perorganoe vio-
lonccllo; ibid. — 8" Deuxième récréation de mu-
sique d'une exécution facile pour 2 flûtes ou
2 violons et la basse continue; ibid. — 9" Qua-
trième livre de sonates à violon seul avec la
basse continue ; Paris, 1738, ibid. Cet œuvre con-
tient 12 sonates. — 10° Sei Concerti a tre vio-
Uni, alto, bassoperorgano o violoncello ;ibid.
— 11° Glaucus et Se y Ha, opéra représenté le 4
octobre 1747, partition gravée. — 12° Second
livre de sonates à 2 violons sans basse; ibid. —
13° Ouvertures et sonates en trios pour 2 vio-
lons, avec la bas.se continue, ibid. — 14° Sonate
posthume gravée par M"ie Leclair; 2'i'e édition
Paris, Cousineau. J'ai dit, dans la première édi-
tion de la Biographie des Musiciens, que l'o-
péra de Glaucus et Scijlla n'est pas de Leclair,
mais d'un flûtiste nommé Leder; je suivais en
cela les notes des manuscrits de Beffara {voy.
ce nom) ; mais c'est une erreur, car, dans le ca-
talogue des œuvres de Leclair, publié par lui-
même en tête de l'œuvre 12e, la partition de cet
opéra est classée comme œuvre 1 1" ; de plus, Le-
clair dit, dans l'avertissement qui précède son
œuvre 13^ : « J'y ai joint l'ouverture de mon
« ojiéra. »
On lit dans le Dictionnaire dramatique de
l'abbé de Laporte (t. 3, p. 285) : «Il manqua ton-
« jours à Leclair cette portion de génie qui sert à
« cacher l'art lui-même, de manière qu'il devienne
« presque insensible dans la jouissance de l'effet.
« On peut porter le même jugement de la plu-
« part de ses opéras ( Leclair n'en a fait qu'un) :
« ils sont fort au-dessons de ses modèles, et non
« moins inférieurs à ses contemporains (quel
« style!) dans la partie instrumentale. «L'abbé de
Laporte prouve dans ce jugement qu'il ne connaît
rien aux choses dont il parle. Les sonates de Le-
clair renferment de grandes beautés -. celles du
troisième livre particulièrement sont admirables.
La femme de cet artiste fut cantatrice à l'Opéra
pour les seconds rôles : elle se retira en 1750
avec la pension. Elle se livra alors à la gravure
de la musique et grava plusieurs ouvrages de son
mari, à qui elle survécut.
LECLAIR (Antoine-Rkmi ), surnommé U
246
LECLAIR — LÉCUREUX
Cadet, frère dn précédent, naquit à Lyon dans les
premières années du dix-liuitième siècle. Il s'est
fait aussi quelque réputation comme violoniste,
et a publié vers 1760 un œuvre de douze sonates
pour le violon.
LECLER (...), organiste des PP. de la
Mercy, à Paris, vécut vers la fia du dix-huitième
siècle. Il a publié en 1785 un journal de pièces
d'orgue, qui n'a pas eu de succès, et qui n'a pas
• été continué.
LECLER {■■■■), fils d'un facteur de clave-
cins établi à Paris, fut attaché à l'Opéra comme
flûtiste en 1739. En 1752, il fit un voyage en An-
gleterre, où son talent sur la flûle fut applaudi.
Cet artiste avait un frère,''plus jeune que lui, qui
succéda à son père dans la facture des clavecins,
et qui se distingua parmi les artistes les plus re-
nommés en ce genre. Ce dernier vivait encore
en 1789.
LECLERC (Jean-Baptiste), dépoté à la
Convention nationale, naquit àChalonne (Maine-
et-Loire) vers 1755. Appelé à Paris par ses fonc-
tions législalives^il y vota la mort de Louis XVI,
sans appel et sans sursis , sortit de la Conven-
tion après la chute des Girondins, et reparut en
)'au IV, au conseil des Cinq-Cents. Élu président
fk cette assemblée le 2i janvier 1799, il sortit de
la carrière législative la même année, et se re-
tira dans sa ville natale, où il est mort au mois
de novembre 1826. Après la seconde restauration
de 1815, il avait été exilé en Belgique comme
tous les conventionnels régicides; mais peu de
mois avant sa njort, il avait obtenu l'autorisation
de rentrer en France. Parmi ses écrits, on re-
marque : 1° Rapport fait au conseil des Cinq-
Cents sur l'établissement d^écoles spéciales
de viusiqiie, dans la séance du 7 frimaire an
Ylt; Paris, Imprimerie nationale, 24 pages in-8°.
— 2" Essai sur la propagation de la musique
en France, sa conservation et ses rapports
avec le gouvernement; Vaxi?.^ 1790, in-8°. Ces
deux morceaux contiennent de bonnes vues sur
l'emploi de l'art comme moyen de perfectionne-
ment moral.
LECOIIXTE (Ecgène-Joseph) , violoniste,
né à Paris, le 10 mai 1817, entra comme élève au
Conservatoire de Paris, le 10 décembre 1834, et
suivit le cours de violon d'Habeneck. Le second
prix de cet instrument lui fut décerné en 1835,
et il obtint le premier au concours de 1837.
LECOMTE ( J.-L.-M.) , ancien receveur des
finances, membre de l'Institut historique de
Paris , et correspondant de la Société impériale
des sciences , de l'agriculture et des arts de Lille,
né en 1774, à Romoranlin ( Loir-et-Cher) , dans
l'ancienne Sologne , s'est fait connaître par de
bons travaux d'histoire de la musique et de
théorie de cet art. Le seul renseignement que
nous ayons sur les études musicales de ce savant
se trouve dans une Notice nécrologique de
Villoteau ( voyez ce nom ) , qu'il a publiée dan»
la Revue et Gazette musicale [de Pari»
(année 1839, n° 26, 27 juin) : il y dit qu'en 1833,
il était loin de r>enser qu'il écrirait un jour sur
des sujets (de musique), vers lesquels la curio-
sité seule l'avait porté. Le premier écrit de
M. Lecomte a été publié sous ce titre : Discours
prononcé au congrès historique européen,
tenu à Vh<jtel de ville de Paris, à la séance
du 14 décembre 1835, sur cette question :
Etablir la différence de la musique des Celtes
et de celle des Grecs, avec le chant ambroi-
sien et mozarabique , et celle du chant am-
broisicn et mozarabique avec le chant grégo-
rien, et celle du chant grégorien avec la mu-
sique du moyen âge, in-S» de 28 pages et un
tableau, sans nom de lieu ( Paris) et sans date
( 1836 ) ; extrait des actes du congrès historique.
En 1839, M. Lecomte a fait insérer dans la
Revue et Gazette musicale de Paris divers
morceaux sur les sujets suivants : 1° sur les
Ambubaix, musiciennes de la Syrie dans l'an-
tiquité (n" 1, 6 janvier). — 2° Musique des
Arabes (n° 7, 17 février, et n" 8, 24 février).
— 3° Biographie de Glaréan ( n" 9, 28 fé-
vrier ). — 4" Analyse des Principes de mélodie
et d'harmonie déduits de la théorie des
vibrations, par le baron Blein { n° 14, 7 avril ,
etn" 16, 21 avril ). — 5° Questions historiques et
philosophiques sur la musique ancienne
(n° 23, 9 juin, et n° 29, II juillet). — 6° ISé-
crologie. M. Villoteau (n" 26, 27 juin). Le
dernier écrit de M. Lecomte a pour titre : 3fé-
moire explicatif de l'invention de Scheibler
( voy. ce nom ) pour introduire une exactitude,
inconnue avant lui, dans l'accord des ins-
truments de wws/r/we ,• Lille, imprimerie de
Danel, 1856, in-8° de 79 pages, avec un appen-
dice, une planche et 4 tableaux. Ce travail est
extrait 'des Mémoires de la Société impériale
des sciences de Lille. Si M. Lecomte vit en-
core, il est aujourd'hui ( 1862) âgé de quatre-
vingt-huit ans.
LECOURT (Pierre), fils d'un concierge du
château de Versailles, né vers 1755, fut organiste
de la paroisse de Saint-Germain-en-Laye, après
avoir fait son éducation musicale chez les pages
de la chapelle du roi. Il a publiéà Paris, chez La
Chevardière, en 1786 : Concerto pour le cla-
vecin avec accompagnement de deux violons,
alto, basse, hautbois et deux cors ad libitum.
LÉCUREUX rr héodore-Marie) , pianiste.
LÉCUREUX — LEDERER
247
compositeur, et organiste de l'église paroissiale
de Saint-Sauveur à Brest (Finistère), né dans
cette ville le 1""^ avril 1829, reçut les premières
leçons de musique et de piano de son père, qui
fut pendant plusieurs années chef d'orchestre et
directeur du théâtre de cette ville. A l'âge de huit
ans, Théodore Lécureux jouait déjà dans les
concerts les fantaisies alors en vogue. Dans sa
onzième année, il lit un voyage à Paris et y reçut
quelques leçons de piano de M. Laurent, profes-
seur au Conservatoire. Quatre ans a[irès , il re-
tourna à Paris et devint pendant si\ mois élève
de Goria ; puis, ayant été admis au Conservatoire,
il entra dans la classe de Zimmerman au mois
d'octobre 1844, obtint l'accessit de piano en
1845, et le second prix au concours de 1847.
Pendant la durée de ses études au Conservatoire,
il fit aussi un cours d'harmonie et de contrepoint
sous la direction de Zimmerman. Les événements
politiques (le 1848 éloignèrent le jeune Lécureux
de Paris elle ramenèrent au sein de sa famille. Ce
fut alors que, par reconnaissance pour la ville de
Brest, dont il avait été pensionné pendant le temps
de ses études au Conservatoire, et pour satisfaire
au désir d'un grand nombre de ses concitoyens ,
il se détermina à s'y livrer à l'enseignement du
piano. L'amour du pays natal, toujours puissant
chez les Bretons, ne fut pas étranger à cette ré-
solution. On a publié à Paris, de cet artiste, un
certain nombre de ces petits morceaux , dans
les formes à la mode qu'on appelle aujourd'hui
des œuvres, et parmi lesquels on distingue des
Etudes de genre, im noclurneinlitulé Spercmza,
le Départ des moissonneurs , les Vagues ar-
gentines, Tr^ois Rêveries, les, Adieux de Marie
Stuart, etc. Il y a dans tout cela un certain sen-
timent rôveur qui ne manque ni de grâce, ni
d'élégance; mais il est difficile de se mettre en
route pour la postérité avec un bagage si léger.
LÉCUYER (....), musicien de l'Opéra de Pa-
ris, obtint sa retraite en 1776, après vingt ansde
service, et mourut vers la fin du dix-huitième
siècle. Il s'est fait connaître par une brochure
qui a pour titre -.Principes de l'art du chant,
suivant les règles de la langue et delà proso-
die française, Paris, 1769, in-8° de 26 pages.
LEDÊBUR (Charles, baron DE), né le 20
avril 18Û6 àSchildeiscbe, près de Biltfeld (West-
plialie), fut destiné à la carrière militaire, et
reçut son instruction dans l'école du corps des
cadets, à Potsdam et à Berlin, pendant les an-
nées 1818 à 1824. Sorti de cette école, il entra
dans le deuxième régiment de la garde royale et
y servit jusqu'en 1852. Une chute de cheval qui
eut des conséquences sérieuses l'obligea alors à
demander sa retraite, qu'il obtint avec la pension
du grade de major. Dès sa jeunesse, M. de Le-
debur avait aimé et cultivé la musique, particu-
lièrement les grandes œuvres classiques ; ce pen-
chant s'accrut après son association à l'Académie
royale de chant de Berlin , où il eut occasion
d'entendre souvent une bonne exécution des ou-
vrages de Bach, de Haendei, de Palestrina et de
Lotti. La Biographie de ces artistes illustres
avait pour lui tant d'attrait, qu'elle devint
l'objet de ses études spéciales. Ses premiers tra-
vaux en ce genre furent publiés dans des jour-
naux périodiques et quotidiens : c'est ainsi qu'il
donna à la Gazette musicale de Berlin publiée
par Girschner, en 1833, un bon article nécrolo-
gique sur Bernard Klein {voyez ce nom). Son
travail sur l'Association musicale de Berlin,
a paru dans la Gazette musicale de Bock (1855,
p. 99). a donné dans la même Gazette, en
1856 (p. 251, 259, 267, et 274) l'Autobiographie
de François Benda, avec des notes ; dans l'Écho,
gazette musicale de Berlin rédigée par le doc-
teur E. Kossak (année 1857, n° 42), une bonne
notice sur Volumier; et une autre sur l'exécu-
tion des œuvres de Hœndel à Berlin (n" 43);
enfin un article nécrologique sur Gottfried-
Wilhelm Dehn , dans la Gazette de Spener
(1858, n° 93). La riche collection de matériaux
recueillie par M. de Ledebur dans ses recherches
à la Bibliothèque royale, aux archives de l'Aca-
démie royale de chant , et au gymnase de Joa-
chimsthal , de Berlin , l'ont déterminé à publier
un Dictionnaire des musiciens de Berlin (Ton-
kilnstler-Lexicon Berlin's), depuis les plus an-
ciens temps jusqu'à l'époque actuelle; Berlin,
1860, Ludwig Rœub, gr. in-S". Deux livraisons
de cet ouvrage, formant 128 pages, ont paru en
1860, et renferment les notices fort bien faites et
d'une rigoureuse exactitude depuis Abel (Léo-
pold Auguste) jusqu'à Ehlert {Louis) ; mal-
heureusement rien de cet ouvrage n'a été publié
depuis lors.
LEDERER (Joseph), chanoine régulier de
l'ordre de Saint-Augustin, né en 1733 à Zie-
metshausen, dans la Souabe , fit ses vœux au
couvent de Saint-Michel, à Ulm, et y fut profes-
seur de théologie. Il mourut au mois d'octobre
1796, à l'âge de soixante-trois ans. Aussi bon
musicien que théologien instruit, cet ecclésiasti-
que a laissé des preuves de son savoir dans les
ouvrages suivants : 1° Cinq vêpres complètes et
cinq psaumes pour différentes fêtes de l'année
avec un Ma gni/icat séparé et un Stabat Mater,
courts et faciles à clianter, à quatre voix, deux
violons et orgue, Ulm, 1780, in-fol. — 2" Six
messes courtes et faciles, à l'usage particulière-
ment des églises de la campagne et des couvents
IM.S
LEDERER — LEDRAN
«1c religieuse?, Ulm, 1770, in-fol. Deuxième édi-
tion; iiiid., 1781. — 3" Provision musicale con-
slslanl en 18 vêpres, 17 préludes, menuets, trios,
trois sonates et un air en partition, pour l'orgiie,
Augsbourg, 1781', in-fol. — 4" Les Jeunes Re-
crues, opéra-comique en trois actes, paroles et
niusiriue; 1781. — 5° Cantate, paroles et musi-
que, en manuscrit. — G° Neue und erleichterte
Art zu solmisiren (Manière nouvelle et plus fa-,
cile pour solfier); Ulm, 1756, in-4'^. Deuxième
édition, Ulm, Woliler, 1796, in-4'',
LEDESMA (D. MARiANo-RoDP.ictJEZ DE),
chanteur et compositeur espagnol, naquit à Sa-
ragosse, le 14 décembre 1779. Admis, comineen-
l'ant de chœur, à la cathédrale de cette ville, en
1787, il y fit ses études musicaleset fut nommé
mancionaire de la môme église, en 1798. En-
tré eu 1804, comme premier ténor, au théâtre de
l'Opéra de Madridappelé Delos cahos dcl Pcral,
il obtint, dcuxansaprès, sa nomination de ténor
Je la chapelle royale; mais les événements qui
suivirent l'invasion de l'Espagne par les armées
(rançaises déterminèrent cet artiste à se rendre en
Angleterre, en 1810. Trois années après, il eut
riionneur d'être choisi pour enseigner le chant à
la princesse Charlotte, (ilkdu prince de Galles,
depuis lors roi d'Angleterre , sous le nom <le
Georges IV. De retour à Madrid en 1815, Le-
desma fut nommé premier ténor de la chambre,
puis maître de chapelle surnumérairede la cour, et
finalement, en 1836, maître de chapelle titulaire.
Il est mort à Madrid en 1847, à l'âge de soixante-
huit ans.Ses œuvres de musiqued'église consistent
en trois messes solennelles, unoffice des morts, les
matines de l'Epiphanie, lamentations pour toute
la semaine sainte, la None de l'Ascension, et un
Slabat Mater. Le maître de chapelle Eslava
a publié de cet artiste cinq motets à 4 voix et
orchestre dans le 2^ volume de la première série
de la collection intitulée Lira Sacro-II/spana
(dix-neuvième siècle). Ledesma est aussi auteur
d'une suite d'exercices de vocalisation précédée
d'une instruction théorique, imprimée à Madrid
(sansdate). On connaît en Allemagne, sous lenom
de Ledesma (Mariano) : 1" Boléro favori liié
«lu divertissement espagnol Le Troubadour,
pour piano et flûte; Leipsick, Breitkopf etffœrtei.
— 2° Divertissement martial; idem, ibid. —
3" Zapateado, danse espagnole, pour piano et
flûte; ibid. — 4° Six valses pour piano seul; ibid.
— 5" Trois ariettes pour voix de basse, avec ac-
compagnement de piano; ibid. — 6" Six chan-
sonnettes espagnoles et allemandes, idem; Berlin,
Schles-inger.
LEDESMA (D.Nicolas), compositeur espa-
gnol, né le 9 juillet 1791, à Grisel, dans l'Ara-
gon, fut enfant d(' chœur dans l'église principnîe
de cette petite ville, et y apprit le solfège et le
chant D. François Gisbert et D. José-Angel
Martincheque, qui se succédèrent dans la place
de maître de chapelle de cette église, lui ensei-
gnèrent la composition. Ledesma se rendit en-
suite à Saragosse, et y reçut des leçons d'orgue de
D. Ramon Ferrenac. A peine âgé de seize ans, il
obtint au concours la place d'organiste et de
maître de chapelle à la collégiale de Borja (Ara-
gon). En 1809, il changea cette position contre
une semblable à Tafalla , dans la Navarre ;
enfin, en 1830, il fut appelé à Bilbao, en qualité
de maître de chapelle, et il occupe encore cette
position (18G2). Ses œuvres pour l'église se com-
posentde 8 messes avec orchestre, plusieurs psau-
mes, et beaucoup de motets, Vilhancicos,\àmen-
Mions, Miserere, et un Stabat Mater, & 3 voix,
avec quatuor d'instruments à cordes, publié par
M. Eslava dans le Sme volume de la première
série de la collection intitulée Lira sacra his-
pana (dix-neuvième siècle). M. Ledesma a écrit
aussi beaucoup d'ouvrages pour l'orgue, cntreau-
très six .sonates publiées à Madrid, des offertoi-
res, une élévation et des versets insérés par
M. Eslava dans le Museo organico espanol.
Commecompositeur et comme organiste, M. Le-
desma est mis par ses compatriotes au rang
des artistes les plus distingués de l'époque ac-
tuelle.
LEDRAN (....)? premier commis des affaires
étrangères, sous le règne de Louis XV, et pen-
dant l'espace de près de quarante ans , a publié
un livre intitulé : Sn.r les signes do, di, ca, pour
V indication des accords en musique ; Paris, Le
Prieur, 1765, in-4''. C'est le projet d'une mé-
thode pour substituer aux signes de la basse
chiffrée ces trois syllabes qui placées au-dessus
des notes, auraient indiqué les diverses circons-
tances de l'harmonie. Ainsi, do aurait signifié
dominante, et, celte note étant connue, aurait
indiqué les autres, jusqu'à ce qu'il y eût modu-
lation. Lorsqu'il n'y aurait rien eu au-dessus des
notes connues de la gamme , on y aurait fait les
accords consonnants qui leur a|ipartiennenf, à
moins qu'on n'eût trouvé au-dessus de l'une d'elles
lasyllabef/ï, abréviation de dissonance, qui aurait
fait connaître que l'accord devait être dissonant.
Enfin la syllabe ca aurait indiqué l'acte de ca-
dence entre deux notes. Te! est le système dont
La Borde n'a donné qu'une indication vague, co-
piée par Gerber, Choron et l'^ayolle, Lichtentlial
et tous les autres. Il existe parmi les imprimés
de la Bibliothèque impériale à Paris deux volumes
in 4" manuscrits (V 1840 6-7), qui renfennenl
beaucoup de pièces relatives à ce système, ainsi
LKDRAN — LEDAYICII
249
qu'à d'autres objets, et qui paraissent des auto-
graphes de Ledran.
LEDUC (Simon), surnommé l'Atné, naquit
à Paris en 1748, et mourut à la ileur de l'âge, en
1787. Élève de Gaviniès pour le violon, il l'ut ar-
tiste distingué pour son temps. Dans les der-
nières années de sa vie, il était un des directeurs
du Concert spirituel. On a gravé de sa composi-
tion : 1° Sonates pour le violon avec accompa-
gnement d'alto, ou de basse, ou de clavecin, op. 1 ;
l>aris, La Chevardière. — 2" Premier concerto
pour violon et orciiestre, op. 2 ; ibid. — 3" Sym-
phonies pour l'orchestre, op. 3 ; Paris, Bailleux.
— 4° Sonates pour violon avec accompagne-
ment de basse, 2* livre, op. 4 ; Paris, La Chevar-
dière. — 5° Deuxième concerto pour violon,
op. 5, — 6° Trois symphonies pour l'orchestre,
2* livre; Paris, Bailleux. — 7" Symphonie con-
certante pour deux violons, op. 7; Paris, Bail-
leux. 11 a été fait deux éditions de cette sympho-
nie, qui a été exécutée au concert spirituel avec
l)eaucoup de succès. — 8° Sonate pour violon
avec accompagnement de basse, œuvre posthume.
On trouve dans le Diclionnaire historique des
musiciens, par Choron et Fayolle, une anecdote
singulière, relative à cet artiste; la voici : Un
mois après la mort de Leduc, on répétait une de
ses symphonies, qui devait être exécutée le len-
demain au concert des amateurs. Au milieu de
Vadagio, le chevalier de Saint-Georges, attendri
par l'expression du morceau, et se rappelant que
son ami n'existait plus, laissa tomber son archet,
et versa des larmes. L'attendrissement se com-
muniqua de proche en proche, et tous les exécu-
tants, laissant leurs instruments, se livrèrent à
la plus vive douleur.
LEDUC (Pierre), frère du précédent, et son
élève pour le violon, naquit à Paris eu 17.'j5. Ses
débuts au Concert spirituel et à celui des amateurs
furent brillants; il y exécuta avec succès des
symphonies concertantes. Mais ayant fait l'ac-
quisition du magasin de musique de La Chevar-
dière , il négligea son talent pour se livrer ex-
clusivement au commerce. Sa maison a été long-
temps considérée comme une des premières de
Paris pour la musique. 11 est mort en Hollande
au mois d'octobre 1816. Son fils aîné, Auguste
Leduc, lui avait succédé comme éditeur de mu-
sique. Il se fit connaître avantageusement par la
publication de plusieurs grands ouvrages, entre
autres des Principes décomposition des écoles
d'' Italie , par Choron. Zimmerman épousa sa
fille.
LEDUC (A. C), pseudonyme sous lequel
s'est caché le conseiller Kiesewettcr {voy. ce
nom), pour m'attaquer dans plusieurs articles de
I laGaiP^/e (/e'fieVft^e de musique de Leipsick (an-
nées 32'", p. 117, et 33% p. 81 et 101), à l'occa-
^ sion d'une correction que j'avais proposée, dans
le 6"'" volume de la Revue musicale, pour un
passage de l'introduction du quatuor en ut
(œuvre 10) de Mozart. On sait que ce passage,
pénible à l'audition, a toujours été un sujet d'é-
tonnement pour les connaisseurs. Ma correction,
basée sur les lois de la tonalité et du contie-
point, fut hautement approuvée par Cherubini ,
Reicha, Boieldieu , Berton, et par plusieurs au-
tres musiciens célèbres; elle a d'ailleurs l'avan-
tage de la simplicité, de la régularité, et ne
change rien à la pensée de l'illustre compositeur.
Cependant Kiesewettcr, sous le nom supposé
qu'il avait pris , m'accuse dans ses articles
d'avoir insulté sa mémoire, et dit, en forme
d'argument, que si la loi tonale que j'ai invoquée
était réelle, Mozart l'aurait connue aussi bien que
moi ; et là-dessus il entasse des extravagances
anliharmoniques pour démontrer la fausseté de
cette règle. Lorsque je fis voir à Clierubini ces
énormités , il me dit : Pourquoi prenez-vous la
peine de discuter avec un homme qui écrit de
pareilles choses? Oulibischeff, parlant de ce
même quatuor, dans son livre sur la vie et les
o'uvres de Mozart, s'exprime en ces termes : J^ai
joué et je jouerai toujours l'introduction ainsi
corrigée, désormais admirable et sublime dit
commencement jusqu'à la fin, grâce à Vheu-
reuse correction de M. Fétis. Si Kiesevvetter
eût lu ce passage, son indignation n'eût pas connu
de bornes!
LEDlîUY (Adolphe), professeur de musi-
que et guitaiiste à Paris, s'est fait connaître par
divers ouvrages dont voici les titres : 1" Prin-
cipes de musique écrits pour servir de gram-
maire à ceux qui veulent apprendre la musi-
que, de résumé à ceux qui la savent, et d'in-
troduction à toutes les méthodes ,• Paris, 1830,
1 vol. in-iS avec figures. — T Enl retiens sur
ia îJius/çwe; Strasbourg, Levrault, 1834, in -18.
— 3° Traité de musique divisé en deux par-
ties, théorie et solfège; Paris, 1834, iu-16.
2rae édition, Paris, 1837, in-l8. Ce petit ouvrage
fait partie de la Bibliothèque populaire. —
4° Nouveau manuel simplifié de musique, ou
Grammaire des principes de cet art; Paris,
Roret, 1839, in-18, avec 48 planches de musi-
que. En 1833, Ledhuy s'associa avec le pianiste
Beriini pour la publication d'une sorte de journal
de musique qui avait pour titre : encyclopédie
pittoresque de la musique; Paris, 1833-1835,
in-4''. Ce recueil n'eut qu'une année d'existence.
LEDVVICII (Edouard), ecclésiastique irlan-
dais, né en 1759, mort à Dublin leSaoiit 1823,
250
LEDEWICH — LEFÉBURE
esl auteur d'un bon ouvrage, qui a pour titre : An-
tiquUies of Ire l and ^DubVm, 1790, in-4'' de502
pages. Dans la 1 0^ section de ce livre, l'auteur traite
de la musique des anciens Irlandais, depuis les
bardes, et donne des renseignements intéressants
sur quelques anciens instruments de l'Irlande.
LEE ( SÉBASTIEN ) , violoncelliste né le 24 dé-
cembre 1805 à Hambourg, y a étudié son ins-
trument sous la direction de M. Prell, élève
de Romberg. En 1830, il commença à se faire
connaître comme virtuose dans les concerts
donnés à Hambourg et à Leipsick; puis il
voyagea, visita Cassel , Francfort, et, arrivée
Paris en avril t832, se fit entendre avec un
brillant succès au Théâtre -Italien, au mois
de mai de cette année. Au printemps de 1836,
M. Lee donna plusieurs concerts avec Gusikow
( voy^ce nom ) , puis il se rendit à Londres, où
il resta jusqu'à la tin de la saison. Il se fixa
ensuite à Paris, et fut attaché à l'Opéra comme
violoncelliste solo. On connaît de cet artiste pour
son instrument : 1° Variations de concert pour
violoncelle et orchestre sur un thème de l'Opéra
de Guillaume Tell, op. 3; Hanovre, Nœgel. —
2° Scène cuisse, divertissement, idem , op. 4 ;
Hambourg , Cranz. — 3'' Souvenir de Paris ,
introduction et rondo, idem-, op. 5 ; Hambourg,
Boehme. — 4" Fantaisie sur des motifs de Ro-
bert le Diable, de Meyerbeer, op. 6; idem,
Brunswick, Meyer. — 5° Variations brillantes
sur un thème original, pour violoncelle et qua-
tuor, op. 7 ; Hambourg, Cranz. M. Lee a publié
à Paris beaucoup de compositions pour son ins-
trument, particuhèrement quatre œuvres de duos
pour deuxvioloncelles,àl'usagedu Conservatoire,
sous le titre d'École du violoncelliste. Il a été
fait une édition de cet ouvrage à Leipsick, chez
Breitkopf et Hœrtel.
LEE (LoLis), frère du précédent, beaucoup
plus jeune, est né à Hambourg, en 1819. Le vio-
loncelle et le piano sont les instruments qu'il a
cultivés et sur lesquels il a acquis beaucoup d'ha-
bileté. Comme violoncelliste, il a une grande
dextérité d'archet, mais il ne tire pas un grand
son : on lui a reproché de manquer de style et
d'expression. Il a beaucoup voyagé, et a donné
des concerts à Copenhague , Leipsick, Francfort,
Cassel , Manheim et dans les principales villes
rhénanes. Il a aussi visité Paris et y a fait un
long séjour.
LEE (Edouard), pianiste, fils de Sébastien ,
est né à Hambourg. On connaît de lui beaucoup
de petits morceaux pour le piano, particulière-
rementdes Études de salon, op. 7 ; Hambourg,
Bœhnie. 11 est mort le 23 décembre 1801, à l'âge
de vingt-six ans.
LEEDER (Jean-Guillaume), maître de con-
certs à Hildesheim, mort en 1785, reçut des leçons
de composition de Hupfeld. H a publié: 1° Six
sonates pour la flûte, avec accompagnement de
violon ; Amsterdam, 1772.— 2° Concerto pour flûte
et orchestre ; ibid. — 3° Six duos pour deux vio-
lons ; Hildesheim. Il y a aussi sous .son nom, en
manuscrit, six concertos pour le violon et quel-
ques symphonies.
LEFÉBURE (Louis-François-Henri), an-
cien administrateur, écrivain et botaniste, est né
à Paris, le 18 février 1754. Électeur de Paris et
membre du conseil général de la commune en
1789, il s'opposa avec énergie aux actes de vio-
lence et de désordre de la révolution, et le 10
août 1792 il sortit de ce conseil, en déclarant
au peuple que Manuel et les autres agitateurs
étaient ses plus perfides ennemis. Arrêté plus tard
à Avignon, et conduit à Paris par la gendarmerie,
il eut le bonheur de n'arriver dans cette ville que
cinq jours après le 9 thermidor. Plus tard, il fut
chargé de missions relatives aux arts dans le midi,
puis fut administrateur du département de
Vaucluse , Secrétaire général de celui du Var, et
enfin, pendant douze ans sous-préfet à Verdun.
Retiré des affaires en 1814, il retourna à Pa-
ris, où il s'occupa de travaux relatifs aux arts
et aux sciences. H était âgé de vingt-quatre
ans lorsqu'il publia une brochure intitulée Nou-
veau solfège; Paris, Cailleau, 1780, 23 pages
in-S". C'était un nouveau système de solmisa-
tion, supposé plus facile que celui des maîtres or-
dinaires et que Gossec trouva assez bon pour le
mettre en pratique à l'École royale de chant et de
déclamation. Quelques années après , Lefébure
fit paraître un autre ouvrage, qui a pour titre :
Bévues, erreurs et méprises de différents au-
teurs célèbres en matière musicale; Paris,
Knapen, 1789, in-12. Ce piquant écrit est dirigé
contre D'Alembert et d'autres littérateurs qui ont
voulu traiter de la musique sans la connaître ni
la comprendre : il est devenu fort rare. La dé-
dicace de la brochure de Lefébure à la comtesse
de Provence fut revue et corrigée par le comte
de Provence lui-môme , qui régna sur la France
sous le nom de Louis XVJII. Gerber s'est trompé
sur l'auteur de ces ouvrages, et les a faussement
attribués à Lefebvre-Wély , qu'il appelle Lefé-
bure de Wélij (voij. ce nom). Au mois de dé-
cembre 1801, Lelëluire a lu dans une séance
de l'Institut de France une dissertation ayant pour
objet les effets de la musique dans les maladies
nerveuses. Comme professeur à l'Athénée de
Paris, il a aussi prononcé, en 1827^ un discours
sur la musique en général ; morceau qui a été
reniai-qué. Enfin. Letëbure a composé quelques
LEFEBURE — LEFÈBVRE
25 (
scènes, plusieurs cantates, et les oratorios iVA-
belet Caïn, et de Cambyse. On lui doit de beaux
travaux sur la botanique et quelques écrits sur
la peinture. En 1828, cet homme de mérite, que
je ne connaissais que par ses ouvrages, m'a fait
l'honneur de me chercher pour m'adresser des
félicitations flatteuses sur la Revue musicale :
il était alors âgé de soixante-quatorze ans; néan-
moins je le trouvai encore plein de feu et d'en-
thousiasme. Il est mort à Paris, dans les derniers
jours de novembre 1840, à l'âge de près de qua-
tre-vingt-sept ans.
LEFEBVRE, dit LEFÉBURE-WÉLY
(Antoine), organiste de l'église Saint-Roch, à
Paris, naquit en cette ville, vers la fin de 17G2. En
1788 il était déjà compté parmi les professeurs de
piano; il s'appelait alors simplement Lefebvrej
il ajouta plus tard à son nom celui de Wélij, qui
appartenait à la famille de sa femme, pour se dis-
tinguer de plusieurs autres artistes nommés Le-
fcbvre. Nommé organiste de Saint-Jacques-du-
Haut-Pas en 1802, il changea ensuite cette posi-
tion pour celle d'organiste deSaint-Roch, en 1805.
On connaît sous son nom les ouvrages suivants :
1° Trois sonates pour clavecin; Paris, 1790.
— 2° Quatre idem, op. 2 ; ibid. — 3° Sonate pour
piano et violon, op. 9; Paris, Omont. — 4° Idem,
op. 10, ibid.— 5"* Idem, op. 11, ibid. — 0° Fantai-
siepourpianoseul,ibid. — 7° Trois recueils d'airs
arrangés pour piano, op. 3, 4, 5 ; ibid. — 8" Messe
des grands solennels. Magnificat , Te Deum et
quelques autres pièces d'orgue, sur le chant pa-
risien. Paris, chez l'auteur. Cet artiste est mort
en 1831, à l'âge de soixante-neuf ans.
LEFÉBURE-WÉLY (Louis -James -Al-
fred), lils du précédent, est né à Paris, le 13
novembre 1817. Dès l'âge de trois ans et demi
il commença l'étude de la musique, sous la di-
rection de son père. Ses progrès furent si rapides,
qu'en 1825, à peine âgé de huit ans, il remplaça
dans ses fonctions d'organiste son père , atteint
de paralysie dans tout le côté gauche. Après
avoir langui dans cette situation pendant six ans
Leiébure-Wély père mourut , et par la protec-
tion de la reine Amélie (d'Orléans), son lils fut
nommé définitivement organiste titulaire du
grand orgue de l'église Saint-Roch, quoiqu'il n'eût
pas encore atteint sa quinzième année. Admis
le 11 octobre 1832 au Conservatoire de musique,
il y devint élève de M. Benoist pour l'orgue et
de M. Laurent pour le piano; puis il eut Zim-
merman pour professeur de ce dernier instru-
ment. En 1834 il obtint au concours les deuxièmes
prix d'orgue et de piano, et dans l'année sui-
vante les deux premiers prix de ces deux ins-
truments lui furent décernés. Admis dans la
classe de composition de Berlon , M. Lefébure
passa , après la mort de ce maître , dans celle
d'Halévy. Pendant le cours de ses études au
Conservatoire, il jreçut des leçons particulières
de plusieurs maîtres étrangers à celte école :
ainsi A. Adam lui enseigna la composition , et
Séjan, organiste deSaint-Sulpice, lui lit connaître
les effets de l'orgue, et lui lit acquérir l'habi-
tude de l'improvisation. Déjà il se préparait au
concours d l'Institut de France, dont le lau-
réat de cliaque année devient pensionnaire du
gouvernement ; mais il se maria à la même
époque, et dès lors il dut renoncer aux avanta-
ges de ce concours. Jusqu'en 1847, M. Lefébure-
Wély conserva sa position d'organiste de Saint-
Roch; alors il fut appelé en la môme qualité
à l'église de la flladeleine, pour y jouer le bel
orgue construit par M. Aristide Cavaillé. La
grande réputation de M. Lefébure- Wély comme
organiste improvisateur date de celte époque.
Homme de goût et de sentiment, il se faisait
remarquer particulièrement par le charme et
la grâce de ses inspirations ainsi que par les
heureuses combinaisons de sonorité par les-
quelles il variait les effets de l'instrument. Cet
artiste distingué n'a pas eu moins de succès sur
les instruments à anches libres, auxquels on a
donné différents noms, et qui se résument tous
dans l'harmonium de l'époque actuelle. M. Le-
fébure-Wély en tire des effets charmants. Eu
1858 il a donné sa démission de la place d'or-
ganiste de la Madeleine, pour se livrer en liberté
à la composition dramatique. On a de cet artiste
50 études pour le piano, environ cent morceaux
de différents caractères pour le même instru-
ment, plusieurs ouvrages pour le grand orgue ,
des fantaisies pour l'orgue expressif ou Harmo-
nium, trois messes, dont deux avec orgue et
une avec orchestre, un quatuor et lui quintette
pour des instruments à cordes, 3 symphonies à
grand orchestre exécutées aux concerts populaires
de M. Pasdeloup, enfin, un opéra en 3 actes re-
présenté à l'Opéra-Coraique , le 11 décembre
1861, sous le titre : Les Recruteurs. M. Lefé-
bure-Wély a été fait chevalier de la Légion
d'honneur le 18 août 1850, et chevalier de l'ordre
de Charles III, d'Espagne, en 1859.
LEFEBVRE (Jacques), violoniste de la cha-
pelle du prince Henri de Prusse, naquit en 1723,
à Prinzlow, dans l'Uckermark. 1! étudia la mu-
sique et le violon sous la direction du maître de
concerts Graun : CJiarles- Philippe- Emmanuel
Bach lui enseigna la composition. En 1750, il en-
tra dans la musique du prince Henri, «qui lui
donna sa démission, après quelques années, pour
des motifs peu honorables, dit-on. Lefebvre vé-
252
LEFÊBVRE — LEFÈVRE
eut ensuite à Berlin comme simple professeur
de musique; 'mais un théâtre français ayant été
«établi dans cette ville, il en l'ut nommé le chef
d'orchestre. Cette bonne fortune lui vint trop
tard, car il mourut en 1777, au moment où il al-
lait entrer en fonctions. Cet artiste a publié des
solos pour le violon, des concertos, duos, trios, etc.,
et a laissé en manuscrit une collection d'odes ,
psaumes et chansons.
LEFEBVRE (François-Charlejiagne), fils
d'un ancien bibliothécaire copiste de l'Opéra, est
né à Paris, le 10 avril 1775. Admis dans l'école
royale de musique instituée par le baron de Bre-
leuil, il y étudia l'harmonie et le contrepoint sous
la direction de Gossec. Son éducation musicale
terminée, il débuta comme compositeur par deux
petits opéras-comiques dont Moline avait fait les
livrets, et par la musique de quelques ballets de
Milon, qui depuis fut chorégraphe distingué à
l'Opéra. Tous ces ouvrages furent représentés
sur les théâtres des boulevards. En 1794 Le-
febvre entra à l'orchestre de l'Opéra en qualité
de viole. En 1814 il succéda à son père dans
l'emploi de bibliothécaire de ce théâtre. En 1829
il fut mis à la retraite, après trente-cinq ans de
service. Admis dans la musique de l'empereur
Napoléon, en 18 to, après un surnumérariat de
huit années, il écrivit plusieurs cantates fran-
çaises pour les concerts de la cour. Après la res-
tauration, il conserva son emploi sous les règnes
de Louis XVIII et de Charles X. En 1816 il ob-
tint le litre de compositeur de la musique des
gardes du corps du roi, et dans l'exercice de ces
fonctions il écrivit plusieurs suites d'harmonie
pour les instruments à vent. Parmi ses travaux
pour l'Opéra, on remarque la nouvelle instrumen-
tation du Devin du Village, de J.-J. Rousseau,
dont il a refait aussi les airs de danse, et surtout
ses ballets, où l'on distinguait en général du goût
et un bon sentiment de la scène. Ceux dont il
a arrangé la musique sont : 1» Pijfjmalion. —
2" Héro et Léandre. — 3° Les Noces de Gam ache.
— k° Lucas et Laurelle. — ^'^ Les Sauvages de la
Mer du Sied. — &° Vénus et Adonis. — 7° Ver-
tumne et Pomone. Dans ses dernières années,
Lefebvre imagina un système de musique d'après
lequel la gamme de la musique moderne serait
fondée sur l'organisation de la voix humaine; ce
qu'il a écrit sur celte idée fausse n'a pas été pu-
blié. Lefebvre est mort dans la quatre-vingt-
cinquième année de son âge, le 23 mai 1839.
LEFEVRE (François-Antoine), jésuite,
né vers 1670, mort en 1737, est auteur d'un poème
intitulé i»/w5Jcfi, cfl?'JHPft; Paris, 1C84, in-12 de
2."? pages. Il en a été fait une analyse dans \eJournal
tlesSavantsde cette année (p. t065- 1069). L'abbé
d'Olivet a inséré ce poème dans la collection quia
pour titre : Poemata didascalica nunc primum
vel édita vel collecta; Paris, Le Mercier, 1749,
3 vol. in-12. Il a été fait une nouvelle édition
de ce recueil (Paris, Delalain, 1813, 3 vol. in-12).
Le poëme' du P. Lefèvre a été placé aussi dans
une autre collection, intitulée Scella di poemi
latini delta Compagnia di Giesù ; Venise, 1 749.
Une traduction française de ce morceau a été
faite par Grainville, et placée à la suite de sa tra-
duction du poëme d'Yriarte sur le même sujet
(Paris, an vni, in-12). L'auteur du poëme sur
la musique en quatre chants qui fut imprimé à
Amsterdam en 1714 pour la première fois, puis
à Lyon, et enfin réimprimé dans Les Dons des
enfants de Latone (Paris, 1734, in-8°), a fait
une imitation paraphrasée de celui de Lefèvre,
dans le premier chant; mais le reste de son poëme
est plus didactique que celui du jésuite, où l'on
ne trouve que des allégories.
LEFEVRE (André), organiste de Saint-
Louis, né à Péronne, est mort à Paris, en 1786.
Il a publié beaucoup de cantatilles, parmi les-
quelles on remarque : La saison du plaisir ; Le
bonheur imprévu; L'absence; Les regrets;
L'amour justifié, etc. Dans les années 1756 et
suivantes, Lefèvre a fait exécuter au Concert
spirituel plusieurs motets , dont on a gravé :
1° Quam bonus. — 2° Conserva me. — 3" Co-
ronate.
LEFÈVRE (Jean-Baptiste-Nicolas), fac-
teur d'orgues à Rouen, a fait ses ouvrages prin-
cipaux dans la seconde moitié du dix-huitième
siècle. Le grand orgue de Saint-Martin de Tours
fut achevé et livré par lui le 24 juillet 1761. Cet
instrument était composé de 53 jeux, dont un de
32 pieds ouvert,et un bourdon de 32, cinq claviers
à la main et clavier de pédales. Lefèvre construisit
l'orgue de Honfleur en 1772 , ainsi que celui du
Havre. Ce dernier était un grand seize pieds com-
posé de 40 jeux , 3 claviers et pédale. Aidé de ses
neveux, Lefèvre a fait aussi les orgues de Saint-
Pierreetde Saint-ÉtiennedeCaen. Celui-ci, qui fut
achevé en 1769, était un grand instrument de 16
pieds composé de 63 registres, cinq claviers à la
main, pédale et onze souilets.
LEFÈVRE (Théodore), fils d'un maître de
ballets de la Comédie-Italienne, et frère de 3Iine
Dugazon {voyez ce nom), naquit à Paiis, en
1759. Après avoir reçu les premières leçons de
violon d'un maître obscur, il devint élève de
Berlliaume, et Rodolphe lui enseigna l'harmonie.
Par l'inlluence de sa sœur, il obtint, en 1787,
une des places de premier violon à la Coméilie-
Italiennc ; mais des mécontentements lui firent
abandonner cet emploi quelques années après ,
LEFÈVRE
2Ô3
et il entra à l'orchestre du théâtre de la rue Fey-
deau, en 1794. Deux ans après il occupa la place
de chef des premiers Yiolons , sous la direction
de Ijahoussaye. Lorsque les deux Opéras-Comi-
ques furent réunis, en 1801, La Iloussaye se re-
tira, et deux chefs d'orchestre furent- nommés
pour alterner dans le service : le choix des admi-
nistrateurs du théàtra se fixa sur Blasius et sur
Lelèvre. Cehii-ci ne se retira qu'en 18'20. Cet
artiste fut un des fondateurs des concerts de la
rue de Grenelle-Saint-Honoré, et en dirigea l'or-
chestre pendant plusieurs années. Il y lit exécuter
trois symphonies de sa composition. L'époque de
sa mort est ignorée. Lefèvre s'est essayé comme
compositeur dramatique par deux opéras, qui
n'obtinrent point de succès : le premier, intitulé
V Embarras du choLv, en un acte, fut joué en
1788, et n'eut qu'un petit nombre de représen-
tations ; l'autre, qui avait pour titre CarpUne ,
en trois actes, joué en 1789, ne fut pas a.clievé,
LEFÈVRE (Jean-Xaviiîp.), ciariaeltiste
distingué, né à Lausanne, le C mars 1763, se
livra de bonne heure à l'étude de la musique ,
et alla fort jeune à Paris pour cultiver les heu-
reuses dispositions qu'il avait reçues de la na-
ture. Il se mit sous la direction de Michel Yost,
connu généralement sous le nom de Michel, et
le plus habile clarinettiste de son temps. Ce fut
aux soins de ce professeur et à ses études cons-
tantes qu'il dut la belle qualité de son et la net-
teté d'exécution qui furent les qualités distinctives
de son talent. Ses études n'étaient pas encore
terminées lorsqu'il entra dans la musique des
gardes françaises.
Le 1<T novembre 1787 , Lefèvre se fit entendre
pour la première fois en public , au concert spi*
rituel, dans une symphonie concertante de De-
vienne, pour clarinette et basson , qu'il exécuta
avec Perret. Son succès fut brillant , et dès lors
il y eut peu de solennités musicales où il ne (ût
appelé pour y jouer quelque .solo. Au mois d'avril
1791, il entra dans l'orchestre de l'Opéra, où il
fut chargé plus tard d'exécuter les solos dans
les opéras et dans les ballets. Quelques personnes
se souviennent encore de la manière brillante
dont il exécutait dans Anacrcon, de Grélry, un
point d'orgue long et difficile , sans accompa-
gnement, sur lequel on dansait un pas dialogué
avec l'instrument. Lefèvre ne se retira de l'Opéra
que le le"" janvier 1817, après vingt-six ans de
service.
A l'époque de la formation du Conservatoire
de musique, il avait été compris parmi les pro-
fesseurs de cet établissement. Le comité d'ensei-
gnement le chargea de la rédaction d'une méthode
de clarinette, qui fut adoptée à l'unanimité par
ce même comité et qui a été seule en usage jus-
qu'au moment où des améliorations importantes
ont été faites à la construction de l'instru-
ment. Lefèvre y avait ajouté la 'sixième clef
(celle de sol dièse) ; avant lui, la clarinette n'eu
avait que cinq. Une gradation bien entendue des
difficultés, et d'excellentes observations sur la
respiration, les coups de langue et les modi-
fications du son, rendent l'ouvrage de eet artiste
fort recommandable. Il a été gravé à Paris, e»
1802, in-fol. ; rien ne prouve mieux son utilité
que la traduction qui en a été faite en allemand
et qui a été publiée chez André, à Offenbach',
car on sait que la clarinette était alors cultivée
en Allemagne avec beaucoup de succès.
Lefèvre a formé beaucoup d'élèves, qui ont oc-
cupé les premiers emplois de clarinettistes dans
les divers orchestres de Paris. 11 ne s'est retiré
de ses fonctions de professeur qu'au mois de fé-
vrier 1825 , après les avoir remplies pendant
vingt-liuit ans. Entré dans la chapelle de Napo-
léon , le 7 mars 1807 , il a conservé sa place à la
restauration , et l'a remplie jusqu'à sa mort.
Lefèvre était chevalier de la Légion d'honneur. Il
a cessé de vivre le 9 novembre 1829.
Ses compositions consistent : l^en Six concer-
tos pour la clarinette avec accompagnement d'or-
chestre ; Paris, Sieber, Naderman, Troupenas. —
2° Deux symphonies concertantes pour clari-
nette et basson ; Paris , Sieber. — 3° Une con-
certante pour hautbois , clarinette et basson ^
Paiis, Janet. — 4" Deux œuvres de quatuors pour
clarinette, violon, alto et basse; Paris, Tlentz-
Jouve, Sieber. — 5° Onze œuvres de duos pour
deux clarinettes. — 6° Un œuvre de duos pour
clarinette et basson. — 7° Six sonates pour
clarinette et basse. — 8" Six trios pour deux
clarinettes et basson. Tous ces ouvrages ont été
publiés à Paris, et l'on en a fait diverses éditions
en Allemagne. Lefèvre a laissé plusieurs autres
œuvres en manuscrit.
La qualité de son que Lefèvre tirait de son
in.strument était volumineuse, mais elle appar
tenait à l'espèce que les Allemands désignent
sous le nom de son français, c'est-à dire qui est
plus puissant que moelleux. 11 n'aimait pas le
son de l'école allemande, et peut-être ne rendit-
il pas au talent de Bœrmann la justice qui lui
était due. Il ne fut pas non plus partisan des es-
sais qu'il voyait faire pour le perfectionnement
de la clarinette; il croyait que la mnltiplicilédes
clefs nuit à la sonorité de l'instrument, ce qui
pouvait être vrai, car un tube percé de beaucoup
de trous et chargé de corps étrangeis est moins
sonore qu'un autre qui a moins d'ouvertures ;
mais il aurait dû comprendre que la qualité prin-
254
LEFÈVRE — LEGNANI
cipale de l'instrumenl est la justesse, qui ne peut
3'acqiiérir qu'en multipliant les clefs.
LEFEBVRE ( Viotor-Louis-Aimé-Joseph ),
pianiste et compositeur, naquit à Lille ( Nord ) ,
le 6 janvier 1811. Entré au Conservatoire de
Paris le 8 octobre 1825, il y reçut des leçons
<^l(''nientaires de coutrepoint de Senriot et de
Jeiensperger, puis il suivit le cours de Reicha.
Le deuxième i)rix lui fut décerné en 1828, et il
obtint le premier dans l'année suivante. Devenu
alors élève de Berlon pour le style idéal de la
composition, il con(;ourut à l'Institut pour le
grand prix ; mais n'ayant pas réussi , il alla s'é-
îahlir à Douai en 1832, et s'y livra à l'ensei-
gnement et à la composition d'œuvres instru-
mentales. On a gravé de cet artiste deux trios
pour piano , violon et violoncelle ; plusieurs
fantaisies pour piano seul; quatuor pour 2 vio-
lons, alto et violoncelle, intitulé iVuii musicale,
op. 3; Paris, Richauit; 1^'' solo brillant; pour
piano seul, op. 4 ; ibid ; romances et mélodies
avec accompagnement de piano. Cet artiste in-
téressant est mort à Douai , d'une maladie de
poitrine, vers 1840, laissant en manuscrit plu-
sieurs œuvres de musique instrumentale , d'un
style sérieux.
LEFFLOTÏI (Jean-Matthieu), organiste
à Nuremberg, mourut dans celte ville, en 1733.
11 a publié ; 1° 'Sonata e Fuga per Vorgano.
— 2" Divertimeiilo musicale, consistente in
una parti/a di cemhalo. — 3" Deux concertos
pour 1§ clavecin avec violon ; Nuremberg, 1730.
— 4" Quatre solos pour le violon, ibid.
LEG.\LLOIS. Vogcz GALLOIS (LE).
LÉGAT DE FURCY (Antoine), ama-
teur, né à Maubeuge, vers 1740, apprit la mu-
sique dès l'âge de trois ans. Lorsqu'il eut fini ses
îiiimanitr'S, il se rendit à Paris poi^r y faire sa
philosophie; il y étudia le clavecin et l'harmonie
sous la direction de Noblet. La Borde dit qu'il
reçut ensuite des conseils de Rameau, et que
ses progrès lui valurent l'amitié de ce maître.
Légat de Furcy ne cultiva d'abord la musique
que comme amateur ; mais des motifs qui ne :;ont
point connus lui (irent prendre ensuite le parti
d'user de ses talents pour vivre. On voit, par le
Calendrier musical de 1789, qu'il était alors au
nombre des professeurs de piano de Paris. On
ignore l'époque de sa mort. Les premiers ou-
vrages de Légat de Furcy avaient été des cantates
elcantatilles; elles avaient obtenu du succès dans
le monde; il se persuada dès lors qu'il était ap-
pelé à travailler pour le théâtre, mais le génie de
la scène lui manquait. Ce fut en vain qu'il écrivit
pour l'Opéra Philire , Apollon et Daphné , et
pour la Comédie Italienne Le Saut de Leucade,
Le Jardinier de Sidon et Palmyre ; les direc-
teurs de ces théâtres éludèrent sous différents
prétextes la représentation de ces ouvrages. Re-
buté par toutes les difficultés qu'il avait rencon-
trées , il finit pas renoncer à sa chimère', et se
contenta de jouir de ses faciles succès de salon.
La Borde donne la liste suivante de ses ouvrages :
1° Pièces de clavecin, non gravées. — 2° Can-
tates et cantatillesen grand nombre, entre autres
Le retour d'Églé, Les soupirs, La naissance
de Vénus, L'éloge de la voix, etc. — 3° Six
sonates en duos pour la flûte , gravées. —
4° Le Saut de Leucade, ou les Désespérés ,
opéra-comique, non gravé. — ô'' Palmyre , ou
le Prix de la Beauté, idem. — 6° Les Rendez-
vous, idem. — 1° Beaucoup d'ariettes gravées.
— 8° Deux recueils de duos à deux voix, gravés.
— 9° Plusieurs recueils d'airs, chansons, ro-
mances, avec ou sans accompagnement, gravés.
— 10° Solfèges ou leçons de musique, f" et 2e
.parties; Paris, Naderman. — 11° Leçons de
Minerve, romances morales , liv. 1 et 2 ; Paris,
Naderman. Légat' de Furcy a été le collabora-
teur de La Borde pour son Essai sur la mu-
sique.
LEGEXDRE (Jean). Voyez Gendre.
LEGIPOXT (Olivier), moine bénédictin
du couvent de Rayhroden, près de Brunn , en
Moravie, passa à celui de Brzecnow en 1744, et
mourut à celui de Saint-Maximin, le 16 juin
1758. Ce moine (ut un des hommes les plus sa-
vants lie la Bohème dans le dix-huitième siècle.
On a de lui un recueil de dissertations intitulé :
Dissertationes philologico-bibliographicx : in
quibus de adornanda et ornanda bibliofheca
nec non de manuscriptls, librisque rarioribus
ac prastantioribus : ac etiam de archiva in
ordinem redigendo, veterumque diplomatum
criterio; deque rei nummariœ ac musices stu-
dio, et aliis potissimum ad elegantiores litteras
spectantibus rébus disseratu}'; Nurem'jerg, 1747,
in-4''. La cinquième dissertation de cet excellent
livre (p. 283) est intitulée : De Musica, ejusque
proprietatibus , origine, progressu , cultori-
bus, et studio bcne instituendo.
LEGNAIVl (Louis), guitariste distingué, né
à Milan, vers 1790, a donné des concerts dans
cette ville, en 1819, et y a fait admirer son ha-
bileté extraordinaire. Au mois d'octobre 1822 il
arriva à Vienne, où il séjourna pendant quelques
mois. Les journaux allemands de cette époque
déclarèrent que rien ne pouvait être comparé aux
prodiges de l'exécution de cet artiste, et que
Giuliani lui-môme ne pouvait entrer en lice avec
lui. Pendant les années 1823 et 1824, Legnani
voyagea pour donner des concerts ; mais en 1825
LEGNANI — LEGREN7I
V,?,
il se fixa à Genève, où il était encore en 1835,
jouissant de l'estime de tous les artistes et de
l'affection des principaux habitants. On connaît
sons son nom des duos pour gnitare et llùte,
Vienne, Leidesdorf; environ trente œuvres de
solos pour guitare, exercices, rondos, caprices
et variations, remplis de grandes diflicultés. Le
premier oeuvre, intitulé Terramoio con varia-
zioni, a été publié à Milan chez Ricordi, les au-
tres ont [laru cliez le même éditeur ; à Vienne, chez
Artaria et Leidesdorf; à Florence, chez Cipriani ;
à Offenbach, chez André ; à Paris, chez Riciiault.
LEGRAIXD (Jacques), ou GRAND, en latin
Jacobus Magnus, ou Magni, moine Augustin,
naquit vers le milieu du quatorzième siècle, à
Toulouse, enseigna la philosophie et la théologie
à Padoue, et se rendit célèbre par ses commentaires
sur la philosophie d'Aristole, et par ses interpréta-
tions de la Bible. Appelé à Paris, il y brilla comme
prédicateur, et se fit remarquer par la hardiesse
avec laqueile.il prêcha contre les vices delà reine
(Isabeau de Bavière) etcontreceux des courtisans.
On ignore la date de sa mort, mais on sait qu'il
vivait encore en 1422. Au nombre de ses ouvrages
on remarque celui qui a pour titre: Sophologlum,
ex antiquorum poetarum , o7ritorum atque
philosophorumgravibus sententiis coUcctum ;
Paris, M. Cranlz, Ulrich Gering et Michel de
Fribourg, 1475, in-fol. ; ibid., 1477, in-4° gothi-
que. Le second livre de cet ouvrage traite des
sept arts libéraux, particulièrement de la mu-
sique , mais d'une manière toute spéculative.
Legrand fit lui-môme une traduction française
de son livre pour le duc d'Orléans, sous le li-
tre : VArchiloque Sophie, ou grand discours
de la sagesse. La bibliothèque impériale de Pa-
ris en possède plusieurs manuscrits, parmi les-
quels on distingue le n" 6868, in-fol. max., d'une
rare beauté. On y trouve le résumé de l'ouvrage
par l'auteur : Legrand y dit : « Le second livre
« parle des sept ars libéraulx, c'est assavoir
« grammaire, logique , rhétorique , arismétique ,
<( rausicq, géométiie et astrologie. »
LEGRAND (Guillaume), né le 5 mars 1770,
à Deux-Ponts, se rendit en 1782 chez un oncle
qu'il avait à Munich, et y reçut des leçons de
ïausch pour le hautbojs. En 1788, il fut admis
en qualité de hautboïste dans la musique du
prince électoral de Bavière, et ce fut vers ce temps
qu'il commença seul l'étude de la composition
dans les partitions des maîtres les plus célèbres :
plus tard , il prit des leçons d'harmonie chez
Joseph Graîtz. Chargé par son oncle de la com-
position de quelques ballets , il écrivit la mu-
sique de ceux qui ont pour titres : Le Bal, La
Fcte tyrolienne, Le Déluge et La Caravane.
En 1797 il devint chef du corps des hautboïstes
des différents régiments en garnison à Munich.
Il a obtenu sa retraite vers 1825. Parmi les œu-
vres de musique instrumentale de Legrand, on
remarque : 1° Plusieurs suites d'harmonie mili-
taire pour le service des troupes bavaroises. —
T Six pièces d'harmonie pour fiùte, 2 clarinettes,
2 cors et 2 bassons, liv. 1, tirées des opéras de
Meyerbeer et Nicolini ; Leipsick , BreitKopf et
Hœrtel. — 3" Six pièces idem, liv. 2, tirées des opéras
de Rossini, Nicolini et Pacini, ibid. — 4*^ Plu-
sieurs cahiers de danses allemandes, valses, etc.,
pour l'orchestre. Legrand a eu deux frères,
musiciens distingués attachés à la musique de la
cour de Munich; le premier (Chrétien), né à Deux-
Ponts, le 9 aoûtl775, fut élève de Kleinheinz pour
le piano, et acquit sur cet instrument un talent
remarquable; il mourut des suites d'une maladie
de poitrine, en 1793. Le plus jeune (Pierre), né
à Deux-Ponts, le 5 mars 1778, fut un violoncel-
liste de mérite. Admis dans la musique de la
cour, en 1795, il a obtenu ensuite un congé, et
s'est fait entendre avec succès à Vienne, à Franc-
fort, à Strasbourg, à Nancy, et dans plusieurs
villes des bords du Rhin.
LEGRENZl (Jean), maître de chapelle de
Saint-BIarc, àVenise, et directeur du conservatoire
dci Mendicanti, dans la même ville, fut un des plus
habiles compositeurs de son temps. Né vers 162i>,
à Clusone, dans les environs de Bergame, il
fit ses éludes musicales dans cette ville, oii it
devint ensuite organiste de Sainte-Marie-Majeure.
De là il alla à Ferrare pour y remplir les fonp-
lions de maître de chapelle de l'église dcllo Spi-
rito Santo. Il y était encore en 1664. JLn 1672.
J.-Ph. Krieger le^trouva à Venise, où il occupait
la place de directeur du Conservatoire, dont il a
a été parlé ci-dessus. Le 23 avril 1685 , il suc-
céda à Natale Monferrato comme maître de la
cl'.apelle ducale de Saint-Marc. Il mourut dans
cette situation, au mois de juillet 1690. Ce fut
Legrenzi qui, par ses demandes aux procurateurs
de Saint-Marc, fit donner une organisation régu-
lière à l'orchestre de la chapelle et augmenter
le nombre des symphonistes. Cet orchestre fut
composé alors de la manière suivante : 8 violons,
11 petites violes ou violettes pour les deuxième
et troisième parties ; 2 violes da braccio (ténors) ;
3 grandes violes da gamba et violone (contre-
basse de viole) ; 4 théorbes ; 2 cornets, 1 basson,
3 trombones; en tout trente-quatre instrumen-
tistes. Les travaux de Legrenzi pour le thrûtre fu-
rent presque tous destinés à celui de Venise. Son
premier opéra {Achille in Sciro) y lut représenté
en 1664, et Pertinace, le dernier, fut joué eu
168i. Parmi les élèves de Legrenzi on compte
LEGRENZI - LEHMANN
Lotti et François Gasparini. 11 parait qu'il
avait embrassé l'état ecclésiastique, car ou lit
dans une lettre insérée au Mercure fjalant
(mars 168.3, p. 278) : « Celui qui a composé la
« musique de la pièce intitulée Les deux Césars,
« et représentée pendant le carnaval à Venise, au
« théâtre Saint-Luc, est Don Giovanni Legrenzi,
« pre'tre, niaistre de la musique des filles de
« Saint-Lazare, dites communément les men-
« dkanles, etc. » On trouve dans cette lettre
quelques détails sur les chanteurs qui jouèrent
dans Topera dont il est ici question. Les oeuvres
de musique d'église de ce maître sont : \° Con-
certo di Messe e Salnil « 3 e 4 voci con vio-
l/ni ; Venise, 1654. — 2° Mottetti « 2, 3 c 4 voci,
ibid., 1655. — S" Sacri e festivi Concerti
Messe e Salmi e due cori , con istrumenii ad
libitum, op. 9; Venise, Franc. Magni, 1657.
Il y a une deuxième édition de cet œuvre, datée
de Venise, 1067. — 4" Motetti a 5 voci, op. 5;
ibid., 1660. — 5° Sentimenti devoti espressi
colla mnsica a 2 e 3 voci. Libri primo e se-
condo, op. G; ibid., 1660. Il y a une autre édi-
tion de cet ouvrage , publiée à Venise, che?. Jo-
seph Sola, en 1683. — 6'^ Compieie con litanie
ed antifone délia Beata Virgine Maria, a
5 voci,o]}. 7; Venise, Fr. Magni, 1662. — 1° Ac-
clamazioni divoie a voce sola , op. il; ibid.,
1688, in-4° obi. — 8" Idée armoniche, al e z
voci, op. 13; in Vcnezia, app. Fr. Magni e
Cardano , 1678. — 9° Motetti sacri a voce
sola con tre stromenti, op. 17 ; ibid., 1692, in-4°.
Les opéras de Legrenzi, au nombre de dix-sept,
sont : 1° Achille in Sciro, à Venise, 1664. —
2° Zenobia e Radamisto ; Ferrare, 1665, Brescia,
1666 et Vérone, 1667. —. 3" Tiridate ; \en\ie,
1669. — 4" Eteoclc e PoUnice; \hïà., 1675. —
5" La Divisïone del Mondo; ibiil., 1675. —
6" Adonein Cipro;\h\A., 1676. — 7° Germanico
sul Beno ; ibid. , 1 676. — 8" Totila ; ibid., 1 677 . —
9''Antioco ilGrande;Mii., iQ8l. — iO" Il Creso;
ibid., 1681. — 11- Pausania; ibid., 1681. —
12° Ottaviano Cesare Augusio ; Mantouc, 1682.
— 13'' Lisimacco ricamatoda Alessandro ; Ve-
nise, 1682. — 14° / due Cesari; ibid., 1683. —
15° Giustino; ibid., 1683. — 16° VAnarchia
delV Impero; ibid., 1683.— 17° Publio Elio
Pertinace; ibid., 1684. linfin les œuvres de mu-
sique de chambre composés par Legrenzi sont
les suivants : 1° Suonate per chiesa; \en\se,
1655. — 2° Suonate da chiesa e da caméra
«3; ibid., 1656. — 3° Una muta di Suo-
nate; 1604. — 4° Suonate a due violini e
violone, con ilbasso coniinuo per l'organo, op.
otlava; ibid., 1067. — 5" La Cefra, consegrata
al nome immortale délia S. Cesarea R M. di
Leopoldo I, in sonate n 2, 3, 4 stromenti,
op. 10; ibid.j 1673. — ù''XCantaie a voce sola,
lib. 1; Venise, i67i.— 7° EchidiReverenza, etc.,
in XIV cantate a voce sola, op. 14; ibid.,
1679, in-4°. — 8° Suonate a 2 violini et vio-
loncello; ibid., 1677. — 6o Suonate da chiesa
e àa caméra a2,3, i, 5, 6 e 7 stromenti con
trombe e senza overo flauti, libre sesto ,
op. 17; ibid., 1693, in-4°.
LEGROS (Joseph), acteur de l'Opéra, doué
d'une des plus belles voix de ténor élevé (ap-
pelées hautes-contre ) qu'on ait entendues en
France, naquit le 7 septembre 1739, au villa;;e de
Monampteuil, diocèse de Laon, et l'ut d'abord
enfant de chœur dans la cathédrale de cette ville.
Rehel et Francœur, qui dirigeaient l'Opéra de
puis 1757, ayant eu connaissance de la belle voix
de Legros, obtinrent un ordre pour le faire en-
trer à l'Opéra, où son début eut lieu en effet le
l'^'^mars 1704, par le rôle de Titon, dans l'o-
péra de Titon et V Aurore. Acteur un peu froid,
il ne dut d'abord ses succès qu'au timbre admi-
rable de sa voix; sous ce rapport, il consola lu
public de la perte de Jéliolte; mais dix ans plus
tard la révolution opérée par Gluck dans la mu-
sique dramatique exerça son influence sur le ta-
lent de Legros ; il sentit le besoin de s'animer, et
joua d'une manière satisfaisante les rôles û'Or-
phée, à"* Achille, de Pylade, de Renaud et à'A-
tijs. Outre ses talent.s comme acteur, il était très-
bon musicien et s'était livré à l'étude de la com-
position. En 1775, il refit, avec Désormery père, la
musique à'IIylas et Sylvie, en un acte, et fit
représenter cet ouvrage à l'Opéra. Legros était
bel homme, mais son embonpoint étant devenu
excessif, il fut obligé de se retirer en 1783, avec
la [)ension, qu'on accordait alors après quinze
ans de service. Chargé de la direction du Concert
spirituel en 1777, il garda cette entreprise jusqu'à
la su|)pression de l'établissement en 1791. Alors
il se relira à La Rochelle, où il est mort, le 20 dé-
cembre 1793.
LEGROS (....), fils du précédent, né à Paris,
vers 1770, était professeur de musique à Paris
dans les premières années du dix-neuvième siè-
cle, il y a fait imprimer un livre qui a pour litre:
Le Jeu d'Apollon, ou nouvelle méthode pour
apprendre en jouant les principes de la mu-
sique ; Paris, 1804, in-4°.
LEHMAjVIV (Antoine) , facteur d'çrgues à
Baiitzen, vivait dans le seizième siècle. En 1549,
il construisit l'oigue de l'église paroissiale de
Dantzick, composé de trente et un registres.
LEHMANN (Basile), autre facteur d'orgues
allemand, de la même époque, construisit en
1543 celui de l'église Sainte-Marie à Zwiclcau.
LEHMAN N
257
LEIIJ\IANÎ\ (Emmaniel) , magister et rec-
teur au collège d'Annaberg, né à Sclieibenberg,
dans Ja Misnie, vers le milieu du dix-septième
siècle, a publié un programme académique inti-
tulé : Programma ad acium valcdictorium
de Musica, Annaberg, mai 1675.
LEIIMANiX (Chrétien), frère du précédent,
né à Scheibenberg, le 2 décembre 1643, y (it ses
premières études de musique et de liltt-rature,
puis entra en 1C58 à l'école Saint-Tliomas deLeip-
sick, où il compléta ses connaissances dans le
chant et la composition. Il y écrivit plusieurs
morceaux de musique d'église. En 1663 il suivit
les cours de l'université; deux ans après il alla
à Wittenberg, où il fut nommé magister. Il suc-
céda ensuite à son père, à Scheibenberg. Sa prin-
cipale occupation dans ce lieu fut l'amélioration
de la musique d'église, et pour atteindre ce but
il écrivit plusieurs services complets pour les di-
manches et fêtes, qui sont restés en manuscrit.
Nommé pasteur à Annaberg, en 1685, il fut ap-
pelé en cette qualité k Freiberg, en 1697, où il
mourut, en 1723.
LEHMANIV (Gothilf-David), facteur de
pianos à Dresde, naquit en 17C4, à Serkewitz,
près de cette ville. Son père le plaça fort jeune
chez Wagner, pour apprendre les principes de
la bonne facture des instruments, pendant le
terme de six ans. Au bout de ce temps Lebmann
s'établit lui-même à Dresde, et y fabriqua des
clavicordes, des clavecins, des pianos et des har-
monicas.
LESIMAN^ (Frédéric-Adolphe), conseil-
ler de légation à Dessau, vers 1801, aupara-
vant lieutenant d'infanterie au service de l'élec-
teur, passa les dernières années de sa vie à Halle.
Simple amateur de musique, il avait pourtant
étudié dans sa jeunesse l'art d'écrire avec au-
tant de soin qu'aurait pu le faire un musicien de
profession, et l'on dit que ses premiers ouvrages
laissent apercevoir des traces de ses travaux sco-
lastiques ; mais plus tard il s'abandonna davan-
tage à «ne imagination libre dans les chansons
allemandes, où il a occupé le premier rang jus-
qu'il Schubert. On connaît sous le nom de cet
amateur : 1° Six marches à grand orchestre on en
harmonie; Leipsick, Peters. — 1° Variations pour
le piano sur l'air allemand : Freut euch des
Lebens ; Augsbourg, Gombart. — 3° Douze va-
riations idein sur un air russe ; Pétersl'ourg. —
4" Deux marches caractéristiques pour le piano ;
Leijpsick, Hoffmeister. — 5'' Chants à 4 voix;
Berlin, Nicolai. — 6" Chants à 3 et 4 voix, op. 7 ,
Leipsick, Peters. — 7" Chansons à voix seule, avec
accompagnement de piauo, 1"' caliier; Dessau,
Menge, vers 1703. — 8° Lfi plainte delà jeune
UiOCn. UMV. DES MCSICIEiSS. — T V.
fille, de Schiller, idem; Leipsick, Dreitkopf et
Hœrtel, 1801 . —9° Douze chansons allemandes,
idem ; ibid., 1802. — 10° Petites chansons, idem ;
Leipsick, Peters. — 11° Sept chansons anglaises
et allemandes idem; Dessau, cl ez l'auteur. —
12° Chansons allemandes, idem, 8c recueil. Halle,
chez l'auteur. Il a paru postérieurement quelques
autres recueils de pièces du même genre. Leschan-
sons de Lebmann ont obtenu tant de succès
après 1812, qu'il a été imprimé quatre éditions de
quelques-uns de ses recueils.
LEIIMA\JV ( Jean-Traugott), docteur en
philosophie et professeur de musique à Leipsick,
est né en 1 782, à Neukirch, près de Kœnigsbruck,
dans la Lusace supérieure. Le chant et la guitare
paraissent avoir occupé particulièrement cet ar-
tiste, llapublié : i°Neue Guitarrensciiule, oder
die einfackten Regeln die Guitarre auch ohnc
Lehver spielen zu lernen (Nouvelle école de la
guitare, etc., 1'"' partie) ; Leipsick, Hofmeister.
La cinquième édition de cette première partie a
été publiée en 1830. La deuxième édition de la
seconde partie a paru en 1812. Il a été fait une
traduction française de eet ouvrage, sur la qua-
trième édition allemande ; elle a été publiée chez
le même éditeur, en 1826, in-fol. Il a paru aussi
un abrégé de la même méthode, sous ce titre :
Kleine Guilarrenschule, oder Anweisung die
Guitarre in kurzer Zeit spielen zu lernen^
nebst cinigen Uebu7igstiichen, in-i° ; Leipsick,
Hofmeister, 1826. — 2° Grundl. und leicht-
fassl. Stimmen-sijstem , oder Anweisung wie
ein jeder Fortepiano oder Clavier-Instru-
mente auf die beste Art stimmen lan (Sys-
tème d'accord naturel et facile, ou Instruction
pour accorder par la meilleure méthode un piano
ou tout autre instrument à clavier) ; Leipsick ,
Kolmann , 1827, in-S". — 3° Anleitung die
Orgel rein und richtig stimmen zu lernen und
in guter Stimmung zu erhalten. Nebst ein
ausfiihrl. Beschreibvng iiber den Bau dcr
Orgel (Instruction pour apprendre l'accord pur
et régulier de l'orgue, etc. ; suivie d'une descrip-
tion détaillée de la construction de cet instru-
ment) ; Leipsick, Breitkopf et Hœrtel, 1831, grand
in-8° de trente et une pages. — 4° Chansons al
lemandes à voix seule avec accompagnement de
piano; Leipsick, Hofmeister.
LEilMANlX (Laurent), fécond compositeur
de Lieder, vécut à Berlin depuis 1825 jusque vers
1845. Il paraît qu'il y était professeur de piano;
mais on manque de renseignements sur sa per-
sonne. Ses œuvres, parmi lesquelles on remar-
que aussi des rondeaux et des fantaisies pour le
piano, sont au nombre d'environ cinquante. Ses
Lieder, dont il y a huit recueils, outre un grand
•2Ô^
LEHMANN — LEIDESDORF
nombre qui sont détachés, ont été publiés à Ber-
lin et à Leipsick.
LEIBi\lZ (GoDF.FROiD-GuiLLAUME, baroH
DK), illustre philosopiie et malhématiclen, naquit
à Leipsick, le 3 juillet 1G46, et mourut à Hano-
vre, le 14 novembre 1716, à l'âge de soixanle-dix
ans. L'histoire de la vie et des travaux de cet
homme célèbre n'appartient pas à la Biographie
des musiciens; on la trouve complète et détail-
lée dans plusieurs biographies générales, et dans
les histoires spéciales des mathématiques et de la
philosophie. Ce grand homme n'est cité ici que
pour ce qu'il a laissé en manuscrit concernant
l'histoire de la musique, le rhythme, et les prin-
cipes mathématiques de la théorie de la musique :
ces morceaux se trouvent à la Bibliothèque royale
de Hanovre, et n'ont jamais été publiés, Leib-
niz a donné aussi quelques aperçus sur le calcul
des intervalles des sons, dans une lettre du
17 avril 1712, adressée à Goldbuch, et qui est
la 154' de scR Epistolx ad diversas. C'est dans
celte lettre qu'il a placé sa fameuse proposition :
Mxisica est exercithim arithmeticx occultum
nescienfis se numerare animi : proposition
parfaitement vraie dans une conception îrès-gé-
aérale de l'art et de la science; car dans la créa-
tion comme dans l'audition de toute musique, i!
n'y a de conception possible que par l'apprécia-
tion immédiate et spontanée d'une multitude de
rapports des sons ; mais dans le sens fini et borné
lie la justesse absolue et invariable des inter-
valles , que lui donnait Leibniz, elle n'est (foint
admissible. Doué du génie le plus vaste, et d'ail-
leurs bon musicien et jouant de plusieurs instru-
ments, Leibniz aurait eu tout ce qu'il fallait pour
porter la lumière dans la théorie de la musique,
s'il eût connu la constitution des diverses tonalités
et leurs conséquences.
LEIBROClî (Joseph-Adolphe), composi-
teur, né à Brunswick, le 8 janvier 1808, est fils
d'Auguste Leibrock, littérateur qui a joui de
quelque réputation en Allemagne. Dès son en-
fance il étudia la musique, et y lit de -rapides pro-
grès. Maucourt {voyez ce nom) lui enseigna le
violon, et Gœdeke, musicien de la chapelle
royale, lui donna des leçons de violoncelle. Pen-
dant qu'il se livrait à l'étude de ces instruments,
il suivit les cours de théologie à l'université.
Plus tard, il obtint un place de violoncelliste à
la chapelle de Brunswick ; mais il ne se borna pas
au talent de l'exécution : la composition et l'étude
de la théorie de la musique devinrent aussi les
objets sérieux de ses études. En 1840 il accepta
la place de directeur de musique du théâtre de
Katisbonne. Son premier ouvrage important fut
une ouverture triomphale Uubel-oxiverture) ,
en ut, qui fut publiée à Brunswick, en 1838. Il
écrivit ensuite la musique du mélodrame intitulé
Sechzehn Jahre (Seize ans), plusieurs autres
ouvertures, des quintettes pour instruments à
cordes, et des Lieder.
LEICIIT (....), facteur de pianos à Brcsiau,
né à Piisen, dans la Bohème, en 1790, api)rit
d'abord la profession de menuisier, puis entra
chez Weiss, facteur d'instruments à Prague, qui
lui enseigna les principes de son art. Plus tard il
visita Vienne, Ratisbonne, Dresde et Berlin, tra-
vaillant dans chacune de ces villes chez les plus
habiles facteurs, pour augmenter ses connais-
sances. En 1815 il s'établit à Breslau , et depuis
ce temps il .s'est fait connaître avantageusement
par la bonne qualité de son et le fini du méca-
nisme de ses grands pianos.
LEIDEL (François), virtuose sur le liaut-
'nois , la llûteetla clarinette, naquit en 1761, a
Schwarz-ivostelecz , dans la Bohème. Après avoir
appris dans son enfance les éléments de la mu-
sique à l'école de Bistritz, il entra au monastère
de Seelau comme enfant de chœur et pour y
faire ses humanités; ensuite il alla étudier la
rhétorique chez les piarisles de Prague, et il fit
sa philosophie à l'université de cette ville. Déjà,
lorsqu'il était à Seelau, il avait appris à jouer de
plusieurs instruments; mais lorsqu'il fut arrivé
dans la capitale de la Bohême, il prit la résolu-
tion de se livrer exclusivement à la musique, et
dès lors il fit des études sérieuses sur la flûte,
la clarinette et le hautbois, qui le conduisirent à
la possession d'un talent de premier ordre, par-
ticulièrement sur le dernier de ces instruments.
En 1S03 il réunissait les places de première
fiùteetde premier hautbois de l'église métropo-
litaine de Prague. On ignore si cet artiste a
laissé quelques compositions en manuscrit.
LEIDESDORF (M.-J.), pianiste et com-
positeur, né vraisemblablement à Vienne , a été
éditeur et marchand de musique en celle ville
jusque vers 1827. Il se fixa alors à Florence, où
il était estimé pour son talent et pourson carac-
tère bienveillant autant qu'honorable. Il est mort
dans cette ville, le 20 septembre 1839. Il avaiÈ
fait exécuter à Florence, en 1829, Esther, ora-
torio à 4 voix , avec chœurs et oichestre. On
évalue à plus de cent cinquante œuvres le
nombre de compositions de tous genres publiées
sous son nom ; elles ne sont pas connues en
France, mais elles ont du succès en Allemagne
chez les amateurs. Les critiques reprochent des
négligences au style de Leidesdorf. Les prin-
cipaux ouvrages de cet artiste sont : 1° Premier
concerto pour piano, op. 100; Vienne, Hasiinger.
— 2" Grand quintette pour piano, violo».
LEIDESDORF — LEJEUNE
259
clarinette , violoncelle et contrebasse, op. 6fi ;
Leipsick , Breitkopf et Hicrlel. — 3" Rondo bril-
lant pour piano, flûte, clarinette, alto et violon-
celle, op. 128; Vienne, Artaria. — 4° Quatuor
pour piano, violon, alto et basse, op. 123;
Vienne, Cappi. — 5" Trio pour piano, violon et
violoncelle, op. 70; Vienne, Artaria. — 6° So-
nates pour piano et violon, op. 47, 48, G3, 74,
133; Vienne et Leipsick. — 7" Sonates pour
piano seul, op. 30, 50,67, 72, 75, H2, 134 ; ibid.
Leidcsdorf a écrit un très-grand nombre de
variations, pots-pourris, divertissements, ron-
deaux, caprices, bagatelles, etc.
LEIDIA'G (GE0R<;ES-TnÉOD0RE), organiste
à Brunswick , naquit à Biicken , dans le c«mté
de Hayn, le 23 février 1G64. Son père, écuyer
dans les troupes françaises, s'était distingué
pendant la guerre de Trente ans sous !e comman-
dement du duc de Weimar. Le jeune Leiding
entra, à l'âge de quinze ans, chez l'organiste de
la cour de Brunswick, Jacques Bœisclie, et reçut
ses instructions pendant cinq ans. En 1684 il fit
«n voyage à Hambourg pour y entendre Reincke
et Buxtchude; pendant son séjour en cette ville,
il reçut une lettre de Bcelsclie, qui était malade,
et qui l'invitait à aller le remplacer dans ses
Jonctions. Leiding se rendit au désir de son
maître. Bcelsclie mourut peu de temps après, et
son élève lui succéda dans la place d'organiste
de Saint-Ulrich. Plus tard Leiding y réunit les
places d'organiste de Saint-Biaise et de Saint-
Magnus : il les garda jusqu'à sa mort, qui arriva
le 10 mai 1710. Uavaitéludié la composition sous
la direction de Theile, et a laissé en manuscrit
tieaucoup de |)ièces declavecin et d'orgue. — Son
fils, Otiion- Antoine Leiding, lui succéda dans ses
emplois, et mourut le 16 mai 1740.
LEIGHTOM (William), compositeur an-
glais, vécut à Londres au commencement du
dix-septième siècle. Il s'est fait connaître par
une collection de musique religieuse à quatre et
cinq voix, qui a pour titre : The Tears, or
Lamentations of a sorrowful soûle (Les lar-
mes et lamentations d'imeàme repentante); Lon-
dres, 1GI4, in-fol. Outre les pi^èces de Leigliton
on trouve dans ce recueil des compositions de
J. Dowland, Joli» Milton (père du poète), Ro-
bert Johnson , Tliomas Forde, Kdmond Hooper,
Alphonse Ferrahosco, Robert Kindersley,Nalha-
niel Giles, J. Coperario (Cowper), John Bull,
William Bird, Robert Jones, J. Wilhye, J. Ward,
Thomas Weelkes,Orl. Gibbons, Martin Pearson,
Tliomas Lupo, Fr. Pilkinlon, et Tiiimolphus
Thoopeel.
LEISRING (Volkmar), né dans la seconde
moitié du seizième siècle, à €ebstaedt, près de
Buttstœdt, dans la Thuringe, fit ses études à
Jéna , et (ut nommé en ir,i7 recteur à Sclikœ-
len, près de Naumbourg. En loioil fut pasteur
àNohra, près de Weimar, et dans l'année 1028
il alla remplir les mêmes fonctions à Buchfurlh,
où il mo«rut, en 1637. Cet ecclésiastique (ut bon
musicien, et l'on connaît de lui plusieurs compo-
sitions où il y a du mérite. Il a publié : 1° Épi-
thalame tiré du 26*^ chapitre de Siitich; Jéna,
1609. — 2° Cymbalum Davidicum 4, 5, 6 et
8 vocum,o\\ psaumes Latins et allemands ; Jéna,
1611. Une deuxième édition, augmentée de plu-
sieurs pièces, a été publiée à Erfurl, en 1C12. —
3° Épithalames latins et allemands à 4 , 5 et 8
voix ; Erfiirt, 1624. — 4" St renop h aniœ^ con^is-
tant en 21 chants latins et allemands, Erfurt,
1628.
LEISTER (Joachjm-Frédéric), composi-
teur et critique, né à Wittstock, vers 1740, fut at-
taché en 1670, comme rédacteur, au Correspon-
dant impartial de Hambourg, dans lequel il a
inséré beaucoup de bons articles concernant la
musique. Il occupait encore la même position en
1795. J'ignore si c'est le même artiste qui, après
avoir quitté Hambourg, se serait rendu à Vienne,
où il aurait publié, sous le nom de F. Leister^ des
solos et des duos pour la flûte, chez Haslinger,
Artaria, Cappi, au nombre d'environ quarante
œuvres.
LEJEUNE (Claude), connu sous les noms
de Claudin.Lejeune, on mnp\emenl de Clau-
din, fut un musicien célèbre, et naquit à
Valenciennes. J'ai dit, dans mon Mémoire sur les
musiciens néerlandais (p. 41), qu'il vit le jour
vers 1528 ; mais cette date paraît trop reculée
pour l'époque de ses premières publications; il
paraît plus vraisemblable qu'il naquit vers 1540.
Quelques auteurs ont confondu Lejeune , désigné
seulement par le nom de Claudia, avec Claude
de Sermisy, maître de chapelle de François I*%
dont les compositions sont aussi placées sous le
nom de Claudin , <lans les recueils de motets
publiés par Attaingnant (livre 7«, Paris, 1533;
livre 10^, Paris, 1534; livre 11*, ibid.), dans
les f' et 3* livres de Chansons musicales à
quatre parties, mis au jour par le même édi-
teur en 1529 et 1530, et dans d'autres recueils.
Mais l'erreur est manifeste, car si Claude Le-
jeune avait été déjà au nombre des musiciens
dont on recueillait les compositions en 1529, il
est évident qu'il n'aurait pu être maître de la
musique du roi de Fiance eii 159S, comme on le
verra plus loin , c'est-à-dire environ soixante-
dix ans après (1). Varillas s'est trompé d'une
(1) Pacqiiot est un de ceui (jui se sont trompés à ce su-
jeti il dit, dans le prcoiier volume de ses Mémoires Ut-
17.
260
LEJEUNE
manière plus singulière encore lorsqu'il a dit dans
son Histoire de Charles IX (liv. 9, p. 472, édi-
tion de Paris, in- 12, 1684) : « Mandeiot se mit
« inutilement en devoir d'empêcher, à Lyon, le
« massacre de treize cents calvinistes et surtout
« de l'incomparable musicien Goudimel , connu
« sous le nom de Claudin Le jeune. » Cet écri-
vain est le seul , je crois, qui a fait celte faute.
Il y a aussi de l'incertitude chez quelques auteurs
sur le véritable nom de famille de l'artiste dont il
s'agit; car plusieurs semblent croire que ce nom
était Claudin, puisqu'ils n'y ajbutent le jeune
que comme un adjectif qui aurait servi à le dis-
tinguer de l'ancien Claudin (Claude de Sermisy).
11 est même remarquable que Thomas d'Embry,
ou d'Ambry, ami de Claude Lejeune, ne le dé-
signe point autrement dans une anecdote du
commentaire sur la vie d'Apollonius (1). Toule-
fois , il est certain que Claudin n'était que le
prénom et Lejeune le nom de famille du compo-
siteur ; car le premier n'est mis qu'en abrégé au
titre de la plupart de ses ouvrages, par exemple
C, CL, ou Claud., tandis que l'autre est en-
tier; et, ce qui est plus décisif encore, les psau-
mes de Claudin, publiés en 1608, après sa mort,
sont dédiés au duc de Bouillon, prince de Se-
dan, par sa sœur, qui signe son épître : Cécile
Lejeune. D'ailleurs , d'Embry lui-même s'est
servi du nom de Lejeune dans une ode sur la
musique de son ami , placée en tête du recueil de
ce compositeur intitulé Le Printemps. Il y dit :
Lejeune a faict en sa vieillesse
Ce qu'une bien g.iye jeunesse
N'oseroit avoir entrepris!
Et les éditeurs de ce recueil s'expriment ainsi,
dans leur avis au lecteur : « Je t'ay bien voulu
« advertir que l'intention de messieurs de Baïfet
« Lejeune estoit de faire imprimer ces vers
« mezuréz en l'ortographe propre, etc. »
Lejeune n'était vraisemblablement pas en
France, ou du moins à Paris ou à Lyon en 1572,
époque de la Saint-Barthélémy, car il échappa au
massacre de cette journée , et l'on a vu plus
haut que Varillas s'est trompé à cet égard ; mais
il était certainement à la cour de Henri III en
1581 , car il écrivit alors de la musi(iue pour les
noces du duc de Joyeuse avec mademoiselle de
Vaudemont; c'est à cette occasion que Thomas
d'Embry.'sonami, rapporte l'anecdote suivante:
«J'ai quelquefois ouï dire au sieur Claudin Le-
« jeune, qui a, sans faire tort à aucun, devancé
« bien loin tous les musiciens des siècles précé-
téraires : « Claudin Lejeune, né à Valenciennes, dans le
seizième siècle, vécut en France du temps de François 1".
il) Llv. l.chap. XVI, p. 822. I
« dents , dans l'intelligence de ces modes ( phry-
« gienet hypophrygien), qu'il fut chanté un air,
« qu'il avait composé avec les parties, aux ma-
« gnificences qui furent faites aux notes du feu
« duc de Joyeuse du temps d'heureuse mémoire
« de Henry III, roy de France et de Pologne, que
« Dieu absolve, lequel, comme on l'essayoit en
'1 un concert qui se lenoit particulièrement, fit
" mettre la main aux armes à un gentilhomme
« qui estoit là présent, si qu'il commença à jurer
« qu'il luy estoit impossible de s'empescherdes'en
« aller battre contre quelqu'un ; et qu'alors on
« commença à chanter un autre air du mode
« sous-phrygien, qui le rendit tranquille comme
« auparavant : ce qui m'a été confirmé encore
« depuis par quelques-uns qui y assistèrent, tant
« la modulation, le mouvement et la conduite
« des voix, conjoints ensemble, ont de force et
« de puissance sur les esprits. » Quoi qu'il en
soit de l'exactitude de l'anecdote , le récit de
d'Embry ne laisse point de doute sur la considé-
ration qui s'attachait en France aux œuvres et
au nom de Claude Lejeune. Après la mort de
Henri III, cet ailiste passa au service de Henri IV,
ainsi que le prouvent les titres de ses ouvrages
imprimés à La Rochelle en 1598, et à Paris en
1606,'1608 et 1612. Le P.Mersenne rapporte une
curieuse anecdote sur le danger que coururent
Claude Lejeune et ses meilleurs ouvrages pen-
dant la guerre de la Ligue contre Henri IV, et sur
les secours que Mauduit (voyez ce uom) leur
porta dans celte circonstance. Pendant le siège
de Paris, dit-il , Claudin Lejeune s'enfuyait par
la porte Saint-Denis, emportant ses composi-
tions, non encore publiées, notamment le Dode-
cachorde (voyez ci-après, n"2). Il fut arrêta
par des soldais de la Ligue, et ce fut Mauduit
qui arrêta le bras du sergent au moment où ce-
lui-ci lançait toutes ces compositions dans le feu
du corps de garde! « car, comme il (Mauduit)
« estoit de la justice, et reconnu savant en mu-
« sique, il persuada aisément à la soldatesque
« de lui remettre le tout entre les mains, laissant
« immoler à leur zèle la confession de foy hu-
« guenotte et séditieuse de Claudin , signée de sa
« main et fulminante contre la Ligue, qui n'estoit
« rien moins, en ce rencontre, que l'arrest de sa
« mort, et sans doute prochaine, si Jacques
« Mauduit ne s'y fût rencontré, qui leur fit en-
c. tendre qu'il déchiffreroit cette musique, et
« connoistroit dans peu d'heures s'il y avoit rien
« contre le service de la ville , et pour ce sujet il
« demanda le prisonnier pour y eslre confronté,
« ce qu'on luy accorda sur sa preud'hommie, et
« à la faveur du capitaine son amy , avec qnel-
« ques gardes, qui l'escortèrent jusques au lieu
LE.TEUNE
2ni
R de seureté, où il termina cetfe affaire fort adroi-
« tement » (Harm. Univ., liv. 7<", p. 05). Le-
jeune avait le titre de compositeur de la chambre
du roi , tandis que du Caurroy était maître de la
chapelle. J'ai lu quelque part qu'après la décla-
ration de Louis XIII, datée du 15 septembre
1612, qui défendait aux réformés de s'assembler
sans une permission expresse, Lejeune, zélé
protestant , se retira de la cour, et qu'il alla en
Hollande, où il mourut, peu de temps après; mais
ces renseignements ne sont point exacts, car
l'ode de Thomas d'Embry ou d'Ambry, que j'ai
citée plus haut, et qui est impNmée au commence-
ment du recueil intitulé Le Printemps, publié
à Paris en 1C03, a pour titre : Ode sur la mu-
sique de défunct sieur Claudin Lejeune. La
véritable date de la mort de cet artiste célèbre
se trouve donc entre les années 159S et 1G03. Un
autre éclaircissement résulte d'un passage déjà
cité de cette ode; c'est que Lejeune était déjà
avancé en âge quand il a composé les pièces de
son recueil de printemps.
Lejeune a faict en sa vieillesse, etc.
Or, on ne dit pas d'un homme qu'il est en sa
vieillesse s'il n'a au moins soixante ans; il ne pa-
raît donc pas qu'on puisse placer l'époque de sa
naissance plus tard que 1C04. On a vu plus haut
que ce musicien avait embrassé le calvinisme;
mais il est vraisemblable qu'il n'appartint pas
toujours à la religion réformée, car Pierre Bal-
lard a publié après sa mort une messe à cinq et
à six voix, de sa composition, qu'on avait trou-
vée dans ses papiers.
Examinant les fondements de la grande répu-
tation dont Claude Lejeune a joui en France,
Burney pense que cet artiste a été plutôt un mu-
sicien savant et laborieux qu'un homme de gé-
nie (A General HistoryofMusic,i. 3, p. 266);
mais c'est précisément le contraire qui est vrai.
Quoique Lejeune ait conservé dans quelques-
imes de ses productions les formes canoniques
et le style d'imitations fuguées des maîtres du
seizième siècle, il est souvent incorrect dans sa
manière d'écrire. On trouve dans sa musique
beaucoup de dissonances résolues par saut , d'en-
jambements de parties, et de sauts de sixtes
majeures dans les voix , qui indiquent des études
légèrement faites dans l'art d'écrire; mais il y
a du goût dans le choix des motifs de ses chan-
sons françaises, et une certaine élégance dans
celui des repos et des rentrées des dilférenles
parties : en un mot, plus d'instinct que de savoir.
Au surplus , le mérite de ce musicien a été exa-
géré par ses contemporains de la cour de France :
6€s ouvrages ne peuvent soutenir la comparai-
son avec ceux des bons maîtres de l'école ro-
maine de ce temps, et sous le rapport de l'in-
vention, ils sont inférieurs à ceux des composi-
teurs vénitiens , de Lassus , et môme de quelques
anciens comi)osite'irs français, tels que Arcadet ,
et .surtout Clément Jannequin. Claude Lejeune
et Du Caurroy commencent l'époque de décadence
de l'école française, quoiqu'un poète ait dit à
Claudin ;
Qui son esprit ne sattsfall
En tes chants si pleins de merveilles
S'il n'est un âne tout à fait.
Il en a du moins les oreilles.
Les psaumes à quatre et cinq parties de sa
composition ont eu beaucoup de succès, et l'on
en a fait plusieurs éditions et des traductions
anglaises et hollandaises à Paris, Genève, Leyde,
Amsterdam, Londres, etc. Ces psaumes sont
écrits presque tous en contiopoint simple de
note contre note, sur les mélodies du culte pro-
testant placées dans la partie du ténor, comme
dans les psaumes de Goudimel; mais ceux-ci sont
mieux écrits. On a ajusté sur la même musique
la version allemande d'Ambroise Lobwasser. Je
possède un exemplaire magnifique de cette ver-
sion, imprimée à Amsterdam, chez Louis Elze-
vier, en 1640, in-12. Au frontispice gravé se
trouve, à coté de David et des principaux per-
sonnages du culte réformé, le portrait de Le-
jeune. Les différentes voix sont imprimées en
regard dans ce volume.
Tout ce que j'ai pu retrouver des œuvres de
Claude Lejeune se compose de la liste suivante :
i" Livre de mélanges de C. Lejeune à 4, 5, 6 et
8 voix^ à Anvers, de l'imprimerie de Christophe
Plantin, 1585, 6 vol. petil in-fol. Je crois qu'il a
dû y avoir une édition antérieure de cet ouvrage,
qui contient des chansons françaises à 4, 5, 6 et
8 parties, des madrigaux italiens à 4, 5 et 6 voix,
des motets latins à 5, 6 et 8, et un écho a 10 par-
ties. 11 a été publié une autre édition du même
recueil à Paris, chez Pierre Ballard, 1607, 6 vol.
in-4'' obi. — 2° Recueil de plusieurs chan-
sons et airs nouveaux mis en musique par
Cl. Le Jeune ; Paris, Adrien Le Roy et veuve
Ballard, 1594, in-16 obi. — 3° Dodecacorde
contenant douze psaumes de David mis en
musique selon les douze modes approuvez des
meilleurs autheurs anciens et modernes, à
1, 3, 4, 5, 0 e< 7 voix, par Claud. Lejeune,
compositeur de lamusique de la chambre du
roy. A la Rochelle par Hi^rosme Haultin,
159», 6 vol. in-4°, obi. Les paroles de ces psau-
mes sont tirées de la traduction française de Cl.
Maiot. Cet ouvrage est ua des meilleurs et des.
262
LE.TEUNE — LEIXMANrï
mierrx écrits de Clauile Lejcune : la forme des
psaumes est développée dans la manière des
motets italiens. On trouve dans cet œuvre te
portrait gravé en bois de Claude Lejeune déjà
âgé, car la tète est chauve et la barbe blanche. Ce
portrait a été reproduit au burin par Hawkins,
dans son Histoire générale de la musique (t. 3,
p. 204). H a été fait une deuxième édition de ces
psaumes, à Paris, chez Pierre Ballard, 1608,
C vol. petit in-4'' obi., et une troisièn>e, à Paris,
chez le même, 16ÎS, 6 vol. petft in-4° obi.
— 4° Le Printemps de Claud. Lejeune, natif
de Valencicnnes, compositeur de la musique
de la chambre du roij, à 1, 3, 4, 5, 6, 7 et 8
parties, à Paris, par la veuve R. Ballard, et son
fils le même 1G03 , 6 vol. petit in-4'' obi.
Les vers de ce recueil sont de Baif. Il paraît que
Lejeune avait laissé des pièces pour les autres sai-
sons, car l'éditeur dit, dans son avis au lecteur :
Reste maintenant à te supplier de recevoir ce
printemps avec ses belles et diverses fleurs,
espérant les fruit::, des autres saizons que je
te présenterai/ le plustost qu'il me sera pos-
sible; cependant je ne crois pas que les autres
suites aient été publiées. — 5° Missa ad placi-
tum, auctore Claud. Lejeune, cum quinque
et sex vocibns; Parisiis, ex offic. Pet. Ballard,
1607, in-fol. hc Kyrie, le Gloria et le Sanctus
sont à cinq voix, le Credo et VAgnus à six. —
e° Premier livre contenant cinquante psaumes
de David 7nis en musique à 3 jyarties par
Claud. Lejeune, natif de Valeyiciennes, com-
positeur en musique de la chambre du roij ;
Paris, Pierre Ballard, 1607, 3 vol. petit in-4'*
obi. Les deuxième et troisième livres de ces
psaumes à trois parties ont été publiés chez le
même imprimeur en 1608, in-4'' obi. De tous les
ouvrages de Lejeune, c'est celui qui paraît avoir
eu le moins de succès, car je n'en connais point
d'autre édition. — 7" Les psaumes de Marot
et de Théodore de Bèze mis en musique à qua-
tre et cinq parties par Cl. Lejeune, natif de
Valenciennes; La Rochelle, J. Haultin, 1608,
in 4". Première édition publiée par Cécile Le-
jeune, sœur du compositeur, et dédiée au duc de
Bouillon, prince de Sedan. Elle est fort rare. Une
deuxième édition a été faite à Paris, en 1613;
une troisième à Genève, chez Jean de Tournes,
en 1627, avec le portrait de Lejeune; une autre
à Amsterdam, en 1629; une à Paris, dont on
a été les psaumes à cinq, chez Ballard, 4 vol.
petit in^" obi.; une à Amsterdam, en 1633; et
une à Leyde, chez Juste Livius, en 1033, aussi
avec le portrait du musicien. La dernière édition,
intitulée : Les cent cinquante Pseaumes de Da-
vid, mis en musique à quatre parties par
Claude Le jeune, natif de Valencicnnes,èlc ,
à Paris, par Robert Ballard, 1650, 4 vol. in-S"'
obi., est fort belle; j'en possède un exemplaire
magnifique. Il ne fut plus permis d'imprimer ces
psaumes en France après la révocation de l'é-
dit de Nantes. La musique de Lejeune a été
arrangée sur une traduction hollandaise et pu-
bliée sous ce titre : Psalinen David' s, op vijf
Stemmen, doorCl. Lejeune; Schiedam, 1664,
in- 12. 5 vol. — 8° Airs à trois, quatre, cinq
et six parties mis en musique par Cl. Le
jeune; Paris, Pierre Ballard, 1608, 4 vol. in-10
obi. — 9" Octonaires de la vanité et in-
constance du monde, mis en musique à 3 et 4
partiesypar Claude Lejeune, natif de Valen-
ciennes, à Paris, par Robert Ballard, 1610, 4 vol.
in-4° petit obi. Cet ouvrage est un recueil de
3S chansons françaises, dont 3 sur chacun des
douze modes. Il y a une autre édition imprimée
chez le même en 1641. — 10° Second livre des
mesfanges de Cl. Lejeune, compositeur de la
musique de la chambre du roy; Paris, Pierre
Ballard, 1012, 4 vol. in-4'' obi. Ce recueil a été
publié par Louis Mardo, neveu de Lejeune, et dé-
dié à M. de la Planche, avocat au parlement de
Paris. Un autre édition a été publiée à Anvers,
en 1617. On trouve dans cette collection quinze
chansons françaises et 7 madrigaux italiens à
4 voix, douze chansons à 5, deux canons et cintj
chansons à 6, deux chansons à 8, deux psaumes
à 5, un motet à 4 voix divisé en 6 parties, un au-
tre motet à 5, un Magnifient, à 4, 5 et 7, un
motet à 10, une fantaisie à 4 et une autre à 5.
Un essai biographique a été publié sous ce titre :
Esquisse biographique sur Claude Lejeune,
natif de Valenciennes, surnommé le Phénix
des musiciens, compositeur de la musique des
rois Henri III et Henri IV; Valenciennes, 1845,
in-S".
LELLMANI^ (Geofges-François), clarinet-
tiste et compositeur pour son instrument, est né
à Buckebourg, le 8 avril 1798. Dès son enfance
il montra beaucoup de penchantpour la musique;
mais ses éludes de collège ne lui permirent pas
de s'occuper de cet art d'une manière sérieuse
avant sa treizième année. Il reçutalorsdes leçons
de clarinette d'un musicien de la chapelle du
prince de Lippe-Schaumbourg, nommé Wagner;
toutefois il se destinait à la carrière des sciences^
lorsqu'un régiment suédois arriva dans sa ville
natale, en 1814. Le colonel de ce corps était alors
à la recherche de quelques bons artistes pour sa
musique militaire : des offres furent faitesàLell-
mann , et il accepta la place de première clari-
nette de ce régiment. Au moment où il arrivait
en Belgique, le général suédois qui commandait
LELLMANN — LEMAITRE
2G3
la brigade où il sei vail , a>çiit la nouvelle de la
signature du traité de paix de Paris, et bientôt
après, les troupes alliées repassèrent le Rhin. De
retour dans sa patrie, Leilmann donna sa démis-
sion, et se relira à Buckebourg, où il prit des le-
çons de violon de Lubeck, maître de concerts
de celte petite cour. Quelques années après, une
place de clarinette solo fut offerte à Leilmann dans
un régiment du royaume des Pays-Cas, qui était
en garnison à Ypres : Tartisle accepta, et revit
la Belgique pour la seconde fois. Il était à Ypres
depuis deux ans, et son engagement touchait à son
terme, lorsque la place de chef de musique de
la Sociclé philharmonique de la petite ville de
Turcoing (Nord) lui fut offerte : il l'accepta, et
vécut huit ans dans celle position, faisant seu-
lement quelques voyages à Paris, où il recevait
des conseils de Reicha pour la composition. Son
(alenlcomme insliimienliste se perfeclionua aussi
par les leçons qu'il reçut du célèbre clarinelliste
Iwan Mùller. En 1833, Leilmann fut appelé à
Zerbst, en qualité de professeur de langues mo-
dernes au gymnase, parce qu'il possédait une
connaissance parfaite du français et de l'anglais.
Quelquesdissertalionsqu'ilapublites depuis celte
époque lui ont fait décerner le grade de docteur
en philosophie et arts par l'université de Jéna.
On a de cet artiste : 1° Air varié pour clarinette
etorchestre; Bonn, Simrock. — 2'^ Romance de
Ch. M. de Weber, variée pour claiinetle et or-
chestre; Paris, Zetter et Cie ,et Leipsick, Breit-
kopf et Hsertel. — 3" Air varié pour deux cla-
rinettes concertantes etorchestre; Bonn , Sim-
rock.
LEM (Pierre), né à Copenhague, vers 1753,
eut pour maître de violon Hartmann, qui, après plu-
sieurs années de leçons, le fit voyager pour per-
fectionner son goût et son talent. De retour dans
sa patrie, Lem eut le titre de premier violon de
la cour, aux appointements de mille écus (3,750
• francs), et après la mort de son maître, en 1791,
il eut une augmentation de 200 écus, avec la
place de professeur de l'école de musique et celle
de violon solo des concerts. Il a formé de bons
élèves. On a publié de sa composition à Vienne,
en 1785, un concerto pour le violon, et l'on
trouve sous son nom, dans le Catalogue de Traeg,
un rondeau pour le clavecin, en manuscrit.
LEMAIRE, ou LE MAIRE, musicien
français, né vraisemblablement à la fin du sei-
zième siècle, ou dans les premières années du
dix-septième, est cité par Mersenne {Harmonie
universelle, T\a\\.& des consonnances, etc., liv. 0,
prop. 19, p. 3'i2 ) comme inventeur de la syl-
labe za, qu'il voulait introduire dans la solmisa-
tion pour la septième noie, et pour faire aban-
donner en France la méthode des muances , qui
y était encore en vigueur. Mersenne ajoute que
le même Lemaire avait imaginé de nouveaux si-
gnes pour la notation. Brossard, qui écrivait sou
Dictionnaire de musique en 1701 ou 1702, dit
que Lemaire avait fait celle innovation 4o ou 50
ans auparavant ; mais elle était plus ancienne,
car le livre de* Mersenne a été publié en 1C36.
Dans un autre endroit, Brossard attribue à Le-
maire le livre qui a pour litre : Méthode facile
pour apprendre à chanter en musique, par
un célèbre maistrc de Paris, el il donne à ce
livre la date de IGGO. H s'est trompé, car cette
méthode n'est qu'une troisième éililion de l'ou-
vrage de Nivers (voy. ce nom), qui fut publié en
1C4C, chez iJallard, à Paris, sous ce titre : La
gamme du&i, nouvelle méthode pour appren'
dre à chanter en musique sans muances. La
deuxième édition fut imprimée sous le même ti-
tre en lOul, chez le même Bal lard, avec le nom
de l'auteur. La troisième édition, eilée par Bros-
sard sous son véritable titre, ainsi que la qua-
trième, qui parut en 1695, n'ont point d'autre
indication que/)«r un célèbre maistre de Pa-
ris. On voit d'après ces ex[ilications que Lemaire
n'est pas l'auteur de cet ouvrage. L'invention at-
tribuée par IMersenne à un musicien de ce nom
est de beaucoup antérieure à la première édition
du livre de Nivers. On n'a point de renseigne-
ments sur Lemaire, mais il y avait un Guillaume
Le Maire dans la grande bande des violons du
roi Louis XIII; ce Lemaire était compaguon de
Chevalier, musicien habile de ce temps ; il serait
possible qu'il fûtl'auleur de la nouvelle mélhoda
de solmisation qu'on lui attribue. Voyez au sur-
plus sur les méthodes semblables Waeuiant,
Anselme de Parme, Calvisius, Hubmeier, Puîte
(van de), Caramlel de Lobrowitz , Urena,
(Pierre), et Buttstedt.
LEMAIRE (Charles), peut-être fils du pré-
cédent, entra eu 1G69 à la chapelle de Louis XIV,
en qualité de haute-contre, et y continua son
service jusqu'en 1702. ]l obtint alors sa retraite,
et mourut en 1704. M. de Boisgelou croyait, mais
à tort, qu'il était l'auteur de la nouvelle solmisa-
tion française. On a de cet artiste : 1" Airs à
chanter avec la basse pour le clavecin ou le théorbe,
livres 1 à 6; Paris, Ballard , 1G74 à 1695. —
2° Airs sérieux et à boire à deux et trois par-
ties, par M. Le Maire, ordinaire de la mu-
sique du 7-oy- ii Paris, chez Chr.istophe Bal-
lard, etc., 1674. in-l2 obi. — 3" Les quatre
saisons, cantates à voix seule, livre 1, ibid.
— 4" Recueil de motets , à une et deux voix
avec bassecontinue^ Pam, Ballard, 1698,in-fol.
LEMAITRE (Matthieu.), compositeur belge.
2R4
LEMAITRE — LEMBLIN
suivant le litre d'un de ses ouvrages , vécut
dans la seconde moitié du seizième siècle, et pa-
raît avoir occupé un emploi de diantre ou de
maître de chapelle en Bavière. Ses ouvrages
connus sont ceux-ci : 1" Caiechesis nvmeris
musicis incluxa et ad pueronim captum ac-
commodata, iribiis vocibus composita. Norim-
bercjoe, in officina Joannis Monlani et Vlrici
ISeuberi, 1563, in-S" obi. — 2° GeistUche und
weltliche teutsche Gesang mit vier und fànf
Stimmen; Wittenberg , durch Joliann Sciiwer-
tel, 1360, in-4'' obi. — 3" Sacra: cantiones, quas
vulgo Motetta vacant, quinque vocihin. Liber
primus ; Drcsdx, jier G/mel Montanare Lu-
becensi, 1570, in-4" oi)i. Au premier de ces ou-
vrages se trouve, à côté du nom de l'auteur, la
désignation de Belga.
LEMAURE (Catherine-Nicole), célèbre
actrice de l'Opéra, naquit à Paris, le 3 août 1704.
Ayant été reçue dans les chœurs en 1-719.
« plus belles cadences (trilles), et une manière de
« chanter plus imposante. ]M"e Lemaiire, petite
« et mal faite, avait une noblesse incroyable sur
« le théâtre; elle se pénétrait tellement de ce
« qu'elle devait dire, qu'elle arrachait des lar-
« mes aux spectateurs les plus froids; elle les
« animait et les transportait; et quoiqu'elle ne
« fût ni jolie ni spirituelle, elle produisait les
« impressions les plus vives. » Il faut croire à la
réalité d'un talent qui produit de tels effets sur
toute une nation, et qui mérite de pareils éloges
de la part d'un homme qui n'était point étranger
à la musique. Sans doute l'art du chant était
alors ignoré en France; mais une belle voix, un
beau trille naturel, et surtout un accent pathé-
tique dans l'organe, sont les qualités essentielles
pour émouvoir dans tous les temps, quels que
soient d'ailleurs les défauts de la vocalisation.
Retirée du théâtre en 1727, M'ieLemaure y rentra
en 1730, et y restajusqu'en 1735 (1), après l'a-
voir quitté et repris plusieurs fois. Ayant été
invitée à jouera la cour, en 1745, pour les fêtes
données à l'occasion du mariage du Dauphin, elle
exigea qu'un carrosse du roi vînt la prendre et
la conduisît à Versailles, accompagnée d'un gen-
tilhomme de la chambre. Mon Diev, s'écria-
t-elle, que je voudrais être à une fenêtre pour
me voir passer! Les entrepreneurs du Colisée
la déterminèrent à y chanterea 1771. Jamais af-
fluence ne fut comparable à celle des curieux qui
(1) Cette date est celle des anciens registres de l'Opéra ;
celle (le 1143 , donnée par La Borde, et copiée par tous les
biographes, est fausse.
allèrent pour rentendre,et quoiqu'elle eût soixante-
sept ans, elle y parut fort supérieure à ce qu'on de-
vait attendre de cet âge. En 1762, elle avait épousé
un M. de Monthruelle; maison continua de l'ap-
peler par son premier nom jusqu'à sa mort, ar-
rivée en 1783. Dans les anciens mémoires manu-
scrits que je possède sur l'Opéra, on lit une note
ainsi conçue sur cette actrice : Lemalre : celte
actrice a la voix plus douce que celle d'un
rossignol, et les so)ts desjjlus beaux. Elle fut
fort regrettée lors de sa retraite, qui occa-
sionna un petit mémoire imprimé, où estoit
déduit le motif de celte retraite, qui estoit
parce que, ne voulant pas chanter, elle fut
cpnduife de l'ordre du roi au For Lévequc.
LEMAZCÎIIER (I^ierre-David), littérateur,
naquit à Gisors, le 30 mars 1775. Après avoir
occupé plusieurs emplois dans l'administration, il
fut longtemps secrétaire du comité de la Comé-
die-Française. Sa politesse et son amabilité avec
les auteurs lui firent de nombreux amis dans cette
• position difficile. Sa vue, fatiguée par ses travaux,
s'affaiblit tout à coup en 1830; bientôt il devint
complètement aveugle, et se vit obligé de re-
noncer à sa place. Retiré depuis lors à Versail-
les, il y passa ses dernières années entouré d'une
famille qui l'aimait tendreraenl. Il mourut dans
cette ville, le7 août 1836. Lemazurier est auteur de
plusieurs ouvrages, au nombre desquels on re-
marque L'Opinion du parterre, d\main;\c\\ théâ-
tral dont il a publié dix années (1803-1813), Paris,
10 volumes in-18. Le premier volume n'a pour
objet que le Théâtre-Français; mais on trouve
dans tous les autres beaucoup de renseignements
utiles sur l'Opéra, l'Opéra-Comique et l'Opéra
italien, ainsi que sur les auteurs, chanteurs, et sur
les pièces représentées dans le cours de ces dix
années.
LEMBLIN (Laurent), musicien belge, vécut
dans la première partie du seizième siècle, et l'ut
attaché comme ténor à la chapelle du duc de Ba-
vière, antérieurement à 1540. On trouve des
motets de sa composition dans les recueils inti-
tulés : 1° Tomus secundus psalmorum, selcc-
torum quatuor et quinque vocum ; Norim-
bergse, apud Jo. Petreium,ll2i9, in-4'' obi. —
2° Selectissimaruni Motetarum portim quin-
que, partim quatuor vocum. Tomus primus.
Norimbergx,Jo. Petreius, 1540. Ses- chansons
latines, allemandes et françaises ont été insérées
dans divers recueils, particulièrement dans ceux-
ci :— 3" Selectissimss ncc non familiarissimx
cantiones ultra centum, vario idiomate vo-
cum, etc., a sex usque ad duas vocum; Augus-
tx Vindelicorum , Melchior Kriesstein, 1540,
in-4'' obi. — 4" Ein Auszug guter aller und
LEMBLIN — LKMIERE DE CORVEY
ncwen teutschen Liedloin, etc.; Nuremberg,
J. Petreius, 1539, petit iii-4''obl. — 3° Bicinia
galUca, latina et ijcrmanica , et quxdam
fugx,(t\c. Tomi duo. Vitenbergx, apud Geor.
Hhau, 1545, petit in-'j" obi.
LEMIÈUE (....), l'aîné, violoniste de l'O-
péia, eut pour maître Gaviniès, dont il fut un des
bons élèves. Il entra à l'orcliestre de l'Opéra en
1751, et prit sa retraite au mois d'avril 1771;
mais il ne jouit pas longtemps de sa pension,
car il mourut dans la même année. 11 fut le maî-
tre du célèbre violoniste Bertlieaume. Lemière a
publié deux livres de sonates à violon seul, et
un livre deduos pour deux violons.
LEMIÈRE DE COUVEY (Jean-Fi!Édé-
ric-Aucuste), compositeur, né à Rennes, en 1770,
apprit la musique dans son enfance à la maîtrise
de l'église cathédrale de cette ville, et lit, fort
jeune encore, quelquesessais de composition pour
le piano et le violon, sans avoir fait d'éludés d'har-
monie. Engagé comme volontaire dans un ba-
taillon républicain de la Vendée, i! se fit remar-
quer par l'exaltation de ses opinions, fut nommé
sous-lieutenant, et se rendit à Paris le 10 août
1792. Il prit alors quelques leçons d'harmonie
chez Berton, et (ixa bientôt sur lui l'attention
|)ublique par la bizarrerie d'une de ses premières
compositions; il avait mis en musique un ar-
ticle du Journal du soir sur la sommation faite
à Custines de rendre Mayence, et sur la réponse
de ce général; ce morceau fut publié en 1793, et
eut un succès de vogue. En 1792 il avait donné au
théâtre Montansier Les Chevaliers errants, pe-
tit opéra en un acte, qui avait été peu remarqué ;
peu de temps après il partit pourla Belgique, oùil
servit comme aide de camp du général Thiébault,
qui, grand amateur de musique, l'avait attaché à
sa personne, à cause de ses talents. De retour à
Paris en 1794, il y fit représenter quelques opé-
ras, dont plusieurs furent bien accueillis par le
public. Pendant les années 1796 et 1797 il suivit
son général en Allemagne, et y fut blessé. Le traité
de Campo-Formio le ramena à Paris, et le fit
rentrer dans la carrière de la composition drama-
li(iue. L'attachement qu'il avait pour le général
Moreau le fit éloigner de cette ville par le gouver-
nement consulaire. Il vécut en Provence jusqu'en
1806 ; mais alors il obtint de reprendre du ser-
vice actif, et fit les campagnes de Prusse et de
Pologne. Puis, en 1808, il alla en Espagne, et
servit pendant toute la guerre de la Péninsule jus-
qu'en 1814, où il fut mis à la retraite avec le
grade de lieutenant-colonel : précédemment il
avait été lait chevalier de la Légion d'honneur et
du Mérite militaire. Après le retour de Napoléon
en 18 ij, il reprit son épée, et fit la campagne de
Waterloo : ce fut la dernière. Craignant des per-
sécutions à cause de ses anciennes opinions ré-
publicaines, il se tint dans la retraite pendant les
premiers temps de la seconde restauration ; mais
en 1817 il revint à Paris, et s'y livra de nouveau
aux travaux de la composition, écrivit pour le
théâtre, n'y obtint pas de succès, et finit par tom-
ber dans un état voisin delà misère; car sa pen-
sion de retraite était insuffisante pour son exis-
tence et celle de ses deux filles. Dans les derniers
temps de sa vie, il était obligé de corriger des
épreuves de musique pour vivre. Il est mort à
Paris, du choléra, le 19 avril 1832, à l'âge de
soixante-deux ans.
Malgré l'activité de sa carrière militaire, Le-
mière a beaucoup écrit pour le théâtre et pourla
chambre. N'ayant encore aucune notion d'harmo-
nie, il avait fait représenter à Rennes, en 1790,
un opéra en un acte intitulé : Constance. Après
son arrivée à Paris, il écrivit les ouvrages sui-
vants : 1'^ Les Chevaliers errants, au théâtre
Montansier, en 1792, un acte. — 2° Crispin ri-
val, au même théâtre, 179.1, un acte. — 3° Le
Poème volé, en un acte, 1793. — 4° Scène pa-
triotique, au théâtre Favart, 1794. — b° La Re-
prise de Toulon, au môme théâtre, 1794, en un
acte. — 6° Andros et Almona, idem, en 3 ac-
tes, 1794 : de tous les ouvrages de Lemière, c'est
celui qui a eu le plus de succès et qui avait le
plus de mérite. — '" Le Congrcsdes Rois, encol-
laboration avec plusieurs autres compositeurs. —
8" Bahouc, en quatre actes, au théâtre Eeydeau,
1793. — 9" L'Écolier en vacances, au théâtre
Favart, en un acte, 1795. — \0°Les Suspects, en un
acte, au théâtre Louvois, 1793. — 9° La Blonde
et la Brune, en un acte, même théâtre 1795. —
12° /^a Moitié du, chemin, en trois actes, même
théâtre, 179C. — Au théâtre 3Iolière: 13° Les deux
Orphelines, en un acte, 1798. — 17° Les deux
Crispins ( paroles et musique), en un acte, 1 798.
— 14° ia Maison changée, en un acte, 1798.
— 15" ia Paix et V Amour, en un acte, 1798.
— le" Le Porteur d'eau, en un acte, représenté
en province, en 1801. — il" Henriet Félicie, en
trois actes, idem, 1808. — 18" La Cruche cas-
sée, ou les Rivaux de village, en deux actes, au
théâtre Feydeau, 1819. — 19" La fausse Croi-
sade, en deux actes, au môme théâtre, 1825. —
20" Le Testament, en deux actes, à l'Odéon, 1825.
— id" Les Rencontres, en trois actes, au théâtre
Feydeau, 1828 (en collaboration avec M. Ca-
t.rufo). ,11 a aussi arrangé pour le théâtre de
rodéon, sur la musique de Rossini, La Dame du
lac, en quatre actes, 1825, et Tancrède, en
trois actes, 1827. Les autres productions ins-
trumentales et vocales de Lemière de Corvcy
2fiR
LEMIÈRE DE CORVEY — LEMME
sont : 1° Bataille de Jéna, symphonie mili-
taire à grand orcliestre; Paris, Naderman. —
1° Pot-pourri militaire en harmonie, ibid. —
3° Trois œuvres de sonates pour piano et violon;
Paris, Naderman ; Berlin, Lisclike. — 4" Sonate
pour piano à 4 mains, op. 9; Paris, S. Gaveaux.
— 5° Sonates pour piano seul, op. 3 et 8 ; Paris,
Naderman. — 6" Sept pots-pourris pour piano,
Paris, chez divers éditeurs. — 7° Environ vingt
oeuvres de petites pièces de différents genres, ibid.
— 8° Plusieurs cahiers de contredanses, ibid. —
g'' Trio pour harpe, cor et basson; Paris, Nader-
man. — 10° Duos pour harpe et piano, op. 23, 24
et 28, ibid. — 11° Recueils de romances avec ac-
compagnement de piano, op. 17, 25, 32, 37 ; ibid.
LEMME (Chaules), fils d'un facteur d'in-
struments, et lui-même facteur de pianos et or-
ganiste de l'église Sainte-Catherine et Saint-Ma-
gnus,à Brunswick, 'vivait dans cette ville vers 1 780.
Quelques modifications qu'il introduisit à cette
époque dans la facture des pianos lui acquirent de
la réputation. Une de ses premières améliora-
tions consista à changer la courbe du chevalet
pour obtenir une meilleure disposition des cordes
et redresser les touches vers leur extrémité, au
lieu de les faire obliquer, comme on l'avait fait
jusqu'alors. Il fut aussi le premier qui fit les ta-
bles d'harmonie de deux planches minces collées
l'une sur l'autre, à lit)res croisées, afin que ses
instruments ne fussent point détériorés par la
chaleur lorsqu'il les envoyait dans l'Inde. Enfin,
il fabriqua des pianos ovales, dont la forme lui
semblait plus régulière et plus agréable que celle
des grands pianos ordinaires. Lemme était aussi
organiste à Brunswick. On a de lui un écrit iii-
litulé : Anweisiing und Bcgelu zic einer zireck-
vixssigen Behandlung engUscher und teutS'
cher Pianoforte's und Klaviere nehst einen
Verzeiclinisse der bei dem Verfasser verfertige
Sorten von Pianoforte und Klavieren (Ins-
tructions et règles d'une bonne méthode pour
accorder les pianos et clavecins anglais et alle-
mands, etc).; Brunswick, 1802, in-4°de20 pages.
LEMME (Chaules), fils du précédent, naquit
à Brunswick en 1769, et travailla longtemps à la
fabrication des pianos dans les ateliers de son
père. Vers l'année 1799, il alla se fixer à Paris,
et s'y fit connaître comme un bon facteur de se-
cond ordre ; car ses instruments, d'un prix moins
élevé que ceux. d'Érard et de Freudenthaler ou
de Petzold, ne furent jamais recherchés par les
artistes ni par les amateurs distingués. Cependant
il en faisait un grand commerce dans les pro-
vinces et à l'étranger, particulièrement en
Amérique, et ses travaux pendant plus de vingt •
cinq ans lui acquirent une fortune honnête. Déjà
il avait cessé de travailler et jouissait de son
indépendance, lorsqu'un nouveau système de
musique et de construction de pianos vint le
préoccuper et le fit rentrer dans la fabrication
de ce genre d'instruments. Il exposa ses vues
dans un petit ouvrage qui a pour titre : Nou-
velle mctkode de musique et gamme chro-
matique, qui abrège le travail et Vctude de
la musique; de onze douzièmes on Va ré-
duite à un douzième; inventée et publiée par
Charles Lemme; Paris, imprimerie de Finnia
Didot, 1829. Brochure in-8° de 19 pages, avec
un cahier de 10 planches in-4° obi., et un grand
tableau. Le titre de cet opuscule ne promettait
pas un ouvrage bien écrit; mais le fond étaitbeau-
coup plus singulier que la forme. Lemme ne s'é-
tait pas seulement proposé la réforme de la con-
struction des pianos, mais celle de toute la mu-
sique. J'ai donné une longue analyse de son sys-
tème dans le 5* volume de la Revue musicale
(p. 49 et suiv.) : je vais en présenter ici un aperçu
pour ceux qui n'ont pas cet ouvrage.
Lemme, choqué par l'apparente irrégularité de
la disposition des touches sur le clavier, ou plu-
tôt ayant eu entre les mains l'ouvrage de lîohle-
der (voy. ce nom), et voulant réaliser son sys-
tème de réforme du piano, en fabriqua où ce
clavier était divisé par des touches blanches et
noires qui se suivaient alternativement et dans
un ordre régulier, depuis la note la plus grave
jusqu'à la plus aiguë. Il ne s'était pas aperçu de
l'inconvénient qui résulte précisément pour l'œil
de cette régularité de disposition, l'exécutant ne
pouvant plus discerner ies notes au milieu de
toutes ces touches qui ne sont point distinguées
par groupes, comme dans les claviers ordinaires.
D'ailleurs, des instruments construits de cette
manière auraient changé complètement l'art de
jouer du piano, et auraient donné lieu à un nou-
veau système de doigter fortdifficile. Les réformes
de Lemme dans le système de la musique des-
tinée au piano n'étaient ni moins radicales, ni
moins embarrassantes. Il y conservait la diffé-
rence des rondes, blanches, noires, etc., pour les
valeurs des sons ; mais, ayant supprimé les dièses,
bémols et bécarres, il ne voulait indi(iuer les
notes que par les touches blanches et noires ; et
il se servait pour cela de blanches un peu plus
grosses que les blanches ordinaires, et de noires
également plus fortes que les autres noires; en
sorte que telle note, dont la valeur ne doit être
que celle d'une noire, était représentée souvent
dans son système par une blanche distinguée seule-
ment par la dimension, tandis qu'uneblanclie l'était
par unenoire. Il y avait beaucoup d'autres incon-
vénients, dont on peut voirie détail dans 1 analyse
LEMME — LEMMENS
267
ciJée plusliaut. Ce système n'eut aucun succès,
etLemme ne vendit pas un seul de ses nouveaux
pianos. Le cliagrin qu'il en eut commença à dé-
ranger sa raison; do mauvaises spéculations
achevèrent l'aliénation de ses facultés, et le con-
duisirent à un état de démence complète. Il est
mort à Cliarentonau mois d'octobre 1832, b l'âge
de soixante-trois ans.
LEMME-ROSSI. Vo?j. ROSSI (Lemme)*.
LEMMEIXS (Jacques-Nicolas), professeur
d'orgue au Conservatoire royal de Bruxelles, est
né le 3 janvier 1823 à Zoerle-Parwys (province
d'Anvers). Son père, organiste de ce lieu, lui
donna les premières leçons de musique ; ses
progrès furent si rapides, que dès l'âge de 7 ans
il chantait et accompagnait le plain-chant dans le
service divin. Lorsqu'il eut atteint sa onzième
année, son père l'envoya à Diest chez M. Yan
der Broeck, organiste, dont il reçut les leçons
pendant six mois. En 1839, il fut admis au Con-
servatoire de Bmixelles, comme élève de M. Léo-
pold Godineau pour le piano ; mais bientôt ses
études furent interrompues par une maladie de
son père qui l'obligea de retourner chez lui pour
le remplacer dans ses fonctions. Vers la fin de la
même année, la place d'organiste de la grande
église de Diest devint vacante et fut mise au
concours; Lemmens se présenta comme candidat,
et fut vainqueur dans cette épreuve : la place lui
fut donnée. Le désir de rentrer au Conservatoire
de Bruxelles la lui fit abandonner après l'avoir
occupée pendant quinze mois, et, vers la fin de
1841, il rentra dans cette école comme élève de
Michelot. Au concours de l'année suivante, le
premier prix de piano lui fut décerné. Devenu
élève de l'auteur de cette notice pour le contie-
point et pour la fugue, il montra dans l'étude de
cette science une aptitude exceptionnelle. En
1844, il obtint au concours le second prix de
composition, elle premier lui fut décerné en 18-i5.
Ce fut aussi dans cette année qu'il remporta le
premier prix d'orgue, comme élève de Girschner
{voy. ce nom). Jugeant alors de l'avenir réservé
aux rares facultés de ce jeune artiste, le direc-
teur du Conservatoire, dans le but de fonder
dans cette institution une école de bons organistes
qui manquait à la Belgique, demanda au ministre
de l'intérieur une pension pour que M. Lemmens
pût aller à Breslau , chez le célèbre organiste
Adolphe Hesse, étudier les traditions de l'art de
Jean-Sébastien Bach ; sa demande fut accueillie
par le gouvernement, et Lemmens partit pour
la capitale de la Silésie au commencement de
1846. Après qu'il y eut passé une année, Hesse
écrivit à l'auteur de cette notice : Je rCal plus
rien à, apprendre à M. Lemmens : il jove la
musique la plus difficile de Bach aussi bien
que je puis le faire. De retour à Bruxelles,
après avoir parcouru l'Allemagne, le jeune ar-
tiste obtint l'année suivante le second grand prix
de composition , dans le concours fondé par le
gouvernement beige.
En 1849, Lemmens fut nommé professeur d'or-
gue au Conservatoire de Bruxelles, en rempla-
cement de Girschner, qui tenait d'être démis-
sionné. Alors commença pour lui une carrière
nouvelle, dans laquelle il a rendu d'éminents
services à l'art dans sa patrie. A vrai dire, il
n'existait pas alors d'organiste digne de ce nom
dans le pays. Le doigter de substitution , sans
lequel le jeu lié du clavier de l'orgue est impos-
sible, était ignoré de tous avant que M. Lemmens
l'enseignât. Quant au clavier de pédale, personne
en Belgique n'en avait les premières notions ; ces
claviers étaient même si défectueux dans tous
les instruments de cette espèce, qu'on n'y pou-
vait faire que des tenues. La réforme complète de
ces claviers, comme celle du système de con-
struction des orgues, comme celle de l'art véri-
table de l'organiste en Belgique et en France,
datent de l'enseignement de M. Lemmens au Con-
servatoire. Dans les quatorze années écoulées
jusqu'au jo4ir où cette notice est écrite, cet en-
seignement a produit de si considérables résultats,
qu'ils ont dépassé toutes les espérances. Parmi
les nombreux élèves formés par le savant pro-
fesseur, on remarque en première ligne MM. VVol-
lon, organiste à Louvain et professeur de l'École
des beaux-arts de cette ville; Maiily, organiste
de l'église Notre-Dame du Finistère, à Bruxelles ;
Lorct, organiste à Paris, et professeur à l'école
de musique religieuse ; Andiauer, organiste à Ha-
guenau (Bas-Rhin) ; Riga, ancien organiste de la
l>aroisse des Minimes et son frère (Jean), organiste
à Saint-Jacques-sur-Caudenberg, à Bruxelles ; Pi-
rongs, organiste à Londres ; Callaerts, organiste de
la cathédrale, à Anvers ; Vastersavonds, oiganiste
à Assclie;Groven, organiste à Malines,Tilborgs,
professeur à l'école normale de Lierre; Bogaerts, or-
ganiste à Alost; Guillernant, organiste à l'église
Saint-Nicolas, de Boulogne, Lemmens (Edmond),
organiste à ïirlemont ; Estourgies, organiste et
professeur à l'île Maurice; Lust, organiste actuel
de l'église des Minimes ; Massage, organistedc l'é-
glise Notre-Dame du Sablon, à Bruxelles; enfin,
une multitude d'autres artistes qui ont porté la
réforme du goût de l'orgue dans les provinces,
et jusque dans les plus petites communes. L'in-
tluence de M. Lemmens sur la transformation
du style des organistes français n'a pas été moin-
dre que sur ceux de la Belgique. Les artistes
et les critiques se souviennent de l'impression que
268
LEMMENS — LEMOINE
produisit son talent lorsqu'il se fit entendre à
Paris sur les orgues des églises de la Madeleine
et de Saint-Vinceut-de-Paul , ainsi qu'aux épo-
ques d'inaugurations de grandes orgues à la ca-
thédrale de Rouen, à Lille et dans plusieurs au-
tres villes. Avant lui, les grandes et belles œu-
vres de Bach étaient inconnues des organistes
français aussi bien que des Belges, ou du moins
étaient laissées à l'écart parce que pas un n'osait
en aborder les diflicnltés ; aujourd'hui, les meil-
leurs artistes se font gloire de suivre M. Lem-
mens dans fa route qu'il leur a tracée, et le
prennent pour leur modèle dans l'exécution de
ces chefs-d'œuvre.
■ Non moins distingué dans l'exécution delà mu-
sique classique de piano, ce savant professeur
en a fait une étude assidue pendant dix ans au
chMeau de Bierbais, à quelques lieues de Bruxel-
les, où il avait trouvé une hospitalité toute pa-
ternelle. Il ne quitlait sa retraite que pour ve-
ivT ilonner ses soins à ses élèves, se luUaul d'y
retourner après avoir rempli ses fonctions de
professeur. Le 3 janvier 1857 il devint l'époux
de miss Sherrington, jeune cantatrice dont l'é-
ducation vocale avait été faite au Conservatoire
de Bruxelles, et qui, depuis lors, s'est fait une
brillante réputation à Londres et dans les villes
principales de l'Angleterre.
Les compositions de M. Lemmens, jusqu'au
jour où cette notice est écrite sont : 1° Dix im-
provisations pour l'orgue; Mayence et Bruxelles,
Schott. —T Journal d'orgue, V eX 2^ années,
Bruxelles, l'auteur. La troisième année se com-
pose d'une messe facile à 3 voix égales. Cet ou-
vrage fondamental vient d'être reproduit sous
le titre A' École d'orgue : il est le fruit de la
grande expérience acquise par M. Lemmens
dans son enseignement. Il se distingue d'ailleurs
par le grand mérite des pièces qui y sont conte-
nues et marque la nouvelle direction imprimée
à la musique d'orgue par le savant professeur qui,
au point de vue du culte catholique, a donné à la
plupart de ses œuvres un caractère éminemment
mélodique. — 3" Pièce pour la communion, dans le
Journal de musique religieuse; Rennes, Vattar.
— 4" Hosanna, grande pièce d'orgue dans la
Maîtrise, journal de musique religieuse publié
par Niedermeyer et M. d'Ortigue. — 5" Quatre
morceaux pour le piano; Bruxelles, Meynne.
— 6° Environ CO pièces pour l'orgue, dans tous
les genres, non encore publiées. — 7° Deux
symphonies pour l'orchestre : la première a été
exécutée dans un des concerts du Conservatoire,
à Bruxelles. — 8" Douze œuvres inédites pour
le piano, dont 2 sonates. —9" Te Deumk qua-
tre voix et orchestre (inédit). — 10° Plusieurs
motets avec accompagnement d'orgue (idem).
— 11° Plusieurs morceaux de chant pour voix
de soprano (idem).
LElVIOÏi\E (Antoine-Marcel), guitariste,
naquit à Paris le .3 novembre 1703. Ses études
musicales furent négligées, et ce qu'il apprit, il
ne le dut qu'à lui-même. Son père, artiste dra-
matique, qui Ini avait fait donner seulement
quelques leçons de violon , le conduisit à Dôle,
où le jeune Lemoinese maria à l'âge de seize ans
et demi. De retour à Paris, en 1781, il y fut bien-
tôt engagé comme violoniste pour le théâtre de
M"' Montansier, à Versailles. Après deux ans
passés dans cet emploi, il retourna encore à Paris,
y vécut quelque temps en donnant des leçons de
violon et de guitare, puis entra à l'orchestre du
théâtre de Monsieur (1789) pour y jouer de l'alto.
Quoiqu'il n'eût point appris les règles de l'har-
monie, il était bon musicien d'instinct, et faisait
peu de fautes lorsqu'il écrivait. Après la révolu-
tion, il fut chargé successivement de diriger les
orchestres des théâtres Molière, Mareux et de la
rue Culture Sainte-Catherine. Il arrangea pour ces
théâtres la musique de beaucoup de vaudevilles.
Eu 1793, il se fit éditeur de musique, et depuis
lors il continua son commerce jusqu'à l'époque de
sa mort. 11 a cessé de vivre au mois d'avril I817,à
l'âge de cinquante-quatre ans. Lemoine a fait
graver de sa composition environ vingt-cinq
œuvres d'airs variés et de pots-pourris pour gui-
tare seule ou guitare et violon. Vers 1790 il
avait publié une petite méthode pour guitare,
Paris, Imbdult, dont il fut fait plusieurs éditions
Il en écrivit une plus étendue en 1795, et en fut
lui-même l'éditeur; elle eut aussi beaucoup de
succès. Enfin lorsque la guitare à 6 cordes, en
forme de lyre, eut été mise en vogue (vers 1805),
Lenioine lit pour cet instrument un nouveau
traité élémentaire qu'il publia aussi sous le titre
de Méthode pour la guitare à 6 cordes ; Pa-
ris, H. Lemoine. Quelques années après, la mé-
thode de Carulli fit oublier celle de Lemoine.
LEMOINE (Henri), quatrième fils du pré-
cédent, né à Paris le 21 octobre 1786, est entré
comme élève au Conservatoire de musique, dans
le mois de floréal an vi (mai 1798). Ses premiers
maîtres dans cette école furent Matthieu pour le
solfège, et Nicodami pour le piano ; puis il de-
vint élève d'Adam pour cet instrument. Quel-
que temps après il fut aussi admis dans une
classe d'harmonie ; mais des maladies et des mu-
tations de professeurs retardèrent ses progrès,
en le faisant passer alternativement sous la di-
rection de Berton , Éler, Dourlen , Catel , qui
avaient chacun une méthode particulière pour
l'enseignement de celte science. En 1805, Le-
LEMOINE — LEMOYINE
2C9
moine obtint au concours le deuxième prix d'iiar-
nionie; l'année suivante, le deuxième second prix
de piano lui fut décerné ; il eut le premier se-
cond prix au concours de cet instrument en 1807,
et le premier en 1809. Longtemps après (1821),
il a recommencé l'étude de l'harmonie sous la
direction de Reicha, et c'est à ce professeur qu'il
reconnaissait devoir les connaissances qui lui ont
permis de rédiger son Traité d'harmonie pratique.
Pendant longtemps, Lemoine a été un des pro-
fesseurs de piano le pUis activement occupés de
Paris ; il a formé de hons élèves. A la mort de son
père, il lui succéda comme éditeur de musique :
c'eslà lui qu'on fut redevable de la publication des
premiers ouvrages d'Hérold , de Herz, et de la
plus grande partie des oeuvres deJJerlini, en-
tre autres de ses excellents sextuors et de son
nonello. Henri Lemoine est mort le 18 mai 1854.
Ses ouvrages principaux sont : 1° Sonate pour
piano à quatre mains; Paris, H. Lemoine. —
2° Polonaise, op. 5, idem; ihid. — o" É( rennes,
sonatines faciles et doigtées pour le piano ; ibid.
— 4" Quelquesœuvres de variations, idem; ibid.
— 5" Différentes suites de petites pièces, idem ;
ibid. — 6" Plusieurs cahiers de contredanses
et de valses pour piano et violon, ou piano à
quatre mains; ibid. —7" Méthode pratique pour
le piano, f" édition ; Paris, II. Lemoine, 1827,
tirée à 6,000 exemplaires; 2e édition; ibid., 1837.
— 8° Traite d'harmonie pratique, ibid., 1830.
— 9° Solfèges élémentaires, en collaboration
avec M. Carulli, ibid., 1829. 11 a été fait plusieurs
éditions de cet ouvrage : la troisième a été im-
primée par Eugène Duverger à Paris, en 1843,
in-8". On a aussi de Lemoine : Tablettes du
pianiste, Mémento du professeur de piano ;
Paris, H. Lemoine, 1844, in-18.
LEMOINE (Aimé), professeur de musique à
l'école royale des Ponts et chaussées, d'après la
méthode du méloplaste, est né à Paris en 1795.
D'abord élève de Galin (voijez ce nom ), inveu-
teur de cette méthode, il devint ensuite son col-
laborateur pour sa propagation, et enseigna con-
jointement avec lui dans les écoles établies à Pa-
ris. Après la mort de son maître, il s'est efforcé
de rendre la méthode plus utile par diverses mo-
difications qu'il y a introduites. En 1824, il a
publié à Paris, sous le titre de Méthode du
Méloplaste pour l'enseignement de la musique,
un nouveau tirage du livre de Galin intitulé
Nouvelle Méthode pour l'enseignement de la
musique (Bordeaux, 1818, in-8''). En 1838,
M. Lemoine a publié une nouvelle édition du
niêrae ouvrage, divisée en deux parties, dont
la première traite de l'intonation, et la seconde
du rliyllime; elle a pour titre Méthode du Mé-
loplaste, par P. Galin, de Bordeaux. Nou-
velle édition contenant de nouveaux déve-
loppements, de nouveaux tableaux, et iin
nouveau méloplaste à portée mobile; Paris,
chez Aimé Lemoine, 1 vol. in-8°. Ce professeur
a flni par abandonner la méthode du méloplaste
pour reprendre l'enseignement ordinaire.
LEMOIIVE (Alexandre), professeur de mu-
sique au collège de Vendôme, est auteur d'un
livre qui a pour titre : Cours théorique de mu-
sique élémentaire et de plain-chant, suivi de
notions sommaires sur les mot/ens d'exécu-
tion musicale; Paris, Troupenas, 1841 , 1 vol.
iii-8" de 108 pages, avec G planches de musique.
LEMOINE DE LLMAY (....), professeur
de piano à Paris , ne paraît pas avoir été connu
avant 1788, car son nom ne figure pas dans
V Almanach musical de celte année, publié par
Framery, mais on le trouve dans celui de l'an-
née suivante. Gerber s'est trompé lorsqu'il a cru
que ce musicien était le même que le composi-
teur/>emoi/ie. On a de LemoinedeLimay : Trois
sonates pour clavecin avec ace. de violon,
o|). 1; Paris, chez l'auteur, 1788.
LEiMOYNE (Jean-Baptiste MOYNE , dit),
fils d'un ancien consul, naquit le 3 avril 1751, à
Eymet, dans le Périgord , et apprit la musique
il Périgui'ux , sous la direction de son oncle,
maître de chapelle à l'église cathédrale de cette
ville. Plusieurs biographes français assurent qu'il
se rendit ensuite à Berlin , pour y continuer ses
études , à l'âge de quatorze ans ; mais c'est une
erreur démontrée par les renseignements que son
fils a fournis pour le Dictionnaire historique
des Musiciens de Choron et Fayolle ; car il y est
dit que Lemoync parcourut différentes provinces
de France , en qualité de chef d'orchestre, avant
de faire son voyage en Allemagne. Arrivé à Ber-
lin, il y reçut des leçons de Graun et de Kirn-
berger pour la composition. Un de ses premiers
essais fut une scène d'orage qu'il introduisit daus
l'ancien opéra intitulé Toinoii et Toinette , et
qui fut applaudie. Le prince royal lui témoigna
sa satisfaction de ce travail par le don d'une ta-
batière d'or remplie de frédérics. Ce prince le
nomma aussi second chef d'orchestre de son
théâtre, et le jeune musicien eut de plus l'hon-
neur d'être admis aux concerts du roi. 11 continua
ensuite ses voyages et visila la Pologne. A Varso-
vie il écrivit le Bouquet de Colette, opéra fran-
çais en un acte dans lequel débuta l'actrice célèbre
qui aété connue depuis sous le nom de M>>'e Saiiit-
Huberty. Elle était devenue l'élève de Lemoyne,
qui lui donna des leçons pendant quatre ans.
De retour en France, ce compositeur s'annonça
comme élève de Gluck, dont il imila le style
270
LEMOYNE — LENAIN
dans son Electre, grand opéra en trois actes
qui fut représenté en 1782. Deux chœurs et
une scène en récitatif, d'une rare énergie,
furent applaudis dans cet ouvrage; mais la
mélodie y était rare , âpre et sans charme ; Le-
moyne n'avait imité que les défauts de l'au-
teur à^Alccsfe, sans avoir, pour les faire ou-
blier, ses sublimes beautés : les défauts firent
tomber la pièce. Gluck ne montra point de gé-
nérosité dans celte circonstance ; car, après avoir
gardé le silence jusqu'à ce que le sort d'Electre
eût été décidé , il désavoua pour élève son au-
teur , dès qu'il le vit attaqué par les critiques
comme un produit de son école. Lemoyne se
vengea de ce dédain en étudiant la manière de
Plccinni et de Sacchini. Le résultat de ses médi-
tations fut l'opéra de Phèdre, qu'il fit jouer en
1786 , et qui obtint un brillant succès dû peut-
être autant au pocme d'Hoffman et au jeu de
M»»« Saint-Huberty qu'au mérite de la musique.
Grimm dit en parlant de cet ouvrage, dans sa
Correspondance littéraire : « La facture des
« airs et des accompagnements; le récitatif, sen-
« siblement imité de celui de Z)?'cJon, tout prouve
« que le compositeur, abjurant son système tu-
« desque, s'est rapproché dans cet ouvrage de l'é-
« cole italienne autant qu'il avait cru devoir s'en
« éloigner dans son Electre. » Ce jugement a
beaucoup de justesse. Lemoyne manquait de
génie et ne pouvait être qu'imitateur. Plus tard il
se fit aussi le copiste du style français dans les Pré-
tendus, ouvrage qui, malgré son succès, n'en est
pas moins une composition lourde et plate. Après
le succès de Phèdre , Lemoyne fit un voyage en
Italie; il revint à Paris au printemps de 1788, et
depuis lors il ne cessa de travailler pour l'Opéra
«t pour le théâtre Favart jusqu'à sa mort, qui
arriva le 30 décembre 1796. La liste des compo-
sitions de ce musicien renferme celles dont les
titres suivent : 1° Le Bouquet de Colette , à
Varsovie, en 1775, un acte. — 2° Electre, en trois
actes, àl'Opérade Paris, 1782. — 3° Phèdre, en
trois actes, au môme théâtre, 1786. — !i° Nephté,
«n trois actes, ibid., 1789. A la fin de la pre-
mière représentation de cet opéra, Lemoyne fut
demandé par le public : c'était la première fois
que cet honneur était accordé à un musicien sur
un théâtre français. — 5" Les Prétendus, en deux
actes, ibid., 1789. Le mauvais goût qui régna
longtemps en France a soutenu le succès de celte
pièce pendant trente-cinq ans. Il a maintenant
disparu de la scène, vraisemblablement pour tou-
jours. — &" Louis IX en Egypte, en trois actes,
ibid. , 1790. — 7" Les Pommiers et le Moulin,
^n un acte, ibid., 1790. La musique de ce petit
«uvrage, écrit dans le système du Devi.i du vil-
lage, manquait de verve et de gaieté — 8" El-
fridc, en trois actes, au théâtre Favart, 1792;
pièce froide qui avait été refusée à l'Opéra, et qui
tomba. — 9" Miltiade à Marathon, en un acte,
ouvrage de circonstance joué à l'Opéra, en 1793.
— 10" Toute la Grèce, tableau patriotique,
ibid., 1794. — 11" Le Batelier , ou les Vrais
Sans-culottes , en un acte, au théâtre Feydeau,
1794. — 12" Xe Compère Luc, en un acte, ibid.,
1794. — 13° Le Mensonge officieux, en un
acte, ibid., 1795. Lemoyne a laissé eu manu-
scrit : — 14" Nadir, ou le Dormeur éveillé, en
trois actes, qui devait être joué à l'Opéra, et qui
ne le fut pas parce que les décorations furent dé-
truites dans l'incendie du magasin des Menus-
plaisirs , enl7S7. — 15" Sylviiis Nerva, ou
la Malédiction paternelle. — 16" I^'Ile des
Femmes, en deux actes, dont les répétitions furent
interrompues par la mort de l'auteur. Les der-
nières productions de Lemoyne sont beaucoup
plus faibles que les autres ; elles nuisirent à sa
réputation.
LEMOYIVE (Gabriel), fils du précédent,
naquit à Berlin le 14 octobre 1772 , et suivit son
père à Paris à l'âge de neuf ans. Clément lui donna
les premières leçons de clavecin et d'harmonie;
il devint ensuite élève d'Edelmann. Pianiste et
compositeur médiocre, cet artiste n'a fixé sur
lui l'attention pendant quelques années que par
son association avec le célèbre violoniste La-
font dans les voyages qu'ils firent en France et
dans les Pays-Bas, au commencement de ce siècle.
De retour à Paris , Lemoyne s'y livra à l'ensei-
gnement et publia quelques œuvres pour le piano.
Il est mort à Paris le 2 juillet 1815. La musique
d'un petit opéra intitulé VEntre-sol, joué au
théâtre des Variétés en 1802, a été composée par
lui en collaboration avec Alexandre Piccinni. Il a
fait jouer aussi deux autres opérettes aux théâtres
des boulevards, mais il n'y a pas mis son nom.
Ses principales compositions instrumentales sont :
1" Premier concerto pour piano et orchestre;
Paris, Leduc. — 2" Deuxième idem, op. 20 ; Pa-
ris, Frère. — 3" Trio pour piano, violon et vio-
loncelle, op. 12; ibid. — 4" Sonates pour piano
et violon, op. 10et22;ibid. — 5° Duo pour deux
pianos, op. 16 ; ibid. — 6" Sonates pour piano seul,
op. 1 et 19; ibid. — 7" Caprices, fantaisies, pots-
pourris et rondeaux pour piano , environ dix
œuvres ; ibid 8" Romances avec accompagne-
ment de piano, 4 recueils ; Paris , chez l'auteur.
LEIXAIIV (...), auteur inconnu d'un livre
qui a pour titre : Éléments de musique , ov,
Abrégé d'une théorie dans laquelle on peut
apprendre avec facilité Vart de raisonner et
les 2>rincipes de cette science; ouvrage utile
LENAIN — LEMZ
rrr
aux commençants et à ceux même qui ont
des connaissances plus étendues ; Paris , Des-
saint, I7fi6, in- 12.
L'EIVFAI\T. Voyez BOUCHER (Hector), et
LNFANTIS.
LEIVGENBRUiXIVER (le P. Jean), moine
bénédictin au couvent de Tegcrnsée, dans la
liante Bavière, tlorissait vers le milieu du seizième
siècle. Il est auteur d'un livre intitulé : Musices
haud vulfjare compendiinn , omnibus perdis-
cendi eam cupientibus quam utilissimum, ncc
non regulis ac exemplis musicalibus jucun-
dum, ingratiam studiosx juventutis fideliter
congcstum. Accessit et liuic opuscuto insigne
quoddam fitndamentum modulandi fistnlis
transversis (ut vocant) caput quam facMi-
mum; Augsbourg, 1559, 7 feuilles. Cet ouvrage
est, je crois, le plus ancien où il ait été traité de
l'art de jouer de la flûte traversière.
LEA'IiER (Christophe-Michel), facteur
d'instruments à Rudolstadt, fut un des premiers
artistes de l'Allemagne qui fabriquèrent de grands
pianos , et contribua à les propager par la bonté
de ses instruments. Il faisait aussi des clavecins
qui étaient estimés autant que ceux de Silber-
mann. Il travaillait vers 1765, et l'on croit qu'il
mourut avant 1790.
LENOBLE (Joseph), fils d'un musicien
français attaclié au service de l'électeur palatin ,
naquit à Manlieim le l'^'' septembre 1753. Élève
de son père et de Cannabicli, il se distingua dans
sa jeunesse pardes compositions instrumentales au
nombre desquelles on remarquait des sonates de
piano , des quatuors, et des septuors de violon
1 qui furent bien accueillis par les amateurs. En
I 1784, Lenoble se rendit à Paris, et dans la même
année il fit exécuter au concert spirituel son ora-
I toi io de Joad , qui fut applaudi. Ce fut à cette
époque qu'il écrivit la musique d'un opéra en
trois actes intitulé Lausus et Lydie, en colla-
boration avec Mébul , fort jeune alors et qui
ne s'était pas encore fait connaître par les pre-
miers ouvrages qui ont fondé sa réputation. Cet
opéra ne fut pas représenté. lien fut de môme de
l'opéra-ballet rAinour et Psyché , que Lenoble
écrivit sur un poème de l'abbé de Voisenon.
Les partitions manuscrites de ces deux opéras
sont à la Bibliotbèque impériale de Paris. Lenoble
est mort à Brunoy, près de Paris, le 15 dé-
cembre 1829.
LEiXTZ (Henri-Gerhard), pianiste et com-
positeur, naquit à Cologne en 17G4, et reçut de
son père , organiste de mérite , des leçons de
piano et d'orgue. Encouragé par les applaudis-
sements de ses compatriotes, il se hasarda à se
rendre à Paris dans l'espoir d'y briller par son
talent d'exécution et par ses ouvrages. Il y ar-
riva vers la fm de 1784 , à l'âge de vingt ans.
Quelques lettres de recommandation le firent
accueillir favorablement et lui procurèrent l'a-
vantage de se faire entendre au concert spirituel,
en 1785. Il y joua son premier concerto de cla-
vecin avec orchestre qui, bientôt après, fut publié
chez l'éditeur Boyer. Cet ouvrage fut suivi de
plusieurs autres du même genre qui obtinrent
quelque succès; mais les leçons qu'il donnait à
plusieurs dames de haut parage furent , pendant
le séjour de Lentz à Paris , la base la plus so-
lide de son existence. La vogue dont les compo-
sitions de Haydn commençaient à jouir à Paris
par l'exécution de ses symphonies aux concerts
des amateurs et de là Loge olympique, décida
Lentz à se faire imitateur du style de ce grand
artiste. L'imitation se fait particulièrement re-
marquer dans deux œuvres de trios pour clave-
cin, violon et basse qu'il publia en 1790. Deux ans
après il partit pour Londres , où ses concertos et
deux symphonies de sa composition furent exé-
cutés aux concerts de Salomon. Son séjour dans
la capitale de l'Angleterre fut de trois années j
mais il ne paraît pas y avoir réalisé ses espé-
rances de fortune, car il prit le parti de s'en
éloigner en 1795. H se rendit d'abord à Hambourg
et y eut des succès coumie exécutant et comme
compositeur. Vers la fin de l'année suivante, le
prince Louis-Ferdinand de Prusse l'attacha à
son service. Les fonctions de Lentz, dans cette
nouvelle position, consistaient à écrire les com-
positions du prince, sous sa dictée , et parfois à
l'accompagner avec le violon. Son existence était
douce , heureuse dans la maison de son protec-
teur , qui tolérait les accès de gaieté bruyante
dont son secrétaire avait l'habitude et qu'il por-
tait souvent jusqu'à l'inconvenance. Cette situa-
tion dura pour Lentz jusqu'en 1802 et ne cessa
alors que par l'arrivée de Dussek en Prusse , et
par l'intimité qui s'établit entre le prince Louis-
Ferdinand et l'artiste célèbre : Lentz reçut sod
congé. 11 alla d'abord s'établir à Halle ; mais, n'y
trouvant pas d'emploi pour ses talents, il se
rendit en Pologne , vécut quelque temps à Lem-
berg, et finit par se fixer à Varsovie, où il
fonda une fabrique de pianos. Il se maria dans
cette ville où sa jeune femme, bonne musicienne,
avait reçu quelques leçons de Kaminski (voy. ce
nom); elle publia quelques pièces légères de
chant et de piano on l'on remarquait du talent ;
mais elle mourut peu d'années après son ma-
riage , d'une maladie de poitrine. Devenu veuf,
Leniz contracta une seconde union matrimo-
niale : il n'eut d'enfants ni de sa première femme,
ni de la seconde. En 1826, il obtint sa nomina-
272
LENTZ — LEO
tion de professeur d'orgue et d'accompagnement
pratique au Conservaloire de Varsovie; mais il
ne jouit pas longtemps des avantages de cette
position, parce que l'établissement fut fermé après
les événements de 1831. Lentz continua de se
livrer à l'enseignement jusqu'à la fin de ses jours.
Il mourut d'un coup d'apoplexie, le 21 août
1839, à l'âge de soixante-quinze ans. On con-
naît sous son nom : 1" 1*^"^ Concerto pour clave-
cin, op. 4; Paris, Boyer. — 2° Deuxième idem,
op. 6; ibid. — 3° Troisième idem, op. 7; ibid.
— 4° Trois trios pour clavecin, violon et basse,
op. 5; ibid. — b° Six idem, op 8; ibid. —
6° Neuf sonates pour clavecin et violon, formant
les œuvres 1,2 et 3; Paris, la Chevardière. —
1° Airs variés pour clavecin seul ; Paris, 1792.
— 8° Préludes pour le piano; Londres, Broderip,
1794. — 9° Trois sonates pour piano , les deux
premières avec flûte et basse ; la dernière avec
violon, op. 11; Londres, 1795. — 10° Six cbau-
sons allemandes avec accompagnement de piano;
Hambourg, 1796. — 11° 0 ma tendre musei te,
air varié pour piano, op. 12; Leipsick, Kuli-
nel. — 12° Première symplionie pour i'orcbestre
(en u« mineur), op. 10; Paris, 1791.— 13° 2i"e
idem ( en sol) ,. ibid.
LEKZ (J.-N.) , organiste à l'église des Jésui-
tes à Rotterdam, vers le milieu du dix-buitième
siècle, a publié de sa composition trois concertos
pour If clavecin.
LËI\Z (LÉui'OLD),cbanleur et compositeur de
Lieder,né à Berlin, vers 1803, brilla longtemps
comme baryton au Ibéâtre royal de Municb, et
fut attacbé à la cbapelle du roi de Bavière. Il
dirigea aussi pendant plusieurs années une société
de chant dans la même ville. En 1841, il ac-
cepta la place de régisseur du théâtre royal ; cinq
ans après il fut nommé professeur de chant au
Conservatoire de Munich ; mais les événements
de 1848 le décidèrent à prendre sa retraite et à
se fixer à Munster, où il vivait encore en 1857,
comme professeur de chant. Chanteur agréable,
mais moins remarquable par son talent d'exécu-
tion que par les chansons allemandes qu'il a com-
posées, il jouit d'une réputation méritée dans
ce genre de musique. Ses productions ne se font
pas seulement remarquer par l'élégance des mé-
lodies et la justesse de l'expression, mais aussi
par l'intérêt de l'accompagnement. Son pre-
mier recueil parut en 1820, à Augsbourg, chez
Gombart. On cite particulièrement comme
ses meilleurs morceaux les chants composés
pour le Faust de Gœllie. On compte envi-
ron trente recueils de chants publiés par
Lent/..
Un aalre compositeur du même nom a publié
douze chants d'église à quatre voix avec orgue ou
piano, op. 1; Munich, Sidier.
Il y a eu aussi un compositeur du nom de Lenz
qui dirigeait les concerts de l'Académie à Breslau
en 1839 çt 1840. Une ouverture de sa composi-
tion y fui exécutée dans cette dernière année. C'est
tout ce qu'on sait de cet artiste, sur qui les bio-
graphes allemands, et môme Kosmaly et Carlo
(Schlesisches Tonhunsler-Lexikon) gardent le
silence.
LENZ (Guillaume DE) , conseiller d'État de
l'empire de Russie, et amateur de musique, s'est
fait connaître par un livre intitulé : Beethoven
et ses trois styles. Analyses des sonates de
piano, suivies de l'essai d'un catalogue criti-
que, chronologique et anecdotique de Vomvre
de Beetlwven; Saint-Pétersbourg,Bernard, 1852,
2 vol. in-8°. Le thème de ce livre est pris dans la
notice de Beethoven de la première édition delà
Biographie universelle des Musiciens, où,
pour la première fois, il est dit que la manière de
l'illustre compositeur se modilia à trois époques
de sa vie : mais cette observation, dont la jus-
tesse a été généralement reconnue, devient, entre
les mains de M. de Lenz, l'occasion d'une série
de bouffonneries et d'excentricités. Chez lui l'ad-
miration va jusqu'au fanatisme, et la raison est
toujours absente de sa critique. Pour tout musi-
cien chez qui le goût accompagne les connais
naissances techniques, l'inspiration libre et spon-
tanée s'affaiblit dans la dernière période des tra-
vaux de Beethoven, et la recherche, parfois péni-
ble, en prend la place; mais chez M. de Lenz,
l'enthousiasme s'accroît en raison de l'affaiblisse-
ment des facultés du grand artiste. Après la pu-
blication de son livre, il en traduisit une partie
en allemand, travailla de nouveau le catalogue qui
remplit le second, et le développa de telle ma-
nière, que l'ouvrage reparut de 1855 à 1860 en
cinq volumes, sous ce titre: Beethoven. Eine
Kunststudie; Hambourg, Hol'mann et Campe.
Ce long verbiage est illisible.
LEO (Jean-Christophe), facteur d'orgues, né
à Stettin, vers le milieu du dix-septième siècle,
s'établit à Augsbourg, et se fit connaître avanta-
geusement en Allemagne par plusieurs orgues de
bonne qualité, des clavicordes, des clavecins et
desépinettes qui ont été recherchés.
LEO (Jean-Christophe), fils du précédent, néà
Augsbourg, eut le titre de facteur d'orgues de l'élec-
teur de Mayence et du margrave d'Anspach : celui-
ci le chargea de l'inspection de toutes les orgues
du pays. Dans sa jeunesse il construisit plusieurs
instruments à Mayence, Bamberg, Anspach et
dans la Suisse. Plus tard il retourna à Augsbourg,
et y fit en 1721 l'orgue de l'église de Saint-Ulrich,
LEO
273
Il a fait aussi des clavecins, des pantaléons et
des cari lions qui étaient estimés.
LEO (Léonard), compositeur célèbre et l'un
des chefs de la belle école napolitaine du dix-hui-
tième siècle, naquit en 1694 à San Vito degli
schiavi, dans la province de Lecce, au royaume
de Naples. Suivant les notices manuscrites de Si-
gismondo, ancien bibliothécaire du collège royal
de musique de Naples, notices copiées par le
marquis de Yillarosa (1) , Léo aurait fait ses
études musicales au Conservatoire de la Pictà
de' Turchini, sous la direction de Fago, sur-
nommé il TareiUino. Girohmo Chigi, maître de
chapelle de Saint-Jean de Latran, élève et ami
de Pitoni {voy. ce nom), dit dans une notice ma-
nuscrite qui se trouve à la bibliothèque de la
maison Corsini alla Lungara, que Léo se rendit
à Rome, et qu'il étudia le contrepoint chez ce
savant maître; circonstance ignorée par le bio-
graphe uapohlain. De retour à Naples, Léo y ob-
tint la place de second maître du Conservatoire
de ia P/eià.En 1716, il fut nommé organiste de
la chapelle royale, et dans l'année suivante on
le désigna pour la place de maître de chapelle de
l'église Santa Maria délia Solitaria , pour la-
quelle il écrivit beaucoup de musique. En 1719
il donna Sofonisbe, son premier opéra sérieux,
qui fut bien accueilli et dans lequel le carac-
tère expressif de son talent se fit déjà remar-
quer. Les biographes qui prétendent qu'il fut
maîlre du Conservatoire de Lorette se trom-
pent : c'est au Conservatoire de la Pietà qu'il
fut d'abord attaché, puis il passa à celui de
Sanlo-Onofrio, où il eut pour élèves quelques-
uns des compositeurs les plus illustres du dix-
huitième siècle, entre autres Jomelli et Piccinni.
Jl ne mourut pas en 1743, comme le dit Piccinni,
dans une courte notice sur son maître, où il s'est
aussi trompé sur la date de sa naissance, ni en
1742, suivant l'assertion de Burney, mais en
1746, à l'âge de 50 ans. Le marquis de Villarosa
dit que Léo fut frappé d'apoplexie pendant qu'il
écrivait un air bouffe de La finta Frasca-
tana qui commençait par ces mots : Voiparche
gite di palo in frasca (voyez Memorie dei
composiiori del regno di Napoti, page 106).
Dans la première édition de la Biographie uni-
vcrselle des musiciens, j'ai indiqué la date de
1756 comme celle du décès, d'après le portrait de
Léo qui était autrefois au Conservatoire de la
Pietà, et qui se trouve maintenant au collège
royal de musique de Naples; mais j'ai reconnu
plus tard que celte date est erronée. On trouva
(1) Memorie dei composiiori di mtisica dei regno di
NapoH. (Napoli, 1840, p. lOl
EIOCR. IMV. Di:S HLSIC ENS. — T. V.
Léo la tète appuyée sur son clavecin, et l'on crut
d'abord qu'il dormait; mais il avait cessé de vivre»
Léo partage avec son prédécesseur Alex. Scar-
latti, et ses contemporains Durante et Feo, la
gloire d'avoir fondé l'école de Naples, d'où sont
sortis pendant plus d'un siècle une multitude de
compositeurs dramatiques de premier ordre. Lui-
même fut non-seulement un grand professeur,
mais un artiste du plus beau talent. Sa musique
d'église n'a pas moins de majesté que celle de
Durante et elle a plus de charme ; elle touche le
cœur et' lui imprime des élans de tendre dévo-
tion. Son Miserere à deux chœurs est une com-
position aussi remarquable par l'élévation du
sentiment qui l'a dictée que par la pureté du style,
et l'on y retrouve des traces de la belle ma-
nière de l'école romaine, où le compositeur a été
élevé. Dans sa musique d'église en style concerté
et accompagné, Léo conserve la simplicité, et se
fait admirer par la beauté de l'expression. Je
citerai en ce genre, comme des modèles de per-
fection, VAve maris Stella, à voix de soprano et
orchestre, et son Credo à quatre : rien de plus
beau n'existe dans ce style. Également remar-
quable dans sa musique de théâtre, Léo y est
toujours noble, souvent pathétique et passionné,
et c'est par des moyens fort simples qu'il y ar-
rive à de grands effets. Piccinni, assez bon juge
pour n'être pas accusé d'avoir mis dans son opi-
nion la partialité d'un élève pour son maîlre, ac-
corde les plus grands éloges aux opéras de Léo,
et cite particulièrement l'air Misero PargolettOy
de son Démo foonte, comme un modèle d'expres-
sion dramatique. Cet air est en effet de la plus
grande beauté. Arteaga prodigue aussi les éloges
à cet illustre musicien, dans son Histoire des ré-
volutions du théâtre musical italien.
Les productions de Léo, maintenant connues,
sont celles-ci: i° Il gr an giorno d'Arcadia,séTé-
nade à 4 voix, pourle jour de naissance de Léo-
pold, archiduc d'Autriche, en 1716i —2° Diana
amante, sérénade pour la fête de la comtesse
Daun, vice-reine de Naples; en 1717. —3° Le
Aos-e in dansa , pastorale chantée chez le
prince de San Nicandra, pour les noces du duc
de Casalmaggiore et de Julie de Capoue, duchesse
deTermoli, en 1718. — 4° Sérénade à la louange
de sir Georges Bingh, plénipotentiaire du ro'
d'Angleterre, chantée par le chevalier Nicolas
Grimaldi et Marianne Beati Bulgarelli, dite la
Romanina, en 1719. — 5" Sofonisbe, au théâtre
San-Bartolomeo, à Naples, en 1719. — 6" Cojo
Gracco, au même Ihéâtre, en 1720. — 7° Ba-
jazette, représenté au palais du vice-roi, en
1722. — 8° Tamerlano, à Rome, en 1722. —
9° Timocrate à Venise, en 1723, — io° Zeno-
IS
2: )
LEO
hia in Paimira, drame d'Apostolo Zeno, pour le
théûtre San-Bartolomeo, en 1725. — {{° Âs-
tianatte, de Salvi, chanté par la ïesi et Farinelli,
en 1725. — 12° La Somiglianza, au théâtre des
Fiorentini, en 1726. — i3° L'Orismayie, ovvero
degli sdegni gli amori, au tliéàtre Nuovo, en
1726. — 14° Ciro riconosciuto, en 1727. —
lo" Argene, en 1728.— 16° La Zingara, in-
termède, en 1731. — 17° Intermèdes pour Y Ar-
gene, en 1731. — 18° Calorie, de Métastase, à
Venise, chanté par Grimaldi, Dominique Gizzi,
Fiirinelli et la Facciiinelli, en 1732. — id" Amore
dà senno, au théâtre ISuovo de Naples, 17 33.
— 20° Emira , avec des intermèdes d'Ignace
Prota, au tliéàtre San Barlolomeo, en 1735. —
2t° La Clemenza di Tito, en 1735. — 22° Onore
vince ylî?tore, au théâtre des Fiorentini, 1736.
— 23° La Smpatia del sangue , au théâtre
Nuovo, 1737. — 2i° Si face, en 1737. — 25° J'este
teatrale, en 1739.-26° La Contesa delV Amare
e délia Virlù, en 1740. — 27° Alessandro, aux
Fiorentini, en 1741. — 28° Demofoonte,em nou-
Yeau théâtre Saint-Charles, 1741. Ce fui dans
cet ouvrage que Caffarelli chanta pour la pre-
mière fois. — 29" Andromeda, au même tliéà-
tre, en 1742.-30° rologeso,en 1744. — 31° Zo
Finta Frascatana^, pour le théâtre iSuovo,
1744.CetouvragefutterminéparCapranica, parce
que Léo fut frappé d'apoplexie pendant qu'il y tra-
vaillait. Les autres opéras de ce maître célèbre
dont les dates ne sont pas connues sont. -32° ^mor
vuol sofferenza, opéra sérieux. — 33° Arta-
serse 34° Lucio Papirio. — 35" Arianna e
Teseo, cantate théâtrale. — 30° VOlimpiade.
Deux morceaux de cet ouvrage ont eu beaucoup
de célébrité ; l'unest leduo : Ne'giorni tuoi felici^
l'autre est l'air : No7i so donde viene : tous
deux sont remarquables par l'expression et le
charme de la mélodie. — 37° Evergete, en trois
actes. — 38° Il Matrimonio anascoso. —
3%° Alidoro. — 40° Alessandro neW Indie. —
41° IlMedo. — 42° Nitocri.regina di Egitto.
— 43° Il Pisistrate. — 44° Il irionfo di Ca-
millo. — 45° LeNozze di Psiclie. — 46° Achille
in Sciro. Ce dernier ouvrage fut écrit à Turin
pour le duc de Savoie, vers 1743. Ce prince
ayant montré le désir d'avoir un morceau de
musique d'église composé par Léo, le maître
écrivit en quelques jours le l)eau Miserere à
8 voix dont Choron a donné une bonne édi-
tion à Paris, chez Leduc, en 1808, avec une
notice biographique. A l'audilion de cette ail -
mir<jble composition, le duc de Savoie éprouva
une émotion si vive qu'il accabla l'artiste de pré-
.sents, etiui assura une rente viagère de cent on-
tes d'argent; mais Léo ne jouit pas longtemps de
cette faveur, étant mort dans l'année suivante
Oratosios. — 47° La Morte d'Abele, ei
deux parties, 1732. — 48° Santa Elena al
Calvario, en deux parties, 1733; ouvrage excel-
lent, considéré àju.ste titre comme unedespliis
belles productions du maître. — 49° Santa
Chiara, en deux parties. — 50° ii Santo Alessio,
cantate rehgieuse, chantée par les élèves du Con-
servatoire de Sau-Onofrio devant la porte du
monastère de Sainte-Claire. — Musique d'église.
51" Messe à 4 voix allaPale&trina. — 52° Messe
à quatre voix avec orchestre (à la bibliothè-
que du Conservatoire de Paris). — 53° Messe à
cinq voix (enre), pour deux soprani, alto, ténor,
basse et orgue: composition sublime, écrite en
1743 pour l'église Saint-Jacques des Espagnols,
à Rome. — 54° Autre messe à cinq voix (en fa),
pour soprano, alto, 2 ténors et basse, avec or-
chestre. — 55° Autre messe à 5 voix (en sol)
pour 2 soprani, alto, ténor et basse avec 2 vio-
lons, violes, 2 hautbois, 2 cois, basse et orgue.
La partition de cet ouvrage, d'un grand dévelop-
pement, est dans ma bibliothèque. — 56° Credo
à 10 voix en deux chœurs et orchestra*. —
57° Credo à 4 voix et orchestre. — 58° Dixit a
4 voix et orgue. — 59° Dixit à 5 voix et orgue
(en ré). — 60° Dixit à 5 voix, violons, viole et
orgue. — 610 Dixit à 5 voix , violons, viole,
2 flûtes, 2 trompettes et orgue. — 62° Dixit à 10
voix en 2 chœurs et orchestre, composé en 1741.
— 63° Dixit à 10 voix en 2 chœurs et 2 orches
1res, 1743. — 64° Te Deuvi à 4 voix et orches-
tre. — 65° Miserere à 8 voix en 2 chœurs, sans
orchestre. Lorsqu'il retourna àNaples,après avoir
écrit ce bel ouvrage dont la réputation s'était ra-
pidement répandue dans toute l'Italie, les élèves
du Conservatoire de San-Onofrio prièrent le maî-
tre de leur permettre d'en prendre une copie;
mais il s'y refusa , parce qu'il ne croyait pas que
cette composition fût encore sa propriété, ayant
été écrite pour un prince qui l'avait généreuse-
ment récompensé. Un des élèves, plus adroit
que les autres, ayant remarqué où le manuscrit
était déposé, l'enleva furtivement, le divisa entre
ses compagnons, pour le transcrire avec rapidité,
puis remit le manuscrit à sa place. Quelques
jours après, ils invitèrent le maître à les entendre
chanter un morceau nouveau, et exécutèrent le
Miserere en sa présence. Léo montra d'abord
du mécontentement de ce larcin; mais il finit par
en rire, et fit recommencer l'exéciilion pour lui
donner le coloris convenable. — 66° Miserere.
à 4 voix et orgue. — 67° Magnificat à 4 voix,
2 violons et orgue. — 68° Magnificat à 5 voix
et orchestre. — 69° Leçons pour les mercredi,
jeudi et vendredi saints. ~ 70° Responsori à 4
LEO — LÉONARD
27:-.
voix pour Saint-Antoine de Padoiie. — 71° Res-
ponsorih 4 voix pour les mercredi, jeudi et ven-
dredi saints. — 72° Caniaia per il glorioso
San Vincenzo Ferrari o sia inotctio a 5 voci
con stromenti. — li°Cantalapcr il miracolo
del glorioso San Gennaro a 5 voci e grande
orchestra. — 74° Molet Jam surrexit diesglo-
riosa, à 5 voix et orchestre. — 75° Motet à 2
<!liœurs, composé en 1736. — 70° Pange Lin-
(fiia à 4, 1744. — 77° Christus (en ré) à 2 chœurs.
— 78° Christus (en sol) alla Palestrina. —
"9° Tu es saccrdos à 4 voix. — 80° Tantum
ergo à 4 voix. — 8i°AllelumÀi voix. — 82° Lau-
date pucri à 2 voix de soprano avec ciiœur.
— 83° Ave maris SlcUd pour voix de soprano,
2 violons, viole et orgue, pul)lié a Paris, chez
Porro. — McsiQUE instrumentale : 84" Toccates
pour clavecin. — 85° Deux, livres de fugues pour
l'orgue. — SC)". Six concertos pour violoncelle, 2
violons, viole et basse, écrits en 1737 et 1738.
— 87° Léo a écrit pour le Conservatoire de San-
Onofrio six livres de solfèges, dont deux pwzr so-
prano ou ténor, deux pour contralto, et deux
pour voix de basse. — 88" Pour la même école
il a écrit aussi deux livres <]e partimenti, ou de
basse chiffrée. La plupart des ouvrages désignés
ci-dessus se trouvent en manuscrit dans la bi-
bliothèque du Conservatoire de Paris, à la Biblio-
thèque royale de Berlin, dans la collection de
Pabbé Santini, à Rome, et enfiH dans les archives
<lu Collège royal de musique à Naples. CeUes-ci
renferment particulièrement de Léo les toccates
«t partimenti pour clavecin, les concertos pour
violoncelle, les solfèges pour soprano, contralto
«t basse, des cantates fort belles, 56 airs en par-
tition avec instruments , des duos et des trios
pour différents genres de voix.
Léo était de taille moyenne, avait le teint
brun, l'œil vif et le tempérament ardent. Quoi-
qu'il fût habituellement sérieux, il ne manquait
pas d'urbanité. Infatigable au travail, il passait
la plus grande partie des nuits à écrire, et se trou-
vait toujours en verve. Il aimait ses ouvrages,
mais il rendait justice au mérite de ses rivaux
de gloire. Il mourut regretté de tous, laissant un
long souvenir et de la valeur de ses œuvres, et de
l'école admirable dont il fut un des chefs. Il ne
lut pas seulement un grand compositeur, un
professeur excellent et un bon organiste, car il
joua du violoncelle en virtuose et fut un des
premiers qui mirent cet instrument en vogue
en Ilalie.
LEO (François), compositeur italien, fut
connu en Allemagne, vers 1754, par un opéra
intitulé : Il Turco finto.
LEO (Geokges), est auteur d'un concerto
jiour la flûte d'amour, quVn trouvait en manu-
scrit en Allemagne vers 1758.
LÉON DE SAINT -LUBIi\. Voyez
SALNT-LUBO.
LEONARD (HtBERx), professeur de vio-
lon au Conservatoire de Bruxelles, né à Bellair*,
province de Liège (Belgique), le 7 avril 1819,
eut pour premier maître de violon un bon ar-
tiste de Liège, nommé Ro%ma, qui fut un second
père pour son élève. Léonard n'était âgé que
de neuf ans lorsqu'il reçut les premières leçons
de ce professeur. Pour se rendre à Liég«, il de-
vait faire à pied quatre lieues chaque jour fixé
par le maître pour recevoir ses instructions : cet
état de choses dura jusqu'à ce que Léonard eut
atteint l'âge de seize ans. Alors M'ne Francotte,
femme d'un riche négociant liégeois, s'intéressant
au sort du jeune violoniste, lui fournit les moyens
nécessaires pour qu'il se rendit à Paris : il
y arriva au mois de juin 1836, et le 7 juillet
suivant il fut admis au Conservatoire, comme
élève d'Habeneck. Bientôt après il entra à l'or-
chestre du théâtre des Variétés^ d'où il passa à
celui de l'Opéra-Comique , et de là à l'Académie
royale de musique (l'Opéra). Sorti du Conser-
vatoire au mois de juin 1839, il continua d'ha-
biter Paris jusqu'en 1844. Ce fut dans cette
dernière année qu'il prit la résolution de voyager
pour donner des concerts dans les pays étran-
gers. Après s'être arrêté à Liège pendant quel-
ques mois, il se rendit à Leipsick, oii il joua le
4 avril au théâtre, dans un entr'acte, des varia-
tions de sa composition sur un thème de Haydn.
La Gazette générale ,de musique de cette ville ,
rendant compte , dans le n° 15 (9 avril) de l'ef-
fet produit par le jeune artiste, donne beaucoup
d'éloges à l'élégance de son style, au brillant d«
son staccato, et à l'ampleur du son qu'il tirait de
son instrument. Présenté à Mendelsolin peu de
jours après, il trouva chez cet artiste céJèbrc un
accueil sympathique, qui bientôt devint une amitié
véritable. Léonard en reçut des conseils très-
utiles pourises compositions. De Leipsick, il se
rendità Bonn, pour les fêtes musicales de l'inaugu-
ration de la statue de Beethoven, puis il retourna
dans la première de ces villes , et le i 1 décembre
1 845 il joua dans le neuvième concert d'abonnement
du Gewandhaus le premier concerto de sa com-
position et une fantaisie dans lesquels il obtint un
brillant succès. Le 27 janvier suivant Léonard joua
audeuxièmeconceit d'abonnement, à Dresde, un
concerto de sa composition; puis il se rendit à
Berlin, où il joua dans un concert donné au théâtre
royal le 21 février : il y produisit une vive im-
pression constatée par un article de la Gazette
générale de musique de Leipsick (n° 12). QueJ-
18.
l'Tfi
I.EOJNARD — LEONARDI
ques jours après il joua dans la même ville le
concerto de Mendelsohn, qu'on y entendait pour
la première fois, et sa fantaisie intitulée Souve-
nir de Haydn. Au retour de ce voyage , il se nt
entendre dans un des concerts des fêtes musicales
d'Aix-la-Chapelle.
En 1847 , Léonard fit un voyage en Suède et
donna plusieurs concerts; puis il revint par
Hambourg, où il se fit entendre dans deux con-
certs à la salle d'Apollon. Dans l'année suivante
il se rendit à Vienne; mais bientôt après son
arrivée dans cette ville la révolution éclata, et
les événements politiques devinrent si graves,
que tous les artistes qui s'y trouvaient se bâtè-
rent d'en partir. Arrivé à Bruxelles, après ce
voyage malencontreux , Léonard fut nommé pro-
fesseur de violon au Conservatoire , en remplace-
ment de Charles de Bériot, que le délabrement
de sa santé avait obligé à prendre sa retraite. En
1851, Léonard épousaM'i'^ De Mendi , cantatrice
distinguée, nièce du célèbre ténor Manuel Garcia.
Dans l'hiver suivant, il donna avec elle deux
concerts à Paris, dans la salle Herz, et y pro-
duisit une si vive impression qu'il fut, suivant
l'expression des journaux de musique qui ren-
dirent compte de ces séances , le lion de cette
saison dans la capitale de l'empire français.
Postérieurement, M. et M"* Léonard ont fait
divers voyages en Hollande, en Danemark, en
Suède, en Norwége et en Russie : partout ils ont
obtenu de brillants succès, et recueilli des témoi-
gnages d'intérêt des artistes et des amateurs.
Comme professeur, M. Léonard s'est montré
digne de la position à laquelle il a été appelé dans le
Conservatoire royal de Bruxelles. Il a su commu-
niquer à ses élèves sa belle et puissante sonorité,
qualité qui distingue éminemment l'école des
violonistes belges de toutes les autres, quelque
soit d'ailleurs le mérite de celles-ci sous d'au-
tres rapports. Parmi les compositions de M. Léo-
nard , on remarque : 1° Six concertos pour vio-
lon et orchestre ; les deux premiers sont édités
à Paris chez Richault; les autres, à Mayence
et à Paris, chez les frères Schott. — 2" 24 études
classiques. — 3° Gammes et exercices à l'usage de
ses élèves. — 4° Onze grandes fantaisies avec
orchestre. — 5° Deux élégies avec piano. —
6" Morceau de salon, idem. — 7° Quatre duos
pour violon et piano , en collaboration avec Li-
lolf. — 8° 30 duos idem, avec Joseph Grégoire.
— 9" Trois duos pour violon et violoncelle, en
collaboration avec Servais. — 10" Sérénade pour
violon et piano. — 11° Romance pour violon
.seul. — 12" Duo de concert pour deux violons,
sans accompagnement. M. Léonard est chevalier
de l'ordre de Léopold.
LÉOiXARD (M™* Antoni.v Sitcher de
Mendi), femme du précédent, est née le 20 oc-
tobre 1827 à Talavera de la Reina (Espagne). Son
père était frère de M"ie Garcia, femme du célèbre
ténor et compositeur de ce nom (voyez Garci\).
Arrivée à Paris fort jeune, elle y reçut des leçons
de musique, d'harmonie et de chant de son cousin
Manuel Garcia. Lorsque son éducation vocale fut
terminée, elle chanta pour la première fois en
public la Sicilienne , de Pergolèse, et un air
d^Orlando, de llaendel, dans un concert du Con-
.»iervatoire de Paris, le 23 avril 1847. Son suecès
fut si brillant dans l'air de Hsendel qu'elle fut
obligée de le redire immédiatement. La Société
des concerts lui envoya une médaille en souvenir
de cette séance. A la suite de ce début, M"e de
Mendi fit plusieurs voyages en Angleterre avec
sa tante (M^^ Garcia). Ayant épousé M. Léo-
nard en 1851, elle a faitavec lui plusieurs voyages
en Hollande, en Suède, en Danemark, en Rus-
sie, et partout elle a brillé par son talent. Fixée
depuis lors à Bruxelles, elle s'y livre à l'enseigne-
ment du chant, et s'est fait connaître aussi par
la composition de romances dont voici les titres :
1° Le Pain des pauvres j — 2" La Chaumière
dans les champs; — 3° Florine; — 4° Quand
viendra la saison nouvelle ; — 5° Anne-Rose;
— C° Le vieux Ménétrier; — 7" Chansons
des Moissonneurs. Tous ces morceaux ont été
publiés à Mayence et à Bruxelles, chez Schott.
LëOIXARDA (Isabelle), abbesseducouvent
de Sainte-Ursule à Novare, naquit dans cette
ville en 1G41 , ainsi qu'on le voit dans le pre-
mier livre de ses Motetti aire voci, lihro primo,
imprimés à Milan , en 16C5, où elle dit dans le
proemio qu'elle était alors âgée de vingt-quatre
ans. Ses autres ouvrages connus jusqu'à ce jour
sont : Motetti a una, due e tre voci, con vio-
lini e senza, opéra décima terza , consecrati
alla beatissima Virgine di Loreto et augustis-
sima impératrice de'Cieli; In Bologna per Gia-
como Monti, 1687, in-4". Motetti a voce sola ,
op. 17. Bologne, J. Monti, 1C95; Vespere delta
Beata Maria Virgine a capella e Motetti con-
certati apiù voci; Bologne, J. Monti, 1678; et
Messe a quattro voci concei-tateconstromenti,
e motetti a una, due e tre voci, pure con stro-
menti, d'Isabella Leonarda, madré vicaria
nel îwbilissimo collegio de S. Orsola in No-
vara, opéra décima ottava; Bologne, 1696,
in-4°.
LËOIVARDl (Antoine), musicien et gram-
mairien, né àPise,a vécu dans le quinzième
' siècle. Manni rapporte, dans son livre Délia dis-
ciplina del canto ecclesiastico antico (p. 21),
une épilaphe qui se trouve dans le Campo-
LEONARDI — LEONI
277
Sonto de Pise, et qui est ainsi conçue : s. p.
lEONARDl MAClSrRI DE FISIS CRAMMATICE MUSIGE-
QUE PROFESSORIS ET HEREDL'M SUORUM. MCCCCLVll.
On ne connaît rien jusqu'à ce jour des produc-
tions deLeonardi.
LEOiVETTl (Le P. Jean-Baptiste ), moine
auguslin , fut organiste du couvent de son or-
dre, à Crema (Lombardie), et vécut au commen-
cement du dix-septième siècle. Il a fait impri-
mer de sa composition : i° Il primo libro di
Madrigali a cinqiie voci ; in Venetia, oppressa
Giaeomo Vincenii, 1617, in-4°. C'est par l'é-
pitre dédicatoire de cet œuvre au podesta de la
ville de Crema qu'on apprend que Leonetti était
moine de l'ordre de Saint-Augustin. — 2° Missa-
rmnocto vocum liber primus, \bid. 1617, in-4°.
LEOMHARD (JeanCiiristowie). On a
sous ce nom une dissertation intitulée : Quse
scholas Gottingensis , quse modo pxdagogii ,
modo gtjmnasii nomine quondam insignita
est , cantus figurâtes, ab suo ortu, ordine re-
censentur , eorumdemque vitis nonnullx
schotx pariter dexirbis fatainseruniur; Gœt-
tingiie , 1743.
LEOXHARDT (Jules-Émile), pianiste et
compositeur, est né à Laubau, dans la Siiésie
prussienne, le 13 juin 1810. Après avoir vécu
longtemps à Dresde , il a passé quelques années
à Leipsick , où il était directeur d'une société de
chant. Il est aujourd'hui (1862 ) professeur au
Conservatoire de Munich. On connaît de cet ar-
tiste une symphonie qui a été exécutée avec
succès à Leipsick, en 1845 et 1846, des oaver-
ture.s, des sonates de piano , un trio pour piano,
violon et violoncelle, un psaume exécuté à Ham-
bourg et à Leipsick, l'oratorio Johannes der
Txufer (Saint Jean-Baptiste) , et des Lieder.
LEOA'I (LÉON,) maître de chapelle, non à
Vienne , comme il est dit dans le Dictionnaire
des musiciens de Choron et Fayolle, ni à Ve-
nise, comme on le prétend dans le Lexique uni-
versel de musique, publié par Schilling, mais
à la cathédrale de Vicence, ainsi qu'on le voit au
frontispice de ses Sacri Fiori. Il paraît être né
au plus tard vers 1560, car il fat au nombre des
compositeurs déjà célèbres qui, en 1592, dé»
dièrent im recueil de psaumes à 5 voix à Pales-
Irina , comme un hommage dû à la supériorité
de son génie et de son talent. (Voyez à ce sujet
le Saggio fondam. prat. di contrappunto , du
P. Martini,!. II, p. 74.) D'ailleurs, le premier
livre des madrigaux à cinq voix de Leoni parut
en 1588. On n'a aucun renseignement sur le lieu
de naissance de cet artiste , ni sur les maîtres qui
dirigèrent ses études. Les ouvrages connus de ce
eonipositeur sont : i" Il pi'imo libro di Madri-
gali acinque voci; in Venetia, oppressa An-
gelo Gordano , 1588, in-4° obi. Il y a une autre
édition du même ouvrage, imprimée chez le mèn.e
en 160t. — 2° Il seconda ed il terzo libro di
Madrigali a cinque voev; in Venetia, oppressa
Micciardo Amadino , 1595, in-4°obl. — 3° Il
quarto libro di Madrigali a cinque voci. A'o-
vamente compostiet dati in luce;in Venetia,
oppressa Ricciarda Amadino, 1598, in-4''
obi. — 4° Bell'Alba di Madrigali a cinque
voci.Libra quinto de' Madrigali di Leone Leoni,
maestro di capella nel Duoma di Vicenza,
Academica olympico; in Venetia, oppressa
Ricciarda Amadino, 1602, in-4°. — b° Il
primo libro de' Motetti aseivoci; ibid, 1603,
iu-4°. — 6" Motetti a due, tre e quattra voci
con bossa perorgano, libro primo ; in Venetia,
oppressa Ricc. Amadino, 1606, in-4''. — 7° Li-
bro seconda di Motetti a due, tre et quattra
vaciconilbasso per Vorgana;MA., 1608, in-4°.
La deuxième édition de ces deux livres de mo-
tets a été publiée sous ce titre : Sacri Fiori, mo-
tetti a due , tre et quattra voci per cantar
nel argano, et la sua parlilura a commoda
delli organisti, libro prima; in Venetia, pressa
Virtc. Amadino, 1609, in-4% idem : Libra se-
conda., ibid., 1610, in 4". — 8» Il primo libro
de'Motetti a atto voci, ibid., 1608, in-4°. —
9° Libro prima de' Motetti a una, due et tre
voci con il bossa per argano ; in Venetia, op-
pressa Alessandro Vincenti, 1609, in-4° obi. —
IQ'^ Libra seconda de'Motetti a una, due e
tre voci, con una messa a quattra voci ; in
Venetia, oppressa Alessandro Vincenti, 1611,
in-4''. Il y a une deuxième édition de ces deux
livres de motets à une, deux et trois voix impri-
mée à Venise en 1612, chez Richard Amadino.
— 11" Omnia Psalmodia solemnitotum octa
vocum; Venetiis, apud Rie. Amadinum, 1613.
Une deuxième édition de ce Recueil de psaumes
à 8 voix a été publiée par Bartolomeo Magiii , à
Venise, en 1623 12° Prima parte dell'aurea
corana ingemmata d'armonici concerti a dieci
con quattra voci et sei istromenti. In Iode
delta santissima incaronata di Vicenza, di
Léon Leoni, Academica olimpico. Et anca a
voci sali con il bossa continua et a due chari
divisi, adoprando le bassi delV unu e l'altra
choro canargani, chitaroni, e simili. Nova-
mente composta et dota in luce; in Venetia,
1615, oppresso Ricciarda Amadino. On trouve
des madrigaux à 6 voix de Leoni dans la col-
lection intitulée /f Trianfo diDori (Venise, Gar-
dano, 15%), dans les Madrigali pastorali a
sei voci (Anvers, Phalèse, 1604), dans le Giar-
dino nuovo bellissimo di vari fiori vxusicuU,
2T8
LEONI — LEPRÉVOST
recueilli par Borcligrevinck, organiste du roi de
Danemark ( Copenliague, 1605), et les grandes
collections d'Abraham Scliade ( Promptuarium
musicum) et de Bodenschatï (Florilegium Por-
teuse), renferment des motets du môme maître.
LÉOPOLD (George- Auguste- Jules), né à
Leimbach (Saxe) , le 17 octobre 1755, mort le 8
juillet 1827 , a publié un petit écrit qui a pour
litre : Pensées et Conjectures sur l'iiistoire de
la viusique; Stendal, 1780, in-S" de 39 pages.
LEPEINTRE, ou LE PEINTRE, ou LE
PALNCTRE (Claude), musicien français du
seizième siècle, était, en 1576, maître de la
chapelle de Monsieur de Villeroy , suivant
un renseignement fourni par un document authen-
tique (I). 11 obtint, dans cette année, au con-
cours du Put} de musique de Sainte-Cécile , à
Évreux, le prix de la fJùte d'argent, pour la
composition de la chanson française à plusieurs
Toix dont les premiers mots étaient : Un com-
pagnon (risque et gaillard. On connaît aussi de
ce musicien la chanson à trois voix : Toutes les
nuits, insérée au Tiers Livre de chansons à
3 parties, composé par plusieurs autheurs ;
Paris, Adiian Le Roy et Robert Ballard, 1578,
et la chanson à quatre voix : Mon Pensement,
dans le vingt et uniesme livre de char^sons
nouvellement composées, à quatre et cinq par-
ties, par plusieurs autheurs ; imprimé à Paris
par Adrian Le Roy et Robert Ballard, imprimeurs
du Roy, 1569. Dans ce recueil, le nom est écrit
Lepeintre.
LEPILEUR D'APLIGIVY (....); Voyez
PILEUR D'APLIGINY (LE).
LEPIN (....), claveciniste et compositeur,
vivait à Paris, vers 1780. Il a exécuté au Coricert
spirituel plusieurs concerto» pour le clavecin, et
en a fait graver six séparés , à Paris, chez Boyer
(Naderman). Gerber s'est trompé en lui attribuant
un petit opéra qui appartient à Lépine. ( Voy.
te nom. )
LEPINE ( ....). facteur d'orgues, né à Pézé-
nas , dans la première moitié du dix-huitième
siècle, fut, dit-on, l'homme de son état le plus
occupé en France. 11 a construit beaucoup de
grands instruments , parmi lesquels on cite ceux
de Narbonne, de Pézénas , de la cathédrale de
Montpellier, l'orgue immense qui était autrefois
dans l'église des Cordeliers , à Toulouse , celui
de Saint-Falerand , à Lodève (Hérault), et plu-
sieurs autres ouvrages considérables. Retiré dans
le lieu de sa naissance en 1789, Lépine y mou-
rut peu d'années après , laissant à ses fils une for-
(I) Puy de rmesique , ériijé à Évreux, en l'honneur de
madame sainte _Cecile; publié d'après un manuscrit du
sei^Uiae siècle, par MM. Bonniii et Ghassan , p. 6^.
tune honorablement acquise par de longs travaux,
LÉPIiVE (.•..), musicien peu connu, a
composé la musique d'un opéra intitulé ; Acis et
Galatée, représenté au théâtre des Beaujolais,
en 1787.
LEPLUS (Gabriel), flûtiste et compositeur
pour son instrument, né à Lille (Nord), le l'"'
septembre 1807 , commença ses études musicales
dans cette ville. Le 14 avril 1824, il fut admis au
Conservatoire et y devint élève de Guillou pour la
flûte. Le premier prix de cet instrUmentlui fut dé-
cerné aucoucoursdel825. Retiré de cette école au
mois d'octobre 1 826, il y rentra en 1829 pour suivre
le cours de composition de Seuriot et de Jelens-
perger ; mais il n'acheva pas ses études dans celte
partie de l'arl, et se relira de nouveau à la fin
de l'année scolaire 1830. Leplus fut attaché pen-
dant quelques années à l'orchestre de l'Opéra-
Comique ; mais, ayant épousé Jenny Colon , ac-
trice et cantatrice distinguée, il quitta celte po-
sition , et accompagna sa femme à Bruxelles, où
elle était cjigagée pour le Théâtre-Royal. 11 a publié
de sa composition environ cinquante œuvres de
Fantaisies, variations et études pour la flûte,
avec accompagnement de piano, publiés à Paris,
chez Brandus, chez Colombier, et à Milan, chez
Ricordi.
LEPREUX (l'abbé), maître de musique de
la Sainlc-Chapelle, à Paris, dans la seconde
moitié du dix-huitième siècle, a fait exécuter
quelques messes avec orchestre , de sa composi-
tion, et a donné au Concert spirituel, en 1787,
un Te Deum dont on a fait l'éloge , et dans la
même année l'oratorio intitulé : les Fureurs de
Saiil. Enfin, le 12 novembre, il a donné à la
Sainte-Chapelle du palais une messe solennelle
avec orchestre, pour la rentrée du parlement.
Framcry dit, dans son Almanach musical de
1788 (p. 4), que cet ecclésiastique était déjà connu
parun grand nombre de compositions estimables.
L'abbé Lépreux était chargé de l'éducation musi-
cale des enfants de chœur de la Sainte-Chapelle.
LEPRÉVOST (Etienne-Alexandre), or-
ganiste du chœur de l'église Saint-Roch , à
Paris , et compositeur, est né le 25 novembre
1812 à Trévise (alors royaume d'Italie), où son
père était employé de l'administration française.
Après avoir étudié la musique, le piano et l'orgue,
il entra au Conservatoire de Paris , le 2 mars
1832, pour y faire un cours de composition sous
la direction de l'auteur de cette notice. Après que
ce maître eut été appelé à Bruxelles pour en
diriger le Conservatoire, Leprévost devint élève
d'Halévy; mais il cessa de fréquenter les leçons
de son professeur au mois d'octobre 1833, et se
livra seul à l'étude des ouvrages des maîtres.
LEPRÉVOST — LEROY
27Î)
A\ant été appelé aux fonctions de maître de
( Inpellc d'une des succursales de Paris et d'or-
(^aiiistedu chœur de Saint-Roch, M. Leprévost
s'est particulièrement occupé de composition de
musique religieuse. Il a fait exécuter à Saint-
Rocli plusieurs messes solennelles à 4 voix, chœur
et orchestre dans lesquelles on a remarqué le
mérite de la facture. Il s'est aussi es.sayé à la
scène, et a donné au Uiéàtre de l'Opéra-Comique
(mars 1848) le Dormeur éveillé, ouvrage en
un acte, bien accueilli par le public dans sa
nouveauté. On a publié de cet artiste : 1° Messe
pour le temps de carême, à 3 voix égales et or-
gue; Paris, Cdnaux. — 2" Ave Maria, à 3 voix
égales avec orgue ; ibid. — 3" Domine salvum
fac regem, à 3 voix égales avec orgue ; ibid. —
k° Adoremus, pour ténor solo, avecorgue; ibid.
— 5° Recueil de pièces d'orgue contenant la
messe de Dumont complète, et des morceaux
courts et faciles qui conviennent pour alterner
avec le chœur dans les Kyrie, Gloria, Magnifi-
cat, et qui peuvent servir d'antiennes aux
psaumes des vêpres, en deux livres; ibid. —
0° !'■<' Messe solennelle à quatre voix, chœur et
orchestre; Paris, l'auteur. — 7° 2""e Messe idem;
ibid. — 8" 3™e Messe idem ; ibid.
LEPRINCE (René), littérateur, né à Paris
en 1753, est auteur de plusieurs ouvrages con-
cernant les arts au moyen âge, au nombre des-
quels on remarque des Lettres sur l'époque de
plusieurs inventions du motjen âge, qui furent
publiées dans le Journal des Savants , depuis
1779 jusqu'en 1782, et qu'on réimprima à Paris
en 1785, 1 vol. in-l2. Une de ces lettres est un
morceau curieux et intéressant Sur V origine
du violon. Fayolle l'a reproduite dans ses No-
tices sur Corelli, Tartini, Gaviniès et Viotti ;
Paris, 1810, in-8°.
LERICHE ou LE RICHE (Antoine). Voyez
DlVrriS (A^TOI^E).
LERICHE (Jean-Baptiste), violoniste, s'est
fait entendre avec succès au Concert spirituel en
1789, dans un concerto (en la), qui a été gravé à
Paris, chez Sieber. On a aussi de cet artiste: Six
Airs variés pour violon; Paris, Boyer; 24 petits
Duos pour deux violons , op. 4; Paris, Sieber.
LÉRIS (Antoine de), premier huissier de la
Chambre des comptes de Paris, né à Mont-Louis,
dans le Roussillou, le 21 février 1723, mourut à
Paris en i795.0n a de lui une assez bonne compi-
lalion intitulée : Dictionnaire portatif des théâ-
tres,contenant Vorigine desdifférents théâtres
de Paris , le nom de foutes les pièces qui y ont
éléreprésenlécs depuis leur établissement , etc.;
Paris, Jombert, 1754, 1 vol. in-12. Cette première
édition est anonyme ; mais le nom de l'auteur Qst
dans le privilège imprimé à la fin du volume. La
deuxième édition, augmentée, a paru à Paris e:r
1763, 1 vol. in-12. On trouve dans cet ouvrage
des renseignements sur les opéras et sur les coiu-
positeurs français, avec un catalogue par ordre
chronologique de ces opéras et de leurs auteurs.
Quérard dit {France littéraire, t. V, p. 205) que
Léris fut le collaborateur de Morambert dans la
rédaction de l'écrit périodique intitulé : Sentiment
d'un harmoniphile sur différents ouvrages
de musique, dont la publication commença en
175C; mais ni Morambert ni Léris ne travaillè-
rent à cet ouvrage, dont l'abbé Laugier fut seul
auteur. ( Voy. Laugier et Morambert. )
LEROUX (Jean- Jacques), médecin et litté-
rateur, né à Sèvres, près de Paris, le 17 avril
1749, est mort du choléra le 10 avril 1832. En
1791, il fut nommé officier municipal de la com-
mune de Paris; plus tard il se retira de l'admi-
nistration et des affaires publiques pour se vouer
à la médecine. Pendant vingt-sept ans il fut
professeur de clinique à la Faculté de Paris. On
lui doit plusieurs ouvrages relatifs à la science qu'il
cultivait. Comme membre de la commune de
Paris, il a publié : liapport sur l'Opéra, pré-
senté au corps municipal, le 17 août 1691 ; Pa-
ris, 1791, 98 pages in-8°.
LEROY ou LE ROY (Guillaume), musi-
cien français de la chapelle de Louis XII, succéda
à Bardemont, autre musicien de la chapelle, le
17 septembre 1511, en qualité de chantre basse.
Dans le recueil publié par Attaignant, sous ce ti-
tre : Liber septimus XXIII irium, quatuor
quinque et sex vocum, modulos Domini ad-
ventus, etc. (Paris, 1533, petit in-4''obl.), on
trouveun motet deLeRoy sur le texte : 0 ariens!
à cinq voix.
LEROY ou LE ROY (Adrunou Adrien),
luthiste et compositeur français, peut-être parent
du précédent, établit à Paris, vers 1550, une des
plus célèbres imprimeries de musique de cette
époque. Il était clianteur de la chapelle du roi
Henri II. On voit encore son nom figurer dans
les comptes de dépense de 1584, en la même
qualité. La Borde s'est trompé lourdement en
disant que LEROY fut le premier qui eut une
imprimerie de musique, car Attaignant imprimait
des œuvres et des recueils de musique plus de
vingt-cinq ans avant lui; cependant La Borde a
été copié sans examen à^^\&\e, Dictionnaire his-
torique des Musiciens, par Choron et Fayolle.
Leroy imprima d'abord seul, avec les premiers
caractères que Guillaume Le Bé grava et fondit
en 1540. En 1551 il épousa la sœur de Robert
Ballard et s'associa avec son beau-frère, qui
était attaché au service de la cour, et qui obtint
ISO
LEROY
par ses protecteurs, pour la nouvelle société, la
charge de seul imprimeur de la musique de la
chambre, chapelle et menus plaisirs du roi,
par lettres patentes de Henri II, en date du 16
lévrier 1552. 11 y a lieu de croire que dans celte
association Leroy, excellent musicien, s'occupait
du choix des ouvrages à imprimer, de leur cor-
rection, et de ses propres travaux comme com-
positeur et comme exécutant, tandis que son
beau-frère était chargé des détails du matériel
et du négoce. Le nom d'Adrien Leroy est joint à
celui de Robert Ballard sur le titre de tous les
ouvrages qui furent imprimés dans leur maison
jusqu'en 1588, mais il disparaît en 1589, et de-
puis cette époque on ne trouve plus que celui de
Ballard seul ; il y a donc lieu de croire que Leroy
mourut vers la fin de 1588 ou au commence-
ment de l'année suivante. Leroy était estimé des
artistes à cause de son mérite personnel, et en-
tretenait des relations avec les musiciens célèbres
de son temps. Ce fut chez lui que Roland ou Or-
land de Lassus descendit et demeura, lorsqu'il se
rendit à Paris en 1571.
Adrien Leroy et Robert Ballard ont publié, de-
puis 1551 jusqu'en 1568, vingt livres de Chan-
sons nouvellement composées en musique à
quatre parties, par bons et excellents musi-
ciens; on y trouve plusieurs morceaux de Le-
roy; entre autres, dans le septième livre, la chan-
son à quatre voix En un chastcau, qui est fort
bien faite. Deux ouvrages ont fait surtout con-
naître avantageusement cet artiste ; le premier a
pour titre : Instruction de partir toute mu-
sique des huit divers tons en tablature de
luth; Paris, Adrian Leroy et Robert Ballard,
1557, in-4'' obi. Édition très-rare, qui n'est citée
par aucun auteur, et dont je ne connais qiie
l'exemplaire que je possède. Une deuxième édi-
tion a paru chez les mêmes imprimeurs en 1570,
et une troisième en 1 583, que M . Grasse a prise pour
un ouvrage différent , et qu'il a citée sous le ti-
tre de Traité de musique (Lehrbuch einerAUge-
meine Literargeschichte, t. III, p. 962, note 20).
Il a été fait deux traductions anglaises du
livre de Leroy ; la première est intitulée : A briefe
and easye instruclionto learne thetableture,
to conducte and dispose ihe hande unto (sic)
ihe lute ; Englished by J. Alford; with a eut
ofthe lute; London, 1568,in-4''. La deuxième a
paru sous ce titre : A briefe and plaine instruc-
tion to set ail musicke of eight divers tunes
in tableture for the lute; icith a briefe ins-
tructionhow toplay on the lute; with certain
easie tessons for that purpose; and also a
ihird booke, containing divers new excellent
translated into English, by F. Ke, gentleman ,
London, 1574, in-4". Baron neparaît avoir connu
ni Adrien Leroy, ni son livre, car il n'en parle
pas dans son Traité historico-théorico-pratique
sur le luth. Le second livre d'Adrien Leroy est
une méthode pour apprendre à jouer de la gui-
tare, intitulée : Briefve et facile instruction
pour apprendre la tablature, à bien accor-
der, conduire et disposer la main sur la gui-
terne. Paris, Ad. Le Roy et Robert Ballard, 1578,
iii-4°. Je crois qu'il doit y avoir des éditions an-
térieures à celle-ci. On connaît aussi d'Adriau
Leroy ou Le Roy un Livre d'airs de cour mis
sur le luth. A Paris, par Adrian Le Roy et Robert
Ballard, 1571. Petit in-4'' oblong de 24 feuillets
numérotés. Sur le premier se trouve le titre
ci-dessus ; au verso, est l'épître dédicatoire dont
voici le commencement :
« A très-excellente dame Caterine (sic) de
« Clermont, confesse (sic) de Retz.
« Ces jours prochains, Madame, vous ayant
n présenté l'instruction d'asseoir toute musique
« facilement en tablature de luUi, qui estoit fondée
« exemplairement sur les chansons d'Orlande de
« Lassus, lesquelles sot difficiles et ardues côme
« pour rompre le disciple de l'art à franchir
« aprez toutes difficultez : je me suis avisé de
« lui mettre en queue pour le seconder ce petit
«. opusculede chansons de la cour beaucoup plus
« legieres (que jadis on appeioit voix de ville,
« aujourd'hui a</"s rfecowr) tant pour votre ré-
« création, à cause du sujet (que l'usage ha desja
« rendu agréable) que pour la facilité d'icelles
« plus grande sur l'instruraentauquel vous prenea
« plaisir, etc. »
Il est assez singulier que Le Roy dise à une
grande dame qu'il lui dédie son recueil de chan-
sons pour sa récréation , à cause du sujet,
car les paroles de quelques-unes de ces chansons
sont libres jusqu'à l'obscénité. Les auteurs des
paroles du recueil sont Sillac, Ronsard, De Bail,
Desportes , Pasquier. Quelques chansons n'ont
pas de nom de poètes. M. Farrenc, dont l'obli-
geance m'a fourni ces renseignements, pense
que les mélodies de ces chansons sont des airs
populaires, et que l'harmonie seulement est l'ou-
vrage de Leroy. On trouve le portrait de l'artiste,
gravé sur bois, dans ce recueil, qui renferme
vingt-deux chansons.
LEROY (Etienne), chanteur renommé sous
le règne de Charles IX, était chargé du rôle de
Mercure dans le spectacle que ce prince fit re-
présenter quatre jours avant la Saint-Barthélémy,
en 1572.
LEROY (Eugène), dit ROY, mort à Paris
tunes. Allfirst written inFrench,and now en 1816, à l'âge d'environ quarante-cinq ans,
LEROY — LESCOT
28!
avait été musicien dans plusieurs régiments, et
jouait de presque tous les instruments. Dans les
dernières années de sa vie, il était second chef
d'orcliestre des bals champêtres de Tivoli. Le-
roy fut longtemps chargé de faire pour les mar-
chands de musique de Paris des arrangements
d'après des thèmes populaires ou des mélodies
d'opéras nouveaux, et d'écrire de petites mé-
thodes pour divers instruments. Après sa mort,
qui resta ignorée, on se servit encore longtemps
de son nom pour diverses publications mercan-
tiles; en sorte que Zeroy ou Roy est, pour beau-
coup de ces ouvrages, un pseudonyme. On a
sous son nom : 1° Des marches, des valses et
des allemandes ponr 2 violons. — 2° Idem pour
la ilùte. — 3° Idem pour la clarinette. —4" Des
thèmes variés pour divers instruments solos. —
5° Récréations champêtres ouduos et solos pour
flageolet. — 6° Pots-pourris pour piano. 11 y a
de ces morceaux gravés chez presque tous les
éditeurs de Paris. — 7° Petite méthode de flûte ;
Paris, PleyeletViguerie. —8° Principes de flûte;
Paris, Frère. — 9" Méthode de flageolet; Paris,
chez tous les marchands demusique. — 10" Nou-
velle méthode de flageolet, sans clefs et avec
clefs ; Paris, Janet. — 1 1" Petite méthode de fla-
geolet; Paris, P. Petit. — 12° Petite méthode
de clarinette, Paris, Pleyel. La plupart de ces
ouvrages ont été traduits en allemand.
LESCHEIV (Guillacme) , facteur de pianos
de la cour impériale et bourgmestre à Vienne, est
né le 27 octobre 1781 à Grau, dans le Hanovre.
Après avoir appris les éléments de sa profession
chez différents artistes de son pays, il voyagea
pour perfectionner son habileté. En 1805 il arriva
à Vienne et travailla dans les ateliers de Kœnick
et Brodmann, qui avaient alors delà réputation.
Après cinq années, il obtint la naturalisation de
bourgeoisie et la maîtrise dans cette ville. Le
titre de facteur de la cour lui a été conféré en
1830. Les grands pianos de cet artiste sont comp-
tés parmi les meilleursinstrumentsde Vienne, et
ceux de Conrad Graeff sont, dit-on, les seuls
qu'on puisse leur opposer pour la puissance du
son et la légèreté du mécanisme. Leschen expé-
diait chaque année un grand nombre de ses pia-
nos à l'étranger, particulièrement en Amérique et
dans l'Inde.
LESCHEIVET (Didier), composieur français
du seizième siècle, fut chantre de la chapelle du
roi Louis XII, et était chanoine de Saint Quentin
en 1518, ainsi que le prouvent un arrêt du Par-
lement du 29 juillet de la même anné«, et un
passage de l'inventaire de l'église de Saint Quentin
(tonoe r'', p. 579, dans les Archives du départe-
ment de l'Aisne), cités par M. Ch. Gomart (ISo- '
tes historiques sur la maîtrise de Saint-Quen-
tin, p. 44). On voit par le compte des chantres de
la chapelle du roi, dressé en 1532 par Bénigne
Sevré , receveur des finances , et publié par
Castil-Blaze {Chapelle-musique des rois de
France, p. 291 et suiv.), que Leschenet n'é-
tait plus alors attaché à cette chapelle. On con-
naît de ce musicien un Magnifi,cat à 4 voix, du
cinquième ton , publié par Robert Ballard ,
en 1558, dans le recueil qui a pour titre Can-
ticum Beatœ Marix Virginis (quod Magnificat
inscribitur) octo modis a diver&is auctoribus
composilum). Ses chansons françaises à 4 par-
ties : \° Si vous me donnez jouissance. —
2" Vous désirez, etc. — 3° Pour vous servir,
ont été insérées par Adrien Leroy et Robert Ballard
dans les troisième et septième livres de Chansons
nouvellement composées en musique à quatre
parties, etc., Paris, 1554 et 1561, in-4'' obi.
On trouve aussi des compositions de ce musicien
dans le recueil intitulé : Mellange de chansons
tant des vieux autheurs que des modernes, à
cinq, six , sept et huit parties ;?àT'K, Adr. Le Roy
et Rob. Ballard, 1572, in-8o obi.
LESCLUSE (Georges DE), premier chape-
lain ou maître de la chapelle du roi de France,
occupait cette place en 1480, suivant le compte
des gens de la chapelle de Louis XI, depuis
le 1" octobre 1480 jusqu'au 31 septembre 1483.
On ignore s'il conserva sa place sous le règne de
Charles VIII, car il n'existe pas d'état nominatif
des chantres de la chapelle de ce prince : du
moins je n'en ai pas trouvé. On voit, dans le
compte cité précédemment, que les appointements
de Georges de l'Escluse étaient de 180 livres
tournois; or l'ordonnance royale du 2 novembre
1475 sur les monnaies avait fixé la valeur de la
livre tournois à 5 francs 5 centimes, et le traitement
du chapelain ne s'élevait nominativement qu'à
la somme de 909 francs d'aujourd'hui; mais la
différence du prix des denrée» portait à peu près
la valeur à 4,000 francs (voyez la Revue mu-
sicale,t. XII, p. 23C). On ne connaît pas jusqu'à
ce jour de composition de Georges de Lescl use.
LESCOT (....), né à Nantes vers 1737, fut
d'abord maître de musique de l'église cathédrale de
cette ville, puis il alla en 1760, remphr les mômes
fonctions à Auch. En 1773 il se rendit à Paris,
et y entra à l'orchestre de la Comédie italienne,
où il a fait représenter, en 1789, la Négresse ,
opéra-comique en un acte. Il avait écrit précé-
demment plusieurs messes, et avait composé les
paroles et la musique de l'Amour et V Hymen ,
prologue représenté à Auch, en 1761, et de la
Fête de Thémire, pastorale en un acte, jouée
dans la même ville et dans la même année. Ou
î:82
LESCOT — LESSEL
a aussi de Lescot un Recueil portatif de chan-
sons en musique ; Paris, 1765, in-8''.
LESCUREL (Jehannot), musicien français
du commencement du quatorzième siècle, a été
inconnu à tous les liistoriens de la musique. Un
manuscrit du roman allégorique et satirique de
Fauvel, qui se trouve à la Bibliothèque impériale
à Paris (in-fol. max., n° 6812 de l'ancien fonds),
«t que j'ai fait connaître par une notice très-
'■ détaillée dans la Revue musicale (t. XII, n° 34),
contient des ballades, rondeaux et dits entés
sur refrains de rondeaux, composés par ce
musicien. J'ai démontré, dans ma notice sur ce
manuscrit, qu'il a été exécuté entre les années
1316 et 1321, en sorte que l'époque où Lescurel
a écrit les morceaux qui y sont contenus est
antérieure à cette dernière date. J'ai fait connaître
aussi, dans ma notice, la musique d'iu» rondcl
de ce musicien dans sa notation originale, avec
sa traduction en notes modernes. Ce rondeau,
dont les premiers vers sont :
A vous douce débonnaire
Ai mon cueur donné,
est d'abord à voix seule (folio 57 du manuscrit),
puis à trois voix, avec la mélodie dans la partie
intermédiaire. C'est un morceau très-remarqua-
ble sous plusieurs rapports, et du plus j^rand
intérêt, à cause de son époque. L'harmonie en
est beaucoup plus pure que dans d'autres com-
positions plus modernes , quoiqu'on y trouve
quelques successions de quintes et d'octaves. Les
ornements ou fioritures y abondent et présentent
cette singularité que la plupart sont harmonisés
dans les différentes parties. •
LESEBERG (Joachim), prédicateur et
chanoine à Wonslorp, au commencement du
diï-huitième siècle, a publié une dissertation in-
titulée : Oratio de honestorum conviviorum,
cum primis musicorum ipsiusque Musices
jucunditate et utilitate, HagaeSchaumburgico-
rum, 1616, in-4°.
LESLIE (Henri), compositeur anglais de
beaucoupde mérite, né à Londres le 18 juin 1822,
a fait ses éludes musicales sous la direction de
M. Charles Lucas, professeur de l'Académie
royale de musique de cette ville. Dans sa jeu-
nesse, M. Leslie ne cultiva la musique que
comme amateur. Plus lard , il s'est livré avec
ardeur à la composition et à la direction des
concerts. A l'époque de la formation de la So-
ciété musicale des amateurs de Londres (1847),
il en fut nommé secrétaire honoraire. En 1855,
on le choisit pour en être le chef d'orchestre : il
remplit ces fonctions jusqu'à la dissolution de
cette société, qui eutlieu en 1861. En 1856, il a
fondé une société chorale connue sous le nom de
Chœur de M. Leslie : il en est le directeur, et
lui a donné un grand mérite d'exactitude et de
nuances dans l'exécution. Comme composilcur,
M. Leslie s'est fait une honorable ré[iulation
par les ouvrages dont voici la liste : 1" Qua-
tuor en la pour deux violons, alto et basse; —
2'' Quintette en ré pour 2 violons, alto, violon-
celle et contre-basse. — 3° Symphonie en fa à
grand orchestre. — 4° Ouverture dramatique
intitulée The Templar (Le Templier). — 5° An-
tienne festivale (Z,e/ Goiif cme) \>ow soprano,
ténor , double chœur et grand orchestre. —
6" Quintette en soi mineur pour piano, haut-
bois, clarinette, cor et basson. — 7° Emma-
nuel, oratorio à plusieurs voix, chœur et or-
chestre. — 8" Judith, idem. — 9° Romanina;
opérette jouée au théâtre anglais de Londres.
10" Holyrood, cantate pour soprano, contralto,
ténor, basse, chœur et orchestre, composé pour
le mariage de la princesse Alice d'Angleterre. —
11° Un grand nombre de petites pièces vocales et
instrumentales. Les oratorios de M. Leslie jouis-
sent de beaucoup d'estime en Angleterre.
LESNE (Mlle), professeur de solfège et de
piano à Paris, a fait impriiner une méthode élé-
mentaire de musique intitulée : Grammaire
musicale basée sur les principes de la gram-
maire française ; Paris, Pacini , 1820, 64 pa-
ges in-4''. Quoique celte édition soit annoncée
comme la deuxième, il n'y en a jamais eu qu'une ;
le frontispice seul a été changé. L'auteur de la
Grammaire musicale s'est servi de tous les
termes de la grammaire générale pour expliquer
ceux de la musiqup; ainsi, dans son livre, les lettres
sont représentées par les sons, l'alphabet par la
gamme, les articles par les clefs; les figures de
notes sont les substantifs; les dièses, bémols
et bécarres les adjectifs; les mesures sont des
verbes, parce qu'elles ont des temps , etc. Rien
de toul cela n'a de base réelle ni d'utilité ; ce n'est
qu'un jeu de mots.
LESSEL (François), pianiste et composi-
siteur, né à Varsovie, en 1780, était (ils d'un
musicien qui fut attaché au service du prince
Adam Czartoryski , à Pulawy. En 1800, il fut
envoyé par ses parents à Vienne , pour y con-
tiniier ses études musicales. M. Sowinski dit
qu'il y devint élève de Haydn, et qu'il eut pour
condisciples Camille Pleyel et Ncukomm (1) ; il y
a dans cette assertion une erreur évidente : jamais
Camille Pleyel n^alla à Vienne, et son père
Ignace Pleyel, qui fut véritablement élève de
Haydn, avait terminé ses études avec ce maître
(1) Les /\l!tsiciens polonais et slaves, p.sss.
LESSEL — LESUEUR
?s:i
en 1777. Quoi qu'il en soit, Lessel demeura à
Vienne pendant dix années et y publia ses pre-
miers ouvrages. De retour à Varsovie en 1810,
il s'y fit entendre comme pianiste dans plusieurs
concerts, et se livra à l'enseignemeut de son ins-
trument. Les principaux ouvrages de cet artiste
sont : 1° Quatuor pour 2 violons, alto et basse,
op. 3; Vienne, Artaria. — 2° Trio pour piano,
violon et violoncelle, op. 5; Leipsick, Breitkopf
et Hœrtel. — 3" Adagio et rondo pour piano et
orchestre , op. 9, ibid. — 4" Ouverture à grand
orchestre (en ut), op. 10, ibid. — 5° Fugue pour
piano à 4 mains, op. 11, ibid. — 6° Pot-pourri
pour piano et orchestre, op. 12 ; ibid. — 7° Con-
certo (en ut) pour piano et orcliestre, op. 14 ;
ibid. — 8" Sonates pour piano seul, op. 2 et G ; j
Vienne, Weigl et Haslinger. — 9° Chants histo-
riques de J. U. Niemcewicz mis en musique;
Varsovie, 1818.
LESSII\G (Gotthold-Ephiuïm), célèbre
littérateur allemand, né le 22 janvier 1729, à
Kamenz, petite ville de la Lusace, ou, suivant
d'autres renseignements, à Paserwalk , dans la
Poméranie, fut guidé dans ses premières études
par son père, ministre luthérien et savant esti-
mable. A l'âge de douze ans , il entra dans l'é-
cole de Meissen , puis il alla compléter son in-
struction à l'université de Leipsick. Il habita
longtemps Berlin, visita les principales villes de
l'Allemagne, et, en 1770, il accepta la place
de bibliothécaire à Wolfenbiittel. Trois ans après,
il entreprit un voyage pour rétablir sa santé
et accompagna le duc Léopold de Brunswick
dans le nord de l'Italie. De retour à Wolfenbiit-
tel, au commencement de 1774, il y passa le
reste de ses jours, et y mourut le 15 février 1781,
à l'âge de cinquante-deux ans. Lessing est un
(les écrivains dont les opinions et le talent ont
exercé l'influence la plus active sur la littérature
allemande du dix-huitième siècle; mais l'appré-
ciation de ses ouvrages n'appartient pas à la
Biographie universelle des musiciens. Il n'y
est cité que pour ceux dont les titres suivent, et
dans lesquels il a traité de quelques parties de
la musique : 1° Kleine Schriflen, etc. (Bagatel-
les, ou petits écrits) ; Berlin, 1753 à 175G, in-12.
On y trouve un fragment d'un poème didactique
sur les règles des arts et des sciences, particulière-
ment de la poésie et de la musique. — 2" Dra-
maturgie de Hambourg; Hambourg, année 1709,
2 vol. in-8o. Cet ouvrage consiste en une suite
de lettres sur les ouvrages joués au théâtre de
Hambourg pendant l'année 1767 et jusqu'au mois
d'avril 1708.
LESTAIi\IER (JEA^), organiste de la cha- ,
pelle de Vempereur Charles-Quint , à Madrid,
dans la première moitié du seizième siècle, était
né vraisemblablement en Belgique, car tous les ar-
tistes de cette chapelle élaientBelges ou Espagnols.
Lestainier n'est connu comme compositeur que
par deux motets insérés dans la collection qui a
pour titre : Cantiones seledissimx quatuor
vocum, ab eximiis et prastantissimis Cxsa-
rex Majesiatis capelhc Musicis M. Cornelio
Cane, Thoma Crequillone, Nicolas Payen,
Joliannc Lestainier organista, compositx, et
in comitiis Augustanis studio et impcnsis
Sigismundi Salmingcri in lumen editx ;
Augsbourg, Ulhard , 1548, petit in-4'' obi.
LESTOCART ( Pascal DE), musicien fran-
(;ais établi à Lyon, dans la seconde moitié du
seizième siècle, obtint, en 1584 , le prix de la
harpe d'argent au concours du Puy de musique,
fondé à Évreux, pour le motet de sa composition
sur le texte £cce quam bonum. U a publié de
sa composition : 1° Octonaires de la vanité
du monde à trois, quatre, cinq et six voix;
Lyon, Barthélémy Vincent, 15S2, in-4* obi. Les
vers de cet ouvrage, composés par La Roche
Choudieu, ont été remis en musique par Claude
Lejeune. — 2° Les Psaumes en vers latins et
français, mis en chant à quatre parties, dis-
tingues en plusieurs livres, en forme de mo-
tets, ibid. — 3° Mélanges de chansons latines
et françaises.
LESUEUR (Jacques), maître de chapelle
de la cathédrale de Rouen, naquit dans cette
ville et y fut d'abord enfant de chœur. Musicien
habile et latiniste instruit, il crut pouvoir pré-
tendre à l'une des places de maître de la chapelle
du roi, devenues vacantes parla retraite de Dumont
et de Robert. Lalande, Goupillet, Coiasse et Mi-
noret étaient ses concurrents. On leur donna pour
sujet de la composition de concours le psaume
Beati quorum remissx sunt iniquitates. L'ou-
vrage de Lesneur fut jugé inférieur à ceux de ses
compétiteurs, et la place ne lui fut pas donnée.
De retour à Rouen, il obtint celle de maître de
chapelle de l'église métropolitaine en 1067, et la
conserva jusqu'à sa mort, qui eut lieu en 1093.
Ce fut Lesueur qui introduisit dans cette église
l'usage de l'orgue et de la basse de viole. Il avait
fait exécuter dans l'église des Dominicains de
Rouen, le 9 septembre 1063 , une messe et une
symphonie funèbre; mais aucune de ses com-
positions n'est parvenue jusqu'à nous.
LESUEUR (Jean-François), compositenr
et écrivain sur la musique, né à Drucat-Plessiel,
près d'Abbeville, le 15 janvier 1763, d'une an-
cienne famille du comté de Ponthieu, fut adnus,
à l'âge de sept ans, à l'école de la maîtrise d'Ab-
beville. Peu de n:ois après, il entra comme entant
284
LESUEUR
de choeur à la cathédrale d'Amiens. C'est là qu'il
fit pendant sept ans à peu près toutes ses études
pratiques de musique, et qu'il apprit les éléments
des langues latine et française. Sorti de cette maî-
trise à l'âge de quatorze ans , il entra au collège
d'Amiens pour y faire sa rhétorique et sa philo-
sophie ; mais il n'acheva point ses études, parce
que la place de maître de musique de la cathé-
drale de Séez lui fut offerte dès qu'il eut atteint
l'âge de seize ans. Il alla en prendre possession
en 1779; six mois après, il quitta cet emploi
pour celui de sous-maitre de musique à l'église
des Saints -Innocents de Paris. Ce fut alors qu'il
reçut quelques notions d'harmonie chez l'abbé
Roze, qui ne pouvait lui enseigner autre chose,
n'ayant fait lui-même que d'assez faibles études.
Tout ce que Lesueur acquit ensuite de connais-
sances dans l'art d'écrire, il le dut à lui-même
et à ses propres observations. En 1781 , il quitta
l'église des Innocents pour la place de maître de
musique de la cathédrale de Dijon ; deux ans
après, il accepta une position semblable au
Mans ; mais, malgré les avantages qui lui furent
offerts pour conserver celle-ci, il l'abandonna
en 1783 , pour la direction du chœur de Saint-
Martin de Tours. Appelé à Paris, en 1784, pour
faire exécuter plusieurs morceaux de sa compo-
sition au concert spirituel , il y obtint la maîtrise
des Saints-Innocents, sur la recommandation
de Gossec, de Grétry et de Philidor. Sacchini
était alors à Paris ; le jeune maitre de chapelle
de l'église des Innocents lui inspira de l'intérêt ;
il revit quelques-uns de ses ouvrages, et lui con-
seilla d'écrire pour le théâtre. Devenue vacante,
la place de maître de musique de la cathédrale
de Paris fut mise au concours en 1786, et Le-
sueur, qui s'était mis sur les rangs, l'emporta sur
ses rivaux et fut mis en possession de cet emploi.
La règle l'obligeait à prendre le petit collet pour
en remplir les fonctions; il dut s'y soumettre, et
dès lors il fut connu sous le nom d'abbé Le-
sueur, quoiqu'il n'ait jamais été dans les ordres.
Agé de vingt-trois ans, et n'ayant obtenu
jusque-là que d'éphémères succès , le jeune ar-
tiste n'était point connu du public; mais, dès ce
moment, ses travaux prirent une direction qui fixa
sur lui l'attention , et dont il ne s'est plus écarté
jusqu'à la fin de ses jours. Ses pressantes solli-
citations avaient obtenu de l'archevêque de Paris
et du chapitre de Notre-Dame qu'une musique à
grand orchestre fût établie dans cette église pour
les fêtes solennelles; les moyens d'exécution
que lui présentait cette réunion de voix et d'ins-
truments lui permirent de réaliser ses vues con-
cernant la musique d'église, et de faire entendre
des motets qui excitèrent une assez vive sensa-
tion. Les études de Lesueur avaient été faibles ,
parce que les circonstances n'avaient pas été fa-
vorables pour qu'il en fît de meilleures. D'ailleurs,
il n'y avait réellement pas d'école en France
dans sa jeunesse; les doctrines et les beaux mo-
dèles des grandes écoles d'Italie y étaient abso-
lument inconnus. C'était donc en lui-même qu'il
devait chercher le principe de sa direction , et
son instinct le conduisit à le trouver dans l'imi-
tation , et lui fit considérer la musique descrip-
tive comme la meilleure , quel que fût l'objet de
sa destination. Il est rare que les convictions de
la jeunesse accompagnent un artiste dans les tra-
vaux de toute sa vie, sans être modifiées par sa
propre expérience ou par des influences étran-
gères ; mais la suite de cette notice fera voir que
ces convictions furent inébranlables dans l'esprit
de Lesueur, et que le principe d'imitation qui le
guidait dans ses premiers travaux, le dirigeait
encore au terme de sa carrière. C'est une consi-
dération qu'il ne faut point perdre de vue , si
l'on vent apprécier avec justesse la valeur des
œuvres de ce compositeur, et lui assigner la place
qui lui appartient dans l'histoire de l'art de son
temps.
Dans les années 1786 et 1787 , la foule se
pressa à l'église Notre-Dame pour entendre les
motels de Lesueur ; les journaux de ce temps
émirent des jugements divers sur le mérite de
ces morceaux , particulièrement sur un Regina
cœli, sur un Gloria in excelsis, et une ouver-
ture (nouveauté inouïe) que le nouveau maître
de musique avait écrite pour la messe de Pâques.
Les gens du monde approuvaient fort celte mu-
sique brillante; d'autres la condamnaient comme
peu convenable à la majesté du culte, au recueil-
lement de la prière; parmi ceux-ci, les plus
emportés appelaient la musique de Notre-Dame
l'Opéra des gueux. Lesueur, persuadé qu'il était
nécessaire qu'il expliquât sa pensée, et qu'il fît
connaître l'objetqu'il se proposait dans sa trans-
formation de la musique d'église, fit paraître, au
mois de février 1787, un écrit intitidé : Essai de
musique sacrée , ou musique motivée et mé-
thodique, pour la fête de Noël, à la messe du
jour. Paris, Hérissant, broch. ia-8^ Il y expo-
sait ses vues , à l'occasion de la messe qu'il avait
fait exécuter le 25 décembre 1786, premier jet
de sa Messe de Noël, ime de ses productions les
plus originales. Le succès de cet écrit ne réalisa
pas ses espérances. Dans un pamphlet anonyme,
daté de l'/ie des Chats fourrés, on attaqua avec
violence le principe d'une musique qui transfor-
mait l'office divin en un spectacle, et l'on accusa
Lesueur de s'être servi de la plume d'autrui
pour écrire son Essai. Il répondit par une théorie
LESUEUR
285
plus étendue de son système dans un ouvrage
qui a pour titre : Exposé d'une musique une,
imitative, et particulière à chaque solennité ,
où Von donne des principes généraux sur
lesquels on l'établit, et le plan d'une musique
propre à la fête de Noël. Paris, Y* Hérissant,
1787, in-8°. La préface de ce livre ne laisse au-
cun doute sur l'objet que se proposait Lesueur,
car il dit en ternies exprès , à propos des naesses
qu'il avait écrites pour Noël , Pâques, Pentecôte,
l'Assomption , qu'il veut rendre la musique d'é-
glise dramatique et descriptive. Ce système
était certainement une grave erreur, car la prière
est une acte de dévotion , où l'âme s'efforce de
s'isoler des passions humaines , et conséquem-
ment du principe dramatique, pour s'élever jus-
qu'à Dieu , principe de toute sagesse. Et c'est
pour avoir parfaitement compris ce dernier prin-
cipe que Palestrina et les grands maîtres de son
école ont, dans la musique d'église, une incon-
testable supériorité sur tous les autres composi-
teurs.
Dans le môme temps où Lesueur publiait ses
livres et faisait exécuter sa musique d'église, il
présenta au comité de l'Académie royale de mu-
sique son Télémaque, grand opéra en trois actes
qui fut reçu pour être représenté ; mais, après
plusieurs années passées en sollicitations infruc-
tueuses, il fut obligé de retirer son ouvrage et de
rendre deux mille francs qu'il avait reçus à titre
d'avances. Ce même opéra fut arrangé plus tard
pour le théâtre Feydeau au moyen de la sup-
pression du récitatif. D'autres tracasseries com-
mencèrent pour lui dans le même temps. Le
penchant qu'il laissait percer pour le théâtre et
sa résistance aux désirs de l'archevêque et du
chapitre de Noire Dame, pour qu'il entrât dans
les ordres, lui nuisirent dans l'esprit des cha-
noines, dont le plus grand nombre désapprou-
vaient sa nouvelle musique comme trop mou-
daine et trop dispendieuse. Pendant les vacances
de 1787, on profita de son absence pour la sup-
primer et rétablir l'ancien usage des messes com-
posées pour des voix et des violoncelles et contre-
basses. Lesueur n'avait accepté la maîtrise de la
cathédrale qu'à la condition d'y réaliser ses idées
de musique nouvelle; l'affront qui lui était fait en
cette circonstance le détermina à se retirer. Ce
ne fut pas le seul chagrin qu'il eut alors, car, à
l'occasion de discussions qui s'élevèrent entre lui
et le grand chantre de Notre-Dame pour le
règlement des comptes de dépenses du chœur et
de l'orchestre , ses ennemis prétendirent qu'il
avait été chassé honteusement, et publièrent im
pamphlet où sa probité était attaquée de la ma-
nière la plus violente. Roquefort possédait un
exemplaire de cet abominable libelle, qui avait
pour titre : Dessert des plats deson métier que
M. l'abbé L*** ajait servir à Son E. Monsei-
gneur l'archevêque de Paris et à messieurs
du chapitre de la métropole (sans nom de
lieu ni d'imprimeur), une demi-feuille in-S". Il
ne fallut pas moins qu'un mémoire publié par
un conseiller au parlement, ami du jeune com-
positeur, et les certificats honorables des cha-
noines de Notre-Dame, pour lui rendre favorable
l'opinion publique, un instant égarée dans celle
affaire. Mais tel est l'effet de la calomnie qu'il
en reste toujours quelque chose. Longtemps après,
Lesueur, engagé dans de nouvelles discussions,
vit reproduire par ses ennemis ces injurieu-
ses imputations. Fatigué de ces intrigues et
découragé par la calomnie, il se retira à la
campagne chez M. Bochard de Charnpagny, vers
la fin de 1788, et y passa quatre années, les plus
heureuses de sa vie, uniquement occupé de com-
position. La mort de son bienfaiteur le ramena
à Paris, en 1792. L'année suivante il fit représenter
au théâtre Feydeau la Caserne, opéra en 3 actes,
dont le suc-cès fut populaire, et qui fut suivi, en
1794, de Paul et Firi/mie, ouvrage froid et rempli
de longueurs, mais où l'on remarque de beaux
chœurs, particulièrement un hymne au soleil, qui
fut exécuté dans les concerts de Feydeau, après
que la pièce eut disparu de la scène ; puis on re-
présenta au même théâtre le Télémaque, destiné
auti efois à l'Opéra, et dont on avait remplacé le
récitatif par un dialogue parlé.
Désigné dès l'origine du Conservatoire de mu-
sique de Paris comme un des inspecteurs, et mem-
bre du comité d'enseignement , Lesueur en-
tra en fonctions en 1795, et coopéra avec Mé-
hul, Langlé, Gossec et Catel, à la rédaction des
Principes élémentaires de musique et des
solfèges de cette école. Il prononça en cette
qualité, aux obsèques de Piccinni, le 8 mai 1801,
un éloge de ce grand musicien, ou plutôt un
discours sur la musique dramatique, suivant ses
propres idées. Peu de jours après commença au
Conservatoire et au dehors de cet établissement
une lutte d'intérêts où Lesueur n'eut peut-être
pas toute la prudence nécessaire, et dont il fut
victime. Deux de ses ouvrages ( les Bardes, et
la Mort d'Adam) avaient été reçus à l'Opéra,
et leur rang de réception lui donnait le droit de
les faire représenter; mais, soit que la musique
de ces opéras ne fût pas achevée et que les par-
titions n'eussent pas été livrées, comme le pré-
tendit alors Chaptal, ministre de l'intérieur, dans
deux lettres qu'il écrivit à Lesueur à ce sujet,
soit que des considérations d'une mise en scèue plus
facile et plus prompte leur eussent fait préférer
236
LESUEUR
la Sémiramis de Calel, premier ouvrage drama-
tique de ce compositeur, ce fut ce dernier que
l'administration choisit et mit à l'étude. Irrité de
ce qu'il considérait comme une injustice, Lesueur
écrivit à Guillard, auteur des poèmes de ses
deux opéras, retiré à la campagne, et réclama
son appui ; mais ce littérateur, fatigué des tra-
casseries du tiiéâtre, répondit avec indiftérence.
Ce fut alors que parut un écrit de Lesueur qui
amena une rupture éclatante entre lui et Sarrelte,
directeur du Conservatoire et protecteur deCatel.
Cet écrit fut le signal d'une guerre violente entre le
Conservatoire et ses détracteurs ; il a pour titre :
Lettre en réponse à Guillard sur l'opéra de la
Mort d'Adam, dont le tour de mise en scène ar-
rive pourla troisième fois authédtre des Arts,
et sur plusieurs points d'utilité relatifs aux
arisetaujk ^eZ/res; Paris, Baudoin, brumaire aux
(octobre 1801), in-S" de lit pages, avec un aver-
tissement de 24 pages. Il faut l'avouer, cet écrit
ne se fait remarquer que pnr de vaines et lon-
gues déclamations, des assertions hasardées, et
des insinuations peu bienveillantes contre plu-
sieurs artistes distingués et hommes honorables
de ce temps. A peine eut-il paru que tous les
vieux musiciens de l'Opéra et les partisans des
anciennes écoles des maîtrises de cathédrales se
réunirent autour de Lesueur pour lui former im
parti, et que plusieurs pamphlets ainsi que des ar-
ticles de journaux furent publiés contre le Conser-
vatoire, dont les brillants débuts annonçaient une
génération nouvelle d'artistes remarquables ; c'est
ainsi que, dans l'espace de peu de mois, on
vit paraître le Russe à l'Opéra, ou Réflexions
sur les institutions mxisicalcs de la France
(Paris, 1802, une feuille in-8°); urfe diatribe vio-
lente dans le Censeur des Théâtres (18 ger-
minal an x), une Lettre à M. Paisiello, par les
amateurs de la musique dramatique (Paris,
an X, in-8°) ; et la Fantasmagorie des Menus
(Paris, 1802, in-8°) , où le système d'enseigne-
ment suivi dans le Conservatoire était amère-
inenl critiqué, tandis que celui des anciennes
maîtrises était proposé comme un modèle par-
fait. Déjà Lesueur lui môme, oubliant sa position
dans le Conservatoire, avait donné l'exemple de
ce dénigrement, dans un écrit anonyme intitulé :
Projet d'un plan général de l'instruction
musicale en France ; Paris, an ix (1801), in-4°
d'une feuille. Vivement irrités de ces attaques
imprévues et multipliées, le directeur, les inspec-
teurs et les professeurs du Conservatoire firent
rédiger et publièrent une sorte de factum inti-
tulé : Recueil de pièces à opposer à divers
libelles dirigés contre le Conservatoire de
musique (Paris, an x, de Piniprimerie de P. Di-
dot), in-4°de 40 pages. Dans cet écrit, de vif-i
reproches étaient adressés à Lesueur, à l'occa-
sion de certaines expressions de sa lettre à Guil-
lard, considérées comme des attaques contre ses
collègues, et l'on y rapportait des lettres sévères
du ministre Chaptal à ce compositeur. Un ami
de Lesueur, Ducancel(t'oy(?a ce nom), fit paraître,
en réponse à ce factum un volume in-S" de 208
pages intitulé : Mémoire pour J. -F. Lesueur,
Vun des inspecteurs de l'enseignement au Con-
servatoire de musique, au conseiller d^État
chargé de la direction et de la surveillance
de l'instruction publique, en réponse à la
partie d'un prétendu Recueil de pièces, im-
primé soi-disant au nom du Conservatoire,
et aux calomnies dirigées contre le citoyen
Lesueur par le citoyen Sarrette , directeur
de cet établissement, et autres, ses adhérents,
etc., Paris, vendémiaire an xi (1802). Ce mé-
moire, malheureusement empreint d'un carac-
tère passionné, ne fut point utile à celui qu'on
voulait défendre, car, lorsqu'il parut, Lesueur
venait d'être destitué. Gerber a été trompé par
de faux renseignements lorsqu'il a dit {Neues
Lexikon der Tonkimstl.) que justice lui avait
été rendue, et que Sarrette avait perdu sa place.
Forcé de quitter le logement qu'il avait occupé
au Conservatoire pendant sept ans, ne tirant au-
cun produit de ses ouvrages, et privé de tout
revenu, Lesueur, père de famille, tomba dans la
situation la plus malheureuse, et connut toutes
les horreurs de la gêne. Je le vis alors chez Rey,
mon vieux maître d harmonie et son ami : le
souvenir du désespoir qui l'accablait n'est pas
sorti de ma mémoire.
Un événement inattendu vint tout à coup le
tirer de sa pénible situation, pour le placer au
poste le plus élevé qu'un musicien pût alors oc-
cuper en France. Depuis deux ans, Paisiello était
maître de cbapelle du premier consul Bonaparte:
des considérations de santé lui firent deman-
der sa retraite, au mois de mars 1804. N'ayant
pu le déterminer à rester près de lui, Napo-
léon lui dit de désigner son successeur, et Pai-
siello, ami de Lesueur, le présenta comme le
plus digne de le remplacer. Ce fut ainsi que de
l'excès du malheur il passa sans transition à une
position enviée par les plus grands artistes. Il
profita de sa nouvelle situation pour faire re-
présenter les Bardes à l'Opéra. Cette pièce fut
jouée en effet au mois de juillet 1804, et ob'
tint un des plus beaux succès qu'il y eût eu à ce
théâtre depuis Œdipe à Colone. La messe et .
le Te Deum qu'il écrivit immédiatement après
pour le couronnement de l'empereur lui valurent
la faveur de Napoléon, qui, ayant assisté au
LESUEUR
287
mois de décembre à une reprësentalion des
Bardes, envoya quelques jours après au com-
|)ositetir une riche tabatière avec celte inscrip-
tion : L'empereur des Français à l'auteur des
Bardes. En 1809, Lesueur fit représenter à l'O-
péra la Mort d'Adam, cause preinière de ses
chagrins passé? ; il n'en fut point indemnisé par
le succès, car le public n'accueillit qu'avec froi-
deur cet ouvrage écrit dans un système lourd,
monotone et dépourvu de charme. En 1814, après
la restauration, il fut nommé suiinlendant et
compositeur de la chapelle du roi, et eut pour
collègue d'abord' Martini, puis Cherubini. Ces
fonctions n'ont cessé pour lui qu'après la ré-
volution de juillet 1830. Élu membre de la qua-
trième classe de l'Institut de France, en 1813,
pour y remplacer Grétry, il a fait ensuite partie
de l'Académie royale des beaux-arts. En 1817,
lorsque le Conservatoire de musique a reçu une
nouvelle organisation, sous le titre d'École
royale de chant et de déclamation, Lesueur y
fut appelé comme professeur de composition, et
conserva son titre et son emploi lorsque l'école a
repris son ancien nom. Membre du jury musi-
cal de l'Opéra, depuis 1806 jusqu'en 1824, il à
fait aussi partie de celui de l'Opéra-Comique.
L'Académie royale de musique de Stockholm le
nomma un de ses membres le 22 janvier 1819,
et la Société philharmonique de Vienne lui fit
le même honneur, le 8 août 1827; enfin les Aca-
démies de Dijon, d'Amiens, d'Abbevilie et de
Tours lui envoyèrent des titres de membre as-
socié ou de correspondant. Décoré de l'ordre de
la Légion d'honneur le 17 juillet 1804, il reçut
le grand cordon de celui de Saint-Michel le
l*''mai 1821, et la croix deHesse-Darmstadt, le
22 décembre 1822. Enfin, comblé d'honneurs et
de témoignages de distinction pendant les trente
dernières années de sa vie, après avoir passé les
quarante premières au milieu de toutes les agi-
tations qui peuvent troubler la carrière d'un ar-
tiste, Lesueur a cessé de vivre le 6 octobre 1837,
à l'âge de soixante-quatorze ans.
On a vu précédemment que l'expression imi-
tative et dramatique a été le principe qui a guidé
Lesueur dans sa musique d'église. Il y a subor-
donné toutes ses pensées, et en a développé les
conséquences avec une incontestable originalité,
soit par le rhythme, soit par les formes de la
mélodie, soit par la singularité des successions
harmoniques. Les adversaires les moins indul-
gents de Lesueur n'ont pu lui refuser l'indivi-
dualité de sîon talent sous ces divers rapports;
mais, en avouant qu'il ne puisait ses inspirations
qu'en lui-même, la plupart des artistes français ,
particulièrement ceux qui se sont formés ati
Conservatoire, lui ont toujours reproché le dé-
faut d'élégance, les redites fréquentes, et les lon-
gueurs interminables de la plupart de ses ouvra-
ges. Quoique mieux disposé à reconnaître les
qualités réelles du talent de Lesueur, je dois dire
pourtant que ces critiques ne sont pas dénuées
de justesse. Dans la musique de théâtre, il a quel-
quefois saisi le sentiment dramatique avec un
rare bonheur; les Bardes et lu Caverne of-
frent des scènes entières empreintes de beautés
réelles, particulièrement l'expression des sen-
timents énergiques; mais, dans le cours d'un
opéra, la plupait de ses défauts se reproduisent
avecdes inconvénients plusgraves que dans la mu-
sique d'église, parce que les exigences de la scène
rendent bien plus sensibles la lourdeur, la mo-
notonie et l'allure languissante. Sevelingcs, qui a
fort maltraité Lesueurdans son pamphlet anonyme
intitulé le Rideau levé, lui reproche d'avoir mis
du dramatique dans ses messes et d'en avoir man-
qué dans ses opéras : quoique en apparence assez
juste, cette observation ne soutient pas un exa-
men sérieux. Le dramatique se trouve sans doute
dans la musique d'église de Lesueur, et l'on a vu
par ses propres paroles qu'il a voulu l'y mettre;
mais il est aussi dans ses drames. Si quelques
parties de ceux-ci paraissent languissantes , et ,
comme on l'a dit quelquefois, sont plus sembla-
bles à des chants religieux qu'à des mélodies
passionnées, c'est qu'il y a eu dans l'esprit du
musicien quelque dessein de vérité locale ou his-
torique qu'il faudrait examiner pour en bien ap-
précier la valeur. Sans doute, la musique théâ-
trale n'atteint son but qu'autant qu'elle émeut
avant d'être analysée; mais, si l'on peut condam-
der le système de Lesueur, ce n'est pas à dire
que son génie ne lui ait fourni de belles choses
dans cette faus.se direction où il s'égarait. A»
reste, il ne faut pas essayer de faire l'analyse des
œuvres de cet artiste en séparant les défauts
des qualités : les uns et les autres composent la
physionomie de son talent. Sa modulation était
souvent étrange, quoiqu'il n'y employât guère
que des accords consonnants, parce qu'il ai-
mait à mettre en contact des tons qui n'avaient
entre eux aucim rapport d'analogie , persuadé
qu'il était de faire revivre ainsi les formes de la
musique antique. Au lieu d'étudier celle-ci dans
le peu de monuments historiques" parvenus jus-
qu'à nous, il l'avait refaite d'après un système
qui n'avait de base que dans son cerveau ; ce
qui n'empêchait pas qu'il eût une foi robuste
dans cette musique antique, fruit de son ima-
gination, comme s'il l'eût reçue toute faite des
mains des premiers habitants du monde. Sa
partition de la Mort d'Adam est , à cet égard.
288
LESUEUR — LÉTE
un moiiument UDicfue dans l'iiistoire de l'art.
Cliaqiie page est surdiargée de notes écrites tan-
tôt en français, tantôt en italien, où il offre ses
propres idées comme des clianls des patriarciies.
ll.y parle incessamment de la nécessité de mettre
dans l'exécution la simplicité des accents de ces
premiers hommes de l'Orient, et il en indique
les diverses nuances avec autant de confiance que
s'il eût réellement entendu ces mélodies de l'an-
tiquité la plus reculée, avec les traditions cer-
taines sur la manière de les rendre. Et remarquez
que, selon toute apparence, la vérité est préci-
sément dans le contraire de ce qu'a imaginé
Lesueur; car tout ce qui nous est venu de ren-
seignements sur la plus ancienne musique de
l'Inde et de l'Arabie, depuis les recherches de la
société asiatique de Calcutta, de Villoteau et
d'autres savants, démontre qu'au lieu d'être sim-
ples, les chants orientaux qui remontent à plu-
sieurs milliers d'années étaient surchargés d'or-
nements. Lesueur s'est occupé toute sa vie de
l'histoire de la musique ; mais il la faisait à son
gré, au lieu de l'étudier.
Dans la liste de ses ouvrages, on remarque :
I. Opéras, l** La Caverne, drame lyrique en trois
actes, représenté au théâtre Feydeau, en 1793,
gravé en partition, Paris, Naderman. — 2° Paul
et Virginie, drame lyrique en troisactes,au môme
théâtre, 1794, partition gravée, ibid. — 3'' Télé-
maque dans Vile de Calypso, en trois actes, au
même théâtre, 1796, partition gravée, ibid. —
4" Ossianou les Bardes, grand opéra en cinq ac-
tes, à l'Opéra, 1804, partition gravée; Paris, Ja-
net. — 5" V Inauguration du Temple de la Vic-
toire, divertissement en un acte (en collaboration
avec Persuis), à l'Opéra, 1 807 . — 6° Ze Triomphe
de Trajan (avec le même), 1&07. Lesueur n'a
écrit qu'un petit nombre de morceaux pour cet ou-
vrage. — 1° La Mort d'Adam et son Apothéose,
grand opéra en trois actes, à l'Opéra, 1809, parti-
tion gravée. — 8° Tyrtée , en trois actes, reçu à
l'Opéra en 1794, mais non représenté. — %° Ar-
iaxerce, en trois actes, reçu à l'Opéra en 1 80 1 , mais
non représenté. — \0° Alexandre à Babylone, en
trois actes, reçu en 1823, mais non représenté. —
IL Musique religieuse. Lesueur a écrit 33 messes,
motets et oratorios , tant pour le service des
églises où il a été maître de musique, que pour
la chapelle de l'empereur et du roi. De toute
cette musique, il a fait graver : 11° Messe ou
Oratorio de ISoél; Paris, A. Petit, 1826. —
12° Messe solennelle, à 4 voix, chœur et orches-
tre ; Paris, chez l'auteur, 1827. — 13° Deborah,
oratorio; ibid., 1828.— 14° Trois Te Deum;
ibid., 1829. — 15° Trois motets sous le titre d'O-
ratorios pour le carême; ibid., 1829 à 1833.
— 16° Deuxième messe solennelle ; ibid., 1831.
— 17° Marche du Couronnement de VEmpe-
reur, à grand orchestre. Elle a été gravée pour
le piano. — 18° Musique pour la fête du l" ven-
démiaire an IX, exécutée aux Invalides par 4 or-
chestres, non publiée. Outre les écrits indiqués
précédemment, Lesueur a fait aussi pour la tra-
duction française d' Anacréon, du professeur Gail,
ime Notice sur la Mélopée, la Rhythmopée
et les grands caractères de la musique an-
cienne. Ce morceau ne doit être lu qu'avec dé-
fiance, car Lesueur s'est trompé presque sur tous
les points importants de son sujet. On a aussi
de lui une Notice sur Paisiello, Paris, 1816,
in-8''; elle a été imprimée dans la deuxième
année des Annales de la musique, par Gar-
deton (pages 175 à 204 ). L'Académie royale des
beaux-arts, de l'Institut de France, qui s'occupe
depuis longtemps de la rédaction d'un Diction-
naire technique et historique de ces arts, avait
chargé Lesueur du travail relatif à la musique;
les articles nombreux qu'il a écrits pour cet ou-
vrage m'ont été communiqués par la commis-
sion du Dictionnaire, et j'y ai vu avec regret que
Lesueur a remplacé presque partout les faits
réels de l'histoire par ses vues particulières,
contredites en général par les monuments. Je
présume que l'Histoire de la musique qu'on a
cru trouver dans ses papiers, et qui a été an-
noncée par Berlioz dans la Gazette musicale
de Paris ( ann. 1837 ), n'est que ce travail entre-
pris pour le Dictionnaire des beaux-arts. Dans
les observations qui couvrent toutes les pages
de la partition de la Mort d'Adam, Lesueur a
renvoyé pour les éclaircissements de ses notes
à un Traité sur la musique en général et sur le
caractère de la musique antique, en particulier,
dont il annonçait en 1822 la publication comme
prochaine, mais qui n'a point paru.
LETA (D. Anaclet de), étudiant en musi-
que à l'université de Salamanque, dans la seconde
moitié du dix-huitième siècle, est auteur d'un écrit
qui a pour titre : Carta laudatoria a Dom Vi-
cente Adan, en accion de gracias para la
publicacion de su obra intitulada : Documen-
tos para instruccion de mùsicos. En Madrid,
1786, petit in-8° de 80 pages.
LÉTE (Nicolas-Antoine), facteur d'orgues,
né à Mirecourt, le 19 mars 1793, est fils d'un mar-
chand d'instruments de musique de pacotille qui
se fabriquent dans cette ville. Les ouvriers qui
travaillaient pour son père lui apprirent l'art de
fabriquer des orgues à cylindres. A l'âge de
vingt et un ans, il se rendit à New-York avec un
assortiment d'instruments, en compagnie de trois
associés. Il parcourut pendant sept années les
LÉTE — LEVASSEUR
2S«)
États-Unis d'Amérique, puis la Havane, où il
répara quelques orj^ues, et enfin revint en France
ne possédant qu'une instruclion assez imparfaite
de la construction des orgues. Arrivé à Paris
en 1821, il fréquenta les ateliers de quelques
fecteurs, particulièrement ceux de Sébastien Érard
où il vit construire l'orgue «pii fut mis à l'expo-
sition du Louvre, en 1823, et celui qui, plus
tard, fut fait pour la chapelle des Tuileries.
En 1829, il fit pour l'église de Saint-Leu, près
de Paris, un orgue d'accompagnement avec un
clavier transpositeur. En 1832 il se retira à Mire-
court avec l'intention d'y vivre de sa modeste
fortune ; mais l'activité qui règne dans ce centre
de la lutiierie de commerce changea ses résolu-
tions et le lit rentrer dans la fabrication des orgues.
Il monta un établissement important d'où sont
sorties environ quatre-vingts orguesà cylindres, et
vingt-trois grandes orgues d'église, au nombre
desquelles on remarque celui de Saint-Pierre, à
Bar-sur-Aube, composé de 42 reyislres; celui
d'Annecy en Savoie avec trois claviers à la main,
pédales et 34 jeux, dont un 10 pieds ouverts et 3
bourdons de IC; l'orgue de Nantua, à 3 claviers,
pédales, et45 jeux, avec 4 pédales d« combinai-
sons.
LETEIXDART (N.), professeur de piano,
né à Paris en 1770, reçut des leçons de l'orga-
niste Balbâlre, dont il a été considéré comme le
meilleur élève, et a lui-même formé quelques
artistes distingués. Il a fait entendre dans les
concerts |)liisieuis concertos et des sonates pour
son instrument; mais ces morceaux n'ont pas
été publiés. Cet artiste est mort à l*aris, vers
1820.
LETTiVER (François-Xavier) , pasteur à
Vohebourg, en Bavière, naquit à Pl'affenliofen ,
le 12 janvier 1760. Après avoir commencé son
éducation littéraire et musicale au séminaire du
couvent d'Indersdorf, qui depuis lors a été sup-
primé, il entra au Lycée de Munich, où il acheva
son cours de latinité. Il y apprit aussi à jouer de
plusieurs instruments, et les éléments de l'har-
monie et de la composition. Pendant plusieurs
années qu'il demeura à Ingolstadt pour y étudier
la théologie, il exécuta dans plusieurs concerts
des concertos de violon, et y fit applaudir sa
dextérité. Il s'est fait connaître avantageusement
par la composition de deux messes à 4 voix, avec
accompagnement de deux violons, viole et orgue,
lithographiées en 1803, à Munich, chez Senne-
felder.
LEUCONEUS (Philippe), musicien de la
Bohême, fut pasteur dans un village près de Pra-
gue, vers la fin du seizième siècle. Il a publié
de sa composition des litanies en langue bohème
lilcjGU. IMV. DES MUSICIENS. — T. T.
avec les mélodies, sous ce titre : Scdmerij zpusvb
spywany litanie. Prague, I6!K), in-4'', f* par-
tie. La deuxième partie a paru en 159t.
LEUTIIARD (Jean-Damil), claveciniste et
compositeur, lié à Ileilsberg, près de Rudolstadt
le 14 juin 1700, apprit en 1723 à jouer du cla-
vecin chez Vogler, organiste nnomiiié de ce
temps, puis étudia le violon et la composition
chez Giaff, maître de chapelle à Rudolstadt.
Eu 1730, il entra aii.servicedu duc de Saxe-Wei-
mar, en qualité de copiste et, vers le même temps,
il commença à composer pour le clavecin. Devenu
valet de chambre du prince héréditaire de Ru-
dolstadt, en 1735, il fut attaché à sa musique;
puis il entra comme musicien dans la chapelle
du margrave de Brandebourg. Depuis 1741 jus-
qu'en 1755, on a imprimé de sa composition
quatre œuvres de pièces pour le clavecin.
LEUTHOLDÏ ( Jean-Godefroy), célèbre
fabricant d'instruments de cuivre, né en Saxe,
mort vers 1780, s'est fait une réputation brillante
dans la seconde moitié du dix-huitième siècle, par
la bonne qualité de ses cors, trompettes et trom-
bones
LEUTWEIIV ( Chrétien-Louis ), pasteur
dans le Wurtemberg, mort le 23 juillet 1799,
est auteur d'un livre qui a pour titre : Versuch
einer richligen Théorie von der biblischen
Verskunst, etc. (Essai sur la théorie de la poésie
bihliiiue, etc.) Tubingiie, 1777, in-S". Il y explique
les divers rhUlimes de la poésie et l'usage des
accents musicaux des Hébreux.
LEVA ( Bentivoclio ) , organiste de l'église
de Saint-Étienne à Isola délia Scala, naquit à
Vérone en 1587. On connaît de sa composition
un ouvrage intitulé Messe e Moteiti concer-
tali a ire e quatro voci; in Venezia, presso
J. Vincenti , 1C19, in-4''. Leva indique le lieu
et l'année de sa naissance dans l'épîlre dédi-
catoire, où il se dit Veronese et âgé de trente-
deux ans.
LEVA SSE UR (Pi erre-François), dit r^2we,
violoncelliste, né à Abbeville, le 11 mars 1753,
fut d'abord destiné à la prêtrise, et fit des études
pour entrer dans les ordres. A dix-huit ans, il re-
nonça à l'état ecclésiastique pour se faire musi-
cien. Pendant trois mois il reçut des leçons d'un
maître obscur nommé Belleval ; puis il étudia seul
le violoncelle. Arrivé à Paris vers 1782, il y reçut
quelques leçons de Dupoi t aîné, dont il imita la
manière et acquitta belle qualité de son. En 1789,
il joua des concertos de Duport jeune au con-
ccrtspirituel ; plus tard il se fit entendre aux Con-
certs du théâtre Feydeau. Entré à l'orchestre
de l'Opéra en 1785, il obtint sa pension de
retraite en 1815, après trente ans de service,
19
290
LEVASSEUR — LtVEiSS
«t à l'âge de soixante-huit ans. Il est nnort peu
<le temps après. On connaît de Levassenr : l" Six
duos pour deux violoncelles, op. 1 ; Paris, Leduc.
— 1° Six idem , deuxième livre; ibid-
LEVASSEUR ( Jean'-Henri ), dit le jeune,
pour le distinguer du précédent, quoiqu'ils ne
fussent pas de la môme famille, naquit à Paris,
vers 1765. Élève de Ciipis pour le violoncelle,
il reçut aussi des leçons de Louis Duport. En 1789
il entra à l'orchestre de l'Opéra, où il occupa en-
suite la place de premier violoncellejusqu'en 1 823.
Désigné conmie professeur du Conservatoire de
musique à l'époque de sa formation, il y ensei-
gna pendant trente-huit ans. Ses principaux élèves
ont été Lamarre, Baudiot et Norblin. Levasseur fut
aussi attaché à la musique de l'empereur Napo-
léon, puis à la chapelle du roi. Il est mort à Paris,
en 1823. Parmi le petit nombre de compositions
de cet artiste pour son instnmient, on remarque :
1"^ Sonates pour violoncelle, op. 1; Paris, Na-
derman. — 5° Duos pour deux violoncelles, liv.
1 el 2 ; Paris, Louis. — 3" Exercices pour le vio-
loncelle, op. 10; Paris, Langlois. Levassenr a été
un des principaux collaborateurs de la méthode
de violoncelle rédigée par Baillotet ailoptée pour
renseignement dans le Conservatoire de Paris.
LEVASSEUR ( L. ), professeur de piano et
compositeur pour cet instrument, ne m'est
connu que par ses ouvrages, parmi lesquels on
remarque : 1° Deux sonates faciles pour piano
seul, op. 4 ; Paris, Langlois. — T Trois sonates
pour piano et violon, op. 5 ; Paris, Vaillant. —
5° Sonate facile à quatre mains, op. 6; ibid. —
4° Grande sonate pour piano seul, op, 16 ; Paris,
H. Lemoine. — 5° Dix rondos pour piano seul ;
Paris, chez tons les éditeurs de musique. —
6" Un très -grand nombre de fantaisies, airs va-
riés, marches, exercices et recueils de contre-
danses.
. LEVASSEUR (Nicolas-Prosper), fils d'un
laboureur de la Picardie, est né le 9 mars 1791.
Admis comme élève au Conservatoire de Paris, le
29 décembre 1807, il entra dans la classe de chant
de Garai le 5 février 1811, et commença bientôt
après à se faire remarquer, dans les concerts du
Conservatoire, par le beau timbre de sa voix de
basse et par l'élégance de son chant, qualité fort
rare chez les chanteurs qui ont ce genre de voix.
Le 14 octobre 1813, il déhnia à ! Opéra dans la
Caravane, où il obiint le plus brillant succès.
Mais cet ouvrage était à peu près le seul à cette
époque où il put se faire entendre avec avantage;
car tout le répertoire tragique était ou trop haut
pour sa voix, ou peu favorable à l'art du chant
qu'il avait étudié suivant la méthode italienne.
On l'essaya dans qnelqnes autres rôles, où il ne
réussit que médiocrement, parce qu'il n'y faisait
point entenilre les cris que le public avait alors
l'habitude d'applaudir. Sa position au théâtre
ne répondait donc pas aux espérances que son
éducation musicale et son dibut avaient données.
Levassenr, péniblement affecté du dédain que
l'administration alfectait pour son talent, rompit
tout à coup avec elle, et partit poar Londres,
où il chanta pendant la saison de 1816. De re-
tour à Paris, il rentra à l'Opéra en qualilé de
remplacement, suivant l'expression en usage à
ce théâtre, pour désigner l'acteur placé entre le
chef d'emploi et son double. Ses succès comme
ciiunteur datent de cette époque. Lié d'amitié
avec Ponchard depuis le temps de leurs études,
il se faisait souvent entendre avec lui dans Ira
concerts ; et tous deux faisaient achnirer la pu-
reté et le fini de leur chant. En 1822, Levasseur
obtint un congé pour aller en Italie; il se rendit
à Milan, où Meyerbeer lui confia un rôle dans sa
Marguerite d'Anjou; il s'y fit applaudir, et le
succès commença à fixer sur lui l'attention de
ses compatriotes. La fin de son congé l'ayant
ramené à Paris, l'administration de l'Opéra, qui
gérait aussi l'entreprise du Théâtre Italien, le fit
entrer à celui-ci, pour y jouer en partage avec
Pellegrini et Zuchelli les rôles de basse. Après
avoir chanté cinq ans à ce théâtre, sans y pro-
duire de vive sensation, il le quitta pour rentrer
de nouveau à l'Onéra. Depuis quatre ans , Ros-
sini usait de son influence pour changer la direc-
tion de ce spectacle, et y substituer l'opéra chanté
à la tragédie lyrique, afin d'y préparer les succès
de ses ouvrages. La réforme commença par l'en-
gagement île M"*^ Cinti (Toy. M'^e DAMonFAi;) ,
et ia mise en scène du Siège de Corinthe ; cette
cantatrice excellente et Ad. Nourrit offraient de
grandes ressources aux compositeurs, mais il
fallait une véritable basse chantante, et l'on songea
à Levasseur, qui vint en effet compléter le trio,
il débuta dans le Conite Ory , en 1828; depuis
iors, le talent dont il fait preuve dans Guil-
laume Tell, le Philtre, et surtout dans Ro-
bert le Diable et la Juive , lui a procuré de
brillants succès, et l'a placé à la tête des basses
chantantes des théâtres français. En 1841 il fut
nommé professeur de déclamation lyrique an Con-
servatoire. Levasseur a pris sa retraite de l'Opéra
en 1845.
LEVEIVS (....), maître de musique de l'é-
glise méIropoHtaine de Bordeaux, vers le milieu
(îu dix-huitième siècle , a publié im livre qui a
pour titre : Abrégé des règles de l'Harmonie,
pour apprendre la Composition, avecun nou-
veau projet sur un système de musique sans
tempérament ni cordes mobiles; Boideaux,
LEVENS — LÉVÊQUE .
291
.1. Cliapuis, 1 743, in-4'' de 92 pages. Ce livre et son
auteur, méritaient d'tMre plus connus, car Levens
prouve, dans la première partie (lecct ouvrage, qu'il
était à la fois bon musicien etécrivain plus correct
que la plupart des auteurs de traités de musique.
Cette première partie est relative à la pratique de
l'iiarnionie, telle (pfelle (tait coiuiiie de son
tenq)s , et suivant les piiiicipeN de lî.uneaUj qu'il
n'a pas cependant toujours l)ien entendus et
qu'il contredit quelquefois. On y trouve trois ciia-
pitrescontenanldes règles pour composer à deux,
trois, quatrectcinq parties, qui renferment de bons
principes. La seconde partie, où se trouve l'exposé
du nouveau système, est la plus importante de
l'ouvrage par son objet, quoique la théorie en
soit fausse. Telle qu'elle est, Levens est le pre-
mier qui l'a présentée, et il a rai&on de dire, dans
sa préface, qull est inventeur à cet égard. Il
avait remarqué que la progression harmonique
ne peut engendrer une gamme diatonique com-
plète, la quatrième note n'en étant pas nécessai-
rement le produit ; car, dit-il, aucun des nombres
de cette progression ne saurait en trouver d'autre
qui soit avec lui dans la proportion de 3 à 4, qui
est celle de la quarte. 11 propose, à cause de cela,
d'avoir recours ji la progression arithmétique,
conjoiu'tement avec la progression iiarmonique,
celle-ei en montant, l'autre en descendant, et il
divise d'après ces progressions deux cordes qui
lui donnent pour produit une série de sons ascen-
dante qui est celle des instruments harmoniques
tels que le cor et la trompette, c'est-à-dire avec
le septième degré abaissé d'un demi-ton et sans
note sensible. Procédant d'une manière inverse
pour la deuxième corde par progression arithmé-
tique, il trouve une série descendante qui lui
donne le quatrième degré et le système abaissé
d'un demi-ton. Les deux séries, mises en rap-
port, offrent le tableau suivant :
IT
UT
SOL
UT
MI
SOL
SI bémol
UT
RE
MI
I
1
I
I
-?
I
H
1
H
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1
J^
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§
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9
lO
UT
UT
KA
UT
LA
bémol
FA
RE
UT
si
béiuol
LA
bémol
Levens trouvait dans son système trois tons
différents, savoir : le ton viajeur, dans la pro-
portion de 7 à 8; le ton parfait , dans celle de
8 à 9; et enfin, le ton mineur, dans celle de
9 à 10. Par l'expérience qu'il en a faite, dit-il, il
résulte de cette diversité de tons une variété fort
agréable. Pour compléter l'échelle chromatique,
il ne lui restait plus qu'à diviser le ton majeur en
deux demi-tons inégaux dans les propoilions de
14 à 15, et de 15 à 16; le ton parfait en deux
autres demi-Ions dont les proportions sont de
16 à 17 et de 17 à 18 ; enfin le ton mineur en
deux demi-tons comme 18 à 19, et 19 à 20.
Le défaut de ce système, défaut capital et qui
Iç fait crouler par sa base, c'est qu'il ne répond
à la constitution d'aucune tonalité; mais on doit
avouer qu'il est fort ingénieux et qu'il peut exci-
ter quelque intérêt, si on ne le considère que
comme une curiosité spéculative. Vingt et imans
après la publication de l'ouvrage de Levens, Bail-
iière (voyez ce nom) (it paraître une théorie de
la musique basée sur les sons harmoniques du
cor et sur là progression arithmétique; plus tard
1 abbé Jamard développa cette dernière ( voyez
Jamard); mais ni l'un ni l'autre n'ont fait men-
tion des travaux antérieurs de Levens.
r A
LEVEQUE ( Jean-Guillaume ) , Français
d'origine, né à Cologne, en 1759, quitta le lieu de
sa naissance à l'âge de trois ans, pour aller à
Paris avec ses parents. On lui fit faire des études
pour qu'il pût succéder à un oncle- qu'il avait à
Paris, et qui y possédait un bénélice. Il eut aussi
un maître de violon qui lui fit faire de si rapides
progrès dans la musique et dans l'art de jouer
dé cet instrument, que le jeune Lévêque prit la
résolution d'abandonner la théologie pour cet art,
! et qu'il quitta secrètement la maison de son père.
j Après quelques voyages dans les provinces de
France, où il donna des concerts, il se rendit en
Allemagne, et accepta la place de maître de con-
certs chez le prince d'Œttingen-Wallerstein.
Quelques années après, il fut appelé chez le prince
de Nassau- Weilbourg, pour y remplir les mêmes
fonctions. La guerre qui suivit la révolution fran-
çaise ayant obligé ce prince à supprimer sa mu-
sique, Lévêque voyagea de nouveau , visita la
Suisse, où il séjourna deux ans, puis l'Autriche
et la Hongrie. A son retour, il s'arrêta à Passau,
où le prince-évêque le nomma son maître de
concerts. Treize ans après, il entra au service de
la maison de Hanovre. Après l'institution du
royaume de Westpbah"e, son emploi fut supprimé,
mais il garda le titre de maître de concerts
jusqu'à sa mort, qui arriva vers 1816. Cet atH^Ig
id.
2t)2
LÊVÊQUE — LÉVESQUE DE LA RAVALIERE
a joui de la réfutation d'un des violonistes les
pins agréables de l'Allemagne; on vantait surtout
sa manière élégante et gracieuse de pliraser. On
connaît sous son nom plusieurs solos, duos, trios,
quatuors et concertos; mais la plupart de ces
compositions sont restées en manuscrit.
LEVERIDGE (Riohard), clianteur de l'o-
péra anglais, né en 1669 , fut attaché comme
basse chantante au tiiéàtre de Lincoln' s- Inn-
Fields depuis 1698 jusqu'en 1717. Sa voix était
étendue et d'une puissance peu commune ; mais
les écrivains anglais avouent qu'il chantait sans
goût. Il n'avait point reçu d'éducation , et ses
manières étaient grossières ; mais son esprit na-
ture! et sa gaieté le faisaient rechercher dans les
clubs et assemblées joyeuses, et lui avaient pro-
curé beaucoup d'amis. Vers 1726, il ouvrit un
cafë où se réunissaient beaucoup d'amateurs de
ses chansons ; mais il parait que cette vogue ne
fie soutint pas et que ses affaires ne prospérèrent
point; car un médecin de la cité ouvrit, dans la
vieillesse de ce chanteur émérite, une souscrip-
tion pour une pension annuelle , qu'il continua
de recevoir jusqu'à sa mort, arrivée en 1758; il
était alors âgé de près de quatre-vingt-dix ans. Le-
veridge avait composé tous les airs de son rôle
<lans le drame musical arrangé parMotteaux, sous
le litre de /ndionPmicess (la Princesse indienne) ;
l'opéra Pyramus and Thysbe , représenté
en 1716, était entièrement de sa composition.
Quelques auteurs anglais disent que les mélodies
dusecondactedeMacfteiA, publiées dans l'édition
de Shakspeare donnée par Rowe, sont de Leve-
lidge; mais il est plus vraisemblable qu'elles ont
été composées par Mathieu Lock. Leveridge a
publié en 1727 un recueil de ses chansons avec
la musique, en deux petits volumes bien gravés.
11 a été gravé à Londres deux beaux portraits
de cet artiste.
LÉVESQUE ou LÉVÉQUE (1) (...), basse-
taille de la chapelle du roi, figure sur l'état du per-
sonnel de cette chapelle, depuis 1 7 59 jusqu'en 1781.
En 1763, il avait été nommé raaîlre de musique
des pages de la chapelie de Louis XV. C'est pour
l'éducation musicale de ces jeunes gens que Lé-
vesque recueillit avec Bêche, haute-contre de la
musique du roi et sous-maître à l'école des pages,
les leçons dont la réunion forme la compilation
connue sous le nom de Solfèges d'Italie. La pre-
mière édition, gravée par Heina, parut en 1768,
sous ce titre : Solfèges d'Italie, avec la basse
chiffrée par Léo, Durante, Scarlatti, Nasse,
Porpora, etc. Bailleux en donna une édition
(0 Le nom est écrit des deux mani{:res lur le» ëtaFs de
ta cliai>elle dn luI.
I plu3 correcte, et depuis lors il en a été publié
plusieurs autres à Paris, à Lyon et à Vienne, lians
certains hvres sur la musique, fabriquéi en France
avec beaucoup de légèrelé , on accorde à cette
compilation la qualité d'excellente, et pourtant
il était difficile de la faire plus mauvaise. La clas-
sification des leçons est absolument vicieuse, soit
sous le rapport des tonalités, qui ne s'enchaînent
point par ordre d'analogie, soit sous celui des
difficultés, qui ne sont point graduées. Beaucoup
de leçons y sont d'ailleurs beaucoup trop élevées
pour les voix de dessus auxquelles on les a don-
nées, parce qu'elles ont été composées originaire-
ment pour le ténor. L'harmonie de plusieurs de
ces leçons est d'ailleurs trop n'ai écrite pour
I être des maîtres à qui on les attribue. Il est re-
marquable qu'aucun des solfèges donnés dans ce
recueil sous le nom de Porpora ne se trouve dans
le manuscrit original des leçons de ce célèbre
musicien qui m'a été donné en 1810 par Asioli,
et qu'aucune de celles-ci n'est dans la compilation
de Lévesque et de Bêche : un boa recueil de sol-
fèges d'Italie est encore à faire.
LÉVESQUE (Pierre-Charles), littérateur,
néàParis,Ie26marsl737,niortdans la même ville,
le 12 mai 1312, fit ses études d'une manière bril-
lante au collège Mazarin ; puis, à la recommanda-
tion de Diderot, il fut nommé, par l'impératrice
de Russie, professeur de belles lettres à l'école
des cadets nobles de Pétersbourg, en J773. C'est
dans cette ville qu'il recueillit les matériaux de
son Histoire de Russie, qui, avec sa traduction
de Thucydide, composent ses plus beaux titres
au souvenir de la postérité. De retour en France,
en 1780, il obtint une place de professeur au
collège royal, puis entra à l'Académie des inscrip-
tions et belles-lettres. La révolution lui fit per-
dre ses emplois; mais, en 1707, il fut désigné
comme membre de l'Institut. Parmi ses nom-
breux écrits, on remarque ceux-ci, où il a
traité de la musique des Grecs : 1° Considéra-
tions sur les trois poètes tragiques de la
Grèce ,• Paris, 1797,in-8''. — T Études de l'his-
toire ancienne et de l'histoire de la Grèce ;
Paris, 1811. b vol, in-S".
LÉVESQUE DE LA RAVALIERE (1)
(Pieure-Alexandre), savant littérateur, né à
ïroyes, le 6 janvier 1697, était fils d'un greffier
de l'élection de cette ville. Il alla faire son cours
de droit à Orléans, puis revint dans ses foyers en
1726, avec le projet de succéder à son père dans
l'emploi de celui-ci. Mais bientôt le dégoût que
11) Forkel, Gerber, et d'après eux tous ies copistes, ont
cite cet écrivain &ous le num de La RnvaUére, et en ont
[ait un Ovèque.
LÉVESQUE DE lA RAVALIÈRE — LEWALD
293
lui inspirait le fravafj du grerPe, et des cliagrins
d'amour, le décidèrent à se rendre à Paris pour
cultiver les lettres. Ses travaux relatifs à l'his-
toire l'ayant fait connaître avantageusement, l'A-
cadt^iie des inscriptions et belles-lettres l'admit
an nombre de ses membres en 1743. Un rhume
ni^gligé le conduisit au tombeau, le 4 février 1762,
à l'âge de soixante-cinq ans. Il avait épousé la
fille d'un conseiller au parlement de Metz ; et
c'est d'un fief qui appartenait à sa femme qu'il
prit le nom de La Ravalière. Lévesque est par-
ticulièrement connu par l'édition qu'il a donnée
des Poésies du roi de Navarre; Paris, Guérin,
1742, 2 vol. in-12. Ces poésies sont, comme on
sait, les chansons de Thibaut, comte de Cham-
pagne, qui fut appelé au trône de Navarre, au
mois d'avril 1234. Parmi les pièces dont Léves-
que les a accompagnées, on remarque un bon
discours sur l'ancienneté des chansons, avec
quelques détails sur la musique. A la fin du
deuxième volume, il a placé plusieurs airs notés
de ces anciennes chansons, mais complètement
défigurés; Lévesque s'est servi de manuscrits m-
corrects, ou n'a pas connu la valeur des signes^
LEV^E-TT (.-.), musicien anglais, vivait à
Londres dans la seconde moitié du dix-huitième
siècle. On a publié sous son nom : 1° Iniroduc-
tory lessons on singing, pariicularly on psal-
modij, to which are annexed several Psalm-
f ««es (Leçons élémentaires sur le cliant, parti-
culièrement sur la psalmodie, auxquelles sont ajou-
tées différentes mélodies de psaumes à quatre par-
ties). Londres, Preston. — 2° Newyear's Anihems
(Nouvelles antiennes de l'année); ihid. —
3° Hynin for Easter day ( Hymne pour le jour
de Pâques); ibid. — 4° Hymn for Christmas
day (Hymne pour le jour de Noël); ibid. —
6° Hymn for Whitsunday (Hymne pour la
Pentecôte), ibid.
LEVEZOW(Le chevalier Conrab DE),
savant antiquaire allemand, conservateur du mu-
sée de Berlin, actuellement vivant, ne m'est connu
que par ses excellentes dissertations latines et
allemandes sur divers sujets d'antiquité et d'ar-
chéologie, ainsi que par son catalogue raisonné
des vases grecs du musée de Berlin. Il est sin-
gulier que les diverses éditions du Lexique de
la conversation publiées à Leipsick , ni les
recueils biographiques allemands ne fournis-
sent aucun renseignement sur cet homme de
mérite. Il doit être né vers 1770, car son pre-
mier ouvrage a paru en 1795. Parmi ses pro-
ductions, on trouve une notice sur la cantatrice
de la cour de Prusse Marguerite Louise Schick,
intitulée : Lcben und Kunst der Frau Marga-
retha Luise Schicli, Kœnigl. Preuss-Kammer-
sxngerinn; Berlin , Dunker et Humbold, 1809,
in-S".
LEVI (M™«), née en Bretagne, vers 1715, ac-
quit un talent très-remarquable sur le par-dessus
de viole, et se fit entendre avec un brillant suc-
cès au Concert spirituel en 1745. Elle tirait de
cet instrument des sons doux et purs, et exé-
cutait de grandes difficultés avec beaucoup d'ai-
sance. Celle dame a fait graver à Paris 6 solos
pour pardessus de viole, in-fol. obi., chez Le-
clair.
LEVI ( Samuel ), compositeur dramatique,
né à Venise, en 1813, de parents Israélites, a
donné en 1837, au théâtre de la Fenice, son
premier opéra , intitulé : Iginia d'Asti , qui
obtint quelque succès. Dans l'année suivante il
fit représenter à Trieste CAnevra degli Almieri.
On retrouve ce compositeur à Venise en 1844,
où il fit jouer Judith, opéra sérieux, qui n'eut
que trois représentations. On n'a pas d'autres
renseignements sur cet artiste.
LEVRIER DE CIIAMP-RIOIN (Gdii.-
laume-Dems-Thomas), littérateur, né à Meulau,
le 21 décembre 1749, fit ses études à Paris, et fut
placé fort jeune dans les bureaux de Tintendance
de cette ville. En 1777 , il entra à la bibliothè-
que du roi, comme employé au département des
manuscrits. Après avoir occupé cette place pen-
dant vingt ans, il eut le chagrin de la perdre^
en 1798, parce qu'il déplaisait à Legrandd'Aussy,
homme dur et fantasque, alors conservateur des
manuscrits français. Lévrier de Champ-Rion oh- ,
tint en 1800 une place d'expéditionnaire à la di-
rection générale de l'enregistrement et des do-
maines. Nommé commis d'ordre dans la même
administration, le 27 octobre 1808, il fut mis à
la retraite le 12 août 1818, et mourut aliéné,
le 10 mars 1825, à soixante-seize ans. Ce lit-
térateur a écrit plusieurs livrets d'opéras-comiques
qui ont eu du succès. Il a publié, dans le cin-
quième volume des Mélanges de littérature
étrangère, une traduction française de quatre
lettres de Métastase relatives à l'opéra italien et
à la nécessité d'y opérer une réforme. Ces lettres
ont été réimprimées sous ce titre : Lettres sur
la musique, traduites de l'italien, de Métas-
tase; Paris, 1786, in-12. Lévrier de Champ-Rion
avait rassemblé avant 1810 les matériaux d'une
Histoire générale de l' Opéra-Comique : cet
ouvrage n'a point éié publié.
LEWALD (Aiiccste), littérateur qui vivait
I à Nuremberg en 1825, a donné une traduction
j libre de l'Abrégé de l'histoire de la musique par
! filme de Bawr, sous ce titre : Geschichie der
l Musik fiir Freunde und Verehrer dicser Kxlnsii.
' Nuremberg, 1826, in-8".
294
lEWY — LIBANUS
LEW Y ( ÉDOiAno-CoNSTANTiN ), corniste de
talent, na(niit à Saint-Âvold (Moselle), le 3 mars
179fi. Son père, Élie Lewy, avait été musicien
au service dn duc de Deux Ponts. En 1812 il
entra dans la musique d'un régiment après avoir
été élève an Conservatoire de Paris, où il reçut
des leçons de Doninich pour le cor. Après la ba-
taille de Waterloo , Lewy voyagea en France et
en Suisse; il se fixa à Bàle, en 1817. Conradin
Kreutzer, qui l'avait connu dans cette ville, et
avait apprécié son talent, l'appe'a à Vienne
enr 1822, et le fit entrer au théâtre de la cour,
en qualité de cor solo. En 1834 il fut nommé
professeur au Conservatoire, et dans l'année
suivante il reçut sa nomination de premier cor
de la chapelle impériale. Il est mort à Vienne,
le 3 juin 1846. On ne connaît aucune composition
de cet artiste.
LEWY ( JosEPH-RoDOM>ME ), frère puine
du précédent et son élève pour le cor, est consi-
déré comme un des virtuoses de l'Allemagne
sur cet instrument. Après avoir été attaché pen-
dant plusieurs années à la chapelle royale de
Stuttgard, il alla rejoindre son frère à Vienne, et
devint son collègue à l'orchestre du théâtre de
la cour. En 1834 il voyagea en Russie, en Suède,
en Allemagne, en Angleterre, en Suisse, donnant
partout des concerts avec succès. En 1837 il
alla passer l'hiver à Paris, puis il accepta la
place de premier cor de la chapelle royale, à
Uresde. On connaît de cet artiste plusieurs duos
pour cor et piano.
LEYIÎAM (Christophe-Frakçois-Ambroise,
baron DE), né à Vienne, en 1777, fut un des
amateurs de musique les plus distingués de cette
ville sur le violon et le violoncelle. Vers 1803,
il s'est fixé à Naples, où il résidait encore en 1812.
On a gravé de sa composition : l" Trois cava-
tincs pour voix de soprano ; Vienne, VVeigl. —
T Trois chansons allemandes, sur des poésies
de Reisslg; ibid.
LEYMERIE ( Alexandre ), amateur de
musique à Paris, s'est fait connaître par la pu-
blication des ouvrages suivants -. r^ Variations
pour violoncelle, avec accompagnement de piano
sur l'air : Un bouquet de romarin; Paris,
Hanry. — 2° V Harmonie en dix leçons, à l'u-
sage des personnes qui veulent apprendre
à faire un accompagnement de piano, de
harpe, trio, quatuor, etc., sans faire une
étude approfondie de la musique; Paris, chez
l'auteur, 182C, in-4'' de 16 pages, avec une plan-
che de musique.
LEYSER (Georges-Sigismond), facteur d'or-
gues à Rothembourg sur la Tauber, vers la fin du
dii-septième siècle, ne fut d'abord qu'un simple
ouvrier menuisier. En 1688 il travaillait comme
tel chez un doiteur Weinlein à Rothemhomg ;
mais ses progrès furent si rapides, qu'il fut en
état de faire en 1691 non-seulement des répa-
rations considérables à l'orgue de Saint-Sébald,
de Nuremberg, mais môuie d'y ajouter un regis-
tre double de son invention, auquel il donna le
nom de Scharfonet.
L'HOSTE. Voyez HOSTE (Spirito L').
L'HOYER (Antoine) , guitariste distingué,
né en France, entra fort jeune dan> la troupe
des comédiens français au service du |)rince
Henri de Prusse à Rheinsberg. Vers 1800, il s'est
établi à Hambourg, où il s'est livré à l'enseigne-
ment de son instrument. Quelque annexes après
il s'est rendu à Paris. An nombre des œuvres
qu'il a publiés pour la guitare, on distingue :
1*" Concerto pour guitare , aven quatuor, op. Ifi ;
Hambourg, Bœhme. — 2° Airs dialogues pour
quaireguitares ; Paris, Schœnenberger. — .3° Trio
pour trois guitares, op. 29 ; Paris, Pleyel. —
4° Idem pour guitare, violon et alto; Paris, Si-
mon Gaveaux. — 5" Trois sonates pour guitare
et violon obligé, op. 17; Hambourg, Bœhme. —
6" Duo idem, op. 28 ; Paris, Pleyel. -— 7° Trois
duos pour 2 guitares, op. 31 ; Paris, S. Gaveaux.
— 8" Trois idem, op. 34 ; Paris, Frey. — 9° Six
i<lem, op. 35; Paris, Meissonnier. — 10° Six sé-
rénades faciles pour 2 guitares, op. 36; Paris,
Janet et Cotelle. — 11" Six duos nocturnes
idem, op. 37 ;Paris, Meissonnier. — 12° Plusieurs
œuvres de sonates, exercices, études, airs variés
et fantaisies pour guitare seule, Paris, chez tous
les éditeurs.
LIBAXUS (Georges), appelé Liban par
M. Sovvinski (i), mais dont le nom allemand
pourrait bien être Tt'<?/7i7-CMc/i (encens), naquit
vers 1480, à Liegnilz (Silésie). Les circonstances
de sa vie sont inconnues ; on sait seulement
.-;u'ii était prêhe , qu'il se fixa eu Pologne et fut
jirolésseur de langue et de littérature grecques à
l'université de Cracovie, où il se trouvait déjà
antérieurement à 1528. Un éloge de la musique,
attribué par Meusel (//«'. Liter. Bibliogr. Ma-
gasin, 7e liv., 1794) à Sébastien de Feiszfyn
(voy. ce nom), et, d'après lui, par Gerber,
Lichtenhal et Betker, parait néanmoins appar-
tenir à ce Libauus, si, comme le dit J. Lelewel
( Bibliographie polonaise, 1'" partie ) . on lit au
verso du titre : Per M. Georgium Lïbanum
Legnicensem, dum utriusque vmsices ele-
menta tironibus ejusdem negotii studiosis
prxlcgcrat. Cracovix excusum per Joan.
Halycz , anno Deitatis incarnatss 1540.
(1) /.es Musiciens polonais, etc., p. 368.
LIBAN L s — LIBERTI
295
Quoi q«'il en soit , voici le titre exact de
l'ouvrage dont il s'agit : De Miisica laudi-
bus oratio , seu adhortatio quxdam ad mu-
sicx sludiosos. Cul annexa est , qux in sculis
et muskx tractatus imdtorum vocuhulorum
grcccorum intcrpretatio , cum octo fonorum
proprietatibus et totidem eorum melodiis ,
tetraphonis haud inconcinnis, alque alla
nonnuUu qux scquens ostcndit paginula.
His octo ionis, tanquam auctarium, addi-
tur peregrinus, quasi post liminis reversus,
qui cum cxteris tonis, fratribussuis, in pris-
tinam redit notitiam ; Cracovise , 1540, in-8".
Au nombre des ouvrages de Libanus , Daniel
Janoçki, (|ui' en donne la liste {Janociana,
tom. J, (). 163 et sniv. ), indique une dissertation
intitulée : De accentuum ecclesiasf/contm
exquisita rotione; Crdcov\x, 1539,8 feuilles
in-8*. Cet écrit concerne Tacceutuation dans le
cliant ecrlésiaslique.
LIBER ( ANTO!?«E-JosEi'n ), né âSulzbach,
près de Ralisbonne, en 1732, apprit dans cette
ville le violon et la composition ciiez Joseph
Riepel, homme d'un mérite tiès-remarquable, et
fut ensuite placé, comme maître de concerts
et compositeur, à la petite cour de Dona-
wert, puisàRatisbonne, chez le prince de La Tour
et Taxis. Vn grand nombre de messes, de sym-
phonies et de conctitos a été laissé par lui en ma-
nuscrit. Cet artiste est mort à Ratisbonne, en ) 809.
LIBER (Woi.fgang), fils du précédent, na-
quit à Donawerf, le 31 octobre 1758. Né avec
d'heureuses dispositions, il fit de si rapides pro-
grès dans la musique, sous la direction de son
père, qu'à l'âge de huit ans il fut en état de jouer
en public un concerto de violon fort diflicile, et
avec succès. Il entra \ieu de temps après au col-
lège de Ratisbonne, pour y faire ses études lit-
téraires. Devenu bon organiste, il apprit la com-
|>osition; puis il visita plusieurs abbayes, entre
autres celle des 15énédictins de iMichelléid, qui
lui plut, et oùiKit profession, le 17 octobre 1779.
Après la suppression de ce couvent, il se rendit
à Ratisbonne, où il vivait encore eu 1817. On
connaît de sa composition cinq concertos pour
violon, quelques messes, des antiennes, et quel-
ques autres morceaux de musique religieuse.
LIBERAT! (Aktimo), né à Foligno, dans la
première moitié du dix-septième siècle, eut pour
premier maîtredeinusiqueGrégoire Ailegri(™ye:;
ce nom), ainsi qu'il le dit lui-même dans un de
ses écrits ; après la mort de ce savant musi-
cien, il passa dans i'écoie d'Horace Benevoli. Au
sortir de cette école , il fut engagé au service
delà chapelle de l'em|>eieur Ferdinand III, puis
de Léopold, son successeur. De retour en Italie,
I Liberafi obtint les places d'organiste et de maître
de chapelle de Sainte-Marie dcll' Anima, à
i Rome. Le 29 novembre 1C61, il fut agrégé au
collège des chapelains chantres de la chapelle
pontificale. En 1675, il était aussi maître de cha-
i pellede^« SantissimaTrinilàdé' Pel'eijrini,nt
de l'église dite dcllc Stimate. On ignore en quelle
année il mourut, mais on sait qu'il vivait encore
en 1685, car c'^st dans ceite année qu'il publia
son dernier ouvrage. Beaucoup de madrigaux et
d'airs composés par ce musicien existent dans
plusieurs volumes manuscrits qui appartenaient
autrefois à la famille Colonna, et qui ont passé
depuis en la possession de l'abbé Baini. Ses
oratorios sont dans les archives de Sainte-Marie
in Valllcclla; enfin on trouve quelques-uns de
ses psaumes dans une collection publiée par
Caifabri , à Rome, en 1683. Libeiati avait été
consulté par \m de ses amis sur le mérite de cinq
candidats qui aspiraient à la place de maître de
ciiapelle d'une des églises de Milan ; il répondit
par un écrit rempli de bonnes observations et de
faits intéressants pour l'histoire de la musique.
Ce morceau, qui a été publié, a jjour litre : Let-
iera scritfa dal sig. Antimo Liberali in ris-
posta ad_ nna del sig. Ovidlo Persapegi ,
Rome, 1084, in-4°. Liberati a laissé aussi un
Epllome istorico delta musica, qu'il clédia au
pape Alexandre VII, ttqui se trouve aujourd'hui
en manuscrit dans la bibliothèque de l'illustre
maison Chiggi, à Rome. On lui doit aussi une
défense d'un passage du troisième trio de l'œu-
vre deuxième de Corelli, publiée sous ce titre :
Letlera sopra nn scgiiilo di quinte ; Rome,
1685. Enfin, le même musicien est auteur d'un
Raggualio dello data del Coro délia cappella
pontificia, qui se conserve dans les arcliives de
l'église Sainte-Marie i7i ValUcrJla. Adami a
donné le portrait de Liberati dans ses Osser-
vaùonl per ben rcgolare il Coro delta cap-
pella pontificia (page 200). Hawkins a repro-
duit ce portrait dans son Histoire générale de la
musique ( tome 4, page 226 ).
LIBERT ( Henui ), organiste de l'église cathé-
drale d'Anvers, né à Groniugue, dans la seconde
moitié du seizième siècle, a eu de la réputation
comme compositeur et comme exécutant , vers
1020. On a imprimé de lui un recueil de motets
à quatre et cinq voix, intitulé : Contioncs sacrx
et suavissimx cum vocibus quatuor et quinque
compositx ; Anvers, P. Phalèse, 1621, in-4° obi.
On trouve le portrait de ce musicien dans l'œu-
vre de Vandyck.
LIBERTI (Vincent), compositeur, né à
Spolette, dans la seconde moitié du seizième
siècle, paraît avoir vécu à Venise au commeii-
296
LIBERTI — LICliTENSTEIGER
cernent du dix-septième. Ses ouvrantes connus
sont : i° Il primo libro di Madrigali a cin-
que voci. In Venetia , apprcssn R/cciardo
Amadino, 1608, in-4''. Ces madrigaux n'ont pas
été mis au jour par l'auteur; Giuseppe Agabito
Campelli, son concitoyen et ami, en fut IVdi-
leur, et l'on voit, dans sa dédicace au cardinal
Borghese, datée deSpolète, le 28 septembre 1607,
qu'il a recueilli ces compositions à cause du
succès qu'elles obtenaient lorsqu'elles étaient
exécutées dans la maison d'un certain signor Ce-
cilio, l'un des principaux habitants de cette
ville. — Il seconda libro di Madrigali a cin-
que voci.; ibid., 1609, in-4°. L'épître dédica-
toire au cardinal Barberino est datée de Venise
le 18 avril de la même année.
LIBOIM ( Philippe) (1), né de parents fran-
çais, à Cadix, le 17 août 1775, apprit en cette
ville les éléments de la musique et du violon.
Ses progrès furent rapides : à l'âge de quatorze
ans, il jouait déjà si bien de l'instrument qu'il
avait choisi, qu'on crut qu'il était destiné à |K)6-
séder un talent de premier ordre, et sa famille
prit la résolution de l'envoyer à Londres conti-
nuer ses études, sous la direction de Viotti. Six
années passées près de ce maître célèbre, et la
fréquentation des artistes distingués (ui étaient
alors réunis dans la capitale de l'Anglelerre, don-
nèrent à son talent les qualités solides par lesquelles
il se fit remarquer. Dans le même temps, il
fit aussi un cours de composition avec Cirnador.
Viotti, qui avait de l'affection pour son élève, lui
fit exécuter des concertos dans quelques concerts
publics, et joua même avec lui ses symphonies
concertantes à Haymarket. Lorsque Haydn alla
composer à Londres ses grandes symphonies,
Libon eut l'honneur de lui être présenté, et c«
grand homme le félicita sur sa manière d'exécu-
ter ses quatuors. Passant à Lisbonne, en 1796,
pour retourner à Cadix, Libon se fit entendre à
la cour, et le prince royal de Portugal fut si sa-
lisfait de .son talent, qu'il l'attacha à son service, |
en qualité de violoniste solo. En 1798, il se ren-
dit a Madrid, où il fut engagé pour la musique
particulière du roi ; mais depuis longtemps il était
préoccupé du désîr de visiter Paris, et il aban-
donna bientôt son poste pour se rendre dans cette
ville, oui! arriva au mois de novembre 1800. Il
donna peu de temps après un concert au théâtre
de la rue de la Victoire, et s'y fit applaudir dans
un concerto de sa composition. Plus tard, il joua
aussi avec succès aux concerts de MM^nes Catalani
II) Il y a erreur dans le prénom de Pierre qu'on ,i
donné ;i cet artislean I.cxique universel de musique pu-
blié par le docteur Schilling.
et Colbran. En 1804, l'impératrice Joséphine l'at-
tacha à sa musique parliculière, et en 1810 l'im-
pératrice Marie-Louise le choisit pour accompa-
gnateur. Lors de la restauration , il conserva sa
position dans la musique particulière du roi. Cet
artiste estimable est mort à Paris, le i février
1838, à l'âge de soixante-trois ans. On retrouvait
dans l'exécution de Libon les qualités didactiques
de la belle école où il avait été élevé; mais son
jeu était dépourvu de génie; tout ce qu'il faisait
étaitde bon goût; mais on eût désiré en lui plus de
sensibilité et d'inspiration. Comme compositeur,
il s'est fait connaître par les ouvrages suivants :
1° Premier concerto pour violon (en re mineur);
Paris, Pleyel. — 2° 2""^ idem (mut); Paris,
Frey. — 3" S^e idem (en mi); Paris, Henfz-
Jouve —4° 4roe idem (ré); Paris, Momigny.
— 5° 5me idem (en sol mineur ) ; Paris, Pleyel.
— 6° 6'"e idem (en ré mineur) ; Paris , Nader-
man. — 7" Airs variés pour violon et orchestre,
op. 8, liv. 1 et 2; Paris, Pleyel. — 8* Airs variés
pour violon et quatuor ou piano, op. 12, liv. j
et 2 ; Paris , Naderman. — 9° Trois trios pour
2 violons et violoncelle, op. 3 ; Paris, Leduc. —
10" Trois idem, op. 6 ; Paris, Pleyel. — 1 1'^ Trois
grands duos concertants pour deux violons,
op. 4; Paris, Pleyel. — 12° 30 caprices pour violon
seul, op. 13; Paris, Janet. — 13° Deuxième re-
cueil d'airs variés pour violon et quatuor, op. 12;
Paris, Naderman.
LICH^'OWSKI (Le prince), amateur dis-
tingué de musique, pianiste et compositeur, fut
un des premiers protecteurs et des plus grands
admirateurs de Beetlioven. 11 était issu d'une
des plus nobles familles de la Pologne, et vivait
à Vienne vers la fin du dix-huitième siècle, et
au commencement du suivant. On a gravé de sa
composition sept variations pour le piano sur le
thème ISel cor pià non mi sento; Vienne, 1798.
Il avait aussi en manuscrit l>eaucoup d'antres
productions. La princesse Lichnovvski élait à
cette époque une des pianistes les plus remarqua-
bles de Vienne.
LICnXEiXAUER (....), maître de cha-
pelle de l'électeur de Trêves, vers 1730, fut en-
suite organiste à l'église cathédrale d'Osnabruck.
Il a fait imprimer : 24 Offertoria in honorem
sancti Sacra?ncnfi, gloriam Virginis mundique
coniemptmn, quatuor vocum etinstrumentis:
Augsbourg, 1736.
LICHTENSTEIGER (Jean-Ernest), mu-
sicien au service du duc de Saxe-Meiniingen, pa-
raît avoir vécu d'abord à Amsterdam, où il pu-
blia, en 1702, douze sonates pour le clavecin,
op. I. Plus tard, il lit paraître à Nuremberg deux
sonates pour le même instnimen;.
LICHTENSTEIN — LICBTENTHAL
297
LICHTEI*STEL\ (Loli>), baron DE,
compositeur dramatique et violoniste, né avant
1770, à Lalim, dans le cercle du Bas-Mein , fut
envoyé jeune à l'université de Gœtlingue ,
pour y faire ses études. Il y continua aussi à
cultiver son talent sur le violon, et acquit
sur cet instrument une habileté remarquable.
Pendant son séjour à Gœttingue, il brillait dans
les concerts dirigés par Forkel. Ses études ter-
minées, il eut lo titre de gentilliomme de la cham-
bre de l'électeur de Hanovre. Déjà, il était re-
vêtu de cette dignité lorsqu'il composa a Bamberg,
en 1795, ses premiers opéras. Vers 1798 le prince
d'Anhait-Dessau le nomma intendant du théâtre
(le sa cour et son chambellan. La situation de
ce théâtre était alors peu florissante ; le baron
de Lichfenstein fit de notables améliorations
dans le personnel des chanteurs et de l'orches-
tre, et le 26 décembre 1798 il y fit représenter
son opéra intitulé : Bathmendi, dont il avait
aussi composé les paroles. Le succès ne répon-
dit pas à ses espérances, et il se vit dans l'obli-
gation de faire de tels changements à sa pièce,
qu'il n'en resta plus que le titre et la musique.
L'année suivante, il donna un nouvel opéra, qui
avait pour titre : Die steinerite Braul (la Fian-
cée de pierre), dont le succès fut des plus bril-
lants. Lichtenslein et sa femme y remplissaient
les principaux rôles. C'est ce même ouvrage qui
a fourni le sujet de Zampa, opéra d'Hérold. Au
commencement de 1800, Lichtenslein conduisit
sa troupe dramatique à Leipsick, et y donna
quelques représentations, qui prouvèrent que
cette troupe était alors une des meilleures de
l'Allemagne, et lui valurent des applaudissements
universels. Ce triomphe lui ayant inspiré le désir
de briller sur une scène plus vaste, il se démit de
son intendance de Dessau, au mois d'août de
la même année, et se rendit à Vienne, où le ba-
ron de Braun, directeur du théâtre de la cour,
l'accueillit avec distinction et lui confia la direc-
tion de la musique de ce spectacle, ne se réser-
vant que l'administration financière. Cédant au
gojit passionné qu'il avait pour la scène, Lich-
ienstein parut souvent lui-même dans les opéras
qu'il faisait représenter ; on vantait alors l'expres-
sion de son chant, et surtout son action drama-
tique. Après les événements de la guerre de 1805,
des réformes furent faites à la cour de Vienne,
et Lichtenslein, resté sans emploi, reçut du roi
de Prusse un engagement pour la régie générale
du théâtre royal de Berliir. 11 ne quitta plus cette
ville depuis lors; mais il s'y est moins occupé de
la composition que de la traduction des o|péras
français. En 1831, il a adapté à la musique de
Guillaume Tell, opéra de Rossini, la pièce an-
glaise intitulée André Hofer. Ce travail est, je
crois, le dernier qu'il fit pour la scène. Les
compositions connues de Lichtenslein sont :
Knallund Fall (l'Éclat et la Chute) ,* opéra en
deux actes, poésie et musique, à Bamberg, en 1795.
Cet ouvrage fut d'abord représenté dans une so-
ciété particulière, puis en public. — 2" Bath-
mendi, grand opéra, à Dessau, en 1798. La
partition, réduite pour le piano, a été gravée à
Vienne, chez Weigl. — 3° Die steincrne Braut
(la Fiancée de pierre), opéra, à Dessau , 1799. —
4" La Sympathie , petit opéra, en vaudevilles,
Dessau, 1800. — 5" Endegut, ailes gui (la Fia
coirronne l'œuvre), ibid. — 6" Die deutschen
Herren in Nûrnberg, représenté à Uerlin, en 1 833.
— 7° André Hofer, parodié sur la musique de
Guillaume Tell, de Rossini. On a aussi du ba-
ron de Lichtenslein une histoire de l'Académie
dédiant de Berlin, sous ce titre : Zur Gescliichte
der Sing- Académie in Berlin; Berlin, 1843,
in-4°. Il eslmort dans cette ville, le 10 septem-
bre 1845.
LICHTENTHAL (Pierre), docteur en
médecine, compositeuret écrivain sur la musique,
naquitàPresbourg, en Hongrie, dans l'année 1780.
L'abbé Bertini dit qu'il se rendit en Italie dans
sa jeunesse, et qu'il y fit ses études de médecine
sous le docteur Frank (1) ; je n'ai pu vérifier l'as-
sertion, aucun dictionnaire biographique de ces
derniers temps ne fournissant de renseignements
sur ce savant. Quoi qu'il en soit , il demeura à
Vienne pendant plusieurs années avant qu'il
se fixât à Milan, où il résida depuis 1810
jusqu'à la fin de ses jours. On ignore le nom
du maître qui dirigea ses études musicales. Je
le vis à Milan, en 1841, et je trouvai en lui un
homme aimable, fort obligeant, aimant l'art avec
passion, peu favorisé de la fortune, mais n'eu dé-
sirant pas les avantages. Je le retrouvai dans la
même situation en 1850, mais ayant conservé sa
douce sérénité. Il m'avait promis des renseigne-
ments pour sa notice; ils ne me sont pas parvenus.
Lichtenlhal est mort à Milan, vei'S 1858. Ses pre-
mières compositions furent instrumentales ; il
a publié : 1° Quatuor pour piano, violon, alto
et basse (en la), op. 4; Vienne, Hasiinger. —
2° Trio pour piano, violon et violoncelle, op. 8,
ihid. — 5* Trio pour piano, violon et alto, ibid. —
4° Variations pour piano seul, op. 3, ibid. — 5° So-
nate (en ut) pour piano seirl ; Leipsick, Breilkopf
et Haertel. — 6° Marches pour piano à quatre
mains; Milan, Ricordi. Lichtentlial a com-
posé ou arrangé une partie des ballets intitulé.^ :
(I) Diiionario storico-critico degli scritlori dl viu-
ztca, elc. t IM, p. 2*.
298
LICHTENTHAL — LICKL
Il Conte d'Esscx, repré^enfé an théâtre de la
Scala, à Milan, en 1818; Chnene, ibid., 1820;
Alessandro , ihid., 1820., Mais c'est surtout
comme écrivain sur diverses parties de la mu-
sique qn'il s'est fait connaître avantageuse-
ment. Son premier ouvrage fut un petit traité
d'harmonie et d'accompagnement, à l'usage des
dames, intitulé : Hannonik fur Damen, oder
Kurze Anweisung die Regeln des Generalbas:
ses auf eine leicktfassUche Art zu erlernen
(Harmonie pour les dames, ou courte instruction
pour apprendre par une métiiode facile les règles
de la basse continue) ; Vienne, Hofmeister, 1806,
21 pages in-lol. obi. Cet opuscule fut suivi d'un
traité de l'influence de la musique dans les mala-
dies, publié en allemand, sous ce titre : Der musi-
kalisch Artz , oder Abhandlung von dem Ein-
flnsse derMusik aihf dcnmenschlichen Korper,
und von ihrer Anwendung in gewissen Krank-
heiten ; Vienne, Wappler et Beek, 1807, in-8° de
107 pages. Une traduction italienne de cet ouvrage
a paru à Milan, en 1811, chez Maspero; elle est
intitulée : Trattato delV influença délia mu-
sica sul corpo umano, c del suo uso in certe
malattie. Dans la même année où l'édition alle-
mande de cet ouvrage fut publiéç, son auteur fit
paraître aussi une petite méthode de composition
sous ce titre : Orpheik, oder Anweisung die
Regeln der Komposition ait f eine leichte und
fassliche Art zu erlernen ( Art d'Orphée , ou
instruction pour apprendre la composition par
une méthode courte et facile) ; Vienne, Steiner,
23 pages in-fol. obi., avec 42 pages d'exemples.
Une notice biographique sur la vie de Mozart a
été publiée par Lichtenthal; elle a pour titre :
Cenni biografici intorno al célèbre maestro
W.-A. Mozart, estratti da dati autentici. Mi-
lan, Silvestri, 1814, in-8" de 40 pages. Cette no-
tice contient quelques faits intéressants qui ne
sont pas dans celles qui avaient été publiées pré-
cédemment. Après cette publication , M. Lich-
tenthal s'est livré à la rédaction d'un dictionnaire
et d'une bibliographie de la musique ; il employa à
cet ouvrage, le phis considérable de ses travaux,
douze années de recherches. Le livre parut enfin
sous ce titre ; Dizionario e Bibliografia délia
musica; Milan, Fontana, 1826, 4 volumes in-8°.
Les deux premiers volumes renferment le diction-
naire technique et historique de l'art. Celte par-
lie du travail de M. Lichtenthal est fort estima-
ble; on y trouve un grand nombre d'arlicles où
la matière est bien traitée, et qui ne sont pas,
comme l'a prétendu un critique français , une
simple traduction du Lexique de Koch. Les deux
autres volumes contiennent la bibliographie. Les
bases du travail >>ont la Littérature générale de la
. musique, par Forkel, et le nouveau Lexique des
musiciens de Gerber. Un peu trop confiant dans
l'autorité de ces deux auteurs , surtout du premiei^,
Lichtenthal a souvent copié leurs fautes, et lui-
même y a ajouté quelques erreurs ; de plus, un
grand nombre de fautes typographiques , particu-
lièrement dans les noms propres et les dates, obli-
gent à n'user de son livre qu'avec précaution ;
néanmoins, les additions nombreuses qu'il a faites
au travail de ses devanciers, pour continuer le ta-
bleau de la littérature de la musique jusqu'à l'é-
poque de sa publication, donnent du prix à celle-
ci, malgré ses défauts et ses omissions. Une tra-
duction française des deux premiers volumes du
livre de Lichtenthal, par M. Dominique Mondo,
a paru sous ce titre : Dictionnaire de musique
par le D^. Pierre Lichtenthal, traduit et aug-
menté, etc. ; Paris, 1839, 2 vol. gr. in 8". Le der-
nier ouvrage de Lichtenthal est un traité de la
théorie du beau dans les arts , particulièrement
dans la musique ; il a pour titre : Estetica, ossia
doltrina delbello e délie belle arti.; Milan, 1 831 ,
in-8° de 435 pages. Dans la première partie de ce
livre, l'auteur traite du beau, ou de l'esthétique
en général; dans la seconde il analyse chaque
art en particulier , et spécialement la musique
( pages 210 à 272). Il s'y montre partisan du sys-
tème de l'imitation comme principe du beau. En
général, ses vues manquent de profondeur.
LICKL (Jean-Georges), né le 11 avril 1769,
à Kornneubourg, dans la basse Autriche , s'est
fait connaître à Vienne comme compositeur et
professeur de piano. Il a joui aussi de la réputa-
tion d'un organiste distingué. Parmi les opéras
qu'il a écrits pour le théâtre Schikaneder, on re-
marque : 1° Der Zaaberpfeil ( La Flèche en-
chantée). — 2* Der Bruder von Kakrau (Le
Frère de Kakrau). — 2°Astaroth,derVerfïihrer
(Astâroth le séducteur). — k° Faust Leben,Tha-
ten und Hœllenfahrt (La Vie, les aventures et
la descente de Faust aux enfers). — 5° Derver^
meinle Hexenmcister (Le Sorcier supposé). —
6° Der Orgelspieler (L'Organiste). — 7° Der
Dnrchmarsch (La Traversée). — 8° Der Bri-
gitta-Kirchtag {Le Jour de Ste-Brigitte), etc.
En 1806, Lickl a été nommé maître de chapelle
de l'église principale de Funflùrchen, en Hongrie;
depuis ce temps il a écrit beaucoup de messes,
vêpres, psaumes, motets, antiennes, hymnes,
litanies, et autres compositions religieuses, dont
il n'a été publié qu'un petit nombre. Cet artiste
est mort à Fùnfkirchen, le 12 mai 1843. Ses
principaux ouvrages gravés sont : 9° Deux suites
d'harmonies à 6 parties ; Vienne, Hasiinger. —
10° Quintette pour flûte, hautbois, clarinelte,
cor et basson ;ibld. — ir Trois grands quatuors
LICKL — LIEBE
299
pour 2 voilons, alto et violoncelle, op. 1 ; Offen-
bach, André. — 12° Trois trios pour violon, alto
et liasse, op. 17; Augsbourg, Goinbart. — 13° Trois
quatuors pour tlùte ou hautbois, violon, alto et
basse, op. 28; Vienne, Haslin^er. — 14° Quatuor
pour piano, flùle, alto et violoncelle, op. 26 ; ibid.
— 15° Trois sonates pour piano, violon et vio-
loncelle, op 2 ; Vienne, Cappi. — 16" Grande so-
nate brillante pour deux pianos, op. .30; Vienne.
Hasiinger. — 17' Sonate pour piano à 4 mains,
op. 3; Vienne, Cappi. — 18° Sonate brillante,
idem., op. 31 ; Vienne, Hasiinger. — 19° Trois
sonates pour piano seul, op. 5 ; Vienne, Artaria.
— 20° Plusieurs thèmes variés; idem. — 21° Plu-
sieurs cahiers de valses et de danses ; idem, ibid.
— 22" Litanies à 4 voix avec 2 violons, 2 clari-
nettes, 2 cors, contrebasse et orgue. No» 1 et 2 ;
ibid. — 23° Deux Regina cœli à 4 voix, 2 vio-
lons, 2 clarinettes , 2 cors, basson , contrebasse
etoigue; ibid. — 24° Deax Salve Begina à i voix
avec 2 violons , 2 clarinettes , 2 cors , basson,
contrebasse et orgue; ibid. — 25° Offertoire
pour viole solo, quatre voix, quatuor et orgue;
Vienne, Trentsensky.
LICKL (Charles-Georges), fils du précédent,
né à Vienne le 28 octobre 1801, employé dans
les bureaux de la cour impcriair', n'a point eu
d'autre maître que sou père pour la musique. Il
joue bien du phy^^harmonica. On a £;ravé de sa
composition : 1° Polijhymnia, suite de pièces
choisies pour physliarmonica ou tifile et piano,
Vienne, Meclietti. — 2° Les Quatre saisons de
l'année, poëme en musique caractéristique pour
piano, op. 17; Vienne, Cappi. —3° Les Chai mes
de Presbourg, rondo pour le piano, op. 16; ibid.
— 4° Environ dix autres rondos ou rondinos ;
idem., ibid. ~ 5° Des Variations sur différents
thèmes, idem.; Vienne, Hasiinger et Pennauer.
— 6° Des danses et des valses, idem.
LICKL (Égide-Charles) , deuxième fils de
Jean-Georges, est né à Vienne, le l*^' septem-
bre 1803. H est aussi élève de son père, et
s'est fait remarquer comme pianiste, guitari>te et
compositeur. 11 est fixé à Trieste. Ses œuvres
se composent de musique religieuse et instru-
mentale : j'ignore s'il en a été publié quelques
morceaux.
LIDL (Antoine), né à Vienne, vers 1740, a
été un des virtuoses les plus distingués sur le
baryton ou violoncelle d'amour. Il brillait encore
à Berlin en 1784; mais Burney nous apprend,
dans son Histoire générale de la musique, que
cet artiste avait cessé de vivre en 1789. On a
gravé de sa composition sept œuvres, chacun de
six pièces consistant en duos, quatuors et quin-
tettes, pour violon, flûte et violoncelle. On con-
naît aussi de lui un andante avec des variations
pour le clavecin, gravé à IJerlin en 1784 : enfm,
il a laissé en manuscrit quelques pièces pour la
basse de viole.
LIEBAU (Frédéric-Guillaume), organiste
à l'église Saint-Benoît de Qiiediinbourg, est
né le 14 novembre 1802, à Wickerode , dans
le comté de Stolherg. Il est élève de Hummcl
pour le piano, l'orgue et la composition. En
1837, il fit un voyage en Suède et (it exécuter à
Stockholm son oratorio Die Pfade zur Gottheit
(Les Voies de la Divinité). Dans la même an-
née, un autre oratorio de .sa composition, inti-
tulé nie Reue des Peirus (Le Repentir de
saint Pierre), fut exécuté à Quediinbourg. On
connaît aussi de lui des cantates, des Lie-
der, etc. Cet artiste a publié peu d'ouvrages,
mais il a en manuscrit les psaumes 90 et
146, avec orchestre, sur le texte de Mendels-
sohn, la Fêle de la musique, grande cantate,
plusieurs chants avec ou sans accompagnement,
des quatuors, des sonates et d'autres ouvrages,
pour le piano. On a imprimé de sa composition :
Les Délassements musicaux du soir, pour les
amateurs, consistant : 1° en Un quintetto pour
piano, deux flfites et deux violons, avec vio-
loncelle ad libitum. — 2° Variations sur un
thème connu, idem ; Quediinbourg, Basse. Cet
artiste est mort à Quediinbourg, le 27 juil-
let 1843, à l'âge de quarante ans et quelques
mois.
LIEBE (Chrétien), organiste à Frauenstein,
en Misnie, naquit à Frcyberg, le 5 novembre 1654.
Ses études fuient brillantes, et il apprit en peu
de temps le latin, le grec, l'hébreu elle syriaque.
Il cultivait aussi la poésie avec succès, et a
laissé, comme organiste , un grand nombre de
compositions pour l'église, qui sont restées en
manuscrit. En 1690, il fut ajipelé à Zschopau,
en qualité de recteur de l'école ; il y mourut,
le 3 septembre 1708.
LIEBE (Édouard-Louis), pianiste et compo-
siteur, né à Magdebourg, le 26 novembre 1819,
y reçut sa première éducation musicale de son
parent le professeur Schwarz. En 1841 il alla
à Cassel étudier le contrepoint, chez le directeur
de musique Baldewein. Il y reçut aussi des
leçons de composition de Spohr. Ce musicien
célèbre fit exécuter par les musiciens de la cha-
pelle ducale un psaume à 4 voix et orchestre,
et l'ouverture pour le drame de Schiller, Guil-
laume Tell, de la composition de M. Liebe.
En 1844, cet artiste fut nommé directeur de mu-
sique à Coblence, et dans la même année il
visita le midi de la Fiance avec une troupe d'o-
péra allemand ; puis il fut directeur d'une société
300
LIEBE — LIEBICH
de musique d'église à Mayence, où il écrivit une
messe solennelle, qui obtint le suffrage des con-
naisseurs. En 1846, M. Liebe fut appelée Worms
pour y diriger la société de musique ; quatre ans
après il s'est fixé à Strasbourg, comme professeur
de piano : il y était encore en 1856. On a publié
desa composition un grand nombredeZieder avec
accompagnement de piano, ou de piano et vio-
loncelle ; des ballades pour voix de basse, op. 6
et 7 ; des cbants pour des cbœurs d'hommes,
op. 8, 9 et 12 ; des fantaisies pour piano, op. 16
et 18 ; des chants sans paroles pour le même ins-
trumenl, op. 15, et beaucoup d'autres ouvrages
du môme genre. M. Lietie a en manuscrit de
grandes compositions, telles que symphonies, ou-
vertures, psaumes avec orchestre, messes, etc.
LIEBEIXWEIIV (Gaspakd), chanteur du
chœur, à la cathédrale de Grœtz, et professeur de
chant choral à la maîtrise de cette église, vers 1830,
est auteur d'un pelit ouvrage élémentaire intitulé:
Theoretisch-praktische Anleitung zum Cho-
ralgesang (Introduction théorique et pratique
au chant choral); Graelz, Keiser, 1832,in-4° de
31 pages.
LIEBER (...)» secrétaire et conseiller du
comte de Spauer, président de la chambre de
Wetzlar, mort vers 1780, a fait graver de sa
composition six sonates pour le clavecin, avec
accompagnement de violon ; Manheim, 1775.
LIEBESKIMD (Georges-Gotthilf), célèbre
flûtiste allemand, naquit à Altenbourg, le 22 no-
vembre 1732. Il n'avait que huit ans lorsqu'il
suivit à Bayreiith son père, bassoniste distingué.
Celui-ci voulait faire apprendre le basson à son
lils ; mais le jeune Liebeskind ayant montré de
l'aversion pour cet instrument et un goût pro-
noncé pour la Hùte, on lui laissa le choix de ce
dernier instrument, sur lequel il fit de rapides
progrès. A l'âge de dix-sept ans, il fut admis dans
la chapelle du margrave de Bayreuth, qui le
confia aux soins de Quanz, en 1756. Ce maître,
obligé de résider à Potsdam pour son service
près du roi, conduisit Liebeskind à Berlin, près
de Lindner, son ancien élève , et première flûte
de la chapelle royale. De retour en cette ville
dans la même année, Quanz s'occupa lui-même
à perfectionner le talent du jeune flûtiste, et
l'affection qu'ils prirent l'un pour l'autre fut si
vive, que le maître donnait deux leçons par jour
à son élève , et qu'ils ne se quittaient point.
En 1759, LiBljcskind dut retourner à Bayreuth;
il y resta jusqu'à la mort du prince ; puis il alla
à Anspach en 1769, avec tout l'orchestre de la
cour de Bayreuth. Il est mort à Anspach, en 1800.
Cet artiste n'a rien composé; mais son talent
d'exécution était si parfait, qu'il a joui d'une
réputation de grand artiste dans toute l'Alle-
magne.
LIEBESKIND (Jean-Henri), fils du pré-
cédent, né à Bayreuth, en 1768, apprit de son
père à jouer de la flûte, et fit de bonnes études
littéraires et scientifiques. Après avoir obtenu
le grade de docteur en droit, il fut nommé
conseiller de la haute cour de justice de Bavière,
à Bamberg, où il vivait encore en 1808. Amateur
distingué sur la flûte, il ne s'est pas borné au
talent d'exécution, car on lui doit une excellente
dissertation insérée dans la Gazette musicale de
Leipsick (1807, n°' 7 et suiv., 47 et suiv. ; 1808,
n"" 6 et 7), sous ce titre : Fragments d'un essai
philosopliico-pratique, non imprimé, sur la na-
ture du son et le jeu de la flùle allemande. Il
a donné aussi dans la douzième année du même
recueil un bon article sur le double coup de lan-
gue (p. 665 et suiv.).
LIEBICll (GoDEFROiD-SiGiSMOND), directeur
de la diapelle du comte de Reuss-Plauischen et
secrétaire intime du prince, naquit à Franken-
berg, en Misnie, le 22 juillet 1672. Son père,
cantor du lieu , lui enseigna les élémenls de la
musique, puis il fréquenta le collège de Baulzen,
et alla ensuite à Jéna pour étudier la médecine ;
mais son penchant pour l'art musical lui fit
abandonner cette science, et après un an de sé-
jour à l'université, il se rendit à Dresde pour
suivre sa nouvelle carrière, favorisé par une belle
voix de ténor, qui lui procura de l'emploi dans
les églises. En 1695 il obtint la position de se-
crétaire chez le comte de Reuss, à Schleifz,
dans le Voigtiand, puis il fut chargé des fonctions
de maître de chapelle. Il mourut le 1er juin 1727.
Parmi les compositions qu'il a laissées en ma-
nuscrit, on remarque : 1" Motels sur les textes
des évangiles, pour une année entière, à voix
seule, 2 violons, 2 violes et basse continue.
— 2° Une année complète de motets sur les
mêmes textes, à 4 voix et orchestre.
LIEBICH (Ernest-Jean-Gotti.ob), facteur
d'instruments à archet établi à Breslau, naquit
le 27 octobre 1796, à Reibnitz, près de Hirsch-
berg (Silésie). Son oncle, Gotffried Liebich, fa-
bricant de violons à Breslau, le reçut jeune dans
sa maison, et lui enseigna les éléments de son
état. Après la mort de ce parent, en 1812, le père
d'Ernest Jean-Gottlob Liebich, vint recueillir la
succession de son frère, et s'établit dans son ate-
lier. Ernest continua de travailler dans cette
maison, et par son activité, son application et ses
études, il parvint à établir, en 1819, une mai-
son pour la fabrication des instruments à archet,
des harpes et des guitares. Les soins qu'il don-
nait à la fabrication de ses instruments l'eurent
LIEBICH — LIGOU
301
Lfentôlfait connaître avantageusement, etsa répu-
tation franchit les frontières de la Silésie. Peu
d'artistes de ce pays jouent d'autres instruments
que ceux qui sont sortis de ses ateliers. 11 en
expédie aussi en Pologne, en Russie, et dans les
provinces prussiennes de la mer Baltique. Lie-
bicli a beaucoup étudié la construction des ins-
truments de Stradivarius et de Guarnerius ,
consultant aussi les artistes et les acousliciens
dans le but de perfectionner ses produits. Au
moment où celte notice est écrite (1862), il est
âgé de soixante-six ans et conserve l'activité
de sa jeunesse.
LIEBMAIMV (Mme Hélène), néeREISE,
amateur de musique, pianiste distinguée, est née
à Berlin, en 1796. Élève de Lauska, elle étonna
par son habileté dans un concert donné à Ber-
lin en 1806, quoiqu'elle ne fût âgée que de dix
ans. En 1814, elle s'est mariée; deux ans après,
elle s'est rendue à Londres, où elle paraît s'être
(ixte. Les compositions de cette daine se font
remarquer par un sentiment expressif et par des
traits brillants. On a gravé sous son nom :
1" Quatuor pour piano, violon, alto et violon-
celle, op. 13 ; Leipsick, Peters. — T Trios pour
piano, violon et violoncelle, op. 11 et 12;ibid.
— 3° Sonates pour piano et violon, op. y et 14 ;
ibid. — 4° Sonates pour piano seul, 3 œuvres;
ibid. — 5° Thèmes variés pour piano seul ; Vienne,
Meclietli , Artaria et Mollo. — 6° Des danses
allemandes pour piano ; Vienne , Artaria. —
7° idem ; Berlin.
LIEUTAUD (Piekbe), instituteur à Vai-
son, est né Carpentras, en 1799. On a de lui
un ouvrage intitulé : Manuel des soixante
heures musicales j méthode unique et garantie
infaillible pour apprendre soi-même et en-
seigner aux autres à lire, vocaliser, solfier
el chanter la musique, etc. ; Avignon, impri-
merie de Peyri, 1838, in-8<*.
LIGHT (E.), guitariste anglais, vivait à Lon-
dres vers la fin du dix-huitième siècle, et y a pu-
blié : The Art ofplaijing the guitar, to uhich
is annexed a sélection of the most familiar
lessons, divertissements, songs, airs, etc. (L'Art
de jouer de la guitare, etc.) ; chez Preston, 1795.
LIGIITFOOT ( Jean), orientaliste anglais,
né à Stoke, dans le comté de Stafford, en 1602,
commença ses études au collège de Morton-Green,
et les acheva à runiversîté de Cambridge- De-
venu bachelier, il fut le collaborateur de White-
head, son premier maître , et enseigna pendant
deux ans le grec dans le collège de Rapton ; puis
ayant été ordonné prêtre, il fut successivement
chapelain de lord Collon, pasteur à Hone, el en
1642 ministre de la paroisse Saint-Bartliélemy ,
à Londres , docteur en théologie en 16&2 , et
chancelier de l'université de Cambridge. Il mou-
rut à Ely, dont il était chanoine, le 6 décembre
1675. Au nombre des livres de ce savant on
en trouve un qui a pour titre : Description
of the Temple, as it stood in ihedays of our
Saviour (Description du temple de Jérusalem,
tel qu'il était au temps de notre Sauveur); Lon-
dres, 1650, I vol. in-4°. Il en a été fait une tra-
duction latine, publiées Rotterdam, 1686, iu-fol.
Dans la deuxième section du premier livre <le
cet ouvrage (chap. 7), Lightfoot traite des chan-
tres et de la musique du temple, ainsi que des
instruments qui y étaient en usage.
LIG\E (Le prince Cuarles DE), fils aîné du
prince de ce nom, si célèbre par son esprit, na-
quit au château deBelœil, dans le Hainaut,
en 1769, reçut ime éducation brillante, et entra
de bonne heure au service militaire en Autriche.
Vers 1790 il vivait à Vienne; mais ayant voulu
servir comme volontaire dans l'expédition des
Prussiens en Champagne, il fut tué dans un
combat, le 14 septembre 1792. Aussi distingué
par ses talents que par sa valeur et sa haute nais-
sance, ce prince cultivait la musique avec succès.
Il a publié à Vienne, chez Artaria, en 1791, trois
recueils d'airs français, variés pour le clavecin.
LIGNEVILLE (Le marquis Elgène DE),
prince de Conca, né près de Nancy, en 1730,
chaml)ellan de l'empereur d'Aulridie, directeur
général de la musique de la cour de Toscane, et
membre de l'Académie des Philharmoniques de
Bologne, eut un talent distingué comme amateur
de musique. En 1768, il a fait graver à Florence
un Salve Regina de sa composition, en canon
perpétuel à trois voix. Il a publié un autre Salve
Regina à 2 voix avec orgue, à Bologne, chez
Lelio délia Volpe (sans date), in-4''. Burney pos-
sédait aussi en manuscrit un Dixit à 4 voix et
orchestre de cet amateur, et l'abbé Santiui a ,
sous le même nom , un Stabat Mater, en canon
perpétuel à trois voix. J'en possède aussi une co-
pie. C'est une composition d'un mérite fort dis-
tingué et d'(me inspiration originale.
LIGOU (Piebre), né à Avignon, en 1749, fit
ses études au séminaire de cette ville, et fut long-
temps appelé l'abbé, parce qu'il avait porté le
petit collet, tant au .séminaire qu'au chœur de
l'église cathédrale. En 1769, il obtint la place
d'organiste à Alais, et conserva cette position
toute sa vie. Il y était encore , âgé de soixante-
treize ans, en 1822. Ligou a fait jouer aux petits
tliéàtres de Paris : 1° Argent fait tout , opéra-
comique en un acte. — 2° Les deux Avewgles
de Franconville, idem. Celui-ci a obtenu un
brillant succès. Ligou avait aussi en manuscrit .-
302
LIGOU - LIMNAJNDËR DE INIEUWEINHOVE
Armide, opéra en cinq actes, de Quinault, et
Samson, de Voltaire. Il a écrit des messes, des
motets, et un Te Demn, qui ont eu de la répu-
tation dans le midi de la France. Ligou était ai-
mable, bon et spirituel : il fut lié d'amitié avec
Mme BourdicViot. Quelqu'un demandait à cette
dame ce qu'elle avait trouvé de curieux dans la
petite ville d'Alais, elle répondit : Je n'y ai vu
que i'abbe Ligou.
LILIEiV (Mine la baronne Antoinette DE),
amateur de musique et pianiste distinguée, vécut
à Vienne vers la fin du dix-huitième siècle. Elle
y a (ait graver en 1799 : 1° Huit variations pour
le piano, sur le thème : Pria cli' io l'impegno.
— 1° Sep^t variations sur un thème du ballet
d'Alcine, op. 2 ; ibid., chez Eder. — 3" Neuf va-
riations idem sur un théine original; ibid.
LILIEIV (Mme la baronne JosÉPllI^E DE),
sœur de la précédente, cultiva aussi la musique
avec succès, et fit graver de sa composition :
1° Dix variations pour le piano sur le thème
d'une romance; Vienne, Eder, 1800. — 2° Dix
variations idem sur le thème : La RacheLina ,
op. 2, ibid.
LILLO (Joseph), compositeur dramatique,
est né vers 1813, à Galatina, dans la provincede
Lecce, au royaume de Naples. Entré fort jeune au
collège de musique de S. Pietro a Magella, à
Naples, il y fit toutes ses études pour le chant, le
piano et la composition. Son premier essai pour
le théâtre fut La Moglie per vendquaitr'ore ,
représenté sur la petite scène du Lycée mu-
sical. L'opéra bouffe iZ G/oieWo, du jeune ar-
tiste, fut représenté au théâtre A'uoe;o de Naples,
en 1836, et fut bien accueilli par le public. Cet
ouvrage ne fut pas moins heureux à Florence ,
en 1838, et fut remis en scène à Naples
l'année suivante. Quelques m.orceaux de cet
opéra ont été publiés avec accompagnement de
piano, à Milan , chez Ricordi. M. Lillo écrivit
en 1837 Odda di Bernauer, drame musical qui
n'eut qu'un succès médiocre à Naples, et ne réus-
sit pas mieux à Milan, en 1840. Ricordi a publié
quelques morceaux de cet opéra. En 1838, on
joua du môme compositeur Rosamunda à Ve-
nise, et dans la même année M. Lillo écrivit à
Rome Alisia di Rieux. Son opéra II Conte di
Chalais, fut représenté au théâtre Saint-Charles
de Naples, en 1840, et dans la même année il
donna à La Pergola, de Florence, La 3Iodista,
à laquelle succéda, à Naples, en iSiijL'Osteria
di Andujar, qui fut joué deux ans après à la
Scala de Milan. Cristina di Scozzia fut joué
aussi à Naples en 1841, et n'eut qu'un succès con-
testé. Après un repos de deux années, M. Lillo
donna, dans lamême ville, Lara, drame musical,
qui ne réussit pas. Je n'ai plus de renseigne-
ments sur cet artiste dans la suite de sa carrière.
On connaît de M. Lillo quelques petites pièces
pour le piano, publiées à Milan, chez Ricordi.
LIMMER (François), compositeur, pianiste et
violoniste distingué, est né à Vienne, et y a eu pour
maître le chevalier de Sey fried, maître de chapelle
de la cour. Ses premiers ouvrages ont été publiés
en 1830. Parmi ses plus importantes composi-
tions, on remarque : l-* \" quatuor pour deux
violons, alto et basse, op. 10 (en sol)\ Vienne,
Mechetti. — 2" Grand quintette pour piano, vio-
lon, viole, violoncelle et contrebasse, op. 13;
Leipsick , Breitkopf et Haertel. Un opéra du
mêmeartiste. mWiuXé Die AlpenhiUie (La Chau-
mière des Alpes), a été repre.senté en Allema-
gne, dans l'année 1845. VUniversal Lexikon
der Tonk\insi, de M. Bernsdorf, ne fournit au-
cun renseifinement sur cet artiste.
LIMAANDER DE AIEUWEIVHOVE
(Ar.mand), compositeur, né àGand,le22 mars
1814, d'une famille honorable, anoblie en 1683,
fut envoyé, dans sa jeunesse, par sa famille 3u
collège des Jésuites de Fribourg, pour y faire ses
études littéraires. Il y resta plusieurs années,
et cultiva aussi la musique. Le P. Lambillotte fut
un de ses maîtres pour cet art. De retour en
Belgique, M. Lirnnander se maria et s'établit à
Malines. Animé du désir d'y faire pro;;pérer le
goût de la musique, il y réunit quelques amis et
fonda la société Symphonique des amateurs, dont
il fut nommé directeur. Parmi les membres de
cette société, quelques-uns avaient de bonnes voix
de ténor et de basse : M. Liinnander en forma
une section chorale de cette même société qui,
pendant l'hiver de 1838-1839, commença ses
exercices. M. Lirnnander écrivit pour ces ama-
teurs des chants à plusieurs voix, qui furent les
premières bases de sa réputation, et dont il di-
rigea l'exécution avec autant d'intelligence que
de sentiment vrai de l'art. En 1841 , l'associa-
tion chorale dont il était le chef, et qui était
alors composée d'environ vingt-cinq chanteurs,
prit le titre de Réunion lyrique, ouvrit des
concours de chœurs et entra en lice avec les
meilleures sociétés chorales de la Belgique. Cette
époque est celle où les facultés de M. Limnander
pour la composition prirent leur essor; il écri-
vit une multitude de chœurs remplis d'effets
nouveaux, parmi lesquels on remarque ceux qui
ont pour titres : 0 ma charmante ! Hymne à
VHarmonie, Boléro, les Gueux de Mer, les
Enfants de la Nuit, Hymne à l'Amitié, le
Départ des Pasteurs, l'Aube du jour, la Re-
vue des Ombres, etc. Toutes ces productions
ont été gravées.
LIMNANDER DE NIEUWENHOVE — LIND
303
Ce fut au milieu de ses succès que M. Lim-
nander comprit que son instruction dans l'art
d'écrire correcfenienl la niusiqueétait incomplète.
11 vint alors demander des conseils à l'auteur
dece Dictionnaire, qui l'encouragea et lui fit faire
un cours de composition. En 1845, poussé par
le désir de travailler pour la scène, il lit un pre-
mier voyage à Paris, et, porteur de letires de
recommandation du marquis de Rumigny ,
alors ambassadeur de France à Bruxelles,
il fut bien accueilli par le roi Louis-Pliilippe et
par les principaux personnages de sa cour.
Dans une nouvelle excursion qu'il fit à Paris,
en 1846, M. Limnander obtint du succès par
l'exéculion de quelques-uns de ses chœurs, dans
lesquels il fit entendre les eflets d'un chœur a
bocca chiusa accompagnant un chant solo, effets
jusqu'alors inconnus en France. Enfin, en 1847,
M. Limnander prit la résolution de se fixer à
Paris, et le 31 mars 184311 fit jouer au théâtre de
l'Opéra-Comique L(S Motitcncgrins, drame mu-
sical en trois actes. Bien qu'il y eût encore dans
cet ouvrage un reste d'inexpérience dans l'art
d'écrire, un sentiment énergique de l'expression
dramatique s'y faisait remarquer dans les finales
du premier et du second acte et l'on y distinguait
de beaux chants et des chœurs d'un effet pitlo-
resque. Le succès de l'ouvrage fut complet .
Le Château de la Barbe-Bleue, opéra en trois
actes joué au même théâtre, le l^r décembre 1851,
fit voir que le talent de M. Limnander avait
fait de grands progrès dans l'art d'écrire et d'ins-
trumenter. Si cet ouvrage, dans lequel les
idées ont de la distinction et dont la partition
renferme plusieurs beaux morceaux, n'a pas
obtenu le succès d'éclat des Monténcgrins, la
froideur du livret en fut la cause ; mais la répu-
tation du compositeur n'en fut pas moins en
progrès dans le public et parmi les artistes. La
mauvai.se influence d'un sujet mal choisi et
d'une pièce mal faite se fit sentir davantage
encore à la représentation du Maître chan-
teur, grand opéra en deux actes, qui fut joué
le 20 octobre 1853. Ainsi que l'ont dit les cri-
tiques des journaux de musique , l'ouvrage
ne fut sauvé à la première représentation
que par l'œuvre du compositeur. Quoique
jeune et désireux de se faire une carrière ac-
tive au thcàtre. M. Limnander mettait de longs
intervalles entre chacune de ses productions, à
cause de la rareté des bons livrets destinés à la
musique, et surtout par la mauvaise organisation
des théâtres lyriipies de Paris, dont les privilè-
ges sont donnés habituellement à des spéciila-
teursinintelligenls, étrangers à l'art et incapables
d'apprécier le talent d'un artiste et le mérite
d'un ouvrage. M. Limnander fit la dure épreuve
des effets de cette déplorable organisation après
Le Maure chanteur, en dépit du rang honorahle
qn'il tient parmi les meilleurs compositeurs dra-
matiques de la France; car six années s'écou-
lèrent avant qu'il pût faire représenter au
théâtre de l'Opéra-Comique son Yvonne, le 29
novembre 1859. Yvonne, iUnme\yriqup, en trois
actes, est incontestablement un des meilleurs
opéras joués depuis dix ans à ce théâtre : ce-
pendant cet oiivage, après avoir attendu long-
temps son tour de représentation au théâtre
Lyrique, dut être transporté à l'Opéra Comique,
et quoiqu'il ait complètement réussi, et que les
journaux se soient accordés sur les éloges
donnés à la partition de M. Limnander, la dé-
testable administration qui mettait alors ce théâtre
en péril n'en fit donner qu'un petit nombre <le
représentations.
M. Limnander s'est livré aussi à la composition
de la musique religieuse : en 1845, il a écrit
un Te Deum qui fut exécuté à l'église Sainte-
Gudule de Bruxelles, à l'occasion de l'anni-
versaire du couronnement du roi. Une messe de
Requiem lui lut demandée par le gouvernement
belge pour l'aimiversaire des journées de septem-
bre 1830, et fut exécutée en 1852.11 est enfin
l'auteur d'ime cantate exécutée à Bruxelles à la
majorité politiqrre du duc de Brabant, et d'un
Chant solennel |)0ur les fêtes nationales de 1856.
LIND (Jen.nï), plus tard M"ieGOLDSCll Ml UT,
cautalrice célèbre, est née à Stockholm, le 8 fé-
vrier 1820. Le comte Pricke, directeur du thràtie
de la cour, l'admit à l'école de chant qui y est
attachée : elle y leçut des leçons d'un maître
nommé Uerg. Elle joua d'abord à Stockholm le
rôle à' Agathe dans le Freyschûtz , piris ceux
à'Eurionthe, tV Alice (dans Robert le Diable ),
et enfin de La Vestale : dans tous elle obtint un
brillant succès. Cependant M"^ Lind avait com-
pris qu'il lui restait beaucoup à apprendre pour
posséder le mécanisme de l'art du chant : ell.'î
prit la résolution d'abandonner momenlanémeni
la scène, et se rendit en 1841 à Paris, où «elle re-
çut des leçons de Manuel Garcia, pendant neuf
mois. Ce professeur ne discerna pas dans son
élève les précieuses qualités qui allaient bientôt
la rendre l'objet d'un enthousiasme sans exemple :
il lui préférait M"" fs'issen , dont il dirigeait aussi
l'éducation vocale, à la même époque. Meyer-
beer, qui se trouvait alors à Paris, et qui eut oc-
casion d'entendre Jenny Lind, en jugea mieux ,
et lui prédit la brillante carrière qu'elle allait
parcorrrir. Ayant obtenu rrne audition à l'Opéra
en 18i2, elle n'y produisit aucun elfet, et ne firl
pas engagée Blessée dans son amour-propre à
304
LIND
celte occasion, elle prit la résolution de ne jamais
rentrer en France, et rien n'a pu la décider depuis |
lors à retourner à Paris, Au mois d'août 1844,
le maître la retrouva à Berlin, où elle apprenait
l'allemand. Appelée à Stockholm au mois de sep-
tembre suivant, pour la fêle du couronnement
du roi Oscar, elle s'y rendit; puis elle retourna
en octobre à Berlin, où elle avait contracté un en-
gagement avec l'administration du théâtre royal,
pour chanter le rôle principal dans Le Camp de
Silèsie, nouvel opéra de Meyerbeer. Elle débuta
par le rôle de Nonna, dans lequel elle excita des
transports d'admiration, qu'elle retrouva aussi
dans l'ouvrage de l'auteur de Robert et des Hu-
guenots. Elle resta à Berlin jusqu'au mois de
mars 1845. Au mois d'avril, elle chanta à Ham-
bourg, après quoi elle se rendit, au mois d'août
de la môme année, à Cologne, et chanta aux con-
certs de la cour de Prusse au château de Bruhl,
à celui de Stoizenfels et à Coblence, à l'occasion
de l'inauguration de la statue de Beethoven , à
Bonn. Je l'entendis dans ces concerts, et lui trou-
vai un charme remarquable dans l'organe et une
vocalisation facile et correcte; mais sa manière
de phraser manquait de largeur et d'accentuation
expressive. Après cette excursion, elle retourna
à Stockholm par Copenhague, où elle se fit en-
tendre avec le même succès. Un engagement
lui ayant été offert à Vienne, elle l'accepta et ar-
riva dans celte ville le 18 avril 1846. En 1847
elle débuta au théâtre de la Reine, à Londres, et
y excita des transports frénétiques. De retour à
Stockholm, à la fm de la même année, elle y fut
l'objet d'ovations extraordinaires, et les coupons
de places, pour les représentations qu'elle y donna,
furent mis à l'enchère. Les événements qui agi-
tèrent PAllenoagne et une partie de l'Europe en
1848 la décidèrent à rester en Suède pendant
toute cette année, à l'exception d'un voyagequ'elle
fit à Manchester pour le festival qui y fut donné
au mois de septembre. De retour à Londres, au
printemps de 1849, elle reparut au théâtre de
la Reine pendant toute la saison, et y produisit
une si vive émotion, qu'aucun autre artiste ne
put fixer l'attention publique, en quelque genre
que ce fût. Jamais rien de semblable ne s'était
vu. La reine, le prince Albert, la cour et la haute
aristocratie ne manquèrent pas d'assister à tou-
tes les représentations, et, bien que le prix des
places eût été doublé, la salle fut encombrée de
spectateurs pendant toute la durée de la saison
théâtrale, et les recettes de chaque soirée s'éle-
vèrent à la somme de 2,000 livres sterling.
Tel était l'engouement, qu'après le spectacle,
les abords du théâtre étaient remplis par une
foule compacte pour voir la cantatrice monter
dans sa voiture , et que les places les plus rap-
prochées de la sortie du théâtre étaient louées plu-
sieurs shillings.
Après avoir chanté avec non moins de succès
sur la même scène pendant toute la saison de
1850, Jenny Lind s'embarqua pour l'Amérique,
accompagnée du compositeur Benedict. Elle avait
passé un contrat avec l'entrepreneur Barnum,
qui lui avait assuré une somme énorme pour un
certain nombie de représentations; mais l'enthou-
siasme qu'elle lit naître che^ les habitants des
États-Unis dépassa de beaucoup ce que le spé-
culateur avait espéré. La cantatrice comprit alors
qu'elle pouvait espérer des bénéfices plus consi-
dérables de son talent sans l'intervention de Bar-
num : elle rompit avec lui, à l'expiration du con-
trat, et parcourut toutes les contrées de l'Union
en compagnie de Benedict , qui l'accompagnait
au piano partout où elle s'arrêtait. Embarquée
sur les grands fleuves de l'Amérique, elle s'ar-
rêtait dans tous les lieux qui lui parais'saient of-
frir les chances d'une recette de quelque impor-
tance. Le piano était tiré du bateau à vapeur;
des commissionnaires, chargésde grandes affiches
sur lesquelles le nom de Jenny Lind était im-
primé en caractères d'une dimension colossale ,
parcouraient le bourg ou la ville et annonçaient la
mise aux enchères des billets du concert. La cu-
riosité excitée par ce nom qui retentissait dans
toute l'Amérique , et qui partout était salué par
les acclamations populaires, faisait porter les en-
chères à des sommes fabuleuses. On cite un tail-
leur qui, dans un bourg de peu d'apparence, se
rendit adjudicataire du premier billet d'un de
ces concerts impromptus, moyennant le prix de
200 dollars. Cette folie fit sa fortune, car on ne
voulut plus être habillé que par ce tailleur mé-
lomane. Une heure suffisait pour tout cela; une
autre heure était employée pour le concert, après
quoi la cantatrice s'embarquait de nouveau et
allait, à quelques milles de là, faire la même
opération dans une autre localité. C'est ainsi
qu'elle amassa, dit-on, plus de trois millions,
pendant un séjour de moins d'une année aux
États-Unis. Ce fut pendant ce séjour qu'elle de-
vint la femme du compositeur et pianiste Otto
Goldschmidt, dont elle avait fait la connaissance
à Hambourg. Je tiens ces détails de Benedict,
qui l'accompagna dans toute sa tournée.
De retour en Europe, M™» Goldschmidt cessa
de se faire entendre, et alla s'établir à Dresde,
où elle vécut dans le repos pendant plusieurs
années. Les journaux ont parlé des institutions
de charité qu'elle fonda à la même époque , et
auxquelles elle consacra des sommes considéra-
bles. En 1856 elle est retournée de nouveau à
LIND — LINDNER
3f>
Londres. Depuis lors elle y a donné tine s^^iic
de concerts, où la foule s'est perlée avec, le même
empressement qu'aux représentations où elle
avait ciianté pendant son premier séjour. Cepen-
dant sa voix n'a plus la même fraîcheur.
Comme actrice, M""^ Goldsclimidt était douée
d'un instinct naturel de la scène supérieur à
celui des autres cantatrices ; mais les connais-
seurs lui reprochaient d'exagérer l'expression pa-
thétique, et d'y mettre un ceitain caractère ner-
veux et violent, qui ne pouvait avoir de succès
qu'en Angleterre
On a publié plusieurs notices sur celte cantatrice
célèbre; j'ai recueilli les titres deceilesci ; {"Jenny
Lind , die schwcdiscke ISachIgall; biogra-
phische Shizze (Jenny Lind, le rossignol suédois ;
esquisse biographique) ; Hambourg, 1845, in-8",
avec portrait. Une traduction en langue suédoise
a paru sous ce titre : Jcnny Lind, dcn Swenska
ISakiergal, en biograftske Skizze,- Nordkôpp,
1845, in-S". — 2° Jenny Lind. Skizze ihres
Lebens und ihrer Kûnstler Laufbahn (Jenny
Lind. Esquisse de sa vie et de sa carrière d'ar-
tiste, par Jules Alfred Bêcher); Vienne, 1846, in^".
Deuxième édition, augmentée; Vienne, 1847,
in-S". — 3° G. Meyerbeer und J. Lind. Frag-
mente ans dem Tagebuche eines altcrs Musi'
kers (Giacomo Meyerheer et J. Lind, Fragment
du journal d'un vieux musicien, par Jean-Pierre-
Lyser) ; Vienne, 1847, in-S". — 4° Memoirs of
Jenny Lind. Londres, 1847, in-8", avec portrait.
— b"" Review of Ihe performances of mademoi-
selle Jenny Lind, during her engagement at
Her Majcsfy's Théâtre, etc., with a notice of
her life (Revue des représentations de M"^ Jenny
Lind, pendant la durée de son engagement au
théâtre de Sa Majesté; avec une notice de sa
vie) ; Londres, 1847, in-S". — 6" Jenny Lind.
Skildring of hanner Lefnad (Jcnny Lind.
Tableau de sa vie d'artiste); Stockholm, 1848,
10-8".
LII\DBLAD (A. -F.), compositeur suédois,
est né près de Stockholm, en 1804. Il fit ses étu-
des musicales à Berlin, sous la direction deZelter,
et vécut pendant plusieurs années dans cette
ville; mais il s'est fixé dans la capitale de la
Suède en 1835, et ne s'en est plus éloigné depuis
lors. Le genre auquel il s'est livré de préférence
est celui des chants suédois à voix seule , avec
accompagnement de piano; il s'y est distingué
par le caraclère de l'originalité, et a mérité le
nom de Schubert du Nord. Il en a publié divers
recueils en Allemagne et à Stockholm. On cite
comme un chef-d'œuvre d'expression et de nou-
veauté dans la forme son chant intitulé Kloster-
raub. Une symphonie de M. Lindbiad a été
BlOGIt. tNIT. DES MUSICIENS. — T. V.
exécutée h la Cevandhaus de Leipsick , en 1 S39
On connaît aussi de sa composition un duo poi-r
piano et violon , op. 9 ; Lcipsick , Breitkopl et
Hœrtel.
LINDEMANIV (Jean), cantor et musicien
de la cour à Gotha, entra au service de celte cour
en 1571. 11 mourut en 1630. On a de lui trois
suiles de motets à quatre et cinq voix, publiées
sous ce litre : Décades amorum filii Dei ■ !•>-
furt, 1594, 1596 et 1598, in-4''.
LIIMDLEY (Robert), violoncelliste anglais,
né en 1772, à Rolherham, dans le Yorkshire, re-
çut fort jeune de .son père des leçons <le violon ;
puis à l'âge de neuf ans il commença l'étude,
du violoncelle. Lorsqu'il eut atteint sa seizième
année Cervetto l'entendit, et fut si satisfait de la
justes.se de son intonation et de la belle qualité
de son qu'il tirait de l'instrument, qu'il en fit .son
élève. Après avoir été quelque temps attaché à
l'orchestre du théâtre de Brighton, il succéda à
Sperati comme premier violoncelle au théâtre du
Roi, en 1794. Depuis lors il a été attaché aux
concerts de la musique ancienne et de la Société
philharmonique de Londres, en qualité de pre-
mier violoncelliste. Lindiey est mort à la fin du
mois de juillet 1855. Il est dit dans le Dictionary
ofmiisicians (Londres, 1824, t. II) que cet ar-
tiste n'était inférieur à aucun autre violoncelliste
de l'Europe ; cette assertion n'est point exacte.
Cet artiste se distinguait par un beau son et
beaucoup de justesse ; mais il était entièrement
dépourvu de sentiment, de style, et, dans Jes dif-
ficultés comme dans l'expression, il est resté loin
de Romberg, de Lamare, de Bohrer et surtout de
Servais. Il a publié chez Broderip , à Londres,
quatre concertos pour violoncelle et orchestre. Ses
autres ouvrages connus sont : 1" Duos pour vio-
lon et violoncelle, op. 5; Londres, Clementi. —
2° Trios pour basson, alto et violoncelle, op. 7;
ibid. — 3° Duos pour deux violoncelles, op. 6,
8, 10 et 27; ibid. — 4" Solos pour violoncelle,
op. 9; ibid. — 5° Grand trio pour violon , alto
et basse; ibid., et Bonn, Simrock. — 6° Airs va-
riés et pots- pourris pour violoncelle, plusieurs
œuvres; ibid. Lindiey a eu un fils, violoncelliste
aussi, qui s'est fait entendre en public pour la
première fois en 1812, à l'âge de quinze ans.
LlA'Di\ER (FnÉnÉRic) , né à Liegnitz, en
Silésie, vers 1540, entra fort jeune dans la cha-
pelle de l'électeur de Saxe, à Dresde. Ce prince
l'envoya ensuite à l'école de Pforte, puis à l'u-
niversité de Leipsick. Parti de cette ville, il alla
à Anspach, où il obtint de l'emploi dans la cha-
pelle du landgrave Georges-Frédéric. Après dix
années passées au service de ce prince, il reçut
en 1574 sa nomination de cantor à réj^liso
20
:>on
LINDNER
KsinlÉgide de Nuremberg. Il parait avoir passé
le reste de sa vie dans celte situation. Lindner
a publié plusieurs recueils de motets et de ma-
drigaux de sa composition ou de quelques mu-
s.iciens célèbres de son temps. Voici les titres
de ceux qui sont connus: 1° Caniiones sacrxj
Nuremberg, 1585. — 2" Idem , deuxième par-
lie; ibid., 1588. — 3° MisScX quinque vocum,
ibid., 1591, in-4". — 4" Gemma musicalis ,
oelectissimas varii styli cantiones quatuor,
quinque , sex et jjlurium vocum continens ,
qnx ex diversis prscstantissimorum muslco-
rum libelUs, in Italia excusis, descrlptcV , et
in gratiam utriusque mwsicx studiosorum,
Il ni quasi corpori inscrtse etin lucemeditx
sunl; collection de soixante-quatre madrigaux
italiens composés en partie par Lindner, mais
dont le plus grand nombre appartient à d'autres
•nuisicicns célèbres de ce temps, tels que Lelio
Bertani, Jean de Macque, Jean-Marie Nanini ,
Soriano, etc. ; Nuremberg, Cath. Gerlacchix,
1588, in-4" obi. —5" Idem, 2e partie, ibid. ; 1589.
— 6" Idem, 3" partie; ibid. , 15S0, in-4'' obi.
— 7° Corollarium cantionum sacrarum 5, fi,
7, S et jjlur. vocum de festis prsccipuis anni
quarum antea a prxstantisi>imisno&trse xtatis
onusicis Italix séparât im editx sunt, quxdam
verd nuperrime concinnatx nec uspiam tijpis
excusx, ac nunc in unutn quasi corpus re-
dactx, studio et opéra Frederici Lindneri;
Noiimbergse, 1E90, in^". II y a aussi dans ce
recueil quelques motets de Lindner. — 8" Idem,
2'= partie, ibid,; 1590, in-4°.
LIi\Dl\ER (Élie), organiste de l'église ca-
tliédrale de Freyberg, vers 1730, eut la réputa-
tion d'un artiste distingué. Il était d'ailleurs bon
mathématicien et mécanicien ; ce fut lui qui
traça le plan de l'excellent orgue de Freyberg,
coinposé de quarante-cinq jeux.
LIKDA'ER (Georges-Frédéric) -. on a sous
ce nom un petit ouvragre sur l'irsage de la mu-
sique dans le service divin, intitulé : Vont recht-
mxssigen und Gott wohlgefxllirjen Gebrauch
der Musik; Kœnigsberg, 1747, in-S".
LSNDXER ( Jean-Joseph-Fuédéric), flûtiste,
né à WeiKersIieim , en Francouie , dans la pre-
mière moitié du dix-huitième siècle, reçut des
leçons de nmsique de Pisendet, frère de sa
mère, puis devint élève de Quanz. Vers 1754, il
t'it admis dans la musique du roi de Prusse , à
Lerlin. Il y continua son service jusqu'à l'avé-
nement au trône de Fnîdéric-Guillaume , qui lui
accorda sa retraite avec une pension. Il se relira
depuis lors dans une petite ville de la Prusse oc-
cidentale, où il mourut, en 1790. Cet artiste a
passé longtemps pour un des plus habiles flfftistes
de l'Allemagne. On ne connaît point de compo-
sitions sous son nom.
LSrVDiXER (François), organiste de l'église
deOrunau, naquit en 1736, à Plinkaii, en Bohême.
Lorsqu'il eut atteint sa onzième année, on l'en-
voya comme enfant de chœur à Scliœnberg, en
Silésie, où il fit ses études de musique. Plus tard,
il fut nommé organiste adjoint de cette école, et
en 1760 il reçut sa nomination d'organiste à
Grunau. Il est mort en ce lieu, le 12 septembre
1793, laissant en manuscrit quelques ouvrages
concernant l'art de jouer de l'orgue. Il a publié à
Leipsick quelques recueils de chansons alleman-
des , avec accompagnement de piano. Lindner
était instruit dans la composition et dans toutes
les parties de la musique; ce fut lui qui fit à
l'orgue de Grunau des réparations considérables.
LIA'D\ER (Frédéric-Guillaume) , docteur
en théologie, né le 12 décembre 1779, à Weyda,
était encore en 1840 professeur de philosophie à
l'université de Leipsick et à l'école de l'ensei-
gnement moyen dans la même ville. Il a donné,
dans la 13e année de la Gazette musicale de
Leipsick, une dissertation divisée en quatre arti-
cles (p. 3, 17, 33,49), sur cette question : Was
ist bis jetztfiirdie Gesangbildung gcschehen?
(Qu'a-t-il été fait jusqu'ici pour la culture du
chant ?) On a aussi de lui une suite progressive
d'exercices de chant, à l'usage de la jeunesse,
extraits des œuvres des meilleurs maîtres alle-
mands, sous ce titre : Musikalischer Jugend-
freund, oder instruktive Sammlung von Gc-
sxngen ans den Werken der berii/initestcn
Mcister, etc., à 2, 3 et 4 voix, avtc ou sans
accompagnement de piano, 4 numéros , Loipsi(k,
Vogel. L'ouvrage le plus important de ce sa-
vant a pour litre : Bas IS'othwcndigste vnd
Wisscnswwrdigste aus dem Gesammtgebiete
der Tonkunst. Ein Handbuch fiirden Unter-
richt und die Selbslbelehrung van, etc. (Ce qui
est le plus nécessaire et le plus digne d'être su
dans toutes les parties du domaine de la mu-
sique ; Manuel pour enseigner et s'instruire soi-
même); Leipsick, Fr. Christ. Willi. Vogel, 1846V,
un volume in-S" de vi et 394 pages.
LL\D1VER (Henri), compositeur de pea de
mérite, au commencemeul de ce siècle, a été
probablement attaché à la musique de qneique
régiment, en Allemagne. Il a publié : l" lîecufil
de pièces pour la musique militaire ; Leipsick,
Breitkopf etHœrtel. — 2" Duos pour deux vio-
lons ; op. 2 et 3 ; Leipsick, Hofmeister et Peters.
— 3" Quintette pour flûte, hautbois, clarinelte,
cor et basson, op. I ; Leipsick, Ilofmeisler. —
4* Quatre pièces brillantes pour piano et violoB;
Leipshk, Breitkopf et Hiiertel.
LINDNER — LINDPAINTNER
307
LIND]\ER (Frédéric), compositeur, violo-
niste et clarinettiste, est né le 5 juillet 1798, à
Dessaii, où son père l'-tait vétérinaire. Il (it ses
études à Berlin, où il fut pendant trois ans cla-
rinettiste à rorchestre de l'Opéra , ce qui ne
l'empêcha pas de recevoir pendant ce temps des
teçons de Mœser, pour perfectionner son talent
sur le violon. En 1817, Lindner entra dans la
chapelle du ducd'Anlialt-Dessau : il y fut nommé
maître de concerts en 1827. Il est mort dans celle
position, le 1*' août 1846. Lindner avait étudié
!a composition, en 1821, chez le maître de cha-
pelle Frédéric Schneider. On a de lui : 1° Quin-
tette pour intrunients à vent, op. 1. — 2° Polo-
naise pour violon et orchestre, op. 2. — 3" Duos
pour deux violons , op. 3. — 4' Lieder avec
accompagnement de piano , op. 4. — 5" Quatre
morceaux brillants pour piano, op. 5, — G'^ Piè-
ces à quatre mains pour le même instrument,
op. 6. — 7° Danses pour des fêtes, à grand
orchestre, op 7. Lindner a laissé en manuscrit
des concertos, des ouvertui«s à grand orches-
tre et des quatuors pour des instruments à
cordes.
LlIXDIVEIl (Roderic-Acguste), fils du pré-
cédent, né à Dessau , le 29 octobre 1820. Élève
de Dreclisler, membre de la chapelle du prince,
il est devenu violoncelliste distingué et est en-
tré en cette qualité à la chapelle royale de
Hanovre, en 1837. Compositeur de talent, cet
artiste a écrit des concertos et des pièces de salon
et de conceit, ainsi que des choses de différents
genres pour le chanl.
LIXDPALXTXER (Piehre Joscpu), maî-
tre de cli:ipelle du roi de Wurtemberg, membre
de plusieurs sociétés musicales, est né à Coblence,
le 8 décenibre 1791. Fils d'un ténor de la mu-
sique de l'eieCtetir de Trêves, il suivit le prince
avec sa famille à Augsbourg lorsque l'électorat
fut envaiii par les armées françaises. C'est dans
cette ville que commença son éducation, dès
l'âge de cinq ans ; depuis ce moment jusqu'à ce
que sa seizième année eut été accomplie, il fré-
quenta le gymnase catholique et le lycée , s'y
adonnant aux études littéraires et scientifiques.
L» musique n'était alors cultivée par lui que
comme un complément de son éducation, quoi-
qu'il eût pour cet art un goût passionné. Plœdterll,
directeur de la musique de l'électeur , fut son
maître de violon, et Wetzka, mattre de cha-
pelle de la cathédrale, lui enseigna dans ie même
temps le piano et l'harmonie. Son talent se dé-
veloppa avec rapidité^ ses progrès remarquables
décidèrent l'électeur à envoyer le jeune Lind-
paintner à Munich pour y achever ses études
sous la direction de Winter. Suivant le Lexique
universel de musique publié |)ar le docteur
Schilling, où je puise les élémens de celte notice,
l'auteur du Sacrifice interrompu ne pos.sédait
pas l'art d'enseigner, et Lindpaininer n'apprit
point de lui les vrais principes de l'art d'écrire :
Winter, y est-il dit, se borna à cultiver dans son
élève les heureuses dispositions qu'il avait reçues
de la nature pour la poétique de l'art. C'est dans
cette direction que le jeune artiste termina sous
les yeux de son maître son premier opéra {Dé-
mophoii), une messe et un Te Dcum , qui fu-
rent exécutés à Munich en 1811. Le succès ob-
tenu par ces ouvrages fit prendre à l'électeur la
résolution d'envoyer son protégé en Italie pour
qu'il achevât de s'instruire dans la composition ;
mais la mort de ce Mécène, en 1812, empêcha la
réalisation de ce projet. Cet événement obligea
Lindpaininer à accepter une place de chef
d'orchestre au tlïéâtre de. la cour, nouvelle-
ment construit : il la conserva jusqu'en 1819.
Plusieurs compositions qu'il lit exécuter dans
les premiers temps de sa nouvelle position
furent applaudies, et ces succès lui firent négli-
ger ses études ; mais les avis sévères d'un ami
lui firent voir que de tels succès sont éphé-
mères, et qu'il n'y a de productions durables
que celles qui réunissent toutes les conditions
de l'art. Dès lors il reprit ses éludes scola.sti-
ques avec courage. Joseph Grœtz lui enseigna le
contrepoint, et lui fit faire de longs exercices
dans toutes les ()arties de l'art d'écrire, qui com-
plétèrent son éducation mu.sicale. En 1819, la
place de maître de ctiapelle de la cour de Stutt-
gard fut offerte à Laindpaintner ; il l'accepta, et
eu remplit les fonctions avec autant de zèle que
de talent. Personne n'entendait mieux que lui la
direction d'un orchestre et ne saisissait mieux
l'esprit de la musique qu'il faisait exécuter. Mal-
heureusement pour son amour-propre d'artiste,
il était rare que le roi de Wurtemberg occupât
son talent à autre chose; car le goût de la mu-
sique étrangère était dominant à Stuttgard comme
dans toute l'Allemagne, et les com()ositeurs de
la nation n'apparaissaient que de loin en loin sur
la scène royale. Lorsque je visitai la capitale du
Wurtemberg (septembre 1838), Lindpaininer me
tint sur sa position et celle des autres composi-
teurs de celle époque un langage de décourage-
ment, pénible dans la bouche d'un tel artiste.
« Mon cher monsieur ( me dit-il ), un jeune mu-
n sicicn allemand, enthousiaste des beautés mer-
'< veilleuses d'un Don Juan , d'une Flûte en-
« chantée ou d'un Fidelio , ne rêve d'abord que
« gloire et que suciès à marcher sur les traces
n des immortels auteursdeces chefs-d'œuvre. Son
« esprit est dans une perpétuelle agitation jusqu'à
20,
308
LINDPAllNTNER
• ce qu'il se soit procnrô le livret qui doit servir
« de base à ses inspirations; mai» à peine a-t-il
« mis la main à l'œuvre, que tout change d'as-
« pect, et que ses illusions se dissipent doulou-
« reusemeiil, La première vérité qui le frappe,
•• c'est que les entrepreneurs de théâtre n'atta-
« client point de prix à son œuvre, et qu'ils con-
« sidèrent l'engagement de le faire jouer comme
« une charge onéreuse plutôt que comme un
« avantage. A-t-il enfin vaincu ces premiers ob-
« stades, de plus tristes déceptions viennent l'at-
« teindre; car il avait compté sur la sympathie
« de ses compatriotes, et au lieu de cela il ne
« trouve que de Tindifférence. En général , ce
« sont les cours qui donnent le ton dans les
n États de l'Allemagne, et nos princes n'ont d'es-
« time que pour les opéras qui nous viennent
« d'Italie ou de Paris; de Paris surtout, car
« tout ce qui nous vient de celte ville nous pa-
« raît avoir reçu la plus solide sanction du goût.
n Jamais un opéra allemand n'obtient decessuc-
« ces d'éclat tels qu'on en voit chez vous; sou-
« vent ce n'est qu'après la mort de leur auteur
« qu'il s'établit une sorte de religion en sa fa-
'< veur. Ne savons- nous pas que, pour tout éloge
« de Don Juan, l'empereur Joseph II dit à
" Mozart qu'il y trouvait trop de notes, et que
« ce grand homme , justement blessé, osa lui
n répondre qu'il y en avait précisément autant
« qu'il en fallait.? Ne savons-nous pas que Fide-
» lio fut abandonné après la troisième représen-
« tation, et qu'on ne le reprit que plusieurs an-
«• nées après? Si le Freyschiitz a fait naître de
« renlliuusiasme chez les Allemands, il le doit
« en partie au sujet de la pièce. Le diable est
« partout populaire, mais il l'est surtout chez
« une nation exaltée et rêveuse. Obéron est aussi
« une conception pleine d'originalité; Euryan-
« the fourmille de beautés, et pourtant ces pro-
« ductions de l'auteur du Freyschiitz u'ont excité
« que peu d'intérêt parmi nous. D'ailleurs au-
« cune sorte d'indemnité n'est offerte à l'auteur
« d'un opéra pour son travail. La vente dequel-
« ques copies de sa partition est tout ce qu'il a
« droit d'en attendre, si par hasard sa pièce est
« bien accueillie du public. La dernière vérité
« dont le compositeur acquiert la conviction ,
« c'est qu'en supposant même qu'il obtienne des
« succès, le théâtre ne le conduira qu'à l'hôpital. »
— « Que faites-vous là? » dis-je à M. Lind-
paintner, qui me tenait le langage dont je viens
de donner la substance, en voyant sur son pu-
pitre une composition nouvelle dont il était oc-
cupé. — « Un opéra, me répondit-il. — Comment?
YX ce que vous me disiez tout à l'heure ? — » Que
« voulez-vous ! devenu maître de chapelle du roi
« de Wurtemberg, j'ai du pain pour ma famille ;
« mais je n'ai que cela : mon jirince ne s'inlé-
>( resse pas plus à mes ouvrages que le roi de
« Hanovre à ceux de Marschner, ou le duc de
« Hesse-Cassel à ceux de Spohr. 11 me reste ce-
« pendant un besoin d'artiste à satisfaire : ce be-
« soin est celui de travailler : je fais cet opéra
« pour Vienne, où il doit être joué au mois de
« décembre, et je partirai dans huit jours pour
« aller le mettre à l'étude, quoi qu'il en doive
n être de son succès. » Ce succès a eti tout l'é-
clat que son auteur pouvait désirer; l'ouvrage
était l'opéra intitulé La Génoise. Postérieure-
ment il a écrit à Stuttgard La Rosière, opéra eri
trois actes, en 1843, et Lichtenstein, pour l'ou-
verture du nouveau théâtre de cette ville. Appelé
à Londres, en 1855, pour y diriger les concerta
de la Société philharmonique, il y a fait exécuter
quelques-unes de ses compositions avec succès.
De retour en Allemagne , Lindpainfner est mort,
le 21 août 1856, à Nonnenhorn , près de Frie-
drichshafen, sur le lac de Constance. Le roi de
Wurtemberg l'avait fait chevalier de son ordre,
à l'occasion du vingt-cinquième anniversaire de
son entrée au service de ce prince, en qualité de
maître de chapelle. Il était membre de la société
hollandaise de Rotterdam pour les progrès de
la musique.
La liste des ouvrages de Lindpainfner est éten-
due; on y remarque : I. Opéras. I° Dèmophon,
à Munich, 1811. — 2" Alexandre à Éphèse,
opéra sérieux. — 3° Der blinde Gartner (Le
jardinier aveugle), Singspiele ou petit opéra de
la jeunesse de l'auteur, dont la partition pour le
piano a été gravée à Leipsick, chez Breiîkopf et
Hœrtel. — 4" Die Pflegekinder (Les Pupilles),
partition pour piano ; Leipsick , Hofmeister.
— ly'^ Der Bergkœnbg [h^Rox de la montagne),
à Berlin, en 1830; partition pour le piano;
Manheim, Heckel. — 6° Le Vampire, opéra
fantastique représenté à Vienne avec succès,
et dont le sujet a été traité postérieurement par
Marschner. La partition de piano a été gravée à
Leipsick, chez Breitkopf et Haertel. — 7" La
princesse de Cacambo. — 8° La reine des As-
tres. — 9" Sentiment pour Vart et pour Va-
mour. — 10" Timantes, opéra sérieux sur le
sujet de Dèmophon, autrement traité. — 11° Hans
Max Giesbrecht. — 12° Pervonte, ou les sou-
haits. — 13° Sulmona. — li" Les filles des roses.
— 15° L'Amazone, à Stuttgard, en 1831. —
16° Musique pour le Faust de Gœtlie, dans
la même ville, en 1832. — 17° L'Otage. —
ï8° Aglaja, ballet. — 19° Zéph ire et Flore,
idem. — 20° Jocko , ou le Singe du Brésil,
ballet. — 21° Zeila, idem. — 22° La Cloche
LINDPAIINTNER — LINGKE
309
de Schiller, mélodrame sur le sujet de la célè-
bre hallade. — 23" Le Sacrifice d'Abraham ,
idem. —24" Moïse sauvé, idem. — "ià" Frédé-
ric le Victorieux, idem. — 26° Timoclée ,
idem. — 27° Le pouvoir de la chanson, petit
opéra très-remarquable. — 28" La Génoise,
opéra en trois actes, joué à Vienne, au mois
de décembre 1838. — 29° Les Ve'pres siciliennes,
à Sluttgard, en 1843. — 30" La Rosière, ibid.
— 31" Lichtemtein, ibid., 1845. La pluparldes
opéras de Lindpaintner ont été composés sur de
mauvais livrets qui ont nui au succès de la mu-
sique. — II. Oratorios et musique d'église.
31° Le jeune homme de Naïm, oratorio, dont
on vante le style simple, élevé, et la b€auté des
chœurs, mais auquel on reproche d'être dépourvu
d'expression dramatique. — 33oZeSacri/ïce d'^d-
hraham, différent du mélodrame. — 34" Judas
Macchabée, oratorio de Ilaendel, avec une ins-
trumentation moderne, qui a reçu beaucoup d'é-
loges dans quelques journaux allemands. —
35" Herr Gott dich loben wir, motet allemand
à 4 voix et orchestre, sur un texte de Klopstock,
gravé en partition à Lcipsick, chez Breitkopf et
Haertel. — 36° Chant funèbre à 4 voix d'hommes,
avec 5 cors et 3 trombones ou piano ad libitum ,•
Stuttgard, Zumsteeg. — 37° Messes, Te Deum,
psaumes, Pange Ungua, cantates en manuscrit.
— III. Musique instrumentale. SS» Ouverture
à grand orchestre pour la tragédie intitulée Le
Paria^ Breitkopf et Haertel. — 39° Ouverture
du Sacrifice d'Abraham; idem, ibid. — 40"
Ouvertures idem de la plupart des opéras et
ballets, ibid. — 41° Ouverture solennelle pour la
grande fête musicale de Halle, en 1835. —
42° Symphonie concertante pour 2 cors, op. 23;
ibid. — 43° Idern pour flûte, hautbois, clarinette,
cor et basson, op. 36; Mayence , Scbott. —
44° Seconde idem, op. 4 ; ibid. — 45° Fantaisie,
variations et rondeau pour 2 cors et orchestre, op.
49; Leipsick, Breitkopf et Hœrtel. — 46° Sympho-
nie à grand orchestre, en manuscrit. — 47° Con-
certino pour violon, op. 35; Mayence, Schott.
— 48° Idem, op. 42 ; Leipsick, Probst. — 49° Pre-
mier quatuor pour 2 violons, alto, et basse ; Leip-
sick, Peters. — 50° Trois grands trios pour vio-
lon , alto et violoncelle, op. 52 ; Leipsick , Probst,
— 51° Concertos pour la flûte, op. 28 et 46; Leip-
sick, Breitkopf, Probst. — 52° Polonaise irf(??H,avec
orchestre, op. 47; Leipsick, Breitkopf et Haertel.
— 530 Polpourri , op. 02 ; ibid. — 54° Concerto
jjoiir clarinette; Mayence, Scholt. — 55° Concerti-
nos idem, op. 19, 41; Leipsick, Breitkopf et Haer-
tel ; Mayence, Schoît. — 56° Rondo brillant idem,
op. 45; Leipsick, Breitkopf et Haertel. — 57° Ron-
deau pour basson et orchestre, op. 24 ; ibid. -
580 Concertino pour le cor, op. 43; Leipsick ,
Probst. — 59" Romance et Rondeau, op. 48 ; Leip-
sick , Breitkopf et Haertel. — 60» Divertissement
pour 2 pianos, ibid. — ei^Quelques pièces de diffé-
rents genres pour piano. — IV. Musique vocale de
CHAMBRE. 620 Six cliaots pour 4 voix d'hommes,
op 39 ; Mayence, Schott. — 63o Die Frauen (Lfs
Femmes), Six chants pour 4 voix d'hommes, sur
des poésies de Wagner, op. 54; Manheim, Heckel.
— 64° Quelques canons, avec accompagnement de
piano; Leipsick , Breitkopf et Haertel. — 65° En-
viron 50 chants et chansonnettes à voix seule,
avec accompagnement de piano. Lindpaintner
s'est fait dans ce genre une réputation brillante
et méritée en Allemagne.
Lli\DSAY (Thomas), flûtiste anglais, vivait
à Londres vers 1830. On a de lui un ouvrage élé-
mentaire pour la flûte, intitulé : Eléments of
flûte playi7ig, according to ihe most approved
'principlcs of modem fingering. In two parts;,
Londres (sans date), in-fol.
LliVDSEY ( Christophe) , professeur de mu-
sique à Londres, et membre du chœur de l'é-
glise de Saint-Paul vers 1780, a publié un ta-
bleau de la distance réelle des intervalles de la
gamme, sous ce titre : A Scheme shewing ihe
distance of intervais; Londres, Broderip,
1793, in-fol. La fille de cet artiste, connue sous
le nom de Miss Anna Lindsey, a eu de la célé-
brité comme cantatrice, surtout pour les ballades
écossaises. Elle a composé la chanson de Robin
Gray, qui a obtenu un succès de vogue.
LIIVELLI ( Venturi ) , ancien luthier de
Venise, vécut au commencement du seizième
siècle. Il fabriquait des luths, des mandores et
des violes de plusieurs espèces. Dragonetti, cé-
lèbre contrebassiste (voyez ce nom) a possédé
un accorda de cet artiste; c'était une viole de
la plus grande espèce, semblable à celle qu'on voit
dans le tableau des ISoces de Cana, de Paul Vc-
ronèse, et qui était montée d'un grand nombre
de cordes assez serrées sur le manche, pour exé-
cuter des accords. Cet instrument portait la
date de 1514, laquelle était incrustée en écaille
dans la table d'harmonie.
LII\G (Guillaume), musicien à Londres,
vers la fin du dix-huitième siècle, a publié de sa
composition : 1° Trois sonates pour le piano avec
accompagnement de flûte, op. 1 ; Londres, Ralfe.
— 2° Duos pour deux flûtes, op. 2 ; Londres,
Broderip. — 3° Variations pour le piano sur l'air
an;:;lais : The Kising ofthe larh (L'Ascension de
l'alouette) ; Londres, Ralfe. — 4° Grande marche
pour le piano, ibid.
LIIVGKE (Georges-Frédéric), conseiller de»
mines du roi de Pologne, électeur de Saxe, se lit.
310
I.IINGKE — LIKKK
tctevoir en 1742 dans la sociélé musicale
fondée par Mizier. Deux ans après, il pré-
senta à cette société un tal)leau des interval-
les de iniisifjne, suivant un nouveau système,
qui fut approuvé, et qui devint la base d'im
ouvrage put)!iè par iJngke sous ce titre : Vie
Sitzeder musikalischen Haxiptsxiztein einer
harlen \md iveichen Tonart, vnd uie inan
damit forischreitet und avsweichet. (Les
hases des principes transcendants de la musique
dans une tonalité majcurect mineure, etc.) ; Leip-
sick, BreilJiopf, 1766, in-4" de 60 pa^^es. Dans
nn livre pins étendu,il développa les conséquences
«le son système; ce livre est iniitult' : Kuv^e
Myisililehre , in irelcher iiicht ollpjn die
Verwanfschaft aller Tonleilcrn, sondera
aiich die jeder zxihommenden harmonischen
Sxtze gezeigt und mit practisc/ien Reispiclen
erlaiitert iverden (Instruction ahngée de inn-
sique, dans laquelle non-seulement ralliiiilé des
ëclielles des tons, mais aussi les principes de
l'iiarmonie propre à chacune d'elles sont e\| li
qués, avec des exemples iiraliqnes); Lei|)sick,
Breitkopf, 1779, 'n-4"dc 11 IrUilles. La moitde
Lingke, survenue pendant l'impression de son
ouvrage, lit confier les soins de réditionà llil!cr,
qui y a joint une préface. On n a pas fait assez
d'attention à la théorie de Lingke, ([ui n'est point
exempte d'erreurs, mais où l'on trouve un
aperçu de la véritable philosophie de la tonilité.
On a aussi de cet ainaleur quelquesaulres petits
»*crits relatifs à la musique ; le premier a pour
titre : Vertheidigungsschreibcn an Hernn
Matihcson (Apologies adressées à M. Matthe-
son); Leipsick, 1753. Je ne connais ce morceau
que par son titre; mais il est vraisemblable qu'il
s'agit d'une critique faite par Mattheson du sys-
tème tonal de Lingke. Le second opuscule est
un article en réponse à une autre critique de son
premier ouvrage qui avait paru A&xï?,^ AUgemeine
deutsch Bibliothek (t. 5, n" 2, p. 12); cet ar-
ticle est inséré dans les Notices hebdomadaires
de Hiller (ann. 1768, p. 321 ). Une réponse de
l'auteiu' de la critique fut publiée dans le même
recueil (ann 1709, pag. 183-191 ), et Lingke y
fit une dernière réplique divisée en trois ar-
ticles (ibid., p. 3G3, 371, 379).
LIIXGHE ( Jean-Tiiéodore) , né le 20 no-
vembre 1720, surintendant à Torgau, mort en
cette ville, le 10 avril 1802, dans un âge très-
avancé , a rempli ses fonctions pendant cin-
quante-sept ans. Il possédait des connaissances
étendues , particulièrement dans la littérature
orientale et dans la nmsique. On lui doit l'inven-
tion d'un inslrmnent auquel il a donné le nom
de i>tahlspiel , parce qu'il était composé de
lames d'a< ier mises en vibration par le frolfemenf.
LIi\'IHE ( Jf.ân-Georgf.s), violoniste et com-
positeur, né vraisemblablement en Prusse, dans
la dernière partie du dix-septième siècle, apprit
la composition sous la direction de Theile', à
Berlin. D'abord attaché à la chapelle royale de
Prusse, i! quitta cette position en 1713 pour
aller à la cour de Weissenfels en qualité de mai-
Ire de concert. Vers 1722 il obtint un congé
pour se rendre en Angleterre, où il demeura pen-
dant trois ans;puisil alla à Hambourg en 1725, et
y lut attaché au théâtre comme chef d'orchestre.
Les autres circonstances de sa vie sont ignorées,
lia écrit pour le théâtre de Hambourg un pro-
logue en 1725, puis le Combat de la Poésie, de
la Èlusique et de la Peinture , autre prologue.
Le catalogue de Breitkopf ( 1760) indique, en ma-
nuscrit , sous le nom de ce musicien : i" Lungi
du mio pensier, cantate pour voix de soprano,
2 violons, viol3 et clavecin. — 1° Hoiina pena
intorno al cor, idem. — 3° Credo amore, etc.
Canlatc [lonr soprano et clavecin. Gerber pos-
sédait aussi tme symphonie de Linike,en ma-
nusciit.
LII\lîE ( JosF.pii) , violoncelliste et composi-
teur, né le8 juin 1783, à Traclienherg.enSilésie,
reçut les premières leçons de musique de son
père, employé au service du prince de Halz-
îi'ld , et adminislraleur de la fondation des
enfants trouvé.*. Après la mort de celui-ci, le
jeune Linke eut [lour maître Oswald, succes-
seur (le son (lère. A l'âge de douze ans, il entra
couiuie enfant de chœur chez les dominicains
de Bieslau. Hanisch, habile organiste, lui donna
des kçons d'orgue et d'harmonie. Vers le
mi nie temps , il commençH l'étude du violon-
relie, sous la direction de Lose et de Flemming;
si'S progrès furent rapides, et lorsque Lose se re-
tira de l'orchestre du théâtre, alors dirigé par
Charles-Marie de Weher, Linke fut en état de
le remplacer. En 1808' il prit la résolution de se
rendre à Vienne, où il arriva au mois de juin.
BieiiiOt après, le prince Rasurnoffsky l'admit dans
sa musique. Là, il eut le bonheur de connaître
Beetlioven et de recevoir ses instructions sur la
ni.i.nière d'exécuter sa musique ; ce fut ainsi que
Linke parvint à rendre , avec Scbuppanzigh et
Weiss, les quatuors de c^ grand artiste avec une
perfection qui n'a pu être égalée que difficile-
ment par d'autres. Après huit années de séjour
à Vienne, Linke accepta une place dans la mu-
si(jui' de la comtesse Erdœdy-JNiczky, en Croatie;
mais il ne la garda que deux ans, et de retour à
Vienne.en 18l.'-l,il entra comme violoncelliste solo
au Ihéàlre An der Wicn. Après en avoir rempli
les fonctions [undant treize ans, il a été admis
LINKE — LIINLF.Y
311
en la même qualité et comme collègue de Merk
à l'orcliestre de l'Opéra de la cour. Il est mort à
Vienne, le 20 mars 1837. Les compositions de cet
artiste qni ont été publiées sont : 1" Concerto
pour violoncelle ; Vienne. — 2" Adagio et polo-
naise, idem, ibid. — 3" Thème varié avec ace. de
quatuor, op. .i ; Vienne, Cappi. — 4" Rondolelto,
idem, ibid. — 5° Caiirices sur des thèmes de
Rossini, idem. — 6" Variations avec accompagne-
ment de guitare. Vienne, Mecheiti. — 7° Va-
riations sur l'air Schœne Minka, avec accomp.
de piano ; Vienne, Mechetti. Linke avait aussi
en manuscrit des thèmes slyriens variés avec
orclie-iire, et {[e,& Souvenirs de la Croatie.
LINLEY (TuoMAs), compositeur anglais, était
fils d'un charpentier, et naquit vers 1733, dans le
comté de Gloncester. Il avait embrassé la pro-
fession de son père. Son état le fit un jour ap-
peler pour travailler chez le duc de Bedfort, à
Iîoilmi>ton ; là, ileut occasiond'eniendre Chilcot,
alors organiste à Bath, qui chantait et jouait du
clavecin. Le pluisir que lui fit cette musique le
décida à déclarera son père qu'il ne voulait plus
être charpentier, et qu'il serait musicien ; puis d
se rendit à Bath, et y devint l'élève de Chilcot.
Paradies, ou [liutôt P«rffd/5i , compositeur ins-
fiuit de l'école de Naples, compléta son éducation
iiiu'iicale, vers 17C8, en lui donnant des leçons
(Tharmonie et de contrepoint. Fixé à Bath comme
professeur de chant, Linley s'y était marié, et
avait eu douze enfants, parmi lesquels on a dis-
tingué deux fib et deux filles. L'une de celles-
ci, citée pour sa beauté sous le nom de la
vierge de Bath, devint à l'âge de seize ans la
première femme du célèbre Slieridan. En 1775,
Linley (it un voyage à Londres pour faire repré-
senter au théâtre de Covenl-Garden un opéra-
pastiche, intitulé The Ducnna (La Duègne )p
dans lequel il avait placé de jolis airs. Le suc-
cès de cet ouvrage le décida à se fixer à Lon-
dres, et dans la même année il quitta Batli avec
sa famille. Au mois d'avril 1776, il écrivit pour
Covent-Garden Le Camp, mélodrame mêlé de
chant. Peu de temps après il acheta, eu société
avec Slieridan, la part de Garrick, dans l'en-
treprise <lu théâtre de Drury-Lane, pour la
somme de trente-cinq mille livres sterling (eu-
viron huit cent mille francs ). Dans cette asso-
ciation, Liidey fut chargé de la direction de
toute la musique, et pendant plus de quinze ans
il donna des preuves d'habileté dans l'exercice
de .ses fonctions. Le nombre d'opéras, de drames
et de ballets qu'il écrivit aussi pour le théâtre
de Drury-Lane est considérable. Il mourut à
Londres, le 19 novembre 1795, et fut inhumé
Oans l'église de Weils, près de ses (illes ,
Mmcs Slieridan et Tickell, qui l'avaient précédé
dans la tombe. Il serait diliicile de rassembler
aujourd'hui les titres de toutes les pièces dont
Linley a composé ou arrangé la musique ; on connaît
ceux-ci : 1" The Duenna (La Duègne) , opéra-
comique représenté à Covent-Garden, en 1775,
gravé en partition réduite pour le pianc ; < liez IJio-
derip. — 2" Le Camp, mélodrame; ibid., 177G.
—3° Le Carnaval de Venise, opéra-comique, à
Drury-Lane, 1781, gravé pour le piano; Londres,
Broderip. — 4'^ Genile Shepherd ( Le pâtre bien
né), pastorale; ibid., 1781. —5" Tkc Triumph
orHJîV;/t (Le Triomphe de la joie); ibid., 1782.
— 6° The Spanish Maid ( La jeune Espagnole) ;
ibid., 1783. — 7° Sclima and Azor (Selime et
Azor), opéra-comique, ibid., 173i, gravé en par-
tition pour le piano, chez Broderip. -- 8" Tout
Joncs, opéra-conîiquc, ibid., I7S5, en partition
poiu le piano, ibid. — 9" .Spanish Rivais (Les
Rivaux espagnols), opéra-comique , 1735. —
1.0° étrangers at home ( Les Étrangers chez
eux ), opéra-comique, ibid., 178G ; en partition
pour le piano, ibid. — ii' Love in ihe L'asl
(L'Amour dans l'Orient), opéra-comique, ibid.,
1788. —r 12'^ Robinson Crusoe, pantomime. —
13° Le Mendiant, opévà-comiqne, ibid., 1787:.
un des meilleurs ouvrages de cet artiste. Parmi
ces compositions, Le Carnaval de VoUse et Se-
lima et Azor&e font particulièrement remarquer
par l'originalité de la mélodie. Les airs de Linley
ont en général une grâce et une mélancolie tendre
qui les placent au premier rang parmi les com-
positions anglaises de ce genre. On cite comme
des modèles un recueil de six élégies qu'il a pu-
blié en 1792. Après sa mort, il a paru un recueil
de ses compositions posihumes et de Qelles de
son fils aîné, consistant en glees, chansons, nia-
di'gaux, élégies et cantates; Londres, Prestou,
2 volumes in-folio.
LIA'LEY (Thomas), fils aîné du précédent,
naquit à Bath, en <75fa. Ses dispositions pour la
musique étaient si précoces, qu'à l'âge de huit
ans il exécuta un concerto de violou dans un
concert public. De si rapides progrès firent
croire qu'il était destiné à devenir un artiste de
premier ordre, et son père l'envoya à Londres
pour acliever son éducation umsicale sous la
direction de Boyca. En 1770, il se rendit a
Florence pour continuer ses études de violon
près de iSardini, qui le prit en affection et eut
pour lui les soins d'un père. Ce fut dans celle
ville que le jeune Linley, alors âgé de quatorze
ans, se lia d'amitié avec Mozart, qui avait aussi
le même âge. De retour à Batli en 1772, il se fit
entendre avec succès uans les concerts 1 1 les
oratorios dirigés par son père. Dans l'année sui-
3f2
LINLEY
vante, il écrivit à grand orchestre et avec cliœur
l'anlienne Let God arlse, qui fut exécutée à la
calhédrale de Worcester, le 8 septembre 1773.
Associé dès ce moment aux travaux de son père,
il écrivit l'ouverture, un air de l'introduction,
nne sérénade et le finale du premier acte de La
Duèijne, opéra-comique re(»résenté à Covent-
Garden, en 1775. L'année suivante il ajouta à
La Tempête de Sliakspeare un chœur d'esprits
conjurant l'orage, et quelques autres morceaux.
Cette musique fut exécutée sous sa direction à
Drury-Lane, et obtint on brillant succès. Mais
le plus beau de ses ouvrages fut ime ode intitu-
lée The Wifches and Faines of ShaJipeare
(Les Sorcières et les fées de Shakspeare), qu'il
fit entendre au même théâtre, en 1776. Suivant
les biographes anglais, les beautés de cette com-
position , oîi l'on trouvait une ouverture, des
chœurs, duos, airs, etc., n'étaient point infé-
rieures aux plus belles productions de Mozart
et de Purcell (!). Après cet ouvrage, le jeune Lin-
ley ajouta des instruments à vent à l'ancienne
partition de Macbeth, et composa un oratorio
intitulé The Sonç/ of Moses, qui fut exécuté à
Drury-Lane. De si beaux commencements an-
nonçaient une brillante carrière d'artiste; mal-
heureusement une fin prématurée ne permit pas
de voir réaliser de si belles espérances. Dans
une promenade sur l'eau, que Linley faisait avec
quelques amis, la barque chavira, et il se noya,
le 7 août 1778, à l'âge de vingt-deux ans. Quel-
ques pièces de sa composition ont été publiées
avec les œuvres posthumes de son père, en un
recueil, chez Preston.
LIIVLEY (William), le plus jeune des en-
fants de Thomas Linley, et frère du précédent,
naquit à Bath, en 1771 . Il commença ses études
à l'école de Harrow, puis alla les terminer à la
maîtrise de Saint-Paul de Londres. Son père ne
le destinait point à la profession de musicien,
mais il voulait que tous ses enfants eussent une
connaissance approfondie de la musique, et le
jeune Linley fut placé sous la direction d'Abel,
qui lui enseigna le contrepoint. On le destinait
à la carrière militaire; Sheridan le présenta au
duc de Kent, qui l'accepta pour aide de camp ;
mais Fox, ami de sa famille, lui ayant offert un
emploi plus avantageux dans l'Inde, il partit
pour Madras en 1790. La fâcheuse influence du
climat de cette colonie sur sa santé l'obligea à
retourner en Angleterre en 1795. Pendant son
séjour à Londres à cette époque il écrivit la
musique de deux opéras-comiques intitulés :
The Honetj Moon ( La Lune de miel ), et Le
Pavillon. Ces ouvrages furent représentés au
théâtre de Drury-Lane, ainsi que les panto-
mimes Arlequin captif, ou le feu magique,
et The Vorticjer (Les Tourbillons), que Linley
écrivit en 1796. Rappelé dans l'Inde en 1800, et
ne voulant plus y retourner, il donna sa démis-
sion des places de payeur provincial de Vellore et
de sous-trésorier du fort Saint -Georges. Depuis
lors, Linley a vécu alternativement à Bath et à
Londres. Il est mort en cette dernière ville, le
6 mai 1835, dans la soixante-quatrième année
de son âge. Un recueil de glees assez médiocres,
de sa composition, avait été publié en 1799, chez
Preston; mais Birchall en a publié, en 1809,
une autre suite , où l'on remarque autant de
grâce dans la mélodie que d'élégance dans l'ac-
compagnement; et depuis lors il en a paru deux
autres recueils, également estimés. Linley a laissé
en manuscrit beaucoup d'antiennes et d'autre
musique d'église qui a été souvent exécutée à
l'abbaye de Bath. On lui doit une publication
fort intéressante pour l'histoire de l'art ; elle
consiste en un recueil de toute la musique
écrite en Angleterre par les meilleurs artistes de
toutes les époques pour les pièces de Shakspeare,
avec une préface et de bonnes remarques his-
toriques. Ce recueil a pour litre : Shakspeare's
Dramatic Songs, in two volumes, coiisisting
of ail the songs, duets, trios, and choruses
in chauacter, as introduced bij him in his
varions dramas; the Music partit) new and
parthj selccted, ivith new Symphonies and
accompaniments for the piano-forte, from
the Works of Purcell, Fielding, Dr. JJoijce,
Narcs, Ame, and Cooke, MM. J. Smith,
J.-S. Smith, Th. Linley Jun. aiid R.-J.-S.
Stcrens; to which are prefixed a gênerai in-
troduction of the subject, and explanatory
remaries to each play ; Londres, Preston, 1816,
2 vol. in-fol.
LINLEY (François), né en 1774, à Doncas-
fer, dans le duché d'York, était aveugle de
naissance. Malgré sa cécité, ses parents, dont la
position n'était point aisée, voulurent lui donner
un état qui prit le faire vivre indépendant, et ils
le mirent sous la direction de Miller, organiste
de Doncaster, et auteur connu de plusieurs ou-
vrages concernant l'harmonie. Après avoir ter-
miné ses études de musique sous ce maître,
Linley se rendit à Londres, où il obtint la place
d'organiste de la chapelle de Pentonville, après
avoir vaincu quinze compétiteurs dans un con-
cours. Peu de temps après, il devint l'époux
d'une jeune dame, aveugle comme lui, et qui
possédait des biens considérables. Une fâclieuse
fantaisie poussa Linley à se faire éditeur de mu-
sique ; ses affaires se dérangèrent, il fut pour-
suivi, et sa femme l'abandonna dans cette triste
LINLEY — LIPAWSKÎ
313
situation. Ses amis lui donnèrent alors le con-
seil d'aller en Amérique pour y tirer parti de
ses talents. Il y lut, dit-on, bien accueilli; néan-
moins, il n'y resta pas longtemps. De relour en
Angleterie vers le milieu de 1799, il mourut, à
Doncaster, au mois d'octobrede l'année suivante,
a l'âge de vingt-six ans. Ce musicien avait de
l'instruction et a laissé quelques bons ouvrages.
On connaît sous son nom : 1" Trois sonates pour
le piano avec accompagnement de flûte, op. 1 ;
Londres, Longmann et Broderip. — 2° Sonate,
idem, n" iO du journal des pièces de clavecin,
ibid. — 3° Introduction of the organ (Intro-
duction à l'art de jouer de l'orgue) ; Londres,
Ralfe, in 4". — 4° Organ pièces, interludes,
fugues, etc. (Collection de pièces, préludes et
fugues pour l'orgue, etc.), op. 6 , Londres ; chez
l'auteur. — 5° Plusieurs suites de solos et de
duos pour lliites. Gerber, Liebtenthal et M. F.
Becker, ainsi que le Dictionnaire universel de
musique publié par Scliiliing, ont pris tous
les Linley l'un pour l'autre, et les ont môme con-
fondus avec le violoncelliste Lindley.
Lli\TAI\T (C), violoniste et guitariste, né
à Grenoble, en 1758, fit ses premières études de
musique dans sa ville natale, puis alla jeune à
Paris, où il reçut des leçons de violon de Ber-
tlieaume. Il eut pour maître de guitare Benoit
Pollet, qui jouissait alors de quelque réputation.
Après le départ des chanteurs italiens du théâtre
Feydeau, Sageret ayant pris la direction de ce
théâtre, Lintant, qui était son beau-frère, y entra
comme premier violon, sous la direction de La-
houssaye et de Blasius; mais la faillite de Sa-
geret, quelques années après, lui (it perdre cette
place. Il vécut quelque temps à Paris en don-
nant des leçons de gnilare. Vers 1810, il se (it
entrepreneur de théâtres dans les départements :
en dernier lieu, il eut la direction du. théâtre
de Grenoble. Il est mort en celte ville, le 17
mars I8o0, à l'âge de soixante-douze ans. Cet
artiste a publié de sa composition : 1° Trois
quatuors pour deux violons, alto et violoncelle,
op. 1 ; Paris, G. Gaveaux. — 2" Trois idem,
liv. 2, op. 4, Paris, Carli. — 3° Trois duos poiu'
2 violons, op. 7; Paris, Érard 4" Trois duos
pour deux guitares , Paris , Naderman. —
5" Trois grandes sonates pour guitare et violon;
Paris, Porro. — 6° Sonates progressives pour
guitare et alto; Paris, Frey. — 7° Plusieurs re-
cueils d'airs variés et de petites pièces pour gui-
tare. — 8° Méthode suivie d'un abrégé des prin-
cipes des accords fondamentaux pour apprendre
à faire un accompagnement; Paris, G. Gaveaux.
— 9° Plusieurs recueils de romances avec
accompagnement de guitare ; Paris , Janct.
LIJVUS, né à Chalcis, dans l'Ile d'Eubée, fui
selon les fables grecques, fds d'Apollon et de
Terpsichore ou d'Euterpe. Plutarque, d'après
Iléraclide de Pont, lui attribue l'invention des
chants plaintifs. Il passait pour avoir été le
maître de musique d'Orphée, de Thamyris et
d'Hercule. On dit qu'il reçut d'Apollon la lyre
à trois cordes; mais lorsqu'il voulut perfection-
ner cette invention, en substituant aux corde.s
de lin celle de boyau, beaucoup plus harmo-
nieuses, le dieu, irrité, lui ôta la vie. Le tombeau
de Linus était honoré à Thèbes dans une fête
lugubre, appelée Manéros (1), où l'on exécutait
des chants plaintifs qui portaient son nom. Dans
le vrai sens mythologique , Linos ou Linus était
l'incarnation grecque de la musique.
LIPAWSKY (Joseph), pianiste et com-
positeur, naquit à Hohenmauth, en Bohême, le
22 février 1772. Avant l'âge de sept ans il com-
mença l'étude de la musique, d'abord à Roke-
nitz, ensuite à Bernwald, près de Glatz. Er»
peu de temps il surpassa tous ses condisciples.
Son goût passionné pour la musique lui faisait
désirer de se livrer uniquement à l'étude de cet
art; mais ses parents exigèrent qu'il entrât dans
un collège pour apprendre la langue latine. Il
suivit d'abord les classes inférieures à Leulomis-
chel ; puis il acheva ses humanités à Kœnig-
gratz. Ce fut dans ce lieu qu'il eut pour maître
de clavecin et d'orgue l'habile organiste Haas.
Après avoir achevé son cours de philosophie à
Prague, ii se rendit à Vienne pour étudier le
droit; mais il ne tarda pas à renoncer à cette
science, et à se livrer sans réserve à son pen-
chant pour la musique. Pasterwitz, savant moine
bénédictin, lui enseigna la composition, et ses
liaisons d'amitié avec Mozart et Wanhall ache-
vèrent de perfectionner sou goût. Comme pia-
niste et comme compositeur, il se rit en peu
d'années une brillante réputation. Pendant deux
ans, il fut attaché à la famille du comte Tcleky,
comme professeur de piano ; ce seigneur lui fit
ensuite obtenir un emploi dans la cour des
comptes. Lipawsky mourut à la (leur de l'âge,
le 7 janvier 1810. On connaît sous le nom de
cet artiste : 1° Der gebesserie Hausteufel ( Le
Démon domestique corrigé), imitation de l'opéra
français Le Diable à quatre. Cet ouvrage a été
représenté à Kornenbourg, au bénéfice des pau-
vres et des orphelins. — 2" Pie Nymphen der
Silberquelle ( Les Nymphes de la Source argen-
tée), opéra joué avec succès au théâtre Schika-
(1) I.'origine égyptienne de ce mot (Mavépw;) est évi-
dente; les chants lugubres des fêtes d'Isys clierchunt le
corps de so'i fils s'appelaient de ce nom.
314
LIPAWSKI — LIPINSKI
neder, à Vienne. — 3° Bernadone, opéra re-
présenté à Prague. — k° Sonate pour piano et
violon ; Prague, Wedtmann, 1798. — 5° Idem,
op. 9 ; ibid. — 6° Grande sonate pour piano,
violon et violoncelle, op. 18; ibid. — 7" Idem,
op. 11 ; Vienne, Steiner (Hasiinger). — 8° Grande
sonate pathétique pour piano seul , op. 27 ,•
Leipsick, Breilkopf et Hœrtel. — 9° Grande
sonate idem, op. 32 ; Vienne, Hasiinger. —
10° Trois andante pour piano seul, op. 19;
ibid. — 11° Rondos idem, op. 23 et 30; ibid.
12° Fugue sur la marclie des Deux Jour-
nées, de Clieriibini, op. 24; ibid. — 13° Six fu-
gues pour piano seul, op. 29 ; ibid. — 14° Beau-
coup de thèmes variés, polonaises, menuets, etc.
LlPIIXSKl (Charles) (1), violoniste cé-
lèbre, est né à Radzyn, en l'ologne, au mois de
novembre 1790. Son père, amateur distingué de
musique, lui enseigna les premiers éléments de
cet art à l'âge de six ans , et fut le seul maître que
Charles Lipinski eut jamais. Ses progrès furent
rapides ; mais ils furent interrompus par les études
littéraires qu'on lui (it faire. Le premier instrument
qu'il étudia fut le viohncelle ; en peu de temps il
parvint à jouer sur cet instrument les concertos
de Romberg. Son ami M. Ferdinand Kremes,
employé du gouvernemenl à Lemberg, amateur
distingué et violoncelliste remarquable, l'encoura-
geait dans ses efforts et faisait avec lui de la
musique. Plus tard, Lipinski abandonna le vio-
loncelle pour le violon, sans autre maître que lui-
même, et 'se proposant principalement d'at-
teindre thns son jeu la plus grande puissance de
son possible. Ses études constantes lui firent ré-
soudre ce pioblème. i\Iême à la fin de sa car-
rière, la bravoure dans les traits difficiles et l'am-
pleur du son étaient les qualités les plus remar-
quables de son talent. Il n'était âgé que de
vingt-deux ans lorsqu'on le choisit, en. 1812,
pour chef d'oichestre du théâtre de Lemberg :
il en remplit les fonctions pendant deux ans, et
compléta de cette manière son instruction musi-
cale, en dirigeant l'exécution des meilleurs opéras
allemands, italiens et français. Pendant ce temps,
son talent d'exécution acquit tout son dévelop-
pement et prit toute la largeur qui e.st son ca-
ractère distinctif. En 1814, l'annonce qu'il lut
dansles journaux de l'arrivée de Spohr à Vienne
le décida à s'y rendre pour entendre ce maître,
dont le jeu lui plut, dit-on, beaucoup. De retour
à Lemberg, il donna sa démission de chef d'or-
chestre du théâtre pour se livrer en liberté à la
(I) Les corrections faites ici à l'Ogard de quelques faits
concernant la vie du célèbre violoniste et compositeur
Charles Lipinski m'ont été indiquées par sou fils, M. Gus-
tave Charles Lipinski, docteur en droit, à Dresde.
culture de son talent et pour donner des con
certs. C'est aussi à cette époque qu'il écrivit
ses premières composilions publiées à Leipsick.
Fink, qui a donné sur Lipinski une notice assez
étendue dans le Lexique universel de musique
publié par Schilling, rapporte qu'en I8l7 le
violoniste polonais ayant appris que Paganini
commençait à fixer sur lui l'attention publique,
partit pour l'Italie , dans le seul but de l'en-
tendre, donnant des concerts sur sa route et
jusque dans le nord de l'Italie ; qu'il entendit Pa-
ganini à Plaisance, et qu'il lui fut présenté;
que le célèbre artiste génois lui proposa de jouer
des symphonies concertantes dans des concerts
publics, et que tous deux y brillèrent à un égal
degré. Dans la première édition de la Biogra-
phie iLiiiverselle des musiciens, j'ai élevé des
doutes sur ce (ail, parce qu'en 1817 Paganini
était malade A Rome; mais suivant rex[)licalion
qui m'a été donnée par M. Gustave-Charles
Lipinski, lils du viituose, la contradiction ne
provient que d'une faute d'impression dans la
date donnée par Fink. En réalité, Lipinsk-i a joué
dans deux concerts à Plaisance avec Paganini ;
les alliches originales qui sont en la possession
de M. Gustave-Charles Lipinski et qui ont été
comtnuniquées à M. Furstenau, aitiste de la
chapelle royale de Dresde, en sont une preuve
sans réplique.
De retour en Allemagne, Lipinski y donna des
concerts dans plusieurs villes, puis retourna à
Lemberg, où il était en !823. Vers la fin de la
même année il se fit entendre à Kiew, où il obtint
de brillants succès. En 182.5 il était à Pétersbourg;
il y donna, au mois de juin, un concert dans la
grande salle de la redoute, où avant lui aucun
artiste ne s'était fait entendre. Liszt est le seul qui
après lui ait tenté celte épreuve avec succès.
A l'époque du couronnement de l'empereur Ni-
colas à Varsovie, et dans le moment même où
Paganini donnait des concerts avec son succè.>
accoutumé, Lipinski en donna un le 5 juin ai
grand théâtre, et y excita l'enthousiasme de ma-
nière à soutenir le parallèle avec son prodigieux
émule dans l'opinion publique. On peut voir dans
la Gazette de Berlin rédigée par Voss (juin et
juillet 1829) des relations de ce concert et de
l'effet produit par l'artiste polonais. On retrouve
celui-ci à Leipsick et à Francfort en 1835. Dans
l'année suivante il fit un voyage à Paris et à
Londres. De retour en Allemagne, il se rendit à
Vienne, et y donna, pendant les mois de mai et
juin 1837, dans la grande salle de la redoute,
quatre concerts, où son talent produisit la plus
vive impression. Il ne s'éloigna de cette ville que
pour retourner à Lemberg, où il ne s'arrêta que
LIPINSKl — LIPOWSKI
315
quelques mois, puis il Ira versa la Pologne et en-
treprit son second voyage en Russie. Pendant
riiiver de 1838-1839, il se fit entendre de nou-
veau à Pétersbourg et à Moscou, oii il <lonna plu-
sieurs concerts au grand théâtre de l'Opéra im-
périal. Le l*"" juillet 1839 11 se fixa à Dresde en
(|ualité de premier maître de concerts de la cour
et de la chapelle royale de Saxe. A l'époque de
mon premier séjour à Dresde (1849), je fis la
connaissance de cet artiste intéressant, et je le
trouvai plein de feu et d'enthousiasme pour l'art,
bien qu'il touchât à sa soixantième annre. Eu
1854, le feu roi Frédéric-Auguste le nomma che-
valier de l'Ordre d'Albert <ie Saxe, en récompense
de son mérite et de ses services.
Les compositions publiées de Lipinski sont :
1° Variations pour violon et orchestre, op. 5 ;
Leipsick, Breilkopf et Hœrtel. — 2" Deux polo-
naises idem, op. 6; ibid. — 3" Rondo alla po-
lacca, idem, op. 7; ibid. — 4" Sicilienne variée
pour violon et quatuor, op. 3; Leipsick, Pelers.
— 5° Variations idem, op. 4 ; ibid. — 0° Trois
polonaises idem, op. 9; Leipsick, Breilkopf et
Hœrtel. — 7° Trio pour 2 violons et violoncelle,
op. 8 ; ibid — 8° Deux caprices pour violon seul,
avec accompagnement de basse, op. 2; Leipsick,
Pelers. — 9" Trois idem, op. 10; Leipsick,
Probst. — 10° Trio pour deux violons et violon-
celle, op. 12; Leipsick, Peters. — 1 1° Variations
avec accompagnement de piano, op. 11 et 15;ibid.
— 12° Rondo alla polacca avec piano, op. 13;
Vienne, Haslinger. — 13"Rondode concert pour
violon et orchestre, op. 18; Leipsick, Peters
14° Rondo alla polacca idem, op. 17; ibid. —
15°!''' Concerto idem (en /'«dièse mineur) op. 14;
ibid. — IG' Concerto militaire idem (en ré),
op. 21 ; Leipsick, Breilkopf et Hœrlel. — 17° 3é"ic
concerto idem (en mi mineur), op. 2i ; Leipsick,
Hofmeister. — 18" Variations idem sur la cava-
tine du Barbier de Séville (Ecco ridente il
cielo), op. 20 ; Leipsick, Breitkopf et Hœrlel. —
19° Varialions.de bravoure idem (en l'é), op 22;
Leipsick, Peters. — 20° Adagio elcgiaco à l'usage
des concerts idem ( en mi ) : Berlin, Schlesinger.
21° Fantaisie et variations idem sur des motifs
des Hiigue7wts{en mi), op. 26 ; ibid. — 22° liémi-
niiccnces des Puritains, grande fantaisie idem,
op. 28; Leipsick, Brei Ikopf et Hœrtel. — 23°4è"ne
concerto idem (en la), op. 32 ; Leipsick, Hofmeis-
ter. — 24° Fantaisie idem (sur des motifs de
de l'opéra de Steffani : Les Cracovicns), op. 33;
ibid. — 25° Trois caprices pour violon seul,
op. 29; Hambourg, Schuberth. On doit aussi
à Lipinski une mtéressante collection de chants po-
pulaires delà Galicie (ancienne PeUtePologné) , au
nombre de 169, avec accompagnement de piano:
Celle publication, faite avec le savant litléralenr
polonais Venceslas Zalewski, a pour titre : Piesni
polskie i ruskie ludii Galicijiskiego s musyka
instrunieiitowana; Lemberg, Piller, 1834,2 vol.
gr. in-s°.
LIPOWSKI (TnAnÉE Ferdinand), né à
Saint-Martin en Bavière, le 28 décembre en 1738,
commença ses études à Pas.sau, puis suivit à
Sal/.bourg des cours de philosophie, de mathé-
matiques et de droit. Son éducation musicale se
lit en même temps que son éducation littéraire et
scientilique ; il apprit en peu d'années à bien jouer
(lu clavecin, du violon et du basson. Le violon
fut surtout l'instrument qu'il cultiva avec succès.
Léopold Mozart, père de l'immortel compositeur,
lui enseigna aussi l'harmonie et le contrepoint.
Son premier ouvrage fut un opéra en langue la-
tine, intitulé : Musx in Parnasse Salisbur-
gensi. Les étudiants de l'université le représen-
tèrent en 1759, pour la fête du prince évêque.
L'année suivante Lipowski alla terminer son
cours de droit à l'université d'Ingolstadt. De re-
tour à Munich, il s'y fit connaître par son talent
distingué sur le violon. En 17C3, il fut nommé
conseiller de justice à Weissensteig, en Souabe
(maintenant au royaume de Wurtemberg). H y
avait en ce lieu un cliapilre de chanoines séculiers
de Saint-Cyriaque, où se trouvaient beaucoup de
bons musiciens et un chœur bien organisé ; cette
circonstanceexcita lezèle le Lipowski, qui écrivit
en peu d'années des messes, litanies, offertoires,
symphonies, concertos, quatuors, trios, etc. Dans
im voyage qu'il fit à Munich il joua un concerto
de violon chez le prince électoral Maximilien III,
qui, charmé de son talent, le fit nommer con-
seiller de la cour à Munich et administraten."
des droits de brasserie; mais au moment où il
allait prendre possession de ses nouveaux em-
plois, une fièvre cérébrale le conthiisit au tom-
beau, le 18 mars 1767. Peu de jours avant sa •
mort, il avait achevé une messe de Requiem, qui
fut exécutée à ses obsèques, et dont le manuscrit
a été conservé au chapitre deSaint-Cyriac.
LIPOXATSKI (Félix-Joseph), fils du pré-
cédent, né à Weissensteig, en 1765, s'est fait con-
naître comme un des écrivains les plus féconds
de la Bavière. Il s'est exercé sur toutes sortes de
sujets, mais surtout sur des points d'histoire,
de littérature, d'arts et de sciences, relatifs à son
pays. Fixé à Munich dès son enfance, il y a pu-
blié tous ses ouvrages. Le premier a paru en 1794 ;
le dernier en 1831. Au nombre de ses écrits, on
trouve un dictionnaire historique des musiciens
de la Bavière, intitulé : Baierische Musik-Lexi-
kon; Munich, Giel, 1811, 1 vol. in-8". Ce livre
paraît avoir été fait avec précipitation ; néanmoins
316
LII^OWSKI — LIROU
on y trouve quelques ren<?eignements utiles.
LIPPARINI (Le p. Guillaijme), moine
augustin, né à Bologne, vers la fin du seizième
siècle, fut maître de chapelle de l'église cathédrale
de Como. Il vivait encore en 1637, car il puhlia
dans cette année son œuvre quatorzième. On con-
naît sous son nom : 1° Ilprimo libro de moletti
a 7, 8 e 15 voci ; Venezia per il Roveri, 1609,
in-4°. — T Madrigali a chique voci ; ibid.,
1614. — 3" Messe a 8 e 9 voci ; ibid. — 4" Leta-
nie délia B. Virgine a 1, 2, 3 voci con il basso
per l'onjano; ibid, 1623, in-4° — h°Sacri laudi
a 3, 4, 5, 8 voci, op. J2; Venezia, per il Vin-
centi, 1634, in-4°. —6» Sacri concerli a 1,2,
3, 4 voci con leianie e sonate, op. 13; ibid.,
1635, in-4°. — 7*> Salmi concertati a 8 voci
con l'organo, op. 14; ibid., 1637, in-4'. —
8" Sacri concerti a 4, 5, 6, 8, 10 voci. lib. 2 ;
ibid., 1637, in-4°.
LIPPIUS (Jean), docteur et professeur de
théologie à Strasbourg, né dans cette ville, le
24 juin 1585, étudia d'abord à l'université de
Wittenberg, puis à Jéna, et enfin à Giessen, où
il fut gradué docteur. Il mourut à Spire, le 24 sep-
tembre 1612, au retour d'un voyage qu'il avait
fait à Giessen, et lorsqu'il allait prendre posses-
sion de sa chaire dans sa ville natale. Lippius
soutint à Wittenberg une thèse sur la théorie
des intervalles de la gamme, qui a été imprimée
sous le titre de : Disputatio de musica, Witte-
bergse, 1609, 8 pages in-4''. Cette dissertation fut
suivie de deux autres sur le même sujet, impri-
mées dans la même ville, en 1609 et 1610. La
deuxième dissertation forme deu\ feuilles et de-
mie, et la troisième, quatre feuilles. Lippius les
réunit ensuite, elles publia, lorsqu'il était à l'u-
niversité de Jéna, avecle titre suivant : Themafa
musica, ut multls forte paradoxa, ita hoc
maxime sscculo notanda et a Musophilis pu-
' blice discutienda atque explicanda, exhibens.
Jéna, 1010, in-4''. Il y établit que la musique n'est
point une science métaphysique (Musica non est
scientia me(aphîjsica),el qu'elle n'est pas préci-
sément physique, parce que le son, bien que chose
naturelle, n'est pas un corps : do7ic (ajoute-t-il)
elle est mathématique. Cette opinion erronée
a été reproduite après Lippius par la plupart des
géomètres. 11 y ajouta ensuite un supplément in-
titulé : Themata fonfem omnium errantium
viusicoium operantia, etc., Jéna, 1611, in-4''.
Il est vraisemblable que celte dernière disserta-
tion est la même qui est citée par AiValther dans
son Lexique de musique sous ce titre y Brevicu-
lum errorum musicorum veterum et reccn-
tiorum. Toutes ces pièces sont de la plus grande
rareté; mais nul doute que toute la doctrine
qu'elles renferment a été reproduite par Lippius
dans son livre intitulé : Synopsis m iisicœ novw-
omnino verx atque methodiccv universic, in
omnis sophix fjrxgustum TiapspYto; inventx,
disputatx et propositx otmiibus philomusis;
Strasbourg, Paul Ledertz, 1612, in-S". L'épître
dédicatoire est datée du dimanche de Lxtare
1612. A la fin de l'ouvrage, on trouve huit vers
à la louange de Lippius, par Calwitz ou Calvi-
sius. Le livre de Lippius est une doctrine com-
plète des proportions musicales et de la théorie
mathématique de la musique. On peut le consi-
dérer comme un bon ouvrage pour le temps où
il a été écrit. Gerber a fait une de ses bévues
ordinaires en disant que la première édition de
ce livre a paru en 1592, quoiqu'il eût donné lui-
même la date de 1585 pour celle de la naissance
de Lippius; en sorte que ce savant aurait été
âgé de sept ans lorsqu'il aurait publié son livre.
On a aussi de Lippius un écrit intitulé : Philo-
sophix verxflc sincerx in qiiibus continen-
tur: 1° Prxparatio per musicam, 2" Perfectio
interior realis per melaphysicam, rationalis
per logicam, exterior realis perethicam, etc.;
Strasbourg, 1612, in-s". Erfurt, 1614, in-12. Ce
qui concerne la musique dans cet ouvrage forme
cinq feuilles d'impression.
LIPPRAIVD(Jean), organiste à Rudolstadf,
vers le milieu du dix-septième siècle, a mis en
musique à quatre voix une ode funèbre sur la
mort du fils du bourgmestre de celle ville. Elle
est imprimée à la suite d'un éloge historique de
ce jeune homme; Rudolstadt, 1669, in-4°.
LIROU (JeaivFrançois ESPIC, chevalier
DE), né à Paris, en 1740, entra dans les mous-
quetaires du roi, et fut décoré de la croix de Saint-
Louis. Amateur passionné de musique et de
poésie, il composa la Marche des mousque-
taires, qui fut exécutée pour la première fois à
la revue de la plaine des Sablons en 1767, et qui
a continué d'être jouée à la tête de ce corps jus-
qu'à la révolution de 1789. Louis XV paraissait
avoir du goût pour ce morceau, et demandait
souvent la marche de son mousquetaire. M. de
Lirou écrivit aussi les livrets de plusieurs opéras,
entre autres Diane et Endymion, mis en mu-
sique par Piccinni, et représenté à l'Opéra, en
1784, Théagéneet Chariclée, et Jason, présentés
au jury du même théâtre, mais non reçus. L'ou-
vrage le plus important du chevalier de Lirou
est un livre intitulé : Explication du système de
l'harmonie, pour abréger l'élude de la com-
posiiion, et accorder la pratique avec la théo-
rie; Londres (Paris), 1785, 1 vol. in-8° L'auteur
de cet ouvrage est le premier écrivain français
qui, daiis un livre sur l'harmonie, se soit séparé
LIROU — LISTE
•17
coniplclemenl du système de la basse fondamen-
tale de Rameau, pour cheiclier les lois de suc-
cession des accords dans les rapports de tonalité,
qui sont en effet les bases certaines de toute
musique. Malheureusement les idées do Lirou
manquaient de netteté à l'égard de ce critérium
de la science. Au lieu de chercher le principe de
la tonalité des sons par ordre de suKcession, il a
pris son point de départ dans la résonnance har-
monique des corps sonores, supposée uniforme.
Vt, dil-il, produit «i/, sol; sol engendre si, ré;
de plus, nt |ieut être considéré comme quinte
\àefa, d'où fa, la, ut. Ainsi, tt^étant placé comme
intermédiaire, on trouve dans les résonnances
harmoniques de fa, d'w^ et de sol, la suite de
sons mi, fa, sol, la, si, ut , ré, mi, qui ren-
ferme tous les intervalles de notre gamme ma-
jeure, et qui correspondent au deux tétracordes
de la musique grecque mi, fa, sol, la ; si, ut,
ré, mi. Et parce que par un procédé tout arbi-
traire et mécanique il est parvenu à trouver les
notes qui composent la gamme, il croit avoir
une tonalité, et se persuade qu'il ne s'agit que de
changer la disposition de ces notes, en commen-
çant par ut au lieu de mi. Il ne sait pas que toute
la difficulté est précisément dans la détermina-
tion de la [iremière note de l'échelle. Arrivé à
ce résultat, il dispose les notes en un cercle qui
lui représente les deux progressions ascendante
et descendante «<, 7n?, sol, si, ré, fa, la, et ut,
la, fa, ré, si, sol, mi, qu il considère comme
bases de toutes les constructions d'accords, de
toutes les successions harmoniques, des modes
et de la motlulation. L'exposé de ce début du
système suffît pour indiquer ce qu'on doit atten-
dre d'une théorie d'harmonie fondée sur de
telles bases. Le chevalier de Lirou est mort
à Paris, en 1806, d'une goutte remontée.
LIS (Chaules-Auguste) , compositeur ama-
teur, naquit à Bruxelles, le premier juillet 1784.
Fils d'un riche négociant de cette ville, il était
destiné à suivre la carrière du commerce; mais
des spéculations malheureuses de son père ayant
anéanti sa fortune, Charles Lis fut obligé d'accep-
ter une place dans l'administration des finances
du royaume des Pays Bas, et alla à Amsterdam
occuper cet emploi, depuis 1814 jusqu'ai 1831.
De retour à Bruxelles, après la révolution qui
sépara la Belgique de la Hollande, il entra dans
les bureaux du ministère des finances, et il y
fut employé jusqu'à sa mort, qui arriva le 28 juin
1845. Lis avait appris la musique dans son en-
fance : dès l'âge de vingt ans il composa des ro-
mances charmantes, qui eurent un succès de vogue.
Parmi ces pièces légères on remarque celles qui
commencent par tes mots : Portrait charmant.
portrait de mon amie; Fleuve du Tage ;
Non, je ne l'aime pas, etc. On trouve une
notice sur cet amateur distingué, par M. Ar-
thur de Mornay, dans le Fsécrologe universel
du dix-huitième siècle (Paris, année 1846,
in-8°).
LISCOYIUS ou LISIÎOVIUS ( Cuaules-
Friîdékic-Salomon), docteur en médecine et mé-
decin praticien à Leipsick , est ne dans cette
ville, le 8 novembre 1780. Il a publié une disser-
tation concernant la théorie de la voix, sous ce
titre : Dissertatio philologica sislens theoriam
vocis; Leipsick, 1814, in-S" de 70 pages. Dans la
môme année, il en a donné une traduction alle-
mande intitulée : Thoric der Stimme; Leipsick,
Breitkopf et Hœrtel, in-8'* de lOS pages, avec une
planche représentant les détails de l'appareil
vocal. Dans ce petit ouvrage , Liscovius se livre
à l'examen des théories de la voix humaine de
Ferrein , de Chiadni, de Cuvier et de Bur-
dach; puis il présente son propre système,
qui consiste à considérer l'organe comme produi-
sant de certains sons par l'action de ce que Fer-
rein a appelé les cordes vocales , c'est-à-dire
par les ligaments de la glotte, et d'autres par le
brisement de l'air sur les bords de l'ouverture du
larynx. Il examine avec soin les divers phéno-
mènes du mécanisme de la voix, dans la parole
et dans ie chant, les causes probables de la di-
versité qu'où remarque dans cet organe, et les
influences auxquelles il est soumis. Il traite aussi
de la voix chez les oiseaux et les animaux amphi-
bies ; enfin, la dernière partie de l'ouyrage est re-
lative à l'hygiène de la voix. Une analyse de la
dissertation de M. Liscovius par le docteur Hell-
wig a été donnée dans les volumes 16*' et 18'^
de la Gazette musicale de Leipsick. Liscovius
a publié aussi des remar(iues sur l'hypothèse
physico-acoustique de GotttVied Weber, concer-
nant la voix humaine, dans le 4c volume de l'é-
crit périodique intitulé Cxcilia, p. 161-166.
LISSIEUX (...), facteur d'instruments à
vent, établi à Lyon, vers 1660, était renommé
pour la bonté de ses musettes et de ses hautbois
( voyez le Traité de la Musette, de Borjon,
page 39).
LISTE (Antoine), chanteur, |)ianiste et
compositeur, né à Hildcsheim, en 1774, fit ses
études à Vienne, et fut, dit-on, d'abord élève
de Mozart, puis d'Albrechtsberger. En quittant
l'école de ce dernier, il entra chez le comte
Westphal en qualité de maître de musique de Ta
famille de ce seigneur. En 1804 il vivait sans
emploi àHeidelberg; c'est là qu'il commença à se
faire connaître par deux sonates pour le piano,
qui ont été publiées dans le 9c cahier du Réper-
318
LISTE ~ LISZT
toire des clavecinistes, par Nsegeli. De Heidel-
berg, Liste se rendit à Zuricli-, où il parait s'être
fixé. Il y vivait encore en 1828. Les ouvrages
les plus connus de cet artiste distingué sont :
1° Grand concerto pour piano en forme de fan-
taisie, op. 13 ; Leipsick, Breitkopf et Haerlel. —
2° Grande, sonate pour piano et basson ou violon-
celle, op. 3 ; Zuricb, Hug. — 3° Grande sonate
pour piano à 4 mains, op. 2; Leipsick, Breitkopf
elHîcrtel. — 4° Sonates pour piano seul, op. 1,6,
8 et 12 ; Zuricb et Leipsick. — 5° Pièces carac-
téristiques pour piano, op. 10 ; Leipsick, Hofmeis-
ter. — b" Variations sur le thème : Nice, se più
non m'ami, op. 7 ; Leipsick, Breitkopfet Hœrlel.
— 7° Chansons allemandes, op. 17, liv. 1 et 2;
Bonn, Simrock.
LISTEIMUS (Nicolas), écrivain sur la mu-
sique, naquit à Brandebourg, au commencement
du seizième siècle. Cette circonstance de sa vie
€st la seule connue: elle serait vraisemblablement
ignorée si Listenius n'en avait fait mention dans
J'épitre dédicatoire du livre qu'il a publié. Cet
ouvrage, qui renferme un traité élémentaire de
musique à l'usage des écoles primaires , parut
la première fois sous ce tilre : Rudimenta mu-
sicse, in gratiam studiosx juvenfufis diligenter
comportai a; Wiftenbcrg, Rhau, 15 J, iu-8" de
six feuilles. Feu de livres ont été aussi souvent
réimprimés que celui-là : Gerber porte à dix-
sept le nombre des éditions qu'on en a faites, et
avoue qu'il ne les connaît vraisemblablement
pas toutes. Il est vrai que j'en ai vu quelques-
unes qu'il ne cite pas, et peut-être y en a-t-il
d'autres encore. La deuxième édition a paru en
1536, chez le môme Georges R-hau ou Hliaw, à
Wittenberg. Ou en trouve un exemplaire à la
bibliothèque royale de Berlin, et j'en possèle
un de la même date. En 1539, le même édi-
teur en a donné une autre, intitulée : Musica
ISicolai Listenii, ab authore deniio recognita,
multisque novis regulis et exemplis adaucta.
Petit, m-8° de 6 feuilles. Toutes les autres édi-
tions imprimées chez Rhau en 1542, 1544, et
1554, ont le même titre, qui a été copié aussi
dans une réimpression faite à Leipsick, en 1554,
par Georges Hantsch. Il en est de même de celles
qui ont été imprimées à Leipsick, chez Michel
Blum, en 1543, 1546 et 1553. Ce même titre se
trouve aussi en tôle d'une autre édition qui m'a
été indiquée par le savant M. Gaspari, de Bologne,
mais avec une addition à la fin. Ce litre est :
Musica Nicolai Listenii , denuo recognita
multisque novis regulis et exemplis aucta,
ne correctius quant antea édita. Noribergx
exciidebat Theodoricus Gerlatzenus j 1569,
petit in-8°. Celte même édition a été reproduite
en 1570, avec un autre frontispice. La quatrième
édition a pour litre : Nicolai Listenii Rudi-
menta musicT, ab authore aucta et reco-
gnita; Noribergœ, apud. Joan. Pefreium,, 1540,
in-8°. Les autres éditions publiées par le même
imprimeur en 1544, 1549, 1553, 1577, et «liez ses
héritiers, 1588 et 1600, toutes in-8°, sont sim-
plement intitulées : Musica Nie. Listenii ab au-
thore recognita et aucta. Enfin, il y en a une,
sans date, publiée à Francfort-sur-l'Oder, et ime
autre imprimée à Breslau, en 1573, dont Hol-
mann a donné la description dans son livre sur
les musiciens de la Silésie {voyez Hol'mann). La
bibliothèque royale de Berlin possède une édi-
tion donnéeà Leipsick, en 1559 : j'ignore le nom
de l'imprimeur. M. Charles-Ferdinand Becker a un
exemplaire d'une édition imprimée à Nuremberg,
sans date, et une autre édition, également sans
date, de Francfort-sur-le-Mein. La simplicité du
style de Listenius et la clarté de ses définitions ont
été vraisemblablement les causes principales du
succès de son livre.
LISTOiV (Henki), ecclésiastique éco.ssais,
ministre de l'église unique du comté de Lin-
lithgow et de la ville de ce nom, près d'Edim-
bourg, vécut au commencement de ce siècle.
En 1811 , il soumit à l'examen de William
Shield, de Samuel Wesley, de J. Davy et de
Greatorex, un orgue de son invention, auquel il
donnait le nom d'enharmonique, et qui avait
été construit par un facteur de Londres, sous
sa direction. Ces artistes approuvèrent le système
de cet instrument , le considérant comme un
progrès, particulièrement en ce qui concerne les
moyens de fixer la justesse la plus satisfaisante.
Quelques mois après, le révérend Liston pu-
blia un traité sur l'intonation, avec im grand
nombre d'exercices, sous ce titre : An Essag
on perfect intonation ,• Edimbourg, Peler Hill;
Londres, Longman, I8i2, 1 vol. in-4°. Cet ou-
vrage a pour objet de faire connaître les avan-
tages de l'orgue enharmonique pour la perfec-
tion des intonations dans le chant.
LISZT (Fkançois ou Franz), l'un des ar-
tistes les plus extraordinaires de notre temps,
n'a été considéré dans la première édition de la
Biographie universelle des musiciens qu'au
point de vue de son talent de pianiste : vingt-
deux aimées se sont écoulées depuis lors; dans
cet intervalle, Liszt s'est ouvert une carrière
nouvelle, et j'ai à parler de lui non-seulement pour
les prodiges de son exécution, mais pour ses tra-
vaux de maître de chapelle, et pour ses entre-
prises de transformation de l'art dans la compo-
sition symphonique. De plus, il me faudra le
suivre aussi dans ses travaux de littérature ; car
LISZT
31!)
sa vigoureuse organisation intellectuelle a saisi
l'art sous tous ses aspects.
Liszt est né le Tl octobre 1811, à Rœding (1),
village de la Hongrie, non loin de Pestli. Son
père, employé dans l'administration des l)iens du
prince Esterhazy, était bon musicien et jouait
avecli^ileté de plusieurs instruments. Le prince
employait ses talents dans sa chapelle; ce fut là
(in'Adam Liszt se lia d'amitié avec Haydn, (jui
mou rut deux ans avant la naissance de son fils. Dans
sa sixième année le jeune Liszt montra ses heu-
reuses dispositions pour la musique, en écou-
tant attentivement son père qui exécutait sur le
piano le concerto de Ries en ut dièse mineur,
dont il chanta le même soir le thème et les prin-
cipales mélodies. Dès ce moment, on le mit à
l'étude du piano. Les tendances de son esprit
vers le recueillement mélancolique commencè-
rent à se manifester \m [leu plus tard, par le
goût passionné qu'il prit à la lecture du René de
RI. de Chateaubriand. Pendant près de six mois,
ce livre ne sortit pas de ses mains, et souvent
on le trouva les yeux baignés de larmes pendant
sa leclsire. A l'âge de neuf ans, il se fit entendre
pour la |)remière fois en public à Œdenbourg, et
quoiqu'il eût été pris de la fièvre au commence-
ment du concert, il exécuta le concerto de Ries
en mi bémol, et une fantaisie improvisée , de
manière à exciter le plus vif étonnement. Le
prince Eslerhazy, qui l'entendit dans cette
féance, lui fit beaucoup de caresses et lui ac-
corda un présent de 50 ducats. Peu de temps
après, Liszt commença ses voyages avec ses pa-
rents, et se rendit à Presbourg. Il y trouva dans
les comtes Amaden et Zopary deux protecteurs,
q\ii se réimirenl pour lui assurer luie pension de
600 florins pendant six ans, dans le but de l'aider
à compléter son éducation. Alors commença à se
réaliser l'avenir de bien-être que le père de Liszt
avait espéré pour son fils. Il le conduisit à Vienne,
et le confia aux soins de Czerny. Les premières
leçons du maître blessèrent le jeune orgueil de
l'élève, parce que Czerny présenta à Liszt des
sonates de démenti que celui-ci considérait
comme au-dessous de son talent et qu'il joua
avec dédain. Il fallut aborder de plus grandes
difficultés, et bientôt il y en eut à peine d'assez
grandes, pour le pianiste enfant, dans les œuvres
de Beethoven et de Hummel. On rappo! te à ce
sujet que le jeune Liszt se trouvant un jour avec
quelques artistes chez l'éditeur de musique qui
venait de publier le concerto en si mineur de
iXl Ccttedate se trouve dans toutes les notices biographi-
ques de l.is/.l; je crois pourtant que les renseignements qui
me soiil parvenus de Vienne,etqui font remonter la nais-
Banre de l'artiste à deux années plus tôt, sont exacts.
Hummel, il le joua sans hésiter à prerni^re vue-
Cette aventure fit du bruit; il en fut parlé dans
les salons de Vienne, et chacun voidut intendre
le jeune virtuose. Le prix convenu entre le père
de Liszt et Czerny, pour un certain nombre de
leçons, était une somme de trois cents florins ;
mais lorsque vint le payement, le maître
refusa, disant que les succès de son élève l-'in-
demnisaient de tous ses soins. Pendant les
dix-huit mois que Liszt passa soiis la direction
de Czerny, il reçut aussi quelques leçons de
composition du vieux Salieri. Après ce temps
d'études , il donna son premier concert : les
artistes les plus célèbres y assistèrent, et pré-
dirent à l'enfant précoce une carrière .glorieuse.
Ce fut alors que Liszt et sa famille se dirigèrent
vers Paris, donnant partout des concerts, et par-
tout obtenant de brillants succès.
Le père du jeune artiste s'était projiosé de le
faire entrer au Conservatoire et de le confier aux
soins de Chenibini pour le contrepoint ; mais sa
qualité d'étranger opi)osaà ce projet im obstacle
que ne purent écarter les recommandations de
M. de Metlernich lui-même. Liszt (tait arrivé à
Paris vers le commencement de 1823;il se fiten-
tendre pendant cette saison-dans plusieurs con-
certs à l'Opéra, et y causa autant d'étonnement que
de plaisir. Il n'y paraissait pas seulement comme
un de ces enfants prodiges dont on a vu beau-
coup d'exemples depuis lors, mais comme un mu-
sicien déjà aussi remarquable par son aplomb que
par sa brillante exécution. Ses improvisations
n'étaient pas riches d'idées neuves; mais elles in-
diquaient dans leur auteurunerare inlelligencede
l'effet, et beaucoup de sang-froid dans la con-
duite du plan. On ne parla bientôt plus que du
petit Liszt, et cette locution devint si familière,
qu'on le désignait encore ainsi à Paris après
qu'il eut atteint l'âge et la taille d'un homme.
Malgré ses succès , ses études de piano conti-
nuaient sous la sévère diiection de son père.
Celui-ci obligeait son fils à jouer chaque jour
douze fugues de liach, et à les transposer à
l'improvisle dans tous les tons; c'est à ce tra-
vail que Liszt est redevable de cette prodigieuse
iiabileté dans la lectnre et l'exécution à pre-
mière Tue de toute espèce de musique ^ quelle
qu'en soit la diflicullé. \n mois de mai 1824 il
partit pour Londres avec son père; ses succès
n'eurent pas moinsd'éclatà la cour de Georges IV
qu'à Paris, oii il retourna au mois de septembre
de la môme année, 11 y reprit ses éludes, et
commença à composer. L'année suivante, au
:>mois d'avril, le père et le fils retournèrent à
Londres, et recueillirent dans plusieurs concerts
d'abondantes récoltes, dues à l'admiration qu'ins-
320
LISZT
pirait le taient du jeune artiste. De retour à Pa-
ris, Liszt fut excité par son père à écrire des
sonates, des fantaisies, des variations, et mênie
un opéra de Don Sanche, ou le Château de
l'Amour, qui fut représenté à l'Académie royale
de musique, le 17 octobre 1825, et que le public
écouta avec indulgence, à cause de l'intérêt qui
s'attachait au nom du jeune musicien. Au mois
de février 182G, Liszt s'éloigna de Paris avec sa
famille, dans le dessein de visiter les principales
villes de France. Ses concerts à Bordeaux, et
plus tard à Toulouse, Montpellier, Nîmes, Mar-
seille et Lyon, furent pour lui une suite de triom-
phes.
Cependant jusqu'alors il avait plus appris la
composition par instinct et par observation que
par des études suivies et systématiques. Le
besoin de s'instruire mieux dans cet art se fit
sentir en lui vers cette époque ; Reicha se char-
gea du soin de le diriger dans son travail, et lui
fit commencer un cours qui, je crois , ne fut
jamais achevé . parce que les sentiments d'une
dévotion mystique et contemplative commencè-
rent alors à pénétrer dans l'àme du jeune Liszt.
Dans leurs progrès , ces sentiments lui inspirè-
rent du dégoût pour l'art qui jusqu'à ce mo-
ment lui avait procuré plus de contrainte que de
véritables jouissances. Combattu par son père ,
son nouveau penchant ne (it que s'accroître ;
alors , pour l'arracher à des méditalions trop
précoces , on le fit voyager, et pour la troi-
sième fois il visita l'Angleterre, après avoir
parcouru la Suisse jusqu'à Derne. Ce fut au re-
tour de ce voyage à Londres que Liszt perdit son
père , à Boulogne. Alors commença pour lui le
temps de la liberté et de la disposition de ses
facultés ; bonheur qu'il dut d'autant mieux ap-
précier, lorsque sa douleur fut calmée, qu'il n'a-
vait connu jusque-là que le despotisme d'une
volonté plus forte que la sienne. « Pauvre enfant
dont on avait exploité la précoce habileté, il était
venu dans les pays étrangers chercher un tribut
d'admiration qu'on payait à son âge. Ce fut mer-
veille vraiment que, soumise à cette rude épreuve,
son enfantine vanité n'ait point fait avorter son
talent, comme cela est arrivé de tant d'autres.
Heureu-sement, l'amour de l'art était aussi puis-
sant en lui que la soif de la renommée était ar-
dente ; lorsqu'il put se diriger lui-même, il com-
prit, au milieu de ses irrésolutions, que pour
donner à l'homme fait des succès comparables à
ceux qu'avait obtenus l'enfant prodige, il lui fal-
lait réaliser plus de mcveilles qu'un autre, et son
courage ne recula pas devant le travail qu'il fal-
lait faire pour atteindre à ce but. Des éludes
persévérantes de mécanisme lui parurent néces-
saires pour qu'aucune difficulté ne pût l'arrêter
et pour que ses doigts fussent toujoius prêts à
rendre, sans restriction , tout ce que sa tête
pouvait lui suggérer. Dès lors sa vie fut cachée ;
pendant ])lusieurs années, il ne se fit plus en-
tendre, et lorsqu'il reparut, ce fut pour frapper
d étonnement par l'incomparable vélocité de ses
doigts, par leur habileté à vaincre toutes les
difficultés , par leur aptitude à l'expression de
tous les accents. »
Une grave maladie, dont la convalescence dura
près de deux ans, vint le surprendre au milieu
de ses travaux; elle contribua au développement
de la tendance religieuse de son esprit. Sa dé-
votion devint austère , et la fréquentation des
églises occupa la plus grande partie de son temps.
Tout à coup, on le vit briser avec ses habitudes
mystiques, rentrer dans le monde et prendre des L
allures dégagées. C'est ainsi que des variations '
fréquentes se sont fait remarquer dans ses goûts
en toute chose et ont témoigné de la mobilité de
ses sentiments et de ses opinions. Son talent
même a pris tour à tour différents caractères.
Nonobstant les succès d'enthousiasme qu'il obte-
nait chaque fois qu'il se faisait entendre, on pou-
vait remarquer, dans les variations fréquentes
du système de son jeu, que lui-même n'était pas
satisfail, et que l'incertitude agitait toujours son
esprit. On lui avait reproché de trop accorder
à la mécanique des doigts : il voulut prouver qu'il
y avait en lui un foyer de chaleureuses inspira-
tions, et il se mit à improviser en quelque sorte
des fantaisies sur les ouvrages des plus célèbres
compositeurs, ne les considérant en quelque sorte
que comme des thèmes qu'il pouvait varier et
modifier à son gré. Lui-même a reconnu plus
tard son erreur, et s'en est expliqué en ces
termes :
«■ J'exécutais alors fréquemment, soit en pu-
« blic, soit dans les salons (où l'on ne manquait
« jamais de m'objecter que je choisissais bien
« mal mes morceaux ), les œuvres de Beetho-
n ven, Weber et Hummel, et, je l'avoue à ma
« honte , afin d'arracher les bravos d'un public
« toujours lent à concevoir les belles choses
« dans leur auguste simplicité, je ne me faisais
n nul scrupule d'en altérer le mouvement et les
« intentions ; j'allais même jusqu'à y ajouter in-
n soiemment une foule de traits et de points d'or-
« gue, qui, en me valant des applaudissements
1 ignares, faillirent m'eniraîner dans une fausse
a voie, dont heureusement je me suis dégagé bien-
ce tôt (1). »
Au milieu des fluctuations de goût qui se fai-
(1) Caxetle musicale de Paris, t« année, p. BS.
IJSZT
321
saient remarquer dans le talent de Liszt, son ha-
bileté dans l'ext^cution des plus grandes difficultés
acquérait chaque jour plus de développement.
Par degrés, cette hahileté a surpassé celle de la
plupart des grands pianistes, et l'on [leut assurer
que l'art de joner du piano n'a plus rien dont ne
puisse facilement triompher la puissante exécu-
tion de Lisït. En 1833, il s'éloigna de Paris, vi-
sita la Suisse et s'arrêta à Genève, où il resta
jusqu'au mois de septembre 1S30. De retour à
Paris, il rappela sur lui l'attention des artistes
«t du puhlic par quelques compositions pour le
piano , remplies de difficultés que lui seul pou-
vait bien exécuter, et produisit une vive sensation
par sa merveilleuse habileté dans les concerlsoii
il se fit entendre pendant l'hiver suivant. Déjà il
avait publié quelques articles concernant sa per-
sonne , ses opinions et ses impressions , dans la
Gazette musicale de Paris.
Vers la fin de l'été de 1837, Liszt s'est éloigné de
nouveau de Paris, et s'est rendu à Milan, oii il a
fait un long séjour, interrompu seulement par un
voyage à Vienne. Salué dans la capitale de l'Au-
triche par d'unanimes acclamations, il y laissa
un vif souvenir de son talent admirable. Après
avoir visité Venise, il se dirigea vers Rome, où
il s'arrêta pendant plusieurs mois.
De retour à Vienne, vers la fin de 1839, Liszt
y eut des succès plus brillants encore que pendant
son premier séjour. Quelque éclat qu'ait eu son
talent dans toutes les grandes villes de l'Europe,
il est certain qu'aucune ne lui fit un accueil aussi
sympathique : il en fut véritablement le héros.
En quittant la capitale de l'Autriche, il se rendit
à Londres, en passant par Prague, Dresde et
Leipsick, où son talent produisit aussi une vive
impression. Dans l'année 1841, il fit un voyage
en Danemark, et se fit entendre, à son retour, à
Hambourg, Leipsick, Francfort, Coblence et
Cologne , d'où il se rendit à Bruxelles. Ses
succès dans cette ville et à Liège eurent un éclat
digne de sa prodigieuse habileté.
En 1842, Liszt visita Weimar, Berlin, et fit
une excursion à Paris, où il passa quelques mois
se préparant à un voyage en Russie, dont il
avait formé le projet depuis plusieurs années. Le
retentissement qu'avaient eu les succès de sa
virtuosité en France, en Italie, en Allemagne et
en Belgique , avait inspiré aux habitants de
Pétersbourg et de Moscou un vif désir de l'en-
tendre. Son nom était populaire dans toutes les
classes, et le moiijick comme le grand seigneur
ne se le figuraient que comme un être surnatu-
rel. C'est dans celte disposition que Liszt trouva
îa population de Pétersbourg lorsqu'il y arriva,
il ne faut donc pas s'étonner que la recette du
UIOGR. LiNIV. DES MUSICIENS. —T. V.
pifemier concert qu'il y donna se soit élevée à la
somme pi esque fabuleuse d'environ 50,000 francs.
Énui d'une ardente curiosité, le peuple encom-
brait les avenues de la salle, dans l'espérance de
voir l'artiste lorsqu'il s'y rendait. A Moscou,
mêmes démonstrations d'enthousiasme. Le pre-
mier concert de Liszt y fut donné le 23 avril
1S43, et i)our satisfaire l'avide désir de l'en-
tendre quianimait la population de <-ette grande
ville, il en dut donnei- d'autres le 27, le 29 du
même mois, le 2, le 5 et le 12 mai. A son re-
tour, il visita la Bavière et donna des concerts à
Munich et à Augsbourg.
Après avoir visité de nouveau Berlin, Dresde,
et plusieurs autres villes du nord de l'Allemagne,
Liszt s'ari-éta à Weimar, où le grand-duc le
nomma son premier maître de chapelle; puis il
se dirigea vers l'Espagne en 1844, donnant des
concerts dans quelques villes du midi delà France.
Le reste de cette année et le commencement de
1845 furent employés par lui à visiter l'Espagne
et le Portugal. A Madrid, à Cadix, à Barcelone, à
Lisbonne, il excita des transports d'admiration.
Après cette longue et fatigante excursion, il
revint en Allemagne pour l'inauguration de la
statue de Beethoven à Bonn. Dans un des élans
si fréquents de son noble cœur, il avait offert pour
l'érection de ce monument une somme beaucoup
plus importante que le produit de toute la sous-
cription à laquelle des princes avaient pris part.
Là ne se bornèrent pas ses sacrifices ; car il s'é-
tablit à Bonn plusieurs mois avant les fêtes mu-
sicales qui se préparaient pour cette occasion
solennelle, afin d'en disposer les éléments, com-
poser une grande cantate , et diriger toutes les
répétitions partielles et d'ensemble. 11 prit à sa
charge des frais énormes, afin que tout fût digne
du grand homme dont on allait honorer la mé-
moire, et pour jirix de tant de dévouement,
d'efforts et de générosité, il ne recueillit que des
témoignages d'ingratitude et de dénigrement.
L'envie s'était éveillée au bruit de ses succès,
trop universels pour que la médiocrité pût les
pardonner. Je le retrouvai, quelques jours après
ces fêtes, à Coblence, fatigué, découragé, et a
peu près ruiné. Mais bientôt son âme énergique
retrempa sa force vitale, et de nouveaux triom-
phes le vengèrent de ses ennemis.
Les trois années suivantes furent remplies par
de courts séjours de Liszt à Weimar, et par ses
voyages en France, en Hollande, en Bohême, en
Hongrie, dans les provinces de la Russie, et à
Constantinople. Les événements de 1848 et 1849
vinrent mettre un terme à ses excursions, et le
ramenèrent à Weimar, où il prit définitivement
possession de ses fonctions de premier maître de
it
322
LISZT
cliapelle , et dont il ne s'est éloigné depuis lors
que pour des fêtes musicales qu'il a dirigées, ou
pourdecourts voyages. Cetteépoqueestcelled'une
transformation complète dans la carrière de cet
artiste célèbre. Par ses soins , la composition de
la chapelle du grand-duc de Weimar s'est pro-
gressivement améliorée; des artistes d'ua talent
remarquable y ont été successivement appelés,
et l'Opéra de cette petite ville, auparavant peu
renommé , a bientôt fixé l'attention du monde
musical. C'est là qu'ont été entendus les ouvrages
dramatiques de Richard Wagner, dont Liszt s'est
fait l'apôtre ; c'est là que le Lohengrin fut en-
tendu en Allemagne pour la première fois. Ce
qu'il fallut de soins , de patience, de conviction
pour parvenir à une e\éculion à peu près satis-
faisante de ce chaos de combinaisons sonoresavec
des moyens à peine suffisants, il serait difficile
d'en donner une juste idée Wasner doit une re-
connaissance dévouée à Liszt pour de tels efforts
et pour les résultats qu'ils ont eus ; car c'en
était fait de sa musique de l'avenir lorsque le
premier maître de chapelle du grand-duc de
Weimar entreprit de lui rendre l'existence, non-
seulement en la faisant entendre, mais par des
plaidoyers en sa faveur et par son influence
dans les journaux de l'Allemagne. Tannhaeuser
était tombé sans ressource à Dresde en 1848;
puis était venue la révolulion qui avait jeté son
auteur dans l'exil : à peine osait-on prononcer
son nom; i» peine se souvenait-on de ses œuvres
musicales. Ce fut précisément après la révolution
de 1848 que Liszt entreprit à Weimar en faveur
de Wagner ce qu'on n'aurait osé faire en aucun
autre lieu. Le retentissement européen qu'il sut
donner aux représentations du Tannkxuserti du
Lohengrin fixa l'attention de quelques directeurs
de spectacles : un parti se forma en faveur de
ces drames bizarres , car les excentricités ne man-
quent jamais de partisans; or, il était d'autant
plus vraisemblable qu'il y en aurait de nombreux
en cette occasion, que la politique s'y mêlait. De
là tout ce qu'on a vu depuis lors, ce qu'on a dit
et écrit, vraisemblablement ce qui se dira et s'é-
crira encore pendant un certain temps; après
quoi viendra l'oubli, comme pour beaucoup d'au-
tres choses dont on a fait grand bruit à diverses
époques.
Il ne faut pas croire que Liszt se soit fait le
protecteur de cette musique de propos délibéré :
de tout temps il s'est senti du penchant pour les
tentatives de révolutions dans l'art. Tout en ren-
dant hommage aux beautés simples des maîtres
devenus classiques , il s^'est persuadé que le
temps de la simplicité est passé, et la nouveauté
des moyens et des (ormes lui a paru la nécessité
du temps présent. Si nous Fe sirivons avec at-
tention dans toute sa carrière, nous le verrons
incessamment sous l'empire de ces idées. Dès
sa jeunesse, sa foudroyante exécution crérf le
piano-orchestre j car le clavier tout entier est
sous ses mains : il en tire des effets qu'on n'a-
vait pas même supposés possibles avant lin'. C'eût
été assez pour la gloire et pour l'ambition d'un
autre; mais, dans sa pensée, ce n'était qu'un
acheminement à de plus grandes choses. Il rêvaii
une alliance intime du piano et de l'orgue; et
poursuivant avec persévérance la réalisation de
son utopie, il stimulait le zèle des facteurs dans
la recherche des procédés qui auraient pu con-
duire à ce résultat. 11 crut nn moment que le
but élait atteint, lorsque le facteur Alexandre
eut réimi dans un seul instrument les combi-
naisons d'un piano d'Érard avec toutes les res-
sources d'un grand harmonium perfeclioimé.
Le piano-melodium ( tel était le nom donné à
cet instrument ) élait sans aucun doute une
curiosité intéressante au point de vue de certains
effets particuliers de sonorité (1); l'invention
était ingénieuse, et le travail de la fabrication
était en tous points digne d'éloges; mais bientôt
Liszt acquit la conviction par lui-même que le
piano et l'orfjue ne sont point faits pour aller
ensemble; qu'ils ont chacun leur destination
spéciale, absolue dans l'art, et qu'il ne faut
chercher dans chacun que ce qui est conforme
à sa nature. En supposant nn but imaginaire,
Liszt aurait manqué ceJui de la réalité : il le com-
prit enfin, et revint au piano.
Le sentiment de la grandeur domine l'organi-
sation de Liszt; c'est le principe de son talent.
Ce caractère se nianifeste dans la plupart de ses
études (le piano, dans son recueil de pièces inti-
tidé Années de pèlerinage, dans &es Rhapso-
dies hongroises, où règne une rêverie mélanco-
lique, et dans les développements de certains
thèmes auxquels il a donné les noms de para-
phrases et d'illustrations. Sous ce rapport, la
supériorité de Liszt est de toute évidence; mais,
ainsi qu'il advient toujours d'une qualité poussée
à l'excès, celle-ci a conduit l'artiste a l'exagéré,
et lui a fait négliger cette autre qualité indispen-
sable aux œuvres d'art, et surtout aux produc-
tions musicales, laquelle se désigne d'une ma-
nière générale par le nom de charme. La mélodie
simple n'est pas dans sa nature ; le chant, lorsqa'il
lui donne accès dans ses ouvrages ( ce qui mal*
(1) Voyer le Rapport sur la fabrication des instruments
de musique rais à l'exposition universelle de Paris , en
1855, par l'auteur de la Viographie universelle des musi-
ciejis, Paris, 1856, dans les deux édiUons complètes publiées
par le gouvernement français, et dans le tiré à part, p. 29.
LISZT
32S
Ijeurewseniciit cstasseï rare), a toujours quelque
cliose de lieurté , de violeut, ou d'fissHHnbri par
riiarmonie dont il est accompagné. Si par hasard
sa plirase a le caractère du calme, on sent que
c'est le calme précurseur de rora,.;e. C'est sur-
tout dans les compositions pour l'orchestre , de
Liszt, appelées par \n\ Pocmes si/mphoniq^ies
( Symplionische Dichinngon), que l'ahsence de
«hanne est frappante : luirlout il est remplacé par
Tagitation nerveuse, ma!;idie endémique de l'é-
poque actuelle. Le choix des sujets de ces feuvres
appartient à une erreur capitale de notre temps;
erreur (pie j'ai combattue en plusieurs endroits
de mes écrits. Elle consiste à changer la destina-
tion de la musique, en l'enlevant au domaine de
l'idéal pur, pour la transformer en art imitatif
€t [)iltoresque. En vain toutes les entreprises de
ce genre ont-elles ahouti à des déceptions, en
dépit du talent des auteurs ; quelques artistes ne
sont pas moins persuadés, je dirais presque con-
vaincus, que cette voie est celle de l'avenir de la
musique. Liszt, plus que tout autre, a foi ea
cet avenir. De là le choix de ses poèmes sym-
phoniques , dont voici les titres : 1" Ce qu'on
eïitend dans la montagne (d'après le poëme
de Victor Hugo). — 2° Le Tasse (Lamente e
trionfo). — 3° Les Préludes. — 4° Orphée. —
i)° Promédiée. — 6° Mazeppa. — 7" Fest-
klxnge ( Bruits de fête). — 8° Héroïde funèbre.
— 9° Hungaria. — 10° La divine Comédie de
Dante. — 11° L'idéal. Tous ces ouvrages ont été
publiés en partition, à Leipsick, cliee Breitkopf
€t Haertel. Il est difficile de n'être pas saisi d'un
sentiment pénible à la lecture de ces immenses
«ombinaisons d'effets d'orchestre, où le talent
s'égare en clierchant im but impossible. Pour
comprendie ces énigmes, un livret serait né-
cessaire à chaque ouvrage; une explication de-
vrait être jointe à chaque page. Dans une des
deinières entrevues que j'eus avec Liszt , il me
dit, à propos dtî s€s tendances vers ce genre de
musique : « Nous sommes en Allemagne un eer-
V tain nombre d'intelligents qui comprenons et
« voyons clair dans la destinée future de l'art. Ce
n que les classiques appellent les obscurités de la
« musique nouvelle n'existe pas pour nous. »
Eh bien, soit ; admettons que ces OEdipes mo-
dernes sont (le force à défier le Sphinx ; qu'en
pouirons-nous conclure.' Qu'il est des esprits,
assez subtils pour trouver un sens à des choses
où nous n'eu voyons pas? Mais quoi.' s'agit-il de
la science ou de l'art ? La connaissance et l'intel-
ligence composent le domaine de la première;
laiilre n'existe qu'à la condition d'affecter le sen-
timent avant d'arriver à la conception. En écou-
tant une œuvre musicale, qu'importe la réahté
de l'objet pris pour thème par l'artiste? Ce qui im-
porte, c'est (pie nous soyons émus et (|ue nous
le soyons parles moyens les plus simples ;"ar le
simple seul est beau. L'imagination n'a rien à
faire avec le réalisme; mais sans elle l'art véri-
table, l'ait qui émeut, qui impressionne et (pii
procure à l'âme de pures jouissances, n'existe
pas. Lisr.t a l'ait des elforts immenses d'intelli-
gence pour arriver à des résultats impossibhîs ,
dans les conditions où il s'est placé : il les eût
réalisés sans peine s'il n'avait pris pour guide que
son sentiment du beau. Ne parlons pas de la mé-
lodie absente, ou (lu moins indiquée par de trop
courts fragments poui' que sa signification soi!
saisie par l'esprit le plus altentil; mais l'harmo-
nie, mais la tonalité! ces bases essentielles de
toute musique sentimentale, oii les trouverons-
nous respectées dans Festklrnge , dans VJIé-
roide funèbre, dans Hungarin et ailleurs ? Evi-
demment tout cela est sacrilié à une pensée énig-
matique.
L'œuvre de Liszt renferme un nombre très-
considérable de pièces de tout genre, lesquelles
sont classées en douze séries caractérisées de celle
manière : 1" Études, où l'on trouve 12 études
d'exécution transcendante, 3 grandes études
de concert, et les grandes études de Paganini
transcrites pour le piano. — 2° Compositions
originales pour le même instrument, lesquelles
renferment 7 suites intitulées /Ter?/! 07!«e5j5oé/«-
ques et religieuses; Années de Pèlerinage^ la
première année contient 9 compositions écrites
en Suisse; dans la deuxième sont les morceaux
composés en Italie; une Sonate; un grand Solo
de concert^ des Ballades; des Marches; trois
morceaux intitulés Apparitions; six autres qui
ont pour titre Consolations; des Polonaises^
des Caprices et Valses; deux concertos avec
orchestre; une fantaisie idem; un grand Galop
chromatique. — 3° Rhapsodies hongroises, au
nombre de quinze. — 4" Fantaisies, Polonaises
et Caprices avec orchestre. — 5° Fantaisies,
Réminiscences, Polonaises et variations de bra-
voure sur des thèmes d'opéras. — 6" Para-
phrases de concert sur des thèmes de tout
genre. — 7° Partitions de piano, ou arrangements
pour piano seid de la symphonie en ut mineur,
de la symphonie pastorale, de la septième et de
la neuvi(!me symphonie de Beethoven, des sym-
l)hoiiies faidastiques de Ilarold, de Berlioz, des
ouvertures (roberon, de Freischiitz, et Jubel
ov,verture de Weber, de Guillaume Tell, de
Rossini , du septuor de Beethoven, des ouvertures
des Francs-Juges et du Roi Lear, de Berlioz,
de Tannhxuser, de Richard 'Wagner, d'une
ouverture de fête religieuse d'Olto Nicolaï, et
21«
324
LISZT — LITOLFF
d'une canfafe de Liszt pour l'inauguration de la
statue de Beethoven ; véritai)les prodiges , où
toutes les combinaisons de l'orciiestre sont re-
produites. — 8" Transcriptions de musique
vocale pour piano seul, parmi lesquelles
on trouve 45 mélodies de Schubert ; l'Adélaïde
de Beethoven et 18 autres chants du même
maître; 6 Lieder de Mendelssohn; 13 Lieder
de Robert Franz; d'autres chants de J. Dessauer,
de Robert Schumann, de Weber el de Meyer-
beer ; 9 Lieder et chants de Liszt ; les Soirées
musicales de Rossini; les Soirées italiennes de
Mercadante; les Nuits d'été au Pausilippe, de
Donizetti ; des chansons napolitaines, polonaises ,
russes et béarnaiseà. — 9" Transcriptions /ns-
^noHen?«Zes d'après Schubert, Ferdinand David
et autres. — 10° Six préludes et fugues. —
11° Compositions vocales de Liszt : six recueils
et quelques pièces détachées ; Chants pour
quatre voix d'hommes, 4 recueils; itf ma qua^
tuor vocum ad œquales ( 2 ténors et 2 basses )
concinnente organo • Paternosterel Ave Maria
pour 4 voix d'hommes et orgue; Missa so-
lemnis quani ad mandatum eminentissimi
ac rêver endissimi Domini Joannis Scitovszky
a ISagyker S. B. eccles. Presbyteri Cardi-
nalis^ archiepiscopi Strigoniensis, principis
primatis regni Hungarix , etc.; Viennx
Austriacorum , typis Ccvs. Reg. status offici-
nx, 1859, in-folio maximo. Cette messe, écrite
pour quatre voix, chœur, orchestre et orgue,
est imprimée en caractères de musique mobiles,
avec un luxe inusité. La partition est à 28 portées.
— La dernière division du catalogue des œuvres
de Liszt renferme les poèmes symphoniques pour
orchestre, dont les titres sont donnés ci-dessus.
Comme écrivain sur l'art, Liszt a publié :
1° De la fondation de Goethe à Weimar, in-8°;
Leipsick, F. A. Brockhaus, 1851. — 2° Lohen-
grin et Tannhxuser de Richard Wagner,
1 vol. in-8' ; ibid., 1851. Une édition en langue
allemande de cet ouvrage a paru dans la même
année à Cologne et à Essen. — 3° Fréd. Cho-
pin, 1 vol. iu-8°; Leipsick , Breitkopf et Hœrtel.
Cette étude sur te vie, le talent et les œuvres
de l'artiste célèbre avait paru précédemment dans
le journal intitulera France musicale. — 4° Die
Zigeuner und ihre Musik in Ungarn ( Les
Bohémiens et leur musique en Hongrie), traduit
en allemand et publié par Pierre Cornélius ;
Pesth, 1861, 1 vol. petit in-8° de 259 pages. Un
grand nombre de morceaux détaches publiés dans
Ifs journaux, particulièrement dans la Revue et
Gazette musicale de Paris.
Beaucoup de notices et de fantaisies sur Liszt
«nt paru en Allemagne et en France, aux diverses
, époques de sa vie; les plus importantes sont ;
1° Franz Liszt , nach seinLeben undWirUen, etc.
(Fr. Liszt. Sa vie et sa valeur artistique), par Chris-
tern , in-12; Hambourg, Schuherth et Gif. —
1'^ Fr. Liszt. Lebensskizze {Vv. Liszt. Esqui-sse de
sa vie), par Rellstab, in 8"; Cerlin, Trautwein et
Cie. — 3» Franz Liszt. Sein Lcbenund Wirken,
par G. Schilling, in-S"; Stutigard, Stoppani, avec
le portrait de Liszt. — 4° Notice biographique
sur Franz Liszt , par Duverger. Extrait de la
Revue générale biographique, politique et lit-
téraire; Paris, Amyot, 1843, in-s". — 5° Franz
Liszt. Fine Biographie (Franz Liszt, Biographie),
dans le recueil intitulé : Die Componisten der
neueren Zeit ( Les Com[)ositeurs de l'époque
actuelle, par W. Neumann), 16* iiviaison;
Cassel, Balde, 1855, in-8°. Il existe un grand
nombre de portraits lithographies et grav s aux
diverses époques de la vie de l'artiste, t.iiisi que
des médailles grandes et petites, médaillons en
bronze, bustes et statuettes. Docteur en piiilo-
sophie et arts , par diplôme de l'université de
Kœnigsberg, Liszt est membre de la plupart des
sociétés musicales de l'Europe, de plusieurs aca-
démies, un des soixante chevaliers de l'ordre du
mérite de Prusse, commandeur de la Légion
d'honneur, chevalier de l'ordre de Léopoiil , du
Faucon de Saxe-Weimar, et de plusieurs autres
ordres.
LITERES (D. Antoine), dont le nom se
prononce Litérès, musicien espagnol, vécut vers
le milieu du dix-huitième siècle, et lut nommé
deuxième organiste de la chapelle royale de
Madrid, en 175C. Il jouit de beaucoup d'estime
dans sa patrie, pour son talent sur l'orgue et
pour ses œuvres de musique d'église. Son compa-
triote Feyoo parle avec enthousiasme de ses com-
positions dans le Teatro Crilico universal
(voyez Feyoo). La chapelle royale de Madrid
possède 4 messes avec orchestre, 14 psaumes,
8 Magnificat, 10 hymnes et un Miserere com-
posés par Literes.
LITOLFF (Henri), pianiste el compositeur,
maître de chapelle honoraire du duc de Saxe-
Cobourg-Gotha, est né à Londres, non en 1820,
comme il est dit dans V Vniversal Lexikon der
Tonkunst de M. Bernsdorf, mais en 1818, sui-
vant la note qui ma été remise par l'artiste lui-
même, dans sa jeunesse. Son |)ère, soldat fran-
çais, né à Colmar (Haut-Rhin) , avait été fait
prisonnier en Espagne et avait été conduit en
Angleterre : après la paix, il se maria à Londres
avec une Anglaise , et en eut le fils qui est l'objet
de cet article. La situation des parents de Litoiff
n'était pas fortunée : son éducation fut négligée;
mais la nature l'avait doué d'une grande intelli-
LITOLFF
32;
gence et d'une riclie organisation musicale. Il
était âgé de douze ans lorsqu'il reçut les pre-
mières leçons de piano d'un maître obscur, sous
lequel néanmoins il (it de si rapides progrès, que
deux ans après, c'est-à-dire lorsqu'il eut atteint
l'âge de quatorze ans, le hasard ayant conduit
Moschelès chez un facteur de pianos, ce maître
l'entendit étudier sur un instnunent de cette
maison, et charmé de son habileté précoce , lui
offrit de le prendre pour élève. Une proposition
si avantageuse ne pouvait être refusée; Litolff
reçut donc les leçons de Moscehlès , qui pendant
trois ans donna des soins à son éducation de
pianiste. A l'âge de dix-sept ans , épris d'amour
pour une jeune fdie dont les parents ne voulurent
pas lui accorder la main, Litolff i'enleva, l'épousa
et partit avec elle pour la France, sans autre res-
source qu'un talent encore incomplet. Ne pou-
vant vivre à Paris, où il était inconnu, il s'établit
dans la petite ville de Melun, à neuf lieues de
celte capitale. Il y inspira de l'intérêt à quelques
amateurs de musique, par son talent, sa jeunesse
et celle de sa femme. Pendant les trois années de
séjour qu'il y fit, son exécution sur le piano ac-
quit plus de fermeté et commença à prendre le
caractère chaleureux et passionné par lequel il
s'est distingué , sans acquérir toutefois une cor-
rection irréprochable, qu'il n'eut jamais. Il avait
vingt ans, et le désir de se faire connaître le
préoccupait incessamment : plein de confiance
en lui-même, il prit enfin le parti de se rendre à
Paris, où il se fit entendre avec succès dans plu-
sieurs concerts (1), particulièrement dans la salle
de Pape, facteur de pianos, dont il joua les ins-
truments , et qui lui fournit généreusement des
moyens d'existence. Ce fut ce même facteur qui
l'amena à Bruxelles et me le présenta , en me
priant de le protéger et de le faire jouer dans un
des concerts du Conservatoire. Il y joua en effet
en 1839 le troisième concerto de Beethoven, et y
produisit une vive sensation. A cette époque, Li-
tolff trouva un zélé protecteur dans la personne
du duc de Looz, qui l'emmena à sa terre près de
Wavre. Ce fut là que le génie de Litolff prit son
essor et qu'il écrivit sa première grande compo-
sition, à laquelle il donna le titre de concerto-
symphonie {ei\ ré). Dans cet ouvrage, le rôle
de l'orchestre n'était pas borné à celui d'accom-
(1) On lit dans la Gazette générale de musique de I-eip-
sink (qiiarantc-huiliènie année, p. 209] que Litolff joua
alors dans un des concerts du Conservatoire ; c'est une
erreur: la collection des programmes de lous les concerts
donnés par cette Institution, depuis 1628 jusqu'en 1860,
publiée par M. Elwart, dans son Histoire de la Soriele
des concerts du Consei-vatoire impérial de musique (l'a-
ris, 1860), démontre que le nom de Lltollf ne s'y trouve
pagnateur; il entrait en lutte avec le piano. Li-
tolff n'était guère alors hannoniste que d'instinct,
et son inexpérience de l'instrumentation était
grande; cependant, ce qu'il ne savait pas, il le
devinait. Son œuvre était remplie de traits har-
dis et d'effets trouvés. Il me pria de la faire en-
tendre, à lui d'abord , qui peut-être ne savait
pas très-bien ce qu'il avait fait, puis au public»
car il avait l'audace qui est un des attributs
du talent. Dès la première répétition , en dépit
des fautes et d'un certain désordre d'idées , je
vis qu'il y avait là quelque chose pour l'avenir :
le succès de l'exécution me prouva que je ne
m'étais pas trompé. Malheureusement Litolff n'a-
vait pas les habitudes d'une vie régulière; il s'en-
detta, sa liberté fut menacée , et quelques amis
furent obligés de lui procurer les moyens de s'é-
loigner de Bruxelles en secret. Cela se passait
dans l'hiver de 1841 à 1842 (1). Un grand si-
lence se fit alors sur l'existence de l'artiste : il
est expliqué par l'article de la Gazette générale
de musique de Leipsick , cité précédemment, et
par la notice qui se trouve dans VUniversal
Lexikon der Tonkunst, de M. Bernsdorf : il y
est dit que Litolff alla directement à Varsovie ,
où il remplit pendant trois ans les fonctions de
chef d'orchestre du Théâtre national; suivant ces
notices, le terme de ces trois années aurait com-
mencé à l'automne de 1841. Cependant une cor-
respondance de Francfort du mois de janvier
1843, insérée dans la Gazette générale de mu-
sique de Leipsick ( février de cette année, p. 93),
nous apprend que Litolff était dans cette ville au
mois de décembre précédent et qu'il ne s'y fit
pas entendre. Il y a sur cette époque de la vie de
l'artiste une obscurité qu'il serait difficile de dis-
siper ; car dans ces mêmes notices où on lui
fait diriger pendant trois ans l'orchestre du Théâtre
national de Varsovie il est dit qu'il fut si long-
temps malade dans celte ville, qu'il ne put se faire
entendre.
Ce fut au mois de novembre 1844 que LitoKf
reparut avec éclat dans le monde musical, bien
que sa santé fût alors dans un état déplorable.
Nonobstant un tel état de souffrance, il joua, dans
un concert du Gewandhause, son second con-
certo-symphonie (œuvre 21), qui obtint un bril-
lant succès. Au mois de janvier 1845, il était à
Prague, où il donna cinq concerts : dans le pre-
mier, il étonna les amateurs en jouant seul et
sans orchestre tous les morceaux du programme,
à l'exception de la sonate en la majeur de Beet-
hoven, pour piano et violoncelle, qu'il exécuta
(t) l'Ins tard, Lllolff a payé intégralement tom ses
créancier».
336
LITOLFF
avec le TiolonceHiste Traeg. Ses quatre aiilies
concerts furent donnés au théâtre avec orcliestre :
dans un de ceux-ci il exécuta son premier con-
certo-symplionie , composé à Bruxelles. Dans la
même saison, il joua aussi à Dresde, mais sans
y faire entendre ses propres compositions, et il y
fit peu d'impression. A Berlin, où il se rendit en-
suite, il n'en fut pas de même, car il y balança
les triomphes de Jenny Lind. Il était arrivé dans
cette ville presque mourant : les journaux exci-
tèrent l'intérêt public en parlant de la lin pro-
bable et prochaine d'un artiste si reraar^jiiable.
On sut ensuite que le célèbre médecin M. Schœn-
lein avait promis de lui rendre la santé, et quel-
que temps après parurent les annonces de son
premier concert. La foule envahit la salle dès
.*on ouverture. Dès que Lilolff parut sur l'estrade,
des applaudissements unanimes l'aceueillirenl, et
pendant que l'orchestre exécutait l'introduction
de son deuxième concerto-symphonie, ces applau-
dissements éclatèrent de nouveau avec enthou-
siasme, avant même (pie Litolff eût mis les mains
sur le piano. Le correspondant de la Gazette
générale de musique de Leipsick s'exprime
ainsi dans le compte rendu des concerts de Litolff :
« A la fin du poétique morceau éclata une véri-
« table tempête d'applaudissements. Rarement on
" vit une pareille victoire de l'esprit sur la ma-
'< tière. On avait peine à comprendre que cet
« artiste au corps presque diaphane, qui quelques
« jours auparavant était aux frontières d'un pays
« dont le voyageur ne revient jamais, était celui
« qui, maintenant assis au piano, triomphait avec
« une énergique bravoure des plus grandes dif-
« licultés et déliait hardiment la masse de l'or-
« chestre.Tout l'auditoire claitéinu aux puissants
<< accents de cette àme d'artiste. Le concerto
« même, comme composition, fit un grand effet
« sur le public et dans les cercles de musique ;
» on en parla plus longtemps qu'on n'eût fait d'un
« opéra nouveau représenté avec succès. » Après
quatre concerts qui ne furent pas moins favora-
bles à Litolff, il joua dans quelques concerts d'ar-
tistes et de bienfaisance , eut l'honneur d'être
entendu par la famille royale , et termina pai' un
«•«ncert d'adieu, dans lequel son concerto de vio-
lon fut joué par Léonard, aujourd'hui professeur
au Conservatoire de Bruxelles. Litolff y fit aussi
exécuter sous sa direction l'ouverture de son
opéra Catherine Howard, « grande et im-
" portante composition (dit le journaliste alle-
« mand), dont le caractère sombre et passionné
'> exprime bien la détresse de l'infortunée souve-
« raine, et dans laquelle se (ont remarquer dos
« effets étonnants d'instrumentation. >> i^'artiste
fit chanter dans !e même concert plusieurs mor-
ceaux de son opéra inédit intitulé Salcalor
Rosu.
Parti de Berlin au mois de janvier 1846, Li-
tolff se rendit à Londres, où il avait des arrange-
ments à prendre pour régler sa séparation d'avec sa
femme, qui depuis plusieurs années était retour-
née dans sa famille. Il paraît qu'un piège lui avait
été tendu par les parents de cette jeune femme
pour l'attirer dans la capitale de l'Angleterre. A
peine y fut-il arrivé , qu'une action lui fut inten-
tée ponr affaires d'intérêt privé : il fut con-
damné à payera cette famille une somme consi-
dérable. Le jugement fut immédiatement exécuté
par la saisie de sa personne, et il fut conduit à
la prison pour dettes. Il y languissait depuis
plusieurs mois, lorsque le hasard lui fournit les
moyens d'en sortir furtivement et de se rendre
en Hollande, où il obtint de grands succès, comme
pianiste et comme compositeur. Ce fut pendant
son séjour à Amsterdam qu'il écrivit son troisième
concerto-symphonie, dont un des morceaux a
pour thème un chant national hollandais. De re-
tour à Brunswick au commencement de 1847,
il y termina l'opéra intitulé Die Braut vont
Kynast (La Fiancée de Kynast), qui fut repré-
senté dans cette ville et à Francfort-sur-le-,Meiii.
Ln 1848, Litolff entreprit un nouveau voyage, et
se rendit à Vienne , où la révolution éclata peu
de jours après son arrivée. Il n'y put donc
donner de concert, mais il écrivit une marche
pour la légion des étudiants. Les soulèvements de
la plus grande partie de l'Allemagne à cette épo-
que n'étant pas favorables aux projets de cet ar-
tiste, il retourna de nouveau à Brunswick, où il
trouva «ne i;énéreuse hospitalité chez Meyer,
éditeur de mnsi(]iic. Il y. composa deux ouver-
tures pour des drames de Griepenkerl, dont les
sujets sont Robespierre et Les Girondins ; puis
il lit un secon<i voyage en Hollande. Dans l'inter-
valle, son ami Meyer, de Brunswick , mourut.
Lorsque Lîtolff retourna dans cette ville, il était
atteint d'une aftèction nerveuse d'un caractère
très-grave qui le jetait dans de fréquents accès
d'hypocondrie, et dont la durée fut d'une année
entière. Revenu enfin à la santé, il épousa, en
1851, la veuve de Meyer, et fit passer sous son
nom la firme de la maison de commerce de cette
dame; d'où il faut conclure que son divorce
avec sa première femme avait été prononcé pos-
térieurement à son voyage à Londres. Pendant
trois ans après son mariage, Litolff sembla ou-
blier sa destination d'artiste, et ne s'occupa tpio
d'affaires commerciales, travaillant incessamment
dans son bureau comme aurait pu le (aire un
négociant vieilli dans les alfaiies. T(nit à coup,
son génie se réveilla ; le besoin des émotions de
LITOLFF
327
la vie d'artiste se fit sentir en lui de nouveau ; et
les villes principales de la Hollande furent visi-
tées en 1834, pour la troisième fois, par cet
liomme extraordinaire, dont l'existence a toujours
présenté des alternatives d'activité fiévreuse et
d'inertie absolue. Ce fui pendant ce séjour dans
le royaume des Pays-Bas que Litolff écrivit son
quatrième concerto-symphonie, composition que
des succès d'entiiousiasme ont accueillie partout.
Dans riiiver suivant, Litolff revit Bruxelles, où
il n'était pas venu depuis douze ou treize ans.
Il joua son quatrième concerto-symphonie dans
un concert du Conservatoire, sous ma direction,
et y causa une grande impression, par le carac-
tère d'originalité de cette musique. Plusieurs
conc«rts suivirent cette première audition : Li-
tolff y fit entendre ses troisième et quatrième
concertos-symphonies, ses ouvertures de Bobes-
pierre et des Girondins, ainsi que plusieurs au-
tres compositions nouvelles ; toutes y furent
accueillies avec la même faveur. Au milieu de
ces succès, il fut saisi d'une des atteintes de
la maladie nerveuse de la poitrine qui avait mis
plusieurs fois ses jours en danger ; avertie de la
situation où il se trouvait. M™* Litolff-Meyer ac-
courut de Brunswick pour le soigner, lui prodi-
gua ses soins, et, après le retour de sa santé , le
ramena chez lui. Mais le charme était rompu ;
l'artiste venait de retrouver la vie agitée, pleine
d'émotions, et l'air fébrile nécessaire à son exis-
tence. Plus de bureau, plus d'affaires, plus de
chiffres : rien de tout cela n'est fait pour lui; ce
qu'il lui faut, c'est une salle resplendissante de
lumières , un bon orchestre, un public enthou-
siaste, des succès , des éloges , et môme de la
critique pour lui donner des accès de colère.
Voilà ce que pensait Litolff en touchant le seuil
de sa maison de Brunswick. 11 n'y resta pas
longtemps : des voyages à Gotha pour y revoir
le duc de Saxe-Cobourg, dont la protection lui
était nécessaire pour les projets qui déjà préoc-
cupaient sa tôte, rem[)iirent une partie de l'été;
puis il parcourut les provinces rhénanes; l'hiver
le ramena en Belgique : il donna de nouveaux
concerts à Bruxelles et dans d'autres villes prin-
cipales du pays, particulièrement à Liège. De re-
tour à Bruxelles après ces excursions, il y fut
saisi d'une nouvelle atteinte de sa maladie ordi-
naire, et ne put sortir de sa chambre pendant
plusieurs mois. Rendu à la santé , il reprit sa
vie nomade, et ne fit plus à sa maison de Bruns-
wick que de courtes apparitions. Enfin, il se ren-
dit à Paris, et y produisit en 1858 ime .émotion
extraordinaire, en exécutant son quatrième con-
cerlo-symphoniqne et quelques autres composi-
tions dans un concert des jeunes artistes du
Conservatoire dirigé par M. Pasdeloup , et dans
un autre concert qu'il donna dans la salle du
Conservatoire.
L'abandon de ses affaires, de sa maison et de
sa femme, pour l'existence aventureuse dans la-
quelle il était rentré, avait eu les résultats qu'il
devait prévoir : une demande de divorce avait
été formée par M"* Litolff-Meyer; son mari y
acquiesça, et la séparation fut prononcée. Pen-
dant ce temps, Litolff, retiré dans une maison de
campagne de M""^ de Larochefoucauld , près de
Fontainebleau, s'y occupait de la composition
d'un opéra {Rodrigue de. Tolède), qui n'apniiil
été représenté. Au jirintemps de 1860, Litolff re-
parut en Belgique, joua à Bruxelles, à Lié;^e, à
Anvers, puis se rendit sur les bords du Rhin, et
organisa à Wiesbaden un grand concert, auquel il
donna le nom de Festival , et qui lut donné au
mois d'août de la même année. La Revue et
Gazette musicale de Paris, rendant compte de
ce concert, dans sou n" 36 (2 septembre), ter-
minait son article par cette phrase : « Au nombre
« des personnes d'élite qui y assistaient (au
«concert), on remarquait M"e Louise de La-
« rocbefoucauld, fille du comte Wilfrid de La-
« rocbefoucauld, petite-fille du duc de Laroche-
« foucauld, ambassadeur en Prusse sous l'empire,
« nièce de la princesse Borghèse, etc., qui doit,
« dit-on , le mois prochain échanger le nom
« illustre qu'elle porte contre celui de
„ ]\imc Henri Litolff. » Ce mariage se lit en
effet au mois d'octobre suivant. Depuis lors le
silence s'est fait sur l'existence étrange de l'artifte
qui est l'objet de cette notice.
Le talent de Litolff dans la composition est
une alliance de qualités précieuses et de défauts
considérables, if est éminemment poète par l'i-
magination, par l'inspiration et par la sponta-
néité de l'idée; il a de la mélodie, et celle mélodie
asouventde la distinction. Plus coloriste que pen-
seur, il a l'instinct des effets de l'instrumenta-
tion et réussit presque toujours ceux qu'il ima-
gine ; mais il s'abandonne à la divagation dans
presque tous ses ouvrages; répète les mômes
phrases jusqu'à satiété, manque d'ordre dans la
disposition des idées, et ne sait pas finir à propos.
Doué d'un bon .sentiment d'harmonie , il n'y
obéit pas toujours , cherchant par système des
combinaisons de sons qui blessent le sentiment
tonal. Ses meilleures choses sont les troisième
et quatrième concertos-symphonies pour piano
et orchestre; son concerto de violon, intitulé
Eroica, est très-inférieur à ces compositions.
Dans ses trois trios pour piano, violon et violon-
celle, Litolff s'est jeté dans un système vague,
recherché, tourmenté, qt:i ne paraît pas ai)|)ailc:'
328
LITOLFF — LIVERAÏI
nir à son organisation ; il semble avoir été sous
l'impression des dernières oeuvres de Beethoven,
en écrivant ces ouvrages. Ses ouvertures offrent
un mélange de ses qualités et de ses défauts :'on
y trouve des endroits saisissants d'effet que dé-
parent des parties mal ordonnées, d'où la sim-
plicité de la pensée est presque toujours bannie.
Un seul but se fait remarquer dans ces produc-
tions, plus fantastiques que musicales, à savoir la
production d'un grand effet de force pour le cou-
lonnernent de l'œuvre. Dans les petites choses
pour le piano, Litoiff a de la fantaisie et de la
grâce: mais il n'y est pas toujours égal à lui-
même. Jusqu'au momentoù cette notice est écrite,
il n'a pas réussi dans ce qu'il a écrit pour le
théâtre : doué d'instinct dramatique , il n'a su
l'appliquer qu'à la musique instrumentale, res-
semblant en cela à plusieurs des musiciens de
notre époque, lesquels placent volontiers le drame
dans une symphonie, et ne trouvent plus rien
lorsqu'ils sont soumis aux exigences de la scène.
On ne pourra toutefois juger Litoiff sous ce rap-
port qu'après la représentation de son Rodrigue
de Tolède. Au résumé, cet artiste singu lier est
incontestablement un homme de génie, arrivé
à un point avancé de sa carrière sans avoir
réalisé par des ouvrages complets ce qu'on pou-
vait alteu'ire de ses hautes facultés.
LITZIUS (G. J.). On a sous ce nom un
livre élémentaire intitulé : Anleitung den G ene-
rulbass prciktisch su lenien (Introduction à
l'art d'accompagner la basse continue) ; Mayence,
Scliolt (sans date), in-4°. Le même auteur a
publié aussi ; Praktische Anleitung zum Ge-
sangxinterrichie fiir Sc/iu?en (Introduction pra-
tique à l'enseignement du chant pour les écoles),
i parties ; ibid. On connaît aussi*de ce musicien
quelques bagatelles pour la guitare, le piano et
]e chant.
LIVERATI (Jean) , compositeur, né à Bo-
logne, en 1772, reçut les premières leçons de mu-
sique de deux frères nommés Joseph et Ferdinand
Tibaldi, A l'ûge de quatorze ans, il passa sous la
direction de l'abbé Maltei (voyez ce nom) pour la
cotDposition , et il apprit le chant de Laurent
Gibelli, bon maître qui a formé beaucoup d'é-
lèves pour le théâtre et pour l'église. Les pre-
mières productions de Liverati furent quelques
psaumes qu'on chanta en 1789 dans l'église de
Saint-François à Bologne. Dans le même temps,
il se faisait remarquer comme chanteur dans les
oratorios et les concerts. Des engagements avan-
tageux lui furent offerts pour différentes villes
de l'Italie, mais il les refusa. En 1790 il fit re-
présenter son premier ouvrage dramatique, petit
oijéra en un acte, intitulé : Il Divertimento
in campagna; puis il écrivit une mes.'^e à deux
voix avec accompagnement d'orgue, une messe
de Requiem à quatre, avec orchestre, et l'oratorio
des Sept paroles de Jésus-Christ sur la croix.
En 1792, il fut engagé comme premier ténor au
lliéàtre italien de Barcelone; puis il passa à Ma-
drid en la même qualité. Ap|>elé à Polsdam par
le roi de Prusse pour y diriger l'Opéra, il publia,
sous les auspices de ce prince, un œuvre de qua-
tuors pour 2 violons, alto et basse. En 1800 il
quitta Potsdam, pour aller diriger la musique du
théâtre de Prague. Pendant les trois années de
son séjour en cette ville, il écrivit pour différents
opéras des morceaux détachés , ainsi qu'une
cantate pour le prince de Kinsky, et une messe
solennelle. Appelé à Triesle eu 1804, il y fit re-
présenter son opéra Jl Maestro di musica, qui
fut bien accueilli. Précédemment il avait écrit son
Maestro fanatico, qui obtint un brillant succès
à Vienne, dans l'année suivante. Liverati s'établit
dans cette dernière ville en qualité de maître de
chant, et y vécut pendant près de dix ans. 11 y
lia des relations d'amiliéavec Haydn, Beethoven,
Kozeluch et Salieri. Les ouvrages de ce dernier
devinrent ses modèles dans ses compositions.
Parmi celles-ci , on distingue surtout David,
opéra en deux actes; Enea in Cartagine, La
Prova générale, et La Presa d'Egea, qui
furent représentés dans les palais impériaux,
Liverati écrivit aussi à Vienne, pour le prince de
Lobkowitz, deux opéras allégoriques intitulés :
Il Tempio delV eternità, et II Convito degli
Dei. Enfin, il composa, par ordre de l'impératrice
Marie-Thérèse de Naples , les grandes cantates
Il Trionfo d'Ausonia, Milliade, et l'oratorio
VAdorazione dei j)astori e dei inaggi ^ celte
princesse chanta la partie de Marie dans l'exécu-
tion de cet ouvraj^e. Une messe solennelle écrite
pour le prince Esterhazy, une cantate et beau-
coup d'airs, de duos, de trios et de romances
furent les autres productions de Liverati pendant
son séjour à Vienne. En 1814 il alla à Londres,
en qualité de compositeur du théâtre du roi.
Pendant les trois années où il remplit ces fonc-
tions, il fit représenter / Selvaggi, en deux actes ;
Il Trionfo di Cesare, Gastone e Bajardo, Gli
Amanti fanatici, et II Trionfo d'Albione. Il
publia aussi à Londres des ariettes à voix seule,
avec accompagnement de piano, op. 2, 7, 13;
cantate sur la mort de la princesse Charlotte,
op. 3 ; duos à deux voix de soprano, op. 4, 8, 9,
12, 19, 21 ; des airs, op. 5, 15, 17, et quelques
autres compositions légères. Liverati est retourné
en Italie vers la fin de 1817, et a été remplacé
à Londres par Pucita. Son opéra intituixi Uavid
a été publié à Vienne, en partition pour le piano.
LIVERZIALI — LOBE
329
LIVERZIALI (Joseph), musicien romain
et compositeur, est auteur d'un livre intitulé :
Grammaika délia mvsica, dont la première
partie a paru à Rome, en 1797, chez Pilucchi
Cracos, mais dont la suite n'a pas été publiée.
LIVRY (Le comte Hippolyte DE) naquit au
château de Livry, en 1771. Son éducation fut
négligée, car il avoue dans une de ses lettres
qu'il ne connaissait que sa langue maternelle, et
qu'il était étranger à toute notion d'art et de
science. Cependant il était amateur passionné de
musique, quoiqu'il n'en srtt pas une note; et il
croyait juger mieux de cet art que ceux qu'il
appelait de prétendus connaisseurs. Affectant
une sensibilité très-expansive, il exaltait le mé-
rite de la musique de Grétry au-dessus de toute
antre, et son admiration pour les œuvres de
ce compositeur allait jusqu'au fanatisme. Il lit
faire en 1805 une statue en marbre de cet artiste
par le sculpteur Stouf. Cette statue fut placée en
1807 sous le péristyle du théâtre Feydeau, et y
resta jusqu'à la démolition de cette salle, en 1830.
J'ignore ce qu'elle est devenue depuis lors. Le
comte de Livry a publié un Jiecueil de lettres
écrites à Grétry ou à son sujet ; Paris, Ogier
(sans date), in-8° de 157 pages. Ces lettres, fort
mal écrites, sont remplies d'extravagances. L'au-
teur est mort à Paris, en 1822.
LOBE ( Jkxn-Ciirétien ), compositeur et
écrivain distingué sur la musique, est né à Wei-
mar, le 30 mai 1797. Son père, enlumineur de
l'imprimerie en taille douce de Bertiicli, jouait
de plusieius instruments, qu'il avait appris lui-
même ; ce fut de lui que le jeune Lobe reçut les
premières leçons de musique pratique et de
flûte. Le hasard ayant procuré à cet enfant l'a-
vantage d'être entendu au parc par la grande-
duchesse, protectrice des arts et des artistes,
cette princesse le confia aux soins du maître de
chapelle Muller et du directeur de musique Rie-
mann. Ses progrès furent si rapides sur la flûte
et le violon, qu'à l'âge de onze ans il put exécu-
ter des concertos de ces deux instruments dans
les concerts publics. Il fréquentait alors le Gym-
nase pour y faire ses études; mais il ne les_
poussa que jusqu'en troisième, et il quitta l'é-
cole pour entrer à la chapelle de la cour en qua-
lité de violoniste. Les connaissances qu'il acquit
ensuite dans la littérature allemande et dans les '
langues étrangères, il ne les dut qu'à lui-même,
à ses études persévérantes, et au courage qui
j lui fit surmonter les embarras de sa position. Jl
n'eutjamais do maître pour la composition ; la
lecture attentive de quelques bons traités d'har-
monie, l'étude des meilleures partitions, et ses
observations à l'orchestre de la cour, où il était
employé comme flûtiste lui en tinrent lieu. A
l'égard de son talent d'exécution sur la flûte, il
atteignit un haut degré de perfection, suivant le
témoignage de ses compatriotes. En 1819, Lobe
fit à pied le voyage de Vienne ; et dans l'année
suivante il alla à Berlin, où il eut de grands
succès comme instrumentiste. Ses relations avec
quelques artistes de cette ville, et la musique
qu'il entendit au théâtre royal, achevèrent le
développement de son goût pour la composition
dramatique. L)e retour à Weimar, il y écrivit
son ^^itikind, opéra en deux actes, qui fut joué
en 1821, et qui eut quelques représentations. Il
en avait lui-même composé le livret. La Cage,
petit opéra en un acte, suivit ce premier essai;
puis, à des intervalles plus ou moins éloignés,
Lobe produisit Le Flibustier, La Princesse de
Grenade, en 1846, pour l'ouverture du théâtre
de la cour à Weimar, puis à Leipsick et à Cas-
sel, et qui a été publiée en partition pour le
piano; Le Domino rouge, joué à Weimar, en
1830, et enfin Kônig und Pàchter (Roi et Fer-
mier ), joué à Weimar, en 1846. La plupart de
ces productions se font remarquei' par l'origina-
lité des idées, un vif sentiment d'harmonie, et
un heureux instinct dans les effets de l'insfru-
mentation. Malheureusement, l'auteur de ces
compositions a langui longtemps dans une po-
sition subalterne au service d'une petite cour;
il en est résulté qu'il n'a pas pris assez de con-
fiance en lui-même, et que l'activité de son sen-
timent artistique s'est ralentie. En 1840, Lobe
obtint sa retraite de la chapelle de Weimar, avec
le titre de jjrofesseur pensionné. Il alla alors
se fixer à Leipsick, où il fonda un Institut pour
l'étude de la composition. La maison Breitkopf
et Hartel le chargea de la rédaction de la Gazette
générale de musique pendant les années 1846-
1848. Dans cette dernière année ce Journal in-
téressant cessa de paraître après avoir rendu de
grands services à l'art pendant un demi-siècle. On
a de Lobe beaucoup de musique instrumentale, où
brille un mérite réel. Voici la liste de ses ou-
vrages les plus connus : 1' ie Flibustier, paroles
de Gehr, j)artition réduite pour le piano ; Leip-
sick, Breitkopf et Hœrtcl. — 2° La Princesse de
Grenade, partition gravée; Mayence, Schott. —
3" Ouverture de La Cage (Der Kac/ich), pour
l'orchestre; Bonn, Simrock. — 4° Ouverture
détachée pour l'orchestre, op. 10; Leipsick,
Breitkopf et Hsertel. — 5° Ouverture de concert,
intitulée Les Charmes du voyage, op. 26 , pu-
bliée à grand orchestre. — ù" Peinture des sons,
symphonie à grand orchestre exécutée à Weimar.
— 7° Nouvelle Peinture des sons, idem. —
8' Concerto (en sol) pour la flûte, ibid. —
aôo
LOBE — I.OBSÏEIN
9* Varialions pour flûte principale, op. 3; ibid.
— 10° Trois thèmes variés; idem, ibid. — 11° 1'^''
quatuor pour piano, violon, alto et basse, op. 8 ;
ibid. — 1 2" 2'"*^ idem, op. 9; ibid.— 13" Caprices
pour le piano, op. 7; ibid. Lobe a publié dans la
Gazette générale de musique de Leipsick (t. 33 et
34) quelques articles, particulièrement sur l'usage
de la fugue dans la musique d'église. De plus, il y
a fait insérer beaucoup d'autres morceaux de cri-
tique pendant les tiois années où il fut chargé de
la rédaction de ce journal. On lui est redevable
aussi de plusieurs ouvrages où il a fait preuve
non-seulement de connaissances solides dans son
art, mais de philosophie et de talent dans l'art
d'écrire. Le premier a pour titre : Die Lehre
von der thematischen Arbeit, etc. (La Science du
développement lies thèmes dans la composition) ;
Weiuiar, 1844. Le second ouvrage est un ca-
téchisme de musique ( Catcchisinus der Mu-
sik), publié à Leipsick, et dont il a été faitquatre
éditions ainsi qu'une traduction hollandaise,
intitulée : Katechismus der Muzijk van J.-C.
Lobe; S' Gravenhage (La Haye), 1857, in-8°
de 151 pages. La Doctrine de la composition
musicale (Lehrbuch der musikalischoi fiom-
position) est le livre didactique le plus impor-
tant de Lobe. Le (iremier volume, qui contient la
théorie de l'harmonie, et son application dans le
style instrumental , a été publié à Leipsick, chez
Breitkopf et Hœrtel, en 1850, et réimprimé en
1858. Le deuxième, qui a paru en 1855, ren-
ferme un traité d'instrumentation. Le troisième
volume est un traité de la fugue et des canons.
Sous le pseudonyme de Un Bien connu (Eines
Wohlbekanntcn) , Lobe adonné des Lettres
musicales (Musikalische Briefe) en 2 volumes
petit in-8'' (Leipsick, Baumgœrtner, 1852); ces
lettres furent suivies des Feuilles volâmes
pour la musique (Fiiigende Blœtter fur Mu-
sik), qui parurent par livraisons, et qui forment
trois volumes in-8". Lobe s'est caché sous ce
pseudonyme, parce qu'il craignait les haines que
ferait naître la critique spirituelle et pleine de
raison qu'il fait des erreurs de ses compatriotes
et de ses contemporains concernant la musique.
LOBEDAXZ (G.-L.-F.), archiviste de la
haute cour de Schlesvvig, est né dans cette ville, le
1*"" mars 1778. Son père, conseiller de justice
et notaire du siège provincial, lui fit apprendre
le violon à l'âge de sept ans : mais ses progrès
furent si rapides, qu'on lui fit abandonner la
musique, dans la crainte qu'il ne s'y livrât avec
trop de passion. Obligé de faire des études sé-
rieuses, qui lui firent négliger cet art, il parvint
à l'âge de vingt ans sans avoir acquis de talent
comme instrumentiste ; mais alors il se remit
au violon, et prit des leçons de piano et de chant.
En 1800 il étudia l'harmonie et le contrepoint,
et deux ans après il publia une collection de
chants pour une et plusieurs voix avec accom-
pagnement de piano, qui fixa sur lui l'attenlion
des amateurs de musique. Depuis lors il s'est
fait connaître avantageusement par des compo-
sitions plus importantes, telles que des ouver-
tures pour l'orchestre, la musique du drame
Jeanne de Montfaucon, un Sanctus avec or-
chestre, exécuté en 1809 à la cathédrale de
Schleswig , et l'Ode de la Résurrection , par
Klopstock, à 4 voix. M. Lobedanz a publié, dans
l'écrit périodique intitulé Ccccilia (t. H, p. 264),
un article sur cette question : Y a-t-il dans
la nmsique différentes écoles comme dans
la peinture, et comment pourrait-on les ca-
ractériser?
LOBIÎOWITZ. Voyez CARAMUEL
DE LOBKOW1[TZ(Je\n).
LOBO (D. Alphonse), compositeur portu-
gais, né vers 1555, fut d'abord maître de cha-
pelle à Lisbonne. Le 18 septembre ICûl, il lut
nommé maître de la chapelle de l'église primatiale
de Tolède : il y passa le reste de sa vie. Lope
de Yega a fait l'éloge de Loho comme étant un
des plus grands artistes de son temps. Il a pu-
blié un livre de motets dont M. K.slava a ex-
trait le Magnificat à S voix inséré dans la Lira
sacra hispana. Plusieurs messes de Lobo se
trouvent à la bibliothèque du monastère de l'Es-
corial, dans la chapelle royale de Madrid, et
dans plusieurs églises d'Espagne.
LOBBY (Charles-Josei'ii), fils d'un graveur
de niusique de Paris, naquit en cette ville, vers
1760. Ayant été admis parmi les pages de la mu-
sique du roi, il y fit ses études et reçut des le-
çons de clavecin de Cardonne. Francœur lui en-
seigna la composition. Il a publié : 1*^ Sonates
pour piano seul, op. l, et7; Paris, Naderman. —
2" Mélanges d'airs, pots-pourris, fantaisies et
caprices (environ 15 œuvres) ; ibid. — 3" Thè-
mes variés (environ 10 oeuvres), ibid. — 4° Con-
tredanses, ibid.
LOBSIi\GER (Jean), artiste de Nuremberg,
né dans cette ville, en 1510, suivant son portrait,
à l'âge de vingt-neuf ans, gravé sur cuivre à Nu-
remberg en 1539, est considéré comme l'inven-
teur de plusieurs perfectionnements introduits
dans la construction des soufdets d'orgue : il les
imagina en 1550, et mourut à Nuremberg, en 1570.
LOBSTEIN ( J.-F. ), avocat à Strasbourg,
né dans cette ville, vers 1802, est auteur d'un
livre qui a pour titre : Beitrxge zurGeschichte
der Musik im Elsass und besonders in SiraS'
burg von dcn âllesten bis au f die neueste Zeit
LOBSTKIN — I.OCATELLI
331
(Lssai pour l'Iiisloire de la musique en Alsace et
en particulier à Strasbourg, depuis les temps les
plus anciens jusqu'à l'époque actuelle); Stras-
bourg, 1840, in-S" de 147 pages, avec 3 planches
litbograpliiées. Cet ouvrage parut dans la même
année où Conrad Berg publia son Aperçu histori-
que sur l'état de la musique à Strasbourg pen-
dant les cinquante dernières années. (V. Berg.)
LOBVVASSER (Ambuoisk), jurisconsulte
et conseiller de l'électeur de Brandebourg, né à
Sclmeeberg, Ie4 avril 1515, mourut à Ratisbonne,
le 27 novembre 1587, à l'âge de soixante-dix ans.
Il traduisit en vers allemands les psaumes de
Marot et de Théodore île Bèzc, avec les mélo-
dies de Goudimel; cette traduction fut publiée
sous ce titre ; Psalmen des Kœniglischen Da-
vids in ieutsche Reimen verstandlich und
deutlich fjebracht nac/i franzœsischer Mélo-
die, etc.; Leipsick, 15/3, in-S". D'autres éditions
de celte traduction calviniste ont paru à Hei-
delberg en 1574, à Leipsick en 1579 et 1584, et
à Strasbourg en 1597. Il en a été fait une édition
niagnifitiueà Francfort-sur-!e-iMein, sous ce titre:
Psalmen Davids nach franzœsischer Melodeij
mit gegrabenen Noten in teutsche Reimen ge-
bracht sxmmpt etlich geistliche Gesœnge D.
Luthers, 1605, in-fol. Le nom de Lobirasser,
qui en allemand signifie éloge de Veau, a donné
lieu à quelques jeux de mois dans l'esprit de son
temps, et qui démontrent que les luthériens
n'aimaient pas sa traduction des psaumes. Martin
Opitz, dans sa préface pour le psautier, dit que
les vers de Lobwasser sont aquatiques ou p'ulôl
marécageux (Otnnia sunt talde aquea, sive
poiius aquosa). Le professeur Heller, de Leip-
sick, disait dans son cours de théologie, en par-
lant de la traduction des psaumes de ce même
Lobwasser : Ein anderer lob Wasser. Ich lob
den Wei7i(SiU lieu de louer l'eau, j'adresse mon
éloge au vin) ; enfin, le professeur Omeis, d'Alt-
dorf, dans ses observations sur les traductions al-
lemandes des psaumes, s'écrie, en parlant de Lob-
vasser : Lob vas er? (Quel éloge mérite -t il ?)
LOCATELLI (Pierre), violoniste célèbre,
né à Bergame, en 16'J3, était fort jeune lorsque
ses heureuses dispositions pour la musique dé-
cidèrent ses parents à l'envoyer à Rome, pour
étudier le violon sous la direction de Corelli.
Presque toutes les circonstances de sa vie sont
ignorées ; on sait seulement qu'après avoir beau-
coup voyage il arriva en Hollande et se fixa à
Amsterdam, où il établit un concert public.
Lorsqu'il mourut, en 1764, les membres de la
Société des amateurs d'Amsterdam prirent le
deuil. Localelli méritait cette distinction par un
talent plein d'originalité et de hardiesse. S'il ne
fonda point d'école, c'est qu'il fallait être doué
d'une singulière dextérité pour exécuter les traits
remplis de nouveautés et de difficultés, jus-
, qu'alors inconnues, dont il a rempli qiielques-
! uns de- ses ouvrages. Le comte de San-Rafaele,
qui avait entendu cet artiste, lui accorde les
, plus grands éloges {Letlere sul' artc del
suono ). Burney prétend que les compositions
de Locatelli excitent plus d'étonnement que
de plaisir : cette critique prouve seulement que
cet historien de la musique n'avait point com-
pris le mérite des œuvres du violoniste berga-
masque. Il est vrai que parmi les contemporains
de cet artiste il en est peu, même chez les pro-
fesseurs, qui aient aperçu tout ce qu'il y avait
de neuf et d'inventé dans ses Caprices énig-
viatiques; mais ses autres sonates et .ses con-
certos sont remplis d'idées gracieuses, et se fout
remaniuer par une facture élégante. Ces Ca-
prices, que je viens de citer, ont été peu joués,
à cause de leur difficulté. Locatelli y a fait usage
de beaucoup de procédés nouveaux, dont Paga-
nini a fait son profit.
Le premier œuvre de Locatelli, conlenant
en douze grands concertos (Concerii grossi ),
parut à Amsterdam, en 1721. L'artiste y a imité
le style de son maître. Le deuxième œuvre, pu-
blié en 1732, renferme des sonates de flûte,
avec accompagnement de basse. Le troisième,
intitulé L'Arte del vioUno, contient douze con-
certos et vingt-quatre caprices pour premier et
deuxième violon, viole, violoncelle et basse
d'accompagnement pour le clavecin; il a été
publié en 1733. On en fait de nouvelles éditions
à Paris. L'œuvre quatrième, publié en 1735,
est composé de six concertos avec des intro-
ductions. L'année suivante parut l'œuvre cin-
quième, contenant six sonates en trios pour deux
violons et basse. L'œUvre sixième, contenant
douze sonates pour violon seul, a été gravé eu
1737. 11 en a élé fait d'aulres éditions à Paris ;
la dernière a (Ué publiée en 1801, pour l'usage
des élèves du Conservatoire. L'œuvre septième,
jqni renferme six Concerti a quattro, a été pu-
blié en 1741. Le huitième, qui contient des trios
pour deux violons et basse, a paru l'année sui-
vante; il en a été fait une deuxième édition en
1750, et d'autres à Paris. Le neuvième a pour
titre : L'Arte di nuova modulazione ; c'esl dans
ce! ouvrage que Locatelli a placé toutes ses in-
ventions nouvelles sur les diverses manières
d'accorder le violon, et sur des combinaisons
d'effets auparavant inconnues. Les édifions fran-
çai^es modernes portent le titre de Caprices
énigmatiques. Le dixième œuvre, qui passe
pour le plus beau, était intitulé dans la piC'
382
I.OCATELLl — LOCR
mière édition : Contrasta armonico ; il contient
des concertos à quatre, remarquables par le
sentiment de la bonne harmonie.
LOCATELLO (Jean-Baptiste), composi-
teur de l'école romaine au seizième siècle, fut le
contemporain des grands maîtres de la même
école qui vécurent depuis 1550 jusque vers l'an-
née 1600. Il n'est connu que par quelques ma-
drigaux et motets insérés dans les collections
suivantes : 1° Dolci affetti; madrigali a bvoci
di diversi eccellenti musici di Roma ; Rome,
Alexandre Gardane, 1585, et Venise, chez les
héritiers de Jérôme Scoto, môme année. —
2° Symphonia angelica, di diversi eccellen-
tissimi ynusici a 4, 5 c< 6 voci, nuovamente
raccolta per Huberto Waelrant e date in luce;
In Anversa, oppressa Pietra Bellasio e Gio-
vanni Bcllera, 1594, in-4'' obi. — 3° Selecfx
cantianes excellentissimorum auctorutn octa-
nts vocibus cancinnendx, a Fabio Constant ino,
romana, urbevitav x cathedralis miisicx prx-
fecta, in lucem editx- Ramx, ex typagraphia
Bartholomei Zanetti, 1614.
LOCATELLO ( Dominique ), premier orga-
niste de l'église Saint-Antoine, à Padoue,. était un
artiste distingué lorsque Burney visita cette ville,
en 1770,
LOCCHIiVI (Antoine), né dans la Fouille,
vers 1740 , fut d'abord élève, puis maître au
Conservatoire de L'Ospedaleito , à Naples. En
17C6 il fit représenter au liiéâtre des Fiorentini
de cette ville un opéra bouffe intitulé 7\itti
quanti sono pazzi, II donna au théâtre de
Parme l'opéra sérieux Scipione in Cartago.
Il est vraisemblable que Locchini était mort
avant 1787, car on ne trouve pas son nom dans
la liste des compositeurs existants de l'Indice
teatrale publié dans cette même année.
LOCHXER (Joiiachim), musicien allemand
du seizième siècle, a fait imprimer à Nuremberg
des Magnificat à 4 voix, dans les huit tons de
l'église.
LOCHIVER (Charles), violoncelliste de l'or-
chestre de Manheim, né à Pforzheim, vers 1760,
mourut d'un coup de sang, en 1795. Il s'est fait
connaître avantageusement en Allemagne comme
compositeur de chansons par les recueils sui-
vants : r XIÏ chansons, dont une partie par
J.-A. André; Offenbacli, 1792. — 2-^ Six idem,
avec accompagnement de clavecin, V colleclion ;
Manheim, 1793. — 3" Six idem, 2^ recueil ; ibid.,
1793. — 4" Chansons de J.-B. Reck, mises en
musique, 3* recueil; Heilbronn, 1794.— 5° Chan-
sons de buveurs; idem, ibid. On connaît aussi
de cet artiste la musique d'Oryj/ieui, opéra ou
mélodrame joué à Hambourg.
LOCIIOIV (Charles), violoniste français, né à
Lyon, vers 1760, reçut des leçons de Bertheaume,
et fut admis à l'orchestre de l'Opéra en 1787.
Après trente ans de service, il a obtenu sa pen-
sion de retraite au mois d'avril I8i7. Il était
aussi attaché à l'orchestre de l'ancien Concert
spirituel. On a gravé de sa composition, à Lyon,
en 1780, Six duos pour deux violons, op. 1.
LOCK (Matthieu), musicien anglais, naquit à
Exeter, dans la première partie du dix-septième
siècle, et reçut son éducation musicale au chœur
de l'église cathédrale de cette ville, sous la di-
rection d'Edouard Gibbons. Devenu bon orga-
niste et compositeur habile, il eut d'abord l'em-
ploi de chantre à l'église d'Exeter; mais ayant
été chargé de composer la musique pour l'entrée
de Charles II, à la restauration , ce prince l'at-
tarha à sa personne en qualité de compositeur
ordinaire de sa chambre. Vers la fin de sa vie,
Lock abjura la religion réformée et se fit catho-
lique. Il mourut à Londres, en 1C77, avec le titre
d'organiste de la reine Catherine. Il était d'une
humeur irritable, et se créa souvent des disputes
avec d'autres musiciens, où l'on mit de part et
d'autre plus d'emportement que de raison. Sa
première querelle eut pour objet la critique qu'on
avait laite d'un de ses ouvrages : c'était une
colleclion de morceaux de musique d'église pour
le service du malin, oii la prière, après chaque
commandement, avait une musique différente.
Cette innovation fut blâmée, et Lock publia son
ouvrage en partition, avec une préface où il se
plaignait amèrement d'une critique qu'il consi-
dérait comme une injustice. Lui-même se fit le
censeur d'un autre musicien, dans une critique
sévère du livre de Salmon sur la suppression des
clefs. Une vive discussion s'ensuivit entre eux.
Parmi les compositions de Lock, on remar-
que : 1° La musique de Macbeth , drame de
Shakspeare, en 1672. Cette musique eut un bril-
lant succès. — 2° Colle de La Tempête, pour
la pièce de ce nom , du môme auteur, 1673. —
30 Psyché, opéra en 5 actes, traduit de Quinault
par Shadwell, et rais en musique en collaboration
avec Draghi. Cette pièce a été réunie à la musique
de La Tempête, et publiée sous ce titre : The
English Opéra, or ihe vocal Music in Psyché,
icith ihe instrumental thereinintermix'd. Ta
ichich îs atljoyncd ihe instrumental Music in
the Tempest, by Matthew Lock, composer in
ordinary ta his Majesty and arganist to the
Queen; Londres, 1675. — 4° Utile concert of
3 parts for viols and violins ( Petit concert
à 3 parties pour des violes et violons), Londres,
1657. — Hymn and anthems (Hymnes et an-
tiennes) ; Londres, 1666. A la tête de ce recueil
LOCK — LODI
333
se trouve une longue préface où Lock prend la
défense de son ouvrage ; celle préface , qui a
été imprimée séparément dans la même année,
a pour titre : Modem Church music preaccu-
sed, censurcd, and obstructed in its perfor-
jnance before his Majesty, april l, 1666;
rindicaled by thc author M. Lock (La mu-
sique d'église moderne attaquée, censurée et gâ-
tée dans son exécution devant Sa Majesté, le
l*"" avril 1666; vengée par l'auteur, M. Lock);
Londres, 1G66, in-4''. Une d'euxième édition de
ce morceau a paru sous ce titre : The preneiU
practice music vindicated; Londres, 1673, in-S".
Lock paraît être l'auteur du plus ancien traité
d'accompagnement pratique ou de basse conti-
nue qui ait été publié en Angleterre; ce livre a
pour tilie Melothesia y- Londres, 1673, 10-4° obi.
Lorsque parut le livre de Salmon sur la néces-
sité de réduire le nombre des clefs et sur une no-
tation uniforme pour tous les instruments, Lock
l'attaqua avec violence dans un écrit qui a pour
litre : Observations xipon a late book intitled
An Essay ta the advancement of Music, etc.;
Londres, 1672, in-8". LepampliletdeLock n'ayant
point eu de succès, on y ajouta deux morceaux
critiques de Pliillips et de Jean Playford sur le
même ouvrage, et il fut remis en vente sous ce
nouveau titre : The présent practice of music
vindicated against the exceptions and new
uaij of attaining Music, lalely published by
Th. Salmon, icilh a duellum musicum, icrit-
ten by John Phillips, and a lelter from John
Playford to M. T. Salmon, by ivay of confu-
tation of his Essay to the advancement of
Music, etc.; Londres, Il 73. Salmon répondit à
la critique de son ouvrage par un petit écrit in-
titulé : A vindication of an Essay to the ad-
vancement of Music, from M. Lock's observa-
tions, etc.; Londres, 1673, in-S". A propos de
:elte dis|>ute , Gerber a fait, dans son premier
Lexique des Musiciens , une de ces lourdes mé-
prises qui lui étaient familières; car ayant malen-
tendu un passage de l'Histoire de la musique de
Hawkins, il attribua à Lock le livre de Salmon.
Il a été copié dans cette faute par les auteurs du
Dictionnaire historique des Musiciens ( Paris,
Ï810).
LOCKMAN (Jean), poète anglais et ama-
teur de musique, était membre de la Société d'A-
pollon, qui existait à Londres vers le milieu du
dix-buitième siècle. Les recueils de musique que
cette société publia vers 1740 contiennent quel-
I ques morceaux de la composition de Lockman ,
I II est aussi auteur du poème de l'opéra de Ito-
salinde, qui fut mis en musique par Jean-Cbris-
topbe Smitb, et dont il parut une deuxième édi-
tion en 1740. En lêle de cette édition on trouve
un discours de Lockman sur l'origine et les
progrès de l'opéra en général. Marpurg a donné
une traduction allemande de ce morceau, dans
le quatrième volume de ses Essais ( Historisch-
Krit . Beitrage zur Aufnahme dcr Musik).
LODER (Gkorgks), compositeur anglais dont
la musique a de la fantaisie, est né à Batli , en
1816. Il a composé plusieurs sympbonies à grand
orciiestre, qui ont été exécutées avec succès en
Allemagne. En 1845 il s'est (ixé à New-York
en qualité de directeur de musique. Loder a écrit
quelques opéras qui ont été r«présentés sur les
tbcâtres de Londres.
LODI (Dkmétuius), moine camaldule et com-
positeur de musique, né à Vérone, dans la se-
conde moitié du seizième siècle, a publié divers
ouvrages de musique concertée pour les voix et
les instruments, dans le style de Jean Gabrieli.
Waltber cite de lui des Canzoni o sonate con-
certale per chiesa à une, deux et trois parties;
mais il n'indique ni la date ni le lieu de l'im-
pression. Le P. Lodi a fait aussi paraître à Ve-
nise, en 1623, un œuvre de sonates pour instru-
ments.
LODI (Joseph), surnommé .S/ertd, qu'il ne
faut pas confondre avec l'abbé Jean- François-
Xavier Sterkcl ( voyez ce nom ), brillait en Alle-
magne comme compositeur pour le piano, vers
la fin du dix-buitième siècle. Il paraît avoir vécu
quelquetemps à Varsovie. Vm 1799 il fit un voyage
à Vienne, et y publia plusieurs morceaux pour le
piano. On n'a point d'autres rensefgnements con-
cernant la vie de cet artiste. Il y a de l'élégance
dans sa musique , mais son barmonie est en gé-
néral incorrecte. Gerber et les catalogues des
éditeurs allemands ne font connaître de lui que
les ouvrages suivant.s • 1° Sonate pour piano
seul ( en ut), op. 9; Augsbourg , Gombart. —
2'*Grand concerto pour piano etorcbestre (en ut],
op. 10; ibid. — 3° Caprice pour piano seul,
op. 16;Leipsick, Breitkopf et Hœrtel.— 4° Z,o
Morte di Mozart, sonate pour piano seul, op. 27 ;
ibid. — 5° Variations (en ut) pour le piano,
op. 11; Augsbourg, Gombart. Une sonate de
piano, en îti mineur, a été gravée sous le nom
de cet artiste, comme son œuvre IS*", cliez Breit-
kopf, à Leipsick ; cette sonate est de Wrelfi , qui
en a réclamé la propriété par une lettre adressée
àLodi, laquelle est insérée dans la deuxième
année de la Gazette générale de musique de
Leipsick ( Intell. Blatt, p. 40). Cependant cette
même sonate a été arrangée à 4 mains par A. L.
Crelle, avec des augmentations en forme de
canons et d'imitations, sous le nom de Lodi, et
publiée en 1832, cbez Breitkoi)f et Hxrtel , à
334
LODI
LOEHLE
Lerpsick. Dans le compte rendu de cette publi-
cation (Alhjem. musikal. Zeitung , 34* année,
n° 45), Fink nous apprend que Lodi vécut à Dresde
pendant six mois, en 179G, et que ce fut à celte
époque qu'il publia la sonate dont il s'agit, sous
son nom. On y voit aussi que ce musicien vi-
vait encore en 1832. L'article de Fink renferme
de curieux renseignements sur ce personnage.
LODI (Angelo), pianiste, organiste et com-
positeur, naquit à Plume, dans le Frioul , le
10 mai 1777. Son premier maître de musique
fut son compatriote Briggio Petrucci , maître de
chapelle de la calliédrale de cette ville. Lodi alla
ensuite étudier le contrepoint à Bologne, sous la
direction du P. Stanislas Mattei. De retour dans
.sa ville natale, il obtint la;place de sous-maître
de chapelle de la cathédrale. Il eut aussi le grade
de capitaine inspecteur et instructeur de la mu-
sique militaire du premier bataillon de la garde
civique, et conserva c« titre jusqu'à la fin de sa
vie. Lodi mourut àFiume, le 11 février 1839.
11 était membre des Académies philharmoniques
de Ferrare, Bologne et Rovigo, de VOdéon de
Venise, de la Société philharmonique de Modène,
et de l'Athénée de Forli. On connaît plusieurs
messes de cet artiste, des symphonies avec or-
diestre, des morceaux pour le piano, et des can-
ïonette. Plusieurs de ces ouvrages ont été pu-
bliés. Lodi avait formé une collection intéressante
de musique ancienne des maîtres italiens.
LOEBER ( Jean-Frédéric ), magister et rec-
teur à Géra, naquit dans celle ville, en 1634, et
mourut eu 169C. 11 est auteur d'une dissertation
intitulée : De Musiccc quibuadam admirandis ^
Géra, 1095, in-4°.
LOEBER (Jf.an-I'-rnest) , organiste de la
ville, a Weimar. vers 1630, a fait imprimer à
Erfurl : Concert de noces à deux voix et basse
Continue; Krfurt, 1632.
LOEBMAiXN (F.), violoniste et composi-
teur, est né en 1804, à Voischau, dans la Basse-
Lusace, et a passé sa jeunesse àMuskau(Silésie),
où son père était musicien de ville. Il reçut sa
première éducation musicale dans la maison pa-
ternelle, puis il se rendit à Berlin, oui il fut em-
ployé comme alto à rorchestrc du théâtre royal.
Ce fut dans cette ville qu'il se livra à l'étude de
l'harmonie, sons la direction de Léopold Schefer,
puis à celle du contrepoint, chez le professeur
Dehn. Appelé à Riga, comme premier violon et
re|»étilenr du Ihéàtre, il quitta ensuite cette po-
sition pour celle de cantor et de directeur de
musique, qg'il occupait en 1847. Il était en même
temps directeur de la Société de chant de cette
ville et chef d'orchestre des concerts d'abonne-
ment. Cet artiste s'est fait connaître comme com-
positeur par le 12 1' psaume pour un chœur
d'hommes avec orchestre, qui fut exécuté à Riga
en 1847, et par des solos de violon avec orches-
tre. On a gravé de lui une ouverture de concert
et un quatuor pour des instruments à cordes.
LOEFGROEIV (Antoine), né en Suède, dans
les premières années du dix-huitième siècle, fit
ses études à l'université d'Upsal, où il soutint,
en 1728, une thèse sur la basse fondamentale,
dont Rameau avait donné les principes six ans
auparavant dans son Traité de Vharmonie.
Celte dissertation a paru sous ce titre : De basso
fundameniali. Disput. academ.; Upsaliœ,
1728, in-4''.
LOEHLE (François-Xavier), ténor dis-
tingué de l'Allemagne, est né le 3 décembre 1792,
à Wiessensleig, petite ville située au pied de la
chaîne des montagnes du Wurtemberg. Son père
y était directeur du chœur an couvent du chapitre
et professeur de langue latine. Homme instruit
et musicien habile, il se chargea lui-même de
l'éducation littéraire et musicale du jeune Lœhle:
celui-ci n'était âgé que de cinq ans lorsqu'il lui
enseigna les éléments du chant. Six mois après
le jeune Lœhle était en état de chanter an
chœur les parties de contralto. Sa voix en avait
pris dès le premier moment le timbre franc et
décidé. Lorsqu'il eut atteint l'âge de huit ans,
on l'envoya à Augsbourg, où il reçut, au cou-
vent de Saint-Maurice, une instruction solide,
sous la direction de Witschka, alors directeur du
chœur, et plus tard maître de chapelle à la ca-
thédrale d'Augsbourg, Il continua aussi dans
celle ville ses études littéraires et scientifiques.
Admis, en 1803, comme enfant de chœur au sé-
minaire de Munich, il fut employé comme con-
traltiste à la chapelle de la < our et dans quel-
ques rôles d'enfant au Théâtre royal. Ce fut là
qu'il reçut les premières leçans pratiques de
l'art du clianten écoulant Brizzi, M™^ Bcnedetli,
et quelques autres bons artistes de l'Italie. Aux
vacances du mois de septembre 1807, il alla voir
ses parents à Wiessensleig. Dans un conçoit qui
s'y donna, en présence du roi de Wurtemberg,
à l'occasion d'une partie de chasse, il chanta un
air de Sarti, qui fit tant de plaisir au roi, qne ce
prince se chargea des frais de ses études et du
soin de son avancement. A son arrivée à Stutt-
gard, au mois de novembre de la môme année,
Lœhle fut confié aux soins du maître de chapelle
Danzi, chez qui il resta jusqu'à l'automne de 1809;
puis il devint élève du premier ténor Krebs, à
qui il attribue la plus grande partie de son sa-
voir. Après avoir chanté quelque temps les par-
ties de deuxième et de troisième ténor, au théâ-
tre, il y joua, en 1812, le rôle de Joseph, dans
LOEHLE — LOEHLEIN
335
l'opéra (leMéhiil. Après la mort du roi, en ISIG, ,
il reçut un engagement de premier ténor pour le
lliéAtre de Hanovie. Il épousa, dans cette ville, la
fdiede l'anly, acteur de la cour. Dans le cours
de la Dième année , un autre engagement avan-
tageux de premier ténor au théâtre de Stullgard
lui fut offert; il l'accepla, et y retourna au mois
de janvier 1S18. Ayant obtenu la permission
(l'aller donner quelques représentations à Munich,
au mois de mai suivant, il s'y rendit, et le suc-
cès qu'il y obtint le lit engager par un contrat à
vie pour lui et sa femme , avec un traitement
de 3,500 llorins et une pension à l'époque de sa
retraite. Cet engai^ement commença à recevoir
son ext'ctilion le 3 mars 1819. Depuis lors Lœhle
ne s'est éloigné momentanément de Municli que '
|iour aller donner des représentations à Vienne
en 1820, àCarlsrulieen 1822 et en 1823, à l^estli
en 1826, à Berlin deux ans après, et à Stuttgard
en 1830.1ietiré du théâtre au mois d'octobre 18.53,
il a été pensionné, et s'est livré à l'enseignement
du chant et à la composition. En 1828, il avait
fondé la société de la LiederJiranz (Couronne on
guirlande du chant), qui compta en peu de temps
environ COQ membres; mais Lœhle s'en étant re-
tiré en 1834, elle se dispersa. Il a aussi institué
l'école centrale de chant de la Bavière, où l'on ins-
truit 120 élèves. Ses succès dans celte entreprise
l'ont décidé à la transformer en un conservatoire,
où toutes les parties de la musique sont ensei-
gnées : on croit que cet établissement sera son-
tenu par un subside de l'État. Lœhle a été marié
deux fois ; mais il a perdu ses deux femmes ; la
première a cessé de vivre le 5 septembre 1822;
la seconde, le 29 juillet 1836. Lui-même est
mort à Munich, le 29 janvier 1837.
Parmi ses compositions, on remarque : 1° Six
chansons pour quatre voix d'hommes; Augs-
• bourg, Gombart. — 2° Liebesklage , von
Ludwig, Kœnig von Baicrn , fur 4 Manner-
stimmen (Élégies amoureuses de Louis, roi de
Bavière, pour 4 voix d'hommes, avec accompa-
gnement de piano ad libitum, Munich, Falter.
— 3° Vingt-quatre chansons allemandes à trois
voix pour les écoles. — 4" Vingt-quatre chansons
religieuses. — 5° Douze messes allemandes à
4 voix, avec accompagnement d'orgue. —
6° Douze idem latines. — 1° Trente chants à 4 et
5 voix sans accompagnement, pour la société
de Liederkranz. Le Lexique universel de mu-
sique publié par Gustave Schilling, d'où les
matériaux de cet article sont tirés, cite un ou-
vrage didactique de Lœhle, sous ce titre :
AUgcmcine Anleitung zu ciner Elementar-
Musikschulc, vorzuglich berechnet fur den
Gesang nach Pestalozzischen Grundscetzen
(Introduction générale pour une méthode élémen-
taire de musique, adaptée principalement au
chant, suivant les principes de Pestalozzi), 4 vo-
lumes ; mais il n'indique ni le lieu ni la date de
l'inipression.
LCffillLEIN ( Georges-Simon ) , maître de
chapelle à Dantzick, né en 1727, à Neustadt sur
laHeide, dans le duché de Saxe-Cobourg, fut
enlevé à Potsdam, à l'âge de seize ans, au mo-
ment où il allait partir pour Copenhague , et
enrôlé dans les troupes |)russiennes. Après avoir
fait plusieurs campagnes, il tomba sur le champ
de bataille de CoUin et fut abandonné comme
mort. Cependant les Autrichiens, vainqueurs
dans ce combat, remarquèrent en lui quelques
signes de vie et le firent transporter dans un hô-
pilal, où il fut guéri de ses blessures. 11 retourna
chez ses parents, et y arriva lorsqu'on portait
encore le deuil de sa mort. En 1760 il se rendit
à Jéna, dans le dessein d'y faire ses études. Là,
son habileté sur la harpe lui procura beaucoup
d'amis et de protecteurs : les meilleures mai-
sons de la ville lui furent ouvertes. En 1761, la
place de directeur de musique, devenue vacante
par le départ de Wolf, appelé connue maître de
chapelle à W'eimar, lui fut accordée. Après le
traitédepaix de 1763, il alla à Leipsick, et y vé-
cut en donnant des leçons de clavecin et de
violon. Admis dans la société du grand concert
de cette ville, il y fut employé comme violoniste
à l'orchestre , et comme claveciniste <lans les
concerts. Quelque temps après, il établit lui-
même un concert d'amateurs, composé de la
plupart de ses élèves. 11 y jouait de presque tous
les instruments, et y faisait exécuter beaucoup
de morceaux de sa composition, qu'il gravait
lui-même à l'eau forte. Appelé à Dantzick en 1779,
en qualité de maître de chapelle, il s'y rendit ;
mais le climat ne convenait point à sa santé
délicate, qui bientôt s'altéra, et il mourut arj
commencement de 1782, à l'âge de cinquante-
cinq ans. Ses compositions, au nombre de six
œuvres, qu'il a toutes gravées depuis l^eo, con-
sistent en sonates , trios, quatuors et concertos
pour le clavecin et le violon. Lœhlein n'est main-
tenant connu qae par ses ouvrages élémentaires;
le premier a |)our titre : Klavierschulc , oder
kuKze und griindliche Anueisung zur Mélodie
und Harmonie durch-gehends mit praktischen
Beijspielen erklxret ( École du clavecin , ou
instruction courte et raisonnée pour a[)prendre
la mélodie et riiarmonic , expliquée par des
exemples), Leipsick, 1765, in-4''. La troisième
édition a été pohiiée à Leipsick, 1779. La (jua-
trième fut imprimée à Ziillichau, en 1782. Wift-
hauer en donna une cinquième , avec des
336
LOEHLEIN — LOEILLET
augmentations, en 1791, Znllicliau et Leipsick.
La deuxième partie de cet ouvrage a paru en-
suite , sous ce titre : Klavierschule, zvxyter
B-and, tvorinnen eine voUstsendige Anweisung
zur Begleitung der unbez/fferten Basse, und
andern im ersten Bande fehlenden-Har-
monien gegeben wird : durch 6 sonaten,
mit Begleitung einer violine erkUeret ( École
du clavecin, 2^ volume, où l'on donne uue ins-
truction complète sur l'accompagnement de la
basse chiffrée et d'autres clioses concernant les
harmonies, omises dans le premier volume. Le
tout éclairci par six sonates avec accompagne-
ment de-vioion. On y a ajouté un traité du réci-
tatiQ; Leipsick, 1781, in 4°. Une édition posté-
rieure de tout l'ouvrage a été donnée avec des
augmentations par Witlliauer. C'est cette môme
méthode qui est devenue plus tard la hase de
celle qui a été publiée sous lenom de A.-E. Mùiler,
et dont Charles Czerny a donné une dernière
édition. La méthode de violon de Lœhlein est
intitulée : Anweisung zum violinspielen , mit
praktischen Beijspielen und ::.ur Uebung mit
24 kleinen Duetten erklxret (Méthode de violon,
expliquée par des exemples, avec 24 petits duos
pour exercices); Leipsick, 1774, in-4°. La
deuxième édition a paru en 1781 ; la troisième,
corrigée et augmentée, a élé pui)lioe par J.-F.
Reichardt, à Jéna, chez Fronunann, 1797, in-4°.
LCœHNER (Martin), fontainier de Nu-
remberg, né le 15 février 1636, mort le 2 octo-
bre 1707, a construit un orgue hydraulique pour
une représentation artificielle du Parnasse. Cet
instrument jouait plusieurs morceaux. On ignore
quel mécanisme Lœhner avait employé dans sa
construction.
LOEHKER ( Jean ), compositeur et orga-
niste, naquit à Nuremberg, le 21 décembre 1745.
A rage de huit ans il perdit son père, et sa mère
le laissa orphelin avant qu'il eût atteint sa
quinzième année. Wecker, son beau-frère, ex-
cellent organiste de Saint-Sébald, le recueillit
alors chez lui, lui enseigna la musique, et lui fit
étudier le latin chez le recteur Gresmann. Lœh-
ner fit ensuite un voyage à Vienne ; à son retour,
il se fit entendre à la cour de l'archevêque de
Salzbourg, qui le récompensa dignement. De
là, il alla à Leipsick, pour faire la connaissance
de quelques-uns des musiciens les plus distin-
gués de la Saxe. De retour à Nuremberg, il ob-
tint d'abord la place d'organiste de l'église No-
tre-Dame , puis un poste semblable à l'église du
Saint-Esprit, et enfin, après la mort de Lunsds-
dœrffer, on le nomma organiste de Saint-Lau-
rent, une des églises principales de Nuremberg
après Saint-Sébald. Il en remplit les fonctions
jusqu'à l'âge de soixante ans, et mourut le 2 avril
1705. Ses ouvrages imprimés sont : 1° Zivolf
Arien mit einer Singstimme und 2 Violinen
(Douze airs à voix seuleet deux violons) ; Nurem-
berg, 1680, in-4° obi. — 2" Auscrlesene Kirche
und Tafel-Musik (Musique choisie pour l'église
vi la table); Nuremberg, 1682, iu-4''. — 3° X/^/F
Arie7i aus der Opéra von Theseus, in Music
(sic) gebracht durch etc. (Quarante-quatre
airs de l'Opéra de Thésée, mis en musique par
Jean Lœhner, etc.) ; Nuremberg, 1688, in-4° obi.
— 4° Trauungslust, oder Erdenfreunde (Plai-
sir du mariage, ou joie céleste); ibid., 1697, in-fol.
— 5° Suavissimx canonum musicalium de-
' licix, 3,4,5-8 voc. ; ibid . , 1 700, in-4''. — 6" C/ir.
Ad. Negeleins alte Zions-Harfe in Melodien
gebracht (L'ancienne Harpe de Sion, de Chris-
tian-Adolphe Negelein, mise en musique); ibid.,
1693.
LOEIIR (.Iean-Joseph ), docteur en philo-
sophie, est auteur d'un petit écrit dans lequel il
a expliqué la nature de l'invention de Scheibler
{votj. ce nom ) pour l'accord des instruments à
clavier. Celle explication était nécessaire , car
celle qu'a donnée l'auteur de l'invention est fort
obscure, souvent même tout à fait inintelligible.
L'opuscule de M. le docteur Loehr a pour titre :
Ueber die Scheibler'sche Erfindung iiber-
haupt und dcssen Piano forte und Orgelstim-
mung insbesondere (Sur l'invention de Schei-
bler en général et sur l'accord du piano et de
l'orgue en particulier) ; Crefeld, Schiiller, 1837,
in-8° de 45 pages. Les biographies allemandes
ne fournissent aucun renseignement sur l'auteur
de cet écrit.
LOEILLET (Jean-Baptiste), né à Gand,
dans la seconde moitié du dix-septième siècle,
se livra fort jeune à l'étude de la flûte traversière,
alors peu en usage, et parvint à \m rare degré
d'habileté pour son lemps. Il se rendit à Paris
en 1702, et y fit graver quatre œuvres de sonates
pour flûle seule , un hvre de sonates pour
deux flûtes, et des trios pour le même instru-
ment. En 1705 il alla s'établir à Londres, où il
entra à l'orchestrede l'Opéra. 11 établit vers 1710
un concert hebdomadaire d'amateurs chez lui
(Hart-Street , Covent-Garden ) , et les produits
de ces séances, joints à ceux de ses leçons et de
la vente de ses ouvrages, Ini firent amasser une
somme de 16,000 livres sterling (environ 400,000
francs), qu'on trouva chez lui après sa mort,
arrivée en 1728. Lœillet jouait aussi du clavecin,
et il a publié quelques compositions pour cet
instrument. Outre les ouvrages qui ont été cités
plus haut, on connaît de ce musicien : 1° Six
leçons pour le clavecin ; Londres , Walsh. —
LOEILLET — LOESENER
337
^^ Six sonates pour divers instruments, tels que
hautbois, flûtes douces, flûtes allemandes, ou
Tiolon, ibid. Ses sonates pour flûte seule et pour
deux flûtes, avec basse continue, ont été gravées
à Londres , chez Walsh, et à Amsterdam, chi'z
Rof;er. On connaît aussi de cet artiste : Twelve
Suils of lessons for the Earpsichord, in most
ofike keys, witk variety of passages and ra-
rialion's ihroucjhoiit ihe uork (Douze leçons
f)oiir leclavecin, dans les tons les plus usités, etc.);
Londres (sans date).
LOEN (jEAN-MrcHEL DE), né à Francfort-
sur-le-Mein, le 21 décembre 1G94, fit .ses études
aux universités de Marbourg et de Halle, puis
fut conseiller intime du roi de Prusse, et prési-
dent de la régence des comtés d(! Tockenbourg
et de Lingen. Il mourut le 22 juillet 1770. Ses
œuvres diverses ont été recueillies et publiées
par J.-E. Schneider et J.-B. Millier, à Francfort,
1749-1752; 4 parties in-S". La quatrième partie
l'enferme des remarques sur l'art du théâtre,
sur la musique, et sur les oratoriosj
LOESCHER (Gasparo), docteur et profes-
seur lie théologie à Wittenberg , naquit le 8
mai 1636, à Werda-sur-la-Pleisse. Depuis 1656
jusqu'en 1668, il fit .ses études à l'université de
Leipsick, d'où il fut appelé à Sondershausen, en
qualité de pasteur et de surintendant. Huit
ans après il quitta cette position pour celle de
pasteur à Erfurt. En 1679, les fonctions de
surintendant lui furent offertes à Zwickau ; ii
les accepta , et demeura dix ans en cette ville,
qu'il ne quitta que pour aller à Wittenberg,
en 1687 , comme professeur primaire de théolo-
gie, assesseur du consistoire, pasteur à l'église
Sainte-Marie, et surintendant général. Il y mou-
rut, le 11 juillet 1718. Waither (Mtisikal. Lexi-
con) lui attribue une dissertation intitulée : De
Saule per musicam curato , dont la troisième
édition fut publiée à Wittenberg, en 1705, in-4°;
mais c'est une erreur : Loescher n'était que le
pré-Mdent de l'exercice académique où cette thèse
fut soutenue. Le véritable auteur de cette dis-
sertation est Henri Pipping( t,'0(/. ce nom).
LCHÎSCIIHORN (Charles-Albert), pia-
niste et compositeur pour .son instrument, est
né à Berlin, le 27 juin 1819. Son père, musicien
de cette ville, lui fit commencer l'étude de son
art à l'âge de cinq ans. Les progrès de Loeschhorn
furent si rapides, qu'à peine âgé de huit ans il se
faisait déjà remarquer par son talent naissant.
Bientôt après il commença ses études littéraires,
qu'il termina dans sa dix-huitième année. Ce
fut alors qu'il reçut des leçons de Louis Berger
(voyez ce nom) pour le piano; mais après une
année d'études sous sa direction, la mort de cet
BIOGU. L'NIV. DES MUSICIENS. — T. V.
excellent maître le Iai.ssa livré à lui-même pour
le développement de son talent. Il entra peu de
temps après à l'Institut royal de musique reli-
gieuse, et y reçut les leçons de Guillaume Bach et
deGrell, pour l'harmonie et la composition. Il y
continua aussi l'étude du piano, sous la direc-
tion de KilHlscligy, un des plus anciens élèves
de Berger. Après la mort de ce professeur, en
1850, Lœschhorn lui succéda dans cette école,
et s'y livra avec ardeur à l'enseignement. Dès
1846 il avait fondé, avec les frères Stahlknestel,
des soirées de trios pour piano, violon et vio-
loncelle. En 1853, il entreprit avec ces artistes
un voyage en Russie, où leurs séances de trios
obtinrent de grands succès. Les compositions de
Loeschhorn pour le piano appartiennent au
genre brillant et léger de l'époque actuelle. On y
remarque des variations, fantaisies, études de
concert, nocturnes et autres pièces de salon,
des polkas, valses et tarentelles. La plupart de
ces productions ont été publiées à Berlin.
LtffiSEL (Jean-Gcorges), maître de chapelle
du prince de Lœwenslein, naquit en Bohême,
et vécut à Prague dans la première moitié du
dix-huitième siècle. On connaît sous son nom
trois oratorios allemands. Le premier a pour
titre : Die obstegende Licbe iiber die Ge-
reichtigkeit, mit welcher Jésus den durch die
Sûnde todten Menschen zum Leben aufge-
riclitet, etc. (L'amour, vainqueur de la justice
avec lequel Jésus rappelle à la vie (éternelle)
les hommes morts par le péché). Cet ouvrage a
été exécuté en 1724 dans l'église Saint-Cajetan,
à Prague. Le second oratorio, intitulé : Das bit-
tere Leiden Jesu ( Les amères souffrances de
Jestis), a été exécuté dans la même église en
1726. Le dernier, composé longtemps après (en
1745), a pour titre : Das beweinfe Grab des
Ueilands (Le tombeau déploré du Sauveur).
LOESENER (J.-G.), né en 1769, à Salz-
wedel, en Saxe, M ses premières éludes musi-
cales sous la direction de Leiss , cantoret théo-
ricien instruit. Il apprit de ce maître à jouer de
l'orgue et du clavecin ; et lui-même ac(|uit une
certaine habileté sur les instruments à cordes.
Après avoir achevé l'étude de la théologie à l'u-
niversité de Halle, il retourna dans sa ville na-
tale, et y fut nommé, en 1791, professeur du
gymnase (collège), et organiste de l'église Saint-
Marie (Marienkirche) , quoiqu'il ne fûtâgéque de
vingt-deux ans. Sa manière sur l'orgue était sim-
ple et toujours appropriée au caractère du cJioral
qu'il accompagnait, ou pour lequel il exécutait
des préludes. Malheureusement il improvisait
toujours et n'écrivait pas; en sorte qu'il n'est
rien resté de ses inspirations en ce genre. Dans
22
338
LOESENER — LOEWE
sa vie veWrée et toute consacrée à son art, il ne
négligea rien de ce qui pouvait répandre autour
de lui le goût de la musique, et les concerts de
Salzwedel lui durent longtemps leur éclat. Il
est mort dans cette ville, le 5 février 1829, k
l'âge de soixante ans. Le plus grand nombre de
î^es compositions est resté en manuscrit. On en
a publié : 1° Ouverture à grand orcheslre,op. 5;
Leipsick, Breitkopf et Hsertel. — 2° Variations
pour clarinette et orchestre, op. 4; ibid. —
3*^ Variations poiu- cor de bassette, sur une ro-
mance de Délia Maria, avec ace. de 2 violons,
alto, basse , 2 flûtes et 2 cors, op. 3; ibid. —
4" Six variations idem avec orchestre; ibid.
LOEWE (Jea.n-Jacques), compo.siteur alle-
mand, naquit à Eisenach, dans la première
moitié du dix-septième siècle, fit ses études mu-
sicales à Vienne et en Italie, sous la direction de
plusieurs musiciens célèbres. Vers 1660 il était
maître de chapelle à la cour de Brunswick ;
quelques années plus tard il entra au service
du duc de Zeitz. On a imprimé de lui les com-
positions suivantes : 1° Sinfonien, Intraden,
Gagliarden, Arien, Ballctten, Couranten,
Sarabanden, mit 3 oder 5 ln$trumenlen
(Symphonies, entrées, gaillardes, airs, ballets,
courantes et sarabandes pour 3et 6 instruments) ;
Brème, 1637, in-fol. — 2" 12 nevce geistliche
Concerien mit 1, 2, 3 Slimmen zu singen
%nd 2 Violinen nebsi der Grundstimme fur
die Orgel (Douxe Concerts spirituels nouveaux
pour 1, 2 et 3 voix chantantes, avec 2 violons
et basse continue pour l'orgue ) ; WoUenbutlel,
1060, in-4''. — 3° Canones 2, 3, 4 bis 8 Stim-
mig, Theils fur Instrumente und Theils fur
Ssenger, Theils leicht und Theils schwer, etc.
( Canons à 2, 3, 4 et jusqu'à 8 voix, en partie
pour des instruments, et en partie pour des
chanteurs, les uns faciles et les autres diffi-
ciles, etc. ), 1G64.
LOEWE ( Jean-He»ri ), compositeur et vio-
loniste, né à Berlin, en 1766, y eut pour profes-
seur de violon le maître de concerts Hauck. At-
tactié d'abord au service duvicomie de Scliwedt,
il vécut ensuite à Hambourg, oîi il donnait des
leçons de violon et de piano ; puis, ea 1794, il
alla s'établir à Brème, où les places de violon
Bolo et de chef d'orchestre lui avaient été offertes.
Il mourut dans celle position, en 1815, à l'âge
de cinquante et un ans. On connaît sous le nom
de cet artiste : 1" Concerto pour violon et or-
chestre, op, 1 ; Offenbach, André. — 2° Trois
grandes Sonates pour piano, avec accompagne-
ment de violon et violoncelle, op. 2 ; ibid. —
3° Concerto pour violon, op. 3 ; ibid. — 4° Noo-
turne à huit parties» op. 5* ibid. — S" Duos po«r
2 violons, op. 6; ibid. — 6" Neuf Variations
pour violon et alto sur un air allemand, op. 4;
ibid. — 7° La Fille du pasteur de Taubenhaim
opérette, eu partition réduite pour le piano.
LOEWE (Frédéric- Auguste-Léopold), frère
du précédent, naquit à Scliwedt, en 1777. Il
débuta comme acteur au théâtre de Brunswick,
et se fit remarquer par l'expression et le goût
de son chant. Le l'"' juin 1797, il fit représenter
avec un succès brillont l'opérette : Die Insel
der Verfiihv'ung (L'Ile de la Séduction), dont
il avait composé la musique. La partition de
cet ouvrage, réduite pour piano, a été publiée à
Brunswick, chez Spehr. Plus tard, Lœve fut engagé
au théâtre ae Brème. En 1810 il élait à Lubeck,
où il obtint ensuite la direction du théâtre. 11
paraît avoir renoncé à la culture de la musique
longtemps auparavant.
LOEWE ( Dorothée-Frédérique-Améue ),
sfEur des précédents, et fille de l'acteur Jean-
Charles Lœwe, naquit à Schwetlt, en 1779. Son
père dirigea son éducation musicale et drama-
tique. En 1798 elle était première chanteuse au
théâtre de Brunswick. Plus lard elle chanta avec
succès au théâtre de Hambourg, sous la direction
de son frère Jean-Henri. Vers 1815 elle s'est re-
tirée de la scène, et l'on n'a plus eu de rensei-
gnements sur sa personne.
LtŒlW^E (Jean-Ch\rles-Godefroid), direc-
teur de musique à Stettin, est né le 30 novembre
1790, à Lœbejiin, près de Halle. Son père, cantor
et maître d'école de cet endroit, lui enseigna les
éléments de la musique dans un âge si tendre,
que Lœwe n'a conservé aucun souvenir de ses
premières études. Jouissant d'une entière liberté,
il se livra dès ses premières années à des exer-
cices et à des plaisirs champêtres dont il a con-
servé le goût plus tard, et qui ont exercé sur
ses compositions une heureuse influence. A l'âge
de dix ans. on l'envoya au collège de Coetben :
il y fut employé comme enfant de chœur. Après
y avoir achevé ses études élémentaires, il fré-
quenta le gymnase de l'hospice des orphelins à
Halle. Le savant Ihéorieien Tiirk, qui habitait
cette ville, se chargea du soin de terminer soiî
éducation musicale. Une certaine ori^^inalité sau-
vagese faisait remarquer dans les premières com-
positions de Lœwe : les formes inusitées de ces
productions excitaient souvent le rire de son
maître ; l'élève défendait ses idées avec chaleur,
et souvent il s'ensuivait des discussions orageuses,
qui se terminaient par le renvoi de l'élève. Mais
bientôt après, Tark le rappelait. Les événements
de 1813 et la mort du maître interrompirent
le cours de ses études de musique. Lœwe re-
tourna alors au gymnase, s'y livra de nouvea»
LOEWE
339
à la littérature et anx sciences, puis, en 1817,
il suivit les cours de l'universilé. Il s'y adonna
particulièrement à la philosophie et à la théolo-
gie , sans négliger toutefois la musique. Ce fut
à cette époque qu'il parvint à un certain degré
«l'habileté sur le piano, en jouant les œuvres de
Mozart, de Dussek et de Beethoven. Il donnait
alors des leçons de musique pour vivre, et pre-
nait part aux exercices de chant dirigés par Maas
et Naue. Dans l'hiver de 1819 à 1820, Lœwe
visita Dresde, et y fit la connaissance de Charles-
Marie de Weber, qui le prit en affection et l'en-
couragea dans ses travaux. Dans l'été suivant,
il lit un voyage à Weimar, où il visita Ilummel,
et à Jéna, où il oflrit à Gœthe un recueil de
chansons de sa composition. Bientôt après, il
accepta à Stettin les places de canior à Saint-
Jacques et de professeur au gymnase. La ma-
nière dont il remplit ses fonctioas lui valut en-
suite sa nomination de directeur de musique à
la même église, au gymnase et au séminaire
<les instituteurs. Devenu le centre d'activité de
la musique dans sa nouvelle position, il en>
ploya toute son énergie à mettre cet art en pro-
l^rès autour de lui. C'est de ce moment que
datent les nombreuses comi>ositions qu'il a pu-
i)lices et celles qui sont restées en manuscrit.
Sa réputation commença par des ballades, où
brille un rare mérite d'expression et d'originalité.
Il en a fait imprin>er un grand nombre, parmi
lesquelles on cite comme les plus belles : Le
Ksi des Erles, La ISnlt de Sainte- Walpurge ,
La Nonne de la Sprée, La Caverne des aman ts,
La Revue nocturne, La Première Nuit de
Saint-e - Walpurge ( pour voix de solos et
chœurs), La Fiancée de Cerinthe, La M-aison
mainte, etc. Dans des compositions de plus
grande importance, on remarque ses oratorios :
1° La Destruction de Jérusalem, qui fut exé-
cutée la première fois à Stettin, puis à Berlin, et
qui a partout obtenu un siiccès décidé. —
■2» Diesieben Schlxfer (Les sept Dormants).
3" Le Serpent d'airain, pour des voix seules
sans orchestre, écrit pour la deuxième grande
fête de Jéna, et qui a été exécuté en 1834. —
4° Les Apôtres de Philippe, autre oratorio
purement vocal, exécuté à Jéna, en 1835, et
considéré en Allemagne comme la plus belle
composition moderne de ce genre, — 5° Gît-
tenberg, cantate pour voix d'hommes composée
Doiir l'inauguration de la statue de cet homme
célèbre, à Mayence. — 6° Jean Hnss, oratorio
exécuté à Berlin, en 1842, et publié en partition
réduite pour le piano. Moins heureux au théâtre,
Lœwe a écrit les opéras suivants, qui sont res-
tés en manuscrit ; r La Chaumière des Alpes,
opérette en un acte. — 2° Rodolphe, ou le sei-
gneur allemand, grand opéra romantique en
trois actes. — 3° Malck Adhcl, opéra tragique
en trois actes, qui n'a point été représenté, mais
qu'on a exécuté avec succès au concert de Stet-
tin. — 4" Les Taquineries, opéra-comique en
trois actes. — b" Chœurs en entr'actes pour Le
Conte enre've, fantaisie dramatique deRaupach.
— C° Ouverture, clKeurs et entr'actes pour
Themisfe, tragédie par le même, représentée à
Berlin. On cite aussi de cet artiste Trois années
complètes de cantates et de motets composés
pour l'église de Stettin. On a publié de ses ou-
vrages : 1° Die Zerstœrung von Jérusalem
( La Destruction de Jérusalem), oratorio en deux
parties.en partition, op. 30 ; Leipsick, Hofmeister.
— 2" Das Gebet des Herrn und die Einset-
zungsworte des leib. Abendmahles (L'oraison
dominicale et les paroles sacramentelles de la
sainte Cène), op. 2 ; Halle, Kummel. — 3" Die
Walpurgis nacht (La nuit de Sainte-Walpurge),
ballade de Gœthe pour voix solos, chœur et
orchestre, op. 25, en iiartition; Berlin, Schlesin-
ger. — 4" Trois ballades de Herder, lîhland et
Gœthe, op. 1; ibid. —5" Trois idem, de Théod.
Kœrner, Herder et Willibald Alexis, 2e recueil;
ibid, — 6° Trois idem, de Herder et Uhland,
op. 3; ibid. — 7° Six chants de Byron, sur la tra-
duction allemande de Theremin, op. 4; ibi<l. —
8° Beaucoup d'autres ballades, en recueils ou
détachées, op, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 13, 14, i5, 16,
17 , 20, 21, 23, 29; ibid. — 9° Six chants pour
4 ou 5 voix d'hommes, op. 19, partition et parties;
Berlin, Wagenfuhr. — 10" Cinq chants spirituels
à4 voix d'hommes, op. 22. — 11° Trais quatuors
(our 2 violons, alto et basse, op. 24 ; Berlin,
Wagenfuhr. — 12 Quatuor spirituel, idem,
op. 26; Berlin, Trautwein. — 13° Grand trio pour
piano, violon et violoncelle, op. 112. — 14° Grand
duo pour piano à quatre mains, op. 18; ibid. —
15° Grande sonate pour piano seul (en mi),
op. 16; Berlin, Wagenfijhr. — 16° Fantaisie
idem, op. 11; ibid. — 17°Ata-e;îpo, poème mu-
sical d'après Byron , idem, op. 27. — 18° Sonate
élégie pour le piano; ibid. — 19° Le Frère mi-
séricordieux, poërae musical idem, op. 28 ; ibid.
Lœwe a aussi en manuscrit des symphonies,
des ouvertures, des concertos de piano et d'au-
tres compositions.
Comme écrivain didactique et comme critique,
il s'est fait connaître par une méthode de mu-
sique et de chant intitulée : Gesanglehre, prak-
tisch und iheoretisch fur Gymnasien, Semi-
narien und Burgerschulen^ entwiirfen; Stet-
tin, chez l'auteur, 1826, in-4° de 96 pages.
Une deuxième édition, corrigée et perfectionnée,
22
340
LOEWE — LOGIER
de cet ouvrage a paru à Berlin, chez W. Logier,
1828, in-4". Il en a été publié une troisième, à
Sleltin, en 1834. On doilàLœwe unecritiqne du
système de Logier, insérée dans la Gazette mu-
sicale de Berlin (ann. 1825, nos 4^ 5, 6, 8,
9,10).
Lœwe vivait encore à Stettin en 1859.
W. Neumann a publié sa Biographie dans le
recueil intitulé : Die Komponisten der neuen
Zeit (Les Compositeurs de l'époque actuelle);
Casse!, 1857, livraisons 14-16.
LOEWE (Jeanne-Sophie), cantatrice dis-
tinguée, petite-lîlle de Frédéric-Auguste-Léopold,
est née à Oldenbourg, en 1815. Après avoir reçu
sa première éducation musicale à Manheim, où
son père, Ferdinand Lœwe, était attaché au
théâtre de la cour, puis à Francfort-sur-le-Mein,
elle se rendit à Vienne, où elle prit des leçons
de plusieurs maîtres, et en parliculier de Cicci-
mara, bon professeur de chant. Le succès
qu'elle obtint dans un concert en 1832 la fit
engager par la direction du théâtre Kaernthner-
thor, où se lit son début sur la scène. Après y
avoir brillé pendant plusieurs années, elle fit son
premier voyage en Allemagne dans l'année 1837
et visita d'abord Berlin ; puis elle chanta à Ha-
novre et à Hambourg. De retour à Vienne en
1832, elle y resta jusque dans les premiers
mois de 1840, et se fit entendre de nouveau à
Hambourg, puis à Leipsick et à Francfort. Pen-
dant les années 1841 à 1843 elle chanta sur les
théâtres italiens de Paris et Londres, d'où elle
se rendit à Milan en 1844, et chanta dans les
années suivantes à Turin, Venise, Gênes, Naples,
Bologne et Vérone. Le caractère de son talent
consistait dans la beauté de sa voix et dans l'in-
telligence de son action dramatique. Après 1848,
les renseignements manquent concernant la suite
de sa carrière.
LCffiWEN (Jean-Fuédéric), secrétaire à la
cour de Schwerin , vers 1758, est auteur de
deux dissertations, la première, sur la poésie
de l'ode {Anmerkxingen liber die Odenpoesie) ;
la seconde, sur la poésie de la cantate d'église
{ Anmerkungen ubcr die geistliche Caritaten-
poesie). Elles ont été insérées dans le recueil d'é-
crits sur la musique de Hœrtel (n° 1, p. 1-25,
n° 2, p. 138-165). Lœwen y examine les rap-
ports de la coupe et du rhythme de ces genres
de poésie avec la musique ; mais ses vues sont
.superficielles.
LOEWEiXSKlOLD (Hermann de), corn-
positeur danois, vivait à Copenhague en 1839,
et s'y trouvait encore en 1847. Il y fit repré-
senter son premier opéra, intitulé Sara, qui ob-
tint un brillant succès et fut repris plusieurs
fois. En 1849, il donna, sur le théâtre royal de
cette ville, Le Printemps à Athènes, ballet dont
il avait écrit la musique. On a imprimé environ
20 œuvres de sa composition pour le piano et
pour le chant, parmi lesquels on remarque û&'i
pièces caractéristiques pour piano seul, op. 12,
des fantaisies, et recueil de ballades à voix
seule, avec accompagnement de piano,
LOT:WEi\STERi\(MATTHIAS-APELLEDE),
«)nseii!er du prince de Mœnsterberg et d'Oels,
naquit à Neusladt, dans la haute Silésie, le
20 avril 1594. Il était fils d'un sellier nommé
Lœwe. Ajirès avoir fréquenté l'université de
Francfort, il retourna dans sa ville natale. Peu
de temps après, on l'appela à Leobschùtï, pour
diriger la musique de l'église du Lycée. Le mar-
grave de Brandebourg l'engagoa à se rendre à
ïroppau ; mais Lœwenslern préféra sa situation
de Leobscliùtz, que la guerre de Trente ans put
seule lui faire quitter. A cette époque, le duc
Henri Wenceslas d'Oels l'attira à sa cour, et le
nomma directeur de sa musique, puis préfet
du gymnase de Bernstadt, et enfin, en 1631,
conseiller et secrétaire de son cabinet. Dans cette
même année, Lœwenstern fut nommé directeur
de musique à la cour de l'empereur Ferdinand II.
A la mort de ce prince, son successeur lui ac-
corda des lettres de noblesse. Tant de faveurs
ne furent que de faibles adoucissements aux
douleurs de la goutte et de la gravelle qui tour-
mentèrent ses dernières années. Il mourut à
l'âge de cinquante-quatre ans, le 3 avril 1648.
La plupart de ses productions musicales sont
pour l'église. Ses mélodies , dit Hofmann dans
sa Biographie des musiciens de la Silésie, sont
simples, naturelles et remplies d'expression.
H publia, sous le litre de ISijmbola, un re-
cueil d'airs religieux pour 1, 2, 3 et 4 voix;
Breslau, sans date.
LOFEIER (Joseph-Frédéric), intendant
des bâtiments de Salzbach, né le 20 juillet 1766,
s'est distingué comme amateur par ses talents
sur le piano et l'alto, et par quelques compo-
sitions, telles que symphonies, ouvertures, et
morceaux d'église. On a gravé sous son nom :
12 variations (en ré) pour piano sur un
thème original; Nuremberg, Winterschmidt,
1801.
LOGI. Voyez LOSI (Le comte DE).
LOGIER (Jean-Bernard), inventeur du
système d'enseignement de la musique qui porte
son nom, descend d'une famille française ré-
fugiée en Allemagne après la révocation de l'é-
ditde Nantes. Il est né en 1780 à Kaiserslautern,
dans le Palalinat, où son grand-père et son père
avaient été organistes. Ce dernier accepta en
LOGIER
341
1796 une place de premier violon dans la cha-
pelle du prince électeur de Hesse, à Cassel , puis
se rendit à Gœttingue, où il fut jusqu'à sa mort
chef de pupitre des concerts dirigés par Forkel.
A lage de neuf ans, Logier reçut de son père
les premières leçons de musique et de piano;
mais son instrument de prédilection était la flûte,
qu'il étudia sous la direction de Weiilner. Ses
progrès sur cet instrument furent si rajjides,
qu'à l'âge de dix ans il put jouer dans un
concert public une symphonie concertante avec
le fils de son maître. Peu de temps après, il
perdit ses parents, et on lui donna un tuteur,
qui voulut lui faire abandonner la musique pour
le commerce; mais Logier s'enfuit à Marbourg,
où il avait un oncle, frère de sa mère. Il y fit
la connaissance d'un Anglais qui l'emmena à
Londres, et le traita comme un fils pendant deux
ans, n'exigeant de lui, en retour du bien-être
qu'il lui procurait, que de jouer chaque jour un
peu de flûte et «le piano. A cette époque (1805),
le marquis d'Abercorn organisa un corps de
musique pour son régiment : Logier y entra
comme flûtiste, et suivit son corps dans une
ville du nord de l'Irlande. Wilmann, Allemand
de naissance, et père de l'excellent clarinettiste
de Londres, était chef de musique de ce régi-
ment : Logier épousa sa fille. Dans ses heures
de loisir, il composait de la musique et donnait
des leçons de piano. Cette dernière occupation
lui suggéra ses premières idées sur la réforme
de l'enseignement. Après la paix, le régiment de
lord Abercorn fut licencié, et Logier, resté sans
emploi, accepta la place d'organiste à Wesfpor-
ter, en Irlande, qui lui fut offerte par lord At-
tamund. Bientôt ses nombreuses occupations
dans cette ville lui firent désirer de trouver un
aide pour ses fonctions d'organiste, et il imagina
d'y employer sa fille, âgée seulement de sept
ans. Mais la faiblesse des doigts et la mauvaise
disposition de la main de cet enfant était un
obstacle à la réalisation de ses projets. L'idée
lui vint alors d'une machine destinée à cor-
riger les défauts de la main. Il la composa
d'une tringle qui a toute la longueur du clavier,
et sur laquelle posent les mains ; d'une autre
tringle cylindrique sur laquelle glissent deux es-
fièces de gantelets ouverts à la partie inférieure,
destinés à y placer les doigts pour les maintenir
dans une position convenable. C'est à cette ma-
chine que Logier donna le nom de chiroplaste,
et ce nom fit sa fortune. Ce qui n'avait eu d'a-
bord qu'un but d'intérêt particulier, lui parut
pouvoir devenir la base d'un enseignement. Il
ne tarda point à aller s'établir à Dublin, où il
commença à mettre sa méthode en pratique :
ses succès dépassèrent ses esjiérances, et bien-
tôt il fut considéré comme le meilleur maître de
piano de l'Irlande. Les élèves lui venaient de
toutes parts. Il avait accepté en arrivant à Dublin
la direction de la musique du théâtre de Johns-
ton; mais la chute de cette entreprise lui ren-
dit la liberté dont il avait besoin pour donner
tous ses soins à son système. Dès J8l4 il avait
pris un brevet pour le chiroplaste : ce brevet
lui donnait le droit d'exploiter seul son sy.s-
tème d'enseignement, ou d'en faire des con-
cessions. Ses succès, constatés par les rapides
progrès de ses élèves en certaines parties de la
musique, fixèrent l'attention publique sur cette
méthode; l'habileté qu'il mit à la répandre, dans
des voyages qu'il fit pendant l'année 18 16 en
Ecosse et en Angleterre, lui procura des transac-
tions avantageuses avec beaucoup de maîtres
de musique, et des écoles de chiroplaste s'éta-
blirent à Liverpool, Manchester, Chester, Glas-
cow, Preston, etc., etc. Samuel Webbe, un des
professeurs de Londres le plus en vogue, fit
même le voyage de Dublin pour venir visiter
Logier, et pour s'instruire dans le mécanisme
d'enseignement de la nouvelle méthode, qu'il mit
en pratique dans un cours public.
Cependant les succès mômes de cette mé-
thode causèrent à Logier beacoup de tracasseries.
Il avait publié dans l'été de 1816 une explica-
tion de son système dans un écrit intitulé : An
explunatlon and description of the royal
patent Chiroplasf^ or hand-directorto piano-
forte, etc.; Londres, Clementi, in-4''. Cet écrit
et le bruit des résultats de la nouvelle méthode
éveillèrent la susceptibilité de tous les profes-
seurs de piano, et leur firent craindre l'engoue-
ment de la mode pour cette nouveauté, et l'a-
bandon de leurs élèves. Ils commencèrent à se
réunir contre le danger qui semblait les mena-
cer, et l'attaque commença par le pamphlet
anonyme qui avait pour titre : General obser-
vations upon Music and remarks on M. Lo-
gier's System of musical éducation, with ap-
pendix ( Observations générales sur la mu-
sique, et remarques sur le système d'éducation
musicale de M. Logier, avec un appendice).
Edimbourg, Robert Burdie, 1817, in-S". Ce
pamphlet, tiré à grand nombre d'exemplaires ,
fut répandu dans toute l'Angleterre. On y criti-
quait la neuvelle méthode avec amertume. M. A.
de Monti, maître de musique à Glascow, suivit
l'exemple de l'anonyme, et montra aussi peu de
bienveillance pour le chiroplaste dans un écrit
intitulé : Strictures on M. Logier's System of
musical éducation ( Remarques sur le système
d'éducation musicale de M. Logier); Glascow.,
342
LOGÎER
W. TiimbuII, 18(7, in-8". Ces .leiix pamplilels
ne piofinisirent pas l'effet que s'en étaient pro-
mis leurs auteurs, car l'attention publique en
fut plus vivement excitée.
Logier, attaqué avec si peu de ménagement,
crut qu'il ne pourrait se défendre avec avantage
qu'en se rendant à Londres pour établir lui-
même des écoles de cliiropiaste. Arrivé dans
cette ville, il Invita les membres de la Société
philharmonique et d'autres musiciens à un exa-
men des élèves de Webbe, qui eut lieu le 17
novembre 1817. Presque tous les artistes et
professeurs de quelque renom qui se trouvaient
alors à Londres, y assistèrent. Les avis furent par-
tagés, mais les pianistes les plus distingués don-
nèrent leur approbation à l'invention de Logier.
Celui-ci rendit compte de cet examen^ et le pré-
senta sous le jour le plus avantageux dans une re-
lation intitulée : An authentic Account of the
examination ofpupils instructed on the new
Sijsiem of musical éducation, by J. B. Logier
(Relation authentique de l'examen d'élèves ins-
truits par le nouveau système d'éducation mu-
sicale); Londres, R. Hunier, 1818, in-S". Mais
ses adversaires ne voulurent pas k laisser jouir
en paix do son triomphe; ils vinrent le troubler
par une critique de mauvaise humeur qui avait
pour titre : An Exposition of the new System
of imisical éducation of M. Logier, icith
strictitres on his chiroplast; published by a
comviittee of professors in London (Expo-
sition du nouveau système d'éducation musicale
de M. Logier, avec des remarques sur son chiro-
plaste ; par un comité de professeurs de Londres) ;
Londres, Budd et Calkin, 1818, in-S". Parmi
les noms de ces professeurs, on remarque ceux
d'Attwood, du docteur Crotch, de Latoor et
de Ries. Irrité par les attaques dont il était l'ob-
jet, Logier réplicjua à cet écrit, avec un peu
trop d'aigreur, par un autre intitulé : A Réfuta-
tion of the fallacies and misrepresentations
contained in a pamphlet entitled : An ex-
position of the new System, etc. ( Réfutation
des faussetés et des méprises contenues dans un
pamphlet intitulé : Exposition d'un nouveau
système, etc.); Londres, Hunier, 1818, in-8°.
Le ton de cette réjiliqHe et le peu de ménage-
ment que Logier y montrait pour ses antago-
nistes n'étaient pas de nature à faire cesser la
polémique engagée contre son systèn^p et contre
sa personne. De nouveaux pamphlets, où la
satire et les plaisanteries plus ou moins grossières
lui étaient prodiguées, se succédèrent avec ra-
pidité. Je ne connais vraisemblablement pas
tout ce qui a été publié à ce sujet; mais j'ai re-
tenu les titres suivants de brochures où l'on pré-
sentait sons un aspect ridicule Logfer et sotî
système : 1° The Logerian System of tcaching
/»ius/c (Le système logérien de l'enseignement
de la musique); Londres, Philips (sans date),
in-8". — Ayiton, qui plus tard fut rédac-
teur en chef du journal de musique The lîar-
?uoh/co?i, est l'auteur de ce pamphlet. — 2" The
musical Tour of Dr. Minim ABC, (Voyage
musical du docteur Minime ABC); Londres,
W. Glindon, 1818, in-12; diatribe violente dont
Graliam, professeur de musique à Londres,
est auteur. — 3° Jocl Collier redivivus, an
entirely new édition ofthat celebrated au-
thor's mvsical travcls, etc. (Joël Collier res-
suscité, édition entièrement nouvelle des voyages
musicaux de ce célèbre auteur) ; Londres, J. As-
perne, 1818, in-S" ; nouvelle édition d'une plaisan-
terie mordante publiée autrefois contre Burney
(voy. ce nom), à laquelle on avait ajouté des notes
où Logier était bafoué. L'éditeur nouveau et auteur
des remarques était un certain Gfic/rg'cs Veal, qui
pendant longtemps joua l'alto à l'orchestre du
théâtre italien. — 4" Logerian semibility, or
Marsyas in the Chiroplast (Sensibilité logé-
rienne, ou Marsyas dans le chiroplaste); Balh,
1819, in-S". Le dernier écrit de Logier relatif à
son enseignement a paru sous ce titre : A short
Account of the progress ofj. B. Logier's Sys-
tem of musical éducation in Berlin (Courte
notice concernant les progrès du système d'é-
ducation musicale de J. A. Logier, à Berlin);
Londres 1824, in-S".
L'écltit qu'avait eu cette dispute eut pour ré-
sultat de mettre à la mode le système d'ensei-
gnement du chiroplaste. L'association de Logier
avec Kalkbrenner, pour l'exploitation de ce sys-
tème dans des cours établis à Londres, fut l'évé-
nement le plus heiireux pour le succès de la
nouvelle méthode. Dès lors les personnes le»
plus distinguées de la société s'empressèrent de
fréquenter ces cours, et Logier lit de très-con-
sidérables bénéfices sur les produits des écoles ,
sur la vente des chiroplastes et de la musique
écrite spécialement pour ses cours , et sur les
concessions de brevets pour les villes de pro-
vince. Le bruit des succès de cette méthode se
répandit bientôt en France et en Allemagne. A
Paris, Zimmerman ouvrit un cours de piano par
la méthode du chiroplaste, qui eut pendant deux
ans un succès de vogue, et qui ne fut abandonné
qu'à la suite d'une longue et dangereuse maladie
du professeur. Sur les rapports qui lui furent
faits de la méthode de Logier, le roi de Prusse
envoya Fr. Stoepel à Londres pour l'étudier près
de l'inventeur, et fit à celui-ci l'invitation de se
vendre à Berlin, pour y organiser des cours. Lo-
LOGIER
343
gisr y arriva le IC août 1822, et y fonda une école
dont l'examen parut si satisfaisant cinq mois aprèri,
que le roi chargea Logier du soin d'instruire
vingt maîtres pour répandre sa métiiode dans
les villes principales de la Prusse. Ces proposi-
tions ayant été acceptées, l'inventeur du cliiro-
plaste passa trois ans à Berlin, retournant chaque
anni^e trois mois à Londres pour ses affaires.
i:n 1826, il se fixa de nouveau à Duhlin, où il
vécut dans la retraite, jouissant du fruit de ses
travaux. F. Sloepi'l établit à Munich une école
d'après le système de Logier, en 1826; plus tard
il vint fonder un établissement du môme genre
à Paris; mais cette école n'eut qu'un médiocre
succès. Leipsick, Dresde, Francfort-sur-le-Mein,
Francfort-sur roder, Stettin, Nauembourg, Stult-
gard et Hambourg, ont eu aussi successivement
des cours de (>iano par le chiroplaste. Girschner,
alors organiste à Berlin, F. Stoepel, C.-F. MûUer,
C.-G. Wehncr (F. ces noms), et d'autres pro-
lesseurs et critiques de l'Allemagne ont écrit sur
cette méthode, et en ont fait valoir les avantages.
On trouve aussi de longs articles analytiques
sur le même système dans le Quarterlij musical
Magazine and Revievi (t. 1, pag. 111 à 139),
et dans la Galette musicale de Leipsick (l. 23
et 24). Logier est mort à Dublin, le 27 juillet
184G, à l'âge de soixante-cinq ans.
Le système de Logier se compose d'éléments
divers, qui doiventétreexamiuésséparémentpour
être appréciés avec jusiesse. Divisé en deux par-
ties principales, qui sont l'exécution au piano et
l'harmonie, ce système a deux choses qui lui sont
propres dans la première section, savoir : le chi-
roplaste et l'exécution simultanée d'un certain
nombre d'élèves sur plusieurs pianos. Le chiro-
plaste ne peut être considéré comme une néces-
sité de l'enseignement; car il n'est destiné qu'à
corriger les positions vicieuses de certaines mains
ou les déviations des doigts. Les mains naturel-
lement bien placées n'ont pas besoin de ce se-
cours. D'ailleurs, il a l'inconvénient de ne per-
itiellre aux doigts que les mouvements les plus
élémentaires, puisqu'il leur interdit tout mouve-
ment de translation de la main, soit par substi-
tion de doigts, soit par le passage des doigts sur
le pouce, ou du pouce sous les doigts. Kalkbren-
lier paraît avoir reconnti ses défauts à cet égard,
car il l'a abandonné pour lui substituer le guide-
mains, qui n'est que la partie inférieure du
chiro|ilaste, séparée du reste de l'appareil; mais
l'emploi de cet appareil n'a pas eu de succès :
Liszt l'a tué d'un mot , en appelant ce guide-
main le guidedne. A l'égard de l'enseignement
individuel du mécanisme, Logier n'y a introduit
aucun changement : il n'y avait rien en effet à y
faire, et l'inventeur du chiroplaste n*a pu se dis-
penser de faire donner à ses élèves des leçons
particulières de ce mécanisme, par les procédés
ordinaires.
La partie la plus importante du système con-
siste dans l'exécution simultanée d'un certain
nombre d'olèves sur plusieurs pianos. C'est pour
cette partie de son système que Logier a écrit
l'ouvrage qu'il a publié sous ce titre : The first
Companionto (lie royal patent Chiroplast, or
handdirector, a new invented apparafus for
faciliting ihe attainment of a proper exécu-
tion on piano-for le, bij the inventor, Dublin,
in-4'' de 42 pages. Cette méthode, à laquelle il
a été ajouté trois suites d'études, de duos et de
trios pour plusieurs pianos (Londres, Clemcnti),
a été traduit en français et publiée sous ce titre :
Compagnon du chiroplaste , ou Méthode de
piano-forté, diviséeen 4 liv., avec des exercices
progressifs), Paris, Carli. Il y en a aussi une
édition allemande; Berlin, W. Logier. Les diffé-
rentes parties des morceaux destinés h être joués
à deux, à quatre ou à six mains sur divers pia-
nos, et [lar un certain nombres d'élèves, étant
calculées d'après les divers degrés d'avancement
de ces élèves, présentent un moyen fort ingénieux
pour faire acquérir promptement, môme aux plu»
faibles, un bon sentiment de mesure et d'harmo-
nie. Ce mode d'enseignement est pour la musique
instrumentale ce que le chaut d'ensemble est pour
les voix, et l'on peut dire que c'est une véritable
création, qui devrait être en usage dans toutes
les grandes écoles. L'auteur de cette notice a
écrit pour le cours de Zimmerman des morceaux,
parmi lesquels il y a jusqu'à des septuors dont
toutes les parties à deux mains ont un objet dé-
terminé et un degré d'avancement particulier :
il résultait de leur exécution un effet assez riche
et de rapides progrès chez les élèves. Plusieurs
de ces morceaux ont été gravés, mais le plus
grand nombre est resté en manusciit.
L'harmonie, seconde partie du système de Lo-
gier, paraît être celle qui a particulièrement fixé
son attention, et qu'il a travaillée avec pics de
soin. Le premier essai qu'd publia sur ce sujet
se trouve dans une des suites de son Compa-
gnon du chiroplaste } plus tard il publia : Lo-
gier's practical Thorough bass, being siudies
on the worlis of modem composers; Londres,
Clementi, in-4°. Il a été fait une traduction al-
lemande de cet ouvrage; elle a pour titre : An-
weisung zum Unterricht im Clavierspiel und
musikalisclie Composition, etc.; Berlin, 1819,
t vol. in-4''. Cet ouvrage est une application pra-
tique des principes de l'auteur du chiroplaste,
dans l'analyse de quelques morceaux de plusieurs
344
LOGIER — LOISEL
compositeurs célèbres. Quelques années après,
Logier refondit toutes ses idées sur l'iiarmonie
dans un ouvrage qu'il publia à Berlin, el qui a
po'ir titre : System der Musik Wissenschaft
und dei' musikalischen Composition, mit In-
begriff dessen, was gewœhnlich unter dem
Ansdrucke Gencral-Bass versianden loird ;
Berlin, H. A. W. Logier, 1827, in-4°. Dans le
même temps parut une traduction française de
ce livre, intitulée : Aouveau système d'ensei-
gnement mxisieal, oit, Traite' de composition;
Paris, Scli'esinger, in-4", de 289 pages. J'ai
donné, dans le troisième volume de la Revue
musicale (p. 61-CG), une analyse détaillée de
cet ouvrage, que je ne répéterai pas ici : on pourra
la consulter en son lieu. Je me bornerai à dire
<iu'en résumant mon opinion, j'ai fait remarquer
que le livre de Logier n'était point un traité de
composition, mais un traité d'harmonie auquel il
a mêlé des notions de mélodie et de rliyllime, et
qu'il a trop développé.
Indépendamment de foutes les productions
qui ont pour objet son système d'enseignement,
Logier a publié comme compositeur : 1" Grand
concerto pour le piano (en mi bémol), op. 13 ;
Berlin, W. Logier. — 2" Sonate pour piano, llùte
et violoncelle, op. 7 ; ibid. — 3" Sonate facile
pour piano et llùle, op. 8; ibid. — 4° Introduc-
tion et grande marche pour piano à 4 mains ,
op. 14 ; ibid. — 5" Introduction, fugue et 2 ca-
nons, op. 18; ibid. — 6° Grande sonate pour
piano à 4 mains ( en ut mineur ) ; ibid. — 7" Pe-
tite sonate pour piano seul, op. 10 ; ibid. — 8° Airs
anglais varies pour piano seul ; Bonn, Simrocii;
Berlin , W. Logier. — 9° Grande sonate pour
piano, ilùte et violoncelle, op. 23; ibid. —
10° Quelques marches et morceaux pour musi-
que militaire; Londres, Clemenli. — 11° Com-
plète introduction to ihe hcycd hugle (Intro-
duction complète à l'art de jouer du cor à clefs);
Dublin et Londres, in-4°.
LOGROSCIA'O (Nicolas), compositeur cé-
lèbre dans le genre bouffe, naquit à Naples, vers
1700. Les premiers essais dans le style bouffe
furent dus à Léo, à Pergolèse et à Hasse; mais
Logrosciiio, leur contemporain, l'emporta sur
eux par la verve, par la gaieté, et surtout par
l'effet qu'il leur donna au moyen de l'invention
des finali. Depuis plusieurs années, il était con-
sidéré comme n'ayant point de rival, lorsque les
premiers opéras de Piccinni, représentés sur le
théâtre des Florentins avec un succès prodigieux,
lui firent connaître que son règne était passé. Il
quitta Naples en 1747, et se rendit à Palerrae ,
fù il devint premier maître de contrepoint au
Conservatoire del FigliuoU dispersi. Il y lit de
bons élèves, parmi lesquels on compte Muratori
et Yermiglioli. De retour àNaples, il y est mort,
en 1763. Parmi ses nombreux ouvrages, on dis-
tingue : lo Giunio Bruto, opéra séria. — 2° Il
Governatore, opéra buffa en deux actes. — 3° Il
vecchio Marito ; idem. — 4° Tanto bene, tanto
maie; idem.
LOHELIUS (Jean). Voyez OELSCHLEGEL
(Jean Lohelîds).
LOIIEI\STE!r>J (Daniel-Gaspard DE), syn-
dic de Breslau, né à Nimptsch, en Silésie, le 5 jan-
vier 1635, fit ses études à Breslau, Leipsick et
Tubingue, puis visita les principales jiarties de
l'Allemagne et de l'Europe. En 1666, il fut nommé
conseiller impérial et syndic de Breslau. Il mou-
nit dans cette ville, en 1683. Parmi ses nombreux
ouvrages, on remarque un roman historique in-
lilulé : Arminius et Thusnelda, qui parut après
sa mort, à LeipsicI', en u;89, 2 vol. in-4°. Il
y traite de la puissance de la musique (t. 2,
p. 907).
LOÎIET (Simon), organiste de la cour à Stutt-
gard, vers 1600, est connu par vingt-quatre fugues
pour l'orgue qui ont été insérées dans la Nova
musices organices iabulatura (Bâle, loi 7,
in-fol ), de Woltz, organiste de Heilbronn. 11 y a
lieu de croire que Loliet était Français de nais-
sance ou d'origine.
LOHR (Michel), né à Marienbourg, fut
cantor à Dresde, dans la première moitié du
dix -septième siècle. On connaît sous son nom
un recueil intitulé : Neue teutsche und latei-
nische Kirchen-Gesxnge und Conccrten in
fûnfz-ehn 7 xind 8 stimmigen Motetten (Nou-
veaux chants allemands et latins, et concerts en
15 motets à 7 et 8 voix), 1"^* partie; Dresde,
1035, in-4°.
LOISEL (Jean ), chanoine régulier de l'ordre
des Prémontrés au monastère de Saint-Norbert,
dans la petite ville de Ninove en Belgique, Héris-
sait vers le milieu du dix-septième siècle. On a
de lui plusieurs collections de messes et de mo-
tets, parmi lesquels on remarque les ouvrages
suivants : 1" Musica liactenus inaudiia, sive
Missx IV quinque et sex vocum, novo ae mo-
derno modulamine concertatx cum instru-
ment is et ripieno duplici (seu duobus aliis
choris) siplacet ; Anvers, 1644, in-4°. — 2" Mo-
ietta sacra duariim et trium vocum cum basso
continuo ad organum; Anvers, 1649, in-4°.
Quelques chants à 4, 5 et 6 voix de Loisel ont
été insérés dans la collection qui a pour titre :
Cantiones natalitioc, seu Laudes B. Marias^
quatuor, quinque et sex vocum (Gand, 1651 ,
in-4°), avec d'autres de Philippe VanSteelaut,
et de Liberli.
LOISEL — LOLLI
345
LOISEL (Jean-Fréuéric), violoniste, vécut
à Paris vers 1780, et y mourut jeone. Il y a pu-
blié : 1" Six quatuors pour 2 violons, alto et basse,
op. 1. Une deuxième édition de c«t ouvrage a
été faite à Offenbacli , chez André. — 1° Trois
concertos pour violon et orchestre, op. 2.
LOI SET ou LOYSET. Voijei PIÉTON.
LOKEIMBURG (Jean DE), compositeur al-
lemand du seizième siècle, est connu par deux
messes à plusieurs voix qui se trouvent dans les
manuscrits de la Bibliothèque royale de Munich
(n"' 51 et 54).
LOLLI (Antoine), violoniste célèbre, naquit
à Bergame en 1728, ou en 1733, suivant des
renseignements fournis à Boisgelou, par Wolde-
mar, son élève. D'autres notices insérées dans la
Gazette musicale de Leipsick (an. f^ p. 78, C09
et 685) en font un Vénitien, et placent la date de
sa naissance en 1740; mais Gervasoni {Des-
criziove storico-critica dcgli scrittori filar-
monici italiani) et l'abbé Bevtini (Dizzionario
storico-critico degll scrittori di musica), qui
étaient bien placés pour se procurer des dé-
tails précis, ne parlent point de cette circons-
tance, et font naître Lolii à Bergame. D'ailleurs
la date de 1740 est peu vraisemblable, car les
l)reniiers concertos de cet artiste fuient gravés à
Amsterdam en 1.760, et à Paris deux ans après.
Quoi qu'il en soit, il parait qu'il n'eut point de
maître de violon, et qu'il ne dut qu'à lui-même
le talent qu'il acquit sur cet instrument. De là
vient qu'il fut médiocre musicien. On ignore
l'emploi de ses premières années, mais on croit
qu'il voyagea dans les Pays-Bas et en Hollande,
•vers 1760, d'où il se rendit en Allemagne. En 1762
il entra au service du duc de Wurtemberg, à
Stuttgard. L'auteur anonyme d'une notice insérée
dans la Gazette musicale de Leipsick dit qu'il
y trouva Nardini, qui lui était supérieur en talent,
et qu'il demanda au duc un congé d'une année, le-
quel fut employé à desétudes presque continuelles
dans un village isolé; puis qu'il revint à Stutt-
gard, et que son jeu y excita tant d'étonnement,
que Nardini ne put lutter avec lui et qu'il re-
tourna en Italie. Tous ces détails me paraissent
manquer d'exactitude. Si l'on compare les deux
concertos de Lolii, qui forment le deuxième œu-
vre de ses compositions, et qui ont été gravés en
Hollande en 1760, avec les six concertos, op. 1,
de Nardini , on trouvera dans les premiers des
difficultés incomparablement plus grandes que
dans les autres. Nardini brillait surtout par son
expression dans l'adagio; mais ce genre ne fut
jamais celui de Lolii. Déplus, Nardini ne quitta
Stuttgard qu'en 1767, lorsqu'une part'C de la
chapelle du duc fut réformée.
Après un séjour de onze ans dans la capitale
du Wurtemberg, Lolii accepta les propositions
qui lui furent faites par la cour de Ru,ssie, et se
rendit à Pétersbourg vers la fin de 1773. Son ta-
lent excita l'admiration de l'impératrice Cathe-
rine II, qui, dit-on, lui donna un archet où l'on
vojtiit écrit de .sa main : Archet fait par Cathe-
rine Il pour l'incomparable Lolii. ftlalgré la
faveur qu'il trouvait près de cette princesse, il
prétexta le besoin de rétablir sa santé pour ob-
tenir un congé, et s'éloigna de la Russie en 1778.
Ayant rencontré le compositeur Dittersdorf à
Johannisberg, il lui dit qu'il ne se plaisait plus à
Pétersbourg, et qu'il n'y retournerait pas. Il es-
pérait obtenir sa démission honorable de l'impé-
ratrice en lui envoyant un certificat de médecin.
Il parait néanmoins qu'il conserva son titre
de maître de concert de la cour de Russie, car
c'est ainsi qu'il se qualifiait encore dix ans plus
tard en Italie. En 1779 il arriva à Paris : son talent
y fit une vive impression au concert spirituel. Ce-
pendant les connaisseurs le trouvèrent inégal ; per-
sonne en effet ne lefutplusquelui. Son talentcon-
sistait particulièrement en une singulière dextérité
à vaincre les difficultés de la main gauclie ; mais
il' y avait trop peu de raison dans sa tète pour
qu'un pût attendre de lui de l'ordre et de la sa-
gesse dans son jeu. On rapporte qu'ayant été
pressé un jour de jouer un adagio , il répondit :
Je suis de Bergame, et les habitants de cette
ville sont trop fous pour pouvoir jouer V ada-
gio. Lorsqu'il quitta Paris, il se rendit en Espa-
gne : on manque de renseignements sur son sé-
jour dans cotte contrée. Burney dit, dans son
Histoire de la musique (t. IV, p. 680), que Lolii
arriva à Londres au conmiencement de 1785, et
que, i)ar un caprice de conduite semblable à ceux
de son exécution, il s'y fit rarement entendre. Si
bizarre , dit-il, était son style de composition et
d'exécution, que la plupart de ses auditeurs leconsi-
déraient comme un fou. Néanmoins, Burney ajoute
qu'il s'est convaincu que, dans ses intervalles
lucides, il avait un talent admirable d'expression
pour les choses larges et sévères. Cette opinion
coïncide avec celle que Schultz et Kirnberger
s'étaient faite du talent de cet artiste singulier.
Incapable d'accompagner un chanteur ou un
instrumentiste, parce qu'il était peu musicien et
n'avait pas le sentiment de la mesure, il éfait
lui-même fort difficile à suivre dans l'exécution
de ses morceaux. L'abbé Bertini rapporte que
la première fois que Lolii se fit entendre dans un
concert au théâtre de Palerme, en 1793, il apos-
lro[ilia publiquement le premier violon de l'or-
chestre, qu'il accusait d'avoir manqué à la
mesure ; cependant , ajoute Bertini , la faute
346
LOLLI — LONDICER
avait été faite certainement par Lolli lui-même.
Après avoir joué un soir dans un oratorio à
Londres, il disparut tout à coup de celte ville,
« la sourdine, suivant l'expression de Burney.
Il retourna alors en Italie, et s'y lit entendre dans
plusieurs concerts. l»lus tard, il Ut avec son fils,
jeune violoncelliste distingué, un voyage en Al-
lemagne. En 1791 ils étaient à Berlin, où le fils
reçut du roi cent frédérics d'or, après avoir joué
à la cour. De là ils allèrent à Copenhague. On
vient de voir que Lolli était à Palermeen 1793 ;
l'année suivante , on le trouve à Vienne, puis
Romberg l'entendit à Naples en 1796. 11 n'était
plus alors que l'ombre de lui-même. Enfin, il
retourna en Sicile, où il mourut, en 1802. Il fut
Inliumé honorablement, dans l'église des capucins
de Palerme , hors de la ville, suivant les rensei-
gnements donnés par l'abbé Bertini. Lolli n'a
formé que deux élèves, Jarnowick et Woldemar,
qui n'étaient guère moins fous que lui.
Les compositions connues de Lolli sont :
1° Six sonates à violon seul et basse , op. 1 ;
Amsterdam, 1760 ; Paris, gravées par M'"'' Oger.
— 2" Deux concertos pour violon et orchestre,
op. 2; ibid. On a gravé à Berlin, chez Hummel,
trois concertos séparés comme œuvres 1, 2 et 3.
— 3° Deuxième livre de sonates, op. 3 ; Paris,
Heina, gravé par Mme Vendôme. — 4° Troisième
concerto pour violon et orchestre, op. 4 ; Paris,
Heina. — 5" Deux concertos pour violon et or-
chestre, op. 5; ibid. — 6° Trois concertos avec
im divertissement, op. 6; ibid. — 1'^ École du
violon, avec alto et basse, op. 8; Paris, Sieber;
Berlin, Hummel ; Offenhach, André. — 8" Six so-
nates pour violon solo et 1'' violon d'accompa-
gnement, op. 9 ; Paris, Sieber. — 9° Six idem ,
avec accompagnement de basse, op. 10; ibid. On
peut consulter sur Lolli un écrit de Jean-Baptiste
Rangoni intitulé : Saggio sul giisio délia viu-
sica, co'l carattere di Ire celebri suonatori di
violino Nardlni , Lolli e Piignani ; Livourne,
1790, in-S".
LOLLI (Philippe), fils du précédent, né à
Sluttgard, en 1773 , étudia le violoncelle dès ses
premières années, et n'avait que dix-huit ans
quand il se fit entendre à Berlin, en 1791. Le
roi fut si satisfait de son talent, qu'il lui donna
100 frédérics. Vers la fin de la même année, le
jeune Lolli se trouvait à Copenhague avec son
père. En t'94 , il se fit entendre à Vienne, où
l'on a gravé douze variations pour violoncelle,
op. 2, de sa composition. Depuis cette époque
on n'a plus eu de renseignements sur cet artiste;
mais je crois que M. Lolli, professeur de violon-
celle, (|ui vivait à Caen en 1822, n'est autre que
ce fils du célèbre violoniste.
LOMBARDl (Camille), compositeur napo-
litain cité par Cerreto (Délia prattica musicale,
lib. III, p. 156), vivait à Naples en 1601. Il
excellait sur le luth.
LOMBARDO (Jérôme), compositeur sici-
lien, a fait imprimer de sa composition, vers
1600, quatre messes à 4 et 5 voix, avec la basse
continue.
LO.MMATZSCH ( Charles -Henri - Gode-
FKom) , docteur en théologie et surinlendant à
Annaberg, né à Kindelbrùck, le 22 juin 1772, est
mort le 17 août 1824. Il a publié : 1° Predigt
zur Einweihung einer neuen Orgel in der
Kirchezu Wolkensieinin Jahre 1818 (Sermon
pour l'inauguration d'un nouvel orgue dans l'é-
glise de Wolkenstein) ; Annaberg, 1818, in-8°.
— 2° Predigt zur Einweihung der neuerbau-
tcn Kirche und Orgel zu Drebach (Sermon
pour la dédicace de l'église nouvellement cons-
truite et de l'orgue à Drebach); ibid. 1825, in-S".
LOMiMTZKY (Simon), poète couronné de
la Bohême, naquit à Budin, dans la première moi-
tié du seizième siècle, et fut recteur du collège
de Kanlosch, où il vivait encore en 1594. On
a de lui deux recueils précieux de chansons,
en partie historiques, en langue bohème, avec
les mélodies qu'il paraît avoir composées. Ces
recueils, devenus d'une rareté excessive, ont pour
titre : 1° Kancyonal Nedelny iv Girijka Ny-
gryna z NygroponiUj Prague, 1580, in-4''. —
2° Kancyonnl, a neb Pyme nowé Hystorycké
Sicatych; Prague, 1594, in-4''.
LOIVATI (Chaiîles-Ambhoise), compositeur
dramatique, né à Milan, vers le milieu du dix-
septième siècle, a fait représenterai! théâtre San-
Salvador , de Venise, en 1684, un opéra intitulé :
Aribertoet Flavio regide' Lombardi.
LOA'DICER (Ernest-Jean), organiste de
l'église Sainle-Maric-Madeleine, à Stockholm,
naquit dans cette ville, en 1717, et fut un des en-
fants les plus précoces du dix-hiiilième siècle.
Un officier du régiment suédois-allemand lui donna
les premières leçons de musique, et ses progrès
furent si rapides, qu'à l'âge de sept ans il dédia
au maréchal de Diiien un prélude à quatre par-
ties avec un menuet. Dans les années suivantes,
1724 et 1725, il excita l'admiration générale, tant
à la cour qu'à l'église Saint-Jacques, par sa ma-
nière d'accompagner les chorals et d'improviser
les préludes. On l'envoya ensuite à Cassel pour
y aciiever ses études. De retour à Stockholm
en 1730, il y obtint les places d'organiste de la
cour et de l'église Sainte-Marie-Madeieine, quoi-
qu'il ne fût âgé que de treize ans ; et il célébra
son entrée en fonctions, à la fête de la Toussaint,
par l'exécution d'une musique qu'il avait compo-
LONDICER — LOPEZ
34^
s(*e. Les renseignements qu'on a sur cet artiste
ne vont pas au delà de cette époque.
LONGUEVAL, appelé en Italie LON-
GHEUAL, musicien français, vécut au commen-
cement du seizième siècle, et fut cliantre de la
cliapelle du roi de France Louis XIL Petrucci a
inséré le motet de ce musicien, à quatre voix,
sur le texte : Denedicat nos imperialis majestas,
dans le premier livre des Motetti délia Corona;
Fossombrone, 1514, petit in-4^obl. On trouve
aussi deux motels de Longueval, à quatre voix,
dans le recueil intitulé : Liber undecimus, XXVI
musicales habet modulos quatuor et quinque
vocibus éditas ; Paris, Pierre Attaingnant, 1534.
LOOSMAN ( ÉTIENNE-TnÉODORE VAN ) ,
irialtre d'école et organiste à Yest, dans la Frise,
a fait imprimer : l'' Muzikaale A, £ , C , of het
Kort Bcgrip wcgens de Bchandeling van het
Orgel en Clavccymbel (ABC musical , ou
abrégé de la manière de jouer l'orgue et le cla-
vecin); ITfiO. — 2° Te Deum laudamiis in't
latijn en in't nederduits voor de viool, dvmrs-
fluit, violoncet en basso continua (Te Deum
laudamus, en latin et en hollandais, avec vio-
lons, flûte douce, violoncelle et basse continue) ;
1760.
LOOTEA'S (....), écrivain liollandais, cité
|)arHess (Korte Schets vande Allereerste iiit-
vinding en verdere voortganq in het ver-
vaardigen der Orgelen, p. 24) comme auteur
«l'un livre intitulé : Aanmerking over de oudste
Orgelen (Remarques sur les anciennes orgues),
mais sans faire connaître la date ni le lieu de l'im-
pression. Toutefois, d'après quelques rapproche-
ments de certaines dates rapportées dans des
passages cités par Hess, cet ouvrage a dû paraî-
tre vers 1760. Un des paragraphes tirés textuel-
lement du livre de Lootens par Hess offre beau-
coup d'intérêt, en ce qui concerne le clavier de
pédales de l'orgue, dont l'invention est commu-
nément attribuée à Bernard Muret (Voyez Muret),
mais qui, suivant le fait rapporté par l'auteur
hollandais, aurait été connu déjà au commence-
ment du douzième siècle. Voici la traduction du
passage dont il s'agit :
« Le facteur d'orgues Albert van Os, de Fles-
« singue, a trouvé, il y a environ soixante-dix
« ans (vers 1670), en enlevant un orgue de l'é-
« glise Saint-Nicolas à Utrecht, sur le sommier
« du grand-davier, la date de 1120. Ce sommier
« n'avait ni tirans ni registres, mais douze rangs
« de tuyaux, dont le plus grand était un prcsiant
« de douze pieds. Sur chaque touche , tous les
« tuyaux parlaient à la fois , sans qu'on pût en
« détacher un seul ; en sorte que ce qu'on enten-
« dait ressemblait à une fourniture criarde. Le
« clavier commençait par fa grave -"^V'-
, et
n s'étendait jusqu'au la aigu
W
: il renîer-
« mait conséquemment trois octaves et une tierce.
« Le clavier supérieur avait des registres fixes (?) ;
« le second clavier des registres mobiles (.?). La
« pédale n'avait qu'une seule trompette. » Ce
passage a beaucoup d'intérêt pour l'histoire <te
l'orgue : mais ilest regrettable que la description
de cet ancien instrument ne soit pas plus com-
plète, et que le facteur Van Os n'ait pas fait
mention de ce qui lui présentait des traces de
restauration postérieures à la date de 1120 ; car il
est impossible que l'instrument ait servi pen-
dant cinq cent cinquante ans sans être plusieurs
fois remanié,
LOPEZ ou LOBO (Duarte ou Edouard) ,
appelé Lupus en latin, compositeur portugais,
clerc bénéficié et maître de chapelle de l'église
cathédrale de Lisbonne, vers 1600, est connu
par un grand nombre d'œuvres de musique pour
l'église, dont voici la liste : 1° Opuscula musiea
nunc pri7num édita ; Anvers, 1602, in-4°. —
2° Natalilisenoctis responsoria , 4-8 voc. —
3" Missa ejusdem noctis, 8 voc. — 4° B. Ma-
rix Virginis antiphonx , 8 voc. — WB. Marias
Virginis Salve , 11 vocum in 3 clwr. — 6" B.
Marix canticum : Magnificat, 4 voc. Ces cinq
derniers ouvrages sont renfermés dans le môme
œuvre; Anvers, 1605, in-folio. — 7° Canticum
Magnificat, 4 voc.; Anvers, 1605, grand in-fol.
On y trouve seize Magnificat dans les différents
tons. — 8" Missx 4, 5, 6 e< 8 vocum, Anvers,
1621 ; grand in-fol. — ^o Missx 4, 5, 6 vocum,
ibid., 1639 , grand in-folio. — lO" Officium de-
functorum em canto cliad; Lisbonne, 1 603, in-4''.
— 11° Liber processioman et Stationum eccle-
six Olyss/poncnsis in meliorem formam redac-
tus; Lisbonne, 1607. On trouve en outre en ma-
nuscrit dans la bibliothèque royale de Lisbonne :
1 2° Co; psalm os de vespcras de di versas votes ;
n" 814. — 13" Cinco missas a 4. Liçoens de
defunctos, e a sequencia da Missa a 4, 6, 8 ,
9 mais vozes, n° 806. — 14" Mot et es de de-
functos; n^SlO. — Ib" Dous vilhancicos ac
Santissimo Sacraniento , n° 703. Le style de
Lopez a beaucoup d'analogie avec celui de Bene-
voli, mais il est moins pur. Vers la fin de sa vie,
qui se prolongea jusqu'à l'âge de cent trois ans ,
il fut nommé recteur du séminaire de l'évêché.
Son maître de composition avait été Manuel Men-
dez d'Evora. Lopez a joui d'une grande réputa-
k tien parmi ses compatriotes.
343
LORBER — LORENZINI
LORBER (Jean-Christophe), pocte lauréat
et avocat ordinaire de la cour de Weimar, naquit
le 19 avril 1645, et mourut le 16 avril 1722. Il
a écrit un poëme en vers allemands sur la mu-
sique, intitulé: Lob der edlen Musik, (Éloge de
la noble musique); Weimar, 1696, in-S" de 112
paijcs. On a aussi de Lorber un autre é-crit inti-
tulé : Verlhc/d/gung der edlen Musik, tcider
einen ongemiissten Musikverxchter ausgefer-
iirjt (Défense de la noble musique contre un
caloumiateur de cet art) ; Weimar, 1697, in-8° de
26 pa^es. Ce pamphlet est dirigé conlre le pro-
gramme académique de Vockerodt qui a pour ti-
tre : Consullatio IX de cavenda fatsa vien-
tium inlemperatarum medicina, sive abusu
musicorum exerciiiorum, etc. ( Foyes Vocke-
KODT.)
LORENTE (André), né en 1631 dans la pe-
tite ville d'Arcîuielo, près de Tolède, fit ses étu-
des à l'université d'AIcala, et fut gradué dans la
faculté des arts de cette même université. Ayant
été nommé successivement commissaire de l'in-
quisition de Tolède, et prêtre prébende à Alcala
de Hénarès, il joignit encore à ces dignités ecclé-
siastiques la qualité d'organiste de l'éj^lise Saint-
Juste dans celte dernière ville. C'était un savant
musicien, qui avait étudié les ouvrages des grands
maîtres italiens du seizième siècle , et qui était
aussi habile dans la pratique de son art que savant
dans la théorie, comme on le voit par un ouvrage
important qu'il a puhlié sous ce titre : El Porque
délia musica en que se contiene los quutro art es
de ella, canto llano, canto de organo, contra-
punto y composition (Le Pourquoi de la musi-
que, où sont contenues les quatre parties de cet
art, à savoir : le plain-chanl, le chant mesuré,
le contrepoint et la composition ) ; Alcala de Hé-
narès, 1672, infol. Je crois avoir vu citer quelque
part une traduction italienne de ce livre, sous le
titre de ri Perche délia musica; mais je pense
que le titre seul était traduit. Lorente dit dans
cet ouvrage (lib. II, p. 218) qu'il a écrit un livre
De organo , dans lequel il a traité de tous les
instruments , particulièrement de l'orgue. On
ignore si ce livre a été puhlié.
LOREKIZ (Frédéric-Auguste), musicien de
la chambre du roi de Saxe, et virtuose sur le
basson, est né à Chemnit/, au mois de février
1796. Cet artiste jouait aussi de plusieurs instru-
ments, tels que le violon, la harpe, le czakan , la
guitare, etc. Il a été d'abord employé dans les
églises de Prague, comme violoniste. On connaît
sous son nom les œuvres suivantes : 1° Variations
pour violon; Prague, Berra. — 2° Adagio et
rondo pour deux violons; Prague, SchœdI. —
3' Tlièmes vancs pour le czdV^a; Vienne, Has-
linger. — 4" Marche à''Àline variée pour guitare
et czakan ;ibid. — 5° Trois sonates pour la harpe à
crochets, avec accompagnement de violon ; Ham-
bourg, Bœhme. — 6" Trois, idem, op. 8 ; ibid.
— 7° Collection de pièces pour harpe, avec et
sans préludes, à l'usage des commençants, op. 7 ;
Copenhague, Lose. — S" Thème varié pour harpe
à crochets, op. 10; Leipsick, Hofmeister. —
9° Sonate pour harpe à crochets, op. 11 ; ibid.
— 10° Six chansons allemandes avec accompa-
gnement de piano ; Copenhague, Lose. — 11° Six
romances françaises, idem, ibid.
LOREKZ (Oswald), organiste à l'église Saint-
Jean de Leipsick, est né en 1806, à Juhanngeor-
gensladt (Saxe). Il fut un des premiers rédac-
teurs de laNouvelleGazette de musique de Leipsick
(Ncucs Zeitschrift der Musik) , fondée par Ro-
bert Schumann et ses amis. Kœrner a publié de
bons préludes d'orgue composés par Lorenz
(Erfiut, s.d., in-4°obl.). On a a\issi de cet artiste
des Lieder et des romances pour voix seule, avec
accompagnement de piano.
LOREiVZANI (Paul), compositeur de mu-
sique d'église, né à Rome, dans la première moi-
tié du dix-septième siècle, fit ses études musi-
cales sous la direction de Benevoli. Après avoir
été maître de chapelle à l'église ([es jésuites , à
Rome . il passa en la même qtialité à l'église
cathédrale de Messine, en Sicile. Dans un
voyage qu'il fit à Paris, il fit exécuter à la cha-
pelle de Versailles quelques-uns de ses motets,
qui plurent beaucoup à Louis XIV. Ce prince le
chargea du choix de quelques bons chanteurs ita-
liens en voix de soprano pour sa chapelle; Lo-
renzani accepta celle mission, et ramena d'Italie,
en 1679, cinq de ces chanteurs, qui ont été long-
temps au service du roi. Dans la môme année.
Christ. Ballard publia à Paris un livre de motets
à quatre voix, composé par Lorenzani. Cet ar-
tiste retourna ensuite à Rome , où il succéda à
François Beretta dans la place de maître de cha-
pelle à la basilique du Vatican, le 19 juillet 1664.
H mourut en 1703, et fut inhumé le 13 octobre
de cette année à l'église du Saint-Esprit in Sas-
sia. En 1690, on a imprimé à Rou)e des Magni-
ficat à neuf voix en deux chœurs, de la compo-
sition de cet artiste, lia laissé aussi en manuscrit
des psaumes à quatre chœurs, dans la manière
de son maître.
LOREI\ZÎI\I (Raimond), né à Rome, dans
la première moitié du dix-huitième siècle, entra
comme organiste à l'église Sainte-Marie-Majeure
en 1751, et en remplit les fonctions pendant
trente-cinq ans. Puis il fut nommé maître de
chapelle dans la même église le 7 septembre 1786.
11 est vnort à Rome, dans les derniers jours d»
LOREINZINl — LORTZIjNG
3(î>
mai 1806. M. ral)bé Santini possède en manus-
crit les compositions suivantes de ce musicien :
1° Messe de 7?e^u/e»), concertée à quatre et à
huit voix. — 2" Quatre motets à 3 ou à 4 voix
pour l'office des morts. — 3° Motet à quatre voix
(0 quam suavis). — 4° Tantum ergo pour voix
de soprano et alto. ■ — 5° Salve liegina pour so-
prano et allô, chœur et orchestre. — 6° Onze so-
nates pour clavecin. — 7° Six divertissements
pour clavecin avec deux violons oblij^és. — 8° Six
nocturnes pour deux clarinettes, deux cors, bas-
son et serpent.
LOREiVZITI (Antoine), fils d'un musicien
italien an service du prince d'Orange à La Haye,
naquit en cette ville, vers 1740, et fit ses études
sous la direction de son père. Il reçut des leçons
de violon de Locatelli. En 1767 il obtint la place
de maître de chapelle de l'église principale de
Nancy, et y passa le reste de ses jours. On a
gravé de sa composition : 1° Trios pour violon,
alto et basse, op. i ; Amsterdam; l'aris, Heina.
— 2° Six trios pour 2 violons et basse, op. 2 ;
ibid. — 3" Six duos pour violon et alto, op. 3 ,
gravé comme œuvre 10 par Heina. — 4" Six
quatuors pour 2 violons, alto et basse, op. 4 ;
ibid. — 5° Six quatuors concertants idem, op. 5 ;
Paris, Leduc. — 6'- Six duos concertants pour
2 violons, op. 8 ; Paris, Heina, 1775. — 7° Six
quatuors agréables et faciles pour 2 violons, alto
et basse, op. 9 ; ibid.
LOREl\Z!TI (Bernard), frère et élève du
précédent, naquit à Kircheim, dans le Wurtem-
berg, vers 1764. Après avoir fait ses études musi-
cales à Nancy, il vint à Paris, et entra à l'or-
chestre de l'Opéra, comme second violon, en
1787. A la fin de 1813, il s'est retiré avec la pen-
sion, après vingt-cinq ans de service. Cet artiste
écrivait de la musique de tout genre avec autant
de facilité que de négligence. Il portait lui-même
le nombre de ses ouvrages à près de deux cent
cinquante : il en a été publié environ quarante,
parmi lesquels on remarque : i" Trois concertos
pour violon et orchestre; Paris, Boyer, Louis. —
2" Trois trios pour violon, alto et basse ; Paris,
Naderman. — 3" Douze variations en forme d'étu-
des pour violon, avec violon et basse; Paris, Pleyel.
— 4° Onze œuvres de duos pour deux violons;
Paris, chez tous les éditeurs. — 5° Environ dix
œuvres d'études, caprices, airs variés pour violon
leul ou deux violons ; ibid. — 6" Quelques duos
et airs variés pour flûte et violon ; ibid. — 7° Con-
certo pour alto et orchestre ; Paris, Boyer. —
8° Principes ou nouvelle méthode pour apprendre
facilement à jouer du violon ; Paris , Naderman.
LOREl\ZO (Nicolas) , professeur de chant,
organiste et compositeur, est né à Trieste, le
30 octobre 1789. A I ûge de douze ans, il com-
mença l'étude du violon sous la direction de Pia-
nametti, qui plus fard fut nomiiiéchef d'orchestre
du tlu'âlre de cette ville. En 1810, M. Lorenzo se
rendit à Vienne , où Salieri l'accueillit avec bonté
et lui enseigna le chant et la composition. Après
s'être livré à l'enseignement à Dresde pendant
plusieura années, il se rendit à Paris en 1830, et
quelques annéesplus tard il y obtint au concours la
place d'organiste de l'église Sainte-Elisabeth, qu'il
a occupée pendant plus de quinze ans. On a im-
primé de sa composition des antiennes de la
Vierge et du saint Sacrement, à quatre voix et
pour ténor et basse ; un Tantum crgo en chœur
qu'on a chanté souvent à Saint-Roch, et dans
d'autres église de Paris; Paris, Canaux; trois fu-
gues pour l'orgue ; quatre pièces pour le même
instrument; trois offertoires et trois élévations,
idem; six morceaux pour harmonium et divers
thèmes variés et fantaisies pour le piano, sur des
motifs d'opéras italiens. Tous ces ouvrages ont
paru chez le même éditeur. ^
LORENZON! (Antoine). Le docteur Lich-
tenthal indique sous ce nom, dans sa Bibliogra-
phie de la musique (tome IV, page 171), un
livre intitulé : Saggio per ben suonareiiflauto
traverso, con alcune notifie generali ed uiili
per quahmque istromento, ed altre concer-
nenti la sloria délia musica; Venise, 1779,
in-4° de 90 pages. M. Gaspari, de Bologne, m'a
indi(]ué une édition datée de Vicence dans la
même année : il doute de l'existence de l'édition
de Venise. Un exemplaire de cette édition de
Vicence se trouve à la bibliothèque royale de
Berlin; un autre est dans la bibliothèque de
M. de Farrenc, qui a cité l'ouvrage dans les Pré-
liminaires du Trésor des pianistes (Des signes
d'agrément, p. 3).
LOREA'ZOi\l (Adrien), professeur de lit-
térature, au lycée communal de musique à Bolo-
gne, pour la préparation à l'étude du contrepoint,
est auteur d'un petit ouvrage intitulé : Délia
nécessita d'applicare la filosofia alla musica,
discorso di , tic. ; Bologne, 1817, in-B" de 48
pages.
LORTilE (Gabriel-Antoi-ie DE), professeur
de musique vocale à Saint-Denis, près Paris, a
publié un petit ouvrage intitulé : Moyens derec-
tijier la gamme de la musique et de faire
chanter juste- Paris, 1791 , in-8°.
LORTZIiVG (Gl'stave-Albert), compo-
siteur dramatique, acteur t-t chef d'orchestre, né
à Berlin, le 23 octobre 1803, était fils de Jean-*
Gottlob, marchand de cuir dans celte ville. Sa
mère, Charlotte-Sophie, née Seidel, qui, dans sa
jeunesse, était agréable et spirituelle, aimait à
350
LORTZING
jouer la comédie dans une société d'amateurs
avec son mari. Le tliéàlre où se donnaient les re-
présentations de cette société s'appelait Uranie.
Ce fut laque se passèrent les premières années du
jeune Lortzing , et qu'il prit le goût de la scène.
Admis à l'Académie royale de chant de Berlin, il
y reçut de Riingenliagen les premières leçons de
musique, et fit de rapides progrès sous la direc-
tion de ce maître. Lortzing n'était âgé que de
neuf ans lorsque ses parents, renonçant au
commerce, et s'abandonnant à leur passion pour la
comédie, quittèrent Berlin, et acceptèrent un enga-
gement au tliéâtre de Breslau. Dans la suite, ils
jouèrent à Bamberg, Aschaffenbourg, Strasbourg,
Fribourg en Brisgau, Bade, Coblence, Cologne et
Aix-la-Cliapeile, où leur fils remplissait les rôles
d'enfant, pendant qu'il continuait ses études de
musique. Il apprit à jouer du piano, du violon, du
violoncelle, et la lecture des ouvrages d'Albreclits-
berger et d'autres traités didactiques lui enseigna
les éléments de la composition. Dans les années
1819 à 1822, Lortzing fut attaché au théâtre de
Dusseldorfen qualité de ténor pour les rôles co-
miques : ses premiers essais de composition fu-
rent faits à la même époque. Sa voix ayant acquis
àa développement, il fut engagé parle directeur
de spectacle Ringelliardt, en 1823, pour les rôles de
premier ténor, et joua sous sa direction à Co-
4ogne et à Brunswick. Ce fut dans cette même
année qu'il épousa M'ie Allies, actrice de talent.
En 1824 il écrivit son premier opéra, Ali, pacha
de Janina, qui fut joué avec succès à Cologne,
puis à Detmold, .Munster, Osnabriick et Pyr-
mont, dont la direction théâtrale engagea Lort-
zing et sa femme en 1826. Puis ils jouèrent à
Hambourg, retournèrent à Cologne en 1829, et
enfin ils ftrrént attachés au théâtre de la cour
de Manheim en 1830. Lortzing y écrivit en 1832
deux petits ouvrages dramatiques, intitulés Le
Polonais et son Enfant, et Une Scène de
la vie de Mozart. Dans l'année suivante, Rin-
gelliardt, qui venait de se charger de la direc-
tion du théâtre de Leipsick, engagea Lortzing
pour y remplir les rôles de premier ténor des
opéras-comiques. Alors conimença la période la
plus heureuse de la vie de l'artiste : elle s'étend
depuis 1833 jusqu'en 1844; ce fut aussi celle de
sa plus grande activité dans les travaux de la
composition dramatique. Le premier ouvrage
qu'il écrivit à Leipsick avait pour titre : Diebeiden
Tornister (Les deux Militaires), auquel on sub-
stitua plus tard celui de Diebeiden Schiitzen
(Les deux Tirailleurs); le sujet était pris du
vaudeville français Les deux Grenadiers. Cet
opéra fut représentée Leipsick. le 20 février 1837 ;
il obtint un brillant succès. Dans la même année
(■/e 22 décembre), Lortzing fit représenter au
même théâtre Czar und Zimmermann ( Le Czar
et le Charpentier ), opéra en trois actes, considéré
comme son œuvre capitale, et qui obtint un suc-
cès égal dans toutes les villes de l'Allemage, ainsi
qu'en Russie et en Danemark. Lortzing écrivit
ensuite Die Schatzkammer des Inka (Le Trésor
de l'Inca ) , opéra sérieux, sur un livret de Robert
Blum; mais cet ouvrage ne fut pas représenté, et,
par une circonstance inconnue, la partition n'a
pas été retrouvée dans les papiers du compositeur.
Le 20 septembre 1839, Lortzing fit jouer la pre-
mière représentation deCaramo, ou LeHaryon-
nage, opéra romantique, qui fut froidement ac-
cueilli par les habitants de Leipsick, à cause du dé-
faut d'intérêt du sujet; mais le brillant succès de
Ilans Sachs, joué le 23 juin 1840, vint consoler
le compositeur d'un échec qui d'ailleurs n'avait
rien de blessant pour son amour propre. Hans
Sachs avait été écrit par Lortzing pour fêter le
quatrième anniversaire séculaire de l'introduction
de l'imprimerie à Leipsick : les mélodies de cet
ouvrage sont d'une remarquable fraîcheur. Ca-
sanova, joaé le 31 décembre 1841, et Wild-
schiiiz, oder die Stimme der Natur ( L'Arque-
busier, ou la Voix de la Nature), d'après le
Rehbock de Kotzebue, et qui fut représenté le
31 décembre de l'année suivante, achevèrent de
répandre dans tonte l'Allemagne la réputation de
Lortzing : tous les directeurs de théâtre s'em-
pressaient de mettre ses ouvrages en scène, et ses
partitions, arrangées pour le piano, étaient re-
cherchées par les amateurs.
Au commencement de 1844, Ringelhardl cessa
d'avoii la direction du théâtre de la ville de
Leipsick {Stadttheater), laquelle passa entre les
mains du docteur Schmidt. Ce fut alors que
Lortzing cessa de paraître sur la scène, et qu'il
accepta la position de chef d'orchestre du même
théâtre. Il en prit possession le 1er août de
cette môme année : le premier ouvrage qu'il
dirigea fut le Don Juan. Dans le même temps
il écrivit Vndine, opéra qui fut représenté à
Hambourg dans l'hiver de 1845, puis à Leipsick
et sur les principaux théâtres de l'Allemagne.
Peu de temps après , Lortzing contracta un
engagement avec l'entrepreneur Pockorni pour
diriger, dans la capitale de l'Autriche, l'orchestre
du théâtre sur la Vienne, et pour y mettre en
scène son nouvel opéra Der Waffenschmid
(L'Armurier), qui fut joué le 30 mai 1846,
sous la direction de l'auteur. Autant la ville de
Vienne lui offrait d'agrément pour les habitudes
de la vie, autant il en avait peu dans ses rapports
avec son théâtre. Ses lettres à ses amis sont
remplies de plaintes concernant le défaut d'ordre
LORTZING — LOSSIUS
35f
et de convenance des représentations, ainsi que
sur la pauvreté du répertoire. La perte de sa mère
vint à cette époque ajouter un vif chagrin aux en-
nuis que loi faisait éprouver sa situation comme
clief d'orciiestre d'un théâtre mal organisé. Pen-
dant son séjour à Vienne, il écrivit son opéra
en trois actes, Le grand Amiral, qui fut mis
en scène à Leipsick, au mois de décembre 18i7,
et un autre ouvrage intitulé Regina, que des
considérations politiques ne permirent pas de
représenter, et dont on a retrouvé la partition
parmi les manuscrits de l'auteur. Dans l'hiver
de 1848 à 1849 il composa son opéra Die Ko-
landsknappen (Les Écuyersde Roland), qui fut
représenté au théâtre de Leipsick, à la fin de mai
1849, et accueilli par des applaudissements unani-
mes. Cependant un chagrin inattendu vint le frap-
per dans celte ville, après son retour devienne.
Il désirait y reprendre son ancienne position de chef
d'orchestre du théâtre, devenue vacante ; mais
pendant son absence de quelques années, Rietz s'é-
tait lait connaître avantageusement par son talent
pour la direction des orchestres : ce fut lui qu'on
préféra. Lortzing en eut une véritable aflliction,
qui lui fit prendre la résolution de s'éloigner de
Leipsick pour se rendre à Berlin, où le nouveau
théâtre Frédéric-Guillaume (Friedrich-Wil-
helmstxddschen Theater) venait d'être ouvert.
Lortzing en fut nommé chef d'orchestre, et prit
possession de ses fonctions le 18 mai 1850. Il
écrivit dans la même année pour ce théâtre une
ouverture d'inauguration, de jolis morceaux dans
le vaudeville Fine berliner Grisette ( Une Gri-
sette berlinoise), et l'opérette /)<e Opernprobe
(La Répétition de l'Opéra) , qui fut le chant du
cygne. Sa santé déclinait depuis quelque temps et
sa gaieténaturelleavait fait place à la mélancolie:
toutefois sa femme était loin de la pensée que
sa fin fût prochaine, lorsqu'il fut frappé d'apo-
plexie, le 21 janvier 1851. Se sentant indisposé,
il avait envoyé chercher un médecin , qui le
trouva mort en arrivant. Artiste de talent, homme
aimable et bon, Lortzing inspirait de l'affection
à toutes les personnes qui le connaissaient; sa
perte fut généralement regrettée. De tous les
compositeurs dramatiques de l'Allemagne, il fut
le plus populaire. Sa pensée ne s'éleva jamais
jusqu'aux grandes conceptions; le caractère de
l'originalité manque à ses ouvrages; mais il
avait le sentiment de l'effet scénique, de la mé-
lodie ; son harmonie était facile et son instru-
mentation, sans être bruyante, avait de l'éclat.
On ferait une appréciation exacte du talent de
Lortzing en le considérant comme l'Adolphe
Adam de l'Allemagne. M. Ph. J. Duringer, ami
intime de cet artiste intéressant, a publié sur lui
un écrit intitulé Albert Lortzing, sein Leben
und Wirken{A\heTt Lortzing, sa vie et ses pro-
ductions); Leipsick, Otto Wigand, 1851, petit
in-4°de 126 pages, avec le portrait du composi-
teur. On trouve dans ce petit volume une partie
de la correspondance de Lortzing. Une autre
biographie de cet artiste est insérée dans le re-
cueil de W. Neumann, intitulé Die Komponisten
der neuern Zeit (Les Compositeurs des derniers
temps), sixième livraison. On a aussi : ISoticc
nécrologique sur Gustave- Albert Lortzing,
compositeur de musique, par Charles Mayer ;
Paris, 1852, in-8°, extraite du Nécrologe uni-
versel du dix-neuvième -siècle.
LOSI ou LOSY (Le comte DE), dont
le nom a été changé par Baron [HistoU theor.
und pract. Untersuchung des Lnstrum. der
Lauten, p. 73), par Walther et par Gerber, en
celui de L.ogi, naquit en 1638, dans une petite
ville de la Bohême. Il fut un des plus célèbres
luthistes de son temps; peut-être mèmesurpassa-
t-il en habileté tous ses contemporains. On dit
que ce fut l'empereur Léopold qui, après l'a-
voir entendu, le créa comte. Dans sa jeunesse,
il parcourut l'Allemagne, la France et l'Italie pour
entendre les meilleurs musiciens et pour perfec-
tionner son talent. En 1697, il vivait à Leipsick,
où il y eut une sorte de combat musical entre
lui sur le luth, Kuhnau snr le clavecin, et He-
benstreit sur le pantalon. Plus tard, il se fixa à
Prague, jouissant d'un revenu de 80,000 Horins,
dont il faisait un noble usage. Ses compositeurs
favoris étaient Lulli et Fux; il faisait exécuter
chaque soir dans sa maison quelques morceaux
de leurs ouvrages. Une atteinte d'apoplexie, qui
le frappa dans ses dernières années, contracta
tous les traits de son visage et en fit un monstre
de laideur. Il mourut à Prague en 1721, à l'âge
de quatre-vingt-trois ans.
LOSSIUS (Ldcas), né à Vaclia, dans la
Hesse, le 18 octobre 1508, fut recteur à Luoebourg,
et mourut le 8 juillet 1582. Il fut un des plus sa-
vants musiciens de son temps, et s'occupa avec
succès du chant choral appliqué au culte luthérien.
Bachmcister {voyez ce nom ) a publié son éloge
en langue latine, sous ce titre : Oratio de Luca
Lossio, in qua etiam mentio fit urb. Rhegii,
Herm. Tulichii , aliorumque in urbe Lune-
burga prxstantium virorum (Rostock, 1585),
in-4°. Ce savant musicien a recueilli une col-
lection de chants chorals et de cantiques qu'il
a fait imprimer, et qui est intitulée : Psalmodia,
hoc est cantica sacra vetei-is ecclesix selecta.
Quo ordine et melodiis per totius anni cur-
riculum cantari usilata soient in templis
de Deo, et de Filio ejus Jesu Christo ,
352
LOSSIUS — LOTTI
de regno ipsius, doctrina , vita, passione,
resurreciione et ascen$ione , et de Spi-
ritu Sancto, etc. Cum prœfatione Philippi
Melanchionis. La première édition de ce livre
précieux est si rare, qu'elle avait été inconnue
à tous les bibliographes ; le savant Antoine
Scliniid {voij. ce nom) n'en a eu connaissance
qu'après l'impression de son ouvrage concer-
nant le célèbre imprimeur Octavien Petrucci, et
ne l'a mentionnée que dans les correclions et ad-
ditions qui terminent le volume. Cette édition a
été donnée à Wittenberg, en 1552, par Georges
Rliaw. Il en résulte que l'édition imprimée à Nu-
remberg, par le gendre de Petreius, en 1553, n'est
que la deuxième {Noribergx, apud Gahrielem
Hayn, Joh. Pétrel generum, 1553, in-folio).
Une troisième édition de ce recueil a paru avec
la préface de Mélanclithon ; Wittenberg, chez les
héritiers de Georges Rliaw, en J561, in-4ode 677
pages (non compris la préface). Cette édition,
plus complète et meilleure que les précéden-
tes, a été inconnue à Forkel, Gerber, Licli-
tentlial, et à leurs copistes. Gerber a cité
comme la seconde une quatrième , publiée
à Wittenberg, en 1569, par Jean Schwer-
telius , in-4° de 720 pages ( non compris
Ylndex et la préface). Il y en a une cinquième
édition, imprimée par André Scliœn, à Witten-
berg, en 1580, ii)-4''. Toutes les cinq sont au-
jourd'hui fort rares. On a aussi de Lossius un
Traité des éléments de la musique, écrit pour
l'usage de l'école de Lunehourg. Cet ouvrage
a pour titre : Erotemata musicx practicx,
ex prohatissunis hujus dulcissimx ariis
scriptoribns accurale et hrevlter sélect a,
et exemplis puertli histitutioni accommo-
dis illustrai a. Item melodix sex gencrum
carminum usiiatiorum, in primis suaves, in
gratiam puerorum selectx et editx; Nurem-
berg, chez Jean Montanus et Ulrich Neuber,
1563, in-S" de 12 feuilles et 3 feuilles de mélo-
dies à 4 voix, parmi lesquelles on trouve un
morceau sur les premiers vers du premier chant
de l'Enéide :
Arma virumqnc cano, Troise qui primus ab oris
Italiam, fato profugus, Lavinaque venit
Littora. Etc., etc.;
un autre sur l'épigramme de Martial :
Vltam qnae faciunt bealiorem,
Jucundissime Martialis.hxc sunt ;
et un troisième sur l'ode du premier livre d Ho-
race :
Jam satis terris nivis atqne dirae
Grandinis misit pater, el riibente ^
Dextera sacras jaculatus arces,
Terrult urbera.
Cet ouvrage est écrit en dialogue, entre le
maître et l'élève; il est divisé en deux livres :
le premier traite de la musique chorale ; le se-
cond, du chant figuré ou mesuré. Les exemples
à trois voix répandus dans celui-ci sont bien
écrits. On y trouve quelques passages curieux
de l'emploi des prolations. Les autres éditions,
toutes fort rares, sont de Nuremberg, 1565,
in-8° ; ibid., 1570, publiée par Jean-Christophe
Praitorius; Wittenberg, 1574 ; Nuremberg, 1579,
in-S", et 1.590, in-8° de 13 feuilles.
LOTH ( UKBAiis ) , compositeur de musique
d'église, au commencement du dix-septième
siècle, a fait imprimer un recueil de motets in-
titulé : Miisica melica, ou concerts solennels à
une, deux ou trois voix ; Passau, 1616, in-4''.
LOTHERUS (MELcnioR) , compositeur al-
lemand qui vivait au commencement du seizième
siècle, est connu par un recueil intitulé Respon->
soria; Leipsick, 1522.
LOTÎCHIUS (Jacquks). On a imprimé sous
ce nom une dissertation intitulée . Oratio de
Musica ; Dorpali Livonorum (Dorpat, en Livo-
nie), 1640, in-4''.
LOTTERl (....), professeur dedroitàChiari,
a publié : Dissertazlone sulle qualitù co7isti-
tuendi il vero compositore in musica ; Chiari,
1827, in-12. On trouve dans cette dissertation la
biographie de l'organiste Marc Arici.
LOTTI ( Antoine) , illustre composileur de
l'école vénitienne, est moins connu par les évé-
nements de sa vie que par la beauté de ses pro-
ductions. Il est vraisemblable qu'il naquit en 1667,
à Hanovre, où son père, Matteo, était maître
de chapelle de la CQur électorale, laquelle était
alors catholique ; mais il est hors de doute que
sa famille était vénitienne d'origine , car lui-
même se donne la qualité de Vénitien au titre de
son livre de madrigaux. D'ailleurs, M. Caffi (1)
fait la remarque concluante que François Lotti,
frère d'Antoine, fut rncionaire du collège des
procurateurs de Saint-Marc, et que cet emploi
ne pouvait être donné qu'à un Vénitien. Antoine
Lotti alla fort jeune à Venise, et eut pour maî-
tre Jean Legrenzi {voyez ce nom), qui fut en-
suite maître de chapelle de Saint-Marc. Le 31
mai 1692, Lotti fut nommé organiste du second
orgue de la chapelle ducale de Saint-Marc. De-
puis 1687 il était chantre de la même chapelle.
Le 17 août 1704 il obtint la place d'organiste du
premier orgue de cette église : il en remplit les
fonctions pendant quarante-trois ans, et ne les
quitta que pour prendre possession de la place
(1) Stnria délia Musica sacra nella già capella ducale
d» San Marco in Feneiid, t. I, p. 331.
LOTTl
353
tle maître de chapelle de la même église, le
2 avril 1736. Il ne jouit pas longtemps des avan-
tages de cette dignité, car il mourut le 5 jan-
vier 1740, à l'âge d'environ soixante-treize ans ,
suivant le registre mortuaire de Saint-Marc. II
fut inhumé dans l'église de San-Geminiani, où
l'on voit encore son tombeau.
Lotti s'est distingué comme compositeur dans
les deux genres de musique religieuse et drama-
tique. Dans la musique vocale de chambre, il s'est
également placé au premier rang des maîtres de
son temps. L'électeur de Saxe, qui avait entendu
ses ouvrages à Venise, en 1712, et qui avait
admiré son talent sur l'orgue, l'appela à Dresde
«n 1718, pour y écrire un opéra. Lotti y composa
€11 Odi dclusi dal sangue , ouvrage faible, qui
ne répond ni à la renommée ni au talent de son
auteur. De retour à Venise vers la fin de la
môme année, Lotti y reprit ses fonctions d'or-
ganiste et ses travaux de compositeur; mais il
n'écrivit plus que pour l'église.
Le sentiment vrai, l'expression profonde sont
les qualités dominantes des compositions de
Lotti. Son style est simple et elair, et nul n'a
possédé mieux que lui, dans les temps modernes,
i'art de faire chanter les voix d'une manière na-
turelle. Dans ses opéras, on ne trouve pas assez
de vivacité dramatique ; mais dans les madri-
gaux et dans la musique d'église, il est au moins
l'égal d'Alexandre Scarlatti, et sa supériorité sur
tous les autres maîtres de son temps est incontes-
table. Pour bien connaître ce grand artiste, il
aurait fallu pouvoir puiser dans les archives de
Saint-Marc, où se trouvait autrefois une imnoense
quantité de ses ouvrages : le peu qu'on en connaît
aujourd'hui lui assure cependant un rang élevé
parmi les compositeurs de son école. Voici la liste
de ses opéras, telle qu'elle est indiquée dans la
Dramaturgia d'Allacci: tous ont été représentés
sur le théâtre de Venise : 1° Giustino, 1683. —
2° Il Trionfo d'innocenza, 1693. — 3° Le premier
acte de Tirsi, 1696. — i° Achille placato, 1707.
— h° Teuzzone, 1707. — 6" Ama più chi men si
crede, 1709. — 7" Il Commando non inteso ed
ubbidito, 1709. — 8" Sidonio, 1709. — 9" Isac-
cio Tiranno, 1710. — 10° La Forza del san-
gue, 1711. — 11° Il Tradimenio traditor di
se stesso. — 12° L'Infedeltà punita, 1712.
— \3° Porsenna, 1712. — 14° Irène Augusta,
1713. — 15° H PoUdoro, 1714. — 16° Foca
superbo, 1715. — 17° Aîcssandro Severo, 1717.
— 18° Il Vincifor generoso, 1718. — 19° Gli
Odidelusidal sangue, 1718.
Lotti recueillit une collection de ses duos, trios
et madrigaux à 4 et 5 voix, les dédia à l'empe-
reur Léopold, et les publia à Venise en 1703.
BIOCR. UMV. DES Ml'SIClENS. T. V.
Ce prince lui fit remettre en récompense une
chaîne d'or et une somme d'argent. Le litre du
recueil dont il s'agit est celui-ci iDwe^^i, terzetii-
€ Madrigali consacrati alla C. R. Maestà ai
Giuseppe I imperaiore, da Antonio Lotti Ve-
neto, organista délia cappella di S. Marco; Ve-
nezia 1705, per Antonio Beriali. C'est dans
cet ouvrage que se trouve le madrigal In una
siepe ombrosa, que Bononeini fit imprimer plus
tard à Londres, sous son nom, et qui lui coûta
sa fortune et son iionneur {voyez Bononcini).
Nonobstant la beauté achevée de la plupart des
pièces de ce recueil, il en parut une critique sé-
vère peu de temps après, sous le voile de l'ano-
nyme ; on sait aujourd'hui que l'auteur de ce
pamphlet était Benoît Marcello (voyez ce nom),
célèbre compositeur d'une collection de psaumes,
sur la traduction italienne de Giustiniani. La cri-
tique porte particulièrement sur des hardiesses
d'haimonie inconnues avant Lotti , mais qui
depuis lors sont entrées dans le domaine de l'art.
Elle est d'ailleurs injuste en ce qui touche la
forme de la plupart de ces compositions, laquelle
décèle un maître de premier ordre. Le célèbre
madrigal à 5 voix avec basse continue 7ji U7ia
siepe ombrosa, que Bononcini s'était attribué,
sera toujours considéré comme une œuvre parfaite,
et par la forme, et par le sentiment. Marcello se
montra ingrat dans sa critique anonyme ; car Lotti
avait été un de ses maîtres. Il y a d'autres ma-
drigaux de Lotti que ceux qu'il a placés dans ce
recueil. J'en possède dix à quatre et cinq voix qui
n'y sont point, et qui peuvent être cités comme
des modèles d'expression , de grâce et d'élégance.
M. l'abbé Santini, à Rome, a aussi douze duetti
da cornera différents de ceux du recueil de 1705.
On trouve chez le même trois messes de Lotti, à 4
voix et a cappella , des motets à 4, avec instru-
ments, des motets à deux voix, un madrigal à 4
qu'on chantait autrefois à Venise, le jour de l'As-
cension, un Salve Regina, et un Reginu cœli, à
4 voix, enfin un Miserere à 4 , probablement le
même que celui qui était autrefois à Leipsick,
chez Breitkopf, et à Londres, chez Burncy. Cet
historien delà musique possédait aussi une messe
(en ut) à 4 parties, et une autre (en fa), de
Lotti. J'ai de ce maître, outre les madrigaux
dont il est parlé précédemment : 1° Messe de
Requiem à 4 voix sans accompagnement (en fa).
Cette messe a été chantée pendant plus de cin-
quante ans, près de son tombeau, le jour anni-
versaire de sa mort. — 2° Messe du cinquième
ton , à 4 voix sans orgue et sans orchestre. —
3° Messe à 2 voix (basse et ténor), avec orgue
(en ré mineur ). — 4° Messe brève à 3 voix
(alto, ténor et basse), m ut. — 5° Benediclus
23
354
LOTTI
LOUET
Dominus Deus Israël, et Miserere, à 4 voix sans
accompagnement (en ré mineur); admirable
composition, d'une expression loucliante et re-
marquable par la richesse et la nouveauté de
l'harmonie autant que par le profond sentiment
de tristesse qui y règne d'un bout à l'autre. Ce
Miserere Siélé considéré pendant le dix-huitième
siècle comme un des chefs-d'œuvre de l'école ita-
lienne : riiistoire de l'art confirme ce jugement.
— 6° Autre Denedictus Dominus Deus Israël
et Miserere (en sol mineur), à 4 voix sans accom-
pagnement, composé en 1733. Il est aussi fort
beau et rempli de grandes liardiesses d'harmo-
nie. — 1° Laudate pueri à 3 voix ( 2 soprani
ei contralto), avec 2 violons, alto et basse , dans
le style moderne. Ce psaume a été écrit pour les
jeunes filles du Conservatoire degli incurabili ,
à Venise. — 8° Salve Regina à 4 voix, a cap-
pella, sans accompagnement. — 9° Vere lan-
guores nostros , pour 2 ténors et basse , sans
accompagnement. — 10° Madrigal a 4 voix (Spi-
rito di Dio), composé en 1736, pour /a cérémo-
nie dans laquelle le doge accompagné des séna-
teurs montait sur le vieux vaisseau historique
appelé Le Buccntaure. Ce morceau, où règne
un caractère de joie douce et calme, se fait aussi
remarquer par l'élégance de la forme. — 11° Quar-
tctto pastorale, à 4 voix, avec des violons, alio
et basse {Sommo Duce in trono assiso), char-
mante composition de style moderne concerté.
On a gravé à Berlin, chez Bote et Bock, la messe
pour ténor et basse, le motet Vere languores
nostros, pour 2 ténors et basse, et le psaume 1 12
{Laudate pueri), pour ténor et basse, de Lotti,
tous trois en partition.
Lotti fut un grand maître de chant et de com-
position : le nombre de ses élève.? était si consi-
dérable, qu'on s'étonne qu'il ait eu le temps d'é-
crire tous les ouvrages connus sous son nom.
Parmi les maîtres sortis de son école, on remar-
que Saratelli, qui fut son successeur dans la
chapelle Saint -Marc, Dominique Alberti, Jé-
rôme Bassani , Michelange Gasparini, Pes-
cetti, et le célèbre compositeur dramatique
Balthasar Galuppi, pour qui il eut toujours un
sentiment de prédilection.
Lotti avait épousé une cantatrice bolonaise ,
nommée Santa Stella, qui lui apporta en dot
une somme de 18,600 ducats (environ 60,000
francs), et qui brilla longtemps sur les théâtres
de Venise, ainsi qu'à Dresde, lorsque Lotli y fut
appelé pour y écrire un opéra. Elle survécut à
son mari, et l'on voit par son testament qu'elle
avait eu, avant son mariage, une fille naturelle,
nommée Lucrèce Marie Basadonna, qui fut
religieuse.
LOTTIIV ( Denis ), maître de musique et de
violon, né à Orléans, le 19 novembre 1773, com-
mença à l'âge de douze ans l'étude de la mu-
sique, sous la direction d'un maitre de la ville.
Tridzeri, passant ensuit/î à Orléans, crut remar-
quer en lui d'heureuses dispositions, l'emmena à
Rennes, et le mit au nombre de ses élèves. Après
trois années d'études sous ce professeur, Lottiii
retourna dans sa ville natale, et y continua seul h
s'exercer sur le violon, il fit ensuite plusieurs
voyages à Paris , et y prit des leçons de Gras-
set pour cet instrument. Fixé depuis 1805 à Or-
léans, il y a rempli la place de premier violon au
théâtre, et a dirigé l'orchestre du concert des
amateurs jusqu'à sa mort, eu 1826. Cet artiste a
publié : 1° Vive Henri IV en symphonie; Paris,
Janet. — 2° l*^' Concerto pour violon, op. 8;
Orléans, Demar. — 3° S'' Concerto idem ; Paris,
Sieber. — 4° Six œuvres de duos pour deux
violons, op. 3 , 4, C, 9, 17, 19; Paris, Leduc,
Sieber, Dufaut et Dubois. — 5° Trois sonates
pour violon seul, op. 20; Paris, Dufaut et Dubois.
— 6" Plusieurs airs variés pour violon 7° Prin-
cipes élémentaires de musique etde violon; Paris,
Leduc.
LOUEL (Aristius), professeur de musique
à Nantes, est auteur d'un petit ouvrage qui a
pour titre : Grammaire musicale , ou Abrégé
des principes de musique , divisé en douze
leçons, par demandes et par réponses; Nantes,
imprimerie de Mellinef, 1840, in-S" de 20 pages,
avec 9 pages de musique. On connaît du même
artiste des fantaisies pour le piano , gravées à
Paris, en ISi't.
LOUET (Alex.vndre), dont le nom a été
défiguré par Gerber et ses copistes en ceux de
LouvET, LoLVE et LouETTE, naqujt à Marseille,
en 1753, d'une famille opulente, et cultiva d'a-
bord la musique comme amateur. Dans un
voyage qu'il fit à Paris, en 1786, il fit représeiiter
à la Comédie Italienne un petit opéra intitulé :
La double Clef, ou Colombine commissaire,
dont les paroles étaient de Desfaucherets, auteur
de la jolie comédie du Mariage secret. La
double Clef lomhA à plat, et le tumulte du
parterre fut tel pendant la représentation , qu'à
peine put-on entendre un seul morceau de la mu-
sique. La révolution ayant enlevé à l'auteur de
cette musique toute sa fortune, il fut obligé de se
rendre à Paris pour y chercher des ressources
dans ses talents. Il donna au théâtre Feydeau,
en 1797, Amélie, opéra en trois actes, qui ne
réussit pas. Obligé alors de se faire accordeur de
pianos pour vivre, il publia une brochure inti-
tulée : Instructions théoriques et pratiques
sur l'accord du pano-forté; ouvrage qui ap-
LOUET — LOUIS-FERDINAND
prendra en très-peu de icmps aux personnes
ies moins exercées à accorder parfaitement
cet instrument; Paris, Leduc , 1798 , in-S" de
C3 pages. Il a été fait une seconde édition de cet
écriten 1804. Cependant, la situation de Louetétait
toujours précaire ; on lui persuada de passer eu
Russie. Ce voyage n'améliora pas ses affaires : il
revint à Paris vers. 1810 , et reprit sa profession
d'accordeur. Je l'ai connu alors, vieilli par le
chagrin, infirme, et dans une position très-nial-
lieureuse. On a gravé de sa composition : 1° So-
nates pour piano seul, «p. 1, 2, 3, 4; Paris,
Gaveaux. — 2® Quatre sonates pour clavecin
avec accompagnement de violon, op. 5; ibid. —
3" l^ot-pourri pour piano, ibid. — 4" Six ro-
mances d'Estelle avec accompagnement de piano,
ibiil. Louet est mort à Paris, en 1817.
LOUIS XIII, roi de France, né à Fontai-
nebleau, le 27 septembre 1601, succéda à son
père, Henri IV, le 14 mai 1610, et mourut à
Saint-Germain, le 14 mai 1643. Ce prince avait
appris la musique ; il l'aimait et la cultivait avec
succès. Le P. Kirclier a rapporté (Musurgia uni-
rers., t. I, p. 690) la chanson à quatre voix
Tu crois, d beau soleil, de sa composition. Ce
morceau est bien écrit, et Tharmonie en est pure.
La Borde, qui l'a aussi donnée, à la lin du
deuxième volume de .son Essai sur la musique,
l'a gâtée par une harmonie barbare, qui n'ect
point de Louis XllI. Le P. Mersenne a aussi
inséré ce morceau dans le Traité des insiru-
mentSjôe son Harmonie universelle (p. 391),
mis en tablature pour l'épinette; l'harmonie du
roi y est conservée.
LOUIS (M™*), femme d^m architecte de
Paris qui a eu de la réputation à la fin du dix-
huitième siècle, eut un talent d'amateur fort dis-
tingué dans la mtisi(iiie. Le 19 août 1776, elle fit
jouer au Théàtre-llalien un opéra de sa composi-
tion intitulé : Fleur d'épine. D'Origny (,t»ui. du
Théâtre-Italien, t. II, j). 104) dit en parlant de
cet ouvrage : « La musique, qui estde Mme Louis,
.( a des beautés réelles. Celles qui ont frappé le
« plus sont un trio en dialogue , un air du som-
<i nieil et un grand air d'exécution. » On a gravé
de cette dame, à Paris : 1° Six sonates pour le
«lavecin seul. — 2° Recueil d'ariettes choisies,
avec accompagnement de piano. La révolution
de 1789 ayant obligé M. Louis à sortir de France,
à cause d« ses (onctions dans les bâtir>ient.s de
la liste civile , sa femme le suivît dans l'émigra-
tion. On ignore quelle a été sa destinée depuis
lors. Peut-être est-ce à elle qu'il faut attribuer
les deux ouvrages suivants, qui existaient en
manuscrit à Vienne, en 1799, chez l'éditeur de
musique Traeg, sous le nom de Louis (Ph), :
1° Du doigté, des manières et de l'esprit de
Vexécution sur le piano. — 2" Principes de
la doctrine de l'accompagnement.
LOUIS (N. ), violoniste, pianiste et compo-
siteur, commença à se faire connaître à Paris par
de légères compositions, vers 1834, Ces premiers
essais ayant obtenu du succès, l'artiste multiplia
ses productions, où il montrait plus de fécondité
que de soin dans leur facture et d'originalité dans
la pensée. Peu difficiles d'exécution et renfer-
mant beaucoup de mélodies quelque peu bour-
geoises, les ouvrages de Louis trouvèrent un
débit assuré ; par cela même les éditeurs les re-
cherchèrent, et peu d'années suffirent pour en
voir porter le nombre jusqu'à plus de trois cents.
Études, divertissements et fantaisies pour le vio-
lon ; variations, rondos, fantaisies pour le piano
sur des thèmes d'opéras et sur des mélodies de
divers auteurs; trios pour piano, violon et vio-
loncelle, pièces à quatre mains , valses et qua-
drilles, Louis aborda tous les genres, il se livrait
aussi à l'enseignement ainsi qu« sa jeune femme,
M""* Jenny Louis , pianiste comme lui. N. Louis
est mort à Paris, jeune encore , au mois de dé-
cembre 1857.
LOUIS-FERDINAND ( Frédéric-Chré-
tien), prince de Prusse, était fils d'Auguste-Fer-
dinand, frère de Frédéric-Guillaume IL II naquit
à Berlin, le 18 novembre 1772. Doué de tous les
avantages extérieurs, d'une âme noble, de beau-
coup d'esprit et d'imagination, il aurait pu par-
courir une carrière glorieuse ; mais dominé par
ses passions, il ne sut point les régler, et ses
désordres furent souvent un scandale pour sou
pays. Son instruction avait été confiée aux soins
d'uû précepteur français, qui lui donna des con-
naissances plus étendues que n'en possèdent
d'ordinaire les princes. La musique était en-
trée dans son éducation : il y fit de rapides
progrès. Sa brillante bravoure dans la campagne
de l'armée prussienne, en 1792, lui concilia l'es-
time des généraux et l'amour des soldats. Cette
guerre fut de courte durée. Rentré dans un
repos forcé, qui ne s'accordait point avec ses
désirs de gloire, le prince rechercha les plaisirs
avec excès, et ne connut plus d'autre occupation
sérieuse que la musique. L'arrivée de Dussek à
Berlin fortifia son penchant pour cet art. L'artiste
célèbre fut honoré de son amitié, et des relations
intimes s'établirent entre eux, comme si les posi-
tions sociales eussent été ies mêmes. Les leçons de
Uussek perfectionnèrent le talent, déjà fort re-
marquable, de Louis-Ferdinand sur le piano, et sa
musique devint le modèle que le prince se pro-
posa dans ses coinpositions. Lorsque l'excellent
violoncelliste Lamarre passa à Berlin, pour se
23
35G
LOUIS-FERDINAND — LOULIÉ
rendre en Russie, son talent excita l'enthousiasme
de ce protecteur zélé des arts, qui lui donna un
logement dans son appartement, et qui passa sou-
vent des nuits entières à exécuter avec lui de la
musique de piano et de violoncelle. Au milieu
de cet exercice, il arriva un jour que Louis-Fer-
dinand parla de la France avec toute la violence
de sa haine contre ce pays : Monseigneur, dit
Lamarre, j'ai Vhoimeur de rappeler à votre
altesse royale que c'est de ma patrie qu'elle
parle ainsi ! — C'est juste, mon cher La-
marre, répondit le prince. J'ai tort- Laissons
ce sujet, et reprenons notre musique. Leur
séparation fut celle de deux frères. Avant de le
quitter, le prince proposa à l'artiste l'échange de
deux bagues : Lamarre a conservé jusqu'à son
dernier jour ce témoignage honorable d'une
amitié bien rare entre des liommes placés dans
des positions si différentes.
La guerre, ardemment désirée par Louis-Fer-
dinand, se ralluma, en 1806, entre la France et
la Prusse : on en sait les résultats. Chargé du
commandement d'une division d'avant-garde, le
prince attaqua les Français à Saalfeld, le 9 octo-
bre, fut vaincu, et trouva la mort dans ce combat.
Ses compositions musicales annoncent une
organisation forte et passionnée. Quoique assez
incorrectement écrites, elles ont assez de mé-
rite pour démontrer que leur auteur aurait pu
prendre une place élevée parmi les artistes , si
son rang lui eût permis de faire de l'art l'ob-
jet de méditations plus sérieuses et plus sui-
vies. On a gravé sous son nom : X^Quintetio
pour piano, 2 violons, alto et violoncelle ( en ut
mineur), op. 1; Leipsick, Breitkopfet Ha3rtel.
— 2° Ottetto pour piano, clarinette, 2 cors, 2 vio-
lons et 2 violoncelles (en fa mineur ) ; ibid. —
3° Nocturne pour piano, llùte, violon, alto, vio-
loncelle obligés, et 2 cors ad libitum, op, 8;
ibid. — 4" Larghetto varié pour piano, violon,
alto, violoncelle et contrebasse, op. 11; ibid.
— 5° Rondeau pour piano et orchestre, op. 13,
ibid. — 6° Andante pour piano, violon, alto et
Tioloncelle, op. 4; ibid. — 7° Quatuor idem (en
7nn)émol), op. 5; ibid. — 8" Idem (en fa mi-
neur), op. 6 ; ibid. —9° Trio pour piano, violon
et violoncelle, op. 2; ibid. — 10" Idem {^wmi
bémol), op. 10; ibid. —11* Fugue à 4 parties
pour piano seul, op. 7 ; ibid. — 12° Variations
pour piano seul ( en mi bémol ) ; Paris, H. Le-
moine.
LOULIE (Etienne) (l), maître de musique à
(1) lA Borde, copié par Forkel, Gerbar, Lichtcn-
thal, Becker et d'autres, a donné à Loulié le prénom de
français; il n'avait vraisemblablement pas lu l'épltre
Paris et musicien au service de mademoiselle de
Guise, dans la seconde moitié du dix-septième
siècle, n'est connu que par ses ouvrages. Il pa-
raît avoir été le premier qui imagina de cons-
truire un instrument pour mesurer les temps
dans la musique. Cet instrument, qu'il appela
chronomètre , était composé d'un tableau gra-
dué depuis 1 jusqu'à 72 degrés de vitesse, avec
un pendule mobile composé d'une boule de
plomb suspendue à un cordonnet, qu'on allon-
geait ou raccourcissait au moyen d'une cheville
attachée au cordonnet, et qu'on plaçait dans des
trous correspondants à toutes les divisions de l'é-
chelle. C'est ce chronomètre, avec quelques mo-
difications dans l'échelle, que Jean-Étienne Des-
préaux a reproduit cent vingtans plus tard comme
une nouveauté ( voyez Despréaux ). Loulié ima-
gina aussi de se servir d'un instrument appelé
sonomètre, pour l'accord des clavecins. Il en
construisit deux sur des modèles différents, et
les présenta à l'approbation de l'Académie des
sciences de Paris. Le rapport qui fut iàit sur
ces instruments dans l'histoire de l'Académie
(ann. 1699, p. 121) dit qu'au moyen du sono-
mètre toute personne qui n'aurait jamais ac-
cordé de clavecin pourrait le faire aussi facile-
ment que les maîtres, pourvu qu'elle eût assez
d'oreille pour meltre une corde à l'unisson ou
à l'octave d'uneautre. Les figures des deux so-
nomètres de Loulié sont dans le recueil des ma-
chines approuvées par l'Académie (année 1699,
p. 187-189 ).Le chronomètre a été approuvé par
la même société savante en 1701 . D'Ons-Em-
bray, auteur à\m métromètre pour battre les
mesures et les temps de toutes sortes d'airs,
dit dans sa description de cet instrument (Mé-
moires de l'Académie des sciences, ann. 1732,
p. 182) que Loulié fut aussi l'inventeur de la
patte à régler les papiers de musique. Les ou-
vrages imprimés de Loulié sont : 1° Éléments
ou principes de musique, mis dans im nouvel
ordre, très-clair, très-facile et très-court, et
divisez en trois parties : la première pour
les enfants; la seconde pour les personnes
plusavancez (sic) en dge; la troisièmepour les
personnes qui sont capables de raisonner sur
les principes de la musique. Avec l'estampe,
la description et l'usage du chronomètre ou
instrument de nouvelle invention, par le
moyen duquel les compositeurs de musique
pourront désormais marquer le véritable
mouvement de leurs compositions, et leurs
ouvrages , marquez par rapport à cet instru-
dédicatoire des Éléments ou principes de musiq,ue, qui
est signée Estienne Loulié.
LOULIE — LOVY
8ô7
ment, se pourront exécuter en leur absence
cotnme s'ils en battaient eux-mêmes la me-
sure. Paris, Christophe Ballard, 1690, in-8° de
96 pages, et une planclie représentant le chrono-
mètre. Je n*ai rapporté ce titre fort long que pour
faire voir que la pensée de l'usage du chronomè-
tre pour indiquer les mouvements des morceaux
de musique, reproduite de nos jours par Maelzel,
avait élé conçue à la fin du dix-septième siè-cle.
J'ajouterai que Loulié prend aussi la minute pour
unitéde temps. Unedeuxième édition de ce livre a
été publiée à Amsterdam, chez Roger, 1698, in-8°
de 110 pages. — 2° Abrégé des principes de
musique, avec plusieurs leçons sur chaque dif-
ficulté de ces mesmes principes. Paris, Chris-
tophe Ballard, 1696, in-8° oblong de 47 pages.
Cet ouvrage, espèce de solfège abrégé, est entiè-
rement différent du premier. C'est le même dont
il a été fait une édition à Amsterdam (sans date),
sous ce titre : Élémens ou, principes de musi-
que, avec la manière du chant. — 3° Nouveau
système de musique, ou nouvelle division du
monochorde, avec la description et l'usage
du sonomètre, instrument de nouvelle inven-
tion pour apprendre à accorder le clavecin;
Paris, Christophe Ballard, 1698, in-8°. Je crois
devoir encore faire remarquer que le monocorde
et le chronomètre, pris comme bases de l'ensei-
gnement par Choquel (voyez ce nom ), dans son
livre intitulé La musique rendue sensible par
la méchanique, sont précisément aussi les fon-
dements du système publié par Loulié soixante
ans auparavant.
LOULIÉ (A.), né à Paris, vers 1775, reçut
des leçons de violon de Gaviniès, et entra à l'O-
péra-Comique comme un des seconds violons,
lors de la réunion des deux théâtres Favart et
Feydeau, en 1801. Retiré en 1832 avec une pen-
sion, il est mort peu de temps après. On a de
cet artiste : 1° Six duos pour 2 violons, op. 1. ;
Paris, Janet. — 2° Trois duos pour violon et
alto, op. 2 ; Paris, Louis. — 3'' Trois duos pour
deux violons , op. 3 ; ibid. — 4" Trois idem,
op. 4 ; ibid. — 5° Trois duos pour violon et alto,
op. 5 ; ibid. Gerbera confondu ce Loulié avec le
précédent, qui vivait plus d'un siècle avant lui.
LOUYS (Maître Jean), ou LOYS, musicien
belge du seizième siècle, fut attaché au service des
empereurs Maximilien I<^'' et Ferdinand, en qualité
de chantre de leur diapelle. Joannelli a publié
quehiues-uns de ses motels dans le Thésaurus
»iMs/cus,imprimé àVenise,chezGardaue,en 1568.
On en trouve aussi dans le recueil intitule Hor-
tus musarum, imprimé chez Pierre Phalèse,
à Louvain, en 1552. Des chansons françaises à
trois parties de Jean Louys ont été insérées
dans les recueils qui ont pour titres : i° Jardin
musiqual, contenant plusieurs belles fleurs de
chansons à trois parties, choysies d'entre les
œuvres de plusieurs autheurs excellents en
l'art de musique. Le premier livre. En An-
vers, par Hubert Vaelrant et Jean Laet
(sans date, mais vraisemblablement en 1565),
in-4''. — 2° Recueil des fleurs produictes de la
divine musicque à trois parties, par Clément
non Papa, Thomas Cricquillon, et aultres ex-
cellents musiciens. Louvain; de l'imprimerie
de Pierre Phalèse, Van 1569. On a aussi de Jean
Louys 50 psaumes de David mis en musique ;
Anvers, 1555, in-4''. Cet ouvrage, cité par Ger-
ber, est à la bibliothèque royale do Munich.
LOUYS ( Le seigneur ), gentilhomme fran-
çais attaché au service du cardinal le Richelieu,
fut un des plus habiles joueurs de guitare, au
commencement du dix-septième siècle. Il a pu-
blié un Livre de chansons en tablature de gui-
tare; à Paris, chez Ballard, 162G, inr4o. Louys
a noté ses chansons en tablature double, à sa-
voir les chiffres français et les lettres majuscules
italiennes, suivant les méthodes de Misioni et de
Colonna.
LOVY (Israël) , hazan ou chantre, et mi-
nistre ofliciant de la synagogue de Paris , fut
doué par la nature d'une voix admirable, qui
réunissait les registres de basse et de ténor, et y
ajouta le double mérite d'être bon chanteur et
d'imaginer des chants où le caractère oriental
s'alliait d'une manière originale avec les formes
mélodiques des belles écoles de l'Italie. Israël
Lovy naquit près de Dantzick, au mois de sep-
tembre 1773. Son père ainsi que son aïeul
avaient rempli les fonctions de hazan dans les
temples Israélites de la Pologne ou de la Pomé-
ranie; quant à lui, on le destinait aux études
qui pouvaient le conduire au rabbinat. Très-jeune
encore, il accompagna ses parents à Glogau, en
Silésie, où son père était appelé en qualité de
chantre de la synagogue. Élevé au miheu des
docteurs et des rabbins de cette ville, le jeune
Lovy fit de rapides progrès dans les études
talmudiques; mais sa vocation musicale fut
un obstacle invincible aux projets de sa fa-
mille. Déjà il diantait au temple avec son père,
et ses coreligionnaires remarquaient avec satis-
faction sa manière large et accentuée de réciter
la mélodie traditionnelle de la Bible et des prières
hébraïques : il joignait à l'intelligence parfaite
des textes sacrés le charme d'un organe doux et
sonore qui en faisait sentir l'éloquence et la poé-
sie. Après deux années d'études complètes de
tout ce qui compose le savoir d'un chantre
Israélite, Israël Lovy entreprit son pèlerinage de
358
I.OVY — LOW
huzan, et visita les synagogues de la Silésie, de
Id Sa\e, de la Bohême, de la Moravie , d'une
partie de l'Autriche et de la Bavière, accompa-
gné de deux aides chanteurs qui l'avaient vu
naître; ce fut dans ces voyages que son éduca-
tion musicale se développa , par la connaissance
qu'il fit des œuvres des grands maîtres, particu-
lièrement de Haydn et de Mozart.
Après six ou sept ans d'une vie nomade, Lovy
arriva à Furlh (Bavière), en 1799. On l'y re-
tint , et il s'y maria. Son séjour dans cette ville
(1799-1806) fut une des époques les pins heu-
reuses de sa vie. Ce fut alors qu'il étendit ses
connaissances en musique , étudiant avec une
égale ardeur le piano, le violon et le violon-
celle. Dans le môme temps il apprenait aussi
le français, d'un émigré logé dans sa maison,
ainsi que la langue italienne. En 1806, Israël
Lovy passa de Furth à Mayeuce, où il resta trois
ans, puis à Strasbourg, où son séjour fut de
huit années, sauf un voyage de quelques mois
qu'il fit en 1816, pour revoir ses parents de
Glogau, et qui lui procura l'occasion de se
faire entendre dans les synagogues de Berlin et
de Francfort. La réputation croissante de son
talent lui fit faire, en 1817, des propositions
avantageuses pour le fixer à Londres, au temple
Israélite. 11 partit pour s'y rendre, mais avec le
dessein de s'arrêter d'abord à Paris, où il ar-
riva au mois de février 1818, après avoir chanté
à Melz, à Thionville et à Verdun. Ce voyage,
qui dans sa pensée ne devait être qu'une excur-
sion de quelques mois, aboutit à un établisse-
ment définitif. Les Israélites de Paris l'accueil-
lirent avec enthousiasme, et bientôt on parla
dans les salons des artistes les plus célèbres, et
des amateurs d'élite , du chant du huzan de la
synagogue comme d'une merveille inouïe. On
courait pour l'entendre dans les temples de la
rue Sainte-Avoie et de la rue du Chaume, et les
caresses les plus séduisantes lui étaient prodi-
guées pour l'attirer chez les dileltanti qui don-
naient alors le ton. L'engouement lut poussé
jusqu'à vouloir transformer le ministre officiant
du culte judaïque en acteur de l'Opéra. Plus sage
que ses admirateurs, Israël Lovy sut résister à
cet entraînement. Revenu d'un éblouissement
passager, il disparut des salons de Paris, aban-
donna son projet de voyage à Londres, et signa
un engagement définitif avec le consistoire Israé-
lite de Paris. Une modification liturgique du
culte fut le résultat de son engagement : ce fut
lui qui particulièrement en fut chargé. Un nou-
veau temple avait été bâti : l'inauguration en
fut faite le 5 mars 1822, et les anciennes tra-
ditions furent abandonnées pour de nouveaux
chants composés par Lovy ; ponr la première
fois la synagogue retentit d'un chœur de vois
d'enfants et des sons de l'orgue chrétien. On lit
dans une notice placée en tête de l'édition pos-
thume des chants composés par Lovy : » Ces ré-
« formes, qui suscitèrent d'abord quelques récla-
« mations parmi les plus orthodoxes, bien qu'elles
« ne touchassent en rien au dogme, finirent par
« triompher de tous les scrupules, grâce à l'ex-
« cellence des résultats : » A ne considérer que
la musique en elle-même, il y avait sans doule
du charme dans les nouveaux chants de Lovy,
dans leur exécution par lui-même, avec sa belle
voix d'une étendue extraordinaire et sa facile
vocalisation, ainsi que dans le chœur harmo-
nieux qu'il avait organisé : j'en ai plusieurs fois
admiré l'effet; mais au point de vue de l'intérèÈ
historique, on ne peut nier que ces formes mo-
dernes et cette harmonie européenne ne fussent
une altération regrettable de l'ancien caractère
oriental du chant du temple. Il existe encore des
traditions de chants originaux qui ont traversé
les siècles, et qui, dans leur contexture ainsi que
dans leurs ornements primitifs , conservent le
cachet d'une antiquité non contestable; mais il
est à craindre que la réforme entreprise par Lovy,
et continuée par ses successeurs, n'efface bien-
tôt les restes de ces monuments de l'art an-
tique.
Les fatigues occasionnées à Lovy par ses efforts
pour l'accomplissement de son œuvre finirent
par ébranler sa forte constitution. Déjà malade,
il ne continua pas moins de célébrer les offices
du samedi , et les jours de fête il chantait pres-
que tout le jour, et rentrait épuisé dans sa de-
meure. Quand il voulut prendre du repos, il n'é-
tait plus temps : une maladie de poitrine s'était
déclarée; elle le mit au tombeau, le 7 janvier
1832, à l'âge de cinquante-neuf ans. Ses chants
ont été recueillis par son fils, M. Jules Lovy,
rédacteuren chef du Journal de musique, le Mé-
nestrel, aidé par MM. David et Calien, lauréats
du concours de composition de l'Institut de
France, et par M. Naurabourg (vo!/e:,ce nom),
ministre officiant : le recueil de ces chants re-
ligieux a été publié à Paris, chez Heugei, avec le
portrait d'Israël Lovy.
LOW (Édotjard), musicien anglais, né à Sa-
lisbury, dans la première moitié du dix-septième
siècle, étudia les principes de son arlsous la direc-
tion de J. Holm, organiste de la cathédrale, et
fut d'abord simple choriste dans cette église. Vers
1650, il eut l'emploi d'organiste de l'église du
Christ, à Oxford, et il succéda, en 1661, au doc-
teur Wilson dans les fonctions de professeur de
musique à l'univer.sité. 11 mourut à Oxford, le
LOW — LUCAN
359
Il juillet 1682. On a de ce musicien »m livre
intitulé -Somc short directions for the per-
formance of calhedral service (Quelques rè-
gles tourtes pour l'exécution de la musique
dV^lise). Oxford, 1C61, in 8"". U a été publié une
deuxième édition de ce petit ouvrage, avec des
additions et le portrait de l'auteur; à Oxford,
lC64,in-12.
LOYSET , c'est-à-dire Petit Louis, prénom
sous lequel on désignait quelquefois le musicien
COMPÈRE , (voyez ce nom ). Voyez aussi PIÉ-
TON.
LUBBERT (ÉaiLE-TiMOTnÉE), ancien di-
recteur de l'Opéra de Paris, est né à Bordeaux,
le 18 février 1794, d'une famille oriynaire de
Hollande. Destiné à jouir^d'une fortune consi-
dérable, il avait reçu une éducation brillante, seid
bien qui lui resta quand le système continental
de Napoléon eut causé la ruine des entreprises
commerciales de son père. Il venait d'achever
à Paris ses études avec distinction, lorsque son
parent Garât, directeur de la Banque de France,
lui (it obtenir une place d'inspecteur de la loterie,
au ministère des finances. Ce fut alors qu'il devint
élève de l'auteur de cette notice et fit sous sa di-
rection un cours d'harmonie et de composition.
Le 14 avril 1823, il a fait représenter an théâtre
Feydeau un opéra-comique en un acte, intitulé :
Amour et Colère. Cet ouvrage n'a pas réussi.
Plus tard, il a écrit un autre opéra, en deux actes,
sur un livret de M. Scribe; mais diverses cir-
constances en ont empêché la représentation.
Nommé directeur de l'Opéra en 1827, il a mon-
tré d'abord quelque iiJtelligence dans son admi-
nistration ; mais bientôt il s'est abandonné à l'in-
dolence de son caractère, n'a pas su profiter des
succès qu'il obtenait avec quelques beaux ou-
vrages, et a mis chaque année le ministre de la
maison du roi dans la nécessité de combler d'é-
normes déficits. Après la révolution de juillet
1830, la malveillance s'est fait contre lui une
arme de ses fautes, et l'administration du pre-
mier théâtre de Paris lui a été retirée pour être
mise en entreprise particulière. Ses nombreux
amis auraient pu réparer cet échec et lui faire
obtenir quelque place avantageuse, mais la mal-
heureuse fantaisie qu'il eut de prendre en 1831
l'entreprise du théâtre de l'Opéra-Comique à ses
risques et périls le conduisit bientôt à sa ruine.
Forcé d'abandonner Paris, il se rendit en Egypte,
oii il fut chargé de l'organisation des fêtes et di-
vertissements de Mehemet-Ali. Plus tard il y eut
le titre de xccsquil (chargé d'affaires), U est
mort au Caire, dans le mois de mars 1859.
LUliER (Antolne ), écrivain didactique alle-
mand de l'époque actuelle , est connu par un '
traité général de musique et d'harmonie, inti-
tulé : Versuch einer grûndlichen und fassli-
chen Anleitiuig ûber die Jtegcln der Tonsetz-
/i?0!5< (Essai d'une introduction naturelle et fa-
cile aux règles de la composition ) ; Coblence,
J. H(Plsclicr, 1830, 2 parties in-i".
LUBIK (LÉON de SAINT-); voyez SAINT-
LUBIN.
LUBOMIRSKI (Le prince Casimir), des-
cendant des princes Stanislas Lubomirski qui
s'illustrèrent dans le dix-septième siècle, et dont
un fut grand maréchal de la couronne, en Po-
logne, est né vers 1815. Amateur passionné de
musique, il a cultivé cet art dès son enfance, et
s'est livré à la composition avec quelque succès^
On a publié de lui, tant en Allemagne qu'à Var-
sovie, des chants à voix seule avec piano, et des
danses polonaises pour cet instrument. Dans le
nombre de ces légères productions on remarque :
1" Deux chants allemands et une romance ita-
lienne pour soprano et piano, op. 3; Dresde,
Meser. — 2° Trois Mazourkes pour piano, op. 9 ;
ibid. — 3° Trois idem, op. 10; ibid. — 3° Trois
idem, op. 11 ; ibid. — i" Le Dialogue et Le Som-
meil,deu\ poèmes pour voix seule et piano; Leip-
sick , Kistner. — 5° Galop du Postillon et
Mazourcs, op. 50; Pétersbourg et Hambourg;
id. — 6° Polonaise et deux Mazoures, op. 51 ;
Dresde, Meser. — 7° Plusieurs romances avec
piano; Varsovie.
LUCACIH (Je.vn), compositeur, né à Scbe-
nico (Dalmatie), dans les dernières années du
seizième siècle, fut maître de chapelle de la ca-
thédrale de cette ville. On a de lui un ouvrage
intitulé : Sacrœ cantiones singulis, binis, ter-
nis, quaternis, quinisque vocibus concinnats,
a J acoho Finetto Anconitano, inecclesia ma-
giixdomus Venetiarum musices magistro , in
lucemeditx. Sub signa Gardant ; Venetiis ,
1620, in-4''. Dans la préface, le P. Finetti (noyez
ce nom) dit qu'ayant fait un voyage en Dalmatie,
il fut frappé du mérite des motets de Lucacih, et
qu'il les recueillit pour les faire connaître à tous
ceux qui se délectent de bonne musique. Un
exemplaire complet de cet ouvrage rare se trouve
à la bibliothèque royale de Berlin.
LUCAN (Matthieu), musicien de l'église ca-
thédrale de Dijon, est auteur d'un livre qui a
pour titre : Méthode de plain-chant parisien,
divisée en deux parties ; Dijon, Douillier, 1826,
in-12 , avec 3 planches. Une deuxième édition
de cet ouvrage, considérablement augmentée, a
paru à Lyon et à Paris, chez Rusand, 1828,
in-12.
LUCAN (Henri), compositeur et professeur
de musique à Hanau, en 1842 , fut auparavant
360
LUCAN — LUCCHESI
attaché à la famille du prince Nicolas Dolgoroucky,
en qualité de professeur de piano. Il a publié
quelques œuvres pour cet instrument, La Chan-
son de soldat, ballade pour vo'.x seule avec
piano, op. 5 , Ofienbach, André, et trois Licdcr
pour voix de soprano, avec piano, op. 6, ibid.
LUCARIO (Jean-Jacques), prêtre et maître
de chapelle de l'église Sania-Croce, à Venise,
vivait vers le milieu du seizième siècle. On a im-
primé de sa composition un recoeil de motets à
quatre voi\, sous ce titre : D. J.Jacobi Lucarii
conceniuum qui vulgo Motetia nuncupantur
liber primus quatuor vocumj Venetlis, apud
Ant. Gardane, 1547, in-4° obi.
LUCAS (Ignace), né à Krinizen, en Silésie,
le 29 avril 17C2, alla faire ses études au gymnase
Léopokiin à Bresiau , en 1773, et y apprit le
chant. Dix ans après il quitta le gymnase, et
entra à l'église Saint-Vincent en qualité de chan-
teur. Sa voix de basse était d'un beau timbre.
1! jouait bien de plusieurs instruments, mais
particulièrement du violon, sur lequel Ditters-
dorf assure qu'il possédait un talent remarqua-
ble. Cet artiste s'est distingué par la composition
de danses qui ont eu de la vogue en Silésie.'
LUCAS (Louis), né à Reims, vers 1818, est
membre de l'Académie et de la société des Bi-
bliophiles de cette ville. Après avoir publié quel-
ques opuscules qui furent peu remarqués ,
M. Lucas vint à Paris, et y fut rédacteur en cliel
du journal qui avait pour titre Le Dix Décembre.
Plus tard, il obtint un consulat en Amérique, si
nous sommes bien informé. Nous ignorons les
motifs qui lui ont fait abandonner la carrière di-
plomatique et l'ont ramené à Paris, oii on le re-
trouve en 1854. En 1849, M.Louis Lucas publia
«m livre qui avait alors pour titre : Une révo-
lution dans la musique. Essai d'application
à la musique d'une théorie philosophique ^
Paris, Paulin et Lechevalier, 1 volume in- 18°,
de 326 pages, avec une préface de xxx pages
par M. Théodore de Banville , ami de l'auteur.
Bousquet (voy. ce nom) rendit compte du livre
de M. Lucas dans le numéro de V Illustrât ion
du 9 février 1850; mais l'indifférence du public
pour l'ouvrage persista en dépit de cette annonce,
car on n'en vendit pas trois exemplaires. Revenu
à Paris, M. Lucas a essayé de ranimer en sa fa-
veur l'attention des artistes et des amateurs, au
moyen d'un nouveau titre et d'une couverture qui
donnent aux exemplaires du seul tirage qui ait été
fait l'aspect d'une seconde édition. Cette édition
supposée est intitulée : V Acoustique nouvelle,
ou essai d'application d'une méthode philoso-
phique aux questions élevées de l'acoustique,
de la musique et de la composition viusicale ;
Paris, l'auteur, 1854, 1 vol. in-18. Comme beau-
coup d'autres qui ont cru avoir découvert le prin-
cipe de la science delà musique, M. Lucas com-
mence par faire le procès aux théories qui ont
précédé la sienne. Voici son début :
« Après une étude patiente et laborieuse des
« phénomènes qui ont lieu en musique, je me
« suis assuré que l'absence de principes vraiment
« rationnels et l'introduction de trois grandes er-
« reurs, avaient particulièrement entravé les
•t progrès de la science pure. » Le principe in-
voqué par M. Lucas est l'attraction (des sons),
qui donne naissance aux lois spéciales de suc-
cession, consonnance, et comparaison, qui chez
lui signifie la tonalité. Les grandes erreurs con-
sistent : 1° dans les fonctions attribuées aux
dissonances; 2° dans les formules de résolu-
tion de ces dissonances; 3" dans la croyance
à une tonalité absolue. Avant d'aller plus loin^
constatons que M. Lucas emprunte la loi d'at-
traction et ses conséquences à la doctrine expo-
sée dans tous les ouvrages de l'auteur de cette
biographie. Constatons encore que le rôle actuel
et futur de l'enharmonie, appelée par M. Lucas
Yenharmonisme , est encore un emprunt fait
par lui à la même source ; mais qu'il n'a com-
pris ni la nature ni la signification de ces choses
dans leurs résultats. Comme tous les savants qui
ont l'iiabitude des sciences de faits, et qui essayent
de porter leurs méthodes dans la musique, il ou-
blie que la science d'un art qui n'a de base que
dans le sentiment ne peut être traitée de la même
manière que les sciences physiques et mathéma-
tiques , et, comme tous ses devanciers, il s'égare
dans ses déductions de principes, dont la signifi-
cation n'est pas celle qu'il leur attribue. Il n'y a
de vrai dans son livre que ce qu'il emprunte i.
quant aux applications qu'il en fait, elles ne sont
qu'un tissu d'erreurs, ou bien elles ne sont que
la reproduction de ce qu'on a écrit avant lui. A
la fin de son ouvrage il a reproduit la vieille tra-
duction française du livre de la musique d'Eu-
clide, par Forcadel ( V. ce nom), et le dialogue
de Plutaïque sur la musique traduit par Burette
(F. ces noms). L'ouvrage de M. Lucas a rebuté
les lecteurs par son style pédantesque , et n'a
eu aucun succès.
LUCATELLO (Jean-Baptiste). Voyez
LOCATELLO.
LUCCHESI (André), compositeur, naquit
le 27 mai 1741, àMotta, dans le Frioul Vénitien.
Ses maîtres de contrepoint furent le P. Paolucci,
savant musicien dont on a un bon traité de compo-
sition pratique ( F. Paoi.ucci) et Saratelli, maître
de chapelle à Venise. Cocclii, maître napohtain,
lui donna ensuite des leçons pourle style théâtral.
LUCCHESI
LUCE
301
En 1771, il se rendit à Bonn avec une troupe
italienne de chanteurs d'opéras ; il y entra au
service de l'électeur, en qualité de maître de cha-
pelle, avec un traitement de mille florins. Excel-
lent organiste, il se taisait remarquer par un
talent de nature absolument différente de la ma-
nière allemande. Comme compositeur, il cultivait
en homme habile les genres dramatique , reli-
gieux et la musique instrumentale. Il paraît avoir
vécu à Bonn jusqu'au commencement du dix-
neuvième siècle. Ses ouvrages pour le théâtre
sont : r L'Isola délia Fortuna; Venise, 1765.
— 1° Il Marito geloso; Ma., 1766. — 3° Le
Donne sempre donne ; ibid. — 4" H Matrimo-
nioperasiuzzia; ibid., 1771. — 5"/? Giocatore
amoroso , intermède à deux personnages. —
6" Cantate pour une fête que la république de
Venise donna en 1767 au duc régnant de Wur-
temberg. — 7" // ^'atal di Giove. — 8° L'In-
ganno scoperto. Ces deux dernières pièces à
Bonn. — 9" Ademira, à Venise, en 1775. —
10° Quelques autres intermèdes et cantates à
Bonn. Lucchesi a composé pour l'église : 11° Vê-
pres à deux chœurs. — 12° Un oratorio latin.
— 13° Te Deum. Ces trois compositions ont été
écrites pour le conservatoire des Incurables , à
Venise. — 14° Messe de Requiem pour les ob-
sèques du duc de Monte Allegro, ambassadeur
d'Espagne à Venise. — 15° Messe pour la collé-
giale de Saint-Laurent , dans la même ville. —
16° Messe et vêpres pour la fête de la Conception
de la Vierge, à Vérone. — l7o Plusieurs messes
et motets pour la chapelle de Bonn. On a gravé
de sa composition : — 18° Trois symphonies pour
l'orchestre. — 19° Six sonates pour clavecin et
violon. — 20O Trio pour clavecin, violon et vio-
loncelle. — 21° Deux concertos séparés pour cla-
vecin. Il a laissé en manuscrit plusieurs autres
concertos et quatre quatuors pour le même ins-
trument.
LUCCHESI (Jules-Marie), violoniste et
compositeur, né à Pise, vers le milieu du dix-
huitième siècle, eut pour premier maître de violon
Moriano, puis reçut quelques leçons de Nardini.
11 se livra ensuite à l'étude du contrepoint sous
la direction de Cecchi. Après avoir vécu quel-
que temps à Vienne, il entra au service de l'ar-
chevêque de Salzbourg. En 1799 il est retourné
en Italie, où il paraît avoir cessé de vivre peu de
temps apiès. On a gravé de sa composition :
1° Trois duos pour deux violons, op. 1 ; Vienne^
1794. Us ont été réimprimés à Bâle en 1795. —
2° Trois duos idem, op. 2; Augsbourg, 1796. —
3" Six sonates pour piano et violon, op. 3; ibid.,
1796. On connaît aussi en Italie, de la composi-
tion de cet artiste, quelques symphonies à grand
orchestre, et plusieurs morceaux de musique vo-
cale.
LUCCIIESINI (Jacques, comte DE), d'une
famille noble de Lucques, entra jeune au service
de l'Autriche, sous le règne de l'empereur Char-
les VI, et fut chef d'escadron au régiment de
cuirassiers de Schri. Il fut tué en 1739, à la ba-
taille de Krotska. Lorsque Mizler forma sa so-
ciété de musique, le comte de Lucchesini en fut
le premier membre. On connaît de lui quelques
concertos et des cantates en manuscrit.
LUCCIIINI (Matteo), compositeur véni-
tien, né dans la seconde moitié du dix-septième
siècle, a écrit en collaboration avec Jérôme Bas-
sani la musique d'un opéra intitulé Amor per
forza, qui fut représenté au théâtre S. Mosè, de
Venise, en 1721.
LUCE (Georges), facteur d'orgues, né à
Jersey, en 1799, exerça d'abord la profession
de menuisier, et s'établit à Lisieux. Il était âgé
de vingt-huit ans lorsqu'il commença à s'occuper
de la facture des orgues. Ses principaux ouvrages
sont : 1° L'orgue de Saint-Denis à Lisieux (8 pieds
avec pédale de 16), construit en 1838. — 2° La
réparation de l'orgue de Saint Germain d'Argen-
ton, dont la montre de 16 pieds et la bombarde
de pédale ont été refaites à neuf par lui en 1839.
— 3° La restauration de l'orgue de Notre-Dame
de Saint-Lô, grand 8 pieds en montre, avec pé-
dale de 16, en 1840. — 4° L'orgue de Cormeille,
8 pieds avec trompette et récit, soufflerie à dou-
ble pompe, réglée par des parallélogrammes, en
1841. — 5° L'orgue de 8 pieds du couvent de la
Providence, à Lisieux, en 1841. — 6° La recons-
truction à neuf de l'orgue de l'église de Saint-
Pierre à Dreux, en 1843. L'instrument, originai-
rement construit par Clicquot , est remarquable
par la bonté des jeux : M. Luce a refait les som-
miers, le mécanisme et les claviers. — 7° La
restauration de l'orgue de l'église de Saint-Mar-
tin, à l'Aigle, en 1844. Il en a fait à neuf le som-
mier du grand orgue, le mécanisme, et la souffle-
rie à double pompe. — 8° L'orgue des Lyre
(dépt de l'Eure), grand 8 pieds à 2 claviers, sans
pédales; en 1845.-9° Un orgue semblable à
Labarre (Eure), en 1845. — 10° Le grand orgue
de Saint-Jacques, à Lisieux, terminé le 9 juillet
1846, à 3 claviers, 39 jeux, soufflet à lanterne
et deux pompes. Cet instrument a coûté 25,000
francs. — lio La restauration de l'orgue de No-
tre-Dame d'Alençon, dont M'. Luce a refait tous
les sommiers, la soufflerie, le mécanisme, le récit
enfermé dans une boîte à jalousie, et la montre
de 16, avec des bombardes à la pédale. M. Ha-
mel dit (Nouveau Manuel complet de l'orgue,
t. III, p. 458) que les ouvrages de ee facteur
362
LUGE — LUCIO
sont bien disposés, exécutés avec beaucoup de
soin, et que les matériaux en sont d'une qualité
et d'un ciioix renarquables.
LUCE-VARLET (C), violoniste et com-
positeur amateur, né à Douai, le 13 décembre
1781, commença dans cette ville ses éludes
musicales. En ISOl, il fut admis au Conserva-
toire de Paris, et y fut élève de Baillot pour le
violon, de Catel pour l'harmonie, et de Gossec
pour le contrepoint. De retour à Douai en 1805,
il s'y maria et s'y fixa. Devenu dès lors le centre
d'activité de la culture de la m>.isique dans cette
ville, il y établit des concerts d'orchestre dont il
fut le chef, et des séances de quatuors, où il
jouait le premier violon avec talent. Il se livra
aussi à la composition, et produisit beaucoup
d'ouvrages de tout genre, parmi lesquels on
compte quatre œuvres de quatuors pour instru-
ments à cordes, un quintette pour les mêmes
instruments, 3 trios pour deux violons et basse ,
Paris, Schonenberger ; une ouverture à grand
orchestre en tit ; deux concertos pour le violon
avec orchestre; plusieurs airs variés pour le
môme instrument ; deux trios pour piano , vio-
lon et violoncelle ; des entr'actes pour des dra-
mes représentés au théâtre de Douai; beaucoup
de cantates, hymnes et chœurs, dont un Hymne
à l'humanité, pour ténor et chœur avec or-
chestre on piano, gravé à Paris, chez Henri Le-
moine, des stances avec chœur et grand or-
chestre, à l'occasion de la naissance du duc de
Bordeaux, gravées à Paris, chez Frey , et les
opéras intitulés : 1° Caroline de Tytzdenz, en
un acte, représenté à Douai, en 1820; — 2° La
Prévention, en un acte, représenté à Douai,
Valenciennes et Cambrai, en 1822 et 1825; —
3° La Mort de Paul 1er, en trois actes, en col-
laboration avec Victor Lefèvre {voy. ce nom) et
Bovery ; cet ouvrage fut représenté à Douai, en
1834; — k° Les Ruines de Mont-C assin, opéra
sérieux en trois actes, représenté à Douai, en 1836 ;
— 5" L'Élève de Presbourg, en un acte, re-
présenté avec succès au théâtre de l'Opéra-Co-
mique, à Paris, le 24 avril 1840, et dont la par-
tition a été gra\ée chez Henri Lemoine. Luce-
Varlet a été fait chevalier de la Légion d'hon-
neur, en 1845. 11 est mort à Douai, en 1856.
LUCELBUllG (André), auteur sur qui l'on
ne sait rien, mais à qui Draudius (Dibl. class.,
p. 1641) et Lipenius {Bibl. philos., p. 976)
attribuent un petit traité de musique intitulé
Musicx practicx libri duo; Cobourg et Jena,
1604, in-S".
LUCIEN, écrivain grec, naquit à Samosate
en Syrie, et vécut entre les années 120 à 200 de
l'ère chrétienne. Après avoir fait ses études lit-
téraires dans les écoles publiques, il embrassa
la profession d'avocat, et plaida près des tribu-
naux d'Anlioche, puis parcourut l'Asie, la Grèce
et la Gaule, prononçant des discours sur les
questions qui lui étaient proposées, et recueil-
lant un produit considérable de son talent d'o-
rateur. Fixé plus tard à Athènes, il s'y livra à
des travaux plus sérieux et y composa ses ou-
vrages les plus importants. Un emploi lucratif
qu'il obtint de l'empereur Commode le fixa en
Egypte, où il vécut jusqu'à un âge avancé. L'é-
dition complète des œuvres de Lucien donnée
parHemsterhuys et Reilz (Amsterdam, 1743-46,
4 vol. in-4'*) a longtemps passé pour la meil-
leure ; elle a été réimprimée avec quelques va-
riantes à Deux-Ponts (1789-93, 10 vol. in-8°);
mais celle qui a été publiée à Leipsick, 1821-31,
11 vol. in-8'', est préférable. Un des ouvrages de
Lucien, intitulé : Les Harmonides, traite spé-
cialement de la musique. Il y a aussi plusieurs
fragments sur cetart dans ses Dialogues des dieux
et dans sa Dissertation sur la danse.
LUCIIXI (François) ou LUCLNO, né à IVli-
lan, dans la seconde moitié du seizième siècle,
fut un des plus anciens ciianteurs célèbres de
l'Italie. Attacbé à l'église cathédrale de Milan,
depuis l'an 1600 jusque vers 1630, il en fut la
meilleure basse chantante. On a sous son nom :
Concerti di diversi autori adue, tre equattro
voci in questa terza impressione corretti et
aggixmtovi altri concerti a due equattro voci,
con una Missa a quattro e due Magnificat ,• Mi-
lano, raccolli daFilippo Lomazzo, 1616, in-4''. —
Concerti di diversi autori a due, tre e quat-
tro voci, seconda aggiunta con Litanie délia
Beata Virgine, e i2Canzoni; ibid., 1617, in-4°.
Une partie des compositions contenues dans ce
recueil est de Lucini. La première édition de
cette collection, con partitura, a été publiée à
Milan, en 1608.
LUCIO (François) ou LUZZO, compositeur
vénitien, vécut vers le milieu du dix-septième
siècle. Il a écrit la musique des opéras dont voici
les titres : 1° Amori di Alessandro Magno r.
di Rossane , représenté en 1652, au théâtre
des SS. Apostoli, de Venise. Le succès de cet
ouvrage fut grand, car il fut joué aussi à Gênes,
en 1652, à Naples, en 1654, à Modène, dans la
même année, et il fut repris à Venise, au
théâtre San-Mosè, en 1667. — 2" Il Pericle
effeminato, au théâtre des SS. Apostoli de Ve-
nise, en 1653. — 3° Euridamante, au théâtre
San-Mosè, en 1654. — 4" Medoro, au théâtre
de SS. Jean et Paul, à Venise, en 1658. On
connaît aussi de ce musicien des Motetii con-
ccrtali a due e tre voci co'l basso per orgmio,
LUCIO — LUDWIG
363
libro primo ; in Venezia, appresso Alessandro
Vincenli, 1649, in-4°.
LUCOT (Alexandre), littérateur français de
l'époque actuelle, a publié : Art lyrique, poCme
avec notes et variantes, suivi d'une table des
compositeurs anciens et modernes ; Paris, Fan-
lin, 1821, in-18. C'est cet auteur qui est cité
sous le nom de Lucet (Alexis), dans la Ga-
zette musicale deLeipsick (t. 32, p. 698).
LUDECIUS (Matthieu), diantre de fan-
cienne église catholique de Wittenberg, vers la
fin du seizième siècle, a donné des soins à la
dernière édition des livres du chant romain pu-
bliée dans l'Allemagne protestante. Ces livres,
qui sont devenus fort rares , sont intitulés :
1° Missale, id est cantica et preces atque lec-
tiones sacrx qux ad missx officium, ex
primo xvo ecclesix pio insiituto , in tcmplis
christianorum cantari soient, in dua s partes
distributx : prior est de tempore , posterior
de Sanctis. Vitebergae, 1589, in-fol. max. —
2° Vespérale et Matutinale, hoc est cantica,
hymni et collectœ, sive precationcs ecclesias-
ticx qux in primis et secundis Vesperis,
itemque Matutlnis precibus, per tofius anni
circulum, in ecclesïis et religiosis piorum
congressibus , cantari usltatx soient , notis
rite adplicatx, et in duas partes ordine di-
gesta. ; ihid., 1589, în-fol. max.
• LUDEKE (Christophe-Guillaume), doc-
leur en liiéologie, premier pasteur et assesseur
du consistoire dans la paroisse allemande de
Stockholm , naquit à Scliœnberg, dans la Vieille
Marche, le 3 mars 1737. En 1768 il était pas-
teur de l'église Sainte-Catherine à Magdebourg ;
il quitta ce poste en 1775, pour aller prendre
possession de ses emplois à Stockholm. Il est
mort dans cette ville, le 21 juin 1805. Au nom-
bre de s-es écrits, on en trouve un qui a pour
titre : Rcdc undPredigtbel Einweiliung einer
neuen Orgel in Gegenivari des Kœnigs von
Schweden (Discours et sermon à l'occasion d'un
nouvel orgue, prononcés en présence du roi de
Suède); Stockholm et Leipsick, 1731 , in-8'\
Dans son livre intitulé : Allgemein Schwedisches
Gelehrtsamkeitsarchiv, unter Gustav III {kv-
cliives universelles de l'érudition suédoise, sous
le règne de Gustave III), Leipsick, Brockhaus,
17S1-96, 7 parties in-S", il traite de la littéra-
ture de la musique.
LUDEN (Henri), professeur d'histoire à
Jéna, né le 10 avril 1780, à Lockstadt, près de
Brème, est auteur d'un livre intitulé : GrundzUge
œslhet/scher Yorlesungen ( Introduction aux
principes fondamentaux de l'Esthétique), Gœt-
tingue, 1808. Il y traite du beau dans la musique.
LUDEMUS (Laurent), docteur et profes-
seur de droit, d'éloquence et de poésie, biblio-
thécaire à Dorpat, en Livonie, naquit à Ecklen-
furt, dans le Holslein, vers la (in du seizième
siècle, et mourut à Dorpat, le 21 avril 1654, à
l'âge de soixante-deux ans. Avant de se fixer
dans cette ville, il avait enseigné pendant dix-
sept ans , à Greifswalde, la poésie, l'histoire,
puis les mathématiques et la philosophie. On lui
attribue un écrit intitulé : Oratio de viusica.
LUDERS (Jean-Henri), célèbre organiste à
Flensbourg, naquit le 24 février 1677, àRelling,
bourg du comté de Pinneberg. Depuis trois gé-
nérations, sa famille avait fourni de bons orga-
nistes au pays. A douze ans, il entra à l'école
latine de Glùcksiadt, où l'habile organiste Fran-
çois-Henri Millier lui enseigna pendant cinq
ans le chant et le clavecin. Plus fard, il prit à
Ilzehoe des leçons de composition chez Jean
Conrad Resenbosch ; il continua cette étuiîe jus-
qu'à l'âge de vingt ans ; puis il voyagea pour
entendre les meilleurs artistes et former son
goût. C'est ainsi qu'il demeura quatre ans à
Hambourg pour étudier la manière de Lûbeck,
organiste de Saint-Nicolas. En 1706 il fut ap-
pelé à Flensbourg en qualité d'organiste, et il
occupait encore cette place en 1740. Après ces
renseignements fournis par Mattheson, dans son
Grundlage einer Ehrenpforle, etc., on ne trouve
plus rien sur cet artiste. Cet écrivain nous four-
nit l'indication des ouvrages suivants de Liiders,
qui sont restés en manuscrit : 1° Une année en-
tière de musique d'église pour les dimanches et
fêles, à trois voix, 2 violons, viole et orgue. —
2° Oratorio de la Passion, à cinq voix et neuf
instruments. — 3° Douze suites de pièces pour
le clavecin.
LUDOVICI (Thomas), musicien italien, vi-
vait à Rome vers la fin du seizième siècle. Il a
fait imprimer de sa composition : Hymni to-
tius anni 4 vocum ; una cuni IVpsalmis prx-
cipuis festivitatibus 8 vocum; Rome, 1591,
in-fol. max.
LUDOVICI (Jacques-Frédéric), vice-chan-
celier et premier professeur de droit à l'univer-'
site de Giesseu, naquit à Vacholshagen, dans la
Poméranie, et mourut le 14 décembre 1723, à:
l'âge de cinquante-deux ans. Au nombre de ses
écrits, on trouve une dissertation concernant les
cloches, intitulée : De co quodjustum est cn-ca
campanas. Il en a été fait une édition en 1739,
et une autre en 1780.
LUDWIG (M. Godefroid), né à Bayreuth,
le 26 octobre 1670, fut recteur du gymnase de
Schleusingen, dans le comté de Henneberg, et y
mourut, le 21 avril 1724. Il est auteur d'un livre
364
LUDWIG — LUESTNER
qui a pour litre : Schediasma sacrum de hym-
nis et hijmnopms Hennebergicis ; Henneberg,
1703, in-8°.
LUDWIG (Ciirétien-Gottlob), docteur en
médecine à Leipsicii, connu par un grand nom-
bre d'ouvrages relatifs à cette science, mourut le
7 mai 1773. Il a publié, dans la Collection de
pièces pour servir à l'histoire critique de la
langue allemande (n° 8, pag. 648-C61), un pelit
écrit intitulé : Versuch eines Beweises, dass
ein Slngspiel oder eine Oper nicht gnt sein
kœniie ( Essai d'une démonstration qu'un vau-
deville ou un opéra ne peut être bon). Ce
morceau a été publié aussi dans la bibliothèque
musicale de Mizier (t. II , p. 1-27), avec des
notes de ce critique.
LUDWIG (Jean- Adam -Jacques), né le
1er octobre 1730, à Sparneck, dans le margra-
viat de Bayreutli, fut membre de la Société des
Abeilles de la haute Lxisace, et de la Société éco-
nomique du Palatinat. Il remplit à Ilof les fonc-
tions de secrétaire de la poste, et mourut dans
cette .ville, en 1782. On lui doit divers écrits re-
latifs à la facture des orgues; ils ont pour titres :
1° Versuch von den eigensdiafteii eines rechts-
chaffenen Orgelbauers ( Essai sur les qualités
nécessaires à un bon constructeur d'orgues);
Hoff, J.-A. Hetschel, 1759, in-4° de 15 pages.
— 3" Schreiben an llerrn J. S. Hoffmann,
Oberorganislen in Breslau ( lettre à M. J. S.
Hoffmann, premier organiste à Breslau); ibid.,
1759, in-4°. — 3" Verlheidigung des H. Sorge
wider II. Marpiirg (Défense de M. Sorge con-
tre M. Marpurg) ; ibid., 1760, in-4'' 4° Ge-
danken ilbcr die grossen Orgehi, die aber
desivegen keine Wunderwerke sind (Idées sur
les grandes orgues, qui néanmoins ne sont pas des
merveilles) ; Leipsicii, Breitkopf, 1762, in-4° de
15 pages. — 50 Von den unverschxmten En-
tehrcrn der Orgeln (Des impertinents détrac-
teurs desorgues) ; Erlang, 1764, in-4o de22 pages.
LUEBECK (Vincent), organiste distingué,
naquit à Podingsbiittel, près de Brème, en 1654.
Il était encore enfant quand son père fut appelé
à Flensbourg en qualité d'organiste. Ce fut sous
sa direction que Vincent Luebeck lit ses études
musicales. En 1674, il obtint la place d'organiste
à l'église SS.-Cosme et Damien de Stade. Après
un séjour de vingt-huit ans dans celte petite
ville, il fut appelé à Hambourg pour y remplir
les fonctions d'organiste de l'église Saint-Nicolas.
Le reste de sa vie s'écoula paisiblement dans
cette situation modeste, où il faisait admirer sa
grande habileté. Il mourut le 9 février 1740,
dans la quatre-vingt-sixième année de son âge.
La bibliothèque royale de Berlin possède en
manuscrit, de cet artiste, un recueil de bons
préludes pour des chorals.
LUEBEKE (Adolphe), directeur de musique
et artiste de la chambre ducale à Cobourg, fut
d'abord chef d'orchestre du théâtre de Gotha.
Il mourut au mois de mars 1838, dans un âge
peu avancé, estimé pour son talent. Il s'est fait
connaître comme compositeur dramatique en
1832, par l'opéra intitulé Der Glockengiesser{ Le
Fondeur de cloches), représenté à Gotha avec suc-
cès. L'ouverture de cet ouvrage, arrangée pour
le piano par E. Lampert, a été publiée à Gotha.
On connaît aussi de Luebeke : 1° Trois qua-
tuors concertants pour deux violons, alto
et violoncelle , op. 1 ; Brunswick, A. Mayer.
— 2" Quatre chants pour quatre voix d'hommes;
Gotha, Lampert.
LUEÏIRSS (Charles), compositeur et pro-
fesseur de piano à Berlin, est né à Schwerin,
dans le Mecklembourg , le 7 avril 1824. Il com-
mença l'étude de la musique sous la direction de
son père, musicien de la cour et organiste du
château ; et dès l'âge de dix ans il se fit re-
marquer par son habileté sur le piano. Lors-
qu'il eut atteint sa seizième année , il fut en-
voyé à Berlin, où il fut admis comme élève
dans l'Académie royale de chant. Pendant qu'il
suivait les cours de cette institution, il eut la
bonne fortune d'être remarqué par Mendelssohn,
qui lui donna des leçons de piano et de compo-
sition. Ce maître célèbre s'étant rendu à Lon-
dres pour l'exécution de son Elias, il y fit
connaître et y publia les premiers essais de com-
position de Luehrss pour le piano. Dans l'hiver
de 1845 à 1846, Luehrss accompagna M""
de Schererneteff à Rome , comme professeur de
musique de la famille de celte dame. De retour
en Allemagne, il s'établit d'abord à Schwerin, et
s'y livra à l'enseignement et à la composition;
postérieurement ( 1853) , il s'est fixé à Berlin et
s'y est marié. Cet artiste s'est distingué comme
compositeur de Lieder à voix seule avec accom-
pagnement de piano, op. 5, 6,9, 10, 11, 12,19;
Berlin, Guttentag , Schlesinger ; Bonn , Simrock.
Parmi ses ouvrages pour le piano , on remarque
un trio pour cet instrument, violon et violon-
celle, op. 16, Berlin, Schlesinger; des sonates
pour piano seul et pour piano et violon, un qua-
tuor pour piano, violon, alto et violoncelle, des
pièces de salon pour piano seul. Deu\ sympho-
nies à grand orchestre (en mi majeur et ré mi-
neur) , de sa composition , ont été exécutées à
Leipsick et à Berlin. M. Luehrss a fait entendre
aussi à Schwerin le 108™^ psaume pour voix
seules, chœur et orchestre.
LUESTNER (Ign.ace-Pierre), violoniste.
LUESTNER — LULLE
365
né le 22 décembre 1792, à Poiscliwiss , près de
Jauer (Silésie), reçut sa première éducation mu-
sicale de son père, instituteur à l'école catiio-
lique de ce lieu. Dès l'âge de douze ans il était
parvenu à une assez grande habileté sur la cla-
rinette, pour pouvoir jouer des concertos de cet
instrument. Mais bientôt il l'abandonna pour se
livrer à l'étude du violon : en 1814, il se rendit
à Breslau, dans le dessein de perfectionner son
talent sur cet instrument, mais n'y trouvant pas
le maître iiabile qu'il chercbait, il allapasserune
année à Paris, s'y lia avec les artistes les plus
renommés, étudia leurs principes de mécanisme
d'archet, et, riche d'observations , il retourna à
Breslau, s'y établit comme professeur de son ins-
trument, et y demeura deux ans. A la fin de 1817,
il accepta les propositions du comte Henkel de
Donnersmark pour jouer le premier violon du
quatuor que ce seigneur avait réuni dans son
château. Il quitta cette position en 1819, pour
entrer au service du prince Karoloth-Schœnâich,
eu qualité de premier violon de sa musique. Il y
demeura cinq ans, après quoi lamusique du prince
ayant été congédiée, Luestner retourna à Breslau,
entra à l'orchestre du théâtre comme premier vio-
lon solo, et établit avec ses frères Charles, Otto et
Louis des séances de quatuors qui eurent de
grands succès. Il fit dans les années suivantes
quelques voyages en Allemagne. En 1844 il fonda
à Breslau une école de violon , d'où sont sortis
quelques bons élèves. 11 eut le malheur, en 1854,
de se faire une blessure grave à la main, qui le
mit pour toujours dans l'impossibilité de jouer
du violon. Luestner est le violoniste le plus dis-
tingué qu'ait produit la Silésie.
LUFT (Henri), hautboïste allemand, s'est fixé
à Saint-Pétersbourg, vers 1830, et y a toujours
résidé depuis lors. Cet artiste s'est fait remarquer
par la beauté du son qu'il tirait de l'instrument
et par la précision de son exécution. Il a publié
de sa composition : 1° Vingt-quatre études pour
le hautbois, op. 1 ; Leipsick, Peters. — 2° Varia-
tions (scène suisse), en ut, pour hautbois et
orchestre ; Leipsick , Kistner. — 3o T"" Concer-
tino brillant pour hautbois, orchestre, ou qua-
tuor, ou piano, op. 5 ; ibid.
LUGE ( F.«i.\Nçois), directeur de musique tt
régent du chœur à l'église catholique d'Oppeln,
naquit dans cette ville, en 1776, et y mourut,
le 12 avril 1828. Il s'était fait remarquer, pen-
dant sa carrière trop tôt terminée, par ses qua-
lités comme professeur de chant au gymnase,
et |)ar son activité dans la direction de la mu-
sique. On ne cite aucun ouvrage de sa composi-
tion.
LUGE (Charles), frère du précédent, né à
Oppein, est directeur de musique au théâtre de
Breslau. Vers 1805, il s'est fixé dans celte ville,
et après avoir été pendant quelque temps répéti-
teur et second chef d'orchestre au théâtre, il en
est devenu le directeur. Comme violoniste , cet
artiste appartient à l'école de Rode; on vante la
qualité de son qu'il lire de l'instrument et l'ex-
pression de son jeu. Son meilleur élève est
M. Panofka. On connaît de sa composition des
variations pour violon, sur un thème de Himmel ;
Breslau, Fœrster. Il a arrangé pour le piano, en
1814, la partition de l'opéra de Weigl : Le Vil-
lage dans les montagnes , et l'a publiée cliez
le même éditeur.
LUIGI ( Alessandro). Je dois corriger ici
une faute qui a été faite dans le premier vo-
lume de cette nouvelle édition de la Biographie
universelle des musiciens, en conservant l'ar-
ticle Alessandro (Low/s) .de la première édition j
car, ainsi que le remarque M. Casamorata, dans
la Gazzetta musicale di Milano (1847, no 47,
p. 372), le nom de l'artiste dont il s'agit est
Luigi , et le prénom Alessandro. Mais cette
faute n'est pas la mienne : elle appartient à Ger-
vasoni (Nuova Teoria di Musica, p. 80) , qui
fut compatriote et contemporain de Luigi, et qui
a changé son nom de ftimille en celui d'Ales^
sandro. C'est lui qui a été mon guide dans tout
ce que j'ai dit de cet artiste. Quoi qu'il en soif,
Luigi, né à Sienne, succéda, au mois de juin 1786,
à Borsini dans la place de maître de chapelle de
la cathédrale de cette ville, et mourut, non le
29 janvier 1794, comme ledit Gervasoni , et
comme je l'ai répété d'après lui, mais le 28 juin
de la même année, suivant le catalogue des maî-
tres de chapelle de la cathédrale de Sienne. A l'é-
gard de la réputation dont la musique d'église de
Luigi aurait joui de son vivant, Gervasoni est
contredit par M. Casamorata, qui fait de ce maî-
tre un musicien obscur.
LUIZ (François), religieux portugais, com-
positeur et maître de chapelle de Lisbonne, naquit
en celte ville, vers le milieu du dix-septième siè-
cle, et mourut le 27 septembre 1693. 11 a laissé
en manuscrit : 1" Un service complet à quatre
voix pour les dimanches de la Passion, des Ra-
meaux et pour la semaine sainte. — 2° Psaumes
et vilhancicos à plusieurs voix.
LULLE (Raymond), écrivain du treizième
siècle, longtemps célèbre par sa méthode philo-
sophique, appelée ^lrsZi(//ianfl, naquit vers 1235,
à Palma,dans l'île de Maiorque. Élevé à la cour
de Jacques 1er, roi d'Aragon, il eut une jeunesse
dissipée; mais ensuite un retour sur lui-même
le ramena vers des sentiments religieux, et le
jeta dans des études sérieuses, qui le conduisirent
3C6
LULLE — LULLY
à la découverte d'une méthode philosophique
pour la recherche de la vérité en toutes choses.
C'est cette méthode, dont il a fait ensuite de nom-
breuses applications , qu'il a appelée Art géné-
ral, et qui a ensuite porté son nom. Il l'expli-
qua lui-même à Maïorque dans un collège fondé
pour cet objet par le roi d'Aragon Jacques II,
puis en divers autres lieux. Après des voyages
multipliés en diverses parties de l'Europe et dans
l'Orient, Lulle mourut, en 1314. Dans trois cha-
pitres de son Arhor scientix, qui forme la qua-
trième partie de YArs generalis sive magna,
il traite de la musique suivant les principes de sa
raélliode. La première édition de cette partie
a été publiée à Barcelone, en 1482, in-fol. Il en a
paru d'autres à Venise, 1514, et à Lyon, 1515,
1635. Des traductions espagnoles en ont été faites,
Tune par M. de Guevara ; Madrid, 1584, in-S",
Pautre par Alphonse de Zepeda; Bruxelles, 1663,
in-fol. Perroquet en a aussi donné une traduc-
tion française, d'après l'édition de Proaz/a. Toutes
les parties de VArs magna ont été réunies dans
une collection complète des œuvres de Lulle, sous
ce titre : Lulli opéra omnia; Mayence, 1721 ,
10 vol. in-fol. La plupart des biographes, trompés
par les mots Ars magna, ont cru que les livres
de Lulle traitaient du grand œuvre, et les ont
rangés parmi ceux delà philosophie hermétique :
c'est une erreur d'autant moins excusable, qu'on
sait que Lulle consacra toute sa vie à la défense
et au triomphe de la foi catholique.
LULLE ( Antoine) , grammairien du seizième
siècle, né dans l'île de Maiorque, de la même
famille que le précédent, fut appelé à Dôle, en
1535, pour y enseigner la. théologie. Il mourut
à Besançon, le 12 janvier 1582, dans un âge
avancé. On a de cet écrivain un traité De ora-
iione, Uhri Vll^ Bâle, 1558, in-fol. Il y traite
dans le cinquième livre de l'application de la
musique à l'art oratoire. Il dit aussi à la fin de
ce livre qu'il a écrit un traité général de la mu-
sique : cet ouvrage n'a point été imprimé, et l'on
n'en connaît point aujourd'hui de copie manus-
crite.
LULLY ou LULLI (Jean-Baptiste DE),
fondateur de l'Opéra français, naquit à Florence,
en 1633, suivant l'opinion la plus répandue, ou
près de cette ville, d'après une autre version.
Un homme qui a soutenu contre lui un procès
scandaleux, Gtiichard, dans un mémoire publié
à Paris, en 1675 , avance que ce musicien célè-
bre était fils d'un meunier des environs de Flo-
rence. Voici comment il s'exprime (p. 16 de
ce mémoire) : « Ctiacua sait de quelle trempe
• et de quelle farine est Jean-Baptiste. Le mou-
* Ua des environs de Florence, dont son père
« était meunier, et le bluteau de ce moulin, qui
« a été son premier berceau marquent encore
« aujourd'hui la bassesse de son origine. Un vent
« meilleur que celui de son moulin le poussa en
« France à l'âge de treize ans. « Le témoignage
d'un homme que Lidly avait profondément
blessé n'est guère recevable quand il parle de son
adversaire (1) ; il paraît plus juste de consulter
des titres sinon décisifs, au moins probables.
Ces titres semblent établir d'une manière cer-
taine que Liilly était gentilhomme, ce qui im-
fKtrte peu pour sa gloire, mais ce qui intéresse
la vérité. D'abord, les lettres de naturalisation
qui lui furent accordées par Louis XIV au mois
de décembre 1661 , et qui furent enregistrées en
la chambre des comptes le 30 juin 1062, lui
donnent le titre d'écuijer, et le déclarent fils de
Laurent de Lully, gentilhomme florentin, et de
Catherine del Serta. A ces lettres était joint
son acte de naissance en italien, légalisé en la-
tin. En second lieu, son contrat de mariage, qui
f(!t passé le 14 juillet 1662, et signé par le roi,
la reine, la reine mère, etc., le 23 du même
mois, lui donne les mêmes qualités. Enfin, on
lit ce qui suit dans la Gazette de France du 21
mai 1661, page 476, à l'article Fontaine-
bleau : « Le roi, voulant conserver sa musique
« dans la réputation qu'elle a d'être des plus
« excellentes, par le choix de personnes ca-
« pables d'en remplir lesdites charges, a gra-
« tifié le sieur Baptiste Lully\, gentilhomme
«■ florentin, de celle de surintendant et compo-
« siteur de la musique de sa chambre, et le sieur
« Lambert de celle de maître de ladite musique,
« vacante par le décès du sieur Cambefort. »
A l'égard de l'orthographe du nom de Lully, on a
remarqué qu'étant Italien il ne pouvait être ter-
miné par un y ; mais il est certain que c'est par
cette lettre que son nom finit dans tous les actes
authentiques qui se rapportent à lui, et que lui-
même signait ainsi.
Un vieux cordelier lui enseigna à lire et à
écrire, lui donna quelques leçons de musique,
et lui apprit à jouer de la guitare. Lully en était
à ce point de ses éludes musicales lorsque le
chevalier de Guise, qui voyageait en Italie, passa
par lelieu où il demeurait. La vivacitéde l'enfant
lui plut, et comme ce courtisan, en prenant
congé de mademoiselle deMontpensier, lui avait
promis d« lui amener un petit Italien, il pro-
(1) Lully avait exclu Guichard de l'entreprise de l'Opéra ;
celui-ci lui intenta un procès, et publia contre lui un fac-
tura injurieux. Lully se vengea des attaques de son ad-
versaire en l'accusant d'avoir voulu l'empoisonner, ce oui
donna lieu à uae instruction au criminel, [f^oyez dui-
CHARR 1
LULLY
367
posa à Lully de le suivre en France; ce qui fut
accepté a?ec empressement, la gentilliommerie
du père denotre musicienne le mettant vraisem-
blablement pas dans une situation fort aisée.
Lully avait alors douze ou treize ans. Il paraît
que le chevalier de Guise ne se mit pas fort en
peine de réaliser les promesses qu'il lui avait
faites, car le fondateur futur de l'Opéra n'entra
chez mademoiselle de Montpensier qu'en qualité
de marmiton; rude apprentissage pour le fils
d'un gentilhomme. Dans les inlervalles de ses
occupations, il s'amusait avec un mauvais vio-
lon. Le comte de NogenI, qui l'entendit par
hasard , fut étonné de ses dispositions, et rendit
compte à Mademoiselle du talent précoce de son
apprenti cuisinier, ajoutant qu'il méritait un
maître habile pour hâter ses progrès. Lully ne
tarda point à mériter d'être mis au nombre des
musiciens de cette princesse, et bientôt il de-
vint célèbre autajit par son violon que par les
airs qu'il composait. Malheureusement il lui ar-
riva d'en écrire un sur des paroles satiriques
contre Mademoiselle : celte princesse lui fit
dire de se retirer. C'est par cette marque d'in-
gratitude que les vices de son cœur, égaux à ses
talents, conunencèrent à se faire connaître.
Lully était trop jeune quand il vint en France
pour avoir pu faire des études concernant l'art
d'écrire la musique, en sorte qu'on était dans
l'ignorance sur les lieux et le temps oii il avait
appris cet art, lorsque l'auteur de cette notice a
découvert à ce sujet des renseignements authen-
tiques dans un mémoire publié par les orga-
nistes de Paris, à l'occasion de leur procès contre
le roi des ménétriers. On y voit que Lully a fini
par abandonner le violon ;jour i>e livrer à l'é-
tude du clavecin et de la composition, sous
la discipline des sieurs Metru, Roberdet et Gi-
gault, organistes de Saint-Nicolas-des-Champs.
Toutautre que Lully se serait trouvé dans un fâ-
cheux embarras après son expulsion de la mu-
sique de Mademoiselle; mais son parti fut bien-
tôt pris. Ses talents lui avaient donné de la ré-
putation; il en profita pour se faire recevoir
dans la grande bande des violons du roi, et
composa des airs de violon qui le firent connaître
de Louis XIV. Ce monarque voulut l'entendre,
et en fut si satisfait, qu'il lui donna en 1652 (à
l'àgede dix-neuf ans), l'inspection générale de ses
violons, et qu'il créa pour lui une nouvelle bande
qu'on appela petits violons, pour les distinguer
des vingt-quatre violons de la chambre, connus
sous le nom de la grande bande. Ces nouveaux
violons, dirigés par Lully, devinrent bientôt les
meilleurs de France, ce qui n'était pas beaucoup
dire à une époque où il n'existait pas en ce pays
un seul musicien en état de jouer sa partie, s'il
ne l'avait apprise par cœur. C'est pour cette
même bande qu'il écrivit des symphonies, espèces
d'ouvertures entremêlées d'airs de danse de ce
temps , tels que sarabandes, courantes et gigues*
11 existe plusieurs copies manuscrites de ces
symphonies; mais il ne paraît pas qu'elles aient
été gravées. L'habileté de Lully sur le violon
surpassa celle de tous les autres violonistes de
France. Personne, dit de Fresneuse, son con-
temporain ( Comparaison de la musique ita-
lienne et françoise, 2""= partie, p. 187) n'a
tiré du violon les sons qu'en tirait Lully.
Avant l'établissement de l'Opéra, le roi donnait
tous les ans de grands spectacles , qui por-
taient les titres de ballets ou mascarades ; ils
étaient composés d'un grand nombre d'entrées
de danses, mêlées de récits, qui souvent n'a-
vaient aucune liaison entre eux. Lully composa
d'abord quelques airs pour ces ballets, oii le roi
dansait; puis il fit la musique entière des pièces
de ce genre. Parmi ces divertissements, on re-
marque celui A''Alcidione, dont Benserade fit les
vers, et qui fut donné en 1G58. Le ballet des
^Ws, joué à la cour en 1663, celui de V Amour
< déguisé, qui parut l'année suivante au Palais-
Royal, et plusieurs autres divertissements turent
mis en musique par Lully. En 1664 il se lia d'a-
mitié avec Molière, et composa pour lui la mu-
sique de ia Princesse d'Élide, comédie-ballet en
cinq actes, qui fut jouée pendant les fêtes que
Louis XIV donna à Versailles. Cette pièce fut suivi
de L'Amour médecin, autre comédie de Mo-
lière, avec un divertissement dont Lully fit aussi
les morceaux. Dès ce moment tout ce qu'il y
eut de musique au théâtre de Molière fut écrit
et dirigé par lui. Longtemps il avait joué et
dansé dans les ballets de la cour, sous le nom
de Baptiste : c'est ainsi qu'il est désigné dans la
liste des danseurs de ces pièces, depuis 1653
jusqu'en 1660. Alors il reprit le nom de sa fa-
* mille, et vécut avec plus de dignité. Cependant
les avantages que Molière lui offrit pour jouer
dans ses pièces quelques rôles comiques , oii il
se faisait remarquer par une verve peu com-
mune, le décidèrent à reparaître sur la scène.
C'est ainsi qu'il joua avec beaucoup de succès
le rôle de Pourceaugnac, en 1669, et celui
du Mufti, dans le Bourgeois gentilhomme,
l'année suivante. On rapporte à ce sujet qu'ayant
indisposé le roi contre lui par une aventure scan-
daleuse (1), il ne consentit à jouer le rôle de
(1) De Fresneuse dit, dans sa Comparaison de la mu-
siqtu italienne et de la musique françoise ( î« part» ,'
p. 18 ), que Lull7, étant déjà surintendant de la musique
du roi, courut risque d'être cliassu une au deux lais.
368
I.ULLY
Pourceau^nac que dans l'espoir de regagner les
bonnes grâces de Louis XIV par ses bouffon-
neries : ce stratagème lui réussit; car daus sa
fuite devant les apothicaires, il sauta dans l'or-
chestre et brisa un clavecin. Le roi rit beau-
coup de cette farce, et pardonna à celui qui l'a-
vait imaginée.
La faveur dont Lully jouissait à la cour n'eut
bientôt plus de bornes. Louis XFV ne voulait
plus entendre d'autre musique que la sienne. Le
rusé Florentin en écrivit une énorme quantité
pour la chambre, l'église et le théâtre. Le bril-
lant succès qu'elle obtenait était pour lui une
source inépuisable de grâces et de faveurs ; dans
l'espace de vingt ans, outre les gratifications
sans nombre qu'il reçut, il obtint du roi neuf
brevets (1), et des lettres patentes du mois de
mars 1672 qui lui accordaient la permission d'é-
lablir à Paris une académie royale de musique
(l'Opéra). Lully éprouva de l'opposition à l'en-
registrement de ces lettres, de la part de Jean
de Grenouillet et de Henri Guichard, qui
se prétendaient cessionnaires du privilège ac-
cordé à Perrin pour ce spectacle, par lettres
patentes du 28 juin 1669. Ce fut à ce sujet qu'eut
lieu le procès dont il a été parlé précédem-
ment; mais telle était l'adresse de Lully dans ses
manœuvres, qu'il obtint une lettre de la main
du roi au lieutenant de police pour faire fermer
le théâtre de Guichard, et qu'un arrêt de la cour,
en date du 27 juin 1672, ordonna que, sans s'ar-
rêter aux oppositions, les lettres patentes du
mois de mars seraient enregistrées (2).
C'est de cette époque que date la gloire de
;i) Voici la liste de ces faveurs constatées par des actes
aullientiques :
Le 16 mars 1633, brevet par lequel le roi lui confère la
cliarge de compositeur de la musique instrumentale, va-
cante par le décès de Lazarin.
Le 16 mai 1661, deux brevets portant que le roi lui a fait
don des cliarges de compositeur et de surintendant de la
chambre, vacantes par la mort de Cambefort.
Au mois de décembre de la même année, lettres de
naturalisation, avec exemption des droits.
Le S juillet 1662 : l» Brevet par lequel le roi lui accorde
la charge de maître de musique de la famille royale, que
Michel Lambert tenait en survivance. 2° Brevet qurîxe
à 10,000 livres la somme qui devra être payée aux héri-
tiers de Lambert et de Lully pour la charge de maître de
musique, si ceux-ci viennent à décéder. 3= Brevet qui fixe
à 20,000 francs l'indemnité qui devra être payée à la veuve
et aux' héritiers Lully, pour être pourvu après lui des
chai-ges de compositeur et de surintendant de la musique
de la chambre du roi.
Le 21 avril 1668, brevet par lequel le roi accorde la sur-
vivance des trois charges de Lully à calui de ses enfants
cju'il voudra choisir, et fixe la valeur de ces charges à
30,000 livres.
(S) Voy. Titres concernant l'Académie royale de mu-
sique,- l'aris, Christophe Ballard, 1740, ia-k" de 172 pages.
Lully. Non-seulement on le vit donner tous ses
soins à l'administration du nouveau théâtre qu'il
venait de fonder ; former des acteurs, des dan-
seurs et des musiciens d'orchestre , qui n'exis-
taient point auparavant ; être à la fois directeur,
régisseur, maître de ballets, maître de musique,
et machiniste de son spectacle : il trouva aussi
le temps de composer tous les ouvrages qu'on y
représentait, et son génie eut, au milieu de tous
ces travaux, la force nécessaire pour produire
dix-neuf opéras dont le succès a duré près d'un
siècle, et qui même aujourd'hui méritent encore
à de certains égards l'estime des connaisseurs.
Cependant il était dans sa quarantième année
lorsqu'il écrivit le premier de ces ouvrages. Il
est vrai qu'il fut puissamment aidé par les cir-
constances, les encouragements de la cour, et le
génie de Quinault, dont il avait su deviner le ta-
lent et qu'il s'attacha par un traité qui obligeait
le poète à lui fournir annuellement un opéra pour
le prix de 4,000 liv. Quinault faisait le plan de
plusieurs opéras et les portait au roi , qui en
choisissait un. Lorsque ce choix était fait, Lully
prenait connaissance du sujet et du plan, et fai-
sait la musique des divertissements , des danses
et l'ouverture, pendant que le poète versifiait sa
pièce. Lorsque Quinault avait terminé son tra-
vail, il le lisait à l'Académie, et faisait les correc-
tions qui lui étaient indiquées; mais Lully ne te-
nait aucun compte de l'avis de l'Académie. Il
corrigeait, faisait les suppressions et les change-
ments qu'il jugeait nécessaires pour sa musique.
Il fallait que Quinault fît ce qu'il voulait et re-
tournât versifier de nouveau. Si Lully était satis-
fait du poëme, il faisait le chant et la basse des
scènes dans l'ordre où elles se trouvaient dans
la pièce, et remettait ensuite ses brouillons à ses
élèves Lalouette et Colasse, pour qu'ils écrivissent
les parties d'orchestre sur ses indications : sorte
de travail qu'il n'aimait pas et qu'il ne faisait pas
avec facilité. Pour comprendre ceci, il ne faut
pas oublier qu'au temps de Lully on n'avait point
encore appris à donner à l'instrumentation ces
formes variées et pittoresques qu'on lui voit au-
jourd'hui, et que les violons et hautbois ne fai-
saient guère que suivre les voix, en brodant quel-
ques traits. Tant que Lully vécut, son génie suffit
à tout pour donner à l'Opéra un intérêt toujours
soutenu et pour y attirer la foule. Il y fit sa
fortune; mais tout le succès reposait sur lui.
Apiès sa mort, les choses changèrent, et de l'é-
tat le plus prospère l'Opéra passa à la décadence :
les administrateurs s'endettèrent. C'est ce qu'on
voit avec évidence pcfr le préambule du règlement
donné en 1713 par Louis XIV, lequel commence
par ces mots : « Sa Majesté étant informée que de-
LULLY
369
« puis le flécès du feu sictir Lully on s'est relâché
« insensiblement de la règle et du bon ordre de
« l'intérieur de l'Académie royale de musique...,
« et que par la confusion qui s'y est introduite
« ladite Académie s'est trouvée surchargée de
« dettes considérables et le public exposé à la
« privation d'un spectacle qui depuis longtemps
« lui est toujours agréable, etc. »
Lully était homme de plaisir et fort recherché
des grands seigneurs, qu'il amusait par ses sail-
lies. Ils allaient souvent le voir travailler chez
lui. Pendant une maladie qu'il eut avant la re-
présentation A'Arinide , son confesseur avait
exigé qu'il brûlât la partition de cet opéra. Le
prince de Conti étant allé le voir le même jour :
« Eh quoi, Baptiste! lui dit ce prince, tu as pu
« jeter au feu un si bel ouvrage? — Paix, paix,
« monseigneur, répondit-il ; je savais bien ce que
« Je faisais, j'en avais une autre copie. » Étant à
l'extrémité, il fut visité par le chevalier de Lor-
raine :« Oh! vraiment vous êtes fort de ses amis,
« hii dit madame Lully ; c'est vous qui l'avez
■« enivré le dernier, et qui êtes cause de sa mort. »
« Lully répondit aussitôt : Tais-toi , ma chère
« femme; si j'en réchappe, ce sera lui qui
« m'enivrera le premier. » Après une maladie de
Louis XIV, Lully composa un Te Deuvi pour
sa convalescence, et le fit exécuter aux Feuillants
de la rue Saint-Honoré, le 8 janvier 1687. Dans
la chaleur de l'exécution, il se frappa le bout du
pied en battant, la mesure avec sa canne. Il y
vint un petit abcès, qui devint ensuite uii mal
considérable. On lui conseilla d'abord de se faire
couper le doigt, puis le pied, et enfin la jambe ;
mais un charlatan, qui se faisait appeler le mar-
quis de Carrette, répondit de sa guérison.
MM. de Vendôme, qui aimaient beaucoup Lully,
promirent à cet homme 2,000 pisloles s'il par-
venait à sauver l'artiste ; mais la générosité de
MM. de Vendôme et les efforts du charlatan fu-
rent inutiles : Lully mourut à Paris , le samedi
22 mars 1687, à l'âge de cinquante-quatre ans
dans une de ses maisons, rue de la Ville-l'Évêqu
Il fut inhumé dans une chapelle des Petits-Pères
de la place des Victoires, et sa famille y fit éle-
ver un superbe mausolée, qui fut exécuté par
Cosson. Santeuil fit pour ce tombeau une belle
é|)itaphe, ainsi conçue :
Pcrfida mors, inlmica, audaï, temeraria et excors,
Crudclisque, c cseca probris te absolviraus islis.
Non de te queriniur lua sint liœc munia magna.
Sed quando per te populi rogisque voluplas.
Non ante auditis rapiiU qui cantibus orbem,
LuLLius eripitur, querimur modo surda fuisli.
4
Le3 portraits de Lully gravés par Edeliiick et
BIOCR. UNIV. DES MUSICIENS. — T. V.
U- \
di I"
par Bonnard sont aussi accompagnés de vers
louangeurs à sa mémoire; mais si les éloges
qui lui ont été accordés comme artiste sont una-
nimes, les jugements sévères et les traits satiri-
ques n'ont pas manqué à sa personne et à
son caractère. Courtisan jusqu'à la bassesse près
des grands, dont la protection pouvait être utile à
ses desseins, il était insolent et brutal avec toute
autre personne. Le crédit dont il jouissait à la
cour lui donnait une puissance dont il abusait
souvent pour humilier ou perdre quiconque es-
.sayait de hii résister. Jaloux jusqu'à la frénésie
de tout artiste dont le talent lui inspirait la crainte
que le roi ne le remarquât, il ne négligeait rien
pour l'écarter. Cambert et Bernier furent persé-
cutés par lui , et son élève Lalouetfe fut chassé
de l'orchestre de l'Opéra pour s'être avoué l'au-
teur du meilleur air d'un de ses ouvrages. Véri-
table tyran de ses acteurs et des musiciens de
son orchestre, il lui arriva plus d'une fois d'ar-
racher à ceux-ci leur instrument pendant l'exécu-
tion et de le leur briser sur le dos. Au moment
oii son opéra A'Armide allait être joué pour la
première fois, une grossesse de la fameuse can-
tatrice Rochois en arrêta les représentations.
Dans sa colère, Lully l'aborda sur le théâtre :
Qui t'a fait cela? lui crie-t-il : n'en recevant
aucune réponse, il lui donna un coup de pied
qui lui fit faire une fausse couche. Quelquefois
sa brusquerie ne respectait pas môme les person-
nages les plus élevés : voici deux anecdotes qu'oa
rapporte à ce sujet. A l'un des divertissements
de la cour, le roi, fatigué de la longueur des pré-
paratifs, lui fit dire qu'il s'ennuyait d'attendre ;
Lully répondit au gentilhomme de la chambre :
Le roi est bien le maître, il peut s'ennuyer
tant qu'il lui plaira. En 1681, Louis XIV lui
ayant fait compliment sur la manière dont il
avait joué le rôle du Mufti dans Le Bourgeois
'gjentilhomme, à une fête de Saint-Germain :
Cire, dit-il, j'ai pourtant regret d'y avoir été
oliligé pour le service de Votre Majesté; j'a-
vaîs dessein d'être secrétaire du roi : messieurs
vos secrétaires ne voudront plus me recevoir.
« — Ils ne voudront plus vous recevoir? répon-
■%_ dit le monarque : ce sera bien de l'honneur
« pour eux ; allez, voyez M. le chancelier. » Lully
alla trouver le marquis de Louvois, qui lui re-
procha sa témérité, en lui disant que toute sa
recommandation était d'avoir fait rire. Eh , te'te-
bleu ! lui répondit Lully, vous en feriez bien
autant si vous le pouviez! On a révoqué en
doute cette anecdote, disant que personne en
France n'aurait osé tenir un pareil langage à
Louvois , mais il ne faut pas oublier quel homme
était Lully , et quelle fut sa faveur près de
•24
370
LULLY
Louis XIV. Quoi qu'il en soit, il eut la charge
qu'il désirait.
Ingrat envers ses meilleurs amis, et toujours
occupé de ses intérêts, sans s'informer s'il bles-
shit ceux d'autrui, il s'est brouillé avec Molière
pour avoir pris les meilleurs morceaux des bal-
Jets et divertissements qu'il avait composés pour
ses pièces , et en avoir formé la pastorale des
Fêtes de l'Amour et de Bacchus, qu'on joua à
l'ouverture du théâtre de l'Opéra. A peine ce
grand homme eut-il rendu Le dernier soupir, que
Lully fit chasser sa troupe du théâtre du Palais-
Royal, dont il s'empara pour son spectacle. Après
avoir décidé par ses instances La Fontaine à écrire
pour lui la pastorale de Daphné, il ne voulut
point la mettre en musique, et lui déclara qu'elle
ne valait pas le diable. Peut-ôtre l'illustre
poète se serait consolé de sa mésaventure si Li-
gnière, poëte chansonnier de ce temps, n'eût fait
sur lui ce couplet .
Ah! qiie j'aime La Fontaine,
D'avoir fait un opéra !
On verra finir ma peine,
Aussitôt qu'on leJ.onera.
Par l'avis d'un fin critique
Je vais me mettre en boutique,
Pour y vendre des sifflets :
Je serai riche à Jamais!
Désespéré d'être ainsi bafoué, La Fontaine se
Tengea par une épigramme, qu'on ne trouve pas
dans toutes les éditions de ses œuvres, et qui
commence ainsi :
Le Florentin
Montre à la fin
Ce qu'il sait faire.
Il écrivait plaisamment à Mn'e de Bouillon :
Je me suis laissé enquiimuder. Borieau avait
eu sans doute aussi quelque grave sujet de plainte
contre Lully lorsqu'il écrivait ces vers de son
épîlre à Seignelay, oà il le désigne avec tant
d'amertume :
lin vain par sa grimace un bouffon odleus
A table nous fait rire et divertit nos yeux : ^
Ses bons mots ont besoin de farine et de plâtre : '
Prenez-le tête à tête, ôtez-lui son théâtre ,
Ce n'est plus qu'un ctnar bas, un eoguin ténébreux :
Son visage essuyé n'a plus rien que d'affreux.
De tous ceux qui eurent à se plaindre de Lully,
aucun n'a montré plus «Tanimosité dans sa ven-
geance que Sénecé, valet de chambre de la reine
Marie-Thérèse, femme de Louis XIV. Ce poëte
courtisan avait été chargé de la composition de
plusieurs divertissements et de morceaux de cir-
constance que Lully avait mis en musique. Comme
beaucoup d'autres, il fut victime de sa fourberie.
Sa position à la cour lui avait fait voir les res-
sorts secrets mis en usage par le musicien pour
accroître sa fortune et pour obtenir des hon-
neurs ; mais la crainte que lui inspiraient son
crédit et sa méchanceté lui avait fait garder le
silence tant que Lully avait vécu. Rendu plus
hardi par la mort du compositeur, et choqué des
honneurs qu'on rendait à sa mémoire, il voulut,
en rendant hommage aux talents de l'artiste ,
faire justice de sa personne. Son dessein fut
réalisé dans un écrit intitulé : Lettre de Clé-
ment Marot à Monsieur de*** , touchant ce
qui s'est passé à Varrivée de Jean-Baptiste
Lullij aux Champs- Éhjsées (1). Le portrait
qu'il fait de sa personne n'est pas séduisant;
mais il paraît avoir été exact. « Sur une espèce
«de brancard (dit il), composé grossièrement
« de plusieurs branches de laurier, parut, porté
« par douze satyres, un petit homme d'assez maii-
« vaise mine et d'un extérieur fort négligé. De
« petits yeux bordés de rouge, qu'on voyait à
« peine (2), brillaient d'un feu sombre qui mar-
« quait tout ensemble beaucoup d'esprit et beau-
« coup de malice ; un caractère de plaisanterie
« était répandu sur son visage, et certain air
« d'inquiétude régnait dans toute sa personne. »
Sénecé fait ensuite un tableau sévère des vices
de Lully, et le représente comme un homme de
mœurs infâmes (3), d'une âme noire et d'une ava-
rice sordide.
Ce célèbre musicien avait épousé Madeleine
Lambert, fille unique de ce Lambert dont parle
Boileau dans sa troisième satire. Celui-ci avait
donné une dot de 29,000 francs à sa fille. Le
mariage se fit à la paroisse Saint-Eustache , le
24 juillet 1662. Jamais union ne fut mieux as-
sortie, car si Lully était habile à se procurer des
richesses, sa femme savait les faire fructifier par
l'ordre et par l'économie qui régnait dans sa
maison. Lully ne s'était réservé pour ses menus
plaisirs que le prix de la vente de ses ouvrages,
qui s'élevait annuellement à sept ou huit mille
francs. Outre le produit de l'Opéra et le revenu
^ (1) La première édition de cette Lettre parut à Cologne,
in-12, 1683 ; il en a été fait une réimpression à Lyon, 1823,
in-8o de 59 pages.
(S) Lully avait en effet ta vue fort basse.
(3) L'accusation qui concerne ses mœurs a été repro-
duite à l'occasion du somptueux tombeau qu'on lui avait
élevédans l'église des Petits-Pères. Ce tombeau futgrave;-
parmi les vers assez mauvais qu'on avait placés au ba»
de l'estampe, on lisait ceux-ci ;
Pourquoi, par un faste nouveau,
Kous rappeler la scandaleuse histoire
D'un libertin, indigne de mémoire,
Peut-être même indigne du tombeau?
Venez, ô Mort! faites descendre
Sur ce buste honteux votre fatal rideau;
Et ne montrez que le flambeau
Qui devrait pour jamais l'avoir réduit en cendre.
LULLY
371
de ses emplois à la cour, il jouissait de 7,000 li-
vres de rente sur les aides et gabelles, qu'il te-
nait de la munificence du roi. De plus, il avait
fait bàlir la maison qui existe encore au coin des
rues Neuve-des-Petits-Ciiamps et Sainle-Anne,
sur laquelle on voit des attributs de musique;
jine maison rue des Moulins, appel(''e alors rue
/foya^e.et deux autres, ruedelaVille-rÉvèciue (1).
De son mariage il eut six enfants, trois filles et
trois garçons (î). Deux de ses fils ont suivi la
même carrière que lui , mais avec moins de
gloire.
Parmi les productions du génie de ce musi-
cien célèbre, on trouve une multitude de sym-
phonies, de Irios et d'airs de violon, de mor-
ceaux de circonstance, de divertissements et de
danses. Une de ses premières compositions de
cette espèce fut la suite d''airs de danse qu'il
ajouta à la partition du Xerccs de Cavalli, pour
une représentation qui en fut donnée à la cour.
Bien que cet ouvrage n'eût pas alors de succès,
Lully en comprit le mérite, et Cavalli devint
un de ses modèles. On lui doit aussi plu-
sieurs grandes compositions pour l'église; entre
autres un Te Deum, un Exaudiat, le psaume
Plaudite (/entes, le Veni Creator, un Jubi-
late , ua Miserere, un De profundis et un
Libéra. Il ne réussissait pas moins bien dans
ce genre qu'au théâtre, et n'y produisait pas
(1) Par l'inventaire des biens de Lully, fait après sa mort,
4e 3 avril 1687 et jours suivants, son argenterie est esti-
mée 16,707 livres; ses joyaux et pierreries, 13,000 livres;
ses deniers comptants, 250,000 livres; le mobilier de l'O-
péra, 11,000 livres, et la salle 80,0«0. Par acte du 18 avril
1685, il avait loué sa maison de la rue Royale i,609 livres
par an, et la partie de la maison de la rue Neiive-des-Pe-
tits-Champs que sa famille n'occupait pas, 3,000 francs. Sa
charge de secrétaire du roi fut vendue par sa veuve, le 3
avril 1687, moyennant le prix de 71,«00 livres. Le Cerf de
la VievUle de Fresneuse, contemporain de Lully, a dit
dans sa Comparaison de la musique italienne et de la
imtsique françoise (2= partie, p. 197 ) que ce musieienavait
laissé dans ses coffres six cent trente mille livres en or ;
tous les biographes ont répété le même fait, et moi-même,
je crois avoir dit cela quelque part; mais Beffara, qui m'a
fourni les renseignements q«e je viens de donner, les a
■vérifiés sur des actes authentiques.
(2| Ces enfants furent : 1° Catherine-Madeleine de Lully,
baptisée à l'églLse Saint- Eustaehe, le l*' mai 1663. —
5» Louis de Lully [voyez son article). — 3» Jean-Baptiste
<le Lully, né au mois d'aoàt 1665, à qui Louis XIV donna
l'abbaye de Saint-Hilaire près de Narbonne, et qui mou-
rut à Saint<;ioud, le 9 juin 17«1. — 4= Gabrielle-Hilaire
de Lully, née au mois d'octobre 1666, qui épousa Jacquts-
Dumoiilin, dont une fille fut mariée au marquis de Com-
brcux, et dont les descendants sont le marquis et letomte
de Uampierre, ainsi que la venve du général marquis Des-
soles, qui fut pair de France et ministre de la guerre. —
6° .fean-Louis de Lully ( voyez son article). — 6° Marie-
Louise de Lully, baptisée à l'église Saint-Roch, le 19 sep-
tembre 1668. A l'égard de Chrétien Lully, dont parlent
GofJ)er, Choron et FayoUc, il n'a point existé.
moins d'effet. M"" de Sévigné, en parlant de
la pompe funèbre du cliancelier Seguier (lettre
du 6 mai 1672 ), s'exprime ainsi sur la musique
de Lully : « Pour la musique, c'est une chose
« qu'on ne peut expliquer. Baptiste avait fait un
« dernier effort de toute la musique du roi. Ce
« beau Miserere y était encore augmenté. Il y
■< eut un Libéra où tous les yeux étaient pleins
« de larmes : je ne crois point qu'il y ait une
« autre musique dans le ciel. » Perne possédait
en manuscrit une messe de Lully à quatre voix
sans accompagnement; elle est aujourd'hui dans
ma bibliothèque : c'est un ouvrage de peu de
valeur. La collection des motets de Lully, en
partition, copiée pour le comte de Toulouse par
Philidor aîné, forme cinq volumes in-fol. Les
Motets à 2 chœurs composés pour la chapelle
du roi ont été publiés à Paris, par Christophe
Ballard, en 1684, in-4'' obi.
Les tilres des ballets, divertis.'ïements et co-
médies pour lesquels Lully a écrit de la musique
et qu'on a retenus, sont les suivants ; 1" Alci'
dione, à Saint-Germain. — 2* Airs de ballets
de Xercès, opéra italien de Cavalli, représenté
dans la grande galerie du Louvre, le 11 novem-
bre 1660. — 3° Le ballet de La Raillerie. —
4° Celui de L'Impaticticc. — 5" Hercule amou-
reux, idem. — 6° Les sept Planètes, idem. —
7° L'Amour malade, comédie. — 8" La Noce
au village , ballet- — 9° Le Ballet des Arts.
— 10° Les Amours déguises, idem. — 1 1° La
Princesse d'Élide, comédie-ballet. — 12" Ca-
riselli, ballet pour Fontainebleau. — 13° Ae
Mariage force, comédie de Molière. — 14" La
Naissance de Vénus, divertissement. —
15" ie Ballet des Gardes. — X^" Le Ballet
de Créqui. — 17° Le Ballet des Muses. —
18" La Fête de Versailles, avec Molière. —
19° Le Ballet de Flore. — 20° L'Amour mé-
decin, comédie de Molière. — 21° Monsieur
de Pourceaugnac, idem. — 22° Le Ballet de
Chambord, ou le Bourgeois gentilhomme,
idem. — 23° Le Ballet des Notions, suite
du Bourgeois gentilhomme. — 2i° Les Jeux
Pythiens , ballet. — 25° Airs de danse de
Psyché, trafrédie-ballet. — 26° Entr'actes d'Œ-
dipe, tragédie de Corneille, pour une représen-
tation donnée à Versailles, en 1659.
Lully doit sa gloire la plus solide à ses opé-
ras. Le premier, intitulé : Xc5 Fe'tes de l'A-
mour et de Bacchus, fut représenté en 1672:
ce n'était qu'une sorte de pastiche composé de
fragments de divers morceaux écrits précédem-
ment par lui pour des comédies ou des ballets;
mais dans l'année suivante parut Cadmus, tra-
gédie lyrique en cinq actes, poésie de Quinauli,
24.
572
LULLY
où le gonie véiilablement dramatique du com-
posiieur s'éleva tout à coup à une grande hau-
teur. Alors sans interruption se succédèrent Al-
tvi.'^, tragédie en cinq actes, 1674; Thésée,
idem, 167.^; Le Carnaval, mascarade et en-
trées ; Atys, tragédie lyrique en cinq actes,
1670; /s/s, idem, 1677; Psyc/îe, idem, 1678;
BeUérophon, idem, 1679; Proserpine , idem,
1680; Orphée, 1680; Le Triomphe de l'Amour,
ballet en vingt entrées, 1681 ; Persée, tragédie
liri(iue en cinq actes, 1682; Phaëton, idem,
1683; Amadis, idem, 1684; Roland, idem,
1185; L'Idylle de la Paix et L'Églogiie de
Versailles, divertissement, 1685; Le Temple
de la Paix, ballet en six entrées, 1685; Ar-
mide, tragédie lyrique en cinq actes, 1686 ; Acis
et Galatée, pastorale héroïque en trois actes,
1687. On a aussi attribué à Liilly le premier
acte à'' Achille et Polixène, opéra de Colasse,
joué en 1677 ; il paraît certain qu'il en avait écrit
quelques morceaux ; niais on s'est trompé lors-
qu'on a dit que c'était cet ouvrage que son con-
fesseur lui fit brfller.
Si l'on compare le style de LuUy à celui des
grands musiciens italiens de son temps, on n'y
trouvera d'abord rien qui lui appartienne en
propre. Les chœurs et le système d'instrumen-
tation rappellent la manière de Carissimi; les
airs ne sont évidemment que des copies de ceux
de Cavalli ; mais le sentiment dramatique qui
anime tout cela et qui a longtem|)S soutenu le
succès de ses ouvrages, avait sa source dans
l'âme du Florentin. C'est dans ce sentiment
que Liilly puisa la force d'expression quelles
hommes exempts de préjugés de temps et d'é-
cole estimeront toujours. C'est ce même sen-
timent qui , malgré le défaut de variété dans
les formes, a fait vivre pendant un siècle ses ou-
vrages, premiers essais de l'art en France.
Trente ans après la représentation des premiers
opéras de Lully, leur mérite fut attaqué dans
un Parallèle entre les Italiens et les François
en ce qui regarde la musique et les opé-
ras (i) ; mais l'auteur de cette brochure trouva
peu de sympatliie parmi ses lecteurs. Cinquante
ans après, c'est-à-dire lorsque quatre-vingts an-
nées de succès non partagés eurent fatigué l'al-
tention de plusieurs générations pour ces mêmes
ouvrages, la renommée de Lnlly fut mise à une
plus rude épreuve par l'arrivée à Paris d'une
tj-oupe italienne qui fit entendre quelques com-
positions de Léo, de Pergolèse et de IMarcello
de Capoue, bien supérieures aux siennes par l'é-
I6gance des formes, les grâces et la variété de
(i| Par l'abbé Ragiicnet; Paris, 1702, In 12.
la mélodie, mais peut-être moins puissamment
dramatiques. Tous les beaux esprits, les hommes
dont la parole avait le plus d'autorité, se dé-
clarèrent en faveur de cette musique, si nouvelle
à des oreilles fran^;aises, et se persuadèrent que
les psalmodies de Lully, comme ils les appe-
laient, ne soutiendraient pas le parallèle. Des
multitudes de brochures, à la tête desquelles il
faut placer la lettre de Jean-Jacques Rousseau
sur la musique française, furent publiées à cette
occasion; cependant, malgré le crédit littéraire
de ses adversaires, le vieux Lully sortit encore
vainqueur de cette lutte. N'oublions pas enfin
que le génie de Rameau même fut impuissant à
bannir de la scène les œuvres de son prédéces-
seur, et qu'après un .siècle il ne fallut pas moins
que les sublimes inspirations de Gluck pour en
linir avec cette longue existence. La dernière
représentation d'un opéra de Lully (Thésée) fut
donnée en 1778; il y avait cent trois ans que le
même ouvrage avait paru pour la première fois.
On joua dans la même année Armide, Iphigé-
nie, Orphée, de GInck, Roland, de Piccinni, et
les meilleurs opéras italiens de ce dernier,
d'Anfossi et de Paisiello. Tel fut le cortège im-
posant dont on environna les obsèques musi-
cales du surintendant de la musique de Louis XIV.
Que les musiciens de nos jours , dont le dédain
accueille d'un sourire de pitié le nom de ce
vieux maître, n'oublient pas qu'il y a des
beautés réelles dans des œuvres qui jouissent
d'une si longue vie, et qui font palpiter les
cœurs de plusieurs générations chez une na-
tion sensible et polie. Sans doute il y a trop d'u-
niformité dans le style de Lully; trop souvent
il a fait usage des mêmes rhythmes ; les mêmes
finales s'y reproduisent trop fréquemment dans
les phrases mélodiques, et son instrumentation
manque d'effet; mais puisque ces défauts mêmes
n'ont |)u nuire à ses succès, il faut bien avouer
que chez lui les qualités de l'expression ont dû
être puissantes, pour en tiiomplier. D'ailleurs,
on ne peut apprécier avec justesse le mérite d'un
artiste qu'en se plaçant au point de vue de
circonstances où il s'est trouvé et en examinant
linlluence qu'il a exercée sur ce qui l'entourait;
or c'est dans un pareil examen que la valeur de
Lully se manifeste tout entière. Tout était nul en
France autour de lui, car le récitatif y était in-
connu, et l'on n'y avait d'autre genre de mélodie
que celui des chansons. Le chant dramatique et
les chœurs d'action y étaient des nouveautés
inouïes. Ce fut Lully qui créa tout, qui anima
tout, qui devint le modèle sur lequel on se for-
mula, et qui donna à l'art une existence qu'il
n'avait pas. ,
LULLY
373
Les opéras de Lully , en partitions d'orclies-
tre, ont été imprimées en caractère-; mobiles ; lis
mêmes partitions réduites pour le client avec une
partie de violon et l'indication des rentrées
d'instruments, plus la basse, ont été gravées.
Voici l'indication de celles que je connais :
1" Les Fêtes de V Amour et de Baccims, pas-
torale, 1" édition imprimée, Paris, 1C79;
2' idem, ibid., 1717. — 2° Cadmvs, tra-
gédie lyrique, 1" édition imprimée, Paris,
1C79;2^ idem, ibid., 1719. — rAlccsie, T'^édi-
lion imprimée, Paris, tG78 ; 2* idem , parti-
lion gravée, Paris, 1708. —4" Thésée, 1" édi-
tion imprimée, Paris, 1678; 2° idem, gravée,
Paris 1711. — 5° Le Carnaval, mascarade,
partition imprimée, Paris, 1720. — G" Atys,
r* édition imprimée, Paris, 1679; 2^ idem, par-
tition gravée, Paris, 1709. — 7° lus, 1" édition
imprimée, Paris, 1677; 2° idem; ibid., 1719. —
8'^ Psijclié, partition imprimée, Paris, 1720. —
!)" Bcllcrophon, V édition imprimée, Paris,
1079; autre gravée, Paris, 1712. — 10° Pro-
serpine , partition imprimé*, Paris, 1680;
V idem, ibid., 1707. — M" Le Triomphe de
l'Amour, ballet, partition imprimée, Paris,
1681. — 12° Pcrsée, T* édition imprimée, Pa- j
ris, 1682; 2e idem, gravée, Paris, 1710. J'en ai \
le manuscrit de la main de Colasse et signé par
lui. — 13° Phaéton, f^ édition imprimée, Pa-
ris, 1083; 2e idem, gravée, ibid., 1718. —
ii" Aniadis, V édition imprimée, Paris, 1684;
2e idem, gravée, ibid., 1711. — 15° Roland,
ire édition imprimée, Paris, 1685; 2^ idem, gra-
vée, ibid., 1709. — 16° Le Temple de la Paix,
ballet ; Paris, 1685, imprimé. — 17° L'Idylle de la
Paix et L'Égloguede Versailles, partition impri-
mée,Paris, 1085. — lS°Armide, première édition
imprimée, Paris, 1686; 2e idem, gravée, ibid.,
1710. — 19° Acis etGalatée, partition im-
primée, sans date, mais vraisemblablement pu-
bliée en 1687. On y trouve le portrait de Lully,
gravé par Bonnard.
On a plusieurs biograpliies de Lully : la pre-
mière en date a été donnée par Le Cerf de la
Vieville de Fresnense, dans la deuxième partie
(le la Cojnparaison de la musique italienne
et de la musique françoise (p. 182-239), Titon
(lu Tillet en a inséré une autre dans le Par-
nasse français. Il en existe une mieux faite,
sous le titre de Lulll musicien, brocbure in-8°
sans date (1779) et sans nom de lieu (Paris).
Cette biographie est l'ouvrage de François Le
Prévost d'Exmcs (I). Sénecé a donné aussJ,
11) Ainsi nommé p.nrce qu'il était de la petite ville
(i'Kxmcs (Orne). I.ittcratcur de mérite, ra.iispeu fortuné,
Ue Prévost écrivit cette notice iioiir un recueil de Biogra-
sous le voile de l'anonyme, une sorte de biogra-
phie satirique de Lully dans le pamphlet intitulé :
Lettre de Clément Marot à Monsieur de ***,
touchant ce qui s'est passé à l'arrivée de
Jean-Baptiste de Lully aux Champs-Elysées.
A Cologne, chez Pierre Marteau, 1688, petit
in-12.
LULLY (Louis DE), fils aîné du précédent,
né à Paris, le 4 aoilt 1604, eut, après la mort de
son frère Jean-Louis, la charge de surintendant
et de compositeur de la chambre du roi. Par un
acte de cession du privilège de l'Opéra en 1713,
on voit qu'il vivait encore; l'époque préci.se de
sa mort est ignorée. Il écrivit avec son frère
Jean-Louis la musique de l'opéra Zéphire et
Flore (en trois actes), qui fut représenté le 22 mars
1088. En 1090 il donna, avec son frère Jean-
Baptiste, Orphée, tn trois actes, qui eut peu de
succès. Trois ans après, il fit représenter Alcide,
ou le Triomphe d'Hercule, dont il avait com-
posé la musique en collaboration avec Marais.
Enfin il donna au mois d'octobre 1695, avec
Colasse, le Ballet des Saisons, on quatre en-
trées. Dans le voyage de la cour à Fontainebleau
en 1703, il fit exécuter devant le roi une can-
tate intitulée : Le Triomphe de la Raison.
LULLY (Jean-Baptiste DE), deuxième fils
du célèbre compositeur, naquit à Paris, au mois
d'août 1665. Élève de son père pour la musique,
il fit des éludes littéraires et théologiques au
séminaire de Saint-Sulpice. Louis XIV lui donna
l'abbaye de Saint-Hilaire, près de Narbonne, ce
qui n'empôcha pas qu'il eût une pension sur l'O-
péra, après la mort de son père. Il mourut à
Saiut-Cloud, le 9 juin 1701. Avant d'entrer au sé-
minaire, il avait composé avec son frère Louis
ia musique d'Orphée, opéra en trois actes, qui fut
repré.seiité en 1690. On cite aussi de sa com-
position quelques cantates et des symphonies.
LULLY ( Jean-Louis DE ), troisième fils de
Jean-Baptiste, fut baptisé à l'église de Saint-
Roch, le 24 septembre 1667. Désigné pour la
survivance des places que son père occupait à
la cour, il n'en jouit pas longtemps après le dé-
cès de celui-ci, car il mourut à l'âge de vingt et
un ans, le 28 décembre 1688, et fut inhumé le
lendemain aux Petits-Pères. On ne connaît de
sa composition que l'opéra- ballet de Zéphire
et Flore, qu'il fit avec son frère Louis, et qui
fut représenté 'e 22 mars 1680.
ptiies d'hommes rélébrcs, que voulait publier une sor;tté
d hommes de lettres ; mais cette entreprise ne réussit
pas et ne fut pas continuée, les exemplaires de la Notice
I sur Lully, tirés à part, sont très-rares. Le Prévost d'Ex-
mes mourut de misère, à l'hôpital de la CUiarltc, en 1793. .
11 était né le 29 septembre 1729.
1
374
LUMBIE — LUNEAU DE BOISTERMAIN
LUMBYE (H. C), compositeur de danses
et clief d'orchestre danois, surnommé le Sti'auss
du Nord, est né à Copenliague, vers 1816. Il
commença à se faire connaître dans sa patrie
vers 1839 , et obtint tout d'abord de brillants suc-
cès par l'originalité de ses mélodies dansantes,
la variété des rliythmes et le brillant de l'ins-
trumentation. En 1841, il établit des concerts de
danse à l'hippodrome de Copenhagne, avec un
orchestre qu'il avait formé et qu'il dirigeait avec
talent, à l'imitation de Strauss et de Lanner. Ses
compositions, bientôt répandues dans le Nord ,
en Allemagne, en France, en Angleterre, furent
arrangées pour le piano , à deux et à quatre
mains, et publiées à Leipsick, chez Breitkopf et
Hœrtel. En 1845 il se rendit à Paris avec son or-
chestre, et s'établit dans la salle qui existait alors
rue Vivienne : il y fit une vive impression sur
l'auditoire des premières soirées ; mais à cette
époque il n'y avait d'enthousiasme oossible dans
celle grande ville que pour les concerts de Mo-
sard, quoique sa musique de danse fût bien
moins originale et moins piquante que celle du
compositeur danois. Lumbye, qui ne pouvait
prolonger la lutte, à cause des frais énormes oc-
casionnés par le personnel de son orchestre,
prit le parti de retonrner en Danemark, où bien-
tôt ses succès eurent réparé ses pertes. En 1846
il visita Berlin, et deux après il se rendit à Ham-
bourg et à Leipsick. Les quadrilles, valses, galops
et polkas de cet artiste s'élèvent au nombre de
plus de trois cents.
LUMPP (Léopold), organiste et maître de
chapelle à la cathédrale de Fribonrg-en-Brisgau,
est né le 4 janvier 1801 , à Baden-Bade, où son
père était organiste et directeur de musique.
Lumpp père ayant été appelé plus tard à Ras-
tadt, en qualité de professeur de l'école des
instituteurs primaires, Léopold lit ses études
littéraires au lycée de cette ville, puis à l'uni-
versité de Friboiirg. Pendant qu'il y suivait
les cours de théologie, il continua de s'instruire
dans la musique, qu'il cultivait depuis son en-
fance. Après qu'il eut été ordonné prêtre, le 24
mai 1823, à Rothenbourg sur le Necker, il fut en-
voyé comme vicaire à l'église paroissiale deRas-
tadt. En 1825, il y fut nommé professeur et se-
cond maître de musique de l'école normale.
Lors de l'érection de l'archevêclié de Fribourg,
en 1827, Lumpp y fut appelé comme bénéficier
de la cathédrale, et chargé d'enseigner le plain-
cliant au séminaire; en même temps il remplis-
sait les fonctions d'organiste. Eu 183Silreçutsa
nomination de maître de chapelle de la cathé-
drale. Ses ouvrages sont ceux-ci : 1" Sammlung
der bci Kirchlichen Feierlichketten ublichen
Choralgessenge fur KatoUsche Geistliche etc.
( Collection de plain-chants à l'usage des solen-
nités de l'église pour le clergé catholique, etc. ) ;
Fribourg, Herder, 1830. Une deuxième édition a
paru sous ce titre : Der Choralgesangen nach
der Cultus der KatholLschen Kirche fur Geist-
liche, Cantoren und Organisten (Manuel du
chant de l'église catholique à l'usage des ecclé-
siastiques, des chantres et des organistes ); ibid.,
1837. — 2" Messes allemandes, à quatre voix,
6 suites ; ibid., 1833. — 3" Huit chants à voix
seule, avec accompagnement de piano, deux ca-
hiers ; tbid. 1837. — 4° Edouard et Julie , chant
alternatif pour ténor et soprano, avec ace. de piano;
ibid., 1838. — 5° Livre de cantiques pour le dio-
cèse de Fribourg, en collaboration avec Gassner
(voij. ce nom) ; ibid., 1839. — 6° Préludes pour
l'orgue, première et deuxième partie; ibid. —
7" Recueil de préludes et de finales pour l'orgue,
suivi de pièces faciles, ibid.
HJ1\D ( Jean ) , pasteur luthérien à Ton-
dern, dans le duché de Schleswig, naquit à Flens-
bourg, en 1638, et mourut en 1686. On a de lui
un livre intitulé : Alte judische Heiligihumer,
Goltesdienste und Gewohnheiten des ganzen
levitischen Priesterlhums ( Antique sanc-
tuaire judaïque, cérémonies et coutumes reli-
gieuses de tout le ministère des lévites), dont la
deuxième édition, publiée par Mtihlius, a paru à
Hambourg, en 1738, in-fol. Lund y traite, dans
les chapitres 4^ et âe du 4e livre, des instru-
ments et du chant des lévites.
L(JI\D (Daniel), savant suédois, né à
Fogdœ, dans la Sudermanie, le 1^"^ août 1666,
fut professeur de langues orientales à Abo et à
Upsal, puis évoque de Strengnaës. H mourut
le 25 décembre 1747, à l'âge de quatre-vingt-
nn ans. Parmi les nombreuses dissertations aca-
démiques qu'il a publiées, on en trouve une in-
titulée : De musica Hebrœorum antiqua, Up-
sal, 1707, in-8°.
LUND ( CHiiÉTiEN-ER>EST ) , né dans un vil-
lage près de Gliickstsedt, en Danemark, le 11
mars 1683, étudia la théologie à Wittenberg;i|
fut ensuite professeur au collège de Flensbourg,
puis, en 1712, diacre dans la même ville, où il
mourut, le 21 janvier 1767. On a de lui une dis-
sertation intitulée : Oratio de reqaisitis bonis
caniom; Flensbourg, 1739.
LUJ\EAU DE BOISJERMAIIV (Pierre-
Joseph-François ) , littérateur médiocre, connu
par un commentaire sur Racine, est né à Issou-
dun, en 1732. Après avoir achevé ses études au
collège de Bourges, dirigé par les jésuites, il
entra dans leur société; mais bientôt, dégoûté
de l'état qu'il avait embrassé, il le quitta, el alli
LUNEAU DE ROISJERMAIN — LUPI
375
s'établir à Paris, oii il se livra d'abord à des spé- ^
dilations de librairie, qui ne (ureiit point beu-
reuses. Il passa le reste de sa vie dans l'obscurité,
..et mourut le 25 décembre 1801. Parmi ses écrits,
on remarque un Almanach muskal dont il a
paru trois années, en quatre parties, 1781-83,
4 vol. in-12 : c'est un recueil (ait sans discerne-
ment et sans connaissance de l'art.
LUPACCIIIXO(BEKNARmNO) DELVASTO,
compositeur de l'école romaine, dans le seizième
.siècle, succéda à Paul Animuceia comme uiaître
de cbapelle de Saint- Jean-de-Latrau. L'abbé
Buini nous apprend, d'après les registres de
cette église, que le cbapitre lui accorda six
écus pour le délivrer de la poursuite de ses
créanciers ; mais que son congé lui fut donné en
1555, parce qu'il faisait souvent des excès d'in-
tempérance, après avoir teruuné son service à
l'église. Ce fut Palestrina qui lui succéda dans
son emploi. Lupaccbino lut un musicien de beau-
coup démérite. Pitoni dit de lui, dans ses notices
manuscrites sur les compositeurs, qu'il était ex-
cellent maître de cJiant, et qu'il avait écrit de
bons solfèges et des ricercari k deux voix. On
connaît sous son nom : 1° Madrigali à quattro
voci, lib. I; Venise, Ant. Gardane, 1546. —
2" idem, lib. II ; ibid., 1546. — 3" Madrigali
a h voci, lib. I; Venise, 1547, in-4''. Dans une
collection publiée à Venise, par Gardane, en
1559, on trouve aussi des madrigaux de cq
musicien.
LUPI j LUPUS. Beaucoup de recueils de
compositions du seizième siècle renferment des
morceaux sous ces noms. On a souvent confondu
Jes artistes qui les ont portés. De nouvelles re-
cbercbes m'ont permis de débrouiller ce cahos.
Ainsi que je l'ai dit dans la première édition de
cette Biograpliie, les désignations sont quelque-
fois assez claires pour distinguer avec certitude les
artistes qui ont porté le nom de Lnpi; ainsi
l'un est appelé Jean Lnpi; un autre, Lnpus
XUJ3Ï,- un troisième, Didier Lupi,am^e\é souvent
Didier Lupi second; enfin, il y a aussi Ma7i-
fred Lvpi, compositeur né au commencement
du seizième siècle, à Correggio, dans le ducbé
de lModène,et dont lé nom de famille était Lupi
Barharini. Pour tous, Lxipi est le nom de ïà-
m\\\&; J ohannes ou Jean, Lupus, Didier, Man-
fred, les prénoms. Jean Lupi et Lupus Lupi
étaient Flamands, et lournom de famille était, sans
aucun doute, Wolf i Loup), dont la traduction
latine est Lupus; mais d'après l'usage général
des Pays-Bas, les noms de famille flamands ou
latins se mettaient au génitif, tandis que les
prénoms étaient toujours au nominatif. Il
buit de là que Lupus est le nom patrony-
mique, car il y a dans le calendrier trois saints
du nom de Zowju (enlalin iifpiis), tous trois
évoques. Ainsi Johannes Lupi signifie Jean
Wolf; Lupus Lupi, Loup Wolf. A l'égard de
Didier Lupi, il était Français, et son nom de fa-
mille était Lupi; il vécut plus tard que les au-
tres, et ne peut être confondu avec eux. HJan-
fredi Lupi était Italien ; son nom de famille
était Lupi Barharini. La difficulté consiste en
ce que, dans les recueils de composition du
seizième siècle, on trouve quelquefois £i(/»i ,
seul, et quelquefois Lupm, également seul.
Si c'est Lupi, il est incertain si le morceau
appartient à Jean Lupi ou à Lupus Lupi
si c'est Lupus, il est douteux si l'ouviage
est de Lupus Lupi ou de Lupus HelLinc
( voyez Hëllinc ) , qui vécut dans le même temps.
Toutefois il est à remarquer que les éditeurs ont
pris le soin, en général, de nommer ce dernier
par son nom de famille. J'ai distingué , autant
qu'il m'a été possible, dans les articles suivants,
ce qui appartient à cbacun de ces artistes.
LUPI (Jean), musicien flamand, dont le
nom était Wolf, fut un des artistes distingués
de la première moitié du seizième siècle. On
ignore quel fut le lieu de sa naissance et dans
quelle école il fit *es études. M. de Coussemaker
pense qu'il fut enfant de cbœur de la catbé-
drale de Cambrai, parce qu'il a trouvé le nom
Johannes Lupus écrit sur la garde d'un manus-
crit de la bibliothèque de cette ville, lequel pro-
vient du cbœur de la cathédrale (1). Bien que la
conclusion de ce fait soit un peu forcée, la chose
n'est pas impossible. Quoi qu'il en soit, la plus
ancienne mention authentique de la position de
Jean Lupi est celle qui a été découverte par
M. Pincbart, chef de section aux archives du
royaume de Belgique, dans les comptes de la
collégiale de Nivelles. Sa note est conçue en ces
termes : « En 1502, Johannes Lupi est rem-
« placé en qualité d?organiste du chapitre de Ni-
« velles, ou plutôt de l'église collégiale deSainte-
« Gerlrude, par Othon de Pont. Le motif de son
« remiilacement n'est pas indiqué. » M. Pin-
cbart conjecture que Jean Lupi a été élève de
Jean Tinctoris, qui , dans les dernières années
du quinzième siècle, était chanoine de la même
collégiale, et peut-être aussi maître des en-
fants de chœur. A l'égard du motif qui fit
abandonner par Jean Lupi sa position d'orga-
niste de l'église de Nivelles, on en trouve l'ex-
plication dans les registres de l'éghse Sainte-
Marie d'Anvers, où l'on voit qu'il fut chapelain'
(1) A'otiee sur les collections muslcalet de la biOiio-
ihéque de Cambrai, p. 25 et 40.
376
LUPI
cliantre de cette collégiale dans la première moitié
du seizième siècle, et qu'il mourut en 1547. Les
ouvrages de sa composition portant les noms de
Joh., ou Jo.,ou J. Lupi, sont ceux-ci : 1° Jo.
Lupi Mvsicx cantioncs qux vulgo Moleiti
nnncupaniui- 8,C), 5 et ivocuin; Parisiis, ex
ofjicina Pelri Atiaingnant et Huberti Jallet,
1542, in-4'' obi. — 2" Joh. Lupi Mutetx qua-
tuor et qulnque vocibus concinendœ ; Venetiis,
apud Anionium Gardanum,Wtb. Les recueils
où l'on trouve des morceaux sous les mêmes
noms sont : 1° Mofetti de la Corona, Libro
secundo; impressum Forosempronli, per Oc-
tavlanwn Peirutium, etc., 1519, petit in-4°. Le
molet Postquam consummaii sunt, qui est le
finquième de ce livre, est de Jean Lupi. — 2° 31o-
tetti del Fruito. Liber pi'imus (sic). In Vene-
tia, Antonio Gardane , 1538, petit iM-4° obi.
On y trouve deux motels de Jean Lupi. — S'" Fior
di Mottetti tratli dalli Mottetii del Fiore. In
Venetia, per Antonio Gardane, 1539, petit 111-4°
obi. — 4o Missarumquinque liber primus, cum
quatuor vocibus ex diversis aathoribus excel-
lent issimisnoviter inunum congestus. Venetiis,
apud Hieronymum Scolum, 1544, petit in-4"
obi. On y trouve la messe Peccata inea de Jean
Lupi. — 50 Selectissimx nccnun familiaris-
simx cantiones ultra centum, publié pars. Sal-
blinger {voy. ce nom ). Auguslx Vindelicoj-um,
Melchior Kriesstein, 15G0, petit in-4'' obi. —
60 Cantiones septem, sex, et quinque vocum,
publié par le même éditeur; ibid., 1645, petit
in-4o obi — ',0 Concentus octo , sex, quinque
et quatuor vocum; Augustx Vindelicorum ,
Philippus Vhlardus, 1545. — 8" Novum et
insigne opus musicum, sex, quinque , et qua-
tuor vocum; Koribergee ,arte Mxetonynn Gra-
pliœi, 1539, in-40 obi. — 9» Liber quindecim
missarum a prœstantissimis musicis compo-
sifarum ; ISoribergx, apud Jo. Petreium, 1538,
petit in-40 obi. On y trouve, sous-le n" VIII, la
messe Hercules dux Ferrarix, de Lupi, sur
le même chant que celui delà messe de Josquin :
cette messe est aussi dans le Liber decem mis-
sarum a prxclaris maximi nominis musicis
contextus; publié par Jacques Moderne de Pin-
guento, à Lyon, 1540, petit in-fol. — 10° Tomus
secundus et tomus teriius psalmorum selec-
torum quatuor et quinque vocum; ISoribergx,
apud Jo. Petreium, 1539 et 1542, in-40.—
1 1"* Selectissimarum Moteiaruni pariim quin-
que et partim qualuorvocum. Tomus primus ;
ibid., 1540. — 12° Liber primus quinque et
viginli musicales quatuor vocum motetos
complectitur ; Parisiis, apud Pet rum Atiain-
gnant, 1534, petit in-4" obi. — 13" Liber ocia-
vus, XX musicales motetos quatuor, quinque
et sex vocum modulos habet, etc. ; ibid., 1534.
— ik° Liber nonus , XXIIt Davilicos (sic) mu-
sicales psalmos habet;'\h\i., 1534. — 15" Liber
tertius, et liber quartus cum quatuor vocibus ,
impressum Lugduni , per Jacobum Moder-
num de Pinguento. Anno Domini 1539, in-4°
obi. Ces deux recueils sont des collections de
motets. — 16° Quartus liber Moitetlorum ad
quinque et sex voces ; ïb\d. , 1539. — il'' Chan-
sons à 4 parties , auxquelles sont contenues
XXXI nouvelles chansons, convenables tant
à la voix qu'aux instruments, livre I ; impri-
mées à Anvers, par Tylman Susato, 154.3. —
18° Le deuxième livre des chansons à quatre
parties; ibid., 1544. — 19° Ze cinquième livre ,
contenant XXXII chansons à 5 et 6 parties ;
ibid., 1544. — 20° Le treizième livre, con-
tenant XXVI chansons musicales et nouvelles
à 5 parties; ibid., (sans date). — 21° Cantiones
sacrx, quas vulgo âlotetta vacant, ex opti-
mis qaibusquehujus xtatis musicis selectx. Li-
bri quatuor. Ed. Tilemannus Susato. Antwer-
pix, apudTillemannujn {sic} Susato, iM6-iài7,
gr. in-40. — 22° Libro llamado Silva de Sire-
nas, compuesto por el excelente mvslco Anri-
quez de Valderavano, etc. En Valladolid, per
Francisco Fernande': de Cordova, impt essor,
gr. iu-4°. — Plusieurs messes de Jean Lupi
sont contenues dans les anciens volumes manus-
crits de la chapelle pontificale, à Rome.
LUP3 (Lupus), musicien belge, dont le nom
de famille fut Wolfel le prénom Lupus (Loup),
vécut dans la première partie du seizième siè-
cle. La position qu'il occupa n'est pas connue ■
les recberclies patientes de MM. de Burbure et
Pinchart, ainsi que les miennes, ne nous ont rien
fait découvrir à ce sujet. Hermann Finck en
parie avec éloge dans sa Practica musica ,
c^mme s'il l'avait connu; d'autre part on peut croire
qu'il a vécu en Italie, comme beaucojip d'artistes
de sa nation à cette époque, car l'abbé Baini,
maître de la chapelle pontificale, dit dans une
note de son livre sur Palestrina (\) : Le opère di
Lupo Lupi si trovano nella raccoUa indicato
del Fiore, nella raccolta del Fruito, et varie se
ne conservano inédite nel nostro archivio. Plu-
sieurs messes à quatre et cinq voix de Lupus Lupi
se trouvent dans les volumes des archives de la
chapelle pontificale à Rome. Le volume XVI des
manuscrits de la bibliothèque royale de Munich,
provenant de l'ancienne chapelle ducale, contient
un motetà 4voixdeLupusLupi, et le volume XLI
de la même bibliothèque renferme une messe à
()) T. Il, pag. 359, note 646.
UlPl — IXTUS
377
cinq voix de cel artiste. Les autres recueils qui
conliennentde ses compositions sont : 1° Moltctii
del Flore; Venise, AnI. Gardane, 1552. On y
trouve : 1° le motet de ce maître Panis quem
ego dabo. — 2" Mottetti del Frulto, Itbro se-
conda ; Venise, Ant. Gardano, 1544. Le motet
Hierusalem luge , qui se trouve dans le hui-
tième livre des Musicales motelos quatuor,
quinque , vel sex vocum (Parisiis, P. Attain-
gnant, 1543, in-i" obi.) est aussi de lui.
LUPI (DiDiEii), musicien français, vécut dans
la seconde moitié du seizième siècle, et paraît
avoir été employé dans quelque éj^lise de Lyon,
ou du moins avoir vécu dans cette ville ; car ses
ouvrages y ont été imprimés. Didier Lupi est
nommé dans le prologue du quatrième livre de
Rabelais, parmi les musiciens fiançais qui eurent
de la célébrité vers le milieu du seizième siècle.
Les notes de Le Ducliat et des autres commenta-
teurs de ce passage ne nous apprennent rien
de plus, et les renseignements fournis sur cet
artiste par son contemporain Duvcrdier, dans sa
Bibliothèqxie, sont dénués d'intérêt. Il était sou-
vent désigné sous le nom de Lupi second, pour
le distinguer de Jean Wolf , ou Lupi d'Anvers,
son prédécesseur immédiat { V. Llm [Jean). Les
ouvrages connus deDidier Lupi sont les suivants :
lt> Chansons spirituelles de Guillaume Guer-
ret mises eii musique à quatre parties; Lyon,
cliezGodefroid et MarcellinBeringer frères, 1548,
in-4". Une deuxième édition de cet œuvre a été
imprimée à Paris, par Nicolas Dncliemin ,
en 1571, in-40 obi. — 2" Tiers livre, contenant
trente-cinq chansons à 4 parties^; ibid., 1548,
in-4o obi. — 3° PsaUne trente du royal Pro-
phète David, traduits en français par Gilcs
Davrigny, dit le Pampliile, et mis en musique
par D. Lupi second; Lyon, par Godefroid et
Marceilin Beringer frères, 1549, in-4o obi. Dans
le deuxième livre du Eecueil des recueils de
chansons coiiiposces à quatre parties par
plusieurs auteurs (Paris, Adrien Le Roy et Ro-
bert Ballard, 1564, in-4o) , on trouve deux chan-
sons à 4 voix sous le nom de Luppi. Un pré-
cieux manuscrit qui a appartenu à la duchesse
d'Orléans, mère du roi Louis-Philippe, lequel
contenait une nombreuse collection de motets et
(le chansons à 4 voix, renfermait une très-jolie
chanson de Didier Lupi, sur ces paroles ; Re-
viens vers moi, qui suis tant désolé '
LUPI (Mario) , chanoine et primicerio de
l'église cathédrale de Bergame,camérierd'honneur
du pape Pie VI, naquit à Bergame , d'une famille
noble, en 1710. Il fit ses études dans sa ville natale
et au collège Cerasoli à Rome. Par ses travaux
littéraires il acquit la réputation d'un homme
savant. Il mourut dans sa patiie, le" novembre
1789. On connaît de lui, en manuscrit, une
Dissert azione intorno al suono.
LUPI BARBARIIM (Manfred); Yoy.
BARBARINI ( Manfred-Lupi).
LUPOT (Nicolas), luthier distingué, naquit
en 1758, à Slutlgard, où son père, Français de
naissance, exerçait la même profes.'Jon. Gelui-ci
quitta la capitale du Wurtemberg lorsque son
fils eut atteint l'âge de neuf ans, et alla se fixer
à Orléans. C'est dans l'atelier qu'il y établit que
le jeune Lupot étudia les principes de la facture
des instruments à archet, et qu'il y acquit des
connaissances étendues. En 1794, il s'éloigna
d'Orléans, pour aller s'établir à Paris. Aucun
luthier de son temps n'avait étudié avec autant
de soin les proportions, les qualités des instru-
ments anciens, et ne les connaissait aussi bien.
Stradivari était devenu particulièrement son mo-
dèle, à cause de la perfection de ses formes :
c'est sur les patrons des beaux instruments de
cet artiste que Lupot fit lui-même de très-bons
violons et des basses estimées. 11 prenait quel-
quefois plaisir à choisir des bois convenables
pour la construction d'un quintette complet ,
composé de deux violons, deux altos et violon-
celle, et à donner à ces instruments une analogie
parfaite pour la qualité des sons. Quelques
amateurs ont eu de ces collections d'instruments ,
devenues rares aujourd'hui. Lupot excellait aussi
dans la restauration des anciens instruments de
prix , se bornant à y faire ce qui était néces-
saire. Il avait recueilli sur la facture des anciens
luthiers et les qualités de leurs instnmients un
certain nombre d'observations qu'il confia à
l'abbé Sibire, et qui servirent de matériaux à
celui-ci pour son livre intitulé : La Chélonomie,
ou le parfait luthier. ( Voy. Sibire.) Lupot est
mort à Paris, le 13 août 1824. Son gendre et
son meilleur élève, M. C.-F. Gand, a conservé
ses principes dans laconstruction desinstruments
à archet.
LUPRANO ou LURAXO (PhilifpeDE).
compositeur de la lin du quinzième siècle, né
vraisemblablement dans les États vénitiens, a été
un des auteurs de frottoles recueillies et im-
primées par Petrucci de Fossombrone en neuf
livres, depuis 1505 jusqu'en 1508. On trouve des
pièces de cet artiste dans les neuf livres.
LUPUS (Edouard), chanoine de la collé-
giale Sainte-Marie , à Anvers , vers la fin du
seizième siècle, a publié dans cette ville un ou-
vrage cité par Paul BMwSim}?, (Biblioth. philos.,
p. 182) , sous ce titre : Opuscula musica; An-
vers, 1602, in-40. Foppens ne parle pas de cet
écrivain dans sa Bibliotheca bclgica.
578
LURIN — LUSIGNANI
LURIIV (J.-M.), avocat à la cour royale
(le Lyon, littérateur et amateur de musique, est
auteur d'un bon livre inlituli? : Éléments du
rhythme dans la versification et la prose
françaises; Lyon, Gaucliu.el Paris, Gaume frè-
res, 1850, 1 vol. in-8°. M. Lurin est, après le
litlérateur français Fr.-B. Hoffmann, et Caslil-
Blaze, le premier qui se soit occupé en France
d'une manière sérieuse du rhyllime de la ver-
sification dans ses rapports avec la musique.
« Après des erreurs nombreuses, dit-il (l^réface,
« p. 5), de longs et pénibles tâtonnements, je par-
« vins, en m'appuyant toujours sur les principes
« de la musique, en feuilletant sans cesse les
« poètes et les musiciens, à construire une tliéo-
« rie complète du rliytbme de la versification et
« de la prose françaises. » On ne peut faire à M. Lu-
rin d'autre reprocbe que celui de s'être trop oc-
cupé de la versification dans l'antiquité, où le
mètre était en continuel conflit avec le rbytbme
musical et souvent l'absorbait; mais dans la
partie qui concerne spécialemeut les formes de
la versification française , quant à la symétrie
rbytlimique, on trouve de très-bonnes observa-
tions. Au reste, le môme sujet a été traité récem-
ment d'une manière bien plus profonde et plus
complète par M. Van Hasseït, inspecteur géné-
ral de l'enseignement en Belgique, dont le travail,
lorsqu'il sera publié, résoudra tous les problèmes
de l'accord de la poésie et de la musique , dans
la versification lyrique.
LUSCIIMUS (Otuvur), dont le nom alle-
mand était NACHTGALL (Rossignol), naquit à
Strasbourg, en 1487. Après avoir fait ses études
dans cette ville, à Paris, à Louvain, à Padoue et
h Vienne, il retourna dans sa patrie en 1514.
Pendant son séjour à Vienne, il avait reçu des
leçons de musique de Hoffliaimer, organiste de
l'empereur, à qui il a accordé de grands éloges
dans un de ses ouvrages. Lui-même y fit des
cours de cette science, et eut un grand nombre
d'élèves. Il remplit ensuite les fonctions de prédi-
cateur à l'église de Saint-Maurice d'Augsbourg, et
de lecteur de littérature grecque chez les Béné-
dictins de Saint-Ulricli et Afra. Le goût de la
littérature et des arts le ramena en Italie en 1517,
et on le retrouve à Rome en 159.0. Il y a ici quel-
que embarras dans les dates; car on voit dans
VEssai sur l'histoire de la musique en Alsace,
et particulièrement à Strasbourg, de M. Lob-
stein (1), que le 8 août 1517 Otbmar Lusci-
nius fut nommé organiste de l'église Saint-Tho-
mas, par le chapitre de cette collégiale. Suivant
M. Lobstein il ne quitta cette position , et ne s'é-
(1) neitrxge zur Ceschichte der Ulusih im Elsass und
bccfijiders in Struibourg, p. 58.
loigna de Strasbourg, pour aller à Augsbourg,
qu'en 1523. Lui-même nous apprend qu'il a fait
de longs voyages ; qu'il a demeuré quelque temps
en Turquie, puis qu'il a parcouru presque toute
rEurojieet une partie de l'Asie; enfin, qu'il a fait
un long séjour en Hongrie et dans la Transyl-
vanie. De retour à Strasbourg, il y fut pourvu
d'un canonicat à l'église deSaint-Étienne, en 1522.
Ami des Fugger, riches banquiers d'Augsbourg ,
il obtint aussi parleur crédit un bénéfice, qu'il
abandonna en 152G pour se retirer à Bâle, oii il
eut l'emploi, de prédicateur; mais les progrès de
la réforme l'obligèrent à s'éloigner de cette ville,
et il se relira à Fribourg en Brisgau, oii il par-
tagea l'appartement d'Érasme. Son caractère
difficile et les sarcasmes qn'il lançait souvent
contre se.s meilleurs amis le brouillèrent bientôt
avec cet homrne illustre. Il retourna à Strasbourg,
oii l'on croit qu'il mourut, en 1535, mais certaine-
ment à tort, car l'épître dédicatoire de sa Mu-
surgia est datée de Strasbourg, 1536. On a de
Luscinius de bonnes éditions grecques et latines
de quelques-uns des auteurs classiques, et deux
livres sur la musique. Le premier de ceux-ci a
pour titre : Institutiones musicse. a nemine vn-
quamprius pari facilitât e tentatœ, Strasbourg,
1515, in-4o. C'est dans la préface de ce petit ou-
vrage que Luscinius nous apprend qu'il a ensei-
gné la musique à Vienne, avec succès. Le second
livre que nous lui devons sur la musique est
intitulé : Musurgia, seu praxis musicas , illius
primo quoc instrumentis agitur cerla ratio, ab
Otlomaro Luscinio, Argentino , duobus abso-
luta. Ejvsdem deconcentu% polyphoni, id est
ex plurifariis vocibus compositi, canonibus ,
libri totidcm; Strasbourg, 1536, in-4o oblong
de 102 pages. Une deuxième édition du même
livre a été publiée également à Strasbourg, en 1542,
in-40 obi. L'une et l'autre sont rares; cependant
elles ne sont pas introuvables , comme l'a cru
Gerber, car j'en connais des exemplaires dan-s
beaucoup de grandes bibliothèques, et moi-même
j'en possède des deux éditions. La Musurgia de
Luscinius offre beaucoup d'intérêt par les figures
et les descriptions de la plupart des instruments
en usage à la fin du quinzième siècle, et au
commencement du seizième. Il a fait beaucoup
d'empriuits pour son livre à l'ouvrage de Sébas-
tien Wirdung (voy. ce nom), et même il l'a
copié quelquefois littéralement.
LUSIGiVAIM (ViNCENzo), fut connu généra-
lement sous le nom de Vincenzo da Modena,
parce qu'il était né à Modène. Il est cité sous son
nom véritable dans le catalogue des artistes il-
lustres de cette ville, lequel est annexé à la Chro-
nique manuscrite de Lancilotlo. On y voit que
LUSIGNANI — LUSTIG
379
Vincent Lusignani ou Lusignano était nn organiste
excellent, au service du pape Léon X, et qu'il
jouissait d'un traitement considérable (1). Lucas
Gaurico fournit des renseignements précis sur
cet artiste, dans son traité d'astrologie. 11 nous
apprend qu'il était né le 23 février 1469; qu'il
surpassait tous ses contemporains dans le jeu de
l'orgue et du clavecin, et qu'avec ses longs doigts
il touchait ces instruments avec autant de vélo-
cité que de douceur. Le traitement que lui ac-
cordait le pape Léon X était, dit-il, de sept cents
écus d'or, somme énorme pour ce temps et qui
paraît exagérée. Déplus, il recevaitdes aliments
pour lui et son serviteur. Enfin, on voit dans le
même passage que Vincent enseigna à son neveu
Jules (voy. Segni) l'art de jouer de l'orgue et
des autres instruments à clavier (2).
Jérôme Pasio ajoute à ces renseignements,dans
sa clironique, imprimée en 1525, que Vincent de
Modène avait été d'abord au service d'un royal
patron, qu'il nomn;e Frédéric (3) ; puis, qu'il passa
à celui de Léon X, devenu pape en 1513, et
qu'enfin il était mort au moment où écrivait
le chroniqueur (4). Aucune composition de Lu-
signani n'est parvenue jusqu'à nous, ou du
moins n'est connue jusqu'à ce jour.
LUSITAIXO (Vincent) , musicien du sei-
zième siècle, né àOlivença, en Portugal, vivait
à Rome en 1551. Il y a lieu de croire que
le nom sous lequel il est connu n'était pas ce-
lui desa famille, mais plutôt une désignation de sa
nation, parce qu'il était Portugais (Lusltano) de
naissance ; au surplus, je n'ai aucun renseignement
à cet égard, et mon opinion n'a. que la valeur
d'une simple conjecture. Forkel l'appelle Vi-
cente, d'après Macliado ; mais Vlcente ou Vin-
cenzo ne sont évidemment que le prénom. Une
discussion s'était élevée entre ce musicien et D.
(1) M. Vlcenzo Lusignano, crganista dignissimo, che già
ste con la Santita di Papa Léon X, con buonissima pro-
vigione per suonare.
(21 Vincentius Mutincnsis organista clarissimus : In pul-
sandis Organicis inRlriimentiset cymballs erat pro catrrls
cmincntiisimus, cum digitis longls et macilentis velocissi-
iiius atquc dulclsslmus. Ilabebat pro salario quotannis a
Leone X aurcos "700, et sportiilum pro ipso et famnlo :
edocuit Julium, ejus uepotem, inpulsandis ctlara organis
orpliicum. Anno U69. Mense Februario, die 23, h. 5. m. 50.
( Tract, astrotof;. nativ. p. 85. )
(3) Peut-être Frédéric III, dit le Sage, duc de Saxe, qui
commença à régner en 1486. Ce prince aima beaucoup les
sciences et les arts.fonda l'université de Wittenberg, en 1502,
mais se sépara plus tard de l'Eglise catholique en deve-
nant le protecteur de Luther.
(4) lia Modena Vincenzo almo organista,
Morto Federico suo real Padrone,
Sonù poi in Roma al decimo Leone :
Hursona col prophela Citharlsta.
{Cron., p. 48.)
Nicolas Vicenlino (voy. ce nom) sur ce que celui-
ci prétendait qu'aucun musicien compositeur ne
savait en quel genre était la musique q-.i'il écri-
vait; ce qu'il offrait de prouver. V. Lusitano
soutenait, au contraire, que tout bon musicien
connaissait le genre de la musique qu'il écrivait
ou qu'il chantait. Le pari fut de deux écus d'or,
et les adversaires choisirent Bartholomé Esco-
hedo et Ghiselin Dankerts, chantres pontificaux,
pour juges de leur difiérend. Après avoir remis
par écrit leurs propositions aux arbitres, ils plai-
dèrent tous deux en faveur de leur opinion, le 7
juin 1551, dans la cliapelle du Vatican, en pté-
sence de tous les chantres de la cliapelle ponti-
ficale, et de plusieurs personnages éminents.
Vincentino fut condamné à payer les deux écus,
et les juges déclarèrent que Vincent Lusitano
avait prouvé qu'il entendait bien en quel
genre était la musique qu'on exécutait commu-
nément. Arteaga, qui a parlé de cette discussion
dans ses liivoluùoni del teatro musicale Ua-
liano (t. 1, pag. 222), n'a pas compris l'état
de la question. M. l'abbé Baini rapporte en dé-
tail toute cette affaire (Memor. istor.-crit,
délia vita e délie opère de Giov. Pierl. da
Palestrina, I. 1, n°424 ), d'après des pièces au-
thentiques et originales qui existent dans la cha-
pelle pontificale. On a de V. Lusitano un petit
traité de musique intitulé : Introduttione, faci-
lissima e novisslma, di canto fermo., figu-
raio, contraponto semplice, et inconcerio, con
regole generali per far fughe differenti so-
pra il canto fermo a 2,3e i voci, e composi-
tioni,proportioni, generi diatonico,cromatico,
enc?'mo?iico ; Rome, Antoine Blado, 1553, in-4''
de86 pages, avec le portrait de l'auteur. Il y a une
deuxième édition : In Venetia, appresso Fran-
cesco MarcoUni, 1558, in-4'' de 23 feuillets dou-
bleset une troisième imprimée à Venise, en 1561,
chez Fr. Rampazetto. Tout ce qui concerne les
fugues, ou plutôt les imitations et les genres,
dans ce petit écrit, depuis la page 17 jusqu'à la
page 23, de la deuxième édition, est digne d'in-
térêt et contient de fort bonnes ob.Ncrvations
qu'on chercherait vainement dans d'autres ou-
vrages. Une traduction portugaise du livre de Lu-
sitano, par Bernard de Fonsecâ, a été publiée à
Lisbonne, en 1603.
LUSTIG ( Jacques-Guillaume ), organiste à
l'église Saint-Martin de Groningue, naquit à
Hambourg, le 20 septembre 1706. Élève de son
père, organiste de l'église Saint-Michel dans
cette ville, il fit de si rapides progiès, qu'à l'âge
de dix ans il pouvait déjà remplacer son maître
dans ses fonctions, et lorsque celui-ci mourut
il obtint sa place, quoiqu'il ne fût cigé que de
380
LUSTIG — LUTGERT
seize ans. Il étudia alors la tliéoiie de la musique
et la composilion, sous la direction de Matth -
son, et apprit de Telemann tout ce qui concer-
nait la pratique de l'arî. La fréquentation des
théâtres et des concerts forma son goilt. L'illus-
tre J. -S. Bach, qu'il eut occasion d'entendre,
devint son modèle pour l'orgue. En 1728, il con-
courut à Groningue pour la place d'organiste de
Saint-Martin, et l'obtint. Six ans après, il fit un
voyage à Londres, pour entendre les opéras de
IJaeniiel et les célèbres chanteurs italiens de cette
époque. De retour à Groningue, quelques mois
après, il ne s'en est plus éloigné. Lorsque
IJurney visita cette ville en 1772, Lustig y rem-
plissait encore ses fonctions d'organiste avec
talent, quoiqu'il fût âgé de soixante-six ans. Il y
avait alors quarante-quatre années qu'il occupait
sa place d'organiste. On n'a plus eu de rensei-
gnements sur cet artiste après la publication du
voyage musical de Burney ; on sait seulement
qu'il vivait encore en 1776, car il donna dans cette
année une traduction des voyages musicaux de
Burney. Il avait alors soixante-dix ans. Lustig a
publié de sa composition : 1° Six sonates pour
le clavecin, gravées à Amsterdam. — 2° Suite
aux amusements de musique de Mahaut, cousis»
tant en vingt ariettes spirituelles et dix mondai-
nes. Mais c'est surtout comme écrivain sur la
musique qu'il s'est fait connaître avantageuse-
ment. Parmi ses travaux en ce genre, on remar-
que : 1° Inleyding tôt de vmslkkunde , uit
klaare onwedcr-spreckelyke gronden, de in,'
nerhjke geschapenheit , de oorzakcn van de
zonderhaare uilwerkselen, etc. ( Introduction
à la connaissance de la musique ) ; Groningue,
1751, in-8°. Il ya une deuxième édition perfec-
tionnée de ce livre; Groningue, 1771, in-8°. Dans
le catalogue delà bibliothèque Van Hulthem, on
en indique (n" 9800) une édition d'Amsterdam,
1758 ; mais j'ai vérifié l'exemplaire : c'est la pre-
mière édition dont on a changé le frontispice.
Ce traité est purement théorique : Lustig y fait
preuve de savoir et de philosophie. — 2" Muzij-
kaale spraakkonst, of Duidelgke aanwijzing
€11 verklaaring van allerhande wcetenswaar-
dige dingcn, die in de geheele musijkaale
praktyk totecnen grondslag konnen verstrek
kcn. (Grammaire musicale, ou instruction et
explication claire de toutes les choses dignes
«l'être sues, et qui peuvent servir de base à toute
la pratique de la musique) ; Amsterdam, Olofsen,
1754, in-S" — 3" Twaalf redeneeringen over
nuttige musykaale ondeiicerpen, verhande-
lende : \° Algemeerte beginselen, etc. (Douze
arguments sur des sujets de musique fort utiles,
r.ontenant : 1° Principes généraux, — 2° Le vrai
rapport desnotes m/, ré, mi, etc., — 3° et 4" Los
tons fondamentaux des psaumes, — 5° Le bon
emploi de la musique de chant, — G" L'origine
de l'art du chant, — 7° L'essence de la mu-
sique, — 8" Lego\1t musical, — 9'' La poésie mu-
sicale, — 10° Un nouveau système des inter-
valles, — 11° et 12° L'harmonie musicale et un
traité complet des chants de l'église, enrichis de
quelques su|)pléments qui font comprendre l'état
actuel de la musique (avec 20 planches ) ; Ams-
terdam, Olofsen, sans date ( 1756 ), in-8° de 699
pag. avec une table générale. Cet ouvrage a paru
sous la forme d'un journal, en 12 numéros, de
mois en mois. Il est écrit en dialogues, et ren-
ferme des choses fort bonnes et très-curieuses.
Dans le numéro 10 on trouve la description du
piano de Bartholomé Cristofali , avec la figure
du mécanisme, traduite de l'italien, de Maffei.
Lustig a aussi traduit en hollandais plusieurs
bons ouvrages relatifs à la musique, elles a en-
richis de notes savantes et érudites, entre autres :
10 L'essai d'une méthode pour apprendre à jouer
delà llùte par Quantz, sous ce titre : Grondig
onderwys der dwarsfluit , etc., Amsterdam ,
1754, in-4", — 2° La Musico-Theolog-ia de
J.-M. Schmidt, intitulée: Musico-T/icologia, of
stigtelyke toepassing van musikaale traarhe-
dcn; Amsterdam, Olofsen, sans date (1756),
in-12 de 261 pages et 3 tables des passages de
l'écriture, des auteurs et des matières. — 3°Z.'0r-
ganum Gruningense redivivum, de Werkmeis-
ter, etc. — 4° L'introduction à l'art de jouer du
clavecin, de Marpurg, sous ce titre ; Aanleiding
tôt liet cJavierspielen; Amsterdam, Olofsen,
1760, iu-4°. — 5° La méthode de violon de
Wodiczka {voyez ce nom), intitulée : Korte
Iiisiructie voor de viool ^ etc. ; Amsterdam,
Olofsen, 1757. — 6° La méthode de flûte de Ma-
îiaut. — 7° Les voyages musicaux de Burney,
sous ce titre : Dagboek van zyne muzikaale
reize door Frankryk, Italien en Duitschland ;
Groningue, 1770, in-8°. — On a aussi de Lustig
des notices sur 146 musiciens, insérées dans le
deuxième volume des lettres critiques de Mar-
purg ; le plus grand nombre est sans intérêt,
mais il y en a quelques-unes qui fournissent des
renseignements utiles, particulièrement sur des
artistes hollandais.
LUIGERT (F.-H. ), musicien à Hambourg,
vivait à la fin du dix-huitième siècle. Il a fait
graver de sa composition : 1° Douze chansons
allemandes, avec accompagnement de piano;
Hambourg, 1797. — 2° Six variations sur l'air :
Contre les chagrins de la vie pour piano, op. 2 ;
ibid., 1798. —3° Journal de la musique de piano
c\lrait des meilleurs opéras allemands et fraa-
LUTGERT — LUÎTIER
381
çais ; Hambourg, Meyer. — 4° Huit variations
pour le piano sur un air allemand ; ibid., 180t.
LCTIÏER (Martin), célèbre réformateur,
naquit le 10 novembre 1484, à Eisleben, dans le
comté de Mansfeid, en Saxe. Il commença ses
études à Mansfeid, les continua à Eiscnacli, et
alla les terminer à Erfurt, où il fut gradué maî-
tre de pliilosopliie en 1505. Il se destinait alors
au barreau; mais la mort funeste d'un ami tué à
ses cfltés, par un coup de tonnerre, frappa son
imagination d'une terreur qui le conduisit à s'en-
fermer au couvent des Augustins d'Erfurt. 11 y
fit profession, et bientôt il s'y distingua par son
éloquence et son savoir L'bistoire des circons-
tances et des. motifs qui le conduisirent à sa
doctrine de la réformation n'appartient pas à cet
ouvrage : on la trouve dans tous les diction-
naires biographiques. Luther mourut à Eisleben,
le 18 février 1546. Il fut inhumé avec pompe
dans l'église du château de Wittenberg.
Lutiier n'était pas seulement théologien; il
cultivait aussi avec succès la poésie et la
musique. La nature l'avait doué d'une belle
voix et d'un goût passionné pour le chant et
pour l'harmonie. Encore enfant , il apprit les
éléments de l'art au collège de Mansfeid ; à Mag-
debourg, il continua ses études musicales, et à
Eisenacli il fut admis au chœur de l'église. Il a
laissé des témoignages non équivoques de son
amour pour la musique dans deux lettres, dont
la première , adressée au compositeur Louis
Senfel (vay. ce nom) , est datée de Cobourg, le 4
octobre 1530 (1), et dont l'autre, intitulée En-
comium musices, a été écrite à Wittenberg, en
1538(2). «La musique' (dit-il) gouverne le
a monde; elle rend les hommes meilleurs; elle
« adoucit leurs mœurs. La musique est le meil-
« leur soutien des affligés ; elle rafraîchit l'âme
« et la rend à la félicité. On ne peut mettre en
« doute ( ajoute-t-il dans un autre endroit) que
« les esprits sensibles à la musique ne renfer-
« ment le germe de toutes les vertus ; mais ceux
(1) Elle a élu publiée clans la collection dos lettres de
Luther, par François Budee, p. 213. Foikcl la donnée
aussi dans son alnianach musical pour l'année 1784, 167
et sulv.
(2) On trouve cette lettre dans ses œuvres, t. VIU ,
p. 140 de l'édition de Jena. Wcrkmeisterl'a insérée dans son
livre : IJ iirde, Gebrauch vnd I\lisbrauch der edlen Mit-
sihhunst, 1691, in-4'', p. 36. Enfln on la trouve dans la Bi-
bliothèque musicale de Mizler, t. Il, p. SO; dans le livre
de Wlntcr intitulé De cura priiicipiim et magistraUmin
piorum in tuendo et conaervando cantu ecclesiatico ; et
dans le petit volume de M. F.-A. Beeck, qui a pour titre :
Dr. Martin Luther' s Cedanken ueber jMusik (Opinions
de Martin l.utlier concernant la musique) , p. xxi. .1. C.
S. Kicfhaher a aussi publié la lettre à Senfel, avec des
notes, à Munich, en 1817. [Foyct Kiefhaber.)
« qu'elle ne peut toucher, je ne puis mieux les
» comparer qu'à des morceaux de bois ou de
» pierre. La jeunesse doit être élevée dans cet
« art divin, qui rend les hommes meilleurs ;
« enfin la musique est nécessaire dans les écoles,
« et je ne considère pas comme un instituteur
« celui qui ne sait pas chanter. *
Bien qu'il ne fût pas un savant musicien, Lu-
ther possédait des connaissances assez étendues
dans la musique pour cultiver cet art avec
fruit. Non-seulement il était en état de chanter
des chorals à première vue, mais il pouvait lire
avec facilité toute espèce de musique. Il con-
sacrait à cet art toutes les soirées qu'il passait
au milieu de ses enfants et de ses amis. Ils
chantaient alors de beaux motets de Senfel, de
Josquin et d'autres grands maîtres : Luther fai-
sait venir, pour les exécuter, des musiciens exer-
cés, et organisait chez lui de petits concerts.
« A moins de se montrer injuste (dit le pasteur
« Rambach, dans son excellent livre intitulé :
« De l'influence de D. Martin Luther sur le
« chant d'église (1) , on est forcé d'avouer que
« personne n'était plus apte que Liilher à orga-
« niser noblement et d'une manière utile le chant
« religieux et le service divin. Réunissant l'i-
« magination à la sensibilité, la persévérance à
« l'amour du peuple, le goût et la connaissance
« théorique et pratique du chant à beaucoup
« d'autres qualités qui se rencontrent rarement
« ensemble, il était plus capable qu'aucun autre
« de faire pour le chant d'église ce qu'il lit eu
« effet. »
Dans sa liturgie, il insiste sur la nécessité de
retrancher les antiennes et cantiques de la Vierge,
l'offertoire, les chants de vigi/e et de la messe
des morts, qu'il considérait comme contraires à
l'esprit évangélique. Les proses furent aussi sup-
primées par lui ; il les estimait peu, et les consi-
dérait comme ne faisant point essentiellement
partie du culte. En général , il ne conserva des
anciennes pièces de chaut que ce qui con-
tenait des louanges de l'Éternel et l'expression
de la reconnaissance pour ses bienfaits.
Luther ne fit pas disparaître absolument les
chants latins de l'office divin, il n'approuvait
même pas ceux qui le firent; mais, en beau-
coup d'endroits il remplaça par de simples
chorals en langue vulgaire, en faveur du peuple,
des pièces plus longues et plus difficiles. Au
reste il n'y eut point en cela d'innovation ; car
Mélanclilhon a fort bien remarqué, dans son Apo-
logie de la Confession d'Augsbourg, que l'usage
(1) Vcber Dr. IMhr.r ferdicnste um den Kircheng&-
sanq, clc. ; IlambourR, 1813.
382
LU THER
du chanl allemand par le'peuple, dans le culte,
est fort ancien. M. Henri Hoffmann a prouvé,
dans son intéressante Histoire des chants d'é-
glise jusqu'au temps de Luther (1) , que ces
chants existaient avant le douzième siècle, et en
a rapporté des exemples.
Convaincu de la nécessité d'une réforme dans
le cliantd'église,etvoulantsurtout lui donner une
assez grande simplicité pour que le peuple pût
lui-même chanter les psaumes et les cantiques
dans l'office divin, il choisit dans les anciennes
mélodies religieuses du culte catholique celles
qui répondaient à ses vues, et composa lui-
même d'autres chants, devenus des modèles
«ju'on a imités depuis lors. Les chants anciens
qu'il conserva sont ceux des hymnes qu'il tra-
duisit du latin; ainsi la mélodie du canti-
que Der du bist drsi in Emgkeit, etc., est
la même que celle de 0 beata lux irinitas^
celles de Christum Wir sollen Icben schœn ,
et de Komm, Gott schœpfer , heiliger
Geist, sont les mêmes que celles de Veni
Creator spiritus, et de Ortus cardine. A
l'égard des hymnes Veni Redemptor ( num
Komvi der heiden Heiland) et Te Deum
laudamus {Herr Gott, dich loben Wir),
Luther y fit de notahles changements. Les
chants composés par Luther se divisent en deux
classes : 1° ceux des traductions en prose de la
Bible; — 2° ceux des cantiques versifiés. Les
premiers se distinguent par une mélodie simple,
plusieurs syllabes étant placées sur la même m-
tonalion, ce qui leur donne de l'analogie avec
l'ancienne psalmodie. Des modulations plus va-
riées, plus fortes, plus expressives, caractérisent
au contraire la seconde classe. Parmi les chants de
la première classe, on remarque particulièrement
ceux que Luther composa à Wiltenberg, pour la
messe allemande, et qu'il publia d'abord dans sa
liturgie, en 1516, puis dans sa Formula missx et
communionis pi-o ecclesia (Wittenberg, 1523,
2 vol. in-4''). Les principaux sont : 1° deux
chants différents pour l'épître ; — 1° celui de
l'évangile; — 3° le Pater (Vater timer). A
l'égard des cantiques de Zacharie, de Siméon,
de Marie, et des litanies allemamies, attribués à
Luther, il n'est pas certain qu'ils lui appartien-
nent. L'épître et l'évangile ne se chantent plus;
on les récite simplement. Les autres chants ont
été conservés dans la partie de l'Allemagne où
les formes de la messe et l'usage de la musique
pendant l'office divin existent encore.
La seconde classe des compositions est plus
W Ceschichte des deutschen Kirchenlkdcs bis auf Lu-
^er$ZeUi Breslau, i83î, in 8».
intéressante , et par elle-même , et parce
qu'elle est encore en usage dans les temples de
l'Allemagne protestante. On n'est pas d'ac-
cord sur le nombre de cantiques dont les
mélodies lui appartiennent. Turk n'en compte
que seize dans son livre Des principaux de
voirs d'un organiste (1) ; d'autres le portent
jusqu'à vingt, et même davantage. Mais il en
est plusieurs qu'on lui a attribués, etqui ne sont
point de lui : tels sont les cantiques Mensch,
irillst du leben, etc.; Dies sind die heil'gen, elc.
N'oublions pas que lui-même dit dans la préface
de sa liturgie, publiée en 1557 : « L'hymne Nu
« last uns den Lieb begraben, qu'on chante
« aux funérailles, porte mon nom, mais elle
n n'est pas de moi. Si je la renie, ce n'est pas
« que je ne la trouve excellente; mais elle
n est de Jean Weiss, et je ne veux pas
« m'approprier son ouvrage. » Suivant les
meilleures autorités et les livres de mélodies
chorales publiés vers le milieu du seizième
siècle, Luther parait être auteur de celles-ci :
1° Nunfreut euch, lieben Christen gemein, etc.
— 2° Christ lug in Todesbanden. — 3° Hin
neues Lied ivir haben an, etc. — 4° Aies
tiefer Noth schrei Ich zu dir, etc. — 5'^ Ach
Gott, vom Himmel sieh darein, etc. — 6° Es
wolV uns Gott gnxdig seijn, etc. — 7° Wir
glauoen alV an einen Gott, etc. — 8" Blit
Fried' und Freuiid' Lch fahr'dahin , etc. —
9° Jesaia, dem Propheten, elc. - iû° Wohl
dem, der in Gottesfurcht steht, elc. — 11° Jé-
sus Chrisius,unser Heiland. — 12° Es sprich't
der unweisen Mund. — 13° Wœr Gott nicht
mit uns dièse Zeit. — 14° Verleih uns Frieden
gmediglich, etc. — 15° E in' f este Burg istunser
Gott, etc. — 16° Vom Himmel hoch da komm
Ich, etc. — 17° Vater unser im Himmel-
reich, etc. — 18° Christ unser Herr, etc. —
19° Erhall uns, Herr. — ■ 20" Sie ist mir
Lieb, etc.
Si l'on a attribué à Luther des mélodies de can-
tiques qui ne lui appartiennent pas, il ne faut
pas imiter l'auteur de La Harpe de Sion (2),
qui lui dispute non-seulement les cantiques
Wir glauben ail' an einen Gott, etc., Verleih
uns Frieden gmediglich, etc., mais qui pré-
tend que la mélodie Ein'feste Burg ist unser
Go<i n'est que l'hymne du culte catholique Exul-
tet cœlum laudibus ; que celle de Nunfreut
euch, lieben Christen gemein est senblable au
(1) fort den wichtigsten Pflichten eines Organis-
ten, ctc ; HaUe, 1787, tn-8".
(?) Die Sions-Harfe oder Abhandlund ùber das loesen,
die G eschicMe und die Lileratur der Kathol. Kirchen-
gfsxnge.
LUTHER
383
cliant Foriem virili pectore: que Erhaltuns,
Jlerr, bel delncm Wort, est sans aucun clian-
gement l'hymne Jesu corona virginum, et qu'il
en est de même de plusieurs autres. Cependant
un examen attentif ne fait découvrir entre ces
morceaux que de faibles analogies. A ceux qui
prétendent contester à Lutlier la composition
des mélodies de ses cantiques, et qui affirment
que toutes ces mélodies sont l'ouvrage de J.
Waltlier, de Conrad Rupff, de Martin Agri-
cola, de Senfel, de Henri Isaak, de Georges
Kliaw, de Thomas Stœlzer et d'autres, on peut
opposer le témoignage de Jean Walther lui-même
qui, dans la préface deson Cantional, s'exprime
ainsi : « Il y a quarante ans, lorsqu'il (Luther)
« voulut établir la messe allemande à Witten-
« berg, il écrivit au prince Jean, de glorieuse
« mémoire, pour que son professeur de chant,
« Conrad Rupff, et moi vinssions à Witten-
« berg, afin de se concerter avec nous sur la
« musique chorale. Il employa le huitième ton
« pourl'épîlre, et le sixième pour l'évangile, en
« disant : « Les paroles de Jésus-Christ étant
« rempltes de douceur, nous consacrerons
« le sixième ton à l'évangile; et saint Paul
« étant un apoire austère, nous emploierons
« le huitième ton pour Vépitre. Il composa
« aussi la musique des épftres, des évangiles,
« du Qui pridie, me la chanta et me demanda
« mon avis. Il me retint pendant près de trois
« semaines à Wittenberg, occupé à écrire
« la musique de ses évangiles, de ses épî-
« très, jusqu'à ce que la première messe alle-
« mande eût été célébrée dans les paroisses. Je
« fus obligé de les écouter attentivement, d'en
« emporter une description à Torgau, et de la
« présenter au prince de la part du docteur. Il
« entreprit de composer des vêpres pour la
« jeunesse, et il écrivit à cet effet de beaux
« cantiques allemands , quHl entremêla ce-
« pendant d'anciens cantiques latins; etc. »
Ce témoignage est irrécusable, et démontre que
Luther est réellement auteur du chant de quel-
ques-unes des mélodies de l'ancien Choralbuch,
quoiqu'il soit certain que beaucoup d'autres
ont été composées par J. Walther, C. Rupff, G.
Rhaw, J. Agricola, Speratus, Stoeizer, ûie-
tricht, et d'autres anciens musiciens allemands.
La première édition du Choralbuch ( livre
choral ) fut publiée à Wittenberg, en 1524 ; elle
ne contenait que huit mélodies de Luther. 11 en
parut une autre, plus étendue, en 1525. J'en pos-
sède une fort rare intitulée Enchiridion geistli-
cher Ges&nge und Psalmen fur die Lcien,
mit viel andern zuuort gcbesscrt , petit in-8°
carré de sept feuilles. A la fin du volume on lit ■•
Gedruckt durch Michael Dlum, 1528 (.sans
nom de lieu). Ce livre contient quelques psaumes,
les cantiques, les vêpres, matines, compiles, li-
tanies et la messe allemande, avec les mélodies
gravées sur des planches de bois, l'indication de
celles qui sont tirées de l'antiphonaire et du
graduel romain, et les noms des auteurs des
chants allemands : parmi ceux-ci on remarque
celui de Luther aux cantiques Nun freui euch,
lieben Christen gemein, etc.; Jésus Christus
unser Heiland, et à sept autres. Il y a aussi
une autre mélodie sur Jésus Christus unser
Heiland, indiquée comme l'ouvrage de Jean
Huss, perfectionné par Martin Luther. Les édi-
tions, plus ou moins augmentées, du livre cho-
ral se multiplièrent rapidement. J'en possède
environ quarante, toutes du seizième siècle, en
différents formais, et ce n'est pas à beaucoup
près toutes celles qui ont été publiées. Elles ont
toutes pour titres Enchiridion geistUcher Ge-
sxnge, ou gcistlichcr Lieder D. Mart. Lu-
ther's. Une des plus belles est celle qui a été
donnée par Valentin Bapst, à Leipsick, en 1545,
in-S", avec la musique bien imprimée, et le nom
de Luther à tous les cantiques qui lui appar-
tiennent. Toutes les pages sont encadrées de jo-
lies vignettes, et Ton trouve en différents en-
droits de belles figures en bois. Les mêmes mé-
lodies ont été adaptées à des traductions des
cantiques et des psaumes dans les différents
patois de l'Allemagne, et dans ses différents
dialectes. J'en possède plusieurs en patois de
Hambourg, de Magdebourg, de Berne, en lan-
gue dalmate, et même en Bohême et en polonais.
Tous ces livres de chant, qui portent le nom de
Luther, sont antérieurs à 1580. M. K. Grell a
aussi publié les cantiques de Luther, avec ses
opinions sur la musique, sous ce titre iLuiher's
geisdiche Lieder nebst dessen Gedanken ûber
die Miisik; Berlin, 1817, in-8'.
On peut consulter avec fruit, sur Luther et
sur ses travaux dans la liturgie musicale des
églises réformées, les ouvrages suivants,^ dont
quelques-uns ont été publiés à l'occasion de la
troisième fêle séculaire de la réformation ;
1" Dr. J. G. W. Augusti de Hymnorum sa-
crorum debemus in Historia dogmatum usu ;
Breslau, 1817. — 2° O. L. Rambach VeberLu-
ther's Verdienste um dem Kirchengesxnge
(Sur l'influence de Luther dans le chant d'é-
glise) ; Hambourg, 1813. — ^Luther's Ver-
dienste um Musik und Poésie von Knecht
( Influence de Luther sur la musique et la poé-
sie, par Knecht); Ulm, 1817. — 4" Luther's
Verdienste um die Musik, von Millier (In-
fluence de Lutlier sur la musique, par Millier )j
384
LUTHER — LUZZASCO LUZZASCHI
Erfurt, 1817. — b° Morthner, Der Choralge-
sang ziir Zeit der Reformation ( Le Cliant
choral au temps de la Réformation) ; Berlin, 1821,
in-8°. — 6° TJeber die, zur Dreihundert jah-
ringen Jubelsfeier der Reformât ion verschie-
nenen Schriften (Sur les ouvrages publiés à
l'occasion de la fête du troisième siècle de la ré-
formation) ; Nuremberg, 1817. — 1° Index li-
brorum ad celebranda sacra sxcularia refor-
mationis ecclesiasdcsttertia, quos bibliotheca
regia Berolin., comparavit jussu V. E. cl J.
ab Altenstein ediius ; Berlin, 1821. — 8" Dr.
Martin Luthei-'s Gedanken iiber die Musik,
von F. -A. Beeck (Opinions de M. Luliier con-
cernant la musique, par M. Frédéric-Adolphe
Beeck) ; Berlin, 1825, in-8°. — 9" Une suite de
bons articles sur les auteurs des mélodies cho-
rales de l'église réformée, dans les quatre pre-
miers volumes de l'excellent écrit périodique
publié à Bresiau, par M. J.-G. Hientzscii-, sous
ce titre : Eutonia, eine haupisxchlich Musik
Zeitschrift. J'ai puisé dans ces divers ouvrages
les éléments de cet article.
LUX (Frédéric), violoniste et maître de
concerts à Dessau , né le 24 novembre t820 à
Ruhla, dans le duché de Saxe-Cobourg-Gotha,
frt ses premières études musicales à Eisenacli,
et devint élève de Frédéric Schneider, à Dessau,
en 1839. En 1S46 il fit exécuter une cantate de
fête dans celte ville ; elle obtint un succès si
brillant, que les dames lui firent offrir une cou-
ronne d'argent. Le 24 mars de la même année,
i! fit représenter sur le théâtre de la cour l'opéra
de sa composition Das Keethchen von Heil-
bronn (Catherine de Heilbronn), dont la musique
fut fort applaudie. Postérieurement M. Lux s'est
fixé à Mayence, comme professeur de musique.
LUYR (Adam), savant musicien du seizième
siècle, naquit à Aix-la-Chapelle. Glaréan Je vit
dans sa jeunesse à Cologne, où il enseignait les
mathématiques. On trouve dans le Dodecachor-
don du savant de Glaris (pag. 291) une chanson
latine d'Adam Luyr à trois voix, fort bien faite,
et qui offre un curieux exemple de l'emploi des
prolalions parfaite et imparfaite.
LUYTON (Charles), bon organiste et com-
positeur de l'empereur Rodolphe II , vécut à
Prague depuis 1577 jusqu'en 1611, époque où il
mourut eu cette ville, dans un âge avancé. On
connaît de cet artiste : 1° Épigramme latine sur
le blason des maisons nobles Berka de Dub et
de. Lypa, mise en musique; Prague, 1579. —
T Madrigall acinque voci ; Venise, 1582. —
V Selectissimarum sacrarum caniionum sex
vocibus composa arum, nunc primum in lu-
cem editaruiu , fasciculus primus ; PragXft ijpis
Georgii Nigrivi, anno 1603. Ce recueil contient
29 motets à six voix. — k° Opus musicum in
Lameniationis Hieremix prophetse ; Pragx ,
typis Georgii Nigrini ,1604. — 5° Collectio Mis-
saruvi 7 vocum, Pragx, typis Nicolai Siraus,
1609. Cet ouvrage, dédié à l'empereur Rodolphe,
a été réimprimé à Francfort-sur-le-Mein, en 1611,
in-fol. — 6° Popularis anni Jubilus, seu man- '
tissa, a Georgio Bertholdo Pontono e Brei-
tenberg scripta, et a nobili clarissimoque
Carolo Luy(on,organista Cœsaris antepaucos
annos, suavissima melodia exornata; Franc-
fort, 1595, i^-4^
LUZZASCO LUZZASCHI, célèbre orga-
niste et compositeur du seizième siècle, naquit à
Ferrare, et fut attaché, en qualité de maître de
chapelle, à l'église cathédrale de cette ville et au
service du duc Alphonse IL II mourut à l'âge de
soixante-deux ans, et fut inhumé dans l'église des
Carmes. Claude Merulo le considérait comme le
plus grand organiste italien de son temps, et Vin-
cent Galilée l'a placé au nombre des quatre mu-
siciens les plus distingués de cette époque. Pierre
Pontio le cite dans la deuxième partie de son
Dialogo ove si traita delta teoria e pratica
dimusica (p. 49), comme auteur de ricercari
excellents pour l'orgue ; deux de ces ricercari, du
premier et du deuxième ton, ont été publiés par
Diruta (voy.ce nom), dans la seconde partie de son
Transilvano. La première partie du même ou-
vrage contientune toccate du quatrième ton, par
Luzzasco Luzzaschi. On connaît de Luzzasco :
1° Madrigalia quattro voci; Naples, 1576. —
2" Madrigall a cinquevoci, lib., 1 ; Venise, Ant.
Gardano, 1575.-3" Idem, lib. 2; Ferrare, 1576.
- 4° Idem, lib. 3 ; ibid., 1.581. — 5° Idem, lib.
4; ibid, 1584. L'abbé Requeno cite Luzzasco
Luzzaschi parmi les musiciens du seizième siècle
qui tentèrent de ressusciter le genre enharmo-
nique des Grecs, et assure qu'il avait fait un cla-
vecin dont le clavier était disposé de manière à
pouvoir exécuter de la musique dans les trois
genres, diatonique , chromatique et enharmoni-
que {\Qy. Saggi sut ristabilmeiile delV arte
armon., t. 2, p. 123). Requeno a été mal in-
formé; le clavecin dont il s'agit avait été con.s-
truit d'après les idées de Nicolas Vicentino {voy.
ce nom), et se trouvait chez le duc de Ferrare,
suivant ce que nous apprend Bottrigari dans son
livre intitulé II Desiderio, overo dé' concerti di
varii strumenii musicali (pp. 40 et 41, édition
de 1599). Bottrigari ajoute que cet instrument
était l'effroi des accordeurs et des exécutants par
le grand nombre des touches de son clavier;
mais que Luzzasco, premier organiste du duc,
avait triomphe de ces difficultés et qu'il jouait le
I.UZZASCO LUZZASCHI — O-KOANG-TY
clavecin de Vicentino, dont il tirait de beaux
effets d'harmonie dans des pièces qu'il avait écri-
tes spécialement pour cet instrument.
LVOFF (ÀLExis-THiioDORG), général major
et directeur de la chapelle impériale de Russie,
né le 25 mai 1799, à Réval, enEstiionie, révéla
dès son enfance d'heureuses dispositions pour la
musique. Le vio!on était l'instrument pour lequel
son penchant était décidé : on lui donna un maî-
tre, et ses progrès fuient si rapides, qu'à l'âge
de huit ans il exécutait déjà des concertos diffi-
ciles. Lorsqu'il eut atteint sa dix-septième année,
il prit la résolution d'étudier seul les œuvres de
Corelli,de Bach, deGaviniès, de Viotti, de Bail-
lot et de Kreutzer; un travail constant le fami-
liarisa avec la manière de chacun de ces artistes ,
et de leur fusion il se fil un style personnel. La
lecture des partitions de Hœndel, de Graun, de
Jomelli, de Durante, de Gluck, de Mozart, de
Haydn et de Beethoven , devint aussi la source
de SCS connaissances pour la composition. Tous
les moments de liberté que lui laissaient ses de-
voirs du service de l'État, oii il était entré fort
jeune, suivant l'usage établi dans la noblesse
russe, il les consacrait à l'art jwur lequel il se
sentait une passion invincible. C'est ainsi que
par des travaux persévérants pendant plus de
trente ans, M. Lvoff s'est fait une juste réputa-
tion de violoniste et de compositeur. Servant
honorablement son souverain et son pays, il par-
vint par degrés au lang de général major, et
l'empereur Nicolas, ayant apprécié son mérite
dans la musique, lui confia, en 1836, la place
de directeur de la chapelle impériale. En 1840,
M. Lvoff a visité Paris et Leipsick : il s'y est
fait connaître avantageusement comme violo-
niste et comme compositeur. Un de ses opé-
ras ( Bianca e Gualtiero ) fut représenté à
Dresde avec succès, en 1845, après avoir été
joué à Pétersbourg. Les Académies philliarmo-
niques de Bologne, Sainte-Cécile de Rome, des
Amis de la musique de Vienne, royale de chant
de Berlin, et d'autres de Londres et de Péters-
bourg, ont décerné à cet amateur distingué le
titie de membre honoraire. Parmi les ouvrages
les plus connus de M. Lvoff, ou remarque : r Six
duos instructifs pour deux violons; — '2" Air
varié pour violon avec accompagnement de qua-
tuor, gravé à Pétersbourg. — 3" Stabat Mater
de Pergoièse arrangé en chœur et instrumenté à
grand orchestre ; publié à Berlin ; — 4" Première
fantaisie pour le violon, avec orchestre, Ber-
lin, Schlesinger. — 5° Seconde fantaisie idem,
ibid. — 6° Le Duel, divertissement pour violon
et violoncelle, avec orchestre, op. 4 ; ibid. —
7" Concerto pour violon avec orchestre; Leipsick. ^
lilOGlt. IIMV. DES MUSICIESS. — T. V.
— &° Duo caiidca quatuor vocibus cantanda,
op. 6; Berlin, Schlesinger. — 9° Grand chœur
militaire sur des thèmes russes, avec orchestre,
dédié àF. Mendelssohn-Bartholdy, op. 15 ; gravé
en partition, Leipsick, Breitkopf et Haertcl.
— 10° Hymne national russe, qui a eu un grand
succès populaire dans toute la Russie, composé en
1833, gravé à Pétersbourg et à Berlin. — 11° Qua-
torze mélodies de Schubert et antres arrangées
avec une partie de violon obligé, Pai is, Richault,
et Saint-Pétersbourg. — 12° Six psaumes et vingt-
huit chants détachés, composés pour le chœur
des chantres de la cour impériale, gravés à Pé-
tersbourg. — 13° Stabat Mater à quatre voix
en chœur et grand orchestre, texte latin et al-
lemand, gravé en partition, à Vienne. Cet ouvrage
est une des productions capitales de M. Lvoff.
— 14° Chants antiques de toutes les parties de
l'office divin, du rit grec de Russie, harmonisés
à quatre parties sur le texte slave; onze gros
volumes in-4°, gravés à Pétersbourg; travail
immense, qui fait beaucoup d'honneur au direc-
teur de la chapelle impériale. Les ouvrages dra-
matiques de M. Lvoff représentés à Pétersbourg
sont : — 15" ie Bailli de village , en trois actes,
texte russe. — 16° Bianca e Gualtiero, opéra
lyrique en deux actes, texte français, gravé en
partition à Pétersbourg. — 17° Ondlne, Opéra
féerique en trois actes, texte allemand, représenté
à Vienne en 1846, à Pétersbourg en 1848, et
gravé en partition pour le piano, à Vienne. —
18°Z« Brodeuse, en un acte, texte russe, repré-
senté et publié à Pétersbourg.
LYCHOR (Samuel), savant et littérateur
suédois, a fait imprimer une dissertation acadé-
mique intitulée : Disputailo de Intendendls so-
nis ; Uafniœ, 1693, in-8°.
LY-KOANG-TY , écrivain chinois sur la
musique , ministre d'État, et membre du pre-
mier tribunal des lettrés, vécut à la fin du dix-
septième siècle et au commencement du dix-
huitième. Il avait composé un grand ouvrage
concernant la doctrine des musiciens chinois, et
son livre était terminé, quand un incendie dé-
truisit sa maison en 1705, et anéantit le manus-
crit qiù renfermait le fruit de ses recherches.
Plein de cotuage, il se remit au travail, et refit
son ouvrage , mais sur un plan moins étendu.
\oici ce qu'en dit Tslng-tclii, fils de Ly-Koang-
iij, éditeur de l'ouvrage de son père, dans la
préface qu'il ya ajoutée;» Il (,Ly-Koang-ty) fit
« un recueil de tout ce qu'il avait pu trouver
« sur l'ancienne musique dans les livres les
« plus estimés et les plus authentiques ; il le
« mit en ordre, et le divisa en huit parties, dont
« voici les titres : 1° Théorie de la musique en
25
386
LYTTICH
« général ; — 2" Effets de la musique ; — 3" Ex-
« plication des différentes espèces de musique ;
" — 4° Des règles de la musique. — 5° Des
n instruments dont on se servait anciennement
« dans l'exécnlion de la musique; — 6" De la
<< musique \ocaie ; — 7" De la musique qu'on
« employait anciennement pour les danses et
« la comédie; — 8° De l'usage de chaque es-
•( pèce de musique en particulier. L'ouvrage
« achevé, ajoute Tsing-tchi, le feu prit à notre
« maison, et consuma dans un instant le fruit
« d'un travail immense. Ce fâcheux accident ar-
'( riva l'année du cycle y-yeou (1705). Dans
« l'année ou-lsëe ( 1708), mon père eut réparé
« en partie la perle qu'il avait faite. Il avait
« fouillé de nouveau les sources où il avait puisé
« auparavant; mais ne les ayant pas toutes sous
« la main, et beaucoup de choses s'étant effa-
« céesde sa mémoire, il racco-urcit son ouvrage,
« et le renferma dans des limites plus étroites.
« Enlin dans l'année Ting-ouei ( 1727 ) l'ouvrage
« fut mis entre les mains des imprimeurs , qui
« en peu de mois eurent achevé la première
« édition, w
Le jésuite Amiot, missionnaire à la Chine
{voy. Amiot ), fit, vers 1750, avec l'aide de quel-
ques lettrés chinois, une traduction française de
l'ouvrage de Ly-Koang-tij, lequel a pour titre :
Kou yo-Kingtchouen (Commentaire sur le livre
classique qui concerne la musique ancienne ) ,
et envoya le manuscrit de cette traduction à
Bougainville, secrétaire perpétuel de l'Académie
des inscriptions et belles-lettres, qui le reçut en
1754. Ce manuscrit lut communiqué à Rameau,
puis à l'abbé Roussier, qui le garda longtemps;
il passa ensuite dans plusieurs mains , et finit
par s'égarer. Klaproîh a possédé un exemplaire
de l'ouvrage original de Ly-Koang-ty, et me l'a
communiqué : plus tard il l'a vendu au biblio-
graphe anglais Dibdin. Ce livre est sans doute au-
jourd'hui dans quelque grande collection en
Angleterre.
LYJ\G-LUI\, personnage fabuleux de la cour
de Hoangty, empereur de la Chine, à qui les
anciens auteurs de traités chinois de musique
attiihuent la découverte des proportions néces-
saires des tuyaux de bambou pour former les
dou/e demi-tons de l'octave, en prenant pour
son le plus grave celui qui correspond à fa de la
gamme européenne. Ces douze demi-tons sont
appelés lu par les Chinois. La découverte de
Lyng-lun fut faite, disent les auteurs anciens de
musique, dans la soixantième année du règne de
H-oang-iy, qui répond à l'an 2637 avant l'ère
chrétienne. Toutes les circonstances relatives à
cette découverte prétendue, et que rapportent
les mômes auteurs, sont autant de merveilles fa-
buleuses.
LYSANDRE, cilharède grec, naquit à Si-
cyone. Philochore, cité par Athénée (liv. 14, c. 9),
dit qu'il changea le jeu de la cithare simple, en
prolongeant les sons aigus, en sorte qu'il rendit
les sons de eet instrument analogues à ceux de
la flûte , c'est-à-dire qu'il trouva les sons har-
moniques ; invention dont Épigone propagea lu-
sage. Lysandre fut aussi le premier qui ôta aux
instruments appelés Magadis et Sambuqne,
l'espèce de son sifflant qu'on y remarquait au-
paravant. J'avoue que cette dernière partie du
texte d'Athénée me paraît fort obscure ; il est
difficile de se faire une idée juste du perfection-
nement attribué à Lysandre.
LYSER (Jean-Pierre), peintre et amateur de
musique à Dresde, né dans cette ville, en 1804, a
fait imprimer dans la iN'0!<re?/eGfi;c^/<? de musi-
que de Leipsick (anné*e 1834)des nouvelles musi-
cales surDoles, Mozart, Beethoven et Haendel. Ces
morceaux ont été imprimés séparément à Leip-
sick, 1835, in-8°. On a aussi de M. Lyser : dv-
cilia , ein Taschenbuch fur Freunde der
Tonkunst ( Cécilia, annuaire pour les amis de
la musique), fe année (la seule qui a paru),
in-8°. avec des gravures et de la musique, Ham-
bourg, 1833 ; et une biographie développée de
Meyerbeer, ou plutôt une étude sur sa tendance,
son style et ses antagonistes. Cet écrit a pour
titre : Giacomo Meyerbeer, sein Wirken und
seine Gegner ; Dresde, Wagner, 1838, in-8° de
61 pages. On a aussi du même auteur un éeiitin-
titulé: G. Meyerbeer und J . Lind. Fragmente
ausdem Tagebuche einer allers Musikers (G.
Meyerbeerg et J. Lind. Fragments du journal
dun vieux musicien); Vienne, 1857, in-8"*-
M. Lyser vit habituellement à Vienne.
LYSOIXS (Daniel), ecclésiastique anglais,
recteur de Rodmarton, dans le comté de Glouces-
ter, au commencement du dix-neuvième siècle,
est auteur d'un livre qui a pour titre ; History
of the origin and progress of the Meeting of
the three choirs of Gloucester, Worcester and
Hereford (Histoire de l'origine et des progrès de
la réunion des trois chœurs de Gloucester, Wor-
cester et Hereford); Gloucester, D. Walker, 1812,
I vol. gr. in-8°. La seconde partie de cet ouvrage,
depuis la page 159 jusqu'à la page 268, renferme
les annales des festivals de musique.
LYTTICH (Jean), professeur au gymnase
(collège) du comté Mansfeld à Eisîeben, et
cantor de l'église Saint-Nicolas, de cette ville,
naquit à Plauen, vers la fin du seizième siècle.
II a fait imprimer les ouvrages de sa composition
sous les titres suivants : 1" Venus Glœklein,
LYTnCH
387
oder newewdtliche Gesxnge,mit anmuthigen
Melodien und lustigen Texten, auffi und 5
Stimmen componirt (La Clochette de Vénus,
ou Nouveaux Chants mondains, avec des mélo-
dies agréables et des textes plaisants, composés
pour quatre ou cinq voix) ; Jéna, 1610, in-4°. —
2° Sales Venerex musicales, oder newe deut*
sche PoliUsche (?) Gesxnge, mit anmuthigen
lustigen Texten und Melodien von vier und
fùnff Stiimncn (PlAhainteries musicales de Vé-
nus, ou nouveaux chants politiques allemands,
avec des textes joyeux et des mélodies agréables
à 4et 5 voix) ; Jéna, leiO, in-4''. — 3" Musilta-
lische Streitkranzlein hiebevorn von den al-
lerfûrtreflichsten und beruhmbtesten compo-
ni sien , in welcher Sprach, pro certamine,
mit sonderlichen Fleiss, und auffskindlichst,
mit 6 Stimmen auffgesetzt, etc.(Petite Couronne
tressée de fleurs musicales, etc., à 6 voix) ;
Nuremberg, Kaurfraann, len, in-4°. — 4' Rosen-
thaï oder newe xrtige Melodien mit lustigen
polilischen Texten anffk undb Stimmen^ Nu-
remberg, 1609, in-4''.
25.
M
MAASS (Nicolas), facteur d'orgues dans
le seizième siècle, au service du roi de Dane-
mark, construisit àStralsund, en 1343, un
instrument de quarante-trois jeux, à trois cla-
viers et pédale, dont on trouve la disposition
dans les Syntagma de Prœtorius (tome II,
op. 167).
MAASS (Jean-Gcebha'rd-IIonoré), profes-
seur de philosophie, né à Rrottendorf, dans les
environs de Ilalberstadt, le 26 février 1 766, fut
d'abord simple magister à Halberstadt,puis, en
1791, devint professeur de philosophie à Halle,
cil il est mort le 2ô décembre 1 823. De bons ou-
vrages relatifs à la philosophie et aux mathé-
matiques l'ont fait connaître avantageuse-
ment. Il n'est cité ici que pour quelques ar-
ticles relatifs à la musique, imprimés dans
différents Journaux allemands. Les principaux
sont : 1° Sur la musique instrumentale, dans
la Nouvelle bibliothèque des belles-lettres
(tom. 48, ann. 1791, pag. 1-40). 2° Supplé-
ment à l'article accent musical de la Théorie
des beaux-arts de Sulzer, inséré dans l'ou-
vrage Sur les caractères des principaux
poètes de toutes les nations, par une société
de savants (Leipsick, 1790, tom. II, n» 2).
ô" Sîir les sons harmoniques (dans la Gazette
musicale de Leipsick^ ann. XVIII, p. 477).
4» Notice sur Ttirk (ibid., t. XVI, p. 609).
S" De la représentation des sons par les chiffres
(ibid., t. XVII, p. 85, 103, 125). 6° Compa-
raison des rapports des sons (ibid., p. 733).
7» De la perception des sons aigus (ibid.,
tom. XVIII, p. 17). 8» Analyse de l'Essai de
M. G. Weber sur une thèse générale de la mu-
sique (î6îd., t. XIX, pag. 637, 661; t. XX,
!.. 477).
3IABELLII\I(Théodule), compositeur dis-
tingué, est né à Pistoie, le 2 avril 1817. Son
père, Vincent Mabellini, était bon mécanicien
et habile trompettiste. Ce fut lui ijui donna les
premières leçons de musique à Théodule, dont
les dispositions pour cet art étaient si remar-
(juables, que dès l'âge de neuf ans il jouait
•léjà les œuvres des pianistes les plus renom-
més, exécutait de grandes dilTicuUés sur la
flûte, et faisait admirer sa belle voix de so-
prano au choeur de la cathédrale. Frappé de
l'heureuse organisation de cet enfant, Joseph
Pilotti, l'un des meilleurs élèves du P. Mattei,
et maître de la chapelle de Pistoie, à celle
époque, le prit en affection et lui fil com-
mencer l'élude de l'harmonie et du contre-
point. A l'âge de douze ans, Mabellini avait
déjà produit beaucoup d'œuvres instrumen-
tales, particulièrement pour la musique mili-
taire. Appelé à Bologne en qualité de profes-
seur de composition au Lycée communal, Pi-
lotti ne put continuer l'éducation musicale de
Mabellini; mais avant son départ, il donna
aux parents du jeune artiste le conseil de
l'envoyer à Florence, pour qu'il y continuât
ses études sous la direction de quelque bon
maître. Mabellini se rendit en effet dans celle
ville lorsqu'il eut atteint l'âge de seize ans. Il
y arriva en 1833 et y resta jusqu'à la fin de
1836; mais les cours du lycée musical ne lui
offrant pas les ressources qu'il avait espéré y
trouver pour son instruction, il cessa deles fré-
quenter, et se remit à l'étude de ses instru-
ments favoris, le piano et la flûte, sans autre
guide que lui-même. Vers le milieu de 1835,
ses parents et ses protecteurs, au nombre des-
quels était le chevalier Rossi , de Pistoie ,
affligés de lui voir perdre ainsi ses plus belles
années, lui donnèrent le conseil de faire effort
l)our fixer sur lui rallenlion publique par un
ouvrage d'une certaine importance , ce qu'il fit
en écrivant la musiquede l'opéra intitulé Jla-
tildam Toledo, qui fut représenté avec succès
au théâtre Alfieri, dans l'automne de 1836.
Le résultat en fut heureux, car il obtint du
grand-duc de Toscane une pension pour aller
étudier son art chez Mercadante, alors maître
de chapelle à Novare. On ne pouvait choisir
un meilleur guide, car 3Iercadante est, sans
aucun doute, le compositeur dramatique de
l'Italie qui possède l'instruction la plus solide.
Mabellini resta près de ce maître ,(endant
trois ans et demi, l'accompagnant partout où il
allait mettre en scène ses opéras, et s'instrui-
sant autant par l'exemple et par la pratique
MABELLINI
389
que par les travaux didactiques qu'il faisait
sous la direction du maître. Pendant toute
cette période d'études, Mercadanle montra
pour son élève une affection toute paternelle.
A cette époque, Mabeliini écrivit la Chasse,
pour chœur et orchestre, qu'il fit exécuter à
un concert de la courde Florence et qu'il offrit
au grand-duc de Toscane, comme un tribut
de reconnaissance pour ses bienfaits : cet ou-
vrage fut suivi d'une messe solennelle à quatre
voix et orchestre, qui fut exécutée à la cathé-
drale de Noyare.
En 1840, Mabeliini écrivit la partition de
Tinlla, opéra qui fut représenté au théâtre de
Carignan, à Turin, et qui obtint un brillant
succès, non-seulement dans cette ville, mais
à Trieste, Naples et Milan; Ricordi en a
publié la partition pour le piano. Cet ouvrage
fut suivi de Gincvra degli Jlmieri, repré-
senté dans la même ville et au même théâtre
jieudant la saison d'automne 1841. Dans
l'année suivante, 3Iabellini retourna à Pis-
toie : it y fut élu membre de l'Académie
des sciences, lettres et beaux-arts, et com-
posa une grande cantate en honneur de
Raphaël Sanzio, pour une fête donnée par
cette société savante, le 27 Juillet. Une partie
de celte cantate a été publiée à Milan, chez
Ricordi. Appelé à Florence en 1843, il écrivit
pour le théâtre de la Pergola son opéra il
Cotile de Savagna, qui fut chanté par la Bar-
bieri Njni, la Brambilia, mademoiselle Caste-
lan, et Ottolini Porta. Le succès de cet ou-
vrage eut beaucoup d'éclat ; il occupa la scène
pendant une grande partie de la saison :
SiennC; Rome et Naples ne lui firent pas un
moins bon accueil ; la partition pour le i)iano
l'ut publiée à Milan, chez Ricordi. Dans cette
même année, Mal)ellini fut nommé directeur
delà Société philharmonique de Florence; il
ne tarda pas à lui donner l'impulsion qui a
fait la prospérité de cette inslitutioo. naguère
languissante. Au printemps de 1844, il se
rendit à Rome pour mettre en scène au théâtre
Jpollo son nouvel opéra i Feneziani a Cos-
tanlinopoli; qui ne réussit pas. De retour à
Florence, il fut chargé par le duc de Toscane,
en 1843, de composer la musique de l'oratorio
Eudossia e Paolo, qui fut exécuté dans la
grande salle dei Cinquecenti , au Palazzo
Fecchio, par cinq cent cinquante chanteurs et
musiciens d'orchestre, à l'occasion de la fête
de saint Jean, patron de Florence. En 1846, Ma-
beliini s'établit définitivement dans cette ville
et se maria. Dans la même année, il composa
l>our le théâtre de la Pergola l'opéra Maria
di Francia, et la cantate il Rilorno, qui lui
avait été demandée par legrand-duc. Sa nomi-
nation de mailre de chapelle de la Cour de
Toscane, au commencement de 1847, fut la
récompense de ces travaux. Ses Responsori k
huit voix en deux, chœurs, qu'on a exécutés
chaque année dans la semaine sainte, furent
écrits à la même é[)oque ; cet ouvrage, l'une
des meilleures compositions de cet artiste, a
été publié à Florence, chez Guidi, en grande
partition. Des cantates, des hymnes, et l'ora-
torio le Dernier jour de Jérusalem, turenl les
seuls ouvrages écrits par Mabeliini pendant
les années 1848 et 1849 : en 1830, il com-
posa sa grande messe de Requiem, qui fut
exécutée pour la première fois au mois de
mars 1831, dans l'église de Saint-Gaétan, et
dont la partition a été publiée à Paris, chez
Richault. Celte production, que j'ai sous les
yeux en écrivant cette notice, prouve que son
auteur est du petit nombre des maîtres italiens
qui conservent encore les bonnes traditions de
l'art d'écrire la musique sérieuse. Elle est
dédiée à la reine d'Es|)agne, Dona Isabelle II,
qui a récompensé l'auteur en lui envoyant la
croix de l'ordre d'Isabelle la Catholique. //
/'e/Uur/ero, opéra composé par Mabeliini, en
collaboration avec son ami Gordigiani, fut
représenté, en 1831, au théâtre de Livourne,
et, dans l'année suivante, il donna à Florence
Baldassar , grand opéra dont le finale du
second acte excita l'enthousiasme des specta-
teurs. Depuis lors, Mabeliini n'a plus écrit
(pie de la musique d'église, à l'exception de
Fiametta, opéra bouffe représenté à la Per-
gola, en 1837.
Les compatriotes de Mabeliini lui reprochent
d'être trop savant. Peu de maîtres, si toute-
fois il en est parmi les Italiens de l'époque
actuelle, pourraient mériter ce blâme. Dans le
nombre d'ouvrages dramatiques qui se sont
produits pendant les dernières années au delà
des Alpes, une partition bien écrite est in-
conteslablement une œuvre très -originale.
Aujourd'hui, les graves événements politiques
qui agitent la nation sont un temps d'arrêt
pour les arts : espérons qu'après le retour à la
tranquillité, cette grande diversion aura pour
effet d'opérer une réforme salutaire dans le
goût musical des Italiens.
Les œuvres de musique d'église composées
par Mabeliini jusqu'en 1859 sont celles-ci :
1" Messe à quatre voix et orchestre, à Novare,
en 18Ô8. 2" Responsori à deux chœurs (1847),
à Florence, chez Guidi. ô» Messe de Requiem
(1850); Paris, Richault. 4» Messe à trois voix,
390
MABELLINI — MABLY
chœar et orcïieslre (1853), ibîd. 5° Libéra me
Domine, à quatre voix, chœur et orchestre,
ibid. 6» Messe solennelle à quatre voix, chœur
etorchestre(1843).7°Messe2de?n,ibid. (1848).
8° Messe a capella, à trois voix (1849). 9° Messe
idem (1851). 10" Motet (O Pater), pour ba-
ryton, chœur et orchestre. Il" Motet {Spes
impii) , pour basse, chœur et orchestre.
\^'' Stabat mater, pour basse, chœur et or-
chestre. 13» Te Deum à quatre voix, chœur et
orchestre. 14" Fexilla Régis, à quatre voix,
chœur et orchestre. 15° Iste confessor, idem.
16° Domine ad adjuvandum, ideni. 17° et
18» Deux Dixit, idem. 19» Magnificat, pour
ténor et basse, chœur et orchestre. 20» Lau-
date pueri, pour ténor, chœur et orchestre.
21° Loquebar, à quatre voix, chœur et or-
chestre. 22» Loquebar, à trois voix et orgue.
23» ^udi filia, à quatre voix, chœur et or-
chestre. 24» Off'erentur, à trois voix et orgue.
25» £cce sacerdos magnus, à quatre voix,
chœur et orchestre, exécuté à la cathédrale de
Florence, en présence du pape Pie IX, en
1857. 20» Unguentem, à quatre voix et or-
chestre. 27° O gloriosa Firginum, idem.
28» Exnltet , à trois voix et orchestre.
^^ O Salutaris pour ténor, basse et orgue.
30» Tantum ergn, pour ténor, basse et or-
chestre. 31» Tantum ergo , pour contralto,
ténor et orchestre. 32" Gaudeamus, à quatre
voix et orchestre. McsiotiE de cojicert et de
CHAMBRE : 33» La Chasse, chœur et orchestre,
1837. 33" (bis) Raphaël Sanzio, cantale, 1842.
34" Six valses pour le piano; Milan, Lucca,
1839. 35» Grande fantaisie pour flûte, clari-
nelle, cor, trompette et trombone, composée
par ordre du grand-duc de Toscane pour les
artistes de sa chapelle Ciardi (fliite), les frères
Bimhoni, (clarinette et trombone), Paoli (cor)
et Brizzi (trompette), avec orchestre, 1846.
36° L^Addio, romance pour baryton, avec
violoncelle obligé et piano, 1847; Florence,
Lorenzi. 37» Cantate élégie sur la mort du
célèbre sculpteur Bartolini, de Florence, 1846.
38» // Rilorno, cantate, 1846. 39» Fantaisie
militaire pour flûte, clarinette, cor, deux
trompettes, trombone et orchestre, 1847.
40» Italia risorta , hymne pour soprano,
chœur, orchestre, 1848; Florence, Lorenzi.
41» La buono Andata, chanson devenue
populaire; Florence, Guidi, 1847. 4^2^ E spero
di tomate, idem, ibid.,\M8. 43» L'Etruria,
cantate; Florence, Lorenzi, 1849. 44» Bou-
quet de Florence, album de douze morceaux
de chant avec accompagnement de piano;
Paris, Bichault, 1855. 45° Élégie pour chant
et piano; Florence, Guidi, 1850. 40» Cantate
pour baryton, chœur et orchestre, intercalée
dans Saiil, tragédie d'Alfieri. 47° II%jmne
national toscan, 1858. 48» Un grand nombre
de romances, petites cantates, avec piano,
marches et fantaisies pour musique militaire.
MABILLOIV (Jeau), savant bénédictin de
la congrégation de Saint-Maur, naquit à Saint-
Pierremont, village du diocèse de Reims, le
25 novembre 1632. Après avoir achevé de
brillantes études au collège de Reims, il
entra au séminaire, où il passa trois années; il
n'en sortit que pour prononcer ses vœux à
l'abbaye deSaint-Remi, au mois de septembre
1654. Ce n'est point ici le lieu d'examiner les
travaux importants de ce savant homme : on
en trouve l'indication et l'analyse dans les
dictionnaires historiques généraux; je ne
citerai que ses ouvrages qui renferment des
objets relatifs à la musique : 1» i>e Lilurgid
gallicanà libri très, Paris, 1685: ibid, 1729,
in-4». Mabillon y traite de la musitiue d'église,
dans la première partie, sous le titre de Mu-
sicx status. 2° Annales ordinis S. Benedicti,
in quibus non modo res monasticx sed etiam
ecclesiasticx historix non minima pars con-
tinetur, Vavis, 1713-39, 0 vol. infol. 3» Acla
Sanctorum ordinis S. Benedicti in sxculo-
rum classes distributa, Paris, 1668-1702,
9 vol. in-folio. On y trouve des renseignements
curieux sur l'histoire de la musique d'église.
Mabillon est mort à l'abbaye de Saint-Ger-
main-des-Prés, le 27 décembre 1707, à l'âge
(le soixante-quinze ans.
MABLY (Gabriel BOINTVOT DE), frère
de l'abbé de Condillac, naquit à Grenoble, le
14 mars 1709, d'une famille parlementaire du
Dauphiné. Après avoir fait ses études au Col-
lège de Lyon chez les jésuites, il se rendit à
Paris où le cardinal de Tencin, son parent, le
fit entrer au Séminaire de Saint-Sulpice ; mais
il ne tarda pas à se dégoûterdes études théolo-
giques, qu'il abandonna pour se livrer à celle
de l'histoire et du droit public. Sans autre
ambition que celle de se faire un nom par ses
écrits, et satisfait du médiocre revenu de trois
mille francs, qui composait toute sa fortune,
il consacra sa vie entière à la composition de
ses ouvrages. Il est mort à Paris, le 23 avril
1783. Parmi des écrits d'un genre tout diffé-
rent, on est étonné d'en trouver un qui a peu
de rapport avec ses autres travaux, et qui est
intitulé : Lettres à madame la marquise de
P... (Pompadour) siir rOpera, Paris, 1741,
in-I2 de cent soixante-six pages, réimpiimé
en 1752, in-12. C'est une poétique assez
MABLY — MAGE
391
vague de ce genre de spectacle. Il la publia
sous le voile de l'anonyme. L'abbé Goujet en
a parlé avantageusement, sans en connaître
rauteur,danssa^'i'6;«o</iè<j'Me/"ranfa/se, t.lll,
p. 531). Cet opuscule n'a point été recueilli
dans les diverses éditions complètes de Mably.
MACAllI ou MACCARI (Jacques), com-
))0siteur dramatique, né à Rome dans les pre-
mières années du dix-huitième siècle, est connu
par les opéras suivants, tous représentés à Ve-
nise : 1° Adoalda furioso, en 1727. 2» Aris-
tide^ 17-55. ô" Oltaviano trionfante di Murc-
Jntonio. 1755. 4»Za Fondazione di Fenezia,
1736.
MACAÏIRY (PiEnnr), professeur de mti-
sique à Marseille, s'est fait connaître par un
écrit intitulé : Questions sur la diversité
d'opinions et de doctrines des auteurs didac-
tiques en musique, adressées à Messieurs les
professeurs et membres du Conservatoire de
France, Paris, 1827, in-S" de soixante-huit
pages, avec deux planches. Ces «luestions sont
relatives aux divers systèmes d'harmonie : j'en
ai donné une analyse dans la Revue musicale
(t. I, p. 245 et suiv. ; ô24 et suiv.).
MACCAIAI (Antoine), chantre de la cha-
pelle ducale de Saint-Marc, à Venise, concou-
rut, en 1740, pour la place de maître de celle
chapelle. Mais on lui préféra Lotti {voyez ce
nom). M. Caffî dit que Maccari s'était fait
connaître par de bonnes compositions pour
l'église (1). Cet artiste a écrit aussi pour la
scène et a fait représenter : Lucrezia romana
in Costantinopoli, au théâtre S. Samuele, de
Venise, en 1737, et La Contessina , opéra
bouffe, au même théâtre, en 174ô. Dans la
première édition de la Biographie des Musi-
ciens, ces ouvrages étaient attribués par er-
reur à /flC7)/e.s iJîacari , de^ome {voy . ce nom).
MACCklERINÏ (Joséphine), cantatrice
qui a joui de quelque réputation, principale-
ment dans le style d'expression, était née à
Bologne en 1745. Ayant quitté le théâtre en
1788, elle se retira dans sa ville natale, où elle
est morte, le 19 septembre 1825, à Tâge de
(jualre-vingts ans.
M ACDOISALD (Jean), ancien lieutenant-
colonel du génie et commandant en chef de
l'artillerie à rétahlissemenl anglais de Suma-
tra (2), naquit en 1700 dans les Hébrides, d'une
famille attachée aux Sluarts. Il revinlde l'Inde
{\) Storia delta vtusica sacra nella già cappella di
S. Jlarco, etc. y lonie i, p. SG8.
(2) C'est par erreur qu'il a été dit, dans la preniiëre
édition de la Biographie universelle des muticitns, que
îtaivlonald «lait tccUsiaslique anglican.
en 1796, et se fixa à Londres. Cultivant les
sciences et la musique avec succès, il se livra
à des recherches curieuses sur la théorie des
sons harmoniques qui peuvent se produire sur
les instruments à archet. Le résultat de ses
découvertes furent publiés, en 1811, à Lon-
dres, chez Monzani, sous ce titre : A Treatis*
on tliepractice, theory and harmonie System
(Traité sur la prati(|ue, la théorie et le système
(les harmoniques). Le traité des hai'moniqnes
du violoncelle parut séparément chez le même,
en 181Ô, et en 1815, avec des additions; mai'<
les deux ouvrages ont été refondus, avec de
nouvelles recherches, dans le volume qui a
pour litre : A Treatise on the harmoni.
System arising from the vibrations of thi
aliquot divisions ofSlrint/s according to thr
graduai progress of the notes, from the
midlc, to the remote extremis, explainino
simpJy. hy curved delinealions, the manner
in which the harmonie tones, halfand qnar-
ter notes, are generated and produced on
every corrcsponding part of the Slring
(Traité sur le système harmoniciue provenant
des vibrations des parties aliquotes des
cordes, etc.), Londres, Preston, 1822, in-fol.,
avec beaucoup de planches; ouvrage imprimé
avec luxe. Ce savant est mort à Exeter, le
12 août 1831.
Î^IACE (Thomas), luthiste anglais, naquit
en I6!o, cl fut attaché longtemps au Collège
de la Trinité, à Cambridge, en qualité de clerc.
En 1690, il quitta cette i>rofession, et se rendit
à Londres, où il annonça par les journaux une
vente d'instruments et de musi(|ue. Il fit aussi
connaître par la même voie qu'il donnait des
leçons de !héorbe,delulh, de viole et de com-
position. Hawkins nous apprend que ce musi-
cien mourut en 1709, à l'âge de quatre-vingt-
seize ans. On lui doit un livre singulier qui a
pour litre : Musik's Monument ; or, a re-
membrancer of the best practical Musich,
both divine and civil, that has ever been
known to hâve been in the workl (Monument
de musique, ou conservateur de la plus belle
musique pratique, divine et humaine, connue
dans le monde), Londres, T. RatclifTe, 1676,
in-fol. de deux cent soixante-douze pages. Cet
ouvrage est divisé en trois parties. La pre-
mière traite de la musique d'église, que Mace
distingue en musique de paroisse et musique
de cathédrale. La seconde renferma "in traité
fort étendudu lulheldulhéorbe, avecungrand
nombre de préludes et de pièces en tablature
pour ces instruments. Mace y donne la figure
, et la description d'un double luth de son in-
392
MAGE — MACHADO
vcnlion, qu'il appelle diphoue. Dans la troi-
sième partie, on trouve un traité de la viole et
de la musique en général, avec le plan d'une
salle de concert et la figure d'un orgue-table
inventé par Mace. Celte troisième partie est
beaucoup moins étendue que les premières. II
y a des choses utiles dans ce livre; mais le
style en est bizarre. Mace y fait preuve de
beaucoup d'originalité et de gaieté. Il i)araSt
qu'il avait un goût passionné pour la poésie,
car son livre est rempli de j)ièces de vers.
MACE (Denis), musicien de la cbaml)re
du roi de France, vers le milieu du dix-
septième siècle, a publié : Cantiques du
Pirennée d'Eu mis en musique , Paris ,
Christophe Ballard. Il y en a deux éditions,
sans date.
MACEDONO DI ANTIO (Jean-Vin-
cent), chevalier napolitain, amateur distingué
de musique, vivait au commencement du dix-
seplième siècle. Il a fait imprimer de sa com-
position : Madrigali a cinque voci, libro
primo, Napoli, Coslanzo Vltali, 1603, 10-4°.
MACER. f'oyez MACIIT-
MACFARLAIV'E (Georges!, chef de mu-
sique d'un régiment d'infanterie anglaise, est
auteur d'un ouvrage intitulé : Cornopean Jn-
slructor, conlaining the elementary Princi-
ples ofJ}Jusic, togelher tcith Exercises, Pré-
ludes ^ Jirs , and Duetts in every R'ey in
which the Instrument is playable with effect
(!e Maître du cor à clefs, contenant les principes
de musique, avec des exercices, préludes, airs
et duos dans tous les tons où l'instrument est
jouable avec effet), Londres (sans date), in-fol ,
MACFARREN ( Georges -Alexandre),
compositeur et professeur de musique d'un
mérite dislingué, est né à Londres en 1813.
Ayant donné, dès ses premières années, des
indices d'une bonne organisation pour la mu-
sique on lui fit apprendre les éléments de
cet art j mais ce ne fut qu'en 1827 qu'il en fit
une étude régulière, lorsqu'il fut placé sous
la direction de M. Lucas, professeur assez re-
nommé à cette époque. Après avoir reçu ses
leçons pendant deux années, M. Macfarren
entra à l'Académie royale de musique, où la
composition devint l'objet principal de ses
études, sans négliger toutefois le piano, dont
il jouait depuis l'âge de quatorze ans. Sollicité
aussi par les administrateurs de l'école, pour
qu'il apprit à jouer d'un instrument d'or-
che.«lre, il choisit le trombone. Parvenu à la
connaissance complète de l'art d'écrire en
musique, il sertit de l'Académie royale de
musiqut pour se livrer à l'enseignement et à
la composition; mais il y rentra en 1838, en
qualité de professeur d'harmonie. Deux ans
après il fut un des fondateurs de la société des
Musiciens antiquaires de Londres, pour la
publication des œuvres des musiciens anglais
les plus célèbres des seizième et dix-septième
siècles. Malheureusement, vers le même temps,
la vue de M. Macfarren commença à s'altérer;
le mal s'agrava d'année en année, et enfin la
cécité devint complète. Nonobstant cette pé-
nible situation, cet artiste justement estimé
n'en a i)as moins continué à se livrer à la
composition et à l'enseignement.
Le premier ouVrage de quelque importance
produit par M. Macfarren est sa symphonie à
grand orchestre (en fa mineur), qui fut exé-
cutée îe 27 octobre 1834, par l'orchestre de la
société des British Musicians. Sa seconde
symphonie (en ut mineur) a été exécutée
avec succès dans plusieurs concerts. Ces deux
symi)honies ont été arrangées à quatre mains
pour le piano, par l'auteur, et publiées à Lon-
dres. Il a écrit plusieurs ouverlures, dont une
a été exécutée au concert du Gewandhaus, de
Leipsick, en 1843, sous la direction de Men-
delsohn. On a aussi gravé du même artiste, à
Londres : l^"" quatuor pour deux violons, alto
et basse, op. 37; 2""^ quatuor idem, op. 54;
U^ sonate pour le piano (en mi bémol);
2""^ idem, intitulée Ma cousine (en la);
liicces de différents caractères pour le même
instrument; beaucoup de mélodies avec piano,
et d'autres productions de musique vocale et
instrumentale. Le premier ouvrage dramatique
de BI. Macfarren fut joué à l'Opéra anglais de
Londres, en 1837, sous ce titre : DeviVs opéra
(rOpéradu Diable), etobtintun succès d'estime
parmi les connaisseurs. En 1846 il donna au
même théâtre son Don Quixote, dont le succès
fut complet et qui obtint une suite de repré-
sentations fructueuses. Son opéra Charles II
fut représenté en 1849, à Princesses Théâtre,
et reçut de la population de Londres un
accueil enthousiaste. Un des plus beaux ou-
vrages de M. Macfarren est la cantate in-
titulée The Sleeper awakened (Le dormeur
réveillé), qui fut exécutée au concert national
du théâtre de la Reine, en 1850, et dont la par-
tition arrangée pour le piano a été publiée à
Londres, chez Cramer, Beale et C. Le dernier
ouvrage important de M. Macfarren est son
opéra intitulé Robin Hood , représenté au
théâtre anglais, en 18CI, avec un très-brillant
succès.
MACIIADO (Mancel), musicien de la cha-
pelle du roi de Portugal, naquit à Lisbonne
MACHADO - MACQUE
393
dans la seconde moitié du seizième siècle, et y
vivait en ICIO. Il eul pour maître de compo-
sition Ducirte Lobo, un des meilleurs artistes
portugais. On trouvait dans la Bibliothèque
royale de musique de Lisbonne, avant le dé-
sastre de 175G; les ouvrages suivants de la
composition deMachado: 1" Cogitavit Domi-
nus. 2° Salve Regina, à huit voix. 3'^ Vilhan-
cicos à plusieurs voix.
MACHAULT (Guillaume DE). Foxjez
GUILLAUME DE MAC H AU.
MACUETTI (le P. Théophile), moine
camaldule, maître de chapelle de l'église pri-
miziale de Pise, naquit à Venise et non à Bo-
logne, comme il est dit dans la première édi-
tion de cette Biographie. Il vécut dans la se-
conde moitié dudix-septième siècle. On connaît
sous son nom ■.l''Salmi a qtiattrovocie Quattro
stromenti , Bologne, Jacques Monli, 1G87.
2» Sacri concerti di Salmi a qiiallro voci,
ibid., 169Ô, in-4».
MACHOLD (Jean), compositeur allemand
du seizième siècle. Gerber le croit né dans la
Thuringe. On connaît sous son nom : l^Die/fis-
toria vom Leiden und Sterben Christi mit
55a'mmencomponrr« (l'Histoire de la Passion
et de la mort de Jésus-Christ, à cinq voix),
Erfurt, 1o9ô, in-4''. 2° Motets à cinq voix,
ibid., 1395. Paul Balduanus cite de ce musi-
cien {Bibliolheca pliilosophica, p. 179, edit.
Jense, 1616), un traité de musique intitulé :
Compendium Germanico-Latinum Musicœ
practicx quxstionibus exposituni, Erphor-
diaî, 1593, in-S". Cet ouvrage n'est indiqué
par aucun autre bibliographe.
MACIIY (le sieur DE), maître de viole,
à Paris, sous le règne de Louis XIV, a fait im-
primer de sa composition : Pièces de viole en
musique et en tablature, Paris, 1685, in-4''
oblong.
MÀCICIOWSKI (Stanislas) , violoniste
polonais, est né à Varsovie, le 8 mai 1801.
Doué d'heureuses dispositions pour la musique,
il se livra à l'étude du violon sous la direclion
d'un violoniste nommé Buzyczka. En 1821,
Maciciowski s'éloigna de Varsovie, dans le but
d'aller à Berlin pour y prendre des leçons de
Moeser (voyez ce nom). Plus tard, il se rendit à
llesse-Cassel pour y entendre Spohr, qui dès
lors devint son modèle ; puis il parcourut l'Al-
lemagne et la France. Établi à Angers, vers
1833, il s'y livra à l'enseignement; puis il
visita Bordeaux et Agen: enfin, il alla se fixer
en Angleterre. A Londres, il S€ fit entendre
avec succès aux concerts de la Société philhar-
monique; il ne fut pas moins ncurcux dans
les concerts qu'il donna à Manchester et dans
plusieurs autres villes. On connaît de lui une
fantaisie pour violon et orchestre, un rondeau
dans le genre des polonaises, une mélodiedra-
matique d'après Spohr, et divers autres ou-
vrages.
MACQUE (Jean DE), compositeur belge,
fut organiste du vice-roi de Naples. vers le
milieu du seizième sièle. Il occupait déjà cette
place en 1540 lorsqu'il publia ses litanies à
huit voix; mais longtemps après, c'est-à-dire
en 1592, il était encore au service de la même
cour, en qualité de maître de chapelle, car
Fabio Colonna lui fit alors entendre un orgue
hydrauli(iue qu'il avait construit d'après les
descriptions des anciens (1). Son maître de
contrepoint avait été Philippe de Mons : c'est
ce <iue nous apprend le titre de son premier
livre de madrigaux à six voix conçu en ces
termes : Di Giovanni de Macque discipulo
di M. Filippo de Monte il primo libro de'
Madrigali a sei voci , novamente da lui
composti e dati in luce, in Venelia, presso
Ang. Gardano, 1576, in-4''. On doit conclure
de là que de Macque reçut son éducation mu-
sicale comme enfant de chœur de la collégiale
de Soignies où Philippe de Mons {voyez ce
nom) était chantre dans les premiers temps de
sa carrière. Cerreto nous apprend (Z?e//aPrat-
tica Musica,\\h. 3, p. 136), que de Macque
vivait encore à Naples, en 1601 ; il devait être
alors fort âgé. On connaît sous le nom de cet
artiste : 1° Litanie a 8 voci, Naples, 1540.
2^ Canzonette alla napoktana a G voci, Na-
ples, 1553. 5'^ Di Giovanni de Macque, etc.,
il primo libro de' Madrigali a sei voci
(comme ci-dessus). 4" Il seconda libro de' Ma-
drigali a cinque voci. Novamente composti e
dati in luce, in Venezia, presso Giac. Vin-
centi, 1387, in-4''. L'épître dédicatoire, daii'e
de Naples, le 20 mai 1387, est adressée à don
César d'Avalos d'Aragona. 5" Madrigali a
4 voci. libro terzo, in Napoli, presso Gar-
gano, 1604, in-4''. C'est une réimpression
comme l'ouvrage suivant : 6" Jl sesto libro
de' Madrigali a 5 voci, in Venezia, app.
(I) Cette circonstance est rapportée par l'éditeur delà
deuxième partie de V/Zisloire des Plantes, de Fabio Cn-
lonna (fionie, I61G, in-i"); voici ses paroles : llabeliis
itirtem Orfjani Ilijdraulici à nemine hactenus bene inlel-
tectiverain ileclaniliotiem, quod atictor nos(er non mnrio
jierfecit, sed .':œjjius etiam à Juaniie de Macque Belga in
sarcllo rerjio iVeapolitano miisices prœfeclo, ut ciwi mii-
sica voculi, et iiislrumentali sono suo projirio audircinr
efl'ecit. L'ne faute d'impression s'est glissée dans la cit)-
tion de ce passage faite par Léonard Nicodemo, dans ses
additions a la liiOlioleca najtoleiana de Toppi (p. '/2; :
On y lit De .Varquc pour De Mucque.
394
MÂCQUE - MACROPEDIUS
1
l'erede di Bart. Magni, IGlô, in-4°. Il y a une
troisième édition du troisième livre des ma-
drigaux à quatre voix, imprimée en 1610,
à Naples, chez B. Gargano, in-4°. 7" Madri-
galetti a 6 voci, Anvers, 1600, in-4''. Les re-
cueils suivants contiennent aussi des morceaux
de sa composition : 1" Dolci affetti; Madri-
gali a 5 voci di diversi eccellenti musici,
Rome et Venise, i585. 2" Harmonia céleste,
de diversi eccellenlissimi musici a 4, S, 6, 7
et 8 voci, nuovamente raccolta per Andréa
Pevernage^ etc., Anvers, P. Phalèse, 1393,
in-4" obi. 3» Simphonia Angelica, di di-
versi eccellentissimi musici a 4,5 et 6 voci,
nuovamente raccolta per Huberto TFael-
rant, etc., ibid., 1394, in-4<' obi. 4»// Lauro
verde, Madrigali a' sei voci, composti da
diversi eccellenlissimi musici, ibid., 1591,
in-4» obi. 5° // Trionfo di Dori, descritlo du
diversi e posto in musica da altrettanti au-
thori, Venise, 1396; Anvers, 159G; ibid.,
1601 ; ibid., 1614, in-4» obi. 6» Paradiso
musicale di Madrigali e canzoni a cinque
voci, Anvers, P. Phalèse, 1596, in-4'' obi.
MACRI (Paul), compositeur, né à Bo-
logne vers le milieu du seizième siècle, est
connu par les ouvrages suivants : 1» Motetti a
cinque voci, Venise, Scotlo, 1581, in-4".
2» Lamentationcs Jeremiae a 5, 6, 7, 8 et 10
VQcum., Venet. per Ricarduna Amadinum,
1397, in-4".
MACIUIZI. Vogez MARRIZI.
MACllOltE, philosophe platonicien et
grammairien latin, vécut à la cour de Théo-
<lose le Jeune, au commencement du cin-
(|uième siècle. Ses noms latins sont : Aurelius-
Macrobius-Amhrosius-Theodosius. On ne
connaît pas le lieu de sa naissance, et la plu-
part des circonstances de sa vie sont ignorées.
Un passage du code théodosien nous apprend
seulement qu'il était, en 422, grand maître de
la garde-robe de l'empereur Théodose. Parmi
les ouvrages de Macrobe, on remaniue un
commentaire fort curieux sur le Songe de
Scipion, fragment du sixième livre de la Ré-
publique de Cicéron. Cet ouvrage est divisé en
<leux livres : il contient une exposition du sys-
tème du monde, suivant les idées des anciens.
Dans le sixième chapitre du premier livre, et
dans les quatre premiers du second, l'auteur
traite de l'harmonie des sphères et de la mu-
siijue d'api'ès la doctrine de Pylhagore. La
première édition de VExpositio in Somnium
Scipionis a paru avec les Saturnales, le plus
important des ouvrages de Macrobe, à Venise,
chez Jansonjcn 1472, in- loi. On a repioduitce
livre depuis lors plusieurs fois, notamment dans
l'édition complète des œuvres de Macrobe, cwm
no<îsvar/orMi?i; publiée parGronovius, Leyde,
1670, in-8», dans celle de Jean-Charles Zeune,
Leipsick, 1774, in-8"; et enfin dans celle de
Deux-Ponts, 1788, deux vol. in 8". Il existe
une traduction française des mêmes œuvres,
par Ch. De Rosey; Paris, Firmin Didot, 1827,
deux vol. in-8°, et une autre traduction fran-
çaise se trouve dans la deuxième série de la
Bibliothèque latine-française de Panckoucke,
Paris, 1843, 3 volumes in-8". On est étonné
de lire, dans le Dictionnaire historique des
musiciens de Choron et Fayolle, ([ue les Sa-
turnales et le Songe de Scipion ont été écrits
en grec, par Macrobe : il existe une version
grecque du commentaire sur le Songe de
Scipion; mais elle est de Maxime Planudes,
moine de Nicomédie, qui vivait à Constanti-
nople dans le quatorzième siècle.
MACROPEDIUS (Georges), grammai-
rien, poëte et philosophe, naquit à Gemert,
village des environs de Bois-le-Duc, dans les
Pays-Bas, vers la fin du quinzième siècle. Il
entra dans l'ordre des frères de Saint-Jérôme,
et fut préfet du collège d'Utrecht, puis ensei-
gna pendant quelques années les lettres grec-
ques et latines à Bois-le-Duc. 11 mourut dans
cette v'ile, en 1538. Macropedius écrivait en
latin avec élégance, et possédait bien les
langues grecque, hébraïque, chalilaï(iue, les
mathématiques et la philosophie scolaslique.
Il a écrit des rudiments des langues grecque
et latine, un traité de la syntaxe, un autre sur
la prosodie, un livre sur la dialectique, sur le
comput ecclésiastique et le calendrier, des
scolies sur les évangiles et épilres de toute
l'année, et d'autres sur les hymnes et les
séquences (Bois-le-Duc, 1532, in-4"). Tous ces
ouvrages ont été imprimés en Hollande et à
Francfort. 3Iacropedius fut un des premiers
qui écrivirent, au temps de la renaissance, des
comédies latines, avec des chœurs en mu-
sique : elles ont été recueillies au nombre de
onze et publiées sous ce titre : Omnes Georgii
31acropedii fabulse comicx ,denuo recognitx ,
et juslo ordine (proiit éditas sunt) in duas
parles divisa; Ultrajecti, Harmannus Bor-
culous excudebat , 1532-53, petit in-8". Les
chants des chœurs ont le caractère rhythmique
des chants populaires d'après lesquels les
hymnes de l'église ont été notées dans les
treizième et quatorzième siècles. Je crois
devoir ra(iporler ici un de ces chants lequel
appartient à un chœur de la comédie intitulée :
Pctriscus, à cause de l'inltrclqui s'y allaclie,
MACROPEDIUS — MADONIS
393
pour rhisloire du (liéi'.re vers le milieu du
seizième siècle. Le rhythme de ce chant est
dimètre cataleclique :
IL
5:^
:zt.
de - a - lu; sunl so
2^
iii
ZZZZÏ
la - (i
Dnccho di
^^^m
s
ca - lie mu - ne - ra, m
i
ztzat
Y>— ^
-^
i
gau - (il - uni - que dantlii
i
122=
^E^
ràziJL
suiit, su - nien - tia sunl niœ-
i
2Z
-Q
ren - ti - bus.
Le même chant se répète sur les onze
strophes prononcées par le chœur, à l'unisson.
Foppens, qui adonné une notice sur Macro-
pedius (m Bibliot. Belg. 1. 1, p. 359), y a joint
son portrait.
MADEYSKI(M.), compositeur, né a Lem-
berg, vers 1821, y enseigne le chant et le
piano. Il s'est fait connaître par la publication
d'un album de chant intitulé Spietvick, par
deux mélodies sans paroles pour le piano,
gravées à Vienne, chez Mechetti, et par un
Noël (A'o?e?ida) pour le même instrument.
MADIi> (Henui), abbé, était fils d'un gen-
tilhomme irlandais qui suivit en France le
roi Jacques IL II naijuit à Verdun, en 1698,
cl fit ses éludes chez les jésuites de cette ville.
La musique fut particulièrement l'objet de ses
travaux. Jeune encore, il obtint la place de
maître de chapelle de l'église mélropolilaine
lie Tours; en 1737, il quUta celte place pour
celle de maître de la cathédrale de Rouen,
qu'il conserva jusqu'en 1741. Il reçut alors sa
nomination de sous maître de la chapelle du
roi. En 1744, il succéda à Campra dans la
charge de gouverneur des pages de la musique
du roi, et, le 24 avril 174G, il obtint un cano-
nicatà la collégiale de Saint-Quentin; mais il
ne jouit pas longtemps des avantages attachés
à cette position, car il mourut à Versailles le
4 février 1748. Dans la collection de messes
de divers auteurs imprimées par J.-B. Ballaid,
à Paris, en grand format de chœur, on trouve
trois messes de l'abbé Madin, à quatre voix.
La première a pour titre : Z>jco ego opéra mea
régi; la seconde, f ivat pax ; la dernière,
Felociter currtt Sermoejiis. La Bibliothèque
du Conservatoire royal de Bruxelles possède
un exemplaire de toutes trois; de plus elle en
a les partitions manuscrites. Elle possède
aussi les partitions de deux autres messes du
même auteur, la première intitulée : f'ivat
rex, composée au commencement de 1741,
lorsque l'auleur était encore maître de cha-
pelle de la cathédrale de Rouen, l'autre, Inci-
pile Domino, également à quatre voix, écrile
en 1743. On trouve, à la Bibliothèque impé-
riale de Paris, les manuscrits des motels
Diligam te, à grand chœur, et IVotus in
Judea, idem. L'abbé Madin s'est aussi fait
connaître comme écrivain didactique par un
livre intitulé : Traité du contrepoint simple
ou du chant sur le livre; Paris, 1742, in-4'',
gravé. Cet ouvrage, où l'on ne trouve ni doc-
liine, ni critique, contient des exemples de
contrepoint, fort mal écrits, qui ne donoenl
pas une haute idée du savoir de son auteur.
MADLSEDER (Nonnos), bénédictin et
supérieur du monastère de Saint-Gall, à An-
dich, en Bavière, est mort jeune encore, dans
ce couvent, au mois de mars 1773. Il s'est fait
connaître par des compositions de musique
d'église intitulées : 1» Offertoria XV pro
principalioribus festivitatibus Donnni cum
4 vocibus ordinariis, violinis duobus obli-
gatis, viola obligata,juxta stylum novissi-
mum, op. I, Augsbourg, M. Rieger, 1703.
2» Offertoria XV solemnîa de festis Sanc-
torum in communi cum 4 vocibus, 2 viol.,
viola, clar. et corn, ad lib., op. II, ibid.,
1787. 3» Miserere V et Stabat Mater I pro
tempore quadragesimale cum A voc. ord.
2 violinis, viola, clar., cornib. et tribus
trombis cum dupl. basso, op. III, ibid.,
1768. 4» Vesperx solemnes sed brèves 4 voc.
ord., 2 viol., viola, clar., vel cornib. cum
dupl. basso; impressx in principali monas-
terio S. Galli, Andich, 1771, op. IV.
MADOIMS (JEAîi), violoniste distingué,
né à Venise dans les dernières années du dix-
septième siècle. Quanz l'entendit à Venise,
en 1725, et lui trouva un talent digne des plus
grands éloges. L'année suivante, Madonis se
rendit à Breslau avec une troupe de chanteurs
italiens, en qualité de chef d'orchestre. Arrivé
à Paris, dans les premiers moisde 1729, il se fit
entendre avec succès au concert spirituel qui
396
MADONIS - MAELZEL
fut donné aux Tuileries le l*^"" mai de cette
année, et lut engagé comme un des violons
ordinaires de la musique du roi. Eu 1731, il
fut appelé à Saint-Pétersbourg, et l'impéra-
trice lui accorda un traitement de trois mille
roubles. Quinze ans après, il se trouvait dans
la même ville et y jouissait de beaucoup d'es-
time. On voit dans la composition de l'or-
chestre de la chapelledeSaint-Marc, à Venise,
décrétée le 28 février 1786, qu'un des violo-
nistes de cette chapelle se nommait Joseph
Madonis. M. Cafii croit que cet artiste était
celui qui se fit entendre à Paris, en 1729 (1);
mais, outre la différence du prénom, il est de
toute évidence que celui-ci ne pouvait encore
élre employé dans un orchestre cinquante-sept
ans plus tard. C'était ou un fils, ou un membre
de la même famille. On a gravé à Paris quel-
ques compositions de cet artiste, entre autres
des sonates à violon seul, op. 1 (sans date), et
(rois concertos en un recueil.
MADRE DE DIOS (Antoine DE), reli-
gieux portugais, compositeur de musique
d'église, né à Lisbonne, fut musicien de la
chambre à la cour de Jean IV, puis maître de
chapelle d'Alfonse VI. Sa vie d'artiste est ren-
fermée entre les années 1C20 et 16G0. Ses
compositions pour l'église étaient conservées
dans la bibliothèque royale de musique avant
le désastre de Lisbonne, en 1756.
MADRE DE DIOS (Antoine DE), carme
portugais, né à Lisbonne, fut second maître
de chapelle de son couvent, et mourut dans
cette ville, en 1690. Son maître de musique et
<le composition avait été Manuel Caldoso. Ce
moine a écrit beaucoup de psaumes, ré-
pons, etc., dont il y a des copies manuscrites
<lans les églises de Lisbonne.
MAELZEL (Jean-Népomucène) , mécani-
cien célèbre, né à Ratisbonne, le 15 août 1772,
était fils d'un facteur d'oi'gues, habile dans la
mécanique. Son père lui fit apprendre la mu-
sique et le piano, et ses progrès furent si ra-
pides, qu'à l'âge de quatorze ans, il était déjà
considéré comme un des meilleurs pianistes
de Ratisbonne. Depuis 1788 jusqu'en 1792, il
donna des leçons de son instrument. La méca-
nique était cependant son occupation princi-
pale; pour augmenter ses connaissances dans
cette partie des mathématiques appliquées, il
fit plus tard des voyages à Paris et à Londres.
La nature lui avait donné le génie de celte
science: il résolut de l'employer à des objets
relatifs à la musique, et le premier fruit de
fl) Sloria (teltumiislca sacra nette l'ià cappeiia ducale
di S. Mario m Venezia, vol. Il, p. hK,
ses méditations fut le Panharmonlcon , or-
chestre mécanique dans lequel il avait imité
de la manière la plus heureuse le son de plu-
rieurs instruments, particulièrement ceux de
la trompette, de la clarinette, de la viole et du
violoncelle. Cette machine avait d'ailleurs
une puissance de son qui frappait d'étonne-
ment, et les nuances de piano et de forte s'y
exécutaient parfaitement. En 1805, cet instru-
ment était déjà fini et Maelzel le faisait en-
tendre à Vienne. Deux ans après, il le trans-
porta à Paris où son exhibition causa autant
d'étonnement que de plaisir. Cherubini écrivit
alors pour le Panharmonicon un écho, mor-
ceau d'une rare suavité et d'une facture digne
du grand maître. Vers la fin de 1807, Maelzel
vendit cet instrument soixante raille francs, et
en commença une autre où il avait inti-oduit
plusieurs perfectionnements, et c(ui était déjà
achevé en 1808. Environ dix-huit ans après,
il tiansporta celui-ci à Boston, où il a été,
dit-on, vendu à une société pour la somme
énorme de quatre cent mille dollars.
De retour à Vienne, en 1808, Maelzel s'y
occupa d'une nouvelle invention, son trom-
pette automate qui, par la pureté des sons et
la netteté de l'articulation dans les passages
les plus compliqués, fut considéré comme un
morceau i)arfait. La réputation de l'habile ar-
tiste s'étendait progressivement : l'empereur
d'Autriche récompensa ses travaux en le nonir
mant mécanicien de la cour. Vers celte
époque, il s'occupa du perfectionnement du
métronome de Slœckel {voyez ce nom), dont le
volume trop grand lui semblait un obstacle à
l'usage ordinaire; mais n'ayant rien trouvé de
satisfaisant à cet égard, il profita d'un voyage
qu'il fit en Hollande, au commencement de
l'année 1812, pour proposer la résolution du
problème à Winkel {voyez ce nom), mécani-
cien à Amsterdam. Celui-ci le résolut en
homme de génie, par le seul déplacement du
centre de gravité, pour les diverses nuances de
lenteur ou de vitesse des vibrations, au moyen
d'un poids glissant le long de la tige du balan-
cier. W^inkel ne fit point mystère de sa décou-
verte à Maelzel qui, s'en emparant, l'appliqua
à une échelle graduée des mouvements de la
musique, et en fit le métronome connu depuis
sous son nom. Il soumit cette machine à l'exa-
men de l'Institut de France, obtint son appro-
bation dans un rap|>ort qu'il fit imprimer avec
des déclarations de i)lusieurs com()ositeurs à
la suite d'une Notice sur le Métronome de
J. 7Va<;/:e/ (Paris, 1816, in-S" de vingt-quatre
p^gos; ibid., 1822, in-8" de huit pagesà deux.
MAELZEL — MAERZ
897
colonnes), et forma à Paris une société com-
merciale pour la fabrication de cet instru-
ment. Informé du larcin que Maelzel lui avait
fait, Winkel réclama la priorité d'invention
dans le n» 25 de la Gazette musicale de Leip-
sick (anD. 1818). Quelques années après, Mael-
zel se trouvant à Amsterdam avec l'automate
joueur d'échecs, Winkel demanda à l'Institut
des Pays-Bas qu'une commission fût nommée
pour. juger le différend survenu entre lui et le
prétendu inventeur du métronome. On fit
droit à sa requête, et la commission examina
avec soin cette affaire. Dans une séance où il
ne donna j)as une haute idée de ses connais-
sances en mathématiques, Maelzel fut obligé
d'avouer qu'il était redevable à Winkel de
l'idée première de son métronome, et ne ré-
clama que la propriété de l'échelle, qui ne lui
était pas contestée par son adversaire. Procès-
verbal fut dressé de cette séance et déposé
dans les archives de l'Institut des Pays-
Bas (1).
En 1817, Maelzel était retourné à Vienne,
d'où il avait répandu le métronome dans toute
l'Europe. Deux ans après, il s'établit à Paris
avec le Joueur d'échecs qu'il avait acheté à
Vienne, après la mort de Rempelen son inven-
teur (voyez ce nom), et y fit connaître son
danseur de corde automate, chef-d'œuvre de
mécanique, et son plus beau titre de gloire, si
toutefois il en était l'inventeur, ce qui peut
être mis en doute, après l'affaire du métro-
nome, et lorsqu'on se souvient qu'il s'attri-
buait aussi faussement l'invention du joueur
d'échecs, duquel il avait seulement adapté la
machine parlante du même Kempelen, pour
jjrononcer les mots échec et mat. 11 se donnait
aussi pour auteur de celle dernière invention,
et il prit un brevet à Paris, pour des poupées
parlantes qui disaient bonjour papa, bonsoiv
maman. A l'égard de l'automate joueur d'é-
checs, quia tant exercé la curiosité publique, et
que son inventeur avait déjà fait voiràParis en
1783, c'est une machine fort ingénieusement
conçue pour l'exécution de tous les mouve-
ments que doit faire l'automate pour porter le
bras vers la pièce qui doit être jouée, ouvrir
la main, saisir la pièce en la refermant, l'en-
lever et la mettre sur la case où elle doit aller,
suivant les directions particulières à toutes les
pièces. Mais les problèmes relatifs à tous ces
mouvements sont les seuls que la mécanique a
(I) On peut voir, sur celte affaire, une! ellrc de JI.J. De
Vos Willems, secrétaire perpétuel de la quatricmeclasse
«II» rinstilul des Pays-lias, et l'un des commissaires, in-
sérée dans ia/ieiue musicale (t. \'l, ann. ISi'J, p. 'M ci s }.
pu résoudre, car un peu de réflexion suffit pour
faire comprendre qu'il sera toujours impos-
sible de faire une machine intelligente : les
combinaisons du jeu d'échecs sont donc l'of-
fice d'un joueur habile, caché dans l'intérieur
du socle où est contenu le mécanisme, et qui
fait mouvoir les différents ressorts, lorsque
les mouvements des cases mobiles de l'échi-
quier de l'automate lui indiquent le coup qui a
été joué, et qu'il exécute aussitôt sur un petit
échiquier placé devant lui et éclairé d'une
bougie. Arrivé à Paris , Maelzel engagea
d'abord BI. Boncourt, très-bon joueurd'échecs,
pour faire jouer l'automate dans les séances
publiques qu'il donnait chaque soir; mais la
taille élevée de ce joueur lui faisait éprouver
une fatigue excessive lorsqu'il était couché
dans l'élroit espace réservé à ses fonctions; il
dut y renoncerj et M. Alexandre, puis M. Mou-
ret, autres joueurs très-habiles, le remplacè-
rent, et accompagnèrent Maelzel à Londres,
où ils lui firent gagner des sommes considéra-
bles, qu'il dissipa bientôt dans la débauche.
Des discussions d'intérêt, survenues entre lui et
ses joueurs, furent cause que ceux-ci se sépa-
rèrent de lui et divulguèrent son secret. Cette
circonstance, jointe aux poursuites de ses
créanciers, détermina Maelzel à se rendre en
Amérique, en 1826, avec ses automates et
son panbarmonicon. On dit que le succès de
ces machines à New-York, à Philadelphie et à
Boston, lui ont procuré une grande opulence.
Suivant quelques renseignements, parvenus
aussi de Boston, où il avait fixé son séjour
dans ses dernières années, il aurait exécuté
un automate à larynx mécanique qui exécutait
des gammes diatoniques et chromatiques, en
montant et en descendant. M. Bienaimé-Four-
nier, horloger-mécanicien à Amiens, ayant
exécuté, en 1829, un métronome qui faisait
entendre, outre les vibrations du pendule, des
coups plus forts pour les combinaisons de ces
vibrations en mesures à temps binaires ou ter-
naires, Maelzel fit à son métronome une mo-
dification du même genre, mais dont le méca-
nisme était plus simple et meilleur, et céda la
propriété de cette machine à M. Wagner, hor-
loger-mécanicien de Paris, qui, pendant plu-
sieurs années, a construit tous les métronomes
dont on fait usage en France. Maelzel est mort
au commencement du mois d'août 1838, dans
un voyage de La Guayra à Philadelphie, a l'âge
de soixante-six ans.
MAE HZ (Co.mkad), fadeur d'orgues de la
cour de Bavière, naquit à Haimbourg, arron-
dissemcnl de Plaffenhofen, le 20 février 1703.
398
MAERZ — MAGALHAENS
Il servit d'abord dans l'artillerie de l'armée
bavaroise, et fut envoyé en garnison à Ingol-
stadt, où il apprit les principes et la pratique
de la construction des orgues chez le facteur
Gaspard Kœnig. Après avoir employé quatre
années à ce genre de travail et d'éludé, il entra
dans le corps des archers de la garde du
prince électoral. Le facteur d'orgues et de
pianos de la cour^ Joseph Gloner, qui demeu-
rait à Munich, était alors, fort âgé et ne pou-
vait plus remplir ses fonctions : le prince
Charles-Théodore lui donna Maerz pour suc-
cesseur en 1800, et celui-ci se retira alors du
service militaire. Il avait déjà construit à
Glon, près de Zinnenhourg, en 1796, un bon
orgue, et à Eschenhach un autre instrument
d'une excellente qualité. En 1800, il refit à
neuf l'orgue de l'abbaye de Waldsassen.
Depuis lors il a produit plusieurs bons instru-
ments.
MAESTRINI (.....), compositeur drama-
tique de peu de mérite, né à Florence, a fait
représenter, dans l'automne de 1837, au petit
théâtre délia Piazza de cette ville, un opéra
intitulé : Jmelia^ dont l'existence ne fut pas
longue. En 1844, il fit. jouer à Pistoie, pendant
la saison du printemps, Margherita Pus-
terla, opéra en trois ac(es, dans lequel il n'a-
vait pas négligé de mettre un orgue et un
Salve Regina, comme dans les Lombardi, de
Verdi, qui avaient alors grand succès en Ita-
lie. Le même opéra fut. joué, dans l'année sui-
vante, au théâtre Jlfieri, de Florence. Ce
inaestro Maestrini est un des plus pauvres
maestrinetti de notre pauvre époque.
3IAFFEI (Jean-Camille), savant italien,
né à Solofra, dans le royaume de Naples. au
commencementdu seizième siècle, est auteur de
plusieurs traités de philosophie, parmi lesquels
on remarque le plus ancien traité connu de
l'art du chant proprement dit, confondu par
Forkel et les autres biographes allemands
avec l'Enseignement des principes de la mu-
sique, qui en e«t le préliminaire. L'ouvrage
(!(< iMaffei a pour titre : Discorso filosofico
(h'iht voce, e del modo d''imparare di cantar
di garganta, raccoUe da D. Fahrio de'
Pdoli da Limosînano; Napoli, appresso
Haymondo Amato, 150)3, in-12 de 130 pages.
MAFFEI (le marquis François-Scipion),
célèbre littérateur, également distingué par
SCS poésies, pièces de théâtre et ses savanîes
recherches sur l'histoire et les antiquités,
naquit à Vérone, le 1" juin 1G75, et mourut
le 11 février 1755, à l'âge de quatre-vingts
aHs. Dans le tome 5<^ du Giornale de' letlerati
d'Italia (Venise, 1711), qu'il avait entrepris
de concert avec Apostolo Zeno et Vallisnieri,
il a inséré une description du forté-piano, qui
venait d'être inventé par Cristofali, sous le
titre de Nuova invenzione d'un gravecem-
balo col piano e forte; aggiunte alcune con-
siderazioni sopra U stromenti musicali.
Une traduction allemande de cette dissertation
a été placée par Mattheson dans sa Critica
musica, t. 11, p. 335. On en trouve une tra-
duction hollandaise dans l'écrit périodique de
Lustig intitulé : Twaalf redeneeringen over
musijkuale onderwerpen, etc.
MAFFEI (Madame FESTA). Foyez
FESTA (Françoise).
MAFFOLI (Vincekt), célèbre ténor ita-
lien, né à Reggio vers 1760, commença à se
faire connaître en 1783. La heauté de sa voix,
son habileté dans l'art du chant et son mérite
comme acteur, lui procurèrent bientôt les
plus brillants succès. En 1787, il chantait au
théâtre Aliberti à Rome, et son talent y pro-
duisit une si vive impression que le public
s'écria un soir, plein d'enthousiasme : RPaf-
folo! M'affolissimol Pendant les saisons du
carême et du printemps 1789, il eut aussi de
brillants succès à Milan, où il chantait avec la
Morichelli Bosello. En 1790, il alla à Reggio,
sa patrie, puis à Sienne; au printemps de
1791, il était à Florence, où il se fit admirer
dans l'oratorio i>e6ora e Sisara, de Guglielmi.
Dans l'automne de la même année, il chanta
à Turin, puis il partit pour Vienne, où il
demeura pendant les années 1792 et 1793.
Les représentations du théâtre italien ayant
cessé, vers la fin de cette dernière année,
dans la capitale de TAulriche, Maffoli re-
tourna en Italie; mais depuis cette époque,
on n'a plus de renseignements sur sa per-
sonne.
MAGALHAENS (Philippe DE), maître
de chapelle du roi de Portugal, naquit dans les
dernières années du seizième siècle à Azeitam,
au diocèse de Lisbonne. Son maitre de musi-
que et de composition fut Manuel Mendes. Sa
réputation de savant musicien était déjà si
bien établie, lorsqu'il eut achevé ses études,
qu'il obtint immédiatement sa position dans
la chapelle du roi. Compositeur laborieux, il
a laissé en manuscrit beaucoup de messes et
de niolels qui étaient conservés dans la Bi-
bliothèque royale de musique, à Lisbonne,
sous le numéro 809. On n'a imprimé de lui
que les ouvrages dont les litres suivent •
1° Canlica beatissimx Firginis, Lisbonne,
Craesbcck, 1630, in-l'ol. inax, 2" Missm qua-
MAGALIIAENS - MAGGI
399
iuor, quinque et sex vocibus constantibus,
ibid., IGôo, in-fol. max. 5° Cantus ecclesias-
ticus coniniendandi animos corporaque se-
peliendi defunctorum : Missa et stationes
juxta ritura sacro-sanctœ Romatiœ Ec-
clesiœ hreviarii missalisque Romani Clé-
ment s FUI et Urbani f III , recogni-
tionem ordinala, Lisbonne, Craesbeck, 1G41,
in-4''. La même édition a reparu en 1642,
avec un nouveau fronlisplce; Lisbonne, An-
toine Alvarez. Longlcmps après, il a été fait une
autre édition de ce recueil, à Anvers, chez
Henri Aerlsen, 1091, in^».
MAGDEBURG (Joaciiim) fut d'abord, et
postérieurement à 1552, diacre à l'église de
Saint-Pierre, à Hambourg, puis fut appelé
comme pasteur à Magdebourg, en 1558. On
connaît de sa composition un recueil de chants
à t|uatre voix, imi)rimé à Erfiiit, en 1572.
MAGE (DE), organiste à Saint-Quentin,
vers 1752, était élève de Marchand. On a
de lui un livre de pièces d'orgue qui parut en
1753.
MAGENDIE (Fkançois), médecin et ana-
tomiste célèbre, est né à Bordeaux, le 15 oc-
tobre 1783. A l'âge de quinze ans, il avait
déjà terminé ses humanités, et bientôt après
il commença l'étude de la médecine. Il se livra
particulièrement à des recherches d'anatomie
qui lui ont fait faire de belles découvertes.
Pai mi ces travaux, ceux qui ont pour objet la
conformation et les fonctions des organes de
la voix ont fait honneur à Magendie : ce sont
ceux qui doivent être ici mentionnés. Ne se
l)ornant pas, comme ses prédécesseurs, à con-
sidérer ces organes dans l'état de nature
morte, il a fait un grand nombre d'expé-
riences sur des animaux vivants, dont il avait
mis à découvert, avec beaucoup d'adresse, le
larynx et les autres parties du mécanisme de
la phonation. C'est ainsi qu'il est parvenu à
déterminer l'action des principaux muscles du
tuyau vocal. Dans une de ses expériences, il a
reconnu que l'épiglolte est étrangère à la pro-
duction du son, car il a coupé impunément
cette partie de l'appareil vocal avec tous ses
muscles : la voix n'a été détruite que lorsqu'il
a coupé le milieu des cartilages aryténoïdes,
dont la section détruisait la glotte. A l'égard
de son .système général de la phonation, il se
range parmi ceux qui comparent l'appareil
vocal à un instrument à vent. Suivant lui, les
muscles thyro-arylénoïdiens vibrent à la ma-
nière des anches. L'intonation varie, dit-il,
en raison de la longueur, de la grosseur, de la
tension, et consé<iucmment de l'élasticité de
ces muscles. Cette théorie est opposée ^ celle
de Savart, qui est revenu à l'ancienne idée de
l'analogie du mécanisme vocal avec celui des
instruments à vent du genre des flûtes. Ma-
gendie a exposé avec beaucoup de détail tout
ce qui concerne la voix, son appareil, et son
mécanisme dans le chant et dans la parole, au
premier volume de son Précis élémentaire de
Physiologie (p. 229-275 de la deuxième édi-
tion). La première édition de cet ouvrage a
paru en 1816, à Paris, deux vol. in-S"; la
deuxième en 1825; la troisième avec des ad-
ditions, en 18ÔÔ, deux vol. in-S". On a aussi
de ce savant : Mémoire sur les usages du voile
du palais dans le chant et dans la parole,
Paris, 1808, in-4''. Magendie était médecin en
chef de la Salpétrière, membre de l'Académie
royale des sciences, de l'Académie royale <le
médecine, et de beaucoup de sociétés savantes.
Il est mort à Paris, le 7 octobre 1855.
MAGGllIELS (Jean), compositeur fla-
mand de la fin du seizième siècle, a publié un
recueil de chansons à quatre, cinq et six voixj
Douay, 1600, in-4».
MAGGI (Jéhôme), savant du seizième
siècle, naquit à Anghiaii, dans la Toscane, et
non en Angleterre, comme le disent les auteurs
du Dictionnaire historique des musiciens
publié en 1810. Après avoir fréquenté les uni-
versités de Pérouse, de Pise et de Bologne, où
il étudiait le droit et les antiquités, Maggi
obtint, en 1558, une place déjuge à Amatri-
cani, dans le royaume de Naples. Vers 1560,
il s'établit à Venise, où il publia quelques
ouvrages qui commencèrent sa réputation.
Nommé ensuite juge dans l'île de Chypre, il se
trouva au siège de Famagouste, dont il retarda
la prise pendant plusieurs mois par des ma-
chines de son invention ; mais enfin cette ville
étant tombée au pouvoir des Turcs, iMaggi fut
emmené en esclavage à Constantinople. Sans
autre secours que celui de sa mémoire, il com-
posa dans sa prison deux petits traités, l'un
De Tinlinnabulis (des clochettes), l'autre
De Equuleo (du chevalet), qu'il dédia aux am-
bassadeurs de France et d'Autriche. Tous
deux s'occupèrent alors de son rachat; mais
pendant qu'ils le négociaient, Maggi trouva
moyen de s'enfuir et de se réfugier chez l'am-
bassadeur d'Autriche. Y ayant été découvert,
il fut ramené dans sa prison et étranglé, dans
la nuit du 27 mai 1572. Le traité De Tintin-
nabulis a été publié, pour la première fois, à
Hanau, 1608, petit in-8». Une seconde édition,
avec la vie de l'auteur et des notes, par
F. Swcrtius, parut à Amsterdam, en 1GG4,
400
MAGGI - MAGINI
in-12»Toulefois il n'est pas exact de dire,
comme tous les bibliographes, et même comme
la Biographie universelle des frères Michaud,
c[ue cette édition fut donnée par Sweriius lui-
même, car ce savant était mort en 1659;
mais il l'avait préparée. On en a une troisième
édition datée d'Amsterdam, 1689, in-12.
Sallengrea inséré cette dissertation dans son
Thésaurus novus antiquit. Roman., t. II,
p. 1157. On a aussi de Maggi : Farix Lec-
tiones seu Miscellanea;\emse^ 1564, in-S».
Il y propose une correction pour un passage
d'Aulugelle relatif à la forme de quelques
instruments de musique des anciens, lib. I,
chap. 13 ; et le chap. ô3™^ du quatrième livre
est intitulé : Musica in humanos animas in
qua corpora ipsa vim esse maximam.
MAGGI (le comte Sébastien), prêtre véni-
tien, ex-moine de l'ordre de Saint-Philippe, a
publié, sous le voile de l'anonyme, un écrit
intitulé : Dissertazione sopra il grave disor-
dine ed abusa délia moderna musica vocale
ed istromentale che si è introdatta e si usa a
nostri dï nelle chiese e ne divine ufpzii (Dis-
sertation sur le grave désordre et sur l'abus
de la musique moderne, vocale et instrumen-
tale, qui s'est introduite de nos jours dans les
églises, et dont on fait usage dans le service
divin), Venise, 1821, in-8''(I).
MAGGIORE (François), compositeur na-
politain, vécut vers le milieu du dix-huitième
siècle, voyagea longtemps, et mourut en Hol-
lande dans un état voisin de la misère,
en 1782. Parmi ses compositions pour le
théâtre, on cite I Raggiri délia cantatrice.
opéra bouffe représenté en 1745,et(î/« scherzi
di Jmore^ 1762. Ce musicien, qui aurait
dû chercher dans ses talents une existence
honorable, préféra se donner en spectacle
dans la plupart des villes qu'il visita, et re-
cueillir des applaudissements par son adresse
à imiter le chant et les cris de divers ani-
maux.
MAGIIEROI (Joseph-Marie), né près de
Milan, en 17ô2, ht son éducation musicale en
cette ville. En 1770, on a exécuté à Londres
un oratorio de sa composition intitulé : le Ju-
gement de Salamon. Dix ans après, six trios
pour deux violons et basse ont été gravés sous
son nom dans la même ville.
MAGIELLI (Dominkjue), compositeur ita-
lien du seizième siècle, né à Valeggio, dans
la Lombardie, a publié de sa composition :
l" Madrigali a cinque vaci, lib. 1, Venise,
(I) Voyez le Dizzionario di Opère anonime e pscuclo-
nime diSvrttlori ilaliani, di G. M., tome I, p. ÔIO.
1567. 2" Madrigali a cinque vaii, lib. 2,
Venise, 1568, in-4''.
MAGI]>'I (Jean-Paul), excellent luthier,
né à Brescia dans la seconde moitié du sei-
zième siècle, établit ses ateliers dans celte
ville, et se distingua particulièrement dans la
facture des violons. Suivant les recherches que
j'ai faites, depuis que la première édition de
cette Biographie a été publiée, cet artiste tra-
vailla depuis 1590 jusqu'en 1640 environ. Le
patron de ses violons est en général fort grand;
cependant il y en a quelques-uns de petit
format ; les voûtes en sont élevées et s'étendent
près des bords. Les tables d'harmonie sont de
bonne qualité et assez fortes; le dos, assez
aplati vers les extrémités supérieure et infé-
rieure, est considérablement renflé près des
éclisses qui ont peu d'élévation et dont les
courbes sont adoucies vers les angles. Un
large filet double règne sur la table et sur le
dos; il se termine quelquefois sur cette der-
nière partie de l'instrument en un ornement
placé au-dessous du manche et au-dessus de
l'attache du lire-cordes ; cet ornement repré-
sente une large feuille de trèfle. La plupart
de ces instruments sont vernis à l'esprit-de-
vin, d'une belle couleur brun clair. Ce vernis
est remarquable par sa finesse. Les dimensions
en étendue et la combinaison des voûtes avec
les épaisseurs donnent à la plupart des instru-
ments de Magini un son grandiose, grave et
mélancolique. Ce son a moins de velouté que
celui des Stradivari, et moins de puissance que
les Joseph Guarneri; il a plus d'analogie avec
celui de la viole ; mais il a beaucoup de charme
dans le quatuor d'instruments à cordes.
MAGIÎSÏ (Pietro-Santo), luthier de Bres-
cia , vraisemblablement de la même famille
que le précédent, a été souvent confondu avec
lui. Ll travailla dans le dix-septième siècle,
environ vingt ans plus tard que Jean-Paul.
Bien qu'il ait fabriqué des violons qui ne sont
pas dépourvus de qualité, il s'est distingué
particulièrement par des contrebasses, qui
sont renommées en Italie comme les meilleur.*
instruments de ce genre.
MAGINI (François), compositeur italien
de musique vocale, vécut vers le commence-
ment du dix-huitième siècle. Gerber le cite
comme auteur de cantates avec accompagne-
ment de clavecin qui existent en manuscrit
dans diverses bibliothèques de Leipsick. On
connaît aussi de lui des solfèges à deux voix,
datés de 1702, et des sonates pour trois trom-
bones, qui se trouvent en manuscrit dans ia
bihlio'hèque dcrabbé Sanlini, à Rome.
MAGIO — MAGNI
401
MAGIO (François), compositeur sicilien,
né à Castro Velrano, dans la première partie
du dix-septième siècle, a publié : Sacra Ar-
monta, e musicuU concenti a 2, 3, 4 e 5 voci,
con una messa a 5 concertata ; Milan, 1670,
10-4».
MAGIRUS (Jeas), prédicateur et pasteur
à l'église de Saint-Biaise à Brunswick, naquit
à Cassel vers 1550, et fut d'abord cantor à
l'école de Sainte-Catherine, dans la première
de ces deux villes. On a de lui un livre inti-
tulé : Artis musicx methodicè legibus logicis
informât^ libri duo ad tolum jnusices arli-
fîcium et ralionem componendi valdè acco-
modati ; Francfort, 1596, in-S» de cent cin-
<|uanle-huit pages. Ce traité fut composé par
Magirus pour l'usage de l'école de Sainte-
Catherine. La seconde édition a été publiée à
Brunswick, en 1611, in-S", mais avec des
changements considérables dans la forme du
livre et dans le fond des choses. La préface
de ce livre, adressée aux élèves de l'école de
Sainte-Catherine de Brunswick, est de Charles
Bumann, recteur de cette ville. Elle est suivie,
conformément à l'usage du temps, de plusieurs
pièces devers latins à la louange de Magirus.
Le premier livre, qui traite des éléments de la
musique, est divisé en vingt-trois chapitres ;
le second livre traite de la tonalité, de l'har-
monie, de la composition et de la forme des
pièces de musique. Il contient trente chapitres.
La discussion concernant l'ordre et le nombre
des modes, qui termine !e livre, est savante et
i ndique chez son auteur un jugement très-sûr.
Après avoir fait remarquer (page 125) la diver-
sité d'opinions des musiciens concernant le
nombre de ces modes, et les avoir discutées
toutes, Magirus se prononce en faveur de celle
de Glaréan (page lô7) et dit : Atqui tam in
chorali quam in figurait cantu inusii artifi-
cium sunt isH, quos diximus, modi duode-
cim. Magirus est mort d'apoplexie en 1631.
MAGIUS (Jérôme), /'oyez MAGGI.
MAGLIARD (Pierre). Foyes MAIL-
LART.
MAGNELLI (Joseph), compositeur de
musique d'église, naquit à Florence en 1767.
Élève de Louis Braccini, il étudia pendant dix
années sous la direction de ce maître, et devint
un des plus savants musiciens italiens des der-
niers temps. On connaît de lui beaucoup de
musique estimée; sa messe de Requiem avec
orchestre, exéculéc pour la première fois à
Florence en 18C6, pour l'anniversaire de l'As-
sociation des musiciens, passe pour son chef-
d'œuvre. Cet artiste est mort à Florence,
DIOCR. UMV. DES MUSICIENS. T. V.
le 31 décembre 1847, à l'âge de quatre-vingts
ans.
MAGIM(Behedetto), compositeur vénitien,
né à Ravenne vers 1580, était neveu d'Angelo
GardanOj compositeur, imprimeur et éditeur de
musique à Venise. Il fut organiste du cardi-
nal Aldobrandini, à la cathédrale de Ravenne.
On a imprimé de sa composition : 1" Concerti
0 Mottctti a 1 , 2, 3, 4 voci^ con basso con-
fmtto, opéra 1, lib. I. Venise, chez l'héritier
d'Ange Gardane (Bartholomé Magni), 1612,
in-4''. Il y a des exemplaires qui portent les
noms de Richard Amadino, avec la même
date ; sans doute par suite d'échanges entre cet
éditeur et B. Magni. 2» Concerti o Mottetli
a 2, 5, 4, 5e6 voci, op. l,lib. II, Ibid., 1612.
ô" Concerti o Mottetli a 1, 2, 3, 4 e 8 voci,
Vih.Wl^ibid., \(3\6. 4° Messe concertatea otto
t'OCJ, Ijb. 1, Il fit m, ibid. Une collection des
madrigaux de Magni à cinq voix a été recueil-
lie par son sec^ond frère, et publiée sous ce
titre : Madrigali a cinquevoci da Benedetto
Magni, raccolti da Bastiano (Sebastiano)
Magni da Ravenne suofratello, opéra terza,
in Venetia, 1613, appresso l'IIerede di Angelo
Gardano, in-4''. Dans la dédicace, datée du
l"^"" décembre 1612, Sébastien Magni dit que
depuis que son frère cultive la composition de
la musique religieuse, il dédaigne les madri-
gaux , fruits de sa jeunesse, et les laisse
ignorés du jiublic au fond d'une armoire; Sé-
bastien s'est décidé à les tirer de l'obscurité et
les publie.
MAG]>I (Bartholomé), célèbre imprimeur
et éditeur de musique, paraît être né à Ra-
venne; il vécut à Venise, au commencement
du dix-septième siècle. Il a mis au jour une
grande quantité de motets et de madrigaux des
artistes les plus renommés de son temps. Bar-
tholomé Magni était neveu d'Angelo Gardano
etfrère de Benedetto Magni, compositeur. Après
la mort de leur oncle, ils lui succédèrent dans
son imprimerie et dans sa librairie musicale,
la gérèrent en société; mais après le retour
de Benedetto à Ravenne, Bartholomé resta
seul chargé de la typogra|)hie et du commerce
des livres de musique. Ses premiers produits
parurent en 1613. Sebastien Magni, frère de
Bartholomé et de Benoît, paraît avoir vécu à
Venise, où vraisemblablement il était l'associé
de Bartholomé.
3IAG1M (Joseph), maître de chapelle de la
cathédrale de Foligno, naipiit en cette ville
dans la seconde moitié du dix-septième siècle.
Il était considéré vers 1700comijie un des bons
musiciens de son temps. Parmi ses ouvrages,
2G
402
MAGNI - MAGNIEN
on cite : Decio in Foligno, mélodrame reli-
i;ieux exécuté dans l'égUse cathédrale de cette
ville, en 1697.
Un autre musicien, nommé MAGIVI
(Paolo), qualifié de maître de chapelle de la
cour royale de Milan, dans la Dramalurgia
d'Allacci, a écrit la musique des deuxième et
troisième actes d''^riovisto, drame musical,
représenté au nouveau théâtre ducal de Milan,
en 1099. La musique du premier acte avait été
écrite par Antoine Perti. Paul Magni a com-
l)osé aussi la musique du premier ctcle de Teiiz-
zone, opéra représenté au théâtre ducal de cette
ville, en 1700. Lamusiquedes deux autres actes
avait été composée par 67emenfy7/onar«,maitre
de chapelle de la cathédrale de la même ville.
IH/iGISIEIV (Victor), directeur du Con-
servatoire de musique de Lille (Nord), violo-
niste, guitariste et compositeur, est né à Épinal
(Vosges), le 19 novembre 1804, et fut baptisé
le 22 du même mois,jour de sainte Cécile, ce qui
était de bon augure pour un musicien futur.
Victor Magnien avait atteint l'âge de dix ans
lorsque les armées alliées envahirent la France ;
toutes les administrations furent bouleversées,
et M. Magnien père, (jui était alors receveur des
contributions indirectes dans le département
de la Haute-Marne, reçut sa démission, comme
tous les employés des droits réunis. C'est alors
que Victor Magnien reçut les premières leçons
de violon. Son père, ayant obtenu un nouvel
emploi en 1817, l'envoya à Paris pour conti-
nuer des études plusieurs fois interrompues, et
pour prendre des leçons de Rodolphe Kreutzer.
Carulli devint aussi dans le même temjis son
maître de guitare. Ses progrès furent rapides;
après deux années d'études, il était devenu
lin des guitaristes les plus habiles de Paris, et
son talent sur le violon le plaçait à un rang
honorable parmi ses émules. En 1820, il alla
revoir sa famille qui alors était à Colmar; il
était âgé de seize ans. Ses talents le firent bientôt
accueillir avec distinction chez les principaux
habitants de cette ville. N'étant pas destiné à
faire sa profession de la musique, il allait en-
trer dans une administration publique, lorsque
son père, compromis dans l'affaire politique
du colonel Caron,fut destitué. Par une consé-
quence de ce fâcheux événement, le jeune Ma-
gnien dut songer à venir en aide à sa famille,
et la musique, qui n'avait été destinée qu'à ses
plaisirs, devint sa ressource la plus solide.
Bien que fort jeune et inexpérimenté dans
l'enseignement, il se mit à donner des leçons
«le ses deux instruments, et la sympathie qu^il
Irouva dans les familles les plus distinguées
de Colmar le soutint dans son entreprise. Pen
de temps après, une situation plus lucrative
pour la culture de son art lui fut offerte à Mul-
house; il l'accepta et alla s'établir dans cette
ville. Ce fut là qu'il écrivit ses premiers ou-
vrages. Chaque année il allait jtasser trois
mois à Paris, où il trouvait chez Baillot, La-
font, quelques autres artistes distingués, et
chez l'auteur de cette notice, des encourage-
ments et des conseils. L'éditeur de musique
Richault l'accueillit aussi et publia ses pre-
miers ouvrages j)our la guitare et pour le
violon. Des excursions que fit M. Magnien en
Allemagne eurent aussi pour résultat de com-
pléter ses connaissances et de perfectionner
son goût jiar l'audition des œuvres des grands
maîtres de cette époque. De 1827 à 1851, l'édi-
teur Richault lit paraître trente-deux œuvres
de sa composition. Après la révolution de 1850,
M. Magnien avait résolu de se fixer soit à Paris,
soit dans une ville qui en fût peu éloignée; ce
projet fut réalisé par l'engagement qu'il con-
tracta avec la ville de Beauvais (Oise), pour y
diriger l'orchestre de la Société philharmonique
et y remplir les fonctions de directeur des
écoles élémentaires de chant, ainsi que celles
de membre de la commission d'examen jjour
l'enseignement primaire. Il s'y maria et se fil
estimer comme homme et comme artiste pen-
dant les seize années de son séjour dans cette
ville. L'impulsion qu'il y avait donnée, tant
dans l'instruction musicale de la population
que dans la culture de l'art, fixa sur lui l'at-
tention de l'autorité, qui le choisit pour diriger
le Conservatoire de Lille (Nord), succursale
du Conservatoire impérial de musique. M. Ma-
gnien occupe cette position au moment où
cette notice est écrite (1862), et imprime aux
études musicales un mouvement de inogrès
dans l'institution confiée à son expérience.
Parmi ses compositions publiées on remarque :
1" Des duos pour violon et guitare, Paris, Ri-
chault. 2" Des thèmes variés pour violon,
avec accompagnement de quatuor, ibid.
ô" Des duos et nocturnes pour deux guitares,
ibid. 4" Des fantaisies, rondeaux, thèmes va-
riés et andanle pouv guitare seule, ibid.
3" Une messe à plusieurs voix avec orgue.
Plus de cinquante œuvres de sa composition
ont été publiés chez Richault. Parmi les
vingt derniers ouvrages, très-supérieurs aux
premiers, on distingue surtout : Concerto pour
violon (en »nî), op. 43; fantaisie caprice pour
violon avec piano, op. 49 ; éludes pour violon,
op. 41 ; le Soir an bord d'un lac suisse, mé-
lodie pour piano, op. 31 j divertissement el
fi
MAGNIEN — MAllU
403
îiol(5ro pour violon, op. 52. On a aussi de
M. Magnién : Théorie musicale ou Réponse
au programme arrêté par le ministre de
l'' instruction publique pour l'interrogatoire
des aspirants des deux sexes aux brevets de
capacité, Paris, Richault, 1837, in-8».
MAGIMJS (Richard), compositeur alle-
mand, dont le véritable nom est vraisembla-
hlement latinisé, vécut au commencement du
dix-septième siècle, et fit imprimer : Canti-
cum canticorum Salomonis^ 4, 5 e 8 voci-
bus, Francfort, Slein, 1615.
MAfilNUS, prénom sous lequel s'est fait
connaître un pianiste, dont le nom de famille
est DEUTZ. Il est né à Bruxelles en 1828.
Ayant été admis au Conservatoire royal de
musique decette ville, il y obtint le second prix
de piano en 1843, eut un second prix d'har-
monie dans l'année suivante, et le premier
|)rix de piano lui fut décerné au concours
de 1845. Sorti de l'institution où il avait fait
son éducation musicale, M. Magnus Deutzalla
s'établir à Paris, où il reçut des conseils de
quelques artistes renommés. Dei)uis lors il s'y
est fait entendre dans plusieurs concerts et s'y
est livré à renseignement. 11 a voyagé aussi
en Allemagne et a publié à Vienne quelques
petites compositions pour le piano, entre autres
La danse des esprits, caprice, oeuvre 12, et
Les pleurs de la jeune fille, œuvre 13.
MAGRIIM (Louis), professeur de physique
à Milan, a publié un petit écrit intitulé : Pen-
sieri sulla musica e sul magnetismo ani-
male, Milan, Resinati, 1842, in-8-" de trente-
six pages. Le nom de l'auteur n'est pas indi-
qué au titre de l'ouvrage, mais la dédicace est
signée du nom de M. Magrini. L'objet qu'il
s'est proposé dans celle biochure est de con-
stater, par des expériences, les effets divers
produits par la musi(|ue, et ses conclusions
sont que ces effets sont le résultat d'une in-
fluence magnétique.
MAHALiLT(ANToiNE),elnonMAHAUT,
comme les auteurs du Z>^<;^^OM/it(^re historique
des musiciens (Paris, 1810-181 1) écrivent sou
nom, était flûtiste à Amsterdam en 1737;
époque où fut imprimé son premier ouvrage.
Ses créanciers l'obligèrent à prendre la fuite
et d'abord il vint à Paris ; mais, ne s'y croyant
pas en sûreté, il se retira dans un couvent
vers 1760. Mahault mérite quelque estime
pour ses compositions. On a de lui : 1" Sym-
phonies pour plusieurs instruments. 2» Trios
pour trois flûtes. 5» Deux livres de duos pour
<leux tlûles. 4" Tiois livres de sonates pour le
*néme insUumenl. 5° Trois livres d'aricllcs
hollandaises, françaises et italiennes. Elles ont
j)our titre : Maandelijks musikaal Tijdver-
drijf, heslaande in nieuwe hollandsche can-
zonetten, gecomponeerd doorJ. Mahault, etc.
(Agréables passe-temps musicaux, consistant
en nouvelles chansons hollandaises, composées
par A. Mahault, etc.), Amsterdam, A. Ololsen,
(sans date), in-4». Quelques-uns de ces ou-
vrages ont paru à Amsterdam; les autres ont
été publiés à Paris. En 1759, Mahault donna
un des premiers ouvrages véritablement mé-
thodiques qui ont été publiés pour la flûte ; cet
ouvrage a pour titre : Nouvelle méthode pour
apprendre, en peu de temps, à jouer de la
flûte traversière, à l'usage des commençants
et des personnes plus avancées. Quelques an-
nées après, il en parut une édition nouvelle,
augmentée de douze planches de musique.
MAUIEU, surnommé DE GAISD, parce
qu'il était né dans cette ville, fut poêle et mu-
sicien vers le milieu du treizième siècle. Le
Mss. n" 66 (fonds de Gange) de laBibliothèque
impéiiale de Paris nous a conservé deux chan-
sons nolées de sa composition. On en connaît
quatre autres dans différentes Bibliothèques.
MAHMOUD -SCHIRAFI , encyclopé-
diste persan , commentateur du théoricien de
musique SsalTi-Eddin (voyez ce nom); est
considéré comme un des meilleurs écrivains
[)ersans sur cet art. Son ouvrage a pour titre :
Durret el Tadsch (Perles de la Couronne); il
se trouve à la Bibliothèque royale de Madiid.
Mahmoud-Schirafi mourut l'an 716 de l'hégire
(I5I5 de l'ère chrétienne).
MAII]>iE (GuiLLACME-LÉOMAnD), philologue
distingué, né à Amsterdam vers 1760, fut
d'abord professeur au Collège de cette ville,
et occupait cette place en 1793. En 1808, il
était recteur du collège d'Amersfoort, en Hol-
lande. On a de ce savant une excellente dis-
sertation sur la vie et les écrits d'Aristoxène
(voyez ce nom), intitulée : Diatribe de Aris-
toxeno philosopha peripatetico , Amslelo-
dami, typis Pétri den Ilengsl, 1793, iu-8» de
deux cent dix-neuf pages.
MAim (Jean-Andeé), mécanicien et fac-
teur d'instruments à clavier de la cour du duc
de Nassau, à "Wiesbaden, vers 1788. Il était
associé avec son frère, et fabriquait avec lui
des instruments auxquels il donnait le nom de
Clavi-Mandores. Gerber cite aussi de lui de
bons clavecins et un piano à queue considéré
alors comme excellent.
MAHU (Etienne), ancien compositeur alle-
mand, est placé par Forkcl et Gerber dans son
activité artistique vers 1520; mais il appar-
2S
404
MAIIU — MAIGRET
lient à une époque un peu plus reculée, sui-
vant un passage (le la Praclica Musicad'lïer-
mann Tinck {voyez ce nom). On voit par le
Novus thésaurus musicce de Pierre Joannelli
(voyez ce nom) que Malni fut un des clianlrcs
de la chapelle de l-erdinand I", d'abord vi-
caire d€ l'empire, puis empereur d'Allemagne.
Il avait cessé de vivre avant la mort de ce
prince (15C4) , car son nom ne paraît pas
l)armi ceux des autres chantres qui composè-
rent des pièces de musique à la louange de
Ferdinand et des princes de la famille impé-
riale, lesquelles se trouvent dans le cinquième
livre du recueil de Joannelli. Cet artiste eut la
réputation d'un des musiciens les plus remar-
quables de son temps ; il la mérita sans aucun
doute, car ses Lamentations de Jérémie, à
quatre voix, qui se trouvent dans le premier
livre de celle collection, sont un des meilleurs
ouvrages de la première partie du seizième
siècle. Le style de ces compositions indique
i|ue l'auteur les a écrites, au plus tard, vers
1520; car, après cette époque, l'art se modifia
et prit une allure plus libre et plus légère. Il y
a lieu de croire qu'il n'<5tait plus jeune lors-
qu'il produisit celle œuvre, car sa notation est
celle des maîtres du quinzième siècle. On
trouve de Mahu deux Magnificat Au huitième
ton, àquatre voix, dans le manuscrit de la Bi-
bliothèque royale de Munich, coté XLIII. Un
cantique à cinq voix, de la composition de
Mahu, rapporté en partition parForkel, dans
son Histoire de la musique (t. II, p. G86-G91),
d'après un recueil imprimé à Wittenberg, en
1544, justifie les éloges qui lui ont été donnés,
car il est fort bien écrit; les imitations sont
bien choisies, les mouvements des voix ont de
l'élégance, la tonalité est bien suivie et l'har-
monie a de la plénitude. Le Cancional de
llansWallher contient des mélodies chorales
de Mahu. La rare collection publiée, en 1540,
par Melchior Kriesstein, à Augsbourg, sous le
litre : Selectissimx nec non familiarissimx
cantiones ultra centum, contient des mor-
ceaux de Mahu. On en trouve aussi dans les
Modulationes aliquot quatuor vocum^ im-
jirimées à Nuremberg, par Pelrejus, en 1538,
ainsi que dans les iVeujer Teutschen Liedlein
(Nouvelles chansonnettes allemandes), impri-
mées par le même, en 1539, et dans les Selec-
tissimarum Motetarum partira quinquepar-
tim quatuor vocum, etc., chez le même, en
1540. Le cantique, publié parForkel, est tiré
<iu recueil qui a pour tilre : Newe geistliche
Gesxnge CXXIII mit 4 und 5 Stimmen
(Nouveaux chants spirituels au nombre de cent
vingt-trois, à quatre et cinq voix), Wilten-
berg, Georges Rhau, 1544. De ces diverses-
productions résulte la preuve qu'Etienne Maliu
lui un des fondateurs de la bonne école alle-
mande des premiers temps.
MAICilELBECK ( François-Antoine ),
directeur de musique, professeur de langue
italienne, et bedeau de la cathédrale de Frey-
berg, a publié à Augsbourg, en 1736, huit
sonates pour le clavecin, sous ce titre : Die
auf dem Klavier spielende und das Gehœr
^•ergnugende Cxciiia, etc., op. 1. Le second
œuvre de sonates, divisé en trois parties, et
destiné à l'enseignement de l'art de jouer du
clavecin, a paru en 1738 ; il est intitulé : Die
auf dem Klavier Lehrende Cxciiia, welclie
guten Unterricht ertheilet, wie man nicht
allein in PartHur selbst Schlagstiicke ver-
fertigen , und alhrhand Lwufe erflnden
kœnne. In drey Theile abgetheilet ; deren der
erste de Clavibus , Mensuris et Notarum
valore, der zweyte de Fundamentis Parti-
turx handelt; der dritleaber mit Exemplis
Tonorum et Fersuum vcrsehen ist. On con-
naît aussi sous le même nom : FI pompeuse,
schane, leichte und auf den neuesten ilu-
lianiscken Stylum fur aile Chœr dienliche
Jflissen, etc. (Six messes solennelles, belles,
faciles et dans le plus nouveau style italien).
Fribourg en Brisgau, 1739.
MAIEil (Grégoire), compositeur allemand,
vécut vers le milieu du seizième siècle. Jacques
Paix a arrangé et publié quelques morceaux
de ce musicien dans son recueil de pièces
d'orgue en tablature, Lauingen, 1586, in-fol.
M AIER (JOSErit-FRÉDÉRIC-BERNARD -Gas-
pard) : voyez MAJEU.
MAIEU (L.), musicien au service de l'élec-
teur palatin, dans la seconde moitié du dix-
huilième siècle, s'est ensuite établi à Paris,
où il a élé connu comme maître de piano
jusqu'en 1805. On a gravé de sa composition :
1" Trois sonates pour clavecin avec accompa-
gnement de violon obligé, Manheim, 1782.
2» Six symphonies pour deux violons, alto,
basse, deux hautbois et deux cors, op 2,
Paris, 1785.
MAIEU (Catherine), née SClilATTI,
pianiste et compositeur, vivait à Saint-Péters-
bourg vers la fin du dix-huitième siècle. De-
puis 1795 jusqu'en 1798, elle a fait imprimer
onze œuvres de fantaisies, trios et variations
pour le piano.
MAIGUET (Robert), musicien français,
né au Mans, fut un bon compositeur de chan-
sons à quatre voix. Il mourut dans sa ville
MAIGRET — MAILLARD
405
natale au mois d'août 1368, à l'âge de plus de
soixante ans. Ou trouve trois chansons de sa
composition dans le Recueil des recueils com-
posés d quatre parties par plusieurs an-
theurs, 3""' livre; Paris, Adrien Le Roy et
Robert Ballard, 1565, in-4» obi.
MA1LA]>D (Eugène). Je n'ai pu me pro-
curer aucun renseignement biographique sur
routeur d'un bon livre qui porte ce nom, et
qui a pour titre : Découverte des anciens ver-
nis italiens employés pour les instruments
à cordes et à archet. Paris, imprimerie de
Ch.LahureetC, 1859,1 vol.in-12. M. Mailand
a fait une étude sérieuse de ce sujet difiicile et
rempli de mystères : non-seuîement il a lu les
traités modernes sur les vernis de Watin (1),
de Zingry (2) et de M. Tripier-Deveaux (ô),
non-seulement il a analysé les formules de
fabrication de vernis des auteurs anciens,
tels que les Secrets des arts (pui)liés en 1550),
le Miroir universel des arts et des sciences,
de Fioravanti (4), le Recueil abrégé des secrets
merveilleux (5^, l'Oculus arlificialis du
P. Zahn (6), l'Epitome cosmographique de
Coronelli (7), le Traité des Fernis du
■p. Bonanni (8), et d'autres ; mais il a fait lui-
même un grand nombre d'expériences et a
trouvé enfin des formules qui reproduisent
l'aspect des vernis des anciens maîtres de
Crémone.
MAILLA ou plutôt MAILLAC (Joseph-
Anne-Marie DE MOYRL4. DE), célèbre
missionnaire, naquit en 1679, au château de
Maillac, dans le Bugey. Après avoir terminé
ses études, il entra chez les jésuites, et fut
envoyé à la Chine, en 1702. Il y passa qua-
rante-six ans, et y mourut le 28 juin 1748.
On a de ce jésuite une Histoire générale de la
Chine, ou Annales de cet empire, traduit du
Thoung-Rian Kangmou , Paris, 1777-83,
douze vol, in-4''. Les sections 128-148 de cet
ouvrage traitent de la musique des Chinois,
et la section 186 contient une notice du Yo-
King, livre de musique sacrée.
MAILLARD (Jean), musicien français
du seizième siècle, paraît avoir vécu à Paris,
suivant l'épitre dédicatoire d'un recueil de
motets à quatre parties qu'il a publié; mais on
ne sait rien sur sa position comme artiste.
(1) Paris, 1772, \n-%".
(2) Gciies, 1803, in-S",
(3) Paris, 18*5, in-S».
(4) Bologne, 1SC4, in-4".
(5) Paris, Ibbô, in-12.
(6) Nuremberg, 1U85, 3 vol.
(7) Venise, 1695.
l8) n^rac, (715, in-45.
Son nom ne figure pas dans les com;)les delà
chapelle, à la fin du règne de François I"", ni
sous les successeurs de ce prince, Henri II et
François II. Ce musicien paraît avoir joui de
quelque renommée, car il est peu de recueils
publiés de son temps, en France, où l'on ne
trouve quelque morceau de sa composition. Le
manuscrit n° 76 des archives de la chapelle
pontificale, à Rome, contient une messe de
Maillard. On en trouve une autre à cinq voix
dans le recueil publié à Paris, en 1537, par
Adrien Leroy et Robert Ballard, in-fol. max.
Elle a pour titre : Missa ad imitationem mo-
duli Missae Virginis Mariœ. On connaît aussi
de lui : 3Iissa ad imitationem moduli ; Aux
regretz, cum quatuor vocihus, Lutctiae, apud
Adr. Le Roy et Robertum Ballard, 1557,
in-fol. Maillard a fait imprimer une collection
de motets à quatre voix intitulé : XX Can-
tiones sacras seu Motectx quatuor vocum.
Lutetiœ Parisiorum, apud Ad. Le Roy et Robert
Ballard, 1561. L'épîlre dédicatoire à Messire
Cautelin d'Hesdin, conseiller au présidial de
Paris, est datée de cette ville, le 19 avril 1561 .
On trouve des chansons françaises à quatre
parties, de Maillard, dans les recueils dont les
titres suivent : 1" Second livre de chansons
nouvellement mises en musique à quatre
parties, par bons et sçavans musiciens,
Paris, Ad. Leroy et Robert Ballard, 1554,
' in-4'' obi. 2» Idem, sixième livre, ibid, 1556.
ô" Tiers livre de chansons nouvellement
composées en musique à quatre parties, par
N. Jaqties Arcadet et autres aulheurs, ibid.,
1561, in-4'' obi. A" Quart livre, idem, ibid.,
1561 . ^^ Premier recueil des recueils composés
à quatre parties , de plusieurs aulheurs ,\h\d. ,
1539, in-4'', deuxième édition, 1567. 0° Idem,
second livre, ibid., 1364, in 4". Il y a aussi
un motet à quatre voix composé par Maillard,
dans la collection qui a paru sous ce titre :
Liber primus Musarum cum quatuor vo-
cibus, seu sacrx Cantiones, quos vulgo Mot-
teta appellant, etc., Mediolani, apud Anton.
Barré, 1388. Enfin, il y a des morceaux de
Maillard dans la Bicinia gallica, latina et
germanica, publiée par Georges Rhau, à
Wittenberg, en 1545.
MAILLARD (Gilles ou Égide), compo-
siteur français, né à Thérouanne (Pas-de-
Calais), vécut à Lyon, dans la dernière partie
du seizième siècle. On connaît sous son
nom : la Musique , contenant plusieurs
chansons françaises à quatre, cinq et six-
parties. Lion (sic), chez Jean de Tournes,.
1381, in-4".
406
MAILLARD — MAILLART
MAITXARD (MAniE-THtnÈsEDAYOUX,
connue sous le nom de Mademoiselle), naquit
à Paris, le 6 janvier 1766. Dans son enfance,
elle reçut quelques leçons de musique à l'école
de Corrette père et fils; puis elle l'ut admise
dans l'école de danse du magasin de l'Opéra.
A l'âge de douze ans, elle dansait dans les di-
vertissements du théâtre d'Opéra-Comique qui
avait été élahli au bois de Boulogne ; les succès
qu'elle y obtint la firent engager pour les spec-
tacles de la cour de Saint-Pétersbourg. De re-
tour à Paris, en 1780, elle fut entendue par
Berton, alors directeur de rOi>éra, qui la fit
entrer dans l'école de chant de ce théâtre;
ses progrès furent si rapides, qu'elle put débu-
ter, le 17 mai 178:2, à l'Académie royale de
musique, dans le rôle de Colette du Devin du
village^ quoiqu'elle ne fût âgée que de seize
ans. La beauté de son organe, sa taille impo-
sante et sa précoce intelligence la firent ac-
cueillir avec faveur par le public. x\près avoir
remplacé madame Saint-IIuberly dans ses
rôles les plus importants, pendant quelques
années, elle succéda à cette actrice célèbre,
lorsque celle-ci se relira. Âlceste, Armide,
Didon, Iphigénie en Tauride , furent les
rôles qui d'abord établirent sa réputation ;
mais ce fut surtout dans 67j/femnesfre (d'/p/jt-
génie en Aulide) et dans Hécube que sa ma-
nière noble et l'énergie de son expression dra-
matique lui firent prendre, comme actrice, >in
rang oti aucune autre n'a pu la remplacer de-
puis lors. Retirée du théâtre, après plus de
trente ans de service, au mois d'avril 1813,
elle ne jouit point du repos qu'elle pouvait es-
pérer après de si longs travaux : des chagrins
domestiques lui causèrent une maladie de lan-
gueur qui la conduisit au tombeau, le 16 oc-
tobre 1818.
MAILLAIVT (Pierre), écrivain sur la
musique, est l'objel d'une multitude d'ereurs de
la part des bibliographes. Doni, qui voulait
sans doute approprier le nom de cet écrivain
à la prononciation italienne, l'appelle Ma-
gliard {Comp. del Trattato de' generi, e de'
modi délia musica, p. 127), et Maitheson (qui
cile inexactement le litre de son livre) a copié
Doni sans examen (Grnndlage ciner Musik
Ehrenpf., p. 218). Walther n'a pas connu le
titre français du livre de Maillart, mais il ne
s'est trompé ni sur l'orthographe de son nom,
ni sur sa personne. Forkel aurait dû suivre les
indications de ce lexicographe; mais au lieu
de cela, il fait deux articles; le premier sur
JJ/a.^h'ard (Pierre), (jui aurait été chanoine et
chantre à Tournai, et qui serait auteur d'un
traité De Tonis jntisecî's ; l'autre sur Mail-
lard (Pierre), jésuite d'Ypres, né en 1585,
qui aurait aussi écrit un traité Z^eTonî* (voyez
y4llg. Litter. der Musik, p. 274). On est étonné
de voir faire de pareilles fautes à un savant tel
que Forkel. Mais voici bien autre chose ! Sur
l'indication du jésuite, prise par Forkel dans
le Lexique de Jœcher, Geiber a pris dans la
Bibliothèque des écrivains de la Société de
Jésus, par Alegambe, les renseignements sur
le jésuite Pierre Maillart (qu'il a\^\)G\\e Mail-
lard)^ recteur du collège de Bois-le-Duc, au-
teur de plusieurs traités de théologie en langue
flamande, a mêlé tout cela avec ce qu'on sait
sur le chanoine de Tournay, et n'en a fait
qu'un seul personnage. Lichtenthal n'a pas
manqué de le copier (Dizion. e Bibliog. délia
musica, t. IV, p. 86). M. Charles-Ferdinand
Becker, qui a trouvé dans la Bibliothèque de
la ville de Leipsick un exemplaire du livre de
Maillart, a rétabli la vérité en disant que cet
écrivain était né à Valenciennes, mais il n'est
pas exact dans la citation du titre [System.
Chronol. Darstellung der Musik. Litcr.,
p. 272). Ce titre et l'épître dédicatoire nous
apprennent, en effet, que Maillart était né à
Valenciennes. Lui-même nous infornedu nom
de son mailre dans ce passage : « Je pourroys
« ici alléguer l'aulhorité de mon maistre, le
« sieur Jean Bonmarché, homme de grand
« savoir, etc. » {Les Tons de M. Pierre Mail-
lart, p. ô46.) Or, j'ai fait voir, dans la notice
sur Jean Bonmarché, ou de Bonmurchié,
qu'il était chanoine et maître des enfants de
chcEurde la cathédrale de Cambrai, au mois
de décembre 1564, et qu'il ne quitta cette po-
sition qu'au commencement de l'année sui-
vante, pour se rendre à Madrid, en qualité de
maître de la chapelle flamande de Philippe II.
De nouvelles découvertes, faites dans les ar-
chives du royaume de Belgique, par M. Pin-
chart, démontrent que ce maître était encore
en possession de cet emploi au mois de mai
1569, mais qu'au mois de novembre 1572, son
successeur était Gérard de Turnhout; d'oii il
suitque Bonmarché était mort antérieurement
à celte date. Il paraît donc certain que l'édu-
cation musicale de Pierre Maillart se fit à la
maîtrise de Cambrai, en qualité d'enfant de
chœur, pendant que Bonmarché y était, c'est-
à-dire avant 1565 ; car, bien que ce maître ail
fait chercher en Belgique des enfants de
chœur pour le service de la chapelle royale de 'i
Madrid, en 1568, ce n'est pas en Espagne (jue
Maillart aurait été son élève, puisque Bonmar-
ché était maître de celte chapelle et non i
MAILLART - MAINBERGER
407
mailrc des enfants de chœur, ce qui, alors,
claiL ditrérenl. De tout cela on peut conclure
qu'il avait environ quinze ans àla fin de 13(54,
et conséquemment qu'il naquit à Valenciennes
vers 1530. Devenu liabile musicien, il fut ap-
pelé à Tournay, ou il obtint un canonicat et
remploi de premier chantre de l'éi^lise cathé-
drale. De nouvelles recherches faites dans les
archives de la cathédrale de Tournay, par M. le
chanoine Voisin, prouvent que Maillart entra
dans ses fonctions de cette place au mois de
novembre 1 383, et qu'il y succéda à Georges de
la Hèle, après un intérim de trois années, qui
avait été rempli par un musicien nommé Phi-
lippe Durieu. Il est hors de doute que iMaillart
mourut dans l'année où parut son livre, ou
au commencement de l'année suivante, car
Omar Mussellis, suivant les registres de la
cathédrale de Tournay, y remplit les fonctions
de premier chantre depuis 1611 jusqu'en 1C21.
Le livre publié par Maillart a pour titre : les
Tons ou discours sur les modes de la musi-
que, et les Tons de réglise, et la distinction
entre iceux, de Pierre iVaillart falencen-
tiois, chantre et chanoine de l'église cathé-
drale de Tournay; divisez en deux parties ;
auxquelles est adioustée la troisiesme par le
dict autheur, en laquelle se traicte des pre-
miers élémens et fondemens de la musique^
à Tournay, chez Charles Martin, 1610, in-4"
de trois cent quatre-vingts pages, non com-
pris une longue épilre dédicatoire et la table
des matières. Ce livre, fort mal écrit, est rem-
pli de recherches savantes et curieuses qui
ont pour objet de démontrer que les douze
modes de la musique ancienne ne sont pas
identiques avec les huit tons du plain-chant.
Maillart entréprend d'y prouver que les douze
modes (suivant Glaréan, mais plus exactement
les quatorze) ont pour base l'octave divisée en
deux parties inégales, c'est-à-dire une quinte
et une quarte, tandis que, selon lui, les tons du
plain-chant sont fondés sur l'hexacorde. De là
vient qu'il rejette (p. 6G et 67) la septième syl-
labe 6/ proposée par H. Van de Pulle, dans sa
Musathena, comme inutile dans la tonalité
du plain-chant, et qu'il veut conserver à celle-
ci ses trois gammes par nature, par bemvl
el par bécarre, avec les muances qui en sont
inséparables. Ses distinctions entre les deux
systèmes de tonalité sont plus ingénieuses
que solides. Un de ses meilleurs arguments,
pour prouver que le moyen âge n'a jamais re-
connu que huit tons, consiste à faire voir qu'il
n'y a que huit neumes (récapitulations des
Tons en formules) dans la psalmodie; mais il
n'est pas sans réplique; car les neumes sont
une invention moderne relativement à la for-
mation du système de tonalité du plain-
chant.
MAILLART (Louis, dit AIMÉ), compo-
siteur dramatique, né à Montpellier (Hérault),
le 24 mais 1817, fit ses premières éludes mu-
sicales dans le lieu de sa naissance. A l'âge de
seize ans, il se rendit à Paris et fut admis au
Conservatoire, le 6 mai 18ôô. Il reçut d'abord
des leçons de violon dans la classe de M. Gué-
rin el continua l'élude de cet instrument jus-
qu'en 1836. M. Ehvart lui enseignal'harmo-
nie et le contrepoint élémentaire, puis il devint
élève de M. Lcborne pour le contrepoint su-
périeur, la fugue et la composition. Le premier
prix de fugue lui fut décerné en 1858, et il
obtint le premier grand prix de composition
au concours de l'Institut en 1841. Devenu
pensionnaire du gouvernement à ce titre, il
partit de Paris pour se rendre à Rome, à la
fin de la môme année. Après un séjour de deux
ans en Italie, il visita Vienne et les princi-
pales villes de l'Allemagne, puis il retourna à
Paris. Après plusieurs années d'efforts infruc-
tueux pour obtenir un poème d'opéra et faire
connaître son latent, il |)arvint à faire repré-
senter pour l'ouverture du Théâtre-National,
au mois de novembre 1847, Gastibèlza, opéra
en trois actes, dans lequel l'instinct scénique
du compositeur se fit remarquer comme qua-
lité dominante. Cet ouvrage fut suivi du Jflou-
lin des Tilleuls, opéra comique en un acte,
joué le 9 novembre 1849; le 10 juillet 1852,
M. Maillart donna au théâtre de l'Opéra-Co-
mique la Croix de Marie, en trois actes, qui
n'eut qu'une courte existence à la scène, quoi-
qu'il y eût du mérite dans la partition. Les
Dragons de Fillars, opéra comique en trois
actes, joué au Théâtre- Lrjrique, le 19 sep-
tembre 1836, ont procuré à M. Maillart le
succès le plus décidé de sa carrière de compo-
siteur dramatique. Le 17 décembre 1860, il a
donné au même théâtre les Pécheurs de Ca-
tane, opéra comique en trois actes.
MAILLERIE (A. DE LA), musicien
français qui vivait au commencement du dix-
huitième siècle, n'est connu que par les ou-
vrages suivants: 1° Trios jiour toutes sortes
d'instruments, Amsterdam, Roger, 17]0.2''Six
sonates pour deux flûtes et basse continue, ibid.
MAII>'BERGE!l ( Jean-Ciiaules) , né à
Nuremberg, en 1750, étudia le violon,, l'har'-
monie el l'orgue chez GrUber, dont il fut plus
tard le successeur. Il apprit aussi à jouer de
plusieurs instruments à vent, et, en 1768, il.
408
MÂINBERGER — MÂINZER
obtint la place de hautbois à l'orchestre de la
ville de Nuremberg. Cependant il jouait de
préférence le clavecin et l'orgue. Son habileté
sur ces instruments étaiL remarquable. En
1770, la place d'organiste de la ville lui fut
confiée, et dix ans après il fut appelé à remplir
les mêmes fonctions à l'église Saint-Laurent.
Il est mort d'une atteinte d'apoplexie à Nu-
remberg, le 22 avril 1815. Ses premières com-
positions datent de 1790; on cite particulière-
ment celles-ci : 1° Der ehrliche Schweizer
(l'honnête Suisse), opérette représenté sur
plusieurs théâtres particuliers. 2» Musique fu-'
nèbre pour la mort de Joseph II, exécutée le
18 mai 1790. o" La Résurrection et l'Ascen-
sion de Notre-Seigneur Jésus-Christ^ orato-
rio de Rammler, exécuté le ôl mars 1793.
4» Der Spiegetritter (le Chevalier du Miroir),
opéra en trois actes, paroles de Kolzebue.
5» Deux années complètes de musique d'église
pour les dimanches, contenant ensemble cent
quatorze morceaux. 6° Vingt-cinq grandes
compositions religieuses, telles que messes,
Te Deum, etc. 7» Quatre cantates d'église,
avec et sans accompagnement. 8° Deux grands
morceaux d'harmonie pour onze et seize i nstru-
ments à vent. 9» Les Fureurs de la guerre,
fantaisie musicale, publiée, en 1813, au profit
des blessés. 10" Sonates et concertos pour le
piano. Il* Quelques symphonies pour l'or-
chestre.
MAIINERÎO (Georges), maître de cha-
pelle de l'église d'Aquilée, naquit à Parme
vers 1545. Il s'est fait connaître, comme com-
positeur, par un recueil de Magnificat, inti-
tulé : Sacra Cantica Beatissimx Mari3s
Firginis omnitonum sex vocum parium ca-
nenda, nunc primum in lucem édita; Vene-
tiis, apud Angelum Gardanum, 1580, in-40
obi. L'épitre dédicatoire est datée d'Aquilée,
le 30 août 1580.
MAITVYIELLE-FODOI\(madame).
Foijez FODQil (madame Joséphine MAIIX-
VIELLE).
MAUXZER (Frédéric), musicien au ser-
vice du roi de Bavière, virtuose sur le violon
et bon clarinettiste, né vers 1760, fut d'abord
attaché à la musique de la chambre du mar-
grave de Brandebourg-Schwedt, puis entra au
service du duc de Mecklembourg-Strelitz en
1795.11 quitta celle place en 1807 pour passer
dans la chapelle du roi de Bavière. Il paraît
avoir obtenu sa retraite de cette position anté-
rieurement à 1827, et depuis lors on manque
de renseignements sur sa personne. On a
gravé de sa composition : 1" Trois quatuors
pour flûte, violon, alto et basse, op. I, Offen-
bach, André. 2" Trois idem, op. 2, ibid.
ô" Rondo espagnol varié pour violon prin-
cipal, deux violons, alto et basse, Vienne,
Diabelli. 4" Cantiques allemands à quatre
voix, Mayence, Schott.
MAIIMZEll (l'abbé Joseph), né à Trêves,
en 1807, était fils d'un boucher de cette ville.
Son penchant pour la musique décida ses
parents à lui faire suivre comme enfant de
chœur les cours de la maîtrise de la cathé-
drale, où il resta pendant huit ans. Après avoir
achevé ses études élémentaires, il eut le désir
d'être ingénieur des mines, et, suivant les
usages de la Prusse, il commença cette car-
rière comme ouvrier dans les houillères de
Donlweiler et de Sattzbach, près de Saar-
bruck. Bientôt fatigué par les rudes travaux
auxquels il était employé, il prit en dégoût sa
profession et retourna à Trêves. Cédant alors
aux sollicitations de ses parents pour lui faire
embrasser l'état ecclésiastique, il fut admis
au séminaire pour y faire un cours de théo-
logie, puis fut ordonné prêtre, en 1826. La
protection de l'évéque lui fournit les moyens
de voyager en Allemagne et en Italie pour
perfectionner son instruction, particulière-
ment dans la musique. De retour à Trêves, il
fut chargé de l'enseignement du chant au sé-
minaire, et publia, pour l'instruction de ses
élèves, une méthode de chant, précédée des
principes généraux de la musique, sous ce
titre : Singschule, oder praktische Antvei-
sung zum Gesang , verbiinden mit einer
allgemeinen Jflusiklehre ; Trêves, 1831 , in-4°.
Des relations politiques attribuées à Mainzer
par le gouvernement prussien, et quelques
écrits le compromirent pendant l'insurrection
de la Pologne, et lui firent donner l'ordre de
s'éloigner de Trêves ; il se rendit à Bruxelles
et commença à s'y occuper spécialement de la
composition dramatique. Son premier essai
fut un opéra intitulé : le Triomphe de la Po-
logne. Ce triomphe, trop tôt chanté, se ter-
mina comme on sait; l'ouvrage de Mainzer,
destiné au théâtre royal de Bruxelles, ne put
être représenté, mais quelques morceaux
furent entendus comme essais dans une répé-
tition. Vers la lin de 1833, Mainzer prit part
à la rédaction d'un journal intitulé l'Jrtisle,
et y donna quelques articles concernant la
musique. Peu de temps après, il se rendit à
Paris où il ouvrit des cours de chant et de
musique pour les ouvriers. Il devint aussi un
des coopérateurs de la Gazette musicale de
Paris j et fut charge de la rédaction du feuil-
MAINZER — MAIROBERT
409
lelon musical dans 7e IVationaî , journal poli-
tique. Depuis lors il a publié : 1° Méthode de
chant pour les enfants ;Varis, 1835, in-8».
a™» édition, ibid., 1838. 2» Méthode de chant
pour voix d'hommes, à l'usage des col-
lèges, etc.; ibid., 1836, in-8». Il a paru une
deuxième édition de cet ouvrage. 3° Biblio-
thèque élémentaire du chant (séries de
chants à l'usage des écoles élémentaires);
ibid., 1836, in-8". 4" Méthode pratique de
piano pour les enfants ; ibid., 1837. 5» abé-
cédaire de chant, à Vusage de la première
enfance; ibid., 1837. 6» École chorale, à
l'usage des écoles de chant; ibid., 1838.
7° Cent mélodies enfantines destinées aux
salles d'asile, aux écoles primaires, etc.;
Paris, 1840, in-8". 8" Esquisses musicales ou
souvenirs de voyages ;V3iiis, 1838-39, 1 vol.
in-S». Ce livre devait avoir deux volumes ; le
premier seul a paru. 9" Chronique musicale
de Paris, 1'"= livraison, ibid., 1838, quatre-
vingt-quinze pages in-8". Toute cette livrai-
son renferme une critique amère des talents
de Berlioz, comme compositeur et comme
écrivain sur la musique. Mainzer a écrit la
musique de la Jaquerie, opéra en quatre
actes, qui fut représenté sans succès au
théâtre de la Renaissance, le 10 octobre 1839.
Mainzer était dépourvu de sentiment dramati-
que et d'imagination. N'ayant à Paris qu'une
situation précaire, il se décida à passer en
Angleterre, au commencement de 1841. Il
s'établit d'abord à Londres^ essayant d'y ou-
vrir des cours de musique, qui furent peu
suivis. Une place de professeur de musique à
l'université d'Edimbourg étant devenue va-
cante en 1842, il se mit au nombre des can-
didats pour l'obtenir ; mais elle fut donnée au
compositeur Henri Bishop. Mainzer finit par
s'établir à Manchester, ou il ouvrit des cours
populaires de musique qui prospérèrent. Alors
sa position fut fixée, et il put donner une
grande extension à son enseignement de la
musique pour les enfants du peuple et les ou-
vriers. Il publia un petit écrit qui eut beau-
coup de retentissement en Angleterre, sous ce
litre : Address to the public of Great Bri-
tain. dissociation for popular and gratui-
tous Instruction in singing, as a powerfull
auxiliary in the religions and moral éduca-
tion of the peopde. Cet appel fut entendu par
la nation anglaise; les souscriptions vinrent
en foule, et les cours, établis par Mainzer dans
plusieurs villes et dans les campagnes, furent
suivis par près de cent mille élèves. Il en rêvait
un million, comme on le voit par le litre d'un
ouvrage élémentaire, en cahiers de seize
pages qu'il publia sous ce titre : Singing for
the Million. .^ practical course of musical
instruction, etc. La sixième édition de cet
ouvrage, divisé en deux parties, a été publiée
à Londres, en 1842, 1 vol. in-8» de deux cent
cinquante-trois pages. Il donna aussi, pour
des cours supérieurs, une Grammaire musi-
cale {Musical Grammar), et des traductions
anglaises des ouvrages publiés précédemment
à Paris; mais la fatigue, causée par cet excès
d'activité, altéra sa santé, et il mourutàMan-
chester le 10 novembre 1851. Des traductions
allemandes de tous les ouvrages de Mainzer
ont paru à Mayence, chez Schott. On trouve
dans la Revue des Deux Mondes (1825,
l-^' mars), un article signé de son nom, inti-
tulé Musique et chants populaires de l'Italie ;
ii a fourni aussi quelques morceaux au recueil
qui a pour titre : Les Français peints par
eux-mêmes (t. IV).
MAIRATV (Jean -Jacques DORTOUS
DE), mathématicien et littérateur, né à
Béziers en 1676, fut admis à l'Académie des
sciences en 1718, y succéda à Fontenelle en
1740 dans la charge de secrétaire perpétuel,
entra à l'Académie française en 1743, et
mourut à Paris, le 20 février 1771, à l'âge de
quatre-vingt-treize ans. Parmi les ouvrages
publiés par cet académicien, on remaque :
Discours sur la propagation du son dans les
différents tons qui le modifient, dans les Mé-
moires de l'Académie des sciences, année
1737, p. 1-'20. Eclaircissements sur le discours
précédent, même année, p. 20-58. Le discours
est divisé en six parties : 1" Sur la différence
des particules de l'air entre elles. 2" Sur l'ana-
logie du son et des différents tons avec la
lumière et les couleurs en général. 3" Sur
l'analogie particulière des tons et des couleurs
prismatiques. 4" En quoi l'analogie du son et
de la lumière des tons et des couleurs, de la
musique et de la peinture est imparfaite ou
nulle. 5" Sur l'analogie de propagation entre
les sons et les ondes par rapport à l'expérience
dont il est fait mention. 6" Sur la manière
dont les vibrations de l'air se communiquent
à l'organe immédiat de l'ouïe. Une traduction
allemande de ce discours, par Steinwerth, a
été publiée dans les Mémoires de physique
de l'Académie de Breslau , 1748, t. XII,
p. 209.
MAÏROBERT (Matiueu-Fra:«çois PI-
DAINZAT DE), écrivain polémique, né à
Chaource, en Champagne, le 20 février 1727,
fit ses éludes à Paris^ cl devint censeur royal
410
MxVlROBERT — MAJEFl
et secrétaire des commandements du duc de
Chartres, depuis lors duc d'Orléans, père
du roi Louis-Philippe. Compromis dans les
affaires du marquis de Brunoy et du fermier
général Parts de Jflont martel, où sa probité
ne parut pas intacte, il fut blâmé par arrêt du
parlement, en 1779. Le chagrin qu'il éprouva
de ce déshonneur le porta à se donner la mort
par un coup de pistolet, après s'être ouvert les
veine» dans un bain chaud, le 27 mars, jour
même de l'arrêt. Mairobert avait pris part à la
querelle des bouffons et de l'Opéra français,
par la publication d'un pamphlet intitulé :
Les Prophéties du grand prophète Monnet;
Paris, 1753, in-8".
MAISOrSCELLE (M. DE), contrôleur de
la maison du duc de Bourbon, vers le milieu
du dix-huitième siècle, est auteur d'un petit
écrit intitulé : Réponse aux observations sur
la musique, les musiciens et les instruments;
Avignon (Paris), 1758, in-S". Cet opuscule a
pour objet une brochure intitulée: Observa-
tions sur la musique^ etc.; Paris 1757, in 8",
publié sous le voile de l'anonyme par Ancelet,
major des mousquetaires noirs (voyez An-
celet). Celui-ci fit paraître une Répliqua à
la répotise aux observations sur la musique,
■les musiciens et les msf rume/i^s; Amsterdam,
(Paris), 1758, vingt pages in-8".
MAISOIXS (GinEs DE), ou DE VIEUX
MAISOIVS, poète et musicien, vivait dans le
treizième siècle, sous le règne de saint Louis.
On trouve deux chansons notées de sa com-
position dans un manuscritde la Bibliothèque
impériale, coté G5 (fonds de Cangé).
MA JEU (.îosEPii-FuÉDÉnic-Bi;nNARD-GAS-
PAR»), cantor et organiste de l'église Sainte-
Catherine à Hall, en Souabe, vécut dans la
première partie du dix-luiitième siècle. Son
premier ouvrage est une méthode j)our l'ensei-
gnement de la musique, intitulée : Hodegus
musicus, Ualœ Suevorum, 1718, in-8''. Il pu-
l)Iia ensuite un traité général, mais succinct,
de la musi(iiie vocale et instrumentale, sous
«e litre : Muséum musiciim theoretico-prac-
ticum, das ist : Neu-erœ/fneter theoretisch
imd pralitischer 3Iusiksaal, darinnen [jelehrt
wird, wie man sowohl die vocal als inslru-
menlac Musik griindlich erlernen,elc., Halle
en Souabe, 1752, in-4° de cent quatre pages.
Une seconde édition de ce livre est intitulée :
Neu-erœfj'ncter theoretisch und praktischer
Musiksaal, das ist : Kurze, dach vollstxn-
dige Méthode, sowohl die auch die heut zu
Tag iiblich und gewcehnlichste blasend,
schlagend undstrcichende Jnslrumenlc,elc.
(Salon de musique théorique et pratique, ou
méthode succincte, mais complète, pour ap-
prendre la musique vocale et instrumen-
tale, etc.), Nuremberg, J. J. Cremer, 1741,
in -4" de cent dix-sept pages. Outre la mé-
thode générale de musique contenue dans cet
ouvrage, on y trouve une méthode abrégée de
flûte à bec, dessus, alto, ténor et basse, de
flûte traversière, de basson, de cornet à six
trous, de flageolet, de clarinette, de trompette,
de corde chasse, de trombone, de clavecin, de
luth, de théorbe, de harpe, de cistre, de tim-
bales, de violon, de viole, de violoncelle, de
contrebasse, de basse de viole et de viole
d'amour. A vrai dire, ces méthodes ne sont
guère que les tablatures de ces instruments
dont l'auteur donne les figures. On y voit l'état
où étaient ces instruments à l'époque où le
livre a paru. La flûte traversière n'a qu'une
clef, la clarinette en a deux et le basson trois.
Les violes sont divisées en pardessus, violes
alto, ténor et basse. La contrebasse est montée
de six cordes accordées ainsi :
3
t
^
L'ouvrage de Majer est curieux et utile pour
l'histoire de la musique, vers le milieu du dix-
huitième siècle. Il est pour cette épo(iue ce
que sont les livres de Sébastien Virdung, de
Nachtgall [Ottomarus Luscinius)eli\e Martin
Agricola pour le seizième «iècle, de Michel
Prsetorius et l'Harmonie universelle du
P. Mersenne pour le dix-septième {voyez ces
noms).
MAJER (le chevalier Andué), amateur des
arts et littérateur, né à Venise le 8 juin 1705,
est mort à Padoue le 12 mars 1837. Connu
par quelques écrits sur la peinture et sur la
langue italienne, il a publié trois opuscules
relatifs à la musique. Le premier a pour titre :
Discorso intorno aile vicende délia lUusica
italiana; Rome, Mordachini, 1819, une feuille
in-S". Ce petit écrit avait déjà paru à la suite
de l'ouvrage du même auteur intitulé : Dell'
imilazione pittorica, deW eccellenza délie
Opère di Tiziano, etc., Venise, 1818, 1. 111,
p. 95-110. Ce discours n'était que l'ébauche
du travail plus considérable que Majer rédigea
sur l'histoire de la musique en Italie, après un
voyage qu'il fit à Rome, en 1819 et 1820,
pour recueillir des renseignements sur ce
sujet, puisés à de bonnes sources. 11 lit paraître
MAJER — MAJO
4lt
son nouvel ouvrage sous ce titre : Biscorso
sulla origine, progressi e sUito altuule délia
musîca italiana; Pndoue, 1821, in-S", de
cent soixante-treize pages. Le docteur Joseph
de Valeriani, ancien jurisconsulte, profes-
seur de langue et de littérature, en a donné
une traduction française intitulée : Essai de
littérature musicale concernant l'origine,
les progrès et les révolutions de la musique
italienne, avec des remarques critiques sur
les véritables causes de sa décadence et sur
le nouveau slgle de Rossini ; Augsbourg,
Wirlh, 1827, in-S". Cette traduction a reparu
à Ralisbonne en 1829, avec un nouveau fron-
tispice. Le mérite d'une érudition variée, de
connaissances positives dans la théorie de Ja
musique, et d'un goût épuré, recommande
l'ouvrage de Majer; on ne peut lui reprocher
qu'un peu de partialité en faveur des Grecs,
qui le conduit à leur accorder la connaissance
de certaines parties de la musique qui n'ont
certainement point été à leur usage, et la
sévérité de ses jugements sur les travaux des
anciens musiciens de l'école belge, qui ont été,
sans aucun doute, les maîtres des Italiens dans
les quatorzième, quinzième et seizième siècles.
Le dernier opuscule de Majer, relatif à la
musique, a pour litre : Sulla conoscenza che
aveano gli antichi del contrappunto. Il le fit
paraître dans le troisième volume de la Nuova
Raccolta di scelle opère ituliane e straniere
di scienze, lettere ed arti (Venise, 1822);
mais on en fit un tirage séparé, sans date ni
nom de lieu, petit in-8" de trente-six pages.
Majer s'est proposé d'établir dans ce morceau
que les anciens ont fait usage de l'harmonie
dans leur musique. Il base son système sur un
passage du Songe de Scipion^ extrait du
sixième livre de la République de Cicéron,
que nous ne connaissions (jne par le commen-
taire deMacrobe, avant que M. l'abbé Maj eût
retrouvé tout ce sixième livre, avec d'autres
parties de l'ouvrage, dans un manuscrit pa-
limpseste de la Bibliothèque du Vatican. Voici
la portion de ce passage qui paraît concluante
à Majer : Qux quum iïituerer stupens, ut me
recepi, Quid? Hic, inquam, quis est, qui
complet aures meas, tantus, et tam dulcis
sonus? Hic est, inquit ille, qui intervallis
conjunctus imparibus, sed tamen pro rata
portione distinctis impulsu et motu ipsorum
orbiitm conficitur : qui acuta cum gravibus
temperans , varios xquabiliter concentus
e/pcit. Nec enim silentio tanti motus inci-
tari possunt, et natura fert ut extrema ex
altéra parte graviter, ex altéra autem acutè
sonent (1). Cette doctrine de l'harmonie des
sphères célestes est empruntée par Cicéron à
Pythagore. On peut douter, par le vague de la
dernière phrase, qu'il l'ait bien entendue. Au
surplus, je rappellerai ici ce que j'ai dit ail-
leurs, savoir, que plusieurs passages du traité
grec sur la musi(iue, d'Aristide Quintilien, le
plus clairet le plus méthodique des écrivains
de l'antiquité sur celte matière, prouvent que
par l'harmonie des intervalles, les anciens
entendaient celle qui résulte de la succession
des sons qui les composent. Voyez, au surplus,
sur ce sujet mon Mémoire sur cette question .*
Les Grecs et les Romains ont-ils connu l'har-
monie simultanée des sons, etc. G. Carpani a
publié des lettres sur les ouvrages de Majer
relatifs aux arts, sous le litre : Le Majeriane,
Padoue, 1825, in-8».
MAJO (Joseph DE), compositeur de mu-
sique d'église, né à Naples , en 1G98, fut
d'abord destiné à la profession d'avocat, mais
abandonna le droit pour la musique à l'âge de
vingt ans, et fit ses éludes musicales sous la
direction d'Alexandre Scarlalli. Lorsque Du-
rante quitta (en 1727) le poste de maître de la
chapelle palatine, pour se livrer entièrement
à ses fonctions de directeur du Conservatoire
dei Poveri di Gesù-Cristo, Majo lui succéda
dans cette place, et se montra digne par son
talent de remplacer ce savant maître. Les
autres circonstances de la vie de cet artiste
sont ignorées. Je possède de sa composition :
1" DixiT ad otto reali in duo cori. 2» Miserere
MEi a tre, cioè due soprani e tenore^ con due
violini ed organo. 3» Letanie délia Madona
a quattro voci, 2 violini, violetta ed or-
gano.
MAJO (Frapiçois DE), appelé par les Na-
politains Ciccio de Majo, fils du précédent,
naquit à Naples en 1745 (2). Doué d'un génie
plein d'originalité et de force dramatique, il
l'ut un des plus illustres compositeurs de l'école
(1) « Des que je me remis, après avoir été frappé de
stupeur à la vue de ces choses ; Quel est, lui dis-je, ce
son si grand et si doux qui remplit mes oreilles? C'est,
me répondit-il, celui qui, forme d'intervalles inégaux,
mais distribués dans une proportion bien entendue,
pro\icnl de linipulsion et du mouvement dts corps
célestes eux-mêmes, et qui, accordant les sons aigus
avec les graves, produit des concerts variés. De si grands
mouvements ne peuvent en effet s'exécuter en silence,
et la nature veut que les extrêmes résonnent les uns au
grave, les autres à l'aigu, u
(2) L'auteur de Tarlicle Majo du Dictionnaire uni-
versel de musique publié par le docteur Scliilling est
dans une erreur manifeste en plaçant la naissance de
cet artiste en 17Î0, puisque son pérc n'clait alors ùgù
que de douze ans.
412
MAJO — MAJORANO
napolitaine de son temps, si fertile en grands
artistes. Son père dirigea ses premières études;
plus tard, il compléta son instruction dans les
conservatoires de Naples, sous les meilleurs
maîtres de cette époque. Il était fort jeune
lorsqu'il commença à écrire pour l'église et
pour le théâtre : ses premières productions
fixèrent sur lui l'attention des artistes et des
amateurs, et le placèrent au rang des maîtres
les plus distingués. Son premier opéra fut
VArtaserse, représenté à Naples, en 1762; il
n'était âgé que de dix-sept ans lorsqu'il l'écri-
vit; néanmoins le succès fut complet. Cet ou-
vrage fut suivi d^Jfigetiia in AuUde, Naples,
1762; Catone in Utica, ibid., 1763; Demo-
foonte, à Rome, 1764; Montezuma, à Turin,
1765; chef-d'œuvre d'expression où se trouve
le bel air : Ah! numi tiranni; Adriano in
i^tna, Naples, 1766; Alessandro neW Indie,
ibid., 1767; Antigono, ibid., 1768; Didone
aftftandonafa, ibid., 1769; [//me;, Rome, 1769,-
Jpermestra, Naples, 1770; VEroe Cinese,
1771. Appelé à Rome pour y écrire l'opéra
6,''Eumene, Majo, dont la santé était chance-
lante depuis près de deux ans, ne put écrire
que le premier acte de cet ouvrage, et mourut
avant de Tavoir terminé en 1774, à l'âge de
vingt-neuf ans, laissant à l'Italie de vifs regrets
pour la perte d'un si grand artiste (1). Peu de
compositeurs ont eu dans le style sérieux au-
tant de profondeur et de mélancolie que Majo;
presque tous ses ouvrages contiennent des
morceaux où brille une grande force drama-
tique; son Ipermestra, une de ses dernières
productions, est particulièrement remarquable
à cet égard. Ses airs : Sono in mar, non
veggo sponde^ etc., Per lei fra l'armi, etc.,
et celui de Montezuma, A morir mi con-
danna, seront éternellement des modèles de
sentiment et de vérité. Il ne réussit pas
moins dans la musique d'église du style con-
certé. Il y réunit le rare mérite d'une mélodie
expressive , et de beaucoup de pureté dans
l'harmonie. On connaît de lui cinq messes,
dont une à deux chœurs et deux orchestres,
des psaumes pour les vêpres, plusieurs gra-
duels, dont un à quatre voix et orchestre
pour la fête de la Pentecôte, et quatre Salve
regina, pour soprano solo, deux violons,
viole et orgue. Un de ces derniers morceaux
(I) Suivant le livre du marquis de Villarosa sur les
compositeurs de musique du royaume de Naples (p. 108),
Hlajo serait mort à l'âge de vingl-sept ans,en 1774; d'où
il suit qu'il serait né en 1747, et qu'il n'aurait él<^ âgé
que de quinie ans lorsqu'il donna son Artasene 6 Na-
ples. La date de i7'ij est la vcritaMc.
(en fa) est un chef-d'œuvre de grâce et de
facture.
MAJOCCHI (Louis), compositeur, naquit
à Codogno (Lombardie) en 1809, et fit ses
études musicales à Milan, puis à Bergame,
sous la direction de Simon Mayr. Il écrivit
pour la Scala, de Milan, Rosamxinda, qui fut
représenté en 1831, et donna à Parme, deux
ans après. Il Segreto. Cet artiste mourut à
l'âge de vingt-sept ans, dans sa ville natale,
en 18Ô6.
MAJONE (Slanio), compositeur napoli-
tain, cité par Cerrelo (Pract. musica, p. 157),
vivait à Naples en 1601. Il était un des meil-
leurs organistes de Naples et virtuose sur la
harpe. Cet artiste a laissé beaucoup de com-
positions pour l'orgue et les voix.
MA JOR AGIUS (Antoine-Marie CONTI,
connu sous le nom de), naquit le 26 octobre
1514, dans le Milanais. Après avoir fait ses
études sous les plus habiles maîtres de son
temps, il fut fait professeur d'éloquence à
Milan, où il mourut en 1555. On a de lui un
recueil de harangues et d'autres pièces, remar-
quables par leur belle latinité, publié sous le
titre de Orationes ; Leipsick, 1628, in 8». Le
vingt-troisième discours a pour objet la mu-
sique, qu'il considère dans son origine et dans
ses progrès.
MAJ OR AIVO (Gaétan), célèbre chanteur
connu sous le nom de CAFFARELLI, na-
quit à Bari, dans le royaume de Naples, le
16 avril 1793. Fils d'un pauvre laboureur, il
était destiné à la profession de son père; mais
son goût passionné pour la musique lui fit né-
gliger les occupations où l'on voulait l'em-
ployer, et résister aux châtiments qui lui
étaient infligés pour l'empêcher d'aller en-
tendre chanter dans les églises. Un musicien,
nommé Caffaro, remarqua l'assiduité du jeune
paysan à la chapelle où il était employé, et lui
entendit joindre sa voix avec justesse à celle
des autres chanteurs : cet enfant lui inspira de
l'intérêt. Voulant s'assurer de la réalité de
ses dispositions, il le fit venir chez lui, l'in-
terrogea et lui fit chanter la gamme avec ac-
compagnement de clavecin. Convaincu qu'il ne
s'était pas trompé sur l'organisation du jeune
Majorano, il se rendit chez le père de cet en-
fant, et lui fit un tableau si séduisant delà for-
tune destinée à son fils par le talent qu'il pou-
vait acquérir, que le paysan de Bari se laissa
persuader, et consentit à ce que le futur vir-
tuose fût envoyé à Norcia, pour qu'on lui fit
l'opération de la castration. Lorsque le jeune
M.ijorano revint à Bari, Caffaro le i)rit chrz
MAJORANO
413
lui, lui fil apprendre à lire et à écrire, et lui
enseigna les éléments de la musique j puis il
l'envoya à Naples chez Porpora, aussi grand
maître de chant que compositeur savant. Dès
ce moment, le protégé de Caffaro prit par re-
connaissance le nom de Caffarelli.
La méthode de Porpora était celle des plus
anciens maîtres de l'Italie; méthode lente,
mais sûre, et dont les résultats ne sont jamais
douteux quand elle s'applique à de beaux or-
ganes. Épurer le son; le préserver de toute
inflexion gutturale ou nasale; le développer
dans toute son amplitude possible; étendre les
limites de l'organe, tant au grave qu'à l'aigu ;
égaliser les registres laryngien et surlaryn-
gien ; donner à la fois à la vocalisation de la
souplesse, de l'agilité, de la fermeté et de la
liaison; enfin, donner à l'articulation de la
parole chantée la plus grande netteté possible
dans les modifications de ses divers accents ;
tels étaient les objets que se proposait cette
méthode : tel est tout l'art du chant. Mais si
l'exécution de ces choses est difiicile, les élé-
ments en sont fort simples. On ne doit donc
pas s'étonner, si, comme on le rapporte, Por-
pora fît étudier son élève pendant cinq ans
sur une seule feuille de papier de musique où
il avait tracé des gammes lentes et vives, des
trilles, des mordens, des appogiatures simples
et doubles, et quelques-uns de ces traits prin-
cipaux qui entrent dans les combinaisons de
tous les autres. On a dit qu'en agissant ainsi,
le maître s'était proposé d'abaisser l'orgueil de
son élève; d'autres ont révoqué en doute la
réalité de l'anecdote, ne pouvant se persuader
qu'on pût employer cinq ans à apprendre si
peu de chose. Ce fut cependant après cette
longue étude sur la feuille de musique que
Porpora dit à son élève: Fa^ mon fils ; je n'ai
plus rien à t' apprendre; tu es le premier
chanteur du monde. C'était assez mal termi-
ner les leçons de modestie qu'il avait voulu lui
donner, mais c'était dire une incontestable
vérité ; car le mécanisme du chant est la seule
chose que puisse enseigner un maître : la
création, l'accent qui émeut, la conception de
formes nouvelles dans les ornements, appar-
tiennent au génie de l'artiste ; on ne peut rion
lui apprendre à cet égard qui ait quelque va-
leur pour son avenir.
En 1724, Caffarelli débuta au théâtre f'alle.
à Rome, et parut pour la première fois dans
un rôle de femme, suivant l'usage de ce temps
pour les sopranistcs. La beauté de sa voix, la
perfection de son chant et la régularité <Ics
irails de son visage lui procurùrcnl un succès
d'enthousiasme. Recherché par les principaux
théâtres d'Italie, il s'y fit entendre, et partout
il recueillit des témoignages d'admiration. De
retour à Rome, en 1728, il chanta au théâtre
Jrgentina, pendant la saison du carnaval, le
rôle de primo Uomo, avec un succès d'éclat
dont il n'y avait point eu d'exemplejusque-là.
Plusieurs femmes de haut parage s'éprirent
alors pour lui de violentes passions; les bonnes
fortunes lui venaient de toutes parts. Elles
faillirent lui coûter cher, car se trouvant près
d'une dame du plus haut rang, il se vit con-
traint, pour fuir la colère d'uik mari jaloux,
de se tenir caché jusqu'à la nuit au fond d'une
citerne vide qu'il trouva dans le jardin. Il
n'en sortit qu'avec un rhume violent qui le
retint au lit près d'un mois. La dame qui le
protégeait, connaissant jusqu'où pouvait aller
le ressentiment de son époux, mit Caffarelli
sous la garde de quatre spadassins qui le sui-
vaient de loin partout ou il allait. Cette aven-
ture n'eut pas de suites plus fâcheuses, et le
célèbre chanteur sortit de Rome en 1730, pour
se rendre à Londres. Après y avoir passé plu-
sieurs années et acquis des richesses considé-
rables, il reprit la route de l'Italie. Turin,
Gênes, Milan, Florence et Venise, l'accueilli-
rent avec enthousiasme. A Naples, son talent
excita un véritable délire. Pendant qu'il étart
dans cette ville, il apprit que Gizziello {voyez
CoNTi) devait débuter à Rome; ne connaissant
pas ce chanteur, dont il avait souvent entendu
vanter le mérite, il prit la poste, voyagea
toute la nuit, et, arrivé à Rome, se rendit au
théâtre, enveloppé dans son manteau. Placé
au parterre, il écoula d'abord en silence ;
mais, entraîné par le plaisir qu'il éprouvait,
il s'écria : Bravo! hravissimo, Gizziello! è
CaiJarellichi te lo dice. Puis il retourna à Na-
ples avec la même précipitation. Quand il y
arriva, on faisait beaucoup de conjectures sur
sa disparition : il n'eut que le temps de s'ha-
biller pour jouer son rôle, dans la représen-
tation d'un opéra sérieux. En 1740, il retourna
à Venise où il eut huit cents se([uins anciens
(neuf mille six cents francs) d'appointements,
et une représentation de sept cents sequins
(huit mille quatre cents francs) pour trois
mois, somme considérable alors et qu'aucun
chanteur n'avait obtenue avant lui. Après cette
saison, Caffarelli sembla avoir renoncé au
théâtre; mais il reparut à Turin en 1746, puis
il alla à Florence et à Milan. La grande dau-
. phine de France, princesse de Saxe, qui ai-
mait la musique, le fit venir à Paris en 1750;
il y chan'a dans plusieurs concerts spirituels,
414
MAJORANO — MALAGOLI
et quoiqu'il fût alors âgé de quarante-septans,
il y excita autant d'étonuement quede plaisir.
Louis XV chargea un de ses premiers gentils-
hommes de lui faire un présent : le gentil-
homme crut remplir la volonté du roi en fai-
sant remettre à l'artiste une boîte d'or par son
secrétaire. «Quoi, monsieur, dit CafTarelli, le
X roi de France m'envoie cela? Tenez (et il
« ouvrit son secrétaire),- voici trente boîtes
« dont la moindre a plus de valeur que celle-
« là. Si du moins on y avait mis le portrait du
« monarque!... — Monsieur, répondit le secré-
« taire, Sa Majesté ne fait présent de son por-
« trait qu'aux ambassadeurs. — Cependant, de
« tous les ambassadeurs du monde, on ne fe-
« rait pas un Caffarelli ! « Cette conversation
fut rapportée à Louis XV qui en rit beaucoup,
et qui la redit à la dauphine. Cette prin-
cesse envoya chercher le chanteur, lui donna
un diamant de prix et lui remit eo même
temps un passeport. « Il est signé du roi, lui
« dit-elle; c'est pour vous un grand hon-
« neur; mais il faut vous hâter d'en faire
« usage, car il n'est valable que pour dix
» jours. " CafTarelli partit assez mécontent,
disant qu'il n'avait pas gagné les frais de son
voyage.
Rentré en Italie pour n'en plus sortir,
€t ayant acquis de grandes richesses, il acheta
le duché de Santo-Dorato , dont il prit le
litre, et qu'il laissa après sa mort à son neveu,
avec un revenu de quatorze mille ducats (en-
viron quarante-cinq mille francs). Peu de
temps avant son décès, il fit aussi bâtir un pa-
lais où il mit cette orgueilleuse inscription :
Jmphijon Thehas,ego domum. On dit qu'un
plaisanL écrivit au-dessous : Jlle cum, sine
tu. CafTarelli mourut dans sa terre de Sanlo-
Dorato, le 30 novembre 178ô, ou, selon d'au-
tres renseignements, le l'"' février de la même
année, à Naples, avec la réputation d'un des
chanteurs les plus étonnants de l'Ilalie. La
beauté de sa voix ne pouvait être comparée à
aucune autre, tant pour l'étendue que pour la
force unie à la douceur des sons. E,!;alement
remarquable dans le chant large et dans les
traits rapides, il exécutait avec une perfection
auparavant inconnue le trille et les gammes
chromatiques. Il parait avoir introduit le pre-
mier dans l'art du chant cette dernière espèce
de traits, dans des mouvements très-vifs. Il
jouait bien du clavecin, lisait toute musique
à livre ouvert, cl souvent improvisait. Enfin,
il n'y eut que Farineili, parmi les chanteurs
de la iM'cmière moitié du dix-huilième siècle,
«lui put soutenir sans désavantage le paralicle
aveclui; mais, plus modeste, Farineili sut se
faire pardonner sa supériorité par ses rivaux,
tandis que Caffarelli révolta souvent les ar-
tistes et le public par son orgueil.
MAKOWECZKY (...), virtuose sur le
cor, naquit en Bohême vers 1760, et se rendit
dans sa jeunesse à Paris, oii il devint élève de
son compatriote Punto. En 178G, il commença
à voyager pour donner des concerts, et il s'ar-
rêta à Berlin, où il reçut le titre de musicien
de la chambre de la reine de Prusse. Il était
à Hambourg en 1790; mais les renseigne-
ments manquent depuis cette époque sur sa
personne. On sait seulement qu'il a fait gra-
ver, en 1802, à Leipsick, chez Breitkopf et
Hœrtel, un duo pour cor et alto, et un quatuor
pour cor, deux violons et basse.
MARRIZI (Abou -Ahmed -Mohammed
TAKY-EDDIIV, surnommé), ou plutôt EL
MAKRIZI, parce qu'il était né au bourg de
Makrizi, près du Caire, entre l'an 760 et l'an
770 de l'hégire (lô58 et 1368 de Jésus-Christ).
Après avoir fait ses études en cette ville, il fut
revêtu de la charge de commissaire de police
du Caire et exerça plusieurs autres emplois
relatifs à la religion. La place de cadi de Da-
mas lui fut offerte, mais il la refusa pour ne
point renoncer à ses habitudes de retraite et
d'étude. Il mourut au mois de ramadan 845
(janvier 1442), à l'âge d'environ quatre-vingts
ans. Parmi les nombreux écrits de Makrizi,
dont la plupart sont relatifs à l'histoire, on
trouve un traité de l'action salutaire de la mu-
sique contre la mélancolie, dont le manuscrit
esta la Bibliothèque de l'Escurial (Espagne).
MALABIIAIXCA (Latinus), religieux do-
minicain, connu aussi sous le nom d'Orsmt,
qui était celui de sa famille maternelle, et
sous celui de Frangipani, fut créé cardinal
par son oncle Jean-Gaëtan Orsini, qui fut
pape sous le nom de Nicolas III. En 1278, ce
ponlife le nomma évêqued'Ostie etde Velletri.
Plus tard,Malabranca fut gouverneur de Rome
avec le cardinal Jacques Colonna, et eut la
légation de Bologne. Il mourut au mois de
novembre 1294. Le recueil d'Isidore de Thes-
salonique, intitulé Mariale, contient deux
proses de Malabranca , en l'honneur de la
Vierge. Quelques écrivains de son ordre lui
attribuent la célèbre prose des morts, Dies
irae, plus généralement reconnue comme
l'œuvre de Thomas de Celano. Voyez l'examen
de cette question à l'article Celaso.
MALAGOLI (Gaetano), ancien maître de
chapelle de la cathédrale d'Imola, né à Reg-
qio, est auteur d'un ouvrage qui a pour titre :
MALAGOLl — MALCOLM
41S
Metodo brève, facile e sicuro per appren-
dere bene il coUo ; Bologne, 1834, in-S". Ce
livre, où abondent les erreurs les plus gros-
sières, a pour objet de faire abandonner l'étude
du solfège. Malagoli, qui était fixé à Modène,
dit qu'il a fait pendant trente ans l'expérience
des bons résultats de sa méthode. Il était
académicien philharmonique de Bologne, de
Parme, de Modène et de Reggio.
MALAISE (Jacques), chanoine régulier
de l'ordre des prémontrés ,' à l'abbaye de
LefTe, près de Dinant sur la Meuse, vers le
milieu du dix-septième siècle, s'est fait con-
naître par des motets à trois voix qu'il a pu-
bliés sous ce titre : Motetta sacra trium
vocum opus primum; Anvers, 1643, in-4».
MALAN (César-Henri-Abraham), docteur
en théologie de l'université de Glascow, né à
Genève, le 8 juillet 1787, a été fait ministre
de l'évangile en 1810, et a pris place immé-
diatement parmi les pasteurs de l'église de
Genève. En 1823, il s'en sépara pour entrer
dans une secte de méthodistes mystiques con-
nue sous le nom de Mômiers (Comédiens);
peu de temps après, il en est devenu le chef.
On a de ce sectaire un recueil de cantiques
dont il a aussi composé le chant en grande
partie; ce recueil a pour titre : Chants de
Sion, ou Recueil de cantiques de louanges,
de prières et d'actions de grâces à la gloire
del'Eternel]Genè\e, imprimeriedeS.-A. Bon-
naut, 1824, 1 vol. in-12. La deuxième édition,
revue et augmentée, a paru à Genève en 1828.
La cinquième est intitulé : Chants de Sion,
ou Recueil de cantiques , d'hymnes , de
louanges et d'actions de grâces à la gloire
de l'Eternel, com|)osés et mis en musique par
C. Malan; Paris, Delay, 1841, 1 vol. in-12.
MALAIXOTTE (Adélaïde), cantatrice
distinguée, née d'une famille honorable et
aisée, à Vérone, en 1785, n'apprit d'abord la
musique et le chant que pour compléter la
bonne éducation qu'elle avait reçue; mais ses
dispositions jjour cet art étaient si heureures,
qu'après un petit nombre de leçons, elle put
se faire entendre dans les concerts publics ou
jiariiculiers, et qu'elle y excita l'admiration
jrénérale. Ses succès eurent dès lors tant
«l'éclat, que le poêle Pendemonte les célébra
dans des vers qui ont été imprimés. Épouse
d'un Français, nommé i?/o?i(resor, elle donna
le jour à deux enfants. Des malheurs do-
mestiques l'obligèrent tout à coup à cher-
cher des ressources dans le talent qui n'avait
été jusqu'alors pour elle (ju'un amusement.
Elle recommença ses études de chant sous la
direction de bons maUres , et débuta au
théâtre de Vérone, en 180C. Après avoir paru
sur quelques théâtres secondaires jusqu'en
1809, elle prit rang parmi les meilleures can-
tatrices, et se fit entendre avec succès à Turin,
à Gênes et à Naples, considérés comme des
théâtres de premier rang. Sa belle voix de con-
tralto, son expression à la fois énergique et
tendre, n'avaient cependant point encore ren-
contré le rôle où ces qualités eussent pu se
produire dans tout leur éclat, lorsque Rossini,
la trouvant à Venise en 1813, écrivit pour elle
son Tancredi. Cette pièce mit le sceau à la
réputation de la Malanotte. En 1817, elle
chanta de nouveau à Venise, puis au prin-
temps de 1818, elle joua à Brescia dans la
Ginevra di Scozzia, et dans la même année,
dans le Teodoro de Pavesi. Une maladie
cérébrale l'atteignit peu de temps après, et sa
santé en fut si ébranlée, qu'elle ne parut plus
que l'ombre d'elle-même lorsqu'elle chanta à
Bergame et à Bologne, en 1821 . Retirée depuis
lors à Salo, elle y eut une existence languis-
sante. Vers l'automne de 1832, elle voulut
essayer du séjour de Brescia pour le rétablis-
sement de sa santé, mais les progrès de son mal
lui firent interdire le voyage par ses médecins.
Elle mourut le 31 décembre de la même
année, à l'âge de quarante-sept ans.
MALATIGNI MODEIMI^O (c'est-à dire
de Modène), musicien italien du quinzième
siècle, n'est connu que par une inscription
funéraire qui se trouve dans l'église de Saint-
Lorenzo, à Padoue, et qui a été conservée par
Sa\Qmom{UrbisPatav. Inscript., p. 312); la
voici :
Ossa MoBENm claudunturmarmore tanlo
Quetn tulit a Mutina proies Malatignu quondam.
Musicus ipse fuit patrioe splendor(}ue decusque
Atque suis palriam nieritis ad sidéra duxit.
Forciroli, qui rapporte aussi cette inscrip-
tion dans ses Monumenti inediti, dit que
Malatigni mourut en 1420.
MALCOLM (Alexandre), savant écossais,
né à Edimbourg en 1687, n'est connu que par
un livre qui a pour titre : A Treatise of Mu-
sick spéculative, practical and historical;
Edimbourg, 1721, 1 vol. ia-S". La même édi-
tion a été reproduite quelques années a|)i-ès,
avec un frontispice nouveau ainsi conçu :
A Treatise of Musick, spéculative, practical
and historical : containing an explica-
tion of the philosophical and rationat
grounds and principles thereof; ths na-
ture and office of the scale of musick; the
wholc art ofwriting noies ; and the gênerai
416
MALCOLM - MALGAIGNE
rttïes of composition. JFith aparticularac-
coitnt oftfie ancient musick^and a compari-
son thereof wilh the modem (Traité théori-
que, pratique et historique de musique; con-
tenant une explication des bases et des
principes philosophiques et rationnels de cet
art; la nature et Tusage de la gamme; la
notation et les règles générales de la compo-
sition; avec une notice particulière de la
• musique ancienne, et une comparaison de
celle-ci avec la moderne); Londres, J. Osborne
et T. Longman, 1730, un vol. in-8» de six
cent huit pages, avec six planches. Ce livre,
qui contient d'excellentes choses, particuliè-
rement sur la théorie physique et mathéma-
tique des intervalles et la constitution de la
gamme, est divisé en quatorze chapitres. Le
premier traite de l'objet de la musique, de sa
nature et de sa division en tant que science.
Le second, du son, considéré dans sa nature
et ses diverses intonations. Le troisième, des
consonnances et des dissonances. Les qua-
trième, cinquième et sixième, de la théorie
arithmétique et géométrique des proportions
des intervalles. Le septième, de l'harmonie.
Les huitième et neuvième, de la gamme et de
son usage. Le dixième, des défauts des instru-
ments à sons fixes et du tempérament. Le
onzième, de la notation, des clefs et de la
transposition. Le douzième, de la mesure du
temps en musique. Le treizième, des lois de
Ja composition. Le dernier, de la musique des
anciens et de sa comparaison avec la musique
moderne. Un maigre abrégé du livre de Mal-
colm, fait avec assez peu d'intelligence, a
paru sous ce titre : Malcolm's Treatise of
music j spéculative f practical and historical,
corrected and abridged by an eminent mu-
sicia7i; Londres, 1776, in-S" de treize feuilles.
MALEDKIN (M.), professeur de musique et
d'harmonie, est né à Limoges, vers 1806. Il
reçut sa première éducation musicale dans
cette ville, puis se livra à l'enseignement;
mais son esprit d'analyse lui fit bientôt com-
prendre qu'une instruction plus solide lui
manquait pour remplir sa mission, et sa réso-
lution fut prise de ne rien négliger pour l'ac-
quérir. Il se rendit à Paris, en 1828, et vint
demander à l'auteur de cette notice de lui
ouvrir la voie d'un cours d'études sérieuses.
Après dix-huit mois de leçons et de conversa -
lions avec ce maître, il partit pour l'Allemagne
dans le but de comparer les méthodes et s'ar-
rêta à Darmsladt, près de GoltlVied Weber,
en qui il trouva un ami et un père. Son séjour
à Uiirmstadt se prolonga pendant les années
1830 et 1831. De retour à Paris, il n'y resta
que quelques mois, et riche d'observations
recueillies avec discernement, il alla fonder
une école de musique à Limoges, sa ville
natale. Les succès que M. Maleden y obtint le
décidèrent à transporter son enseignement à
Paris, où il s'établit définitivement en 1841.
Ses cours analytiques de musi(|ue élémentaire
et d'harmonie y ont prospéré : il y a formé
beaucoup de bons élèves. On est redevable à
M. Maleden de perfectionnements importants
dans la méthode, particulièrement en ce qui
concerne l'intonation et le rhythme. On a de
ce professeur distingué les ouvrages suivants :
1» Introduction d'une revue des études et de
l'enseignement musical; Limoges, impri-
merie de Chapouland, 1841, in-4° de vingt-
quatre pages. 2° Les sept clefs rendues
faciles f méthode silre et prompte pour lire à
toutes les clefs, déduite d'observations et
d'analyses très-simples sur la portée et la
notation ; Paris, Prilipp, 1843, in-S" de vingt-
quatre pages. 5° Du Contrepoint et de son
enseignement, considérés en eux-mêmes et
dans leurs rapports aux études de la com-
position musicale; Paris, Bernard Latte,
1844, in-S^de cinquante-six pages.
MAtrETTI (Jean DE), compositeur fran-
çais, qui vivait dans la seconde moitié du
seizième siècle, naquit à Saint-Maximin en
Provence. On connaît de sa composition : Les
Amours de Ronsard, mis en musique à
quatre parftes; Paris, Adrien Le Roy, 1558,
in-4'.
MALGAÏGNE (J.-F.), docteur et pro-
fesseur de la faculté de médecine de Paris,
né le 14 février 1806, à Charmes (Vosges),
a adressé, en 1830, une réclamation à l'Aca-
démie royale des sciences de Tlnstitut, à l'oc-
casion du rapport de Cuvier sur la théorie de
la voix parBennali. Il y disait qu'après avoir
lui-même établi une théorie nouvelle de la
voix humaine chantée et articulée, il avait été
conduit à examiner comment le larynx étant
à son plus haut degré d'ascension, lorsque
la glotte semble avoir épuisé tous les moyens
de production des sons, le chanteur retrouve
j)Our ainsi dire une voix nouvelle de l'étendue
d'une octave et plus, dans ce qu'on nomme
vulgairement le fausset. Ce mémoire a été
publié postérieurement sous ce titre : Nou-
velle théorie de la voix humaine. 3Iémoire
couronné par la société médicale d'émula-
tion; Paris, Béchet jeune, 1831, in-8''. Cette
dissertation a été insérée dans les Archives
générales de médecine, ]6Z\, tome XV, L'anat-
MALGAIGNE - MALIBRAN
4n
lyse des travaux de M. Malgaigne, en ce qui
concerne la science médicale, ne peut trouver
place ici.
MALGARIIVI (Federico), musicien au
service du duc de Mantoue, dans la première
moilié du dix-septième siècle, a publié un
œuvre de motels avec orgue, sous ce litre :
Motetti a una, due, tre e quattro voci co' t
basso continuo per l'organo, fatti da diversi
tmtsici servitori del sereniss. Signor Duca
di iVantova, e racolti da Federico Malga-
rini pur anch'egli servitore , e musico di
detta altezza. Novaviente composti e dali in
htce, dedicati aW illustriss. Signor principe
di Pozzolo. In f'enetia, app. Giac. f in-
centif 1G18, in-4''.
MALIBIIAN ( Mahie- FÉLICITÉ ) , née
GARCIA, en dernier lieu épouse du célèbre
violoniste DE BÉIUOT, naquit le 24 mars
1808, à Paris, où son père {vogez Garcia) n'é-
tait arrivé qu'environ deux mois auparavant.
C'est par l'éclat des succès de cet énergique
chanteur que fut saluée îa venue de celle qui
devait être la cantatrice la plus étonnante de
son siècle. A l'âge de trois ans, elle suivit sa
famille en Italie. Arrivée à Naples, elle joua
en 181Ô le rôle de l'enfant dans VJgnese, de
Paer, au théâtre des Fiorentini. Après quel-
ques représentations de cet ouvrage, elle en
avait si bien retenu la musique, qu'elle se mit
tout à coup à chanter la parlie d'Jgnese dans
le beau duo du second acte, et le public ap-
plaudit à cette audace de bon augure. Deux
ans après, Panseron, qui se trouvait à Naples,
lui enseigna le solfège, et le compositeur
Hérold, arrivé dans cette ville vers le même
temps, lui donna les premières leçons de
piano. En 181G, Garcia s'éloigna de Naples et
se rendit à Paris, puis à Londres où il em-
mena sa famille, vers la fin de 1817. Déjà la
Jeune Marie parlait avec facilité l'espagnol,
l'italien et le français; deux années et demie
rie séjour à Londres lui rendirent aussi fami-
lier l'usage de la langue -anglaise. Plus tard,
elle apprit l'allemand presque en se jouant,
malgré les dilTicullés inhérentes à celte langue.
Le séjour de Londres fut aussi employé |iar
elle à l'étude du piano; les leçons de bons
maîtres et le travail forcé que lui faisait faire
son père développèrent rapidement son talent,
et tels furent ses progrès sur cet instrumenl,
<|ue lorsqu'elle revint avec sa famille à Paris,
au mois de novembre 1810, elle jouait déjà les
pièces de clavecin de J.-S. Bach, <]ue Garcia
aimait avec passion.
Lorsqu'elle eut atleint l'âge de quinze ans,
BIOGU. LMV. DES MUSICIEXS. T. V.
une nouvelle existence commença pour elle :
Garcia lui fit commencer l'étude du chant sous
sa direction, et prépara par ses excellentes
leçons ce talent original dont les succès ont
effacé ceux de tous les autres chanteurs. Déjà
Marie laissait entrevoir ce qu'on devait at-
tendre d'une âme ardente comme la sienne, et
des trésors d'imagination dont la nature l'avait
douée. Malgré la crainte que lui inspiraient
les violences de son père, elle se laissait sou-
vent allerà ces élansd'inspirationqui décèlent
le génie de l'art. Après deux années d'études
sévères, elle se fit entendre pour la première
fois, en 1824, dans un cercle musical dont
Garcia venait d'essayer l'établissement. Elle y
produisit une vive sensation; tous ceux qui
l'entendirent alors ne doutèrent pas qu'u»
avenir de gloire ne fût réservé à ce talent, si
jeune encore. Deux mois après, Garcia re-
tourna à Londres en qualité de premier ténor
du Théâtre du Roi; il y ouvrit un cours de
chant où l'éducation vocale de Marie fut ter-
minée. Une indisposition de madame Pasia
hâta son apparition sur la scène. En deux
jours, elle apprit tous les récitatifs du Barbier
de Séville, dont elle savait les morceaux, et,
le 7 juin 1825, elle joua le rôle de Rosine au
Théâtre du Roi. Le public l'y accueillit avec
tant de faveur, qu'elle fut immédiatement en-
gagée pour le reste de la saison (six semaines
environ), aux appointements de cinq cents livres
sterling. Le 25 juillet suivant, elle chanta le
rôle de Felicia dans la première représenta-
tion du Crociato de Meyerbeer. La saison ter-
minée, Garcia quitta Londres, alla chanter
avec sa fille aux festivals de Manchester,
d'York et de Liverpool, puis s'embarqua dans
cette dernière ville pour aller prendre ladirec-
tion du théâtre de New-York. C'est là que le
talent de Marie prit un caractère de fermeté
qui ne peut s'acquérir qu'à la scène, et que ses
admirables qualités se développèrent progres-
sivement dans Olello, Romeo, Don Juan,
Tancrède, Cenerentola, et dans deux opéras
(L'amante astuto et la Figlia delV aria)
écrits i)our elle par son père. Un enthousiasme
frénétique accueillait chaque soir son entrée
sur la scène. Malibran, négociant français,
élabli à New-York, déjà parvenu à l'âge mur,
mais qui i)assait pour être riche, quoique ses
alTaires fussent embarrassées depuis long-
temps, demanda à Garcia la main de sa fille,
et l'obtint malgré la répugnance de Marie
pour cette union. Le mariage fut célébré le 25
mars 1820. Il ne fut point heureux ; il ne pou-
vait l'élrc, car j.imais oiganisations ne furent
27
418
MALI BRAN
moins assorties que celles de Malibran el de sa
femme. Celle-ci, tout excentrique, passionnée
pour l'art, avide de succès et de gloire, ne
pouvait se plaire dans les habitudes froides et
r(5gulières de la maison d'un négociant. Un an
s'était à peine écoulé lorsque l'époux de Marie
fut obligé de déclarer sa faillite. Il ne pouvait
quitter le sol de l'Amérique ayant que ses
affaires fussent arrangées; mais elle était
libre ; elle partit de New-York, au mois d'août
4827, et arriva en France dans le mois sui-
vant.
Déjà les journaux avaient signalé son jeune
talent commç une des merveilles de l'époque,
avant qu'elle eût revu le continent européen.
Jls annoncèrent son arrivée à Paris; des
succès de salon J'atlendaient dans cette ville
avant qu'elle débutât en public. Enfin, au
mois de janvier 1828, elle chanta le rôle de
Sémiramis, dans une représentation donnée
à l'Opéra, au bénéfice de Galli. Le génie du
chant, la nouveauté de ses fioriture, et quel-
ques éclairs d'un bea» sentiment dramatique
firent voir ce qu'elle devait élre bientôt, quoi-
que l'émotion eût nui en plusieurs endroits au
développement de ses rares facultés. Toutefois,
ou apercevait dans l'ensemble de son chant
un défaut de goût, car elle y multipliait les
traits de tous genres sans examiner s'ils
avaient entre eux les rapports nécessaires, ni
s'ils s'appropriaient à la mélodie, ou même à
l'harmonie. Quelques observations critiques
des journaux, les occasions fréquentes qu'elle
avait d'entendre de bonnes choses à Paris, et
surtout son instinct admirable, donnèrent
bientôt une meilleure direction à son talent.
Engagée au Théâtre Italien, elle y joua sa pre-
mière représentation le 8 avril. Déjà un chan-
gement notable se faisait remarquer dans sa
manière : elle avait compris la justesse des
critiques qu'on avait faites de son premier
t!ssai. Peu de personnes comprirent alors
quelle était la portée du talent de celte canta-
trice : le public se inontraif. incertain. Ce ne
fut qu'après l'avoir entendue dans Otello,
Cenerentola et la Gazza,on son inépuisable
verve et la nouveauté de ses conceptions lui
fournissaicntàchaque représentation des effets
différents, qu'elle se classa enfin dans l'opi-
nion comnMi la première cantatrice de son
époque. Par la réunion de» deux voix de con-
tralto etdesoprano aigu, elle frappait toujours
d'étonnement ceux (lui l'entendaient passer de
l'une à l'autre avec des traits hardis, rapides
et qui ne ressemblaient à rien de ce <|u'on
avait entendu. Son instinct de l'action drama-
tique était admirable, quoiqu'il s'y mêlât par-
fois des fantaisies bizarres. Avide de succès
populaires, elle ne négligeait rien pour les
obtenir ; de certaines petites ressources de
charlatanisme n'étaient même pas dédaignées
par elle pour atteindre à ce but, quoique per-
sonne n'en eût moins besoin.
L'administration du Théâtre Italien de Paris
ayant pris la résolution de le fermer pendant
les étés de chaque année, et de ne donner de
représentations que depuis le commencement
d'octobre jusqu'à la fin de mars, les princi-
|)aux chanteurs de ce théâtre souscrivirent des
engagements avec l'entrepreneur du Théâtre
du Roi, à Londres, pour la saison qui ne com-
mence en cette ville qu'au 1" avril. Déjà, en
1828, mademoiselle Sonlag avait obtenu à
hinrj's Théâtre^ dans les concerts et dans les
festivals, un succès d'enthousiasme justifié
par son beau talent. Madame Malibran prit la
résolution d'aller à Londres, en 182'J, el d'y
vaincre celle qu'on lui opposait comme une
rivale. Le résultat de ce voyage ne fut pas
celui qu'elle s'était promis, car les couronnes
furent partagées entre elle et mademoiselle
Sontag ; mais elles laissèrent l'une et l'autre le
souvenirde deux beaux talents dansdes genres
différents; l'nn grand, sublime, fantasque, et
quelquefois inégal; l'autre, moins élevé, mais
pur, parfait dans son exécution, et toujours
guidé par un goût délicat. De retour à Paris à
l'automne de la même année, ces deux grandes
cantatrices se partagèrent la faveur publique.
Réunies dans quelques pièces, elles otTrirent
le plus bel ensemble qu'on eût jamais en-
tendu. L'enthousiasme du public, lorsqu'il les
entendait dans Tanerède et dans Don Juan,
se manifestait par des trépignements et par
des cris d'admiration.
Au mois de janvier 18Ô0, l'adminîstratio'n
du Théâtre Italien renouvela l'engagement de
madame Malibran, moyennant la somme de
mille soixanîe-quinze francs pour chaqne re-
présentation. Peu de temps après, mademoi-
selle Sontag qoitia le théâtre pour épouser le
comte de Rossi, ambassadeur du roi de Sar-
daigne à La Haye. Restée seule, madame
Malibran fil voir que l'émulation de la rivalité
ne lui était pas nécessaire pour la porter à
l'étude : son talent prit chaque jour un carac-
tère plus élevé ; sa vocalisation se perfecJionna
de plus en plus. Elle continua de chanter al-
ternativement à Paris et à Londres, et ses
succès actjuircnt plus <réelat dans cha(iue
saison. En 18ô0 une liaison se forma entre la
célèbre cantatrice et le violoniste De Bériot j
MALIBRAN
419
depuis lors ils ne se quittèrent plus. En 1831,
ifs firent l'acquisitiond'une maison à Bruxelles,
et plus tard ils firent construire une belle ha-
bitation dans un faubourg de cette ville, où
ils allaient se reposer chaque année des fati-
gues de rhiver. Vers le mois de juin 1832, au
moment où le choléra décimait la population
de Paris, Lablache partit d'Angleterre pour
se rendre en Italie, et prit sa route par la
Belgique, afin d'éviter les cordons sanitaires
<le France. Arrivé à Bruxelles, ilvit De Bériot,
madame Malibran, et leur fit en plaisantant
la proposition de l'accompagner jusqu'à
Naples. Mais avec une imagination ardente
comme celle de cette femme extraordinaire,
l'imprévu ne pouvait manquer d'être bien
accueilli : quelques heures après, des chevaux
de poste l'emportaient sur la route de l'Italie.
Ici commence une nouvelle époque de sa vie
d'artiste : époque sinon plus brillante, au
moins plus agitée, plus conforme à ses goûts.
Arrivée à Milan, elle y chanta dans quelques
soirées chez le gouverneur et chez le duc Vis-
conti : ce chant si nouveau, si suave et à la
fois si énergique, fit une profonde impression
sur l'enthousiaste auditoire qu'elle y trouva.
Ce voyage d'Italie ne fut en quelque sorte
qu'une série de triomphes emportés à la course.
Six représentations données au théâtre Falle,
«Je Rome, vers la fin de juillet, firent pousser
«ks cris d'étonnement et de plaisir à la popu-
lation romaine. Dans les premiers jours du
mots <raoût, début à Naples et même succès.
Vers la fin de seittembrCj début à Bologne, et
fanatisme presque inconnu auparavant dans
cette ville de paisible existence. Les Bolonais
ne bornèrent pas les témoignages de leur
jtlaisiràdes appîaudisseracnts; ils firent exé-
cuter, en marbi-e, le buste de la cantatrice,
et ce buste fut inauguré sous le péristyle du
théâtre.
De retour à Bruxelles, au mois de novembre,
madame Malihran y mit au monde une fille
(jui n'a point vécu : déjà elle avait un fils. Au
printemps de 1833, elle alla à Londres, où elle
était engagée pour jouer ro|)éra anglais, au
(liéâtre de Drury-Lane, où elle était engagée
au prix de quatre-vingt mille francs pour
«luarante représentations; à quoi il faut ajouter
le produit net de deux représentations à son
bénéfice «jui s'élevaient à près de cinquante
mille francs. Les avantages qui lui étaient
offerts augmentaient chaque année dans une
proportion dont il n'y avait pas d'exemple :
ainsi, aux mois de mai et de juin 1835, on lui
<3oiina à rOpOra italien de Londres deux mille
sept cent soixante-quinze livres sterling
(soixante-neuf mille trois cent soixante-quinze
francs) pour vingt-quatre représentations.
Dans la même année, elle souscrivait à Milan
un engagement pour cent (luatre-vingt-cinq
représentations moyennant quatre cent vingt
mille francs ; enfin, elle reçut aux mois d'avril
et de mai 1835, la somme énorme de deux mille
trois cent soixante-quinze livres (cinquante-
neuf mille trois cent soixante-quinze francs)
pour vingt représentations, et lorsqu'elle
mourut, elle venait de contracter de nou-
veaux engagements pour près de six cent
mille francs.
Après avoir joué à Londres les traductions
anglaises de la Somnambule^ de Bellini, et du
Fidelio, de Beethoven, elle retourna à Na-
ples où elle resta jusqu'au mois de mai 1834 ;
puis elle alla à Bologne et de là à Milan. L'Ita-
lieentiêre répétait alors son nom avec enthou-
siasme, et retentissait du bruit de ses succès
inouïs. EUe débuta à Milan dans la Norma,
de Bellini, où madame Pasta avait brillé peu
de temps auparavant. Mais les succès de la
nouvelle cantatrice firent bientôt oublierceux
de la grande tragédienne lyrique. Cependant
elle ne se fit entendre que dans quatre soirées
parce qu'elle avait promis de se rendre à Lon-
dres pour chanter dans un concert au bénéfice
de son frère, Manuel Garcia. Ce voyage dans la
capitale de l'Angleterre ne fut qu'une course
rapide, car elle était déjà de retour à Siniga-
glia au mois de juillet pour y chanter pendant
la saison de la foire. Partie de cette ville, le
11 août 1834, madame Malibran se rendit à
Lucques, où l'attendaient de nouveaux triom-
phes. Lorsqu'elle sortit du théâtre après sa
dernière représentation, le peuple détela les
chevaux de sa voiture et la reconduisit chez
elle en triomphe. Au mois de septembre, elle
retourna à Milan : ce fut alors que le duc Vis-
conti lui fit signer un contrat pour un grand
nombre de représentations dont chacune de-
vait être payée deux mille cinq cents francs.
Elle ne quitta la capitale du royaume Lom-
bardo-Vénitien que pour aller à Naples, où elle
chanta pendant tout le carnaval au théâtre"
Saint-Charles. Pendant cette saison, sa voiture
ayant versé au détour d'une rue, elle se démit
le bras, et quinze jours se passèrent avant
qu'elle pût reparaître à la scène. Elle ne put
même jouer les premières repi-ésentations qui
suivirent cet accident qu'avec le bras en
écharpe.
La saison théâtrale achevée, madame Ma-
libran s'éloigna de Naples, le 4 mars 1833,
27.
420
MALICRAN
pour aller à Venise. A rapproche de la gon-
dole qui la portait, des fanfares annoncèrent
son arrivée. Une foule immense bordait les
quais; l'aflluence était si grande lorsque la
cantatrice traversa la place Saint-Marc,
qu'elle en fut effrayée, et qu'elle se réfugia
dans l'église, qui fut bienlôt remplie. Ce ne fut
qu'avec beaucoup de difficultés qu'on parvint
à lui ouvrir un passage jusqu'à son hôtel. Son
talent répondit à l'attente des Vénitiens, dont
l'enthousiasme alla jusqu'au délire. De Venise,
madame Malibran alla à Paris où elle s'arrêta
quelques jours, puis à Londres, poury chanter
pendant la saison d'été. Au mois d'août, elle
arriva à Lucques où l'attendait Vlnès de
Castro, que Persiani avait écrit pour elle ;
puis elle passa l'hiver à Milan. L'énergie de
son chant dramatique |)arut acquérir de nou-
neaux développements dans la Maria
Sluarda de Lonizelti. Ce fut pendant cet
hiver que les tribunaux de Paris prononcèrent
la nullité de son mariage avec Malibian,
comme n'ayant pas été contracté devant l'au-
torité compétente de New-York. Le 29 mars
1836, elle épousa de Bériot à Paris, et le len-
demain ils se rendirent à Bruxelles, où ils se
firent entendre tous deux, la première fois
dans un concert au bénéfice des Polonais, la
seconde, dans un autre qu'ils donnèrent eux-
mêmes auThéàtie-Royai.
Au sein de l'enivrement de ses succès, ma-
<lame Maliliran de Bériot n'apercevait qu'un
avenir de fortune et de gloire ; cei)en(lant elle
approchaitdu terme de sa carrièred'agitations
et de succès. Arrivée à Londres, ù la fin du
mois d'avril, elle fit une chute de cheval dont
les suites eurent les conséquences les i)lus fu-
nestes. Traînée sur le pavé à une longue dis-
lance, elle eut le visage déchiré et reçut a la
tête des contusions violentes dont elle ne se
remit pas. Son énergie sembla d'abord sur-
monter le mal. Elle revint à Bruxelles, et de
là se rendit à Aix-la-Chapelle, où elle donna
deux concerts avec de Bériot; mais elle n'était
plus la même; son caractère avait changé, et
[lour ses amis, il était évident que son cerveau
avait reçu quelque lésion. Un engagement la
raitpelaitau mois de septembre en Angleterre
pour le festival de Manchester : elle s'y ren-
dit et s'y fit entendre le premier jour; mais le
lendemain elle s'évanouit, après avoir chanté
un auo d'Jndronico avec madame Caradori.
Il fallut l'emporter. A peine arrivée chez elle,
des convulsions la saisirent; on la saigna;
mais le mal lit d'effrayants progrès, et le 23
septembre 1850, elle expira dans les douleurs
aiguës d'une fièvre nerveuse, à l'âge de vingt-
huit ans.
Telle fut la fin prématurée de la cantatrice
la plus étonnante dont il soit fait mention
dans l'histoire de l'art. Des obsèques magnifi-
ques lui furent faites à Manchester, où l'on
voulut d'abord conserver ses dépouilles mor-
telles; mais plus tard ces tristes restes furent
rendus à sa famille, transportés à Bruxelles,
et inhumés avec pompe dans le cimetière de
Laeken. M. de Bériot y a fait élever un mau-
solée, où la statue de l'illustre artiste a été
placée. Cette statue, en marbre, est l'ouvrage
du célèbre sculpteur Geefs.
Bien des appréciations contradictoires ont
été faites «lu talent de madame Malibran de
Bériot : mais on n'a pu lui refuser les qualités
qui assurent à un artiste une supériorité non
contestable. Ces (|ualités sont celles du génie
qui invente des formes, qui les impose comme
des types, et qui oblige non-seulement à les
admettre, mais aies imiter. La voix de madame
Malibran n'était pas précisément ?)elle; on y
remarquait même d'assez grands défauts, par-
ticulièrement dans les sons du médium, les-
quels étaient sourds et inégaux. Pour triompher
d"s imiierfections de cette partie de son organe,
elle était obligée de faire chaque matin des
exercices de vocalisation. Dans le choix des
oiiiijments de son chant, il y avait toujours de
la hardiesse, souvent du bonheur, quelquefois
du mauvais goût : non que le sien ne fût pur;
111..1S avide de succès populaires, elle faisait
souvent, pour i.iaire à un public ignorant, ce
qu'intérieurement elle condamnait. L'auteur
de cette notice lui a souvent reproché ses com-
plaisances à cet égard. «Au degré d'élévation
« où vous êtes parvenue (lui disait-il), vous
Il devez imposer votre sentiment au public,
« non subir le sien. « Mais sa réponse était
toujours : « Mon cher grognon (c'était son ex-
u pression favorite avec lui), il y a à peine
i< deux ou trois connaisseurs dans une grande
« salle où je chante; ce ne sont pas eux qui
« font les succès, et ce sont des succès que je
« veux. Quand je chanterai pour vous seul, je
« ferai autre chose. « Pour bien comprendre
la portée du talent de cette femme extraordi-
naire, il fallait l'entendre à la scène. Là, son
imagination s'exaltait ; les plus heureuses im-
provisations lui venaient en foule; ses har-
diesses étaient inouïes, et nul ne pouvait résis-
ter à l'entraînement de son chant exi)ressif et
pathétique. Au concert, une partie de ces
avantages disparaissaient.
Madame Malibran a composé beaucoup de
MALIDRAN - MALOUIN
421
nocturnes, de romances et de chansonnettes;
on en a gravé plusieurs, parmi lesquelles on
remarque : 1° Le Réveil d'un beau jour. '2° La
voix qui dit .Je t'aime lô" Le f'illage. A" La
Tarentelle. o° Les Refrains. 6° Rataplan.
7° La Bayadère. 8» La Résignation. 9" Le
Ménestrel. 10» Enfants, ramez. 11» Le Re-
tour de la Tyrolienne. Après sa mort, on a
recueilli les légères productions de ses dernières
années, et l'on en a formé un Jlbum qui a été
publié sous ce titre : Dernières Pensées musi-
cales de Marie-Félicité Garcia de Bériot;
Paris, Troupenas (Brandus et Dufour), in-4",
orné de charmantes lithographies.
Plusieurs portraits de madame Malibran ont
^té gravés et lithographies : un des plus beaux
la représente dans le rôle de Desdemona, ap-
puj'ée sur une harpe écossaise.
On a publié diverses notices biographiques
de celte grande cantatrice ; en voici les titres :
1" Cenni biografici di Madama Maria Gar-
cia Malibran /Venise, 1.835, in-8». "2" Notizie
biografiche di Maria-Félicité Malibran, da
Gaetano £arbieri;Wi\an^ 18ôô, in-S", avec
le portrait, ô» Madama Maria Malibran e
il suo secolo, Lucques, 18ô6, in-8". 4° Life of
Madame Maria Malibran de Bériot, by
John Nathan ; Londres, 1836, in-12. Cet ou-
vrage a été traduit en allemand, par A. de
Treskow, et publié à Quedlinbourg, en 1837,
in-S". 5" Loisirs d'un» femme du monde,
par madame la comtesse Merlin ; Paris, 1838,
deux volumes in-S". Sous ce titre, madame la
comtesse Merlin a prétendu donner une bio-
graphie de Marie Malibran-de Bériot; mais la
plus grande partie de cette biographie est un
roman. On en a publié une traduction alle-
mande intitulée : Maria Malibran als JFeib
iind Kliinsllerin^ nebst Characterziigen und
Anecdoten aus ihren Zeben ; Leipsick, 1839,
in-S". On a aussi du révérend Richard Par-
kinson : Sermon, etc., on the day after the
fanerai of Madame Malibran; Manchester,
1836, in-8".
MALIBRAN (Alexandre), violoniste, com-
positeur et critique, né à Paris le 10 novembre
18:;23. étudia la musique dès son enfance et
reçut des leçons de violon de M. Sauzay. qui
lui transmit les principes de l'école de Baillot.
Déjà marié à l'âge de vingt-deux ans, il se
rendit en Allemagne avec sa femme, pianiste
de talent, donna quelques concerts, puis s'éta-
blit en 1845 à Cassel (îlesse-électorale), oii
Spohr l'admit au nombre de ses élèves et eut
pour lui l'afreclion d'un père. De retour à
Paris, quelques années après, M. Dla'.ibran y
fonda un journal de musique sous le titre
d'Union instrumentale et annonça la forma-
tion d'une société dont l'objet était d'organi-
ser des concerts populaires de sym|)honie. Ces
entreprises ne réussirent pas, et M. Malibran
retourna en Allemagne. Établi à Francfort-
sur-le-Mein, depuis 1858, il y rédige k feuille-
ton musical du journal français de celte ville.
Dans sa critique, dont la forme est d'ailleurs
vive et spirituelle, il se montre musicien in-
struit, homme de goût et appréciateur judi-
cieux. Parmi les compositions de cet artiste,
on remarque : 1" Ouverture pour la tragédie
d'Ifamlet; 2" Le dernier jour d'un con-
damné, fantaisie pour l'orchestre; 3° Fie du
marin, symphonie à grand orchestre; 4" La
Vie du soldat, idem ; 5" ISonetlo pour instru-
ments à cordes et à vent, dédié à Spohr ; 6° Trio
pour piano, violon et violoncelle; 7" Messe
pour l'ordre de la Légion d'honneur, à quatre
voix d'hommes et instruments à vent. M. Mali-
bran a i)ublié une biographie de son maître
Spohr, en langue allemande, sous ce titre :
Louis Spohr, sein Leben und TPirken; dan-
gestellt von seinem Schiller Jlexander Ma-
libran. Francfort, J. D. Sauerlander, 1860,
1 vol. in-12 de 247 pages, avec le portrait
de Spnhr.
MALIPIEÏVO{FiiASC0is), compositeur dra-
matique, né en 1822, à Rovigo, a l'ait jouer à
Padoue, en 1842, puis à Lugo et à Bologne,
l'opéra sérieux Giovanua 7" di ISapoli,
avec plus ou moins de succès. Au carnaval de
1846, il donna, au théâtre San-Benedetto, de
Venise, VAttila, qui prit plus tard, à Milan,
le titre d\lldegonda di Borgogna. Cet ou-
vrage fut traité sévèrement à sa première ap-
parition; le correspondant de la Gazette gé-
nérale de musique de Leipsick écrivait alors
{t. XLVÏII; p. 126) que la mélodie de la parti-
tion de M. Malipiero était nulle, l'harmonie
mal écrite, et que l'orchestre ta\sa\l un tapage
impertinent. Je ne connais pds les opéras
écrits, par le même artiste, après VAttila.
MALISZEWSKI (Antoine), musicien
polonais de l'époque actuelle, et professeur de
son art à Cracovie, a publié un livre de chant
])Our les enfants, intitulé : Spiewniczek piesni
naboznych dla dzieci; Cracovie, Gieszkowski,
1849.
MALOUIN (PAtL-jACQUEs) , médecin et
chimiste de l'Académie royale des sciences,
professeur au Collège royal de France, naquit
à Caen, en 1701, et mourut à Paris, le ô jan-
vier 1778. Au nombre des dissertations qu'il
i a publiées, on en trouve une intitulée : An
422
MALOUIN - MANCIilCOURT
ad sam'tatem musicè; Paris, 1757, in-4». Le
véritable auteur de cette thèse est César Coste,
d'Arles, qui l'a défendue sous la présidence de
Malouin.
MALTIZ(GoTTiniF-AtGusTE, haron DE),
littérateur allemand et amateur de musique,
né à Kœnigsherg, le 9 juillet 1794, est mort
à Dresde, le 7. juillet 1837. Après avoir occupé
dans l'administration forestière un emploi
qu'il perdit pour avoir composé une satire
contre ses supérieurs, il alla s'établir à Berlin,
d'où il fut ensuite obligé de sortir, parce
qu'il avait fait jouer, au théâtre Kœnigsiadl, le
drame intitulé : le Vieil Etudiant, rempli
d'allusions sur les souffrances des Polonais. Il
vécut alors pendant deux ans à Hambourg et y
écrivit des notices sur des musiciens célèbres,
pour un recueil biographique qui se publiait
alors. Ces notices ont été réunies et publiées à
part, sous ce titre : Denkmal den beriihmten
musihalischen Kiinstlern Mozart, Beethoven,
Hummel, Kulkbrenner, field. JVeher, Ries,
Moscheles et Czerny (Monument élevé aux
célèbres artiste» musicien» Mozart, Beet-
hoven, etc.); Leipsick, Hambourg et Itzehoe,
Schubert et Niemeyer (sans date), in-8*. M. de
Maltiz était pianiste distingué et avait un
goût passionné pour son instrument; ce qui
explique le choix des artistes dont il a écrit
les notices. Arrivé à Paris après la révolution
de 1830, il y vécut une année; puis il alla se
fixer à Dresde^ où il finit ses jours à l'âge de
qiiarante-lrois ans.
MAL VOISirV (Robert DE) , issu d'une
des principales familles du comté de Vexin-
le-Français, était neveu de Gui, châtelain de
Coucy, avec qui il se croisa, en 1168 (voyez
Fillehardouin. et Du Cange, Observations
sur Fillehardouin , p. 159). Il était poêle,
musicien, et a laissé deux chansons notées
qu'on trouve dans les manuscrits de la Biblio-
thèque impériale de Paiis.
MALZAT (Jean-Miciiel), virtuose sur le
hautbois et le cor anglais, naquit vers 1750, à
Vienne, où son père était musicien de la
chambre impériale. Après avoir vécu quelque
temps dans cette ville, il entra au service du
prince-évéque de Salzbourg. Quelques années
jilus tard, il voyagea en France, en Italie,
dans la Suisse, et enfin il se fixa à Bassano,
dans leTyrol,où il vivait encore en 1784. Le
catalogue de Traeg (Vienne, 1799) indique les
compositions suivantes comme appartenant à
cet artiste : 1" Trois symphonies concertantes
pour hautbois et cor anglafs. 2" Deux con-
certos pour le hautbois, ô» Deux idevi pour
cor anglais. 4° Deux idem pour basson,
S" Un idem pour violoncelle. 6» Septuor pour
cor anglais et divers instruments. 7» Trois
sextuors pour le hautbois. 8" Quatre quintettes
pour hautbois et pour flûte. 9" Onze quatuors
pour flùle, ou hautbois, on cor anglais, ou
basson. 10» Deux symphonies concertantes
pour hautbois et basson. Gerber s'est trompé
lorsqu'il a donné à Malzatle prénom d' Ignace.
MAMERT (CtAi'BE), en latin MAMER-
TUS, et quelquefois MAMERCUS, frère de
Mamert, évéque de Vienne, fut son vicaire,
et vécut dans le cinquième siècle, vers l'an
460. Il est connu par un traité de la nature de
l'âme, qu'il dédia à Sidoine Apollinaire. Son
contemporain Gennade de Marseille lui attri-
bue, dans son livre sur les écrivains ecclésias-
tiques (ch. LXXXIII), le chant et les paroles
de l'hymne Pange lingua gloriosi prxlium
certaminis , dont Sidoine a fait l'éloge (In
Epist., l. 4, 3), et que d'autres ont attribué à
Venance Fortunat. Au reste, le chant de cet
hymne, tel qu'il se trouve dans l'anti|)honaire
romain, n'est pas celui dont Mamert était l'au-
teur.
MAMMIIVI (Aïoïs), maître de chapelle de
la cathédrale de Crémone, dans la seconde
moitié du dix-septième siècle, a fait imprimer
de sa composition : Missx et Psalmi domini-
cales cum Salve Regina 5 vocibus; Bologne,
Jacques Monti, 1678, in-4".
MAIXARA (FnANCESco), chantre de l'église
Saint-Antoine de Padoue, vers le milieu du
seizième siècle, a publié de sa composition :
Madrigali a qualtro voci, libro primo; in
Venezia, appresso d'Antonio Gardano, 1555,
in-4" obi.
3IAIVARA (le P. Jeah-Ahtoi:«e), domini-
cain, né à Venise, en 1658, fit ses vœux au
couvent de Bologne. En 1666, époque de la
fondation de l'Académie des Philharmoniques
de cette ville, il en fut un des premiers mem-
bres, et le titre de prince de celte société lui
fut décerné en 1668. 11 a composé la musique
de l'oratorio intitulé : Cuor Umano ail' in-
canto, dedicalo alla Gloriosissima Fergine
Maria del sanlissimo Rosario, ed a tutti li
suui divoti, dont le poëme a été imprimé à
Venise en 1685, in-8°. Deux autres oratorios
de sa composition dont les titres sont inconnus
ont été exécutés à Bologne en 1665 et 1672.
MAWCIIICOURT (PiERBE), compositeur,
né à Béthune en Artois, vers 1510, fut d'abord
chanoine d'Arras, puis maître des enfants «le
chœur de l'église cathédrale de Tournay,
comme on le voit par le titre d'un de ses ou-
MANCHICOURT - MANCINI
422
vragfs, imprimé en 1545. D'après les recher-
ches faites dans les archives de la cathédrale
de Tournay, par M. le chanoine Voisin, vicaire
général de ce diocèse, pour former la liste
authentique des maîtres de chapelle de celte
cathédrale, recherches qu'a bien voulu me
communiquer M. Xavier Van Eiewycic (voyez
ce nom), Manchicourt paraît être resté dans
cette position jusqu'en 1557, et avoir eu pour
successeurun maître nommé Florent Fillain^
car celui-ci est mentionné dans les comptes
de 1558. Il paraît, d'après la Description des
Pays-Bas, de Guichardin, que Manchicourt
quitta ce poste pour se rendre à Anvers, où il
vivait au commencement de 15G0. C'est par
erreur que La Croix du Maine le fait naître à
Tours (voyez sa Bibliothèque française, édit.
deRigoleyde Juvigny). Manchicourt futap|)elé
à Madrid pour succéder à Nicolas Payen (dé-
cédé avant le mois d'avril 1559), en qualité de
maître de la chapelle royale. Il figure comme
Ici dans les comptes de cette chapelle au mois
de novembre 1561, et on le trouve encore dans
la même position au mois de juillet 1505; mais
il y a là quelque erreur de date, et probable-
ment on doit lire juillet 1564; car, dans une
lettre de Philippe II à la duchesse de Parme,
datée du 7 juillet 1564, on voit que le maître
de chapelle (Manchicourt) était mort, et que
ce prince demandait un maître belge pour lui
succéder (voyez Bonmarciié). Manchicourt
jouissait d'une prébende à l'église Sainte-Wau-
dru, de Mons. Les ouvrages de ce compositeur
connus jusqu'à ce jour sont : 1" Liber decimus
quartus XIX musicas cantiones continet,
anclore Petro de Manchicourt ; Parisiis apud
Petrum Atlaingnant et Ilubertum Jallet, 1539,
jictit in-4'' oblong. Il paraît par le titre de ce
recueil que Pierre de Manchicourt était maître
de chapelle de l'église collégiale de Tours,
en 1559; c'est vraisemblablement ce qui a
IrompéLa Croixdu Maine surle lieu de sa nais-
sance. 2" Liber Modulorum musicalium, auc-
tore etc.; ibid. 1545, petit in-4" obi. Ce sont
des motels à quatre parties. Cet ouvrage est
divisé en trois volumes; le premier contient
dix-neuf motels, le deuxième (juinze, et le
troisième quatorze. 5" Le neupesme livre de
chansons à quatre parties, auquel sont con-
tenues vinyt-neuf chansons nouvelles, com-
posées par maistre Pierre de Manchicourt,
.maislre de chappeUe (sic) de Notre-Dame de
'lournuy. Correctement imprimé en Anvers
par Tylman Susato, 1545, in 4". 4" Liber
quinlus cantionum sacrarum, vulyo Motetta
vocaut, qiiinque et sex vocum a D. magislro
Petro Manchicurtio Betunio, insignis ecch-
six Tornacensis phonasco , nunc primum
in lucem editus; Lovanii apud Petrum Phale-
sium, 1558, in-4» obi. D'après ce titre, il
semble que Manchicourt était encore maître
de la cathédrale de Tournay en 1558; d'où
l'on doit conclure qu'il n'avait quitté cette
position que depuis peu, et que cette circon-
stance était ignorée de l'imprimeur Phalèse.
5° Dans le recueil des messes de Certon, pu-
bliées, en 1546, par Atlaingnant, on trouve
deux messes de Manchicourt, l'une sous le
litre : C'est une dure départie, l'autre sous
celui de Povre cœur. On connaît aussi de lui :
Missa quatuor vocum cui titulus : Quo abiit
dileclus tuus ; Paris, Nicolas Duchemin, 1508,
in-folio max". Le septième livre de motets à
quatre, cinq et six voix, publié parAltaingnant
(Paris 1554), contient le motel â Thoma Di-
dyme du même musicien. On trouve deux de
ses motels dans le recueil intitulé : Fior de
Mottetti tratti dalli Mottetti del Fiore; Ve-
nise, Antoine Gardane, 1539, et deux autres
dans la Bicinia gullica, latina et germanica
(t. II), publiée à Wiltenberg, chez Georges
Rhau, en 1545. Le Liber quintus XII trium
primorum tonorum Magnificat continet, im-
primé parAltaingnant, en 1534, en renferme
un de Manchicourt. Les XIV et XIV livres de
chansons nouvelles à quatre parties (Paris,
Atlaingnant, 1543) en renferment quelques-
unes du même maître. Enfin les recueils de
Jacques Moderne, de Lyon, et de Pierre Pha-
lèse, de Louvain, contiennent des motets du
même.
MANCINELLI (André), flûtiste italien,
vint à Paris vers 1775, puis se fixa à Londres,
où il est mort en 1802. On a gravé de sa com-
jiosilion cinq oeuvres de duos pour deux
flûtes ; à Paris, chez Sieber, et à Londres, chez
Longman.
fllAIMCIISI (CuRzio), compositeur de l'école
romaine, fut nommé maître de chapelle de la
basilique de Sainte-Marie-Majeure au mois de
septembre 1589, et donna sa démission de
celte place au mois de décembre 1591. En
1607, il obtint remjiloi de maître de chapelle
de Saint-Jean-de-Latran; l'année suivante, il
eut pour successeur Abbondio Anlonelli, et il
alla (irendre possession de la place de maître
de chapelle de la Santa Casa de Lorettc. Ce
musicien a laissé en manuscrit trente-deux
molels à quatre, cinq, six, sept et huit voix,
cl a publié, en 1608, dçs litanies à huit voix.
Ces compositions se trouvent dans la collec-
tion de l'abbé Santiui, à Kome. On connail
424
MANCINI
aussi de lui : Il primo libro de' Madrigali a
cinque voci, in Venetia, appresso Giacomo
Vincenli, 1595, \n-A°. Une seconde édition du
même ouvrage fut imprimée ohez le même,
en 1C03.
MAI\CII>I (François), compositeur na-
politain, né en 1674, fil ses éludes musicales
au Conservatoire de Loreto, puis devint un
des maîtres lie cette école. En 1097, il écrivit
la musique de l'opéra Alfonso, qui fut repré-
senté au collège des nobles dirigés par les
jésuites. VÂriovisto, opéra sérieux, fut son
premier ouvrage représenté au théâtre San
Bartolomeo, en 1702. Dans la même année,
Mancini écrivit les oratorios VÂrca del Tes-
tamento in Gerico, et il Laccio piirpureo di
Raab, pour la congrégation du Rosaire, à
Palazzo. En 1705, il donna au théâtre San
Bartolomeo Gli amanti generosi, et au même
théâtre, où chantait la Bulgarini, en 1706,
Alessandro il Grande in Sidone. Devenu
directeur d'orchestre de ce théâtre, il ajouta
quelques airs à VArtaserse de Joseph Orian-
dini, représenté en 1708. Dans l'année sui-
vante, il écrivit VEngelberto, pour le palais
du vice-roi, et obtint le litre de second maître
de la chapelle royale. En 1710, il donna au
théâtre San Bartolomeo Jl Mario fugitivo;
trois ans après, il écrivit pour le théâtre du
palais royal VJtrtaserse re di Persia, à l'oc-
casion du Jour anniversaire de la naissance
de l'empereur Charles VI. Dans la même
année, il donna au théâtre San Benedetto II
gran Mogol et ajouta quelques scènes bouffes
à r Jgrippina de Hœndel, joué au même
théâtre. Cet usage de scènes burlesques mêlées
aux sujets sérieux était dans le goût de ce
lemps. Mancini osa écrire, en 1714, la musi-
(pie d'un drame intitulé : Il Génère umano in
catena (le genre humain dans les chaînes),
mais il ne i)arait pas que cet ouvrage ait été
exécuté. Le titre de premier maître du Con-
servatoire de Loreto fut donné à cet artiste,
en 1720, et, dans la même année, il écrivit il
Cavalier brettone pour les élèves de cette in-
stitution. En 172Ô, il donna son Trajano au
théâtre San Bartolomeo, avec des intermèdes
boufTes. Il était devenu premier maître de la
chapelle royale, en 1728, car il en prend le
titre sur sa partition de VOrontea, <\\\\ fut re-
présenté dans celte année. En 1752, Mancini
écrivit la musiijue de l' Jlcssandro nelle
Jndie, de Métastase, avec l'intermède intitulé
1(1 Levantina , pour le théâtre San Barto-
iouieo. On connaît aussi sous son nom Jdaspe,
Oindra sérieux, et // Maurizio; mais on ignore
quand ils ont été représentés. Sa partition do
l'Elia, oratorio écrit en 17ôô, existe au col-
lège royal de musique de San Pietro in Ma-
jelJa, à Naples. On connaît aussi de lui l'ora-
torio l'jimor divino trionfante nella morte
di Cristo, et un Magnificat à huit voix réelles.
Mancini mourut à Naples, en 1739.
MAIVCIIM (JEAJi-BAPTrsTE), professeur de
chant à la cour impériale d'Autriche, et mem-
bre de l'Académie des Philharmoniques de
Bologne, naquit, en 1716, à Ascoli, ville des
États romains. Dans sa jeunesse, il fut envoyé
à Bologne et confié aux soins de Bernacchi,
dont l'école de chant était à juste titre con-
sidérée comme une des meilleures de l'Italie.
Des études longues el sévères conduisirent in-
sensiblement Mancini à la connaissance par-
faite de l'art du chant. Considéré plus tard
comme un habile maître dans cet art, il fut
appelé à Vienne pour l'enseigner aux archi-
duchesses, antérieurement à 1761, comme
nous l'apprend un passage de ses Réflexions
pratiques sur le chant. Mancini avait reçu des
leçons du célèbre P. Martini pour le contre-
point. Il est mort à Vienne à l'âge de quatre-
vingt-trois ans et quelques mois, le 4 janvier
1800. Cet artiste est avantageusement connu
par un bon livre qu'il a pul)lié sous ce tilre :
Pensieri e riflessioni pratiche sopra il canto
figuruto; in Vienna, 1774, ^-4». A peine
l'ouvrage eut-il paru, que l'auteur reconnut
des lacunes dans son travail, et en prépara
une réimpression qui parut à Milan, en 1777,
in-S", et qui est indiquée au frontispice comme
une troisième édition. Tous les biograjjhes
ont parlé en effet (depuis Forke! jus(iu'à
Bl. Ch.Ferd.Becker) de cette troisième édition,
sans rechercher les preuves de la réalité d'une
édition intermédiaire entre celles de 1774 el
de 1777; mais il suffît de lire la préface de
cette prétendue troisième édition pour acqué-
rir la conviction qu'elle n'est que la seconde,
et que les mots terza edizione sont ou une
faute typographique, ou une fraude du li-
braire, qui aurait voulu par là recommander
l'ouvrage à la faveur publique. Un petit ou-
vrage intitulé : Metodo pcr ben insegnare
d'apprendere l'arte del cantare , ossiano
osservazioni pratiche su questo nobile e diffi-
cile arlc, a été imprimé à Florence, en 1807,
l)etit in-8'' de quatre-vingt-une pages. L'au-
teur le représente comme un livre nouveau qui
manquait à l'enseignement du chant ; mais ce
n'est «[u'un extrait de celui de Mancini, dont
on n'a pas même changé le style en plusieurs
passages. Une traduction française, ou l'Iutôt
MANCIM — MAiNDINI
Aû-c
tin exirait de la première édilion du Traité de
Mancini fut publiée par Desaugiers {voyez ce
nom), sous le litre : l'^'irt du chant figuré;
Paris, 1770, in-S» de soixante-quatre pages.
Une autre traduction plus comi)Ièle, faite sur
l'édilion de Milan, et intitulée Réflexions
pratiques sur Is chant figuré (Paris, an in,
ou 1796, un volume in-8") a été publiée par
M. de Rayneval, qui a gardé l'anonyme. Le
livre de Mancini est, avec celui de Tosi, ce
(|u'on a fait de mieux concernant l'art du
chant. On y trouve une mullilude de bonnes
observations pratiques qui décèlent le profes-
seur expérimenté, et des renseignements his-
toriques qu'on chercherait vainement ailleurs
sur beaucoup de chanteurs distingués. Hiller
en a donné une traduction allemande dans son
traité de l'art du chant {voyez Hiller). On a
aussi de Mancini une lettre dirigée contre
Vincent Manfredini qui avait «ritiqué son
livre; elle a pour titre : Lettera di Giumbat-
tista Mancini diretta aW illust. Sig. Conte
N. N., Vienne, M. -A. Schmidt; elle est datée
du 7 avril 1796. La violence empreinte dans
cet écrit était peu convenable pour l'âge de
l'auteur (il avait alors quatre-vingts ans), et
n'ajoute rien à ses arguments en faveur de
son livre.
MAISCIÎNL^S (TnoMAs), né dans le Bleck-
lembourg, en 1500, fut maître de chapelle de
l'évéciuc d'Halbersladt et du prince de Bruns-
wick, vers la fin du seizième siècle. On voit par
son portr.iit gravé sur bois à l'âge de trente-
cinq ans, en 1590, qu'il était alors maître de
chai)elle à Brunswick. Il a été imprimé de sa
composition : 1" Newe lustige und hœ/fliche
weltliche Lieder mit 4 und 5 Stimmen (Nou-
velles chansons profanes, gaies et honnêtes, à
quatre et cinq voix); Helmstadt, 1588, in-4''.
2" Hockzeit-Lied von 5 Stimmen, etc. (Chant
de noce à cinq voix, à l'honneur de Georges
Burchard, secrétaire de l'évéque d'Halber-
stadt, et à l'occasion de son mariage); Helm-
stadt, 1591, in-4".
MAWDAIMICI (Placido), compositeur et
membre de l'Académie des beaux-arts de
Naples, iia([uit, en 1798, dans la petite ville
de Barcellona, située dans la vallée de De-
mone en Sicile. A l'âge de quinze ans, il se
livra à l'étude de la musique et trouva un pro-
tecteur dans le comte Nicolaci, dilettante qui
jouait un peu de violoncelle et qui lui en
donna quel(|ues leçons. Lors(iu'il eut atteint
sa dix-septième année, Mandanici entra au
Conservatoire de Palerme, où il continua
l'étude de son premier instrument et apprit à
jouer de i)lusieurs autres. En 1820, il était
attaché à l'orchestre du théâtre de Reggio, en
Calabre, comme contrebasse; mais déjà il
s'adonnait avec ardeur à l'étude du piano,
afin de pouvoir quitter la position desimpie
sym|dioniste. En 1824, il se rendit à Naples
et y étudia la composition, sous la direction
de Raimondi. De 1824 à 1834, il fut attaché
aux théâtres royaux de cette ville, comme
compositeur de musique des ballets. Dans !a
même période, il a écrit les opéras l'Isola
disabitata pour le théâtre du Fo7ido: Argene,
pour celui de Saint-Charles ; // Marito di mia
moglie, pour le théâtre Nuovo, et Gli Amanti
alla prova, pour le Fonda. Vers la fin de
18Ô4, il se rendit à Milan, et s'y livra à l'en-
seignement du chant et de la com|>osition. En
1836, il écrivit à Turin, pour le théâtre Cari-
gnano, l'opéra il Segreto. De retour à Milan,
il y donna II Rapimento , en 1857. Outre les
ouvrages qui viennent d'être ciiés. Mandanici a
écrit un grand noml)''e de ballots, beaucoup
de musique instrumentale cl de la musique
d'église. En 1841, il donna à Milan l'opéra
boiifTe II Ihionlempone délia vorta Ticinese,
qui eut du succès et fut repris en 1845. Appelé
à Palerme, en 1843, il y écrivit l'opéra
sérieux yJ/arta degli Albizzi, puis il retourna
à Milan. Il est mort à Gênes, le 5 juin 1852,
à l'âge de cinquante-quatre ans. Mandanici a
publié plusieurs oeuvres de musique vocale et
instrumentale, chez Ricordi, à Milan, et
vingt-quatre exercices de vocalisation, chez
Lucca, éditeur de la même ville. Ses œuvres
de musique religieuse sont : 1° Ave Maria à
trois voix, choeur ad libitum et orgue; Milan,
Ricordi. 2° Pater nosler à quatre voix, chœur
et orgue; ibid. 5" Salve Regina à trois voix
et orgue ou piano; ibid.
MAINDEUSCIIEID (Nicolas), facteur
d'orgues à Nuremberg, naquit à Trêves, le
2 avril 1580. Il était âgé de soixante dix-sept
ans lorsqu'il construisit, en 1057, le second
orgue de Saint-Sébald à Nuremberg; cet in-
strument est composé de treize jeux. Mander-
scheid est mort à Nuremberg, le 2 avril 1002.
Walsch avait gravé son jiortrait en 1054.
MAINDlIXi (Paul), excellent ténor, né à
Arezzo, en 1757, a eu pour maître de chant
Saverio Valenlo, homme d'un rare mérite,
<iui a formé beaucoup de bons chanteurs dans
la seconde moitié du dix-huitième siècle.
En 1777, Mandini débuta à Brescia dans des
rôles de demi-caractère, et son entrée dans la
carrière dramati<|ue fut maniuée jtar un si
beau succès, qu'en 1781 il fut appelé au grand
426
MANDINI — MANFKEDINI
théâtre de Milan, pour y chanter pendant l'au-
tomne avec la célèbre cantatrice Anne Mori-
chelli Bôsello. Il s'y fit entendre dans II Fa-
legnamo, de Cimarosa, et dans // Fecchio
gelosQ, d'Alessandri. Turin, Parme, Bologne
et Rome l'applaudirent ensuite. En 1787, il se
trouvait à Venise ; l'année suivante, il retourna
à Milan avec la Morichelii, et y chanta pen-
dant les saisons du printemps et de l'automne.
Ce fut alors que Viotti l'engagea pour le
théâtre de Monsieur, à Paris, où il fit admirer,
pendant les années 1789, 1790 et 1791, son
talent plein de finesse, d'élégance et d'expres-
sion dramatique, ainsi que la perfection de
son jeu. Les terribles événements politiques
de 1792 ayant dispersé cette belle trou|)e ita-
lienne, dont le souvenir n'est point encore ef-
facé, Mandini retourna en Italie, et chanta à
Venise au carnaval de 1794. Longtemps après
(1805), il était à Berlin; mais il ne parut plus
que l'ombre de lui-même. Peu de temps après,
il se retira à Bologne, ou il est mort, à l'âge
de quatre-vingt-cinq ans, le 27 janvier 1842.
MAWELLI (FnANcois), compositeur dra-
matique, né à Tivoli, au commencement du dix-
septième siècle, a écrit la musique de VAndro-
meda, premier opéra qui fut représenté publi-
quement à Venise, en 1CÔ7. Cet ouvrage fut
suivi de La ]}Jaga fulminata, au même théâ-
tre, en 1638, et à Bologne, en 1641, au théâtre
formagliari. Benoît Ferrari {voyez ce nom),
auteur des livrets de ces deux oi)éras, fit les
frais de leur représentation. Les noms des
chanteurs de cet ouvrage sont imprimés en
têle du livret; ce sont : Félicité Uga, Ro-
maine ; Antoine Parmi, de Reggio ; François
Angeletti, d'Assise; Jean-Baptiste Bifurci,
de Bologne; François Pesarini, de Venise;
et Madeleine Manelli, Romaine, femme du
compositeur. La nouveauté et le charme de ce
spectacle portèrent les Vénitiens à bâtir des
salles de spectacle destinées à l'Opéra. Les
«leux premiers théâtres furent ceux de San-
Cassiano : Monteverde et Cavalli y firent re-
présenter leurs premiers ouvrages. Manelli
écrivit encore Temistocle , à Florence, en
1CÔ9; Alcale, dans la même ville, en 1642;
Ercole neW Erimanto, à Plaisance, en 1651 ;
Il Ratto d'Europa, dans la même ville, en
1653; J Sei Gigli, à Ferrare, en 1666.
M AI^ELLI (Pierre), chanteur italien, était
le premier boutl'e chantant d'une troupe ita-
lienne d'opéra qui parut en France, en 1752.
Elle joua d'abord à Rouen, puis fut appelée à
Paris, et donna des représentations dans la
salle de rAcadOmic royale de musique, alter-
nativement avec l'opéra français. On sait
quelles discussions s'élevèrent entre les part -
sans de la musique italienne et de la musique
française, à cette occasion, et la guerre de
plume soulevée par le Petit Prophète de Boe-
michhroda, de Grimm, et par la Lettre, de
J.-J. Rousseau, sur la musique française.
Manelli jouait les principaux rôles dans les
opéras bouffes ou intermèdes dePergolèse, de
Rinaido de Capua, et d'autres compositeurs
italiens, qu'on entendait alors à Paris pour la
première fois. Il paraît avoir été le seul de sa
troupe qui eût quelque talent. Son portrait,
peint au pastel par Latour, a été exposé au
Louvre, en 1754; il était représenté dans le
costume du rôle de V Imprésario qu'il jouait
dans le Maestro di musica. Au mois de fé-
vrier 1754, l'opéra italien fut banni de l'Aca-
démie royale de musique, et Manelli retourna
en Italie. Depuis lors on n'a plus entendu par-
ler de lui.
MANFREÏ)! (Louis), cordelier qui vivait
à Venise vers le milieu du dix-septième siècle,
a fait imprimer de sa composition : l" Motet li
a Quattro e cinque voci; Venise, 1658. 2o6'on-
cerli ossia Madrigali a 5 voci, lib. 1, 2, 3,
4, i6îd., 1641,
MAINFREDI (Marie-Madeleise) , canta-
trice renommée au «ommencement du dix-
huitième siècle, était, en 1720, au service du
roi de Sardaigne, à Turin,
MArSFREDI (Philippe), violoniste dis-
tingué, né à Lucques vers 1738, fut élève de
Tartini. Compatriote de Boccherini, il se lia
d'amitié avec lui, et tous deux entreprirent un
voyage en 1769. Après avoir visité plusieurs
villes de la Lombardie, et s'être arrêtés long-
temps à Turin et dans le Midr de la France,
les deux amis arrivèrent à Paris ea 1771.
Manfredi y exécuta les trios et quatuors de
Boccherini avec un succès d'enthousiasme. Eu
quittant Paris, les deux amis se dirigèrent
vers l'Espagne, ou l'infant don Louis, frère du
roi Charles III, les accueillit et leur donna
une position. Manfredi était devenu le premier
violon de la musique de ce prince; mais il ne
jouit pas longtemps de cet avantage, car il
mourut à Madrid, en 1780. On a gravé de sa
composition à Paris, en 1772, six solos pour
le violon, op. 1. Six sonates pour violon avec
basse, du même artiste, ont été publiées à
Leipsick, en 1832. Il a laissé en manuscrit
plusieurs concertos et des trios qui se trouvent
en Espagne,
MArVFIlEDIlM (François), violoniste et
compositeur, na<iuit à Bolo^^nc, en 1673. lia
MANFREDINI
427
fait imprimer de ses ouvrages : 1» Conccrtini
par caméra a vioJino e violoncello; Dp. 1,
Bologne, G. Silvani, 1704, in-fol. 2» Sinfonia
da chiesa a due vioUni con l'organo obli-
gatoe viola ad libitum ;o[>. 2, ibid., 1709,
in-fol. Cet ouvrage a été réimprimé à Amster-
dam, chez Roger, sous ce titre: Quarlettia
due violini, viola e basso continua. ô''Concerti
a due violini e basso, con viola^ et violini di
rin/bfzo; Bologne, G. Silvani, 1718, in-fol.,
op. 3. Manfredini fut élu membrede l'Académie
des Philharmoniques de Bologne en 1704.
MAINFUEDIIVI (Vincewt), compositeur et
écrivain sur la musique, n'est pas né à Bo-
logne, comme le disent Gerber, Choron et
Fayolle, M. Ch.-Ferd. Beckcr et \e Lexique
universel de musique, \nib\ié par Schilling,
mais à Pisloie, comme il nous l'apprend lui-
même dans un de ses articles du Giornale
Enciclopedico de Bologne. C'est aussi par lui
que nous savons qu'il apprit à Bologne et à
Milan la composition sous la direction de Perti
et de Fioroni. En 1735, il s'éloignade l'Italie
pour aller à Pétersbourg avec quelques chan-
teurs. Chargé d'écrire la musique de plusieurs
ballets, il y réussit de manière à inspirer
quelque confiance dans son talent, et l'impéra-
trice le choisit pour enseigner le clavecin au
grand-duc Paul I'"", dont il dirigea ensuite la
musique. Quelques opéras qu'il composa sur
des poëmesde Métastase, entre autres l'Olim-
piade, le mirent en réputation à la cour de
Russie. Il écrivit aussi, pour son élève le grand-
duc, six sonates de clavecin, qui furent vive-
ment critiquées dans le journal intitulé :
amusements littéraires, de Hambourg; mais
l'impératrice consola Manfredini de cet échec
en iui accordant une somme de mille roubles
lorsqu'il lui présenta un exemplaire de son
ouvrage. L'arrivée de Galupjii à Pétersbourg,
et sa nomination de premier maître de cha-
pelle de la cour impériale, ruinèrent les espé-
rances de Manfredini; car il n'était pas en
état de lutter avec un i»areil athlète. Après
avoir repris pendant deux ou trois ans son
premier emploi de compositeur de ballets, il
•luitta Pétersbourg, en 1709, et alla se fixer à
Bologne, où les sommes qu'il avait amassées
en Russie lui procurèrent une existence indé-
pendante. Renonçant dès lors àla composition,
il se livra à l'élude de la didactique et se fit
écrivain sur la musique. Son premier ouvrage
de littérature musicale parut sous ce titre :
Regole armoniche,o sieno precetti ragionali
per apprender i principj délia musica, il
porlamenlo del basso sopra gli slromenti
da tasti, corne l'organo , il cembalo, etc. ;
Venise, 1773, soixanle-dix-sept pages in-4''
avec des planches. Celivre est divisé en quatre
parties : la première contient un exposé des
éléments de la musique; la seconde traite des
accords, de leur origine, de leurs renverse-
ments, et renferme une méthode simple et
facile d'accompagnement; dans la troisième,
on trouve les principes abrégés de l'art du
chant avec des exemples; enfin, la quatrième
traite des éléments du contrepoint, et renferme
dans le dernier chapitre des réfutations de
quelques principes de Rameau, de d'Alembert
et de Tartini concernant la base fondamentale
des accords naturels delà gamme, ainsi qu'une
discussion de l'opinion du P. Martini sur la
nécessité de prendre le plain-chant pour base
de l'étude du contrepoint. Rameau et Tartini
avaient cessé de vivre quand parut l'ouvrage
de Manfredini, et le P. Martini, bien que vi-
vant encore, dédaigna de lui répondre; mais
il n'en fut pas de même de Mancini, dont il
avait attaqué les Réflexions pratiques sur le
chant figuré (voyez Mancini), car celui-ci
riposta avec la supériorité d'un maître con-
sommé, dans la deuxième édition de son livre
publiée à Milan, en 1777. Près de vingt ans
après, Mancini revint sur ce sujet dans sa
Letlera...diretta alV illust . Sig . Conte N .N . ,
et Manfredini répliqua avec humeur dans une
deuxièmeédiliondeses7?egroZearmonjc/ie^etc.,
considérablement augmentée; Venise, 1797,
in-S". Dans cette nouvelle édition de son livre
il annonçait la prochaine publication d'un
autre ouvrage intitulé : Saggio di Musica;
mais il ne l'a point fait paraître. Manfredini
était, en 1783, un des rédacteurs du Giornale
Enciclopedico de Bologne; il y rendit compte,
dans le numéro du mois d'avril, des deux pre-
miers volumes du livre d'Arteaga {voyez ce
nom), intitulé : le Rivoluzioni del teatro mu-
sicale italiano, et attaqua d'une manière assez
dure quelques opinions contenues dans cet
ouvrage, notamment la préférence que l'au-
teur y donne à la musique ancienne sur la nou-
velle ; enfin il y émit cette proposition au moins
singulière de la part d'un homme dont l'édu-
cation musicale avait été faite dans une bonne
école d'Italie : Que dirons-nous, si JII . Jrleaga
semble être précisément du nombre de ces
vieux déprédateurs, en louant avec excès
les ouvrages de Carissimi et de Palestrina
de préférence aux plus modernes, qui sont
cent fois meilleurs et plus parfaits (1)? Ar-
(1) Cosa diremo noi, se il Signor Artcaga scmbra csscr
appunto lU'l iiumcro di quci tali vccclii sprczzalori
AiS
MANFREDINI — MANGOLD
leaga répondit avec énergie à son critiquedans
«les observations placées à la fin du troisième
volume de son ouvrage (p. 285391). Ces ob-
servations, dont la dialectique était pressante,
«lonnèrent naissance à un nouvel ouvrage de
Manfredini, intitulé : Difesa délia musica
9noderna e de' suoi celebri eseculori; Bologne,
C. Trenti, 1788, in-8". On n'a imprimé des
compositions de ce musicien que six airs et un
duo de V Olimpiade , avec deux violons, viole,
basse et deux cors, à Nuremberg, en 1705, el
six sonates de clavecin, à Pétersbourg, en
1766. On croit que Manfredini est mort avant
1800, mais je n'ai pas de renseignements po-
sitifs à cet égard.
ITAIVFIIOCE (Nicolas), compositeur, né
à Palma, dans la Calabre citérieure, en 1791,
montra, dès son enfance, les plus heureuses
dispositions pour la musique. Devenu élève de
Trilto, il acheva ses éludes dans le collège
royal de musique à Naples. Plus tard, il re;;ut
aussi, à Rome, quelques conseils deZingarelli.
A peine âgé de quinze ans, il commença à com-
poser et montra dans ses ouvrages un génie qui
aurait pu peut-être lutter avec celui de Ros-
sini; mais il mourut à Naples, en 1815, à l'âge
de vingt et un ans et quelques mois. En 1810,
il donna, à Rome, Alzira^ son premier opéra,
qui fut reçu avec enthousiasme. Cet ouvrage
fut suivi à^Jrmida, grande cantate en deux
parties, exécutée au théâtre Saint-Charles, à
Naples, dePiramo e Ttsbe, opéra sérieux, dont
l'ouverture fut considérée comme la plus belle
qu'on eût écrite en Italie avant Rossini , et de
la Nascita d^Jlcide, grande cantate exécutée
à Saint-Charles pour l'anniversaire de la nais-
sance de Napoléon, en 1812. La suavité et
l'expression de la mélodie de ces ouvrages, la
force et l'originalité de l'harmonie, la nou-
veauté de l'instrumentation, tout présageait
un talent de premier ordre, que la mort est
venue arrêter dans son développement. L'air
No, che non puo difenderlo, de Manfroce, a
eu un succès de vogue. On citait aussi, en
1812, de ce jeune el brillant artiste, deux
messes à quatre voix et orchestre; des vêpres
idem; une messe à huit parties réelles et deux
orchestres; un Miserere à trois chœurs; six
symphonies pour l'orchestre, dont une du
plus grand effet, intitulée : l'Jrmonica; des
airs, des duos, et beaucoup d'autres morceaux
«létachés. La partition à''Alzira, réduile pour
le piano, a été publiée à Milan, chez Ricordi.
loilando cgii moUissino le oprre del Carissimi, del
l'alcslrina, crc, a prelcrenra dolle più moderne, chc
buiio cento>oL(e niijjiiori e più pcrleUe ?
BlAIVCiEAN (...), violoniste français d'un
mérite distingué, était, en 1750, attaché au
concert spirituel de Paris. Il mourut dans
cette ville en 1756. On a gravé de sa composi-
tion deux livres de duos pour deux violons, un
œuvre de solos pour le même instrument, el
deux trios pour deux violons et basse.
MAIVGIIV (...), d'abord professeur de mu-
sique à Orléans, se fixa ensuite à Nancy, et s'y
livra à l'enseignement. 11 a publié : Eléments
de musique, précédés d'une dissertation sur
cet art, avec des planches contenant tous les
signes; Nancy, Ilancr, 1827, in-8° de quatre-
vingts pages et six planches.
MAIVGO (l'abbé Vincent), né à Palerme,
en 1741 , d'une famille noble et ancienne, fui,
suivant l'abbé Bertini (Dizion. stor. criticol
degli scrillori di Musica, t. IV, supplem,
p. ÔO), doué du génie d'invention, et posséda
une rare instruction dans les sciences et dans
les lettres. Les défauts de son oreille ne lui
avaient permis ni de chanter, ni de Jouer de
quelque instrument; néanmoins, parla seule
force de son intelligence, il acquitune parfaite
connaissancedes systèmes de musique anciens
et modernes, et entreprit la réforme de la
science de cet art. Les ouvrages qu'il a écrits
sur cette matière sont restés en manuscrit;
ils pourraient former environ deux forts vo-
lumes in-8''. Si l'on en croit l'abbé Bertini,
bien que dégagés de tout échafaudage de cal-
culs, ils offrent des princi{)es et des règles in-
variables tirés de la nature même des choses,,
et exposés avec autant de clarté que d'élé-
gance et de concision. Voici la liste qu'il donne
de ces ouvrages : 1" Elementi délia moderna
musica conforme aile correzzioni faite aile
sue parti artificiali. 2" Discorso sopra i ca-
ratteri délia musica. 5» Progetto délie note
novelle délia musica. 4" Discorso sopra la
reforma délie note volgari délia musica.
5» Sopra la moderna musica e suo tempera-
mento. G" Origine slorica del canto ferma
ecclesiastico diatonico. 7» Origine délia mu-
sica teatrale diatonico cromatica. 8" Ori-
gine storica dei volgari caratteri délia
musica.
MAiV'GOLD (HE?iRi), pianiste et com-
positeur, a vécu à Brunswick, vers 1815,
puis s'esl fixé à Halbersladt. On a publié de
sa composition : 1" Six sonates pour piano
seul, op. 1 ; Brunswick, Spehr. 2* Six sonates
faciles idem, op. 2 : ibid. 3° Six pièces à
quatre mains, op. 5; Spire. 4" Six marches
pour le piano, oi). 15; Halbersladt, Vogler.
5" Div-huit variations .sur un air allemand^
MANGOLD
4-29
op. 16; ihid. 6" La Fiancée et l'Organiste,
cantate, avec accompagnement de piano,
ibid. 7" Dix valses et deux bacchanales, op. ô;
Brunswick, Spehr. 8" Dix-huit écossaises pour
le piano, op. 4; ibid.
MArSGOLD, famille d'artistes attachée
au service de la cour de Darmstadt, a eu pour
chef Jean-Henri Mangold, né en 1G89 à
Umstadt, petite ville de la liesse, dans la pro-
vince de Starkenbourg. Il y fut musicien de
ville, et mourut en 1773.
MAI^GOLD (jEAN-WiiuELsi), son fils, na-
quit, en 1756, à Umstadt. En 1764, il se rendit
à Darmstadt. Le grand-iluc de Hesse-Darm-
stadt l'admit dans sa chapelle, en 1781, comme
violoniste et professeur de divers instruments.
Il mourut à Darmstadt, en 1800, laissant cinq
lils qui, tous, furent attachés au service de la
cour, et qui sont indiqués dans les notices
suivantes.
MAINGOLt) (Georges), fils aîné du précé-
dent, né à Darmstadt, le 7 février 1767, apprit
dans sa jeunesse à jouer du violon, et devint
plus tard élève de Schick, maître de concertde
la cour de Mayence. Il acquit un talent remar-
(luable sur son instrument; il se distinguait
l)arliculièrement par son exécution délicate
dans les quatuors. Appelé à la position de
maître de concert de la cour de Darmstadt, il
fut fait chevalier de l'ordre de Louis en 1816,
et dans l'année suivante, il obtint la place de
directeur de musique de la chapelle ducale. Il
mourut à Darmstadt, le 18 février 1835.
MAINGOLD (Auglste-Damel), deuxième
fils de Jean-Wilhelm, naquit à Darmstadt. le
25 juillet 1775. Son premier instrument fut la
clarinette; plus tard, il l'abandonna pour le
violoncelle. En 1798, il entra dans la musique
particulière d'un amateur opulent d'Offen-
bach, nommé Bernard, et fut ensuite chargé
de la diriger. De là, il passa à l'orchestre du
théâtre de Francfort, où il se trouvait dans les
j)rennèrcs années du dix-neuvième siècle. Eu
1805, il entre[)rit avec son neveu, Jf'illielm
Mangold {voijez ce nom), un voyage en Alle-
magne et en Hollande : partout il fit admirer
son exécution sur le violoncelle. En 1814, il
entra dans la chapelle de la cour de Darmstadt;
il mourut, en 1842, avec le titre de maître de
concert de celle chapelle.
MAINGOLD (Louis), deuxième frère de
Georges, né à Darmstadt, en 1777, fut simple
violoniste de la chambre du prince, et mourut
en 1829. Son fils, Georges-Charles, né à
Darmstadt, en 1812, fut élève de llammel
pour le piano, et s'est fixé à Londres, comme
professeur de son instrument, pour lequel il a
publié quelques compositions.
MAINGOLD (Paul) né à Darmstadt, en
1780, était le quatrième fils de Jean-Wilhelm.
Il se distingua par son talent sur le basson et
joua aussi fort bien de l'alto. Après avoir été
quelque temps attaché à la musique d'un régi-
ment français, il entra dans la chapelle ducale
de Darmstadt, en 1808. Il y était encore lors-
«lu'il mourut en 1851 , à l'âge soixante et onze
ans.
MANGOLD (CnARLEs-FRÉDÉnic), le plus
jeune des fils de Jean-Wilhelm, naquit à
Darmstadt, en 1784. Il a été considéré comme
un des bons cornistes de l'Allemagne. Après
avoir servi avec son frère Paul dans la mu-
sique d'un régiment français, depuis 1801
jusqu'en 1808, il entra dans la c'.iapelle ducale
de Hesse-Darmstadt. En 1849, il fut mis à la
retraite avec une pension. Son fils, Louis
Mangold, né en 1815, est aujourd'hui membre
de la chapelle de la cour.
MAINGOLD (Wilhelm), maître de cha-
pelle du grand-duc de Hesse-Darmstadt, et fils
aîné de Georges, naquit à Darmstadt, le
19 novembre 1796. Les premières leçons de
violon lui furent données par son i)ère : Rink
et l'abbé Vogler lui enseignèrent l'harmonie.
En 1816, il se rendit à Paris pour y continuer
ses études musicales à l'école royale de musi-
que. Il y reçut des leçons de contrepoint de
Cherubini, et Rodolphe Kreutzer fut son maître
de violon. Après trois années de séjour dans
cette ville, il retourna à Darmstadt en 1819.
Admis d'abord comme simple membre de la
musique de la cour, il y obtint ensuite la po-
sition de mailre de concert. Vers le même
temps, il voyagea en Allemagne et en Hol-
lande avec son oncle Auguste-Daniel, et obtint
dans ses concerts des succès comme violoniste
et comme compositeur. En 1825, il reçut
l'ordre de Louis. Wilhelm Mangold remplit
ses fonctions jusqu'au 1'^'' janvier 1858, épo-
que où il fut pensionné. Parmi les composi-
tions de cet artiste, on remarque : 1° Mérope,
opéra sérieux, et le Comte Orij, tous deux
inédits. 2° Cascilia, cantate à quatre voix,
avec accompagnement de piano; Wayence,
Scholt. ô" Plusieurs cantates pour le service
de la cour. 4" Quelques symphonies. 5" ]>a
musique du drame intitulé Zivei beiden Ga-
Zeere/i-s/i/at;en (les deux Galériens). 6" Thème
varié pour violon et orchestre, op. 4; Ofîen-
bach, André. 7» Idem avec quatuor (en si
bémol), op. 2; ibid. 8" Idem, (en ré), op. 5;
ibid. S)" Pol-pnirri pour violon et violonci'lle;
430
MANGOLD — MANiN
Maycnce, Scholt. 10" Douze pièces pour quatre
cors; OfTenbach, André. 11» Trois polonaises
pour piano et violon, op. 8; Mayence, Schott.
12" Trois quatuors pour deux violons, alto et
basse, op. 5; OfTenbach, André, lô" Trois
sonates faciles pour le piano, op. 7 ; Mayence,
Schott. 14° Un quintette pour des instruments
à vent. 13" Des canzonettes à voix seule, avec
piano. lG"Des chants maçonniques à plusieurs
voix. Deux fils de cet artiste, Paul, né en 1833,
et Georges^ né en 18ÔG^ se sont fixés dans
l'Amérique du Nord, et s'y livrent à l'ensei-
gnement.
MAIVGOLD (Cuarlf.s-Amand) , composi-
teur, frère du précédent, est né à Darmstadl,
le 8 octobre 1813. Son père lui donna les pre-
mières leçons de violon, de piano, de chant et
d'harmonie. A l'âge de dix-huit ans, il fut
admi.s dans la chapelle du grand- duc, au
nombre des violonistes. En 1834, il fit un
voyage à Londres en compagnie de son frère
aine, qui y était engagé pour diriger l'or-
chestre de l'opéra allemand qu'on venait d'y
établir. En 1836, Charles-Amand Mangold se
rendit à Paris pour y continuer ses éludes
musicales. Admis au Conservatoire, il y reçut
des leçons de Lordogni j)our le chant et de
Berton pour la composition. M. Sausay,
gendre et élève de Baillot, se chargea de per-
fectionner son talent de violoniste. Pendant
son séjour à Paris, il fut associé de Mainzer
{voyez ce nom) pour les cours de musique et
«le chant populaire que celui-ci y avait fondés :
il écrivit j)our ces écoles plusieurs morceaux
de chant d'ensemble. De retour à Darmstadt à
la'fin de 1839, il obtint, en 1841, la place de
co-répétiteur du théâtre de la cour, et dans
les années suivantes, il fut chargé de la direc-
tion musicale de la société de chant «l'hommes
connue sous le nom de Sxngerkranz, et de la
société de dames appelée Cxcilia. Enfin, en
1848, MangoUl obtint la place de chef d'or-
chestre de la musique de la cOur (ffofmusik
Director). Le grand-duc de llesse-Darmstadt
l'a décoré, eu 1858, de la grande médaille
d'or pour l'art et la science. Parmi les ou-
vrages connus de cet artiste, on remarque :
1" Das Kœhlermxdchen (la Fille du charbon-
nier), opéra représenté à Darmstadt, en 1843.
2" Der Tannh,vuser , opéra sérieux, sur le
même sujet que le drame de Richard Wagner
(voyez ce nom); cet ouvrage fut représenté à
Darmstadl, en 184G. 3" Die Hermannschlacht
(la Bataille dMIermann), en 1848, dans la même
ville. 4" La musi(iue du drame Dornrœsclien
(rÉiiine des roses). 3» Symphonie cantate in-
titulée £'/i/Sî«m. G" Ouverture en «f, couronnée
dans un concours à Manheim. 7" Des Mxd-
chensklage (la Plainte de la jeune fille), scène
pour mezzo soprano, chœur et orchestre.
8" Jeanne d'Arc, air de concert composé
pour le prince de Ilechingen. 9" Beaucoup de
Lieder détachés ou en recueils, pour voix seule
avec accompagnement de piano. 10° Douze
chants pour quatre voix, op. 22, etc.
MAIXGOIV (Richard), organiste du collège
de Tubinge, naquit à Aix-la-Chapelle vers
1380. On connaît de sa composition Canticum
canticorum Salomonis, 4-8 vocibus, Franc-
fort, 1G09, in-4'\
MANGOINE (Jeas-Baptîste), surnommé
il Piccino (le Petit), né à Pavje, dans la se-
conde moitié du seizième siècle, vécut dans
celle ville, oii il exerçait les professions d'avo-
cat, de maître de chant et d'organiste. Il s'est
fait connaître par un livre devenu rarissime,
lequel porte ce titre singulier : Ghirlanda
musicale dcl Sig. Gio-Battista Mangone,
detlo IL PICCINO, in cui si scorgel'eccellenza
délia musica, fondamento deW arti liberali,
et un finto sonno nel capitolo sisto, co'se-
guenti. .41 Sereniss. Signor, il signor Ha-
nuccio Farnese Duca di Parma et Pia-
cenza, etc. Jppresso poi si vede un discorso ,
si dcW ufjlcio del sopr' intendente di musica,
quanlo deir esercizio de concertati cantori,
aU'illustriss. et eccellentiss. Sig. don Ot-
tnvio Farnese. Opéra nuova, madotta, di-
lettevole, vaga et utile a ciascuno, et in
particolar al musico e cantore. In Pavia,
oppressa Giovanni Negri, 1013, conlicenza
di superiori, in-4°.
MATVGOîNO (Jean-Autoine), compositeur,
né à Caravaggio (Lombardie), dans la seconde
moilié du seizième siècle, fut organiste de
Sainle-Marie-Majeure, à Bergame. Il a publié
de sa composition : Sacra cantica sive mo-
tecta Deiparae Firgims quatuor vocibus
concinnenda a Jo. Antonio Mangono Cara-
vagiensi, organ. in Ecclesid S. Mar. Maj.
Bergam. édita. Fenetiis, ap. Jacob, f'in-
centium, 1G17, in-4".
MAIMV (Mathias-Georges), né en 1720 ou
1721, dans la basse Autriche, fut enfant de
chœur à Kloster-Neubourg, et y reçut son
éducation musicale et littéraire. Il fut ensuite
organiste de l'église Saint-Charles à Vienne,
et mourut dans cette position en 1751, à l'âge
de trente ans. Il jouait bien du violon, de
l'orgue, et composait pour l'église de la mu-
si(|ue<run bon style «jui est restée en manu-
scrit, ainsi que ses quatuors et trios pour des
MANN - MANRY
431
instruments à cordes. Didacticien instruit, il
a formé de bons élèves, à la tête desquels se
place Albrechtsberger {voyez ce nom).
MÀTVN (FRÉDÉnic-THÉODonE), prédicateur
à Berlin et amateur de musique au commen-
cement de ce siècle, y vivait encore en 1830.
Outre ses ouvrages de théologie, on lui doit la
rédaction d'un almanach de musique intitulé :
Musicalisches Taschen-Buch auf das Jahr
1803, herausgegeben von.... mit Musik von
JP'ilhelm Schneider. 2"" Jahrgang. Penig,
1805, in-12. La première année de cet alma-
nach, publiée en 1803, avait été rédigée par
les frères Jules et Adolphe Werden.
MAIVIXA (Gennaro ou Janvier), composi-
teur distingué, né à Naples en 1721, reçut son
éducation musicale au Conservatoire de Lo-
reto. En 1747, il écrivit son premier opéra
I)our le théâtre de Ferrare ; le titre de cet ou-
vrage est maintenant ignoré. L'année sui-
vante, il donna dans la même ville ^driano
placato. En 1750, il alla à Turin composer
£umene, et en 1751 il donna à Venise Didone
abbandonata, de Métastase. On connaît aussi
de lui : Siroe,Yemse, 1753 ; Achille in Sciro,
Milan, 1755, et Temistocle, Plaisance, 1761.
Après la mort de Durante, Manna fut chargé
temporairement, en 1756, d'instruire les élèves
du Conservatoire de Loreto. Plus tard, un
concours ayant été ouvert pour la nomination
définitive du maître de celte école, il ne se
présenta pas de concurrent pour disputer la
place à Manna ; elle lui fut donnée en partage
avec un maître peu connu, nommé Ignace
Gallo, suivant les Mémoires des compositeurs
napolitains, par le marquis de Villarosa;
mais il y a là quelque erreur, car Gallo, élève
d'Alexandre Scarlatti, était alors âgé d'environ
soixante-dix ans, elfutattachéauConservatoire
de la Pietà de' Turchini. La nouvelle position
de Manna ne l'empêcha pas de parcourir en-
core l'Italie et d'écrire pour les théâtres de
plusieurs grandes villes. De retour à Naples
vers 1764, il cessa d'écrire pour la scène, et
composa beaucoup de musique d'église qu'on
exécutait encore dans les couvents et dans les
paroisses de cette ville en 1790. // Trionfo
di Maria Fergine assunta in Cielo, orato-
rio, passe pour un des meilleurs ouvrages de
ce compositeur. Manna est mort à Naples en
1788.
MAIVNA (Gaétan), neveu du précédent,
naquit à Naples vers 1745, et fit son éducation
musicale au Conservatoire de Loreto , où il
reçut des leçons de son oncle pour le chant et
pour la composition. Attaché comme maître à
plusieurs églises, il a écrit pour leur usage
onze messes solennelles, nentVixit, un Credo,
trois JSenedictus, le psaume Confitebor, un
Magnificat, un Lauda Sion, un Te Denm et
vingt- cinq motets. Toute cette musique est
restée en manuscrit.
MANIMI (Dominique-Marie), imprimeur,
grammairien et antiiiuaire, naquit à Florence
le 8 avril 1690, et mourut dans la même ville,
presque centenaire, le 30 novembre 1788.
Parmi les nombreux ouvrages de ce savant,
on trouve celui qui a pour titre : Délia
disciplina del canto ecclesiastico antico ra-
gionamento, Florence, Stecchi , 1756, in-S».
On trouve quelques renseignements sur le»
rtssais faits à Florence des premiers opéras
iJans le livre du même auteur intitulé : De
Florentinis inventis commentarius j Fer-
rare, 1731.
TiIAIVrVSTEIN (Henri-Ferdinand), ama-
teur de musique à Dresde, a publié, en alle-
mand et en français, une méthode de chant
intitulée : Système de la grande méthode de
chant de Bernacchi de Bologne, avec des vo-
calises classiques jusqu'à présent inédites de
maîtres de chant formés dans la même école;
Dresde et Leipsick, Arnold, 1835, in-fol.
L'auteur de ce livre nous apprend qu'il est
élève de M. Jean Micksch, chanteur de la
chapelle royale de Dresde. Cet ouvrage a été
suivi de ceux dont voici les titres : 1» Die Sa-
genannte Praktik der Klassischen Gesang ;
ein Handbuch fiir Komponisten, Gesang-
lehrer, Sxnger, Cantoren und aile Kenner
und Forlierer der Kunst (les Règles pratiques
du chant classique ; manuel pour les composi-
teurs, professeurs de chant, chanteurs, can-
tors, etc.); Dresde et Leipsick, Arnold, 1839.
2» Follstxndiges P'erzeichniss aller Compo-
sitionen der KurfUrstl. Saichs. Kapellmeis-
ters Naumann, etc. (Catalogue général de
toutes les compositions de Naumann, maître
de chapelle de la cour électorale de Saxe, etc.)*,
Dresde, Arnold, 1841. 3» Geschichte, Geisl
und Ausiibung des Gesanges Fon Gregor
dem Grossen bis auf unsere Zeit (Histoire,
esprit et pratique du chant depuis Grégoire
le Grand jusqu'à notre époque); Leipsick,
Teubner, 1845. M. Mannstein a fourni des ar-
ticles sur divers sujets à la Gazette générale
de musique de Leipsick.
MAWOm (Guillaume DU). Foyez DU-
MAINOIR.
HIAIVRY (CnAnLES-CASinin), compositeur,
né à Paris le 8 février 1823, est fils du docteur
J. Manry, médecin de l'hôpital Saint-Louis et
432
MANRY - MANTIN
membre de l'Académie de médecine. Destiné
au barfeau, M. Charles Manry fréquenta
l'école de droit et passa sa thèse d'avocat;
mais, indépendant par sa position de fortune,
il prit la résolution de s'abandonner à son
penchant pour la musique et de se livrer à
l'élude de la composition. Après avoir reçu
pendant plusieurs années de M. Elwart (voyez
ce nom) des leçons d'harmonie et de contre-
point, il fit exécuter à l'église Saint-Jacques
du Haut-Pas, le !<■■• novembre 1844, sa pre-
mière messe à trois voix, avec accompagne-
ment d'orgue. Depuis cette époque il s'est fait
connaître par un grand nombre d'ouvrages de
musique religieuse exécutés dans les églises
de Paris, et par des compositions instrumen-
tales. Ses productions les plus importantes
sont : 1" La messe à trois voix citée ci-dessus.
2» Messe à quatre voix d'hommes, sans accom-
pagnement, exécutée à l'église Saint-Philippe-
du-Roule, le jour de Pâques 1852. 3» Messe à
trois voix avec accompagnement d'orgue et
d'instruments à cordes, exécutée dans la même
église le jour de Noël 1855, et à Saint-Thomas
d'Aquinle jourde l'Ascension 1856. 4" Messe à
grand orchestre avec solos'et chœurs, exécutée
à l'église Sainf-Roch le 1" mai 1860,et àSainl-
Eustache le 25 décembre de la même année.
5° Deuxième messe à trois voix (soprano, ténor
et basse), avec accompagnement d'orgue.
0" Te Deum à quatre voix seules et chœur.
7" Huit motets à trois voix avec orgue ou seu-
les. 8» Plusieurs O Salutaris, Ave Maria,
Salve Regina^ et Regina C'œli pour différentes
voix avec accompagnement d'orgue. 9" Sym-
phonie pour l'orchestre , en mi bémol.
10" Trois quatuors pour deux violons, alto et
bssse. 11" Trio pour violon, alto et violon-
celle. 12» Sérénade pour orchestre. 13" La
Sorcière des eoHX, ouverture pourl'orchestre.
14" Grand duo pour piano et violon, en trois
parties. 15" Les Nachtez, oratorio. 16" Les
Disciples d'Emmaiis, mystère à trois voix,
chœur et orchestre. 17" Les deux Espagnols,
opéra bouffe représenté au thé.itre des Néo-
Ihermes, à Paris, le 19 décembre 1854, etc., etc.
MANSUY (CtATJDK-CiiARLEs), professeur
(le musique à Amsterdam, dans la deuxième
moitié du dix-huitième siècle, s'est fait con-
naître par la composition d'un opéra-comique
en deux actes intitulé : Jérôme et Suzelte.
Cet ouvrage a été représenté au théâtre
dWmsterdam, en 1785.
MANSUY (FRANçois-CiunLEs), fils du pré-
cédent, né à Amsterdam le 18 février 1783,
eut pour mciîlrc de musique el de piano son
père, jusqu'à l'âge de quinze ans ; puis il s'est
livré, sous sa propre direction, à des études
sérieuses, particulièrement à celle des fugues
de J.-S. Bach qu'il jouait d'un mouvement
excessivement rapide, et qui lui ont fait ac-
quérir une très-grande habileté. Après avoir
voyagé avec succès en Allemagne, où il a
fait imprimer quelques-unes de ses composi-
tions, il a parcouru la France en donnant des
concerts. Tour à tour il s'est livré à l'ensei-
gnement du piano à Lille, à Lyon, à Bor-
deaux, à Nantes, où il s'est marié, et dans
plusieurs autres villes. En dernier lieu, il est
retourné à Lyon, s'y est enfin fixé, et y est
mort dans les premiers jours du mois d'octo-
bre 1847, laissant deux filles qui se sont livrées
à la culture de la musique. Il a publié de sa
composition : 1" Premier concerto pour piano
et orchestre ; Paris, Ph. Petit. 2" Grand quin-
tetto pour piano, violon, alto, cor et violon-
celle; Paris, Pacini. 3" Pastorale en trio pour
piano, violon et violoncelle; ibid. 4" Grand
duo pour piano et violon, op. 18 ; ibid. 5" Duo
brillant idem, op. 20 ; ibid. G" Duo pour piano
et clarinette, op. 23 ; Paris, Schœnenberger.
7" Nocturne pour piano et cor; ibid. 8" So-
nate pour piano et violon; Paris, Chanel.
9" Trois grandes sonates pour piano seul,
op. 6; Paris, Leduc. 10" Grande sonate idewt
(en fa mineur), op. 11; Bonn, Simrock.
II" Sonate idem, op. 28; Paris, Erard*
12" Grande sonate idem, Paris, Janet. 13" Des
fantaisies, rondeaux, études, pots-pourris,
fugues et canons, environ vingt œuvres;
Paris, Pacini, Pleyel, Troupenas, Schlesinger,
Petit, etc. 14" Environ dix œuvres d'airs
variés, ibid. Mansuy a laissé en manuscrit un
concerto pour piano, un quintetto pour deux
violons, deux altos et violoncelle, une sym-
phonie à grand orchestre, une ouverture
idem, et un opéra représenté au théâtre de
Nantes.
MAIXTIN (C), professeur à l'école gra-
tuite du plain-chant, à Orléans, est auteur
d'un bon livre qui a pour titre : Traité de
Psalmodie, ou exposé des règles qui la con-
cernent; Orléans, Niel, 1846, un volume gr.
in-8° de cent quarante-huit pages. La matière,
aujourd'hui peu connue, de la psalmodie est
l)ien traitée dans cet ouvrage. M. Mantin a
publié aussi une Nouvelle méthode de plain-
chant; Orléans, Pelisson, 1835, in-12, dont
il a paru une seconde édition, augmentée
d'un Essai en faveur du plain-chant contre.
ses détracteurs, et de notions sur Vhtstotrc
et la théorie de ce chant; Orléans, 184G, in-8".
iMANTIUS - MARA
433
MAINTIUS (Édoiiaud), premier ténor du
théâtre royal de Berlin, né à Schwerin, le
18 janvier 1808, alla suivre un cours de droit
à l'université de Halle, après avoir- achevé
ses humanité. Jusqu'à l'époque de son séjour
dans cette ville, Il ne s'était occupé de la mu-
sique que comme d'un amusement; mais la
beauté de sa voix l'ayant fait rechercher dans
plusieurs sociétés de chant, il se livra à l'étude
de cet art dans l'académie dirigée par Naue.
Admis à se faire entendre dans la grande fête
musicale des bords de l'Elbe, à Halle, il y fit
une si vive sensation, que Spontini, Schnei-
der, et d'autres artistes célèbres, qui assis-
taient à cette solennité, le pressèrent pour
qu'il abandonnât le droit, afin de se livrer à
la carrière du théâtre. Il ne s'y décida qu'avec
peine, mais enfin il débuta à Berlin, en 1829,
dans le rôle de Tamino de la Flûte enchantée,
et le public l'accueillit avec faveur. L'air
Dt'ese Bildnissilét\x\a le succès du jeune chan-
teur. Manlius a brillé sur les principaux
théâtres de l'Allemagne du Nord et à Vienne,
quoique sa taille fût si petite qu'elle pût à
peine être considérée comme suffisante à la
scène. On a publié de sa composition des Zie-
der à voix seule, avec accompagnement de
piano.
MANUCE (Alde), le jeune, fils aîné de
Paul Manuce, célèbre imprimeur, na(iuit à
Venise le 13 février 1547. Son enfance fut re-
marquable par des dispositions prématurées,
qu'il ne justifia point par la suite. Nommé,
en 1576, professeur de belles lettres aux écoles
de la chancellerie de sa ville natale, et secré-
taire du sénat, en 1584, il quitta ces emplois
pour la chaire d'éloquence qu'il alla remplir
en 1585. De là, il se rendit à Pise en 1587, et
ensuite à Rome, où Clément VIII lui confia
ta direction de l'imprimerie du Vatican. Il est
mort d'une suite de débauche, le 28 octobre
1597. On a de ce savant une épitre sur les
flûtes des anciens, adressée à Barthélemi
Capra, et imprimé à Venise, en 1570, sous le
titre de Epistola de tibiis veterum. Gruter l'a
placée dans son recueil, tom. IV, pag. 251,
Graevius dans son Thesaur. Jntiq. Roman.,
t. IV, p. 1210, et Ugolini, dans son Thesaur.
Jntiq. Sacr., tom. XXXII, p. 861. Cet ou-
vrage n'apprend rien sur cette matière, qui
reste encore à traiter.
M.4INTJSARDI (César), professeur de
musique de l'iustitulion des aveugles à Milan,
,T fait jouer dans cette ville les opéras intitulés :
\" L' Ammalata ed il Consulta {\i Malade elle
Médecin), en iSô7. 2° Il Birrichino di Par iyi
BIOGR. UMV. DES MUSICIEKS. Y. V.
(le petit Sergent de Paris), en 1841 ; et Un
sogno di primavera {un Rêve du printemps),
en 1847. Je n'ai pas d'autres renseignements
sur cet artiste.
MAIMZA (Charles), compositeur drama-
tique, né à Brescia dans la seconde moitié du
dix-septième siècle, s'est fait connaître par les
opéias Paride in Ida, représenté en 1706,
et Jlessandro in Susa, 1708.
MxVI>iZI (GtJii.LAtJME), né à Civita Vccchia
vers 1784, mort à Rome en 1821, fut bibliothé-
caire de la Barberina : il a publié un ouvrage
intitulé : Discorso sopra gli spettacoli, le [este
ed il lusso degV Italiani ncl secolo AIF,
connote ed illustrazioni ; Rome, Mordachini,
1818, in-8". On y trouve d'intéressantes no-
lices relatives à la musi(]ue.
MANZII^I (Padl), auteur inconnu d'un
pamphet intitulé : JW autore dcW Osserva-
zioni in lingua francese sopra la musica e
la danza in Jtalia; Venise, Carlo Palese,
1773. L'ouvrage dont il s'agit a pour titre :
Remarques sur la musique et la danse. Let-
tres de M. G. à Milord Pembroke ; Venise,
Charles Palese,1773, in 12de cent trente pages.
MANZUOLI (Jean), chanteur distingué
de l'ancienne école italienne, naquit à Flo-
rence vers 1720. Il était déjà célèbre en Italie
lois(|u'il se rendit en 1745 à Londres, où son
talent fit une profonde sensation. En 1753,
Farinelli l'appela en Espagne pour chanter au
théâtre de Madrid, avec un traitement consi-
dérable. En 1765, il était à Vienne; mais peu
de temps après, il se retira à Florence, sa pa-
trie, avec le titre de chanteur de la cour du
grand-duc de Toscane. Burney l'entendit dans
cette dernière ville, en 1770; il chantait alors
dans les églises et n'avait rien perdu de son
goût et de l'expression de son chant. Au nom-
bre de ses élèves, on cite l'excellente canta-
trice Céleste Collellini.
MARA (Cajetan), moine augustin, naquit
à Teutschbrod, en Bohême, le 4 septembre
1719. Après avoir achevé son cours de
philosophie, il entra dans son ordre et y fit
profession en 1739. Excellent organiste et
musicien instruit dans la composition, il fut
chargé pendant treize ans de la direction du
chœurdel'églisedes Augustins, puis il remplit
les mêmes fonctions pendant dix-neuf an-
nées à l'église Saint-Wencelas, de Prague.
Admirateur du mérite des anciens maîtres des
écoles italiennes et allemandes, il passa la
plus grande partie de sa vie à mettre leurs
ouvrages en partition : on assure qu'il a fait
ce travail pour environ trois cents messes. On
28
«4
M ARA
connaît aussi plusieurs œuvres de sa composi-
tion, entre autres des pièces d'orgue. Frappé
d'une atteinte d'apoplexie en 1788, il languit
(|iielf|ne temps et mourut deux ans après à
Deuischbrod.
MAllA (Ignace), violoncelliste, frère du
précédent, naciuit à Deutschbrod vers 1721.
Une J)elle (pialité <le son et beaucoup d'expres-
sion étaient les caractères principaux de son
talent dans sa jeunesse. En 1742, il alla de-
meurer à Berlin, s'y maria, et quelques années
après l'ut admis dans la musique de la cham-
bre du roi de Prusse, Frédéric II. Il mourut
à Berlin en 1783, après avoir rempli ses fonc-
tions de musicien du roi pendant trente -cinq
ans. Il a laissé en manuscrit des concertos,
lies solos et «les <liios pour le violoncelle.
MARA (Jeaîn), fils d'Ignace, habile vio-
loncelliste comme lui, naquit à Berlin en 1744.
Son père lui <ionna des leçons et lui fit faire de
lapides progrès. Lorsque son talent fut formé,
H entra dans la musique paiticulière du prince
Henri de Prusse, et alla demeurer habituelle-
ment au château de Rheinsberg. Le |)rince
l'employa aussi comme acteur dans les opéras
qu'on jouait sur son théâtre, et il montra
quelque talent à la scène. Malheureusement,
il était hautain, querelleur, débauché; plus
laid, il joignit l'ivrognerie à ces vices. En
1773, il épousa la cantatrice Gertrude-Élisa-
beth Schmœhling, i|ui, depuis lors, acquit une
grande célébrité, -^ous le nom de Madame
JUara. Les appointements considérables dont
elle jouissait à la cour de Prusse fournirent à
son mari les moyens de pourvoir à ses dé-
penses, et la conduite de celui-ci devint chaque
jour plus mauvaise. Pour se soustraire au des-
j)otisme du roi, qui traitait les artistes de sa
musique comme ses soldats, un projet de fuite
fut concerté entre les époux; mais ils furent
arrêtés avant (l'a voir passé la frontière, et le vio-
loncelliste fut transformé en tambour et placé
dans une forteresse. Les larmes de M""^ Mara
ne purent fléchir le roi, et ce ne fut que
par l'abandon d'une partie de son traitement
qu'elle obtint la mise en liberté de son mari.
Cependant les débauches de Mara et ses folles
dépenses finirent par fatiguer l'amour de sa
femme ; elle se sépara de lui ; mais elle conti-
nua de lui envoyer de temps en temps des
sommes considérables qu'il dissipait promple-
ment. Il tomba enfin dans ra!)rulissement,
dans la misère, et perdit son talent. Vers
1799, il vivait dans une triste situation aux
environs de Berlin. En 1801 , il visita Sonders-
hausen et s'y lit entendre à Gerbcr qui lui
! trouva encore de l'expression dans Vadagio,
j et qui ne remarqua point en lui ks habitudes
: d'ivresseoii il étaitenclin. Peu de temps après,
Blara se rendit en Hollande où il s'a!)andonna
sans réserve à son penchant à l'intempérance.
Dans les derniers temps de sa vie, il ne sortait
pas des plus misérables cabarets, occupé à
jouer des danses pour les paysans, afin de se
procurer les moyens de boire. Enfin il mourut
à Schiedam, près de Rotterdam, en 1808, à
l'âge de soixante-quatre ans. Le grand cata-
logue de Breitkopf et Hsertel (1826) indique
en manuscrit sous le nom de Mara : 1» Deux
concertos pour violoncelle et orchestre.
2" Douze solos pour violoncelle avec accom-
pagnement de basse. 5" Un duo pour violon-
celle et violon. A" Une sonate pour violoncelle
et basse.
MAT. A (M"'« GERTncDE-ÉLiSABETii) , née
SCIIM.EIILIJ^G, fut une des plus célè-
bres cantatrices de la fin du dix-huitième
siècle. Elle naquit à Cassel le 25 février 1749.
Sa mère mourut peu de temps après sa nais-
sance, et son père, pauvre musicien de ville,
n'ayant pas le moyen de lui faire donner des
soins pendant qu'il vaquait à ses travaux hors
de chez lui, l'attachait dans un fauteuil et la
laissait dans une solitude com[)lète. L'enfant,
ainsi privée de soins et de mouvement, tomba
dans le rachitisme. Schmaehiing s'occupait
quelquefois à raccommoder de vieux instru-
ments ; sa fille, alors âgée de quatre ans, par-
vint à atteindre un violon dont elle fit réson-
ner les cordes. Elle était encore livrée au
plaisir que lui procurait cet exercice lorsque
le père rentra chez lui : il lui infligea ua châ-
timent, lui défendant de toucher à aucun in-
strument à l'avenir. Mais la tentation était
trop vive pour la pauvre petite : elle eut soin
seulement de tromper la vigilance de son
père. Cependant il la surprit encore un jour,
et son étonnement fut extrême lorsqu'il enten-
dit cet enfant qui, sans maître, avait appris à
jouer la gamme avec justesse. Dès lors il se
mit à lui donner des leçons, et bientôt elle
parvint à jouer avec lui des duos. Ce prodige
fit du bruit, et plusieurs personnes demandè-
rent à entendre la petite Gertrude ; mais quoi-
qu'elle fut dans sa cinquième année, elle ne
pouvait se soutenir sur ses jambes, et son père
était obligé de la porter dans tous les lieux
oii elle était appelée. Quelques amateurs,
touchés du sort de cet enfant, lui (ionnèrcnt
des secours, et l'un d'eux, appelé par ses
affaires à la foire de Francfort, y conduisit le
père et la fille. Ils s'y tirent entendre dans
MAUA
An
plusieurs sociétés, et rélonnement que la
petite Schmaehllng y excita engagea des per-
sonnes aisées et charitables à ouvrir une sous-
cription dont le produit permit de lui donner
une meilleure éducation physique et morale.
Sa santé s'améliora, et lorsqu'elle eut atteint
sa neuvième année,,son père entreprit avec ell«
le voyage de Vienne. Ils y donnèrent des con-
certs. L'ambassadeur d'Angleterre, charmé
par l'habileté précoce de la petite Schmïeliling,
flonna à son pèi'e le conseil de la conduire à
Londres, où elle pourrait gagner beaucoup
d'argent. Le pauvre musicien de Cassel, séduit
par la perspective d'une meilleure l'oriunc,
paitit avec des lettres de recommanda-
lion de cet amliassadeur, et n'eut pas lieu
de se repentir d'avoii- suivi ses conseils. Ac-
cueillie par les giands, protégée même par la
reine, la jeune fille n'éprouva (l'autre désa-
grément que d'éli'e obligée de renoncer à
un instrument que les dames anglaises trou-
vaient indigne d'une femme. Elle possédait
déjà une voix sonore : quoiqu'elle n'eût point
appris à la diriger par l'art, elle obtint beau-
coup d'applaudissements dans les morceaux
qu'elle chanta d'instinct. Des secours furent
accordés à son père pour qu'il lui donnât un
bon maître. Elle fut confiée aux soins du
chanteur Paradisi, et reçut quelque temps ses
leçons. Il lui lit l'aire de bons exercices sur la
gamme pour développer son organe, et ses
progrès furent rapides; mais on s'aperçut
bientôt de la nécessité de la soustraire aux
penchants vicieux de ce castrat. L'inlérêi
(|u'elle avait excité dans les premiers temps
s'affaiblit insensiblement, et son père comprit
qu'il ne pouvait mieux faire que de retourner
à Cassel. Il avait espéré placer sa fille à la
cour, mais le prince ne voulait entendre que
((es chanteurs italiens. Le public montrait pour
elle de la bienveillance; mais il n'en résul-
tait rien d'avantageux pour son existence,
dans une ville ruinée par la guerre de sept
ans. Ces circonstances décidèrent Schmœhling
à prier Hiller de recevoir sa lille dans l'école
de chant qu'il venait d'ouvrir à Leipsick. Elle
y entra en 17G6 et y passa cinq années entiè-
res. Lorsqu'elle en sortit, en 1771, elle était
aussi remarquable par l'étendue et la beauté
de sa voix, que par sa profonde connaissance
de la musique et sa brillante vocalisation.
Considéré dans son ensemble, son talent était
certainement le plus complet qu'eût possédé jus-
(ju'aiors unecantatrice allemande. Hiller avait
d'ailleurs orné sa mémoire des plus beaux airs
de liasse, Gijun, Bcnda, JomcHi, Pcrgolèse,
Porpora et Sacchini. liasse était particulière-
ment son maître de prédilection, à cause de la
facilité que tout chanteur trouvait dans l'exé-
cution de sa musique. Sa voix s'étendait, avec
une égale sonorité, depuis le sol grave jus-
qu'au wit suraigu.
L'essai qu'elle fit de son talent dans le rôle
principal d'un opéra de liasse, au théâtre de la
cour de Dresde, fut heureux. On en parla, et
la réputation de mademoiselle Schmaehling
commença à s'étendre. A cette époque, le roi
de Prusse, Frédéric II, ayant perdu quelques
dents, avait cessé déjouer de la flûte. Son goût
pour la musique s'en était attiédi, et il accor-
dait moins de protection aux musiciens. Les
personnes qui approchaient ce monarque pen-
sèrent que s'il était possible de ranimer son
penchant pour cet art, sa morosité habituelle
sedissiperait ; elles lui proposèrent d'entendre
la jeune cantatricede Cassel ; mais il accueillit
fort mal cette proposition, disant qu'il aimait
autantentendre hennir son cheval que chanter
une Allemande. On obtint pourtant qu'il la fit
venir à Potsdam et qu'il lui entendit chanter
quelques airs de ses compositeurs favoris. Elle
choisit pour le premier morceau un air de
Graun que le roi aimait : il parut frappé du
mérite de la cantatrice et demanda si elle chan-
tait aussi à première vue. Sur sa réponse affir-
mative, il alla chercher un autre airde Graun,
fort difficile, et dontil avait seul le manuscrit :
elle le chanta sans faute, et le roi avoua qu'elle
possédait un beau talent. Plusieurs fois rap-
pelée à Potsdam dans les semaines suivantes,
elle reçut enfin la proposition d'entrer au
service de la cour avec un traitement de trois
mille écus de Prusse (1 1 ,250 francs) pour toute
sa vie : ce qui fut accepté avec joie. Il y avait
alors à la cour de Frédéric deux Irès-hahiles
chanteurs italiens (Concialini et Porporino),
qui devinrent les modèles de la nouvelle can-
tatrice pour l'adagio, et qui achevèrent de
perfectionner son goût et le fini de son exé-
cution.
Son existence était assurée, sa position ho-
norable et son talent distingué. Plusieurs
artistes, séduits par tant d'avantages, essayè-
rent de lui plaire ; mais elle montra pour tous
beaucoup d'indifférence jusqu'à ce que le vio-
loncelliste Mara se fût présenté à ses yeux : il
triompha de sa froideur et la décida à l'épouser.
En vain lui re|»résenta-t-on les défauts de cet
homme, son inconduite, ses débauches; rien
ne put ébranler sa résolution. Deux fois le roi
refusa son consentement; mais elle revenait
toujours à la charge; il finit par l'accorùcr.
2^>.
436
MARA
Elle ne tarda pourtant point à acquérir la
preuve que ses amis ne l'avaient pas irompéej
fatiguée de voir dissiper toutes ses ressources
par son mari, qui se perdait lui-même dans
d'affreux désordres, elle finit par se séparer
de lui; mais elle continua de lui fournir des
secours.
Cependant sa renommée grandissait chaque
jour : il lui vint des offres secrètes d'un enga-
gement à Londres pour quelques concerts,
moyennant 2,500 livres sterling (02,500 fr.) ;
mais elle n'osa demander un congé, qui lui
aurait été refusé. Après une couche malheu-
reuse, les médecins lui conseillèrent l'usage
des eaux thermales de la Bohême; madame
Mara demanda la permission de s'y rendre;
mais le roi répondit que les bains de Freien-
wald étaient aussi bons. Pende temps après,
elle rappela qu'une clause de son contrat lui
concédait le droit de faire un voyage en Italie.
Soit, dit Frédéric; mais elle ira $eule, son
mari doit rester en Prusse. Insensiblement
elle s'irrita contre ce despotisme et résolut de
se faire donner son congé, par la négligence
de son service. Une occasion se présenta bien-
tôt de mettre son projet à exécution. Le czaro-
witz, depuis Paull", était venu passer quelques
joursàBerlin,où des fêtes brillantes lui furent
données. Un opéra où madame Mara devait
remplir le rôle principal fut indiqué pour
certain jour; elle feignit d'être malade. Le roi
lui fit dire le matin qu'elle eût à se bien porter
et à chanter comme elle pouvait le faire ; mais
elle resta couchée. Deux heures avant le spec-
tacle, une voiture escortée de huit dragons
s'arrêta à sa porte, et un capitaine entra dans
«a chambre en lui déclarant qu'il avait ordre
de la mener au théâtre, morte ou vive. —
» Mais vous voyez que je suis au lit ! —
S'il n'y a que cette difficulté (dit le militaire
habituée ne pointconnaîlre d'obstacles contre
les ordres qu'il avait reçus) , je vous prends
avec le lit. » Il fallut obéir. Baignée de lar-
mes, elle se laissa conduire au magasin du
théâtre et habiller, bien résolue de chanter
sans âme, sans goût, et de manière à faire
repentir le roi de ses violences. Tout alla de
cette façon pendant le premier acte; mais en-
suite il lui vint dans l'esprit qu'elle ne devait
pas laisser une fâcheuse opinion de son talent
au grand-duc de Russie, et dans un air bril-
lant, elle déploya toutes les ressources de son
habileté, particulièrement dans un trille
qu'elle soutint au delà de tout ce qui parais-
sait possible, le battant avec une agilité mer-
veilleuse, et modifiant la puissance de sa voix
depuis le son le plus faible jusqu'au plus in-
tense, puis le diminuant par degrés. Ravi de
ce qu'il entendait, le prince se jeta presque
hors de sa loge, et applaudit avec transport.
Ce fut à la suite de celte circonstance que,
fatiguée du despotisme qui pesait sur elle,
madame Mara résolut de s'en affranchir par la
fuite : on peut voir dans l'article précédent
quelles furent les suites de cette démarche,
qui rendit sa situation plus triste pendant plu-
sieurs années. Enfin, elle parvint à se rendre
secrètement à Dresde, où l'ambassadeur de
Prusse la retint jusqu'à ce qu'il eût reçu des
instructions de sa cour. Frédéric II, dont le
goût pour la musique s'affaiblissait chaque
jour davantage, envoya le congé de la canta-
trice et ne voulut plus entendre prononcer
son nom. Devenue libre, madame Mara re-
trouva sa gaieté, sa santé altérée par le cha-
grin, et résolut de visiter l'Allemagne et la
France. En 1780, elle arriva à Vienne avec
son mari. L'empereur Joseph II avait fait
venir alors dans cette ville un opéra bouffe
italien dont la cantatrice Slorace était \a prima
donna; il n'aimait que ce genre de musique,
qui n'avait point d'analogie avec le caractère
de talent de la Mara : celle-ci fut donc ac-
cueillie froidement par le monarque; mais
l'impératrice Marie-Thérèse, bien que fort
âgée et vivant dans la retraite, prit à elle un
intérêt bienveillant, et lui donna une lettre
pour sa fille, Marie-Antoinette, reine de
France. Madame Mara se fit entendre dans
plusieurs grandes villes de l'Allemagne, de la
Hollande et de la Belgique : elle arriva à Paris
en 1782. Madame Todi {voyez ce nom), can-
tatrice italienne de beaucoup de mérite, s'y
trouvait alors, et passait, dans l'opinion de
beaucoup d'amateurs et d'artistes, pour la plus
habile de son temps. Après avoir chanté à
Versailles devant la reine, qui l'accueillit avec
bonté, madame Mara se fit entendre au Con-
cert spirituel dans un air de Naumann (Tu
m'entends), où elle excita autant d'élonne-
ment que d'admiration. On lui trouva deux
qualités dont la réunion est rare : une bril-
lante exécution dans léchant de bravoure, et
beaucoup d'expression dans l'adagio. Après
le premier essai du talent de la cantatrice
allemande, il se forma deux partis parmi les
amateurs : on les distingua sous les noms de
Maralistes et de Todistes. Suivant l'habitude
des Français, il fut débité des quolibets, des
bons mots et des calembours à cette occasion.
On rapporte celui-ci : Dans un concert où elles
chantaient toutes deux, un amateur dcman-
MARA
daità son voisin quelle était la meilleure : —
C'est Mara, répondit celui-ci. — C'est bien
Tode (bientôt dit), reprit un troisième interlo-
cuteur.
Après avoir passé près de deux années à
Paris, madame Mara partit pour Londres où
l'attendaient de plus grands succès encore.
Elle y arriva en 1784, au moment du festival
en commémoration de Haendel. Les adminis-
trateurs de cette solennité lui confièrent les
solos de la première partie de soprano, et le
talent qu'elle y déploya prouva qu'elle était
digne de cet honneur. Elle-même acquit la
conviction, dans cette importante circon-
stance, que l'oratorio était le genre de musi-
que où ses facultés se déployaient avec le plus
d'avantages. A la scène, elle manqua toujours
de grâce j elle était gauche, embarrassée dans
l'action dramatique ; mais le genre sévère et
large de l'oratorio convenait à sa profonde
connaissance de la musique et à sa puissante
exécution. Ses succès eurent tant d'éclat en
Angleterre, que dans l'espace de quinze jours
elle gagna 70 mille francs. Elle chantait quel-
quefois cinq ou six morceaux dans une seule
soirée, et le prix qu'elle avait fixé était de cin-
quante guinées pour un seul air. L'avantage
de parler la langue anglaise, qu'elle avait ap-
prise à Londres dans sa jeunesse, lui permet-
tait de bien chanter la musique de Hsendel
et de Purcell, qui excitait alors des transports
d'admiration dans toutes les classes de la so-
ciété. Il n'y eut bientôt plus de concert, plus
de solennité musicale possible sans madame
Mara : elle devint l'idole de la nation anglaise.
Après quatre années de séjourdans la Grande-
llrctagne, elle partit pour l'Italie et chanta au
théâtre royal de Turin pendant le carnaval,
en 1788. Quoiqu'elle n'y brillât pas comme
actrice, elle y obtint des succès par la beauté
de son chant. L'année suivante, elle eut un
véritable triomphe à Venise. De retour à Lon-
dres en 1790, elle y chanta pendant la saison;
puis elle alla remplir un engagement pour le
carnaval, à Venise. En 1792, elle retourna de
nouveau à Londres, et cette fois son séjour en
Angleterre fut de près de dix ans. Vers 1801,
elle sentit un atTaiblissement assez remarqua-
ble dans son organe; elle était alors âgée de
cinquante-deux ans. L'année suivante, elle
(|uitta Londres, pour retourner sur le conti-
nent. Avant son départ, le public lui donna un
témoignage de l'intérêt qu'il prenait à sa per-
sonne par l'empressement qu'il mit à se rendre
« son dernier concert : la recette fut de près
J
*ii
elle désira s'y faire entendre, et son ancienne
ré|)utation lui fit offrir avec empressement la
salle de l'Opéra pour son concert. Je l'entendis
alors; sa manière de direle récilalifétaitbelle,
mais dans les traits qui exigent de la force, sa
voix était impuissante. Elle fit peu d'effet.
Madame Grassini, qu'on avait entendue peu
de temps auparavant, et qui était dans l'éclat
de son talent, fit faire des comparaisons qui
n'étaient point à l'avantage de madame Mara.
Celle-ci prit alors sa route par l'Allemagne et
donna des concerts à Francfort, àWeimar,
à Leipsick, à Berlin, et à Vienne. En 1804, elle
alla en Russie, chanta d'abord à Pétersbourg,
puis se fixa à Moscou, où elle acheta uo»
maison.
Madame Mara, dont l'esprit était borné et
l'organisation passionnée, avait toujours été
à la merci des hommes qu'elle avait aimés, et
s'était laissé dépouiller par eux de tout ce
qu'elle avait gagné par son talent. Longtemps
son mari avait dissipé les sommes considéra-
bles qu'elle lui abandonnait avec une généro-
sité mal entendue. Plus tard, elle eut pour
amant un flûtiste italien nommé Florio
{voyez ce nom), quoiqu'elle eûl déjà plus de
cinquante ans, et le même désordre continua
de régner dans ses affaires. Effrayée par l'ap-
proche de la vieillesse et par la perte de sa
voix, elle aperçut trop tard la fâcheuse situa-
tion où l'avaient placée ses folles prodigalités.
Alors, pour la première fols, des idées d'éco-
nomie lui vinrent. Pendant six ans, elle
donna des leçons de chant à Moscou et parvint
à réunir une somme assez considérable, dont
elle plaça le capital chez un négociant, après
avoir acheté sa maison : faible ressource en
comparaison des sommes énormes qu'elle
avait autrefois gagnées et dissipées! Un sort
fatal, voulut qu'elle perdît encore cette der-
nière planche de salut : car l'incendie do
Moscou, en 1812, détruisit sa propriété et
ruina le négociant dépositaire de son argent.
Déjà âgée de près de soixante-quatre ans, elle
dut chercher encore des moyens d'existence
dans ce qui lui restait de savoir et d'expé-
rience; mais elle montra de la résignation dans
cette adversité, et se mit à voyager dans la
Livonie, où elle reçut un bon accueil : elle se
fixa enfin dans la petite ville de Revel, passant
une partie de chaque année dans des châteaux
à instruire dans l'art du chant déjeunes f.lles
nobles. Après quatre ans de ce genre de vie,
elle eut la singulière fantaisie de revoir Lon-
dres, où elle espérait gagner encore quelque
de vingt-sept mille francs. Arrivée à Paris, | argent. Elle y arriva en 1819, et y donna uo
43S
MARA — MARAZZOLI
concrrt an Iht'âtre thi Roi : le produit fut
avantageux; mais le public, par respect pour
le souvenir d'un grand talent, ne put que
garder le silence. De retour en Livonie dans
Tété de 1820, elle y reprit ses habitudes, et fut
entourée de soins par ses amis jus'ju'à ses
derniers jours. Elle a cessé de vivre à Revel,
le 20 janvier 18ôo, à l'âge de quatre-vingt-
quatre ans. Peu de temps avant sa mort, elle
avait reçu de l'illustre Gœlhe un poëme sur
l'anniversaire de sa naissance. G.-C. Gros-
licim a publié à Cassel, en 182-3, une biogra-
phie de cette célèbre cantatrice, sous le titce
de Dus Leben der Kiinstlerin Mara. On en
doit une plus intéressante à Rochlitz, insérée
dans le premier volume de son recueil fiir
Freunde der Tonkunst (p. 49-117). Je me
suis servi de ces deux écrits pour les rensei-
gnements de cette notice. Il y a plusieurs
portraits de madame Mara; le jtlus beau est
celui qui a été gravé par Collyer, à Londres,
en 1794.
HIAllAlS (ÎMAnn), célèl)rc violiste, né à
Paris, le 31 mars IGSfi, l'ut d'abord enfant de
chœur à la Sainte-Chapelle du Palais, puis
devint élève de Holtemann, et en dernier lieu
de Sainte-Colombe, pour la viole. Lully lui
donna aussi quelques leçons de composition,
particulièrement pour le style dramatique. En
1685, ii entra dans la musique de la chambre
du roi, en qualité de viole solo et conserva
celte place jusqu'en 1725. Il mourut à Paris,
le 15 août 1728, dans sa soixante-treizième
année. Marais avait eu dix-neuf enfants, dont
la plupart cultivèrent la musique. Sa fille
aînée avait épousé le compositeur Bernier.
Trois de ses fils et une fille cultivèrent la viole
avec succès. Le plus célèbie de ses fils fut Ro-
land Marais, objet de l'article suivant. La
basse de viole, cultivée en France avec succès
par Hotlemann, avait acquis de nouvelles
ressources sous la main de Sainte-Colombe,
Desmarets et du Buisson; mais Marais alla
plus loin que ces artistes dans l'art de jouer en
harmonie sur ce bel instrument. Il y ajouta
la septième corde, qui n'était point en usage
avant lui. On dit aussi qu'il fut le premier
violiste qui fit filer en fil de laiton les trois
grosses cordes de l'instrument pour leur don-
ner plus de tension et conséquemment plus
(le sonorité sans en augmenter la grosseur, et
sans leur donner trop d'élévation au-dessus de
la touche. On a de lui cinq livres de pièces de
vitde, dont le cinipiième a été gravé à Paris,
ou 1725; ces eruvres ont pour titre: 1" Pièces
aune et deux violes, avec basse continue.
liv. I". 2» Pièces de viole avec basse conti-
nue, liv. II, III, IV, V; Paris, sans date,
in-4'' ol)!. On connaît aussi sous son nom -.
Pièces en trios pour les jMtes, violons et
dessus de viole; Paris, Ballard, 1692, in-4"
ol)l. Marais s'est fait connaître comme com-
positeur dramatique par les opéras suivants :
1" Alcide, tragédie lyrique, en société avec-
Louis de Lully, lfi9-'>. Cet ouvrage fut re-
pris en 1705, 1716 et 1744. 2" Jriane et
Bacchus, 1696. a" Jlcione, tragédie lyrique,
en 1706; repris en 1719, 17ô0 et 1741.
4" Sémélé, en 1709. Les partitions de ces
opéras ont été imprimées à Paris, chez Bal-
lard, in-4" ohl. Trois ou quatre ans avant sa
mort. Marais se retiia dans une maison qu'il
avait achetée rue de l'Oursine, pour y cultiver
des fleurs. Il donnait cependant encore des
leçons de viole deux ou trois fois chaque se-
maine.
BIARAIS (Roland), fils du précédent, fut
aussi un violiste distingué. En 1725, il obtint
la place de violiste solo de la chambre du roi,
en remplacement de son père, dont il avait
eu la survivance pendant plusieurs années.
Quanlzl'entendit en 1726, et il en parlecomme
d'un artrate fort habile. Marais a publié une
méthode de musique sous ce litre : Nouvelle
méthode de musique. pour seroir d'introduc-
tion aux auteurs modernes; Paris, Chr. Bal-
lard, 1711, in-4''. On a aussi de cet artiste :
1" Premier livre ds pièces de viole, avec la
basse chiffrée en partition, dédié à Mgr le
duc de Bélhnne Charost ; Paris, l'auteur,
17ÔJ , i)elit in-folio, gravé sur cuivre.
2" Deuxième livre de pièces de viole, avec la
basse chiffrée en partition, dédié à Mgr le
Dauphin; ibid., 17-38.
MARAZZOLI ou MARAZZUOLÎ
(Marc), né à Parme, dans les premières années
du dix-septième siècle, fut agrégé comme
chapelain chantre de la chapelle pontificale,
le 23 mai 1637. Virtuose remarquable sur la
harpe, il fut aussi un des meilleui's comi)osi-
teurs d'oratorios et de cantaies de son temps.
Il obtint un bénéfice à l'église Sainte-Marie-
Majeure, et le pape Urbain VIII lui donna
l'emploi de bussolante (1). Il fut aussi attaché
à la musique de la reine Christine de Suède,
qui avait voulu à tout prix le compter parmi les
virtuoses de «a chambre. Gerher dit, dans son
ancien Lexi(iue des musiciens, que Jlarazzoli
abandonna la chapelle pontificale pour aller à
Venise faire représenter un opéra; mais c'est
(I) Directeur lies ccrcmonics de TcgliiC.
MARAZZOLI — MARCA
439
une erreur. La Borde, qui en a fait un Véni-
tien, d'après la dramaturgie d'AUacci, a aussi
fait une faute, car il est certain que Marazzoli
était de Parme. Il mourut le 24 janvier 1CG2.
Il avait laissé une fondation pour Panniver-
saire de sa mort, consistant en une messe
chantée par les chapelains chantres de la
chapelle pontificale, dans l'église de Saint-
Grégoire (voyez Adami da Bolsena , Osserva-
zioni per ben regolare il coro délia Capella
pontificia, p. 1S5). Les litres des principaux
ouvrages de ce musicien sont : 1" Jmori di
Giasone e d'Jsifde; dramma, ovvero festa
tealrale recitata nel teatro de' santi Gio. e
Paolo di renezia, l'anno 1fi42. 2» L'Arme,
e gli Jmori; dramma musicale recitato piu
volte nel palazzo Barherini alla presenza
délia regina di Siiezzia. ô" Del maie il bene;
dramma musicale posto in musica dalV Ab-
batini e dal Marazzoli, recitato cou l'occa-
zione délie nozzc de' signori il principe di
Palestrina e donna Olimpia Giustiniani, e
di nuovo più volte alla presenza délia regina
di Suezzia nello stesso palazzo. 4° La f'ita
umana j ovvero il Trionfo délia pietà ;
dramma musicale rappresentalo , e dedicato
alla serenissima regina di Suezzia nel pa-
lazzo Barberini , parole di Giulio Bospi-
gliosi (depuis Clément IX), musica del Ma-
razzoli ; Roma, Mascardi , 1658. Quel(iues
cantates morales de ce musicien ont été Insé-
rées dans le recueil des Poésie morali poste
in musica da Giuseppe Giamberti; Orvieto,
1(528. Beaucoup de ses oratorios sont dans les
archives de Sainte-Marie in Vallicella, à Rome.
L'abbé Baini possédait aussi beaucoup de ma-
drigaux, d'airs et de petites cantates dans des
\olumes qu'il avait acquis à la vente de la Bi-
bliothèque de la maison Colonna.Tout celaest
aujourd'hui à la Bibliothèque de la Congréga-
tion de la Minerve, à Rome.
MARBACIl (Chrétien), magister et pas-
teur à Mertschlitz, en Silésie, dans la première
partie du dix-huitième siècle, est auteur d'un
livre intitulé : Evangelische-Singe-Schule,
darinnen diejenigen Dinge deutlich gelehrt
und wiederhalt werden , etc. (Méthode de
chant évangélique, dans laquelle on enseigne
d'une manière claire les choses qui sont en
général nécessaires et utiles à tout chrétien
évangélique, pour l'édification et la propaga-
tion de la dévotion du chant agréable à Dieu) ;
Breslau et Leipsick, 172G, in-S" de deux cent
seize pages.
MAUBECR (.Iean), bachelier en musique,
et organiste de la chapelle Sainl-Gcorgcs à
Windsor, naquit au commencement du sei-
zième siècle. Il posséda des connaissances
étendues dans la musique, et i»récéda Tye et
Tallis, considérés à tort comme les plus an-
ciens compositeurs de l'Église reformée d'An-
gleterre. Vers 1544, il se forma à Windsor
des associations qui avalent pour but de favo-
riser la réformation suivant la doctrine de
Luther; Marbeck était un des chefs de cette
association; l'évéque de Winchester, chargé
d'une procuration du roi Henri VIII pour sé-
vir contre ces rassemblements, le fit arrêter
avec trois autres qui furent condamnés à être
brûlés vifs, et exécutés le lendemain du juge-
ment. Quanta Marbeck, les dispositions favo-
rables de l'évéque en sa faveur le sauvèrent.
On n'exigea pas môme qu'il rétractât publi-
(|uement ses opinions l'eligleuses; il reprit ses
fonctions d'organiste et les études de son art.
Il vivait encore en 157G, et même vraisembla-
blement en 1581, car on imprima dans celte
dernière année plusieurs ouvrages de sa com-
position. On a de Marbeck le plus ancien livre
de chant simple qui ait été publié pour l'usage
de l'Église anglicane. Ce livre a pour titre :
T/ie Boke of common Praier , noted. Lmprin-
ted by Bichard Grafton , printer to the
Kiiiges Majeslics, 1550. Il est d'une rareté
excessive. Un exemplaire, médiocrement con-
servé, a été vendu à Londres, en 1847, par
M. Chapell, éditeur de musique et amateur
d'antiquités musicales, pour la somme de
dix-hult guinées (quatre cent soixante-douze
francs). Le chant qu'on y trouve est peu diffé-
rent de celui qui est encore en usage aujour-
d'hui dans la liturgie anglicane. M. Robert
Jones, organiste de la cathédrale d'Ely, a
donné une édition nouvelle du livre de Mar-
beck, d'après un exemplaire qui se trouve à la
Bibliothèque de l'Universilé de Cambridge.
L'éditeur a substitué la notation moderne à la
vieille notation de l'original, et a publié l'ou-
vrage sous ce titre : Marbeck's Book of
common prayer for voices in tmison, ar-
ranged for modem use, wilh an ad-libi-
tum Organ-Bass accompaniment ; Londres,
R. Cooks, 1847, un volume in 4". Ilawkins a
inséré un hymne à trois voix de Marbeck (a
Firgin and Motlier) dans le troisième vo-
lume de son Histoire générale de la musique
(p. 246-249); c'est un morceau bien écrit.
On trouve aussi un Te Deumûe Marbeck dans
le premier volume de la Musica antiqua de
Smith, et une messe à cinq voix de cet artiste
se trouve dans la musique du Muséum bri-
• tannique, sous le n" 220.
440
MARCA — MARCELLO
MARCA (Léonard), carme déchaussé et
facteur d'orgues à Nuremberg, dans la seconde
moitié du quinzième siècle, fit, en 1479, des
réparations au grand orgue de l'église Saint-
Laurent de celte ville, et y ajouta un positif
qui renfermait quatre cent cinquante-quatre
tuyaux; mais on fit ensuite peu d'usage de cet
instrument, et il fut remplacé, en 1523, par
l'orgue de l'église des Dominicains.
MARCELLO (Benoît), noble vénitien, fils
d'Augustin Marcello et de Paule Cappello, na
quit à Venise, le 24 juillet 1686, et reçut,
ainsi que ses frères Alexandre et Jérôme, une
éducation brillante et solide dans la maison de
leur père, qui dirigea lui-même leurs études.
La poésie et la musique occupèrent*particu-
lièrement tout le temps qu'il put dérober aux
affaires publiques, où l'appelaient sa naissance
et sa position sociale. Dans sa première jeu-
nesse, il avait commencé l'étude du violon ;
mais les difficultés de mécanisme de cet in-
strument le lui firent bientôt abandonner. Le
chant et la composition avaient seuls du
charme pour lui. Quoique Benoit Marcello an-
nonçât du génie pour les arts, l'étude des
règles lui paraissait pénible, et ce n'était
qu'avec peine qu'on obtenait de lui qu'il
s'y livrât. Cependant, son application à la
musique était devenue si ardente, que son
père, craignant les conséquences fâcheuses
d'un travail immodéré, l'emmena à la cam-
pagne, et le priva de tous les moyens de s'oc-
cuper de son art favori. Mais le génie de Be-
noit était éveillé ; trompant la vigilance de son
père, il se procura du papier réglé, et écrivit
une messe remplie de beautés. Convaincu alors
que la contrainte serait inutile, Augustin Mar-
cello laissa son fils se livrer à son goût. Peu
de temps après il mourut, et Benoit retourna
à Venise, où la culture des arts et les affaires
publiques partagèrent son temps. Une société
d'amateurs de musique s'était formée au Ca-
sino de' Nobili; il y entra et y fit souvent
exécuter ses ouvrages. C'est aussi à cette
époque que, convaincu de la nécessité d'aug-
menter son savoir dans l'art du contrepoint,
il devint élève de Gasparini, alors maître du
chœur des jeunes filles du Conservatoire de la
Pietà. Il eut toujours beaucoup de déférence
pour ce maître, et soumit la plupart de ses
|)roductions à son examen. Lui-même forma
plusieurs élèves, au nombre desquelles on
compte la célèbre cantatrice Faustine Bordoni,
qui depuis fut la femme de liasse; cependant
il est vraisemblable que celle virtuose n'en
reçut que des conseils pour la parlie drama-
tique de son art, car son maître de chant fui,
comme on sait, Michel-Ange Gasparini.
Nonobstant ses travaux importants dans la
poésie, la littérature et la musique, Marcello
ne négligea pas les devoirs de sa position so-
ciale. Ainsi que la plu[iart des nobles véni-
tiens, il se livra dans sa jeunesse à l'exercice
de la profession d'avocat. A l'âge de vingt-cinq
ans, il en prit l'habit, et jusqu'à trente, il
remplit les fonctions de diverses magistratures.
Plus tard, il fut pendant quatorze ans membre
du conseil des quarante, et, en 1730, il alla
comme provéditeur à Pola. L'air insalubre de
cette ville fut nuisible à sa santé : il y perdit
toutes ses dents. De retour à Venise en 1738,
il y resta peu de temps. A sa demande, le
gouvernement l'envoya à Brescia, en qualité
de camerlingue (trésorier). Le climat de cette
ville est renommé par son excellence, mais il
ne put rétablir la santé délabrée de Marcello.
A peine celui-ci commençait-il à jouir des
avantages de sa position, que la mort vint
l'enlever aux arts et à sa patrie : il cessa de
vivre à Brescia, le 24 juillet 1739, et fut in-
humé avec pompe dans l'église de Saint- Jo-
seph-des-Franciscains.On plaça sur sa tombe
l'inscription suivante :
Denedieto. Marcello
Palricio. Veneto.
Pientissimo.
Philologo. Poetœ
Itlusices. princlpi
Quœstori. Brixiensi
V. M.
Anno MDCCXXXIX. VIII. Kal. Aug.
Posv.it
yixil ann. LU, mens. XI, d. XXIII.
Marcello fut membre de l'Académie phil-
harmonique de Bologne, et de la Société des
Arcadi, sous le nom de Driante Sacreo.
Dans sa jeunesse, il aimait le plaisir et re-
cherchait la société des artistes, particulière-
ment les femmes de théâtre, dont plusieurs
suient toucher son cœur. Homme du monde,
avide d'honneurs et de distinctions, il consa-
crait à ses relations sociales tout le temps
qu'il n'employait pas à la production de ses
ouvrages. Un événement extraordinaire vint
changer son humeur et ses habitudes, à l'âge
de (|uarante-deux ans. Le 16 août 1726, il as-
sistait, dans l'église des SS. Apotoli, au ser-
vice divin : tout à coup une pierre sépulcrale
sur laquelle il se trouvait s'écroula sous ses
pieds et l'entraîna jusqu'au fond de la tombe.
Il ne se fit aucun mal; mais il se persuada
que cet accident était un avertissement du
ciel; les sentiments religieux dans les(|uels il
avait été élevé se réveillèrent, et dès ce mo-
MARCELLO
441
menl il se renferma dans la solitude, éloigna
tous ses anciens amis, rompit avec ses habi-
tudes de dissipation, et même, dit-on, perdit
le goût passionné qu'il avait toujours eu pour
la musique. Il est du moins certain qu'il ne
s'en occupa plus que de loin en loin. Quel-
ques prêtres devinrent sa société habituelle,
et les œuvres des philosophes chrétiens furent
désormais les objets de ses lectures et de ses
méditations. La poésie remplaça la musique
dans ses travaux d'imagination; mais ce fut
dans un but plus grave que ses autres tra-
vaux; car l'ouvrage dont il s'occupa fut un
]wëme stir la Rédemplion. Cependant une de
ses plus belles productions musicales, sur un
sujet religieux, dont il sera parlé plus loin,
fut composée en 17ôô.
Il avait épousé secrètement une belle fille,
d'une condition obscure, qui avait été son
élève; mais il n'en eut point d'enfants. Un
intérêt romanesque s'attache aux circon-
stances qui la lui firent connaître. Dans les
belles soirées de l'été, des gondoles remplies
de jegnes filles parcouraient alors le grand
canal, et de ces barques résonnaient des airs
populaires chantés par des voix fraîches et
pures. L'une de ces voix frappa Marcello par
ses accents angéliques. Il envoya ses domesti-
ques à la recherche de la bnrque d'où se faisait
entendre cette voix incomparable, afin qu'ils
la fissent approcher de son palais. Rosana
Scalfi était le nom de celle qui possédait cet
organe enchanteur; la beauté de ses traits
égalait la douceur de son chant : Marcello fut
séduit par les yeux auiantque par les oreilles.
Rosana devint d'abord son élève : plus tard
elle fut sa femme.
B. Marcello esta juste titre considéré comme
un des plus beaux génies qui ont honoré non-
seulement Venise, mais l'Italie. Il fut à la
fois écrivain éloquent, poêle distingué et
compositeur d'un mérite remarquable. L'ou-
vrage qui a particulièrement immortalisé son
nom est la musique qu'il a composée sur une
paraphrase en vers italiens île cinquante
\)saumes par Jérôme Ascagne Giustiniani. Les
(juatre pi'omiers volumes de cette belle collec-
(ion parurent sous ce titre : Estro Poetico-
Jrmonico. Parafrasi sopra i primi venti-
cinque saUni. Poesia di Girolamo Ascunio
Ciustiniani^ Musica di Benedttto Marcello
de' patrizi Feneti: in Fenezia, oppressa Do-
inenico Lovisa. 1724, in-fol. Les vingt-cinq
derniers psaumes furent publiés par le même
éditeur, en 172fi el 1727, sous le titre : Estro
PocUco-Jrmonico. Parafrasi sopra i se-
condi venticinque Salmi , quatre volumes
in-fol. Marcello a écrit ces psaumes pour une,
deux, trois et quatre voix, avec une basse
chiffrée pour l'accompagnement de l'orgue ou
du clavecin, et quelques-uns avec violoncelle
obligé ou deux violes. Un rare mérite d'ex-
pression poétique, beaucoup d'originalité et
de hardiesse dans les idées; enfin, une singu-
lière variété dans les moyens, sont les qualités
qui non-seulement ont fait considérer ce grand
ouvrage comme le chef-d'œuvre de son auteur,
mais comme une des plus belles productions
de l'art. Marcello a emprunté quelques-uns
des thèmes de ses psaumes aux intonations des
juifs d'Orient, d'Espagne ou d'Allemagne sur
les mêmes psaumes, ou même à la psalmodie
de l'Église latine; la manière dont il a traité
ces motifs n'est pas un des moindres témoi-
gnages de l'élévation de son talent. Quelques
incorrections de style, quelques dissonances
mal résolues, ne sont que de légères taches
dans un si bel ouvrage, et c'est avec raison
que cet œuvre jouit depuis plus d'un siècle de
la réputation d'une desjdus belles productions
de la musique moderne.
Toutefois, la vérité m'oblige à dire qu'on
s'est en général trompé lorsqu'on a considéré
Marcello comme l'inventeur de la plupart des
formes dont il a fait usage dans la com-
position de ses psaumes. Si les ouvrages de
Lotli étaient plus connus, on y verrait que
Marcello y a puisé la plupart de ces formes : il
doit aussi beaucoup à Clari qui l'avait précédé
par la publication de ses duos et trios, et dont
le système de modulation se retrouve en beau-
coup d'endroits dans les psaumes. Si Je fais
celte remarque, ce n'est pas assurément pour
diminuer la considération attachée à l'œuvre
de Marcello, dont je suis sincère admirateur,
mais parce que je crois qu'il s'agit d'un fait
important de l'histoire de la musique. Matthe-
son, qui a parlé des psaumes de Marcello,
dans sa Critica musica, n'en a pas compris
d'abord le mérite ; mais après en avoir entendu
une bonne exécution à Hambourg, son opinion
devint plus favorable à cette originale compo-
sition. Burney a montré beaucoup de légèreté
dans l'appréciation de ce bel ouvrage (A Ge-
neral history ofmusic, t. IV, p. 543).
Avison, auteur d'un Essai sur l'expression
musicale, a publié à Londres une belle édition
des psaumes de Marcello avec une traduction
anglaise; le dernier volume de celle collection
a paru en 1750. Peu de temps après, une nou-
velle édition italienne fut donnée à Venise,
par Dominique Pompeati. En 1803-1808, Se-
■JP-
4i2
MARCELLO
I)aslien Valle, imprimeur dans la même ville,
en a publié une fort belle, en huit volumes
grand in-folio, avec un portrait de 3Iarcello
gravé par Zuliani, la préface de la première
cMilion, des lettres relatives à l'ouvrage par
Giustiniani, Marcello, Gasparini, etc., la vie
de Marcello par Fr. Fontana, qui avait paru,
en 1782, dans le neuvième volume des fils
Italorum, etc., de Fabroni, et enfin le cata-
logue des ouvrages de Marcello. En dernier
lieu ces psaumes ont été réimprimés avec un
accompagnement de piano arrangé parFr. Mi-
recki ; cette édition est intitulée : 50 Salmi di
Davidde parafrasati da Giustiniani, a 2,
3 e 4 voci, in partitura, conaccompagna-
menfodipiano/'orfe, etc.; Paris, Carli, quatre
parties en douze livres gr. in-4''.M. CafTi dit (1)
que d'autres éditions avalent été projetées à
Venise par le typographe Pietro Bettini, par
le P. Anselme Marsand, et enfin par Pietro
Tonassi, professeur de contrebasse; mais au-
cune n'a paru.
Les autres ouvrages publiés par Marcello
sont : 1" Concerti a cinque istromenti , opéra
prima. In Venezia, presso il Sala, 1701.
2» Sonate di cemhalo, op. 2", ibid. 3» Sonate
a cinqiie, e fJauto solo col basso contimio;
ibid., 1712. A" Canzoni madrigalesche, ed
Arie per caméra a dite, a tre, a quattro voci,
di Benedetlo Marcello, nobile Feneto, Jca-
demico filarmonico ed Arcade, opéra quarta;
Bologna, 1717, presso G. A. Silvani, très-
grand in-4" obi. 5° Calisto in Orsa, pasto-
rale a cinque voci ad iiso di scena; in Vene-
zia, per Domenico Lovisa, 1725, in-4°. Poésie
et musique de Marcello. La musique n'a pas
été imprimée. 6° La Fede riconosciuta.
Dramma per musica rappresentato net
tealro di Piazza di Ficenza; in Vicenza,
1702. La même pièce a été reprise, en 1729,
sous le litre de la Comcdia di Dorinda. La
poésie et la musique étaient de Marcello ; la
mnsi(iue n'a point été publiée. 6" {bis).
AniANNA, i/itreccîio scenico musicale a cinque
i^oci, poésie de Vincenzo Cassani, Vénitien.
Le livret seul a été imprimé à Venise, sans
date et sans nom de lieu, in-4''. La musique
est restée en manuscrit. 7" Giuditta, oratorio
per musica (poésie et musique de Marcello);
in Venezia, per Domenico Lovisa, 1710, in-8".
liurney |tos8édait la musique de cet ouvrage,
en manuscrit. 8" Jl Teatro alla moda, o sia
metodo sicuro e facile par ben comporre, ed
cscynire le opère italiane in musica, etc. (Le
(I) Storia délia musica tacra nella g!n Capptlla ducale
i/i isun Uluno in Venezia, lomc II, p- "08.
théâtre à la mode, ou méthode certaine pour
bien composer et exécuter les opéras italiens
en musique, dans laquelle on donne des avis
utiles et nécessaires aux poètes, compositeurs
de musi(|ue, musiciens de l'un et de l'autre
sexe, entrepreneurs, instrumentistes, machi-
nistes, décoiateurs, tailleurs, habilleurs, com-
parses, copistes, prolecteurs et mères des
actrices, et autres [)ersonues attachées au
théâtre). Slampato in Broglio di Belinsania
per Aldiviva Ligante.all'insegna dell'Orso
in Prata. Si vende nella strada del Corallo,
allaporta del Palazzo d'Orlando; e si stam-
perà ogn'anno con nuova aggiunta, in-8"
(sans date). Celle ingénieuse satire en prose
est imprimée sans nom d'auteur. Suivant le
catalogue de tous les drames en musique im-
primé à Venise, chez Antoine Gruppo, en 1745,
cet opuscule aurait été imprimé en 1727; mais
il est à peu près certain que la premièie édi-
tion est antérieure à cette date, car Apostolo
Zeno parle de l'ouvrage avec éloge dans une
lettre au chevalier Antoine Fiançois Marmi,
écrite de Vienne le 2 avril 1721. Il y a une
autre édition sans date, absolument semblable
à celle dont le tilre est rapporté ci-dessus,
avec celte seule différence qu'après les mots :
Si vende nella strada del Corallo alla porta
del Palazzo, on lit ceux-ci : Corne pure in
Milano da Francesco Agnelli. Le P. Martini,
qui a dû avoir connaissance de l'époque pré-
cise de la première publication, la fixe à 1720.
J'ignore sur quels renseignements Gerber a
dit dans son ancien Lexique des musiciens que
l'opuscule de Marcello a été imprimé en 1722;
peut-être, en effet, est-ce dans celle année
que l'une des éditions sans date a été publiée.
Mazzuchelli, dans une notice sur la ne et les
ouvrages de Marcello^ insérée au dixième volume
des Memorie per servire alla Storia lette-
raria (p. 157 et suiv.), cite une édition avec
date imprimée en 1753; j'en possède une autre
qui a pour titre : Il tealro alla moda, o sia
metodo sicuro e facile, per ben comporre ed
eseguire opère ilaliane all'uso moderno, nel
qnule, etc. Slampulore, Borghi di Belisunia:
Venezia, 1738, in-S" de soixante-douze p.iges.
Une nouvelle édition de ce spirituel opuscule
a été publiée sous ce titre : // teatro di mu-
sica alla moda; Florence, de l'imprimeiie
(le G. Piatti, 1841, in-S" de cinquante et une
pages.
Forkel a cru qu'un autre opuscule de Mar-
cello a été imprimé; il est intitulé : Letteru
familiare d'un Academico filarmonico cd
Arcade, discorsiva soprau» libre diductti,
MAUCELLO
443
terzetli e madrUjali a piùvoci, slampato in
Peneaia da Jnlonio BarloU, 1705; mais ce
|)elil ouvrage, crilique amère d'un des plus
beaux ouvrages de LoUi, est resté en manu-
scrit. Burney en avait rapporté- une copie faite
à Venise et qui a été achetée trois shillings
six pence à la vente de sa bibliothèque. Une
faute d'impression de la notice de Foniana
insérée dans les Vits Italorurh, etc., de Fa-
broni (t. IX, p. ô7ô) a causé l'erreur de Forkel;
au lieu de stampato in Fenezia, qui se rap-
porte au recueil de duos et de trios de Lotti,
dont il s'agit dans cette lettre^ on lit stam-
pata, e<c.,qui semble indiquer que la lettre a
été imprimée dans cette année. L'auteur du
Dizionario di opère anonime e pseudonime di
Scrittori ituliani indique le même ouvrage
(t. II, p. 8C) sous cet autre titre : Leltera cri-
tica, ossiatio osservazioni contro i Madri-
gali posti in musica da Jntonio Lotit ;
f'enezia, al principio del secolo XFIII.
M. Caffi a mis en doute, dans sa notice sur la
vie et les œuvres de Benedetto Marcello, qu'il
soit le véritable auteur de cette crilique injuste
et envieuse d'un excellent recueil de compo-
sitions accueillies par le public et par les
artistes avec applaudissement. Marcello, dit-il,
ne s'en déclara jamais l'auteur; ce qui ne
prouve rien , car il est assez ordinaire de
nier les choses peu honorables. Un des meil-
leurs arguments de M. CalTi consiste à établir
que Marcello ne fut nommé de l'académie des
Philharmoniques de Bologne qu'en 1712,
c'est-à-dire sept ans environ après que les
copies de la Leltera familiare se furent ré-
pandues. Malheureusement le caractère natu-
rellement satirique de Marcello, et le peu
d'estime qu'il avait, en général, pour les œu-
vres des compositeurs de son temps, donnent
beaucoup de vraisemblance à l'opinion qui lui
attribue cette diatribe. Marcello, comme iilu-
sieurs autres grands artistes, réservait toutes
ses affections |)our sa propre musique. Il ne
faut pas oublier que le P. Fontana, qui fut le
confesseur de Marcello, dit positivement, dans
la notice de sa vie, qu'il écrivit en 1705 contre
les madrigaux de Lotti.
Outre les ouvrages cités précédemment, on
a publié de Marcello des recueils de vers, de
sonnets, des drames et des poèmes burlesques.
Son poëme d'opéra Aralo in Sparta, a été
mis en musi(iue par Ruggieri, et rei)résenlé
au théâtre de Sant'Angelo à Venise, en 1709.
Marcello a laissé en manuscrit : 1° Teorià
musicale ordinata alla moderna praltica. Si
traita de'principi fondamenlali del canlo,
e suono, in parlicolare d'ortjano, di gravi-
cembalo, e del comporre. Opéra ulilissima
tanto agit studenli, quanto a'maeslri pcr il
biton metodo d'insegnare. Ce traité, écrit
en 1707, lorsque l'auteur n'était âgé que
de 21 ans, est divisé en trois parties : la pre-
mière est relative aux proportions ; la seconde,
au système musical ; la troisième, aux conson-
nances harmoniques. Les deux premières par-
lies de cet ouvrage se sont égarées : la troisième
seulement est à la Bibliothèque de Saint-Marc,
à Venise. Elle passe pour être l'original sorti
de la main de Marcello; mais M. Caffî croit
que ce n'est qu'une copie. 2" Alcuni avverti-
menti al Venelo Giovanetlo Patrizio, di
Benedetto Marcello , per istruzionedel nipote
di lui Lorenzo Alessandro. 5» Cassandra,
cantate à voix seule et basse continue. 4" 2Ï-
moteo, cantate à deux voix, sur une traduction
italienne, par l'abbé Conti, du Banquet
d' Alexandre de Dryden. Ces deux cantates,
qui ont une grande célébrité, sont comptées
parmi les plus belles iiroductions du génie de
Marcello. 5" Serenala da cantarsi alla corle
di Fienna il primo d'ottobre 1725 ; poésie et
musique de Marcello. 6» Deux madrigaux à
quatre voix ; le premier pour deux ténors et
deux basses, qui se moquent des sopranos et
des altos; le second pour deux sopranos et
deux altos, en réponse aux basses et aux
ténors. Cette pièce bouffonne a été écrite pour
tourner en ridicule les castrats sopranistes et
altistes; les paroles et la musique y sont dis-
posées de manière que les chanteurs imitent
un troupeau bêlant. 7° Lettera scritta dal
signor Carlo Jntonio Benatti alla signora
Filloria Tesi, posta in musica dal Marcello.
Dans cette lettre, écrite de Bologne, il est parlé
de beaucoup de chanteurs célèbres dont Mar-
cello a imité la manière dans sa musique.
Cette bouffonnerie est une véritable satire.
8° Gioas, oratorio à <|uatre voix et instru-
ments, en deux parties. 9° ZaP5«c/ie,2/i/recciO
musicale a cinque voci, poésie de Vincenzo
Cassani. Le livret a été imprimé à Venise, sans
nom d'imprimeur et sans date. La musique
est restée en manuscrit. 10" Vingt-six cantates
pour voix de soprano, de contralto, de ténor
ou de basse, avec instruments. 11" Vingt-sept
duos, avec basse continue. Le P. Martini a
publié un de ces duos dans son Esemplare os-
sia Saggio fondamentale pratico di contrap
punto (t. I, pag. 21). 12" Un très-grand
nombre de cantates à voix de soprano ou de
contralto sans autre accompagnement que le
clavecin. 13" Miserere iiour deux ténors c(
4U
MARCELLO - MARCESSO
basse. 14» Messe à quatre voix et orchestre
composée pour l'église Santa-Maria délia
Celestina. Cette messe fut écrite par Marcello,
à l'occasion de la prise d'habit de sa nièce
dans le monastère de Sainte-Céleste. 14» (bis)
Deux autres messes, dont une avec accompa-
gnement d'orgue. 15» Lamentations de Jéré-
mie. 16° Tantum ergo, à six voix, en canon.
17o Jnomneju terram,i<iem.\S" Salve Regina,
à sept voix, en canon. 19» // Trionfo délia
poesia e délia musica nel celebrarsi la morte,
lu esaltazione , e la incoronazione di Maria,
sempre vergine assunta in cielo; oratorio
sagro a 6 voci, musica di Benedetto Mar-
cello, 1733. Cet ouvrage, l'une des plus belles
et des plus considérables productions de son
auteur, n'a été connu d'aucun des biographes
de Marcello. J'en possède la partition manu-
scrite de l'époque même où cet oratorio a été
composé. Les interlocuteurs sont la poésie, la
musique, le soprano, le clavecin, le ténor et
la basse. On y trouve trois chœurs, le premier
composé de poètes, le deuxième, des arts libé-
raux, et le dernier, de vieux musiciens (Musici
vetterani). L'instrumentation se compose de
deux parties de violon, d'alto, violoncelle et
orgue. La partition renferme quatre cent
trente pages. L'originalité et le sentiment ex-
pressif sont les caractères distinctifs de l'ou-
vrage et l'instrumentation est d'un remar-
quable effet, pour l'époque où Marcello écrivait.
Le P. François Fontana, de la congrégation
de Saint-Paul de Brescia, qui avait assisté Mar-
cello à ses derniers momeuls, fit insérer une
notice sur sa vie dans le neuvième volume des
f^itx Italorum doctrine excellent ium , de
Fabroni.Une critique assez vive de cette notice
fut faite par le savant littérateur italien Save-
rio Mattei, dans une note de ses Libri poetici
délia Bibblia. Le P. Fontana donna, quelques
années après, une nouvelle édition de sa no-
tice, en langue italienne, avec une réponse à
la critique de Maltei, sous ce titre : Fita di
Benedetto Marcello Patrizio f'eneto, con
l'uggiunta délia riposta aile censura del sig.
Saverio Mattei, con r indice deW opère stam-
pate e manoscritte,e alquante testimonianze
intorno ail' insigne suo merito nella facoltà
musicale; Venise, Zalla, 1788, in-8» de cent
sept pages. Suivant les renseignements fournis
par le catalogue des livres rares de la biblio-
thèque de M. Gaspari [voyez ce nom), la tra-
duction de la notice du P. Fontana a été faite
par le P. Sacchi, qui n'y a |)as mis son nom.
Ces pièces ont été réimprimées en tête de
l'édition des Psaumes j Venise, 1803, Blon-
deau a publié une traduction française de la
notice de Fontana, en tête de la Nouvelle mé-
thode de chant, par Marcello Perino etc.;
Paris, Evrard. 1839, in-8°. M. Carti (tjoyez ce
nom) est auteur d'une notice très-supérieure
à celle de Fontana, pour l'ordre et la clarté,
laquelle a été publiée sous ce titre : Bella
vita e del comporre di Benedetto Marcello,
jatrizio Feneto , sovranominato Principe
délia Musica. Narrazione di Francesco
Ca/p, Feneziano. Fenezia, dal Pîcotav, 1830,
trente et une pages in-8». Il est dit dans la
Gazette générale de musique de Leipsick
(oô"^ année, n° 11), que cet opuscule ne fut tiré
qu'à cinquante exemplaires, pour les amis de
l'auteur. Elle a été reproduite postérieurement
dans le deuxième volume du grand ouvrage de
M. CalTi intitulé : Storia délia musica sacra
nella già Cappella ducale di S. Mdrco in
P'enezia (p. 173-220). On a aussi de M. Crevel
de Charlemagne, littérateur français et ama-
teur de musique, auteur de beaucoup de ro-
mances : Sommaire de la vie et des ouvrages
de Benedict Marcello-, Paris, imprimerie de
Duverger, 1841, in 8". Il existe deux portraits
gravés de Marcello ; le premier, par Jean-
Antoine Zuliani, au premier volume de ses
psaumes, édition de Venise, 1803; l'autre, en
manière noire, par Jacques Zatla, graveur
vénitien.
MARCELLO (Alexandre), frère aîné du
précédent, naquit à Venise vers 1684, et fut
amateur distingué de poésie et de musique.
Il avait fait une étude particulière de ces arts,
de la philosophie et des mathématiques. Sa
maison était ouverte à tous les artistes et aux
étrangers amateurs de musique : chaque se-
maine il y donnait un concert, où l'on exécu-
tait particulièrement ses compositions. Il
mourut à Venise, en 1750. On connaît sous
son nom : 1» Cantate da Caméra a voce sola;
Venise, 1715. 2» Douze solos pour violon,
Augsbourg, 1737. 3» FI Concerti a 2 flauti
trav. 0 violini principali, 2 violini ripieni,
viola 0 violoncello obliyato, e cembalo; ibid.,
1738. 4» La Cetra, concerti di Eterio Stin-
fulico [iuvnom qu'il avait pris dans l'Académie
des Arcadi), parte prima, oboe o traversieri
co'l violino principale, publicati da Gio.
Christiano Leopold; Augsbourg, 1738.
MARCELLO DI CAPUA. FoyezBEn-
AARDIIM (Marcello).
MARCESSO (Bartholomé), compositeur
italien du dix-seplième siècle, est connu par
un ouvrage intitulé : Sacra Corona, o sia
Moletti a due e tre voci; Venise, 1656.
MARCHAND
MARCIIAND (Loris), organiste qui eut
une grande lépulalion dans son temps, na-
quit à Lyon, le 2 février 1C69 (1), et dut le
jour à Jean Marchand, maître de musique, qui
lui donna les premières notions de son art.
Selon E. Gerber {Lexikon der Tonkiinstler) ,
et le Dictionnaire des imisiciens (Paris,
1810-1811), Marchand, fort jeune encore et
dépourvu de ressources, serait allé à Paris,
cil le hasard l'aurait conduit chez les jésuites,
au collège de Louis le Grand, précisément au
moment où l'on attendait vainement l'orga-
niste delà maison; le jeune homme aurait
offert de le remplacer, et aurait montré une
habileté si rare pour son âge, qu'il aurait été
reçu au collège et aurait obtenu les secours
nécessaires pour continuer ses études. Mais
Titon d'i Tillet, qui. en général, a fait preuve
d'axactitude dans ses notices, dit que Mar-
chand fut reçu organiste à la cathédrale de
Nevers, n'ayant encore que quatorze ans, et
que, dix ans après, il alla remplir la même
place à celle d'Auxerre, où il séjourna cinq ou
six ans; en sorte qu'il ne serait venu à Paris
que vers 1697 ou même en 1698, et qu'alors
seulement il aurait obtenu la place d'organiste
chez les jésuites. Il l'a gardée longtemps, et la
réputation qu'il s'y fit lui en procura plu-
sieurs autres : il en eut même jusqu'à cinq ou
six à la fois. Il obtint l'orgue de la chapelle
du roi, à Versailles, et fut décoré du cordon
de Saint-Michel. Tout semblait devoir assurer
sa fortune; mais son inconduite, son carac-
tère capricieux et bizarre y mirent toujours
obstacle : il finit par se compromettre d'une
manière si grave, qu'il fut exilé de France
en 1717.
Il se rendit à Dresde, et joua devant le roi
de Pologne, qui goûta son jeu au point de lui
offrir la place d'organiste de la cour, avec
un traitement considérable. Mais Volumier,
maître de concert à cette cour, craignant le
voisinage d'un pareil antagoniste, et désirant
l'éloigner, invita secrètement Jean-Sébastien
Bach, alors organiste du duc de Weimar, à
venir à Dresde, afin de disputer la palme à
(I) Papillon (Bibliothèque des auteurt de Bourgogne),
qui donne à Marchand les prénoms de Jean-Louis, le
fait naître à Auxonne ; c'est une erreur. Il a conTundu
cet organiste avec Jean-Louis, fils de Pierre Marchand,
organiste à Auxonne, ne le 10 octobre 1079. Voyez
l'acte de naissance de l'un et de l'autre dans une lettre
d'Amanton à Chardon de la Itochclle, insérée au Maga-
sin eiicycl., 1812, tom. IV, p. 341. La Borde donne aussi
à Marchand les prénoms de Jean-Louis {Essai sur la
musique, loni. III, p. 440); il en est de même de Gerber,
aans :>vs deux Lexiques, et de ses copistes.
Marchand. Bach s'y rendit, et assista incognito
au concert du roi, où Marchand se fit entendre
dans un air français qu'il varia, et qui fut fort
applaudi. Volumier invita alors Bach à se
mettre au clavecin : ce grand artiste y ayant
consenti, joua, dit-on, l'air et les variations
de Marchand, et y en ajouta douze nouvelles,
plus difficiles et plus brillantes que celles de
son rival, après quoi il présenta à celui-ci un
thème qu'il venait de noter aucrayon, en l'in-
vitant à une lutte sur l'orgue ; mais Marchand,
effrayé de ce qu'il venait d'entendre, et voulant
éviter une défaite assurée, n'attendit point le
jour fixé, et s'éloigna de Dresde en toute hâte.
Tel est le récit que fait Marpurg de cette
anecdote : il la tenait de Bach lui-même. Si
l'on songe au talent prodigieux de cet homme
extraoïdinaire; si l'on compare ses ouvrages
aux misérables œuvres qui nous restent de
Marchan<l, ou ne sera point tenté de la révo-
quer en doute, et l'on s'étonnera seulement
qu'on ait songé, en Allemagne, à faire une
semblable comparaison. Marchand pouvait
avoir une exécution brillante, mais ses idées
sont triviales, son harmonie pauvre et incor-
recte ; il n'avait d'ailleurs que des notions fort
incomplètes du style fugué, sans lequel on ne
saillait produire de grands effets sur l'orgue;
enfin, il ressemblait à la plupart des organistes
français du dix-huitième siècle qui ont eu de
la réputation, habiles à tirer des effets variés
de l'instrument, mais qui, si l'on excepte
François Couperin, appelé le grand, et Ba-
meau n'ont rien laissé qui soit digne de passer
à la postérité.
On lit dans l'informe compilation de La
Borde {Essai sur la musique, t. III, p. 450) :
« Le célèbre Rameau, son ami (de Marchand),
u el son plus dangereux rival, nous a dit plu-
« sieurs fois que le plus grand plaisir qu'il
« ait eu en sa vie, était celui d'entendre Mar-
« chand; que personne ne pouvait lui être
« comparé pour manier la fugue, et qu'il
« n'avait jamais pu concevoir qu'on eût une
w pareille facilité pour jouer de tête (impro-
« viser). » Ce jugement d'un si grand musi-
cien pourrait causer de l'élonnement, si l'on
ne savait que Rameau n'avait jamais entendu
de grand organiste allemand ou italien, qu'il
ne connaissait rien de leurs ouvrages, et que
la fugue véritable n'avait jamais existé dans
la musique française. Tout ce qui est parvenu
du dix-huitième siècle en ce genre, dans les
productions des organistes et clavecinistes
français, est pitoyable.
Après le retourde Marchand à Paris, sa répi-
446
MARCHAND
iTlion s'accrul au point qu'on se croyait obligé
<le prendre de ses leçons pour être compté
parmi les gens dégoût. Onoiciu'il se fît payer
un loiys par leçon, le nombie de ses élèves
était si grand, qu'on assure qu'il avait loué ries
ajipartements dans i)lusieurs quartiers diffé-
ri nts, ne demeurant guère qu'un mois dans
chacun, et changeant son domicile selon la
convenance de ses élèves, ou plutôt selon ses
caprices. Mais, quoique son revenu s'élevât de
celte manière à près de dix louis par jour, il ne
put suffire à ses folles dépenses, car il mourut
dans la misère, le 17 février 1752. Sept ans
auparavant, il avait été blessé au bras gauche,
mais il continua néanmoins à toucherde l'orgue
avec la main droite, en se servant des pédales
jiour la basse. On a de lui : ]°Vt\ livre de pièces
de clavecin (in-4'>, Paris, Ballard, 1705). 2" Deux
livres de pièces de clavecin, dédiés au roi
(in-4'', 1718). 3" Un livre de pièces d'orgue,
gravé. 4" La musique de l'opéra intitulé : Py-
rame et Thisbé : cette pièce n'a jamais été re-
présentée. Le portrait de Marchand, gravé par
Dupuis, d'après Robert, est dans la collection
d'Odieuvre.
MARCHAIVD (Jean-Baptiste), joueur de
petit luth à la chambre du roi de France et
dessus de violon de la chapelle, en 1091, s'est
fait connaître comme compositeur par une
messe à quatre voix (en sol mineur) qu'on
exécutait autrefois à l'église Notre-Dame de
Paris, et qui existe encore en manuscrit dans
les archives de cette chapelle. Elle est intitu-
lée : Quis est Deus? Jean Baptiste Marchand
était frère cadet de Jean-Noël Marchand, qui
avait été reçu en qualité de violoniste de la
chapelle du roi, en 168G.
MARCHAl^iD (Joseph), fils du précédent,
violoniste d'un certain mérite, eut la charge
de premier violon de la musique du roi de
France, en 1717, et mourut à Paris, en 1737.
Il a publié à Paris un livre de sonates qui a
pour titre : Douze sonates pour flûte traver-
sière, ou hautbois, ou violon avec basse
continue; Paris, 1709, in-4''. Il a été fait une
seconde eailion decel œuvre, à Paris, en 1732,
in-4° obi. gravé.
MARCIIAIN'D(LoiJis-JosEPH),néàTroyes,
le 1'"'' janvier 1G92, fut élève de la maîtrise de
la cathédrale de Bourges, où il apprit le chant
et les principes du contrepoint. De retour dans
sa ville natale , après avoir terminé ses
éludes, il entra au séminaire. On voit dans les
registres capitulaires de Saint-Maxe, à Bar-
le-Duc, qu'il fut tonsuré le 15 avril 1713, et
qu'il reçut l'ordre de la prêtrise, le 10 avi il
1718. Il paraît que, peu de temps après, il
obtint un bénéfice à la cathédrale d'Auxerre,
et qu'il y eut une place de chantre dans la mu-
sique du chœur. Après avoir occupé ce poste
pendant plusieurs années, il fut maître de
chapelle à Chàlon-sur Saône, puis à Besançon,
et, enfin, au chapilrc de Saint-Maxe, à Bar-
le-Duc. Sa nomination à la maîtrise de celte
église est du 23 août 1735 : il y remplaça
Champret, qui avait élé appelé à l'économat
de Revigny. Le 20 novembre 1707, Marchand
se démit de cet emploi, parce qu'il venait
d'être pourvu d'un canonicat à la métropole
de Troyes. Il mourut dans cette situation, le
29 novembre 1774 (I). Cet ecclésiastique est
auteur d'un Traité du contrepoint simple ou
chant sur le livre; Bar-le-Duc, 1750, in -4" de
quaranle-deux pages. Ce petit ouvrage ne
contient que quelques règles pour faire le
chanl sur le livre ou contrepoint improvisé à
deux parties.
MAUCIIATVD (Marguerite), iille du cé-
lèbre acteur et directeur de théâtre Théobald
Marchand, et femme du compositeur Danzi,
naquit à Manheim en 1708. Dans son enfance
elle jouait déjà de pelits rôles avec une rare
intelligence qui faisait prévoir qu'elle serait
un jour une actrice remarquable. Lorsque la
troupe dirigée par son père suivit la cour pa-
latine à Munich , mademoiselle Marchand
trouva dans celle ville des maîtres qui déve-
loppèrent ses heureuses facultés, et qui en
firent une pianiste distinguée, et une canta-
trice habile. En 1787, pendant l'absence de la
célèbre madame Lebrun, elle débuta au grand
théâtre de Munich dans le Castor et Pollux
de Vogler ; le succès qu'elle y obtint lui valut
immédiatement le titre de première cantatrice
de la cour. En 1790, elle épousa Danzi, dont
les leçons perfeclionnèrent son talent. Deux
ans après, elle chanta l'opéra italien à Prague,
puis elle fut engagée à Florence. De retour à
Munich en 1790, elle y reprit son emploi;
mais déjà sa santé commençait à s'altérer,
par suite de la fatigue qu'elle avait éprouvée
à Prague et à Florence, en jouant presque tous
les jours; une maladie de poitrine se déclara
et la conduisit au tombeau, le 11 juin 1800, à
l'âge de trente-deux ans. L'accent mélanco-
licpie et pénétrant de sa voix, le charme du
son action dramatique et l'expression de sa
(I) Je suis redevable de la plupart de ces renseigne-
mcnls à Tobligeance de M. Picqiiol, auleur d"uiie lrt•^-
bonne notice biograpliique de Itocclierliii ( Voyez Vii-
çuûT),(iui a bien voulu raire,à ma prii;ie,dcs reclieicliis
à r.nr-.e-l)uc cl à Trojcs.
MAKCilAiND - MAKCIIESI
447
l»3Titomime composaient un des talents les
l)lus agréables qu'il y ait eu à la scène alle-
mande. Son meilleur rôle était la Nina, de
Paisiello. Comme pianiste, elle a eu aussi de
la renommée. On a gravé de sa composition :
1" Trois sonates pour piano et violon obligé,
op. 1, Munich, Falter. 2" Jndanlc^ avec va-
riations pour le piano, gravé à Munich, avec
une sonate de Danzi.
MAi;CIIA]\D (îlExni), fils de Théol)al(i
Marchand, né à Jlanlieim en 1774, appiil le
violon et la composition à Salzbourg, cliez
Léopold Mozart, et devint un des violonistes
allemands les plus célèbres de son temps. Il
jouait aussi fort bien du piano. Ses études ter-
minées, il enli'a dans la musique du prince de
la Tour et Taxis, à Rnlisbonne. Plus tard, il
fit un voyage à Paris. On a gravé de sa com|)o-
silion : 1" Dix vaiialions sur un thème de
Joseph Haydn, pouri)iano seul, op. 1, Munich,
Falter. 2" Romance de Koulouf, variée pour
piano, Paris. Pleyel. 3" Grande valse pour
piano, Paris, Naderman.
MAIICUE (Hugues DE LUSIGNAN,
comte DE LA) , se révolta plusieurs fois
contre saint Louis, qui, l'ayant vaincu à la
bataille de Taillebourg, l'obligea à se sou-
mettre. Il avait épousé Isabelle d'^ngoulême,
veuve de Jean Sans Terre, mort le 11) octobre
1210. Le comle de La Marche était poêle et
musicien ; il a laissé trois chansons notées de
sa composition, qu'on trouve dans les manu-
scrits de la bibliothèque impériale, à Paris.
MARCHE (François DE LA), docteur en
théologie, conseiller ecclésiastique et maître
de chapelle du prince-évêt|ue, à Eichstadt,
vers le milieu du dix-septième siècle, est au-
teur d'uo, livre qui a pour titre : Synopsis
Musîca, oder kleiner Inhalt wie die Jugcnd
und andere kurzlich und mit gerinyer
Miihe in der Musica , auch Jnslrumenlen
abzurichten (Aiirégé de musique, ou petit
traité de la manière d'enseigner en peu de
temps et avec peu de peine la musique et les
instruments à la jeunesse), 3Iunich, IGoG,
in-4'' de trois feuilles. On connaît aussi sous
son nom un recueil d'airs allemands distri-
bués d'après l'année et les saisons.
MAllCIIESI (Louis) , chanteur célèbre
désigné quelquefois sous le nom de Marche-
sini, naquit à Milan en 1755. Son père, cor-
niste au théâtre de Modène, cultiva d'abord
lui-même les dispositions extraordinaires du
jeune Marchesi pour la musi(|ue, et lui fit ap-
prendre la musi(|ue; mais la beauté de sa voix
ayant été remarquée par (|ueliiucs amateurs,
on engagea le corniste de Modène à en conser-
ver les avantages, et l'opération qui trans-
forma Marchesi en sopraniste fut faite à Ber-
game. Confié ensuite aux leçons du castrat
Caironi et du ténor Albujo, Marchesi fit de
ra[)idcs progrès dans l'art du chant, et com-
pléta son instruction musicale près de Fioroni,
maître de cha|)elle de la cathédrale de Milan.
Il chantait au chœur de cette église, et pen-
dant plusieurs années il excita l'admiration de
la poimlation milanaise aux grandes fûtes où
il se faisait entendre. Cet exercice, dans le
vaste local d'une église, développa la puis-
sance de sa voix d'une manière remarquable.
Ce chanteur, dont le talent a eu tant d'éclat
sur tous les grands théâtres de l'Europe, parut
pour la [iremière fois à Rome, en 1774, dan»
un rôle de femme. L'année suivante il chanta
à Milan une i)arlie de second contralto avec
Pacchiarotli, et à Venise avec Millico. Dans la
même année il occupa le premier emploi à
Trévise. Vers la fin de 1775, l'électeur de
Bavière, grand amateur de musique, engagea
le jeune sopraniste pour le service de sa cha-
pelle; mais la mort prématurée de ce prince^
deux ans après, rompit l'engagement qui avait
été contracté, et Marchesi quitta Munich pour
retournera Milan. Il y débuta, en 1778, dans
les rôles de femme au théâtre Interinale, où
l'on jouait l'opéra, depuis l'incendie de la
Scala. A l'automne de 1776, il chanta à Flo-
rence dans le Castore e Polhice, de Blanchi,
et V Achille in Sciro, de Sarli. Le charme
qu'il mit dans l'exécution du rondeau de ce der-
nier opéra , Mia speranza, io pur vorrei,
transporta d'enthousiasme son auditoire, et
pendant plusieurs années, ce morceau et le
talent du chanteur occupèrent toute l'Italie,
et furent le sujet de toutes les conversations.
Dès ce moment, Marchesi passa pour le pre-
mier chanteur de l'Europe, et fut recherché
par tous les directeurs de spectacles. De retour
à Milan en 1780, il y chanta dans VJrmide
de Misliwececk, où il intercala le fameux ron-
deau de Sarti, ainsi «lue l'air de Blanchi, Se
piangi e peni, qui n'eut guère moins de suc-
cès. Le portrait de Marchesi fut gravé dans la
même année à Pise : les amateurs de chant en
recherchèrent avidement les épreuves. Suc-
cessivement appelé à Turin, à Rome, à Luc-
(jues, à Vienne, à Berlin, où il chanta avec le
même succès, il se rendit en 1785 à Péteis-
bourg, avec Sarti et madame Todi ; mais le
rigoureux climat de la Russie lui ayant paru
nuisible à sa voix et à sa santé, il s'éloigna de
ce pays, et accepta un engagement à Londres,
448
MARCUKSl - MAKCHEÏTO
où il arriva en 1788. Il y chanta dans le
Giulio Sabine, de Sarti.
Rarement Marchesi avait consenti à chanter
deux saisons de suite dans la même ville; il
aimait à occuper la renommée presque dans le
même temps en des pays différents. C'est
ainsi qu'à son retour de Londres, il parut à
peu de dislance sur les théâtres de Venise, de
Reggio, de Naples et de Mantoue. La plupart
des airs qu'il avait embellis des grâces de son
chant devinrent populaires. Je me souviens du
temps où l'on parlait encore avec enthou-
siasme du talent prodigieux qu'il déployait
dans Fo morte ad incontrar^ de Pirro, dans
la cavatine Ma chi s' avanza, de Vira
d^ Achille, dans le rondeau de Sarti, et d'au-
tres. Marchesi revenait toujours avec plaisir
se faire entendre dans sa ville natale; on re-
marque qu'il parut au théâtre de la Scala, en
1780, dans Vlfigenia, de Cherubini, puis en
1782, 87, 88, 92, 94, 1800, 1803, et dans le
carnaval de 1805. Ce fut au printemps suivant
qu'il quitta la scène, à l'âge de cinquante ans.
Le fameux air Ferace a lei sembrar saprà,
de Lodoïska, de Mayer, et celui de Castore e
Polluce, de Federici,
Dille cht l'aura to sptro
D'un citl tranquillo e vago ;
forent les derniers accents d'une voix qui
avait charmé toute l'Europe.
Marchesi passa le reste de sa vie dans sa
patrie, et fit pendant ses dernières années un
noble usage de la fortune qu'il avait acquise.
Il aimait encore à faire et surtout à entendre
de la musique; les jeunes chanteurs trouvaient
en lui un maître toujours prêt à leur donner
les conseils d'une longue expérience et d'un
savoir profond. Il est mort à Milan, lieu de sa
naissance, le 15 décembre 1829, à l'âge de
soixante-quatorze ans. On connaît de la com-
position de Marchesi deux livres d'ariettes
italiennes qui ont été publiés à Londres, chez
Clementi ; à Vienne, chez Cappi ; et à Bonn,
chezSimrock. On a gravé aussi de lui un air
{In seno quest' aima) qu'il avait introduit
dans plusieurs opéras.
MAUCHESI (Gaetano), professeur de
musique, né en Lombardie, dans les dernières
années du dix-huilième siècle, s'établit à
Vienne vers 1825. Il a proposé un nouveau
système de notation musicale dans un petit
ouvrage intitulé : Bic Elemente und das
Alphabet der Musik (les Éléments et l'alpha-
bet de la musiiiue); Vienne, Wallishauser,
1835, in 8» de vingt-cinq pages. Le syslème
exposé dans cet opuscule consiste en une
portée de quatre lignes, sur laquelle se placent
les lettres e, l, a, b, n, disposées de diverses
manières.
MARCHETTI - FANTOZZI ( José-
phine), naquit le 14 mars 1786, à Naples, où
sa mère' chantait au théâtre Saint Charles.
A l'âge de neuf ans, elle suivit sa mère h
Berlin , où elle fit son éducation musicale.
A l'âge de seize ans, sa voix était déjà remar-
quable par sa beauté; des offres furent faites
à sa mère pour qu'elle censenlU à l'engager
aux théâtres de Prague et de Dresde; elle
préféra cette dernière ville à la première, et
la jeune Marchetti y débuta en 1802. Après
avoir chanté pendant trois ans les seconds
rôles, elle quitta la capitale de la Saxe pour
aller à Munich, où elle chanta devant le roi,
dans un concert de la cour en 1805, puis elle
fut engagée comme première femme au théâtre
royal. Après avoir chanté les principaux rôles
dans les opéras de Mozart, dans Sargines, de
Paer, et dans Calypso, de Winter, elle obtint
un congé pour aller en Italie, en 1808, et
chanta avec succès à Vérone et à Trente. De
retour à Munich, elle y épousa, au mois de
mars 1809, le chanteur de la cour Weixel-
baum, avec qui elle a brillé pendant plu-
sieurs années dans les opéras allemands et
italiens.
MARCOETTO ou MARCHETO, sur-
nommé DE PADOUE, à cause du lieu de sa
naissance, vécut dans la seconde moitié du
treizième siècle. On voit par un de ses ou-
vrages, intitulé : Lticidarium in arte musicas
plans;, dans le manuscrit de la Bibliothèque
ambrosienne de Milan, qu'il demeura quel-
(jue temps à Césène, et qu'il était à Vérone en
1274, car à la fin de ce livie, on lit : Inchoa-
tum Cesenae , perfectum P'eronx 1274. Il
retourna ensuite à Césène, car à la fin de son
Pomertum Artis musicx mensurabilis , on
trouve ces mots : Conditum Cesenae in domo
Baynaldi de Cyntris (1). Des difficultés se
l)résententà l'égard des époques où Marchetto
aurait écrit ses ouvrages. Je crois devoir faire
connaître ici en quoi elles consistent. On a
vu que le Lucidarium est daté de 1274, dans
(I) Le manuscrit du quatorzième sièclf des Traités de
Murvlietto de Padoue, que je possède, ne se termine pas
ainsi; j'y lis : Ex/jlicit Pomerium musicœ vieHsurabilis
Marclteti de Podua cotiditum Ceseiie in domo Oomini
ftaynaldi civitatis. Amen; construction d'assez mauvaise
latinité, car il faudrait au moins hujiis civilalis. Toute-
fois il est vraisemblable que le copiste employé par
l'abbé Gerbert a mal lu, car de cijntris ne signifie rien
et ne peut être un nom italien.
MARGHETTO
449
1c manuscrit de Milan. D'autre part, Pépitre
dédicatoire de cet écrit commence par ces
mots : Magnifier) militi et potenti Domino
suo, Domino Raynerio Domini Zaccharix
de urbe veteri, illustris principis Domini
Joannis clarx et excelsx memoriie Domini
Karoli régis Jérusalem et Sicilix gloriosi
filii, comitis Gravinx et ffonoro, montis
Sancti Jngeii Domini in provinciaRoman-
diolxvicario generali, Marchetus de Padua
se ipsum paixitiim ad omnia gênera man-
datorum. Or. le prince Jean, comie de Gra-
vina, fils de Charles, roi de Sicile, dont il est
ici question, ne peut être que le «ils de
Charles II, qui ne commença son règne (m'en
1285. D'ailleurs, Rainier, prince de Monaco
et seigneur d'Orvièle, surnommé le Chevalier,
est Rainier II, qui ne fut général au service
de Charles ÏI, roi de Sicile, que postérieure-
ment à l'année lâOO. Si donc le Lucidarium
a été fini en 1274, comme l'indique le manu-
scrit de la Bibliothèque ambrosiennede Milan,
la dédicace ne parait pas avoir pu être faite
avant l'année 1300. Il y a même lieu de croire
qu'elle est postérieure au mois de mai 1309,
car les mots clarx et excelsx memorix Do-
mini Karoli régis Jérusalem et Sicilix
semblent prouver que Charles II avait cessé
de vivre : or il n'est mort que le 5 de ce mois
et de cette année. 11 est vrai que Muralori
{Jntiquit.Itdl. medii xvi, t. III, p. 870)
croit que Marchetto a pu employer par hon-
neur ces expressions clarx et excelsx memo-
rix en parlant au roi vivant encore. Au sur-
plus le beau manuscrit du quatorzième siècle
qui renferme les ouvrages de Marchetto, et
qui est dans ma bibliothèque, n'a pas la date
de 1274 à la fin du Lucidarium in arte mu-
sicx plans; on y trouve seulement : Explicit
Lucidarium Marcheti de Padua in musica
plana. Je suis donc porté à croire que cette
'late (1274) est arbitraire et a été ajoutée par
Se copiste, lequel n'aura pas aperçu les rai-
sons qui la rendent à peu près inadmissible.
A l'égard du Pomerium, il est dédié, dans le
manuscrit de Milan, à Robert, roi de Sicile,
tpii succéda à son père Charles II en 1509;
mais suivant Burney {A gênerai History of
niMSiC, t. II, p. 162), ce même ouvrage se-
rait dédié à Charles I", vers 1285, dans le
manuscrit des œuvres de Marchetto, qui se
trouve à la Bibliolbèque du Vatican. Ce der-
nier fait est rejeté comme une erreur dans le
Dictionnaire des musiciens de Choron et
Fayolle (art. Mahciietto); j'ignore ce qui en
est à l'égard du manuscrit du Vatican; mais
OIOUII. VMV. DES MU$ICIE.>'S. T. V.
l'épUre dédicatoire de celui que je possède
commence, comme le manuscrit de Milan,
l)ar ces mots : Prxclarissimo principum
Domino Roberlo Dei gralia Jérusalem et
Sicilix Régi Marchetus de Padua recom-
mendalionem humilem et devotam^ etc.
Quoi qu'il en soit de ces ditrérences dans les
manuscrits, on peut considérer les écrits de
Mai-chetto comme des monuments historiques
du plus haut intérêt. Le Lucidaire de la mu-
sique plaine est divisé en seize petits traités
dont la plupart sont eux-mêmes subdivisés en
un certain nombre de chapitres. Après avoir
dit, dans le quatrième cli;i|>ili-e du second
traité, que tous les auteurs ont divisé le tou
majeur en neuf parties (commas) dont le ton
mineur contient huit, il rejette cette division,
et dit (chap. V), que le ton doit être divisé en
cinq parties, ni plus, ni moins {Sciendum est,
quod tonus habet qninque parles^ et non
plures neqtce pauciores). Ce qu'il appelle la
démonstration de ce principe est un raison-
nement plus spécieux que solide. Prodoscimo
de Beldomandis, commentateur de Jean de
Mûris, au commencementdu quinzièmesiècle,
se prononça contre Marchetto sur ce point de
doctrine; mais plus tard Tinctoris (Definitor.
Mus.), Nicolas Vicentino {Antica Musica ri-
dotta alla moderna prattica), Fabio Golonna
{Sambuca Lincea) , et d'autres ont adopté
cette théorie. Quelques théoriciens ont |)ré-
tendu qu'il est indifférent de diviser le ton en
cinq parties, en sept ou en neuf, pourvu qu'on
admette la différence du ton majeur au mi-
neur; mais cette différence étant précisément
dans la proportion de huit à neuf, il est évi-
dent que ce n'est que par la division du ton
majeur en neuf commas qu'on peut la repré-
senter. Il n'est indifférent d'adopter l'une ou
l'autre division que lorsqu'on n'admet qu'une
seule sorte de ton, comme l'on fait les auteurs
du système égal et les pythagoriciens.
Le Lucidaire est surtout remarquable par
les exemples d'harmonie chromatique qu'il
renferme dans les deuxième, cinquième et
huitième traités. Les successions harmoni-
ques présentées dans ces exemples sont des
hardiesses prodigieuses pour le temps où elles
ont été imaginées (1). Elles semblaient devoir
créer immédiatement une nouvelle tonalité;
mais trop prématurées, elles ne furent point
comprises par les musiciens, et restèrent sans
signification jusqu'à la fin du seizième siècle
(I) Voyez à ce sujet, dans la préface de celle nouvelle
édition (p. xxviii-xxxv), la discussion des olijcctions qui
m'ont clé fjiiis conlrc et parajjiaplie.
2'J
4:;o
MARCHETTO — MARCÛNCINI
Le Pomerittm musicx mensurata; est un
long et savant commentaire sur la doctrine de
la musique mesurée exposée par Francon de
Cologne. Ainsi que le Lucidarium , il est di-
visé en un certain nombre de traités, dont
chacun a nn «bjek particulier. Cet ouvrage
fournit beaucoup de lumières sur une multi-
tude de difficuliés relatives à la notation en
usage à la fin du treizième siècle et au com-
mencement du quatorzième.
L'abbé Gerbert a publié le Lucidarium et
le Pomerium dans le troisième volume de ses
Scriplores ecclesiastici de Musica (p. 65-188),
d'après le manuscrit de la Bibliothèque de
Milan : on y trouve quelques fautes singulières,
non-seulement dans les exemples notés, mais
même dans le texte.
A la suites des deux traités de Marchelto de
Padoue contenus dans mon manuscrit se
trouve un résumé anonyme fort bien fait, par
ïlemandes et réponses, de la doctrine de la
■notation proportionnelle noire de cet auteur,
avec des exemples très-bien notés. Cet écrit,
de Tieuf pages in-4», d'une écriture très-
menue, esl de la seconde moitié du quatorzième
siècle. Il a pour titre : Incipit brevis compi-
lalio magistri Marchetti de Padua, musice
mensurate pro rudibus ex modernis. Je ne
connais rien d'aussi satisfaisant de cette époque.
MAilCHETO ou MAUCHETTO, de
Padoue, compositeur, vécut vers la fin du
quinzième siècle et au commencement du
seizième. Il appartenait vraiseml)lablement à
la même famille que le précédent. Le genre
«lans lequel il a exercé son talent est celui des
frottole. On a de lui un morceau de celte
espèce sur le sonnet: .Sio sedo alombra , atnor ,
dans le cinquième livre des Frottole, publié
par Peliucci de Fossombrone, à Venise, en
1505, et un antre [Piangea la donna m ia),
dans le recueil également rare, intitulé ; t'an-
zoni, Frottole, et CupitoU, da diversi eccet-
leutissimi fliusici composti. Libre primo;
imprimé à Rome, pour Jac<iues Junle, pai-
Jean-Jacques Pasoti et Valcrius Doricli, an
mois d'avril 1526.
MAUCIlï (Jean-Marik), compositeur, né
à Milan, vécut dans la première moitié du
dix-huitième siècle. En 1736, il fit représenter
au théâtre Saint Samuel de Venise, pour la
foire de l'Ascension, son opéra intitulé : Ge-
nerosilà politica. Quelques airs de cet opéra
sont connus en manuscril. Le catalogue de
Traeg (Vienne, 171)0) in(ii(|ue de la composi-
tion de Marchi : Letanie a 4 toc*; a cappella,
datée de 1711.
]>IAI\COÎ.Ii^I (Fr\!vçois), écrivain, gra-
veur en caractères et architecte, naquit à
Forli, en 1500. Il fut un des premiers impri-
meurs de musique à Venise, après Oclavien
Pelrucci. Il établit son imprimerie dans celle
ville, en 1530, et y imprimait encore en ISôfi;
plus tard, il se fixa à Vérone. On ne connaît
aujourd'hui qu'un seul ouv;'age sorti de ses
presses, par un exemplaire qui esta la Biblio-
thèque impériale de Vienne. Cet ouvrage, qui
renferme des iiièces de lulh en tablature, de
Francesco de Milan, A'Jlberto de Mantoue et
de Marco de VAquileo, a pour tilre : Inta-
bolatura di liuto da diversi con la Bataglia
et allre cose bellissime, di M. Francesco da
3Iilano, stampata nuovamente per Fran-
cesco Marcolini di Forli, con gratia et pri-
vilegio. Le volume est un petit iu-4" obi. de
cinquante-trois feuillets; on lit au dernier ;
In finegia per Francisco (sic) It/arcolini du
Forli, in lu ('outra di Santo Jpostolo, ne la
casa de Frati di Crosachieri, negilanni (sic)
delSignore 1556 de/ me»e di M agio. Dans )a
préface, Marcolini dit que le mon<Ie a une
grande obligation à Pelrucci de Fossom!)rone,
pour avoir inventé les caractères à imprimer
la musique comme on impiime les livres;
mai-i que la musique de lulh de son temps
n'exigeait pas pour la tablature la multitude
<le signes que l'art plus avancé de Francesco
de Milan, d'Alberto de Manloue et d'autres y
a introduits ; et qne lui, Marcolini, a |ierlec-
lionné l'invention de Petrucci sous ce rapport.
Il promet aussi de publier bienlôt «n livre de
messes, un livre de motets et un livre de ma-
drigaux de lo slupendo Jdriano (Willaerl).
Ces ouvrages, s'ils ont paru, n'ont pas été re-
trouvés jusqu'à ce jour.
MARCOLirSI (Mabiette), cantatrice dis-
tinguée, commença à se faire connaître en
1805, et joua avec succès dans plusieurs
grandes villes de l'Italie. Au printemps de
1809, elle chanta au théâtre de la Scala, à
Milan; retourna dans la même ville au prin-
temps de 1811, et alla dans l'automne de la
même année à Bologne, où Rossini, alors âgé
de dix-neuf ans, écrivit pour elle VEquivoco
stravaganlc. Elle a aussi chanté d'origine
Ciro in Babilonia, à Rome, en 1 8 1 2 ; /a Pietra
dcl Paragone, à Milan, dans la même année,
et Vltaliuna in Algeri, à Venise, en 1815.
Cette cantatrice parut pour la dernière fois au
théâtre Ré de Milan, en 1818. Peu de temps
après, elle se retira de la scène.
MAUCOINCIISl (Joseph), un des mcjl-
Iciiis luthiers modernes de l'Italie, travail l.i
MAKGONGINI — MAREiNZiO
4SI
dans SI ieunesse chez Storioni , élève de
l'école de Stradivari, à Crémone, puis se fixa
à Ferraie, où il esi mort dans un âge avancé,
le 17 janvier 1841. Ses violons sont classés
parmi ceux du troisième ordre; mais il en
existe quelques-uns de patron moyen qui éga-
lent ceux de son maître.
MAllCOlJ(PiERnE), violoniste, futadmisen
l'yOdans la musique du roi de France; puis,
après la dissolution de la chapelle royale, il
alla s'établir à Rouen, où il fui quelque temps
attaché à Torcheslre du théâtre. De retour à
Paris trois ans après, il entra comme un des
premiers violons à Porchestre du Théàtre-
l.yrique, en 1798. Ce théâtre ayant été feimé
deux ans après, Marcou se rendit à Nancy ;
puis, en 1804, il alla s'établir comme profes-
scuide musique à Bourges, où il était encore
en 1812, Il avait cessé de vivre en 1820. Ce
nuisicien est auteur d'un livre intitulé : Elé-
ments théoriques et pratiques delà musique;
Londres et Paris, veuve Ballard, 1782, in-8"'
de cinquante-huit pages. Pendant son séjour
à Nancy, il en donna une deuxième édition
avec l)eaucou{> de changements, sous ce litre :
Eléments de musique, rédigés par le ci-
toyen yV'**; Nancy, Vincent, an xi (1803).
Enfin, il en a paru une troisième, intitulée :
jManuel du jeune musicien , ou éléments
théoriques et pratiques de la musique en f/é-
m-ral, suivis du discours sur l'harmonie,
par Gresset; Paris, Duponcet, 1804, in-12.
HIARCUOUI (Adamo), maître de chapelle
de la cathédrale de Pise, né à Arezzo, vers le
milieu du dix-huitième siècle, est mort à
Moulenero le 5 avril 1808. C'était, dit-on, un
musicien de génie, qui écrivait pour l'église
«les compositions expressives et pathétiques.
Il a laissé en manuscrit beaucoup de messes,
motels, psaumes, deux Salce Regina, un
Stabat Mater à deux voix et instruments,
des vêpres complètes, et un Te Deum. Tous
CCS ouvrages se trouvent dans la cathédrale de
Pise.
M4RCUS(JoAcniM), compositeur allemand
de la fin du seizième siècle, a publié à Stettin :
Sacrx Cantiones 5, 6, 7, 8, D et plurimum
DOCMW. Wallher cite une deuxième édition de
ce recueil, publiée à Leipsick en 1G08.
.MAKD (RÉMo:«D DE SAli>T). Fâyez
UKUlOi^D DE SAL^T-.UAIVD (Tous-
saint)
MARE (GuiLLAUVE DE LA), cordelier du
treizième siècle, né en Angleterre, vécut vers
12'J0, et fut docteur en théologie et professeur
à Oxford. Il est auteur d'un traité, intitulé :
De Arte musicali, lib. 1, qui se trouve tu
manuscrit dans la Bibliolhè(|ue bodiéienne.
MAllE (André-Jacques), violiste à Pa-
ris, dans la première moitié du dix-huitième
siècle, s'est fait connaître jtar un recueil de
(ilèces intitulé : Solos pour le pardessus <le
viole. Paris, 17ô9. Il était attaché à la
musique <le la chambre du l'oi.
MAllECZEK (...), compositeur hongrois,
<le race Israélite, est né en 1825. Il était en 1842
maître de chapelle à Agram, en Gioatie. En
184Ô, il fit représenter à BrUnn, Ilamlet ,
opéra sérieux en trois actes, (jui fut bien ar-
cueilli par le public. Dans l'année suivante, il
s'est établi à Nancy, comme directeur de mu-
sique d'une société de chant.
MAUEIXZIO (Ltc), illustre compositeur
du genre madrigalesque , dans le seizième
siècle, naquit de parents pauvres, à Coccaglia,
près de Brescia, vers 1550. André Mezetto,
archiprêtre de ce lieu, le recueillit et lui lit
faire ses premières éludes; c'est à ce véné-
rable religieux qu'il fut redevable de ses vertus
et des connaissances qu'il acquit dans les let-
tres. La beauté de sa voix et ses heureuses
dispositions pour la musique ayant élé remar-
quées, il fut confié aux soins de Jeau Conlini,
maître de chapelle de Brescia et l'un des mu-
siciens italiens les plus instruits de celle
époque, qui lui fit apprendre tout ce (|ui con-
cernait la musique, l'art du chant et la com-
position. Ses premiers recueils de madrigaux
l'ayant fait connaître avantageusement, le roi
dePologne l'engagea à son service; mais après
quelques années passées à sa cour, la fâcheuse
influence du climat du Nord sur la santé de
Marenzio l'obligea à demander sa retraite. Il
se rendit à Rome, en 1581, et fut placé chez
le cardinal d'Esté, en qualité de maître du
chapelle, puis chez le cardinal Aldobrandini,
neveu du pape Clément VIII, qui prit ce cé-
lèbre artiste sous sa protection. En 1593, il fut
agrégé au collège des chapelains chanlres de
la Chapelle pontificale. Il mourut le 22 aoàl
1599, et fut inhumé dans l'église Saint-Law-
rent in Lucina^
Marenzio est considéré avec raison comma
un des plus grands compositeurs italiens du
seizième siècle. L'admiration qu'on avait pour
ses ouvrages l'a fait appeler par (]uel(|ues
musiciens i7 dolce cigno, et Sébastien Raval,
savanlconlrapuntisteespagnol, l'appelle, dau(
l'épilre dédlcatoire de son premier livre du
madrigaux à cin(| voix : il signer Luca jVa-
renzio, divino compositore. Le mérite de se»
madrigaux consiste bien moins dans les com-
2y
452
MARENZIO
biaaisons savantes et dans la pureté de style
que dans l'expression tendre, gracieuse ou
mélancolique des paroles, et dans des har-
diesses d'harmonie qu'on est étonné de ren-
contrer à l'époque où i)arurent ses premiers
livres de ce genre de pièces.
Plusieurs auteurs, particulièrement M. de
Winterfeld dans son livre concernant Jean
Gabriel! et quelques maîtres de son temps, ont
considéré, avec raison, Marenzio comme un
des premiers musiciens qui ont établi dans
des pièces entières le système de la musique
chromatique; cependant, il ne faut pas se
tromper sur la signification du mol c/iroma-
tique employé dans ce cas, et ne pas croire
que Marenzio ait fait usage des dissonances
naturelles attaquées sans préparation, qui dé-
terminent immédiatement des modulations
nécessaires; car, ainsi que ses contemporains,
ce compositeur ne connaissait d'autre harmo-
nie fondamentale que l'harmonie consonnanle
dans laquelle il introduisait des prolongations
ou des notes de passage plus ou moins har-
dies. Ce n'est point là ce qu'a fait Monteverde
(voyez ce nom), vers la fin de la carrière du
même Marenzio. Les œuvres publiées de ce
grand musicien sont : 1» Neuf livres de ma-
drigaux à cinq voix-, publiés et réimprimés
plusieurs fois à Venise, chez Ange Gardane et
ses successeurs, en 1580, 1581, 1582, 1583,
1584, 1585, 1580, 1587, 1589; réimprimés en
1504, 1595, 1G02, ICOÔ, 1605, 1608 et 1609,
in-4". Une édition complète de ces neuf livres
de madrigaux a été publiée sous ce litre : Di
Luca Marenzio, musico eccellentissimo, Ma-
driyali a ciiiqne voci ridotli in un corpo,
nuovamenle posli in luce, e con ogni dili-
gentia correlli. In Jnversa,appresso Pietro
Phalesio e Giovanni Bellero , 1593, in 4" obi.
Le même Phalèse a aussi réimprimé quel(|ues
livres séparés de cette collection en 1594.
2» Six livres de madrigaux à six voix, publiés
à Venise en 1582, 1584, 1585, 1587, 1591,
1609, in-4". Phalèse en a donné de nouvelles
éditions, à Anvers, en 1594, 1597, 1603 et
1610, in^" obi. La dernière de ces éditions a
pour litre : Di Luca Marenzio, musico eccel-
lentissimo, il primo, seconda, terzo, quarto,
quinto e sesto libro de' Madrigali a sei voci,
novamentiristampati ed inun corpo ridotti,
111-4" obi. Il a élé donné aussi à Nuremberg
des éditions des madi igaux à cinq elà six voix,
en 1601 et 1608. 3° Madrigali a quuttro voci,
lib. I, Venise, 1592, 1608. Ces madrigaux
doivent être classés parmi les plus beaux ou-
vragesde Marenzio. 4" Moiclli a 4 coc/, lib. II,
in P'e7iezia, par u4less. f'incenti, 1588, in 4".
5» Motetli aAvoci, lib. II, ib., 1592, {0-4".
5"{bis)v7/o«e«ta 12 voce, Venise, 1614, in-4".
6" Sacri concenti q^iinque, sex et sept, voc;
Veneliae, J. M. Piccioni, 1616, in-4". 7" Covi-
pletorum ac Antiphons sex voc; Veneti»,
1595, in-4". 8" Cin(i livres de viilanelies alla
Napoletana,'a trois voix; Venise, 1584, 1586,
1589, 1592, 1600 et 1605, in-4". Ces viila-
nelies ont élé réimprimées à Nuremberg, avec
un texte allemand, en 1606. Parmi les manu-
scrits de la collection Eler, appartenant à la
bibliothèque du Conservatoire de Paris, on
trouve deux madrigaux à six voix de Marenzio,
en partition, et un motel à quatre. Le P. Mar-
tini a publié de cet auteur, en partition, les
madrigaux à quatre : Ahi! dispietata morte;
Ma per me lasso; Zeffiro torna; le madrigal
à cinq voix, yih, tu mel neghi! f ezzos' au-
gelli; et le madrigal O fortuna volubile, dans
le second volume de VEsemplare, o siasaggio
fondamentale pratico dicontrappunto. M. de
Winterfeld a donné aussi en partition le ma-
drigal à cinq voix : O voi cfie sospirate, dans
la troisième partie de son livre sur Jean
Gabrieli. Enfin, Choron a réimprimé dans ses
Principes de composition des écoles d'Italie
les madrigaux publiés par le P. Martini. Tous
les madrigaux de Marenzio, à quatre, cinq et
six voix, sont en partition dans la collection
de l'abbé Sanlini, à Rome. Beaucoup de col-
lections, [)ubliées vers la fin du seizième siècle
et au commencement du dix-septième, ren-
ferment des morceaux de Marenzio; j'en ai
trouvé dans celles dont voici les titres : 1" Spo-
glie amorose; madrigali a 5 voci di diversi
eccellentissimi musici; in Venegia, appresso
r herede di Girolamo Scoto, 1583, in-4°.
2" Musica divina di XIX autori illuslri
a 4, 5, 6 et 7 voci nuovamente raccolta da
Pietro Phalesio; Anvers, 1595, in-4" oblong.
3" Harmonia céleste di diversi eccell. musici
a 4, 5, 6, 7 e 8 voci, nuovamente raccolta
per Andréa Pevernage; Anvers, P. Phalèse
et J. Bellere, 1593 in-4" oblong. 4" Sympho-
nia angelica di diversi eccell. musici, nuo-
vamente raccolta per Huberto TFaelrant ,
ibid., 1594, in-4" obi. 5" Melodia olimpica
di diversi eccellentissimi, ec, ttuovamente
raccolta da Pietro Philippi, Inglese; ilnd.,
1594, in-4" oblong. 6" Il Lauro verde, ma-
drigali a sei voci, composti da diversi eccell.
musici, ec; ibid, 1591, in-4". 7" Il Trionfo
di Dort, descritto da diversi, e posli in
musica da altrettanli autori a 6 voci; Ve-
nise, Gardane, 1596. in-4"; Anvers, Phalésç,
MARENZIO — MARET
433
1596, in-4<> oblong; ibid., 1601; ibid.,^GU.
S^Paradiso musicale de madrigali e canzoni
a 5 voci; ibid, 1596. 9» Ghirlanda di madri-
gali a sei voci di diversi eccellent. aulori;
ihjd., 1601, in-4'' obi. 10° Madrigali a otto
voci di diversi eccellenti e famosi aulori,
ibid., 1596.
MARESCALCm (Louis), compositeur,
né à Rome, suivant Gerber, mais plus vrai-
semblablement à Naples, cù il y a des familles
de ce nom, étudia le contrepoint sous la direc-
tion du P. Martini, à Bologne. Cependant il fut
plutôt un musicien d'instinct et de goût qu'un
maitre remarquable par son savoir. En 1770,
il demeurait à Venise, où il avait établi une
maison de commerce pour la musique gravée.
En 1780, il écrivit à Florence le ballet de
JUeleagro. Quatre ans après, son opéra I Diser-
tori felici obtint un brillant succès à Plai-
sance. Un duo de cet ouvrage (Sventurato, a
chi finora) a été gravé à Venise, avec accom-
pagnement dedeux violons et basse. En 1784,
il a écrit à Rome Andromeda e Perseo, opéra
sérieux. L'année suivante, il transporta à Na-
ples son commerce de musique. Le Rivolu-
zioni del seraglio, ballet en trois actes, fut
représenté en 1788; et il donna Giulietta e
Romeo, à Rome, en 1789. On connaît plu-
sieurs morceaux détachés tirés des opéras de
Marescalchi, un concerlino à quinze instru-
ments, et quatre quatuors pour deux violons,
alto et basse, gravés à Paris. Sous le nom de
Boccherini, on a gravé, comme œuvre 7"'*,
des trios pour deux violons et violoncelle qui
n'appartiennent pas à ce compositeur, mais à
Marescalchi. C'est une supercherie d'éditeur
qui a été faite par Marescalchi lui-même. Le
véritable œuvre 7™* de Boccherini est composé
de six sonates pour violon. Marescalchi a pu-
blié un petit ouvrage élémentaire pour le
piano, sous ce titre : Scale simplici edoppie
per piano-forte in tutti i dodici tuoni mag-
giori e minori, secondo il metodo antico,
nggiunte le scale de' tuoni minori colle seste
minori ascendenti, corne pure la scala géné-
rale cromatica o sia semituonata. Il tutto
colla numerica délie dita,per l'esecuzione se-
condo il nuovo metodo; Naples, Marescalchi ;
Milan, Ricordi, in-fol. obi. de onze pages.
MARESCH (J.-A.), corniste, né en Bo-
hème, en 1709, alla s'établir en Russie vers
1744 et entra au service de la cour impériale.
Son talent le fit remarquer du prince Narisch-
kin, qui lui proposa, en 1751, de s'occuper
du perfectionnement de la musique de cors
russes. Depuis longtemps les chasseurs de
cette nation se servaient d'un cor de cuivre
jaune, dont la forme était à peu près semblable
à un cône parabolique, et (jui ne rendait qu'un
son. Maresch en fit fabri<|uer trente-sept qui,
par leurs grandeurs différentes, rendaient
tous les demi-tons compris dans l'étendue de
trois octaves. Les cors destinés aux sons les
plusgraves avaient environ sept pieds de long;
les plus petits n'avaient qu'un pied. Depuis
lors on a fait des tubes de douze pieds pour la
note la plus grave, et de (jnelques pouces seu-
lement pour la plus aiguC. Maresch distribua
ses trente-sept cors à un nombre égal de chas-
seurs, et, par un exercice dont la sévérité
n'était praticable que dans un pays d'esclaves,
il parvint à leur faire exécuter les traits les
plus difficiles et les plus rapides. Rangés sur
plusieurs lignes, les exécutants attendent dans
cette musique l'instant où il doivent faire son-
ner leur note; car chacun d'eux n'en saurait
produire davantage. Le mérite consiste à le
faire exactement dans le temps nécessaire, et
avec le degré de force qui convient pour la mu-
sique qu'on exécute. Le premier essai de cette
musique fut fait en 1755, en présence de la cour
impériale, à la maison de chasse Ismaïlow, à
peu de dislance de Moscou. L'effet frappa
d'étonnement tous ceux qui l'entendirent. De
près, les cors réunis produisent l'effet d'un
grand orgue; de loin, on croit entendre un
puissant harmonica. Maresch, après avoir été
récompensé avec magnificence, vécut encore
près de quarante ans. Il est mort à Saint-Pé-
tersbourg, en 1794, laissant une fille qui a eu
de la réputation comme pianiste.
MARESCHALL (Samuel), voyez MAR-
SCHALL.
MARESSE (Louis), pianiste et composi-
teur, né à Évreux en 1797, vint à Paris vers
1819 et se fit connaître par un petit opéra-
comique, intitulé • l'Habit retourné. On a
gravé sous son nom : 1» Des trios pour piano,
violon et violoncelle, op. 3 et 9; Paris, Dufaut
et Dubois. S» Des duos pour piano et violon,
op. 6 et 7; ibid. ô° Fantaisie sur un air suisse
pour piano seul, op. 4; ibid. A" Trois airs va-
riés détachés pour piano; ibid. 5° Deux recueils
de valses pour piano, op. 8 et 10; ibid. En
1828, M. Maresse s'est éloigné de Paris, et
depuis lors on n'a plus eu de renseignements
sur sa personne.
MARET (Hugues), né à Dijon en 1726,
mort dans la même ville le 11 juin 1786, fut
docteur en médecine de l'Université de Mont-
pellier, démonstrateur de chimie à Dijon,,
médecin du roi et de la généralité de Bour-
454
MARET — MAIË
gffgne, censeur royal, membre de plusieurs
académies, et secrétaire j)er|)élucl de celle de
Dijon. C'est en celle (lualité (ju'il a prononcé
en 1766 un Éloge historique de Rameau, qui
a été imprimé dans le volume des Mémoires
de V Académie de Dijon publié dans la même
année. Cet éloge a été imprimé séparément;
Dijon, 1766, in-8". On a aussi de Maret,
VÈloge de Durcy de Noinville, auteur de
Vllistoire de l'Opéra. Cet éloge est imprimé
parmi les Mémoires de l'Académie de Dijon
(1769).
MAUEX on MAIVCKX (Charles), né à
Alost, vers 1720, a été nommé maître de
cbant, ou chef du chœur à l'église de Sainle-
Walburge, d'Audenarde, le 12 mars 17G1.
Après avoir occupé cette position pendant
vingt-sept ans, il mourut le 28 juillet 1788,
laissant dans les archives de l'église d'Aude-
narde : 1» Six Ave Maria à plusieurs voix
avec instruments. 2° Six Tantum ergo, idem,
ô" Messe de Requiem, à quatre voix, avec
quatuor d'instruments à cordes, tous de sa
composition.
MARGRAFF (Akdré), né à Egger, en
Bohême, dans les dernières années du quin-
zième siècle, fut instituteur et chantre à
Schwandorf, près de Ratisbonne. Il a fait im-
primer de sa composition le cent vingt-hui-
tième psaume à cinq voix; Amberg, 1536.
MARlABil (Jf.an-Baptiste), compositeur
dramatique de l'école romaine, vécut vers le
milieu du dix-septième siècle. Il fit représen-
leràViterbe, en 1639, Amor vuol gioventii,
oi)éra qui a été trouvé fort beau à celte
époque.
MAUIAIVI (Paul), chanteur célèbre, né à
Urbino, vécut vers 1710.
MARIAIMI (JEAW-LAcnEJiT), compositeur
de musique d'église, né à Lucques en 1737,
fut maître de chapelle de l'église cathédrale
de Savone, et mourut dans cette ville en 1793.
Élève du P. Martini, il fut un des plus savants
musiciens de son temps. On connaît un grand
nombre de messes, de vêpres, de psaumes,
d'hymnes, d'antiennes et de litanies de sa
composition, la plupart à six, sept et huit
voix réelles, dont les copies manuscrites se
trouvent dans plusieurs grandes bibliothèques.
M. l'abbé Sanlini, de Rome, possède de ce
musicien un Miserere à quaire voix, avec
instruments, et deux Salve Regina.
MARIE -AIM'C)I]>I:TTI: -AMÉLIE ,
-duchesse de Saxc-Golha, (ille d'Uliic de Saxe-
Meinungen, née le 17 septembre 1732, eut
des talents qui auraient l'ait honneur à un
artiste sur le clavecin et dans la composition.
On a imprimé de sa composition des canzoni
italiennes avec des variations pour le clave-
cin, auxquelles on a ajouté d'autres variations
de Benda, Schweilzer, Scheidler, etc., Leip-
sick, 1782, in-fol. Elle a aussi fait paraître à
Gotha, en 1786, Chansons d'un amateur de
musique. Enfin, il existe une symphonie à dix
parties, composée par cette princesse.
MARIE (...), chanteur dramatique, né à
Paris, en 1814, fut admis, vers l'âge de dix
ans, dans l'institution <le musique religieuse
diiigée par Choron, et y fit de bonnes études
musicales. Lorsque cette institution fut sup-
primée, après la révolution de juillet 1830,
Marié n'avait pasencoreatteintsa dix-septième
année. Il fut obligé de chercher des ressources
pour son existence en chantant dans les
églises, particulièrement à Saint-Eustache.
Plus tard, le besoin lui fit accepter une place
de choriste à l'Opéra-Comique : il entra à ce
théâtre sous le nom de Mécène. Cependant,
artiste par le sentiment, musicien d'une édu-
cation solide, et possédant une bonne voix de
ténor, il était fait pour occuper une meilleuie
position : il le sentit et se prépara, i)ar l'étude
du répertoire, à tenir sur un théâtre de pro-
vince l'emploi de premier ténor. Un engage-
ment lui fut offert pour le théâtre de Metz :
il y débula au commencement de l'année
théâtrale 1838. Sa voix, où se faisaient i-emar-
quer de beaux sons dans toute l'étendue d'un
bon ténor, n'avait i)as été convenablement
li'availlée par des exercices de vocalisation
bien «liiigés; elle manquait de souplesse et
d'ég.ilité; mais elle était accentuée. Marié
possé<lait un sentiment pur, une manièrelarge
de [)hraser, et de plus il était très-bon mu-
sicien. Ses succès euient du retenlissemeni ;
les journaux de Paris le signalèrent à l'atten-
tion publique, et le directeur du nouveau
Théâtre de la Renaissance engagea l'artiste
pour l'année 1839; mais le directeur de;
rOpéra-Comique le réclama, en vertu d'une
clause de son privilège qui ne permettait pas
à un chanteur sorti de son théâtre de paraître
sur une autre scène de Paris avant le teime de
trois ans révolus. Un procès s'ensuivit, et le
tribunal ayant donné gain de cause à M. Cros-
nier, alors directeur de l'Opéra-Comique,
Marié fut obligé de rentrer à ce théâtre avec
le titre de premier ténor. Il y parut pour la
première fois dans la Symphonie, opéra écrit
pour lui par Clapisson. Il y eut un véritable
succès, i»arce que le comi)Ositeur avait coni-
[nis ce qu'il fallait pour le caractère large de
MARil-: — MAULN
45a
son chant; mais bienlAt ratlminislralion du
théâtre put comprendre qu'elle avait fait une
faute en ohlij^eant Marié à y entrer, car le
répertoire courant n'avait (las un rôle qui
lui convînt. En 1840, cet artiste fut engagé
par l'administration de l'Opéra, pour chan-
ter les principaux rôles en remplacement de
Duprez, qui commençait à se fatiguer II y
réussit d'abord, mais aucun rôle n'ayant été
écrit pour lui, dont la direction ne sut pas
comprendre la destination spéciale , Marié
perdit insensiblement la faveur du [lublic.
Sorti de l'Opéra, il parcourutlesdépartements
et la Belgique, où il obtint des succès ; puis, il
alla en Italie, s'y essaya dans les rôles de
baryton, revint à Paris, et rentra à l'Opéra,
dans une situation secondaire, où il s'est
effacé. C'est ainsi qu'un vrai talent de senti-
ment et de distinction fut perdu et ne parut
jamais ce qu'il valait, parce <|u'il ne fut com-
pris, ni par les directeurs de théâtres, ni par
la critique vulgaire.
MARIIV (Fabuice), né dans le Piémont
vers 1540, a mis en musique à quatre parties :
Airs sur aucunes poésies de Bdif, Ronsard,
Jamin et Desporles; Paris, Adrien Le Roy,
1578, in-4"obl.
MAU1I> (Fkançois-Louis-Claude MA-
1\I3II, dit), littérateur, connu principalement
par un bon ouviage intitulé : Histoire de Sa-
ludin, sultan d'Egypte et de Syrie, naquit
à la Ciotat,en Provence, le G juin 1721. Venu
à Paris, vers 1742, après avoir été enfant de
chœur, puis organiste, et enfin ecclésiastique,
il quitta le petit collet, et fut reçu avocat au
Parlement. On ne rapiiellera pas ici toutes
les circonstances de la vie de ce lilléraîeur,
(|ui ne figui-e dans ce dictionnaire qu'à l'oc-
casion d'un opuscule relatif à la niusi<|ue: ces
détails d'une carrière assez .agitée sont con-
signés dans les divers dictionnaires histori-
<|ues publiés depuis quelques années. .le me
bornerai à dire qu'après avoir été successive-
ment censeur royal, censeur de la police, se-
crétaire <le la librairie et «liiccteur de la Ga-
zette de France, il perdit ces places, se retira
dans sa ville natale, en 1778, et y acheta
la place de lieutenant-général de l'amirauté.
Mais la révolution l'ayant privé de cette
cliarge et d'une partie de sa fortune placée
sur l'État, il vint à Paris recueillir k-sdébiis
de son ancienne opulence, s'y lixa et y vécut
jusi[u'à l'âge de quatre-vingt-neuf ans. Sa
mort eut lieu leT.iuilIel 180'J. Il s'était marié
et avait eu un fils, grand amateu: de musique,
uiaLs étourdi cl dissipateur, qui épousa une
fille de Grétry, ne la rendit point heurei.sc, et
mourut peu de temps après son père. On a de
Maiin un petit écrit publié à l'occasion des
querelles sur la musique française (jue la lettre
de J.-J. Rousseau avait fait naître. Cet oi)us-
cule est intitulé : Ce qu'on a dit, ce qu'on a
voulu dire, lettre à madame Foliot ; Paris,
1752, in -8". Marin s'y range parmi les défen-
seurs de la musique française.
MAUm (Guillaume'mARCEL DE), né
à la Guadeloupe, le 22 mai 17ô7, descendait
des jVarini qui ont donné des doges à Ve-
nise. Sa famille était établie en France dei)uis
1402. Il vint à Paris à l'âge de dix ans, et fit
ses études au collège de Louis le Grand; mais
il ne les acheva pas. A quatorze ans, il em-
brassa la carrière des armes; à quinze, il se
livra à l'étude des mathématiques et de la
musique. Il enlrepiil alors, sans maître, l'étude
du violon, et ses efforts le conduisirent à jouer
avec facilité les caprices de Locatelli. Plus
tard, Gaviniès et Pagin lui donnèient des le-
çons, et Rameau lui enseigna l'harmonie. On
a gravé un Stabat de sa composition, pour
quatre voix et orchestre; Paris, Leduc.
l»IAUi:\ (Mahie-Martin MxVUCEL DE),
fils du précédent, est né à Saint-Jean -de-Luz,
|)rès de Rayonne, le 8 septeml.>re 1769. Lors-
qu'il eut atteint l'âge de quatre ans, son père
lui enseigna la musique; à sept, il composa
un concerto de piano. Plus tard, il fit un
voyage eu Italie, où il reçut des leçons de Nar-
dini pour le violon. Son admirable organisa-
tion musicale lui fil faire de rapides progrès
sous la direction de ce maître, qui le considé-
rait comme son meilleur élève. De retour en
France, M. de Marin prit de Hocbrucker des
leçons de hari>e; inais bientôt les idées «lu'il
se forma des ressources qu'on pouvait tirer de
cet instrument le décidèrent à n'avoir plus
d'autre maître que lui-même. La musique de
harpe qu'on possédait alors était plate et mi-
sérable : Krumpholz seul savait écrire pour
cet instrument; mais M. de Marin alla j)lus
loin que lui dans les hardiesses harmoni(|ucs
et dans la variété des styles. Comme violoniste,
il était l'amateur le plus remarquable de son
époque; comme harpiste, il n'avait point de
rivaux. Dans un second voyage qu'il fit en
Italie; en 178ô,il fui reçu, à l'âge de quatoize
.3ns, membre de l'Académie des Arcades de
Rome, improvisa sur la harpe dans une séance
publique, joua des fugues de Bach sur cet in-
strument, et accompagna (!e? airs de Jomclli
et d'autres compositeurs, comme on aurait pu
le faire sur le piano. La célèbre improùsa.-
4i;6
MARIN — MARINl
trice Corilla, présente à celte séance, fit un
impromptu sur les merveilles d'un talent si
précoce et si solide.
A son retour d'Italie, M. de Marin, âgé de
quinze ans, entra à l'école militaire des che-
vau-légers, à Versailles. Il en sortit en 1786,
avec le titre de capitaine de dragons. Peu de
temps après, il sollicita et obtint un congé
pour voyager, visita l'Autriche, la Prusse,
l'Espagne, et mit à profit tout ce qu'il enten-
dit, pour développer son triple talent de violo-
niste, de harpiste et de compositeur. Éloigné
de sa patrie, au moment où la révolution fran-
çaise éclata, il fut mis sur la liste des émigrés,
et sollicita vainement la faveur de rentrer
dans sa patrie, où ses biens avaient été sé-
questrés. Il prit alors le parti d'aller en An-
gleterre et d'y chercher des ressources dans
ses talents. C'est là que son habileté sur la
harpe a atteint le plus haut degré de perfec-
tion. Sa qualité de gentilhomme, la beauté ac-
complie de sa personne, ses manières nobles et
la variété de son instruction, rendaient plus
facile l'exercice de son talent, dont il tira des
produits considérables qui lui permirent de
soulager l'infortune de beaucoup d'émigrés.
De retour en France sous le consulat, M. de
Marin obtint la restitution de ses biens qui
n'avaient pas été vendus, et se retira à Tou-
louse, où la musique ne fut plus pour lui qu'un
délassement. Labarre qui, dans sa jeunesse, a
eu occasion d'enteudre M. de Marin et de
jouer devant lui, a compris le mérite de ce
grand artiste amateur, et s'est proposé de
continuer sa manière en l'appliquant aux
formes de la musique actuelle : c'est à cette
direction de son talent, autantcju'à son organi-
sation personnelle, que Labarre fut redevable de
sa supériorité comme harpiste. On ignore si
M. de Marin vil encore au moment où cette
notice est revue (1861).
La musique de harpe de M. de Marin est vé-
ritablement classique 5 elle lestera comme mo-
dèle et comme un monument historique. Il
n'a pas publié tout ce qu'il a écrit, mais on a
gravé de lui : l"Quinletto pour harpe, deux
violons, alto et basse, op. 14; Paris, Cousi-
ueau. 2" Duo pour harpe et piano, op. 17;
Paris, Érard. 3" Duo pour harpe et violon ;
Paris, Pleyel. 4" Sonates pour harpe seule,
op. 5, 15, 16, 22, 51, 32 ; Londres, Clementi ;
Paris, Lemoine aîné, Érard et Schlesinger.
5" Airs variés pour harpe seule, op. 4, 7, 11,
13; Londres, Clementi; Paris, Lemoine aîné.
6" Trois trios pour violon, alto et basse,
op. 20; Palis, Érard. 7" Air varié pour violon,
avec accompagnement de violon, alto et basse,
op. 35; ibid. 8" Douze romances avec accom-
pagnement de harpe, liv. I, II, III ; Hambourg,
1798.
MARII\ATI(Aijrélien), docteur en droit,
né à Ravenne, vers le milieu du seizième
siècle, a publié un livre qui a pour titre : La
prima parte délia Somma di tutte le scienze,
nella quale si traita délie selte arti liberali,
in modo taie che ciascuno polrà da se intro-
dtirsi nella Grammatica , Retorica, Logica,
Musica, Âritmetica, Geometria et Astrolo-
<7ja;Rome, 1587, in -4°. L'abrégé de musique
qui comprend depuis la page 73 jusqu'à la 98''
est très-bon , pour le temps où ce livre a
paru.
MARINELLI (le P. Juies-César), reli-
gieux servite de Monte-Cicardo, vers le milieu
du dix-septième siècle, a publié un bon traité
de plain-chant sous ce titre : Via retta délia
voce corale overo osservationi intorno al
relto esercitio del canto ferma, divisa in
cinque parti, etc.; Bologne, Monli , 1671^
in^". Ce livre est rare.
MARIINELLI (Gaetano), compositeur na-
politain, né en 1760, fit ses éludes musicales
au Conservatoire de la Pietà, ou, suivant le
marquis de Villarosa, au Conservatoire de Lo-
reto, et fut attaché comme compositeur au ser-
vice de l'électeur de Bavière, vers 1790. 11
s'est l'ait connaître au théâtre par les opéras
suivants : 1° Le tre Bivali, ossia il Matri-
monio inaspettato ; Rome, 1784. 2" Gli Uc-
cellatori; Florence, 1785. 3" Il Trionfo del
amore. 4" Il Letterato alla moda. 5» La Ro-
chetta in equivoco. 6" Z/Uc/o Papmo, -Naples,
1791 . 7" Il f illano al governo, ossia Jmore
aguzza l'ingegno. 8» La Vendetta di Medea,
opéra séria, au théâtre de Saint-Samuel, à
Venise, en 1792. 9» Il Concorso délie spose;
Venise, 1795. lO" I quattro Rivali in amore;
Naples. 11» Alessandro in Efeso; Milan,
1810. X'i" L' Equivoco fortunato ; ibid., 1811.
13" La finta Principessa. 14" Quinto Fabio;
Rome. 15" La bizarra Contadina. 16» Gli
accidenti inaspeltati. 17" La Fillanella
semplice. 18" // Barone di Sarda fritta.
19" Tobiae Sara, cantate à quatre voix. On
cite aussi avec beaucoup d'éloges son oratorio
il Baldassaro, écrit à Naples.
MAIIIIXI (Alexasdre), chanoine de La-
teran et compositeur, na(iuit à Venise et llo-
rissail en cette ville vers le milieu du seizième
siècle. Les ouvrages de sa composition dont
nous avons connaissance sont : 1" Psalmi
vcspcrarum et Magnificat quatuor vocuni;
MARINI
4S7
Venise, chez les héritiers rie Jérôme Scoto,
1578, in-4» obi. '2° Psalmi omnes qui ad Fes-
peras decantanlur sex vocibus ; ibid., 1579,
in-4" obi. La seconde édition a été publiée à
Anvers, en 1637, in-4». 3" jVoletli a sei
voci; Venise, 1588, in-4». C'est une seconde
édition.
MAUIIM (Jean), compositeur vénitien,
vécut dans la seconde moitié du seizième siècle,
et fut maître de chapelle de l'église de la Ma-
dona delV Orto. On a imprimé de sa compo-
sition : 1" Madrigali a ci'nque voci, libro
primo; f'enezia, app. Jng. Gardano, 1571,
petit in-4». 2" Madrigali a cinque voci, libro
secondo; in Fenezia, app. Fincenti, 1618,
in-4». C'est une réimpression.
MARir\Iou MARIIXO (Jean-Baptiste),
poëte italien qui a eu de la célébrité, naquit à
Naples, au mois d'octobre 1569. Destiné à la
profession d'avocat par sa famille, il préféra
la culture des lettres et s'exposa à la colère de
son père pour suivre son penchant. Après
avoir été pendant quelque temps secrétaire du
prince de Tonca, il alla à Rome, où le cardinal
Aldobrandini le prit sous sa protection; puis
il fit un assez long séjour à la cour de Turin.
D'abord, il jouit de la faveur du duc deSavoie ;
mais ayant été desservi près de ce prince par
des envieux, il fut jeté en prison. Rendu à la
liberté, après quelques mois de détention, il
se rendit à Paris, en 1615, et fut accueilli
avec beaucoup de bienveillance par Marie de
Médicis, qui lui assura une pension de deux
mille écus. Ce fut pendant son séjour en
France qu'il publia son célèbre poème de
VAdone, dont le goût faux et maniéré est au-
jourd'hui condamné parles connaisseurs, mais
qui fut fort vanté quand il parut. En 1622,
Marini s'éloigna de Paris et retourna à Rome;
mais après la mort de son protecteur , le pape
Grégoire XV, il alla finir ses jours à Naples, le
25 mars 1625. Au nombre de ses ouvrages, il
eu est un qui a pour titre : Dicerie sacre. Tu-
rin, 1614, un volume in-12. La deuxième édi-
tion a paru dans la même ville, en 1620 ; la
troisième, à Venise, en 1628, et la quatrième
également à Venise, en 1642. Le deuxième
discours contenu dans ce volume est intitulé :
La Musica, diceria seconda sopra le selle
parole délie da Cristo in croce. Il occupe
environ deux cents pages dans le volume;
toutefois, il est sans intérêt pour l'art, auquel
il ne touche qu'indirectement, et d'une ma-
nière pres(iuc toujours allégorique.
MAIIIIM (BiACGio ou Blaise) , composi-
teur, né à Brcscia, dans les dernières années
du seizième siècle, fut d'abord maître de cha-
pelle à l'église cathédrale de Vicence, puis oc-
culta un poste semblable dans sa ville natale,
vers 1620. Plus tard, il se rendit en Allemagne
et entra, en 1621, au service du comte palatin
Wolt'gang Guillaume, qui le fit chevalier. De
retour en Italie, il entra au service du duc de
Parme, en 1623, comme compositeur et pre-
mier violon de sa mnsi(|ue. Marini est mort à
Padoue vers 1660. Il jouait fort bien de plu-
sieurs instruments, particulièrement du vio-
lon. On connaît sous le nom de ce musicien :
1° Arie, madrigali e corrente a 1 , 2 e 3 voci;
Venise, 1620. \'> {bis) L'Ordine quarto délie
musiche a 1, 2, 3, 4, 5 e 6; Venise, 1622,
in 4». 2» Salmi a 5 voci; Venise, Gardane.
2» (bis) Le Lagrime d'Erminia, canzoïii
a voce so/a; Parme, 1623, in-4». 3» Musiche
da caméra a 2, 3 e 4 voci; ibid. 4" Miserere
a 2, 3, ivocieviolini; \h\d.^''Composizioiii
varie, madrigali a 3, 4, 5 e 7 cnn violini ;
Venise, Alexandre Vicenti. 6» Madrigali e
sinfonie a 2^ 3 e 4 voci; ibid. 7° Arie a 1, 2,
3 e Musiche a 1, 3, 4, 5 voci, lib. 4, o, 7;
ibid. 8» Sonale, Canzoni, Passamezzi, Bdl-
letti, Correnti, Gagliarde, Ritornelli, a 1,
2, 3, 4, 5, 6 voci; Venise, Bartolomeo Magni.
MAftlIM (Joseph), maître de chapelle à
Pordenone, dans l'Étal vénitien, au commen-
cement du dix-septième siècle, est connu par
un recueil de madrigaux, imprimé à Venise,
en 1618.
MAUIIVI (le P. Marie), moine camaldule,
né à Pesaro, dans les premières années du
dix-septième siècle, fut maître de chapelle de
la république de Saint-Marin. Il a publié de
sa composition : Concerti e Motetti a una,
due, tre, quattro, cinque, sei e sette voci con
slromenti, libro primo. In Venezia, presso
Bartolomeo Magni, 1637, in-4°.
MAllIIM (CuAnLES-AsTOiNE), violoniste et
compositeur, né à Bergame vers le milieu du
dix-septième siècle, fut attaché à l'église
Sainte-Marie Majeure de cette ville. On con-
naît de sa composition : 1» Douze sonates,
op. 3, dont les huit premières pour deux vio-
lons, violoncelle et basse continue, et les au-
tres pour six instruments; Venise, 1696.
2" Balletti alla francese a 3, op. 5; Venise,
1699. 3» Douze sonates, op. 6, dont six pour
deux violons, violoncelle et basse continue, et
six à deux violons, viole, violoncelle et basse
continue, op. 7. 4» Douze sonates pour violon
seul et basse continue, op. 8. Il a paru une
autre édition de cet œuvre chez Roger, à Am-
stcidam, en 1706.
4o8
MARIO - MARLE
MARIO (comte DE CAINDIA), ténor,
qui a obtenu de biillanls succès aux théâtres
italiens île Paris et de Londres, est né vers
1812, à Gênes, d'une famille ancienne et
considéiée. Doué d'une voix de ténor de la
plus belle qualité, il ne la cultiva d'abord que
pour l'agiément ((u'elle lui procurait dans la
société. Arrivé à Paris en 1836, il y fut re-
cherché dans les salons, non-seulement pour
son talent de chanteur amateur, mais aussi
pour l'éléi^auce de ses manières. Sollicité
longtemps par l'administration de l'Opéra,
jiour qu'il se vouât à la carrière du théâtre,
il finit par céder à ces instances, séduit par le
chiffre des appointements (jui lui étaient
offerts, et le 50 novembre 1838, il débuta par
le lôle de Robert, dans l'opéra de Meyerbeer.
Nonobstant son inexpérience de la scène et
les imperfections qu'il laissait apercevoir
dans son chant, la beauté de son organe fit
naître l'enthousiasme du public. Mario resta
au même théâtre pendant l'année 1839; mais
en 1840, il passa au Théâtre Italien, où ses
avantages naturels se produisirent avec plus
d'éclat. Le travail et l'habitude de la scène
marquèrent cliaciuejour de nouveaux progrès
de son talent, et pendant plus de <|iiinze ans,
il fut en possession de la faveur publique, soit
à Paiis, soit à Londres ou en Améiique. Il est
fâcheux que, devenu riche, il n'ait pas quitté
la scène lorsqu'il a senti les premières at-
teintes de l'altération de sa voix, et qu'il en
ait exposé les ruines à la critique dans les
dernièies années. Il est attaché à l'Académie
impériale de musique (l'Opéra) de Paris au
moment où cette notice est éciite (1862).
MAIIKLLL (Frédéric-Guillau.'ïïf.), né le
17 février 1816 à Reichenbach, près d'Elbing,
reçut les premières leçons de piano et d'orgue
de son père, cantor et organiste de l'église
Sainte-Anne, à Elbing. Lorsqu'il eut atteint
l'âge de dix ans, il devint élève de Charles
KIoss pour le piano, et le directeur de mu-
si<iue Urban lui enseigna les éléments de
l'harmonie. En 1833, Markull fut envoyé par
son père à Dessau , pour y continuer ses
éludes de composition et d'orgue, sous la
direction de Frédéric Schneider. Après deux
ans de séjour dans l'école de ce maître, il re-
tourna à Elbing au printemps de 1855, et s'y
livra à l'enseignement du [liano, et, dans l'été
lie l'année suivante, il obtint la place d'orga-
niste à l'église Sainte-Marie de Dantzick; en
1845, il ajouta à cet emploi celui de profes-
seur de chant au Gymnase (collège), et deux
ans après, il eut le titre de directeur roxjal de
musique. Son activité dans l'exercire de ses
fonctions a imprimé un remarquable piogrès
dans la culture de la musique parmi les habi-
tants de cette ville. On connaît environ qua-
rante œuvres de sa composition, parmi les-
quelles on remarque : \° L'opéra intitulé 31ctja
und Alpino, qui fut représenté à Dantzick, le
23 décembre 1843. 2" Drei Nachspiele fiir
die Orgel (Trois conclusions pour l'orgue);
Erfurt, Kœrner. 3° L'oratorio Bas Gedacht-
niss der Entschlafeuen (la Commémoration
des morts), gravé en partition pour le piano.
4° Le quatre-vingt-sixième psaume pour voix
solos, chœur et orchestre. 5" Deux symphonies
l)Our l'orchestre, la première en «ï mineur,
la seconde en ré. 6" Johannes der Taiifer
(S. Jean le baptiseur), oratorio. 7" Le roi de
Sion, opéra. 8» La fête de If'aJpurg. 9» Des
pièces caractéristiques et de salon pour le
piano. 10" Lieder et chants pour une et plu-
sieurs voix. 12° Livre choral pour le nouveau
livre de chant de Danlzick.
MAURWORT (JEAX-CiiRÉTiEr^) , direc-
teur du chœur au théâtre de Darmstadt, s'est
fait connaître comme écrivain sur la musique
par les ouvrages suivants : 1° Umriss einer
Gesainmt-Ton-Tf'issenschaft;wicaucheiner
Sprach iind Tonsa-tzlelire und einer Gesang,
Ton und Ilede vortraglehreinbesonders{V\3in
d'une théorie complète de la musi(|ue, etc.),
Darmstadt, C.-W. Liske, 1826, in-8» de
soixante-quatre pages. 2° Elementar- Unter-
richt fiir das Piano-Forte, etc. (Instruction
élémentaire pour le piano, etc.), Francfort-
sur-le-Mein (sans date), chez Fischer, in-4'' de
vingt-quatre pages de texte et de vingt-trois
planches d'exemples. M. Blarkworta fait aussi
insérer dans la Gazette musicale de Leipsick
(tom. XIX, pag. 517 et 533) un Essai sur la
manière d'indiquer par la notation l'expres-
sion musicale (Idem, pag. 5C9, 589, 605; et
tom. XX, pag. 273), sur la manière d'indiquei-
la valeur du temps musical; {idem, p. 461 ;
497 et 513), sur la léalilé du rhylhme et sur
son application à la poésie; dans le Musikal.
Hausfreund (ô"^ année, 1824, p. 13-22), pre-
mière introduction à la connaissance de la
musique.
MAIILE (Nicolas DE), est souvent indi-
qué dans les recueils de compositions du sei-
zième siècle par le simple prénom de Nicolas.
Il est vraisemblable <iue ce musicien n'est pas
connu par son véritable nom de famille, et
que De Marie est la désignation du lieu de sa
naissance {]\Jarle, petite ville du département
de l'Aisne, à quelques lieues de Laon). Quoi-
MAULE — MAUMONNIER
ÂO'J
(ju'il en soit, il est est certain qu'il vécut vers
le milieu du seizième siècle, et qu'il fut
mnîlre des enfants de chœur de l'église de
Noyon. On connaît de sa composition :
]" Missa ad imitationem moduli Panis quem
e^o (laho; auctore Nicolao de Marie ^ cum
qtiatuor vocibus , nunc pritmtm in Iticem
édita. ' iilelise, apud Adiianum Le Roi et Ro-
herluni Uallaid, 1559, in-fol.2v7/ma ad imi-
tationem moduli Je suis déshéiilée, anclore
elc, ibid. 1359, in-l'ol. max. 3» il/issa qua-
tuor vocum oui titulus 0 génie brnnetle. Pa-
risiis, ex typoyraphia Nicolai Duchemin,
15G8, in-fol. max. Le XF^ livre, contenant
trente chansons nouvelles à quatre parties,
imprimé par Pierre Altaingnant, à Paris, en
1544, en contient deux de De Marie. Le sep-
tième livre de chansons nouvellement com-
posées en musique à quatre parties (Paiis,
Adrian Le Roy et Robert Ballard, 153G, in-4")
renferme trois chansons par Nicolas D. M.
On en trouve aussi dans le XVII'= livre des
trente-cinq livres de chansons nouvelles à
quatre parties de divers auteurs, en deux vo-
lumes, imprimés par Pierre Atlaingnant, à
Paris, 1539-1549, in-4» obi. Enfin, un beau
recueil manuscrit de chansons françaises à
quatre voix , lequel a appartenu à la du-
chesse d'Orléans, mère du roi Louis-Phi-
lippe, contient onze chansons sous le nom de
Nicolas.
MARLIAIM (le comte AunÈLE), né en
Lombardie, d'une famille noble et opulente,
vers 1803, s'enrôla dans le carbonarisme, dis-
sipa sa fortune au service de son parti, et,
compromis par ses imprudences politiques,
fut obligé de se réfugier à Paris, en 1830.
Ayant reçu dans sa patrie une bonne éduca-
tien musicale, il trouva des ressources dans
l'enseignement du chant : c'est à ses leçons
<|ue Julie Grisi dût le perfectionnement de
son talent. Plus tard, la position du comte
niarliani s'améliora lorsnu'il fut nommé con-
sul général d'Espagne à Paris. Après la révo-
lution de février 1848, il retourna dans son
pays et prit les armes i)our son affranchisse-
ment. Son dévouement à la cause de l'Italie
lui fut fatal, car il fut tué sous les murs de
Kologne, au mois de juin 1849, pendant l'at-
l.Kjue de cette ville par l'armée autrichienne.
j\Iarliani s'est fait connaître comme comi)Osi-
leui- par Le Bravo, opéra en trois actes, re-
présenté au Théâtre-Italien de Paris, au mois
de janvier 1834, et qui fut ensuite représenté
à Vienne, en 1855, a Prague, à Gènes, à Na-
plcs et à Plaisance, en 183G. Le Marchand
forain, opéra en trois actes , dont Mailiani
avait composé la musi<|ue, fut joué sans succès
au théâtre de rOpéra-Coniii|uc, le 1'^^'' octobre
1854. La Xacarilla (danse espagnole), en un
acte, ouvrage écrit pour madame Stolz, fut
représenté avec succès au tliéâtre de l'Opéra
au mois d'octobre 1839. La musique écrite par
Marliani pour ce petit drame était élégante et
facile. Sous le titre de Lazarillo ^ cet opéra
fut bien accueilli à Vienui;, à Milan et à Ve-
nise. La «lernière production dramali(iue de
Marliani fut l'opéra sérieux Jldegonda, «lu'il
écrivit pour Florence, et i|ui fui reiirésenlé en
1841, au théâtre de la Pergola, et deux ans
après à la Scala de Milan. On a aussi de lui
des canzoni, des romances avec accomjjagne-
menl de piano, des pots-pourris pour cet in-
strument, à deux et à quatre mains, sur les
thèmes de la Xacarilla.
IWAULOW (IsAAc), écrivain anglais, vécut
à la lin du dix-seplième siècle. Il n'est connu
que par un pamphlet intitulé : Controversia
of Sinfjing brought to an end (Controverse
sur le chant arrivée à sa fin); Londres, 1G9G,
pelit in-8''. Cet écrit a été occasionné par une
discussion élevée à |>ropos d'une brochure ano-
nyme qui avait pour titre : On Singing (Sur
le chant); Londres, 1C9I, in-8». Un certain
Robert Sleed en fit une critique intitulée :
Epistle concerning Singing (Lettre concer-
nant le chant); Londres, 1G92. L'auteur de
l'ouvrage anonyme y répondit par un livre
<lont le litre est : ^ Replg to Mr. Robert
Steed's Epistle concerning Singing (Réplique
à la lettre de M. Sleed concernant le chanl);
Londres, 1692, in-8», qui donna lieu à un autre
écril intitulé : Answer to a late Book stiled a
Reply, elc. (Réponse à un livre récemment
publié et intitulé Réplique, etc.), Londres,
1G93, in-8». Plusieurs autres brochures sur
le même sujet se succédèrent pendant les
années suivantes. L'écrit de Marlow a pour
but de clore la discussion.
HAUHADUKE OVEREISD. Foyez
0VEI;EI\D (Marmadoke).
MAllMOIMMEll (A. -J.-M.), ecclésiastique
et chantre de la Collégiale de Vienne, en Dau-
phiné, a publié, sous le voile de l'anonyme,
un livre qui a pour litre : Manuel du Chantre
viennois, ou méthode universelle de chant,
appliquée particulièrement au chant vien-
nois, et qui peut également servir à toutes
les églises; Lyon, Rusand, 1833, un vol. gr.
in-12, de trois cent trente-deux pages. Ce livre
est divisé en leçons, dont chacune a un objet
spécial.
460
MARMOiNTEL — MARNEF
MAIXMONTEL (Jean-François), litléra^
(eiip qui a joui de beaucoup de célébrité,
naquit le 11 jiiillet 1723, à Bort, petite ville
du Limousin, et mourut d'apoplexie à Abbe-
ville, le 31 décembre 1799. Nommé membre
de l'Académie française, en 1763, il y succéda
à d'Alerabert,en 1783, dans la place de secré-
taire perpétuel. Dans la querelle des giuckistes
et des piccinnisles, Marmontel s'enrôla sous
la bannière de ceux-ci, et fournit à Piccinni
trois opéras {Roland, de Quinault, refait,
Didon, et Pénélope), que ce grand compositeur
mil en musique. Déjà Marmontel s'était dé-
claré en faveur du musicien italien et contre
Gluck dans une brochure publiée en 1777,
sous le titre d'Essai sur les révolutions de la
musique en France (Paris, in-4''). Celte espèce
de déclaration de guerre lui valut une attaque
directe de la part de Gluck, dans une lettre de
l'année littéraire, en 1778, une multitude de
critiques dans les écrits polémiques de Suard,
et beaucoup d'épigrammes de l'abbé Arnaud.
Il n'y fut point insensible; pour se venger, il
composa un poëme en douze chants, intitulé :
Polymnie, où il prend la défense de Piccinni
contre les admirateurs du musicien allemand,
et dans lequel la satire n'est point épargnée.
Ce poëme, où l'on trouve plus de force que
dans les autres ouvrages en vers de Mar-
montel, n'était connu que par de longs frag-
ments lorsqu'il fut publié en entier, en 1819,
in-8°; mais pres(|ue toute l'édition fuî aussitôt
supprimée sur ! ' demande de M. Marmontel
fils.
Marmontel fut le premier qui procura à
Grétry l'occasion de se faire connaître parle
petit opéra h Huron, et successivement il
donna avec lui Lucile, le Sylvain, Zemireet
u4zor, l'Ami de la maison, la fausse Magie
et Céphale et Procris. Malgré les succès que
lui valut la musique deGrélry, à dater de 1775
il y eut du refroidissement entre l'homme de
lettres et le musicien. Marmontel attaque le
célèbre compositeur en plusieu'-s endroits de
ses Mémoires; il semble être persuadé de la
supériorité de ses canevas sur la musique; peu
s'en faut même qu'il n'accuse celle-ci d'avoir
gâté 5a poésie! le pauvre homme !
MARMOx'M'EL (Antoine-François), né à
Clermonl-Ferrand (Puy-de-Dôme), le 18 jan-
vierlSlG, fut admis au ConservatoiredeParis,
le 31 mai 1827, dans la classe de solfège de
M. Lanncau, et entra dans la classe de piano
deZimmerman. En 1828, il obtint le premier
prix de solfège; dans l'année 1830, le deuxième
prix de piano lui fut décerné au concours : il
obtint le premier prix en 1832; le deuxième
prix d'harmonie et d'accompagnement pra-
tique lui fut également décerné dans la même
année, et, devenu élève d'Halévy, il eut le
second prix de contrepoint et de fugue en
1853. Dans le même temps, il suivait le cours
de composition de Lesueur; mais il s'en retira
en 1837, pour se livrer exclusivement à l'en-
seignement du piano. Après avoir rempli,
pendant un an, les fonctions de professeur de
solfège, M. Marmontel succéda à son maître,
Zimmerman, dans la place de professeur de
piano, à laquelle il fut appelé le 13 octobre
1848. Déjà il avait remplacé Henri Herz, pen-
dant le voyage de celui-ci en Amérique, depuis
1846. M. Marmontel est depuis plus de quinze
ans un des professeurs les plus recherchés
pour le piano. Le nombre de ses élèves est
immense. Parmi ceux qu'il a formés au Con-
servaloire, on remarque Joseph Wieniawski,
Thurner, Jules Cohen, Deschamps, Bizet,
Ghys, Diesner et Planté. Environ cinquante
œuvres de musique de piano, composés par
cet artiste, ont été publiés. On y compte
quinze morceaux faciles, sans numéros d'oeu-
vres, Quarante mélodies, des romances, des
duetlinos , quatre livres d'études pour divers
degrés de dilTicullé (Paris, Gius), une sonale
pour piano seul, des nocturnes, romances sans
paroles, polonaises, valses et marches.
MAIVINEF (Godefroid), imprimeur de
Paris, au commencement du seizième siècle,
est un des plus anciens Iyi)ographes français
qui ont imprimé du plain-chant en caractères
mobiles, avec les signes des ligatures. Un des
premiers ouvrages concernant la musique,
sorti de ses presses, est la troisième édition du
traité de Guerson (voyezce nom) intitulé : Uti-
lissimx musicales régule^ plant cantus, etc.;
il le publia en 1513, in-4". Ses caractères sont
les mêmes que ceux dont François Regnault
s'était servi, en 1509, pour la deuxième édition,
et dont Jehan Petit, autre imprimeur de Paris,
avait fait usage, en 1508, pour VEncIdridion
rnusices de Nicolas Wollic. A l'égard de la
première édition du livre de Guerson, publiée
sans date par Michel Tolose, tous les exemples
de plain-chant y sont en planches gravées sur
bois ; ce qui prouve que les caractères mobiles
parisiens ont été gravés et fondus peu de
temps avant 1308. Jérôme et Denis Marnef,
fils de Godefroid, succédèrent à leur père, et
imprimèrent, en 1530, une nouvelle édition
des Utilissimx musicales régula plant
cantuSf qui parait avoir été la dernière de ce
livre.
MARONCELLI — MARPURG
•461
]>ï\RO]\CELLI (Pierre), littérateur ita-
lien de l'époque actuelle, né vers 1796, a été
inculpé par le gouvernement autrichien pour
des écrits politiques, et mis dans une forte-
resse avec Silvio Pellico. Dans son cachot, une
de ses jambes se gonfla, et le mal devint si
considérable qu'on fut obligé de lui en faire
faire l'amputation par un barbier de village.
Sorti de prison, il s'est rendu à Paris où il a
donné des soins à de nouvelles éditions de
quelques classiques italiens. Il a fait imprimer
dans les f'ite e Ritratti d'illustri Italiani
(Milan, Bettoni, 1819), une notice sur la vie
d'Arcangelo Corelli.
MAllOIMI (Jean), maître de chapelle de
l'église cathédrale de Lodi, où il vivait encore
en 1620, naquit à Ferrare, dans la seconde
moitié du seizième siècle. Il avait été long-
temps maître de chapelle à l'église cathé-
drale de cette ville.- Il a laissé en manuscrit
beaucoup de messes, de motets , de madri-
gaux, etc.
MAROTHI (Georges), né à Debreczin, en
Hongrie, le 11 février 1715, fit ses éludes à
Berne, à Bâle et à Groningue, puis retourna
dans son pays, où il enseigna les langues
grecque et latine, la géographie, la géométrie
et la musique. Il a traduit les psaumes en
langue hongroise, les a mis en musique, et les
a publiés en 1751 . Il est mort à Debreczin, le
16 octobre 1753.
MAROTïA (Érasme), né àRadunazzo, en
Sicile, vers la fin du seizième siècle, entra
dans la société des jésuites en 1612, fut rec-
teur du collège de Messine, et mourut à Pa-
lerme, le 6 octobre 1641. Il a publié des re-
cueils de motets à plusieurs voix, àPalerme, et
a composé, en 1630, la musique de VAminle,
pastorale du Tasse.
MARPALU. On trouve sous ce nom deux
bonnes dissertations intitulées ; Traités de
l'harmonie et de ceux qui l'ont inventée,
desonuiage et de ses effets, dans le Mercure
galant , smUet 1680, t. XI, p, 240-275;
octobre 1680, t. Xft, p. 56-76 et 312-350.
MARPURG (Frédéric-Guillaume), célè-
bre écrivain sur la musique, naciuit à Seehau-
sen, dans la Vieille-Marche de Brandebourg, en
1718. Peu de circonstances de sa vie sont con-
nues ; on sait seulement (iu'a|)rès avoir fait de
bonnes éludes, non-seulement dans les lan-
gues anciennes et modernes, mais aussi dans
les mathématiques et la musique, il fit, en
1746, un veyage de quelques mois à Paris;
(ju'ily connul Rameau, dont il étudia le sys-
lùme de la basse l'ondamentalc ; que de retour
à Berlin, il fut quelque lemjts secrélaired'ua
ministre, puis résida à Hambourg, et enfin
retourna à Berlin, où il fut nommé directeur
de ta loterie et eut le titre de conseiller du roi
de Prusse. Depuis lors sa vie fut sans événe-
ments, et quarante années d'une existence
paisible lui permirent de composer et de pu-
blier un grand nombre d'ouvrages sur la
théorie et la littérature de la musique. Le ti-
rage de la loterie était la seule chose qui, pé-
riodiquement, rompait la monotonie de ses
habitudes; il y prenait un vif inlérêt. En
1793, Gerber le vit à Berlin et le trouva un
jour fort triste, parce que Tadministration de
la loterie avait éprouvé une perte considérable
dans le tirage fait le malin. C'était d'ailleurs
un vieillard rempli de bonhomie et de gaieté.
II était fort gros, mangeait beaucoup et buvait
de même. De son mariage, il avait eu un fils
et une fille qui, tous deux, cultivèrent la mu-
sique avec succès. Il mourut à Berlin, le
22 mai 1795, à l'âge de soixante-dix-sept
ans. •
Marpurg jouit en Allemagne de la réputa-
tion d'un savant théoricien el d'un critique de
premier ordre : il la mérile à beaucoup
d'égai'ds, quoique dans la didactique il ail
manqué quelquefois de netteté dans les idées
et d'ordre dans la classification des faits.
C'est surtout dans ses ouvrages critiques qu'il
s'est montré supérieur à tous ses contempo-
rains en Allemagne : il y fait preuve d'une
instruction très-variée. La multiplicité des
écrits qu'il publia dans l'espace d'environ
vingt-cincj ans prouve une prodigieuse activité
dans ses travaux : les vingt dernières années
de sa vie furent beaucoup moins laborieuses,
Parmi ses traités didactiques de musique, on
remarque les suivants : 1» Die Kunst dus Kla-
vier zu spielen (l'Art déjouer du clavecin);
Berlin, 1750, in-4'', première partie. Une
deuxième partie a paru dans la même ville,
en 1751, in-4". Toutes les deux sont anonymes
et ont seulement pour indication l'auteur du
Musicien critiqxiede la Sprée. Il y a eu plu-
sieurs édilions de cet ouvrage : la deuxième
est indi(iuée par Gerber, Lichtenihal et
M. Becker comme ayant paru en 1751, in-4''.
La troisième porte la date de 1760; la qua-
trième, augmentée et corrigée, est de 1762.
Toutes ont paru à Berlin et sont dans le for-
mat in-4". Dans la première partie on trouve
l'application des principes de la musique au
clavier, et des règles de doigter pour les deux
mains. La deuxième itarlie est un traité d'har-
• monie pralinue et d'accomi>agncment du cla-
462
MARPURG
vecin. 2» Jnleitung zum Clavierspielen, der
schcenen Ausiihung der heutigenZeit gemass
enticorten (Instruction pour jouer du cla-
vecin, etc.); Berlin, 1755, in^" de soixanle-
dix-huil pages et dix-huit planches d'exemples.
Une deuxième édition améliorée a été publiée
en 1765 à Berlin. Forkel a cru que la deuxième
partie de l'ouvrage précédent appartenait à
celui-ci : c'est une erreur. Yi'Anleitung zum
Clavierspielen est un traité spécial de l'art de
jouer du clavecin, considéré dans la partie
élevée et philosophique de cet art, tandis que
le premier ouvrage est purement élémentaire.
Marpurg a donné lui-même une traduction
française de son livre, sous ce titre : Prin-
cipes de clavecin, avec vingt planches; Ber-
lin, 175G, in 4". Il a été publié à Paris une
autre édition de cette traduction ; elle est inli-
lulée : l'y^rt de toucher le clavecin selon la
manière perfectionnée des modernes; divisé
en deux parties : la première contenant dif-
férents exemples pour le doigter du clavecin ;
la seconde, douze leçons pour l'exercice des
deux mains; Paris, Naderman, in-fol. obi.,
gravé (sans date). Lustig (voyez ce nom), a
fait aussi une traduction hollandaise de ce
livre, avec de bonnes notes. L'ouvrage de
Marpurg contient d'excellentes obseivations
générales; il devrait êtie plus connu des
maîtres, qui y puiseraient des principes fé-
conds pour une bonne méthode d'enseigne-
ment. 3° Handbuch von dem Generalbasse
und der Composition mit 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8
und mehrer Stimmen, nebst einem vorlaiif-
fîgen kurzen Begriff der Lehre vom General-
basse fiir Anf^nger {Manue] de la basse con-
tinue et de la composition, à 2, 3, 4, 5, 6, 7,
8 et un plus grand nombre de voix, avec une
idée abrégée de la science de la basse con-
tinue pour les commençants); Berlin, 17S5,
in-4°de soixante-dix pages, avec huit planches
d'exemples. Ce premierjet d'un grand travail de
Marpurg concernant l'harmonie fut réimprimé
l'année suivante à Berlin, comme première
partie du grand manuel, dont la deuxième
partie fut publiée en 1757, et la troisième et
dernière en 1758. Un supplément aux trois
parties a paru ensuite sous ce litre : Anhung
zum Handbuche bey dem Generalbasse und
der Composition; Berlin, 1760, 10-4". Le
nombre total des pages des trois parties et du
supplément est de trois cent quarante et une,
et celui des planches j trente -sept. Une
deuxième édition de tout* l'ouvrage, aug-
mentée en quel(|ues parties, mais où Marpurg
a supprimé l'idée abrégée de la basse con-
tinue, qui formait onze pages dans la pre-
mière édition, a été publiée à Berlin en 1762,
in-4". Une traduction française de ce livre a
été placéedans la deuxième partieduiV^ouveaM
Jflanuel complet de musique vocale et instru-
mentale de Choron et Ad. de Lafage (Paris,
1836-1838). On a aussi traduit en langue sué-
doise l'introduction de la première édition ;
cette traduction a pour titre : Kort begrep
oni Generalbassen ; Stockholm, 1782, in-4",
avec deux planches. Le système d'harmonie
de Marpurg, sous le rapport de la génération
des accords, est une modification de celui de
Rameau : j'en ai indiqué les inconvénients
dans un article critique de la Gazette mws/-
cale de Paris (sixième année, 1839, n" 20). Je
ne répéterai point ici ce que j'en ai dit; on
pourra consulter cet article où les considéra-
lions de théorie sont développées. 4° Abhand-
lung von der fuge nach den Grimdsxtzen
und Exempeln der besten deutschen und
auslxndischen Meister entworfen (Traité de
la fugue, rédigé d'après les principes et les
exemples de meilleurs maîtres allemands et
étrangers), première partie, Berlin, 1753;
deuxième partie, ibid., 1754, in-4", avec cent
vingt-deux i)lanches d'exemples. Unedeuxièmc
édition de cet ouvrage a été publiée à Leip-
sick, chez A. Kuhnel, en 1806, un volume, gr.
in-4'' de texte et un volume in-folio oblong de
planches. Marpurg a donné lui-même une tra-
duction française de son livre, sous ce titre :
Traité de la fugue et du contrepoint, divisé
en deux parties, accompagné de cent vingt-
deux planches; Berlin, 1756, in-4o. Cette
traduction a été réimprimée à Paris, chez Im-
bault (sans date), in-fol. Choron l'a ensuite
insérée dans ses Principes de composition
des écoles d'Italie (Paris, 1808), en interca-
lant les exemples dans le texte; avantage qui
rend cette édition préférable aux autres. Pos-
térieurement, le même savant a donné |)lace à
cet ouvrage dans son Nouveau Manuel de
musique vocale et instrupientale. Marpurg a
particulièrement traité de la fugue, de l'imi-
tation, des canons et du contrepoint dans le
style instrumental. Il y a de bonnes observa-
tions de détail dans son livre, mais il n'a pas
connu les vrais principes de l'imitation cano-
nique, ni des deux parties les plus impor-
tantes de la fugue, qui sont : le sujet et la ré-
ponse. Les objets sont d'ailleurs disposés dans
son livre en sens inverse de l'ordre naturel,
car il ne traite des contrepoints doubles
qu'après la fugue, dont les contre-sujets ne
peuvent être établis que d'a|)rès le contrepoint
MARPIJRG
463
double à l'oclave, et il place les canons après
les conlrepoinls doubles, quoique ce genre de
composition appartienne naturellement aux
contre()oinls non susceptibles de renverse-
ment. Choron, qui n'avait pas aperçu ce dé-
faut radical d'ordre, l'a maintenu dans ses
Principes de composition; mais il l'a corrigé,
d'après mon Traité du contrepoint et de la
fugue, dans son Nouveau jVaniiel. 5° Anlei-
tung zur Singcomposilion (Introduction à la
comi)osilion du chant); Berlin, 1758, in-4"de
deux cent six pages. Excellent ouvrage, su-
périeur à tout ce que l'on a fait sur le même
sujet, et qui n'a pas en le succès qu'il méri-
tait. G" Jnleitung zur Musilc iiberltaupt und
zur Singkunst bezonders , mit Uebungs
£xempeln erlxutert vnd den beriilimten
Herren DIusikdirecloren und Cantoren
Deutschlands zugeignet (Introduction à la
musique en général, et à l'art du chant en
particulier, etc ) j Berlin, 1763, in-8" de cent
soixante et onze pages. Cet ouvrage est divisé en
trois parties dont la première traite des prin-
cipes de l'art du chant; la seconde, des élé-
ments de la musique, et la troisième renferme
des exercices pour une, deux, trois et quatre
voix. 7" Anfangsgriinde der theoretischen
Musilc (Éléments de la musique théorique);
Leipsick, Breitkopf, 1757, in-4° de cent
soixante-seize pages. Cet ouvrage contient la
théorie mathématique de la musique et traite
du calcul des intervalles et du tem|)érament.
8" Anfangsgriinde der progressiotial figur-
lichen Zifferkulkuls (Éléments du calcul des
progressions arithmétique et géométrique ap-
plicables à la théorie de la musique); Berlin,
1774, gr. in-8° avec quarante-quatre [ilanchcs
gravées. 9» rersuch iiber die musikalische
Temperatur, nebst einem Jnhang iiber den
Rameau-und Kirnbergerschen Grundbass ,
und vier Tabellen (Essai sur le tempérament
musical, suivi (l'un supplément sur la basse
fondamentale de Rameau et de Rirnberger,
avec quatre planches); Breslau, 1776, in-8"de
trois cent dix-neuf pages. Cet ouvrage n'est
pas, comme on pourrait le croire, un rema-
niemenldu précédent. La manière y est traitée
d'une manière plus générale et plus philoso-
phi(|ue. 10» Neue Méthode, allerlei Arten
vom Temperaturen dem Claviers aus be-
quemste mitzutheilen, etc. (Nouvelle méthode
l)our concilier les divers systèmes de temi)éra-
ment dans l'accord du clavecin); Berlin, 1779,
in-40 de quatre cents pages. Une deuxième
édition de cette méthode, purement pratique,
a été publiée à Berlin, en 1790, in^".
Ouvrages iiiSToniQtiEs i:t cniTiQiiF.s. 1 1» A>< -
lische Einleitung in die Geschichte und
Lehrsxtze der alten und neuen Dhisik (Intro-
duction crititiue à l'histoire et à la connais-
sance de la musique ancienne et moderne);
Berlin, 1759, in-4<'dedeux cenl(iuarante-six
pages, non compris la préface et la table, avec
huit planches. Ce livre a pour objet principal
d'examiner la question : Si les Giecs ont
connu l'harmonie. Marpuig y a fait preuve
«l'érudiiion et de saine critique, \2° Légende
einiger fllusikheiligen. Ein Nachtrag zu den
musikalischen Almanachen und Taschen-
biichernjetzigerZeit von Simon Metaphras-
tes denjiingern (Légendes de quelques saints.
Suite aux almanachs musicaux et aux livres
de poche de l'époqire actuelle, par Simon Mé-
taphrastes le jeune); Cologne, Pierre Ham-
mer, 178G, in-S" de trois cent trente et une
pages, avec deux planches de musique. Ce
livre, qui n'a point de nom d'auteur, est
attribué à Marpurg. On y trouve un grand
nombre d'anecdotes sur des musiciens célè-
bres, lô" Der krilische 3Itisikus an der
Spree (Le Musicien critique de la S|>rée)}
Berlin, 1750, in-4'' de quatre cent six pages
avec cinq planches. Cet écrit est le premier
journal de musique publié par Marpurg. IF
lui a donné le nom de Musicien critique de
la Sprée pour le distinguer du Krilischer
Musicus, autre journal critique de musique
publié par Scheibe (voyez ce nom), à Ham-
bourg, douze ans auparavant. L'écrit de Mar-
purg a paru sous la forme d'une publication
hebdomadaire, en cinquante numéros d'une
feuille. Marpurgfutatlaqtié, à l'occasion de cet
écrit, i)ar un musicien de Berlin qui se cacha
sous le pseudonyme de Flavio Jnicio Olibrio
(voyez ce nom). Il répondit avec plus d'hu-
meur que d'esprit à cette atla(|ue, dans les
numéros 4, 5 et suivants du Musicien cri'
tique; mais ses réponses lui attirèrent de»
censures plus sévèies, dans un autre écrit
signé du même pseudonyme. Il parut aussi
une criti<iue de la prédilection manifestée par
Marpurg pour la musique française, dans le
numéro 37 des Freye Urtheile und Nach-
richten (12 mai 1750) de Hambourg ; mais un
musicien anonyme de Ilalberstadt prit l.i
défense de Marpurg, dans un écrit intitulé :
Gedanken iiber die IFelschen Tonkunsller
(Idées sur les musiciens Welches);llalber»ta(ll,
1751, in-4» de vingt-trois pages. XA" Hisln-
risch-krilische-Begtrxge zur aufnahmc der
Musik (Notices histori(|ucs et ciiiiques pour
servir au progrès de la musiiiue); Berlin,
464
MAUPURG — MARQUE
1754-1762, cinq volumes in-8°, composés
chacun de six numéros de plusieurs feuilles,
publiés à des é|)oques irrégulières. Ces deux
recueils renferment des recherches curieuses
sur plusieurs points historiques, et de très-
bonnes critiques de divers ouvrages relatifs
à la musique. 15° Kritische Briefe iiber die
Tonkunst , mit kleinen Clamerstucken und
Singoden begleitet von musikalischer Gesell-
schaft in Berlin (Lettres critiques sur la
musique, etc.); Berlin, 1759-1764, deux vo-
lumes in-4". Chaque volume est divisé en
quatre parties, et chaque partie renferme
seize numéros d'une feuille d'impression, qui
paraissaient chaque semaine. Ces lettres, dont
la publication commença le 23 juin 1759 et
finit le 15 janvier 1765, renferment une mul-
titude de renseignements et d'intéressantes
discussions sur toutes les parties de la musique
considérée comme art et comme science.
Quelques-unes sont adressées à des musiciens
célèbres, tels que Ch.-Ph. Emmanuel Bach,
son frère Friedmann, Kirnberger, Riepel,
Agricola et d'autres.
Marpurg eut une discussion sur la théorie
(le l'harmonie exposée par Sorge (vmjfz
ce nom) dans son Compenditim lui mo-
nicum. Dans cet ouvrage, Sorge avait lait
une critique de quelques principes du savant
musicien de Berlin; Marpurg se vengea en
faisant réimprimer l'ouvrage de son adver-
saire avec de savantes remarques, où l'amé-
nité de son caractère s'est un peu démentie.
L'ouvrage a pour titre : 16® Herrn Georg. An-
dréas Sorgens Anleitung zum Generalbass
und zur Composition jyitAnmerkungen,etc.
(Instruction sur l'harmonie et la composition
de M. Georges-André Sorge, avec des remar-
ques, etc.); l'épigraphe du livre est celle-ci :
f^ous l'avez voulti^ George Dandin , vous
l'avez voulu; Berlin, Lange, 1760, in-4'> de
cent cinquante deux pages. Marpurg revint
encore plus tard sur cette discussion dans le
cinquième volume de ses notices historiques
(p. 131-202, 265-285) (voyez Sorge). On doit
à ce savant une traduction allemande des Élé-
ments de musique de d'Alembert, intitulée :
Systematische Einleitung in der musika-
lische Setzkunst nach des Lehrsxtzen des
Herrn Rameau. Mit Anmerkungen , etc.,
Leipsick, Breitkopf, 1757, in-4" de cent
trente-six pages. Les remarques du traduc-
teur commencent à la page 119. Lorsque
Gerber visita Marpurg à Berlin, en 1795,
celui-ci était occupé de la rédaction d'une
histoire de l'orgue, que la mort ne lui a pas
permis d'achever. Sa veuve envoya à l'auteur
du Lexique des musiciens tous ses papiers et
les dessins relatifs à cet ouvrage. Ils appar-
tiennent maintenant à la Société impériale de
Vienne pour les progrès de la musique.
Comme compositeur ou comme éditeur,
Marpurg a publié : 1° Kyrie cum Gloria,
Sanctiis et Agnus, quatuor vocum. violinis,
violisetorgano, in partitura ; Berlin, 1758,
in^». 2° Neue Lieder zum Singen beym
Clavier (Nouvelles chansons avec clavecin);
Berlin, 1756, in-4''. ô"Geistliche, moralische
und wellliche Oden, mit Klavier (Odes spiri-
tuelles, morales et mondaines avec accom[)a-
gnement de clavecin); Berlin, 1758, petit
in-fol. On en connaît cinq recueils sous son
nom. 4" Sei sonate per il cembalo:i Nurem-
berg, 1756. 5" Klavierstiike fiir Anfxnger
und Geiibtere mit einem practischen Unlvr-
richt (Pièces de clavecin pour les commen-
çants et les élèves plus instruits, avec une
instruction pratique), trois suites; Berlin,
1762. 6° Fughe e capricci per il clavicembalo
e per l'organo; Berlin, 1777. 7° Raccolta
délie pm nuove composizionidi clavicembalo
per Vanno 1756; e Raccolta 2" per ianno
1757; Nuremberg. Marpurg n'est que l'éditeur
de ce dernier ouvrage, ainsi que d'un recueil
de fugues de Graun, de Kirnberger, et d'an-
tres savants musiciens allemands ; ce recueil a
pour titre : Fugen Sammlung , etc., première
partie; Berlin, 1758. Il en avait promis la
suite avec l'analyse : mais rien de tout cela
n'a paru.
Le portrait de Marpurg se trouve au com-
mencement de son Introduction critique à
l'histoire de la musique, et en tète de la neu-
vième année de la Gazette musicale de Leip-
sick.
MARQUE (Chahlus- Auguste), d'abord
amateur, puis professeur de musique à Paris,
naquit à Amiens en 1773. Il y vivait encore en
1827, mais il est mort peu de temps après. Il
s'est fait connaître par quelques jolies ro-
mances, parmi lesquelles on remarque L'Ab-
sence, l'Origine de la troisième Grâce,
Malvina, et la chansonnetteZ-'oiVd le plaisir,
mesdames. Tous ces morceaux ont été gravés
chez Naderman.
MAKQÏJE (Pierre), violoniste et compo-
siteur de musi(|ue de danse, est né à Paris,
le 26 janvier 1781 . Fils d'un amateur de mu-
siciue <iui jouissait d'une certaine aisance,
mais qui fut ruiné par les suites de la révolu-
tion de 1789, le petit Marque commença l'élude
du violon à l'âge de trois ans; à cin<( ans, il
MARQUE — MARSALO
465
jouait déjà de petils morceaux avec une jus-
tesse d'intonation qui causait autant d'éton-
nement que de plaisir aux témoins de son
habileté précoce. En 1789, le chevalier de
Saint-Georges l'entendit à Versailles et i'ut si
charmé par l'organisation de cet enfant, qu'il
offrit à son père de l'adopter comme son
propre fils et lui promit d'en faire un artiste
de talent. Cette proposition fut rejetée, ce qui,
toutefois, n'empêcha pas que Saint Georges
n'entreprit l'éducation musicale de Pierre
Marque. Engagé dans des intrigues politiques
en 1791, et forcé de s'éloigner momentané-
ment de Paris, il confia son élève aux soins
de Navoigille (vorjez ce nom), qui lui donna
des leçons jusqu'à la fin de 1792. Dans l'année
suivante, Pierre Marque fut admis, par une
protection spéciale, dans VEcole des enfants
des défenseurs de la patrie, quoique son père
n'eût jamais été militaire. Quelques mois
après, l'école fut transférée à Liancourt, dans
le château du duc de Larochefoucault. Marque
y tomba dangereusement malade, et l'on fut
obligé de l'envoyer à l'hospice de Beauvais,
où il se rétablit. Rentré à l'école de Lian-
court, il y eut une rechute et obtint un congé
pour retourner à Paris près de sa famille. Il
retrouva dans celle ville son ancien maitre
Navoigille qui, connaissant la détresse des
parents de son élève, et considérant la difii-
cuilé de lui procurer alors une occupation
lucrative pour son talent, lui donna le conseil
de cultiver la musique de danse. Cet avis,
adopté par le jeune artiste, eut des résultats
avantageux. Marque put alors venir au secours
de sa famille. A vingt-deux ans, il était re-
cherché comme chef d'orchestre de bal, et les
recueils de contredanses qu'il publiait obte-
naient des succès de vogue. Sous l'empire,
il eut un rival dangereux dans Julien Clar-
chies; mais la restauration lui fut favorable,
à cause de ses opinions royalistes bien con-
nues, et l'aristocratie de cette époque accorda
presque toujours la préférence à Pierre
Marque pour la direction de ses bals. Cepen-
dant la danse n'avait pas fait perdre à cet
artiste le goût de la musique sérieuse : il
avait une passion véritable pour les quatuors
et quintettes de Boccherini, dans lesquels il
faisait sa partie avec talent. Il a publié des
duos pour violon et alto, et des études remar-
quables pour ce- dernier instrument, dont il
jouait avec sentiment et délicatesse. En 1832,
Musard, qui estimait Pierre Marque, l'attacha
aux concerts des Champs-Elysées fondés pai'
Masson de Puyneuf, en <iualité de chef des sc-
BlOCn. U.MV. DES MUSICIENS. T. V.
conds violons. Retiré de la vie active depuis
1848, il a joui depuis lors d'un repos et d'une
indépendance acquis dans une carrière labo-
rieuse et par des habitudes d'économie. Au
moment où cette notice estécrite (1861), il est
âgé de quatre-vingts ans. On a publié de sa
composition environ vingt-cinq recueils de
contredanses pour l'orchestre, en quatuor et
pour le piano.
MAIIQUET (François- Nicolas), médecin
et botaniste, né à Nancy en 1687, termina sa
carrière à l'âge de soixante-douze ans, le
29 mai 1759. On a de lui un ouvrage plus cu-
rieux qu'instructif, sous le litre de Méthode
pour apprendre , par les notes de la musique,
à connaître le pouls de l'homme, et les chan-
gements qui lui arrivent, depuis sa nais-
sance jusqu'à sa mort ; in-4", Nancy, 1747.
Buchoz, gendre de Marquel, a donné une nou-
velle édition de ce livre; Paris, 1808, in-12.
MAI\QUEZ(AktoineLESBIO), maître de
chapelle du roi de Portugal, naquit à Lis-
bonne vers 1660. Littérateur instruit, poêle et
musicien savant, il obtint, en 1698, la place
de maître de la chapelle royale, et mourut le
l»''' novembre 1709. Un seul ouvrage de sa
com|)osition a été imprimé; il a pour litre:
filhancicos que se cantaraô ne Jgreja de
N. Senhore de Nazareth das religiosos des-
calças de S. Bernardo em as Matinas e Festa
do glorioso S. Gonçala (Vilhancicos qui ont
été chantés à l'église Jésus de Nazareth des
religieux déchaussés de Sain^Bernard, aux
matines de la fête du glorieux saint Gonsalve) ;
Lisbonne, 31ichel Manescal, 1708, in-4'>. On
conservait autrefois dans la Bibliothèque
royale de Lisbonne des messes, Magnificat,
Miserere, répons, etc., en manuscrit, com-
posés par Marquez. Ces productions jouissaient
de beaucoup d'estime.
MARS (J. DE), organiste à l'église cathé-
drale de Vannes , connu sous le nom de
MARS LE CADET, était célèbre vers 1730
par son habileté à jouer de l'orgue et du cla-
vecin. On a de lui un livre de pièces d'orgue,
gravé à Paris, en 1747. Sa fille, Henriette-
Louise de Mars, était fort habile surleclavecin;
elle a publié, en 1752, à l'âge de quinze ans,
deux cantalilles qui ont eu de la vogue.
MARSALO (Pierre-Marie), compositeur
sicilien, vécut dans les dernières années du
seizième siècle et au commencement du dix-
septième. Il est auteur de quatre livres de ma-
drigaux à cinq voix qui ont été publiés à Ve-
nise, chez Vincenti. Le quatrième livre a paru
en 1609, chez cet éditeur.
30
466
MARSAND — MARSCHNER
IHARSAIND (le P. Anselme), religieux
bénédiclin au monastère de Sainl-Michel, à
Miirano, près de Venise, naquit en 1769, dans
celle ville, où son père était banquier. Elève
de Furnaletlo, il acquit sous la direction de ce
maître une profonde connaissance du contre-
point, et fut un des plus savants musiciens de
l'école vénitienne, dans les derniers temps de
la musique classique. En 1828, il succéda à
Antoine Calegari dans la place de maître de
chapelle de Saint-Antoine, à Padoue. Il est
mort dans celte situation, le 4 janvier 1841.
Le P. Marsand s'est fait connaître i)ar un
grand nombre de comi)Ositions pour l'église,
parmi lesquelles on remarque des psaumes,
des messes, des hymnes, des motets et des
pièces d'orgue, outre beaucoup de morceaux
détachés à deux, trois ou quatre voix, avec
instruments ou sans accompagnement, soit
pour la chambre, soit pour des circonstances
particulières. On m'a dit à Venise, en 1830,
que le nombre des ouvrages de ce maître est
de plus de six cents. Il en écrivit quarante
pendant l'exercice de ses fonctions à l'église
du Saint {il Santo), à Padoue. Ce fut le
P. Marsand qu'on chargea d'écrire le f^eni
Creator à quatre voix, pour l'élection du pa])e
Pie VII. On lui demanda aussi un Te Deum
qui fut chanté dans l'église Saint-Grégoire, à
Rome, à l'occasion de l'élection du pape Gré-
goire XVI. Parmi ses messes, on en distingue
une solennelle qu'il a écrite pour l'église
Saint-Michel, de Mnrano, et deux autres, la
première à quatre voix, l'autre à six, en deux
cîiœurs, composée pour l'église de S.-Ge-
miniano, de Venise, dont il fut maître de
chapelle pendant plusieurs années. On n'a
publié de ce maître que le psaume ExaUabo
fe Z>om«/ie en double canon, qui a paru à la
lithographie musicale de Barozzi, à Venise, et
(|ui a été l'objet de critiques assez dures dans
la Cicala, de Venise (1838), et dans le Fi-
fjaro, de Milan, dans la même année. Les au-
teurs de ces critiques étaient les professeurs
(le musique Pascal Negri et Pierre Tonazzi.
Marsand répondit par un article inséré dans la
Gazette privilégiée de Fenise; mais, ainsi
qu'il était facile de le prévoir, celte réponse
lui attira de nouvelles attaques. Il a réuni
toutes les critiques, ainsi que ses réponses,
dans une brochure qui a pour titre : Marsand
sopra gli articoli nei n. A ed \\ délia Cicala,
di Fenezia, e 70 del Figaro, di I\lilano, nel
corrente 1838, usciti conlro il suo salmo a
doppio canone Exaltabo (e Domine. CoW ag-
(jiunta d'un saggio dei comment» che si po-
trebbero fare agli articoli stessi, compilato
da alcuni teorico-pratici amutori délia ve-
rità ; Venise, Andreola , 1838, iu-8" de
soixante et une pages. Le P. Marsand a cor-
rigé les épreuves de la grande édition des
psaumes de Marcello, publiée à Venise, en
1803, chez Sébastien Valle, en huit volumes
in-fol.
MARSCHALL (Samuel), né à Tournay,
dans le Hainaut, en 1537, fut en dernier lieu
notaire, musicien de l'Université de Baie, cl
organiste de celle ville, où il vivait encore
en 1627, à l'âge de soixante-dix ans. Né dans
l'église calholique, il avait abjuré sa foi el
s'était fait protestant. On connaît de sa com-
position : \° Ber gatitze Psaller //. Jinhrosii
Lohwassers mit 4 Stimmen (Tout le psautier
de Lobwasser, à quatre voix); Leipsick, 1394;
Bâie, 1608, in-12. 2" Psalmen Davids , Kir-
chengesang und geistliche Lieder vom Dr.
M. Lulhers , etc., mit 4 Stimmen; Bàle,
Kœnig, 1606, in-12.
Balduanus cite aussi Marschall {Biblioth.
philosoph., p. 181) comme auteur d'un traité
élémentaire de musique, intitulé : Porta mu-
sices , das ist Einfuhrung zii der edlen
Kunst Musica, mit einem kurtzen Bericht
undAnleilungzuderviolen, etc. (Introduc-
tion au noble art de la musique, avec un court
avertissement pour apprendre à jouer de la
viole, etc.); BâIe, 1392, in-4".
MARSCUrSER (Henri), compositeur dra-
matique, est né le 16 août 1795, à Zittau, dans
la haute Lusace. Ses heureuses dispositions
pour la musique se manifestèrent dès ses pre-
mières années. Sa mémoire était si bonne et
sa conception si prompte, qu'il retenait sans
peine les airs les plus dilTiciles. Lorsqu'il eut
atteint l'âge de six ans, on lui donna un
maître de piano; mais ses progrès furent »i
lapides, qu'après six mois de leçons, il était
plus habile que son professeur. I) en fut de
même d'un second, puis d'un troisième; après
quoi, son père n'étant pas assez riche pour
payer le meilleur maître de la ville, les leçons
furent interrompues pendant un an. Ce fui
alors qu'il entra dans le chœur des enfants du
Gymnase, où il occupa bientôt la place de
chanteur solo, à cause de son habileté dans la
lecture, et de sa jolie voix de soprano. A celte
époque, ce chœur était placé sous la direction
(le Fr. Schneider, devenu célèbre depuis lors
par la composition de ses oratorios. L'orga-
niste de Baulzen ayant entendu le jeune ar-
tiste dans un concert, lui offrit un engagement
pour enlrer dans le chœur de son église : l'es-
MARSCHNER
4tM
poir d'éludier l'harmonie en même temps que
le chant, lui fit accepter celte proposition ;
mais son allenle fut trompée. Bergt, chantre
de Bautzen, repoussant toujours les sollicita-
tions de Marschner pour qu'il lui donnât des
leçons de basse continue, ne lui enseignait
que le grec et le latin. Le séjour de Baulzen
devint dès lors désagréable au jeune musicien
qui retourna à Ziltau, plus pauvre qu'aupara-
vant, car il avait perdu sa voix de soprano,
et avec elle ses moyens d'existence. Blessé de
son brusque départ pour Bautzen, le directeur
de la musique de l'église ne voulut plus le re-
cevoir au nombre de ses élèves, et Marschner
fut obligé de développer sans guide ce goùl de
la composition qui le tourmentait depuis son
enfance. Dans ses heures de loisir, il écrivait
tout ce qui lui venait à la tête. Chansons, mo-
tets, musique de piano, il abordait tous les
genres, ne s'instruisant que par ses propres
fautes. Une troupe de danseurs, (jui vint à
Zitlau, lui fournit même l'occasion de compo-
ser un ballet, dont le titre était la Fière
Paysanne. Le jour de la répétition, le jeune
compositeur, caché dans un coin obscur du
Ihéâlre, observait de loin l'effet de l'instru-
menlalion, dont il n'avait pas les premières
notions, et qu'il n'avait faite que d'instinct.
L'ouverture, esi)èce de valse, allait assez bien,
lorsque tout à coup l'orchestre s'arrêta. Les
cors, dont Marschner ignorait la portée, de-
vaient entonner des notes qui n'existent pas
dans l'instiument. Persuadé qu'il y avait des
fautes de copie, on examina la (lartilion, et
les mêmes fautes s'y retrouvèrent. Alors ce fui
à qui se divertirait aux dépens du pauvre ar-
tiste. L'émolion de Marschner avait été jus-
qu'à la fièvre, au commencement de la répé-
tition; mais quand il entendit ces railleries,
sa douleur fut si vive, qu'il s'évanouit. Recon-
«luit chez lui, il y fut retenu six semaines par
(me maladie grave. Pendant ce temps, la
troupe de danseurs quitta Ziltau, et Maischner'
n'enlendit Jamais la Fière Paysanne, ou-
vrage dont cette troupe profila longtemps. Il
écrivit cependant encore pour celte même so-
ciété deux autres ballets dans lesquels il eut
soin d'éviter les fautes précédemment faites
dans l'emploi des instruments. En 1812, Jle-
ring, connu par plusieurs bons ouvrages sur
la musique, arriva à Ziltau, et fit tout ce qui
dépendit de lui pour procurer à Marschner
les moyens de s'instruire. Malheureusement,
ce dernier ne put profiler longtemps de ses
leçons, diverses circonstances l'ayanl obligé
de se rendre à Prague. Ce fut dans celle
ville qu'il se lia avec Tomasoheck, distingué
comme professeur et comme compositeur, <l
dont les conseils lui furent piolilables. Weber
dirigeait alors l'orchestre de l'excellent Opéra
de Prague; trop occupé pour suivre l'éduca-
tion du jeune Marschner, il lui sacrifia cepen-
dant le peu d'inslants dont il pouvait disposer.
A l'expiration de l'armistice, sa qualité de
Saxon obligea Marschner à quitter Prague; il
revint à Ziltau, d'où il partit bientôt pour
aller, suivant le désir de son père, étudier le
droit à Leipsick. L'amour de la musique n'en
était pas moins le goùl dominant du jeune ar-
tiste. L'excellent maître Schichl s'intéressa à
ses progrès, et c'est à ce compositeur qu'il est
redevable de la plus grande partie de ce qu'il
sait. Il composa sous sa direction plusieurs
motets ; mais son penchant l'enlrainait à tra-
vailler pour le théâtre. A défaut de livret, il
essaya ses forces sur une traduction du Titus,
de Métastase. Cet ouvrage, quoique entière-
ment achevé, est cependant resté inconnu. Un
concert que Marschner donna à Carisbad, pen-
dant l'été de 1815, lui fit faire la connais-
sance de plusieurs personnages distingués de
la Hongrie et de l'Autriche, et principalement
celle de M. le comte Thadée Amadée. La pro-
tection de ce seigeur lui procura assez d'élèves
pour qu'il put jouir d'une existence aisée, lout
en lui laissant assez de loisir pour se livrer à
l'étude. Les relations qu'il eut à celle époque
avec Beethoven , Kozeluch et le professeur
Klein, de Presbourg, lui furent d'une grande
utilité. D'après les conseils de Beethoven,
Marschner composa un grand nombre de mo-
tets, de sonates, de symphonies, etc., afin
d'acquérir plus d'habileté dans l'art d'écrire.
En 1816, il composa le petit opéra der Kiff-
hauser Berg (la Montagne de Kiffhaus) qui
eut du succès sur plusieurs théâtres en Au-
triche. L'année suivante, on repi'ésenla ;
Dresde son opéra de Henri IF et d'Aubignéf
ouvrage en trois actes, qui, malgré le grand
nombre de fautes qu'il renferme, fut cepen-
dant bien accueilli du public. Ce fut vers la
même époque qu'on représenta à Presbourg
son Saidur, opéra en Irois actes, qui réussit
également. Marschner eut l'immense avantage
d'entendre souvent ses ouvrages et de pouvoir
éviter, dans ses nouveaux essais, les fautes ou
il était tombé. Malheureusement il n'y a pas
en Allemagne d'institutions qui procurent aux
jeunes compositeurs le même avantage; très-
rarement les directions de théâtre ont du goiit
pour les nouveautés, et peu d'artistes ont des
proleclions assez puissantes pour vaincre les
3u
4GS
MARSCHNEU
prévenlions des entrepreneurs contre des noms
peu connus.
En 1821, IHarschner retourna en Saxe, et
choisit Dresde pour sa résidence. A la même
époque, Tieck mit sur la scène le drame inti-
tulé le Prince de Jlombourg^ et désira à cet
effet une musique particulière pour l'intro-
duction et les entr'actes. L'intendant géné-
ral, M. de Konneritz, en chargea Marschner;
celui-ci réussit et eut l'appiobalion de îieck
et de Weher. Ce fut en 1822 qu'il acheva son
grand opéra de Lucrèce. Dans la même an-
née, il composa la musique de l'opéra de
F. Kind, la Belle Ella. Cette pièce fut assez
mal accueillie à Francfort, où d'ailleurs l'exé-
cution fut médiocre. A Berlin, où elle devait
être représentée, diverses circonstances l'éloi-
gnèrent longtemps de la scène. Enfin, à Mu-
nich, le théâtre fut détruit par un incendie
quelques jours avant la représentation. Plu-
sieurs morceaux de cet ouvrage, que l'on peut
considérer comme un des meilleurs de son
auteur, eurent un grand succès dans les con-
certs. Son opéra A''Ali-Baha n'eut pas un
meilleur sort que les autres au théâtre. Ce
poëme, qu'il préféra à celui des Galériens, fut
mal reçu du public. 3Ialgré toutes ces contra-
riétés, Marschner ne perdit [)as courage; à
chaque nouvelle production, il se sentait plus
de facilité à rendre ses idées, à introduire dans
ses ouvrages plus d'elTets dramatiques et à
mieux observer les convenances de la scène.
L'idée d'un genre de musique moins sévère
que celui des drames en usage sur les théâtres
allemands, mais plus vigoureux que celui des
simples opérettes, qui ne sont guère que des
vaudevilles, occupa quelque temps Marschner,
qui en donna le modèle dans son Foleur de
bois (der Holzdieb), dont les paroles étaient de
F. Kind. Marschner destinait cette pièce, et
d'autres qu'il voulait écrire dans le même
genre, à des théâtres de société, afin de déve-
lopper le goût de la musique dramatique alle-
mande dans sa nation, et de diminuer l'in-
fluence des traductions d'opéras étrangers. Il
fit à cet égard un appel aux poètes et musi-
ciens allemands dans l'amanach musical inti-
tulé Polyhymnie, où fut insérée la partition
du Foleur de bois, réduite pour le piano;
mais cet appel ne fut pas entendu. Cependant,
ce joli ouvrage, où l'on trouve plusieurs mor-
ceaux d'un très-bon goût, obtint beaucoup de
succès sur plusieurs théâtres d'amateurs et
de petites villes. Peut-être Marschner ne se
serait-il pas laissé rebuter par l'indifférence
de ses collègues, si ses occupations multipliées
lui avalent laissé le temps de continuer son
entreprise. En effet, directeur de la musique
de l'Opéra allemand et italien, conjointement
avec Weber et Morlacchi, depuis 1823, il était
souvent chargé de tout le travail, par suite des
absences ou des indispositions fréquentes de
ses collègues. Ses relations avec ces deux der-
niers furent toujours amicales. Cependant
Weber, après ses grands succès, se refroidit
un peu à l'égard de Marschner; leur différence
d'opinion sur la nouvelle musique italienne,
particulièrement sur Rossini, était une des
des causes de ce refroidissement. D'ailleurs,
Marschner ayant préféré la place de directeur
de musique de Dresde à une autre qu'on lui
avait offerte à Amsterdam, Weber se vit con-
trarié dans le projet qu'il avait formé de faire
venir à Dresde son ami Gansbacher.
Les grands succès des œuvres de Rossini
déterminèrent Marschner à donner dans ses
propres ouvrages un libre cours à la mélodie,
et à attacher moins de prix à un travail com-
pliqué d'harmonie et de contrepoint. Néan-
moins, il ne traitait pas l'harmonie en subor-
donnée, parce que, d'après sa manière de
voir, la mélodie et l'harmonie doivent être
unies constamment. En outre, il s'efforçait^
dans ses ouvrages dramaliciues, même dans
ceux qui sont sans paroles, de présenter à
l'auditeur, au moins d'une manière générale,
non-seulement le sentiment à exprimer, mais
aussi le caractère des personnages chan-
tants. On voit, par les derniers ouvrages de
Marschner, le Vampire et le Templier, jus-
qu'à quel point ce compositeur a atteint le but
qu'il s'était proposé. Malgré d'incontestables
défauts, il est certain qu'on trouve dans ces
deux opéras des mélodies originales, bien ap-
propriées au caractère des personnages et à
la situation dramatique.
En 1826, Marschner épousa mademoiselle
Marianne Wohlbruck, cantatrice bien connue,
et se lia avec Wohlbruck, son frère. Dans la
première entrevue qu'ils eurent ensemble, ils
s'entretinrent du sujet du Fampire. Cette re-
marque est nécessaire pour réfuter le reproche
fait à Marschner par la Gazelle musicale de
Berlin d'avoir travaillé sur un sujet déjà
choisi par Lindpaintner, sou ami; l'ouvrage
de Marschner fut, au contraire, annoncé le
premier par les feuilles publiques, et ce fut
l)oslérieurement que la Gazette musicale de
Leipsick fit mention de celui de Lindpaintner.
Au mois de juin 1820, époque de la mort de
Weber, Marschner eut dans ses fonctions une
grande augmentation de travail, et, n'ayan'.
MARSCHNER
469
|iu obtenir de succcdor à ce compositeur dans
l'emploi de premier directeur de la musique
de l'Opéra de Dresde, il donna sa démission de
ses autres em[)lois.
Au mois d'août 1826, il se rendit à Berlin,
où madame Marschner obtint de brillants suc-
cès sur le théâtre de la cour; ils y reçurent
tous deux, de la part îles artistes de la capi-
tale, l'accueil le plus honorable. Le souhait
général était de voir Marschner prêter son se-
cours au théâtre de Rœnigstadt en composant
plusieurs opéras comiques; mais les circon-
stances ne lui permirent pas d'accéder à cette
proposition. Les époux quittèrent Berlin pour
visiter Breslau, Posen, Rœnigsberg et Danl-
zick ; ce fut dans celle dernière ville que
Marschner reçut le premier acte du f'ampire,
auquel il travailla immédiatement. Au mois
de mars 1827, il revint à Berlin; mais la né-
cessité de s'entretenir avec l'auteur du P'am-
pire, sur quelques détails, le détermina à se
rendre à Magdcbourg et à y séjourner jusqu'à
ce que tout ée qui concernait l'opéra fût ar-
rêté. Au mois de juin de la même année, il
entreprit un nouveau voyage. A Brunswick, il
reçut une lettre de Kuslner, alors directeur
du Ihéâire de Leipsick, qui offrait à ma-
djme Marschner un engagement pour les pre-
miers rôles. Les conditions étant de nature à
être acceptées, Marschner et sa femme se ren-
dirent à Leipsick, où ils arrivèrent le 12 août
1 827. Au mois de décembre de la même année,
le Fampire fut terminé : la première repré-
sentation l'ut donnée le 28 mars 1828. Un
beau succès couronna cette composition. Rap-
pelés sur la scène après la représentation, le
compositeur et les acteurs furent accueillis
avec enthousiasme. La renommée de cet opéra
s'étendit rapidement; tel fut, dit-on, l'em-
pressement des théâtres de l'Allemagne à
monter cet ouvrage, que les copistes ne pou-
vaient satisfaire à toutes les demandes de par-
titions. Beaucoup de morceaux du f'ampire
devinrent populaires. Cependant le comte de
Gallenberg,entrepreneurdu théâtre de l'Opéra
;illemand de Vienne , ne put obtenir de la di-
rection de la police la permission de le faire
jouer, quoiqu'il eût déjà été donné à Prague et
à Pesth. La direction du théâtre de Berlin, qui
avait pris dçs engagements pour le Fampire
de Lindpaintner, ne put faire jouer celui de
Marschner. Une traduction anglaise de ce der-
nier fut jouée à Londre-. avec un brillant suc-
cès. Il était aussi destiné à paraître à Paris,
en 18Ô0; mais l'acteur qui devait être chargé
du rôle principal fut si mal accueilli dans le
Faust de Spohr, qu'on n'osa l'en charger. Il
a été fait aussi une traduction du famptre en
polonais.
En 1828, Marschner avait commencé à
écrire le Templier et la Juive; mais il ne
l'acheva qu'au moisd'aoûtde l'année suivante.
Le brillant succès qu'avaitobtenu le f'ampire^
décida le directeur du théâtre de l'Opéra an-
glais à offrir à Marschner cinq cents livres
sterling pour composer un opéra sur des pa-
roles anglaises, et cent livres pour diriger les
cinq premières représentations, sous la condi-
tion que l'ouvrage resterait la propriété du
compositeur sur le continent. Ce marché
conclu ; Marschner se mit avec ardeur à étu-
dier la langue anglaise. Déjà, au mois de fé-
vrier 1830, il était assez avancé dans cette
nouvelle composition pour se préparer au
voyage, lorsque la nouvelle de l'incendie du
théâtre lui parvint. Le changement que celle
circonstance faisait éprouvera sa destination
détermina Wohlbruck à lui écrire une pièce
nouvelle, intitulée: la Fiancée du Faucon-
nier. Marschner s'occupa immédiatement de
cet ouvrage, qui fut achevé au mois de no-
vembre 1830, malgré le voyage qu'il avait
fait à Berlin pour la mise en scène du Tem-
plier. La Fiancée a été représentée pour la
première fois à Leipsick, en 1852.
Au mois de septembre 1830, ce compositeur
fut appelé à Hanovre en qualité de maître de
chapelle du roi. Il s'est rendu en cette ville
au mois de décembre. Ce fut alors qu'il com-
mença son opéra le Château au pied du mont
Etna; mais à peine s'en était-il occupé, qu'il
reçut le poème de Ed. Devrient, Hans Ilei^
ling. Le sujet de cet ouvrage le séduisit si
bien, qu'il y travailla immédiatement. Dans.
une lettre que Marschner écrivit alors, il s'ex-
primait ainsi : « Si l'on pouvait composer un
« opéra d'un seul trait, je l'eusse fait, tant
« j'étais inspiré par cet ouvrage, que je con-
« çus tout d'un jet. » Malgré ses nombreuses
occupations et une assez grave maladie, cet
opéra fut terminé au mois de juillet 1832 et
représenté le 24 mai 1833, sous la direction
de son auteur. Il obtint du public l'accueil le
plus favorable. Le sort du Château au pied
du mont Etna fut moins heureux en 1856.
Un nouvel opéra que Marschner fit représenter
à Berlin en 1838 ne réussit pas mieux. Cet
ouvrage avait pour titre der Falkners Braut
(la Fiancée du Fauconnier). Fixé à Hanovre
dans une position agréable, Marschner fut oc-
cupé par la cour à écrire des cantates de fêtes,
des symphonies et d'autres morceaux de cjr-^
470
MARSCIINER — MARSELLl
constance. Pendant les premières années, il
suspendit ses travaux dramatiques. Ce ne fut
qu'en 1844 qu'il fit représenter au Théâtre-
Royal de Hanovre son grand opéra intitulé
Adolphe de Nassau, considéré comme une
de ses meilleurs productions, et qui fut aussi
représenté avec succès à Dresde, à Hambourg
et à Breslau.
Je vis Marschner à Hanovre en 1849 et
trouvai en lui un homme aimable et bienveil-
lant. Il était alors satisfait de sa situation;
mais plus tard il éprouva des désagréments
par la fâcheuse influence d'un chanteur du
théâtre de la Cour, et demanda sa retraite, qui
lui fut accordée avec une pension. Marschner
avait pris la résolution de se fixer à Paris; il
y avait fait un voyage pour préparer son éta-
blissement, lorsqu'il mourut après une courte
maladie, à Hanovre, dans la nuit du 14 au
15 décembre 1861 , à l'âge de soixante-six ans.
Cet artiste fut un des hommes les plus re-
marquables parmi les compositeurs allemands
de son temps. On ne peut lui refuser le mérite
d'être un des successeurs de Weber qui ont
montré le plus de sentiment dramatique dans
leurs ouvrages. Il ne réussit pas seulement
dans le drame sérieux : on peut même assurer
qu'il est du très-petit nombre des compositeurs
allemands qui ne tombent pas dans le trivial
en traitant le genre comique. Ses mélodies sont
expressives; mais sa manière d'écrire est né-
gligée, et souvent il abuse de l'emploi des tran-
sitions. Nonobstant cette critique, l'auteur du
Fampire, du Templier elde Hans Heiling, ne
laissera point un nom vulgaire dans l'histoire de
l'art Si ses dernières années ont compté moins
de succès que les autres, il en faut accuser les
mauvaises pièces qu'il a mises en musique.
En général, les drames allemands destinés à
la musique sont au-dessous du médiocre.
Marschner s'est fait connaître en Allemagne
comme compositeur de musique instrumen-
tale par environ cinquante œuvres pour le
piano. Ses ouvrages publiés sont : 1" Der
Jiolzdieb (le Voleur de bois), en partition ré-
duite pour le piano, dans la Polyhymnie;
Leipsick, Hartmann. Il y en a une nouvelle
édition publiée à Glogau, chez Heymann.
2» Ouverture et enlr'actes du drame le
Prince de ffombourg, à grand orchestre,
l.eipsick, Breitkopf et Haertel. 5" Ouverture et
airs du drame La belle Ella, en partition
réduite pour le piano; Leipsick, Hofmeisler.
4" Le Fampire, opéra en trois actes ; idem,
ibid. On a publié l'ouverture à grand or-
chijirej ibid. 5' Le Templier et la Juive,
grand opéra romantique, en partition réduite
pour le piano, ibid. Ouverture à grand or-
chestre, ibid. 6" La Fiancée du Fauconnier
(Das Braut der Falkner), en partition pour le
piano; Leipsick, Breitkopf et Haertel. 7» Hans
Heiling, opéra romantique, idem; Leipsick,
Hol'meister. 8° Environ dix recueils de chants
pour quatre voix d'hommes (deux ténors et
deux basses); Leipsick et Hanovre. 9" Environ
vingt recueils de chansons, romances et airs
italiens et allemands, pour voix seule, avec
accompagnement de piano; Leipsick, Hom-
bourg, Magdebourg, Brunswick et Hanovre.
10"0i'aluor pour piano, violon, viole et basse,
op. 36; Leipsick, Hofmcister. 11" Trios pour
piano, violon et violoncelle, op. 29 et 50;
Leipsick, Probst et Hofmeister. 12» Divertis-
sements, Polonaises et Marches pour piano à
quatre mains, op. 7, 13, 10, 28; Leipsick,
Hofmeister, Breitkopf et Hœrtel. 15' Sonates
pour piano seul, op. 6, 24, 53, 38, 39, 40;
ibid. 14° Rondeaux et fantaisies idem, op. 10,
11, 15, 18,19,20, 21,22, 23, 25,51, 55, 37,
49, 57, 58, 59, 64, 71 , 74; ibid. 15" Variations
pour piano seul, op. 48, 69; ibid.
MARSELLT (Nicolas), philosophe napo-
litain et amateur des sciences et des arts, né
vers 1825, s'est livré à l'étude de la philoso-
phie allemande, particulièrement de la doc-
trine de Hegel, et en a adopté les principes.
On a de lui divers ouvrages, parmi lesquels
on remarque des Essais de critique histo-
rique, l'Architecture comparée., et un livre
intitulé : Laforza délia natura e il metodo
délie scienze naturali, desquels on n'a point
à parler ici. Il n'est mentionné dans ce dic-
tionnaire biographique que comme auteur
d'un volume qui a pour titre : La ragione
délia musica moderna; Naples, 1859, in-8"
de XXXIII et deux cent cinquante-six pages.
M.Marselli, fidèle au t)rincipe de l'idéal phi-
losoi)hique de son maître, pose d'abord cet
axiome : que les arts indéterminés ne peu-
vent être soumis à la critique définie. Tous
les arts, dit-il, ont l'élément idéal, parce qu'ils
agissent dans la sphère du sentiment; et 1^
valeur de cet élément s'accroît en raison de
la diminution de la matérialité de l'art. Si
donc la part de l'indéfini est faible dans l'ar-
chitecture et dans la sculpture, elle est plus
grande dans la peinture; dans la musicjue
elle est immense, jusqu'à ce que son union
avec la parole en diminue la portée, parce que
celle-ci a pourobjet d'en déterminer la signi-
fication. Le vague sentiment de la musi(|ue ne
peut donc être soumis à une critique ligou-
MARSELLI
471
reusement scientifique. N'^anmoins, il y a
aussi dans l'art un élément défini et définis-
sable, c'est-à-dire, susceptible de critique. 11
y a également un moyen de circonscrire entre
certaines limites les opinions diverses qui se
produisent sur les beautés d'une œuvre musi-
cale : il consiste à établir exactement la no-
lion, ou, ce qui est la même chose, la nature
de la musique en elle-même, puis à voir
quelle forme recevra cette notion dans le
cours de son développement historique. Ces
deux recherches appartiennent à l'esthétique
musicale; car l'histoire ne s'étudie pas dans
ses minimes particularités, mais dans les gé-
néralités illuminées par la notion première.
Aidé par ces principes, nous pourrons étudier
le caractère d'une œuvre musicale, ce qui est
l'objet spécial de la critique. Alors beaucoup
d'erreurs seront abandonnées, les vaines dé-
clamations seront réduites au silence, et l'on
portera sur chaque maître un jugement aussi
raisonnable que possible. Si nous nous per-
suadons que le principe de la musique réside
dans l'indéfini, nous ne considérons plus les
déterminations expressives des passions comme
le couronnement final de l'art; d'autre part,
si nous savons que la musique doit devenir
dramatique par une nécessité de son dévelop-
pement historique , nous ne déprécierons plus
le Robert de Meyerbeer, parce qu'on y re-
marque la pénurie de mélodies à la Bcllini et
autres.
Telles sont les idées d'après lesquelles
M. Marselli divise son livre en deux parties,
dont la première concerne la musique en
elle-même, et l'autre, le développement histo-
rique de cet art. Cette dernière partie se
subdivise en trois sections, lesquelles traitent
de la musique du passé, de la musique du
présent, et de celle de l'avenir. Peur obtenir
des jugements d'une valeur incontestable sur
ces diverses conceptions de l'art, il ne repousse
pas seulement la critique rigoureusement
scientifique et absolue : il est, dit-il, une
autre critique vulgaire, qui, n'ayant d'autre
iiase que des o|>inions personnelles, de vagues
aperçus, et des habitudes de sensations irré-
fléchies, s'exprime d'un ton tranchant, par
exclamations et par épithètes plus ou moins
brutales. En parlant de celle-ci, il attaque
"lersonnellement M. Scudo, qu'il appelle un
des coryphées de la critique vulgaire (1). En
{\) A fine dl porre in rilievo il cattivo aucla::o d'una
falsa critira, ho preso a partare di M. Scudo, parendo'ui
<tno de'curifei délia critka volgarc, clc.
cfTet, il attaque résolument le rédacteur de la
critique musicale de la lievue des Deux
Mondes, dont le grand tort à ses yeux est
d'avoir méconnu la valeur des œuvres de Mer-
cadante et de Verdi qui, avec les opéras de
Meyerbeer, lui paraissent l'expression néces-
saire de la musique du présent; car, bien
qu'il aime les produits du génie de Rossini, il
ne les considère que comme appartenant au
passé de l'art, et comme une forme épuisée.
Après avoir laissé M. Marselli exposer les
points fondamentaux de sa doctrine, il reste
à apprécier son ouvrage au point de vue des
applications qu'il fait de ses principes. Disons
d'abord qu'il a bien vu que la musique réside
tout entière dans les facultés de l'âme appelées
sentiment et imagination. Les évolutions de
l'idée, principe esthétique de Hegel, l'ontcon-
duit à ce qu'il appelle les développements
historiques et nécessaires de l'art, en raison
des phases de l'histoire de l'humanité. Jusque-
là tout est bien, et M. Marselli est dans le vrai.
Mais, de ce que le sentiment se modifie inces-
samment dans l'indéfini de l'art, qui n'est
représenté que par la musique instrumentale,
il ne résulte pas nécessairement qu'une cri-
tique scientifique et absolue ne lui soit point
ai)plicable; car, si l'objet de l'œuvre est in-
déterminéj la forme est patente. Or, la forme
est un des attributs de la beauté sentimentale-
attribut toujours saisissable et analysable.
M. Marselli n'y a pas pris garde : que serait-ce
que considérer la musique en elle-même, si
le sentiment seul était en action, et si la pré-
sence ou l'absence des qualités de la forme
ne pouvaient être constatées de manière qu'il
en résultât un jugement? On en serait pré-
cisément à ces impressions personnelles, à
ces vagues aperçus, à ces habitudes irréflé-
chies qu'il reproche à la crKique vulgaire. Il
est à supposer que ce qui est appelé par
M. Marselli une critique rigoureusement scien-
tifique n'est autre chose que la critique pure-
ment technique, dont on a quelquefois abusé.
Celle-ci, sans aucun doute, doit être réservée
dans ses jugements, surtout lorsque l'origi-
nalité du sentiment revêt des formes inusitées ;
mais, si la critique technique a pour devoir
de ne pas précipiter ses jugements, elle doit
se garder d'abdiquer ; car, si elle est absente,
on tombe immédiatement dans la diversité
arbitraire des opinions personnelles, laquelle
prend sa source dans les variétés d'organisa-
tion des individus ; dans ce cas, aucun moyen
de conciliation n'est possible.
N'oublions pas que l'objet du livre de
472
MARSI:LLI — MARSH
M. Marselli esl la raison d'être de la musique
moderne f c'est -à-dire, de la musique ac-
tuelle. Cette raison, il la trouve dans le pen-
chant de la génération existante pour le
drame émouvant et pour les ébranlements
nerveux. A merveille : mais il a reconnu
aussi la nécessité d'examiner la musique en
elle-même, ce qui suppose qu'il y a dans cet
art des conditions absolues, indépendantes des
temps, et auxquelles le génie de l'artiste doit
se soumettre pour donner à son œuvre les
qualités d'où dé(iendra son existence au delà
du moment qui la voit naître. Ces conditions
sont donc susceptibles d'analyse et d'appré-
ciation, bien que le sentiment soit indéfini.
Une critique scienlifuiue est donc possible au
point de vue dont il s'agit; car, que serait
sans cela l'examen de la musique en elle-
viême? Non seulement celte critique est pos-
sible, mais c'est la seule qui ait de la valeur
pour assigner à une composition musicale la
place qu'elle doit occu|)er dans l'histoire de
l'art. Toute autre critique n'est que contin-
gente et ne peut avoir pour objet que les qua-
lités transitoires.
De ce qui précède, résulte la démonstra-
tion que M. Marselli, après avoir posé des
principes fort justes de 'vitique, qui lui ont
été fournis par V Encyclopédie des sciences
philosophiques de Hegel, et surtout par le
Cours d'Esthétique de ce penseur célèbre,
s'est égaré dans l'application qu'il en a faite.
En rejetant la critique scientifique, par le
motif que le sentiment indéfini n'est pas ana-
lysable, il s'est privé de toute possibilité
d'aiipréciation certaine.
MARSII (Narcisse), issu d'une famille
saxonne établie dans le comté de Kent, na-
quit en 1638, à Hannington, dans le comté de
Wills, et obtint, en 1004, le grade de docteur
en théologie à l'Université d'Oxford. Après
avoir exercé les fonctions de chapelain dans la
maison du chancelier llyde, comte de Claren-
don, il fut nommé principal du collège d'AI-
ban-Hall à Oxford, et devint, en 1078, prévôt
du collège de Dublin. La dignité d'évêque
de Leighlin et Ferns lui fut confiée en 1083;
puis il fut appelé, en 1090, à l'archevêché dé
Cashell; à celui de Dublin, en 1099, et enfin,
quatre ans après, à celui d'Armagh, qu'il con-
serva jusqu'à la fin de sa vie. Il mourut en
1713. Grand amateur de musique et profondé-
ment instruit dans les sciences, il a écrit
V Essai d'une introduction à la théorie des
sons, contenant des avis pour le perfectionne-
ment de l'acoustique. Ce mémoire est inséré
dans la première série des Transactions
philosophiques. Marsh est aussi connu pas-
quelques ouvrages de théologie et de philo-
sophie.
MARSH (Jean), amateur distingué, est né
en 1752, àDorking, dans le comté de Surrey.
Son père, capitaine de la marine royale, s'éta-
blit, en 1758, avec sa famille, à Greenwich, où
il avait été nommé commandant d'un yacht
royal. Ce fut alors que le goût naturel du
jeune Marsh pour la musique, et surtout pour
l'orgue, se manifesta. L'orgue de la chapelle
de l'hôpital, joué alors par Lupton Relfe, lui
causait de si agréables sensations, que ce
n'était pas sans peine qu'on parvenait à l'en
éloigner. En 1701, son père fut chargé de ra-
mener l'ambassadeur de Hollande à Hellevoel-
sluys sur son yacht; il prit son fils avec lui,
et tous deux firent une tournée, dans laquelle
ils eurent la satisfaction d'entendre l'orgue
de Harlem, qui fit sur l'enfant une impression
profonde. Depuis sa huitième année, il avait
commencé ses études au collège de Greenwich ;
il désirait y apprendre la musique comme plu-
sieurs de ses camarades; mais son père |)ar-
vint à lui faire attendre la fin des cours qu'il
suivait. En 1700, il apprit à jouer du violon
dans la petite ville de Gosporl, puis il reçut
des leçons d'orgue et quelqies notions d'har-
monie d'un oi'ganiste obscur nommé Wofer.
En 1708, on l'envoya à Romsey pour étudier
le droit : il y resta cinq ans. Ayant perdu son
père en 1772, il se maria deux ans après et
alla se fixer à Salisbury, où il fit exécuter dans
des concerts des symphonies de sa composi-
tion. Ce fut là qu'il se livra à l'éludede l'orgue,
et qu'il écrivit ses premiers recueils de fantai-
sies et de préludes pour cet instrument. Un
héritage considérable qu'il fit, en 1781, lui
permit de quitter la carrière d'avocat et de
s'établira la campagne dans une belle maison
où il fit construire un grand orgue. Il passa
le reste de sa vie dans cette retraite, unique-
ment occupé de la culture des sciences et des
arts. Son frère et ses fils, devenus ses élèves
pour la musique, exécutaient souvent des qua-
tuors et des quintettes dans des concerts
d'abonnés. M. Marsh vivait encore en 1824, à
l'âge de soixante-douze ans. Il a publié à
Londres : 1° Huit symphonies à plusieurs par-
ties. 2" Sym]>honie pour deux orchestres.
3" Quatuor pour deux violons, alto et basse.
4' Trois morceaux finals, pour l'oi'gue.
5" Trois ouvertures à cinq parties, idem.
G" Ouverture et six pièces idem. 7" 24 volun-
tarics for Ihe organ (Préludes et fantjisics
MARSH - MARTIN
473
pour rorgni;) ; Londres, Preslon. 8" Idem,
deuxième, troisième, quatrième et cinquième
recueils; ibid. 9° Ouvertures et sonates pour
le piano; Londres, Clemenli. 10» Neuf an-
tiennes et seize psaumes à quatre voix ; Lon-
(lies, Rolfe. 11» Beaucoup de cliansons et de
glees à une, deux et trois voix; ibid. 12 "Ou-
verture et dix pièces pour musique militaire.
15" RudimeiKs on thorough-bass ^Éléments
de la basse continue) ; Londres, Payne, in-4''.
Une deuxième édition a été publiée sous le
titre de Thorough-Bass catechism. \i''Hints
to young composers (Conseils aux jeunes
compositeurs) ; ibid., 1798, in-8''. 15» Essay
on Harmonies (Essai sur les accords); ibid.,
1801 , in-8». 16» Sixteen movements from
différent composers in score for the use of
musical students (Seize morceaux de diffé-
rents compositeurs, pour l'usage des étudiants
en musique). 17° Tables of transposition of
consonant intervais (Tables de transposition
des intervalles consonnanls); Londres, Long-
mann etBroderip. 1%" First Bookof eighteen
voluntaries, chiefly intended for the use of
young practitioners, to which is preflxed an
explanation of the différent stops of the or-
gfin, and of the several combinations that
vtay be made thereof, ivith a few thoughts
on style, ex tempore playing , modula-
tions, etc. (Premier livre de dix-huit pré-
ludes, principalement destinés à l'usage des
commençants, précédé d'une explication des
différents jeux de l'orgue, et des différentes
combinaisons qu'on en peut faire, avec quel-
ques réflexions sur le style, l'improvisation,
les modulations-, etc.); Londres, Preslon,
1800, in-4''. 19» Deuxième livre idem. Marsh
avait en manuscrit beaucoup de musique vo-
cale et instrumentale, ainsi qu'une descrip-
tion de l'orgue qui n'a pas été imprimée après
sa mort.
MARSHALL (William), docteur en mu-
sique de l'Université d'Oxford, organiste de
l'église cathérale du Christ, de la chapelle du
collège de Saint-Jean, et de l'église de Tous
les Saints, à Oxford, est l'auteur d'un petit
ouvrage qui a pour titre : The art of reading
Church Music; founded on a simple expia-
nation of the first principles of Music (l'Art
de lire la musique d'église, basé sur une expli-
cation Simple des premiers principes de la
musique); Oxford, J.Vincent, 1842, in-8».
MAllSOLO (Pietro-Mahino), maître de
chapelle de la cathédrale de Ferrare, et de
l'Académie des Inlrepidi de cette ville, au
commencement du dix-septième siècle, est au-
teur de deux livres de motets à cinq voix pour
toutes les fêtes de l'année, lesquels ont été pu-
bliés sous ce titre : Motetla quinqtie tantum
vocibus decantanda in totius anni solemnio-
ribus diebus. Liber primus ; Fenetiis, apud
Jacob. Fincentium, 1612, in-4». Liber se-
ctindus; ibid., 1614, in-4».
MAUSYAS, fameux joueur de flûte, était
fils de Ilvagnis et naquit à Celènes, en Phry-
gie. Un le croit inventeur delà flùteà plusieurs
tuyaux connue sous le nom de flûte de Pan.
La fable de sa dispute avec Apollon est con-
nue. Il rencontra, dit-on, ce dieu à Nyse, lui
proposa un défi de musique, fut vaincu, et,
pour prix de sa présomption, fut écorché
vif.
MARTELIUS (Eue), luthiste célèbre au
commencement du dix-septième siècle, vécut
à Strasbourg, sa patrie. Il a publié un recueil
de pièces pour le luth, sous ce titre : Hortus
musicalis noutts; Strasbourg, 1615.
MAUTELLI (...), maître de chapelle à
Munster, vers 1790, s'est. fait connaître à celte
époque, en Allemagne, par la composition de
quelques opérettes, parmi lesquels on re-
marque : 1° Die Reisenden nach Ifolland
(les Voyageurs en Hollande). 2» Der Tempel
der Bankbarkeit (le Temple de la Reconnais-
sance), o» Der Kœnig Rabe (le Roi Corbeau).
MAllTIGTSOIM (Don Ignace), professeur
de droit à Como, né au mois de juin 1757,
mourut dans cette ville, le 23 mars 1814.
Dans ses Opérette varie (Milan, Galeazzi,
1784) on trouve (p. 59-92) des considérations
sur les effets moraux de la musique et sur
l'histoire de la musique dramatique. On a du
même écrivain un traité d'esthétique intitulé :
Delbello e sublime; Milan, Mussi, 1810, in-8».
Il a été donné une seconde édition de cet ou-
vrage avec la vie de l'auteur, par le profes-
seur Louis Calenazzi; Como, 1826, in-12. Le
quatrième chapitre traite du beau dans la mu-
sique.
MARTIN (Claude), écrivain sur la ma-
sique, naquit à Couches en Bourgogne, dans
la première moitié du seizième siècle, et non
à Autun, comme le prétendent La Borde et
ses copistes, car lui-même a indiqué le lieu
de sa naissance par le mot Colchensis, placé
après son nom, au frontispice de l'édition la-
tine de son traité de musique (1). On voit, par
l'épitre dédicatoire de ce même traité de mu-
sique, qu'il vivait à Paris en 1550. Aucun
autre renseignement ne nous est parvenu sur
(I) Couclies est une petite ville du département de
Saùne-et-Loire, à cinq licucs d'Autun.
474
MARTIN
ce musicien, à qui Ton doit un bon livre inli-
tulé : Elementorum musices practicée pars
prior, libris duobus absoluta, nunc primum
in lucem édita, ^ccesserunt exercitationes
nonnuUx quos qui noverit, omnium ferme
prxcevtorumcognilionem habuerit; Parisiis,
ex oflîcinâ Nicolai Du Chemin, 1550, ln-4''
oI)l. Les mots pars prier indiquaient l'inten-
tion de publier une deuxième partie, qui n'a
point paru. Le premier livre de celle-ci, di-
visé en huit chapitres, traite du plain-chant;
le deuxième contient les principes de la mu-
sique mesurée, en dix chapitres; l'ouvrage est
terminé par un motet à quatre voix qui paraît
avoir été composé par Claude Martin. Six ans
après la publication de ce traité, il fit un
extrait de son livre en français, et le fit
l)araître sous ce litre : Institution musicale,
non moins brève que facile, suffisante pour
apprendre à chanter, et qui a cours aujour-
d'hui entre les musiciens; extraite de la
première partie des éléments de musique de
Claude Martin, et par lui-même abrégée;
Paris, de l'imprimerie de Nicolas Du Chemin,
1556, in-4» obi. Cet abrégé du deuxième livre
est fort différent de l'original latin, et ne con-
tient que six feuillets. On trouve à la Biblio-
thèque impériale de Paris un manuscrit
«laté de 1008 (n» 7377, in-4'') contenant
plusieurs petits traités des sciences, parmi
lesquels il y en a un intitulé : £>. Martin
Tractatus de 3Iusicd. Je n'ai pu vérifier si
c'est une copie du traité de Claude Martin ou
un autre ouvrage, parce que le volume était
prêté lorsque j'ai voulu faire celte recherche.
Claude Blartin s'était fait connaître comme
compositeur par des Magnificat des cinq
premiers tons à quatre voix, imprimés à
Paris, en 1540, par Pierre Allaingnant. Un
exemplaire de cet ouvrage rarissime est chez
l'abbé Sanlini, à Rome.
MARTIW , su rnommé PEU D'ARGEIXT,
musicien belge, vécut vers le milieu du sei-
zième siècle, et fui maître de chapelle du duc
de Clèves etdeJuliers. Il était contemporain
(le Nicolas Gonibert, de Créquillon, de Clé-
ment (non papa) et d'autres musiciens célè-
bres. Jean Orydrius (voyez ce nom), son
élève et ami, dil de lui , dans la préface du
second livre de ses Praciicx musica; utriits-
que prxcepta brevia .•« Cum quibus (Th. C're-
« quillon, Jac. Clemens (non papa), et
« plerique alii) equidem optimo jure memo-
« randum censco imo xquandum, suavis-
» simum et candidissimum hominem, ami-
w cum mcum integerrimum M. Marlinum
« peu d'argent , coUegii musici illuslriss.
« Principis Guillelini ducis nostri clemen-
« tiss. prœfectum dignissimum. Qui mihi
« stib auspicium hujus professionis musica- ,
« pro suo in me candore animi, ac benevo-
« lentia familiari, non semel auctor horta-
» torque fuit, etc. » Le même auteur ajoute
que Martin a publié deux livres de motets et
de chansons à quatre et cinq parties dont il
vante la suavité. .
MARTI]\ (Nicolas), musicien du seizième
siècle, né à Saint-Jean-de-Maurienne, en
Savoie, vivait à Lyon, vers 1560. Il a fait im-
primer de sa composition : Chants sur la
nativité de Notre Seigneur Jésus-Christ ,
tant en vulgaire françoys que langage savoi-
sien, dit patoxjs, imprimés avec la musique,
à Lyon, parMarc Bonhomme, 1506, in-S".
3IAUT1]\ (Jean), bachelier en théologie
de la faculté de Paris, et curé de Treze, au
diocèse d'Auxerre, vers le milieu du dix-sep-
tième siècle, a composé deux messes à quatre
voix, l'une ad imitationem moduli Audite,
l'autre ad imitationem moduli Jvbilxte, qui
ont été publiées chez Robert Ballaid, en lOoô,
in-fol.
MARTIN (François), violoncelliste fort
distingué, vivait à Paris en 1750. Il y était
attaché au duc de Giammonl. Il s'est fait
connaître avantageusement comme com|)osi-
teur par des motels qu'il a fait exécuter au
concert spirituel, et surtout par un Cantate
Domino, dont le Mercure du mois de janvier
1751 a rendu compte avec beaucoup d'éloges :
on cite aussi de lui un Lxlenlur cœli. Ses
autres ouvrages consistent en trois cantatilks
{le Soupçon amoureux , le Suisse amoureux
et le Bouquet de Thémrjre), deux livres du
sonates en trio pour violon, et deux livres de
sonates pour le violoncelle. 3Iartin est mort à
Paris en 1773.
MARTIN Y COLL (Antoine), né dans la
province de Castille, vers 1680, (ut moine de
l'étroite observance de Saint-François et or-
ganiste de son couvent, à Madrid. Ou a de lui
un traité du plain-chanl qui a pour litre :
j4rte de Canto llano y brève resumen de sus
principales reglas para cantores de choro,
dividido in dos libros; Madrid, 1711), 1 vol.
in-4". Plus tard, il a ajouté à ce volume i\n
traité de la musique mesurée qui forme le
troisième livre de l'ouvrage, et qui est inti-
tulé : Libro tercero donde se contienen las
reglas mas notables y précisas, que escri-
van todos los dortos escriptores de el arte de
canto de organo (sans date).
MARTJN
41c
MARTIN Y SOLAR (Vi>ci:>t), appelé
par les Italiens Martini^ ou lo Spagnuolo,
naquit en 1754 à Valence, chef lieu de la
province de ce nom, en Espagne. Après avoir
fait ses études de musique comme enfant de
chœur dans une maison de chanoines régu-
liers (prémontrés) de celte ville, il remplit
quelque temps les fonctions d'organiste à
Alicanle; mais son penchant pour la musique
de théâtre le porta à donner sa démission de
cette place pour se rendre à Madrid. Il y
trouva un chanteur napolitain, nommé Gu-
glietti, pour qui il écrivit quelques airs, et
qui lui donna le conseil d'aller en Italie, lui
prédisant des succès. Merlin y arriva vers
1781, et écrivit à Florence, pour la saison du
carnaval, Ingénia in Valide. Il alla ensuite
à Lucques où il fit représenter Astartea^ qui
ne réussit pas; puis le grand ballet en trois
actes La Regina di Golconda. Quelques
autres ballets, écrits à Gènes et à Venise, pré-
cédèrent l'apparition des opéras qui lui firent
une brillante réputation et lui procurèrent un
instant de vogue à une époque où se faisaient
remarquer en Italie des compositeurs du plus
haut mérite, tels que Paisiello, Cimarosa et
Guglielmi. En 1783, Martin était à Turin, où
il écrivit La Dora festeggiata , prologue;
puis VAccorta Cameriera, opéra bouffe. Ces
ouvrages furent suivis de VJpermestra^ jouée
à Rome en 1784.
Martin se rendit à Vienne en 1785, dans
l'espoir d'y écrire pour le théâtre de la Cour.
Il y trouva une protectrice zélée dans l'ambas-
sadrice d'Espagne, amie de l'impératrice :
elle lui fit obtenir la faveur qu'il désirait, et
d'ApoDte écrivit pour lui le livret de l'opéra
bouffe II Burbero di buon cuore (le Bourru
bienfaisant), qui obtint du succès et le mit à
la mode. Mais ce furent surtout La Cosa rara
et VArbore di Diana, ouvrages charmants,
composés sur des livrets du même poêle, qui
lui donnèrent, à Vienne, une vogue que
n'avaient obtenue ni les Noces de Figaro^
ni Don Juan, de Mozart, représentés à la
même époque. L'empereur Joseph II récom-
pensa magnifiquement Martin, et l'admit sou-
vent près de lui, ne se lassant pas de lui
entendre chanter les mélodies naturelles, fa-
ciles, expressives, de la Cosa rara. Mozart
rendit justice aux productions de cet artiste;
mais il leur reprochait avec raison de man-
quer des qualités solides qui font vivre les
œuvres d'art dans la postérité, et prédit que
lorsque la vogue serait passée, les opéras de
Martin tomberaient dans un profond oubli;
ce qui s'est vérifié. L'auteur de Don Juan lui
a fait l'honneur d'intercaler un air de la Cosa
rara, arrangé en harmonie d'instruments à
vent, dans le second acte de ce grand ouvrage.
En 1788, Martin fut appelé à la cour de
Catherine II : il partit pour Pétersbourg, où
il fut chargé de la direction de l'Opéra. Il y
écrivit Gli Sposi in contrasta, opéra bouffe,
et 71 Sogno, cantate à trois voix. Paul I"' lui
donna, dix ans ai)rès, le titre de conseiller.
Dans ses dernières années, le génie de Martin
s'éteignit complètement. L'Opéra français
aySnt remplacé l'Opéra italien en 1801, Martin
perdit son emploi, et il ne lui resta d'autre
ressource que de donner des leçons pour
vivre. Il est mort à Pétersbourg au mois de
mai 1810. On a gravé de sa composition :
1» L'Arbore di Diana, |)artilion réduite pour
le piano; Paris, Leduc; Bonn, Simrock,
2° La Capricciosa corretla, idem; ibidem.
3° Gli Sposi in contrasta, idem; Vienne, Ar-
laria. 4" La Cosa rara, idem, ihid. ; Paris,
Leduc ; Bonn, Simrock. 5» 6 Canoni a 3 vocij
con ace. di piano- for le; Brunswick, Spehr,
6° 12 Canoni d' amoro, idem; Leipsick, Pe-
lers. 7° Il Sogno, cantate à trois voix, avec
accompagnement de piano; Leipsick, Breit-
kopf et llaerlel. 8" Douze ariettes italiennes à
voix seule et piano; Brunswick, Spehr. Elles
ont été traduites en allemand et publiées à
Bonn et à Hambourg. Les ouvertures et mor-
ceaux détachés des opéras de MaHin ont été
arrangés pour divers instruments, et gravés à
Paris, Vienne, Londres, etc. On connaît aussi
de la composition de cet artiste un Te Deum
à quatre voix et orchestre, en manuscrit.
MARTIN (Jean-Blaise), acteur célèbre de
l'Opéra-Comique, naquit à Paris, le 14 oc-
tobre 1769. Petit-fils d'un peintre dont le ta-
lent a été célébré par Voltaire, il perdit son
père dans ses premières années, et fut élevé
par un oncle, qui prit soin de son éducation.
A l'âge de sept ans, on lui fit commencer
l'élude de la musique; à neuf ans, il étaitdéjà
bon lecteur. Sa jolie voix de soprano le faisait
rechercher dans le monde, et pendant quatre
ans, il chanta les solos dans la plupart des
concerts de société. L'âge de la mue de la voix
l'obligea de suspendre cet exercice ; il se livra
alors à l'étude du violon et acquit beaucoup
d'habileté sur cet instrument. Obligé de cher-
cher des ressources dans son talent, il essaya
de se faire admettre dans l'orchestre de
l'Opéra, mais n'ayant pu réussir dans ce pro-
jet, il tourna ses regards vers la scène. Sa voix
avait pris le caractère d'un beau baryton qui,
476
MARTIN
dans les cordes élevées, alleignait aux limites
des ténors les plus élevés, et qui, dans les sons
graves, avait la sonorité d'une basse. Malgré
cet avantage, il ne put se faire recevoir à
rOpéra, parce qu'on ne lui trouva pas assez
de puissance dans l'organe pour le chant, ou
plutôt pour les cris alors en usage à ce théâtre.
Martin n'eut qu'à s'applaudir du mauvais
accueil qu'on lui avait fait à l'Opéra, comme
symphoniste et comme chanteur, car ce fut la
cause première de la direction qu'il prit en-
suite dans sa carrière d'artiste, et des succès
qu'il obtint sur une autre scène. On donnait,
en 1788, des concerts à l'hôtel de Bullion, rue
Plâtrière, où la musique en vogue était parti-
culièrement empruntée à l'Italie. Quelques
morceaux de cette musique chantés parMartin
à ces concerts le mirent en réputation parmi
les amateurs ; lorsque le théâtre de Monsieur
fut organisé, on le choisit pour y chanter les
rôles de baryton. Il y débuta à la fin de l'an-
née 1788, par celui du Marquis de Tulipano,
opéra de Paisiello traduit en français, et y
obtint un succès brillant, dû autant à la
beauté de sa voix qu'à la fraîcheur de la mu-
sique. Il n'était point acteur; sa gaucherie
était même si excessive, qu'on était obligé de
lui tracer sur le plancher sa position dans les
différentes scènes. Cependant, insensiblement
il acquit de l'habileté, et vers la fin de sa car-
rière théâtrale, il était parvenu sinon à être
cité pour la finesse de son jeu, au moins à
animer la scène et à rendre convenablement
les rôles dont il était chargé. L'opéra italien,
qui jouait dans les premiers temps allernati-
vement avec l'opéra comique français au
théâtre Feydeau, offrait à Martin les plus
beaux modèles de chant dans les talents de
Viganoni, de Mandini et de madame Mori-
chelli ; cette école ne lui fut sans doute pas
inutile : cependant il ne parait pas avoir bien
compris le mérite de leur excellente méthode,
car il conserva toute sa vie d'assez grands dé-
fauts; par exemple, celui d'une vocalisation
saccadée de fort mauvais goût qui paraissait
plaire beaucoup aux spectateurs habituels de
l'Opéra-Comique. Le mérite principal de Mar-
tin consistait dans la beauté incomparable de
sa voix, la fraîcheur de l'organe, qu'il con-
serva pendant plus de trente ans, une grande
habileté à passer de la voix de poitrine aux
sons surlaryngiens, dont il se servait avec
beaucoup d'adresse, du feu, de l'animalion,
enfin, dans une connaissance profonde de la
musique et beaucoup d'aplomb dans les mor-
ceaux d'ensemble.
Les rôles de Crispin, dans le Nouveau don
Quichotte, et de Frentin, dans les Visitan-
dines, avaient fondé sa réputation; il faisait
la fortune du théâtre Feydeau, et balançait
seul les succès de toute l'excellente troupe de
l'ancienne Comédie italienne; celle-ci com-
prit la nécessité de se débarrasser d'une con-
currence si redoutable; des efforts furent faits
auprès de Martin pour l'engager au théâtre
Favart; il finit par accéder aux propositions
qui lui étaient faites, et il entra à ce théâtre
en 1794. C'est là que secondant Elleviou, ma-
dame Saint-Aubin, Chenard et madame Du-
gazon, il forma avec ces excellents acteurs un
ensemble parfait qu'on ne reverra plus vrai-
semblablement à rOpéra-Comique. Gulnare,
Zoraïme et Zulnar , Maison à vendre ,
Trente et quarante, lui fournirent des occa-
sions pour donner à son talent une spécialité
qui, dans les arts, fonde toujours les réputa-
tions les plus solides ; spécialité qui a été long-
temps un embarras pour les théâtres de pro-
vince; car, suivant l'habitude qu'on a dans
ces théâtres de désigner les emplois par les
noms des acteurs qui les remplissent à Paris,
il fallait dans toutes les troupes dramatiques
un Martin, et ce n'était pas sans peine qu'on
parvenait à trouver des voix qui pussent
chanter d'une manière passable les rôles éta-
blis d'origine par le véritable Martin, de Paris.
A la réunion des troupes d'opéra comique
des théâtres Feydeau et Favart, en 1801,
Martin devint sociétaire et membre du comité
d'administration de la nouvelle société. Il pro-
fita de celte position pour partager, plus tard,
avec Elleviou la plus grande partie de la sub-
vention accordée à l'Opéra-Comique par Napo-
léon. Cet avantage était acquis à deux artistes
sur qui reposait toute la fortune de ce spec-
tacle. L'influence de Martin augmenta encore
en 18]r3, après qu'Elleviou se fut retiré du
théâtre, car seul il attirait encore le public;
seul il jirocurait à la société d'abondantes re-
cettes. L'Irato, une Folie, ma Tante Ju-
rore, les Confidences, Picaros et Diego, Gn-
listan , Koulouf, les Maris garçons, le
Charme de la f'oix, Jean de Paris, Lutly et
Quinuult, le Nouveau Seigneur de village,
Joconde, Jeannot et Colin, le petit Chape-
ron et les Foitures versées, lui valurent tour
à tour (le nouveaux succès, et firent admirer
longtemps la fraîcheur et la conservation de
son organe, autant que les progrès de son la-
lent dans le chant scénique.
Une légère altération commença à se faire
apercevoir dans la pureté de la voix de Mai-
MARTIN
An
tin, en 1822. Déjà, deux ans auparavant, il
avait paru vouloir se reliier et n'avait con-
senti à rester au théâtre que moyennant une
{^ratification de trente mille francs. Mais dès
qu'il crut que son organe ne lui fournirait
plus les mêmes moyens d'exécution, il ne
voulut pas voir diminuer ses succès,. et il prit
sa retraite le 31 mars 1823, après avoir chanté
pendant trente-cinq ans à la scène. Logé alors
dans un des quartiers les plus éloignés du
centre de Paris, il semblait avoir oublié le
théâtre de sa gloire, lorsque en 1826 le direc-
teur de rOpéra-Comique l'engagea pour quel-
ques représentations. Plusieurs années de
repos avaient rendu à sa voix la souplesse et
le moelleux; il étonna encore les artistes par
la vigueur de son exécution dans quelques-
uns de ses anciens rôles. Cependant il reprit
bientôt après ses habitudes de retraite. Huit
années s'étaient écoulées depuis lors, et Mar-
tin était âgé de soixante-cinq ans, lorsqu'une
nouvelle apparition du chanteur émérile fut
annoncée en 1834. Il reparut en effet; mais
alors les ravages du temps se firent apercevoir,
surtout dans les traits rapides et qui exi-
geaient de l'énergie; cependant il y avait
encore beaucoup d'adresse dans la manière de
Martin lorsqu'il chantait de la musique d'un
caractère doux et élégant. C'est à cette époque
que Halévy écrivit pour lui la Fieillesse de
Lafleur, opéra comltjue en un acte, où il eut
encore des éclairs de son ancien talent. Re-
tiré définitivement dans la même année, il ne
prit plus de participation à l'art que par les
leçons de chant qu'il donnait au Conserva-
toire. Il avait été appelé à remplir les fonc-
tions de professeur dans celte école en 1825.
La fin de son existence s'écoulait paisible-
ment; mais la mort d'une fille, en 1836, lui
causa une vive douleur qui ébranla sa consti-
tution, et qui le conduisit an tombeau le 18 oc-
tobre 1837. Ce fut à la Roncière, maison de
campagne de son ancien camarade Elleviou,
près de Lyon, qu'il mourut. Il avait été ténor
de la chapelle de Napoléon, puis de celle des
rois Louis XVIII et Charles X.
Martin avait reçu des leçons de Candeille
pour la com.position; en 1796, il fit repré-
senter, au tréàtre Feydeau, les Oiseaux de
mer, opéra comique en un acte, qui ne réussit
pas. Il a conservé longtemps son talent sur le
violon, car il était déjà au théâtre depuis plus
de(iuinze ans lorsqu'il étonna le public et les
artistes par la manière dont il exécuta un solo
sur cet instrument, dans l'opéra intitulé : le
Concert interrompu.
MARTIÎV (Crescentia), cantatrice, naquit
en 1770, à Babenhausen, en Bavière, où son
père était directeur de la chancellerie. Élevée
dans un couvent à Landsbach, elle y apprit la
musiiiue; puis elle reçut des leçons de chant
du célèbre Raff, à Munich. Pendant plusieurs
années, elle donna des concerts en Suisse, en
Hongrie, en Autriche et particulièrement à
Vienne. En 1800, elle embrassa la profession
de cantatrice dramati(|ue, et parut sur divers
théâtres sous le nom de madame Dorse. De
retour à Munich, en 1811, elle y débuta au
théâtre delà cour; mais déjà elle n'était plus
jeune et sa voix avait perdu sa fraîcheur: elle
eut peu de succès et ne tarda pas à se re-
tirer.
MARTIN (Astoi:«e), professeur de mu-
sique au collège de Saint-Maxenl, est né à
Rochefort, en 1805. Il apprit presque seul le
piano, le violon et la clarinette. On connaît
sous son nom quelques compositions pour les
deux premiers de ces instruments, et les
Délassements de l'étude pour le piano.
MARTIÎN (Julien) connu sous le nom de
3IARTI1\ D'A]>GERS, est né dans celle
ville vers 1808. Après y avoir fait ses pre-
mières études musicales, il se rendit à Paris et
y acheva de s'instruire dans cet art, sans
suivre toutefois les cours du Conservatoire.
Sur la recommandation de M. Danjou, il ob-
tint, en 1841, la place de maître de chapelle de
l'église Saint-Germain-l'Auxerrois. En 1845,
il imagina un nouveau système d'harmonisa-
tion du plain-chant ou de faux-bourdon^
qui fut annoncé par les journaux religieux
sous le nom An Nouveau mode de plain-chant
et fort vanté par ces feuilles; ce n'était au
fond que d'assez mauvaise harmonie, comme
on en a fait, depuis lors, beaucoup d'aulres
essais dans des systèmes divers. Celui que
proposait M. Martin consistait à faire chanter
la mélodie chorale à l'octave par les dessus et
les ténors, en l'harmonisant à trois parties
par le baryton et la basse. L'auteur de ce
plain-chant harmonisé en publia un sjiécimen
dans une brochure intitulée » Plain-chant
populaire pour tous les offices de l'année,
noté dans la voix naturelle du clergé et des
fidèles, et harmonisé d'après un nouveau
procédé musical déposé, sous cachet, dans
les archives de l'Institut, le 'ii janvier 1846,
par J. Martin d'Angers, maître de chapelle
et organiste accompagnateur de la paroisse
royale de Saint-Germain-V Auxerrois et du
collège royal de Saint- Louis. Premièrelivrai-
son. Spécimen de l'office du malinqui est sous
478
MAUTIN — MARTINENGO
jjresse-j Paris, 20 janvier 1846, in-8". Des
analyses de ce système et de l'œuvre en elle-
même furent publiées dans la Revue de la
musique reUyieuse, populaire et classique
(t. II, p. 169-171 et 285-295), ainsi que dans
la Revue et Gazette musicale de Paris (année
1846, n» 34). Une ardente polémique en fut la
suite, tant par les journaux que par de petites
brochures anonymes; mais la mauvaise harmo-
nisation du plain-cliant qui en était l'objet ne
peut résister à la critique qui en avait été faite,
et elle fut abandonnée. On a aussi de M. Martin
un petit écrit intitulé : De l'enseignement
musical dans les collèges royaux de Paris;
Paris, 1841, in-S» de vingt-quatre pages. Ce
travail avait déjà été publié dans la Revue et
Gazette musicale de Paris. Comme composi-
teur, M. Martin a fait exécuter à Saint-Ger-
raain-l'Auxerrois, le jour de Pâques 1846, une
messe solennelle avec orchestre, et une messe
de Requiem. Il a publié plusieurs romances
avec accompagnement de piano; Paris, Ca-
naux ; Prière de la jeune fille, mélodie avec
accompagnement de piano et de violoncelle;
ibid.; Galerie musicale, ou série de mor-
ceaux de chant faciles à deux et trois voix,
avec accompagnement de piano, à l'usage
des pensionnats ; ibid. Cet artiste a pris part
à la rédaction du journal intitulé la France
musicale, pendant les années 1843 et 1846.
MAUTIN (Tocssaint), professeur de mu-
sique à Paris, n'est connu que par un petit
ouvrage élémentaire intitulé : Principes
méthodiques de musique vocale et instru-
mentale; Vaugirard (près Paris), 10-4» de
trente-quatre pages, lithographie.
MARTIN (Casimir), facteur de pianos à
Paris, est inventeur d'un appareil destiné à
donner de la souplesse aux doigts des per-
sonnes qui se livrent à l'étude du piano, et
auquel il a donné le nom de Chirogymnaste.
M. Martin a publié une instruction pour l'usage
de cet appareil, sous le titre de Méthode de
chirogymnaste, ou gymnastique des doigts;
Paris, 1843, in-S" avec six planches. Il a été
fait deux éditions de ce petit écrit.
MARTINE (J.-D.), littérateur français,
né à Genève, vivait à Paris vers 1815, et s'est
fait connaître par un commentaire sur l'Art
poétique d'Horace. Il a aussi publié un livré in-
titulé : De la musique dramatique en France,
ou des principes d'après lesquels les compo-
sitions lyri dramatiques doivent être jugées;
des révolutions successives de l'art en France,
de ses progrès et de sa décadence; des compo-
siteurs qui ont travaillé pour nos spectacles
lyriques, et de leurs prodtictions restées au
théâtre; Paris, Dentu, 1813, in-S". Cet écrit,
rempli de fausses vues et de préjugés, a pour
objet de démontrer que l'ancienne comédie à
ariettes et les anciennes formes de l'opéra
français étaient préférables aux formes plus
musicales de l'opéra modeine.
MARTINEAU (Adrien), professeur de
musique à Nantes, est auteur d'un livre qui a
pour titre : Nouvelle grammaire de la langue
musicale^ miseen rapport avec la grammaire
française; Nantes, imprimerie de Forest;
Paris, Heugei, 1845, in-8".
MARTINELLI (Georges), musicien au
service du duc de Parme, dans la seconde
moitié du dix-septième siècle, a fait imprimer
(le sa composition : Motetti e le quattro Ju-
tifone délia Beata Firgine a due, tre e
quattro voci. op. 1, Bologne, Jacques Monli,
1676, in-4''.
MARTINELLI (Vi>cest), docteur en
droit, né à Turin dans la première moitié du
dix-huitième siècle, résidait à Londres vers
1750; de là il se rendit à Paris, où il fit in-
sérer plusieurs morceaux dans les écrits pé-
riodiques jusqu'en 1762. Il avait travaillé
longtemps à une histoire de la musique qu'il
n'a point achevée, et dont il n'a rien paru.
On a de lui un recueil intitulé : Lettere fa-
miliari criliche; Londres, 1758, in-S". Les
lettres 27, 28, 30, 31, 54 et 36 sont relatives
à la musique. Il a publié aussi une Lettre sur
la musique italienne, dans le premier nu-
méro du recueil intitulé : L' Amateur, ou
nouvelles pièces et dissertations françaises
et étrangères; Paris, 1762, in-12.
MARTINELLI (Locis), excellent chan-
teur bouffe italien, commença à se faire con-
naître vers 1795, et fut bientôt recherché sur
les principales scènes de l'Italie. Eu 1801, il
chanta au théâtre de la Scala, à Milan, pen-
dant les saisons de l'automne et de l'avent. Il
vint ensuite à Paris, où il chanta avec beau-
coup de succès les grands airs bouffes de Ci-
marosa et de Guglielmi. On le retrouve à Mi-
lan en 1807. Après cette époque, les renseigne-
ments manquent sur sa personne.
MARTIi>iENGO (Jules-César), composi-
teur, né à Vérone, dans la seconde moitié du
seizième siècle, fut d'abord maître de chapelle
à Udine, dans le Frioul, puis fut appelé à
remplir les mêmes fonctions à Saint-Marc, de
Venise, le 22 août 1609. Il mourut jeune en-
core dans cette ville, en 1613, et eut pour
successeur Claude Monteverde. On connaît
sous le nom de Marlincngo trois livres do
MARTINENGO - MAEITINEZ
4-;9
madrigaux à quatre, cinq et six voix, publiés
à Venise; le troisième a paru en 1605. Il est
vraisemblable qu'il a laissé en manuscrit de
la musique d'rfjlise dans les archives de Saint-
Marc.
MAUTIINENGO (jEAN-PAtt), organiste
de la cathédrale de Pavie, vers le milieu du
dix-septième siècle, n'est connu jusqu'à ce
jour que par un Adoro <e, et un Congrattila-
iiiini, à deux voix de so[)rano ou de ténors
(n duoi soprani ocero tenori) (|ui se trouvent
dans l'œuvre de Gaspard Casali intitulé Mo-
tetti concertât i a 1,2, 3 e 4 voci con una
messa a 4; Venise, Alexandre Vincenti, 1643,
in-4'>, dont il y a une édition antérieure, el
une autre pul)liée à Venise, en 1G3I .
MAllTI.^liS ou MAilTOEZ (Ma-
rianne), femme d'un mérite distingué dans la
musique, a passé pour la nièce de Métastase.
Elle était fille de Nicolas Martines, maître de
cérémonies de la chambre du nonce aposto-
lique à Vienne, et naquit dans celle ville vers
1745. Sa famille élait napolitaine, d'origine
espagnole, et, sans doute, l'orthographe pri-
mitive de son nom fut Marlinez; l's rem-
plaçant les fut une altération produite parle
temps; il est d'ailleurs remarquable que le
célèbre poète Métastase, ami du père de Ma-
rianne, et «lui vécut dans l'intimité de celle
famille pendant cinquante-deux ans, écrit
Martinez dans les articles de son testament
et de son codicille qui la concernent ainsi que
ses frères. Riesewetler place la date de la
naissance de Marianne Martines vers 1750 (1),
mais elle vil le jour évidemment plutôt, car
Métastase lui laissa, par l'article 7 de son
testament, fait en 1765, une somme de douze
mille florins, pour donner une faible re-
compense à ses mœurs pures et à ses hon-
nêtes et louables éludes. Si Marianne Mar-
tines était née vers 1750, elle aurait eu quinze
ans à l'époque où le poêle lui faisait ce legs,
et l'on auiail pu s'étonner qu'à cet âge ses
mœurs n'eussent pas été pures. La date de
1745 que j'ai adoptée, dans la première édi-
tion de ce dictionnaire comme dans celle-ci,
parait donc plus rapprochée de l'exactitude.
Mademoiselle Martines eut le bonheur de re-
cevoir de Haydn, jusque-là peu connu,
des leçons de musique et de clavecin, et Por-
j)ora lui enseigna l'art du chant et la compo-
sition. Ses piogrès furent rapides. Claveciniste
d'un talent élégant et gracieux; cantatrice
«lonl le chant était suave et d'une expicssion
(1) CalaloQ tUr Sammlung aller Musik, p. Ii3.
aussi vraie que pénétrante; compositeur doué
d'une vigueurdeconception rare et d'unsavoir
très-étendu, elle réunissait en elle seule les
qualités de plusieurs artistes distingués. Bur-
ney, qui l'entendit à Vienne en 1772, en parle
avec admiration. Par un codicille du 17 août
1780 Métastase porta à vingt mille florins le lef>s
qu'il avait fait à Marianne Martines. Par l'ar-
ticle 8 de son testament, daté du 5 août 1765,
il lui avail légué son clavecin, ses épinettes et
toute sa bibliothèque musicale. En 1796, elle
vivait à Vienne dans l'aisance. Les samedis de
chaque semaine, elle donnait chez elle des
concerts, dont l'entrée était ouverte à tous les
étrangers. Elle avait aussi institué une école
de chant, où elle forma de bons élèves. Burney
cite avec éloge de sa composition des sonates
de piano, beaucoup de chants italiens sur des
poésies de Métastase, un Miserere à quatre voix
concertantes et orgue, composé en 1768, qui
se Irouve dans plusieurs grandes bibliothè-
ques, notamment à la bibliothèque impériale
de Vienne, plusieurs psaumes italiens sur des
traductions de Métastase, à quatre et à huit
voix, avec orchestre, parmi lesquels on remar-
que Vin exilu Israël à quatre voix concer-
tantes, chœurs à quatre voix et instruments;
l'abbé Gerbert a tenu entre ses mains une
messe et un oratorio écrits par elle; l'abbé
Santini, de Rome, possède le psaume 41* à
quatre voix el orchestre, de sa composition,
qui se trouve aussi à la bibliothèque impériale
de Vienne. Marianne Martines avait été
nommée, en 1773, académicienne honoraire
des Philharmoniques de Bologne, dans la
série des compositeurs. Elle mourut à Vienne,
en 1812, à l'âged'environ soixante-sept ans(l).
MAUTIINEZ (Jean), prêtre espagnol, fut
maître de chapelle à l'église cathédrale de
Séville, vers le milieu du seizième siècle. Il a
fait imprimer un livre qui a pour titre : Arte
de canto llano puesta y reducida iiuova-
menteen su entera perfeccion segun la pra-
feca (l'Art du plain-chant, rétabli dans son en-
tière perfection, selon les règles de la prati-
que); Séville, 1360, in-S». Uachado (Bibliot.
Lusit., t. II, p. 692) cite cet auteur sous le
nom de Martins, comme un poète portugais,
de qui l'on a imprimé un livre intitulé : Jlrle
do Canto chaâ posta e reducida em sua en-
teira perfeçaô segundo a practica délia,
muito necessaria para todo o sacerdote ,
e persoas que haâ de saber cantar, etc.;
Coimbre, Manoel de Araujo, 1003, in-S"; se-
(1) Je suis redevable à M. Farrenc des rcitscigncmenl»
daijiis lesquels cette noliee a élt rcfaile.
480
MARTINEZ — MARTINI
conde édition, Coïmbre, Nicolas Carvalho,
1612, in-8"; 3« idem, revue et augmentée par
Antoine Cordeyro; Coïmbre, 1625. L'identité
<Ie personne et d'ouvrage est évidente; il est
vraisemblable que le livre portugais n'est
qu'une traduction de l'espagnol, et que l'exis-
tence de celui-ci, antérieure à l'autre de plus
de quarante ans, est réelle,
MARTIINI (Jacqces), professeur de phi-
losophie à l'université de Wittenberg, au
commencement du dix-septième siècle, a
publié des recherches sur beaucoup de ques-
tions philosophiques et politiques, sous ce
litre : Centuria qiixstionum illustrium phi-
losophtcartim; "Wittenberg, 1609-1610, in-4».
Dans la cinquième centurie, il examine ces
questions : ^n vocalis et instrumentalis
Musica omni stati conveniat? Musica ad
quid conducat ?
MARTIIVI (Christophe), musicien hollan-
dais, vivait vers le milieu du dix-septième
siècle. On a de lui un livre intitulé : Hand-
boek van waren loop der Toonen (Manuel du
véritable enchaînement des tons); Amsterdam,
1641, in-4».
MARTIIVI (Adam-Sigismoud) , cantor à
Giessen, vers la fin du dix-septième siècle, fut
ensuite appelé à Hambourg en la même qua-
lité. Il a fait imprimer un traité élémentaire
de musique qui a pour titre : Grundliche und
'leichte Unterweîsung , wie man nach AnUi-
tung des deutschen Alphabets die ganze
TFissenschaft der heutigen Vocalmusik
fassen kann (Méthode naturelle et facile pour
apprendre la musique vocale d'après l'alpha-
bet allemand, etc.); Giessen, 1700, in-S".
MAUTIINI(MA!itim), religieux franciscain,
né en Bavière, vécut dans la première partie
du dix-huitième siècle. On a de sa composi-
tion : 1" Soixante-deux motets à une et deux
voix, pour toutes les fêtes de l'année, avec
deux violons et basse continue; Augsbourg,
Lotler. 2" Vêpres à quatre voix pour les fêtes
de la Vierge et des apôtres, ibid. ô» Litanies
et Salve Regina avec accompagnement de
deux violons et basse continue, ibid.^ 1717.
MAUTIIVI (Georges-Henri), né en 1722 à
Tanneberg, en Misnie, fut professeur d'élo-
quence à Ratisbonne, puis à Altenbourg, où il
est mort le 23 décembre 1794. Au nombre de
ses ouvrages, on trouve deux dissertations
relatives à l'histoire de la musique. La pre-
mière a pour titre : Fersuch von den must-
kalischen TFettslreiten der Alten (Des luttes
musicales des anciens). On trouve ce morceau
dans la Nouvelle bibliothèque des sciences et
beaux-arts f^Neuen Bibl. der schœnen Wis-
sensch. und freyen Kiinste), t. 7, p. 1-37, et
205 251. Hiller l'a aussi insérée dans la troi-
sième année de ses notices, p. 150-221. La
seconde dissertation de Martini est intitulée :
Beweis, dass der neueren Urlheile iiber die
Tonkunst der Alten nie zulxnglich and ent-
scheidend sein kœnnen (Démonstration que
les jugements des modernes sur la musique
des anciens ne peuvent jamais être décisifs);
Ratisbonne, 1764, in-4° de douze pages.
MAUTIIM (....) 1 facteur d'orgues et de
clavecins à Friederichstadt, près de Dresde,
naquit vraisemblablement dans les dernières
années du dix-septième siècle : il vivait encore
en 1740. Il a construit quelques bons instru-
ments dans les églises de !a Saxe, et a eu de
la réputation pour ses clavecins.
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