BIOGRAPHIE
UNIVERSELLE
DES MUSICIENS
TOME SIXIÈME
TVffOGRAl'UIE DE U. FIRMIN lUDOT. — MESNIL (EL'RE).
BIOGRAPHIE
UNIVERSELLE
DES MUSICIENS
ET
BIBLIOGRAPHIE GÉNÉRALE DE LA MUSIQUE
DEUXIEME EDITION
EVTIÈREMEIST REFONDCE ET AUGNENTÉF. DE PLIS DE MOITIÉ
PAR F. J. FÉTIS
MAÎTRE DE CHAPELLE DC ROI DES BELGES
DIRBCTEDR DU COXSBBTATOIRB ROYAL DE MUSIQUE DE BRUXELLES, ETr.
TOME SIXIEME
PARIS
LIBRAIRIE DE FIRMIN DIDOT FRÈRES, FILS ET C"
IMPRIMEURS DE l'iNSTITUT, RUE JACOB, 36
1864
Tous droiU réserTés
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BIOGRAPHIE
UiNIVERSELLE
DES MUSICIENS
M
MARTO'I (le P. Jeax -Baptiste), religieux
cordelier, a été le musicien le plus érudit du
dix-huilième siècle, en Italie. Il naquit à Bo-
logne, le 25 avril 1706. Son père, Antoine-
MarieMartini, violoniste qui faisait partied'une
troupe de musiciens appelés / FratelU, lui
enseigna les éléments de la musique, et lui mit
en main l'archet, lorsqu'il était encore dans
sa première enfance. Ses progrès furent si ra-
pides, que son maître n'eut bientôt plus rien
à lui apprendre, et qu'on fut obligé de lui en
chercher un plus savant et plus habile. Confié
d'abord aux soins du P. Predieri {voyez ce
nom), pour le chcfnt et le clavecin, il prit en-
suite des leçons de contrepoint chez Antoine
Riccieri, sopraniste, né à Vicence, et savant
compositeur. Martini fit ses études morales et
religieuses sous la direction des Pères de
l'oratoire de Saint-Philippe de Néri. Fort
jeune encore, il prit la résolution d'entrer
dans un cloître, et ce fut l'ordre des grands
cordeliers qu'il choisit. Il prit l'habit de cet
ordre dans le couvent de Bologne, en 1721 , fut
envoyé à Lago pour y faire son noviciat, et fit
sa profession le 11 septembre de l'année 1722.
De retour dans sa ville natale, il s'y livra avec
ardeur à l'étude de la philosophie, et acquit
des connaissances si étendues dans la musique
théorique et pratique, que la place de maître
de chapelle de l'église Saint-François lui fut
confiée en 1723, quoiiju'il ne fût âgé que de
dix-neuf ans. Ses liaisons d'amitié avec
Jacques Perti, maître de chapelle de Saint -
Pétrone, n'eurent pas une médiocre influence
sur ses travaux; les conseils de ce maître lui
furent particulièrement utiles pour ses com-
BIOCR. r.MV. DES MUSICIE.\S. T. VI.
positions religieuses. Dans le même temps, il
étudiait aussi les mathématiques sous la di-
rection de Zanotti, médecin et géomètre d'un
grand mérite, et la lecture des traités anciens
et modernes sur la musique remplissait une
grande partie du temps qu'il n'employait pas
à composer. Sa collection de livres, de ma-
nuscrits précieux et de musique de tout genre,
composait la bibliothèque la plus nombreuse
qu'un musicien eût jamais rassemblée : plus
de cinquante années de recherches et de dé-
penses considérables avaient été nécessaires
pour parvenir à ce résultat. Beaucoup de per-
sonnes de distinction, qui avaient été ses
élèves, avaient pris plaisir à enrichir sa col-
lection de tout ce qu'elles avaient trouvé de
rare et de curieux; et plusieurs princes étran-
gers avaient contribué par leurs dons à aug-
menter toutes ces richesses. On assure même
que le célèbre Farinelli lui fournit les moyens
de faire d'importantes acquisitions qui n'étaient
point à la portée de ses ressources person-
nelles. On lit dans le Lexique des musiciens
de Gerber que Bottrigari, ami du P. Martini,
lui avait légué sa riche bibliothèque de mu-
sique; Choron etFayolle, ]a Biographie uni-
verselle et le Dictionnaire historique des
musiciens, publié à Londres, en 1824, n'ont
pas manqué de répéter ce fait, dont la fausseté
est pourtant évidente; car le maître de cha-
pelle de Saint-François était né en 170G, et
Bottrigari était mort en 1612. .\u surplus,
il paraît certain que, par des circonstances
inconnues, les livres et les manuscrits de ce
dernier devinrent plus tard la propriété de
Martini.
1
MARTINI
Ce maîîre avait ouvert à Bologne une école
de composition, où se formèrent plusieurs
musicien, devenus célèbres. Parmi ses meil-
leurs élèves, on remarque le P. Paolucci,
maître de chapelle à Venise, et auteur du livre
intitulé : Jrte pratica di contrappunlo ; le
P. Sabbatini, de Padoue, qui, plus tard, étudia
la doctrine de Valotti ; Rullini, de Florence ;
Zanotti, fils du médecin et maître de chapelle
de Saint-Pétrone; Sarti ; l'abbé Ottani, qui
mourut maître de chapelle à Turin, et l'abbé
Stanislas 3Ialtei qui ne quitta jamais son
maître, et qui lui succéda dans la direction de
son école. Partisan déclaré des traditions de
l'ancienne école romaine, admirateur sincère
des grands musiciens qu'elle a produits, Mar-
tini s'attacha particulièrement à propager
les doctrines qui avaient formé de si habiles
maîtres, et à donner à ses élèves la pureté du
style et une manière élégante de faire chanter
les parties. L'excellence de sa méthode pra-
tique, et le mérite de ses élèves donnèrent à
son école une renommée européenne. Les
plus célèbres musiciens se faisaient honneur
de recevoir des conseils du franciscain de Bo-
logne, et presque toujours il dissipa leurs
doutes sur les questions qu'ils lui soumet-
taient.
La renommée dont il jouisait le fit souvent
prendre pour arbitre dans des discussions éle-
vées sur différents points de l'art et de la
science, et pour juge dans des concours. C'est
ainsi qu'il fut prié de prononcer un jugement
entre le P. Fritelli , maître de chapelle de
l'église cathédrale de Sienne, qui enseignait le
solfège d'après la méthode moderne, rejetant
les muances, et le P. Provedi, autre savant
musicien, qui attaquait cette innovation, ad-
mise alors en France, en Espagne et dans les
Pays-Bas. C'est ainsi également que Flavio
Chigi, de Sienne, l'invita, en 1745, à donner
son avis sur le nouveau système de solmisa-
tion qu'il voulait mettre en usage. Appelé à
juger le concours ouvert pour la place de
maître de chapelle à Sainte -Marie délia
Scala, à Milan, il se prononça en faveur de
Fioroni, et ramena à son avis les autres juges
qui, déjà, avaient fait choix de Palladino.
Après la mort de Fioroni, ce fut encore le
P. Martini qu'on chargea de désigner son suc-
cesseur. Grégoire Ballabene, après avoir écrit
sa fameuse messe à quarante-huit voix réelles,
la soumit à l'approbation de ce maître, qui a
écrit sur ce sujet une dissertation spéciale.
Le P. Martini fut quel([uefois engagé dans
des discussions de doctrine ou d'application
pratique de ses principes : il y porta toujours
autant de politesse que de savoir. Il n'était
âgé que de vingt-six ans lorsque la première
polémique de cette espèce fut soulevée, à l'oc-
casion d'un canon énigmatique à trois par-
ties, de Jean Animuccia, qui se trouvait à la /
maîtrise de la cathédrale de Lorette. Les deux
premières parties de ce canon sont régulières,
mais la troisième, où le maître n'avait point
mis de clef, a une étendue de deux octaves,
et ne pouvait être résolue qu'au moyen des
deux clefs d'uf (troisième ligne) et de fa (qua-
trième ligne). Le P. Martini envoya sa réso-
lution au vieux Redi, maître de chapelle de
l'église cathédrale de Lorette, qui, n'ayant
jamais vu de partie vocale écrite avec deux
clefs, déclara la résolution mauvaise, et en fit
une autre, qui était fausse. Martini envoya les
deux résolutions du problème à Pitonl ,
maître de Saint-Pierre du Vatican, et à Pac-
chlonl, de Modène, et ces savants musiciens
approuvèrent le travail de Martini et rejetè-
rent celui de Redl. Le vieux maître, qui ne
voulait pas être vaincu par un jeune homme,
fit une amère critique de la décision des juges ;
mais le P. Martini termina la discussion par
une savante dissertation , datée du 24 octobre
173-3, où il prouvait, par des exemples pris
dans les oeuvres *de Sorlano , de Festa, de
J.-3L Nanlni, et d'autres maîtres du seizième
siècle, qu'on a quelquefois écrit des parties
vocales sur deux clefs différentes. On trouva
une relation de cette discussion dans un ma-
nuscrit de la bibliothèque de la maison Cor-
slni, à Rome, Intitulé : Controversia fra il
P. M. F. Gio. Battista Martini, ed il Sig.
D. Tommaso Redi, da Siena, maestro di
capp. di Loreto.
Eximeno avait attaqué la science des com-
binaisons harmoniques et du contrepoint dans
son livre Dell' origine delta musica; Martini
défendit la science qu'il enseignait dans son
Essai fondamental pratique de contrepoint
fugué, et cette réponse provoqua une réplique
du jésuite espagnol {voyez Emmeno). Saverlo
Mattei, 3Ianfredlnl {voyez ces noms), et quel-
ques autres attaquèrent aussi le savant pro-
fesseur de Bologne, considérant sa science
comme surannée, et ses compositions comme
dépourvues de génie : mais il ne leur répondit
pas, et son prudent silence fit tomber les hos-
tilités dans l'oubli.
La simplicité, la douceur et la modestie
composaient le caractère du P. Blarllni. Son
obligeance et son empressement à satisfaire à
toutes les questions qui lui étalent adressées
MARTLNI
concernant la théorie ou l'histoire de l'art; le
soin qu'il mettait à éviter ce qui pouvait
blesser l'amour-propre des autres musiciens,
et le bienveillant accueil qu'il faisait à ceux
qui le visitaient, l'avaient rendu l'objet de la
vénération et de l'estime universelle. Il entre-
tenait une correspondance avec beaucoup de
savants, de princes et de personnages de dis-
tinction qui lui témoignaient de l'attachement
et de la déférence. Le roi de Prusse, Frédé-
ric II, à qui il avait envoyé son Histoire de la
musique, lui écrivit une lettre de remercl-
ments, et lui fit présent d'une tabatière ornée
de son portrait et enrichie de brillants.
L'électeur palatin, la princesse de Saxe Marie-
Antoinette, Frédéric-Guillaume, prince héré-
ditaire de Prusse, elle pape Clément XIV, lui
écrivaient aussi et lui faisaient de riches pré-
sents. Peu d'étrangers visitaient Bologne sans
l'aller voir, et sans admirer son profond sa-
voir et les richesses scientifiques qu'il avait
rassemblées autour de lui. Un grand désordre
régnait dans sa cellule, et dans les chambres
qu'il avait remplies de musique et de livres.
On trouvait ces objets empilés sur son clave-
cin, sur sa table, les chaises et le parquet, et
ce n'était pas sans peine qu'il parvenait à
offrir un siège à ceux qui allaient le voir. Cette
immense collection d'objets d'art et de science
inspirait à tous les étrangers autant d'étoune-
ment que d'intérêt. « Dans mes voyages, dit
« Burney (The présent state of Music in
« France and Jtaly, p. 205), j'avais souvent
« étonné des libraires du continent avec la
« liste de mes livres sur la musique; mais à
<f mon tour j'éprouvai la plus grande surprise
« en voyant la collection du P. Martini. Il a
« une chambre pleine de traités manuscrits ;
« deux autres sont remplies de livres impri-
•> mes, et une quatrième est encombrée de
« musique pratique, tant imprimée que ma-
« nuscrite. Le nombre de ses livres s'élève à
« dix-sept mille volumes (1), et il en reçoit
« encore de toutes les parties du monde, n
Dans les dernières années de sa vie, le
P. Martini fut tourmenté par un asthme, par
une maladie de la vessie, et par une plaie
douloureuse à la jambe. Sa sérénité n'en fut
jamais altérée, ses travaux ne se ralentirent
(.1) Il faut entendre ici par les paroles de Barney non-
seulement les traités de musique manuscrits et impri-
més, mais toute la musique pratique; car il n'existe
pas même aujourd'hui un nombre assez considérable
de traités de musique pour en former une collection
de dix-sept mille volumes. La collection de musique
ancienne du P. Martini était immense.
point, et jusqu'au dernier moment il s''occupa
de recherches pour la publicatioo du qua-
trième volume de son Histoire de la musique.
Son élève, le P. Stanislas Maltei, lui donna des
soins jusqu'à ses derniers moments, et reçut
son dernier soupir le 3 octobre 1784 (1). Mar-
tini était parvenu à l'âge soixante-dix-huit
ans. De magnifiques funérailles lui furent
faites, et l'on y exécuta une messe de Requiem
composée par Zanotti. Le 2 décembre suivant,
les membres de l'Académie philharmonique,
réunis aux élèves de l'illustre maître, firent
faire un service funèbre dans l'église des
chanoines de Laleran de Saint-Jean in monter
où l'on y chanta une messe composée par
treize maîtres de chapelle, membres de l'aca-
démie. Après la messe, Léonard Volpi, acadé-
micien philharmonique, prononça l'éloge de
Martini en langue latine ; on distribua ensuite
aux assistants plusieurs compositions poéti-
ques dont le célèbre historien de la musique
était l'objet, et deux épitaphes en style lapi-
daire par le P. Louis Tomini, moine francis-
cain. Le 14 décembre de la même année,
l'ouverture des écoles publiques des PP. Bar-
nabites de Sainte- Lucie fut faite par le P. Pe-
drazzini, professeur d'humanités, avec un dis-
cours dont l'éloge du P. Martini était le sujet,
et le l'"" janvier 1785 , un autre éloge de ce
^ maître fut prononcé dans une séance des aca-
démiciens Fervidi. Le P. Pacciaudi avait fait
insérer dans le n" XX de son ^ntologia,
publié à Rome, en 1784, une longue épitaphe
du même, et le P. Guillaume Della Valle avait
récité, le 24 novembre de la même année, une
élégante oraison funèbre dans le service so-
lennel qui avait été fait à l'église des SS. Apô-
tres, à Rome : ce morceau fut inséré dans le
Giornale de' Letlerati di Pisa (ann. 1785,
t. 57, p. 279 et suiv.). Le même P. Della Valle
publia aussi dans VAnlologia (Rome, 1784 et
1785) une analyse de VHistoire de la musique
du P. Martini. Enfin il fit paraître dans l'année
suivante des Mémoires historiques de Martini,
où il réunit son analyse de VHistoire de la
musique, et beaucoup de lettres de ce savant
musicien ou relatives à lui. Son portrait fut
gravé plusieurs fois, et Tadolini frappa une
(I) M. Farrenc remarque, dans la notice sur le P. Mar-
tini,qu'il a placée dans le troisième Tolume de son Tré-
sor des pianistts.que celle date est donnée par Moreschi
(Orazione in Iode del Padre maestro Martini; Bologne,
1786), Gaenno Gandini {Elogio di Gio. Battista Mar-
tini; Bologne, iSlô], et par della Valle (Memorie storicfte
del P. M. Giambaltisla Martini; Naples, 1785); Fantuzzi
seul fixe la date de la mort de ce grand musicien au
4 août.
MARTINI
médaille qui offre d'un côté son effigie, et de
l'autre des instruments de musique, avec ces
mots pour exergue : Fama super xthera no-
tus MDCCLXXXniI. C'est par ces hon-
neurs multipliés que l'Italie témoigna ses re-
grets de la perte d'un si célèbre musicien.
Martini avait été agrégé à l'Académie de l'In-
stitut de Bologne et à celle des Philharmoniques
en 1758. En 1776, il fut élu membre des
Arcades de Rome, sous le nom académique
iV^ristosseno Anfioneo.
Le P. Martini a composé, pour l'église, des
messes et des motets, non dans l'ancien style
osservato de l'école romaine, comme je l'ai dit
dans la première édition de ce dictionnaire,
mais dans le style concerté, en usage à l'époque
où il vécut. Ce renseignement résulte d'une
lettre écrite par M. Gaspari {voyez ce nom) de
Bologne à M. Farrenc. La plupart de ces ou-
vrages sont restés en manuscrit, et se trouvent
en grande partie au lycée musical de Bologne.
M. Gaspari croit que les messes du maître
existent au couvent des Mineurs conventuels
de cette ville. On a imprimé les compositions
suivantes ,• 1" Litania; atque antiphonx
finales B. Firginis MarLv 4 vocibus cum
organo et instrum. ad libitum. Bononix
upud Lelium a Folpe, 1734, in-4", op. 1.
2" Sonate (l'2) d'intavolatura per l'organo
e cembalo, opéra 2", chez Le Cène, à Amster-
dam, 1742, in-folio. 3" Sonate (6) per l'or-
gano ed il cembalo di F. Gio. Battista Mar-
tini, minor conventuale 5 Bologna, per Lelio
délia Volpe, 1747, op. S". J'ai dit, dans la
première édition de \a Biographie universelle
des musiciens, que les sonates de Martini
sont d'un style original, qu'elles offrent de
grandes difficultés, et qu'elles sont estimées
comme des productions d'un ordre fort dis-
tingué. Ceci n'est applicable qu'à l'œuvre de
douze sonates publiées à Amsterdam ; quant
aux six sonates imprimées à Bologne, M. Far-
renc les considère comme peu dignes d'un si
grand maître. 4" Duetti du Caméra a di-
vcrsi voci; Bologna, per Lelio della Volpe,
1763, op. 4*. La bibliothèque du lycée com-
munal de Bologne possède en manuscrit les
compositions suivantes du P. Martini : 1" San
Pietro, oratorio. 2» Le même avec une autre
musique. 3" L'Assunzione di Salomone al
trono d'Jsraello, oratorio. 4" La Dirindina,
fursetta. 3" L'Imprésario délie Canarie, in-
termezzo. G» // Don CliisciottOj intermezzo.
7" Il Maestro di musica, intermezzo.
Quoique les compositions de Martini soient
dignes d'un mailre de si grand mérite, c'est
surtout comme musicien érudit et comme
écrivain sur la musique qu'il s'est fait la répu-
tation européenne qui est encore attachée à
son nom. Son ouvrage le plus considérable a
pour titre : \7oStoria della musica. Tomo 1° ;
Bologna, 1757, per Lelio della Volpe. Tom. II;
ibid., 1779. Tom. III; 1781, in-4». Il a été
tiré quelques exemplaires de cet ouvrage en
format in-folio, encadré de vignettes en bois ;
ces exemplaires sont très-rares. Une vaste
érudition, une lecture immense, se font re-
marquer dans ce livre, fruit du travail le plus
laborieux ; mais on ne peut nier quel'esprit de
critique et la philosophie de la science y man-
quent absolument, et que le plan est défec-
tueux. Quoique Martini avoue dans sa préface
(p. 3) que l'on manque de monuments et de
descriptions suffisantes pour la musique des
premiers âges du monde, il ne s'attache pas
moins à traiter, en dix chapitres du premier
volume de son Histoire : 1" De la musique de-
puis la création d'Adam jusqu'au déluge ,-
2» Depuis le déluge jusqu'à Moïse; 3" Depuis
la naissance de ce législateur des Hébreux
jusqu'à sa mort; 4" Depuis la mort de Moïse
jusqu'au règne de David; 5° Depuis ce règne
jusqu'à celui de Salomon ; 6" Depuis la fonda-
tion du temple jusqu'à sa destruction; 7" De
la musique des Hébreux dans les repas, les
funérailles et les vendanges ; 8» De la musique
des Chaldéens et des autres peuples orientaux;-
9" De la musique des Égyptiens. Trois disser-
tations viennent ensuite remplir le reste du
volume, et n'occupent pas moins de trois cent
soixante pages, où Martini examine quel est le
chant naturel aux hommes, de quel chant les
anciens firent usage, et quels furent le chant
et les instruments dont les Hébreux se ser-
vaient dans le temple. Une multitude de
choses curieuses, de citations pleines d'intérêt,
et de rapprochements utiles sont confondus,,
dans ces bizarres recherches, au milieu de
divagations interminables qui rendent la lec-
ture du livre de Martini fatigante, ou plutôt
impossible; car je ne crois pas qu'il y ait de
courage humain capable d'affronter la lecture
d'un tel ouvrage; mais le musicien studieux
le consultera toujours avec fruit. Les deuxième
cl troisième volumes, traités de la même ma-
nière, sont entièrement remplis par des re-
cherches sur la musique des Grecs, ou par des
ol)jets qui s'y rapportent d'une manière plus^
ou moins indirecte. Au commencement et à la
fin des chapitres de tout l'ouvrage, le P. Mar-
tini a fait graver des canons énigmati(|ues,
parmi lesquels on en trouve de fort difficiles..
MARTINI
Cheiiibini les a tous résolus, el en a formé un
recueil fort curieux. Le quatrième volume de-
vait renfermer des recherches sur la musique
du moyen âge jusqu'au onzième siècle. On voit
dans un fragment d'une lettre qu'il écrivait au
P. Sabbatini, le 12 mars 1783 {Jlemor. stor.
del. S. G. B. Martini, p. 129) qu'il se propo-
sait d'y examiner surtout le mérite des tra-
vaux de GuiUo d'Arezzo. Il y parle de la né-
cessité de rechercher toutes les copies qu'il
pourra se procurer des ouvrages de ce moine
célèbre, quoique, suivant le témoignage de
Burney {The présent state of rnusic in
France and Italy, p. 202), il eut déjà, en
1771, dix copies du. 7/ îcro/ogfue dans sa biblio-
thèque.
Suivant une tradition répandue à Bologne,
le manuscrit de ce quatrième volume existe-
rait chez les Mineurs conventuels de cette
ville. Désireux que j'étais de l'examiner pen-
dant le séjour que je fis dans cette ville, en
1841, je priai Rossini de m'en fournir l'occa-
sion ; il eut l'obligeance de me présenter au
bibliothécaire du couvent de Saint-François,
et j'obtins l'autorisation de voir le manuscrit
et de le parcourir; j'acquis bientôt la convic-
tion qu'il ne contient pas une rédaction défi-
nitive du quatrième volume de VHistoire de
la musique de Martini, et qu'il ne peut être
considéré que comme un recueil de matériaux
dans lequel le R. P. franciscain, fidèle à ses
habitudes, fait de longues excursions dans des
questions qui ne se rattachent au sujet que
d'une manière indirecte. L'époque de Charle-
magne y est traitée d'une manière très-pro-
lixe, mais sans ordre et avec des lacunes sur
des choses importantes, telles que la notation
et les premiers essais de l'harmonie, bien que
l'auteur y touche au onzième siècle et y com-
mence l'examen de la doctrine de Guido
d'Arezzo. Avec beaucoup de patience, on
pourrait tirer quelques bonnes choses de ce
manuscrit; mais tel qu'il est, on ne peut
songer à le publier, ni même à le mettre en
ordre et le compléter. Ce n'est qu'un monu-
ment curieux du désordre des idées de 3lartini,
et de sa méthode laborieuse de travail.
Après VHistoire de la musique, l'ouvrage
le plus considérable du P. Martini est celui
qui a pour titre : Esemplare o sia saggio
fondamentale pratico di contrappunto ; in
Bologna, 1774-1775, per Lelio délia Volpe,
deux volumes in-4''. Le premier volume est
relatif au contrepoint sur le iilain-chant; le
second, au contrepoint fugué. De courts élé-
ments de contrepoint précèdent dans la pre-
mière partie les exemples tirés des œuvres
des maîtres célèbres de l'ancienne école, tels
que Palestrina, C. Porta, Morales , J. Ani-
muccia el autres qui, suivant le litre {Esem-
plare), remplissent cet ouvage. Après avoir
expliqué la nature et la constitution de chacun
des tons du plain-cbant, le P. Martini montre
par des morceaux extraits des œuvres de ces
maîtres la manière dont ils doivent être traités
dans le contrepoint; el il accompagne ces
exemples de notes non-seulement remar-
quables par l'érudition, mais où brille le mé-
rite d'une parfaite connaissance pratique de
l'art d'écrire. Ce mérite ne me semble pas
avoir été apprécié à sa juste valeur par quel-
ques critiques français. Ces critiques ont fait
preuve de beaucoup de légèreté lorsqu'ils ont
reproché à Martini d'avoir basé son ouvrage
sur «ne tonalité qui n'est plus en usage : il
suffisait, pour mettre le savant maître à l'abri
de ce reproche, de lire le litre du premier vo-
lume de son livre; ce titre dit clairement l'ob-
jet que l'auteur s'est proposé : Essai fonda-
mental pratique de contrepoint sur le
plain-chant. Le but qu'il s'est proposé est
d'autant mieux atteint , que les exemples
choisis par Martini sont tous excellents, et
qu'il ne pouvait offrir aux jeunes musiciens
de meilleurs modèles pour le style dont il
s'agit. On a dit aussi que les pièces fuguées du
second volume sont plutôt des ricercari que
de véritables fugues, et que la plupart de ces
pièces, étant écrites également dans la tona-
lité du plain-chant, sont aussi peu utiles que
celles du premier volume. Ces reproches ne
me semblent pas mieux fondés que les autres ;
car Martini n'annonce point dans le litre de
cette partie de son ouvrage qu'il se propose de
faire un traité de la fugue suivant les formes
modernes, mais une analyse scientifique d'un
certain nombre de pièces en contrepoint fugué
de l'ancien style. L'erreur fondamentale des
critiques consiste à avoir voulu transformer le
livre du P. Martini en un traité de composi-
tion auquel il n'avait point pensé.
Il est certain aussi que ceux qui nient l'uti-
lité de l'élude de l'ancien contrepoint de l'école
italienne, objet du livre du P. Martini, n'ont
aucune connaissance de celte partie de l'art, et
sont incapables d'en apprécier le mérite. On
ne voit pas trop, dans les monstruosités har-
moniquesdes compositeurs de notre époque, ce
qu'on a gagné à l'abandon de celle étude.
Les autres productions imprimées de ce sa-
vant maître sont: 1° Ragioni di F. G. B.
Martini sopra la risoluzione del canone di
MARTINI
Giovanni Animuccia confro le opposizioni
fattegli dal signor D. Tommaso Hedi, etc.,
10-4", daté du 24 octobre 17ôô, mais sans nom
de lieu. 2" Altestati in difesa del sig. D. Ja-
copo Antonio Arrighi, maestro di capella
délia cattedrale di Cremona; in Boiogna,
perLello délia Volpe, 1746, in-4"de six feuil-
lets. 3" Giudizio di un nuovo sistema di sol-
feggio dal signor Flavio Chigi Sanese, 1746,
in-4<', sans nom de lieu. 4» Giudizio di
<ipollo contro D. Andréa Menini da Udine,
ch' ebbe l' ardire di manomettere il famoso
Adoramus te del célèbre Giacomo Perti ; Na-
ples, Cesari,1761, in-4». "6" Lettera del padre
maestro Gio. Battista Martini alV abate
Gio. Battista Passeri da Pesaro, etc., im-
primée dans le deuxième volume des œuvres
de J.-B. Doni. 6» Onomasticum seu synopsis
musicarum grxcarum atque obscuriorum
vocum,cum earum interpretatione ex operi-
bus Joan. Baptistx Doni. Dans le même vo-
lume, p. 268-276. 7» Dissertatio de usu pro -
gressionis geometricx in musica, auctore
Joanne Baptista Martini ordinis minorum
conventualiiim , in -fol. de vingt-cinq pages,
sans date, nom de lieu et d'imprimeur, mais
publié à Bologne par Lelio délia Volpe, en
1766. Celte dissertation, d'après les rensei-
gnements fpurnis à M. Farrenc par M. Gas-
pari, fut écrite en italien par Blarlini, en
1764, avec l'aide de son ami le docteur Balbi
qui, vraisemblablement, la traduisit en langue
latine pour la faire insérer dans les Mémoires
de l'Institut des sciences de Bologne, t. V,
deuxième parUe, p. 372-394, édition de Bo-
logne, par Lelio délia Volpe, 1767, in-4''. Des
exemplaires ont été tirés séparément, et on
trouve à la suite l'ouvrage suivant : 8" Com-
pendio délia Teoria de'' numeri per uso del
musico da Gio. Battista Martini min. con-
vent., 1769, sans nom de lieu ni d'imprimeur,
mais imprimé par Lelio délia Volpe. in-4» de
quinze pages. 9" Regole per gli organisti
per accompagnare il canto fermo; Bologna,
per Lelio délia Volpe, sans date, une feuille,
in-fol., gravée. Par une lettre qui se trouve
au Lycée musical de Bologne parmi la corres-
pondance de Martini, et qui est datée de Ve-
nise, le 15 janvier 1757, le P. Paolucci deman-
dait à son maître deux exemplaires de ces
Regole, dont la publication a conséquemment
précédé cette date. 10° Descrizione, e appro-
vazione dei Chirie e Gloria in excelsis del
Signor Grcgorio Ballabene, composti a 48
voci in dodicicori. Cette description et appro-
bation se trouve dans une Lettera di Giiiseppe
Heiherger romano academico filarmonico
che serve di preludio alla Descrizione ed ap-
provazione fattasi daW Academia de' Fi-
larmonici di Bologna ad una compnsizione
musicale a 48 voci, del Signor Gregorio
Ballabene, maestro di cappella romano, in
Roma, 1774, nella stamperia del Casaletti a
S. Eustachio, ip-S» de quinze pages. 11" Cin-
quanta due canonia due, tri e qualtro vocir
Venise, sans date, format in-8». M. Gaspari
pense que ces canons ont été publiés peu de
temps avant ou après la mort de Martini. Mar-
tini est aussi l'auteur anonyme du catalogue des
membres de l'Académie des Philharmoniques
de Bologne, intitulé : Série cronologica de'
Principi deW Academia de Filarmonici di
Bologna, e degli Uomini in essa fiorili per
nobiltà, dignità , e per le opère date aile
stampe; in-24, sans date et sans nom de lieu
(Bologne, 1777). Le père Martini a laissé en
manuscrit, outre les matériaux pour la conti-
nuation de son Histoire de la musique :
\\° (bis) Giudizio ragionato sopra il con-
corso di vari maestri alla cappella impériale
de S. Maria délia Scala in Milano. 12° Giu-
dizio nel concorso délia cappella del Duomo
di Milano. 15" Sentimento sopra una Salve
Regina del sig. G.-Andrea Fioroni. 14<'/îa-
gioni esposte in confirmazione degli attes-
tatiprodotti aW academia Filarmonica di
Bologna in difesa del sig. D.-Jacopo Ar-
righi , maestro di cappella di Cremona.
15» Correspondance littéraire avec plusieurs
savants, concernant diverses questions relatives
à la musique. On conserve aussi dans la
bibliothèque du Lycée musical de Bologne les
opuscules inédits de Martini dont voici les
titres : 16» Ragioni diF. Gio. -Batta Martini
sopra la risoluzione del Canone di Giovanni
Animuccia esistente nella canturia di
S. Casa in Loreto, in difesa délie opposi-
zioni fatte del sig. D. Tomaso Redi, maestro
di cappella de detto santuarto, manuscrit
in-4», de l'année 1733. 17° Controversia frà
il padre G.-B Martini ed il sig Gio.-An-
tonio Riccieri, per un soggetto di fuga da
questo al padre suddetto, con varie opposi-
zioni fatte dallo stesso Riccieri e risposte
dal P. Martini, manuscrit in-8°, de l'année
1740. 18° Délie proporzioni o ragioni, ma-
nuscrit in-fol. 19° Regole per accompagnare
sul cembalo ed organo, manuscrit auto-
graphe. 20» Duetti buffi per caméra col
basso continuo, manuscrit in-fol. obi.
On peut consulter, sur la personne du
P. Martini et sur ses travaux : 1» Notizie degli
MARTINI
Scrittori Bolognesi. par FanUizzi, t. V,
pp. Ô42-Ô3Ô. 2» Elogio del Padre Giambat-
tisla Martini, minore conventuale, par le
P. Délia Valle ; Bologne , 1784, in-8»; on
trouve aussi cet éloge dans VAntologia Ro-
mana. tom. XI; dans le Giornale de' Lette-
raUdiPisa, 1783, tom.LVII, pages 279-ô0o,
et il y en a une traduction allemande insérée
dans la Correspondance musicale de Spire,
1791, pag. 217 et suiv. 3° Memorie storiche
del P. M. Giov. Battista Martini, etc., par
le même; Naples, 1783, Simoni, in-S». A" Ora-
zione in Iode del P. M. Giambattista Mar-
tinij recitala nella solenne academia de'
Fervidi rtillimo giorno dell' anno 1784.
par Moreschi; Bologne, 1786, in-8°. 5» Elogio
di Gio. Battista Martini letto nella grande
aida del Liceo armonico, nella solenne dis-
tribuzione de' premi musicali l'anno 1809,
par Gandolfo, docteur en médecine; Bologne,
chez les frères Masi, 1813, in-8<' de vingt-
trois' pages. 6» Elogio del R. P. Giamb. Mar-
tini., par le F. Pacciaudi , dans le journal
littéraire du P. Contini. 7» Voir aussi les Me-
morie per le belle arti, où l'abbé Gherardo de
Rossi a fait insérer une notice sur ce savant
musicien.
MAUTEVI (jEAX-PArL-ÉGiDt), dont le
nom véritable était ■S'c/iicarfiendor/"^ naquit le
I" septembre 1741, à Freisladt, dans le Haut-
Palatinat. Il apprit de bonne heure le latin et
la musique; ses progrès dans cet art furent
assez rapides pour qu'il fût employé comme
organiste, à l'âge de dix ans, au séminaire des
jésuites de Neubourg sur le Danube, où il
était allé faire ses études. En 1738, il se rendit
à l'université de Fribourg en Brisgaw, pour y
faire un cours de philosophie. Pendant son
séjour en cette ville, il remplit les fonctions
d'organiste au couvent des Franciscains. Ses
études terminées, il retourna à Freistadt;
mais des désagréments qu'il éprouva dans la
maison de son père, nouvellement remarié, le
firent retourner à Fribourg, décidé à voyager
et à chercher des ressources dans ses connais-
sances en musique. Incertain de la route
qu'il devait suivre, il monta sur un clocher et
jeta dans l'air une plume dont il examina la
direction ; le vent l'ayant poussée vers la
porte de France, ce fut par là qu'il sortit, et,
sans argent, il s'achemina vers Nancy, s'arrê-
tant le soir dans des couvents où son costume
d'étudiant lui faisait trouver un gite conve-
nable. Arrivé dans la capitale de la Lorraine,
en 1760, sans savoir un mol de français, et
dénué de toute ressource^ il éprouva d'abord
d'assez grands embarras; mais quelques con-
naissances élémentaires qu'il possédait sur la
facture des orgues le firent accueillir chez le
facteur Dupont, qui le logea et lui procura les
moyens de se faire connaître. Son premier
soin fut de se livrer à l'étude de la langue
française, et par le conseil de son protecteur,
il changea son nom de famille, dont la pro-
nonciation paraissait difTicile en France,
contre celui de Martini. Longtemps il ne fut
connu des musiciens que sous le nom de
Martini il Tedesco (Martini l'Allemand), et
ses premières compositions furent gravées
sous ce nom. Son instruction dans l'harmonie
et le contrepoint avait été négligée; il profila
du loisir dont il jouissait dans le commence-
ment de son séjour à Nancy pour se livrer à
la lecture de quelques traités de ces sciences
et de plusieurs partitions de grands maîtres,
où il puisa tout son savoir. Quelques compo-
sitions légères le firent connaître à la cour de
Stanislas et le mirent en crédit. Ce prince,
qui goûtait sa musique, lui donna un emploi
dans sa maison. Martini profita de sa nouvelle
position pour se marier; mais, en 1764, le
prince mourut, et le jeune musicien s'éloigna
de Nancy pour aller se fixer à Paris. Il arriva
dans cette ville au moment où un concours
venait d'être ouvert pour la composition d'une
marche à l'usage du régiment des gardes
suisses. Aussitôt il se mit à l'ouvrage; sa
marche fut exécutée à la parade dans la cour
du château de Versailles, et le prix lui fut ad-
jugé par le duc de Choiseul, qui le prit sous sa
protection. Un des premiers effets de la faveur
de ce ministre fut de faire nommer Martini
officier à la suite du régiment des hussards de
Chamboran, ce qui lui assurait les honneurs
et les avantages du service militaire, sans
l'obliger à aucune fonction, et lui laissait la
liberté de se livrer à ses travaux de composi-
teur. Il en profita pour écrire une très-grande
quantitéde morceaux de musique militaire, où
il introduisit le goût allemand, jusqu'alors
inconnu en France. Il publia aussi, à cette
époque, des symphonies, des quatuors de yiolon
et de piano, des trios, et d'autres morceaux de
musique instrumentale. En 1771, son premier
opéra, intitulé : VAmoureux de quinze ans,
fut représenté au théâtre italien, et y obtint
un succès d'enthousiasme. Martini se retira
alors du service militaire, et entra chez le
prince de Condé, en qualité de directeur de sa
musique. Quelques années après, il eut le
même titre chez le comte d'Artois, et peu de
temps avant la révolution, il acheta la survi-
MARTINI
vance de la charge de surintendant de la mu-
sique du i-oi, pour le prix de seize mille francs.
A l'époque où le théâtre Feydeau fut ouvert
sous le nom de Théâtre de Monsieur, pour la
réunion de l'opéra bouffe italien et de Topéra-
comique français, Martini fut chargé de la
direction de la musique ; mais après les événe-
ments du 10 août 1792, il perdit cet emploi
avec ses autres charges et les pensions qu'il
tenait de la cour. Persuadé que son attache-
ment à la famille royale l'exposerait à des
persécutions, il sortit secrètement de Paris
et se rendit à Lyon, où il publia dans la même
année sa Mélopée, dont il avait emprunté la
plus grande partie au Traité du chant de
lliller. Cependant, convaincu bientôt qu'on ne
songeait point à l'inquiéter, il revint à Paris,
écrivit la musique de quelques chants pa-
triotiques, et acheva son opéra de Sapho, qui
fut représenté en 1794. Quatre ans après, il
reçut sa nomination de membre du comité
d'instruction du Conservatoire de musique et
d'inspecteur de cette école. Compris ensuite
dans la réforme de l'an X, il conserva pendant
le reste de sa vie un sentiment de haine et de
colère contre ceux qu'il considérait comme
auteurs de sa disgrâce , particulièrement
contre Méhul et Catel.
Après la restauration, Martini fit valoir les
droits que lui donnait à la place de surinten-
dant de la musique du roi l'acquisition qu'il
avait faite, avant la révolution, de la survi-
vance de cette place, et elle lui fut accordée
le 10 mai 1814. Le 21 janvier 1816, il fit
exécuter à Saint-Denis une messe de Requiem
qu'il avait composée pour l'anniversaire de la
mort de Louis XVI ; quelques jours après, le
roi lui accorda, en récompense de cet ouvrage,
le grand cordon de l'ordre de Saint-Michel ;
mais il ne profita pas longtemps de cet hon-
neur, car il mourut le 10 février suivant, à
l'âge de soixante-quinze ans et quelques mois,
Martini était né avec du talent : V Amoureux
de quinze ans, le Droit du Seigneur, et la
bataille d'Ivry, renferment des morceaux
(l'une naïveté charmante. Ses mélodies étaient
expressives et dramatiques; ses romances, qui
ont précédé celles de Garât et de Boieldieu,
peuvent être considérées comme des modèles en
leur genre, et l'on citera toujours celle qu'il a
écrite sur les paroles : Plaisir d'amour ne
dure qu'un moment, comme un chef-d'œuvre
de grâce et de douce mélancolie. La musique
il'église de Martini a eu beaucoup de renom-
mée; mais elle a été trop vantée : son caiaclère
est plus brillant que religieux ; d'ailleurs, elle
manque de simplicité et de netteté dans l'har-
monie. Martini avait lu beaucoup de traités de
composition publiés en Allemagne; mais sa
première éducation musicale avaitété négligée,
et les anciens maîtres italiens, modèles admi-
rables pour la pureté de style, lui étaient à
peu près inconnus. Je me souviens que lors-
que j'étudiais l'harmonie au Conservatoire de
Paris, sous la direction de Rey, Martini vint
inspecter la classe de notre maître, et qu'il cor-
rigea une leçon que je lui présentai. Je lui fis
remarquer que dans un endroit sa correction
n'était pas bonne, parce qu'elle donnait lieu à
une succession de quintes directes entre l'alto
et le second violon. «Dans le cas dont il s'agit,
« on peu t faire des quintes consécutives, me dit-
« il. — Pourquoi sont-elles permises? — Je
« vous dis que dans ce cas on peut les faire. —
« Je vous crois, monsieur; mais je désire sa-
« voirie motif de cette exception. — Vous êtes
« bien curieux !» A ce mot, dont le ridicule
n'a pas besoin d'être commenté, tous les élèves
partirent d'un éclat de rire, et la grave figure
de notre professeur même se dérida. Depuis
ce temps, chaque fois que je rencontrais Mar-
tini, il me lançait des regards pleins de cour-
roux. Au surplus, il aurait été difficile de de-
viner, à la brusquerie, à la dureté de ses
manières et au despotisme qu'il affectait avec
ses subordonnés, l'auteur d'une multitude de
mélodies empreintes de la plus douce sensi-
bilité.
Parmi les premières productions de cet ar-
tiste, devenues fort rares aujourd'hui, on re-
marque : 1» Six quatuors pour flûte, violon,
alto et basse, op. 1; Paris, Heina, 1765.
2» Six trios pour deux violons et violoncelle,
op. 2; ibid. 3» Quatre divertissements pour
clavecin, deux violons et basse, op. 3; ibid.
4" Six nocturnes pour les mêmes instruments,
op. 4; ibid. 5" Six quatuors pour deux vio-
lons, alto et basse, op. 5; ibid. 6» Six trios
pour deux violons et basse, op. 6; ibid. 1769.
Mengal a arrangé en harmonie pour neuf
instruments à vent un choix des anciennes
pièces composées par Martini pour l'usage des
régiments français; ces pièces ont été publiées
à Paris, chez Naderman. Les œuvres de mu-
si(iue d'église que Martini a publiés, ou qui
ont paru ai)rès sa mort, sont : 1" Messe solen-
nelle à quatre voix et orchestre; Paris, Le
Duc. 2» Deuxième messe solennelle à quatre
voix et orchestre; Paris, chez l'auteur. 3° Six
psaumes à deux voix et orgue; Paris, Le Duc.
4° Messe de Requiem à quatre voix et or-
chestre; ibid. 3" Deuxième messe de Requiem,
MARTINI — MARTINIUS
exécutée à Saini-Denis, le 21 janvier 1816;
Paris, Poiro. 6» Te Deum â quatre voix et or-
chestre; Paris, Le Duc. 7" Domine sahum
fac regem, à quatre voix et orgue; Paris,
Érard. 8» O salutaris hostia, à cinq voix et
orgue ; i6i</. Martini a donné au théâtre :
1" V^moureux de quinze ans, en trois actes,
à la comédie italienne, 1771.2» Le Fermier
cru sourd, en trois actes, 1772 (joué sans
succès). 3° Le Rendez-vous nocturne, en un
acte, écrit pour Versailles, en 1773 , puis re-
présenté au théâtre lyrique et comique.
4° Henri IF, ou la Bataille d'Ivry, en trois
actes, à la comédie italienne, en 1774. L'ou-
verture de cet opéra a eu longtemps de la cé-
lébrité. 5» Le Droit du Seigneur, à la comé-
die italienne, en 1785. Cet opéra, considéré
à juste titre comme une des meilleures pro-
ductions de Martini, a eu un succès de vogue,
qui s'est soutenu pendant plusieurs années.
6° L'amant sylphe, en trois actes, représenté
à Versailles, en 1785. 7° Sapho , drame
lyrique en deux actes, représenté au théâtre
Louvois, en 1794. 8» Annette et Lubin, en un
acte, à la comédie italienne, en 1800. Quoique
Martini eût mis beaucoup de grâce et de naï-
veté dans cette nouvelle musique d'un ancien
opéra , son ouvrage obtint peu de succès.
9° Ziméo, grand opéra en trois actes, réduit
en opéra dialogué et représenté au théâtre
Feydeau, en 1800. Opébas >ox repbesextés :
IQo Sophie, ou le Tremblement de terre de
Messine, en trois actes. W" Le Poète sup-
posé, en trois actes. Cet ouvrage avait été
écrit en 1782; mais le même sujet ayant été
traité par Laujon et Champein, et leur pièce
ayant été représentée le 25 avril de la même
année, Martini fut obligé de garder la sienne
dans son portefeuille. 12" La Partie de cam-
pagne , en trois actes. Les partitions de
l'Amoureux de quinze ans, de la Bataille
d'Ivry, du Droit du Seigneur, de Sapho et
de Ziméo, ont été gravées à Paris, et le Droit
du Seigneur, traduit en allemand, a été pu-
blié à Leipsick, en partition pour le piano. On
connaît aussi, sous le nom de Martini, une
cantate intitulée : Arcabonne, avec accompa-
gnement d'orchestre ou de piano; Paris,
Erard; et six recueils d'airs, romances, chan-
sons, avec accompagnement de piano; Paris,
Naderman. Enfin, il a écrit, en 1810, une
grande cantate à quatre voix et orchestre pour
le mariage de Napoléon et de Marie-Louise.
Cet artiste est le premieV qui a publié, en
France, des romances et des airs détachés
avec un accompagnement de piano; avant
lui, tous les morceaux de ce genre étaient
gravés avec une basse simple ou chilTrée.
Comme écrivain didactique, Martini a pu-
blié : 1" Mélopée moderne, ou l'Art du chant
réduit en principes; Lyon, 1792, in-4°, et
Paris, Xaderman. Les principaux matériaux
de cet ouvrage ont été puisés dans le Traité du
chant de Hiller. 2» Partition pour accorder le
piano et l'orgue; Paris, 1794. 3° Ecole
d'orgue, divisée en trois parties; résumée
d'après les ouvrages des plus célèbres orga-
nistes de l'Allemagne ;Vari&,lmb3iuU, in-fol.
Ce titre n'est point exact, car on ne trouve
dans l'ouvrage de Martini qu'une traduction
de VOrgelschule de Rnecht (voyez ce nom),
où le livre allemand est bouleversé sans que le
traducteur y ait mis plus d'ordre. Martini a
aussi coopéré à la rédaction des solfèges du
Conservatoire de Paris. Il a laissé en manu-
scrit un Traité élémentaire d'harmonie et de
composition, ainsi qu'une volumineuse col-
lection d'extraits et de traductions d'ouvrages
allemands sur les mêmes sujets.
3tARTr>'I (.VsDRÉ) , célèbre sopranisle,
surnommé IL SE>'ESI>iO, naquit à Sienne,
le 30 novembre 1761. Élève de Paul Salulini
pour le chant, il débuta avec succès au théâtre
de Lucques, en 1782. Un extérieur agréable,
une voix pure et métallique, une excellente
méthode de chant et beaucoup d'expression
le firent rechercher par les entrepreneurs des
principaux théâtres de l'Italie. Après avoir
brillé à Rome, Parme, Venise et Milan, il
chanta à Londres, à Madrid et à Lisbonne, et
partout le public l'accueillit avec beaucoup de
faveur. De retour en Italie, il chanta à Milan
pendant le carnaval des années 1793 et 1795,
puis à Gênes, Turin, Venise et Naples. En
1799, il se retira à Florence où le grand-duc
de Toscane l'attacha à sa chapelle. Il y vivait
encore en 1812. Ami de Canova et du célèbre
graveur Morghen, il partageait ses loisirs
entre une bibliothèque choisie, une précieuse
collection d'estampes, et sa belle villa de Scan-
dicci.
MAUTI>I (Joseph et J e as - Baptiste
SA?i). Foyes SAM.MARTIM, ou SAN
MARTIiXI.
MARTEXIUS (Mathias), né à Freyen-
hagen, en 1572, fut d'abord professeur au col-
lège de Herborn, puis pasteur à Embden, et
enfin professeur de théologie et recteur au
Gymnase de Brème, où il mourut en 1630,
dans sa cinquante-huitième année. Il est au-
teur d'un Lexicon philologicum, in quo la-
tinx et a latinis aucloribus usurpât^ tun
10
MAUÏINIUS — MARTIUS
purx tiim lurlurx voces ex originibus de-
clarantur, etc.; Brème, 1623, in-fol. Il y a
une édition plus estimée de cet ouvrage j Am-
sterdam, 1701, deux volumes in-fol., et une
autre d'Ulrecht, 1697, deux volumes in-fol.
Martinius y explique les termes de musique
employés par les écrivains grecs.
MARTJJXN (Jacques- Joseph-Balthazar),
dont le nom véritable était MAUTTÎV, était
fils d'un musicien de la Bohême, maître de
musique du régiment du prince de Ligne. Ij
naquit à Anvers, le l" mai 1775, et apprit la
musique, comme enfant de chœur, à l'église
collégiale de Saint-Jacques, en cette ville.
A l'âge de dix ans, il commençait déjà à
écrire pour l'église : il fit entendre, en 1793,
une messe solennelle de sa composition. Peu
de temps après, il se rendit à Paris, où il entra
à l'orchestre du théâtre du Vaudeville, puisa
celui de l'Opéra italien. Après l'organisation
des lycées impériaux, il fut choisi comme pro-
fesseur de violon pour celui de CharlemSgne,
à Paris. Cet artiste estimable est mort dans la
même villC; le 10 octobre 1836. Il s'est fait
connaître comme compositeur de musique in-
strumentale par les ouvrages suivants : 1" Pre-
mière symphonie concertante pour deux
flûtes et basson ; Paris, Frey. 2» Deuxième
symphonie concertante pour flûte, hautbois,
cor et basson 5 Paris, chez l'auteur. 3» Trois
quatuors pour deux violons, alto et basse,
op. 1 ; Paris, Pleyel. 4» Trois idem, op. 5;
Bonn, Simrock. 5» Un idem; Paris, Janet.
6" Duos pour deux violons, op. 2, 6, 7, 8, 13,
14, 15, 16, 17, 18, 19, 21, 22, 23, 24, 29, 30,
31, 47, 48; Paris, chez tous les éditeurs de
musique. 7» Sonates faciles pour violon,
op. 20; Paris, Frey. 8° Trios pour flûte,
violon et violoncelle, op. 25 ; Paris, Le Duc.
9° Duos pour flûte et violon, op. 35; Paris, Du-
faut et Dubois. 10° Méthode élémentaire de
violon ; Paris, Frey. 11" Grande méthode de
violon ; Paris, Ilentz-Jouve. 12» Méthode élé-
mentaire pour alto; Paris, Frey.
MAIITIIXS (Frarçois), maître de chapelle
à Elvas, en Portugal, naquit à Evora, au com-
mencement du dix-septième siècle, etentra au
séminaire de musique de cette ville, en 1629.
Ses études terminées, il fit un voyage en Es-
pagne, puis il obtint la place de maître de
chapelle de l'église cathédrale d'Elvas. Il a
laissé en manuscrit des messes , psaumes ,
hymnes et motets qui étaient estimés de son
temps.
MARTINS (Jean). Forjez MARTIIVEZ.
MARTIUS (Ciirétien-Erjiest), canlor à
Weyda, dans le duché de Saxe-Weimar, vers
le milieu du dix-huitième siècle, est auteur
d'un livre qui a pour titre : Jjeweis, dass eine
ivohleingerichlele Kirchenmusik Gott wohl-
gefssUig, angenehm und niilzlich sei (Dé-
monstration qu'une musique d'église bien
faite est agréable à Dieu, etc.); Plauen, 1762,
in-8°.
MARTIUS ou MARZIUS (Jacques-
Frédéric), cantor à Erlangen, naquit dans
celte ville en 1760. Destiné à l'état ecclésiasti-
que, il suivitd'abord les cours du Gymnase, puis
étudia la théologie à l'université. Dès son en-
fance, il avait appris le chant et le clavecin.
Son goût le portait vers la musique; mais ne
voulant pas contrarier le vœu de ses parents,
il acheva ses études académiques, et ce ne fut
qu'après avoir pris ses degrés à l'université
qu'il se livra en liberté à la culture de l'art,
objet de sa prédilection. En 1782, il se fit con-
naître comme compositeur, par une collection
de pièces de piano. Son habileté sur cet in-
strument et sur l'orgue lui fit obtenir la place
d'organiste de l'église principale d'Erlangen;
mais il la quitta, en 1812, pour l'emploi plus
lucratif de cantor et de maître d'école de la
ville. On lui doit un almanach musical inti-
tulé : Taschenbuch fur Freunde und Freun-
dinnen der Mustk (Almanach pour les ama-
teurs de musique); Nuremberg, 1786, in-S".
Ce petit ouvrage, qui fut continué pendant
quatre ans, contenait de petites pièces pour le
piano, des dissertations sur la musique, et des
notices sur quelques artistes. On y trouve les
biographies de Hœndel et de Graun. On a
aussi de ce musicien : 1° Recueil de chants re-
ligieux, chœurs et duos, avec un texte pour l'u-
sage de l'église; Erlangen, 1792, in-8». 2" Mé-
lodies à l'usage des enfants; ibid. , 1806.
3» Liederbuch fur Schulen (Livre de chant
pour les écoles) ; Nuremberg, deux petits vo-
lumes in-8''. 4° 3Iélodies pour des chansons de
fêtes, à l'usage des écoles et des églises; Nu-
remberg, 1824, in-8». Martius a été un des
collaborateurs de la petite méthode de chant
par chiffres, à l'usage des écoles, publiée par
Stephani, à Erlangen, en 1815, grand in- 8°.
On lui doit aussi un article inséré dans la Ga-
zette musicale de Leipsick, en 1815, où il
soutient que l'air anglais God save the king,
n'est pas ancien, mais qu'il a été composé par
l'abbé Vogler, erreur aujourd'hui démontrée
(voyez Bull, John), et un autre qui a paru
dans l'écrit périodique intitulé Cxcilia (an-
née 1829), où il prétend que la jolie chanson
allemande Fergiss meiii nicht (ne nroublicz
MARTIUS - MARX
H
pas), attribuée à Mozart, est du maître de
chapelle Frédéric Schneider, qui l'a écrite
en 1792.
MARTORELLI (Jcles-Césah), marchand
de musique à Rome, a publié, en 1809, le
commencement d'un journal relatif à la mu-
sique dramatique de l'Italie, qui n'a pas été
continué. Ce journal a pour titre : Foglio pe-
riodicoj e ragguaglio de' spettacoU musi-
cali ; Rome, in-lâ. On a aussi, du même, un
almanach de spectacles intitulé : Indice, ossia
calalogo de' teatrali spettacoU italiani di
tutta l'Europe in cominciando dalla quare-
sima 1819 o tutto il carnevale 1820; Rome,
18â0. Cet almanach a été continué jusqu'en
1825. On y trouve le catalogue de tous les
chanteurs, compositeurs, poëtes, etc., avec les
titres des pièces représentées sur les divers
théâtres d'opéra italien.
MARTORETTA (Giax-Doïemco), com-
positeur italien, vécut vers le milieu du sei-
zième siècle. Il a publié plusieurs livres de
madrigaux, dont je ne connais que celui-ci :
Libro terzo di Madrigali a quatlro voci, con
cinque Madrigali del primo libro da lui no-
vamente corretti et dati in luce, co'ltitolo
di coloro percui H ha composti; f'enezia ,
oppressa d'Antonio Gardane (sans date),
in-4'' oblong.
MARX (Joseph-Matter:*), pianiste et vio-
loncelliste, naquit à "NVUrzbourg, en 1792, et
y fit ses études musicales. Il commença sa
carrière d'artiste dans l'orchestre du théâtre
de Francfort ; mais il y resta peu de temps,
ayant pris la résolution de voyager pour se
faire connaître comme virtuose sur le violon-
celle. Vienne fut la première grande ville
qu'il visita : il s'y fit entendre avec succès dans
les concerts, après avoir reçu des leçons de
Merk. Plus tard, il fut attaché à la chapelle de
Stuttgard; puis, la place de premier violoncelle
de la cour de Carlsruhe lui ayant été offerte,
il l'accepta. En dernier lieu, il y était direc-
teur de musique lorsqu'il mourut, le 1 1 no-
vembre 18Ô6. On a publié de cet artiste :
adagio et polonaise pour violoncelle et or-
chestre , et des chants pour quatre voix
d'hommes.
La fille de Marx, Pauline, a brillé comme
cantatrice dramatique à Dresde, à Berlin et à
Darmstadt. Les rôles où elle se faisait applau-
dir étaient ceux de Valentine, dans les Hu-
guenots; de Fidès, dans le Prophète; de Ca-
therine, dans l'Étoile du Nord; de Norma;
de Donna Anna, dans Don Juan; de Fidelio,
et de Léonorc, dans la Favorite.
MARX ( Adolphe-Bertiabd ) , docteur et
j professeur de musique, est né à Halle, le
! 27 novembre 1799. Après avoir appris les élé-
ments de la musique et du piano, il reçut des
leçons de Turk pour la basse continue; mais
dans les premiers temps, il ne cultiva l'art que
d'une manière incomplète, parce qu'il était
obligé de se livrer à l'étude de la jurispru-
dence. Après que ses cours universitaires
furent terminés, il obtint un emploi au tri-
bunal de Halle, mais le quitta bientôt pour un
plus important au collège de Naumbourg. Ce-
pendant le désir de se livrer d'une manière
plus absolue à la culture de la musique, pour
laquelle il se sentait un goût passionné , le
décida à se rendre à Berlin, où il espérait de
réaliser dans cet art le but de sa vie. Il ne fal-
lait pas moins que la ferme volonté qui le
poussait dans cette carrière pour vaincre les
obstacles qui l'environnaient de toutes parts.
D'abord , il lui fallut chercher des moyens
d'existence dans des leçons particulières, et
pendant ce temps, la lecture des œuvres des
grands maîtres, particulièrement de Jean-Sé-
bastien Bach, et l'étude des meilleurs traités
de théorie et d'histoire de la musique, complé-
tèrent son instruction dans l'art et dans la
science. Toutefois, si j'en crois des renseigne-
ments qui me sont parvenus de Berlin, la vé-
ritable connaissance pratique de l'art n'est
point devenue familière à M. Marx. En 1823,
la rédaction de la Gazette musicale de Berlin
lui fut confiée par l'éditeur Schlesinger; la
manière honorable dont il remplit cette tâche
pendant sept ans, c'est-à-dire pendant tonte
la durée de cette entreprise, le fit connaître
avantageusement, et lui procura, en 18-50, la
place de directeur de musique à l'université
de Berlin, qu'il a occupée depuis lors. Posté-
rieurement, l'université de Marbourg lui a
délivré le diplôme de docteur en musique. Il
a déployé une grande activité dans ses tra-
vaux pendant plus de trente ans, et a acquis
de l'autorité parmi les artistes de l'Allemagne
par ses ouvrages ; mais sa doctrine n'a point
obtenu de succès à l'étranger.
Parmi les productions de M. Marx, on re-
maniue celles dont les titres suivent : X" Die
Kunst des Gesanges , theoretisch-praktisch
(l'Art du chant théorique et pratique) : Berlin,
Schlesinger, 1826, in-4" de trois cent cin-
qiiante-sept pages. Cet ouvrage est divisé en
trois parties : la première contient les princi-
pesde la musique; la seconde traite de la théo-
rie de la voix et de sa formation ; delà troisième
renferme des observations très-délaillées sur
12
MARX
l'applicalion de TarLdu chant dans les divers
styles de -musique. 2» Ueber Malerei in der
Tonkunst. Ein Maigruss an die Kunstphi-
losophen (Sur la peinture dans la musique :
Salut de mai à la philosophie de l'ait) ; Berlin,
G. Fink, mai 1828, 10-8» de soixante-sept
pages. 3" Die Lehre von der musikalischen
Komposition^ praktisch-theoretisch , sum
Selbstunterricht (la Science de la composition
musicale, théorique et pratique, pour s'in-
struire soi-même), premier volume, de quatre
cent quarante-cinq pages ; Leipsick, 1837,
Breitkopf et Haertel; deuxième volume, de
cinq cent quatre-vingt-trois pages, ibid.,
1838, in-8''; troisième volume, de cinq cent
quatre-vingt-quatorze pages, ibid., 1845;
•quatrième et dernier volume, de cinq cent
quatre-vingt-quinze pages, avec trente pages
de musique pour exemples de dispositions de
la partition. Dans son introduction, M. Marx
expose l'objet général de l'ouvrage. Le pre-
mier livre renferme les éléments harmoniques
de la composition, considérés dans la forma-
tion de l'échelle des sons et dans la constitu-
tion des accords. A l'égard de l'harmonie, il
l'examine d'abord dans la réunion de deux
vo^x, non pas seulement en ce qui concerne la
nature et la classification des intervalles, mais
dans leurs mouvements, et dans la significa-
tion formale que leurs successions peuvent
avoir. Il semblerait, d'après cela, que l'au-
teur s'est proposé de commencer l'élude de
la composition par le contrepoint simple à
deux voix, dont l'objet répond à ce point de
vue de la science 5 mais il n'en est point ainsi :
ce que M. Marx établit dans cette division de
son ouvrage n'est autre chose que la compo-
sition libre en accords de deux sons et en con-
sonnances. Il y fait entrer des conditions de
rhythme, parce qu'il n'a pas fait de la rhyth-
mique l'objet d'une division particulière du
livre.
Après l'harmonie de deux sons, M. Marx
aborde les accords de trois et de quatre sons
dans le mode majeur, mais en restreignant
ses considérations aux accords naturels, c'est-
à-dire aux accords parfait et de septième,
ainsi qu'à leurs dérivés. Il y a excès de déve-
loppements dans cette section de son livre.
Quant aux autres combinaisons harmoniques,
l'ordre manque absolument dans leur géné-
ration et dans leur classification. La méthode
de l'auteur est tout empirique dans cette
partie importante de l'art.
Le second livre, qui complète le premier
volume de la Science de la composition, con-
cerne l'harmonie comme accompagnement de
la mélodie. M. Marx y traite avec beaucoup
d'étendue de l'accompagnement du chant
choral, et des rapports de la tonalité de ce
chant avec les modes de la musique antique.
La troisième division de ce livre est consacrée
à l'accompagnement de la mélodie dans la to-
nalité moderne.
Dans le troisième livre, M. Marx traite des
formes mélodiques et harmoniques de la pé-
riode musicale. Dans les développements de
ce sujet important, il suit des tendances plus
instrumentales que vocales. Le quatrième
livre est entièrement consacré aux imitations
libres et aux divers genres de fugues. Cette
partie de l'art est traitée dans la Science de la
composition suivant les principes de Marpurg
et dans le style instrumental. Sous le titre de
Formes d'inversion ou de renversement
(Umkehrungsformen), il traite, dans le cin-
quième livre, des contrepoints doubles (qui
auraient dû précéder ce qui concerne les
fugues, dont ils sont le principe fondamental),
et des canons, qui n'y ont qu'un rapport in-
direct, et sont une des formes du contrepoint
simple. II est vrai que M. Marx ne parle pas
de celui-ci, et qu'il n'a point vu qu'en ce
genre de contrepoint repose tout l'art d'écrire
en musique.
Les sixième et septième livres, contenus
dans le troisième volume, traitent des formes
des pièces instrumentales et vocales, et le qua-
trième volume, qui renferme les livres hui-
tième, neuvième et dixième, a pour objet la ^
connaissance des instruments et de l'instru-
mentation dans tous les genres de composi-
tions. L'ouvrage de 31. Marx est parvenu
jusqu'à ce jour à sa cinquième édition.
4" Allgemeine Musiklehre. Ein ffiUfsbiich
fiir Lehrer und Lernende in jedem zweige
musikalischer Unterweisung (Science géné-
rale de la musique, etc.); Leipsick, 1839,
Breitkopf et Ilsertel, in-S» de trois cent cin-
quante-huit pages. Ce manuel ou Aide-mé-
moire est un résumé de toute la science de
la musique. 5" Berliner allgcmeine musika-
lische Zeitung [Gazette musicale de Berlin),
1823-1828, sept volumes in^»; Berlin, Schle-
singer. 6° Ueber die Geltung Hxndelscher
Sologesxnge fiir unsere Zeit. Ein Nachtrag
zur Kunst des Gesanges (Sur la valeur des
solos de chant des œuvres de llfcndel à notre
époque. Supplément à l'^rt du chant) ; Berlin,
1829, Schlcsinger, in-4''. 7» Die alte Musik-
lehre im Slreit mit unserer Zeit (l'Ancienne
doctrine de la musique en opposition à notre
MARX — MARXSEN
13
temps); Leipsick, Breilkopl' et llaerlel, 1841,
in-S". Ce lilre dit claiiemeiit quel est l'objet
du livre ; on ne trouve dans cet ouvrage qu'er-
reurs et pétitions de principe. M. Marx y
attaque sans ménagement la théorie de la gé-
nération des accords exposée par Dehn dans
son Traité de l'harmonie, bien qu'elle soit
infiniment préférable à la sienne. Gottfried-
Guillaume Fink a fait une juste et sévère réfu-
tation de ce livre dans son écrit intitulé : Der
neumusicalische Lehrjammer, oder Beleuch-
tung der Schrift : Die alte Musiklebre im
Streit mit unserer Zeit (la Nouvelle méthode
déplorable de musique, ou examen de l'écrit
de Marx, etc.); Leipsick, G. Wigand, 1842,
in-8". 8» Die Musikdes 19fen Jahrhunderts
und ihre Pflege (la Musique du dix-neuvième
siècle et sa direction); Leipsick, 1855, in-8°.
9" Ludicig von Beethoven. Leben und
Schaffen (Louis Yan Beethoven. Vie et tra-
vaux); ibid. , 1858, deux volumes in-S".
10" Betrachtung iiber den heutigen Zustand
der deutschen Oper, etc. (Considérations sur
l'état actuel de l'opéra allemand), dans l'écrit
périodique intitulé Cxcilia (1828), t. VII,
p. 1Ô5-182. 11" Plusieurs articles biographi-
ques et autres dans le Lexique universel de
musique, publié par Schilling, entre autres,
Bach, Beethoven, Gluck, Fasch, Grétry,
J. Haydn, Hsendel, sur la musique grecque,
les tons du plain-chant, le contrepoint, la
fugue, etc.
M. Marx est éditeur de la grande Passion de
J.-S. Bach, de la Messe en si mineur, et de
six grands morceaux d'église du même com-
positeur, publiés à Berlin, chez Schlesinger.
Comme compositeur, il s'est fait connaître
par les ouvrages suivants : 1" Jery et Bately,
drame musical, représenté au théâtre royal
de Berlin, en 1825. 2" La musique du mélo-
drame: la ^engeance attend, joué au théâtre
de Rœnigstadt, en 1827. ô° Le Salut d'On-
dine, avec une symphonie de fête, exécuté
au théâtre de Kœnigstadt, pour le mariage
du prince Guillaume , en 1829. 4" Sym-
phonie imitalive sur la chute de Varsovie (en
manuscrit). 5" Livre de chant choral et
d'orgue; Berlin, Reimer. On y trouve environ
deux cents préludes depuis les formes les plus
simples jusqu'aux plus compliquées du contre-
point, du canon et de la fugue. 6" Nahid,
couronne de chants composés sur les poésies
de H. Sticgliiz (en manuscrit). 7° Saint Jean-
Baptiste , oratorio, exécuté deux fois, en
18ÔÔ, dans l'église de la Trinité, par le chœur
académique, avec acconipagncmcal d'orgue
et de trombones. 7* {bis) Mose , oratorio.
8" Quelques cahiers de chansons à voix seule et
de chants religieux et profanes en chœur.
lUARXSErV (Edouard), né le 23 juillet
1806, à Niendslaedten, près d'Allona, où son
père était organiste. Celui-ci lui enseigna la
musique dans son enfance; cependant le jeune
Marxsen était destiné à l'état ecclésiastique;
mais lorsqu'il entendit à Hambourg, à Tàge
de dix-huit ans, un opéra pour la première
fois . le plaisir qu'il éprouva décida de sa
vocation de musicien. Dès ce moment il s'ap-
pliqua à l'élude du piano, sous la direction
de Clasing, et apprit de ce maître les principes
de l'harmonie. Quoiqu'il eût à parcourir ua
espace de deux milles d'Allemagne pour aller
prendre ses leçons, il ne mit pas moins de
persévérance à suivre ses études. Obligé de
rempUcer son père dans ses fonctions pendant
trois ans, il ne pouvait cependant donner à
ses travaux artistiques qu'un temps fort limité.
En 18-30, son père mourut, et devenu libre,
Marxsen partit pour Vienne où il étudia le
contrepoint chez le maître de chapelle Sey-
fried, et le piano avec M. Bocklet. Après un
séjour de seize mois à Vienne, il retourna à
Hambourg, où il donna avec succès un con-
cert le 15 novembre 1854, et y fit entendre
un choix de dix-huit œuvres qu'il avait écrits
dans la capitale de l'Autriche. Depuis ce
temps il s'est fixé à Hambourg, où il donne
des leçons de piano et de composition. On a
publié de cet artiste : 1" Des marches pour
piano à quatre mains, op. 1 et 2 ; Hambourg,
Bœhme et Christiani. 2° Variations brillantes
idem, op. 3, Offenbacb, André. 5» Divertisse-
ment idem, op. 4; Hambourg, Cranz. 4" Va-
riations pour piano seul, op. 5 et 6; Hambourg,
Bœhme. 5" Sonates idem, op. 7 et 8 ; Ham-
bourg, Melder. 6» Rondo brillant idem, op. 9;
ibid. 7" Plusieurs autres rondeaux, variations
et recueils de pièces pour piano à deux ou à
(juatre mains, gravés à Vienne, Dresde et
Brunswick. Le nombre des œuvres publiés
jusqu'à ce jour par M. Marxsen s'élève à peu
près à soixante et dix. Il a écrit aussi des sym-
l)honies et des ouvertures jiour l'orchestre,
parmi lesquelles on remarque : Ouverture de
Phèdre, exécutée à Hambourg, en 1845;
l'Ombre de Beethoven, tableau musical et
caractéristique pour orchestre avec quatre
violoncelles obligés, op. 60, arrangé pour
piano à quatre mains, Hambourg, Schuberth ;
Symphonie à grand orchestre, exécutée dans
les concerts de cette ville, en 1844 et 1845. On
a aussi des chants pour des chœurs d'hommes,
14
MARXSEN - MASCHEK
œuvres 53 et 58; Altona, "Weibe, et Hambourg,
Bœhnie.
MAllZOLA (PiEnF.) , compositeur de
J'école romaine, était maître de chapelle à
Viterbe, en 1700. Il a beaucoup écrit pour
l'église, mais toute sa musique est restée en
manuscrit. L'abbé Santini, de Rome, possède
de cet artiste : 1" Deux Kyrie et Gloria à
quatre voix avec des instruments à cordes et
orgue. 2° Fexilla régis, idem. 3" Feni Sancte
Spiritus, idem. 4» Nisi Dominus à six voix,
avec quatre voix de ripieno. 5° Les Psaumes
Laudate Dominum et Beati omnes, à quatre
voix avec instruments. 6" Quatuors fugues
pour deux violons, alto et basse. 7» Des so-
nates de clavecin.
MASACOISI (Pierre), musicien florentin
qui vécut dans la première moitié du seizième
siècle, n'est connu que par le madrigal à cinq
voix Ecco Signor Folterra, imprimé dans le
rarissime recueil qui a pour titre : Musiche
fatte nelle Nozze dello illustrissimo Duca
di Firenze , il Signor Cosimo de Medici et
délia illustrissima consorte sua Mad. Leo-
nora da Tolleto. In Fenetia nella stampa
d'Antonio Gardane nell anno (sic) dell Si-
gnore 1539; petit in -4».
MAS AîVELLI (Paul), organiste de la cour
du duc de Mantoue, vécut dans la seconde
moitié du seizième siècle. Le premier livre de
ses madrigaux à cinq voix fut publié à Ve-
nise, en 1586. On trouve aussi quelques ma-
drigaux de cet artiste dans le recueil intitulé :
De' floridi Firtuosi d'Italia il terzo libro
de' madrigali a cinque voci nuovamente
composti et dati in luce; Venise, J. Vincenzi
et Richard Amadino, 1586, in-4''.
MASCARA (Florent) , né à Crémone,-
'dans la première moitié du seizième siècle,
fut organiste à Brescia, et se distingua aussi
par son talent sur la viole. Suivant Arisi (Cre-
mona litterata), il fut un des [iremiers artistes
qui firent entendre sur l'orgue des Canzoni
alla francese. Ce biographe cite de Mascara :
Canzoni a quatlro, libro primo; Venise,
Gardane; mais il n'en indique pas la date.
MASCARDIO (Gcillaume). Je suis obligé
de placer ici ce nom, afin de dissiper une
erreur reproduite dans divers traités d'his-
toire, de bibliographie et de biographie mu-
sicale, depuis environ soixante ans. Arteaga,
habitué à défigurer les noms, dans son livre
sur les révolutions de l'opéra italien, cite le
Commentaire de Prosdocimo de Bendemaldo
(pour Prodoscimo de Beldomandis) concer-
nant les livres de Jean de Mûris, où il est
parlé, dit-il, de Guillaume Mascardio , chan-
teur célèbre du temps du commentateur, dont
les œuvres et les opinions ont été avec tant
d'autres soustraites à la connaissance hu-
maine, etc. {Le Rivoluzioni del teatro mus.
ital., t. I, p. 110). Forl^el a copié exactement
Arteaga dans la traduction allemande de son
livre, et Gerber a tiré de cette traduction
l'article jVascard/o {TFilhelm)de son premier
Dictionnaire des musiciens. Choron et Fayolle
ont copié cet article dans leur Dictionnaire, et
l'abbé Bertini a copié Choron et Fayolle. L'au-
teur de l'article Mascardio, du Lexique uni-
versel de musique publié par M. le docteur
Schilling, a bâti un petit roman sur ce person-
nage supposé. Son véritable nom, dit-il, est
Guillaume de Mascaredio; il fut im des an-
cêtres des célèbres imprimeurs Mascardi, de
Rome. Puis il cite l'autorité de Belmandis
(Beldomandis) concernant le mérite de ce
Mascaredio. Or, il n'y a pas le moindre fonde-
ment dans tout ce qu'on a dit sur ce musicien
depuis Arteaga. L'artiste dont il s'agit n'a pas
vécu dans le quinzième siècle, mais dans le
quatorzième; il ne s'appelait pas <îuî7faume
Mascardio, mais Guillaume de Machau
{voyez ce nom), en latin Guillermus ou Guil-
helmus de Mascandio; c'est ainsi qu'il est
nommé dans un traité de musique manuscrit,
daté du 12 janvier 1375, que je possède, dans
la copie de Prodoscimo de Beldomandis qu'on
m'a envoyée de Bologne, d'après le manuscrit
de l'Institut de cette ville, et par Gafori. Enfin
les ouvrages de Guillaume de Machau ne sont
point perdus, car il s'en trouve plusieurs
copies dans la seule bibliothèque impériale de
Paris, et dans divers recueils.
MASCHEK (Vincent) , virtuose sur le
piano et l'harmonica, compositeur et maître
de chapelle à l'église Saint-Nicolas de Prague,
naquit le 5 avril 1755, à Zwikowitz, en Bo-
hême. Dussek lui donna des leçons de piano,
et il apprit à Prague l'harmonie et le contre-
point, sous la direction du célèbre organiste
Segert. Lorsque son éducation musicale fut
terminée, il visita les principales villes de l'Al-
lemagne, et se fit entendre avec succès à
Berlin, Dresde, Halle, Leispsick, Hambourg,
et plus tard à Copenhague. Le 21 mars 1791,
il donna un grand concert au théâtre national
de Prague, et s'y fit applaudir autant par le
mérite de ses compositions que par son talent
sur le piano et sur l'harmonica. En 1794, il
obtint la place de maître de chapelle de
l'église Saint-Nicolas. Deux ans après, il fut
chargé, par la dépuialion des États de Bohème,
MASCHEK
15
de composer une cantate qui fut exécutée au
théâtre national, en l'iionneur du prince
Charles, généralissime des armées autri-
chiennes. Vers 1802, cet artiste estimable se
flt éditeur de musique. Il est mort à Prague,'
le 15 novembre 1851 . On connaStde sa compo-
sition : 1" Le IVavigateur aux Indes orien-
tales, opéra en langue bohème, représenté à
Prague au théâtre national. 2° Der Spiegel-
ritter (le Chevalier du Miroir), opéra repré-
senté au même théâtre, le 7 mars 1794.
3» Sentiment de reconnaissance de la Bo-
hême pour son libérateur, l'archiduc Char-
les , exécuté au théâtre national de Pra-
gue, par cent musiciens, le 18 novembre
1796. Publié à Prague par souscription, ea
1797. 4" Poëmes de Sophie Albrecht, mis en
musique avec accompagnement de piano;
Prague, 1791. o» Huit messes solennelles et
trente-quatre motels, à quatre voix et or-
chestre (en manuscrit). 6" Chant du matin
pour toutes les religions raisonnables; Prague,
1796. 7" Cantate exécutée le 10 février' 1808,
à Toccasion du mariage de l'empereur Fran-
çois I" avec Marie Béatrix (en manuscrit).
8"» Plainte et consolation sur la tombe d'un
ami, cantate à voix seule, avec accompagne-
ment de piano; Prague, 1803. 9» Chansons à
voix seule, avec accompagnement de piano ;
ibid. 10" Symphonies à grand orchestre (en
manuscrit). 11° Concertino à quatre mains
pour le piano, avec deux flûtes, deux clari-
nettes, deux cors et deux bassons ; Leipsick,
Breitkopf et Haertel. 12» Grand concerto pour
le piano, avec orchestre complet, quatre cors,
trompettes et timbales (en manuscrit). 13° Qua-
tuor concertant pour piano, flûte, violon et
violoncelle; Prague, Berra. 14° Sonate pour
piano, à quatre mains; Leipsick, Breitkopf et
Hœrtel. 15° Grande sonate pour piano et
violon; ibid., 1807. 16° Beaucoup de sonates
pour piano seul (en manuscrit). 17° Douze
variations pour piano sur un air allemand;
Leipsick, Breitkopf et Haertel. 18° Dix varia-
tions sur un air de danse à^Alceste; Prague,
Haas, 1803. 19° Six petits rondeaux faciles
pour le piano, Bonn, Simrock. 20» Plusieurs
cahiers de danses pour le piano; Leipsick,
Breitkopf et Haertel. 21° Sonate pour l'harmo-
nica, avec un écho pour des instruments à
vent (en manuscrit). 22° Variations pour har-
monica et piano {idem). 23° Fantaisie pour
harmonica et orchestre (idem). 24° Duo pour
deux harmonicas [idem). 25° Plusieurs re-
cueils de chansons avec accompagnement de
piano; Prague et Leipsick.
MASCHEK (Pail>, frère du précédent,
naquit en 1761 à Zwikowitz, en Bohême. Son
père, qui était instituteur, lui enseigna les
éléments de la musique. Il était encore dans
sa première jeunesse lorsqu'il commença à
écrire quelques petites compositions. Appelé,
dans sa quinzième année, à Kreziecz, en qua-
lité d'instituteur adjoint, il y trouvâtes moyens
de continuer ses études musicales : plus tard
il étendit ses connaissances à Zlonitz et à Jar-
meritz, en Moravie, où il remplit pendant
quelque temps les fonctions de sous-chantre.
Vers cette époque de sa vie, il écrivit des
messes, des litanies et plusieurs autres mor-
ceaux de musique d'église qui le firent con-
naître avantageusement. Son talent sur l'or-
gue et le clavecin le faisait rechercher par
beaucoup d'amateurs; mais il trouva un pro-
tecteur zélé dans le comte de Xadasdi, qui le
prit dans sa maison pour donner des leçons à
ses filles. Pendant cinq ans, il fut attaché à
cette famille et fit avec elle des voyages à
Stuhlweissenbourg, en Hongrie, puis à Vienne.
-Attaché ensuite au comte Georges de Niczky,
il le suivit en Croatie. En 1792, il retourna à
Vienne et s'y fixa. Cette époque de sa vie fut
la plus brillante et la plus active. Il se fit en-
tendre plusieurs fois avec succès à la cour im-
périale et dans des concerts publics. L'époque
de sa mort n'est pas exactement connue; mais
on croit qu'il avait cessé de vivre avant 1815.
On connaît en manuscrit, sous le nom de cet
artiste, des messes, des motets et d'autres
morceaux de musique d'église, les opéras
der Riesenkampf (le Combat), et TValdraf
der TVanderer (Waldraf le voyageur); une
cantate pour la société des musiciens ; six
symphonies à grand orchestre pour le théâtre
national; six pièces à huit parties pour des
instruments à* vent; des quatuors, quintettes
et sextuors pour violons, violes et violoncelles.
Parmi les morceaux de sa composition qui ont
été publiés, on remarque particulièrement :
1° IFiener Aufgebot (Appel aux armes),
grande sonate de piano dédiée au prince Fer-
dinand de Wurtemberg , sous les ordres de
qui Maschek avait servi en qualité de premier
lieutenant; Vienne, 1799. 2° Trois sonates
pour piano, flûte ou violon et violoncelle;
Vienne, Artaria. 3° Trois trios idem; ibid.
4° Sonate facile pour piano, flûte ou violon,
Brunswick, Spehr. 5» Trois duos pour piano
et violon; Vienne, Artaria. 6° Marche de la
bataille de Leipsick, pour piano; Vienne,
Ilaslinger.
I 3IASCIIEK (A.), fils de Vincent, est né à
16
MÂSCHEK — MASINI
Prague, vers 1802, et a fait ses éludes musi-
cales sous la direction de son père. En 1834,
il était directeur du chœur de l'église Saint-
Nicolas de celte ville. Il y fil exécuter dans la
même année un Requiem, à quatre voix, qui
a été publié à Prague, chez Berra. Quelques
années après, il s'établit à Baie en qualité de
directeur d'une société chorale. Il y était en-
core en 1841 et dirigea, dans la même année,
la fête musicale de Lucerne. De là, il se rendit
à Lausanne, où sa femme était engagée comme
cantatrice, et, en 1845, il alla se fixer à Fri-
bourg, où il fut chargé de la direction du
chœur de l'église des jésuites.
MASCITI (Michel), violoniste napolitain,
né dans les dernières années du dix-septième
siècle, se fixa à Paris, après avoir voyagé en
Italie, en Allemagne et en Hollande, et fut
attaché au service du duc d'Orléans, régent du
royaume. On a gravé de sa composition, à
Amsterdam : 1" Six sonates de violon avec
basse continue pour le clavecin. 2" Quinze
sonates ideirij op. 2. 3» Douze sonates idem,
op. 3. 4" Douze sonates à violon seul, op. 4.
5» Douze sonates pour violon et violoncelle,
op. 5. 6" Douze idem, op. 6. 7" Concertos
pour violon principal, deux violons de ripieno
et basse continue, op. 7. Masciti est mort à
Paris vers 1750. On a aussi de ce musicien
des trios pour deux violes et basse, avec basse
continue pour l'orgue.
MASECOVIUS (Chrétien), docteur et
professeur de théologie, conseiller du Consis-
toire royal, et pasteur de l'église de Rneiphof,
à Rœnigsberg, au commencement du dix-hui-
tième siècle, a fait imprimer un sermon
d'inauguration pour le nouvel orgue de son
église, sous ce titre : DieKneiphœffische laulc
Orgelstimme welche in diesem 1721 Jahre,
am XIF Sonntage nach Trinitatis, etc.;
Kœnigsberg, 1721, in-4'> de quatre leuilles.
MASI (le P. Félix), né à Pise, dans la pre-
mière moitiédudix-huilièmesiècle, entra jeune
dans l'ordre des cordeliers appelés Mineurs
conventuels, fut agrégé au collège des chape-
lains chantres de la chapelle pontificale, en
1753, et obtint à Rome la place de maître de
chapelle de l'église des Douze-Apôtres. Il
mourut le 5 avril 1772, d'un coup d'apoplexie
foudroyante, après avoir dit sa messe. Blasi a
laissé en manuscrit beaucoup de compositions
religieuses, qui se trouvent dans les archives
de l'église des Douze-Apôtres. En 1770, il fit
chanter dans cette église, en présence du pape,
lin Te Deum à deux chœurs, de sa composi-
tion. Burncy, qui entendit ce morceau, donne
des éloges aux solos, mais dit que les chœurs
étaient au-dessous du médiocre. Gerber, qui
attribue au P. Masi un opéra bouffe, repré-
senté en 1768 au théâtre Tordinone, l'a con-
fondu avec le compositeur suivant.
MASI (Jean), maître de chapelle de l'église
Saint-Jacques des Espagnols, à Rome, dans la
seconde moitié du dix-huitième siècle, se fit
d'abord connaître comme compositeur drama-
tique. On a sous son nom : Lo Sposalizio per
puntiglio, opéra bouffe représenté à Rome,
en 1768. 2» Il Governo deW isola Pazza.
L'abbé Santini, à Rome, possède de ce maître :
l" Une messe à quatre voix avec orchestre.
2" Trois motels idem. 3" Litanies courtes à
huit voix. 4» In virtute tua, à quatre voix.
5" Des éludes de solfège sur la gamme, et une
messe de Requiem à cinq, avec orchestre.
MASII^II (Antoine), compositeur de l'école
romaine, né en 1639, fut d'abord attaché à la
musique particulière de la reine Christine de
Suède, et obtint, le l"mai 1674, la place de
maître de chapelle de la basilique du Vatican.
Il mourut à Rome le 20 septembre 1678, et
fut inhumé dans l'église Sainte-Marie in Pos-
terula. L'abBé Santini possède de ce musicien :
1" Deux motets à quatre, en fugues. 2° Six
motets à huit. 3° Le psaume f^oce mea, à
quatre. 4° Dixit à quatre, avec orchestre.
MASIISI (Louis), docteur en pbilosoi)hie,
membre et secrétaire de l'académie des Phil-
harmoniques de Bologne, naquit en cette ville
et y vivait au commencement de ce siècle. Le
22 août 1812, il prononça un éloge du compo-
siteur bolonais Jacques-Antoine Perti {voyez
ce nom), à l'occasion de la distribution des
prix du Lycée musical de Bologne. Ce discours
a été imprimé sous ce titre : Elogio di Gia-
como Antonio Perti Bolognese, prof essore
di contrappunto, recitato nella gran' sala
del Liceo filarmonico; il giorno 22 Jgosto
1812. Bologna , tipografia Masi ec. 1813,
in-8" de trente-neuf pages.
MASIINI (François), né à Florence dans
les premières années de ce siècle, s'y livra,
dans sa jeunesse, à la culture de la musique et
du chant. Fixé à Paris depuis 1830, il s'y est
fait connaître par la composition de jolies ro-
mances françaises, où l'on trouve quelque
chose du goût des mélodies italiennes. L'har-
monie dont elles sont accompagnées est sulTi-
samment correcte. Cependant les légères pro-
ductions de cet artiste n'ont pas obtenu chez
les amateurs le succès de vogue qu'ont eu des
choses du même genre qui ne les valent pas.
Parmi ses muillcurs morceaux, on remarque :
MASINI — MASSAINI
il
La Sœur des anges; Il Lamenta; Dieu Tn''a
<:onduit vers vous; Où va monôme? ; Chan-
son bretonne; Ton image , etc. Les paroles
de la plupart des romances de Masini sont
d'Emile Barateau, qui s'est distingué par la
grâce et l'élégance de sa poésie.
MASLOI\(Wemceslas), vicaire eldlrecteur
du chœur de l'église de Pelplin (Prusse occi-
dentale), est né en 1803, dans la Silésie. Il a
publié un livre qui a pour titre : Lehrbuch
des gregorianischen Kirchengesanges (Doc-
trine du chant ecclésiastique grégorien) ;
Breslau, Georges-Philippe Aderholz, 1839,
gr. in-4'', contenant quatre feuilles de titre,
dédicace, préface, index, et deux cent vingt-
sept pages de texte. Cet ouvrage n'est qu'un
extrait non déguisé de V Histoire générale de
kl musique de Forkel, et du livre d'Antony
{voyez ce nom) qui porte le même titre.
]«ASLO>VSKI (....), horloger à Posen,
inventa vers 1800 un instrument à clavier
auquel il donna le nom de Clavecin harmo-
nique [Harmonischen Clavier). Il le fit con-
naître à Berlin en 1803. La Gazette générale
de musique de Leipsick a rendu compte du
système de cet instrument dans son septième
volume (pages 110, 227, 490, 320 et 394).
Comme la plupart des instruments de fantai-
sie qui ont fixé l'attention publique à leur
apparition, celui-là est ensuite tombé dans
l'oubli.
MASO>' (William), poète et philologue
anglais, naquit à Saint-Trinity-Hall, dans le
<luché d'York, en 1723. Doué des plus heu-
reuses dispositions, il fit de brillantes études
au collège de Saint-Jean, à Cambridge, prit
ses degrés de bachelier en 1745, et ceux de
maître es lettres en 1749. Il fut ensuite cha-
noine d'York, puis de Drifiield, et enfin cha-
pelain du roi d'Angleterre. Il mourut à Aston,
le 4 avril 1797. Poète distingué, Mason possé-
dait aussi des connaissances assez étendues
en musique; il a composé un Te Deum. plu-
sieurs hymnes et d'autres pièces pour le chœur
/l'York. Dansle supplément de l'Encyclopédie
britannique, par le docteur Gleich, on lui
attribue des perfectionnements faits au piano,
à l'article sur cet instrument. Il a publié :
A copions Collection of those portions ofthe
psalms of David, Bible and liturgy, ivhich
hâve been set in Music, and sung as Jn-
tlicms in the cathedral and collegiate chur-
ches of England. To tchich is prefîxed a cri-
tical and historical Essaij on cathedral
Jlusic (Collection nombreuse de parties des
psaumes de David, de la Bible et de la liturgie
BIOGR. l>ilV. DES MCSICIESS. T. VI.
qui ont été mises en musique, et chantées
comme antiennes dans les églises cathédrales
et collégiales de l'Angleterre; précédée d'ua
Essai historique et critique sur la musique
d'église), York, 1782, in-4'>. L'introduction
historique de cet ouvrage a été réimprimée et
publiée sous ce titre : Essay historical and
crilical on English Church-music, Londres,
1793, in-S".
MAS03f (JoH5), littérateur et amateur de
musique anglais, vécut à Londres vers le mi-
lieu du dix-huitième siècle. Auteur de divers
ouvrages concernant le rhythme et la proso-
die, il y traite par occasion du rhythme mu-
sical. Ces ouvrages ont pour titres : 1" Essay
on the Power of Numhers and the Principles
of Harmony in poetical compositions ; Lon-
dres, 1749, in 8". 2" Essay on the Power and
Harmony of prosaic Numbers; Londres,
1749, in-8°.
3IASOTTI (Jules), compositeur de ma-
drigaux, naquit à Castro-Caro, dans les États
romains, vers le milieu du seizième siècle. Il
a publié trois livres de madrigaux à cinq voix
de sa composition, le premier, à Venise, chez
Ange Gardane, en 1383, le deuxième, en 1386,
et le dernier, en 1388, chez le même éditeur.
MASSAI?iI (Tibcrce), moine augustin,
né à Crémone, dans la première partie du
seizième siècle, fit ses vœux à Plaisance, où il
demeura penclant plusieurs années, puis il
obtint la place de maître de chapelle de
l'église Sainte-Marie delpopolo, à Rome. En
1380, il fut appelé à Prague comme musicien
de l'empereur Rodolphe II; mais il retourna
ensuite à Rome, où il vivait encore en 1603,
car il dédia des motets à quatre chœurs au
pape Paul V. qui ne fut élu que le 16 mai de
cette année. On connaît de la composition de
ce maître : 1" Sacri modulorum concentus
qui C-10 et 12 vocibus in duos tresve choros
coalescentes concini possunt;\eneiûs, 1367,
in-4". 2» Madrigali a quattro voci, Ub. 1 ;
Venezia, app. Antonio Gardane, 1369, in-4".
3" Madrigali a 3 voci, Ub. 1 ; ibid., 1571.
4" Madrigali a 4 voci,lib. 2; ibid., 1373.
h" Concentus quinque vocum in universos
psalmos in f'esperis omnium festorum per
tolum annum frequentatos, cum tribus Ma-
gnificat quorum idtimum 9 t'ocMm modula-
tione copulatur; Venetiis, 1376, in-4''. Q" Mo-
tectorum cum quinque et sex vocibus liber
primus; Fenetiis , apud Josephum Guiliel-
mtim, 1576, in-4°. 7" Missx quinque et sex
vocum; ibid., 1578, in-4''. 8" Salmi a 6 voci,
Ub. 1 ; ibid. , 1578. 9" Moletti a 3 voci.
18
M ASSAINI — MASSÉ
m. III; il)i<l-, "•«<>, in-4». 9» {bis) Liber
primus cantionitrn eccîesiaslicorum utvuJgà
Motecta vacant quatuor vocum ; Pragx,
typis Georgi Negrini, 1580, in-4» obi. Une
aulne édition du même ouvrage a prfî-u chez le
même éditeur, en 1592. Ces motets sont dé-
diés à Philippe de Mons, chanoine et tréso-
rier de la cathédrale de Cambrai, maître de
chapelle de l'empereur. L'épître dédicaloire
est datée de i>rague, aux calendes de juin
1580 : Massaini y donne à Philippe la qualifi-
cation de Senex venerandtls ; ce qui fait voir
que l'âge de ce maître célèbre était dès lors
fort avancé. 10" Jl quarto libro di Madri-
gali a 5 roc»; ibid., 1594, in-4». Il" Musica
super Threno» Jeremias prophetx 5 vocibus
conc; ibid., 1599, ,in-4". 12» Misse a otto
voci; ibid., 1000. lô» Motets à quatre chœurs,
dédiés au pape Paul V (j'ignore le lieu et la
date de l'impression de cet ouvrage). 14" Sa-
crarum cantionum 7 vocibus lib. 1 ; Vene-
tiis, 1607, in-4". Cet ouvrage est indiqué
comme l'œuvre ô-i'' de l'auteur. Il est vrai-
semblable que les (lires cités en latin par
Draudius ont élé lra<lHils par lui de l'italien,
suivant sa méthode habituelle. On trouve des
madrigaux de Massaini dans la collection in-
titulée : Melodia OJimpica di diversi eccel-
lentissimi musici ; Anvers, 1594, in-4" obi.,
et dans le Paradiso musicale di Madrigali
et canzoni a cinque voci; ibid., 1596, in-4"
oblong; mais Dlabaez etGerber ont été induits
en erreur par Walther lorsqu'ils ont dit qu'il
se trouve aussi des morceaux de la composi-
tion de ce maître dans la collection publiée
par Hubert VVaelrant sous le titre de : Sym-
phonia ^ngelica ; car ce recueil n'en contient
pas un seul. D'ailleurs, la date de 1583, citée
par Walther, esti'au.sse; \S Symphonia Jn-
gdica n'a été imprimée qu'en 1594. L'abbé
Santini, de Rome, a de Massaini en partition
manuscrite : 1" Les Lamentations à cinq voix.
2" Des psaumes et Magnificat à huit voix, pu-
bliés à Venise, en 1576. 3" Vingt-deux motets
à huit voix. 4» Vingt et un motels à cinq voix.
5" Des messes à quatre et cinq voix.
MASSAUT (LAMBEitT-JosEPii) , professeur
de violon au Conservatoire de Paris, est né à
Liège, le 19 juillet 1811. Dans son enfance,
il l'ut amené à Paris et confié aux soins de
Rodolphe Kreut/cr, dont les leçons dévelop-
pèient ses remarquables dispositions. Il
n'avait pas atteint sa dix-huitième année
lorsqu'il se fit entendre dans un concert à
l'Opéra, en 1829, et y produisit une vive im-
pression par le charme de son jeu, la justesse
de son intonation et la variété de son archet.
Dans la même année, il fut admis comme
élève de composition au Conservatoire; il sui-
vit le cours de contrepoint et de fugue de l'au-
teur de cette notice jusqu'au mois de jui»
1832. Le talent de Massart s'était perfectionné
par la persévérance de ses études ; malheureu-
sement, il se faisait rarement entendre en
public et vivait retiré dans la famille de
Kreutzer, où il avait trouvé une affection dé-
vouée. Il en résulta que sa timidité naturelle,
loin de diminuer avec le temps, ne fit que
s'accroilre ; car pourl'artisteexécutant, l'exhi-
bition fréquente de son talent devant le public
est de nécessité absolue, s'il ne veut perdre la
confianceen lui-môme. Si j'ai bonne mémoire,
un concert de la société du Conservatoire,
donné le 23 mai 1841 , fut la dernière occasion
où Massart donna des preuves de son talent,
dans la sonate de Beethoven pour piano et
violon, œuvre 47, qu'il exécula avec Liszt. Il
reçut sa nomination de professeur de violon-
au Conservatoire, le 24 janvier 1843. Au
nombre des bons élèves de cet artiste, on dis-
tingue en première ligne Henri Wieniawski.
M. Massart a publié quelques compositions
pour le violon, parmi lesquelles on remarque
une fantaisie avec orchestre sur la romance de
madame Malibran, le Réveil du beau jour;
Paris, Brandus, et les transcriptions des Soi-
rées musicales, de Rossini, pour violon et
piano; ibid.
MASSÉ (Félix-Marie-Victor) , composi-
teur dramatique, né à Lorient (Morbihan), le
7 mars 1822, fut admis comme élève au Con-
servatoire de Paris, le 15 octobre 1834. Il y
obtint l'accessit du solfège au concours de
1836, et le second prix lui fut décerné dans
l'année suivante. Élève de Zimmerman pour
le piano, il eut le deuxième prix de cet in-
strument, en 1838, et le premier prix en 1839.
Le premier prix d'harmonie etd'accompagnt-
ment lui fut décerné en 1840. Comme élève
d'Halévy, il se présenta au concours de com-
position de l'Institut de France, en 1842, et y
obtint le premier second prix, et dans l'année
suivante, il eut, au Conservatoire, le premier
prix de contrepoint et de fugue; enfin, ses
brillantes études furent terminées en 1844,
par l'obtention du premier grand prix de com-
position à l'Institut. Devenu pensionnaire du
gouvernement français, à ce litre, il se rendit
à l'Académie de France, à Rome, et y passa
deux années; puis il voyagea en Italie et en
Allemagne. De retour à Paris, il s'y fit cou-
naître par des romances et par des mélodies
MASSE — MASSET
19
dont la distinction fut remarquée, particuliè-
rement sur les Orientales de Victor Hugo. Son
début à la scène se fit en 1852, au théâtre de
l'Opéra -Comique, par la Chanteuse voilée,
joli ouvrage en un acte qui donna aux connais-
seurs une opinion favorable de l'avenir du
compositeur. Il fut suivi des IS'oces de Jean-
nette (1853), dont la musique élégante et fa-
cile obtint aussi du succès ; puis vinrent
Galathée, en deux actes (1854), l'une des
meilleures partitions de l'artiste; la Fiancée
du diable^ en trois actes, et JUiss Fauvette,
en un acte (1855); les Saisons, en trois actes
(1856); tous ces ouvrages furent joués au
théâtre de l'Opéra-Comique. Za iîeine Topaze,
en trois actes (1856), et la Fée Carabosse,
en trois actes (1839), ont été représentés au
Théâtre -Lyrique. M. Massé a écrit aussi à
Venise, la Favorila e la Schiava (1855), et
le Cousin .Variiaux, en deux actes (1837),
pour le théâtre de Bade. Tout n'a pas été pro-
grès du talent du compositeur dans cette série
de compositions dramatiques, parce qu'il y a
eu trop de hâte dans ses travaux. M. Massé ne
s'est pas pénétré d'une vérité incontestable,
à savoir que l'expérience de la scène et le mé-
tier ne tiennent lieu de l'imagination qu'aux
dépens de la renommée d'un artiste. Quelques
hommes privilégiés par la nature ont pu
écrire avec rapidité un grand nombre d'opéras
dans l'espace de quelques années et y jeter
d'heureuses inspirations; mais ces organisa-
tions d'élite sont des exceptions. M. Massé a
succédé à M. Dielsch, en 1860, dans la place
de chef du chant à l'Opéra.
MASSE^iZIO (Doïisiqije) , compositeur
du dix-septième siècle, naquit à Ronciglione,
dans les États romains. Il fut d'abord cha-
noine de l'église collégiale de cette ville, puis
doyen des bénéficiés de l'église de Sainte-
Marie »M f iaLata, à Rome, et enfin maître de
chapelle de la congrégation des nobles, dans la
maison professe des jésuites. Ses compositions
connues sont : 1» Six livres de motets à une,
deux, trois, quatre, cinq et six voix ; Rome,
Zanelli, depuis 1612 jusqu'en 1624. Massenzio
est un des premiers auteurs de motets à voix
seule ou à deux voix avec accompagnement de
basse continue pour l'orgue, ainsi que le
prouve le recueil qu'il a publié sous ce titre :
Sacraruin modulationum singulis, duabus,
tribus, quatuor, quinque vocibus in variis
SS. solemnilatibus cum basso ad organum
concinendarum auctore Dominico Massentio
Roncilionens. Jllustriss. Sodalium B. F.
Jssumptx in xdibus professoruin Soc. les.
Roms musicae prstfecto ; Romae , 1018.
2° Trois livres de psaumes à quatre et cinq
voix; Rome, Zanetti, 1618 à 1623. 3» Comple-
torium integrum cum Ave Regina et Motecti
duo octonis cocibus, opusS; Rome, Masotli,
1630. 4" Quatre livres de psaumes à huit voix;
Rome, Masolti, 1630 à 1634. 3* Psalmodia
J'espertina tam de Dominicis quam de apo-
stolis cum Regina Cœli, Salve Regina et du-
plici Magnificat, octonis vocjbus cum basso
ad organum concinenda ; Romîe, apud Pau-
lum Alasottum, 1631, in-4». 6" Motetti, e
Litanie a più voci, libri due; ibid., 1631.
7° Sept livres de psaumes à quatre voix;
Rome, Grignani, 1632 à 1643.
MASSET (Nicolas-Jeas-Jacqces) , vio-
loniste et chanteur, né à Liège, le 27 janvier
1811, fut admis comme élève au Conserva-
toire de Paris, le 31 janvier 1828, y reçut
des leçons d'Habeneck pour le violon, et fit,
sous la direction de Seuriot et des Jelen-
sperger, des études décomposition qu'il ter-
mina avec Dourlen et Benoisr. Après avoir
été, pendant deux ans, premier violon au '
théâtre des Variétés, il entra à l'orchestre du
Théâtre-Italien, puis à celui de l'Opéra ; enfin,
il retourna aux Variétés, pour y prendre la
position de chef d'orchestre. Ce fut à cette
époque qu'il publia divers ouvrages pour le
violon, parmi lesquels ou remarque des fan-
taisies dédiées à Habeneck, à S. M. Léopold I",
roi des Belges ; trois fantaisies faciles avec
accompagnement de piano, op. 3; Paris,
Brandus ; six caprices, op. 5 ; un concerto ^
pour violon et orchestre, exécuté aux concerts
du Conservatoire par M. Dancla ; quelques
morceaux pour la flûte, joués par M. Dorus, et
un grand nombre de romances, dont quelques-
unes ont obtenu du succès. Possédant une belle
vojx de ténor, il suivit le conseil de ses amis,
qui le pressaient d'embrasser la carrière de
chanteur dramatique, et débuta au théâtre de
rOpéra-Comique, le 19 septembre 1839, par
le rôle de Marcel, dans la Reine d'un jour,
qu'Adolphe Adam avait écrit pour lui. La
Dame Blanche, Zampa, le Chaperon rouge,
Gulistan, le Concert à la cour, Adolphe et
Clara, enfin, Richard Cœur-de-Lion, furent
pour lui autant d'occasions de succès et prou-
vèrent la flexibilité de son talent. En 1843, il
quitta l'Opéra Comique pour se rendre en
Italie, où il fit de nouvelles études de chant.
Il débuta au théâtre de la Scala de Milan,
au carnaval de 1843-1846, par le rôle du
Bravo, de Mercadante, et brilla dans cet
ouvrage ainsi que dans Ricciardo e Zo-
2.
20
MASSET — MASSONEÂU
roiide, de Rossini ; puis il chanta au Ihéàtre
ducal de Parme et au théâtre communal de
Crémone. La révolution de 1848 le ramena
à Paris, où l'administration de l'Opéra lui
olfrit un engagement avantageux pour les
rôles de premier lénor de Jérusalem, la Fa-
vorite, Bon Sébastien, Lucie de Lammer-
moor et Freyschiitz. En 1850, un bel en-
gagement fut offert à Masset pour le théâtre
royal de Madrid: il y joua avec succès les
rôles d^Otello, A''Ernani et d'autres ouvrages
du répertoire italien. Toutefois, il n'avait ja-
mais pu vaincre le dégoût que lui inspirait le
théâtre; en 1852, il prit la résolution de se
retirer de la scène, et de se livrer à l'ensei-
gnement. De retour à Paris, il réalisa ce des
sein et donna des leçons de chant; dans
l'année suivante, il reçut sa nomination de
directeur de musique de la maison impériale
de Saint-Denis. Depuis lors, il a publié un
recueil de vocalises de soprano ou de ténor
pour ses élèves, quelques airs détachés et un
recueil de mélodies.
MASSIMIIVO (FnÉDÉivic) , professeur de
chant à Paris, est né à Turin, en 1775, et a
appris la musique et le chant sous la direction
de l'abbé Ottani {voyez ce nom). Arrivé à
Paris vers 1814, il y établit, deux ans après,
un cours d'enseignement collectif de la mu-
sique d'après un système dont il était l'inven-
teur, et dont on peut voir l'analyse dans le
premier volume de la Revue musicale (ann.
1827). Il a écrit pour ce cours un ouvrage qui
a pour titre : Nouvelle méthode pour l'ensei-
gnement de la musique. Première partie,
contenant l'exposition des principes, le
mode d'organisation d'un cours d'après la
nouvelle méthode; l'indication des moyens
d'enseignement mutuel , et une première
suite de solfèges avec accompagnement- de
piano; Paris, chez l'auteur, 1819, in-folio.
Deuxième partie, contenant une série de
solfèges à deux voix principales et unehasse,
avec accompagnement de piano; ibid., 1820,
in fol. On a aussi de cet artiste : Chœurs
français à deux voix avec accompagne-
ment de deux pianos à quatre mains , à
Vusage des pensionnats et des écoles d'ensei-
gnement mutuel, liv. I et II ; Paris, Pacini.
Massimino fut attaché à l'institution royale de
Saint-Denis, en qualité de professeur de chant
et de solfège. Il est mort à Paris, en 1858.
MA-SSON (Chaules), fut mailre de mu-
sique delà cathédrale de Châlons-sur-Marne,
vers 1680, et se rendit ensuite à Paris, où il
remplit les mêmes fondions dans la maison
professe des jésuites de la rue Saint-Louis. Il
est auteur d'un Nouveau traité des règles
pour la composition de la musique, par le-
quelon apprend facilement à faire un chant
sur des paroles, à composer à deux, trois et
quatre parties, et à chiffrer la basse con-
tinue ;Varis, 1694, in-8''. Dans cette première
édition, presque tous les exemples sont ma-
nuscrits, et quelques-uns gravés. La deuxième
édition est de 1699, in-8"; la troisième de
1705, et la quatrième, aussi in-8", a été pu-
bliée en 1738, chezRoger, à Amsterdam. Dans
la Théorie des beaux-arts, de Sulzer, on trouve
l'indication d'une autre édition datée de Ham-
bourg, 1757, in-4". L'ouvrage de Masson ne
manque pas de méthode, et les exemples en
sont assez bien écrits. Il paraît que ce musi-
cien avait cessé de vivre en 1705, car l'épltre
dédicatoire de la troisième édition est signée
par l'imprimeur Ballard.
MASSON (l'abbé), vicaire de l'église d'Ar-
gentan (Orne), s'est fait connaître par une
Nouvelle méthode pour apprendre le plain-
chant; Paris, imprimerie de Du verger; Ar-
gentan, Surène, 1839, in-12 de quarante-
huit pages.
MASSOIVEAU (Louis), violoniste distin-
gué, né à Cassel, dans la seconde moitié du
dix-huitième siècle, a reçu des leçons de
violon de Heuzé, maître de concert du land-
grave de Hesse, et apprit la composition sous
la direction de Rodewald. Massoneau avait été
admis depuis peu de temps dans la musique du
prince, quand celui-ci mourut; le licencie-
ment de la chapelle et de l'Opéra l'obligea
alors à chercher ailleurs une position. Pendant
quelque temps il vécut à Gœttingue, où il rem-
plissait les fonctions de directeur du Concert
académique. En 1792, il obtint un emploi à
la petite cour de Detmold ; mais avant qu'il s'y
rendît le prince mourut, et Massoneau fut
obligé de reprendre sa position à l'université
de Gœttingue. En 1795, il fut appelé à Franc-
fort-sur-le-Mein en qualité de premier violon
du théâtre; deux ans après, il alla à Alloua
remplir la même place qu'il quitta en 1798^
pour entrer dans la chapelle du duc de Des-
sau. Enfin, en 1802, il entra au service du
ducdeMecklembourg-Schwerin et n'en sortit
plus. Cet artiste conserva longtemps les qua-
lités de son talent, car on voit dans la Gazette
générale de musique de Leipsick (20^ année^
coll. 715), qu'il étonna les artistes dans une
fêle musicale donnée à Hambourg en 1818,
par la puissance de son exécution. Au mois
d'oclobre 1819, il était encore à Ludwigslust et
MASSONEAU — MATER N
21
s'y faisail admirer {ibid; 21<^ ann. col. 777).
Cette mention est la dernière qu'on trouve de
cet artiste; après cette époque, les journaux de
musique se taisent sur lui, et ce qu'on trouve
chez les biographes allemands ne va pas au
delà de 1802. Parmi les compositions de Mas-
soneau , on remarque : 1» Symphonies à
grand orchestre, op. 3, n"' 1 et 2j Offen-
bach, André. 2" La Tempête et le Calme,
symphonie imitative, op. 5; ibid. ô" Con-
certo pour violon, op. G; ibid. 4" Trois qua-
tuors pour deux violons, alto et basse, op. 4;
ibid. 5" Duos pour deux violons, op. 1 ;
Brunswick, Spehr. 6° Trois duos pour violon
et violoncelle, op. 9; Hambourg, Rœhme.
7" Airs variés pour violon et alto, op. 10;
Brunswick, Spehr. 8'^ Idem pour violon et
violoncelle, op. 11 ; ibid. 9° Symphonie con-
certante pour deux flûtes et orchestre; ibid.
10° Chansons allemandes avec accompagne-
ment de piano, op. 7; Offenbach, André.
MASTIAUX tGASPARD-A>T0OE DE), fils
aîné d'un conseiller de l'archevêque de Co-
logne, grand amateur de musique, naquit à
Bonn, en 1766. Après avoir achevé ses études
de théologie, il obtint du pape Pie VI un ca-
nonicat à Augsbourg, en 1789, et fut prédi-
cateur de la cathédrale. En 180-3, il fut fait
conseiller de l'électeur, et l'année suivante,
directeur général des affaires provinciales à
3Iunich. Après l'organisation du royaume de
Bavière, en 1806, il conserva le titre de con-
seiller privé du roi. Amateur distingué, il
cultiva la musique avec passion, et ne négligea
rien pour en rendre l'usage populaire en Ba-
vière. Indépendamment d,e ses messes et de
ses motets, qui sont considérés comme de
bonnes compositions, il publia à Augsbourg,
en 1800, un livre de chants à l'usage des
églises catholiques, pour toutes les fêtes de
l'année, en trois volumes ; puis il rassembla
les meilleures mélodies anciennes et mo-
dernes, pour le même usage, et les fit paraître à
Leipsick en six cahiers, depuis 1812 jusqu'en
1817. On voit dans \e Lexique universel de
7nusiqne , publié par le docteur Schilling
<iue M. de Mastiaux a donné à Munich, en
181-5, un livre sur léchant choral et sur le
plain-chant; mais on n'y trouve pas le titre de
cet ouvrage. On a aussi, du même auteur, un
livre de chant pour les écoles élémentaires de
Munich (Landshut, 1817). Depuis 1818 jus-
qu'en 1823, il a continué la publication de la
Gazette littéraire , h l'usage des prêtres catho-
liques qui s'occupent d'instruction religieuse.
On y trouve de bons articles sur la musique.
MATAl'SCIIEK (A.), ecclésiastique, né
en Bohême vers 1770, vécut à Vienne depuis
le commencement du dix-neuvième siècle jus-
que vers 1810. Il s'est fait connaître parbeau-
coup de compositions pour le piano, dans la
manière de son compatriote Gelinek. Ses
principaux ouvrages sont : 1" Sonates pour
piano seul, op. 14, 37, 37; Vienne, llaslinger.
2» Sonates pour piano et flûte, op. -33, ibid.
3" Rondeaux pour piano seul, n"' 1 et 2 ;
Mayence, Schott. 4° Airs variés pour piano,
op. 17, 29, 38 ; Vienne, Artaria et Haslinger.
0'^ Plusieurs recueils de polonaises, ibid.
L'abbé Matauschek a aussi beaucoup écrit pour
la flûte.
MATELART (Jeas), compositeur belge,
vécut à Rome, vers la fin du seizième siècle,
et y fut maître de chapelle de l'église collégiale
deSaint-LaurentirtZ?amaso.Il étaitFIamand,
suivant le titre du seul ouvrage de sa composi-
tion connu aujourd'hui; mais on n'a de ren-
seignements ni sur le lieu de sa naissance ni
sur le commencement de sa carrière. On con-
naît de lui une collection de répons, d'hymnes
et d'antiennes intitulée : Responsoria, Anti-
phons et ffymni in processionibus per an-
num quaterniset quinis vocibiis concinendo ,
auctore Joanne Matelarto Flandren. Collé-
giale ecdesix S. Laurentii in Damaso de
urbe capellae magistro. Romx, ex typogr.
JVicolai Muta, 1396. Matelart a ajouté à ses
propres compositions dans ce recueil six mo-
tets de Palestrina.
3IATELLI ( ), compositeur italien,
était maître de chapelle à Munster en 1784.
Il s'est fait connaître par beaucoup de com-
positions instrumentales et par les opéras
dont les titres suivent : 1» Die Reisenden
nach Holland (les Voyageurs en Hollande).
2» Der Brauttag (le Jour des noces), ô" Der
Tempel der Dankbarkeit) le Temple de la
Reconnaissance). 4' Der Kcenig Rabe (le Roi
corbeau). Ces ouvrages sont restés en manu-
scrit. On ignore l'époque de la mort de cet ar-
tiste.
IIATERIV ou 3IATTER?» (A.-W.-F),
violoncelliste distingué, fut attaché au servicc-
du duc de Brunswick, dans la seconde moitié
du dix-huitième siècle. On dit qu'il n'eut ja-
mais d'autre guide que lui-même pour ses
études. On a de cet artiste des symphonies,
des concertos et des solos de violoncelle, en
manuscrit. Le douzième supplément du cata-
logue thématique de Breitkopf indique un
concerto de Matern pour violoncelle, deux
violons, alto et basse. Un fils de ce virtuose,
MATERN — MATHIEU
direcleiir de miisiqup à Licgnitz, en Silésie, et
professeur de composition à l'académie de
celle ville, a publié à Breslau des pièces pour
le piano. Il est mort à Liegnitz le 5 décembre
1829.
MATIIALIIV ou MATIIELIN (Gail-
lard). Foyez TAILLASSON.
MATHER (Samuel), fils d'un organiste de
Sheffîeld, en Angleterre, naquit dans cette
ville en 1771. Élève de son père, Samuel Mather
fui nommé organiste de l'église Saint-Jacques
en 1799. En 1808, il succéda à son pèie dans
la place d'organiste de Saint Paul. En 1822, on
lui a confié l'orgue de la loge provinciale des
Francs-Maçons. Ce musicien a publié de sa
composition un livre de psaumes et d'hymnes,
ainsi qu'un Te Deum etdeschansoni avec ac-
compagnement de piano.
MATHIAS (Maître). Foijez MAT-
THIAS.
MATIIIAS (IIermas:^), surnommé VER-
RECOUENSIS, d'un nom latin de lieu in-
connu, à moins qu'il n'indique Ferrés, bourg
de la Sardaigne; mais il est plus vraisemblable
q\\''IJermanti Malhias était un musicien alle-
mand du seizième siècle. Quoiqu'il en soit, on
trouve des chansons latines à quatre et cinq
voix de sa composition dans le recueil intitulé :
Seleclissiinx nec non familiarissimx canlio-
nes ultra centum varia idiomale vocum,
tam miiUiplicium quam etiam paucarum.
Fugx qitoque ut vocantur, à sex iisque ad
duas voceSj etc. Auguslic Vindelicorum, Mel-
chior Rriesslein exciidebat, 1540, pelit in-8»
obi.
MATIIIAS (Georges-AmédéeSai>t-Clair),
compositeur et professeur de piano, né à
Paris, le 14 octobre 1820, montra dès son
enfance une heureuse organisation pour la
' musique. Admis au Conservatoire, le 4 avril
1837, il n'y resta qu'une année et se retira,
le 18 avril 18-38, pour se livrer à l'étude du
piano sous la direction de Kalkbrenncr, dont il
reçut les leçons pendant plusieurs années.
Rentré au Conservatoire, le 18 novembre 1842,
il y devint élève d'Halévy pour le contrepoint
et de Berton, pour la composition. En 1848,
le second grand prix lui fut décerné au con-
cours de l'Institut. Il reçut aussi des conseils
de Chopin pour le style du piano. Doué de dis-
tinction dans les idées, M. Mathias débuta par
des succès dans ses compositions pour l'or-
chestre. Ses principaux ouvrages en ce genre
sont : 1" Symphonie, exécutée deux fois ))ar
l'orchestre de la société de Sainte-Cécile et
vivement applaudie par l'auditoire. 2" Ouver-
ture â''Hamlet, exécutée aux concerts de la
même société. 3» Camp de Bohémiens , fan-
taisie dramatique idem. Il y a lieu de s'éton-
ner que, après de si beaux commencements,
cet artiste se soit, depuis plusieurs années,
condamné au silence, ou du moins se soit
borné à la production d'oeuvres de musique de
chambre. Parmi les vingt-cinq ou trente ou-
vrages qu'il a publiés, on remarque : l'' Trio
pour piano, violon et violoncelle, op. 1 ; Paris,
Brandus} 2" Idem, op 15 j Paris, Richaull;
JUeqro appassionato, op. 5 ; Feuilles de
printemps, pièces pour piano seul, op. 8 et
17; dix études dédiées à Halévy, op. 10 ; Paris,
Brandus; Romances sans paroles, op. 18;
Paris, Lemoine; Sonate, op. 20; Paris, 3Ieis-
sonnier. M. Mathias a en manuscrit des quin-
tettes pour instruments à cordes et une messe
solennollc.il a été nommé professeur de piano
au Conservatoire de Paris, en 18G2.
MATHIEU (Michel), né à Paris, le 28 oc-
tobre 1689, entra dans la musique du roi en
1728, et obtint sa vélérance en 17G1. Il mou-
rut le 9 avril 1768, à l'âge de soixante-dix-
neuf ans. Mathieu a laissé en manuscrit <leux
motets, des morceaux de musique instrumen-
tale, quatre cantatilles, deux divertissements,
et le ballet de la Paix exécutés au concert de
la reine, en 1737. La femme de ce musicien,
Jacqueline-Françoise Barbier, née le 20 mai
1708, chanta longtemps les solos de premier
dessus aux concerts de la reine. Elle mourut
le 17 avril 1773.
MATHIEU (Julien-Amable), fils aîné des
précédents, né à Versailles le 1"" février 1734,
fut premier violon.de la chapelle du roi de-
puis 1701 jusqu'en 1770, puis succéda à l'abbé
Blanchard, dans la place de maître de musique
de la même chapelle. Il a publié de sa com-
position, à Paris, deux livres de sonates de
violon, deux livres de trios pour deux violons
et basse, un œuvre de quatuors, et a laissé en
manuscrit des symphonies, des concertos de
violon, quarante-cinq motets à grand chœur
et une messe avec orchestre.
MATHIEU (Michel -Julien), connu sous
le nom de LEPIDOU, était frère du précé-
dent et naquit à Fontainebleau, le 8 octobre
1740. Il composa quelques opéras qui sont
restés en manuscrit, ainsi que des motets,
neuf sonates à violon seul, trois quatuors, six
trios, et six pièces de clavecin. On a publié
de sa composition plusieurs recueils d'airs et
de chansons, gravés à Paris, en 1765 et 1766.
Mathieu écrivit aussi la musique de plusieurs
scènes et d'actes, pour d'anciens oi)éras qui
MATHIEU — MÂTHON DE LA COUR
23
n'ont pas été joués avec ces changements, ou
qui n'ont pas eu de succès. Parmi ces ouvrages,
La Borde cite l'École des filles, Marthésie,
ancienne tragédie lyrique, les Amours de
Prolée, ancien opéra-ballet, qui fut essayé au
théâtre du Magasin de l'Opéra, en 1778; le
Départ des matelots, intermède joué une
seule fois au théâtre italien (novembre
1778), etc.
MATIIIEL (Léosard), professeur de mu-
sique et de piano, né en 1752, mourut à An-
gouléme au mois d'août 1801. Il a publié plu-
sieurs romances avec accompagnement de
piano, entre autres celle qui commence par
ces mots : J'entends sonner le trépas. Cet
artiste avait annoncé un nouveau système de
langue musicale, dont il était inventeur, et qui
devait paraître sous ce titre : Nouvelle mé-
thode télégraphique musicale, ou langage
exprimé par les sons sans articulation :
mais cet ouvrage n'a point paru (loye; Score).
MATIIIEL (Jea>-Baptiste), né le 2 jan-
vier 1762, à Billone, en .\uvergne, a ^u pour
premier maître de musique Cardot, maître de
chapelle de cette ville. En 1779, il entra dans
la musique du régiment des gardes françaises,
en qualité d'élève : il y jouait du serpent.
Pendant une longue maladiequi le retint près
.de six mois à l'hôpital militaire, il appiit seul
à jouer de la guitare, et devint assez habile
sur cet instrument pour pouvoir en donner
des leçons et assurer ainsi son existence. Bientôt
après, il sortit des gardes françaises pour
entrer à l'église Saint -Eustache, de Paris,
comme serpentiste. Lorsque le Conservatoire
de musiq-;e fut institué, Mathieu y fut ap-
pelé pour enseigner le solfège. Dans le même
temps, il avait aussi été chargé de l'enseigne-
mens de la musique à l'Institut des aveugles :
il écrivit pour ses élèves un opéra intitulé:
la Ruse d'Aveugles^ qui fut représenté rue
Saint Victor , le 2 nivôse an Y. Appelé à
Versailles, en 1809, comme maître de chapelle
de l'église cathédrale, il en a rempli les fonc-
tions avec zèle pendant trente ans, et a écrit
beaucoupde motets etcinq messes solennelles.
Ouelques-unes de ces compositions ont été
exécutées avec succès dans diverses églises de
Paris. Mathieu a composé aussi près de dix
mille leçons de solfège pour ses élèves de la
maîtrise. On lui doit un des meilleurs et des
plus instructifs traités de plain-chantqui exis-
tent: cet ouvrage a pour titre : Nouvelle mé-
thode de plainchunt à l'usage de toutes les
églises de France, traitant de tout ce qui a
rapport à l'office divin, à l'organiste, aux
chantres^ aux enfants de cha-nr ; contenant
un abrégé du plain chant ancien ; précédée
d'une notice historique, etc.; Paris, Auge,
1838, un volume in- 12. Mathieu a traduit
en français le Dodecachordon de Glaréan, et
a mis en partition toutes les pièces de mu-
sique que renferme cet ouvrage. Un pareil
travail n'a pu être fait que par uo musicien
très-instruit. Cet artiste est mort à Versailles,
en 1847.'
MATHIEU (Adolphe- Charles-Ghislai»)^
conservateur des manuscrits de la Biblio-
thèque royale à Bruxelles, est né à Mons
(Belgique), le 22 juin 1804. D'abord membre
de la société des arts, sciences et belles-lettres
du Hainaut, il en a été nommé ensuite secré-
taire. Auteur de plusieurs poèmes, M. Mathieu
en a publié un, intitulé : Roland de Lattre
(Orlando di Lasso); Mous, 1858, in-18 de
soixante - seize pages. Une préface histo-
rique , extraite de la notice de Delmotte
{voyez ce nom), sur ce célèbre musicien, pré-
cède le poëme, qui est suivi de notes. Une
deuxième édition de cet ouvrage a été publiée
à Mons, chez Piérart. en 1810, gr. in-S» de
soixante et quatorze pages.
MATHO (Jea5-Baptiste), né dans un vil-
lage de'la Bretagne, en 1660, entra dans la
chapelle du roi de France, en 1684, pour y
chanter la partie de ténor, puis fut nommé
maître de musique des enfants de France. Il
était âgé de cinquante-<|uatre ans lorsqu'il fil
représenter, en 1714, à l'Académie royale de
musique, Arion, tragédie lyrique en cinq
actes, de sa composition. Il mourut à Ver-
sailles,en 1746, à l'âge de quatrc-vingt-sixans.
MATIIO> DE LA COL U ( Jacques ) ,
membre de l'Académie des lettres et des
sciences de Lyon, naquit dans cette ville, en
1712. et y mourut en 1770. Cet académicien
s'occupait spécialement df la théorie de l'har-
monie, que les écrits de Rameau avaient mise
en vogue. Il reprochait cependant à ce grand
musicien d'avoir manqué de méthode, de
clarté et de précision dans l'exposé de sa doc-
trine. Dans un premier mémoire qu'il lut à
l'Académie, il s'est proposé de faire connaître
les vrais principes de la. composition, c'est-
à-dire, de la formation cl de l'emploi des ac-
cords. Un second mémoire de 3Iathon de la
Cour a pour objet défaire voir que les accords
et les beautés de l'harmonie sont le produit de
la nature, et que c'est par k- calcul qu'on en a
fait la découverte : vieilles erreurs que ne peut
admettre u;ie saine philosophie, et dont j'ai
démontré la fausseté eu beaucoup d'endroits.
MATHON DE LA COUR — iMATEl
Malhon de la Cour cherche, à la fin de son se-
cond mémoire, la solution d'un problème qu'il
énonce en ces termes : Trouver un son qui
fasse accord avec tous les tons d'une modu-
lation donnée. Il ne s'est pas aperçu que
c'est l'inverse de cette donnée qui est le pro-
blème véritable, à savoir : Trouver des for-
mules harmoniques par lesquelles un* son
donné puisse se résoudre dans les deux
modes de tous les tons. Les Mémoires- de Ma-
thon de la Cour sont en manuscrit à la Bi-
bliothèque de Lyon, dans un recueil d'autres
mémoires sur la musique, n" 963, in-fol.
MATHOIV DE LA COUR (Chaules -Jo-
seph), fils du précédent et littérateur, naquit
à Lyon, en 1738, et périt sur l'échalaud, au
mois d'octobre 1795, après la prise de cette
ville \iav l'armée révolutionnaire. Auteur de
plusieurs écrits médiocres, il a été aussi ré-
dacteur de VÂlmanach musical pour les
années 1775, 1776, 1777 et 1778. Interrompu
pendant plusieurs années, cet almanach fut
ensuite rédigé par Luneau de Boisgermain
{voyez ce nom). Malhon de la Cour a travaillé
au Journal de musique publié à Paris, de-
puis le mois de juillet 1764 jusqu'au mois
d'août 1768. Ce recueil fut ensuite continué
par Framicourt, puis par Framery.
MATIELLI (jEAN-AsTonE), claveciniste
et compositeur, élève de Wagenseil, vivait à
Vienne dans la seconde moitié du dix-hui-
tième siècle, et y avait de la réputation pour
sa méthode d'enseignement. En 1783, il a pu-
blié dans celte ville six sonates pour le clave-
cin. On connaît aussi, en manuscrit, sous son
nom, plusieurs concertos pour cet instrument.
MATÏEI (Saverio), avocat et littérateur
distingué, né dans la Calabre, en 1742, habita
longtemps à Padoue, et mourut à Naples, en
1802. Des idées originales et un style élégant
se font remarquer dans le livre qu'il a publié
sous ce titre : Dissertazioni preliminari
alla traduzione de' Salmi; Padoue, 1780,
huit volumes in-S". Cet ouvrage est divisé en
un certain nombre de dissertations sur dos
sujets relatifs aux psaumes. La neuvième du
premier volume a pour tilre : Délia Musica
antica, e délia nécessita délie notizie alla
musica appartenente, per ben intendere e
tradurre i Salmi. La douzième du second vo-
lume traite de la psalmodie des Hébreux. La
dix-huitième du cinquième volume est inti-
tulée : La Filosofia délia musica, o sia la
musica de' Salmi. Le huitième volume de cet
intéressant ouvrage renferme une correspon-
dance de Maltci avec quelques-uns de ses amis,
et surtout avec Métastase, concernant la mu-
sique ancienne, qu'il considère comme supé-
rieure à la moderne. En 1784, Mattel fit
paraître à Naples une dissertation in-4", inti-
tulée : Se imaestri di cappella sono compresi
fra gli artigiani (Si les maîtres de chapelle
sont compris parmi les artisans). Enfin, on a
du même écrivain des Mémoires pour servir à
la vie de Métastase, où l'on trouve l'éloge de
Jomelli. Cet ouvrage, qui n'a pas de nom
d'auleur au frontispice, a pour titre : ^ned-
doti secreti délia vita deW ah. Pietro Me-
taslasio, colla storia del progresso délia poe-
sia e musica teutrale, memoria stovico-sati-
rico curiosa; Colie-Ameno, sans date (1783),
in-S". A la page 59 commence l'Elogio di
Jomelli, 0 sia il progresso délia poesia e mu-
sica teatrale. C'est en tête de cet éloge que
Mattei a placé son nom. Il a publié aussi une
dissertation intitulée : Memoria per la hiblio-
teca musica fondata nel Conservatorio délia
Pietà; in-S», sans nom de lieu et sans date
(Naples, 1793).
MATTEI (l'abbé Stamslas), compositeur
de musique d'église, et professeur de contre-
point au Lycée communal de musique, à Bo-
logne, naquit dans cette ville, le 10 février
1750. Son père, simple serrurier, l'envoya aux
écoles de charité pour y apprendre les élé-
ments (fu calcul et de la langue latine. Le ha-
sard l'ayant conduit à l'église des cordeliers,
a\>\^t\és3Iineursconven^uels, oh l'on exécutait
chaque jour l'ofiice en musique, son penchant
pour l'art se développa rapidement et le ra-
mena si souvent dans cette église , que le
P. Martini le remarqua, prit de l'intérêt à lui,
et le fit entrer dans son couvent comme no-
vice. Dès ce moment, le jeune Mattei reçut son
instruction musicale de l'illustre maître de
chapelle du couventde Saint-François, pendant
qu'il se livrait à l'étude de la philosophie et de
la théologie. A seize ans, il prononça ses
vœux, et lorsqu'il eut atteint sa vingt et unième
année, il fut ordonné prêire. Une tendre affec-
tion l'attachait à son maître, dont il était
devenu le confesseur; il ne le laissa presque
jamais seul dans ses dernières années, l'aida
dans ses recherches d'érudition, devenues pé-
nibles à cause de ses infirmités, et lui prodi-
gua les soins d'un fils dans sa dernière ma-
ladie, /e sais^ disait leP. Martini en mourant,
en quelles mains je laisse mes livres et mes
papiers. Je ne sais pourtant si l'abbé Maltei
justifia la confiance de son maître, dans le
sens qu'il y attachait; car un tel legs ne pou-
vait être fait que dans le but de la continua-
MATTEI
23
tion de ses travaux, et surtout du quatrième
volume de VHisloire de la musique, dont le
P.- Martini {voyez ce nom) s'occupa jusqu'à
ses derniers moments; or, son élève, qui
peut-être comprenait son insuffisance pour un
semblable travail, n'en a pas publié une ligne,
quoiqu'il ait survécu trente-neuf ans à son
maître.
Le P. Mattei succéda au P. Martini dans
les fonctions de maître de chapelle de Saint-
François : déjà, depuis 1770, il en avait pris
possession. Vers 1770, il commença à faire
entendre ses propres compositions pour
l'église, et depuis lors il écrivit un grand
nombre de messes, de motels, d'hymnes,
de psaumes et de graduels, dont on trouve
quelques copies à Rome, mais dont la plupart
se conservent en manuscrit dans la Biblio-
thèque de Saint-Georges, à Bologne. Lorsque
les couvents furent supprimés, en 1798,
époque où l'Italie était envahie par les armées
françaises, Mattei se retira dans un modeste
logement avec sa vieille mère, et trouva des
ressources pour son existence dans l'ensei-
gnement delà composition. C'est depuis celte
époque qu'il a été connu sous le nom de
l'abbé Mattei. De nombreux élèves fréquen-
tèrent son école, et bientôt il acquit de la cé-
lébrité comme professeur. Son attachement
pour la ville où il avait vu le jour lui avait fait
refuser plusieurs places de maître de chapelle
qui lui avaient été offertes; mais il accepta
avec plaisir celle de Saint-Pétrone, à Bologne,
et en remplit les fondions jusqu'à la fin de
sa vie. Le Lycée communal de musique ayant
été organisé en 1 804, il y fut appelé pour ensei-
gner le contrepoint, et forma un grand nombre
d'élèves, dont les principaux sont Rossini,
Morlacchi, Donizctti, J.-A. Perotti, Robuschi,
L. Palmerini, Bertolotli, G. Corticelli, Nan-
cini, Tadolitfi, Tesei et Pilotti. Ce dernier lui
a succédé dans ses fonctions de maître de cha-
pelle à Saint-Pétrone. Retiré, après la mort de
sa mère, chez son ami D. Batistini, curé de
Sainte-Catherine, il passa ses dernières années
dans le calme d'une vie uniquement remplie
par des travaux de cabinet et par les soins
qu'il donnait à ses élèves. Le 17 mai 1823, il
termina son honorable carrière, dans la
soixante-seizième année de son âge. La so-
ciété des Philharmoniques et le conseil com-
munal de Bologne lui firent de magnifiques
obsèques, et lui élevèrent un tombeau, où l'on
a placé son buste. L'abbé Mattei était membre
de la société Philharmonique de Bologne; il
en fut le président en 1791 et 1794. A l'époque
de la formation de l'Institut des sciences,
lettres et arts du royaume d'Italie (1808), il
fut choisi comme un des huit membres de la
section de musique, et l'Académie des beaux-
arts de l'Institut royal de France le nomma
l'un de ses membres associés, le 24 janvier
1824. Les compositions de Mattei, qui toutes
sont restées en manuscrit, se trouvent aujour-
d'hui dans la Bibliothèque Saint-Georges, des
Mineurs conventuels; elle» consistent en un
grand nombre de messes, psaumes, inlroïts,
graduels, hymnes, motets et symphonies pour
offertoires.
Comme la plupart des maîtres italiens des
meilleures écoles, Mattei possédait une bonne
tradition pratique del'art d'écrire; c'est par là
qu'il s'est distingué comme professeur et qu'il
a formé de bons élèves : mais il n'y avait en
lui ni doctrine, ni critique, ainsi que le
prouve son ouvrage intitulé : Pratica d'ac-
compagnamento sopra bassi numerali , e
contruppunti a pin voci suUa scala ascen-
dente e discendente, maggiore e minore, con
diverse fughe a quatlro e otto (Pratique d'ac-
compagnement sur des basses chiffrées, et
contrepoints à plusieurs voix sur la gamme
ascendante et descendante majeure et mineure,
suivis defugues à quatre et à huit parties) ; Bolo-
gne, Cipriani, 1823-1800, trois parties in-fol.
Toute la théorie de Mattei sur l'harmonie est
renfermée en six pages dans cet ouvrage : elle
se borne à l'exposé de la forme de l'accord
parfait, de celui de la septième dominante et
de leurs dérivés, avec quelques notions des
prolongations. Du reste, les faits particuliers
n'y sont rattachés par aucune considération
générale ; nulle philosophie ne se fait aperce-
voir dans l'ensemble de ces faits. Quelques
règles de contrepoint, avec les exemples qui y
sont relatifs, colîiposent toute la théorie de celle
partiedeTarldanslelivre de Mattei. Ces règles,
contenues dans huit pages, sont présentées
d'une manière empirique et sans aucune dis-
cussion de principes; mais elles sont suivies
de bons exercices en contrepoint simple, de-
puis deux jusqu'à huit parties réelles sur la
gamme diatonique montante et descendante,
dans les modes majeur et mineur. Ces exer-
cices, quoique bien écrits, ont le défaut de
n'être pas bien gradués, car, dès les premiers
pas, on y voit dans les contrepoints simples à
trois et à quatre, des imitations et des canons,
bien qu'aucune notion de ces formes ne soit
donnée dans l'ouvrage. Il parait que l'ensei-
gnement oral de Mattei était tout aussi <lé-
pourvu de raisonnement et de critique que ce
MATTEl - MATÏIL^I
qu'on a publié de lui sur riiarmouie et le
contrepoint, car Rossini médisait à Boloj;ne,
en 1841 : « J'aurais eu du penchant à cultiver
« les formes de la musique sévère, si j'avais
0 eu dans mon maître de contrepoint un
« homme qui m'eût expliqué la raison des
« règles ; mais lorsque je demandais à Mattei
« des explications, il me répondait toujours :
« C'est l'usage d'écrire ainsi. Il m'a dégoûté
« d'une science qui n'avait pas de meilleures
« raisons à me donner des choses qu'elle en-
« seignait. «
Je ne connais des compositions de Mattel
qu'une messe à quatre voix sans instruments ;
une messe solennelle avec orchestre, et une
messe à huit voix avec orgue. On cite de sa
composition un intermède, intitulé : ilLibrajo,
composé pour le séminaire de Bologne, et un
oratorio de la Passion, qui fut exécuté dans
l'hiver de 1792. Les partitions de ces ouvrages
paraissent être perdues. La collection musi-
cale de l'abbé Santini,de Rome, renferme une
messe pour deux ténors et basse, avec orgue
€t deux cors obligés; deux messes à quatre
voix, avec orchestre; un Tantiim ergo pour
deux voix de soprano et basse; Kyrie, Gloria
et Crerfoconcertésàhuitvoix. Le portrait de ce
professeur a été gravé (in-folio) par Capuri, et
publié à Bologne. On a sur lui unebiograi)bie
intitulée : FitadiSlanislaoMattei,scrHtada
Filippo Cannti, avvocato , aW Academia
Filarmonica di Bologna dedicata; Bologna,
1829, in-8", avec un portrait gravé par Roma-
gnoli. Adrien De La Page a publié une notice de
Mattei dans le sixième volume de la Revue et
gazette musicale de Paris (année 1839). Il en
existe un tiré-à-part, et elle a été reproduite
dans les Miscellanées du même auteur.
MATTEl (Giovanm), chapelain de l'église
de S. Costanlino, et professeur de chant à
Parme, né vers la fin du dix-huitième siècle,
à Castelnuovo-di-Garfagnana, dans le duché
de Blodène, est auteur d'un livre intitulé -.
Elementi di canlo ferma o sia gregoriano;
Parme, de l'imprimerie de Bodoni, 18-34, gr.
in-S».
aiATTEUCCI (Matteo), célèbre chanteur
sopraniste, naquit à Naples en 1649. Son nom
véritable serait ignoré si un passage d'un
livre fort obscur ne nous l'avait révélé; ce
livre a pour titre : Memorie dell' abate
D. Bonifacio Pecorone délia città di Sapo-
nara, musico délia real cappella di Napoli;
Naples, 1729, in-4°. On y lit ce passage
(p. 77) : Oltre fihalinente i forti impulsi del
sig. 3Iarchese Matteo Sassani, volgarinenie
J/alteucci, fainosissitno canlor di voce so-
prano, mi esortarono di ricorrerne a dirit-
tura al sig. Ficerè, etc. Ce passage nous ap-
prend à la fois que Sassani était le nom du
chanteur, et son prénom Matteo; de plus,
qu'il avait le titre de marquis, quoiqu'il soil
appelé chevalier par tous les biographes. La
circonstance dont il s'agit dans ce passage se
rapporte à l'année 1708. Après avoir été long-
temps au service de la cour de Madrid et y avoir
acquis des richesses considérables, il était re-
tourné à Naples, où il vivait encore en 1730.
Mancini nous apprend (RilJl. pratiche sopra il
canlo figur., p. 18) que, par dévotion, il avait
l'habitude de chanter alors dans les églises
tous les samedis, et que sa voix avait conservé
tant de fraîcheur, quoiqu'il fût âgé de plus de
quatre-vingts ans, que ceux qui l'entendaient
sans le voir se persuadaient qu'il devait être
dans la fleur de l'âge. On ignore l'époque de
la mort de cet artiste extraordinaire.
MATTH.EI (Conrad) , avocat à Bruns-
wick , y naquit dans la première moitié
du dix-septième siècle, et fit ses éludes à
Kœnigsberg, où il fut reçu docteur en droit.
Il a fait imprimer un livre intitulé : Kurlzer
dock ausfUhrlicher Bericht von den Nodis
musicis, loelchen ans den besten, ^Itesten,
beriihmtesten und bewxhrlesten auioribus
der Miisik zusammen gelragen, au f den iin-
beweglichen Grund der Messkunst gesetzt
und mit Beliebung der lœblichen philoso-
phischen FucuUset Churf. Br. Pr. univer-
sitxt zu Kœnigsberg, herausgegeben^ etc.
(Avis court mais sufiisamment détaillé sur les
modes musicaux, etc.); Kœnigsberg, 1652,
in-4''. Bien que cet ouvrage porte le nom de
Matthici au frontispice, cependant il avoue,
dans la seconde préface, qu'il n'en est que le
rédacteur, et qu'il en doit le fond à un nommé
Grymmius on Grimmius, dont ilne fait con-
naître ni la patrie ni la profession; mais il le
cite (p. 15) comme auteur d'un traité allemand
sur le monocorde. Il est vraisemblable que
l'auteur dont il s'agit est Henri Grimm (voyez
ce nom), cantor à 3Iagdebourg au commen-
cement du dix-septierae siècle. L'ouvrage de
Matthsei a pour objet de comparer les modes
de l'ancienne musique grecque, suivant la
doctrine de Ptolémée, avec les tons du plain-
chant. On y trouve (p. 65) d'anciens vers
techniques latins qui indiquent d'une ma-
nière beaucoup plus claire que la plupart des
traités du chant ecclésiastique les répercus
sions des notes principales des tons de ce
cliani suivant le systcn7e des muanccs.
MATTIl El — MATTIH:1S
27
MATTII-EI (nF.>ui-AtGiSTE), violoniste
et compositeur, naiiuit à Dresde le 30 octobre
1781, et se livra dès son enfance à l'étude de
la musique. Quoiqu'il fut parvenu à jouer avec
habileté de plusieurs instruments, le violon
était celui qu'il préférait et sur lequel il fit les
progrès les plus rapides. Dans un voyage qu'il
fit à Leipsick en 1803, il obliutun si brillant
succès au concert hebdomadaire, qu'il fut im-
médiatement engagé comme violon solo à
l'orchestre du théâtre et du concert. L'intérêt
que sa personne et son talent inspiraient dé-
cida quelques amateurs à lui fournir les
moyens de se rendre à Paris pour y perfec-
tionner son jeu d'après les conseils d'un grand
maître. Rodolphe Kreutzer fut celui qu'il choi-
sit, et cet artiste célèbre lui prodigua ses soins.
De retour à Leipsick, au mois de janvier 180G,
Matlliaei étonna ses protecteurs par le brillant
de son exécution, et justifia leurs bienfaits par
les succès qu'il obtint dans les concerts. Dans
l'automne de 1809, il se réunit à ses collègues
Campagnol!, Voigt et Dolzauer pour former
une société de quatuors. Les séances où ces
artistes faisaient entendre les productions de
Haydn, de Mozart et de Beethoven excitèrent
l'admiration de tout ce qu'il y avait d'amateurs
à Leipsick, et réunirent un auditoire nombreux.
Le 21 juin 1810, Mntlbsei exécuta à la grande
fêle musicale de la Thuringe une symphonie
concertante pour deux violons avec Spohr, et
se montra digne de se mesurer avec un tel
athlète. Le 11') décembre de l'année suivante,
il donna un concert à Berlin et y justifia îa
réputation qui l'avait précédé dans cette
ville. Après avoir fait un brillant voyage
dans le nord de r.\llemagne, il retourna à
Leipsick où il succéda à Campagnoli comme
maître de concert en 1817. Depuis cette épo-
que jusqu'à sa mort, arrivée le 4 novembre
1835, il a rempli celle place avec distinction,
et a montré beaucoup de talent dans la direc-
tion de l'orchestre. M. Ferdinaiid David lui a
succédé dans cette position. On a gravé de la
composition de cet artiste : 1° Quatre concertos
pour le violon, op. 2, 9, 15 et 20; Leipsick,
Peters et Hofmeister. 2'' Fantaisie pour violon
et orchestre, op. 8; Leipsick. Peters. 3" Rondo
idem, op. 18; Vienne, Haslinger. 4" Quatuors
brillants, op. 6 et 12; Leipsick et Hambourg.
5" Variations pour violon et quatuor, op. 7,
10, 21 ; Leipsick, Breitkopf et Haertel, Hof-
tneisler. G" Duos pour deux violons, op. 5;
Leipsick, Peters. 7" Chants joyeux pour deux
sopranos, ténor et basse, op. 19; ibid. 8° .\irs
et chants allemands à voix seule et accompa-
gnement de piano, op. 1, 4,5, 11, 13, 17;
ibid.
MATTHEIS (Nicolas), violoniste italien,
se fixa à Londres vers la fin du règne de
Charles II. Sa pauvreté était extrême lorsqu'il
arriva en Angleterre, mais sa fierté égalait sa
misère. Il parvint à se faire entendre à la
cour, mais il n'y plut pas, parce qu'il se plai-
gnait avec hauteur du bruit que faisaient les
conversatiojis pendant qu'il jouait. Quelques
personnes qui estimaient son talent parvinrent
à lui faire comprendre qu'il ne réussirait pas
de cette manière à se faire des amis : il écouta
leurs conseils, et bientôt il eut beaucoup
d'élèves dans les familles nobles. Il composait
pour eux des leçons qui eurent beaucoup de
succès et dont on recherchait les copies, ce
qui le décida à les faire graver sur cuivre. Il
en présentait des exemplaires reliés aux per--
sonnes riches qui les lui payaient cinq ou six
guinées. Ce fut le commencement de la musi-
que gravée en Angleterre. Mattheis publia
quatre recueils de ces leçons, sous ce litre :
Jyres for the violin to icit : préludes, fugues,
allemandes, sarabands, courants, gigues,
fancies, and likewise other passages, intro-
ductions for single and double stops, etc.
Mallheis fit aussi graver des leçons pour la
guitare, dont il jouait fort bien, et un traité
de composition et de basse continue dont les
exemplaires sont devenus d'une rareté exces-
sive. Il avait composé plusieurs concertos et
des solos qui n'ont pas été publiés. Les leçons
qu'il donnait et la vente de ses ouvrages lui
avaient procuré des richesses considérables :
elles lui firent contracter des habitudes d'in-
tempérance qui le conduisirent en peu de
temps au iombeau.
3IATTIIEIS (Nicolas), fils du précédent,
né à Londres, fut aussi violoniste et composi^
leur de mérite. A peine au sortir du berceau,
il reçut de son père des leçons de violon : ses
progrès furent rapides. Vers 1717, il se rendit
à Vienne, où il occupa pendant quelque temps
la place de premier violon dans la chapelle
impériale. Plus tard, il vécut en Bohème, et
l'on a la preuve qu'il était encore à Prague en
1727, par les airs de danse qu'il écrivit pour
l'opéra intitulé : Costanza e Fortezza,qi\e le
maître de chapelle Fux avait composé pour le
ccui-onnement de Charles Vî; car on lit au
titre de cet ouvrage : Con le arie per i balli
dal sign. IVicola Mattheis, direltore délia
musica instrumentale di S. M. Ces. e Catt.
Peu de temps après, il reîcurna en Angleterre.
Le docteur Burney fil sa connaissance à
MATHEIS ~ MATTHESON
Shrewsbury, en 1737, et reçut de lui des le-
çons de musique et de langue française. Mat-
Iheis resta dans cette ville jusqu'à la fin de ses
jours et mourut en 1749. Burney assure que
Mattheis exécutait les sonates de Corelli avec
une grâce remarquable et une admirable
simplicité. On a gravé de sa composition, à
Amsterdam, cinq livres de solos pour le vio-
lon, sous ce titre : Jrie cantahili' a vioîino
solo e violonceîlo o basso continua.
MATTHESON (Jean), compositeur et
surtout écrivain sur la musique, naquit à
Hambourg, le 28 septembre 1C81. Son père,
ayant remarqué ses heureuses dispositions
pour la musique, lui donna les meilleurs
maîtres pour les développer. Tour à tour, il
reçut des leçons de Hanff, de Woldag, de
BrunmttHer, de Prïetorius et de Kœrner. Dès
rage de neuf ans,il jouaitdéjà de l'orguedans
plusieurs églises, et chantait dans les con-
certs des morceaux de sa composition en s'ac-
compagnant de la harpe. Il apprit aussi à
jouer de la basse de viole, du violon, de la
flûte et du hautbois. En 1690, on lui fit com-
mencer ses études littéraires. Après avoir ter-
miné ses humanités, il fit un cours de juris-
prudence et apprit aussi les langues anglaise,
italienne et française. Pendant ce temps,
BrunmuUer, Prœtorius et Kœrner lui ensei-
gnaient la basse continue, le contrepoint et la
fugue, et le maître de chapelle Conradi lui
donnait des leçons de chant. Pendant les an-
nées 1696 et 1697, il chanta les parties de so-
prano à l'Opéra de Kiel; puis il retourna à
Hambourg, où il donna, en 1699, à l'âge de
dix-huit ans, son premier opéra intitulé : les
Pléiades. Vers le même temps, il entra au
théâtre de cette ville, en qualité de ténor, et,
pendant plusieurs années, il y joua les pre-
miers rôles. On ignore s'il eut quelque talent
dramatique. En 1703, il se lia d'amitié avec
Hsendel qui venait d'arriver à Hambourg. Ils
firent ensemble le voyage de Lubeck, dans le
but de concourir pour le remplacementdu cé-
lèbre organiste Buxtehude j mais celui-ci ne
consentait à se retirer qu'à la condition que
son successeur épouserait sa fille j obligation
qui ne plut ni à Hsendel ni à 3Iattheson, et qui
les fit renoncer à un emploi qu'ils avaient mé-
rité par leur talent. On i)eut voir, à l'article de
Heendel, les circonstances d'une brouillerie et
d'un duel entre ces deux artistes. Ils redevin-
rent pourtant amis, et pendant leur longue
carrière ils conservèrent des relations bien-
veillantes, ce qu'il faut, sans doute, attribuer
à la différence de la direction qu'ils prirent
dans leurs travaux. Mattheson ne pouvait
lutter avec Hsendel dans la composition. Celui-
ci lui était aussi supérieur comme organiste,
mais Mattheson avait plus de grâce et d'élé-
gance sur le clavecin.
En 1705, il quitta la scène et alla à Bruns-
wick, où il écrivit un opéra français intitulé :
le Retour de l'Age d'or. Déjà il ressentait les
premières atteintes d'une surdité qui s'accrut
progressivement, et qui finit par devenir com-
plète. De retour à Hambourg, il y fut nommé
gouverneur du fils de l'ambassadeur d'Angle-
terre, avec qui il fit plusieurs voyages à Leip-
sick, à Dresde et en Hollande. A Harlem, on
lui offrit la place d'organiste avec quinze
cents florins d'appointement; mais il la re-
fusa. A son retour à Hambourg, le père de son
pupille lui fit obtenir l'emploi de secrétaire de
la légation anglaise. En 1709, il épousa la
fille d'un ecclésiastique anglais. Les négocia-
tions où il fut employé ayant fait reconnaître
en lui autant d'habileté que de prudence, il
obtint, en 1712, la place de résident par inté-
rim, après la mort de M. Wirth, qui en avait
rempli précédemment les fonctions. Depuis
plusieurs années, il occupait la place de
maître de chapelle de l'église de Saint-Michel à
Hambourg; mais sa surdité l'obligea à de-
mander sa retraite en 1728 ; elle lui fut accor-
dée avec une pension dont il eut la jouissance
jusqu'à sa mort, c'est-à-dire pendant trente-six
ans. Il cessa de vivre le 17 avril 1764 à l'âge de
quatre-vingt-trois ans. Par son testament, il
avait légué à l'église Saint-Michel une somme
de quarante-quatre mille marcs, pour la con-
struction d'un orgue qui fut exécuté par Hilde-
brand, d'après le plan de Mattheson.
Peu d'hommes ont déployé dans leurs tra-
vaux autant d'activité que ce savant musicien.
Nonobstant, ses occupations multipliées, ses
places d'organiste et de maître de chapelle,
ses fonctions de secrétaire de légation et de
résident, enfin, les leçons qu'il donnait à un
grand nombre d'élèves, il a composé beau-
coup d'opéras, d'oratorios , de cantates, de
pièces instrumentales et vocales, a écrit une
quantité prodigieuse de livres et de pamphlets
relatifs à la musique, et a été éditeur ou tra-
ducteur de beaucoup d'autres ouvrages. Sa
correspondance était d'ailleurs si étendue ,
que le nombre de personnes dont il recevait
des lettres et à qui il écrivait, s'élevait à plus
de deux cents. Ses compositions ont de l'ana-
logie avec le style de Reiser, en ce qui con-
cerne l'harmonie et la modulation; maison
n'y trouve pas, à beaucoup près, autant d'ima-
MATTIIESON
£9
I
ginalion. C'esl surtout comme auteur didac-
tique et comme musicien uruditqueMatlheson
«si maintenant connu, quoique ses ouvrages
n'aient plus aujourd'hui qu'une valeur histo-
rique pour la littérature musicale. Sa lecture
^lail immense; son savoir, étendu dans la
théorie et dans la pratique; mais son esprit
manquait de portée, et sa manière d'exposer
ses idées était absolument dépourvue de mé-
thode. Dans la polémique, il ne gardait point
de mesure contre ses adversaires, et dans son
style grossier, les épithètes blessantes et les
injures étaient prodiguées à ceux qui ne par-
tageaient pas ses opinions.
Les ouvrages de Mallheson sont devenus
rares, et peu de bibliothèques en possèdent
la collection complète. Parmi ses composi-
tions on cite les suivantes: 1» Les Pléiades,
opéra (allemand) en trois actes; Hambourg,
1699. 2» Porsenna, idem; ibid., 1702. 3» la
Mort de Pan, idem; ibid., 1702. 4» Cléo-
pdlre, idem; ibid., 1704. 5" Le Retour de
l'^ge d'or; Brunswick, 1705. 6" Boris:Eàm-
bourg, 1710. 7° Henri IF, roi de Castille;
ibid., 1711. On a publié les airs choisis de cet
opéra; Hambourg, 1711. 8'^ Prologo per il re
Lodovico XF; 1713. 9" Vingt-quatre orato-
rios composés et exécutés à l'église Sainte-
Catherine de Hambourg, antérieurement à
1728. 10» Pièces de musique d'église pour le
jubilé de 1717, en commémoration de la ré-
forme luthérienne. 11° Messe à quatre voix et
orchestre, exécutée à ses funérailles en 1764.
12" Différentes pièces de musique funèbre, ou
de noces, ou pour d'autres occasions, au
nombre d'environ quinze morceaux. 13" Epi-
cedium, musique funèbre pour la mort du
roi de Suède, Charles XII, achevé le 26 fé-
vrier 1719. 14» Douze sonates pour deux et
trois flûtes; .\msterdam, 1708, trois parties
in-fol. 13» Sonates pour le clavecin; Ham-
bourg, 1713. 16° Monument harmonique,
consistant en douze suites pour le clavecin;
Londres, 1714. Ce recueil, gravé sur cuivre,
porte sur un certain nombre d'exemplaires cet
autre titre : Pièces de clavecin en deux vo-
lumes, contenant des ouvertures, préludes,
fugues, allemandes, courentes (sic). Sara-
bandes, Gigues et Aires (sic) ; Londres,
J.-D. Fletcher, 1714, in-fol. 17° Le Lan-
gage des doigts, recueil de fugues pour le
clavecin, première partie; Hambourg, 1733;
id., deuxième partie; ibid., 1737. 18»0deo«
morale, jucundum et vitale (Recueil de
pièces de chant), paroles et musique de
Matlhesonj Hambourg, 1751. 19° Sérénade
pour le couronnement du roi dWngletcrre
Georges I"", publiée à Londres, en 1714.
Les écrits de Mattheson sur la musique se
divisent en théoriques, didactiques, histori-
ques et polémiques. Dans la première classe
on trouve les suivants : 1° Aristoxeni Ju-
nior. Phthongologia systematica. Fersuck
einer systematischen klang Lehre vcider die
irrigen Begriffevon diesem geistigen JFesen,
von dessen Geschlechten, Tonarten, Drey-
klangen , und auch vom mathematischen
Musikanten, nebst einer For-Erinnerung
icegen die der behaupteten himmlischen
Musik (Phthongologie syst^atique d'Aris -
toxène le jeune, ou essai d'une théorie systé-
matique du son opposée aux idées erronées
- sur cet objet, ses espèces, etc. ; avec une préface
relative à la prétendue musique céleste (harmo-
nie des sphères); Hambourg, 1748, in-8«'de cent
soixante-sept pages. Forkel dit (Allgem. Lit-
ter. der Musik, p. 230) que cet ouvrage ren-
ferme des observations acoustiques beaucoup
plus ingénieuses que ce qu'on trouve chez les
autres auteurs. Il me semble que ce jugement
manque de solidité. La théorie de Mattheson
n'est que le développement de cette proposi-
tion de Bacon de Yerulam : Aer nullum pro-
créât sonum (Novum Organ. scient., lib. II) ;
base de la théorie reproduite depuis lors par
quelques philosophes , notamment par Azaïs,
qui a voulu substituer au principe de la réson-
nance de l'air, dans la production du son, sa
doctrine de l'expansion des corps dans un
fluide sonore {voyez la Revue musicale., ann.
iSô2).^° Réflexions sur l'éclaircissement d'un
problème de musique pratique; Hambourg,
1720, iu-4» de trente-trois pages. Ce petit ou-
vrage a pour objet la constitution de la gamme
dans les modes majeur et mineur. L'éclaircis-
sement du problème estd'un auteur anonyme;
les réflexions seules sont de Mattheson qui les
a écrites en français, parce que l'éclaircisse-
ment est dans cette langue. Mattheson a aussi
traité assez longuement des proportions mu-
sicales dans sa Grande École de la basse con-
tinue, surtout dans la deuxième édition. Dans
la classe des livres didactiques de cet écrivain,
on remarque : 3° Exemplarische Organisten-
Probe im Artikel vom General-Bass ; vcelche
mittelst 24 leichter und eben so viel etwas
schuerer Exempel, aus allen Tœnen, etc.;
nebst einer theoretischen Forbereitung iiber
verscltiedene musikalische Merkwiirdigkeiten
(Science pratique de la basse continue ou ex-
plication de la basse continue mêlée de vingt-
quatre exercices, etc. ; précédée d'une inlro-
30
MATTIIESON
diiclion théorique concernant différentes par-
lies importantes de la musique) ; Hambourg,
1719, in-4\ L'introduction théorique de cet
ouvrage, en cent vingt-huit pages, contient
des principes d'harmonie, mêlés de calculs
sur les proportions numériques des inlervalles,
et sans indication de la génération des ac-
cords qui ne se trouve dans aucun traité de
basse continue publié antérieurement à 1722,
où parut le livre de Rameau sur ce sujet. Le
reste du livre est composé de vingt-quatre
exercices de basse chiffrée où l'on ne remarque
aucun ordre progressif; chaque exercice est
suivi d'une expljcation plus ou moins étendue
sur les diverses circonstances harmoniques
qui s'y rencontrent. Cette partie de l'ouvrage
est composée de deux cent soixante-quatorze
pages. La seconde édition du livre deMalihe-
son a pour titre : Grosse General- Bass-
SchuJe, Oder exempkirischen Orgam'sten-
Probe (Grande École de la basse continue, ou
la science pratique de l'organiste) ; Ham-
bourg (sans date), in-4'' de quatre cent
soixante pages. Il y a un second tirage de la
même édition qui porte la date de 1731, avec
un supplément qui élève le nombre des pages
à quatre cent quatre-vingt-quatre. Cette édi-
tion est très-différente de la première; elle
contient des additions considérables, particu-
lièrement dans l'introduction théorique. Ce-
pendant, il est très-remarquable que Matlhe-
son n'y fait aucune mention du Traité de
l'harmonie de Rameau, ni de l'importante
théorie qui y est exposée. Au surplus, il est
évident par l'analyse qu'il a donnée du Traité
de l'harmonie, dans sa Critica musica (t. II,
p. 7-11), qu'il n'avait compris ni cet ouvrage,
ni la théorie du renversement des accords qui
immortalise le nom de Rameau. Il existe une
traduction anglaise de ce grand traité d'har-
monie et d'accompagnement, intitulée : Com-
plète Trealise of Thorough-Bass, contain-
ing the true lîules, with a Table of ail Ihe
figure and their proper accompany-
ments , etc.; Londres (sans date), in-fol.
A" kleine General-Bass-Scfiule, worin nicht
nur Lernende, sondera vornemlich Leh-
rende, etc. (Petite École de la basse con-
tinue, etc.); Hambourg, 1735, de deux cent
cinquante-trois pages; avec cette épigraphe :
Utilia, non subtilia. Ce livre n'est pas, comme
on pourrait le croire, un abrégé du précédent,
mais un ouvrage absolument différent. Celui-
ci est un véritable traité d'harmonie, précédé
des éléments de la musique et de la connais-
sance du clavier, Matlheson y explique la forme
et l'emploi des accords; puis, il les applique
dans des exemples. Il ne parle pas de la géné-
ration de ces accords, et garde un profond '
silence sur la théorie de cette génération pu-
bliée par Rameau ; mais son ouvrage n'est pas
moins le plus méthodique de ceux qui avaient
été publiés en Allemagne jusqu'à cette époque,
quoique la deuxième édition du livre de Hei-
nichen {voyez ce nom), soit plus riche de faits
harmoniques. 5» Kern melodisches JVissen-
schaft , bestehend in der auserlesensten
Haupt-und Grund-Lehren der musikalis-
chen Setz-kunst oder Composition, ah ein
Forlœuffer der Follkommenen Kapellmeis-
ters y etc. (Base d'une science mélodique ,
consistant dans les principes naturels et fon-
damentaux de la composition ; introduction
au Parfait Maître de chapelle, etc); Ham-
bourg, 1737, in-4"* de cent quatre-vingt-deux
pages. Après une explication des intervalles
et de leurs proportions, Mattheson traite dans
cet ouvrage des divers styles de musique
d'église, de madrigaux, de théâtre et de
chambre, puis des successions d'intervalles
favorables ou défavorables aux voix, de la
forme des phrases et de la ponctuation musi-
cale, des pièces de musique vocale ou instru-
mentale en usage de son temps; enfin, du
style fugué et canonique. En 1738, il fit im-
primer à Hambourg des lettres remplies
d'éloges sur cet ouvrage qu'il avait reçues de
quelques musiciens, entre autres de Kunzen
et de Scheibe. Ces lettres, qui forment quinze
pages in-4", ont pour titre : Gultige Zeug-
nisse liber die jUngste Matthesonisch-musi-
calische Kcrn-Schrift, als ein Fiiglicher
Anhang derselben (Témoignages authenti-
ques en faveur du dernier écrit musical de
Mattheson, etc.). 6» Ber FoUkommene Kapell-
meister y das ist grundliche Jnzcige aller
derjenigen Sachen, die einer u'issen,kœnnen,
ttnd vollkommen inné haben muss, die einer
Kapelle mit Ehren und Nutzen vorslehen
will, etc. (le Parfait Maître de chapelle, etc.);
Hambourg, 1739, in-fol. de quatre cent quatre-
vingt-quatre pages. Une bonne préface sert
d'introduction à cet ouvrage qui renferme un
bon traité de l'art d'écrire et de toutes les con-
naissances nécessaires à un compositeur et à
un maître de chapelle. Le Parfait Maître de
chapelle est incontestablement le meilleur
livre sorti des mains de Mattheson. Dans la
classe de ses éciils historiques se rangent :
7» De Erudilione musica, schediasma epi-
slolicum. Accédant Lilers ad F. C. Christo-
phorum Friedcricum Leisnerum de eodem
MATTHESO.X
51
argumanlo script x- Hamhurgi, 1752, seize
pages in-4°. Forkel ainsi qoe Lichtenibal
el M. Backcr ont rangé cet écrit dans une
section de V Esthétique musicale; mais la lec-
ture de ce même opuscule fait voir qu'il est
purement historique. Une deuxième édition
de la dissertation de Matlbeson a été publiée à
Hambourg, en 1752, deux feuilles '\n%'^.i°Et-
was neues tinter der Sonnen! oder das un-
tererdische Klippen-Concert in IS'oricegen,
aus glaubwiirdigen Urkunden aitf Begehren
angezeigt (Quelque chose de nouveau sous le
soleil ; ou détails sur les concerts souterrains
de la Norwége, d'après des documenls authen-
tiques); Hambourg, 1740, huit pages in-4". Ce
morceau a été publié aussi dans la Biblio-
thèque musicale de .Tlizler (t. II, part. III,
p. loi). Mallbeson n'est auteur que de quel-
ques notes dans ce morceau qui contient des
lettres écrites de Christiania sur de prétendus
concerts souterrains qu'on aurait entendus
dans les montagnes de la Norwége, le jour de
Noël. Un voyageur fi jnçais, qui avait envoyé
ces lettres à Matlheson, s'exprimait ainsi dans
la sienne : « Voici, mon maître, deux récits
tt avérés de la musique souterraine en Sor-
ti wége, que je vous envoie ci-inclus. Tout
« cela est très-vérilable. Vous autres, pbiloso-
« phes, examinez ce prodige ; failcs-le impri-
« mer; dites-en votre sentiment publique-
« ment. Pourquoi ce concert se fait-il presque
« toujours à Noél ? Ces musiciens des monta-
« gnes, pourquoi ne font-ils de mal à per-
« sonne, quand on les laisse en repos? Pour-
M quoise taisent-ils et s'évanouissent lorsqu'ils
K' sont observés et questionnés? Y a-t-il de
« la musique dans l'enfer? Je crois qu'il n'y
u a là que des hurlements et des grincements
« de dents. « 9° Grundlage einer Ehrenp forte
icoran der tiichtigsten Capetlmeister, Com-
ponisten, MusiUgelehrten, Tonkiinstler, etc.,
Leben, TFerke, ï erdienste, etc., erschienen
sollen ( Base d'un arc de triomphe où se
trouvent la vie, les œuvres et le mérite des
plus habiles maîtres de chapelle, compositeurs,
savants, musiciens, etc.); Hambourg, 1740,
un volume in-4'» de quatre cent vingt-huit
!>3ges. Ce volume contient des notices sur un
certain nombre de musiciens plus ou moins
célèbres, d'après des renseignements auto-
graphes fournis à Mattheson, ou d'après des
txtraits de ses lectures. 10» Die neueste l'n-
tersuchung der Singspiele, nebst beygefUgter
musikalischcn Gesmacksprobe (Nouvelles re-
cherches sur le drame en musique, suivies
d'un examen du goût musical, etc.); Ham-
bourg, 1744, in-S» de cent soixanle-buil
pages. Quelques bonnes choses mêlées à beau-
coup d'inutilités et de divagations se trouvent
dans cet ourrage, comme dans la plupart des
écrils de Maltheson. 1 {oDas erlaiiterte Selah ;
nebst einigen andern niitzlichen Anmer-
kiingen, underbautlichen GedankenUber Lob
und Liebe, als einer Fortsetzung seiner ver-
mischten IFerke, etc. ;Le Selah éclairci, suivi
de quelques autres observations utiles, etc.);
Hambourg, 1743, in-S" de cent soixante-
quatre pages. Après avoir examiné les opi-
nions des divers auteurs qui ont écrit sur
l'expression hébraïque Selah qui se trouve
dans l'inscription placée en tête de quelques
psaumes, et qui a donné la torture aux éru-
dits, Matlheson établit que ce mot devait indi-
quer la ritournelle du chant de ces psaumes.
12» Behauptung der himmltschen Musik aus
den Griinden der Fernunft, Kirchen-Lehre
und heiligen Schrift (Preuve de la musique
céleste tirée de la raison naturelle, delà théo-
logie et de l'Écriture sainte) ; Hambourg, 1747,
in-8« de cent quarante-quatre pages. Ce n'est
pas sans étonnement qu'on voit un musicien
instruit tel que Matlheson, s'occuper de re-
cherches sérieuses sur la nature de la musique
que font les anges dans le ciel. Il est encore
revenu sur ce sujet dans un aulre de ses écrits
dont il sera parlé plus loin. \ô° Philologisches
Tresespiel, als ein kleiner Beytrag zurkri-
tischen Geschichte der duitschen Sprache,
vornehmlich aber mittelst geschenter Anwen-
dung, in der Tonwissenschaft niit^lich m
gebrauchen (le Jeu philologique des Treize,
pour servir à l'histoire critique de la langue
allemande, et principalement de son usage
dans la science de la musique); Hambourg,
1732, in-S** de cent quarante-deux pages. Cet
écrit est composé de treize dissertations, dont
quelques-unes seulement sont relatives à des
objets de l'histoire de la musique. Mallbeson
y a réuni des anecdotes et des épigrammes
contre les musiciens français de son temps,
particulièrement contre Rameau (p. 93). Il ex-
plique dans un passage de son livre, entrepris
pour la défense d'un autre ouvrage qu'il avait
publié longtemps auparavant, le titre bizarre
qu'il a donné à ceîui-ci, et pour lequel il a
forgé le mot Tresespiel, qui n'est pas alle-
mand; par analogie avec un jeu de caries ap-
pelé les treize, parce qu'il devait donner la
solution de treize difficultés. Tout cela est fort
ridicule. C'est à la suite de ce petit ouvrage que
se trouve la deuxième édition de la disserta-
tion De Erudilionc musica. li" Gcorg.Iric-
32
MATTHESON
derich Ilxndels leben Beschreihung, nebst
einem Ferzeichnisse seiner JusUbungswerke
icnd derer Beurtheilung ilbersetze, etc. (His-
toire de la vie de Georges-Frédéric Haendel,
suivie d'un catalogue de ses ouvrages, etc.);
Hambourg, 1761; in-S" de dix feuilles. Miit-
theson avait donné précédemment une notice
sur Hsendel dans && Base d'un arc de triomphe:
il y a quelques contradictions entre ces deux
morceaux.
Il y a un livre de Matlheson qui n'appar-
tient proprement à aucune des classes précé-
dentes, ni à celle de la critique, quoiqu'il par-
ticipe de tous; car c'est à la fois un livre
didactique, historique, philosophique et cri-
tique. Il est composé de trois volumes qui ont
paru dans l'espace de huit années, à des dis-
tances égales, et qui portent chacun un titre
différent. Le premier est intitulé : 15° Das
Neu-Erœffnete Orchestre, oder universelle
und grundliche Jnleitung, wie ein Galant
homme einen vollkommennen Begriff von
der Hoheit und IFurde der edlen Music er-
langen, seinen Goût darnach formiren, die
Terminos technicos verstehen und geschick-
lich von dieser vortrefjlichen TVissenscha/ft
raisonniren mœge (l'Orchestre nouvellement
ouvert, son instruction universelle et fonda-
mentale dans laquelle un galant homme
pourra acquérir une idée complète de la gran-
deur et de l'importance de la noble musique,
entendre les termes techniques, et raisonner
de cette science excellente avec habileté) j
Hambourg, 1713, in-S» de trois cent trente-
huit pages. Le volume est terminé par des re-
marques de l'illustre compositeur Reiser, qui
commencent à la page 330. C'est dans un but
semblable à celui de Blaltheson, que cent dix-
sept ans après lui j'ai écrit la Musique mise à
la portée de tout le monde. Le deuxième vo-
lume a pour titre : Das Beschiitzte Orchestre,
oder desselben zweyte Erœffnung, worinn
nicht 7iur einem wuscklichen Galant homme,
dersben kein Professions- Ferwandler, son-
dern auch manchem Musico selbst die aller-
uufrichtigste und deullichsle Forstellung
musikalischer IFissenschajflen wie sich die-
selbe vom Schulstaub tiichtig gesxubert ,
cigenllich und wahrha/flig verhalten erthei-
let, etc. (l'Orchestre protégé, ou deuxième ou-
verture de cet orchestre, dans lequel on donne,
non-seulement à un galant homme étranger
à la profession, mais aussi à plus d'un musi-
cien, la connaissance la plus exacte et la plus
claire des sciences musicales, et où l'on ex-
plique dans quel rapport elles sont l'une à
l'égard de l'autre, après qu'on en a séparé la
poussière de l'école, etc.); Hambourg, 1717,
in-S" de cinq cent soixante et une pages. La
plus grande partie de ce volume est employée
à la réfutation du livre de Buttstedt {voyez ce
nom), intitulé : Ut, ré, mi, fa, sol, la, tota
musica et harmonica sterna. Il y a dans
cette réfutation de la solidité mêlée à beau-
coup de pédantisme et de divagation. On re-
connaît la tournure d'esprit de Mattheson dans
la partie du titre de son livre où il dit: Ut,
ré, mi, fa, sol, la, todte (nicht tota) Musica
(Non toute la musique, mais la musique
morte dans ut, ré, mi, fa, sol, la) (1). Le troi-
sième volume de cet ouvrage est intitulé :
M" Das Forschende Orchestre, oder desselben
drille Erœffnung darinn Sensus vindicix et
Quartx blanditix, das ist der beschirmte
Sinnen-rang und der Schmeichelnde Quar-
ten-klang, etc. (l'Orchestre scrutateur, ou sa
troisième ouverture, dans laquelle on trouve
les droits des sens et les flatteries de la
quarte, etc.); Hambourg, 1721, in-S^desept
cent quatre-vingt-neuf pages, non compris les
tables. La première partie de ce volume, divi-
sée en quatre chapitres, est un traité de la phi-
losophie de la musique considérée dans l'ac-
tion des sens relativement à la perception, au
jugement artistique, et dans la construction
rationnelle de la science. Mattheson, suivant
sa méthode, y conclut plus souvent par auto-
rité que par raisonnement. La seconde partie
est curieuse : elle contient de savantes recher-
ches sur la quarte et sur les opinions de quel-
ques savants; notamment de Calvisius, de
Werckmcister et de Baryphonus {voyez ces
noms), à l'égard de cet intervalle. 17" {bis) Der
Reformirende Johannes, cwji andern Luthe-
RiscHEN Jubelfeste, dem MM, musikalisch
aufgefiihret ; Hambourg, 1717, in-4''. Ce
petit écrit a été publié par Mattheson à l'occa-
sion de la fête séculaire de la réformalion.
Dans la classe des écrits polémiques et cri-
tiques de Mattheson, on trouve : 18" Crilica
Musica, dass ist: Grundrichtige Untersuch-
und Beurlheilung vicier, theils vorge-
fassten , theils einfxlligen Meinungen, j4r-
gumenten und EintvUrffe, so in alten und
neuen, gedruckten und ungedruckten musi-
calischen Schrifflen zu finden (Musique cri-
tique, c'est-à-dire, examen et jugement ra-
tionnel de beaucoup d'opinions, d'arguments et
d'objections solides ou futiles, qu'on trouve
(I) Il y a un jeu de mois dans l'adjodif todle sub-
stitua à tota.
MATTIIESON
33
dans les livres sur la musique anciens et mo-
dernes, imprimés et manuscrits); Hambourg,
1722-1725, deux volumes in-4'>, divisés en
huit parties de trois numéros chacun. Ce jour-
nal, le premier qui ait été publié spécialement
sur la musique, contient quelques bonnes cri-
tiques, et même des théories complètes de cer-
tains objets de l'art; par exemple, la qua-
trième partie est entièrement consacrée aux
canons, et ce sujet y est traité en plus de cent
vingt pages; mais il y a peu de sens et de goût
dans le choix de plusieurs objets de la cri-
tique. Mattheson y donne d'ailleurs tout au
long des écrits relatifs à la musique, au lieu
de les analyser; c'est ainsi qu'il a réimprimé
dans le premier volume tout le Parallèle de la
musique italienne et de la musique française,
de l'abbé Raguenel, et jusqu'à l'approbation
du censeur. 19» Der musikalische Palriot.
welcher seine gritndliche Belrachlungen,
iiber Geist-und JP^eltl.-ffarmonien , elc. (le
Patriote musicien et ses principales médita-
lions sur l'harmonie spirituelle et mon-
dains, elc.) ; Hambourg, 1728, in-4» de trois
cent soixante-seize pages. J'ignore ce qui
a pu engager Forkel, copié pai^Lichtenthal et
M. Becker, à placer ce livre parmi les écrits
relatifs à l'histoire de la musique des Hébreux,
parce qu'il s'y trouve plusieurs morceaux sur
ce sujet; car le volume n'est formé que de la
réunion des numéros d'un journal d« musique
où il est traité de différents sujets, et où l'on
trouve entre autres VHistoire de l'Opéra de
Hambourg . Les bonnes choses qui se trouvent
dans cet écrit périodique sont malheureuse-
ment gâtées par le ton de critique acerbe et
même brutale qui se rencontre dans la plupart
des ouvrages de Mattheson. Elles lui attirèrent
cette fois une rude attaque dans un pamphlet
anonyme intitulé : Ein paar derbe musica-
lisch-patriotische Ohrfeigen dem nichts we-
niger ah musicalischen Patrioten itnd
nichts ueniger als ])atriolischen Jlusico ,
salv. venta Hn. J\latlheson, welcher zum
neuen Jahre et ne neue Probe seiner geuohn-
(en Calumniaiiten-Streiche tinverschiVmter-
iveise an der Tag geleget hat, -u Jf'ieder-
herstellung seines verlohrnen gehœres und
verstandes nnd zu Bezeugnung schuldiger
Dankburheit au/f berjde Bachen in einem
zufœlligen Discours wohlmeynend ertheilet
von zu-een Brauchbahren f'irUiosen, JIu-
sandern und ffarmonio (Une Paire de vigou-
reux soulllets musicaux et patriotiques admi-
nistrés, avec sa permission, sur les deux joues
de M. Mattheson, qui n'est rien moins que pa-
BIOGK. tMV. DES 3ItSICIE.\S. T. VI.
Iriote musicien, et rien moins que musicien
patriote, et qui a mis au jour, au commence-
ment de l'année, un nouvel exemple de ses
traits calomnieux, suivant son habitude; ser-
vant à rétablir son ouïe et son esprit perdus,
et comme une marque de la gratitude qui lui
est due) ; une feuille in-4'', 1728 (sans nom de
lieu). 20° Der neue Gœtlingische aber viel
schlechter. als die alten Lacedxmonischen ,
urtheilende Ephorus, xcegen der Kirchen-
Jfusic eines andern belehret (Le nouvel
É|)hore de Gœttingue, juge beaucoup plus mau>
vais que l'ancien de Lacédémone, à propos de
la musique d'église, etc.); Hambourg, 1727,
in-4'' de cent vingt-quatre pages. Cet écrit
est une critique fort dure de l'ouvrage «le
Joacbim Meyer, concernant la musique des
peuples de l'antiquité et de l'église. On peut
voir, à l'article de celui-ci, des détails sur la
polémique que fit naître la critique de Mat-
theson. 21» Mithridat tcider den Gift einer
icelschen Satyre, genannt : La Jlusica (Mi-
thridate contre le poison d'une satire italienne,
intitulée : La Musica); Hambourg, 1749,
in-8"de trois cent quarante pages. Cette satire,
réimprimée par Mattheson, avec une traduc-
tion allemande au commencement du volume,
est composée d'environ sept cents vers. Elle
avait été publiée avec d'autres morceaux de
poésie à Amsterdam, en 1719. Mattheson a
montré peu de sens en faisant un long com-
mentaire sur ce morceau de poésie cynique, où
la musique est appelée : Arte sol da putana
e da bardasse: une telle production ne méri-
tait que le mépris. 22» Bew^hrte Panacea,
als eine zugabe zti das musicalischen ?ii-
thridatj iiberaus icider die leidige A'achexie
irriger Lehrer , schwermiilhige Ferœchter
und goltloser Scha^nder der Tonkunst, Er-
ster Dosis (Panacée certaine, comme un
supplément au Miihridate musical, très-
salutaire contre la fâcheuse cachexie d'un
faux savant, d'un détracteur atrabilaire et
d'un impie profanateur de la divine musique.
Première dose); Hambourg, 1750, quatre-
vingt-quatre pages in-8». Cet écrit est une
critique amère du pamphlet de Biedermann
intitulé : Programma de vita musica, où se
trouvent rassemblés quelques passages des an-
ciens contre la musique et les musiciens.
2ô° Jf'ahrer Degri/f des harmonischen Le-
bens. Der Panacea zwote Dosis. Mit beijge-
fiigter Beantwortung dreyer Einicur/fe wi-
der die Behauptung der himmlischen J/usik
(Idée véritable de la vie harmonique; avec une
ponse péremploire à trois objections contre
' rei
34
iMATTHESON — MATTHIAS
l'assertion de la musique céleste. Deuxième
dose de la Panacée); Hambourg, 1730, in-8»
de cent dix-neuf pages. M" Sieben Gesprxche
der JFcisheit undMnsik samt ztoo Oeylagen;
ah die drilte Dosis der Panacca{Sept dialo-
gues de la sagesse et de la musique, etc. ;
comme troisième dose de la Panacée) ; Ham-
bourg, 1751, in-8? de deux cent sept pages.
23» Die neu angelegte Freuden Jcademie,
zum lehrreichen Forschmack itnbeschreibli-
clier Herrlichheit in der Feste gœttlicher
Macht (la Nouvelle et intéressante Académie
joyeuse, pour donner dans les fêtes reli-
gieuses un instructif avant-goût d'une inex-
primable grandeur); Hambourg, 1751, in-8'^
de trois cent deux pages. Deuxième volume du
même ouvrage, ihid., 1733, in-S" de trois
cent vingt-deux pages. 26" Plus-Ultra, ein
Sluckwerck von neuer und manclierley Jrl
(Plus -Ultra, ouvrage composé de morceaux de
dilTérenles espèces); Hambourg, 1734, in-S"
de six cent six pages, divisé en trois parties,
appelées provisions [Forrxlhe). Maltheson
traite dans cet ouvrage de la musique dans le
culte, de la mélodie et de l'harmonie, de
l'effet de la musique sur les animaux, etc. Un
des meilleurs morceaux est une analyse du
Tentamen nova: theorix musicx d'Euler.
On trouve à la fin du deuxième volume de la
Cre'itca niusîca de Maltheson une liste de dix
ouvrages concernant la littérature, l'histoire
et les sciences qu'il a publiés, et dont la plu-
part sont traduits de l'anglais, de l'italien ou
du français. On dit qu'il a écrit aussi un livre
concernant les longitudes en mer. Enfin, il a
donné de nouvelles éditions du Traité de
Niedt, sur la basse continue et le contrepoint,
et de celui de Raupach {voxjez ces noms) si\r
la musique d'église, avec des préfaces et des
notes.
Bode assure, dans le troisième volume de la
traduction allemande des voyages musicaux de
Burney (p. 178), que Mattheson a laissé en
manuscrit soixante et douze ouvrages prêts à
être imprimés: il y a peut-être de l'exagéra-
tion dans ce nombre ; mais il est certain que
ce laborieux écrivain n'a pas fait imprimer
tout ce qu'a produit sa féconde plume. Forkel
et Gerber citent de lui les ouvrages suivants
qui, selon eux, existent dans la Bibliothèque
de Hambourg et dans d'autres lieux : 1» Der
Bescheidene musikalische Dictator , mit
cinea Intermezzo fur den sogenannlen
Menschen (le Dictateur musical modeste, etc.).
2» Eloquentia verticordia sonora. ô» Die
Thorheil denJugenurgcl,welche sichanjetzt
von neiiem regel (la Folie de l'orgue oculaire
(du P. Castel), etc.). 4° Redite malhematische
Form der Tonkunst, mit den tvoldbestellten
Paukenspiel (Véritable forme mathématique
de la musique, etc.). 3» Nolhwendige Ferbes-
serung der Sprache und lieime im den ge-
ivohnlichen Kirchenliedern (Amélioration
nécessaire du langage et de la rime dans les
cantiques de l'église).
On a gravé deux beaux portraits de Mat-
theson : le premier (in-4'') se trouve à la tête
des deux éditions de la Grande École de la
basse continue; l'autre (in-fol.) est placé au
commencement du Parfait Maître de cha-
pelle.
MATTHIAS (Maître ou Mestre), ou MA-
THIAS, musicien belge du seizième siècle, a
été placé par Walthcr et par Gerber, dans
leurs dictionnaires, sous le nom Ae De Meis-
tre : je crois qu'ils ont pris pour le nom de
cet artiste la qualification de maître qui se
donnait autrefois aux ecclésiastiques qui culti-
vaient la musique, et que le nom véritable do
celui dont il s'agit était réellement MAT-
THIAS. Je suis conduit à cette conjecture
par un de ses ouvrages où il est appelé M. Mat-
thias, Fiamengo, et où l'on voit qu'en 1531 il
était maître de chapelle de l'église cathédrale
de Milan. Après la mort de Hans Walther, il
fut appelé pour le remplacer à la cour de
Dresde par l'électeur Maurice de Saxe ; mais il
n'arriva dans cette ville qu'après la mort de
ce prince; Auguste, successeur de celui-ci, le
garda à son service, en qualité de maître de
chapelle. Il retourna vraisemblablement en
Italie après avoir publié à Dresde, en 1577,
ses chansons allemandes et latines à trois voix;
car on voit dans \e Catalogus script. Florent.,
qu'il était organiste à Florence, en 1389. Ou
connaît sous son nom : 1» La Baltaglia Ta-
gliana composta da M. Matthias^ Fiamengo,
maestro di cappella del duomo di Milano^
con alcune villotte piacevoli, niiovamenle
con ogni diligenza stampata e corretta, a
quattro voci; in Venezia, G. Scotto, 1531,
in-4° obi. La bataille contenue dans ce re-
cueil est une imitation de celle de Marignan,
par Clément Jannequin. Il y a une autre édi-
tion de cet ouvrage, publiée un an après celle
de Scotto; elle a pour titre: Bataglia Taliana
aggiontevi anchora une Fillotta a laPado-
vana con, quattro voci; in Fenezia, app.
d'Antonio Gardano, 1332, in-4''obl. J'ai vu
un exemplaire de cette édition dans la Biblio-
thèque royale de Munich. 2» Magnificat veto
tohorum; Dresde, 1337, in-fol. 3" Cale-
MATTHIAS — MAUDUIT
35
chesis tribus vocibus composita; Nuremberg,
1563 , in-4"'. GeisUiche tind icelHiche Ge-
sienge mitAiind 5 Slimmen (Chanls religieux
et profanes, à quatre et cinq voix); Witlen-
berg, 1566, in-4''. i" jVotteti a 5 voci-, lib. I ;
Dresde, 1570. 5» Officia de Natiiitate et As-
censione Christi 5 vocum; ibid. , 1574.
6» Teutsche und Zatinische Lieder von
3 Stimmeti (Chansons allemandes et latines
à trois voix)j Dresde, 1577. On trouve, dans
la Bibliothèque royale de Munich, des offices
de Matthias en manuscrit, sous les n"' 28,
42 et 45. Dans le recueil intitulé : Motetti
del flore, dont il y a des éditions de Venise,
de Lyon et d'Anvers, on trouve un motet de
Matthias.
MATTIOLI (le P. André), cordelier, né à
Faenza, vers 1617, fut d'abord attaché à la
cathédrale d'Imola,en qualité de mansionaire
et de directeur du chœur, puis il devint cha-
noine et maître de chapelle du duc de Man-
toue. Il occupait encore cette dernière position
en 1671. De ses compositions pour l'église, je
ne connais que les ouvrages dont voici les
titres : 1" Inni sacri concertati al, 2, 5, 4,
5 e 6 voci, con stromenli e senza, op. 2; Ve-
nise, Alex. Vincenti, 1646; c'est une réim-
pression. 2" Salmi a otto voci pieni ebrevi
alla moderna, op. 4; Venise, François Ma-
gni, 1641. C'est au titre de cet œuvre qu'on
voit que Maltioli occupait alors la place de di-
recteur du chœur d'Imola. Une deuxième édi-
tion de cet ouvrage, dédiée à Cosme III de
Médicis, grand-duc de Toscane, a été publiée
sous ce titre : Al serenissimo Cosimo Terzo
gran duca di Toscana, etc. Salmi a otto
pieni e brevi alla moderna del canonico An-
dréa Mattioli, maestro di cappella del serenis-
simo duca diManlova, opéra quarta; in f'e-
netia, \Q7 i , appresso Francesco Magni detto
Garrfano.in-4°. Suivant l'usage de l'époque où
il vécut, sa profession de prêtre régulier n'em-
pêcha pas le P. Mattioli d'écrire pour le
théâtre. En 1650, il donna, à celui deFerrare,
l'Esilio d'amore; dans l'année suivante,//
Ralto di Cefalo, au même théâtre; en 1656,
Didone, i Bologne; en 1665, Perseo, à Ve-
nise ; en 1666, la Palma d'amore, cantate, à
Ferrare, et, dans la même année, Gli Sforsi
deldesiderio, au même théâtre.
MATTL'CCI (Pierre), sopraniste, nédans
un village des Abruzzes, en 1768, fit ses
études musicales au Conservatoire de la
Pietà, sous la direction de Sala. Dans sa jeu-
nesse, il chanta i)endant phisieirrs années à
Rome, sur le IhOàlrc Argentina, les rôles de
prima donna. Plus tard, il parcourut l'Italie,
chanta partout avec succès, visita Londres,
l'Espagne, la Russie, et revint en Italie vers
1800. Deuxansaprès, ilsefitenlendreàMilan,
pendant la saison du carnaval. Vers 1811, il
se retira à Naples. Depuis celte époque, on n'a
plus eu de renseignements sur sa personne.
Gervasoni dit qu'il possédait une voix fort
étendue et fort égale.
MAL'CLERC (Pierbe), duc de Bretagne,
était fils de Robert II, comte de Dreux. Il
mourut en 1250. Comme tous les princes de
sa maison, il cultivait la poésie et la musique.
Les manuscrits de la Bibliothèque de Paris
nous ont conservé une chanson notée de sa
composition. - -
MAL'COURT (Lons-CHARiEs), fils d'un
musicien français, naquit à Paris, vers 1760,
et y fit ses éludes musicales sous la direction
de son père. Plus lard, il reçut des leçons de
violon de Harranc, qui le fit débuter au Con-
cert spirituel, en 1778, dans un concerto de
Somis. D'après les conseils de son maître, Mau-
court voyagea; il visita d'abord la cour de
Manbeim; puis, il fut attaché à la chapelle
du duc de Brunswick, vers 1784. Il publia
alors un œuvre de trios pour deux violons et
basse, op. 1, chez André, à OfFenbach. A cet
ouvrage succédèrent ceux-ci : Concerto pour
le violon, avec accompagnement d'orchestre,
op. 2; Darmstadt, Bossler, 1795; Deuxième
concerto pour le violon, idem., op. 5; Bruns-
wick, 1796; Sonates pour violon seul et basse,
op. 4; ibid., 1797. A l'époque de la formation
du royaume de Westphalie, Maucourt fut ad-
mis dans la chapelle de Jérôme Napoléon. Une
attaque de paralysie dont son bras gauche fut
frappé en 1815, l'obligea de prendre sa re-
traite et lui fit obtenir une pension de ce
prince. On n'a pas de renseignement sur les
dernières années de 3Iaucourt. On connaît de
cet artiste, outre les ouvrages cités précédem-
ment, un quatuor brillant pour deux violons,
allô et basse, dédié à l'empereur de Russie,
Alexandre I^''; Offenbach , André, et deux
solos de violon avec basse, op. 6; Brunswick,
Mayer.
Le père de Maucourt, claveciniste à Paris,
y a publié, en 1758, des Pièces pour le cla-
vecin, avec accompagnement d'unviolon.
MAUDUIT (Jacqies), musicien français,
issu de noble famille, suivant le P. Mersennc
(Harmon. universelle, liv. VII, p. 63), na-
quit à Paris, le 16 septembre 1557. Après avoir
fait ses études dans un collège de cette ville,
il voyagea dans plusieurs contrées de l'Europe,
3.
36
MAUDUIT - MAUPIN
notamment en Italie, puis revint à Paris, où
il succcda à son père dans la charge de garde
du dépôt des requêtes du palais. Il était fort
instruit dans les langues anciennes, savait
l'italien, l'espagnol, l'allemand, et possédait
des connaissances étendues dans la musique.
Il mourut à l'âge de soixante et dix ans, le
21 août 1627. Ami de Ronsard, il fit exécuter,
au service funèbre de ce poète, une messe de
Requiem à cinq voix, de sa composition, qui
fut chantée ensuite à l'anniversaire de la mort
de Henri IV, puis à celui de Mauduit lui-
même, dans l'église des Minimes de la place
Royale. Mersenne a publié le dernier i?eg'uù'm
de cette messe dans son Harmonie univer-
selle (liv. 7'', p. 66 et suivantes), et M. Ch.-
Ferd. Becker l'a donné en partition dans la
quarante-quatrième année de la Gazette géné-
rale de musique de Leipsick. On trouve deux
antres morceaux de cet artiste dans les Ques-
tions sur la Genèse du même auteur. Dans sa
jeunesse, Mauduit avait obtenu, en 1381, le
prix de Vorgue d'argent, au concours appelé
Puy de musique, d'Évreux, pour le motet ^Z"-
ferte Domino, de sa composition. Son talent
sur le luth était considéré comme extraordi-
naire. Il a iaissé en manuscrit un grand
nombre de messes, vêpres, hymnes, motets,
fantaisies et chansons. Le portrait de 3Iauduit
a été inséré par Mersenne dans son Traité
de l'harmonie universelle (liv. T"", p. 6ô). On
peut voir dans la notice de Lejeune {Claude)^
une anecdote qui fait honneur au caractère de
Mauduit.
MAL'GARS (Aude), prieur de Saint-
Pierre d'Esnac, vivait à Paris, dans la pre-
mière moitié du dix-sei)(ième siècle. Les His-
toriettes de Tallemant des Réaux , publiées
par M. de Monmerqué , fournissent sur ce
musicien des renseignements curieux mêlés
d'anecdotes assez fades (t. III, p. 108-114).
« aiaugars, dit-il, était un joueur de viole le
« plus excellent, mais le plus fou qui ait
« jamais été. Il était au cardinal de Riche-
« lieu. Bois-Robert, pour divertir Téminentis-
« sime, lui faisait toujours quelque malice. »
Après une longue etsolte histoiresurunemys-
tification faite à l'abbé Maugars, Tallemant
rapliorte cette anecdote : « Un jour, M. le
« cardinal lui ayant ordonné de jouer avec
« les voix en un lieuoiiélailleRoi(LouisXIII),
il le Roi envoya dire que la viole emportait les
« voix (c'est-à-dire, qu'elle jouait trop fort).
« — Maugyé bien de l'ignorant! dit Maugars,
« je ne jouerai jamais devant lui. — DeNicrf,
« qui le sut, en lit bien rire lé Roi. n Cette
aventure fit sortir Maugars de chez le cardinal
de Richelieu. Plus tard, il alla à Rome, à la
suite d'un grand seigneur. « Je l'ai vu à Rome
« (dit Tallemant). A la naissance de M. le
« Dauphin (Louis XIV, en 1638), il joua de-
« vant le pape Urbain VIII, et disait que Sa
« Sainteté s'étonnait qu'un homme comme lui
« i)ût être mal avec quelqu'un Maugars
« revint en France et mourut quelques années
« après. »
11 était allé en Angleterre vers 1623, et en
avait rapporté le Traité de Bacon De jiug-
menlis scienliarum,<\n''\\ traduisit en français
sous ce litre : le Progrès et avancement aux
sciences divines et humaines; Paris, 1624.
Plus tard, il donna aussi la traduction du pelii
traité anglais du même auteur : Considéra-
tions politiques pour entreprendre la guerre
d'Espagne; Paris, Cramoisy, 1634, in-4».
Celte traduction, dédiée au cardinal de Ri-
chelieu, lui valut le titre de conseiller secré-
taire interprète du roi en langue anglaise.
C'est cette même traduction que Buchon a
insérée dans la collection des œuvresdeBacon
{Panthéon littéraire). Varmi ses écrits, on re-
marque celui qui a pour titre : Response faite
à un curieux sur le sentiment de la musique
d'Italie^ écrite à Rome, le 1" octobre 1639;
Paris (sans nom d'imprimeur), 1639, in-8°.
Dans cet opuscule, l'abbé Maugars parle avec
admiration du talent de Frescobaldi, qu'il
avait entendu à Rome. On a réimprimé ce
morceau, sous ce titre : Discours sur la mu-
sique d'Italie et des opéras, dans le Recueil
de divers traités d'histoire , de morale cl
d'éloquence; Paris, 1672, |)elitin-12.
MAULGRED (Piat), maître du chant h
l'église collégiale de Saint-Pierre, à Lille, au
commencement du dix-septième siècle, a
composé un recueil de motets publié sous le
titre de Cantiones sacrx 4, 5, 6e 8 vocumr
Anvers, 1603, in-4". On a aussi de sa compo-
sition : Chansons honnestes, à 4 et 5 parties ;^
Anvers, 1606, in-4»,
MAUPirV (M'"-), née vers 1673, était
fille d'un secrétaire du comte d'Armagnac,,
nommé d'Aubigny. Mariée fort jeune, elle
obtint, pour son époux un emploi dans-
les aides, en province. Pendant son ab-
sence, ayant fait connaissance d'un pré-
vôt de salle, nommé Séranne , elle s'en-
fuit avec lui à Marseille, oii elle apprit à
faire des armes. Bientôt après, pressés par le
besoin, les deux amants s'engagèrent comme
chanteurs au théâtre de celle ville; mais une
aventure scandaleuse obligea mademoiselle
MAUPIN — MAUREU
37
Maupin de quillcr le Ihéàire et de sY-loigner
de Marseille. Les parents d'unejeune personne,
s'élant aperçus de la passion que celte actrice
avait conçue pour elle, se hâtèrent de l'envoyer
tlans un couvent à Avignon. Mademoiselle
Maupin alla s'y présenter comme novice. Peu
de jours après, une religieuse mourut; l'ac-
trice porla le cadavre dans le lit de son amie,
mit le feu à la chambre, et dans le tumulle
causé par l'incendie, enleva l'objet de ses af-
fections. Après quelques aventures en pro-
vince, elle vint à Paris et débuta à l'Opéra par
le rôle de Pallasdins Cadmus, en 1695. Elle
y fut fort applaudie; pour remercier le public,
elle se leva dans la machine, et salua en
ôlantson casque. Après la retraite de made-
moiselle Rochois, en 1698, elle partagea les
l)remiers rôles avec mesdemoiselles Desmalins
et Moreau.
Née avec des inclinations masculines, elle
s'habillait souvent en homme, pour se divertir
ou se venger. Duménil, acteur de l'Opéra,
l'ayant insultée, elle l'attendit un soir à la
l)lace des Victoires, habillée en cavalier, et
lui demanda raison l'épée à la main ; sur son
refus de se battre, Maupin lui donna des
coups de canne, et lui prit sa montre et sa ta-
batière. Le lendemain, Duménil raconta à ses
camarades qu'il avait été attaqué par trois vo-
leurs, qu'il leur avait tenu tète, mais qu'il
n'avait pu empêcher qu'ils ne lui prissent sa
montre et sa tabatière. — « Tu mens ! » s'écrie
Maupin, « tu n'es qu'un lâche; c'est moi
« seule qui t'ai donné des coups de bâton, et
« pour preuve dece que je dis, voici la montre
« et ta tabatière quÈ je le rends. » Dans un
bal donné au Palais-Royal, parMonsieur, elle
osafaireàune jeune dame des agaceries indé-
centes. Trois amis de celle dame lui en de-
mandèrent raison : elle sortit sans hésiter,
mit l'épée à la main, et les lua tous trois.
Rentrée dans la salle du bal, elle se fit con-
naître au prince, (|ui lui obtint sa grâce.
Peu de temps après , elle partit pour
Bruxelles, oii elle devint la maîtresse de l'élec-
teur de Bavière. Ce prince l'ayant quittée
pour une comtesse, lui envoya quarante mille
francs avec ordre de sortir de Bruxelles. Ce fut
le mari de la dame lui-même qui fut chargé
de porter l'ordre et le présent. Maupin lui jeta
l'argent à la tête en lui disant que c'était une
récompense digne d'un m... tel que lui. De
retour à Paris, elle rentra à l'Opéra, qu'elle
quitta tout à fait en 1705. Quelques années au-
paravant, elle avait eu la fantaisie de se rac-
commoder avec son mari, qu'elle fit venir de
la province ; on dit qu'elle vécut avec lui dans
une parfaite union jusqu'à la mort de ce der-
nier, arrivée en 1701. Elle-même mourut vers
la fin de 1707, âgée de trente-trois ans. On
trouve dans les Anecdotes dramatiques,
t. III, p. 3Ô2, une lettre que lui adressa le
comte Albert sur le projet qu'elle avait conçu
de se retirer du monde. Elle avait peu de ta-
lent dans l'art du chant, mais sa voix était fort
belle.
MAURER. (JosEPH-BEB>AnD), né à Co-
logne, en 1744, s'est distingué dans la mu-
sique par des connaissances théoriques et
didactiques très-solides. Il jouait bien de
plusieurs instruments, particulièrement du
piano et du violoncelle. Bon professeur, il a
compté parmi ses meilleurs élèves Bernard
Klein et son frère Joseph, Beraard Breuer et
Zucalmaglio (royez ces noms). Maurer dirigea
plusieurs sociétés musicales de sa ville natale
et fut longtemps un des plus fermes soutiens des
progrès du goût de la musique dans le cercle
où il vivait. Il a écrit des cantates religieuses,
des messes et d'autres œuvres pour l'église,
ainsi que des compositions instrumentales.
Cet artiste estimable, est mort, à l'âge de
quatre-vingt-dix-sept ans , à la fin d'avril
1841.
MAURER (François- A>toi>e) , chanteur
allemand, naquit à Poellen, près de Vienne,
en 1777. Ayant été admis fort jeune au sémi-
naire de celte ville, il y fut remarqué par le
baron Van Swielen, qui lui fit donner une édu-
cation musicale, et lui fit apprendre les lan-
gues italienne et française. La composition et
le chant dennrent ensuite les objets particu-
liers de ses études. A peine âgé de quinze ans,
il se faisait remarquer par de légères com-
positions. En 1796, il débuta au théâtre de
Schikaneder par le rôle de Sarastro, dans la
Flûte enchantée, où il obtint un brillant suc-
cès. L'élendue de sa voix dans le grave était
extraordinaire : on assure même qu'il descen-
dait jusqu'au contre-la , ce qui était presque
sans exemple, sauf en Russie où se trouvent
des voix de basse-contre qui descendent jus-
qu'au contre-fa. Ses discussions avec son
protecteur, qui voulait qu'il ne cultivât que
son talent de compositeur, se terminèrent par
des scènes désagréables qui l'obligèrent à
s'éloigner de Vienne. Il se rendit d'abord à
Francfort-sur-le-Mein, où il avait un engage-
ment pour le Théâtre-National. Il y joua avec
succès jusqu'à la fin de l'année 1800; puis il
fut appelé à Munich, dont les habitants ne l'ac-
cueillirent pas moins bien; mais il ne jouit
38
MAUUER
pas longtemps des avantages de sa nouvelle
position, car une fièvre ardente le conduisit au
tombeau, le 19 avril 1803. Comme composi-
teur, il s'est fait connaître par la musique
d'une traduction allemande del'opéra comique
intitulé : Maison à vendre, et par un autre
petit opéra dont David Teniers était le sujet.
On connaît aussi de lui de petites pièces pour
le piano; Vienne, Weigl ; des airs détachés et
des scènes avec accompagnement de piano;
Offenbach, André.
MAURER (Louis-Guiilaume), violoniste
et compositeur, né à Potsdam, le 8 février
1789, est élève de Haak, maître de concert de
Frédéric II, et violoniste distingué. A l'âge de
treize ans, il se fit entendre pour la première
fois à Berlin, dans un concert : de vifs applau-
dissements accueillirent son talent précoce, et
cet heureux début décida de sa carrière d'ar-
tiste. Attaché d'abord à la musique de la
chambre du roi de Prusse, il y puisa, dans la
fi'équentation de musiciens de mérite, des
conseils et des modèles qui hâtèrent ses pro-
grès. En 1806, la chapelle du roi ayant été
dissoute après la bataille de Jéna, Maurer dut
chercherdes ressources en voyageant. D'abord,
il se rendit à Kœnigsberg, où 11 fut bien ac-
cueilli, puis à Riga, où il connut Rode et
Baillot, qui lui.donnèrent des conseils^ et en-
fin à Mittau, d'où il se rendit à Pétcrsbourg.
Les concerts qu'il y donna améliorèrent sa
position, et le firent connaître avantageuse-
ment. De là, il se rendit à Moscou, où il re-
trouva Baillot, qui lui fit obtenir la place de
directeur de musique chez le chambellan Wso-
wologsky, riche amateur de musique qui avait
formé un orchestre attaché à sa maison.
Maurer resta chez ce seigneur jusqu'en 1817,
et le suivit dans ses terres, aux frontières de
la Sibérie, à l'époque de l'invasion de l'ar-
mée française. De retour à Berlin, en 1818, il
y resta peu de temps, et fit un voyage à Paris,
où il eut des succès comme violoniste. L'année
suivante, il accepta la place de maître de con-
certs à Hanovre, et il resta dans cette ville
jusqu'en 1832, époque où il reçut de M. de
Wsowologsky l'invitation de se rendre à Pé-
tcrsbourg, en qualité de directeur de sa mu-
sique. Il y jouissait de beaucoup d'estime
comme virtuose et comme compositeur. En
1845, il a entrepris un nouveau voyage dans
lequel il a visiléSlockholm, Copenhague, Ham-
bourg, Leipsick et Vienne; |)uis, il s'est fixé à
Dresde, où il vivait encore en 18159. Parmi ses
ouvrages, ceux qui ont eu le plus de succès
sont sa symphonie concertante pour t^uaire
violons, qu'il a exécutée pour la première fois
avec Spohr, Millier et Wich, et qui a été en-
tendue à Paris, en 1838, dans un concert
donné par ITerz et Lafont, et son œuvre 14«,
qui consiste en trois airs russes variés pour
violon, avec orchestre. Il a écrit aussi quel-
ques opéras et ballets, entre autres Alonzo,
la Fourberie découverte et le Nouveau Paris,
dont on a publié les ouvertures à grand or-
chestre; mais il n'a point réussi dans ces com-
positions. Ses ouvrages publiés sont : 1" Les^
ouvertures citées ci-dessus. 2». Symphonie
concertante pour quatre violons , op. 55 ;
Leipsick, Peters. 5» Symphonie concertante
pour deux violons, op. 56; Leipsick, Hof-
meister. 4» Romance de Joseph variée pour
deux violons et violoncelle principaux, avec
orchestre, op. 25; Leipsick, Peters. 5" Varia-
tions pour deux violons principaux et or-
chestre, op. 30; Leipsick, Breitkopf et Hœr-
tel. 6" Idem, op, 47; Leipsick, Hofmeister.
7° Concertos pour violon principal et or-
chestre, n»» 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8; Leipsick,
Peters. 8"Concerlinosî(/em, no^ 1 et 2; Bruns-
wick, Meyer. 9" Fantaisies pour violon prin-
cipal et orchestre, op. 60 et 62; Leipsick, Hof-
meister. 10» Airs variés idem, op. 2, 14, 16,
23, 35, 37, 51, 53, 59, 76; Leipsick, Hanovre
et Brunswick. 11" Idem, avec accompagne-
ment de quatuor. 12» Quatuors pour deux
violons, alto et violoncelle, op. 17, 28; Bonn,
Simrock; Hanovre, Bachmann. 13» Duos con-
certants pour deux violons, op. 61 ; Leipsick,
Peters. 14» Chansons allemandes, avec accom-
pagnement de piano.
Maurer a eu deux Pt\s,.TFsevolod et Alexis,
nés tous deux à Pétcrsbourg; le premier,
élève de son père pour le violon ; l'autre, vio-
loncelliste. Ils ont voyagé ensemble, pour
donner des concerts, à Kœnigsberg, Leipsick
et Berlin, en 1832 et 1833: puis ils sont re-
tournés en Russie, où ils se trouvaient encore
en 1848.
MAURER (J.-M.)"fut chef d'orchestre du
théâtre de Strasbourg, depuis 1829 jusqu'en
1836. Il a écrit la musique pour la tragédie de
Bélisaire, qui fut représentée dans celte ville
en 1830. Dans la même année, il y fit exécu-
ter son oratorio de la Jeunesse de David.
Ces renseignements Sont les seuls que j'ai pu
me procurer sur cet artiste. Peut-être est-ce
le même Maurer qui était chef d'orchestre à
Bamberg, et qui y fit représenter, en 1837, un
mélodrame intitulé: Jflazeppa, et qu'on re-
trouve, en 1842, à Langcnschwalbach, diri-
ût;ant une société de chant.
MAURICE-AUGUSTE — MAXANT
MAURICE- AUGUSTE, landgrave de
Hesse-Cassel, né le 2o mai 1572, fut un des
princes les plus instruits de son temps, et joi-
gnit à ses connaissances littéraires du talent
pour la musique. Il comiwsa des mélodies
pour quelques psaumes de Lobwasser, et des
motets à plusieurs voix dont quelques-uns ont
été insérés dans les Florilegium Portense de
Bodenschalz. D'autres compositions à plusieurs
voix de ce prince ont été insérées dans le No-
vum et insigne Optis, continens textus me-
tricos sacros de Valentin Geuck {voyez ce
nom); Cassel, 1C04. Fatigué du monde, il ab-
diqua, passa les dernières années de sa vie
dans la retraite, et mourut le 15 mars 1CÔ2.
MAURO (le père), religieux de l'ordre des
Servîtes, né à Florence en 1493, mourut le
27 septembre 1556, à l'âge de soixante-trois
ans, et fut inhumé dans l'église de V^nnun-
siala de sa ville natale, couvent où il avait
passé la plus grande partie de sa vie et dans
lequel il termina sa carrière. Ce moine était
versé dans les lettres, la philosophie et les
sciences: telle était l'étendue de ses connais-
sances, que, suivant Negri (1), il était appelé
Bibliothèque scientifique (l'Archivio délie
scienze). En 15ô2,il fut admis au nombre des
théologiens de l'université. On le désignait
quelquefois par le nom académique de Philo-
panarefo; mais l'Académie à laquelle il ap-
partint sous ce nom n'est pas indiquée. Ne-
gri a écrit une notice sur ce moine (2), sous
le nom de Mauro di Fiorenza, et donne la
liste de ses ouvrages, parmi lesquels il s'en
trouve un indiqué de cette manière : Com-
pendio dcW una e delV altra jVusica. Ce
livre exista en manuscrit dans la Bibliothèque
du couvent de V^nnunziata jusqu'au com-
mencement du dix -neuvième siècle; mais,
après la suppression des monastères, qui fut
la conséquence de la domination française en
Italie, l'ouvrage disparut. On ignorait ce qu'il
était deveuu, lorsque M. Casamorata, avocat
et amateur distingué de musique à Florence,
l'a retrouvé dans la Bibliothèque Mediceo-
Laurenziana de cette ville, parmi les livres
des couvents supprimés (armoire B, n» 149) ;
il en a donné une analyse dans le tome 7^ de
la Gazzetla musicale di M ilano (1848, p. 5).
Le titre latin de l'ouvrage de Mauro est ce-
lui-ci : Ulriusque Musices epitome, M. Mauro
Phonasco ac Philopanarelo autore ; il est
suivi du titre italien : Dell' una a deW altra
(I) Isloria de Fiorentini Scrillori, pag. 400.
(ij Loc. cit.
musica, piana e misurala, prattica e spe-
culativOj brève epitome, etc. Eu traitant des
intervalles et de leur nature, Mauro fait cette
remarque (pp. 37-38), bien digne d'attention
et qui renferme une grande vérité, méconnue
par tous les théoriciens, jusqu'au moment où
j'en ai donné la démonstration tonale, _à sa-
voir que le demi-ton majeur ne l'est que de
nom, mais non en fait, car « l'oreille le juge
mineitr. » Cette observation de Mauro s'ap-
plique aux demi-tons constitutifs de toute
gamme de modes majeurs ou mineurs, parce
que, contrairement à la théorie vulgaire des
géomètres, ils sont dans la proportion |-^.
Le vrai demi-ton majeur — n'existe qu'entre
deux sons qui n'appartiennent pas à la même
gamme, comme ut-ut dièse, fa-fa dièse, etc.
Dans le demi-ton mineur, les sons ont entre
eux de l'attraction, comme mi-fa, si-ut, etc.;
dans le demi-ton majeur, les sons se repous-
sent réciproquement. Sur celte simple base
repose toute la théorie de la tonalité.
MAYIUS (Charles), professeur de mu-
sique à Leicester, né à Bedford en 1800, est
hls d'un musicien allemand qui résidait à
Rettering en 1824. Élève de son père, il fit de
si rapides progrès dans la musique, qu'à l'âge
de quatorze ans il obtint la place d'organiste
à Kettering, Plus tard, il est devenu élève de
GrilTin pour le piano, et de King pour l'har-
monie et le chant. En 1820, il est fixé à Lei-
cester. On a gravé de sa composition quelques
morceaux de piano qui ont paru à Londres
depuis 1817.
MAX (Maximiues), violoniste habile, né à
Winterberg, en Bohème, le 27 décembre
17C9, fit ses études musicales comme enfant
de chœur à l'église cathédrale de Passau, où
il fît aussi ses humanités et son cours de phi-
losophie. Plus tard, il alla étudier la théolo-
gie à Prague. En 1792, il entra dans l'ordre
des Prémontrés à Tepel. Après la suppression
de son couvent, il alla à Neumark. En 1815,
il remplissait les mêmes fonctions à Czihana.
Non-seulement il a été un des meilleurs vio-
lonistes de la Bohême, mais il jouait aussi fort
bien du piano et de la viole d'amour. On a
gravé de sa composition, à Prague, six trios
pour deux violons et violoncelle.
3LVXA?iT (Jean-Népomccèse-Adaibert),
organiste distingué et compositeur, naquit vers
1750, dans la seigneurie de Rossenberg, a
Diwicz, en Bohême. D'abord élève d'un très-
bon organiste, nommé Rokos, il reçut ensuite
des leçons de Koprziwa , un des meilleurs
élèves du célèbre organiste Segert. Après
40
MAXANT - MAYER
avoir éludié pendant plusieurs années sons la
direction de ce maître, il voyagea dans la
haute et basse Autriche, fut attaché successi-
vement comme musicien au service de plu-
sieurs couvents, et enfin fut nommé, en 1776,
recteur du collège et directeur du cliœur à
Friedijerg, où il vivait encore en 1817. Cet
artiste a formé un nombre considérable d'ex-
cellents élèves, dont la plupart ont été ou sont
organistes en Bohême. Il a publié, à Linz, une
messe à quatre voix et orchestre composée
l)our les académiciens de cette ville. Il avait
en manuscrit: 1° Dix-huit messes solennelles.
2" Six motets. 3" Six messes de Requiem.
4° Beaucoup de chants détachés. 3" Des pré-
ludes et pièces d'orgue. G" Des sonates et va-
riations pour le piano.
MAXIMILIEIV JOSEPH III, électeur
de Bavière, naquit à Munich, le 28 mars 1727,
et succéda à son père Charles-Albert, en 1745.
Une instruction solide dans les sciences et
dans les arts, un esprit droit et le désir sin-
cère de rendre ses sujets heureux, en firent
un des princes les plus accomplis du dix-
huitième siècle. On le surnomma le Bien-
Aimé, dénomination mieux méritée par lui
que par son contemporain Louis XV, roi de
France. Il mourut à 3Iunich, le 30 décembre
1777. Ce prince jouait bien du violon, du vio-
loncelle, et surtout de la basse de viole. Ber-
nasconi avait été son maître de composition.
Lorsque l'historien de la musique Burney vi-
sita la Bavière, le duc lui fit présent d'un
Stabat materde sa composition, quele célèbre
chanteur Guadagni considérait comme un fort
bon ouvrage. Précédemment, une copie de ce
Stabat avait été portée à Venise à l'insu du
prince, et le morceau avait été gravé sur des
planches de cuivre ; informé de cet événe-
ment, Maximilien fit acheter toute l'édition et
la supprima. On cite aussi de sa composition
des litanies et une messe qui fut exécutée par
les musiciens de sa chapelle.
MAXWELL (François KELLY), doc-
teur en théologie et chapelain de l'hôpital
d'Edimbourg appelé Jsylum , naquit en
Ecosse, vers 1730, et mourut à Edimbourg, en
1782. Il a fait imprimer un livre qui a pour
titre : An Essay upon tune; being an at-
tempt to free the scale of music, and the
tune of instruments, fram imperfections
(Essai sur la tonalité, ou tentative pour af-
franchir de leurs imperfections l'échelle musi-
cale et la constructionlonale des instruments);
Edimbourg, 1781, in-8», de deux cent quatre-
vingt-dix pages, avec dix-neuf planches. Le
frontispice de cet ouvrage a été renouvelé,
avec* l'indication de Londres et la date de
1794. Le livre est divisé en deux parties, dont
chacune est subdivisée en sept chapitres : la
première est relative à la construction ration-
nelle des intervalles; la seconde, à la con-
struction des gammes majeure et mineure de
tous les tons. L'objet du livre de Maxwell est
un des plus importants de la philosophie de la
musique; il contient de curieuses recherches
sur ce sujet, dont les difficultés sont considé-
rables : malheureusement, l'auteur part d'une
donnée fausse, en considérant le système égal
comme le dernier terme de la perfection dans
la construction des gammes, et comme le seul
moyen de rendre régulière la conformation de
celles-ci. Quoi qu'il en soit de l'erreur de Max-
well à cet égard, on ne peut nier qu'il ne fasse
preuve de beaucoup de savoir, et d'un esprit
élevé. Son livre, traité sous la forme la plus
sévère, n'a point eu de 'succès en Angleterre;
l'édition a été anéantie, et les exemplaires en
sont devenus d'une rareté excessive ; ce n'est
pas sans peine que j'ai pu m'en procurer un à
Londres même.
MAXYLLEWICZ (Vincent), composi-
teur polonais, né en 1685, était depuis six ans
maître de chapelle de la cathédrale de Craco-
vie, lorsqu'il mourut subitement, à l'âge de
soixante ans, le 24 janvier 1745. Ces rensei-
gnements sont fournis par une notice contem-
poraine, écrite en latin, laquelle a été publiée
par M. Sowinski, dans son livre intitulé : les
Musiciens polonais (1 ), p. 596. Quelques com-
positions de Maxyllewicz sont conservées
dans la Bibliothèciue de la cathédrale de
Cracovie.
MAYER (Jean-Frédéric), savant théolo-
gien, né à Leipsick, le 6 décembre 1630, en-
seigna la théologie à Wittenberg, à Ham-
bourg, à Greifswald et à Riel. Nommé,
en 1701 , surintendant général des églises
de la Poméranie, il occupa ce poste jusqu'à
sa mort, arrivée à Stettin, le 30 mars 1712.
Parmi ses nombreuses dissertations, on en
trouve une : De hymno : Erhalt uns Herr
bey deinem IFort, etc.; Kiel, 1707, in-4» de
vingt-quatre pages. Dans son Muséum minis-
tre ecc/esîcJ?(lG90, in-4"),il traite, au deuxième
chapitre, p. 27, de l'origine, de l'antiquité
et de la construction primitive des orgues.
MAVEU (Godefroid-David), docteur en
médecine, et membre de l'Académie des scru-
tateurs de la nature, à Bieslau, naquit dans
cette ville, le 9 novembre 1659, et y mourut
le 28 novembre 1719. On a de lui uncdisscr-
MAYEPi
41
inllon inlilulée : Jpolof/ia pro observatioite
sont cujusdam in pariete dubii invisibilis
atitomali; Breslaii, 1712, in-4«. Elle a élé
aussi insérée dans les ^cta eruditorum de la
même année.
MAYER (CnBÉTiE>), professeur de philo-
sophie, naquit à Mesrzilz, en Moravie, le
20 août 1719, entra chez les Jésuites, à
Mayence, le 26 septembre 1745, après avoir
terminé ses éludes avec dislincliou à l'Univer-
sité de Wtlrzbourg, puis sortit de cette société,
et devint professeur de philosophie à Heidel-
berg, 011 il mourut le 16 avril 1783. La plupart
de ses travaux sont relatifs à l'astronomie. Ce
savant a introduit dans l'harmonica des per-
fectionnements dont il a donné la descripdon
avec des planches dans le journal intitulé f'on
und fiir Deutschiand (de l'Allemagne et pour
elle). Ce morceau n'a paru qu'après sa mort,
au mois de juillet 1784.
3IAYER (Astoi>e), compositeur drama-
tique, né à Libicz, en Bohême, vers le milieu
du dix-huitième siècle, vécut quelques années
à Paris, puis à Londres et, enfin, à Cologne,
oii il fut maître de chapelle. Il vivait dans
cette dernière ville en 1793. Il a fait repré-
senter à l'Opéra de Paris : 1" Bamèle et Zul-
mis, en 1780. 2» Apollon et Daphné, en un
acte, 1782. VJlmaitach théâtral de Gotha
indique de lui les opéras allemands : ô» Das
Irrlicht (le Follet). 4° Die Lufthagel (l'Oura-
gan; et les ballets : 5» Jlarlborough. 6" Die
£ecker(\e Boulanger). On a gravé de la compo-
sition de cet artiste : Trois trios brillants pour
deux violons et basse, op. 1 ; Bonn, Simrock.
MAY'ER (jE\N-BEr,>ARD), professeur de
harpe, né en Allemogne vers le milieu du dix-
huitième siècle, se rendit à Paris en 1781, et
y publia une méthode pour son instrument,
en 1783, et quelques compositions parmi les-
quelles on remarque : 1" Divertissement pour
harpe et flûte; Paris, Janet. 2° Duos pour
deux harpes, n»« 1 et 2; Paris, Naderman.
5» Divertissement pour harpe seule; Paris,
Pacini. 4» Deuxième idem; Paris, Érard.
5" Sonates pour harpe seule, n»^ 1 et 2; Paris,
Naderman. Plus lard, il s'est fixé à Londres,
où il a été attaché comme harpiste à l'orchestre
«le l'Opéra italien. Il est mort dans celte ville
en 1820. Des variations, des fantaisies et des
pots-pourris pour la harpe ont été aussi pu-
bliés sous le nom de cet artiste.
MAl'ER ou MAYR (JEA\-Si3i0s), com-
positeur, est né le 14 juin 1705 à Mendorf,
petit village de la haute Bavière. Son père, or
ganistc de l'endroit, lui enseigna les élémcuts
de la musique, pour laquelle il montrait
d'heureuses dispositions. Enfant de chœur à
l'âge de huit ans, il fut bientôt en élat de
chanter à vue toute espèce de musique, et à
dix ans il exécutait sur le clavecin les sonates
les plus difllciles de Schobert et de Bach. Vers
cette époque, il entra au séminaire d'Ingol-
stadt pour y faire ses éludes, et, pendant tout
le temps qu'il fréquenta celle école, il négligea
l'étude de la musique et du piano; mais à sa
sortie de l'université, il se livra de nouveau à
la culture de cet art et apprit à jouer de plu-
sieurs instruments. Conduit, en 1786, par
différentes circonstances dans le pays des Gri-
sons, il y demeura deux ans, se.livrant à l'en-
seignement de la musique, après quoi il se
rendit à Bergame pour y étudier l'harmonie
et l'accompagnement sous la direction du
maître de chapelle Carlo Lenzi. Déjà, sans
autre guide que son instinct, il avait composé
quelques morceaux, entre autres des chansons
allemandes qui avaient élé publiées à Ralis-
bonne. Lenzi, maître médiocre, ne pouvait
conduire fort loin son élève dansl'art d'écrire,
et les ressources de Mayer ne lui permettaient
pas d'aller chercher ailleurs les conseils d'un
harmoniste plus habile. La dilTicullé de pour-
voir à son existence l'avait même décidé à re-
tourner dans son pays ; mais les secours géné-
reux du comte Pesenti, chanoine de Bergame,
vinrent le tirer d'embarras, et lui fournirent
les moyens d'aller continuer ses éludes à Ve-
nise auprès de Ferdinand Berloni, maître de
chapelle de Saint-Marc. Mayer ne trouva pas
dans ce maître les ressources qu'il avait espé-
rées pour son instruction. Soit que Berloni le
crût plus avancé qu'il n'était réellement, soit
qu'il n'eût point l'habitude de l'enseignement
et qu'il n'en connût pas la marche progres-
sive, au lieu d'exercer son élève sur les di •
verses espèces de contrepoints, de canons et
de fugues, il se contenta de le guider de ses
conseils dans la facture des morceaux de mu-
sique, et de corriger partiellement les fautes
qu'il remarquait dans ses ouvrages. Celle édu-
cation pratique fut la seule que reçut Mayer
dans l'art d'écrire ; il y joignit de lui-même la
lecture de quelques bons livres didactiques et
des partitions de plusieurs grands maîtres.
Apres avoir écrit quelques messes et des
vêpres, il composa, en 1791, l'oratorio Jacob
a Labano fugiens, pour le Conservatoire des
Mendicanti, à Venise; cet ouvrage fut exé-
cuté en présence du roi de Naples. du grand-
duc de Toscane, et de l'archiduc, vice-roi de
.Milan. Trois autres oratorios {David, Tobix
42
MAYER
matrimonhim , et Sisaru) furent ensuite de-
mandés à JVIayer pour Venise, et il écrivit pour
Forli la Passion et Jephté. Le brillant succès
de toutes ces productions avait justifié la pro-
tection accordée au compositeur par le cha-
noine Pesenti : ce noble ami des arts rappela
près de lui son protégé, dans le dessein de passer
avec lui ses dernières années; mais à peine
quelques dispositions avaient-elles été prises
pour la réalisation de ce projet, que le comte
mourut, et que Mayer resta livré à ses seules
ressources. Cet événement le jeta dans la car-
rière de la composition dramatique, où il ne
fût peut-être jamais entré si son protecleur
eût vécu. Il fut déterminé à écrire pour le
théâtre par les conseils de Piccinni, qui se
trouvait alors à Venise. Son premier opéra fut
SafJ'o, 0 sia I riti d'Jpollo Leucadio ; on le
représenta au théâtre de La Fenice, à Venise,
en 1794. Depuis cette époque jusqu'en 1814,
c'est-à-dire pendant l'espace de vingt années,
le nombre des opéras et des cantates théâ-
trales composées par Mayer s'est élevé à
soixanle-dix-sept. La plupart ont été favora-
blement accueillis par les amateurs des villes
principales de l'Italie, et pendant cette pé-
riode, le nom de ce compositeur a joui d'une
célébrité supérieure à celle des meilleurs ar-
tistes italiens. Quoiqu'il ne fût pas précisément
doué de facultés créatrices, il y avait assez
de mérite dans ses ouvrages pour qu'on les
considérât comme le type du style drama-^
tique de son temps. L'aurore de la carrière de
Rossini marqua la fin de celle de Mayer. Ce-
lui-ci n'avait été qu'un homme de transition;
son jeune rival était destiné à faire une trans-
formation de l'art. L'activité productrice de
Mayer avait été prodigieuse dans les premières
années; plus tard, elle se ralentit. En 1801,
on lui donna le titre de meml)re honoraire du
Collège philharmonique de Venise; dans l'an-
née suivante, la place de maître de chapelle
de la basilique de Sainte-Marie-Majeure à Ber-
game lui fut confiée, et depuis lors il n'a cessé
d'en remplir les fonctions. Diverses autres po-
sitions lui ont été offertes postérieurement à
Londres, à Lisbonne et à Dresde ; mais son
attachement à la ville de Bergameet son goût
pour l'existence paisible qu'il y trouvait lui
firent refuser les avantages qu'on lui offrait
ailleurs. C'est par les mêmes motifs qu'il n'ac-
cepta pas la place de censeur du Conservatoire
royal de Milan, à laquelle il avait élé appelé
par un décret du vice-roi d'Italie, daté du
29 avril 1807. Lorsqu'il cul cessé d'écrire
pour le théâtre, il ne s'éloigna plus de Bcr-
game et ne composa plus que pour l'église.
Partageant son temps entre ses élèves et la
liltéialurc de la musique, il s'est en quelque
sorte isolé pendant vingt-cinq ans du mouve-
ment musical qui l'environnait, et n'a cher-
ché de délassement à ses travaux que dans le
plaisir de former et d'augmenter cba<iue jour
une collection de partitions de grands mailres
et de livres relatifs à la théorie et à l'histoire
de la musique qu'il a rassemblée pendant près
de quarante ans. La direction de l'Institut
musical de Bergame, fondé par un décret du
18 mars 18015, et réorganisé par celui du
G juillet 1811, lui a été confiée depuis son
origine. Il y enseignait la composition, et y a
formé quelques bons élèves, parmi lesquels on
compte Donizetti. En 1841, j'ai visité à Ber-
game cet homme respectable, aussi intéressant
par sa simplicité, par sa bonté parfaite, que
distingué par son talent. Il avait alors perdu
la vue depuis plusieurs années; mais sa cécité
n'avait point altéré sa douce gaieté naturelle.
Nous causâmes près de deux heures, et je lui
trouvai beaucoup d'instruction dans la littéra-
ture et l'histoire de la musique, particulière-
ment eu ce qui concerne l'Italie. L'Union
philharmonique de Bergame venait de faire
frapper en sonhonneurune médaille qu'il m'of-
frit avec autant de plaisir que j'en eus à l'ac-
cepter. Elle représente d'un côté son elTigie, et
porte de l'autre celte inscription :
AL SCO ISTITETORE
L'USIONE FILARiMONICA
DI BEnOAMO
MDCCCXLI
XIV. GIUGKO
Mayer a cessé de vivre le 2 décembre 1843,
à l'âge de quatre-vingt-deux ans. Des obsè-
ques magnifiques lui ont élé failes par la ville
de Bergame.
La liste des ouvrages de cet artiste se divise
de la manière suivante : I. Muskjue d'église :
l"Dix-sept messes solennelles avec orchestre.
2» Quatre messes de Requiem, idem. 3" Vingt-
cinq psaumes. 4" Jacob a Labano fugiens,
oratorio; Venise, 1791. 3» Sisara , idem;
ibid.f 1793.6" Tobias matrimonium^ idem;
ibid., 1794. 7" La Passione, à Forli, 1794.
8" Davide, idem, à Venise, 1793. 9°// Sacri-
fizio di Jefte, idem, à Forli, 1795. 10° Tous
les psaumes à quatre et cinq voix et orgue.
11" Vêpres complètes avec orchestre. 12" Six
Miserere. 1-3" Trois Benedictus. 14" Un Sla-
bat. II. Musique théâtrale: 13" Femio,os-
sia la rnusica cus(ode délia fede maritale,
MAYER
43
caiïlale à dors voix, à Venise, en 1791.
16" Ero, cantate à voix senle, pour la canta-
trice Bianca Sachetti, en 1794. \7'> Sa/fo, os~
sia I riti d'ApoUo Leucadio, opt'ra séria, à
Venise, 1794. 18» Ternira edJristo, cantate
pour le théâtre de La Fenice, à Venise, 1795.
19» Zodoisha, opéra séria, ihid. , 179G.
20» Un Pazzo ne fà cento, opéra boufTe, au
théâtre Saint-Samuel, à Venise, 1797. 21» Te-
lemacco, opéra séria, à La Fenice, 1797.
22»// Segreto, farce, au théâtre de San-Mosè,
à Venise, 1797 '2.0° L'Intrigo délie Lettere,
ihid., 1797. 24° Le Sventure di Leandro,
cantate en deux parties pour le comte Car-
cano, de Vienne. 23» jivviso ai maritatij
opéra bouffe, au théâtre Saint-Samuel, à Ve-
nise, 1798. 26» Lauso e Lidia, opéra séria,
pourle théâtrede La Fenice, 1798. 27»^drjano
in Siria, idem, pour le théâtre San-Bene-
detto. 28» Che originalil farce, pour le même
théâtre, 1798. 29° L'Jmor ingegnoso, à Ve-
nise, 1799. 30» Whhidienza per astuzia,
farce, pour le théâtre San-Benedetfo, ibid.,
1799. ôi" jidelaidedi Guesclino, optera séria,
pour !e théâtre de La Fenice, ibid., 1799.
ô^'^L'Avaro, farce, au théâtre San-Benedetto,
1799. 5ô»5'a6uioe Car/o«a, ibid. 34» L'Jca-
demia di musica, idem, ibid., 1799. 33» Lo-
doiska, avec une musique nouvelle, pour le
théâtre de la Scala, à Milan, 1800. 36» Gli
Scitii, opéra séria, pour le théâtre de La Fe-
nice, à Venise, 1800. 37» La Locandiera,
opéra bouffe, pour l'ouverture du théâtre ^e-
ricQ, à Vicence, 1800. 38» Ll Carretto del
venditor d'aceto, farce, pour le théâtre Saint-
Ange, à Venise, 1800. 39° L'Equivoco.
opéra bouffe, pour le théâtre della Scala, à
Milan, 1800. 40» L' Lmbroglione ed il Casti-
gamatti, farce, pour le théâtre San-Mosè, à
Venise, 1800. 41° Ginevra di Scozia, opéra
séria, pour l'ouverture du théâtre de Trieste,
1801. 42» Le Due Giornate, opéra semi-seria,
pour le théâtre de la Scala, à Milan, 1801.
4-3» / Firtuosij farce, pour le théâtre Saint-
Luc, à Venise, 1801. 44» Argene , opéra
séria, pour le théâtre de La Fenice, à Venise,
1801. 43» / Misteri Eleusini, opéra séria, au
théâtre de la Scala, à Milan, 1802. 46» Ercole
in Lidia, opéra séria, à Vienne, 1803. 47» Le
Finti rivali, opéra boulTe, au théâtre de la
Scala, à 3Iilan, 1805. 48» Jlfonso e Cora,
ibid., 1803. 49" Amor non ha ritegno, opéra
bouffe, ibid., 1804. 50° Elisa, opéra semi-
seria, au théâtre San-Benedetto, à Venise.
51» L'Eroe délie Indie, pour l'onvertiire
du théâtre de Plaisance, 1804. 32° EraUlo ed
Emma, opéra séria, à la Scala, à Milan, 1803.
53» Di locanda in locanda, farce, pour le
théâtre de San-Mosè, à Venise, 1805.34" L^'A-
mor conjugale, opéra semi-seria, à Padoue,
1805. 53° La Roccia di Fahenstein, opéra
semi-seria, au théâtre de La Fenice, à Venise,
1803. 56° Gli Americani, opéra séria, ibid.,
1806. 57» Ifigeniain Attlide, opéra séria, à
Parme, 1806. 58» Ll picciol Compositore di
musica, farce, au théâtre de San-Mosè, de
Venise, 1806. 59» Adelasia ed Aleramo,
opéra séria, pour le théâtre de la Scala, à
Milan, 1807. 60» Le Due Giornate, avec une
nouvelle musique, pour le théâtre de La Fe-
nice, à Venise, 1807. 61» Ne l'un nel'aUro,
opéra bouffe, pour le théâtre de la Scala, à
Milan, 1807, et dans la même ville une cantate
pour la paix de Tilsit. 62» Belle ciarle e tristi
fatti, opéra bouffe, pour le théâtre de La Fe-
nice, à Venise, 1807. 6-3» / Cherusci, opéra
séria, pour le théâtre Argentina, à Rome,
1808. 64° // Kero originale, opéra bouffe, au
Iréâtre Falle, 1808. 63° // Ritorno d' Ulisse ,
opéra séria, pour le théâtre de La Fenice, à
Venise, 1809. 66» // Raoul di Crequi, opéra
séria, au théâtre de la Scala, à Milan, 1810.
67° Amore non soffre opposizione , opéra
bouffe, au théâtre de San-Mosè, à Venise,
1810. 68» Cantate en deux parties, pour le
mariage de l'empereur Napoléon, exécutée à
l'Institut musical de Bergame.69° Lfigenia in
Aulide, opéra séria, avec une nouvelle mu-
sique, pour l'ouverture du théâtre de Brescia,
1811. 70° Ll Diserlore ossia Amore filiale,
opéra semi-seria, au théâtre de San-Mosè, à
Venise, 1811. Tl'MedeUjOpéva séria, au théâtre
de La Fenice, à Venise, 1812.72» Tamerlano,
idem, au théâtre de la Scala, à Milan, 1813.
73» Le Due Duchesse, opéra bouffe, ibid.,
1814. 74» Rosa bianca e Rosa rossa, opéra
séria, à Rome, 1814. 73° Atar, opéra séria,
au théâtre delà Scala, à Milan, 18!5.76»£"/ej*a
e Costantino, opéra séria, ibid., iSÏ6. 77° Al-
cide al Rivio, cantate, à Bergame. 78» En-
viron dix cantates à plusieurs voix, sans or-
chestre, pour l'usage de l'Institut musical de
cette ville. Les ouvertures à grand orchestre
à.'' Adelasia, de VEquivoco et de Médée, ont
été gravées à Offenbach et à Paris. Mayer a
composé aussi plusieurs morceaux de mu-
sique instrumentale pour l'école de musique
qu'il dirigeait.
Comme directeur de l'Institut musical de
Bergame, il est auteur de plusieurs ouvrages
relatifs à l'enseignement, entre autres de
ceux-ci : laDottrina degli elementi musicali,
44
MÂYEU
en manuscrit; Brève metodo d'accompagna-
tnento, idem. On cite aussi de lui un alma-
nach musical, et une notice sur J. Haydn
intitulée : Brevi nolizie istoriclie délia vitae
délie opère di Giuseppe Jfmjdn; lieigame,
J809, in-S" de quatorze p;iges. Enfin, il a
écrit une notice intitulée : Cenni hiographici
di Jntonio Capuzzi, primo violonisla délia
chiesa di S^-Maria Maijgiore di Bergamo.
Ce morceau se trouve dans le recueil intitulé :
Poésie in morte di Jnt. Capuzzi; liergame,
1818, in-S».
MAYER (CiiARLEs), pianiste et composi-
teur, est né en 1792, à Clausthal, dans le
Harz, suivant VUniversal Lexikon der Ton-
kunst, de Schilling, lequel ajoute que son
premier maître de musique lut l'organiste
Rolirmann,que son père le destinait à l'étude
du droit, qu'il ne le laissa se livrera la mu-
sique qu'aux heures de récréation, de manière
à ne point interrompre ses travaux, et que,
parvenu à l'âge de la conscription, Mayer
l'ut enrôlé dans un régiment et ne fit point
d'autre service militaire que celui de secré-
taire de son colonel; enfin, que, conduit en
Russie dans l'expédition française de 1812, il
y fut accueilli dans la maison d'un grand sei-
gneur, où il resta pendant la retraite. D'autre
part, M. Bernsdorf dit, dans son Unicersal
Lexikon der Tonkunst, que Charles Mayer
est né à Kœnigsberg, en 1802; ce qui le ra-
jeunirait de dix ans. Je pense que ces deux
notices sont également erronées, et j'ai pour
garant de mon opinion une lettre écrite de
Francfort à la Gazelle générale de musique
de Leipsick (1816, p. 8), dans laquelle il est
rendu compte d'un concert donné, au mois
d'octobre 1815, dans celte ville, et où le jeune
Charles Mayer, âgé de seize ans, avait exé-
cuté, d'une manière remarquable, un con-
certo de Dussek et un grand rondo de Field,
s>on mattre. Charles Mayer est donc né en
1799.
On voit, dans le même compte rendu,
que son père, né à Francfort, avait été vir-
tuose clarinettiste dans sa jeunesse; qu'il fut
attaché pendant neuf ans, en cette qualité, à
l'orchestre du théâtre de sa ville natale; qu'il
fut ensuite engagé dans la musique d'un régi-
ment français avec le(iuel il fut en Russie dans
la campagne de 1812 ; que sa femme et son fils
l'y accompagnèrent; que madame Mayer, née
Lévêqtie, était une cantatrice de «juelque ta-
lent, et qu'elle s'établit à Péter.sl)ourg, comme
professeurde musique élémentaire et de chant.
C'est alors que son fils commença des éludes
sérieuses de piano. Ensuite, il s'établit à Mos-
cou et y devint élève de Field. Par les leçons
de ce professeur et par un travail assidu il est
devenu lui-même un pianiste très- distingué.
Je l'ai connu à Paris, en 1818, et lui ai trouvé
un talent remarquable. S'étant rendu en Bel-
gique pour y donner des concerts, en 1819,
il résida à Bruxelles pendant près d'une an-
née. Après avoir voyagé en Allemagne, il est
retourné à Moscou, où il jouissait de beaucoup
de considération comme professeur, et d'une
position fort heureuse. Plus tard, il s'est établi
à Pétersbourg, où il se livrait avec succès à
l'enseignement, sans négliger ses propres
études, particulièrement dans la composition.
Quelques-unes de ses oeuvres les plus impor-
tantes se font remarquer par le mérite de la
facture et par une instrumentation pleine
d'effet. En 1845, Charles Mayer fit un grand
voyage dans lequel il visita la Suède, le Dane-
mark, Hambourg, Leipsick, la Belgiciue, l'Al-
lemagne rhénane, Vienne, la Hongrie, Dresde,
où il était en 1840, et qu'il revit dans l'année
suivante, après avoir i)assé six mois à Péters-
bourg. Depuis longtemps il éprouvait du dé-
goût pour l'habitation en Russie; il m'en
pailait souvent et avait même désiré obtenir
une place de professeur au Conservatoire de
Bruxelles. Vers 1830. il s'est fixé à Dresde,
où il est mort, le 2 juillet 1862.
Le nombre des œuvres publiées de Charles
Mayer s'élève à plus de deux cents. Les plus
importantes sont : 1" Grand concerto (en ré)
avec orchestre, op. 70; Berlin, Paez. 2" Con-
certo symphonique (en ré), op. 89 ; Hambourg,
Schuberth. 3" Grand rondo brillant avec or-
chestre, op. 28; Leipsick, Peters. 4" Premier,
deuxième et troisième allegro de concert avec
orchestre; Leipsick, Hofmeister. 5" Grandes
variations (sur un thème de Cencrentola)
avec orchestre; Leipsick, Ristner. 6" Grandes
éludes mélodiques et de concert, en plusieurs
recueils ou détachées. 7» Des loccates. 8" Des
caprices. 9» Des nocturnes. 10" Des romances
sans paroles. 11" Des fantaisies sur des thèmes
d'opéras. 12" De grandes valses. lô"Des varia-
tions. 14" Des morceaux de fantaisie. 15", Des
rondeaux pour piano seul, n"* 1, 2, 3, 4.
16" Des exercices.
MAYER (Edouard DE), amateur distin-
gué de musique, né à Rotterdam, dans les der-
nières années du dix-huitième siècle, élait,
vers 1825, l'âme de l'activité musicale dans
cette ville. 11 vécut quelque temps à Vienne,
et y publia un giand concerto pour le i)iano,
avec orchestre, op. G (en mi mineur), chez
MAYER — MAYSFDEP.
WiUcndorf. Ses antres coniposilions ont (îlû
publiées en Hollande.
Un aulre artiste, nommé Edouard J/aycr,
était , en 1848, directeur de musique à
Neu-Strelitz, où il publia : 1» Cinq chants
l>oursoprano, contralto, ténor et basse, op. 5,
chez Barnewitz. 2" Cinq chants pour quatre
voix d'hommes, op. 6, ibid. 3" Trois Lieder
pour soprano ou ténor, avec accompagnement
de piano, op. 7, ibid.
On ne trouve rien sur ces artistes chez les
biographes allemands, ni sur Auguste J/ayer,
de Cassel, chanteur qui remplit les rôles
de basse à l'Opéra allemand de Dresde, de-
puis 1819 jusqu'en 1826; qui y fit représenter,
en 1823, le drame musical en deux actes de
sa composition : die Burgschaft (la Caution),
d'après la ballade de Schiller, et qui publia à
Leipsick, chez llofmeister, en 1820, sixLieder
pour voix de basse avec accompagnement de
piano ; ni sur un autre Auguste Mayer, de
Hanovre , qui perfectionna VJEolodicon de
Ickler, et qui le jouait à Brème, en 1827; ni
sur Louis Mayer, violoniste, qui publiait à
Leipsick, chez Ilofraeister, en 1841. douze
compositions brillantes pour le violon, avec
accompagnement de piano , œuvres 80 e( 81 ;
ni, enfin, sur Emile Mayer, qui faisait jouer
à Linz, en 1848, l'opéra de sa composition
DonRodrigue, ou le Cid. Le biographe Ernest-
Louis Gerber n'était pas un aigle; mais il
était plus soigneux de son travail que ses
successeurs d'oiilre-Rhin.
MAY3lAI\D (Jean), musicien anglais et
luthiste habile, vivait à Londres au commen-
cement du dix-septième siècle. On a de lui un
recueil intitulé : The ttcelve TP'onders of the
Jf'orld, set and composed for the violl da
gamba, the lute and the voyce, to sing the
verse, ail three jointly and none several, etc.
(les douze Merveilles du monde, composées
pour la basse de viole, le luth et la voix, etc.);
Londres, lG11,in-fol.
MAY1\ (Jeas), musicien bavarois qui vi-
vait vers la fin du seizième siècle, naquit à
Frtsinge, et fut curé à Jahrz, près de Munich.
On connaît de sa composition : Cantianes sa-
crx trium vocum élaborât^; Munich, 1396,
in-4o.
3IAYU (Rcpert-Icsace), en dernier lieu
maître de chapelle de l'évêque de Frisinge,
naquit, vers le milieu du dix-septième siècle,
.î Schardingen, en Bavière. Après avoir été
successivement musicien de cour à Aichstaedt,
à Ratisbonnc, et violoniste de la chapelle élec-
torale de Munich, il entra, en 1706, au ser-
vice de l'évêque de Frisinge, et mourut, en
1710, dans cette position. Il a fait imprimer
de sa composition : l» Palestra musica, con-
sistant en treize sonates à deux , trois et
quatre parties, et un Lamenta à cinq parties ;
Augsbourg, 1674, in-folio. 2» Vingt-cinq Of-
fertoria dominicalia, ou motets à quatre et
cinq voix concertantes, deux violons, trois
trombones ou violes et basse continue, ô' Sa-
cri concetitus psalmorum, antiphonarum ,
piarum cantionum, ex sola voce et diversis
instrumentis compositi; Ralisbonne, 1C81,
in-4o. 4° Psalmodia brevis ad vesperas to-
tius anni, à quatre voix, deux violons, trois
violes ou trombones et basse continue; Augs-
bourg, 1706, in-4''.
MAYR (Tobie-Gabriel), né en Souabe,
était étudiant de l'université d'AltdorfT, lors-
qu'il soutint, pour obtenir le doctorat en phi-
losophie, une thèse qu'il a fait imprimer sous
ce titre : Disputatio musica de divisione
monocordi et deducendis inde sonorum con-
cinnorum speciebus] AltdorlTi, 1662, in-4''.
MAYSEDER (Joseph), violoniste distin-
gué et compositeur élégant, est né à Vienne,
le 26 octobre 1789. Les élémentsde la musique
et du violon lui furent enseignés par ud
maître obscur; mais plus tard il devint élève
«le Schuppanzigh qui le choisissait toujours
|)0ur jouer la partie de second violon dans ses
matinées ou soirées de quatuors. Un son pur,
une exécution brillante dans les traits, enfin,
une certaine élégance de style, forment le ca-
ractère de son talent d'exécution, qui laisse
seulement désirer un peu plus de variété d'ar-
chet et plus d'énergie. Ses compositions, par-
ticulièrement ses rondeaux brillants, ses aivs
variés pour violon, et ses trios pour piano,
violon et violoncelle, ont obtenu des succès
européens. Ces ouvrages se font moins remar-
quer par le mérite de la facture que par un
heureux instinct de mélodie, et beaucoup de
goût dans les détails. Mayseder a toujours
vécu à Vienne et n'a fait aucun voyage pour
se faire entendre en Allemagne ou à l'étran-
ger. Successivement nommé virtuose de la
chambre impériale, premier violon solo de
l'église de Saint-Élicnne et du théâtre de
la cour , il a été chargé en dernier lieu
de la direction de l'orchestre de la cha-
pelle impériale, où il a montré du talent.
Cet artiste a publié environ soixante œuvres
de musique instrumentale, parmi lesquelles
on rcmari|ue : 1" Concertos pour violon, n" 1
(œuvre 22), 2 (œuvre 26), 3 (œuvre 28);
Vienne, Berlin et Pans. 2" Concerto varié
4G
MAYSEDER — MAZAS
idem, op. 43; Vienne, Dial;elli. 3" Grand
morceau de concert, op. 47; ibid. 4" Polo-
naises pour violon principal, avec accompa-
gnement d'orchestre ou de quatuor, n"M à 6 ;
Vienne, Artaria,Diabelli et Haslinger. 5" Ron-
deaux brillants pour violon principal et or-
chestre ou quatuor, op. 21 , 27, 29 et 36 ; ibid.
<3" Airs et thèmes originaux variés pour violon
principal avec orchestre ou quatuor, op. 18,
23, 33, 40 et 43; ibid. 7° Thèmes variés, avec
accompagnement de second violon, alto et
violoncelle, op. 1, 4, 13; ibid. 8» Quintettes
pour deux violons, deux altos, violoncelle et
contrebasse ad libitum, n"^ 1 et 2, op. 30 et
31 ; ibid. 9° Quatuors pour deux violons, alto
et basse, op. 3, 6, 7, 8, 9, 25; ibid. 10° Trios
pour i)iano, violon et violoncelle, op. 34 et
41 ; ibid. 11» Sonates pour piano et violon,
op. 16 et 42; ibid. Beaucoup de morceaux de
moindre importance. Cette musique est en
général agréable, mais elle n'indique pas une
forte conception dans le développement des
idées.
MAZAS (Jacques-Féréoi), né à Beziers,
le 23 septembre 1782, fut admis, le 16 floréal
an X (1802), au Conservatoire de musique de
Paris, où il devint élève de Baillot pour le
violon. Le premier prix lui fut décerné, en
1803, au concours public, et bientôt il se fit
remarquer par la manière large et suave en
même temps dont il exécuta, aux concerts de
rOdéon, quelques concertos de Viotti, et par
son jeu élégant et gracieux dans le concerto
(en ré) que M. Auber avait écrit pour lui, et
qu'il joua dans les concerts du Conservatoire,
en 1808. D'abord attaché à l'orchestre de
l'Opéra italien , il quitta cette position, en
1811, pour voyager en Espagne. De retour à
Paris, vers la fin de 1813, il visita l'Angleterre,
l'année suivante, revint à Paris par la Hol-
lande et la Belgique, et partout se fit entendre
avec succès. En 1822, il s'éloigna de nouveau
pour voyager en Italie, puis en Allemagne et,
enfin, en Russie. Il ne paraît pas que cette
longue excursion ait été avantageuse à sa for-
tune, car plusieurs années après on le re-
trouve en Pologne dans une situation fâcheuse.
Des liaisons intimes avec une femme peu digne
d'un artiste si distingué vinrent encore aggra-
ver sa i)osition. Vers la fin de 1826, il était à
Lemberg, sur les frontières de la Pologne,
malade et presque dénué de ressources. Des
jours plus heureux vinrent enfin pour lui.
En 1827, il reparut en Allemagne et obtint de
brillants succès dans les concerts qu'il donna à
Berlin et dans quelques autres grandes villes.
De retour à Paris en 1829, il se fit entendre
dans les concerts du Conservatoire; mais il n'y
retrouva plus les vifs applaudissements qui
l'accueillaient autrefois. Ses meilleurs amis ne
purent se dissimuler que son talent avait perdu
quelque chose des qualités qui en faisaient
autrefois le charme. En 1831, l'administration
du théâtre du Palais-Royal l'engagea comme
premier violon; mais il ne garda pas long-
temps celte position, à laquelle il préféra celle
de professeur et directeur des concerts à Or-
léans. Après plusieurs années de séjour en
cette ville, il accepta la place de directeur
de l'école communale de musique à Cambrai,
en 1837, qu'il a aussi abandonnée en 1841.
Depuis cette époque, je n'ai i)lus trouvé de
renseignements sur cet artiste, si ce n'est qu'il
fit jouer au théâtre de l'Opéra-Comique , au
mois de novembre 1842, un ouvrage en un
acte, intitulé: le Àïos^Me, dont le livret était
de Scribe et Paul Duport. Il y avait peu d'in-
térêt dans le sujet de cette pièce qui n'obtint
qu'un médiocre succès. La Revue et Gazette
musicale de Paris a annoncé la mort de
Mazas en 1849, mais sans indiquer le lieu ni
la date du décès.
Mazas a beaucoup écrit pour le violon et
pour l'alto : ses compositions ont été bien
accueillies par le public. Ses principaux ou-
vrages sont : 1" Premier concerto pour violon
et orchestre ; Paris, Naderman. 2" Premier
air varié pour violon et quatuor, op. 2; Paris,
Frey. 3" Première fantaisie pour violon et or-
chestre, op. 5; ibid. 4" Barcarolle française,
idem, op. 6; Paris, Pacini. 5" Fantaisie espa-
gnole, idem, op. 19 ; ibid. 6° Fantaisie sur la
quatrième corde, op. 20 ; ibid. 7» Le Retour
du piintemps, idem, op. 27; Paris, Pleyel.
8° La Babillarde, scène-caprice, avec qua-
tuor, op. 37; Mayence, Schott. 9° Trois qua-
tuors pour deux violons, alto et basse, op. 7;
Paris, Pacini. 10" Trois trios pour deux vio-
lons et alto, op. 4; Paris, Frey. 11" Duos pour
piano et violon, sous le titre de Récréations,
op. 8, 9, 10, 32; Paris, Pacini; Leipsick,
Peters, 12" Trois duos concertants pour deux
violons, op. 34 ; Bonn, Simrock. 13"Colleclion
de duos faciles pour deux violons, op. 38 ;
Mayence, Schott. 14" Idem, op. 39; ibid.
13" La Consolation, élégie pour l'alto, avec
accompagnement d'orchestre, op. 29 ; Paris,
Pleyel. 16" Méthode de violon, suivie d'un
traité des sons haimoniques en simple et
double corde; Paris, Frey; Bonn, Simrock,
17" Méthode pour l'alto; ibid. Ces ouvrages
ont été traduits en allemand. IS" Romances
MAZAS — MAZZAFERRATA
■;7
avec accompagnement de piano; ibid. Mazas
a composé quelques, pièces charmantes en ce
genre. Il a écrit la musique d'un grand
opéra, intitulé: Corinne au Capitale, dont
la musique fut reçue avec applaudissement
après Taudition qui en fut faite à la scène, au
mois d'octobre 1820, mais qui n'a jamais été
représenté. L'ouverture de cet ouvrage fut
exécutée au concert de la Société philharmo-
nique de Londres, en 1822, et à Berlin, dans
l'année suivante. Dans un concert qu'il donna
à Vienne, en 1826, Mazas fit jouer l'ouverture
ile iVustapha, opéra comique de sa composi-
tion, et y exécuta un concerto héroïque pour
le violon, qui obtint un brillant succès.
MAZIi>GLE (Jeas-Baptiste), né à Sa-
méon, canton d'Orchies (Xord), le 30 sep-
tembre 1809, y apprit les éléments du plain-
cbant et de la musique. Admis ensuite comme
élève au Conservatoire de Lille (1825), il y re-
çut des leçons d'harmonie d'un professeur de
quelque mérite, nommé Baumann; mais plus
occupé de plain-chant que de musique, et
en quelque sorte étranger à la tonalité de la
musique moderne, il fit peu de progrès dans
celte science, quoique son instinct fût remar-
quable. On peut dire que pour lui il n'y eut
jamais de mode majeur ou mineur ; il ne
connaissait que les huit tons du plain-chant;
il ne comprit jamais autre chose et ne fut
sensible qu'à cette tonalité. Sorti du Con-
servatoire, il fut d'abord simple chantre de
paroisse ; plus tard , il fut nommé maître
de chapelle de l'église Saint-Élienne, à Lille,
et conserva cette position jusqu'à sa mort,
arrivée le 26 juin 1860, à l'âge de près
de cinquante et un ans. Sous sa direction, le
plain-chant harmonisé fut exécuté dans le
chœur de Saint-Élienne avec une perfection
qu'on chercherait vainement dans les autres
églises de France. Lui-même composa une
grande quantité de messes et de psaumes en
plain-chant, dans lesquels on remarque un
sentiment religieux comparable au caractère
des plus belles pièces de l'Antiphonaire. Il pu-
blia ses productions en ce genre sous ce titre :
Recueil de plain-chant et de musique reli-
gieuse; Paris, 1845, deux volumes in-4". La
Revue de la musique religieuse de M. Danjou
(iroisième année, 1847, p. 7-3-77), contient
une analyse de cet ouvrage. On a aussi de Ma-
zingue : les Psaumes en faux-bourdon;
Lille, 1855, un volume grand in-8°. Cet ou-
vrage n'est qu'une nouvelle édition améliorée
et presque entièremenl refondue du précédent.
3IAZOLYER ^Nicolas), maître des en-
fants de chœur de la cathédrale d'Aulun, en
Bourgogne, né vers le milieu du seiziJme
siècle, obtint au concours du Puy de musique
d'Évreux, en 1582, le prix de la lyre d'argent,
pour la composition de la chanson française à
plusieurs voix, commençant par ces mots :
Mon Dieu, mon Dieu que j'aime,
MAZZA (Aîice), abbé, professeur de grec,
né à Parme, le 21 novembre 1741, est mort
dans celte ville, le 11 mai 1817. Il est auteur
de trois odes qu'il a publiées sous ce titre :
Gli effetti délia musica; solennizandosi il
giorno di Santa Cecilia da' signori Filar-
monici; Parme, 1776, in-8». Ces petits poëmes
relatifs à la musique ont été réimprimés avec le
titre suivant : Sonnetli suW armonia; Parme^
1801, in-4"». On a aussi de l'abbé Mazza des vers
remplis d'enthousiasme , qu'il improvisa en
quelque sorte à l'occasion de la représentation '
de r^gnese de Paer {voyez ce nom), à Parme,
et qui ont été publiés sous ce titre : ^11' aura
armonica, versi estemporanei rappresentan-
dosi nel teatro del Sig. Fabio Scott i i'Agnese
di Ferdinando Paer; Parma, nella stampe-
ria imper., 1809, petit in-4°. Ces vei-s ont été
réimprimés dans le tome III des œuvres de
l'auteur (Parme, 1819, cinq volumes in- 8»).
MAZZA (Joseph), de la même famille, né
à Parme, dans les premières années du dix-
neuvième siècle, s'est fait connaître, comme
compositeur dramatique, par les opéras dont
voici les titres : i" La Figilanza delusa, à
Turin, en 1827. 'i°L'Albergo incantato, opéra
bouffe, à Florence, en 1828 ; le même ouvrage
a été joué à Xaples, avec succès, en 18-35.
ô" Elena e Malvino, à Rome, 1835. 4» Za
Dama irlandese, à Naples, en 18-36. 5" Cat-
ierina di Guisa, àTrévise, en 18-38. 6» L'Or-
fantlla di Lancia, à Milan, dans la même
année. 7° Leocadia, à Zara, en 1844.
La femme de cet artiste, Adelina Mazza,
était cantatrice dramatique et chanta, depuis
1835 jusqu'en 1846, à Naples, à Rome, à
Trieste et à Ferrare, mais surtout dans les
villes de second et de troisième ordre.
MAZZAFERRATA ( Jea:« - Baptiste ) ,
compositeur, né à Como (suivant les IVotizie
de' contrappuntisti d'Ottavio Pitoni), et
maître de chapelle de VJcadémie de la Mortf
à Ferrare, s'est fait connaître, dans la seconde
moitié du dix-septième siècle, par plusieurs
compositions vocales et inslrumenlalcs, dont
les plus connues sont: i" Il primo librode''
Madrigali a due e tre voci, amorosi e mo-
rali. opéra seconda; Bologne, Jacques Monli,
1608. Il en a été fait une seconde édition qui a
48
MAZZAFERRATÂ — MAZZOCCHl
été imprimée dans la même ville, en 1G83, chez
le même éditeur. Le second livre parut en 1C75:
il en fut fait une autre édition, en 1683, à
Bologne, chez Monii. 2» Canzonetle a due
voci, op. 4 ; ibid. 3" Canzonette e cantate a
due voci, op. 3. On a fait de cet ouvrage une
première édition en lGG8;deux autres éditions
ont été publiées en 1077 et 1683. 4° Cantate
da caméra a voce sola; Bologne, 1677, in-4''.
La deuxième édition est datée de Bologne,
1083, in-4''. 5» Sonate a due violini, con un
bassetto di viola se piace , opéra quinta;
Utrecht, 1682, in-fol. 6» Salmi concertati a
5 e 4 vocif con violini, op. 6; Venise, 1684,
in-4". 7" Cantate morali e spiriluali a due e
trevoci, op. 7; Bologne, 1690, in-4"'.
MAZZAIXTI (Ferdinand), compositeur,
violoniste et chanteur distingué, né à Rome,
vivait dans cette ville, en 1770, lorsque Burney
la visita. Il possédait une bibliothèque consi-
dérable de livres imprimés et de manuscrits
où se trouvaient la plupart des compositions
de Palcstrina. Il montra à Burney un traité de
musique qui était à peu près achevé. Parmi
ses compositions, on remarquait des opéras,
motets, quintettes, quatuors et trios pour le
violon. L'abbé Sanlini,de Rome, possède sous
son nom des canzonettes avec accompagnement
de piano.
MAZZINGHI (Joseph), pianiste et com-
positeur, naquit à Londres, de parents italiens,
en 1765. Son père, organiste de la chapelle
portugaise, lui enseigna les éléments de la
musique c( du piano : le jeune Mazzingbi re-
çut ensuite des leçons de composition de Jean-
Chrétien Bach, puis de Borlolini, de Sac-
chini et d'Anfossi. A dix ans, il était déjà
assez avancé pour remplacer son père comme
organiste à la chapelle portugaise; à dix-neuf
ans, il était accompagnateur et directeur de
musique à l'Opéra italien. On rapporte que
lorsque le théâtre du Roi fut brûlé, en 1789,
on venait de jouer l'opéra de Paisiello la Lo-
canda, qui avait obtenu un succès d'enthou-
siasme, et tous les amateurs regrettaient
qu'on ne pût plus représenter cet ouvrage
avant d'avoir fait venir de Naples une autre
partition; mais Mazziughi, sans autre secours
que sa mémoire et les rôles des acteurs, écrivit
toute l'instrumentation en quelques jours.
C'est vers le même temps qu'il composa lui-
même l'opéra italien Jl Tesoro, qui fut bien
accueilli du public. En 1791, il commença à
écrire, pour le théâtre anglais, des opéras,
ballets et mélodrames. Le nombre de ses ou-
vrages eu ce genre est considérable : ou a re-
tenu particulièrement les titres de ceux ci :
1» J Day in Turkey (une Journée en Tur-
quie), opéra comique, au théâtre de Covent-
Garden. 2" The Magician (le Magicien), idem,
ù» Le Siège de Bangalore, mélodrame, idem.
AoPaidet Firginic, ballet, au théâtre de Hay-
Market.5» Les Trois Sultanes , idem. , ibid., au
même théâtre. 6" Sapho, idem, ibid. 7" La
Belle Arsène, o\\è\a comique. ^'' Le Bouquet,
divertissement, idem. 0°£lisa, ballet pastoral.
10" Ramah-Droog, grand opéra, en société
avec Reeve, au théâtre de Covent-Garden.
11" The Turnpikegate (la Barrière), opéra
comi((ue, avec Reevc , au même théâtre.
12" Blind Girl (la Fille aveugle), idem.
13" JFifeof two Husbaiids (la Femme à deux
maris), mélodrame. 14" L'Exilé, opéra co-
mique. 15" Free Knights (les Chevaliers er-
rants). On a gravé en partition pour le piano:
Paul et Firginie, les Trois Sultanes, la
Belle Arsène et Sapho. Mazzingbi a été long-
temps professeur de piano à Londres, et a ac-
quis des richesses assez considérables dans
l'exercice de cette profession. Ayant été élevé
au rang de comte, par le roi Georges IV, il se
retira à Bath, où il fit un noble usage de sa
fortune. Il y est mort à l'âge de quatre-vingt-
neuf ans, le 15 janvier 1844. On a imprimé
de sa composition soixante-sept sonates de
piano, divisées en vingt-deux œuvres, publiés
chez Clementi , Dalmaine, Broderip, etc.;
trois quatuors pour piano, flûte, violon et
alto, op. 3, ibid.; une méthode de piano pour
les commençants, intitulée: Tyro-Musicus,
being a complète introduction to the piano-
forte; Londres, Clementi; une symphonie
concertante pour deux violons, flûte, alto et
basse, op. 41 ; des pièces d'harmonie pour
quatre clarinettes, deux petites flûtes, deux
bassons, deux cors, trompette, serpent et
trombone, op. 33; et beaucoup de petites
pièces pour différents instruments.
MAZZOCCHl (Dominique), compositeur
de l'école romaine et docteur en droit civil et
canon, naquit à Civita-Castellana, vers la fin
du seizième siècle, et passa la plus grande
partie de sa vie à Rome, où il se lia d'amitié
avec Jean-Baptiste Boni, qui lui a dédié son
livre intitulé: Annotazioni sopra il com-
pendio de' generi e de' modi délia musica.
Pitoni, dans ses notices manuscrites sur les
compositeurs, attribue à Mazzocchi la musique
d'un drame, intitulé: le Catene d'Adonc. Il a
écrit aussi les oratorios : Il Marlirio de'
SS. Abbundio ed Abbundanzio ; Rome, 1 03 1 ,
et iMaziano e Giovanni; ibid. Parmi ses corn-
MAZZOCOHl — MAZZUCATO
49
positions imprimées, on connaît : 1» Miisiche
morali a 1, 2, 5 voci; Rome, Zanetli, 1625.
2oMotetli a 2, 3, 4, 5, 8, 9 loci; ibid., 1628.
ô° Madrigali a 4 e 5 voci concertati con [in-
striimenti; ibid., 1640.4» Madrigali a 5 voci
in parlitura; ibid., 1638. C'est dans la pré-
face de cet ouvrage qu'on trouve l'explication
des signes d'augmentation et de diminution de
l'intensité des sons < > > •< ijui, depuis
lors, sont restés en usage, et que jlazzocchi
employa le premier. 3" Tulti li versi latini
del Soin. Pont, l'rbano f'III , posti in
musica a 2, 3, 4, 8 vcci; Rome, Zanetli,
1638.
MAZZÛCCIU (Virgile), frère puîné du
précédent, naquit à Civita-Castellana, vers la
fiu dif seizième siècle. Après avoir été maître
de chapelle de Saint-Jean-de-Latran, depuis
le mois de juin 1628 jusqu'à la fin de sep-
tembre 1629, il passa à Saint-Pierre du Vati-
can, en la même qualité. Il mourut au mois
d'octobre 1646, dans un voyage qu'il fit à
Civita-Castellana. Pitoni dit, dans ses notices
manuscrites sur les compositeurs, que Vir-
gile Mazzoccbi introduisit dans la musique
d'église un style plus agréable et plus brillant
que celui de ses devanciers. II établit aussi à
Rome une école de chant et de composition
où se formèrent d'excellents artistes. Enfin,
c'est à Mazzocchi qu'on attribue les premières
améliorations considérables qui furent intro-
duites dans le rhylhme régulier de la musique.
On n'a imprimé qu'un petit nombre de ses ou-
vrages: les plus connus sont deux livres de
motels à quatre et à huit voix, publiés à
Rome, chez Grignani, 1640. Après sa mort, un
de ses élèves publia un de ses derniers ouvrages
sous ce titre : f'irgilii Mazzocchi in fat.
basil. musicx priefecti psalmi vesperlini
binis choris concinendi ; Romae, Grignani,
1648. Mazzocchi a laissé aussi en manuscrit,
dans les archives de la chapelle du Vatican,
des messes, psaumes, offertoires el antiennes,
mais en petit nombre.
3IAZZOLI>'I (Jacques), compositeur de
l'école romaine, vivait à Rome vers la fin du
dix-septième siècle, et y a fait représenter avec
succès, en 1694, l'opéra intitulé: /a Costanza
in ainor tince V inganno.
3IAZZO>I (Jacques), professeur de philo-
sophie à l'Université de Pise, naquit à Césène
en 1348, et mourut dans la même ville, le
10 avril 1598. On a de lui un traité philoso-
phique intitulé : De Triplici hominis vita :
activa, contemplai iv a ac religiosa; Césène,
1576, in-4". Il y a plusieurs autres éditions de
BIOGR. tXlV. des MLSICIKXS. T. M.
ce livre, où Mazzoni traite de la musique de-
puis la question 2684 jusqu'à la 2777'.
MAZZONI (Axioi>e), compositeur de mu-
sique dramatique et religieuse, naquit à Bo-
logne en 1718. Élèvede Predieri, il étudia sous
ce maître le contrepoint et le style drama-
tique. Très-jeune encore, il remplit les fonc-
tions de maître de chapelle de plusieurs
églises à Fano, particulièrement de celle des
Oraloriens ou PP. Filippini, et dans d'au-
tres villes de la Marche d'Ancône. De retour
à Bologne, il fut agrégé à l'Académie des phil-
harmoniques, en 1743 • dans l'année suivante,
il partit pour l'Espagne et composa plusieurs
opéras pour les théâtres de Madrid et de Lis-
bonne. On le retrouve en Italie, en 1732, où
il écrivait à Parme et à Xaples. Dans les an-
nées suivantes, on joua aussi plusieurs de ses
ouvrages à Venise, à Bologne et dans d'autres
villes. L'Académie des philharmoniques de
Bologne le désigna comme prince, c'est-à-
dire, président, en 1737. AppeléàPélersbourg,
dans l'année suivante, Mazzoni composa, pour
le Théâtre-Impérial, des cantalesetdes opéras
dont les titres ne sont pas connus; puis il vi-
sita la Suède et le Danemark. Après son retour
à Bologne, en 1761, il fut choisi comme maitre
de chapelle de Saint-Jean in Monte, église
des chanoines de Lalran; i)ui.s, en 1767, il
fut désigné comme substitut de Caroli, pour
la place de maitre de chapelle de la cathédrale
de Saint-Pierre. En 1773, il fut prince de
l'Académie des philharmoniques pour la qua-
trième fois. H avait écrit en 1736, pour le
théâtre de Parme, l'opéra bouffe intitulé : /
Fiaggiatori ridicoli. A \aples, il donna
Achille in Sciro. En 1734, il écrivit, à .Mo-
dène, le Astuzie amorose, opéra bouffe, et,
en 1736, Ifigenia in Tauride, à Trévise.
En 1770, il se trouvait à Bologne, où il fit en-
tendre UQ Magnificat à huit voix réelles. Dans
la Bibliothèque royale de Copenhague, on
trouve une messe à huit voix réelles de la
composition de Mazzoni, et un Laudate pueri
à voix seule avec orchestre. Le catalogue de la
Bibliothèque du Lycée communal de musique
de Bologne indique, sous le nom de Mazzoni :
Musica sacra manoscritta, mais sans aucune
désignation des œuvres qui y sont contenues.
3IAZZL'CATO (Albert), compositeur
dramatique, professeur de chant au Conserva-
toire de Milan, et littérateur musicien, est né
àUdine (Frioul), le 20 juillet 1813. Dès son
enfance, il fil à la fois des éludes littéraires et
musicales; sa mère lui donna les premières
leçons de solfège et de chaut ; puis il suivit les
A
iO
MAZZUGATO — MECKENHEUSER
cours de l'Université de Padoue et y aciieva
ses études de mathématiques en 1834. Ce fut
alors qu'abandonnant la carrière des sciences,
il résolut de suivre son penchant pour la cul-
ture de l'art vers lequel il se sentait un pen-
chant irrésistijjle. Bresciani, élève de Calegari
{voyez ce nom), lui donna quelques leçons de
composition; cependant son instruction mu-
sicale était peu avancée lorsqu'il écrivit la
musique du drame : la Fidanzata di Lam-
mermûor , qui fut représenté avec succès,
d'abord à Padoue, puis à Milan. La bonne
opinion que cet essai avait donnée de l'avenir
du jeune compositeur, lui procura bientôt
l'accès du théàtrede la C'ano662ona, dans cette
dernière ville, où il fit représenter son opéra
bouffe : il Don Chisciotlo. Celte fois Mazzu-
cato fut moins heureux, bien qu'on eût distin-
gué dans son ouvrage deux airs, deux duos et
plusieurs chœurs où se faisait remarquer le
sentiment dramatique. Peu de temps après, il
fit un vovage à Paris, où ses idées se modi-
fièrent à l'audition des symphonies de Beet-
hoven, exécutées par l'orchestre de la Société
des concerts, et par l'impression que firent sur
lui les opéras de Meyerbeer et la Juive, d'Ha-
Jévy. Grâce à sa rare intelligence, la lecture
des partitions de ces ouvrages lui tint lieu
d'études plus régulières, et lui fit faire de ra-
pides progrès dans l'art d'écrire. De retour en
Italie, il y donna, dans son Esmeralda, la
preuve de ses progrès : cet opéra réussit éga-
lement à Manloue, à Udine et à Milan. / Cor-
sarî, opéra composé dans le style déclamé du
précédent, eut une chute éclatante au théâtre
de la Scala, de Milan, dans l'année 1839, et le
compositeur, découragé, garda le silence pen-
dant près de deux années. Au carnaval de
1841, il donna, au théâtre iîe, le drame lyrique
i Due Sergenti, ouvrage dans lequel il avait
modifié de nouveau sa manière, et dont quel-
ques morceaux furent chaleureusement ap-
plaudis à Milan et à Gênes. Luigi V, re di
Francia, que Mazzucato fit représenter le
2a février 1843, fut aussi bien accueilli ; mais
déjà Verdi avait fixé l'attention du public mi-
lanais; dès ce moment, il n'y eut plus de
vogue que pour lui, et les autres compositeurs
ne marchèrent qu'à sa suite. Ernani, dont
Mazzucato osa refaire la musique pour le
théâtre de Gènes, tomba tout à plat en 1844.
Dès 18g!), cet artiste distingué avait suc-
cédé à Mauri dans le position de professeur de
chant des jeunes filles, au Conservatoire de
Milan. Il a été, depuis l'origine de la Gazetta
musicale di Milano, un de ses meilleurs ré-
dacteurs, et l'un des plus actifs. On a de lui
une traduction italienne de la Méthode de
chant de Garcia, ainsi qu'une version, dans
la même langue, du traité d'harmonie de
l'auteur de cette biographie, laquelle a été
publiée sous ce titre : Trattato complelo délia
Teoria e délia pratica delV Armonia; Mi-
lano, Ricordij un volume grand in-8'', sans
date (1845). Plusieurs autres écrits et traduc-
tions d'ouvrages relatifs à la musique sont
dus à M. Mazzucato; mais je n'en ai pas les
titres exacts.
MAZZUCHELLI (Jean-Marie, comte
DE), né à Brescia, le 28 octobre 1707, mort le
19 novembre 1763 des plus savants écrivains
de son temps, en Italie. Après avoir fait ses
éludes à Bologne, il se livra à d'immenses re-
cherches sur la biographie des savants et des
lillérateurs italiens. Ses Scrittori d'Italia,
cioè notizie storiche e criliche intorno aile vite
ed agli scritti dei Letterali italiani (Biescia,
1753-1763, six volumes in-fol.) sont l'ouvrage
le plus complet et le plus savant de tous ceux
du même genre. Il n'est point achevé; il était
même impossible qu'il le fût par un seul
homme, les forces humaines étant insuftisanles
pour un travail conçu sur un plan si vaste.
On y trouve d'excellentes notices sur quelques
écrivains qui ont traité de la musique, parti-
culièrement sur Guido, au mot Aretino.
MEAD (Richard), médecin célèbre, né le
2 août 1673, à Slepney, près de Londres, fit ses
éludes à Ulrechl, où son père s'était retiré
pour de causes politiques, et obtint le titre de
docteur à l'Université de Padoue. Il mourut à
Londres, le 24 février 1754. Au nombre de ses
écrits, on trouve une dissertation intitulée :
De Tarentulis deque opposita iis Musica^
Londini, 1702, in-8«.
MECIIELIIX (J.-H.), né en Finlande,
dans la première moitié du dix-huilième
siècle, était étudiant à l'Université d'Abo, lors-
qu'il a fait imprimer une thèse : De L'su mu-
sices mo7-ali ; Aho, 1763, in-4".
MECllI ( Jean-Baptiste ) , organiste à
l'église Saint-Pétrone, de Bologne, au com-
mencement du dix-huitième siècle, a publié
de sa composition : 3Ioleltia5, 6, 7 e 8 vocif
Venise, 1611, in-4».
MECK (Joseph), violoniste de la chapelle
de l'archevêque de Mayence, vers 1730, a fait
imprimer : XIII C'oncerti per il violino a
5 e 6 stromenti ; \miie\dam, Roger. Il a laissé
aussi en manuscrit quelques concertos et dos-
sonales de violon.
MECKEIMIEUSER (Jacqoes-Geoiices),
MrXKENHEUSER — MEDERITSCH
SI
organiste de la cour et de l'église de Saiot-
Wipert, à Quedlinbourg, né à Goslar, vers
1660, était, en 1688, organiste au couvent de
llammersleben, où il s'appliqua à l'étude des
nialbématiqueS; particulièrement au calcul des
proportions des intervalles et du tempéra-
ment. Longtemps après, il a publié sur cet
objet un livre intitulé : Die Sogenannte al-
lerneueste musikalische Temperatur , oder
die von den fferrn Kapellmeistern Biimlern
ttnd Mattheson communicirte 12 rational
gleiche Toni minores oder sevïitonia (le Tem-
pérament musical le plus nouveau, etc.), (sans
nom de lieu), 1727, in-40 de huit feuilles. Cet
écrit renferme une critique sévère des prin-
cipes de Mattheson concernant les proportions
des douze demi -tons de l'échelle chroma-
tique.
MEDA (BLA5cnE), religieuse du couvent
de San-Martino del Leano, à Parme, vers la
fin du dix-septième siècle, s'est fait connaître
par la composition d'un œuvre de motets, in-
titulé : Motetli a una , due, tre e quattro
voci, con vioîini e senza; Bologna, J. Mouli,
1691,^-4°.
MÉDARD ^Nicolas), luthier lorrain, vé-
cut à Nancy dans les dernières années du dix-
septième siècle. Contemporain des Amati fils,
il prit leurs instruments pour modèles. Ses
violons, comme ceux des Amati, sont d'un
petit patron, et n'ont qu'un son peu intense;
mais ils sont moelleux et argentins. On les a
souvent confondus avec ceux des Amati. 3Ié-
dard se fixa à Paris, en 1701 . J'ai vu à Lon-
ders un violon fait par lui, et qui portait la
date : Parisiis, 1709.
MEDECK (Madame), née dans la Lilhua-
nie, en 1791, fut conduite fort jeune à Paris,
où elle fit ses études musicales au Conserva-
toire. Élève de Louis Adam, elle acquit par
ses leçons un talent distingué pour le piano,
et commença à se faire connaître vers 1814.
Deux ans après, elle épousa Medeck, violon-
celliste allemand, et voyagea avec son mari
dans le midi de la France et en Espagne.
Après avoir vécu quelque temps à Valence,
elle s'est fixée à Madrid, où son mari était en-
gagé pour la chapelle du roi. A la suite des
événements de 182-3, la chapelle ayant été sup-
primée, Medeck et sa femme ont continué de
résider dans la capitale de l'Espagne où le la-
lent de celle-ci, et son mérite comme profes-
seur, l'ont mise en vogue. Sa maison est le
rendez-vous de tous les amateurs de cette ville,
et l'on y entend chaque semaine de bonne mu-
sique. Madame Medeck a écrit quelques mor-
ceaux pour le piano, qui sont restés en ma-
nuscrit.
3IEDEIRA (Édodard), savant Portugais,
a fait imprimer un recueil de dissertations
sous le titre : Novx philosophix et mede-
cin3s; Lisbonne, 1650, in-S». On y trouve
deux morceaux dont l'un a pour titre : Jnau-
dita philosophia de Firibus musiCcP, et
l'autre : De Tarentula.
MEDER (Jea>'-Valesti>), maître de cha-
pelle à Danlzick, naquit dans la Franconie, en
1630. Jusqu'à l'âge de quarante ans, il fut at-
taché au service de plusieurs princes d'Alle-
magne, en qualité de musicien. En 1788, il
se rendit à Danlzick, et y fut employé comme
maître de chapelle; douze ans après, il se
rendit à Riga, où il paraît avoir terminé ses
jours. Quoiqu'il eût beaucoup écrit, on n'a pu-
blié de sa composition qu'un recueil de pièces
instrumentales, intitulé : Capricci a due via-
Uni col basso per l'organo; Danlzick, 1698,
in-fol.
MEDER (Jea>-Gabriel), fils d'un institu-
teur du duché de Gotha, vécut dans la seconde
moitié du dix-huitième siècle, et paraît avofr
voyagé en Hollande. Il a publié : 1» Six sym-
phonies à huit parties, op. 1. 2° Deux idem,
ibid. 3° Trois symphonies à douze parties,
op. 3; Berlin, 1782. 4" Symphonie à grand
orchestre, op. 4; Berlin, Hummel. 5» Six
marches pour deux clarinettes, deux cors et
deux bassons ; ibid. 6» L'Illusion du prin-
temps, sonate pour clavecin avec violon et vio-
loncelle, op. 6; ibid. 1797. 7° Principes de
musique pour le chant avec douze solfèges et
basse contintte; ibid., 1800. On connaît sous
le même nom un Alessandro neW Indie ,
opéra sérieux.
MEDERITSCH ou MEDRITSCH
(jEAîi), surnommé GALLUS, mais dont le
véritable nom bohémien est MEGDRZICKY,
qui signifie Coq, était fils d'un bon orga-
niste, et naquit à Nimbourg, sur l'Elbe, vers
1765. Après avoir commencé ses études mu-
sicales à Prague, il allâtes terminera Vienne.
Pianiste habile et compositeur élégant, il eut
des succès vers la fin du dix-huitième siècle et
dans les premières années du siècle suivant.
En 1794, il fut appelé à Ofen, en Hongrie, pour
y remplir les fonctions de directeur de mu-
sique ; mais il ne garda pas longtemps cet em-
ploi. De retour à Vienne, en 1796, il s'y éta-
blit, et composa pour l'église et pour le théâtre.
On connaît de lui les petits ouvrages suivants,
qui ont été représentés à Vienne avec succès :
1" Le Marin. 2" Les Recrues, en 1794. 5° La
4.
MEDERITSCH — MEERTS
Dernière Débauche de l'ivrogne. 4" Les
Ruines de Babylone. Mederiisch a composé
seulement le premier acte de cet ouvrage; le
second a été écrit par Winler. La partition,
réduite pour le piano, a été gravée à Vienne,
à Offenbach, à Leipsick et à Brunswick. Cette
pièce a été représentée pour la première fois,
au théâtre de Schikaneder, le 25 octobre 1797.
S" Musique pour la tragédie de Macbeth.
6" Des ouvertures et des chœurs pour quelques
drames. On a publié de la composition de cet
artiste : 1" Deux sonates pour le piano, n»* 1
et 2; Vienne, 1791. 2" Deux quatuors pour
piano, violon, alto et basse; ibid., et Offen-
bach, André. 3" Vingt-quatre variations pour
piand; Vienne, 1792. 4" Trois sonates pour
pianoet violon; Vienne, Artaria,1797. 5''Six va-
riations pour piano; ibid. 6° Six idem sur un
thème des Ruines de Babylone, îbid. 7° Neuf
variations sur un autre thème du mémeopéra,
ibid. 8» Trois sonates dialoguées pour piano
et violon; ibid. On trouve aussi en manuscrit
dans le catalogue de Traeg (Vienne, 1799) :
9° Six concertos pour le piano avec orchestre.
10" Six sonates faciles pour clavecin. 11" Trois
trios pour deux violons et violoncelle, op. 12.
12" Trois caprices faciles pour le piano.
15" Stabat Mater à quatre voix et orchestre.
14" Messe solennelle (en ré) à quatre voix et
orchestre. 15" Autre idem (en ut). 16" Chœur
de Bandits, à quatre voix 17" Chœur de
Chevaliers du Temple, à quatre voix, deux
flûtes, deux clarinettes, deux bassons, deux
trombones et orgue. L'époque de la mort de
Mederitsch n'est pas connue ; il vivait à Lem-
berg, en 1830, et était âgé de soixante-six
ans.
MEDICIS (Laurent), prêtre et noble de
Crémone, vécut dans la première partie du
dix-septième siècle. lia écrit plusieurs œuvres
de musique d'église. Arisi {Cremotia litte-
rata, t. III, Jppendix) ne cite que celui qui
a pour titre : Missarum octo vocibus liber
primus, op. IF. Nuper editum cum parte
organi. Sub signo Gardani, Venelix, 1619.
Gerber a confondu ce prêtre avec Laurent de
Médicis, dit le Magnifique, qui naquit le
1"" janvier 1448, et qui succéda, en 1469, à
son père Pierre, dans le gouvernement de la
république de Florence. La méprise est un peu
forte.
MEERTS (Lambert-Joseph), professeur de
violon au Conservatoire royal de musique de
Bruxelles, est né dans cette ville en 1802. Des-
tiné au commerce, il n'étudia d'abord la mu-
sique que comme art d'agrément; mais plus
tard, des revers de fortune obligèrent ses pa-
rents à lui faire chercher des ressources dans
son talent précoce. A l'âge de quatorze ans, il
était répétiteur des rôles et premier violon au
théâtre d'Anvers. Vers cette époque, il devint
élève deFridzeri, qui lui fit faire des progrès
par l'étude des sonates et des concertos des an-
ciens maîtres italiens. Plus tard, M. Meerts fit
à diverses reprises des séjours plus ou moins
prolongés à Paris et y reçut des leçons de La-
font, d'Habeneck et des conseils de Baillot. De
retour à Bruxelles, il s'y est livré à l'enseigne-
ment. Entré à l'orchestre de cette ville, en
1828, il y a été nommé premier violon solo en
1852, et s'est fait entendre avec succès pendant
quatre ans dans celte position. La composi-
tion occupait ses loisirs, et sans autre guide
que son Instinct, aidé seulement de quelques
notions élémentaires d'harmonie, il écrivait
des concertos, des fantaisies et des airs variés
qui obtenaient du succès dans les concerts de
cette époque.
Au mois d'avril 1833, je vins prendre la di-
rection du Conservatoire de Bruxelles; l'un
de mes premiers soins fut d'y créer un en-
seignement fondamental et rationnel de l'har-
monie et du contrepoint, seules bases de l'art
d'écrire en musique, par lequel se sont formés
les plus illustres compositeurs. Rien de sem-
blable n'était connu en Belgique avant que j'y
revinsse. M. Meerts, ayant entendu parler par
mes élèves des progrès que leur faisait faire
cet enseignement, si nouveau pour eux, vint
me voir et me prier de lui donner des leçons
de composition par ma méthode, ce que je lui
accordai sans peine. Il fit avec moi un cours
complet de la science; mais il tira de mes
leçons un fruit auquel je n'avais pas songé.
En me voyant commencer son instruction par
les simples relations de deux voix qui chantent
à notes égales de simples consonnances, lui
expliquantla raison de chaque règle, et le con-
duisant ainsi pas à pas du connu à l'inconnu,
et de conséquence en conséquence, jusqu'aux
combinaisons les plus ardues d'un grand
nombre de parties, il s'était dit que tout art,
exigeantchez celui qui le cultive un mécanisme
complet d'exécution et de rendu de la pensée,
ce mécanisme, quel qu'il fut, ne pouvait être
bien enseigné qu'en le décomposant jusqu'à
ses éléments les plus simples, etallanl, comme
dans le contrepoint, jusqu'à la réunion d'un
tout complet et parfait. Donc, se disait-il, il
doit en être ainsi de l'art déjouer du violon,
et les véritables bases de l'enseignement de
cet art sont encore à poser. Dès ce moment,
RIEERTS
53
il ^i.iici.i dans M. Meeris une complète trans-
formation d'itJées et de vues.
Je lui avais fait remarquer qu'il y a dans la
composition deux choses également nécessaires
pour la production de beaux ouvrages, à sa-
voir, la faculté de création qui réside dans
l'organisation de l'artiste à des degrés divers,
et l'acquit dans l'art de réaliser la pensée par
le mécanisme de ce même art. J'enseigne, lui
dis-je, les éléments de l'art d'écrire; quant à
la production des idées, quant à l'originalité
de formes sous lesquelles elles se manifestent,
c'est à la nature qu'il appartient de faire son
œuvre. M. Meerts avait parfaitement saisi
cette distinction et en avait conclu qu'il y a
quelque chose de vicieux dans l'enseignement
des instruments, particulièrement du violon,
lorsqu'il se fait par la transmission pure et
simple de l'exemple, en supposant même que
cette transmission soit faite par les plusgrands
artistes ; car ce que le maître veut faire passer
alors dans le jeu de son élève, c'est sa propre
nature ; au lieu d'un talent original, il ne
peut faire qu'un copiste. Ce qui fait le grand
artiste ne se peut enseigner; mais celui que
la nature a doté des facultés les plus heureuses
n'en tirera pas tous les avantages dont elles
sont susceptibles, si l'étude régulière et persé-
vérante de toutes les difficultés de mécanisme
lie lui a fourni le moyen de rendre toujours
avec perfection ce que lui dictent ses inspira-
tions. Mais quels sont les éléments du méca-
nisme du violon ? Comment peut-on les classer
d'une manière méthodique, ainsi qu'on l'a
fait pour ceux du conlrepoint?Enfin, comment
peut-on formuler un système d'étude régulière
de ces éléments? Tels furent, depuis 1855,
les sujets des méditations de M. Meerts et des
ouvrages remarquables qu'il a publiés depuis
lors.
Divisant d'abord l'art de jouer du violon en
ses deux parties principales qui sont : 1° la
main de l'archet; 2" la main du manche de
l'instrument, c'est-à-dire la main gauche, il
s'occupa en premier lieu de l'archet, prin-
cipe du son, de l'accent, de la nuance et du
rhythme, laissant à traiter séparément de la
main gauche, de laquelle dépendent la jus-
tesse des intonations, la division des positions,
le doigté, la sûreté dans l'exécution des
traits et les combinaisons de double corde.
L'archet, comme producteur du son, est in-
dépendant des doigts ; le premier élément de
l'art de jouer du violon consiste donc à faire
mouvoir l'archet sur les cordes à vide. N'ayant
pas à s'occuper de justesse d'intonations, et
n'ayant pas à faire fonctionner les doigts de
la main gauche, l'élève porte toute son atten-
tion sur la tenue de l'instrument ainsi que sur
la direction de son bras droit, en tirant et
poussant l'archet. L'action de tirer et de
pousser l'archet sur les cordes, dans la mu-
sique, répond à l'un de ces deux sentiments,
le vif ou le lent. Décomposant tous les traits
qui peuvent correspondre à l'un ou à l'autre t
de ces deux sentiments, M. Meerts trouva que
tous ont pour principes six coups d'archet
fondamentaux qui constituent tout l'art de
l'archet, et son premier ouvrage, inliiulé :
Etudes pour violon avec accompagnement
d'un second violon, divisées en deux suites
(Mayence et Bruxelles, Schott), eut pour objet
de montrer l'application de ces six coups d'ar-
chet dans tous les genres de diffîcultés, en
mettant sous les yeux, par un dessin figuré de ,
l'archet, le point d'attaquedaus chacun des six
coups fondamentaux. Pour se livrer au grand
travail d'analyse exposé dans cet ouvrage,
M. Meerts, ayant été nommé professeur au
Conservatoire de Bruxelles, en 18ô5, donna sa
démission de la placede violon solodu théâtre.
Il fallut quelque temps pour que la valeur con-
sidérable du nouveau système d'enseignement
qu'il venait de produire fut comprise et appré-
ciée à sa juste valeur; mais les résultats évidents
que le maître obtint dans son cours au Conser-
vatoire, et l'opinion de quelques artistes étran-
gers ayant fait connaître l'excellence de cette
méthode, plusieurs éditions de l'ouvrage de
M. Meertsfurent épuisées en quelques années.
Sous le titre de Mécanisme du violon, ce
maître donna, en deux suites d'études, les dé-
veloppements transcendants de sa méthode
analytique et progressive.
Après avoir épuisé les applications des six
coups d'archet fondamentaux, M. Jlèerts porta
son attention sur le mécanisme de la main
gauche et publia sur ce sujet important deux
ouvrages remplis de vues neuves concernant
les difficultés des changements de position,
particulièrement en descendant, et sur la
double corde; ces ouvrages ont pour titres :
1° Douze études considérées comme introduc-
tion à la seconde partie du mécanisme du
violon en ce qui regarde la double corde.
2» Troislivraisonssurl'étudedeladeuxième,
de la quatrième et de la sixième position.
Les avantages du mécanisme des six coups
d'archet fondamentaux ont ensuite été mis en
évidence par M. Meerts dans ses suites d'étu-
des sur les difficultés des divers genres de
rhyihmes, particulièrement dans ses Douze
MEERTS — MEES
livraisons d'études de rhythmes sur des mo-
tifs de Beethoven; car à chaque rhytlime cor-
respond une articulation particulière de l'ar-
chet qui lui donne son caractère spécial. Il
vient de compléter celle partie de son oeuvre
par des études de rhylhme sur les motifs de
Mendeissohn.
Enfin, un des objets les plus importanls de
la musique moderne, l'art de rendre toutes les
nuances de piano, de forte, de crescendo,
de diminuendo, sans faire intervenir l'action
du bras sur l'archet, cet art si riche d'accen-
tuation est devenu facile par une découvertede
M. Jleerts, qui complète tout ce qui concerne
le mécanisme du violon. Les violonistes savent
que rien n'est plus difficile que de soutenir un
son fortissimo , soit en tirant, soit en poussant
l'archet, parce que l'éloignement plus ou
moins grand où se trouve le poignet de la
corde qui résonne diminue progressivement
la puissance sonore, laquelle devient presque
nulle près de la pointe de l'archet, tandis
qu'elle est très-intense près du talon.
M. Meerls a démontré que l'équilibre de la
force ne peut s'établir sur tous les points de la
longueur de l'archet qu'en augmentant pro-
gressivement la pression des doigts sur la ba-
guette de l'archet en raison de la diminution de
la force musculaire au fur et à mesure que le poi -
gnet s'éloigne de la corde ; en sorte que cette
pression, jyresque nulle près du talon de l'ar-
chet, est considérable vers la pointe. Cette loi de
la pression balancée fournit les moyens d'exé-
cution des nuances les plus délicates et les plus
accentuées. M. Mecrts, après avoir expliqué
les règles de l'art de nuancer par ce procédé,
a publié trois études spéciales sur cet objet.
C'est ainsi qu'a été accomplie la mission
que s'est donnée dans son enseignement ce
professeur digne de la plus haute estime. Ne
voulant rien laisser dans le doute pour les ap-
plications de son système de mécanisme de
l'instrumeut, à quelque point de vue que ce
soit, il a fait lui-même ces applications dans
quelques ouvrages supplémentaires, parmi les-
quels on remarque : Trois études pour le style
fugué et le staccato; te Mécanisme de l'ar-
chet en douze études pour violon seul; le Ira-
vail journalier des jeunes solistes ; Six
fugues à deux parties pour violon seul;
Trois études brillantes, etc. Tous ces ouvrages
ont été publiés par les maisons Schott, de
Mayence et de Bruxelles.
L'enseignement de M. Meerts au Conserva-
toire de Bruxelles a porté ses fruits en donnant
aux jeunes violonistes de cette école une sû-
reté de mécanisme qui s'applique à .tous les
effets de l'instrument, et l'unité d'archet qu'on
admire dans l'orchestre de ses concerts. Ce
sont ces mêmes qualités des instruments à
cordes, qui, réunies à l'excellence des instru-
ments à vent, ont placé cet orchestre au
rang des deux ou trois plus célèbres de l'Eu-
rope. C'est là surtout que se fait sentir le mé-
rite de l'enseignement analytique créé par le
digne professeur. Les solistes, dominés par
leurs facultés personnelles, ne se soumettent
pas aux conditions d'un mécanisme raisonné ;
ils s'attachent aux choses dans lesquelles ils
réussissent; en font le caractère individuel de
leur talent, et s'abstiennent de celles où ils
sentent qu'ils seraient faibles. Ce sont des ar-
tistes d'exception, à moins qu'ils ne soient
complets, ce qui est une exception beaucoup
plus rare.
Parmi les virtuoses violonistes qui ont pour
les travaux de M. Meerts la plus haute estime,
on peut citer les noms de Vieuxtemps, Joa-
chim, Léonard, Sivori, Laub et beaucoup d'au-
tres. Le violoncelliste Bockmtihl, de Franc-
fort, a fait une application de ses principes
dans ses Etudes pour le développement du
mécanisme du fîo/onceife (Offenbach, André) ;
Servais a transcrit pour le même instrument
huit de ses études de rhythme, et MM. Warot,
professeur de violoncelle du Conservatoire de
Bruxelles, et Bernier, professeur de contre-
basse à la même institution, ont appliqué
d'une manière très-heureuse les mêmes prin-
cipes dans leurs méthodes <le violoncelle et de
contrebasse. M. Meerts est chevalier de
l'Ordre royal de Léopold.
91EES (Henri), né à Bruxelles, en 1757,
fut attaché au théâtre de cette ville, en (lua-
lité de première basse-taille. Un extérieur
agréable, une belle voix, la connaissance de la
musique et de l'art du chant, lui firent obtenir
de brillants succès à la scène. En 1790, il éta-
blit un opéra français à Hambourg; mais son
entreprise ne réussit pas, et il fut obligé de
s'éloigner de cette ville pour se rendre à Pé-
tersbourg, où il fut employé au théâtre de la
cour. En 1810, il se relira à Varsovie, avec
une pension de l'empereur de Russie. Il est
mort dans celle ville, le 31 janvier 1820. L'es-
time dont il jouissait fit assistera ses obsèques
tout ce qu'il y avait de plus distingué parmi
les habitants de Varsovie.
MCES (Joskph-Henri), fils du précédent et
petit-fils (le Witzthumb {votje: ce nom), est né
à Bruxelles, en 1779. Ses éludes musicales
furent dirigées par son aïeul. En 1790, il sui-
MEES - MÉnCL
vit son père à Hambourg ; quoiqu'il ne fût âg4
que de dix-sept ans, il dirigeait déjà l'or-
chestre avec la parlilion. Doux ans après, il
fut engagé au service du duc de Brunswick
pour remplir les mêmes fonctions. Depuis lors,
il a visité rAUemagiie, la Suède, la France et
l'Angleterre. De retour à Bruxelles, en 1810,
il y a établi une école de musique d'après la
méthode du Mcloplaste, sous le litre A" Acadé-
mie, et l'a dirigée conjointement avec Snel
(voyez ce nom) jusqu'en 1830; mais les évé-
nements de la révolution ayant porté alors
atteinte à l'existence de cet établissement,
Mees s'est mis de nouveau à voyager, a visité
Paris, l'Italie, l'Angleterre et en dernier lieu
la Russie. Il avait établi d'abord une école de
musique à Varsovie; mais la guerre et les
événements de 1831 l'obligèrent à s'éloigner
précipitamment de celte ville et à se réfugier
à Riew. Il y ouvrit une école, dans laquelle
il enseignait la musique par la méthode du
Jléloplasle. Après avoir passé plusieurs an-
nées dans celte situation peu satisfaisante, il
se rendit à Pélersbourg, où il remplissait
encore les fondions de chef d'orchestre de
l'Opéra, en 1838 (voyez la Gazette générale
de mttsique de Leipzick, 40™* année, p. 483).
Il est mort dans cette ville, peu de temps après
cette époque. Comme compositeur, Mees a
donné au théâtre du Parc, à Bruxelles, le Fer-
mier belge^ opéra-comique en un acte, paroles
de Lesbroussart, en 1816, et a fait exécuter à
Aix-la-Chapelle une grande cantate pendant
le congrès de 1818. On connaît aussi de lui
l'Oratorio Esther, dont des fragments ont été
exécutés à Bruxelles en 1823, un trio comique
intitulé Les Mirlitons, qui fut chanté en Italie
par madame Malibran, le ténor Masi et La-
blache. Enfin, il a écrit plusieurs composi-
tions pour alto principal. On a de cet artiste :
1° Méthode raisonnée pour exercer la voix
et la préparer aux plus grandes difficultés;
Bruxelles, 1828, in-4'' de quarante et une
pages. 2" Tableaux synoptiques du Mélo-
j5/as(e;ibid.,1827, in-4". ô" Explication de la
basse chiff'rée; ibid., 1827, in-4». 4° Théorie
de la musique mise en canons, à l'usage
des écoles de musique, et disposée pour les
■classes; ibid., 1828, quatre parties in-4». 3Ices
a publié une nouvelle édition du Diction-
naire de musique moderne, par Casiil-Blaze
(Bruxelles, 1828, un volume 10-8»), et y a
ajouté une préface, un abrégé historique de
la musique moderne, et une Biographie des
théoriciens, compositeurs, chanteurs et mu-
siciens célèbres qui ont illustré l'école fla-
mande, et qui sont nés dans les Pags-Bas.
Ces additions sont de peu de valeur. Enfin, on
doit à Mees une nouvelle édition des Mémoires
ou Essais sur la musique, par Grétry, avec des
notes; Bruxelles, 1829, trois volumes in-18.
MEGELI3J (Hesri), violoncelliste à la
chapelle de l'électeur de Saxe, vivait à Dresde
postérieurement à 1774. Il était alors consi-
déré en Allemagne comme un des artistes les
plus habiles sur son instrument. Il a laissé en
manuscrit plusieurs concertos et d'autres mor-
ceaux pour le violoncelle.
3IEGERLE ( Abrahax ) , chanoine de
Saint-Marc ad nives et maître de chapelle de
l'église cathédrale de Salzbourg, vivait dans
cette ville vers le milieu du dix-huitième
siècle. Il a publié de sa composition un recueil
d'offertoires, sous ce titre : Ara musica, seu
offertoria 1-10 roc, tom. I, II, III, ctim
instrumentis ; Salzhoi^rg, 1746.
31EGUO (A.-B.), régleur de papier et
typographe à Paris, est auteur d'un livre qui
a pour titre : l'Art de la réglure des registres
et des papiers de musique; méthode simple
et facile pour apprendre à régler, contenant
la fabrication et le montage des outils fixes
et mobiles, la préparation des encres, et dif-
férents modèles de réglure; Paris, Audot,
1828, un volume in-18, avec une planche et
des modèles.
JIEIIIlSCnEIDT (...); on a sous ce nom,
qui est probablement celui d'un musicien alle-
mand, un ouvrage intitulé : Table raisonnée
des principes de musique et d'harmonie,
contenant ce qui est le plus essentiel à ob-
server dans la musique pour ceux qui veulent
travailler à la composition, arrangée d^une '
manière aisée pour que chaque musicien
puisse voir d'un seul coup d'œil tout ce qu'il
peut et doit faire concernant l'harmonie;
Paris, 1780.
MEIIUL (Étiex5e-1Ie>ri) , l'un des plus
grands musiciens qu'ait produits la France,
naquilà Givet, petite ville du déparlement des
Ardennes, le 24 juin 1703. Jamais circon-
stances ne parurent moins propres à dévelop-
per un talent naturel que celles qui accompa-
gnèrent la naissance et les premières années
de la vie de cet artiste célèbre. Fils d'un cui-
sinier (1) qui ne put fournir qu'avec peine à
(I] M. Quatremére de Quincy, dans one IVotiee liiito-
r'xjue tur la vie et les ouvraget de Méhul, a écrit qae le
pcre de ce grand masieien avait servi dans le génie et
avait été inspecteur des fortiGcations de Cliarleniont. Le
fjil est inexact. Le père de MéhuI n'avait aucune instruc-
tion : il ne dut la place subalterne dont il s'agit qu'à
rinfluencc de son Gis.
S6
MËHUL
son enlrelien et aux frais de son éducation ;
n'ayant pour s'instruire dans la musique
d'autre ressource que les leçons d'un orga-
niste pauvre et aveugle; habitant un pays où
l'on n'entendait jamais d'autres sons que ceux
du plain-^chant de l'église ou du violon des
ménétriers; tout semblait se réunir pour
étouffer dès sa naissance le germe d'un grand
talent, et pour faire un marmiton de celui que
la nature destinait à devenir le chef de l'école
française. Mais quels obstacles peuvent arrêter
l'homme supérieur dans sa carrière? A défaut
de maîtres, Méhul avait son instinct, qui le
guidait à son insu. Sans être un arl4ste fort
habile, l'organiste de Givet eut du moins le
talent de deviner le génie de son élève, de lui
faire pressentir sa destinée, et de le préparer
à de meilleures leçons que celles qu'il pouvait
lui donner.
Méhul avait à peine atteint sa dixième an-
née quand on lui confia l'orgue de l'église des
Récollets à Givet. Bientôt le talent du petit or-
ganiste fut assez remarquable pour attirer la
foule au couvent de ces pauvres moines, et
faire déserter l'église principale. Cependant,
il était difficile de prévoir comment il s'élè-
verait au-dessus du point où il était arrivé,
lorsqu'une de ces circonstances qui ne man-
quent guère à ceux que la nature a marqués
du sceau d'une vocation particulière, se pré-
senta, et vint fournir au jeune musicien l'oc-
casion d'acquérir une éducation musicale pliKS
profitable que celle qu'il avait reçue jus-
qu'alors. Le fait mérite d'être rapporté avec
quelque détail.
Non loin de Givet, dans les montagnes des
Ardennes, se trouvait, avant la révolution de
1789, une communauté des Prémontrés qu'on
appelait l'abbaye de Lavaîdieu. En 1774,
l'abbé de ce monastère, M. Lissoir (qui fut de-
puis lors aumônier des Invalides et qui mou-
rut en 1808), reçut du général des Prémon-
Irés la commission de visiter plusieurs maisons
de cet ordre. Arrivé au couvent de Schussen-
ried, en Souabe, il y trouva Guillaume Hanser
{voyez ce nom), inspecteur du chœur de cette
abbaye et musicien distingué, surtout pour le
style de la musique sacrée et celui de l'orgue.
Charmé de ses talents, M. Lissoir l'invita à sa
rendre à Lavaîdieu, pour y passer plusieurs
années, ce qui fut accepté. Hanser y arriva en
1775. A peine se fut-il fait entendre sur l'orgue
de l'abbaye, que sa réputation s'étendit dans
tout le pays. Méhul, alors âgé de douze ans,
pressentit toute l'importance du séjour de
Hanser à Lavaîdieu pour ses éludes; il n'eut
point de repos qu'il ne lui eut été présenté, el
que le bon Allemand ne l'eût adopté comme
son élève.
La musique est un art difficile, singulier,
unique en ce qu'il est à la fois un art et une
science. Comme art, la musique est |)lus que
la peinture dans le domaine de l'imagination ;
sa fantaisie est moins limitée, sou allure est
plus libre, et les émotions qu'elle éveille sont
d'autant plus vives, que ses accents sont plus
vagues et rappellent moins de formes conven-
tionnelles. Comme science, elle est aussi d'une
nature particulière. Plus morale, plus méta-
physique que mathématique, elle appelle à son
secours le raisonnement plutôt que le calcul,
et repose bien plus' sur des inductions que
sur des formules rigoureuses. De là, la té-
nuité des liens qui, dans celte science, ratta-
chent les faits entre emc; de là, les imperfec-
tions de sa théorie, l'obscurité de son langage
et la lenteur de ses progrès; de là, enfin, la
difficulté qu'on éprouve à l'enseigner et à l'ap-
prendre. Outre le talent naturel qui, pour la
pratique des arts, est une condition indispen-
sable, il faut, pour apprendre la musique, un
professeur habile, delà patience et de longues
études. Il ne suffisait donc pas que Méhul eût
trouvé un guide, il fallait qu'il pût profiler à
chaque instant de ses conseils, et qu'il passât
sa jeunesse sous ses yeux. Mais l'éloignement
où l'abbaye de Lavaîdieu était de Givet ne per-
mettait point à l'élève de faire tous les jours
un double voyage de plusieurs lieues pour re-
cevoir les leçons du maître. D'un autre côté,
les ressources bornées du père de Méhul s'op-
posaient à ce qu'il payât une pension pour son
fils. Le digne abbé dont il a été parlé leva
toutes ces difficultés, en admettant le jeune
artiste au nombre des commençaux de la
maison. Plus tard, Méhul, devenu habile, s'ac-
quitta envers l'abbaye, en remplissant pendant
deux ans les fonctions d'organiste adjoint.
Rien ne pouvait être plus favorable aux
éludes du jeune musicien que la solitude où il
vivait. Placée entre de hautes montagnes, de
l'aspect le plus pittoresque, éloignée des
grandes routes et privée de communications
avec le monde, l'abbaye de Lavaîdieu offrait
à ses habitants l'asile le plus sûr contre d'im-
portunes distractions. Un site délicieux, sur
lequel la vue se reposait, y élevait l'âme et la
disposait au recueillement. Méhul, qui con-
serva toujours un goût passionné pour la cul-
ture des fleurs, y trouvait un délassement de
ses travaux dans la possession d'un petit jar-
din qu'on avait abandonné à ses soins. D'ail-
MÉilUL
leurs, il n'y éprouvait pas la privation de
toute société convenable à son âge. Hanser,
qui aimait à parler de l'art qu'il cultivait et
enseignait avec succès, avait rassemblé près
de lui plusieurs' enfants auxquels il donnait
des leçons d'orgue et de composition (I), cir-
constance qui accélérait les progrès du jeune
MéhuI par l'émulation, et qui lui procurait un
délassement utile. Il a souvent avoué que les
années passées dans ce paisible séjour furent
les plus heureuses de sa vie.
Tout semblait devoir l'y fixer : l'amitié des
religieux, rattachement qu'il conserva tou-
jours pour son maître, la reconnaissance, une
perspective assurée dans la place d'organiste
de la maison, et, de plus, le désir de ses pa-
rents, qui bornaient leur ambition à faire de
lui un moine de l'abbaye la plus célèbre du
pays, telles étaient les circonstances qui se
réunissaient pour renfermer dans ;in cloître
l'exercice de ses talents. Il n'en fut heureuse-
ment pas ainsi. Le colonel d'un régiment, qui
était en garnison à Cbarlemont, homme de
goût et bon musicien, ayant eu occasion d'en-
tendre Méhul, pressentit ce qu'il devait être
un jour, et se chargea de le conduire à Paris,
séjour nécessaire à qui veut parcourir en
France une brillante carrière. Ce fut en 1778
que îléhul quitta sa paisible retraite pour en-
trer dans l'existence agitée de l'artiste qui
sent le besoin de produire et d'acquérir de la
réputation. Il était alors dans sa seizième an-
née. Un an après il assistait à la première
représentation de VIphigénie en Tauride de
Gluck, et s'enivrait du plaisir d'entendre ce
chef-d'œuvre ainsi que de l'éclat du succès.
A peine arrivé dans cette grande ville, il
s'occupa du choix d'un maître qui put perfec-
tionner à la fois son talent sur le piano et ses
connaissances dans l'art d'écrire la musique.
Edelmann, claveciniste habile et compositeur
instruit, fut celui qu'il choisit. Les leçons qu'il
donnait lui-même fournissaient à son entretien
et lui procuraient les moyens de se produire
dans le monde. Il avait de l'esprit, n'était pas
étranger à la littérature, et savait mettre à
profit ses relations avec les hommes distin-
gués qu'on appelait alors les philosophes.
Ses premiers essais, qui avaient eu pour
objet la musique instrumentale, donnèrent
naissance à des sonates de piano, dont il pu-
blia deux œuvres chez La Chevardière, en
(I) Aprrs Mtliul, ceux qui se sont distingués sont
Frérard, de Bouillon, qui, plus tard, Tut organiste à
Calais, et Georges Sclicvcrniann, de Monlliermé, habile
cla\ccinislr, qui rst mort i Nantes, au mois de juin 1S27.
1781. Ces prodtictions étaient faibles et n'indi-
quaient pas que le génie de leur auteur filt
dans la route qu'il devait parcourir avec
gloire. Méhul parait l'avoir senti, car il re-
nonça bientôt à ce genre de composition. La
musique vocale, et surtout le style dramatique
lui convenaient mieux; aussi s'en occupa-t-il
avec ardeur. Le bonheur qu'il eut d'être pré-
senté à Gluck et de recevoir ses conseils fut,
sans doute, l'événement qui influa le plus sur
la direction qu'il donna dès lors à son talent.
La régénération, encore récente, de l'opéra
français par Gluck; les vives discussions qui
agitaient toute la nation à ce sujet, et qui la
partageaient en deux partis ennemis (les pic-
cinnistes et les gluckistes) ; l'importance que
chacun attachait au triomphe de ses opinions;
les épigrammes, les bonnes ou mauvaises plai-
santeries (2), tout prouvait que la véritable
route de la renommée était le* théâtre. La con-
viction de cette vérité fortifia Méhul dans ses
résolutions. Il ])réluda à ses succès par une
ode sacrée de J.-B. Rousseau qu'il mil en mu-
sique, et qu'il fit exécuter au Concert spirituel,
en 1782. L'entreprise était périlleuse; car s'il
est utile à la musique que la poésie soit rhylh-
mée, il est désavantageux qu'elle soit trop har-
monieuse et trop chargée d'images. En pareil
cas, le musicien, pour avoir trop à faire, reste
presque toujours au-dessous de son sujet.
Loin de tirer du secours des paroles, il est
obligé de lutter avec elles. Il parait cependant
(|ue Méhul fut plus heureux ou mieux inspiré
que tous ceux qui, depuis, ont essayé leurs
forces sur les odes de Rousseau ; car les jour-
naux de ce temps donnèrent des éloges à son
ouvrage.
Sous la direction du grand artiste qui
l'avait accueilli avec bienveillance, il écrivit
trois opéras, sans autre but que d'acquérir
une expérience que le musicien ne peut at-
tendre que de ses observations sur ses propres
fautes. Ces ouvrages étaient la Psyché, de
Voisenon ; VJnacréon, de Gentil-Bernard, et
ZaMsus et Zi/die, de Valladier. Lorsque Méhul
se crut en élat de se hasarder sur la scène, il
composa ^lonzo et Cora, et le fit recevoir à
l'Opéra. Il étaitalors dans sa vingtièmeannée.
Bien que son ouvrage eiit été favorablement
accueilli par l'administration de l'Académie
royale de musique, six ans se passèrent inuti-
lement dans l'attente de la représentation.
Irrité de ce qu'il considérait comme une
[i] On sait que les détracteurs de Gluck indiquaient
snn adresse rut du Grand- l/urteur, et que ceux de Pie-
cinni ic logeaient dans la rue det Pitils-Chaiitt.
MÉIIUL
injustice, mais non découragé, Méhul songea
à se frayer une route sur un autre Ihéàlre.
L'Opéra-Comique lui offrait l'espoir d'une
mise en scène plus prompte ; cette considéra-
tion Je décida, et le drame d'Euphrosine et
Corradin vit le jour. C'était en 1790 : ainsi,
telles sont les conditions désavantageuses de
la carrière du musicien en France, qu'un
homme né pour opérer une révolution dans la
musique dramatique, ne put se produire en
pul)lic qu'à l'âge de vingt-sept ans, et après
neuf ans d'efforts pour arriver à la scène. S'il
fût né en Italie, vingt théâtres lui eussent ou-
vert leurs portes, et vingt ouvrages auraient
signalé son génie avant qu'il eut atteint l'âge
où il put débuter dans sa patrie.
Quoi qu'il en soit, on peut atTirmer que la
mission de Méhul se trouva accomplie tout
d'un coup par sa partition A''Euphrosine.
C'était le produit de longues études et de mé-
ditations profondes; aussi, y trouve-t-on toute
la maturité du talent. Les qualités de son génie
et quelques-uns de ses défauts se montrent
dans cet ouvrage, tels qu'il les a produits de-
puis lors dans beaucoup d'autres. Un cliant
noble, mais où l'on désire quelquefois un peu
plus d'élégance; une instrumentation beau-
coup plus brillante et plus fortement conçue
que tout ce qu'on avait entendu en France
jusque-là, mais trop d'attachement à de cer-
taines formes d'accompagnement qui se repro-
duisent sans cesse; un sentiment juste des
convenances dramatiques; mais surtout une
grande énergie dans la peinture des situations
fortes : voilà ce que Méhul fit voir dans son
premier opéra. Tout le monde connaît le beau
duo : Gardez-vous de la jalousie; il n'y avait
pas de modèle pour un semblable morceau :
c'était une création; et quoiqu'on pût désirer
d'y trouver plus de mélodie, les connaisseurs
avouèrent que jamais la vigueur d'expression
n'avait été poussée si loin.
On se doute bien que le succès ayant cou-
ronné le début de 3IéhuI, la représentation de
Cora ne se fit pas attendre ; car s'il est des dé-
goûts pour l'artiste inconnu, tout sourit à celui
dont les premiers pas ont été heureux. Néan-
moins, cet opéra réussit peu et ne prit point
place au réi)erioire de l'Académie royale de
musique. A Cora succéda (en 1 792) Stralonice,
l'une des productions de Méhul qui ont le plus
contribué à sa brillante réputation. Un air
admirable {f'ersez tous vos chagrins), et un
(|ualuor, ont surtout rendu célèbre cet opéra.
Ce quatuor, ol)jet de l'admiration de beaucoup
d'artistes et d'amateurs, est, en effet, remar-
quable par sa physionomie originale ; c'est
une empreinte du talent de son auteur avec
tous les développements qu'elle comporte. On
y trouve une manière large, une noblesse, une
entente des effets d'harmonie, dignes des plus
grands éloges. En revanche, les défauts de
Méhul s'y font aussi remarquer. Rien de plus
lourd, de plus monotone que celte gamme de
basse accompagnée d'une espèce de contre-
point fleuri qui se reproduit sans cesse; rien
de plus scolastique que ces accompagnements
d'un seul motif {d'un sol passo) qui poursui-
vent l'auditeur avec obstination. L'ensemble
du morceau offre le résultat d'un travail fort
beau, fort estimable sous plusieurs rapports,
mais ce travail se fait trop remarquer et nuit
à l'inspiration spontanée. Toutefois, le qua-
tuor de Stratonice aura longtemps encore le
mérite de signaler Méhul comme l'un des plus
grands mirsiciens français, parce que les qua-
lités sont assez grandes pour faire pardonner
les imperfections.
Horalius Codés, le Jeune Sage et le Fieux
Fou, Doria. sujets peu favorables à la mu-
si(iue, ou mal disposés, n'inspirèrent point
heureusement l'auteur A''Euphrosine; non-
seulement, ces pièces ne réussirent pas, mais
de toute la musique qu'on y trouvait, rien n'a
survécu, si ce n'est l'ouverture d''fforatius,
morceau du plus beau caractère, qui depuis
lors a servi pour Adrien, autre opéra du même
auteur, écrit et reçu avant les autres, mais
joué seulement en 1799, par des causes poli-
tiques. Phrosine et Jflélidor aurait dû trouver
grâce devant le public par le charme de la
musique, où règne un beau sentiment, plus
d'abandon et d'élégance que Méhul n'en avait
mis juscpi'alors dans ses ouvrages; mais un
drame froid et triste entraîna dans sa chute
l'œuvre du musicien. Toutefois, la partition a
été publiée, et les musiciens y peuvent trou-
ver un sujet d'étude rempli d'intérêt.
La rivalité qui existait alors entre l'ancien
Opéra-Comique et le théâtre de la rue Fey-
deau, rivalité qui fut si favorableàla musique
française, donna naissance, en 1795, à la
Caverne, opéra de Méhul qu'on voulait oppo-
ser à l'ouvrage du même nom que Lesueur
avait fait représenter au théâtre Feydeau
deux ans auparavant. Ce dernier seul est
resté : on ne connaît rien aujourd'hui de
l'autre partition. Adrien, autre composition
du même temps, était digne en (eus points du
génie de Mébul. On y trouvait une multitude
d'effets nouveaux, des chœurs admirables' et
un récitatif qui n'était point inférieur à celui
MEHUL
de Gluck; mais par une sorle de fatalité, les
divers gouvernements qui se succédèrent
proscrivirent l'ouvrage à chaque reprise qu'on
en fit. En 1797, un événement unique dans les
annales du théâtre illustra la carrière du
grand artiste. Il s'agit du Jeune Henri.
opéra comique dont l'ouverture excita de tels
transports d'enthousiasme, qu'on fut obligé de
l'exécuter deux fois de suite. Le sujet de
l'ouvrage était un épisode de la jeunesse de
Henri IV, roi de France. Ce lut une affaire de
partis : les royalistes espéraient un succès,
mais les républicains , indignés qu'on osât
mettre en scène un prince, un tyran, et de
plus un tyran qui «vail fait le bonheur de la
France, silflèrent la pièce dès la première
scène, et firent baisser le rideau avant qu'elle
fût finie; cependant, voulant donner au com-
positeur un témoignage de son admiration,
le public demanda que l'ouverture fût jouée
une troisième fois. L'usage de faire entendre
ce beau morceau entre deux pièces s'est con-
servé longtemps au théâtre de l'Opéra-Co-
mique.
La tragédie de Timoléon , par Chénier ,
fournit à Méhul, vers le même temps, l'occa-
sion d'écrire une autre ouverture et des
chœurs du plus grand effet. Depuis Estker et
^thalie, on n'avait point essayé de joindre
les accents de la tragédie à ceux de la musique;
le style sévère et grave du grand artiste était
plus convenable pour cette alliance que celui
d'aucun autre. Malgré le peu de succès de la
pièce de Chénier, l'ouverture et les chœurs
ont laissé des traces dans la mémoire des con-
naisseurs.
Un silence de près de deux ans suivit ces
travaux. Les soins qu'entraînait l'organisa-
tion du Conservatoire en occupèrent tous les
moments. Méhul avait été nommé l'un des
quatre inspecteurs de cette école; les devoirs
de sa place l'obligeaient à surveiller l'admis-
sion des élèves, à concourir à la formation des
ouvrages élémentaires destinés à l'enseigne-
ment; enfin, à prendre une part active à tout
ce qui concernait l'administration d'un grand
établissement naissant. Il est vraisemblable
que ce fut alors que Jléhul commença à s'aper-
cevoir de l'insuffisance de ses premières
études. Le compositeur dramatique a plus be-
soin d'inspirations que de science ; mais celle-
ci est indispensable au professeur. S'il ne la
possède pas, il éprouve à chatiue instant les
embarras d'une position fausse. Lesdiscussions
(les comités, les instructions qu'il faut être
toujours prêt à donner, les exemples qu'il faut
écrire à Pappui du précepte, obligent celui qui
est revêtu de ce titre à ne pas craindre
l'examen de sa capacité; or, Méhul eut plus
(l'une fois occasion de remarquer l'avantage
qu'avaient sur lui , dans le Conservatoire,
des hommes qui étaient loin de le valoir
commecompositeurs. Les leçons qu'il a écrites
l>our le solfège du Conservatoire sont même
plus faibles que celles de ses collègues Gossec
et Martini, bien que le génie de ceux-ci fut in-
férieur au sien.
Ce fut par ^^riodant que Méhul reparut sur
la scène, en 1799. Cet ouvrage contient des
beautés dramatiques; on y trouve un duo et
plusieurs autres morceaux qui sont devenus
classiques, et qu'on a chantés longtemps dans
les concerts. Toutefois, la similitude «lu sujet
avec celui de Montano et Stéphanie, opéra
célèbre de Berlon, nuisit au succès de la nou-
velle production de Méhul. Sans parler de la
disposition du i>oëme, qui n'est point heu-
reuse, Jriodant, il faut le dire, ne se fait
point remarquer par la fraîcheur d'idées, la
grâce du chant, ni la variété de couleurs qui
brillent dans Montano, bien que la partition
de Méhul fût mieux écrite et plus riche d'in-
strumentation que l'autre. Cette production
était une de celles pour lesquelles 3Iéhul mon-
trait le plus de i)rédileclion. A la même époque
où ^riodant fut joué à l'Opéra-Comique,
l'administration du Grand -Opéra obtint du
directoire l'autorisation de faire enfin repré-
senter Adrien, belle composition d'un style
sévère qui obtint un succès d'estime, mais qui,
déi)ourvu de spectacle et de danse, ne put se
soutenir à la scène. Binn , opéra comique
qui suivit Ariodant, était faible et ne réus-
sit pas parce que la pièce d'Hofman était
froide et monotone. Epicnre trompa l'attente
des artistes et du public, qui espéraient un
chef-d'œuvre de l'association de deux maîtres
tels que Méhul et Cherubiui. Un duo délicieux
(Ah! mon ami, de notre asile, etc.) fit, du
moins, reconnaître l'auteur de Medée et de
Lodoiska; mais la muse du chantre d'jpM-
phrosine et d^ Adrien le laissa sans inspira-
tion.
Nous arrivons à une des époques les plus
remarquables de la carrière de Méhul. Des
critiques lui avaient souvent reproché de man-
quer de grâce et de légèreté dans ses chants.
L'arrivée des nouveaux bouffes, qui s'établirent
au théâtre de la rue Chanleieine, en 1801,
avait réveillé, parmi quelt[ues amateurs, le
goiit de cette musique italienne si élégante,
si suave, qu'on devait aux inspirations de Pai-
60
MÉIIUL
siello, de Cimarosa et de Guglielmi. On fai-
sait entre elle et les productions de l'école
française des comparaisons qui n'étaient point
à l'avantage de celle-ci. L'amour-propre de
Bléhuls'en alarma ; mais une erreur singulière
lui fit concevoir la pensée de détruire ce qu'il
considérait comme une injuste prévention, et
de lutter avec les maîtres que nous venons de
nommer.
Méhul , persuadé qu'on peut faire à vo-
lonté de bonne musique italienne, française
ou allemande, ne douta pas qu'il ne pût écrire
un opéra bouîTe, où l'on trouverait toute la
légèreté, tout le charme de la 3Iolinara et
du Matrimonio segreto; et sa conviction
était si bien établie à cet égard, qu'il entre-
prit Virato pour démontrer qu'il ne se trom-
pait pas, et qu'il fit afficher la première re-
présentation de cette pièce sous le nom d'un
compositeur italien. Il faut l'avouer, la plu-
part de ceux qui fréquentaient alors les spec-
tacles, étaient si peu avancés dans la connais-
sance des styles, qu'ils furent pris au piège,
et qu'ils crurent avoir entendu, dans Virato,
des mélodies enfantées sur les bords du Tibre
ou dans le voisinage du Vésuve. Certes, rien ne
ressemble moins aux formes italiennes que
celles qui avaient été adoptées par le compo-
siteur français. Méhul a eu beau faire, il n'y
a rien dans son ouvrage qui ressemble à la
verve bouffe des véritables productions scé-
niquesde l'Italie. Eh! comment aurait-il pu
en être autrement? Il méprisait ce qu'il vou-
lait imiter; il ne se proposait que de faire une
satire. N'oublions pas toutefois que le quatuor
de Virato est une des meilleures productions
de l'école française, et que ce morceau vaut
seul un opéra. Le succès que cet ouvrage avait
obtenu dans la nouveauté détermina son au-
teur à traiter des sujets moins sérieux que ceux
de ses premières productions. Une Folie et le
Trésor supposé succédèrent à Virato en 1802
et 180Ô. Plusieurs morceaux d'une facture
élégante et facile, qu'on trouve dans le pre-
mier de ces ouvrages, le firent réussir; le
deuxième est très-faible : on peut même dire
qu'il n'est pas digne du talent et de la ré-
putation de Méhul. Joanna, l'Heureux mal-
gré lui^ Héléna et Gabrielle d'Estrées n'ont
laissé que de faibles traces de leur pas-
sage sur la scène; il n'en fut pas de même
d'M/mL Ce sujet ossianique, rempli de situa-
tions fortes, ramenait Méhul dans son do-
maine. Il y retrouva son talent énergique :
il est vrai qu'on y désirerait plus de mélodie,
cl que la couleur en est un peu trop uni-
forme (1) ; mais malgré ses défauts, cet ou-
vrage n'a pu être conçu que par un homme
supérieur. Un joli duo est à peu près tout ce
qu'il y a de remarquable dans les Jveugles
de Tolède; toutefois cette bouffonnerie spiri-
tuelle, jouée en 1806, eut un certain succès,
auquel ne fut pas étranger le caractère ori-
ginal de quelques mélodies espagnoles, intro-
duites par Méhul dans sa partition.
C'est vers le temps où ce dernier opéra fut
composé, que Chérubini se rendit à Vienne
pour y écrire son opéra de Fanisha. Les
journaux allemands exprimèrent alors une
admiration profonde pour l'auteur de cette
composition, et le proclamèrent le plus savant
et le premier des compositeurs dramatiques
de son temps. Méhul, qui jusqu'alors avait été
considéré comme son émule et son rival,
souscrivit à ces éloges; mais quiconque l'a
connu sait combien lui coûta un pareil
aveu : il ne le fit que par ostentation de
générosité et pour cacher son désespoir. Dès
ce moment, il prit la résolution de ne rien
négliger pour acquérir celte science des
formes scolastiques qui lui manquait, etdontle
nom l'importunait. Il ne voyait pas que la vé-
ritable science en musique consiste bien moins
dans des connaissances théoriques dont on
charge sa mémoire, que dans une longue ha-
bitude de se jouer de ses difficultés, habitude
qu'il faut contracter dès l'enfance, afin d'être
savant sans y penser et sans gêner les inspi-
rations du génie. Quoi qu'il en soit, Méhul se
mit à lire des traités de fugue et de contre-
point, et à écrire des formules harmoni(iues,
comme aurait pu le faire un jeune élève. Il en
résulta qu'il perdit la liberté de sa manière,
et que ses compositions s'alounlirent. Ses ac-
compagnements, surchargés d'imitations ba-
sées sur la gamme, prirent une teinte de mo-
notonie qui se répandit sur ses ouvrages.
Joseph^ qui n'obtint d'abord qu'un succès
d'estime à Paris (le 17 février 1807), réussit
beaucoup mieux dans les départements et en
Allemagne. C'est que, malgré le défaut qui
vient d'être signalé, il y a dans cet ouvrage
d'admirables mélodies, un grand sentiment
1 dramatique, enfin, une couleur locale excel-
! lente. Après loseph, Méhul garda le silence
i pendant cinq ans, peut-être à cause des succès
(I) Ce fut à l'occasion de cet ouvrage, où les violons
sont remplaces par des altos, que Gréiry dit un mot asser
I plaisant: Méhul lui ayant demandé ce qu'il en pensait,
I à la fin de la répétition générale. Je pense, répondit le
I malin vieillard, que je donnerais volontiers six franco
I poitr CHUndre une clianterelle.
MÉHUL
61
jusqu'alors sans exemples de la Festale et du
Fernand Cor<e:, de Sponlini : dans cet inter-
valle. De 1807 à 1812, Méhul n'écrivit que la
musique des ballets le Retour d'Ubjsse, et
Persée et Andromède. Dans les Amazones,
qu'on joua à l'Opéra, en 1812, et dans ^'a-
lentine de Milan, qui ne vit le jour que plu-
sieurs années après la mort de Méhul, le dé-
faut de lourdeur est plus saillant que dans ses
ouvrages précédents, et les qualités sont
affaiblies : ces opéras n'ont pu se soutenir
au théâtre. Les symphonies de ce maître furent
exécutées dans les concerts du Conservatoire
qu'on appelait modestement des exercices.
Elles étaient le résultat de cette idée domi-
nante dans l'esprit de Méhul, qu'il y a des pro-
cédés pour faire toute espèce de musique. Il
ne voyait dans les symphonies de Haydn
qu'un motif travaillé et présenté sous toutes
les formes. Il prit donc des thèmes, les tra-
vailla avec soin, et ne procura pas une émotion
à son auditoire. C'était un enchaînement de
formules bien arrangées, mais sans charme,
sans mélodie, sans abandon. Le peu d'effet
produit par ces symphonies sur les habitués
des concerts du Conservatoire fut la cause
d'un des plus vifs chagrins de Méhul. En 1815,
il donna à l'Opéra-Comique le Prince trou-
badour, qui disparut bientôt de la scène.
Découragé par ces échecs, Méhul sentit sa
santé s'altérer sensiblement. Une affection de
poitrine que les secours de l'art adoucirent
pendant plusieurs années, le livrant à une
mélancolie habituelle, était à ses travaux
l'agrément qu'il y trouvait autrefois. Il tra-
vaillait encore, mais plutôt entraîné par la
force de l'habitude que par une vive impulsion
de son génie. Les langueurs d'une caducité
précoce le forçaient à suspendre ses travaux,
et lui laissaient à peine la force de cultiver
des fleurs, dans le jardin d'une petite maison
qu'il possédait près de Paris. Situation déplo-
rable ! s'écrie l'académicien qui fut chargé de
prononcer son éloge, dont l'effet le plus fâ-
cheux est que l'affaiblissement des facultés
morales n'accompagne pas toujours celui des
facultés physiques, et que l'âme, encore de-
bout dans la chute de ses organes, semble pré-
sider à leur destruction.
La Journée aux Aventures, dernier ou-
vrage de sa main débile, brillait encore de
quelques éclairs de son beau talent : cet opéra
eut un grand succès. Le pnblic semblait pres-
sentir qu'il recevait les adieux de celui qui
avait consacré sa vie à ses plaisirs, et vouloir
lui montrer sa reconnaissance.
Cependant la maladie empirait : Méhul prit
enfin la résolution de quitter Paris, pour
aller en Provence respirer un air plus favo-
rable à sa guérison. Mais, comme il arrive
toujours, cette résolution était prise trop tard.
Sorti de Paris le 18 janvier 1817, il n'éprouva
dans le voyage que les incommodités du dé-
placement, dit M. Quatremère de Quincy, et
dans son séjour en Provence, que le déplaisir
de n'être plus avec ses élèves et au milieu de
ses amis. L'air qui me convient encore le
mieux^ écrivait-il à ses collègues de l'Institut,
est celui que je respire au milieu de vous.
Le 20 février de la même année, il écrivait
aussi à son intime ami, et l'un de ses bio-
graphes : Pour un peu de soleil, j'ai rompu
toutes mes habitudes, je me suis privé de
tous mes amis et me trouve seul, au bout du
monde, dans une auberge, entouré de gens
dont je puis à peine entendre le langage.
On le revit à une séance de l'Académie des
beaux-arts, mais ce fut pour la dernière fois.
Il mourut le 18 octobre 1817, à l'âge de cin-
quante-quatre ans.N Dans l'espace de quatre
ans, la France avait perdu quatre compo-
siteurs qui avaient illustré la scène lyrique,
savoir : Grétry, Martini, Monsigny et Méhul.
Les regrets qui accompagnèrent la perte du
dernier de ces artistes célèbres prouvèrent
que sa personne était autant estimée que son
talent était admiré. Il méritait cette estime
par sa probité sévère, son désintéressement
et son penchant à la bienveillance. Enthou-
siaste de la gloire, jaloux de sa réputation,
mais étranger à l'intrigue, il ne chercha ja-
mais à obtenir par la faveur les avantages
attachés à la renommée. Sa délicatesse à cet
égard était poussée à l'excès; en voici un
exemple : Napoléon avait songé à le faire son
maître de chapelle, en remplacement de Pai-
siello qui retournait en Italie; il lui en parla,
et Méhul, par une générosité fort rare, pro-
posa de partager la place entre lui et Chéru-
bini ; l'empereur lui répondit : Ne me parlez
pas de cet homme-là (1) ; et la place fut don-
née à Lesueur, sans partage. Lors de l'in-
stitution de la Légion d'honneur, Méhul en
avait reçu la décoration; il ne cessa de solli-
citer pour qu'elle fût accordée aussi à son
illustre rival; mais ce fut toujours en vain,
Méhul avait beaucoup d'esprit et d'instruc-
tion; sa conversation était intéressante. Son
caractère, mélange heureux de finesse et de
'1) On sait qaellcséuient les prévenlionsdeNapolécn
contre Cbérubini.
62
MÉliUL — MEHWALD
bonhomie, de grâce et de simplicité, de sérieux
el d'enjouement, le rendait agréable dans le
monde. JNéannioins, il n'était pas heureux :
toujours inquiet sur sa renommée, sur ses suc-
cès, sur le sort de ses ouvrages dans la posté-
rité, il se croyait environné d'ennemis conju-
rés contre son repos, et maudissait le jour où
il était entré dans la carrière dramatique.
Dans ses moments de chagrin, il se plaisait à
dire avec amertume qu'après tant de travaux,
il ne tenait du gouvernement qu'une place de
quatre mille francs. Il savait cependant que
la moindre sollicitation de sa part lui aurait
procuré des pensions et des emplois lucratifs;
mais il ne demanda jamais rien : il voulait
qu'on lui offrît.
Son opéra de Falentine de Milan ne fut
représenté qu'en 1822, cinq ans après sa mort.
Il avait été terminé par son neveu M. Daus-
soigne , aujourd'hui directeur honoraire du
Conservatoire de Liège, qui avait été aussi son
élève. Tous les littérateurs et les musiciens qui
avaient travaillé pour l'Opéra-Comique assis-
tèrent à la première représentation de cette
pièce, pour rendre hommage à la mémoire du
chef de l'école française. Ils étaient au balcon
et se levèrent tous lorsque le buste de Méhul
fut apporté sur la scène et couronné par les
acteurs. Ce ne fut pas seulement en France
qu'on rendit des honneurs à ce grand musi-
cien ; l'Académie royale de Munich avait déjà
fait exécuter un chant funèbre en son honneur
dans une de ses séances, et les journaux de
l'Allemagne s'étaient empressés de donner à
son talent les éloges qu'il méritait à tant de
titres.
Outre les opéras cités précédemment, Méhul
avait composé : Bypsipile, reçu à l'Opéra, en
1787; jirminius, idem, en 1794; Scipion^
idem, en 1795; Tancrède et Clorinde, idem,
en 1796; Sésostris; Agar dans le désert.
Aucun de ces ouvrages n'a été représenté. Il
en fut de même de la tragédie iVŒdipe roi,
pour laquelle il avait écrit une ouverture, des
entr'actes et des choeurs. On lui doit aussi la
musique de quatre grands ballets, le Jugement
de Paris (1795); la Dansomanie (1800); le
, Retour d'Ulysse (1809); Persée et Jndro-
mèrfe(1811); un opéra de circonstance, inti-
tulé : le Pont de Lodi (1797) : le petit
opéra comi(|ue de : la Toupie et le Pa-
pillon, joué au théâtre Montansier, dans la
même année, elles ffiissites, mélodrame, re-
présenté au théâtre de la Porte-Saint-Marlin,
en 1804. Il a aussi travaillé au Baiser et la
Quittance, opéra comique, en collaboration
avec Berton, Kreutzer et Nicolo Isouard, ainsi
qu'à l'Oriflamme , grand opéra de circon-
stance, avec Berton, Paer et Kieulzer. Enfin,
Méhul a écrit une multitude d'hymnes, de
cantates et de chansons patriotiques pour les
fêtes républicaines, entre autres : le Chant
du départ, le Chant de victoire, le Chant du
retour et laChanson de Roland pour la pièce
de circonstance, intitulée: Guillaume le Con-
quérant; de plus, une grande cantate avec
orchestre, pour l'inauguration de la statue de
Napoléon dans la salle des séances publiques
de l'Institut. Ce dernier ouvrage a été gravé
en grande partition. Les opéras écrits par
Méhul sont au nombre de quarante-deux.
Cet artiste célèbre a lu, dans des séances
publiques de l'Institut, deux rapports dont il
était auteur; le premier ^ur l'état futur de
la musique en France; l'autre. Sur les tra-
vaux des élèves du Conservatoire à Rome.
Ces deux morceaux ont été imprimés dans le
cinquième volume du Magasin encyclopé-
dique (Paris, 1808). M. Vieillard, ami intime
de Méhul, a écrit une notice biographique
remplie d'intérêt sur ce grand artiste : elle a
été imprimée à Paris, en 1839, in-12 de
36 pages; Quatremère de Quincy en a lu une
autre dans la séance publique de l'Académie
royale des beaux-arts de l'Institut (octobre
1818), à Paris, imprimerie de Firmin Didot,
1818, in-4'>.
MEH\^^ALD (Frédéric), et non MEY-
WALD, comme il est écrit dans le Lexique
universel de musique publié par le doc-
teur Schilling, est né enSilésie, vers 1802. Il
a fait ses éludes au Gymnase catholique de
Breslau, et dans le même temps a été employé
comme premier dessus au chœur de l'église
cathédrale de cette ville, où il apprit la mu-
sique, le chant et la composition sous la di-
rection de Schnabel. Vers 1823, il a été ap-
pelé à Inner, en Silésie, pour y remplir les
fonctions de chantre de l'église paroissialeca-
Iholique et d'organiste; mais il a quitté cet em-
ploi pour retourner à Breslau, où il se livre à
l'enseignement. Il a publié quelques cahiers
de chants à voix seule et à plusieurs voix, à
Bieslau, chezLeukart, el on lui doit une bonne
biographie de son maître Schnabel, publiée
sous ce titre : Biographie Hernn Joseph-
Ignatz Schnabel's, JFeilund kœnigl. Uni-
versîtxts-Musikdireclors , Domkapellmeis-
ters, Lehrers an katolischen Seminario, etc.;
Breslau, 1851, deux feuilles in-8'> avec le
portrait de Schnabel. M. Mehvvald a été ré-
dacteur de la Gazette musicale de Silésie, qui
MEHWALD — Mtl
ty
a été publiée dans les années 18ô5 et 1834, à
Bieslau, chez Crantz.
MEI (Jérôïe), noble florentin, savant dans
les langues grecque et latine, dans la philo-
sophie, les mathématiques et la musique,
naquit vers le milieu du seizième siècle, et fil
ses études sous la direction de Pierre Veltori,
à qui il a dédié son traité de Modis musicis.
Il fut membre de l'Académie deî Piano, sous
le nom de Decimo Corinello da Peretola.
Aussi bizarre qu'érudit, il se montra toujours
peu sociable {voyez Negri, Jsloria de' Fio-
renlini scrittori, p. ôOô). Une lettre inédite
du P. Mersenne, datée du jour de la Purifica-
tiou de l'année IGôo, et que j'ai extraite de la
collection de Peiresc (Bibliothèque impériale
de Paris) pour la publier dans la Revue mu-
sicale (ann. 1832, p. 249 et suiv.), contient un
passage où il est dit que Mei était mort depuis
peu ; Mersenne tenait ce renseignement de
J.-B. Boni. Il y a à ce sujet une diflîculté
assez grande; car Possevin, qui écrivait sa
Bibliothèque choisie vers 1593, parle de Jé-
rôme Mei comme d'un homme qu'il connais-
sait bien, et dit qu'il avait alors environ
soixante-dix ans [In argumentolib. XF Bi-
bliothec3E selectée, p. 215, t. II). En supposant
que par les mots mort depuis peu Mersenne
entende depuis dix ans, Mei aurait cessé de
vivre à l'âge de près de cent ans : ce qui, au
surplus, n'est pas impossible. Il est bon de re-
marquer que l'assertion de Possevin s'accorde
avec le temps où Mei a pu étudier sous la di-
rection de Veltori. M. Cafli (voyez ce nom)
semble attribuer à Mei (dans son Histoire de
la musique de la chapelle de Saint-Marc de
f'enise, t. I, p. 216) les lettres publiées sous
le pseudonyme de Braccino da Todi, contre
les inventions musicales de Monleverde {voyez
ce nom) : s'il en était en effet l'auteur, il se-
rait mort postérieurement à 1608, car la
deuxième de ces lettres fut imprimée à Venise
dans cette même année {voyez Braccino). Au
reste, je ne connais aucun témoignage con-
temporain qui confirme celle conjecture. Mei
est connu des philologues par ses travaux sur
la Poétique et sur le traité de la République
«l'Arislole, et par des corrections faites à
VJgamemnon d'Eschyle. Il a écrit un traité
intitulé : Consonanliarum gênera, qui se
trouve en manuscrit à la Bibliothèque du Va-
tican. Il y traite des espèces et des genres de
consonnances suivant les doctrines des an-
ciens et des modernes. Pierre Del Nero a tra-
duit en italien et abrégé ce même ouvrage
qu'il a publié sous ce litre : Discorso sopra
la musica antica e moderna^ Venetia, 1002,
in-4". Draudius en cite une édition antérieure
publiée à Venise, en 1600, oppressa Giotli.
in-4» {Bibliot. exotica); mais il faut se tenir
en garde contre les fautes de ce bibliothécaire.
Negri {loc. cit.) et d'après lui plusieurs biblio-
graphes ont cité aussi un autre livre dont il est
auteur, et qui a pour titre : Traclatus de
Jlodis musicis, ad Pelrum Fictorii prx-
ceplorem; mais aucun d'eux n'indique où se
trouve cet ouvrage. Je puis fournir à cet égard
un renseignement plus positif, car ce traité
est en manuscrit à la Bibliothèque impériale
de Paris (n" 7209, in-fol.), sous le titre de
Tractatus de Musica. Il contient cent quatre-
vingt-quinze pages , est divisé en quatre
livres, et commence par ces mots : Quod tibi
perjucundum futurum putavi, eo libentius
totam hanc, P'iclori , de Modis musicis,
quxstionem explicandam suscepi, etc. Ce
traité est relié avec un autre en langue ita-
lienne, intitulé : Traltato di musica fatto
dal signor Hieronymo Mei gentiluomo fio
rentino, et qui commence ainsi : Corne po-
tesse tanto la musica appresso gli anlichi.
Ce n'est pas la traduction de Pierre Del IVero
qui a été imprimée à Venise. Enfin, dans le
même volume, on trouve un autre traité de
Mei Del verso toscano, en cent cinquante et
une pages in-folio. Ce dernier ouvrage est
étranger à la musique. Tout ce qui concerne
Mei et ses ouvrages a été à peu près inconnu
des bibliographes.
MEI (Horace), né à Pise, en 1719, eut pour
maître de composition le célèbre Jean-Marie
Clari, et devint excellent organiste et bon com-
positeur. Ses études terminées, il obtint la
place d'organiste à l'église cathédrale de Pise
et la conserva jusqu'en 1763. A cette époque,
il fut appelé à Livourne pour y remplir les
fonctions de maitrede chapelle de la cathédrale.
Il est mort en cette ville, au mois d'octobre
1787, à l'âge de soixante-huit ans. Le carac-
tère sérieux, mélancolique et timide de cet
artiste ne lui permit pas de se faire connaître
de ses contemporains comme il aurait dû
l'être; mais depuis sa mort, les copies qui se
sout répandues de ses ouvrages l'ont signalé
comme un homme de rare talent. Ses fugues
pour l'orgue et le clavecin méritaient d'être
publiées comme des modèles pour les jeunes
organistes. On connaît de lui : 1» La Circon-
cision, oratorio à quatre voix et instruments.
2" Douze messes concertées à quatre et cinq
voix, avec instruments. 5° Deux messes solen-
nelles à quatre voix, orgue et orchestre.
64
MEl — MEIBOM
4" Douze messes brèves à quatre voix, deux
violons, viole et orgue. 5" Huit messes à cinq,
six et huit voix, a Cappella, avec orgue.
G" Deux messes «le Requiem avec toutes les
j)rières des morts, à quatre voix et orchestre.
7° Stabat mater à quatre voix concertantes et
instruments. Rrause, qui entendit ce mor-
ceau à Livourne, le considérait comme un
chef-d'œuvre et en fit faire une copie. 8» Te
Deum à deux chœurs et orchestre. 9" Des
hymnes, introïts et graduels. 10" Des vêpres à
(luatre, cinq et huit voix concertées avec or-
chestre. 11° Deux suites de litanies à quatre
voix avec orchestre. 12" Des motets à quatre
voix avec accompagnement obligé. 15" Deux
idem à voix seule et orgue. 14" Lamentations
de Jérémie pour la semaine sainte. 15" Can-
tate pour voix de soprano et orchestre, inti-
tulée : La Musica. 16" Trois concertos pour
le clavecin. 17" Six sonates pour clavecin et
violon. 18" Suites de fugues pour l'orgue et le
clavecin. Tous ces ouvrages sont restés en
manuscrit.
31E1 (Raimond), né àPavie, en 1743, a été
longtemps maître de chapelle dans cette ville,
et y a écrit beaucoup de messes et de motets.
En 1776, il s'est établi à Marseille où il se
tiouvait encore en 1812.
MEIBOM ou MEYBAUM, en latin SfEI-
BOMILIS (Mabc), savant philologue, naquit
en 1626, à Tœnningen, dans le duché de Sles-
wig. Moller, qui lui a consacré un long article
dans sa Cimhria LHlerata, n'indique pas où
il a fait ses études. Après les avoir terminées,
il voyagea et habita quelque temps en Hol-
lande où il publia, en 1652, le texte grec de
sept anciens traités sur la musique avec une
version latine et des notes. Il offrit la dédi-
cace de cette collection à la reine de Suède,
Christine, qui l'engagea à se rendre à sa cour
et lui assigna une pension, Bourdelot, méde-
cin de celte princesse, lui suggéra la pensée
de faire chanter par Meibom un des airs de
l'ancienne musique grecque en présence de
ses courtisans; ce savant, dont la voix était
aussi fausse que l'oreille, ne se tira pas trop
bien de cette épreuve. Furieux du ridicule
qu'il s'y était donné, il se vengea par de mau-
vais traitements contre Bourdelot, puis il
s'éloigna de Stockholm et se rendit en Dane-
mark, où le roi Frédéric III l'accueillit avec
bienveillance. La protection de ce prince lui
fit obtenir une chaire à l'université d'Upsal,
et le roi le nomma son bibliothécaire. Cette
position semblait devoir fixer le sort de Mei-
liomj mais par des motifs inconnus, il l'aban-
donna quelques années après, et retourna en
Hollande, où il s'occupa de la découverte qu'il
croyait avoir faite de la forme des vaisseaux à
trois rangs de rames des anciens, se persua-
dant qu'il en pourrait faire adopter l'usage,
et qu'il en retirerait de grands avantages pour
sa fortune; mais il ne trouva, ni en Hollande
ni en France, quelqu'un qui voulût lui acheter
son secret. En 1674, il fit un voyage en An-
gleterre pour s'y livrer à des recherches phi-
lologiques, et dans l'espoir qu'il y pourrait
publier une édition de l'Ancien Testament,
dont il avait corrigé le texte hébreu; mais il
échoua encore dans celte entreprise, et revint
un troisième fois en Hollande plus pauvre
qu'il n'en était parti. Il y passa le reste de ses
jours dans une situation peu fortunée, ne vi-
vant que des secours qu'il recevait des li-
braires : Vers la fin de sa vie, il fut même
obligé de vendre une partie de ses livres pour
subsister. Il mourut à Ulrecht, en 1711, dans
un âge avancé.
Ce savant n'est ici placé que pour ses tra-
vaux relatifs à la musique. Parmi ceux-ci, on
remarque •• 1" Des notes dans la belle édition
(le Vitruve publiée par J. de Laet; Amster-
dam, 1649, in-fol. On y trouve de bonne
choses concernant la musique des anciens;
particulièrement sur l'obscure description de
l'orgue hydraulique donnée parl'auteur latin.
2" Antiqux musicx auctores septem, grxce
et latine, Marcus Meibomius reslituit ac
notis explicavit ; Amsle]odaimi, Ludov. Elze-
virium, 1652, deux volumes in-4". Les au-
teurs dont les traités de musique se trouvent
dans cette collection sont : Arisfoxène, Eu-
clide {Introduction harmonique) , Nico-
maque, Alypius , Gaudence le philosophe,
Bacchius l'ancien et Aristide Quintillien (voyez
ces noms). Meibom y a joint le neuvième
livre du Satyricon de Martianus Capella
{voyez Capella), qui traite de la musique
d'après Aristide. Cette collection, dont l'uti-
lité ne peut être contestée, est un service im-
portant rendu à la littérature musicale par
Meibom. Toutefois son travail a été Iroi»
vanté par des critiques qui n'ont considéré
que le mérite littéraire de l'œuvre. La manie
de ce savant était de voir des altérations dans
les manuscrits, et d'y faire des corrections
qui n'étaient souvent que des conjectures ha-
sardées. C'est ainsi que, d'après ses vues par-
ticulières sur le mètre hébraïque, il fit des
changements considérables dans le texte ori-
ginal de quelques psaumes et d'autres parties
de la Bible ; entreprise qui lui attira de rudes
MEIBOM
65
I
attaques de quelques savants allemands, an-
glais et hollandais. Les mêmes idées l'ont con-
duit à mettre du désordre dans quelques
parties des traités de la musique grecque qu'il
a publiés. On peut voir, aux articles d'Aris-
toxène, d'.\ristide Quintillien et de Bacchius,
des éclaircissements sur quelques-unes de ses
principales erreurs à ce sujet; on consultera
aussi avec fruit les savantes remarques conte-
nues dans un article de Perne sur la musique
grecque, inséré dans le troisième volume de
la Revue musicale (pp. 481-491). Pour ne
citer qu'un fait qui pourra donner une idée de
la légèreté portée par Meibom dans certaines
parties de son travail, il suffit de dire qu'ayant
trouvé, dans le premier livre du traité d'Aris-
tide, une série de caractères de musique anté-
rieure à la notation attribuée à Pylhagore,
dont on trouve l'exposé dans le livre d'Aly-
pius, et n'ayant pu en trouver l'explication,
il s'est, suivant son habitude, élevé contre les
fautes des copistes, et a substitué à cette an-
tique notation celle d'Alypius. C'est à Perne
qu'on doit celte observation. 3° De Propor-
tionibus dialogus ; Copeahague, 1C55, in-fol.
Dans ce dialogue sur les proportions, les inter-
locuteurs sont Euclide, Archimède, Apollo-
nius, Pappus, Eutoclus, Théon (d'Alexandrie)
et Hermotime. Meibom y traite, entre au-
tres choses, des proportions musicales, d'après
la doctrine des anciens, dont il rapporte en
plusieurs endroits les textes avec une version
latine. Mais il n'a pas toujours saisi ie sens de
cette doctrine : ainsi, il s'égare complètement
(p. 77) dans l'analyse de la valeur réelle du
comma |^, et suivant son habitude il pro-
pose, en plusieurs endroits de son livre, des
corrections inadmissibles dans certains pas-
sages dont il avait mal saisi le sens. Il avait
attaqué dans cet ouvrage la latinité d'un livre
de Guillaume Lange, professeur de mathé-
matiques à Copenhague : celui-ci répondit
par une critique solide des erreurs de Mei-
bomius, dans son Traité intitulé : Deverila-
tibus Geometricis Libri II , quorum prior
contra Scepticos et Sextum Empiricum, pos-
terior autem contra M. Meibomii disputât. ;
Copenhague, 1C56, in-4"'. Ce livre est suivi
d'une lettre à Meibom que celui-ci fit réim-
primer avec une réponse remplie de gros-
sièretés, où il dit en plusieurs endroits que
son adversaire l'a calomnié impudemment.
La lettre de Lange avec la réponse de Mei-
bom a été publiée sous ce titre : Tf'ilhelmi
jMngii epistola. accessit Marci Meibomii
responsio; Copenhague (sans date), in-fol. de
BIOGR. UMV. DES XCSICIE.'fS. T. VI.
quarante-huit pages en quatre-vingt-seize co-
lonnes. Ce morceau est ordinairement ajouté
aux exemplaires du Traité des proportions.
Le P. Fr.-Xav. Aynscom, jésuite d'Anvers,
fit aussi paraître, dans le même temps, une
réfutation de ce livre : elle avait pour litre :
Libellum de natura rationum , contra
M. Meibomium ; Anvers, 1653, in-4"». Meibom
ne traite pas mieux cet adversaire que Lange
dans sa réponse à celui-ci, car il en parle en
ces termes (col. 9) : Tux et Jesuitx slupi-
dissimi impudentix atque ignorantis di-
calo, toti literato orbi ante oculos ponam.
Mais il trouva dans "Wallis un adversaire plus
redoutable qui, examinant ses erreurs en ma-
thématicien de premier ordre et en helléniste
consommé, le pressa de raisonnements et de
citations sans réplique dans un écrit intitulé :
Tractatu elenchtico adversus Marci Meibo-
mii Dialogum de proportionibus; Oxford,
1637, in-4''. Cet écrit a été réimprimé dans
le premier volume des oeuvres mathématiques
de Wallis (Oxford, 1693, quatre volumes in-
fol.). Jamais l'illustre savant ne s'écarte des
règles de la plus stricte politesse dans sa cri-
tique : la seule expression un peu vive qu'on
y remarque, après avoir rapporté les opi-
nions erronées de Meibom concernant l'in-
tervalle minime de musique appelé Zimmo,
est que ce sont absolument des rêveries :
Omnino sommasse videtur (Wallis, Opéra,
t. I, p. 26-3). Il termine aussi par cette propo-
sition accablante : Falsa denique sunt ea
omniaquz, in suo de Proportionibus Dia-
logo, noveprotuJit Meibomius (p. 288). Mei-
bom comprit qu'il ne pouvait lutter contre
un pareil athlète : il garda prudemment le si-
lence.
Moller place parmi les écrits inédits de Mei-
bom (Cimbria Literata, t. III, fol. 451) :
1" Le Traité des harmoniques de Plolémée,
en grec, avec une version latine et des notes.
2» Les éléments harmoniques de Manuel
Bryenne, texte grec, version latine et annota-
tions, ô" Le dialogue de Plutarque sur la mu-
sique, idem; mais il n'avait d'autre autorité
pour l'existence de ses écrits que ce que Mei-
bom en dit lui-même dans la préface de son
recueil des sept auteurs grecs, cité précédem-
ment, et dans sa lettre à Gudius sur les écri-
vains de musique. Il y a lieu de croire que ces
ouvrages, ainsi que le travail sur la seconde
partie de Bacchius {voyez ce nom) et le traité
grec anonyme sur le rhylhme, qu'il avait éga-
lement promis, n'étaient qu'en projet, car
I parmi les manuscrits qu'on a retrouvés dans
5
66
MEIBOM - ME 1ER
ses papiers, il ne s'en est rien rencontré. Pos-
térieurement, Wallis a publié de bonnes édi-
tions des Harmoniques de Plolémée, du com-
mentaire de Porphyre sur ces harmoniques,
du Traité de Manuel Bryenne (voyez WaLus),
et Burette {voyez ce nom) a publié !e texte du
dialogue de Plutarque avec une traduction
française et beaucoup de noies excellentes.
On a de Meibom un petit écrit intitulé :
Epislola de Scriptoribus variis musicis, ad
Marquardum Gudium. Cette lettre, datée du
14 avril 1C67, a été insérée dans le recueil des
Épitres de Gudius publié à Utrecht, en 1697
(p. 36).
MEIEll ( Frkdéuic-Sébastien ) , né le
5 avril 1773, à Benedict-Bayern, était fils
d'un jardinier. Destiné par ses parents à l'état
monastique, il alla faire ses humanités à Mu-
nich, et y apprit la musique comme enfant de
choeur; puis il fut envoyé à Salzbourg pour y
suivre un cours de philosophie. Mais le goût
de la vie d'artiste s'était emparé de lui et lui
faisait négliger ses études scientifiques. Il
jouait de plusieurs instruments et y trouvait
des ressources, en faisant sa partie dans les
orchestres de danse. A l'âge de dix-huit ans,
il débuta au théâtre de Munich ; parcourut en-
suite une partie de l'Allemagne avec une
troupe de comédiens ambulants, et enfin entra
au théâtre de Schikaneder, à Vienne, vers la
fin de 1793. Longtemps il y brilla dans les
rôles de première basse. Plus tard, il réunit à
cet emploi celui de régisseur en chef du
théâtre, et profita de l'influence que lui don-
nait cette place pour opérer un changement
dans le goût du public, en faisant représenter
les plus beaux opéras de Chérubini, de Méhul,
de Berlon et d'autres célèbres compositeurs
français : ce fut lui aussi qui, dans ses con-
certs, fit entendre à Vienne pour la première
fois quelques-uns des oratorios de Hœndel.
A l'époque de la réunion des trois théâtres
principaux de la capitale de l'Autriche ,
Meier entra au théâtre de la cour; mais
lorsque M. de Metternich y appela l'opéra ita-
lien, le chanteur allemand comprit qu'il ne
pouvait lutter avec son ancien répertoire
contre la vogue des opéras de Rossini, ni
contre des chanteurs tels que Lablache; il
demanda sa retraite et obtint la pension qu'il
avait méritée par de longs services. Déjà il sen-
tait les premiers symptômes d'uneossification
du larynx, qui fit de rapides progrès et le mit
au tombeau, le 9 mai 1835.
MEIFRED (Joseph-Émile), né le 23 oc-
tobre 1793, apprit dans sa jeunesse la musique
et le cor, et fut d'abord élève de l'école des
arts et métiers de Châlons. Il était déjà âgé
de vingt et un ans lorsqu'il se rendit à Paris et
entra au Conservatoire, où il fut admis comme
élève, le 20 juin 1815. Il y reçut des leçons de
Dauprat. Peu de temps après, il entra à l'or-
chestre du Théâtre-Italien comme second cor;
mais, en 1822, il abandonna cette place pour
entrer à l'orchestre de l'Opéra. Il était aussi
cor basse à la chapelle du roi lorsqu'elle fut
supprimée après la révolution de 1830. Lors-
que le cor à pistons fut introduit en France,
M. Meifred perfectionna cet instrument en
ajoutant de petites pompes particulières aux
tubes qui baissent l'instrument dans le jeu des
pistons, et en appliquant ces pistons aux
branches de l'instrument au lieu de les placer
sur la pompe, afin de donner à celle-ci plus
de liberté, et de conserver les tons de re-
change. Il fit exécuter ces perfectionnements
en 1827, par Labbaye, facteur d'instruments
de cuivre à Paris. L'étude spéciale que
M. Meifred avait faite des ressources du cor à
pistons, lui fit obtenir, en 1835, sa nomina-
tion de professeur de cet instrument au Con-
servatoire pour la formation de cors-basses
nécessaires aux orchestres. Il occupe encore
(1861) cet emploi, ainsi que celui de chef de
musique de la troisième légion de la garde
nationale de Paris. Cet artiste a publié :
1» Douze duos faciles pour deux cors, op. 1 ;
Paris, Zeller. ^° De l'étendue, de l'emploi et
des ressources du cor en général, et de ses
corps de rechange en particulier, avec quel-
ques considérations sur le cor à pistons;
Paris, Launer, 1829, in-4''. 3" Mélodies en
duos faciles et progressifs pour deux cors ;
Paris, Brandus. 4° Méthode pour le cor à
deux pistons, à l'usage du Conservatoire de
Paris; Paris, Richault. 5» Méthode de cor
chromatique à trois pistons; ibid.-, 6° Notice
sur la fabrication des instruments de cuivre
en général, et sur celle du cor chromatique
en particulier ; Paris, de Soye et C"", 1851,
in-8>' de 16 pages avec 2 planches. 7° Quel-
ques mots sur les changements proposés pour
la composition des musiques d'infanterie.
Paris, 1852, in-16 de 14 pages (Extrait du
journal la France musicale). M. Meifred a pris
part à la rédaction de la critique musicale
dans plusieurs journaux. On a publié de lui
trois opuscules en vers sous les litres sui-
vants : 1" Commentaire du chantre Jérôme
sur la première représentation des Hugue-
nots, opéra (Paris), 1836, in-S». 2» foijage
et retour, silhouette en vers, à l'occasion du
MEIER - MEILAND
67
banquet donné à ffabeneck aîné, par les ar-
tistes de l'orchestre de l'Opéra, le 20 juil-
let 1841. Paris; 1841, iii-8». 3" Le Café de
l'Opéra. Poëme didactique {en vers libres),
dédié aux amateurs du jeu de dominos;
Paris, 1832, in-8» de trente-deux pages. Ces
trois écrits "sont attribués à M. Meified par
Quérard (France littéraire, t. VI, p. 19), et
par les auteurs de la Littérature française
contemporaine {t. V., p. 355).
MEILAI^D l Jacques), et non MEYLA?iD,
comme récrit Samuel Grosser, dans ses Cu-
riosités de la Lusace (1), ni MAILA^iD ou
MA YLAND, variantes données par les Lexi-
ques de Schilling, de Gassner et de Bernsdorf,
fut un compositeur allemand de mérite. Il na-
quit en 1542, à Senflenberg, dans la Haute-
Lusace, et non dans la Misnie, comme le pré-
tend Nicodème Frischlin (2). Il fit ses éludes
musicales, comme enfant de chœur, dans la
chapelle électorale de Dresde. Ayant été
nommé maître de chapelle de la petite cour
d'Anspach, il obtint de son maître la permis-
sion de faire un voyage en Italie, visita Rome
et Venise, et y étudia le contrepoint sous la
direction des meilleurs maîtres. De retour à
Anspach, en 1563, il publia dans Tannée sui-
vante son premier ouvrage, composé de mo-
tets, sous ce titre : Cantiones sacras quinque
et sex vocum, harmonicis numeris in gra-
tiam musicorum compositx et jam primum
in lucem edits; Noribergx, excudebat Ul-
ricus Neuberus et hxredes Joan. Montani,
1564, in-4» obi. Ce recueil, qui renferme
douze motels à cinq voix, et cinq à six voix,
a été inconnu à tous les biographes et biblio-
grai)hes : il s'en trouve un exemplaire dans la
Bibliothèque de Leipsick. On a cru qu'il entra
au service du landgrave de liesse, lorsqu'il eut
obtenu son congé du landgrave d'Anspach, en
1575, et qu'il mourut à Cassel, en 1607. Je
me suis conformé à ces renseignements dans
la première édition de cette Biographie des
musiciens ; mais ils sont inexacts. L'erreur
provient de ce qu'il a dédié un de ses ou-
vrages, en 1575, à Guillaume, landgrave de
Hesse, parce que ce prince posséda e.i com-
mun le duché de Brunswick avec Guillaume,
lils d'Ernest, duc de Zell et de Lunebourg, au
service de qui Meiland était entré, après avoir
quitté la cour d'Anspach. Il semble que Mei-
land n'alla pas directement d'Anspach à Zell,
et qu'il vécut quelque temps à Francfort où il
(1) Lnusitzitchen MerkwSrdiglceiten, \>3rt IV, p. 179.
(2) Oraliones insignioret atiquot. Strasbourg, 1601$,
a publié plusieurs ouvrages. M. de Winter-
feld croit que, dans ses dernières années, il ne
fut que simple cantor (voyez Des Evang.
Kirchengesang , t. I, p. 339-340). Ce ne fut
donc pas à Cassel, mais à Zell, ou Celle (au-
jourd'hui dans le royaume de Hanovre), que
Meiland mourut, non en 1607, comme le dit
Samuel Grosser, ni en 1592 ou 1593, suivant
les Lexiques de Schilling et de Gassner, mais
en 1577, à l'âge de trente-cinq ans. Ces ren-
seignements positifs sont fournis par la pré-
face d'Eberhard Schell, de Dannenberg (Ha-
novre), éditeurde l'oeuvre posthume de Meiland
intitulé : Cygnes Cantiones latins et ger-
mon ic s.
Après l'œuvre de motets publié à Nurem-
berg, en 1564, on ne trouve plus de composi-
tions de SIeiland publiées avant 1572; il est
vraisemblable cependant qu'il n'est pas resté
huit années sans publier quelque ouvrage dont
l'existence a été ignorée jusqu'à ce jour.
Quoi qu'il en soil, j'ai trouvé à la Bibliothèque
royale de Berlin (fonds de Pœlchau)un recueil
de motels de cet artiste, intitulé : Sélects
cantiones quinque et sex vocum ;Noribergx,
1572, cinq volumes petit in-4». Aucun bio-
graphe ou bibliographe n'a connu cet ouvrage,
après lequel viennent ceux-ci : 3» Cantiones
sacrs quinque et sex vocum; Nuremberg,
1573, cité par Walther. On y trouve dix-huit
motets. A" XXXIII Motetten mit deutschen
auch lateinischen Text; Francfort , chez
Sigmund Feyerabend, 1575, in-4'' obi. C'est
cet ouvrage qui est dédié à Guillaume, mar-
grave de Hesse. On y trouve dix-neuf motels
latins et quatorze motels allemands. M. de
Winterfeld en a extrait un morceau à cinq
parties sur une mélodie populaire du quinzième
siècle, et l'a publié en partition parmi les
exemples de musique de son important ou-
vrage sur le chant évangélique (t. I*^"", n» 43).
5» XVIII weltliche teutsche Gessnge von
4 und 5 Stimmen (Dix-huit chansons alle-
mandes et mondaines à quatre et cinq voix) ;
Francfort, de l'imprimerie de Rab et chez
Feyerabend, 1575, in-4'' obi. On trouve à la
Bibliothèque royale de Munich un exemplaire
du même ouvrage avec cet autre titre : IVeue
auserlesene teutsche Gesàng , mit vier und
fiinf Stimmen zu singen, und auf allerley
Inslrumenten zu gebrauchen (Chants alle-
mands nouvellement publiés, pour chauler à
quatre et cinq voix, et pour l'usage de toutes
sortes d'instruments); Francfort, Graben et
Sigmund Feyerabend, 1575, in-4'' obi. Ce re-
cueil offre un intérêt rhyihmique qu'où ne
6S
MEILAND — MEINEKE
trouve pas C/.ez les compositeurs allemands de
cette époque (à l'exception du chant choral),
en ce que toutes les parties sont astreintes à
un rhyllime identique, dont on voit d'intéres-
sants exemples dans les viilanelies de Donati
et dans les œuvres de Croce et de Gastoldi.
. M. de Winterfeld en a extrait un chant à
quatre voix qu'il a publié en partition dans
les exemples de musique (n" 44) de l'ouvrage
cité ci-dessus. G" Sacra; aîiquot vantiones la-
tinx et germanicx qiiinque et quatuor vo-
ctini ; Fraticofurti per Georgîum Corvinum
et Sùjismundum Feyerahend , 1575, in-4''
obi. Ce recueil, qui contient vingt-deux mo-
tets, est à la Bibliothèque royale de Munich.
7° Cantiones aliquot novx, quas vttigo mo-
tetas vacant quinque vocibus composilx ;
quitus adjuncta sunt officia duo de S. Joanne
jEvangelista et Jnnocentibus ; Francofurti
per Georgium Corvinum et Sigismundum
Feyerahend, 1570, in-4'' obi., à la Biblio-
thèque royale de Munich. C'est le même ou-
vrage qui a été reproduit à Erfurt, en 1588,
sous le titre de Harmonix sacrx quinque
vocum. Celte édition se trouve aussi à la Bi-
bliothèque royale de Munich ; je l'ai comparée
avec l'autre et j'ai constaté l'identité de l'œuvre.
8° Cygnex Cantiones latinx et germanicx
Jacobi Meilandi Germant, quinque et qua-
tuor vocibus, in illustrissima aula Cdlensi
(de Zell), paulo anle obitum summa diligen-
tia ab ipsomet composilx. Nunc primum in
ïucem editx opéra et studio Eberhardi Sche-
m Dannenhergii. Cum prxfalione ejusdem;
TFittebergx, excudebat Matthxus Tp'elack,
1590, in-4'' obi. Je possède un exemplaire
complet de cet ouvrage très-rare. Le portrait
gravé en bois de Meiland, dans l'année de sa
mort, se trouve au frontispice de chacun des
cinq volumes. Ainsi qu'on le voit par le titre,
les pièces qui composent ce recueil , au
nombre de vingt-deux, ont été composées peu
de temps avant le décès de l'auteur, c'est-à-
dire dans l'année 1577. Elles consistent en
neuf motets latins à cinq voix, six à quatre
voix, quatre cantiques allemands à cinq voix,
et trois à quatre voix. A la fin de l'ouvrage on
trouve un chant latin et un allemand, tous
deux à cinq voix, avec ce titre : Typographus.
Sequentes cantiones ex psalmo XIII de-
sumptas, atque in honorem Dn. Eberhardi
Schelii, per Petrum Ileinsium Brandebur-
gensem; in Jcademix JFUebergensis templo
ad arcem cantorem, quinque vocibus com-
posilas, ne pagellx vacarent, Inîc adjicere
libenl, vale et fruere. La préface de Schell,
qui est fort longue, est digne des commen-
taires de Mathanasius sur le chef-d'œuvre
d'un inconnu; à l'exception de quelques ren-
seignements sur Meiland, l'éditeur y parle de
tout, sauf de l'ouvrage qu'il publie. Il y est
question d'Aristote, de Cicéron, de Marsile
Ficin, de la j)olitique et des tyrans qui nais-
sent pour le malheur de l'humanité. Le rédac-
teur du catalogue de la musique de la Biblio-
thèque royale de Munich y a inscrit, comme
un ouvrage de Meiland, un fragment intitulé :
Teutsche Gesange mit fiinf und vièr Stim-
men, bei dem fiirstlichen Luneburgischen
Ilofflagear zu Zell {sine loco et anno). 11 n'a
pas vu que ces chants ne sont que la deuxième
partie des Cygnex cantiones dont il vient
d'être parlé.
Walther jious apprend qu'à la sollicitation
de quelques-uns des amis de Meiland, il prit
part à la composition du chant du psautier
allemand de Luther. Gerber pense que le tra-
vail dont il s'agit consistait à mettre le chant
choral à quatre parties; mais M. de Winter-
feld croit que Meiland a écrit seulement quel-
ques mélodies chorales pour le Gesangbuch
de Wolf, publié à Francfort, en 1509.
MEIISCKE (Charles). Foyez ci-après
MEIWEKE.
MEIIXDRE (L'abbé E.), maître de chapelle
de lacathédraled'Agen,et professeurde chant
ecclésiastique au petit séminaire de cette ville,
est auteur d'un ouvrage intitulé : Méthode
élémentaire et complète pour l'accompagne-
ment du plain-chant. Dijon, 1858, in-12.
MEIINERE (CiiAni.Es). Il y a beaucoup
d'obscurité sur la personne de cet artiste, si
toutefois il n'y en a qu'un seul. Suivant l'i/nj-
versul Lexihon der Tonkunst de Schilling,,
Charles Meineke est un pianiste et organiste,
né en Allemagne, qui, en 1830, occupait la
position d'organiste à l'église Saint-Paul de
Baltimore, dans les États-Unis d'Amérique.
C'était alors, dit le rédacteur de l'article, un
homme d'environ quarante-cinq ans. Jus-
qu'en 1810, il avait vécu en Allemagne, mais,
en 1822, il était déjà à Baltimore, et il avait
fait exécuter, en 1823, un 2'e Z>ffum pour voix
solo avec chœur et accompagnement d'orgue;
cet œuvre avait été publié à Philadelphie.
Enfin, avant d'arriver en Amérique, M. Mei-
neke avait vécu quelque temps en Angleterre.
De iilus, il avait publié en Allemagne des
œuvres diverses {)0ur le piano et pour l'orgue.
D'autre part, on lit dans la trente sixième an-
née de la Gazette générale de musique
(p. 57-58) une notice sur la situation de la
MEINEKE — MEISSNER
musique à Oldenbourg, datée de cetlc ville, le
10 décembre 18ôô, oii l'oo voit que M. Polt,
maître de concert et élève de Kiesewetler et
«le Spohr, venait de prendre la direction de la
société de chant qui, jusque-là et pendant
douze ans, avait été dirigée par M. Meineke,
organiste et, précédemment, musicien de
chambre (Tf'ekher (Singverein) hier seit
ztcœlf Jahren, bis jetzt unter Leilung des
J/rn. Organislen, friiher Kammermusikus,
JVeineke besteht). Or, le prénom de cet orga-
niste d'Oldenbourg est aussi Cari (Charles)
sur les morceaux de sa composition, et en par-
ticulier sur une messe à quatre voix et orgue,
publiée à Leipsick. Il est évident qu'il ne peut
y avoir identité entre l'organiste deBaltimore,
habitant cette ville depuis 1822 jusqu'en 18-30,
et l'organiste d'Oldenbourg, qui y dirige une
société de chant depuis 1821 jusqu'en 18-33,
Lien que tous deux aient les mêmes noms et
prénoms. Je pense que celte confusion ne
provient que d'une faute d'impression au nom
<le Meineke, dans le Lexique de Schilling, et
qu'il y faut lire Meineke; car on trouve dans
la Gazette générale de musique de Leipsick
{ann. 1823, p. 574) l'analyse d'une composi-
tion qui a pour titre : ^ Te Deum, in four
f'ocal-PartSy ivith an, accomp. for the Or-
gan or Piano- forte, comp. by C. Meineke^
Organist of St. Paul's church Baltimore;
Baltimore, publ. by John Cole. Bien que
l'adresse de l'éditeur soit ici à Baltimore, on
voit dans l'analyse que l'ouvrage a été gravé
à Philadelphie. Il résulte de cet éclaircisse-
ment que tous les ouvrages publiés en Alle-
magne sous le nom de Meineke (C) appar-
tiennent à l'organiste d'Oldenbourg. On
connaît de cet artiste : 1° Six chajisons maçon-
niques pour voix solo avec chœur d'hommes et
accompagnement de piano; Offenbach, An-
dré. 2" Messe à quatre voix et orgue, op. 23;
Leipsick, Siegel. 3» Variations pour le piano,
sur divers thèmes; op. 12, Leipsick, Peler* ;
op. 13, Bonn, Simrock; op. 14, Mayence,
Scholt; op. 20, Leipsick, Kistner. 4" Gammes
et préludes pour le piano, dansions lestons;
OITenbach, André; chants détachés à voix
seule, avec piano; quelques pièces d'orgue.
MEINEllS (...), fils d'un employé du
gouvernement autrichien à Milan, a fait ses
•études musicales au Conservatoire de cette
ville. Comme premier essai de son talent, il a
c'crit, en 1841, le second acte de l'opéra /"ran-
cesca di Rimini. Dans l'année suivante, il
donna, au ihéàlrede la Scala, à Milan, il Di-
serlore Siizzero. dans lequel le public re-
marqua plusieurs beaux morceaux qui le
firent considérer comme un artiste d'avenir.
Cependant rien n'est venu justifier deiniis lors
les espérances que son début avait fait naître.
En 184G, M. Meiners a été nommé maître de
chapelle de la cathédrale de Verceil. Il parait
n'avoir écrit, depuis lors, que de la musique
d'église.
Un autre compositeur du même nom
{G. de Meiners), amateur de chant à Dresde,
s'est fait connaître par des chanls [)our quatre
voix d'hommes, et par des Lieder à voix seule
avec accompagnement de piano, au nombre
d'environ huit recueils. Ces ouvrages ont été
publiés depuis 1852 jusqu'en 1840. Depuis
plus de vingt ans (1861), il n'a rien paru de
31. de Meiners, ce qui peut indiquer que cet
amateur est décédé.
MEOEUT (Jean-Henhi), fadeur d'or'-
gues à Lahn, vers le milieu du -dis-huitième
siècle, a construit, en 1746, celui de l'église
évangéiique de Freystadt, composé de cin-
quante-trois jeux; en 1748, celui de Ilerms-
dorff, de vingt-six jeux; en 1733, un bon in-
strument de trente-six registres à Goldberg,
et vers le même temps un autre à HarpesdorlT,
de vingt-six jeux.
MEIS3iER (Joseph), chanteur distingué,
naquit à Salzbourg, dans la première moitié
du dix huitième siècle. Dans sa jeunesse, il
visita l'Italie, y apprit l'artdu chant, et brilla
sur les théâtres de Pise, de Florence, de Xa-
ples et de Rome, puis retourna en Allemagne
et chanta avec succès à Vienne, Munich, Wurz-
bourg, Slutlgard, Cologne et Liège. De retour
à Salzbourg, il y entra au service de l'arche-
vêque; mais, en 1737, il fit un second
voyage en Italie et chanta à Padoue et à Ve-
nise. Dans l'étendue extraordinaire de sa voix,
ce chanteur réunissait les sons graves de la
basse aux sons les plus élevés du ténor.
MEISS3fEU (PuitipPE), virtuose clari-
nettiste, naquit le 14 septembre 1748, à Burg-
preppach, dans la Franconie. A l'âge de sept
ans, il commença ses études au collège de
AVurzbourg et y montra de rares dispositions
pour la musique, particulièrement pour la
clarinette. Lorsqu'il eut atteint sa douzième
année, son père consentit enfin à lui donner
un bon instrument, et le confia aux soins de
Ilessler, clarinettiste de la cour. Dès ce mo--
ment, le jeune Meissner se livra avec ardeur à
l'étude, et qua're ans lui suffirent pour être en
état de se faire entendre devant le prince, à
Wurzbourg. Il reçut en récompense une
somme considérable pour v9yagcr. et se mit
70
MEISSNER — MEISTER
en route au mois de mai 17C6, se dirigeant
vers Mayence, Manheim, Bruchsal et Stras-
bourg. Arrivé dans cette dernière ville, il y
fut attaché au service du cardinal, prince de
Kohan qui, bientôt après, le conduisit à Paris.
La clarinette était alors peu connue en
France : Meissner, quoique fort jeune, eut la
gloire de faire comprendre aux musiciens
français les beautés de cet instrument, et les
ressources qu'on en pouvait tirer dans l'in-
strumentation. Plusieurs fois il se fit entendre
avec succès au Concert spirituel et à celui des
amateurs. Gerber dit que Meissner fut alors
attaché à l'Opéra : c'est une erreur, car il n'y
eut de clarinettes fixées dans l'orchestre de ce
théâtre qu'en 1773, et les deux artistes qu'on
engagea pour cet instrument étaient deux
musiciens allemands, nommés Ernst et Scharf.
Mais Meissner fut engagé par le marquis de
Brancas pour la musique des gardes du corps.
Séduit par les offres avantageuses du prince
Potocki, il consentit à le suivre en Pologne el
quitta Paris avec lui. Arrivé à Francfort, il ne
put résister au désir de revoir sa famille, dont
il était séparé depuis dix ans, et il se rendit à
Wurzbourg, où il arriva au mois de mai 1776.
Ayant appris son arrivée, le prince régnant le
fit venir à sa résidence de Weitshœchheim et
fut si satisfait de son talent, qu'il l'engagea
immédiatement à son service. Depuis celte
époque, l'artiste ne s'éloigna plus de Wurz-
bourg, si ce n'est pour un voyage qu'il fit à
Munich, à Dresde el dans la Suisse. Il se livra
à l'enseignement et forma un grand nombre
d'élèves, parmi lesquels on remarqua quel-
ques artistes distingués tels que Behr, de
Vienne, Gœpfert, les deux frères Viersnickel
et Rleinhaus. On peut donc considérer Meiss-
ner comme un des premiers fondateurs de la
belle école de clarinette qui se distingua au-
trefois en Allemagne. C'est à cette école
qu'appartiennent Béer, mort à Paris, et
M. Bender, directeur de musique du régiment
des guides, en Belgique. Meissner a composé
beaucoup de concertos pour la clarinette, des
quatuors, des airs variés et d'autres pièces de
différent genre. Il a publié : 1" Pièces d'har-
monie pour des instruments à vent, liv. I et II ;
Leipsick, Breitkopf et Hœrtel. 2" Quatuors
pour clarinette, violon, alto et basse, n<"l
et 2; Mayence, Schott. ô" Duos pour deux cla-
rinettes, op. 3; ibid. 4" Idem, op. 4; ibid.
Cet artiste est mort à Wurzbourg, vers la fin
de 1807.
MEISSNER (ArctSTE-GoTTLiEB ou Théo-
phile), né à Bautzen, en 1733, fut d'abord
archiviste à Dresde, puis professeur à Prague.
Il mourut à Fulde, en 1807. On a de lui un
livre intéressant, intitulé : Bruchstuche zur
Biographie J. G. Nauman's (Fragments
pour la Biographie de J.-G. Naumann)^
Prague, 1805-1804, deux volumes in-8".
MEISSONNIER (Antoine), né à Mar-
seille, le 8 décembre 1783, était destiné au
commerce par ses parents ; mais son goût pour
la musique lui fit prendre, la résolution de se
rendre en Italie à l'âge de seize ans. Arrivé à
Naples, il y reçut des leçons d'un maître
nommé Interlandi, tant pour la guitare que
pour la composition. Il y écrivit un opéra
bouffe, intitulé : la Donna corretta, qui fut
représenté sur un théâtre d'amateurs. Après
plusieurs années de séjour à Naples, il rentra
en France, et alla s'établir à Paris oii il a pu-
blié une grande sonate pour la guitare, trois
grands trios pour guitare, violon et alto;
Paris, chez l'auteur; des variations, divertis-
sements et fantaisies pour le même instru-
ment; une Méthode simplifiée pour la lyre
ou guitare (Paris, Sieber), et un grand
nombre de romances. En 1814, il a établi à
Paris une maison de commerce de musique
qu'il a conservée pendant plus de vingt ans.
MEISSONIVIER (Joseph), frère du pré-
cédent, connu sous le nom de 3IEISSON-
IVIER JEUNE, est né à Marseille, vers 1790.
Élève de son frère pour la guitare, il a donné
longtemps des leçons de cet instrument à
Paris, puis y a succédé à un ancien marchand
de musique nommé Corbaux. Depuis 1824^
il a été éditeur d'un nombre considérable
d'œuvres de musique de tout genre. Il a ar-
rangé pour la guitare beaucoup d'airs d'opé-
ras et d'autres morceaux. On a gravé de sa
composition : 1" Trois duos pour guitare et
violon ; Paris, Hanry. 2" Trois rondeaux idem,
ibid. 3" Des recueils d'airs connus pour gui-
tare seule, op. 2 et 4 ; Paris, Ph. Petit. 4» Des
airs d'opéras variés; Paris, Hanry, Ph. Petit,
Dufaut et Dubois, et chez l'auteur. 5» Des re-
cueils de contredanses; îdem, ibid. 6" Deux
méthodes de guitare. Dans son catalogue gé-
néral de la musique imprimée, Whistling a
confondu les ouvrages des deux frères Meis-
sonnier.
Joseph Meissonnier eut un fils qui lui suc-
céda comme éditeur de musique, et qui, après
avoir fait une fortune considérable dans son
commerce, s'est retiré en 1833, à cause de sa
mauvaise santé.
MEISTER (Jeas-Fhédéric), né à Ha-
novre, dans la première moitié du dix-sep-
MEISTER — MEJO
tième siècle, fui d'aboid allaché à la musique
du duc de Brunswick, puis entra au service de
l'évêque de Lubeck, à Eutin, et, enfin, deviat
organiste de l'église Sainte-Marie, à Flens-
bourg. Il mourut en cette ville, le 28 octobre
1697. On a publié'de sa composition : l°Une
suite de morceaux de chant à l'usage des habi-
tants du Holslein, intitulée : Fiirstliche Hol-
stein-Gluckhurgische Mxtsikalische Gemuths-
Behistigungen ; Hambourg, 1693, douze
parties in-fol. 2» RaccoUa di diiersi fiori
musicali per l'organo ossia gravicembalo ,
corne sonate , fug'ie . imitazioni , ciac-
cone. etc.; Leipsick, 1695.
MEISTER (Michel), c<intor à Halle (Saxe),
a donné une édition améliorée du Compen-
dium musicx de Henri Faber, avec la version
allemande de Melchior Vulpius, et y a ajouté
une petite préface, à Leipsick, en 1624, petit
in-8°.
MEISTER (.\tBERT-FRÉDÉRic-Lo€is), lit-
térateur allemand, né en 1724, à "Weichers-
heim, dans la principauté de Hohenlohe, fît
ses éludes à Gœltingue et à Leipsick. Après les
avoir terminées, il fut d'abord instituteur,
puis professeur de philosophie à l'Université
de Gœltingue. Il mourut dans celle position,
le 18 décembre 1788. On trouve dans les nou-
veaux mémoires de la Société royale de Gœt-
lingue (t. II, p. 159 et suiv.) un discours qu'il
prononça, en 1771 , concernant l'orgue hy-
draulique des anciens, intitulé : De Feternm
hydraulo. Ce morceau se fait remarquer par
(le l'érudition et des considérations nouvelles.
On a aussi de ce savant une dissertation sur
l'harmonica, insérée dans le Magasin de Ha-
novre (ann. 1766, p. 59), et dans les iVofjces
hebdomadaires de Hiller (ann. 1766, p. 71),
sous ce titre : Nachricht von einem neuen
musikalischen Instrumente Harmonica ge-
nannt.
MEISTER (Jeax-Georces), organiste de
l'église de la ville, professeur au séminaire
de Hildburghausen et organiste de l'église
principale, né le 30 août 1793, à Gettershau-
sen, près de Heldbourg, dans le duché de
Saxe-Meiningen, est auteur d'un livre qui a
pour titre : FoUstxndige Generalbass-Schuîe
und Einleitung zur Composition. Ein Lchr-
biich zum Selbstttnterricht fur diejenigen,
welche die gesammte theoretisch Kenntniss
und praktische Fertigkeit im Generalbass
erlernen, regelmxssig und mit Leichtigkeit
moduliren und Forspiele und Fantasien
componiren îernen woUen (École complète
de la basse continue et introduction à la
composition. Métho<le pour s'instruire soi-
même, etc.); Ilmenau, Voigt, 1834, in-4'' de
quatre-vingt-dix pages. On a aussi du même
artiste plusieurs cahiers de pièces d'orgue,
parmi lesquels on remarque : 1" Six pièces
d'orgue à l'usage du service divin, op. 11;
Schleusingen, Glaser. 2" Six nouvelles pièces
faciles pour l'orgue ; Cobourg , Reimann.
3" Douze pièces d'orgue d'une moyenne force,
en deux suites ; ibid. L'œuvre quatorzième,
renfermant soixante pièces d'orgue faciles
pour jouer avec ou sans pédale, a été publié
en 1841, à Erfurt, chez Kœrner. Cet éditeur a
inséré des pièces d'orgue de Meister dans les
deuxième et troisième livres de son Postlu-
dien-Buch fiir Orgelspieler; Erfurt, sans
date.
MEISTER (CHARLES-SÉvERi:«),de la même
famille et vraisemblablement fils du précé-
dent, fut d'abord professeur adjoint du Sémi-
naire de Hildburghausen et organiste d'une
des églises de celte ville, puis a été nommé
professeur de musique au séminaire des insti-
tuteurs, à Montabaur. Il occupait déjà cette po-
sition en 1844. On a de cet artiste une petite
méthode pratique d'orgue, à l'usage des com-
mençants, sous ce titre : Kleine practische
P'orschule fiir angehende Orgelspieler, op. 5 ;
Mayence, Schott. Ses autres ouvrages les plus
importants sont: Douze préludes pour l'orgue,
op. 3; Bonn, Simrock; douze idem , op. 4;
Neuwied, Sleiner; Singwseldleinder Kleinenj
collection de chants pour les enfants, op. 2;
Bonn, Simrock. L'œuvre sixième consiste en
Cent soixante cadences et petits préludes
pour l'orgue, dans les tons majeurs et mi-
neurs les plus usiléSj en deux suites ; Erfurt,
Kœrner.
])I£JO (AcGCSTE-GciLLAtsE), directeur de
musique à Chemnitz, est né en 1793, à Nos-
sen, en Silésie. Il commença, son éducation
musicale à Oederan, et l'acheva à Leipsick,
où il fut pendant sept ans attaché à l'orchestre
du concert. Plus tard, il alla s'établir à Do-
manzi, en Silésie, en qualité de directeur de
musique d'une chapelle particulière. Après y
avoir demeuré pendant onze ans, il fut appelé
à Chemnitz, en 1832. On dit qu'en peu d'an-
nées son activité et sa connaissance de la mu-
sique ont fait faire de rapides progrès à l'art
dans cette ville, où il dirige de bons concerts.
M. Mejo est également habilesur la clarinette,
sur le violon et dans la composition. Il a pu-
blié : 1° Variations à grand orchestre; Leip-
sick, Breilkopf et Hîerlel. 2" Plusieurs re-
cueils de danses de difTércnts caractères, à
MEJO - MELCHER
grand orchestre. 5° Des variations en harmo-
nie, n"* 1 , 2, 3, 4 ; ibid. A" Rondo pour cor et
orchestre; ibid. En 1840, il a fait représenter
à Brunswick un opéra intitulé : Der Gang
nach dem Eisenhammer (le Mouvement du
martinet), qui a obtenu du succès.
MELAjXI (Alexandre), né à Pistoie, ou,
suivant d'autres indications, à Modène, d'abord
maître de chapelle à Saint-Pétrone de Bologne
(en 1660), puis maître de chapelle de l'église
Sainte Marie Majeure, à Rome, le 10 octobre
1067, quitta cette place, en 1072, i)onr entrer
en la même qualité à l'église Saint-Louis des
Français. Il occupait encore ce poste en 1082,
car dans le Mercure galant du mois d'octobre
de cette année (deuxième partie, p. 280),
où l'on rend compte d'une messe que le duc
d'Estrées fit chanter dans l'église Saint-Louis,
le 25 août, à l'occasion de la naissance du duc
de Bourgogne on lit : « Le sieur Melani y fit
« entendre One musique excellente et des
« symphonies admirables. « Ce compositeur
vivait encore en 1098, comme on le voit par
la dédicace de son œuvre quatrième, contenant
des Molelti a una, due, tre e cinque voci;
Rome, 1098, in-4''. Melani est connu aussi
])ar divers opéras, dont un représenté à Flo-
rence, en 1681, et à Bologne, au théâtre Mal-
vezzi,en 1097, sous le titre : il Carceriere di
Je medesimo, et qui fut fort applaudi. Le se-
cond opéra de ce maître est intitulé : Amori
di Lidia e Clori : il fut représenté au théâtre
de Bologne, en 1088, et il fut joué de nouveau,
en 1091, dans la villa Bentivoglio di Fog-
gianova nel Bolognese. L'abbé Quadrio, qui
nomme ce musicien (t. V, i». 317), dit qu'il
mit aussi en musique le Ruberlo d'Adimari.
On voit aussi par les livrets de deux oratorios
que Melani en avait composé la musique. Le
premier a pour titre : Giudizio di Salomone.
Oratorio per musica data in luce da Bona-
ventura Aleolti^ min. Convent.; Bologna,
1080, in-12. L'autre est intitulé : Oloferne,
oratorio da recitarsi nella Cappella del cas-
tello di Ferrara, la sera del Natale di N. S. ;
ibid., 1089, in-12. Mais c'est surtout par ses
motets à trois et à quatre chœurs que ce
maître s'est fait connaître. On les trouvait
autrefois en manuscrit dans l'église Sainte-
Marie Blajeure. L'abbé Sanlini possède sous le
nom de Melani : 1» Deux Crucifixus à cinq
voix. 2" Le psaume Dilexi quoniam, à huit
voix. 3» Deux Magnificat, deux Benedictus,
et deux Miserere à huit voix. 4" Les psaumes
Dixit Dominus , Mémento Domine et In
Exila Israël^ à douze voix. 5" Credo, et In
Ferilas mea, à huit voix. G" Deux litanies à
neuf voix. L'œuvre ti'oisièmede Melani a pour
titre : Concerti spirituali a due, tre, e cinque
voci; Roma, Mascardi, 1082.
Malgré les éloges qui ont été donnés à ce
musicien par quelques-uns de ses contempo-
rains, c'était un artiste médiocre, qui écrivait
d'une manière incorrecte, suivant ce que j'ai
vu dans quelques-uns de ses morceaux en par-
tition, chez l'abbé Santini. Un de ses ouvrages
a pour litre : Deleclus sacrarum canlionum
binis, ternis, quaternis quinisque vocibus
concinendus ; Roma:, typis Mascardi, 1073,
in-4''.
MELANI (AiNTOiîiE), musicien italien au
service de l'archiduc d'Autriche Ferdinand-
Charles, a fait imprimer de sa composition :
Sclierzi musicali ossia capricci , e balletli
da suonarsi ad uno, 2 violini e viola;
Inspruck, 1039, in-4".
MÉLANIPPÈDE, poêle - musicien , né
dans l'île de Mélos, l'une des Cyclades, était
fils de Criton, et vivait vers la soixante-cin-
quième olympiade. Plutarque {De Musica) dit
qu'on lui attribuait l'invention du mode ly-
dien; mais d'autres ont accordé l'honneur de
celle invention à un autre musicien nommé
Anthippe {voyez ce nom).
MELCAllINE (Jérôme), surnommé IL
MOINTESARDO, parce qu'il était né dans
le bourg de ce nom (royaume de Naples,dans
la terre d'Otrante) fut maître de chapelle à
Lecce (Calabre), au commencement du dix-
seplième siècle. Il a fait imprimer de sa com-
position : Il Paradiso terrestre con motelti
diversi e capricciosi, a i , '2, 3, 4 e 5 voci ;
Venise, 1019, in-4».
MELCHER (Joseph), directeur de l'Aca-
démie de chant, à Francfort-sur-l'Oder, pia-
niste et compositeur de mélodies vocales, a
commencé à se faire connaître vers 1834. On
a de lui des recueils de Lieder à voix seule,
avec accompagnement de piano, op. 3 {Lieder
et romances de divers poètes) , Eisleben,Rein-
hardt; op. 0 {Lieder et chants), Berlin, Paez ;
op. 7 (trois chants pour soprano ou ténor).
ibid.; op. 9 (trois chants «Zem), Berlin, Ende;
op. 12 (cinq Lieder pour soprano), Berlin,
Bote etBockc;op.l3(chants religieux), Berlin,
Challier; chants à quatre voix, à l'usage des
écoles, op. 8; Berlin, Paez; six chants à
quatre voix, op. 14, en deux suites; Berlin,
Bote et Bocke; chant pour quatre voix
d'hommes, sur un poëme de Uhiand; ibid.
Melcher a publié aussi quelques petites pièces
pour piano.
milIXUErt - î\ii:li,e
MELCIIERT (Jules), professeur de piano,
et composileur pour son instrument et pour le
chant, fix»; à Hambourg, a publié (juclques
petites choses pour les pianistes amateurs,
tels que deux rondeaux agréables, op. 7;
Hambourg, Crauz; deux morceaux de salon,
op. 11; ibid.; valse d'^deVuWe; ibid. ; mais
c'est surtout par ses compositions pour le
chant qu'il s'est fait une honorable réputation
en Allemagne. On remarque parmi ses ou-
vrages de ce genre : 1» Liederkranz (collec-
tion de Lieder), en deux suites, pour voix
seule avec piano, op. 3; Hambourg, Nie-
meyer. 2"Deux potfmes deReinick, pour con-
tralto et piano, op. 10; ibid. 3" Quatre
Lieder pour baryton, op. 22, ibid. 4» Trois
Lieder pour soprano, op. 27; ibid.; et une
multitude de chants détachés, dont la Nuit,
pour ténor, op. 17, ibid. ; le Chant du prin-
temps, pour soprano, op. 21, ibid; .Varia,
de Novalis, op. 2G; ibid. Melchcrt a publré
aussi des chants à quatre voix; ibid.
MELDEUT (Léonard), musicien belge, né
dans la province de Liège, vers 1335, a fait un
voyage en Italie. Pendant son séjour à Ve-
nise, il publia le premier livre de ses madri-
gaux à cinq vois, chez les héritiers de Scolto,
1578, in-4°.
MELETIUS, moine grec du dixième
siècle, vécut au couvent de la Trinité, à
Slrumizza, dans la Bulgarie (en latin Tiberio-
polis). Dans la Bibliothèque du collège de
Jésus, à Cambridge, on trouve, sous le nu-
méro 212, un traité manuscrit, en grec, con-
cernant la musique et le chant de l'Église
grecque, sous ce titre : Meletius monachus ,
de Musicâ et canticis ecclesix grwcx, cum
hymnis miisicis. A la suite des règles du
chant, on a placé un recueil d'hymnes et de
cantiques notés, dont les auteurs sont indiqués
par leurs noms. Je pense que les règles seules
du chant doivent être de Meletius, car le re-
cueil des hymnes date évidemment d'un temps
postérieur à celui où vivait ce moine, comme
le pouvent les noms de Jean Lampadaire,
Manuel Chrysaphe, Jean Kukuseli, Georges
Stauiopole, etc.
3IELFIO (Jean-Baptiste), compositeur né
à Bisignano, en Calabre, dans la première
inoitié du seizième siècle, a fait imprimer : Il
primo libro de' Madrigali a quattro voc«j
Venise, 1356, in^".
MELGAZ ou MELG.4.ÇO (Diego -Dus),
moine portugais, néàCubao, le 11 avril 1658,
fut nommé maître de chapelle à l'église ca-
thédrale d'Evora, et mourut dans celte ville, le
9 mai 1700. Ses compositions, très-nom-
breuses, sont restées en manuscrit dans la
chapelle qu'il a dirigée : on y remarque des
messes, lamentations, Miserere, psaumes,
répons, hymnes, et un recueil dédié à l'arche-
vêque d'Evora, en 1694, où se trouve ^Vessa
ferial a 4 vozes, motelos de défuntes a 4,
Gloria, lauset honor a % vozes.
MELISSA (Matthieu), organiste de l'égliso
des Jésuites à Goritza, dans le Frioul, vers le
milieu du dix-septième siècle, a publié de sa
composition un recueil de psaumes intitulé ;
Salmi concertait a 2, 3, 4 e 3 t-oct; Venise,
1653, in-4^
MELLAIIA (Charles), compositeur dra-
matique, né à Parme, en 1782, a étudié l'har-
monie et le contrepoint sous la direction de
Fortunaliet deGhirelti. A l'âge de vingt ans,
il fit exécuter à Parme une messe solennelle
qui fut considérée comme un bon ouvrage.
Depuis lors, il a donné, à Vérone, La Prova
indiscretta, opéra bouffe;' à Venise, Jl Bi-
zarro capriccio. idem ; à Parme, Zilia, idem ;
à Brescia, / Gauri, opéra semi-seria; et à
Ferrare, La Nemica degli uomini. Ce der-
nier ouvrage a aussi été joué à Milan, en 1814.
On connaît un très-grand nombre de mor-
ceaux de musique vocale et instrumentale,
sous le nom de M. 3Iellara.
MELLE (RENAIT (sic) DE), ou DE MELL,
en italien Rinaldo del Mêle, musicien belge
du seizième siècle, est né vraisemblablement
dans le pays de Liège, où il y a encore des
familles de ce nom. D'ailleurs, dans l'épUre
dédicatoire de son recueil de madrigaux à six
voix, datée de Liège, le 14 juillet 1587, et
signée Rinaldo del Melle, il dit que sa famille
a été attachée au service du duc Ernest de
Bavière, archevêque de Cologne et évéque de
Liège. Cependant, au litre de ce même ouvrage,
imprimé à Anvers, en 1588, i-1 est appelé
gentiluomo fiamengo , ce qui semble isdi-
quer qu'il était de la Flandre; car bien que
les Italiens aient appelé en général flamands
tous les artistes des Pays-Bas, on ne donnait
ce nom, dans les ouvrages imprimés en Bel-
gique, qu'à ceux qui étaient nés dans les deux
Flandres, ou dans le duché de Brabant, et
dans le marquisat d'Anvers. Quoi qu'il en
soit, Renaut de Melle fut un musicien distin-
gué du seizième siècle. Wallher, dans son
Lexikon, a placé vers 13-38 l'épo jue où il flo-
rissaif, et son erreur à cet égard a mis Burney
en doute si ce n'est pas Renaut de Melle, et
non Goudimel [voyez ce nom), appelé Gaiidio
Mell par les Italiens, qui a été le maître de
M ELLE — MELLLNI
Pierliiigi de Palestrina {A General history of
Music, t. III, p. 18G); Hawkins dit positi-
vement, dans son Histoire de la musique, que
ce fut, en effet, Renaut de Mell qui eut l'hon-
neur d'instruire cet illustre musicien. Mais
l'abbé Baini a fort bien prouvé dans ses
Mémoires sur la vie et les ouvrages de Pales-
trina, d'aprèsles notices manuscrites dePitoni
sur les compositeurs, qui se trouvent dans la
Bibliotlièque du Vatican, que Renaut de Melle
se rendit à Rome vers 138G, environ six ans
avant la mort du maître célèbre dont on vou-
lait faire son élève, et que lui-même y conti-
nua ses études, quoiqu'il eût déjà été maître
de chapelle en Portugal ; qu'il y fut attaché au
service du cardinal Gabriel Paleotto, et que
lorsque ce cardinal fut fait évêque de Sabina,
en 1 j91, il nomma Renaut de Melle maître de
chapelle de son église, et professeur de mu-
sique du séminaire. L'abbé Baini fait remar-
quer enfin (t. I, p. 25) que le cinquième livre
de motets de ce compositeur est dédié à ce
même cardinal Paleotto, et que l'épître dédi-
catoire est datée de Magitano in Sabina, le
l'"'^mars 1595. Il est nécessaire de faire ob-
server, toutefois, que Renaut de Melle quitta
l'Italie, en 1587, après avoir publié à Venise
le quatrième livre de ses madrigaux à cinq
voix, pour faire un voyage dans sa patrie,
ainsi que le prouve l'épître dédicatoire de son
livre de madrigaux à six voix publié à Anvers,
en 1588.
L'abbé Baini nous apprend {loc. cit.) que
Renaut de Melle a publié de sa composition à
Venise, chez Gardane : 1" Quatre livres de
madrigaux à trois voix, en 1582 et 1383. Ils
ont été réimprimés en 1593, à Venise, chez
le même. Une autre édition fut faite dans
la môme ville, en 1596. 2» Quatre livres de
madrigaux à quatre et cinq voix, depuis 1584
jusqu'en 1386. 3" Cinq livres de madrigaux à
cinq voix, depuis 1587 jusqu'en 1590.4" Deux
livres de madrigaux à six voix, en 1591. Le
premier livre de ceux-ci est une réimpression
de celui que Phalèse avait imprimé à Anvers,
en 1588, sous ce titre : Madrigali di Rinaldo
del Melle, gentiluomo fiamengo, a sei voci,
in-4* obi. 5» Litanie délia B. V. a cinque
voci; Anvers, 1389, in-S". 6" Cinq livres de
motets à cinq, six, huit et douze voix; Ve-
nise, Gardane, 1592 à 1595. Le cinquième
livre a pour titre : Liber quintus molectorum
Reynaldi del Mel, chori ecclesiae cathedralis
ac Seminarii Sabinensi pr^fecti, quas par-
tim senis, parlimque oclonis ac duodenis
vocibus concinantur; Fenetiis ap. Angdum
Gardanum, 1593, in-4'»obl. L'épître dédica-
toire, au cardinal Gabriel Paleotto, est datée
de Mantoue, aux calendes de mars 1393. Ce
recueil contient dix-sept motets à six voix,
deux à huit voix, et un à douze voix. L'abbé
Baini ajoute à ces renseignements qu'il existe
beaucoup d'autres compositions manuscrites
de Renaut de Melle dans les archives de quel-
ques églises de Rome.
MELLI ou MELII(PiEnnE-PAUL), luthiste
et compositeur, né à Reggio, dans la seconde
moitié du seizième siècle, fut connu générale-
ment sous le nom de MELLI IIEGGIAIVO,
à cause du lieu de sa naissance. Il fut attaché
au service de l'empereur Ferdinand II, qui
régna depuis 1019 jusqu'en 1637. On a de lui
trois recueils intitulés : Prime musiche, cioè
madrigali, arie, scherzi, etc., a piiivoci;
in Fenetia, Gia. Fincenti, 1608, in-4jse-
conde musiche, etc., ibid., 1609, in-4 ; terze
musiche, etc., ibid., 1609, in-4'>. La collec-
tion des œuvres de Melli pour le luth, ou plu-
tôt Varchiluth, a pour titre : Intavolatura di
Liuto attiorbato di Pietro Paolo Melii du
Reggio lautenista e musico di caméra di
S. M. Cesarea, libri cinque; in Feneiia,
per Giacomo Fincenti, 1625 et années sui-
vantes, in-4''.
MELLIj>jET (Camille), né à Nantes, vers
1780, exerça la profession d'imprimeur, et
mourut dans celle ville, au mois d'août 1843.
Il était amateur de musique et jouait de plu-
sieurs instruments. On a de lui un écrit qui a
pour litre : De la musique à Nantes; Nantes,
1837, in-S". Mellinet était membre de la ^o-
ciété académique de sa ville natale, dont les
volumes de mémoires renferment plusieurs
de ses écrits.
MELLIIXI (le P. ALESSA>Dno), moine ser-
vite, né à Florence dans la seconde moitié du
quinzième siècle, fut appelé à Rome par le
pape Léon X, non cojnme maître de la cha-
pelle pontificale, comme le disent Arch.
Giani {Annal. Servorum, part. II, cent. 4) et
Negri (/«(orî'a de' Fiorentini scritt., p. 22),
car cette charge n'existait pas alors, mais
comme chapelain chantre. Le P. Mellini mou-
rut à Rome, en 1334, suivant Negri, ou deux
ans plus tard suivant Giani. Ces deux auteurs
et Poccianti (Catal. Script, illuslr. Fiorent.)
disent que Mellini a fait imprimer beaucoup
de madrigaux à plusieurs voix, des motels,
des hymnes, et des psaumes pour les vêpres,
mais ils n'ind::iuenl ni le lieu, ni les dates de
l'impression de ces ouvrages, dont je n'ai pas
trouvé d'exemplaires jusqu'à ce jour. Il est à
MELLINI — MELOiNE
remarquer que le nom de Mellini ne figure pas
dans le calalogne des chapelains chantres de
la chapelle pontificale, donné par Adami de
Bolsena dans ses Osservazioni per ben rego-
lare ilcoro délia cappella pontificia (Rome,
1711, in-4'').
lUELO^iE (Ass^At), musicien, né à Bo-
logne, dans la première moitié du seizième
siècle, était, en 1579, doyen des musiciens de
la seigneurie de celle ville. La discussion de
Nicolas Vicenlino et de Vincent Lusitano,
concernant !a connaissance des genres de la
musique, et le livre que Vicentino publia en-
suite sur celte matière {voyez Vice>ti>o)
avaient fixé Tattention des musiciens de toute
ritalie sur la question des trois genres. Plu-
sieurs années après (jne le traité de Vicentino
eut paru, Melone écrivit à son ami Boltrigari
(voyez ce nom) une lettre sur ce sujet : Se le
canzoni musicali moderne commiinemeiKe
dette madrigali o motetli, si possono ragio-
nevolmente nominare di tino de' tre piiri e
semplici generi armonici, e quali debbono
esserle veramente tali. Cette lettre, publiée
par BotUigari, fut l'occasion de l'écrit de ce-
lui-ci, intitulé : Jl Melone, discorso armo-
nico, etc.
Le nom du musicien dont il s'agit et l'ou-
vrage de Boltrigari // Desiderio ovvero de'
concerti di varii Stromenti musicali, etc.,
ont donné lieu à une cumulation d'erreurs
vraiment plaisantes. Apostolo Zeno, qui pos-
sédait une. médaille de bronze frappée en
l'honneur de Boltrigari, où l'on voyait divers
emblèmes, crut y apercevoir la figure d'un
melon, et se persuada que ce melon représen-
tait un instrument de musique dont Boltrigari
aurait été l'inventeur, et dont il aurait donné
la description dans son Melone. Il exposa
toute cette rêverie dans ses notes sur la Biblio-
thèque de Fonlanini (t. I, p. 249); Salfi,
continuateur de V Histoire littéraire d'Italie
de Ginguené, voulant corriger Zeno (t. X,
p. 420), dit que ce melon désignait, selon
toute apparence, Annibal Melone, son ami (de
Boltrigari). £n effet (ajoule-t-il), c'est sous son
nom anagrammalique d'Alemanno Bonelli
(Benelli) que Bottrigari fit paraître son ou-
vrage, intitulé : Le TitsiR. Or, le melon de
Zeno est le dos d'un luth, et l'on ne comprend
pas ce que veut dire Salfi avec sa désigna-
tion d'Annibal Melone par un melon. Mais le
plus plaisant est l'ouvrage intitulé : le Désir,
suivant celui-ci. Il est très-vrai que Boltrigari
s'est caché sous le nom d'.\Iemanno Benelli,
anagramme d'Annibal Melone j mais en inti-
tulant son dialogue sur les concerts d'instru-
ments de son temps II Desiderio, il a voulu
honorer son ami Grazioso Desiderio, l'un
des interlocuteurs du dialogue, et non expri-
mer un désir quelconque. Le Dictionnaire
historique publié à Paris, en vingt volumes
in-8°, par Prudhomme, a renouvelé l'histoire
du melon. Gerber, dans son premier Lexique
des musiciens , dit que Melone s'est rendu
utile à l'histoire de la musique par son ou-
vrage : Desiderio di Allemano Benelli, ana-
gramme d'Annibal Melone. Il ajoute : « On
M crut d'abord que Bottrigari en était l'auteur,
'< et cette opinion acquit encore plus de vrai-
« semblance, parce que, loin de la contredire,
« ce dernier fit publier sous son nom une se-
a conde édition de l'ouvrage. » Voilà donc
Bottrigari dépossédé de son livre; mais voici
bien autre chose : Haym a placé dans sa no-
lice des livres rares, sous le nom de Benelli, le
Desiderio, dont il donne tout le titre, en
citant l'édition publiée à Venise, en 1594, par
Richard Amadino. Forkel, copiant Haym, a
placé {Allgem. Litteratur der Musik, p. 443)
l'article Benelli après celui de Bottrigari, et a
fait deux ouvrages dilférenls du même livre
portant le même titre; enfin, dans son se-
cond Lexique, Gerber ajoute ce supplément à
son article jVe/one .• u II s'appelait ordinaire-
u ment Alemanno Benelli, anagramme de son
« véritable nom. Il n'était pas seulement com-
« positeur, comme il est dit dans l'ancien
u Lexique, mais aussi théoricien, comme le
« prouve l'écrit polémique suivant dirigé
« contre François Patrizio : Il Desiderio,
u ovvero de' concerti, etc. » Or, l'écrit polé-
mique dirigé contre Patrizio, ou Patrizi, sa-
vant italien, zélé platonicien qui avait attaqué
Aristoxène dans un de ses écrits, n'est point
intitulé // Desiderio, mais II Patrizio,
ovvero de' tetracordi armonici di Aristos-
seno, et ce n'est point Melone, mais Bottrigari
{voyez ce nom) qui en est l'auteur. Choron et
Fayolle ont copié aveuglément le premier
Lexique de Gerber dans leur Dictionnaire
historique des musiciens (Paris, 1810-1811),
et le Dictionary of musicians (Londres,
1824) l'a abrégé en quelques lignes. Fanluzzi,
dans l'article ^ottrj</ar» de ses notices sur les
écrivains de Bologne (t. II), dit que Bottrigari
avait donné son ouvrage à Melone avec la per-
mission de le faire imprimer sous l'ana-
gramme de son nom; mais que plus tard
Melone divulgua le secret du pseudonyme et
se donna pour l'.iuleur du livre. Offensé de ce
procédé, Boltrigari publia alors une autre
76
MELONE — MENDEL
édition de ce même livre sous son nom. Il
est au moins singulier que Lichlenthal et
M. Becker, qui ont cité ce passage de Fantuzzi,
aient fait, comme Forkel, deux articles pour
le même livre, et qu'ils aient répété ses er-
reurs sur le Patrizio.
Melone, qui, suivant ce qui était convenu
entre Kottrigari et lui, avait fait imprimer, à
Venise, Jl Desiderio, sous ranâgrafnme de
son nom Jlèmanno Benelli, puis avait révélé
le secret de cet anagramme à quelques amis,
laissant croire qu'il était le véritable auteur
de l'ouvrage, Melone, dis-je, voyant que Bot-
trigari avait fait faire une nouvelle édition du
livre à Bologne, sous son propre nom, eut un
moment d'humeur qui le poussa à faire pa-
raître ce qui restait d'exemplaires de l'édition
de Venise de 1594, avec un nouveau fronti-
spice portant ce titre : // Desiderio, ovvero
de' concerti musicali, etc. Dtalogo di Ânni-
bale Melone; Milano, appressogli Slampalori
Arciepiscopali, 1601. Mais bientôt après, il
sentit ce qu'il y avait d'indélicat dans ce i)ro-
cédé, et il se réconcilia avec son ami. C'est
alors qu'il lui écrivit la letlre qui donna nais-
sance à l'écrit de Botlrigari : // Melone, dis-
corso armonico,etc. (conférez cet article avec
celui de BoTTRiCAni).
Melone était compositeur. On trouve quel-
ques-uns de ses motels à quatre voix dans
les Mutelx sacrx publiés par Lechner, en
1583.
MELTON (Guillabme). chancelier du
duché d'York, au commencement du seizième
siècle, a laissé en manuscrit un traité De Mu-
sicd ecclesiasticâ.
MELVIO (François- Marie), maître de
chapelle à Castello, dans l'État de Venise, vers
le milieu du dix-septième siècle, a fait impri-
mer, à Venise, La Galatea, recueil de chants
à voix seule, en 1648. On a aussi de lui un re-
cueil de motets istitulé : Cantiones sacrx
2-5 vocibus concineindx ; Venise, 1650.
MELZEL (Georges), chanoine régulier de
l'ordre des Prémonlrés, à Slrahow, naquit à
Tein, en Bohême, en 1624. Dans sajetinesse,
il étudia la musique comme enfant de chœur,
et acquit des connaissances étendues dans cet
art. En 1663, on le chargea de la direction de
la musique à l'église de Saint-Benoît, à
Prague. En 1669, il quitta cet emploi et fut
curé à Teising, ensuite à Saalz et à Muhlhamsen ;
puis il alla chercher du repos au couvent de
Slrahow, où il mourut le 51 mars 1693, à l'âge
de soixante- neuf ans. Il a laissé en ma-
nuscrit des vêpres et des motets qui ont été
considérés en Bohême comme des modèles en
leur genre.
MEIVAULT (Pierre-Riciiard), prêtre et
chanoine de Châlons, naquit a Beaune, où il se
trouvait, en 1676, comme maîlie des enfants
de chœur de l'église de Sainle-Marie. Il fut
ensuite maître de musique de l'église collé-
giale de Saint-Étienne de Dijon, où il se trou-
vait en 1691. On a de lui : 1» Missa quinque
vocibus ad imitationem moduli 0 felix pa-
ïens; Paris, Christophe Ballard, 1676, in-fol.
2» Missa sex vocibus ad imitationem mo-
duli Tu es spes mea; ibid., 1686, in-fol.
•3" Missa quinque vocibus ad imitationem
moduli Ave senior Stéphane; ibid., 1687,
in-fol. 4" Missa sex vocibus Ferle rosas;
ibid., 1691, in-fol. 5" Missa sex vocibusHaie
lilia; ibid., 1692, in-fol. Menâult a fait aussi
imprimer des vêpres qu'il a dédiées au pèie
Lachaise, confesseur de Louis XIV. Il est mort
en 1694, âgé d'environ cinquante ans.
ME?(DE(JEA?i-GoTTLOB), facteur d'orgues,
à Leipsick, né le 3 août 1787, à Siebenlehn, près
de Freyberg, a construit, en 1846, l'orgue de
l'église Sainte-Pauline, à Leipsick, et, en 1847,
celui de l'église Neuve, dans la même ville.
ME]>DEL (Jeatv), directeur de musique,
pianiste et organiste de l'église principale, à
Berne; i)rofesseur de piano et compositeur,
est né à Darmsladl, et a fait ses éludes musi-
cales sous la direction de Ririk [voyez ce nom).
Ayant obtenu, en 1851,1a place d'organiste à
Berne, il y ajouta bientôt celle de directeur de
musique et devint en peu de temps l'âme de
l'activité musicale de celle ville. Il y organisa
des concerts et dirigea l'orchestre avec talent.
Eu 1840, il voulut revoir le lieu de sa nais-
sance et son vieux maître, et le 9 octobre
1840, il donna un concert d'orgue dans
l'église de Darmstadt, el y fit admirer son
habileté. Cet artiste a publia: 1» Vingt-quatre
chants à deux voix pour les écoles de garçons
et de filles, op. 5; Berne, Dalp, 1853.2» Vingt-
quatre idem, op. 6, ibid. 3» Theorelische
praktische Anleitung zum SchuUjesunge
(Introduction théorique et pratique au chant
pour les écoles) ; ibid., 1836, in-12. 4" Lieder
à quatre voix pour un chœur d'hommes,
op. 9; ibid., 1837. 5» Idem, op. 10 ; ibid.,
1838. 6» Douze préludes d'orgue, op. 11;
ibid., 1840. 7» Lieder Avec accompagnement
de piano, op. 13; ibid., 1841. 8" Lieder à
à voix seule avec piano, op. 14; Mayencc,
Schotl. 9» Idem, op. \'5;ibid. 10» Chants
pour quatre voix d'hommes; Berne, lluber.
Quelques œuvres pour le piano.
MENDELSSOIIN - MENDELSSOIIN-B-ARTIIOLDY
ÎIIEM)I:LSS0U> ^Moses ou JIoïse), cé-
lèbre pliilosoplie et littérateur israélite, naquit
à Dessau, le 9 septembre 1729. Fils d'un écri-
vain public employé à faire des copies de la
Bible pour les synagogues, il passa une partie
de sa jeunesse dans une situation voisine de
la misère j mais il trouva des ressources en
lui-même pour son instruction, et son génie,
qui se maniTesta de bonne heure, l'éleva au-
dessus de tousses coreligionnaires, et le ren-
dit un des hommes les plus remarquables de
son temps. Après une vie consacrée à des tra-
vaux qui illustrèrent son nom et qui exercè-
rent une influence bienfaisante sur la situa-
tion des Juifs en Allemagne, il mourut à
Berlin, le 4 janvier 178G. La plupart des
écrits de Mendelssobn sont étrangers à l'objet
de ce dictionnaire : il n'y est cité que pour ce
qu'il a écrit concernant l'Esthétique de la
musique dans la dissertation sur les prin-
cipes fondamentaux des beaux-arts et des
sciences insérée dans le deuxième volume de
ses œuvres philosophiques (p. 95-152, édition
de Berlin, 1761). On trouve aussi des vues éle-
vées concernant cet art dans ses Lettres sur les
sentiments (Berlin, 1755).
HE>DELSSOH]\-IiARTHOLDY (fe-
ux), compositeur célèbre, petit-hls du précé-
dent et Ms d'un riche banquier, naquit à
Hambourg (1), le 5 février 1809. Il n'était
âgé que de trois ans lorsque sa famille alla
s'établir à Berlin. Dans ses premières années,
Alendelssohn montra de rares dispositions
liour la musique. Confié à l'enseignement de
Berger, pour le piano, etdeZeller, pour l'har-
monie et de contrepoint, il fil de si rapides
progrès, qu'à l'âge de huit ans il était ca-
pable de lire toute espèce de musique à pre-
mière vue, et d'écrire de l'harmonie correcte
sur une basse donnée. Une si belle organisa-
tion promettait un grand artiste. Le travail lui
était d'ailleurs si facile eu toute chose, et son
intelligence était si prompte, qu'à l'âge de
seize ans il avait terminé d'une manière bril-
lante toutes ses éludes littéraires et scienti-
fiques du collège et de l'université. Il lisait
les auteurs latins et grecs dans leurs langues ;
à dix-sept ans, il fit une traduction en vers
allemands de VJndrienne deTérence, qui fui
imprimée à Berlin sous les initiales F. M. B.
Enfin, les langues française, anglaise et ita-
lienne lui étaient aussi familières que celle de
(I) J'ai dit. dans la premicre édition de cette Diojra-
j>h!e des Musiciens, que Mendeissolin était ne à Berlin;
.'c Lexique ttnirerstl de musique, public par Schilling,
m'avait fourni ce renseignement inexact (T. IV, p. 634).
sa patrie. De plus, il cultiva aussi avec succès
le dessin et la peinture, et s'en occupa avec
plaisir jusqu'à ses derniers jours. Également
bien disposé pour les exercices du corps, il
maniait un cheval avec grâce, était habile
dans l'escrime et passait pour excellent na-
geur. Obligé de satisfaire à tant d'occupations,
il ne put jamais donner à l'étude du piano le
temps qu'y consacrent les virtuoses de profes-
sion ; mais ses mains avaient une adresse na-
turelle si remarquable, qu'il put briller par
son habileté partout où il se fit entendre. Il
n'y avait pas de musique de piano si difficile
qu'il ne put exécuter correctement, et les
fugues de J. -S. Bach lui étaient si familières,
qu'il les jouait toutes dans un mouvement ex-
cessivement rapide. Son exécution était ex-
pressive et pleine de nuances délicates. Dans
un séjour qu'il avait fait à Paris à l'âge de
seize ans, il avait reçu de madame Bigot
(voyez ce nom) des conseils qui lui furent
très-utiles pour son talent de pianiste; jus-
qu'à la fin de sa carrière, il conserva pour la
mémoire de cette femme remarquable un sen-
timent de reconnaissance et d'affection.
On a vu ci-dessus que l'éducation de Men-
delssohn pour la composition fut confiée à
Zelter (voyez ce nom), qui parle de son élève
avec un véritable attachement dans ses lettres
à Goethe; le jeune artiste resta longtemps
dans son école; trop longtemps peut-être, car
la science roide et scolastique du maître ne
parait pas avoir laissé à la jeune imagination
de l'élève toute la liberté qui lui aurait été né-
cessaire. En 1821, Zelter fit avec Mendelssohn
un voyage à Weimar et le présenta à Goethe,
qui, dit-on, s'émut en écoutant le jeune mu-
sicien-né. Déjà il jouait en maître les pièces
difficiles de Bach et les grandes sonates de
Beethoven. Quoiqu'il n'eût point encore atteint
sa treizième année, il improvisait, sur un
thème donné, de manière à faire naître l'éton-
nement. Avant l'âge de dix-huit ans, il avait
écrit ses trois quatuors pour piano, violon, alto
cl basse; des sonates pour piano seul ; sept piè-
ces caractéristiques pour le même instrument ;
douze Lieder pour voix seule avec piano ;
douze chants idem, et l'opéra en deux actes,
intitulé : les Noces de Gamache, qui fut repré-
senté à Berlin quand l'auteur n'avait que seize
ans. S'il y avait peu d'idées nouvelles dans ces
premières œuvres, on y remarquait une facture
élégante, du goût, et plus de sagesse dans l'or-
donnance des morceaux qu'on n'eut pu l'at-
tendre d'un artiste si jeune. Plus heureux que
d'autres enfants prodiges, à cause de la posi-
7S
MENDELSSOHN-BARTHOLDY
lion de fortune de ses parents, il ne voyait
pas son talent exploité par la spéculation, et
toute liberté lui était laissée pour le dévelop-
pement de ses facultés. Le succès des Noces de
Gamache n'ayant pas répondu aux espé-
rances des amis de Mendelssohn, il retira son
ouvrage de la scène, mais la partition, réduite
pour le piano, fut publiée.
En 1829, Mendelssohn partit de Berlin pour
voyager en France, en Angleterre et en Ita-
lie. Je le trouvai à Londres au printemps de
celle année, et j'enlendis, au concert de la So-
ciété philharmonique, sa première symphonie
(en ut mineur). Il était alors âgé de vingt ans.
Son extérieur agréable, la culture de son es-
prit, et l'indépendance de sa position le firent
accueillir avec distinction, et commencèrent
ses succès, dont l'éclat s'augmenta à chaque
voyage qu'il fit en Angleterre. Après la saison,
il parcourut l'Ecosse. Les impressions qu'il
éprouva dans cette contrée pittoresque lui
inspirèrent son ouverture de concert connue
sous le tilre de Fingalhœhle (la Grotte de
Fingal) . De retour sur le continent, il se rendit
en Italie par Munich, Salzbourg, Linz et
Vienne, en compagnie de Hildebrand, de
Hubner et de Bendemann, peintres de l'école
de Dusseldorf. Arrivé. à Rome, le 2 novembre
18Ô0, il y trouva Berlioz, avecqui il se liad'ami-
tié. Après cinq mois de séjour dans la ville
éternelle, qui ne furent pas perdus pour ses
travaux, il partit pour Naples, où il arriva le
10 avril 1831. Il y passa environ deux mois,
moins occupé de la musique italienne que de
la beauté du ciel et des sites qui exercèrent
une heureuse influence sur son imagination;
puis il revint par Rome, Florence, Gènes, Mi-
lan, parcourut la Suisse, et revit Munich au
mois d'octobre de la même année. Arrivé à
Paris versle milieu de décembre, il y resta jus-
qu'à la fin de mars 1832. On voit dans ses lettres
de voyage (1) qu'il n'était plus alors le jeune
homme modeste et candide de 1829. Il se fait
le centre de la localité où il se trouve et se pose
en critique peu bienveillant de tout ce qui
l'entoure. Parlanld'une des soirées de musique
de chambre données par Baillot, à laquelle il
assista, et dans laquelle ce grand artiste avait
exécuté le quatuor de Mendelssohn en mi ma-
jeur, il dit : ^u commencement on joua un
quintette de Boccherini, une perruque (Dcn
Anfang machte ein Quintett von Boccherini,
eine PerrUcke) ! Il ne comprend pas que sous
(I) lîeisebriefe von Félix MtndeUsohn-Barltioldi/, ans
dm Jahrcii 1830 bis 1832. Lcipsick, Uermann Mcndcls-
soiin, 1801, 1 vol. in-S».
cette perruque il y a plus d'idées originales et
de véritable inspiration qu'il n'en a mis dans
la plupart de ses ouvrages. Mécontent, sans
doute, de n'avoir pas produit à Paris, par ses
compositions, l'impression qu'il avait espérée,
il s'écrie (2), en quittant cette ville : Paris
est le tombeau de toutes les réputations (Pa-
ris sei das Grab aller Beputationen). Le sou-
venir qu'il en avait conservé fut, sans aucun
doute, la cause qui lui fit prendre la résolution
de ne retourner jamais dans cette grande
ville, tandis qu'il fit sept longs séjours en An-
gleterre, pendant les quinze dernières années
de sa vie, parce qu'il y était accueilli avec
enthousiasme. En toute occasion, il ne par-
lait de la France et de ses habitants qu'avec
amertume, et affectait un ton de mépris pour
le goût de ceux-ci en musique.
Un des amis de Mendelssohn ayant été
nommé membre du comité organisateur de la
fêle musicale de Dusseldorf, en 1835, le fit
choisir pour la diriger, quoiqu'il n'eût pas
encore de réputation comme chef d'orchestre;
mais le talent dont il fit preuve en celte cir-
constance fut si remarquable, que la place de
directeur de musique de celte ville lui fut
offerte : il ne l'accepta que pour le terme de
trois années, se réservant d'ailleurs le droit
de l'abandonner avant la fin, si des circon-
stances imprévues lui faisaient désirer sa
retraite. Ses fonctions consistaient à diriger
la Société de chant, l'orchestre des concerts et
la musique dans les églises catholiques, non-
obstant son origine judaïque. C'est de cette
époque que date la liaison de Mendelssohn
avec le poète Immermann, beaucoup plus âgé
que lui. Des relations de ces deux hommes
si distingués résulta le projet d'écrire ini
opéra d'après la Tempête de Shakespeare. Les
idées poétiques ne manquaient pas dans le
travail d'Immermann ; mais ce littérateur
n'avait aucune notion des conditions d'un
livret d'opéra : son ouvrage fut entièrement
manqué sous ce rapport. Mendelssohn jugea
qu'il était impossible de le rendre musical,
et le projet fut abandonné. Cependant le désir
de donner au théâtre de Dusseldorf une meil-
leure organisation détermina les deux artistes
à former une association par actions; les ac-
tionnaires nommèrent un comité directeur, qui
donna au poëte Immermann l'intendance pour J
le drame, et à Mendelssohn pour l'opéra. On %
monta Don Juan de Mozart, et les Deux Jour-
nées de Cherubini; enfin, Immermann ar-
(2) Lctlrc du 31 mars 1832, ibid.., 328.
MENDELSSOIIN-BARÏIIOLDY
79
rangea pour la scène allemande un drame de
Calderon, pour lequel Mendcissohn composa
de la musique qui ne fut pas goûtée et qui n'a
pas été connue. De mauvais choix d'acteurs et
de chanteurs avaient été faits, car ces deux
hommes, dont le mérite, chacun en son genre,
ne pouvait être contesté, n'entendaient rien à
l'art dramatique. Des critiques désagréables
furent faites; Mendelssohn, dont l'amour-
propre n'était pas endurant, sentit qu'il
n'était pas à sa place, et donna sa démission
de la place de directeur de musique, au mois
de juillet 1855. Je l'avais retrouvé, en 1834, à
Aix-la-Chapelle, où il s'était rendu à l'occa-
sion des fêles musicales de la Pentecôte. Une
sorte de rivalité s'était établie entre lui et
Ries, parce qu'ils devaient diriger alternati-
vement ces fêtes des villes rhénanes. Malheu-
reusement, il n'y avait pas dans cette rivalité
les égards que se doivent des artistes distin-
gués. Mendelssohn parlait de la direction de
son émule en termes peu polis qui furent rap-
portés à celui-ci. Ries me parla alors des cha-
grins que lui causait le langage inconvenant
de son jeune rival.
Mendelssohn avait écrit à Dusseldorf la
plus grande partie de son Paiilus, oratorio:
il l'acheva, en 1855, à Leipsick, où il s'était
retiré, après avoir abandonné sa position.
Ayant été nommé directeur des concerts de la
Halle-aux-Draps {Geiiandhaus), dans la même
ville, il prit possession de cet emploi le 4 oc-
tobre, et fut accueilli, à son entrée dans l'or-
chestre, par les acclamations de la foule qui
remplissait la salle. Dès lors, la musique prit
un nouvel essor à Leipsick, et l'heureuse
influence de Mendelssohn s'y fit sentir non-
seulement dans les concerts, mais dans les so-
ciétés de chant et dans la musique de chambre.
Lui-même se faisait souvent entendre comme
virtuose sur le piano. Par reconnaissance pour
la situation florissante où l'art était parvenu,
grâce à ses soins dans cette ville importante
de la Saxe, l'université lui conféra le grade de
docteur en philosophie et beaux-arts, en 1856,
et le roi de Saxe le nomma son mailre de
chapelle honoraire. En 1857, Mendelssohn
épousa la fille d'un pasteur réformé deFranc-
fort-sur-le-Mein, femme aimable dont la
l)onté, l'esprit et la grâce firent le bonheur de
sa vie.
Appelé à Berlin en qualité de directeur gé-
néral de la musique du roi de Ppusse, il alla
s'y établir et y écrivit pour le service de la
cour la musi(|ue intercalée dans les tragédies
antiques VAiUigone, VŒdipe roij ainsi que
dans Jthalie. Ce fut aussi à Berlin qu'il com-
posa les morceaux introduits dans le Songe
d'une nuit d'été de Shakespeare, dont il
avait écrit l'ouverture environ dix ans aupa-
vant. Cependant les honneurs et la faveur dont
il jouissait près du roi ne purent le décider à
se fixer dans la capitale de la Prusse, parce
qu'il n'y trouvait pas la sympathie qu'avaient
pour lui les habitants de Leipsick. Berlin a
toujours, en effet, montré peu de goût i)0ur
la musique de Mendelssohn. Nul doute que ce
fut ce motif qui le décida à retourner à Leip-
sick, où, à l'exception de quelques voyages à
Londres ou dans les villes des provinces rhé-
nanes, il se fixa pour le reste de ses jours. Les
époques de ses séjours en Angleterre furent
1852, 1855, 1840, 1842, 1844, 1846, où il fit
entendre pour la première fois son Elle, au
festival de Birmingham, et, enfin, au mois
d'avril 1847. Celte fois, il ne resta à Londres
que peu de jours, car il était de retour à Leip-
sick à la fin du même mois. 11 avait formé le
projet de passer l'été à Vevay ; mais au mo-
ment où il venait d'arriver à Francfort, pour y
retrouver sa femme et ses enfants, il reçut la
nouvelle da la mort de madame Hansel, sa
sœur bien-aimée. Cette perle cruelle le frappa
d'une vive douleur. Madame Mendelssohn ,
dans l'espoir de le distraire par les souvenirs
de sa jeunesse, l'engagea à parcourir la
Suisse : il s'y laissa conduire et s'arrêta
d'abord à Baden, puis à Laufen, et, enfin, à
Interlaken, où il resta jusqu'au commence-
ment de septembre. Peu de jours avant son
départ, il improvisa sur l'orgue d'une petite
église de village, sur les bords du lac de
Brienz : ce fut la dernière fois qu'il se fit en-
tendre sur un instrument de cette espèce. Peu
d'amis se trouvaient réunis dans l'église : tous
furent frappés de l'élévation de ses idées, qui.
semblaient lui dicter un chant de mort. Il avait
eu le dessein d'aller à Fribourg pour connaître
l'orgue construit parMoser; mais le mauvais
temps l'en empêcha. L'hiver arrive, dit-il
à ses amis; il est temps de retourner à nos
foyers.
Arrivé àLeipsick, ily reprit ses occupalions
ordinaires. Bien que l'aménité de son carac-
tère ne se démentit pas avec sa famille et ses
amis, on apercevait en lui un penchant à la
mélancolie qu'on ne lui connaissait pas autre-
fois. Le 9 octobre, il accompagnait quelques
morceaux de son Elle chez un ami, lorsque le
sang se porta tout à coup avec violence à sa
têle et lui fit perdre connaissance; on fut
obligé de la transporter chez lui. Le médecin,
80
BÎENDELSSOHN-BARTIIOLDY
qu'on s'élait empressé d'aller chercher ,
n'htsila pas à faire usage des moyens les plus
cneri^iques dont l'heureux effet fut Immédiat.
Rétabli dans un état de santé satisfaisant, du
moins en apparence, vers la fin du mois,Men-
delssohn reprit ses promenades habituelles,
soit à pied, soit à cheval; i! espérait même
être bientôt assez fort pour se rendre à Vienne,
pour y diriger l'exécution de son dernier ora-
torio et il s'en réjouissait ; mais le 28 du même
mois, après avoir fait une promenade avec sa
femme et dîné de bon appétit, il subit une
seconde attaque de son mal, et le médecin dé-
clara qu'il était frappe d'une apoplexie ner-
veuse et que le danger était imminent . Les
soins qui lui furent prodigués lui rendirent la
connaissance. Il eut des moments de calme et
dormit d'un sommeil tranquille; mais, le 3 no-
vembre, l'attaque d'apoplexie se renouvela, et
dès ce moment il ne reconnut plus personne.
Entouré de sa famille et de ses amis, il expira
le lendemain , 4 novembre 1847, à 9 heures
du soir, avant d'avoir accompli sa trente-neu-
vième année. On lui fit des obsèques somp-
tueuses, auxquelles prit part toute la popula-
tion de Leipsick, en témoignage du sentiment
douloureux inspiré par la mort prématurée
d'un artiste si remarquable. L'Allemagne tout
entière fut émue de ce triste événement.
Si Mendelssohn ne posséda pas un de ces
génies puissants, originaux, tels qu'en vit le
dix-huitième siècle; s'il ne s'éleva pas à la
hauteur d'un Jean-Sébastien Bach, d'un
Ilsendel, d'un Gluck, d'un Haydn, d'un Mo-
zart, d'un Beethoven ; enfin, si l'on ne peut le
placer au rang de ces esprits créateurs, dans
les diverses déterminations de l'art, il est hors
de doute qu'il tient, dans l'histoire de cet art,
«ne place considérable immédiatement après
*cux, et personne ne lui refusera Jamais la qua-
lification de grand musicien. Il a un style à
lui et des formes dans lesquelles se fait recon-
naître sa personnalité. Le scherzo élégant et
coquet, à deux temps, de ses compositions in-
strumentales, est de son invention. Il a de la
mélodie ; son harmonie est correcte et son in-
strumentation colore bien ses idées, sans
tomber dans l'exagération des moyens. Dans
ses oratorios, il a fait une heureuse alliance
de la gravité des anciens maîtres avec les res-
sources de l'art moderne. Si son inspiration
n'a i)as le caractère de grandeur par lequel les
géants de la pensée musicale frappent tout un
auditoire, il intéresse par l'art des dispositions,
par le goût et par une multitude des détails
qui décèlent un sentiment fin et délicat. Mal-
j heureusement il était préoccupé d'une crainte
qui doit avoir été un obstacle à la spontanéité
de ses idées ; cette crainte était de tomber dans
certaines formes habituelles par lesquelles les
compositeurs les plus originaux laissent re-
poser de temps en temps l'attention -il la por-
tait jusqu'à l'excès. Dans la plupart de ses
compositions, on sent qu'elle lui fait éviter
avec soin les cadences de terminaison, et faire
un constant usage de l'artifice de Vinganno,
appelé communément cadence rompue; aux
conclusions de phrases, qui sont de nécessité
absolue pour la clarté de la pensée, il substitue
avec une sorte d'obstination ce même artifice,
et multiplie, par une conséquence inévitable,
les modulations incidentes. De là un enchevê-
trement incessant de phrases accessoires et
surabondantes, dont l'effet est de faire perdre
la trace de la pensée première, de tomber dans
le vague, et de faire naître la fatigue. Ce dé-
faut, remarquable surtout dans les œuvres in-
strumentales de Mendelssohn, est un des traits
caractéristiques de sa manière. Il y a de belles
pages dans un grand nombre de ses composi-
tions; mais il est peu de celles-ci où l'intérêt
ne languisse en de certaines parties, par l'ab-
sence d'un rhythme périodique bien senti.
Parmi les œuvres de musique vocale de
Bleodelssohn, ses oratorios Paulus et Elie ne
sont pas seulement les plus importantes par
leurs développements ; elles sont aussi les plus
belles. Ses psaumes Ail", 65«, 98« et IH", avec
orchestre, renferment de belles choses, prin-
cipalement au point de vue de la facture. Il a
fait aussi des chœurs d'église avec orchestre,
qui sont d'un beau caractère, ainsi que d'au-
tres psaumes sans instruments, composés pour
le Dom-Chor de Berlin ; enfin, on a de lui des
motets pour une, deux ou quatre voix avec
orgue. Sa grande cantate de JFalpurgische-
nachtade la réputation en Allemagne; elle y
a été exécutée dans plusieurs grandes fêtes
musicales. Pour moi, après l'avoir entendue
deux fois, j'en ai trouvé le style lourd. Men-
delssohn avait écrit cet ouvrage à Rome, dans
le mois de décembre 1830, à l'âge d'environ
vingt-deux ans ; mais il le changea presque en-
tièrement quatre ou cinq ans avant sa mort.
C'est sous sa dernière forme qu'il est mainte-
nant connu. A l'égard de la musique de V^n-
tigonc et de VŒdipe à Colone, de Sophocle,
ainsi que de VAthalie de Racine, écrits à la
demande dli roi de Prusse, Frédéric-Guil-
laume IV, on ne les a publiés qu'en partition
pour le piano. Ces ouvrages sont peu connus;
conendant l'Œdipe a été essayé au théâtre de
MENDELSSOHN-BAHTHOLDY
81
l'Odéon, à Paris, mais sans succès. Ainsi qu'il
a élé dil dans celle notice, le génie de Mendels-
sohn n'élail pas essenliellement dramatique;
il avait lui-même conscience de ce qui lui
manquait pour l'inlérêt de la scène, car son
goût ne se portait pas vers ce genre de com-
position. On sait que les Noces de Gamaché,
ouvrage de sa première jeunesse, n'ont pas
réussi. Après cet essai, la plus grande partie
^de sa carrière d'artiste s'écoula sans qu'il pro-
duisit rien pour le théâtre. Il écrivit pour sa
famille une sorte d'intermède, intitulé : Die
Heimkehr aus der Fremde (le Retour de
voyage à l'étranger) ; il ne le destinait pas à la
publicitéet l'avait gardé dans son portefeuille;
mais ses héritiers l'ont fait graver au nombre
de ses œuvres posthumes. On y trouve qua-
' torze morceaux écrits d'un style gracieux et
léger, dont une romance, six Lieder pour dif-
férentes voix, un duo pour soprano et con-
tralto, deux trios, un chœur et un finale.
Celle composition, à laquelle Mendelssohn ne
parait pas avoir attaché d'importance, est
néanmoins une de ses meilleures productions,
au point de vue de l'inspiration originale. Il
est un autre ouvrage mélodramatique de cet
artiste qui a droit aux éloges, non-seulement
des connaisseurs, mais du public, et qui fut
écrit dans le même temps que celui qui vient
d'être mentionné : je veux parler de la mu-
sique composée pour la traduction allemande
du drame si original de Shakespeare, le Songe
d^ine Nuit d'été ( Ein Summernachts-
traum). L'ouverture inspirée par ce sujet
était écrite dès 1829 ; mais le reste de la par-
tition ne fut composé que longtemps après,
pendant le séjour de îtfendelssohn à Berlin,
comme directeur général de la chapelle du
roi de Prusse. Tout est bien dans cet ouvrage :
les pièces instrumentales des entr'actes, la
partie mélodramatique des scènes, la chanson
avec le chœur de femmes, la marche ; tout
est plein de verve, de fantaisie et d'élé-
gance.
Mendelssohn a peu réussi dans la sympho-
nie, une seule exceptée. La première (eu ut
mineur) n'est quele travail d'un jeune homme
«n qui l'on aperçoit de l'avenir. Le Chant
de louange (Lobgesang), ou Symphonie can-
tate (op. 52) , comptée par le compositeur
comme sa seconde symphonie, n'est pas une
heureuse conception : on y sent plus le travail
que l'inspiration. Les essais qu'on en a faits
à Paris et ailleurs n'ont pas élé satisfaisants.
La troisième symphonie (en la mineur) est la
meilleure production de l'arlisle en cegenre.
BIOCR. U.MV. DES .HL'SICIENS. T. VI.
Le premier morceau est d'un bon sentiment;
il est écrit avec le talent connu du maître.
Le vivace, ou scherzo, à deux temps, est une
de ces heureuses fantaisies dans lesquelles sa
personnalité se manifeste quelquefois. Dans
Vadagio, la pensée est vague, diffuse, et l'ef-
fet en est languissant. Le mouvement final a
de la verve; il est traité de main de maître;
main la malheureuse idée qu'a eue Mendels-
sohn de terminer cette partie de son ouvrage
par un thème anglais qui ne se rattache en
rien au reste de l'œuvre, lui enlève la plus
grande partie de son effet. La quatrième sym-
phonie (en la majeur), œuvre posthume, ne
fait apercevoir dans aucun de ses morceaux
le jet de l'inspiratioa Cette symphonie n'a eu
de succès ni en Allemagne, ni à Paris, ni à
Bruxelles.
Dans le concerto, sorte de symphonie avec
un instrument principal, Mendelssohn a été
plus heureux; son concerto de violon, parti-
culièrement, et son premier concerto de piano
(en sol mineur), ont obtenu partout un succès
mérité et sont devenus classiques. Le second
concerto de piano (en re mineur), dont le carac-
tère général n'est pas exempt de monotonie,
a été beaucoup moins joué que le premier.
Parmi ses œuvres les plus intéressantes de ce
genre, il faut citer sa Sérénade et allegro
giojoso pour piano et orchestre, composition
donl l'inspiration se fait remarquer par l'élé-
gance, la délicatesse et par les détails char-
mants de rinstrumentation. Il ne faut pas
plus chercher dans ces ouvrages que dans les
autres productions de cet artiste ces puissantes
conceptions, ni cette originalité de pensée qui
nous frappent dans les concertos de quelques
grands maîtres, de Beethoven en particulier;
mais après ces beaux modèles, Mendelssohn
tient une place honorable.
Les ouvertures de ce maître ont été beau-
coup jouées en Allemagne et en Angleterre ;
mais elles ont moins réussi en France et eu »
Belgique. Elles sont au nombre de cinq, dont
les titres sont : le Songe d'une Nuit d'été,
qui est incontestablement la meilleure ; la
Grotte de Fingal (ou les Hébrides)^ en si mi-
neur, bien écrite et bien instrumentée, mais
monotone et languissante; la Mer calme et
VHeureux retour {Meeresstille iind ghick-
liche Fahrt), en ré majeur; la Belle Mélu-
sine, en fa majeur, et Ruy Blas. Il y a de
l'originalité dans ces compositions, mais on
sent, à l'audition comme à la lecture, qu'elle
est le fruit de la recherche; la spontanéité y
manque.
C
82
MENDELSSOHN-BARTHOLDY
La musique de chambre est la partie la plus
liclic (lu domaine instrumental de Mendelssohn;
la plupart de ses compositions en ce genre, soit
pour les instruments à archet, soit pour le piano
accompagné, ou seul, ont de l'intérêt. La dis-
tinction de son caractère s'y fait reconnaître.
Il y est plus à l'aise que dans la symphonie, et,
pour qui sait comprendre, il est évident qu'il y
porte plus de confiance dans la suffisance de
ses forces. Un ottetto pour quatre violons,
deux altos et deux violoncelles ; deux quintettes
pour deux violons, deux altos et violoncelle,
et sept quatuors (œuvres 12, 13, 44, 80 et 81)
composent son répertoire dans celte catégorie
de musique instrumentale. l.''ottetto, qui est
une des productions de sa jeunesse, était une
de celles qu'il estimait le plus dans son oeuvre j
il s'y trouve des choses intéressantes; mais le
talent s'y montre inégal. Son second quin-
tette (en si bémol, œuvre posthume), et les
trois quatuors de l'œuvre 44^ sont, à mon
avis, les plus complets et ceux où l'inspira-
tion se soutient sans effort. Dans la musique
pour piano accompagné, on trouve d'abord
trois quatuors pour cet instrument, violon,
alto et violoncelle (op. \,enut mineur; op. 2,
en fa mineur ; op. 3, en si mineur). Si l'on
songe à la grande jeunesse de l'artiste au
moment où il écrivit ces ouvrages, on ne peut
se soustraire à l'étonnement qu'un pareil dé-
but n'ait pas conduit à des résultats plus beaux
encore que ceux où son talent était parvenu à
la fin de sa carrière. De ses deux grands trios
pour piano, violon et violoncelle, le premier,
en ré mineur, op. 49, a eu peu de succès; son
caractère est monotone ; les mêmes phrases s'y
reproduisent fréquemment sans être relevées
par des traits inattendus; enfin, ce n'es.t
qu'un ouvrage bien écrit ; le second, en ut
mineur, op. 66, est beaucoup mieux réussi;
on y trouve de la verve et de l'originalité.
On ne connaît de Mendelssohn qu'une sonate
pour piano et violon (en fa mineur, op. 4) ; ce
n'est pas un de ses meilleurs ouvrages; mais
ses deux sonates pour piano et violoncelle ren-
ferment de belles choses.
Je me suis souvent demandé pourquoi, avec
un talent si distingué, Mendelssohn n'a pu évi-
ter une teinte d'uniformité dans l'effet de sa
musique instrumentale; en y songeant, j'ai
cru pouvoir attribuer cette impression au pen-
chant trop persistant du compositeur pour le
mode mineur. En effet, sa première sympho-
nie est en ut mineur; la troisième, en la mi-
neur ; l'ouverture intitulée : la Grotte de
Fingal est eu si mineur; le premier morceau
du concerto de violon est en mi mineur; le
premier concerto de piano est en sol mineur;
le second, en ré mineur; la sérénade pour
piano et orchestre est en si mineur; le pre-
mier quatuor pour piano, violon, alto et
violoncelle est en xit mineur, le second en fa
mineur, le troisième en si mineur; la sonate
pour piano et violon est en fa mineur; le pre-
mier trio pour piano, violon et violoncelle est
en ré mineur; le second, en ut mineur. Son
deuxième quatuor est en la mineur; le qua-
trième, en mi mineur, et le sixième, en fa mi-
neur. Sur quatre caprices qu'il a écrits pour
piano seul, trois sont en modes mineurs; sa
grande éludesuivie d'un icfterzo pour le même
instrument est en fa mineur; deux de ses fan-
taisies sont également en mode mineur; son
premier scfterzo est en si mineur; le second,
en fa dièse mineur; enfin, de ses Lieder sans
paroles, seize sont en mineur. Si Ton voulait
faire une récapitulation semblable dans la mu-
sique de chant de Mendelssohn, on coilstate-
rait la même tendance. Je viens de parler de
ses Lieder sans paroles ; il est créateur dans
ce genre de petites pièces instrumentales, dont
il a publié sept recueils; celui qui porte le nu-
méro d'œuvre 38 me parait supérieur aux au-
tres. J'en ai donné l'analyse dans le quator-
zième volume de la Bibliothèque classique des
pianistes (Paris, Schonenberger).
Les chants à voix seule avec piano, de Men-
delssohn, et ses Lieder à deux, trois et quatre
voix, ont de la distinction, quelquefois même
de la franche originalité ; cependant son ima-
gination ne s'élève jamais dans ce genre à la
hauteur de François Schubert. Comme tous les
compositeurs allemands du dix -neuvième
siècle, Mendelssohn a écrit un grand nombre
de ces chants, soit pour les quatre genres de
voix de femmes et d'hommes, soit pour quatre
voix d'hommes sans accompagnement.
Le catalogue systématique des œuvres de ce
compositeur est formé de la manière suivante:
^. Musique pour orchestre: 1" Symphonie en
ut mineur, op. 11; Berlin, Schlesinger.
2» Symphonie cantate (Lobgesang), op. 52;
Leipsick, Breitkopf et Haerlel. 3» Troisième
symphonie en la mineur, op. 56; ibid.
4° Quatrième symphonie en la majeur,
op. 90; ibid. 5» Ouverture du Songe d'une
Nuit d'été iSummernachtstraum) , op. 21 j
ibid. 6° Idem de la Grotte de Fingal {les
Hébrides), op. 26; ibid. 7° La Mer calme et
VHeureux retour {IHeeresstille und gluck-
lichcFahrt), op. 27; ibid. 8" La Belle Mélu-
sine (î'rfem), op. 32; ibid. 9" Idem de Ruif
MENDELSSOHN-BARTHOLDY
83
£las, op. 93; Leipsick, Kislner. 10° Concerto
pour violon et orchestre en mi mineur et ma-
jeur, op. 64; Leipsick, Breitkopf et Haertel.
11° Premier coucerlo pour piano et orchestre
(en so/ mineur), op. 23; ibid. 12» Deuxième
concerto idem (en ré mineur), op. 40; ibid.
10° Capriccio brillant pour piano et or-
chestre (en si mineur), op. 22; t6i5. 14° Ron-
deau brillant idem (en mi bémol), op. 29;
ibid. 13» Sérénade et allegro giocoso idem
(en si mineur et en re), op. 43; Bonn, Sim-
rock. 16» Ouverture pour des instruments à
vent (en ut), op. 24 ; ibid. B. Mcsiqce de
cbâsbre : a. Pour instruments à archet.-
17» Ottetto pour quatre violons, deux altos et
deux violoncelles, op. 20 ; Leipsick, Breitkopf
et Haerlel. 18° Premier quintette (en la ma-
jeur), pour deux violons, deux altos et violon-
celle, op. 18; Bonn, Simrock. 19" Second
quintette idem (en si bémol), op. 87; Leipsick,
Breitkopf etHœrtel. 20° Premier quatuor pour
deux violons, alto et basse (en mi bémol),
op. 12; Leipsick, Hofmeister. 21° Deuxième
idem (en la), op. 13; Leipsick, Breitkopf et
Hsertel. 22° Trois quatuors idem (en ré, en
mi mineur et en mi bémol), op. 44; ibid.
23° Sixième quatuor tdem (en fa mineur),
op. 80; t6id. 24» Septième idem, ^ndanfe^
Scherzo, Capriccio et Fugue, op. 81; ï6id.
b. Pour piano accompagné : 23° Premier
quatuor pour piano, violon, alto et violoncelle
(en ut mineur), op. 1 ; Berlin, Schlesinger.
26° Deuxième idem (en fa mineur), op. 2;
ibid. 27° Troisièmeidem (en si mineur), op. 3;
Leipsick, Hofmeister. 28» Premier grand trio
pour piano, violon et violoncelle (en ré mi-
neur), op. 49; Leipsick, Breitkopf et Hsertel.
29» Deuxième idem (en ut mineur), op. 66;
i6îd. 30° Sonate pour piano et violon (en fa
mineur), op. 4; Leipsick, Hofmeister. 31» Pre-
mière sonate pour piano et violoncelle (en si
bémol), op. 43; Leipsick, Kistner. 32» Deuxième
idem (en ré majeur), op. 58; tfcid. 33» Varia-
tions concertantes pour piano et violoncelle
(en ré majeur), op. 17; Vienne, Mechetti.
c. Pour piano à quatre mains: 54» Andante
et variations (en si bémol), op. 83; Leipsick,
Breitkopf et Haerlel. 33° Allegro brillant (en
la majeur), op. 92; ï6id. d. Pour piano
seul : 36° Andante cantabile et Presto agitato
(en si mineur); ibid. 37° Capriccio (en fa
dièse mineur), op. 5 ; Berlin, Schlesinger.
38° Trois caprices, op. 16; Vienne, Mecbetti.
59°Fantaisie (en fa dièse mineur), op. 28;
Bonn, Simrock. 40° Pièces caractéristiques,
op. 7; Leipsick, Hofmeister. 41» Étude et
Scherzo {en fa mineur); Berlin, Schlesinger.
42° Fantaisie (en mi majeur), op. 15; Vienne,
Mechetti. 43° Six morceaux d'enfants, op. 72 ;
Leipsick, Breitkopf et Haertel. 44°Sept recueils
de romances ou Lieder sans paroles, op. 19,
30, 58, 53, 62, 67, 85; Bonn, Simrock. 45° Six
préludes et six fugues , op. 35 ; Leipsick,
Breitkopf et Haerlel. 46» Rondo capriccio (en
mt majeur), op. 14; Vienne, Mechetti. 47» So-
nate (en mi majeur), op. 6 ; Leipsick, Hof-
meister. 48° Dix-sept variations sérieuses,
op. 54; Vienne, Mechetti. 49° Variations sur
des thèmes originaux, op. 82 et 83; Leipsick,
Breitkopf et Haertel. C. Mdsique pour orgce :
50° Trois préludes et fugues, op. 37; Leipsick,
Breitkopf et Hœrtel. 51° Six sonates, op. 63;
ibid. D. Oratorios, cantates, psacxes, etc. :
52° Paulus, oratorio, op. 36; Bonn, Simrock.
33° Elie {Elias), idem, op. 70 ; ibid. 54° Le
CAr/sf, oratorio non archevé, fragments, op. 97;
Leipsick, Breitkopf et Hsertel. 55» Musique pour
VAntigone de Sophocle, op. 53; Leipsick,
Ristner. 56° Musique pour VAthalie de Ra-
cine, op. 74; Leipsick, Breitkopf et Haertel.
37° Musique pour VŒdipe à Co/one de Sor
phocle, op. 95; ibid. 58° Musique pour h
Songe d'une IVuit d'été de Shakespeare ,
op. 61 ; ibid. 59° Lauda Sion, hymne pour
chœur et orchestre, op. 75; Mayence, Scholt.
60» Za première nuit de Sainte- JFalpurge
{Die erste Walpurgisnacht), ballade, op. 60;
Leipsick, Kistner. 61» Chant de fêles. Aux
artistes, d'après le poème de Schiller, pour
chœur d'hommes et instruments de cuivre,
op. 68 ; Bonn, Simrock. 62» Chant pour la qua-
trième fête séculaire de l'invention de l'im-
primerie, pour chœur et orchestre; ibid.
63° Hymne pour contralto, chœur et orchestre,
paroles anglaises et allemandes, op. 96 ; Bonn,
Simrock. 64° Hymne pour soprano, chœur et
orgue; Berlin, Bote et Bock. 65» Trois chœurs
d'église avec solos et orgue, op. 23 ; Bonn,
Simrock. 66° Trois cantiques pour contralto,
chœur et orgue; t6id. 67° Trois motets pour
des voix de soprano et contralto et orgue,
op. 39; î6id. 68° Trois motets en chœur avec
des solos pour le Bom-Chorde Berlin, op,78;
Leipsick, Breitkopf et Hsertel. 69° Psaume MS^
pour chœur, solo et orchestre, op. 31 ; Bonn,
Simrock. 70° Psaume 42* pour chœur et or-
chestre, op. 42; Leipsick,Breitkopf et Hsertel.
71° Psaume 95« tdem^ op. 46 ; Leipsick, Kist-
ner. 72° Psaume 114'^ pour chœur à huit
voix et orchestre, op. 51 ; tfcid. 73° Trois
psaumes pour voix solos et chœur, op. 78;
Leipsick. Breitkopf et Hsertel. 74° Psaume 98'=
6.
8i
MENDELSSOHN-BÂRTHOLDY — MENESTRIER
pour un chœur à huit voix et orchestre,
op. 91 ; Leipsick, Kistner. E, Opéras : 75" Les
JYoces de Gamache , opéra comique en deux
actes, op. 10; partition pour piano ; Leipsick,
Ilofmeisler. 76» Le Retour de voyage à
l'étranger {Heimkehr ans deniFremde), opéra
de salon en un acte, op. 89; Leipsick, Breit-
kopf et Haeriel. 77» Loreley, opéra non ter-
miné, op. 98; ibid. Le finale du premier acte
seul a été publié en partition pour le piano.
78» Air pour voix de soprano et orchestre,
op. 94 ; ibid. F. Chants a plusieurs voix :
a. Chants pour soprano, alto, ténor et basse,
op. 41, 48, 39, 88 et 100; Leipsick, Breilkopl"
ctHserlel. b. Chants àquatre voix d'hommes,
op. 30, 75, 76; Leipsick, Kistner. c. Chants
à deux voix, op. 63, 77; ibid. G. Chants a
VOIX SEULE AVEC PIANO (l'ccueils de Lieder),
op. 8, 9, 34, 47, 57, 71, 84, 86, 99; Berlin,
Schlesinger; Leipsick, Breilkopf et Haertel.
Il existe aussi un certain nombre de com-
positions de Mendelssohn , sans numéros
d'œuvres.
MEISDES (Manuel), écrivain sur la mu-
sique et compositeur portugais, né à Evora,
vers le milieu du seizième siècle, fut d'abord
maître de chapelle à Portalegre, puis alla
remplir les mêmes fonctions dans sa ville
natale, où il mourut en 1603. Quelques bons
musiciens portugais ont été instruits par lui.
Il a laissé en manuscrit : 1" ^rte de canto
c/md(Sciencedu plain-chant). 2» Messes à cinq
voix. 3» Magnificat à quatre et cinq voix.
4" Motets à plusieurs voix, et diverses autres
compositions qui se trouvaient autrefois à la
bibliothèque royale de Lisbonne.
MEI^DES (Jacques FRANCO-). Foyez
FRANCO-MENDES (Jacques).
MENDES (Joseph FRANCO-). Foyez
FRANCO-MENDES (Joseph).
MEISEGHELLI (l'abbé Antoine), vicaire
de l'église du Saint, à Padoue, a prononcé
dans cette église, le 6 mai 1841, un éloge de
Zingarelli, à l'occasion d'un service solennel
célébré, le même jour, en mémoire de ce com-
positeur. Ce discours a été imprimé sous ce
litre : Per le solenni E'sequie del Cav. Nicolo
Zingarelli, celebrate nell' insigne Basilica
delSantoil di 6 Maggio del 1841. Discorso
deW Ab. Antonio Meneghelli; Padow,
coi lipi di A. Sicca, 1841 , in-8» de vingt et une
pages.
MENEHOU (Michel DE), maître des en-
fants de chœur de l'église Saint-Maur-des-
Fossés-lcz-Paris, vers le milieu du seizième
siècle, est auteur d'un livre qui a pour litre :
Instruction familière en laquelle sont con-
tenues les difficultés de la musique, avec le
nombre des concordances et des accords, en-
semble la manière d'en user; Paris, Nicolas
Du Chemin, 1535, in-4'' oblong. La deuxième
édition est intitulée : Nouvelle instruction
familière en laquelle sont contenues les dif-
ficultés de la musique, avec le nombre des
concordances et accords, ensemble la ma-
nière d'en user, tant à deux, à trois, à
quatre et à cinq parties ; Paris, Nicolas Du
Chemin, 1558, in-4'' oblong. Il y a une troi-
sième édition du même ouvrage qui a pour
litre : Nouvelle instruction des préceptes et
fondements de musique; Paris, 1571. Ce
livre est remarquable en ce qu'il est le pre-
mier publié en France où l'on trouve le mot
accord employé pour indiquer l'harmonie de
plusieurs sons réunis : cependant on se trom-
perait si, sur le titre de l'ouvrage et ceux de
quelques chapitres, par exemple du dix-neu-
vième (Règles générales pour les accords
parfaits)^ on se persuadait qu'on y trouve un
véritable traité de l'harmonie qui enlèverait à
Viadana et à quelques autres musiciens du
commencement du dix-septième siècle, la
priorité de considération des accords isolés ;
car les accords dont parle Michel de Menehou
ne sont que des intervalles, et ses règles gé-
nérales pour les accords parfaits ne sont que
celles qui défendent de faire des octaves et des
quintes consécutives. Il est vrai que les cha-
pitres 22"= et 23« enseignent à faire un accord
à trois et à quatre parties; mais on n'y
trouve que les règles du contrepoint à trois et
à quatre, connues depuis longtemps ; règles
dont la plupart étaient arbitraires , et ont
cessé d'être admises dans les traités modernes
de l'art d'écrire. Il faut cepehdant remarquer
que Michel de Menehou est le premier qui a
parlé des cadences parfaites et imparfaites
(chap. 23, 24 et 25).
MENESTRIER (Claude François) , sa-
vant jésuite et laborieux écrivain, naquit à
Lyon, le 10 mars 1631, d'une famille origi-
naire de la Franche-Comté. Après avoir fait
ses études, il professa les humanités à Cham-
béry, Vienne en Dauphiné et Grenoble, puis
fut rappelé à Lyon pour y enseigner la rhéto-
rique, et succéda, en 1667, au P. Labbedaus
l'emploi de bibliothécaire. Il mourut à Paris,
le 21 janvier 1705, à l'âge de soixanle-qua-
torze ans. Au nombre de ses ouvrages, qui
presque tous ont un intérêt historique, on re-
marque : 1» Des ballets anciens et modernes,
selon les règlesdu théâtre .-Vixris, 1682, in-12.
J
MENESTRIER — MENGAL
8b
2» Des Représentations en rmisique , an-
ciennes et modernes; Paris, 1687, in-12. Si
l'on a recueilli depuis le P. Mcnestrier un
plus grand nombre de fails concernant les
objels de ces deux livres; si l'on a mis plus
de critique dans la discussion de ces faits, on
ne peut nier que ce savant religieux a le
mérite d'avoir ouvert la voie à ces recherches,
et que ses ouvrages renferment de curieux
renseignements.
MEI\GAL (Hartis-Joseph), connu sous le
nom de MENGAL AIISÉ, direcleur du Con -
serraloire de musique à Gand, est né en cette
ville le 27 janvier 1784. Son père fut son pre-
mier maître de musique, puis il reçut des
leçons de plusieurs artistes, particulièrement
pour le cor, sur lequel il fit de rapides progrès.
A l'âge de douze ans, il composait des morceaux
pour cet instrument et d'autre musique, sans
connaissances d'harmonie et sans autre guide
que son instinct. En 1804, il entra comme
élève au Conservatoire de Paris : il y eut pour
professeur décor Frédéric Duvernoy; Catel
lui enseigna l'harmonie. En 1808, il obtint, au
concours, le second prix de cette science, et le
premier prix de cor lui fut décerné l'année
suivante. Devenu ensuite élève de Reicha, il
fit, sous sa direction, un cours complet de
composition. Entré dans la musique de la
garde impériale au mois de décembre 1804, il
servit dans les campagnes d'.\utriche en 1805
et de Prusse l'année suivante. De retour à
Paris en 1807, il obtint sa retraite, reprit ses
éludes et dans le même temps entra en qua-
lité de premier cor, à l'orchestre de l'Odéon,
d'où il passa à celui du théâtre Feydeau ,
en 1812. Après treize années de service
à ce théâtre, il donna sa démission pour re-
tourner à Gand comme directeur du théâtre.
Cette entreprise ne fut point heureuse ; Mengal
l'abandonna bientôt après, pour prendre les
fonctions de directeur de musique. Il remplit
celles-ci jusqu'à la révolution de 1850, puis
il alla prendre une position semblable au
théâtre d',\nvers, et retourna à Gand en 18-32.
Des propositions lui furent faites alors pour
aller diriger l'orchestre du théâtre de La
Haye; il les accepta et occupa cette nouvelle
position pendant deux ans. De retour à Gand
en 1835, il y fut nommé directeur du Conser-
vatoire de musique établi par la régence de
celte ville. Mengal est mort à Gand, des suites
d'une apoplexie, dans la nuit du 2 au 3 juillet
1851.
Cet artiste a écrit pour le théâtre : l» Une
jVuH au château, opéra-comique en ua acle,
joué au théâtre Feydeau avec succès , en
1818, et resté pendant plusieurs années au
répertoire des Ihéàlres lyriques. La partition
a été gravée à Paris, chez Dufaut et Dubois.
2» L'Jle de Rabilary, opéra-comique en trois
actes, au même théâtre, en 1819, qui n'a
point réussi. 3° Les Infidèles, drame en trois
actes, représenté au théâtre de Gand avec un
brillant succès, en 1825. 4° Un Jour à Fau-
cluse, opéra-comique en un acte, au même
théâtre, en 1828. Les compositions instru-
mentales de Mengal sont au nombre d'environ
cent œuvres; on y remarque : 5° Harmonie
militaire, plusieurs suites; Paris, Naderman,
Dufaut et Dubois. 6" Trios pour deux violons
et basse, op. 1 ; Paris, Leduc. 7° Trois qua-
tuors pour deux violons, alto et basse. 8" Trois
quintettes pour flùle, hautbois, clarinette,
cor et basson ; Paris, Pleyel. O^Trios pour flùle,
violon et alto ; Paris, Naderman. 10» 1" et
2* concertos pour cor et orchestre, op. 20 et
27; Paris, Dufaut et Dubois. 11" Trois qua-
tuors pour cor, violon, alto et basse, op. 8;
Paris, Naderman. 12» Duos pour cor et harpe,
n" 1, 2, 3 ; Paris, Janet. 13» Idem pour cor
et piano, n»' 1, 2, 3, 4; ibid. 14» Idem,
n»' 5 et 6 ; Paris, Frère. 15» Fantaisies pour
piano et cor, n»' 1, 2, 3; Paris, Dufaut et
Dubois. 16» Quatuors pour instruments à
vent, plusieurs œuvres. 17» Beaucoup de ro-
mances avec accompagnement de piano, entre
autres le Chevalier errant (Dans un vieux
château de l'Andalousie) qui a obtenu un
succès populaire. Mengal a laissé en manu-
scrit beaucoup de morceaux d'harmonie pour
instruments à vent; ouverture à grand or-
chestre, composée à La Haye; quintettes pour
cinq cors; trios pour les mêmes instruments;
plusieurs morceaux de chant, entre autres un
chœur à cinq voix sans accompagnement, sou-
vent exécuté dans les concerts.
MEINGAL (Jeas), frère du précédent, est
né à Gand, au mois de mai 1796. Son père lui
a donné les premières leçons de musique, puis
il a étudié le cor sous la direction de sou
frère. Admis au Conservatoire en 1811, il
y est devenu élève de Domnich , et quinze
mois après son entrée dans celle école, il y a
obtenu le premier prix de cor. Après avoir été
attaché pendant plusieurs années à l'orchestre
du Théâlre-Ilalien, il est entré, en 1820, à
l'Opéra en qualité de premier cor solo. Il a
été aussi, pendant plusieurs années, membre
de l'orchestre de la Société des concerts. On a
gravé de sa composition : 1» Fantaisies pour
cor et piano, n" 1, 2, 3, 4, 5, G; Paris, Scho-
86
MENGAL — MENGOZZI
nenberger. 2° Plusieurs solos idem. 3» Fan-
taisie brillante pour cor et orchestre, sur des
motifs de Donizetti, op. 20; Paris, Richault.
4» Fantaisie pour cor à pistons, avec accompa-
gnement de piano, sur des motifs de Guido et
Ginevra, op. 23 ; Paris, Schlesinger. 3» Duos
pour deux cors, etc.
MENGEL (Georges), né à Bamberg, au
commencement du dix-septième siècle, apprit
la musique dans son enfance, puis entra au
service militaire, dans les troupes de l'électeur
de Bavière, et parvint au grade de capitaine.
En 1640, il donna sa démission et entra chez
l'évéque de Bamberg, en qualité de maître de
chapelle. Il a fait imprimer de sa composition
des psaumes avec des motets sous ce litre :
Quinque limpidissimi Lapides Davidici ,
seu Psalmi 131 cum Motetta centuplici va-
rietate; Wurzbourg, 1644, in-fol. On connaît
aussi sous son nom : Sacri concentus et dia-
logi 1, 2, 3, 4, 5 et 6 voc. cum motetta
4 voc. eti instrument., op. 4 ; Inspruck,1662,
in- 4».
MEIVGELIUS (Philippe), professeur de
belles-lettres et docteur en médecine à l'uni-
versité d'Ingolstadt, dans le seizième siècle,
fut instruit dans la musique et habile luthiste.
Il se maria en 1562 et mourut à Ingolstadt,
en 1394. Après sa mort, on recueillit ses poé-
sies latines, et elles furent publiées en cette
ville en 1596. Parmi les pièces de ce recueil
on trouve un éloge de la musique, et deux au-
tres morceaux, 'intitulés : In Organum mu-
sicum monasterii Benedicto Btirani; In
effigiem Philippi de Monte musici, etc.
MENGOLI (Pierre), géomètre, né à Bo-
logne en 1625, reçut des leçons de mathéma-
tiques du P. Cavalieri, considéré comme le
premier inventeurdu calcul infinitésimal, et
s'appliqua aussi à l'étude de la jurisprudence,
de la philosophie et de la théologie. Dans sa
jeunesse, il enseigna publiquement, à Bologne,
les doctrines de Zarlino et de Galilée, concer-
nant la théorie mathématique de la musique.
Plus lard, il embrassa l'état ecclésiastique,
obtint un bénéfice et fut chargé d'enseigner
les mathématiques dans le Collège des nobles.
11 mourut à Bologne, le 7 juin 1686. Au
nombre de ses écrits sur diverses branches des
mathématiques, on remarque celui qui a pour
titre : Speculazioni di Musica ; Bologne,
1670, in-4». En 1673, le frontispice a été
changé, et le livre a reparu comme une
deuxième édition. Dans la première partie de
son ouvrage, Mengoli expose l'anatomie de
l'oreille, et trouve dans sa conformation le
principe des combinaisons de la musique et
des sensations qu'elle développe. C'est celte
idée fausse qui, longtemps après, est devenue
la base du livre de Morel {voyez ce nom), inti-
tulé : Principe acoustique nouveau et uni-
versel de la théorie musicale.
MEIVGOZZI (Bernard), chanteur et com-
positeur distingué, né à Florence en 1758, fit
ses premières études de musique en cette ville,
puis alla étudier le chant sous la direction de
Pasquale Potenza, chanteur de la chapelle de
Saint-Marc, à Venise. Il brilla ensuite sur plu-
sieurs théâtres d'Italie. En 1786, il se rendit à
Londres avec sa femme, connue auparavant
sous le nom d'Anne Benini. L'année suivante,
il vint à Paris et se fit entendre avec succès
dans les concerts donnés à la cour par la reine
Marie-Antoinette. Lorsque l'excellente troupe
d'opéra italien du théâtre de Monsieur fut
organisée, il y entra et sut se faire applaudir
à côté de Mandini et de Viganoni. Après les
événements révolutionnaires qui dispersèrent
cette réunion de chanteurs d'élite, Mengozzi
resta à Paris, et y vécut en donnant des leçons
de chant et écrivant de petits opéras pour les
théâtres Feydeau et Montansier. A l'époque
de l'organisation du Conservatoire de musique,
il y fut appelé comme professeur de chant et
y forma plusieurs élèves, parmi lesquels on cite
Batiste, qu'on a longtemps entendu à l'Opéia-
Comique, et qui, plus tard, a quitté le théâtre
pour la place d'huissier de la chambre des
Pairs, qu'il occupait encore en 1839. Mengozzi
a surtout contribué aux progrès de l'art du
chant en France par les matériaux qu'il avait
préparés pour la rédaction de la méthode du
Conservatoire, et qu'il n'eut pas le temps
d'achever, parce qu'il mourut au mois de
mars 1800, des suites d'une maladie de lan-
gueur. Ce fut Langlé qui rédigea cet ouvrage.
Les opéras connus de Mengozzi sont: 1» Gli
Schiavi per amore, opéra bouffe en deux
act< s, au théâtre de Monsieur, en 1790. Quel-
ques morceaux de cet opéra ont été gravés en
pardlion avec les parties d'orchestre. 2"Z'/5o/a
disabitata , au même théâtre, en 1790.
3" Les Deux Vizirs, au théâtre Montansier,
4» Une Faute par amour, au théâtre Feydeau,
1793. ^"aujourd'hui, opéra en trois actes,
au théâtre Montansier, 1791. 6» Isabelle de
Salisbury, en trois actes, au même théâtre,
1791, en collaboration avec Ferrari. 7" Le
Tableau parlant, en un acte, au même
théâtre, 1792. Celle pièce avait été nhise en
musi(iue par Grétry, dont elle est un des meil-
leurs ouvrages; la nouvelle musique de JUeii-
MENGOZZI — MENTER
87
gozzi n'eut point de succès. 8° Pourceaujnac,
en trois actes, au même théâtre, 1793.
9° L'Amant jaloux, en trois actes, au
Théâtre national, rue de Richelieu, 1793.
10° Selico, en trois actes, au même théâtre,
1793. 11» La Journée de l'amour, ballet en
un acte, 1793. 12" Brunet et Caroline, en un
acte, au théâtre Montansier, 1799. 13° La
Lame voilée, en un acte, au théâtre Favart,
1799. 14° Les Habitants de P'aucluse, en
deux actes, au théâtre Montansier, 1800. Men-
gozzi avait introduit quelques morceaux de sa
composition dans les opéras italiens qu'on
jouait au théâtre de Monsieur; on cite parti-
culièrement un trio de Vltaliana in Londra,
et le rondo ^e m'abbandoni, qu'il chantait
avec une expression touchante, et qui eut un
succès de vogue.
MEIN'O^i (Tdttotalo ou Tuttuaie?), mu-
sicien français, vécut dans la première moitié
du seizième siècle. Il fit, comme beaucoup
d'autres artistes français et belges, un voyage
en Italie et séjourna à Corregio (1). Il fut le
premier maître de musique du célèbre orga-
niste et compositeur Claude Merulo. On a de
lui un ouvrage intitulé : Madrigali d'Amore
a quattro voci composti da Tuttovale Menon.
Et nuovamente stampati, et con diligentia
corretti. In Ferrara nella stampa di Gio-
vanni de Bulghat et Antonio Stucher com-
pagni del 1558.
«iENSCHIZN'G (B.-L.), étudiant en droit
de l'université de Francfort-sur-l'Oder, dans
les premières années du dix-huitième siècle,
cultiva la musique et fut compositeur, ainsi
qu'on le voit dans un volume qui a pour titre :
Secularia sacra académie régis Fiadrinx ;
Francofurti ad Fiadrum (s. a.), in-fol.
Parmi les pièces séculaires en vers et en prose,
faites à l'occasion de l'anniversaire de la fon-
dation de l'université etde la présence, à Franc-
fort, de Frédéric III, duc de Brandebourg et
premier roi de Prusse, se trouvent vingt pages
de musique en partition, dont le titre particu-
lier est ainsi conçu : Sérénade présentée à
S. M. R. (Sa Majesté Royale) de Prusse par
les étudiants de Franc fort-sur-V Odre (sic),
la veille du jubilé, composée par B.-L. Men-
sching, étudiant en droit, le ^od'avril 1706.
La sérénade renferme une ouverlure et un
air chanté alternativement avec les instru-
ments ^ suivi de Sarabande, allemande et
gigue.
(1) Voirez h notice de U.Angelo Catelani intitulée:
ilemorie délia vila e dette opère di Claudio Merulo (Mi-
lano, Tito de Gio. Ricordi), p. 16, note 2.
MO'SI (François), ecclésiastique de la
Bohême, naquit le 27 mars 1753, à Bistra, où
son père, Vénitien de naissance, était gouver-
neur chez le comte de Hohenems. Il apprit les
éléments de la musique dans ce lieu, puis à
Clameczet àKrzinecz. Ayant suivi ses parents
à Prague, il y fit ses humanités chez les jé-
suites, et étudia la philosophie et la théologie
à l'université. Ce fut aussi dans cette ville qu'il
prit des leçons de violoncelle de Joseph Rei-
cha, et de composition chez Cajetan Vogel.
Bientôt il fut considéré en Bohême comme un
habile violoniste et violoncelliste, et comme
un compositeur distingué. Il a écrit une très-
grande quantité d'oft'ertoires, graduels, an-
tiennes, litanies, messes, symphonies et qua-
tuors, dont une partie se trouvait au couvent
de Strahow. Après avoir été vicaire à Smeczo
pendant onze ans, il fut nommé curé à Hro-
beziez, puis à Pber, où il se trouvait encore
en 1808.
ME?ÎTA (François) musicien qui vécut
à Rome, était né à Venise, dans la première
moitié du seizième siècle. Il s'est fait connaître
comme compositeur par les ouvrages suivants:
I» Madrigali a quattro voci; Roma, app.
Antonio Barréjl^GO.^" Madrigali a cinque
voci, libro primo; in Fenezia, app. Ant.
Gardane, 1564, in-4° obi.
ME]>iTE (Jeas-Frédéric), naquit le 9 no-
vembre 1698, à Rothenbourg, sur l'Oder. Fils
de Samuel Mente, bon organiste en cette ville,
il apprit de son père les éléments de la mu-
sique, puis, en 1713, il alla à Francfort-sur-
rOder, et y continua ses études musicales chez
Simon, professeur de musique de l'universitc.
En 1718, il visita Dresde et Leipsick, puis se
rendit à Glaucha, où il étudia le contrepoint
sous Meischner. Après avoir été organiste
dans plusieurs petites villes, il fut appelé, en
1727, à Liegnitz, en la même qualité. Il mou-
rut vers 1760, après avoir rempli son emploi
pendant trente-trois ans. Le nombre de ses
compositions pour l'église et pour les instru-
ments est considérable, mais on n'a imprimé
qu'un concerto pour la basse de viole, à Leip-
sick, et six trios pour flûte, basse de viole et
basse continue pour le clavecin. Le reste de
ses ouvrages consiste en sonates et concertos
pour le clavecin et pour la basse de viole.
.^IE]>'TER (Joseph), violoncelliste dis-
tingué, est né, le 18 janvier 1808, à Teys-
bach, près de Landshut (Bavière). Les pre-
mières années de son enfance se passèrent
dans les villes de Salzbourg, puis de Ratis-
bonne, et enfin d'Eichstsedt, où son père,
8S
M ENTER — MERCADANTE
employé de l'administration des finances, fut
envoyé tour à tour. Le premier instrument
qu'on lui mit dans les mains fut le violon;
mais, plus lard, il devint élève de Bloralt, à
Munich, pour le violoncelle. En 1829, il fut
admis dans la chapelle du prince de Hohen-
zollern-IIechingen, et, en 1833, il entra dans
la chapelle royale à Munich. Cet artiste a
voyagé avec succès dans l'Allemagne du Nord,
en Autriche, en Hollande, en Suisse, en Bel-
gique et en Angleterre. Il est mort jeune en-
core, le 18 janvier 1856. Ses œuvres pour son
instrument ont été publiées après son décès,
à Ofîenbach, chez André. Il avait publié pré-
cédemment, à Vienne, chez Haslinger, ses
premiers ouvrages, parmi lesquels on remar-
que un thème varié pour violoncelle et piano,
op. 4, et une fantaisie pour violoncelle et or-
chestre, op. 5.
MEiyZEL (Ignace), habile facteur d'or-
gues à Breslau, vécut au commencement du
dix-huitième siècle. Ses principaux ouvrages
sont : 1° L'orgue de l'église Notre-Dame, à
Breslau, en 1712, composé de trente-six jeux.
2» Celui de l'église Corporis Christi, dans la
môme ville, de vingt et un jeux. 5" Celui de
Sainte-Barbe, idem, de vingt et un jeux. 4° Ce-
lui de l'église Saint-Pierre et Saint-Paul, à
Liegnitz,de trente et un jeux, en 1722.5° Celui
de Niemtsch, en Silésie, en 1725, composé de
vingt jeux. 6» Celui de Landshut, en 1729,
composé de quarante-sept jeux.
MERBACH(Georges Frédéric), directeur
de la justice à Altdœbern, dans la Basse-
Liisace, vers la fin du dix-huitième siècle,
vécut d'abord à Leipsick. On a de lui une
méthode de piano pour les enfants, intitulée :
Clavierschuîe fur Kinder; Leipsicii, 1782,
in-fol. obi. de soixante etune pages. On voit par
sa dédicace à Ilomilius et à Hiller qu'il était
élève de ces deux savants musiciens. En 1783,
il a paru un supplément à cet ouvrage, dont
l'auteur, qui a gardé l'anonyme, était inconnu
à Merbach lui-même(voye2 Petsciike).
MERCADANTE (Saverio), compositeur
dramatique de l'époque actuelle, n'est pas né
à Naples, comme il est dit dans plusieurs ra-
cueils biographiques, mais à Altamura, dans
la province de Bari, en 1797. A l'âge de douze
ans, il fut envoyé à Naples et y entra au col-
lège royal de musique de Saint-Sébastien. Ses
premières études semblaient le destiner à être
instrumentiste 5 il jouait du violon et de la
flûte; beaucoup de morceaux de sa composi-
tion pour ces instruments furent publiés à
Naples, et, pendant plusieurs années, il tint
l'emploi de premier violon et de chef d'or-
chestre à ce conservatoire. Zingarelli, direc-
teur de l'école, qui était son maître de compo-
sition, l'ayant surpris un jour occupé à mettre
en partition des quatuors de illozart, le chassa
impitoyablement. Il fut alors obligé de cher-
cher des ressources dans la composition dra-
matique, et il essaya ses forces dans une can-
tate qu'il écrivit pour le théâtre Bel Fonda,
et qui fut exécutée en 1818. L'année sui-
vante, il composa pour le théâtre Saint-Charles
rjpoteosi d'Ercole, qui fut représenté avec
succès, et dont on applaudit surtout un beau
trio qui a été publié avec accompagnement de
piano. Cet ouvrage fut suivi, dans la même
année, de l'opéra bouffe Fiolenza e Costanza,
représenté au théâtre Nttovo. Applaudi de
nouveau dans cette production, Mercadanle
fut engagé, en 1820, pour donner à Saint-
Charles Anacreonte in Samo, dont le succès
surpassa celui de ses premiers ouvrages. Dès
ce moment, son nom commença à retentir en
Italie, et l'administration du théâtre Falk,
de Rome, lui envoya un engagement. Il partit
pour cette ville, et y fit représenter l'opéra
bouffe JlGeloso ravvedulo, qui fut suivi, dans
la saison du carnaval, de l'opéra sérieux :
Scipione in Cartagine, au théâtre Argen-
tina de la même ville : ces deux ouvrages
furent accueillis avec faveur. Au printemps
de 1821, Mercadante alla à Bologne écrire
Maria Stuarda, qui n'eut qu'un médiocre
succès; mais il se releva brillamment à l'au-
tomne de la même année en donnant, à Milan,
son Elisa e Claudio, le meilleur de ses ou-
vrages, et celui qui a trouvé partout le meil-
leur accueil. Telle fut la fortune de cette par-
tition, que les journaux parlèrent d'un rival
trouvé à Rosini : jugement téméraire comme
on en porte dans le monde, où le mérite se
mesure au succès.
Chargé des lauriers qu'il avait cueillis à
Milan, Mercadante arriva à Venise pour y
écrire VJndronico, qui fut représenté, pen-
dant le carnaval de 1822, au théâtre de la
Fenice. Là commença pour le compositeur
une suite de revers mêlés de quelques succès.
A la chute iï'Andronico succéda, à Milan, celle
de l'opéra semi-seria Adèle ed Emerico, et,
dans l'automne de la même année (1822), la
chute plus humiliante encore de yJmleto. La
réussite équivoque' d'^Z/'onso ed Elisa, re-
présenté à Mantoue au printemps de 1825, ne
|)ut indemniser Mercadante de ses revers pré-
cédents; mais l'enthousiasme que fit éclater
sa Didone à Turin, dut ranimer son courage.
MERCADANTE
89
De reloiir à Naples après ces vicissitudes, il y
écrivit, à l'automne de l'année 1823, GU Sciti,
opéra sérieux qui fut représenté au théâtre
Saint-Charles, et qui ne réussit pas; mais il
se releva à Rome, au carnaval de 1824, par
GliJmici di Siracusû. Tout semblait conspi-
rer à assurer la fortune dramatique de Merac-
dante, car, depuis un an, Rossini avait quitté
l'Italie pour s'établir à Paris, Morlacchi était
à Dresde, et les autres compositeurs italiens
avaient vieilli, ou n'avaient point de crédit
près du public ; mais il manquait à Mercadante
la qualité essentielle ; je veux dire l'originalité
qui crée le style, qualité indispensable pour
exercer à la scène une domination non con-
testée, et pour éviter les alternatives de succès
et de chutes. Au mois de juin 1824, il arriva à
Vienne et y débuta par la mise en scène de son
£lisa e Claudio, que suivirent de près Dora-
lire, en deux actes, le Nozze di Telemacco
ed Antiope , drame lyrique, et II Podestà
di Burgos. Écrits avec trop de rapidité, et
conséquemment avec négligence, ces ouvrages
ne réussirent point à la scène et furent mal-
traités dans les journaux. En 1823, Merca-
dante donna, à Turin, la Nitocri, opéra sérieux
qui fut applaudi ; xaixiErodeossiaMarianna
tomba à Gènes. L'Jpermestra, où il y a de
belles choses, ne réussit pourtant pas au
théâtre Saint-Charles de Naples, mais la
Donna Carilea, jouée au printemps de 182G,
à Venise, eut un succès d'enthousiasme.
Ce fut à cette époque que l'entrepreneur
du théâtre italien de Madrid engagea Merca-
dante pour sept ans, aux appointements an-
nuels de deux mille piastres, sous la condition
qu'il écrirait deux opéras nouveaux pour ce
théâtre. On ne connaît pas les circonstances
(|ui empêchèrent ce contrat de recevoir son
exécution; mais il est certain que Mercadante
revint à Turin à la fin de la même année pour
y écrire l'Ezio, qui n'obtint qu'un succès
douteux, puis II Montanaro, au printemps
de 1827, pour le théâtre de la Scala, à Milan.
De là il retourna en Espagne. Il passa à Ma-
drid les années 1827 et 1828 et y fit jouer
quelques-uns de ses anciens ouvrages. On le
trouve à Cadix au printemps de 1829 : il y
donna l'opéra bouffe intitulé : La Rappre-
saglia, dont le succès fut brillant, puis il fit
un voyage en Italie pour y engager des chan-
teurs qu'il emmena à Cadix. En 1830, Merca-
dante retourna à Madrid, y prit la direction
de la musique du théâtre italien, et y composa
la Testa di bronzo. De là il alla à Naples, en
1831, où il fit représenter la Zaira, qui reçut
un bon accueil. L'année suivante, il donna à
Turin / Nortnanni a Parigi, ouvrage qui
réussit; puis alla à Milan écrire l'opéra ro-
mantique Ismala ossia Morle ed Amore,
dont le succès fut contesté.
Vers ce temps, la mort de Geoerali avait
laissé vacante la place de maître de chapelle
de la cathédrale de Novare ; Mercadante se
présenta pour la remplir et l'obtint au com-
mencement de l'année 1833. Depuis lors il a
écrit à Milan II Conte d'Essex, qui a été joué
sans succès, et qui a été suivi du drame
I Briganti, d'Emma d'Antiochia, de La
Gioventù di Enrico F, de II Giuramento,
mélodrame et belle composition, où le mal-
heureux Nourrit se fit applaudir à Naples, et
de Le due illustri Rivali, à Venise, au car-
naval de 1839. L'opéra / Briganti avait été
composé pour Paris ; Mercadante vint le
mettre en scène lui-même, et l'ouvrage fut
joué au mois de mars 1836. Mais bien que les
chanteurs fussent Rubini, Tamburini, La-
blacbe et mademoiselle Grisi, l'opéra n'eut
point de succès. Dans l'opéra Le due illustri
Rivalif Mercadante transforma son style, y
mil plus de verve, plus d'élévation, et se plaça
au premier rang des compositeurs de cette
époque. Cet ouvrage a été composé dans des
circonstances pénibles, car une affection
ophlhalmique aiguë menaçait le compositeur
de le priver entièrement de la vue. Retiré à
Novare pendant ce temps, il était obligé de
dicter sa musique en l'exécutant au piano. Du
malheur qu'on craignait pour Mercadante, la
moitié seulement se réalisa alors : il perdit
un œil. L'artiste trouva un adoucissement à ce
cruel accident dans le succès éclatant de sa
partition. Postérieurement il a écrit Gabriela
di Fergi, Elena di Fellre, La f'estale, Il
Bravo, Il Fascello di Gama, Leonora, GU
Orazzi ed i Curiaci , Il Proscrilto , il
Régente, Il Signore in viaggio , la Soli-
laria délie Aslurie, et quelques autres ou-
vrages.
Des nombreux ouvrages de Mercadante, on
a gravé en partition de piano, Elisa e Claudio,
la Donna Carilea, Il Giuramento, Ismalia,
I IVormanni a Parigi, des choix de mor-
ceaux de VIpermestra, I Briganti, Emma
d'Antiochia, La Gioventù di Enrico F, 'Le
due illustri Riiali, Il Bravo, Elena di
Fellre, Il Giuramento, La Festale, et Gli
Orazzi ed i Curiaci, ainsi qu'une immense
quantité d'airs et de duos détachés, à 3Iilan,
chez Ricurdi, à Paris, chez Bernard Latte et
ailleurs. On connaît aussi de ce compositeur :
90
MERCADANTE — MERGADIER
1" Deux recHcils de six ariettes italiennes;
Vienne, Artaria. 2» Virginia, cantate;
Vienne, Mechetti. 5° Sorge in uano, cantate;
Milan , Ricordi. 4" Soirées italiennes, col-
lection de huit ariettes et de quatre duos;
Paris, Bernard Latte.
Considéré dans l'ensemble de sa carrière,
Mercadante fait regretter qu'il ait mis trop de
précipitation dans ses travaux et n'ait pas
réalisé ce qu'on pouvait attendre de lui. Le
don d'invention, qui fait subir à l'art des
transformations, ne lui avait pas été accordé;
mais il y avait en lui assez de mélodie natu-
relle, de sentiment de bonne harmonie, d'ex-
périence de l'instrumentation et de connais-
sance des voix , assez même de sentiment
dramatique, pour qu'on pût espérer de voir
sortir de sa plume un plus grand nombre
d'ouvrages complets, dignes de l'estime des
connaisseurs. Toutefois, il est certain que cet
artiste est le dernier maître italien qui con-
serva dans ses ouvrages les traditions de la
bonne école. Ses partitions sont bien écrites,
et l'on y trouve un sentiment d'art sérieux qui
a disparu après lui. Malheureusement il aimait
trop le bruit et les effets de rhythme. Bon har-
moniste, il a donné, dans ses messes et autres
ouvrages de musique d'église, les preuves d'un
savoir qui l'a fait choisir, en 1840, pour la
direction du Conservatoire royal de Naples,
qu'il a conservée jusqu'à ce jour (1862).
L'Académie des beaux-arts de l'Institut de
France l'a choisi pour un de ses membres
associés. En 1862, cet artiste distingué est
devenu complètement aveugle.
MERCADIEPi (Jean-Baptiste) est com-
munément surnommé DE BELESTAT,
parce qu'il était né, le 18 avril 1750, dans le
bourg de ce nom, au département de l'A-
riège. Destiné à l'état ecclésiastique, on lui fit
faire des éludes propres à le préparer à cet
état, particulièrement celle des langues an-
ciennes ; mais au moment d'entrer au sémi-
naire, il déclara à sa famille que son goût pour
les mathématiques ne lui permettrait pas de
donner à la théologie l'attention qu'elle exi-
geait, et qu'il ne se sentait aucune disposition
pour être prêtre. De retour à Mirepoix, où de-
meurait son père, il s'entoura de livres d'al-
gèbre et de géométrie, et dès lors, il ne s'oc-
cupa plus que des sciences exactes.
Après avoir rempli, depuis 1784, l'emploi
d'ingénieur de la province du Languedoc, il
fut nommé dix ans après ingénieur en chef du
déparlemenl de l'Ariége. Il est mort à Foix,
le 14 janvier 1816, à l'âge de soixante-six ans.
La théorie de la musique occupa les loisirs de
ce savant, et après avoir étudié les systèmes
par lesquels on avait cru l'expliquer ,. il se
persuada qu'il en avait trouvé un meilleur,
et l'exposa dans un livre intitulé : Nouveau
système de musique théorique et pratique;
Paris, Valade, 1776, un volume in-S» de trois
cent quatre pages et huit planches, avec un
discours préliminaire de lxvi pages. La cri-
tique que fait Mercadier, dans son discours
préliminaire, des systèmes de Rameau et de
Tartini, qui étaient en vogue de son temps,
ou du moins dont on parlait beaucoup, est en
général assez juste; mais il est moins heureux
lorsqu'il essaye d'établir son propre système;
car, après avoir attaqué Rameau dans ses prin-
cipes, il lui emprunte l'idée de la génération
de la gamme par des cadences de sons fonda-
mentaux, celle de l'identité des octaves, enfin,
il fait dériver comme lui les successions mélo-
diques de l'harmonie. Les principes qui servent
de guide à Mercadier, pour la recherche de la
base de son système, sont en partie empi-
riques, en partie arbitraires. C'est par le té-
moignage de l'oreille qu'il vérifie la justesse
des successions dans la multitude d'intervalles
que lui donnent toutes les divisions possibles
d'une corde tendue : il ne remarque pas que
ce témoignage, pris comme critérium, n'a pas
besoin de tout cet échafaudage; il sulfit pour
la construction de la gamme à priori, mais
il ne peut conduire à une démonstration ri-
goureuse de la justesse des sons.
MERCADIER (P.-L.), fils du précédent,
né dans le département de l'Ariége, en 180J5,
fut élève de l'École militaire de Saint-Cyr.
Après y avoir terminé ses éludes, il fut nommé
officier, en 1831, dans le 26'= régiment de
ligne, et servit jusqu'en 1838. Fixé depuis ce
temps à Paris, il fut décoré de l'ordre de la
Légion d'honneur pour son honorable conduite
dans les rangs de la garde nationale pendant
l'insurrection des journées de juin. Comme
son père, il s'est occupé de la musique, mais
au point de vue de la recherche d'une méthode
pour son enseignement élémentaire. Le résul-
tat de ses travaux a été publié sous ce titre :
Essai d'instruction musicale à l'aide d'un
jeu d'enfant; Paris, J. Claye, 1855, un vo-
lume in 8° de cent cinquante-sept pages, avec
un tableau mécanique, et une boite divisée par
cases où sont classés des dés qui portent les
noms des notes avec les divers signes qui les
modifient, pour la formation des gamm«s dans
tous les tons : c'est ce que M. Mercadier nomme
un jeu d'enfant. Sa méthode n'est pas des-
Mi:UCADIER — MERCY
91
linée aux écoles d'arlistes, mais à l'enseigne-
ment privé.
.IIERCHI (...), guitariste et joueur de
mandoline, naquit à Nazies vers 1750 et vint
à Paris, en 1753, avec son frère. Tous deux
se firent entendre dans des duos de calas-
cione, sorte de guitare à long manche en
usage autrefois chez le peuple napolitain.
Très-habile aussi sur la guitare ordinaire et
sur la mandoline, Merchi fut longtemps en
vogue à Paris comme maître de ces instru-
ments. Il vivait encore et enseignait en 1789.
Chaque année, il publiait un recueil d'airs
avec accompagnement de guitare, de préludes
et de petites pièces dont il avait paru vingt-six
volumes en 1788. Le nombre de ses ouvrages
pour guitare ou pour mandoline est d'environ
soixante. On ne connail plus aujourd'hui de
toute cette musique, que des trios pour deux
violons ou deux mandolines et violoncelle,
œuvre 9 : Le Guide des écoliers pour la gui-
tare, ou préludes aussi agréables qu'utiles,
avec des airs et des variations, op. 7, et Me-
nuets et allemandes connus et variés, op. 23.
Merchi a aussi publié un Traité des agré-
ments de la musique exécutée sur la guitare,
contenant des instructions claires et des
exemples démonstratifs sur le pincer, le
doigter, l'arpège, labatterie, l'accompagne-
ment, la chute, la tirade, le martellement,
le trille, la glissade et le son filé; Paris,
1777, in-8».
MERCIER (AtBEHT), professeur de mu-
sique à Paris, vers la fin du dix-huitième
siècle, a fait imprimer un petit ouvrage inti-
tulé : Méthode pour apprendre à lire sur
toutes les clefs; Paris, 1788. On a aussi gravé
de sa composition, à Berlin, un air varié pour
le violon.
3IERCIER (Jules), violoniste et composi-
teur, est né à Dijon, le 23 avril 1819. Dès l'âge
de quatre ans, il reçut de son père des leçons
de violon qui lui furent continuées jusqu'à
l'arrivée, à Dijon, d'un bon violoniste nommé
Lejeune, qui devint son maître. A l'âge de dix-
sept ans. Mercier se rendit à Paris et fut ad-
mis au Conservatoire comme élève de Guérin,
puis désigné pour suivre le cours de Baillot;
mais il ne reçut jamais de leçons de ce grand
maître, parce qu'une grave maladie lui fit sus-
pendre ses études et l'obligea à retourner
dans sa ville natale. Sa santé chancelante fut
toujours un obstacle à la manifestation pu-
blique de son talent, mais n'a point empêché
ce talent de se développer eld'acquéric toutes
les qualités qui font l'artiste distingué, à sa-
voir, la beauté du son, la justesse de l'into-
nation, le mécanisme de l'archet, et le senti-
ment juste de l'art. Mercier s'est fait entendre
avec succès dans les villes les plus importantes
de la Bourgogne, de la Franche-Comté, de
l'AIsaceet de la Lorraine, ainsi qu'à Carisrube,
à Wurzbourg et à Stuttgard. Arrivé à Franc-
fort, il y fut atteint de nouveau par une longue
maladie qui le fit renoncer à ses projets de
voyage et le ramena à Dijon*. On a publié de
cet artiste : 1» Fantaisie pour le violon sur la
Favorite; Paris, Brandus. 2» Fantaisie sur
Robert le Diable; idem, ibid. 3° Fantaisie
dramatique sur les Huguenots ; idem, ibid.
4" Idem sur Charles FI; ibid. 5° Idem sur
Robin-des-Bois. 6" Idem sur le Pré-aux-
Clercs. 1" Caprice sur VElisir d'amore.
8" Symphonie concertante pour deux violons
sur Norma. Cet artiste a aussi en ma-
nuscrit : 9''Concerto pour violon et orchestre.
10» Pastorale idem. 11» Trois airs variés
idem. 12» Trois morceaux de salon : £'/e^ie^
Saltarelle, Fillanelle. 13" L'Orage, avec or-
chestre. 14» Six prières pour deux violons.
15» Duos pour piano et violon. 16° Fantaisie
caprice pour violon. 17» Divers morceaux pour
musique militaire; quadrilles, pas redou-
blés, etc. On trouve une appréciation du talent
de Mercier dans les Souvenirs de la musique,
par M. Nault (Dijon, Loireau-Feuchot, 1854,
in-8°).
MERCRER (Matthias), cornefliste et
compositeur du comte de Schaumbourg, na-
quit en Hollande et ilorissait au commence-
ment du dix-septième siècle. Ses compositions,
qui consistent toutes en musique instrumen-
tale, sont les suivantes : 1° Fantasia seu
Cantiones gallics A vocum accommodaltc
cymbalis et quibuscunque aliis instrument,
musical. ; Arnheim, 1604, in-4». 2» Concen-
tus harmonici 2, 5, 4, 5, 6 vocum et instru-
mentorum variorum; Francfort-sur Fe-Mein,
1613, in-4». 3» IVeue kunstliche mus. Fugen,
Paduanen, Galliarden und Intraden, auf
allerley Instrum. zu gebrauchen, mit 2,
3, 4, 5 und 6 Stimmen; Francfort, 1614,
in-4». «
MERCY (Louis), né en Angleterre, d'une
famille française, dans les premières années
du dix-huitième siècle, se distingua par son
talent sur la flûte à bec, à laquelle il fit des
améliorations conjointement avec le facteur
d'instruments Stanesby, de Londres; mais il
ne put remettre en faveur cet instrument, que
la (liiie iraversière avait fait abandonner. On
connaît de la composition de cet artiste :
92
MERCY — MEUEAUX
1» Six solos pour la flùle à bec; Londres,
Walsh. S" Six idem, op. 2; i6îd. 3" Douze
solos pour la flùle anglaise (flûte à bec en uf),
avec une préface inslruclivc sur la gamme;
ihid.
MEREAUX (JEAN-NicotAS LE FROID
DE), compositeur, naquit à Paris, en 174o.
Après avoir terminé ses études de musique
sous divers maîtres français et italiens, il fut
organiste de l'église Saint-Jacques-du-Haut-
Pas, pour laquelle il écrivit plusieurs motels.
En 1775, il fit exéc,uter, au Concert spirituel,
l'oratorio VEsther, qui fut fort applaudi. La
cantate A^ Aline, reine de Golconde , fut le
premier ouvrage qu'il publia en 1767. Il fit
représenter à la comédie italienne les opéras
suivants : 1" Le Retour de la tendresse, le
l"^"- octobre 1774. 2» Le Duel comique, le
16 septembre 1776. Z«Laurette, en 1782. Il a
donné aussi à l'Opéra : 4» Alexandre aux
Indes, (1785), dont la partition a été gravée.
5» Œdipe et Jocaste, en 1791. Mereaux a
laissé en manuscrit : les Thermopyles, grand
opéra, et Scipion à Carthage. Il est mort à
Paris, en 1797.
MEREAUX (JosEPH-NicoLAsLE FROID
DE), fils du précédent, né à Paris, en 1767,
fut élève de son père. En 1789, ce fut lui qui
joua de l'orgue qu'on avait élevé ou Champ-
de-Mars pour la fêle de la Fédération du
14 juillet. Il entra ensuite comme professeur
à l'école royale de chant attachée aux Menus-
Plaisirs du roi. Depuis lors, il a été professeur
(le piano et organiste du temple prolestant de
rOraloire, quoiqu'il fût catholique. Il com-
posa, à l'occasion du couronnement de Napo-
léon I", une cantale à grand orchestre, qui
fut exécutée dans ce temple, en 1804. Parmi
les compositions de Mereaux qui ont été pu-
bliées, on remarque : 1" Sonates pour piano
et violon ou flûte; Paris, Pacini. 2» Nocturne
pour piano et flûte, op. 35; Paris, Richault.
3" Sonate pour piano seul, op. 5; Paris,
Omont. 4" Grande sonate, idem; Paris, Le-
duc. 5» Plusieurs fantaisies pour piano. Il a
laissé en manuscrit une grande méthode de
piano non terminée. M. de Mereaux a formé
quelques élèves distingués, au nombre des-
quels on compte son fils et mademoiselle Au-
guste Compel de Saujon, amateur qui brilla
par son talent d'exécution, et qui a écrit de
jolies fantaisies pour le piano.
MEREAUX (Jean Amédée LE FROID
DE), fils du précédent, est né à Paris, en
1803. Élève de son père pour le piano, il fil
Je rapides progrès sur cet instrument, ce qui
ne l 'empêcha pas de faire de bonnes éludes
au Lycée Charlemagne, et d'obtenir un pre-
mier prix au grand concours de l'université. Sa
mère était filledu présidenlBIondel, qui, jeune
avocat, avait plaidé la cause de mademoiselle
d'Oliva, dans la fameuse affaire du collier de
la reine, puis fut secrétaire des sceaux sous
Lamoignon de Malesherbes, et qui devint
enfin président de la Cour d'appel de Paris.
Cette dame voulait que son fils suivît la car-
rière du barreau ; mais l'organisation musi-
cale du jeune Mereaux en décida autrement.
A l'âge de dix ans, il fit avec Reicha un cours
complet d'harmonie; il était à peine parvenu
à sa quatorzième année lorsque son père fit
graver, chez Richault, ses premiers essais de
composition. Après avoir terminé ses études
de collège, il apprit de Reicha le contrepoint
et la fugue, dont il avait étudié auparavant
les premiers principes avec le vieux Porta
(voyez ce nom). Devenu artiste, Mereaux se
livra à renseignement et publia un grand
nombre de compositions pour le piano. En
1828, son ancien camarade de collège et ami,
l'archéologue Charles Lenormant, lui fit avoir
le litre de pianiste du duc de Bordeaux, sinécure
qu'il ne garda pas longtemps, car, moins de
deux ans après, la révolution de 1830 changea
la dynastie régnante. Après cet événement,
Mereaux parcourut la France en donnant des
concerts; puis il se rendit à Londres, en
1832, et y séjourna pendant deux saisons
comme virtuose,' professeur et compositeur
pour son instrument. Au nombre des élèves
qu'il forma à cette époque, on compte made-
moiselle Clara Loveday, qui, plus tard, acquit
une certaine renommée. Fixé à Rouen vers
1835, Mereaux s'y est livré à l'enseignement
jusqu'à ce jour (1862), et y a formé beaucoup
de bons élèves, parmi lesquels on remarque
mademoiselle Charlotte de Malleville, connue
plus lard sous le nom de madame Amédée
Tardieu, et qui a mérité l'estime des connais-
seurs par la manière dont elle interprétait
les œuvres classiques. Bien qu'absent de Paris
pendant une longue suite d'années, Mereaux
u'y fut pas oublié, parce qu'il y fil meltre au
jour plus de quatre-vingt-dix œuvres, parmi
lesquels on compte cinq livres de grandes
études pour le piano, qui furent publiés en
1855, et qui, après avoir reçu l'approbation
de la section de musique de l'Institut de
France, ont été adoptés pour l'enseignement-
au Conservatoire de Paris. Au nombre ih ses
compositions de musique vocale, on compte
une messe solennelle à quatre voix, chœur ol
MEREÂUX — MERK
93
orchestre qui a été exécutée à la cathédrale
de Rouen, en 1852, des cantates pour diverses
circonstances, dont une a été publiée à Paris,
chez Maurice Schlesinger, et une autre, écrite
pour le chanteur Baroilhet,et qui a paru chez les
frères Escudier. Il a écrit des pièces chorales
à huit voix en deux choeurs, pour les Orphéo-
nistes de Paris. Reçu membre de l'Académie
impériale des sciences, belles-lettres et arts
de Rouen, en 1858, Mereaux a prononcé, à la
séance publique de cette société, un discours
sur la musique et sur son influence sur l'édu-
cation morale des peuples. Après avoir été
publié dans les mémoires de cette académie,
ce morceau a été reproduit dans divers jour-
naux. Comme littérateur musicien, cet artiste
a pris part à la rédaction de plusieurs jour-
naux, et a fait, pendant plusieurs années, la
critique musicale dans le journal principal de
Rouen. Plusieurs fois Mereaux s'est fait en-
tendre à Paris comme virtuose et y a obtenu
des succès. En 1844, il a donné, dans la grande
salle du Conservatoire, un concert au bénéfice
de l'Association des musiciens, et y a exécuté le
concerto en ré mineur de Mozart. En 1855, il
fit entendre, pour la première fois à Paris, dans
un concert donné à la salle Pleyel, avec made-
moiselle de Malleville, son élève, le concerto en
mi bémol pour deux pianos du même maiire,
et écrivit pour cet œuvre un grand point
d'orgue qui a été publié chez l'éditeur Ricbault.
MERELLE (....). On a, sous ce nom, une
méthode de harpe, divisée en trois livres, et
intitulée : New and complète instruction
for the Pedal Harp; Londres, 1800.
MÉRIC-LAL^V^DE (He>biette). Foyez
L ALA3iDE (He.^biette - CL£a£:(Ti5E MÉ-
UIC-).
MERK (Dakiel), musicien bavarois, né
vers le milieu du dix-septième siècle, fut
instituteur, chantre et directeur de musique à
Augsbourg après la mort de Georges Schmetzer.
Il a publié une méthode de musique instru-
mentale intitulée : Jnweisung zur Jnstru-
mentalmusik ; Augsbourg, 1695. Merk est
mort en 1715.
MERK (Josepb), violoncelliste distingué,
naquit à Vienne, le 18 janvier 1795. Il était
encore dans ses premières années quand on
lui fit commencer l'étude du violon ; à l'âge
de quinze ans, il possédait déjà un talent re-
marquable sur cet instrument et se faisait
entendre avec succès dans les concerts; mais
un accident, qui pouvaitavoir les conséquences
les plus graves, l'obligea d'abandonner le
violon et de prendre la violoncelle : mordu
par un chien de grande (aille, aux denx bras,
il reçut au bras gauche des blessures si pro-
fondes, qu'il lui devint désormais impossible
de le tourner pour tenir le violon dans sa
position ordinaire. Merk éprouva beaucoup de
chagrin de cet événement; mais son goût
passionné pour la musique lui fit prendre im-
médiatement la résolution de se livrer à
l'étude du violoncelle. Le nom du maître qui *
lui donna les premières leçons de cet instru-
ment (5cAtndtecAcr) est à peine connu parmi
les artistes : cependant ce dut être un homme
de talent, car il fit faire à son élève de si
grands progrès, que Merk put être engagé,
après une année d'études, comme violoncel-
liste de quatuors chez un magnat de Hongrie.
Il vécut deux ans chez ce seigneur; puis il
entreprit un voyage pour se faire connaître et
se fit entendre dans les villes principales de
la Hongrie, de la Bohême et de l'Autriche.
Après cinq années de cette vie nomade, il re-
tourna à Vienne et entra comme premier vio-
loncelle à l'Opéra de la cour (1816). Admis à
la chapelle impériale, en 1819, il vit sa répu-
tation de virluosevioloncelliste s'étendre dans
toute l'Allemagne. Lorsque le Conservatoire
de Vienne fut institué (en 1825), Merk y fut
appelé en qualité de professeur de son instru-
ment. En 1854, l'empereur lui accorda, con-
jointement avec Mayseder, le litre de virtuose
de la chambre impériale; distinction qui ne
pouvait être accordée à un artiste plus digne de
l'obtenir. Dans ses voyages, il fil admirer son
talent à Prague, Dresde, Leipsick, Brunswick,
Hanovre et Hambourg, d'où il se rendit à
Londres. De retour à Vienne, en 1859, Merk
y reprit ses fonctions de professeur, dans les-
quelles il s'est particulièrement distingué,
ayant formé un grand nombre de bons violon-
cellistes répandus en Allemagne et dans les
pays étrangers. Ce digne artiste est mort à
Vienne, le 16 juin 1852. On a publié de sa
composition : 1» Concerto pour violoncelle et
orchestre, op. 5; Leipsick, Breitkopf el Haertel.
2» Concertino idem (en la), op 17; ibid.
5" adagio et rondo idem (en ré), op. 10;
Vienne, Mechetti. 4" adagio et polonaise (en
la), op. 12; ibid. o° Variations sur un thème
original (en 50/), op. 8 ; ibid. 6° Variations
sur un thème tyrolien (en so/), op. 18; Bruns-
wick, Meyer. 7° Divertissement sur des
thèmes hongrois (en ré mineur), op. 19; ibid-
8° Introduction et variations (en ré), op 21 ;
Vienne, Mecnelli. 9» Vingt exercices pour le
violoncelle, op. 11 ; Vienne, Uasliogcr.
10° Six éludes idenij op. 20 ; ibid.
94
MERKEL — MERKLIN
MERKEL (Dankegott-Emmandel), litté-
raJeur allemand, naquit à Schwartzenberg,
au j)ied des montagnes du Harz, le 11 juin
1765, fit ses éludes à Zittau et à Leipsick,.puis
se fixa à Dresde, où il mourut le 4 octobre
1798, à l'âge de 33 ans. Il cultiva la musique
comme amateur, et publia un recueil de pièces
intitulé : Quelques compositions pour le
piano et léchant; Dresde, Hilscher, 1791.
MERKLIN (Joseph), habile facteur d'or-
gues, est né, le 17 janvier 1819, à Oberhausen,
dans le grand-duché de Bade. Fils de
J. Merklin, facteur d'orgues à Freibourg,
dans la même principauté, il fit ses pre-
mières études sous la direction de son père,
puis il compléta ses connaissances par ses
voyages en Suisse, en Allemagne, et travailla
chez M. Walker, à Louisbourg, puis chez
Korfmacher, à Linnich. Arrivé en Belgique,
M. Merklin posa les premières bases de son
établissement à Bruxelles, en 1843. En 1847,
l'exposition nationale belge lui procura l'oc-
casion de se faire connaître avec avantage par
les bonnes qualités de l'orgue qu'il y fit en-
tendre : une médaille de vermeil lui fut dé-
cernée en témoignage de la satisfaction du
jury. Dans la même année, M. Merklin appela
près de lui M. F. Schtltze , son beau-frère,
facteur très-habile, particulièrement pour la
mise en harmonie des jeux. Ce fut peu de
temps après que l'auteur de cette notice, par
un rapport lu à l'Académie royale des sciences,
des lettres et des beaux-arts de Belgique,
appela l'attention des facteurs d'orgues belges
sur la nécessité de perfectionner leurs instru-
ments en ce qui concerne les diverses parties
du mécanisme, et d'étudier les découvertes
qui avaient été faites à ce sujet en Angleterre
et surtout en France. De tous les facteurs
d'orgues du pays, M. Merklin fut le seul qui
comprit l'importance des considérations ex-
posées dans ce rapport; sans perdre de temps,
il examina avec l'attention la plus scrupuleuse
les améliorations introduites récemment dans
la facture de l'orgue par les artistes étrangers,
adopta celles qui lui parurent résoudre des
problèmes fondamentaux de son art, et en
puisa d'autres dans son propre fonds pour la
production de timbres caractérisés et variés ,
fit disparaître de l'instrument les anciens jeux
qui forment double emploi avec d'autres et
comVlifluent la machine sans utilité pour
rcffel; enfin, il réunit dans ses orgues tous
les éléments d'une perfection relative, au fur
et à mesure que l'expérience l'éclairait, et par-
vint ainsi, par degrés, en peu d'années, à se
placer au premier rang des facteurs, et à pro-
duire des orgues de toutes les dimensions, qui
sont aujourd'hui considérées comme des mo-
dèles achevés, tant pour les détails de la
construction mécanique que pour la richesse,
l'ampleur et la variété des sonorités.
En 1853, Merklin, dans le dessein de donner
plus de développement à son industrie, fonda
une société par actions, sous la dénomination
Merklin , SchUtze et compagnie. En 1855,
cette société acheta la fabrique d'orgues de
Ducroquet, à Paris. Dans la même année, elle
obtint des récompenses très-honorables à
l'exposition universelle de cette ville. En
1858, la société fut transformée en Société
anonyme pour la fabrication des or-
gues, etc.; établissement Merklin-Schiitze.
Cette nouvelle organisation permettait à une
administration composée d'hommes hono-
rables et expérimentés d'apporter son concours
dans les travaux de l'établissement. Par la
bonne gestion de cette administration ; par la
réunion des deux grandes maisonsde Bruxelles
et de Paris; par les travaux qui y sont exé-
cutés; enfin, par le talent incontestable de
MM. Merklin et SchUtze, cet établissement est
devenu sans égal en Europe. Les orgues les
plus remarquables qu'il a produites depuis
1845 sont (en Belgique) : \° Le grand orgue
de S. Barlhélemi, à Liège; 2» Celui de l'ab-
baye de Parc, près de Louvain ; 3" l'orgue du
collège des Jésuites, à Namur; 4" Celui de
l'Institut des aveugles, faubourg de Schaer-
beek, à Bruxelles ; 5" Le grand orgue de trente-
deux pieds pour le Conservatoire de Bruxelles,
dans la grande salle du palais des beaux-
arts : instrument magnifique, à quatre claviers
manuels, clavier de pédales, cinquante-quatre
registres, avec tous les accessoires de pédales
de combinaisons, d'accouplement et d'expres-
sion. (En Espagne) : 6» Le grand orgue de la
cathédrale de Murcie. (A Paris) : 7° Le grand
orgue de Saint-Eustache; 8» celui de l'église
Saint-Eugène; 9» celui de S. Philippe du
Roule. (Dans les départements de la France) :
10" Le grand orgue de la cathédrale de Rouen;
11° celui de la cathédrale de Bourges ; 12» ce-
hii de la cathédrale de Lyon; 13" idem de la
cathcdralede Dijon; 14° tdem de la cathédrale
d'Arras; 15° l'orgue de l'église Saint-Ni-
colas, à Boulogne-sur-Mer; 16° celui de
régliseSaint-Sernim,àToulouse, grand trente-
deux pieds.
Par ses travaux dans la construction des
Iiarnioniunij M. Merklin a porté cet instru-
ment à la plus grande perfection obtenue jus-
MEUKLIN — MERSENNE
9ô
qu'à ce jour (1863) ; perfeclion qui ne semble
même pas pouvoir être dépassée, tant pour le
fini et la solidité du travail, que par la beauté
du son et la variété des timbres des divers
registres. La société anonyme dont il dirige les
ateliers a construit de grands instruments de
celte espèce dont la puissance sonore frappe
d'élonnement les connaisseurs : ils tiennent
lieu d'orgues dans un grand nombre de petites
localités, et ont sur celles-ci l'avantage d'oc-
cuper peu de place.
MERLE (Jeas-Tocssairt), littérateur, né
à Montpellier, le 16 juin 1785, fit de bonnes
éludes à l'école centrale du département de
l'Hérault, puis se fixa à Paris, en 1803.
D'abord employé au ministère de l'intérieur,
il quitta cette place pour le service mili-
taire, et ne revint à Paris que vers la fin
de 1808. Tour à tour attaché à divers jour-
naux, il le fut en dernier lieu à la Quoti-
dienne, en qualité de rédacteur pour la lit-
térature. Il a fait représenter aux théâtres du
Vaudeville , des Variétés et des Boulevards
beaucoup de pièces dont quelques-unes ont
obtenu du succès. Depuis 1822 jusqu'en 1826,
il eut la direction privilégiée du théâtre de la
Porte-Saint-Martin. On a de lui deux petits
écrits, dont le premier a pour titre : Lettre à
un compositeur français, sur l'état actuel
de l'Opéra; Paris, Barba, 1827, in-S» de
quarante -quatre pages, et l'autre : De
l'Opéra; Paris, Baudouin, 1827, in-8'' de
trente-deux pages. J'ai donné, dans la Revue
musicale ( t. I" ), des analyses de ces opus-
cules. Merle est mort à Paris, le 18 fé-
vrier 1852.
MERLE\ (...), mécanicien anglais, a in-
venté à Londres, en 1770, une machine pour
noter la musique, qu'il a envoyée au prince de
Galitzin, à Pétersbourg; mais les difficultés
de la traduction des signes firent renoncer à
cette machine, sur laquelle on trouve une no-
tice dans le Correspondant musical de Spire,
année 1792, p. 398.
BIERLI]>iG (Jules), professeur de musique
à l'école supérieure des filles, à Magdebourg,
est auteur d'un livre d'enseignement élémen-
taire, intitulé : Theoretisch-praktisches Ge-
sangs-Cursus (Cours de chant théorique et
pratique); Magdebourg, Heinrichshofen, 1855.
Ce cours est divisé en quatre degrés : le pre-
mier, pour les enfants de huit à neufans; le
second, d'enseignement moyen, pour ceux de
dix à onze ans; le troisième, également d'en-
seignement moyen, pour l'âge de douze à
treize ans, et le dernier, pour l'enseignement
supérieur, de treize à quinze ans. A cet ou-
vrage, M. Merling en a fait succéder un autre
qui a pour titre : Der Gesang in der Schule,
seine Bedeutung und Behandlung, etc. (le
Chant dans les écoles, son importance, et l'ap-
plication qu'on peut en faire, etc.); Leipsick,
1856, un volume in-8°. Ce livre est l'œuvre
d'un esprit distingué, dont les vues sont philo-
sophiques. Ainsi que le dit M. Merling (p. 7),
c'est le commentaire du Cours de chant théo-
rique et pratique. Je n'ai pas de renseigne-
mont sur l'auteur de ces ouvrages.
MERMET (l'abbé Locis-Frai»çois-E»»a-
kiel), né le 25 janvier 1765, à Desertin,
bourg du hameau de Rouchoux (Jura), a été
d'abord professeur de belles-lettres à l'école
centrale du département de l'Ain, puis au
Lycée de Moulins, membre de l'Académie de
Montauban, et de la Société des sciences et
arts de Grenoble. Il est mort à Saint-Claude,
le 27 août 1825. Ce littérateur a publié : Let-
tres sur la musique moderne; Bourg, 1797.
in-S».
MERJIET (Louis BOLLIOUD DE).
roj/e;BOLLIOlD DE MERMET (Louis).
MERRICK (.\rsold), organiste de l'église
paroissiale de Cirencester, dans le comté de
Glocester, occupait cette position avant 1826.
Il est mort dans cette ville, en 4845. Cet ar-
tiste s'est fait connaître par la traduction an-
glaise des œuvres didactiques d'Albrechts-
berger, dont la deuxième édition, augmentée
d'une préface nouvelle, de notes et d'un vo-
lumineux index, a été donnée par M. John
Bishop, de Cheltenham, sous ce titre : Method
of Harmony, figured Base and Compost
tion, adapted for self instruction, etc. ; Lon-
dres, Rob. Cocks et C* (sans date), deux volumes
gr. in-8».
MERSErSNE (le P. Mabih). Si la persé-
vérance et l'activité dans le travail suffisaient
pour conduire un écrivain à la gloire, nul
n'aurait plus de droits à la célébrité que le
P. Mersenne, religieux minime de la Place-
Royale de Paris, sous le règne de Louis XIII.
Malheureusement ce bon moine, fort savant
d'ailleurs, n'était pas de trop bon sens,
selon l'opinion d'un critique, et l'on ne peut
nier que le critique ait raison. Le P. Mer-
senne a laissé beaucoup d'ouvrages volumi-
neux qui attestent son courage et sa patience :
mais les choses utiles qu'on y trouve sont
noyées dans une multitude d'extravagances
plus étonnantes encore que l'étendue des con-
naissances de celui qui les a imaginées. Au
reste, ses défauts tiennent un peu de scu
96
MERSENNE
temps, où la philosophie des sciences n'existait
point encore, en dépit du génie et des efforts de
Descaries. Le jugement qu'on porte aujour-
d'hui des ouvrages du P. Mersenne n'était pas
celui de ses contemporains. Le P.Parran le
considère comme un excellent théoricien de
musique (1), et dit qu'il ne laisse rien à désirer
sur la partie spéculative de son art. Le jésuite
Kircher, qui fait son éloge en quatre mots (2),
Fir inter paucos summus, ajoute que son
ouvrage intitulé : Harmonie universelle est
justement estimé, mais que l'auteur s'y est
plus attaché à la philosophie des sons qu'à la
pratique de la musique. La Mothe Le Vayer,
ce sceptique si peu complimenteur, a donné
aussi de grands éloges au P. Mersenne, en lui
envoyant son Discours sceptique de la mu-
sique (3) : « Je reconnais, dit-il, que vous
« avez eu des pensées si relevées sur la mu-
« sique, que l'antiquité ne nous en fournit
« pas de pareilles... Vos profondes réflexions
« sur cette charmante partie des mathéma-
« tiques ne laissent aucune espérance d'y
« pouvoir rien ajouter à l'avenir, comme elles
« ont surpassé de beaucoup tout ce que les
« siècles passés nous avaient donné. «
La vie simple, uniforme et tranquille du
P. Mersenne ne fournit guère de matériaux
pour une biographie; c'est de lui qu'on peut
dire avec justesse que son histoire n'est autre
que celle de ses ouvrages. Né au bûurgd'Oizé,
dans le Maine, le 8 septembre 1588, il fit de
bonnes études au collège du ,Mans, et alla les
achever à La Flèche. Entré dans l'ordre des
Minimes, il en prit l'habit dans le couvent
Notre-Dame-de-Grâce , près de Paris , le
17 juillet 1611, fit son noviciat à Meaux, re-
vint à Paris suivre des cours de théologie et
de langue hébraïque, et fut ordonné prêtre
par Mgr de Gondi, en 1615. Plus lard, ses su-
périeurs l'envoyèrent à Nevers pour y ensei-
gner la philosophie dans le couvent de son
ordre, dont il fut nommé supérieur. De retour
à Paris, il se livra à de grands travaux sur la
philosophie, les mathématiques et la musique.
Trois fois il visita l'Italie et y fréquenta les sa-
vants les plus distingués. On place les époques
de ces voyages en 1640, 1641 et 1043. Lié
d'amitié avec Descartes, Pascal le père, Rober-
val, Peiresc, et la plupart des savants et des
hommes célèbres de son temps, il prit part
aux découvertes les plus importantes qui
furent faites à cette époque, et entretint une
(1) Musique lliéor. et prat., p. 6.
(2) .Musurg. univers, pracf. 2, p. 4.
(3J T. l\ de ses oeuvres, p. 22. Paris, ICC9.
active correspondance avec Doni, Huygens et
beaucoup d'autres savants hommes de l'Italie
de l'Angleterre et de la Hollande. Se livrant à
des expériences multipliées sur des objets de
la physique, il passait une partie de son temps
dans les ateliers ou danslecabinet des artistes
puis prenait des notes sur tout ce qu'il avait
recueilli de faits et d'observations. La douceur
de son caractère, sa bienveillance habituelle
disposaient tous ceux qui le connaissaient à
être de ses amis et à l'aider dans ses travaux.
C'est ainsi qu'il passa sa vie, et qu'il arriva au
terme de sa carrière, à l'âge de soixante ans.
Il mourut, le 1" septembre 1648, des suites
d'une opération douloureuse.
L'un des premiers ouvrages de Mersenne
relatifs à la musique est celui qui a pour titre :
La Férité des sciences (Paris, 1625, in-4''),-
ce livre est le moins connu de tous ceux qu'il
a publiés. Il roule presque tout entier sur la
certitude des principes de la musique, et tend
à prouver que cet art repose sur une science
réelle. C'est surtout à l'examen de l'objection
suivante que le P. Mersenne se livre : « La
« musique n'est rien qu'apparence , puisque
« ce que je trouve agréable, un autre le trouve
« détestable. L'on ne donne aucune raison
« pourquoi l'octave, la quinte et la quarte
« sont plutôt consonnances qu'une septième
« ou une seconde. Peut-être que celles-ci sont
w les vraies consonnances, et. que les autres
« sont les dissonances; car si ce nombre-là
» convient à l'un, celui-là plaira à l'autre. »
Le P. Mersenne, pour répondre à cette objec-
tion, entre dans une longue discussion sur les
nombres, les rapports des intervalles et les
proportions. Du milieu d'un fatras de paroles
inutiles surgit cependant une idée dont Euler
et d'autres grands géomètres se sont emparés,
savoir : qu'un intervalle est d'autant mieux
consonnant que les rapports des sons qui le
constituent sont plus simples. Le calcul des
longueurs des cordes et du nombre de leurs
vibrations lui sert à démontrer cette vérité
dont on attribue la découverte à Pythagore,
mais qui ne se trouve établie d'une manière
positive, pour la première fois, que dans l'écrit
de Mersenne. Ce moine est revenu sur le même
objet dans la deuxième de ses Questions har-
moniques (Paris, 1634, in-S»), p. 80 : elle est
ainsi énoncée : ^ savoir si la musique est
une science j et si elle a des principes certains
et évidents; mais il y abandonne le calcul
pour se livrer à l'exposé de quelques faits his-
toriques où il fait preuve de plus de crédulité
que de critique.
MERSENNE
97
Le projet d'un grand ouvrage qui devait
embrasser toutes les parties de la musique oc-
cupait le P. Mersenne. Ce livre devait avoir
pour litre : Traité de l'harmonie universelle.
En 1627, il en publia un premier essai en un
volume in-8», sous ce titre : Traité de l'har-
monie universelle, où est contenue la musique
théorique et pratique des anciens et mo-
dernes j avec les causes de ses effets .-enrichie
de raisons prises de la philosophie et de la
musique (Paris, Guillaume Baudry). Ce vo-
lume, divisé en deux livres, renferme quatre
cent qucftre-vingt-sept pages , non compris
les épltres, les sommaires et les préfaces. On
n'y voit pas le nom du P. Mersenne au fronti-
spice, mais il se trouve au bas de l'épitre dédi-
caioire du premier livre, à monsieur du Re-
fuge, et de celle du second, à monsieur Coutcl,
conseiller en la Cour des aides. Après la pre-
mière épitre, on trouve une préface générale,
puis le sommaire des seize livres dont l'ou-
vrage devait être composé. Ce sommaire est
suivi de la préface du premier livre et de la
table des théorèmes de ce livre, au nombre de
trente. Vient ensuite le texte du premier livre.
Qui contient ce qu'enseignent Euclide, Pto-
lémée, Bacchius, Boèce, Guy Arelin, Faber,
Glarean, Folian, Zarlin, Satinas, Galilée,
L'IUuminato, Cerone, etc. , et plusieurs
autres choses qui n'ont point été traitées
jusques à présent. Dans ce premier livre, le
P. Mersenne a donné une assez mauvaise tra-
duction française de l'Introduction à la mu-
sique de Bacchius, et de la musique d'Euclide.
Après l'épitre du second livre, on trouve la
préface et la table des théorèmes, au nombre
de quinze. Le texte de ce second livre com-
mence à la page 503.
Je possède un exemplaire de ce volume qui
est terminé par l'approbation manuscrite et
autographe de François de la Noue, et de
F. Martin Hérissé, théologiens de l'ordre des
Minimes, approbation qui se trouve imprimée
dans les autres exemplaires : il y a donc
lieu de croire que celui-ci est l'exemplaire
de Mersenne , formé des bonnes feuilles
d'épreuves.
Il y a des exemplaires de cet ouvrage qui
portent, comme celui-ci, la date de 1627 et
qui sont évidemment de la même édition,
quoiqu'il s'y trouve des différences assez re-
marquables, dont voici l'indication :
1° Après ces mots du titre : De la philoso-
phie et des mathématiques, on trouve ceux-
ci : par le sieur de Sermes. C'est le nom sous
lequel s'est caché plusieurs fois le P. Mersenne.
BIOGR. CSir. DES ■USICif.lS. T. VI.
2<» Au lieu de l'épitre à monsieur du Re-
fuge, on trouve une épitre dédicatoirede l'édi-
teur G. Baudry à Pierre d'Alméras, conseiller
d'État.
ô*" La préface générale n'y est pas, mais
après répitre à Pierre d'.\lméras vient le
sommaire des seize livres de la musique ,
la préface ^du premier livre, la table des
théorèmes, puis, enfin, le corps de l'ouvrage.
4» Le titre du second livre porte aussi le
nom du sieur de Sermes.
3° On ne trouve pas dans ces exemplaires
l'épitre dédicatoire à M. Coutelj mais immé-
diatement après le titre, vient la table des
théorèmes du second livre suivie de la préface
au lieu d'en être précédée. Après cette préface,
vient l'extrait du privilège du roi qui n'est
dans les autres exemplaires qu'à la fin de
l'ouvrage. Enfin, le texte du livre suit cette
pièce, et ce texte se termine, à la page 477, par
ces mots : la lumière de la gloire. Tout ce
qui suit dans les autres exemplaires manque
dans ceux-ci. On n'y trouve pas non plus
l'avertissement au lecteur, où le P. Mersenne
se plaint des critiques qu'on a faites de son
ouvrage ; d'où il paraît que les exemplaires au
nom de de Sermes sont les premiers qui ont
été publiés el qu'on a mis des cartons aux
autres.
Forkel n'a pas connu cet ouvrage du
P. Mersenne; quant à Lichtenthal, il a défi-
guré le nom de de Sermes en celui de F. de
Sermisi {Bibl. délia mus., t. IV, p. 220), et il
n'a pas su quelle est la matière traitée dans le
livre dont il s'agit.
Rien n'était plus difficile pour le P. Ker-
sennequede se renfermer dans le sujet qu'il
voulait traiter; son esprit ne pouvait s'accom-
moder de l'ordre dans les idées, et toujours il
se laissait entraîner à parler de choses qui
n'avaient qu'un rapport fort éloigné à l'objet
du livre qu'il écrivait. C'est ainsi qu'on lui
voit proposer, dans le second livre de l'ouvrage
dont il vient d'être parlé, une multitude de
questions oiseuses ou qui n'ont qu'un rapport
éloigné avec l'objet de son ouvrage.
C'est encore cette divagation de l'esprit du
P. Mersenne qui l'a conduit à écrire, comme
préliminaires de son grand Traité de l'harmo-
nie, deux petits livres, dont l'un a pour titre :
Questions harmoniques , dans lesquelles sont
contenues plusieurs choses remarquables
pour la physique, pour la morale et pour les
autres sciences (Paris, Jacques Villery, 1634,
in-8»), et l'autre : Les Préludes de l'harmonie
universelle^ ou questions curieuses, utiles
98
MERSENNE
aux prédicateurs , aux théologiens, aux as-
trologues, aux médecins et aux philosophes,
composées par le L. P. M. M. (Paris, Henri
Guenon, 1634, in-S"). Dans le premier de ces
livres, le P. Mersenne examine en deux cent
soixante-seize pages les questions suivantes :
1° J savoir si la musique est agréable, si les
hommes savants y doivent prendre plaisir,
et quel jugement l'on doit faire de ceux qui
ne s'y plaisent pas, et qui la méprisent ou
qui la haïssent. 2» J savoir si la musique est
une science, et si elle a des principes cer-
tains et évidents, ô" A savoir s'il appar-
tient plutôt aux maîtres de musique et à ceux
qui sont savants en cette science déjuger de
la bonté des airs et des concerts, qu''aux
ignorants qui ne savent pas la musique.
4» A savoir si la pratique de la musique est
préférable à la théorie, et si l'on doit faire
plus d'état de celui qui ne sait que composer
ou chanter que de celui qui sait les raisons
de la musique.
Le livre des Préludes de l'harmonie est en-
core plus ridicule, car on y voit le P. Mer-
senne traiter sérieusement des questions telles
que celles-ci : 1" Quelle doit être la constitu-
tion du ciel, ou l'horoscope d'un parfait
musicien? 2" Quels sont les fondements de
l'astrologie judiciaire par rapport à la mu-
sique? 3» J savoir si le tempérament du
parfait musicien doit être sanguin, phleg-
matique, bilieux ou mélancolique, pour pou-
voir chanter ou composer les plus beaux airs
qui soient possibles, etc., etc. On pourrait
croire que l'homme qui employait son temps
à écrire sur de pareils sujets était incapable de
rien faire de sérieux : on se tromperait néan-
moins ; le grand Traité de Vharmonie uni-
verselle de Mersenne est un vaste répertoire
où l'on trouve une multitude de renseigne-
ments fort utiles, qu'on chercherait vainement
ailleurs, sur des objets d'un haut intérêt, sous
le rapport de l'histoire de la musique. Ces
bonnes choses, à la vérité, sont mêlées à
beaucoup de futilités ; mais avec de la patience
on parvient à écarter ce qui est sans valeur et
à faire profil de ce qui concerne l'art.
On a aussi deux autres petits traités de
Mersenne, où il y a quelque chose sur la mu-
sique j le premier a pour titre : Questions
théologiques, physiques, morales et mathé-
matiques; Paris, 16Ô4, in-S». L'autre : Les
mécaniques de Galilée, avec plusieurs addi-
tions, traduites de l'italien; Paris, 1634,
in-8».
Tel que Mersenne l'avait conçu en 1G27,
son grand ouvrage devait être composé de
seize livres, ainsi que le prouve le sommaire
qui se trouve dans le volume dont j'ai donné
la description. De ces seize livres, il n'en fut
publié que deux, dans le format de ce volume;
et, à l'exception des deux petits traités des
Questions harmoniques et des Préludes de
l'harmonie universelle qui parurent en 1634,
Mersenne ne publia plus rien de son grand
ouvrage projeté jusqu'en 1635, où il donna
un livre du même genre, sous ce titre :
F. Marini Mersenni ordinis Minim. Har-
monicorum libri XII. Lutetix Parisiorum,
Pétri Ballardi typographi regii characte-
rihus harmonicis , sumptibus Guillielmi
Baudry ; in fol. de cent quatre-vingt-quatre
pages pour les huit premiers livres, et de cent
soixante-huit pages pour les quatre suivants,
sans y comprendre huit pages de préface,
d'avertissement et d'errata. Il y a des exem-
plaires de cet ouvrage et de la même édition
qui portent la date de 1636, et dans lesquelles
il n'y a d'autre différence que l'addition de
quatre propositions avec leurs démonstrations
relatives au mouvement de la lumière, dans
la préface.
Bien que cet ouvrage n'ait été publié qu'en
1635, on voit par le privilège et par l'appro-
bation des théologiens que le manuscrit était
terminé en 1629. Peut-être y a-t-il des exem-
plaires dont le frontispice porte cette date,
mais je n'en ai jamais vu, et aucun auteur
n'en a parlé. En 1648, Mersenne, ai)rès avoir
refondu quelques parties de son livre, d'après
son Traité français de l'harmonie universelle,
en donna une édition nouvelle sous ce titre :
Harmonicorum libri XII, in quibus agitur
de sonorum natura, causis et effectibus : de
consonantiis, dissonantiis , rationibus, ge-
neribus, modis, cantibus, compositione ,
orbisque totius harmonicis instrumentis .
Lutetix Parisiorum, Guill. Baudry, in-fol.
Il paraît que cette édition fut faite aux frais
de Baudry, de Cramoisy et de Robert Ballard,
et qu'ils s'en partagèrent le tirage, car on en
trouve des exemplaires avec le nom de chacun
de ces trois éditeurs. Dans quelques-uns, le
frontispice est noir; dans d'autres, il est en
caractères alternativement rouges et noirs.
Forkel {Littéral, der Musik, p. 407) et Lich-
tenthal (Bizzion. e Bibliog. délia musica,
t. IV, p. 319) disent qu'on a donné, en 1652,
comme une troisième édition du même livre
corrigée et augmentée {editio nova, aucta et
correcta) des exemplaires dont on n'avait
changé que le frontispice; je doute de l'exis-
MERSENNE
99
tence de ces exemplaires ainsi changés, car le
P. Mersenne ayant cessé de vivre peu de mois
après la publication de la deuxième édition,
il était évident qu'il n'avait point eu le temps
de la corriger pour en préparer une troisième,
el personne n'aurait été assez hardi pour ha-
sarder cette fausseté littéraire.
Je ne dois point passer sous silence une
autre erreur à laquelle le Traité des Harmo-
niques de Mersenne a donné lieu. On dit,
dans le deuxième volume du Dictionnaire
des musiciens, publié à Paris, en 1810-1811,
que ce traité latin est une espèce d'abrégé du
grand traité français de V Harmonie univer-
selle du même auteur. Il suffit de comparer
les deux ouvrages pour se convaincre que l'un
n'est pas l'abrégé de l'autre ; il y a dans le
latin beaucoup de choses qui ne sont pas dans
le français. D'ailleurs, on vient de voir que
le Traité des Harmoniques était écrit en
1629, et la lettre de Mersenne à Peiresc, qui
a été publiée dans la sixième année de la
Revue musicale, démontre qu'en 1635 il tra-
vaillait concurremment à la rédaction et à
l'impression de son grand ouvrage français et
latin. Lichtenlhal dit {loco cit.) que de son livre
ce dernier contient seulement quelques livres
de l'Harmonie universelle française; cette
assertion n'est pas plus vraie que l'autre ; au-
cun livre de l'un de ces ouvrages n'est inté-
gralement dans l'autre. Sans doute il s'y
trouve des choses communes à l'un et à l'autre,
car il était impossible qu'il n'y en eût pas;
mais c'est le même fonds d'idées traité de
manière différente.
Le Traité de l'Harmonie universelle, publié
en 1627, ne contient que deux des seize livres
qu'il devait renfermer. Voici comme Mersenne
donne le sommaire de ces livres.
« Le premier livre contient les définitions,
« divisions, espèces et parties de la musique,
« explique la théorie et la pratique des Grecs
« et des modernes, les huit tons de l'église,
« les douze modes de musique, et le genre
« diatonic, chromatic et enharmonie.
tt Le second compare les sons, les conson-
11 nances, et ce qui appartient à la musique,
« aux diverses espèces de vers, aux couleurs,
tt aux saveurs, aux figures, el à tout ce qui se
« rencontre dans la nature, dans les sciences
« et dans les arts libéraux, et déclare quelle
« harmonie font les planètes quand on con-
a sidère leurs distances, leurs grandeurs ou
» leurs mouvements. »
Aucune des choses du premier livre ne se
trouve ni dans le traité latin des Harmoni-
ques, ni dans le grand ouvrage de VHar-
monie universelle ; en sorte qu'il est néces-
saire de joindre à ces deux livres celui qui a
été publié en 1627. Quant au contenu du se-
cond livre de celui-ci, on en retrouve quelque
chose, mais, dans un autre ordre et expliqué
d'une autre manière, danslegrand traité fran*
çais, au dernier livre intitulé : De Inutilité de
l'harmonie.
Le troisième livre de Touvrage dont les deux
premiers ont été publiés en 1627 devait traiter
de la nature et des effets de toutes sortes de
sons; cette matière est celle du premier livre
du traité latin des Harmoniques, et du grand
traité de VHarmonie universelle qui parut en
1636 ; mais, dans le premier plan de Mer-
senne, il devait établir la comparaison de la
théorie de l'écho avec celle des rayons lumi-
neux, et traiter de l'optique, de la catoptrique
et de la dioptrique ; or il n'y a pas un mot de
cela dans le Traité des Harmoniques, et Ton
ne trouve, dans le grand Traité de l'Harmonie
universelle, que la vingt-neuvième proposition
du premier livre oîi les rapports des rayons
sonores soient établis. Quant aux sommaires
des autres livres indiqués dans le Traité de
l'Harmonie universelle publié en 1627, il
n'en a été conservé que peu de chose dans les
deux autres grands ouvrages, et l'on voit avec
évidence, par la comparaison de ces trois
traités, que les idées de Mersenne se modi-
fiaient sans cesse sur un sujet qui l'occupa
toute sa vie. Ainsi, ce qui, dans le premier
plan, devait fournir la matière du treizième
livre, est devenu l'objet du petit traité rf'as-
trologie judiciaire connu sous le nom des
Préludes de l'harmonie universelle: Il est
vraisemblable que les conseils de Doni auront
déterminé Mersenne à renoncer au projet des
quinzième et seizième livres. Le premier de-
vait montrer que la philosophie morale est
l'harmonie de l'esprit, dont les cordes sont
haussées ou baissées par les vertus ou par les
vices, et qu'on peut arriver à la perfection
de la vertu par la musique; et le dernier
était destiné à expliquer l'harmonie des bien-
heureux et à examiner si on se servira de la
musique des voix et des instruments en Pa-
radis quand les saincts auront repris leurs
corps au jugement général. Ce sont ces idées
bizarres qui faisaient dire à Saumaise, dans
sa vingt-neuvième lettre à Peiresc : « Pour le
a Père Mersenne, je n'attends pas grand'chose
« de lui ; il est homme de grande lecture, mais
u il ne me semble pas écrire avec trop de ju-
tt gement. »
100
MERSENNE
Le Irailé latin des Harmoniques est le
plus satisfaisant des ouvrages de Mersenne,
sous le rapport de l'ordre des idées et sous
celui de la convenance des détails par rapport
au sujet. Les propositions y sont énoncées
avec netteté et développées avec précision.
Le style en est d'ailleurs bien préférable à
celui des ouvrages du même auteur écrits en
français. Le premier livre traite de la nature
et des propriétés du son ; le second, des causes
du son et des corps qui le produisent; le troi-
sième, des cordes métalliques et autres; le
quatrième, des consonnances ; le cinquième,
des dissonances; le sixième, des diverses
espèces de consonnances qui déterminent les
modes et les genres; le septième, des chants
ou mélodies, de leur nombre, de leurs parties
et de leurs espèces; le huitième, de la compo-
sition, de l'art du chant et de la voix. La
seconde partie de l'ouvrage traite des instru-
ments, en quatre livres : le premier est relatif
aux instruments à cordes; le second, aux in-
struments à vent ; le troisième, à l'orgue, et le
quatrième aux cloches, aux cymbales, tam-
bours et autres instruments de percussion.
Dans ce Traité des Harmoniques du P. Mer-
senne, il se trouve plusieurs choses assez
remarquables, auxquelles les écrivains sur la
musique des temps postérieurs ne me sem-
blent pas avoir fait assez d'attention. La pre-
mière est une proposition du deuxième livre
(prop. 8, page 12, édit. 1635), dans laquelle
Mersenne dit que pour qu'une corde passe
d'un son à un autre plus aigu, il faut qu'elle
soit tendue par une force qui soit en raison
plus que double de l'intervalle auquel on veut
faire arriver le son. Par exemple, pour faire
arriver une corde tendue par un poids d'une
livre à l'octave du son qu'elle produit et dont
l'intervalle se représente par 2, il ne faut
pas seulementun poidsdequatre livres, double
de deux ; mais il faut y ajouter un quart de livre,
c'est-à-dire un seizième en sus du poids total.
Sans connaître le théorème de Mersenne,
Savart est arrivé aux mêmes résultats par
«les expériences multipliées et délicates sur
les poids tendants, sur les longueurs des
cordes, sur les colonnes d'air vibrant dans des
tuyaux ouverts par les deux bouts, et sur les
dimensions des plaques mises en vibration
par le frottement. Il en a déduit des théories
nouvelles. L'abbé Roussier, qui ne paraît pas
avoir lu le livre de Mersenne, avait cependant
quelque notion de cela {voyez RocssiEn).
C'est aussi dans le même ouvrage que Wcr-
senne a fait renjarquer (liy. IV, pige 60) igue
Jean de 3Iurs ou de Sluris est le premier des
écrivains du moyen âge sur la musique qui a
soupçonné que les tierces majeures et mi-
neures, ainsi que leurs multiples, sont des
consonnances; cette remarque est fort juste,
car on sait que, par une singularité de leurs
habitudes, les musiciens des onzième, dou-
zième et treizième siècles ne considéraient
comme consonnances que les quintes, les^
quartes et les octaves ; leur plaisir à entendre
ces intervalles était si grand, qu'ils n'hési-
taient pas à en faire de longues suites dans
leur diaphonie.
Enfin, le Traité des Harmoniques de Mer-
senne me paraît être le plus ancien ouvrage
où l'on trouve le nom de si pour la septième
note de la gamme. Il n'ignorait pas l'exis-
tence de la bocédisation des Flamands dans
laquelle cette note était appelée ni, car il en
parle clairement ; mais il ajoute que Le Maire^
vir admodum eriiditus, dit-il, assurait, de
son temps, avoir inventé le nom de si depuis
trente ans (c'est-à-dire vers 1605), quoique les
autres musiciens ne voulussent point en con-
venir. A l'égard de l'usage de nommé'r la
septième note si quand elle était par bécarre,
et za quand elle était par bémol, Mersenne
dit, dans son Harmonie universelle (avertis-
sement du o' livre de la composition), qu'elle
a été inventée ou mise en pratique en France
par Gilles Granjan, maître écrivain de la ville
de Sens, vers 1630. Il est donc évident que
Jacques Bonnet se trompe lorsqu'il dit {Hist.
de la Mus., t. I, p. 24) que l'usage du si pour
la septième note fut introduit en France, en
1675, par un cordelier de V^ve Maria, et
qu'un écrivain cité dans le Journal de Tré~
voiix (sept. 1737, p. 1564) n'est pas plus
fondé à attribuer l'invention du nom de celte
note à Métru, organiste et maître de chant de
Paris, en 1676. Tel est ce Traité des Harmo-
niques du P. Mersenne, dont beaucoup d'au-
teurs ont parlé sans l'avoir lu et sans l'avoir
comparé aux autres ouvrages du même écri-
vain sur le même sujet.
Il est difficile de comprendre comment, à
répoque où Mersenne écrivait, il s'est trouvé
un libraire assez hardi pour faire les dépense»
énormes occasionnées par l'impression du
grand ouvrage médité depuis longtemps par
cet auteur, et qui parut enfin en 1036, sous ce
titre : Harmonie universelle, contenant la
théorie et la pratique de la musique, où il est
traité de la nature des sons, et des monve-
ments, des consonnances, des dissonances,
des genres, des modes, de la composition , de
MERSENNE
101
la voix, des chants, et de toutes sortes d'in-
struments harmoniques. In-fol. (Paris, Sé-
hasliea Cramoisy). Cet énorme volume, dont
la seconde partie fut publiée en 1G37, conlient
])lus de 1500 pages et renferme une immense
quantité de planches grarées, d'exemples de
musique et de gravures en bois dont la fabri-
cation a dû coûter beaucoup d'argent. De nos
jours, le nombre de personnes qui font de la
musique une élude 'iarticulière est peut-être
cent fois plus considérable qu'au temps de
.Mersenne ; cependant ia publication d'un livre
aussi volumineux que le sien serait à peu près
impossible aujourd'hui ; il ne se trouverait pas
un libraire assez hasardeux pour l'entre-
prendre.
L'Barmonie universelle est divisée en dix-
neuf livres qui forment plusieurs traités.
Le Traité de la nature des sons et des mou-
vements de toutes sortes de corps renferme
trois livres : t» De la nature et des propriétés
des sons; â'^Des mouvements de toutes sortes
de corps ; 3^ Du mouvement, de la tension, de
la force, de la pesanteur et des autres pro-
priétés des cordes harmoniques et des autres
corps. Ces trois livres sont suivis d'un Traité
de mécanique, qui n'est pas du P. Mersenne,
mais de Roberval. L'introduction de ce traité
de mécanique dans VHarmonie universelle
est une de ces idées bizarres qui ne se sont
rencontrées que dans la tète du P. Mersenne.
Le Traité de la voix et des chants vient
ensuite; il est composé de deux livres dont le
premier traite de la voix, des parties qui ser-
vent à la former, de la définition de ses pro-
priétés et de l'ouïe : le second livre traite des
chants proprement dits. Le quatrième traité,
divisé en cinq livres, a pour objet ; 1° les
coQsonnances, 2" les dissonances, 5* les genres
et les modes, 4" la composition, 5» le con-
trepoint. Un sixième livre, relatif à Vj^rt de
bien chanter, termine ce traité.
Le Traité des instruments est divisé en
sept livres. Le premier traite du monocorde,
de ses divisions, de la théorie des intervalles
cl des tensions des cordes. Là se trouve encore
une <le ces choses qui peuvent faire douter du
bon sens du P. Mersenne; c'est la onzième pro-
position ainsi conçue : Déterminer le nombre
des aspects dont les astres regardent la terre,
et les consonnances auxquelles ils répondent.
Le second livre traite des diverses espèces de
Juths, de guitares et de cistres; le troisième,
de l'épinclle , du clavecin et de plusieurs
instruments du même genre. On y trouve celle
proposiiion singulière : Un homme sourd
peut accorder le luth, la viole, l'épi nette, et
les autres instruments à chordes, et trouver
tels sons qu'il voudra, s'il cognoist la lon-
gueur et grosseur des chordes.
Le quatrième livre traite des instruments
à archet tels que le violon et les diverses
espèces de violes. Quelques morceaux de
musique instrumentale du commencement da
dix-septième siècle, à cinq et à six parties, se
trouvent dans ce livre ; ce sont des monuments
assez curieux de l'art. On ne sait pourquoi
Mersenne y a placé aussi la description des
instruments de la Chine et de l'Iadc dont il
s'était procuré des figures.
Le cinquième livre traite de tous les instra-
menls à vent en usage au temps où Mersenne
vivait. Outre la figure de ces instruments, oo
Y trouve une pavane à six parties pour être
jouée par les grands hautbois, bassons, cour-
tauts et cervelats (sortes de bassons et de
hautbois de celle époque).
Le sixième livre est relatif à toutes les
parties de l'orgue. Le septième traite des in-
struments de percussion. Le dernier livre de
l'ouvrage est celui qui a pour litre De l'utilité
de l'harmqnie. C'est là que le P. Mersenne
donne carrière à son imagination, et se livre
sans réserve à toutes ses rêveries. Mille choses
étrangères à la musique s'y trouvent. Par
exemple, la septième proposition a pour objet
d'expliquer plusieurs paradoxes de la vitesse
des mouvements en faveur des maîtres ou
généraux de l'artillerie. A la suite de ce
livre, on trouve des observations physiques et
mathématiques dont quelques-unes sont rela-
tives à la musique, mais dont le plus graod
nombre est étranger à cet art.
Malgré ses défauts, qui sont considérables,
VHarmonie universelle du P. Mersenne sera
toujours considérée comme un livre de grande
utilité sous le rapport de l'histoire de la mu-
sique, et parliculicrcment de la musique du
dix-septième siècle. Sans doute, elle est bien
inférieure à l'ouvrage que Céronc a publié en
espagnol, à Naples, en 1C15, sous le rapport
de la théorie et de la pratique de l'art; mais
on y trouve une immense '{uanlité de rensei-
gnements historiques qu'on chercherait raine»
ment dans le livre de Cerone, soit sur les in-
struments, soit sur les artistes et les autres cu-
riosités musicales du dix-septième siècle. Sans
lui, on ne saurait rien de beaucoup de musiciens
françaisde son temps doniles ouvrages se sont
perdus, ou dont les talents d'exécution sont
lombes dans l'oubli. Nul auteur, par exemple,
n'a parlé de la méthode de chant de Des Ar-
102
MERSENNE — MERULA
gués, géomètre contemporain de Mersenne;
Mouliriié, Picot et Formé, maîtres de musique
de la cliapelle et de la chambre du roi, ne se-
raient pas connus comme des compositeurs
renommés de leur temps si le P. Mersenne
n'en avait parlé; sans lui, on ne saurait pas que
Roquette, organiste de Notre-Dame, et Vin-
cent, ont été d'habiles maîtres de compositionj
Frémaut, maître de musique de la cathédrale
de Paris, Bousignac et plusieurs autres au-
teurs de musique d'église seraient inconnus;
on ne saurait pas que dans les premières an-
nées du dix-septième siècle les plus célèbres
luthistes furent Jean Vosmény et son frère,
Charles et Jacques Hedington, Écossais, le
Polonais et Julien Périchon, de Paris, ni qu'ils
eurent pour successeurs l'Enclos, père de la
belle Ninon , Mérande , les Gautier, et plu-
sieurs autres. Ce n'est pas seulement sur les
musiciens français que Mersenne nous fournit
une foule de renseignements utiles; nous lui
sommes aussi redevables de détails intéres-
sants sur plusieurs artistes célèbres de l'Italie.
Ainsi il est le seul auteur qui nous apprenne
l'existence d'un Traité de l'art du chant, pu-
blié à Florence, en 1621, par Jules Caccini,
auteur de VEuridice; et, chose 'singulière,
aucun bibliographie n'a parlé, d'après Mer-
senne, de ce livre qui serait aujourd'hui d'un
haut intérêt et qui paraît être devenu d'une
rareté excessive. Toutefois, il se peut qu'il
n'ait voulu parler que de la préface placée
par Caccini en tète de ses Nuove musiche
{voyez Caccini), dans ses éditions de Florence,
1601; de Venise, 1607; de la même ville,
1615, ou peut-être encore d'une autre édition
du même ouvrage publiée à Florence, en 1614,
avec de grands changements, particulièrement
en ce qui concerne l'art du chant, et dont on
doit la connaissance à M. Gaétan Gaspari ,
bibliothécaire du Lycée musical de Bologne.
Dans cette hypothèse, le traité du chant de
Caccini, imprimé à Venise, en 1621, serait
une réimpression, en totalité ou en partie, de
l'édition de Florence, 1614. C'est encore à
Mersenne qu'on doit les premiers renseigne-
ments sur le livre si rare et si curieux de La
Fontegara de Sylvestre Ganassi del Fonlego,
dont l'abbé Baini a donné, depuis, une notice
plus étendue dans ses mémoires sur la vie et
les ouvrages de Palestrina.
C'est sans doute aux qualités du livre du
P. Mersenne, jointes à sa grande rareté, qu'il
faut attribuer le prix élevé qu'il a conservé
dans les ventes. Toutefois De Bure s'est lonr- .
dément trompé quand il a dit que ce livre est
le plus rare de tous ceux qui ont paru sur la
musique {Bibliog. instruct.)j car on pourrait
en citer cinquante qu'il serait plus difficile de
se procurer. De Bure n'entendait rien à la lit-
térature de la musique.
Outre les ouvrages dont j'ai parlé précédem-
ment, on a encore du P. Mersenne un travail
relatif à la musique dans son livre volumi-
neux, intitulé : Ouasstiones celeberrirme in
Genesim (Paris, 1623, in-folio). A l'occasion
de ce passage de l'Écriture : Et nomen fratris
ejus Jubal. Ipse fuit pater canentium ci-
thara et organo, Mersenne traite de la mu-
sique en général, et particulièrement de celle
des Hébreux. Ce travail est celui ou cet auteur
s'écarte le moins de son sujet. Ugolini a inséré
toute cette partie de l'ouvrage du P. Mersenne
dans le trente-deuxième volume de son Trésor
d'antiquités sacrées (p. 497). Enfin, la col-
lection de traités concernant les sciences ma-
thématiques, qu'il a publiée quatre ans avant
sa mort, renferme aussi une partie sur la mu-
sique. Cet ouvrage a pour titre : Cogitata
physico-mathematica, in quibus tam na~
tura; quant artis effectus admirandi, certis-
simis demonstrationibus explicantur ; Paris,
1644, trois volumes in-4''. Parmi les traités
que renferme le premier volume (p. 261 à
370), on en trouve un sur les harmonies, di-
visé en quatre livres. Le volume a pour titre :
Hydraulica pneumatica ; arsque navigandi.
Ilarmonia theorica, practica et mechanica
phxnomena. Le premier livre est relatif aux
proportions musicales des intervalles et des
corps sonores; le second, à la tonalité; le
troisième, à la composition ; le dernier, aux
instruments. C'est une espèce d'abrégé du
Traité latin des Harmoniques. On peut consul-
ter sur cet écrivain laborieux : Fie du R. P.
Mersenne, par Hîlarion De Coste; Paris,
1649, in-S", et Eloges historiques de Pierre
Belon, du P. Marin Mersenne, de Bernard
Lamy, et du P. Bouvet; Le Mans, 1817, un
volume in-S".
MERTEL (Élie), luthiste, vécut à Stras-
bourg, au commencement du dix-septième
siècle! Il a fait imprimer un recueil de pièces
pour le luth, intitulé : ffortus musicalis;
Strasbourg, 1615, in-fol.
MERULA (Jean-Antoine)', musicien de
l'école romaine, vécut dans la seconde moitié
du seizième siècle et fut admis comme chape-
lain chantre de la chapelle pontificale, sons le
pape Paul IV. Après la bulle de Sixte V pour
la réorganisation de cette chapelle, Blerula en
fut nommé le premier maître, en 1587 {voyez-
MERLLO
103
le livre d'Adami de Bolsena : Ossetxaz. per
ben regolare il coro délia Cappella pontifi-
cia, p. 166). Les archives de la Chapelle six-
tine renTerment des messes et des motels de ce
maître.
MERL'LA (TARQri!«io), chevalier de l'Épe-
ron d'or, naquit à Bergame dans les dernières
années du seizième siècle, et fut d'abord
mailre de chapelle de l'église cathédrale et
organiste de Sainte-Agathe, à Crémone: il
occupait encore cette place en 16i8.Plus tard,
il fut appelé dans sa ville natale pour y rem-
plir les fonctions de maître de chapelle et
d'organiste de la cathédrale. Il vivait encore
en 1640, car il fil imprimer un de ses ouvrages
dans cette même année. Merula était membre
de la Société philharmonique de Bologne. Ce
maître est un des compositeurs italiens qui
ont le plus abusé des formes de mauvais goût
du contrepoint conditionnel qui succéda aux
belles et nobles formes de l'ancien contrepoint
de l'école romaine, dans le commencement du
dix-septième siècle, et dont on trouve les
règles et les exemples dans les Documenti
armom'ctde Berardi (coye; ce nom). La plu-
part de ses ouvrages sont remplisde morceaux
établis sur un trait qui se répèle sans cesse
{contrapunto d'un sol passo), ou sur une
basse contrainte (basso ostinalo) , et sur
d'autres fantaisies semblables qui n'ont point
de but réel dans l'art. On cite de sa composi-
tion des fugues sur les déclinaisons de hic,
hœc, hoc, et de quis, tel qui, nominative,
qui, qucC, quod^ qui sont des morceaux plai-
sanls dans l'exécution. Carissimi et d'autres
musiciens du même temps ont écrit aussi des
compositions de ce genre. Les ouvrages con-
nus de Merula sont les suivants : 1° Motelti a
due e tre con violette ed organo, lib. 1 ; Ve-
nise, 162Ô. 2» Concerli spirituali, lib. l ;
Venise, 1626, in-4". ô° Concerli spirituali,
con alcune sonate a 2, 5, 4 e 3 roc», lib. 2;
ibid., 1628. A° Messe e salmi a 2, 3, 4-12 voci
con istromenti, e senza se place; ibid., 1631,
in-4». o» Musiche concertate ed altri madri-
galia 5 vocï; Venise, 1633. 6° Lib. II délie
musiche concertate con ritornelle a viol, e
basso; Venise, 1635. 7" Canzoni ovvero so-
nate concertate per chiesa e caméra, a 2 e 3
stromenti, lib. 1, 2, 3 c 4; Venise, 1637.
8» Curzio precipitato , cantata burlesca;
ibid., 1638. 9» Missa e salmi a ô ei voci, con
violini e senza; ibid. 10° // Pegaso musi-
cale, cioè salmi, motetti, sonate, litanie
délia B. V. a 2-5 voci, op. XI; Venise,
1640. Il» Arpa Bavidica, lalmi e messe
concertate a 5 e A voci, op. 16, con alcuni
canoni nel fine; Venise , Alex. Vincenti ,
1640. Il y a une autre édition de cet oeuvre,
imprimée à Venise, en 1632. Ce recueil con-
tient un Confiteborqm a eu de la célébrité en
Italie.
MERULO (Claude), organiste et compo-
siteur du seizième siècle. Colleoni, dans ses
notices sur les écrivains de Correggiofp. XLV)
et Tiraboschi, dans sa Biblioteca Modenese
(t. VI, p. 590), établissent, d'après des actes
authentiques, que son nom de famille était
Merlotti, mais que l'artiste se servait de pré-
férence du celui de Merulo. Ce nom provenait
de ce que les armoiries de la maison des .Mer-
lotti étaient figurées par un merle, en latin
Merula ou Merulus, et dans l'ancien italien
Merulo. Il naquit à Correggio, de Bernardino
Merlotti et de sa femme Jeanne Gavi, et fut,
baptisé à l'église S. Quirino, le 8 avril 1533.
La dextérité qu'il montra dès son enfance
dans le jeu de plusieurs instruments, et ses
heureuses dispositions pour la musique, furent
causes qu'après qu'il eut appris les premiers
éléments de la littérature, ses parents le des-
tinèrent à la culture de l'art musical, et lui
donnèrent pour premier maître un musicien
français de mérite, nommé Menon, qui habi-
tait alors à Correggio, suivant OrtensioLandi
(/ sette libri di Cutalogi a varie cose appar-
tenenti, p. 512). Un peu plus tard il devint
élève de Girolamo Donati, maître de la collé-
giale de S. Quirino. Le désir de faire des pro-
grès dans son art conduisit ensuite Merulo à
Venise, où se trouvaient alors une réunion
d'artistes distingués et de savants musiciens.
Cependant, avant d'aller à Venise, il parait
avoir été organiste à Brescia, car Antegnati le
cite parmi ses prédécesseurs, dans son Arte
organica (feuillet5,ferso),etdit de \milsig.
Claudio Merulo, uomo tanto famoso (1). Ce
serait donc après avoir rempli cet emploi, qu'il
se serait rendu à Venise, Ce fut dans celte ville
qu'il changea son nom de famille en celui de
Merulo, et l'on voit par les registres de l'église
Saint-Marc qu'il était déjà connu sous ce nom
lorsqu'il succéda .à Parabosco dans la place
d'organiste du premier orgue de cette église,
le 2 juillet 1537, à l'âge de vingt-quatre
ans (2). Il y jouit bientôt de toute la faveur
(1) Costanzo An(egn3tî,IMr(« orjanira, Brescia, I60S.
'■i) Bien que M- Calelaoi ne veuille pas œeUre en
doute l'exactitude de ce fait mentionné par Tiraboschi
et par M. CaCB [Sloria dtlla musica taera nella giu
Cappella ducaie di S. Marco di Venezia, t. I. p. 119),
il rapporte textuellement le contenu des registres des
104
MERULO
publique par son talent, suivant ce que nous
apprend Sansovino (1), qui était son contem-
porain et qui écrivait en 1571. L'estime dont
jouissait ^Icrulo était si grande, que lorsque
Henri III passa à Venise, en 1574, se rendant
de la Pologne en France, le doge Louis Moce-
nigo fit composer par Frangipani une pièce
qui fut représenté devant ce prince dans la
salle du grand conseil, sous le titre de Tra-
gedia, bien que ce ne fût pas une tragédie, et
Merulo fut chargé d'en composer la musi-
que (2), quoiqu'il y eût alors à Venise d'autres
musiciens d'un grand mérite. Cette musique,
sans aucun doute, était du genre madrigales-
que, le seul qui fût alors en usage dans le style
mondain.
J'ai dit, dans la première édition de cette
Biographie des musiciens, que Merulo établit
à Venise, en 1566, une imprimerie de musi-
que et qu'il publia quelques-uns de ses propres
ouvrages, ainsi que ceux de plusieurs autres
compositeurs, mais qu'il ne paraît pas qu'il
ait continué ces publications après 1571,
parce que le troisième livre de madrigaux à
trois voix, de divers auteurs, qui porte celte
date est le dernier qui parait être sorti de ses
presses; d'où l'on voit que le savant Antoine
Schmid s'est trompé en bornant aux années
1566 à 1568 l'activité de ces mêmes presses
(Ottaviano dei Pelrucci da Fossombrone,
p. 150). M. Catelani établit {Memorie délia
Fita e délie opère di Claudio Merulo ,
p. 22 et 23) que le célèbre organiste de Cor-
reggio s'associa pour cette entreprise avec un
certain FausloBetanio, et que le premier pro-
duit de leur imprimerie fut, selon toute appa-
rence, le premier livre de madrigaux à cinq
voix de Guillaume Textoris, lequel porte la
date du 1"" avril 1566. Il ajoute que le premier
livre de madrigaux à quatre voix d'Aurelio
Roccia de Venafro, qui fut corrigé par Me-
rulo, a été imprimé, en 1571, par Georges An-
gelieri, ce qui démontre que 3Ierulo avait
cessé d'imprimer dans le cours de la même
procurateurs de cette église pour démontrer que la
date de la nomination de Merulo à la place d'organiste
de cette église n'y est pas mentionnée. (Voyez l'excel-
lente notice de M. Catelani intitulée : Memorie délia
vila et délia opère di Claudio Merulo, pag. 17-21.)
(I) Et la (in Venezia) lionora niolto Claudio Merulo
musico et organista di conosciuta eccelenza, il quale
iKibitando in Venezia c grossamentc salariato dalla
Itepublica Veneziana per lo servitio dclla cliicsa di
S. Marco, et il quale lia scritio in quella profcssione
diverse cose elctte, cssendo molto bene amato e abbra-
ciato dalla nobiltà venetiana. {Hilratti délie Cilla
d'ilatia, p. 2j.)
(2; Allaeci DramaUirgia, cd. Vcn. 17oj, p. 777.
année. On voit donc que rien ne contredit ce
que j'ai avancé à ce sujet.
Charmé par les talents d'organiste et de
compositeur de cet artiste, le duc de Parme,
Ranuccio Farnese, obtint de la République de
Venise, en 1584, de l'avoir à son service, et
les avantages offerts à Merulo furent si consi-
dérables, qu'il consentit à quitter sa belle
position pour se rendre à la cour de Parme. Il
était alors âgé de cinquante et un ans. Il n'eut
pas à regretter toutefois la résolution qu'il avait
prise, car il ne trouva pas moins d'honneurs
et de considération à Parme qu'à Venise. Il y
vécut encore vingt ans dans l'exercice de son
art. Le dimanche 25 avril 1604, après avoir
joué les vêpres à la Steccata, il se promena
jusque vers le soir. Rentré chez lui, il fut
saisi d'une fièvre violente qui ne le quitta plus
pendant dix jours, et il mourut le mardi
4 mai, à l'âge de soixante et onze ans. Le duc
de Parme lui fit faire de magnifiques obsèques
dans la cathédrale ; une messe à deux chœurs
fut chantée , les restes de l'illustre artiste
furent placés à côté du tombeau de Cyprien
Rore, près de la chapelle Sainte- Agathe, et
l'on mit sur sa tombe l'épilaphesuivante, rap-
portée par M. Catelani (p. 54) :
M,
CLACDII. MERULI. CORRICIEN :
ORGAN : PVLSATORIS. EXI.UII.
ET. OMNIVM. ARTIS. MUSIC :
PROFESSOR : SV;E. *TAT : FACILE.
PRINCIPIS. QUI. SERENISS : PRIMUM.
VENET : R. P. DEF.NDE. INCLÏT : PARM :
AC. PLAC : DVCIB : OiHMB : LIBERALIB :
ARTIB : ORKAMEST : PRjEDIT :
VEL. CARISS : EXSTIT : ET. AJIi\ :
JET : LXXII. 013. 13. C. IV.
RANVTIVS FARNES : PARM : ET. PIAC :
BUX. IV. CASTRI. V. S. R. E. VEXILLIF :
PERP : ILLIUS. VIRTVT : AD-HIRATOR.
UONVII : HOC. PONl. MANDAVIT.
Une autre inscription, en langue italienne,
est gravée sur une pierre scellée dans le mur,
au-dessous du pupitre de l'oratoire de Saint-
Claude, à Parme : elle est ainsi conçue :
QUESTA FV PARTE DE-
LLA CASA DI CLAUDIO
MERULI OA CORREGCIO
E PER ANTOMO SVO
NIPOTE DEDICATA
ALLO ORATORIO DI
SANTO CLAVDIO E
DOKATA CON LORCA-
^0 DI DETTO CLAVDIO
ALLA CONPACMA
SELLA nORTE 1617
MERULO
105
Celte inscription rappelle deux faits relatifs
à l'existence de Claude Merulo à Parme; le
premier est que cet artiste avait acquis une
maison dans cette ville, laquelle était située
dans un quartier connu aujourd'hui sous le
nom de Borgo délia morte, où elle portait le
n» 3; l'autre fait, plus intéressant, et qui n'a
été signalé que par M. Catelani dans la notice
précédemment citée, est que Merulo avait
construit un petit orgue, donné, treize ans'
après sa mort, par son neveu Antoine, à la
confrérie délia morte, et que cet instrument,
composé de quatre registres, dont une flûte
de huit pieds, une de quatre, une doubletle et
un flageolet, existe encore dans la tribune de
l'oratoire de Saint-Claude (fondé par Merulo
pour honorer la mémoire de son patron), "et
dans un parfait étal de conservation. Le cla-
vier a quatre octaves d'ut en ut. Les tuyaux
sont en élain tiré et soudés avec beaucoup
d'habileté ; les quinze plus grands forment la
façade. L'instrument est alimenté par deux
soufflets. Le sommier et les soupapes sont
construits avec une grande précision, et l'ar-
ticulation des notes se fait avec beaucoup de
promptitude. Le mérite de Merulo , comme
facteur d'orgue, a été ignoré de la plupart de
ses biographes.
Les fonctions de ce maître à la cour de
Parme étaient celles d'organiste de la i'feccaia;
église royale, et son traitement était de deux
cent vingt-cinq écus d'or, de huit livres par
écu. Il ne parait pas s'être éloigné de Parme
depuis son entrée au service de la cour, s|uf un
voyage qu'il fit à Rome pour traiter de la pu-
))lication de ses Toccale d'intavolatura
d'organo, dont le premier livre parut en
1398.
Les plus grands éloges ont accordés à Merulo
pour ses talents d'organiste et de compositeur
par Zarlino, dans ses Dimostrazioni armo-
niche; par Lorenzo Penna, dans ses Primi
nlbori musicali; par le P. Camille Angleria,
dans sa Regola del contrappunto ; par Jean-
Paul Cima, dans une lettre insérée au même
ouvrage; par Bottrigari, dans soa Desiderio ;
par Pietro délia Valle, dans son opuscule
Délia musica deW età nostra , inséré au
<leuxième volume des œuvres de J.-B. Doni ;
par Uoni lui-même ; par Jean-Marie Artusi,
dans V Artusi ovvero délie imper fettioni délia
moderna musica; par Banchieri, dans les
Conclusioni del suono delV organo, et sur-
tout par Vincent Galileo, dans son Dialogo
délia musica antica e moderna. Celui-ci ne
reconnaît dans toute l'Italie que quatre orga-
nistes, dignes successeurs d'Annibal de Pa-
doue, à savoir: Claude de Correggio (Merulo),
qu'il place au premier rang, Joseph Guami,
Luzzascode Luzzaschi, et un quatrième qu'il
ne nomme pas, mai s qui est vraisemblablement
Jean Gabrieli. Ces éloges sont justifiés par ce
qui nous reste des œuvres de cet artiste. Si
l'on compare, en effet, les Toccate d'intavo-
latura d'organo de Merulo avec les pièces
d'orgue de ses prédécesseurs venies jusqu'à
nous, on voit immédiatemem qu'il fut inven-
teur en ce genre, car il ne se borne pas, comme
les organistes antérieurs, à l'arrangement de
motets de divers auteurs pour l'instrument
avec des broderies plus ou moins multipliées :
sa forme est nouvelle; c'est celle de la pièce
d'invention, perfectionnée par les Gabrieli,
qui sont évidemment de son école. Merulo fut
donc, à l'égard des organistes du seizième
siècle, ce que Frescobaldi fut parmi ceux du
dix-septième. Dans sa musique vocale, il a
moins de hardiesse. Son harmonie est correcte,
mais il n'invente ni dans la forme, ni dans le
caractère Soit des motets, soit des madrigaux.
Merulo a formé de bons élèves, qui, plus
lard, prirent rang parmi les artistes de
mérite. Les plus connus sont Diruta, Camille
Angleria, François Slivori, Jean-Baptiste
Moslo, Florent Maschera, Jean-Baptiste Con-
forti et Vincent Bonizzi [voyez ces noms).
On ne pourrait citer d'artiste dont le por-
trait ait exercé le pinceau d'un si grand nom-
bre de peintres que Merulo : M. Catelani ne
compte pas moins de sept de ses portraits,
dont les deux plus beaux, dit-il, ont été peints
par le Parmesan et par Jean de Bruges (1).
Le premier existe au lycée communal de mu-
sique, à Bologne, et l'autre dans laBibliothè-
que ambrosienne, à Milan. Le portrait du
même niailre, gravé sur bois, se trouve dans
plusieurs de ses ouvrages, particulièrement
dans une é<lition du second livre de ses ma-
drigaux à cinq voix, publiée par Angelo Gar-
dano, à Venise, en 1604. Il y est représenté
avec la tête chauve, couronnée de lauriers; sa
barbe est longue, et l'on voit sur sa poitrine
la chaîne d'or que le duc de Parme lui avait
donnée, en le faisant chevalier. Ce même
portrait a été reproduit, également gravé sur
bois, parle neveu du compositeur, Hyacinthe
(I] If. Catelani a sans doute été mal informé, car
Jean Van Eyck , appelé par les étrangers Jraa de
Bruges, ne fut pas contemporain de Merulo, puis<]u'il
mourut en 1441. L'école des peintres de P.ruges a d'ail-
leurs cessé d'exister dans la première partie du seizième
siccle.
m
MERULO
Merulo, qui Ta placé en tête d'un recueil de
deux messes de son oncle, l'une à huit voix,
l'aulre à douze. Ce recueil a été publié en
1609.
Les œuvres imprimées de Merulo ont été
publiées flans l'ordre suivant : 1" Il primo
libro de madrigalt a cinque voci di Claudio
daCorreggio nuovamente posti in luce. Con
privilégia ; in Venetia, appresso Claudio da
Correggio et FaustoBetanio compagni, 1566.
D'autres éditions de cet ouvrage ont été pu-
bliées à Venise, en 1579 et 1586. "2° Liber pri-
mus sacrarum Canlionum quinque vocum
Claudii Meruli Corrigiensis organistae S.
Marci, a Domini nostriJesu ChrisHNativi-
tate, usque ad primo (sic) Kalendas Augusti.
Cum privilégia ; Venetijs apud Angelum Gar
danum, 1378, in-4» obi. Des exemplaires de
celte édition se trouvent avec le titre italien
Il primo libro de' Motetti a cinque voci da
Claudio Merulo di Correggio^ organista di
San Marco; in Yenezia, appresso Angelo
Gardano, 1578. 3» Liber secundus Canlionum
quinque vocum Claudii Meruli Corrigiensis
organistae S. Marci, a primo calendas Au-
gusti usque ad Domini nostri Jesu Chrisli
Nativitatem. Cum privilégia^ ibid., 1378.
4» Il primo libro de Madrigali a quattro
voci di Claudio Merulo da Correggio, orga-
nista délia illustrissima Signoria di Ve-
netia in S. Marco, nuovamente composti et
dati in luce; in Venetia, appresso Angelo
Gardano, 1579. 5« I)i Claudia Merulo da
Correggio organista délia Serenissima si-
gnoria de Venetia in S. 3Iarca, il primo
libro de Madrigali a tre vaci. Novamenle
composti et dati in luce; in Venetia , ap-
presso Angelo Gardano, 1580. L'épître dédi-
catoire de cet œuvre à Marc-Antoine Mar-
tinengo, comte de Villachiara, est datée du
20 novembre 1580. Une autre édition de cet
ouvrage, avec un titre identique, mais sans
épilre dédicatoire, a été publiée à Milan, chez
les héritiers de Simon Tini, en 1586. 6" Di
Claudio Merulo da Correggio organista
délia Sereniss. Sig. di Venetia in S. Marco.
Il primo libro de Mottetti a sei voci nova-
mente composti et dati in luce ; in Venetia,
appresso Angelo Gardano, 1585. Le même
imprimeur a donné une autre édition de cet
œuvre, avec le même litre, en 1393, mais avec
le mot ristampato au lieu de composti et dati
in luce. 7» Di Claudio Merulo da Correggio
organista del Sereniss. Signor Duca di
Parma et Piacetiza, etc. Il seconda libro de
Motetti a sei voci, con giunti di molti a
selle. perconcerti, et percantare.Novamente
da lui dati in luce; in Venezia, appresso An-
gelo Gardano, 1593. 8'^ Toccate d'intavola-
tura d'organo di Claudio Merulo da Cor-
reggio organista del Sereniss. Signor Duca
di Parma et Piacenza etc. Nuovamente da
lui dati in luce, et con ogni diligenza car-
relle. Libra prima; in Roma, appresso Si-
mone Veruvio, in-fol. gravé sur cuivre. 9» Di
Claudio Merulo da Correggio, organista del
Sereniss. di Parma. Il seconda libro de
Madrigali a cinque voci. Dedicati a Mon-
signor illustrissima di Raccanigi. Nova-
mente dalV autore dati in luce; in Venetia,
appresso Angelo Gardano, 1604. Bien que la
dédicace soit datée du 30 juin de cette année,
il est certain que Merulo était décédé avant ce
jour; on peut donc affirmer que cette même
date a été changée par l'imprimeur. 10" 7'oc-
cate d'intavolatura d'organo. Di Claudio
Merulo daCorreggio organista del Sereniss.
Sig. Duca di Parma et Piacenza etc. Nuo-
vamente da lui date in luce, et con ogni di-
ligenza corrette : libro seconda; in Roma,
appresso Simone Verovio, 1604. Con licenza
de' Superiori. 11" Ricercari d'intabolatura
d'organo di Claudio Merulo già organista
délia Serenissima Signoria di Venetia.
Navamente con ogni diligenza ristampati.
Libro primo; in Venetia, ap[)resso Angelo
Gardano, 1605. Le mot ristampati âémoniro.
qu'il y a eu une édition antérieure; M. Cate-
lani croit qu'elle a paru dans la même année ;
s'il eïf est ainsi, il est vraisemblable qu'elle a
été faite à Rome. Quant à une troisième, qui
porterait la date de 1607, il est à peu près
certain que ceux qui l'ont citée ont confondu
les Ricercari da cantare avec les ricercari
d'organo. 12» Di Claudio Merulo da Cer-
reggio organista del Serenissima Signor
Duca di Parma, il terzo libro de 3fotetti a
sei voci; in Venetia, appresso Angelo Gar-
dano, 1606, in-4o. Un exemplaire de cet
œuvre posthume existe incomplet à la Biblio-
thèque royale de Berlin. 13" Ricercari da
cantare a quattro voci di Claudia Meruli
da Correggio organista del Serenissima di
Parma, navamente dati in luce per Gia-
cinta Meruli Nipote delV autore. Libro se-
conda; in Venetia, appresso Angelo Gardano
et Fratelli, 1607. l'î» Ricercari da cantare a
quattro voci. Di Claudio Merulo da Cor-
reggio, organista del Serenissima Signor
Duca di Parma. Novamenle dati in luce
per Hiacinta Merulo nipote deW autore.
Libro terzo; in Venetia, appresso Angelo
MERULO — MESSEMACKERS
i07
ï
Gardano elFratelli, 1G08, 15» Claudii Meruli
Corrigiensis Misse due cum octo et duodecim
voeibus concinende additeq. Litanix Beats
Maris f'irginis octo vocum. Nupsrrime
impresse. Cum parte orgran/ca; Vènetiisapud
Angelum Gardanutn et fratres, 1609. 16» Can-
zoni alla francese di Claudio Merulo. Cet
ouvrage est cité par le P. Martini, d'après un
catalogue de la libraire musicale d'Alexandre
Vincenti publié en 1602, mais sans autre indi-
cation. Merulo lui-même parle de cet œuvre
dans une lettre imprimée au Transilvano
de Diruta (page 4), et déclare positivement
qu'il a composé ces chansons et les a impri-
mées. Aucun exemplaire n'en a été signalé
jusqu'à ce jour (1861).
Des madrigaux de cet artiste sont répandus
dans un grand nombre de recueils publiés en
Italie, dans la seconde moitié du seizième
siècle et au commencement du dix-septième,
particulièrement dans ceux-ci : 1° madrigaux
de Cyprien Rore et d'Annibal de Padoue
(Venise, Gardane, 1561); 2" chansons à la
napolitaine de Bonagiunta (Venise, Scotto,
1561); 3» dans les Fiammc a 5 et 6 voci,
raccolte di G. Bonagiunta (Venise, Scotto,
1567); 4" dans la Corona délia morte d'An-
nibal Caro (Venise, Scotto, 1568); o» dans les
Dolci frutti à cinq voix, libro 1° (Venise,
Scotto, 1570); 6° dans la Musica di tredici
autoriillustrijà cinq voix (Venise, Gardano,
1576 et 1589); 7° dans il Primo fiore délia
ghirlanda musicale, à cinq voix (Venise,
Scotto, 1578); 8° dans \3 Corona di diversi^
à six voix (Venise, Scotto, 1579); 9° dans il
Trionfo di musica, à six voix (Venise, Scotto.
1579): 10" dans les Amorosi ardori, à cinq
voix (Venise, Gardano, 1583); 11» dans il
Gaudio di diversi, à trois voix (Venise, Scotto,
1586); 12» dans V^morosa Ero, publiée par
Marsolino (Brescia, Sabbio, 1588); 13» dans
la Spoglia amorosa, à cinq voix (Venise,
Scotto, 1590) ; 14» dans un autre recueil, sous
le même litre (Venise, Gardano, 1592);
15» dans il Lauro secco, à cinq voix, lib. 1»
(Venise, Gardano, 1596); 16» dans la f'it-
toria amorosa, à cinq voix (Venise, Vincenti,
1598); 17» quatre Canzoni da sonare, re-
cueillie par Raverij, (Venise, Raverij, 1608);
enfin, dans la Melodia olympica di diversi
eccellentissimi musici (Anvers, P. Phalèse,
ln-4°obl.).
Merulo composa une partie de la musique
qui fut exécutée au mariage de François de
Médicis, grand-duc de Toscane, avec Bianca
Cappcllo, en 1579. Celte musique n'a pas été
publiée, mais elle est mentionnée dans le
livret qui a été publié sous ce titre : Feste
nelle nozse del Serenissimo Don Francesco
Medici Gran Duca di Toscana ; et délia Se-
reniss. sua consorte la Sig. Bianca Cap-
pello. Composte da M. Ra/faello Guatte-
rotti, etc; in Firenze, nella Stamperia de'
Giunli, 1579. On y lit : u L'inventione eradel
« conte Germanico, le stanze del cbiarissimo
« signor Maffio Veniezo, la musica di messer
u Claudio da Correggio; e falta da tali
« maestri non poteva essere se non eccellente,
« essendo essi eccellentissimi. » Les autres
compositeurs de la musique étaient Alexandre
Slrigio et Pierre Strozzi ; parmi les chanteurs
se trouvait Jules Caccini {voyez ces noms) (1).
MERULO (Hyaci>the), neveu du précé-
dent, et second fils de Barlholomé Merulo.
M. Catelani dit (Jlemorie délia Fita et délie
Opère di Claudio Merulo, p. 51) qu'Hya-
cinthe naquit en 1598 : il y a sans doute une
transposition de chiffres dans cette date, car
il n'aurait été âgé que de neuf ans lorsqu'il
publia le second livre des Ricercari da can-
tare de son oncle ; je crois qu'il faut lire 1589,
ce qui lui donnerait dix-huit ans dans l'année
1607, où parut cet ouvrage. Hyacinthe Merulo
fut élève de Christophe Bora, qui succéda à
Claude dans la place d'organiste du duc de
Parme. M. Catelani a découvert un ouvrage
intitulé : Madrigali a 4 loci in stile moderno
di Giacinto Merulo. Libro primo con una
canzone a 4 sopra quella bella Amor, da
sonare con gli istrumenti. M ser. Principe
Ferdinando Gonzaga Duca di Mantoua, di
Monferrato , etc. IVuovamente composti et
dati in luce. con Privilegio. Stampa del
Gardano. In Fenetia, 1623, Jppresso Bar-
tolomeo Magni.
MESSAUS (George), musicien belge, vé-
cut à Anvers au commencement du dix-sep-
tième siècle. On trouve deux motets de sa
composition dans le Pratum musicum, col-
lection publiée à Anvers en 1634, in-4». Ces
motets sont : 1° Beata regina, pour deux
ténors et basse (sous le n° 16) ; 2» O quam
suaviter, pour trois voix de dessus, ou trois
ténors en écho (sous le n» 25).
MESSEMACKERS (Hesri), né à Venloo
le 5 novembre 1778, fit voir d'heureuses dis-
positions pour la musique dès son enfance.
(I; Je suis redevable des principaux renseignemenls
qui ont servi pour la rëdacllon de celle notice au livre
de M. CaRi sur la chapelle de Sainl-Marc de Venise el
?u\ Mémoires de M. Calelani sur la vie el les oeurrcs de
Claude Merulo.
108
MESSEMACKLIRS — MESTRINO
Il reçut de son père les premières leçons de
musique et de piano. A Tàge de seize ans, il
enseignait le piano; deux ans après, le baron
d'Hooghvorst le fit venir en Belgique pour
donner des leçons à ses enfants. C'est depuis
cette époque qu'il s'est livré à des éludes
sérieuses de l'art, sans autre maître que lui-
même. Lorsque Steibelt vint à Bruxelles,
M. Messemackers obtint qu'il lui donnât quel-
ques conseils. Depuis lors, jusqu'en 1848, il
s'est livré sans relâche à l'enseignement. On a
gravé de sa composition : 1» Trois quatuors
pour deux violons, alto et basse, Paris, Carli.
2" Concerto pour piano et orchestre, Bruxelles,
Messemackers. 3" Sonates pour piano et vio-
lon , n"* 1 et 2, Bruxelles, Weissenbruch.
4» Trois idem, op. 2, Bruxelles, Messemac-
kers. 5" Trois idem, intitulées Les Souvenirs,
op. 3, ibid. 6" Divertissement pour piano à
quatre mains, ibid. 7° Trois pots-pourris pour
piano seul, Bruxelles, Weissenbruch. 8" Plu-
sieurs fantaisies, airs variés, etc., pour piano,
Bruxelles, chez l'auteur. 9» Deux morceaux de
salon, dédiés aux jeunes princes de Ligne, ses
élèves. En 1821, M. Messemackers a écrit la
musique d'un opéra en trois actes, intij^ulé
La Toison d'or, ou Philippe de Bourgogne,
qui a été joué avec succès au Grand Théâtre
de Bruxelles. Le poëme de cet ouvrage était de
M. le baron de Reiffenberg. Quelque temps
après. M, Messemackers a fait représenter au
Théâtre royal les Deux Pièces nouvelles ,
opéra-co.Tiique en un acte. M. Messemackers
est parvenu aujourd'hui (1862) à l'âge de
quatre-vingt-quatre ans.
MESSEMACKERS (Louis), fils du pré-
cédent, est né à Bruxelles, le 30 août 1809.
Après avoir reçu de son père des leçons de
musique et de piano, et avoir joué quelquefois
avec succès dans les concerts, il s'est rendu, à
l'âge de dix-huit ans, à Paris, où il a reçu des
leçons de Liszt pour le piano et de Reicha
pour la composition. Il a publié environ
soixante-dix oeuvres pour le piano, consistant
en fantaisies, airs variés, rondeaux, etc. Fixé
depuis longtemps à Paris, cet artiste s'y livre
(1862) à l'enseignement du piano.
MESSER (François), né en 1811, à Hof-
lieim, dans le duché de Nassau, fit ses éludes
musicales sous différents maîtres, à Mayence
et à Francfort, et reçut particulièrement des
leçons d'harmonie de Schelble, dans cette der-
nière ville. Sa première position fut celle de
directeur de musique de la Liedertafel, et
d'une société de chant de dames, à Mayence.
II dirigea ensuite les concerts de la Société
Ca'cilia, de la même ville. En 1837etl8405 il
y dirigea avec talent les grandes fêtes musi-
cales de Gultenberg. Après la mort de Guhr,
Messer fut appelé à Francfort, en 1848, pour
le remplacer dans la direction des concerts du
Muséum. En 1857, il en remplissait encore
les fonctions. On connaît de cel artiste esti-
mable plusieurs recueils de Zteder à deux voix,
avec accompagnement de piano, des quatuors
de voix de diverses espèces, une sonate pour
le piano (en /a), une grande cantate de fête,
une ouverture pour orchestre, des recueils de
chanls pour voix d'hommes, etc.
MESTUirSO (Nicolas) n'est pas né à
Mestri, en 1750, dans l'État de Venise, comme
le disent Choron et FayoUe dans leur Dic-
tionnaire historique des musiciens, copié par
les auteurs du Dictionnaire anglais publié
en 1824, et même par Gervasoni (Niiova
teoria dimusica,\>. 186); mais il a vu le jour
à Milan, en 1748, ainsi que le prouve la lettre
qu'il écrivit au prince Charles de Lorraine et
à l'archiduchesse Marie-Christine, gouver-
neurs des Pays-Bas, lorsqu'il passa à Bru-
xelles en 1786. Voici celle lettre, que j'ai
trouvée dans les archives du royaume de Bel-
gique {Pièces du ci-devant conseil des do-
maines et finances, carton n» 1251) : « ^ leurs
« altesses Royales : Nicolas Mestrino, né à
« Milan, âgé de trente-huit ans, expose avec
« le plus profond respect qu'il a été attaché
« au service du prince régnant d'Esterhazy,
« comme premier violon, et ensuite à celui de
« feu le comte Ladislas d'Erdœdy; que ses
« voyages en Italie, en Allemagne et dans
« d'autres pays ne l'ont pas seulement per-
« fectionné, mais ont encore établi sa répu-
« talion,, tant pour la composition que pour
« l'exécution. Et comme il possède aussi les
« langues allemande et française, il ose croire
« pouvoir remplir, à la satisfaction de Vos Al-
« tesses Royales, la place de maître de mu-
« sique, vacante par le décès de N. Croës, si
« elles daignent la lui accorder. C'est la
« grâce, etc. Bruxelles, le 18 août 1786. »
Cette pièce est authentique et nous donne
toute la biographie de l'artiste jusqu'au mo-
ment où il arriva à Paris. Il n'oblint pas la
place de maître de musii|ue de la chapelle des
archiducs, qu'il demandait dans sa requête;
elle fut donnée à Wilzthumb, et Mestrino se
rendit à Paris. Tout l'article du Dictionnaire
historique des musiciens est évidemment
rempli de fautes grossières, car si Mestrino
était né en 1750, il était âgé de plus de Ircnte-
dcux ans lorsqu'il se fil entendre en 1786, à
MESTRINO — METIIFESSEL
409
Paris. Le fait est qu'il était né en 1748 et qu'il
était parvenu à l'âge de trente-huit ans lors-
qu'il exécuta, au concert spirituel, un de ses
concertos, le 17 septembre 1786. On ne sait pas
non plus d'où viennent ces assertions impru-
dentes des compilateurs du même ouvrage,
que Mestrino joua longtemps dans les rues,
qu'il parvint ensuite à se former, et qu'il tra-
vailla surtout en prison. Le peu de solidité des
premiers renseignements fait voir le cas qu'on
doit faire de ceux-ci. Des faits si graves ne
devraient pas être jetés à la légère ; des calom-
nies semblables ont pourtant été renouvelées
sur Paganini. Mestrino était grand musicien,
comme le prouva sa manière de diriger l'or-
chestre du théâtre de Monsieur; ce n'est
point en jouant dans les rues qu'on acquiert
des connaissances de ce genre. Le fait qui
concerne la prison a sans doute son origine
dans l'ignorance où l'on était des circonstances
de la vie de l'artiste lorsqu'il arriva à Paris
et fixa sur lui l'attention ; mais cette igno-
rance résulte du long séjour que Mestrino
avait fait au fond de la Hongrie, d'abord chez
le prince Esterhazy, ensuite chez le comte
Ladislas d'Erdoedy, qui mourut au mois de
février 1786, et dont la chapelle fut congé-
diée.
Après les succès que Mestrino obtint au
concert spirituel, il s'établit à Paris, où il
forma quelques bons élèves, parmi lesquels on
cite mademoiselle de la Jonchère, connue
plus tard sous le nom de madame Ladurner.
L'Opéra italien ayant été établi à Paris en 1 789,
par les soins de Viotti , Mestrino fut choisi
pour diriger l'orchestre excellent qu'on avait
formé, et justifia la confiance qu'on avait en
ses talents par la parfaite exécution de cet
orchestre. Il ne jouit pas longtemps des
avantages de sa position, car il mourut au
mois de septembre 1790, et fut remplacé par
Puppo {voyez ce nom). Les œuvres gravées de
Mestrino sont : 1" Concertos pour violon prin-
cipal et orchestre, n" 1 à 12, Paris, Sieber.
Le 12* concerto (en $t bémol) a été arrangé
pour le piano par Mozin et gravé chez \ader-
man. 2° Duos pour deux violons, œuvres 2, 3,
Paris, Sieber; œuvre 4, Paris, Leduc; œuvre?,
Paris, Naderman. 3° Éludes et caprices pour
violon seul, Paris, Leduc. 4° Sonates pour
violon et basse, op. 5, Paris, Sieber. Les au-
tres ouvrages gravés sous le nom de cet artiste
ne sont pas originaux.
3I£SL'3ILCCI (LiBORio), amateur de mu-
sique à Palerme, né en Sicile, a publié, à
l'occasion d'un voyage de Bellini dans sa pa-
trie, un opuscule intitulé : Paralello tra i
maestri Rossini e Bellini; Palerme, 1834,
in-8°. Le patriotisme de ce dilettante le porte,
dans cet écrit, à placer l'auteur de Norma au-
dessus de celui de Guillaume Tell, et les Sici-
liens accueillirent avec beaucoup de faveur
cette extravagance, qui fut réfutée victorieu-
sement par le marquis de San-Jacinlo {voyez
ce nom).
3IETALLO(GKAaaATio), compositeur ita-
lien, vécut vers la fin du seizième siècle et dans
la première moitié du dix-septième. Parmi
les ouvrages de sa composition, on connaît :
1» Canzoni alla napoletana a 4 e 5 voci,con
2 canzoni alla francese per sonare, libro 4° :
Venise, 1594, in-4''. On voit par le frontispice
de cet œuvre que Métallo fut maître de cha-
pelle à la cathédrale de Bassano. 2" Ricercari
a cantoe tenore; Venise, 1395, in-4''. La date
de 1663, donnée par "Walther, est une faute
d'impression qui a trompé Gerber. Une
deuxième édition de cet ouvrage a été publiée
sous ce titre : Bal Métallo Ricercari a due
voci per sonare e cantare, accresciuti e cor-
retti da Prospéra Chiocchia da Poli; Roma,
1634, in-4''. Il y a une troisième édition du
même œuvre, laquelle a pour titre : Ricercari
a due voci per sonare e cantare; novamente
ristampali, accresciuti e corretti da Franc.
Giannini; Rome,Mascardi, 1683, in-4''. 3" //
primo libro di Motetti a tre voci con una
Jlessa a quattro;in Fenezia, appresso 6ia-
como Fincenti, 1602, in-4''. Le catalogue de
Breitkopf indique aussi en manuscrit un mo-
tet {Sanctus Dominus), à quatre vois, de la
composition de Métallo.
METIIFESSEL ( Albert - Théophile ) ,
compositeur allemand, est né le 20 septembre
1786, à Stadtilm, dans la principauté de
Schwarzbourg-Rudolstadt, où son père était
maître d'école et canlor de la paroisse. Ses
études commencèrent sous la direction de son
père , et furent continuées au Gymnase de
Rudolstadt. Ses dispositions pour la musique
furent si précoces, qu'à peine arrivé à sa dou-
zième année, il avait déjà composé plusieurs
morceaux que son père fit exécuter. En 1807,
il alla passer une année à Leipsick; puis la
princesse de Rudolstadt lui accorda une pen-
sion pour aller terminer ses études musicales
à Dresde. Il y passa deux années, puis, en
1810, il entra comme chanteur au service de
la cour de Schwarzbourg. Déjà alors, il avait
publié quelques chants allemands dans les-
(|uels il montrait un talent spécial et remar-
quable. Il était aussi chanteur distingué,
ilO
METHFESSEL — METKE
pianiste et guitariste. Ayant quitté son service
à Rudolstadt vers 1815, il s'établit à Bruns-
wick et s'y livra à l'enseignement jusqu'en
1824, époque où des propositions lui furent
faites pour se fixer à Hambourg, en qualité de
professeur de chant. Il y établit une de ces so-
ciétés de chanteurs répandues en Allemagne
sous le nom de Liedertafel ; cette société
existe encore. Rappelé à Brunswick, en 1831,
pour y remplir les fonctions de maitre de cha-
pelle, Methfessel entra immédiatement en pos-
session de cet emploi. Cet artiste s'est parti-
culièrement distingué comme compositeur de
ballades, de chansons et de romances; mais
on a de lui beaucoup d'autres ouvrages, parmi
lesquels on compte : 1" Grande sonate pour
piano à quatre mains , op. 6 ; Leipsick ,
Hofmeisler. 2» Sonates faciles, idem; ibid.
50 Valses, idem, op. 8 ; ibid. A° Marches
idem, op. 70; Hambourg, Cranlz. 5" Six so-
nates faciles pour piano seul, op. 13; Leipsick,
llofmeister. 6" Variations idem, op. 7 et 9 ;
ibid. 7" Environ douze recueils de danses et
de valses; idem. S° Six chorals avec des pré-
ludes el des conclusions pour l'orgue ; Rudol-
stadt. 9° Plusieurs cahiers de danses et de
valses à grand orchestre ; Dresde et Leipsick.
10" Le chant de Schiller Es tœnen die ffœr-
ner pour trois voix et trois cors, op. 22; Lei])-
sick, Hofmeisler. 11" Collection de chants à
plusieurs voix, publiée sous le nom de Lieder-
biich, dont il a été fait quatre éditions, toutes
épuisées. 12o Autre collection, intitulée :
Liederkranz , en trois cahiers, dont il a été
fait deux éditions. 13" Environ vingt-cinq re-
cueils de chants et de romances à voix seule
avec accompagnement de piano; Leipsick,
Hofmeisler et Pelers ; Bonn , Simrock ;
Mayence, Schott; Hambourg, Crantz, etc.
Parmi ces chants, on remarque surtout les
œuvres 11, 12 et 27, le Désir langoureux, de
Schiller, et WArminio, de Tiedge.
METHFESSEL (Frédéric), frère aîné du
précédent, licencié en théologie, naquit à Stadt-
ilm, le 27 août 1771. Quoiqu'il fût destiné à
l'état ecclésiastique, il trouva assez de temps
au milieu de ses éludes spéciales pour faire de
grands progrès dans la musique, et pour deve-
nir habile sur le piano, la guitare, le violon et
dans le chant. Ayant achevé ses études théo-
logiques à l'université de Leipsick, en 1796, il
fut obligé d'accepter une place de précei)leur ;
mais mécontent de son sort, il changea sou-
vent de position et s'arrêta tour à tour à Als-
bach, Rheno, Ratzebourg, dans le Mecklem-
bourg , Probslzello , Saalfcld , Cobourg ,
Eisenach,et, enfin, il retourna dans le lieu de
sa naissance, ne trouvant de satisfaction que
dans la culture de la musique. Dans les der-
niers temps de sa vie, il entreprit la composi-
tion d'un opéra sur le sujet de Faust; mais
déjà atteint par la maladie qui le conduisit au
tombeau, il ne put l'achever, et il mourut à
Stadtilm, au mois de mai 1807, à l'âge de
trente-six ans. On a de lui quatorze recueils
de chansons à voix seule, avec accompagne-
ment de piano, publiés à Rheno; douze chan-
sons avec accompagnement de guitare; Leip-
sick, Breitkopf et Hœrlel; des ballades idem,
ibid. ; douze chants à trois voix, avec accompa-
gnement de piano; Rudolstadt, 1800, et trois
chants de l'opéra de Faust; ibid.
METHFESSEL (Ernest), parent des pré-
cédents, né à Mulhausen, dans la Thuringe
(les biographes allemands ignorent en quelle
année il a vu le jour). Un maître obscur de
cette ville lui enseigna les principes de la mu-
sique et lui apprit à jouer de plusieurs in-
struments. Le hautbois devintparliculièrement
l'objet de ses études, et il fit beaucoup de
recherches pour le perfectionnement de cet
instrument difficile. Après avoir occupé pen-
dant plusieurs années une place de hautboïste
dans l'orchestre de Mulhausen, il voyagea
pour faire connaître son talent, parcourut la
Suisse, l'Italie, visita Milan, Bergame, Na-
ples, Francfort, Berlin, et s'y fit applaudir.
Après avoir donné un concert à "Winterthup
(Suisse), il y fut engagé, en 1837, en qualité
de directeur de musique et de chef d'orchesfre.
Il occupe encore cette position au moment où
cette notice est écrite (1860). Les compositions
de cet artiste sont les suivantes : 1° Première
et deuxième fantaisie pour hautbois, deux vio-
lons, alto, violoncelle et contrebasse, op. 6 et
7; Leipsick, Hofmeisler. 2» Concerlino pour
hautbois et clarinette, avec accompagnement
de piano, op. 8 ; Bâle, Knop. 3» Vingt-quatre
exercices pour le hautbois, op. 11; ibid.
A" Album pour le chant à voix seule avec
piano, op. 9; Winlerlhur, Studer, 5° Chanson
de soldats, à voix seule avec piano ; Mayence,
Schott. 6° Duo à deux voix de soprano, avec
piano, op. 12 ; ibid. 7» Six chants à voix seule
avec piano, op. 10, ibid.
METRE (Adolphe-Frédéric), né à BerliO,
le 8 avril 1772, entra à l'âge de quatorze ans
comme hautboïste dans le deuxième régiment
d'artillerie, sous la direction de son frère, et
fit de rapides progrès sur le hautbois, la flûte,
le violon et le violoncelle. Dans l'été de 1789,
il partit avec sou jégiu»eijt pour Bre^lau, où
I
METRE — MITTENLEITER
m
îl étudia la composition près du directeur de
musique Fœrster. Pendant le séjour de Fré-
déric-Guillaume II à Breslau, Melke eut l'hon-
neur de jouer deux fois du violoncelle devant
ce prince, habile violoncelliste lui-même, et
d'en être applaudi. En 1796, le duc de Bruns-
wick-Oels le nomma directeur de la musique
de son théâtre. Melke fit la connaissance de
Ditlersdorf, dans la résidence du prince, et
continua avec lui ses études de composition. Il
fit représenter peu de temps après un opéra
comique intitulé : le Diable hydraulique, et
écrivit un prologue pour la fête du prince,
quatre concertos, trois sonates et quelques
variations pour la violoncelle. Après la mort
du prince, en 1806, la chapelle fut congédiée,
et Metke retourna à Breslau, où il se livra à
l'enseignement , et organisa quelques con-
certs. Il vivait encore dans cette ville, en 1830.
On a publié de sa composition : 1° Variations
pour le violoncelle sur le thème Schœne
Jlinka; Breslau. 2" Symphonie concertante
pour deux violoncelles ; ibid. 5" Concerto pour
violoncelle (en sol majeur); ibid.
METRAC (A.). On a sous ce nom une dis-
sertation, intitulée ; Sur l'art musical des
anciens , dans la iîeiue Encyclopédique
(1820, t. VI, p. 466-480).
METROPH AKES (Christopoclo), moine
grec du mont Athos, garde-sceaux de l'église
patriarcale de Constaniinople, né à Beraea,
en 1390, mourut, en 1638, à l'âge de soixante-
neuf ans. On a de lui une épître sur les
termes usités dans la musique ecclésiastique
grecque, que l'abbé Gerbert a insérée dans le
troisième volume de ses Scriptores ecclesias-
tici de mtisica sacra, avec une version latine
(p. 398-402). Cette épitre, écrite le 14 mai
1626, avait été déjà publiée à "Wittemberg.
METRU (Nicolas), organiste, maître de
chant à Paris, vivait vers le milieu du dix-
septième siècle. Gantez, dans sa lettre sur les
maîtres de chapelle de Paris, ne dit rien de ce
musicien, et Le Gallois, à qui nous devons de
bons renseignements sur les artistes de la fin
du règne de Louis XIII et du commencement
de celui de Louis XIV, dans sa Lettre à ma-
demoiselle Regnault de Sollier touchant la
musique, garde le même silence à l'égard de
Metru. Celui-ci a publié, à Paris, en 1663,
une messe à quatre voix, ad imitationem
moduli Brevis oratio, in-fol. Il fut un des
maîtres deLully.
3IETSCU (le P. Placide), moine bénédic-
tin, né en Bavière, se distingua comme orga-
niste. Il a fait imprimer deux recueils de
pièces pour l'orgue, oii l'on trouve de bonnes
choses dans l'ancien style; ils ont pour titres:
1" Litigiosa digitorum unio, id est pream.-
bula duo organica cum fugis. Part. 1 e< 2;
Nuremberg, 1739, in-fol. 2" Organœdus Ec-
clesiastico-Aulicus, jiulico - Ecclesiaslicus,
exhibent prxludiis et fugis; Nuremberg,
1764, in-fol.
METTEIXLEITER (Jeas-Georces) ,
chantre et organiste à la cathédrale de Ratis-
bonne, naquit le 6 avril 1812, à Saint-Ulricb,
près d'Llm. .\près avoir fait de solides études
musicales à Ulm et à Augsbourg, il se fixa à
Ratisbonne, où il obtint les places de directeur
du chœur et d'organiste à la cathédrale.
Homme d'un rare mérite, possédant de l'in-
struction littéraire, une connaissance pro-
fonde du chant ecclésiastique, et bon compo-
siteur, aussi modeste que savant, Mettenleiter
consacra toute sa vie au travail, sans en reti-
rer d'autre avantage que le plaisir qu'il y
trouvait. Il est mort à Ratisbonne, le 6 octobre
1858, à l'âge de quarante-six ans. Ses ou-
vrages imprimés sont ceux-ci : 1° Enchiri-
dion Chorale, sive selectus locupletissimus
canlionum liturgicarum juxta ritum S. Ro-
mans ecclesix per totius anni circulum
prcBScriptarum. Redegit ac comitanle or-
gano edidit J. Georgius Mettenleiter. Jussu
et approbatione illustr. et reverendiss. Do-
mini p^alentini episcopi Ratisbonensis ; Ra-
lisbonse , typis et commissione Frederici
Pustet, 1833, un volume in-8» de sept cent
soixante-huit et ccxv pages. 2» JJanuale brève
cantionum ac precum liturgicarum juxta
ritum, sanctx Romanx Ecclesix. Selegit ac
comitante organo edidit, etc., ibid., 1832. —
3° Der fiinfundneunzigste Psalm fUr sechs
Mànnerstimmen , partition, in-fol., ibid.,
1834. Cet artiste a laissé en manuscrit : 1° Une
collection de Lieder allemands pour une, deux
et trois voix avec accompagnement de piano.
2» Chants à quatre voix d'hommes. 3* Lied de
Saphir pour deux chœurs d'hommes. 4^ Le
Retour du chanteur, chœur de voix d'hommes
avec orchestre. 3» Environ dix chants pour un
chœur d'hommes à quatre et cinq voix. 6" Va-
riations à quatre mains, sur un air allemand,
pour le piano. /"Grande pièce de concert pour
le piano, avec accompagnement d'instruments
à cordes. 8" y/ie Maria pour quatre voix
d'hommes. 9° jive Maria pour un et deux
chœurs. 10» Ave Maria jwur une dou'jle
chœur composé chacun de soprano, contralto,
! ténor cl basse, 11" Graduel pour la fêle de
I Saial-]ilichcl à quatre voix. 12'' C'rux fidtlis à
112
METTENLEITER — METZGER
huit voix. 15» Jdoramus pour quatre voix
d'hommes. 14» Benedicile, introït pour la
fête de Saint-Michel, à quatre voix d'hommes,
dans le style de Palestrina. 15° Ecce crucem
Domini, à six voix. 16° O'quam trislis, à
quatre voix. 17° Prope est Bominus, à huit
voix. 18° Ba pacem, à quatre voix. 19° O
sacrum convivium, à quatre voix. ^0''Pa7ige
lingiia sur le plain-chant. ^1° De profundis
du quatrième ton. 22° Fexilla régis pour
quatre voix d'hommes. 23° Bominus Jésus
(in Cœna Domini), à six voix. 24°3Iesse pour
la fête de la Sainle-Trinité, à six voix, avec
orchestre ad libitum, 25° Stabat Mater pour
un double chœur avec instruments. 26° Deux
Miserere: le premier à quatre voix; l'autre, à
six voix. 27° Le psaume 67" pour un double
chœur avec instruments ad libitum. 28» Deux
Miserere du troisième et du quatrième tons
pour un double chœur. 29° Le psaume 46"^, à
plusieurs voix. 30° Le psaume 50^ pour un
double chœur. 31° Messe pour deux chœurs de
voix d'hommes. 32° Autre messe pour un
chœur de voix mêlées. 33° Recueil de psaumes
dans le style ancien, en contrepoint.
METZ (Jules), professeur de musique au
Gymnase de Berlin, 1838, a publié plusieurs
cahiers de chants pour quatre voix d'hommes,
à Berlin, chez WagenfUhr, et à Leipsick, chez
Hofmeister.
METZELIUS (Jérôme), né à Ilmenau,
dans la Thuringe, au comté de Schwarzbourg,
dans la première moitié du dix-septième siècle,
fut cantor et maître d'école à Stade. On a de
lui un manuel des principes de musique en
dialogues latins et allemands, intitulé : Com-
pendium musices tam choralis quatn figu-
ralis , certis quibusdam observationibus
iisque rarioribus exornatum, in studium
juventutis, etc.; Hambourg, 1660, in-8° de
cinq feuilles.
METZGER (maître Ambroise), professeur
au collège de Saint-Égide, à Nuremberg, na-
quit en cette ville dans la seconde partie du
seizième siècle, et fut promu au grade de ma-
gister, à Altdorf, en 1603. Quatre ans après,
il abandonna ce poste pour celui de professeur
à Nuremberg, qu'il occupa jusqu'à sa mon,
arrivée en 1632, dans un âge avancé. On con-
naît sous le nom de Metzger plusieurs recueils
de chants intitulés : 1» Fenusblûmlein , etc.
(Petites fleurs de Vénus, première partie de
nouvelles et gaies chansons profanes à quatre
voix); Nuremberg, 1611, in-4°. 2° Idem,
deuxième partie, à cinq voix; i6jd., 1612,
in-4». 3° Le psautier de David, restitué dans
les tons les plus usités de l'église et orné de
cent mélodies nouvelles; ibid., 1630, in-8".
METZGER (Jean-Georges) est appelé
simplement Georges parGerber, qui a ignoré,
ainsi que l'auteur de l'article du Lexique uni-
versel de musique, publié par Schilling,
les circonstances de la vie de cet artiste. Metz-
ger naquit le 15 août 1746, à Philipsbourg,
où son père était conseiller du prince évêque
de Spire. La mort lui ayant enlevé son père,
le 20 février 1746, avant qu'il vit le jour, sa
famille tomba dans l'indigence, et la musique
fut la seule chose que sa mère put d'abord lui
faire apprendre. Plus tard, la recommandation
de quelques amis le fit recevoir au séminaire
du prince électoral, à Manheim, où il conti-
nua ses études de musique. Il montrait de
rares dispositions pour la flûte; son talent
précoce sur cet instrument lui procura la
protection de l'électeur palatin Charles-
Théodore, qui le confia aux soins du célèbre
flûtiste Wendling. Les leçons de cet habile
maître développèrent rapidement son talent,
et bientôt Metzger fut compté au nombre des
virtuoses de l'Allemagne sur la flûte. Admis
en 1760 comme surnuméraire à l'orchestre de
Manheim, il en fut nommé flûtiste solo cinq
ans après. En 1778, il suivit la cour à Munich,
où il brilla pendant quinze ans par ses compo-
sitions, la beauté du son qu'il tirait de son
instrument, et le brillant de son exécution.
Il mourut jeune encore, le 14 octobre 1793.
Parmi ses ouvrages, on remarque : 1° Six con-
certos pour la flûte, n"'' 1 à 6, Berlin, Ilummcî.
2° Six trios pour deux flûtes et basse, op. 2,
ibid. 3° Six duos pour deux flûtes, op. 3, ibid.
4» Trois symphonies concertantes pour deux
flûtes, op. 4, ibid. 5° Six quatuors pour flûte,
violon, alto et basse, op. 5, ibid. 6° Six so-
nates pour flûte et basse, op. 6, ibid. 7° Trois
concertos pour flûte, op. 7, n°' 7, 8, 9, ibid.
METZGER (Charles-Théodore), fils aîné
du précédent, naquit à Manheim, le 1" mai
1774. Gerber, qui s'est trompé sur la lettre
initiale du prénom de cet artiste, l'a indiqué
par F. Junior, et l'auteur de l'article du
Lexique de Schilling n'a pas hésité à en
faire un Frédéric Metzger, qui aurait été
très-habile flûtiste et qui aurait succédé à son
père, en 1793, dans la chapelle de 3Iunich.
Mais je crois pouvoir assurer qu'il n'y a jamais
eu de Frédéric Metzger, et que tout ce qu'on
en a dit s'applique à celui qui est l'objet de
l'article présent.Charles-Théodore,élèvede son
père, devint aussi un flûtiste très-distingué. Il
n'était âgé que de dix ans lorsqu'il fui admis
METZGEU — MEURSIUS
il3
comme surnuméraire à la chapelle de la cour,
en 1784 ; en 1791 il fut titulaire de la place de
seconde flûte, et en 1793 il succéda à son
père comme flûtiste solo. Dans ses fréquents
voyages, il a visité Manheim, Francfort,
Prague, Leipsick, Dresde et la Suisse : partout
il a recueilli des applaudissements. On a
imprimé de la composition de cet artiste :
1» Six trios pour flùle, alto et violoncelle,
op. 1 ; Manheim, Heckel. 2*> Variations pour
flûte avec accompagnement de piano, n<" 1
à 6; Augsbourg, Gombart. ô» Études ou ca-
prices pour flûte seule; Vienne, Ilasllnger.
4" Études ou exercices jdem; Munich, Falier,
et Mayence, Schott. o" Variations idem sur une
chanson allemande; ibid.
Joseph Melzger, second fils de Jean-Georges,
né à Munich, en 1789, a été élève de son frère
Charles-Théodore pour la flûte, et a été con-
sidéré aussi comme un artiste distingué. Il a
^lé admis dans la chapelle royale de Munich
«n 1804.
METZGER-VESPERMA]>f]\ (madame
Clara), fille de Charles-Théodore, naquit à
Munich, en 1800. Élève de Winter pour le
chant et la composition, elle se fit entendre
pour la première fois en public dans l'année
1817, et fut considérée comme une cantatrice
de grande espérance. Quelque temps après elle
devint la femme de l'acteur Vespermann, et
visita avec lui Vienne, Dresde et Berlin où
elle eut des succès. De retour à Munich, elle y
obtint un engagement à vie ; mais elle n'en
jouit pas longtemps, car elle mourut à la fleur
de l'âge, le 6 mars 1827. On a gravé de sa
composition un air avec variations qu'elle
avait chaulé à Vienne, arrangé pour le piano,
de trois manières différentes, parDiabelli,
Leidesdorf et J. Schmid.
METZGER (J.-C), pianiste et composi-
teur, vivait à Vienne vers 1840. Il a fait gra-
ver de sa composition : Trio pour piano,
violon et violoncelle, op. 1 ; Vienne, Muller.
METZGER(FaASçois).A'oj/e3MEZGER.
MEUDE-310>PÀS(le chevalier J.-J.-O.
DE), mousquetaire noir, sous le règne de
Louis XVI, cultiva la musique et la littéra-
ture comme amateur. Élève de La Houssaye
^)our le violon, et de l'abbé Giroust pour la
composition, il publia, en 1786, six concertos
pour cet instrument, avec accompagnement
de deux violons, alto, basse, deux hautbois
«t deux cors. Il prétendait être élève de
J.-J. Rousseau, parce qu'il avait adopté la
plupart des opinions de cet homme célèbre,
€t qu'il affectait une profonde sensibilité.
BIOCR. liMV. DES ML'SICIE.NS. T. VI.
A l'aurore de la première révolution française,
il s'éloigna de son pays, comme la plupart des
personnes attachées à la cour, et servit quel-
que temps dans le corps d'émigrés commandé
par le prince de Condé. Plus tard, madame de
Genlis le trouva à Berlin , où il faisait im-
primer de mauvais vers français (voyez Mé-
moires de madame de Genlis, t. V, p. 28). Il
avait publié précédemment un Dictionnaire
de musique, dans lequel on simplifie les ex-
pressions et les définitions mathématiques
et physiques qui ont rapport à cet art ; avec
des remarques impartiales sur les poètes
lyriques, les versificateurs, les compositeurs,
acteurs, exécutants, etc.; Paris, Rnapen,>
1787, in-S» de deux cent trente-deux pages.
Rien de plus mal écrit, de plus absurde et de
plus entaché d'ignorance que cette rapsodic,
jugée avec autant de sévérité que de justesse
par Framery, dans un article du Mercure de
France (ann. 1788, n" 26). On connaît aussi
du chevalier de Meude-Monpas un écrit qui a
pour titre : De l'influence de l'amour et de
la musique sur les mœurs, avec des réflexions
sur l'utilité que les gouvernements peuvent
tirer de ces deux importantes passions;
Berlin (sans date), in-S".
MEURSIUS (JEAs), ou DE MEURS, sa-
vant philologue et antiquaire, naquit en 1379,
à Loosduin, près de La Haye, en Hollande. Il fit
ses études à l'université de Leyde, et ses progrès
furent si rapides, qu'à l'âge de douze ans, il
composait des harangues latines et faisait des
vers grecs. Après qu-'il eut achevé ses éludes,
le grand pensionnaire de Hollande, Barnevell,
lui confia l'éducation de ses fils et le chargea
de les accompagner dans leurs voyages. Arrivé
à Orléans, Meursius s'y fit recevoir docteur en
droit en 1608. De retour dans sou pays, il fut
nommé professeur d'histoire et de littérature
grecque à l'université de Leyde. Plus tard, le
roi de Danemark lui confia la place de pro-
fesseur de droit public et d'histoire, à Sora,
où Meursius mourut de la pierre, le 20 sep-
tembre 1639, à l'âge de soixante ans. Ce sa-
vant est le premier qui a publié le texte grec
des traités sur la musique d'Aristoxène, de
Nichomaque et d'.\lypius, d'après un manu-
scrit de la bibliothèque de Leyde dont Meibom
s'est servi plus tard. Le volume qui renferme
ces trois traités a pour titre : Aristoxenus,
Nichomachus, Alypius , auctores lyiusices
antiquissimi, kactentis non editi. Joannes
J/eursius nunc primus vulgavit , et notas
addidit. Lugduni Jiatavorum, Lud. Elze-
viro, 1G16, in-A." de cent qualre-»'ingt-sei/e
8
114
MEURS lus — MEYER
pages, Gerber, induit en erreur par Wallher,
a cru que chacun des traités forme un volume
séparé : il a été copié par Choron et Fayolle.
Le manuscrit dont Meursius s'est servi pour
son édition renfermai! beaucoup de fautes, et
le traité d'Arisloxône particulièrement y était
en désordre comme dans tous les autres ma-
nuscrits ; lui-même le déclare en ces mots : De-
scripstex codice Bibliothecx nostras Lugduno
Batavx ilîo satis certè corrupto, et mutilo
etiam loco non uno, etc. ; mais il a cherché
à corriger ces fautes et à expliquer les endroits
obscurs dans des notes qui s'étendent depuis
la page 127 jusqu'à 193. Il y propose des cor-
'rections, dont quelques-unes sont plus hasar-
dées qu'utiles. Ce qu'il a publié d'Alypius ne
peut être d'aucune utilité, car n'ayant point à
sa disposition des caractères de musique
grecque pour faire imprimer les signes, il les
a tous supprimés, et n'en a conservé que la
description. On a réimprimé le travail de
Meursius avec le texte grec et la version latine
de Meibom, dans les œuvres complètes du
même Meursius publiées par L. Lami, Flo-
rence, 1741-1763, douze volumes in-folio. On
a aussi de ce savant un traité des danses
grecques et romaines intitulé : Orchestra,
sive de saltationibus veterum; Leyde, ICI 8,
in-4''. Ce traité a été réimprimé dans le
huitième volume du Trésor des antiquités
grecques de Gronovius (fol. 1-16).
MEURSIUS (Jean), fils du précédent, né
à Leyde en 1613, accompagna son père à
Sora, et y mourut en 1653, à l'âge de qua-
rante ans. Au nombre de ses ouvrages, on en
trouve un intitulé : Collectanea de Tibiis ve-
terum; Sora, 1641, in-S". Cet opuscule ne
consiste qu'en une collection incomplète de
passages des auteurs grecs et latins relatifs
aux flûtes des anciens. Gronovius a inséré ce
morceau dans son Thésaurus antiq. Grxca-
rum, t. VIII, p. 2433. On le trouve aussi dans
le Trésor des antiquités sacrées d'Ugolini,
t. XXXII, p. 845.
MEUSCHEL (Jean), fabricant de trom-
bones à Nuremberg, vers 1320, s'est acquis de
la célébrité par la bonté de ses instruments,
qu'on appelait alors saquebutes en France, et
busaun (posaune) en Allemagne. Le pape
Léon X l'appela à Rome, lui fit faire plusieurs
trombones en argent pour des fêtes musicales,
et le récompensa magnifiquement. Meuschel
mourut à Nuremberg, en 1533.
MEUSEL (Jean-Georges), docteur en phi-
losophie, naquit àEyrichshof, le 17 mars 1743,
l'ut d'abord professeur à Erfurt, puis à Er-
langen, et conseiller de cour à Quedllnbourg.
Il est mort à Erlangen, le 19 septembre 1820.
On trouve des renseignements sur la musique
et sur les artistes dans les ouvrages suivants
qu'il a publiés : 1" Deutsches Kiinstler-Lexi-
kon, Oder Ferzeichniss der jetztlcbenden
À'itnsf/er (Dictionnaire des artistes allemands^
ou catalogue de tous les artistes vivants, etc.);
Lemgo , 1778-1789 , deux volumes in-8°.
Deuxième édition, 1808-1809, avec un troi-
sième volume publié en 1814, servant de sup-
plément aux deux éditions. On y trouve des
notices sur quelques-uns des principaux mu-
siciens de l'Allemagne, et sur divers objets de
la musique. 2" Miscellaneen artistischen Jn-
halts (Mélanges concernant les arts) ; Erfuil,
1779-1787, trente cahiers formant cinq vo-
lumes in-S». Différentes notices sur des musi-
ciens s'y trouvent aussi. ù° Deutsches Muséum
fiir KUnstler und Kilnstliebhaber (Muséum
allemand pour les artistes et les amateurs);
3Ianheim, 1787-1792, dix-huit cahiers for-
mant trois volumes in-S». Suite de l'ouvrage
précédent, continuée dans le A'ouueau.VMse'um
(1793-1794), quatre cahiers en un volume
in-8'> ; dans les Nouveaux mélanges (Leip-
sick, 1793-1803, quatorze cahiers in 8°); en-
fin, dans les archives pour les artistes et les
amateurs (Dresde, 1803-1808, huit cahiers en
deux volumes in-S").
ME USINIER DE QUERLON (Antoine-
Gabriel). Foyez QUERLON.
MEVES (Auguste), professeur de piano et
compositeur, né à Londres, en 1785, est fils
d'un peintre en miniature qui, par son Jalent
distingué et son économie, acquit une fortune
honorable. Encouragé par Hummel, qui l'avait
entendu jouer du piano, le jeune Meves fit des
progrès remarquables. Il se livra d'abord à
l'enseignement, à Edimbourg ; mais après la
mortdeson père, ilacessédedonnerdes leçons.
On a publié de sa composition, à Londres :
1" Sonate pour piano seul. 2° Rondo brillant
idem. 3" Air allemand varié. 4° Deux duos pour
piano et harpe. 3» Marche de la Flûte en-
chantée, variée. ô^Divertissementdramatique.
Un violoniste nommé MEVES (W.) était à
Leipsick, vers 1840, et y a publié des varia-
lions pour deux violons avec orchestre,
op. 11 ; Leipsick, Kistner.
31EYER (Grégoire), organiste à Soleure
(Suisse), vers 1330,est cité parGlaréan, dans son
Dodecachordon (p. 354), comme auteur âTun
canon à la quinte inférieure. Cetauteurrapporle
encore d'autres morceaux de cet organiste,
p. 280, 296, 302, 304, 312, 338, 340 et 454.
MEYER
415
ME\XR ou MEIER (Jeas), bon facteur
d'orgues allemand, vécut dans la première
moitié du dix- septième siècle. Ses principaux
ouvrages sont : 1" L'orgue de l'église princi-
pale de Francfort-sur-le-Mein. 2° La répara-
tion complète de l'orgue de l'église cathédrale
d'Ulm, en 1630.
3IEYEII (Pierbe), musicien allemand, né
à Hambourg, vers 1705, suivant MoUer {Cim-
iria literata, t. I, fol. 402), fut musicien de
ville dans le lieu de sa naissance. Il parait
s'en être éloigné vers 1653, pour se fixer en
Hollande. Il était à Amsterdam, eu 1656.
On cite de sa composition : 1° Der Edlen
Daphnis aus Cimbrien Besungene Flora-
bella, Oder 30 weltliche Lieder, mit neuen
Melodien; Hambourg, 1631. I! y a une se-
conde édition de cet ouvrage, publiée dans
la même ville, en 1666, in-8». 2° Phi-
lippi a Zosen DichterischenJugend und L ie-
besflammen mit Melodien ; ibid. , 1631.
3° Christliche Musicalische Klag-und Trost-
Spriiche vcn 3 wnd 4 Stimmen und einem
'B. C. (Maximes chrétiennes et musicales de
complainte et de consolation à trois ou quatre
voix, avec basse continue) ; Hambourg, 1635,
in-4°. 4" Geistlichen Seelenlust, oder ÏFech-
selgesangen zwischen dem himmlischen
Braiitigen und seiner Braut; Âmstelodami,
1637, in-12. 5» Danses françaises et anglaises
ou airs de ballets en duos pour viole et basse,
basse de viole ou autres instruments ; Am-
sterdam, 1660.
MEYER (Bersard), organiste et musicien
de chambre à Zerbst, dans la seconde moitié
du dix-septième siècle, est cité avec éloge par
Priuz, dans son Histoire de la musique
(cap. 12, 5 8ô). Gerber possédait de cet ar-
tiste, en manuscrit : i° Kurzer Unterricht,
icie man den Generalbass traktiren soll
(Courte instruction sur la manière de traiter
la basse continue). 2» Différents morceaux
pour l'orgue dans un recueil manuscrit daté
de 1675.
MEYER (Rcpert-Igîcace) , né à Schaer-
ding, en 1648, fut d'abord attaché à la mu-
sique de l'évéque de Freysing, puis entra au
service du prince-évéque d'Eichsladt, d'où il
passa dans la chapelle électorale, à Munich, en
qualité de violoniste, et, enfin, retourna à
Frising, comme maître de chapelle. Il a fait
imprimer de sa composition ; 1° Palestra
viusicx, consi^slant en treize sonates à deux,
trois et quatre parties , suivies d'une com-
plainte à cinq voix; Augsbourg, 1674. 2" Psa/-
modia brevis ad vesperas tolius anni.
ô" XXV offertoria dominicaïia, ou motets à
quatre et cinq voix concertantes, deux violons
et trois saquebutes ; Augsbourg , 1704.
4° Psaumes à trois, quatre, cinq et six voix;
i6id.,1706.
MEYER (JoACHi»), né à Perleberg, dans
le Brandebourg, le 10 août 1661, fit ses
études musicales au collège de Brunsv^ick, où
il remplit, pendant trois ans, les fonctions de
directeur du chœur, continua ensuite ses
études à Marbourg, et, après un voyage qu'il
fit en Allemagne et en France, comme pré-
cepteur de deux gentilshommes, obtint la
place de cantor au Gymnase de Gœttingue,
en 1686, y fut nommé professeur de musique
en 1693, et, enfin, eut, en 1717, les titres de
docteur en droit et de professeur d'histoire et
de géographie au même gymnase. Plus tard,
il se livra à la profession d'avocat; mais, en
1729, il eut une attaque de paralysie, à la
suite de laquelle il languit pendant deux ans,
et mourut, le 2 avril 1732. L'usage des can-
tates religieuses s'élant établi de son temps,
il s'en déclara l'adversaire, les considérant
comme peu convenables pour la majesté du
culte divin, à cause de leur effet dramatique,
et leur préférant l'ancienne forme des mo-
tets. Il établit à cet égard son opinion dans
l'écrit intitulé : Unvorgreifliche Gedanken
iiber die neulich eingerissene theatralische
KirchenmusikjUnd von den darinnen bishero
Ublich geu'ordenen Cantaten mit f'erglei-
chung der Jlusik voriger Zeilen zur f'erbes-
serung der unsrigen vorgestellt (Pensées non
prématurées sur la musique théâtrale intro-
duite depuis peu dans l'église et sur les can-
tates qui y sont devenues à la mode, avec une
comparaison de la musique des temps précé-
dents; écrites pour l'amélioration de celle de
l'époque actuelle); Lemgo, 1720, soixante et
dix pages in-8». L'ouvrage est divisé en quatre
chapitres. Mattheson {voyez ce nom) attaqua
les opinions de Meyer avec sa rudesse ordi-
naire, dans un pamphlet intitulé : Der neue
Gattingische, aber viel schlechter, als die
alten Lacedxmonischen, urtheilende Epho-
rus,etc. (le Nouvel Éphore de Gœttingue, etc.).
Meyerrépondit à son adversaire avec vivacité,
par cet écrit, beaucoup plus étendu que le
premier : Der anmassliche Hamburgischc
Criticus sine Crisi, entgegengesetzt dem
sogenannten Gœtlingischem Ephoro Joh.
jJIalthesons, und dessen vermeyntlicher Be-
lehrungs-Ungruud in Fertheidigung der
theatralischen Kirchenmusik geiciesen (le
Critique prétentieux de Hambourg sans au-
8.
116
MEYER
lorité , opposé à VEphore de Gœtttngue ,
par Jean Mallheson, elc); Lemgo, 1726,
cent quatre-vingts pages in-8».Fuhrmann prit
la défense de Mallheson dans un pamphlet
aussi dur que mal écrit, dont le litre fort long
commence par ces mots : Gerechte JFag-
schal, darin TU. Herrn Joachim Meyers,
./. U. doctoris, etc., sogenannte anmasslich
Hamhurgischer Crtttcus sine Crisi, etc. (la
Balance impartiale, dans laquelle le Critique
prétentieux de Hambourg, etc., et le nouvel
Éphore de Gœtlingue, du maître de chapelle
J. Mallheson, sont exactement pesés, etc.) ;
Altona, 1728, in-8» de quarante-huit pages.
Une réplique anonyme, attribuée à Meyer,
termina la discussion; elle a pour titre : Der
abgewurdigte Jp'agemeister, oder der fxlsch-
lich genannten gerechlen JFagschale eines
verhapten, etc. (le Commissionnaire déprécié,
ou l'injustice et la tromperie reconnues de la
balance faussement appelée impartiale, etc.),
sans nom de lieu, 1729, in-S" de soixante et
une pages. Il y a dans tout cela beaucoup plus
d'injures et de divagations que de bons rai-
sonnements. Au fond, Meyer avait raison: le
style dramatique des cantates d'église était
moins convenable pour le culte que les formes
graves des anciens motets.
MEYER (Jean), maître de chapelle et orga-
niste à Anspach, au commencement du dix-
huitième siècle, fut élève de Bumler, puis
voyagea en Italie et y étudia la composition.
Il y brilla aussi comme chanteur sur plusieurs
théâtres. Il a laissé en manuscrit plusieurs
oratorios, concertos et symphonies.
MEYER (Sibrand) ; on a sous ce nom une
dissertation intitulée : Gedanken von den
sogenanntenWennder-Horn des GrafenOtto
erssten von Oldenburg (Pensées sur le cor ap-
pelé merveilleux du comte Olhon I" d'Olden-
bourg); Brème, 1737, itiS".
MEYER (Philippe-Jacques), professeur de
harpe, naquit à Strasbourg, en 1737. Destiné
à l'état ecclésiastique dans la religion pro-
testante, il étudia la théologie dans sa jeu-
nesse, mais les leçons de musique qu'il recevait
de l'organiste avaient pour lui plus d'attrait
que les cours de l'université. A vingt ans, il
trouva par hasard une vieille harpe allemande
sans pédale, et se livra à l'élude de cet instru-
ment avec tant de persévérance, qu'il parvint
bientôt à un degré d'habileté peu commun à
cette époque. Ses succès comme virtuose le
décidèrent à quitter ses études théologiques,
pour ne s'occuper que de la musique. Il se
rendit à Paris. On n'y connaissait point alors
la harpe à pédales; les trois premières furent
indiquées à un facteur par Meyer, qui s'en
servit pour jouer dans les tons de fa, d'uf et
de sol, les seuls qui fussent en usage pour la
harpe. Après avoir publié sa Méthode pour
cet instrument et quelques sonates, Mayer re-
tourna à Strasbourg, où il se maria, puis re-
vint à Paris; mais pendant son absence, de
nouveaux harpistes plus habiles que lui
s'étaient fixés dans cette ville; il comprit que
la lutte ne lui serait pas avantageuse, et il
partit pour Londres, en 1780. Les succès qu'il
y obtint l'engagèrent à s'y établir avec sa
famille, et il s'y fixa définitivement quatre
ans après. Depuis lors, il s'est livré à l'en-
seignement et à la composition. Il est mort
en 1819, à l'âge de quatre-vingt-deux ans,
laissant deux fils harpistes et professeurs de
harpe comme lui. On connaît de cet artiste :
1» Méthode sur la vraie manière de jouer de
la harpe,. avec les règles pour l'accorder;
Paris, Janet et Colelle. 2» Sonates pQur la
harpe, op. 1,2, o; Paris, Bailleux; Londres,
Broderip. 3" Deux grandes sonates pour harpe
el yioiôa^ibid.A" Six fugues pour harpe seule;
ibid. 5» Six canzonettes avec accompagne-
ment pour la petite harpe; Londres.
MEYER (P.), fils du précédent, né à Stras-
bourg, fut d'abord élève de son père, puis re-
çut des leçons de madame Rrumpholz, et fut
longtemps établi à Londres comme professeur.
Il y est mort en 1841. Il a publié des airs
variés pour la harpe ; Londres, Clemenli.
MEYER (Fhédéric-Charles), second fils
de Philippe-Jacques, fut aussi professeur de
harpe à Londres. Il a publié : 1" Trois œuvres
de sonates pour la harpe; Londres, Clemenli.
2» Deux divertissements idem; ibid. 3" Intro-
duction et solos tdem;ibid. 4"Fantaisie idem;
ibid.
MEYER (Jean-Henbi-Chbétien), lieute-
nant au régiment hanovrien de Saxe-Gotha,
né à Hanovre, le 18 mai 1741, mourut à Gœl-
tingue, le 16 novembre 1783. Il a publié des
Lettres sur la Russie (Gœltingue, 1779, deux
volumes in-8") , où l'on trouve des rensei-
gnements sur la situation de la musique dans
ce pays.
MEYER (Charles-Henri), chef du corps
de musique des Montagnes, à Clausthal, est
né à Nordhausen, dans la Thuringe, en 1772.
Élève de Willing, célèbre tromboniste et vir-
tuose sur divers instruments, il fit plusieurs
voyages, puis fut quelque temps attaché au
corps de musique de la ville de Nordhausen.
En 1800, il obtint la place de chef du
MEYER
117
corps de musiqae des Montagnes pour lequel
il a composé beaucoup de morceaux de diffé-
lenls genres. Dans les dernières années de
l'exercice de son emploi, il a été atteint
d'une surdité complète qui l'a obligé à solli-
citer sa retraite ; elle lui a été accordée, avec
une pension, en 1830. Les principaux ou-
vrages de cet artiste sont : 1° Fantaisie con-
certante pour flùle, clarinette, cor, basson et
orchestre, op. 20 j Leipsick, Hofmeisler.
'2" Journal d'harmonie, op. 15, liv. letll;
ibid. ô° Plusieurs autres recueils d'harmonie j
Leipsick, Peters. 4° Environ vingt recueils de
danses pour l'orchestre. 5" Beaucoup de con-
certinoset morceaux détachés pour clarinette,
cor ou trombone. 6" Des fantaisies et airs va-
riés pour piano.
MEYER (Locis), violoniste et pianiste, né
le 6 octobre 1816, à Gross-Schwechten, près
du Stendal, dans la Vieille-Marche, n'était
âgé que dix-neuf ans lorsqu'il s'établit à Mag-
debourg, en 1855, comme professeur de mu-
sique. Depuis lors, il ne s'est pas éloigné de
cette ville. Il a publié de sa composition quel-
ques morceaux pour le violon, et quatre trios
faciles pour piano, violon et violoncelle, à
l'usage des élèves. lia en manuscrit quelques
compositions pour l'orchestre, des Lieder, à
voix seule avec piano, et des chants pour
quatre voix d'hommes.
3IEYER (LÉopoiD DE), virtuose pianiste,
fils d'un conseiller de l'empire d'Autriche, est
né à Vienne, en 1816. Il était âgé de dix-sept
ans lorsqu'il perdit son père, au moment où il
venait de terminer ses études de collège : il
I)rit alors l^^résolution de se livrer à la cul-
ture de la musique. Son premier maître de
piano fut François Schubert, qui lui donna
des leçons pendant deux ans; puis il devint
01è>e de Charles Czerny, et enfin passa
pendant quelques mois sous la direction de
Fischhof. La méthode classique et patiente de
ces maîtres n'avait pas d'attrait pour Léopold
de Meyer, dont le caractère excentrique ne se
plaisait qu'aux tours de force sur le clavier.
Il se décida, toutàcoup, àn'avoir plus d'autre
guide que son instinct, et à se faire une ma-
nière dont le but était de causer plus d'élon-
nement que déplaisir. A l'âge de vingt ans,
il se rendit à Bucharest près de son frère aîné;
mais il quitta bientôt cette ville pour aller à
Jassy, où il donna deux concerts avec succès;
puis il se rendit à Odessa. La protection du
prince Nicolas Galitzin et de la comtesse AVo-
ronzow, femme du gouverneur général de la
Petite RussiCj l'arrêta daos celle ville pendant
trois mois. Il y brilla dans un concert donné
au bénéfice des pauvres, sous le patronage de
la comtesse. S. la suite de ce concert, le géné-
ral en chef de la cavalerie russe, comie de
Witle, lui proposa de l'accompagner à Péters-
bourg, ce qui fut accepté avec empressement
par l'artiste. Protégé par la noblesse de cette
grande ville, il donna, au théâtre impérial, un
concert dont le produit fut de 13,000 roubles.
Il joua aussi plusieurs fois à la cour et reçut
de beaux cadeaux de la famille impérialr.
.\près avoir visité Moscou, il parcourut quel-
ques provinces de la Russie, d'où il passa dans
la Valachie, puis à Constantinople. Accueilli
avec faveur par l'ambassadeur d'Angleterre,
sir Strafford Canning, il fut logé dans son
palais et y passa plusieurs mois, pendant les-
quels il fut admis à jouer chez la sultane
Validé, mère du Grand-Seigneur. Au commen-
cement de 1844, Léopold de Meyer retourna
à Vienne et y donna sept concerts, à la suite
desquels il fut nommé membre du Conserva-
toire de cette ville. Au mois d'octobre de la
même année, il partit pour Paris et s'arrêta
quelque temps à Francfort pour y donner des
concerts. Arrivé dans la capitale de la France,
il y étonna par sa fougueuse exécution, mais
il eut peu de succès dans l'opinion des artistes
et des connaisseurs. A Londres, il réussit
mieux ; mais il n'y resta que deux mois, parce
que la saison était avancée lorsqu'il y arriva.
Dans l'automne de 1845, il s'arrêta à Bruxelles
et y donna plusieurs concerts. En 1846, il
visita Alger et l'Egypte. Dans l'année sui-
vante, il était à la Nouvelle-Orléans; puis il
visita la plupart des villes des Étals-Unis, et
donna des concerts à New- York, Boston, Phi-
ladelphie, Washington et Baltimore. De retour
en Europe, vers le mois de juin 1847, il se
dirigea vers r.\llemagne et vécut quelque
temps à Vienne. En 1856, il fit un nouveau
voyage en Belgique et à Paris, mais il y fut
peu remarqué. Léopold de Meyer a des doigts
fort brillants, mais il tire nn mauvais son de
l'instrument, et l'on reproche avec justesse à
son exécution de manquer de goût et de
charme. Étranger à la musique classique, il ne
connaît guère que ses propres œuvres, si cela
peut s'appeler des aiuvres. Dans le catalogue
de ces productions, on voit une Marche maro-
caine,i[n\ a eu eu beaucoupde retentissement,
un Air guerrier des Turcs, un Air national
des Turcs, la Marche triomphale d'Isly, une
Etude de bataille, une Fantaisie orientale
sur des airs arabes, la Danse du Sérail, une
Fantaisie sur des airs russes, des Airs
us
MfiYER — MEYEPvBEER
russes variés, une Fantaisie sur un air bo-
hémien., une Grande fantaisie sur des airs
américains, des Variations sur le Carnaval
de Venise, etc.
MEYEll DE KNONOW (Chaiiles-An-
DRÉ), fadeur d'instruments, naquit à Schnell-
furthel, dans la haute Lusace, le 30 octobre
1744. En 1759, il alla à Leipsick pour y suivre
les cours de l'université, et après y avoir passé
trois années il revint chez son père, en 1762.
Deux ans après, il s'établit à Rothenl)ourg, où
il cultiva les sciences et la musique. En 1785,
il vendit ses biens et alla se fixer à Gœrlitz, où
il se livra entièrement à la facture des instru-
ments, particulièrement des harpes éoliennes
et des harmonicas. Ses recherches le condui-
sirent à faire, en 1794, un piano à archet dont
on trouve la description dans la Feuille men-
suelle de la Lusace (1795), avec une figure de
l'instrument. Deux ans après, Meyer inventa
un nouvel instrument du genre de l'Euphone
de Chladni, auquel il donna le nom d'/far-
monihon. Il est mort à Gœrlitz, le 14 jan-
vier 1797.
MEYERBEER (Giacomo), compositeur de
musique dramatique et chef d'une école nou-
velle, est né à Berlin, le 5 septembre 1794 (1),
d'une famille riche et honorable dont plu-
sieurs membres ont cultivé les sciences et les
arts avec succès. Guillaume Béer, second frère
de l'artiste qui est l'objet de cette notice, est
compté parmi les bons astronomes de l'Alle-
magne, et s'est fait connaître au monde savant
par une carte de la lune, qui a obtenu le prix
d'astronomie à l'Académie des sciences de
Berlin. Michel Béer, autre frère du célèbre
compositeur, mort à la fleur de l'âge, était
considéré comme un des jeunes poètes alle-
mands dont 'le talent donnait les plus légi-
times espérances. Sa tragédie du Paria et son
drame de Struensée ont eu du retentissement
dans sa patrie.
Dès l'âge de quatre ans, l'intelligence musi-
cale de Meyerbeer se manifestait déjà par des
signes non équivoques : saisissant les mélo-
dies des orgues ambulantes, il les transpor-
tait sur le piano et les accompagnait harmo-
nieusement de la main gauche. Étonné de
voir de si heureuses dispositions dans un
(1) La Gazette générale de musique de Leipzig (3i' an-
née, poge 876) cl le Dictionnaire de la Conversation,
suivis par Schilling, Gassner eld'autrcs, ont fixé l'année
de la naissance de Meyerbeer en 1791 ; celle erreur pro-
vicnl de ce que, dans le comple rendu d'un concert
donné à Berlin, le 14 octobre 1800, où Meyerbeer avail
faii admirer son habileté sur le piano, on le dit àgc de
neuf ans, quoiqu'il ne fût que dans sa scplicmc année.
enfant de cet âge, son père résolut de ne
rien négliger pour en hâter le développe-
ment. Lauska, élève de Clementi et pianiste
distingué, fut le premier maître auquel il le
confia. Aux principes rationnels de mécanisme,
puisés dans l'école de son illustre professeur,
Lauska unissait l'art de bien enseigner. Ce fut
vers cette époque qu'un ami intime de la fa-
mille Béer, nommé flieyer, et qui avait voué à
cet enfant une affection toute paternelle, lui
laissa par testament une fortune considérable,
sous la condition qu'au nom de Béer il ajou-
terait celui de Meyer, d'où est venu le nom de
Meyerbeer. Déjà, la Gazette générale de mu-
sique, de Leipsick, rendant compte d'un con-
cert donné à Berlin, le 14 octobre 1800, où le
jeune artiste s'était fait entendre pour la pre-
mière fois en public avec un succès extraordi-
naire, avant d'avoir accompli sa septième
année, l'appela de ce nom. Les renseigne-
ments recueillis sur les lieux par l'auteur de
cette notice prouvent que les progrès de cet
enfant avaient été si rapides, qu'à l'âge de six
ans il étonnait déjà les professeurs, et que
dans sa neuvième année il était compté parmi
les pianistes les plus habiles de Berlin. La
même Gazette musicale dit, dans l'analyse de
deux concerts donnés au théâtre de cette ville,
le 17 novembre 1803 et le 2 janvier 1804,
que Meyerbeer y avait fait preuve d'une habi-
leté et d'une élégance de style remarquables.
L'abbé Vogler, organiste et théoricien alors
fort renommé en Allemagne, l'entendit à cette
époque. Frappé de l'originalité qu'il remar-
quait dans les improvisations de l'enfant, il
prédit qu'il serait un grand musicien. Plus
tard, Clementi visita Berlin, et l'cxéculion de
Meyerbeer lui inspira tant d'intérêt que,
malgré son aversion plus prononcée chaque
jour pour l'enseignement, i! lui donna des
leçons pendant toute la durée de son séjour
dans la capitale de la Prusse.
A peine âgé de douze ans, et quoiqu'il n'eût
jamais reçu de leçons d'harmonie, Meyerbeer
avait déjà, sans autre guide que son instinct^
composé beaucoup de morceaux de chant et
de piano. Des amis éclairés y reconnurent le
germe d'un beau talent, et décidèrent ses pa-
rents à lui donner un maître de composition.
Celui qu'on choisit fut Bernard-Anselme We-
ber, élève de Vogler et chef d'orchestre de
rOpéia de Berlin. Admirateur enthousiaste de
Gluck, passionné pour la belle déclamation
musicale de ce grand artiste, fort expert d'ai!-
leiiis en matière de style dramatique, Weber
pouvait donner d'utiles conseils à son élève
MEYERBEER
H9
«ur la coupe des morceaux, sur rinstrumcn-
talion et sur les api»lications esthétiques de
Tari d'écrire ; mais faible harmoniste et man-
quant d'iustrucliou dans la didactique des
divers genres du contrepoint et de la fugue, il
lui était impossible de le guider dans ces
éludes difficiles. Pendant quelque temps,
Mejerbeer fil, un peu à l'aventure, des efforts
pour s'instruire. Un jour, il porta une fugue à
son maître : émerveillé de ce morceau, Weber
le proclama un chef-d'œuvre, et s'empressa de
l'envoyer à l'abbé Vogler, afin de lui prouver
qu'il pouvait aussi former de savants élèves.
La réponse se fit longtemps attendre; enfin
arriva un volumineux paquet qui fui ouvert
avec empressement. 0 surprise douloureuse!
au lieu des éloges qu'on espérait, on y trouva
«ne sorte de traité pratique de la fugue, écrit
de la main de Vogler et divisé en trois parties.
Dans la première, les règles pour la formation
de ce genre de morceaux de musique étaient
exposées d'une manière succincte. La seconde
.partie, intitulée la Fugue de Vélève, contenait
celle de Meyerbeer, analysée dans tout son
développement: le résultat de l'examen prou-
vait qu'elle n'était pas bonne. La troisième
partie, qui avait pour titre : la Fugue du
maître, était celle que Vogler avait écrite sur
le thème et les contre-sujets de Meyerbeer.
Elle était aussi analysée de mesure en mesure,
et le mailre y rendait compte des motifs qui
lui avaient fait adopter telle forme et non telle
autre (1).
Weber était confondu ; mais pour Meyerbeer
la critique de Vogler fut un trait de lumière.
Après la lecture des deux analyses compara-
tives, un bandeau lui tomba des yeux. Tout
ce qui, dans l'enseignement de Weber, lui
avait paru obscur, inintelligible, lui devint
clair et presque facile. Plein d'enthousiasme,
il se mit à écrire une fugue à huit parties,
d'après les principes de l'abbé Vogler, et la
lui envoya directement. Ce nouvel essai ne
fut plus accueilli de la même manière par le
mailre. « Il y a pour vous un bel avenir dans
a l'art, écrivait il à Meyerbeer. Venez près de
^1 moi; rendez-vous à Darmstadt; je vous
» recevrai comme un fils, et je vous ferai
(1) Ce travail a iié imprimé après la mort de Vogler,
sous ce titre : Syttem fiir den Fiujeiibau, ait EÎHleilUHg
rur harmonitchen Getang- VerbÎHdufigs Lelire (Sysléme
de la conslructioa de la fugue, comme introduction à la
science du chant liarmonique concerte). OlTenbacb,
André, in-S" de 7s pages de texte avec 35 pages de mu-
sique. Malheureusement l'analjrse du maître manque
souvent de justesse, et sa propre fugne n'est pas des
meilleures.
» puiser à la source des connaissances musi-
» cales. »
Après une invitation si flatteuse et si for-
melle, le jeune musicien n'eut plus de repos
qu'il n'eût obtenu de ses parents la permission
d'en profiter; enfin, il fut au comble de ses
vœux. Il avait quinze ans lorsqu'il devint
élève de l'abbé Vogler. Ce maître, qui jouis-
sait alors de la réputation du plus profond
musicien de l'Allemagne, avait fondé une
école de composition où s'étaient formés autre»
fois des artistes de mérite, parmi lesquels on
remarquait Winter, Ritler, Knecht et plu-
sieurs autres. Dans la nouvelle école établie à
Darmstadt, Gansbacber, qui fut plus tard
mailre de chapelle de l'église Saint-Élienne,
à Vienne, était le condisciple de Meyerbeer,
Incessamment occupés d'études sérieuses, les
élèves de Vogler avaient chez lui une exis-
tence tout artistique et scientifique. Après sa
messe, le mailre les réunissait et leur donnait
une leçon orale de contrepoint; puis il les
occupait de la composition de quelque mor-
ceau de musique d'église sur un thème donné,
et terminait la journée par l'examen et l'ana-
lyse de ce que chacun d'eux avait écrit. Quel-
quefois Vogler allait à l'église principale, où
il y avait deux orgues. Là, ils improvisaient
ensemble, sur les deux instruments, chacun
prenant à son tour le sujet de fugue donné, et
le développant. C'est ainsi que se fit pendant
deux ans l'éducation technique de l'auteur de
Robert le Diable. Au boutde ce temps, Vogler
ferma son école et se mit en route avec ses
élèves pour visiter les villes principales de
l'Allemagne, puisant dans ce qu'ils enten-
daient des sujets d'entretien et de leçons.
Avant de quitter Darmstadt, Meyerbeer, alors
âgé de dix-sept ans, fut nommé comiiosileur
de la cour. Le grand-duc. lui accorda celte
distinction après avoir entendu un oratorio
(Dieu et la nature) que le jeune artiste venait
d'achever, et qui fut exécuté à Berlin, le
8 mai 1811, dans un concert donné parAVeber,
au Théâtre Royal. Les solos furent chantés
par Eunike, Grell et mademoiselle Schmalz,
On trouve une analyse thématique de cet
ouvrage dans la Gazette musicale de Leipsick
(13^ année, p. 570), où l'on voit que déjà
Meyerbeer cherchait des formes nouvelles et
des effets inconnus. Cette partition n'était pas
la seule qu'il etit écrite dans l'école de Vogler,
car il avait composé beaucoup de musique
religieuse qu'il n'a pas fait connaître jusqu'à
ce jour (1862).
Le temps de la production active était arrivé
120
MEYERBEER
pour Meyerbeer. A dix-huit ans, il fit repré-
senter à Munich son premier ouvrage drama-
tique, intitulé : la Fille de Jephté. Le sujet,
développé en trois actes, était plutôt un
oratorio qu'un opéra. Encore tout saturé des
formes scolastiques, Meyerbeer avait mis peu
de charme mélodique dans cette composition :
elle ne réussit pas. Jusqu'alors il avait obtenu
de brillants succès comme pianiste et comme
improvisateur; il résolut de se rendre à
Vienne, la ville des pianistes, et de s'y faire
connaître comme virtuose. Le soir même de
son arrivée, il eut occasion d'entendre Hum-
mel, alors dans tout l'éclat de son talent. Ce
talent n'avait ni le caractère majestueux, ni
l'éclat qui se faisaient remarquer dans l'exé-
cution de Clémenti et qui se reproduisaient
avec plus de jeunesse et de feu dans le jeu de
Meyerbeer; mais c'était une émanation pure,
claire et d'un charme inexprimable. Le jeune
artiste comprit tout d'abord l'avantage
qu'avait, à cet égard, sur lui l'école viennoise,
et ne voulant pas être vaincu, il prit la réso-
lution de ne se produire en public qu'après
avoir réuni aux qualités propres de son talent,
celles de ses rivaux. Pour atteindre le but
qu'il se proposait, il s'enferma pendant dix
mois, se livrant à de continuelles études sur
l'art de lier le jeu harmoniquement et faisant
subir à son doigter les modifications néces-
saires. Après ces efforts, dont une conscience
dévouée d'artiste était seule capable, Meyer-
beer débuta dans le monde élégant et fit une
impression si vive, que le souvenir s'en est
longtemps conservé. Moschelès, qui l'entendit,
m'a dit plusieurs fois que si ce grand artiste
s'était posé alors uniquement comme virtuose,
peu de pianistes auraient pu lutter avec lui;
mais déjà d'autres vues occupaient son esprit.
C'est ici le lieu de mentionner une idée bi-
zarre qui tourmenta sa jeune léte à celte
époque (181ô). Frappé du succès que l'origi-
nalité de ses compositions et la nouveauté de
ses traits brillants avaient obtenues, il se per-
suada que les pianistes voulaient s'en em-
parer, et pour échappera ce danger imagi-
naire, il se décida à relarder de quelques
années la publication de sa musique de piano.
Dans la suite, préoccupé de ses travaux pour
le théâtre, il cessa de se faire entendre et même
de jouer du piano, en sorte (lu'il finit par
oublier la plus grande parlie de sa musique
instrumentale, dont il n'avait rien écrit, et
que cette musique fut perdue pour l'art. Ce-
pendant il a dû écrire certains ouvrages dont
les journaux ont parlé avec de grands éloges,
et dont les manuscrits se retrouveront peut-
être quelque jour; par exemple, des variations
sur une marche originale, exécutées par
l'auteur dans un concert donné à Leipsick,
ainsi qu'une symphonie concertante pour
piano, violon et orchestre, composée par
Meyerbeer, et exécutée par lui elle violoniste
Weit, à Berlin, le 4 février 1813.
Je viens de dire que Meyerbeer cessa de
jouer du piano comme virtuose; mais il lui
est resté de ses études sur cet instrument le
talent le plus parfait d'accompagnateur que
j'aie entendu. Je fus frappé de la beauté de ce
talent dans les concerts de salon donnés par
le roi de Prusse aux châteaux de Brtlhl, de
Stolzenfels et à Coblence, en 1845, pour la
famille royale de Belgique et pour la reine
d'Angleterre. En sa qualité de premier maître
de chapelle, l'auteur des Huguenots avait or-
ganisé ces concerts et y tenait le piano. Par
les nuances fines, délicates et poétiques de sa
manière d'accompagner, je compris alors la
multiplicité des répétitions exigées par lui.
pour la mise en scène de ses opéras. Je doute
qu'il soit jamais complètement satisfait des-
chanteurs et de l'orchestre.
L'éclat qu'avaient eu à Vienne les succès de
aieyerbeer, comme pianiste et comme auteur
de musique instrumentale, enfin, les beautés
qu'on avait remarquées dans un monodrame
avec chœurs, intitulé : les Amours de TliecC'
linde, lequel fut chanté par mademoiselle
Ilarlas, à Vienne, en 1813, inspirèrent la
pensée de lui confier la composition d'un
opéra comique pour le théàlre de la cour. Il
était intitulé : Abimeleck, ou les deux Califes.
La musique italienne était seule en faveur
alors près de M. de Metternich et des cour-
tisans auxquels il donnait le ton; or, la par-
tition A^ Abimeleck était écrite d'un style
absolument différent, et dans un système
assez semblable à celui de la Fille de Jephté î
elle fut accueillie avec beaucoup de froideur,,
et le résultat de la représentation dut être
considéré comme une chute. Salieri, qui avait
pour le jeune musicien une tendre affection,
le consola de cet échec en lui donnant l'assu-
rance que, nonobstant la coupe vicieuse de
ses chants, il ne manquait pas d'heureuses
dispositions pour la mélodie, mais qu'il n'avait
pas assez étudié le mécanisme de la vocalisa-
lion, et qu'il écrivait mal pour les chanteurs.
Il lui conseilla d'aller en Italie s'instruire
dans l'art de composer pour les voix, et lui
prédit des succès quand il aurait appris cet:
art difficile.
MEYERBEER
121
Jusqu'alors la musique italienne avait eu peu
d'attraits pour Meyerbeer. Il faut avouer que
la plupart des opéras de Nicolini, de Fari-
nelli, de Pavesi et de quelques autres, qu'on
jouait alors aux théâtres de Vienne et de Mu-
nich, étaient peu Taits pour plaire à une
oreille habituée à l'harmonie allemande. Le
jeune artiste ne comprenait donc pas bien la
portée des conseils dcSalieri ; cependant, plein
de confiance en ses lumières, il partit pour Ve-
nise, où il arriva lorsque T'anc'-ed/; délicieuse
production de la première manière de Rossini,
jouissait du succès le plus brillau(. Cette musi-
que !e transporta d'admiration, et le style ita-
lien, qui lui inspirait auparavant une invincible
répugnance, devint l'objet de sa prédilection.
Dès ce moment, il fit subir à sa manière une
complète transformation, et, après plusieurs
années d'études sur l'art de donner de l'élé-
gance et de la facilité aux formes mélodiques,
sans nuire au sentiment d'une harmonie riche
et puissante, il fit représenter à Padoue, en
1818, Romilda e Costanza , opéra semi-
seria, écrit pour la Pisaroni. Les Padouans
firent un brillant accueil à cet ouvrage, non-
seulement à cause de la musique et du talent
de la cantatrice, mais parce que Meyerbeer
était considéré par eux comme un rejeton de
leur école, en sa qualité d'élève de Vogler, qui
l'avait été du P. Valotti, maître de chapelle
de Saint-Antoine. Romilda e Costanza fut
suivi, en 1819, de la Semiramide riconos-
ciuta, écrite à Turin pour l'excellente actrice
Caroline Bassi. En 1820, Emma di Resburgo,
autre partition de Meyerbeer, fut jouée à
Venise et y obtint un succès d'enthousiasme,
peu de mois après que Rossini y eut donné
Eduardo e Cristina. Ce fut le premier pas
remarquable de Meyerbeer dans une carrière
qu'il devait parcourir avec tant de gloire.
Son nom retentit bientôt avec honneur dans
toute l'Italie : Emma fut jouée sur les
théâtres principaux; on traduisit cet ouvrage
en allemand, sous le titre d'£'mma Fon Lei-
cester, et partout il fut considéré comme une
des bonnes productions de l'école moderne.
Cependant les opinions n'étaient pas toutes
favorables, en Allemagne, au changement qui
s'était opéré dans la manière de Meyerbeer.
Ce n'était pas sans une sorte de dépil qu'on le
voyait délaisser les traditions germaniques
pour celles d'une école étrangère. Cette dis-
position des esprits, qui se manifesta quelque-
fois par des paroles amères, augmenta à
chaque nouveau succès de l'auteur û'Emma.
Charles-Marie de Weber, depuis longtemps
son ami, partagea ces préventions, et peut-
être agirent-elles sur lui plus que sur tout
autre. Il ne pouvait en être autrement, car
Weber, artiste dont le talent puisait sa force
principale dans une conception de l'art tout
absolue, était moins disposé que qui que ce
soit à l'éclectisme qui fait admettre comme
également bonnes des déterminalionsopposées
par leur objet. La hauteur de vues, qui con-
duit à l'éclectisme, est, d'ailleurs, une des
qualités les plus rares de l'esprit humain. J'ai
vu presque toujours les génies capables des
plus belles inspirations se convertir en esprits
étroits lorsqu'ils portaient des jugements sur
les productions d'une école différente. On ne
doit donc pas s'étonner de voir Weber con-
damner la direction nouvelle oii Meyerbeer
s'était engagé. Il ne comprenait pas la mu-
sique italienne : on peut même dire qu'elle lui
était antipathique, comme elle l'a été à Beet-
hoven et à Mendelssohn. C'était donc une op-
position de conviction qu'il faisait à la trans-
formation du talent de Meyerbeer, et ce fut,
en quelque sorte, pour protester contre les
succès obtenus par son ancien ami dans sa
voie nouvelle, qu'il lit représenter à Dresde,
avec beaucoup de soin, sous le titre allemand
U'irth iind Gast (Hôte et Convive), l'opéra
des Deux Califes, si froidement accueilli par
les habitants de Vienne. Au reste, son amitié
pour Meyerbeer ne se démentit jamais. On le
voit heureux d'une visite qu'il en reçut, dans
ces passages d'une lettre qu'il écrivait à Gott-
fried Weber, leur ami commun : « Vendredi
« dernier, j'ai eu la grandejoie d'avoir Meyer-
« béer tout un jour chez moi : les oreilles
« doivent t'avoir tinté ! C'était vraiment un
« jour fortuné, une réminiscence de cet ex-
« cellent temps de Manheim.... Nous ne nous
« sommes séparés que tard dans la nuit,
u Meyerbeer va à Trieste pour mettre eu
« scène son Crocialo. Il reviendra, avant u'n
« an, à Berlin, oii il écrira peut-être un opéra
« allemand. Dieu le veuille ! J'ai fait maint
« appel à sa conscience. »
Weber n'a pas assez vécu pour voir réaliser
ses vœux : huit ans plus tard, il eût été com-
plètement heureux. Quoiqu'il eût déjà écrit
de belles choses, et qu'il eût goûté le charme
des succès de la scène, Meyerbeer était encore,
en 1824, à la recherche de son individualité;
circonstance dont il y a plus d'un exemple
dans l'histoire des grands artistes, particuliè-
rement dans celle de Gluck. Comme il était
arrivé à cet homme illustre, un éclair est
venu, tout à coup, illuminer Meyerbeer; et,
122
MEYERBEER
comme Gluck, c'est à la scène française qu'il
a trouvé l'aliment de son génie. Quoiqu'il
désapprouvât la route que Meyerbeer avait
prise, Weber connaissait bien la portée de
son talent ; car, lorsqu'il mourut, il exprima
le désir que ce fût son ami qui terminât un
opéra qu'il laissait inachevé.
Le succès d'EmmadiResburgo avait ouvert
à Meyerbeer l'accès des scènes principales de
l'Italie, parmi lesquelles le théâtre de la Scala,
de Milan, est au premier rang. Il écrivit poui;
ce théâtre, en 1826, Margherita d'Jnjou,
drame semi -sérieux de Romani, qui fut re-
présenté le 14 novembre de la même année,
et dont les rôles principaux furent chantés
par Tacchinardi, Levasseur et Rosa Mariani.
Les préventions peu favorables qu'un artiste
étranger inspire presque toujours aux Italiens
cédèrent cette fois au mérite de la musique, et
le succès fut complet. Une traduction fran-
çaise de cet opéra a été faite plusieurs années
après, pour le théâtre de rOdéon,et a été jouée
sur tous les théâtres de la France et de la Bel-
gique. A Marguerite succéda l'Esale di Gra-
nata, opéra sérieux de Romani, dont la pre-
mière représentation eut lieu au même théâtre,
le 12 mars 1822. Les rôles principaux furent
chantés par Adélaïde Tosi, madame Pisaroni,
Caroline Bassi-Manna, Lablache et le ténor
Winler. Déjà le nom de Meyerbeer avait ac-
quis assez de retentissement pour que l'envie
fut éveillée : elle essaya de faire expier à
l'auteur d'Emma et de Margherita d'' Anjou
les applaudissements obtenus par ces ouvrages.
L'Esule di Granata fut mis en scène avec
beaucoup deleuteur,etne put être joué qu'aux
derniers jours de la saison. La même influence
qui avait retardé l'apparition de l'ouvrage en
prépara la chute par mille ressorts cachés.
Tout semblait en effet la présager. Le premier
acte échoua, et le second paraissait destiné au
même sort, quand un duo, chanté par Lablache
et la Pisaroni, enleva tout l'auditoire. Aux
représentations suivantes, le triomphe ne fut
pas un moment douteux.
La saison terminée, Meyerbeer se rendit à
Rome pour y écrire yîlmansor, opéra sérieux
en deux actes, dont Romani avait écrit le
librello; mais pendant les répétitions, le
maître fut atteint d'une maladie grave et ne
put achever sa partition pour l'époque déter-
minée. Il ne retrouva la santé qu'en allant
passer l'année 1823 à Berlin et aux eaux.
Pendant ce temps de repos, il écrivit l'opéra
allemand intitulé : la Porte de Brandebourg.
Il était destiné vraisemblablement au théâtre
de Kœnigstadt, où l'on jouait habituellement
ces sortes d'ouvrages; mais, par des motifs
inconnus, cet opéra, auquel le compositeur
attachait, sans doute, peu d'importance, ne
fut pas représenté. Ici finit ce qu'on pourrait
appeler la seconde époque de Meyerbeer: elle
avait eu pour lui d'heureux résultats; car,
d'une part, elle avait marqué ses progrès
dans l'art d'écrire pour les voix, et il avait
acquis l'expérience des conditions de la mu-
sique dramatique ainsi que des effets de la
scène, qu'on n'apprend qu'en s'y hasardiint.
D'autre part, la confiance dans son talent
s'était accrue par le succès. Sa réputation
n'était pas celle d'un maître vulgaire. Emma
di Resburgo avait paru avec éclat et avait été
reprise plusieurs fois à Venise, à Milan, à
Gênes, à Florence, à Padoue; elle avait été
traduite en allemand sous le titre d'Emma
von Leicester , et jouée à Vienne, à Munich, à
Dresde, à Francfort, sous ce litre, tandis
qu'une autre traduction, intitulée '.Emma de
Roxburg, était chantée à Berlin et à Stutt-
gart. Marguerite d' An jou était jouée avec un
succès égal à Milan, Venise, Bologne, Turin,
Florence et Trieste; en allemand, à Munich
et à Dresde; en français, à Paris et sur pres-
que tous les théâtres de France et de Belgique ;
à Londres, en anglais et en italien. Toutefois
l'artiste n'avait pas encore découvert sa propre
personnalité; il marchait dans des voies qui
n'étaient pas les siennes; il était devenu plus
habile, mais il n'était pas encore original; il
avait du savoir et de l'expérience, mais l'au-
dace lui manquait.
Remarquons cependant cette année 1825:
elle est significative dans la vie de Meyerbeer,
comme artiste. Nul doute que, méditant alors
sur ce qu'il avait produit depuis son arrivée
en Italie, et faisant un retour sur lui-même,
il n'ait senti ce qui manque à ces ouvrages
pour en compléter les qualités esthétiques;
car on verra, dans la suite de cette notice, ses
efforts tendre incessamment vers une mani-
festation de plus en plus prononcée de son
individualité. C'est à la même époque qu'il fit
à Weber la visite dont il est parlé dans la
lettre de l'auteur du Freyschiitz, citée pré-
cédemment, et sans doute cette journée de
causerie intime de deux grands musiciens
n'a pas été perdue pour l'auteur de Robert,
des Huguenots, de Struensée et du Pro-
phète.
De retour en Italie, Meyerbeer y donna son
Crociato, non à Trieste, comme le croyait
"Weber et comme i'avaient annoncé plusieurs
MEYERBEEll
\13
journaux allemands, mais à Venise, où il fut
représenté le 26 décembre 1824. Les rôles
principaux avaient été écrits pour madame
Jleric-Lalande, alors dans tout l'éclat de son
talent, et pour Veluti elLablache. L'exécution
fut bonne, et le succès surpassa l'attente du
compositeur, qui fut appelé plusieurs fois et
couronné sur la scène. Toutes les grandes
villes de l'Italie accueillirent avec la même
faveur le Crociato, et l'on ne peut douter
que, si Meyerbeer eut fait succéder quelques
opéras à cette partition, il ne se fût placé à la
tète des musiciens qui écrivaient au delà des
Alpes ; mais déjà d'autres projets occupaient
son esprit.
Si Ton examine avec attention la partition
du Crociato, on y découvre des signes non
équivoques de la réaction opérée dans la ma-
nière du compositeur, et de sa tentative d'une
fusion de ses tendances primitives avec le style
italien qui caractérise £mma di Resburgo et
iVarf/Merjïed'^/y'ow. L'individualité du talent
de Meyerbeer tendait à se prononcer, et son
heureux penchant pour l'expression énergique
des situations dramatiques se faisait aperce-
voir. Pour se développer, son talent n'avait
plus qu'à se livrer à l'étude de la scène fran-
çaise; une circonstance favorable se présenta
dans l'invitation reçue par Meyerbeer de* la
part de M. de la Rochefoucault, pour qu'il di-
rigeât à Paris la mise en scène de son Cro-
ciato ; car ce fut à Paris même que s'acheva la
transformation des idées de l'artiste.
Le Crociato n'eut point à Paris le succès
d'enthousiasme qu'il avait obtenu à Venise,
à Rome, à Milan, à Turin, dans toute l'Italie,
enfin, et qu'il eut plus tard en Espagne, à
Lisi)onne, à Londres ainsi qu'en Allemagne.
Les circonstances ne le favorisaient pas.
A Paris, on ne partage pas les couronnes :
elles tombent toutes sur une seule tète. En
1826, les habitués du Théâtre-Italien ne vou-
laient pas qu'il y eût d'autre compositeur pos-
sible que Rossini. ni d'autre musique que la
sienne. Trop sérieuse pour la plupart des di-
lettantes, la musique du Crociato ne fut ap-
préciée à sa juste valeur que par un petit
nombre de connaisseurs, qui firent avec im-
partialité la part des beautés et celle des dé-
fauts. Personne même, il faut l'avouer, ne de-
vina la portée du talent de l'auteur de cet ou-
vrage; personne n'aperçut dans le Crociato
le génie qui devait produire les opéras dont
les larges conceptions régnent sur toutes les
scènes des deux mondes depuis 18-31. Ceux qui
estimaient cette partition, la considéraient
comme le degré le plus élevé du talent de
l'auteur; en quelque sorte comme son dernier
mot. Le silence gardé (iar Meyerbeer pendant
plusieurs années sembla justifier leur juge-
ment. Son mariage et la perte douloureuse de
deux enfants avaient suspendu ses travaux; il
y revint, enfin, en 1828; mais lorsqu'il reprit
sa plume, sa nouvelle route était tracée ; mûri
par plusieurs années de méditations, son génie
s'était transformé, et son talent avait le carac-
tère qui lui est propre. Tout le monde sait
aujourd'hui quels ont été les résultats de mo-
difications si radicales.
L'achèvement de Robert le Diable, retardé
par de fréquents voyages, fut enfin complet
vers la fin de juillet 18-30, et cette partition,
écrite pour le grand Opéra de Paris, fut dé-
posée, par Meyerbeer, à l'administration de ce
théâtre, vers la même époque. La révolution,
qui venait de s'achever en trois jours à Paris,
en avait fait naître une autre dans les cou-
lisses des théâtres. A la direction royale de
l'Opéra succéda bientôt une entreprise parti-
culière qui, <Ians les clauses et conditions de
son contrat, n'admit que comme une charge
onéreuse l'obligation de faire jouer l'ouvrage de
Meyerbeer. Ce ne fut qu'au mois de novembre
1831 que cet opéra fut représenté ; en dépit
du dénigrement dont il avait été l'objet, avec
lui commença la fortune de ce qu'on appe-
lait alors V Académie royale de musique. Les
dernières répétitions générales se signalèrent
par des incidents fort curieux. Une multitude
de ces critiques de profession, sans connais-
sances suiTisantes de l'art, qui abondent à
Paris plus qu'en aucun autre lieu, s'y trou-
vaient et immolaient l'œuvre du musicien le
plus gaiement possible. C'était à qui dirait le
mot le plus plaisant, ou ferait l'oraison fu-
nèbre la plus spirituelle et la plus grotesque
de la partition. Au résumé, la pièce ne devait
pas avoir dix représentations. L'entrepreneur,
dont l'oreille avait été frappée de ces tristes
présages, aperçut dans la salle l'auteurde cette
notice, et alla lui confier ses craintes. « Soyez
<t sans inquiétude, lui dit celui-ci ; j'ai bien
« écouté, et je suis certain de ne pas me
« tromper. Il y a là dedans beaucoup plus de
« beautés que d'imperfections. La scène est
« saisie; l'impression sera vive et profonde.
« Cela ira aux nues et fera le tour du monde. »
L'événement a prouvé que ce jugement était
le bon : jamais œuvre dramatique ne fut plus
populaire; jamais succès ne fut plus univer-
sel. Ajoutons avec certitude qu'il n'en est pas
dont l'heureuse fortune ail eu une durée
124
MEYERBEER
comparable; car elle s'est soutenue pendant
plus de trente ans jusqu'au moment où ceci
est écrit (1862), et vraisemblablement elle
n'est pas près de finir. Avec Robert le Diable
ont commencé, à l'Opéra, les recettes de dix
mille francs, qui y étaient auparavant incon-
nues. Traduit en italien, en allemand, en an-
glais, en hollandais, en russe, en polonais, en
danois, cet opéra a été joué partout et vingt
fois repris dans les petites villes comme dans
les grandes; partout il a excité le même en-
thousiasme; son succès n'a pas été limité à
l'Europe seule : à la Nouvelle-Orléans, Robert
le Diable a été joué pendant plusieurs mois
sur les deux théâtres anglais et français; la
Havane, Blexico, Lima, Alger, ont aussi
voulu l'entendre, etl'ont salué par d'unanimes
applaudissements.
Un homme nouveau s'est révélé dans cet
ouvrage. Ce n'est plus le Meyerbeer de l'Alle-
magne, élève roide et guindé de Vogler ; ce
n'est plus celui de l'Italie, se jetant violem-
ment hors de ses habitudes d'école pour ap-
prendre, par imitation de Rossini, l'art de
faire chanter les voix et de colorer les effets
de l'instrumentalion ; ce n'est pas même la
fusion des deux manières pour arriver à des
effets variés; c'est une création tout entière,
où il ne reste à l'artiste, de ses premières
époques, que l'expérience acquise dans ses
travaux. Six années de repos, ou plutôt
d'études, six années de méditation, d'observa-
tion et d'analyse ont enfin coordonné en
un tout complet, original et puissant, ce que
la nature a mis de sentiments énergiques
dans son âme, ce que l'audace donne de nou-
veauté aux idées, ce que la philosophie de
l'art prête d'élévation au style, et ce qu'un
mécanisme exercé procure de sûreté à l'artiste
dans les effets qu'il veut produire.
Après l'éclatant succès de Robert le Diable,
l'administration de l'Opéra avait compris que
les productions de 3Ieyerbeer exerceraient dé-
sormais une heureuse influence sur son entre-
prise ; elle ne négligea rien pour le déter-
miner à écrire un nouvel ouvrage, et le livret
des Huguenots lui fut confié; mais, afin
d'avoir la certitude que le compositeur ne
mettrait pas trop de lenteur dans son travail,
un dédit de trente mille francs fut stipulé
pour le cas où la partition ne serait pas livrée
dans un délai déterminé. Pendant que Meyer-
beer était occupé à écrire cet ouvrage, la
santé de sa femme, sérieusement altérée par
une affection de poitrine, l'obligea, d'après
l'avis des médecins, à fixer monentanémcnt
son séjour en Tialle. Dans celte situation, il
demanda un délai de six mois pour la mise en
répétition de son opéra ; mais cette juste de-
mande fut repoussée; alors Meyerbeer relira
sa partition, paya le dédit et partit. Bientôt,
cependant, l'entrepreneur comprit la néces-
sité de donner les Huguenots, pour empê-
cher le public de s'éloigner de son spec-
tacle ; il rendit le dédit, et le nouvel opéra
de Meyerbeer fut représenté le 21 février
1836.
Les dispositions du poëme des Huguenots
n'ont pas d'analogie avec celles de Robert le
Diable; l'action s'y développe avec lenteur,
et l'intérêt ne commence que vers le milieu du
troisième acte; jusque-là, c'est de l'opéra
de demi -caractère, où le musicien seul a di)
soutenir l'attention dans des scènes vides d'ac-
tion. Un talent supérieur pouvait seul triom-
pher de ces difficultés. Au premier abord, ni
le public, ni la plupart des critiques ne com-
prirent le mérite que Meyerbeer y avait dé-
ployé. Quoiqu'on avouât que le duo de Clé-
mentine et de Marcel, au troisième acte, la
scène du duel, tout le quatrième acte et une
partie du cinquième, ont des beautés de pre-
mier ordre, et bien qu'on déclarât qu'on
ne connaissait rien d'aussi pathétique que la
dernière scène du quatrième acte, il fut con-
venu que la partition des Huguenots était
inférieure à celle de Robert le Diable. Plus
tard, les gens désintéressés ont abjuré leur
erreur; pour eux, la valeur de l'ouvrage s'est
accrue d'année en année, et les plus récalci-
trants ont dû se rendre à l'évidence d'un suc-
cès constaté par plusieurs milliers de repré-
sentations, données pendant vingt-cinq ans
dans toutes les parties du monde. Après les
deux premières années de ce grand succès, un
parti, qui avait des intérêts contraires, a
exercé la rigueur et l'injustice de sa critique
avec plus d'acharnement que dans la nou-
veauté de l'œuvre. Qu'en est-il résulté? La
partition des Huguenots, avec les quelques
défauts el les beautés inhérentes au talent du
maître, s'est maintenue dans toute sa re-
nommée.
Après les Huguenots , un intervalle de
treize années s'écoula sans que Meyerbeer fit
représenter aucun ouvrage nouveau sur la
scène française. Ce long silence eut plusieurs
causes. La première paraît avoir été dans les
modifications du personnel chantant de
l'Opéra, et dans son affaiblissement pro-
gressif. Une autre cause explique l'éloigne-
ment où l'illustre maître resta du théâtre de
5IEYERBEER
i25
sa gloire pendant une période si longue;
elle se trouve dans l'intérêt que le roi de
Prusse lui témoigna, à l'époque de son avène-
ment au trône, et dans les fonctions actives
que Meyerbeer eut à remplir près de ce
prince, après sa nomination de premier
mnitre de chapelle. La composition d'un
grand nombre de psaumes et de cantates reli-
gieuses, avec ou sans accompagnement d'or-
chestre, de musique d'église et de mélodies de
différents genres, dont il sera parlé plus loin,
avait occupé une partie de ce temps. Le pre-
mier ouvrage officiel qu'il écrivit pour la cour
de Berlin fut une grande cantate avec tableaux,
intitulée : la Festa tiella corfe di Ferrara,
pour une fête donnée par le roi, en 1843. Le
7 décembre 1844, le maître fit représenter,
pour l'inauguration du nouveau théâtre royal
de celte ville, un opéra allemand en trois
actes, intitulé : Fin Feldlager in Schlesien
(un Camp en Silésie). Cet ouvrage de circon-
stance ne produisit tout l'effet que s'en était
promis Meyerbeer que lorsque la célèbre can-
tatrice Jenny Lind fut chargée du rôle prin-
cipal. Il eut surtout un brillant succès lors-
qu'elle le chanta à Vienne, sous le titre de
IFielka, avec beaucoup de changements et
d'augmentations, en 1847.
L'année 1846 fut marquée par une des
plus belles productions du génie de Meyer-
beer; œuvre complète dans laquelle il n'y
a pas une page faible : je veux parler de
la musique composée par le maître pour
Slruensée, drame posthume de Michel Béer,
frère de l'illustre artiste. Cette belle con-
ception, oii l'originalité des idées du compo-
siteur se révèle dans toute sa puissance, ren-
ferme une ouverture magnifique, du plus grand
développement , quatre entr'actes où tout
le drame se peint, et neuf morceaux qui s'in-
tercalent dans le dialogue, à la manière des
mélodrames. Quelques-uns des motifs de ceux-
ci sont traités dans l'ouverture et développés
avec cet art de progression d'effet dans lequel
Meyerbeer n'a point d'égal. Les artistes, qui
ne jugent pas la musique sur des impressions
fugitives, comme le public, et qui sont capa-
bles d'analyser, savent, en effet, que le talent
du maître prend par celte qualité son carac-
tère le plus élevé. Le plan de cette ouverture
est à lui seul un chef-d'œuvre en ce genre :
tout y est disposé de main de maître et avec
une connaissance profonde de l'effet que doit
produire le retour des idées par la variété des
formes. On dit que ce morceau capital n'a pas
été compris par le public de Paris : j'ai bien
peur qu'il ne l'ail pas élé non plus par l'or-
chestre auquel l'exéculion était confiée; car,
lorsque je l'ai fait jouer par l'orchestre du
Conservatoire de Bruxelles, un auditoire de
deux mille personnes a été jeté dans des trans-
ports d'admiration.
Il faudrait faire le résumé de tout le drame
pour faire comprendre ce qu'il y a de poésie
dans les entr'actes et dans les morceaux de
musique dont Meyerbeer a fortifié l'ouvrage
de son frère. Chaque morceau est un tableau
scénique, ou exprime un sentiment particulier
avec une puissance, une originalilé de con-
ception, de moyens et d'accents, dont l'effet
est irrésistible. Cette 'admirable composition a
élé exécutée pour la première fois à Berlin, le
19 septembre 1846.
Dans la même année, Meyerbeer écrivit,
pour le mariage du roi de Bavière avec la prin-
cesse Guillelmine de Prusse, une grande pièce
inlilulée Fackeltanz (danse aux flambeaux),
pour un orchestre d'instruments de cuivre.
Cette danse prétendue est une marche pour
un cortège d'apparat qui se fait le soir aux
flambeaux, à l'occasion du mariage des
princes de Prusse, et qui est traditionnel
dans cette cour. Le caractère de celle compo-
sition est d'une originalité remarquable : elle
est riche de rhylhmes et d'effets nouveaux.
Une autre pièce du même genre a élé com-
posée par le maître pour le mariage de la
princesse Charlotte de Prusse et, en 185-3, il
en a écrit une troisième pour le mariage de la
princesse Anne.
Après une longue attente, le Prophète,
souvent annoncé sous des noms différents, fut
enfin représenté, le 16 avril 1849. C'était le
troisième grand ouvrage écrit par Meyerbeer
pour l'Opéra de Paris : là, l'illuslre composi-
teur se retrouvait sur le terrain qui lui est
nécessaire pour la production de ses puissants
effets. Ainsi qu'il était arrivé pour Robert et
pour les Huguenots, il y eut d'abord de l'in-
certitude, non-seulement dans le public, mais
aussi parmi les artistes et les critiques de
profession, concernant le jugement qui devait
être porté de la partition du Prophète; mais
à chaque représentation, l'ouvrage, mieux
compris, produisit de plus en plus l'effet sur
lequel le compositeur avait compté. L'incerli-
tude provenait de ce qu'on cherchait dans le
troisième grand ouvrage du maître des beautés
analogues à celles qui avaient fait le succès
des deux premiers; mais Meyerbeer est tou-
jours l'homme de son sujet. Dans Robert, il
avait eu à exprimer le combat des deux prin-
123
MEYERBEÉR
cipes, bon et mauvais, qui agissent sur la na-
ture humaine; dans les Huguenots, il avait
opposé les nuances délicates et passionnées de
l'amour aux fureurs du fanatisme religieux.
Dans le Prophète^ c'est encore le fanatisme,
mais le fanatisme populaire mis en opposition
avec les ruses de la politique, et celles-ci, par un
concours inouï de circonstances, arrivant par
degrés à la plus haute expression de la gran-
deur. L'élément principal de ces trois ouvrages
est la progression de l'intérêt, mais d'un
intérêt de nature très-différente. Les beautés
de sentiment et les beautés de conception
constituent les deux grandes divisions esthé-
tiques de la musique théâtrale ; car s'il y a un
art de sentiment, il y a aussi un art de
"pensée. Trois facultés de l'organisation hu-
maine, à savoir, l'imagination, la sensibilité
et la raison, correspondent aux trois condi-
tions qui, tour à tour, dominent dans les pro-
duits de l'art dramatique, c'est-à-dire, l'idéal,
le passionné et le vrai relatif au sujet. L'ima-
gination s'allie tantôt au sentiment, tantôt à
la raison : dans le premier cas, elle nous
émeut d'une impression vive, mais vague dans
son objet et en quelque sorte indéfinissable;
dans l'autre, elle s'élève jusqu'au grandiose
et nous saisit de l'idée de puissance. Or, c'est
le premier de ces effets qui domine dans la
scène d'amour du quatrième acte des Hugue-
nots , c'est l'autre qui se produit dans la con-
ception du Prophète. De ces deux formes de
l'art, l'une n'a pas d'avantage sur l'autre;
leur mérite relatif consiste dans une juste
application au sujet. Ému par l'exaltation de
l'amour qu'il avait à exprimer, le grand mu-
sicien a trouvé, pour le sentiment dont les
amants sont pénétrés, des accents de ten-
dresse, de passion et même de volupté, dont
le charme est irrésistible; mais placé en face
des caractères vigoureux du seizième siècle,
ainsi que de la rudesse des mœurs de ce temps,
et ayant à colorer le tableau d'une des époques
les plus saisissantes, par le merveilleux accord
de circonstances extraordinaires, l'artiste
s'est pénétré delà nécessité de donner à son
œuvre le grand caractère qui s'y développe
progressivement, afin de frapper l'imagina-
tion des spectateurs et de saisir leur esprit de
la vérité objective du sujet représenté. Cette
œuvre est donc le fruit de l'alliance de l'ima-
gination et de la raison, et non celle de la
première de ces facultés avec la sensibilité.
Rien ne peut mieux faire naître l'idée de la
giandeur et de la puissance du talent que le
développement du motif si simple ; Le voilà
le roi prophète, chanté par les enfants de
chœur, dans la cathédrale de Munster, au qua-
trième acte, et qui, transformé de diverses
manières dans les scènes suivantes, finit par
devenir le thème principal des formidables
combinaisons du finale. Meyerbeer seul par-
vient à ces effets de progression foudroyante.
Après le succès du Prophète, Meyefbeer
retourna à Berlin et y écrivit, sur une poésie
du roi Louis de Bavière, une grande cantate
pour quatre voix d'hommes et chœur, avec
accompagnement d'instruments de cuivre,
sous le titre de Bayerischer SchUlzen Marsch
(Marche des archers bavarois). Cet ouvrage
fut suivi d'une ode au célèbre sculpteur
Rauch, à l'occasien de l'inauguration de la
statue de Frédéric le Grand, composition de
grande dimension avec solos de chant, chœur
et orchestre, qui fut exécutée, le 4 juin 1851,
à l'Académie royale des beaux-arts de Berlin.
Dans la même année, l'illustre compositeur
écrivit un hymne de fête à quatre voix et
chœur (a Capella), qui fut exécutée au palais
pour le vingt-cinquième anniversaire du ma-
riage du roi de Prusse, Frédéric- Guil-
laume IV.
L'altération sensible de la santé de Meyer-
beer, vers la fin de 1831 , l'obligea à suspendre
ses travaux. Au commencement de l'été de
l'année suivante, il alla prendre les eaux de
Spa, dont l'usage lui a toujours été favorable.
Il s'y condamna à l'observation rigoureuse
du régime indiqué par les médecins, faisant
de longues promenades solitaires le matin et
le soir, tantôt à pied, tantôt monté sur un âne.
Dans les longs séjours qu'il a faits à Spa, pen-
dant plusieurs années consécutives, le maître
est resté presque continuellement isolé, n'ap-
prochant jamais des salles de réunion et de
jeu, prenant du repos après ses promenades
et ses repas, travaillant mentalement pendant
qu'il marche, ne recevant pas de visites pour
n'être pas interrompu quand il écrit, mais
allant voir lui-même ses amis lorsqu'il y a de
l'amélioration dans sa santé, se promenant
avec eux et causant volontiers de tout autre
chose que de musique. Meyerbeer est la grande
figure de Spa pendant la saison des eaux,
lorsqu'il s'y rend : on se le montre de loin,
et l'on entend dire de toutes parts : ^ivez-
vous vu Meyerbeer? Chaque ouvrage nouveau
qu'il met en scène lui rend nécessaire l'air
pur des montagnes qui entourent ce séjour,
ou bien les solitudes de Schwalbach, le calme
de ses promenades et l'effet salutaire des eaux
et du régime; car chacun de ses succès amené
JIEYERBEER
1i7
une allération sensible de sa sanlé. Les répé-
titions qu'il fait faire avec des soins incon-
nus aux autres compositeurs, et les morceaux
nouveaux qu'il écrit avec rapidité pendant
les études de l'ouvrage, lui occasionnent une
grande fatigue. A voir son exquise politesse
envers les artistes de la scène et de l'orchestre
pendant les répétilious, on n'imaginerait pas
ce qu'il y a de souffrance et d'impatience dans
son âme, lorsque les -fautes de l'exécution
gâtent l'effet qu'il s'est proposé et qu'il veut
obtenir à tout prix. Cette contrainte agit
d'une manière pénible sur son organisation
nerveuse. Quand la première représentation
l'a affranchi de ces douloureuses étreintes, de
nouveaux soins viennent le préoccuper; car
alors commencent les luttes de ses convictions
et de saconscienced'artisteavecles jugffments
de la critique qui rarement, il faut le recon-
naître, possède les connaissances nécessaires
pour se placer au point de vue de sa philo-
sophie de l'art, et qui, parfois aussi, subit les
influences peu bienveillantes des coteries, dont
les colères ne manquent jamais d'éclater contre
l'auteur toujours heureux. Des maux aigus, ou
tout au moins l'abattement des forces, succè-
dent à ces crises; c'est alors que Meyerbeer
éprouve le besoin impérieux de se séparer du
monde, de se retremper et de puiser dans le
calme et dans les soins donnés à sa santé,
l'énergie nécessaire pour des luttes nouvelles.
Depuis longtemps, il s'était proposé d'a-
border la scène de l'Opéra Comique et d'es-
sayer son talent dans le domaine de la
comédie. A celte pensée s'était associée celle
de trouver un cadre à la scène française pour
y introduire une partie de la musique du
Camp de Silésie; mais, ainsi qu'on l'a vu
pour d'autres ouvrages, le sujet de VEtoile
du Nord, choisi dans ce but, a fini par trans-
former les idées du compositeur, et, de toute
la partition du Camp de Silésie, il n'est resté
que six morceaux dans la partition française.
L'Étoile du Nord fut représentée à Paris,
le 16 février 1854. Dès le premier soir, le
succès fut décidé ; les morceaux principaux de
la partition furent accueillis avec des trans-
ports d'enthousiasme; deux cent cinquante
représentations n'en ont pas diminué l'effet.
Cependant, l'entreprise avait été hasardeuse
pour le maître; car ce ne fut pas sans un vif
déplaisir que les compositeurs français lui
virent aborder une scène qui semblait devoir
lui être interdite par la nature même dé son
talent. Depuis longtemps, l'opéra comique est
considéré avec raison comme l'expression
exacte du goût français en musique. Pour y
obtenir des succès, il y faut porter des qualité»
plus fines, plus élégantes, plus spirituelles
que passionnées ; qualités qui ne paraissaient
pas appartenir au talent de Meyerbeer, dont
l'expression dramatique est éminemment le
domaine. En voyant ce talent s'engager dans
une voie qui n'avait pas été la sienne Jus-
qu'alors, il n'y eut pas seulement du mécon-
tentement parmi les artistes: l'espoir conso-
lant d'une chute s'empara de leur esprit. Cer-
tains journaux s'accocièrent àces sentiments;
ils atténuèrent le succès autant que cela se
pouvait, affectant de le considérer comme le
résultat de combinaisons habiles, et prédisant,
comme on l'avait fait pour les autres ouvrages
du maître, la courte durée de ce même succès.
Cette fois encore, les prédictions se trouvèrent
démenties par le fait, de la manière la plus
éclatante. En général, la critique n'a pas été
favorable à Meyerbeer; pendant trente ans
environ, elle s'est exercée sans ménagement
sur son talent et sur ses productions; mais il
est remarquable que la plupart de ses juge-
ments ont été cassés par le public. J'entends
ici par le public les habitants de tous les
pays; car la légitimité des succès n'est inat-
taquable qu'autant que le suffrage universel la
constate.
Les mêmes dispositions des artistes et de la
presse, les mêmes circonstances, le même ré-
sultat, se reproduisirent lorsque Meyerbeer fit
représenter à l'Opéra-Comique de Paris, le
4 avril 1839, un nouvel ouvrage intitulé : le
Pardon de Ploërmel. A vrai dire, il n'y a pas
de pièce dans cette légende bretonne mise sur
la scène: tout le mérite du succès ap[tartiënt
au musicien. Ce succès n'a pas eu moins
d'éclat que les précédents obtenus par l'illustre
compositeur. Son talent n'y avait pas trouvé,
comme dans les ouvrages précédents, à faire
usage de ses qualités de grandeur et de force ;
c'est par un certain charme mélancolique, la
grâce et l'élégance, qu'il y brille; mais, bien
que le style soit différent, le maître s'y fait
reconnaître par mille détails remplis d'intérêt
dont lui seul a le secret.
Dans le conflit d'opinions diverses qui s'est
produit depuis le premier grand succès de
Meyerbeer, une seule chose n'a pas été con-
testée, à savoir, l'originalité de son talent. Ses
antagonistes les plus ardents ne la lui ont pas
refusée. On a dit qu'il n'a pas d'inspiration
spontanée ; que ses mélodies manquent de na-
turel et qu'il se complaît dans les bizarreries;
enfin, on lui a reproché de faire apercevoir
428
MEYERBEER
partout dans sa musique l'esprit de combi-
naison et d'analyse au lieu de l'essor d'une
riche imagination ; mais personne n'a pu lui
refuser celte qualité précieuse d'une manière
si originale qu'elle ne rappelle rien de ce
qu'ont fait les autres maîtres. Tout ce qu'il a
mis dans ses ouvrages lui appartienten proprej
caractère, conduite des idées, coupe des
scènes, rliythmes, modulations, instrumen-
tation, tout est de Meyerbeer et de lui seul,
dans Robert le Diable, dans les Huguenots ,
dans le Prophète, dans Struensée, dans
V Etoile du Nord et dans le Pardon dcPloër-
mel. Que faut-il davantage pour être compté
au nombre des plus grands artistes mention-
nés dans l'histoire de la musique? Qu'on
ajoute à cela ses succès universels et prolon-
gés, et qu'on juge de ce qui reste de l'opposi-
tion que ses adversaires lui font depuis si
longtemps !
Un dernier ouvrage de Meyerbeer est attendu
depuis longtemps ; il eut d'abord pour titre :
l'africaine; mais les auteurs du livret ayant
refait la pièce, lui ont donné le nom de Fasco
de Gama. L'affaiblissement progressif du per-
sonnel chantant du théâtre de l'Opéra de
Paris, depuis 1845, a décidé le compositeur à
relarder la représentation de son œuvre jus-
qu'au moment où cette notice est écrite (1862).
Membre de l'Institut de France, de l'Aca-
démie royale de Belgique, de celle des beaux-
arts de Berlin, et de la plupart des académies
et sociétés musicales de l'Europe, Meyerbeer
est premier maître de chapelle du roi de
Prusse. Il est décoré de l'ordre du Mérite de
Prusse, qui n'a qu'un seul grade; et comman-
deur des ordres de la Légion d'honneur, de
Léopold, de Belgique, et de la Couronne de
Chêne, de Hollande; chevalier de l'ordre du
Soleil, de Brésil, de l'Étoile Polaire, de Suède,
de l'ordre de Henri de Brunswick, et de plu-
sieurs autres.
La liste générale des œuvres de ce maître se
compose de la manière suivante : Opéras i;t
MUSIQUE DRAMATIQUE : 1» Zfis Amours de The-
velinde (en allemand), monodrame pour so-
prano, chœur et clarinette obligée, dont l'in-
strumentiste figurait comme personnage du
drame, exécuté à Vienne, en 181ô, par made-
moiselle Harlass etBaermann. 2° ^bimeleck,
ou les Deux Califes (en allemand JFirth und
Gast), opéra bouffon en deux actes, au théâtre
de la cour de "Vienne, en 1813. 3" Romilda e
Costanza, opéra sérieux italien, représenté,
le 10 juillet 1813, au théâtre Nuovo i\c Pa-
doue. 4" Semiramide riconosciula, opéra sé-
rieux de Métastase, représenté au théâtre
royal de Turin, pour le carnaval de 1819.
3" Emma di Resburgo, opéra sérieux, repré-
senté, pendant la saison d'été, au théâtre San
Benedetto de Venise, et traduit en allemand
sous le titre d'Emma di Leicester. 6» 3Iar-
gherita d'Anjou, opéra semi-seria, de Ro-
mani, représenté au théâtre de la Scala, à
Milan, le 14 novembre 1820, puis traduit eu
allemand et en français. 7» L'Esule di Gra-
nata, opéra sérieux de Romani, représenté
au même théâtre, le 12 mars 1822. 8» Jl-
manzor, opéra sérieux de Romani, écrit à
Rome dans la même année, mais non terminé,
à cause d'une maladie sérieuse du maître.
9» La Porte de Brandebourg, opéra alle-
mand en un acte, écrit à Berlin, en 1823,
mais non représenté. 10" Jl Crocialo in
Egitto, opéra héroïque, de Rossi, représenté
au théâtre de la Fenice, à Venise, au carna-
val de 1824. 11» Robert le Diable, opéra fan-
tastique en cinq actes, par Scribe et Delavigne,
représenté à l'Académie royale de musique de
Paris, le 21 novembre 1831. En 1839, Meyer-
beer y a ajouté une scène et une prière pour
le ténor Mario, dans la traduction italienne.
12» Les Huguenots, opéra sérieux en cinq
actes, de Scribe, représenté au même théâtre,
le 21 février 1836. Le rôle du page, chanté
par l'Alboni, à Londres, en 1848, a été aug-
menté d'un rondo, par Meyerbeer. 13» Le
Camp de Silésie, opéra allemand de Rellstab,
représenté le 7 décembre 1840, pour l'ouver-
ture du nouveau théâtre royal de Berlin.
14» Struensée, musique pour la tragédie de
ce nom, composée d'une grande ouverture,
de quatre entr'actes très-développés, dont un
avec chœur, et de scènes de mélodrame, exé-
cutée à Berlin, le 19 septembre 1846, pour
l'ouverture du théâtre royal, l^" Le Prophète,
opéra sérieux en cinq actes, représenté à
l'Académie nationale de musique, le 16 avril
1849. 16» L'Étoile du Nord, opéra de demi-
caractère, en trois actes, de Scribe, représenté
au théâtre de l'Opéra-Comique de Paris, le
IG février 1854. 17» Le Pardon de Ploërmel,
opéra comique, représenté à Paris, le 4 avril
1859. 18» L'Africaine, grand opéra en cinq
actes, refait sur un sujet nouveau, et non en-
core représenté. — Oiiatorios : 19» Dieu et la
Nature, oratorio allemand, exécuté à Berlin,
le 8 mai 1811. 20» Ze Fceude Jephté, ora-
torio en trois gcles et en action, rei)résenté au
théâtre royal de Munich, le 27 janvier 1813.
— Cantates : 21» Sept cantates religieuses de
Klopslock, à quatre voix sans accompagne-
MEYERBEER — MEYNNE
129
menl. 22» A Dieu, hymne de Gubitz à quatre
voix. 23" Le Génie de la musique à la tombe
de Beethoven , solos avec chop""<!; 24° Cantate
à quatre voix avec chœur pour l'inauguration
de la statue de Guttenberg, à Mayence, exécu-
tée, en 1838, par un chœur de douze cents
voix d'hommes. 23» La Fête à la cour de
Ferrare, grande cantate, avec des tableaux,
composée pour une fête donnée par le roi de
Prusse, à Berlin, en 1843. 26° .Varie et son
génie, cantate pour des voix solos et chœur,
composée pour les fêtes du mariage du prince
Charles de Prusse. 27» La Fiancée conduite
à sa demeure (séréaade), chanta huit voix
(a eapella), pour le mariage de la princesse
Louise de Prusse avec le grand-duc de Bade.
28° Marche des archers bavarois, grande
cantate, poésie du roi Louis de Bavière, à
quatre voix et chœur d'hommes, avec accom-
pagnement d'instruments de cuivre, exécutée
à Berlin, en 1850. 29° Ode au sculpteur
Rauch, pour voix solos, chœur et orchestre,
exécuté à l'Académie des beaux-arts de
Berlin, le 4 juin 1831, à l'occasion de l'inau-
guration de la statue de Frédéric le Grand.
30° Hymne de fêle à quatre voix et chœur,
chantée le 4 juin 1831, au palais royal de Ber-
lin, pour le vingt-cinquième anniversaire du
mariage du roi de Prusse. 31 "^miOe, quatuor
pour voix d'hommes. — Muskjce religieuse :
52°Le9I' psa,ume à huit voix, composé pour le
chœur de la calhédrale de Berlin, et publié en
partition, à Paris, chez Brandus et C«.
53» Douze psaumes à deux chœurs sans accom-
pagnement, non publiés. 34° Stabat Mater
(inédit). 33» Miserere (idem). 36° Te Deum
(idem). 37» Pater Noster (a eapella). — Mélo-
dies (avec accompagnement de piano) :38° Le
Moine, pour voix de basse, âd" La Fantaisie .
40° Le Chant de mai. 41° Le Poète mourant.
42° La Chanson de Floh. 43» Le Cantique
du Dimanche. 44° Ranz, des Saches d'Ap-
penzell, à deux voix. 43» Le Baptême. 46» Le
Cantique du Trappiste, pour voix de basse.
47» Le Pénitent. 48» La Prière des Enfants,
à trois voix de femmes. 49» Za Fille de l'air.
50° Les Souvenirs. 31° Suleïka. 52» Le Si-
rocco. 53" Le Premier Amour. 54» Elle el
Moi. 53» La Sicilienne. 56» A une jeune
Mère. 57° Nella. 58° Printemps caché.
39» La Barque légère. 60° La Mère-grand',
à deux voix. 61° Ballade de la reine Mar-
guerite de Falois. 62° Le Fccu pendant
l'orage. 65» Les Feuilles de rose. 64» Le
Fou de Saint-Joseph. 63° Rachelà Nephtali.
66» La Marguerite du poète. 67° La Séré'
BIOGB. UMV. DES HCSICIEaS. T. TI.
nade. 68° Sur le balcon. 69° La Dame invi-
sible, a deux voix. 70» Chanson des Moisson-
neurs vendéens. 71° Le Délire. 72° Seul.
75° C'est elle. 74° Guide au bord ta nacelle.
73° Le Jardin du cceur. 76° Mina, chant
des gondoliers vénitiens. Tous ces morceaux
ont été réunis avec le Génie de la musique
au tombeau de Beethoven, dans le recueil in-
titulé : Quarante Mélodies à une et plusieurs
voix, etc.; Paris, Brandus, 1849, un volume
gr. in-8°. 77° Neben dir (Près de toi). Lied
pour ténor avec violoncelle obligé. 78° Der
Jdger Lied (le Chant du chasseur), pour voix
de basse, avec des cors obligés. 79° Dichters
TFahlsprach (Devise du poète), canon à trois
voix. 80° A Fenezia, barcarolle. 81° Des
Schdfers Lied (Chanson du berger), pour
ténor avec clarinette obligée. 82° Trois chan-
sons allemandes, Murillo, les Lavandières ,
Ja undnein (Oui et non). 83» Beaucoup de
pièces vocales pour des albums, et autres
choses de moindre importance. — Husiqce
issTRUïESTALE : 84» Première danse aux
flambeaux pour un orchestre d'instruments
de cuivre, composée pour les noces du roi de
Bavière avec la princesse Guillelmine de
Prusse, en 1846. 83» Deuxième danse aux
flambeaux , pour les mêmes instruments,
composée pour les noces de la princesse Char-
lotte de Prusse, en 1830. SQ'^ Troisième danse
aux flambeaux, pour les mêmes instruments,
composée pour les noces de la princesse Anne
de Prusse, en 1853. 87° Plusieurs morceaux de
piano, composés a l'âge de dix-sept ans, pen-
dant le premier voyage de l'auteur à Vienne.
, Plusieurs biographies de Meyerbeer ont été
publiées ; celles qui offrent de l'intérêt, soit
par les faits, soit par le mérite du style, sont :
1» M. Meyerbeer, par un homme de rien
(S. Louis de Loménie); Paris, 1844, in-8°.
2» Notice biographique sur la vie et les tra-
vaux de M. Meyerbeer; Paris, 1846, in-8».
5° Pawlowski (W.), Notice biographique sur
G. Meyerbeer ; Paris, 1849, in-8». (Extrait de
VEurope théâtrale.) 4» J.-P. Lyser, Giacomo
Meyerbeer. Sein Streben, sein Jf'irken und
seine Gegner (Giacomo Meyerbeer, sa force
(de production), son influence et ses adver-
saires). Dresde, 1838, in-8» de 61 pages.
MEYKÎVE (Gdillacme) , compositeur et
professeur de piano à Bruxelles, né à Nieu-
port, le 6 février 1821, reçut les premières
leçons de musique d'un maître d'école de cette
petite ville, puis il alla les continuer chez
M. Berger, organiste à Bruges. .\ l'âge de
lieize ans, il fui admis comme élève au Con-
o
130
MEYNNE — MEZGER
servaloire de Bruxelles et y reçut des leçons
de piano de Michelot : l'auteur de celle no-
tice lui enseigna le contrepoint. En 1834, il
obtint le second prix de piano au concours;
deux ans après le second prix de composition
lui fut décerné, et le premier lui fut donné en
1837. Peu de temps après, il se rendit à Paris,
pour y perfectionner son talent de pianiste,
et pendant le séjour d'une année qu'il y fit,
il reçut des conseils d'IIalévy. De retour à
Bruxelles, il s'y livra à l'enseignement et cul-
tiva la composition dans les moments de
loisir que lui laissaient ses nombreux élèves.
Doué d'une heureuse organisation musicale,
que l'étude des belles œuvres classiques a
perfectionnée, cet artiste distingué commença
à se faire connaître par des compositions pour
le chant et le piano, dont on a publié : 1» Duo
pour ténor et basse; Bruxelles, Lahou. 2» Air
pour basse avec accompagnement de piano;
ibid. 0° Première, deuxième et troisième fan-
taisie pour piano; Bruxelles et Mayence,
Schoft frères. 4° Huit valses pour piano; ibid.
o" Le Rêve, romance; ibid. G° Dix morceaux
pour piano, sous différents titres; Bruxelles,
Meynne aine. 7" Recueil d'exercices et de
gammes pour piano ; ibid. S» Duo pour piano
et violoncelle; ibid. 9" Diverses romances avec
accompagnement de piano; ibid. 10° Quinze
morceaux faciles pour piano, sous le pseudo-
nyme de Novarre. Ces légères productions
ont obtenu un succès de vogue. 11° Tarentelle
pour piano; Paris, Brandus. 12° Duo sur
Martha, pour piano et violoncelle ; ibid. Une
cantate avec choeur et orchestre (Marie-
Stuart), composée par M. Meynne, fut exé-
cutée, en 1857, au concert de la distribution
des prix du Conservatoire, sous la direction
de l'auteur de cette notice. En 1841, 31. Meynne
concourut pour le grand prix de composition
institué par le gouvernement belge, et obtint
le second prix pour la cantate intitulée Sar-
danapale. La cantate intitulée Moïse^ qu'il
composa quelques années plus tard, fut exé-
cutée au Temple des Augustins. En 1845, il
écrivit, en collaboration de Théodore Jouret,
une musique sur l'opéra comique le Médecin
Turc, et l'ouvrage fut représenté avec succès
sur un théâtre de société : le célèbre violoniste
de Bériot dirigeait l'orchestre. M. Meynne a
en manuscrit plusieurs morceaux de piano et
de chant; deux trios en quatre parties pour
piano, violon et violoncelle; compositions
d'un ordre très-distingué ; un duo pour piano
et violoncelle sur des motifs de Joseph, de
Méhul j une romance sans paroles pour
violoncelle et piano; mais ses ouvrages les
plus importants sont : 1" Une première sym-
phonie à grand orchestre ; 2° une ouverture
idem; 3° un grand morceau de concert pour
fliUeet orchestre. Ces trois œuvres, qui font
le plus grand honneur au talent du composi-
teur, ont été exécutés dans les concerts du
Conservatoire de Bruxelles, et y ont obtenu
de véritables succès, par l'originalité des idées
et par le mérite de la forme. 4» Deuxième
symphonie (en mi), inédite.
.MEYSEI>'BERG (Charles), fils d'un fac-
teur de pianos de Paris, naquit en 1785, et fut
admis comme élève au Conservatoire, en
1799. Élève d'Adam pour le piano, il obtint
le premier prix de cet instrument au concours
de 1805; puis il étudia la composition, sous
la direction de Méhul. Après s'être livré pen-
dant plusieurs années à l'enseignement du
piano, il établit une maison pour le commerce
de musique; mais il mourut peu de temps
après (vers 1828). On a de cet artiste : 1° Ron-
deau militaire pour piano et flûte; Paris,
Langlois. 2» Trois sonates pour piano seul ;
Paris, Louis. 3° Concerto pour piano et or-
chestre, op. 3; ibid. 4" Grande sonate pour
piano et violon; ibid. 5» Rondeau pastoral
pour piano, op. 5; Paris, Richault. 6° Douze
morceaux faciles et brillants, op. 6; ibid.
7" Quadrilles et valses tirés du Solitaire;
Paris, Langlois. 8° Nouvelle méthode de
piano ; ibid.
MEZGER (François), pianiste allemand,
s'établit à Paris, vers 1785. On voit par
l'épîlre dédicatoire de son œuvre quatrième de
sonates, à la duchesse d'Âumont, qu'il était
né à Pforzheim, et que la protection de cette
dame le fixa en France. Il vivait encore à
Paris, en 1808; mais je crois qu'il est mort peu
de temps après. Les compositions de cet ar-
tiste ont eu du succès dans leur nouveauté :
elles le durent principalement à leur genre
facile et mélodique. Ses ouvrages les plus
connus sont : 1° Sonates pour piano et violon,
op. 4, 5, 6, 7, 9, 13, 17, 22, au nombre de
trente; Paris, chez l'auteur; OfTenbacli,
André. 2° La Bataille de Fleurus, idem, ibid.
3° Trio pour piano, violon et violoncelle,
op. 14; ibid. 4" Sonates faciles pour piano
seul, op, 18 ; ibid. 5° Airs variés, op. 10, 12,
\Q\%bid. 6° Divertissements pour piano seul
n°^ 1 à 0; ibid. 7° Pots-pourris, n»' 1, 2, 3;
ibid. 8° Préludes dans tous les tons ; ibid.
9» Le Radeau, ou l'Entrevue des empereurs
Napoléon et Alexandre, pièce historique,
ibid. 10° Quelques morceaux détachés.
MÉZIÈRES — MICHAEL
131
MEZIERES ( EucÈNE-ÉLÉONonE DE BE-
THIZY, marquis DE), lieutenant général,
mort, au mois de juillet 1782, à Longwy, dont
il était gouverneur, se distingua par sa bra-
voure et ses talents militaires à la bataille de
Fontenoy et dans les guerres de Hanovre. Sa
bienfaisance et ses autres qualités l'avaient fait
l'objet de la vénération des habitants de son
gouvernement. Les arts et la littérature occupè-
rent ses loisirs. Au nombre de ses écrits, on
trouve celui qui a pour titre : Effets de l'air sur
le corps humain, considérés dans le son, ou
discours sur la nature du chant ; Amsterdam
et Paris , 1760 , in-12 de soixante et onze pages.
Faible production qui ne contient que des
opinions vagues sur la théorie de la musique,
ou sur les œuvres des compositeurs français
■du temps de l'auteur, et dans laquelle on ne
trouve rien sur les effets de l'air ni sur le
chant. 11 ne faut pas confondre cet opuscule
avec un autre qui a pour titre : Essai des
effets de l'air sur le corps humain, traduit
de l'ouvrage anglais d'.\rbulhnot , par Bayer
de Perrandié; Paris, Barrois, 1742, in-12.
MEZZOGORI (Jeas-Nicolas), maître de
chapelle à Cotnachio (Lombardie), au com-
mencement du dix-septième siècle, a jpubiié
de sa composition : T Missa, Moieiti e un Mi-
serere a quattro voci ; Venetia , Ricc. Ama-
dino, 1614, in-4». — 2» La céleste sposa, Terzo
libro degli coneerti con motetti a 2, 3 e 4
voci^ ibid, 1616. J'ignore les dates de publi-
cation des autres livres. — 3° Sabni festivi
vespertini concert ati a 4 voci; in Venezia,
app. Bart. Magni, 1623, in-4°.
MIARI ( Antoine comte DE ) , d'une an-
cienne famille de Bellune , est né dans cette ville
le 12 juin 1787. Son père, amateur de musique
zélé, encouragea ses dispositions pour cet art,
et lui donna à l'âge de dix ans le Vénitien Mus-
chietti pour maître de piano. Il apprit seul le
violon, et lorsqu'il eut atteint sa dix-septième
année il obtint de son père la permission d'aller
étudier à Padoue la cornpositiom près du P. Sab-
batini. Pendant deux ans il resta sous la direc-
tion de ce maître, puis il acheva ses études à
Venise avec Ferdinand Bertoni et son élève Va-
lesi. Peu de temps après son retour dans sa ville
natale, il y écrivit Seleno, opéra dont il fitexé-
-■cuter avec succès des morceaux à Venise. En-
■couragé dans ce premier essai par Mayer et Pac-
chierolti, il se livra depuis lors avec ardeur à la
composition , et écrivit plus de cent soixante ou-
vrages de tout genre, parmi lesquels on remar-
que sept opéras intitulés : l" La Mofjlie indiana;
— 2" Il Prigioniero; — 3'' L'Avaro; —
4" Do» Quisciotte; — h" La Prova in amore;
— 6° La Notte perigliosa ; — 7" Fernando e
Adélaïde. Les compositions du comte de Miari
pour l'église renferment six messes solennelles,
deux messes a cnpella, quatre Requiem, deux
vêpres complètes avec orchestre , six Miserere ,
une messe à huit voix réelles, l'Agonie du Sau-
veur sur la croix, oratorio. Fleurs de mai à
la Vierge Marie, huit répons , une litanie, trois
motets , cinq Lamentations de Jérémie , le 61"
psaume et dix-sept graduels. Ses autres ouvrages
consistent en cinq cantates grandes et petites ,
des airs détachés , deux co ncertinos pour or-
chestre complet , trente symphonies , six con-
certos pour divers instruments, douze sonates
pour le piano, des variations et fantaisies pour
le même instrument, dont quelques-unes ont été
publiées à Milan, chez Ricordi et ailleurs, six qua-
tuors pour deux violons, alto et basse, six trios
pour les mômes instruments, etc. Le comte
Miari est membre des' sociétés philharmoniques
de Bologne , Bergame, Turin, Vérone et Venise.
Il réside habituellement dans cette dernière ville,
ou il a rempli les fonctions de député du royaume
lombardo- vénitien.
MiCHAEL (Ro€er), maître de chapelle
de l'électeur de Saxe, naquit dans les Pays-Bas
vers le milieu du seizième siècle. Après la mort
du maître de chapelle Georges Fœrster, il fut ap-
pelé à Dresde, en 1587, pour lui succéder. Ses
ouvrages imprimés sont : 1" Introitus Domi-
nicorum dierum ac prœcipuorum festorum
electoratus Saxonici ecclesiis usitatissimorum
ad modum motetarum, quinque vocibxis
expressi, L^psick, 1599, in-4° _ 2" Introilus
anniversarum, 5 roc, ibid., 1604, in-4°.
MICHAEL (Toeie), fils du précédent,
maître de chapelle à Sondershausen, puis canior et
directeur de musique à Leipsick , naquit à Dresde
le 15 juin 1592. En 1601 il fut admis dans la cha-
pelle de l'électeur de Saxe, qui le fit entrer en 1609
à Técole de Schulpforte pour le préparer aux cours
de l'université. Quatre ans après , son père le
retira de cette école et l'envoya à Willenberg
pour faire un cours de théologie : il s'y fit éga-
lement remarquer par son aptitude aux sciences,
et par ses connaissances dans la musique. De
Wittenberg il alla à Jéna, oii il passa quelques
années. Le 18 septembre 1619 la place de maître
de chapelle de l'église de la Trinité, nouvellement
construileà Sondershausen, lui fut confiée; mais
à peine arrivé dans celte ville, il vit réduire
en cendres cette église avec l'orgue excellent qui
s'y trouvait, et une partie de la ville. Ayant
perdu sa place par cet événement, il ne trouva
de ressources que dans un minime emploi à la
9.
J32
MICHAEL — MICHAELIS
chancellerie. En 1631, on l'appela, comme maîlre
de chapelle, à Leipsick : cette place améliora sa
situation et lui fit passer le reste de ses jours à
l'abri du hesoin : il ne connut plus d'autre mal
que la goutte, dont il souffrit beaucoup, et qui
le conduisit au tombeau le 26 juin 1657, à l'âge
de soixante-cinq ans. Son occupation comme
compositeur consista principalement à mettre en
musique les textes moraux de la Bible. On a re-
cueilli les morceaux de ce genre qu'il a écrits,
en deux volumes qui ont pour titre : Musika-
lische-Seelenlust, etc. ( Joie musicale de l'âme,
où se trouvent 50 morceaux allemands de con-
cert à plusieurs voix et basse continue ) ,
l""^ partie, Leipsick, 1635; 2* idem, ibid., 1637.
MICHAEL ( Samuel), de la même famille
que les précédents, naquit à Dresde vers la fin
du seizième siècle, et fut organiste à l'église
Saint-Nicolas, de Leipsick. On a publié de sa
composition : 1° Psalmodia regia, ou Maximes
de vingt-cinq psaumes de David, à 1, 3, i et
5 parties, tant pour les voix que pour les
instruments (en allemand); Leipsick, 1632,
in-4''. — 2° Pavanes et gailliardes pour divers
instruments, 1" et 1^ partie, ibid.
MICHAELIS (Damel ) , compositeur, né à
Eisleben dans la deuxième moitié du dix-sep-
tième siècle , a publié un recueil intitulé : Musi-
calienvonschœnen wohlriechenden Blumlein,
so in Lustgarten des heil. Geistes geioachsen,
mit 3 Stimmen ( Musique composée de fleurs
odoriférantes venues dans le parterre du Saint-
Esprit, à 3 voix); Roslock, 1616, in-i".
MICHAELIS (Chrétien- Frédéric), fils
d'un musicien de Leipsick , naquit dans cette
ville en 1770. Élevé en 1793 au grade demagister,
il ouvrit un cours particulier de philosophie.
En 1801 il accepta une place de précepteur chez
le chambellan de Rocliow , à Plessow, près de
Potsdam. En 1803 il alla remplir des fonctions
semblables à Dresde, puis il retourna à Leipsick,
où il reprit son cours de philosophie , particu-
lièrement sur l'esthétique musicale, à laquelle
il s'efforçait de donner le caractère d'une science
systématique. Ses dernières années furent trou-
blées par des souffrances aiguës qui développè-
rent en lui une hypocondrie habituelle. Il est
mort à Leipsick le l'" août 1834, à l'âge de
soixante-quatre ans. Amateur passionné de mu-
sique , il avait étudié le piano et l'harmonie sous
la direction de Veidenhammer, de Biirgmuller et
de Gœrneck , et Ruhr lui avait donné des le-
çons de violon. Quelques petites compositions
pour le violon, la flùle et la guitare lui sont at-
tribuées dans le Manuel ou Catalogue de toute
la musique imprimée, de Whistliug; mais je crois
que c'est par erreur, et que ces morceaux ap-
partiennent à un autre musicien du même nom
qui paraît avoir demeuré à Brunswick. C'est
surtout comme écrivain sur la musique que Mi-
chaelis s'est fait connaître, par une multi-
tude d'écrits, de traductions et d'articles de
journaux. A l'époque où il fit ses études, la
philosophie de Kant jouissait d'un grand crédit
dans les universités d'Allemagne, malgré les
adversaires redoutables qu'elle avait rencon-
trés dans Herder, Mendelssohn, Jacobi et au-
tres. Michaelis, adoptant les principes de
cette philosophie critique , voulut les appliquer
à une esthétique spéciale de la musique. Le pro-
gramme de la première partie de son livre. Sur
l'esprit de la musique , se trouve dans ce pas-
sage de l'esthétique Iranscendentale qui forme une
des divisions de la Critique de la raison pure
de Kant ( § I ) : « La capacité de recevoir des
« représentations par la manière dont les objets
« nous affectent s'appelle sensibilité. C'est au
« moyen de la sensibilité que les objets nous sont
« donnés; elle seule nous fournit des intuitions;
« mais c'est par Tentendement qu'ils sont conçus,
« et c'est de là que nous viennent les concepts. »
L'objet de Michaelis était donc de découvrir le
principe du concept transcendenlal du beau en
musique , et de le séparer de l'intuition empi-
rique des divers genres de beautés; mais cette
tâche difficile s'est trouvée au-dessus de ses
forces, comme elle l'a été à l'égard de la plupart de
ceux qui ont voulu aborder ce sujet. 11 est juste
cependant de dire qu'il aperçut une erreur de
Kant qui , parlaut de la musique, dit qu'elle est
lin jeu régulier des affections de l'âme, et
en même temps une langue de pure sensa-
tion, sans aucune idée intellectueHe (i). Dans
la première partie de son ouvrage, Michaelis
fait voir que le principe du jugement esthétique
de la philosophie critique est applicable à la mu-
sique comme aux autres arts , et que ce même
art serait réduit en quelque sorte au néant, s'il
était inabordable à l'analyse, et si l'esprit ne-
pouvait porter de jugement sur les sensations de
l'ouïe. En un mot, il établit la nécessité d'un in-
tellect musical, sans lequel, en effet, l'oreille rie
percevrait que des séries de sons qui n'auraient
aucune signification. Mais lorsqu'il faut arriver à
l'explication de la nature des jugements portés
par cet intellect , et surtout des jugements à
priori de la beauté formate, Michaelis se trouve-
faible en face des diflicullés signalées plus haut.
Ce furent sans doute ces difficultés qui le rame-
(1) Beobachlungen ilber dcis Ce/ahl des Sclianen und
Erhabcnen , Riga, 1771.
MICHAELIS — MICHAUD
f33
nèrent, dans la seconde partie de son livre, à
la considération de l'analogie de la musique avec
la poésie et les arts du dessin , quoique cette
analogie n'existe que dans les parties accessoires
de l'art. Considérée comme art de i)eindre et
d'exprimer certaines choses qui sont du do-
maine de la poésie, de la mimique et de la pein-
ture , la musique offre bien moins de difficultés
que dans sa partie purement idéale, et Micliaelis
s'y trouvait plus à l'aise; mais on comprend
qu'en le limitant ainsi, il ne pouvait proposer
d'autre règle pour jiiger de ia beauté de ses pro-
duits, que celle de la fidélité du rendu, et c'est ,
en effet, à peu près à ce résultat que se borne
sa tiiéorie, où il retombe malgré lui dans la
doctrine empirique, quoiqu'il fasse des efforts
pour élever l'art jusqu'à l'idéalisme. •
Dans la liste nombreuse des livres et articles
de journaux de Micliaelis sur la musique, on
trouve : 1° Veber den Geist der Tonkunst mit
Rucksicht auf Kanis Kritik der ecstheiischen
Urtheihkraft ( Sur l'esprit de la musique , eu
égard à la critique du jugement esthétique par
Kant); Leipsick, 1'^* partie, 1795, in-S" de 134
pages; î»* partie, Leipsick, 1800, in-S" de
160 pages. Il est revenu à plusieurs reprises sur
le même sujet dans les articles suivants : —
2* EntiLurf der Aedheiih, ah Leitfaden bey
akademische Vorlesungen ( Projet d'esthétique,
pour servir de guide dans les leçons académi-
ques), Augsbourg, 1796. — 3° Sur le sublime
dans la musique ( l*"" cah. de la Feuille ynen-
suelle pour les Allemands, 1801). — 4° Quel-
ques idées sur la nature esthétique de la mu-
sique (dans VEunonia; Berlin, mars 1801 ). —
5" Supplément anx idées sur la nature esthé-
tique de la musique ( ibid., avril 1801 ). — 6° Sur
l'intéressant et le touchant dans la musique
(ibid., août 1804); Pensées d'un Français (Re-
veroni Saint-Gyr ) sur l'analogie qu'il y a entre
les représentations de la vue et de l'ouïe, entre
la peinture et la musique ( Gazette musicale de
Leipsick, ann. 1804, a° 21). — 8" Sur l'esprit de
la musique ( ibid., 1804, n" 50 ). — 9" Essai ten-
dant à développer la nature intime de la musiaue
( ibid., ann. 1806 , n°* 43 et 44 ). — 10° Sur la
partie idéale de la musique (ibid., 1808, n" 29).
— 11" Quelques articles concernant lEstiiétique
dans la Gazette musicale de Berlui publiée par Rei-
chardt (ann. 1805, 1806); — 12" et enfin dans le
livre publié par Micliaelis, sous ce titre : Mitthei-
lungen zu Befœrderung der Humaniteet und
desgulen Gesc/imacA^ (Communications sur l'a-
vancementde Ihumanité etdu bon goût ; Leipsick,
1800), on trouve une section sur la peinture mu-
sicale. Les autres travaux de ce savant concernant
la musique, lesquels ont été insérés dans les jour-
naux, consistent en analyses de compositions ou de
livres relatifs à cet art ( Gazette musicale de Leip-
sick, 1806, n" 26 ; 1807, n» 26 ; 1808, n°s 1, 2, 3,
4,5; 1810, n" 17 ),eten articles sur divers sujets
historiques ou de critique pure (Gazette musicale
de Leipsick, 1802, n" 13; 1804, n"* 8, 46; 18C5,
n»* 4, 6, 7, 15, 29, 31, 33, 34, 35, 36, 38, 45 ; 1806
n"*4, 21,24, 26, 27, 35; 1807, n°n6, 17,36; 1810,
n" 17; 1814, n * 31, 32; le Libéral, publié par
Kuhn, à Berlin, 1811, 2 articles; Gazette musi-
cale devienne, ann. 1818, p. 770-776, 783;
1320, p. 465-468, 478-484, 497-399; Cxcilia,
t. 10, p- 56-64; t. 12, p. 357-262; t. 15, p. 179-
183 ). On a aussi de ce savant : Katechismus
ûber J. B. Logier's System dem Musikwissen-
schaft und der musikalischen Composition
(Catéchisme sur le système de la science musi-
cale et de la composition de Logier ) ; Leipsick,
1828 , in-S" de 96 pages. .Micbaelis a traduit en
allemand différents ouvrages relatifs à la mu-
sique, entre autres : l'Histoire de la musique de
Busby, qu'il a enrichie de notes et qu'il a pu-
bliée sous ce titre : Allgemeine Geschichte der
31usik; Leipsick, 1821, 2 volumes in- 8"; les
.\necdotes sur la musique, de Burgh, réduites
en un volume et publiées sous ce titre : Anec-
doten M7irf Bemerkungen die Musik betref-
fend ; Leipsick, 1820, in-8'', et le Mémoire de
Villoteau sur la musique des anciens i^pliens ,
extrait de la grande Description de l'Egypte ,
et intitulé : Abhandlung ûber die Musik des
alten jEgyptcns; Leipsick, 1821, in-S" de
190 pages.
MICHAELIS (F. A. ), professeur de violon
à Breslau , vers 1830, vécut aussi quelque temps
à Rostock, puis à Stettin, et enfin retourna à
Breslau vers 1840. Il a écrit environ cinquante
oeuvres de différents genres , parmi lesquels on
remarque : 1" Pràktische Violinschxile (Mé-
thode pratique de violon ) ; Breslau , C. Wein-
hald. — 2" Ver Lehrer und seine Schûler
( Le Maître et son élève , collection de morceaux
faciles et progressifs pour 2 violons ) ; ibid. -^
3° Variations faciles pour violon seul avec ac-
compagnement de piano , op. 50 ; ibid. —
4" Sechs schuedische Lieder (Six Chansons sué-
doises, avec accompagnement de piano, op. 25;
Rostock, J. M. Ueberg, 1835. — 5* Herzog
iMagnus (Le duc Magnus et la mer agitée, bal-
lade traduite du suédois, avec accompagnement
de piano), op. 30; Stettin, M. Bôhme. — 6» Sechs
Seelieder ( Six Chants de mer avec ace. de
piano, op. 32; ibid.
MICHAUD (A.NDRÉ-REjn), violoniste, fut
attaché à l'orchestre de l'Opéra en 1770 , et y
134
MICHAUD — IWICHELI
resta jusqu'à sa mort, en 1788. Il a publié : l°Six
duos pour 2 violons, op. 1 ; Paris, Bailleux. —
2° Six idejn, deuxième livre, Paris, La Chevar-
dière. — 3° Quatre Recueils d'airs arrangés en
solos pour le violon ; Paris, Naderman.
MICHEL (Guillaume), maître de chant à
Paris, vers le milieu du dix-septième siècle, fut
attaché au service du cardinal Mazarin, suivant
ce qu'il dit dans la dédicace du second livre de
ses chansons à M. de Latour-Lanzon. 11 a publié
trois livres de Chansons récréatives à voix
seule avec la basse; Paris, Ballard, 1641-1643,
in-8° obi.
MIC HEL ou MICHL (François-Louis), fils
d'un flûtiste distingué de la cour de Hesse-Cassel ,
naquit à Cassel le 8 janvier 1769, et fut lui-même
un virtuose sur la flûte. 11 succéda à son père
dans la chapelle du prince en 1786. Deux ans
après, il fit un voyage à Paris et à Londres, où
il se fit entendre avec succès. On n'a pas de
renseignements sur la suite de sa carrière. On a
gravé de sa composition :^i° Trois Concertos
pour flûte ; Paris, Frey ; Londres, Longman. —
2° Nouvelle Méthode de flûte ; Paris, Leduc.
MICHEL (Joseph ). Voyez MICHL.
MICHEL (Francisque-Xavier), philologue,
né à Lyon, le 18 février 1809, a fait ses études
dans cette ville, puis s'est rendu à Paris, où il
s'est livré à l'étude de la littérature du moyen
âge. Dans les années 1833 et 1837, il a élé chargé
par les ministres de l'Instruction publique,
MM. Guizot et de Salvandy, de faire des recher-
ches de documents relatifs à l'histoire de France en
Angleterre et en Ecosse. En 1846 il a été nommé
professeur de littérature étrangère à Ja faculté
des lettres de Bordeaux. M. Francisque Michel
est correspondant de l'Institut de France ( Aca-
démie des Inscriptions), membre des Académies
de Vienne, de Turin , et des Sociétés des Anti-
quaires de France et de Londres. Indépendamment
de beaucoup de travaux étrangers à l'objet de ce
dictionnaire , on lui doit une édition complète des
Chansons du châtelain de Couctj, revues sur
tous les manuscrits, suivies de l'ancienne mu-
sique, mise en notation moderne, avec ac-
compagnement de piano, par M. Perne; Paris,
de l'imprimerie de Crapelet, 1830, grand in-8''.
Cette édition, imprimée avec luxe, est précieuse
par ses éclaircissements sur la vie du châtelain
de Coucy, par la description des manuscrits où
se trouvent les chansons de ce trouvère, ainsi que
par les corrections du texte de ces chansons, et
surtout, pour l'histoire de la musique, par le tra-
vail de Perne sur les mélodies dans leur véritable
caractère. Il est fâcheux seulement que Perne ait
eu l'idée d'ajouter à ces mélodies un accompa-
gnement de piano et des harmonies qui n'appar-
tiennent ni à leur tonalité , ni à l'époque de ces
monuments de l'art. L'édition donnée par M. Mi-
chel sera un jour fort rare, n'ayant été tirée qu'à
120 exemplaires, numérotés à la presse. Le mien
porte le n" 1 9. On a aussi de M. Francisque Michel :
Le Pays basque; sa population , ses moeurs,
salittératxireet sa musique; Paris, Firmin Di-
dot frères, fils, etc.; 1857, 1 vol. petit in-S", vo-
lume qui offre de l'intérêt et qui renferme plu-
sieurs chants basques avec les mélodies origi-
nales.
■ MICHEL- YOST, célèbre clarinettiste.
Voyez YOST (Michel).
MICHEL ( Ferdinand ), professeur de musi-
que à Rouen, naquit dans cette ville vers 1805. On
connaît ^le lui : Principes appliqués à la mu-
sique vocale, à l'usage des écoles primaires ;
Rouen, Bonnel, 1838, in-8'' de 12 pages.
MICHELI (Dominique), compositeur, né à
Bologne , suivant le titre d'un de ses ouvrages,
vécut dans la seconde partie du seizième siècle.
On a sous ce nom : 1" Madrigali di Domenico
Micheli da Bologna , a sei voci, dati in luce
da Claudio di Correggio, libre <erso,- Venise,
1567, in-4° obi. — 2° Madrigali a cinque voci ;
Venise, 1581, in-4°. On trouve aussi des madri-
gaux de ce musicien dans le recueil qui a pour
titre : De' floridi Virtuosi d'italia il terzo
libro de' madrigali a cinque voci; Venise,
J. Vincenli et R. Amadino, 1586, in-4°.
MICHELI (D. Romain), compositeur distin-
gué, naquit à Rome eu 1575, car dans la préface
d'undeses ouvrages, imprimé à Rome, 1650, il dit
qu'il était alors âgé de soixante-quinze ans. Après
avoir fait ses études musicales sous la direction des
célèbres maîtres Soriano et Nanini, il fut fait prê-
tre et obtint un bénéfice dans l'église d'Aquilée,
après quoi il entreprit de longs voyages dans
les principales villes d'Italie. Dans la préface
de son recueil de motels intitulé Musica vaga
ed artificiosa, il donne l'histoire de ces voyages
et fournit des renseignements sur de savants mu-
siciens qu'il a rencontrés, et dont il reconnaît
avoir appris quelque chose concernant l'art et la
science, notamment Jean Gabrieli et Jean Croce,
à Venise, Pomponius JNenna, Jean de Macque,
Rocco-Rodio et Cerreto, à Naples, Luzzasco-Luz-
zaschi et Fioroni à Ferrare, Fulgence Valesi à
Milan, etc. Pendant un certain temps il s'arrêta
à Concordia, ville du duché de Mirandole, pour
y enseigner la musique; puis il fut rappelé à
Rome par le cardinal de Savoie, qui lui fit ob-
tenir en 1625 la place de maître de chapelle de
Saint- Loui.s-des-Français. Micheli vécut jusqu'à
' un âge très-avancé , car M. l'abbé Baini cite de
MICHELI — MICHELOT
135
lui un manifeste adressé aux musiciens compo-
siteurs d'Italie, et terminé par ces mots : Romano
Micheliprete di Romaài etàd' anni 84 (Voy.
3fem. Sior. crii. délia vita e délie opère di
Pierluigi da PaleiUina, t. Il, p. 34 , note 473.)
Micl)eli fut engagé dans des discussions rela-
tives à son art , la première avec Paul Syfert
( voyez ce nom ), à l'occasion de la querelle éle-
vée entre celui-ci et Marc Scacchi, dans laquelle
Sjftrt avait écrit que les musiciens italiens n'é-
taient capables que de composer des opéiaset can-
zonettes, et que pour l'art d'écrire, ils pourraient
tous l'apprendre de lui et de Fœrster, à l'école de
Dantzick. Micheli prit la défense de Scacchi, et
envoya à Syfert ses propres compositions pleines
de recherches et de canons, qui fermèrent la
bouche à l'organiste de Dantzick. L'autre discus-
sion eut lieu entre Miche'.i et ce même Scacchi
dont il avait pris la défense. Miclieli avait envoyé
à celui-ci son œuvre intitulé : Canoni musicali
composti sopra le vocali di più parole da
Romaiw Micheli romano , del quai modo di
comporre egli è inventore ; Rome, 1645, in-
fol.; ayant reçu cet ouvrage, Scacchi fit impri-
mer à Varsovie une brochure, datée du 16 mars
1647, dans laquelle il s'efforçait de démontrer qne
Micheli n'était pas, comme il le disait, l'inventeur
de ce genre de canons, et que cette invention
était beaucoup plus ancienne. Micheli fot très-
sensible à cette impolitesse , et composa un re-
cueil intitulé : La potestà pontificia diretta
dalla sanctissima Trinità , composé entière-
ment de canons à 3, 4, 5 et 6 voix, remplis d'ar-
tifices très-ingénieux, et y ajouta à la fin une ré-
ponse péremptoire et pleine d'érudition à Scac-
chi. Cet ouvrage toutefois ne fut pas publié en
entier, l'auteur n'en ayant fait imprimer que
quelques feuilles détachées contenant les mor-
ceaux dont l'exécution était la plus facile ; mais
le manuscrit original et entier a été donné par
lui à la bibliothèque de Sainf-Augustin, où il se
trouve encore en un volume coté D. 8. 4., sous
ce titre : Canoni musicali di Romani Micheli.
On y lit au commencement : Ex dono axictoris,
qui eliam donavit huic Bibliothecse Angelicse
ramum cum facultale accomodandi propter
impressiomim.
Les autres ouvrages de Micheli qui ont été pu-
bliés sont : 1° Mtisica vaga edartificiosa, con-
tenente motetti cou oblighi, et canoni diversi,
ianto per quelli che si dilettano sentire varie
euriositù, qvanto per quelli che vorranno
professare d'inlendere diversi studii délia
ruusica; Venise, 1615, in-(ol. Ce recueil con-
tient cinquante canons remplis de recherches
curieuses. — 5^ Compléta a sei voci , con Ire
tenori, concertala alV vso vioderno, con il
basso continMo per l'organo, e con un altro
basso particolareperlo maestro di cappella,
et per suonare sopra esso il violone accompa-
gnât o on altri stromenfi; Venise, 1616, in-4''.
— 3" Beaucoup de canons en feuilles volantes,
imprimés à Venise en 1618, 1619 et 1620. —
4° Madrigali a sei voci in canoni; Rome,
Soldi, 1621. — 5° Li Salmi a 4; Rome, 1638.
— 6" Messe a quaitro voci ; ibid., 1650. — 7°
Responsori a cinque voci, ibid., 1658. 11 y a
un petit écrit de Romani, concernant l'invention
des canons énigmaliques sur les syllabes dé-
tachées de phrases données , dont il était au-
teur; il a pour titre : Lettere di Romano Mi'
chcli romano alli musici délia cappella di
y. S. cd altri tnusici roviani; Venise, 1618.
MiCHELI ( Besedetto ), naquit à Rome,
suivant la Dramaturgia d'Allacci ( Édit. de 1755,
p. 208 ). Il est vraisemblable qu'il vit le jour dans
les dernières années du dix-septième siècle, car
j'ai vu dans la bibliothèque de l'abbé Santini, à
Rome, un volume manuscrit qui portait ce titre :
Componimento cantato in Roma nel giorno
del gloriosissimo Nome délia S. C. C. B.
Maesta délia impératrice EUsabetta Cris-
tina, etc; Poesia di Tiberio Pulci, musica di
Benedetto Micheli; 1724. Ce musicien a dû pro-
duire beaucoup d'autres ouvrages, depuis cette
époque jusqu'en 1746, où il fit jouer à Venise
son opéra intitulé Zenobia.
MICHELOT ( Jean-Baptiste-Aimé ), profes-
seur de piano au Conservatoire de Bruxelles, na-
quit à Nancy en 1796. Après avoir appris dans
son enfance les éléments de la musique, il alla
terminer, dans les années 1S04 et 1805, son édu-
cation musicale à Strasbourg, où Dumonchau
se trouvait alors. Pendant une longue maladie
de celui-ci, Michelot fut chargé de la direction
de l'orchestre des opéras allemands et français.
Ce fut aussi vers la même époque qu'il écrivit
pour ces théâtres la musique d'environ 50 mélo-
drames, et plusieurs opéras, dont un seul, inti-
tulé : Les deux Tantes, a été joué avec succès.
En 1817, Michelot vint s'établir à Bruxelles, et
depuis ce temps il y fut considéré comme un
professeur de piano de beaucoup de mérite. At-
taché au Conservatoire de cette ville depuis son
organisation en 1832, il a formé de jeunes ar-
tistes qui, devenus eux-mêmes de bons maîtres,
ont propagé dans la Belgique une bonne école
de mécanisme d'exécution, auparavant inconnue
dans ce pays. Il a écrit pour le théâtre de Bruxelles
Hélolse, monodrame, joué avec succès. Ses
compositions pour le piano consistent en :
Exercices pour le doigté; Études pour les
136
MICHELOT — MICHL
enfants, et plusieurs chants sans paroles,
morceaux distingués où l'on remarque autant de
nouveauté dans les idées que de sentiment de
mélodie et d'harmonie. Tous ces ouvrages ont
été publiés chez l'auteur, à Bruxelles. On connaît
aussi deMichelot plusieurs jolies romances, parmi
lesquelles on remarque particulièrement Gene-
viève de Brabant. En considérant le mérite
réel du peu d'ouvrages que Michelota donnés au
public, je ne puis m'empêcher de regretter que
l'obligation de fournir à l'existence d'une nom-
breuse famille n'ait pas permis à cet artiste esti-
mable de donner un plus large développement
aux heureuses facultés qu'il avait reçues de la na-
ture. Ce professeur est mort à Bruxelles, le pre-
mier mai 1852.
MICHEROUX ( N. Chevalier De ) , fils
d'un ministre du roi de Naples ( Murât ), né en
France, servit dans l'armée napolitaine en qua-
lité d'officier supérieur. Après la chute de Murât,
M. de Micheroux, qjii avait cultivé la musique
avec amour depuis son enfance, particulièrement
l'art du chant, sous la direction des meilleurs
maîtres italiens, se retira à Milan, où il se livra
avec succès à l'enseignement de cet art. Il y fit
de bons élèves, au nombre desquels fut la célèbre
cantatrice Posta. Dans ses dernières années , il
se fixa à Venise où il était reciierciié pour l'a-
grément de sa conversation et son amabilité. Une
blessure grave qu'il avait reçue en 1815 lui fai-
sait souvent éprouver de vives douleurs. Il
mourut à Venise vers 184C. On a de cet inté-
ressant artiste des mélodies d'un sentiment dis-
tingué qui ont été publiées a Milan, chez Ricordi,
sous ce titre : Ariette per canto con piano-
forte, dedicate alla célèbre Signora Pasta,
i" et 2me recueils.
MICHE UX ( G. ), pianiste et compositeur
d'oeuvres légères pour son instrument, naquit en
Styrie et vivait à Vienne en 1829. 11 s'y trouvait
encore en 1840. Depuis plusieurs années il est
fixé à Paris. On connaît sous son nom environ
cent œuvres d'études, fantaisies, thèmes variés,
mazourkes et polkas pour le piano.
MICHL ( Joseph-Ildephoxse ) , violoniste et
compositeur, naquit à Neumarkt, dans la Ba-
vière, en 1708. Wagenseil, maître de chapelle de
la cour impériale de Vienne, lui donna des le-
çons de composition. Après que son éducation
musicale fut terminée, Michl fut maître de cha-
pelle chez le duc de Siilzbach, et après la mort
de ce seigneur, eu 1733, il fut appelé à la cour
du prince de la Tour et Taxis, à Ratisbonne. Ha-
bile violoniste et compositeur de mérite, Michl a
écrit pour diverses cours des opéras et des ora-
torios; mais dans un accès de mélancolie, il
brûla toute cette musique et ne conserva que six
concertos de violon qui sont en manuscrit chez
le prince de la Tour et Taxis. Il mourut à Ratis-
bonne en 1770.
MICHL ( Ferdinand ), frère du précédent,
naquit à Neumarkt en 1713. Après avoir appris
dans ce lieu les éléments de la musique et de la
langue latine, il entra au séminaire à Munich et
y termina ses études, puis il obtint la place d'or-
ganiste à l'église des jc.suites, dite de Saint-Mi-
chel. Son talent distingué sur l'orgue et sur le
violon le mit en faveur près du duc de Bavière, qui
le fit entrer dans sa chapelle et lui donna le titre
de second maître de concerts. Michl mourut
jeune à Munich en 1753. Il a écrit le mélodrame
spirituel ( Geistliches Singspiel ) qui a été repré-
senté chez les jésuites de Munich en 1747. On a
imprimé de sa composition : XII symphonix tri-
bus concertantibus instrumentis, scilicetvio-
lino \et1 acbassocontinuo,o\). l;Augsbourg,
1740, in-folio.
MICHL ( Joseph ), neveu des précédents,
naquit en 1745, à Neumarkt, où son père était
directeur du chœur. Cet artiste est désigné dans
les catalogues sous le nom de Michel; Gerber,
Choron et Fayolle et leurs copistes ont fait deux
articles pour le même artiste, le premier sous
le nom de Michel, le second sous celui de Michl.
Admis au séminaire de Munich, il y fit ses études
littéraires et musicales, et, jeune encore, il se lit
remarquer par une rare habileté sur i'orgue.
Ses premières compositions furent des messes,
des litanies, des vêpres et des méditations pour
l'église des jésuiles. Déjà la plupart de ces ou-
vrages étaient écrits lorsque l'électeur de Bavière,
Maximilien 111 l'envoya chez le maître de cha-
pelle Camerloher à Freisingen , pour y faire un
cours de contrepoint et de composition. Pendant
son séjour à Freisingen, il composa un oratorio
qui lui mérita la protection de l'évêque. De re-
tour à Munich il y écrivit l'oratorio Gioas re
di Giuda '■ cet ouvrage produisit une si vive
impression sur les artistes et sur le public, que
l'électeur choisit immédiatement après son exécu-
tion Michl comme compositeur de sa chambre.
Son opéra intitulé 11 Trionfo di Clelia, repré-
senté au théâtre de la cour en 1776, justifia la
confiance du prince en ses talents. Lorsque Bur-
ney visita Munich en 1772, il entendit un quin-
tette instrumental composé par Michl, qui lui
parut égal en mérite à ce qu'on connaissait de
mieux en ce genre. Après la mort de l'électeur,
eu 1778, ce compositeur agréable reçut sa dé-
mission, et se retira au couvent de Veiern, dont
un de ses parents était supérieur. Il y occupa
ses loisirs à la composition de la musique d'é-
MICHL — MIEKSCH
137
glise, qu'il dirigeait lui-roéme. Il y écrivit aussi
un opéra de Begulus, qui fut représenté avec
beaucoup de succèsàFreisingen, en 1782. Après la
suppression du couvent de Veiern, en 1S03, il
retourna à Neumarkt, où il mourut en 1810.
Plusieurs messes, litanies, motets, oratorios,
symphonies et quatuors pour divers instru-
ments de cet artiste sont restés en manuscrit.
Il a fait représenter au théâtre de .Munich les
opéras dont les titres suivent : 1° Il Trionfo di
Clelia, opéra sérieux en 3 actes 2° Il Barone
di Torre forte, opéra txiufie. — 3° Elinire et
Milton, joué aussi avec succès à Mayence et à
Francfort. — 4" Fremor et Meline , drame. —
5° Le Roi et le Fermier. — 6° La Foire annuelle,
qui obtint un brillant succès à Vienne, à Dresde,
à Varsovie, à Ratistwnne, à Mayence et à Franc-
fort. — 7" Il Re alla Caccia, cantate drama-
tique. — 8" Il Cacciatore, idem. On a publié
en Allemagne plusieurs morceaux de sa compo-
sition pour divers instruments.
MItHiVA ( .Adam d'Oltrodowioz ), excellent
organiste et compositeur, naquit à Neuliaus, en
Bohème , et y vécut vers le milieu du dix-sep-
tième siècle. On a imprimé de sa composition:
l' Un livre de cantiques à l'honneur de la Vierge,
«n langue bohème , à quatre voix , intitulé :
Laut na Maryanska; Prague , 1657, in-4°. —
2" Cantiques pour toutes les fêtes des saints, dédié
au magistrat de Prague , sous le titre : Swato-
Roçnj Musika , aneb swanteçnj Kancyonal ;
ibid. 1661, in-30. — 3° Cantiones sacrée pro
fesiis totius anni 1 , 2, 3, 4 , 5 ci 6 vocib. cum
1, i, 3, 4 instrumentis ad libitum.
IIICHU (Lotis), acteur de l'Opéra-Comi-
que, appelé alors Comédie Italienne, na-
quit à Reims, le 4 juin I7à4 (1) et débuta
sur le théâtre de Lyon , d'où il fut appelé
au Théâtre-Italien de Paris. Il y joua pour
la première fois, le is janvier i775, dans le
Magnifique , de Grétry. DOrigny , contemi»-
rain de cet acteur, dit , dans ses Annales du
Théâtre Italien ( tome 2, page 94), que Michu
réunissait les avantages de la jeunesse , de la
tjgure, de la taille et les qualités qui font le bon
comédien et le chanteur excellent. Toutefois ce
dernier éloge ne parait pas avoir été mérité :
comme la plupart des anciens acteurs de la Co-
médie italienne de son époque, Michu était ab-
solument ignorant en musique et dans l'art du
«liant; comme eux, il chantait d'instinct et par
il) Le registre C des anciennes archives de l'Opcra-Co-
mlque m'a fourni une fausse Indication pour la première
édition de cette Biographie , en faisant naître Michu à
Moulins, en 1732.
routine. Après avoir été en possession de la fa-
veur du public pendant vingt-cinq ans, cet ac-
teur se retira le 27 février 1799 , sans avoir ob-
tenu la pension qu'il avait g-ignée par .ses longs
services (1). Il prit alors la direction du théâtre de
Rouen ; mais cette entreprise n'ayant pas réussi ,
Michu se jeta dans la Seine, et y périt en 1801.
MIEDKE (Frédéric-Georges-Léonard), un
des meilleurs chanteurs dramatiques de l'Alle-
magne, est né à Nuremberg en 1803. Fils d'un
régisseur de théâtre, il fut transporté à Stuttgard
à l'âge de deux ans , et son éducation eut pour
objet d'en faire un acteur. Après avoir chanté
quelque temps dans les chœurs, il joua de petits
rôles. En 1822 il s'éloigna de Stuttgard, et s'en-
gagea au théâtre d'Augsbourg, d'où il alla en
Suisse. Trois ans après il prit la direction du
théâtre de Saint-Gall ; mais il y perdit beaucoup
d'argent et fut obligé de fuir secrètement pour
se soustraire à ses créanciers; ceux-ci obtinrent
contre lui un arrêt qui le condamnait à passer
trois mois dans une forteresse du Wurteml)ei^.
Remis en* liberté, il alla à Wùrzbourg, où il a
dirigé le théâtre jusqu'en 1836. Il s'est alors re-
tiré pour ne s'occuper que de la peinture. On dit
que cet acteur offrait le moilèle de la perfec-
tion dans Don Juan, Figaro et le Vampire.
MIEKSCH (Jeas-Aloïs) (2), chanteur et
compositeur de mérite, naquit le 19 juillet 1765
à S. Georgenthal , en Bohême , où son père était
co?i/oret instituteur. Dès l'âge de sept ans il
reçut les premières leçons de musique. En 1777,
on l'envoya à Dresde, où il entra dans la chapelle
électorale , en qualité d'enfant de chœur, et y eut
pour maître de solfège Cornélius, chantre de
cette chapelle. Le piano et l'orgue lui furent en-
seignés par Eckersberg et Binder; Zicli, musicien
de la chambre , lui donna des leçons de violon,
et pendant plusieurs années il fit des études de
composition sous la direction du maître de
chapelle Joseph Schneter. En 1787, il succéda
au chanteur de la cour Stephan; mais le travail
qu'il fit pour changer sa voix de baryton en
ténor lui occasionna une inflammation de poi-
trine qui faillit le priver de son organe vocal , et
même de la vie. Plus tard , il devint élève de
Vincent Caselli, bon chanteur de l'école bolonaise
de Bernacchi, et acquit un talent distingué sous
cet habile maître. En 1799, Miekscb débuta
(Il On a dit, dans plusieurs Biographies générales, que
Michu ne put obtenir d'être admis dans ta réunion des
deux troupes d'opéra-comique des théâtres Fafart et
Feydeau ; mais il n'était pas question de cette réunion quand
il se retira.
(ï) Cet artiste est le même qui est appelé J/iJtscA dans
la première édition de cette Biographie.
138
MIEKSCH— MIKULI
comme chanteur an théâtre de la cour pour l'o-
péra italien. En 1801, il reçut sa nomination de
professeur de chant des enfants de la chapelle
électorale; et en 189,0 on lui confia la direction
des chœurs des opéras allemand et italien. En
1824, le roi de Saxe lui accorda sa retraite et le
chargea de la garde de sa bibliothèque particu-
lière de musique. Mieksch est mort à Dresde au
commencement d'octobre ^845, à l'âge de quatre-
vingts ans. Ses compositions consistent en
Lieder, airs avec accompagnement d'orchestre,
cantates, messes, Requiem et offertoires. Comme
professeur de chant, il a formé des élèves distin-
gués, an nombre desquels on remarque les
cantatrices Funk, Hase, Schrœder-Devrient ,
Schebest , Beltheim , le ténor Bergmann , et les
basses chantantes Zezi et Nisse.
MIEL (Edme-Fkançois-Antoine-Mauie ), fils
d'un organiste, naquit à Chàtillon-sur-Seine, le
6 avril 17 75. Après avoir fait de bonnes études
au collège de Sainte-Barbe, il voyagea, puis il
entra à l'École polytechnique et y resta deux
années. Miel avait atteint l'âge de vingt-cinq
ans, lorsque Frochot, préfet du département de
la Seine , son concitoyen et son ami , lui donna
un emploi dans le service des contributions di-
rectes de la ville de Paris. En 1816, il obtint le
titre de chef de division de cette partie de l'ad-
ministration , et pendant vingt ans il en remplit
les fonctions. Cultivant les arts, particulièrement
la musique , comme délassement de ses travaux
administratifs , il prit dans plusieurs journaux la
position de critique et fit paraître un assez grand
nombre de morceaux sur les arts du dessin et
sur la musique dans le Moniteur universel,
dans le Journal général de France, dans le
Consfitutionnel et dans la Minerve. Il fut aussi
un des collaborateurs de la Biographie univer-
selle des frères Michaud, et y fit insérer des
notices, qui ne sont pas sans mérite, surViotti,
j^jme gjgQj gt Baillol. Elles ont été tirées à part,
en brochures in-S". Fondateur de la Société libre
des beaux-arts de Paris, Miel fut chargé de la
direction des Annales de cette société pendant les
années 1830-1840 , et y publia des notices sur
Gluck , Garât , Adolphe Nourrit et plusieurs au-
tres musiciens. Ces morceaux ont été imprimés
séparément. On a de cet amateur une brochure
intitulée: Delà symphonie et de Beethoven;
Paris , 1829, in-8°. Dans les dernières années de
sa vie , Miel s'occupa d'une Histoire de l'art
français considéré dans la peinture, !a sculpture,
la gravure et la musique ; mais il n'eut pas le
temps d'achever cet ouvrage : une maladie de
poitrine le conduisit au tombeau le 28 octobre
1842. Les travaux de ce littérateur, relatifs aux
arts du dessin , sont indiqués dans le supplément
de la Biographie universelle de Michaud. La cri-
tique de Miel, en ce qui concerne la musique,
est en général judicieuse; mais elle a peu de
1 portée dans les aperçus et manque d'originalité.
j Miel était chevalier de la Légion d'honneur,
1 membre de la société des enfants d'Apollon , et
1 de la société d'Émulation de Cambrai. M. Hittorf,
membre de l'Institut de France, a prononcé aux
j funérailles de Miel , au nom de la société libre
! des arts de Paris , un éloge de celui qui en avait
! été le fondateur : ce discours a été publié avec
une notice biographique dans les Annales de la
I société libre des beaux-arts (Paiih, 1845, in-4°).
j II en a été tiré des exemplaires séparés.
I MIGENT (Jean-Piekre), bon facteur d'or-
I gués allemand, a construit l'orgue de l'église Saint-
Pierre, à Berlin, en 1748. Cet instrument est
composé de cinquante registres, trois claviers
à la main et pédale.
MIGLIORUCCI (Vincent), compositeur,
né à Rome en 1788 , a eu pour maître de com-
position Zingarelli , alors maître de chapelle de
Saint-Pierre du Vatican. Cet artiste s'est fait
connaître par une messe solennelle chantée à
Rome , un oratorio , une cantate exécutée au
théâtre Délie Dame, pour le couronnement de
Napoléon comme roi d'Italie , une autre cantate
chantée au Capilole, à l'occasion de l'installation
de l'école des Beaux-Arts, l'opéra ^(/nawo m
Siria, représenté à Naples en 1811 , et Paolo e
Virginia, opéra semi-seria, au théâtre Carcano,
à Milan, en 1813. On connaît aussi de Migliorucci
quelques morceaux de musique instrumentale et
des Canzoni.
MIGiVAUX (Jacques-Antoine DE), pro-
fesseur de musique à Paris, dans la seconde
moitié du dix-huitième siècle, dont le nom vé-
ritable était Demignaux , a publié : 1° Trois
trios pour clavecin, harpe et violon; Paris,
1774. — 2" Trois quatuors pour clavecin, harpe,
violon et alto ; ibid. — 3° Sonates pour clavecin
ou harpe, avec accompagnement de violon ; ibid.
J'ignore si ce musicien est le même qui était
contrebasse au concert spirituel et à la chapelle
du roi en 17()8.
MIGNOIV (...), musicien français qui
vivait h Paris, vers le milieu du dix-septième
siècle, n'est connu que par un recueil publié chez
Robert Ballard en 1664, sous ce titre: Airs à
quatre parties J par M. Mignon, compositeur
à Paris, in-12 obi. Les morceaux contenus
dans ce recueil sont au nombre de vingt-deux.
On n'y trouve ni dédicace, ni préface.
MIGXOT. Voy. L\ Voye MrcNOT.
MIKULI (Chari.es), musicien distingué, né
MIKULI — MILANOLLO
139
à Czernowilz dans la Moldavie, vers 1850, a
Técu quelque temps à Paris, puis s'est fixé à
Lemberg, où il s'est livré à l'enseignement du
piano et à la coroposiiion. Au nombre des ou-
vrages intéressants qu'il a publiés , soit pour le
chant, soit pour le piano, on remarque une
collection de quarante-huit mélodies populaires
de sa patrie , en quatre suites de douze chacune ;
lesquelles ont pour titre : Douze airs nadonaux
roumains ( Ballades , chants des bergers, airs
de danse, etc.) recueillis et transcrits pour le
piano par Charles Mikuli : Léopol, Kailen-
bach, et Jassy, chez Bereznicki. Les arrange-
ments de ces mélodies par M. Mikuli ne ressem-
blent pas à ceux par lesquels on a dénaturé le'
caractère des airs nationaux de toutes les na-
tions: la tonalité bizarre des chants de la Roumanie
y est conserTce intacte , et l'artiste intelligent n'a
pas entrepris d'harmoniser certains passages des
airs appelés Doina et Ilora qui n'auraient pu
être accompagnés d'accords qu'aux dépens du
sentiment original qui les a inspirés.
MILA\ (donLocis), gentilhomme, ama-
teur de musique, né à Valence, en Espagne,
dans les premières années du seizième siècle, est
auteur d'un traité de la viole, intitulé : El
Maestro, o mxisica de viguela de moTio; Va-
lence, 1534, in-fol.
MILA\DRE (....), musicien attaché à la
musique de la chambre de Louis XV pour la viole,
a fait exécuter, au concert spirituel, en 1768, un
Confiteborh voix seule et orgue. En 1776 il a fait
graver à Paris une symphonie a sept parties. On
a aussi de lui une Méthode facile pour la viole
d'amour; Paris, 1782, in-4°.
MILA\1 ( François), né à Bologne, vers les
premières années du dix-septième siècle, fut
maître de chapelle de l'église San-Petronio , de
cette ville, et membre de l'Académie des Filaschi,
où il était appelé «7 solitario. On a imprimé de
sa composition : 1^ Vespri per iuito l'anno a qua-
iro voci con l'organo e senza ; In Venezia, app.
Vincenti, 1635.-2° Litanie e Motettia2 chori
da concerto e da capella; ibid. 1638, in-î".
MILAXO (Jacqces-Fra>çois), marquis de
San-Giorgio et pnnce d'Ardore , naquit le 4 mai
1700 à Polistina, tene appartenant à sa famille,
dans la Calabre ultérieure. Après avoir achevé
ses études littéraires, il voulut développer les dis-
positions naturelles qu'il reconnaissait en lui |)ODr
la musique, et devint élève de Durante. Dès
l'âge (le vingt-trois ans, le prince d'Ardore "ét&it
devenu le meilleur claveciniste de Naples. Il com-
mença alors à composer des exercices pour le
clavecin, mais bientôt il voulut s'essayer dans
des productions plus importantes et mit en mu-
sique plusieurs drames de Métastase, parmi les-
quels on distingue Gioasre di Gixida, la Betulia
libéral a, Angelica e Medoro, de plus, des can-
tates et des messes. Ces ouvrages sont conservés
dans la Bibliothèque du collège royal de musique,
à Naples. Arrivé à Paris en qualité d'ambassadeur
de sa cour près du roi de France (Louis XV),
le prince d'.\rdore y fit naître l'admiration par
son talent. Jean-Jacques Rousseau dit de cet
amateur distingué (1) : « C'est par le grand art
« de préluder que brillent en France les excel-
« lents organistes, tels que sont maintenant les
« sieurs Calvière et Daquin, surpassés toutefois
« l'un et l'autre par M. le prince d'Ardore, am-
« bassadeur de Naples, lequel, pour la vivacité
« de l'invention et la force de l'exécution, efface
« les plus illustres artistes, et fait à Paris l'ad-
« miration des connaisseurs. » Le prince d'Ar-
dore mourut dans sa terre de San-Paolo , le 30
novembre 1780.
MIL.WOLLO (Domemca-Maria-Teresa) ,
aujourd'hui M""* Parmextier, célèbre violoniste,
est née le 28 août 1827 à Savigliano, près de
Turin, et non à Milan comme le dit Gassner (2).
Son père était un pauvre menuisier, dont la famille
était composée de treize enfants. La vocation
; de Teresa se manifesta d'une manière assez
: extraordinaire. Elle n'avait que quatre ans lors-
i qu'on la conduisit entendre une messe en mu-
! sique à l'église de Savigliano : il y avait dans
: cette messe i/n long solo de violon. En sortant de
j l'église, Milanoilo dit à sa fille : Eh bien ! Teresa,
\ as-tu bien prié Dieu ? — ISon,papa , répondit-
; elle, j'ai toujours écouté le violon. Cet instru-
; ment avait agi de telle sorte sur elle, qu'elle s'en
' occupait sans cesse, et demandait à chaque ins-
■ tant qu'on lui en donnât un. Cette idée fixe de
< l'enfant inspira des craintes à son père : il crut
' devoir satisfaire au désir de sa fille, lui acheta
: un petit violon et lui fit apprendre les éléments
'. dé la musique. Bientôt après elle fut confiée aux
soins de Giovanni Ferrero, assez bon violoniste
; établi à Savigliano. Une année d'études suffit pour
I lui faire faire de si grands progrès, que des amis
de la famille conseillèrent à M. Milanoilo de
conduire cet enfant-prodige à Turin. Teresa
avait moins de six ans quand sa famille quitta
Sa>igli3no. A Turin, Teresa prit des leçons de
Gebbaro, violoniste de la chapelle du roi Char-
les-Albert, puis de Mora, artiste de la même cha-
pelle. .\près six mois d'études , et avant d'avoir
atteint l'âge de sept ans, elle débuta à Turin dans
quelques réunions particulières et chez des moi-
fl) Dictionnaire de musique, art. Préluder.
(»1 VniKersaf - Lexikon der Tonkunst, p. cis.
140
IVIILANOLLO
nés, puis elle alla se faire entendre à Savigliano
et dans plusieurs autres petites villes des en-
virons. A Mondovi, elle excita un vif intérêt, et
l'on y fit son premier portrait. Ces succès ne chan-
geaient cependant pas la position de sa famille, qui
végétait dans la misère. MilanoUo prit alors la réso-
lution d'aller en France tenter la fortune. Cette
expatriation fut triste, et ce fut un spectacle tou-
chant de voir un père et une mère entreprendre ce
voyage sans aucune ressource, portant leurs deux
petites filles dans leurs bras, traversant à pied les
Alpes et souffrant de froid et de fatigue, mais sou-
tenus par l'espérance et pleins de confiance dans
le génie d'un enfant de sept ans. La plus jeune des
filles, Maria Milanollo, dont il sera parlé plus
loin , n'était alors âgée que de trois ans. Dans ce
long et pénible pèlerinage, la pauvre famille passa
par Barcelonette, Digne,Aix,et ne s'arrêta qu'à
Marseille.
Ce fut dans cette ville que Teresa se fit en-
tendre en France pour la première fois : elle y
donna trois ou quatre concerts et y produisit une
vive impression. Son père y rencontra un ami
de Lafont qui lui conseilla d'aller directement à
Paris, et lui donna une lettre pour ce célèbre vio-
loniste, .arrivée dans la capitale de la France en
t837, Teresa fut conduite immédiatementcliez La-
font, qui , charmé de sa belle organisation , lui donna
des leçons et la fit entendre cinq fois à l'Opéra-
Comique; puis il proposa à son père de l'em-
mener en Belgique et en Hollande, ce qui fut ac-
cepté. A Bruxelles elle joua dans un concert où
se faisait entendre Servais et y inspira beaucoup
d'intérêt par sa précoce habileté. Lafont pré-
senta la jeune fille comme Son élève dans les
villes principales de la Hollande et la fit entendre
dans des solos et dans des duos concertants avec
lui. Une maladie grave, dont la durée fut de deux
mois, la saisit à Amsterdam, et l'empêcha de
suivre Lafont dans le reste de son voyage. Après
qu'elle eut retrouvé la santé, Teresa joua à La
Haye devant le prince d'Orange, qui, charmé de
son talent , lui fit cadeau d'un beau diamant.
Milanollo conduisit alors sa fille en Angleterre.
A Londres, elle se fit entendre quatre ou cinq fois
au théâtre de Covent-Garden et y joua une sym-
phonie concertante avec le violoniste Mori, qui
lui donna quelques leçons ; puis elle [)arcourut
une partie de l'Angleterre, visita Liverpool, Ply-
ifiouth, et tout le pays de Galles avec le harpiste
Bochsaqiu', spéculant sur le talent de celte enfant,
la fit entendre dans quarante concerts en moins
d'un mois et s'empara de tout le produit des recet-
tes. Une fatigue excessive fut le seul résultat de
cette tournée pour la jeune fille. La famille Mila- =
nollo revint alors en France, et dès ce moment le
père de la virtuose prit la résolution de s'occuper
lui-môme des intérêts de sa fille.
A son retour en France, Teresa donna un con-
cert à Boulogne : elle y fit entendre sa sœur.
Maria, alors âgée de six ans, dont elle avait élé
le professeur, et qui ne reçut jamais d'autres
leçons que les siennes. Maria était aussi douée
d'une rare et belle organisation. Il n'y eut jamais
dans son talent le sentiment et la délicatesse qui
distinguaient le jeu de sa sœur ; mais elle eut plus
de brillant et d'énergie dans les difficultés. Après
ce séjour à Boulogne, la famille Milanollo se rendit
à Paris, où les deux sœurs donnèrent des concerts,
puis elles allèrent produire de vives émotions à
Rouen, au Havre, à €aen, à Dieppe, Abbeville,
Amiens, Arras, Douai, Lille et Dunkerque. A
Lille, une médaille fut frappée en l'honneur des
deux sœurs. Rentrée de nouveau à Paris en 1840,
dans l'intention d'y perfectionner son talent par
les leçons d'un bon maître, Teresa voulut que
son séjour dans cette ville ne fût connu de per-
sonne. Elle se présenta donc chez Habeneck sous
un nom supposé : étonné de trouver tant de
talent dans un enfant, cet artiste célèbre lui de-
manda qui avait été son maître: elle nomma La-
font. Habeneck se souvint alors que cet artiste
lui avait parlé >le son élève avec enthousiasme à
son retour de la Hollande, et il ne douta pas que
ce ne fût le même enfant; mais il respecta l'in-
cognito qu'elle voulait garder. Après quelques
mois d'études, Teresa s'éloigna de Paris sans s'y
faire entendre, n'y voulant revenir que précédée
d'une 'renommée justement acquise. Les deux
sœurs allèrent se faire entendre à Rennes, à
Nantes, puis passèrent par Rochefort et se ren-
dirent à Bordeaux où elles donnèrent douze con-
certs qui eurent un grand retentissement; puis
elles revinrent à Paris , au commencement de
1841, en passant par Angoulème, Poitiers, Tours
et Orléans , où elles eurent de nouveaux et bril-
lants succès. Elles se firent entendre ensemble dans
les salles Herz, Pleyel, Érard, et eurent l'honneur
de jouer devant la famille royale à Neuilly. Ce fut
alors qu'Habeneck, charmé des prodigieux pro-
grès de son élève, résolut de la faire jouer dans
un concert du Conservatoire. Il éprouva quelque
résistance à son désir dans le comité de ces con-
certs ; mais son énergie parvint à la vaincre, et
le 18 avril 1841, Teresa joua dans une de ces
séances la grande polonaise de son maître : elle
y eut un succès d'enthousiasme, et les plus grands
artistes, au nombre desquels étaient Chérubini
etAuber, lui adressèrent des félicitations. M'ie Mi-
lanollo a obtenu depuis lors d'éclatants triom-
phes ; mais aucun ne lui a fait éprouver un (ilaisir
aussi vif que celui-là.
MILANOLLO — MILAMIZIO
141
En quittant Paris peu de temps après, Teresa
se renJit à Boulogne, où elle fit la connaissance
du célèbre violoniste de Bériof, qu'elle suivit à
Bruxelles , ef dont elle reçut des leçons pendant
plusieurs mois. Elle donna ensuite avec sa sœur
environ soixante concerts dans les différentes
villes de la Belgique, à Aix-la-Chapelle, Cologne
et Bonn; puis elles eurent l'honneur de jouer de*
Tant le roi de Prusse au château de Bruhl. Ar-
rivées à Francfort, elles y donnèrent douze con-
certs, sans épuiser la curiosité publique. A Stutt-
gard, à Carlsrulie, elles n'eurent pas moins de
succès, ef, enfin, elles arrivèrent à Vienne, où
leurs concerts s'élevèrent au nombre de vingt-
cinq, au commencement de 1843. Dans cette
même année, les deux sœurs retournèrent dans
leur patrie et se firent entendre à Turin, à Milan
(théâtre de la Scala), à Vérone, Padoue et Ve-
nise. Parties de cette dernière ville, elles retour-
nèrent en Allemagne par Trieste, où elles donnè-
rent un concert au mois de décembre; puis elles
jouèrent à Prague, Dresde et Leipsick. Arrivées
à Berlin dans l'hiver de 1844, elles y donnèrent
un grand nombre de concerts et jouèrent plu-
sieurs fois à la cour. De Berlin, la famille
Milanollo se rendit à Hambourg, où les deux sœurs
donnèrent onze concerts jusqu'au mois de juillet,
après quoi elles allèrent prendre quelque repos
en Belgique. Dans l'hiver suivant elles -allèrent
en Hollande où leur succès eut tant d'éclat,
qu'elles donnèrent dix-huit concerts à Amsterdam.
Au printemps de 1845, elles firent un voyage à Lon-
dres ; mais elles n'y donnèrent qu'un seul concert,
où il y eut peu d'auditeurs. Depuis cette époque
jusqu'en 1847, la même activité se fit remarquer
dans la carrière de ces jeunes artistes, qui visi-
tèrent les provinces rhénanes, la Bavière, les
villes principales de la Suisse et le midi de la
France, recueillant partout les témoignages d'in-
ti'rèt dans l'immense quantité de leurs concerts.
Arrivées à Nancy au mois de juillet 1847, elles
s'y arrêtèrent, et M. Milanollo acheta une belle
propriété à Malezeville, près de cette ancienne
capitale de la Lorraine. Au mois de décembre
suivant, les deux s«turs furent rappelées à Lyou,
où elles donnèrent encore dix concerts. Lors-
que la révolution du mois de février 1848
éclata, la famille .Milanollo se trouvait à Paris,
où les jeunes virtuoses étaient engagées pour
jouer à l'Opéra : elles prirent la résolution
de se réfugier à Malezeville. Elles y goûtaient
les charmes du repos depuis quelques mois
lorsque Maria fut atteinte d'une maladie grave :
on la conduisit à Paris pour la confier aux soins
de médecins célèbres; mais leur art fut impuis-
sant : Maria mourut le 21 octobre 1848, avant
d'avoir accompli sa seizième année, et fut inhu-
mée au cimetière du père Lacliaise.
A près ce malheur, Tere.sa qui, depuis plusieurs
années avait donné tous ses concerts avec sa sœur,
passa plusieurs mois dans la retraite et ne voulut
pas paraître en public. Plus tard elle ne reprit .ses
voyages que pendant l'hiver et passa chaque
année la saison d'été à Malezeville. Dans les der-
niers temps de sa carrière d'artiste, l'année 1851,
fut une des plus remarquables. Au mois de jan-
vier elle donna plusieurs concerts à Strasbourg et
y eut des succès d'enthousiasme. Le l" février
elle quitta cette ville pour aller à Munster, puis
elle parcourut une partie de la Suisse et donna
cinq concerts à Bàle. Au mois de mars elle donna
des concerts à Manheim et à Heidelberg, et le
mois d'avril fut employé à donner huit concerts
au théâtre de Francfort. Le dernier fut pour le
bénéfice des membres de l'orchestre, qui firent
frapper une médaille en son honneur. Repassant
à Strasbourg pour retourner à Malezeville, elle
dsnna le lO mai un concert au bénéfice de l'or-
chestre du théâtre. Ce fut dans ce voyage de 1851
que la célèbre artiste joua pour la première fois
des fantaisies de sa composition, dont une sur
les motifs de la Favorite, et l'autre sur des mé-
lodies de Guillaume Tell. Elle en avait écrit
l'accompagnement pour le piano : un artiste de
talent (M. Liebc) en fit l'instrumentation pour
l'orcl'.estre. Depuis lors M"* Milanollo a composé
des ouvrages pins importants , au nombre des-
quels est un concerto.
Ayant épousé M. Parmentier ( voyez ce nom ),
officier supérieur du génie, elle a cessé de pa-
raître en public et ne s'est plus fait entendre que
de quelques amis. Après avoir habité à Paris
pendant plusieurs années, M™* Parmentier est
établie à Toulouse depuis 1860.
MILAIXTA (Jean-François), musicien ita-
lien du dix-septième siècle, né à Parme, fut
maître de chapelle et organiste de la cathédrale
d'Asola. 11 est connu par un recueil de compo-
sitions religieuses intitulé : Missa, salmi e mo-
tetti con sinfonie a 1, 2, 3, 4, 5 e 8 roci con-
certât i, op. 1; Venezia, Aless. Vincenli; 1649,
et par un autre ouvrage qui a pour titre : Il se-
condo libro de Motetti a 2, 3, 4 e 5 voci con
violini e Litanie a quattro délia beatu Vir-
gine Maria, e 4 Tantum ergo, ibid. 1651,
in-4°.
MILAXdZIO ou MILAXUZZI (Char-
les), moine augustin de Santa Nalaglia, dans
l'État de Venise, fut organiste à l'église Saint-
Etienne de cette ville vers 1615, et plus tarda
Sainte-Euphémie de Vérone. Ses compositions le
placent parmi les musiciens distingués de l'Italie
142
MILANUZIO — MILDER-HAUPTMANN
à celle époque. On connaît de lui les ouvrages
suivants : 1° Messe concertât e a quattro voci,
op. 2; in Vcnezia, Aless. Vincenti, 1618. —
2° Litanie délia Madonna a 4 e 8 voci. op. 5;
ibid. 1620. Il y a une deuxième édition de cet ou-
vrage, publiée cliez le môme éditeur en 1642. —
3° Armonia sacra di concerti, cioe Messe e
Canzoni a cinque voci con il suo basso con-
tinuo per l'organo di Carlo Milanuzii da
Santa Nataglia, maestro di capella in Santa
Eufemia di Verona, opéra scsta , novamente
composta e datain luce ; ibid. 1622, in-4''. On
voit par ce titre que le P. Milanuzio était déjà
attaché à l'église Sainte-Euphémie de Vérone en
1622. L'épître dédicatoire, auP, Léonardo Zorzi,
premier organiste de la même église, est datée de
Venise, le 10 mars 1622. Il y a une autre édition
du même ouvrage, publiée à Venise, chez le même
éditeur, eiî 1632. — 4" Sacra cetra, concerti
con affetti ecclesiasticia 2, 3, 4 e a voci, con
ragghinta di sei Motetli commodi per il basso
solo, lib. 1 e 2. op. 12 e 13; ibid, 1625. —
5** Ariose vaghezze a voce sola, libri 1, 2, 3,
4, 5, 6, 7, 8. ibid ; 1625. — 6° Salmi e Vesperi
intieri a 2 e 3 voci con il basso per Vorgano;
ibid, 1628, in-4° — 7' Messe a tre concertate
che si possono canfare al e U voci. op. 16;
ibid, 1629, in-4°. — 8° Compieta concertata
con le antifonie e litanie, ai, 2, 3 e 4 voci;
ibid. — 9° Balletti, saltarelli, e correntine
alla francese, lib. 1. — 10" Concerti sacri di
salmi a 2 e 3 voci , con il basso continua ,
lib. I. op. 14 ;ibid, 1636. C'est une réimpression.
Idem, lib. 2, — U" Jlortus sacer deliciarum,
sexi motetli, litanix et missa \, 2 e 3 vocum.
lib. 3. op. 19; Venise, Vincenti, 1636. Les autres
ouvrages de Milanuzio me sont inconnus.
MILCHMEYER ( Philippe-Jacques ), pro-
fesseur de harpe et de clavecin, né à Francfort-
sur-le-Mein, en 1750, était lils d'un horloger. U
fut d'abord attaché à la musique de l'électeur de
Bavière, Técut à Paris depuis 1770 jusqu'en 1780,
puis se fixa à Mayence en qualité do mécanicien
de la cour. Il y inventa un piano mécanique, dont
on trouve une description assez obscure dans le
Magasin musical de Cramer (t. 1, pag. 10-24
et suiv.). Cet écrivain prétend que cet instru-
ment avait trois claviers, et qu'il pouvait produire
deux cent cinquante variétés de sonorités, ce qui
est fort difficile à croire. On pouvait aussi diviser
cet instrument en plusieurs parties, pour qu'il
put être joué par différentes personnes à la fois.
Milchmeyer paraît avoir vécu quelque temps à
Dresde dans les dernières années du dix-huitième
siècle, car il y a publié un traité de l'art de jouer
du piano, sous ce titre ; Anfangsgrundc der
Muzik um des Pianoforle sowohl inRuc/.sich
des Fingersatzes, als auch des Manieren , des
Ausdrucks und richtigen spielen zu lernen
von P. J. Milchmeyer, Hofmusikus Sr. Durchl.
des Churfiirsten von Baiern; Dresde, chez
l'auteur, 1797, in-fol. On trouve une analyse
favorable de cet ouvrage dans la première année
delà Gazette musicale de Leipsick (pag. 117 et
135). Vers 1803 Milchmeyer alla s'établir à Stras-
bourg, comrne professeur de piano : il avait été
frappé d'apoplexie et ne pouvait plus marcher
quand il arriva dans cette ville. Il y donnait des
leçons chez lui, assis dans un fauteuil à roulettes,
et avait la réputation d'être bon maître, particu-
lièrement pour la fenue de la main et le doigté.
M. Parmentier (voyez ce nom), qui a fait des re-
cherches sur cet artiste dans les registres de l'état
civil, à Strasbourg, a trouvé qu'il est décédé dans
cette ville le 15 mars 1813,à l'âge de soixante-trois
ans. On ne connaît pas aujourd'hui de compositions
de Milchmeyer.
MILDE (Th. ). On a publié sous ce nom :
Uebcr das Leben und die Werke der belieb-
testen deulschen Dichter und Tonsetzer ( Sur
la vie et les ouvrages des meilleurs poètes et mu-
siciens allemands) ;Meissen, 1834, 2 parties in-8".
Il y avait un chanteur de ce nom à Weimar en
1848 ; il est peu vraisemblable que ce soit l'auteur
de cet ouvrage.
MILDER-HAUPTMAAN (M'"'' Pauline
Anne), célèbre cantatrice allemande, fille d'un
courrier de cabinet de la cour impériale de Vienne,
est née en 1785àConstantinopie,oiison père était
en voyage. Conduite ensuite à Vienne, la mort
de son père l'obligea d'entrer chez une dame
de condition, comme femme de chambre. Schika-
neder, directeur de spectacle à Vienne , l'a>ant
entendue par hasard, fut frappé de la beauté de
sa voix, et l'engagea à se vouer au Ihéùtre, olfrant
de faire les frais de son éducation musicale. Elle
accepta ses propositions, et devint l'élève d'un
maître de chant nommé Tomascelli, puis de
Salieri. Il paraît toutefois qu'elle fit peu de
progrès dans l'art du chant, et qu'elle dut sur-
tout ses succès à la beauté remarquable de son
organe. Cet avantage si rare lui fit obtenir presque
à ses débuts un engagement au théâtre de la cour
impériale. Sa réputation s'étendit bientôt dans
foute l'Allemagne, et des offres lui furent faites
de plusieurs villes pour l'attacher à leurs théâtres.
Elle brillait surtout dans la musique tragique,
particulièrement dans les opéras de Gluck. Sa
haute stature et la beauté de ses traits semblaient
d'ailleurs l'avoir destinée à ce genre dramatique.
En 1808 elle visita quelques grandes villes. De
retour à Vienne après un voyage couronné de
MILDER-HAUPTMAMS — MILLER
14;
succès:, elle eut un nouvel engagement à la cour
en qualité «le première cantatrice En 1810 elle
devint la femme d'un riche bijoutier nommé
Hauptmann. Deux ans après elle fit un voyage à
Berlin, où elledébuta dans VIphigénie en Tauride,
de Gtuck. Les connaisseurs ne lui trouvèrent
pas un talent égal à sa réputation, mais le
public, cliarmé par ses avantages naturels,
i'applautlit avec transport. Ses succès furent
semblables dans quelques autres capitales de
l'Allemagne ou elle se lit entendre. £n 1816,
elle contracta un engagement fixe avec le théâtre
royal de Berlin, où elle brilla pendant douze ans
dans tous les grands rôles du répertoire. Vers la
fin de 1829, de Tives discussions avec Sponlini
l'obligèrent à se retirer. Elle visita alors la Russie,
la Suède et le Danemark; mais Taffaiblissement
de son organe ne lui permit plus de se faire en-
tendre que dans des concerts où elle ne chantait
que des airs simples de Haendel et de Mozart.
Elle n'était plus que l'ombre d'elle-même lors-
qu'elle chanta à Vienne en 1836. Ce fut la der-
nière apparition qu'elle lit en public. Depuis lors
elle vécut dans la retraite. Les rôles àUphigénie,
û'Armide, d'Elvire dans Don Juan, de Médée,
et de Slatira dans Olympie, ont éié ceux où
elle a particulièrement brillé. Mme Milder-Haupt-
mann est morte à Berlin,^ le 29 mai 1S38.
MILDXER (Macrice), né en 1812 à Tur-
nitz , en Bohême , a reçu son éducation musi-
cale au Conservatoire de Prague, et est devenu
un des violonistes distingués de l'époque actuelle
en Allemagne, sous la direction de Pixis, profes-
seur de cette école. En 1828, ses éludes scolastî-
qnes élant terminées , il est entré à l'orchestre
du théâtre royal de Prague, en qualité de pre-
mier violon solo. Il a composé quelques mor-
ceaux pour son instrument, mais aucun n'a
été publié jusqu'à ce moment, hl, Mildner a été
nommé professeur du Conservatoire de Prague
en 1842. Ses meilleurs élèves sont Laub et Drey-
schok, frère du pianiste de ce nom.
M1L.ËT ( JACQtEs), cordelier de la stricte ob-
servance, né à Drogheda en Irlande, vers 1590,
vécut au couvent des cordeliers irlandais appelés
de Saint- Isidore, à Naples, et y mourut en
1639. Il a écrit un traité de musique intitulé :
DeW Arte 7nusica ossia metodo di canto,
îs'aples, 1630, in 8".
MILHES( Isidore), professeur de chant et
compositeur, né à Toulouse vers 1806, apprit à
jouer du violon à l'âge de douze ans, et com-
mença l'étude du chant en 1824. Admis au Con-
servatoire de Paris comme pensionnaire, il y
compléta ses études musicales. Après avoir dé-
buté comme baryton au théâtre de Marseille, il
se rendit à Milan avec une lettre de reconiman-
dation de Rossini pour le professeur de chant
Banderali , avec qui Milliès travailla quelque
temps. De Retour en France , il a chanté au
théâtre des Nouveautés les traductions d'o-
péras italiens; puis, en 1835, il fut attaché au.
théâtre de Nîmes , et dans l'année suivante, il
donna des représentations à celui de Toulouse.
Rentré à Paris vers la fin de 1836, il débuta à
rOpéra-Comique dans le rôle de Zampa ; mais
n'y ayant pas eu d'engagement, il se rendit en
Amérique. En 18!i0 il revint en Europe et fut
engagé dans une compagnie italienne pour l'Es-
pagne. Fixé e/itiu à Paris , il a quitté la scène
et s'est livré à l'enseignement du chant. Comme
compositeur, il a publié un grand nombre de ro-
mances, de duos pour léchant, d'airs, et d'hymnes
religieuses. On a de lui une méthode de chant.
MILHËYRO (.\moixe), compositeur por-
tugais, né à Braga, était, au commencement da
dix-septième siècle , maître de chapelle à la ca-
thédrale de Coimbre, puis fut appelé à Lisbonne,
où il obtint un canonicat. On a de lui : Rituale
romanum Pauli V jussu edilum, subjuncta
missa pro defunctis à se musicis numeris
adapiata, cantuque ad generalem regni con-
suetudinem redacta ; Ccimbre, 1618, in 4". Mil-
heyro a laissé aussi en manuscrit un traité con-
cernant la théorie de la musique.
MILIOA'I ( Pierre), musicien du seizième
siècle, né à Rome, a publié dans cette ville un
livre de tablature de guitare sous ce titre : Il
primo, seconda e ierzo libro d'iniaiolatura,
sopra i quali ciascuno da se medesimo puà
imparare a suonare di chitarra spagnuola,
accordare , fare il trillo, il ripicco, e anco
trasmufar sonate da una leifera ail' altra
corrispondente. Mersenne en cite une édition
publiée à Rome, en 1624 {Hannon. umVé
Traité des instruments, livre II, p. 96 verso).
La quatrième édition de cet ouvrageest datée de
Rorne, 1627, in-8'' oblong. E.-L. Gerber en cite
une de 1638, sous le titre de Corona delprimOj
seconda e terzo libro d'intavolatura, etc*
C'est probablement la cinquième.
MILIZL\ (François), littérateur italien , a
fourni des renseignements sur les théâtres de
l'Italie dans un écrit intitulé : Del Teatro, Rome
1771. Il en a été publié une deuxième édition à
Venise, 1773, in-4° de 100 pages.
MILLER ( Le P. Jea.vPierre) , recteur et
sous-prieur du monastère de Marienthal, vers
le milieu du dix-huitième siècle, est auteur d'une
dissertation intitulée : De fatis artis musicx
brevis ac saccincta prolusio qua ad déclama'
tio}ies aliquot A. D. M... Apr. bénigne au-
\44
MILLER
diendas pairones et fauiores decenter invitât
elc. Helmstadii , Mich. Gunther Leuckart,
1754, in-4°, de 16 pages.
MILLER (Édocard) , docteur en musique,
naquit en 1731 , à Doncaster, et (it ses études
musicales sous la direction de Burney, auteur de
l'Histoire de la musique. A l'âge de vingt-cinq
ans il fut nommé organiste dans sa ville natale ,
et pendant cinquante ans il occupa cette place.
Jusqu'à ses derniers jours, il donna aussi des
leçons de piano. Il mourut à Doncaster le 12 sep-
tembre 1807 , à l'âge de soixante-seize ans.
On a publié de cet artiste : 1° Six solos pour la
flûte allemande , sous ce titre : Solos for the
German flûte wiih remarks on doxMe ton-
guing ,• Londres, 1752 . — 2° Six sonates pour le
clavecin ; ibid., 1768. — 3" Élégies avec accom-
pagnement de clavecin, 1773, — 4° Douze chan-
sons anglaises ; idem, ibid. — 5" Sélection of
psalms (choix de psaumes mis en musique);
ibid., 1774. Cette collection a été si favorable-
ment accueillie du public , que le nombre des
souscripteurs s'est élevé à cinq mille. — 6° Quel-
ques psaumes de Watts et de Wesley à 3 voix,
à l'usage des méthodistes; Londres, 1801.
— 7° Institutes of Music for young beginners
on the harpsichord (Prinâpes, de musique pour
les clavecinistes commençants); Londres, 1771.
Cet ouvrage a obtenu un si brillant succès, qu'il
en a été fait seize éditions. — 8° Letiers in be-
halfofprofessorsofmusicresiding in the coun-
iry ( Lettres en laveur des musiciens de la campa-
gne) ; Londres, 1784, in-4°. — 9° Eléments of
the Thoroiighbass and composition (Éléments
de la basse continue et de la composition) ; Lon-
dres, 1787, in-fol. Miller a traduit en anglais le
Dictionnaire de musique de J.-J. Rousseau ,
mais sa traduction, dont dix-huit feuilles envi-
ron avaient été imprimées, n'a point été publiée. I
Il en existe trois ou quatre exemplaires formés
de bonnes feuilles qui avaient été fournies à l'au-
teur pendant l'impression : c'est une rareté bi-
bliographique fort recherchée en Angleterre.
MILLER (Jules), chanteur et composi-
teur, est né à Dresde en 1782. Dès l'âge de huit
ans, ses dispositions pour la.rausique étaient re-
marquables. Il possédait aussi une voix deso- ,
prano si belle, qu'il fut emmené à Prague en '
1794 pour chanter au couronnement de Tempe
reur. Cependant it-ne recevait point de leçons
de musique et ne s'instruisait dans cet art que
par instinct. Vers cette époque il commença ce-
pendant l'étude du violon sous la direction d'un
maître obscur : il parvint sur cet instrument à
une assez rare habileté. En 1799 il entreprit un
Yoyage et donna, comme violoniste , un con-
cert à Halle, qui fut dirigé par Tiirk. De là il
alla à Amsterdam, et y débuta comme ténor au
théâtre allemand. Il y joua le rôle de Tamino
dans la Flûte enchantée. Cet essai fut heureux.
Miller chanta ensuite à Flensbourg et au théâtre
de la cour, à Schleswig. Ce fut à celui ci qu'il
fit représenter en 1 802 son premier opéra intitulé :
ûer Fregbrief {Le PrhWége) , qui fut applaudi
avec chaleur. L'année d'après il fut attaché au
théâtre de Hambourg : c'est là que s'établit
sa réputation comme chanteur dramatique , et à
cette époque il fut considéré comme le meilleur
ténor de l'Allemagne. A Breslau , où il alla en
quittant Hambourg, il se lia avec Berner et Ch.
M. Weber. L'amitié de ces deux hommes re-
marquables en des genres différents, exerça une
heureuse influence sur la direction de Miller
dans la composition, et les connaisseurs cons
tatèrent ses progrès dans l'opéra qu'il fit repré-
senter à Breslau sous ce titre : Die Vencand-
tung (La Métamorphose). Cet ouvrage fut joué
avec succès dans plusieurs grandes villes de
l'Allemagne, entre autres à Hambourg et à Ber-
lin. Après avoir joué dans celle-ci, à Vienne, à
Dessau et à Leipsick, il fut attaciiéà une troupe
ambulante depuis l'année 1810 jusqu'en 1813;
situation peu convenable pour un artiste si re-
marquable, mais que. son esprit de désordre et
d'indépendance lui faisait trouver agréable. C'est
dans cette période qu'il fit jouer à Leipsick son
Officier cosaque, devenu populaire en Alle-
magne. Il avait pris la résolution de se rendre en
Russie , et déjà il était arrivé à Varsovie lors-
qu'il reçut de Kotzebue une invitation pour se
rendre à Kœnigsberg, où il fut engagé pour le
théâtre. Il y écrivit son opéra intitulé : Die Al-
pen'imtte (La Chaumière des Alpes) , et Her-
rnann et Thusnelda : les livrets de ces deux ou-
vrages avaient été composés pour lui par Kotze-
bue. En 1816 il se fit entendre de nouveau à
Berlin, puis à Francfort-su r-le-Mein, où le pu-
blic l'accompagna en triomphe jusqu'à sa de-
meure après une représentation de L» Clé-
mence de Titus, de Mozart. Le grand-duc de
Jlesse-Darmstadt l'engagea ensuite pour son
théâtre où les conditions les plus avantageuses
lui furent faites. Cependant il n'y resta que
jusqu'en 1818, et de là il alla à Hanovre. En
1820 on le retrouve à Amsterdam où il passa
plusieurs années, quoiqu'il fît de temps en temps
des voyages en Allemagne pour y faire représen-
ter ses ouvrages, entre autres sa Mérope, que
Spohr considérait comme une des bonnes pro-
ductions de l'époque. En 1627, Miller ht îin
voyage à Paris; l'anncesuivante il était à Bruxelles,
où il donnait des concerts avec Droiiet. De là il
MILLER — MILLEVILLK
145
aiia donner des représentations à Riga, Pcters-
boiirg et Moscou. De retour à Liibeck et à Haai-
bourg en 1830, il ne s'y arrêta pas longtemps,
car rannée d'après il était à Berlin, où il don-
nait des leçons de chant. En 1833, il prit la direc-
tion du théâtre de Dessau . Depuis ce temps le
désordre de sa conduite le jeta dans une sorte
d'abrutissement où il ne lui resta plus même le
souvenir de sa gloire passée. Séparé de sa femme
et de ses enfants qui languissaient à Dessau dans
une protonde misère , il traîna de ville en ville
une existence dégradée. Il est mort à Charlot-
tenbourg, près de Berlin, le 7 avril 1851. Outre
les opéras de cet homme singulier, cités plus
haut, on connaît aussi de lui les petits opéras
intitulés : Julie ou le Pot de fleurs , le Bou-
qtiei rendu, et Michel et Jeannette. Soa dernier
ouvrage dramatique est un opéra-comique inti-
tulé : Perruque et musique , qui fut représenté
à Dresde, en 1846. On agravé de sa composition :
1® La partition de l'Officier cosaque, réduite
pour le piano ; Dresde, Hilscher. — 2° Plusieurs
recueils de chants à trois et à quatre voix , des
canons, et des chansons à voix seule avec ac-
compagnement de piano. Il avait en manuscrit
des messes à grand orchestre, des motets, le
Pater noster de KIopetock, et des ouvertures
de concert. On connaît aussi de lui Six Chants à
voix seule et à 4 voix avec accompagnement
de piano , op. 28 ; Leipsick , Hofmeister ; Six
Chants à 4 voix d'hommes; Demandée^ réponse
pour 4 ténors et 4 basses. — Une tille de Miller,
cantatrice, a été attachée aux théâtres de Dus-
seldorf, Casse!, Berlin et Vienne, depuis 1835
jusqu'en 1846.
MILLET (Jean), chanoine et premier chantre
à la cathédrale de Besançon, naquit vers 1620, à
Fondremand, bailliage de Yesoul, de parents sim-
ples cultivateurs. Après avoir été attaché comme
enfant de chœur à la musique de la cathédrale
de Besançon, et y avoir terminé ses études, il
embrassa l'état ecclésiastique, et resta attaché à
la même église. L'archevêque Antoine-Pierre
de Grammont, qui protégeait Millet, le chargea
de publier de nouvelles éditions des Livres de
choeur. Il mourut vers 16S2. On a de lui : Di-
rectoire du chant grégorien; Lyon, 1666,
in-4° de 176 pages; bon ouvrage où il y a de
curieuses observations sur les rapports des
modes anciens avec les huit tons du plaincLant.
On lui attribue aussi l'Art de bien chanter en
musique, ou la Belle Méthode, qu'on dit avoir
été gravé par Pierre de Loisy ; mais l'existence
de ce dernier ouvrage n'est pas bien prouvée;
à moins que ce ne soit le précédent présenté
sous un autre titre; ce qui est vraisemblable,
BIOGR. l'SlV. DES MUSICIESS. — T. VI.
car le P. Martini cite ce dernier ouvrage dans le
premier volume de son Histoire de la musique,
sous la date de Lyon, 166C.
MILLEVILLE ( Jean DE ) , musicien
français, vécut dans la première moitié du sei-
zième siècle , et fut attaché au service de Renée
de France , fille de Louis XII, qui avait épousé
Hercule II d'Esté , duc de Ferrare. Parmi les ma-
nuscrits de la Bibliothèque impériale de Paris, on
trouve, dans un volume coté F 540 du supplé-
ment, une piètfc qui a pour titre : Rolle des gen-
tilshommes, dames et damoiselles, et officiers
de la maison de très-haute et très-puissante
dame Renée de France, duchesse de Ferrare,
dressé par maître Guillaume Barbet, commis
de ses finances; on y lit à l'article de la cha-
pelle : « Jean de Milleville , que monseigneur le
a duc de Ferrare amena de France chantre en
p. sa chapelle , envoyé quérir par madite dame
o avecque promesse de gaiges qu'il eust, et de-
« puis ayant ledit sieur laissé sa chapelle, elle l'a
« accepté et retenu aux mômes gages et estats. »
On trouve dans le huitième livre de . motets
publiés par Pierre Attaignant , sous le titre de
Liber octavus XX musicales motetos quatuor,
quinque, vel sex modulas habet ( Paris, 1534,
in-4° obi. gothique), un Ecce nos reliquitnus
à quatre voix, indiqué sous le nom de Jean de
Ferrare ; il y a quelque vraisemblance que cette
composition est du Jean de Milleville dont il
s'agit ici , car il était d'usage alors de désigner
les artistes par quelque sobriquet , par le lieu
de leur naissance , ou par celui de leur habita-
tion ajouté à leur prénom. Jean de Milleville
dut aller à Ferrare vers 1530 , car le mariage du
souverain de cette ville avec Renée de France
n'eut lieu qu'à la fin de juin 1528, et l'on voit
que celte princesse ne l'emmena pas avec elle ,
mais qu'elle Venvoya quérir.
MILLEVILLE (Alexandre), excellent or-
ganiste, était fils du précédent. Il naquit en 1521,
non à Ferrare, comme il est dit dans la première
édition de la Biographie universelle des mu-
siciens, mais à Paris. Il était âgé de neuf ans
lorsque son père alla se fixer à la cour de Fer-
rare. J'étais alors dans le doute s'il était fils ou
petit-lils de Jean, parce que j'avais trouvé dans
un catalogue un ouvrage imprimé sous le nom
de Millemlle en 1629; mais on verra dans
l'article suivant que cet ouvrage appartient à son
fils , François Milleville, dont aucun biographe
n'a parlé. D'autre part , on voit dans VApparato
degli uomini illustri di Ferrara (p. 130),
qu'il mourut à l'âge de soixante-huit ans, ainsi
que l'indique son tombeau placé dans l'église
de Saint-Roch à Ferrare. Enfm , un recueil de
10
146
MILLEVILI,E — MILLIN
Madrigaux d'Alexandre MJlleville ayant été im-
primé à Venise en 1575, je disais qu'en supposant
qu'il ne fût âgé que de vingt ans lorsqu'il écrivit
cet ouvrage, il serait né en 1555, et n'aurait pas
eu soixantb-huit ans en 1629, mais soixante et
quatorze. Tous les doutes sont dissipés aujour-
d'iiui à ce sujet, car Frizzi établit d'une ma-
nière certaine dans ses Memorie per la Storia
di Ferrara ( T. IV, p. 414 ) qu'Alexandre Mil-
leville mourut le 7 septembre 1589, à l'âge de
soixante-huit ans : il était donc né en 1521.
et était fils de Jean. Il fut grand organiste pour
son temps et compositeur de mérite. 11 ne fut
pas le maître de Frescobaldi , comme on l'a cru
jusqu'à ce moment, car celui-ci ne naquit qu'en
1587 ou 1588, comme je l'ai démontré. Tout le
reste de la biographie d'Alexandre Milleville qui
se trouve dans la première édition de mon livre
appartient à son fils François. On ne connaît
d'Alexandre Milleville que des Madrigali a
cinque voci, imprimés à Venise, en 1575,
in-4».
MILLEVILLE ( François ) . fils du précé-
dent, naquit à Ferrare, vraisemblablement
vers 1565. Tout ce qu'on trouve dans les ou-
vrages d'Augustin Superbi et de Quadrio, con-
cernant Alexandre Milleville, ne peut lui appar-
tenir, parce que la date de sa mort, donnée dans
l'article précédent, ne. peut se concilier avec les
faits rapportés par ces auteurs : il est donc évi-
dent que ces faits concernent le fils de cet ar-
tiste. Ce fut donc François Milleville qui , après
avoir été au service du roi de Pologne , passa
à celui de Rodolphe II, et qui revint en Italie
en 1612, après la mort de ce monarque, et y re-
trouva son ancien élève Frescobaldi (1), avec
qui il se rendit à Rome en 1614. Postérieurement
à cette date, il eut la place de maître de chapelle
de la cathédrale de Volterra; mais il la quitta
quelques années après pour celles de maître de
chapelle et d'organiste de la cathédrale de
Chioggia, dans l'État vénitien, ainsi qu'on le
voit par les frontispices de ses derniers ouvrages.
Il y vivait encore en 1639, et était alors âgé à'ea-
viron soixante-quinze ans. On a de cet artiste :
1° Harmonici fiori , madrigali a due, ire et
quatiro voci, en six livres. Le premier a paru
en 1614, à Venise, et le dernier en 1624. — 2° Il
primo libro de' Madrigali in concerto a 4, 5 c 8
voci in occazione délie nozze del Sig. Conte
(1) Dans la notice de Frescobaldi, j'at suivi la tradition
et j'ai dit qu'il fut élève d'Alexandre Milleville, mais les
renseignements que vient de rae fournir le livre de Frizrl,
cité dans l'article précédent, m'ont éclairé. Frescobaldi, né
en 1537 ou 1588, n'a pu être l'élève d'un, homme mort
CD1&89
Vincenzo Cantalamai, op. 3 ; in Venezia app.
Giac. Vincent! , 1617, in-4°. — 3° Messa in
concerto. Domine, Dixit, Magnificat a oito
voci, e un motetto a 9, op. 5 ; ibid, 1626, in-4''.
C'est une deuxième édition. — - 4° Il seconda
libre délie Messe, una ai voci in concerto, e
due a otto voci, op. 6; ibid, 1617, in-4°. —
5" Motetti a 2, 3, 4, 5 et 6 voci, en sept livres ;
le dernier a paru en 1626. — 6° Letanie delta
B. V. con le sue aniifone a 8 voci, op. 8 ; in
Venezia app. Aless. Vincenti, 1619. — 1° Messe
e Salmi a 3 voci, op. 17; ibid, 1620. —
8° Concerti spirituali «1,2,3,4 voci, lib. I.
ibid. — 9° Gemme spirituali al e 3 vocij
ibid., 1622. — 10° Letanie délia B.V.a^ voci
concert, op. 19. etlQ; ibid., 1639.
MILLICO ( Joseph ) , compositeur et chan-
teur distingué, naquit en 1739 à Terlizzi,
ville de la Pouille, et non à Milan, comme
le prétend l'abbé Bertini. On manque de ren-
seignements sur sa jeunesse et ses études ; on
sait seulement qu'il subit fort jeune la castra-
tion, et que sa voix devint un fort beau soprano.
Gluck, qui l'avait entendu en Italie, le considé-
rait comme un des plus grands chanteurs de
cette époque. Lorsque Millico visita Vienne
en 1772 et y fut attaché au théâtre de la cour,
cet illustre compositeur le choisit pour donner
des leçons de chant à sa nièce. En 1774 Millico
s'éloigna de Vienne et se rendit à Londres, où il
chanta pendant les années 1774 et 1775, puis il
alla à Berlin. De retour en Italie vers 1780, il
fut attaché à la musique du roi de Naples, et y
jouit d'une faveur décidée dont il abusa quelque-
fois, dit-on, pour opprimer d'autres artistes qut
excitaient sa jalousie. Parmi les compositions de
Millico, on remarque: 1° La Pietà d'amore ,
opéra semi-séria, représenté à Naples en 1785.
— 2" La Zelinda, opéra séria, ibid., 1787.
— 3" Nonna per fare dormire i Bambini;
Naples, 1792. — 4° Cantates avec instruments :
Il pianto d'ErmiiUa ; La morte di Clorinda ,•
La JSutrice d'Ubaldo. — 5° Aiiettes ita-
liennes , avec accompagnement de harpe , r%
2roe et 3"* recueils, chacun de six ariettes;
Vienne, Artaria. — 6° 12 Canzoneltes avec ac-
compagnement de piano et violon; Londres, 1777.
7° Duos nocturnes pour deux ténors, deux
violons et piano , en manuscrit.
MILLIN (AuBiN-Lotis), connu particulière-
ment sous le nom de Millin de Grandrnaison ,
naquit à Paris le 19 juillet 1759. Après avoir ter-
miné ses humanités, il .se livra à l'étude des
sciences , de la philologie, et à des rpcherches
littéraires. A l'époque de l'organisation des écoles
centrales, il fut nommé professeur d'histoire à
MILLIN — MIMIN'ERME
147
celle de Paris ; puis il succéda à l'abbé Bartlié-
Jcmy en qualité de conservateur du cabinet des
antiques de la Bibliothèque nationale. Il con-
serva cette place jusqu'à sa naort, arrivée le
14 août 18 IS. Au nombre des ouvrages de ce sa-
vant inratigable on trouve nn Dictionnaire des
Beaux-Arts; Vàiii, 1806, 3 vol. in-8° ; ouvrage
recherché et devenu rare , qui n'est qu'une tra-
duction de la Théorie des Beaux- Arts de Sulzer,
avec l'addition d'un certain nombre d'articles
concernant les antiquités, mais oîi Millin n'a
pas fait entrer l'important supplément de Blan-
kenburg. On y trouve de bons articles relatifs
à la musique.
MILLOT (Nicolas) était en 1575 un des
maîtres de la ciiapelle de musique de Henri III,
roi de France. Il obtint, dans cette année, le
prix de la lyre d'argent au conconrs du Piiy de
mxtsique, à Évreux , pour la composition de la
chanson à plusieurs voix qui commençait par
les mots : Les espicz sont à Cérès. ( Voyez l'é-
crit intitulé Puy de musique érigé en l'honneur
de Madame sainte Cécile, publié d'après un
manuscrit du seizième siècle, par M. Bonnin et
Chassant, p. 53.) On trouve dans le Septième
livre de charisons nouvellement composées
en musique par bons et excellents musiciens
( Paris, Nicolas Duchemin, 1557, in-4"), trois
chansons françaises à 4 voix, lesquelles sont de
Millot, sous les noms de Nicolas , et Nicolas M.
Le dix-neuvième livre de chansons nou-
vellement composées à quatre et cinq parties
par plusieurs autheurs, imprimé à Paris,
en 1567, par Adrien Le Boi et Bobert Ballard ,
contient trois chansons de Millot , dont les pre-
miers mots sont : Ma Maîtresse; Je l'ay si
bien; Le Souvenir. En^n, la chanson à trois
Toix du même, Je m'en allais , se trouve dans
le premier livre des chansons à 3 parties, com-
posées par plusieurs auteurs; ibid., 1578.
MILTITZ ( Charles-Borromée DE ), cham-
bellan du roi de Saxe, conseiller intime et
gouverneur du prince royal , naquit a Dresde
le 9 novembre 1781. Un penchant décidé
pour la poésie et plus encore pour la musique ,
se manifesta eu lui dès son enfance. A l'âge de
onze ans il étonnait déjà par sa manière de jouer
sur le piano les morceaux difficiles de cette
époque. Le plaisir qu'il eut alors à entendre la
Flûte enchantée , de Mozart , lui inspira le vif
désir de composer aussi , et sans autre guide
que son instinct , il se mil à faire quelques es-
sais. Destiné à la carrière des armes , il entra au
service à l'ûge de seize ans ; mais la vie de gar-
nison n'interrompit pas ses études poétiques et
musicales. Plus tard il entra dans la garde royale
à Dresde et y passa cinq années pendant les-
quelles il perfectionna son instruction près d'un
maître de composition et par sa correspon-
dance avec Boclilitz. Hn ISil il demanda sa
retraite de la garde, et alla s'établir dans une
maison de campagne à Scharffenberg , près de
Meissen, dans l'espoir de se livrer en liberté anx
arts qu'il affectionnait; mais la guerre qui se
déclara l'année suivante vint l'arracher à sa re-
traite, et l'obligea à reprendre du service. La
paix le rendit à ses travaux en 1814; il pro-
fita du repos qu'elle lui laissait pour recom-
mencer ses études de composition avec Wein-
lig, élève de l'abbé Mattei , et en 1820 il fit un
voyage en Italie pour achever de s'instruire dans
l'art. Pendant un séjour de huit mois à Naples,
il écrivit un opéra bouffe pour un des théâtres
de cette ville; mais cet ouvrage ne fut pas re-
présenté. De retour à Dresde en 1823, il y fut
élevé aux dignités de chambellan du roi et de
gouverneur du prince royal, mais cette haute
position ne l'empêcha pas de cultiver les arts
comme il le faisait auparavant. Il est mort à
Dresde le 18 janvier 1845. Ses principales pro-
ductions sont une messe solennelle ( en sol mi-
neur ) dont on parle avec éloge en Allemagne ,
une ouverture de concert inspirée par les poé-
sies d'Ossian, et l'opéra de Saûl , joué avec
succès à Dresde en 1833, et ilont la partition, ar^
rangée pour ie piano, a été publiée à Leipsick, chez
Breitkopf et Haertel. Les autres opéras de M. de
Miltitz sont Alboin et Rosamunde , composé
en 1835, et Czerni Georges, représenté à Dresde
en 1839. Parmi ses compositions religieuses , on
remarque un Stabat Mater, exécuté à Dresde
en 1831, et un Requiem qui fut entendu dans la
même ville en 1836. Son ouverture pour le drame
de Schiller, la Fiancée de Messine, a obteuu du
succès en Allemagne. M. de Miltitz a écrit aussi
beaucoup de morceaux pour le piano et des chan-
sons allemandes dont on a publié quelques-unes
à Meissen et à Leipsick. On a aussi de lui de
bonnes observations sur la situation de la musi-
que en .Allemagne et en Italie , dans les Oranien-
blijetter (Feuilles d'oranger), qui parurent de-
puis 1822 jusqu'en 1 825, en trois volumes in-S".
Enfin, il a fourni quelques articles concernant
la musique à VAbendzeitung (Gaz. du soir) de
Dresde, à la Gazette musicale de Leipsick, et
au recueil intitulé Csecilia (t. 10, p. 282 et suiv.,
et t. 17, p. 180 et suiv.).
MIMiXERME, joueur de flûte et poète élé-
giaque , était originaire de Colophon , de Smyrne
ou d'Astypalée. Il fut contemporain deSolon, et
se distingua surtout par ses élégies, dont il ne
nous reste que quelques fragments conservés par
10.
148
MIMNERME — MINGOÏTI
Stobée . Horace préférait Mimnerme à Callimaque,
et Properce dit qu'en matière d'amour ses vers
valaient beaucoup mieux que ceux d'Homère :
rius in amore valet Mimnerml versus Homero.
(Lib. I, Eleg. 9, vers. II.)
On peut consulter sur ce poëte musicien :
1° Schœnemann (Philippe-Christian -Charles),
Commentatio de vita et carminibus Mimaermi^
Gotlingue, 1823, in-4°. 2° Marx (Christian),
Dissertaiio de Mémnermo; Coesfeid, 1831,
in-4°.
MINÉ ( Jacques-Cl\ude-Adolphe), organiste
du chœur de l'église de Saint-Roch , à Paris ,
est né le 4 novembre 179G. Admis le 5 sep-
tembre 1811 comme élève au Conservatoire de
musique, il y a étudié le violoncelle et l'har-
monie. Miné était neveu de Perne , ancien ins-
pecteur de l'École royale de chant et de décla-
mation. Après avoir rempli ses fonctions d'or-
ganiste et s'être livré à l'enseignement pendant
plus de vingt ans , Miné a obtenu la place d'or-
ganiste de la cathédrale de Chartres. Il est mort
dans cette ville en 1854. Il a publié . 1" Fan-
taisie pour piano et violon, op. 1; Paris, A.
Meissonnier; op. 16; Paris, Simon Gaveaux.
— 2° Nocturne; idem, op. 15 ; Paris , Hanry. —
3" Fantaisie pour piano et violoncelle , op. 25 ;
Paris, A. Meissonnier. — 4" Concerto de so-
ciété pour le piano ; ibid. — 5" Plusieurs trios
pour piano, violon et violoncelle. — 6° Sonates
faciles pour piano seul , op. 4 ; Paris, Frère. —
7° Beaucoup de morceaux de différents genres
pour piano et d'autres instruments , seul ou en
société avec d'autres artistes. — 8° Méthode de
violoncelle; Paris, A. Meissonnier. — 9° Idem
pour la contrebasse ; ibid. — 10° Livre d'orgue
contenant l'office de l'année , tout le plain-
chant arrangé à trois parties, et suivi de
pièces d'orgue, op. 26 ; Paris , A. Meissonnier.
Cet ouvrage a pour base le pidia-chant parisien,
et ne peut plus être utile. Miné a été col-
laborateur de Fessy, dans la collection de
messes, hymnes, proses, etc., arrangées pour
l'orgue, et publiées sous le titre de Guide de
l'Organiste ; V&ris , Troupenas, 1839, 12 livrai-
sons in-folio. Enfin, on connaît sous son nom
un journal de pièces d'orgue, dont il a paru
5 années, sous le titre de L'Organiste français
( en collaboration avec Fessy ) ; Paris , Richault,
et des Pièces d'orgue, en 2 suites, op. 54; ibid.
Miné a écrit aussi pour la collection des Manuels
de Roret un traité de plain-chant sous ce titre :
Plain-Chant ecclésiastique romain et fran-
çais; Paris, Roret, 1837, l vol. in-16. C'est un
livre très-défectueux et rempli d'erreurs. Enfin ,
on a de cet artiste : Cinquante Cantiques à voix
seule avec accompagnement de piano ou
orgue, à l'usage des confréries; Paris, 1848,
I vol. in-18.
MiNELLI (PiEiiRE -Marie), né à Bologne
vers 1666. En 1684 il devint élève de Jean-Bap-
tiste Mazzaferrata, célèbre compositeur de cette
époque. Après que ses études furent terminées,
il obtint la place de maître de chapelle de l'é-
glise Sainte-Lucie , dans sa ville natale. L'Aca-
démie des philharmoniques l'admit au nombre
de ses membres en 1 695 ; il en fut prince ( pré-
sident) pour la seconde fois en 1699, pour la
troisième en 1704, et pour la quatrième en 1709.
II mourut en 1712. On trouve dans la biblio-
thèque de l'abbé Santini, à Rome, une collection
de motets à voix seule avec 2 violons et basse
continue pour l'orgue, de Pierre-Marie Mi-
nelli, en manuscrit.
MlIVELLI (Jean-Baptiste), un des plus
savants chanteurs sortis de l'école de Pistocchi,
naquit à Bologne, en 1687, et fut soumis fort
jeune à la castration. Sa voix était un contralto
de la plus belle qualité. Il excellait surtout dans
le chant d'expression, quoiqu'il ne manquât pas
d'agilité dans les traits et qu'il eût un trille
excellent. Il brillait à Rome vers 1715.
MIIVELLI (Le P. Angiolo-Gabriele ) ,
moine de l'ordre des Franciscains appelés Mi-
neurs conventuels , vécut au couvent de Bo-
logne vers le milieu du dix -huitième siècle. Il
est connu par un petit traité de musique qui a
pour titre : Ristretto délie regole più essen-
ziali delta musica ; in Bologna, nella stam-
peria di Lelio délia Volpe, 1732, in-4° de
32 pages. Il a été fait une deuxième édition
de cet opuscule chez le môme libraire, en 1748,
in-4°.
MINGOTTI ( RÉGINE ) (1) , célèbre canta-
trice du dix-huitième siècle, dont le nom de
famille était Valentini, naquit à JNapIes en
1728, de parents allemands. Elle n'était âgée
que de dix mois lorsque son père , officier au
service de l'Autriche, reçut l'ordre de se rendre
à Graetz, en Silésie, et l'emmena avec lui. Restée
orpheline, elle eut pour tuteur un oncle qui
la mit au couvent des ursulines à Graetz. La mu-
sique qu'on y chantait au chœur fit sur elle une
impression si vive , qu'elle supplia l'abbesse de
lui donner quelques leçons de chant, afin qu'elle
pût faire aussi sa partie. L'abbesse fit ce qu'elle
(1) Elle est appelée Catherine par Gerber, Choron et
FayoUe, et tous les copistes de ces auteurs ; mais Man-
cini, contemporain de la Mingottl, lui donne son véritable
prénom.
MINGOTTI — MINGUET
149
désirait et lui enseigna les éléments de la musique
et du solfège; mais avant qu'elle eût atteint sa
quatorzième année , son oncle mourut, sa pen-
sion cessa d'être payée au couvent, et elle re-
tourna près de sa mère et de ses sœurs. Inha-
bile aux soins du ménage , elle fut en butte aux
railleries de sa famille ; sa voix et son goût pour
le chant excitaient surtout la mauvaise humeur
de ses sœurs. Pour se soustraire à des tracasse-
ries sans cesse renaissantes, Régine épousa Min-
gotti , Vénitien déjà vieux qu'elle n'aimait pas ,
mais qui avait à ses yeux le mérite de l'arracher
à de mauvais traitements. Cet homme était
direcîeur de i'Opéra de Dresde : il comprit le
parti qu'il pouvait tirer de la t)elle voix de sa
femme, et la confia aux soins de Porpora , alors
maître de chapelle de la cour, et le plus célèbre
professeur de chant de cette époque. Sous la di-
rection d'un tel maître , la jeune Mingotti fit de
rapides progrès. Attachée au théâtre de l'élec-
teur, elle n'eut d'abord que des appointements
peu considérables ; mais bientôt ses succès lui
procurèrent des avantages plus dignes de son ta-
lent. Ses succès eurent tant d'éclat , que la cé-
lèbre cantatrice Faustine Bordoni , alors au ser-
vice de la cour, ne put dissimuler sa jalousie, et
qu'elle s'éloigna de Dresde pour aller en Italie.
La réputation de la Mingotti se répandit bientôt
jusqu'en ce pays, et des propositions lui furent
faites pour le grand théâtre de Naples. Elle y
parut avec éclat en 1748, dans VOlympiade de
Galuppi, et n'étonna pas moins les Italiens par
la pureté de sa prononciation que par la beauté
de sa voix et de son ci)ant. Après un pareil
triomphe, elle reçut des propositions d'engage-
ment de toutes les grandes villes de l'Italie ; mais [
elle les refusa parce qu'elle en avait un avec la
cour de Dresde. :
De retour en cette ville , elle y chanta son rôle
de VOlimpiade avec un succès prodigieux. Hasse
et sa femme ( Faustine ) étaient alors revenus dans .
la capitale de la Saxe; ce compositeur y remplis-
sait les fonctions de maître de chapelle. Burney,
qui a connu la Mingotti à Munich, en 1772, rap-
porte , d'après elle , l'anecdote suivante : Dans la
crainte que la jeune rivale de sa femme ne la fit
oublier, Hasse écrivit pour la Mingotti, qui devait
jouer un rôle dans son Demofoonte , un air dif-
ficile qui n'était accompagné que de quelques
notes pincées parles violons, espérant que, n'é-
tant point soutenue par l'harmonie , son intona-
tion s'égarerait. Séduite par la beauté de cet air
(Se tutti i mali miei) , elle s'empresi^a de l'é-
tudier; mais bientôt elle reconnut le piège, et
mit tant de soin dans l'exécution du morceau,
qu'il devint pour elle l'occasion d'un nouveau '
triomphe. M. Farrenc me fait remarquer qu'il a
trouvé dans le Demofoonte de Hasse (scène
6n>e du itoe acte) un air de mezzo soprano
sur les paroles se sapessi i mali miei, et non se
tutti i mali miei; cet air, facile d'ailleurs, «t dont
l'étendue vocale n'est que à'ut grave à fa sur la
cinquième ligne de la clef de sol , n'a pas d'ac-
compagnement/)j;r-ica/o ; en sorte que l'anecdote
parait plus que douteuse. Il est possible toute-
fois que Hasse ait changé cet air pour faire dis-
paraître les traces de sa ruse malveillante. Il est
difficile de croire que la Mingotti inventa cette
histoire vingt-quatre ans après la date de l'événe-
ment. En 1751, elle s'éloigna de Dresde pour
aller à Madrid, où elle chanta avec Gizziello,
sous la direction de Farinelli. Charmé par la
beauté de sa voix, celui-ci mettait tant de prix
à la réserver uniquement pour les spectacles et
les concerts de la cour, que non-seulement il
\ lui défendait de se faire entendre ailleurs , mais
\ qu'il lie voulait même pas qu'elle étudiât dans une
' chambre où elle pouvait être entendue delà rue.
Après deux ans de séjour en Espagne, elle se ren-
dit à Paris, puis à Londres, à l'automne de 1754,
et ses succès n'eurent pas moins d'éclat dans
; ces villes qu'à Madrid, à Dresde et à Naples.
Plus tard elle chanta dans les villes principales
de l'Italie , et partout elle causa autant d'étonne-
raent que de plaisir. Cependant elle resta atta-
chée à la cour de Dresde tant que le roi Auguste
vécut : après sa mort , en 1763, elle s'établit à
Munich , où elle jouissait de l'estime générale.
LorsqueBurney visita cette ville en 1772, la Min-
gotti avait conservé la beauté de sa voix , et
parlait delà musique avec une connaissance pro-
fonde de l'art. Sa conversation était animée ; elle
parlait également bien l'allemand, le français,
l'italien , et pouvait suivre une conversation en
anglais et en espagnol. Elle chanta devant Burney
pendant plusieurs heures en s'accompagnant
elle même au piano. Eu 1787 elle se retira à
Neubourg, sur le Danube, où elle est morte en
1807, à l'âge de soixante-dix-neuf ans. Son por-
trait, peint au pastel par Rosalba, est dans la
galerie de Dresde.
MI\GUET (Pall), musicien espagnol, fut
attaché à la chapelle royale de Philippe V et de
Charles III. 11 est auteur de deux Imités de
musique dont le premier a pour titre: Reglas,
y advertencias générales, que ensetian el
modo de taner todos los instrumentos majo-
res, y mas usuales , corne son la guitarra,
tiple, vendolu, cythara, clavicordis, organo,
narpa , psalterio , bandurria, violin, ffauta
traversa, y la ftauUlla, con varias tanidos,
danzas, coniradanzas, y otras cosas semejan-
150
MINGUET — MIRABELLA
tes, etc.; IVIadrid, Joaqnin Ibarra, 1752-1754.
Le second ouvrage est intitulé : Quadernillo
nuevo, que en ocho l,aminas fmas demues-
Iran y explican el arte de la musica, con
todossus rudimentos para sabet solfear, mo-
dular, transportar, yotras curiosidades, muy
utiles; Madrid, Manuel Marlinsgrave, sans date.
Forkel présume que ce livre a paru en 1774 ;
M. Soriano-Fuertes confirme cette conjecture
( Ilistoria de la musica espanola , tome IV ,
p. 193 ).
MIIVOJA ( Ambroise), compositeur et pro-
fesseur de ctiant, naquit le 21 octobre 1732 à
VOspitaletto, près de Lodi, 11 était âgé de qua-
torze ans lorsqu'il commença à cultiver la mu-
sique pour son amusement : plus tard il en fit
sa profession, moins par nécessité que par goût,
car il était né dans l'aisance. Après avoir fait,
sous la direction de Sala, un cours de composi-
tion , il alla demeurer à Milan, où il succéda à
Larapugnani dans la place d'accompagnateur de
l'opéra, au théâtre de la Scala. En 1787, il écrivit
pour ce théâtre l'opéra sérieux intitulé Tito nelle
Gallie. L'année suivante il alla à Rome, où il
composa pour le théâtre Argentina la Zenobia.
De retour à , Milan , il y fut nommé maître de
chapelle à l'église des PP. de la Scala, et dès
lors il n'écrivit plus que de la musique reli-
gieuse. Lorsque les Français entrèrent en Italie
sous la conduite du général Bonaparte , Minoja
concourut pour une marche et une symphonie
funèbre en l'honneur du général Hoche, et ob-
tint le prix, qui consistait en une médaille de la
valeur de cent sequins. La société italienne des
sciences, arts et belles-lettres ayant été organisée
avec le royaume d'Italie , Minoja fut un des huit
membres de la section de musique de cette aca
demie, et obtint la place de censeur du Con-
servatoire de Milan. Il écrivit, pour le couronne-
ment de Napoléon à Milan, un Veni Creator et
un Te Deumh trois voix et orchestre, qui fu-
rent exécutés à la cathédrale, par deux cent cin-
quante musiciens. Il écrivit aussi une cantate
pour le théâtre de la Scala, à l'occasion du
mariage d'Eugène Beauharnais , vice-roi d'Italie.
Minoja est mort à Milan le 3 août 1825. Outre les
compositions précédemment citées de cet ar-
tiste , on connaît de lui des quatuors pour deux
violons, alto et basse, intitulés : / divertimenti
délia Campagna ; des sonates de piano, publiées
à Brunswick; un De profundis h 3 voix et or-
chestre, qui se trouve dans les archives de la
société des arts et des lettres de Livourne, et
qui a été publié à Milan, chez Ricordi; une !
messe de Requiem conservée à Milan et chez \
l'abbé Santini , à Rome ; un De profundis à 4 '
, voix en langue italienne; des leçons de Job à .3
voix ; d'autres leçons pour voix de soprano et
chœur ; un Sanctus à 3, et une messe solennelle
à 4. Minoja a publié : Leltere sopra il canto ;
; Milan, Mussi, 1812, in-8'' de 26 pages. On a
1 fait une traduction allemande de cet écrit; elle
j est intitulée: Minoja, iiber den Gesang , cin
Sendschreihen an B. Asioli ; Leipsick , Breit-
! kopf et Hœrtel, 1815, in-8'' de 29 pages.
MINORET (Guillaume), maître de mu-
; sique de Saint- Victor, fut aussi un des quatre
1 maîtres de chapelle de Louis XIV. Il mourut à
j Paris en 1717, dans un âge avancé. En 1682, il
: composa le Te Deum qui fut chanté à Saint-
; Victor pour la naissance du duc de Bourgogne.
On connaît de lui en manuscrit plusieurs niotets
parmi lesquels on cite comme les meilleurs :
1° LaudaJerusalemDominum — 2" Quemad-
modum desiderat. — 3" Venite exultemus. —
4° ISisi Dominus. On trouve en manuscrit, à
la bibliothèque impériale de Pari.«, une messe de
Minoret sur des mélodies de Noël.
MiI\OZZI (Marcel), maître de chapelle
de l'église cathédiale de Carpi , dans la première
moitié du dix-septième siècle, est connu par
un recueil de compositions intitulé : Saliiii per
vespri, Sinfonie e Litanie « 3, 4 e 5 voci, con
violini ; Venise, Alex. Vincenli, 1638 , in.4''.
MIOI\ ( Jean- Jacques- Hemu), maître de
musique des enfants de France, obtint sa
charge en 1743. Il vivait encore en 1761 ,• mais
il ne paraît plus dans un état des officiers de
la maison du roi pour l'année 1705, que j'ai
consulté. En 1741 il a fait représenter à l'Opéra
de Paris Nitétis, tragédie lyrique en cinq actes,
de sa composition. Il a écrit aussi la musique de
L'Année galante, ballet représenté à Versailles
le 14 niars 1747 , et, à Paris, le 11 avril suivant.
MIQUEL (J.-E. ) jeune, professeur de
musique à Montpellier, est auteur d'un système
de notation de la musique dont il a donné l'ex-
plication dans un ouvrage intitulé : Arithmo-
graphie musicale , méthode de musique sim-
plifiée par l'emploi des chiffres ; Paris, 1842,
in-8° de 48 pages , avec 26 pages de musique.
L' Arithmographie musicale est une tablature
numérique produite par la combinaison des
chiffres avec certains signes delà notation mo-
derne, et avec la portée réduite à une seule
ligne , telle qu'on la voit dans certains manus-
crits du moyen âge.
MIRÀBELLA. (Vincent), noble sicilien
et savant antiquaire, né en 1570 à Syracuse,
s'appliqua dès sa jeunesse à l'étude des mathé-
matiques, de la géographie, de l'histoire el cul-
tiva la musique et la poésie. Il mourut à Modica
MIRABFXLA — MIROGLIO
151
«1 1624. En teoo, il a publié à Païenne le pre-
mier livre de ses madrigaux à quatre voix.
Dans un volume qu'il a fait paraître en 1603 à
Salerne, sous le litre de Infidi Lumi , concer-
nant les antiquités, on trouve quelques disser-
tations relatives à la musique.
MIRECKl { FRAxçors), né à Cracovie en 1794.
A l'âge de quatre ans il jouait déjà du piano. Il
n'en avait que six lorsqu'on lui fit donner un
concert, dans lequel il exécuta un concerto de
Haydn et une sonate de Beethoven avec accom-
pagnement de violoncelle. Après avoir fait ses
t'tudes littéraires au collège, à l'école normale
et à l'université de sa ville natale, il se rendit à
Vienne en 1814. Des artistes célèbres, lels que
Beethoven, Saiieri, Huramel, Moscheles et Pixis,
s'y trouvaient alors réunis , et l'on y entendait
de bonne musique bien exécutée. Mirecki s'y lia
avec la plupart de ces hommes d'élite et y forma
son goût pour l'art sérieux. Il reçut des leçons
de ijiummel pour le piano et pour la composi-
tion, tandis que le professeur Preindl lui ensei-
gnait la théorie de l'harmonie. Cependant ses
études furent interrompues par la proposition
que lui fit le comte Ossolinski de l'accompagner
dans sa terre : il y passa environ deux années,
pendant lesquelles il écrivit ses premières com-
positions. En 1816, Mirecki se rendit à Venise :
il y demeura environ une année, pendant laquelle
il étudia la méthode italienne de chant et se livra
à des travaux littéraires; puis il alla à Milan avec
une lettre de recommandation pour l'éditeur
Ricordi, qui iui fit bon accueil et publia quel-
ques-uns de ses ouvrages. Vers la fin de lSi7,
le jeune artiste arriva à Paris, où son existence
fut assez pénible dans les premiers temps. Ce-
pendant quelques œuvres de sonates et un bon
trio pour piano, violon et violoncelle, qu'il y
publia commencèrent à le faire connaître, et
lui firent trouver des élèves pour le piano. L'é-
diteur Carli , qui , à la recommandation de Ri-
cordi, avait fait paraître ces ouvrages, l'em-
ploya à donner des éditions des psaumes de
Marcello , des duos et trios de Clari et des duos
de Durante , avec accompagnement de piano.
Pendant son séjour à Paris, Mirecki écrivit un
opéra polonais intitulé Cygunia (les Bohémiens )
qui fut représenté à Varsovie en 1S20. En 1822
il retourna à Milan et écrivit la musique des
ballets 0//a n'a, le Château de Kenihcorlh ,
et / Baccanali aboliti , qui eurent du succès.
Ces ouvrages furent publiés pour le piano , chez
Ricordi, ainsi que des sonates faciles pour le
piano et un traité d'instrumentation en langue
italienne. En 1824, Mirecki écrivit pour le
théâtre de Gènes Evandro in Pergamo , opéra
sérieux, qui ne put être représenté qu'au mois
de décembre de cette année, à cause de la mort
du roi de Sardaigne. Danâ l'intervalle il fit un
voyage dans le midi de lllalie et visita Florence,
Rome et Naples. De retour à Gènes, il y donna
son opéra qui fut accueilli avec faveur et obtint
vingt-six représentations consécutives. Après
ce succès, il accepta la direction du théâtre de
Lisbonne et s'y rendit avec une compagnie de
clianteurs et de danseurs. Au mois de mars 1326
il y donna son opéra / due Forzati , qui fut
accueilli avec froideur. 11 y écrivait Adriano m
Siria lorsque la mort du roi de Portugal, Don
Juan VI, interrompit les représentations et fit
cesser son entreprise. En quittant Lisbonne, il
visita l'Angleterre, puis retourna à Gênes, où
il s'était marié ; il y vécut pendant douze ans
dans la position de professeur de chant. En
1838, le sénat de la ville libre de Cracovie l'ap-
pela pour diriger dans cette ville une école de
chant dramatique : il s'y rendit et depuis lors,
il ne s'en est éloigné pendant quelques mois que
pour aller faire représenter à Milan, en 1844,
Cornelio Bentivoglio , opéra sérieux qui ne
réussit pas. Dans l'année suivante il fit jouer à
Cracovie, par les élèves de son école, un opéra
polonais dont le titre était Ine nuit dans l'Apen-
nin. Depuis lors, Mirecki a écrit deux messes,
des oratorios et une symphonie. Les principaux
ouvrages de cet artiste estimable sont deux
trios pour piano, violon et violoncelle, op 14 et
36; des sonates pour piano seul, op. 18, 21 et
24; sonates pour piano et violon , op 22; adagio
et allegro pour piano , 2 violons , alto , violon-
celle et contrebasse op. 38 ; des rondeaux pour
piano, op, 7, 12 et 26 ; plusieurs suites de varia-
tions; une fantaisie avec variations, op 13 ; plu-
sieurs recueils de polonaises et de mazourkes ;
des divertissements et tarentelles. Son traité
d'instrumentation a pourtitre : Trattato intomo
agli stromentij ed all'istrumentazione ; Milan,
Ricordi, 1825, in-fol. Mirecki vivait encore i
Cracovie en I8ô8.
MIRECOURT ( EccÈSE de), pseudonyme.
Voyez JACQUOT (Ch.vrles-Jean-Bapti.ste).
MIRO (...), compositeur portugais, né àLis-
bonne, y fit ses études musicales sous la direc-
tion de Bontempo.II y prit la direction du théâtre
d'opéra en 1836 et y fit représenter en 1837 Atar,
opéra sérieux. En 1840, il y a donné aussi Vir-
ginia.
MIROGLIO (Pierre-Jean), fils d'un violo-
niste italien établi à Paris comme marchand de
musique, naquit dans cette ville vers 1750, et
fut élève de son père pour 'le violon. Il a fait
graver de sa composition cinq livres de sonates
152
MIROGLIO — MITHOBIUS
pour violon et basse, et plusieurs livres de duos
pour deux violons.
MIRUS ( ADAM-ERDMA.NN ), magistcF et rec-
teur adjoint au gymnase de Zittau, naquit à Adorf
(Saxe) le 26 novembre 1656, et mourut à Zittau le
3 juin 1727. Ce savant est auteur d'un livre rem-
pli de détails curieux, qu'il a publié sous ce titre :
Kurze Fragen ans der Musica sacra worinnen
den Liebhabern bey Lesung der biblischen
Historien, etc. { Courtes questions sur la mu-
sique sacrée, dans lesquelles on donne aux ama-
teurs qui lisent les histoires bibliques des rensei-
gnements spéciaux, avec des tables nécessaires) ;
Gœrlitz, 1707 , in-12. Deuxième édition ; Dresde,
1715, in-S". On trouve aussi des renseignements
sur la musique des lévites dans le Lexique des
antiquités bibliques du même auteur ( Leipsick,
1714, in-8''), pages 32, 164, 240, 345, 750 et S68.
MIRY (Charles), professeur de composition et
clief d'orchestre au Conservatoire de Gand , est
né dans cette ville, le 14 avril 1823. D'abord élève
de la même école, il y reçut de Mengal (voyez
ce nom ) des leçons d'harmonie et de contre-
point. Ses premiers essais de composition ayant
excité l'intérêt de ses concitoyens, l'administra-
tion communale de Gand lui accorda pendant deux
années un subside pour qu'il allât terminer son
éducation musicale à Paris. De retour dans sa
patrie, M. Miry a voulu témoigner sa reconnais-
sance aux magistrats en dédiant à la ville de
Gand une symphonie qu'il venait de terminer,
et qui fut exécutée avec succès. Devenu sous-
chef d'orchestre du théâtre, directeur de la so-
ciété des MeZomones de sa ville natale, et di-
recteur du Cercle musical, il a écrit beaucoup de
musique de danse , des chœurs, des composi-
tions pour l'orchestre, des pièces d'harmonie
pour les instruments à vent, des fanfares et des
romances. Son premier essai de musique drama-
tique fut un opéra ilamand en 3 actes , intitulé
Brigitta, qui fut représenté en 1847 au théâtre
Minard, de Gand. En 1851 une médaille et une
prime lui furent décernées dans un concours ou-
vert par la Société royale des beaux-arts de sa
■ville natale par la composition d'une ouverture
et d'un chœur, et deux ans après, l'association
dite Nedcrduitsch Taelverbond, de Gand , lui
accorda une mention et une prime pour trois
chœurs flamands, genre dans lequel il réussit.
Ses chants pour des voix d'hommes Vlaemsche
Lieuw ( Lion flamand ) et La Belgique , sont
devenus populaires. En 1854 M. Miry a fait re-
présenter au grand théâtre de Gand La Lanterne
magique , opéra en 3 actes qui a été joué aussi
avec succès à Bruxelles et à Louvain. Son ou-
vrage dramatique le plus important est son
Charles-Quint , opéra en 5 actes joué au grand
théâtre de Gand, et qui a reçu un accueil favorable
dans les villes principales de la Belgique. Ce fut
au succès de cet opéra que M. Miry fut rede-
vable de sa nomination de professeur de compo-
sition au Conservatoire de la ville en 1857. Pos-
térieurement, il a publié des collections de cliants
flamands pour une et plusieurs voix sur des
paroles de M. Destanberg, lesquels sont destinés
aux écoles primaires. Ces chants se font remar-
quer par le naturel des mélodies et par le carac-
tère rhytlimique,
MISCIA ( Antoine ), virtuose sur la viole ,
sur la guitare à sept cordes et sur Vaccordo,
grand instrument à archet monté de onze cordes.
Il vivait à Naples en 1601 ( voyez la Pratica
musica de Cerreto, p. 157).
MISENUS ( Georges-Théodore ) , cantor à
Meissen, dans la seconde moitié du seizième
siècle, a publié un manuel des principes de mu-
sique sous ce titre : Quaestiones musicx in
usuni scholas Meisnensis; Gœrlitz, 1573, in-S".
MISEROCCA ( Bastien ), maître de cha-
pelle et organiste de l'église St.-Paul, à Massa,
naquit à Ravenne, dans la seconde moitié du
seizième siècle. Il a fait imprimer à Venise, chez
Vincenti, en lG09et 1611, plusieurs messes, vê-
pres et motets. On connaît agssi de lui / pie-
tosi affetti a una, due , tre et quatiro voci
con Letanie délia Beata Virgine a sei voci,
libri 1, 2, 3, in Venezia, appresso G. Vincenti,
1614-1618, in-4°.
MISLIWECZEK ( Joseph ). Voy. MYS-
LIWECZEK.
MITFORD ( Jean ) , écrivain anglais de
la seconde moitié du dix-huitième siècle, a pu-
blié un livre qui a pour titre : Essay on the
harmony of Language, efc. (Es.sai sur l'har-
monie du langage ) ; Londres, 1774, in-8°. On y
trouve des observations sur l'union de, la poésie
et de la musique.
MITHOBIUS ( Hector ), docteur en théo-
logie, surintendant général du pays de Meck-
lenbourg, et pasteur primaire à Ratzcbourg, na-
quit à Hanovre en 1600, et mourut en 1655. Dix
ans après sa mort on a publié un ouvrage de sa
composition intitulé -. Psalmodia Christiana,
das ist grundliche Gewissens-Belehrung , was
von der christlichen Musica sowohl voculi
als instrumeniali zu halten, allen alten und
neuen Music-finden , absonderlich aber des
meinung Sel. h. m. Theophili Grossgebauers
inseinerneulich edirten WxchterstimmeCap.
XI, entgegen gesetzet ( Psalmodie chrétienne,
ou éclaircissement fondamental, dans lequel il
est traité de la musique chrélieime, tant vocale
MITHOBIUS — MIZLER DE KOLOF
153
qu'instrumentale); Jéna, 1663, in-4''. 11 y a
aussi des exemplaires de la même date portant
l'indication de Brème et de Wittenberg. Ce livre
contient trois sermons, une dédicace, une préface
et un appendix où l'on trouve des choses fort
curieuses pour Thistoire de la musique.
MITSCHA ( Le chevalier François-Adam
DE), compositeur, né le 11 janvier 1746 à
Jaromeritz ou Jaromerz (Bohême) mourut à
Grsetz, où il était conseiller impérial, le 19 mars
1811. En 1790, il fit représenter à Vienne l'opéra
intitulé Adraste et Isidore, qui eut quelque
succès. On connaît en manuscrit de cet amateur :
1° Douze symphonies pour orchestre ; — 2* Onze
nocturnes pour sept et neuf instruments ; —
3° six quatuors pour deux violons, alto et base ; —
4" un trio pour deux violons et violoncelle, et des
pièces d'harmonie pour 2 hautbois, 2 clarinettes,
2 cors et 2 bassons.
MITTAG ( Jean-Godefroid ), directeur de
musique à Ueizen , naquit à Leipsick au com-
mencement du dix- huitième siècle. A l'occasion
de l'inauguration du nouvel orgue de Ueizen ,
construit pas Jean-Georges Stein , il a publié un
écrit qui a pour titre : Historisch-Abhandlung
von der Er/indung, Gebrauch, Kunst und
Vollkommenheit der Orgeln, mit A nmerkungen
crlxuiert und bei Gelegenheit der solennen
Einweihung des neuen Orgelwerks in der Ma-
rienkirche zu Ueizen herausgegeben ( Traité
historique de l'invention, de l'usage, de l'art et
de la perfection des orgues^ cclairci par des no-
tes, et publié â l'occasion de la dédicace solcn»
nellede l'orgue nouvellement construit dans l'é-
glise de Sainte-Marie a Ueizen ) ; Lunebourg,
1756, in-4" de 15 pages.
MITTEXREYTTER ( Jean ) , facteur
d'orgues à Leyde, a construit en 1763 l'orgue de
l'église luthérienne de Dolft , composé de 23 re-
gistres, 2 claviers à la main et pédale, et l'orgue
de «'église catholique de Leyde.
MITTERMA YER ^ Georges ), né le 3 jan-
vier 1783 à Fùrih, près de Ratisbonne, apprit la
musique au couvent de W'indberg, près de
Slraubing, et fit ses premières études littéraires
à Landshut , puis entra au lycée de Munich où
il reçut des leçons de chant de Winter. La
beauté de sa voix de basse et sa bonne méthode
le firent engager en 1805 en qualité de chanteur
de la cour; l'année suivante, il débuta au
théâtre royal de Munich avec succès. Il y brilla
parlicuiièrernent dans les opéras de Paér et de
Rossini. Retiré avec la pension, après vingt-
huit ans de service, il s'est livre à l enseigne-
ment du chaut. H est mort a Munich, le 16
janvier ISSS , à l'âge de .soixante-quinze ans. Ou
a gravé de lui des variations pour le chant , sur
le thème JS'el cor più non mi sento; Munich,
Falter. LesmembresdelaLiederkranz de.Uunich,
ayant mis en musique quelques poésies du roi
Louis de Bavière , les chantèrent en présence de
; ce prince le 25 mai 1829, et les publièrent
sous ce titre : Gedichte Seiner Majestast des
Kœnigs Ludicig von Bayern in Musik gesetzt
und gesangen von den Mitgliedem des Lie-
derkranzes, etc.; Munich , Fallçr, et Mayence,
Scholt. On trouve dans ce recueil le Lied an die
Liebende pour 4 .voix d'hommes, composé par
Mittermayer.
Un fils de cet artiste ( Édocard ) , né à Mu-
nich, en 1814, a été violoniste distingué,
membre de la chapelle du roi de Bavière, et
professeur au Conservatoire de Munich. Il avait
reçu, à Paris, des leçons de Baillot pour son
i instrument et se faisait remarquer par la beauté
, du son et la pureté du style. Il est mort à
■ Munich le 21 mars 1857, à l'âge de quarante-
trois ans.
Le second fils de Georges Mittermayer (Louis)
Iwn violoniste aussi, fut d'abord attaché à la
chapelle du roi de Bavière , puis est entré au
service de la cour, à Carisruhe, en qualité de
premier violon.
MIZLER ( Etienne- André ) , né à Greitz
(Saxe), dans la seconde moitié du dix-septième
siècle, a fait imprimer une thèse académique sous
ce titre : De campanis in electorati ad Albim
' academia XVI Calend. Novemb. A. 0. R. 1693.
: (Magistri) Stephanus Andréas Mizler et
\ Joannes Christophorus Senffteus Greilshei-
■ mio,et Viroberga Franci publiée disputabant
; in audit, philosoph. ; L\pi,\ie , 1696, in-4° de
16 pages.
MIZLER DE KOLOF ( Lacrent-Coris-
tophe), fils du bailli de Wettelsheim, près d'Ans-
pach, naquit en ce lieu le 2ô juillet 1711. Ayant
été envoyé au gymnase d'Anspach , il y apprit la
I musique et le chant sous la direction d'Ebren-
manu; Cari fut son maître de violon, et sans
autre guide que lui-même .Mizler étudia la llùte. En
1735 il se rendit à l'université de Leipsick .- trois
; ans après il y fut gradué magister. Entraîné vers
la culture des sciences et des arts , il alla ensuite
I à l'université de Wittenberg pour y suivre un
cours de jurisprudence, puis il retourna à Leip-
; sicket y étudia la médecine. £n 1736 il ouvrit
I dans cette ville des cours publics de mathéraali-
. ques, de philosophie et de musique. Son goiît
; pour cet art s'était développé par les occasions
: qu'il avait d'entendre souvent l'illustre J. S. Bach
; et les concerts de Leipsick, ainsi que parla lecture
' des écrits de Maltheson et d'autres théoriciens.
154
MIZLER DE KOLOF — MOCRER
Préoccupé de la pensée d'élever la musique à la
dignité d'une science philosophique , il publia, en
1736, une dissertation intitulée: Quod musica
scientia sit. Deux ans après il fonda, avec le
comte Lucchesini et le maître de chapelle
Bumler, une société centrale de musique dont il
fut nommé secrétaire, et qui avait pour objet
de résoudre les problèmes et les questions qui
pourraient être proposés concernant cet art-
science. Pour atteindre ce but, la société devait
publier, sous la direction de Mizler, une sorte
de journal paraissant par cahiers à des époques
indéterminées. Ce journal eut le titre de Biblio-
thèque musicale : il en fut publié trois volumes
et un cahier dans l'espace de dix-huit ans. Les
statuts de la société musicale fondée par Mizler
se trouvent dans le deuxième cahier du troi-
sième volume de la Bibliothèque musicale. La
rédaction d'une grande partie de cet écrit pério-
dique lui appartient (1). Musicien érudit , mais
sans génie, il voulut cependant faire des essais
de composition, dans des études d'odes pour
le clavecin dont la médiocrité excita l'hilarité
des artistes. Il en parut un éloge ironique dans
VEhrenpforle de Maltheson; Mizler prit cet
éloge au sérieux, et y fit, dans sa Bibliothèque,
une réponse qui augmenta le nombre des rieurs.
Appelé en 1745 à Konskie, en Pologne, pour
enseigner les mathématiques aux fils du comte
Malakowski , il (it, avant son départ de Leipsick,
quelques dispositions pour assurer l'existence
de sa société, et même il conserva la librairie
qu'il y avait établie , afin de faciliter la publi-
cation de la suite de la Bibliothèque musicale;
mais il ne put empêcher que cette publication ne se
ralentit et que la société ne fût dissoute par le fait,
quelques années après. En 1747, il lut gradué
docteur en médecine à Erfurt. Plus tard il alla
s'établir à Varsovie, et le roi de Pologne lui
accorda des titres de noblesse. C'est depuis ce
temps qu'il ajouta le titre de Kolof à son nom
de Mizler. Vers 1754 il transporta à Varsovie sa
librairie et y établit une imprimerie. Il mourut
dans cette ville au mois de mars 1778, à l'âge
de soixante-sept ans.
Les ouvrages publiés de Mizler sont : 1" Dis-
sertalio quod musica scientia sit et pars eru-
ditionis philosophicx ; Leipsick, 1734, in-4'';
(I) Les membres de cette société de musique étaient:
1 ° le comte de Lucchesini; î» Mizler; 3° George Henri
Bumler, maître de chapelle à Anspach ; 4= Cliristophe-
Théopliile Schroetel, organiste à Nordhausen ; 5° Henri
Bockmeyer, cantot- à Wolfenbuttel ; 6° Klemann. maître
de chapelle à Hambourg; 7» Stoelzcr, maître de cha-
pelle à Gotha ; 8» G. F. Llngke; 9° Spiess, compositeur et
auteur d'un traité de composition; 10° Haendcl; 11« W.
Weiss.
Une deuxième édition a paru en 1736, in-4" de
24 pages. — 2° Lusus ingenii de praesenti
bello augustiss. atque invictiss. imperatoris
Caroli VI , cum fœdcratis hostibus , ope to-
tior^um musicorum illustrato; Wiltenberg,
1735. — 3° A eu erœffnete Musikulische Bi-
bliothek oder grundliche Nachricht nebst
unpartheischen Urtheil von musilialischen
Schriften und Bilchcrn ( Bibliothèque musi-
cale nouvellement ouverte, ou notices exactes et
analyses impartiales d'écrits et de livres sur la
musique, etc, .) premier volume, composé de 6 par-
ties publiées séparément, depuis 1736 jusqu'en
1 738, avec le tilre général donné ci-dessus, à Leip-
sick, 1739, in-S". Deuxième volume, en quatre
parties publiées depuis 1740 jusqu'en 1743, avec
le titre général; Leipsick, 1743, in 8". Troisième
volume, divisé en quatre parties formant 778
pages, non compris les tables, depuis 1746
jusqu'en 1752, avec le titre général; Leipsick,
1752, in-8". Quatrième volume, dont la pre-
mière partie seulement , renfermant 182 pages,
a été publiée à Leipsick , en 1754. — 4° Musi-
kalischer Staarslecher, in welchem recht-
schaffener Musiltverstxndigen Fehler beschei-
den angemerckt, etc. ( L'oculiste musicien qui
découvre et annote modestement les fautes de
musique, et persifle les folies des soi-disant
composkeurs ) ; Leipsick, 1740, iu-8°. Ce jour-
nal n'a pas été continué. — 5" Die Anfangs-
griinde der Generalbasses, nach mathema-
tischer Lehi'ort abgehandelt , etc. (Éléments
de la basse continue, traités d'après la méthode
mathématique, et expliqués au moyen d'une
machine inventée à cet effet ) ; Leipsick , 1739 ,
in-8°. La description de cette machine se trouve
dans la Bibliothèque musicale. — 6'' La traduc-
tion allemande du Gradus ad Parnassum , ou
traité de composition de Fux, sous ce titre:
Gradus ad Parnassum oder Anfûhrung zur
regelmxssigen musikalischen fomposition,
etc.; Leipsick, 1742, in-4°. Mizler a publié de
sa composition : Odes morales choisies pour
l'utilité et l'amusement des amateurs de cla-
vecin , etc. ; Leipsick, 1740-1743. Trois suites,
et quatre sonates pour la tlùle traversière, le
hautbois ou le violon, arrangés de manière
qu'on peut aussi les exécuter sur le clavecin;
Leipsick, in fol.
MOGKëR (..-.), professeur de musique et
première clarinette du grand théâtre à Lyon,
en 1790 et années suivantes, a publié de sa
composition : 1" Duos pour deux clarinettes,
op. 1 ; Lyon , Arnaud. — 2" Nocturne pour
basson et piano, op 3; ibid. — 3" Fantaisie
concertante pour clarinette et piano , op. 4 ; ibid.
MOCKER
MODERNE
155
MOCKER (Krnest), fiis du précédent,
pianiste et compositeur, [)rofesseur à Lyon, a
publié: 1" Grande sonate pour piano; Paris,
Dufaut et Dubois (Schœnenberg). — 2» Quatre
divertissements pour piano seul, op 2 ; ibid. —
4° Fantaisie sur des airs de la pâme blanche;
ibid.
MOCKERT ( ), facteur d'orgues à Hal-
bersladt, vers la fin du dix-septième siècle,
naquit à Langenstein, près de cette ville. Après
avoir construit plusieurs instruments renommés
de son temps, il s'est retiré en 1717 au couvent
de Rossieben.
MOCKERT (Cbristophe), fils du précé-
dent, habile facteur d'orgues, né à Halber-
stadt, en 1689, s'est fait connaître avantageuse-
ment par dix-luiit instruments qu'il a construits
en différentes villes. Après avoir vécu trente-
six ans à Rossieben, il y est mort en 1753.
MOCKERT ( Jf.an-Christophe), fils de
Christophe , né à Rossieben , s'est faifconnaif re
aussi comme un bon facteur par les orgues
qu'il a construites vers le milieu du dix-hui-
tième siècle à Erfurt, à Rossieben, à Rehmusen
sur la Saale, à Niemsladt et à Naumbourg.
MOCKWITZ (Frédbric), arrangeur de
musique pour le piano, naquit en 1773, à Lauter-
bach, près de Stolpen (Saxe), où son père était
prédicateur. Après avoir étudié le droit à Wlt-
tenberg, il s'adonna particulièrement à la cul-
ture de la musique, qu'il enseigna à Dresde pen-
dant une longue suite d'années. Il mourut dans
cette ville, au mois de décembre 1849. Il a ar-
rangé à quatre mains pour le piano des sympho-
nies , ouvertures et quatuors de Haydn, Mozart
et Beethoven. On a de «a composition des Lieder
avec piano et des danses allemandes.
MODELLIUS (J.-G.) était étudiant à l'u-
niversité de Wittenberg lorsqu'il publia une
thèse intitulée -. An campanarum sonitus elc. ;
Wittenberg, 1703, in-4»t
MODERIVE (Jacques), musicien français du
seizième siècle, surnommé GrandJacqueSjk cause
de sa taille élevée, fut maître de chapelle de Notre-
Dame du Confort, à Lyon, et établit dans la même
ville une imprimerie de musique. Sur les ouvrages
sortis de ses presses, il prend le nom de Jacques
Moderne de Pinguento alias Grand Jacques.
Gessner cite de sa composition {Bibliothèque
univers. ,\\h. VII) les ouvrages suivants : rChan-
sons françaises à quatre parties. — 2° Motets à
cinq et à six voix, lib. 3. Le plus ancien recueil
de motets imprimé par Jacques Moderne porte
la date de 1532; le dernier est de l'année 1556.
Le premier de ces recueils a pour titre général :
Moteiti del Fiore, parce qu'on y voit au fron-
tispice une fleur gravée sur bois. Bien que ce titre
soit en italien, chaque livre en particulier en a un
en latin, par exemple: Liber primus cum qua-
tuor vocibus. Le premier livre, le troisième, le
quatrième et le cinquième contiennent les motets
à quatre voix ; le deuxième livre ne renferme que
des motets à cinq. Le premier et le second livre
ont paru en 1532; le troisième paraît avoir été
réimprimé en 1539, et les quatrième et cinquième,
en 1542. La plupart des auteurs dont les motets
remplissent les cinq livres de cette collection,
dont la rareté est maintenant excessive, sont
français, mêlés de quelques noms belges et espa-
gnols. Ces artistes sont : Hilairc Penet, Loiset
Piéton, .André de Silva, Lupus, Ilesdin, Nie. Gom-
bert, F. de Layolle, Clandin, J. Courtois, Adrien
Willaert, Richafort, L'Héritier, Verdelot, Archa-
delt, Jaquet, A. Mornable, N. Fauchier, Bene-
dictus, Hottinet Bara, P. Manchicourt, Hiiglier,
Jo. de Billon, Carette, Gardane, P. de Villers,
F. du Lys, C. Daibi, Consilium, H. Fresneau,
P. Colin, P. de la Fasge, Robert Nacèle, Laurens
Lalleman, Jan des Boys, Hugues de la Chapelle,
Claudin, Jo. Preiau, Louis Narbays, Jacques Ha-
neuze, Morel, Ernoult, Caussin, N. Benoist, Mor-
tera, Lupi, Morales, et Pierre Moulu.
Les livres premier, troisième, quatrième et
cinquième sont complets a la Bibliothèque royale
de Munich; le deuxième livre est à la Biblio-
thèque impériale de Vienne.
Quatre autres volumes très-rares sont sortis des
presses de Jacques Moderne; le premier a pour
titre : Liber dccem Missarutn, à prœclaris et
maxinii nominis musicis coniextus ; nuperrime
adiunctis duabus missis nunquain Jiacfenus
in lucem emissis, etc. Jacobus Modernus à
Pinguenio excudebat ;\Mg(inn\, 1540, petit-in-
foi. Ce recueil contient des messes de Moulu, de
Layolle, de Richafort, de J. Mouton, de Guil-
laume Prévost, de Gardane, de Lupus, de Janne-
quin, de Jean Sarton et de Villers. Les autres
volumes contiennent les messes de Pierre Colin
et de Morales (toye-«es noms). Jacques Mo-
derne a public une collection en onze livres sous
le titre : Le Parangon des chansons, contenant
plusieurs nouvelles et délectables chansons
que oncques ne furent imprimées au singulier
prouffit et délectation des musiciens; im-
primé à Lyon, par Jacques Moderne dit Grand
Jaques, elc. 1538-t543,in-4*'obl. Le premiei livre
contient 26 chansons, le second livre 31, le troi-
sième 26, le quatrième 32, le cinquième 28, le
sixième 25, le septième 27, le huitième 30, le
neuvième 31, le dixième,. 29, le onzième 29.
Quelques-uns de ces livres ont été réimprimés,
car il existe à la bibW»thèque royale de Munich
156
MODERNE — .MOERS
un exemplaire des quatre premiers livres qui .
portent les dates de 1538-1539, et un autre i
exemplaire des dix premiers livres imprimés
en 1540-1543; enfin, le premier livre de
l'exemplaire du dernier catalogue de la biblio- :
thèqiie Libri, dont la vente s'est faite à Londres j
au mois de juillet 1862 , était sans date. Cet exem- ;
plaire, qui renfermait les neuf premiers livres,
reliés en un volume , a été vendu deux mille
francs. Les quatre parties de chaque chanson
sont imprimées en regard et opposées les unes
aux autres, en sorte que le chanteur du superius
est en face du ténor, et Valtus en face du bas-
sus. L'existence du onzième livre a été inconnue '
Jusqu'à ce jour : un exemplaire de ce livre ap- |
partient à M. Farrenc. Enfin , M. Brunet cite , !
dans son Manuel du libraire : Le Difficile
des chansons , livre contenant des chansons
nouvelles à quatre parties, en quatre livres,
de la composition de plusieurs maures;
Lyon, Jacques Moderne , 1555-1556, petit in-4''
obi.
MOEHRIA^G (Ferdinand), pianiste et com-
positeur, né à Berlin, vers 1816, a fait ses études
musicales à l'Académie des beaux -arts de cette
ville, sous la direction de Rungenhagen. Vers la
fin de 1839, il s'établit à Sarrebruck comme pro-
fesseur; mais, en 1845, il fut appelé à Neurup-
pin, en qualité de directeur de musique. Une
ouverture et une symphonie de sa composition
ont été exécutées à Berlin et à Leipsick en 1837
et 1840, et l'Académie royale de chant de la pre-
mière de ces villes a fait entendre, en 1840, un
psaume qui obtint l'approbation des connais-
seurs. Postérieurement M. Mœhring s'est parti-
culièrement livré à la composition de Lieder à
voix seule avec accompagnement de piano, ou
pour plusieurs voix, de chants pour des voix
d'hommes, et de petites pièces telles que des noc-
turnes pour piano.
MOELLER (J.-C), claveciniste et compo-
siteur allemand, vivait vers 1780. Il a fait impri-
mer à Francfort et à Spire des quatuors pour
piano, violon, alto et basse, des préludes, des
quatuors pour violon, et quelques bagatelles pour
le chant.
MOELLER (Jean-Godefroid), professeur
de piano à Leipsick, au commencement du dix-
neuvième siècle, étudiait la théologie à l'univer-
sité de cette ville, en 1797. Il fut élève du célèbre
organiste Kiltel, à Erfurt. On a gravé de sa com-
position : 1° Sonate pour piano à quatre mains;
Leipsick, 1797. — 1" Douze variations pour piano
seul ; ibid. — 3" Seize variations ; idem, ibid. —
4° Fantaisie et fugue, idem; ibid. 1805. Geiber
|)araît incertain, dans son nouveau Lexique des
musiciens, s'il n'y a pas identité entre cet artiste
et le précédent, et si les initiales de prénoms de
celui-ci ne sont pas une faute d'impression ; mais
si la date de 1780, donnée par lui, comme étant
celle où J. C. Moeller vivait à Francfort et y
publiait des quatuors pour piano et pour violon,
si, dis-je, cette date est exacte, ce musicien ne
peut être le même que celui qui étudiait la mu-
sique et la théologie à Leipsick en 1797, et qui,
sur le titre de la sonate à 4 mains publiée à Leip-
sick dans celte année, plaçait ces mots après son
nom : sludiosus theol. et musices.
MOERING ( Michel ), né à Hildburghausen,
le 11 octobre 1677, fréquenta le collège de celte
ville jusqu'en 1095, puis entra au gymnase de
Cobourg, et alla achever ses éludes à l'univer-
sité de Jé.na en 1698. En 1704, le duc de Hild-
burghausen le nomma première basse-taille de
sa chapelle, puis gouverneur de ses pages. En
1712, l'emploi de cantor à Seidenstadt lui fut
confié; m'ais il le quitta l'année suivante pour aller
remplir les mêmes fonctions dans le lieu de sa
naissance, et enfin il fut appelé à Cobourg, en 1720,
comnoe cantor et magisler. Il y a écrit beau-
coup de morceaux de musique d'église qui ont
eu de la réputation dans la première moitié
du dix-huitième siècle, et qui sont restés en ma-
nuscrit.
MOERl]\G (Jean-Pierre), né à Hild-
burghausen, en 1700, était attaché à la chapelle
du prince d'Anhalt-Zerbst, en 1756, comme vio-
loniste. Il a laissé en manuscrit plusieurs mor-
ceaux de musique instrumentale. Il est incertain
si cet artiste est le même qui était directeur de
musique, en 1765, à Œliringen, dans le royaume
de Wurtemberg.
MOERL (GusTAVE-PmLipPE), né à Nurem-
berg, le 26 décembre 1073, y devint prédicateur
à Saint-Sébald eu 1724, puis fut président du
Consistoire, bibliothécaire de la ville, et profes-
seur de théologie. Il mohrut le 7 mai 1750. Au
nombre de ses écrits, on trouve deux sermons,
le premier prononcé à l'occasion de l'installation
d'un nouvel orgue, à l'église de Saint-Égide, et
publié sous le titre : Das rein gestimmte Or-
gelwerk unsers Berzens, oder chrisfliche Ein-
weihungspredigt eines neu verfertigten Orgel-
werks, welches vor die allbereit 13 Jahr in
Asche liegende Egidien-Kirche angeschaf-
fet, etc.; Nuremberg, 1709, in-4°. L'autre, à
l'occasion de l'inauguration du nouvel orgue de
l'églisedes Dominicains, intitulé: Eingeweihungs-
Predigt der neuen Orgel m der Dominicaner-
Kircke; ibid., 1709, in-4".
MOERS (Marc), organiste et facteur d'ins-
truments à Lierre, dans la Campine (Belgique),
MOERS — MOHAMMED BEiN AHMED EL-HADDEL
157
est mentionné dans le registre n' F 195 de la
oJiarabre des comptes, aux archives du départe-
ment du Nord, à Lille, comme ayant reçu, au
mois d'août 1508, trente et une livres cinq sous
pour l'achat d'ung manicor ( Manichordium ) que
Monseigneur (l'archiJuc Charles, plus tard em-
pereur Charles-Quint) a fait achelier de lui
pour son desduit et passetemps.
MOESCHLCChrisante), moine franciscain,
naquit à Neubourg, dans la Bavière, près de la
forêt de Bohème, en 1745. A l'âge de dix-neuf
ans, il entra dans son ordre, et fut nommé orga-
niste de son couvent. Kamerloher lui iit faire,
vers cette époque, un cours de composition.
Mœschl vivait encore en 1812, au couvent d'In-
golstadt. Il a laissé en manuscrit plusieurs com-
positions pour l'église, entre autres un oratorio.
On a gravé de sacomposition à Berlin, vers 1730,
un recueil de pièces intitulé : Unterhaltungbeytn
Clavier (Amusements pour le clavecin).
MŒSER (Charles-Frédéric), violoniste
et chef d'orchestre du tliéâlre royal de Berlin,
naquit dans cette ville, le 24 janvier 1774. Dès
ses premières années, il montra d'heureuses dis-
positions pour la musique : son père, trompette-
major du régiment de hussards de Ziethen, lui
donna les premières leçons de violon dès qu'il eut
atteint sa sixième année. Il n'était âgé que de
huit ans lorsqu'il se fit entendre avec succès dans
un concert public. Le roi de Prusse, Frédéric-
Guillaume II , l'ayant entendu , le prit sous sa
protection, et le fit entrer à l'âge de quatorze ans
dans la chapelle du margrave de Schwedt. Après
la mort de ce prince, Mœser retourna à Berlin et
y entra bientôt après dans la chapelle du roi. Ce
fut alors qu'il reçut des leçons de Haake pour ie
violon, et qu'il étudia le mécanisme de cet ins-
trument d'après une méthode régulière. Ses pro-
. grès furent rapides; mais une intrigue amoureuse
avec la comtesse de la Marck, fille naturelle du
roi, le compromit, et vint arrêter le cours de ses
études en le faisant exiler de Berlin. Le roi eut
la bonté de lui envoyer cent ducats pour les frais
de son voyage. Mœser se dirigea vers Hambourg
par Brunswick, se fit entendre dans plusieurs
villes, et commença sa réputation de virtuose.
Les liaisons qu'il eut le bonheur de former à
Hambourg avec Rode et Viotti l'inilièrent aux
principes d'une école de violon qui sera toujours
ie modèle de la pureté et de l'élégance. Les voya-
ges qu'il fit en Danemark, en Noiwége et sur-
tout à Londres furent avantageux à sa fortune.
» et l'auraient été davantage si une liaison avec une
cantatrice italienne ne lui eût fait oublier à Co-
penhague un engagement que Salomon lui avait
envoyé pour ses concerts. Après la mort de
Frédéric-Guillaume H, il lui fut permis de re-
tourner à Berlin, et dès lors commença pour lui
une carrière d'artiste plus sérieuse. Admis dans
l'intimité du prince Louis-Ferdinand, il y connut
Dussek, et reçut du beau talent de ce grand ar-
tiste une salutaire impulsion. En 1804, il alla à
Vienne et reçut de Haydn et de Beethoven des
éloges flatteurs sur sa manière d'exécuter leurs
quatuors. La suppression de ta chapelle du roi
de Prusse, ^près les événements de la guerre de
1806, troubla l'existence de Mœser, comme celle
de beaucoup d'autres artistes, et il dut alors cher-
cher des ressources dans des voyages en Pologne et
en Russie. Son séjour dans ce dernier pays se
prolongea pendant plus de quatre ans. De retour
a Berlin en 1811, il y donna des concerts où soa
talent excita les plus vifs applaudissements. La
réorganisation de la chapelle royale l'attacha au
service du roi en qualité de premier violon, et eu
1825 il eut le titre de maître de concerts. Dix ans
après il a fait un voyage à Paris avec son fils (Au-
guste) qui annonçait d'heureuses dispositions pour
le violon. A son retour, il a visité Bruxelles et m'a
remis une lettre de recommandation que Chéru-
bin! lui avait donnée. Il ne se faisait plus enten-
dre dès lors qu'en accompagnant son fils. Il se
proposait de faire avec celui-ci un nouveau voyage
en Hollande et en Belgique, mai? je ne l'ai plus
revu. En 1841, le roi de Prusse lui a accordé le
titre de maître de chapelle honoraire, en consi-
dération de ses longs services. H est mort à Ber-
lin,le 27 janvier 1831, à l'âge de soixante-dixsept
ans. La vie de cet artiste est, dit-on, remplie
d'aventures romanesques. On connaît de Mœser
une Polonaise qui a eu de la vogue, et quelques
morceaux de salon.
MŒSER (Auguste), fils du précédent, né à
Berlin, le 20 décembre 1825, montra dès ses pre-
mières années les plus heureuses disposilions pour
le violon. Son père lui donna sa première instruc-
tion sur cet instrument. A l'âge de dix ans, il
étonnait déjà les professeurs par son habileté
précoce. Ce fut alors que son père me le présenta
etje l'admis au Conservatoire de Bruxelles comme
élève de Bériot. Ses progrès furent rapides et en
peu d'années il devint un virtuose remarquable,
particulièrement pour les difficultés vaincues de
mécanisme. Sorti du Conservatoire à l'âge de dix-
huit ans, il voyagea en. Allemagne, en France, en
Angleterre, et partout se fit entendre avec de
brillants succès. Malheureusement, la vie de ce
jeune artiste fut courte; il mourut en 1859, dans
une tournée en Amérique.
MOHAMMED BEX AHMED EL-
HADDEL, Arabe d'Espagne, vécut h Grenade
et mourut l'an 561 de l'hégire (1165 de l'ère
158
MOHAMMED BEN AHMED EI.-HADDEL — MOITESSIER
chrétienne). Il est auteur d'un traité de mu-
sique dont le manuscrit est à la bibliothèque
royale de Madrid, et qui est mentionné dans
h Bibliotheca aràbico-hispana de Casiri,
t. II, 73.
MOHAMMED BEIV AHMED BEN
HABR» écrivain arabe des Alpuxarres, dans le
royaume de Grenade, \eciit dans la première
moitié du quatorzième siècle, et mourut l'an de
l'hégire 741 (1340 de l'ère chrétienne). On a de
lui un traité de musique dont le manuscrit est à
la bibliothèque de l'Escurial (vo(/. Casiri, t. II,
80). Casiri a traduit le titre arabe par De musica
sacra ; mais le baron Hammer Purgstall est d'avis
que l'ouvrage est plutôt un Abrégé des principes
de la musique mondaine.
MOHAMMED BEN ISA BEIV A SSA H
BEN' KeRINSA EBN ABDALLAH HOSSAMEDDIN BEN-
FETU EDDIN EL Hamberri (1) , philosophe et juris-
consulte, né l'an681 de l'hégire (1282 de l'ère chré-
tienne), vécut au Caire et y fit des cours publics
de musique. Il mourut en 763 (1361). L'auteuidu
grand recueil biographique arabe, Ehel Mehuain
Jussufel Faghriherdi, qui a écrit la vie de Mo-
hammed, dit avoir suivi ses leçons pendant l'ai.-
née 745 (1344). Mohammed a laissé un traité
de musique dont le titre arabe signifie : Le but
désiré dans la science des sons et des temps
rhythmiques. Il en existe un manuscrit au Mu-
séum britannique.
MOHAMMED BEN ADOLMED-
SCHID, écrivain arabe sur la musique, né à
Latakié , dans la Syrie, est mort dans l'année
del'hégire 848 (1448 de J.-C). Son traité, intitulé
Fethidjet, est le plus complet et le plus renommé
des livres arabes concernant la musique mo-
derne. Il est divisé en deux parties, dont la pre-
mière traite de la composition des modes, et le
second, du rhythme. Il est dédié, suivant le
baron Hammer Purgstall, au sultan Bajasid, ou
Bajazet II : s'il en est ainsi , Mohammed ben
Adolmedschid n'est pas mort en 1444, car Ba-
jazet n'a succédé à son père Mahomet II qu'en
1481. L'ouvrage de cet écrivain se trouve parmi
les manuscrits de la Bibliothèque impériale à
Vienne.
MOHNHîE ( Théophile-Chrétien-Frédé-
ric), né le 6 janvier 1781, à Grimmen , dans la
Poméranie citérieure, commença ses études au
gymnase de Straisund , et les acheva aux univer-
sités de Greifswalde et de Jéna. Après avoir rem-
(1) Ce nom, suivant l'usage des Arabes, indique toute nne
généalogie : 11 signifie : Mohammed , fils d'Isa, flUd'Âs-
sah,ftlsde Rerinsa.neveu d'Abdallah Ilossameddin, fils
de Fetheddin, etc.
pli pendant sept années les fonctions de précep-
teur dans tme famille particulière, il obtint, en
1811, une place de professeur à l'école de Greifs-
walde, et fut nommé deux ans après recteur du
même établissement. Devenu, en 1818, pasteur
de la paroisse Saint-Jacques, de Straisund, il
résida dans cette ville jusqu'à sa mort, qui ar-
riva le 6 juillet 1841, à la suite d'un violent accès
de goutte. Au nombre des ouvrages de ce sa-
vant, on remarque celui qui a pour titre :
Geschichte des Kirchengesxnges in Neuvor-
pommemvon der Reformation bis aufunsere
Tage (Histoire du chant de l'église dans la Nou-
velle-Poméranie citérieure, depuis la réformation
jusqu'à nos jours ) ; Straisund, 1831, 1 vol. in-8".
La première partie de ce livre renferme des ren-
seignements pleins d'intérêt sur le sujet dont elle
traite.
MOITA (Jean-Baptiste), compositeur ita-
lien, né dans la seconde partie du seizième siècle,
a publié •.Madrigali à sei voci; Anvers, 1600,
)n-4''.
MOITESSIER (Prosper-Antoine), fac-
teur d'orgues, né à Carcassonne (dépt de l'Aude)
en 1807, apprit dans sa jeunesse l'art du luthier,
puis reçut en 1819 et 1820 les premières no-
tions de la facture des orgues d'un ouvrier des
Vosges nommé Pilot. Désirant augmenter ses
connaissances dans cet art , il alla travailler
dans les ateliers de Mirecourt ; puis il se rendit
à Paris et y entra comme ouvrier chez M. lîété
( Voyez ce nom). Cependant la facture des or-
gues ne paraissant pas présenter d'avenir en
France à cette époque, Moitessier retourna dans
sa ville natale en 1826, et y passa plusieurs an-
nées dans une sorte d'oisiveté forcée. Fatigué de
cette situation, il alla s'établira Montpellier, vers
1830, et n'y fut pas d'abord plus heureux; mais
enfin on lui proposa, en 1836, d'entreprendre la
restauration de l'orgue du temple protestant,
construit autrefois par le grand -père de M. Aris-
tide Cavaillé. Son succès dans cet ouvrage lui
fit confier la restauration de l'orgue de Saint-Ful-
crandà Lodève (Hérault), fait par L'Épine en 1750.
Vers 1837 il imagina d'appliquer à l'orgue les
claviers franspositeurs semblables à ceux dont on
faisait usage pour les pianos : ce qui déjà avait
été fait en 1829 par Lété au petit orgue d'ac-
compagnement de Saint-Leu. Depuis, M. Moites-
sier a construit ou réparé les instruments dont
voici la liste : 1" Orgue de 8 pieds avec pé-
dales à la chapelle Sainte-Marie, à Montpellier,
en 1840. — 2° Grand 8 pieds à 4 claviers avec
pédales de 16 pieds ouverts et bombarde pour
Sainte-Madeleine, à Béziers,en 1841. — 3° Re-
construction du grand orgue de Saint-Vincent,
MOITESSIER — MOLIIia
lôSi
à Carcassonne, en 1842. — 4° Grand 8 pieds à
3 claviers et pédale*, à l'église paroissiale de Saint-
Remy ( Bouclies-du-Rhône), en 1842. — 5" Or-
gue de 8 pieds à trois claviers, à l'église parois-
siale de Sainte-Affrique(Aveyron) , en 1843. —
6" Grand linit-pieds à 3 claviers, à Cette ( Hé-
rault), en 1843. — 7" Huit-pieds pour la cha-
pelle des Pénitents-Blancs, en 1844. — 8° Huit-
pieds pour la paroisse Sainte-Anne, en 1845. —
9° Restauration de l'orgue de Notre-Dame à
Montpellier. Cet orgue, construit par le célèbre
D. Bédos pour l'abbaye de Sainte - Hibérie, en
1751, avait été replacé à Montpellier en 1806.
Cette restauration fut faite en 1846. — 10" Grand
iiuit-pieds à l'église Sainte-Marllie de Tarascon,
en 1846. — 11" Grand huit-pieds pour l'église
de Forcalquier (Basses- Alpes), en 1847. — 12°
Grand seize-pieds en montre, de quarante-six
jeux , à l'église de la Dalbade , à Toulouse , en
1847.
MOJON (Benoît), médecin italien^ est né
à Gènes en 1770, et a fait ses études à Montpel-
lier. D'abord professeur d'anatomie et de physio-
logie à l'université impériale de cette ville, puis
médecin en chef de l'hôpital , il se fixa à Paris
▼ers 1814, et y exerça la médecine. Il y
est mort au mois de juin 1849. Il était mem-
bre de beaucoup de sociétés de médecine et
de .sciences naturelles. Au nombre des écrits
de ce savant, on remarque : 1" Mémoire sur
lés effets de la castration dans le corps hu-
main ; Montpellier, 1804, in-8". La troisième
édition de cette dissertation a été publiée à Gênes,
chez Gravier, 1813, in-4'' de 40 pages. Il y eu
^ une traduction italienne intitulée : Disserta-
sione sxdli effetti delta casiratura nel corpo
umano j Milan, Pirotto, 1822, in-S" de 55 pages.
— 2° Memoria sulV viilità délia musica, si
nello stato di salutei corne in quello di ma-
lattia ; Gènes, 1802, in-8°. Une traduction fran-
çaise de ce morceau a été faite par le professeur
de médecine Mugetti, et publiée sous ce titre :
Dissertation sur l'utilité de la musique ; Paris,
Fournier, 1803, in-8°.
MOLCK (Jeas-He>ri-Coxr\d), organiste et
professeur du collège de Peina, dans le Hanovre,
naquit le 24 avril 1798 à Hoheneggelsen, dans la
province de Hildesheim, oùsonpèreétaitco7?/or.
Après avoir appris dans la maison paternelle
les premiers principes de la musique, le jeune
Blolck alla continuer ses études au gymnase de
Hildeslieim, et y reçut quelques leçons d'harmo-
nie d'un organiste de cette ville. En 1815, son
père le fit entrer à l'école normale des institu-
teurs d'Alfeld : il y fit de bonnes études de con-
trepoint sous la direction d'un organiste de mé-
rite, nommé Schœp|)e. Après avoir passé trois
années dans cette école, Moick obtint en 1818
les places d'organiste et de cantor à Peina. Plus
tard, il fut chargé de la direction de l'école su-
|)éri?ure des filles de cette ville , et obtint la
place d'oi^aniste de l'église principale. Il dirigea
la fête des professeurs de chant, àHildesheim,
en 1840 et 1841. On connaît sous son nom en-
viron ving-cinq œuvres de Lieder à voix seule
avec'piano et de chants à plusieurs voix de dif-
férents genres ou pour un chœur d'hommes. La
plupart de ces ouvrages ont été gravés à Ha-
novre et à Brunswick. MoIck a aussi publié des
mélodies chorales pour le royaume de Hanovre,
en 1837. Molck est le frère puîné du chanteur
9Iolthe (voyez ce nom) de Weimar, qui a changé
l'orthographe de son nom.
MOLDE\IT ( JoACHiiiDE), gentilhomme
danois, amateur de musique, naquit à Gluck-
stadt dans les premières années du dix-huitième
siècle. En 1733, il publia à Hambourg : Sei So-
nate a flauto iraverso e basso continua, cort
un discorso sopra la maniera di sonar il
flauto traversa. L'art de jouer de la fliite était
si peu avancé à l'époque où parut cet ouvrage,
que Moldenit blâme Quantz pour avoir introduit
le coup de langue dans le jeu de cet instrument.
La flûte pour laquelle il a écrit ses sonates des-
cendait jusqu'au la grave : il attachait beaucoup
de prix à cette invention, qui a été renouvelée
de nos jours. Je possède un autre écrit de Mol-
denit sur le même sujet, qui prouve l'existence de
deux autres discours relatifs aux six sonates de
sa composition; il a pour titre : Dritter neuester
und letzter Discours ûber sech^ Sonaten fiir
die Querflœte und Bass ( Troisième nouveau et
dernier discours sursis sonates pour la flûte tra-
versière et basse), da Gioacchino Moldenit,
nobile danese da Gliickstadt , dilettante in
Hamburgo, 2 feuilles iu-4°, sans nom de lieu et
sans date ; mais le chronogramme formé par les
noms Gioacchino Moldenit indique 1753. Après
une introduction oii l'auteur rapporte les félicita-
tions qu'il a reçues sur l'invention de sa flûte,
on trouve une épîtrc en vers allemands au lec-
teur sur les sonates dont il s'agit, puis des éloges
en vers du même ouvrage par diverses personnes,
et enfin un chant de remercîment sur un air
connu.
MOLIER, ou MOLLIER ( Locis DE ), dit
DE MOLIÈRE, musicien français, était en
I6i2 gentilhomme servant ou écuyer de la com-
tesse de Soissons, mère du comte qui fut tué à la
Marfée. Après la mort de cette princesse, Molier
fut admis dans la musique de la chambre du
roi. Il y fut employé particulièrement à la cozu>
160
MOLIER — MOLINET
position des airs de ballets de la cour, où il pa-
raît avoir assez bien réussi. En 1654, il fit avec
Jean-Baptiste l'oesset la musique du Ballet du
Temps. Au sujet de la réception de la reine
Christine de Suède, dans le château de Chante-
Merle, près d'Essone, Jean Loret, auteur d'une
espèce de journal des événements de ce temps,
en mauvais vers, s'exprime ainsi :
Le lendemain à son réveil,
Ilesselln, esprit sans pareil,'
Pour mieux féliciter sans cesse
La noble et glorieuse hostesse,
Lui fit ouïr de jolis vers
Animés par de forts beaux airs
Que d'une façon singulière
Avait fait le sieur de Molière,
Lequel, outre le beau talent
Qu'il a de danseur excellent,
Met lieureusement en pratique
La poésie et la musique.
Il paraît, d'après ces vers, que Molier n'était
pas seulement musicien du roi, mais un des dan-
seurs des ballets de la cour. C'est ce qu'on voit
d'ailleurs dans la pièce composée pour une de
ces fêtes, sous le titre : Les Plaisirs de Vile en-
chantée, qui fut représentée le 7 mai 1664. Mo-
lière y jouait les rôles de Lyciscas et de Moron
de la Princesse d'Élide, et Molier y représen-
tait un des huit Maures qui dansent la seconde
entrée du Palais d'Alcine, ballet. On retrouve
son nom dans la plupart des divertissements de
cette époque, ainsi que celui de sa fille. Il maria
cette fille, en 1664, à Ytier, célèbre théorbiste
de ce temps, attaché comme lui à la musique de
la chambre du roi. Le 7 janvier 1672 , une pièce
héroïque fut jouée au théâtre du Marais avec des
machines, des ballets et des airs chantés et dan-
sés, sous le titre Le Mariage de Bacchus et
d'Ariane. La pièce était de Visé, auteur du
journal Le Mercure galant, et la musique avait
été composée pour Molier. Ce même Visé, ren-
dant compte de sa pièce, dans le Mercure ga-
lant, dit : « Les chansons en ont paru fort agréa-
bles, et les airs en sont faits par ce fameux M.
« de Molière dont le mérite est si connu , et qui a
« travaillé tant d'années aux airs des ballets du
« Roy. « Les mêmes auteurs avaient déjà donné
sur le même théâtre le ballet héroïque Les Amours
du soleil. On ne sait plus le titre d'un autre ou-
vrage dont parle M^e de Sévigné dans une de
ses lettres. « Je vais ( dit-elle ) à un petit opéra
« de Molière, beau père d'Ytier, qui se chante
« chez Pélissari; c'est une musique très-par-
'< faite; M. le Prince, M. le Duc et Mme laDu-
« chesse y seront (5 février 1674). >• L'habitude
qu'on avait de dénaturer le nom de Molier en
celui de Molière, a fait confondre souvent l'au-
teur dé quelques airs de danse et de chansons
avec le grand poëte; ce qui a fait croire que
l'immortel auteur du Misanthrope et de Tar-
tuffe était musicien. Molier mourut à Paris le
18 avril 1688.
MOLIIMA ( Bartholomé ), moine franciscain
espagnol, né dans la seconde moitié du quinzième
siècle, est auteur d'un traité du chant ecclésias-
tique intitulé : Arte de canto llano, Valladolid,
1509, in-folio.
MOLIIVARI ( Pierre), compositeur et pré-
dicateur à Murano, île de l'État de Venise, vers
le milieu du dix-septième siècle , a fait repré-
senter à Venise, en 1660, l'opéra intitulé : Ipsi-
eratea, et en 1664 Le Barbarie del Caso, à Mu-
rano. M. Caffi cite aussi du même La Venere
travestita, qui aurait été jouée en 1692; mais
Allacci n'en parle pas dans sa Dramaturgia.
MOLIIVARO ( Simon ), maître de chapelle
de l'église cathédrale de Gênes, dans les pre-
mières années du dix-septième siècle, fut con-
sidéré comme un des luthistes les plus remarqua-
bles de son temps. Il naquit dans cette ville, car
il est appelé Genovese aux titres de ses ouvrages.
Il dit , dans l'épître dédicatoire de son premier
livre de madrigaux au prince de Piombino, qu'il
était neveu de Jean-Baptiste Délia Gostena ( Voyez
Gostena ), qui fut comme lui serviteur de la
maison du prince, et composa des madrigaux
par l'ordre du père de ce seigneur ( E perche
sd che quanto le sono io Servitor, attrettanto
fù alla casa sua vivendo Gio. Battista delta
Gostena mio zio ,- vi hd inserito tre madri-
gali da lui fatti a commando del Signor
suo padre ). Burney cite de sa composition :
Concerti ecclesiastici ; Venise, 1605, in-4°. On
connaît aussi de cet artiste : I* Il primo libre
de Madrigali a cinque voci ; in Milano, ap-
presso l'herede di Simon Tint et Francesco
Besozzi, 1599, in-4o. — 2° Motectorum quinque
vocibus et Missa 10 vocibus liber primus ; in
Venetia; app. Ricc. Amadino, 1597. — 3° Il
terzo libre di Motetti a 5 voci ; in Venetia,
app. Raveri, 1609, in-4°. — 4° Fatiche spiri-
tuali ossia Motetti a set voci ; in Venetia, app.
Ricc. Amadino, 1610, in-4''.
MOLINE ( Pierre-Louis ) , auteur drama-
tique, né à Montpellier vers le milieu du dix-hui-
tieme siècle, fut d'abord avocat au parlement,
et pendant la Révolution eut la charge de secré-
taire-greffier de la Convention nationale. Il est
mort à Paris en 1821. Auteur de beaucoup de
livrets d'opéras fort médiocres, il a écrit aussi
une brochure intitulée Dialogue entre Lully,
Rameau et Orphée ( Gluclt ), dans les Champs
Élijsées; Amsterdam ( Paris ), 1774, in-S".
MOLIIXET, nom d'un musicien du quin-
MOLINET — MOLIQUE
IGl
zième siècle, dont on trouTe unechanson à quatre
Toix dans le livre C de la collection intitulée
Ilarmonice Musices Odhecaton, imprimée par
Ottaviano Petrucci de Fossombrone, à Venise,
1501-1503. Ce livre C, qui est le troisième, a
pour litre particulier : Canli C. IP Cento
cinquanta . La chanson de Molinet, sur ces pa-
roles : Tartara mon cor, est le 124« morceau
du recueil. Quel était ce Molinet? Était-il Fran-
çais ou Belge? Cette chanson est la seule com-
position connue sous ce nom, auquel n'est joint
aucun prénom. Peut-être ne faut-il pas cher-
cher d'autre auteur que Jean Molinet, poète el
historiographe de la maison de Bourgogne, né
dans un village du Boulonais, vers 1420, et qui
eut un canonicat à Yalenciennes. Il fut contem-
porain d'Okegiiein el de Busnoys , leur ami, et
leur adressa des vers. Il mourut à Yalenciennes
en 1507 dans un âge avancé. Rien ne prouve
qu'il ait été musicien, mais rien ne s'oppose, dans
ce qu'on connaît de lui, à croire qu'il ait cultivé
la musique, bien qu'avec moins d'activité que la
poésie. 11 aimait cet art et en parle bien eu plu-
sieurs endroits de ses é'^rits. Okeghem, Busnoys,
Régis, et autres musiciens belges qui vécurent de
son temps sont précisément ceux dont les pro-
ductions se trouvent avec la sienne dans le re-
cueil cité ci-dessus. Au surplus, il ne s'agit que
d'une simple conjecture.
MOLINEUX ( James), professeur de chant
à Londres, au commencement du dix-neuvième
siècle, s'est fait connaître par un traité élémen-
taire de l'art du chant, intitulé : Singer's Sysifi'
matic Guide in the science of Music, to ihe
formation and training of the varions classes
of voice; to the facture and application of
ihe Ornamenls in Singing ; Londres, sans date,
3 parties in-fol.
MOLI\0 ( Louis ), violoniste italien, élève
de Pugnani, luia succédé en 1798 comme premier
violon de l'Opéra de Turin. En 1809, il fit un
voyage à Paris , et s'y fit entendre avec succès
sur le violon et sur la harpe , dont il jouait fort
bien. On a gravé de sa composition : 1° le' con-
certo pour violon ( en ré); Paris, Pleyel. —
1'^ Trois duos concertants pour 2 violons, op. 8,
11, 13, Paris, Cousineau. — 3° Trois idem, lettre
A, Paris, Frey. — 4' Concertos pour harpe et
orchestre, n^s 1 , 2, 3, Paris, Cousineau. —
5'' Grande sonate pour harpe seule, ibid. —
6° Fantaisie idem , op. 10, ibid. — 7" Ariettes
italiennes , Milan, Ricordi. — 8" Six romances
avecscc. de piano, Paris, Leduc. On a confondu
l'artiste dont il s'agit ici avec celui qui est l'objet
lie l'article suivant, dans le Catalogue général de
la musique imprimée, publié par \N'liistling,
"JOGR. IMV. DfcS MLSICIESS. — T. M.
MOLINO (François), guitariste distin-
gué, né à Florence vers 1775, s'est fixé à Paris
en 1820, après avoir longtemps voyagé en
Espagne. On considère cet artiste comme un de
ceux qui ont le mieux analysé le mécanisme de
la guitare : la méthode qu'il a publiée pour cet
instrument passe pour la plus savante et la
mieux raisonnée. Ses principaux ouvrages con-
sistent en : 1° Trios pour guitare, tlùte et alto ,
op. 4, 19, 30; Leipsick, Breitkopf et H;firtel;
Paris , chez l'auteur. — 2° Sonates pour guitare
et violon, op. 2, 3, 7, 10, 22, 29; Paris et
Leipsick. — 3° Nocturnes idem , op. 36 , 38 ;
ibid.' — 4" Nocturne pour guitare et piano,
op. 44; ibid. — 5° Sonates pour guitare seule ,
op. 1, 6, 15, ibid. — 6° Rondeaux idem, op. 11,
28; ibid. — 1° Thèmes variés idem, op. 5,
9, 12, 18, 21, 31, 35; ibid. — 8° Nouvelle
Méthode complète de guitare, texte italien et
français , T édition ; Paris , Gambaro. Il y a
une traduction allemande de cet ouvrage , Leip-
sick , Breitkopf et ilaertel. Molino est mort à
Paris en 1847.
MOLIXOS-LAFITTE (M""), fille de
Boursauit, ancien entrepreneur des jeux de Paris,
est née en cette ville vers 1798. Élève de Zim-
merman pour le piano , elle a brillé comme
amateur pendant plusieurs années. On a gravé
de sa composition : Variations pour le piano
sur le pas de Zëphir; Paris, Leduc. Cette
dame a épousé M. Molinos, architecte à Paris.
MOLIQUE ( Bersakd ), violoniste et compo-
siteur pour son instrument, est né à Nuremberg
le 7 octobre 1803. Son père, musicien de ville, a
été son premier maître, et lui enseigna à jouer de
plusieurs instruments ; mais le violon était celui
que préférait le jeune artiste et sur lequel ses
progrès étaient rapides. A l'ùge de quatorze ans
il fut envoyé à Munich et placé sous ia direc-
tion de Rovelli , premier violon de la chapelle
royale. Deux ans après, il se rendit à Vienne ,
où il fut placé à l'orchestre du théâtre An der
Wien. En 1820 il retouina à Munich et y suc-
céda à son maître Rovelli en qualité de premier
violon de la cour, quoiqu'il ne fût âgé que de
dix-sept ans. Dans les deux années qui suivi-
rent, M. Moiique s'attacha à donner à son
talent un caractère grandiose, énergique. En
1822, il crut être arrivé assez avant dans l'art
pour entreprendre des voyages et se faire en-
tendre dans de grandes villes. Il obtint un congé
et visita Leipsick, Dresde, Berlin, Hanovre et
Cassel , où il se fit entendre avec succès. En 182o
il fut engagé à la cour de Stuttgard en qualité
de maître de concerts. Là il s'est fait connaître
par un nouveau talent où ses qualités de grand
11
1()2
MOLIQUE — MOLIÏOR
musicien se sont développées : je veux parler de
la direction d'un orchestre, où il fait remarquer
autant de précision que de goût et de sentiment
des nuances. En 1836, M. Molique a fait un
voyage à Paris , et a exécuté à la Société des
concerts du Conservatoire un de ses concertos
pour le violon. Les journaux qui ont parié de
l'effet de ce morceau , ont rendu justice à la
beauté de la compositioa ; mais suivant leur rap-
port, l'exécution n'a pas paru produire sur
l'auditoire l'impression qui semblait devoir ré-
sulter du talent de l'artiste. Au surplus, il est
bon tle remarquer que pareille chose a eu lieu
pour la plupart des violonistes de l'école alle-
mande qui se sont fait entendre à Paris, et que
Spolir et Lipinski , dont la réputation est grande
ailleurs, n'y ont pas produit d'effet. En 1849,
M. Molique a donné sa démission de la place
de maître de concerts à Stutlgard et s'est fixé à
Londres , où il s'est fait une honorable répu-
tation et une bonne position comme professeur
et comme exécutant. Il a été nommé professeur
de composition à l'Académie royale de musique
en 1861. Les ouvrages publiés par M. Molique
ont étendu sa renommée d'une manière bril-
lante depuis plusieurs années; on y remarque :
l'' Conceitos pour le violon : l*"", op. 2, Leipsick,
Peters; 2* (en la), op. 9, Leipsick, Breitkopf
et Haertel; 3e(en re' mineur), op. 10, ibid. —
2° Variations et rondo sur un thème orij^inal,
op. 11, ibid. — 3° Trois duos concertants pour
2 violons ; Mayence, Schott. — 4° Duo concer-
tant pour llûte et violon, ibid; — 5° Concertino
pour violon et orchestre, op. 1 , ibid. —
6" Quatrième et cinquième concertos pour violon
et orchestre; Leipsick, Hofmeister. — 7° Duos
concertants pour piano et violon, n"" 1 , 2 , 3 ;
Hambourg, Schuberth et C". — 8° Quatuors
pour 2 violons , alto et violoncelle , n"" 1 , 2 , 3 ,
4 , 5 , 6 ; Leipsick , Kistner. — 9° Trios pour
piano, violon et violoncelle, op. 27; Vienne,
Haslinger. — 10' Messe en si mineur pour 4 voix
et orchestre, op. 32; ibid. — 11"-' Des fantai-
sies pour violon et orchestre ; Hambourg, Schu-
berth. — 12° Des morceaux de salon pour violon
et piano. 13° Des Lieder à voix seule, avec ac-
compagnement de piano. Une symphonie pour
l'orchestre de M. Molique a été exécutée aux
concerts de Leipsick , en 1837.
MOLITOR (Ingénu), moine ' franciscain ,
organiste du couvent de Botzen , dans le
Tyrol , naquit à Habach ; il vivait vers le
milieu du dix-septième siècle. Il a publié :
1° Six canzonettcs pour 2 violons, viole, basse
de viole et basse continue. — 2° XIX motets
pour deux voix de soprano, 2 violons et basse ;
Aussbourg, 1668, in-4°. — 3° Fasckulus mu-
s/cafe ou Collection de motets ; Inspruck, 1668,
in-4°.
MOLITOR (FmÈLE), prêtre de l'ordre de
Citeaux , dans un monastère près de Baden , fut
directeur de musique en Suisse, vers le milieu
du dix-septième siècle, lia fait imprimer de sa
composition : 1° Prxgustus musicœ , seu mo-
tetx; Inspruck, in-(ol. — 2° Cantiones sacrx a
voce sola unà cum 2 hisirumentis ; Inspruck,
1664, in-folio.
MOLITOR ( Valentin ), moine de Saint-
Gall , dans la seconde moitié du dix-septième
siècle, a publié : 1° Odx Genethliacx ad Christi
cunas a 1, 2, 3,5 voc. cum 2 violinis;
Kempten, 1668; in-folio; 2°" édition, Ulm,
1670, in-fol. — 2° Missa cum tribus motetis
in solemni translatione SS. MM. Sergii, Bac-
chi, Hyacinthi et Erasmi, ab octo vocibus
et 7 imirumentis; Saint-Gall, 1681, in-4°. —
3° Directorium seu cantus et responsoria in
processionibus , in-8°.
MOLITOR (Jean-Georges ) , musicien alle-
mand du dix-huitième siècle, naquit à Donaues-
cliingen , et fut attaché à une des églises
d'Augsbonrg en qualité de directeur de musique.
On a publié dans cette ville, en 1736, six trios
pour deux violons et basse de cet artiste. On
connait aussi de sa composition : Sacra Har-
monia, consistant en huit motets pour offer-
toires à voix seule , 2 violons et orgue ; Augs-
bourg, 1750.
MOLITOR ( B. ) , autre musicien , vrai-
semblablement de la môme famille , a fait im-
primer àAugsbourg, vers 1800, des chants à
trois voix sans accompagnement, puis il s'est
fixé à Vienne, où il a pubhé des danses pour
2 violons et basse , d'autres pour le piano, et des
pièces pour la guitare.
MOLITOR (Sébastien), guitariste fixé à
Vienne depuis 1800 jusqu'en 1820 environ, était
né à Liège, suivant le Lexique universel de
musique de Schilling (tome IV, p. 730). 11 a
publié de sa composition : 1° Deux grandes
Sonates concertantes pour guitare et violon;
Vienne, Mechetti. — 2° Deux Trios concertants
pour guitare, violon ou flûte et alto ; ibid. —
3° Deux Sonates pour guitare seule; ibid. —
4° Une suite de Variations pour le même instru-
ment; ibid. — 5° Un Rondeau idem; ibid. —
6° Des Lieder à 3 voix.
MOLITOR (Simon), nom sous lequel on
trouve, dans la quarantième année de la Gazette
musicale de Leipsick, une dissertation critique
sur l'anecdote concernant Francesco Conti ,
rapportée par Maltlieson , dans son Parfait
MOLITOR — MOLTKE
163
Maître de chapelle , et que j'ai disentée dans
la nonvelle édition de celte Biographie univer-
selle des Musiciens. Deux articles biographiques
et critiques sur le baron d'Astorga ont paru sous
le même nom dans la 4i* année de la même
Gazette musicale. Je crois être certain que
ce nom de Simon Molitor est un des pseudo-
nymes sous lesquels Kiesewelter se cachait quand
il voulait m'atlaquer sur quelque point de doc-
trine ou sur des faits qu'il croyait ni.oux con-
naître que moi.
MOLITOR (Louis), directeur d'une so-
ciété chorale d'hommes ( Liedertafel ) à Spire,
Ters 1342 et années suivantes. On a de lyii
quelques recueils de Lieder pour soprano ou
ténor avec accompagnement de piano; Spire,
Lang; et des chants pour quatre voix d'hom-
mes , dont un a pour titre : Eine TAederkranz
Probe (La répétition d'une société de chant),
fantaisie burlesque; Mayence, Srhott.
MOLLE ( Henri ) , musicien anglais qui
vécut à la fin du dix-septième siècle, n'est connu
que par deux Services du soir à quatre voix; le
premier en ré, le deuxième en fa. On les trouve
dans une collection recueillie par le Dr Thomas
Tu<lway, professeur de musique à l'nniversilé de
Cambridge, et transcrite en six volumes , pour
Lord Harley dans les années 1715-1719. Ce ma-
nuscrit est aujourd'hui au Muséum britannique ,
sous les n"' 11587 et 11389 du supplément.
MOLLER ( Jean ) , organiste de la cour à
Darmstadt, naquit dans la seconde moitié du
seizième siècle. Il a paru de sa composition :
r Nevoe Paduannen und darauff gehœrige
Galliarden von 5 Stimmen ( Nouvelles pavanes
avec leurs gaillardes à cinq parties); Francfort,
1610; 2^ édition, 1625, in-4''. — 2° JSevce Quod-
libet mit 4 Stimmen (Nouveaux quolibets à
4 voix); ibid., 1010, in-4''. — 3° Teutsche
Mottetten von 5, 6 und 8 Stimmen (Motets al-
lemands à 5, 6 et 8 voix); Darmstadt, 1611. —
4° Andere newe Paduannen, iter Theil ( Au-
tres nouvelles pavanes, f® partie); Darmstadt,
1611, in-4<'; 2* partie, ibid., 1613.
MOLLER ( Je\n ), magister et recteur à l'é-
cole sénatoriale de Francfort-sur-l'Oder, vers le
milieu du dix-septième siècle, a rempli ces fonc-
tions pendant trente-six ans. Le -3 janvier 1067
il prononça, pour la réception d'un nouveau
chantre, un" discours latin De Musicd^ejusque
excellentid , que son fils, Jacques MoUer, publia
avec un autre discours à Erlangen en 1681, et qui
fut réimprimé dans les Dissèrtationes Molle-
rianx; Leipsick et Gœrlilz, 1706, in-S" (p. 58-
94).
MOLLER (Olaus), pasteur à Fleusbourg,
dans le duché de Schleswig , puis recteur du col-
lège de Husum , a fait imprimer un discours De
enuUtis musicis ; Flensbourg, 1715, in-4''.
MOLLER ( Jean ), savant philologue, na-
quit à Flensbourg en 1661. Après avoir fréquenté
les universités de Kiel, de Jéna et de Leipsick,
il fut nommé en 1685 régent du collège de sa
ville natale, puis recteur en 1701. Il passa pai-
siblement sa vie entière dans l'exercice de ses
fonctions , uniquement occupé de recherches lit-
téraires, et mourut le 26 octobre 1725. L'ouvrage
le plus important de ce savant a pour titre : Cim-
bria Lillerala seii historia scriptorum du-
catis utriusque Sleswicensis et Holsatici, qui-
bus Lubecenseset Ilamburgenses accensentur /
Copenhague, 1744, 3 vol. in-fol. On y trouve
d'excellentes notices sur beaucoup de musiciens
et de savants qui ont écrit sur la musique dans
ces contrées septentrionales.
MOLLET (Jacques), musicien français de
la première moitié du dix-septième siècle, est
connu par huit motets à deux , trois et quatre
voix, qui ont été insérés dans le Praium mu-
sicum, imprimé à Anvers en 1634, in-4*',
MOLI>iAR ( Jean ) , prédicateur des églises
évangéliques de Pesth et d'Ofen , ué en Hongrie
dans la seconde moitié du dix-huitième siècle,
mourut à Pesth, le 28 novembre 18.19. Il a pu-
blié un écrit qui a pour titre : Ueber die Kir-
ehen-Singchore , dcren Nothwendig kcit , Be-
griindung, Einrichtung , Vervollkommnung ;
den Wort zu seiner Zeit, von Joh. Nie. For-
kel mit cinigen nolhwendigen Abaendcrungen,
Zusxtzen und Vorrede, etc. ( Sur les choGurs
chantants des églises , leur nécessité , leur fon-
dation, leur organisation et lenr amélioration,
etc. ) ; Pesth , 1818, grand in-S" de 35 pages. Cet
écrit parut d'abord dans la neuvième année du
Nouveau Magasin de Hanovre (p. 1437 et
suivantes ), sous ce titre : Ueber die Vetbesse-
rungen der Singechore (Sur les améliorations
des chœurs chantants ). Forkel a introduit ensuite
cette dissertation dans le deuxième volume de
sou Histoire de la musique (p. 31 et suivantes),
et Moinar l'a reproduite avec des changements ,
des additions , une préface et les notes de Forkel,
dans l'édition indiquée ci-dessus.
MOLTEM ( Benedetta-Emilia ). Voyez
AGRICOLA ( Benedetta-Emilia ).
4tfOLTKE (Cha^les-Melcdior- Jacques),
chanteur et compositeur de Lieder, naquit le 21
juillet 1783 à Garmsen, près de Hildeshcim (Ha-
novre), où son père était maître d'école. Après
avoir fait ses humanités au G\mnase de Hildes-
heim, puis à Brunswick, et y avoir appris la mu-
sique, il suivit un cours de théologie pour satis-
11.
1G4
RIOLTICE — MO^IBELLI
faire à la volonté de son père; mais son penchant
invincible pour la musique le décida à renoncer
à l'église et à s'établir à Brunswick, comme pro-
fesseur de musique. Il y resta jusqu'en 1806, épo-
que où les malheurs de la guerre dans laquelle l'Al-
lemagne était alors engagée contre la France vin-
rent porter atteinte aux intérêts des personnes ai-
sées que Moltke comptait parmi ses élèves. Ce fut
alors qu'il prit la résolution de tirer parti de sa belle
voix de ténor, et de suivre la carrière du théâ-
tre. Après avoir débuté an théâtre de Brunswick,
puis chanté à celui de Magdebonrg, il fut engagé
à Weimar, vers la fin de 1806. Ce fut là que son
talent de chanteur se développa et acquit des qua-
lités dramatiques. Plus tard, sans abandonner
sa position de Weimar, il voyagea et se fit en-
tendre sur les théâtres de Hambourg, Leipsick,
Carlsruhe, Sluttgard et autres villes. Étant à la
fôte musicale d'Erfurt, qui eut lieu dans les jour-
nées di! 2 au 5 août 1831, il y fut saisi d'une
fièvre nerveuse, et expira le 9 du même mois.
Ce chanteur a eu de la réputation en Allemagne
à cause de la beauté de sa voix et du caractère
dramatique de son talent. Comme professeur de
chant, il a formé de bons élèves à Weimar. On
a de Moltke plusieurs cahiers de TAeder qui ont
obtenu des succès. Sa femme et sa fille étaient can-
tatrices à Weimar.
MOLTXER (Balthasar), professeur au
collège de Schleusingen, dans les premières an-
nées du dix-septième siècle, a fait imprimer de
sa composition : Moielte fiirQ Siimmen, auf
den Tod der Fr. Laiiermannin zu Eisfeld
( Motets à 6 voix sur la mort de Mme Latter-
mannin d'Eisfeld ) ; Cobourg, 1614, in-4°.
MOLYNEUX (Thomas), médecin, né à
Dublin vers 1660, mourut le 19 octobre 1733.
Parmi plusieurs mémoires qu'il a insérés dans les
Transactions philosophiques, on remarque ce-
lui-ci : A Lctler io the liight Révérend Saint-
Georges, lord bishop of Cloghcr in Jreland,
containing some Thoughts concerning the an-
cient Greek and Roman Lyre, and an Expia-
nation of an obscure passage in one of Ho-
race*s odes ( Lettres au très-révérend Saint-
Georges , lord évêque de Cloglier en Irlande ,
contenant quelques doutes sur l'ancienne lyre
des Grecs et des Romains, et l'explication d'un
passage obscur d'une des odes d'Horace), Philos.
Transact., an. 1702, n° 282, p. 1267-1278. l\
s'agit des deux vers d'Horace :
Sonante mi^tiim tibiis Carmen I^ra,
Hac Dorium, illls Barbarum.
qui depuis lors ont fait croire au P. Du Cerceau et
à Chabanon que les anciens ont connu l'harmonie.
MOMBELLI (Dominique), célèbre chan-
teur, n'est pas né en 1755, comme on l'a écrit
dans quelques notices biographiques , mais le
17 février 1751, à Villanova, près de Verceil. Il
apprit la musique à Casale-Monferrato, sous la
direction d'un maitie nommé Ottone. En 1775,
il obtint la place d'organiste dans la petite ville
de Crescentino, où il mit en musique la Didone
de Métastase, pour un théâtre de société. Quel-
ques contrariétés qu'il éprouva en ce lieu le dé-
cidèrent à le quitter. Il se rendit dans sa ville
natale, partagea son mince patrimoine à ses
sœurs, et se lança sur la scène, où il se fit une
belle réputation comme ténor. Il débuta à Parme
en 1779, puis se fit entendre avec succès à Bo-
logne, à Rome, et enfin à Naples, où il arriva
en 1783. Il fut engagé l'année suivante au
théâtre de Saint-Charles, comme premier ténor,
et pendant six ans y brilla dans la plupart de»
ouvrages qui y furent représentés. A l'automne
de l'année 1790, il chanta à Livourne, et au car-
naval suivant à Padoue. A celte époque, jus-
qu'en 1800, il partagea avec Giacomo Davide la
gloire d'être considéré comme un des meilleurs
ténors de l'Italie. Dans les premières années du
dix-huitième siècle, il vécut à Madrid , où il
avait été engagé à des conditions avanta-
geuses. A son retour, on trouva sa voi,v af-
faiblie ; mais il avait alors plus de cinquante
ans. Cependant il se maintint encore honora-
blement au théâtre et brilla même à Vienne, où
il fut considéré comme un grand chanteur.
Mombelli avait épousé la cantatrice Loin"se
Laschi en 1782; mais ce mariage fut stérile. Sa
seconde femme fut Vincenza Vigano , sœur du
célèbre compositeur de ballets : il en eut douze
enfants, dont sept vivaient encore en 1825,
Quoique âgé de plus de soixante ans, il chanta
encore en 1812 à Rome, avec ses deux filles
Esther et Annette, dans le Demefrio e Polibio
de Rossini, alors à l'aurore de sa carrière. Pou-
de temps après il se retira à Bologne, où il vécut
dans l'aisance avec le bien qu'il avait acquis
par ses travaux. Le roi de Sardaigne lui avait
accordé le titre honorifique de premier chanteur
de sa chapelle. Mombelli est moit à Bologne le
15 mars 1835, à l'âge de quatie-vingt-quaire ans.
Cet artiste a composé beaucoup de musique d'é-
glise, l'oratorio intitulé : La Gerusalemnie Ube-
rata, et des opéras, parmi lesquels on remarque :
VAdriano'in Siria, écrit pour ronvcrlurc du
théâtre de Como. Il a publié : 1" 6 ariettes ila-
lienncs avec accompagnement de piano ou harpe ;
■Vienne, Artaria, 1791. — 2» 8 Idem, op. 2;
ibid., 179i. — 3" 6 Duellini pcr 2 soprani,.
op. 3; ibid., 1795. — Alexandre Mombelli, fils de
MOMBKLLl — MOMIG.NY
Î6ô
Dominique, était professeur de cliant au lycëe
communal de musique de Bologne, en 184i,
lorsque j'ai visité cet établissement. 11 avait au-
trefois chanté comme ténor sur plusieurs théâ-
tres de l'Italie et à Lisbonne , mais sans y faire
une impression favorable.
MOMBELLI (Esther), fille du précédent,
née a Naple.-;, en 1794, n'eut point d'autre maître
que son père pour Part du chant. Elle parut |)our
la première fois sur la scène au théâtre Valle,
à Rome, en 1812, dans le Demelrio e Polibio de
Rossini. Le succès qu'elle obtint dans cet ouvrage
la fit rechercher par les entreprises de plusieurs
théâtres. Elle était à Turin en 1818, et elle y
excita l'enthousiasme dans la Ccnereniola. Ar- ;
rivéeà Paris en 1823, elle y fut considérée comme |
une cantatrice d'un rare mérite, surtout à cause :
de l'énergie^qu'elle déployait dans quelques-uns i
de ses rôles. Ses qualités consistaient moins dans |
une correction irréprochable que dans une verve |
entraînante. Cependant, vers la fin de Son séjour i
dans cette ville, elle tomba dans une mélan-
colie habiluelle. En 1826 elle chantait à Venise !
avec de grands succès ; mais au printemps de ,
1827, elle épousa le comte Gritti et quitta la i
scène.
MOMBELLI (Axnette), deuxième fille de '■.
Dominique, est née à Naples en 1795. Élève de
son père, elle débuta avec sa sœur, à Ronie, en
1812, dans le Demelrio e Polibio. L'année sui- .
vante elle (it avec son père et sa sœur l'ouverture
du théâtre de Verceil dans VEvelina de Morlac- !
chi. Depuis lors elle a chanté avec sueots sur !
plusieurs théâtres de l'Kalic-, particulièrement
à Milan en 1814, 1815 et 1816. En 1817, elle dis-
parut de la scène, et depuis lors on n'a plus eu
de renseignements sur sa personne. I
MOMIGXY ( JÉhôME;JosEPn DE) , né à f'hi- '
lippeville, en 1766, apprit, dès ses premières
années, les éléments de la musique. Des revers de '
fortune ayant ruiné ses parents, il fut conduit à :
Saint-Omer, où un oncle maternel prit soin de
son éducation. A douze ans, il était organiste dans
cette ville. Appelé. en cette qualité à l'abbaye
royale de Sainte-Colombe, il vécut plusieurs
années dans cette retraite religieuse, livré à l'étude
et à la méditation. C'est aussi à cette époque qu'il
fit ses premiers essais de composition. Cependant
la nécessité d'entendre et d'être guide par des
modèles lui fit prendre la résolution de se rendre
à Paris. Il y arriva en 1785. M. de Monleynard,
ministre de Louis XVI, avait été prié par sa sœur,
abbesse de Saint-Pierre, à Lyon , (}e lui envoyer
un organiste; il jeta les yeux sur M. de .Momigny,
et celui-ci accepta les' propositions qui lui étaient
faites à ce sujet. Établi à Lyon, il se fit connaître '
comme professeur de piano et comme composi-
teur. Nommé eu 1793 secrétaire de sa srction, il
fut ensuite oflicier municipal au moment où Lyon
venait de se soustraire par la révolte au joug du
gouvernement révolutionnaire. Mis hors la loi,
après la prise de cette ville, Momigny parvint à
se réfugier en Suisse, oii il vécut quelque temps
dans une position précaire. Arrivée Paris en 1800,
après l'établissement du Consulat, il y fonda une
maison de commerce de musique, et s'y livra à
l'enseignement. La protection du comte de La-
cépède lui fut alors utile. C'est chez ce savant,
placé dans les hautes dignités de l'empire, qu'il
fit entendre ses compositions, particulièrement
ses quatuors de violon. Mais déjà à cette époque,
la composition n'était plus qu'un accessoire dans
les travaux de M. de Momigny j toutes ses vues
s'étaient tournées vers une réforme de la théorie
de la musique qui lui paraissait nécessaire. L'i-
solement où il avait vécu jusqu'alors à l'égard
des artistes célèbres, les éloges sans réserve de
ses amis , la faiblesse de ses études pratiques, et
son ignorance absolue de la littérature et de l'his-
toire scientifique de la musique dans les pays
étrangers, dans l'antiquité et dans le moyen âge,
lui avaient domié une confiance illimitée en lui-
même, un langage hautain, et lui avaient fait
considérer comme d'admirables découvertes de
son génie des opinions débattues depuis plusieurs
siècles. Il produisit sa théorie 'pour la première
fois dans un livre intitulé : Cours complet
d'harmonie et de composition d'après uns
théorie neuve et générale de la musique, basée
sur des principes incontestables, puisés dans
la nature, d'accord avec tous les bons ouvra-
ges pratiques, anciens et modernes, et mis par
leur clarté à la portée de tout le monde,
Paris, chez l'auteur, 1806, in-S", 3 volumes.
Se mettant au point de vue de Levens, de Bail-
lère et de Jamard, pour la recherche des bases
de la constitution de la gamme, M . de Momigny
les trouve dans les divisions d'une corde sonore
d'après la progression arithmétique qui donne
pour résultat la gamme ut, ré, mi, fa, sol, la,
si bémol; mais attendu que cette gammej^n'est
pas conforme'à celle de la musique européenne
moderue, et que le si bécarre ne se trouve qu'à
la quinzième division de la corde, M. de Momi-
gny, au lieu d'adopter comme Levens et ses
imitateurs- une gamme de huit notes avec le si
bémol et le si bécarre, imagine de ne point con-
sidérer la corde ainsi divisée comme une toni-
que, mais comme une dominante, en sorte que
sa gamme e>t sol, la, si, ut, ré, mi, fa. Il énu-
mère longuement les avantages qni résultent de
la position de la tonique an milieu de la gamme.
166
MOMIGNT
comme le soleil au centre des planètes^ par
exemple, de trouver les deux demi-tons dans
les sept notes, sans la répétition de la première
à l'oelave, de diviser la gamme en deux quartes
justes, et d'avoir lesdemi-tons aux mêmes places
dans ces quartes ; car une des plus sévères ob-
jections de M. de Momigny, contre la forme de
la gamme commençant par la tonique, porte sur
la quarte majeure ou triton, que forment entre
elles la quatrième et la septième note ; ne remar-
quant pas que c'est précisément cette relation qui
est constitutive de la tonalité, et qui conduit à
la conclusion finale de toute mélodie et de toute
harmonie. Ainsi que la plupart de ceux qui ont
examiné ces questions, M. de Momigny se fait il-
lusion par des propriétés d'arrangement de notes
qui ne sont que des objets de curiosité et non
des produits directs des lois de tonalité. D'ail-
leurs, ces considérations de M. de Momigny n'é-
taient pas nouvelles : elles avaient frappé Levens,
qui, le premier, les a livrées à l'attention des
musiciens, et longtemps auparavant par Joacliim
Thuring, parti d'un autre point de vue, dans son
Opusculum bipartitum de primordiis musicis.
Quant à son système complet engendré par des
progressions de quintes et de quartes, M. de Mo-
migny l'emprunte à l'abbé Roussier.
Les divisions d'une corde, considérée comme
dominante, conduisent M. de Momigny, en ce
qui concerne l'harmonie, aux mêmes résultats
que Catel avait obtenus par les mêmes moyens
dans sa théorie d'harmonie publiée en 1802. Quel-
ques aperçus qui ne manquent pas de justesse
sur la mesure et le rhytlime, et à l'égard de la
partie esthétique de l'art, la musique considérée
comme une langue, avec l'application de ce prin-
cipe dans l'analyse de quelques morceaux de
musique, complètent cet ouvrage, que son au-
' teur soumît à l'examen de la section de musique
de l'Institut en 1807. Ce corps académique, com-
posé d'artistes célèbres qui ne s'étaient jamais oc-
cupés de ces questions philosophiques, et qui
ne possédaient pas les connaissances nécessaires
pour les résoudre, voulut éviter de donner son
avis, en déclarant que son règlement s'opposait à
ce qu'on fit un rapport sur un ouvrage imprimé.
Mais la protection de M. de Lacépède fit revenir
sur cette première décision, et il fut résolu que
M. de Momigny ferait l'exposé de son système
dans une séance de l'Académie, le 17 décembre
1808, et que le rapport aurait pour objet cet
exposé. Cependant, grâce à l'adresse de MéhuI,
la décision ne fut pas ce que vo\ilait l'auteur du
système; car le rapport disait que le public était
seul juge d'une théorie livrée à son examen dans
un ouvrage imprimé. M. de Momigny publia peu
de temps après son Exposé succinct du seul
système musical qui soit vraiment bon et
complet, du seul système qui soit partout
d'accord avec la nature, avec la raison et
avec la pratique ; lu à la classe des beaux-
arts de l'Institut, le 17 déc. 1808, Paris, Mo-
migny, 1809, in-8" de 70 pages, avec 2 planches.
Quoique blessé, non de ne pas obtenu un juge-
ment de sa théorie, mais le triomphe public qu'il
se décernait à lui-même, M. de Momigny adopta
les conclusions du rapport de l'Institut, en s'a-
dressant au public pour le faire juge de la ques-
tion, dans un cours qu'il ouvrit à l'Athénée de
Paris. Il ne paraît pas que ce cours ait rallié
beaucoup de partisans au système de réformation
de la théorie de la musique, car l'on n'en parla
pas et le cours finit bienlôt. Mais une occasion
se présenta pour répandre celte théorie lorsque
l'éditeur de VEncyclopédie méthodique par
ordre de matières chargea M. de Momigny d'a-
chever le Dictionnaire de musique commencé par
Ginguené et Framery, puis par l'abbé Feytou, et
par Surremain de Missery, pour quelques articles
de théorie musicale, et dont la première partie
était publiée depuis près de vingt-cinq ans. Ce
monstrueux ouvrage, dont les différents rédac-
teurs étaient en contradiction perpétuelle d'opi-
nions, atteignit le comble du ridicule quand
M. de Momigny eut entrepris la rédaction de ce
qui restait à faire ; car tous les grands articles
de son travail furent employés à l'exposition de
son système, et à la critique de tout ce qui pré-
cédait. L'ouvrage fut achevé en 1818; il a pour
titre : Encyclopédie méthodique. Musique,
publiée par MM. Framery, Ginguené et de
Momigny, Paris, 1791-1818, 2 vol. in-4'', le
ItT de 760 pages, le 2' de 558, avec 114 plan-
ches.
Soit que l'effet de cette publication n'eût pas
répondu à l'attente de M. de Momigny , soit
qu'il pensât que le moment était venu d'occu-
per par tous les moyens possibles l'opinion pu-
blique de son système favori , trois ans après
que le Dictionnaire de musique de l'Encyclopédie
eut paru, il donna le livre (Jui a pour titre : La
seule vraie théorie delà mmique, utile à ceux
qui excellent dans cet art , comme à ceux
qui en sont aux premiers éléments, ou moyen
le plus court pour devenir mélodiste, harmo-
niste, contrepoint iste et compositeur. Ouvrage
dédié à ses collègues de la Société acadé-
mique des enfants d'Apollon, aux grands ar-
tistes de l'Académie royale de musique, à
la te'le desquels est le célèbre Viotti, et à tous
les hommes de sens et de génie, par J.-J. de
Momigny; Paris, chez l'auteur (sans date).
MOMIGNY
167
in-fol., gravé. Ce livre a été traduit en italien
S0I18 ce titre : La sola e vera leoria delta mu-
sica delsignor G. G. de lyfomignfj, versione
del francese di E.M. E. Santerre, accademico
filai-vionico ; Bologna, 1S23, Cipriaui, in-4° de
132 pages avec 84 page?s d'exemples lilhogra-
pliiés. Dans cet ouvrage, ie point de départ
de la division d'une corde par une progression
arithmétique est abandonné pour faire place à
des considérations de formules de notes qui
conduisent l'auteur au même résultat. M. de
Momigny pose en principe qu'il n'y a que douze
demi-tons égaux dans l'octave , mais que les tou-
ches d'un instrument à clavier qui mettent sous
les yeux ces demi-tons, ayant une triple relation
intellectuelle, et nullement physique, à savoir, une
relation diatonique, une chromatique, et une
enharmonique , représentent vingt-sept touches
par octave, pour chaque ton, au lieu de douze,
ou 324 pour tous les tons. De là, il arrive à la
conclusion que la nécessité du tempérament est
une absurdité (1). Mais (dit-il) comment dé-
truire les preuves mathématiques qui établis-
sent la nécessité du tempérament? Sa ré-
ponse est curieuse et mérite d'être rapportée ; la
voici : a Ces preuves n'en sont pas, ce qui se
n contredit ne pouvant êtie la vérité. L'expres-
« sion numérique de la quinte, prise du nombre
« de ses vibrations, étant ^, celle de l'oc-
« tave j, et celle de la tierce majeure 5 (2), il
« est impossible qu'il ne résulte pas d'une part
« 81, et de l'autre 80, car en triplant 3 on a
« 9 ; en triplant 9 , 27 ; tt en triplant 27 on a |
n 81 ; comme en doublant 20, 40, et en dou- j
« Liant 5 on a 10, en doublant 10, 20; en dou- J
« blant 40, 80. Que s'ensuit-il de là? Que ou
« est l'unisson parfait de 81, et que la diffé-
« rencede 80 à 81 est nulle de fait, malgré sa
« réalité en ce qui concerne les chiffres; cette
« différence étant un résultat nécessaire du
« triplé comparé au doublé : s'il en tlait autre-
« ment, il s'ensuivrait que la quinte ne serait pas
« la quinte, ou que i'octave ne serait pas l'octave;
« car la quinte d'ui ne peut être la quinte réelle
(I) Il est remarquable que cette conclusion implique
coatradictioa ; car s'il n'y a que douze demi-loos égaux dun^
uaeociave, comment se fait-il que l'intelligence ait besoin
de Tingt-sept touches par octave pour en comprendre
l'emploi dans les trois genres ? Et s'il est en effet besoin
de Tingt-sept touches , comoienl concevoir le clavitr i
des instruments où il n'y en a que douze sans le tempé-
rament ?
(») Momigny tombe Ici dans de singulières erreurs ,
qui prouvent qu'en faisant la critique des proportions
numériques des inlervalles il parle de choses qu'il
ignore. L'expression numérique de la quiute n'est pas -
mais -J, et celle de la tierce majeure n'est pas j, mais ^
•> du ton d'M^ , qu'autant qu'elle s'accorde en
« tout avec la toni(|ue et ses octaves et avec les
« autres intervalles de la ^amme et de leurs oc-
» tave.s, sans quoi il n'y aurait pas d'unité dans
« le système musical, et par conséquent point
« d'échelle, de gamme ni de musique. » On voit
que M. de Momigny avait entrevu, mais d'une ma-
nière vague, les erreurs dasgeomètresa l'égard de
l'application des proportions à la musique moder-
ne ; mais dans son embarras pour discenitr les li-
mites de cette théorie, il a trouvé plus commode
d'en nier la vérité. En réalité, il confond tout
dans celle prétendue critique, et mêle la tliéo
rie delà progression triple avec la doctrine ordi-
naire des géomètres. La seule vraie théorie de
cet écrivain ne pe'jt être d'ailleurs d'aucune
utilité pour former des harmonistes ; les exem-
ples sont en général fort mal écrits, et ce qui
concerne le contrepoint et la fugue indique une
plume inhabile dans ces formes de l'art d'écrire,
et une ignorance complète des principes de cet
art.
L'ouvragede M. de Momigny fut critiqué avec
sévérité par Morel {voyez ce nom) dans des
Observations sur la seule vraie théorie de la
musique, de M. de Momigny (Paris, Bachelier,
1822, in-S" de 66 pages ) ; mais celui-ci tomba
dans les anciennes erreurs de son Principe
acoustique, en voulant réfuter celles de ia
vraie théorie, et M. de Momigny fit très-bien
voir ces erreurs daus un petit écrit intitulé :
Réponse aux observations de M. Morel, ou à
ses attaques contre la seule vraie théorie de
la musique , ouvrage de M. de Momigny ;
Paris (sans date), 16 pages in-8°. La persévé-
rance de celui-ci, malgré le mauvais succès de
ses ouvrages , de ses cours, de ses articles de
journaux relatifs à son système, malgré l'indif-
férence des artistes et du public pour celte théo-
rie qu'il proclamait la seule vraie, cette persévé-
rance, dis-je, n'était (wint encore lassée en 1831,
car il insistait à cette époque pour obtenir un
rapport de la classe des beaux-arts qui, sur la
demande du mini-^tre de l'intérieur, s'occupa
de la théorie dont il s'agit, et posa à M. de Mo-
migny diverses questions auxquelles il répondit
par cet écrit : A l'Académie des beaux-arts ,
et particulièrement à la section de viusique .
en réponse aux sept questions adressées par
celle-ci à M. de Momigny, le 25 avril de cette
a/mee 1831 ; Paris, 1831, in-8° de 24 pages. De-
puis lors il a publié : Cours général de musi-
que, de piano, d'harmonie et de composition
depuis A jusqu'à Z, pour les élèves, quelle
que soit leur infériorité, et pour toxis les mu-
siciens du monde, quelle que soit leur supé-
1G8
MOMIGNY — MONCOUTEAU
riorité réelle ; divisé en douze parties théori-
ques- et pratiques; par J.-J. de Momigny,
d'après ses découvertes nombreuses et incon-
testables de vérité , d'utilité et de nécessité
pour les enseignés et les enseignants ; Paris,
chez l'auleiir, 1834, in-4''.
Les compositions publiées par M. de Momigny
sont : 1° Quatuors pour deux violons, alto et
basse, op. l et 2 ; Paris, chez l'autenr. —
2" Sonates pour piano, violon et violoncelle, op. 9
et 10; Paris, Pleyel. — 3" Idem, op. 14, 16, 18;
Paris, Momii^ny. — i" Trio idem, op. 22 ; ibid.
— 5° Sonates pour piano et violon , op. 2 et 4;
Paris , Couperin. — 6" Sonates pour piano seul,
op. 3 et 7 ; ibid. — 7° Fantaisies et pièces diver-
ses, idem; Paris, Momigny. — 8" Air varié,
idem; Paris, Hanry. —9" Cantates avec ac-
compagnement de piano ; Paris , Momigny. —
10° Sept recueils de romances avec accompagne-
ment de piano; ibid. On a aussi du même :
Première année de leçons de piano-forte.
Ouvrage élémentaire aussi utile à ceux qui
enseignent qu'à ceux qui veulent apprendre
à jouer de cet instrument ; à Paris, cliez l'au-
teur. M. de Momigny s'est lixé à Tours depuis
longtemps. Il y vivait encore en 1855, et était
âgé de quatre-vingt-neuf ans.
MOiVlPOUR (F.-J.), organise de l'église
Saint-Remi, à Bonn, a publié en 1830, à Francfort
sur-le-Mein, chez F.-F. Dunst, une instruction
abrégée d'harmonie pratique sous ce titre :
Kurizer Inbegriff der Allgemeinen Harmo-
nielehre fur angehende Tonkûnsller. Le sys-
tème de basse cliiffrée emplo\é par cet auteur
est à peu près illisible, à cause de la multipli-
cilé des signes.
MOiViVRÏ (Bartholomk), compositeur, né à
Bologne vers 1G04, fut surnommé il Monarino.
Élève de D. Augustin Filipuzzi ( voyez, ce nom )
pour le contrepoint et l'orgue, il devint compo-
siteur et organiste distingué. En 1670 il obtint
la place d'organiste de San-Petronio, et fut
agrégé à l'Académie des Philharmoniques de
Bologne. Après la mort de son maître (Filipuzzi),
la place de maître de chapelle de l'église Saint-
Jean m Mo7ite lui (ut donnée. Kn 1688 il fit
représenter au théâtre Formagliari de Bologne,
l'opéra Catone il Giooane.
MONARI (Clément), maître de chapelle
de la cathédrale de Reggio, dans les premières
années du dix-huitième siècle, naquit dans le
duché deModène. l':n (705, il (it représenter au
théâtre ducal de Milan VAretusa, qui (ut suivi
de VAma:>ona Corsai a. Allacci n'a pas eu
connaissance de ces deux ouvrages : il cite seu-
lement Clément Monari comme compositeur du
second acte du drame musical II Teuzzone ,
dont le maître de chapelle Paul Magni avait
écrit le premier, et qui fut représenté au théâtre
ducal de Milan, en 170G.
MONASTERIO (Jésus), virtuose violo-
niste et professeur de son instrument au Con-
servatoire royal de Madrid, est né en 1835 à
Potes, province de Santander ( Espagne ).
Doué des plus remarquables dispositions pour
la musique, il n'était âgé que de dix ans lorsqu'il
excita une véritable émotion dans le public par
son talent précoce en jouant, le 6 juin 1845, nn
concerto de violon dans un entr'actc au théâtre
del Principe, à Madrid. Recommandé au direc-
teur du Conservatoire royal de Bruxelles, il
fut admis dans cette institution en 18)9, et y
reçut les leçons de Charles de Bériot. Après trois
années d'études sous ce maître, Monasterio ob-
tint le prix d'honneur au concours en 1852 en
partage avec M. Beumer, aujourd'hui ( 18G2) pre-
mier violon solodu théâtre royal de Bruxelles , et
professeur adjoint au Conservatoire de cette ville.
De retour en Espagne dans l'année suivante,
M. Monasterio a été nommé par la reine profes-
seur de violon au Conservatoire de Madrid, puis
premier violon solo de la chapelle royale et
de la musique de la chambre. A différentes
époques, il a voyagé en France, en Belgique et
en Allemagne pour s'y faire entendre dans les
concerts. Au mois de décembre 1861, il a joué
avec un brillant succès, à l'un des concerts du
Conservatoire de Bruxelles , un concerto de sa
composition, et s'est fait également applaudir à
Gand, Bruges, Anvers ; puis il s'est rendu en
Allemagne. A Leipsick , il a produit une vive
impression, à l'un des concerts du Gewandhaus,
dans plusieurs morceaux de sa composition.
Les qualités du talent de cet artiste sont un beau
son, une parfaite justesse, de la sûreté dans les
traits d'exécution et du goût dans la manière de
chanter.
MOIXCOUTEAU (Piekke-François), or-
ganistede l'église Saint-Gerrnain-des-PréSjà Paris,
aveugle de naissance, est né, le 3 janvier 1805, à
Ville-Juif, près de cette ville. Admis à l'âge de
sept ans à l'institution des Jeunes-Aveugles fondée
par Valentin Hatiy,il y reçut son éducation lit-
téraire et musicale; puis, suivant l'usage de cette
maison, il y enseigna lui-même le calcul, la mu-
sique, la grammaire et la géographie. Il en sortit
en, 1825, et commença à prendre position parmi
les organistes de Paris en jouant l'orgue de l'é-
glise des Missions-Étrangères; puisil fut suppléant
de Séjan {voyez ce nom) à Saint-Sulpice et
aux Invalides. En 1841, il ohlint au concours
l'orgue de Saint-Germain-des-Prés, et depuis celte
:SIONCOTJTEAU — MONDONVILLE
1G9
<5poque jusqu'à ce jour (18C2)il est resté en pos-
session de cet emploi. Dès sa sortie de l'institution
des Aveugles, >I. Moncouteau s'était proposé de
se livrer àTenseignement de riiarnionie : il s'y était
proparé par des études suivies avec persévérance
et avait même transcrit une partiedu Traitëdecon-
trepointetde fugue de l'auteur de la Biographie
des Musiciens, à l'aide d'une notation de la mu-
sique en points saillants de son invention. Pour-
suivant son dessein avec une ferme volonté,
M. Moncouteau s'est fait connaître, depuis 1845
environ, comme un des meilleurs professeurs
d'harmonie de Paris, et, dans la vue de popula-
riser cette science, il a publié les ouvrages sui-
vants, qui ont obtenu du succès : i° Traité
d'harmonie, contenant les règles et les exer-
cices nécessaires pour apprendre à bien ac-
compagner un chant , ouvrage dédié à M. Félix
Clément; Paris, Al. Grus. — 2° Résumé des ac-
cords appliqués à la composition ; ibid. —
3° Traité du contrepoint et de la fugue, pré-
cédé d'une récapitulation de toute l'harmonie;
ibid. — 4° Explication des accords, manuel des
éléments de l'harmonie; ihid 5° Exercices
harmoniques et mélodiques; ibid. — 6'' Re-
cueil de leçons d'harmonie ; ibid. — 7° Ma-
nuel de transposition musicale; ibid. Cet ar-
tiste s'est fait connaître aussi comme compositeur
par (quelques morceaux de musique d'église à
2 et 3 \oix, et par de petits morceaux pour le
piano.
MO\DO ( J.-G. Dominique ) , professeur de
langue italienne à Niort, a traduit de l'italien r
1" Les Haydines, ou Lettres sur la vie et les
ouvrages du célèbre compositeur Haydn,
par Joseph Carpani; Paris, 1836, in-S". —
1" Dictionnaire de musique par le docteur
Lichtenthal; Paris, 1839, 2 volumes grand'
in-S'.
MOXDODOXO ( JÉRÔME DE ), prêtre vé-
nitien du dix-septième siècle, a fait imprimer de
sa composition : 1*" Missa , Salmi e falsi Bor-
doni acinque voci; Venise, 1657. — 2" Salmi
a quatlro von con una letania delta B. F.;
Venise , 1663.
MOXDOX VILLE (Jeax-Josepq CASSA-
NEA DE), compositeur, naquit à Narbonne, le
24 décembre 1715 (i), ou l7ll, selon les ren-
seignements de Beffara (2), d'une famille noble
mais pauvre , originaire de Toulouse et qui
avait possédé la belle terre de MondonviUe , dont
(1) La date du S5 décembre qu'on a donnée dans quel-
ques biographies est une erreur; c'est celle du baptême
de Mondonviile.
lî) Les travaux de Beffara concernant tout ce qui a rap-
port a rOpéra de Taris l'emportent en général pour l'exac-
il prit le nom quoiqu'elle ne lu: appartint plus.
.Ses premières éludes de musique eurent le
violon pour objet, et il (it de rapides progrès
sur cet instrument. Il était à peine âgé de dix-
neuf ans lorsqu'il se mit à voyager. Arrivé à
Lille , dans la Flandre française, où il avait été
appelé pour y remplir l'emploi de premier violon,
il y écrivit trois grands motets qui furent goûtés,
et qu'il alla faire entendre au concert spirituel
de Paris, en 1737; ils y furent applaudis. Ce
succès et ceux qu'il obtint comme violoniste dans
les mêmes concerts, furent le commencement
de sa fortune, car ils lui procurèrent une place ,
dans la musique de la chambre du roi , et plus
tard ( 1744 ) sa nomination de surintendant de la
chapelle de Versailles, après la mort de Gervais.
Ces motets , qtii depuis lors ont été imprimés
avec luxe, étaient un Magnus Dominus, un
Jubilate et un Dominus regnavit. Mondon-
viile fit aussi paraître des sonates et des trios
pour le violon , des pièces de clavecin avec
accompagnement de violon, et des concertos
d'orgue auxquels Balbàtre procura une grande re-
nommée par sa manière brillante de les exécuter
au Concert .spirituel. Il s'essaya aussi à l'Opéra ;
mais sa pastorale historique d'/sôe, jouée en
1742, n'y réussit point. Plus heureux dans son
Carnavaldu Parnasse /joaée en 1749, il vit cet
ouvrage arriver à la trente-cinquième représenta-
tion : on le reprit en 1759 et en 1767. Complai-
sant et souple avec les grands, MondonviUe s'é-
tait fait à la cour de puissants protecteurs qui
exagérèrent son mérîte et lui procurèrent des
succès de peu de durée. En i752 une troupe de
chanteurs italiens était arrivée en France et avait
donné lieu à ces discussions connues sous le
nom de guerre des bouffbns. On sait que la
cour s'était prononcée en faveur de la musique
française contre l'italienne : Mme de Pompadour,
particulièrement, s'était faite la protectrice des
compositeurs français. L'abbé de la Mare avait
laissé en manuscrit le poëme de l'opéra intitulé :
Titon et l'Aurore; Mondonviile y fit mettre la
dernière main par l'abbé de Voisenon , le mit
en musique et le fit jouer en 1753. La première
représentation fut considérée comme décisive
dans la guerre des bouffons, et de part et d'autre
on se prépara à soutenir les intérêts de la mu-
sique italienne et de la française. Le jour de la
première représentation , le parterre de l'Opéra
fut occupé par les gendarmes de la maison du roi.
titude sur tout ce qu'on a fjlt sur ce sujet. J'ai eu de lui
cette date de 17li ; mais le temps m'a manqué dans mes
voyages à Paris pour aller vérifier dans ses manuscrits, a
la bibliotiiéque de la ville, sur quelles données il avait
adopté celte date.
170
MOIS'DONVILLE — MOiNE
les mousquetaires et les chevau-légers : les parti-
sans des bouffons , appelés le coin de la reine,
ne purent trouver de place que dans les corri-
dors. Grâce à ces précautions, la pièce réussit
complètement, et le parti vainqueur lit partir le
môme soir un courrier pour porter au roi, qui
était à Choisy, la nouvelle de la victoire. Celle-
ci était complète , car le lendemain le renvoi des
bouffons fut décidé, et l'Opéra français reprit
se< anciennes habitudes et les avantaj^es de son
monopole.
L'année suivante , Moridonville , parvenu par
son succès à la plus haute faveur, à la ville comme
à la cour, fit représenter sa pastorale de Dapknis
et Alcimadure en patois languedocien, dont
la douceur a beaucoup d'analogie avec la langue
italienne pour la musique. Jéliotte, Latour et
M"e Fel , qui chantaient les principaux rôles ,
étaient nés dans les provinces méridionales de
la France et parlaient ce langage avec facilité.
Ils rendirent l'illusion complète et procurèrent
à l'ouvrage un succès d'enthousiasme. On en
contesta cependant la propriété à Mondonville,
et l'on prétendit qu'il était connu dans le Midi
sous le nom de l'Opéra de Front ignan , et
que le fond en était pris dans les airs populaires
du Languedoc. En 1768, Mondonville remit au
théâtre cette pastorale traduite par lui-même en
français ; mais elle ne fut plus aussi favorable-
ment accueillie , soit que la naïveté primitive
fût, comme on l'a dit, devenue niaise dans la
traduction, soit que Legros et M"^ Larrivée,
qui avaient succédé à Jéliotte et à M"e Fel ,
eussent moins de grâce et d'abandon. On reprit
cependant encore la pièce en 1773. Les autres
opéras de Mondonville sont : « Les Fe'tes de
Paphos, composé Aie deux actes, Vénus et Ado-
nis, Bacchus etÉrigone, écrits autrefois pour
le théâtre de M""» de Pompadonr, à Versailles ,
et joués à Paris en 1758; Psyché, en 1762,
devant la cour à Fontainebleau , et en 1769 à
Paris; Thésée, sur le poëme de Quinault et
avec les récitatifs de Lully , qui tomba à la cour
en 1765, et à Paris en 1767; enfin, Les Projets
de V Amour, ballet héroïque en trois actes, re-
présenté en 1771.
Après la mort de Royer, Mondonville obtint ,
au mois de janvier 1755, la direction du Con-
cert spirituel, où il fit exécuter ses motels avec
beau( oup de succès. Il fut le premier qui fît en-
tendre dans ce concert des oratorios imités de
ceux des maîtres italiens. Parmi ceux qu'il a
composés, on cite : Les Israélites au mont
Oreb, les Fureurs de Saiil et les Titans. Après
avoir administré ce concert avec beaucouj) de
zèle pendant sept ans , il fut remplacé par Dau-
vergne en 1762. N'ayant pu s'entendre sur les
émoluments qui devaient être payés à Mondon-
ville pour la possession de ses motets et de ses
oratoires, Dauvergne se vit enlever cette mu-
sique par son auteur ; mais les habitués du Con-
cert spirituel la demandèrent avec tant d'in-
stanees qu'il fallut traiter avec Mondonville
moyennant une somme de 27,000 fr. pour en
avoir la possession, à la condition qu'il en diii-
gerait lui-même l'exécution.
Mondonville avait beaucoup de vanité, et af-
fichait la prétention de passer pour homme de
lettres en même temps que compositeur; et la
plupart des poëuies de ses opéras étaient pu-
bliés sous son nom , quoique l'abbé de Voisenon
en fût le véritable auteur. En I768, il obtint une
pension de 1,000 francs sur l'Opéra. Contre l'or-
dinaire des musiciens de son temps, il était avare
et avait acquis une fortune assez considé-
rable (1). Sa répugnance à faire la moindre dé-
pense fut cause qu'il mourut sans aucun secours
de la médecine , dans sa maison de campagne
de Belleville, le 8 octobre 1773. Mondonville
avait épousé M"' de Boucan, fille d'un gentil-
homme fort riche, en 1747, et en avait eu un
fils, objet dt' la notice suivante.
MONDONVILLE (....), fils du précédent,
né à Paris en 1748, passait pour un habile vio-
loniste de son temps. Il n'était âgé que de dix-
neuf ans lorsqu'on grava de sa composition six
sonates pour violon et basse. Plus tard, il étudia
le hautbois et en joua dans les concerts. Il est
mort à Paris en 1808.
MOJVE (François-Joseph), savant littérateur
et archéologue, issu d'une famille hollandaise dont
le nom véritable était Moonen, est né à Mingols-
heim près de Heidelberg, le 12 mai 1792. Après
avoir étudié le droit, la philologie et l'histoire à
l'université de Heidelberg, il en devint lui-même
ensuite professeur et bibliothécaire. Appelé en
1827 à l'université de Louvain, en qualité de pro-
fesseur de politique et de statistique, il occupa
cette position pendant trois ans ; mais il la per-
dit par la révolution de 1830. De retour à Hei-
delberg, il s'y occupa de profondes recherches
archéologiques jusqu'en 1835. 11 fut alors appelé
à Carisruhe pour y prendre la place de directeur
des archives, qu'il occupe encore ( 1862). Une
partie des travaux historiques et archéologiques
(1) Dar»sun travail spécial sur Mondonville, publii' dans
la nevue et Gazette musicale de Paris, M. Arlhi.r Pougin
a repoussé celle accusation contre le caractère de re
musicien; mais j'ai suivi en cela les renseignements
fournis par Beffara, qui doit avoir eu d.-s motifs sérieux
pour avancer on tel fait, car il était d'une exactitude
sévère.
MOÏSE — MONFERRATO
171
de ce savant ne concerne pas ce dictionnaire ;
luais il doit y être cité pour deux colleclions qui
ont de l'intérêt pour l'histoire du chant des di-
verses églises au moyen àgc Le premier a pour
titre : LalehUsche und Griechische Mes-sen
aiis dem zweiten bii sechsten Jahrhundert.
Messes latines et grecques, depuis le deuxième
siècle jusqu'au sixième); Francfort-sur-le-Mein,
C. B- IJtzius, 1850, 1 vol. in-4°. la première
division de ce volume renfern^e les dissertations
et les notes sur les messes gallicanes ou franci-
ques qui furent en usage dans les divers systèmes
liturgiques, depuis le quatrième siècle jusqu'au
sixième, et sur les manuscrits qui les contiennent,
puis les textes particuliers de oiizeôe. ces messes;
enfin, des recherches sur la langue employée dans
ces messes jusqu'au temps de Pépin et de Cliar-
lemagne, et des remarques sur cette liturgie. La
seconde partie renferme des dissertations sur les
messes africaines de la fin du deuxième siècle
et du commencement du troisième , sur celles
de la seconde moitié du troisième siècle , du
quatrième et du commencement du cinquième,sui-
vies de recherches sur celte liturgie. Les messes
romaines remplissent la troisième partie, dans
laquelle se trouvent aussi de savantes recherches
sur les plus anciens manuscrits de ces monu-
ments. La quatrième partie est consacrée à la
liturgie grecque primitive et à ses diverses modi-
fications.
Non moins important, le second ouvrage de
M. Mone est une collection générale des bymo^
latines du moyen âge, publiées d'après les ma-
nuscrits et commentées (Lateinische Hymnen
des Mittelalien, aus Bandschriften heraus-
gegebenund erklaerl) ; Friboarg en Brisgau,
Ilerder, 1853-1855, 3 vol. gr. in 8°. Le premier
volume contient les chants à Dieu et aux anges ;
le second volume, les chants à la Vierge Marie ;
le troisième, les hymnes et les séquences des
saints. Les notes qui remplissent ces trois volu-
mes sont des modèles de savante et substantielle
critique.
MOAbELLl (François), compositeur au
service du duc de Plaisance, vers le milieu du
dix-septième siècle, n'est connu que par un
ouvrage intitulé : Ercole nell Erimanto per un'
balletto fatto in Piacenza dal Seren . Sig.
Duca il carnevale deW anno 1651. Invenuone
€ poesia drammatica del Cav B. M. ( Ber-
nardo Morando), posta in musica da Fran-
cesco MoneUi. Le livret de cet opéra-ballet a
été imprimé sous ce titre à Plaisance , chez Baz-
zacchi, 1651, in-4°.
MOXETA ( Joseph ), né à Florence en 1761.
fut attaché au service du grand-duc de Toscane
en qualité de compositenr. Il occupait encore
. cette place en 1811. On a donné, sur divers
théâtres de l'Italie, les opéras suivants de sa com-
: position : \° îl Capitano 'Teiwglia, opéra
bouffe; à Livoiirne, 1784. — 2° La Muta pei
amore; idem , à Alexandrie, 1785. — 3' Amor
vuol gioventù; à Florence, i786. — 4° L'Equi-
, voco del nastro; Ibid., 1786. — 5' / due Tu-
j tori, 1791, à Rome. — 6'' Il Conte Policronio,
; opéra bouffe, à la résidence royale de Poggio,
i en 1791.
! MOXFtRRATO (P. NADAL ou NA-
• TALE), prêtre vénitien, né dans les premières
i années du dix-septième siècle , fut élève de Ro-
j vetta ( voy. ce nom ) , pour l'orgue et le con-
trepoint. Après la mort de l'organiste de Sainl-
Marc, Jean-Baptiste Beiii, en 1639, il prit part
au concours ouvert pour remplacer cet artiste ;
mais ce fut Cavalli [voy. ce nom) qui obtint la
: place, le 23 janvier. Un mois après , cest-à-dire
; le 22 février, Monferralo dut se contenter d'en-
, tier dans la même chapelle en qualité de chantre;
: mais lorsque son maître Rovetta fut appelé à la
; position de maître de cette chapelle, il lui suc-
céda dans celle de vice-maître , le 20 jan-
vier 1647. Trente années s'écoulèrent pendant
qu'il en exerçait les fonctions , et ce ne fut que
le 30 avril 1676 qu'il obtint la place de maître
titulaire, après la mort de Cavalli. Il la conserva
jusqu'à son décès, qui eut lieu au mois d'a-
vril 1685. Outre les places qu'il occupa à l'é-
glise ducale de Saint-Marc, Monferralo en eut
plusieurs autres, parmi lesquelles on cite celles
de directeur du chœur des jeunes filles du Con-
servatoire des Mendicanti , et celle de maître
de chapelle de la paroisse Saint-Jean-Chrysos-
tome, dans laquelleil habitait. Il avait établi dans
ce quartier une imprimerie de musique, en so-
ciété avec un certain Joseph Scala, qui, en
mourant, lui laissa sa part de la propriété. De
plus , il donnait beaucoup de leçons de chant
et de clavecin dans les familles patriciennes.
Toutes ces sources de revenu procurèrent à
Monferralo des richesses considérables , dont il
di.sposa en faveur de neveux et nièces , d'insti-
tutions religieuses, et même de personnes de
haut rang , par un très-long testament écrit de
la main d'un notaire nommé Pietro Brachi , le
16 novembre 1684. Le buste en marbre de ce
maître fut placé au-dessus de la porte de la sa-
cristiede l'église Saint-Jean-Chrysostome, avec une
inscription latine à sa louange. Les œuvres im-
primées et connues de Monferralo sont celles
dont voici les titres : 1° Salmi concertati a 5,
6 e 8 vociy con vtolini ed organo, lib. 1 et 2 ;
Venise, Franc. Magni, 1647 et 1G50. — T Mo-
172
MONFERRATO — MONGIN
tetti a qualtio voci, con violini e vloletla,
lib. 1, 2, 3; ibid., 1655, 1659, 1671. — 3" Mo-
ietti concertati a 5 e ù vocij ibid., 1060. —
4° Motetti concertati a 1 e 'A voci , libre 1** ;
ibid., 1660, in-4°. — 5° Motetti a voce sola, vio-
lini ed organo, op. 6 ; in Venezia, piesso Ca-
niillo Barloli, 1666, in -4". — 6° Motetti concer-
tati al e Z voci, lib. IP; in Venezia, app.
Fr. Magni, 1669, in-4°. — 7° Sabni concertati
aZ, 4, 5, 6, 7, 8 voci con stromcnti e senza,
lib. l\°, op. 8, ibià., \&69,m-i°.— &" Salmibrevi
a otto pieni , op. 9; ibid. 1675. C'est une
réimpression. — 9° Sacri concenti ossia Mo-
tetti a voce sola, con due violini et violetta,
lib. IP, op. 10; ibid., 1675. — 10° Salmi con-
ceiiati a due voci con violini, op. 11 ; ibid.,
1176.— 1 1° Salmiavocesolaconviolini, lib. IIP,
op. 12; m Venezia, app. Gius. 5coto, 1677.
Il y a une autre édition de 1681. — 12° Missos
ad xisum capeltarum quatuor et quinque
vocum, op. 13 ; il)id., 1C77. Cette date provient
d'un cbangement de frontispice. — l'A" Salmi
concertati a due voci con violini e senza,
op. 16 ; ibid., 1676. — 14° Antifone a vocesola
con basso continuo ed organo, op. 17 ; ibid.,
J678 \b°MotetUa 2 eZvoci, lib. llI°,op. 18;
ibid., 1681. Monferrato fut un l)on musicien
qui écrivait bien , mais inférieur pour l'invention
à son maître Rovetta , et à ses contemporains
Cavalii , Legrenzi et Ziani.
MONGE (Gaspard), illustre mathématicien
a qui l'on doit lacréationdela géométrie descriji-
tive , naquit à Beaune le 10 mai 1747. Après
avoir fait ses études chez les PP. de l'Oratoire de
sa ville natale et à Lyon, il fut employé à des tra-
vaux de fortifications, où il se fit remarquer par
son élégante manière de dessiner les plans , et
devint successivement professeur suppléant de
mathématiques et professeur titulaire de phy-
sique à l'école de Mézières. Mais bientôt, don-
nant l'essor à son génie, il jeta les premiers
fondements de la science qui l'a immortalisé, en
généralisant par des principes féconds les procé-
dés graphiques de la coupe des pierres , de la
charpente et des autres parties de constructions
géométriques qu'on enseignait alors dans les
écoles d'artillerie, du génie et de la marine.
Après avoir lutté longtemps contre la routine
qui repoussait ses découvertes, il attira sur lui
l'attention du monde savant , se fixa à Paris et
devint successivement professeur à l'école d'hy-
drodynamique du Louvre, examinateur des
élèves de la marine, membre de l'Académie des
sciences, puis, après la révolution , ministre de
la marine, professeur à l'École normale et à
l'École polytechnique, commissaire du gouverne-
ment en Italie, de la commission des sciences
de l'expédition d'Egypte , sénateur et comte de
l'empire. Il mourut à Paris le 28 juillet 1818.
Comme la plupart des grands géomètres du dix-
huitième siècle , il s'occupa du problème de la
corde vibrante; mais, suivant la direction de
son génie, il en donna la solution par une cons-
truction géométrique. Supposant qu'une corde
vibrante, placée horizontalement pour plus de
simplicité , soit pincée dans une direction verti-
cale, et que le plan se 'meuve selon une direc-
tion perpendiculaire , il a démontré que la corde
doit décrire, par son double mouvement de vi-
bration et de translation, une surface dont les
sections, faites par des plans parallèles au pre-
mier, donnent pour chaque instant la figure de la
courbe. Monge a exécuté cette surface dont le
modèle se trouve à l'École polytechnique. Ama-
teur passionné de musique , il avait profilé de
sa mission en Italie pour faire faire à Venise dés
copies des œuvres de tous les anciens maîtres
de la chapelle ide Saint-Marc , et en avait empli
des caisses qu'il confia aux soins du célèbre
violoniste Kreutzer, voyageant alors en Italie ;
mais celui-ci négligea sa mission , et quand
l'armée française fut forcée d'opérer sa retraite,
les caisses tombèrent au pouvoir des alliés et
furent transportées en Angleterre.
MOJMGEZ ( Antoine) , né à Lyon, en
1747, entra fort jeune dans l'ordre des Génové-
fains. Nommé, sous le gouvernement du direc-
toire, un des administrateurs de l'hôtel des
monnaies de Paris , il a conservé cette place
jusqu'en 1827. A l'époque de la formation de
l'Institut, il fut appelé dans la classe de litté-
rature ancienne. Éliminé de ce corps en 1816, il
y est rentré deux ans après.Ii est mort le 30 juillet
1825. Au nombre des mémoires que ce savant a
fait insérer parmi ceux de l'Académie des inscrip-
tions et belles-lettres, on remarque ceux-ci :
1° Rapport sur les moyens de faire entendre les
discours et la musique des fêtes nationales par tous
les spectateurs, en quelque nombre qu'ils puissent
ètve (Ancieiis Mémoires de l'Institut national,
classe de littérature et beaux-arts, t. IIF,
1801 ). — 2° Mémoire sur les harangues attri-
buées [lar les anciens écrivains aux orateuts,
sur les masques antiques, et sur les moyens
que l'on a cru avoir été employés par les ac-
teurs, chez les anciens, pour se faire entendre de
tous les spectateurs (ibid., tome IV, 1803).
MONGli\ (Chaules-François-Joseph), pro-
fesseur de musique à Besançon, né dans le
département du Doubs en 1809, est auteur d'un
ouvrage intitulé : Nouvelle Méthode élémen-
taire pour l'enseignement du plain-chanl et
MONGIN — MONNAIS
173
cht chnnt musicnl , suivi d'un recueil de mo-
letSi Paris, Haclielte, 1836, in-S" de 120 pages.
M. Mongin, qui a eu pour collahoratetir M. Ber-
thiot, inconnu dans le monde musical, est mort
à Besançon , au mois d'octobre 1861 , à l'âge de
cinquante-deux ans.
MOXGIIX (M'ie Marie-Lolise), est née le
11 jiiinf 1841 à Besançon, où son père exerçait la
profession d'avocat. A l'âge de quatre ans sa mère
lui donna les premières leçons de musique et de
piano; elle eut ensuite pour professeur M. Ron-
caglio, organiste de l'église Saint-Pierre. Une in-
telligence d'élite ainsi que l'application aux éludes
se manifestèrent de bonne heure chez la jeune
Marie, et ses progrès furent rapides. Elle était
à peine âgée de onze ans lorsque, par une heu-
reuse inspiration, ses parents se décidèrent à
venir habiter Paris pour qu'elle pût recevoir
les leçons des meilleurs professeurs. Au mois
de janvier 1853, M"? Mongio entra au Conser-
vatoire, dans la classe de piano de M"'* Far-
renc, et depuis lors elle se distingua constamment
parla douceur de son caractère, son zèle et son
assiduité. En 1835 elle remporta le deuxième
prix de solfège et le premier Tannée suivante.
£n 1 859 le premier prix de piano lui fut décerné,
et, enfin, en 1861, elle obtint le premier prix
d'harmonie, après quelques années d'études, dans
la classe de M. Bienaimé.
Habile virtuose, grande musicienne et lectrice
de premier ordre, celte jeune artiste a fait une
étude approfondie des compositions des auteurs
•ilassiques et de celles des plus célèbres claveci-
nistes des seizième, dix-septième et dix-huitième
siècles. Toutes les fois qu'elle a fait entendre en
public les œuvres qui forment la belle collection
intitulée Le Trésor des pianistes, que publient
en ce moment (1863) M. et .M"'^ Farrenc ,
M"e Mongin a obtenu les plus brillants succès
et le suffrage des connaisseurs.
MOIVIGLIA (Jean-André), compositeur
dramatique , né à Florence dans la première
moitié du dix-septième .siècle, est connu par les
opéras suivants: 1"// Teseo, représenté à Dresde,
en 1667. — 2" Giocasta , drame, à Dussel-
dorf, en 1696.
MOI\IOT (Jean), poète et musicien du
treizième siècle, était né à Arras et fut con-
temporain de saint Louis. On ignore si le nom
de MoniotéKAû celui de sa famille, ou si c'est
un sobriquet qui signifie petit moine. Le ma-
nuscrit de la Bibliothèque impériale de Paris ,
coté 7222 (ancien fonds), contient quatorze chan-
sons notées de sa composition.
MOXIOT (Jean ) , contemporain du précé-
dent, est connu sous le nom de Moniot de
Paris, parce qu'il était né dans celte ville. Il
était aiLssi poète et musicien. On trouve sept
chansons notées de sa composition dans un
manuscrit coté 65 ( fonds de Cangé), à la biblio-
thèque impériale.
ÎHONIV ( Matthieu-Jean ) , compositeur, que
Gerber croit avoir vécu à Vienne vers la fin du
dix-huitième siècle, est connu par l'indication de
nombreux ouvrages manuscrits, dans le cata-
logue de Traeg (Vienne, 1799). En voici la
liste : 1° Instruction sur la basse continue —
2° Oratorio intitulé : Entretiens salutaires. —
3° Prières. — 4° Requiem à 4 voix , 2 violons et
orgue. — 5" Messe à 4 voix et 4 instruments.
— 6° Messe à 4 voix et à grand orchestre. —
7'' Chœurs et motets à voix seule. — 8° Six
symphonies, pour l'orchestre. — 9^ Un concerto
pour violon. — 10" Un idem pour violoncelle. —
1 1 ° Dix-huit quatuors pour 2 violons, alto et basse.
— 12° Quinzediverlissements pour les mômes ins-
truments. — 13° six trios pour 2 violons et basse.
— 14" Trois idem pour (lùte, alto et basse. —
15° Trois idem pour flûte, violon et basse. — 16° So-
nates pour violon et basse. — 17° Musique mili-
taire à 10 parties. — 18° Douze concertos pour le
clavecin avec accompagnement. — 19° Trente
divertissemenls pour clavecin seul. — 20° Six
sonates idem. — 21° Diana e Aniore , opéra.
MOA'iVAIS (GlJlLLACME-ÉDOtARD-DÉSIRÉ) ,
litléraleur français et amateur zélé de musique ,
est né à Paris, le 27 mai 1798. Après avoir ter-
miné ses études et fait un cours de droit, il fut
reçu avocat en 1828; mais il préféra la littérature
au barreau, et les mémoires à consulter cédèrent
le pas aux vaudevilles et aux comédies. Ses pre-
miers travaux pour le théâtre datent de 1826; il
eut pour collaborateurs dans ces légères pro-
ductions Dartois, Paul Duport, Saint-Hilaire et
Vulpian. Les ouvrages donnés par lui à divers
théâtres sont : Midi ou l'Abdication d'une
femme. — Le Futur de la Grand' Maman. —
La Première Cause. — La Contre-Lettre. —
Les Trois Catherine. — La Dédaigneuse. —
Le Chevalier servant. — Un Ménage pari-
sien. — Deux Filles à marier. — La Dame
d'honneur. — ^LeCent-Suisse (à lOpéra-Comi-
que). — Sultana (idem). Dans une direction plus
sérieuse M. Monnaisprit part aux ouvrables de Mar-
changy et de Tissot, de l'Académie française, et
dirigea les Éphémérides universelles (Paris,
1828-1833, 13 vol. in-S"), dont il fut aussi un des
principaux rédacteurs. Dès 1818, M. Monnais
avait fait les premiers essais de sa plume dans
divers journaux auxquels il fournissait des ar-
ticles sans être allaché spécialement à aucun ;
maii au mois de juillet 1832 il entra au Cour-
i74
MONNAIS — MONPOU
rier français, comme rédacteur du feuilleton des
théâtres. Au mois de novembre 1839,il fut nommé
directeur adjoint de l'Opéra. Depuis 1840 il a le
titre et les fonctions de commissaire du gouver-
nement près des théâtres lyriques et du Conserva-
toire ; comme tel, il a pris part à tous les travaux du
comité d'enseignement de cette école. Depuis 1835,
M. Monnais est un des rédacteurs principaiix de
la Revue et Gazette musicale de Paris, où ses
articles sont signés du pseudonyme Faut Smith.
Il y a publié en feuilletons des nouvelles ou ro-
mans dont les sujets se rattachent à la musique,,
et qui ont été réunis ensuite en volumes; tels
sont : 1° Esquisses de la vie d'artiste (Paris,
1844, 2 vol. in-S"). — 2° Portefeuille de deux
cantatrices (Paris, 1845, in-8°). — 3° Les sept
Notes de la gramme ( Paris, 1846, in-â*). Sous le
même pseudonyme paraît aussi chaque année,
dans le même journal, une revue annuelte de tous
les événements musicaux, de quelque genre que
ce soit. Enfin, M . Monnais y est chargé de rendre
compte des ouvrages représentés à l'Académie
impériale de musique (l'Opéra), ainsi qu'au
Théâtre Italien. Sa critique se distingue par la
bienveillance, l'esprit et la politesse. M. Monnais
a fourni quelques articles de critique musicale à
la Revue contemporaine, sous le pseudonyme
de Wilhelm. Dans les années 1851, 1853, 1859
et 1862, ce littérateur distingué a été chargé d'é-
crire les poèmes des cantates pour les grands con-
cours de composition musicale à l'Académie des
beaux-arts de l'Institut; ces cantates ont pour ti-
tres : Le Prisonnier^ Le Rocher d'Appenzel; Ba-
jazet et le Joueur de flûte; Louise de Mézières.
MOiVlXET (Jean), né à Condrieux , près
de Lyon , demeura jusqu'à l'âge de quinze ans
chez un oncle qui négligea- son éducation au
point que, parvenu à cet âge, il savait à peine
lire. Il se rendit alors à Paris, et fut placé dans
la maison de la duchesse de Berry (fille du ré-
gent), qui lui donna quelques maîtres d'agré-
ment ; mais ayant perdu sa bienfaitrice , le 20
juillet 1719, il se trouva sans ressources, et
mena pendant plusieurs années une vie dis-
sipée et orageuse. Enfin, en 1743, il obtint le
privilège de l'Opéra-Comique , mais il ne le
garda pas longtemps. En 1745 il était directeur
du théâtre de Lyon, et, en 1748, d'un théâtre
français à Londres. De refour à Paris, il reprit,
en 1752, la direction de l'Opéra-Comique, et la
garda jusqu'en 1758. Ce fut sous sa direction
que ce spectacle prit du développement, et cessa
d'être un théâtre de vaudeville. Favart, Se-
daine, Dauvergne, Philidor et Duni préparè-
rent, par leurs ouvrages, les Français à en-
tendre de la musique plus forte et plus drama-
tique, et l'on ne peut nier que Monnet n'ait
beaucoup contribué à cette révolution. 11 est
mort ob.scurément à Paris, en 1785. On a de
lui : Anthologie française , ou chansons
choisies depuis le treizième siècle jusqu'à pré-
sent; Paris, 1765, 3 vol. in-8°, avec les airs
notés. On trouve en tête du recueil une préface
ou Mémoire historique sur la chanson , qui
est de Meusnier de Qiierlon. Ce recueil est esti-
mé. Un quatrième volume, donné comme sup-
plément, est intitulé: Choix de chansons
joyeuses; Paris, 1765, in-S". On trouve des
renseignements sur la vie aventureuse de
Monnet dans un livre Intitulé : Supplément au
Roman Comique, ou Mémoires pour servir à
la vie de Jean Monnet; Paris, 1722, 2 vol.
in-I2, avec le portrait. Cet ouvrage est écrit
par Monnet lui-même.
MOMiXlOTE (D. Jean-François), ou MO-
NIOT , bénédictin de Saint-Germain-des-Prés ,
né à Besançon, en 1723, mourut à Figery, près
de Corbeil , le 29 avril 1797. On lui a attribué
Y Art du facteur d'orgues, publié sous le nom
de Dom Bedos de Celles ; mais j'ai démontré, à
l'article de celui-ci, que cette tradition n'est
pas fondée.
MOIXOPOLl (Jacques). Voyez INSAN-
GUINE.
MOIXPOU (Hippolvte) , compositeur dra-
matique, né à Paris le 12 janvier 1804 , entra
dans la maîtrise de l'église métropolitaine de
cette ville à l'âge de neuf ans, comme enfant
de chœur, et y apprit les éléments de la musique
sous la direction de Desvigne {voy. ce nom).
Plus tard , Choron l'admit au nombre des
élèves de l'école qu'il venait de fonder ( 1817) ,
et le choisit deux ans après pour remplir les
fonctions d'organiste à la cathédrale de Tours,
quoique Monpou fût à peine entré dans sa sei-
zième année. Incapable d'occuper cette place , il
fut bientôt congédié , revint à Paris, et rentra
dans l'école de Choron , où il eut l'emploi de
répétiteur- accompagnateur. Cependant lecteur
médiocre, pianiste inhabile, et fort ignorant
dans la science de l'harmonie, il n'avait rien
de ce qu'il fallait pour un tel emploi lors-
qu'il lui fut confié; toutefois, incessamment en
exercice avec ses condisciples, parmi lesquels
on remarquait MM. Duprez, Boulanger, Scudo,
Vachon, Renaut, Canaplcs, Wartel , et se li-
vrant sans relâche à l'étude des partitions <les
grands maîties italiens, allemands et français ,
il acquit par degrés des connaissances pratiques
qui suppléaient à l'instinct, lent à se développer
en lui , et aux défauts d'une éducation première
mal faite.
MONPOU
175
En 1822, l'auteur de ceUe nolicc fut prié par
Choron <ie faire clans son école un cours d'iiar-
monie pour les élèves qui viennent d'être
ooniniés. Monpou en suivit les leçons avec as-
siduité, mais ses progrès étaient aussi lents
et pénibles que ceux de Duprez étaient rapides.
Les concerts de musique ancienne qui com-
mencèrent en 1828 dans cette même école,
connue alors sous le nom d'Institution royale
de musique religieuse , fournirent à Monpou
de fréquentes occasions de remplir ses fonc-
tions d'accompagnateur devant le public, et lui
firent acquérir l'aplomb qui lui manquait aupara-
vant. Les événements politiques de 1830 ne firent
pas seulement cesser ces intéressantes séances ,
mais ils compromirent l'existence de l'école à
laquelle Choron avait consacré ses dernières
années, et finirent par en amener la dissolution.
Jeté tout à coup par ces événements dans un
monde qu'il ne connaissait pas, et passant de
la vie contemplative d'une sorte de Thébaide,
à l'âge de près de trente ans, dans l'exis-
tence agitée d'un artiste qui cherche du pain et
de la renommée, Monpou semblait à ses amis
l'homme !e moins propre à atteindre ce double
but. Son extérieur ne prévenait pas en sa fa-
veur; ses manières incultes repoussaient la
sympathie. Néanmoins , au grand étonnement
de ceux qui le connaissaient , sa fortune d'ar-
tiste fut assez rapide. En dépit des études classi-
ques qui avaient occupé toute sa jeunesse , il se
passionna tout à coup pour le romantisme,
dont on faisait alors beaucoup de bruit, et
s'enrôla parmi les novateurs qui rêvaient une
transformation de l'art. Ses premiers ouvra-
ges furent des ballades et des romances. Dès
1828 il avait produit un gracieux nocturne à
trois voix sur les paroles de Béranger : Si
fêlais petit oiseau, et ce premier essai avait
été suivi de quelques jolies chansonnettes ;
mais ce fut sa romance de l'Andalouse, pa-
roles d'Alfred de Musset, qui fut le signal de
la nouvelle direction donnée à ses idées, et
qui commença la popularité dont il jouit pen-
dant quelques années. Le lever, Sara la Bai-
gneuse, Madrid, la chanson de Mignon, le
Fou de Tolède , et beaucoup d'autres petites
pièces se succédèrent rapidement , et eurent du
retentissement parmi les adeptes de l'école à
laquelle il s'était affilié. Il y a dans tout cela
une originalité incontestable; mais une origina-
lité bizarre, qui ne connaît d'autres règles que
celles de la fantaisie. Des passages empreints de
grâte et de sensibilité y sont répandus, ça et là ;
mais Monpou se hâte d'abandonner ces idées
naturelles pour se jeter dans des extravagances.
Il semble se persuader que le génie ne se mani-
feste que par l'insolite. Sa phrase est mal faite ;
son rhythme est t>oifeux ; sa cadence tombe
souvent à faux. Soit par ignorance, soit par
système, il prodigue dans son harmonie des
successions impossibles, au point de vue fie la
résolution des dissonances, de la modulation et
de la tonalité. Mais ces défauts , qui révoltaient
le sentiment des musiciens, étaient précisément
ce qui obtenait du succès dans le monde à part
qui avait entrepris la déification du laid.
En 1835 , Monpou osa aborder la scène et faire
représenter au théâtre de l'Opéra-Comique Les
deux Reines, petit ouvrage en un acte dont
Soulié lui avait donné le livret. Cette témérité
ne fut pas justifiée par le mérite de l'ouvrage,
mais par le succès. Non-.seulement tous les dé-
fauts de la manière du compoi^iteur s'y troa-
vèrent réunis ; non-seulement il y fit preuve
. d'une impuissance complète à se servir de l'ins-
, trumentation ; non-seulement la forme de la
plupart des morceaux de son ouvrage était
I défectueuse, mais l'originalité qu'on avait par-
I fois remarquée dans ses mélodies lui fit ici dé-
: faut. Les réminiscences et les idées vulgaires
1 s'y présentaient à chaque instant. Un joli chœur,
j une romance {Adieu, mon beau navire) furent
j les seules chose& qui échappèrent au naufrage
I de cette informe production. Le Luthier de
Vienne , autre opéra en un acte, joué au même
I théâtre, en 1836, fit voir dans la facture de
j Monpou quelques progrès depuis son précédent
I ouvrage. On y remarqua un joli' duo et la
' ballade du Vieux chasseur, que le talent de
M"' Danioreau rendit populaire. Piquillo,
I œuvre plus importante , en 3 actes , fut jouée
I veis la fin de 1837 , et fit constater de nouveaux
i progrès dans le talent de Monpou. Alexandre
j Dumas était l'auteur du livret de cet opéra. Le
compositeur n'y avait pas renoncé à ses habi-
tudes de décousu dans les phrases, et sa ma-
nière d'écrire sentait toujours le musicien in-
complet; mais des idées originales étaient ré-
pandues dans les deux premiers actes. Les pro-
portions du finale du second acte s'étaient
trouvées au-dessus des forces de l'artiste, et
le troisième acte était faible et négligé. Un Conte
d'autrefois et le Planteur, joués à l'Opéra-Co-
mique en 1839, oii l'on retrouvait les formes
mélodiques et les excentricités du compositeur,
parurent monotones, firent peu d'impression
dans leur nouveauté, et furent bientôt oubliés.
Vers la fin de la même année, Monpou donna
au théâtre ^e la Renaissance la Chaste Suzanne,
opéra en quatre actes. On y remarqua , comme
dans tous ses autres ouvrages, l'instinct da
176
MOAPOU — MONSIGNY
compositeur de romances , et l'absence des qua-
lités du musicien sérieux. Cependant un air de
basse et celui de Daniel, an troisième acte, sont
mieux conduits et développés que ce qu'il avait
écrit précédemment. L'instrumentation de cet
opéra était la partie faible, comme dans toute la
musique dramatique de Monpou.
Depuis longtemps il désirait obtenir un livret
d'opéra de Scribe, auteur aimé du public et
qui avait fait la fortune de plusieurs composi-
teurs. Il obtint enfin cet ouvrage; mais en le lui
confiant, le directeur de l'Opéra-Comique lui im-
posa la condition d'un dédit de 20,000 francs
dans le cas où il ne livrerait pas le manuscrit de
sa partition à la fin du mois d'août 1841. Mon-
pou travailla avec ardeur, et déjà il avait écrit
deux actes; mais la fatigue se (it sentir, et bien-
tôt une infiampiation d'entrailles et d'estomac se
déclara. Les médecins ordonnèrent le repos et le
changement de climat : l'artiste s'éloigna de Paris
et se dirigea vers la Touraine; mais arrivé à La
Ciiapelle Saint-Mesmin, sur les bords delà Loire,
son étal devint si alarmant^ que sa famille le ra-
mena à Orléans pour avoir le secours des méde-
cins. Leurs soins ne purent empêcher les progrès
du mal, et le 10 août 1841, Monpou mourut dans
cette ville, à l'âge de trente-sept ans. Sa veuve
voulut ramener ses restes à Parig ; une messe de
Jiequiem en musique fut célébrée à l'église de
Saint-Roch, et l'artiste fut inhumé avec pompe
au cimetière du Père-Lachaise.
MONRO (Henri), fils d'un musicien de Lin-
coln, est né dans cette ville en 1774. Après avoir
fait ses premières études musicales comme enfant
de chœur à l'église cathédrale, il reçut des le-
çons de piano d'AshIey, puis se rendit à Londres
où il devint élève de Dussek et de Corri. En
1796 il fut nommé organiste à Newcastle, et
ne quitta plus celte ville, où il était encore en
1824. On a gravé à Londres plusieurs ouvrages
de sa composition : entre autres, une sonate pour
piano et violon, un air varié, et un rondo.
MONSERRATE (André DK) , né en Cata-
logne dans la seconde moitié du seizième siècle,
élait en 1614 chapelain de l'église paroissiale
Saint-Martin, à Valence. On a de lui un bon traité
du chant ecclé.siastique en langue espagnole, sous
ce titre : Arte brève y coinpendiosa de los dif-
ft,cultadesquese ofrecen en la musica pratica
del cantollano. Dirigida a la piuissuna Vir-
gen Maria madré de Dios y senora nueslra.
En Valencia, en casa de Pedro Patricia Mey,
1614, in-4'' de 124 pages.
MOASIGNY (Pierre- Alexandre), compo-
siteur dramatique, issu d'une famille noble, na-
quit le 17 octobre 1729, à Fauqwemberg, bourg
du Pas-de-Calais, près de Saint-Oiner. Son père
ayant obtenu un emploi dans celte ville, lui (it
faire ses études littéraires au collège des jésuites.
Douéd'un heureux instinct pour larnusique, le
jeune Monsigny cultivait cet art dans tous les ins-
tants de repos que lui laissait le travail des clas-
ses. Son instrument était le violon : il acquit plus
tard unehabileté remarquable sur cet instrument,
et s'en servit toujours pour compo.ser. 11 perdit
son père peu de temps après avoir achevé ses
cours. La nécessité de pourvoir aux moyens
d'existence de sa mère, d'une sœur et de jeunes
frères, dont il était l'unique appui, lui imposa l'o-
bligation d'embrasser une profession lucrative :
il se décida pour un emploi dans la finance qui,
alorscomme aujourd'hui, conduisait rapidement
à la fortune quand on y portait l'esprit des affaires.
En 1749 il alla s'établir à Paris, où il obtint une
position avantageuse dans les bureaux de la comp-
tabilité du clergé. L'amabilité de son caractère lui
avait fait de nombreux et puissants amis qui l'ai-
dèrent à placer ses frères, et à procurer à sa
mère , à sa sœur une aisance suffisante. Plus tard
ses protecteurs le firent entrer dans la maison
du duc d'Orléans, en qualité de m.aître d'hôtel.
Il y passa paisiblement près de trente années,
et puisa dans la haute société qu'il y voyait une
élégance de manières qu'il conserva jusqu'à ses
derniers jours. Depuis son arrivéeà Paris, il avait
négligé la musique : ce fut en quelque sorte le
hasard qui le ramena vers l'art et qui fit de lui
un compositeur d'opéras. Il assistait en 1754 à
une représentation de la Servante maîtresse,
de Pergolèse ; l'effet que produisit sur lui cette
musique d'un style alors nouveau fut si vif,
que dès ce moment il se sentit tourmenté du
l)esoin d'écrire lui-même de la musique de théâ-
tre. Mais son éducation musicale avait été si faible,
si négligée, qu'il n'avait pas les plus légères no-
tions d'harmonie, d'instrumentation, et qu'il avait
même beaucoup de peine à faire le calcul des
valeurs de notes pour écrire les mélodies que son
instinct lui suggérait. Cependant, entraîné par son
goût pour la musique d'opéra- comique, il prit un
maître de composition. Ce fut Gianotti (voyez
ce nom) qui lui enseigna les éléments de l'har-
monie par les principes de la basse fondamentale.
Cinq mois de leçons suffirent à Monsigny pour ap-
prendre ce qui lui semblait nécessaire pour écrire
les accompagnements d'un air d'opéra. Après
quelques essais informes, il parvint à écrire .sa
partition des Aveux indiscrets, optîraconiique
en un acte, qu'il fit représenter au théâtre de la
Foire, en 1759. Il était alors âgé de trenle ans.
Le succès de cet ouvrage l'encouragea ; cependant
il crut devoir garder l'anonyme, à cause de sa
MONSIGNY
177
position dans la maison (l'Orléans. En 17G0 il
donna an même tliéâlre le Maure en Droit et
le Cadi dupé. La verve comique qui brille dans
ce dernier ouvrage fit dire au poète Sedaine,
après avoir entendu le duo du Cadi et du Tein-
turier : Voilà mon homme! En effet, il se lia
avec Monsigny et devint son collaborateur dans
plusieurs drames et opéras-comiques, particu-
lièrement dans celui qui a pour titre : On ne s'a-
vise jamais de fout, joli ouvrage de l'anden
style, représente à l'Opéra- Comique de la foire
Saint-Laurent, le 17 septembre 1761. Cette pièce
fut la dernière qu'on joua à ce théâtre, qui fut
fermé sur les réclamations de la Comédie italienne,
dont la jalousie avait été excitée parles succès de
Monsigny. Les meilleurs acteurs de l'Opéra-Co-
mique, parmi lesquels on remarquait Clairval et
Laruette, entrèrent à la Comédie italienne. C'est
pour ces deux théâtres réunis en un seul que
Monsigny écrivit ses autres opéras, où sa manière
s'agrandit. Le Roi et le Fermier, en 3 actes, fut
joué en 17C2. Dans cette pièce, le talent du com-
positeur pour l'expression pathétique se révéla
au public et à lui-même. Rose et Colas, opéra-
comique en un acte, parut en 1764. Aline, i-eine
de Golconde, en trois actes, fut joué à l'Opéra
deux ans après; puis Monsigny donna à la Co-
médie italienne, en 1768, rile sonnante, opéra-
comique en trois actes; en 1769, le Déserteur,
drame en trois actes, où son talent atteignit sa
plus liante portée; le Faucon, en 1772 ; la Belle
Arsène (3 actes), en m S -fie Rendez-vous bien
employé (un acte), en 1776; et Félix ou VEii-
fant trouvé, drame en 3 actes, en 1777. Ce fut
son dernier ouvrage. Toutes les partitions de ces
opéras ont été publiées à Paris.
Quoiqu'il n'eût connu que des succès, Monsigny
n'écrivit plus de musique après Félix. 11 avait
en manuscrit deux opéras en un acte intitulés
Pagaminde Monègue, et Philémon et Baucis ;
mais ces ouvrages étaient déjà composés vers
1770. J'ai connu cet homme respectable, et je
lui ai demandé en 1810, c'est-à-dire trente-trois
ans après la représentation de son dernier opéra,
s'il n'avait jamais senti le besoin de composer
depuis cette époque : Jamais, me dit-il ; depuis
le jour où j'ai achevé la partition de Félix,
la musique a été comme morte pour moi : il
ne m'est plus venu une ieZee. Cependant il avait
conservé une rare sensibilité jusque dans l'âge le
plus avancé. Choron nous en fournit une preuve
singulière dans l'anecdote suivante : « Il faut que
« îa sensibilité de ce compositeur aitété bien vive,
« pour qu'il en ait autant conservé à fâgc de
« quatre-vingt-deux ans. Dernièrement, en nous
« expliquant la manière dont il avait voulu rendre
« la situation de Louise (dans le Déserteur)^
« quand elle revient par degrés de son évanouis-
« sèment, et que ses paroles étouffées sont cou-
« pécs par des traits d'orchestre, il versa des lar-
« mes, et tomba lui-même dans l'accablement
« qu'il dépeignait de la manière la plus exprès -
« sive. » Cette sensibilité fut son génie, car il lui
dut une multitude de mélodies touchantes qui
rendront dans tous les temps ses ouvrages dignes
de l'attention des musiciens intelligents. Grimm
a dit : M. de Monsigny n'est pas mxisi-
cien (1). Non, sans doute, il ne l'est pas comnae
nous; sa pensée n'est pas complexe; la mélodie
l'absorbe tout entière. Sa musique n'est pas une
œuvre de conception : elle est toute de sentiment.
Monsigny est musicien comme Greuze est peintre.
Il est original, ne tire que de lui-même les chants
par lesquels il exprime le sens des paroles et les
mouvements passionnés des personnages ; il y a
de la variété dans ses inspirations et de la vérité
dans ses accents. Des qualités si précieuses ne
peuvent-elles donc faire oublier l'inhabileté de cet
artiste d'instinct dans l'art d'écrire? Il ne man-
quait pas d'un certain sentiment d'harmonie, mais
il ne faut pas chercher dans sa musique un mé-
rite de facture qui n'y existe pas, qu'il n'aurait
pu acquérir avec des études aussi faibles que les
siennes, et qui d'ailleurs ne se trouve dans les
productions d'aucun musicien français de son
temps, à l'exception de Philidor.
Monsigny, qui avait échangé depuis plusieurs
années sa position de maître d'hôtel du duc d'Or-
léans pour celle d'administrateur des domaines
de ce prince et d'inspecteur général des canaux,
avait perdu ces places à la Révolution, ainsi qu'une
partie de sa fortune. Connaissant l'état de gêne
où l'avaient jeté ces événements, les comédiens
sociétaires de l'Opéra-Comique lui accordèrent,
en témoignage de reconnaissance, pour les suc-
cès qu'il leur avait procurés, une pension via-
gère de ?.,400 francs, en 1798. Après la mort de
Piccinni, en 1800, il le remplaça dans les fonctions
d'inspecteur de l'enseignement au Conservatoire
de musique : mais il comprit bientôt qu'il lui
manquait les qualités nécessaires pour cet emploi,
et deux ans après il s'en démit. Successeur de
Grélry à la quatrième classede l'Institut, en 1813,
il obtint en 1816 la décoration de la Légion d'hon-
neur; mais, parvenu à une extrême vieillesse,
il ne jouit pas longtemps de ces honneurs, car
il mourut à Paris le 14 janvier 1817, à l'âge de"
quatre-vingt-huit ans. On a sur Monsigny une
notice biographique lue à la séance publique de
l'Académie des beaux-arts de l'Institut, le 3 oc-
(1) Correspondance lilteraire.-LcUre du !*■■ décembre
i'6?; tome III, p. 1S«, édit. de 18S9.
BIOGR. IMV. DES MCSICIESS. — T. VI.
12
178
MONSIGNY — MONTANOS
tobre 1818, par M. Qiiatremère de Qiiincy, et pu-
bliée sous le titre de Notice historique sur la vie
et les ouvrages de Monsigny (Paris, Firmin
Didot, 1818, in-4° de 14 pages) ; une autre notice
par M. Bédouin (V. ce nom), sous le litre d'^-
loge de Mensigny (Paris, 1820, in-S"). Enfin,
M. Alexandre, littérateur peu connu, a publié un
Éloge historique de P. A. Monsigny, couronne
par l'Académie d'Arras; Arras, 1819, in-8".
MOIXTAG ( Ernest), pianiste et compositeur,
né vers 1814 à Blankenhain, près de Weimar, a
fait son éducation musicale sous la direction de
Tœpfer ( voy. ce nom), organiste de l'église |irin-
cipale de cette ville. De rares dispositions et de
bonnes études en firent un artiste distingué. Pen-
dant plusieurs années il se livra à l'enseignement
du piano à Weimar et s'y fit ente.idre dans des
concerts, ainsi qu'à Jena. En 1846 il obtint le titre
de pianiste de la cour; mais il paraît s'être fixé
postérieurement à Rudolstadt. Le docteur K.
Stein a publié, au mois de mars 1842, dans la
Gazette générale de musique de Leipsick, une
analyse élogieuse du talent de cet artiste, dont on
a publié : l** Capriccio pour le piano, op. i ;
Leipsick, Hofmeister. — 2° Trois Lieder sur la
poésie de H. Heine, à voix seule avec accompa-
gnement de piano, op. 2; Rudolstadt, Miiller. —
3** Études pour le piano, op. 3 ; ibid. — 4° Mélo-
dies .sans paroles pour le piano; op. 4; ibid.
MOJ\TAG!\A]\A (Ri\aldo DA), musicien
italien du seizième siècle. Il est vraisemblable que
Montagnana^&i\QnoTa du lieu de sa naissance;
soit qu'il ait vu le jour dans la ville ainsi appelée
des États de Venise, soit qu'il ait tiré ce nom d'un
bourg du duché de Modène. Rinaldo n'est qu'un
prénom. L'artiste dont il s'agit était de noble ex-
traction puisqu'il est appelé Don Rinaldo au seul
ouvrage par lequel il est connu et qui, a pour
titre : Délie Canzone di Don Rinaldo da Mon-
tagnana con alcuni madrigali ariosi a quat-
iro voci libro primo, aggiuntovi anchora una
canzon di fra Daniele Vicentino. In Vine-
gia, appresso Girolamo Scotto, 1555, in-4°o'ol.
MOi\TAGi\AT (....), médecin, né h Am-
berieux , dans le Bugey, au commencement du
dix-huitième siècle, se rendit jeune à Paris et y fit
ses études sous la direction de Ferrein. Son pre-
mier écrit fut unetbèse dans laquelle il exposait
le système de oe savant médecin concernant le
mécanisme do la voix humaine; elle a pour titre :
Quœstio physiotogica, an vox humana a fidi-
bus sonorisplectro pneumatico niotis oriatur ;
Paris, 1744, 10-4". On trouve une analyse de
cette thèse dans le Journal des Savants, de
la même année. Après que Ferrein eut expliqué
lui-même son système dans les Mémoires de
l'Académie des sciences, il fut attaqué par deux
antres médecins nommés Berlin et Burlon.
Montagnat prit avec chaleur la défense de son
maitre dans ces écrits intitulés : Lettre à
M. l'abbé Defontaines, en réponse à la criti-
que de M. Burlon du sentiment de M. Ferrein
sur la formation de la voix; Paris, 1745,
in-12. — 2° Éclaircissements en forme de
lettres à M. Berlin, au sujet des découvertes
que M. Ferrein a faites du mécanisme de
la voix de l'homme; Paris, David, 1746, in- 12»
MOIMTANARl (Germiniano), astronome et
professeur de mathématiques, naquit à Modène
en 1632. Après avoir fait ses études à Florence,
il voyagea eu Allemagne, où il fut reçu docteur en
droit, puis retourna à Florence, et y exerça la
profession d'avocat. Plus tard il fut astronome
desMédicis, professeur de mathématiques à Bolo-
gne, et enfin, en 1074, professeur d'astronomie à
Padoue. Il mourut dans cette ville le 13 octo-
bre 1697. Au nombre de ses ouvrages, on trouve
celui qui a pour titre : La Tromba parlante;
discorso accademieo sopra gli effctti délia
tromba da parlar da lonlano, con altreconsi-
derazioni sopra la ndtura del suono e delV
écho ; Gnastalla , 1678, in-4° (Voyez Morland.)
MOXTAIXARl (François), violoniste dis-
tingué, naquit à Padoue vers la fin du dix-sep-
tième siècle. En 1717 il se fixa à Rome et futal-
taché à la basilique de Saint-Pierre du Vatican, en
qualité de premier violon solo. Il mourut en 1730.
On a publié à Bologne de sa composition douze
sonates pour violon , qui ont été réimprimées à
Amsterdam', et qu'on a arrangées pour la flûte.
MOI\TAI\ELLO ( Bartolomeo ) , pseudo-
nyme. For/es CALVI (Girolamo).
MOJVTAIVOS (François DE), musicien- es-
pagnol , né dans la seconde moitié du seizième
siècle, eut une charge ecclésiastique à l'église de
Valladolid. On a de lui un traité de plain-chant
intitulé : Arte de canfo llano; Salamanque,
1610, in-4''. Il a été publié une deuxième édition
de cet ouvrage, avec des augmentations par
D. Joseph de Torres ; Madrid, t728, in-4''. La
troisième édition a pour titre : Arte de canto
llano , con enionaciones comunes de cbro, y
altar, y otras cosas diversas, como se vera
en la tabla, composto por Francisco de Mon-
tanos, y corregido y emendado por Sébastian
Lopez de Velasco, capellan de Su Majestad,
y maestro de su real capella de la Descalzas :
en Zaro^osffl (Saragosse), en la imprenta do
Francisco Moreno, anno 1756, in-4'' de Kîd
pages. On a aussi de Monlanos un traité général
de la musique intitule : Arte deMusicatlieorica
y pratica ; \MaiioM, 1592, in-4".
MONTANUS — MONTÉCLAIR
179
MOXTAJXUS (Ire>-ecs). On a sous ce pseu-
donyme un traité curieux des cloches, de
leur origine, de leur conoposition métallique,
de leur usage et de l'abus qu'on en fait, sous
ce titre : Bistorische Nachricht von den
Glocken, oder allerhand airieuse Anmer-
kungen von Ursprung, Materie, ISutzen, Ge-
brauch und Missbrauch der Glocken; Cliem-
nilz, 1728, in-S" de 136 pages. Suivant une
notice de Pœlcliau, qui se trouve dans le cata-
logue manuscrit de la Bibliothèque royale de
Berlin, l'auteur véritable de cette dissertation
serait Jean Godefroid Hauck, carillonneur
de l'église de Saint-Pierre à Freyberg. Il cite,
comme source de ce renseignement, le livre de
Martin Grulich intitulé : Historisch Sabbath,
oder Betrachtung der Wege GotVs (Le Sabbat
historique, ou Contemplation de la Voie de Dien,
p. 338); Leipsick, 1753,in-4°.
MOXTBUISSOX (Victor DE), luthiste
du seizième siècle, naquit à Avignon. On trouve
quelques pièces de luth de sa composition dans
le Thésaurus ha rnionicus deBesard.
MOXTDORGE (Antoise GAUTHIER DE),
né à Lyon vers la lin du dix- septième siècle, y
fut maîlre de la chambre aux deniers du roi. Il
est mort à Paris le 24 octobre 1768. On a de lui
un petit ouvrage intitulé Réflexions d'un peintre
sur Vopéra; Paris, 174î,in-12.
MONTÉCLAIR (Michel PIGNOLET DE),
né en 1666 , à Chaumont en Bassigny, d'une fa-
mille noble, mais pauvre, entra fort jeune comme
enfant de chœur à la catliérale de Langres, où
il fit ses études sous la direction de Jean-Bap-
tiste Moreau , qui y était alors maître de musi-
que. Après avoir été attaché à diverses églises de
province, il entra au service du prince de Vaudé-
mont et le suivit en Italie, comme maître de sa
musique. Il est vraisemblable que son séjour à
Rome, avec ce seigneur, fut favorable à se* pro-
grès dans l'art. De retour à Paris vers 1700, il
entra à l'Opéra en 1707, en qualité de basse de
l'orchestre d'accompagnement qu'on appelait le
petit chœur. Il fut lepremier qui y joua la seule
contrebasse qu'on trouvait dans l'orchestre de
ce théâtre, et qui succéda à l'usage du violone ,
ou grande viole à sept cordes. Mis à la pension
le 1" juillet 1737, il ne jouit pas longtemps du
repos acquis par ses longs travaux, car il mourut
au mois de septembre suivant dans sa maison
de campagne, près de Saint-Denis, à l'âge de
soixante et onze ans.Montéclair a fait représenter
à l'Opéra Zes Fêtes de l'été , ballet-opéra, en
1716, et Jephté, grand opéra en 3 actes, en
1732. Le chœur de ce dernier ouvrage, Tout
tremble devant le Seigneur, a eu longtemps de
la réputation en France. On a aussi du même
' artiste ■- i" Cantates à voix seule et basse conti-
nue, l^r, 2* et 3' livres ; Paris, 1720. — 2" Six
t concerts (duos) à 2 flrtles ; ibid. — 3° Six con-
certs pour flrtie et basse ; ibid. — 4° Quatre re
cueils de menuets anciens et nouveaux qui se
dansent aux bals de l'Opéra, contenant 77 menuets
de Plessis ( \" violon de l'Opéra ) , Montéclair,
Lardeau, Lemaire et Matthieu; ibid., 1728. —
5" Six trios en sonates pour deux violons et basse ;
ibid. — 6° Premier recueil de brunettes pour
la flûte traversière et le violon. Ses motets sont
restés en manuscrit : on en trouve deux à la Diblio-
tlièque impériale à Paris (in-4'', V, 276). Il a
aussi laissé une messe de Requiem qui a été
chantée à l'église Saint-Sulpicc, à Paris, en 1736.
Le premier ouvrage qui fit connaître Montéclair
est intitulé : Méthode pour apprendre la musi-
que, avec plusieurs leçons à une et deux voix
divisées en quatre classes; Paris,l700, in-4°. Une
deuxième édition de cet abrégé a paru à Paris en
1737. L'auteur le refondit en entier dans un autre
ouvrage plus considérable intitulé : Nouvelle
méthode pour apprendre la musique par des
démonstrations faciles, suivies d'un grand
nombre de leçons à i et 2 voix, avec des
tables qui facilitent Phabitude des transpo-
sitions , dédiée à M. Couperin ; Paris, 1 709 ,
in-folio de 64 pages. Une deuxième édition
gravée du livre ainsi refait a paru en 1736, à
Paris. Celte Nouvelle Méthode est un bon ou-
vrage pour le temps où il a été écrit. Montéclair
s'y montre très-supérieur aux musiciens français
qui écrivaient alors des traités élémentaires de
leur art. Sans s'écarter de l'enseignement ordi-
naire, il y introduit des procédés ingénieux qui ont
souvent été imités plus tard. Personne n'a mieux
traité de la transposition , et n'en a rendu l'in-
telligence plus facile. Montéclair a aussi publié :
Méthode pour apprendre à jouer du violon,
avec un abrégé des principes de viusique né-
cessaires pour cet instrument; Paris, 1720,
infol. ; 2* édition, Paris, 1736.
Malheureusement pour sa mémoire, Montéclair,
jaloux de la gloire de Rameau, attaqua avec vio-
lence les bases du système de la basse fonda-
mentale, par une dissertation anonyme qui pa-
rut au mois de juin 1729 dans le Mercure de
France, sous le titre de Conférence sur la
mus/^MC. Rameau y lit une vive réponse intitulée:
Examen de la Conférence sur la musique : elle
fut insérée dans le Mercure d'octobre 1729.
Montéclair répliqua dans le même journal , en
1730, et ne garda plus de ménagements contre
son adversaire, l'accusant même de plagiat.
Une dernière réponse de Rameau, simple et
12.
180
MONTÉGLAIR — MOJSTEVERDE
noble à la fois , qui parut dans le Mercure de
juhi 1730, mit lin à cette querelle.
MOMTEIRO (Jean MENDÈS) , composi-
teur , naquit à Evora , en Portugal, dans la se-
conde moitié du seizième siècle. Après avoir fait
ses éludes musicales sous la direction de son
compatriote Manuel Mendès, il fut maître de
chapelle du roi d'Espagne. La plupart de ses
compositions consistaient en motets , qu'on
trouvait en manuscrits à la Bibliothèque royale
de Lisbonne, à l'époque où Machado écrivait sa
Bibliotheca Lusitana.
MO\'TELLA (Jean-Dominique), composi-
teur napolitain, cité par Cerreto (Délia pratiica
musica vocale, et strumeniale, lib. 3, p. 156),
TivaitàNaplesen 1601. Il était luthiste excellent.
MONTESANO-DA-MAIDA ( Don Al-
l'HcwsE ) , gentilhomme espagnol attaché au ser-
vice du vice-roi de Naples, au commencement
du dix-septième siècle, cultivait la musique avec
succès, et a fait imprimer de sa composition :
Madrigali a chique voci , libro pyimojNa-
poli, par Octavio Beltrani, 1622, in-4°.
MOIXTESARDO ( Jérôme ) , guitariste du
commencement du dix-septième siècle, naquit
à Florence et vécut dans cette ville. Il a fait
imprimer un traité de la tablature de la guitare,
par des signes particuliers de son invention, sous
ce titre : Nuovainvenzione (ï tntavolatiira per
sonore i balletti sopra la chitarra spagnuola,
senza numerl e note; Florence , 1600, iri-4°.
MONTEVENUTI (Charles), né à Faënza,
dans les dernières années du dix-septième siècle,
fut élu membre de l'Académie des philharmoniques
de Bologne, en 1721, et devint maître de chapelle
de la cathédrale de Rovigo, en 1727. Il mourut
dans cette ville en 1737. On a imprimé de sa
composition, à Bologne : Sonate da Chiesa a
più strumenti.Vae SLwtre édition de ces sonates a
été publiée à Amsterdam, chez Roger (sans date) .
MOIMTEVERDE ( Claude ), compositeur
illustre, naquit à Crémone en 1568, suivant Arisi
( Cremona lltferata, t. III ), qui dit que ce
grand artiste était âgé de soixante-quinze ans
lorsqu'il mourut, en 1643. Cette date de 1568 est
aussi adoptée par M. Fr. Caffi, dans la notice de
Monteverde insérée au premier volume de sa
Storia délia musica sacra nella già cappella
ducale di SanMarco in Venezia{ page 215).
Dans la prertiière édition de la Biographie uni-
venelle des Musiciens f j'ai exprimé des doutes
sur l'époque précise de la naissance de Monte-
verde, parce que Gerber parle, dans son Nouveau
Lexique des Musiciens, d'un Recueil de Canzo-
nette à trois voix de ce musicien célèbre, im-
primé à Venise en 1584; depuis lors, j'ai vu cet
œuvre à la Bibliothèque royale de Munich : il est
en effet imprimé à Venise eu 1584, chez Jacques
Vincent! et Richard Amadino (1). 11 n'y a donc
plus de doute possible : Monteverde n'était âgé
que de seize ans lorsqu'il mit au jour ce premier
produit de son talent. Cinquante-huit ans après
cette époque, il écrivait encore pour la scène , et
donnait an théâtre Saint-Jean et Saint-Paul de
Venise ( 1642 ) son Incoronazione di Poppea.
Fjls de pauvres parents, Monteverde parait
avoir appris la musique dès ses premières années,
car il était fort jeune lorsque son talent sur la
viole le fit entrer au service du duc de Mantoue;
mais bientôt son génie se révéla et lui fit com-
prendre qu'il n'était pas né pour être un simple
exécutant, et qu'il était appelé à de plus hautes
destinées. Marc-Antoine Ingegneri, maître de
chapelle du duc, lui enseigna le contrepoint;
mais à l'examen de ses ouvrages, il est facile de
voir que son ardente imagination ne lui laissa
pas le loisir d'étudier avec attention le méca-
nisme de l'art d'écrire, car les incorrections de
toute espèce abondent dans ses ouvrages ; heu-
reusement elles sont rachetées par de si belles in-
ventions, que ces défauts se font oublier. Monte-
verde paraît avoir succédé à son maître dans la
direction de la musiquedu duc de Mantoue; car
on voit par le frontispice du cinquième livre de ses
madrigaux, imprimé à Venise en 1604, pour la pre-
mière fois, qu'il avait alors le titre de maltrede cha-
pelle de ce prince. Le 19 août 1613 il succéda à
Jules-César Martinengo, dans la place de maître
de chapelle de Saint-Marc de Venise, et garda cet
emploi jusqu'à sa mort. On voit dans le livre
intitulé : Le Glorie délia poesia e delta musica
contenute delV esatta notizia de' teatri delta
clttà di Venezia, qu'il écrivit en 1630 l'opéra
intitulé Proserpina rapita : il devait être alors
âgé de plus de soixante ans,
Arisi {toc. cit. ) dit que Monteverde entra
dans l'état ecclésiastique après la mort de sa
femme, dont il n'indique pas la date. La source
où il a puisé ce renseignement est un éloge du
grand artiste, fort mal écrit et rempli de niaise-
ries, par Malteo Cahurloito, curé de l'église
San - Tommaso de Venise; cet éloge se trouve
en tête d'un recueil de poésies à la louange de ce
mailreqiii fut publié immédiatement après sa mort,
et qui est intitulé Fiori poeiici. Au surplus, le fait
dont il s'agit n'est pas douteux, car: Monteverde
eut deux fils : l'aîné ( François ), prêtre comme
(1) J'ignore sur quelle autorité ^L Caffi fait remonter à
1582 les premières compositions de Monteverde, dottt il
n'indique pas le titre.
MONTEVERDE
181
son père, et chanteur habile, entra comme ténor
à la diapelle de Saint-Marc, le 1" juillet 1623 ;
l'autre ( Maximilien ) exerça la médecine à
Venise. Le décret de l'élection de Monteverde en
qualité de premier maître de la chapelle ducale
<!e Saint-Marc est rempli de témoignages de la
plus haute considération. Les procurateurs de
cette cathédrale lui accordèrent, de leur propre
mouvement, 50 ducats comme indemnité de ses
dé()enses de voyage de Mantoue à Venise ; le trai-
tement de ses prédécesseurs était de 200 ducats :
le sien fut porté immédiatement à trois cents,
et le 24 août 1616, il fut élevé à 400 ducats,
outre plusieurs gratifications de cent ducats
qu'il reçut à diverses époques. Enfin, par une
exception, qui ne fut faite que pour lui, on lui
donna jiour habitation une maison située dans
l'enclos canonial, et qui fut restaurée et ornée
convenablement pour son usage. Monteverde se
montra digne des honneurs qu'on lui rendait et
des avantages qui lui étaient faits par la bonne
organisation qu'il donna à la chapelle ducale, et
par la perfection relative d'exécution qu'il y in-
troduisit. La gloire que Monteverde avait ac-
quise par ses ouvrages était si grande, qu'il n'y
avait pas de solennité soit à Venise , soit dans
les cours et les villes étrangères, où il ne fût ap-
pelé pour y produire quelque composition nou-
velle. C'est ainsi qu'en 1617 il fut demandé par
le duc de Parme pour écrire la musique de quatre
intermèdes sur le sujet des amours de Diane et
d'Endymion ; qu'en 1621 il composa une messe
de Requiem et un De profundis pour les o.i-
sèqiies du duc de Toscane Cosme de Médicis II ;
qu'en 1627 la cour de Parme l'appela de nou-
veau pour écrire cinq intermèdes sur les sujets
de Bradamante et de Didon ; enfin, qu'en 1629
la ville deRovigo, pour fêter la naissance d'un fils
de son gouverneur, Vito Morosini, lui demanda
la faveur de composer la musique d'une cantale
intitulée II Rosajo fiorito, nui fut exécutée à
l'Académie di Concordl scientificolitferaria.
Monteverde avait été apiielé à la position de
maître de chapelle de la cour de Mantoue en
1603; car on a vu précédemment qu'il passa de
cette place à celle de maître de la chapelle ducale
de Saint Marc au mois d'août 1613 ; il dit dans
la dédicace du septième livre de ses Madrigaux
à la duchesse de Mantoue, Catherine de Médicis
Gonzague, sous la date du 13 décembre 1619 :
Ces compositions , telles qu'elles sont, seront
un témoignage public et authentique démon
affection dévouée à la sérénissime maison de
Gonzague, que j'ai servie avec fidélité pen-
dant dix ans (1). Il paraît qu'il lit un voyage à
(1) Qiiesti miei componimenti, quali sisieno faranno
Rome, qu'il y séjourna quelque temps, et qu'il y
fut présenté au pape, non Pie V, comme le dit
M. Caffi, car ce souverain pontife mourut en 1572,
mais Clément VIII , qui gouverna l'Église depuis
le 30 janvier 1392 jusqu'au 5 mars t605. Ce
voyage, entrepris à l'occasion des chagrins que
donnèrent à l'illustre compositeur les critiques
amères de ses ennemis, à la lèle desquels s'é-
taient mis Artusi de Bologne, et Jérôme Mei de
Florence, a dû se faire entre les années 1600 et
1603. L'éclat des succès de Monteverde à la cour
de Mantoue dans VAriane de Rinuccini, et dans
YOrfeo du même poêle , qu'il rnit en musique,
ainsi que dans le ballet délie Ingrate, imposa
sileuce à ses détracteurs,- enfin, après son entrée
si honorable dans la chapelle de Saint-Marc de
Venise, il n'y eut plus pour lui que de l'admi-
ration. Bologne même, d'où étaient venues les
plus rudes attaques contre ses ouvrages dans la
première année du dix-septième siècle, voulut
les lui faire oublier vingt ans après, lorsqu'il se
rendit en cette ville sur l'invitation qu'il avait
reçue. Un cortège des habitants les plus distin-
gués et des artistes les plus renommés le reçut
à son arrivée et l'accompagna à San-Michele in
Bosco, où des harangues furent prononcées à son
honneur et suivies de musique ; enfin, pour que
rien ne manquât aux témoignages de respect pro-
digués au grand artiste, VAcudemia Horida ins-
crivit solennellement son nom parmi ceux de ses
membres, le 11 juin ( 1620).
En 1630, Monteverde écrivit la musique d'une
nouvelle action dramatique de Jules Strozzi, in-
titulée Proserpina rapita, pour les noces de la
fille du sénateur Mocenigo avec Lorenzo Gius-
tiniani. L'effet de cette représentation surpassa
tout ce qu'on avait entendu jusqu'alors, et les
chants, les chœurs, les danses et l'instrumenta-
tion de cet ouvrage firent naître le plus vif en-
thousiasme. Jusqu'à cette époque, les représen-
tations théâtrales en musique avaient été réser-
vées pour les palais des princes et des grands :
en 1637, les poètes et musiciens Ferrari et
Manelli conçurent le projet d'ouvrir à Venise le
premier théâtre public d'opéra ( voy. leurs
noms ) ; Monteverde avait été leur modèle pour
ce genre de spectacle : lui-même, en dépit de son
âge avancé, comprit bientôt que cette voie était
la véritable pour les progrès de l'art, ainsi que
pour la gloire de l'artiste, et que le moment était
venu d'abandonner les succès de palais poiHT
ceux du grand public. Son opéra l'Adone, joué
au théâtre Saint -Jean et Saint-Paul en 1639,
puhblieo ed autentieo testiinonio del mio divoto affett»
verso la Ser. easa Gonzaga, da me tcrvita con ogni
fedeltà per decine d'anni.
182
MOINTEVERDE
occupa la scène pendant l'automne de cette
année et le carnaval de 1640. Immédiatement
après, l'ouverture du théâtre San-Mosc se fit
avec son Ariana. En 1641 il fit représenter le
JSozze (VEnea con Lavinia, et dans la môme
année il donna II Ritomo d' Ulisse in patria.
Enfin, en 1642, il termina sa glorieuse carrière
par l'iîicoronazione di Poppea. Ce fut le
chant du cygne, car l'illustre maître mourut dans
les premiers mois de 1643. Des obsèques magni-
fiques lui furent faites par la chapelle ducale de
Saint-Marc. Sa perte fut un.deuil pour la ville
de Venise, et tous les artistes de l'Italie expri-
mèrent des regrels honorables pour la mémoire
de ce grand homme.
Dans les deux premiers livres de ses Madri-
gaux, Monteverde ne montra la hardiesse de son
imagination que par les nombreuses irrégula-
rités du mouvement des voix et de la résolution
des dissonances de prolongations. A vrai dire, on
y remarque plus de négligences que de traits de
génie; il est évident que ce grand artiste éprou-
vait un certain embarras dans le placement des
parties de son harmonie, car on y voit à chaque
instant toutes ces parties monter ou descendre
ensemble par un mouvement semblable, et pro-
duire des successions dont l'aspect est aussi peu
élégant que l'effet est peu agréable à l'oreille.
Rendons grâce pourtant à cette sorte d'inhabileté
du compositeur dans ses premiers travaux, car
elle fut sans doute la source de 1 audace qu'il
mit dans l'exploration d'une harmonie et d'une
tonalité nouvelles, devenues les bases de la mu-
sique moderne. Le génie du maître se manifesta
d'une manière plus large et plus nette dans le
troisième livre de ses Madrigaux à cinq voix ,
publié en 1598. Il parait hors de doute que les
idées de Gaiilei, de Corsi , de Péri et de quelques
autres musiciens distingués de Florence, qui
vivaient vers la lin du seizième siècle, concer-
nant la nécessité d'exprimer par la musique le
sens des paroles, au lieu d'en faire, comme la
plupart des anciens maîtres, le prétexte de con-
trepoints bien écrits, mais dépourvus d'expres-
sion, il paraît, dis-je, que ces idées avaient fixé
l'attention de Monteverde et lui avaient révélé la
portée de son génie; car, à l'exception de négli-
gences haiiDoniques, ou ne retrouve presque rien
de l'auteur des deux premiers livres de Madri-
gaux à cinq voix dans celui du troisième. Le
P. Martini a rapporté dans son Esemplare di
contra/jpimto /ugato ( t. Il, p. 180 et suiv. ) le
madrigal Stracciami pur il core, extrait de ce
livre : on le trouve aussi dans le troisième vo-
lume des Principes de composition des écoles
d^Italie, publiés par Choron, et dans le troi-
sième volume de l'Histoire de la musique de
Burney ( p. 237 ). C'est vraiment une intéres-
sante conception que celle de ce morceau, sous le
rapport historique. Sonrhythmea plus de mou-
vement ; sa prosodie est meilleure que ce qu'on
trouve dans les ouvrages de la plupart des pré-
décesseurs de Monteverde; la cadence tonale,
si rare chez les maîtres du seizième siècle, se
fait sentir à chaque instant dans ce morceau :
mais ce qui le rend surtout digne d'attention, ce
sont les nouveautés harmoniques qui s'y trouvent
en abondance. Monteverde n'y attaque point en-
core les dissonances naturelles sans préparation,
mais il y fait entendre la prolongation de neu-
vième avec l'harmonie de la sixte, condamnée
par les anciens compositeurs, parce qu'elle doit
se résoudre sur l'octave de la note inférieure du
demi-ton qu'ils appelaient mi, et que cette octave
est obligée à faire un mouvement de succession
qui trahit la tonalité; c'est enfin dans ce même
morceau que se trouvent pour la première fois,
sur les mots non pud morir d'amore, les dis-
sonances doubles, par prolongation, de neuvième
et quarte, de neuvième, septième et quarte, de
quarte et sixte réunies à la quinte : celle-ci pro-
duit un des effets les plus désagréables qu'on
puisse entendre , car il en résulte trois notes si-
multanées placées à la distance d'une seconde
l'une de l'autre. L'audacede Monteverde lui fait
braver toutes les règles dans cet ouvrage : c'est
ainsi que dans la quatrième mesure du madrigal
cité précédemment, il réalise dans la partie du
ténor une dissonance de passage pour en faire
une prolongation ; c'est encore ainsi qu'en plu-
sieurs endroits il donne à des notes placées à des
intervalles de seconde le caractère de neuvièmes
par prolongation.
Si Monteverde n'attaquait point encore sans
préparation les dissonances naturelles de la do-
minante, lorsqu'il écrivit son troisième livre de
Madrigaux à cinq voix, il y déterminait néan-
moins le caractère de la tonalité moderne par le
fréquent usage du rapport harmonique du qua-
trième degré avec le septième, et par là il cons-
tituait celle-ci en véritable note sensible qui trou-
vait toujours sa résolution sur la tonique. Or, ce
sont précisément ces rapports du quatrième de-
gré et de la note sensible, et ces appellations de
cadences qui distinguent la tonalité moderne de
celle du plain -chant, où il n'y a jamais d'autres ré-
solutions nécessaires que celles des dissonances
facultatives produites par les prolongations (1).
(1| Pour comprendre ce que je dis Ici concernant les
différences de la tonalité des madrigaux composes par
les anciens maîtres, et celle des pièces du mCme genre
contenues dans le troisième livre de Monteverde, il suffit
de comparer le beau madrigal de l'alcstrina Alla riva.
MONTEVERDE
18S
Dans son cinquième livre de Madrigaux à cinq ,
voix, Monteverde donna le dernier essor à ses
hardiesses en attaquant sans préparation la sep-
tième et la neuvième de la dominante, le triton,
la quinle mineure et sixte, et la septième dimi-
nuée. Par là il acheva complètement la transfor-
mation de la tonalité, créa Taccent expressif et
dramatique ainsi qu'un nouveau système d'har- i
monie. Il trouva mêuje dès le premier pas et l'har-
monie naturelle de la dominante , et le principe
de la substitution ; car on sait que la neuvième
de la dominante et la septième diminuée ne sont
pas autre chose que des substitutions. On peut
voir dans VEsemplare du P. Martini, et dans
les Principes de composition des écoles d'I- |
ialie, compilés par Choron, toutes ces nouveau- !
tés réunies dans le madrigal Cruda AmarilU. \
Deux ans après la publication du troisième
livre de Madrigaux de Monteverde, .\rtusi ( toij.
ce nom ), chanoine régulier de Saint-Sauveur à
Bologne, se lit l'organe de l'indignation des mu-
siciens contre les nouveautés de cet ouvrage, et '
publia à ce sujet le livre intitulé VArtusi, ovvero j
délie imperfezzioiii délia moderna musica j
( Bologne, ibOO ). On ne peut nier que ce savant
musicien n'eût pour lui la raison dans ses at- |
taques contre les nombreuses imperfections qui |
déparent cette importante production ; mais sa I
critique des découvertes harmoniques de Monte- |
verde prouve qu'il n'en avait compris ni les avan-
tages ni le but. Au reste, Monteverde lui-même
ne parait pas avoir aperçu la portée de ses inven-
tions; car dans l'épitre au lecteur qu'il a placée
en tète de son cinquième livre de madrigaux, pour
sa défense, et qui a été reproduite par son frère
(Jules-Cesu Monteverde) au commencement des
Scherzi musicali a Ire voci (Venise, 1607), il
n'aborde pas la grande question des tranforma-
tionsdelnarmonie etdela tonalité, et ne se doute
pas de l'importance de ce qu'il a fait. Monteverde
avait été dirigé à son insu par son génie dans
toutes ces innovations, et sans aucune direc-
tion philosophique. Ce qui n'est pas moins cu-
rieux, c'est que ces transformations ne furent
aperçues que longtemps après, il n'est pas inutile
de remarquer, pour l'explication de ce fait sin-
gulier, que les musiciens n'étaient pas encore
arrivés , à cette époque , à la considération de
l'harmonie par accords isolés, quoique longtemps
auparavant Zarlino eût entrevu le mécanisme du
renversement des intervalles. (Voy. Zarlino.)
Plusieurs critiques ont essayé de contester la
réalité des innovations harmoniques de .Monte-
del Tebro arec celui du maître de Crémone Straeeiatni
pure il core, dans les ouvrages cités de Martini et de
Clioron.
rerde, et de l'origine de la tonalité moderne que
je lui ai attribuée. Je crois avoir mis au néant ces
objections dans mon Traité complet de l'har-
monie. On avait prétendu que les maîtres de
Técole romaine antérieure avaient fait usage de
ces harmonies longtemps avant lui : j'ai fait voir,
par l'analyse de morceaux entiers de Palestrina,
qui avait été cité en particulier, que l'harmonie
et la tonalité, dans les œuvres de ce grand maître,
n'ont aucun rapport avec les hardiesses de l'il-
lustre auteur d'Or/ieo et à'Âriana. Je défie ea
effet qui que ce soit de trouver dans toute la
musique religieuse ou mondaine du seizième siè-
cle, un seul exemple de ces harmonies de neu-
vième et de septième de la dominante qu'on ren-
contre dans ce passage du madrigal de Monteverde
Cruda AmarilU :
A'R^
-^-
-^—Q-
zsn
alu
^i-^^ — g==Le_g
ahi
Qiar alii
r-O-t
184
MONTEVERDE
Et dans cet autre passage rliytlimiquc de
VOrfeo :
- zo-se scliie - re sempre fio - ri - te
i-se scliie - re sempre fio - ri - te
zo-se scliie
re sempre
7
§
ê
m
Si les critiques qui ont cru pouvoir attaquer
les vérités fondamentales par lesquelles j'ai dis-
sipé les ténèbres de l'histoire de la musique mo-
derne avaient connu le livre d'Artusi , princi-
pal adversaire de Monteverde et son contempo-
rain, ils y auraient lu ces paroles décisives dans
la question dont il s'agit : Nos anciens ii'ensei'
gnèrcnt jamais que les septièmes se dussent
employer d'une manière si absolue et à dé-
couvert (1).
Des découvertes aussi belles que celles dont
il vient d'être parlé sembleraient devoir rem-
plir la vie d'un artiste : néanmoins Monteverde
s'est créé bien d'autres titres à l'admiration
de la postérité. J'ai dit dans le Résumé philoso-
phique de Vhistoire delà musique (pag. ccxvin
et ccxix (2) , et aux articles de Caccini et de Ca-
valière, quels furent les commencements du drame
lyrique, dans les dernières années du seizième
siècle, et dans les premières du suivant : Monte-
verde, s'emparanl aussitôt de celte nouveauté, y
porta toutes les ressources de son génie. On vient
de voir qu'en 1607 il écrivit pour la cour de
Mantoue son opéra H'Ariana. Bien supérieur à
Péri, à Caccini, et môme à Emiliodel Cavalière,
pour l'invention de la mélodie, il mit dans cet
ouvrage des traits dont l'expression pathétique
exciterait encore aujourd'hui l'intérêt des artistes.
(i) Le nostrl vccchi non insegnarono mai, chc le settiiiie
si dovcssero usare cosi assolute et scopcrte {VArtusi,
evero délie imperfcttioni delii moderna musica, p. 44).
(2) Au l'' volume de la première édUion de la Biogra-
phie universelle des Musiciefit.
Je citerai comme exemple le chant d'Ariane :
Lasciatemi morire. La basse incorrecte et l'har-
monie heurtée et bizarre dont le compositeur a
accompagné ce morceau ne nuisent point au ca»
ractère de mélancolie profonde qu'on y remarque.
Dans son Orfeo, il trouva de nouvelles formes
de récitatif, inventa le duo scénique, et sans au-
cun modèle, imagina des variétés d'instrumenta-
tion d'un effet aussi neuf que piquant ( voyez au
l*"^ volume de la f'' édition de lâBiographie uni-
rerselle des Musiciens le Résumé philosophie
que, page ccxix). Ses airs do danse, particulière-
ment dans son ballet délie Ingrate, représenté
à Mantoue en 1608, pour les noces de François de
Gonzague avec Marguerite de Savoie, sont remplis
de formes trouvées et de rhythmes nouveaux et
variés. C'est lui qui, le premier, y a introduit une
modulation de quarte en quarte et de quinte en
quinte, qu'on a beaucoup employée depuis lors, et
dont il avait fait le premier essai dans le madrigal
Cruda Amarilli. Enfin l'épisode du combat de
Tancrède et de Clorinde, qu'il fit exécuter en 1624
dans la maison de Jérôme Mocenigo, à Venise, lui
fournit l'occasion d'inventer les accompagnements
de notes répétées à tous les instruments dans un
mouvement plus ou moins rçipide : système d'ins-
trumentation conservé par les compositeurs de-
puis cette époque jusqu'à nos jours, et qui fut
l'origine du trémolo. Monteverde rapporte, dans
la préface de son huitième livre de madrigaux,
qu'il eut beaucoup de peine à faire exécuter ce
nouvel effet par les musiciens; ceux ci s'obsti-
nèrent d'abord à ne faire entendre qu'une seule
note par mesure, au lieu de la répéter autant de
fois qu'il était nécessaire : plus tard ils avouèrent
que cette nouveauté était d'un grand effet.
Tel fut l'artiste prédestiné qui contribua plus
qu'aucun autre à la complète transformation de
la musique , ainsi qu'à la création des cléments
de l'art moderne; génie fécond dont la portée
ne fut pas comprise par ses contemporains , ni
peut-être par lui-même; car ce qu'il dit de ses
inventions dans les préfaces de quelques-uns de
ses ouvrages ne prouve pas qu'il ait vu qu'il avait
introduit dans l'harmonie et dans les résolutions
harmoniques un système nouveau de tonalité,
absolument diflérent de celui du plain-chant , et
qu'il avait trouvé le véritable élément de la
modulation. Ce qu'il s'attribuait, avec juste
raison, était l'invention du genre expressif et
animé ( concitato ) ; personne , en effet , ne peut
lui disputer la création de cet ordre immense de
beautés oh réside toute la musique moderne ,
mais qui a conduit à l'anéantissement de la
véritable musique d'église , en y introduisant le
dramatique. Il est remarquable que cette création
ÎMONTEVERDE
185
de la tonalité moderne et de toutes ses consé-
quences, due à Monleverde, n'^ été aperçue
par aucun liistorien de la musique.
Le nombre des œuvres de Monteverde parait
peu considéral)le pour un génie si actif, si puis-
sant , et pour sa longue carrière ; mais j'ai
appris de Monge qu'il avait trouvé dans les ar-
chives de Saint-Marc une grande quantité de
musique d'église sous le nom de ce grand ar-
tiste, et qu'il en avait fait faire des copies dont la
perte est d'autant plus regrettable, qu'il ne se
présentera peut-être plus de circonstance favo-
rable pour en obtenir d'autres. ( Voij. Monge.)
De toute la musique d'église de Monteverde,
on n'a publié que les œuvres suivants : 1'^ Selva
morale e spirituale nella quale si trova
Messe , Sahni , Hijmm, Magnificat , Motetli,
Salve Regina e Lamento ,«1,2,3^4,5,6,
8 voci con violini ^ Venise, R. Amadino, 1623 ,
in-4''. Il y a une deuxième édition de ce recueil
publiée par tiartholomé Magni , à Venise , en
1641, in-i". La dernière pièce est une complainte
de la Vierge à voix seule sur le chant de r.4-
rianna du compositeur ( Pianto délia Madonna
sopra il lamento de l'Arianna ). — 2* Missa
senis vocibus , ad ecc lestant m choros, etves-
peree , pliiribus decantundœ , cum nonnullis
sacris coneentibus, a-d sacella, sire principum
cubicula accommodatis. Opéra a Claudio
Monteverde nuper effecta, et sanctissimo
Patri Paulo V consecrato : Venetiis , apud
Riccardum Amadinum , 1610. — 3" Messe a
quattro voci , e salmi a una , due, tre, quul-
tro, cinque, sei , sette e otlo voci concertate e
parte a cappella, con le Litanie délia B. V. ,
di Claudio Monteverde, già maestro di
cappella delta Sereniss. republicadt Venezia,
op. postuma; in Venezia appresso Alessandro
Vincenti, i650,in-4''. Parmi les œuvres théâ-
trales de Monteverde, on trouve l'indication des
opéras dont les titres suivent: — i° Arianna,
opéra sérieux , à la cour de Mantoue, en 1607.
La plainte d'Ariane ( Lasciatemi morire), ex-
traite de cet ouvrage, a été publiée plusieurs
fois, notamment dans le livre de M. de NVinter-
leld sur Jean Gabrieli ( 2* partie, p. 226). L'A-
rianna fut reprise à Venise en 1640, et fut le
premier opéra représenté au théâtre San-Mosè.
— 5° Orfeo , opéra sérieux, à Mantoue, en
1608. Cet opéra a été publié à Venise en 1609,
et réimprimé en 1615 avec quelques change-
ments. La première édition est dans ma biblio-
thèque; l'autre se trouvait dans la collection de
Lamlsberg, en 1841. Selon les notes manuscrites
de Boisgelou , suivies par Choron et Fayolle ,
cet ouvrage aurait été composé dès 1600: c'est
une erreur. On trouve des extraits de VOrfeo dans
le troisième volume de l'Histoire de la magique de
Hawkins (p. 433), et dans le quatrième de
l'Histoire de Burney ( pag. 32 ). — 6" Le ballet
dette Ingrate, représenté à Mantoue en 1808.
M. de Winterfeld a donné quelques extraits
d'airs de danse de ce ballet, fort remarquables
par le rhythme , et un passage de récitatif où les
accords de lierce, quarte et sixte, du mode
mineur, et de septième diminuée sont employés
de la manière la plus heureuse (/. Gabrieli und
sein Zeitalter, 3^ partie, p. 108 et 109 ). —
7° Proserpina rapita, opéra sérieux, joué dans
le palais de Jérôme Mocenigo , à Venise , en
1630. — 8" L'Adone , pastorale , au théâtre
Saint-Paul et Saint-Jean de Venise, en 1639.
— 9° Il Ritorno d'Ulisse in patria , au théâtre
SanMosè à Venise, en 1641. — 10° L'Incoro-
nazione di Poppea , au théâtre San-Mosè , en
1642. Cet euvrage fut repris en 1646, au même
théâtre. Les, œuvres de musique de chambre
qui ont été publiés sont : — 11° Canzonette a
tre voci ; Venise, Jacques Vincenti et Richard
Amadino, I58'i, in-4''. — 12" Il primo libro
de'' Madrigali a 5 voci; Venise, 1387, in-4''.
— 13" 7i seconda libro rfe' Madrigali a 5 voci ;
MA., 1593, in-4°. Le premier et le second
livre de Madrigaux de Monteverde furent ré-
! imprimés à Venise, chez Raverj, en 1607,
j in-4". — 14°. Il terzo lit/ro de' Madrigali a
5 voci; Venise, Richard Amadino, 1594, in-4°;
: la deuxième édition a été publiée par le même
: en 1598. Il en a été fait une troisième chez le
! même, en 1600, in^", et une quatrième en 1611,
j in-4°. — 15° // quarto libro de' Madrigali a
5 voci ; in Venezia, app. Ricciardo Amadino,
' 1507, in-4°. Autres éditions, ibid., 1615; Anvers,
; Pierre Phalèse, ^615, et Venise, 1021. —
I 16" Scherzi inusicali a tre voci ; Venise , 1607 ,
I in-4°. Cet ouvrage a été publié par les soins de
I Jules-César Monteverde, frère du compositeur.
I II en a été fait une deuxième édition à Venise ,
l^en 1615. Il y a aussi une édition des mêmes
i Scherzi musicali en partition publiée par Rico.
! Amadino, en 1609 , petit in- fol. — 16° ( bis) Il
\ quinto libro de Madrigali a ô voci; in Vene-
zia, presso Ricc. Amadino, 1599, in-4 °. Il y a
d'autres éditions de Venise, 1604 , 1608 , 1612 ,
1615; Anvers, Phalèse, 1615, et Venise, 1620,
toutes in- 4°. — XI" Ilsesto libro de Madrigali
a 5 voci, con un dialogo al; in Venezia,
app. Ricc. Amadino, 1614, in-4°. 11 y a des
exemplaires de cette édition qui ont un nouveau
frontispice avec la date de 1615. Une autre édi-
tion a été publiée par le même imprimeur, en
1620 in-i°. _ 18° Concerto. Il settimo libro
186
MONTEVERDE — MONTGEROULï
de' Madrigali a una,diie, tre, quatlro et sei
vôci, con altri generi di canti; in Venetia,
app. Barlolomeo Magni, 1619, 10-4". Une
autre édition de cet ouvrage a paru chez le môme
imprimeur, en 1641. Les ciuq premiers livres
ont été publiés à Anvers , chez Pierre Phalèse ,
en 1615, in-4° obi. Il a été fait une nouvelle
édition des sept premiers livres à Venise, en
1621. — 19° Madrigali guerrieri eamorosi,
con alcuni opitscoli in génère rappresenta-
tivo , che serviranno per brevi episodii fra
i canti senza gesto , lib. 8; Alexandre Vin-
centi , 1638 , in-4°. C'est dans ce recueil que se
trouve le combat de Tancrède et de Clorinde ,
dont M. de Winterfeld a donné des extraits dans
la troisième partie de son livre sur Jean Ga-
brieli (pages io9 et suiv.). Un choix de madri-
gaux et de canzoni de Monteverde a été publié à
Venise, en 1615, dans la collection quia pour,
litre Madrigali de setto autori a cinque voci.
On trouve aussi quelques-uns de ses madrigaux
dans le Parnasse des musiciens bergamasques ,
publié à Venise en 1615, et dans la collection de
Profe.
Monteverde fut un des premiers membres de
l'Académie des philharmoniques de Bologne. Dans
une lettre écrite en 1620 , le P. Andrien Ban-
chieri félicitait cette académie d'une si glorieuse
acquisition.
MONTFAUCOIV (BERNARD DE), savant
bénédictin de la congrégation de Saint-Maur,
naquit le 17 janvier 1655, au château de Sou-
lage , dans le Languedoc , d'une famille noble et
ancienne. A l'âge de dix-sept ans il entra comme
volontaire dans le régiment de Languedoc, et
fit deux campagnes sous les ordres de Turenne ;
mais après la mort de ses parents il prit la
résolution de renoncer au monde, et entra à
Toulouse dans l'ordre de Saint- Benoît. Ce fut
alors qu'il recommença ses études, fort négli-
gées dans son enfance : il ne dut qu'à ses
propres efforts le savoir qu'il acquit dans les
langues anciennes et dans l'archéologie. Appelé
à Paris par ses supérieurs, en 1687, il visita
l'Italie trois ans après. De retour à Paris, il s'y
livra à de grands travaux li.téraires , et mourut
presque subitement le 21 décembre 1741, à
l'âge de quatre-vingt-sept ans. Au nombre des
ouvrages qu'on doit à ce savant infatigable, on
remarque ceux-ci : 1° Palxographia grxca,
sive de ortu et progressu litteratum grxca-
rum- Paris, 1708, in-fol.; il y traite de la no-
tation de la musique dans la division intitulée :
De notis musicis tam vetcribus quam recen-
tioribus carptim. — 2° L'Antiquité expliquée
el représentée en figures; Paris, 1710-24 ,
15 volumes in-fol. On trouve dans le troisième
volume et dans le supplément les figures de
beaucoup d'instruments anciens avec les expU-
calions : mais il faut se défier de ces représen-
tations de monuments, qui sontjen général peu
exactes.
MONTFOHT (Corneille DE). Voyez
BUOCKLAND.
MOIXTFORT( Alexandre), né à Paris en
1803, Ht toutes ses études d'harmsnie et de contre-
point au Conservatoire, sous la direction de l'au-
teur de ce Dictionnaire ; puis il reçut des leçons
de Berton pour le style dramatique. Admis au
concours de l'Institut, il y obtint le deuxième
prix de composition en 1829, et le premier en
1830. Pensionnaire du gouvernement à iitre de
lauréat, il visita l'Italie, séjourna à Rome, à
Naples, puis parcourut rAllemagnc. De retour à
Paris, il fit exécuter des ouvertures et d'autres
morceaux dans plusieurs coucerts. Au mois
d'octobre 1837 il fil représenter à l'Opéra le
ballet de La Chatte métamorpliosée en femme,
dont il avait composé et arrangé la musique. Au
mois de juin 1839 il fit jouer avec succès Poli-
chinelle, opéra-comique en un acte. A cet ou-
vrage succédèrent -.La Jeunesse de Charles-
Quint, opéra en deux actes, joué avec succès au
théâtre de l'Opéra-Comiqiic, au mois de dé-
cembre 1841. — Sainte Cécile, opéra en trois
acies, représenté au mois de septembre 1844. —
La Charbonnière , opéra en trois actes , joué au
mois d'octobre 1845. — VOnibre d/Argentine,
opéra bouffon en un acte, représenté le 28 avril
1853. — Dcucalion et Pyrrha, opéra-comique
en un acte, joué le 8 octobre 1855. Cet artiste a
aussi publié quelques morceaux pour le piano,
parmi lesquels on remarque un Jtondoletto ,
Paris, Lemoine, et des valses brillantes, ibid. Le
ballet de La Chatte métamorphosée a été
i gravé pour le piano, el Polichinelle , en grande
partition. Montfort, dont le talent était gracieux,
élégant et correct , est mort , après une courte
maladie, le 13 février 1856.
MOKTGEROULT ( Mm« Hélène DE
NEBVODE ), comtesse DE CHARNAY, née à
Lyon, le 2 mars 1764, eut pour premier
maître de piano Hulmandel, et reçut des le-
, çons de Dussek lorsque cet artiste célèbre visita
Paris en 1786. Les conseils de ce grand pianiste
et de Viotti , qui conserva pour M'"* de Montge-
roull des sentiments d'amitié jusqu'à la fin de ses
jours, développèrent l'heureux talent qu'elle avait
reçu de la nature. Douée d'un sentiment exquis et
de l'esprit d'analyse, elle acquit sur le piano le
plus beau talent qu'une femme ait possédé de son
temps. Sortie de France pendant les troubles de
MONTGEROULT — MOUTON A
187
la Révolution, elle se rendit à Berlin, où elle pu-
blia, en 17%, une sonate de piano; mais vers
la fin du gouvernement du Directoire, elle
obtint sa radiation de la liste des émigrés et re-
vint à Paris , où elle forma quelques bons
élèves , parmi lesquels on remarque Pradlier et
Boëly. Dans nn âge avancé , elle avait conservé
toute Pénergie de son sentiment musical. Au
mois d'octobre 1835 , elle fit un vojage en Italie
et passa riiivcr à Florence. Elle mourut dans
celte ville le 20 mai 1836, à l'âge de soixante
ans. Son tombeau est, placé dans le cloitre de
l'église délia Sfinla Croce, à Florence; on y
voit une inscription qui fournit les dates pré-
cises (le sa naissance et de son décès. On a
publié de la composition de M'""^ de Montge-
roult : 1" Trois sonates pour piano seul, op 1 ;
Paris, Troupenas. — 2" lioh idem, op. 2; ibid.
— 3° Sonate eu fa mineur; Berlin, Lisclike.
— 4" Pièces détacliées pour piano seul, op 3;
Paris , Érard. — 5° 3 sonates pour piano seul ,
op. 5 ; ibid. — 6° Fantaisies, idem, n"* l , 2 , 3 ;
Paris, Janet et Cotclle. — 7° Six nocturnes ita-
liens et français à deux voix avec accompagne-
ment de piano, op. 6 ; Paris, Érard- On doit aussi
à Mnie de Montgeroult un ouvrage intéressant
pour les artistes, intitulé : Cours complet pour
l'enseignement du forté-pkino , conduisant
progressivement des premiers éléments aux
plus grandes diffi,cultés, Paris, Janet et Co-
lelle, 3 parties in-folio.
MO^TI ( G.vETAN ), compositeur dramatique
né à Fusignano, près de Ferrare , vers 1760,
est connu par les ouvrages suivants : 1° La Con-
tadina accorta , opéra bouffe, représenté à
Dresde en 1782. — 2° Lo Studente , opéra
boufie, àNaples, en 1784. — 3" Le Donne
rendicate, idem, ibid., 1784. Monti était frère
aioé du célèbre poète Vincent Monti. Il est
mort à Naplesen 1S16.
MOXTl (Henri DE), professeur de musique ,
naquit à Padoue vers 1758. Dans sa jeunesse il
se rendit en Autricbe, vécut quelque temps à
Vienne , puis à Prague, et enfin se fixa à Glas-
cow (Ecosse), où il vivait eneore en 1S30. 11 se
rangea dans le parti des maitre& de musique
anglais contre Jean-Baptiste Logier, à l'occasion
de sa Nouvelle Méthode d'enseignement de la
musique et du piano , et écrivit contre ce
système un pamphlet intitulé : Strictures on
.V. Logier' s System of musical éducation {Voy.
Logiek) ; Glascow, 1817, gr. iH-S".
MOXTICELLl ( Ange Marie), né à Milan
vers 1715, chanta à Naples avec la .Mingotti , en
1746, puis à Vienne et à Londres. En 1756,
Masse l'engagea pour le théâtre de Dresde. Il
, mourut dans cette ville en 1764. MonticelH
était, dit-on, aussi remarquable comme chanteur
i que comme acteur.
; MOXTICHIARO (Jean), luthier, né à
j Brescia vers la fin du quinzième siècle, est cité
I par Lanfranco , son concitoyen et contemporain
j {Scintille di Musica; Brescia, 1533, p. 143),
' ainsi que Jean-Jacques Dalla Corna , |)oiir la
bonne fabrication d&s luths, lyres et violons ou
i petites violes. On peut donc considérer Monti-
I chiaro comme un des fondateurs de la lutherie
bresciane où se sont formés les maîtres renom-
] mes Gaspard de Salo ei Jeun- Paul Magini.
MOATILLOT ( Morlot DE ), musicien qui
vivait à Paris vers 1786, y a fait graver six sym-
phonies pour l'orchestre. On ne sait rien de cet
artiste , qui ne figure dans aucune liste de
I musiciens de cette époque.
MOATOXA (André ANTICO DE). An-
tico est le nom véritable du personnage dont il
' s'agit dans cette notice; celui de Montonà, qui
y est joint , indique la ville où il reçut le jour,
' laquelle est située en Istrie et appartint autrefois
à la république de Venise. M. Catelani ( voyez
ce nom ) conjecture avec beaucoup de vraisem-
I blance qu'André Antico de Montona est identi-
; quement le même quWndrea de Antiquis
I Venetus, compositeur et auteur de frotlole pu-
bliées par Petrucci de Fossombrone, dans ses
I recueilsde pièces de ce genre en 1504, 1505, 1507
et 1508 (i;. Antico fut le premier qui établit à
Rome une imprimerie de musique ; il obtint à
! cet effet un pri\ilége du pape Léon X, imprimé
en tète du seul ouvrage connu pour être sorti de
ses presses. Ce volume est une collection de
messes composées par Josquin Deprès, Brumel,
Pipelare, etc., qui a pour titre : Liber quindecim
missarum eleclarum tjUcC per excelleniissimos
musicos composa a.' fuerunt ; Rome, 1516, in-fol.
max. gothique. Un exemplaire de cette rarissime
collection se trouve à Paris, dans la Bibliothèque
Mazarine. Le titre qu'on vient de lire est celui
de cet exemplaire. M. Catelani en rapporte un
autre qui se trouve dans le volume au-dessous
du bref de Léon X, et qui est ainsi conçu: Misse
quindecim a diversisoptimis et exqnisitissimis
auctoribus édite per Andream Antiquum de
Montona sociorum sumptibus emendai issime
atque accuratissimc ; Rome Irapresse Anno
Domini. M. D. XVI. Die nona mag. pontifi-
calus sanctissimi Bomini nostri Leonis de-
cimi anno quarto, in-fol. L'exécution typogra-
phique du volume de ces messes est magnifique,
(J) Gm:etta musicale di Milano, anno XIX, n. si,
12 di-ceinbre 1861.
188
MONÏONA — MONZA.
et a dû occasionner de grandes dépenses et
d'immenses travaux. C'est le premier exemple
de grands caractères pour l'impression de la
musique. Toutes les voix sont placées en regard.
Un passage des fnstilutions harmoniques de
Zarlino ( p, 327, édition de 1573) semble in-
diquer qu'André Antico établît une imprimerie
de musique à Venise , sans doute après que le
privilège obtenu dans cette ville par Octavien
de Petru( ci (ut arrivé à son terme.
MOi\TU (Benoît), né à Turin, en 1761, se
livra dès sa jeunesse à l'élude des matbématiques
et vint à Paris, où il trouva im protecteur dans
son illustre compatriote Lagrange. La recom-
mandation de.celui-ci fit obtenir à Montu une
place de professeur de matbématiques dans les
écoles centrales de Paris, puis dans un lycée.
Il est mort dans celte ville en 1814. Montu avait
conçu le plan d'un grand instrument destiné à
donner la mesure exacte des intervalles des sons^
et à faire voir leurs rapports avec les dislances
et les mouvements des astres, suivant le système
de Keppler. Cet instrument, appelé Sphère hfir-
monique, était fort compliqué. Une commission,
nommée par le ministre Cliaptal pour en faire
l'examen, le (it déposer dans l'ancienne galerie
de la bibliothèque diT Conservatoire, où il était
encore en 1827 : lorsque celte bibliothèque fut en-
levée de sa salle pour être transportée dans un
autre local, l'instrument de Montu disparut. M. de
Pontécoulant (voyez ce nom) l'a retrouvé depuis
lors dans un grenier. La commission chargée de
l'examen de celte machine, et composée de Lacé-
pède, Prony, Charles , Gossec et Martini , fit en
1799 un premier rapport sur les plansque Monlu
lui avait communiqués , et conclut à ce qu'une
avance de 3,000 îr. fût faite à l'auteur pour
l'exécution de son projet. En 1802, elle en lit
un autre sur l'instrument même qui était achevé,
et l'estima à !a somme de 1 2,000 francs, qui fut
payée à Monlu par le gouvernement. La descrip-
tion de la Sphère harmonique se trouve dans
les Archives des découvertes {Paris, 1809, n" 14).
Montu avait inventé un nouveau sonomètre, qui
a été soumis à l'examen de la même commission.
On a aussi de ce savant un mémoire intitulé :
Numération harmonique, ou échelle d'arith-
métique pour servir à l'explication des lois
de l'harmonie ;V&t\s, 1802, in-'i*'.
MOi\TUCLA (Jean-Etienne), membre de
l'Académie de Berlin et de l'Institut de France,
naquità Lyon le 5 septembre 1725, d'un négociant
qui le destinait à la carrière du commerce; mais
les progrèsqu'il lit dans ses éludes, et particulière-
ment dans celle des matbématiques , révélèrent
sa vocation. Resté orphelin à l'âge de seize ans,
il alla finir ses études à Toulouse , et ne lard,
point à se rendre à Paris, où il se lia avec d'A-
lembert et plusieurs autres savants. Ce fut alors
qu'il conçut le projet de son Histoire des Ma-
thématiques, dont il publia deux volumes en
1758 (à Paris). On y trouve, pag. 122-136
du 1er volume, un précis de la musique grecque,
qui est très-superficiel. Montucla y paraît abso-
lument étranger à la matièie qu'il traite. Ce
qu'on trouve de mieux sur ce sujet dans cet
ouvrage consiste en détails purement littéraires
ou philologiques sur les écrivains grecs qui ont
traité de la musique; mais tout cela est tiré de
la Bibliothèque grecque de Fabricius. Il y a
une seconde édition augmentée de VUistoire
des mathématiques; Paris, 1799-1S02, 4 vol.
in-4''. Montucla est mort à Versailles, le 18 dé-
cembre 1799.
MO]\TVALLOJ>I (André BARRIGUE DE),
né à Marseille en 1678, futun magistrat distingué
à qui l'on doit de savants ouvrages sur le droit
et la jurisprudence. Il eut la charge de conseiller
au parlement d'Aix, et mourut dans celte ville,
le 18 janvier 1759. Amateur de musique et cla-
veciniste habile, il a public un livre qui a pour
titre : Nouveau système de musique sur les
intervalles des tons et sur les proportions des
accords, où Von examine les systèmes propo-
sés par divers auteurs ; Aix, 1742 , in-8'^. Cet
ouvrage avait été soumis à l'examen de l'Aca-
démie des sciences. On en trouve un extrait dans
l'histoire de cette société savante (1742), et le
P. Castel en a donné uneanalyse dans le Journal
de Trévoux de la même année. Cependant le
livre ne se vendit pas, et Montvallon fui obligé
de le faire reparaître avec un nouveau frontispice
intitulé : Nouveau système sur la transmis-
sion et les effets des sons , sur la proportion
des accords et la méthode d'accorder juste
les orgues et clavecins; Avignon, 175C,
in-S".
MOi\ZA (Charles-Antoine), né à Milan,
vers la fin du dix-septième siècle, fut élu, en
1735, clianoine et maître de chapelle de /a
cathédrale de Verceil, où il mourut en 1739.
On aimpiimé de sa composition à Turin : Pièces
modernes pour le clavecin.
MOAiZA (Le chevalier Charles), maître de
cbapelle de la cour et de la cathédrale de Milan,
naquit dans celle ville en 1744. Élève de Fioroni,
il devint, sous la direction de ce maître, un des
musiciens les plus* instruits de lllalie. Doué
d'une grande fécondité , il a écrit beaucoup de
messes, de vêpres et de motels pour diverses
églises de Milan, et a composé pour les Ihcàtres
de cette ville, de Turin, de Kome et de Venise,
MONZA — MORALES
189
plusieurs opéras parmi lesquels on remarque :
1" Temistocle, en 3 actes, à Milan, en 1766.
— 2" Mtetti, à Venise, en 1776. — Z''Cajo Ma-
rio, dans la même ville, en 1777. — 4" f/igenia
in Tau ride, à Milan, en 1784. — 5° Erifi.le, à
Turin, en 1786. Burney entendit à Milan, en
1770, dans Téglise Santa-Maria sécréta , une
messe de Monza qu'il considérait comme une
œuvre de génie. On a gravé de la composition
de cet artiste : 1" Six trios pour deux violons et
violoncelle, op. 1 ; Londres, 1786. — 2° Six
qualuors pour deux violons, alto et basse, op. 2
ibid., 1788. — 3° Six sonates pour clavecin
et violon, op. 3; ibid. Monza est mort à Milan,
au mois d'août 1801.
MOXZAXI (Tebaldo), né dans le duché de
Modène en 1762, acquit fort jeune une grande
habileté sur la flûte. Vers 1788 il se rendit à Lon-
dres, où il se fixa et passa le reste de ses jours.
fe'abord admis au théâtre italien comme première
flûte, il fut ensuite attaché aux concerts de la
musique ancienne et à ceux de Salomon. En tSOO
il établit un magasin de musique et une fabrique
de flûtes : cette dernière est devenue florissante
par ses soins et ceux de son fils. Monzani est
mort à Londres le 14 juillet 1839, à l'âge de
soixaiite-dix-sept ans. On a gravé de sa compo-
sition : 1° Six trios pour 2 flûtes et basse; Lon-
dres, Preston. — V Duos pour 2 flûtes, op. 5,
8, 10, 12 ; Londres, Longman, Preston. — 3^ Choix
de 90 airs écossais pour flûte seule. — 4° Pas-
ticcio, choix de préludes, airs, variations, etc.,
n"* 1, 2, 3; Londres, chez l'auteur; Bonn, Sim-
rock. — 5° Airs variés pour flûte, op. 4, 7, 11 ;
ibid. — 6" Préludes et airs, idem (3 recueils);
ibiJ. — 7" Trois diverlissements, idem; ibid. —
S" Douze nocturnes pour deux flûtes; ibid. —
9° Trois sérénades, idem; ibid.— 10* Instruction
Book, containing the rudiments of Music, the
art offingering, lipping and slurring the notes
on the flûte, etc. { Métliode conteBant les élé-
ments de la musique, l'art du doigté, de l'em-
bouchure et du coup de langue sur la flûte, etc.);
Londres, Monzani, l'* et 2* parties. Il a été fait
quatre éditions de cet ouvrage.
MOORHEAD (Jew), compositeur, né en
Irlande, vers 1768, apprit la musique à Dublin,
et fut employé pendant quelques années comme
simple musicien d'orchestre dans plusieurs villes
de province. En 1798, il accepta une plac« dans
celui du théâtre de Covent-Garden, à Londres ;
mais bientôt après il fut employé par l'entrepre-
neur de ce spectacle pour composer la musique
de plusieurs pantomimes et ballets, parmi lesquels
on cite : Le Volcan, ou le Rival d'Arlequin, le
ballet pantomime de La Pérouse, et une partie
de l'opéra intitulé Le Cabinet. Moorhead est mort
à Londres en 1804.
MOOSER (.\lovs), facteur d'orgues, né à
Fribourg, en 1770, s'est également distmgué dans
la construction des pianos et des orgues. On cite
comme un ouvrage achevé l'orgue qu'il a fait
pour le temple neuf, à Berne. Les Etrennes fri-
bouryeoises de Vàanée 1810 contiennent une des-
cription d'un beau piano organisé qui venait de
sortir de ses mains, et qu'il appelait instrument
orchestre. Le chef-d'œuvre de cet artiste est le
grand orgue de Fribourg, dont on trouve une
description dans la Gazelle musicale de Paris
( ann. 1838, n® 50). Mooser est mort à Fribourg,
le 19 décembre 1839, à l'âge de soixante-neuf ans.
Le grand orgue de Fribourg est composé de
quatre claviers à la main, clavier d^ pédale, et
62 registres, non compris deux registre* acces-
soires de copule et de tremblant. Cet instrument,
dont les qualités ne justifient pas la célébrité, est
mal construit quant à la partie mécanique. Les
tirages sont mal disposés et fonctionnent avec trop
de lenteur; les claviers sont durs et ont trop
d'enfoncement ; la soufflerie manque d'égalité dans
sa pression et agit par secousse. L'harmonie des
jeux est la partie la plus satisfaisante: les jeux
de fond, particulièreiuent ceux qui imitent les
instruments à ardiet , comme les gambes, sa-
licionals et quintatones, sont de bonne qualité;
mais les jeux d'anche , trop peu nombreux, ont
une sonorité rauque et dure ; enfin, le timbre des
jeux de mutation est criard. La voix humaine de
l'orgue de Fribourg a une réputation européenne,
qu'elle doit moins à sa qualité s|)écifique qu'à la
place qu'elle occupe dans l'instrument, der-
lière tous les grands jeux, de telle sorte que ses
sons s'épurent dans le trajet avant d'être en-
tendus dans l'église.
MORAES (Je.\> de SYLV.\), maître de cha-
pelle de la cattiédrale de Lisbonne, y était né
eu 1689. En 1727 il obtint son emploi, qu'il rem-
plissait encore en 1747. Il a laissé en manuscrit
beaucoup de motets, de répons, d'hymnes, de
messes, dont le catalogue remplit deux pages in-
fol. dans la Bibliotheca Lusitana de Macbado
(t. II, p. 755 et suiv.).
MORALES (Christophe), célèbre musicien
espagnol, naquit à Sévilledans les premières an-
nées du seizième siècle, fit ses études dans la
cathédrale de cette ville, et se rendit d'abord à
Paris, où il publia un recueil de messes, puis à
Rome, où le pape Paul III le fit entrer vers l.ï40
dans la chapelle pontificale, en qualitéde cha|)elain
chantre. Son portrait existe dans cette chapelle.
On le trouve gravé à l'eau-forte dans les Osser-
vauoni per ben regolare il eoro délia capella
190
MORAI.es — iMORALT
pontificia, (i'M^^mi (p. 104), et Hawkinsl'a re-
produit dans son Histoire de la musique. L'épo-
que de la mort de cet artiste n'est pas connue.
Morales est un des compcsiteurs de musique d'é-
glise les plus distingués parmi les prédécesseurs
de Palestrina. Son style est grave ;sa manière de
faire chanter les parties, naturelle, et l'on peut
dire qu'il est un des premiers qui ont secoué le
joug des recherches de mauvais goût dans la
musique religieuse. Adami cite le motet de sa
composition Lamentabaiur Jacoh, qui se chante
à la chapelle pontificale le quatrième dimanche
de carême, comme un chef-d'œuvre d'art et de
science. On a publié de sa composition : 1° Liber
I Missarum quatuor vocum; Lugduni, 1546,
in-fol. max. Il n'y a pas de nom d'imprimeur au
volume; mais l'ouvrage est sorti des presses de
Jacques Moderne. C'est une seconde édition ; la
première a été imprimée à Paris ( sans date ) par
Nicolas Duchemin. — 2° Magnifieat ocio tonorum
cum quatuor votibus, liber primus; Rome,
1541, in-fol.; Venise, ^n/onfo Gffrd«no, in-fol.
1542, ibid. 1545. C&% Magnificat sont en ù^u\ sé-
ries, chacune des huit tons,' dans le même vo-
lume; à la suite, on trouve d^ux Magnificat à
quatre voix (leCarpentras(Éléa7.arGenet), du pre-
mier et du huitième tons, un de Jachet (.'), du
quatrième ton, et un de Richafort,du cinquième ton,
ouvrage très-remarquable, 1562, 1575, 1614, in-
fol. — 3° Motettx 4 vocum, lib. I et II; Venise,
1543-1546. —4" Moteitia ôvoci, lib. I; Venise,
1543, — 5° Lib. H Missarum cum quatuor et
quinque vocibus; Rome, 1544, in-fol.; Venise,
1544, in-4''; Lyon, 1552; Venise, 1563 6° La-
meiitationi a quattro, cinque etsei voci; Ve-
nezia, appresso d? Antonio Gardano, l564,in-4°
obi. — 7° Missa quatuor, cum quatuor vocibus;
Venetiis apud Alexandrum Gardanum, 1580,
in-4° obi, — 8° Moralis Hispani et multorum
eximiœ artis virorum Musica cum vocibus
quatuor, vulgo motecta cognominata, cujas
magna pars paribus vocibus cantanda est ;
Venetiis apud Hieronyraum Scottum, 1,543, in-
4° obi. On trouve aussi de lui les messes de
l'Homme armé et De Beata Virgine, dans le
recueil qui a pour litre : Quinque Missarum har-
monia Diapentejdest quinque vocesrefer eus;
Venise, Antoine Gardane, 1547, in -4". Plusieurs
messes de Morales sont en manuscrit dans les
archives de la chapelle pontificale. Kirchor
a placé un Gloria de ce musicien dans sa Musur-
gie (lib. Vlli, c. 7), et l'on trouve quelques mor
ceaux de sa composition dans les Concentus de
Sablinger ( Augsboiirg, 1565 ), dans V Esemplare
du P. Martini, et dans VArtepradca di Contrap-
punto, de Paolucci (tome II). Plusieurs autres
collections renferment aussi des morceaux déta-
chés de Morales. Les œuvres capitales de ce com-
positeur sont les Magnificat en deux suites des
huit tons de l'Église, et son second livre de messes,
bien supérieur au premier sous le rapport du mé-
rite de la facture.
MOR ALT (les frères), artistes longtemps
célèbres à Munich par leur manière parfaite
d'exécuter les quatuors de Haydn, étaient tous
musiciens au service du roi de Bavière; mais ils
moururent jeunes, et leur bel ensemble n'a été
remplacé que par les frères MûUer. Ils étaient cinq
frères. L'aîné, Joseph, né à Scliwetzingen, près
de Mannheim, le 5 août 1775, apprit avec ses
frères la m\isique chez le musicien de la ville
Geller, puis il reçut des leçons de violon de Lops,
et Winter, maître de chapelle du duc de Bavière,
acheva son éducation musicale. En 1797, il entra
dans la musique de la cour, et se fit remarquer
par son talent sur le violon. Trois ans après, il
entreprit un voyage en Suisse, se fit entendre
avec succès à Lyon, à Paris ot à Londres , et re-
tourna en Allemagne en donnant des concerts à
Francfort et dans d'autres grandes villes. Le 10
mai 1800, il obtint sa nomination de maître de
concerts de la cour de Bavière ; quelque temps
après il entreprit un voyage avec trois de ses
frères, et parcourut l'Allemagne, en donnant par-
tout des séances de quatuors où ils firent admirer
l'ensemble le plus parfait qu'où eût jamais en-
tendu à cette époque. Joseph Moralt est mort à
Munich en 1828.
Jean-Baptiste, frère puîné de Joseph, naquit à
Mannheim, en 1777. Après avoir appris les princi-
pes delà rausique,il devint éièvedeCannabich. En-
tré comme surnuméraire de la chapelle à, Munich,
en 1792, il reçut sa nomination définitive en 1798.
Bon violoniste, il jouait le second violon dans les
quatuors oii son frère jouait le premier. Mais
c'est surtout comme compositeur qu'il s'est fait
connaître avantageusement. Gra;1z lui avait en-
seigné l'harmonie et le contrepoint. On a gravé
de sa composition : l'' Symphonie à grand
orchestre, n" 1 (en mi) ; Bonn, Simrock. —
2® Deuxième idem (en sol); Leipsick, Breilkopf
etHsertel. — 3° Symphonie concertante pourdeux
violons; Mayence, Scliott. — 4" Leçons métho-
diques pour deux violons, liv. 1 et 2 ; Mayence,
Scholt. — 5" Quatuor pour fiùte, violon, alto et
basse; Munich, Faiter. — 6" Deuxième idem, op. (.;
Munich, Sidler. Cet artiste estimable est mort
le 7 octobre 1825, laissant en manuscrit une
messe allemande et plusieurs autres compositions
pour l'église. La perte d'un fils avait commencé
à déranj^er sa santé en 1823.
Jacques et Philippe Moralt, frères jumeaux de
MORALT — MORARI
191
Josepli et (ie Jean-Baptisie, sont nés à Munich
en 1780, et non a Mannlieim en 177y, comme il
est dit dans le Lexique universel de n)nsi(|ue pu-
blié par Scliilliug. Le premier s'était livré à
l'élude du violon sous la direction d'un musicien
de la cour nommé Christophe Geitner. Il entra
dans la cha|ielle de la cour en 1797, et mourut
à l'âge de vingt-trois ans en 1803. Philippe reçut
les premières leçons de violoncelle de Virgili,
musicien de la chapelle, et acheva son éducation
musicale chez le violoncelliste Antoine Schvvarlz.
Il entra dans la musique de la cour en 1795. Il
est mort à Munich en 1829 (suivant le Lexique
de M. Bernsdorf), et seulement en 1855 (d'après
le Lexique portatif de M. Charles Gollmick ).
Georges, né a Munich en 1781, a été aussi at-
taché à la musique de la chapelle royale de Ba-
vière, pour la partie d'alto. Il est mort dans cette
position, en 1818.
Des descendants de celte famille ont été tous
attachés à la chapelle du roi de Bavière. L'un
d'eux, dont le prénom n'est pas indiqué, fut maître
de concert et directeur delà musique delà cour:
il fut pensionné en 1839; un autre (Antoine)
fut corniste distingué. Le troisième ( Pierre) fut
violoniste de la cour de Munich, et se lit entendre
avec succès à Berlin, Hambourg, Leipsick, Wei-
mar et Erfurt, ilans les années 1841 à 1847. En-
fin Joseph Moralt, violoncelliste, brilla dans
les concerts de Hambourg et de Leipsick, en
1847.
MORAMBERT (Axtoise-Jacqces LUB-
BOT, abbé de), né à Paris, en 1721, fut profes-
seur de musique et de chant dans cette ville.
Blankenburg, dans son supplément à la Théorie
des beaux-arts de Sulzer, et Barbier, dans sou
Dictionnaire des anonymes, lui attribuent, mais
à tort, l'écrit de l'abbé Langier intitulé: Senti-
vients d'un harmoniphile sur différents ou-
vrages de musique. Boisgelou, contemporain
de Laugier et de Morambert, et qui connaissait
la bibliographie et l'histoire anectlolique de la
musique française de son temps, attribue cet
écrit périodique au premier de ces auteurs, dans
son catalogue manuscrit des livres de musique
de la bibliothèque impériale de Paris. ( Voyez
L.MCIER et LÉRIS. )
MORAXD (Pierre DE), poète médiocre,
né à Arles en 1701, fut d'abord destiné an barreau,
mais son goût décidé pour les arts et les lettres
lui fit abandonner l'étude du droit.«II mit beau-
coup de zèle au rétablissement de l'académie de
musique d'Arles, et prononça un discours pour
son ouverture, qui eut lieu en 1729. Morand vint
à Paris en 1731, et fut admis aux réunions lit-
téraires du comte de Clermont et de la duchesse
du Maine. Il se livra alors au théâtre, et donna
des tragédies et «les comédies, qu'il n'est point
de notre objet d'examiner. JJous ne citerons de
lui qu'une brochure qu'il publia dans la polémi-
que occisionnée par la Lettre deJ.-J. Rousseau,
sur la musique française; elle est intitnlie :
Justification de la musique fra^tçaise, contre
la querelle qui lui a été faite par wn Alle-
mand et un Allobroge, adressée au coin de
la Reine, le jour de la reprise de Titon et
l'Aurore; Paris, 1754, in-8''(anonyme)(l). L'au-
teur y attaque vivement Grimm et J.-J. Rousseau,
et accuse ce dernier d'avoir pris une grande partie
de ce qu'H a écrit sur la musique française dans
l'Esprit des beaux-arts d'Esté ve : c'est un re-
proche auquel Rousseau ne s'attendait pas sans
doute. Morand avait été malheureux dans tout
ce qu'il avait entrepris, et le dernier trait qui le
frappa ne fut pas le moius piquant : ses dettes
étaient payées, et il allait loucher le premier quar-
tier d'une rente de cinq mille francs qui lui res-
tait, lorsqu'il mourut le 26 juillet 1757. Ses re-
vers n'altérèrent jamais sa gaieté et n'abattirent
point son courage.
MORAIXDI (Pierre), compositeur, n'est
pas né à Sinigagiia, comme le prétend Gerber,
mais à Bologne, en 1739. Le P. Martini lui en-
seigna la composition. Il fut maître de chapelle à
Pergola, petite ville des États -Romains, En 1764,
il avait été agrégé à l'Académie des Philharmo-
niques de Bologne. Il a écrit pour l'église beau-
coup de messes, de vêpres et de motets. En
1791, il fît représenter à Sinigagiia l'optra boulïe
intitulé : Gli Usurpatori delusi, et l'année sui-
vante il composa pour le théâtre d'Ancône Vln-
glese stravagante. Vers le même temps il fut
nommé maître de chaj)elle dans cette ville : il y
vivait encore en 1812. On connaît sous le nom de
Morandi douze duos pour soprano et basse, gravés
à Venise.
MORA!\GE (A. DE), chef d'orchestre du
théâtre des Jeu nés Élèves à Paris, en 1800, a écrit
pour ce théâtre la musique de deux petits opéras-
comiques intitulés : 1" Les Quiproquo noctur-
nes, en un acte. — 2° Les petits Auvergnats,
en un acte, 1799. Plus tard, il a écrit la musique
de plusieurs mélodrames pour les théâtres des Iwu-
levards, entre autres La Bataille des Dunes,
et l'Enfant prodigue, dont les ouvertures ont
été gravées pour le piano; Paris, M'"e Duhan.
MORARI (Antoine), né à Bergame vessie
milieu du seizième siècle, fut directeur de la mu-
ii) Cet opuscule est mal à propos attribué au chcTalier
de Mouhy, dans la correspoodance de Grimm, tome. 1,
page 1 13, et par d'autres à Estére.
192
MORARI — MOUE AU
sique instrumentale du duc. de Bavière. On a im-
primé de sa composition : Il jn imo libro de
madrigali a quattro voci ; Veriezia, presse An-
gelo Gardano, 1587, 10-4°.
MORATO (Jean Vaz Barrados Muito
Pâme ), compositeur portugais et écrivain sur la
musique, naquit à Portalègre en 1689. Les
circonstances de sa vie sont entièrement igno-
rées. On connaît de lui les ouvrages suivants :
1° Domingas da madré de Deos, e exercitio
quotidiano revelado j^ela mesma Senhora ;
Lisbonne, 1733. Ce sont des prières et des
antiennes à la Vierge mises en musique. —
2° Preceitos ecclesiasticos de Canlo chdo j)ara
hcnejicio e uzo commun de todos (Principes
de plain-chant à l'usage de tout le monde);
Lisbonne, Î733 , in-4''. — 3" Flores musicaes
colhidas da jardim da milhor Liçao de
varias authores. Arte pratica de Canto de
orgad. Indice de canioria para principiantes
con hum brève resumo das tegras mues
principaes de Canto châo , e regimen do coro
0 uzo romano para os subchantres , e orga-
nistas (Fleurs musicales cueillies dans le jardin
des meilleurs ouvrages de divers auteurs. Art
pratique du chant mesuré , et recueil de solfèges
pour les commençants, avec un abrégé des
règles (lu plain-chant, et la discipline du chœur,
à l'usage des sous-chantres et organistes); Lis-
bonne, 1735, in-4°. Une deuxième édition, avec
quelques changements dans le titre , a été pu-
bliée en 1738 , in-4°. La partie qui concerne le
plain-chant a été publiée séparément , sous ce
titre : Brève resumo de Canto chdo com as
regras maes principaes , e a forma que deve
guardar o director de coro para o sustantar
firma na corda chomada na cor al, o or-
ganista quando o acompanha; Lisbonne,
1738, in-4^
MORAWETZ(Jean), compositeur né en
Bohême, vers 1760, paraît avoir vécu à Vienne,
et se trouvait en qualité de chef d'orchestre , en
1809, àPesth en Hongrie. Il a laissé en manuscrit :
1° Trois symphonies à onze et douze instruments.
— 2" Concerlino à neuf instruments. — 3" Huit
nocturnes pour flûte d'amour, flûte traver-
sièrc, deux violes , deux cors et basse. — 4° Sex-
tuor pour 2 violons , hautbois, llùte , alto et vio-
loncelle. — 5° Plusieurs morceaux de musique
d'harmonie à 8 parties.
MORE ALI (Gaetano), Italien de naissance,
fut professeur de langue italienne à Paris , vers
1836, et s'établit à Rouen quelques années après.
On a imprimé de lui -. Dictionnaire de musique
italien-français, ou V interpréta des mots
italiens employés en musique, avec des
explications, commentaires et notices histori-
ques; Paris, 1839,in-16.
MOREAU ( Jean-Baptiste ) , maître de
musique de la chambre du roi , naquit à Angers
en 1656 , et reçut son éducation musicale
comme enfant de chœur à l'église cathédrale
de cette ville. Ses études étant terminées, il
obtint la place de maître de chapelle à Langres,
puis à Dijon. Sans posséder aucune ressource et
sans recommandation, il vint jeune à Paris pour
y chercher fortune. On ignore le moyen qu'il
employa pour pénétrer un jour jusqu'à la toi-
lette de la Dauphinc, Victoire de Bavière. Sa-
chant que cette princesse aimait la musique, il
eut la hardiesse de la tirer par la manche, et lui
demanda la permission de chanter un air de sa
composition. La princesse rit de sa naïveté , et
lui accorda ce qu'il désirait. Satisfaite de la
chanson do Moreau , elle en parla au roi, qui
voulut l'entendre, et qui l'admit à son service.
Un des premiers ouvrages de Moreau fut un di-
vertissement pour la cour, intitulé Les Bergers
de Marly; puis il mit en musique les chœurs de
Jonathas, tragédie de Duché. Ce fut' lui que
Racine choisit pour composer la première mu-
sique des chœurs â^Esther et à'Athalie. Il mit
en musique plusieurs chansons et cantates du
poète Lainez ; ces morceaux curent du succès.
Enfin, on connaît de lui en manuscrit le psaume
In exitu, Israël, et une messe de Requiem.
Titon du Tillet dit aussi, dans son Parnasse
français, qu'il a laissé un traité de la musique
intitulé VArt mélodique; mais il ne paraît pas
que cet ouvrage ait été publié. Moreau a formé
de bons élèves , parmi lesquels on remarque
Clérambault et Dandrieu. 11 est mort à Paris, le
24 août 1733.
MOREAU ( Jean ) , facteur d'orgues à
Rotterdam , vers le milieu du dix-huitième siècle,
s'est fait connaître comme artiste de mérite par
l'orgue qu'il a achevé à l'église de Saint- Jean, de
Gouda, en 1736, après y avoir employé trois
années de travail. Cet instrument est composé
de trois claviers à la main, pédale et 52 registres.
MOREAU (Henri), né à Liège le 15 juillet
1723, et baptisé le lendemain à l'église Saint-
Nicolas-outre-Meuse , fut un des musiciens dis-
tingués de la Belgique dans le cours du dix-
huitième siècle , et dirigea avec talent la mu-
sique de la collégiale de Saint-Paul dans sa
ville natale^ dont il était maître de chapelle. On
n'a pas de renseignements sur la manière dont
.ses études avaient été dirigées; mais ce que
Grétry rapporte des premières leçons de com-
position qu'il reçut de Moreau, prouve que ce
maître connaissait la bonne méthode pour en-
MOREAU — MOI\EL
tns
seigner l'art (récrire (!). On ne cile île îa com-
position de Moreau que tles chants de JSo&l ,
devenus populaires «ians la province de Liège;
mais il est à peu pré< liors do doute qu'il a,
pendant sa longue carrière, écrit plusieurs motets
pour le service de la collégiale de Saint-Paul.
C'est comme écrivain didactique , particulière-
ment, qu'il s'est fait connaître ; son ouvrage a
pour titre: L'harmonie mise en pratique,
avec un tableau de tous les accords, la mé-
thode de s'en sertir, et des règles utiles à
ceux qui étudient la composition ou l'accom-
pagnement ; Uége , J. G. M. Loxhay, 1783,
in-8" de 128 pages , avec 15 planches de musi-
que. A la suite d'un rapport favorable fait à
l'institut de France par Gréiry sur cet ouvrage,
en !797, Moreau fut nommé correspondant de
celte Académie. .M. le chanoine de Vroye, de
Liège , possède le manuscrit original d'un ou-
vrage de ce maître, lequel a pour titre : A'oh-
veaux principes d'harmonie , selon le système
d'Antoine Ximenès , précédés d'observations
sur la théorie de Rameau , ei suivis de re-
viarques sur plusieurs dissonances, ainsi
que des règles pour la composition de la mu-
sique à 2 , 3,4 parties et plus. Moreau est
mort à Liège le 3 novembre 1803 , à l'âge de
soixante-quinze ans.
MOREAU ( JeAN-A>DRÉ), né à Paris le 13
mai 1768, entra comme enfant de chœur à la
cathédrale d'Amiens, dès l'âge de six ans, et y
fut le condiscii)le de Lesueur. A làge de dix-
huit ans , il sortit de cette école , et obtint an
concours la place de maître de chapelle à
Bétluine. Deux ans après, il quitta cette place
pour celle d'organiste à la collégiale de Péronnc.
Venu à Paris pendant les troubles de la révolu-
tion, il s'y livra d'abord à l'enseignement, puis se i
maria, et acheta au Palais-Royal l'ancien café du ;
Caveau, où il eût pu acquérir des richesses con-
sidérables; malheureusement l'importunité d'un
marchand de billets de loterie lui en fit un jour '
acheter un avec lequel il gagna une forte somme;
dès ce moment la passion de ce jeu dangereux
s'empara de lui; ses affaires se dérangèrent, et '
la nécessité de payer ses créanciers l'obligea à i
vendre sa maison. Il obtint quelque temps après |
une place à la bibliothèque du Conservatoire; }
mais le chagrin abrégea ses jours, et il mourut i
vers 1828. Moreau a fait entendre dans les con- ;
certs de la rue de Grenelle plusieurs ouvertures
de sa composition, dans les années 1804 et 1806.
On a gravé de sa composition : 1'' Fantaisie pour ■
(O Voyez ici Mémoires ou Essais sur la Musique de I
Gretry, t. I,p. Sî. '
BIOGR. f.MV. DES MISIUENS. — T. V[.
piano sur les airs de Waltace: Paris, Laffilé.
— 2" Valse du ballet de Figaro, variée pour
le piano; Paris, Philippe Petit. — 3" Contre-
danses et valses, liv. 1 et 2; Paris, Leduc. —
4" Thème varié pour piano et violon ; Paris,
Sieber. — 5° Deux recueils de romances; Paris ,
Leiluc. Moreau a lais.«c en manuscrit des qua-
tuors et des quintettes pour violon.
MOREL (NicoLvs), né à Rouen, vers le
milieu du seizième siècle, fut maître des enfants
de chœur de la cathédrale de cette ville. En 1584
il obtint, au concours du Puy de musique
dÉvreuv, le prix de la lyre d'argent pour la
composition de la chanson française à plusieurs
voix commençant par ces mots : Je porte en
mon bouquet ; et en 1586 il eut le prix du luth
d'argent, pour la chanson: D'où vient belle.
Un autre Morel (Clément), m'usicien français
d'une époque antérieure, a écrit des chansons
françaises à quatre parties ; il en a été publié
deux dans le douzième livre contenant XXX
chansons nouvelles , etc., publié par Pierre At-
taingnant, à Paris, en 1543 , petit in-4'' obi. , et
deux autres dans le A7* livre contenant XXIX
chansons amoureuses à quatre parties, etc ;
à Anvers, chez Tilman Susato, 1549, in-4''.
MOREL ( Fkédéric), célèbre imprimeur de
Paris et l'un des plus savants hellénistes du sei-
'ziéme siècle, naquit à Paris en 1358, et mourut
dans la même ville, le 27 juin 1630. Parmi ses
nombreux écrits on remarque une édition de
['Introduction à la musique, de Cacchius le
vieux, où le texte grec est accompagné d'une
version latine dont il est auteur; Paris, 1623,
in-S". La version de More! est oubliée depuis
qu'on a celle de Meibom. Morel avait un tel
amour du travail, que rien n'était capable de le
distraire lorsqu'il était dans son cabinet. Il
s'occupait de la traduction des œuvres de Liba-
nius lorsqu'on vint lui annoncer que sa femme,
dangereusement malade, demandait à le voir.
" Je nai plus que deux mots, répondit- il; j'y
serai aussitôt que vous. » Dans l'intervalle, sa
femme expira. On se hâta de l'en prévenir .
Hélas ! à'it-i\, j'en suis bien marri, c'était une
bonne femme; et il continua son travail.
MOREL (...), chanoine de Mont|»eliier, vé-
cut vers le milieu du dix-huilième siècle. On a
delui un petit ouvrage intitulé -.Xauvelle théorie
physique de la voix; Paris, 1746, in-12 de 32
pages. De l'Épine, doyen de la faculté de médecine
de Paris, dit, dans l'approbation de cet écrit,
que l'auteur y a fait une application ingénieuse
du système de Ferrein {voyez ce nom); mais
cela n'est pasexaci, caria théorie de Morel n'est
nouvelle que parce qu'elle combine les deux
13
194
IMORËL — MORELOT
systèmes de Dodart ( voyez ce nom ) et de
Ferreiii. Eu effet , le clianoine de Montpellier
suppose que l'appareil vocal est à la fois un
instrument à cordes et un instrument à venl
qui, tous deux, résonnent à Tunisson pour la
formation de chaque son de la voix de poitrine,
qu'il appelle voix pleine. Il donne le nom de
voix onjanisce à celle qui se produit par l'ac-
tion de l'air sur la glotte, et celui de voix luthée
à celle qui se forme par les cordes vocales. Dans
son système, les mouvements de la glotte cessent
dans les sons de la voix de télé ou de fausset,
et la faiblesse des sons qu'elle produit pro-
vient de te que les cordes vocales résonnent
seules.
MOREL (Alexandre-Jean), né à Loisey
( Meuse), le 20 mars 1770, entra comme élève à
l'École polytechnique, à l'époque de sa formation,
y devint chef de brigade, puis professeur de
malliétnatiques à l'école d'artillerie de la garde
royale. Il est mortà Paris le 31 octobre 1825. Ama-
teur ()assionné de musique, il s'est livré particu-
lièrement à l'étude de la théorie. Persuadé qu'il
était appelé à faire une réforme dans cette science,
il crut trouver dans la structure de l'oreille
le principe du sentiment de la lonalilé , et sur
celte idée fausse, il établit un système qui ne
soutient pas le plus léger examen, et publia ses
vues à ce sujet dans un livre intitulé : Principe
acoustique nouveau et universel de la théorie
musicale, ou la musique expliquée ; Paris,
Bachelier, 1816, 1 vol. in-S" de 506 pages, avec
des planches. Il est évident que les opérations
attribuées par Morel aux phénomènes de l'audi-
tion , sont des actes de l'enlendement. Le peu
de succès qu'obtenait sou livre, lui (il publier un
petit écrit où il donnait une analyse de ses prin-
cipes. Ce morceau, qui [tarut chez l-'ain, à Paris,
1821, in-S" de 28 pages, porte le même titre
que son livre ; il est extrait du Dictionnaire des
découvertes. On a aussi de Morel : Observations
sur la seule vraie théorie de la musique de
M. de Momigny; Paris, Bachelier, 1822, in-8''
de 72 pages. M. de Momigny {voy. ce nom) lui
fit une rude réponse dans un écrit de quelques
pages. Morel a écrit aussi quelques articles con-
cernant la musique dans le Moniteur.
MORELLET (André), de l'Académie fran-
çaise, naquit à Lyon le 7 mars 1727, d'un mar-
chand papetier. Après qu'il eut fait ses premières
études au collège des jésuites, il vint a Paris
les terminer à la Sorbonne. Il se livra dès lors
à des études sérieuses sur l'économie politique ,
et les entremêla de travaux plus légers sur la
littérature et les arts. Parmi ses ouvrages on
remarque unedissertation intitulée : De l'expres-
sion en musique, qui a été publiée dans le
Mercure de 1771, novembre, p. 113, et dans les
Archives littéraires, t. VI, p. 145. On y trouve
des idées ingénieuses. L'abbé Morellet s'était
rangé parmi les piccinistes ; mais les partisans
de Gluck, qui connaissaient la finesse de son
esprit et la vivacité de ses reparties, n'osèrent
s'attaquer à lui. Dans sa vieillesse, le goût qu'il
avait toujours eu pour la musique s'accrut encore,
et il cherchait avidement les occasions d'en
entendre. Il est mort le 12 janvier 1819.
MORELLI (JosEi'u), bon chanteur contral-
tiste, naquit à Bisaccia eu 1726, commença ses
études musicales à Naples et les termina à
Rome. En 1750, il était attaché au service de
la cour à Lisbonne. Cinq ans après, il chanta au
théâtre de Madrid, puis il se fit entendre avec
un brillant succès au concert spirituel de Paris.
En 1757, il fut engagé au théâtre de Cassel ; mais
le landgrave de Hesse-Cassel étant mort (len de
tempsaprès, Morelli fut appeléàllildburghausen,
pour y donner des leçons de chanta la princesse
régnante. Dans la suite il se relira avec une pension
à Spangenberg, petite ville de la Hesse, où il
mourut dans un âge avancé, en 1809.
MORELLI (Jacques), célèbre bibliothé-
caire de Saint-Marc, à Venise, naquit dans cette
ville le 14 avril 1745. Un goût prononcé pour le
travail, une aptitude rare et un éloignement
invincible pour les plaisirs du monde, firent de
Morelli un critique habile, un bon archéologue et
un homme instruit dans l'histoire, les sciences
et les arts. Comme son savoir, ses travaux sont
immenses, et le nombre de .ses ouvrages pu-
bliés est prodigieux. Parmi ceux-ci, on remarque
Les fragments rhythmiques d^Arisloxcne ,
qu'il avait découverts dans un manuscrit de la
bibliothèque Saint-Marc, et qu'il (it imprimer
avec d'autres opuscules, sous le titre de Aristidis
Oratio adversus Leptinem, Libanii déclama-
tio pro Sacrale , Arisloxeni rhythmicorum
elementorum fragmenta, ex bibliotheca Ve-
nela D. Marci nunc primum édita, cum
annotationibus, gradée et latine j Venise, 1786,
in-8". Morelli est mort le 5 mai 18i9, ii l'âge de
soixante-quatorze ans.
MORELO.T (Stéi'hen), prêtre, né à Dijon
( Côte-d'Or ), le 12 janvier 1820 , est fils d'iMi sa-
vant jurisconsulte qui remplit encore (1863) les
fonctions de doyen de la faculté de droit de celte
ville. Après avoir été reçu licencié en droit et
avocat, M. Morclot se rendit à Paris et y de-
vint élève de l'École des chartes; puis il lut un
des fondateurs et membre de la .société acadé-
mique formée par les anciens élèves ile (elle
école, à qui l'on doit la publication de mémoires
MORELOT
19.:
remplis d'intérêt et remarquables par bu excellent ,
■esprit Je criti(iue ainsi que par une solide éruditiou.
M. -Morelot avait fait dans sa jeunesse des études
de musique dont il a fait plus tard une applica-
tion spéciale au chant ecclésiastique , ainsi qu'aux
diverses parties de l'art qui s'y rapportent. Lié
d'amitié avec M. Danjon ( vo-ijc:. ce nom), alors
or$;aniste de la métropole de Paris, il prit part
à la rédaction de la Revue de la musique reli-
gieuse, populaire et c/os5/"(5rMe , que celui-ci
fonda en 1845, et y publia de très-bons articles
critiques et historiques. En 1847, M. Danjon fut
cliaigé par M. de Salvandy, alors ministre de
l'instruction publique, de faire un voyage en
Italie pour y faire des recherches relatives au
chant ecclésiastique et à la musique religieuse;
il obtint de M. Morelot qu'il vouliit bien l'ac-
compagner dans cette excursion arciiéologique.
Ce fut en réalité une bonne fortune pour les
musiciens érudits, car M. Morelot déploya pen-
dant son séjour en Italie une prodigieuse acti-
vité de travail et fit preuve de grandes connais-
sances dans la diplomatique, par la facilité avec
laquelle il lut un grand nombre de traités de
musique inédits, distingua ceux qui étaient les
plus dignes d'attention , et les copia avec une
rapidité qui lient du prodige ; prenant d'ailleurs,
sur tous les autres , des notes et des analyses ,
c'est ainsi qu'il explora les bibliothèques de Rome,
de Florence, de La Cava, de Ferrare, de Ve-
lâise , de Milan et autres lieux riches en monu-
meuts littéraires. Cet immense travail;, achevé
dans moins d'une année a\ec M. Danjon, a paru
en partie dans VHistoire de l'harmonie au
moyen âge, de M. de Coussemaker, dont il est
la portion la plus intéressante. De retour à
Paris , M. Morelot fut nommé membre de la
conmiission <lcs arts et des édifices religieux au
ministère des cultes (1848), et chargé en cette
qualité de plusieurs réceptions d'orgues de ca-
thédrales. Cette commission cessa de fonction-
ner après tsô2.
Retire à Uijon vers cette époque , M. Morelot
continua de s'y occuper de la musique dans son
application religieuse , ainsi qu'au |)oint de vue"
iiistorique et archéologique. En 1858, il se rendit
à Rome, s'y livra à des études théologiques,
fut ordonné prêtre en 1860 et reçu bachelier en
droit canonique. Dans la même année, il fut
agrégé à l'Académie et congrégation pontificale
de Sainte-Cécile, en qualité de maître honoraire
de la classe des compositeurs. Après avoir fait,
vers Id fin de la même année et au commence-
ment de 1861, un voyage en Orient , il est rentré
en France. Si je suis bien informé, M. l'abbé
Morelot habite maintenant dan^ le département
du Jura. Parmi ses publications, on remarque :
1" Du vandalisne musical dans les églises,
lettre à M. le comte de Monlalembert (Revue
de la musique religieuse, t. I). — 2* Quel-
ques observations sur la psalmodie ( ibid.). —
3° Sainte-Cécile (ibid.) — ^t" Artistes contem-
porains. A. P. F. Boi'lg ( ibid., t . II ), — 5^ ZH*
chant de l'Église gallicane (ibid., t. IJI). —
6° De la solmisaiion ( ibid. ). — 7" Du chant
ambrosien (ibid., t. lY). Ce dernier mor-
ceau , fruit de recherches faites à Milan et au
Dôme, est d'une haute valeur, nonobstant le dé-
nuement de livres où se trouvait l'auteur au
moment du travail auquel il se livrait. Au
double point de vue de la liturgie et de la
constitution du chant , il est également satisfai-
sant. M. Morelot y dissipe beaucoup d'erreurs
au sujet de ce chant, sur lequel on n'avait que
des renseignements vagues. Désormais, lorsqu'on
voudra s'occuper des origines et des variétés du
chant ecclésiastique, il faudra recourir à cette
-source. — 8'^ Du caractère de la musique
d'orgue et des qualiiés de l'organiste , Let-
tres (au nombre de quatre) à un homme
d'église ( dans le Journal de musique reli-
gieuse intitulé La Maîtrise, l'" et 2' année
1857-1858).. — 9" Sainte Cécile et son pa-
tronage sur la musique ibid., l" année).
— 10' Manuel de Psalmodie en faux-bout'
dons à 4 voix, disposé dans un ordre
nouveau, clair et facile; Avignon , Seguin,
1835, in-8° obi. M. d'Orligue, dans un court
compte-rendu, inséré dans la Maîtrise { Te an-
née, col. 79), déclare ne pouvoir admettre
l'harmonie des faux-bourdons de M. Morelot,
parce qu'elle n'est pas conforme à la constitution
de la tonalité ecclésiastique , telles que lui et
ZSicdermayer l'ont comprise et exposée dans leur
Traité de l'accompagnement du plain-chant ;
mais c'est précisément ce .système de tonalité
et d'accompagnement qui est erroné , inadmis-
sible et repoussé de toutes parts. Sans parler
de la disposition nouvelle et très-ingénieuse de
la psalmodie imaginée par M. Morelot, je n'ai,
moi, que des éloges à donner à son systènie
d'harmonisation, dicté par un très- bon senti-
ment tonal. — il" De la musique au quin-
zième siècle. Notices sur un manuscrit de la
Jiibliothèque de Dijon; Paris, V. Didron et
Blanchet, 1856, gr. in 4" de 28 pages avec un
appendice de 24 paries de musique, dans les-
quelles M. Morelot a traduit en notation moderne
et en partition plusieurs motets et chansons de
Duiistaple oi} Dunsfable, de Binchois, et de
Haijne ( voyez ces noms ). Cette notice fut
écrite pour être insérée dans les Mémoires de la
13.
îdG
MORELOT — MORETTI
commission archéologique de la Côte-d'Or, dont
l'aiitour est memltre : on n'en a fait qu'un polit
nombre de tirés à part. Le précieux manuscrit
qui y est analysé provient Je la bibliotiièqiic des
ducs de Bourgogne, et a été séparé, par des cir-
constances ignorées, de la riche collection placée
dans la bibliotlièque royale de Belgique. Comme
tout ce que produit la plume M. Morelot, son
travail a !e mérite de la clarté ainsi que celui
de l'érudition. Les aperçus qu'il y hasarde sur
plusieurs points d'histoire de ia musique sont
d'une justesse parfaite , et ses traductions de la
notation difficile du quinzième siècle en nota-
tion moderne sont irréprociiables. — 12° Le
dernier ouvrage publié jusqu'à ce jour par
M. l'abbé Morelot a pour titre : Éléments
(l'hm-monie appliqués à Vaccompagnement
du plain-chant , d'après les traditions des
anciennes écoles; Paris, P. Lethielleux , ISf.l,
un vol. gr. in-S" de 196 pages, — De tous les
ouvrages publiés en France sur le même sujet ,
vers ia même époque, celui-ci n'est pas seule-
ment le meilleur, car c'est le seul qui , sans
sy.stème préconçu , présente les vraies traditions
des écoles et des temps où l'harmonie n'avait
pour base que Ja tonalité du plain-chant. En
composant son livre, M. l'abbé Morelot est entré
dans la seule voie où le succès est possible. Les
organistes catholiques ne peuvent faire de meil-
leure élude que celle de cet ouvrage , pour ia
parlie de leurs fonctions qui consiste dans l'ac-
compagnement du chant. Ils y trouveront,
outre les principes et la pratique d'une harmo-
nie pure et bien écrite, une sonrc* d'instruction
profitable sur des sujets importants relatifs à
leur art, ignorés malheureusement de la plu-
part d'entre eux, et qui sont présentés ici avec
la méthode rationnelle et la lucidité par lesquelles
les travaux de l'auteur se distinguent. Le livre
de M. l'abbé Morelot est un service considé-
rable rendu à la restauration de l'art religieux.
MORESCHI ( Jean-Baptiste-Alexandri;) ,
membre de l'Académie des Fervidi, à Bologne,
dans la seconde moitié du dix-huitième siècle,
a lu dans cette académie, le 31 décembre 1784,
un éloge du P. Martini, qui a été publié sous ce
titre ; Orazione in Iode del P. G. B. Martini,
recilata nella solenne academiu dc^ Fervidi
Vutlimo giorno delV anno 1784 ; Bologne, 1786,
in-S".
MORET ( Théodore) , jésuite, né à Anvers
en 1602, vécut quelques années à Prague, puis
à Olmiitz , et enfin à Breslau, où il mourut le
6 novembre 1667, après avoir été professeur de
philosophie et de théologie, puis recteur du col-
lège de Klattau. On lui doit un traité assez cu-
rieux intitulé : De Magnitudine soni; Breslau,
1664, in-4".
MORET-DE-LESCER ( Antoine-Char-
les) , professeur de musique, né à Charleville
en 1741, se fixa à Liège vers 1765, et publia un
solfège précédé de principes de musique sous ce
titre : Science de la musique vocale ; Liège,
1768, in-4''. En 1775, il annonça, dans YEsprit
des Journaux (septembre 1775, p. 402), uu
livre qu'il disait terminé, et qui devait être inti-
tulé : Dictionnaire raisonné, ou Histoire géné-
rale de la musique et de la lutherie, enrichi
de gravures en taille-douce , et d'un petit
dictionnaire de tous les grands maîtres de
musique et musiciens qui se sont rendus
célèbres par leur génie et leurs talents, \'S
vol. in-8° de 400 pages chacun. Un ouvrage si
considérable, qui ne se recommandait point par
un nom connu, ne pouvait être accueilli avec fa-
veur : il n'y eut point de souscripteurs , et le
livre ne fut pas publié.
MORETI (Le chevalier ), général espagnol ,.
mort à Madrid en 1838, est auteur d'un traité de
musique intitulé : Grammatica razonada:
musical, compuesla en forma de dialogns
para los principiantes; Madrid, en la imprenla
de Sancha, 1821, iii-8".
MORETTI (Andiié), surnommé il macs-
trino délia cetera ( le petit maître de la cithare,
ou plutôt de tous les instruments à cordes pin-
cées), naquit à Sienne (Toscane), vers le milieu
du seizième siècle. Il jouait particulièrement
du luth et du violon, etexcellait sur le grand in.'-
îrument appelé par les Italiens cet atone, ou.
chitarone, qu'il rapporta de Pologne après de
longs voyage-, suivant le P. Azzolini Ugurgiori
( dans ses Pompe Senesi ), et qu'il enrichit iW
quatre cordes pendant un séjour qu'il fit à Bo-
logne. Moretti fut au service de Ferdinand de
Médicis, et concourut par son talent à l'éclat
des fêtes somptueuses qui, pendant un mois entier,
eurent lieu à Florence et dans les autres villes
de la Toscane, à l'occasion du mariage du duc
avec la princesse Christine de Lorraine, en 158iK
Ugurgieri rapporte que pendant un séjour de l-i<
cour à la villa de Pralolino, cette princesse ac-
corda à Moretti le singulier honneur de pouvoir
appuyer un pied sur le siège où elle était as-
sise , pendant qu'il jouait de son chitarone. L«
prince lui fit un avantage plus solide en ie déco-
rant (l'une riche chaîne d'or. Moietti fut aussi au
service de D. Antoine de Médicis, fils naturel
du duc François-Marie et de Bianca Capello.
qui fut marquis de Capistrano. Il se livra ;i
l'enseignement, et forma beaucoup de bons .lè-
ves ; enfin, dans la seconde moitié de sa vie, il
MORETTl — MORGEMIOTH
197
obtint un trailemcni annuel de la callu'îJrale de ,
Sienne, à raison de son habileté dans Vartde
jouer du lulh et du théorie. Il est vraisem-
blable qu'il était employé dans cette église à
exécuter sur ces instruments l'accompagne mont
de la basse continue, dont l'usage s'établit au ;
commencement du dix-septième siècle.
MORETTl (Felice), compositeur napoli- ■
tain, fit ses études musicales au collège royal de
.S. Pietro a Majella, et fut élève de Zingarelli.
Sorti de cette école, il (it le premier essai -le son
talent dramatique dans un petit opéra intitulé II
Tcnente c il Colonelle, qui fut reprèsenlé à
Pavie, en 1830. Suivant La Miner va Ticinesé,
journal de celte époque, la musique de l'opérette
deyioreUiélaitOrillantissime et pleine dévie.
On y voit aussi que le compositeur fut rappelé
sur la scène par le public pendant plusieurs
soirées. Les espérances données par ce début
ne se réalisèrent pas, car tous les autres ouvrages
du même artiste, la plupart joués au théâtre
Auoio de Naples, n'ont pas réussi. // Prizio-
niero di Colobrieno , représenté en 1831 , La
Famiglia indiana, dans la même année, L'Os-
sesso imaginario, en 1836, I duc Forzati, en
184Î, et L'Adeliiui, en 18iC, n'ont eu que des
chutes, ou une courte existence. Morelti était
professeur de chant à Naples.
MORGAGM (Jean-Baptiste), un des
plus célèbres médecins du dix-huitième siècle ,
naquit à Forli le 25 février 1682, étudia d'abord à
Bologne, puis à Venise, et enfin à Padoue, où il
remplit plus tard la chaire de médecine, et celle d'a-
uatomie. La plupart des sociétés savantes de l'Eu-
rope l'admirent au nombre de leurs membres. 11
mourut à Padoue le G novembre 1771. Parmi les
ouvrages de ce sa\ant, on trouve vingt éràtres
anatomiqucs servant de commentaires aux
œuvres du célèbre médecin Valsalva, particu-
lièrement sur le traité De Aure humona. Ces
épîtres de Morgagni ont étéréimies sous ce titre :
Joannis Baptistx Morgagni epistolx anato-
micx duodeviginti ad scripta pertinentes cele-
berrimi viri Antonii Marix Valsalvx; Venise,
1740, 2 vol. in-4°. Les Ireize premières épîtres
forment le premier volume composé de 531
païïes : elles sonttoufes relatives à l'anatoniiede
l'oreille. Ces dissertations réunies au travail de
Valsalva {Tractatus de Aure httmana ; Venise,
17'iO, in-4" avec plusieurs planches) , formaient
la monographie la plus complète de l'ouïe, a\ant
que le livre do M. Itard ( voijez ce nom) eût
paru : elle est encore la plus savante.
MORG.W (JouN), né en l7il à Newbnrgh,
dans l'île d'Anglescy, fut ie dernier barde du
pays de Galles qui ait joué de l'ancien instru-
ment à archet appelé erouth on cruth. Il vivait
encore en 1771 , et, quoique âgé de soixante ans,
s'exerçait chaque jour sur ce vieil instrument ,
connu en Europe dès le sixième siècle, et vraisem-
blablement plustùt ( V. Archxologia or misccll.
tracts relativg fo antiquitij, 1. 111, p. 32).
MORGA\' (T.-H.), professeur de umsiquc
à Londres, au commencement du dix-neuvième
siècle , a fait graver un jeu de caries pour l'en-
seignement des principes de musique, et a pu-
blié ce petit ouvrage sous le titre de Harmonie
pasiimes, being cards constituted on ihe
principles of Musit, but intended as xcellfor
the amusements of the musical World in gê-
nerai, asof those u-ho are totally unacquain-
tedwiih the sc/fnce; Londres, 1806.
MORGEXROTH (Fraxçois-Antoise), mu-
sicien au service de la cour de Dresde, naquit le
8 février 1780 , à Kamslau , en Silésie. Son père
lui doima les premières leçons de musique et
de violon. Admis au gymnase de Breslau en
1792 , il y a fait ses éludes pendant sis ans , et
pendant ce temps a reçu des leçons de piano de
l'organiste Debisch. En 1798, il se rendit à Var-
sovie, dans l'espoir d'y obtenir un emploi. Après
plusieurs années de surnuraérariat, il eut en
1805 celui de contrôleur au département des
domaines et de la guerre. L'indépendance et le
loisir que lui procurait cet emploi lui permirent
de se livrer à son penchant pour la musique,
' dans latiuelle il fit de grands progrès. La guerre
de 180G vint troubler son bonheur et lui enlever
sou emploi : il ne lui resta alors d'autre res-
source que l'art, où il n'avait cherché jusqu'alors
que des jouissances. Il se rendit à Dresde , et y
obtint un engagement pour la 'chapelle royale;
mais après cinq années d'attente, pendant les-
quelles il étudia la composition sous la direction
de M. Weiniig.il fut obligé de donner des le-
çons pour vivre. Il obtint d'altord l'emploi de
.second maître de concert de la cour, puis fut
nommé preuiier maître on premier violon solo
et chef d'orcliestre en 1836. Morgenroth est mort
à Dresde le 14 août !S47. On a gravé de sa com-
position : i" Thèmes variés pour violon principal
et quatuor, op. 1 et 2 ; Leipsick, Breitkopf et
H.ierte!. — 2° Deux polonaises pour piano à
quatre mains; iîamberg, Lachmulier. — 3" Trois
idem ; Cobourg , Biedermann. — 4** Ouverture à
grand orchestre (en rc majeur), arrangée pour
ie piano; Dresde, Hilschcr. — 5° Idem (en ut)
arrangée à quatre mains; Dresde, Meinhold.
— 6" Dix-huit chansons allemandes à voix seule
avec accompagnement de piano; Meissen,
Kleinlieiclit. — 7" Six Liedcr à 4 voix, avec ac-
compagnement de piano ; Leipsick , Breitkopf.
198
MORGENROTH — MORI
— 8° Six chansons à voix seule; ibid. Morgen-
roth a laissé en manuscrit : r Agnus Dei à
4 voix et accompagnement de piano. — 2° Sanc'
tus idem. — 3° Salve Megina à 4 voix et orches-
tre. — 4° Ave Regirca à 4 voix et piano. —
5* Veni Saiicte Spiritxis, idem. — &" Cantate
funèbre à 4 voix et orchestre. — 7° Deux con-
certos pour violon et orchestre. — 8" Sicilienne
avec variations pour violon et orchestre. —
9" Symphonie en ré majeur pour orchestre.
— 10° Idem en mi mineur.
MORGEiXSTERIX (Charles DE), con-
seiller d'État en Russie, et professeur d'éloquence
et de belles-lettres , naquit à Magdebourg le 28
août 1770. Il commença ses études dans cette
ville, et les termina à l'université de Jéna. En
1797 , il fut nommé professeur de philologie
classique et de philosopiiie. L'année suivante, il
alla occuper la chaire d'éloquence à l'athénée
de Dantzick ; et après y avoir enseigné avec dis-
tinction pendant quatre ans, il accepta la place
de professeur d'éloquence et de belles-lettres à
l'université de Dorpat. Les travaux de ce savant
sur les œuvres de Platon jouissent en Allemagne
d'une estime méritée. Au nombre de ses écrits
on trouve : Grundriss elner EinleUung zur
j-Eaihetlk ( Projet d'une introduction à l'esthé-
tique) ; Dorpat , 1815,in-4°.
MORGLATO ( MORELLA), ancien luthier
italien , travailla à Mantoue , vers le milieu du
seizième siècle II était renommé pour ses violes
et ses luths, S. Agn. Malfei parle avec éloge de
Morglato Morella et de la bonne qualité de ses
instruments , dans ses Annali dl Mantova
(fol. 147).
MORGjVER ( CHR.-G. ).0n a sous ce nom
un ouvrage intitulé : Vollstœndige Gesang-
schule. Ein Bcitrxg zur Befœrderung und
' Verbesseriing des Gesanges in Stadt-und
Landschiilen ( Ecole complète du chant. Essai
pour l'avancement et le perfectionnement du
chant dans les écoles des villes et des campagnes ) ,
Leipsick, Friese, 1835, in-8° de 77 pages, avec
58 chants à plusieurs voix. On ne trouve chez les
biographes allemands aucun renseignement sur
l'auteur de cet ouvrage.
MORÏÏEIM ( l'iiÉDÉiuc-CnRÉTiEN ), maî-
tre de chapelle à Dantzick, naquit à Neumarkt,
dans la Thuringe, où son père était cantor et
maître d'école. Il fut le prédécesseur de Lœhlein,
à Dantzick, et mourut en 1780. On n'a gravé
qu'une sonate de piano de sa composition : elle
a paru à Dantzick. Morheim a laissé en manu-
scrit plusieurs morceaux pour le clavecin, tels
que concertos et sonates,' des préludes pour
l'orgue, et la cantate de Dryden intitulée la
F e'ie d'Alexandre, à quatre voix et orchestre.
MORHOF ( Daniel-Georges ),l'un des plus-
savants et des plus laborieux philologues de l'Al-
lemagne, naquit le 6 février 1639 à Wismar, dans
le duché de Meckiembourg. Après avoir fait de
brillantes études à Stettin et à Rostock, il devint.en
1057,professeurde poésie dans cette dernière ville,
fut appelé à Kiel en 1673 pour y occuper la chaire
d'histoire, et fut nommé, en 1(180, bibliothécaire
de l'Académie. H mourut à Lubeck le 30 juillet
1651. Dans un voyage qu'il fit à Amsterdam,
Morhof ayant eu occasion de voir un marchand
de vin qui rompait des verres à boire par la
seule force de sa voix, et l'evpérience ayant été
répétée plusieurs fois en sa présence, il écrivit
sur ce sujet Episiola ad Jon. Daniele majorcm
de Sojpho vitrco per certum vocis humanir
sonum a Nicol. Pettero rupto, qu'il publia
d'abord en Hollande, 1672, et ensuite à Kiel,
1673, in 4". Plus tard, il revit celte lettre, y joi-
gnit des observations physiques relatives à l'effet
du son sur dilférents corps, et refondit le tout
dans la forme d'une dissertation, sous le titre de
Stentor hyaloclastes slve de Scypho vifreo per
certum humanx vocis sonum fracto ; Disser-
tatio qua sont natura non parum illustra-
iur. Editio altéra priori longé auctior; Ki-
lioni, 1683, in -4°. Il y a de cet écrit une autre
édition préférable^ laquelle a été publiée à Kiel ,
en 1703, in-i". Morhof a traité de la musique en
plusieurs endroits de son Polykistor literarius
philosopJiicus et practicus ( Lubeck, 1714,
in-4'' ).
Plusieurs biograpliies de ce savant ont été pu-
bliées; les meilleures sont : 1° Celle qu'il a écrite
lui-même et continuée jusqu'en 1671, puis, qui a
été achevée et publiée par Gaspard Thurmann,
sous ce titre : D. G. Morhofii vita propria ab
anno natali 1639 ad 1671 cum anonymi con-
tinuaiione usquead annnm mortnalem 169Î ;
Hambourg, l&d^ini". — 2° Commentai io de
vita, mcritis scriptisque Dan. Geo. Morhofii,
auct /o. 3/oHm ,• Rostock, 1710, in-8".
MORI ( Jacques ), compositeur, né à Via-
aana, en Lombardie, dans la seconde moitié du
seizième siècle, s'est fait connaître par un re-
cueil de motets intitulé : Concerti ecclesiastici
1,2,3,4 vocnm,cum bassogenerali ad organo;
Anvers, 1G23, in-4''. C'est une réimpression.
MORI ( Pierre), maître de chapelle de l'é-
glise collï'giaie i]e San-Geminiano, en Toscane,
fut d'abord organiste de la cathédrale de Volterre,
et vécut vers le milieu du dix-septième siècle. On a
imprimé de sa composition : 1" Compieto. e lita-
nie délia B. V. a quattro voci in concerto ;
Venise, Alexandre Vincenti, 1641, in-'i". —
MORI — MORICHKLLI
199
"i" Salmiab voci concert ait ; op. 1°; ilml., 16i0.
Une senoiiile cdilion de cet ouvrage a été publiée
cliez le même, en 1647. — 3* Vespeiihia psal-
viodiaconccrUita '/natuor vocib us : ibid. , 1 647.
— 4" Messe a quattro e chique in concerto,
op. 4; ibid., 1651.
MORI ( François ), Tioloniste et compositeur
pour son instrument, est né à Lon Ire*, de pa-
rents italiens, en 1793. Son éducation musicale
commença sous rpielques maîtres peu connus;
mais il eut le bonbeur de recevoir des leçons de
Violti pendant quelques mois, et ses heureuses
facultés se développèrent rapidement sous les
conseils d'un tel maître. Trè*-jeune encore, il se (it
entendre dans les concerts, et y obtint des succès.
Il tirait un grand sou de l'instrument, et sa main
gaucbe avait une remarquable dextérité. De-
venu premier violon des concerts de la Société
pbilliarmonique, il dirigea souvent l'exécution
avec beaucoup de fermeté et d'entrain; car il
était txcellent musicien. On n'a gravé qu'un pe-
tit nombre de morceaux de sa composition ; deux
concertos que je lut ai entendu jouer dans les
concerts de Londres sont restés en manuscrit.
Mori s'était fait éditeur de musique et avait suc-
cédé à Lavenu ; mais ses affaires commerciales
ne prospérèrent pas. Cet artiste est mort à Lon-
dres vers 1842. Il a laissé un fils, professeur de
chant à Londres, et compositeur de choses lé-
gëes.
M",e Mori, sœur de François, née à Londres,
fut une cantatrice de la bonne école et posséda
une belle voix de contralto. Elle était très-bonne
musicienne, et chantait avec talent l'ancienne
musique classique. En 1833, elle était attachée à
l'Opéra de Paris ; plus tard, on la retrouve en
Italie, oti elle chanta jusqu'en 1844 à Sienne, à
Spolète, à Vicence, à Vérone et à Mantoue.
MORIAXÏ ( Joseph), violoniste, né à Li-
vourne le IG aortt 1732, eut pour premier maître
Cambini, puis reçutdes leçonsde Xardini. Il étudia
le contrepoint sous la direction de Charles Roc-
chini, et reçut aussi quelques conseils d'Horace
Mei, maître de chapelle de la cathédrale de Li-
Tourne. Moriani n'était pas seulement un violo-
niste ilistingué, mais un bon chef d'orchestre. 11
excellait, dit-on, dans l'exécution des quatuors
de Haydn et des quintetti de Bocclierini. On
connaît en Italie des sonates et des concertos
pour violon de sa composition. En 1812, il était
chef d'orchesîre du théâtre de Livourne.
MORIAXI ( >'ai>oléo:v ), ténor qui a eu de
la célébrité pendant quelques années, à cause
de la beauté de sa voix, est né à Florence vers
isoe. Appartenant à une famille distinguée, il
reçut une bonne éducation, et se livra à l'étude du
droit pour exercer la profession d'avocat. Culti-
vant la musique comme amateur, il obtenait des
succès dans les salons, où l'on admirait lu beauté
de son organe vocal, et ses amis lui prédisaient une
belle carrière de chanteur s'il prenait la résolu-
lion d'aborder le théâtre. Les sollicitatiorrs fini-
.'entpar le décider à tenter tm début dramatique :
il le fit au théâtre de Pavie en 1833. Le succès
couronna cet essai, et dès lors la route de Mo-
riani fut tracée. En 1834, il chanta à Crémone, puis
à Gènes, à Florence, à Lucques, à Livourne, à Bo-
logne, en 1837, et à Naples. Sa réputation, gran-
dissant chaque jour, le fit appeler à Rome en
1838, et dans la même année il chanta à la foire
de Sinigaglia. A Venise il excita l'enthousiasme
des dilettanti. Florence le revit en 1839, et dans
le même temps il brilla au théâtre de la Scala,
de Milan, puis à Triesfe. Ra|)pelé dans ces deux
villes en 1840, il y mit le sceau à sa renommée
de premier ténor de l'Italie. Après avoir chanté
à Vérone, en 1341, il fut appelé à Vienne, où
l'empereur, charmé de la t)eaulé de sa voix, lui
donna le titre de chanteur de sa chambre. En
1842, Moriani chanta à Turin, puis à Venise et
de nouveau à Bologne, après quoi il se fit en-
tendre à Reggio, à Dresde et à Prague. Appelé
ensuite à Londres, il y chanta pendant les saisons
1844 et 1845. Déjà à cette époque, une altération
assez sérieuse commençait à se faire sentir dans
son organe vocal ; néanmoins il obtint ensuite de
grands succès à Lisbonne, à Madrid, à Barce-
lone, en 1846, et la reine d'Espagne le décora
de l'ordre d'Isat)elle la Catholique. De retour en
Italie , Moriani chanta encore à Milan pendant
l'automne de 1847, mais la maladie, toujours incu-
rable, de sa voix, marqua immédiatement après
le terme de sa carrière théâtrale.
MORICIIELLI (.\.VNE BOSELLO), excel-
lente cantatrice, née à Reggio, en 1760, axait
reçu delà nature une voix pure et flexible. Gua-
dagni , un des meilleurs soprauistes de cette
époque, lui apprit à tirer parti de ce rare avan-
tage, et en fit la femme la plus remarquable des
théâtres de l'Italie, dans la dernière partie du
dix-huitième siècle. En 1779, elle débuta à Parme
avec le plus brillant succès. Au carnaval sui-
vant, elle brilla au théâtre de Venise, puis à
Rome, et dans l'automne de 1781, elle excita le
plus vif enthousiasme à Milan, où elle chanta
avec Mandini , dans le Falegixame de Cimarosa.
Appelée à Vienne après cette saison, elle y
brilla pendant les années 1781 et 1782 : ce ne
îut même pas sans peine qu'elle obtint de l'em-
pereur Joseph II la permission de s'éloigner de
cette ville pour aller remplir un engagement
qu'elle avait contracté à Turin. En l7Sâ , elle
:od
MORICHELLI ^ MORIN
r.itournaà Milan, et y clianta pendant les saisons
i.iu carnaval et du carèino. Naples voulut ensuite
l'entendre, et l'applaudit pendant les années
178G et 1787. De retour à Milan, à l'automne de
1788, elle s'y retrouva avec Mandini, et y resta
pendant le carnaval et le carême de 1789. Ce fut
aiirès celte dernière saison que Viotti l'engagea
pour le tliéâtre de Monsieur, nouvellement ou-
vert à Paris. Elle fut un des plus beaux orne-
ments de la compagnie excellente de chanteurs
♦pii brilla à ce théâtre jusqu'au 10 aortt 1792.
Garât, bon juge, qui l'avait entendue pendant
trois ans, m'a dit plusieurs fois que M""^ Mori-
chelli possédait le talent de femme le plus com-
plet et le plus parfait qu'il eftt entendu. Elle était
aussi remarquable par son jeu que par l'esprit
de son cliant. Les événements qui lui firent
quitter Paris en 1792 la conduisirent à Londres,
où elle brilla en 1793 et 1794. Le poète Lo-
renzo d'Aponte, qui la trouva dans cette ville au
théâtre oii lui-môme était attaché, fait d'elle ce
portrait dans ses Mémoires: « La moitié de la
« saison théâtrale (1792) était écoulée lorsque
" arrivèrent à Londres deux actrices de renom,
" rivales entre elles : la lîanti , qui, à cette
" époque, était une chanteuse des |ihis célèbres en
•1 Europe dans le genre sérieux, et la Morichelli ,
« qui ne lui cédait en rien comme talent et qui
« brillait dans le genre opposé. Toutes deux n'é-
'< talent plus de la première jeunesse et n'a-
n valent jamais été citées pour leur beauté :
« elles étaient très en vogue et se faisaient payer
« un prix exorbitant : la première pour le
<■ timbre de sa voix , seul don qu'elle eût reçu
« de la nature, l'autre pour sa tenue sur la
'1 scène et la noblesse de son jeu, plein d'ex-
« pression et de grâce. Toutes deux étaient
« l'idole du public et la terreur des composi-
« tours, poètes, chanteurs et directeurs. Une
« seule de ces deux femmes aurait suffi pour
" porter le trouble dans un théâtre; qu'on juge
« des difficultés que devait rencontrer le di-
<i recteur qui les avait réunies toutes les deux.
<< Quelle était la plus dangereuse et la plus h
« redouter n'est pas facile à dire. Égales en
« vices, en passions et en fourberies, toutes deux
« manquant de cœur, mais d'un caractère dia-
« métralement opposé, elles poursuivaient en
« sens contraire le même sysème pour la réaii-
» sation de leurs projets.
ic La Morichelli, douée de beaucoup de
n finesse et d'esprit, agissait avec ruse et dissi-
« mulation , et tous ses actes s'accomplissaient
n dans l'ornbre; elle prenait ses mesures à
a l'avance , ne se conliant à qui que ce soit, ne
h se laissant jamais emporter par la passion,
« et, bien que de mœurs dissolues , sa tenue était
n si modeste et si réservée, qu'on l'eût prise
<c pour une ingénue ; plus amer était le fiel que
« distillait son cœur, plus angélique était le sou-
te rire de ses lèvres. Elle était femme de
« théâtre. Ses dieux étaient ceux de toutes ses
« pareilles; elle était dévote à leur culte. Ces
« dieux étaient l'intérêt, l'orgueil et l'envie. »
Retournée en Italie après la saison de 1794,
Mme Morichelli paraît avoir quitté la scène peu
de temps après.
MOIUGI (Piurre), chanteur excellent, né
dans la Romagne, . au commencement du dix-
huitième siècle , fut soumis dans son enfance à
l'opération de la castration, et étudia l'art du
chant dans l'école de Pistocchi , à Uologne. De
tous les sopranistes de son temps, il fut celui
dont la voix eut le plus d'étendue vers les sons
aigus. Après avoir brillé sur plusieurs théâtres
de l'Italie, particulièrement à Rome, il (ut en-
gagé à Pétersbourg en 1734. liien qu'il fût âge
d'environ cinquante-quatre ans lorsqu'il chanta
à Londres en 1768, il s'y fit encore admirer.
MORIGI (Angiolo), né à lîimini en 1752,
reçut des leçons de violon de Tartini, et apprit
le contrepoint à Padoue, sous la direction de
Valotti. En 1758, il fut enga;:;éà la cour de Parme
en qualité de premier violon, et quelques années
après il eut le titre de directeur de la musique du
prince. 11 mourut à Parme en 17S8. On a gravé
de sa composition , chez Joseph Patrini , à
Parme : l°Six sonates pour violon seul, op. 1.
— T Six trios pour 2 violons, violoncelle, et
basse continue pour le clavecin, op. 2. —
3" Six Concerli grossi pour violon; Parme, 1758,
réimprimé à Amsterdam en 1762. — 4" Six
idem, dédiés à l'infant D. Philippe, op. 4;
Parme, 1759. Morigi passait pour un bon maître
de composition. Parmi ses élèves, on remarque
B. Asioli. Celui-ci a publié, sans doute par
reconnaissance pour là mémoire de son maître,
un petit traité du contrepoint et de la fugue par
Morigi, ouvrage de peu de valeur, qui a pour
titre : Tratlato di contruppunto fiujalo;
Milan, Ricordi, in-8" de 35 pages. Michaelis a
fait une traduction allemande de cet opuscule,
intitulée : AbhandliuKj ûber denfugirlcn Con-
irupunct ; Leipsick, Rreitkopf et Hœrtel , 1816,
in-8° de 43 pages.
MORIAJ (Jean-Baptiste), fils d'un tisserand,
na(iuit à Orléans en 1077. Après avoir fait ses
études musicales à la maîtrise de Saint-Aignan ,
il devint frère servant dans I'okIic équestre de
Saint-Lazare. Plus lard , l'ablicssc de Cliellos ,
troisième fille de Pliilippe d'Orléans, if-geiit (hi
royaume, rattac!;a à. sa maison en qualité de
maître de chape. le. Elle lui doiiiia une peHsion de
500 livres sur sa cassette, puis une autre pension
de 1.500 livres sur rarthevêclié de Rouen, lui lit
don de son médaillon gravé par Leblanc, ainsi
que de son portrait en pied, et eut pour lui d'au-
tres bontés (V. Les Hommes illuslres de l'Or-
Icanais, tome, T, p. 74, et les notes manuscrites
de Boisgelou). Morin mourut à Paris en 1745,
et fut enîerré au cimetière des Innocents. Ce
musicien "d publié à Paris, chez Dallard, en 1707
et 1709, deux livres de Cantates françaises à
une et deux voix, mêlées de symphonies de
violons et basse continue, en partition. Il fut le
premier musicien français qui écrivit des mor-
ceaux de ce genre , à l'imitation des Italiens ;
mais les cantates de Bernier tirent bientôt ou-
blier celles de Morin , quoiqu'elles ne valus-
sent guère mieux. On a aussi de Morin deux
livres de motets imprimés à Paris, chez Bal-
lard.
MORI\I (Feruin.vnd), compositeur et violo-
niste, né à Florence, fut attaché à la musique
particulière du j;rani1-duc de Toscane, Léopold H,
jusqu'à la révolution de 18)9, qui a produit l'or-
ganisalion du royaume d'Italie. Cet artiste labo-
rieux s'est lait connaître avantageusement par
le; ouvrages dont voici la liste : 1° .Symphonie à
grand orchestre (en nii bémol ), en quatre mou-
vements, dédiée à l'auteur de cette notice. —
T Ouverture en ut, à grand orchestre. — 3° Ou-
verture en mi mineur idem. — 4" Variations
(en »!/ ) pour violon et orchestre. — 5" Varia-
tions (en /a) idem. — 6" Grand concerto mi-
litaire (en «0 pour orchestre et chœur, divisé eu
quatre mouvements. — 7* Quintette pour violon
principal, second violon, deux altos et violon-
celle. — 8° Il Trionfo délia gloria, cantate de
Métastase pour lénor et oichestre. Admirateur
passionné du génie de Beethoven , >L Morini a
arrangé à grand orchestre sous le lit|-e de Con-
certoni (grands concertos) : 1' Le premier trio
(on mi bémoh pour piano , violon et violoncelle.
— 2' Le trio en sol du même œuvre. — 3" Le trio
<■» ut mineur, idem. — 4" La sonate en la pour
piano et violon dédiée à Kreutzer. — 5" La sonate
<;n mi bémol, œuvre 12. — 6° La sonate en sol,
«p. 36. — 7" La sonate en la mineur, op. 2.1.
— 7" La sonate en ut mineur, op. 30. — 8° La
fonafe en fa, op. 24. — 9" Le trio pour piano,
•xiolon el violoncelle, op. 11. — 9" Le quintette
pour piano et instruments à vent, op. 16. —
10" Les quatuors en si bémol , en fa et en ut mi-
neur, de loeiivre IS*". — 11" Les deux quintette
«n uf et en ini t)émol pour instruments à cordes.
De |)lus, M. Morini a tiré de divers ouvrages de
Bi elhovcn 12 quintettes pour llùte, 2 violons, alto
MORIN — >10[\L.A.C(:iII 2C1
et basse, et G quintettes pour clarinette et les
mêmes instruments à cordes.
MORITZ (C.-T.), pianiste et compositeur al-
lemand de l'époque actuelle (1850), n'est connu que
par les ouvrages qu'il a publiés. Parmi ces com-
positions, on remarque : 1" Sonates pour piano
et flùle ou violon, op. 2, 4, 8, 9 ; Leipsick, Breit-
kopf et Haerfel, Pcters. — 2" Sonate pour piano,
flûte et violoncelle, op, 3 ; Leipsick, Breitkopf et
Ilaertel. — 3" Sonates pour piano seul, op. 13 et
14. — 4* Chants à trois ou quatre voix, op. 10
et 11 ; Leipsick, Peters. — 5" Chants et Lieder à
voix seule, avec accompagnement de piano, op. 5,
6, 7, 12, 15; Leipsick et Hambourg.
Un facteur d'instruments de Berlin, nommé
Moritz (Jean-Godefioid), mort le 30 juillet
1840, fut le premier qui appliqua, en 1835, ks
pistons aux instruments de basse en cuivre tt
construisit le Basstuba , qui a remplacé l'ophi-
cléide avec avantage, (l'oy. laGazette généralede
musique de Leipsick, année 1 840, page 1049.)
MORL.VCCHI ( François ) , compositeur
renommé, naquit à Pérouse, le 14 juin 1784.
Son père, habile violoniste, lui donna les pre-
mières leçons de musique el de violon dès l'âge
de sept ans. Jusqu'à dix-huit ans, il se livra
aussi à l'étude du piano, de l'orgueet de l'accompa
gnement. Ses premiers maîtres furent Louis Ca-
ruso, compositeur napolitain, alors maître de
chapelle de la cathédrale de Pérouse, et direc-
teur de l'école publique de musique de cette ville;
Louis Mazzelti , organiste de la Cathédrale tt
oncle de sa mère, qui le dirigeait dans l'étude
du clavier de l'orgue. Dans le même temps,
Moriacchi fréquentait le.s classes du Lycée
communal, et y faisait ses études littéraires. Son
penchant pour la composition s'était développé
de bonne heure, et avant d'avoir atteint sa dix-
huitième année il avait écrit l'oratorio intitulé
Gli Angeli al sepolcro. Une production si im-
portante pour un jeune homme de cet âge fixa
sur lui l'attention de plusieurs amateurs, et sur-
tout du comte Pierre Baglioni, qui prit Moriacchi
sous sa protection, et l'envoya étudier l'art sous
la direction de Zingarelli , alors maître de cha-
pelle de la Sanfa-Casa à Loreto. Moriacchi avait
alors dix-huit ans; il était amoureux d'une
jeune fille nommée .\nna Fabrizi, et ce fut avec
peine qu'il s'éloigna de Pérouse pour aller à
Lorelte. L'enseignement de Zingarelli, tout de
tradition, était lent, timide môme et peu fait pour
satisfaire une imagination impatiente. L'ennui
s'ernpara de l'esprit de Moriacchi ; il comprit
qu'il ne ferait pas de progrès avec le maître qui
lui avait été donné, et sa résolution de retourner
près de l'objet de sa tendresse ne tarda pas
202
IMORLACCHI
à ôtie réalisée. Peu après son arrivée à Péronse,
ildevint l'époux d'Anna Fabrizzi. Cependant, con-
vaincu (|u'il lui leslait encore beaucoup à ap-
prendre dans l'art d'écrire la musique, il se ren-
dit à JJologne, en 1805, pour y faire un cours
complet de contrepoint so'.i? la direction du
1^. Stanislas Maltei , mineur conventuel , le
meilleur élève du P. Martini et son successeur
dans la savante école fondée par ce maître.
Dans la même année, Morlacclii fut chargé de
composer, à l'occasion du couronnement de Na-
poléon Bonaparte comme roi d'Jtalie, une can-
tate (|ni fut exécutée au théâtre de Bologne.
Pendant la durée de ses études, il écrivit, au mois
de décembre 1305, un Te Deum qui fut exé-
cuté dans l'église de la Miséricorde, ainsi que
trois hymnes et un l'ater nostcr, qui furent
suivis, en 180G, de deux Tantum ergo, chan-
tés à l'église de la Trinité, d'une cantate à la
louange de la musique, et d'un psaume pour la
musique des IMiilharinoniques, à Saint-Jean m
Monte, et enfin du XXXllP"" chant de UEnfer
du Dante. En 1807 ( février) il donna avec suc-
cès au théâtre de la Pergola, de Florence,
la farce intitulée II Poeta in campagna. De
retour à Bologne , il y écrivit un Miserere à
16 voix, qui fut exécuté dans l'église de VAn-
tmnziaia et obtint l'approbation des connais-
seurs. La réputation que commençaient à lui
faire ces divers ouvrages lui procura un enga-
gement pour allei' écrire à Vérone son premier
opéra bouffe intitulé il Pitratto, dont la réussite
fut complète. l\n 1808, Ramhaldi, entrepreneur
du théâtre de Parme, appela Morlacchi pour y
composer la musique du mélodrame II Cor-
radino : treize jours lui suffirent pour écrire la
partition de cet ouvrage, dont le succès fut
brillant. Le genre qu'il y avait adopté participait
du style de Paëret de celui de IMayer, alors les
deux compositc-urs dramatiques les plus renom-
més de l'Italie. Dans la même année, Morhicchi
écrivit Enone e Paride , pour le théâtre de
Livourne, ainsi que VOresie, qui fut représenté
pour la première fois sur le théâtre de Parme.
En 180!) parurent Binatdo d'Asti, à Parme,
La Principessa 2)er ripiego , à liome, il Si-
moncino, au théâtre Valle de la même ville, et
Le Avvetitxire diuna giornata,h Milan. Rap-
pelé à Rome en 1810, il y composa pour le
théâtre Argentina l'opéra sérieux le Daiiaïde,
dont le succès éclatant détermina le choix que
fit de lui le roi de Saxe pour diriger la musique
(îu théâtre italien à Dresde. Ayant accepté les
propositions qui lui étaient faites, l'artiste arriva
dans cette ville le 5 juillet 1810, à Tâgo de
vingt-six ans. Un an plus tard, il fut engagé pour
toute sa vie avec un traitement considéiable,
et un congé de plusieurs mois chaque année
fut stipulé avec faculté d'en faire usage pour
écrire pendant ce temps partout où il voudrait.
Jusqu'à cette époque, Morlacchi avait fait voir
dans presque tous ses ouvrages des éclairs de
talent qui semblaient devoir donner à l'Italie un
de ces grands musiciens qui marquent une épo-
que du sceau de leur individualité. La plupart
de ses opéras contenaient des morceaux d'une
heureuse conception ; ainsi le trio du souterrain
dans le deuxième acte de ConocZmo , produisit
une vive impression sur les habitants de Parme,
et le succès de l'ouvrage fut si grand , que le
buste du compositeur fut exécuté en marbra,
pour être placé au théâtre, avec cette inscrip-
tion : Orphica mutescit lyra , Morlucchique
Camœnœ svspiciunt gcnium. Mais la rapidité
du travail nuisait chez Morlacchi , comme chez
la plupart des compositeurs dramatiques italiens,
aux soins qui seuls peuvent conduire à des pro-
ductions durables les artistes (jue la nature a
doués de plus de talent que de génie. Arrivé en
Allemagne , il y ressentit au bout de quelque
temps l'intlucnre du pays où l'harmonie est na-
turellement plus forte et plus colorée , et ses
ouvrages curent, depuis cette époque, une plus
grande valeur. Sa première composition écrite
à Dresde lut une messe pour la chapelledu roi;
on y trouve un Açiniis d'un f:ran(l effet pour
des voix sans accompagnement. Au mois d'avril
1811, il écrivit son Raoul de Créqui, le meil-
leur de ses ouvrages. Chaque année lui vit pro-
duire une quantité considérable de musiiiue de
tout genre. Vers la fin de 1813, la domination
russe pesa d'un joug de fer sur la Saxe, long-
temps alliée de la France ; Morlacchi éprouva
les eftets de cette oppression : car le prince
Repnin, lui ayant (ixé un terme pour la compo-
sition d'une cantate destinée à l'anniversaire de
la naissance de l'empereur de Russie, le menaça
de l'envoyer en Sibérie si l'ouvrage n'était pas
terminé au jour indiqué; mais la cantate fut
prête avant le temps, et le compositeur écrivit
aussi une messe pour deux voix seules, en lan-
gue slavonne, suivant le rit grec, à l'usage de la
chapelle particulière du prince Repnin. A la
même époque, la chapelle royale de Dresde dut
sa conservation au zèle de Morlacchi , car il fit
le voyage de Francfort pour y voir l'empereur
Alexandre, qui révoqua le décret de suppres-
sion. Le retour du roi de Saxe (Frédéric) dans
sa capitale, en 1814, fut salué avec enthousiasme
par ses sujets : Morlacchi ne fut pas des derniers
à témoigner la joie qu'il en re.<senlait. 11 écrivit
sa troisième messe solennelle, qui fut exécutée
MORLACCHI
203
en action île grâces à lVgli>e catlioli(|ue de Dresde,
et composa pour le Ihcàlre royal il Barbiere di
SiviijUa, qui précéda d'une année celui que
Rossini écrivit à Rome sur le même sujet; celui
de Morlacclii obtint nn brillant succès. Dans la
même année, il écrivit une cantate à l'occasion
de l'entrée des alliés à Paris, le 31 mars. Parmi
ses diverses compositions écrites en 1815 on
remarque 25 morceaux de musique refigieuse ,
tels que psaumes, offertoires, antiennes, etc.,
pour le service de la chapelle catholique de la
cour, six canzonette avec accompagnement de
piano , et une cantate pour le jour de naissance
de la comtesse Thérèse Lopuska , à Dresde. En
1S16, Moriacchi écrivit aussi YAurora, cantate
pour des voix seules , à l'occasion du jour de
naissance de la reine de Saxe : cet ouvrage fut
exécuté à Pillnitz. Le 21 juin de la même année,
il fut élu membre de l'Académie des beaux-ails
de Florence.
Souvent appelé en Italie pour écrire des opéras
nouveaux, il mit dans ses travaux une activité peu
commune. Couronné en 1S15 dans sa ville natale
après l'exécution de ses Danaïdes et de son ora-
torio de la Passion, il obtint du pape la déco-
ration de l'Éperon d'or pour ce dernier ouvrage.
Dans ITsaccOf fif/ura del Redenfore, que Mor-
iacchi composa après son retour à Dresde en 1817,
il fit l'essai d'un nouveau genre de chant rhytli-
mique, pour remplacer le récitatif ; ce chant eut un
très-grand succès. Ce bel ouvrage fui suivi de
la quatrième messe solennelle du compositeur,
exécutée au mois de juillet à la chapelle royale,
et du mélodrame La Semplicetta di Pirna,
représenté au mois d'août. Au mois de septembre
suivant, Moriacchi partit pour Na pies, où il donna
au théâtre Saint-Charles (janvier 1818) la cantate
dramatique La Bodicea : puis il alla écrire à
Milan Gianni di Parigi, l'un de se.s plus beaux
ouvrages, dont la représentation fut pour lui un
véritable triomphe. Son retour à Dresde fut
marqué par la composition de sa cinquième
messe solennelle, exécutée au mois de septembre
1S18, pour célébrer le jubilé du règne du roi Fré-
déric-Auguste, et pcHir la même occasion il écrivit
un hymne, une cantate solennelle et une épode
à deux chœurs, exécutées par 400 musiciens,
avec la coopération de Ch. -Marie de Wel)er, et qui
augmentèrent sa réputation en Allemagne. A l'oc-
casion de la dédicace du nouveau temple de
Bischofswerda, une députation du magistrat de
cette ville le pria de donner ce morceau pour le
commencement du service divin, et le droit de
bourgeoisie lui fut accordé par le même magistrat
en témoignage de reconnaissance. Parmi ses der-
niers opéras, un de ceux qui obtinrent le plus de
succès fut celui de Tebaldo ed fsoUna : il fut
joué sur la plupart des théâtres de l'Italie. En
1827, il écrivit pour Venise I Saraceni in S/ci-
lia , et l'année suivante, pour le théâtre Carlo-
Felice de Gènes, Il Colombo, dont la musique lit
naître l'enthousiasme des habitauts de cette ville
et procura au compositeur des ovations inaccou-
tumées. De retour à Dresde, il reprit ses tra-
vaux de musique d'église et de théâtre. Ce fut
en cette même année que, dans l'espace de treize
jours, il composa sa messe de Requiem, consi-
dérée comme un de ses cliefs-<l'œuvre, et qui fut
exécutée le 22 mai dans la chapelle catholique,
avec une graudc pompe, pour les obsèques du
roi Frédéric-Auguste I*'. A ce bel ouvrage succé-
dèrent une multitude de compositions de tout
genre. En 1829, il écrivit pour le théâtre royal
l'opéra bouffe II Dispernio per ecce&so di buon
cuore. Dans les années suivantes, ses messes so-
lennelles furent portées au nombre de dix, et dans
le même temps Moriacchi produisit son épisode
du Conte Ugolino, compté parmi ses plus belles
inspirations. Enfin, des vêpres de la Vierge, un
Magnificat, et beaucoup de petites (tuvres dé-
tachées se succédèrent sans interruption. Celle
activité productrice se soutint jusqu'en 1840,
nonobstant une altération progressive de la santé
du compositeur. Son dernier ouvrage fut un opéra
de Francesca di Rimini, qu'il n'acheva pas.
Cependant l'étal maladif de Moriacchi augiuentait
chaque jour, et la décroissance de ses forces ins-
pirait de vives inquiétudes à ses amis. Après
une consultation de ses médecins, du mois de
septembre 1841, l'artiste prit la résolution de se
rendre à Pise, accompagné du docteur Bierliug;
mais arrivé à Inspruck (Tyrol), le 25 octobre,
une attaque de paralysie pulmonaire, occasion-
née par la fatigue, l'obligea do s'y arrêter, et il
y expira le 2S du même mois, à l'âge de cin-
quante-sept ans ; il en avait passé trente et un
au service de la cour de Saxe. Des honneurs
furent rendus à sa mémoire à Dresde et à Pé -
rouse.
Il serait difficile de citer toutes les produc-
tions de Moriacchi ; les pi us cou nues sont : 1- Pocn
L'Ér.LiSE, 1° Te Deiim, Pater noster, plusieiii.<;
Tantum ergo et un Miserere à seize voix, à
Bologne, ainsi que trois motets, à Parme, 180T.
— 2° Première messe solennelle, à Dresde en
1810. — 3° Vêpres complètes ibid., 1811. —
4" La Passion, oratorio, 1812. — 5° Deuxième
messe, ihid. — 6° Miserere à trois voix, sans
accompagnement,'morceau devenu célèbre en Al-
lemagne. — 7° Troisième messe, à Dresde, eu
1814. — 8° Quatrième messe, en langue slavonne
suivant le rit grec, ibid. — 9" Psaumes à quatre
204
MORLACCHI — MORLAYE
voix et orcliestre, ibid., 1815. — 10" Antiennes,
id. ibid., 1815. — 11" Offertoires, id. ibid., 18I5.
— 12° Cinquième messe solennelle, ibid., 1818.
1 3" /iacco, oratorio, ibid. — 14" La Morte d'A-
bel.e, oratorio, 1820. — 15" Messe de Requiem,
composée en dix jours, pour les funérailles de
iMédéric-Augusle, roi de Saxe. — 16" Sixième
messe solennelle, à Dresde, en 1825. — 17" Plu-
sieurs motets et antiennes pour des fôtes particu-
lières. — 17° bis Septième, huitième, neuvième et
dixième messes solennelles, à Dresde, 1827àl839.
— 17° ter Vêpres de la Vierge , Magnificat et
hymnes, ibid. — II. Pouklethéatri:: i^" llPoeta
in campagna , farce, à Florence (février 1807).
— 19° JlIlilralto,o[)é\à bouffe en un acte, à Vé-
rone, dans la même année. — 20" Corradino,h
l'arme, 1808. — 2i° Enone e Paride, h Livourne,
1808. —22" Oreste, à Parme, 1808.— 23" /(inaWo
d'Asti, opéra bouffe, à Parme, 1809. — 24° Il Si-
moncino, farce, ibid. — 25° LaPrincipessaper
rimpiego, à Rome, 1809. — 26" Le Avventure
d'una giornata, Milan, 1809. — 27° Le Da-
naïde, à Rome, 1810. — 28" IlCotTodino, avec
une musique nouvelle, à Dresde, en 1810. —
29° Raoul de Crequi, à Dresde, 1811. — 30° La
Capruciosa pentita, ibid., 1812. — 31° Il
JVuovo Barbiere di Siviglia, ibid., 1815. —
32" La Dodicea, cantate dramatique, à Naples,
en 1818. — 33" La Semplicetta di Pirna, à
Pillnitz. — 34° Donna Aurora, opéra bouffe, à
Dresde, 1819. — Zh"Tebaldo ed Isolina,\hid.,
1820. — 36" La Giovcntù di Enrico V, ibid.
1821. — 37" L'Ilda d'Avenelle, ibid., 1823.
— 38" Laodicea, en 1825. — 39° / Saraceni
in !Sicilia, à Venise, 1827, — 40", Il Colombo ,
à Gènes, 1828. — 41° Il Disperato pcr ec-
cesso di buon cuore , à Dresde , 1 829. —
42° Gianni di Parigi , à Milan, 1829. — 43" 7
Saraceni in Sicilia, avec une musique refaite en
partie sur un livret allemand, 1830. — 44" Fran-
cesca daRimini, pour Venise, mais non achevé.
— m. Musique diverse : 45" Cantate pour le
couronnement de Napoléon, à Cologne, 1807.
— 46" Idem , pour la naissance du roi de Rome,
à Dresde, 1811. — 47" liiem, pour le roi de
Saxe, ibid., 1811. — 48" Grande canlate pourl'as-
semblée des rois et de Napoléon k Dresde, juillet
1812. — 49" Dans la même année, cinq autres
cantates, à Dresde. — 50" Cantate pour l'anni-
versaire de la naissance de l'empereur Alexandre,
à Dresde, 1813. — 51° Cantate de victoire pour
la prise de Paris, ibid., 1814. — 52° Canlate
pour le roi de Saxe, ibid., 1818" — 53° Épode à
2 chœurs ibid., 1818. — 54" Fragment du
XXX" chant de V Enfer du Dante , pour voix de
basse. — 55" Trente-six ariettes et chansons ita-
liennes à, voix seule, avec accompagnement de
piano, en dix recueils; Leipsick , Breill<opf et
H.Trtcl. — 50" Quelques pièces instrumentales,
à Parme, en 1808. — 57" Quelques sonates
d'orgue, à Dresde.
Morlacclii s'est fait estimer à Dresde par son
nobJe caractère. Il a toujoui-s vécu avec ses col-
lègues Weber et Reissiger dans des relations d'a-
mitié et sans aucun sentiment de jalousie. M. An-
toine Mezzanotti , de Pérouse , a publié un
Elogio funèbre dcl cavalière Francesco Mor-
lacchi, Perugino ;ï'éronKe, 1842, in-4", et M. le
comie Jean-Baptiste Rossi-Scolti , concitoyen du
célèbre compositeur, a donné une très-intéres-
sante notice intitulée : Delta vila c dclle opère
delcav. Francesco Morlacchi di Perugia, etc.;
Perugia , tipografia di Vincenzo BarlelU,
1801, un volume in-4" de 140 pages, avec des
documents justificatifs et le portrait lithogra-
phie de Morlacchi. J'ai tiré de cet ouvrage les
moyens de rectifier quelques parties de la notice
qui avait paru dans la première édition de cette
Biograpliie universelle des Musiciens.
MORLAIV'D (Samuel), baronnet, méca-
nicien anglais, naquit à Sulhammstead, vers 1025.
Après avoir passé près de dix ans dans l'univer-
sité de Cambridge , où l'étude des mathémati-
ques l'occupa particulièrement , il fut employé
dans des missions diplomatiques en Suède et en
Piémont, sous le gouv-crnement de Cromwell.
Retiré des affaires apiès la restauration à la-
quelle il avait contribué, il se livra uniquement
aux sciences. Il s'occupa surtout avec succès de
l'hydraulique et de l'hydrostatique. C'est à lui
qu'on doit l'invention du porte-voix , dont il a
donné la description et la figure dans un livre
en langues française et anglaise, intitulé : Des~
cription de la Tuba stentorojikonica ou
porte-voix^ Londres, 1761, in folio. Les expé-
riences faites en pré.sence de Charles II prouvent
que Morland avait inventé fcet instrument dans
le même temps que Kirclier à Rome. On trouve
un extrait de l'ouvrage de Morland dans les
Transactions philosophiques (ancien recueil,
11° 70 , p. 3056). On croit aussi que la première
idée de l'u-sage de la vapeur comme force mo-
trice appartient à Morland. Il mourut pauvre
en 1697.
MORLAi\E (l'abbé DE), guitariste à
Paris, inventa en 1788 une nouvelle espèce de
guitare à sept cordes , à laquelle il donna le nom
de lyre. Cette guitare, exécutée par le luthier
Piron, n'eut point de succès d'abord ; mais plus
tard elle eut un moment de vogue après qu'on
l'eut réduite à six cordes.
MORLAYE (Guillaume), luthiste français,
MORLAYE — MORLEY
2Ci
Tirait à Paris vers le milieu du seiiième siècle.
Il a |»ubli«i des recueils de pièces pour la gui-
tare et pour le luth. Ceux qu'on connaît ont
pourtitres : 1" Tabulature de guiterne (guitare),
où sont chamom, gaillardes, pavanes, trans-
ies, allemandes, fantaisies, etq. ; Paris, Michel
Fezcndal, 1550. — 2" Tabulature de luth, con-
tenant plusieurs chansons, fantaisies, etc.
Livres I, II, ni; Paris, par iVlic!)el Fezen-
dat, 1552-1555, in-4° oblong. — 3" Premier
livre de psalmes mis en musique par Pierre
Certon; réduitz en tabulature de Icut (luth)
par maître Guillaume Morlaye, réservé la
partie du dessus , qui est notée pour chanter
enyoHrtH^; Paris, par Michel Fezendat, 1554,
Jn-4'^ obi.
MORLEY (Thomas), musicien anglais du
seizième siècle, n'est connu quepar sesouvraRes.
On sait seulement qu'il fut élève de William Bird,
à qui il a dédié le meilleur traité de musique
publié en Angleterre; qu'il avait été gradué ba-
chelier en musique à l'université d'Oxford, ie 6
juillet 1588-, que la reine Elisabeth 1 admit dans
sa chapelle le 25 juillet 1592; et qu'il cessa de
vivre à Londres en 1604 dans un âge peu avancé,
et après avoir passé ses dernières années dans
un élat de souffrance presque continuel. La ré-
putation de Morley, comme compositeur, n'égale
pas chez ses compatriotes celle de son maître;
toutefois il est certain que son harmonie est en
général mieux écrite: que sa mélodie est plus
gracieuse, et que par son élégante manière de
faire chanter les parties, il fait voir qu'il avait
étudié avec fruit les œuvres de Palestrina. Les
compositions connues de Morley sont : 1 ' Ca>i-
zonets, or little short sangs for 3 vojccs: Lon-
dres , Th. Este, 1593. Cet œuvre a été traduit
en allemand, et publié d'abord à Cassel, en 161 2 ,
puis à Roslock, en 1024. — 2° The first book of
Madrigals to 4 voyces ; ibld., 1594, in-4'\ ^-
3' Canzonefs, or short aires to five or six
voyces; ibid., 1595. — 4° The first book of
Canzonets for tuo voyces; ibid., 1595. Cet
ouvrage a été réimprimé en 1619. Une nou-
velle édition des madrigaux de Morley, à trois
et quatre voix , a été publiée sans date ( vers
1825) en partition par les RH. W. W. Holland
et W. CÔoke, à Londres. — 5" The first book of
ballets to 0 voyces: ibid., 1595, in-4''. Une
traduction allemande de cet ouvrage a été publiée
par Yalentin Haussmann, à Nuremberg, en 1609,
in-4''. Les Ballets , sortes de madrigaux d'un
mouvement animé, pour quatre ou cinq voix,
étaient destinés à être chantés, et quelquefois
aussi dansés aux accents de cette musique vfx^ie,
C est ce que Morley explique bien dans sa Plaine
: and easie Introduction to practical Musich
(voyez ci-après), où après avoir parlé de.ï Villt^-
ni-tlrs, il dit : « Il y a une autre espèce (d'airs)
j .( d'une plus grande valeur, latiuelle est appelée
i « ballets ou danses, sortes de chansons qui, ,
, « étant chantées, peuvent être également dan-
I '^ sées (l), etc. » Ainsi que le remarque aussi
Morley, les ballets sont originaires de l'Italie,
I et Gasloldi (loye:; ce nom) est le premier qui
; écrivit des pièces de ce genre. M. le Dr. Edouard
Rimbault a donné une belle et correcte édition
en partition de la première suite des Ballets de
; Morley dans la précieuse collection de la société
des antiquaires musiciens; Londres, Chappell, 1 842
un volume in- fol. — 6" Madrigals to ô voyces;
ibid., 1595, in-4". — 7" Canzonets, or little short
ayres: Londres, 1597. —8' The first book of
fiijrcs or little short sortgs to sing andplay to
ihc bac uith the basse-viole; ibid., 1600. Mor-
ley a laissé en manuscrit des antiennes et des
, hymnesqoiontété recueillies danSi la collection de
lord Haricy, en 1715 , et se trouvent aujourd'hui
au Muséum britannique , parmi les manu-
scrits de Harley, nos 7337.7342. Boyce a inséré
son service funèbre dans !e recueil intitulé Cet-
tkedral services. On a aussi de ce musicien des
pièces de clavecin ou d'épinette dans le Virginal-
book de la reine Elisabeth. Morley est éditeur
d'une collection de madrigaux italiens traduits
en anglais, sous ce titre : Madrigals to 5 voyces,
collectcd out of the bestitalian authors; Lon-
dres, 1598. C'est aussi lui qui a publié un recueil
\ de madrigaux anglais composés à la louange d'E-
lisabeth par divers musiciens, et dont il avait com-
\>oié les numéros 13 et 24. Ce recueil est intitule
The Tr/u/nphsof Oriana to 5 and 6 voyces ,
composedby sevcral authors ;Loa(\Tes, 1601.
Ce litre fait allusion à Oriane,dame d'Amadis
\ de Gaule, et miracle de beauté et de sagesse
I comme était supposée Elisabeth. Les compositeurs
1 des chants à 5 et 6 voix réunis dans ce recueil
sont : Thomas Morley, Michel Est , Daniel Nor-
comb, Jtan .Mundy, Ellis Gibbons, Jean Benat,
Jean Hilton, Georges Marson , Richard Carlton,
Jean Holmes, Richard ?<icolson,Thomas Tomkins,
Jean Farmer,Jean Wilbye , Thomas Weelkes,
Jean Milton, Georgps Kirbye, Robert Jones, Tho-
mas Bateson, Giov. Croce et François Pilkington.
' M. William Hawes a donné une bonne édition
! en partition de la Collection The Triumphs of
Oriana; Londres (sans date), in-fol. Il est re-
( 1) There Is aiso another kind more WgM ihao Ihis 'f'il-
lanelle), which they tearm Ballets or (lances^ and are
songs, whlclibring song to a dîîtie raay liicwise be lianccd,
etc. ( The third part, p. 180)
206
MORLEY — MORNABLE
inarqiiai)le que flans la même année oti furent
iaiprimés Tke Triumphs of Oriana ( idOl),
Pierre Plialèse publia à Anvers : il Trionfo di
Dori, descritto da diversi, et posti in mu-
sica, da altretanti auiori a sel voci ; la An-
versa, etc. Cliose singulière ! le iioinbre des
chants du Trionfo di Dori est de 29, comme
celui des triomphes d'Oriane; celui des poètes et
cel(M des musiciens est le même dans les deux
collections; enfin, dans celle d'Anvers on lit en
tête de chaque pièce : Vivu la bclla Dori! et
ciiaque madrigal de la collection anglaise a aussi :
Lo7ig Vive fuir Oriana. Laquelle de ces collec-
tions a été faite à l'imitation de l'autre? Enfin,
Morley a été l'éditeur d'une collection de pièces
instrumentales pour un orchestre composé de luth,
pandore, guitare, basse de viole, flûte et dessus
de viole; cet ouvrage a pour titre : Consort tes-
sons, mode bij divers exquisite authors, for
6 différent insfruinenls io plaij tofjelher, viz:
the treble Iule, pandora, citlerne, base violl,
flûte and treille vieil, 2i"e édition; Londres,
IGll, in 4^
Les transformations subies par la musique de-
puis la fin du seizième siècle ont fait tomber
dans l'oubli les compositions de Morley; mais
son nom vivra longtemps dans l'histoire de la lit-
térature musicale, par le livre excellent qu'il a pu-
blié sous ce titre : A plaine and easie introduc-
tion to pracUcal Musick , set downe informe
ofa dialogue :dividedinlo three partes, the
first teachelh to sine/ witk ail thi7igs necessary
for Ihe knowledge of prichlsong ; the second
trealeth of discanle, ctc.j the third and last
pari Ireatdh of composition of three , foure ,
fi vc or more parts, etc. (Introduction complète
et facile à la musique pratique, en forme de dia-
logue ; divisée en trois parties , dont la première
enseigne à chanter, avec toutes les choses néces-
saires pour la connaissance du solfège; la se-
conde traite du contrepoint ; la troisième et der-
nière partie renferme les lègles de la composi-
tion à trois, quatre, cinq et un plus grand
nombre de parties, etc.); Londres, im])rimé
par Pierre Short, 1597, petit in-fol. Ce iivie
renferme une multitude de choses relatives à
l'ancienne notation , à la mesure et à la tonalité,
qu'on ne trouve point dans les autres traités de
musique du même temps. La première pariie
est terminée par de très-bons solfèges à deux et
trois voix, qui ont beaucoup d'intérêt sous le
rapport historique. La seconde partie contient
des exemples de contrepoint .sur le plain-cliant,
fort bien écrits. On y trouve une table des dis-
positions des intervalles dans les accords de
tierce et quinte, et de tierce et sixte, qui peut
être considérée comme un des premiers essais
de systèmes d'harmonie. La troisième partie est
aussi un des meilleurs traités de composition
écrits au seizième siècle; c'est même celui où la
connaissance pratique de l'art est la plus étendue.
A la suite de cette troisième partie, Morley a
placé des notes très-développécs sur tout l'ou-
vrage, particulièrement sur ce qui concerne la
notation. Gerber, Burney . Havvkins et Walts ,
dans sa Bibliotheca Britannica , citent une
édition du livre de Morley publiée à Londies en
IC'08; mais cette édition prétendue, dont j'ai vu
des exemplaires, n'est autre que la première où
l'on a changé le frontispice. Une deuxième édi-
tion réelle a para à Londres en 1771, in-4",
chez W. Randall; elle est beaucoup moins rare
que la première.
MOKLIERE ( Charles -Jacques - Lotis -
Auguste ROCHETTE DE LA ) , né à Gfcnohie
en 1701, fut d'abord mousquelaire , et devint,
on ne sait à quel titre, chevalier de l'ordre du
Christ de Portugal. Fixé à Paris , il s'y adonna
à la culture des lettres , mais ne produisit que
des ouvrages médiocres , parmi lesquels on
compte une brochure qu'il publia à l'occasion
des querelles sur la musique française, sous le
titre de Lettre d'un sage à un homme respec-
table, et dont il a besoin, sur la musique ita-
lienne et française,- Paris, 1754, in-12. La
Morlière est mort à Paris au commencement de
février 1785.
M01\i\AliLE ( Antoine ) , maisicien fran-
çais, vécut dans la première partie du seizième
siècle. 11 est connu par des motets et des chan-
sons à quatre i)arties, qui se trouvent dans plu-
sieurs recueils publiés à Paris , particulièrement
dans ceux qui ont pour titre : Liber seplimus
XXIIIl trium , quatuor, quinque et sec va-
cura rnodulos dominici adventus, nadvitatis-
que ejus ac sanclorum, etc. Parisiis, apud
Peirum Aitaingnant, 1533, in-4° obi. Il s'y
trouve deux motets de Mornable. Liber quintus.
II trium primormn ionorum Magnificat
continet ; ibid , 1534, in-4''. Le Magnificat de Mor-
nable est du 2"'e ton. — AT livre , contenant-
XXVII l chansons nouvelles à quatre parties;
en un volume et en deux. Imprimées par Pierre
Aitaingnant et Hubert Jallei, 1542, 'petit in-
4"^ obi. — Biciniu gallica, latina et germa-
nica, et quscdam fugx, torni duo ; Vitebergx,
apud Georg. Rhav, 1545, petit in-4" obi. —
Moletti del Flore. Tertius liber cum quatuor
vocibus. Impressum Lugduni per Jocobum
M'odernum de Pinguenio. Auno Domini 153!»,
in-4'' — Trente-cinq livres de Chansons nou-
velles à quatre parties, de divers auteurs, en,
MORNABLE — MORÏARO
207
dev,x volumes: Paris, par Pierre Attain-
gnant, 1539-lô49, in-4" obi. On y trouve des
chansons de Mornable dans les livrer;, 2, 5, 9,
11, 14, 15. 16, 19, 24,26, 28, 29 et 32. — Q««rr<
livre de Chansons composées à quatre par-
ties par bons et excellents musiciens; Paris,
lj53, chez Adrien Le Roy et Robert Ballard,
in-4°. — Quart livre de Chansotis nouvelle-
ment composées en musique à quatre parties,
par M. Jacques Arcadet et autres autheurs;
Paris, Adrien Le Roy et Robert Ballard, 1561,
iu-i". Un livre de motets de Mornable se trouve
à la bibliothèque royale de Munich ( n"* 157,
n. 5 ), sous ce titre : Motetonim musicalium
quatuor vocum, liber primus; Parisiis,apud
Peirum Attaingnanl (sans date), petit in-4°
obi.
MORO ( Jacques ) , moine servite , né à
Viadtina, dans la province de Mantoue, vécut
dans la seconde moitié du seizième siècle et au
commencement du dix-septième. Ou connaît de
lui les ouvrages dont voici les titres : 1" Can-
zoiiette alla napolitana; libro primo a tre
voci; con un dialogo e due canzonette a
quattrovoci; Venezia, app. Angeio Gardano,
1581, in-4'^.— 2" Motetti, Magnificat e falsi [
bordoni a 1, 2, 3, 4, G et 8 voci; una com-
pléta a 8 voci, con le antifone délia Beata j
Virgine; — 3" Messe a otto voci, Letanie et i
Canzoni a quattro voci, op. 8,- m Venezia, j
Giac. Vincenti, 1604, in-4". _ 4° Il primo libro '
de' madrigali a 5 voci; Venezia, app. l'erede
di Bart. Magni, 1613, in-4\ . i
MORS (A.VToi.NE ) , facteur d'orgues à Anvers,
naquit dans celle ville vers 1480. Il livra à la
cour (de Gand), en 1514, un orgue pour la
chapelle, qui lui fut payé 115 livres (1). Au
mois de juin 1510, il livra aussi une paire
d'orghes au roi Charles ( Charles-Quint ) pour
s'en servir à son très-noble plaisir (2). Au mois
de mars 1516, il vendit un clavichordium à
l'archiduchesse Élèonore, pour la somme de
16 livres, et à la^nême époque il reçut 146 livres
pour l'estoffe et la fachon ( façon , travail )
d'unes nouvelles orghes que monseigneur
(Charles-Quint) /ui avait fait acheter pour
servir journellement en sa chapelle (3). An-
toine Mors vivait jjucore en 1529, car il reçut
alors 20 livres ;jo cr sfl peine et salaire d'avoir
refait et raccoustré les orgues de la chappelle
de madame (Marguerite d'Autriche, gouver-
(1) Registre n" F 509 de la Chambre des comptes aui
Archives de Lille ( département du Xord).
(2| Registre F Î06, U>id.
(î) Registre F îoi, ibid.
nanfe des Pays-Bas) et fait trois soufflets avec
leurs contrepoids de plomb servant ausdicts
o'-gues (I). Si cet Antoine Mors est le même dont
il est parlé dans la Chronique de Schwerin, et qui
fournit, eu 1559, à Jean Albert, duc de Mecklera-
bourg , un orgue destiné à être placé dans la ca-
thédrale de Schwerin, il devait être âgé d'enviroa
soi\ante-dix-neuf ans. 11 est dit dans la chro-
nique (2) qu'Antoine Mors était né à Anvers.
Cette même chronique mentionne un Jérôme
Mors , fils dudit Antoine , qui mourut à Schwe-
rin en 1598, à l'âge de soixante-dix-neuf ans, et
que le duc Albert appela près de lui lorsqu'il
navait encore que dix-sept ans, c'est-à-dire
en 1536. La Chronique dit que ce Jérôme .Mors
exerçait sa profession, aidé par ses lils Antoine
et Jacques et par ses vingt filles.
MORS ( Henri ), facteur d'orgues, vraisembla-
blement de la même famille que le précédent, vé-
cut à .\nvers,au commencement du seizième siècle.
On voit dans le registre n' F 199 de la Clia'mbre
des comptes , aux Archives du département da
Nord, à Lille , qu'il reçut, au mois de mai 1517,
la somme de 62 livres 10 sous, po\tr avoir
vendu au roi Charles (Charles-Quint), de
' petites orgues, pour s'en servir en sa capelle,
et les porter avec lui en son pourchain
I voyaige d'Espaigne, pour ce que celles que
I l'on jouait estaient trop grandes et' trop pé-
I santés.
I MORTARO ( Antoine ), moine franciscain,
né à Brescia vers le milieu du seizième siècle,
[ fut organiste des églises cathédrales d'Ossaio et
de Novare , puis remplit les mêmes fonctions an
couvent de son ordre, à Milan. Il retourna en 1610
à Brescia, et se retira au couvent de Saint-Fran-
çois de cette ville, oii il mourut en 1619. Coz-
zando cite (Libraria Bresciana, p. 46) les
ouvrages suivants de la composition de ce reli-
gieux : 1" Fiamelle amorose a tre voci, libri
1,2, 3, 4 , Venise, Amadino, 1599. Il y a une
édition antérieure publiée par le même en 1594,
in-4". — 2" Messe, Salmi , Magnificat, can-
zoni da suonare, e falsi bordoni a 13 t'oc< in
partitura; Miïan, 1610. — 2" Canzoni ai voci
con il basso per suonare, lib. Il; Venise,
Alexandre Vincenti, 1611, réimprimé en 1623.
— 4" Letanie a quattro voci con il basso per
l'organo; Venise. On connaît aussi du P.
Mortaro ; — 5" Primo libro de canzoni da
sonare a quattro voci; in Venetia, appresso
(I) Registre n" 1S05 de la Chambre des comptes, aux .\r-
chives du roraume de Belgique.
[i) Voir le Chronieon Sturinic. p.ir Bernard Hedezicus
col. 1667 et I68Î, et le» BuHetinsde la Commission royale
d'histoire [de la Belgique) , t" série, t. IV, p. Mi.j
208
MORÏARO — MOUTBIEPt
JUccardo Amadino, 1600, 10-4". Cet ouvrage
est dédié à Constant Antegnali, célèbre orga-
niste de Breseia. Diruta ( voy. ce nom ) a extrait
de ce premier livre le canzone intituhï Wilber-
gona, qu'il a inséré dans son Transilvano ,
en partition des quatre parties, et en tablature
pour être exécutée sur l'orgue et sur le clavecin,
avec les diminutions ( variations ) qu'y a laites
le même Diruta. Cette pièce a pour titre, dans
le Transilvano : Canzone d'Antonio Mortaro
detta VAlbergona , partita et intavolata.
— G" Psaînd ad vesperas triaque cantica
Beatic Virginis octo vocibus Antonii Mortari
Brixiensis in ecclesia divi Francisa Medio-
lani orgonislx; ibid., 1599, in-4''.
MORTELLARI (Michel), compositeur
dramatique, né à l'alcrmc en 1750, entra dans
son enfance comme élève au Conservatoire de'
Figliuoli dispersi de Muratori , puis fut envoyi;
à Naples, où il reçut des leçons de Piccinni.ll
n'était âgé que de vingt ans lorsqu'il écrivit à
Rome son premier opéra, intitulé Troja dis-
trutta. Cet ouvrage fui suivi de Didone abban-
donata; Naples, 1771. 11 lit ensuite représenter :
Le Asiuzie amorosc, Venise, 1775; Don
Gitalterio in civetta, 1776; Ezïo , à Milan,
\lll;Aïmida, 17~S; Troja dislrutta, avec
une musique nouvelle, à Milan, 1778; Alessan-
dro neW Indie, 1779; // Jiarone di Lago
Nero, à Florence, 1780; Antigone , à Rome,
1782; La Fala benefica,h Varèse, 1784; .Se-
mirarnide, à Milan, 1783 ; L'Infanta siipposta,
à Modène, 1785. Vers la fin de celte année,
Mortellari se rendit à Londres. Il y fit re(iré-
senlcr en 1786 son Armide, oii la cantatrice
Mara chanta le premier rôle. Il paraît qu'il se
lixa dans cette ville, car on ne le retrouve
plus en Italie après cette époque , et il eut un
lils qui était professeur de musique à Londres
en 1809. On a gravé dans le journal de musique
italienne à grand orchestre commencé par
Bailleux, treize airs extraits des opéras de Mor-
tellari, avec les parties séparées. On connaît
aussi sous son nom : 1" 6 canzonets uith an ac-
companiment for ihe piano forte or harp.
— T XVI II Italian catches and glees for
3 voices. — 3" y III canzonets with an accom-
paniment for ihe piano forte or harp. Tous
ces ouvrages ont paru à Londres vers 1799. —
4" Six sextuors pour 2 violons , hautbois, flûte,
alto et violoncelle; Paris, JNaderman.
MORTIMER (Pierre), littérateur musi-
cien , de la secte des frères moraves , naquit le
5 décembre 1750, à Putenham, dans le comté
de Surrey ( Angleterre), et fit ses études au col-
lège théologique de Niesky, village de la Silésie
dont la population est de la communion moravc,
puis à lîarby, petite ville de la Saxe qui est de
la même religion, et où se trouvait alors une
institution scientifique fondée par la Société.
Nommé professeur à l'école d'Ebersdorf, en
1774, il n'y resta qu'une année, ayant été ap-
pelé au pxdugogium de Niesky en 1775. Deux
ans après , il fut envoyé à Ncuwied ( Uas-Rliin ),
où il prit part à la rédaction du Journal publié
par les frères de la communauté, jusqu'à ce
que les infirmités de l'âge l'eussent obligé à
cesser tout travail : alors il se retira à Ilerrn-
hutt, ville de Saxe ( aux frontières de la Silésie ),
dont tous les habitants appartiennent à celte
secte. 11 passa ses dernières années dans le repos,
soit à Flerrnhutt, soit à Dresde. Une allaque
d'apoplexie le frappa le 6 janvier 18:?8, et il
mourut le 8 (1). Doué d'un esprit supérieur,
Mortimer était un savant, dans toute racce[ition
du mot : il excellait particulièrement dans les
mathématiques, la musique et la poésie latine.
Il s'est fait connaître comme écrivain par une
Histoire de la Société des missions en Angleterre,
et [)ar la traduction de l'Histoire des Églises, de
Millner. On a de lui un livre excellent sur la
tonalité du chant choral de l'Église réformée,
où il examine les avantages des anciens modes
grecs sur la tonalité moderne , et essaye de dé-
montrer que les mélodies du chant choral ap-
partiennent toutes à trois de ces modes , savoii :
l'bypoionien, l'hypodorien et l'Iiypomixolydien.
Quoique celle dernière partie de son système ne
soit pas clairement prouvée, il n'est pas moins
vrai que le travail de Mortimer est digne du plus
vif intérêt, et qu'il renferme des vues aussi nou-
velles que lumineuses. Il ne faut pas chercher dans
ce livre les bases de la tonalité dans les espèces
de quartes et de quintes qui constituent les tons
du plain-chant ; le but de l'auteur est l'harmonie
que doit faire l'organiste dans l'accompagnement
des psaumes et cantiques , en raison du rapport
de la mélodie avec le caractère hypoionien, liypo-
dorien , ou hypomixolydien des modes grecs de
l'antiquité. Ce qu'il cherciie, c'est l'unité, par
des règles fixes, de l'harmonie chorale, pour
l'usage de la secle religieuse dans laquelle il est
né. Tous ses exemples de chant des psaumes et
des cantiques sont pris dans Je plus ancien livre
choral des frères moraves , descendants des hus-
sites, lequel a été imprimé en 1566, sans nom
de lieu , avec le portrait de Jean Huss , sous ce
(1) Ces renseignements sont tirés d'une notice Inst-ne
dans le IN'ouvcau Magasin de la Lusacc [Neuai Lniisir-
iisc/ien Magazin ) , laquefie à lité publiée par M. I.éo-
pold Ilaupr, piéilicatenr à Gœrliu , secrétaire de la So-
ciélc des sciences de la Lusace supérieure
MORTIMER
209
titre : Kirchengpseiig darinii'^n die Hevbtar-
ticket des chrisflichen glaubens kurtz rjefasset
und ausgeleget sind. 1 vol. in 4" de 291 pages.
Le livre de Mortinier a pour titre : Der Cho-
ral-Gesang zur Zeit der Reformation, oder
Versuch die Frage zu beanticorien : woker
konnnt es, dass in den Ckoral-Melodien der
Allen éliras, was zu Tage nicht mchr erreicht
MCird? (Le Cliant clioral au temps de la Réfor-
nialion, etc. ); Berlin, Georges Reimer, 1821,
in-4° de 153 pages, avec 112 pages d'exemples.
Mortimer avait annoncé la publicâtiori prochaine
de son livre par une lettre au rédacteur de la
Gazette générale de musique de Leipsick , qui fut
insérée dans les numéros 17 et 18 de l'année 1819.
11 y donne un aperçu de la doctrine exposée
dans l'ouvrage. Une autre lettre, qui fait suite
à la première , a été publiée dans le même
journal, nos 3, 4 et 5 de l'année 1821. L'auteur
de ce livre intéressant a vécu dans une si grande
obscurité , qu'en Allemagne', et à Dresde même ,
il était à peu près inconnu. On ne saurait rien
sur sa personne si Zelter, dans sa correspon-
dance avec Goethe , ne nous avait fourni sur
lui quelques renseignements dans une lettre
datée de Dresde, le 29 mai 1822. Je crois de-
voir rapporter ce qu'il dit :
« Un littérateur de Herrnhutt, nommé
« Pierre Morlimer, vieillard de soixante-douze
« ans , envoya à Berlin , il y a cinq ou six ans ,
« par l'intermédiaire du vieux Kœrner, un rra-
« nuscrit dans lequel il établit sur des bases
« soliiles la tonalité des modes du cliant d'égi'irç,
« considérés comme étant aussi les modes de la
« musique des Grecs. Depuis longtemps ce sujet
« m'intéressait , et j'avais cherché à faire revivre
« ces modes , comme tu auras pu le remarquer
« dans quelques-unes de mes mélodies, entre
« autres Mahadoh, le roi de Thulé, et d'au-
« très. Avec le secours de notre ministre, je
« suis parvenu à livrer à l'impression ce manu-
« scrit. Voulant me mettre en correspondance
« avec l'auteur, je lui envoyai de nouveaux es-
« sais comme des réalisations de sa théorie
1 fofldamentale ; mais il ne me répondit pas,
« et me fit seulement dire un jour que ce que
« j'avais fait était bon , ce qui me fâcha beau-
« coup contre lui.
« Cependant j'étais décidé à connaître cet
« homme. Notre ministre m'avait autorisé à
« voir Pierre Mortimer dans son herrnhulloise
« demeure. Le5 renseignements pris sur lui près
« des frères moraves résidant à Berlin et ailleurs
« ne s'accordaient pas. Les uns disaient qu'il
« ne fallait pas y regarder de trop près avec
» lui , parce que c'était un vieillard rempli de
BIOCK. tMV. DES MUSiaENS. — T. ^ I,
bizarreries; d'autres assuraient qu'il ne pou-
vait écrire parce qu'il était perclus par la
gout'.e ; enfin j'appris qu'il demeurait à
Dresde, et lui seul fut l'objet de mon voyage
en cette ville. Je le trouvai fort bon homme,
plein de savoir; beau vieillard dont les yeux
brillent comme la santé même , quoiqu'il ait
le corps courbé et qu'il marche pénible-
ment.
« Il a passé sa vie à faire des vers latins pour
des circonstances relatives à la ccmmunaalé
des frères moraves (on dit que ces vers sont
fort beaux ) , à traduire de différentes langues
des écrits de mission, et enfin à composer
pour lui l'ouvrage précité sur le chant évan-
gélique , avec le secours de quelques vieux li-
vres de chant du seizième siècle,
n Mortimer est fort pauvre. Sa bonne femme
m'apprit cela en me disant qu'elle regrettait
de ne pouvoir m'offrir à dîner, parce qu'ils
prenaient ce qu'ils mangeaient dans la maison
« des Frères. Or, il faut savoir qu'on fait dans
R cette maison la cuisine pour tous ceux qui
« doivent vivre avec économie, à raison de 6,
« 8 ou 10 gros (75 centimes, un franc et un
« franc vingt-cinq centimes ) , non par jour, mais
« par semaine. Tu comprends facilement qu'on
« ne peut pas avoir des poulets rôtis pour ce
« prix. C'est cette pauvreté de Mortimer qui
« fut cause qu'il ne me répondit pas; il n'osait
« prier personne de payer l'affranchissement de
'■- sa lettre, et lui-même ne possédait pas de
« quoi remplir cette f-jrmalité (1).
« Le premier jour de fête , je me suis rendu
« avec lui à la prière du matin. C'était à Imit
« heures; à dix, le sermon était fini. Je l'enga-
« geai alors à venir dans ma chambre , pour y
« causer de ce qui nous intéressait. Le vin
« ( que je lui servis) lui plut, et le rendit moins
« réservé. Je reconnus en lui un homme hon-
« nête et bon. ïl est si timide qu'il n'ose pas
« même s'ouvrir à sa femme ou à sa fille; il ne
« jouit point de considération dans la ville, et
« son mérite y est inconnu : on m'écoufait avec
« étonnemeut quand je disais qu'on pourrait
« faire quarante milles d'Allemagne ( environ
« quatre-vingts lieues) pour voir un tel homme.
« Personne ici ne connaît son ouvrage sur le
« chant choral, dont il n'a lui-même qu'un
« exemplaire, seul salaire que le libraire lui
« ait donné pour son manuscrit. Il écrit bien
a en allemand ; son style est clair et facile. J'ai
il) Le changement fréquent des administrations de
postes en .\IIemagae est cause que toute lettre doit être
aftranchie. Sans cette précaution elle ne parviendrait
pas i sa destinadun.
14
2!0
MOPiTIMER — MOSCA
« obtenu de lui la promesse qu'il répondra à
« mes lettres. »
On se sent serrer le cœur lorsqu'on songe
que cet homme si peu connu, si misérable, est
l'auteur du meilleur livre qu'on ait écrit sur une
matière obscure et difficile , et que cet écrit
renferme des rechercbes historiques qui indi-
quent un savoir d'une rare étendue. Lorsque
Mortimer est mort , pas un journal n'a dit un
mot de lui, et l'indilîérence des hommes l'a pour-
suivi jusqu'au delà du tombeau. Ce n'est que
douze ans après son décès que M. Léopold
Haupt a rendu à sa mémoire l'hommage dont
son savoir et sa vertueuse existence le ren-
daient si digne, par une bonne notice biogra-
phique.
MORTIMER ( Joseph ) ne paraît pas avoir
été parent du précédent, quoiqu'il appartînt
aussi a la communion des frères moravcs. Il
naquit le 21 octobre 1764, à Mourna, dans le
nord de l'Irlande , et fut élevé dans l'Institution
des Frères à Fulneck ( Moravie), puis à ?iiesky
et à Barby. 11 fut cantor et prédicateur à Neu-
wied, Fulneck et Sarepta ( Russie ). Ayant du
savoir comme organiste, il en remplit souvent
les fonctions, et se livra à l'enseignement du
piano et du chant. H mourut à Neuwied le
29 décembre 1837. Par une inadvertance bien
singulière, l'ouvrage de Pierre Mortimer est at-
tribué à Joseph, dans le supplément du grand
Lexique de musique de SchilUng; Gassner n'a
pas manqué de copier dans son Universal-
Lexikon der Tonkunst, cette faute que
M. Bernsdorf a évitée dans le sien , en ne par-
lant ni de l'un ni de l'autre.
MORTOIX, ou MOURTON, ou MOR-
TlIOiX ( Messire Robekt ) , clerc de chapelle de
Philippe le Bon, duc de Bourgogne, suivant un
état de cette chapelle dressé en 1464 (1), se
trouvait encore au tableau de cette chapelle
en 1478, suivant l'état qui en fut fait dans cette
même année, après la mort de Charles le Té-
méraire. Il paraît que Morton fut attaché parti-
culièrement au service de ce dernier prince pen-
dant la vie de Philippe le Bon , car on lit à côté
du nom de ce musicien, dans l'état de 1464,
l'observation suivante : Robert Morton, qui du
bon plaisir de Monseigneur a été devers et
au service de Monseigneur le comte de Cha-
rollai pour les mois de juin , juillet , aousl,
septembre, octobre et novembre MIIIT
LXIJII (2). J'ai dit, dans la notice de Charles le
(1) Registre l»2S, f°LVii recto, aux Arcliives du royaume
de Belgique.
(2) Rcaistre 1922, f" cxs.x recto, aux .Vrcliives de Bel-
gique.
Téméraire (voy. ce nom ), qu'il avait demand •
Morton au duc de Bourgogne, pour apprendre
de lui à noter les chansons qu'il compo.-ait ;
d'où l'on doit conclur»! que ce musicien était
considéré comme un des plus Habiles dans cet
art. jNéanmoins, Morton n'eut que le titre de
clerc dans la chapelle de ce^ princes, parce qu'il
n'était pas ecclésiastique. Il paraît y avoir quelque
contradiction, en ce qui le concerne, dans les
états de la chapelle; car sou nom figure dans
les états de payement des officiers et gens de
l'hôtel des ducs de Bourgogne à a fin du mois
d'aoïit 1474, mais il n'y est plus à la date du
9 avril 1475. Cependant on le retrouve dans le
tableau de la chapelle en 1473. M. l'abbé Morelot,
dans -sa Notice sur un manuscrit de la Bi-
bliothèque de Dijon (p. 16), a rapporté les
paroles d'une chanson qui s'y trouve et qui
commence ainsi :
La plus grant cliièrc de jamais
Ont fait à Cambray la cité ,
Morton et llayne. En vérité.
On ne le pourroit dire huy mais.
Cette chanson se rai)porte au séjour fait à
Cambrai par les deux chantres de la chapelle
des ducs de Bourgogne, Hayne {voy. Gni-
seghem) et Morton, dans un voyage fait pour
le compte de la cour, et dont on trouve des
traces dans les registres de la Chambre des
comptes qui sont aux. Archives du royaume de
Belgique. 11 n'a pas été retrouvé jusqu'à ce jour
de composition de Morton , mais il n'est pa.s
douteux qu'il en existe dans quelque manuscrit
encore inconnu.
! MOSCA ( JosF.i>u ) , né à Naples eu 1772,
! étudia le contrepoint et l'accompagnement sous la
! direction de Fenaroli, au Conservatoire de Loreto.
1 A l'âge de dix-neuf ans, il écrivit son premier
opéra, Silvia e Nardone , pour le théâtre Tor-
dinone, à Rome, puis il donna Chi si contenta
gode, à Naples; La Vedova scaltra, à Rome;
Il Tolletto, à Naples; / Matrimoni, à Milan,
! en 1798; Ifigenia in Aulide ( pour M"'e Cata-
lani); L'Ajjpfirenza inganna , à Venise; Ar-
I mida, à Florence ; Le Gare fra Limella e ve la
jicco, farce en patois vénitien ; La Gasla'da, farce
! dans le même patois, à Venise ; // sedicente Filo-
I sofo, à Milan, en 1801; £a Ginevradi Scozzia;
I I Ciarlatani, Tomiri regina d'Egillo (ballet),
à Turin; La forlunuta Combinazione, à Milan,.
en 1802; Chi vuol iroppo veder, dirent a
I cieco, ibid., 1803. En 1803, il arriva à Paris
I en qualité «l'accompagnateur au clavecin du
I Théâtre-Italien. Je l'ai connu alors ; c'était un
' musicien sans génie , mais doué d'une prodi-
MOSCA — MOSCIÎELES
211
gieuse facilité. Il «'cnvit à cette époque beau-
coup de morceaux qui furent intercalés dans les
opéras qu'on représentait au Théâtre- Italien. Il
composa aussi pour ce llicàlre II liiforno inas-
pettuto, et L'impostura; mais ces ouvrages
ne réussirent pas. Lorsque Spontini prit la direc-
tion du Tliéùtre Italien, en 1809, Mosca retourna
en Italie, et écrivit à Milan C'en amore non
sischerza, en 1811 ; I Pretendenti delusi, ibid.,
1811; Romilda, à Parme; 1 tre Mariti, à
Rome ; Il finto Stanislao, à Venise ; Amore
ed a)ini, à Kaples; Le Bestie in uomini, à
Milan, 1812; La Diligeiiza, à Naples; La Ga-
zetta , Carlotta cd Enrico; Don Gregorio in
imbarazsM; Avviso al publico , k Milan, 1814.
En 1817 Mosca fut nommé directeur de musique
au théâtre de Paierme. 11 écrivit pour ce théâtre
Il Federico secondo : La Gioventù d'En-
rico V ; Attila in Aquilea ; Il Marcotondo ossia
l'impostore; L' Amore e rArmi,k Florence,
en 1819 ; // Filosofo, à Yicence, dans la même
année. Les troubles qui éclatèrent en Sicile le
ramenèrent à Milan en 1S21; il y écrivit de
nouveaux ouvrages , entres autres La Sciocca
per astuzzia et Emiro. A Turin , il donna
en 1823 La Voce misteriosa ; à Kaples, en 1823,
La Principessa errante ,e\.ea 1826, L'Abbate
deW Epée. Rappelé en Sicile dans l'année 1823,
il fut nommé directeur de musique du théâtre
de Messine. Il mourut dans cette ville le 14 sep-
tembre 1839, à l'âge de soixante-sept ans. Mosca
employale premier dans ses ouvrages le crescendo,
dont Rossini a fait ensuite tant d'usage dans quel-
ques-uns de ses opéras. Le grand effet qu'obtint
cet effet de rhylhine et de sonorité le lit crier
au plagiat : il lit imprimer et répandre partout
une valse de son opéra / Pretendenti delusi,
joué à Milan en 1811, où se trouve cet effet, et
qui contient des phrases employées par l'auteur
du Barbiere di Siviglia; mais Rossini ne lit
que rire de tout ce bruit.
MOSCA ( Louis ) , frère du précédent , né à
Naples en 1775, a reçu aussi des leçons de Fe-
naroii. Pendant plusieurs années il fut attaché
an théâtre Saint-Charles, de Naples, comme ac-
compagnateur. 11 se rendit à Paierme eu igpffet
y écrivit une messe solennelle pour la profession
d'uue fille du duc de Lucchesi Palli. Il y com-
posa aussi l'oratorio de Gioas, qui fut exécuté
au théâtre de Sainte-Cécile, et qui eut quelque
succès. De retour à Naples , Mosca fut nommé
professeur de chant au collège toyal de mu-
sique de Saint-Sébastien , et second maître de
la chapelle du roi, Il est mort à Naples dans l'été
de 1824. Parmi les opéras de ce musicien, on
cite : r La Vendetta /emminina, à Naples,
en 1805. 2° Vltaliana in Algeri , à Milan,
en 1808. — 3" L'amoroso Inganno. — 4° VAu-
dacia delusa. — h" I finti Viaggiatori. —
0° L'Imprésario burlaio. — T Gli Sposi in
cimento. — 8" Le SIravaganze d'amure. —
9° // Sialto di Leucade. Ces sept derniers ou-
vrages ont été représenté; à Naples. On connaît
en Italie des messes et quelques autres composi-
tions religieuses de Louis Mosca.
MOSCHK (Charles), professeur de mu-
sique au gymnase de Lubeck, né dans cette
ville en 1809, s'est fait connaître comme com-
positeur par les ouvrages suivants : 1" Le 130*-
psaume pour soprano , alto, ténor et bas.se ,
avec accompagnement de piano, op. 1, Leipsick ;
Friese, 1834. — 2" Dem Erloser ( Au Sauveur ),
motet pour les mêmes voix, avec piano, ou or-
gue ad libitum, op. 2; Leipsick, Schuberth. —
3" Six chansons allemandes avec ace. de piano,
op. 3. — i'" Si.v idem, op. 4; Lubeck, Hoffmann
et Knibel. On a inséré, sous le nom de cet ar-
tiste, dans le quinzième volume du recueil inti-
tulé Cxcilia ( pag. 149-176), un article concer-
nant les principes de Logier sur la classification
des accords. Cet article renferme une critique
raisonnée du système.
MOSCHELES (l) (Ignace) , virtuose sur
le piano et comiiositeur célèbre, doit être consi-
déré comme un des principaux fondateurs de
l'école moderne du piano. Fils d'un négociant
Israélite, il naquit à Prague le 30 mai 1794. Ses
premiers maîtres furent des musiciens obscurs ,
nommés Zahradka et Zozalsky ; mais en 1804 ii
reçut une éducation plus digne de ses heureuses
dispositions chez Denis Weber, directeur du
Conservatoire de Prague. Ce maitre distingué
occupa les premiers temps de l'instruction de
son élève en lui faisant exécuter les œuvres de
Mozart, qui furent suivies de celles de Hœadel et
de Jean-Sébastien Bach. La prodigieuse facilité
et le travail assidu de Moscbeles eurent bientôt
triomphe des difficultés de ces compositions , et
la tête du jeune artiste s'accoutuma de bonne
heure aux combinaisons de leur vigoureuse har-
monie. C'est à cette éducation sérieuse qu'il faut
attribuer le style élevé qu'il prit lui-même plus
tard dans ses propres ouvrages. Les sonates de
démenti devinrent aussi pour Moscbeles l'objet
d'une étude constante, et contribuèrent à lai
donner le brillant et l'élégance qu'il fit admi-
rer dans son exécution. A peine parvenu à l'âge
de douze ans, ii parut en 1806 dans les con-
certs publics de Prague, et y obtint des succès
qu'aurait enviés un artiste consommé. On re-
(1) On proBooce Motchelés.
14.
212
WOSCHELES
connut alors la nécessité de l'envoyer à Vienne,
où les moyens d'instruction et les beaux mo-
dèles se trouvent réunis Déjà il avait fait quel-
ques essais de composition sans autre guide que
son instinct; arrivé dans la capitale de l'Autriclie,
il y prit des leçons d'harmonie et de contrepoint
chez Albrechtsberger, et fut dirigé dans la partie
esthétique de l'art par les conseils de Salieri ,
qui l'avait pris en affection. A peine ûgé de
seize ans, il commença à fixer sur lui l'attention
des artistes à Vienne 1 1 à briller dans les con-
certs. Meyerbeer était alors dans celte ville et
se faisait remarquer comme pianiste. La rivalité
qui s'établit à cette époque (1812) entre ces
jeunes artistes n'altéra jamais les sentiments
d'amitié qu'ils s'étaient voués réciproquement,
mais aiguillonna le zèle de tous deux et liàta
teurs progrès. Infatigable dans l'étude , Mosche-
les, qui se proposait de modifier l'art de jouer
du piano, et d'y introduire des hardiesses in-
connues à ses devanciers , s'altacliait de préfé-
rence à des recherches sur les moyens de varier
les accents et les qualités du son par le tact. Il
y trouva beaucoup d'eflets nouveaux qui étonnè-
rent le monde musical lorsqu'il sortit de Vienne
pour parcourir rAllcmagne et les pays étrangers.
V.n 18lf), il entreprit son premier voyage, et se fit
entendre à Munich, Dresde, Leipsick, et dans
quelques autres grandes villes. Partout les applau-
dissements les plus vifs l'accueillirent. De re-
tour à Vienne, il y reprit ses travaux, et perfec-
tionna, par un travail constant, les qualités spé-
ciales qui venaient de le signaler comme le
créateur d'une école nouvelle. Après avoir par-
couru, en 1820, l'Allemagne du Rhin, la Hol-
lande et les Pays-Bas, il arriva à Paris, où la
nouveauté de son jeu produisit une vive sensa-
tion , et fut le signal d'une transformation dans
l'art de jouer du piano. Plusieurs concerts donnés
â l'Opéra par IMoschelcs attirèrent une afiluence
extraordinaire d'amateurs ; les applaudissements
furent prodigués à l'artiste, et les jeunes pia-
nistes s'empressèrent d'imiter les qualités les
plus remarquables de son talent. Ce n'était pas
seulement par sa brillante exécution que Mos-
chetes prenait dès lors une position élevée; son
mérite comme compositeur le classait aussi
parmi les maîtres les plus distingués qui ont
écrit pour le piano. Si sa musique , trop sérieuse
pour les amateurs de cette époque, n"a point ob-
tenu de succès populaire, elle est considérée par
les connaisseius comme des productions où l'ex-
cellence de la faclure égale l'élégance et !a nou-
veauté des idées. Bien des œuvres qui jouissent
maintenant de la vogue seront depuis lonj^temps
oubliées, quand plusieurs concertos, trios, et
études de Moscheles vivront encore avec hon-
neur dans l'estime des artistes.
Après un long séjour à Paris, Moscheles se
rendit à Londres, où ses succès n'eurent pas
moins d'éclat : il y devint un des maîtres fa-
voris de la haute société , et depuis ce temps
(1821), il s'y fixa, jouissant de l'estime pu-
blique, autant par ses qualités personnelles que
par ses talents. En 1823, il voulut revoir sa fa-
mille, et traversa l'Allemagne, se faisant entendre
à Munich, Vienne, Dresde, Leipsick, Berlin et
Hambourg. Partout il fut accueilli par de vifs
applaudissements. Déjà une tendance nouvelle se
faisait apercevoir dans son jeu ; son style deve-
nait plus grand , plus mâle, et le genre de ses
nouveaux ouvrages participait de cette trans-
formation, qui s'est complétée depuis lors, et
qui a fait de Mor.cheles le compositeur alle-
mand, pour le piano, le plus classique de son
époque. Les voyages qu'il a faits en Angle-
terre, en Ecosse, en Irlande, en Allemagne,
dans les Pays-Bas et à Paris, ont toujours
été pour lui des occasions de brillants succès.
Il s'est distingué d'ailleurs de beaucoup de vir-
tuoses de notre temps i)ar des connaissances
étendues dans son art : il est du petit nombre
de pianistes qu'on peut appeler grands musi-
ciens, et sa mémoire est meublée des œuvres
des maîtres les plus célèbres des époques anté-
rieines. Personne n'a connu mieux que lui
le style d'exécution qui convient à la musique
de cl^cun de ces maîtres, même des plus anciens,
et n'a su aussi bien varier sa manière à propos.
Il a fourni une preuve éclatante de cette apti-
tude dans d'intéressantes séances données à
Londres. Tour à tour il y a fait entendre des
pièces de Bach, de Scarlalti, de Haendel, de
Haydn, de Mozart, de démenti , de Woeill, de
Beethoven , enfin des hommes les plus illustres
de tous les temps et de toutes les écoles, sans
oublier les jeunes et hardis novateurs de nos
jours; et dans chaque chose il n'a pas excité
moins d'étonnement par son habileté à trans-
former son style, que par le goût et l'expérience
qui lui en faisaient saisir la propriété spéciale.
L'art d'improviser a été dans le talent de
Moscheles une rare faculté développée par le
travail et par la méditation : la richesse d'idées
qu'il y faisait paraître, les ressources qu'il y dé-
ployait étaient même si prodigieuses, que de.s
doutes ont quelquefois été manifestés sur la
spontanéité de ses inspirations; quelques per-
sonnes ont cru que le cadre au moins des fan-
taisies qu'il improvisait était tracé d'avance; mais
il sullit d'avoir entendu l'artiste répéter plusieurs
fois ces opérations singulières de l'esprit, et de
MOSCHELES
213
lui voir y jeter nne remarquable variëlé, pour
acquérir la preuve du travail instantané de son
imagination. L'ordre qu'il mettait dans «es idées
pendant l'improvisation était sans doute le fruit
de l'étude et de l'expérience : on peut le comparer
à celui qu'un orateur de talent établit dans ses dis-
cours. Le sujet de l'improvisation étant donné,
l'artistedouéde ce talent en saisit à l'instant les res-
sources, et y établit une gradation d'intérêt qui
se soutient jusqu'au bout : que du sein de cet
ordre parfait jaillissent à cliaque instant des éclairs
inattendus, c'est ce qui dislingue la-musique im-
provisée de la musique écrite. Peu d'artistes pos-
sèdent un talent si précieux : aucun ne la porté
plus loin que Moscbeles. Je l'ai vu, à Bruxelles,
vers la fin de 1835, recevoir à ia fois, dans un
concert, trois thèmes parmi lesquels il devait
choisir celui de son improvisation : mais il les
traita successivement tous les trois, puis les réu-
nit dans un travail exquis, les taisant pa.sser al-
ternativement d'une main à l'autre , et se servir
motiieltemenl d'accompagnement, sans qu'il y
eût \m seul instant d'hésitation, et sans que la
progression d'intérêt s'arrêtât. Ce triomphe du
talent fut accueilli par des applaudis.sements fré-
nétiques. Pouf moi, j'avoue que je croyais à peine
a ce que je venais d'entendre. Pendant son long
séjour à Londres, Moscbeles avait rempli les
fonctions de professeur de piano à l'Académie
royale de musique, et avait été un des membres
liirecteurs des concerts de la Société philharmo-
nique. En I84G, cédant aux instances de Men-
ilelssobn , il accepta ta position de professeur de
piano au Conservatoire de Leipsick , et depuis
lors il s'est fixé dans cette ville avec sa famille. An
nombre des bons élèves qu'il y a formés on re-
marque M. Brassin.
Parmi les plus belles compositions de Mos-
ciieles, il faut placer en première ligne les con-
certos en sol mineur ( n" 3 ) , eu mi ( n" 4 ) , en
ut (a" b),\e concerto fantastique et le concerto
pathétique; le grand sextuor pour piano , violon,
llùle, 2 cors et violoncelle (op. 35), le grand
trio pour piano, violon et violoncelle , l'excellent
duo pour deux pianos, ia sonate caractéris-
tique (op. 27 ), la Sonate mélancolique
(op. 49), les allégros de bravoure (dédiés à
Crauier ), les deux suites à'Ètudes, les études de
concert, op. 1 1 1 , ses sonates pour piano et
violon, et, dans un autre genre, ia fantaisie
des Souvenirs d'Irlande, morceau aussi remar-
quable par la fraîcheur et l'élégance que par le
mérite de la facture. Lorsipie .Moscbeles réunit
l'orchestre au piano, il sait lui donner un intérêt
soutenu, sans rien diminuer de l'imiwrtance et
du brillant de la partie principale : ce mérite
est fort rare, et les plus célèbres r.rtistes ont
souvent échoué devant les diflicultés du pro-
blème : car ou l'instrument concertant résume
tout en lui , et laisse à Paccompagnement une
harmonie sans valeur, ou rin.«.trumentation de-
vient une symphonie dans laquelle le piano
n'exécute que sa partie, comme le violon ou le
hautbois. Schlesinger a publié à Paris les œuvres
complètes de Moscbeles pour le piano : celte
collection, souvent réimprimée dans les princi-
pales villes de l'Euroiie, renferme les ouvrages
suivants. Piano et orchestre : 1° Concerto de
société avec quatuor ou petit orchestre, op. 45.
- 2'^ Deuxième concerto (en mi bémol),
op. 56. — 3' Troisième idem ( en sol mineur ) ,
op. 58. — 4" Quatrième idem ( en mi ) , op. fi4.
— 5° Cinquième idem (en ut), op. 87. —
6" Concerto fantastique, n° 6 ( en si bémol,
op. 90. — 7^ Concerto pathétique , n" 7 ( en zit
mineur ) , op. 93. — 7" ( bis ) Concerto pastoral.
— 8* Marche d'Alexandre variée, op. 32. —
9" Rondo français concertant, pour piano et
violon, avec orchestre, op. 48. — 10" Fantaisie
et variations sur Yak : Au clair de la lune,
op. 50. — 11° Souvenirs d'Irlande, fantaisie,
op. 69. — 12" Fantaisie sur des airs de bardes
écossais, op. 80. — 13" Souvenirs de Dane-
mark, fantaisie sur des airs nationaux danois,
op. 83. — Piano avec divers instruments :
14° Sestetto pour piano, violon, llùte, 2 cors et
violoncelle, op. 35. — 15" Grandes variations
sur une mélodie autrichienne, avec 2 violons,
alto, violoncelle et contrebasse, op. 42. —
16° Grand rondo, brillant, idem, op. 43. — 17*
Grand septuor pour piano, violon, alto, clari-
nette, cor, violoncelle et contrebasse, op. 88. —
; 18° Fantaisie .«ur un air bohémien, pour piano,
: violon , clarinette et violoncelle , op. 46. —
1 19° Introduction et variations concertantes pour
; piano, violon et violoncelle, op. 17. — 2° Grand
i trio pour piano, violon et violoncelle, op. Si.
■ — 21° Duos pour piano et divers instruments,
op. 34, 37, 44, 63, 78, 79, 82. — Piano sell :
î 22° Pièces à 4 mains, op. 30, 31, 32, 33, 47.
i — 23° Sonates pour piano seul , op. 4, 6, 22,
; 27, 41 et 49. — 24° Rondeaux, op. 11, 14, 18,
i 24, 51, 52, 54, 61, 66, 67, 68, 74, 85. —
j 25° Fantaisies, op. 13, 3S, 57, 68, 72, 75, 87,
I 94, 114. — 26° Polonaises, op. 3, 19, 53, 108.
I — 27° Divertissements , caprices et pièces <li-
; verses, op. 9, 25, 26, 28, 55, 53, 62, 05, 89.
; — 28° Éludes, op. 70, liv. et 2, op, 95. 111, ou-
' vragps remarquables en leur genre. — 29° 50 pré-
I ludes, dans tons les tons majeurs et mineurs,
I op. 73. Moscbeles a écrit des sympiionies pour
l'orchestre, qui ont été exécutées à Londres,
214
MOSCHELES — MOSEL
mais qui , je crois . n'ont pas été publiées. Il a
traduit de l'allemand en anglais le livre de Schind-
1er sur Beethoven, auquel il a ajouté une pré-
face, des lettres de l'illustre compositeur et de
ses amis, tirées de l'écrit de Ries et Wegelcr,
ou de sources originales , de détails sur les der-
niers moments de Beethoven, sur ses funérailles,
et de notes. L'ouvrage a pour titre : The Life
of Beethoven including his correspondence
with hisfriends, numerous caracteristic traits ,
and remarks on his musical uorks; Londres,
Henri, Coihurn, t84l, 2 vol, in-S", avecle por-
trait de Beethoven lithographie, un fac-similé
de sa notation et lie son écriture.
MOSCHKÏTI (Chaules), sopraniste, né
à Brescia, dans la première moitié du dix-sep-
tième siècle, étudia la musique et le chant sous
la direction de l'ellegrini, maître de chapelle de
l'église cathédrale de cette ville, et acquit une
rare hahileté dans l'exécution des traits les ()lus
difficiles. Il brilla sur plusieurs théâtres d'I-
talie et fut attaché comme chanteur, vers 1670,
à l'église des jésuites de Brescia.
MOSEL (Jean-Félix), né à Florence en 1754,
a brillé en Italie comme violoniste, dans la se-
conde moitié du dlx-liuilième siècle. Élève de son
père, qui l'était lui-même de Tartini, il fit de ra-
pides progrès, et joua avec succès dans plusieurs
concerts ayant l'âge de quinze ans. Plus tard, il
reçut des leçons de Nardini. Il était fort jeune
encore quand le grand-duc Léopold l'admit dans
sa musique. En 1793, il succéda à son maître
dans la place de chef d'orchestre de la chapelle
du prince; en 1812, il était (iremier violon du
théâtre de la Pergola. Après ces renseignements
fournis par Gervasoni (1), on ne trouve plus
rien sur cet arlisle. On connaît de sa compo-
sition-. 1^ Six duos pour deux violons ; Florence,
1783; Paris, l^lejel. — 2" Six quatuors pour
deux violons, alto et basse; ibid., 1785. — 3" Six
duos pour 2 violons, op. 3; Venise, 1791. —
4" Sérénade pour llùte, 2 violes et violoncelle;
ibid. ÎNIosel a laissé en manuscrit des sonates
pour violon seul avec accompagnement de basse,
des trios pour deux violons et violoncelle, et des
symphonies. J'ignore si M. Eg. Mosel , auteur
d'une symphonie dramati(iue intitulée WUima
Battaglia, exécutée à Florence en 1841, est
lils de Jfoin-Félix.
MOSEL (Ignace-François DE), connu
sous le nom de Eoler ( Noble ) de Mosel, con-
seiller en Service ordinaire de la cour impériale,
et premier conservateur de la bibliothèque de
l'empereur, est né à Vienne le 2 avril 1772. A
(1) Nuova Tcoria di Mnsica, p. 193.
l'âge de sept ans, il commença l'étude du violon
sous la direction d'un bon maître, nommé Jo-
se\)\\ Fischer, et quelques années de travail le
rendirent assez habile pour qu'il pi'it exécuter
des concertos de Viotli. Lorsqu'il eut atteint sa
douzième année, les travaux du collège et l'é-
tude des langues vivantes interrompirent celle
de la musique; plus tard , la théorie et l'esthé-
tique de l'art détournèrent M. de Mosel de la
pratique. En 1788 il enlra dans les emplois ci-
vils, quoiqu'il ne fût âgé que de seize ans, et
depuis lors il n'a cessé de remplir ses fonctions
au service de la cour impériale. En 1811, il fit
son premier essai de musique dramatique dans
le petit opéra intitulé : Die Feuer Probe ( l'É-
preuve par le feu), qui fut représenté avec
succès sur le théâtre de la cour. Cet ouvrage
fut suivi de la cantate Herman et Flora, et de
la tragédie lyrique Salem (paroles de Castelli ),
jouée aussi sur le théâtre de la cour. En 1813, il
a publié son essai d'une esthétique de la com-
position dramatique sous ce titre : Vei'sucli
einer jEstlœlik der dramat/scken Tonsetzes
( Vienne, Strauss , in-8" de 83 pages ). Trois ans
après û acheva son grand opéra CUjras et As-
tyages, qui ne fut joué qu'en I8l8, et qui n'ob-
tint qu'un succès d'estime. Ce fut dans cette
même année que l'empereur lui accorda, en ré-
compense de ses services, des lettres de noblesse
pour lui et ses descendants. En 1821 il a obtenu
le titre de conseiller, et en 1829 celui de con-
servateur de la bibliothèque impériale. Cet ama-
teur distingué est mort à Vienne, le 8 avril 1844.
M. de Mosel a traduit en allemand les textes an-
glais de plusieurs oratorios de HiWidel qui ont
été exécutés à Vienne. On a gravé de sa composi-
tion : t" Ouverture de Cyrus etAslijarjes, à grand
orchestre, en partition ; Vienne, Ha.slinger. ~
2** Trois marches de l'opéra intitulé Len H us-
sites, arrangées pour piano à 4 mains; ibid. —
3" Ouverture de la tragédie Oftohar, arrangée
pour le piano; Vienne, Diabelli. — 4" Idem de
Salem; Vienne, Mechetli. — 5" le 120'ne psaume,
à quatre voix; Vienne, Haslinger. — 0" Trois
hymnes avec orcliestre , en partition; ibid. —
7 " Plusieurs recueils d'airs allemands , avec ac-
compagnement de piano; ibid. On doit à M. de
Mosel une bonne biographie de Salieri , intitulée :
Ueber das Leben und die Werice des Anton
Salieri, K. K. Ifofkapellmeisters, etc.;
Vienne, J.-B. Willishauscr, 1827, in-8^ de
212 pages. Une analyse de la partition oiiginale
du ncqniem de Mozart, qui se trouve à la bi-
bliothèque impériale de Vienne, a été publiée
; par M. de Mosel , sous ce litre : Ueber die
original partHur des liequiem von W. A. Mo-
MOSEL — MOSEAVIUS
215
zart; Vienne, 1829, in-S". Le même liltéraleur
musicien a fait insérer dans la Gazette musi-
cale de Vienne (ann. 1818, pag. 437-443, et
i49-452 ) des observations sur l'état actuel de
la musique dramatique en France, et dans le
même journal (ann. 1820, pag. 681-G85, 6S9-
692, 607-701 ) des articles sur les différents
genres de pièces en musique. Il a donné aussi
dans l'écrit périodique intitulé Cxcilia (t. II,
pag. 233-239 ) , un morceau sur l'opéra. Dans
son Histoire de la Bibliothèque impériale de
Vienne, il a placé (pag. 345-355) des notices
sur quelques livres rares de musique qui s'y
trouvent.
MOSEL ( Catberine DE ) , née LAMBERT,
deuxième femme du précédent , a vu le jour à
Kioster-Xeubourg , dans la Basse-Autriche , le
15 avril 1789. Élève de Schmidt, organiste du
couvent lie ce lieu , elle fit de si rapides progrès
qu'à neuf ans .elle exécuta un concerto d'orgue
dans la grande église du monastère. Plus tard ,
les leçons de Humrael en firent une pianiste dis-
tinguée. Plusieurs fois elle s'est fait entendre
avec succès dans les concerts de la cour.
En 1809 elle épousa M. de Mosel. On a gravé
de sa composition : Variations pour le piano sur
un thème de M. le comte de Dieirichstcin;
Vienne, Hasiinger. M^e de Mosel est morte à
Vienne, le lO juillet 1832.
MOSEL ( Pro.'^pek ) , chanoine régulier de
Klosler-Neubourg , près de Vienne , vécut au
commencement du dix-neuvième siècle. Ama-
teur de musique et violoniste, il a publié de sa
composition : 1° Six variations et fantaisies
j)our violon et alto; Vienne, Trœg, 1806. —
2" Six duos pour deux violons ; ibid. — 3' Grand
trio pour violon , avec accompagnement d'un
.second violon et basse, op. 3, ibid.
MOSEAGEL (JtA>-JosiÉ), facteur d'orgues
allemand , vivait vers la fin du dix-septième
siècle et au commencement du suivant. Il a
construit l'orgue de Lœbe , en Pnisse, composé
de 48 jeux , en 1698, et celui de Sackheira , de
14 jeux , en 1707.
MOSER ( P. M\iRLs), religieux du monas-
tère de Benediclbeuern ( Bavière), et composi-
teur du dix-septième siècle, est connu par im re-
cueil de motets intitulé : Viridiarum ?nusicum ,
seu Cantiones sacrx , i et2 vocum, cura via-
Unis; Ulm, 1686.
MOSER ( Frédéric), conseiller intime au
conseil des travaux publics de la Prusse , né à
Berlin en 1T67, fut amateur de musique et bon
violoniste. Il est auteur d'un petit écrit en
langue française publié sous ce simple titre :
Pierre Rode; dédié à ses aviis ; Berlin, 1831,
14 pages. On y trouve des dates utiles pour la
biographie du célèbre violoniste Rode, dont
Moser avait été l'ami, comme il fut celui de
Mozart dans sa jeune5.se.
MOSES ( JE.vs-GoDEFRom ), organiste à
Amerbach , dans le Voiglland , vers la fin du
dix-huitième siècle, a publié de sa composition :
1** Odes et chansons à voix seule et clavecin,
1*' 2' et 3« recueils; Leipsick, 1781-1783. —
2" Eandbuch fiir Orgelspieler, etc. ( .Manuel
de l'organiste) dont la première partie renferme
des préludes. et fantaisies; la deuxième, des
trios , et la dernière , des fugues de différents
genres; Dresde, 1783. Il avait aussi en manu-
scrit à cette époque le psaume 84, des trios pour
le clavecin et quelques autres morceaux.
MOSEWIUS ( JEA.N-ÏUÉ0DORE ) , docteur
en musique à l'université de Breslau , est né à
Kœnigsberg, le 25 septembre 1788. Après avoir
fait ses études au gymnase et à l'université de
cette ville, il prit tout à coup, en 1807, la ré-
solution de se vouer au théâtre , et débuta par
le rôle de l'oracle dans VObéron de Wranitzky.
Dans sa première jeunesse, il avait joué du violon
et de la fliite; sa vocation pour le théâtre le
décida à reprendre ses études de musiq^. Car-
tellieri lui enseigna le chant , et Frédéric Hitler
l'harmonie. Après avoir chaulé à Berlin pendant
les années 1811 et 1813, il reçut de Kotzebue
un engagement \wviv diriger l'Opéra de Kœnigs-
berg, en 1814. Ses meilleurs rôles étaient ceux
de Leporello et de Figaro, dans les opéras
de Mozart. Sa femme, Wiluelmise Miller, était
également au théâtre comme cantatrice. Tous
deux se retirèrent ensemble de la carrière
dramatique et jouèrent pour la dernière fois
en 1816, au théâtre de Kœnigsberg; cependant
MosevNius resta attaché à ce même théâtre, en
qualité de régisseur, jusqu'en IS25. Fixé ensuite
à Breslau , il y obtint la place de second profes-
seur de musique de l'université, au mois de
juillet 1827, après la mort de Berner, et il en
fut nommé directeur de musique : à celte place il
joignit la direction de l'Institut royal de Bres-
lau. Cet institut est une académie de chant
fondée par lui à l'imitation de l'académie de
Berlin, et destinée à l'exécution des grandes œu-
vres classiques, particulièrement de J. S. Bach et
de Haendel. Mosewius a publié quelques petits
écrits concernant des oratorios exécutés dans
l'Institut royal, particulièrement sur le Moïse
de Marx, Leipsick, Breitkopf et Haertel; Sur
le Paulus de Mendelssohn, ibu].; sur l'Ora-
torio Les Sept Dormants , de Lobe; Breslau,
Hainauer ; L'Académie de chant de Breslau
pondant les vingt-cinq premières années de
i.
216
WOSEVVIUS — MOTZ
son existence (Die Breslauisclie Sing-Akade-
mie in den ersten 23 Jaiiien ilires BesteUeiis ),
gr. iii-8", ibid. L'ouvrage le plus important de
Mosewius est son analyse des cantates d'église
de J.-S. Bach, intitulée : Johaim- Sébastian
Bach in seinen Kirchen-Cantaten und Clio-
ralgesxwjen; Berlin, Gultentag, 1845, gr. in-4'*
de 31 pages de texte et 26 pages de musique.
On connaîl de lui, à Breslau, beaucoup de com-
positions , notamment des cantates de circons-
tance, des chants pour des chœurs d'hommes
et des Lieder ; mais il n'en a rien publié. Dans
un voyage que (it Mosewius en Suisse, il avait
pris place dans un omnibus qui faisait le trajet
de Zurich à Schaflliouse ; il se plaignit d'une doi;-
leur dans tous les membres. Arrivé à Schaff-
liouse, on le transporta dans sa chambre et un
médecin fut appelé ; mais un instant après Mo-
sewius, frappé d'apoplexie, mourut dans les bras
de sa femme, le 15 septembre 1858. 11 était
membre de l'Académie des beaux-arts de Ber-
lin, et chevalier de l'ordre de l'Aigle Rouge de
Prusse.
MOSSI (Jean), violoniste et compositeur,
né à Rome vers la lin du dix-septième siècle, (ut
élève de Corelli , dont il imita le style dans ses
ouvrages. Mossi brillait à Rome vers 1720. Il a
publié : 1" Sonate a vioUno solo e continua,
op. 1. — 2° ]'/// Concerna 3 e 5 stromenti ,
op. 2. — 3° XIT Concerti « 3 e 8, cioè vio-
lini, viole, violoncello e continuo, op. 4. —
4° Sonate a violino solo e violoncello , op. 5.
Tous ces ouvrages ont été gravés à Amsterdam ,
en 1730.
MOSSLEU (Michel), habile constructeur
d'orgues, naquit à Nuremberg en 1626. Sa pro-
fession fut d'abord celle de souffleur d'orgues, à
Saint-Lienhart ; en l'exerçant il étudia la cons-
truction de l'instrument qu'il voyait chaque
jour, et acquit des connaissances assez étendues
pour devenir lui-même bon facteur. On a gravé
son portrait en 1672, h l'âge de quarante-six ans.
MOSTO ( Je.\n-B.\i'tiste), maître de chapelle
de la cathédrale de Padoue, dans la seconde
moitié du seizième siècle, fut ensuite maître de
chapelle de Sigismond Battori, prince de Transyl-
vanie. 11 a publié de sa composition : Madrigali
a 5 voci, Ubro primo et seconda; in Yenezia,
■presso Giacomo Vincenti et liicciardo Ama-
dino , 1584, in-4° obi. Une édition de ces ma-
drigaux a été publiée à Anvers, chez Piere
Phalèse el Jean Bellere, en 1588, in-4" ohl. On
a aussi de ce compositeur. Di Giovan Battista
Mosto, maestro di capella del Serenissimo
Principe di Transilvaniâ, Madrigali a sei
voci , novamente composti et dali in luce.
In Venctia, pressa liicciardo Amadino , 1598,
in-4'' obi. Pierre Phalèse en a donné une édition
à Anvers, 1600, in-4" obi. Mosto fut un des
douze compositeurs qui mirent en musique une
collection do sonnets dédiée à la grande-duchesse
de Toscane, intitulée : Corona di dadici so-
netti di Gio. Batlista Zuccarini alla gran du-
chessa di Toscana, posta in musica da dodici
eccellentissimi autori a cinque voci; Venise.
A. Gardane, 1686.
Un autre musicien, nommé François Mosto ,
fut chantre de la chapelle de l'électeur de Ba-
vière , dans la seconde moitié du seizième siècle.
On trouve des madrigaux à 5 voix de sa compo-
sition dans le second livre d'un recucd publié
par un autre musicien de la même chapelle,
sous ce titre : Seconda libro de madrigali a
cinque voci conuno a dieci defloridi virluosl
del serenissimo Duca di Baviera, cioe : Or-
lando di Lasso, Giuseppe Guami, Ivo de
Vento, Franx:esco di Luvca, Antonio Ma-
rari, Giovanni ed Andréa Gabrielli, Antonio
Gossuino, Francesco Laudis, Fileno Cornaz-
zani, Francesco Mosto, Josquino Salem,
Cosima Bottegari ; Venczia, appresso l'JIerede
(sic) di Girolamo Scotto, 1575, in-4".
MOTIIE-LE-VAYER (François DE
LA), naquit à Paris, en 1588, d'une famille
noble, originaire du Mans. En 1625, il succéda à
son père dans les fonctions de substitut du pro-
cureur général au parlement ; mais le goût de la
littérature l'emportant chez lui sur tout autre, il
quitia bientôt la magistrature pour les lettres.
Peu de temps après son établissement, l'Aca-
démie française lui ouvrit ses portos , le
14 février 1639. Chargé d'abord de l'éducation
du duc d'Orléans , frère de Louis XIY, on lui
confia aussi le soin de terminer celle de ce mo-
narque, qu'il ne quitta qu'après son mariage,
en 1660. Il mourut en 1672, à l'âge de quatre-
vingt-cinq ans. A la suite d'un Discours pour
montrer que les doutes delà philosophie scep-
tique sont d'un grand usage dans les sciences,
Paris, 1668, in-8", on trouve un Discours sur la
musique, adressé au père Mersenne, ami de l'au-
teur, qui l'avait consulté sur ce sujet. C'est un
écrit de peu d'intérêt et d'utilité. On le trouve
aussi dans les diverses collections des œuvres île-
la Mothe-le-Vayer publiées à Paris, en 1654
et 1656, 2 vol. in-fol., 1662,3 vol. in-fol. cl à
Dresde, 1756-59, 14 vol. in-8". i
MOTZ ( Geokges ) , chantre et maître d'école
à Tilse, en Prusse, naquit à Augsbouig,
en 1653. Dès son enfance, il apprit la musique
et reçut des leçons du chanire Schuietzcr jus-
qu'à l'àgc de seize ans. Alors il entra au collège
MOTZ — MOUGIN
217
de Worm?. qu'il ne quitta que pour aller à l'u-
niversilé tle Cœllin^ne. Mais la nécessité de
donner des leçons pour vivre lui laissait si peu
de temps pour fréquenter les cours , qu'il prit
la résolution de s'ïdonner exclusiveinenl à la mu-
sique. Il partit bientôt après pour Vienne, où ii
entra dans la musique du prince d'Eggeuberg.
Ce prince avait l'habitude de rester à Eggenberg
pendant l'été, et d'habiter Vienne chaque hiver.
Une partie de sa maison restait à Vienne chaque
année an moment du départ pour Eggenberg;
Motz saisit cette occasion, en 1679, pour de-
mander à son maître de visiter l'Italie : elle lui
fut accordée, avec une somme suffisante pour
les frais du voyage. Pendant quatre mois , Motz
visita Venise , Padoue , Ferrare, Bologne , Flo-
rence et Rome, et partout il augmenta ses con-
naissances par la musique qu'il entendit et par
SCS conversations avec les musiciens instruits.
De retour à Eggenberg, il y fut atteint d'une
maladie grave , et obligé de demander sa dé-
mission, qui lui fut accordée en 1680. 11 s'a-
cheminait vers sa ville natale, lorsqu'il ajiprit
(jue Vienne était désolée par la peste ; il se hâta
d'arriver à Linz pour franchir le cordon sani-
taire avant que la route fût fermée ; mais déjà il
était trop tard. 11 ne lui resta plus d'autre res-
source que de se rendre a Krumiau, en Bo-
hême , où le frère du prince d'Eggenberg le prit
à son service, en qualité d'organiste. Le sort qui
le poursuivait ne le laissa qu'un an dans cette
heureuse position, parce qu'un jésuite, qui n'a-
vait pu le convertir à la foi catholique, fit en
tendre à son maître que son salut ne lui per-
meilrait pas de garder un hérétique dans sa
maison. Motz visita, pendant toute l'année 1681,
Prague, Dresde, Wittenberg, Berlin, Brande-
bourg, Hambourg, Lubeck , Dantzick et Kœnigs-
berg, mais il ne parvint point à s'y placer. Enlin,
il arriva le 2 février 1682 à Tilse, où la place
de canlor était vacante : il la demanda et l'ob-
tint. Après en avoir rempli les lonctions pen-
dant trente-huit ans, il demanda, en 1719, à
C'Ue remplacé, et passa les dernières années
de s3 vie dans la retraite, occupé de la rédac-
tion d'un livre sur la musique d'église, dont le
manuscrit était achevé en 1721. Ma.tlheson,
à qui l'on doit ces détails, insérés dans son
Ehi enpfortc , parle de Motz comme d'un
homme qui ne vivait plus en 1740; mais il ne
fait pas connaître la date de sa mort.
Molz avait écrit de la musique d'église; mais
il en parle lui-même avec peu d'estime. C'est
surtout comme écrivain polémique qu'il s'est fait
connaître , à l'occasion du livre où Chrétien Ger-
ber ( voy. ce nom), pasteur à Lockwilz, avait
attaqué avec une violence exagérée les abus de
la musique d'église. La réfutation que Motz lit
des opinions <ie Gerber est intitulée : Die ver-
theidigte Kirchen-Musick ocler Aiar und deut-
licher Beweis, uelcher Gcstalten llr. M.
Christian Gerber, pastor in Lockwiiz bei
Dresden, in seinen Duché, etc. ( Apologie de
la musique d'église , ou démonstration claire et
précise que M. Chrétien Gerber, pasteur àX-ock-
witz, près de Dresde, a erré dans le 81^ cha-
pitie de son livre intitulé : Péchés inconnus
du monde , ou il traite de l'abus de la musique
rehgieuse et prétend qu'il faut abolir l'harmonie
musicale), sans nom de lieu, 1705, in-S" de
264 pages. A la réponse que fit Gerber à cet
écrit , Motz opposa la réplique suivante : ^46-
genœthigte Fortsetzung der vertheidigten
Kirchen-Musik, in welcher Hrn. M. Chr.
Gerber, nochmalem auf sein LXXXI cap.
des Buchs der unerkannten Sunden, etc.
(Continuation nécessaire de i'.Apologie de la
musique d'église , où il est de nouveau répondu
au 8l« chapitre tlu hvre de M. Chr. Gerber, etc. ),
sans nom de lieu , 1708, in-S" de deux cent huit
pages. En 1721, Motz envoya à Mallheson le ma-
nuscrit d'un livre dont le titre allemand signi-
liait : De la grande et incompréhensible sa-
gesse de Dieu dans le don qu'il a fait à
l'homme, du chant et de la musique. .Mat-
Iheson, qui accorde beaucoup d'éloges à cet ou-
vrage dans son Ehrenp forte, ajoute qu'-il n'a
pu trouver d'éditeur. E. L. Gerber croit que le
manuscrit a dû être déposé, avec les livres de
Matllieson, dans la bibliothèque du conseil, à
Hambourg.
MOUGIIV ( C.-J. ) , pianiste et compositeur,
est né eu 1809 à Charquemont ( département
du Doubs). Après avoir suivi pendant quelques
années les cours du Cbnservatoire de musique de
Paris, il s'établit, en 1833, à Bourg ( Ain ), comme
professeur de piano. Au mois de mars 1835, il
obtint la place d'organiste de la cathédrale , et
dans l'année suivante, il reçut sa nomination de
professeur à l'école normale du département de
l'Ain. En 1840, il établit une école de chant, qui
fut transformée en école municipale dans l'année
suivante. M. Mougin occupa simultanément tous
ces emplois jusqu'à la fin de septembre 1846, et
le 1*"^ octobre suivant il alla se fixer à Dijon.
Ses principaux ouvrages sont :. 1" Lne cantate
avec chœur et orchestre, exécutée à Bourg le
24 août 1843.. pour l'inauguration de la statne
de IJichat. — 2" Une Messe à quatre voix avec
orgue, violoncelle, contrebasse et instruments à
vent , exécutée à la cathédrale de Dijon, au mois
de juin 1S52. — Salve Rcgina pour voix seule
21»
MOUGIN — MOULU
et orgue. — 4° Quelques motets inédits. —
b° Recueil de liuit pièces d'orgue, dont six of-
fertoires fugues; Paris, V« Canaux, 1847. —
<3° Quelques morceaux pour piano , publiés à
Paris , cliez Lemoine. — 7° Journal classique
de l'Organiste , en dix livraisons; Paris, Girod.
MOULET ( Josepu-Agricole ), né à Avignon,
li; 4 septembre 1766, fut admis à l'âge de huit
ans comme enfant de chueur à l'église cathédiale
d'Alais, où son oncle, l'abbé Ligou , était orga-
niste, et reçut de celni-ci des leçons de piano. A
l'âge de dix-huit ans il s'engagea dans le régiment
de Turenne. Après y avoir servi pendant sept
années, il alla s'établir comme organiste à Va-
lognes, en 1792. Il y reçut des leçons de liarpe
de M™" Frick, et s'attacha particulièrement à
cet instrument. Arrivé à Paris en 179i, pour se
livrer à l'enseignement, il n'a plus quitté cette
ville, et y a publié des petites pièces de harpe,
et près de cent romances. On lui doit aussi un
Cycle harmonique , tableau gravé et publié
en 1804, ainsi qu'un Tableau harmonique des
accords chiffrés d'une nouvelle manière ,
■pour faciliter l'étude de l'accompagnement
(in-plano, 1805 ). Le goût passionné de Moulot
pour le jeu d'échecs lui a fait abandonne" inseii-
siblement toutes ses leçons pour fréquenter le
Café de la Régence , où il restait chaque jour
près de doui.e heures, uniquement occui)é de ce
jeu , quoi(]u'il n'y parvînt qu'à une habileté mé-
diocre. Ce penchant . poussé à l'excès, le fit tom-
ber dans l'indigence. Il est mort ignoré, vers la
(in de 1837, à l'âge de soixante-onze ans. C'était
un homme d'esprit , dont les saillies méridio-
nales étaient souvent fort plaisantes.
MOULINGIIEM (Jean- Baptiste ) , né à
Harlem en 1751, a|)prit à jouer du violon à
Amsterdam, et se rendit à Paris, où il entra
comme violoniste à la Comédie italienne, en 1774.
Après trente-cinq ans de service , à l'orchestre
de ce théâtre, il s'est retiré en 1809, avec la
pension , et a cessé de vivre peu de temps a|)rès.
Cet artiste a écrit la musique des ^'ymphes de
£)/«iiie,^ opéra-vaudeville représenté à la Co-
médie italienne, six quatuors pour deux violons,
allô et basse; Paris, Louis, 1775, et une sjm-
phonie à grand orchestre, pour le concert des
amateurs; Paris lîoyer, 1784.
MOULIi\(;HEk (Lol'is-Chari.es), frère
du précédent, né à Harlem, en 175.J, apprit
aussi à jouer du violon à Amsterdam , et s'é-
tablit d'abord à P.rnxelles, où il entra daiis la
musicpie de la chapelle du prince Charles de Lor-
raine; mais des rnotiJs de méconlenlcment lui
(irent quitter cette place pour la position de chef
d'orcheslre de plusieurs troupes d'opéra en pro-
vince. En 1785 il arriva à Paris, et s'y livra à
l'enseignement. Depuis cette époque, on n'a plus
de renseiguenienis sur sa personne. H a composé,
pour des théâtres de province, la musique des
opéras intitulés : Les Deux Contrats; le Mari
sylphe; le Vieillard amoureux; les Ruses
de l'amour; les Amants rivaux; les Talents
à la mode ; le Mariage malheureux.
MOULIXIÉ ( ÉTiEiNX'E ) , né en Languedoc,
dans les premières années du dix-septième siècle,
s'établit à Paris en 1626, et entra, non dans la
musique du roi, connue il a été dit dans la
première édition de ce dictionnaire, mais chez le
duc d'Orléans, en qualité de directeur de sa
musique. Après la mort de ce prince, il obtint
la place de maître de musique des États de
Languedoc. H a publié cinq livres d'airs de cour
avec une tablature de luth. Le cinquième livre a
paru chez P. Ballard en 1635, iri-4" obi. On
connaît aussi sous son nom Missa pro defunctis
quiuque vocum ^ Paris, P. Ballard, 1G38, in-
fol. max. Moulinié vivait encore en 1068, car il
publia cette année : Mélange de sujets chré-
tiens à quatre et cinq parties. Enfin , dans la
même année il a AonnéSix Livres d'Airs à quatre
parties avec la basse continue; Paris, Robert
Ballard, 1C08, in-12 obi. Les airs du premier
livre son! au nombre de vingt; les paroles du
dernier air sont en langue espagnole et com-
mencent ainsi :
Clori sobr' cl lido del mar
Dczia conbos piedosa.
La dédicace de ce premier livre porte : à Messei-
gneurs des États de la province de Langue-
doc, convoquez en la ville de Monlpelier,
Van mil six cens soixante-sept . On y voit
qu'il avait offert à la même province des mo-
tets qu'on chantait à la cérémonie religicu.se
avant l'ouverture des États.
IklOULU ( Pierre ) , ou MOLU , musicien
français, élève de Josquin Deprès, vécut au
commencement du seizième siècle. Les archives
de la chapelle pontificale à Rome contiennent
plusieurs messes et motets, en manuscrit, de
ce compositeur, entre autres (vol. 39) la messe
Aima Rcdcmploris Mater. La rarissime et
précieuse collection intitulée Liber quindccim
missarum a prusiantissimis musicis com-
positarum , etc. ( Norimbergœ, apud Jo. Pe-
treiuin, 1538 ), renferme la messe de P. Mohi
qui a pour titre : Missa duarum facierum, et
qui est la dernière du recueil. C'est cette même
messe qui se trouve dans im manuscrit n" 3 )
d<; la Bihiiolhcque de Cambrai, sous le titre
Missa sans pause , et qui porte le second litre
de la c'.ianson vuljjaire A deux visuigcs et plus.
MOULU — MOUTO>
219
que M. de Coussemaker a lu : .1 deux villai-
(jes (1). Celte ine.<:se est en effet sans pauses,
par une de ces leclierclies sans objet réel qui
étaient de mode parmi les musiciens des quin-
zième et seizième siècles. Une autre messe du
même maître se trouve dans un recueil non
moins rare qui a pour titre : Liber deceni
Missarum, a praclaris et maximi nominis
musicis conlexlus : nuperriine ndjunctis diia-
bus viissis mmquani haclenus in lucem
omissis, auctior reddidis, etc. {Jacobus Mo-
dernusà Pinguento cxcudcbal Lugdu>ii,ihiQ.)
La messe de Moulu est la première du recueil;
elle a pour litre : Stéphane yloriose ; elle est à
quatre voix. Le deuxième livre de motets à cinq
voix, imprimé par le même Jacques Moderne, à
Lyon, en 1532, in-4'*, contient deux motets de
Pelrns Moullu (sic). Dans le dixième livre de
motets publiés par Atlaingnant, à Paris, en 1534,
in-4'' obi., contenant les of.ices des dimanclies
de la Passion , des Rameaux , et de la semaine
sainte , on trouve un In pace et un y'e proji-
cias à cinq voix , de Moulu. Les trois livres de
motets à trois voix de divers auteurs imprimés
par Pierre Pbalèse , à Louvain, en 1569, sous
le titre Select issimarum sacrarum Caniionum
iquas vulgo Moteta vacant) Flores, etc.,
contiennent des motets de Moulu. Le livre de
Henri Faber ( voyez le premier des deux arti-
cles sous ces noms) intitulé : Ad musicain prac-
ticam introductio, etc., dont il y a plusieurs
é<lilions. contient un morceau extrait d'un
motel de Moulu. —
MOU.XT-EDGECUMBE (Le comte).
logez EDGECUMBE.
MOURA( Pierre .\LVAREZ DE), com-
positeur portugais, naquit à Lisbonne vers le
milieu du seizième siècle, et fut cbanoine à
Connbre, oii il fit imprimer en 1694 un livre de
motets à 4, 5, 6 et 7 voix. La Bibliothèque
royale de Lisbonne possédait autrefois une col-
lection manuscrite de mes.ses à plusieurs voix
de sa composition.
MOUllET (Jean-Josepb ), compositeur, né
à Avignon , en 1682, était tils d'un marchand de
soie, qui lui donna une bonne éducation. Dès
son enfance , il montra un goût très-\if pour la
musique : quelques morceaux qu'il avait com-
posés avant i'àge de vingt ans ayant eu de la
vogue dans son pays, on le détermina à se rendre
à Paris, oii il arriva en 1707. Un exlérieur
agréable, de l'esprit, de la gaieté, ses saillies pro-
vençales et une voix assez belle, le firent re-
(1) Kotiee sur Us eollcctions musUalfs de la biblio-
thèque de Cambrai, p. Î3.
, chercher par la bonne compagnie, et bientàt il
devint surintendant de la musique de la duchesse
j du Maine. Ce fut alors qu'il composa la musique
; de plusieurs divertissements (wur les fêtes magni-
fiques que celte princesse donnait, et qui étaient
connues sous le nom de Auits de Sceaux.
Parmi ceâ bagatelles , on distingue particulière-
ment Ragonde, ou la Soirée de village, qui
réussit également à l'Opéra, en 1742. Il y avait
déjà donné six opéras et ballets , sous ces titres :
Les Fêtes de Thalie, I7l4; Ariane, 1717;
Pirithoùs, 1723 ; Lis Amours des Dieux, 1727,
repris ensuite en 1737, 1746 et 1757; Le
Triomphe des Sens, 1732, repris en 1740, et
Les Grâces , 1735. Les partitions de ces opéras
, ont été imprimées à Paris. Outre ces ouvrages,
il a compo.sé et publié des cantates , des can-
tatilles, trois livres d'airs sérieux et à boire,
des sonates pour deux flûtes ou violons , des
j fanfares, six recueib de divertissements poar
' la Comédie italienne, et quelques dicertisse-
i ments pour la Comédie française. Tout cela est,
ajuste titre, complètement oublié aujourd'hui.
Le style de ses opéras est, comme celui de tous
ies compositeurs français qui ont précédé Ra-
, meau, une imitation servile de la manière de
i Lully, mais où l'on ne trouve rien de son gé-
nie. On aiierçoit d'ailleurs dans la musique de
.Mouret l'absence totale de bonnes études; la
disposition des voix, rinstrumentalion, tout y
i est gauche et embarrassé. Toutefois il est juste
I de dire qu'on trouve dans les divertissements
i de ce compositeur <Ies airs oii il y a du naturel
et de la facilité ; plusieurs ont été longtemps
populaires, et ont servi de timbres aux couplets
de Panard et de Favart : on cite particulièrement
ceux de Cahin-Caha, et Dans ma Jeunesse.
Mouret avait été successivement nommé mu-
sicien du roi, directeur du concert spirituel et
compositeur de la Comédie italienne; mais privé
tout à coup de ces deux dernières places,
en 173G, et la mort du duc du Maine lui ayant
aussi fait perdre la surintendance de la musique
de la duchesse, il ne put résister à ces revers,
qui lui enlevaient environ 5.000 francs de re-
venu; sa raison s'aliéna et sa folie se déclara à
une représentation oii ii entendit chanter le
chœur de Rameau , Brisons nos fers : il ne
cessa depuis lors de chanter ce morceau , jus-
qu'à sa mort, arrivée le 22 décembre 1738, chez
les Pères de la charité , à Charenton , où l'on
avait été forcé de le transporter.
MOUTOX (Je.\s), musicien célèbre da
seizième siècle, était né en France, suivant
Glaréan, qui le vit à Paris en 1521, et s'entre-
tint avec lui au moyen d'un interprèle. Ce té-
220
MOUTON
moignage est plus certain que celui de Guicciar-
dini , qui fait de Mouton un Belge. Willaert,
élève de ce musicien , nous apprend , par Zar-
lino, qu'il avait eu pour maître Josquin Deprès.
L'épitaplie de cet artiste fait connaître que son
nom était Jean de Hollingue , dit Mouton.
Toutefois il se peut que le nom de Hollingue
soit, non celui du musicien, mais bien celui du
lieu où il vit le jour; car on sait qu'il lut d'u-
sai^e, jusqu'au commencement du dix- septième
siècle , de désigner souvent les personnes par
leur prénom joint au nom du lieu de leur
naissance. Or Hollinrjiie, ou IlolUng, est un
village situé dans le département de la Moselle,
à sept lieues de Metz. J'avoue que l'igno-
rance où l'on a été jusqu'à ce jour du nom
de Jean de Hollingue, tandis que celui de
Mouton se trouve placé sur loutes les œuvres
de l'artiste et dans une multitude de recueils ,
me fait attacher quelque importance à cette
conjecture , et que Jean de Hollingue dit
Mouton est, pour moi, Jean Mouton, né à
Hollingue. Plusieurs auteurs ont fait de Jean
Mouton un maître de chapelle de Louis XII et
de François r'% rois de France , et Kiesewetter
dit positivement, dans son Mémoire sur les mu-
siciens néerlandais , qu'il succéda à son maître
Josquin Deprès dans cette position : cependant,
outre qu'il est à peu près certain que celui-ci
n'a pas eu l'emploi dont il s'ai^it à la cour de
Louis Xll, l'épitaplie dont il vient d'être parlé
lève tous les doutes à cet égard et prouve que
Jean Mouton était chantre du roi ( sous les rè-
gnes de Louis XII et de François 1" ) , chanoine
de Thérouanne, qu'il mourut chanoine de la col-
légiale de Saint-Quenlin , le 30 octobre 1522,
et qu'il fut inhumé dans cette église, près de
la porte du vestiaire. L'épitaplie mise sur sa
tombe, et rapportée par M. Ch. Gomart (1) , d'a-
près un manuscrit de Quentin Delafons, est
ainsi conçue : Ci-gist maistre Jean de Hol-
lingue dit Mouton, en son vivant ekantredn
Roy, chanoine de Thèrouaneet de cet le église,
qui tresjjassa le penultiène jour d'octobre
M D XXH- Prie::, Dieu pour son cime. On
voit que Glaréan était bien instruit lorsqu'il ne
donnait à Mouton que la qualilicalion de musi-
cien de François \" ( sympkoneta ) dans son
Dodecachordon ( pages 16 et 296 ). îl est au
surplus remarquable que Mouton ne survécut
pas longtemps à l'époque où Glaréan le connut à
Paris, c'est-à-dire en 1521, car il mourut dans
l'année suivante.
L'cpitaphe n'indique pas l'âge de Mouton au
(1) Notes Mstorigves sur ta mititrise de Saint-Quentin
et sur les célébritcs mtisicales de cette ville , p.ngc 4î.
moment de sa mort, en sorte qu'on ne peut
fixer d'une manière certaine la date de sa nais-
sance; mais elle doit être placée au plus tard
en 1475, car il avait déjà de la célébrité en 1505,
puisque Petrucci insérail deux morceaux de sa
composition dans le quatrième recueil des motets
de divers auteurs, sorti de ses presses dans la
môme année. Or, dans ce temps de lentes com-
iimnications, Mouton ne pouvait avoir moins de
trente ans avant que ses œuvres fussent connues
en Italie. Il est donc vraisemblable qu'il était âgé
d'environ 47 ans lorsqu'il mourut.
Le canonicat de Saint-Quentin fut donné sans
doutepar LouisXUàMouton, en dcdommagemenl
delà perte de ?on bénéfice de Thérouanne, car celte
ville, alors considérable, avait été prise par les
Anglais en 1513, et ne fut rendue à la France
qu'en 1527, cinq ans après la mort de l'artiste.
Glaréan nous apprend que ce compositeur
dçdia des messes au- pape Léon X, qui lui en té-
moigna sa satisfaction. Ces messes se trouvent
sans doute parmi celles du moine auteur que l'on
conserve en manuscrit dans les archives de la
chapelle pontificale, à Rome. Octave Petrucci
de Fossombrone a publié un livre de cinq messes
de Mouton, en 1508. Ces messes sont intitulées :
1" Sine nomine, n" I . — 2" ^ lleluia. — 3" Aima
Redemptoris. —'i" Sine nomine, n" l. — b°Re-
gina mater. Une deuxième édition de ces messes
a été publiée par Petrucci , à Fossombrone ,
en 1515, sous le titre : Missarum Joannis
Mouton liber primus. Le ténor seul de l'édi-
tion de 1508 est à la Bibliothèque impériale de
Paris ; mais des exemplaires complets de celle
de 1515 sont au Muséum britannique, et à la
Bibliothèque impériale de Vienne. Le volume 39
des manuscrits de la chapelle pontificale contient
la messe sur la chanson française Dites-moi
toutes vos ])ensées. On trouve aussi des messes
de Mouton en manuscrit à la bibliothèque royale
de Munich (cod. 7 et 57 ); la messe Aima Re-
demptoris du recueil de Petrucci a été réim-
primée dans la collection puldiée à Borne, en
1516 (un volume in-folio), par André Antiquo,
deMontona, avec la messe à quatre voix, Dites-
moi toutes vos pensées, qui est dans le volume
manuscrit de la chapelle pontificale Une autre
messe de Jean Mouton, intitulée Quam dicunt
honii n es , c?<t imprimée dans un recueil quia
pour litre : Liber decem Missarum a prxstan-
tissimis musicis contextus, etc.; Lyon , Jacques
Moderne, 1540, in-fol. Fnfin, on trouve une
messe dC; Mouton à cinq voi\ intitulée. Are Re-
gina cœlorum , dans le recueil intitulé : Archa-
delt (Jacobi ) Regii musici et card. à Lotha-
ringio sacelli pra-fecd Missx très, cum
MOUTON — MOZART
221
quatuor et quiiiffue vocibus ad imitationum
modulorum Noe, ^oe; Parisiis, apud Adria-
num Le Boy et Robeitum Ballard, 1557, in-fol.
max. La messe de Mouton est la quatrième de
«e volume, où toutes les parties sont en regard.
On voit par ces indications que M. de Cousse-
niaker a été mal informé lorsqu'il a dit, dans
sa Notice sur les collections musicales de Cam-
brai ( p. 27 et suiv. ) , qu'à l'exception des cinq
messes publiées par Pelrucci de Fossombrone
toutes les autres messes de ce maître sont iné-
dites. A l'égard des messes de Mouton non encore
publiées et qui sont connues jusqu'à ce jour, on
trouve dans un volume in-fol. mamiscrit du
seizième siècle, de la Bibliothèque de Cambrai
n" 3), la messe à quatre voix intitulée Missa
.sans cadence , et dans le manuscrit n" VII de
la Bibliothèque royale de Munich la messe à
4 voix qui a pour titre De Almania. La messe
^ine nominc , à 4 voix, qui se trouve dans le
volonté manuscrit de la même bibliothèque
n" LVII, est le numéro 2 de la collection de
Petrucci. Le premier livre des Motet ti de la Co-
rona, publié en 1514 par Octave Pelrucci, con-
tient neuf motets à quatre voix du môme ; le
second livre de la même collection, publié
en 1519, onze motets; le troisième livre
( 1-ossombrone , 1519 ) , deux motets ; le qua-
trième livre des motets à cinq voix (Impres-
sum Venetiis per Octavianum Petrutitim
Forosempronensem , 1505), deux motets. Le
motet Gaude Yirgo Katarina, du même, se
trouve dans le Liber septimus XXIIII trium,
quatuor, quingue, vel sex vocum modulas
Dominici adcentus, Paris, P. Attaingnant, 1534,
in-i" obi. gothique. Le huitième livre de la même
collection contient le motel Gloriosi principes ,
et le on/ièrae ( Paris , Attaingnant , 1534 ) , celui
qui conunence par ces mots : Jeri, et si, etc.
Le motet, Gaude Virgo Katarina avait déjà
été publié dans la collection intitulée : XH mo-
tel z à quatre et cinq voix composés par les
autheurs cij-dessoubz escripts. Imprimés à
Parispar Pierre Attaingnant demourant à la
rue de la Harpe, près de l'église Saint-
Cosme, 1529; desquels la table s'ensuijt, etc.
Le recueil publié par J. Ott, de Nuremberg ,
sous ce titre : iSovum et insigne opus musicum,
sex,quinque et quatuor vocum, etc. (Nurem-
berg, Jérôme Graff, ou Grapliiïus, 1537 ) con-
tient trois motets de Mouton. On en trouve
quatre à quatre voix dans le premier tome de
la coilection intitulée : Evangelia dominicarum
et festoruui dierum musicis numeris pulcher-
rime comprehensa et ornata quatuor, quin-
que et sex vocum tomi scx, etc. {Xoribergx,
in of/icina Jo. Montani et l'irici ^'euberi,
1554-1556, in-4'' obl). Les motets de .Mouton
sont les n"* 8, 11, 17 et 37. On trouve du même
le motel Pater peccavi, dans la collection des
Motleltorum a Jacobo Moderno alias Grand
Jacques in unum collectum liber primus
( Lyon, Jacques Moderne, 1532, in-4'' obl ). Les
deux premiers volumes du recueil iatitulé :
Psalmorum selcctorum a prxstantissimis
musicis in harmonias quatuor et quinque
tocum redactorum libri quatuor ( Norim-
bergae, apud Joli. Petreium), renferment trois
psaumes du même compositeur. Les sixième et
treizième livres des chansons nouvelles à 5 et
G parties, publiés parTylman Susato, a Anvers,
en 1543-1547, renferment plusieurs pièces de
Jean Mouton , ainsi que les chansons musicales
à cinq parties , imprimées chez le même ( sans
dal»), in-8°. Glarcan a inséré dans son Dodeca-
chordon ( p. 300 ) un Domine salvum fac regem,
à 4 voix ( p. 322), un Miseremini, à 4 voix, et
( p. 464) un Salve Mater, à 4 voix. Ce dernier
morceau a été mis en partition dans le deuxième
volume de l'Histoire de la musique de Hawkins
(p. 482-484). Burney a aussi inséré dans son
Histoire générale de la musique (t. II, p. 537) le
motel à trois ténors et basse Quam pulchra es,
eu partition. Il y a aussi des motets de Mou-
ton dans les Concentus de Salblingcr ; Atigs-
bourg, 15^5, in-4'', et Gesner cite, dans sa Bi-
bliothèque universelle , des motels à trois voix
du même, mais sans en indiquer la date. Enlin
Forkel a publié en partition , dans son Histoire
de la musique (t. Il, pag. 660 et suiv.), le
motet Confitemini. On cite aussi le motet Son
nobis Domine, composé par Mouton, en 1509,
à l'occasion de la naissance d'une fille de
Louis Xil, et celui qu'il a fait, en 1514, pour la
mort de la reine Anne de Bretagne. Dans un
autre genre, on peut voir le madrigal à six voix,
Vrai dieu d'amour, composé par Mouton, qui
se trouve dans le premier volume de la collection
Ëler, à la bibliothèque du Conservatoire de Paris.
MOV'IUS (Gaspard), sous-recteur de l'é-
cole de Stralsund , naquit dans la Marche de
Brandebourg vers l'année 1600. Il est auteur
d'une collection de chants d'église et de psaumes
à 6 et à s voix, publiée sous ce titre; Triuni-
phus musicus spiritualis , das ist : Meue
geistliche deutsche Kirchen gessenge undPsal-
men, mit 6 und 8 Stimmen, sampt denBasso
continua; Rostock, 1640, in-4\
MOZART ( Je-«-Georges-Léopold ), père
de l'illustre compositeur de c-e nom, était fils d^un
relieur de livres ; il naquit à Augsl)ourg le 14 no-
vembre 1719. Après avoir fait ses études, parti-
222
MOZART
culièreraent un cours de jurisprudence à Salz-
bourg, il entra ciiez le comte de ïhurn, en
qualité de" valet de chambre musicien. Une
place de violoniste étant devenue vacante dans
la chapelle ilu prince évêque de Salzbourg, il
l'obtint en 1743. Peu de temps après, il se ma-
ria. Ses compositions le firfent connaître avanta-
geusement en Allemagne; mais sa réputation
s'étendit principalement par la méthode de
violon qu'il publia en 175G, et qui fut considérée
comme le meilleur ouvrage de ce genre, pendant
cinquante ans. En 1762, Mozart obtint la place
de second maître de chapelle de la cour de Salz-
bourg. De sept enfanls qu'il eut de son mariage,
il ne lui resta que le fils devenu si célèbre, et
une lille dont les succès dans l'enfance annon-
çaient un talent qui ne s'est pas réalisé. L'édu-
cation musicale de ses enfants occupait tout le
temps que laissaient à Mozart ses fonctions et
ses ouvrages. Peu de temps après sa nomination
de second maître de chapelle , il commença de
longs voyages avec son lils et sa lille, visita
les principales cours de l'Allemagne, la Hol-
lande, l'Angleterre, la France, et passa plusieurs
années en Italie. De retour à Salzbourg, riche
d'espérances pour l'avenir de son fils, mais
ayant dissipé dans de lointains voyages le faible
produit du talent de celui-ci, il ne quitta plus
la résidence de son prince de|)uis 1775. Cons-
tamment occupé du soin d'améliorer la situa-
tion de .sa famille , il ne parvint point à son but,
car il s'appauvrit de plus en plus ; mais les pra-
tiques d'une dévotion rainiitieuso lui fournirent
des consolations dans ses chagrins et dans les
souffiances de la goutte dont il fut tourmenté
pendant ses dernières années, il mourut à Salz-
bourg le 28 mai 1787. Léopold Mozart a laissé
en manuscrit beaucoup de musique d'église,
composée pour la chapelle de Salzbourg, parti-
culièrement un Offertoriiim de Sacramenlo, à
4 voi.x, 2 violons, basse, 2 cors et orgue; une messe
brève ( en la majeur ) , idem , et des LiianUv
brèves (en sol, en si bémol et en mi bémol)
pour les mêmes voix et instruments avec des
trombones obligés; douze oratorios; les opéras
Sémiramis; la Jardinière supposée (en alle-
mand); la Cantatrice ed il Pocta, intermède
italien à deux personnages; et un divertissement
in{\i\i\éMusikaUsche Schliltcnfahrt (Promenade
musicale). Ce dernier ouvrage, arrangé pour le
piano, a été gravé à Leipsick, chez Kùhnel. En
1740, Léopold Mozart a publié aussi à Salzbourg
six trios pour deux violons et basse, et en 1759,
douze pièces de clavecin , à Augsbourg , sous le
titre : Der Morgen und dcr Ahcnd ( Le Matin
et le Soir ). On connaît aussi sous son nom des
pièces d'orgue , trente grandes sérénades pour
plusieurs instruments, des concertos pour divers
instruments à vent, et beaucoup de symphonies
pour l'orchestre; les thèmes de dix-huit de
celles-ci se trouvent dans le Catalogue thématique
de Breitkopf( Leipsick, 1702, in-S"), et dans
les suppléments publiés en 17CC et 1774. Quel-
ques-unes de ces symphonies ont été attribuées
au lîls de Léopold Mozart. La méthode de violon
publiée par ce musicien distingué a pour titre :
Versuch einer grilndlichen Violinschule (Es-
sai d'une méthode ( école ) fondamentale de
violon), Augsbourg, 1756, 35 feuilles in-4°,
avec le portrait de l'auteur et 4 planches repré-
sentant les différentes positions de la tenue de
l'archet et du violon. Cet ouvrage, composé sui-
vant la doctrine de Tartini, renferme d'excel-
lentes choses, et sera toujours lu avec fruit par
les violonistes qui voudront nfléchir sur leur
art. La 2"^ édition, perfectionnée, a paru sous
ce titre : Grilndliche Violinschule ( École fon--
damentale du violon) , Augsbourg, Lotter, 1770,
in-4° de 268 pages , 4 planches et un tableau.
Une troisième édition a été publiée dans la même
ville en 1785, in-4"'; elle est absolument sem-
blable à la précédente. Les éditions .subséquentes
ont paru à Vienne, chez Volcke, en 1791, in-4°;
à Leipsick, chez Kuhnei, en 1804, par les soins
de Neukomm, in-fol.; à Vienne, chez Cappi;
dans la môme ville chez Wallishauser, avec des
additions de Pirlinger, et aussi dans cette ville,
chez Hasiinger, par les soins de Schiederiuayer.
Enfin, on en connaît des éditions publiées à
Hambourg , chez Boème, à Mayence, chez Schott,
et à Posen , chez Simon. Valentin Rœser a donné
une traduction française du même ouvrage , sous
le titre de Méthode raisonnée de violon , pat
Léopold Mozart; Paris, Boyer, 1770, in-folio;
et NVoidemar ( voijez ce nom ) a donné une
deuxième édition de celte traduction : elle est in-
titulée .• Méthode raisonnée pour apprendre à
jouer du violon, par L. Mozart ; nouvelle édi-
tion enrichie des chefs-d'œuvre de Corelli,
Tartini, Geminiani, Locatelli , etc.; Paris,
Pleyel, 1801, in-fol. 11 a été fait aussi une tra-
duction hollandaise de la méthode de Mozart.
MOZART ( Je-Vx - CiiRvsosTOME-WoLrcvNC-
Théophile), illustre compositeur, (ils du précé-
dent, naquit à Salzbourg le 27 janvier 1756. Il y
a eu de l'incertitude sur les prénoms de ce grand
artiste ; lui-même a signé deux de ses lettres de
cette manière : Johannes Chri/sostonius Sigis-
mundus Aniadeus Wolfgang. Ses premières
œuvres publiées à Paris, en 17C4, portent sur
les frontispices : J.-C -Wolfgang ; en fm la plu-
part des lettres et des œuvres de Mozart sont si-
MOZART
■223
gnées Wolfgang-Amadr, ou simplement W.-A.
Undociiinentaulhenlique qui a appartenu à Aloys
Fnclis , employé du gouvernement autrichien et
chanteur de la ( hapelie impériale, et que M. Otto
Jalin a puhlié dans sa grande monographie de
Mozart, a dissipé tous les doutes à cet éjjard. Ce
document est l'acte de naissance du fils de Léo-
pold Mozart , délivré par Balthazar Schitter,
curé de la cathédrale de Salzhourg, le 16 dé-
cembre 1841 , et duquel il résulte que Jeair-
Chnjsostome- Wolfgang-Tlidophite, fils légitime
de noble M. Léopold Mozart, musicien de la cour,
et de Marie-Anne Perllin sa femme, né le 27 jan-
vier 1756, à huit heures du soir, a été baptisé
suivant le rit catholique par M. le chapelain
de ville Léopold Lamprecht, le 28 janvier 1736,
à 10 heures avant midi, en présence de noble
M. Jean-Théophile Permayr, conseiller de justice
et négociant (i).
Jamais organisation ne fut plus heureuse pour
la musique et ne se manifesta par des signes plus
certains. Mozart était à peine à^é de trois ans,
lorsque son père commença à donner des leçons
à sa sœur aînée (Marie-Anne Mo/art, née le
29 août 1751) : dès ce moment toute son at-
tention se concentra sur le clavecin. Il y cher-
chait souvent seul des tierces, et quand il les
avait trouvées, il témoignait sa joie par une,
agitation excessive. Presque en jouant, il apprit
les éléments de la musique et les principes du
doigté. A peine arrivé à sa quatrième année,
il jouait ;ivec un goût et une expression remar-
quables de petites pièces qui ne lui coûtaient
qu'une demi-heure d'étude, et déjà il coniposail
des menuets et d'autres petits morceaux que son
père écrivait sous sa dictée. Le conseiller de
Xissen a publié ces premiers essais dans sa
grande monographie de Mozart, d'après les ma-
nuscrits originaux, au nombre de vingt-deux.
Tous ont été composés dans les années 1760
à 1762 , c'est-à-dire depuis l'âge de quatre ans
jusqu'à six : on se sent frappé d'étonnement à la
vue de ces premières productions d'un génie qui
a toujours grandi jusqu'à la mort prématurée
de l'artiste. En 1762, Léopold Mozart fit un
voyage à Munich avec ses enfants. Us y excitè-
(1) Beieugt (6aUha7.ar Schiller, Domprarrer zu Salz-
ttourg. etc.) aus deni Taufbuche der Dompfarre zu Salz-
burg vom Jahr HM, p. S, dass Johamits CàrystMt. If'off-
gangus Theophilus , chrliclier Sohn des Edlen Herm
Léopold Mozart , Ho(-Musikrrs , und der Maria Anna
Pertlin, dessem GatUa, am 27ten Jânuar 1756 um 8 Clir
Abends geboren und am ISten Jânuar 1156 um lO Uhr
Vormiltags im Beyscyn des Edlen Herrn Johann Tbeo-
pbilus Pergmayr, bùrgerlichen Rathes und Handelmannes
(p. t. sponsi), vom Sladt-Kaplan Léopold Lamprecht
nacb KaihoUschcn Ritus getauft worden sey.
rent l'étonnement; mais l'admiration fut tout
entière pour W'olfgang qui , à l'âge de six aus ,
exécuta un concerto devant l'électeur. Dans
l'automne de la même année, la famille Mozart
visita Vienne, et y fit la même sensation qu'à Mu-
nich. L'empereur s'était approché du clavecin
où était le virtuose enfant ; mais celui-ci demanda
qu'on appelât NVagenseil, maître de chapelle de
la cour impériale. Monsieur, lui dit le jeune Mo-
zart, je jomc un de vos concertos; ayez la bonté
de me tourner les feuilles. Cette assurance en
lui-même fut un des traits du caractère de Mozart
en toutes les circonstances de sa vie d'artiste.
Son père lui avait acheté, à Vienne, un petit
violon qu'il porta à Salzhourg, et dont il ne sem-
blait s'occuper que comme d'un joujou. Un jour
"VVenzel , musicien de la cliapelle du prince,
étant venu consulter Léopold Mozart sur un nou-
veau trio qu'il avait écrit, on voulut en essayer
l'effet : Wenzel prit la partie du premier violon,
Schachtner, autre musicien de la cour, se chargea
du second, et Léopold Mozart joua la basse. Pen-
dant les préparatifs des exécutants, l'enfant vint
se placer près de Schachtner avec son pelit
violon, et prétendit doubler sa partie, malgré les
remontrances de, son père. 11 fallut enfin céder
à son désir et l'on commença ; mais à peine
eut-on joué quelques mesures, que les trois ar-
tistes se regardèrent avec étonnement en voyant
un enfant de sept ans, qui n'avait jamais reçu de
leçons de violon, jouer sa partie avec exactitude.
Émerveillé de ce qu'il entendait ,_ Schachtner
cessa de jouer, et le jeune Mozart alla jusqu'au
bout du trio sans hésiter.
Au mois de juillet 1763, Léopold Mozart en-
treprit un long voyage hors de l'Allemagne avec
ses enfants. Munich fut la première ville qu'ils
visitèrent. L'enthousiasme que l'enfant prodige
y avait excité précédemment se réveilla lorsqu'on
l'entendit jouer dans le même concert un concerto
de piano.un de violon, et improviser sur des thèmes
qu'on lui donnait. Augsbourg, Manheim, Mayence,
Francfort, Cobleuce, Cologne, Aix-la-Chapelle et
Bruxelles, accueillirent ensuite les jeunes artistes
par de vifs applaudissements. Arrivée à Paris au
mois de novembre, la famille Mozart n'y trouva
d'alwrd d'appui qu'auprès du baron de Grimm,
qui a donné d'intéressants détails sur l'enfance de
l'illustre compositeur dans sa Correspondance lit'
léraire. De nos jours, malgré les prodiges qui ont
fatigué l'attention publique, un enfant aussi ex-
traordinaire que Mozart sadresserait simple-
ment au public, et l'admiration générale assure-
rait à la fois sa fortune et sa renommée ; mais
alors il n'en était point ainsi. Le Concert spiri-
tuel possédait un privilège exclusif, et ce n'était
224
:MOZAi\T
que par !a cour qu'un artiste pouvait réussir.
Grâce à la protection de Grimm, qui lui procura
celle du baron d'Holbach , du comte de Tessc,
du duc de Chartres et de la comtesse de Cler-
raont, la familte Mozart fut invitée à se rendre
à Versailles , et eut l'honneur d'être présentée
au roi. W'oKgang joua du clavecin, improvisa et
reçut des témoignages unanimes d'admiration.
La faveur dont il jouissait près de la famflle royale
était si décidée, que les princesses, filles du
roi, et la dauphine, l'ayant rencontré dans une
galerie du château , lui donnèrent leur main à
baiser et l'embrassèrent sur la joue, au grand
étonnement de toute la cour. Les duchesses et
les marquises ne manquèrent pas d'imiter ces
augustes personnages; mais on était plus prodi-
gue de caresses que de dons avec le virtuose
enfant ; car Léopold Mozart écrivait à sa femme :
" Si tous les baisers qu'on prodigue à Wolfgang
« pouvaient se transfornler en bons louis d'or,
« nous n'aurions pas à nous plaindre. Le mal-
« heur est que les aubergistes ni les traiteurs ne
« veulent pas êlre payés en baisers : espérons
« toutefois que tout ira bien, et, pour ne rien né-
« gliger à cette fin, ayez soin de faire dire une
n messe chaque jour, pendant une semaine. » Cet
âpre désir (lu gain qui semble tourmenter le sous-
maître de chapelle de la cour de Salzbourg dans
sa longue correspondance de dix années de
voyages, n'était pas, comme on pourrait le
croire , le résultat de calculs faits pour s'enrichir
aux dépens d-'un enfant précoce; Léopold Mozart
croyait sincèrement qu'il préparait le bonheur et
la gloire de son fils en lui faisant parcourir l'Eu-
rope, dans le but d'exciter partout la même ad-
miration (ju'il éprouvait lui-même pour le talent
de celui-ci. L'argent qu'il désirait n'était destiné
qu'à fournir aux dépenses de ses longues courses :
car lui-même mourut pauvre. Cependant, le fré-
quent exercice de ce talent aurait pu l'épuiser
avant l'âge, si la constitution morale de Mozart
eût été moins forte, et s'il n'y eût eu en lui assez
d'étoffe de grand homme pour effacer une mer-
veilleuse enfance. Avant de quitter Paris, c'est-
à-dire dans l'espace de quelques mois, le jeune
virtuose publia deux œuvres de deux sonates
chacun pour le clavecin avec accompagnement
de violon ; le premier était dédié à la princesse
Victoire, seconde fille du roi, et avait pour titre :
// Sonates i^our le clavecin qui peiiven e
jouer avec V accompagnement de violon, dé'
diées à Madame Victoire de France , par
.I.-G. Wolfgang Mozart deSalzboiug, âgé de sept
ans , œuvre premier; l'antre, à la comtesse de
Tessé, // Sonates pourie clavecin qui peu-
vent se jouer avec l'accompagnement de vio-
lon, dédiées à Madame la comtesse de Tessé,
dame de Madame la Dauphine, par J.-G.
Wolfgang Mozart de Salzhourg, âgé de sept
ans, œuvre IL Les épîtres dédicatoircs avaient
été rédigées par Grimm , qui en lit quelque chose
de fort ridicule. Ainsi un enfant de sept ans dit à
M™<^ de ïessé : « Vous ne voulez pas. Madame,
« que je dise de vous ce que tout le public en dit;
« cette rigueur diminuera le regret que jai de
« quitter la France. .Si je n'ai plus le bonheur
« de vous faire ma cour, j'irai dans un pays où
« je parlerai du moins tant que je voudrai et de ce
« quevousôtes,etdecequejcvousdois. » Laissant
à part les dédicaces , ces Sonates, qu'on trouve
dans la collection de ses œuvres, sont charmantes,
et auraient fait honneur aux artistes les plus
renommés de cette époque; cependant leur au-
teur était à peine parvenu à sa huitième année.
Le 10 avril 1764, Léopold Mozart s'embarqua
à Calais avec ses enfants pour se rendre à Lon-
dres. Wolfgang n'y excita pas moins d'étonne-
ment et d'admiration qu'à Paris. Après avoir joué
de l'oigue devant le roi (Georges 111), il donna
plusieurs concerts où le public se rendit en foule.
La plupart des symphonies exécutées dans ces
concerts étaient de sa composition. Il y écrivit
aussi six [sonates de clavecin, formant son troi-
sième œuvre qu'il dédia à la reine (1). La sen-
sation profonde que produisit en Angleterre cet
enfant extraordinaire a été décrite dans la no-
tice anglaise de Daines Barrington, témoin ocu-
laire de l'engouement général pour un si rare phé-
nomène, et qui rapporte des traits de. l'habileté du
jeune jMozarl, qu'on serait tenté de croire fabu-
leux.
Le 24 juillet 1765, la famille Mozart s'éloigna
de Londres, où elle avait passé environ quinze
mois. Débarquée à Calais , elle visita les prin-
cipales villes de l'Artois et de la Flandre française,
puis se rendit en Hollande, par Courtrai, Gand
et Anvers. Partout Wolfgang joua sur les orgues
des églises cathédrales et collégiales. Arrivés à
La Haye, lui et .sa ^œm- furent admis à se faire
entendre devant la princesse d'Orange , qui les
prit sous sa protection. Mais peu «le jours après,
la jeune lille fut atteinte d'une fièvre maligne, et
son frère é(uouva bientôt les effets de celte ma-
ladie, qui les mit tous deux aux portes du tom-
beau. Désespéré par la crainte de perdre ces
enlanls si tendrement aimés , le bon Léopold
(1) Ces sonates ont pour titre : Six Sonates pour le
clavecin qui peuvent se jouer uvee l'accompagnement de
violon ou flûte tfaversière, 1res huinblement dédiées à Sa
Majesté Charlotte, reine de la Grandc-Ziretur/ne , com-
] posces par J.-G-ll'olfijauy îlloiait, (jgé do huit ans ,
OKuire m.
MOZART
225
Mozarl écrivait à chaque instant à sa femme
pour lui cnjoin<lre de faire dire des messes à
l'honneur de tous les saints du calendrier. Enfin
ses vœux furent exaucés ; rendus à la santé, ses
enfants donnèrent deux concerts à La Haye , et
Wolfgang y détlia un œuvre de six nouvelles so-
nates de piano à la princesse de Nassau- Weil-
bourg. Après quatre mois de séjour en cette
Tille, la famille se rendit à Amsterdam, où le
jeune Mozart composa des symphonies et d'au-
tres morceaux pour l'installation du stathouder.
Au mois de mai 1766, Léopold Mozart se mit en
roule avec ses enfants pour retourner à Salzbourg
par l'aris, Lyon, la Suisse et Munich.
Rentré dans le calme de la vie de famille, après
trois années d'absence, Mozart reprit à Salzbourg
ses études de composition sous la direction de
son père (1). Les principaux ouvrages de Haendel
qu'il avait rapportés de Londres, et ceux de
Charles-Philippe-Emmanuel Bach, devinrent ses
modèles classiques. Dans l'année 1767, il lut aussi
les partitions de quelques anciens maitres italieus
de la lin du dix-seplième siècle et du commen-
cement du dix-huitième, qui, sans doute, lui
enseignèrent l'art de faire chanter les parties
d'une manière facile et naturelle jusque dans
les combinaisons les plus compliquées : qualité
par laquelle il est supérieur aux compositeurs
allemands de toutes les époques. Les premières
compositions vocales de cet enfant prodigieux
datent du même temps ; on en trouvera l'indi-
cation dans le catalogue général de ses œuTres
qui termine cette notice.
Au mois de septembre de la même année , la
famille Mozart entreprit un nouveau voyage à
Vienne : il ne fut pas heureux dans se* résultats.
Peu de jours après l'arrivée dans la capitale de
l'Autriche, et pendant que Léopold faisait des
démarches pour faire entendre son fils à !a cour
impériale, une archiduchesse, fiancée du roi de
Naples, mourut , et dans le même moment , la
petite vérole fit de grands ravages parmi les en-
fants à Vienne. Léopold Mozart s'en éloigna en
toute liàte avec ses enfants et se réfugia à 01-
raiilz (Moravie) , où , à peine arrivés, les deux
enfants furent atteints de la cruelle maladie, dont
le caractère fut si grave pour Wolfgang, qu'il
fut privé de la vue pendant neuf jours. De retour
à Vienne au mois de janvier 1768, le jeune ar-
tiste fut présenté à l'empereur Joseph II et à
l'impératrice. Comme partout, son prodigieux
(!) On a dit qu'Eberlin (i-oye: ce nom), savant maiU'e
de chapelle à Salzbourg, dirigea à cette époqae les éludes
de composition du jeune Mozart ; mais M. Otto Jabo a
remarqué avec beaucoup de justesse que l'erreur est ma-
nireste, puisque Eberlin mourut en 1763.
BIOCR. UNIV. DES HISICIENS. — T. TI.
talent transporta d'admiration toute la cour. L'em-
pereur lui dit qu'il désirait lui voir composer un
opéra et le diriger lui-même au clavecin. Mal-
heureusement Léopold Mozart prit cette de-
mande au Si rieux etse persuada que ta réputatioa
el 1 honneur de son fils étaient attachés à la réus-
site de cet opéra. Le sujet choisi fut la finta
simplice ; mais il fallut attendre longtemps le
travail du poète. Dès qu'il eut son livret, Wolf-
gang se mit à l'ouvrage, et composa les airs avec
rapidité. Lorsque le bruit se fut répandu de son
entreprise, tous les compositeurs réunirent leurs
eflbrts pour nuire à cet enfant. Il est triste de
dire que Gluck fut au nombre de ses ennemis,
suivant ce que Léopold Mozart écrivait en con-
fidence à un ami. On affirma d'abord que la
partition de l'opéra n'était pas l'ouvrage de l'en-
fant, mais de son père; il fallut, pour prouver le
contraire, que Wolfgang écrivît devanttémoinsun
air sur des paroles prises au hasard dans un vo-
lume des œuvres de Métastase , et qu'il l'instru-
mentât dans la même séance. Puis les chanteurs
italiens dirent que leurs airs n'étaient pas chan-
tables, parce qu'ils étaient mal prosodies; on
demanda des changements; le poète, d'accord
avec les ennemis du jeune compositeur, fit long-
temps attendre les paroles de ces changements ;
de son côté, l'orchestre dit qu'il ne consentirait
pas à jouer sous la direction d'un enfant, el l'en-
trepreneur, nommé .4/"/7/5r(o, usant de subterfuges
de toute espèce, ajournait incessamment les ré
pétitions, et finit par décider que l'opéra ne se-
rait pas joué. C'est ainsi que se termina celte
malheureuse affaire, après quatorze mois passés
à Vienne par la fajnille Mozart avec des dépenses
et des pertes d'argent qui la ruiuaient : le pau-
vre Wolfgang écrivit, sans obtenir de résultat,
un ouvrage en trois actes dont la partition ori-
ginale a cinq cent cinquante-huit pages. La seule
consolation de Léopold et de son fils fut l'exé-
cution, au mois de décembre 1768, d'une messe
solennelle, à grand orchestre, composée par Wolf-
gang et exécutée sous sa direction. Au nombre
des ouvrages qu'il écrivit à cette époque, on cite
un concerto de trompette pour un jeune garçon
de son âge. Pendant son séjour à Vienne, il com-
posa aussi, au mois de janvier 1768, |>our la mai-
son de campagne du docteur Mesmer, ami de
son père, le petit opéra Bastien et Bastienne ,
traduit du français en allemand. Gerber a attribué
cet ouvrage à Léopold Mozart , dans son Nouveau
Lexique des Mu.siciens : M. de Nissen le restitue à
Wolfgang (1). M. Olto Jahn adopte la mémeopi-
'XjAnhang ;« f/'ol/sang .imadcus Mozart's Biogr., p. 5.
15
2!i6
MOZART
nion, et Oulibicheff (1), ne trouvant aucun ren-
seignement sur ce sujet dans ies lettres de Léo-
pold, croit devoir laisser la chose indécise. Pour
moi , je crois pouvoir décider la question, car je
possède la partition manuscrite de Bastien et
Bastienne, que je considère comme originale et
qui porte ce titre : Deutsches opérette Bastien
und Bastienne von3 Stimmen, soprano, tenore
und basso mit 2 violini, alto viola, 2 oboe ,
2 cor ni, 2 flauti und basso, del Sig. W. A.
Mozart. De retour à Salzbonrg, dans les derniers
jours de 1768, Mozart y passa toute l'année sui-
vante, et apprit la langue italienne pour se pré-
parer au voyage que projetait son père. Ils par-
tirent seuls, au mois de décembre 1769, et se
dirigèrent vers l'Italie par Inspruck. Dans un
concert donné chez le comte Kùnigl, le jeune
Mozart osa jouer à première vue un concerto
difficile, et eut un succès complet dans cette
épreuve téméraire. Vérone, Mantoue, Milan,
Florence, Rome, Naples, l'entendirent et l'ad-
mirèrent. Un enthousiasme, qu'on ne rencontre
que dans les contrées méridionales, l'accueillait
ae toutes parts. Le programme de la plupart des
concerts où il se faisait entendre était semblable
à celui qu'il donna à Mantoue le IC janvier 1770,
et qui était composé de deux symphonies écrites
par lui, d'un concerto de clavecin qui lui serait
donné à Timprovisté et qu'il exécuterait à pre-
mière vue; d'une sonate qui lui serait également
donnée, et qu'il s'engageait de transposer immé-
diatement dans le ton qu'on voudrait lui indi-
quer; d'un air composé et chanté par lui en s'ac-
compagnant au piano , sur des paroles qui lui
seraient données pendant la séance ; d'une sonate
et d'une fugue improvisée sur un thème donné ;
enfin d'une symphonie qu'il jouerait au piano
sur une seule partie de preniier violon de l'ou-
vrage qu'on voudrait choisir! On comprend l'en-
thousiasme que devaient inspirer de pareils pro-
diges réalisés par un enfant de treize ans et
demi ; car quel musicien oserait cntre[)rendre
une pareille fâche? Cependant cet enfant mer-
veilleux ne s'est pas épuisé dans de pareils ef-
forts ; il n'a pas même eflleuré la vigueur de son
organisation morale , et il est devenu le plus
grand des musiciens. Les poètes le chantaient,
des médailles étaient frappées en son honneur,
les académies lui ouvraient leurs portes , et les
maîtres les plus savants des sévères écoles de
Bologne et de Rome le considéraient avec éton-
nement. Il n'avait que quatorze ans, et l'antienne
à quatre parties qu'il écrivit pour le concours de
l'Académie philharmonique était un essai fort re-
(1) NouvtlU Biographie de Mozart, 1. 1, p. 3«.
marquable dans un genre de musique qui lui
était inconnu ; et le digne P. Martini l'appelait
illustre maure; il n'avait que quatorze ans,
et deux auditions du Miserere d'Allegri lui
suffirent pour écrire de mémoire ce morceau cé-
lèbre dont il était défendu de donner des copies ;
il n'avait que quatorze ans, et le plus célèbre
des compositeurs dramatiques de ce temps ,
Adolphe liasse, surnommé par les Italiens le
divin Saxon, n'hésitait pas à dire, après avoir
entendu son Mitridute et sa cantate Ascanio
in Alba :Cet enfant nous fera tous oublier;
et la population milanaise tout entière s'écriait
transportée : Evviva il maestrino !
Mozart était à Milan au mois de février 1770 ;
il en partit vers le 15 mars, après avoir obtenu
un engagement pour composer le premier opéra
du carnaval de l'année 1771 ; il prit la route de
Bologne, où sa présence causa la plus vive émo-
tion. Je viens de parler du morceau qu'il y
écrivit pour obtenir le diplôme d'académicien
philharmonique. Suivant les statuts, l'épreuve à
subir en pareille circonstance consistait à écrire
sur un plain-chant donné une composition à
quatre voix dans le style appelé OA'.serra/o, ou a
la Palestrina. Mozart écrivit, d'après les conseils
qu'il avait reçus du P. Martini, l'antienne deman-
dée; mais ce n'est pas celle qui a été publiée
sous son nom par le conseiller De Nissen (1),
par Lichtenthal (2), et par M. OttoJahn (3), car
ce morceau est du P. Martini. Le savant M. Gas-
pari, maître de clia[ielle de la cathédrale de Bo-
logne et bibliothécaire du Lycée communal de
musique de cette ville, a trouvé, dans un recueil
manuscrit du dépôt qui lui est confié, l'original
de la composition de Mozart, suivi de celle que
Martini écrivit sur le même sujet pour l'instruc-
tion du jeune artiste. H y a loin du travail d'un
maître expérimenté tel que Martini à celui de
Mozart, écrit trop rapidement peut-être, et avec
une connaissance trop sommaire d'un genre de
musique qui lui était inconnu avant qu'il ar-
rivât en Italie; toutefois ce travail me pa-
raît intéressant. M. Gaspari a publié l'antienne
de Mozart avec son excellent discours intitulé
la Musica in Bologna, qui a paru dans la
Gazette musicale de Milan , et dont il a été fait
des tirés-à-part ( Milan, Ricordi, sans date, in-8^ ).
Je crois que les lecteurs de la présente notice
verront avec intérêt les deux morceaux sur le
même sujet, pour en faire la comparaison :
j (1) Biographie Jf. A. MozarVi , p. 225-!!7.
I (S) Hlozart c le sue creazioni (Milan, 1SV2) , p. Il
(3) ff. A. Mozait, l. 1, p. 661-663.
MOZART
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pectées; l'harmonie est celle du seizième siècle,
et la tonalité du premier ton y est toujours
sentie. Les parties chantent bien; tout enfin est
digne d'un maître. Une seule inadvertance s'y
fait remarquer à l'endroit marqué (a); la partie
du ténor y fait un retard de neuvième à la dis-
tance de seconde, ce qui est ime faute capitale,
parce que la résolution de la dissonance n'est pas
sentie sur l'unisson.
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style, ainsi qu'une anticipation de septième, iiiconnue au 1 ténor.
230
MOZART
bis al
Mozart, âgé seulement de quatorze ans, et
récemment arrivé en Italie, ne connaissait pas
et ne pouvait connaître les règles et les tradi-
tions de l'ancien style osservato dans lequel
on le faisait écrire : cela se voit au premier
abord dans les troisième et quatrième mesures
du soprano, purement instrumentales et non vo-
cales, dans lesquelles il fait arriver une partie
sur des quintes, par mouvement direct; ce qui
est interdit dans le contrepoint.
Le il avril, Mozart arriva à Rome. Dans une
lettre de son père, écrite de cette ville, on
trouve l'anecdote relative au Miserere d'Aï-
legri. A Naples, Jomeili , Majo , la célèbre can-
tatrice De Amicis, et tout ce qui s'y trouvait d'ar-
tistes de mérite l'accueillirent comme un com-
positeur déjà classé parmi les maîtres. En repas-
sant à Rome, Mozart, bien qu'âgé seulement de
quatorze ans , fut fait chevalier de l'Éperon d'or
CD La double note se trouve ainsi dans te manuscrit
original : le si ou le la sont également défectueux, car
dans ce genre de contrepoint , les noies qui n'ont pas de
valeur réelle ne se répètent pas.
(I) Lei rhythmes boiteux de tout ce passage du soprano
par le pape. Moins sensible que Gluck à ce genre
de distinctions, il ne se fit jamais appeler le
chevalier Mozart , et ne porta la croix dont il
avait été décoré que dans les pays étrangers,
comme le voulait son père. De retour à Milan,
vers la fin du mois d'octobre, Mozart y écrivit
son Mitridate , qui fut représenté, le 26 dé-
cembre de la même année , avec un succès dé-
cidé, et qui obtint vingt-deux représentations
consécutives. Quelques jours avant la première
répétition , /a prima donna Bernasconi , peu
confiante dans le talent d'un pianiste de qua-
torze ans pour écrire des airs, demanda au jeune
compositeur qu'il lui fît voir celui qu'elle devait
cbanter; il satisfit sur-le-champ à celte de-
mande. La cantatrice «ssaya immédiatement le
morceau et en fut charmée. Alors Mozart , piqué
de la défiance qu'on semblait avoir eue dans sa
jeunesse', lui en offrit un autre, puis un troi-
sont inadmissibles dans le style osservato des anciens
maîtres.
(3) Ces descentes sur la quinte par mouvement direct
sont gauches et interdites dans ce style.
MOZART
231
sième , et laissa la Bernasconi sliipéfaite de ren-
contrer un talent si rare et une imagination si
riche dans nn âge si tendre.
Fendant une partie de l'année 1771, Mozart
visita Vérone, qui lui avait envoyé un diplôme
d'académicien, Venise, Padoue, où il étonna
le P. Valotti en improvisant sur le strand orgue
du Saint ; puis il (it une course jusqu'à Inspruck.
11 retourna ensuite à Milan, pour y écrire sa can-
tate dramatique Ascnnio in Alba , dans laquelle
Manzuoli chantait le rôle principal, et qui fut re-
présentée au mois de décembre. L'installation
d'un nouvel archevêque à Salzbourg rappela Léo-
pnld Mozart dans cette ville en 1772. Le jeune
compositeur fiit invité à écrire pour cette cir-
constance la sérénade dramatique intitulée : H
Sogtno di Scipione; elle fut représentée le
14 mars 1772. .\u mois d'octobre suivant, Mo-
zart retourna à Milan, où il composa son opéra
sôrieux Lncio Silla , dont les rôles principaux
furent chantés par Rauzzini et la privia donna
De Amicis. Le public accueillit avec faveur cet
ouvrage, comme les précédents. Il fut suivi de
La^Finta Giardiniera , à Munich, en 1774,
et de la pastorale en deux parties // Re pas-
tore . composée pour la cour de Salzbourg, et
représentée en 1775.
Mozart avait dix-neuf ans ; le prodige de l'en-
fance avait fini, le grand homme commençait;
mais quelle enfance que celle qui se terminait à
la seizième année après avoir produit un opéra
allemand, trois italiens, un oratorio, deux
messes solennelles , un Sfabat , des offertoires ,
hymnes et motets , une Passion , deux cantates
avec orchestre, treize symphonies , vingt-quatre
sonates pour le piano , gravées , ainsi que plu-
sieurs autres morceaux pour le même instru-
ment , des trios de violon , des divertissements
en quatuor pour toutes sortes d'instruments ,
des pièces diiarmonie militaire , des marches ,
des fugues , des solos de violon , de violoncelle
et de flûte, des concertos pour divers instru-
ments ! Ij'étonnement s'accroit encore lorsqu'on
se raitpclle que l'auteur de tout cela avait em-
ployé la moitié de sa vie à voyager et à donner
des concerts.
De retour à Salzbourg en 1774, Mozart s'é-
tait persuadé que le prince , en récompense de
ses brillants succès , lui accorderait la place de
maître de chapelle ; mais après une vaine attente
de trois années , la misère l'obligea d'aller cher-
cher du pain ailleurs , et ce fut à Munich qu'il se
rendit d'abord. Présenté à IVlecteur, il lui de-
manda du service , offrant de composer chaque
année quatre opéras , et de jouer tous les jours
dans les concerts de la cour. Pour tout cela il
ne demandait qu'un traitement de 500 florins
(environ 1,050 fr. ); mais le prince répondait à
tous ceux qui le pressaient d'accepter les offres
du compositeur : Il est trop tôt ; qu'il aille en
Italie , quHl se fasse un nom. Je ne lui refuse
rien; mais il est trop tdt. « Aller en Italie!
« disait Mozart ; mais j'y ai passé plusieurs an-
« nées , et j'y ai donné trois opéras. » Il ajou-
tait : « Que le prince rassemble t^s les com-
« positeurs de .Munich; qu'il en fasse venir d'I-
« talie, de France, d'.\llemagne, d'.Angleterre et
« d'Espagne : je me mesurerai avec tous. » Ce
pauvre grand artiste , méconnu des princes qui
seuls pouvaient lui donner une existence , était
obligé de se redresser devant ceux qui voulaient
l'abaisser. Ce n'était pas l'orgueil , mais le sen-
timent de sa force et la juste prévision de l'a-
venir qui lui faisaient dire : « Je suis aimé du pu--
« blic de Munich : je le serai bien davantage
« quand j'aurai agrandi le domaine de la mu-
« sique ; ce qui ne peut manquer d'arriver. Je
« brûle du désir d'écrire depuis que j'ai entendu
« la musique vocale allemande. « Plus pauvre
en s'éloignanl de la capitale de la Bavière que
lorsqu'il y était arrivé, il fut obligé de donner
un concert à Augsbourg pour fournir aux frais
de son voyage. Jamais, écrivait-il à son père,
je n'ai été accablé d'autant d'honneurs
qu'ici. Ces honneurs, et 90 florins de la recette
de son concert, furent tout le produit de son
séjour à Augsbourg. A Manheim , l'électeur pa-
latin le traita avec distinction et les musiciens se
prosternèrent ; mais il n'y avait point de places
vacantes : Cannabich et l'abW Vogler les occu-
paient. Le seul fruit du voyage de Mozart fut
une montre dont le prince lui fit cadeau. Il prit
alors la résolution de se rendre à Paris, espérant
y retrouver un peu de la faveur qui l'y avait ac-
cueilli quatorze ans auparavant ; mais il y at-
tendit vainement pendant six mois le livret d'un
opéra qu'on lui avait promis, et le directeur du
Concert spirituel ne daigna pas même faire co-
pier une symphonie concertante qu'il avait écrite
pour les célèbres artistes Ritter, Ramm et Punto.
Ce directeur, qui n'était autre que Legros, acteur
de l'Opéra, ne l'employa qu'à raccommoder un
Miserere de Holzbauer, qui ne réussit pas. Enfin
la mère de Mozart, qui l'accompagnait dans son
voyage, se félicitait après plusieurs mois qu'il
eut trouvé une écolière assez généreuse pour
lui payer trois louis d'or pour douze leçons. Le
découragement qui lui serrait le cœur se laisse
entrevoir dans ce passage d'une lettre à son père,
écrite de Paris le 1"" mai 1778. « S'il y avait
« ici quelqu'au qui eût des oreilles pour en-
« tendre, un cœur pour sentir, et seulement
232
MOZART
« quelque idée de l'art, je me consolerais de
« toutes mes disgrâces ; mais les hommes avec
« qui je suis sont des brutes quant à la mu-
«■ sique. » Le grand homme ne comprenait pas
que, chez un peuple à peine sorti des voies du
mauvais goût , et encore indécis sur la révolu-
tion récemment opérée par Gluck dans la mu-
sique dramatique, les créations de son génie ne
pouvaient être goûtées , parce que, trop hardies,
elles franchissaient tout à coup des phases de
transformation qui, dans l'ordre ordinaire, au-
raient occupé plus d'un demi-siècle. A peine l'Al-
lemagne, plus avancée, était-elle mûre pour tant
de nouveautés.
Un dernier malheur vint frapper Mozart à
Paris : il y perdit sa mère. Une lettre qu'il
écrivit le jour même du décès (3 juillet 1778) à
un ami de sa famille, prouve l'isolement où il
se trouvait dans cette grande ville; car, lui dit-
il, un ami (Heina), Allemand de naissance, et
l'hôtesse des Quatre Fils Aymon, où il était
logé, furent les seules personnes qui, non-seule-
ment assistèrent aux derniers moments de
M""* Mozart, mais qui formèrent son convoi
pour les funérailles. Cet extrait des registres de
la paroisse Saint-Eustache n'a été connu d'aucun
des biographes de Mozart :
Samedl,'4 juillet m8.
« Ledit jour, Anne-Marie Perti (Pertlin),
« âgée de cinquante-^ept ans, femme de Léopold
« Mozart, maître de chapelle de Salzbourg, en
» Bavière, décédée d'hier, rue du Gros-Chenet ,
« a été inhumée au cimetière en présence de
« Wolfgang Amadi ( Amédée ) Mozart, son
>« fils, et de François Heina, trompette de che-
« vau-légers de la garde du roi.
« Signe : Mozart, Heina , Trisson ( vicaire ). »
Après le malheur qui venait de le frapper, le
séjour de Paris devint insupportable à Mozart ;
il s'en éloigna rapidement et alla retrouver son
père. Dans ces circonstances, fatigué de ses efforts
Mifructueux pour se faire une position, il sévit
contraint d'accepter en 1779 la place d'organiste
de la cour, à Salzbourg , et l'année d'après , celle
d'organiste de la cathédrale. Voilà donc où était
arrivé, à l'âge de vingt-trois ans, le plus étonnant
des musiciens modernes , après quinze années
de succès inouïs! Il ne lui était pas même
permis de prouver, par de nouveaux ouvrages,
que le passé de sa vie n'était que le prélude de
l'avenir.
Une heureuse circonstance vint le tirer pour
un instant de l'abaltement où s'épuisaient ses
forces. Partisan enthousiaste de la musique de
Mozart, le prince électoral de Bavière, Charles-
Théodore, le fit appeler à Munich au mois de
novembre 1780, et lui confia la composition
li' Idoménée, opéra sérieux en trois actes.
Parti de Salzbourg dans le mois de novembre
1780, Mozart se mit immédiatement à l'ou-
vrage , et par un prodige d'activité , il put faire
commencer les répétitions des deux premiers actes
le 1*"' décembre suivant. Cependant, cet ou-
vrage est une transformation complète de l'art :
c'est la création originale des formes et des
moyens de toute la musique dramatique venue
après lui. Le caractère mélodique de Vldo-
me'née ne rappelle ni la musique purement ita-
lienne, ni la musique allemande formée sous
l'influence de celle-ci par Graun , Hasse et
Benda, ni le style français, ni enfin la modifi-
cation de ce style par Gluck. Mozart tire tout
de son propre fonds , et son ouvrage devient le
type d'une musique aussi nouvelle dans son
expression, dans la disposition de la phrase,
dans la variété de développements de l'idé^
principale , que dans la modulation , l'harmonie
et l'instrumentation. Rien de ce qui existait au-
paravant ne pouvait donner l'idée de l'ouverture
à^Idoménée, de l'air Padre , germant, de
celui à'' Electre, au premier acte, de celui d'/-
lia, accompagné de quatre instruments obligés,
ni des choeurs Pietà, Nmni /et Corriamo, fug-
giamo. Tout cela ouvre une époque nouvelle
de la musique dramatique , un monde d'inven-
tions; époque qui s'est développée jusqu'à nos
jours ; monde où tous les musiciens ont été clier-
clier la vie depuis quatre-vingts ans. La pre-
mière représentation de ce bel ouvrage eut lieu
le 29 janvier l78l, pour l'anniversaire de la
naissance de l'électeur de Bavière. Une œuvre si
nouvelle semblait ne devoir pas être comprise
à son apparition : cependant elle excita l'en-
thousiasme de la population de Munich , et sur-
tout des musiciens , qui proclamèrent Mozart le
plus grand artiste de son temps.
Flatté des éloges prodigués à l'organiste de sa
cour, l'archevêque de Salzbourg , qui était de la
famille de Colloredo, s'en fit suivre à Vienne,
au mois de mars de la même année, le logea
dans son hôlel , mais le confondit parmi ses
domestiques, et même l'obligea à manger avec
ses cuisiniers. Une lettre de Mozart, écrite à cette
époque , peint avec amertume l'humiliation qu'il
éprouvait d'un pareil traitement. La crainte de
compromettre son père et de lui faire perdre
sa place , unique ressource du vieillard , était le
seul motif qui le retenait dans cette situation.
Il ne pouvait même se faire entMidre dans les
concerts où il était souvent invité, sans en
avoir obtenu l'autorisation de son mailre. Enfin,
MOZART
233
il se plaignit un jour, et n'ayant reçu de Parclie-
vêque que cette réponse : Cherche ailleurs, si
tu ne veux pas me sertir comme je l'entends,
il donna sa démission. Libre désormais , il ne
clierclia plus de place et vécut de son travail
ainsi que des leçons qu'il donnait. Quelques du-
cats, produit de ses leçons, furent pendant près
d'une année, sa seule ressource. L'empereur Je-
sepli II, qui n'avait de goût que pour la mu-
sique italienne , ne prenait pas garde au grand
musicien né dans ses États, et le laissait languir
dans la misère ; cependant la comtesse de Tliiin
et le prince de Cobentzel finirent par vaincre les
répugnances du monarque, et \' Enlèvement du
Sérail fut demandé à son illustre auteur pour
le théâtre de la cour. Cet ouvrage, dont toutes
les formes étaient nouvelles , evcita d'abord dans
le monde plus d'étonnement que de plaisir; mais
les mUïiciens le proclamèrent un chef-d'œuvre ;
Prague, Munich, Dresde, Berlin, Stultgard ,
Carlsruhe, confirmèrent l'opinion des artistes; et
les courtisans de Vienne , pour éviter le ridicule,
finirent par se ranger à l'avis du plus grand
nombre. Cependant , l'empereur n'aimait pas ,
au fond, cette musique, trop forte pour son
oreille, et toujours il y eut quelque réticence
dans les éloges qu'il accordait à celui que les ar-
tistes plaçaient au-dessus de tous les musiciens
de l'Europe. Cela est trop beau pour nos
oreilles, disàit-il à Mozart en parlant de l'En-
lèvement du Sérail: en vérité, j'y trouve trop
dénotes. — Précisément autant qu'il en faut,
répondit le musicien. Joseph II ne fit donner à
Mozart que cinquante ducats pour la composi-
tion de cet opéra. Plus tard il lui accorda une
pension de 800 florins avec le titre de composi-
teur de la cour; mais pendant plusieurs années
il ne lui demanda rien, à l'exception du petit
opéra intitulé : Le Directeur de spectacle, qui
fut représenté au château de Schœnbrunn
en 1786. Son obstination à cet égard fit dire un
jour par le compositeur à l'intendant qui lui
payait ses honoraires : Monsieur, c'est trop
pour ce qu'on me demande, et pas assez
pour ce que je pourrais faire. On a peine à
comprendre l'attachement que Mozart montra
toujours pour un prince qui appréciait si mal et
récompensait si peu son mérite ; cependant ce
lut cet attachement qui l'empêcha d'accepter les
offres séduisantes que lui fit le roi de Prusse Fré-
déric-Guillaume II, lorsqu'il visita Derliu.Ce prince
lui ayant demandé ce qu'il pensait de sa chapelle,
il répondit avec sa franchise ordinaire : « Sire ,
« votre chapelle possède beaucoup d'artistes di.s-
« tingués, et nulle part je n"ai entendu exécuter
« si bien des quatuors ; mais ces mes.sieurs
« réunis pourraient fairt mieux encore. — Eli
« bien, lui dit le roi, restez avec moi : vous
« îeul pouvez faire ce changement : je vous
« offre pour votre traitement annuel 3,000 écus
« (t 1,250 fr. ). — Quoi! me faudra-t-il aban-
« donner mon bon empereur ?» Le roi , touché
de cette marque d'attachement désintéressé,
ajouta : « Eh bien , pensez-y, mes offres snbsis-
« tent, ne vinssiez-vous ici que dans un an. »
Préoccupé de cette conversation, Mozart retourna
à Vienne et consulta ses amis sur une circons-
tance si importante, qui devait décider de son
sort ; ils le pressèrent peur qu'il acceptât les
offres du roi de Prusse , et il se décida à de-
mander sa démission à l'empereur. Joseph II vit
d'un coup d'œil la tache qu'imprimerait à son
règne le départ d'un artiste si renommé , pour
passer au service d'une cour étrangère , et , dé-
cidé à le retenir, il lui dit de l'air le plus affable :
Eh quoi! mon cher Mozart, vous voudriez me
quitter? Interdit à ces paroles, Mozart regarda
le prince avec attendrissement et lui dit : Ma-
jesté, je me recommande à votre bonté... je
reste à votre service (1). Aucune amélioration
dans le sort du compositeur ne résulta de cet en-
tretien. Lorsqu'il revint cliez lui , im de ses amis
lui demanda s'il n'avait pas profité de cette cir-
constance pour faire porter son traitement à
une somme convenable : Eh ! qui songe à cela ?
répondit Mozart avec colère. Cependant si la
crainte de voir abandonner son service par aa
grand artiste pour passer dans une cour étran-
gère avait ému un instant l'empereur Jo-
seph II, il est certain qu'il ne goûta jamais
sa musique , trop forte pour son organisation
musicale. Rien de plus significatif à cet égard
que les révélations du poète d'Aponte, auteur
des excellents livrets des yoces de Figaro et
de Don Juan. Je crois ne pouvoir mieux faire
que de rapporter quelques passages de ses Mé-
moires , pour faire connaître quelle était la vé-
ritable situation de Mozart à la cour de Vienne.
« Wolfgang Mozart, dit d'Aponte, quoique doué
ce par la nature d'un génie musical supérieur
« peut-être à tous les compositeurs passés, pré-
ce sents et futtirs, n'avait pu encore faire éclater
■ son divin génie à Vienne, par suite de la cabale
(Il Rocblitz, qui a rapporté cette anecdote dans la Ga-
zette musicale de Leipsick, prétend que Joseph II aimait
passionnément la musique de Mozart, et qu'il lui dit :.
fous savez ce que Je pense des Italiens , et cependant
vous voulez me quitter' Mais ces paroles sont en contra-
diction manifeste avec les faits connus. Si l'empereur eût
aimé la mu>.iqae de Mozart , it aurait voulu en entendre,
et Rocblitz avoue qu'il ne lui en demanda peint. Quant aux
Italiens, Joseph 11 lui-même les avait appelés à son service;
il les comblait de faveurs, et n'aimait que l'opéra bouffe.
234
MOZART
« de ses ennemis : il y demeurait obscur et mé-
« connu, senil)iab!e à ime pierre précieuse qui ,
« enfouie dans les entrailles de la terre, y dé-
« robe le secret de sa splendeur. Je ne puis ja-
« mais penser sans plaisir et sans orgueil que
« ma seule persévérance et mon énergie furent
« en grande partie la cause à laquelle l'Europe
« et le monde durent la révélation complète des
« merveilles de cet incomparable génie.
« M'étant rendu cbez Mozart, je lui demandai
« s'il lui conviendrait de mettre en musique im
« opéra composé tout exprès pour lui. — Ce
« serait avec beaucoup de plaisir, me répondit-il,
« mais je doute d'en obtenir la permission. — Je
« me charge de lever toutes les difficultés. — Eh
« bien, agissez....
« Causant un jour avec lui, il me demanda si
o je pourrais mettre en opéra la comédie de Beau-
« marchais intitidée Les Noces de Figaro. La
« proposition fut de mon goût. Je me mis à l'ou-
« vrage, et le succès fut soudain et universel....
« Au fur et mesure que j'écrivais les paroles,
« Mozart composait la musique; en six semaines
« tout était terminé. La bonne étoile de Mozart
« voulut qu'une circonslance opportune se pré-
« sentàt et me permît de porter mon manuscrit
« à l'empereur. — Eh quoi! me dit-il, vous savez
« que Mozart , remarquable pour la musique
« instrumentale, n'a jamais écrit pour le chant,
« sauf une seule fois, et cette exception ne vaut
a pas grand'chose! — Moi-même, répliquai-je
« timidement, sans la bonté de l'empereur, je
« n'eusse jamais écrit qu'un drame à A'ienne.
« — C'est vrai ; mais cette pièce de Figaro ,
« je l'ai interdite à la troupe allemande. — Je le
« sais ; mais, ayant transformé cette comédie en
« opéra , j'en ai retranché des scènes entières ,
« et j'en ai abrégé d'autres, ayant soin de faire
« disparaître tout ce qui pouvait choquer les
« convenances et le bon goftt ; en un mot, j'en
« ai fait une œuvre digne d'un théâtre que Sa
« Majesté honore de sa protection. Quant à la
« musique, autant que je puis en juger, elle me
« semble un chef-d'œuvre. — Bien ; je me fie à
« votre goût et à votre prudence : remettez la
« partition aux copistes. »
V Enlèvement du Sérail ASAxi été représenté à
Vienne, le 13 juillet 1782. Le 4 août suivant,
Mozart épousa Constance Weber, virtuose sur le
piano, dont il eut deux fils. Pour subvenir aux
besoins de sa famille, il ne possédait que son
revenu fixe de huit cents florins, comme compo-
siteur de la cour : il trouvait le surplus dans le
faible produit de ses compositions, dans les
leçons de piano qu'il donnait chez lui, et surtout
dans ies contredanses el les valses qu'il écrivait
pour les bals et les redoutes -. car c'est à ce tra-
vail qu'était souvent comiainnée la plume qui se
reposait en écrivant Don Juan , les ISoces de
Figaro, Cosifan lutte, el la Flûte enchantée.
L'été, Mozart voyageait pour donner des concerts:
c'est pour ces voyages qu'il a composé la plu-
part de ses concertos de piano. En 1783 parut son
Davidde pénitente, oratorio qui renferme des
morceaux de la plus grande beauté , particuliè-
rement un trio pour deux soprani et tenore qu'on
peut mettre au rang de ses plus belles produc-
tions. L'année suivante, ses travaux prirent une
activité prodigieuse qui se soutint jusqu'à sa
mort. Les six beaux quatuors connus comme
son œuvre 10*^ parurent en 1785 ; il les dédia à
Haydn. Dans son épitre dédicatoire , écrite avec
une touchante simplicité, il dit au célèbre maître
de chapelle du prince Eslerhazy, que c'est de
lui qu'il a appris à faire des quatuors. C'est à
cette époque que le père de Mozart vint visiter
son fils à Vienne, et pria Haydn de lui dire avec
sincérité ce qu'il pensait du mérite de ce fils,
objet des espérances et de l'ambition paternelles :
Sur mon honneur et devant Dieu, répondit le
grand homme, je vous déclare que votrC' fils
est le premier des compositeurs de nos jours.
Après le petit opéra du Directeur de spectacle,
joué au palais de Schœnbrunn en 1786, vint dans
la même année la partition prodigieuse des
Noces de Figaro , qui renfermé plus d'idées
nouvelles, de créations de tout genre et de véri-
table musique que ce qu'avaient produit toute
l'Allemagne et l'Italie dans le genre dramatique
depuis un demi-siècle. Les proportions de la par-
tition des Noces de Figaro sont colossales : elle
abonde en airs, duos, morceaux d'ensemble île
caractères différents, ou la richesse des idées, le
goût et la nouveauté de l'harmonie , des mo-
dulations et de rinstrumenlation se réunissent
pour former l'ensemble le plus parfait. Les deux
finales du deuxième et du quatrième acte sont
seuls des opéras entiers, plus abondants eu
beautés île premier ordre qu'aucune autre pro-
duction dramatique. Rien de ce qu'on con-
naissait avant les Noces de Figaro ne pou-
vait donner l'idée d'un pareil ouvrage. Le succès
de celte admirable production de l'art le plus
élevé fut général en Allemagne dès son apparition ;
partout il excita l'enthousiasme , et de tous les
opéras de Mozart, ce fut celui qui fut le mieux
compris à son origine.
Il y a beaucoup de contradictions en ce qui
concerne les ouvrages dramatiques de Mozart.
On vient de voir que, suivant d'Aponle , .Mozart
composait la musique de Figaro au fur et à me-
sure qu'il en écrivait le livret; Lcopold Mcïarf,
MOZART
23(
au contraire, écrit à sa fille, le 11 novem-
bre 1785 : « La musique (des .Yoces de Figaro)
« ne me donne pas d'inquiétude : mais il aura bien
« des courses à faire et beaucoup de discussions,
« jusqu'à ce qu'il obtienne qu'on dispose selon
« ses Tues le libretto, qui est tiré de la comédie,
n et qui a grand besoin d'être modifié. » Si l'on
en croit OiilibiclietT, dont le guide est le con-
seiller de Nissen, la cabale des ennemis de Mozart
triompha à la représentation de l'ouvrage : « Le
« public, dit-il, écouta jusqu'au bout avec froi-
« deur : Figaro tomba tout du long et de long-
« temps il ne put se relever à Vienne, » d'Aponle
dit au contraire : » Enfin le jour de la première
« représenlalion de l'opéra de Mozart arriva ;
« elle eut lieu à la grande confusion des maestri.
o .... Cet opéra eut un succès d'enthousiasme. »
Ici le poète est évidemment dans le vrai , car
Léopold Mozart écrit à sa fille, le 18 mai 1786:
« A la seconde représentation des .Yorre di Fi-
« garo on a répété cinq morceaux : on en a re-
« demandé sept à la troisième : un petit duo {su
« Varia) a été chanté trois fois. » 11 est lïors
de doute que la population viennoise, essentiel-
lement frivole , n'a jamais été portée d'iustinct
vers la grande musique; mais il y a eu de tout
temps à Vienne beaucoup d'artistes et d'amateurs
d'élite qui y ont dominé le goût du public Les
plus grands obstacles rencontrés par les œuvres
sublimes de Mozart, dans la ville impériale, ont
été quelques maîtres jaloux, à a tête desquels se
plaçait toujours Saiieri ; puis les chanteurs ita-
liens à qui cette musique, trop belle par elle-
même , était antipathique et le sera toujours ,
parce qu'elle ne leur 'aisse pas une part assez
large dans le succès. Tout ce monde intriguait ,
dénigrait l'œuvre du maître avant la représenta-
tion, et le public, mis en défiance, n'osait porter
un jugement favorable avant que les connais-
seurs lui eussent fait la leçon. Il n'en était pas
ainsi de la population de Prague , qui accueillit
toujours avec une admiration vive et sincère et de
prime abord les ouvrages dramatiques de Mozart.
Le professeur Niemetschek, biographe decegrand
homme, raconte de cette manière le succès dont il
a été témoin :
« La société de Bondini, troupe de chanteurs
« italiens, qui exploitait alternativement les théà-
n très de Leipsick , de Varsovie et de Prague,
« entreprit de monter ici [ à Prague) les .Yo:^e
« di Figaro , <lans l'année même où l'opéra fut
« composé. Dès la première représentation , le
« succès égala celui que la Flùic enchantée
« obtint plus tard. Je ne m'écarte en rien de la
« vérité en disant que l'opéra fut joué pendant
« tout l'hiver sans interruption et qu'il porta un
« remède efficace à la détresse où l'entrerreneur
« Bondini se trouvait alors. L'enthousiasme du
'n public était sans exemple; on ne pouvait se
<•. fatiguer d'entendre Figaro. Réduit pour Ifc
« clavecin, extrait en quintette pour la musique
a de chambre , arrangé pour les instruments à
« vent , métamorphosé en contredanses , l'opéra
« se reproduisit dans toutes les formes, sans
« qu'il fût possible aux amateurs d'en éprouver
« de la fatigue. Les chants de Figaro retentis-
n saient dans les rues, aux promenades, et l'a-
-< veugle de la guinguetîe était obligé d'apprendre
« .\on piu andrai farfallone amoroso, s'il
« voulait réunir un auditoire près de son violon
« ou de sa harpe. »
Ce fut encore d'Aponte qui fournit à Mozart
le sujet de son chef-d'œuvre d'expression drama-
tique, c'est-à-dire Don Juan. Cette fois, l'ou-
vrage fut écrit pour le théâtre de Prague, à l'oc-
casion de l'arrivée dans cette ville de la grande-
duchesse de Toscane. Mozart a toujours dit qu'il
écrivit celle merveille de l'art pour la popula-
tion de la Boliéme, qui avait fait preuve de tant
d'intelligence de la grande musique aux repré-
sentations de Figaro. Représenté le 4 novom-
bre 1787, Don Jitan fut porté aux nues par les
habitants de Prague, qui le déclarèrent le plus
beau , le plus complet de tous les opéras repré-
sentés jusqu'à ce jour. Bientôt après, il fut mis
en scène à Vienne ; mais il y eut un sort très-
différent. Mal monte , mal repété, mal joué,
mal chanté et plus viol compris, dit avec
raison Oulibicheff, il y fut complètement
éclipsé par VAxur de Saiieri. d'Aponle dit aussi,
en parlant de cette mise en scène à Vienne :
Don Juan ne fit aucun plaisir. Tout le mondp,
Mozart excepté, s'imagina que l'ouvrage avait
besoin d'être retouché. Trop de beautés étaient
accumulées dans cette partition, et ces beautés
étaient d'un genre trop nouveau pour qu'elle fût
comprise par le public dès son apparition ; quel-
ques musiciens seulement virent que Mozart
avait atteint dans cet ouvrage le dernier degré de
l'invention et du sublime. Les gens du monde et
les critiques en parlèrent diversement; mais
quand le temps eut fait justice de ces jugements
sans valeur, l'Allemagne tout entière s'enthou-
siasma pour cette immortelle production du
génie.
De retour à Vienne, au commencement de 1788,
Mozart reprit ses travaux de composition inst-u-
mentale et vocale , oîj il déployait une merveil-
leuse activité. Ce fut alors qu'il commença à
ressentir les premiers symptômes d'une ma-
ladie de poitrine, compliquée d'une affection ner-
veuse qui le jetait souvent dans des accès de
236
]\10ZART
sombre mélancolie. Le travail était alors sa seule
ressource contre ses tristes pensées , quoiqu'il ]
augmentât son mal. Il écrivait avec une incroya- ]
ble rapidité , et semblait plutôt improviser que i
composer; cependant tous ses ouvraj^es portent
le cachet de la perfection , sous le rapport de
l'art d'écrire comme sous celui de l'invenlion. [
Ce fut dans celte année que, parmi beaucoup j
d'autres compositions, il écrivit ses trois der- i
nières grandes symphonies. En 1789, il produisit j
son dernier quatuor, en ré , écrit pour le roi de
Pruvse; im rondo (Al desio) ajouté dans les
yozze di Figaro , pour M"" Ferraresi del [Jone;
(me sonate pour clavecin seul (en ré); quatre airs
écrits pour une cantatrice nommée M"* Ville-
neuve, lesquels furent intercalés dans les o|)éras
italiens de Cimarosa et de Paisiello, / due lia-
roni, Il Barbiere di Siviglia, et II Burbero
di buon corcj le quintette (en la) pour clari-
nette, 2 violons, alto et violoncelle, 12 menuets
et 12 allemandes pour orchestre, enûn, sa par-
tition de Cosi fan tuile , charmant ouvrage qui
fut représenté le 20 janvier 1790, et qui eut à
Vienne un brillant succès.
Le mal qui le consumait prenait chaque jour
lin caractère plus alarmant. La crainte de la mort
ne larda point à s'emparer de son esprit, et le
tourmenta jusqu'à ses derniers moments. Une
pensée l'assiégait incessamment : il ne croyait
point avoir assez fait pour sa gloire; elle lui
faisait redoubler un travail qui épuisait ses forces.
Ses amis essayaient de le distraire et le condui-
saient dans un café ou estaminet voisin, où il
retrouvait son goût passionné pour le billard;
mais rentré chez lui, il se livrait de nouveau
au travail avec excès. S'il se promenait en voi-
ture, il ne voyait rien, restait absorbé dans de
tristes pensées, et marquait tant d'impatience ,
qu'il fallait le ramener chez lui, où il se hàlait de
reprendre le travail qui le tuail. C'est dans cet
état qu'il entreprit, à la demande de Schikaneder,
directeur d'un théâtre de Vienne , la composition
de la Flûte enchantée. Ce Schikaneder était à
la fois directeur et acteur de son théâtre, écrivait
de mauvais canevas dei^ièces, et même y met-
tait parfois des airs de sa façon. Les affaires de
son théâtre étaient en fort mauvais état. Dans sa
détresse il alla trouver Mozart, lui exposa sa si-
tuation, et pria l'illustre maîlre de lui venir en
aide. — « Que puis-je faire pour vous? — Mesau-
« ver, en écrivant pour mon théâtre un opéra
" dans le gortt du public de Vienne. Vous pourrez
« faire la part de votre gloire et celle des con-
« naisseurs; mais l'essentiel est de plaire au peu-
« pie de toutes les classes. Je vous fournirai le
« livret , et je ferai la dépense de la mise en
« scène. — Je consens à ce que vous me propo-
« sez. — Que me demaudez-vous pour vos hono-
« raires? — Vous m'avez dit que vous ne pos-
« sédez rien. Écoulez, je veux vous sauver, mais
« non perdre le fruit de mon travail ; je vous
« livrerai ma partition, dont vous me donnerez le
« prix que vous pourrez, mais en vous interdi-
« sant le droit d'en donner des copies. Si l'opéra
« réussit, je me payerai en vendant ma partition
« à d'autres théâtres. » Le marclié fut conclu à
ces conditions , et le maître se mit immédiate-
ment à l'ouvrage pour enfanter cette sublime
création connue en France sous le nom de la
Flûte enchantée, mais plus exactement la
Flûte magique, ouvrage d'un genre absolument
différent des autres opéras de Mozart, où brillent
une fraîcheur, une grâce, qu'on ne croirait pas
avoir pu .se trouver dans l'imagination d'un
mourant. Pendant qu'il l'écrivait, il ne voulait
interrompre son travail ni le jour ni la nuit.
Souvent il tombait dans un épuisement absolu et
avait des défaillances qui duraient plusieurs mi-
nutes ; mais les supplications de sa femme ni
celles de ses amis ne purent jamais obtenir qu'il
suspendît la composition de cet opéra , qui fut
achevé au mois de juillet 1791 et joué le 30 sep-
tembre suivant, avec un succès dont il n'y avait
jamais eu d'exemple à Vienne, car il en fut donné
cent vingt représentations de suite. Mozart ne
put assister qu'aux dix premières ; trop souffrant
ensuite pour aller au théâtre, il mettait sa mon-
tre sur sa table, et suivait des yeux le mouvement
des aiguilles pour savoir le morceau qu'on exé-
cutait. Au milieu de ce triste plaisir, l'idée que
tout serait bientôt fini pour lui le saisissait, et
il tombait dans un profond accablement.
Le même enthousiasme qu'avait montré le pu-
blic de Vienne pour la Flûte magique se mani-
festa dans toute l'Allemagne; car on joua bientôt
l'ouvrage sur tous les théâtres. Au mépris de sa
|)romesse formelle, Schikaneder en avait vendu
des copies. En apprenant cet acte de friponnerie,
Mozart se contenta de dire : Le coquin !
C'est ici que se i)lace une anecdote rapportée
par Chr. Fr. Cramer dans une brochure écrite
à Vienne en 1797, et publiée en français à Paris,
en 1801, sous le titre : Anecdotes sur W. G.
Mozart. Il résulte de son récit qu'im étranger
mystérieux se présenta un jour chez l'illustre
maîlre, lorsque déjà sa> santé lui inspirait de
vives inquiétudes, et lui avait demandé la com-
posilion d'une messe de Requiem , qu'il avait
payée généreusement d'avance, sans vouloir dire
son nom ; que plusieurs fois le môme personnage
s'était représenté à l'improvisle pour recevoir la
partition du Bequicm, et que Mozart, frappé
MOZART
237
de l'idée de sa mort prochaine, avait cru voir,
dans ces apparitions , des averlissements du
ciel. Le conseiller de >'issen qui , longtemps
après la mort de ce grand homme, épousa
sa veuve, rapporte le Tait d'une manière plus
simple et plus naturelle. Suivant sa version ,
Mozart travaillait à la Flûte magique lorsqu'il
reçut une lettre anonyme par laquelle on le
chargeait de composer une messe de Requiem,
en l'invitant de (ixer le prix de son ouvrage et
d'indiquer le jour où son travail serait terminé.
Étonné de cette étrange demande et du myslère
dont on l'enveloppait, Mozart consulta sa femme
qui lui conseilla de répondre par écrit qu'il con-
sentait à faire ce qu'on lui demandait, sans pou-
voir toutefois flxer le moment où le travail se-
rait terminé , et qu'il en fixait le prix à certaine
somme. Peu de temps après , le messager qui
avait apporté la première lettre revint , et non-
seulement il remit au compositeur la somme
demandée, mais il ajouta qu'une augmenlalion
considérable de salaire serait payée quand le
Requiem serait achevé. Il ajouta que Mozart
pouvait travailler à loisir, mais qu'il ne fallait
pas chercher à connaître le nom de la personne
qui demandait cette composition. Absorbé dans
de sombres réllexions , Mozart n'écouta pas les
observations de sa femme sur cette aventure
singulière. Déjà il était préoccupé de la composi-
tion du 7?^'9U/(?m demandé; il se mit immédiate-
ment au travail, et y déploya tant d'activité, qu'il
aurait épuisé le reste de ses forces, si un autre
objet important ne fût venu le distraire de ♦"«
triste sujet d'occupation. L'époque du couron-
nement de l'empereur Léopold, comme roi de
Bohême, était arrivée. L'administration du théâ-
tre de Prague ne songea qu'au dernier moment
à faire écrire un nouvel opéra pour cette cir-
constance : elle eut recours à Mozart dans les
premiers jours du mois d'août ; en lui annon-
çant que les états généraux de la Bohême
avaient choisi La Clémence de Titus, de
Métastase. Flatté de la préférence dont il était
l'objet , il accepta les propositions qui lui étaient
faites , quoique le terme qu'on lui fixait fût si
court, qu'il fut obligé de réduire l'ouvrage en
deux actes, de n'écrire que les morceaux princi- '
paux , et de faire faire le récitatif par un de ses
élèves nommé Sussmayer ( voy. ce nom ). « An
« moment où il montait en voiture avec .<!a
« femne pour se rendre à Prague, dit M. de
« Nisscn , le messager reparut , tel qu'im esprit,
« et tirant la femme par la robe, il lui demanda
« ce que deviendrait le Requiem. Mozari
« s'excusa sur l'urgence du voyage et sur l'im-
• possibilité où il avait été d'en prévenir le
« maftre inconnu du mes.<:ager; mais que si
« celte personne «voulait attendre , il se mettrait
n à l'œuvre après son retour. Le messager parut
« satisfait de cette assurance. »
Au fond, les différences de ces deux ver-
sions sont peu importantes. Il ne s'agit pas de
mettre en garde le public contre la supposition
d'un événement surnaturel : ce qui importe ,
c'est que l'idée s'en est produite dans le cer-
veau de .Mozart et a exercé une influence funeste
sur sa santé. La demande d'un opéra pour le
couronnement de Léopold vint faire une salu-
taire diversion à ses tristes pensées. Arrivé à
Prague, il se mit au travail , et dans l'espace de
dix-huit jours il eut terminé sa partition, dont il
livrait les feuilles aux copistes à mesure qu'il
les écrivait. Cependant il n'y a pas un morceau
faible dans ce charmant ouvrage , qui fut repré-
senté le 6 septembre 1791. Tous les airs, les
duos , le finale du premier acte , et le trio du se-
cond sont d'une beauté achevée.
Ce nouvel excès de travail et l'exallalion
qu'il lui avait donnée semblaient devoir anéantir
les forces de Mozart ; cependant les distractions
qu'il trouva à Prague ranimèrent son courage
et lui rendirent une partie de son ancienne gaieté.
Quand il revint à Vienne, sa santé paraissait
améliorée ; son premier soin fut de terminer sa
partition de la tlûte mayique; il ne restait à
écrire que l'ouverture et la marche des prêtres,
au commencement du second acte; ces mor-
ceaux furent terminés eu deux jours. On sait
que l'ouverture a pour commencement de l'al-
légro une entrée fuguée sur ce motif :
Le professeur de piano de Berlin , Louis Ber-
ger, élève de Clemeuti , a accusé .Mozart de pla-
giat, parce que la î^e sonate de l'œuvre YI de
Clemeuti commence ainsi :
238
MOZART
Mais , pour un génie comme celui de Mozart,
ce n'est évidemment qu'une rencontre fortuite.
Après avoir terminé ce travail en si peu de
temps , il se remit à la composition de son Re-
quiem, et finit par se persuader qu'il venait de
recevoir un avertissement du ciel , et qu'il tra-
vaillait à son hymne de mort. Rien ne put le
distraire de cette idée funeste, qui acheva d'a-
battre le reste de ses forces. Sa femme, alar-
mée de sa sombre mélancolie et de sa faiblesse ,
voulut le reposer et le distraire ; elle le conduisit
au Prater (1) en voiture, par une belle matinée
d'automne. Ce fut là que Mozart lui découvrit
le secret de son âme sur le Requiem : « Je Vé-
« cris pour moi-même, dit-il en pleurant;
« bien peu de jours me restent à vivre; je ne
« le sens que trop. On m'a donné du poi-
« son (rien n'est pins certain. Il est facile
d'imaginer quel fut le serrement de cœur de la
pauvre femme. Rentrée chez elle, elle envoya
chercher le médecin qui fut d'avis d'enlever au
malade sa fatale parlilion. Mozart s'y résigna,
mais sa tristesse s'en augmenta. Néanmoins
quelques jours d'un repos forcé lui procurèrent
du soulagement. Le la novembre, sa situation
fut assez bonne pour qu'il pût écrire une petite
cantate {Y Éloge de l'amitié) qu'on lui avait
demandée pour une loge de francs-maçons dont il
était membre. En apprenant que l'exécutionavait
été bonne et que le morceau avait eu du succès,
il se sentit ranimé. Il retiemandaalors la partition
du /îe^iuem. Le croyant hors de danger, sa femme
n'hésita pasàlalui rendre. Mais bientôt toutes ses
douleurs physiques et morales reparurent avec
plus d'intensité, et cinq jours après la fête maçon-
nique, il fallut le porter sur son lit, d'oîi il ne se
releva plus. A peine était-il étendu sur cette cou-
che mortuaire quand on lui apporta sa nomi-
nation de maître de chapelle de la cathédrale de
Saint-Étienne , et des propositions avantageuses
lui arrivèrent dans le même moment de plu-
sieurs directions des grands théâtres dont l'alten-
(1) Promenade favorite des habitants de Vienne.
tion venait d'être fixée par l'éclatant et universel
succès de la Flûte magique. En apprenant
coup sur coup ces tardives prospérités dont il ne
(levait pas jouir, Mozart s'écria : Eh quoi ? c'est
à présent qu'il faut mourir! Mourir, lorsque
enfin je pourrais vivre heureux ! Quitter
mon art, lorsque délivré des spéculateurs sur
mon travail et soustrait à Vesclavage de la
mode, il me serait loisible de travailler selon
les inspirations de Dieu et de mon cœur!
Quitter ma famille , mes pauvres petits en-
fants, au moment oùj'auraispu mieux pour-
voir à leur bien-être! M'étais- je trompé en
disant que j'écriimis le Requiem pour moi-
même?
Quinze jours s'écoulèrent dans de grandes
souffrances, où les médecins reconnurent les
symptômes d'une inflammation du cerveau. Sa
foi , qui avait toujours été vive et sincère, condui-
sit Mozart à une parfaite résignation. Il eut le
pressentiment de son dernier moment, car Sophie
VYeber, sa belle-sœur, étant venue demander de
ses nouvelles dans la soirée du 5 décembre , il
lui dit : Je suis bien aise de vous voir; restez
prés de moi cette nuit; je désire que vous me
voyiez mourir. Elle essaya de lui donner quel-
que espérance. Non, non, dit-il, je sens que
tout est fini. J'ai déjà le goût de la mort sur
la langue. Restez : si vous n'étiez pas ici, qui
assisterait ma Constance? Sophie courut aver-
tir sa mère, et revint presque aussitôt. Elle trouva
Siissmayer debout près du lit de son maître : il
soutenait de ses mains la partition du Requiem
entr'ouverfe. Après en avoir regardé et feuilleté
toutes les pages avec des yeux humides , Mozart
donna à voix basse ses instructions à son élève
pour terminer l'œuvre; puis il se tourna
vers sa femme et lui recommanda de tenir sa
mort cachée jusqu'à ce qu'elle eût fait prévenir
Albrechtsbcrger (1); Car, ajouta-t-il, devant
Dieu et devant les hommes, c'est à lui que
ma place revient. Le médecin entra dans ce
moment et fit mettre sur la tête des compresses
d'eau froide. L'ébranlement qui en résulta fit
perdre immédiatement au malade le mouvement
et la parole. La pensée seule vivait encore; par
un dernier effort, il tourna les yeux, vers Siiss-
mayer. Minuit sonna; avant que le dernier coup
eût. retenti, Mozart expira (5 décembre 3791),
sans avoir accompli sa trente-sixième année.
Ainsi linit ce grand homme, dont l'enfance avait
été environnée de prestiges et de caresses, mais
qui , parvenu à l'âge d'homme, n'avait trouvé de
(1) Voyez ce nom. Albrccl.tsbcrger obtint en effella plaos
de maître de ciiapelle de Saint-Élicnne.
MOZARI
239
bonheur que dans ses travaux. A i'activilé qu'il
y uiil dans les dernières années de sa vie, il seiii-
bleavoir eu le pressentiment de sa fin prématurée.
On a retrouvé, après sa mort, le catalogue de ses
compositions depuis le 9 février 1784 jusqu'au
15 novembre 1791, écrit de sa main : le détail
en paraît presque fabuleux! En 1784, six con-
certos de piano, le fameux quintette pour piano,
hautbois, clarinette , cor et basson , deux sonates
de piano , dont la grande en ut mineur, des va-
riations, et le quatuor en si l)émol, pour violon,
de l'œuvre 10*. L'année suivante, les quatuors
en la et en ut du même œuvre, trois concertos
de piano, dont celui en ré mineur, le quatuor pour
piano en sol mineur, la grande fantaisie en ut
mineur, trois airs italiens, le beau quatuor et le
trio ajoutés dans l'opéra de la Villanella , des
chansons allemandes, des cantates de francs-
maçons, un andante en si mineur, pour violon
principal et orchestre, la grande sonate en mi
bémol, pour piano et violon. En 1786, l'opéra
intitulé le Directeur de spectacle, les yoces
de Figaro, des duos, scènes et airs italiens pour
plusieurs opéras, la grande symphonie en ré, trois
concertos de piano, dont celui en ut mineur,
un concerto pour cor, le quatuor pour piano en
mi bémol, deux trios pour piano, violon et vio-
loncelle , le quatuor en ré pour violon , le tria
pour piano, clarinette et alto, la grande sonate à
quatre mains en fa , et des variations. En 1787,
Don Juan , les quintettes de violon en ut et en
£o/ mineur, plusieurs airs italiens et allemands
avec orchestre, des recueils de danses et de valses,
des sérénades pour plusieurs instruments ; la so-
nate à quatre mains en ut, et une autre sonate
pour piano et violon; l'année suivante, les
grandes symphonies en ut, en mi bémol et en
sol mineur, plusieurs morceaux ajoutés à Don
Juan, trois sonates pour piano, un concerto
pour le même instrument, trois trios pour piano,
violon et violoncelle, le trio en mi bémol pour
violon, alto et basse, des rondeaux et morceaux
détachés pour piano, plus de quarante danses et
valses pour l'orchestre, des chansons allemandes,
des canons, et l'instrumentation nouvelle à'Acis
et Galatée, de Hœndel. En 1780, deux qiiatuors
pour violon, le beau quintette en la pour cla-
rinette , deux violons , alto et basse , plusieurs
scènes et airs avec orchestre pour divers opéras,
deux sonates de piano, une multitude de danses
et de valses , la nouvelle instrumentation du
Messie , de Haendel. En 1790, Cosi fan tulle,
deux quatuors de violon, le quintette en ré, la
nouvelle instrumentation de la Fe'te d'Alexan-
dre et la Sainte'Cécil€,de Haendel, beaucoup
de pièces détachées pour divers instruments.
En 1791 , deux concertos de piano, deux can-
tates avec orchestre, le quintette en mi bémol,
le quintette |)0ur harmonica , des morceaux dé-
tachés pour plusieurs opéras, beaucoup de danses,
de meuuels et de valses; enlin, dans les quatre
derniers mois de sa vie, et lorsqu'il descendait
dans la lonilw, La Flûte enchantée, la Clé-
mence de Titus, le bel Ave verum corpus,
un concerto de cterinette pour Stadler, une can-
tate de francs maçons, et le célèbre Requiem.
Une polémique animée sur l'authentitilé de ce
dernier ouvrage s'est agitée en 1825, à l'occasioa
d'un article de Godefroid Weber, Inséré dans
l'écrit périodiqueintituléra:ci7<a.Dtjà des doutes
s'étaient élevés sur celte authenticité lorsque
Breitkopf et Ha?rlel publièrent, en 1800, la parti-
tion de l'ouvrage. Plusieurs personnes en attri-
buaient la plus grande part à Siissmayer, élève
de Mozart, et maître de chapelle à Vienne.
Étonnés de pareilles assertions, les éditeurs priè-
rent Siissmayer de déclarer la vérité. La réponse
de cet artiste parut dans le premier numéro de
la Gazette musicale de Leipsick (4™e année). Il
y disait que la mort avait empêché Mozart de
mettre la dernière main à son ouvrage, parli-
eulièremeut dans l'instrumentation , et que le
dernier morceau écrit par lui était le qud re-
surget ex favillà. Snssmayer déclarait qu'il
était l'auteur de tout le reste. On ne parla
bientôt plus de cette affaire , et l'on s'était ac-
coutumé à considérer Mozart comme l'auteur
unique du Requiem connu sous son nom, lorsque
Godefroid Weber (roy. ce nom) éleva même
des doutes sur la portion de l'ouvrage attribuée
à Mozart par Sùssmayer, et en donna une critique
sévère, où il fit voir l'analogie des thèmes du pre-
mier morceau et du Kyrie avec ceux de plu-
sieurs compositions de Hœndel. Toute l'Allema-
gne se souleva contre la critique de NN'eber ; les
pamphlets, les articles de journaux, les lettres
particulières et même anonymes, rien ne lui fut
épargné. Il prit alors le parti de faire imprimer
à part sa critique, ainsi que la polémique qu'elle
avait fait naître, et publia le tout sous ce titre :
Ergebnisse der bisherigen Forschungen ûber
die Echtheit des Mozartschen Requiem (Ré-
sultats des recherches faites jusqu'à ce jour sur
l'authenticité du Requiem de Mozart) , Mayence,
Schott, 1826, in-8° de 120 pages. Parmi ceux
qui intervinrent dans cette discussion , l'abbé
Stadler, maître de chapelle à Vienne , fut celui
qui jeta le plus de lumières sur l'objet en question,
dans une dissertation qui a pour titre : l'erthei-
digung der Echtheit des Mozartischen Re-
quiem. Allen Verehrern Mozarts gewidmet
(Défense de l'authenticité du Requiem de Mozart,
240
MOZART
dédiée à tous les admiraleursdece grand homme),
Vienne, 1821 , in -8° de 30 pages. Wfcber n'ac-
cordait pas même à Mozart la pari que lui lais-
sait Siissmayer dans sa lettre : l'abbé Stadler
au contraire l'augmente dans sa dissertation. Le
premier présumait qu'on avait tiré de feuilles
éparses des idées dont on avait lait le Requiem ;
le second parle d'un manuscrit entier de la main
de Mozart, qu'il avait .sous les yeux ; une partie
de ce manuscrit était sa propriété, l'autre appar-
tenait à Joseph Eybler, maître de chapelle de
l'église cathédrale de Vienne. Les deux parties
de cette précieuse relique sont maintenant réu-
nies à la Bibliothèque impériale de Vienne. Weber
ne se tint pas pour battu ; il s'obstina et fit pa-
raître dans la Cxcilia de nouvelles observations
qui ont été imprimées à part, sous ce titre :
Weiiere Ergebnisse der weilcren Forschun-
gen ûber die Echtheit des MozarVschen Re-
quiem (Suite des résultats des recherches conti-
nuées sur l'authenticité du Requiem de Mozart),
Mayence, 1827, in-S" de 56 pages. L'abbé Stadler
répliqua par un supplément à sa dissertation,
intitulé : Nachtrag zur Vertheidigung der
Echilieit des Mozarfschen Requiem (Supplé-
ment à la défense de l'authenticité du Requiem
de Mozart), Vienne, 1827, in-8° dedix-hint pages.
G. L. P. Sievers a essayé d'éclaircir de nouveau
cette question et de résumer la polémique sou-
levée à ce sujet dans un écrit qui a pour titre :
Mozart und Siissmayer ein neues Plagiat,
ersterm zur last gelegt , und eine neue Ver-
muthung , die Entstehung des Requiems be-
treffend (Mozart et Sussmayer, nouveau |)lagiat
démontré, et conjecture nouvelle concernant
l'origine du Requiem de Mozart) , Mayence, 1829,
in-S" de xi, et 77 pages. On croyait que la fa-
mille de Mo/art mettrait fin à celte discussion
dans la collection de documents pour la biogra-
phie de Mozart qu'elle a publiée à Leipsick en
1828; Inais elle a gardé le silence à cet égard.
Quoi qu'il en soit, il résulte des renseignements
fournis par l'abbé Stadler que la plus grande
partie du Requiem appartient réellement au
grand artiste dont il porte le nom ; que le travail
de Mozart finit avec le verset Hosiias, et que
le reste , y compris une partie du Lacrymosa,
appartient à Sussmayer. J'ai constaté l'exactitude
de ces faits par la lecture que j'ai faite, en 18.50,
de la partition originale, à la Bibliothèque impé-
riale de Vienne, où j'étais accompagné d'Antoine
Schmid, de Fiscboff, de Charles Czerny, et de
mon fils Edouard, à qui j'ai fait part de mes re-
marques.
En 18118, un opéra posthume attribué à Mozart ,
a été publié sous le litre de Zaïde, en partition
réduite pour le piano. L'éditeur, André, d'Offen-
bacli, était possesseur dos manuscrits de Mozart,
qu'il avait achetés de sa veuve. Il en a publié un
intéressant catalogue thématique. Des réclama-
tions se sont élevées en Allemagne et en France
contre la publication de Zaïde, considérée
comme une fraude commerciale. Il me sen)bleqiie
le caractère respectable et bien connu d'André
devait le mettreà l'abri d'une pareille imputation.
Lorsque je visitai sa maison, en 1838, on était
o<:cupé dans ses ateliers au tirage de cette par-
tition ; j'en ai examiné quelques pages , et j'y ai
reconnu la manière , le style des premiers ou-
vrages de Mozart, c'est-à-dire de Milridate et
de Lucio Silla, dont les partitions existent à k
bibliothèque du Conservatoire de Paris. Je crois
donc que Zaïde est de ce temps. Une cir-
constance de la vie de Mozart rend ma conjec-
ture vraisemblable : une lettre de son père, da-
tée deMilan, lcl3 septembre 1771 (G. N. V.
ISissen, Biographie W. A. MozarVs, p. 255),
contient l'engagement qu'il avait contracté avec
la direction du théâtre de Venise, pour écrire
le deuxième opéra de la saison du carnaval
de 1773, et d'être rendu à Venise le 30 novem-
bre 1772 pour faire les répétitions ; mais retenu
à Milan par les répétitions de Lucio Silla, il ne
put exécuter cette deuxième clause de son con-
trat, et son opéra ne fut pas représenté à Venise.
Cet opéra ne serait-il pas celui de Zaïde? Je ne
puis trouver de place pour cet ouvrage qu'à cette
époque de la vie de Mozart.
Ce grand homme paraît avoir été calomnié
dans son caractère et dans les actions de sa vie.
On a dit qu'il était dépourvu d'esprit, d'instruc-
tion, et qu'il ne comprenait que la musique : ces
assertions n'ont pas de fondement. Ses leltres
prouvent qu'il y avait en lui de la finesse d'ob-
servation et qu'il saisissait à merveille le côté
lidicule de l'importance des gens du monde, il
écrivait avec naïveté et ne vi.sait point au trait;
mais tout ce qu'il dit est de bon sens. Il savait
bien le latin, l'italien, le français, l'anglais, l'al-
lemand , écrivait dans ces langues et les parlait
avec facilité. 11 n'était point étranger aux sciences:
on cite même son habileté singulière dans le
calcul et dans les opérations les plus difficiles
de l'arithmétique. C'est lui-même qui réduisit en
deux actes la Clemenza di Tito de Métastase ,
et qui en fit disparaître les quiproquos du
deuxième acte, peu dignes d'un sujet si grave.
Celte circonstance seule démontre qu'il entendait
bien la scène et la rapidité de l'action dramatique.
Enfin on ne peut citer de lui un seul mot «pii
justifie la réputation d'homme inepte (pie quel-
ques écrivains français ont voulu lui faire. Une
MOZART
341
circonstance révélée par Roclilit£, qui en fut
témoin, prouve que, sous une apparence distraite
et quelquefois hizarre, il y avait dans Torgani-
sation de Mozart un grand fond de raison et de
sentiment. Après avoir rapporté une sorte de
scène bouffonne «jue cet homme extraordinaire
avait imaginée dans la maison de Doles, directeur
de l'école Saint -Thomas à Leipsick, Rochlitz
s'exprime en termes équivalents à peu près à
ceux-ci (1) :
« Après que cette explosion de gaieté folle eut
« duré quelques instants et que Mozart nous
« eut parlé en vers burlesques , comme il le fai-
« sait souvent , nous le vîmes s'approcher de la
« fenêtre et jouer du clavecin sur les vitres, hiii-
« vant son habitude ; il cessa alors de prendre
« part à la conversation. Celle-ci , devenue gé-
<« nérale et plus sérieuse , continuait de rouler
« sur la 'musique d'église. Quel dommage, dit
'<■ un des interlocuteurs, que beaucoup de grands
<i musiciens , surtout des anciens, aient eu le
« même sort que beaucoup d'anciens peintres,
« en appliquant les forces immenses de leur
" génie à des sujets aussi stériles et aussi ingrats
« pour l'imagination que le sont les sujets d'é-
« glise ! — A ces paroles, Mo/art se retourna.
« Tout son extérieur était complètement changé ;
« son langage ne le fut pas moins. Voilà bien,
« dit-il, un de ces propos d'artiste comme j'en ai
o souvent entendu. S'il y a quelque chose de
« vrai là dedans chez vous, protestants éclaires,
« comme vous vous appelez, parce que votre
« religion est dans la tète et non dans le ca»ur,
« il n'eu est pas de même chez nous autres ca-
« tlioliques. Vous ne sentez ni ne pouvez sentir
« ce qu'il y a dans ces paroles : Agiius Dei , qui
•<■ iolUs peccata mundi , dona nobis pacevi !
" Mais lorsqu'on a été, comme moi, introduit,
«■ dès sa plus tendre enfance, dans le sanctuaire
« mystique de notre religion ; que, l'àme agitée
« de désirs vagues mais pressants, l'on a assisté
« au service divin avec ferveur, sans trop savoir
« ce qu'où ve.uiit chercher ; quand on est sorti |
« de l'église fortifié et soulagé, sans trop savoir 1
« ce qu'on avait éprouvé ; quand on a compris |
« la félicité de ceux qui , agenouillés sous les !
« accords touchants de VAgnus Dei, attendaient ;
«. la communion et la recevaient avec une indi- j
« cible joie , pondant que la musique ré|)était i
« Benedictus qui venit in nomine Domini ! j
« oh ! alors, c'est bien différent. Tout cela, il est '•
« vrai, se perd ensuite à travers la vie mondaine;
« mais du moins , quand il s'agit de mettre en j
\t) Aneedùten aut Vf. G. SiozarU Ltben etc., AU- |
çem. musik Zeitung, t. I.
BIOGR. t.MV. OtS MlSICiENS. — T. VI.
n musique ces paroles mille fois entendue.s, ces
« choses rac reviennent ; ce tableau se place
« devint moi et m'émeut jusqu'au fond de l'âme. »
N'oublions pas que c'est un protestant qui rap-
porte ces paroles prononcées par Mozart , et
avouons qu'abstraction faite de sa grandeur
incomparable dans l'art, riiomme qui s'cxprijue
ainsi n'est pas un esprit vulgaire.
On a dit que toutes ses affections, toutes ses
idées , toutes ses émotions étaient concentrées
dans la musique , et qu'il ne remarquait pas ce
qui était en dehors de cet art. Cela n'est pas
exact; il montra toujours le plus tendre atta-
chement pour son père , sa mère, sa sœur, et eut
pour la femme qui devint ta sienne une affection
véritable. Trop nerveux pour n'être pas sensible
à tous les genres de beauté, il épiouvait de
vives émotions à la vue d'une riante campagne,
d'un site pittoresque, et lorsqu'il était eu voyage,
il faisait quelquefois arrêter la voilure pour se
livrer à la contemplation de ces tableaux : alors
il regrettait de ne pouvoir écrire les idées musi-
cales dont il était assailli. Dans sa jeunesse, il
avait formé des liaisons d'amitié vive et sincère,
particulièrement avec le jeune musicien anglais
Thomas Linley, et plus tard il conserva une bien-
veillance naturelle, qui se répandait sur tout ce
qui l'entourait. Sa générosité allait jusqu'à l'excès
et l'entraînait à des libéralités peu proportionnées
avec ses ressources. On rapporte à ce sujet l'a-
necdote suivante : Un vieil accordeur de clave-
cin était venu mettre quelques cordes à son
piano de voyage : « Bon vieillard, lui dit Mozart,
« dites-moi ce qui vous est dû : je pars de-
« main. » Ce pauvre homme, pour qui Mozart
était un dieu , lui répondit , déconcerté, et en
balbutiant : « Majesté impériale!... Monsieur
« le maître de chapelle de sa majesté impériale!...
« je ne puis... 11 est vrai que je suis venu plu-
« sieurs fois chez vous... Vous me donnerez un
« écu. — Un écu ? allons donc ! un brave homme
« tel que vous ne doit pas se déranger pour si
« peu. » Il lui mit quelques ducats dans la main.
« Ah! majesté impériale! » s'écria l'accordeur.
— « Adieu, brave homme, adieu ». — Et Mozart
entra dans ime autre chambre, le laissant con-
fondu de sa générosité. Il y a cent traits de ce
genre dans sa vie. Celte générosité lui a été re-
prochée comme un défaut d'ordre; car il faut
que l'envie gâte tout, même la bienfaisance. Eh!
quand il serait vrai qu'un si grand artiste aurait
mal compris la vie commune, où serait le mal ?
Ceux que nous avons sous les yeux sont mieux
appris à cet égard ; mais aussi ce ne sont point
des .Mozarts!
Ceux qui, pour se venger de sa supériorité,
16
242
MOZART
dirigeaient des attaques de tout genre contre
son caractère, ont dit qu'il ne connaissait que
sa musique, et qu'il n'estimait que lui-même.
Ce reproche a pu être (ait avec bien plus de jus-
tesse à d'autres musiciens célèbres, tels que
Haendel , Gluck et Grétry. Les sommités de l'art
seules pouvaient plaire à un homme dont le
génie concevait cet art sous le point de vue le
plus élevé. Par le soin qu'il à pris de rajeunir
l'instrumentation de qijelques-uns des beaux ou-
vrages de Haendel, il a prouvé l'admiration qu'il
avait pour son talent; il avouait même ingénu-
ment qu'à l'exception de quelques airs qu'il avait
colorés par les effets des instruments, il n'avait
rien ajouté à la beauté des chœurs, et que,
peut-être, il en avait affaibli le sentiment de
grandeur. L'épîtrc dédicatoire de ses quatuors de
l'œuvre 10 à Haydn est aussi un témoignage non
équivoque de la justice qu'il rendait aux œuvres
de ce grand musicien. De son tenips les com-
positions de Bach , restées en manuscrit dans
le nord de l'Allemagne et dispersées dans les
mains de ses élèves , étaient peu connues du
reste de l'Kurope. Lorsque Mozart visita Leipsick
en I78i), Doles, directeur de musique à l'école
de Saint-Thomas , fit exécuter en son honneur
quelques motets à quatre voix de ce créateur de
l'harmonie allemande. Dès les premières mesures,
l'attention de Mozart fut excitée, son œil s'a-
nima, et quand le premier morceau fut fini , ii
s'écria : Grâce au ciel! voici du, nouveau, et
f apprends ici quelque chose. l\ voulut exa-
miner cette musique qui venait de produire
tant d'effet sur lui ; mais on n'en possédait pas
les partitions... Pour y suppléer, il fit ranger
des chaises autour de lui , y étala les parties
séparées, et portant l'œil rapidement des unes aux
autres, il passa ainsi plusieurs heures dans la
contemplation des productions d'un homme de
génie. C'est encore Rochlitz qui nous apprend
cette circonstance de la vie du grand homme.
Il parlait avec estime de Gluck, de Jomelli et de
Paisiello , mais il ne pouvait souffrir la musique
médiocre; elle irritait ses nerfs, le mettait au
supplice et ne lui laissait pas même la patience
nécessaire pour dissimuler son ennui ; ce qui
lui fit beaucoup d'ennemis parmi les auteurs de
cette musique si mal accueillie par lui.
Les marchands de musique abusèrent étrange-
ment de l'insouciance de Mozart pour ce qui était
de. sa fortune. La plupart de ses sonates et de
ses morceaux détachés pour le piano ne lui ont
rien rapporté. Il les écrivait pour des amis ou
pour des personnes du monde qui désiraient
avoir quelque chose de sa main. Cela explique
pourquoi, parmi .ses œuvres, il se tiouve des
choses peu dignes de son talent. Souvent \\
était obligé de proportionner les difficultés de
ces morceaux à la capacité de ceux à qui ils
étaient destinés, et il les jetait sur le papier
avec beaucoup de rapidité. Les éditeurs savaient
ensuite se procurer des copies de ces ouvrages,
et les publiaient sans son aveu. Plusieurs ont
fait ainsi de grands bénéfices sans avoir rien
avancé. Un des amis de Mozart lui dit un jour :
'< Il vient de paraître chez N.... une suite de va-
« nations sous votre nom; sans doute vous le
« savez ? — Non. — Et pourquoi ne vous y op-
« posez- vous pas? — Que voulez- vous que je
<> fasse.!* Cela ne vaut pas la peine d'y faire at-
■< tention. Cet homme est un misérable ! — Mais
■•<■ il ne s'agit pas de l'intérêt : il y va de votre
« honneur. — Bah ! malheur à qui me jugera
« sur ces misères. »
Mozart a été le plus grand pianiste de son
temps en Allemagne. Il a été le fondateur de
l'école de Vienne , continuée par Beethoven,
Wœlfl et Hummel. Son exécution se faisait re-
marquer par une grande précision , et par un
style à la fois élégant et expressif. Lorsque dé-
menti fit son premier voyage à Vienne, en 1787,
il s'établit entre les deux artistes une lutte de
talent dans laquelle ni l'un ni l'autre ne fut
vaincu, parce que tous deux brillaient par des
qualités différentes. Cette rivalité ne dégénéra
point en haine, comme il arrive trop souvent en
pareille occurrence : Mozart parle de Clenienti
avec une haute estime et même avec amitié,
dans ses lettres à sa sœur. Cet homme, prodi-
gieux dans tons les genres , l'était autant dans
ses improvisations au piano ou à l'orgue que
dans ses compositions. Il y avait tant de pro-
fondeur, de richesse d'harmonie et d'éclair.-;
d'imagination dans sa manière de développer un
thème donné , qu'il était difficile de se persuader
qu'il improvisait et n'exécutait pas un morceau
préparé avec soin.
Aucun musicien, de quelque époque que ce soit,
n'a possédé, comme Mozart, le génie universel de-
l'art. Dans toutes les parties de cet art, il s'est
élevé au plus haut dogré. Lui seul, entre ses
contemporains de l'Allemagne, a compris h
but de la musique d'église. Tout n'est pas éga-
lement bon dans les œuvres de ce genre qu'on
a publiées sous son nom, parce qu'il s'y
trouve beaucoup de choses de sa première eu-
nesse; mais son grand A'y/ve ( en ré), ses
messes n'"2, 4 et 5, son Misericordias Domini^
à 4 voix, son Ave verum corpus,» 4 voix, ses
hymnes et ses cantates d'église, sont des œuvres
de la 'plus belle inspiration et d'un véritable ta-
ractèrè religieux. On y remarque d'ailleurs ud
MOZART
243
art décrire dont la pureté , sans froiileur, est ,
digne des plus beaux tomps de l'école italienne,
et l'on peut dire que Mozart est le seul conipo-
sileur allemand qui ait eu ce mérite. Dans le ;
genre de l'oratorio , on ne connaît que son Da-
rklde ijenitente , qui est plutôt une cantate de- ;
veloppée qu'un véritable oratorio. Jamais l'ex- :
pression mélancolique ne s'est élevée plus haut
(lue dans cet ouvrage. Dans l'opéra, Mozart a
( ertainement créé nn art nouveau , ou plutôt,
fait une transformation complète de l'art qui l'a-
vait précédé. Absolument original dans les formes
de la mélodie , dans l'instrumentation et dans i
la variété des coupes , il est devenu le modèle
sur lequel se sont réglés tous les compositeurs
qui l'ont suivi, et son influence se fait encore |
sentir de nos jours. C'est en lui empruntant des
formes et des moyens que Kossini a transformé
à son tour la musique italienne. Méhul avouait
sans détour les obligations que les compositeurs
dramatiques de son temps avaient eues à l'au-
teur de Don Juan pour la réforme de quelques
parties de leur art. La révolution du drame
lyrique a commencé à VIdoménée. L'opéra de
demi-caraclère s'est élevé au dernier degré de ,
perfection dans /es ^oces de Figaro; l'opéra j
romantique a été créétcut entier dans Don Juan \
et dans la Flûte enchantée.
.Mozart n'a été faible dans aucune des parties
de la musique instrumentale, et il y a imprimé
le même mouvement d'ascension que dans la
musique de théâtre. Ses grandes sympiionies
ont exercé de rinfluence , même sur Haydn , son
prédécesseur ; cette influence se fait remarquer
dans les douze symphonies que cet homme cé-
lèbre écrivit à Londres l'année même de la mort
de .Mozart et dans l'année suivante. Sa manière
s'y est agrandie. La symphonie en sol mineur
de Mozart est la découverte d'un nouveau
monde de musique. On ne connaît rien de plus
beau , de plus original , de plus complet que
les quatuors des œuvres 10 et 1», et les quin-
tettes en ut mineur, en ré, en mi bémol et en
sol mineur. Les quatuors de piano sont à l'égal
de ses plus belles inspirations; enfin ses con-
certos de piano ont tout à coup plongé dans
l'oubli ce qui existait avant qu'ils parussent. Les
petites pièces de tout genre , les morceaux pour
instruments à vent, les contredanses, valses, etc.,
produits par ia plume de Mozart font reconnaître
à chaque instant le génie merveiUenx qui dai-
gnait s'abaisser jusqu'à ces bagatelles. Je le ré-
pète , ce caractère d'universalité et de perfection
que Mozart a imprimé à tous ses ouvrages , et la
propriété de style de chaque genre qu'il a possédée
au plus haut degré , en font un homme à part, '
et doivent le rendre l'objet de l'admiration
et du respt'cl des artistes dans tous les temps.
Il fut le plus complet des nmsiciens. Dans ses
œuvres le goût égale le génie, en dépit de l'opinion
de quelques extravagants de notre temps, lesquels
se persuadent que ces qualités sont incompatibles.
Entoutechoseilfaitce qu'il faut , rien quo ce qu'il
faut. Sa pensée se développe logiquement et jamais
ne tombe dans la divagation. La hardiesse de
conception est toujours accompagnée de la rai-
son , et ses épisodes les plus inattendus sont le
fruit d'une inspiration spontanée; jamais on n'y
aperçoit celui d'une recherche péniblement éla-
borée. Delà vient que ses traits les plus hardis ne
se présentent pas à l'état de problème à ré -
soudre, mais saisissent l'auditoire par leur mer-
veilleuse lucidité. Mozart étend autant que pos-
sible le domaine idéal de son art, mais saus
tomber dans le vague d'une rêvprie insaisis-
sable. Ou l'-a souvent comparé à Beethoven : à
une certaine époque, ce fut pour le placer à un
rang inférieur; le sentiment universel a bientôt
fait justice de cette erreur. C'est toujours un
tort de comparer des talents qui brillent par des
qualités différentes. Deelhoven , bien qu'il n'ait
pas eu l'abondance mélodique de .Mozart, son
premier modèle ; bien que ses inspirations laissent
souvent apercevoir le travail, tandis que celles
de son illustre prédécesseur sont toujours spon-
tanées; bien qu'il n'ait ni son universalité, ni son
inépuisable variété; bien qu'il ait plus de véhé-
mence que de seutiment; enfin, bien que le
goût lui manque souvent , et qu'il n'ait pas su,
comme Mozart, contenir sa pensée dans de justes
limites et dire beaucoup en peu de phrases, Bee-
thoven, par le génie de la grandeur que Dieu avait
mis dans son àuie, par la hardiesse de ses déter-
minations, par son art admirable de présenter le
sujet principal sous mille formes toujours origina-
les , par l'inattendu de ses épisodes , par la pléni-
tude harmonieuse de son instrumentation, et pour
tout direen un mot, par le caractèreéminemment
poétique de sesœuvres, est, après Mozart, le plus
grand compositeur des derniers temps. Son gé-
nie est spécial : c'est celui de la musique instru-
mentale. Dans d'autres genres ilestinférieuràlui-
mème, et surtout à son modèle. C'est le style
propre de cette musique qui se révèle dans tout ce
qu'il fait ; on peut même dire que le caractère de
sa pensée appartient surtout au talent de la sym-
phonie, car ses sonates de piano, ses trios , ses
concertos , sont des symphonies. C'est le même
génie qui brille dans les belles parties de Fidelio:
quand ce n'est pas cela, l'œuvre est faible,
comme le Christ au mont des Oliviers. Ajou-
tons une dernière différence essentielle qui existe
16.
244
MOZART
entre ces deux grands artistes : Mozart alla tou-
jours grandissant jusqu'à son dernier jour ; les onze
dernières années de sa vie sont celles où se sont
produites ses plus grandes œuvres et les plus par-
faites; tandis que, dans ses transformations, le
talent deBcellioven s'obscurcit et diminue. Si Mo-
zart, mort à trente-six ans, eût vécu dix ou douze
années de plus, Dieu gait ce qu'il aurait produit
dans sa marche ascendante! Beethoven, au con-
traire, déclinait quand il descendit dansla tombe.
La fécondité de Mozart tient du prodige :
j'ai dit quelle immense quantité de compositions
de tout genre a été enfantée dans les onze der-
nières années de sa vie; mais si l'on songe qu'il
a employé plus de quinze ans à voyager, à or-
ganiser et à donner des conceits, le reste de sa
carrière n'est pas moins étonnant. On n'a pas
publié tout ce qu'il a produit, non-seulement
parce que les éditeurs ont eu le bon esprit de
choisir les ouvrages qui appartiennent à l'époque
où son talent était formé, mais parce qu'on n'a
retrouvé que longtemps après sa mort toutes ses
productions. De temps en temps on en découvre
encore, mais elles appartiennent en général aux
premières époques de sa vie. Une collection com-
plète des œuvres de Mozart, rangée par ordre
chronologique, accompagnée de notes qui indi-
queraient les circonstances dans lesquelles ciiaque
ouvrage aurait été écrit, et d'analyses qui feraient
remarquer les défauts, les beautés, et ce qui s'y
trouve de nouveauté, serait sans doute la meil-
leure histoire du génie de .;et artiste illustre;
mais où trouver l'homme capable de diriger une
parçi!lepublication,unéditeur pour l'entreprendre
et des artistes et amateurs pour l'encourager?
Dans le supplément de la grande Biographie de
Mozart, publiée par sa famille , on trouve l'indi-
cation sonmiaire de toutes ses productions. André
a publié le Catalogue des manuscrits originaux de
Mozart qu'il avait achetés de sa veuve; n)ais ces
publications sont devenues inutiles par le beau
Catalogue chronologique et thématique des œu-
vres du grand homme que M. le docteur Louis
de Kœckel vient de publier sous ce titre :
Chronolofjische thematisches Verzeichniss
sccmtUcher TomLerhe W. A Mozart's; Leipsick,
Breilkopf et Haerfel, 1862, 1 vol. très-grand
in-8° de 551 pages , avec des tables bien faites.
Abstraction faite de l'admiration inspirée par un
si grand génie, en jetant les yeux sur ce réper-
toire immense, on se sent accablé de stupéfac-
tion en .songeant que l'auteur de tout cela est
mort à trente-six ans : 1° Deux oratorios, dont
un à cinq personnages, et Davidde pénitente ,
cantate à 3 voix et orchestre. — 2" 20 Messes avec
orchestre, y compris le Requiem. 2° (bis) Huit
vêpres et litanies. 2" (1er) 40 compositions pour
l'église, renfermant Te Dcum, litanies, offer-
toires , motels , hymnes et cantates d'églises. —
3" 10 cantates avec orchestre. — 4° 66 airs, duos
et trios italiens, avec ou sans récitatif, et or-
chestre. — S" IG canons à 3 et 4 voix. —
fi° Quelques solfèges pour des exercices de
chant. — 7° 41 chansons allemandes, avec ac-
compagnement de piano. — 8" 49 symphonies
pour l'orchestre. On n'en connaît que douze;
mais on trouve les thèmes de quelques autres,
restées en manuscrit, dans le Catalogue Ihéma-
que de M. de Ko?ckel , et André a fait connaître
les autres par le Catalogue thématique des manu-
scrits originaux qu'il avait acquis de la veuve de
Mozart. — 9" 15 ouvertures à grand orchestre. —
10" 33 sérénades et divertissements pour plusieurs
instruments, parmi lesquels on rtimanjue plusieurs
morceaux d'harmonie pour des instruments à
ventj^qui sont de la plus grande beauté. — 10 (bis)
27 pièces diverses pour orchestre, marches
et fragments de symphonies. — 11" 8 quintettes
pour 2 violons , 2 "violes et basse. Il' (bis) un
idem avec cor. — 12" 32 quatuors pour 2 vio-
lons, alto et basse; un quatuor pour hautbois,
violon , alto et basse , et deux quatuors pour
(Irtle. — 13° 9 trios peur 2 violons et basse, et
un trio pour violon, alto et violoncelle; on n'a
publié que ce dernier. — 14° 7 concertos pour
le violon; on n'en a publié que deux. — 14° (bis)
cinq concertos pour la llùle. — 15" Cinq concer-
tos pour le cor; on en a publié trois. — 16° Un
concerto pour le basson. — 17° Un idem pour la
trompette. — 18° Un concerto de clarinette. —
19-* 27 concertos pour le piano, dont deux pour
deux pianos et orchestre. Ces compositions sont
du meilleur temps de Mozart ; vingt et un de ces
concertos ont été publiés. — 20° Vingt-trois trios
pour piano, violon et violoncelle. — 21° Un quin-
tette pour piano , hautbois, clarinette, cor et bas-
son. — 22° 2 1 sonates pour piano seul. — 22° (bis)
45 sonates pour piano et violon. — 22 (ter) 16
thèmes variés pour piano seul. — 23° 5 sonates
pour piano à quatre mains , dont la valeur
égale ce qu'on a fait de plus beau en musique
instrumentale. — 24° Fantaisie idem. — 25° So-
nate et fugue pour deux pianos. — 26° Fantaisie
pour deux pianos. — 27° Quatre rondos pour
piano seul. — 28° Une multitude de pièces déta-
chées pour le piano à 2 et à 4 mains. — 29° Con-
certo pour trois pianos et orchestre, composé
en 1777. — 30" Quintette pour clarinette, 2 vio-
lons, alto et violoncelle. — 31° 4 ballets et panto-
mimes.— 32°Musi(pie pour une comédielatinc \n^
ItUûiiii Apollon et Hyacinthe, composée en 1767,
il avait alors onze ans , pour l'université de Saiz-
MOZART
245
i>oiirg. La partition originale forme lO. pages.
— 33" Basiien und Basdenne , opéra allcinanil,
composé en 1"6S. — 34" La Ftnta Simplice ,
opéra bouffe, composé en 1768 pour l'empereur
Joseph II. La partition originale forme 558 pages.
— 3b° MUridale, opéra sérieux, en trois actes,
composé à Milan en 1770. — 3G° Ascanio in
Alba, cantate dramatique en deux parties, à
Milan, en 1771. — 37" Lucio Silla, opéra sé-
rieux, à Milan, en 1773. — 3S° Zalde, opéra
vraisemblablement écrit dans la môme année
pour Veni«i. — 39" La Finia Giardiniera ,
opéra bouffe, à Munich, en 1774. — 40" Il Re
pastore , pastorale en deux actes, à Salzboarg,
en 1775. — 41" Chœurs et entr'acfes pour le
drame intitulé Thamos. — 42" Idomeneo, Be
di Creta, opéra sérieux en trois actes , à Munich ,
en 1780. — 43" Die Entfùhrung ausdem Sé-
rail ( l'Enlèvement du Sérail ) , opéra-comique
en deux actes, à Vienne, eu 1782. — 44" Der
Schauspiel Direcfor ( Le direcleur de specta-
cles), opéra-comique en un acte, pour Schœn-
bfunn, 1786. — 45° £e yozze di Figaro (le
Mariage de Figaro), opéra bouffe en 4 actes, à
Vienne, en 17S6. — 46" Il Dissoluio punit o ,
ossia il Don Giovanni , drame en deux actes, à
Prague, en 1787. — 47" Trio et quatuor pour
la Villanella rapita. à Vienne, en 1785. —
48" Cosi fan iùtte, opéra bouffe en 2 actes, à
Vienne, 1790. — 49" Die Zauberflœte ( la Flûte
enchantée ) , opéra romantique en deux actes , à
Vienne, en 1791 — 50° La Cletuenza di Tito,
opéra sérieux en deux actes, à Prague, en 1791.
— 51° 9 cantates de francs-maçons, avec or-
chestre. — 52" Plaisanterie musicale pour 2 vio-
lons, alto, 2 cors et basse. — 53" Environ 40
contredanses, menuets et valses pour orchestre,
— 54' Quintette pour harmonica, flûte, haut-
bois , alto et violoncelle. — 55" Marches pour
musique militaire. Jusqu'en 1777, c'est-à-dire
avant la grande période du développement com-
plet du talent de Mozart , le catalogue de ses
œuvres s'élève à cent cinq. Les deux années 1778
et 1779, pendant lesquelles il perdit sa mère et
courut à la recherche d'une position convenable
sans pouvoir la trouver, furent une époque de
découragement pour l'artiste : il n'y produisit
rien qui soit remarqué. Mais 1780 marque le
commencement de cette étonnante période de onze
années pendant lesquelles furent créées toutes les
merveilles de l'art qui immortalisent le nom de
leur auteur. Cette époque commence par 1'/-
doménée. Le tolal des œuvres complètes de tout
genre par Mozart est de six cent vinrjt-siT. On
en trouve tous les thèmes dans le beau Cata-
logue de M. de Kœckel.
Indépendamment de ces ouvrages , Mozart a
jeté sur le papier une multitude immense d'idées
dans des morceaux qu'il n'a point achevés : la
phipart de ces fragments, dont on trouve l'indi-
cation détaillée dans le supplément de la grande
Biographie de Mozart par le conseiller de Nis-
sen , ont été possédés par l'abbé Stadier. On y
remarque les commencements d'une symphonie
concertante pour piano et violon avec orchestre;
de cinq concertos pour piano et orchestre ; de
trois rondos pour piano et orchestre; d'un quin-
tette pour jiano , hautbois , clarinette , cor an-
glais et basson ; d'un sextuor pour piano, 2 vio-
lons, 2 cors et basse, et de 28 morceaux diffé-
rents avec ou sans accompagnement, sonates,
fugues, rondos, préludes, fantaisies, etc.; de
plusieurs symphonies concertantes pour l'or-
chestre; d'un quinlelte pour violon, alto, cla-
rinette, cor anglais et violoncelle; de douze
quintettes pour 2 violons, 2 violes et violon-
celle, dont quelques-uns ont depuis 70 jusqu'à
140 mesures terminées , et d'un trio en sol ma-
jeur pour violon, alto et violoncelle, dont la
première reprise du premier morceau est ache-
vée; de deux quintettes pour clarinette, 2 vio-
lons, alto et basse; de deux quatuors pour cla-
rinette et 3 cors de bassette , et de plusieurs au-
tres morceaux pour instruments à vent; de sept
Kyrie pour 4 voix et orchestre, d'un Gloria
et du psaume Mémento Domine; d'ime grande
cantate allemande pour 2 ténors et basse , avec
chœur et orchestre; de plusieurs duos, airs et
récitatifs ; d'un opéra italien et d'un opéra alle-
mand. Plusieurs personnes possèdent aussi des
manuscrits originaux de Mozart : les collections
les" plus considérables en ce genre sont celles
d'André, à Offenbacli, où se trouvent beaucoup
de choses inédites, et de Stumpf, facteur de
harpes, à Londres : celle-ci renfermait les parti-
tions des- quatuors, œuvres 10 et 18, des quin-
tettes de violon, et de la grande fantaisie pour
piano , en ut mineur. La première a été achetée
de la veuve de Mozart 6,000 florins ; la seconde,
500 livres sterling. Celle-ci a élé disséminée dans
la vente qui en a été faite à Londres , en 1847.
M. de Kœckel a publié, à la suite de son grand
Catalogue thématique des œuvres complètes et
connues de Mozart, celui des ouvrages non
achevés et des œuvres possédées par diverses per-
sonnes en manuscrits originaux : le nombre s'en
élève à deux cent quatre-vingt-quatorze.
Les ouvrages publiés et dont on a fait des édi-
tions dans toutes les grandes villes de l'Europe
sont : I MisiQCE d'église : 1" Messe a quatre
voix et orchestre, n" 1 ( en vt ) ; Leipsick, Breit-
kopf et Hœrtel. — 2" Idem, n" 2 (en ut ) ; ibid.
2^6
MOZART
— 3" Idem, n" 3 (en fa) ;Leip«.ick, Peteis.
— 4" Hem, n" 4 (en Za mineur ) ; Paris, Porio.
— h° Idem , n° 5 ( en si bémol ) , Leipsick, Pe-
1ers. — C'Idem, n" 6 (en ré); Augsbourg,
Lotter. — 7° Idem , n" 7 ( en sol) ; Bonn, Sim-
rock. — 8° Kyrie (en ré mineur), à 4 voix,
orcliestre et orgue; Offenbach, André. — 8° {bis)
2 petites messes à 4 voix et orgue; Spire, Lang.
-^ 9" Te Deum à 4 voix, orchestre et orgue;
Vienne, Haslinger. — 10" Ave verum corpus,
à 4 voix, 2 violons, alto, basse et orgue; Vienne,
Diabelli , et l'aris, IJeaucé. — 1 1" Misericordias
Domim cantabo, à 4 voix, et orcliestre; Leip-
sick, Pelers ; Bonn, Simrock. — 12" Aima Dei
creatoris, offertoire à 4 voix, 2 violons, basse
et orgue; Vienne, Diabelli. — i^° Sancti et
Justi, offertoire à 4 voix, 2 violons, basse et
orgue; ibid. — 14° Amavit eutn Dominus,
idem; ibid. — 15° 6 psaumes à 4 voix et petit
orchestre, liv. 1, 2, 3 ; Vienne, Artaria. —
16° Sancta Maria à 4 voix, 2 violons, viole,
basse et orgue; Offenbacli, André. — 17° De
Profundis à 4 voix et orgue ; Berlin, Trautwein ;
Paris, Beaucé. — 18° Quis te comprehendat,
motet à 4 voix , violon obligé , orchestre et
orgue; Vienne, Arlaria. — 19° Missa pro de-
funcds (requiem), à 4 voix et orchestre; Leip-
sick, Breitkopf et Heertel ; Berlin, Trautwein;
Vienne, Diabelli ; Paris, Troupenas. Une nouvelle
édition a été publiée à Offenbach, chez André,
d'après le manuscrit de l'abbé Stadler et de
Eybler. L'éditeur y a indiqué par les lettres
M et S le travail de Mozart et celui de Sûss-
mayer. — 20° Regina Cœli Lxtare, à 4 voix et
orchestre. Vienne, Diabelli. — 21° Requiem
brevis, petite messe de morts k 4 voix et orgue ;
Bonn , Simrock. — 22° Hymnes sur des textes
allemands : n° 1, Preisdir, Gotlheit, à 4 voix
et orchestre ; Leipsick, Breitkopf et Haertel; n° 1,
Ob fûrchterlich tobend (Ne pulvis), idem,
ibid.; n" 3, Gotiheit , dir seij Preis , idem, ibid.
— 23° Cantates d église à 4 voix et orchestre :
n" 1, Heiliger Gott, Leipsick, Breitkopf et Haer-
tel ; n° 2, Allerbarmer, hœre , ibid.; n° 3,
Herr, Herr, vor deinem Throne, ibid.; n° 4,
Ewiger, erbarme dich , ibid., n° 3, Mœch-
iigster, Ileiligster, ibid.; n° 6 , Hoch vom Ilei-
ligthume, ibid.; n° 7, Herr, aiif den wir
schauen, ibid. — 24° Davidde pénitente, can-
tate à 3 voix, chœur et orchestre; Leipsick,
Peters; Paris, Beaucé. — II. Opéras: 25° Xa
Ctemenza di Tito , opévA sérieux, partition;
Leipsick, Breilkopf et H.Terfcl ; idem en italien et
en françni-:, partition, Paris, Richault. — 26° Cosi
fan tidie, opéra bouffe, partition; Leipsick,
Breilkopf et Hajrtel. — 27° Don Giovanni ( Don
Juan), drame lyrique, partition; ibid. —
28" Die Enffdhrung aus dem Sérail ( l'Enlè-
vement du Sérail ), opéra-comique , partition;
Bonn , Simrock. — 29° Le Nozze di Figaro ( le
Mariage de Figaro), opéra bouffe en quatre actes,
partition; Paris, Richault; Bonn, Simrock. —
30" Die Zauberflœie {\a Flûte enchantée),
opéra romantique , partition ; Bonn , Simrock ;
Paris , Carli , Richault. Le même ouvrage traduit
et arrangé sous le titre : Les Mystères d'Isis,
partition; Paris, Sieber. — Si" Idomeneo, opéra
sérieux, partition; Bonn, Simrock.* — 32" Dcr
Schauspieldiredor ( le Directeur de spectacle ),
opéra-comique, partition réduite pour le piano ;
Leipsick, Breitkopf et Hiicrtél ; Bonn, Simrock;
Paris, Brandus. — 33° Zaide, opéra sérieux,
partition, réduite pour le piano; Offenbach , An-
dré. Un grand nombre il'édilions de tous les ou-
vrages précédents ont été publiées dans les prin-
cipales villes de l'Europe, et dans toutes les
langues, en partitions réduites pour le piano.
— III. MusiQUE DE CIUMBRE POLil LE CHANT :'
34" 6 canons à 3 et 4 voix ; Bonn, Simrock. —
35° Idem ; ibid. — 36° Dus Lob der Frennd-
schaft (Éloge de l'amitié), cantate pour 2 té-
nors et basse , avec chœur et accompagnement
de piano; Bonn, Simrock ; Leipsick, Breitkopf et
Haertel. — 37° Chant maçonnique pour deux
voix d'homme et chœur, avec"accompagnemcnt
de piano; Leipsick, Pelers. — 38" Chant d'adieu
(Abend ist), à voix seule et piano. Chez tous
le éditeurs de l'Allemagne. — 39" Grande scène
et air détaché pour soprano, en italien ; Offen-
bach , André. — 40° Airs détachés, 4 recueils ;
Vienne, Artaria. — 41° Lieder à voix seule, avec
accompagnement de piano, 3 recueils; Bonn,
Simrock. — 42° Récitatif et rondo pour soprano
( ISontemér, amato bene), Leipsick, Breitkopf
et Haertel. — IV. Symphonies et co.\certo.s :
— 43° Symphonie à 10 parties , op. 7 (en ré);
Bonn, Simrock. — 44° Idem à grand orcliestie,
op. 22; Offenbach, André. — 45" Idem, op. 25
(en ré); ibid. — 45° Idem, op. 34 (en ut);
ibid. — 47° Idem, op. 38 (en u.t); ibid. —
48° Idem, op. 45 (en sol mineur); ibid. —
49° Idem, op. 57 (en ut); ibid. — 50° Idem,
op. 58 (en ré); ibid. — 51° Idem, op. 46 (en
sol ) ; Hambourg , Bœhme. — 52' Idem,
op. 87 (en ré); Offenbach, André; -
53° Idem, op. 88 (en ré); ibid. — 64° Idem;
op. 89 ( en si bémol ); ibid. — 55° Idem pour
2 violons , alto , basse , 2 hautbois et 2 cors ( en
la), œuvre posthume; Leipsick, Peters. Sieber a
publié à Paris dix symphonies choisies de Mo-
zart. Il y en a aussi une édition de Hambourg,
et une autre de Brunswick. Les quatre grandes
MOZART
247
symplionies en ul , en ré , en sol mineur et on
mi bémol, ont été publiées séparément en pir-
tilio» à Paris, Bonn et Majence. Breitkopf et
Hœrtel ont donné une édition de douze syra-
plionic-s clioisies en partition grand in-S'^ — 66"
Ouverture de la Villanellu rapita ( composée
pour la représentation de cette pièce à Vienne ), à
grand orcliestre ; Leipsick, Pcters. — 5"'^ Sym-
phonie concertante pour violon et alto ; OfTenbach,
André. — ôS" Symphonie concertante (en mi
iK-mol ) pour violon, hautbois, clarinette, cor,
basson, violoncelle, alto et contrebasse ; Augs-
Liourg, Gombart. — 59'^ Concerto pour violon
principal (en mi bémol), op. 76; OITenbach,
André. — BC Idem facile ( en ré ) , op. 98 ;
ibid. — 61° Rondeau idem (en ut), op. 85;
ibid. — 62° Adagio et rondo idem (en si bémol),
oj). 90; ibid. — 63° Sextuor pour 2 violons, alto,
basse et 2 cors (en re), op. 61 ; OfTenbach,
André. On en a gravé deux autres à Paris, chez
Pleyel, et à Augsbourg, chez Gombart , sous le
nom de Mozart ; mais c'est une supercherie
commerciale : ces morceaux ne sont pas de lui.
— 64° Sérénade pour 2 clarinettes , 2 cors et
basson, op. 27; Offenbach, André. ^ 65" Cinq
divertissements pour 2 hautbois, 2 cors et 2 bas-
sons, op. 91 ; ibid. — 66° Sérénades pour 2 cla-
rinettes, 2 hautbois, 2 cors et 2 bassons, n°* l
et 2; ibid. — 67° Grande sérénade pour neuf in-
struments à veut, œuvre posthume ; Bonn, Sim-
rock. — 68° Concerto pour clarinette (en la),
op. 107 ; Offenbach , André. — 69° Concerto
pour basson ( en si bémol ), op. 96 ; ibid. ^-
70° 1" concerto pour cor (en mi bémol),
op. 92; ibid. — 71° 1.^^ idem ( en mi bémol ),
op. 105 ; ibid. — 72° 3™« idem ( en mi bémol ),
op. 106 ; ibid. — V. Quintettes, quatuors et
TRIOS ; 73° Quintettes pour 2 violons, 2 altos et
violoncelle : n° 1 (en u<); n*" 2 (en re); n° 3
(en ut mineur ;; n° 4 ( en si bémol; n* 5 (en
sol mineur); n° 6 (en /a); Vienne, Artaria,
:Mo11o; Leipsick, Peters; Offenbach, André; Pa-
ris, Pleyel, Sieber, Janet. Tous les autres quin-
tettes de violon publiés sous le nom de Mozart
>out arrangés d'après d'autres compositions. —
74° Quintette pour clarinette, 2 violons, alto et
basse (en la), oç. 108; Offenbach, André; Pa-
ris, Sieber. Ce quintette a été arrangé pour
2 violons, 2 violes et basse. — 75° Trois qua-
tuors pour 2 violons, alto et basse (en ut, en
mi bémol, en ré mineur), op. 1^ Vienne, Ar-
taria ( édition originale ) (t). — 76* Six idem
dî L'authenticité de ces qodtuors a été contestée ; je crois
pourtant qu'ils ont été composés par Mozart , mais qu'ils
sont l'ouTrage de sa jeunesse.
( en sol, en ré mineur, en si bémol , en mi bé-
mol, en la, en vt), op. 10; ibid. — 77° Trois
ûlem (en ré, en s/ bémol, en fa), op. 18, ibid.
— 78° Un idem posthume (en ré) ; Offenbach,
André. — 79° Fugue idem en ut mineur; Vienne,
Artaria. — 80° Quatuor pour llùte , violon, alto
et basse (original), œuvre posthume; Vienne,
Artaiia. — 81° Quatuor pour hautbois, violon,
alto et basse (original) , op. 101 ; Offenbach,
André. — 82° Grand trio pour violon, alto et
violoncelle ( en mi bémol ) , op. 19 ; Vienne, .\r-
taria. Ces quintettes, quatuors et trios, dont on
a fait une multitude d'éditions, sont les seules
compositions originales de Mozart qui aient été
gravées, mais on en a pubhé beaucoup d'au-
tres qui sont oa tîVées de ses autres œuvres , ou
absolument supposées. On a placé aussi aux ti-
tres des quintettes et quatuors des numéros diffé-
rents sur la plupart des éditions; ces numéix)s
sont d« fantaisie. Des collections complètes des
quintettes, quatuors et trios de Mozart ont été
publiées à Vienne, chez Artaria; à Leipsick,
chez Breitkopf et Hairtel, et chez Peters;
à Paris, chez Pleyel, Sieber, et Schlesinger.
Janet en a fait paraître une collection choi-
sie. Ces mêmes compositions ont été aussi
publiées en partitions in-S", à Offenbach chez
André, à Paris chez Piichault, et à .Mauheim
chez Heckel. — 83° Deux duos pour violon
et alto ( en sol et en si bémol ) , op. 25. Vienne,
Artaria. On a publié beaucoup de morceaux de
ce genre, sous le nom de Mozart; mais ceux-là
seuls sont originaux. Il les composa pour Michel
Haydn, qui avait un engagement pour en fournir
douze, et qui, étant devenu malade, n'avait pas
pu achever son ouvrage. — VI. 3Icsiqie de
piASO : 84° Concertos pour piano et orchestre :
n° 1 (en ut); n° 2 (en la); a° 3 (en fa);
a" 4 (en si bémol); n° 5 (en ut); a' 6 (en
mi bémol ) j n» 7 {en ut mineur ) ; n° 8 (en
ré mineur); n° 9 (en sol); n° 10 (en la);
n° Il ( en si bémol ); n» 12 (en fa);n° 13 (en
ré); n° 14 (en mi bémol); n° 15 (en si bé-
mol); n» 16 (en ut); n° 17 (en mi bémol);
n° 18 (en « bémol); n° 19 (en mi bémol),
n° 20 ( en ré ) ; Leipsick, Breitkopf et Haertei ;
n° 21 ( facile); Offenbach, André. — L'éditeur Ri-
chault, de Paris, a publié la collection complète
de concertos de Mozart pour le piano en parti-
tion. — 85° La collection complète de» œuvres de
Mozart pour le piano se compose , indépendam-
ment des concertos, des morceaux dont le détail
suit : Quintette pour piano, hautbois, clarinette,
cor et basson. Quatuors pour piano, violon, alto
et violoncelle, n° 1 ( en sol mineur) ; n° 2 ( en mi
bémol ); n° 3 (en mi bémol). Trios pour piano,
248
MOZART
violon et violoncelle, n° 1 ( en si bémol ) ; n" 2
( en ut ) ; n" 3 (en sol ); n" 4 (en mi bémol ) ;
n° 5 (en wO ; n° G ( en mi ) ; n° 7 ( en 5i bé-
mol). Duos ou sonates pour piano et violon,
n" 1 ( en ut);n°1 ( en /a ) ; n° 3 ( en ré ) ;
n" 4 ( en fa); n" 5 ( en ut); n" 6 ( en si bé-
mol) ; n° 7 (en ré ) ; n" 8 ( en si bémol); n" 9
(en sol); n" 10 (en mi bémol); n" 11 (en si
bémol ) ; n°- 12 (en fa); n° i3 (en ut); n" 14
( en to ) ; n° 15 ( en /"a ) ; n° 16 (en 47 bémol ) ;
n" 17 (en mi bémol); n" 18 (en ut mineur);
n" 19 (en mi mineur); n° 20 (en la); n° 21
(en fa); n'^ 22 (en ut) , n" 23 ( en ;« ) ; n° 24
(ea ut);n" 25 ( en ré ) ; n" 26 ( en mi mineur);
n° 21 (en mi bémol); n° 28 (en sol); n" 29
(en fa); n" 30 (en xU); n" 31 (en ^a); n° 32
( en si b.) ; n" 33 ( en sol ) ; n" 34 ( en mi b.);
n*^ 35 (en la). Duos pour piano à 4 mams, n^ 1
( en ré ) ; n° 2 ( eu ut) ,n° 3 ( en fa m.) ; n" 4
(en fa) ; n° 5 ( fantaisie , variation et fugue en
si bémol); u" 0 (duo pour deux pianos, en re);
ïi° 7 ( fugue en xit mineur idem ). Sonates pour
piano seul , n" 1 ( en tt^ ; n° 2 ( en sol ) ; n" 3
( eu mi bémol ) ; n" 4 ( en si bémol ) ; n*^ 5 ( en
ré ) ; n" 6 ( en /a ) ; n° 7 ( en i-é ) ; n° 8 ( en ut);
n° 9 (en to ) ; n° 10 ( en fa); n° 11 (en si bé-
mol); n° 12 (en ré); n" 13 (en la mineur);
n" 14 ( en re ) ; n" 15 (en fa);n° i G ( en /« ) ;
n" 17 (en ut mineur). Fantaisies pour piano
seul, n"* 1, 2, 3, Thèmes variés idem, n"' l à
20. Breilkopf et Hterlel , à Leipsick ; Ilaslinger,
à Vienne; André, à Offenbach ; Pleyel et Carli, à
Paris, ont publié des cullections complètes des
œuvres de Mozart pour le piano, et la plupart
des éditeurs des grandes villes de l'iiurope en
ont donné les œuvres séparées.
Il existe environ vingt-cinq notices biograpîii-
ques de Mozart, plus ou moins développées, in-
dépendamment de celles qui ont été publiées dans
les dictionnaires historiques dans toutes les lan-
gues : la plupart se copient et reproduisent des
erreurs. Elles sont devenues à peu près inutiles
depuis que trois grandes monographies de l'il-
lustre compositeur ont été données par MM. de
Nissen, Oulibichelf et Otto Jahn. La pre-
mière a été publiée par le conseiller danois de
Nissen , qui avait épousé la veuve de l'illus-
tre compositeur, et qui possédait beaucoup
de documents originaux. Cet ouvrage a pour
titre : Biographie W. A. Mozart's , von Georg
Nikolaus von is'issen ; Leipsick, 1828. 1 vol.
in-S" de 702 pages avec des planches et des por-
traits de Mozart et de sa famille. Dans la même
année il a été publié un supplément à cet ou-
vrage, intitulé : Anhang zu Wolfgang Amadeus
MoiarVs Biographie ; Leipsick , iu-a" de
219 pages. Ce supplément contient divers catalo-
gues des œuvres de Mozart et l'appréciation de
! ses compositions, de son talent et de son carac-
I tère. Dans la première partie on trouve beaucoup
j de lettres de Léopold Mozart et de son fils, ainsi
j que d'autres pièces aullientiques qui jettent du
I jour sur diverses circonstances de la vie de
I l'artiste célèbre. Néanmoins, pour compléter
I tous les renseignements dont on a besoin à
; cet égard, il faut joindre à cet ouvraj-e la no-
j tice biographique du professeur Niemlschck
(Mozart's Lehen , Prague, 1798, in-4"), qui a
élé faite sur de bons matériaux, la brochure in-
I titulée Mozart's Ge/s< (Esprit de Mozart), Er-
i furt, 1803, in 8°, et \e?, Anecdotes sur Mozart,
j traduites de Rochlitz, par Cramer, et publiées
j à Paris en 1801, in-8°. A vrai dire, le livre de Nis-
I sen n'est qu'un recueil de matériaux; mais re-
j cueil précieux, parce que les sources sont au-
■ thentiques. Après ce livre est venue la Nouvelle
j biographie de Mozart, suivie d'un aperçu sur
Vhistoire générale de la musique, et de Vana-
lijse des principales œuvres de Mozart, par
i Alexandre Oulibichelf. ( voy. ce nom ). Moscou,
j 1843, 3 volumes gr. in-8". Cet ouvrajje est tiré
1 en grande partie de celui de Nissen et des no-
I tices de Niemtschek et de Rochlitz, pour la
j partie biographique. L'aperçu sur l'histoire de la
j musique, qui remplit toute la première partie du
; second volume, est tirée des livres de Rurney et
' de Kiesewetter, et le point de vue de l'auteur
j est l'idée du progrès partiel jusqu'à Mozart, seul
i créateur de l'art couiplel. Tout le reste de l'ou-
j vragc est rempli par l'analyse des œuvres de ce
grand homme. La monographie de M. Otto Jahn
a pour simple litre : W. A. Mozart. Elle ne
forme pas moins de quatre gros volumes , dont
j le total des pages est de deux mille quatre
j cent vingt-six. Un esprit consciencieux de re-
cherches s'y fait remarquer : l'auteur de ce livre
j paraît s'être proposé d'être plus consulté que
[ lu. Un ecclésiastique, M. J. Goschler, chanoine
j honoraire, et ancien directeur du colléjje Sta-
i nislas de Paris, a donné une traduction française
des lettres de la famille Mozart contenues dans la
j monographie du conseiller de Nissen, sous le
j titre : Mozart, vie d'un artiste chrétien atr
j ISme siècle, extraite de sa correspondance
authentique, traduite et publiée pour lapre-
' mière fois en français. Paris , ch. Douniol, 1857,
I 1 vol. in-8 ", Une traduction anglaise de la même
correspondance se trouve dans le volume publié
par un bon musicien et critique nommé lidouard
1 Holmes, et qui est intitulé : Tlie life of Mozart
; inciuding hiscorrespondence. Londres, 1845,
' in-8" de oG4 pages. L'écrit publie par le docteur
MOZART — MOZL\
2-19
Louis Nolii, (le Heidelberg, sous ce titre :
W. A. Mozart. Fin Bcitrag sur Aesthetik de
Tnnkunst ( W. A. Mozart. Essai sur l'esthé-
tique tle la musique), Heidelberg, 1860, iu-8°,
renferme des aperçus piiilusopliiques assez justes
sur la mission remplie par ce grand artiste dans
le développement de l'art.
On connaît environ cinquante portraits de Mo-
zart, gravés ou lilhograpliiés en Allemagne, en
France et en Angleterre.
faillie Mozart, née Constance Webcr, qui avait
épousé en secondes noces le conseiller de ^'is-
sen, est morte à Salzbourg le 6 mars 1842, à
l'âge de quatre-vingt-cinq ans.
MOZART ( WoLFCANC - Amédée), second
fils de l'illustre compositeur (1), est né à Vienne
le 26 juillet 1791. Quatre mois et quelques jours
après sa naissance, il perdit son père. Dès ses
premières années il montra d'heureuses dispo-
sitions pour la musique, et sa mère le plaça sous
la direction de Neukomm pour étudier cet art.
André Streicher lui enseigna le piano , et Al-
brechtsberger lui donna des leçons de contre-
point. 11 reçut aussi des conseils de Haydn, qui
avait pour lui une affection paternelle. Il était
âgé de quatorze ans lorsqu'en ISOj il parut pour
la première fois en public, dans un concert donné
à son bénélice, où il exécuta avec un talent déjà
remarquable le grand concerto en ut de son
père. Accueilli, par les acciamaiions de l'assem-
blée lorsqu'il parut conduit par sa mère, il fut
salué à plusieurs repri.ses par les applaudissements
unanimes du public pendant l'exécution de sou
morceau. On enlendil aussi avec plaisir dans le
même concert une cantate qu'il avait composée
eu l'honneur de Haydn. Tout semblait lui pré-
sager un brillant avenir comme artiste ; mais la
position peu fortunée de madame Mozart lui fit
accepter pour son lils, en 1808, une place de
maître de musique chez le comte Cavvorouski ,
qui l'emmena dans ses terres en Gallicie. Cinq
ans api es, le jeune Mozart alla se fixer à Lem-
berg , capitale du royaume, et s'y livra à l'en-
seignement du piano. Il vécut ignoré pendant près
de huil ans; mais il fit depuis IS20 jusqu'en 1822
un voyage dans une grande partie de l'Allema-
gne, donnant des concerts daus les villes princi-
pales qu'il visitait. Il y brilla par l'expression de
son jeu sur le piauo, et fit applaudir des coiDpo-
sitions d un mérite réel. Après avoir embrassé sa
(1) faîne (Charles Mozart) était né a Vienne cd 1714.
Tout ce qu'on sait de sa personne, c'est qu'il clait en
1817 fonctionnaire du gouvernement autrichien, à Milan.
Il cultivait alars la rauïic|uc comme amatear, et se taisait
remarquer par un lalent liisiingué sur ie piano. Il est mort
à Monza, en 185:.
mère à Copenhague, et son frère à Milan, Mozart
retourna à Lemberg au couimenccment de 1823.
En 1840 il élait a Vienne, oii il reçut un accueil
flatteur des artistes et du public. 11 est mort à
Carlsbad, le 30 juillet 1844, à Tige de cinquante-
trois ans. On a publié de sa composition : 1"" Six
trios pour flùle et deux cor.<, op. 11; Vienne,
Haslinger. — 2" Premier concerto pour piano et
orchestre, op. 14; Leipsick, Breitkopf et Haerlel.
— 3" Deuxième idem, op. 25 ; Leipsick, Peters.
— 4° Quatuor pour piano, \iolon , alto et basse
(eu sol mineur), op. 1 ; Vienne, Haslinger. —
5' Sopale pour piano et violon, op. 15 ; Leipsick,
Breitkopf et lIserLel. — C" Grande sonate pour
piauo, violon et violoncelle, op. 19; Leipsick,
Peters; Paris, Richault. — 7° Sonate pour piano
seul, op. 10; Ol'fenbach, André. — 8" Rondo
pour piano seul ; Vienne , Haslinger. — 9° En-
viron dix thèmes variés pour piano, publiés à
Vienne et à Leipsick. — 10' Polonaises mélan-
coliques pour piano seul, op. 17, 22 et 20. Leip-
sick et Lemberg. — W Quatre recueils de chan-
sons allemandes avec ace. de piano ; Leipsick,
Hambourg et Vienne.
MOZIX (Théodore), pianiste et composi-
teur, naquit a Paris en 1700 et entra jeune à
l'École royale de chant et de déclamation fondée
depuis peu de temps par le baron de Breteuil et
placée sous la direction de Gossec. Sou éduca-
tion terminée, il sortit de cette école en 1787 , et
devint professeur de piano à Paris. A la forma-
tion du Conservatoire, en 1795, il y fut appelé
en qualité de professeur de piano; mais la ré-
forme qui fut- opérée en 1802 lui fit perdre cet
emploi, et dès lors il rentra dans l'enseignement
particulier. Moziu est mort à Paris, le 14 novem-
bre ISâO, à lage de quatre-vingt-quatre ans.
1! était pianiste élégant et gracieux, recherché
dans sa jeunesse comme professeur de son in-
strument. On a gravé de sa composition : 1" Pre-
mier concerto pour piano et orchestre; Paris,
Lemoine aîné. — 2" Deuxième /'f/e/« ; Paris,
Naderman. — 3" Trios pour piano, violon et
violoncelle, op. 7; Paris, Omoni. — 4° Trio pour
harpe, piano et cor, op. 9; Paris, Janet. —
5" Deux sonates pour piano et violon , op. 4 ;
Paris, Janet. — 6° Deux idem, op. 5 ; ibid. —
7* irfewt , op. 11, 12, 14, l à ; Paris, Janet, Na-
derman. — 8" La Délivrance du Paladin, duo
pour piano et cor, op. 24; Paris, Dufaut et Du-
bois. — 9" Sonates pour piano seul, op. 7,
21, 22, 23; Paris, Janet, Érard , Richault. —
10" Fantaisies pour piano seul, op. 13, 16 ; Paris,
Janet. — 11* IMs pourris , n»» 1 à 9; Paris,
INadermau. — 12" Airs variés, ibid.; Janet —
13° Recueils de valses et de danses, ibid.
250
Mf)ZIJS — MUFFAÏ
Un frère fie cet artiste , nommé Benoâ-Fran-
^ois, fut comme lui élevé à l'École royale de mu-
sique du baron de Breleuil. Sorti de cette in-
stitution, il se livra à l'enseignement et publia
quelques petites compositions pour le piano. Il
gagnait beaucoup d'argent par ses leçons ; mais
il avait la passion du jeu et dissipait en un
instant à la roulette ce qu'il avait amassé par
son travail, puis il recommençait de nouvelles
économies pour les soumettre aux mêmes
chances de basard. Retiré à Sèvres, près de
Paris, vers 1830, il y est mort au mois de
décembre 1857, à l'âge de quatre-vingbonze
ans.
MOZIN(DÉsiRÉ-THÉ0D0Ri:),fils de Théodore,
né à Paris, le 25 janvier 1318, commença ses
études musicales sous la direction de son père.
Admis au Conservatoire le 23 décembre 1833 , il
y devint élève de Zimmerman pour le piano.
Au concours de 1830, il obtint le second prix de
cet instrument, et le premier prix lui fut de-
cerné en 1837. Après avoir reçu de Douricn des
leçons d'harmonie, il devint élève d'IIalévy et
de Berton pour la composition ; le premier prix de
contrepoint et de fugue lui fut décerné en 1839,
et deux ans après il obtint le premier second
[irix du conco4irs de composition de l'Institut.
Depuis lors il ne s'est plus représenté à ce con-
cours et s'est livré à l'enseignement. On a gravé
de cet artiste : 1° Études spéciales pour le
piano, op. 10; Paris, H. Lemoine. — 2° Études
de salon, idem , op. 17, ibid. — 3" Variations
brillantes sur un thème original , op. 2, ibid. —
4" Valses élégantes et brillantes, op. 15; ibid.
— 5'' Premier nocturne pour piano seul, op. 16;
ibid. — Six Fantaicies sur la Sirène, op. 11;
Paris, Brandus, et beaucoup d'autres composi-
tions légères pour le même instrument.
MUCIILER (Jean-Georgks), né à Drecho,
dans la Poméranie suédoise, le 23 septembre 1724,
fui d'abord |)rofesseur à Stargard, et vécut en-
suite à Berlin depuis 1773 jusqu'à sa mort, ar-
rivée le 9 août 1819. Il a donné une traduction
allemande des Traités de Harris sur l'art en gé-
néral, la peinture, la musique et la poésie, etc.
(votj. H\RRis), SOUS ce titre : Harris' s drey
Ahhandlungen ilber die Kunst, Musik, Ma-
lerei und Poésie, etc.; Dantzick, 175G, in-8''.
Il y a une autre traduction allemande de cet
ouvrage, par J.-C.-F. Sclmltz ( voy. ce nom).
MUCK (Aloïs), chanteur du théâtre de la
cour, à Munich, naquit en 1761 à Neumark, où
ion père était directeur du collège. .Après avoir
fait ses premières études de chant comme en-
fant de chœur à l'église Saint-Eiiierau de Hatis-
bonne , et terminé ses études littéraires et son
cours de philosophie au collège Saint-Paul, de
cette ville, il se voua à la carrière du théâtre à
l'âge de vingt ans. Appelé à l'Opéra de Munich
en 1789, il y débuta avec succès, et obtint
en 1791 sa nomination de chanteur de la cour.
Il possédait une belle voix de basse et brillait
comme acteur dans l'opéra et la comédie. 11 s'est
retiré de la scène en 1S13.
MUCK ( Frkdéric-Je\\-Ai,bp.rt) , né à >'u-
remberg en 17G8, occupa plusieurs emplois ec-
clésiastiques , et fut en dernier lieu doyen et in-
specteur des écoles du district à Rothenbourg. 11
a fait imprimer : 1" Musi/ialische Wandjibel
zum Gesaufj in Unterricht Volkssihulen (Abé-
cédaire musical en tableaux pour l'instruction du
chant dans les écoles populaires), en collaboration
avec Stephani; Erlang, J.-J. Palm, 1815, in-8°
de 98 pages, .avec un supplément de 40 pages,
et 14 tableaux in-fol. — 2° Lieder fiir die Ju-
gend mit leichten Melodien fiir 2 Sopran-
stimmen ( Chants pour la jeunesse , avec ik's
mélodie* faciles à 2 voix de soprano ) , ibid.
1816-19, 2 livraisons in-fol. — 3° Biographis-
ches-iSotizen iiber der Componistcn der Cho-
ralmelodien im baierisch neuen Choralbuclie
(Notices biographiques sur les compositeurs du
nouveau livre choral de la Bavière); Eilangen,
Palm, 1824, grand in-S".
MUFFAT (Georges), compositeur allemand,
étudia dans sa jeunesse la musique à Paris , au
temps de LuUi. Il se rendit ensuite à Strasbourg ,
où il obtint la place d'organiste de la cathédrale;
mais bientôt chassé par la guerre, il alla à Vienne,
puis à Rome, où il resta jusqu'en 1G90. De re-
tour en Allemagne , il y fut nommé organiste
et valet de chambre de l'arclievêque de Salz-
bourg. Kn 1C93, l'évéque de Passau le nomma
son maître de chapelle et gouverneur des pages.
On a sous le nom de ce musicien : 1* Suaviorcs
harmonix instrument, hyporchematicx flori-
legium, recueil consistant en 50 morceaux pour
quatre ou cinq violes , avec basse continue ;
Augsbourg, 1695, in-fol. — 2" Florilegivm se-
cundum , etc., contenant 62 morceaux; Passau,
1698, in-fol. La préface de cet ouvrage, où
Muffat rappoi te les principales circonstances de
sa vie, est écrite dans les quatre langues, latine,
italienne, française et allemande. ~ 3° Apparat us
musico-organisticiis , consistant en 12 toccates
pour l'orgue; Augsbourg, 1690. Muffat a lai.ssé
en manuscrit un recueil d'observations relatives
à la musique; ce recueil existait dans l'ancien
fonds de Breitkopf, à Leipsick.
MUFFAT (Tuéoi'uile), fils du précédent,
vécut à Vienne dans la première moitié du dix-
huitième siècle, et y fut organiste de la cour et
MLFFAT — MUHLI.NG
I5i
maître de clavecin des princes et princesses de
la famille impériale. Fux lui avait ensei};né le
contrepoint. On a publié de sa <;omposition im
recueil de pièces inlitulé -. Componimcnli musi-
cali per il cembalo ; Vienne, 1727, in-fol.; ad-
mirable recueil de pièces de clavecin d'un grand
style et d'une remarquable originalité. 11 est
gravé sur cuivre et ia)primé avec luxe. La ra-
reté de ce volume est excessive, parce qu'il paraît
qu'on n'eu a lire qu'un pelit nombre d'exem-
plaires. .MulTat a laissé en manuscrit beaucoup
<ie pièces pour l'orgue el le clavecin qui sont
indiquées de celte manière dans le catalogue de
Traeg: 1° 6 Parthicnpour clavecin. — T & Par-
thien, toccates et fugues , idem. — 3° 70 Ver-
sets Sammt 12 Toccaten besonders zum Kir-
chen-dienst beij Choral-demlern und Ves-
peren dienstich ( 72 versets et 12 toccates, par-
ticulièrement pour l'usage de l'église , etc. ) ,
in-4'' oblong, gravé à Vienne, mais sans nom
de lieu et sans date. On connaît tle Muffat
des préludes {pro cembalo), et des fugues pour
l'orgue, dont Fischlioff ( voy. ce nom) possédait
une copie.
MUIILE (Nicolas), né en 1750, dans la Si-
lésie , fut d'abord employé comme musicien , et
quelquefois comme chef d'orchestre aux théâtres
de Dantzick et de Kœnigsberg, puis alla s'é-
tablir à Munich, où il était , en 1783, répétiteur
<lu théâtre de Schuch. Il a fait représenter, sur
plusieurs théâtres d'Allemagne, les opéras dont
les litres suivent : 1" Fermor et .Meline. — 2" Le
Feu follet. — 3° Lindor et Ismène. — 4" Lft
Voleur de pommas. — b° Die Wilddiebe (Le
Voleur de gibier). — ù" Dos Opfer der Treue
{Le Sacrifice de la fidélité, prologue). — 7" Mit
(len Glockenschlacj zwœlf (A midi précis). —
s' L'École de chaut, 1792. — 9° L'Ermite de
Formenterie, 1793.
MUHLE (C.-G.), organiste à Dresde, né
en 1802 à Liebenau, près de Pirna, obtint sa
place et succéda à Schwabe, en 1822; il s'est fait
connaître comme compositeur de musique de
chant par lesouvrages suivants : 1° Die Tonkunst
iLa Musique), pour 3 voix seules avec chœur et
accompagnement de piano; Dresde , G. Thieme;
— 2" Chants et Lieder à voix seule avec accom-
pagnement de piano ; ibid. ; — 3* Agnus Dei à 4
voix avec accompagnement d'orgue ou de piano ;
i'jid. — 4" 3 Lieder à voix seule et piano; deuxième
recueil ; ibid. — 5° 3 idem, troisième recueil ; ibid.
MUIILEXFELDT (Charles), directeur de
musique à Rotterdam, né à Brunswick en 1797,
perdit à l'âge de onze ans son père, qui était con-
trebassiste à la chapelle du prince. Déjà à cet
âge, il avait acquis de l'habileté sur le violon et
sur le piano. Son maître pour ce dernier ins-
trument (ut ViEiker; Kelbe lui enseigna la com-
position. A peine âgé de douze ans, il entreprit
de petits voyages à'Wolfenbutlel, Hildesheim et
Quediinbourg, pour y donner des concerts ; plus
tard, lorsque son talent se fut développé, il étendit
ses courses , et se lit entendre avec un syccès
égal sur le violon et sur le piano. L'époque de
ses voyages les plus longs est depuis 1820
jusqu'en 1824. Dans cette dernière année il s'est
fixé à Rotterdam en qualité de directeur de mu-
sique. Ou a gravé de sa composition : 1" Con-
certo pour le piano (en fa) , op 1 ; Bonn, Sim-
rock. — 2" Grand trio pour [tiano, violon et vio-
loncelle, op. 38; ibid. — 3° Trio brillant idem,
op. 39 ; ibid. — 4" Grande sonate pour piano
et violon (en ut mineur), ibid. — 5" Polo-
naise idem ; Vienne , Ilaslinger. — G" Varia-
tions sur le menuet de Don /«««; Brunswick,
Spehr. — 7" Grand quintette pour 2 violons,
2 altos et violoncelle, op. 30; Bonn, Simrock.
— 8"* Trois sonates pour piano et violon, op. 45;
ibid. — 9"' Grand rondo avec introduction pour
|)iano à 4 mains, op. 49 ; ibi I. Une ouverture à
grand orchestre de cet artiste a été exécutée à
Rotterdam en 1837.
MÛHLIXG (AiGiSTE), né en 1782 à Ra-
guhne , petite ville du duché d'Anhalt-Dessau ,
a appris la musique à l'école Saint-Thomas de
Leipsick, sous la direction de Hiller et de A.-E
Miiller. Ayant terminé ses études, il a été appelé
à >'ordliausen en 1809, comme organiste, direc-
teur de musique du gxnmase, et instituteur de
chant k l'école de jeunes filles. Plus lard , il a
été appelé à Magdebourg, oii il a rempli les fonc-
tions de directeur de musique et d'organiste du
Dôme. Il y est mort le 2 février 1847. On a gravé
de sa composition des pièces d'harmonie pour
instruments à vent, op. 25 et 29; Leipsick,
Breitkopf et Hairtet , Probst : des quatuors pour
violon, op. 20; Leipsick, Breitkopf et Ha-rtel;
des duos pour 2 violons , Leipsick, Hofmeister ;
un quatuor pour flûte , 2 allos el violoncelle,
op. 28 , ibid. ; des duos pour deux flûtes, op. 26,
ibid.; un concerto pour basson, op. 24, ibid.;
beaucoup de pièces de différents genres pour
piano ; une grande quantité de chants à plusieurs
voix et à voix seule avec accompagnement de
piano. Cet artiste s'est fait connaître avantageuse-
ment par des compositions sérieuses, au nombre
desipielles on remarque ses oratorios intitulés :
1° Abbadonna, exécuté à Magdebourg en 1838.
— 2 " Haint Boni face, exécuté avec succès dans la
même ville, en 1839 et 1840. — 3" David, qui ne
f\it pas moins bien accueilli en 1845. 4" Une
symphonie, qui fut entendue avec plaisir en 1831.
252
MUULING
MULLER
MÛIIL1\G ( Henri -Jules ), fils (hi précé-
dent, né à INordliauseï) le 3 juillet 1810, est di-
recteur de musique et organiste de ré;;lise Saint-
Ulrich à Magdebourg. Une ouverture de sa com-
position a été exécutée au concertdu Gewandhaus,
à Leipsick, en 1838. Parmi ses ouvrages pu-
bliés, on remarque : 1° Préludes et fantaisies
pour l'orgue, œuvre 3; Leipsick, Breitkopf et
Ilaertel. — 2" Compositions diverses pour l'or-
gue, op 5; ibid.
MIJLLER (Andué), musicien de. ville à
Francforl-sur-le-Mein, naquit vers 1570, à Ham-
melbourg, dans les environs de Fulde. Il a fait
imprimer les ouvrages suivants : 1° Teutsche
Balcllen und Canzonelten zu singen und
aiiff Instrumcnten.zu brauchen, mit 4 Sthn-
«î en (Ballets et Cliansonneltes allemandes à 4 voix,
pour être chantés ou joués sur les instruments) ;
Francfort, 1600. — 2° Teutsche weltUche Can-
zonetten mit 4 bis 8 Stimmen (chansons al-
lemandes choisies) ; ibid., 1603, in-4''. — 3" Novi
T/iesaim, hoc est sacrarum cantiomun 5-9
pluribusque vocibus in ecclesid concinenda-
rum; ibid., 1605, in-4''. — V^ Neuwe Canzo-
nettenmit 3 Stimmen, hiebevor von den Italis
componirt , und mit teutsche Sprache unter-
legl, ibid., IGOS, in-4".
MÛLLEK (Jean) , compositeur de l'élec-
teur de Saxe Jean-Georges II , né à Dresde au
commencement du dix-septième siècle , llojissait
vers 1650. Il est mort sous le règne de l'électeur
Jean-Georges III. On connaît de sa compo-
sition un recueil de chants à plusieurs voix in-
titulé : Jnbileum Sionis- Jéna, 1649, in-4°.
MULLEll (Georges), facteur d'orgues, né à
Augsbourg, paraît avoir vécu en Italie vers la fih
du dix-septième siècle. Il a construit un orgue
à Solesino , dans l'État de Venise, en 1695.
MULLEll (Jean), médecin à Copenliague,
dans la seconde moitié du dix-septième siècle, a
fait imprimer un livre intitulé : De Tarentulâ,
et vimusiccc ineju^ curatione^ Hafniœ, 1679,
in-4''.
MULLER (Henri), docteur et professeur
de théologie, pasteur et surintendant à Roslock,
naquit à Lubeck le 18 octobre 1631, et mourut
à Rostock le 17 septembre 1675. Il a publié un
livre intitulé : Geistliche Seelen-Musick, in 50
Betrachtungen , und 400 anserlesencn Geist
undKraft-reichen, olten und neuen Gesangen,
so mit schœnen Meloderen, und unter den-
selben 50 gantz nmicn, gezierct sind (Musi-
sique religieuse de l'âme, etc.) ; Francfort, 1668,
in-l2; ibid., IG84, in-24. Suivant Georges Serpi-
V\u^ (roiiselziingder Liedergedanken, p. 32), il
y aurait une première édition de ce livre, donnée
à Francfort en 1659. Jean-Christophe Olearius
donne des éloges an travail de Miiller {Enlifurf
ciner Lieder Biblioth., p. 59), et Arnkiel
le loue (dans la préface de ses corrections des
anciens livres de chant du Holstein, pages 6 et 7)
pour les critiques, qui s'y trouvent, des alté-
rations modernes introduites dans les chants
anciens.
MULLFjR ( Je4n-iMichel), directeur de mu-
sique et organiste à Hanau, naquit à Schmalkalde
en 1683. Il vivait encore à Hanau en 1737. U
a publié de sa composition :'l" 12 Sonaten mit
einer concertirendcn Hautbois, 2 andcm
Hautbois oder Violinen, einer Taille, Fagot
und G. B. ( 12 sonates pour un hautbois concer-
tant, 2 autres hautbois ou violons, ténor (de haut-
bois), basson et basse continue, op. 1 ), Amster-
dam, 1729, in fol. — 2° Psalmund Chorulbuch
ans Klavier mit einem richtigen Bass, etc. -,
Francfort, 1729, in-4", Une deuxième édition de
ce recueil a été publiée sous ce litre : ISeu anf
gesetztes vollstxndiges Psalm und Choralbucli
( Livre de Psaumes et de Chorals nouvelle-
ment composé , dans lequel non-seulement on
trouve les 150 psaumes de David, mais aussi
les chants des deux Églises évangéliques, etc.) ;
Francfort-sur-le-Mein, 1735, in-4°. — 3° Variirte
Chorxle und Psalmen mit einigen kurzen
Prxludien (Chorals et Psaumes variés avec quel-
ques préludes), 1"= partie, 1735, in-4''; 2" par-
tie, renfermant des préludes, des fugues et un
concerto, 1737, in-4''-
MULLER ( Jean ), né à Nuremberg le 26
septembre 1692, alla faire ses études à Altdorf
en 1709, puis alla, en 1714, les achever à
Helmstadt, où il soutint une thèse qui a été im-
primée sous ce titre : De Elisxo ad musices
sonum propheta, H Beg., lll, \ , 15; Helm-
stadt, 1715, in-4°. Miiller fut ensuite diacre à l'é-
glise de Saint-Sébald , à Nuremberg, et mourut
dans cette ville, le 4 août 1744.
MULLER ( Jean ), né à Dobrawicz, en Bo-
hême, au commencement du dix-huitième siècle,
y était maître d'école vers 1750. Il avait du ta-
lent comme violoniste , et a écrit beaucoup de
messes qui sont restées en manuscrit dans les
églises de la Boliéme.
MULLER (Godefroid-Éphraïm), né en 1712,
à Wolkenstein , en Saxe, fut pasteur à Eiben-
stock, et mourut dans ce lieu le 12 mai 1752.
On a de lui un petit écrit intitulé : Jlistorisch-
philosophisches Sendschreibenan einer hohcn
Gœnner, von Orgeln, ihrem IJrsprunge und
Gebrauche in der allen und neuen Kirche
Goftes, bc.i Gelegcnheit der Einvcihung einer
neuen Orgel (Lettre hislorico-pbilosophique à
MULLER
253
«ne personne de liaut rang, sur les orgues, leur
origine, et leur usage dans les églises anciennes
et nouvelles, etc); Dresde, I7i8,in-4°de 40
pages. Mûller traite dans cet opuscule avec éru-
dition : f du nom de l'orgue ; 2* de ses di-
verses espèces ; 3° il examine si les Hébreux ont
eu des orgues; 4° quand elles ont été introduites
dans l'Église ; 5° si on les y doit tolérer, et quelle
est leur utilité.
miJLLBR ( Je.\.vNicol\8) , greffier à Wurn-
baeli , près de Nuremberg, occupait celle
place en 1736, eten remplissait encore les fonc-
tions en 175S. Il a publié de sa com|K)$ilion :
1" Divcriissemeni musical consis/ant en dix
suites pour le clavecin; Nuremberg, 1736,
jre 512""* parties. — 2" Ilarnionisch Kirchen-
lust, etc. (Délice liarmonique religieux), consis-
tant en 12 airs , 12 préludes et 12 fugues faciles
pour l'orgue et le clavecin ; Nuremberg, 1758!
MCLLER (Chrétien ) , facteur d'orgues à
Amsterdam, vraisemblablement Allemand de
nai$.sance, a construit, depuis 1720 jusqu'en 1770,
c'est-à-dire pendant près de cinquante ans, les
plus beaux instruments de la Hollande, et sur-
tout le grand orgue si célèbre de Harlem. En
1770 il entreprit la construction d'un orgue dans
l'église Saint-Etienne de Nimègue, qui aurait été
le plus considérable de ses ouvrages, s'il avait
pu l'acbever suivant ses plans; mais il parait
qu'il mourut dans la même année ou dans la sui-
vante , car ce fut Koning qui acbeva l'instrument
sur des dimensions moins étendues. Les ouvrages
principaux de Mûller sont : t ° Le grand orgue
de Harlem, achevé en 1738; cet instrument a
3 claviers à la main, dont un pour le grand
orgue, un clavier de récit, un pour le positif, et
un clavier de pédale. Parmi les 60 registres ré-
pariis sur ces claviers, on trouve 4 jeux de 16
|i:eds ouverts, un bourdon de 16 sonnant le 32
pieds, une montrede 32 pieds ouverts, 12 jeux de
8 pieds ouverts, un double tromlwnede 32 pieds,
une bombarde, un trombone de 16 pieds et iiu
conlre-basson de 16. Douze soufflets fournissent
le vent à cette immense macbine, dont le méca-
nisme, construit d'après l'ancien système, est la
partie la plus défectueuse ; mais la qualité des jeux
est excellente. On trouve la disposition de cet orgue
dans le deuxième volume des Voyages deBurney en
Allemagne et dans les Pays-Ba.s,etdans le livre de
Hess iu\.\\.\i\é: Dispositicn der merkuaardigsleii
Kerk-Orgelen. — Une autre desctiplion de ce
grand orgue, par Jean Radeker, organiste et ca-
rillonneur à Harlem, a été publiée séparément
(voy. Radeker). — 2" Un 16 pieds à l 'église
des Jacobins de Leuwarden, avec 3 claviers à la
main, pédales et 38 jeux. — 3"^ Un 8 pieds à l'é-
glise lulliérienne de Rotterdam , en 1749. —
4" Un 16 pieds à l'église réformée de Beverwyk,
en 1767. — Un 8 pieds dans l'église luthérienne
d'.\rnlieim.
MULLER (Théophile-Frédéric) , musicien
de la cliambre et organiste de la cour du prince
d'.\nbait-Dessau, a publié à Leipsick, chez
Breitkopf, en 17C2, six sonates pour le clavecin.
MULLER (Chréties-Henri), organiste de la
catliédrale de Halberstadt, naquit dans celte ville
le 10 octobre 1734, et fut un des liommes les plas
remarquables de r.\llemagne dans l'art de jouer
de l'orgue, vers 1770. Il a beaucoup écrit pourl'É-
glise; on cite au nombre de ses ouvrages une
année entière d'offices religieux. Ses chœurs
étaient particulièrement estimés ; mais dans les
airs, on lui reprocbait une imitation servile, et
même des plagiats du style de Graun. Le seul
ouvrage de sa composition qu'il ait fait imprimer
consiste en quatre sonates à quatre mains pour
le clavecin. 11 avait espéré que la publication de
cet œuvre lui procurerait quelque aisance dans sa
position peu fortunée ; mais la plupart des exem-
plaires qu'il avait expédiés lui furent renvoyés
en mauvais état, dans un moment où sa santé
était chancelante; le chagrin qu'il en eut empira
sa situation, et il mourut le 29 août 1782.
MULLER (Jeax-Chrétien) , né à Langen-
Scbland , près de Bautzen , fit ses études dans
les collèges de Baiitzen, de Zittau et de Lauban :
il fut choisi pour remplir les fonctions de direc-
teur du chœur dans cette dernière ville. En 1778,
il se rendit à Leipsick, et y entra chez Breitkopf
en qualité de correcteur des épreuves de musique.
Hiller l'employa aussi comme violoniste à i'or-
cbestre du concert, et le fit entrer à celui du
théâtre. Miiller est mort à Leipsick en 1796. H
a publié : 1° La Joie, ode de Schiller, mise en
musique, avec accompagnement de piano ; Leip-
sick , Breitkopf, 1786. — 2" Cbansons de chas-
seurs, ibid., 1790, in-4''. — 3" Anleitung zum
Selbslunterricht auf der Harmonica .(In-
struction pour apprendre seul à jouer de l'har-
monica), Leipsick, Crusius, 1788, in-4*' de 48
pages. On y trouve le portrait de Franklin, et
20 morceaux pour l'harmonica.
MULLER ;Ernest-Lolis), dit MILLER, mu-
sicien allemand et flûtiste , vécut à Berlin vers
1760, et y publia un trio pour trois flûtes qui
eut beaucoup de succès, ainsi que plusieurs œu-
vres de duos pour le même instrument. Arrivé
en France vers 1768, il s'arrêta d'abord à Dijon,
y donna des leçons de flûte, et y eut pour élève
le chevalier de Salles, qui , ayant été envoyé en
garnison à Auxonnc, l'emmena dans cette ville.
Miiller s'y maria et eut une fille, née en 1770,
254
MULLER
qui , devenue danseuse de premier ordre , fut
connue sous le nom de iV« Miller, et devint
plus tard M'"e Gardel. Miilier, ou Miller, comme
on l'appelait à Paris, alla s'établir dans celte ville
en 1770. Il y eut une existence pénible pendant
plusieurs années, quoiqu'il eût du talent, parce
que son pencliant pour le vin jetait du désordre
dans ses affaires. Sa liaison intime avec son
compatriote Vogel {votjez ce nom) augmentait
encore ce défaut. En 1782, sa fille entra comme
élève à l'école de la danse du théâtre de Beau-
jolais, quoique âgée à peine de douze ans, et s'y
fit bientôt remarquer par sa grâce et la légèreté
de ses pas. Elle passa ensuite à l'école de la
danse de l'Opéra, et débuta avec un brillant suc-
cès, en 1786. Alors, la position de Millier s'a-
méliora. Gardel , bon musicien et violoniste dis-
tingué, ayant reconnusou talent, lui confia l'ar-
rangement et la composition d« son ballet de
Télémaque , représenté à l'Opéra en 1790. Le
mérite de cette composition musicale fit beau-
coup d'honneur à Miilier et le releva dans l'o-
pinion des artistes. La musique du ballet de
Psyché, joué en 1792, acheva de classer Millier
d'une manière honorable parmi les compositeurs.
Il publia postérieurement quelques œuvres de
duos pour flûte et violon et pour deux flirtes;
mais ne voulant pas déroger, après ses succès
de rOpéra, il les fit graver sous le pseudonyme
de Krasinski. Miilier est mort à Paris en 1798.
(Notes manuscrites de Boisjelou.)
MULLEU (Gcillaume-Chiîétien) , né le 7
mars 1752, à Wasungen , près de Meinungen,
éprouva de grands obstacles de la part de ses pa-
rents pour se livrer à l'étude de la musique;
néanmoins son goût passionné pour cet art lui fit
surmonter toutes les difficultés qu'on lui opposait.
Dès sa quinzième année, il composait déjà de pe-
tits morceaux pour l'église de son village. Son
oncle, qui l'avait relire chez lui, pendant qu'il
achevait ses études à l'université de Gœtlingue,
lui avait aussi interdit l'étude de toute espèce
d'instruments; ce qui n'empêchait pas qu'il fftt
en état d'accompagner au clavecin la basse chif-
frée dans les concerts de la ville. Il alla passer en-
suite deux ans à Kiel pour y suivre un cours de
théologie; le chancelier de l'université de celle
ville (Cramer) l'engagea à prendre la direction
des concerts, pendant les années 1775 et 1776.
Plus tard, il fut appelé à 13rême en qualité de
directeur de musique de la cathédrale, et de pro-
fesseur à l'école qui y était attachée. Il y fonda
vers 1782 une maison d'éducation, dans laquelle
il fit fleurir le chant en chœur. Apres qua-
rante-neuf ans d'activité dans cette ville, il
mourut le 6 juillet 1831 , à l'âge de soixante-
dix-neuf ans. Il avait imaginé un instrument
comjiosé comme l'harmonica à clavier, auquel
il ajouta un hautbois et un jeu de flûte, et il donna
à cette réimion de sonorités différentes le nom
d'llarmo7iicon. Il a donné la description de cet
instrument dans le journal allemand intitulé :
Genius der Zeit (Génie du temps). Alloua, 1796,
mars, p. 277-296, sous ce titre : 1° Beschrei-
hung des Harmonicons , eines neuen musika-
lischen Instruments, von der Erfindung des
Herrn M. W. Chr. Milliers. Outre la descrip-
tion de son instrument, il donne dans cet écrit
une histoire abrégée de V Harmonica, que Ger-
ber a rapportée dans l'article consacré à Mûller,
au 3me volume de son Nouveau Lexique des
Musiciens (p. 520-52.3). -— 2" Versuch einer
Geschiclite des Tonkunst in Bremen (Essai
sur l'histoire de la musique à lirême ) , dans
^ Ilanseatischen Magazin j Brème, 1799, tom. 1.
— 3" Versuch einer yEsihetik der Tonltunst in
Zusammenhange mit den ubrigen schœnen
Kiinsten nach geschichlUclier Entivickelung
(Essai d'une esthétique de la musique, etc.);
Leipsick, Breifkopf et Hœrtel, 1830, 2 vol. in-8";
ouvrage faible et superficiel qui ne répond pas
à son titre. Le premier volume renferme des
détails historiques sur la musique; le second,
une esi)èce de chronologie des inventions et des
époques principales de l'art, ainsi que des notices
sur les artistes et les écrivains.
MULLEK ( Henri-Frédéric ) , musicien au
service du duc de Brunswick, fut le père des qua-
tre frères de ce nom, si célèbres par leur ma-
nière parfaite d'exécuter les quatuors. Il mou-
rut à Brunswick dans un âge avance, vers 1818. On
a gravé de sa composition : 1° Variations pour le
violon, sur un thème français, op. 0; Brunswick,
Spelir. — 2° Différentes pièces en duos pour des
instruments à vent. —3" Des sonates pour piano
et violon, op. 11; ibid. — 3" Manuel du pia-
niste (collection de pièces dans tous les tons) ;
ibid. — 5° Des thèmes variés pour le piano ; ibiii.
— 6" Marches idem ; ibid. — 7" Des chansons
allemandes avec accompagnement de piano, ibid.
MÛLLER (Wencesl.\s ou Wenzel), com-
positeur devenu populaire en Allemagne par ses
opérettes, naquit le 26 septembre 1767, à Turnau,
dans la Moravie. Un maître d'école d'AlsIœdt lui
enseigna les éléments de la musique. A l'âge de
douze ans il avait déjà composé une messe, pre-
mier essai de son talent facile. Plus tard, Ditters-
dorf devint son ami, et lui donna des leçons de
composition. En 1783, on lui confia la direction de
la musique du théâtre de Briinn ; trois ans après,
il entra en la même qualilé au théâtre Marinelli ,
à Vienne, et pendant vingt-deux ans il en rem-
MULLER
plit les fondions; lit'pîoyaiit en même temps une
prodigieuse activité dans la composition des opé-
rettes, Singspiel et pantomimes, dont on porte
le nombre à deux cents. En 180S, Mùller suivit
à Prague sa fille (M"'e Grunbaum) qui y était
engagée comme première cantatrice ; mais il ne
put s'accoutumer à la direction de la musique de
cetliéàtre, où Ton représentait des ouvrages abso-
lument étrangers à se* habitudes. Fn 1813, il re-
tourna à Vienne et entra comme directeur de
musique au théâtre de Leopoldstadt. Il y passa
aussi vingt-deux ans, non moins actif, non
moins fécond qu'au théâtre Marinelli. Il est mort
d'une lièvre nerveuse le 3 août 1835, aux eaux
de Kurrot, en Moravie. Aliiiler ne cherchait point
à mettre des idées élevées et recherchées dans
ses ouvrages : mais il saisissait fort bien l'esprit
de !a scène, et ses mélodies étaient remarquables
par leur grâce naturelle et un certain air de
franche originalité. C'est à ces qualités qu'il dut
la vogue populaire de ses airs. Parmi ses opé-
rettes, ceuN qui ont eu le plus de succès sont :
1" Bas neue Sonntargskind ( le Nouvel Enfant
du dimanche), en deux actes, 1794. — T Die
iichiie&ter von Prag ( les Sœurs de Prague. —
3" Der Jahrniarkt zii Griinenwald (la Foire
de Grùnenwald ), en 1797. — 4=" Die zau-
ber Trommel (le Tambour magique), 1795.
— 5" Das Sonnenfesl der Braminnen (\àFèle
«lu Soleil des Bramines). — 6" Le Bassoniste,
ou la Guitare enchantée , n\ trois actes, 1793.
— 7* Pizzighi, en deux actes , suite du Bas-
soniste. — 8^ Der Alte uherall und nirgend
( le Vieillard partout et nulle part). — 9° Die
Teufelmuhle ( le Mouliu du diable ). 11 y a plu-
sieurs éditions de ces ouvrages et de quelque;
autres^en partition pour le piano, en quatuor
de violon, et en harmonie.
MÎJLLER ( .Aigiste-Eeekhardt), maître
de chapelle du duc de Saxe-Weimar, naquit le
13 décembre 1767 à Nordheim, dans le Hanovre.
Son père ayant été nommé organiste à Riuteln ,
il V'S suivit, et y reçut les premières instructions
<!e musique. Ses progrès dans cet art furent si
rapides , qu'à l'âge de huit ans il put déjà se
faire entendre avec succès dans plusieurs con-
certs publics. En 1785, il fréquenta l'université
de Leipsick jwury itudier le droit; l'année sui-
vante, ii alla continuer celte étude à Gœttingue.
N'ayant pu obtenir la place d'organiste de Funi-
versité, qui fut donnée à un autre étudiant, il se
vit forcé de s'éloigner de cette ville, n'y ayant
pas de moyens d'existence , et de retourner chez
ses parents. Il n'y resta pas longtemps, car il en-
treprit de petits voyages pour augmenter son sa-
voir en musique. A Brunswick, il trouva l'appui i
d'un parent qui lui procura les moyens d'y sl-
journer pendant plusieurs années. En 1789, il se
rendit à Magdebourg, et y obtint la place d'or-
ganiste à l'i^glise Saint-Ulrich. Il s'y maria avec
la (ille de l'organiste Rubert, pianiste distinguée.
Son mérite le fit choisir, en 1792, pour diriger
les concerts de la loge maçonnique et du con-
cert noble. Vers ce même temps, il fit un
voyage à Berlin, où il se lia d'amitié avec Mar
purg, Fasch , Reichardt, et plusieurs autre.s
hommes distingués. Son talent y fut apprécié ,
particulièrement lorsqu'il se fit entendre sur
l'orgue à l'église Sainte-Marie. Marpurg rendit
compte de cette circonstance dans la Gazette
musicale de Berlin (page 42 ). C'est aussi à la
même époque que parurent ses |>remières com-
positions à Berlin et à Offenbach. Le mérite de
ces ouvrages et les succès de l'auteur lui pro-
curèrent l'emploi d'organiste à l'église Saint-Ni-
colas de Leipsick, en 1794. Là seulement ses ta-
lents parurent dans tout leur éclat : il brilla
également sur l'orgue à son église , et comme
virtuose sur le piano et sur la flûte dans les
concerts. Hillcr, directeur de musique à l'église
Saint-Thomas, ayant demandé en 1800 qu'on
lui donnât un adjoint, à cause de son grand âge,
ce fut Mùller qu'on choisit, et la manière dont
il remplit ses nouvelles fonctions prouva qu'il
était digne de la confiance qu'on avait eue en
lui. Bientôt il joignit à son nouvel emploi celui
de diiecteur de musique des deux églises prin-
cipales de Leipsick; Sou influence rendit la si-
tuation de la musique prospère en cette ville.
Eu 1807,. la princesse héréditaire de Saxe-Wei-
mar, pianiste distinguée, ayant désiré prendre
des leçons d'harmonie de Mùller, il y eut des
négociations pour lui faire abandonner ses em-
plois de Leipsick ; enfin le duc régnant lui ac-y
corda le titre de son maître de chapelle, et
Mùller se rendit à W'eimar en 1810. Quelques
années après, sa santé commença à s'altérer, et
une hydropisie se déclara : cette maladie l'en-
leva à l'art et à ses amis le 3 décembre 1817, à
l'âge de près de cinquante ans.
Les Ouvrages d'Eberhard .Mùller sont en grand
nombre -. leur liste se compose comme il suit :
I. McsiQLE DE PIANO : 1" CoHccrlo pour clavecin
ou piano, dédié à la duchesse de Courlande et
composé par A. E. Mùller, organiste à l'église
de Saint-Ulrich à Magdebourg; Berlin et Ams-
terdam, Huramel. — 1" ( bis) Grand concerto ,
op. 21; Leipsick, Breitkopf et Haertel. — 2' So-
nate pour piano, violon et violoucelle , op. 17;
ibid. — 3" Sonates pour piano et violon, op. 18
et 36; Berlin et Leipsick. — 4" Sonates pour
piano seul, op. 3, 5; Ollenbach , André ; op. 7,
25G
MULLER
I/cipsick, Bi'ei(kopf et Haîrtel; op. 14, Leipsick,
Peters; op. 26, ibid. — 5" Caprices et rantaisies
pour piano, op. 4, Offenliacli , André ; op. 29 et
31,Leipsick, Peters ; op. 34, ibid.; op. 35, ibid. 4 1 ,
— C" Tbcmes variés, op. 8, 9, 12, 15, 32, 37,
et œuvre poslbnme; Leipsick, Berlin, Vienne,
Hambourg. — H. Musiquk d'okgije : 7° Ueciioil
de pièces d'orgue, 1'* et 2'ne suites ; Leipsick,
Ureilkopf et Haertel. — 7° (bis) Sonate pour
orgue à 2 claviers et pédale ; ibid. — 1° ( ter )
Ciiorals variés idem ; ibid. — lit. Mlsiqiik polr
ri,LTE : 8" Concertos pour la flilte, op. 6, 10,
10, 19, 20, 22, 23, 24, 27, 30, 39; Leipsitk,
Breitkopf et Hœrtel , Peters. — 9" Fantaisie
avec orchestre, op. 41; Leipsick, Peters. —
10° Duos pour 2 llùtes, op. 13, 19, 23 (bis),
25, ibid. — IV. Musique pour le chant :
11" Cantate pour des fêtes de famille, à 4 voix
avec accompagnement d'instruments à vent,
Leipsick, Hofmeister, — 12° Chansons à voix
seule avec accompagnement de piano ; Ham-
bourg, Bœhme. — V. Ouvrages pour l'instruc-
TfON : 13" Introduction pour bien exécuter
les concertos de piano de Mozart , eu égaiti au
doigter; Leipsick, Dreitkopf et Haertel, 1797, in-
fol. obi. — 14" Méthode de piano ou instruction
-pour apprendre à bien jouer de cet instrument,
Jéna, 1804, in-4". Cette méthode n'est autre
que celle deLœhlein, dont Millier donnait une
nouvelle et sixième édition. La septième, publiée
à Leipsick, chez Peters, en 1819, ne porte plus
que le nom de Millier. M. Charles Czerny en a
donné une huitième édition sous ce titre :
Grosse Forte-piano-Schide von Auguste Eber-
liardt Mûller, vormands Capellmeisler in
VVeimar; Achte Auflage mit vielcn neuen
Bcijspielen und einem vollslxndigen An-
liange vom Generalbass versehen von Cari
Cr-emy; Leipsick, Peters, 1825, in-4° obi. Le
même éditeur a donné une petite méthode de
piano extraite de celle-là. La méthode de Millier
a servi de base à Kalkbrenner pour la sienne.
— 15" Pièces instructives pour le piano, à l'usage
des commençants; Leipsick, Peters ( en 3 suites ).
— 16" Méthode élémentaire pour la flûte ; Leip-
sick, Peters. — 17" 8 tableaux pour le doigter
de la flûte, depuis une jusqu'à quatre clefs; ibid.
— 18" Sur la flûte et sur la manière d'en jouer
(article de la Gazette musicale de Leipsick,
1" année, p. 193).
MULLER ( F.-.\. ) , compositeur et profes-
seur de piano à Leipsick, vers la fin du dix-
huitième siècle, naquit à Heidrungen, en Thu-
ringe. H a publié en 1796 : 1° 3 sonates pour
piano ou harpe,. avec accompagnement de deux
cors et violon ; Berlin. — 2° 3 petites sonates
pour harpe ou piano. — 3" Sonate et rondo en
caprice pour le piano; ibid., 1800. Cet artiste
est mort à Leipsick, le 3 novembre 1842, dans
im âge très-avancé.
MULLER ( Cuarles-Guillaume), fils de
Chrétien-Henri, naquit à Haiberstadt le 12 mars
1770. Après avoir rempli pendant plusieurs an-
nées la place d'organiste de la cathédrale , il
mourut dans cette ville le 8 novembre 1819. On
a publié de sa composition : 1° Sonate pour
piano à quatre mains, op. 12; Brunswick,
Spehr. — 2" Deux idem, op. 13; ibid. —
3" Sonates pour piano seul, op. 14, 17, 19, 21,
Brunswick et HalberstadL — 4" Trois polo-
naises, idem, op. 18; Leipsick, Peters.
5° Trois rondeaux; Haiberstadt, Vogler. —
6" Plusieurs thèmes variés idem. — 7" Quelques
pièces d'orgue.
MÛLLER (Mariasne), dont le nom de
famille était HELLMUTH , naquit à Mayence
en 1772. Destinée au théâtre, elle parut dans les
rôles d'enfant à lionn, en 17S0 et à Schwcdt,
en 1785, toutefois sa véritable carrière dramati-
que ne commença qu'en 1789, lorsqu'elle débuta
à Berlin , comme première chanteuse. En 1792
elle épousa M. Miiller, fonctionnaire du gouver-
nement. Elle n'abandonna pas la scèn.v, et
pendant près de vingt ans elle conserva à
Berlin son emploi de première chanteuse. Elle ne
possédait pas beaucoup de puissance dans la
voix , mais elle chantait avec goût et expression.
MÛLLER ( Je.an-Emmanuel), cantor, orga-
niste et maître de l'école des filles à Erbsleben,
prcsd'Erfurt, naquit en 1774, au château de Vip-
pach , non loin de cette ville. Il reçut de l'/n-
stituteur et du pasteur de ce lieu les premières
leçons de chant et d'orgue , et son père lui en-
seigna à jouer un peu du violon. En 1785, on
l'envoya à Erfurt , où il fut admis dans le chœur
sous la direction de Weimar. L'organiste Kluge
lui fit continuer ses études d'orgue et de piano,
et Kittel lui donna des leçons d'harmonie et de
composition. En 1795, il obtint la place d'orga-
niste dans tme des églises d'Erfurt ; mais dans
la même année il fut appelé à Erbsleben , où il
est mort d'une fièvre nerveuse, le 25 avril 1839.
Les conipositions de cet artiste, au nombre de
87 œuvres , consistent en symphonies, ouver-
tures ; quintettes , quatuors et trios pour des
instruments à cordes; concertos pour alto, vio-
loncelle, flûte, clarinette, hautbois, cor et
basson; sonates pour le piano et quelques ou-
vrages pour l'église. On connaît aussi do Jean-
Emmanuel Mùller un traité élémentaire de nui-
sique pour les écoles, intitulé : Klcine Singschule
oder Gesanglehre mit Ucbungsstuchen^Lrimi,
MULLER
357
1823, et un écrit concernant les opinions «le
LDtlier sur Ir musique, avec un catalogue de
ses cantiques spirituels , sous ce titre : I)r.
Martin Luther's Verdiensle ùm die Musik
nebst einem Verzeichnisse der ron demselben
Componisten geistlichen ; ErfurI, 1807, in-S".
MULLER ( Thomas ) , compositeur, né à
Strakonilz dans la Bohême, vers 1774. Il vécut
d'al)ord à Vienne, où il fut employé comme vio-
loniste au théâtre Marinelli , puis se fixa en
Suisse, en qualité de maître de chapelle. On a
gravé de sa composition : 1" Six quatuors pour
2 violons, alto et basse; Vienne, Artaria. —
2° Six duos pour 2 violons, op. 2; Ofl'enbach ,
André. — 3° Trois sonates pour le piano,
op. 3 ; ibid. — 4'' Caprice idem , op. 4 ,
ibid. — Trois sonates idem, op. h; ibid. —
6" Choix de cliansons des meilleurs poêles, à
voix seule, avec ace. de piano, op. 6; ibid. —
7" Six duos pour flftte et hautbois, op. 8, ibid.
— 8° Sur duos pour flûte et violon op. 9 ; ibid.
MULLER { M ATm\s), facteur d'instruments
à Vienne, a construit en iSOl un piano d'une
forme carrée longue, qu'il appelait Dittanaclasis
ou Dittalleloclange. A chaque extrémité de
l'instrument se trouvait un clavier ; un de ces
claviers jouait à une octave supérieure de
l'autre. Mùller avait pris un brevet d'invention
pour cet instrument, dont on trouve la descrip-
tion dans la 3">e année de la Gazelle musicale
(p. 254).
MÙLLER (Jeah), né à Femdorf, dans la
deuxième moitié du dix-huitième siècle, a fait
imprimer un petit traité de musique intitulé :
Kxirze und leichte Anweisung zum singea der
Choralmelodien, zun^chst fur seine Schûler
g[<?sc/im'6ert (Instruction courte et facile pour
chanter les mélodies chorales , écrite particuliè-
rement pour ses élèves ), Francfort-sur-le-Mein,
1793, in-4" de 26 pages. J'ignore si un autre
petit trait.^ du chant, publié trente ans après
celui-là , est du même auteur. Tous deux ont les
mêmes noms et prénoms. L'ouvrage a pour
titre : Kleine Singschulen oder Gesanglehre
mit UebungsstUcken (Petite École ou Méthode
de chant , avec des exercices ) , Er furt, Maring ,
1823, in-4".
MULLER ( Charles ) , musicien de la cour
du duc de Brunswick-Lunebourg, dans les der-
nières années du dix-huitième siècle, né en 1767,
à Holzminden, dans le duché de Brunswick, s'est
fait comiaitre par les ouvrages suivants : Con-
certo pour piano et orciiestre, dédié à la prin-
cesse de Galles, née duchesse de Brunswick-Lu-
nebourg ; Brunswick, 1794. — 2" Variations sur
un thème allemand pour piano ; Oîfenbacii, An-
BIO&R. UHIT. DES MISICCENS. — T. TI.
dré, 1798. — 3' Lieder sur Tes paroies ne quel-
ques-uns des meilleurs poêles, avec accompa-
gnement de clavecin; Offenbach, André, 1793.
MÙLLER (Charles-Guillaume ou Wil-
helm), organiste à Halberstadl, né dans cette
ville en 1769, y est mort le 8 novembre 1819.
Compositeur de quelque mérite, particulièrement
dans les sonates pour le piano, il s'est fait con-
naître par les ouvrages dont les tilres suivent :
1° 12 Variations pour le piano sur un air de l'o-
péra intitulé la nouvelle Arcadic, op. 1;
Brunswick. — 2° Andante varié idem; Berlin,
Hummel , 1795. — 3° Air de la Cosa tara va-
rié, idem, op. 6; ibid.; 1800. —4" Dix varia-
lions sur un air allemand ; ibid. — 5° Neuf varia-
'■ tions, idem; ibid., 1802. — 6° Sonate pour
i piano à 4 mains, op. 12; Brunswick, Spelir. —
i 1° Deux sonates, idem , op. 13; ibid. — 8° Trois
I sonates pour piano seul, op. t7; Leipsick, Pe-
ters. — 9° Trois polonaises, idem, op. 18; ibid. —
; 10° Trois sonates, idem, op. 19; ibid. — 11" Trois
sonates, idem; Halberstadt, Vogler. — 12* Trois
'. rondeaux, idem; ibid.
1 MÙLLER ( Jean-Henrj ), né le 11 mars
: 1780 à Kœnigsberg, reçut à Paris des leçons de
f Gaviniés pour le violon, et se fixa à Pétersbourg,
j où il était professeur de musique et violoniste
du théâtre. On a publié de sa composition :
i 1° Quatuor pour deux violons, alto et basse;
I Leipsick, Breitkopf et Hîerlel. — 2" Douze ca-
j nons pour deux violons; ibid. — 3" Ouverture
j à grand orchestre ( en mi bémol ); Pélersbourg,
I Lange. La même ouverture a été arrangée pour
j piano, violon , alto et basse ; ibid. Muller a écrit
j aussi à Pctersbourg un oratorio intitulé : Der
! Efzengel Michael ( l'Archange Michel ).
! MÙLLER ( Jean-Hexp.i ), qui a été confondu
I avec le précédent, naquit aussi à Kœnigsberg,
: le 19 mars 1782, mais il n'était pas de la même
I famille. Après avoir vécu quelque temps à Lie-
; gnitz, comme professeur de piano, il fit un
: voyage en Russie, et mourut à Pélersbourg, le
19 mars 1820. On connaît sous son nom :
I 1° Préludes et exercices dans tous les tons pour
le piano; Leipsick, Breitkopf et Haertel. —
; 2" Douze canons à 3 voix sur des poésies de
i Raupacb; Leipsick, Hofmeister.
MÙLLER (Iwan), clarinettiste célèbre,
! inventeur de la claiinelte à !3 clefs, est né à
; Reval ( Russie) de parents allemands, le 15 dé-
I cembre 1781. Après avoir brillé en Allemagne,
\ il vint à Paris en 1809, avec l'intention d'y faire
connaître .«a nouvelle clarinette et sa clarinettc-
; alto, destinée à remplacer le Basset-hom , ins-
trument imparfait et grossier. Mùller voulait
i aussi établir une fabrique de ses nouveaux ins-
17
258
MULLER
trunients ; mais il manquait d'argent pour ia n'a-
iisation de ce projet : il trouva dans M. Petit,
agent de change, qui avait été autrefois élève du
Conservatoire et y avait obtenu le premier prix
de clarinette , un Mécène généreux qui comprit
les avantages du nouvel instrument, et qui (our-
nità Millier tout ce qui était nécessaire pour i'éta-
hlissement de sa fabrique. Elle ne prospéra pas.
Millier n'avait pas l'esprit d'ordre qu'il faut pour
la direction d'un semblable établissement; d'ail-
leurs, il trouva, dans les babitudesdes artistes et
dans leurs préjugés, de grands obstacles au suc-
cès de sa nouvelle clarinette. Il l'avait soumise
à l'examen d'une commission qui en lit faire l'es-
sai par Lefebvre et par ses principaux élèves;
ceux-ci ne se donnèrent pas la peine d'étudier
une chose nouvelle qui exigeait de l'exercice, et
la rejetèrent. Le rapport de la commission four-
mille d'erreurs. Mùller avait dit, en présentant
son instrument, qu'il était destiné à jouer dans
tous les tons , et qu'il dispensait de l'usage de
clarinettes différentes pour l'orchesUe; on lit
dans le rapport, qu'il serait fâcheux de renoncer
aux clarinettes en ut, en si et en la, qui ont
chacune une qualité de son différente, et que
ces anciens instruments ont l'avantage de pou-
voir être tirés lorsque la chaleur les a fait
monter, tandis que la combinaison du méca-
nisme de la clarinette de Mùller ne permet pas
d'employer ce moyen : comme si ce n'était pas
une monstruosité acoustique que ce tirage qui
rompt les proportions entre les diverses parties
du tube, et comme si le tirage ne devait pas
être fait à l'emboîture du bec. Du reste , pas un
mot dans ce rapport sur le perfectionnement de
la justesse et de l'égalité de sonorité dans la
clarinette de Miiller, dont la supériorité sous
ces rapports est incontestable, quoiqu'il reste
encore beaucoup d'imperfections dans cet instru-
ment. La seule critique raisonnable qu'il eût été
permis de faire, est que la multiplicité des trous
et l'attirail de tant de clefs diminuent la sonorité
du tube ; mais on n'y songea pas. On regrette
de voir de beaux noms comme ceux de Méhul
et de Chérubini placés au bas d'un semblable
rapport.
L'opinion des artistes du Conservatoire amena
la ruine de la fabrique de Mùller ; toutefois il ne
se laissa pas ébranler, et soutint la bonté de sa
clarinette, dont il jouait lui-même en artiste d'un
talent distingué. Une circonstance heureuse vint
enfin mettre au jour les avantages du nouvel
instrument : Gambaro, entré au théâtre italien
de Paris, en 1810, comme première clarinette,
l'adopta , et la manière dont il s'en servit dans
les solos fit tomber toutes les objections. Berr,
devenu seconde clarinette au même théâtre, puis
première après le départ de Gambaro, l'avait
aussi adoptée : ces deux artistes entraînèrent les
autres. Cependant ce n'est que longtem|)s après
que l'usage en est devenu général, dans les
musiques de régiment, en Belgique et en France.
En 1820, Muiler s'éloigna de Paris, où il n'a-
vait point d'existence assurée, et retourna en
Russie. En 1823, il reparut en Allemagne, et
sembla vouloir se fixer à Cassel ; puis il alla à
Berlin, oii il était en 182.5. L'année suivante
il voyagea en Suisse, puis en Angleterre , et
enfin retourna à Paris après la révolution de
juillet 1830. Schilling a été mal informé lorsqu'il
a dit dans son Lexique universel de musique que
Mijiler a accepté en 1826 la place de professeur
de clarinette au Conservatoire : il n'a jamais en
d'emploi dans cette école. Lefebvre occupait en-
core cette place en 1826 , et ce fut Berr qui lui
succéda. Dans les dernières années de sa carrière
agitée, Miiller entra dans la chapelle du prince de
Lippe-Scliaumbourg, à Buckebourg , et mou-
rut dans cette situation le 4 février 1854. Il se
distinguait, dans le beau temps de son talent,
par une bonne qualité de son^ une manière élé-
gante de pbraser et beaucoup de chaleur dans
l'exécution. Il a publié de sa com[)osition :
1° Symphonie concertante pour 2 clarinettes,
op. 23, Leipsick, Hofmeister. — 2° Concertos
pour clarinette, n" 1 (en ré mineur); Bonn,
Simrock; n" 2 (en mi bémol ) Paris, Jouve; n° 3
(en si bémol ) , Oficnbach , André ; n" 4 ( en Za
mineur ), Paris, Dul'aut et Dubois; n° 5 (en mi
bémol) , ibid.; n'' 6 (en sol mineur), ibid. —
3" Divertissement pour clarinette et orchestre,
ibid. — 4° Grand solo, idem, ibid. — 5° Duos
pour clarinette et piano ; Amsterdam, op. 13,
Hanovre, Bachmann ; autre idem sur des airs du
Barbier de Séville de Rossini; Brunswick, Spehr.
— 6" Quatuors pour clarinette, violon, alto et
basse, n° 1 (en si bémol), Ofténbach, André;
n° 2 (en mi mineur), ibid.; n" 3, Paris, Gam-
baro. — 7° Plusieurs fantaisies et airs variés
pour clarinette et piano. — '8° Méthode pour
la nouvelle clarinette à 13 clefs, et pour la
clarinette alto. Paris, Gambaro. 11 y a plusieurs
éditions allemandes de cette méthode.
MÙLLER (ÉLISE), fille du docteur Guil-
laume-Chrétien , est née à Brème en 1782. Élève
de son père, elle s'est fait remarquer par son
talent d'exécution sur le piano, parliculièreraent
dans les œuvres de Beethoven. On a gravé de sa
composition : 1" Chant de remercîment d'Arndt,
à quatre voix avec accompagnement de piano;
Bonn, Simrock. — 2° 6 Chants à voix seule, avec
accompagnement de piano; Leipsick, Hofmeister.
MULLER
2S9
MULLER (Frédéric), né le 10 décembre
1786 à Orlaaiùnda, petite ville du diiclié de
Saxe-Altenbourg, commença dès son enfance
l'étiuie de la musique sous la direction de son
père, musicien de la ville. Il n'était âgé que de
seize ans lorsqu'il fut attaché à la chapelle du
prince de Schwartzbourg-Rudolsladt , où il reçut
des leçons de composition de H. Chr. Koth.
Ayant appris de son père à jouer de plusieurs
instruments , il fut d'abord employé dans la cha-
pelle du prince comme \ioloncelliste, puis
comme clarinettiste, et enfin comme chef de
pupitre au second violon , avec le titre de mu-
sicien de la cour ; cependant la clarinette resta
toujours son instrument de prédilection. En 1816
le prince lui conlia le soin de former une nou-
velle musique miUtaire ; riutelligence qu'il mon-
tra dans l'organisation de ce corps lui eu fit
donner la direction , ainsi que celle de l'har-
monie de la cour, avec le titre de musicien de
chambre. En 1831, il succéda à Eberwein dans
la direction de la chapelle ; mais il n'eut dé-
finitivement le titre de maître de chapelle
qu'en 1835. On connaît de la composition de cet
artiste : 1° Symphonie concertante pour clari-
nette et cor, Leipsick, Breitkopf et Hœrtel. —
2" Deuxième idem, op. 31, ibid. — 3" Danses
pour l'orchestre, 4 recueils; Rudolstadt, Millier.
— 4° Pièces d'harmonie, liv. i et 2, Leipsick,
Breitkopf et Hacrtel. — 5° Musique militaire,
Leipsick, Whistling. — 6° Concertos pour la
clarinette, op. 10 (en mi bémol) et op. il (en si
bémol); Leipsick, Breitkopf et Haertel. — T^Con-
cerlinos idem, op 20 et 27, ibid. — 8° Romance
variée pour clarinette etorchestre, op. 9, ibid. —
9 Pot-pourri idem, op. 21, ibid. — 10» Thème va-
rié avec quatuor, ibid. — 11° Études pour clari-
nette, liv. 1 et 2, op. 33, ibid. — 12" Thème
varié pour basson et orchestre, op. 29, Leipsick,
Breitkopf et Hœrtel. — 13^ Six pièces pour
4 cors, ibid. — 14° Six trios pour trois cors.
Mayeuce, Schott. — 15° Divertissement pour
piano et clarinette , op. 32, Rudolstadt, iMùller.
iMu'Ier vivait encore à Rudolstadt en 1860.
MULLER ( WiLHELM ou Glillaume-Adol-
phe), caïUor de l'église de la ville, à Borna,
près de Leipsick , et professeur de l'école des
garçons, est né à Dresde en 1793. Il s'est fait
connaître avantageusement par les ouvrages
suivants : 1* Musikalisches Blumenkœrbchen
(Petite corbeille de fleurs musicales), recueil
de pièces faciles pour le piano, 2 petits vo-
lumes di\isés en deux parties; Meissen, Gœd-
sche. — 2" Musikalisches Blumenkraiiz (Cou-
ronne de fleurs musicales), recueil de pièces
faciles pour le piano, ibid. —3° Musikalisches
Fruchikœrb (Corbeille de fruits musicaux),
idem, ibid. — 4" Erste Lchrmeister im Klavier
oder forfepianospiel ( l'Insliluteur primaire du
piano), pièces faciles à 3, 4 et 2 mains, à l'u-
sage des commençants, ibid. — 5° Der Lehr-
meisler im Orgelspicl beim œffentlichen Got'
tesdienste ( Le maître dans l'art de jouer de
1 orgue pour l'office divin ), op. 22, ibid. —
6" Six chorals arrangés avec préludes et
conclusions pour l'orgue, ibid. — 7" Fan-
taisie et fugue pour l'orgue, op. 57, Leipsick,
Breitkopf et Hœrtel. — 8° Conclusions pour
l'orgue, op. 86. Quediinbourg , Basse. — 9" Con-
clusions à 4 mains pour l'orgue, ibid. — 10° 25
Mélodies chorales avec la basse chiffrée , arran-
gées avec trois harmonies différentes pour cha-
cune. Meissen, Gœdsche. — 11° Die Orgel, ihre
Einrichtung und Beschaffenheit, sowohl als
das ziceekmsessige Spiel derselben. Ein unen-
'jehrlichen Handbuch fiir Cantoren , Organis-
ten, Sclmllehrer, Seminaristen und aile
trexinde des Orgelspiels (l'orgue, sa disposi-
tion, sa qualité, ainsi que la manière de le bien
jouer), Meissen, Gœdsche , in 8°, 1822; 2" édi-
tion, ibid., 1823, 88 pages in-8°; 3* idem., ibid.
in-8° de 108 pages.
MULLER (Charles-Frédéric), maître de
chapelle et compositeur de l'empereur du Brésil,
tixé à Berlin, est né à Nimègue ( Pays-Bas ), le
17 novembre 1794. Dans sa jeunesse il fut pia-
niste distingué. En 1813, époque du soulève-
ment de toute l'Allemagne contre la France, il
entra dans un corps de volontaires et ne rentra
dans la vie civile qu'en 1817. S'étant fracturé
le bras gauche dans une chute qu'il fit en
1824, il dut renoncer au piano comme exécu-
tant et se livrer exclusivement à l'enseignement
et à la composition. Son titre honorifique de
compositeur de la cour du Brésil lui fut donné
en 1836, à l'occasion d'un ouvrage qu'il avait
dédié à l'Empereur. Les compositions de Charles-
Frédéric Mùller pour le piano sont au nombre
d'environ 70 œuvres; elles consistent en rondos,
divertissements et variations. On connaît aussi de
lui une ouverture triomphale à grand orchestre,
oeuvre 107; des marches pour musique militaire,
des marches triomphales pour musique de cava-
lerie, œuvre 101, des suites de musique d'har-
monie pour l.es instruments à vent, œuvre 108;
un chant national pour un chœur avec accom-
pagnement de deux orchestres, l'un de mu-
sique d'infanterie, l'autre de cavalerie aux der-
niers couplets, op. 110; des pièces caractéris-
tiques intitulées Victoire de Kovarin, Prise
d'Alger, grande ouverture pour deux orches-
tres , etc. On a aussi de cet artiste un petit ou-
17.
260
MULLER
vrage assez piquant concernant les discussions
survenues entre Sponlini et Rellstab : cet écrit
a simplement pour litre : Spontlni und Rclhiab.
Leipsick, 1833, in-8°. Charles-Frédéric Miiller a
été collaborateur de A. F. B. Kollmann dans la
rédaction de l'écrit sur le système d'enseigne-
ment de Logier, intitulé : Vcber Logiefs Musik-
nnlcrrichis- System; Munich, Falter (sans
date ) , in-8°.
MÛLLER ( Tiiéodop.e-Amédée ) , fils d'Au-
guste Eberhard Muller, maître de c'napelle du
duc de Saxe-Weimar, est né à Leipsick, le
20 mai 1798. Son père dirigea lui-même son édu-
cation musicale. Après avoir servi comme volon-
taire dans la guerre d'indépendance de l'Alle-
magne, en 1814 et 1815, il fut nommé violoniste
À la chapelle de Weimar, et eut le bonheur
d'inspirer de l'intérêt à la duchesse héréditaire,
qui lui fournit les moyens de continuer ses études
sous la direction de Spohr. Il fut nommé ensuite
premier violon solo de la chapelle du grand-duc.
Au nombre des ouvrages qu'il a publiés, on re-
marque : 1° Ouverture à grand orchestre, op. 2;
Leipsick, Hofmeister. — 2'' Plusieurs œuvres de
duos pour deux violons. Cet artiste est mort
dans les premiers jours d'avril 184G.
MÛLLER (CHRÉTiEN-Tni;opiiiLE ) , est né le
6 février 1800, à Nieder-Odervvitz, près de Zit-
tau, où son père était tisserand. Le goût de
celui-ci pour la musique était si vif, qu'il apprit
seul à jouer du violoncelle lorsque son fds était
déjà dans sa sixième année. Excité par cet
exemple, l'enfant, dont les dispositions naturelles
étaient excellentes pour la musique, fit de ra-
pides progrès dans cet art. Après en avoir appris
les éléments comme enfant de chœur, il reçut
des leçons de violon, de clarinette et de flûte.
Sa première occupation consista à suivre son père
le dimanche dans les cabarets, pour y jouer des
contredanses. Une société de paysans s'étant
formée pour exécuter des Symphonies de Sta-
mitz, de Gyrowelz, et d'autres auteurs du se-
cond ordre, Muller apprit aussi à jouer du bas-
son , du cor et du trombone alto. Dientôt, sans
aucune notion d'harmonie, il se mit à écrire de
petits morceaux. Mais il était obligé de mêler à
ses éludes de musique les occupations du mé-
tier de tisserand. Il désirait depuis longtemps
aller, comme quelques-uns de ses camarades,
faire quelques études au gymnase de Zitlau;
mais ses parents étaient trop pauvres pour
satisfaire à son désir. Dans ces circonstances , le
musicien de la ville lui proposa d'entrer chez
lui pour faire son apprentissage ; il accepta ses
offres, pour se soustraire aux ennuis du métier
paternel. Six années furent employées par
lui à apprendre tous les instruments, et la bi-
bliothèque de son maître lui fournit des moyens
d'instruction dans la théorie. Il s'essaya- dan*
tous les genres de composition , et acquit uns
certaine habitude de l'art d'écrire. Le temps de-
son engagement fini, il se rendit à Leipsick; n'y
ayant point trouvé d'emploi, il visita plusieurs
villes de la Saxe , et enfin arriva à Gœtlingue, oir
il fut bien accueilli par Spohr, qui lui donna une
lettre de recommandation pour Ch. M. de We-
ber. Ce musicien célèbre s'intéressa à lui, ei
parut satisfait de ses essais de composition ; mais
toutes les places étaient remplies au théâtre de
Dresde , en sorte que Miiller fut encore obligé de-
se mettre pendant deux ans aux gages du musi-
cien de la ville. Après ce temps, on lui offrit
une place dans le chœur de Leipsick; il l'accepta
avec empressement. Peu de temps après, il ob-
tint son admission comme violoniste au théâtre et
au grand concert : dès ce moment son vœu le plus^
cher fut accompli, car il lui fut permis de ne
plus jouer de danses , et il put se livrer à l'art ei»
artiste. Il occupa celle position jusqu'en 1838,
et fut alors appelé à Allen bourg, en qualité de di-
recteur de musique. En 1829, la société d'Euterpe
l'avait choisi pour son directeur : il se montra
digne de cet honneur en la plaçant dans la si-
tuation la plus florissante. Le nombre de se&
œuvres s'élève à près de quatre-vingts : il
s'est essayé dans tous les genres, et a même écrit
un opéra intitulé Rubezahl, qui fut représenté
à Altenhourg le 24 mars 18i0. Je n'ai étendu cette
notice d'un musicien qui ne figure point au nom-
bre des célébrités, que parce qu'il m'a semblé que
c'est un noble et beau spectacle que celui d'un
homme qui, parti de si bas, et dont toute la
jeunesse s'écoula dans une situation mercenaire,
ne désespéra pas de lui-même, s'éleva progres-
sivement au lieu de se dégrader, et prit enfin
par son talent une position honorable.
Muller a publié beaucoup de compositions»
parmi lesquelles on remarque ; 1" Symphonie à
grand orchestre, op. 6; Leipsick, Breilkopf et
Hœrtel. — 2° Ouverture pour musique militaire,
op. 4; ibid. — 3° Grande symphonie, op. 12;
Leipsick, Hofmeister. — 4" 3 quatuors pour
2 violons, alto et basse, op. 3; Leipsick, Breil-
kopf et Haertel ! — 5" Concertino pour clari-
nette, op. 7; Leipsick, Peters. — 6° Ode de
Klopslock pour 4 voix d'hommes , orchestre et
orgue, op. 10; Leipsick, Schubert. — 7° Douze
chants allemands (intitulés Lex Quatre Saisons)
pour soprano, alto, ténor et basse, en partition ;
Leipsick, Frise. Miiller vivait encore à Allen-
bourg en 18.50.
MÛLLER ( Théodore • Achille ) , né le
MULLEll
€ mai 1801, à Vertus (département de la Marne),
a établi à Paris une fabrique d'orgues expressives,
«l'après le système de Grenié, auquel lia fait quel-
ques modiiicalions , dont on trouve l'analyse et
ia représentation figurée dans le Nouveau ma-
nuel complet du facteur d'orgues , par M. Ha-
mel (tome III, p. 468 et pi. 43, fig. 971
et 972 ). M. Mùller a mis à l'exposition univer-
selle de Londres, en 1851, un petit orgue appelé
orgue de voyage, et qui justifiait son titre ,
car il pouvait être renfermé dans une malle dont
ia longueur était d'un mètre 13 centimètres , la
hauteur, 30 centimètres, la largeur, 37 centimè-
tres, et le poids 50 kilogrammes. Cet orgue est
construit de manière que le clavier se pousse
par une coulisse dans la caisse de l'instrument;
les pieds se replient dans le fond; le mécanisme
de la soufllerie se loge dans le couvercle de la
malle, et celle-ci n'a que l'aspect d'une malle or-
diuaire; mais lorsque l'instrument est tiré de son
étui et déployé, son aspect est celui d'un harmo-
nium ordinaire , et sa sonorité a une puissance
qu'on ne croirait pas pouvoir sortir d'un si petit
espace.
MÙLLER (Je\n), célèbre physiologiste,
né à Coblence le 14 juillet 1801, était fils d'un
cordonnier, et allait être placé en ajiprentissage
tliez un sellier, lorsque son heureuse organisa-
tion fixa l'attention de Jean Scliultze, directeur
de l'école secondaire de sa ville natale, qui le fit
entrer dans celte institution en 1810, et eut oc-
casion de lui rendre d'importants services en
plusieurs circonstances. Après avoir terminé ses
humanités , Miiller s'était livré à l'étude de la
tiiéologie, pour être prêtre; puis il changea de
résolution et s'attacha à l'étude des sciences
naturelles. En 1819, il se rendit à Bonn et y
suivit les cours de médecine de l'université.
Reçu docteur en 1822, il alla passer ensuite une
année à Berlin, et y fréquenta le cours de philo-
sophie de Hegel. De retour à Bonn en 1824, il y
ouvrit un cours d'anatomie et de physiologie qui
tut du retentissement dans toute l'Allemagne.
!>{ommé professeur extraordinaire de l'université
en 1826, il en fut professeur ordinaire en 1830,
et chargé d'enseign%r l'encyclopédie des sciences
médicales. Appelé à l'université de Berlin
en 1832, comme professeur d'anatomie , après
la mort de Rudolplii , il vit arriver de toutes
parts les élèves pour l'entendre. Les événements
politiques de 1848 portèrent atteinte à sa cons-
titution impressionnable; sa santé s'altéra, et le
mal s'aggrava après qu'il eut failli périr, en 1855, à
bord d'un bateau à vapeur qui coula à fond
dans la mer Baltique. On le trouva mort dans sa
chambre, le 28 avril 1858. an matin. Au crémier
rang de ses ouvrages se place son Manuel de
phi/siologie ( Lehrbuch der Physiologie), dont la
quatrième édition perfectionnée a paru à Berlin,
en l84i, 2 volumes gr. in-8'', et dont .M. Jourdan
a donné une traduction française ( Paris, Bail-
lière, 1845, 2 vol. gr. in-8''). La troisième sec-
tion du quatrième livre de cet important ouvrage
renfermeie traité lepluscomplet elle plus satis-
faisant qu'on ail éciit jusqu'à ce jour concernant
la voix humaine et la parole. Le premier cha-
pitre, très-substantiel, contient une exposition
«les divers modes de production du son par
l'organe vocal. La théorie de la voix est exposée
avec de grands développements dans le deuxième
chapitre. L'auteur y examine les découvertes de
tous les anatomistes et physiciens sur les fonc-
tions des diverses parties de l'appareil vocal. Le
troisième chapitre traite de la parole et de toutes
ses modifications. "La deuxième section du cin-
quième livre est consacrée au sens de l'ouïe.
Cette matière y est traitée avec autant de pro-
fondeur que de nouveauté dans la forme. Mùller
avait déjà publié un traité spécial de la voix
sous le titre : Cntersuchungcn ueber die men-
schliche Stimme ( Recherches sur la voix hu-
maine), à Berlin, en 1839, in-8°, et deux ans
après il avait donné un supplément de cet ou-
vrage intitulé : Ueber die compensation der
physischen Krscfte am menschlichen Siimm-
Organ, mit Berne rkungen ueber die Stimme
der Sxngthiere, Vœgel und Amphibie (Sur
la compensation des forces physiques dans l'or-
gane vocal de l'homme, avec des remarques sur
ia voix des animaux chanteurs, oiseaux et mam-
mifères ); Berlin, 1839, in-s". Mijller expose dans
cet ouvrage ses nombreuses observations sur
les modifications de l'intonation des divers
genres de voix , en raison des tensions détermi-
nées des cordes vocales, sous l'influence des
pressions <le l'air exercées dans le tube laryn-
gien. Ce sont ces effets produits par des forces
contre-balancées que MulIer appelle compensa-
tion. Cette matière est absolument neuve et
peut contribuer au perfectionnement des mé-
thodes de chant. M. Jourdan a donné la traduc-
tion française de ce dernier écrit dans le Ma-
nuel de physiologie , comme supplément à la
théorie de la voix contenue dans cet ouvrage.
MULLER (Adolpue), dont le nom de fa-
mille véritable est SCHMID, est né le 7 octobre
1802, à Toina , en Hongrie. Fort jeune encore
il perdit ses parents et fut recueilli par une
tante qui le destinait au théâtre. Rieger, orga-
niste de l'église Saint-Jacques, à Brunn, lui
donna les premières leçons de musique; à huit
ans il joua un concerto de piano dans la salie de
262
MULLFIR
la Redoute, en cette ville. Plus tard il débuta dans
l'opéra, et chanta avec succès à Prague, Lem-
berg, Drunn , et depuis 1823 , à Vienne. Sans
avoir appris les éléments de l'Iiarmonie, il avait
fait quelques essais de composition ; mais arrivé
dans la capitale de l'Autriche, il y prit des leçons
de Joseph Blumentlial, puis écrivit une cantate
pour l'anniversaire *de la naissance de l'empereur.
Le bon accueil qui fut fait à cet ouvrage l'en-
couragea, et dans l'année suivante il donna au
théâtre de Josephstadt son premier petit opéra
intitulé : Wer andern eine Gi'uhe grccbt ,
feelU selbst hinein (Celui qui tend un piège à
autrui y est pris lui-même). Cette pièce fut suivie
en 1826 de l'opéra-comique Die schuarze Frau
(la Dame noire), sorte de parodie de la Dame
blanche, qui eut uu succès populaire. Dans la
même année il fut engagé comme chanteur au
théâtre de la Porte de Carinthie , et composa
pour celte scène l'opérette intitulé le Premier
Rendez-vous. La réussite complète de cet ou-
vrage décida Mùller à cesser de paraître en pu-
blic comme acteur. En 1828, l'administration du
théâtre An der Wîen le choisit comme direc-
teur de musique , et le chargea de la composi-
tion d'un grand nombre de petits opéras , de
Singspiels ou vaudevilles, et de parodies. Parmi
eelles-ci on remarque Le Barbier de Sievering
(parodie du Barbier de Séville); Othellert (le
Petit Otello), et Robert der Teuxel (Robert le
diantre). Le nombre des pièces pour lesquelles il
a écrit de la musique pendant cinq années s'é-
lève à plus de soixante. On regrette qu'avec
de l'originalité dans les idées, cet artiste , fou-
jours pressé par le besoin, ait écrit la plupart
de ses ouvrages avec négligence et précipitation
Aux compositions précédemment citées, il faut
ajouter beaucoup de morceaux pour le piano et
de chansons allemandes ; l'éditeur Antoine Dia-
belli a publié environ 140 de ces productions.
Avant 1835, Mùller avait écrit aussi une messe et
cinq offertoires. En 1836, il a été fait directeur
de musique au théâtre de Kœnigstadt à Berlin ;
il occupait encore cette place en I8û0.
MULLER (G.-F.), organiste à Erfurt, élève
de Jean-Gottlob Schneider, organiste de la cour
de Dresde, s'est fait connaître par quelques
pièces d'orgue, et par un livre intitulé : Miisiku-
lische Anecdoten und Miscellen ( Anecdotes
musicales et mélanges) . Erfurt, 1836, 1 vol. in-12
de 379 pages.
MIJLLER (Donat), directeur de musique à
l'église Saint-Ulrich, d'Augsbourg, né à Bibourg,
près de cette ville; le 17 janvier 1804 , s'est fait
connaître par environ cent œuvres de sa com-
position, la plupart pour l'église. Ses principaux
ouvrages sont : 1" Trois Lieder beim Crabe
Jesu (Trois chants sur la tombe de Jésus), à 3
voix, 2 violons, 2 clarinettes , 2 cors , basse et
orgue, op. 14; Augsbourg, Lotfer. ~ 2" Deux
litanies à 3 et 4 voix , orgue, et 2 clarinettes,.
2 cors et trombone «rf libinim , 2" édition ; ibid,
— 3° Messe (en ré) à 3 ou 4 voix, 2 violons et
orgue, avec instruments à vent ad libitum; MA.
— 4" Requiem à 3 voix, 2 violons et orgue
obligés, 2 cors ad libitum; ibiJ. — 5" Vêpres
allemandes à 2 ou 3 voix et orgue , ibid. —
6° Vesperx brèves ckoris ruralibus accomo-
datx a canto , alto et basso , 2 viol. 2 corni-
bus vel clar. tymp. et organo,MA. — 1" Quel-
ques recueils de variations pour le piano. —
8° Litanies de la Vierge à 2 ou 3 voix, avec
2 violons, orgue obligé , et instruments à vent
ad libitum, op. 12; ibid. — 9" Dixit et Ma-
gnificat à 4 voix, orchestre et orgue, op. 22 ;
Augsbourg, Gombart. — 10" Pange lingua
pour voix de basse et orgue; op. 23; ibid. —
11° 0 Deus amor meus, graduel à 4 voix, vio-
lon solo, 2 violons, alto, basse, orgue obi., et
instruments à vent, op. 34 ; Munich, Falter. —
12° Tantuni ergo k 3 ou 4 voix, orchestre et
orgue, op. 37; Augsbourg, Kranzfelder. —
13° Messe à 3 ou 4 voix, orchestre et orgue,
op. 39; ibid. — 14° Pange lingua à 4 voix et
orgue, op. 50; Augsbourg, Gombart.
Un autre musicien du même nom {Mùller D.)
a été chargé de la réiîaction du Postillon, journal
de musique qui se publiait a Leipsick en 1841.
MULLER (Joseph), docteur et directeur du
gymnase à Glatz, précédemment directeur du
gymnase à Conitz, dans la Prusse occidentale ,.
est auteur d'un livre qui a pour titre : Leitfaden
beim Gesangunterricht fur Schuler der Gym-
nasien entwurfen (Guide pour l'étude du chaut
à l'usage des gymnases), Berlin, Hirschwald,
1825, in-4° de 75 pages.
MULLER (les frères) ont acquis dans
toute l'Europe une célébrité méritée par l'ensem-
ble admirable et le lini de leur exécution, dans le
quatuor d'instruments à cordes. L'aîné (Chakles-
Frédéric) est né à Brunswick , le 11 novembre
1797. A l'âge de quatorze aiis il alla à Berlin,
où sa mère lui enseigna les éléments de la mu-
sique; ensuite il reçut des leçons de violon de
Mœser.Ses éludes persévérantes en firent un des
violonistes les plusdistinguésdel'Allemagne.THÉo-
doke-Hesri-Gustave, son frère, né le 3décembrc
1800, était aussi bon violoniste, et jouait de
l'alto avec une rare perfection. Le troisième
frère (Auguste-Théodore) , né le 27 aoùl 1803,
se fait remarquer par le beau son qu'il tire du
violoncelle, et sa manière expressive de pliraeer.
MULLER — MULLINGER-HIGGINS
263
Knfin le plus jeune, nommé François Ferdinand-
Georges, né à Brunswick, le 29 juillet 1809,
jouait le second violon dans le quatuor qui se com-
posait des quatre frères. Tous avaient du mérite
couime instrumentistes et comme compositeurs;
mais c'est surtout par leur réunion qu'ils ont
acquis une grande valeur. L'Iiabitude de jouer
ensemble, l'imité de sentiment qui les animait,
l'étnde qu'ils avaient faite des moindres détails
pour arriver à l'effet le plus parfait et le plus ho-
mogène, lésa conduits souvent à la réalisation du
beau idéal. Peut-élre se seraient-ils contentés de
jouir eux-mômes du bonheur d'une telle produc-
tion d'art , si une circonstance imprévue ne les
eût en quelque sorte lancés dans le monde. Le
duc Charles de Brunswick exerçait alors son
despotisme sur ses sujets : il rendit une ordon-
nance qui défendait aux musiciens de sa cha-
pelle de se faire entendre dans les concerts ou
dans quelque société que ce fût. Les frères
Millier, alors attachés à son service, résolurent
de donner leur démission, et de se préparer par
des études à voyager, pour se faire entendre dans
les quatuors. Leur démission fut acceptée le
10 octobre 1830; mais après la révolution qui
mit fin au règne du duc Charles, le nouveau gou-
vernement traita avec eux pour leur rentrée dans
la chapelle, et leur accorda un congé pour voyager.
Us se rendirent d'abord à Hambourg, où ils cau-
sèrent une vive sensation; puis ils allèrent à
Berlin en 1832. D'abord ils eurent peu d'audi-
teurs, parce que les amateurs s'étaient persuadé
que les soirées de quatuors de Mœser étaient
les meilleures qu'on pût entendre; mais bientôt
le bruit de leur excellenle exécution se répandit,
et dans leurs dernières séances le public encom-
brait la salle, les corridors et l'escalier. Leurs
séjours dans les principales villes de l'Europe
furent de véritables triomphes. A Paris même,
ils eurent un succi'is éclatant en 1837, et l'on
avoua que si rien n'égalait la poétique inspira-
tion et la variété de style du talent de Baillot
dans le quatuor, il y avait dans l'ensemble des
frères Mùlier un charme qu'on n'avait trouvé
jusque-la dans aucune réunion d'artistes. Quatre
fils de Charles-Frédéric ( Bernard , né le 24 fé-
vrier 1825, à Brunswick, Charles, né le 14 avril
1829, Hugo, né le 21 septembre 1832, et "Wil-
lieim, né le 1" juin 1833), ont succédé à leur
père et à leurs oncles, pour l'exécution des qua-
tuors, et s'y sont déjà fait remarquer par leur
bel ensemble. Deux des frères d# Charles-Fré-
déric sont morts à Brunswick, Georges le 22
mai 1855, et Gustave le l^r septembre de la
ménse année.
Gustave Môiler a fait graver quelques compo-
sitions pour le violon, entre autres : 1" Première
polonaise pour violon principal avec quatuor,
op. 4; Brunswick, Spehr. — 2" Pot-pourri bril-
lant sur des motifs du Colporteur, pour violon
et orchestre, op. 8 ; Brunswick, Meyer. —
3" Variations sur une romance allemande , idem ,
op. 9 ; Halle , Helmuth. On a aussi plusieurs
morceaux de Georges, particulièrement : 1° Pot-
pourri pour piano et violon sur des thèmes d*
Jessonda, op. 3 ; Brunswick, Spehr. — 2" Polo-
naise pour piano, op. 2 ; Brunswick, Herrig. —
3'^ Deuxième pot-pourri pour piano et violon ,
tiré du Vampire deMarschner, op. 6 ; Brunswick,
Meyer. — 4° Chansons allemandes avec ace. de
piano. Hanovre , Bachmann. Georges Mûller a
fait aussi représenter au tliéâtre de Brunswick,
en 1844, l'opéra intitulé : P/no di Porto. Enfin,
Auguste-Théodore Miiller a publié des polonaises
pour piano à quatre mains, à Bonn , chez Sim-
rock, et une ouverture à grand orchestre, op. 2,.
à Leipsick, chez Hofmeister.
MULLER (Charles-Bodolphe), professeur
de mathématiques à l'université de Marbourg, est
auteur d'un livre intitulé : Anleitxing zum Ge-
neralbass und Anwendung desselben auf dos
Clavierspielen (Instniction sur la basse conti-
nue, et sur son application au jeu du clavecin),
Marbourg, 1834, in-8° de 4 feuilles.
MULLER (Robert) , recteur et professeur
au séminaire des instituteurs à Fribourg, dans le
grand-duché de Hesse, est auteur d'un ouvrage
intitulé: Anleitung zum Gesangunterrichte fur
Lehrer am Volkschulen. Nebst einer Samm-
lung von Zwei, Dreij undVierstimmigen Lie-
dern und choraelen ftir Kirche und Schule,
und einer Anhang von Gesangen fiir drei tind
vier M annersiimmen in Noten und Ziffer-
schrift (Introduction à la connaissance du chant
pour les professeurs dans les écoles du peuple,
suivies d'un recueil de chants et de chorals
pour l'église et l'école à 2, 3 et 4 voix, et d'un
supplément de chants pour trois et quatre voix
d'hommes, en notes et en chiffres); Darmstadt ,
L. Lœbst, 1836 et 1837, in-4° ohl.
MULLINGER-HIGGLXS ( William), an-
cien professeur de philosophie naturelle à l'hôpi-
tal de Guy, à Londres, membre honoraire des
institutions dlslington, de Campden-Town, Stai-
nes, etc., a publié plusieurs ouvrages de physique
et de philosophie expérimentale, au nombre des-
quels on remarque celui qui a pour titre : Phi-
losophy of Sound and History of Music (Phi-
losophie du son et Histoire de la musique) ; Lon-
dres, 1838, in-8° de 256 pages. Ce livre est un
bon résumé de la science de l'acoustique, et
présente un tableau exact de la situation de cette
264
MULLINGER-HIGGIJNS — MUNSTER
fîcierice à l'époque où ii parut. On y trouve par-
liculièrement des renseignements concernant les
travaux des physiciens anglais relatifs à cette
science , depuis le commencement du dix-neu-
vième siècle.
MULLIVER (Joséphine), harpiste distinguée,
née à Vienne en 1769, fit admirer son talent
en 179S, dans ses voyages à Dresde, à Leipsick
et à Weimar. Elle donna plus tard des leçons
de harpe à l'impératrice d'Autriche. On a gravé
de sa composition 14 chansons allemandes avec
accompagnement de piano.
MUNCHHAUSEN (le baron DE), cham-
bellan du prince Henri de Prusse, vivait à Rheins-
bergen 1793. On le citait alors comme virtuose
sur le piano et sur l'harmonica. On a gravé de
sa composition : 1° Trois symphonies pour l'or-
chestre, op. 1. — 2° Deux sonates à 4 mains
pour le piano, op. 2 ; Paris, César. — 3" Sonate
idem, op. 3; ibid. — 4° Dix chansons allemandes
avec accompagnement de piano, op. 4; Berlin,
Hummel. — 5° Deux symphonies dédiés au roi
de Prusse, op. 5 ; ibid. ; et quelques autres pro-
ductions.
M(JI\CHE (Georges-Guillaume), né à Ha-
novre, vers 1780, a été professeur de physique
aux universités de Marbourg et de Giessen, puis
en dernier lieu à Heidelberg. Dans le dictionnaire
de physique de Geliler, dont il adonné une nou-
velle édition avec Gmelin, Horner, Littrow et
Pfaff (Leipsick, 1826, 10 vol. in-S"), il a traité
du son (Schall) , des phénomènes de sa produc-
tion, et de l'étal de la science en ce qui le con-
cerne. Cet important travail occupe plus de 300
pages (p. 178-505) dans le huitième volume du
dictionnaire.
MUiXD (Henri), facteur d'orgues à Prague,
dans la seconde moitié du dix-septième siècle , y
a construit, pour l'église Notre-Dame de la vieille
ville, un orgue de 28 jeux, en 1C7I.
MUIVDY (Jean), musicien anglais, sous le
règne d'Elisabeth , fut d'abord organiste du col-
lège d'Eton , puis de la chapelle de Windsor.
En 1586, il fut fait bachelier en musique à l'u-
niversité d'Oxford, et quarante ans après, il y
reçut le doctorat. Il mourut à Windsor en 1630,
et y fut inhumo dans la chapelle de Saint-Georges.
Mundy eut la réputation d'un bon organiste, et
quelques-unes de ses pièces, conservées dans le
Virginal-Book de la reine Elisabeth, prouvent
qu'il avait en effet du talent. Quelques madri-
gaux de sa composition ont été insérés parMorley
dans le, recueil intitulé Les Triomphes d'Oriane.
Il a publié un recueil de chants et de psaumes à
trois, quatre et cinq voix, sous ce titre : Songs
and Psalms, composed into three, four and
five paris, for the use and delight ofall such
as either love or learne musicke, Londres, 1594.
MUjXDY (William), fils dû précédent, n'est
connu que par quelques compositions. On trouve
plusieurs de ses antiennes dans la collection de
Barnard.
MUIVERAT (Jean LE), musicien de la cha-
pelle royale du collège de France, et théologien
scoiastique de l'université de Paris, vers la fin
du quinzième siècle, est auteur d'un livre qui a
pour litre : De Moderatione et Concordid,
Grammalicâ et Musicd, Paris, 1490.
MUA'K (H.), savant suédois qui vivait dans
la seconde moitié du dix-septième siècle, a sou-
tenu en 1093, à l'université d'/lto, une thèsequ'il
a fait imprimer sous ce titre : Disserlalio deiisu
organorum in templis, Abo, 1673, in-4''.
MU3{A'IUS (Jean), compositeur allemand,
au commencement du dix-septième siècle, a pu-
blié : Lib. I cantionum sacrarum 4, 5, 6 et
8 vocum, Strasbourg, 1611.
MUiXSTER (Joseph-Joachim-Benoît) , ju-
risconsulte, notaire et directeur de musique à
Reichenliall, en Bavière, dans la première moitié
du dix-huitième siècle, s'est fait connaître comme
compositeur et comme écrivain didactique par
les ouvrages suivants : Vesperse longiores
festivx B. M. nec non brevissimx toto anno
4 voc. cum 2 viol, parlim concerlantibus et
duplici basso generali, op. 1 ; Augsbourg, 1732.
— 2" Canticum canticorum , seu 8 Litanix
cum ^ Anliphonis 4 voc. duobus vioUnis con-
certât. , 2 clarinis cum tympano vel duobus
cornibus venatoriis et duplici basso generali,
op. 2, Augsbourg, 1735. — 3° Vespersc pro toto
anno non minus longx, solemnes tamen fere
omves 4 voc. et 6 insirum., op. 4. — 4° Con-
certationcs brèves ac faciles, solemnes tamen
omnes quarum ultir.ix dux pastoritix me-
thodo nova, singulari et comico-ecclesiastica
elaboratx a 2 violinis, 2 corn. obi. cum tym-
pan, et duplici basso, op. 5; Augsbourg, 1744.
— 5° Vil Litanix 4 voc. et 5 instrum., op. 6,
ibid., 1751. — 6° Soixante airs allemands agréa-
bles pour les fêles communes à voix seule,
2 violons, 2 cors, 2 trompettes , violoncelle et
orgue ( ce sont des motels allemands ). —
7" Musices inslnictio in brevissimo regulari
compendio radicaliter data, c'est-à-dire
chemin le plus court et le plus sûr, ou instruc-
tion véritable pour apprendre le noble art du
chant, d'après les règles et les principes (en al-
lemand). Halle, en Souabe, 1732, in 4°. La
deuxième édition de cet ouvrage a été publiée
à Augsbourg, en 1741, 28 pages in-4°. La qua-
trième édition a paru chez Lotter, à .\ugsbourg,
MUNSTER — MURIS
265
«n S75I , 10-4" obi. de 32 pages. La cinquième
édition, lorinant 4 feuilles 5n-4°, a été imprimée
dans la même ville en 17à6. J'en cçnnais une
neuvième édition qui est d'Augsbourg, 1781 ,
in-'i". — 8" Scala Jacob ascendendo et des-
cendendo , ou Métliode courte et instruction
complète pour apprendre par principes le noble
art du plain-chant (en allemand ) ; Augslraurg ,
1743, in-4'^. Il y a une deuxième édition de ce
livre, Augsbourg. 1755,5 feuilles in-4°.
MÛXTZBERGER (Joseph), violoncelliste
d'origine allemande, est né à Bruxelles eu 1769.
Son |)ère ( Wenceslas Muntzberger) était attaché
à la musique du prince Charles, gouverneur des
Pays-Bas. A l'âge de six ans , il joua un con-
certo de violoncelle sur un grand alto devant ce
prince, qui, hii trouvant des dispositions, lui
donna pour maître Van Maldère , violoniste de
sa chapelle, élève de Tartini. Apfès la mort de
ce maître , Miinlzberger reçut de son père des
leçons pour plusieurs instruments; mais celui
qu'il choisit de préférence fut le violoncelle. A
quatorze ans il se rendit à Paris, et sans autre
secours que la méthode de Tillière , il parvint,
par ses études, à exécuter les choses les plus
difficiles de ce temps. En 1790, il entra à l'or-
chestre du théâtre lyrique et comique, boulevard
Saint-Martin; et peu de temps après il passa
à rO|)éra-comique du théâtre Favart, dont il de-
vint la première basse solo, après la retraite de
Cardon. Après quarante ans de service, il se
relira en 1830, avec une i>ension. Il fut aussi
violoncelliste de la chapelle de Napoléon,
puis, après la restauration, il entra dan«: celle
du roi. Muntzberger s'est fait entendre avec
succès dans plusieurs concerts , particulière-
ment dans ceux de la rue de Cléry, qui eurent
de la vogue au commencement de ce siècle. Il
a publié beaucoup de compositions pour son
instrument : ses principaux ouvrages sont :
i" Symphonie concertante pour violon et vio-
loncelle ; Paris, Sieber. — 2° Concertos jour vio-
loncelle, n" 1, Paris, Naderman; n" 2, op. 34,
Paris, Leduc; n" 3, Paris, Frey; n" 4, Paris,
Sieber ; n'' 5, ibid. — 3° Thème varié avec or-
chestre, Paris, Carli : — 4° Trios pour violon-
celle, violon et basse, op. l et 2 ; Paris, Pieyel.
— 5" Environ vingt œuvres de fantaisies et d'airs j
variés, avec accompagnement de quatuor; Paris,
chez les principaux éditeurs. — 6" Duos pour 1
2 violoncelles, op. 5,6, 10, It, 32,36, 39, 41, 43, j
€t livrell , ibid. — 7° Duos pour alto et vio- j
louceHe, op. 7 ; Paris, Leduc. — 8° Sonates pour (
violoncelle, liv. I, 2, op. A, B : op. 35, 40, Pa- j
ris, Leduc, Xaderman et Sieber. — 6° Études !
et caprices^ liv. 1, 2, 3, ibid. — lo' .\irs varies, ■
4 livres ; ibid. — 11*' Nouvelle méthode pour le
violoncelle ; Paris, Sieber. Muntzberger est mort
à Paris, au mois de janvier 1844.
MURAT (AxToiSE), Arménien de nais-
sance, était attaché, comme second interprète,
à la légation suédoise de Constantinople en 1780.
Il écrivit, pendant son séjour dans cette ville, ud
livre intitulé : Essai sur la mélodie orientale,
ou CTplication du système des modes el des
mesures de la musique turque. Cet ouvrage,
resté en manuscrit, parait s'être égaré. On en
trouve une analyse dans le ilusik-Kunst Ma-
gazin , de Reichardt, p. 57.
mURIXO (.Egidics de). Voyez Égide de
MCRINO.
MURIS (Jean DE), dont le nom français
éUit peut-être DE MURS, ou DE MEURS, est
le plus célèbre des écrivains du quatorzième
siècle sur la musique. Les opinions ont été par-
tagées sur le pays qui l'a vu naître : suivant
GesneT(Biblioth. univers.), enmneT(Biblioth.
Briiannico-Hibern., p. 537), il serait Anglais
de naissance ; ils sont suivis dans cette opinion
par Hawkins , qui l'appuie de ces deux vers
tirés d'un ancien manuscrit existant en Angle-
terre :
John de MurU, variis flomitqne figuris,
Anglia cantorum omen gignit plurimoruiD.
Bontempi {Istoria musica, p. 199) l'appelle Pe-
rugiiw (de Pérouse), peut-être par une faute
d'impression , au lieu de Parigino ; Jean de
Beldemandis, commentateur de Jean de .Mûris,
dit qu'il était de Paris (Jo/iann« de Mûris Pa-
risiens.); d'autres enfln, au nombre desquels est
M. Weiss , auteur de la notice insérée dans la
Biographie universelle deMichaud, lui donnent
seulement la qualité de Français et ajoutent
qu'on le croit communément originaire de Nor-
mandie. Un manuscrit du quinzième siècle, qui se
trouvait autrefois à la bibliothèque de Saint-Biaise,
dans la forêt Noire, et qui contient des fragments
sur diverses parties de la musique , extraits d'un
ouvrage de Jean de Mûris, a pour souscription :
Explicit iractatusde musica secundum magis-
tmm Johannem de Mûris de Francia. Amen. II
parait qu'il régnait déjà de l'incertitude sur ce point
dans les premières années du quinzième siècle, car
un manuscrit de la bibliothèque de Padoue, daté de
1404, dont le P. Martini possédait une copie, est
intitulé : Mag. Joh. de Mûris de Sormandia
alias Par isiensis pratica mensurabilis cantus,
cum expositio Prodoscimi de Beldemandis.
En réalité, ce théoricien célèbre était né en Nor-
mandie; on en a la preuve : 1° dans un Traité
des fractions dont le manuscrit, daté de 1J21 ,
se trouve à Oxford , dans le fonds de Digby de
266
INIURIS
la Bibliothèque Rodiéienne, sous le n" 190, fol.
72. Ce traité a pour inscription : Tractatus ca-
nonum minutiarum phUosophicarum et vul-
garium, quem composuit mag. Johannes de
Mûris, Normannus, A. mcccxxi. Dans le pro-
logue de ce traité, l'auteur dit que c'est dans la
même année qu'il a écrit sur l'art de la musique
chantée et écrite ou figurée, tant mesurée que
plaine , et sur toutes les manières possibles de
faire le contrepoint ou déchant, non-seulement
par notes réelles , mais avec toutes les notes de
passage et d'ornement : voici ses paroles : Eo-
dem anno notitia artis musicac proferendx
et figurendse tam mensurabilis quam planœ,
quantum ad omnem modum possibilem dls-
cantandi. , non solum per intégra, sed usque
ad minutissimas fractioncs. .. nobis claruit j
— T Dans une lettre qu'il a écrite au pape Clé-
ment VI (dont le pontificat a commencé en 1342
et a fini dix ans et quelques jouis après), et
qui se trouve parmi les manuscrits de la Biblio-
thèque impériale de Paris (cod. 7443). On y voit
que dans sa jeunesse il avait été lié d'amitié avec
ce chef de l'Église, qui avait été d'abord moine à
la Chaise-Dieu , en Normandie, puis archevêque
de Rouen.
Le rédacteur du catalogue des manuscrits de
la Bibliothèque royale de Paris donne à Jean de
Mûris la qualité de chanoine de Paris, probable-
ment d'après l'autorité île Mersenne, qui l'ap-
pelle Canonicuset Decanus ecclesix Parisiensis
(Harmonie, lib. I, prop. XXV, page 8); je
n'ai trouvé nulle part la preuve qu'il l'ait été ,
mais bien qu'il fut docteur et professeur de Sor-
bonne dans cette ville. Ce fait est démontré
i" par son Traité delà musique spéculative, dont
l'abbé Gerbert a publié le contenu (Scriptor.
ecclesiasf. de Musica, t. III, pag. 256-283),
d'après des manuscrits des bibliothèques de Paris,
de Vienne cl de Berne, et qui est terminé par ces
mots : Explicit Musica speculativa secundum
Boelium, per magistrum Johannem de Mûris
ebreviata. Parisiis in Sorbona anno Domini
1323; 2° par les Canones de eclipsibus, du
même auteur, dont le manuscrit se trouve à Ox-
ford, dans le fonds de Digby de la Bibliothèque
Bodiéienne, sous le n" 97. On y voit en note :
Hos canones disposuiï Johannes de Mûris
Parisiis in A. MCCCXXXIX in domo scola-
rium de Sorbona.
L'année de la naissance et celle de la mort de
Jean de Mûris sont inconnues. Quelques an-
ciens auteurs, tels que Jumilhac {La Science et
la pratique du plain-chant, p. 120)et Brossard
{Diction, de musique, 3™*^ édition, p. 80), se
bornent à dire qu'il vécut vers 1330 j Choron et
Fayole {Diction, histor. des Musiciens) disen
qu'on croit qu'il a vécu depuis 1300 jusqu'en
1370; mais la date 1321, que j'ai rapportée pré-
cédemment comme celle d'un de ses ouvrages,
indique qu'il a dû naître avant l'année 1300. On
ne trouve d'ailleurs de témoignages positifs de
son existence que jusqu'en 1345, date de la com-
position de ses Pronostics sur la conjonction de
Saturne et de Jupiter, dont il y a des manuscrits
dans la Bibliothèque impériale de Paris et à
Oxford. Je ne sais sur quel fondement Weiss a
dit {Biograph. univers. ) qu'on sait que Jean de
Mûris vivait encore en 1.358 ; je n'ai point trouvé
de document qui donnât du poids à cette con-
jecture.
A l'époque où l'histoire de la musique était peu
connue , on a considéré Jean de Mûris comme
l'inventeur des signes de la musique mesurée.
Le premier qui paraît avoir répandu cette erreur
est Nicolas Vincentino, qui, dans son Antica
musica ridotta alla moderna prattica ( p. 9 )
dit expressément que les huit figures de notes
en usage de son temps (1555) ont été inventées
par le très-grand philosophe Jean de Mûris.
Il a été suivi par Zaïiino, Berardi , par Gassendi
{Manuductio ad theoriam musicx , cap. 3) ,
par Jumilhac {la Science et la pratique du
plain-chant, 3"" part., cap. IV), par Brossard,
et beaucoup d'autres. Mersenne fut le premier
qui émit un doute sur ce lait, dans une lefîre à
Doni , longtemps inconnue, et que j'ai publiée
dans le 1?."'* volume de la Revue musicale
(pag. 249 et suiv.). « Quant à Jean de Mûris
« (dil-il) que nous avons dans la Bibliothèque du
« Roi, in magno /"", je faict grand double s'il
« a inventé les notes, attendu qu'il n'en dit rien
i( dans tout son libvre; et on ne doit pas man-
« quer à avertir le lecteur quand on invente
« quelque chose de nouveau. » J.-J. Rousseau
dit aussi (art. Musique), en parlant de l'opinion
qui attribue l'invention des figures de la musique
mesurée à Jean de Mûris : « Ce sentiment, bien
« que très-commun, me paraît mal fondé, à en
« juger par son traité de musique intitulé :
« Spéculum musicx, que j'ai eu le courage de
« lire presque entier, pour y constater l'inven-
« lion que l'on attribue à cet auteur. i> Il est
bien singulier que ces deux écrivains ayant eu
sous les yeux le grand traité de musique de
Jean de Mûris, n'aient eu que des doutes à ce
sujet, et n'y aient pas remarqué qu'il dit d'une
manière expresse que Gui d'Arezzo inventa de
nouvelles notes et figures pour le plain-chant,
ajoutant que beaucoup d'autres auteurs, parmi
lesquels il cile Aristote {voy. ce nom) et
Francon le Teutonique , ont traité amplement
MURIS
267
de la musique mesurée. Il y a deux passages fort
clairs sur ce sujet dans le Spéculum mvsicie,
l'un au cliapilie 0"" du premier livre, l'anln;
dans le prologue du septième livre ; voici le
premier : In nuisica autem practica plana
floruit Guido iiionachus, qui novas adinve-
nit nofas et figuras et monocordo et tonis
mullo scripsit. De mensurabili autem viusica
mulli tractaierunt, inler quoi florere videlur
quidam qui Aristoleles in titulo libri sui no-
minatur et Francho T eut onicus {cap. 6, De
musices inventoribus, fol. 4 verso).
Le traité intitulé Spéculum musicx est le
plus considérable des ouvrages de Jean de
Mûris. Je n'en connais que deux manuscrits
qui sont à la Bibliothèque impériale de Paris.
Le premier (n" 7027 in-fol.) est un magnifi-
que volume de plus de 600 pages sur vélin,
d'une écriture fort belle du conmiencemeot du
quinzième siècle. L'autre (n° 7207 A) sur papier,
d'une mauvaise écriture chargée d'abréviations,
n'est pas complet. L'ouvrage est divisé en sept
livres : le premier traite de la musique en gé-
néral, de l'invention de ses diverses parties, et
de sa division, en 76 chapitres ; le second , des
intervallas, en 123 chapitres; le troisième, des
proportions et des rapports numériques des
intervalles, en 56 ciiapitres ; le quatrième , des
consonnances et des dissonances, en 51 ciiapi-
tres ; le cinquième, des télracordes de la nui-
sique des anciens , de la division du monocorde
et de la doctrine de Boère , en 52 chapitres ; le
sixième, des modes, de la tonalité antique, du
système des hexacordes et des muances , eu ll3
chapitres ; le dernier, de la musique figurée, du
déchant , et du système de la musique mesurée.
L'ouvrage est terminé par une comparaison de
la musique antique et de la moderne (du quator-
zième siècle). Ce livre est composé de 45 cha-
pitres.
En examinant avec attention cette immense
encyclopédie de la science musicale au moyen
âge, et y retrouvant dans toutes ses parties la
doctrine exposée dans les autres écrits relatifs
à la musique qui portent le nom de Jean de
Mûris, je m'étais persuadé que ceux-ci n'en étaient
que des- parties détachées; mais un plus mûr
examen m'a fait penser qu'il est plutôt une der-
nière édition, si je puis m'ex primer ainsi, de
tous ces ouvrages corrigés et réunis. Il s'y trouve
trop de savoir pour qu'on puisse le considérer
comme le produit de la jeunesse de l'auteur.
Pour bien connaître les opinions de Jean de Mûris,
parvenu à la maturité de son savoir en musique,
c'est là qu'il faut puiser. On a lieu de s'étonner
que l'abbé Gerbert n'ait pas été informé de
l'existence de cet important traité, et que ses
correspondants ne lui en aient pas fourni une
copie pour sa collection des écrivains du moyen
&ge sur la nmsique, au lieu de l'abrégé mêlé de
prose et de vers techniques qu'il a publié dans
le troisième volume de cette collection sous le
titre de Sumnia musicoc magistri Joannis de
Mûris, d'après deux manuscrits de l'abbaye de
j Saint-Biaise et de la Bibliothèque royale de Paris.
, Celui-ci se trouve aussi dans un manuscrit de
j la Bibliothèque de l'université de Gand. Je ne le
; crois pas l'ouvrage de Jean de Mûris lui-même,
mais une sorte de précis (ij/HJwum) de sa doc-
; trine, fait par quelque écrivain postérieur. Il
I n'en est pas de même du Traité en deux livres
j De Musica pratica, dont il y a des manuscrits
I dans les bibliothèques de Vienne, du Vatican,
i de Paris, et au Musée Britannique; du Traité dé
; musique spéculative, dont il y a un manuscrit
i (n° 7369, in-4") à la Bibliothèque imi>ériale de Pa-
: ris, dans celle de Vienne, et que l'abbé Gerbert a
i publié d'après un manuscrit de Berne ; enfin du
; petitTraitéde la musique mesurée qui commence
''■ par ces mots : Quidlibet in arte practica men-
surabilis cantus, dont il y a plusieurs manu-
scrits dans la bibliothèque du Vatican, et dont je
' possède une bonne copie ancienne, ainsi que du
: Traité du contrepoint intitulé De Discanfu, et
quelquefois Ai s discantus , dont je possède un
, manuscrit complet, et qui n'est qu'en abr^é
dans la plupart des bibliothèques. Ces ouvrages
j sont originaux, et leur composition parait avoir
précédé celle du Spéculum jnusicec. Le Traité
de la musique pratique a été composé en 1321.
Gerbert n'en a publié qu'un extrait d'une autre
main (pag. 292 — 301 ). Le Traité de la musique
spéculative est de l'année 1323. 11 est à la Biblio-
thèque im|)ériale de Paris tel que l'a écrit Jean
de Mûris. Cet ouvrage est un abrégé fort bien
fait du grand Traité de musique de Boèce. Con-
rad , surnommé Noi'icus, parce qu'il était né
dans la Styrie, et qui était maitre es arts de l'A-
cadémie de Leipsick , au commencement du
seizième siècle, a refait cet ouvrage, et la rangé
dans un autre ordre. Gerbert a publié son travail
(De Script, ecclesiast.jnusicx, t. III, p. 256-283)
C'est probablement le même ouvrage dont il y
a une ancienne édition intitulée : Epijtoma \ Jo-
hannis \de Mûris \inmusicam Boecii. inquo\
omnes conclu^ionnes musice\est inter septem
artes libérales | primaria. mira celeritate
math\ emalico more demonstrantur ; in-4' go-
thique de 42 pages suivies du correctorium et de
la marque de l'imprimeur en 2 pages. Au dernier
feuillet on lit -.Erplicit musica ma'jistri Johan-
nis de Murisniip. per magi\trum Ambrosium
26S
IMURIS — MURSCHHaUSER
Lâcher de Merspurgk (i) mathemalicum dili-
genter révisa. Ordinarlo Iccta alq. impressa in
studio novo frankfordiano Anno salutis 1508.
LeTraitédu contrepointoiiducliant sur lelivrede
Jean de Mûris est ce qu'on a fait de plus complet
et déplus satisfaisant jusqu'à l'époque où il vécut.
A l'égard de beaucoup d'autres ouvrages qu'on
trouve en manuscrit sous le nom de Jean de
Mûris , ils ne lui appartiennent qu'en ce qu'ils
sont extraits de ses livres. Tels sont : 1° Joan-
nis de Mûris TraclatusdeMusica, in epitomen
contractus, qu'on trouve à la Cibliotlièque im-
périale de Paris (n° 7369 in-4°, sous la date de
1471). — 2" Liberproportionum musicalium:
authore Magistro Joanne de Mûris, olim ca-
nonico parisiensi, de la même bibliothèque
(n° 7295, in-fol.). O^im canonico parisiensi no
se trouve pas au litre du manuscrit. Ces mois
ont étéajoutés par le rédacteur du Catalogue. —
3° De nunieris qui musicx rclinent consonun-
tias, secundum Ptolevuxurn deParisiis (sic),
publié par Gerbert. — 4" De Proportionihus
(idem). — 6" Quœstiones super fartes musicx
(idem) ; et phisieurs autres qui se trouvent dans
les principales bibliothèques d'Angleterre, d'Al-
lemagne et d'Italie.
Jean de Mûris était un savant homme, qui a
écrit sur beaucoup d'autres sujets que la musi-
que; on a de lui : i" Arithmetica communis, ex
Boethii arilhmetica excerpta, publié en 1515,
à Vienne, en Autriche, par les soins de Georges
Tamstetler. — 2" Le canon des tables Alphon-
sines, parmi les manuscrits de la bibliothèque
liodléiennc à Oxford. — 3" Arithmeticx spe-
culaiivx libri d«o; Mayence, 1538, in-S". —
4" Quadripariitum numeroru7n {BM. imp. de
Paris, nos 7190, 7191). — 5° L'pisiota de nume-
rorum fractionibus (ibid., n** 7190); c'est le
même ouvrage qui existe à Oxford sous le titre :
Tractatus canonum minutiarum pliilosophi-
carum et vulgarium; — G° 'Tractatus de men-
surandi ratione (Bibliolh. imp. de Paris,
n"' 7380, 7381 ). — 7° Prognoslicatio super
conjunctione Saturni, Jovis et Martis (ibid.,
7378. A); — 8" Episiola ud Clemeniem VI
De generali passagio ultra mare (ibid 7443).
MURR ( CnKiSTOi'nE-TnÉoriiiLE DE), sa-
vant écrivain, né à Nuremberg en 1733, lit ses
études dans sa ville natale et à l'université d'Alt-
dorf, et visita ensuite Strasbourg, Amsterdam,
Leyde et Utrecht, l'Autriche, l'Italie et l'Angle-
(!) Ambroisc Lâcher, né à Mcrscbourp, en Saxe, était
professeur de raalliématiques à l'université de Francfort-
sur-l'OdiT, récciniiunt lustilucc. 11 établit une imprime-
rie dans cette villf.
terre, dans le dessein de faire des recherches
dans les bibliothèques, et de lier des relations
avec les savants les plus distingués de ces con-
trées. Revenu dans sa patrie, il obtint la place
de directeur des douanes, qu'il conserva long-
temps. Il est mort, presque octogénaire, le
8 avril 1811, après avoir été nommé associé des
académies de Gœttingue , de Berlin , de Cassel ,
de Strasbourg, de Munich et de l'Institut de
France. Parmi les nonibreuses productions de
ce savant, on en distingue plusieurs relatives
à la musique; la première a pour titre : Notitia
duorum codicum Guidonis Aretini , etc.; Nu-
remberg, 1801, 10-4" avec 2 planches; la se-
conde : De papyris seu voluminibus grxcis
Herculanensibus ; Strasbourg, 1804, in-8'' de
60 pages et 2 planches. Ce petit volume contient
le texte grec d'un fragment du traité de Philo-
dème sur la musique, trouvé dans les ruines
d'Herculanum. Le troisième écrit de D^ Murr
est intitulé : Philodem von der Musik, ein
Auszug ous dessen vieriem Bûche (Extrait
du quatrième livre de Philodèmc sur la musique),
Berlin, 1806, in-4° de 64 pages et 2 planches.
C'est une traduction allemande, avec commen-
taires, du fragment publié dans le n" précédent.
De Murr a aussi donné le Projet d'un cata-
logue de tous les musiciens connus de VEU'
rope , dans le deuxième voluine de son Journal
pour l'histoire des arts et de la littérature
(Nuremberg, 1775-89, 17 vol.in-8°), p. 2-28.
Enfin, parmi les nombreux ouvrages de ce labo-
rieux écrivain , on compte un Essai sur l'his-
toire de la musique à Nuremberg (Versuch
einer Gescliichle der Musik in Niirnberg) ; Nu-
remberg, 1805, in-4".
MURSCHHAUSER ( François - Xaviek-
Antoine), directeur de musique du couvent
collégial de Notre-Dame à Munich , né à Zabern,
en Alsace, vers 1670, apprit le contrepoint sous
la direction de Jean-Gaspard de Kerl; il obtint
ensuite les fonctions de cantor et enlin celles de
directeur de musique. 11 mourut à Munich en
1733, et non en 1737, comme le dit Gerber. On
connaît de lui les ouvrages dont les titres sui-
vent : 1° Octitonum novum organum, ou pré-
ludes et fugues pour l'orgue sur les huit tons
du plain-chant avec treize variations ; Augsbourg,
1G96, gravé. — 2° Vespertinum latrix et hyper-
dulix cultum 4 vocum concertantium, 2 viol,
oblig. et 4 voc. rip. Ulm, 1700, imprimé. —
3"* Prototypi longo-brevis organici II partes;
Nuremberg, sans date, préludes et fugues
courtes pour l'orgue. — 4° Fundamentalische
Anlcitung souohl zur Figurai ois choral
Musik (Guide fondamental pour la musique
MURSCHHAUSER — MUSET
260
figurée el chorale); Mcnicli , 1707, in-fol. oW.,
gravé. — b" Operis organici Iriparlitx, Part. I,
Munich, 1712; Part. II, Ib., 17L4. — 6" ^ca-
demia Musko-poetica b'partita , ou École su-
périeure de la composition ( en allemand ).
1"^' partie, où il est traité des intervalles, des
consonnances et des dissonances, des tons et
des modes, tant du plain-chant que de la mu-
sique figurée ; ?{uremberg, 1721, in-fol. A la fin
du titre fort long de cet ouvrage, oVi trouve
ces mots : Um dem vortrefflichen Hcrrn Mat-
thcsons ein mehreres Licht zu geben ( Pour
donner plus de lumières à l'excellent M. Mat-
tlieson). Il n'en fallut pas davantage pour al-
lumer la bile de celui-ci; avec sa rudesse ordi-
naire il répondit à Miirschhauser, dans &^Critica
Musica, et intitula sa réponse -.Die melopoelis-
che Licht-Scheere , etc. ( Mouchetfes melopoéti-
ques, à l'usage du chat barbouilleur de I école dite
haute école de composition de Notre-Dame à
Munich , etc. ) Les nombreuses fautes d'impres-
sion du livre de Murschhauser prêtaient des
armes à Mattlieson ; il s'en servit sans pitié ,
quoiqu'il sût très-bien qu'elles ne devaient pas
être imputées à l'auteur. Le pauvre Mursch-
hauser fut si accablé de la réponse de son ad-
versaire, qu'il ne publia pas la seconde partie
de son livre. — 7° Psaumes des vêpres dans les
S tons de l'église à 4 voix concertantes, 2 vio-
lons et basse continue; .Augsbourg, 1728. In-4°.
MUSA RUSTEM BEX SEIJAR, au-
teur persan d'un traité de musique écrit dans
l'année 858 (1438 de l'ère chrétienne ). Le
titre de son ouvrage répond à celui-ci : Le pro-
dige des cycles dans le désir des mystères.
Un beau manuscrit de ce traité est à la biblio-
thèque impériale de Vienne.
MITS^HJS ( Jean- A>ToiNE ), musicien da-
nois, vivait à Copenhague, dans la seconde
moitié du dix-huitième siècle. On a de Ini un
recueil pour le clavecin intitulé : Di'jerliinento
musico per il cembalo solo , etc Coi)enhague,
17G5, in-fol. On y trouve des sonates, des sona-
tines , et d'autres petites pièces. Dans la pré-
face de cet ouvrage, l'auteur traite des effets de
la musique sur l'àme.
MUSCOV (Jevn), pasteur primaire et ins-
{)ecteur des écoles et églises de Lauhan , né
le 2 juin 1635, a Gross-Grœbe, dans la haute
Lusace, fut d'abord diacre à Kittletz, puis à
la paroisse de Lauban, en 1668, et enfin,
en 1675 à Lauban, oii il mourut le 17 octobre
de la même année. On a de lui un ouvrage in-
titulé : Gestrafler Missbt-audi der Kirchen-
mnsik und Kirchhœfe, ans Golfes Wort ziir
Warnung ui%d Sesserung vorgestelt ( Abus de
, /a musique religieuse et des cimetières puni par
i la parole de Dieu, servant d'avertissement et de
j correction ) ; Lauban, 109'», in-8° de 110 pages.
I MUSET (Colin), célèbre ménestrel, na-
: quit au commencement du treizième siècle. Il
était à la fois poète, musicien et jouait bien du
violon ou plutùt de la viole. Les manuscrits de
la Bibliothèque impériale, cotés G5 et «j6 ( fonds
de Cangé), nous ont conservé trois chansons
notées de sa composition. L'une d'elles, qui
commence par ces vers :
« Sire quens j'ai viélé
« Devant vos en vostre oste!. »
nous apprend qu'il parcourait les châteaux pour
y chanter et jouer du violon, afin d'obtenir un
salaire. On y voit aussi qu'il était marié , et
qu'il avait une fille. La vie errante qu'il menait
ne prouve pas au reste que sa condition fût mi-
sérable, car il dit , dans la même cJianson, qu'il
avait une servante pour sa femme, un valet
pour soigner son cheval , et que sa fille tuait les
chapons à son arrivée, pour fêter son retour. On
croit que Thibaut IV, comte de Champagne et
roi de Navarre , le prit à son service et le fixa
près de lui. On a répété souvent que l'instru-
ment dont jouait Colin Muset était la vielle;
mais Roquefort a prouvé que ce mot, dans le
langage des douzième et treizième siècles, si-
gnifie le violon ou plutôt la viole (voy. son
livre mtitulc : De la poésie française davts
les XI le et Xllle siècles, p. 107 et 108).
D'ailleurs ces vers d'une chanson de Muset ne
laissent aucun doute à cet égard :
« J'alay a ii el praelet :
« O tôt la vielle et l'archet
« Si li ai chanté le Maset. >
( J'allai à elle dans la prairie et lui chan-
tai 7)ia chanson avec la vielle et l'archet).
L'archet n"a jamais servi à jouer de la vielle.
Cet instrument s'appelait Rote dans le moyen
âge. On ne sait ce que Laborde a voulu dire
quand il a écrit (Essai sur la musique, t. II,
p. 207 ) que l'esprit de Colin Muset l'éleva au
grade d'académicien de Troyes et de Provins!
Où a-t-il vu qu'il y eût en Franc-e des académies
au treizième siècle.' lia voulu parler, sans doute,
des espèces de concours que le roi de Navarre
avait établis dans ces deux villes pour les chan-
sons. On a commis à l'égard de ce musicien
deux autres erreurs qu'il est bon de relever ici
la première consiste à lui attribuer une part
considérable dans l'érection du portail de l'église
Saint-Julien des Ménétriers , rue Saint-Martin , à
Paris; or, celte confrérie, aux irais de laquelle
l'église fut bàlie, ne fut instituée qu'en 1328, et
270
MUSET — MUTHEL
niènie ne fut constituée qne trois ans après.
Voici ce qu'en dit le P. Dubreuil ( Antiquités
de Paris, p. 571 ) : « En 1331, il se Ht une as-
« semblée de jongleurs et de ménétriers , les-
« quels, d'un commun accord , consentirent tous
« à l'érection d'une confrérie sous les noms de
« Saint-Julien et Saint-Genest , et en passèrent
« lettres qui furent scellées au Cliâtelet, le
« 23 novembre du dit an. » Colin Muset n'a
donc pu concourir à ce qui concernait celte
confrérie , puisqu'il était mort depuis longtemps
en 1331. La seconde erreur relative à ce ménes-
trel est celle-ci : Il y avait au portail de Saint-
Julien deux figures debout, l'une de saint Ju-
lien, l'autre de saint Genest. Celle-ci tenait un
violon ou Rebec. Plusieurs auteurs l'ont prise
pour l'effigie de Colin Muset. Mais un monu-
ment, dont parle aussi le P. Dubreuil, prouve
invinciblement que la figure n'était autre que
saint Genest : ce monument est le sceau de la
confrérie où l'on voyait , comme au portail ,
saint Julien et saint Genest, avec cette légende :
C'est le sceau de saint Julien et de saint Ge-
nest, lequel a été vérifié au Châtelet et à la
cour de l'Official.
MUSSIIXl (Nicolas), musicien italien,
chanteur médiocre et compositeur, était, avec sa
femme, attaché au théâtre de Londres en 1792.
L'hiver suivant, il chanta avec succès à Ha-
novre , dans les concerts. En 1793, il fut ap-
plaudi à Cassel comme violoniste et comme
guitariste, puis il chanta avec sa femme à Ham-
bourg l'opéra intitulé La Cameriera astuta.
En 1794, il arriva à Berlin et y fut engagé au
Théâtre royal ; mais il n'y réussit pas. Quatre
ans après, il reçut sa démission , mais la reine
mère le prit à son service en qualité de com-
positeur de sa chambre. Il paraît qu'il occupait
encore cette position en 1803. On connaît de
sa composition : \° La Guerra aperta, opéra
bouffe , représenté à Potsdam et à Charlotten-
bourg en ili^Q. — 1° Les Caprices du poùte,
opérette représentée à Berlin en 1803. —
3° Six duos pour 2 violons, op. 1, liv. 1 et 2,
Offenbach, 1794. — 4' Six ariettes avec accom-
pagnement de piano ou guitare; Hambourg, 1796.
— b^ Canzonette ital. e francese per il so-
prano e piano; ibid. — 6° Sonates pour deux
violons, op. 2; Paris, Sieber. — 7" Six quatuors
pour deux violons , alto et basse ; Milan, Ri-
cordi, — 8" Six duos pour 2 violons, op. 3; Paris,
Naderman. — 9° Trois grands duos , idem ,
liv. 5; Berlin, Schlesinger. — 10° Troi;>solos pour
violon; Paris, Naderman. — tl° Cinq livres
de romances de Floriau, avec ace. de piano et
violon obligé; Berlin, Schlesinger.
MUSSOLIA'I (C), professeur de langue
italienne , vécut à Londres dans les dernières
années du dix-huitième siècle. Il y publia un
traité de la théorie et de la pratique de la mu-
sique, sous ce litre : A New and complète Trea-
tise on the theory and pructice of Music ,
with solfeggios ; Londres, 1795, gr. in^".
MUTHEL (Jean-Godefroid), organisle de l'é-
glise principale de Riga, naquit en 1720, à Mœl-
len , dans le duché de Saxe-Lauenbourg. Fils
d'un organiste de ce lieu, il apprit, sous su direc-
tion, à jouer du clavecin, dès qu'il eut atteint sa
sixième année; puis on l'envoya à Lubeck con-
tinuer ses études musicales auprès de Jean-Paul
Kunzen. Après avoir travaillé avec ce maître
jusqu'à l'âge de dix-sept ans, il entra dans la
musique du duc de Mecklembourg-Schwérin.
Environ deux ans après, il obtint de son maître
la permission de voyager pour perfectionner son
talent, et sa place lui fut conservée. L'objet
principal de son voyage était de voir et d'en-
tendre Jean-Sébastien Bach , devenu vieux et
infirme, mais toujours brillant de génie et de
savoir. Miithel se rendit donc à Leipsick : Bach
le reçut avec bienveillance, le logea dans sa
maison , et le guida par ses conseils et par la
communication de ses ouvrages. Après la mort
de ce grand homme, Miilhel demeura quelque
temps à Naumbourg, chez Altnikol. De là il se
rendit à Dresde et y fut bien reçu par Hasse, à
qui il avait été recommandé. Les fréquentes oc-
casions qu'il eut d'entendre Salembini et les au-
tres clianteurs italiens de l'Opéra réformèrent
son goût et lui donnèrent un style plus mo-
derne. De Dresde il alla à Berlin et à Potsdam,
oii il retrouva son ancien ami Cliarles-Philippe-
Emmanuel Bach , puis à Hambourg pour y voir
Telemann, ami de son père. Il retourna enfin à
la cour de Mecklembourg ; mais ce séjour lui
parut peu agréable après l'aclivité de la vie d'ar-
tiste dont il avait joui pendant plusieurs années.
Il saisit la première occasion de s'en éloi-
gner, en acceptant d'abord la direction de la
petite chapelle d'un M. de Wietinghof, con-
seiller intime de l'empereur de Russie, puis la
place d'organiste à l'église principale de Riga.
Il occupait encore celle-ci en 1790. Je n'ai pas
de renseignement sur l'époque précise de la
mort de cet artiste , qui fut un grand musicien
et un homme de génie , mais qui , n'ayant fait
imprimer qu'un petit nombre de .ses ouvrages;
est peu connu. On a imprimé (Je sa composi-
tion : i" Trois sonates et deux airs avec douze
variations. — 2° Quatre mélodies pour le cla-
vecin et pour le chant; Leipsick, 1756, in-4'*.
— 3° Oden und Lieder von verschiedenen
MIITHEL — MYSLIWECZEK
271
Dichie)-n in die Musik gesetzt ( Odes et chan-
sons dt; ditïérenls poêles mises en musique ) ;
Hambourg;, 1759, in-4" — \° Duc concerti per
il Cembalo ; R\gi , 1767, in-i". —5" Duetio
fur 2 Clavier e, 2 FLiXgel, oder 2 Forte piano;
Riga, Fr. Hartknocli, 1771, in folio.
MUTI.WUS. Voyez GAUDEXCE.
MUTZEx\BRECIlER (le Dr. L.-L. D),
libraire et maitre de postes à Altona, naqait
dans cette ville en 1760. Amateur passionné de
musique, il jouait de plusieurs instruments;
il a composé des chansons et des chants à
plusieurs voix. On lui doit aussi un bon ar-
ticle sur la Melodica de Rieffcisen , inséré dans
la Gazette musicale de Leipsick (ann. 18t9,
p. 625). H est aussi l'auteur d'un écrit qui a
pour titre : Ge&chichle der muiikalischen Di-
lettanlenvereins in Altona; kXionA, 1827 et an-
nées suivantes, par caiiiers in-S". C-t amateur
distingué est mort en 1838. Sa bibliothèque de
musique, qui a été vendue à Aliona au mois
de février 1839, renfermait beaucoup de chos«^s
intéressantes concernant la théorie et la pratique
de l'art ; j'y ai acquis des ouvrages rares et pré-
cieux, en grand nombre.
MYLIUS ( Andké ) , docteur en droit , asses-
seur de la faculté de jnrispruiei'.ce, professeur
et syndic de l'université de Leipsick , naquit à
Schœpplin, près d'Eisenbourg, le 12 avril 1649.
Il a écrit une dissertation intitulée : Disputatio
de Juribus circa 7nusicos ecclesiasficos; Leip-
sick, 1C88, in-i". Mylius est mort à Leipsick ,
îe 6 juin 1702.
MYLIL'S (Wolfcasg-Michel), maitre decha-
pelle du duc de Gotha, n'est pas connu par
les circonstances de sa vie; on sait seulement
qu'il mourut à Gotha en 1712 ou 1713, et qu'il
avait eu pour maître de musique Christophe
Berhardi. On lui doit un traité élémentaire de
musique, à l'usage des écoles . intitulé : Rudi-
menta musices , das ist : Fine kurze und
grundrichtige Aniceiiung zur Sitige-Kunst, etc.
(Rudiments de musique, c'est-à-dire instruc-
tion courte et solide, pour l'art du chant, etc.);
Mulhouse, 1685, in-S" obi. Il paraît qu'à
l'époque de cette publication, Mylius demeurait
à Mulhouse. La deuxième édition de cet ouvrage
a été publiée à Gotha, en 16S6, in-8* obi, sans
nom d'auteur, mais avec les initiales W. M. M.
MYSLIWECZEK (Joseph ), compositeur,
fils d'un meunier, naquit dans un village |)rès
de Prague, le 9 mars 1737. Il reçut dans l'école
communale les premières notions de la musique,
fit des études littéraires, eî alla même suivre un
cours de philosophie à Prague , après quoi il
relourna chez son père, pour embrasser sa
profession; mais après la noort de celui-ci , il
laissa son moulin à son frère jumeau , et prit la
résolution de .'<e faire musicien de profession. Il
se rendit à Prague , où il fut d'abord employé
comme violoniste dans les églises. Pendant ce
temps, il étudiait le contrepoint sous la direc-
liou de Habermann. Le célèbre organiste Segert
le prit ensuite pour élève. En 1760 il publia les
six premières symphonies de sa composition,
sous les noms des six premiers mois de l'année :
le succès qu'elles obtinrent décida de sa voca-
tion. Son goût le portait vers la musique de théâ-
tre ; et comme à cette époque elle était surtout
florissante en Italie, il résolut de s'y rendre, et
partit pour Vînise en 1763. Il y trouva Pes-
cetli qui lui enseigna l'art d'écrire pour le citant,
particulièrement dans le récitatif. Appelé à Parme
l'année suivante, il y écrivit son premier opéra
dont le succès fut si brillant , que l'ambassadeur
de >"aples lui procura un engagement pour aller
composer dans cette ville un ouvrage pour l'an-
niversaire du roi. Il Bellerofonte était le titre
de cet opéra, dont les beautés excitèrent l'admi-
ration générale. Dès ce moment il devint cé-
lèbre ; mais dans l'impossibilité de prononcer
son nom , les Italiens l'appelèrent II Boemo ou
Venlurini. De retour à Venise , il y fut cou-
ronné après la représentation d'un de ses ou-
vrages, et les sonnets furent prodigués en son
nonneur. Neuf fois, Naples le rappela et lui
contîa la co.mposition d'ouvrages dramatiques
qui furent tous accueiliis par la faveur publique.
Il écrivit aussi avec succès à Rome , à Milan et
à Bologne. Mozart le rencontra dans cette der-
nière vilie en 1770, dans un état de misère
profonde , malgré sa renoinmée. Le plus haut
prix qu'on payait alors au musicien le plus cé-
lèbre pour la composition d'un opéra était une
somme de cinquante ou soixante sequins (en-
viron 400 francs). Ces faibles ressources ne
pouvaient suffire aux penchants généreux de
Mysliwetzek. Heureusement il rencontra plus
tard un protecteur dans un jeune Anglais
qui devint son élève, et qui fournit à ses be-
soins. En 1773, il fut appelé à Munich pour
y composer YErifile : cet ouvrage ne répon-
dit pas à ce qu'on attendait du compositeur :
lui-même avoua qu'il ne s'était point senti en
verve en récrivant, et qu'il n'était inspiré que
sous le ciel de l'Italie; semblable en cela à Win-
kelmann et à Thorwaldsen , qui , après de longs
séjours à Rome , n'ont pu vivre sous le climat
du Nord qui les avait vus naître. En 1778,
Mysliweczek était à Pavie; l'année suivante, il
écrivit à Naples son Olimpiade, qui fit naître
des transports d'admiration dans toute l'Italie.
272
MYSLIWECZEK
L'air de cet opéra Se cerca , se dice , eut un
succès de vogue. La célèbre cantatrice Gabrielii
aimait beaucoup à chanter les airs du musicien
de la Bohême , et disait qu'aucun compositeur
n'écrivait aussi bien pour sa voix. Mysliweczek
mourut à Rome le 4 février 1781, à l'âge de
quarante-quatre ans. Son élève, le jeune An-
glais Barry, lui fit élever un tombeau en
marbre dans l'église de Saint-Laurent inLucina.
Ce compositeur a écrit en Italie environ trente
opéras : les meilleurs sont le Bellerofonte, Ar-
mkla, l'Olimpiade , Nitetti et l'Adriano in
Siria. Oh connaît aussi sous son nom plusieurs
oratorios, et DIabacz a vu deux messes de sa
composition au chœur de Raudnitz. On a gravé
a Prague deux symphonies qu'il a écrites dans
sa jeunesse. Ses autres ouvrages sont : 1° Six
quatuors pour 1 violons, allô et violoncelle,
op. 1 ; Offenbach , André , lySfr. — 2° Six idem,
op. 2; Amsterdam, Hummel, 1782. — 3" Six
trios pour 2 violons et basse; Offenbach, An-
dré. On connaît en manuscrit sous son nom
des concertos de violon et de ilùte.
N
XACC'llERl (AsDRÉ), écrivain florentin dont
ne parle ni le P. Jules Negii dans sa Storia
degli scrittori fiorentini, ni les autres histo-
riens de la littérature florentine. Naccheri vécut
Traisemblablement dans la première moitié du
seizième siècle , et a laissé un manuscrit qui
doit être d'un grand intérêt en ce qui con-
cerne les instruments de musique de cette épo-
que; cet ouvrage a pour litre -. Deïla propor-
tione di tuiti gristromeiiti da sonare, dia-
loghi due, avec les figures de tous les instruments.
Jean-Bapliste Doni avait indiqué le livre de >"ac-
elieri au P. Mersenne, comme on le voit par une
lettre que ce religieux lui écrivit au mois de jan-
vier 1635, et que j'ai publiée dans le n° 32 de la
sixième année de la Revue musicale (1S32),
d'après une copie qui se trouve parmi les manus-
crits de Peiresc, à la bibliollièque impériale de
Paris. Suivant la Seconda Libreria de François
Doni, ce livre se trouvait dans la bibliothèque de
Laurent de Médicis. Il en donne la description
(pages 27-28, édition de 1351), dans un passage
dont voici la traduction : « Dans le riche cabinet
* du magnifique seigneur Laurent de Médicis, on
- peut voir un ouvrage admirable; c'est un livre
a dans lequel sont dessinés non-seulement les
«■ anciens instruments de musique, mais encore
« les modernes. Sous le nom de Philamon sont
« décrites toutes les cithares; sous celui d'^rion
c. les violes; sous selui à'Orphée, les lyres avec
« touches (grands instruments à archet). Laissant
m. à part les anciens, je dirai que sous le nom de
« Francesco de Milan se montre la perfection
« du luth ; sous celui iYAnionio de Lucques, le
« cornet , et, enfin, sous celui de Zoppino, l'or-
« gue. On voit dans ce livre [es portraits de tous
K. les virtuoses célèbres, et des dissertations rela-
« tives aux instruments sur lesquels ils ont ex-
DI0<;R. UNIV. DES HCSICIENS. — T. VI.
« celle. C'est une chose intéressante d'y compa-
ce fer le jeu des instruments chez les anciens et
« chez les modernes. Je n'aurais jamais cru qu'il
« eût existé tant de douzaines d'harpicordes, de v
« douçaines, de psaltérions, de manicordes, de
« cithares et de troml>es droites et courbes. On
« voit aussi un nombre infini de flûtes, de cornets,
« de cornemuses, et d'instruments avec tubes de
« sureau, d'écorces d'arbres , d'os d'animaux, et
« même d'écaillés de tortues, des dabbudes (1),
K des staffètes (2), des clavecins , des épinettes,
« des nacaires (petites timbales), des castagnettes,
« et un cor à sourdine, etc. (3). >»
Cette description fait naître quelques dif-
ficultés concernant l'époque où >'accheri vécut
et composa son ouvrage ; car si le manuscrit
existait dans le cabinet de Laurent de Médicis,
(1) Sorte de petit tympanan, dont les cordes se frappent
avec deux baguettes.
(!) Triangles en fer auxquels étaient autrefois attachées
de petites sonnettes. Cet instrument de percussion ser-
vait, dès le quatorzième siècle, à marquer le rbythme de
la danse.
(3) Sello studio mirabiledel roag«o >i. Lorenzo M [edici]si
puo vedere un' opéra stupenda ; questo è un libre doTC son
disegnati non solamentegU strumenti da sonare antichi,
ma i moderni ancbora. Sotto il nome di Filamone sono
scritte lutte le citare, sotto Arlone le Tiole, sotte Orfeo
le lire con l tasti, e per lasciar gl'antichi da parte, dico
che sotto francesco da Milano si mostra la perfetlion del
liuto,- Anton da Lucca il cornetto, il Zoppino l'organo: e
cosi tutti coloro, cbc sono stati eccellenti in scnar qualche
strumento ri son ritrattl a naturale et loro ragionano dl
quello strumento. Fa un bellissimo vedere il parngone
de' suonl antichi a i moderni, et le sue misure. Mai havrei
creduto che fossero tante decine d'arpicordi, doicemeli,
salteri, manacordi, citare, e trombe dritte et storte. In-
finiti sono i pifferi> i cornetti, le zampogne, le canne
faite di zambnco, di scorze d'alberi, d'ossi d'animali, per
icsino aile testuggine' vi sono per istnimento. Dabbuda,
staffctta, cembali, cembaneUe, uaccbere, cassetta, e como
sordo, etc.
IS
274
NACCHERI — NADERMAN
dit le Magnifique, qui mourut en 1492, l'auteur
vécut au quinzième siècle; mais si le chapitre où
ij est traité des lutiis a pour titre Francesco da
Milano, il n'a pu être écrit avant 1 530 , ép.oque
de la grande renommée de cet artiste ; dans ce
cas, l'ouvrage n'a pu se trouver en la possession
de Laurent de Médicis.
JMACHERSBERG ( Jacqces - Henri - Er-
nest), grammairien et romancier, né en Silésie
vers 1775, a publié un livre qui a pour litre :
Stimmbxich oder vielmehr Anweisung wie
jeder Liebhaber sein C lavier instrument , seij
es ubrigcns ein Saiten oder ein pfeiffeniverk,
selbst repariren und also Stimmen kœnne
(Livre d'accord, ou plutôt instruction au moyen
de laquelle chaque amateur pourra entretenir et
accorder son instrument à clavier, soit à cordes,
soit à luyauN) ; Leipsick et Breslau, 1S04, in-S"
de 216 pages, avec une planche. Ce livre n'est
que la deuxième édition de celui de Joseph
BùUner {voyez ce nom), mais beaucoup plus dé-
veloppée. Bien que celle édition porte le nom
de Nachersberg, celui-ci n'en fut que le rédacteur,
d'après les matériaux que Biittner lui avait four-
nis.
NACHTGALL (Ottm.vr). Voyei LUSCl-
NIUS.
]VACHTIGAL(jE\N-CFI\r.LES-CHRISTOPHE),
conseiller du consistoire à Halberstadt, naquit
dans cette ville en 1753, et y mourut le 21 juin
1819. Il a fait insérer dans le Deutsche Monat-
schrift (Berlin, 1790, octobre, n° 7) une disser-
tation sur le chant national des Israélites (Veber
die Nationalgescrnge der IsracUten).
NADERMAIV (François-Joseph), fils d'un
facteur de harpes, naquit à Paris en 1773 (1).
Krumpholz, ami de son père, lui donna des leçons
de harpe, et Desvignes, maître de chapelle de la
cathédrale, lui enseigna la composition. Il acquit
une exécution brillante sur son instrument, mais
ne fit point faire de progrès à la musique de
harpe, lui ayant conservé le caractère d'arpèges
dans les traits, et n'ayant jamais essayé d'y faire
entrer les combinaisons d'une haimonie vigou-
reuse. Bien inférieur, sous ce rapport, à M. de
Marin, son contemporain, il eut pourtant une
réputation plus populaire, parce que M. de Ma-
rin, ne se faisant point entendre en public,
n'était connu que des artistes et de quelques
(1) La date de la naissance de Naderman est fixée en
1781 dans la Biographie universelle de Michaud : c'est une
erreur. J'ai connu cet artiste en 1800; j'étais alors élève
du Conservatoire de Paris et âgé de seize ans; Naderman
était homme fait et déjà connu par son talent. Deux ans
auparavant il avait fait unyoyagecn Allemagne et y avait
doD'né des concerts.
amateurs d'élite. Un embonpoint excessif et pni-
maturé paraît avoir opposé de sérieux obstacle^
au développement du talent de Naderman. Quoi
qu'il en soit, il fut longtemps considéré en France
comme le harpiste le plus habile, jusqu'à ce qu'un
goût plus nouveau dans la musique, et plus de
hardiesse dans Texécution, eussent mis en vogue
Bochsa, vers 1812. Après la restauration , Na-
derman fut nommé harpiste de la chapelle et de ^
la chambre du roi. Le 1" janvier 1825, il obtint
' la place de professeur de harpe à l'école royale
de musique et de déclamation ( Conservatoire de
Paris ) : il en remplit les fonctions jusqu'à sa mort, '
arrivée le 2 avril 1835. En 1798, il avait fait un
voyage en Allemagne, et s'était fait entendre avec
succès à Munich et à Vienne.
Après la mort de son père , Naderman s'était
aSsocié avec son frère, pour continuer la fabri-
cation des harpes, d'apiès l'ancien système du
mécanisme à crochets, connues sous le nom de
harpes de Naderman. I^ongtemps il employa son
influence pour conserver à eet instrument l'an-
cienne faveur dont il avait joui ; mais le méca-
nisme à fourchette, inventé par Sébastien Érard,
porta les premières atteintes à sa vieille renom-
mée, et la harpe à double mouvement, du même
artiste , a causé la ruine définitive de l'ancien
instrument de Naderman.
On connaît , de la composition de cet artiste :
1° Concertos pour la harpe. 1", op. 13; 2*, op. 46;
Paris, Naderman. — 2° Deux quatuors pour deux
harpes, violon et violoncelle, op. 42; ibid. —
3° Quatuors pour harj)e , piano, violon et violon-
celle, op. 43 et 54 ; ibid. — 4° Trios pour harpe
et divers instruments, op. 14, 16, 22, 25, 26, 29,
38, 50, 53 ; ibid. — 5" Trio pour trois harpes,
op. 57 ; ibid. — 6" Duos pour harpe et violon,
ou flirte, op. 23, 27, 28, 31, 36, 44, 47, 48, 63,
64 ; ibid. — 7° Duos pour harpe et piano, op. 30,
34, 35, 41, 51, 56 ; ibid. — S^Sonates pour harpe
seule, op. 2, 5, 15, 17, 49; ibid. — 9" Beaucoup
d'airs variés, de fantaisies, de caprices, de pots-
pourris, etc. ; ibid.
NADERMAN (Henri), frère du précédent,
naquil à Paris, vers 1780. Destiné par son père à
la fabrication des harpes, il passa sa jeunesse à
faire des études spéciales pour cet objet. Plus tard
il devint élève de son fière pour cet instrument,
mais son talent ne s'éleva jamais au-dessus du
médiocre. Cependant les protecteurs do son frère
lui firent obtenir les places de harpiste adjoint
de la musique du roi, et de professeur suppliant
au Conservatoire. En 1835, il abandonna celte
dernière, et depuis lors il vécut dans une terre
qu'il possédait à quelques lieues de Paris. On a
de jui des variations pour la harpe sur l'air : Il
JNADERMA.N — N/EGFXI
27b
esl trop tard, Paris, Naderman ; et des romances
avec accompagnement de piano ou harpe; ibid.
Naderman s'est fait connaître comme écri-
Tain par la rédaction de plusieurs opuscules en
faveur de l'ancienne harpe, et contre la harpe à
double mouveqjent, de Sébastien Érard. La pre-
mière de ces pièces fut écrite à l'occasion d'un
rapport fait à l'Institut sur ce dernier instrument,
par le géomètre Prony ; elle a pour titre : Obser-
tations de MM. Naderman frères sur la
harpe à double mouvement, ou Réponse à la
note de M. de Prony, membre de V Académie
des sciences, etc. Paris, 1815, 4 feuilles in-fol.
avec neuf planches. L'auteur de la Biographie
universelle des Musiciens ayant publié dans la
Revue musicale (t. n, p. 337 et suiv.)i "" ar-
ticle sur l'origine et les progrès de la harpe, où
il donnait des éloges à l'instrument d'Érard,
Naderman fit paraître une nouvelle brochure
intitulée : Réfutation de ce qui a été dit en fa-
veur des différents mécanismes de la harpe
à double mouvement , ou Lettre à M. Fétis,
professeur de composition , etc., en réponse
à son article intitulé : Sur la harpe à double
mouvement de M. Sébastien Érard, et par
occasion sur r origine et les progrès de cet
instrument. Paris, 1828,in-8° de 47 pages.
L'auteur de la Biographie répliqua à ce pam-
phlet par une Lettre à M. Henri IS'adennan au
sujet de sa réfutation d'un article de la Re-
vue musicale sur la harpe à double mou-
vement de 31. Sébastien Érard, Paris, Sautelet,
1828, in-S" de 24 pages, avec 2 planches (1).
La polémique ne finit point par cette publication,
car Naderman fit paraître un nouvel écrit in-
titulé : Supplément à la réfutation de ce qui
a été dit en faveur de la harpe à double
mouvement, Paris, 1828, in-S" de 31 pages.
Une note intitulée : Mon dernier mot, qui fut
insérée dans le troisième volume de hRevuemu-
sicalCy termina cette discussion. Depuis lors, la
thèse soutenue par l'auteur de la Biographie uni-
verselle des Musiciens a été couronnée par un
triomphe complet , et ses prédictions se sont ac-
complies, car la harpe à double mouvement est
la seule dont on fasse usage aujourd'hui, et l'an-
cien instrument de Naderman est tombé dans un
profond onbii.
X.iï]GELI ( Je.vx-Georces), compositeur,
écrivain didactique et éditeur de musique, na-
quit à Zurich, non en 1773, comme il est dit
dans le Lexique universel de musique publié par
Schilling, mais en 1768, suivant la note que
(1) Cette lettre est aussi iasérée dans le troisième volume
de la Renie musicale.
1 Nœgeli m'a envoya lui-même. Après avoir appris
le chant et les éléments du clavecin dans sa ville
natale, il alla continuer ses études de musique à
Berne, puis retourna à Zurich , où il établit une
maison de commerce de musique, en 1792. Son
goût passionné pour l'art le rendait peu propre
aux affaires commerciales , et le choix qu'il fit
des principaux ouvrages sortis de ses presses
prouve qu'il s'occupait moins des chances de leur
débit que de leur mérite au point de vue de l'art.
En plusieurs circonstances, ses affaires furent em-
barrassées, et ses amis durent venir à son secours
pour que l'honneur de son nom de négociant ne
fût pas compromis. Son Répertoire des claveci-
nistes est une collection aussi remarquable par la
valeur des compositions que par l'exécution typo-
graphique. Les œuvres de J. S. Bach et de Haendel,
dans le style instrumental, en font le plus bel or-
nement.
Comme compositeur, il s'est fait connaître avan-
tageusement par des chansons allemandes qui ont
obtenu des succès de vogue, par des toccates
pour le piano, et par des chants en chœur pour
les écoles et pour l'église. Naegeli s'est aussi rendu
recoramandabie par la fondation de la grande
association suisse pour les progrès de la musique,
dont il fut plusieurs fois président, et qu'il di-
rigea avec talent dans des réunions de trois à
quatre cents musiciens. II prononça, dans une de
ces solennités, le 19 août 1812, un discours his-
torique sur la culture du chant en Allemagne,
qui a été inséré dans la Gazette musicale de
Leipsick (numéro 43 de la même année).
Naegeli est particulièrement remarquable
comme écrivain didactique et comme critique.
Michel Traugott Pfeiffer, de Wùrzbourg, avait
organisé l'enseignement de la mu>ique pour l'ins-
titut d'éducation publique fondé à Yverdun, en
1804, par Pestalozzi. Suivant les vues de celui-ci,
toute complication devait être évitée dans les
éléments des sciences et des arts , et ce qui ne
se réunissait pas en un tout homogène, par quel-
que lien d'analogie ou d'identité, devait former
autant de divisions dans l'enseignement. Cette
idée fondamentale conduisit Pfeiffer à diviser son
cours de musique en trois sections principales.
La première, sous le nom de rhythmique, ren-
fermait tout ce qui est relatif à la mesure du
temps dans la durée des sons et du silence, avec
les combinaisons de cette durée. La deuxième,
qui avait pour objet la détermination des divers
degrés d'intonation, et leurs combinaisons en cer-
taines formes de chant, était appelée mélodique.
Enfin la troisième, désignée d'une manière assez
impropre par le nom de dynatnique, considérait
les sons dans leurs divers degrés d'intensité, et dans
18*
27G
NJEGELI
les signes qui représentent les modifications de
cette intensité. Dans une quatrième division, les
trois premières se réunissaient sous le nom de
science de la notation; les élèves étaient exer-
cés sur la conception simultanée de la représen-
tation des sons dans leur durée, leur intonation
et leurs modifications d'intensité. Là se trouvaient
les exercices de la lecture et du solfège. Une cin-
quième division était destinée à exercer les élèves
dans la réunion des paroles au ciiant. Frappé des
avantages qu'il remarquait dans cette méthode,
Naegeli en donna un aperçu dans un petit écrit
intitulé : Die Pestalozzische Gesangbildung'
lehre nach Pfeiffers Erfindung, etc. ( La mé-
thode de chant pestalozzienne, d'après l'invention
de Pfeiffer), Zurich, 1809, in-S" de 76 pages.
L'année suivante, il réunit les éléments du travail
de Pfeiffer, les mit en ordre, et en forma un ou-
vrage étendu, qui parut sous ce titre : Gesang-
bildungslehre nach l'estalozzischen Grundsxt-
zen pxdagogisch begrûndet , von Michael
Traugott Pfeiffer, methodisch bearheitel von
Hans Georg ISxgeli (Méthode de chant dis-
posée par Michel Traugott Pfeiffer d'après les
principes pédagogiques de Peslalozzi, et rédigée
métiiodiquement par J. G. Naegeli), Zurich,
1810, in-4° de 250 pages. Ce livre ne pouvait
être considéré comme un manuel par les élèves,
mais comme une instruction pour les maîtres ;
toutefois il ne répondit pas à l'attente du public,
et ne parut pas réaliser les vues de Pestalozzi ;
car si l'on ne peut donner que des éloges à la di-
vision établie par Pfeiffer et Nœgeli dans les di-
verses parties de l'enseignement de la musique,
on est obligé de reconnaître que la direction
suivie dans chacune de ces parties est trop tliéo- {
rique pour un enseignement primaire , et que
lanalyse des principes y est trop minutieuse.
C'est sans doute cette considération qui a porté
iVaegeli à publier un abrégé de son grand ouvrage ,
sous ce titre : Auszug der Gesangl)ildungs-
lehre, mit nexien Singstoff, Zurich, 1812, in-4''
de 48 pages. Depuis lors il a aussi publié des
tableaux de principes de musique basés sur le
même système, et à l'usage des écoles populaires
de chant; ils ont pour titre : Muslkalischer Ta-
bellwerk fur Volksschulen zur herausbildung
fur den Figuralgesang, Zurich, 1828. Na!geli
a mis en pratique pendant plus de vingt ans
sa méthode dans une école de chant qu'il avait
fondée.
Dans la première moitié de 1824, il fit un
voyage en Allemagne, visita Carlsruhe, Darm-
stadt, Francfort, Mayence, Stuttgard, Tubinge,
et y fit des lectures publiques sur divers sujets
de sa théorie et de l'histoire de la musique. Ces
leçons ont été publiées chez le libraire Colta,
à Stuttgard et à Tubinge, en un volume intitulé :
Vorlesxingen uher Musik mit Berucksichti-
gnng der Dilettantcn (Leçons sur la musique,
pour l'instruction des amateurs), 1826, in-8° de
285 pages. Ce livre est digne de frxer l'attention,
parce qu'il est un des premiers essais d'une
tJiéorie complète de la philosophie du beau mu-
sical , d'après les principes de Herder et de Ja-
cobi , qui ne sont pourtant pas cités par Nae-
geli. Il méritait un succès plus brillant que celui
qu'il a obtenu ; mais le temps n'était pas encore
venu (182G) oîi la philosophie de la musique pou-
vait exciter un vif intérêt. Des discussions polé-
miques s'élevèrent entre Naegeli et l'illustre pro-
fesseur Thibaut, de l'université de Heidelberg,
à propos des principes esthétiques de l'art , et à
l'occasion d'une réfutation de l'écrit de Thibaut
( Veber Reinheit der Tonkunst ) publiée par
Naegeli, sous ce titre : Der Slreit zwischen der
alten und neuen Musik ( le Combat entre l'an-
cienne musique et la nouvelle), P.reslan, Fœrs-
ter, 1827, gr. in- 8". L'auteur de l'article précé-
demment cité du Lexique universel de musique,
dit que la victoire resta dans cette lutte à Nae-
geli, plus musicien que son adversaire, dont
les vues artistiques étaient étroites, dit cet
écrivain , quoiqu'il avoue que Thibaut montra
dans la dispute beaucoup plus (Vhabileté caus-
tique et de profondeur intellectuelle. 11 peut
sembler étrange qu'un homme, dont la pensée a
de la profondeur, ait des vues étroites ; mais sans
insister sur la contradiction qu'on remarque ici
dans les ternies, je dirai que Thibaut fut un
des hommes que j'ai connus dont les vues mé-
ritaient le moins l'épithèle d'étroites ( einsei-
tigen), car elles s'élevaient précisément à ce
que l'art a de plus général ; mais son goût
délicat n'accordait pas facilement les qualités du
beau. Naegeli et lui s'étaient placés à des points
de vue trop différents pour qu'ils pussent s'en-
tendre ; car le premier ne connaissait que l'art alle-
mand, tandis que Thibaut n'admettait les qualités
de cet art que dans les spécialités de la musique
dramatique et du style instrumental, et lui pré-
férait, dans les autres parties, les productions des
anciennes écoles italienne et belge.
Naegeli a fourni beaucoup de morceaux de
critique à la Gazette musicale de Leipsick et à
d'autres journaux de l'Allemagne. Aux écrits
précédemment cités, il faut ajouter : 1° Erklse-
rung an J. lloltinger aïs Literar. Ankhrger
d. Freunde Pestalozzi's ( Explication concer-
nant J. Hottinger comme détracteur des amis de
Pestalozzi, Zurich, 18il , in-S"). 2° Pœdago-
gische Jiede, veranlasst dvrch die schueizer.
KitGELl — NALDI
277
gemeinnutz. Gesellschaft , enihaUend : eine
characirrisdk Pestulozzi's und der Pcsia-
lozzinnismvs, des Anfi-nnd des Pseudo-Pesta-
lozzianismus, etc. (Voyage pédagogique dans
les cantons unis de la Suisse, contenant une
caractéristique de Pestalozzi, du pestalozzia-
nisme, des anti-pestalozzistes , et du pseudo-pes-
talozzianisme , etc.), Zurich, 1830, in -S".
3" Umriss d. Erziehungsaufgabc fiir den
gesammte Volkschule, etc. (Plan d'éducation
complète pour toutes les écoles populaires, etc.),
Zurich, 1832 , in-8°. Parmi ses compositions on
remarque six recueils de chants à 3 et à 4 voix
pour l'église et les écoles de chant, publiés à
Zurich , et environ quinze recueils de chansons
à voix seule avec ace. de piano, ibid. Cet
homme lal)orieux , dont la vie entière fut dé-
vouée à l'art, est mort à Zurich le 26 décembre
1836. Sa biographie a été publiée avec son por-
trait, à Zurich, chez Orell, en 1837 , gr. in-4°,
sous ce titre : Biographie von Hans Georg
Nxgeli. M. Birrer, ou Bierer, musicien suisse, a
aussi publié -. Hans ISocgeli, Erinnerung merk-
uurdige Lebensfahrten und besondere An-
sichten, elc. Zurich, 1844, in-S", et Carlsruhe,
1845, in-12.Ennn , on a un écrit de M. Augustin
Keller : H. G. JSsrgeli Festrede zur Einicei-
hung seines Denkmals, gehalten zu Zurich
am 16 oct. 1848, Arau, 1849, in-8o.
NAGEL (Je\>-Frédéric) , né en 1753 , dans
les États prussiens, obtint en 1783 la place de
chef du chœur de l'église principale de Magde-
bourg, et fut nommé, vers le même temps, qua-
trième professeur au gymnase de cette ville, où
il mourut le 15 avril 1791. On a de lui une mé-
thode de piano inlitulée-. Anweisung zu7n Cla-
Tierspielen, fur Lehrer und Lernende, Halle,
Hendel, 1791, in-4" obi. de 72 pages. Nagel avait
commencé la publication de cet ouvrage sous la
forme périodique . et lui avait donné pour titre :
Musikalische Monatschrift (Feuille musicale
mensuelle), Halle, 1790. Il ne parut sous celte
forme que le premier trimestre. Il y a une
deuxième édition améliorée de l'ouvrage de Na-
gel , publiée à Halle , sans date (1802) in 4° obi.
N AGILLER (...), compositeur, né dans le
Ty roi, vers 1820, a fait ses études musicales au
Conservatoire de Vienne , et y a obtenu le pre-
mier prix de composition en 1840. H vécut ensuite
quelque temps à Paris , puis .«e fixa à Berlin eu
1844, et y fut nommé directeur delà société
musicale connue sous le nom de Mozartverein.
Il fit exécuter dans cette ville avec succès sa
première symphonie {in ut mineur), une ouver-
ture, des Lieder et des chœurs, en 1846; au mois
de mai de la même année , il donna plusieurs
concerts à Cologne, où ses compositions furent
applaudies; sa première symphonie, exécutée
à Francfort sous la direction de Guhr, ne fut
pas moins bien accueillie. De retour à Berlin en
1847, M. Nagiller y écrivit de nouveaux ou-
vrages; mais la révolution de 1848 l'obligea de
s'éloigner de cette ville. Depuis cette époque, les
renseignements manquent sur cet artiste , dont
Gassner et M. Berusdorf ne parlent pas dans
leurs Lexiques universels de musique.
\AICH (Hubert), musicien belge, fixé à
Rome au commencement du seizième siècle, fut
membre de V\Q.AAém\& degli Aniici. Un recueil
fort rare de ses madrigaux, à quatre et à cinq voix,
a été imprimé à Rome par Antoine Blado , en
caractères gothiques et sans date, sous ce titre :
Madrigali di M. Hubert Saich a quattro et
a cinque voci, tuttecose nove, elnonpiuviste
instampa da persona. Libro primo. A la fin
de la quinta pars on lit : H fine de Madrigali
di M. Hubert ISaich délia Academia de H
Amici stampati in Roma per Antonio Blado.
Un exemplaire de ce rarissime recueil se trouve
à la Bibliothèque impériale de Vienne. Draudius
cite une autre édition du même ouvrage publiée
à Venise {Bibliot. Classica, p. 1630 ); mais il
n'en indique pas la date. Dans le quatrième
livre de motets à quatre voix publié à Lyon par
Jacques Moderne (quar tus liber cum quatuor
vocibus), ea 1539, on trouve deux pièces sous
le norn de Robert JSaich : le prénom est ici évi-
demment une altération de Hubert. La natio-
nalité de Naich se découvre par la majuscule
M . qui précède son nom ; elle est l'initiale de
magister, qualification qui ne se donnait en
Belgique qu'aux prêtres musiciens (artium ma-
gister).
NALDI (RoMOLo), né à Bologne vers le
milieu du seizième siècle , fut organiste de l'é-
glise des dominicains de Ferrare. Il s'est fait con-
naître comme compositeur par un ouvrage inti-
tulé : Il primo libro de' .Madrigali a 5 foc?".
Veneiia app. Angelo Gardo.no, 1589, in-4'*. Le
catalogue de Parstorft indique (p. 25) un autre
ouvrage de Naldi , intitulé : Liber primus Mo-
iectorum duobuschoris, dominicis diebuscon-
cinendorutn. C'est sans doute le mêioe ouvrage
qui se trouve indiqué dans le Catalogue de la
bibliothèque du lycée commimalde Bologne, sous
ce titre ; Moletti a due cori, libro primo ,• Ve-
netia, app. Angelo G ardano, 1600.
IV.\LDI (Joseph), excellent bouffe italien,
né dans le royaume de Naples , en 1765, brilla
à Rome, en 1789, pins à Naples, à Venise et à
Turin. Pendant les années 1796 et «797 il fut at-
taché au théâtre de la Scala , à Milan. Appelé à
278
x\ALDl
NAMNI
Londres dans les premières années du siècle pré-
sent , il clianta au théâtre du Roi pendant près
de quinze ans. Ses rôles principaux étaient dans
Il Fanatico per la musica, le Cantutrici vil-
lane, et Cosi fan tuile. En 1819 , il fut engagé
au Théâtre-Italien de Paris , et y débuta dans ce
dernier ouvrage; mais il n'était plus que l'ombre
de lui-même. Il mourut malheureusement l'année
suivante, chez le célèbre chanteur Garcia, son
ami, qui l'avait invité à voir l'essai d'une nou-
velle marmite, dite autoclave, pour cuire les
viandes. Naldi ayant fermé et assujetti la sou-
pape de cet appareil , la vapeur concentrée fit
explosion. Tout l'appartement fut bouleversé, et
Naldi, frappé par les éclats de la marmite, expira
sur-le-champ.
La fille de Naldi, devenue comtesse de Sparre,
débuta avec succès en 1819. Pendant plusieurs
années, elle a partagé la faveur publique avec
jyjme pasta ^ principalement dans Taticredi et
dans Romeo et GiuUetta. Retirée de la scène
depuis 1823, elle ne s'est plus fait entendre que
chez elle et dans quelques salons, où son beau
talent excitait l'admiration.
JVALDIIVI (Santé )," compositeur de l'école
romaine, naquit à Rome le 5 février 1588. Le
23 novembre 1617 il fut agrégé au collège des
chapelains-chantres de la chapelle pontificale.
Plus tard le pape l'éleva à la dignité de camer-
lingue ou abbé de la même chapelle. Naldini
mourut le 10 octobre 1666, et fut inhumé dans
l'église des moines de Saint-Étienne del Cacco,
où l'on voit encore. jon tombeau , avec cette ins-
cription : D. 0. M. Sancti Naldini musico ro-
mono sacelU ponii/icii emerito sepulchrum
hoc ubi ejus humarentur ossa viventi ac bene
merenti monaci silvestrini concesserunt. Vient
ensuite un canon énigmatique sur les paroles
Misericordias Domini in xternum cantabo ,
composé par Naldini pour être placé sur sa tombe,
et l'épitaphe est terminée par ces mots : Vixit
annos LXXX. menses Vlll.dies V. obiit dieX
octobris MDC'LXVI. Naldini a publié à Rome,
chez Robletti, en 1020, des motets à 4, 5 et 6
voix. Il a laissé aussi de sa composition des ca-
nons bien faits dans les registres de la chapelle
pontificale. Enfin il est auteur d'un Misei'ere à 4,
avec le dernier verset à 8, qui fut chanté dans son
temps à la chapelle pontificale. Santé Naldini
fut un des chantres de la chapelle pontificale que
le pape Urbain VIII chargea de la publication
des hymnes de l'Église en chant grégorien , et en
musique composée par Jean Pierluigi de Pales-
trina. Cette collection , imprimée par ordre du
pape chez Balthasar Moret , à Anvers, parut sous
«e titre : Hymni sacri in Breviario lîomano
S. D. N. Urbani VIII auctoritate recognili,
et cantu musico pro prxcipuis anni festivi-
tatibus expressi. Antuerpiœ , ex officina
Plantiniana Baltliasaris Morelti, 1644, in- fol.
max.
NANIiVI (Jean-Marie), né à Vallerano, vers
1540, étudia le contrepoint à Rome, dans l'école
deGoudimel,el fut le condisciple de Palestrina.
Il retourna ensuite dans le lieu de sa naissance
et y fut maître de chapelle; puis il fut rappelé à
Rome en 1571 , pour remplir les mêmes fonc-
tions à l'église de Sainte-Marie-Majeure. Vers
le même temps il ouvrit dans cette ville une
école de composition, qui fut, dit l'abbé Baini
(Mem. stor. crit. delta vita e délie op. di Pa-
lestrina, tome II, p. 26), la première de ce
genre instituée à Rome par un Italien. Au mois
de mai 1575, Nanini donna sa démission de maî-
tre de chapelle à Sainte-Marie- Majeure , et le 27
octobre 1577 il fut agrégé au collège des chape-
lains chantres de la chapelle pontificale. Il mou-
rut à Rome , le 11 mars 1C07, et fut inhumé dans
l'église Saint-Louis-des-Français. Nanini doit être
considéré comme un des plus savants musiciens
de l'école romaine, qui a produit tant d'artistes
de premier ordre. Il n'avait pas le génie de Pa-
lestrina, mais ses compositions méritent d'être
placées immédiatement après celles de ce grand
artiste, à cause delà perfection qu'on y remarque
dans l'art d'écrire. L'abbé Baini dit {lac. cit.,
n° 459) qu'on chante encore avec plaisir, dans
la chapelle pontificale, des motets de Nanini ,
entre autres , aux matines de Noël , un IJodie
nobis cœlorum rex, lequel est vraiment su-
blime. Il a publié : 1° Motetti a ire voci,
Venise, Gardane, 1578, in-4''. — 2" Motetti a
5 voci, ibid. — 3" Madrigali a 5 voci, lib. 1,
ibid., 1579, in-4''. — 4° Idem, lib. 2, ibid.,
1580, in-4°. Il y a trois autres éditions de cet
ouvrage, toutes publiées à Venise par Ange Gar.
dane, la première en 1582, la seconde en 1587,
et la dernière en 1605. — 5° Idem, lib. 3, ibid.,
1584, in-4''. — 6° Idem, lib. 4, ibid., 1586,
in-4''. — - 7° Canzonette a 3 voci, ibid., 1587. On
trouve des psaumes à 8 de Nanini dans les .S«M«
a 8 di diversi eccellentissimi autori , posti in
luce da Fabio Cosfantini, Naples, Carlino,
1615, et les recueils de motels du même Cos-
fantini, publiés à Rome, chez Zanetli, en 1616
et 1617, contiennent des motets de Nanini. Beau-
coup d'autres recueils renferment des composi-
tions de ce maître, entre autres ceux qui ont
pour titre : II ar monta céleste , Melodia olim-
pica, Musica divina, Symphonia angelica ,
tous imprimés à Anvers, chez P. Phalèse, in-4''
obi. Le P. Martini possédait en manuscrit un re-
NAjSIISI — INARCISSUS
279
cueil intéressant de canons de ce savant musi-
cien ; il avait pour titre : Cenio cinquanta selle
contrappunti e canoni a 2, 3, 4, 5, C, 7, 8 e
11 sopra del canto fenno inlilolato la base
di Costanzo Fesla. C'est cet ouvrage, qui
semble avoir été imprimé, et dont Banchieri fait
l'éloge en ces termes {Caiiella di musica,
p. 234 ) : Maria Sanini, compositore célèbre
nella cappella di iS'. S. ha mandalo in stampa
un libro di contrappunti obbligati sopra il
canto ferma in canone , opéra degna di essere
in ma no di qualsisia musico e compositore.
Un très-grand nombre de motets et de litanies
inédits de >anini sont conservés dans les archives
de l'église Sainte-Marie in Vallicella , dans la
bibliollièque du collège romain , et dans les ar-
cliives de la chapelle pontificale. Je possède
aussi quelques-unes de ses messes et plusieurs
motels en manuscrit; enfin l'abbé Sanlini a dans
sa bibliothèque 10 psaumes à s, 15 molets à 5, 6,
«, des Lamentations à 4, un Te Deum et des
litanies à S, le tout en partition.
Le P. Martini cite aussi, dans le catalogue des
auteurs placé à la fin du premier volume de son
Histoire de la musique , uu traité du contrepoint
dont il possédait une copie manuscrite intitulée :
Traltato di contrappunto cou la regola per
fare contrappunto a mente di Gio. M. Nanini,
Suivant les renseignements fournis par l'abbé
Baini (t. I, n° 208), la copie a été faite pour le
P. Martini d'après une autre incomplète qui se
trouve dans la bibliothèque de la maison Corsiui
alla Lungara, et qui a été finie le 5 octobre iC19
par Horace Grilfi, chapelain cliautre de la cha-
pelle pontificale. Ce fragment précieux com-
mence à la page 51 et finit page U4; le cora-
mencement et la fin manquent.
XAAÎXI (Jean-Bernardin), frère puîné de
Jean-Marie, naquit à Vallerano, et reçut de son
frère des leçons de composition. Les circonstances
de sa vie sont peu connues ; on sait seulement
qu'il fut maître de chapelle à Saint-Louis-des-
Français , puis à Saint-Laurent in Damaso. Jean-
Marie l'avait associée ses travaux dans la direc-
tion de son école de musique; il parait même que
Bernardin Nanini eut part à la rédaction du traité
de contrepoint dont il est parlé dans l'article pré-
cédent. Les œuvres de ce musicien sont : 1" Il
primo libro di Madrigali a 5 voci, Venise,
chez les héritiers deScolto, 1598, in-4''. La pre-
mière édition de cet ouvrage a été publiée à Ve-
nise, par Ange Gardane, en 1579, in-4'', et la
deuxième en 1588, in-4" obi., chez le -même, —
2° Il seconda libro, idem, ibid., 1599. — 3" Il
libro tcrzo , Rome, Zanetti, 1612. — 4" Mot-
tecta Jo. Bernardini IS'anini singulis, binis.
ternis, qualernis et quinis rocibus una cum
gravi voce ad organi sonum uccommodata.
Homse, apud Joannem Bapt. Roblelum, 1608,
lib. 1; lib. 2, 1611; lib. 3, 1612; lib. 4, 1618.
— 5" Salmi a 4 voci per le domenichee soient
nità dclla M adonna ed ApostoU, con due
Salmi, uno a i, Valtro a 8 voci, Rome, Zanetti,
1620. — 6° Venite, exultemus Domino, a 3
voci con Porgano , Assis!, Salvio, 1620. Il y a
aussi des pièces détachées de Bernardin Nanini
dans la plupart des recueils qui ont été pu-
bliés au commencement du dix-septième siècle.
i L'abbé Santini , de Rome , possède de cet ar-
! tiste des psaumes et des motets à 8 voix, en
partitions manuscrites , un Salve Regina à 12,
et beaucoup d'autres motets. Bernardin Nanini
est un des premiers musiciens qui ont abandonné
l'ancien style de l'école romaine pour la nouvelle
itusique avec accompagnement d'orgue.
XAATERXl ( Horace ), compositeur, né à
Milan, vers le milieu du seizième siècle , remplis-
sait les fonctions de maître de chapelle de l'église
Saint-Ceise, vers 1590. Les écrivains de son temps
ont donné des éloges à son talent. Le seul re-
cueil de couipositions connu sous son nom a
pour titre : Il primo libro de' Mottetti a cin-
que roc/; Milano, Aug. Tradule, 1606, in-4°.
On trouve de ses compositions dans la plupart
des recueils.qui ont pacu au commencement du
dix-septième siècle, notamment dans le Parnas-
sus tnusicus Ferdinanddcus de Bergam. Venise,
1615.
XAIVTERXI (Michel-Ange), fils du précé-
dent et son élève , lui succéda dans la place de
maître de chapelle de l'église Saint-Celse. Il a pu-
blié, à Milan, des madrigaux et des canzouettes.
NARBAEZ ou XARVAEZ (Lotis DE),
musicien espagnol du seizième siècle, a publié
une collection de pièces pour la viole, en tabla-
ture, sous le titre de Los seys libros del Del
phin de musica de cifraspara taner vihuela,
VaHadolid, 1538, in-4° obi. On trouve dans ce
livre plusieurs fragments de motets et des chan-
sons de Josquin , de Gombcrt, de Richafort, etc.,
avec une instruction pour la connaissance de la
tablature. C'est le même artiste qui, sous le nom
de Ludovicus yarbays, parait comme composi-
teur de motets dans le quatrième livre à quatre
voix, et dans le cinquième livre à cinq voix, pu-
bliés à Lyon par Jacques .Moderne, en 1539 et
1543.
IVARCISSUS, évoque de Ferns et de Leigh-
lin, en Irlande, était membre de la société
royale des sciences de Dublin vers la fin du dix-
septième siècle. Il y lut, le 12 novembre 16S3, un
Mémoire qui a été inséré dans les Transactions
280
NARCISSUS — NARES
philosopliiqnes (vol. XIV, n" 156, p. 472, anc.
série), sous ce titre : An introductory essay to
ihe doctrine of sounds, containing some pro-
posais for the improvement of acousHcks
(Essai d'introduction à la doctrine des sons,
contenant quelques propositions pour le perfec-
tionnement de l'acoustique). L'auteur de ce Mé-
moire y établit l'analogie des phénomènes de l'au-
dition et de ceux de la vision, et assimile la pro-
jection des rayons sonores, leurs réflexions et
leurs réfractions à la projection , à la réflexion
et à la réfraction de la lumière. Il est difficile de
décider si Newton avait aperçu l'analogie dont il
s'agit à l'époque de ses premiers travaux sur
l'optique (1669) ; mais il est certain qu'il ne l'in-
diqua publiquement qu'en 1704, lorsqu'il publia
la première édition de son Optique, en sorte que
Narcissus paraît l'avoir précédé dans l'idée de
l'analogie des sons et des couleurs qui, du reste,
ne doit pas être poussée trop loin. J.-J. Rous-
seau dit, dans son Dictionnaire de musique, que
Sauveur (voyez ce nom) a inventé le nom d'a-
coustique, du mot grec àxoûw (j'entends) ; il
avait pour autorité Sauveur lui-même qui, dans
la préface de son Système général des sons
(Mém. de l'acad. roy. des sciences, année 1701,
p. 297), dit : « J'ai donc cru qu'il y avait une
« science supérieure à la musique, que j'ai ap-
« pelée acoustique, etc. >> Or, Sauveur avoue
qu'il n'a commencé à s'occuper de cette science
qu'en lG9ô {loc. cit.,ç. 298), et ce qui précède
fait voir que Narcissus avait introduit dans le
langage scientifique le terme A' acoustique treize
ans auparavant.
NARDINI (Pierre), violoniste qui a eu de
la réputation dans le dix-huitième siècle, n'est pas
né à Livourne en 1725, comme le disent Gerber,
Choron et Fayolle, et leurs copistes, mais à
Fibiana, village voisin de Monte Lupo, dans la
Toscane, en 1722, suivant les renseignements
recueillis sur les lieux par Gervasoni. Dans les
premières années de son enfance, ses parents al-
lèrent s'établir à Livourne; c'est là qu'il apprit
les ("lémenls de la musique et du violon. Plus
tard il se rendit à Padoue , où il passa plusieurs
années, occupéde l'étude du violon sous la direc-
tion de Tartini. Ses heureuses dispositions et les
leçons de l'excellent maître lui firent faire de
rapides progrès. De retour à Livourne, à l'âge de
vingt-quatre ans, il se fit entendre avec succès
dans les églises et dans les concerts, et com-
posa ses premiers ouvrages. Vers 1753, legraud-
duc de Wurtemberg lui fit offrir un engagement
avantageux : Nardini accepta les propositions qui
lui étaient faites, et partit pour Stultgard. Il y fit
un séjour de près de qiiinze ans , et ne s'éloigna
qu'une seule fois de cette ville pour aller se faire
entendre à Berlin. La chapelle de Stultgard ayant
été réformée en 1767, Nardini retourna en Italie,
et se fixa de nouveau à Livourne. Deux an?
après il fit un voyage à Padoue pour revoir so»
vieux maître, qui touchait à sa fin. Il lui donna
des soins pendant sa dernière maladie, comme
aurait pu le f;iire un fils. En 1770 , le grand-duc
de Toscane engagea Nardini comme violoniste
solo et directeur de sa musique. Il était en pos-
session de cette place depuis plusieurs années
lorsqu'il eut l'honneur de jouer devant l'empe-
reur Joseph II, à Pise. Charmé de son talent, ce
prince lui fit présent d'une riche tabatière d'or
émaillé. Nardini mourut à Florence le 7 mai 1793,
à l'âge de soixante et onze ans. Cet artiste ne
brillait point par des prodiges de mécanisme dans
l'exécution des difficultés; inférieur sous ce rap-
port à Locatelli, son prédécesseur, il eut en com-
pensation un son d'une admirable pureté, dont
l'analogie avec la voix humaine était remarqua-
ble, et dans l'adagio il fit toujours admirer son
expression pénétrante. Le style de ses composi-
tions manque un peu d'élévation, mais on y trouve
de la suavité dans les mélodies et une certaine
naïveté pleine de charme. Il n'a pas publié toutes
ses productions, car le plus grand nombre de ses
concertos est resté eu manuscrit ; mais on a gravé :
1° Six concertos pour violon, op. 1 ; Amsterdam.
— 2" Six sonates pour violon et basse , op. 2 ;
Berlin, 1765. Cartier a publié une nouvelle
édition de ces sonates ; Paris, Imbault. — 3" Six
trios pour flûte, composés pour lord Lyndhurst,.
et gravés à Londres. — 4" Six solos pour violon,
op 5 ; ibid. — 5° Six quatuors pour deux violons
alto et basse, Florence, 1782. — 6*^ Six duos pour
deux violons , ibid. Fayolle a fait graver, à Pa-
ris, le portrait de Nardini, d'après un dessin ori-
ginal appartenant à Cartier.
NARES (Jacques), docteur en musique de
l'université d'Oxford, naquit en 1715, à Stanwell,
dans le comté de Middiesex. Son éducation mu-
sicale fut commencée par Gates et terminée par
Pepusch. Dans sa jeunesse il joua souvent l'orgue
de Windsor, en remplacement de Pigott, et en
1734 il fut désigné comme successeur de Salis-
bury, à York, quoiqu'il ne fût âgé que de dix-
neuf ans. Après avoir été quelque temps orga-
niste de la cathédrale de cette ville, pour la-
quelle il composa quelques services et antiennes,
il fut nommé, en 1758, organiste de la chapelle
royale , et plus tard il succéda à Gates comme
maître des enfants de cette chapelle. Dans les
dernières années de sa vie il se démit de cette
dernière place. Il mourut à Westnnnster le 10
' février 1783, et fut inhumé à l'église Sainte-.Marc
NARES — ISASOLLM
2 81
guerile. Les compositions de Xares sont en petit
nombre ; elle consistent principalement en mu-
sique religieuse. Celles qui ont paru ont pour titre :
1° Twenty An/hems in score, for one, tivo,
ihree, four andfive voyces. Composed for the
use of his Majesty's chapels royal, Londres ,
1778. — 2" Six easy Anthems, wUh a favou-
rite morning and evening Service , Londres,
1788. Dans cet œuvre, publié après la mort de
l'auteur, on trouve son portrait et une notice sur
sa vie. Deux de ses antiennes à quatre voix ont
été insérées dans la collection de Stevens inti-
tulée Sacred music. Ledocteur Arnold, son élève,
a aussi inséré un service complet de musique
d'église de Nares dans sa Collection of Cathe-
dral Music, Londres, 1790, 3 vol. in-fol. Comme
écrivain didactique , il est connu par un trailé du
chant qui a pour titre : Concise and easy Trea-
Use on Singing, Londres, sans date, in-4". Pré-
cédemment il avait publié un petit ouvrage sur
le même sujet, mais absolument différent pour la
forme ; celui-là a simplement pour titre : Treatise
on Singing (sans date), petit in-8°. On connaît
aussi de Nares une méthode de clavecin intitulée :
IlPrincipio or introduction to playing on the
Harpsichord or Organ, Londres (sans date).
Entin ses œuvres instrumentales publiées sont -.
X" Eigkt sets of tessons for the harpsichord
(Huit suites de leçons pour le clavecin), Londres,
1748; 2""' édition, ibid., 1757. — 2° Five tes-
sons for the harpsichord, etc. (Cinq leçons
pour le clavecin , avec une sonate pour clavecin
ou orgue) , Londres, 1759 , in-4". — 3" Leçons
faciles pour Je clavecin , Londres (sans date). —
4" Six fugues, avec des préludes d'introduction,
pour l'orgue ou le clavecin, ibid.
XARGEIVHOST (....), facteur d'orgues
hollandais , vivait à Amsterdam vers le milieu
du seizième siècle. En 1548 il fit, pour l'orgue de
l'église Saint-Pierre de Hambourg, deux nouveaux
claviers pour être ajoutés à ceux qui existaient
déjà.
NARGEOT (PiERRF-JcLiEN), né à Paris,
le 7 janvier 1799 , fut admis comme élève au
Conservatoire de Paris, le 1" octobre 1813,
et y <levint élève de Kreut2er pour le violon.
Après avoir été attaché pendant quelques an-
nées à l'orchestre de l'Opéra-Comique , il est
eaJcé dans celui du Théâtre-Italien, puis à l'O-
péra, où il était encore en 1S45. Rentré au Con-
servatoire le 17 octobre 1823, pour y étudier la
composition, il reçut d'abord des leçons de
M. Barbereau, puis devint élève de Reicha pour le
tontrepoint, et de Lesueur, pour le style idéal.
En 1828, il concourut à llnstitut et y obtint le
second grand prix de composition. Ou a gravé
de sa composition : Air varié pour violon avec
accompagnement de piano, op. 1 ; Paris, Schœ-
nenberger.
iXARVAEZ (Lotis DE). Voyez NARBAEZ.
N.AS (Ésée), savant anglais, vraisemblable-
ment professeur à l'université d'Oxford, dans la
seconde moitié du dix-huitième siècle, est cité par
Blankenburg (Supplément à la Théorie des beaux-
arîs de Suizer, t. Il, p. 566), comme auteur d'un
livre intitulé : De rhythmo Grxcorum liber
singul. Oxoni, 1789 , in-S". Il y est traité du
rhythme musical appliqué à la poésie grecque.
\ASCIMREXI (ÉTiENSE), maître de cha-
pelle de l'église Sainte-Barbe de Mantoue, dans
les premières années du dix-septième siècle, est
connu par les compositions dont les titres suivent :
X" Concerti ecclesiastici a 12 voci, Venise 1610.,
— 2° Motetti a ô e 6 voci, ibid., 1616. Il est
vraisemblable qu'il y a d'autres ouvrages de ce
musicien, mais ils ne sont pas connus.
XASCIMBEXI (Frx.vçois), compositeur, né
à Ancône vers le milieu du dix-septième siècle ,
est connu par un recueil de canzoni et de madri-
gaux intitulé : Canzoni e Madrigali morali a
una , due e tre voci; Ancona, Ainadei Pieri-
mineo, 1674, in-i°.
XASCO (Jean ), maître de chapelle à Fano,
dans la seconde moitié du seizième siècle, a pu-
blié de sa composition : 1" Primo libro di Ma-
drigali a quaitro voci insieme la canzon di
JRospi e Rossignuol . Venezia, appresso d'Antonio
Gardane, 1555, in-4° obi. — 2° Motetti a cinque
voci, lib. I, Venise, 1558, in-4''. — 3" Madri-
gali a cinque voci. Libro secondo , in Venezia,
app. Ant. Gardano, 1559, in-4'' obi. — 4° Can-
zoni e madrigali a 6 voci, co7i uno dialogo a
sette, ibid., 1562, in-4''. — à" Lamentationes
Jeremise cum Passionis récit, et Benedictus,
ibid., 1565.
IVASELL (DoM Diegue), noble Espagnol, qui
se disait descendant des rois d'Aragon, fut compté
parmi les amateurs de musique les plus distingués
de la première moitié du dix-huitième siècle.
Dans sa jeunesse , il se rendit en Italie et y de-
vint élève de Perez. Plu? tard , il écrivit plu-
sieurs opéras et les fit représenter sous l'anagramme
de sou nom, Egidio Lasnel. Parmi ces produc-
tions, on cite : 1" Attilio Regolo , représenté à
Palerme, en 1748. — 2° Demetrio , joué à Xa-
ples, en 1749.
XASOLIIVI (Sébastien), compositeur drama-
tique, n'est pas né à >'aples, comme le disent
Gerber et le Lexique universel de musique publié
par Schilling, mais à Plaisance, en 1768, sui-
vant les suscriptions de quelques-unes de ses
partitions manuscrites , et l'Almanacli des spec-
282
NASOLINl — NATHA?J
tacles publié à Milan en 1818. On ignore où se
firent ses études et qui les dirigea; Gervasoni
nous apprend seulement que dans sa jeunesse
il était habile claveciniste. Il n'était âgé que de
vingt ans lorsqu'il donna à Trieste son premier
opéra ialitulé NU teti. En 1789, il écrivit à Parme
l'Isola incantata. L'année suivante il fut appelé
à Milan , pour y composer YAdriano in Siria,
dont le brillant succès lui procura un engage-
ment pour écrire à Londres VAndromacca, qui
fut représentée dans la même année. Cet ouvrage
ne répondit pas à l'attente du public, et JNaso-
lini quitta Londres presque aussitôt pour aller
à Vienne écrire le Teseo, dont l'ouverture et
une belle scène ont été gravées. De retour en
Italie au printemps de 1791, il composa La
Morte di Cleopatra , pour l'ouverture du nou-
veau théâtre de Vicence , qui se fit dans l'été de
la même année; au carnaval de 1792 il fit repré-
senter au théâtre Argcnlina, de Rome, la Se-
miramide, considérée comme une de ses meil-
leures productions. Le brillant succès de cet
opéra le fit rechercher par les directeurs des
principaux théâtres d'Italie , et en peu d'années
il écrivit : Ercole al Tennodonie , à Trieste,
Eugenia, à Vicence, Il Trionfo di Clelia ,
L'Incantesimo senza magia, La 3Ierope, Gli
Opposti Caratieri, Gli Sposi infantuati, La
Morte di Mitridute, Lu Festa d'Iside , I due
rrulelli rivali, Gli Annamorati, VAdimira,
Il Torto immaginario. Gervasoni dit que Na-
solini mourut à Venise en 1799, à l'âge de trente
et un ans; cependant, suivant d'autres rensei-
gnements, il vivait encore à Naples en 1810;
mais ceux-ci sont douteux. Il serait peut-être
difficile de citer un ouvrage complet de Nasolini
qui ne méritât que des éloges; mais dans plu-
sieurs partitions écrites postérieurement à 1791 ,
il y a de belles scènes qui font voir qu'il eût pu
s'élever davantage , s'il eût été plus soigneux de
sa f^oire.
iXASSARE (Paul), religieux cordeller, or-
ganiste du grand couvent de Saint -François, à
Saragosse, naquit en 1664 dans un village de
l'Aragon , et fit son éducation religieuse et mu-
sicale dans un monastère de cette province. A
l'âge de vingt-deux ans il prononça ses vœux au
couvent des cordeliers de Saragosse , où il passa
toute sa vie. Il y publia en 1693 un traité élé-
mentaire de plain-chant, de musique mesurée,
de contrepoint et de composition, en dialogues,
intitulé : Fragmentas musicos repartidos en
quadro Irai ados , en que se hallan reglas
générales, y muy necessarias para canto
llano, canlo de organo, contrapunto y com-
posicion, compuesios por, etc. En Zaragosa,
1693, in-4°. Les chapitres concernant le contre-
point et la composition sont en grande partie tra-
duits du dialogue de Ponzio {voyez ce nom), qui
n'est qu'un extrait des démonstrations harmoai-
ques de Zarlin. Une deuxième édition de ce
livre a été donnée avec quelques additions par
don ïorres , maître de la chapelle royale , à Ma-
drid, 1700,in-4° de 288 pages. C'est cette édiliou
qui est citée par le P. Martini , dans la table des
auteurs du premier volume de son Histoire gé-
nérale de la musique : c'est donc à tort que
M. Ch.-Ferd. Becker, s'appuyant d'un article de
la Gazette musicale de Leipsick , indique d'après
le même P. Martini une troisième édition datée
de 1704 (voy. System, chron. Darstellung der
musik. Literatur,p. 290). Le P. Nassare est au-
teur d'im livre plus important que celui dont il vient
d'être parlé; c'est un traité général de la musique
intitulé : Escuela Musica scgun la j)ractica mo-
derna, dicidida en primera y segunda parte
(École de musiquesuivant l'usage moderne, divisée
en première et deuxième partie), Saragosse, 1723-
1724, 2 vol. in-fol., le l""^ de oOl pages, non
compris l'épître dédicatoire, la préface, les ap-
probations et l'index ; le second , de 506 pages.
La 4)remière partie, renfermée dans le premier
volume, est divisée en quatre livres, dont le
premier traite du son , de sa production dans les
divers corps sonores, et de ses effets; le
deuxième, du plain-chant et de son usage daus
l'église; le troisième, de la musique mesurée;
le dernier, des proportions harmoniques et de
la construction des instruments. La 2" partie,
contenue dans le second volume , est aussi
divisée en quatre livres. Le premier traite des
diverses espèces de consonnances et dissonan-
ces , et de leur usage dans la musique ; le se-
cond, des variétés du contrepoint, à deux, trois,
quatre et cinq voix; le troisième, des différents
genres de compositions ; enfin le dernier renferme
beaucoup de détails relatifs à l'enseignement et
à l'exécution. Le livre deNassare est pour la nui-
sique delà tonalité moderne, dans la littérature
espagnole, ce que celui de Cerone est poui' la
tonalité du plain-chant, c'est-à-dire un recueil
complet de toutes les connaissances relatives à la
science et à l'art.
X Aï ALI (PoMPEo), musicien de l'école
romaine, vécut vers le milieu du dix-septième
siècle et fut chantre de l'église Sainte-3Iarie-Ma-
jeure. On connaît de sa composition : Madrigali
e Canzoni spiritvali a due, tre e quattro voci,
co'l bassoper Vorgano. Roma, oppressa Fei,
1CC2, in-4°.
KATIIAIV (IsAAc), né à Cantorbery, en
1792, d'une famille juive, fut destiné dès son
-NATHAN — >ATORP
283
enfance au sacerdoce, et placé par ses parents
à l'université de Cambridge lorsqu'il eut atteint
l'âge de treize ans. Il y étudia l'iiébreu , le sy-
riaque, la langue allemande, et apprit aussi les
éléments de la musique et du violon. Cet art lui
inspira bientôt un goût passionné auquel il se li-
vra tout entier dès que ses études scolastiques
furent terminées. Corri fut son maître de piano,
d'harmonie et de chant , mais il en reçut peu de
leçons et ne dut ses progrès qu'à ses propres ef-
forts. Fixé à Londres , il s'y fit connaître avan-
tageusement comme maître de chant. Des impru-
dences lui ayant fait contracter des dettes con-
sidérables , il fut obligé de se retirer dans l'ouest
de l'Angleterre pour se soustraire aux poursuites
dont il était l'objet. Bientôt l'ennui le ramena à
Londres; mais à peine y fut-il arrivé, que ses
créanciers le harcelèrent et l'obligèrent à débuter
au théâtre de Coveut-Garden , dans l'espoir qu'il
plairait au public et qu'il pourrait les payer ; mais
son habileté dans l'art du chant ne put suppléer à
la faiblesse de son organe : il n'obtint aucun
succès. Alors il essaya de la composition dra-
matique et donna au théâtre de Covent-Garden
et de Drury-Lane quelques opéras, mélodrames
et pantomimes que le public accueillit avec assez
de faveur; mais ses meilleures compositions
sont ses Mélodies hébraïques, dont il publia un
recueil en 1822. L'année suivante il adonné un
livre qui a pour titre : An Essay on the history
and theory of Music,' and on the qualities ,
and\management of the human voice (Essai
snr l'histoire et la théorie de la musique, et sûr
les qualités , les ressources et la direction de la
voix humaine); Londres, Wiiittaker, t823, un
volume in^" de 230 pages. Il y a beaucoup de
désordre dans cet ouvrage ; ce qui s'y trouve sur
l'art du chant est la meilleure partie du livre. On
a aussi de >'athan une vie anecdotique de
M'oe Malibran, intitulée : The Life of Madame
Malibran de Beriot ,interspetsed wiih original
anecdotes and critical remarks on his mu-
sical pouers; Londres, 1836, inl2.
XATHUSIUS (EUE), cantor à l'école St-
Nicolas de Leipsick, né à Gusmansdorf (Silésie) ,
en 1631 , mort à Leipsick le 30 décembre 1676,
est cité par Forkel comme ayant publié une
thèse intitulée : Cum musices creatore dispu-
tatio de miisica theoretica , quam auctori-
iate inclitx facultalis philosophicx Lipsiensis
P. P. M. Elias JSaihusius, respondente Sa-
muele Bachusio, etc., Lipsiae, typis Joh.
Baueri, 1652 , in-4° de 8 pages. Il est vraisem-
blable que l'auteur de la thèse est plutôt ce Sa-
muel Bachusius, de Zeitz, en Misnie , que Na-
thusius , dont le nom ne figure sur le titre que
suivant l'usage qui y faisait toujonrs placer celui
du président de l'exercice académique.
A'ATIV'IDAOE (Micuel de), nom de re-
ligion d'un moine portugais de l'ordre de Ci-
teaux, né près de Lisbonne, et qui fut maître
de cliapelle à Alcobaça, oii il entra en 16J8. Il
a laissé de sa composition , en manuscrit, vingt-
huit psaumes pour les vêpres de l'ordre de CI-
teaux : ces compositioos se conservent au mo-
nastère d'Alcobaça.
NATIV4DAbE (Jean de), religieux por-
tugais , né à Toi Tes , entra dans l'ordre de Saint-
François en 1675 , et mourut à Lisbonne en
1709. Il a laissé en manuscrit plusieurs compo-
sitions pour l'église.
NATORP ( Bernard-Chrétien-Locjs) , doc-
teur en tiiéologie, né le 12 novembre 1774, à
Werden sur la Ruhr, a été nommé professeur
au gymna.se d'Elberf^d , en 1796, et peu de temps
après pasteur à Huekerwagen , dans le duché de
Berg, puis, (en 1798), pasteur à Essen, en
Westphalie, conseiller du consistoire à Potsdam,
en 1808, et enfin appelé, en 1816, pour remplir
ces dernières fonctions à Munster, oii il est mort
en 1846. Ce savant s'est rendu recoramandable
par beaucoup d'écrits relatifs à la tiiéoiogie et à
l'enseignement ; mais c'est surtout pour ses tra-
vaux concernant le chant , particulièrement les
méthodes de musique à l'usage des écoles popu-
laires qu'il est mentionné dans cette Biographie
des Musiciens. Le système adopté par Xatorp
pour l'enseignement du chant dans ces écoles est
celui que Pfeiffer avait introduit dans l'institut
de Pestalozzi ( voyez Xxgeli ) ; mais singulière-
ment Modifié et simplifié. Comme Pfeiffer et Xae-
geli, il divise l'enseignement en trois branches
principales qu'il désigne aussi sous les noms de
rhythmique, mélodique et dynamique; miis,
dégageant ces divisions de tous les détails d'une
théorie trop développée, i! réduit l'enseignement
aux éléments les plus simples et les plus indispen-
sables pour la pratique du chant dans les écoles
primaires. A l'égard de la notation , considérée
par plusieurs novateurs comme une des piinci-
pales sources de difficultés de la musiqtte, Xa-
torp la réduit à l'emploi de chiffres pour la dé-
signation des degrés de la gamme , eu les dispo-
sant sur une ligne, au-dessus ou au-dessous, et
les diversifiant d'une certaine manière par des
grandeurs proportionnelles. Quant aux durées,
il les représente par des signes empruntés à la
notation ordinaire, et combinés avec les cbiffres.
Ce système de chiffres, pour la représentation des
intonations, n'appartient pas à Natorp, car on en
trouve des exemples dans les tablatures anciennes
pour les instruments à cordes pincées. En 1677 ,
284
]NATORP — NAU
le père Souliaitly {voy. ce nom), religieux de
l'Observance, en avait renouvelé l'idée, pour
une notation du plain-cliant qu'il avait ensuite
étendue à la musique; et longtemps après, J.-J.
Rousseau {voy. ce nom) avait combiné un autre
système au moyen des mômes signes. Celui de
Natorp, emprunté à la mélliode de Zeller
\Voy. ce nom), plus sensible à l'œil, mieux com-
biné, plus complet que celui de Souliailly,
d'un usage plus commode que celui de Rousseau,
fut plus beureiix dès son début; car dans l'es-
pace de douze ans, il fut fait cinq éditions de
l'instruction du premier cours élémentaire que
son auteur publia sous ce titre : Anleihing
zur Untenceisnng im Singen fur Lehrer in
Volhsschulen (Introduction à l'enseignement du
cliant, à l'usage des professeurs des écoles po-
pulaires). Instruction pour le premier cours. Pots-
dam, 1813, in 4'';deuxièiT\p édition, Essen, 18ie,
in-4''; troisième idem, Duisbourg et Essen, 1818;
quatrième idem, ibid., 1821 ; cinquième idem,
ib., 1825, in-4''. L'instruction pour le second
cours, ou cours supérieur, publiée pour la pre-
mière fois en 1820, à Duisbonig et Essen, in-4''
de 160 pages , a été aussi plusieurs fois réimpri-
mée. Natorp ne borna pas ses instructions à ce
qu'il avait écrit pour les maîtres ; il voulut aussi
Aenir directement au secours de l'intelligence
des élèves, et successivement il publia, pour
l'usage de ceux-ci, les manuels des deux cours.
Ces manuels, qui ne forment chacun que deux
feuilles d'impression , sont des modèles de sim-
plicité et d'enseignement pratique; ils ont pour
titres : 1" Lehrbuchlein der Singekunst, fur
den Jungen in Volhsschulen herausgêgeben ,
Erster Cursus ( Petit manuel de l'art du chant,
premier cours), Essen et Duisbourg, Bœdeker,
1816, in-8° de32 pages: —T Lehrbuchlein, aie,
Zweiter Cursus (Vei\i manuel, etc., deuxième
cours), Essen, Baedeker, 1820, in-S" de 32 pa-
ges. La septième édition de ces manuels a été pu-
bliée à Essen en 1832. Je crois qu'il y en a eu
plusieurs autres depuis celte époque. Le mérite
de l'invention de la méthode n'appartient point
en réalité à Natorp , puisque cette méthode n'est
qu'une combinaison de celles de Zeller et de
' Nœgeli ; mais la simplicité qu'il a su y introduire,
et qui en a faille succès, lui a donné en quelque
sorte les droits de l'invention. Son succès a été
complet : plusieurs maîtres ont adopté la méthode
de Natorp et l'ont développée dans des livres
."«péciaux ; enfin elle a été mise en pratique dans
beaucoup d'écoles.
Parmi les autres travaux de ce savant, relatifs
à la musique , on doit mettre en première ligne
l'écrit qu'il a publié sous ce titre -. Ueber den
Gesong in den Kirchen der Protestanfen (Sur
le chant dans les églises des protestants), Essen
et Duisbourg, Baedeker, 1817, in-S" de 264 pages,
îia matière ,y est traitée scientifiquement , et le
livre est riche d'idées ingénieuses. Déjà Natorp
avait abordé ce sujet dans de très- bonnes obser-
vations insérées au troisième volume de sa cor-
respondance de quelques instituteurs et amis des
écoles [Briefwechsel einiger Schullehrer und
Schulfreunde, Essen, 1813-1816, 3 vol. in-8o,
deuxième édition, Essen, 1825). On a aussi de lui
un petit écrit rempli d'intérêt, intitulé : Ueber
den Ziveek, die Einrichtung und den Gebrauch
des Melodieensbuchs fur den Gemeindege-
sang in den evangelischen Kirchen (Sur le
plan, la disposition et l'usage des livres de mé-
lodie pour le chant paroissial dans les églises
évaugéliques). Essen, Bœdeker, 1822, in-8° de
28 pages. Cet opuscule fut en quelque sorte
l'avant-propos du livre choral que Natorp publia
sous ce titre : Melodicnbuch fur den Ge-
meindegesmig in den evangelischen Kirchen
(Livre de mélodies pour le chant paroissial dans
les églises évangliques) , Essen, 1822, in- 8° de
130 pages. Plus tard il revit avec soin ce recuekl
avec Frédéric Kessier (F. ce nom ) et le publia à
quatre parties, avec les préludes de Rink. Cette
nouvelle édition a pour titre : Choralbuch fiir
evangelischen Kirchen., Krit. benrb. Vierstim-
miggesetzt und mit Zwischenspielen versehen
von C. H. Rink (Livre choral pour les églises
évangéliques, etc.), Essen, 1829, in-4°, ob. Le
dernier ouvrage de Natorp est une analyse des
préludes de Rink, où l'on trouve d'excellentes vues
sur l'usage de l'orgue et le caractère du Jeu de
cet instrument dans le service divin ; cet écrit est
'ntitulé : Ueber Rink's Frxludien, Essen,
Biiedeker, 1834, in-8o.
NAU (M"e Maria-Dolorès-Benedicta-Jose-
phiwa), cantatrice distinguée, née d'une famille
espagnole établie à New-York ( États-Unis ), le
18 mars 1818, fut admise comme élève au Con-
servatoire de Paris, le 23 juillet 1832, et y apprit
l'art du chant de M""^ Damoreau. Douée d'une
voix facile et bien timbrée, de beaucoup d'intelli-
gence , et du sentiment de l'art, elle fit de remar-
quables progrès sous la direction de son excellent
professeur, et obtint d'une manière brillante le
premier prix au concours de 1834. M''e Nau était
i\gée de dix-huit ans lorsqu'elle débuta à l'Opéra,
le 1^"' mars 1836, dans le rôle du page des Hu-
guenots. Bien qu'inexpérimentée dans l'art de la
scène, elle y produisit une impression très-favo-
rable, que les représentations suivantes justifiè-
rent. Toutefois le succès de celte jeune canta-
trice ne fut pas égal à sou mérite pendant le cours
NAIT — NAUE
285
de son premier engagement à l'Opéra : placée
toujours dans une position secondaire par l'ad-
ministration , elle en éprouvait leS fàchenx effets
de la part du public, en général f»eu connaisseur,
et qui n'accorde sa confiance qu'aux artistes aux-
quels les rôles les plus imporlauls sont donnés.
En 1842, l'engagement de M"c Nau ne fut pas re-
nouvelé : elle prit alors la résolution de donner des
représentations dans les villes les plus importantes
des départements et de l'étranger, et y eut des
succès d'éclat, particulièrement au Théâtre-Royal
de Bruxelles, où son excellente vocalisation
et sa belle manière de pliraser furent appréciées
à leur juste valeur. Elle continua ses pérégrina-
tions théâtrales pendant les années 1843 et 1844,
partout fêtée et acclamée dans les rôles princi-
paux écrits autrefois pour Mme Damoreau, et
chanta même à Londres aux mois d'octobre et
de novembre 1844- Alors l'administration de
l'Opéra comprit qu'elle avait fait une faute en
écartant de son théâtre cette cantatrice ; pour lui
faire contracter un nouvel engagement, il fallut à
peu près tripler les appointements dont elle jouis-
sait auparavant. M"e Nau reparut sur cette scène
au mois de décembre, et les habitués de l'Opéra,
jugeant de son mérite par les succès qu'elle avait
obtenus ailleurs, lui firent un accueil enthou-
siaste. Jusqu'à la fin de 1S48, elle jouit de toute
la faveur du public. Son engagement étant ter-
miné à la fin de cette année, elle joua pour la
dernière fois le rôle de Lucie de Lammermoor,
le 11 octobre, et partit ensuite pour Londres,
d'où elle passa en Amérique. Après un voyage
triomphal dans sa patrie, M"« Nau revint à Lon-
dres,ciianta àuPrincess- Théâtre pendant environ
dix-huit mois, et y excita l'admiration générale.
Rentrée à l'Opéra pour la troisième fois, elle y
chanta pendant les années 1851, 1852 et 1853. En
1854, elle retourna eu Amérique et y fut l'objet
d'ovations excentriques. De retour à Paris dans
l'été de 1856, elle prit la résolution de se retirer
de la scène et de jouir de l'aisance acquise par
ses travaux.
XAUDOT (Je\s-Jacques), musicien fran-
çais , vivait à Paris dans la première moitié du
<lix -huitième siècle. Il fut un des premiers
artistes qui se distinguèrent en France sur la
flûte traversière ; jusqu'à la fin du règne de
Louis XIV, la flûte à bec était la seule dont on eût
joué à l'Opéra. On a gravé de Xaudol , à Paris,
depuis 1720 jusqu'en 1726 : l^Six sonates pour
la flûte , avec basse continue pour le clavecin ,
op. 1. — 2** Douze petites pièces en trios pour
les flûtes d'Allemagne. — 3" Six divertissements
pour les flûtes ou les hautbois. — 4° Six con-
certos pour la flûte traversière. — 5o Douze
solos pour la flûte traversière, avec basse con-
tinue. — 6" Six sonates pour deux flûtes tra-
versières , sans basse.
iXAUE (Je\s-Frédébic), docteur en philoso-
phie, directeur de musique de l'université et orga-
ni>te à Halle, est né en cette ville, le 17 novembre
1787. Le docteur Schilling s'est trompé en plaçant
ladatede sa nai.ssance en 1790. Fils d'un fabricant
d'aiguilles fort riche, Xaue reçut une éducation
libérale, conforme à ses goûts pour les sciences
et pour les arts. Après avoir fréquenté les cours
du gymnase des orphelins et de l'université, par-
ticulièrement ceux de philosophie et d'esthétique
du célèbre professeur Maass , dont il épousa la
fille plus tard , il se livra exclusivement à son
goût passionné pour la musique. Dès son enfance
il avait commencé létiide de cet art sous la di-
rection de maîtres peu connus ; ses progrès
avaient été rapides, et son talent s'était développé
d'une manière si remarquable sur le piano, qu'il
fut sollicité plusieurs fois de se faire entendre en
public dans sa première jeunesse, et recueillit
toujours des applaudissements unanimes. Charmé
de son talent précoce, Turk, malgré le dégoût
que lui inspirait l'enseignement, se chargea du
soin d'achever son éducation musicale , et de le
diriger vers la connaissance des principes scien-
tifiques de l'art. Il trouva dans son élève un
penchant décidé pour les qualités sérieuses et
grandes. Devenu un organiste remarquable,
Naue n'a jamais voulu ployer son talent aux
formes gracieuses qui procurent les succès popu-
laires. Les anciens maîtres des écoles d'Italie et
d'Allemagne devinrent ses modèles et furent
pour lui les objets d'un culte exclusif. Sa fortune
le mettait à l'abri du besoin; il ne fut donc pas
obligé de faire le sacrifice de ses opinions pour
se créer une existence. .\près avoir été à Berlin
achever ses études , il retourna dans le lieu de
sa naissance. Sot premier soin fut de réunir
une bibliothèque de livres sur la musique et de
compositions de 4out genre , qui formèrent une
des plus riches collections qu'on eût jamais ras-
semblées : on dit qu'elle lu: coûta plus de cin-
quante mille francs. Plus tard , il parait que les
dépenses considérables qu'il fit pour les progrès
de la musique en Saxe l'ont obligé à vendre au
roi de Prusse une partie de cette belle biblio-
thèque , où l'on remarquait les productions typo-
graphiques les plus rares et les manuscrits les
plus précieux. Après la mort de Turk, Saue l'a
remplacé comme directeur de musique et comme
organiste en 1813; plus tard il a joint à ces places
celle de directeur du chœui , et un emploi dans
l'administration civile, étranger à la musique.
En 1835, il a reçu le diplôme de docteur en phi-
286
NATTE — NAUENBURG
osopliie à l'université de Jéna. En 1829 et en
1835, il a organisé des fêles musicales à Halle,
cl dans l'intervalle de ces solennités, une troi-
sième à Erfurt ; toutes ont eu un éclat extraor-
dinaire ; mais il y a dépensé des sommes consi-
dérables de sa propre fortune. II y a peu d'exem-
ples d'im dévouement si complet à la propagation
de l'art.
Considéré comme artiste et comme savant,
Naue s'est créé des titres à l'estime des mu-
siciens par différents travaux, notamment par
son livre intitulé : Verstich einer musicalis-
chen Agenda, oder Âltargessenge zuni Ge-
brauch in protestantischen Kirchcn, fur mu-
siHalisclie nnd nicht musikalische Prediger
und die dazv, gehœrigen A ntworten fiir Ge-
meinde, Singechor und Schulhinder, mit be-
liebiger Orgel , Theils nach Urmelodien ,
Theils neu bearbeitet (Essai d'un agenda mu-
sical , ou chants du service divin à l'usage des
églises protestantes), 1818, in-4''. Des change-
ments ayant été introduits dans la liturgie des
églises de la Prusse, Naue se chargea de ce
qui concernait le chant , et son travail eut un
succès si complet , que l'agenda fut immédiate-
ment introduit dans le service divin. Il en a
donné une deuxième édition améliorée chez
Schwitschke , à Halle, in-4''. L'accueil qui avait
été fait à ce travail a déterminé son auteur à se
livrer à la rédaction d'un livre complet de mé-
lodies chorales évangéliques, rétablies d'après les
sources primitives. Personne n'avait plus que
Naue les moyens de faire un semblable tra-
vail , à cause des richesses que renfermait sa
bibliothèque. Le résultat de ses recherches a
paru sous ce titre : AUgemeines evangelisches
Choralbuch in Melodien , grœssen Theils aus
den Urquellen berichiet, mit vierstimmigen
Harmonien, etc. (Livre choral évangélique uni-
versel en mélodies rétablies d'après les sources
primitives, avec des harmonies à quatre par-
ties), Halle, Ed. Anton, 1829,'in-4°. Ce recueil
est précédé d'intéressantes notices historiques.
Les autres ouvrages publiés par Naue sont :
1° Domine salvum fac regem, à 4 voix, Leip-
sick , Hofmeister. — 2° Cantate zur Gedacht-
nissfeier edler Verstorbener (Cantate pour
l'anniversaire des nobles morts, à 4 voix et
chœur), ibid. — 3" Bymnus Ambrosianus , Te
Deum Laudamus, pour 4 vpix d'hommes,
Stnttgard, Kœliler. — 4° lîesponsorien, oder
Chœre fur 3 liturgieen mit eingelegten Sprii-
cken, fur Discant, Alt, Ténor und Bass (Ré-
pons ou chœurs pour des chants liturgiques, etc.),
ibcd. — .)» Marche triomphale pour chœur et
nistruments à vent, eu partition. Halle, Ruff.
— 6° Quelques pièces pour le piano , à Leipsick,
chez Hofmeister. Naue a donné des soins à la
dernière édition du Traité de la basse continue
de Tûrk.
IVAUENBURG (Gustave), chanteur, pro-
fesseur de chant et écrivain critique sur la mu-
sique, est né à Halle, le 20 mai 1803. Fils d'un
médecin aisé, il a été assez heureux pour que
rien ne fût négligé dans son éducation. Le chantre
Schramm fut son premier maître de musique et
de piano ; plus tard il reçut des leçons de com-
position de Granzin , maintenant directeur de
musique à Marienwerder. En 1824 , il entra à
l'université de Halle pour étudier la théologie;
mais la philosophie eut pour lui plus d'attraits ,
et il se livra à son étude sous la direction des
professeurs Wegscheider et Gerlach. Dans la
même année , sa voix ayant pris le caractère
d'un beau baryton , il commença à la cultiver,
à l'aide de plusieurs bons traités élémentaires,
et fit une étude de la constitution physiologique
de l'organe de la voix dans les livres que lui
fournit la bibliothèque de son père. La société
de chant de Halle le compta bientôt au nombre
de ses membres , et son penchant pour la pro-
fession de chanteur dramatique devint si vif, qu'il
serait entré immédiatement au théâtre, si la vo-
lonté de son père ne s'y fût opposée. Il n'eut oc-
casion de développer en public les avantages de
sa voix qu'en 1829, lorsqu'il chanta, à la grande
fête musicale de Halle , sa partie de l'oratorio de
Klein qui fut exécuté à cette solennité. Étonné
de son talent , ce compositeur l'engagea à le
suivre à Berlin, lui promettant son appui. Cette
proposition avait trop d'attrait pour que Nauen-
burg n'y souscrivît pas : il se rendit donc dans la
capitale de la Prusse, et y resta jusqu'en 1833,
occupé de l'enseignement du chant et de travaux
littéraires; puis il retourna à Halle, où il jouit
d'une heureuse position , uniquement occupé de
travaux relatifs à l'art qu'il cultive avec passion.
Les principaux compositeurs de l'Allemagne,
Klein, Spohr, Relssiger, Lœwe, Lobe et d'autres,
ont écrit pour Nauenburg des ballades dont
son talent a fait la fortune. Les morceaux de cri-
tique et d'esthétique musicale publiés par cet ar-
tiste se font remarquer par la justesse des aper-
çus et par un savoir étendu -. les principaux sont :
i° Un mot sur l'opéra romantique (Gazette mu-
sicale de Berlin, 1826, n''42). — 2° Remarques
sur VOberon de Weber (ibid. 1827, n" 27). —
3" Sur la méthodologie de l'enseignement du
chant (Gazette musicale de Leipsick, 1821),
n"' 50 et 51). — 4° Notices sur la théorie de la
voix (ibid., 1829, 1830, 1831, 1833, 1844; et
dans Cacilia, tom. 16 et 17). — 5° Aphorismes
ÎÎAUENBURG — NAUMANN
?S7
«ar le drame religieux (C.Tci'io, t. 14). —
6" Sur la musique d'église (ibid., t. 15). — /"Le
rationalisme dans' son application à la science
de la musique (ibid., 1830, cahier 49). — &• Le
chanteur dramatique (Gazette musicale de Berlin,
1827, n" 27). — 9° Esquisse d'une esthétique mu-
sicale (Gazelle musicale de Leipsick), 1832. n"' 8
et 10). — 10° Sur la valeur pratique des règles
de l'art (Gazette musicale de Berlin, i832). —
1 1" Sur l'état de culture de l'esthétique musicale
(ibid.). — 12" Esquisses philosophiques de i'art
(nouvelle Gazette musicale de Leipsick, 1834,
n"* 10 et 1 1). On a aussi de Nauonburg un dernier
écrit intitulé : Idem zu einer Refonn der christ-
lichen Kirchen ilusih\, etc. (Idées pour une ré-
forme de la musique chrétienne, etc.). Halle,
1845, in-S".
IVAUERT (Godefroid-Eisèbe), virtuose
sur le hautbois et sur la harpe , vivait à ÎSurem-
berg vers 1760. Il mourut en Pologne. On a
publié de sa composition deux recueils d'odes et
de chansons allemandes en musique, le 1" en
1758, ?*uremberg, in-4''; le second en 1764.
KACLT (Je\>-B.\ptiste-Pierre), ancien pro-
cureur général à Dijon, démissionné après la ré-
volution de juillet 1830, à cause de ses opinions
l^ilimistes , est membre de l'Académie de celte
ville. On a de lui divers ouvrages étrangers à
l'objet de cette Biographie : il n'est cilé ici que
pour deux opuscules réunis dans le même vo-
lume, sous le titre : Esquisse de Beaumarchais,
et Souvenirs de la jnusique, Dijon, Lamarche
et Drouelle, 1854, in-S". Les Souvenirs de In
musique sont l'expression d'un sentiment pur
de l'art, sons une forme élégante et littéraire.
iVAU]MA\X (Jean-Amédée), compositeur
célèbre, naquit à Blasewitz, près de Dresde, le
17 avril 1741. Frappé de ses rares dispositions
pour la musique , son père le retira de l'école de
village où il l'avait placé d'abord , et le mit dans
une autre , à Dresde , où le jeune Naumann eut
un maître de clavecin. Tous les matins il se ren-
dait de Blasewitz à Dresde , qui en est éloigné
d'une lieue, et le soir il s'en retournait après
avoir reçu ses leçons et entendu les organistes
des principales églises de la ville. Ses études se
continuèrent de la même manière jusqu'à l'âge
de treize aus ; dans cet intervalle, il avait fait
de grands progrès dans les sciences et surtout
dans la musique. C'est alors qu'il se livra à l'é-
tude de cet art avec ardeur. Il avait atteint sa
seizième année lorsque Weestrœm, musicien
suédois attaché à la chapelle royale de Stock-
holm, fut conduit par hasard dans la maison
do père de Naumann. Étonné de trouver un bon
clavecin dans la maison d'un paysan, et plus
encore d'y voir les compositions les plus diffi-
ciles pour cet instrument, il questionna ses hô-
tes sur cette singularité , et son étonnement re-
doubla lorsqu'il apprit que le fils de la maison
était assez habile pour jouer celle musique. Il
voulut le voir et l'entendre ; charmé de son talent,
il lui propu.sa de devenir son compagnon de
voyage. Rien ne pouvait plaire davantage à Nau-
mann qu'une semblable proposition; mais son
père fut moins prompt à se décider. Il finit pour-
tant par céder aux sollicitations <Ie son filsetaux
promesses de l'artiste étranger. Tous deux se
mirent enroule, elle 4 juin 1757 ils arrivèrent
à Hambourg. Naumann ne tarda pas à se re-
pentir d'avoir confié son existence à un maître
avare et brutal , car Weestrœm le traitait plutôt
comme son valet que comme son élève. Toute-
fois l'espoir de voir l'Italie, où ils devaient se
rendre , et d'y acquérir les connaissances qui lui
manquaient , le soutenait dans ces rudes épreu-
ves. Une longue maladie de Weestrœm les re-
tint à Hambourg pendant dix mois, qui furent à
peu près perdus pour l'instruction de Naumann.
Enfin ils s'acbeminètent vers l'Italie par le Tyrol,
au printemps de 1758 ; mais le pauvre Naumann
dut faire à pied une grande partie de cette
roule, mal vêtu et plus mal nourri. A Venise,
et plus tard à Padoue , où Weestrœm alla
prendre des leçons de Tartini , son élève fut
même obligé de pourvoir non-seulement à sa sub-
sistance, mais à celle du maître, en copiar<t
de la musique. Telle était son activité dans ce
travail , que dans l'espace de six à sept mois il
copia soixante-dix concertos avec toutes les
parties, et beaucoup de morceaux de moindre
importance. Il était d'ailleurs devenu le cuisiniei
de son maître. Tant de soins indignes d'un homme
né pour être artiste, et des travaux si multipliés,
ne lui laissaient point de temps pour continuer
ses études ; d'ailleurs il ne connaissait personne
qui pût lui donner les leçons dont il .sentait le
t)esoin. Un jour pourtant il surmonta sa timidité,
et profitant de ce qu'il était chargé de porter
chez Tartini les instruments de Weestrœm et
de deux de ses amis , il se hasarda à demander à
ce grand musicien qu'il lui permît d'écouler les
leçons qu'il donnait à son maître. Touché par ce
vif désir de s'instruire, et plein de bonté, Tartini
ne se borna pas à donner à Naumann la permission
qu'il demandait, car il l'admit au nombre de ses
élèves , et bientôt il eut à se féliciter de l'intérêt
qu'il avait pris à ce jeune homme, dont les progrès
effacèrent ceux de tous les jpunes artistes que
Tartini admettait dans son école. Vers le même
temps Naumann se sépara de Weestrœm et s'at-
tacha à un jeune musicien anglais nommé Huni,
288
NAUMANJN
qui se montra pour lui aussi bienveillant que
Weestrœm avait été dur.
Après trois années et quelques mois passés à
Padoue à s'instruire dans l'art de jouer du vio-
lon, du clavecin et dans l'harmonie pratique,
Naumann accepta comme élève Pitscher, violo-
niste allemand, qui voyageait en Italie aux
frais du prince Henri de Prusse. Bien que Tar-
tini éprouvât quelque peine à se séparer de lui,
il approuva le parti qu'il prenait de visiter avec
Pitscher l'Italie méridionale, persuadé qu'il en
tirerait avantage pour son instruction. Nau-
mann quitta Padoue , avec son élève, le 31 août
1761.11s se rendirent d'abord à Rome, puis àNa-
ples , où ils firent un séjour de six mois. Nau-
mann mit ce temps à profit pour étudier le style
dramatique , et écrivit ses premières composi-
tions en ce genre. De retour à Rome, les voya-
geurs y passèrent la quinzaine de Pâques, pour
entendre la musique de la chapelle Sixtine , qui
était alors dans tout son éclat; puis ils allèrent à
Bologne , où Naumann remit une lettre de Tar-
tini au P. Martini , qui l'accueillit avec bonté et
voulut bien le diriger dans ses études de contre-
point.
Le temps accordé à Pitscher pour son voyage
arrivait à son terme ; il dut retourner en Allemagne
et laissa à Venise Naumann , qui avait peu d'es-
poir de trouver une situation convenable pendant
la guerre qui désolait la Saxe. Il vécut de quel-
ques leçons, jusqu'à ce qu'on lui eût confié la
composition d'un opéra bouffe pour le théâtre
de Saint-Samuel. Quoiqu'on ne lui eût accordé
qu^un peu moins d'un mois pour l'écrire , cet
ouvrage, dont le titre n'est pas connu, eut vingt
représentations consécutives , et fut bien accueilli
par le public. Au carnaval suivant, on le chargea
d'une partie de la composition d'un opéra qui
fut fait par trois musiciens réunis.
Il y avait près de sept ans qu'il était en Italie,
et il avait passé les dix-huit derniers mois à Ve-
nise, lorsque la paix vint mettre un terme à la
longue lutte de l'Autriche et de la Prusse. Alors
Naumann , plein du désir de revoir sa patrie et
d*y trouver une position convenable , envoya à
sa famille la partition d'une composition pour
l'église, avec la mission de la faire connaître à
la cour de Saxe. Pour satisfaire à sa demande,
sa mère se rendit à Dresde , et quoique simple
paysanne, elle fut admise à présenter l'ouvrage
de Naumann à l'électrice douairière Marie-An-
toinette. Cette princesse , dont les connaissances
en musique étaient étendues, examina la partition
et congédia la mère du compositeur, disant qu'elle
doutait que ce qu'elle venait de voir fût l'ouvrage
d'un jeune homme , mais qu'elle prendrait des
informations. Le témoignage de quelques-uns
des plus habiles maîtres de l'Italie, consultés par
l'électrice, ayant été favoralîle à Naumann,
celui-ci reçut la somme nécessaire pour se rendre
à Dresde. Il y écrivit, pour le service de la cour,
une messe qui fut exécutée en présence de l'élec-
trice , et dont le mérite lui lit obtenir le titre de
compositeur de la chapelle , avec un traitement
de deux cent vingt écus (un peu plus de huit
cents francs ) ; faible ressource , moins propor-
tionnée au mérite de Naumann qu'à la situation
d'un pays pauvre, ravagé naguère par une guerre
désastreuse- Après avoir fait quelque séjour à
Dresde , il réunit le titre de compositeur de la
chambre à celui de maître de chapelle, et fut
chargé de la direction des études des jeunes ar-
tistes Schuster et Seydelmann (voyez ces noms),
avec qui il tit , en 1765, un second voyage en
Italie, aux frais de la cour électorale. Sa posi-
tion en ce pays, bien différenle de ce qu'elle avait
été précédemment , lui permit de visiter les prin-
cipales villes et d'y séjourner. Naples l'arrêta
longtemps. Il y reçut la demande de l'opéra
Achille in Sciro pour le théâtre de Palerme , et
cette circonstance lui procura le plaisir de voir
la Sicile. A son retour, il revit Naples, Rome,
Venise , et obtint dans cette dernière viile un
engagement pour écrire VAlessandro nelle
Indie. Pendant qu'il y travaillait, il fut inopiné-
ment rappelé par la caur de Dresde, pour com-
poser la musique de la Clemenza di Tito , à
l'occasion du mariage de l'électeur.
En 1772, Naumann entreprit un troisième
voyage en Italie ; dans l'espace de dix-huit mois
il y composa boUmano , Le Nozze disiurbate
et l'Isola disabitata, pour Veni.se, et VArmida,
pour Padoue. Le brillant succès de ces produc-
tions lui fit faire des propositions pour tous les
grands théâtres ; mais les devoirs de sa place le
rappelaient en Saxe , et l'obligèrent à refuser les
offres qui lui étaient faites. Peu de temps après
son arrivée à Dresde, il reçut de Frédéric II, roi
de Prusse, des propositions plus brillantes pour
la place de maître de chapelle de ce prince , avec
un traitement considérable; mais Naumann,
dévoué au pays qui l'avait vu nailre , et fidèle au
prince qui l'avait tiré de la misère pour lui donner
une position honorable, n'accepta pas les offres
du roi , malgré la disproportion des avantages
attachés aux deux places. Ce sacrilice fut récom-
pensé par sa nomination de maître de chapelle
en titre, avec des appointements de douze cents
écus ; plus tard son traitement fut porté à 2,000
thalers (7,250 francs). Appelé à StocKhoim en
1776, à l'occasion de l'anniversaire delà naissance
du roi de Suède , il y composa son premier opéra
NAUMANN
289
suédois, dont le sujet élail Àmphion, et qui
eut un brillant succès. Le roi le chargea de l'or-
ganisation de l'orchestre du nouveau tliéàtre de
Stockliolm, qui fut ouvert en 1780, et lui de-
manda, pour l'inauguration de ce théâtre, un
nouvel opéra suédois, intitulé Cora, qui ne
réussit pas nooins que le premier, et qui valut à
son auteur des témoignages de satisfaction du
prince et de magnifiques récompenses. Le chef-
d'œuvre de Naumann, parmi ses compositions en
langue suédoise , est son Gustave Wasa. Cet
ouvrage, Amphion, et Cora, ont été gravés en
partition aux frais du roi de Suède. Les succès
que Naumann avait obtenns à Stockholm le
firent appeler à Copenhague en 1785 , pour
écrire Orphée, opéra danois dont la musique fit
une vive impression par la douceur de ses mélo-
dies. A la suite de ce nouveau triomphe , des of-
fres avantageuses furent faites au compositeur
pour le fixer à la cour du roi de Danemark ; mais
les motifs qui iui avaient fait refuser autrefois
les propositions de Frédéric II, l'empêchèrent
d'accepter celles-ci.
Appelé à Berlin en 1788, parle roi Frédéric-
Guillaume, dont le goût passionné pour la musique
est connu , il composa par ordre de ce prince la
Medea, pour le carnaval ; mais n'ayant pu ache-
ver cet ouvrage pour le temps indiqué , il ne put
le voir représenter qu'en 1789. Il écrivit aussi
par l'ordre du roi le deuxième acte àeProtesilao,
dont le premier était échu en partage à Reichardt
par la voie du sort. On lui demanda ensuite une
musique nouvelle pour le même opéra ; il l'é-
crivit en 1793, et en porta lui-même la partition
au roi , lorsqu'il ramena à Berlin le pianiste et
compositeurHimmel.etlacantatriceM"' Schmalz,
dont l'éducation musicale lui avait été confiée par
Frédéric-Guillaume. Dans ce voyage, Naumann
fit exécuter à Potsdam son oratorio Davidde
in Terebinto- le roi, en témoignage du plaisir
que lui avait fait cette composition, iui fit cadeau
d'une tabatière d'or enrichie de brillants et ornée
de son chiffre, avec une somme de quatre cents
frédérics d'or (environ neuf mille francs). .\u prin-
temps de 1797, une nouvelle invitation du roi de
Prusse parvint à Dresde pour que Naumann se
rendit à Berlin. Mille thalers (3,750 francs) pour
les frais du voyage, et une tabatière qui avait
appartenu à Frédéric II, étaient joiuts à l'invitation
qui fut acceptée avec reconnaissance. Cette épo-
que fut celle du brillant début de Himmel (voy.
ce nom) comme compositeur. L'école de chant
dirigée par Fasch exécuta dans cette occasion le
psaume 111 à 4 voix, de Naumann, qu'il avait
envoyé à Berlin l'année précédente.
Tanflis que Naumann était ainsi recherché par
6I0€R. DMV. DES MUSICIENS. — T. VI.
plusieurs rois, et brillait dans les cours étrangères,
il était oublié à Dresde, sa patrie. Ses travaux
y étaient en quelque sorte ignorés, et l'électeur
de Saxe ne lui demandait presque jamais de
nouvelles compositions pour sa chapelle. Les ha-
bitants de Dresde parurent enfin sortir de leur
indifférence et vouloir honoier l'artiste distingué
qui avait mieux aimé servir sa patrie que d'ac-
cepter les avantages offerts par l'étranger. La
paraphrase poétique du Pater noster par Klop-
stock, mise en musique par Naumann, en 1799,
leur fournit l'occasion de réparer leurs torts en-
vers cet artiste. Un article de la Gazette musi-
cale de Leipsick (année l", page 833) nous ap-
prend qu'une heure avait suffi à Naumann pour
tiacer le plan de son ouvrage, mais qu'il avait
employé quinze mois à l'écrire ou à le corriger,
ayant fait jusqu'à trois copies différentes de sa
partition. Le baron de Rachnitz fit construire dans
l'église de la nouvelle ville un orchestre capable
de contenir deux cents exécutants, et ce grand
ouvrage, considéré comme le chef-d'œuvre de
Naumann, fut exécuté deux fois avec une pompe
inaccoutumée; la première, le 21 juin 1799, dans
l'après-midi; la seconde, le 21 octobre de la même
année, dans la soirée et aux (lambeaux. 11 parut
à cette occasion un poème de 12 pages in-S", in-
titulé : Auf Naumann's Oratorium, am 21 Jwnt
1799 in der Kirche zu IS'eiistadt zur JJnier-
stUtzung der durch Ueberschwemmung ver-
itngslûchten aufgefiihrt, und am 21 Okt. zum
Besien des hiesigen Sladlkranhenhauses vcie-
derholt ( Sur l'oratorio de Naumann exécuté le
21 juin 1799, dans l'église de la ville nouvelle,
au bénéfice des victimes de l'inondation, et répété
le 21 octobre au profit de l'hôpital), Dresde, 1799.
Le poète exprime dans ce morceau l'admiration
dont il a été saisi à l'audition de la musique de
Naumann. Aci e Galatea , dernier opéra de ce
compositeur, fut représenté à Dresde le 25 avril
ISOl , et de nouveau, les tardifs témoignages de
l'admiration publique accueillirent celte pièce.
Pendant qu'il y travaillait, le bruit s'était répanda
qu'elle serait sa dernière production dramatique,
et qu'il y dirait adieu à la scène ; l'événement
vérifia cette prédiction, car Naumann fut frappé
d'apoplexie le 21 octobre 1801, dans une prome-
nade qu'il faisait le soir, non loin de la maison
de campagne qu'il avait fait construire à Blase-
witz, lieu de sa naissance. Il ne fut retrouvé dans
les champs que le lendemain matin. Le froid de
la nuit l'avait saisi. Rapporté chez lui, il ne re-
prit pas connaissance, et dix jours après il expira,
à l'âge de soixante ans et quelques mois: Il s'é-
tait marié , à Copenhague, en 1792, avec la fille
de Grodtschilliug , amiral danois. Sa jeunesse
19
290
NAUMANN
avait été en proie au besoin et à l'humiliation ;
mais plus tard, la fortune sembla le conduire par
la main, et les trente dernières années de sa vie
s'écoulèrent dans l'aisance, et environnées d'es-
time pour son talent et pour sa personne.
Contemporain de Mozart, îNaumann sut se
faire, à côté de ce grand homme, une réputation
honorable ; cependant, il ne faut pas s'y tromper,
il y avait entre eux l'immense différence du
génie au talent. Si l'on cherche de la création
dans les œuvres du maître de chapelle de Dresde,
on ne trouve rien, à proprement parler, qui mé-
rite ce nom. J'ai sous les yeux les partitions
d'Àmphion , de Cora , et d'une partie du Pro-
lesilao , ainsi que celle Au Pater noster ; j'y
remarque beaucoup de mélodies gracieuses, un
système de modulation qui n'est pas commun, un
bon sentiment dramatique et un style pur; mais
rien n'y porte le cachet de l'invention ; on n'y
remarque point de traits inattendus. De toutes
ses productions , le Pater est incontestablement
la meilleure. Le plan en est heureusement conçu ,
sous certains rapports, malgré les défauts qui
appartiennent à l'époque de Naumann. Le com-
positeur y a mêlé l'oraison dominicale , traduite
en allemand, avec le poëme de Klopstock sur le
sujet de cette prière. Les strophes du poëme sont
entendues alternativement avec les paroles de
l'oraison. Naumann traite celle-ci en deux chœurs
alternatifs , dans l'ancien style concerté, avec
accompagnement de deux clarinettes, de trois
trombones, bassons et orgue; les strophes de
Klopstock sont écrites dans le style moderne,
et dans le système d'airs accompagnés par des
chœurs, dont les musiciens de l'école allemande
ont fait trop souvent usage dans leur musique
d'église, au dix-huitième siècle, et avec des traits
de bravoure peu convenables pour le sujet. Le
trio (n" 7) pour deux voix de soprano et ténor,
avec chœur, est d'un effet très-heureux, et le
morceau final est d'une large conception, quoique
Naumann ait manqué la réponse tonale du sujet
de sa fugue. Naumann est, à l'égard des musi-
ciens de son temps, ce que Graun fut dans l'é-
poque précédente : tous deux furent artistes de
mérite, mais ils ont été trop vantés par leurs
contemporains, car leurs travaux n'ont pas
exercé d'influence sur la situation générale de
l'art.
Parmi les productions de Naumann, on connaît
les titres de celles qui suivent : I. Musique d'é-
OLisE : 1° La Passione di Giesu Cristo, ora-
torio, à Padoue. — 2° Isacco figura del Reden-
tore , à Dresde. — 3" Giuseppe riconosciuto ,
ibid. — 4° Zeit und Ewigkeit (Le Temps et
l'Éternité), pour la cour de Mecklembourg-
Schwerin. — 5" Santa Etena, à Dresde. —
6° Joseph l'cconnu par ses frères, traduit de
l'italien, de Métastase, pour Paris, — 7** Vnsere
J5riirfer, pourlacourdeMetklembourg-Schwerin.
— 8" Il Figlio prodigo, à Dresde. — 9=" La Pas-
sione di Giesu Cristo, avec une nouvelle musique,
pour Dresde. — lu" Davidde in Terebinto, ibid.,
1796. — il» Betulia liberata, ibid. — 12° La
morte d'Abele,\h\t\. — 13° Pater noster deKIop-
stock , pour 4 voix de solo , chœur et orchestre,
en partition, à Leipsick, chez Breitkopf et Haertel.
— 14" Le psaume 96 à quatre voix et orchestre,
idem, ibid. — 15° Le psaume 95 à deux chœurs,
en manuscrit. — 16° Le psaume 149, idem. Ces
deux derniers morceaux ont été composés pour la
communauté des frères moraves de Herrnhut.
I — 17° Psaume 2, à 4 voix et orchestre, en ma-
nuscrit, — 18° Psaume 103, à 4 voix et orchestre,
idem. — 19° Psaume 111, à 4 voix et orgue,
composé pour l'académie de chant dirigée par
Fasch, en 1796. — 20° Vingt-sept messes solen-
nelles avec orchestre, composées pour la chapelle
électorale de Dresde, depuis 1766 jusqu'en 1800,
en manuscrit. — 21° Messe solennelle (en la
bémol) pour 4 voix, chœur et orchestre; œuvre
posthume, gravée en partition, à Vienne, 1804.
— 22° LaudaSion Salvatorem, offertoire de la
Circoncision, idem, ibid. — 23° Psaume 3, idem,
ibid., 1804.-24° Te Deum à 4 voix et orches-
tre, en manuscrit. — 25° Oster morgen (cantate
pour la fête de Pâques), en manuscrit. — 26° Plu-
sieurs hymnes, motets et litanies, en manuscrit.
IL Opéras. — 27° Deux opéras bouffes dont
les titres sont ignorés, à Venise, en 1764. —
28° Achille in 5dro,Palerme, en 1767.-29° Aies-
sandro nelle Indie, à Venise, 1768. — 30" La
Clemenza di Tito, à Dresde. — 31° Ze Nozze
disturbate , opéra bouffe, à Venise, 1772.
32° Solimano, opéra séria, ibid 33° L'Isola
disabitata, opéra bouffe, en 1773, ibid.
34° Armida, au nouveau théâtre de Padoue. —
35° Ipermestra, pour le théâtre San Benedetto,
à Venise. — 36° Il Villano gcloso , à Dresde.
— 37° LUpocondriaco , ibid. — 38° Elisa,
opéra semi-seria, ibid. — 39° Osiride , pour le
mariage du prince Antoine de Saxe. — 40° Tntto
per amore, opéra semi-seria, à Dresde. —
41° Amphion, grand opéra en langue suédoise,
représenté à l'ancien théâtre de Stockholm,
en 1776. — 42° Cora, grand opéra, également
en langue suédoise, pour l'ouverture du nouveau
théâtre de Stockholm, en 1780. — 43° Gustave
Wasa, idem, ibid. — 44° Le Reggia d'Imeneo,
à Dresde, pour le second mariage du prince An-
toine. — 45° Orphée et Eurydice, grand opéra
en langue danoise, à Copenhague, en 1785. —
NAUMAlNxN — NAUSS
2'.n
46'' La Sorle di Mcdea, Rrand ballet jMiur
IJerlin, 1788.-47° La Dama soldato , opéra
bouffe, à Dresde, en 1.791. — 48° Amor giusti-
ficaio, idem, ibid., 1792. — 49° ProtesUao,
oiicra séria, à Berlin, 1793. — 50° Andromeda,
opcra séria. — .il" Aci e Galatea , a Dresde,
le 2i avril 1801. Ul. Musique KNSTRCMtNTALE et
DE cfiAUBRE. — 52° Dix-buit sjmplionics à grand
orciiestre. Ce.s syraiibonies existaient en manus-
crit a Leipsick, ciiez MM. Breitkopf et Haerlcl,
it ont été vendues en 1830. — 53° Six sonates
pour riiarmonica ou piano, Dresde, 1792. —
54° Concerto pour le clavecin, Darmstadt, 1794.
— 55° Trois sonates pour piano et violon, op. l ,
l'ari.*;. — 56° Six quatuors pour piano, flûte, vio-
lon et ba.sse, Berlin, 1786. — 57° Six trios pour
piano, violon et bas.'îe , op. 2, ibid. — 58° Six
sonates pour barinonica, op. 4. — 59° Six duos
faciles pour deux violons, gravés à Leipsick, cbez
Kiibnel. — 60° Canzonetle Œcco quel fiero is-
tante)[>oxa soprano, avec piano et violon, Dresde,
1778. — 61° Cbansons de francs-maçons, Leip-
sick, 1778. — 62° Douze romances françaises et
italiennes, ibid., 1784. — 63° Six ariettes ita-
liennes, Berlin, 1790. — 64° Six romances
françaises avec accompagnement de piano, ibid.,
1790. — 65° Petite cantate sur la musique (en
allemand); Leipsick, Breitkopf et Ilaîrtei. —
66° L'Idéale , cantate à voix seule, Dresde, Éil-
sclier. — 07° Le Tombeau de Klopstock, élégie,
avec accompagnement de piano ; Leipsick, Breit-
kopf et Hïertel. — eS" Vingt-cinq chansons alle-
mandes, avec accompagnement de piano; Dresde,
Hilscber. Une nouvelle édition complète des
cbansons allemandes, italiennes et françaises de
Naumann a été publiée à Leipsick , cbez Breit-
kopf et Haertel. Wieland a donné, dans le nou-
veau Mercure allemand de 1803, une notice bien
etrite sur ce compositeur. Il y en a une autre
dans /a Dresde savante de Klebe (1796); enfin
Meissner {voy. ce nom) a fourni des renseigne-
ments beaucoup plus exacts dans l'ouvrage qui
a pour titre : Bruckstûcke aus J. A. Aau-
mann's Lebensgeschichte (Fragmenls pour servir
à la biographie de Naumann), Prague, 1803-1804,
2 vol. in-80. Rochlitz a donné aussi «ne notice
sur Naumann dans le troisième volume de son
recueil fur Freunde der Tonkunst. M.Mann-
stein {voy. ce nom) a publié le catalogue général
de toutes les compositions de ce maître, sous le
litre suivant : Vollstxndigfs Verzeichniss aller
compositionem der Kurfurstl. Sxchs-Kapell-
viehters Aaumann ; nebst historischen und
Kritischen Aodzen eines Ktinlskenners aus
i\aumann'spersœhnlicher Umgebung. Dresde,
Arnold gr. in 8» de 14 pages.
.XAUMBOUllG (S), minisire ofticiant du
len^jile du consistoire Israélite de Paris, est né
eu 1818 à Donenlulie, village de la Bavière. Issu
d'une famille de chantres de synagogues, il prit
à dix-sept ans la résolution de .«uivre la inënie
carrière, et après avoir étudié les éléments d«
l'harmonie et du contrepoint sous la direction de
M. Rœder, maître de cliapellc du loi de Bavière,
il écrivit ses premiers essais de composition pour
la synagogue de Munich, oii ils furent bien ac-
cueillis. En 1845, la place de ministre officianl
du temple consutorial de Paris étant devenue
vacante, M. Naumbourg fut présenté au con-
sistoire, pour la remplir, par le célèbre composi-
teur F. Halévy, et fut agréé. Depuis lors jusqu'à
ce jour (1862) il en a rempli l'emploi avec distinc-
tion. Auteur d'un très-grand nombre de chants
religieux pour le culte Israélite, à trois et à qua-
tre voix, il les a réunis en une collection divisée
en trois parties sous ce titre : Semiroih Israël.
Chants religieux des Israélites, contenant la
liturgie complète de la Synagogue, des temps
les plus reculés jusqu'à nos jours. Paris, chez
l'auteur, 1847 et années suivantes. La deuxième
partie renferme les chants liturgiques des grandes
fêtes, et la troisième parlie, les cantiques et les
psaumes, également harmonisés et avec un ac-
compagnement d'orgue et de harpe. A la fin de
celle troisième partie, on trouve les accents to-
niques pour la lecture de diverses parties de la
Bible, telles que le Pentoteuque, le livre d'fls-
ther, les Prophètes , et les Lamentations de Je-
remie, avec la traduction en notation moderne.
La composition de ce recueil tait honneur au
goût et aux connaissances musicales de M. >'aum-
t)0urg : il a conservé, autant que cela est possi-
ble dans l'état actuel de la tradition, le caractère
primitif et original du chant hébraïque.
iXAUSEA (Frédéric), célèbre théologien
allemand , naquit à Weissenfeld, près de Wurz-
boiirg, vers 1480. Appelé à Vienne en 1533,
comme prédicateur de la cour, il y devint lecteur
de théologie, chanoine de la cathédrale , et con-
seiller de l'empereur (Ferdinand). En 1538, il fut
nommé coadjuteur de Jean Fabri , évoque de
Vienne, et lui succéda en 1541. Le roi des PiO-
mains l'ayanl envoyé au concile de Trente en qua-
lité de son ambassadeur, il y mourut le 6 février
1550. On trouve dans la Bibliothèque univer-
selle de Gesner, l'indication d'un livre deNausea,
sous le titre de Isagoge musices^ mais il ne
parait pas que cet ouvrage ait été imprimé.
NAUSS (François-Xavier), organiste de la
cathédrale d'Augsboorg, vivait vers le mdii!u du
dix-huitième siècle. I! s'est fait connaître par
un livre qui a pour titre : Gnindlicher Unter-
19
.'92
NAUSS — JNAVOIGILLK
richi den Generalbass recht zu erlernen, elc.
(Instruction normale pour apprendre la basse con-
tinu*;, elc. ); Aiigsboiiri;, 1751, \n-V. On a ansfi
publié «le lui deux recueils de préludes, fugues,
airs et pastorales pour l'orgue, ainsi que cinq
suites de petites pièces faciles pour clavecin, sous
le titre de Die spielende Muse. Toutes ces pro-
ductions ont été imprimées à Augsbourg.
IVAUZE (Louis JOUARD DE LA), rnembre
de l'Académie des inscriptions, naquit à Ville-
neuve-d'Agen, le 27 mars 1G96, et mourut à Paris
le 2 mai 1773. Il a fait insérer dans le tome XIII
des Mémoires de la société dont il faisait partie
une Dissertation sur les chansons de l'an-
cienne Grèce. On en trouve une traduction al-
lemande, par Ebert, dans les essais (Beytrasge)
deMarpurg, t. 4, p. 427-497.
NAVA ( Antoine ), guitariste italien, vivait à
Milan vers 1810. Il a fait graver de sa compo-
.sition environ soixante-dix œuvres de pièces de
différents genres pour guitare seule ou avec
accompagnement , à Milan , chez llicordi , et à
Paris.
IVAVARA (François), compositeur drama-
tique, né à Rome vers 1660, fit représenter à Ve-
nise , en 1696, un opéra intitulé : Basilio re
d'Orienté.
KAVARRA (Vincent), prêtre, né à Palerme
le 3 mai I6fi6, était en 1713 bénéficier de l'église
métropolitaine de cette ville. On a de lui un
livre intitulé : Brevis et accuraia totius musicx
notifia, Palerme, 1702,in-4°. Il écrivit aussi une
théorie de la musique qui avait pour titre : Ta-
vole délie legge numerica ed armonica, nelle
quali si disvelano gli arcani più reconditi del
numéro e délia vm si ca ; mais un incendie dé-
truisit son manuscrit le lejuiilet 1670. Il recom-
mença, dit-on , ce travail, mais il ne paraît pas
qu'il l'ait fait imprimer.
NA VIÈRES (Cu\ri.es DE), né à Sedan, près
de Pont-à-Mousson, fut attaché au service du duc
de Bouillon. Lacroix du Maine dit qu'il fui tué
en 157 2, dans la nuit de la Saint-Barthélémy; mais
Colletet a fait voir ( Discours sur la poésie mo-
rale, page 163) qu'il vivait encore en 1614, puis-
qu'il fit dans cette môme année des quatrains sur
l'inauguration de la statue équestre de Henri IV.
Du Verdier dit que Charles de Navièrcs est au-
teur d'un cantique sur la paix, avec la musique
ctnofed'icelui, imprimé à Paris, chez Mathu-
rin Prévôt, avec autres de ses cuivres, en 1570.
NAYOIGILLE aîné (Guillaume-Julien dit),
violonifcte (le quelque talent, né à Givel vers 1745,
suivant une notice de Roquefort (1) (et non à
• (li Celle notice rst Insérée dans le Magasin encyclopé-
dique (jaiiviLT 1802, p. 217 \ Roquefort avait ctc l'ami de
Lille, comme il est dit dans la première édition
de cette Biographie ), quitta sa ville natale pour
venir étudier la musique-à Paris. Un hasard lui
procura la connaissance d'un noble vénitien re-
tiré à Ménilmonlant, et qui charmé de ses heu-
reuses dispositions le prit en affection, le garda
chez lui, finit par l'adopter et lui donna son nom.
Monsigny l'avait fait entrer dans la maison du
duc d'Orléans. Après ia mort de ce prince, Na-
voigille fut quelque temps sans emploi. Il s'était
fait une réputation d'habile chef d'orchestre en
dirigeant celui des concerts de la Loge olympi-
que. 11 n'était pas moins distingué comme profes-
seur. Plusieurs années avant la Révolution il avait
établi une école gratuite de violon, chez lui, rue
de la Chaise, hôtel de Bretagne. Alexandre Bou-
cher fut l'artiste le plus renommé qui en sortit.
En janvier 1789 Navoigille entra au théâtre de
Monsieur comme chef des seconds violons; il y
était encore en 1791. Le 20 octobre 1792 eut lieu
Touverture du théâtre du Palais, dit des Varié-
tés, qui prit, en 1793, le nom de Théâtre de la
Cité. Rodolphe était le directeur de la musique,
Navoigille le premier violon, et son frère y jouait
l'alto. En 1799 et 1800, iNavoigille aîné était
chef d'orchestre du même théâtre. Lorsque vers
la fin du mois de mai 1800 la Hollande fut éri-
gée en royaume en faveur de Louis-Napoléon,
Plantade ayant été choisi pour diriger la cha-
pelle de ce prince y fit entrer les frères Navoigille.
Après la réunion de la Hollande à la France,
celui qui est l'objet de celte notice revint à Paris,
où il mourut au mois de novembre 1811.
Outre les œuvres écrites pour le Théâtre de la
Cité, attribuées par les uns à Navoigille aîné,
par les autres à son frère, on connaît du premier
les compositions suivantes : l°Six Trios pour 2
violons et violoncelle, op. 1. — 2" Six Duetti a
due violini, op. 2. — 3" Six Sonates à deux vio-
lons et basse. — 4" Six Solos pour violon, op. 4.
— 5° Six Symphonies à grand orchestre, qui peu-
vent s'exécuter à quatre parties, op. 5; Paris ,
Bailleux. — Six Trios pour deux violons et basse,
op. 10; chez M'ic de Siliy. — Un Recueil de con-
tredanses et valses, et cjuelqties romances.
NAVOIGILLE (Hubert-Julien dit), connu
sous le nom de Pfavoigille cadet, naquit à Givet
en 1749. Vers 1775 il alla se fixer à Paris. Sur le
Calendrier musical universel de 1789, p. 302,
on le voit figurer parmi les professeurs libres
(sans emploi). Son adresse est indiquée : Hdlel
Montesson, Chaussée d'Andn. En 1792 et 1793
il était alto à l'orchestre du théâtre du Palais dit
Navoigille cl tenait ses rciisciynciiiinls de l'arlislo
iiiéiiie.
NAVOIGILLE — NKEDLER
293
(les Variétés, qui l'année suivante prit le litre
de Théâtre de la Cité. En 1799 et 1800, Julien j
Navoigille avait encore le même emploi, comme
on le voit dans l'Alinanach des spectacles de l'an i
VIII. Toutefois , il paraîtrait que dans le cou- |
tant de l'année 1799 il entra à Torcliestre du \
théâtre Feydeaii, car on trouve Navoigille jeune '
parmi les seconds violons dans l'Almanacli des
speclacles de Paris pour l'an vin, p. 92. En 1806 ^
il accompagna son frère à La Haye et fit partie
de la chapelle de Louis-Napoléon. Après la réu-
nion de la Hollande à la France il retourna à Pa- :
ris. L'époque de sa mort n'est pas connue. Cet
artiste fut le père de M"e Navoigille, qui eut de la
réputation comme harpiste et se fit entendre au
concert de la Loge olympique en 1S04. — On
a gravéde Navoigille cadet les ouvrages suivants :
r'Six Quatuors concertants pour deux violons,
alto et basse, op. 1; Paris, La Chevardière. — !
2" Six Quatuors concertants pour 2 violons, alto '
et basse, op. 3 ; Paris, chez l'auteur, rue du
Temple, hôtel de Montbas (Biblioth. impériale).
La bibliothèque du Conservatoire de musique
possède trois manuscrits sous le nom de Navoi-
gille (sans prénom), savoir : t° Quintette pour
violons, viole et basse. — 2° Six Symphonies.
— 3° Sonales pour violon. j
IVAWRATILL (...), organiste, né en Bohê- |
me, était atlaché à l'église de Raudnilz, dans la ;
seconde moitié du dix-huitième siècle. lia écrit
deux litanies qui ont été citées comme des com- ,
positions distinguées, et qui sont indiquées dans
le catalogue de Foyta. J'ignore si les huit cahiers :
de polonaises et de marches pour piano gravées
sous ce nom à Vienne, chez Artaria, sont de l'ar-
tiste dont il s'agit ici ou de quelque autre du
même nom.
' KAWRATILL (. Antoine), vraisemblable-
ment de la même famille, était contrebassiste dis-
tingué à Pnigue, en 1840.
ÎVE^VNDER (Alexis), prêtre et directeur de j
musique à l'église de Saint-Kiiiaii, à Wiirzbourg, ',
au commencement du dix-septième siècle, a pu-
blié trois suites de motets à 4 et jusqu'à 24 voix,
sous le titre de Caiitiones sacric, quas vulgo
viotelas vocant; Francfort-sur-le-Meiu, 1005-10, ;
iu-4°. j
KEAKDER ( JoACBiM ) , dont le véritable ■■
nom était iNe«;/ioH?j, naquit à Biôme en 1610. ;
Après avoir terminé ses études de théologie, il
composa des seiraons qui ont été publiés, et cul-
tiva avec succès les lettres, la poésie et la musi- {
que. Il fut d'abord recteur du collège à Dusscl-
dorf, puis fut nommé, en 1679, prédicateur de
l'tglise Saint-Martin , à Brème , et mourut dans
cette ville le 21 mars IG80. On a de lui des re-
cueils de cantiques avec les mélodies dont il y a
des éditions imprimtkîs à Brème et dans d'aulrt-s
lieux, publiées en IGSO, 1692, 1713, 1716, 1725
et 1730. Ces cantiques ont joui de beaucoup d'es-
time chez les réformés allemands.
IMEATE (Charles) , professeur de piano, est
né à Londres en 1784. Après avoir pris les pre-
mières leçons d'un maître peu connu , nommé
Guillaume Sharp , il passa sous la direction de
Field , dont il reçut les conseils Jusqu'au départ
de cet artiste pour Pétersbourg. Il se fit entendre
pour la première fois en public dans les oratorios
d'Ashley, et fut un des fondateurs de la Société
philharmonique, dont il a été directeur pendant
plusieurs années. Vers !S04 il fit un voyage sur le
continent, passa huit mois à Vienne, puis étudia
la composition sous la direction de Winter et de
VVoeKl- En 1808 il publia son premier œuvre,
consistant en une grande sonate pour piano, dé-
diée à Woelfl. Ses occupations comme professeur
lui firent mettre un intervalle de quatorze ans
entre cette publication et celle dune grande so-
nate (en ut mineur), œuvre 2, qui ne parut qu'en
1822 , et qui a été réimprimée à Vienne, chez
Haslinger. Depuis lors Neate a fait paraître aussi
quelques fantaisies et variations pour le piano.
NEDELIIAXX (WiLHELM ou Glillalmk),
canior à Essen, vers 1830, sur qui les biogra-
phes allemands gardent le silence, est auteur de
plusieurs recueils de chants à trois ou quatre
voix égales pour les enfants, publiés par livrai-
sons à Essen, chez Baedeker, en 1830-1839.
XEEB (Hexbi), compositeur et directeur de
la Liedertafel (Société de chant), à Francfort-
sur-le-Mein, est né en 1807 à Lith, dans laHesse
électorale. Il y fit ses éludesau séminaire de Fried-
berg, et y apprit la musique sous la direction du
recteur Muller, auteur de J'opéra Die letzten
Tage von Pompeji ( Les derniers jours de
Pompéi ), qui fut représenté au théâtre de la
cour à Darmstàdt, au printemps de 1855. Neeb
se rendit ensuite à Budingeo, où il reçut des le-
çons du directeur de la Société de chant ; puis il
fut envoyé à Francfort et y devint élève d'Aloys
Sciuuitt pour le piano. Compositeur de mélodies
d'un caractère original, il a écrit aussi la musique
des opéras intitulés Dominique Baldi, Le Cid,
et Die Schwarzen Jager (Les Chasseurs noirs),
qui ont été représentes au théâtre de Francfort.
En 1860 Neeb était directeur des Sociétés de
chant Eutonia et Germanica.
iVEEDLER (Henbi), amateur de musique
distingué, est né à Londres en 1G85. Sou père,
bon violoniste pour son temps, lui fit conunencer
l'étude de sou instrument, puis le plaça sous la
directiou de John Cauister cl de Pura-ll pour lu
294
NEKDLER — iNEEFE
composition. Needler fui le premier qui joua en
Angleterre les concertos de Corclli. En 1704 il
obtint un emploi supérieur dans les accises de
Londres, quoiqu'il ne fût âgé que de dix-neuf
ans. Cet amateur mérite d'être mentionné dans
l'histoire de l'art comme ayant fondé, en 1710,
le Concert de la musique ancienne. H mourut à
Londres le 8 août 1760, à l'âge de soixante-quinze
ans.
ÎVEEFE (CnnÉTiEN-TiiEOPUiLE), né le 5 fé-
vrier 1748, à Chemuitz, dans la Saxe, étudia
d'abord le droit à l'université de Leipsick , et
reçut dans le môme temps des leçons de Hiller
ponr la musique. De retour à Cliemnitz, il y
exerça pendant quelque temps la profession d'a-
vocat, mais continua ses études de musique, et
fit même quelques essais de composition qu'il
envoya à son maître, particulièrement des petites
sonates et d'autres pièces pour le clavecin, que
Hiller a insérées dans ses Notices hebdomadaires
( Wœchendiche Nachrichten die Miisikbetref-
fend), de 1768. Encouragé par le suffrage de ce
musicien distingué, Neefe prit la résolution de
renoncer à la jurisprudence pour se consacrer
à la musique, et dans ce dessein il se ren-
dit une seconde fois à Leipsick, en 1770. Il y
trouva des encouragements et de fréquentes
occasions pour augmenter ses connaissances et
ilévclopper son talent. Le théâtre de cette ville
était alors dans un état prospère, et l'opéra alle-
mand y était accueilli avec faveur. Neefe y lit
représenter quelques pièces qui obtinrent un suc-
cès lionorable, et qui furent publiées en partition
pour le piano. La place de chef d'orchestre du
théâtre lui fut aussi offerte , et pendant plusieurs
années il en remplit les fonctions. 11 ne quitta
celte position que pour s'attacher, en qualité de
chef d'orchestre, à une troupe de comédiens am-
bulants, avec laquelle il visita, depuis 1776,
Dresde, Hanau, Mayence, Cologne, Manheim,
Ileidelberg et Francfort ; puis il alla à Bonn, où
il eut la direction de l'orchestre du théâtre, et la
place d'organiste de la cour. Malheureusement
il ne jouit pas longtemps de ces avantages, car le
prince électeur ayant cessé de vivre en 1785, le
théâtre fut fermé, et Neefe perdit le traitement de
luillellorins attaché à sa place de chef d'orchestre ;
il ne lui resta plus pour faire vivre sa famille que le
revenu insufUsant de sa place d'organiste. Il dut
chercher alors des ressources dans l'enseigne-
ment, et bientôt il compta parmi ses élèves les
personnes les plus distinguées de la ville; mais
le uouveau prince ayant réorganisé le spectacle
de la cour, Neefe dut rentrer dans ses fonctions
de chef d'orchestre et renoncer à celles de pro-
fesseur. Peu de temps après, la guerre de la révo-
lution avec la France éclata; les armées françai-
ses arrivèrent sur le Rhin, et le théâtre fut fermé
de nouveau. Neefe conduisit alors sa famile à
Amsterdam, et fit entrer sa lille au théâtre alle-
mand comme cantatrice; il aurait accepté lui-
même la place de chef d'orchestre de ce théâtre,
si son prince ne l'avait obligé à retourner à Bonn.
L'adnjinistration française l'employa comme ré-
gisseur du séquestre des biens de l'électeur; mais
la saisie définitive de ces biens ayant été déci-
dée, il perdit encore cet emploi. Sur ces entre-
faites, la troupe allemande d'Amsterdam s'étant
dissoute, la fille de Neefe entra au théâtre deDes-
sau, et lui-même y fut appelé pour en diriger l'or-
chestre, en 1798. Le temps des pénibles épreuves
semblait passé pour lui ; il commença à goûter le
plaisir du repos après tant d'agitations. En 1797,
il joignit à sa place de directeur de musique au
théâtre celle de maître de concert de la cour;
mais un asthme le conduisit au tombeau, le 26
janvier 1798. Neefe a eu la gloire d'être un des
maîtres qui ont dirigé les premières études de
Beethoven. Il a écrit pour le théâtre : 1° Die Apo-
theke (La pharmacie), à Leipsick, 1772, gravé en
partition pour le piano. — 2" Amor's Guckkas-
<ew ( L'Optique de l'amour), ibid., 1772, gravé
en partition pour le piano. — 3" Die Einsprilck
(L'Opposition), à Leipsick, 1773, gravé eu parti-
tion pour le piano. — 4° La plupart des airs du
petit opéra intitulé : Dorfbarbier (Le Barbier
de village), gravé en partition pour le piano, à
Leipsick, 1772. — 5° Henri et Lyda, gravé en
partition, à Leipsick, en 1777. — 6° Zémire et
Azov, dont l'air : Der blumen Kœnigin (La Reine
des fleurs) se trouve dans la collection d'airs d'o-
péras publiée par Hiller en 1778. — 7° Adelheit
von Veltheim (Adélaïde de Veltheim), à Bonn,
en 1781. — 8° Chant des Bardes, dans la tragé-
die : Die Romer in Deutschland (Les Romains
dans la Germanie). — 9° Sophonisbe, mono-
drame, publié à Leipsick, en partition pour le
piano, 1782. — 10° Dieneuen Gutshei-rn (Les
nouveaux Propriétaires), gravé en partition pour
le piano, 1"^* et 2* parties, Leipsick, 1783 et 1784.
— 11° Beaucoup d'enlr'actes et d'antres mor-
ceaux pour des drames. Parmi les compositions
de Neefe (lour l'église on remarque . 1° Le Pater
nosier, en allemand. — 2'''L'ode de Klopstock :
Dem Unendlichen, à 4 voix et orchestre. Ses
principaux ouvrages de musique instrumen-
tale consistent en un concerto pour piano et
violon , avec orchestre ; six sonates pour piano,
gravées à Glogau, chez GiJnther; trois oeuvres
de sonates pour piano seul, publiés à Leipsick
depuis 1774 jusqu'en 1784 ; fantaisies pour piano,
Bonn, Simrock ; variations sur l'air allemand :
NEEFE — KEGRI
295
J)as Friifistiick , ibid., 1793; marche des prê-
tres de la Flûte enchantée , variée , ibid. Neefe
a aussi arrangé pour le piano beaucoup d'opéras
de Mozart et d'autres compositeurs , ou traduit
en allemand des opéras de Grélry, Dalajrac,
Desaides, Paisiello, etc. Enfin on a de lui des
chansons jwiir les enfants, avec accompagnement
de piano, publiées à Glogau , chez Giinther, et
des mélodies pour les Re'ves et images de Her-
der; Leipsick, Breitkopfot Haertel. Il est auteur
d'une dissertation sur les répétitions en musique,
insérée au Musée allemand en I77C, et de ren-
seignements sur la musique à Mimster et à Bonn,
dans le Magasin de Cramer (1'" année, 1783).
i\EEFE (M"'^), femme du précédent, dont
le nom de famille était ZX'SK, naquit à Warza,
dans le duché de Gotha, et reçut son éducation
musicale dans la maison du compositeur Georges
Benda. Après avoir débuté sur le tliéàtre de la
cour de Gotha, elle prit un engagement dans la
troupe de Seiler, en 1777, parcourut avec elle
une partie de l'Allemagne, et devint la femme de
Seefe à Francfort, en 1778. Elle a publié, dans
la première année de la Gazette musicale de Leip-
sick, une notice biographique sur sou mari, qui
l'avait rédigée jusqu'à l'année 1782, et y ajouta
une continuation qu'on trouve page 360 du pre-
mier volume de cet écrit périodique.
iXEGRI (CÉSAR), né à Milan, surnommé par
les Italiens il Trombone, fut un professeur de
danse très-célèbre dans le seizième siècle et au
commencementdu dix-septième. Il est connu prin-
cipalement par un Traité de la danse et de la
musique propre aux ballets, intitulé : Nuove
inventioni di balli , opéra vaghissima di
Cesare JSegri , nella quale si danno i giusli
viodi del ben poriar la vita e di accomodarsi
con ognileggiadria di movimentoalle creanze
e grazie d'amore convenevoU a tutti i cava-
lieri e dame pet ogni sorte di ballo , balletto,
e brando d'Italia, d'Ispagna, edi Francia,
con figure bellissime in rame, e régale délia
musica e intavolatura quali si richiedono al
suono e al canto, divise in tre trattati; Milan,
1C64, in-fol. On trouve en tête de l'ouvrage le
jiortrait de l'auteur, à l'âge de soixante-six ans.
iVEGRl (Marc-Antoine), compositeur, né à
Vérone, dans la .seconde moitié du seizième
siècle, obtint la place de vice-maitre de chapelle
de la cathédrale de Saint-Marc, à Venise, le 22
décembre 1612, et mourut en 1620. Il eut pour
successeur dans sa place Alexandre Grandi
( voyez ce nom), le 17 novembre de cette année ;
il a publié à Venise, en 1613, des psaumes à sept
voix.
IVEGRl (Joseph), né également à Vérone
dans la seconde moilié du seizième siècle, et
I peut-être parent du précédent, fut attaché à la
musique de l'électeur de Cologne, et a publié à
; Veni.se, en 1622 : Madrigali ed arie.
i IVEGRl (François), de la même famille que
! les précédents, naquit à Vérone, en 1609, et fut
maître de chapelle de l'église Santo-Bernardino.
Il a composé beaucoup de musique d'église qui
i est restée en manuscrit, et a publié un recueil de
i pièces de chant pour plusieurs voix, sous le titre :
Arie musicalij in Venezia, app. Al. Vincent i,
1635, in-40.
\EGRI (Marie-Anne-Catherine) , canta-
' trice distinguée, naquit à Bologne dans la pre-
mière année du dix-huitième siècle, et fut élève
I de Pasi, qui l'était lui-.même de Pistocchi. En 1724
' elle fut attachée au théâtre du comte de Spork, à
' Prague, et y chanta jusqu'en 1727 ; alors elle re-
tourna en Italie oij elle brilla sur plusieurs théâtres
I jusqu'en 1733, époque où elle fut engagée par
j Haendel, pour chanter à son théâtre de Londres.
I A'EGRI (Benoît), professeur de piano au
Conservatoire de Milan, est né à Turin le 23 jan-
vier 1784. Après avoir fait ses études en cette
ville, sous la direction de l'abbé Ottani, puis à
Milan, sous Boniface Asioli, il obtint en 1810 sa
place de professeur au Conservatoire de cette
ville. En 1823 , il a été nommé maître de cha-
pelle de la cathédrale. Ce musicien s'est fait con-
naître par un traité élémentaire de l'art de jouer
du piano, intitulé : Supplemento ai metodi di
piano-forte, composta e dedicato aile sue al-
lievi; Milan, Ferd. Artaria, 1822, in-fol. de 21
pages. Dans un voyage qu'il a fait à Paris, il a
fait imprimer un opuscule, intitulé : Instruction
aux amateurs du chant italien; Paris, Pacini,
in-8' de 34 pages 1834. 11 a aussi publié de sa
composition : r Nocturne pour piano et tlOte
sur unairde Rossini ; Milan, Ricordi. — 2° Pot-
pourri poiir piano et flûte sur des thèmes de la
Donna del Lago ;M'\\an, Berluzzi. —3" Grande
polonaise brillante et expressive pour piano seul ;
Milan, Ricordi. — 4° Variations pour harpe et
piano sur la cavatine Di tanti palpiti ; ibid. —
3° Grande Sonate pour piano seul ; ibid. Negri est
mort à Milan, le 24 mars 1854, à l'âge de soixante
dix ans.
On connaît aussi sous le nom de Negri quel-
ques compositions pour la ilùle imprimées à Mi-
lan, chez Ricordi; j'ignore si elles appartiennent
au même artiste.
XEGRI (GiiLio SAN-PIETRO DE'), amateur
de musique, né à Milan, dans la seconde moitié
du seizième siècle, d'une famille noble, s'est fait
connaître par plusieurs œuvres de chant dont
je ne connais que ceux dont le» titres suivent :
296
INEGRI — INEHRLICH
1° Grazie ed affetti di viusica moderna, a
una,due, ejre voci. Dacantarenelclavicordio,
chitarrone , arpa doppia, et altri simili islro-
vienti. Opéra quinia.; inMilano, apprcsso Fi-
lippo Lomazzo, 1613, in fol. Ce recueil contient
44 chants dans le nouveau style mis en vogue
par Jules Caccini. — 2» Seconda llbro délie
grazie ed afj'eli di musica moderna a una ,
due, être voci. Dacantare, etc. Opéra otiava;
in Venetia, appresso Giacomo lïncenti, 1615.
in-fol. Ce recueil contient 23 cliants.
NEGRI-TOMI (Anne), surnommée la Mes-
trina, naquit à Venise, ou plutôt à Mestre ,
près de cette ville, vers le milieu du dix-sep-
tième siècle. Elle fut considérée comme une
des plus habiles cantatrices de l'Italie, depuis
1670 jusqu'en 1685.
NEHRLICll (Jean-Pierre-Théodore), pia-
niste et compositeur, est né à Erfuit, en 1770.
Doué d'heureuses dispositions pour la musique,
il les cultiva de bonne lieure, et pendant qu'il
faisait ses premières études au collège il reçut des
leçons de Weimar, qui le rendit habile dans la
lecture à première vue. Plus tard on l'envoya à
Hambourg près de Charles-Philippe-Emmanuel
Bach, qui lui fit faire de rapides progrès sur le
piano ; mais ayant perdu, d'une manière inatten-
due et prématurée, sa voix de soprano, il ne put
rester à l'école de Sainte-Catherine , et fut obligé
de retourner à Erfurt. Il y trouva heureusement
dans les excellents organistes Kittel et Haesler
des guides pour la continuation de ses études : il
perfectionna, sous leur direction, les connais-
sances qu'il avait acquises. Le désir qu'il éprou-
vait de pouvoir jouer de plusieurs instru-
ments le décida à se mettre en apprentissage
pour cinq ans chez le musicien de la ville à Goet-
tingue; sa persévérance triompha des dégoûts
inséparables d'une semblable position. Il n'avait
point encore achevé ce temps d'épreuves lorsqu'il
exécuta à Gœttingue, dans un concert donné le
26 janvier 1793, un concerto de piano de sa com-
position , dont Forkel a fait un éloge que Gerber
a eu sous les yeux. Après avoir passé les cinq
années de son engagement à Gœttingue, Nehrlich
obtint, sur la recommandation de Haesler, une
place de professeur de musique dans une famille
riche à Dorpat, en Esthonie. 11 resta dans cette
situation pendant plusieurs années ; des motifs
inconnus la lui firent ensuite abandonner pour
se rendre à Moscou. Des variations pour le
piano sur des airs russes, qu'il publia à Péters-
bourg le firent connaître avantageusement, et'
bientôt il fut le professeur de piano le plus re-
cherché parmi ceux qui se trouvaient à Moscou.
Les événements de la guerre de 1812 l'obligèrent
à sortir de celte ville; mais plus tard il y re-
tourna et y reprit la carrière de l'enseignement
jusqu'à sa mort, arrivée en 1817. On connaît de
cet artiste : 1° Airs russes variés pour le piano,
op. 1; Pétersbourg, 1795. — 2" Idem, op. 2;
ibid. — 3" Fantaisies sur une chanson russe,
op. 3 ; Moscou — 4° Six leçons pour le clave-
cin, op. 4; ibid. — 5° Vingt-quatre préludes
dans tous les tons majeurs et mineurs, op. 5 ;
ibid., 1798, — 6° Fantaisie et variations sur un
air russe, op. 6; Pétersbourg, 1802. — 7°Ving(-
cinq odes et hymnes spirituelles de Gellert, op. 7;
Leipsick. — 8° Quelques airs variés, pour le
piano.
]\EI1RLICH(C.-G.), professeur de chant à
Berlin, est né en Saxe vers 1810 et a fait ses
études musicales à Dresde. En 1839 il ouvrit
une école de chant à Leipsick, puis il publia one
théorie très- développée de cet art, sous ce titre :
Der Gesangkunst oder die Geheimnisse der
grossen italienischen und deulschen Gesang-
meister aller und neuer Zeit, vom physiolo-
gische-psijchologischen , xsthetischenund pœ-
dagogischen Stundpunkte aus betrachtet, etc.
(L'Art du chant, ou les Secrets des grands maî-
tres dédiant italiens et allemands des temps an-
ciens et modernes, etc. ) ; un gros volume in-S'
avec des planches anatoraiques des organes de la
voix; Leipsick, B. G. Zeubner, 1841. A peine cet
ouvrage eut-il paru, que M. Mannstein {-voyez
ce nom), auteur d'un livre intitulé -.La Grande
École de chant de Bernacchi de Bologne, pu-
blié à Dresde en 1835, adressa à la rédaction de
la Gazette générale de musique de Leipsick,
une longue réclamation dans laquelle il qualifie
le travail de M. Nehrlich d'impudent plagiat:
Fink, alors rédacteur en chef de celte gazette
publia, dans le n" 42 de l'année 1841, une ana-
lyse sévère de cet ouvrage, et, entrant dans les
vues de M. Mannstein, donna une liste étendue
des chapitres et des passages qui ont jle l'ana-
logie avec les principes exposés dans la Grande
École de chant de Bernacchi. M. André Som-
mer, professeur de philosophie , fit à cette ana-
lyse partiale une réponse péremptoire qui parut
dans le n° 45 du même journal de musique, et
démontra par des arguments sans réplique que
les prétendus plagiats ne sont autre chose que
les principes qui sont les bases de l'art du chant,
lesquels se trouvent dans les livres de Tosi, de
Mancini, de Mengozzi, partout enfin; principes
qui sont le fruit de l'expérience de tous les temps
et n'appartiennent à personue en parliculier.
Nehrlich a donné une deuxième édition re-
maniée et fort augmentée de son livre sous le
titre : Die Gesangkunst physiologisch, psycho-
NEHRLICII — KEITHARDT
297
togisch, asthetisch itnd pœdagogisch darge-
stellt (L'Art du clianl : exposé physiologique,
psychologique, esthétique et pédagogique) ; Lei-
psick, B.-G. Teubner, 1853, un vol. gr. in-S",
de 500 pages, avec deux planches. En 1846,
l'auteur de cet ouvrage ouvrit une école de chant
à Hambourg, et en 1850 il s'établit à Beilin.
On a du même professeur une méthode pratique
de l'art du chant intitulée : Gesangschule fur
gebildete Stûnde; Ein Theor. — praht. Hand-
buch fiir Aile, e<e.,' Berlin, Logier, 1844, in-4*'.
NEIDHARDT ( Jean-Geokges), né à Ber-
stadt, en Silésie , dans la seconde moitié du dix-
septième siècle, fit de bonnes études aux uni-
versités de Jéna , de Leipsick, et en dernier lieu,
de Kœnigsberg, où il suivit un cours de théo-
logie. En 1720 il obtint la place de maître de
chapelle à l'église de la citadelle de cette der-
nière ville, et il mourut dans cette position le
1*' janvier 1739. Lorsqu'il était encore étudiant
à Jéna , il publia son premier livre relatif à la
musique sous ce titre : Besie und leichteste
Temperaiur des Monochordi, Vermiitelst
welcher das heutiges Tages brauchliche Ge-
nus Diatonico-Chromaticuni also eingerichtet
wird, etc. (Le meilleur et le plus facile tempé-
rament du monocorde, etc. ), Jéna, 1706,
in 4° de 104 pages. Avant que cet ouvrage
parût, la matière n'avait été traitée ni aussi bien,
ni d'une manière aussi complète et avec autant
d'ordre. Les huit premiers chapitres renferment
des tables do proportions de tous les intervalles
diatoniques, chromatiques et enharmoniques,
au point de départ de tous les degrés de l'é-
chelle chromatique pris sur le monochorde. Les
travaux d'Euler, ni ceux des autres canonistes
n'ont rien ajouté à ceux de Neidhardt sous ce
rapport. Je possède un précieux exemplaire de
ce petit Traité annoté par Kichelman ( V. ce
nom), et qtii a appartenu à Marpurg, puisa
Forkel. Dix -huit ans après que ce livre eut été
publié , Neidhardt lit paraître un opuscule sur
un sujet analogue, intitulé : Sectio Canonis
haufiionici , sur vœlligen Richtigkeit der Ge-
neimm modulandi ( Division du canon harmo-
nique pour la complète justesse des intervalles
des sons ) , Kœnigsberg , 1724, in-4° de 36 pa-
ges. Ce petit ouvrage a de l'importanc* , car il
me paraît être le premier où les logarithmes
ont été appliqués au calcul des intervalles. Enfin
l'auteur de ces travaux fit une excellente com-
paraison des divers systèmes de tempérament au
moyen de circulations complètes de quintes, de
tierces majeures et de tierces mineures, dans
le livre qui a pour titre : Gxntzliche erschœpfte
mathematische Abiheilungen des Diatonisch-
chromatischen lemperirten Canonis Mono-
chordi, etc. (Division parfaite et mathématique
du canon diatonico-chromatico-tempéré du mo-
I nocorde, dans laquelle on montre comment on
' peut trouver tous les tempéraments , etc. ) , Kœ-
I nigsberg 1732, in-4'' de 52 pages. Gerber cite
I une édition du même ouvrage datée de Leip-
i sick et de Kœnigsberg, 1734; on en trouve un
I exemplaire dans la Bibliothèque royale de Ber-
i lin. iNous apprenons de Maltheson ( Ler volkom-
j mené Kapellmeister, troisième partie, cbap. 18,
I paj-e 352) que Neidhardt fut le premier qui
I traita d'une manière mathématique des accords
j brisés , c'est-à-dire des batteries et des arpèges,
I dans un Traité de composition écrit en latin , et
' qui est resté en manuscrit : nous voyons dans
[ le Dictionnaire des musiciens de la Silésie,
i par Hoffmann , que cet ouvrage se trouvait
i dans la bibliothèque de Reichardt, en 1812.
Comme compositeur, Neidhardt a publié les Sept
j psaumes de la pénitence.
j NEILSON (Lacrexce-Corsélius), organiste
I et pianiste anglais, naquit à Londres, vers 1760.
I A l'âge de sept ans il accompagna ses parents
j en Amérique ; il y perdit sou père et revint en
i Europe. Une spéculation sur la pêche de la tor-
I tue causa la ruine de sa famille. Neilson avait
atteint sa quarantième année lorsqu'il embrassa
la profession de musicien. Il se livra d'abord à
l'enseignement à Nottingliam et à Derby, puis
fut organiste à Dudley. Mécontent de sa posi-
tion dans cette dernière ville , il la quitta après
deux ans , et retourna à Nottingham. Après la
mort de Samuel Bower, organiste à Chesterfield ,
il lui succéda comme professeur de musique,
mais il n'obtint pas de le remplacer à l'orgue de
cette paroisse; néanmoins il continua d'y fixer
sa résidence. Neilson vivait encore en 1830,
mais depuis cette époque , on n'a plus de ren-
seignements sur sa personne. On a gravé de sa
composition, à Londres : 1° Trois sonates pour
le piano, op. 1. — 2° Une idem, op. 2. —
3° Douze divertissements pour le piano. —.
4° Trois duos pour deux flûtes. — 5'' Trois re-
cueils d'airs pour une flûte seule. 6° Journal
de pièces pour la flûte ; il en a paru six numé-
ros. — "** Douze duos pour deux flûtes. —
8° Un livre de psaumes et d'hymnes pour l'é-
glise; et des airs détachés avec accompagnement
de piano.
NEITHARDT ( Hesbi-Acguste), composi-
teur et directeur des Domchor à Berlin, est né
àSclileiz,le 10 août 1793. Élève de l'organiste
de la cour Ebhardt , il apprit de lui le chant, le
clavecin et l'oi^ue , puis il se livra à l'étude de
la clarinette et entra à la chapelle princière de
298
PJEITHARDT
NENNA
Schleiz pour y jouer cet instrument. En 18!.i,
époque du soulèvement de l'Allemagne contre
la domination française , il entra comme volon-
taire dans un bataillon de chasseurs et fit les
campagnes de 1813, 1814 et 1815. De retour à
Berlin en 1816, et libéré du service militaire,
M. Neithardt se livra à l'exercice de son art.
En 1839, il a été nommé directeur du chœur du
T>om , dont il remplissait encore les fonctions
en 1860. Parmi ses compositions gravées, qui
sont au nombre de plus de cent œuvres, on
remarque : 1° Symphonie concertante pour deux
cors, Leipsick, Creitkopf et Hsertel. — 2° Des
marches pour musique militaire, op. 58, Ber-
lin, Laue. — 3° Des quintettes pour flûte, vio-
lon et basse, op. 3 et 47; Berlin, Schlesinger. —
4° Des quatuors et des trios pour cors ; ibid.
— 5" Des duos pour le même instrument. —
6° Des sonates pour piano seul. — 7' Des diver-
tissements et des pièces de différents genres pour
cet instrument. — 8" Des variations, idem. —
9° Un très-grand nombre de cahiers de danses ,
valses et polonaises pour le même instrument.
— 10" Plusieurs suites de marches , id. —
11° Des chants pour quatre voix d'hommes. —
12' Des chants à voix seule avec accompagne-
ment de piano, des hymmes et des chœurs.
M. Neithardt a écrit aussi la musique de l'opéra
Manfred et Juliette , qui a été représenté à
Kœnigsberg, en 1835. La plupart de ses pro-
ductions ont paru à Berlin sous le litre ; Sam-
mlung religiœser Gesange xltercr und neues-
ter Zeil, M. Neithardt a publié un recueil
intéressant de morceaux de musique religieuse de
maîtres anciens et modernes qui font partie du ré-
pertoire de l'excellent chœur du Dom , à Berlin.
On y trouve quelques morceaux bien écrits de
l'éditeur, et son potrait; Berlin, Bote et Bock.
IVELVI ( Joseph-Marie ) , né à Bologne
en 1697, fut élève, pour l'orgue et le contrepoint,
de Floriano Aresti , puis de Riccieri. En 1725,
il se rendit en Pologne, en qualité de maître de
chapelle du prince Stanislas Rzewucki, généra-
lissime de la couronne, puis entra au service
du prince de La Tour et Taxis , à Ratisbonne.
De retour à Bologne , en 1734, il y remplit les
fonctions de maître de chapelle dans plusieurs égli-
ses , puis fut appelé à Viterbe pour y diriger la
chapelle de la cathédrale. Agrégé à l'académie des
Pliiharmoniques de Bologne, en 1722, il en fut
nommé prince en 1737. Nelvi a fait représenter
dans c*tte ville, en 1723, Amornato ira le om-
bre. L'année suivante il donna : L'Odio redivivo.
NEMET2 (ANnRÉ), professeur de musique
à Vienne et chef de la musique d'un régiment au-
trichien, naquit en Boliême en 1799, et mourut à
Vienne le 21 septembre 1846, après une doulou-
reuse maladie dont la durre avait été de 18 mois.
Cet artiste a publié , chez Diabelli , en cette ville :
Jfomschule fur das Ein/ache, das Machinen
und das Signalhorn ( Méthode pour le cor or-
dinaire, le cor à pistons , et le cor de signal ) ,
1 828. — 2° Neueste Trompetenschxde ( Nouvelle
école de trompette), idem. — 3° Neueste Posaun-
schule (Nouvelle méthode de trombone), idem.
NEMORARIUS ( JoRDANus), mathématicien
et philosophe qtii vécut dans le septième siècle,
a écrit Arithmetica muxica, Epitome in
Arithmeticam Boetii et alla opuscula mathe-
matica, qu'on a imprimé à Paris en 1503,
in-fol. Jœcher (Gelehrten Lexic.) l'appelle Ne-
moratius, et le fait vivre au commencement du
treizième siècle. C'est probablement de cet
écrivain que Mersenne a voulu parler lorsqu'il
dit (Harmonie universelle, liv. I, page 54) -.
« Il faudrait descrire les 7", 8" et 9« (livres) d'Eu-
« clide et le premier livre de la musique de
« Jordan, si on vouloit dire tout ce que la mu-
« sîque emprunte de l'arithmétique. » L'Arith-
métique de Jordanus Nemorarius, divisée en
dix livres, a été publiée par Henri Estienne,
avec le traité spéculatif de musique de Jacques
Faber ou le Febvre d'Étaples, l'Abrégé de
l'Arithmétique de Boèce, et l'analyse d'un jeu
arithmétique appelé Ludus rhytmimachiae. Le
volume a pour litre : In hoc opère contenta
Arithmetica decem libris demonstrafa ;
Musica libris demonstrata quatuor; Epi-
tome in libros arithmeticos divi Severini
Boelij; Rythmimachix ludus qui et jnigna
numerorum appellatur. Au dernier feuilleton
lit :^rf studiorumutilitatem Henrici Stephani
labore et sumptu Parhysiis Anno salutis Do-
mini, 1514, in-fol. Le dixième livre du traité de
Jordanus Nemorarius est relatif aux proportions
arithmétiques et géométriques delà musique.
NEIVIXA ( PoMPONius ) , compositeur de ma-
drigaux, naquit à Bari, dans le royaume de
Naples, vers 1560. Il fut créé chevalier de l'É-
peron d'or, et couronné de lauriers, à Naples ,
en 1613. Bien qu'on ne connaisse aujourd'hui
aucune des premières éditions de ses composi-
tions, il est certain qu'elles ont dû paraître
dans les dernières années du seizième siècle, puis-
que l'on trouve quelques-uns de ses madrigaux
dans le recueil de pièces de ce genre à deux
voix , de divers auteurs de Bari, publié à Venise
en 1585, et que la collection intitulée : Melo-
diaolimpica di diversi eccelleniissimimusici
(Anvers, P. Phalesio , 1594), renferme deux
de ses madrigaux à cinq voix. La quatrième édi-
tion du septième livre de ses madrigaux à cinq
NENNA — ÎSÉRON
299
voix parut à Venise en 1G24. On doit dune consi-
dérer comme des n-impressions toutes les édi-
tions des divers livres de ces rnadrigam indiqués
p;ir le père Martini, dans la table des auteurs
cités au deuxième volume de son Histoire gé-
nérale de la musique; ces éditions sont les sui-
vantes : 1° MadriRali a cinque voci , lib. 1,2,
3, 4, 5, C, 7, 8, Venise, 1G09, 1612, 1613, 1617,
1618, 1624, in-4". Je possède la (piatrième édi-
tion du sixième livre à 5 voix ; elle a pour tilre :
l)i Pomponio Aenna, cavalière di Cesare il
spsio libro de Madrigali a cinque voci. Quart a
ivipressione. Slampa del Gardano in Ve-
nelia, 1628, oppressa Barth. Magni , in-4''.
— 2° Madrigali a qxialtro voci, lib. 1, ib.,
1631, ^-4". Le titre de la quatrième édition du
septième livre à cinq voix est celui-ci : Aenna
( Pomponio ), cavalière Cesareo : il setlimn
libro de Madrigali a cinque voci, quarla
impressione. Siamperia del Gardano, in
Venetia, 1624, .in-4°. La musique de Nenna
marque d'une manière particulière l'époque de
transition de l'art à laquelle il appartient. Son
chant manque de grâce et le rliytlime en est
faible; mais son harmonie entre résolument dans
le système créé par Mouteverde , et les intona-
tions les plus difficiles pour les voix, telles que la
seconde et la quarte diminuées, sont fréquemment
employées par lui avec une grande hardiesse.
IVERI (Saint-Philippe), fondateur de la congré-
gation de l'Oratoire, en Italie, naquit à Florence le
21 jui!letl515, d'une famille noble, et se rendit à
Rome, à l'âge de dix-huit ans, pour y achever
ses études. Ses sentiments pieux le décidèrent à
se retirer du monde pour se livrer au soulage-
ment des pèlerins qui visitaient Rome. En 1551,
il fut ordonné prêtre , entra dans la commu-
nauté de Saint-Jérùme , et se chargea du soin
d'instruire des enfants. Il tenait à cet effet des
conférences dans l'église de la Trinitf'. Plus tard
il associa quelques jeunes ecclésiastiques à ses
travaux , et les réunit en communauté , sous le
nom à'Oratorii, en 15C4. C'est alors qu'il coni-
mençu à introduire la musique dans les exercices
religieux de ses disciples. L'excellent composi-
teur Animuccia fui le premier qu'il chargea du
soin d'écrire, pour ces exercices, des cantiques
qui étaient exéculés par les élèves de Saint- Phi-
lippe. IJ fut publié à Rome deux livres de ces
cantiques, tant en langue italienne qu'en lan-
gue latine, sous le nom de Laudi, en 1505 et
1670. Après la mort d'Animuccia, l'illustre Pa-
lestrina, ami du fondateur de l'Oratoire, rem-
plaça ce maître , et composa aussi beaucoup de
morceaux dont le charme attirait en fouie les
amateurs de musique aux exercices des Filip-
pini, comme on appelait alors les Pères de l'O-
ratoire. Ces exercices musicaux furent Porigine
des Oratorios ou Oratoires , espèces de drames
pieux sur lesquels les plus grands compositeurs
se sont exercés dans les dix-septième et dix-bui-
lième siècles. Saint- Philippe IS'eri moi<rut à
Rome, le 26 mai 1J95.
\ERI (Maximilien), excellent musicien de
l'école vénitienne , fut nommé organiste du pre-
mier orgue de l'église Saint-Marc , de Venise, le
18 décembre 1644. En 1664, il quitta celle |M>-
sition pour celle de premier organiste du prince
électeur de Cologne. L'époque de sa mort est
ignorée. Cet artiste a publié de sa composition :
1° Sonate e Canzoni a quaitro stromenii da
Chiesa e da Caméra, con alcune correnti,
op. 1; Venise. — 2"^ Sonate a 3-12 stromenti^
op. 2; ibid.
NERI (Besoit) , maître de chapelle de la ca-
thédrale de Milan , nt- à Rimini , est considéré par
ses compatriotes comme un bon compositeur do
musique d'Église. On cite de lui avec éloge des
poésies sacrées mises en musique à plusieurs
voix, et exécutées en 1835 à l'église S. Fedeie,
à Milan, par un chœur de seize jeunes garçons.
IVERI-BOXDI (MicntL), pianiste et com-
positeur, naquit à Florence, en 1769. Bartolo-
meo Felici lui enseigna la composition et l'ac-
compagnement pratique. En 1812 Neri-Bondi
était premier accompagnateur au tiiéàlre de la
Pergola, dans sa ville natale. Il a écrit plusieurs
morceaux de musique d'église estimés , et a fait
représenter à Florence les opéras / Saccenii
alla moda, et La Villanella rapita.
]XÉRO\ (Lucits DoMiTiLs NERO, connu
sous le nom de ) , empereur romain, célèbre par
ses vices, ses crimes et ses actes de folie fu-
rieuse, naquit à Anliura, le 13 décembre de la
trente-seplième année depuis J.-C. L'histoire de
sa vie n'appartient pas à ce Dictionnaire : Ta-
cite et Suétone nous l'ont transmise, et on ia
trouve dans toutes les biographies générales. Il
n'est ici mention de ce monstre qu'a cause de
son penchant pour ia musique, et de ses préten-
tions aux succès de chanteur et de cilharède.
Un Grec , nommé Ter pus, lui avait ensei;;né
à jouer de la lyre. Après le meurtre de sa mère
Agrippine, Néron s'était retiré à Naples;ce fut là
qu'il fit le premier essai de son talent en public;
l'éclat du triomphe qu'il y obtint attira près de
lui une multitude de musiciens : on dit qu'il en
retint cinq mille à son service, leur donna un
costume particulier, et leur apprit comment il
voulait être applaudi. Plusieurs fois, dans des
jeux publies, il se fit adjuger le prix du chant,
de la lyre ou de la llùte. I! avait aussi la pré-
300
INÉRON — NETZIÎR
tention d'ôtre compositeur. Voulant un jour
clianter la prise de Troie, il fit mettre le feu à
un des quartiers de Rome, et placé sur la ter-
rasse de son palais, il ne cessa de jouer de la
flûte pendant toute la durée de i'incendie. Non
satisfait des- applaudissements des Romains, ii
parcourut la Grèce avec une suite de musiciens
et se présenta dans les concours de musique des
fêtes publiques : la terreur qu'il inspirait ne
permettait pas de lui refuser les prix auxquels il
n'aurait pu prétendre par son habileté. Pendant
son séjour en Grèce , il envoyait régulièrement
au sénat les bulletins de ses victoires musi-
cales. On dit que le nombre de ses couronnes
s'élevait à dix-huit cents. Lorsqu'il retourna
à Rome , il fit pratiquer des brèches dans les
murailles des villes qui se trouvaient sur sa
route , comme c'était l'usage pour les vain-
queurs aux jeux olympiques, et il rentra en
triomphe dans la capitale de l'empire, monté
sur le char d'Auguste, et ayant à ses côtés un
joueur de flûte nommé Diodore. Lorsque Sabi-
nus, préfet du prétoire, eut décidé les soldats
à élire Galba pour empereur, Néron se donna la
mort, le 11 juin de l'année 68, après s'être écrié :
faut-il qu'un si bon musicien périsse ! Il était
âgé de trente et un ans, et en avait régné quatorze.
NERUDA (Jean-Baptiste-Georges), habile
violoniste et violoncelliste, naquit en 1704 à Ros-
siez, en Bohème. Attaché d'abord au service
des principales églises de Prague , il fut appelé
à Dresde en qualité de premier violon de la
chapelle de l'électeur. Après y avoir rempli ses-
fonctions pendant plus de trente ans, il se retira
en 1772, à cause de son âge, et mourut en 1780,
à 74 ans. Ses deux fils (Louis et Antoine-Fré-
déric ) furent, comme lui, musiciens de la cha-
pelle électorale , à Dresde. En 1763, Neruda a
publié six trios, pour deux violons et basse ;
chez Breilkopf , à Leipsick. Il a laissé en manus-
crit : 1" Dix-huit symphonies pour l'orchestre.
— 2° Quatre concertos pour le violon S'' Vingt-
quatre trios pour deux violons et basse. —
4° Six solos pour violon. Parmi ses trios , on
en cite six qui sont remplis de bonnes fugues.
JXERUDA. ( Jean-Ciirysosto.me) , frère du
l»récédent, né à Rossiez, le 1" décembre 1705,
fut un violoniste distingué. Après avoir exercé
sa profession à Prague pendant plusieurs années,
il entra dans l'ordre des Prémontrés, au cou-
vent de Strahow, où il mourut le 2 décem-
bre 1763. J'ignore s'il a laissé quelques composi-
tions pour son instrument.
I\ERVIUS (LéOxXaud), capucin, né en Bel-
gique vers la fin du seizième siècle, a composé
plusieurs ouvrages de musique d'église, parmi '
lesquels ou remarque les suivants : l<' {{.missx
4, .5, 6 et 7 vocum, Anvers, 1610, ia-i". —
2'' C'aniiones sacrx et Litanix D. B. M. Virg.
18 voc.f ibid., 1623, in-4°. Trias harmonica sa-
crariim cantionum, cum basso continuo ad
orgamim, ibid., 1631, in^".
1\ESER (Jean), né à Winsbach, dans le
Brandebourg, vers 1570, entra à l'âge de neuf
ans dans la chapelle du margrave Georges-Fré-
déric, qui lui accorda une bourse pour faire ses
études à l'université, et qui lui fit ensuite obte-
nir la place de directeur de l'école de chaut à
Heilbronn. Il publia, pour l'usage de cette école,
un recueil d'odes latines à quatre et cinq voix,
sous le titre : llymni sacri in usum ludi il-
lusiris ad fontes salutares .-Melodiis etnume-
rismusicis composai etcollecli, etc. Hofii-Va-
riscorum, ex officind Matihxi Pfeilschmidii,
anno ClirisU 1619, in-S" de y feuilles. Il y a
une deuxième édition de cet ouvrage à laquelle
est ajoutée une méthode élémentaire de musi-
que; elle a pour titre : Hymnos sacros selec-
tiores et cantilenas nonnullds quas vacant
gregorianas, quibus in fine adjuncta succincta
eoque genuina institutio admusicis et nume-
rorum vulgarixim scientiam in usum scholx,
Culmbaremis edit. Wolfgang Erdmann
Beijer. Norimbergx, apud Joh. -Jonas Folser-
kering, 1681, in-8°.
JVESSMAKN (Christophe-Frédéric), or-
fèvre-joaillier, à Hambourg, et amateur de mu-
sique, né vers 1760, était parvenu en 1793 à un
rare degré d'habileté sur la trompette. Il fut un
des premiers qui firent des essais pour donner à
cet instrument l'échelle chromatique, au moyen
de clefs : celle qu'il avait faite avait deux octaves
avec tous les demi-tons. Cet instrument différait
du bugle, en ce qu'il avait conservé sa forme or-
dinaire et le diamètre de son tube, en sorte que sa
qualitéde son était réelleraentcelledelalrompette.
NETZER (Joseph), compositeur, né dans
le Tyrol en 1808, fit ses études musicales à Ins-
pruck, puis se rendit à Vienne, où il fit repré-
senter, en 1839, l'opéra intitulé : Die Belaye-
rung von Gothenburg (Le siège de Gothen-
bourg). Dans la même année il y fit exécuter une
symphonie dont il fut rendu un compte avanta-
geux dans les journaux. En 1841, il donna au
théâtre de la Porte de Carinlhie son opéra ro-
mantique intitulé Alara, qui obtint un brillant
succès et fut joué dans les années suivantes à
Prague, à Berlin et à Leipsick. Cet ouvrage fut
suivi, en 1844, de l'opéra Die Eroberung von
Granada (La Conquête de Grenade). Dans ia
même année M. Netzer accepta la place de chef
d'orchestre de la société Euterpc. En I8'»5, ii
NETZER — iNEUBAUER
30 (
retourna à Vienne et y fut nommé chef d'or-
chestre du théâtre Ander Tf'/en(sur la Vienne),
où il ni jouer, en 1846, son opéra Dieseltene
Hochzeit ( La Noce extraordinaire). Rappelé à
Leipsick en is4f) pour ^ reprendre sa place de
chef d'orclieslre de la société Euterpe, il donna
•lans cette ville son opéra Die Kœnigin von
Kasiilien (La Reine de Caslille). Cet artiste était
encore à Leipsick au moment de la révolution de
1848. Après cetle époque, on n'a plus de ren-
seignements sur sa personne. On a publié de sa
composition plusieurs œuvres de Lieder avec ac-
compagnement de piano.
KEUBAUER (François-Chrétien), violo-
niste distingué et compositeur, était fils d'un
paysan et naquit à Horzin, en Bohême, vers
1760. Le maître de l'école oii il fut placé dans
son enfance découvrit ses rares dispositions
pour la musique, et s'attacha à les développer.
Les progrès de Neubauer furent rapides, et quoi-
que fort jeune lorsqu'il se rendit à Prague , il
possédait non-seulement une connaissance assez
étendue de la langue latine, dans laquelleil s'ex-
primaitavec facilité , mais il était déjà violoniste
habile et compositeur élégaut. Après avoir passé
quelques années à Prague, il alla à Vienne, y fit
la connaissance de Haydn, de Mozart, et de son
compatriote NVranitzky, dont il étudia les ou-
vrages avec fruit. Il écrivit à Vienne l'opéra
Ferdinand et Yarico, qui fut représenté au
théâtre cle Schikaneder, et qui fut publié en par-
tition pour le piano. Lorsqu'il quitta Vienne, il
voyagea en donnant des concerts et vécut al-
ternativement à Spire, Heilbronn, Mayence, Co-
blence, et dans quelques autres villes qui avoisi-
nent le Rhin. Homme de talent et même de gé-
nie, il vivait d'une manière indépendante et
dans le désordre, s'enivrant chaque jour, et tra-
vaillant au milieu du bruit dans les salles com-
munes des auberges où il s'arrêtait. En 1790 le
prince de Weilbourg le choisit pour diriger sa
chapelle; mais peu d'années après, le pays fut
envahi par les armées françaises, la chapelle fut
dissoute, etNeubauer se réfugia à Minden, où il
demeura jusqu'à ce que le prince de Schaumbourg
le fit venir à Bùckebourg, en qualité de maitre
de concert. Ce prince lui ayant permis de faire
exécuter ses compositions dans sa chapelle,
Jean-Chrislophe-Frédéric Bach , qui la diri-
geait, ne vit pas sans un secret dépit que ces
ouvrages enfermaient des effets d'instrumen-
tations et des modulations oii il y avait plus
dé nouveauté que dans les siens; il ne put
s'empêcher d'exprimer une opinion peu favo-
lable à ces productions, oti il avait remarqué
plusieurs fautes contre la pureté de l'harmonie.
Instruit de cette critiqae, Neubauer ne garda
aucune mesure, et porta au vieillard le défi de
traiter concurremment un sujet de fugue ; mais
cette affaire fut assoupie et n'eut pas de suite.
Peu de temps après , Bach mourut , et Neubauer
lui succéda comme maître de chapelle. La posi-
tion honorable qu'il venait de prendre lui per-
mit d'épouser une demoiselle de bonne famille
de Biickebourg; mais il ne jouit pas longtemps
des avantages de sa nouvelle situation, car il
mourut à l'âge de trente-cinq ans, le 11 octobre
1795, des suites de son intempérance. On doit
regretter que le désordre de sa vie, la précipita-
j lion qu'il mettait à écrire ses ouvrages, et ledé-
i faut d'instruction solide dans le contrepoint ne
lui aient pas permis de développer les dons heu-
reux qu'il avait reçus delà nature; car il était né
pour être un compositeur remarquable. Telles
qu'elles sont, ses productions renferment une
multitude de traits heureux qui indiquent une
excellente organisation. Quoiqu'il soit mort jeune
et que sa vie ait été fort agitée, il a beaucoup
écrit, et la plupart de ses productions ont été
favorablement accueillies par le public.
La liste des principaux ouvrages de Neubauer
se compose de la manière suivante : r Sym-
phonies à grand orchestre, op 1; op. 4, n"
1, 2, 3; op. 8, nos i^ 2, 3, Offenbach, André;
op. 11; la Bataille, ibid., op. 12, nos 1, 2, 3,
ibid. — 2° Quatuors pour 2 violons, alto et
basse, op. 3, nos 1, 2, 3, Offenbach, André; op.
6, nos 1, 2, 3, 4, ibid.; op. 7, n»' 1, 2, 3, ibid.
— 3° Trios pour 2 violons et lasse, op. 9,Augs-
bourg, Gombart. — 4° Duos pour 2 violons,
violon et alto, violon et basse, op. 5, ibid.,
op. 9, Offenbach, André; op. 10, Augsbourg,
Gombart; op. Il, ibid.; op. 14, ibid.; op. 35,
ibid. — 5° Sonates pour violon, avec accom-
pagnement d'alto, op. 13; Augsbourg, Gom-
bart. — 6° Concerto pour violoncelle (en si
bémol) ; Mayence, Schott. — 7° Concerto pour
/Zù^e; Offenbach, André. — 8" Trios pour flûte,
violon et alto ^ Augsbourg, Gombart; op. 16,
ibid. — 9" Duos pour 2 flûtes, op. I5, Offen-
bach, André. — 10" Concerto pour le piano,
op. 21, Brunswick, Spelir. — 11° Sonate pour
piano, violon et basse, op. 20, ibid. — 12° Va-
riations pour piano avec violon, op. 2 ; Offen-
bach, André. — 13° Cantate sur la situation de
la patrie allemande, gravée en 1795. — 14° Vingt
chan.sons allemandes avec accompagnement de
piano ; Rinteln, 1795. — 15° Six chansons avec
accompagnement de piano; Heilbronn.
ÎVEUBAUER (Jf,.\n), musicien allemand
inconnu, qui vivait vers la fin du dix-huitième
siècle et dont on trouve des compositions indi-
.^02
ISEUBAUER — WEUKOME
qnées dans les catalogues de Bossler, à Spire
(1791), etdeTraog, h Vienne (1800). Geiber sup-
pose (Nouveau Lexique des musiciens) qu'il vi-
vait à Vienne, ou du moins en Autiiclie. Quoi
qu'il en soit, les ouvrages indiqués sous ce nom
sont : 1° Six quatuors pour flûte, violon, alto et
basse. — 2" Symphonie concertante pour 2 cla-
rinettes et orchestre. — 3" Deux nocturnes pour
(lùte travcrsière, flûte d'amour, 2 altos, 2 cors
et violoncelle. — 4" Duo pour cor et vioie>
NEUF VILLE - DE- BRUNAUBOIS-
MOIVTADOR ( Le ciievalier Je\n-Florent-
JosEi'ii DE), capitaine d'une compagnie de sous-
ofliciers invalides, à Lorient, né en 1707, à San-
gaste, près de Calais, a publié beaucoup de petits
«crits parmi lesquels on remarque : Lettre au
sujet de la rentrée de la demoiselle le Maure
ùfOpéra, Bruxelles, 1740, in-12.
A'EUGEBAUER (Wenceslas), né à Gum-
persdorf, dans le comté deGlatz, brilla comme
chanteur sur le théâtre allemand, depuis 1794
jusqu'en 1810.11 mourut d'une fièvre nerveuse
le 8 juin 1811. Sa voix était une belle basse, et
il excellait dans les rôles d'Osmin (de l'Enlève-
ment du Sérail), et de Sarastro (de la Flûte
enchantée).
NEUGEBAUER (Antoine), facteur d'or-
gues, né en Silésie, était établi à Neisse, vers la
fin du dix-huitième siècle. Il construisit dans
l'église évangélique de cette ville, en 1798, un
oigue de 22 jeux, avec deux claviers et pédale.
On y admire les jeux de basson et de voix hu-
maine.
- ]\EUGEBAUER(Henri GonxraB ou Théo-
pnii.E), vraisemblablement de la même famille
et peut-êlre fils du précédent, naquit en Silésie
dans la seconde moitié du dix-huitième siècle, fut
organiste de l'église-Sainle-Marie Madeleine , à
Breslau, depuis 1811 jusqu'à sa mort, arrivée en
1825. 11 lut considéré couune un des artistes de
son temps les plus distingués sur son instru-
ment,
NEUHAUSER (Léopold), musicien né dans
le ïyrol, vivait à Vienne vers la fin du dix-hui-
tieme siècle. Il a publié de sa composition :
1" Douze variations pour violon et basse; Vienne,
1799. — 2° Six valses pour deux guitares ;
Bonn, Simrock. — 3o Six variations pour gui-
tare, violon ou clarinette; Vienne, 1801. —
4° Phisieurs recueils de danses allemandes. Cet
artiste a laissé en manuscrit : — 5° Quatre noc-
turnes, le premier pour violon, deux allos et
violoncelle; le second pour mandoline, violon,
alto, 2 cors et violoncelle ; le troisième pour
2 violons, 2 hautbois, 2 cors, alto et basse. —
G" Quatuor pour 2 violons, allô et basse.
IXEUlîIRCIl (Antoine), facteur d'orgues ii
Munich, a con>trnit en 1 583 , pour la chapelle de
rélecleur de Bavière, un instrument pour lequel
il lui a fié payé 356 florins.
IXEUKIRCH (Benjamin), naquit le 27 mars
1(565, h Reinke, petit village de la Silésie. A
l'âge de huit ans il commença ses éludes au ly-
cée de Bojanova; puis il enira au gymnase de
Breslau, passa en 1682 à celui de Thorn, et
suivit les cours de l'université de Francfort-sur-
rOiler en 1684. Douze ans après, il était précep-
teur du fils du premier ministre Haugwitz, à
Berlin. Désigné en 1703 connue professeur de
l'académie de celte ville, il renonça plus tard à
celle place pour celle de précepteur du prin'fc
héréditaire à Anspach, dont il fut ensuite nom^ie
conseiller.il mourut à Anspach le 15 août 1729,
à l'âge de soixante-quatre ans. On a de lui un
livre inlitulé : Andachtsubungen zur Kirchen-
musik ( Considérations pieuses concernant la
musique d'église) ; Francfort, 1725, in-40.
IVEUKIRCHNER (Wenceslas), virtuose
sur le basson, est né le 8 avril 1805 à Neustrei-
chilz en Bohème. Ses premières études musi-
cales furent dirigées par son père, amateur dis-
tingué, qui jouait de plusieurs instruments, pui.s
il entra au Conservatoire de l^rague, à l'âge de
quatorze ans, et y reçut des leçons de basson
d'un bon maître. En 1825, il sortit de cette école
et entra comme bassoniste à l'orchestre du théâ-
tre. Dans l'année suivante, il fil de petits voyages
àTœplitz, à Leipsick, à Dresde, et fit une excur-
sion jusqu'à Berlin. Ce fut dans celle ville qu'il
reçut sa nomination de premier basson de la
chapelle royale de Stultgard. Cet artiste a com-
posé des morceaux pour son instrument, lesquels
ont été publiés à Leipsick. Il a fait en 1829 un
voyage à Vienne, et dix ans après, un séjour de
quelques mois à Paris. Son talent a été juste-
ment estimé par les artistes de ces deux capi-
tales.
NEUKOME (Georges-Eucène), violoniste
et prolesseur de musique à Saint-Quentin, na-
quit dans cette ville le 14 mars 1784. Sa fa-
mille, originaire de la Suisse, avait été natura-
lisée française vers le milieu du dix-huitième
siècle. Élève de la maîtrise de sa ville natale,
sous la direction de Jumentier, il y reçut sa
première éducation musicale. En 1793, l'école
de chant fut supprimée et les élèves se dispersè-
rent; mais Neukome continua ses études chez
son maître, et apprit de lui les éléments de l'har-
monie et delà composition. Son instrument était
le violon : résolu de se livrer à l'enseignement,
il comprit qu'il avait besoin de perfectionner son
mécanisme, et, à différentes reprises il se rendit
MLUKOME — NEUKOMM
303
à Paris pour recevoir les conseils de Rodolphe
Kreutzer et de son frère Auguste Kreutzer. De
retour à Salnt-Quentiu, il eut un grand nombre
d'élèves, et partagea son temps entre les soins
qu'il leur donnait et la composition. Cet artiste
estimable est mort d'une fièvre typlioïde, le 1 1
juin 1850, à l'âge de soixante-six ans. Les pre-
mières compositions de >'eukome ont paru sous
le pseudonyme de Ku/fner ; il a fait graver sous
son nom : t» Thème varié pour violon, avec
quatuor ou piano, op. 1; Paris, Richault. —
2° Rondo brillant pour violon et orchestre, op. 2,
ibid. — 3o Thème varié pour violon et quatuor
ou piano, op. 2, ibid. — 4° Idem, op. 4, avec
orchestre on piano, ibid. — 5° Rondo brillant pour
piano et violoncelle, op. 5, ibid. — 6° Rondo bril-
lant pour piano et violon, composé pour sa fille,
op. 6, ibid. Les meilleurs ouvrages de Neukome
sont restés en manuscrit; on y remarque : 1° Duo
pour piano et alto ; — 2° Duo pour piano et vio-
loncelle;— 3° Six trios pour piano, violon et
violoncelle (entt< mineur, ré mineur, mi bé-
mol, si mineur, la bémol, sol mineur et si mi-
neur)-; — 4o Six quatuors pour piano, violon,
alto et violoncelle; — 5" Cinq quintettes pour
piano, violon, alto, violoncelle et contrebasse ;
— 6° Un sextuor pour piano, 2 violons, alto,
violoncelle et contrebasse. — 7° Quatre sextuors
pour piano, violon, 2 altos, violoncelle et con-
trebasse.
IMEUKOHM (Sigismond), compositeur, est
né le 10 avril 1778, à Salzbourg. Dès la sixième
année de sou âge il montra un penchant décidé
pour la musique. Son premier maître fut l'orga-
niste Weissauer, que ^eukoram fut bientôt en
état d'aider dans l'exercice de ses fonctions. La
plupart des instruments à cordes et à vent lui
étaient devenus familiers, et sur quelques-uns il
était d'une habileté assez remarquable. Dans sa
quinzième année, il obtint la place d'organiste à
l'université. Son père, homme instruit et premier
professeur de l'école normale de Salzbourg, lui
fit faire des études classiques dont les avantages
se sont révélés en beaucoup de circonstances de
sa vie. Pendant qu'il suivait les cours des collè-
ges, Michel Haydn, dont la femme était parente
de la mère de Neukomm, lui donna des leçons
de contrepoint et d'harmonie, et se fit souvent
remplacer par lui dans ses fonctions d'organiste
de la cour. Parvenu à l'âge de dix- huit ans,
Neukomm fut nommé corépétiteur de l'Opéra :
cette occupation acheva de développer son pen-
chant pour la musique, et lui fit prendre la réso-
lution de se livrer exclusivement à la culture de
cet art. Après avoir achevé à l'université ses
cours de philosophie et de mathématiques, il
quitta Salzbourg en i798, et se rendit à Vienne,
où Joseph Haydn, sur la recommandation de son
frère , l'adopta pour élève et le traita comme un
fils. Pendant plusieurs années, le jeune artiste re-
cueillit les fruits de celte heureuse position , et
reçut les conseils de l'homme célèbre. Vers la fin
de 1806, Neukomm s'éloigna de Vienne pour se
rendre en Russie, prenant sa route par la Suède.
Arrivé à Stockholm en 1807, il y fut nommé
membre de l'académie de musique, puis il se
rendit à Pétersbourg, où la direction de la mu-
sique de rOpéra allemand lui fut confiée. La so-
ciété philharmonique decette ville le choisit aussi
pour un de ses membres. Pendant son séjour
dans cette capitale et à Moscou , il fit exécuter
avec succès quelques-unes de ses compositions;
mais ses premiers ouvrages ne furent publiés
qu'après son retour en Allemagne. Une maladie
sérieuse, occasionnée par l'avis de la mort de
son père, l'obligea de renoncer à la direction de
la musique du théâtre impérial allemand. De re-
tour à Salzbourg, il y resta peu de temps, et se
rendit à Vienne, où il n'arriva qu'au moment de
la mort de Haydn.
Après la paix qui suivit la campagne de 1809,
IN'eukomm se rendit à Paris, où ses liaisons avec
les artistes et les savants les plus distingués le
fixèrent pendant plusieurs années. Il y trouva
dans la princesse de Vaudémont une protectrice
qui le présenta au prince de Talleyrand et le lai
recommanda avec chaleur. A cette époque.,
Dussek était attaché comme pianiste à la maison
de ce personnage politique ; mais déjà sa santé
commençait à s'altérer. Bientôt après il fut obligé
de se rendre à Saint-Germain , dans l'espoir
qu'un air pius pur pourrait hâter sa guérison, et
pendant son absence, Neukomm le remplaça
près du prince. On sait qu'après avoir langui
dans sa retraite champêtre , Dussek mourut en
1812. Dès ce moment, Neukomm fut définitive-
ment installé chez le prince de Talleyrand. En
1814 il l'accompagna au congrès de Vienne; un
Requiem qu'il avait composé en commémoration
de Louis XVI fut exécuté dans l'église St- Etienne
de cette ville, par un chœur de 300 chanteurs,
en présence des empereurs, rois et princes réunis
au congrès. En 1815 le prince de Talleyrand fit
obtenir à Neukomm la décoration de la Légion
d'honneur, et des lettres de noblesse. De retour à
Paris après les Cent-Jours , il y reprit ses tra-
vaux. En 1816 il accompagna le duc de Luxem-
bourg , qui allait en ambassade extraordinaire à
Rio-Janeiro. Le roi don Pedro le choisit pour
maitre de sa chapelle et lui fixa un traitement
considérable. Neukomm en jouit pendant plus de
quatre ans ; mais après la révolution du Brésil,
soi
rsEUKOMM
•jiii obligea le roi h repasser en Europe, il renonça
de son propre mouvement à son titre et aux
appointements qui y étaient attachés. De retour
à Paris au mois d'octobre de la même année , il
retrouva sa place dans l'bôtei de Taileyrand ,
reprit ses travaux et les douces habitudes de
sa vie.
Depuis longtemps il éprouvait le désir de vi-
siter l'Italie; en 1826, il réalisa son projet de
voyage en ce pays, qui lui offrait des objets d'é-
tudes variées; il visita Milan, Florence, Bologne,
Rome, Naples et Venise. Dès ce moment, un
goût passionné de voyages sembla s'être em-
paré de lui. En 1827 il parcourut la Belgique
et la Hollande ; deux ans après il se rendit en
Angleterre et en Ecosse : il y fut accueilli avec
distinction par Walter Scott et quelques autres
hommes remarquables. Rentré à Paris dans les
premiers mois de 1830, il n'y resta que peu
de temps ^ parce qu'il accompagna Taileyrand
dans son ambassade à Londres, après la ré-
volution de Juillet. Il alla à Berlin en 1832
et y fit exécuter deux fois son oratorio la
Loi de l'Ancien Testament , ainsi que plu-
sieurs autres compositions; puis il visita ses
amis de Leipsick et de Dresde. De retour à
Londres, il y passa l'hiver de 1832-1833, fit
ensuite un second voyage en Italie, et s'ar'-
rêta dans le midi de la France pendant l'hiver
de 1833-1834. Profitant de la proximité de
Toulon , il fit une excursion à Alger et dans
les possessions françaises de l'Afrique. Paris
et Londres le revirent pendant les années 1835
et 1836. Il s'était proposé de parcourir l'A-
mérique septentrionale pendant cette dernière
année ; mais une maladie douloureuse le retint
en Angleterre au moment même où il allait
s'embarquer. Rendu à la santé, il reprit le
cours de ses voyages , visita de nouveau la Bel-
gique , Francfort, Darmstadt , Heidelberg , Man-
heini et Carlsruhe. De retour ensuite à Paris, il y
passa plusieurs années, puis il fit un voyage en
Suisse. En 1842, il dirigea la fête musicale de
Friedberget celle de Salzbourg, à l'occasion de
l'érection du monument de Mozart, il retourna
ensuite en Angleterre, pays qu'il affectionnait
et où il avait beaucoup d'amis. Depuis quelques
temps sa vue s'affaiblissait par la formation de
la cataracte sur les deux yeux. Il finit par devenir
complètement aveugle. En 1848, il se fit faire
l'opération par un célèbre oculiste de Manchester :
elle eut le plus heureux résultat. En 1849, je
retrouvai ce vieil ami à Munich : il était encore
obligé de porter des lunettes colorées de diverses
manières en raison de l'état de la lumière dans
les différentes parties du jour : mais en dépit de
ses souffrances passées et des [iréoccupations que
lui donnait son état actuel, il était encore plein
d'enthousiasme pour les belles œuvres de mu-
sique sérieuse que nous entendîmes dans quel-
ques églises ainsi qu'à la chapelle royale. Lorsque
je revis Neukomm à Londres en 1851, où il était
membre du Jury de l'exposition universelle, il
avait retrouvé la santé et sa douce gaieté habi-
tuelle. Peu de temps après il fit un voyage en
Orient et s'arrêta quelque temps à Constantinople.
Dans un voyage que je fis à Paris en !856, nous
nous vîmes plusieurs fois, et je remarquai qu'il
y avait en lui des symptômes d'affaiblissement.
Il a cessé de vivre dans cette ville , le 3 avril
1858, à l'âge de quatre-vingts ans.
Nonobstant les distractions multipliées de ses
voyages, Neukomm a produit une si grande
quantité de compositions de tout genre, qu'il est
difficile de comprendre qu'il ait eu le temps né-
cessaire pour le travail matériel d'un si grand
nombre d'ouvrages. Depuis l'âge de vingt-cinq
ans il tenait un catalogue thématique de ce qu'il
avait écrit; voici le résumé qu'il m'en a envoyéeu
1837 : I. Musique beligieose à plusieurs parties,
avec ou sans accompagnement : 1° Oratorios :
2 en anglais , 5 en allemand. — 2° Messes :
15 complètes. —3° Te Deum: 5.-4' Grands
chœurs: 3 en anglais, 1 en russe — 5° Cantates
d'église : 3 en anglais , 1 en français , 1 en ita-
lien. — 6" Morceaux détachés à plusieurs
parties: 25 en latin, 9 eu français, 12 en an-
glais , 2 en allemand. — 7° Collection d'antiennes
et .d'autres morceaux à plusieurs parties , en
langue latine, composés pendant le voyage de
Brest à Rio-Janeiro. — 8" Collection considé-
rable d'hymnes chorales sur des paroles an-
glaises. — 9** The morning and evening ser-
vice {Serxlceda malin et du soir, à 4 parties),
complet. Ces deux derniers ouvrages, qui ren-
ferment une multitude de pièces , ont été com-
posés en Angleterre. — 10" Psaumes à voir
seule .-4 en latin, 7 en italien, 10 en anglais, 17
en allemand. — 11° Psaumes à plusieurs par-
ties : 10 eu\at\n, 2 en russe, 7 à 2 voix, en anglais;
3 à 3 voix, idem; 2 à 4 voix idem; 3 à 5 voix,
idem ;2 à grand chœur, idem; 1 à double chœur
pour 8 voix, idem, — 12" Cantates d'église et
morceaux détachés à voix seule : 62 en anglais,
16 en latin , 2 en italien , 2 en français , 27 en
allemand. — II, Musique dr\matique :13° 10 opé-
ras allemands. — 14° 3 scènes détachées en
italien. — III. Musique vocale de concert et de
chambre: 15° Chœurs: 2 en portugais , 4 en
anglais , 2 en allemand. — 16° Trios : i en ita-
lien , 1 en anglais , 1 en français. — 17° Duos :
1 en italien, 5 en français. —-18° Cantates ■
1N'EUK0:MM — NEUMANN
3C5
1 en français, 2 en italien. — 19° 73 chansons
allemandes. — 20" 75 chansons anglaises. —
21" 50 romances françaises. — 22" 4 canzonelles
italiennes. — iV. Musique instrumentale :
23° Fantaisies el élégies à grand orchestre :1.
— 24' 5 ouvertures détachées. — 25° Une
symphonie à grand orchestre. — 26' Quintettes,
quatuors, etc., pour divers instruments, au
nombre de 23. — 26° 25 marches militaires et
autres pièces d'harmonie . — 28° Duos, valses, etc.,
pour divers instruments. — 29° Un concerto
pour piauo. — 32° 10 sonates et caprices pour le
même instrument. — 31° Variations idem, 9 suites.
— 32° 8 fantaisies idem. — 33' 57 pièces d'orgue.
— 34° Des exercices d'harmonie et des solfèges. La
récapitulation de ces compositions , faite au mois
d'août 1836, présente un ensemble de 524 œuvres
de musique vocale, et de 219 de musique instru-
mentale : en tout, 743. Beaucoup de ces mor-
ceaux ont été publiés en France , en Allemagne
et en Angleterre ; mais un plus grand nombre est
resté en manuscrit. A cette longue liste : il faut
ajouter les deux oratorios Christ i Auferstehung
(La Résurrection du Christ), et Christi Him-
melfahrt (L'Ascension du Christ), dont les par-
titions réduites pour le piano ont été publiées
en 1842, et un très-grand nombre d'ouvrages de
tout genre écrits depuis 1837. Neukomm était
considéré comme uu des meilleurs organistes de
son temps.
NEULAXD ( Gciixadiie), yioloncelh'ste, cla-
rinettiste et compositeur, est né à Bonn le 14
juillet 1806. Il reçut les premières leçons de piano
et de composition de Hegmann. A l'âge de dix-
huit ans, il s'enrôla volontairement à CoI(^ne
comme clarinettiste dans la musique du 28* ré-
giment de ligne prussien. Ce régiment n'ayant
pas quitté celte même ville pendant deux ans,
Neuland y ouvrit un cours d'harmonie, qui fut
suivi par de nombreux élèves. Après ce temps, il
obtint son congé et retourna à Bonn, oit il suc-
céda dans l'enseignement à son ancien maitre
Hegmann. Dans un voyage qu'il lit en Angle-
terre , pour se faire entendre comme violoncel-
liste, il s'aiTèta à Calais, et s'y lixa. Il y fonda
une société philharmonique, qui a subsisté depuis
lors sous sa direction. On a publié de cet artiste
plusieurs morceaux pour le piano et le violon-
celle.
KEULIÎVG ( ), vraisemblablement vio-
loniste et virtuose sur la mandoline , a véca à
Vienne dans les premières années du siècle pré-
sent. On a gravé de sa composition plusieurs
ouvrages, parmi lesquels on remarque : 1° Polo-
naise brillante pour piano et violon , op. 2 ;
Vienne, Haslinger. — 2° Rondo pour violon
BIOCR. CNIT. DES MUSICIENS. — T. VI.
principal, avec deux violons, alto et violoncelle,
op. 6 ; Leipsick , Breitkopf et Hacrtel. — 3' Po-
lonaise pour violon principal avec 2 violons,
alto et violoncelle, op. 7; Vienne, Diabelli. —
4° Sonate pour piano et mandoline, op. 8;
Vienne, Haslinger.
KEIIMA]\K (JoAcniM), T oye: Nea>der.
IVE UMANN (Martin), compositeur allemand
du dix-septième siècle, est auteur d'une messe à
5 voix indiquée dans le Catalogue de Parstorff.
NEUMANX (Jeaîj Christophe), facteur
d'orgues, à Metfersdorf, en Silésie, vers le milieu
du dix-huitième siècle, a construit en 1744 un
petit instrument dans l'église de Lœwenberger,
qui ne lui fut payé que 252 écus ( environ 950
francs ).
KEUALAÎVIV (Chables-Gottlieb ou Théo-
phile ), né à Glogau, dans la première moitié du
dix-huitième siècle, fut un facteur d'orgues dis-
tingué. En 1752, il construisit un orgue de vingt-
six jeux dans la cathédrale, el en 1757, il en fit
un autre de vingt-quatre jeux dans le temple
évangélique.
NEUMAXN. Plusieurs musiciens de ce
nom ont publié des compositions de différents
genres et ont été confondus parce que les ren-
seignements manquent sur leur personne et que
leurs prénoms mêmes ne sont pas connus. Guidé
par la nature de leurs ouvrages , les époques de
leur publication et les lieux où ils ont paru, j'ai
cru pouvoir les distinguer de la manière suivante:
XEUMAXN (G.) ou plutôt XEUMAN,
claveciniste et compositeur hollandais , vivait à
Amsterdam vers 1770. Il a publié : 1° Des mé-
lodies pour le psautier sous ce titre : Musikaale
Zangweiser van het Boeck der Psalmen, ire
et 2* suites pour le chant et la basse. — 2° Six
petites sonates pour le piano , avec deux vio-
lons et basse, Amsterdam, Hummel. — 3° Chan-
sons hollandaises variées pour le clavecin, ibid.
— 4° Trois pièces de clavecin avec flûte ou
violon, op. 3, ibid., et Berlin, Hummel. —
5° Trois idem, dont la 3">e à 4 mains, op. 4,
ibid. — 6° Deux idem , tirées de l'opéra d'Atgi,
op. 5, ibid. — 7° Cinq idem, tirées de Nina,
avec deux violons, op. 6, ibid. — 8° Deux idem,
avec accompagnement de deux violons et vio-
loncelle tirées à'Azémia , op. 7, ibid. — 9* Six
idem, avec violon *t violoncelle, tirées de l'opéra
les Amours d'été, op. 8, ibid — 10° Air ( Oui,
noir n'est pas si diable, etc. ) varié pour le cla-
vecin, ibid.
KEUMANN (Frédéric), premier ténor au
théâtre d'Allona, dans les années 1797 et 1708,
chantait à Vienne en 1801. Il fut aussi composi-
teur dramatique et fit représenter : 1° La Fille
20
30G
NEUMANN — NEUMARCK
avec la bague, petit opéra, 1798. — 2" Le Faux
Recruteur, petit opéra. Il a laissé aussi en ma-
nuscrit une sérénade pour le comte de Benjofski ,
et un recueil de mélodies sous le titre Gesscnge
zum Todtenkopf (Airs pour la Tête de
mort) (1), 1790.
NEUMANIV (Charles), de Leipsick , a
publié une notice sur Jean-Adam Hiller, consi-
déré comme homme, comme artiste et comme
professeur de mur.ique. Cette notice est suivie
d'un discours prononcé au\ obsèques de ce sa-
vant musicien : elle a pour titre : Johann Adam
Hiller : eine bescheidene Wûrdigung seiner
Verdienste als Mensch , Kûnstler and Schul-
mann, ncbsi einer Rede gesprochen an
seinem Grabe, Leipsick 1804, in-8°.
NEUMAiVN (F. -A.), pianiste etcompositeur,
vivait à Vienne vers 1805. Il a publie. 1° Vingt-
cinq œuvres de variations pour le pi;mo, sur des
thèmes d'opéras et de ballets français et italiens,
tels que Faniska, Aline, les Petits Savoyards,
Romeo e Giulietta, etc. ; Vienne, Weigl et Kas-
linger. — 2" Plusieurs œuvres de polonaises pour
piano , ibid. — 3° Quelques recueils de danses
allemandes et de valses pour le même instru-
ment, ibid. Je crois que cet artiste est le même
qa' Antoine Neumann , qui a fait représenter à
Triesle l'opéra intitulé : Nicolas Terzo , et qui
était en 1842 directeur de musique de l'Opéra
italien à San Yago.
NEUMANN (....), clarinettiste et profes-
seur de musique à Francfort, au commencement
du siècle pré.sent, s'est fait connaître par les pu-
blications suivantes ; 1 " Concerlino pour clari-
nette et orchestre, en forme de scène chantante,
op. 19, Offenbach , André; 2°=^ idem, op. 48,
Bonn, Monpoiir. — 2" Duos pour 2 clarinettes,
op. 20 et 24, Offenbach, André. — 3" Études
ou caprices pour clarinette seule, op. 23, ibid, —
4" Variations pour hautbois avec accompagne-
ment de 2 violons, alto et basse, op. 9, ibid. —
5'' Sérénade pour hautbois et guitare, op. 16,
ibid. — 6° Duos pour 2 violons, op 12, ibid. —
7" Air varié pour flûte, violon et guitare, op. l,
Mayence, Schott. — 8° Plusieurs sérénades pour
clarinette et guitare, cor de bassette et guitare,
llrtte et guitare, violon et guitare, alto et guitare,
op. 2, 5, 15, 17, 27, Offenbach, André. —
9" Concertino pour hautbois, op. 38 ; Bonn, Mon-
pour.
NEUMANN ( H. ), flûtiste et compositeur à
Hanovre, vers 1840, a publié de sa composition :
1° Quatuor pour flîite, violon, alto et basse, op.
22, Hanovre, Bachniann. — 2° Divertissement
(1) Drame qui portait ce titre.
idem, op. 25, ibid. — 3' Giana ino pour irois
flûtes, Offenbach, André. — V Duos iaciles pour
2 flûtes, op. 30, Bonn, Simrock.
11 y a aussi un professeur de musique nommé
Neumann (J.-C.) à Hildburgliausen, en Saxe ; il a
publié quelques danses et marches pour piano.
NEUMANN ( Henri ) , compositeur, fut
d'abord maître de chapelle de la petite cour de
Detmoid, puis directeur de musique delà Société
royale de l'harmonie à Anvers, et enfin chef de
musique d'un régiment prussien à Cologne. Au
moment où cette notice est écrite, M. Neumann
est retiré à Heiligenstadt, lieu de sa naissance.
Il a beaucoup écrit pour l'orchestre et la musique
militaire. En 1855 il a obtenu le prix dans un
concours ouvert à Manheim pour la composition
d'une symphonie : son ouvrage a pour litre :
Tonhalle.
NEUMANN (Edmond), fils du précédent, est
né à Cologne le 12 juillet 1819. Il fut envoyé par
son père à Leipsick , potir y étudier l'harinouie
et la composition sous la direction de M. Haupt-
mann. Ses études terminées , il s'est livré à la
composition de la musique de danse dans la-
quelle il s'cit distingué. Cet artiste a aussi de la
réputation comme chel d'orchestre. On a publié
beaucoup de ses ouvrages pour la danse.
NEUMANN (WiuiELM ou Guillacme), vio
loniste, compositeur et littérateur, est né à Bres-
lau, et y commença l'étude du violon. En 1846
il se rendit à Cassel pour y prendre des leçons
de Spohr, dont il devint un des bons élèves. Fixé
dans celte ville depuis lors, il s'est fait connaître
du monde musical par un ouvrage qui a pour
titre : Die Komponisten der neuen Zeit ( Les
compositeurs de l'époque actuelle); Cassel, 1855-
1858, in-8°. Ce livre est un recueil de biogra-
phies de compositeurs, publié par livraisons. Les
Lexiques musicaux de Gassner, de Bernsdorf et
deGollmick ne fournissent aucun renseignement
sur ce littérateur musicien ; ie peu que j'en
donne a été recueilli dans les journaux, en sorte
que j'ignore s'il y a identité entre lui et Wil-
helm Neumann, qui a publié à Breslau, en 1842,
chez Cranz, un recueil de chants à deux voix
pour soprano et contralto, extrait du recueil de
cantiques, psaumes et litanies de F. W. Licht-
horn, pour l'usage du culte catholique, sous ce
titre : Auszug aus den Vhoralen und Melo-
dieen zu dem, im katolischen gesang-und Er-
baunsbuchc von F. W. Lichthorn etc. Le
Lexique des musiciens de laSilésie {Schlesisches
Tonhunstler-Leocikon , Breslau, 1846-1847),
de MM. Kossmaly et Carlo, ne contient aucune
notice sur un musicien de ce nom.
NEUMAllCK ( Georges), né le IC mars
NEUMARCK — ISEUSS
307
1621, à Muhlliausen, fut secrétaire des archives et ,
bibliothécaire à Weimar, où il mourut le 8 juil- ■
let 1681. Il a publié à Jéna, en 1657, un recueil '
de mélodies intitulé : Forigep/lanzler musika-
Usch-poetischer Lustwald bezeuget, etc. On lui
attribue la mélodie du cantique : Wernurden '
lieben Gott Ueszl walten, etc.
NEUMAYER (André ), né le 24 octobre ;
1750, h Grossmehring, près d'Ingolstadl , entra
dans l'ordre des chanoines réguliers à Polling
(.Styrie),et y remplit les fonctions d'organiste et
de directeur du chœur. Il écrivit pour l'église de
son couvent beaucoup de musique d'église fort '
estimée en Bavière. Après la suppression de son |
ordre, il a obtenu une cure dans les environs de i
.Munich. Il n'a pas publié ses compositions pour !
l'église.
Un autre musicien du même nom a publié, à i
Tienne, des polonaises, valses et contredanses.
KEUÎVER (Charles ), né au faubourg de i
Munich, le 29 juillet 1778, apprit de son père ,
( Martin Neuner ) les éléments de la musique,
puis reçut des leçons d'un moine du couvent de
Saint-Jérôme, près de sa ville natale. Plus tard
il fit ses humanités chez les bénédictins de Te-
gernsée, et y apprit à jouer du violon. De re-
tour à Munich, il se livra à l'étude de l'art du
chant, sous la direction de Valesi, et apprit de
Joseph Graetz la composition et le piano. Admis
dans la chapelle du roi de Bavière comme vio-
loniste, il a composé pour le théàtj e la musique
des ballets dont les titres suivent : 1° La Mort
d'Hercule. — 2° Vénus et Adonis. — S^L'U-
iiion de la Danse et de la Musique. — 4o La
Caverne de brigands.— 'b° Le docteur Faust.
— 60 Les trois Esclaves. Cet artiste a écrit
aussi pour l'église : Die Shxpftingstage ( les
Jours de la Création), cantate religieuse pour
2 soprani, 2 ténors et basse, avec 2 violons, alto,
basse et orgue, en partition, op. 8, Munich,
Sidier, et les psaumes de la pénitence à 4 voix
et orchestre, en partition, op. 9., ibid. On a
gravé les airs de quelques-uns des ballets de
Neuner.
XEUSIEDLER (Jean), luthier à Nurem-
berg, né dans les dernières années du quinzième
siècle, perfectionna la construction du luth, par-
ticulièrement à l'égard du diapason du manche
( voijez Baron, Untersuchung des Instru-
ments der Laute, p. 56). Ses instruments fu-
rent recherchés dans toute l'Europe. Lui-même
«n jouait fort bien. Il mourut au mois de janvier
1563. Walter attribue à cet artiste deux livres
de pièces de luth qui appartiennent à celui qui est
l'objet de l'article suivant.
AEUSIEDLER ( Melcuior ), luthiste ha-
bile, peut-être fils du précédent , né à Nurem-
berg dans la première moitié du seizième siècle,
fit en 1565 un voyage en Italie avec Philippe
Camerarius, et retourna en .\lleniagne l'année
suivante. Ilsefixaalorsà.\ugsbourg; mais aprê.s
la mort d'Antoine Fugger, son protecteur, il re-
tourna à Nuremberg, où il mourut en lô90.
On a publié de sa composition : Deutsch-Lau-
ienbuch darinnen kunstriche Motetten , etc.
( Livre de tablature allemande pour le luth, ou
l'on trouve des motets, <les pièces françaises, ita-
liennes, allemandes, etc. ) Strasbourg, Bernard
Jobin,1574, in-fol. On y tfouve son portrait. Une
deuxième édition de cet ouvrage a paru dans la
même ville, en 1596, in-fol. Il a été aussi réim-
primé à Venise en 1576, sous ce titre : // primo
libro in tabulatura di liuto,ove sono Madri-
gali, Motetti, canzon francesi, etc. in Venetia^
appresso di Antonio Gardano, in-fol.Neusied-
ler a aussi arrangé six motets de Josquin De-
prèsà six parties en tablature de luth, et les a
publiés en un recueil, à Strasbourg, en 1587,
in-fol.
XEUSS (Henri-Georges), né le 11 mars
1654, à Elbingerode, dans le Hanovre, fut d'a-
bord prédicateur à Quediinbourg , puis pasteur
à l'église Saint-Henri de Wolfenbuttel, et en
dernier lieu conseiller du consistoire, premier
pasteur et surintendant de l'école de la ville à
Wernigerode, où il mourut le 30 septembre
1716. Mattheson assure ( GruJidtoje einer Eh-
renpforte ) que Neuss avait près de cinquante
ans lorsqu'il commença l'étude de la musique,
dans le dessein d'harmoniser à quatre parties les
mélodies du livre choral, pour l'usage de sa pa-
roisse. Pour réaliser ce projet, il prit en 1708
des leçons de contrepoint du cantor Bokemeyer,
de Wolfenbuttel, quoiqu'il ne pût résoudre les
difficultés que par correspondance avec son maî-
tre. Environ cinquante ans après, on se servait
encore à Wernigerode des chants chorals har-
monisés par Neuss. En 1691 il écrivit une lettre
à Werkmeister, sur l'usage et l'abus de la mu-
sique, que celui-ci a fait imprimer comme pré-
face de son écrit intitulé : Der edlen MusiK-
Kunst Wiirde, Gebraûch undMissbrauch, etc.,
Francfort etLeipsick, 1691, in-4''. Il avait laissé
en mourant un manuscrit qui ne fut publié que
trente-six ans après sa rnoit, sous ce titre :
Musica parabolica, oder parabolische Musik,
dus ist, Eiœrterung etlicher Gleichnisse und
Figuren, die in der Musik, absonderlicK an
der Trommete befindlich dadurch die aller'
wichtigsten Geheimnisse der heiligen Schrift,
denen Musick-Verstœndigen gar deutUch ab-
gemahlet wird (Musique parabolique, ou ex plica-
20.
308
KEUSS — NEWTON
lion de quelques paraboles et figures qui se trou- ,
vent dans la musique, particulièrement dans la
trompette, par laquelle on donne une démonstra-
tion claire de quelques vérités delà sainte Écriture
à ceux qui sont instruits dans la musique ). Dans
cet opuscule bizarre, divisé en 91 paragraphes,
Keuss établit une comparaison entre la musique,
l'univers. Dieu, Satan, le ciel et l'enfer. Il divise
les quatre octaves de l'ancien clavier de l'orgue,
depuis Vut grave jusqu'à ïut aigu, en deux
grands cercles superposés qui se touchent par
leur circonférence. Chacun de ces cercles ren-
ferme deux octaves. Le cercle inférieur repré-
sente le monde infernal ; le supérieur, le monde
céleste. Un troisième cercle coupe les deux pre-
miers en parties égales, appuyant les points op-
posés de sa circonférence sur leur axe horizontal.
Celui-là représente le monde terrestre; iT ren-
ferme aussi deux octaves et participe du monde
céleste et du monde infernal, pour indiquer que la
source du bien et du mal se trouve dans le cœur
de l'homme. Dans un autre endroit on voit que
l'accord consonnant, appelé triade harmonique
au temps de Neuss , est l'emblème de la sainte
Trinité : le son fondamental représente Dieu le
Père; la quinte est assimilée au Fils, et la tierce,
qui participe de l'harmonie des deux autres, re-
présente le Saint-Esprit. Tout le livre est dans
ce goût. A la page 90 on trouve un autre mor-
ceau intitulé Kurtzer Entifurf von der Musik
(Esquisse abrégée de la musique). Cette es-
quisse n'est que le développement du sujet traité
dans la préface du livre de Werkmeisler cité
plus haut. Elle est divisée en trois chapitres
dont le premier traite de la noblesse et de l'ex-
cellence de la musique, le second, de son u.sage
et de son utilité; et le dernier , de l'abus qu'on
en fait. L'auteur aurait dû comprendre que le
plus grand abus qu'on puisse faire de cet art est
de le prendre pour prétexte de semblables extra-
vagances.
NEVEU (H. ), né à Bruxelles, vers 1750,
se fixa jeune à Paris, et y donna des leçons de
clavecin. On voit par les almanachs de musique
qu'il y était encore en 1789, et qu'il avait le
titre de claveciniste du comte d'Artois. On a gravé
de sa composition : 1" Six trios pour clavecin,
violon et basse, op. 1 , Bruxelles et Paris. —
2° Variations sur des airs d'opéras-comiques,
n° 1, Paris, Leduc; Augsbourg, Gombart. —
3° Pots-pourris pour le clavecin n»» 1 et 2 ,
Paris, Naderman; n° 3, Paris, Leduc; no 4,
Naderman.
NEVIL ( ), savant anglais qui vivait
dans la seconde moitié du dix-huitième siècle,
« fait imprimer dans les Transactions philoso-
phiques ( n° 337, p. 270 ) une dissertation inti-
tulée : Antient Irumpei found in Ireland
( Ancienne trompette trouvée en Irlande ). Sui-
vant l'opinion de l'auteur de ce morceau, rin.s-
trument dont il sagit appartenait aux premiers
temps du christianisme, et servait dans les funé-
railles.
iXEWTE (Jean), recteur àTivcrlon, dans le
Devonshire, vivait à la fin du dix-septièrne siècle.
On a de lui un sermon sur l'usage des orgues
dans les églises, sous ce titre : The lawfulneis
' and use oforgans in Christian churches, ascr-
mon onPs. CI, 4 ; Londres, 1696, iu-4". Ce ser-
mon a été réimprimé à Londres, en I70l, in-4°.
Il fut prêché à l'occasion de l'éreclion d'un nou-
! vel orgue dans la paroisse de Tiverton. Newte y
i établit que l'orgue, lorsqu'il n'est pas séparé du
chant, dans l'office divin, n'est pas contraire à
l'esprit delà religion chrétienne. Une critique de
ce sermon fut imprimée en 1697, sous ce titre :
A Letter io afriend in the countrij, conccrniwj
the case of instrumental Musick, in the wor-
ship of God, etc. Newte (it une réponse à cet
écrit, dans la longue préface de la deuxième édi-
tion du Traité de Dodweli sur le même sujet
: {voyez Dodwell).
IXEWTOiX (Jean), mathématicien anglais et
docteur en théologie, naquit en 1622, à Oundle,
dans le comté de Northampton. Après la restau-
ration, il fut fait chapelain de Charles II, puis il
obtint le titre de recteur de Ross, dans le comté
d'Hereford, où il mourut le 25 décembre 1678.
Il a publié beaucoup de livres élémentaires ,
particulièrement sur les mathématiques, et une-
sorte d'encyclopédie des sciences intitulée : In-
troductio ad logicavi, rhetoricam , geogra-
phiam, musicam, etc ; Londres, 1667, iu-8".
Une traduction anglaise de ce livre a paru dans
la même année sous ce tilre : English Acade-
my, or a brief introduction io the seven libé-
ral arts, in-8°. La deuxième édition de celte
traduction a été publit>e à Londres, en 1693, in-12,
de 243 pages. Le petit traité de musique contenu,
dans ce volume commence à la page 91 et finit à
la page 105.
NEWTON (ISAAc), savant illustre dont le
nom est célèbre parmi ceux mêmes qui ne com-
prennent pas la nature de ses travaux, naquit à
Volstrop, dans la province de Lincoln, le 25 dé-
cembre 1642, et mourut de la pierre, à Londres,
le 20 mars 1727. L'histoire de la vie et des dé-
couvertes de ce gran<l homme n'appartient pas à
ce Dictionnaire ; il n'y trouve place que pour la
14* observation du second livre de son Optique,
où il établit l'analogie qu'il avait trouvée entre
l'ordre des couleurs, suivant les différents degrés
>EWTON — jSICCOLETÏI
Î09
deréfracticn des rayons lumineux dans le prisme,
avec les sons de la gamme. Newton s'est contenté
d'indiquer sommairement cette analogie, sans es-
sayer d'en donner la démonstration scientifique,
parce qu'il en avait sans doute aperçu les diffi-
cultés. Elles consistent en ce que les proportions
numériques de l'ordre des couleurs, en raison des
divers degrés de réfrangibilité des rayons lumi-
neux, ne sont pas celles de Tordre des sons de
nos ganmies majeure ou mineure, et qu'il en ré-
sulterait une autre gamme mixte qui ne répon-
drait à aucune tonalité, puisqu'elle serait disposée
de la manière suivante : ré, mi, fa, sol, la, si,
ut, ré. Mahan a développé les conséquences de
l'observation de INewton, dans un Mémoire inséré
parmi ceux de l'Académie royale des sciences de
Paris (ann. 1737, pages 1-48). C'est aussi cette
observation qui a donné lieu à la rêverie du cla-
vecin oculaire du jésuite Caslel. ( Voyez Mair\n
et C.vsTEL. Voyez aussi Fielu (Georges).
Dans les JSitgx antiqua?, recueil de pièces pu-
bliées à Londres en 1769, on trouve une lettre de
Harrington à Newton, datée du 22 mai 1693,
concernant les proportions des intervalles, avec
la réponse de Newton sur ce sujet. Il s'agit du
théorème de Pythagore, contenu dans la 47* pro-
position du premier livre des Éléments d'Eu-
clide, et que Harrington considérait comme plus
propre à exprimer les intervalles de la proportion
sesquialtère que l'Hélicon de Ptolémée, expliqué
par Satinas et par Wallis. Dans sa réponse. New-
ton partage l'opinion de Harrington. Hawkins
a reproduit ces lettres dans le troisième volume
de son Histoire générale de la musique (p. 140-
143).
jVEWTON (Be>jamis), ecclésiastique an-
glais, professeur du collège de Jésus, à Cambridge,
et vicaire à Sundhurst , dans le comté de Glou-
cester, vivait vers le milieu du dix-huitième siè-
cle. A l'occasion de la réunion des chœurs de trois
églises pour un festival de musique, au profit
d'une institution de charité, en 1760, il a pro-
noncé un sermon dont le texte était pris dans le
46' psaume. Ce sermon a été imprimé sous ce
titre : JUusick Meeting of 3 chairs, on Ps.
XL VI, 9 ; Cambridge, 1760, in-4o. On peut voir,
sur la réunion de ces trois chœurs de Gloucester,
Worcester et Hereford le livre du Rev. Daniel
Lysons intitulé : History ofthe origin and pro-
gress of ihe Meeting of the three dioirs of
€loucester, Worcester and Hereford , and
of the charity connected with; etc, Gloucester,
1812, un volume gr. in-S".
XEYRAT (L'abbé Alexandre Stakislas),
prêtre et maître de chapelle de S. E. le cardinal
archevêque de Lyon, né à. Lyon, d'une ancienne
famille d'échevins, le 27 août 1825, a fait ses
premières études musicales au \>eM séminaire
des Minimes. Après avoir achevé son cours de
théologie il rentra au séminaire en qualité de pro-
fesseur. En 1851 il fonda la chapelle de Saint-Bo-
naventure et y remplit avec talent les fonctions
d'organiste et de maître de chapelle. La mort
de l'abbé Fichet, en 1861, a fait appeler M. l'abbé
Neyrat à la place de maître de chapelle de l'église
primatiale de Uyon, où, par les soins de Mer de
ISonald, et sur la proposition de M. Danjou, les
éléments d'une bonne exécution de la musique
religieuse ont été réunis. Placée sous la direction
de M. l'abbé Neyrat, cette chapelle fait des pro-
grès remarquables dans l'exécution des grandes
œuvres de musique d'église. On doit à cet ecclé-
siastique, musicien aussi instruit que zélé -. 1° la
publication d'un premier Recueil de cantiques, en
collaboration avec feu l'abbé Fichet ; — 2" l'Or-
dinaire du graduel et du vespéral, mis en faux-
bourdon; — 3° une seconde Collection de can-
tiques recueillis eu composés par lui.
XÉZOT (Gabriel), né le 12 septembre 1776
à Gondrecourt, dans le duché de Bar, est entré
comme élève au Conservfitoire de Paris en 1795,
et y a achevé son éducation musicale, sous la
direction de Ladurner. Devenu professeur de
piano, il a fait, à l'époque de la paix d'Amiens,
un voyage en Angleterre, et y a publié deux
airs variés pour son instrument. De retour
à Paris, il est rentré dans la carrière de l'ensei-
gnement, et a lait paraître quelques romances,
et une fantaisie pour le piano; Paris, Leduc.
NICAISE (Claude), chanoine de la Sainte-
Chapelle de Dijon , naquit dans cette ville, en
1623. Après avoir achevé ses éludes dans sa ville
natale , il recommença sa philosophie à l'univer-
sité de Paris, puis étudia la théologie au collège
de NaVarre. En 1655, il fit un voyage en Italie,
et s'y lia avec beaucoup d'artistes et de savants.
De retour à Dijon, il s'y livra à la culture des
lettres. Il mourut le 20 octobre 1701, à Villy,
village à sept lieues de cette ville. Il a laissé eu
manuscrit un Discours sur la musique des Ann
ciens, qu'il se proposait de faire imprimer avec
quelques lettres d'Ouvrard ( voyez ce nom ) sur le
même sujet. Fabricius cite ce discours {Biblioth.
Grsec, tome II, p. 251) sous le titre latin De
Veterum musicd Dissertatio ; c'est à cettesource
que Forkel a puisé {Allgem. Litter. der Musik),
et tous ses copistes ont répété ce titre ; mais Pa-
pillon (Biblioth. des auteurs de Bourgogne),
mieux instruit, indique le titre français.
NICCOLETTI ( Philippe), compositeur,
naquit à Ferrareen 1563, fit ses études musicales
à Bologne sous le P. Cartari, religieux cordelier.
310
NICCOLETTI — NICCOLINI
maître de cliapelie du grand couvent de Saint-
François, et vécut quelque temps à Rome, où il
était encore en 1620. Il y était maître de chapelle ;
maison ignore à quelle église il était attaché. 11
a pumié : Madrigali a 5 voci, lib. 1. Venise,
1597, in-4''. 11 a laissé aussi beaucoup de musi-
que d'église en manuscrit.
]\ICCOLI]XI ( François ), compositeur et
poêle dramalique,vécut à Venise depuis 1609
jusqu'en 16&5. 11 y fit représenter les opéras
suivants de sa composition : 1° VArgia, opéra
sérieux ; — 2° Il Genserico , mélodrame ; —
3° L'Eraclito; — 4° Peneloppe lacasta.
NICCOLINI (Paul), sopraniste, brilla à
Rome, en 1721, dans Comnène, opéra de Por-
pora.
NICCOLIIXI (Charles), chanteur distingué,
surnommé délie Cadenze, à cause de son habi-
leté à exécuter le trille, vécut dans la seconde
moitié du dix-huitième siècle. En 1770, il était
à Sienne, où il se faisait admirer.
NICCOLIIVI (Mariano), brilla comme chan-
teur à Rome, à Naples et à Venise, depuis 1775
jusqu'en 1790.
NICCOLINI (Louis), né à Pistoie en 1769,
alla dans sa première jeunesse commencer ses
études de musique à Floren«e, sous la direction
de Marc Rutini; puis il entra au Conservatoire de
la Pietù dei Turchini, à Naples, et y reçut des
leçons de contrepoint de Sala. Tiitto et Paisiello
lui donnèrent aussi des conseils pour Finstrumen-
tation et la conduite des morceaux de musique
vocale. En 1787, il écrivit la musique de quelques
ballets pour le théâtre Saint-Charles, à Naples.
Deux ans après, le grand-duc de Toscane, Léo-
pold, le nomma maître de chapelle de la cathé-
drale de Livourne : il occupait encore cette place
en 1812. Niccolini a écrit beaucoup de musique
pour l'église, restée en manuscrit, et des divertis-
sements pour le théâtre.
NÏCCOLIIXI (Joseph), né à Plaisance, en
1771, suivant la notice faite par Gervasoni.
D'après un renseignement fourni par la Gazelle
générale de musique de Leipsick (43^ année,
col. 1,046), la date véritable de sa naissance se-
rait le mois d'avril 1763; cependant ses études
ne furent terminées au Conservatoire de Na-
ples qu'en 1792, d'où il suit qu'il aurait été âgé
de 29 ans à cette époque, ce qui est peu vrai-
semblable. Il était fils d'Omobono Niccolini ,
maître de chapelle à Plaisance. Dès sou en-
fance il montra d'heureuses dispositions pour la
musique, qui furent cultivées par son père pen-
dant cinq ans ; puis il reçut des leçons de chant de
Philippe Macedone; et enfin il entra au Conserva-
toire de San-Onofrio, à Naples. Il y demeura sept
années, et fut dirigé dans ses études par Jacques
Insanguine, connu sous le nom de Monopoli.
Sorti du Conservatoire en 1792, il fit représenter
à Parme, pendant le carnaval de l'année suivante,
son premier opéra intitulé : La Famiglia stra-
vagante. Au printemps de 1794 il écrivit à Gènes
deux opéras bouffes, savoir : Il Principe Spaz-
zacamino, et / Molinari. Appelé ensuite à Mi-
lan, il y donna pendant l'automne Le Nozze
campestri. En 1795, il se rendit à Venise pour y
composer VArtasen^e; dans la saison du carna-
val de 1796 il y fit représenter Lu Donna inna-
morata. Cet ouvrage fut suivi d'un oratorio
en trois parties, exécuté à Césène pendant le ca-
rême. En 1797 Gênes le rappela pour l'opéra du
carnaval ; il y écrivit VAlzira, dont le siiccès^
classa Niccolini parmi les meilleurs composi-
teurs italiens de cette époque. Dans l'automne
de la môme année il dut aller à Livourne, et y
composa La Clemenza di Tito, qui fut aussi
accueilli avec beaucoup de faveur. Crescentini,
parvenu alors à la plus belle époque de son ta-
lent, excita dans cet ouvrage l'admiration du pu-
blic jusqu'à l'enthousiasme. I due FratelU ridi-
coii succédèrent à celte composition , dans l'au-
tomne de 1798, à Rome. Quarantejours suffirent
à Niccolini pour écrire, en 1799, IlBruto, opéra
sérieux à Gènes, et Gli Scitti à Milan. A peine
c« dernier ouvrage eut-il été représenté, que le
compositeur partit pour Naples, où il était engagé
à écrire l'oratorio de la Passion. De retour à
Milan dans l'automne de la même année, il y fit
représenter 11 Trionfo del bel sesso. En 1800
il composa à Gènes VIndaiivo,- au carnaval de
(801, il donna à Milan / Baccanali di Roma.
C'est dans cet opéra que la célèbre cantatrice
Catalani commença à fixer sur elle l'attention de
l'Italie. Après le grand succès de cet ouvrage,
la réputation de Niccolini s'étendit chaque jour
davantage, et les villes principales l'appelèrent
tour à tour; ainsi il écrivit en 1802 / Manlj, à
Milan; La Selvaggia, en 1803, à Rome;fedr«
ossia il Rilorno di Tcseo, dans la même ville,
en 1804; au printemps de 1805,7/ Geloso sin-
cerido, à Naples; à la saison d'été Geribea e
Felamone, dans la même ville ; et à l'automne,
GV Incostanti nemici délie donne; en 1806,
Abenhamet e Zoraide, à Milan; en 1807, Tra-
jano in Dacia, à Rome. Pendant que Niccolini
écrivait cet opéra, Gli Orazi e Curiazzi de Ci-
marosa étaient représentés avec un succès écla-
tant à Rome. Entrer en concurrence avec cet
opéra paraissait téméraire, et le directeur du
théâtre avait proposé à Niccolini d'ajourner la
représentation de son ouvrage; mais celui-ci exi-
gea l'exécution de son traité, et sa haidies.se fut
MCCOLLM - MCHELMAiN.N"
SU
récompensée par le succès le plus (latteur qu'il
ait ol)tenu; car Trajano in Dacia Ht gagner à '
l'entrepreneur du spectacle plus de dix-sept n)i!!e ,
écus romains (environ 100 mille francs). C'est '
dans ce même opéra que Velluti se plaça à la tête
des chanteurs qui brillaient en Italie à cette épo- j
que. En 180S, Niccolini écrivit à Rome Le due \
Gemelle; en 1S09, Coriolano, à Milan; en 1810,
Darto Isiaspe, à Turin; en 1811, Angelica e \
ilcdoro, dans la même ville, Abradame Dir-
cea, à Milan; Quinto Fabio, à A'ienne, et dans
la même ville Le yozze dei Morlacchi, pour le
prince de Lobkowitz; en 1312, La Feudaiaria,
à Plaisance. Après cette époque, l'activité de l'ar-
tiste se ralentit un peu; cependant il écrivit
encore La Casa del astrologo , Mitridate,
Ulra d'Achille, à Milan, Bulduino, à Venise,
Corlo Magno, à Reggio, Il Conte di Lennos,
à Parme, Annibale in Bitinia, Cesare nelle
Gallie, Addlfo, La Presadi Granata,L'Eroe
di Lancastro, Aspasia ed Agide, et il Teuzzo-
ne. Appelé à Plaisance en 1819, en qualité de
maître de clia|>elle de la cathédrale, Mccoiini
cessa d'écrire pour le théâtre pendant plusieurs
années; les succès de Rossini avaient alors rendu
l'accès de la scène difficile pour les autres com-
positeurs; cependant l'auteur des Baccanali di
Borna voulut encore s'essayer devant le public,
et le 14 août 1828 il fit représenter à Bergame
Vllda d'Avenel , où l'on retrouvait encore quel- ;
ques traces de son talent : la Conquista di Ma-
lacca, Witikind, et II trionfo di Cesare, sont ;
de faibles productions du même artiste. A tant -
d'ouvrages dramatiques, il faut ajouter cinq ora- ;
torios, les trois premiers pour Venise, et les deux
autres pour Bergame ; trente messes, deux Re- }
quiem, cent psaumes, trois Miserere, deux De
pro/undis, six litanies de la Vierge, des cantates, !
des sonates de piano, beaucoup de quatuors pour ;
divers instruments, et des canzonettes. On a ;
gravé à Vienne les cantates Andromacca , et j
Ero, ainsi que trois recueils d'ariettes et de !
canzonettes. Niccolini est mort à Plaisance, au
mois d'avril 1843. Il n'eut pas le génie de création;
mais il avait de l'entrain dans le style bouffe, le
sentiment mélodique, et son instrumentation ne
manquait pas d'intérêt.
NICET (S.), évêque de Trêves, d'abord abbé
dans un monastère dont on ignore le nom, fut
élevé à l'épiscopat en 527, et mourut le 5 décem-
bre 566. L'abbé Gerbert a inséré dans sa collec-
tion des écrivains sur la musique (t. I,p. 9) un
Traité de Laude et utililate spiritualium can-
iicorum, quxfiunt in ecclesid christiand , seu
de psalmodiée ftono, qui lui est attribué. Forke!
s'est trompé en disant, dans son Histoire de la i
musique (l. II, p. 197), que Nicet est auteur du
Te Deum communément attribué à saint Am-
broise.
\iCHELM.\XN (Christophe), musicien
au service du roi de Prusse, naquit à Treuen-
briezen, dans le Brandebourg, le 13 août 1717.
Après avoir appris de quelques maîtres obscurs
les éléments de la musique et du clavecin, ii
entra en 1730 à l'école Saint-Thomas, de
Leipsick, dont la direction était alors confiée
à J. S. Bach. Guillaume Friedmann, fils aine de
ce maître, le guida dans ses études de clavecin
et de composition. Après trois années de séjour
dans cette école , le désir de connaître la mu-
sique dramatique le conduisit à Hambourg. L'o-
péra n'y était plus dans l'état florissant où l'a-
vaient mis quelques grands compositeurs environ
trente ans auparavant; mais Nichelmann trouva
chez le vieux Keiser, chez Telemann et chez
Matlheson d'utiles conseils qui le dédommagèrent
de la décadence du spectacle. En 1738 il se ren-
dit à Berlin, après avoir fait un court séjour
dans le lieu de sa naissance. L'organisation de la
chapelle royale et l'établissement de l'Opéra de
Berlin, en 1740, lui fournirent les moyens de com-
pléter son instruction dans la musique pratique.
Il étudia aussi le contrepoint sous la direction
de Quanz, et Graun l'instruisit dans la manière
d'écrire pour les vois. Peu de temps après, il
composa ses sonates pour le clavecin , qui ont
été publiées en deux, recueils. .\prés la mort de
son père, privé des secours qu'il en avait reçus
jusqu'alors, il fut obligé de songer à se procurer
une existence certaine. Sa patrie ne lui offrant
pas de ressources pour cet objet , il résolut de
visiter l'Angleterre et la France, pour y cher-
cher une position convenable; mais arrivé à
Hambourg, il reçut de Frédéric II l'ordre de re-
tourner à Berlin , avec la promesse d'y être
placé dans la chapelle royale. 11 y entra en
effet au mois de mars 1745, en qualité de second
claveciniste. On ignore les motifs qui lui firent
solliciter sa démission en 1756 ; le roi la lui ac-
corda, et Nichelmann vécut ensuite à Berlin
dans le repos, et mourut en 17G1. Les compo-
sitions de cet artiste sont depuis longtemps ou-
bliées; elles consistent en deux œuvres de so-
nates pojir le clavecin ; imprimés à Nuremberg,
en 1749, et quelques chansons allemandes pu-
bliées dans les écrits périodiques de .Marpurg , et
dans quelques autres recueils de la même épo-
que. Nichelmann a laissé aussi en manuscrit plu-
sieurs morceaux d'une pastorale qu'il avait com-
posée avec le roi de Prusse et le flûtiste Quanz.
Cet artiste n'est maintenant connu que par le
livre qu'il a publié sous ce titre : Die Mélodie
312
NICHELMANN — INICODAMI
nach ihren Wesen soicohl als noch ihren
Eigenschafien ( La mélodie considérée en elle-
même et dans ses propriétés), Dantzick, 1755,
in-4*' de 175 pages, avec 22 planches. Gerber
dit que cet ouvrage fut écrit par Nichelmann à
l'occasion des discussions violentes que la lettre
de J.-J. Rousseau sur la musique française avait
soulevées en France; cependant on n'y trouve
aucune allusion à ces disputes ; le sujet y est
traité d'une manière sérieuse , et peut-être un
peu trop didactique. On y trouve de bonnes
choses; Nichelmann y fait preuve de philosophie
dans les idées , et établit d'une manière solide
les rapports de la mélodie et de l'harmonie. Une
critique sévère du livre , publiée sous le pseudo-
nyme de Dunkel/eind , et datée de Kordhausen,
le 1®' juillet 1755, parut en 2 feuilles in-4^
sous ce titre : Gedanken eines Liebhabers der
Tonkûnst ûber Herrn Nichelmann Tractât
von der Mélodie (Idées d'un amateur de mu-
sique sur le Traité de la mélodie par M. Nichel-
mann ). Celui-ci répondit avec une ironie araère,
sous le voile de l'anonyme, dans l'écrit intitulé -.
Die Vortreflichkeit des Herra C. Dunhel-
feind ûber die Abhandlung von der Mélo-
die ins Licht (/esetzt von einem Mnsik-
freunde { L'excellence des idées de M. Dûn-
kelfeind sur le Traité de la mélodie , analysée
par un amateur de musique), 2 feuilles in-4''
(sans date ni nom de lieu). Quelques livres con-
cernant la musique, par Neidhart, Priniz, Mat-
thcson , annotés par Nichelmann, avaient passé
dans les mains de Marpurg, puis dans celles de
Forkel; ils sont aujourd'hui dans ma biblio-
thèque.
NICHETTI (L'abbé Antoine-Marie), de
Padoue, a publié dans cette ville, en 183.3,
un opuscule de 72 pages in-S" et quelques plan-
ches, qui a pour titre : Prospetio di un nuovo
modo più agevole di Scrittura musicale pri-
vilegiata da S. M. I. E. A.Francesco I (Pros-
pectus d'une nouvelle manière plus aisée de no-
tation musicale, etc.). Lesystème de notation pro-
posé par l'abbé Nichetti est une combinaison des
lettres de l'alphabet : comme tous ceux du
même genre , il oblige à distinguer tous les si-
gnes et à les lire un à un , parce qu'ils ne repré-
sentent pas les sons par leurs positions et ne
peignent pas les phrases par groupes comme la
notation ordinaire. Les fausses idées de Jean-
Jacques Rousseau sur ce sujet ont égaré l'ec-
clésiastique de Padoue comme beaucoup d'au-
tres.
iVICIÏOLSOlV (Richard^, organiste du col-
lège de la Madeleine, à Oxford, obtint en 1795
le grade de bachelier en musique de cette univer-
sité , et fut le premier professeur de la cnaire de
musique fondée en 1626 par le docteur Heyther.
11 a laissé en manuscrit plusieurs madrigaux,
dont un à 5 voix a été inséré dans les Triumphs
ofGriann publiés par Morîey. Nicholson mourut
à Oxford en 1039.
iXICHOLSON (Charles ), (lùtiste qui a ea
beaucoup de réputation en Angleterre, était fils
d'un autre lliltiste du théâtre de Covent-Garden ,
et naquit à Londres en 1794. Après avoir été
attaché aux orchestres de Drury-Lane et de Co-
vent-Garden , il est entré h celui du Théâtre Ita-
lien , et au concert philharmonique , où il s'est
fait remarquer par une belle qualité de son et
par le brillant de son double coup de langue,
qu'il avait appris de Drouet. Les Anglais le pla-
çaient an-dessus de tous les autres flûtistes ; ce-
pendant il était inférieur à Tulou sous le rapport
de l'élégance du style, et à Drouet pour le brillant
de l'exécution. Cet artiste est mort jeune vers
1835. On trouve une analyse de son talent dans
le livre de M. James qui a pour titre : A ivord
or tioo on the flûte (pages 153-167). On a
gravé à Londres beaucoup de compositions de
Nicholson pour la flûte, entre autres : 1" Pie-
cepiive lessons for the flûte — 2" Studies con-
sisting of passages selected from the Works of
the most eminent flûte composers, and
throvm into the form of préludes , tcith oc-
casional fmgering, and a set of original exer-
cises. — 3" Douze mélodies choisies , avec des
variations pour flûte et piano. — 4" Fantaisie
avec introduction et polonaise. — 5° Trois duos
pour deux flûtes, etc. Ces dernières productions
ont été aussi publiées à Leipsick, chez Breitkopt
et Haertel.
KICLAS (J. A.), musicien au service du
prince Henri de Prusse, à Rheinsberg, naquit
à Tettnung, dans la Souabe ( aujourd'hui royaume
de Wurtemberg), vers 17C0. 11 a publiée Ber-
lin, en 1790, un choix d'airs pour le piano, et
de petites pièces pour les commençants. Cet ar-
tiste était frère d'une cantatrice qui a brillé quel-
que temps à Berlin sous le nom de mademoi-
selle Niclas, et qui depuis 1796 est devenue la
femme d'un M. Troscliel, conseiller des accises
et douanes, dans la Prusse méridionale.
NICODAMl (....) musicien et pianiste, na-
quit en Bohême dans les premiers mois de 1758.
Son nom véritable était Aikodim, que ses rivaux
affectaient de prononcer Mcodème : ce fut
pour ce motif qu'il prit le nom sous lequel il est
connu. Cet artiste se rendit â Paris vers 1788
et s'y lit connaître avantageusement par la f)u-
blication de deux oeuvres de sonates et de quel
ques airs variés. A l'époque de l'organisation
MCODAMl — >iCOLAI
313
du Conservatoire de Pari» , Nicodaini y entra
comme pi otesseur de piano et en remplit les fonc-
tions jusqu'en 1802, où il fut compris dans la ré-
forme d'un grand noml>re de membres de cette
institution. Il est mort en 1844 , à l'âge de SG ans.
NICOLA (Charles), violoniste et musicien
de chambre à Hanovre, est né à Manheim,
en 1797. Son père avait été bon hautboïste du
théâtre de cette ville. A l'âge de dix ans, le
jeune Nicola commença à recevoir des leçons de
Wendiing, et plus tard Godefroid Weber, qui
habitait alors à Manlieim , lui enseigna la com-
position. Après avoir été employé quelque temps
comme musicien de la cour à Manheim , ?»icola
a obtenu une place honorable à Slultgard, en 1S21,
et deux ans après il a été appelé à Hanovre. On
a publié de sa composition : 1° Adagio et rondo
pour violon principal et orchestre, op. 11, Leip-
sick, Hofmeister. — 2'^ Deux quatuors pour
deux violons, alto et violoncelle, ibid. —3,"' So-
nate pour piano et violon, op. 5, ibid. —
4» idem, op. 6; Leipsick, Breitkopf et Haertel.
— 5° Environ sept recueils de chansons alle-
mandes, avec accompagnement de piano. Ce
genre de compositions est celui dans lequel
M. Xicola réussit le mieux.. 11 a écrit une ouver-
ture à grand orchestre pour le drame Anna
Doleyn ; ce morceau n'a pas été publié.
NICOLAI ( Je\x-Michel) , musicien au ser-
vice de la cour de Wurtemberg, vivait à Stutlgard,
dans la seconde moitié du dix-septième siècle. Il a
publié de sa composition : 1" Erster Theil
geistUcher Harmonien von 3 Vocalstimmen
und 2 viol. ( première partie d'harmonies spi-
rituelles à 3 voix et 2 violons ) , Francfort, 1669.
— 2" Douze sonates pour 2 violons et une basse
de viole ou basson, première partie , Augs-
bourg, 1675, in-fol. obi. — 3" Vingt-quatre ca-
prices pour quatre violons et basse continue ,
première partie^ ibid., 1675; 2* idem, ibid.
3'' partie, ibid., 1682.
XICOLAI ( Je.vn ) , savant philologue , né à
Um, dans le duché de Schwartzbourg , vers 1660,
lit ses études aux universités de Jéna, Giessen
et Helmstadt, puis visita une partie de la Hol-
lande et de r.Mlemagne. Après avoir passé quel-
que temps à Giessen , il fut nommé , en 1700 ,
professeur d'antiquités à r.\cadémie de Tubinge,
et associé du recteur. Il estmortdans cette ville,
le 12 août 1708, dans un âge peu avancé. Parmi
ses ouvrages, on trouve un traité des sigles ou
abréviations dont se servaient les anciens , sous
le titre de Tractatus de siglis veterum , Leyde,
1703, in-4°. Le 18* chapitre de ce livre (p. 105
à 113), traite de siglis musicis et notis : les
détails en sont assez curieux. Dans son Trac'
talus de Synedrio .£gyptiorum , illorumque
legibus insignioribus ( Lugduni Batavorum
1708, in-8"'), Nicolaï traite des prêtres égyptiens
que chantaient les louanges des dieux.
IVICOLAI ( Ernest-.Antoine) , médecin, né
à Sondershausen , en 1722, fit ses études à l'u-
niversité de Halle, et devint, en 1748, profes-
seur à celle de Jéna, où il est mort le 23 août
1802. On a de lui une dissertation intitulée :
Die Verbindung der Musik mit der Arzeney
Gelahrtheit ( Les rapports de la musique avec
la médecine). Halle, 1745, 70 pages in-S". Il y
analyse les effets de la musique sur le corps hu-
main.
IV'ICOLAI ( Gottlieb-Samuec ) , professeur
de philosophie à Francfort-sur-l'Oder, mort le
26 mars 1765, a publié plusieurs ouvrages sur
les principes de la philosophie de Wolf , parmi
lesquels on remarque celui qui a pour titre :
Briefe ûber den etzigen zusiand der schœne
Vissenschaften in Deutschland (Lettres sur
l'état actuel des beaux-arts en Allemagne). Ber-
lin, Jean-Chrétien Kleyb, 1755, in-8°. Ces let-
tres, au nombre de dix-huit, renferment des
critiques de plusieurs ouvrages publiés à cette
époque sur les beaux-arts. La musique est l'ob-
jet de la troisième lettre.
NICOLAI ( D.avid-Tracgott ) , organiste à
l'église Saint-Pierre de Gœrlitz, naquit le
24 août 1733, dans cette ville, où son père rem-
plissait les mêmes fonctions. A l'âge de neuf ans,
il était déjà assez habile pour jouer de l'orgue.
Il fréquenta plus tard l'académie de Leipsick,
depuis 1753 jusqu'en 1755, et montra tant de
talent en jouant l'orgue de l'église Saint-Paul,
que liasse exprima son admiration après l'avoir
entendu. Mcolaï s'était formé principalement
par l'élude des ouvrages de Jean-Sébastien
Bach; il en possédait si bien le style, qu'on le
retrouve dans ses propres ouvrages. De retour à
Gœrlitz au commencement de 1756, il y suc-
céda à son père. Son attachement pour le lieu
de sa naissance et pour l'orgue qui lui avait
été confié lui fit refuser toutes les propositions
qui lui furent faites pour d'autres emplois. Il
était habile mécanicien et connaissait à fond le
mécanisme de la facture des orgues : ces con-
naissances spéciales le firent souvent nommer
arbitre pour la réception des instruments. Il
avait construit un harmonica à clavier qui n'était
pas exempt d'imperfections ; mais le second ins-
trument de cette espèce qu'il lit réussit mieux.
11 mourut à Gœrlitz dans la soixante-huitième
année de son âge, le 20 décembre 1799. On ne
connaît de ses compositions que quelques so-
nates de clavecin dans les recueils publiés par
311
NICOLAI
Hiller depuis 1770, une fugue qui a paru à Leip-
sick, chez Breitkopl , en 1789, et une fantaisie
avec fugue pour l'orçue, Dresde et Leipsick, 1792.
Les sonales qu'il a laissées en manuscrit sont si
difficiles, que peu d'organistes sont assez habiles
pour les jouer. On a de Nicolaï une description
du grand orgue de l'église principale de Gœriitz,
intitulée : Kurze doch zu verlœssige Beschrei-
bung der grossen Orgel in der Hauptkirche zu
Gœrtitz. Gœriitz, Unger, 1797, in-4° de
16 pages.
IXICOLAI ( Jean-Geohges ) , organiste à Ru-
dolsladt , naquit dans la première moitié du dix-
huitième siècle, et mourut dans cette ville
vers 1790. Il s'est fait connaître avantageusement
par les compositions suivantes : 1° Diverti-
menio per te dame sul cembalo, consistente
in XII arie affettuose, trio , andante , mi-
nuelii, etc., gravé (sans date ). — 2" Six suites
pour le clavecin, Leipsick, 1760. — 3° Préludes
pour l'orgue, ibid., 1770. — 4° Douze préludes
couris et faciles pour des chorals, suivis de
cantiques arrangés à quatre voix. — b" Choral-
vorspiele fUr die Orgel ( Préludes de chorals
pour l'orgue); Rudolstadt (sans date).
MCOLA.I (Jean-Martin), frère du précé-
dent , fut d'abord organiste à Gross-Neundorff,
dans le duché de Saxe-Meinungen , puis entra au
service de la cour de Meinungen , où il était
en 1756. Il a fait imprimer à Nuremberg, dans
cette même année, un recueil d'exercices de
clavecin intitulé Clavierubungen.
]VICOL.\l (CiihisTOPHE-FRÉDÉRic), savaut
libraire allemand, naquit à Berlin, le 18 mars
1733, fit .ses études à Darlin et à Halle, et mourut
le 8 janvier 1811. Sa Description de Berlin et
de Potsdam (Berlin, 1769, in-S" ; ibid., 1779,
deux vol. in-S" ; et 1786, 4 vol. ), contient des
détails curieux .sur les musiciens de la chapelle de
Frédéric II, et sur la musique des princes de la
famille royale, sur les constructeurs d'orgues,
les luthiers , les graveurs , imprimeurs et mar-
chands de musique, les chanteurs, composi-
teurs; les théâtres, les concerts, et les écrivains
sur la musique. On trouve aussi des choses in-
téressantes sur les musiciens de Vienne , et par-
ticulièrement sur Gluck, dans sa Relation d''un
voyage fait en Allemagne et en Suisse pen-
dant Vannée 1781; Berlin, 1788-96, 12 vol.
iu-S", 3* édit. Un almanach, dont il a publié plu-
sieurs années , contient quelques airs composés
par Reichardt dans le style des anciens airs po-
pulaires de l'Allemagne. Nicolaï avait aussi imité
dans le texte l'ancien allemand. Kretzschmer et
Zuccalmeglio, trompés par l'imitation, ont pri.s
ces iiirs pour des chants originaux , eî les ont
insérés dans leur collection d'airs populai'es al-
lemands.
NICOLAI (Jean-Hottuer on TnÉo''HiLE), (ils
de Jean-Martin, directeur de concert et organiste
de l'église de Zwoll , naquit le 15 octobre 1744 à
Gross-Neundorf , près de Grœffenthal , dans le
duché de Saxe-Meinungen. Après y avoir él;é
maître de concerts , il se rendit à ZwoU , en
1780. Il est nwrt en cette ville dans le premier
semestre de l'anftée 1801. On connaît sous son
nom plusieurs opéras, entre autres ceux qui ont
pour litre : Die Gcburtstag ( L'anniversaire de
naissance) Die Wildiebe (Les braconniers),
Jolanda, et les compositions suivantes ; 1" Sym-
phonie concertante pour violon et violoncelle ,
op. 7 ; Offenbach, André. — 2® Quatuors pour
2 violons, alto et basse, op. 3; Paris, Sieber.
— 3" Six solos pour llûte et ha.sse , op. 8. —
4° A B C du piano , consistant en pièces et so-
nates , avec une instruction en français ; Berlin
et Amsterdam , Hummcl. — 5° Vingt-quaire
sonates pour le piano, dans les 24 tons. Deuxième
partie de l'A B C. — 6" Six sonates pour le
piano, avec accompagnement de violon, op. 12,
Zwell.
NICOLAI ( Valentin) ou NICOLAY, pia-
niste dont les compositions ont eu beaucoup de
vogue vers la fin du dix-liuitième siècle , est
cependant si peu connu , quant à sa personne,
que je n'ai pu trouver de matériaux de quelque
valeur pour établir sa biographie. La date et le
lieu de sa naissance, le pays où il habita au
temps le plus brillant de ses succès, l'époque
précise de sa mort , tout est inconnu , ou du
moins incertain. Les biographes de toutes les na-
tions se copient dans leurs vagues renseignements
sur cet artiste di-stingué. On croit qu'il vécut à
Paris dans les vingt dernières années du dix-
huitième siècle, et qu'il y mourut vers 1798 ou
1799; cependant le Calendrier universel de
musique pour les années 1788 et 1789, qui
nomme tous les professeurs de clavecin et de
piano, garde le silence sur celui-là. D'ailleurs le
nom de Nicolaï ne figure point parmi ceux des
professeurs du Conservatoire, quoiqu'il s'y en
trouvât plusieurs pour le piano dans ces premiers
temps de l'école, et même que quelques-uns
fussent d'un mérite équivoque. Je suis donc tenté
de croire qu'il passa ses dernières années à
Londres, et qu'il y mourut ignoré, car on y a
giavé presque tous ses ouvrages. Quoi qu'il en
soit , les éditions de ses sonates se sont multi-
pliées aussi en France, en Allemagne et en Hol-
lande. Les œuvres premier, troisième et on-
zième sont ceux qui ont obtenu le plus de vogue.
La plupart des œuvres de Nicolaï ont été pu-
NICOLAI
315
bliées à Paris par Sicbcr et Ldluc ; on peut
les classer (le la manière suivante : 1" Concer-
tos pour piano, op. 2; Paris, Sieber ; op. 12;
Paris, N'adernian. — T Sonates pour piano et
violon, op. I, 3, .*>; Paris, Sieber, Leluc et Ck»u-
sineau. —3" Sonates pour piano seul ou avec
violon Rd libitum : op. 4, 7 , 8 , 9, 10, il , 13,
14, 17, 18 ( faciles) ; Paris, Sieber, Leduc, Na-
derman, etc.
x\ICOL.\l (Jean-Godefroid), fils de Jean-
Georges, naquit à Rudolstadt , vers 1770, étudia
la tliéologie à Tuniversité de Jéna en 179i, et
retourna, en 1797, dans le lieu de sa naissance,
avec le grade de candidat. Peu de temps après il
se rendit à Offenbacb, où il était en 1799,
comme professeur de clavecin. On le considérait
alors comme un claveciniste distingué, particuliè-
rement dans le style de la. fugue. Les faibles res-
sources qu'il trouvait à Offenbacb le décidèrent
à accepter, en 1802, une place de gouverneur
dans la maison d'un conseiller, à Kuremberg ;
mais plus lard, il parait avoir vécu à Hamlourg.
Cet artiste a publié de sa composition : l" So-
nate pour clavecin et violon, op. 1, Offenbacb;
André, 1797. — 2' Trois sonates id., op. 2 ; ibid.,
1799. — 3' Six fugues pour clavecin seul, Ulm.
— 4" Trois caprices fugué.s, ibid. Ou trouve
aussi cbez Scbott , à Mayence, six sonalea pour
les dames, avec ace. de violon et violoncelle ,
op. 12, qui paraissent lui appartenir, et qui iniii-
quent l'existence de ^quelques autres productions
inconnues.
XICOLAI (D.-J.-C), contrebassiste de la
cour de Rudolstadt, qui parait être im descen-
dant de Jean-Georges, s'est fait connaître par la
publication d'un article sur la contrebasse
publié en 1816, dans le dix-buitième volume de
la Gazette de Leipsick ( page 257 ).
IXICOL.\l ( Henri-Godefroiû), professeur de
musique au séminaire des orpbelins, à Hambourg,
et peut-être fds de Jean-Godefroid , est auteur
d'un livre intitulé; Allgemeine Théorie der
Torikuiist fUr Lekrers undLernende, wie auch
zum selbsunterricht besiimmt {T\\<ior\e, géné-
rale de la musique pour les profes-seurs et les
élèves, au moyen de laquelle on peut s'instruire
soi-même), Hambourg, 1826, in-4'' de 82 pages
et de 49 planches.
ÎMCOLAI (Gustave), né à Berlin, en
1796, s'est livré à l'étude de la musique pendant
qu'il suivait les cours des collèges et des univer-
sités. Après avoir achevé ses études de droit, à
Halle et à Berlin, il a obtenu le litre d'auditeur
dans la garde du roi de Prusse. Il s'est fait con-
naître depuis lors comme poète lyrique, par des
livrets d'opéras ou d'oratorios , entre autres par '
La Destruction de Jérusalem, mise en musique
par Lœwe , et comme compositeur par des bal-
lades à voix seule avec accompagnement de
piano, et quelques petites pièces instrumentales.
.Mais tandis qu'il semblait ainsi cultiver l'art avec
amour, il s'est fait un triste jeu de l'outrager
dans des écrits où ne se trouvent pas même les
saillies spirituelles qui font quelquefois excuser
des paradoxes. Rien de plus lourd que les plai-
santeries qu'il lance contre l'art et ses admira-
teurs ; rien de plus misérable que les injures qu'il
leur adresse. La forme romanesque qu'il a-adoptée
pour se4 pamphlets ne lui appartient même
pas. Sa première production en ce genre a pour
titre : Die Gcweihten oder der Cantor aus
Fichtenhagen (Les initiés, ou le cantor de
Fichfenliagen ), Berlin, Scblesinger, 1829, in-8°.
Une deuxième édition en deux volumes a été
publiée en 1836, chez le même. Ce livre a pour
objet de porter atteinte à la renommée de Mo-
zart, et de rendre ridicules les admirateurs de
son génie. Pareille cho=e a été essayée en France
quelques années après , dans le journal intitulé :
La France mitsicale ; le succès de l'entreprise
n'a pas été plus heureux à.Paris qu'à Berlin. Une
petite brochure du même genre a été ensuite pu-
bliée par M. Nicolaï.sous ce titre ; Jeremias, der
Volkscornponist, eine humoristiche Vision aus
dem 25 Jahrhundert ( Jérémie le compositeur
populaire ; vision humoristique du vingt-cinquième
siècle), Berlin, Wagenfùhr , 1830, in 8°. Une
erreur en amène souvent une autre -. oubliant
qu'il avait lui-même cultivé l'art , et peut-être
blessé de n'y avoir trouvé que de médiocres
succès, l'auteur des deux écrits qui viennent
d'être cités entreprit contre ce même art une
violente satire miWvAéQ : Arabesken fixr Mu-
sik freunde ( Arabesques pour les amateurs de
musique); Leipsick, Wigand, 1835, in-8", 2 par-
ties. La première est remplie de traits dirigés
contre Mozart ; la seconde traite de divers sujets
dans un esprit de dénigrement pour l'art et les
artistes. On connaît, sous le nom de Gustave
picolai, des Lieder avec accompagnement de
piano.
XICOLAI (Otto ou Otuo:x), né à Kœnigsberg
en 1809, fut un pianiste distingué, et un compo-
siteur de quelque mérite. Élève de Bernard
Klein, il a fait, sous sa directior, de bonnes
études et s'est nourri de l'étude des bous modèles.
£n 1834 il a fait un voyage en Itabe; deux ans
après il y était encore , et habitait à Rome. Il
s'y livra à l'étude des œuvres des anciens
maîtres de l'école romaine, particulièrement
de Palestrina, sous la direction de Baini. Vers la
lin de 1836 il s'est éloigné de Rome et a visité
316
ÎSICOLAI — NICOLAS DE RAi\S
les autres grandes villes de l'Italie, Appelé à
Vienne en 1839, il y remplit pendant un an les
fonctions de clief d'orchcslre de l'Opéra de la
cour, puis il alla à Tricste où il écrivit l'opéra
Enrico II. A Turin, il donna en 1840 il Tem-
plario , qui fut joué ensuite sur la plupart des
Théâtres italiens. En 1841, il fit représenter
Odoardo e Gildippa, et dans la même année il
donna à la Scala de Milan , il Pi'oscritto. De
retour à Vienne en 1842, il y reprit sa place de
chef d'orchestre du théâtre de la cour. En 1848
il fut appelé à Berlin pour y prendre la direction
(le l'orchestre du Théâtre, et il y écrivit l'opéra
allemand die Lusligen Weiber von Windsor
{ Les joyeuses commères de Windsor), considéré
en Allemagne comme son œuvre capitale; mais
peu de jours après la représentation de cet ou-
viage il mourut, le 11 mai 1849. La musique dra-
matique deNicolaï est écrite, en général, dans le
style de Rossini. Son caractère est mélodieux;
mais elle manque de force et d'originalité. Parmi
les ouvrages de sa composition qui ont été publiés
on remarque : 1° Un concerto qu'il a écrit pour
Gustave Nauenburg. — 2° Fantaisie avec varia-
tions pour piano et orchestre sur un thème de la
h'onna , op. 25. — 3° Introduction et polonaise
pour piano à 4 mains, op 4 ; Leipsick , Breitkopf
et Hœrtel. — 4° Adieu à Liszt, étude, op. 28 ;
Vienne, Diabelli. — 5" Variations sur un thème
de la Sonnanhula pour voix de soprano, cor et
piano, op. 26; ibid., ^ (S° Il Duolo d'amore,
romance à une voix , piano et violoncelle,
op. 24, ibid. — 7^ Des recueils de chants allemands
à quatre voix d'hommes, op. 10 et 23; Berlin,
Bechtoid. — 8" Plusieurs recueils de chansons
et de variations pour voix seule et piano,
Berlin , Vienne, etc. On connaît de lui eu ma-
nuscrit une symphonie en ut mineur, une messe
de Requiem, et un Te Deum, qui ont été
exécutés à Berlin. Nicolaï avait rapporté d'Italie
unecoUection peu nombreuse, mais bien choisie,
de musique ancienne des compositeurs d'Italie,
particulièrement du seizième siècle. Après sa
mort, elle fut acquise par la Bibliothèque
royale de Berlin pour la minime somme de 300
écus de Prusse (1,125 francs ).
NICOLAS DE CAPOIIE, prêtre et musi-
cien, ainsi nommé à cause du lieu de sa naissance,
parait avoir vécu à Rome vers la lin du qua-
toi'zième siècle et dans les premières années du
quiiuième. Il a écrit en 1415 un traité de mu-
.sique dont le manuscrit est conservé dans la
Bibliothèque Vatlicellana ( des PP. de l'Ora-
toire), sous le n" B. 83. Les règles qu'on y
trouve, concernant l'art d'écrire la musique
à plusieurs parties , sont à peu près iden-
tiques à celles du petit traité de contrepoint
de Jean de Mûris {voyez ce nom); mais les
exemples y sont plus abondants. L'ouvrage a
pour titre : Ad laudem sanclissimx et indi-
vidux Trinitatis ac gloriosissimx Virginis
Marix dulcissimx malris sux et totius curix
cœlestis, incipit compendiuni musicale amul-
tis doctoribus et philosophis editum et corn-
positum et pro prxsbyterum Mcolaum de
Capua ordinatum sub anno Domini mille-
simo quadragesimo quinio decimo. Ainsi qu'on
le voit, cet ouvrage n'est qu'un abrégé de plu-
sieurs autres : il est écrit d'un style clair et
simple. L'auteur y traite des sons, des modes,
des intervalles et du contrepoint. C'est à
MM. Danjou et Stéphen Morelot ( voyez ces
noms) qu'on doit la connaissance de l'existence
du livre et de son auteur. ( Voyez la Revue de
la musique religieuse, 3™® année, p. 198).
Pendant leur séjour à Rome, ils en ont fait
une copie qu'ils ont collationnée sur un autre
manuscrit du même ouvrage qui est à la Biblio-
thèque Saint-Marc, à Venise. Leur travail ayant
été communiqué à Adrien de Lafage , ce musicien
littérateur a fait imprimer d'après leur manus-
crit, le traité de Nicolas de Capoue, au nombre
de cinquante exemplaires seulement, sous ce
titre : McoiJai Capuaniprxsbytericompeudium
musicale ad codicum-fidem nunc primum in
lucem edidit, notis gallicis illustravit, ine-
dila scriptorum anonymorum fragmenta
subjunxit Justus Adrianus de Lafage. in-8°
de 48 pages , imprimé chez Ducessois et Tardif
( sans date ).
KICOLASDERANS, luthiste du seizième
siècle , n'est connu que par quelques pièces pour
deux luths qui se trouvent dans un recueil intitulé :
Luculentum theatrum musicum inquo selec-
tissima oj^timormn quorumlibet auctorum,
ac excellentissimorum artificum tum vete-
rum, tum prxcipuerecentiorum carmina, etc.;
duobus testudinibus ludenda.Postremo habes
et ejus generis carmina qux tum festivitate,
tum facilitaie sui disculibus, primo maxime sa-
tisfacient ut sunt Passomezo, Gailliardas, etc.
Lovanii , ex iypographia Pelri Phalesii bi-
bliopolx Jurati ; anno 1568, petit in fol. Ce
recueil contient 142 moiceaux, dont quelques-
uns pour deux luths. Le nom de Nicolas deRans
se trouve en tête de quelques-uns. Il est hors
de doute que Nicolas est le [>rénom,el deRans
l'indication du lieu de naissance. Deux villages
de ce nom existent, le premier dans le Jura
(France), près de Dôle; l'autre dans le Hainaut
(Belgique), entre Beanmont et Chimay. Il est
plus que vraisemblable que l'artiste dont il s'a-
MCOLAS DE RANS — MCOMAQUE
317
git naquit dans celui-ci, car ses pièces de luth
n'ont ùte publiées qu'à Louvain, ciiez Phaièse.
NICOLAS ( Fkançois-Nicolas FOURRIER,
connu sous le nom de), luthier, naquit à Mire-
court le 5 octobre 1758, et commença dès l'âge
de douze ans à travailler chez Saulnier. Plus
tard, îl étudia avec soin les proportions des beaux
instruments de Crémone, et les imita dans ceux
qui sortirent de ses ateliers. Fixé à Paris, il
obtint en 1784 le titre de luthier de l'École
royale de chant et de musique instituée par le
baron de Breteuil. En 180i il fut aussi chargé de
Ja fourniture et de l'entretien des instruments
de la chapelle de Napoléon. Il est mort à Paris,
en 181 G. Les instruments qu'il a fabriqués ont eu
de la vogue à une époque où les artistes ne s'é-
taient pas encore habitués à payer une somme
considérable pour posséder des violons ou des
basses de Slradivari, ou de Guarneri ; plus tard,
ils sont tombés dans le discrédit ; mais le temps
leur a rendu les qualités qu'ils semblaient avoir
perdues, et l'on trouve aujourd'hui de bons vio-
lons qui portent le nom de Nicolas.
IVICOLASIUS ( Georges), recteur de l'école
de Fribourg en Brisgau, au commencement du
dix septième siècle , a composé un petit traité
de musique à l'usage de celte école intitulé :
Rudimenta musices brevissima methodo com-
pacta, Fribourg en Brisgau, Beckler, 1607, in-S".
KICOLIXl (Antoine), architecte à JSaples,
dMisles premières annéesdu siècle présent, a publié
un petit Traité sur l'acoustique théâtrale, in-
titulé : Alcune idée svllaiisuonanzadelteatro,
Naples, Masi , 1803. Il a été fait une deuxième
édition de cet écrit, Naples, 1816, in-4'' de 27
pases.
î\ICOLiXI (Philippe), bon ténor, né à Ve-
nise vers 1798, est mort en 1834, à Turin , où il
était depuis plusieurs années aimé du public.
Après avoir débuté sur les théâtres de Naples, il
avait fait un voyage à St-Pétersbourg, et y avait
été accueilli avec enthousiasme. De retour en
Italie il chanta d'abord à Plaisance , puis à Milan,
et enfin à Turin.
MCOLO PATAVINO, c'est-à dire NI-
COLAS DE PADOUE, ainsi appelé parce
qu'il était né dans cette ville, fut un compositeur
de frotiole vers la fin du quinzième siècle. Je
crois qu'il y a identité entre lui et le compositeur
de pièces du même genre qui se trouve dans les re-
cueils de Petrucci deFossombrone (l'oyes ce nom)
sous le nom de Mcolo pifaro, c'est-à-dire, Ni-
colas le Joueur de flùle. Les frottole de AVco/o
Patavino et de Nicolo pifaro se trouvent, au
nombre de vingt-deux pièces, dans les deuxième,
troisième, sixième, septième et huitième livres
de Frotiole publiés par Petrucci depuis 1505
jusqu'en 1508, à Venise, petit in-^" obi. Il ne faut
pas confondre ce musicien avec l'écrivain sur la
musique appelé Nicolas de Capoue ( V. ce nom.)
XICOLO. Voyez ISOUARD (Nicolo).
XICOLOPOULO ( Constantin - Agato -
thron), helléniste, professeur de littérature grec-
que, ancien professeur de l'Athénée de Paris,
membrede la Société philotechnique, associé cor-
respondant de l'Institut archéologique de Rome,
attaché à la bibliothèque de llnstitut de France,
naquit à Smyrne, en 1786, d'une famille émigrée,
originaire d'Arcadie. Il commença ses études à
Smyrne, et alla les achever en Vaiachie sous la
direction de Lampros Photiadès. Amateur pas-
sionné de musique, Nicolopoulo a reçu de
l'auteur de cette Biographie universelle des
Musiciens des leçons de composition. On a de
ce savant beaucoup de morceaux de littérature,
de philologie et de poésie grecque, publiés séparé-
ment ou insérés dans les journaux littéraires et
scientifiques. Il a été l'éditeur de V Introduction
à la théorie et à la pratique de la musique ec-
clésiastique (ElffayoùYiô eU "^ô ÔâwpYîTixôv xal
npaxTixôv TVjç £xxXr,o-tacT'.XT!; (loyctxr^;) de Chry-
santhe de Madyte, et des Doxastika, recueil
d'hymnes notées de l'Église grecque , recueillies
et misesen ordre par Grégoire Lampadaire (roy.
ce nom); Paris, 1821, l vol. in-8''. Nicolopoulo
avait préparé une édition du Traité de musi-
que d'Aristoxène, avec une traduction fran-
çaise et un commentaire ; mais ce travail n'a pas
été achevé. Comme compositeur il a publié :
1° Chant religieux des Grecs, avec accompagne-
ment de piano, Paris, Janet et Cotelle. — 2° Do-
mine, salvum fac populum grsecum, idem;
ibid., — 3° Celse terrarum moderaior orhis ,
ode saphique, id.; ibid. — 4° Le Chant du
jeune (^rec;'\b\à. — 5° Plusieurs romances, ibid.
Il a laissé en manuscrit beaucoup de morceaux
de musique religieuse, des chœurs, etc.
Nicolopoulo avait vu avec joie les efforts des
Grecs pour recouvrer leur indépendance, et avait
publié quelques écrits patriotiques à cette occa-
sion. Il avait légué tousses livres à la ville d'An-
dritzena (d"où il était originaire), pour y former
une bibliothèque publique. En battant ces livres,
pour ôter la poussière avant d'en faire l'expédi-
tion, il se fit une meurtrissure au bras; un abcès
y survint , l'os fut attaqué et la carie se dé-
clara. Trop pauvre pour les dépenses qu'exi-
geait le traitement de ce mal, il se fit porter à
l'Hôtel-Dieu ; mais les secours de l'art ne purent
le sauver; il expira dans l'été de 1841 , à l'âge de
cinquante-cinq ans.
AÏCOMAQUEjphilosophe pythagoricien, un
;i{
JN'ICOMAQUE
•des «écrivains grecs sur la musique dont les livres
sont parvenus jusqu'à nous. Il naquit àGérase,
ville de la basse Syrie ; mais on ignore en quel
temps. Le P. Blancani , jésuite, suppose (Chro'
nolog. celeb. viaihemaf.) que Nicomaque fut
antérieur à Platon ; mais Meibom a réfuté vic-
torieusement cette opinion {Prœfat. hiNicom.),
et a prouvé qu'il vivait après le règne d'Auguste,
puisqu'il cite (page 24, edU. Meibom) Trasillus,
mathématicien qui, suivant Suétone et le scoiiaste
de Juvénal (in SaUjr. VI), vivait au temps de ce
prince et sous le règne de Tibère. Un passage du
deuxième livredu Manuel harmonique Ag Nico-
maque renfermant le nom de Ptoléraée, il semble-
rait qu'il lui est postérieur; cependant Meibom
pense que le nom de Ptolémée, placé en note par
quelque scoiiaste, aura passé de la marge dans
le texte, par l'ignorance des copistes, ou même,
<pie ce second livre, attribué faussement à Nico-
maque. est de quelque écrivain postérieur. Au
reste, Fabricius a prouvé (Biblloth. grxc,
t. 4, p. 3, edit. Harl.) que Nicomaque a vécu
avant Ptolémée, puisque A|)ulée, contemporain
de ce dernier, a fait une version latine de l'aritli-
inétique du philosophe de Gérase.
Le Traité de musique qui nous reste de Nico-
maque a pour tite : 'Apiiovi/vj; 'EyxetptSt'ov (Ma-
nuel harmonique). Il est divisé en deux livres :
le premier, qui renferme douze chapitres , est
certainement l'œuvre de cet auteur; le second
paraît n'être composé que d'extraits d'un autre
Traité de musique du même écrivain que nous
n'avons pas ; on y trouve même des passages ti-
rés du premier livre. L'ouvrage d'où ce second
livre est extrait a été cité avec éloge par le mathé-
maticien Eutoce de Scalone (m Archimedis 2,
De sphxra ac cylindro, p. 18) (1). On en
trouve des fragments dans le commentaire de
Porphyre sur le Traité des harmoniques de Pto-
lémée, et dans la vie de Pythagore par Jainbli-
<jue. Le texte grec du Manuel harmonique a été
publié pour la première fois par Jean Meursius
avec celui des Traités d'Aristoxène et d'Alypius,
Leyde, 1616, in-4°, et a été réimprimé dans le
sixième volume des œuvres de ce savant (2).
Meibom en a donné une édition plus correcte,
avec une version latine et des notes, dans sa
collection des sept auteurs grecs sur la musique,
Amsterdam, EIzevir, 1652, deux vol. in-8°.
Conrad Gesner cite une traduction latine anté-
rieure à celle de Meibom par Herman Gogava
(I) Archimedis Opéra, cum Eutocii Àscalonitx coiiun.
Oxonlt. 1792, in-fol.
.'2) Jo. Meiirsii Opéra omnia ex recens. Joan. Lami.
FloreiitiiE, )7il-l7fi3, 12 voI.,in-ralt.
(Bibliot. m Epitomen red. per J.J. Frisium ,
p. G2) : c'est vraisemblablement une erreur. Ni-
comaque a écrit le premier livre, qui renferme le
Manuel harmonique , pour une dame qui lui
avait demandé de l'instruire dans la théorie de la
musique. C'est dans ce livre qu'il rapporte l'a-
necdote de Pythagore qui , passant devant la
boutique d'un forgeron, remarqua que les mar-
teaux qui frappaient le fer faisaient entendre
l'octave, la quinte et la quarte, et qui, après avoir
pesé ces marteaux trouva que les différences de
leurs poids étaient en raison des proportions nu-
mériques de ces intervalles; conte ridicule trop
souvent répété, car ce ne sont pas les marteaux
qui résonnent pendant le travail des forgerons ,
mais l'enclume.
Peu d'auteurs de l'antiquité ont donné lieu à
des assertions aussi contradictoires que celles
qu'on a répandues sur la nature du livre de Ni-
comaque. Meibom, dans sa préface concernant
cet écrivain, dit qu'il est le seul auteur de musi-
que suivant la doctrine de Pythagore dont le livre
est parvenu jusqu'à nous. Cette observation man-
que d'exactitude, car Gaudence est ausi partisan
de la doctrine des proportions du philosophe de
Samos ; mais c'est à tort que Requeno veut le
réfuter sur ce point, en disant que tous les auteurs
compris dans la collection de Meibom sont
Pythagoriciens ( Saggi sul ristabdmento dell
arte armonica , t. I, page 309), à l'exception de
Bacchius ; car sans parler d'Aristoxène , dont la
doctrine est absolument opposée à celle de Py-
thagore, il n'y a rien dans Alypius qui ait quel-
que rapport avec celle-ci; enfin l'auteur, quel
qu'il soit , du premier traité atti ibué à Euclide
est aristoxénien, et la section du canon , connue
sous le même nom, est conforme à la théorie de
Ptolémée. Mais des contradictions si singulières
de la part de deux savants qui s'étaient spéciale-
ment occupés de l'étude des écrivains grecs sur
la théorie de la musique ne sont rien en compa-
raison de ce passage de YHistoire des malJie-
matiques de Montucla (tome I, part. 1, liv. V,
page 319) concernant Nicomaque.
« Je n'ai qu'un mot à dire de son Introduc-
« lion à la musique. Elle m'a paru un des
« écrits sur ce sujet où il est le plus facile de pren-
« dreune idée de la musique ancienne. Au sur-
« plus Nicomaque est arisloxéaien dans ce
« Traité : chose assez surprenante pour un
« géomètre. >> Après avoir lu ces paroles, on
serait tenté de croire que Monliicla n'a pa:; inênic
entrevu le livre dont il parle, car il aurait vu qu'il
est entièrement rempli par l'exposition du sys-
tème de l'harmonie universelle imaginé par Py-
thagore. Le cinquième livredu Traité de uiusiqu© ,
NICOMAQUE — NIEDERMEYER
3t9
de Boèce destiné à expliquer ce système, et les
projiortions îles intervalles de sons, suivant la
doctrine pythagoricienne, est emprunté au Ma-
nuel de Nicomaque, principalement aux frag-
ments réunis sous le titre de second livre. Quel-
ques auteurs ont cru, au contraire, que ces frag-
ments ne sont que des extraits de Boèce, traduits
en grec dans le huitième siècle. !
IVIDECKl (Thomas), compositeur polonais, |
né vers ISOO, fut élève du Conservatoire de Var-
sovie, et apprit l'art d'écrire la musique sous la
direction d'EIsner [voyez ce nom). Ayant obtenu
du gouvernement de sa patrie une pension pour
voyager, il se rendit à Vienne et y écrivit en
1825, pour le théâtre de Leopold.sladt, la musi-
que du mélodrame Der Wasserfull in Feinhein;
puis il composa le drame lyrique Le Serment. De
retour en Pologne, il s'établit dabord à Posen
en 1837 et y publia divers ouvrages pour le chant
et la musique instrumentale. Appelé à Varsovie
en 1841 , comme chef d'orchestre de l'Opéra, en
remplacement de Kurpinski {voij. ce nom), il y
fit preuve d'habileté dans ses fonctions. La mu-
sique religieuse est le genre auquel il s'attacha
particulièrement. Sa première messe, avec chœur
et orchestre, fut exécutée en 1848 chez les Fran-
ciscains de Varsovie. Sa deuxième messe ( en '
mi bémol), fut chantée à l'église des Visitandines,
dans la même année, et la troisième fut exécutée
en 1849 dans la même église. Ces ouvrages pa-
raissent être restés en manuscrit. Plusieurs ou-
vertures de Nidecki ont été entendues aussi dans
les concerts qu'il dirigea : on cite particulière-
ment celle de son opéra intitulé Gessner. Cet ar- !
tiste est mort à Varsovie en 1852. ■
IVIEDERMEYER (Locis), compositeur et
professeur de piano, est né à Nyon, canton de
Vaud, près de Genève, le 27 avril 1802. Fils
d'un professeur de musique né à Wiirzbourg,
mais marié et fixé en Suisse, il apprit de son
père les éléments de cet art. A l'âge de quinze
ans, il fut envoyé à Vienne par ses parents, pour
y compléter son instruction musicale. Pendant
deux ans il reçut des leçons de Moscheles pour
le piano, et Fœrster {voyez ce nom) lui ensei-
gna la composition. Ce fut dans celte ville que
Niedermeyer publia .ses premiers essais, lesquels
consistaient en morceaux de piano. En I8l9,
il s'éloigna de la capitale de l'Autriche pour se
rendre à Rome, où il trouva dans les leçons de
Fioravanli une bonne direction pour l'art d'é-
crire la musique vocale ; art trop négligé dans
les écoles d'Allemaj:ne et de France. Après une .
année environ passée à Rome, >iiedermeyer par-
tit pour Naples et y reçut un bon accueil de Zm-
garelli qui, di- ait-il , avait achevé de l'instruire '
dans l'art d'écrire pour les voix. Encouragé par
Rossini, il fit représenter à Naples son premier
opéra intitulé // Reo per amore , qui fut joué
au théâtre drl Fonda avec quelque succès. De
retour en Suisse en 1821 , Niodermeyer vécut
quelque temps à Genève comme professeur de
piano et y écrivit quelques compositions, à ia
tête desquelles se place Le Lac, sorte de cantate
à voix seule avec piano, écrite sur des vers de
M. de Lamarline, dont le succès fut européen,
et qui est encore un des plus beaux titres de
gloire du compositeur; car toutes les qualités
désirables se trouvent réunies dans ce beau
chant; suavité de la mélodie, expression vraie
des paroles, coloris pittoresque et distinction de
l'harmonie. Arrivé à Paris vers 1823, Xieder-
meyer s'y fit connaître par quelques bonnes com-
positions pour le piano, et y fut accueilli par
Rossini, dont l'inlluence lui ouvrit les portes du
Théâtre Italien. Au mois de juillet 1SÎ8 on y joua
Casa nel bosco, mélodrame de S4 composition,
dont le livret était traduit de l'opéra-comique
intitulé Une nuit dans la foret. Bien qu'applaudi
par le petit nombre de spectateurs qui assistaient
à la première représentation , cet ouvrage n'a
pu se soutenir près des fanatiques dilettanti de
ce théâtre, qui ne croyaient point alors qu'il y eût
d'autre musique possible que celle qui venait
d'Italie. Il y avait cependant du mérite dans celle
de Xiedermeyer. Doux et timide, modeste, peu
fait pour les luttes qu'il faut soutenir à Paris
lorsqu'on veut s'y faire des succès , au milieu
d'une foule d'industriels qui usurpent mainte-
nant le nom d'artistes, ce compositeur prit en
dégoût cette existence d'intrigue, et sur des pro-
positions qui lui furent faites, il- accepta, dans
l'Institut d'éducation fondé à Bruxelles par
M. Gaggia, les fonctions de professeur de piano,
qu'il y remplit pendant dix-huit mois; mais
une situation semblable ne pouvait convenir à
un artiste si distingué , car il n'y trouvait au-
cune occasion d'y déployer son talent. Meder-
meyer comprit qu'il y userait .sa jeunesse sans
profit pour sa gloire, et le besoin de succès le
ramena à Paris, où il publia plusieurs mor-
ceaux de musique instrumentale et vocale.
Depuis longtemps il aspirait à écrire pour ia
première scène française : ses vœux furent enfin
exaucés, et son grand opéra Stradella fut repré-
senté en 1836, à l'Académie royale de musique.
Accueillie avec quelque froideur par le public ,
jugée avec lég relé par les journaux, cette par-
tition a beaucoup plus de valeur qu'on ne lui en
a accordé. Tout le rôle de Stradella e*t bien
senti, bien exprimé; les formes de la mélodie
sont en général d'une élégance exquise; mais
320
JNIEDERMEI'ER
peut-être cette qualité a-t-elle été plus nuisible
qu'utile au succès de l'ouvrage; car ce qui est
fin etdtMicat échappe, dans les arts, au vulgaire
appelé le public; celui-ci n'est sensible qu'à
l'effet incisif; il n'est ému que par la force.
D'ailleurs, Niedermeyer avait dédaigné les res-
sorts dont tout le monde se sert à Paris pour
préparer les succès du théâtre ou réparer des
échecs. Il avait respecté sa dignité d'artiste, et
ce n'est point ainsi qu'on réussit de nos jours.
11 est juste de dire que l'estime des connaisseurs
lui a offert une honorable compensation des in-
justices de la foule, et que plusieurs morceaux
de Stradella, exécutés dans les concerts, ont
été justement applaudis. Plus tard l'ouvrage a
été repris à l'Op'éra et a été mieux compris par
le public.
Après l'espèce d'échec éprouvé par Niedermeyer
sur la scène française, sept années s'écoulèrent
avant qu'il pût l'aborder de nouveau; enfin, les
portes du théâtre lui furent ouvertes de nouveau,
et dans le mois de décembre 1844 il fit repré-
senter à l'Opéra Marie-Stuart, en cinq actes,
dont la partition renfermait de belles choses ,
des mélodies douces et poétiques, une romance
exquise devenue populaire, maij où la force dra-
matique, nécessaire au sujet, faisait défaut. Ha-
bile à exprimer les vagues rêveries de l'âme ,
heureux alors dans l'inspiration de ses cantilènes,
toujours fin, délicat, distingué, il lui manquait
la puissance, l'éclat et l'énergie indispensables
pour les grandes émotions. La partition de Marie-
Stuart renferme cependant quelques bons mor-
ceaux d'ensemble au second et au troisième acte.
A l'occasion de cet ouvrage , Niedermeyer fut
décoré de la Légion d'honneur. Appelé à Bologne
par Rossini, en 1846 , pour adapter la musique
de La Donna del Lago à un livret d'opéra
français intitulé Robert Bruce, et pour com-
poser quelques morceaux qui devaient combler
les lacunes, il accepta ce travail ingrat; mais la
transformation ne fut point heureuse. L'ouvrage
représenté au mois de novembie de la môme
année, ne réussit pas et disparut bientôt de la
scène. Un intervalle d'environ sept années s'é-
coula encore avant que Niedermeyer pût essayer
de prendre sa revanche de cet échec , car ce ne
fut qu'au mois de mai 1853 qu'il put faire re-
présenter son opéra de la Fronde, ouvrage en
cinq actes, où il y avait plus de force dramatique
que dans les précédents , mais où les qualités
dislinctives du compositeur ne se montraient pas
aussi bien. Pour qui connaissait la nature calme
et douce de Niedermeyer, il était évident qu'il
avait fait effort pour paraître énergique; il avait
publié le conseil du poète : Ne forçons pas no-
ire talent. La Fronde fut accueillie avec fioi-
deur et ne vécut qu'un petit nombre de représen-
tations. Ce fut le dernier essai de Niedermeyer
dans la carrière de compositeur dramatique. Après
cette nouvelle décepti.on, il s'attacha à la réalisa-
tion du projet qu'il avait conçu depuis quelque
ternpsde relever l'institution de musique religieuse
fondée autrefois par Choron, et de s'y dévouer
comme l'avait fait cet homme si lie«ireusement
doué. Les secours du gouvernement lui étaient né-
cessaires pour parvenir à son but : une première
subvention annuelle de 5,000 francs lui fut accor-
dée ; et les bons résultats qu'il obtint à l'aide de cette
faible somme déterminèrent le gouvernement à
créer un certain nombre de bourses de 500 francs
pour les élèves les mieux organisés, et des diplômes
de maître de chapelle et d'organistes pour les
lauréats des concours. Incessamment préoccupé
du soin d'améliorer la musique d'église, Nieder-
meyer se livra à des études spéciales sur ce sujet,
et l'un des premiers fruits de ses travaux fut une
Méthode d'accompagnement du plain-chant
qu'il publia en collaboration avec M. d'Ortigue (1).
Erreur d'un artiste distingué, cet ouvrage ne pour-
rait qu'entraîner les organistes dans une voie dé-
plorable. Né protestant, Niedermeyer ne connais-
sait pas assez la véritable tradition du plain-
chant pour le travail qu'il avait entrepris :il s'est
laissé égarer par de fausses idées auxquelles on
a donné cours depuis 1830. L'association de
Niedermeyer avec M . d'Ortigue se signala, vers
le même temps, par la fondation d'un journal
de musique religieuse qui parut en 1857 sous le
titre La Maîtrise , et dans lequel il publia un
certain nombre de morceaux de musique d'é-
glise. En 1858, il abandonna la part qu'il avait
prise jusque-là à la direction de ce journal, dont
M. d'Ortigue resta seul chargé. Niedermeyer est
mort à Paris le 14 mars 18G1, à l'âgede cinquante-
neuf ans, laissant un fils et deux filles sans for-
tune.
Outre les ouvrages cités précédemment , cet
.artiste, dont le mérite fut très-supérieur à ce
qu'on croit généralement, a écrit plusieurs messes,
dont une à grand orchestre a été exécutée plu-
sieurs fois à Saint-Eustache et dans d'autres égli-
ses, beaucoup de motets, hymnes, antiennes, etc.
avec orgue ; des préludes' pour cet instrument;
une grande quantité de mélodies parmi lesquelles
on remarque Le Lac, V Isolement, Le Soir, L'An-
tomne, La Voix humaine, sur des poèmes de
M. de Lamartine ; La Ronde du Sabbat, Oceano
nox, La Mer,Puisque ici-bas,i\e M.yiclor Hugo,
La Noce de Léonore, Une scène dans les Ap-
|i) Pari», Heugel, 1835, gr. in-8°
i
NIEDERMEYER — Î^IEL
321
pennitis, de M. Emile Descliamps, etc. ; quel-
ques ciiants en langue italienne. Des morceaux
pour piano, dont un rondo brillant avec accom-
pagnement de quatuor, des fantaisies et des tbèmes
variés.
XIEDT (Nicolas), organiste à Sondershau-
sen et chancelier du prince, né vers le milieu du
dix-septième siècle, mourut le 16 août ITOO. Il
était si pauvre qu'il ne laissa pas de quoi payer
ses funérailles. Il a fait imprimer une année com-
plète de musique d'église pour les dimanches et
fêtes, sous ce litre : Musicalische Sonn-und Fes-
taye Lust, etc. (Joie musicale pour les dimanches
et fêles, à cinq voix et cinq instruments); Son-
dershausen, 1698, in-fol.
'AIEDT (^Frédéric-Erhardt), musicien sa-
vant, vécut dans la seconde moitié du dix-sep-
lième siècle, et mourut à Copenhague, en 171".
On a pende renseignements sur sa personne; le
lieu de sa naissance n'est même pas exactement
connu, car Walther le place d'une manière in-
déterminée en Thuiinge, et Forkel à Jéna. Tout
ce qu'on sait, c'est qu'il remplit pendant quelques
années les fonctions de notaire dans celle ville, et
qu'il alla ensuite se fixer à Copenhague, où ses
compositions furent applaudies, mais où sa caus-
ticité lui fit beaucoup d'ennemis. Il ne reste de
tout ce qu'il a composé en Danemark que six
suites d'airs pour trois hautbois ou violons et
basse continue; Copenhague, 1708. Mais c'est
surtout comme écrivain que Niedt mérite de fixer
aujourd'hui l'attention des musiciens. On a de lui
un traité des éléments de la musique ; sous ce
litre : Musicalisches ABC zum Aidz en der
Lehr und Lernendcn (ABC musical , à l'usage
dcsinstituteursetdes l'-tudiants) ; Hambourg, 1703,
in-4"* obi. de 112 pages. Ce livre, divisé en 14
chapitres, est dépourvu de méthode ; mais il a de
l'intérêt parce qu'il renferme des airs à voix seule
avec accompagnement de hautbois et de basse
continue qui donnent une idée du mérite de l'au-
teur comme compositeur. Quelques années avant
la publication des Éléments de musique, Niedt
avait fait paraître un traité d'harmonieet de com-
position intitulé : Musicalische Handleitung ,
oder gru)idlicher Unterricht, vermUtels icel-
cheii ein Liebhaber der edlen Musik in kurzer
Zeit sich so ueit perfectioniren /lann, dass er
nicht allein den General- Dass noch denenge-
setzten deudichen und ivenigen Regeln fertig
spielen, sondem auch folglich allerlei Sachen
selbst componiren, und ein rechtschaffner Or-
ganist und Musikus heissen kœnne (Giilde mu-
sical ou instruction fon<lamentale, au moyen de
^uoi un amateur de la noble musique peut se per-
fectionner lui-même en peu de temps, et non-seu-
BIOGR. l.MV. DES MCSICIENS. — T. VI.
lement accompagner la basse continue d'après un
petit nombrede règles claireset précises, mais aussi
composer toute espèce de pièces, etc.) ; Hambourg,
1700, in-4o. Cette première partie de l'ouvrage fut
réimprimée, à Hambourg, chez Benjamin Schiller,
1710, in-4° de 62 pages. Jai douté longtemps de
l'existence de la première édition, mentionnée par
Adhing (Miisikalisch£n Gelahrtheit , p. 228,
2* édit.), et par Forkel (Allgem. Literalur der
Musik, page 351), parce que rien n'indique au
titre de celle de 1710 qu'elle soit la deuxième;
mais le catalogue de la bibliothèque de ce der-
nier (p. 26) m'a convaincu qu'elle est réelle. La
deuxième partie de ce traité de composition et
d'harmonie a paru sous ce titre : Musicalischer-
Handleitung anderer Theil, von der Variation
des General- Basses, saint einer Anweisung,
me man aus einem schlichten General-Bass
aller le y Sachen, als Prxludia , Ciaconen, Al-
lemanden, etc. (De la manière de varier la
basse continue, deuxièrue partie du Guide musi-
cal, etc.) ; Hambourg, 1706, in-4° de 21 feuilles.
On trouve dans celte partie les différentes formes
{ sous lesquelles on peut orner une basse simple.
I Elle contient aussi quelques préludes pour l'orgue
I ou le clavecin. Matlheson a publié une deuxième
I édition de cette seconde partie, avec des correc-
j lions, des notes, et y a ajouté les dispositions de
I soixante des principales orgues de l'Allemagne;
I Hambourg, Benjamin Schiller, 1721,' in-^" de
204 pages. La troisième partie de l'ouvrage est
I intitulée : Friederich-Erhardt Siedtens J/u-
j sicalischer-Handleitung drilter und letzier
\ Theil, handlend vom Contrapunct, Canon,
i Motteten, Choral, recitativ-stylo und Cava-
■ ten ( Troisième partie du guide musical, traitant
du conlrepoint, du canon, des motets, du choral,
du style récitatif et des airs) (Œuvre postimme).
Cette partie n'a pas été complètement achevée
par l'auteur; suivant son plan, elle ne devait pas
être la dernière. Mattheson, qui en fut l'éditeur,
y a ajouté une préface, et a mis à la suite le traité
de Raupach ( voyez ce nom ) concernant la mu-
sique d'église; Hambourg, 1717, m-k" de 68 pa-
ges. Le traité de Raupâch a une pagination sépa-
rée.
\IEL (...), maitre de musique à Paris, dans
la première moitié du dix-huitième siècle, a com-
posé pour r.\cadémie royale de musique ( l'O-
péra) la musique de l'opéra-ballet intitulé : Les
Voyages de l'Amour. Cet ouvrage fut repré-
senté en 1736. L'année suivante, Niel donna au
I même théâtre Les Romans, que Cambini remit
' en musique en 1776. En i744, Siel a écrit les airs
de vaudeville pour VÉcole des Amants, pièce
' de Fuselier.
21
322
IMEMANN — NIEROP
NIEMANIV (Albert), ténor allemand, né à
Erxleben, près de Magdebourg, en 1831, est fils
d'un aubergiste. Après avoir étudié la musique
vocale à Magdebourg, il fut engagé comme cho-
riste au théâtre de Dessau ; puis il chanta, aux
théâtres de Darmstadt et de Wonns, les rôles de
quelques opéras avec succès, et brilla particu-
lièrement à celui de Halle par son intelligence
de la scène. Bientôt sa réputation s'étendit, et il
reçut des engagements pour quelques-uns des
principaux théâtres de l'Allemagne. Appelé au
service du roi de Hanovre, où il est encore au
moment où cette notice est écrite (1862), il y
jouit d'une faveur toute spéciale près de ce prince.
C'est cet artiste que Richard Wagner a fait' enga-
ger par l'administration de l'Opéra de Paris pour
chanter le rôle de Tannheeuser, lorsque cet ou-
vrage y fut mis en scène, en 1861. Nonobstant
les orages qui éclatèrent pendant le petit nombre
de représentations qu'obtint cet opéra, la belle
voix de Niemann , sa cWeureuse diction dans le
récitatif, et son intelligence dramatique, furent
distinguées par le public; mais le dégoût qu'il
avait éprouvé pendant ces représentations tumul-
tueuses lui fit rompre son engagement et re-
tourner à Hanovre. Suivant les renseignements
qui me sont parvenus de cette ville, Niemann
aurait abusé de la faveur dont il jouit près du
roi pour molester le maître de chapelle Marschner
avec qui 11 était en dissentiment sur certaines
choses relatives au service de la cour, et aurait
été cause de la détermination que prit ce com-
positeur distingué de donner sa démission de son
emploi, laquelle fut bientôt suivie de sa mort.
NIEMECZEK (C-T), harpiste et composi-
teur de la Bohême, vivait à Prague, dans les der-
nières années du dix-huitième siècle. On a gravé
de sa composition : 1° Thèmes variés pour la
harpe, op. 1, 2, 3; Prague, 1797, Breilkopf et
Haertel. — 2" Sonates pour deux harpes, op. 4 ;
ibid. — 3' Sonates pour harpe seule, op. 5; ibid.
NIEMEYER (Auguste - Heumanp»), pro-
fesseur de théologie, naquit à Halle le ter sep-
tembre 1754, y fit ses études et y fut d'abord
maître de philosophie et professeur extraordinaire
de théologie, puis eut le titre d'inspecteur du sé-
minaire de théologie, à Halle." En 1787, on le
choisit pour être directeur du séminaire pédago-
gique; en 1792, conseiller du consistoire, et enfin
docteur en théologie et chancelier de l'université
de Halle. Il est mort en cette ville, le 7 juillet
1828. Niemeyer est également estimé en Alle-
magne comme écrivain sur la théologie, la péda-
gogie, et comme auteur de poésies religieuses. Il
a publié des pensées concernant l'influence des
sentiments religieux sur la poésie et la musique.
en tête de son poëme d'oratorio Abraham sur
le mont Moria, qui parut à Leipsick en 1777.
Ce morceau a été traduit en hollandais duns le
recueil qui a pour titre : Taal-dicht-en Letter-
kundig Robinet (Cabinet de grammaire, de
poésie et de littérature) ; Amsterdam, 1781, n° 1.
NIEMEYER (Jean-Charles-Guillaume ),
neveu du précédent, est né à Halle en 1780.
Après avoir fait ses études sous la direction de
son oncle, il a été nommé professeur à l'hospice
des orphelins de Frank. En 1817 , il a visité
l'Italie et la Sicile. Il est mort à Halle au
printemps de 1839. La Gazette musicale de Leip-
sick contient (t. 13, p. 873 ) un article
de Niemeyer sur les transitions en musique.
11 a publié un livre choral noté en chiffres,
suivant la méthode de Natorp, sous ce titre :
Choralbuch in Ziffern, in-4'; Halle, 1814. Une
deuxième édition de ce recueil de mélodies cho-
rales à trois voix, qui a été publiée en notation
ordinaire, a paru dans la même ville en 1817;
elle est intitulée : Dreystimmige Choral-Melo-
dienbuch in Noten. Une troisième édition porte
la date de 1823. M. Niemeyer s'est aussi exercé
à composer des chorals dans les modes de l'an-
cienne tonalité grecque. Ces chorals, au nombre
de dix-neuf, ont été publiés avec d'autres piè-
ces, à Leipsick, en 1831, chez Breitkopf et Haer-
tel. Dans l'année suivante il avait publié un re-
cueil de cantiques latins chez les mêmes édiletirs.
NIEMTSCHEK (François-Xavier), né à-
Saczka, en Bohême, vers le milieu du dix-hui-
tième siècle, fut professeur de logique et de phi-
losophie morale au gymnase de Kleinfeit, à Pra-
gue, où il vivait encore en 1808. Ami de Mozart,
il a publié une notice de la vie de cet illustre
compositeur, intitulée : Leben desK. K. Kapeïl-
meislers Wolfgang Gotllieb Mozart (Vie du
maître de la chapelle impériale W. Amédée Mo-
zart); Prague, 1798, )n-4'' de 78 pages. Une
deuxième édition de cette notice a paru à Prague
et à Leipsick, en 1808, in-4''. Ce petit ouvrage a
de l'intérêt par les renseignements qu'il fournit
sur la mise en scène des opéras de Mozart écrits
pour le théâtre de Prague.
NIEROP (DiRCK-RoiBRANT Van), mathé-
maticien hollandais, vécut à Amsterdam vers le
milieu du dix-septième siècle. Il mourut en
1677. Au nombre de ses écrits on trouve celui
qui a pour titre : Wiskundige 3fusyka vertoo-
nende de Oorsaeckc van H Geluyt, de redens
dcr Zangtoonen konstiguytgereechenf, etc. (La
musique mathématique exposant la cause <iu son,
le rapport des sons chantés, artistement calculés,,
et la facture des instruments de musique, etc.);
Amsterdam, 1659, in-8° de 5 feuilles et demie.
NINI — NISLE
323
IVIXI (Alexandre), compositeur, est né en
1811 à Fano, dans les États romains. Élève de
Ripini, maître de chapelle de cette ville, il com-
mença à écrire, à l'âge de quatorze ans, des
messes, des vêpres et des symplionies. En 1826,
il fut nommé maître de chapelle de Téglise de
Montenovo et y demeura dix-huit mois ; mais à
la fin de 1827 il retourna à Fano, et au commen-
cement de l'année suivante, il alla étudier le
contrepoint au lycée musical de Bologne, sous la
direction de Palmerini. Quelques mois après il
fut rappelé dans sa ville natale pour y écrire une
messe et des vêpres à grand orchestre qui furent
exécutées à la chapelle de Lorette. Vers la fin de
la même année il fit entendre une symphonie de
sa composition au Casino de Bologne. En 1831,
il saisit l'occasion de se rendre à Pétersbourg en
compagnie d'un seigneur russe. Il vécut plusieurs
années dans cette ville, y établit une école de
chant italien et y publia quelques compositions
vocales et instrumentales. De retour en Italie au
commencement de 1837, il écrivit à Venise l'o-
péra intitulé lia délia Torre, qui y obtint quel-
que succès, et qui fut suivi, en 1839, de La Ma-
rescialla d'Ancre, représentée à Padoue, puis à
Florence, Turin, Venise, Trieste, Rome, Gênes,
et dans plusieurs autres villes de l'Italie, dans la
même année, et de Crisdna di Siezia, à Gè-
nes, en ISiO. Les autres ouvrages de Kini sont :
Margarita di York, représenté à Venise en 1 84 1 ;
Odalisa, donné à Milan en 1842, et Virginia,
à Gênes, dans l'année suivante. Après cette
époque , les renseignements manquent sur la
suite de la carrière de cet artiste.
jVlSARD (Théodore), pseudonyme. Voyez
^'ORMA^■D (Théodlle-Elzéar-Xavier).
IMSLE (....), corniste célèbre, naquit en
1737, à Geisslingen, dans le Wurtemberg, et fit
ses études de musique à Stutt°ard. Vers 1776, il
entra au service du prince deXeuwied, en qualité
de maitre de concert. Vers la fin de I7ô2 il aban-
donna ce poste pour voyager. Arrivé à Stuttgard,
il y accepta une place dans la chapelle ducale;
mais rinconstance de son caractère lui fit encore
quitter cette position. Cependant le dérangement
de sa santé l'obligea de s'arrêter à Hildburg-
liausen en 1785 : il y mourut en 1788, laissant
deux fils qui ont hérité de son talent. On ne
connaît aucune composition sous le nom de cet
artiste.
XISLE (David), fils aîné du précédent, na-
quit a Xeuwied en 1778. Dès l'âge de cinq ans il
jouait du cor. Dans les concerts , son père le
plaçait sur une table qui servait aussi à soutenir
l'instrument. Plus tard, son habileté à se servir
des sons bouchés était si grande, que bien qu'il
n'eût qu'un cor en mi bémol, il jouait dans tous
les tons avec des sons purs et égaux en force. Il
accompagna son père dans ses derniers voyages.
Après la mort de celui-ci, il resta quelque temps
avec sa mère, puis il se remit en route avec son
frère, corniste comme lui ; mais arrivés à Rudol-
stadt, les deux frères se séparèrent, et David con-
tinua seul ses voyages. En 179S, il était attaché à
la musique du prince de Witlgenstein-Berle-
bourg, en Westphalie. Ses études ayant achevé
de développer son talent, il fut bieutôt considéré
comme l'émule de Punto. En 1806, il retrouva
son frère à Vienne : ils se réunirent de nouveau
et se rendirent en Hongrie, où ils étaient encore
en 1809, attachés à la musique d'un M. de Vegh.
Le projet qu'ils avaient formé de se rendre en
Russie fut contrarié à cette époque par la guerre ;
ils se dirigèrent alors vers Trieste par la Slavo-
nie, traversèrent l'Italie, et allèrent en Sicile. De-
puis lors, on n'a plus eu de renseignements sur
la personne de David, qui s'était encore séparé
de son frère . Cet artiste ne parait pas avoir écrit
pour son instrument.
KISLE (Jean-Frédéric), frère puîné de Da-
vid, est né à Neuwied, en 1782. Après avoir,
ainsi que son frère, parcouru une partie de l'Al-
lemagne comme virtuose, le dégoût qu'il éprou-
vait pour cette existence le fit s'arrêter à Rudol-
stadt, où il se livra à l'étude de l'harmonie, delà
composition et du piano sous la direction de
Koch; puis il alla à Rostock pour y publier ses
premières productions, qui consistent en chan-
sons, duos, trios pour cor, et sonates de piano. Son
premier œuvre parut en 1798. On a vu, dans
l'article précédent, comment il retrouva son frère
à Vienne, en 1806, et la suite de ses voyagesjus-
qu'en Sicile. Là, Jean Nisie se fixa à Catane, et
y fonda une société de musique. Après y avoir
passé près de vingt ans, occupé de composition
et de travaux de professeur, il se sentit pressé
par le désir de revoir sa patrie, et se mit en
voyage; mais arrivé à Naples, il tomba malade.
Sa convalescence dura près d'une année. Lors-
qu'il crut avoir repris assez de force, il se dirigea
vers r.\lleniagoe par la Suisse, et il arriva dans
son pays en 1834. Deu\ ans après, il fit un
voyage à Paris, puià à Londres, où il était encore
en 1837. Depuis longtemps il avait abandonné le
cor, son premier instrument, pour s'attacher au
piano. Les compositions les plus connues de cet
artiste sont : 1° Ouverture à grand orchestre (en
remineur); Vienne, Hasiinger. — 2° Quintettes
pour violon, op. 21 et 30; ibid. — 3' Quatuors
pour 2 violons, alto et bas.se; ibid. — 4" Trios
pour deux violons et violoncelle ; Naples, Girard.
— ô° Duos pour deux violons, op. 13 et IS ; Leip-
21.
324
NISLE — NITSCHE
sick, Breitkopf et Haertel; Vienne, Haslinger. —
6° Six solos pour violon ; Naples, Girard. —
7" Quintette pour flûte, violon, alto, cor et violon-
celle, op. 26; Vienne, Haslinger. — 8° Idem,
pour flûte, violon, 2 altos et violoncelle, op. 27;
ibid. — 9° Trios pour 2 cors et violoncelle, op. 2.
Berlin, Schlesinger. — 10° Duos pour 2 cors, op.
4, 5 ; ibid. — 11° Trios pour piano, violon et
cor, op. 20 et 24; Vienne, Haslinger. — 12° Duos
pour piano et cor; Berlin, Schlesinger, Leipsick,
Breitkopf et Haertel; Naples , Girard 13'' Di-
vertissements et fantaisies pour le piano. —
14° Chansons allemandes et italiennes.
NISSEN (George-Nicolas DK), conseiller
d'État du roi de Danemark, chevalier de l'ordre
deDanebrog, né à Hardensleben, en Danemark,
le 27 janvier 1765, épousa la veuve de Mozart,
et pendant plus de vingt-cinq ans s'occupa de
recueillir et de mettre en ordre des matériaux
authentiques pour servir à l'histoire de la vie et
des travaux de ce compositeur célèbre. Il mou-
rut avant que l'ouvrage fût imprimé, le 24 mars
1826; mais sa veuve lit paraître le résultat de
son travail, sous ce titre : Biographie W. A.
Mozart's. Nach Originalbriefen, Sammlun-
gen ailes iiber ihn geschriebenen, mit vielen
neuen Beilagen, Steindrucken, Musikblœttern
und einem Fac-Simile (Biographie de W. A.
Mozart, d'après des lettres originales, etc.); Leip-
sick, 1828, in-8° de 702 pages. L'ouvrage de
Nissen est précédé d'une préface de 44 pages par
le docteur Feuerstein, de Pirna. On trouve dans
le volume plusieurs planches de musique et au-
tres, ainsi que des portraits de Mozart et de sa
famille. Dans la même année, il a paru un sup-
plément à celte biographie intitulé : Anhang
zu Wolfgang Amadeus Mozart's Biographie;
Leipsick, in-S" de 219 pages. Ce supplément ren-
ferme divers catalogues des œuvres de Mozart,
et l'appréciation de ses compositions, de son ta-
lent et de son caractère. On ne peut considérer
cet intéressant recueil de matériaux comme une
biographie véritable, car la forme historique y
est à chaque instant interrompue, et les vues du
narrateur manquent souvent d'élévation ; ce-
pendant l'ouvrage n'en est pas moins précieux,
i cause de l'authenticité des documents qu'il ren-
ferme, particulièrement la correspondance du
grand artiste et de sa famille.
KÏSSEIV (Henriette), V. SALOMAN (Mme).
IVITHART (Le seigneur), appelé NEmnARDT
dans quelques anciens manuscrits, fut un cé-
lèbre Minnesinger (chanteur d'amour) qui vé- !
eut vers la fin du douzième siècle, et dans la pre- •
rnière moitié du treizième. 11 y a quelque in- j
certitude sur la partie de l'Allemagne où il vit
. le jour; cependant les recherches érudiles de
I Hagen ( Minnesinger, deuische Liedcrdick-
1 ter, etc., th. IV. p. 435-442) l'ontconduit à éta-
I blir d'une manière satisfaisante que ce poète
] musicien était Bavarois, et qu'il appartenait à la
i famille des barons Fuchs de Franconie et de
: Souabe. Il tenait de sa mère en propriété une
j seigneurie appelée Riniventhal. Les rapproche-
i ments de diverses autorités font voir que Nithart
j était chevalier, qu'il se croisa, et qu'il assista au
I siège et à la prise de Damiette (1219), où il
j était vraisemblablement dans le corps d'armée
j conduit par le duc d'Autriche Léopold VIT. La
i dernière mention de l'existence de Nithard re-
i cueillie par Hagen est de 1234 : le savant ar-
; chéologue pense que c'est vers ce temps qu'il a
i composé la plupart de ses chants. Les chansons
notées composées par Nithard se trouvent dans
plusieurs manuscrits du quatorzième et du quin-
zième siècles : Hagen en a publié deux d'une
belle notation d'après un manuscrit de la biblio-
thèque de Francfort-sur-le-Mein, et trente-deux
autres tirées d'un manuscrit intéressant du
quinzième siècle que lui-même possédait. {Loc.
cit. th IV, p. 770, 845 et p. 846-852).
iXITSCH (Pierre), musicien allemand du
seizième siècle, a fait imprimer de sa composi-
tion : 1** Teutsche Lieder des Morgens und
Abends, etc. (Chansons allemandes pour être
chantées le matin et le soir, avant et après le
repas); Leipsick, 1543. — 1° Teutsche und
lateinische Lieder mit 4 Stimmen (Chansons
allemandes et latines à 4 voix); ibid., 1573,
in-S".
NITSCHE (Jeas-Charles-Godefroid), or-
ganiste à Sprottau, est né le 22 octobre 1808 à
See, près de Niasky, cercle de Rotembourg, en
Lusace. Après avoir fréquenté les écoles pri-
maires jusqu'à l'âge de treize ans, il fut envoyé
en 1821 cliez le cantor Bessert, à Kahlfurth,
près de Gœrlitz, chez qui il se prépara à l'en-
seignement élémentaire ; il suivit ensuite les
cours de l'école normale à Bunzlau, pendant les
années 1826-1828. H y fut employé en 1829 et
1 830 à enseigner l'orgue aux séminaristes, puis
il tut appelé à Grunberg, en qualité d'institu-
teur ; mais le désir d'augmenter ses connaissances
musicales lui fit prendre la résolution d'aller à
Berlin fréquenter l'institut royal de musique d'é-
glise, et il obtint à cet effet une pension du gou-
vernement. Les leçons de l'organiste Guillaume
Bach et des professeurs Grell et Dreschke com-
plétèrent son instruction, et il reçut des conseils
de M. Marx ( V. ce nom) pour l'harmonie. Lors-
que ses études furent terminées, Nilsche accepta
en 1837 les places d'instituteur et d'organiste à
IVITSCHK — DIVERS
320
Sprottati -.il les occupait encore en 1860. On a
imprimé de sa composition : l'' Livre choral gé-
néral pour les églises et les écoles catholiques, à
l'usage des provinces de Lusace et de Silcsie, à
4 Toix avec des préludes et des versets pour l'or-
gue; Berlin, Bechtold et Cie. — 9.° Recueil de 120
cantiques à 2 voix ; ibid. — 3" Chants à 2 voix
pour les écoles; Grunberg, Siebert. — 4' Supplé-
ment des chants à 2 voix; Grunberg, Levyson.
— 5° Douze chants funèbres composés pour un
chœur de voix mêlées ; Grunberg, Fr. Weiss.
NI VERS (Gcillaimb-Gabriel), prêtre de
Paris, naquit dans un village près de Melun, en
1617. Après avoir fait ses études au collège de
Meaux, il entra au séminaire de Saint-Sulpice,
pour y suivre un cours de théologie. Dans, son
enfance il avait été enfant de chœur à Meliin, et
avait appris la musique dans la maîtrise de la col-
légiale de-cette ville. Arrivé à Paris, il y prit des
leçons de clavecin de Chambounières. En 1640
il obtint la place d'organiste de l'église de Saint-
Sulpice; deux ans après il entra dans la cha-
pelle-du roi en qualité de ténor. En 1667, la place
vacante d'organiste du roi lui fut donnée, et
quelques années plus tard il eut le titre de maî-
tre de la musique de la reine. On n'a point de
renseignements sur l'époque précise de la mort
de ce musicien savant et laborieux, mais on sait
qu'il vivait encore en 1701, car il a donné dans
cette année une approbation à la nouvelle édi-
tion du Graduel et de l'Antiphonaire romain,
imprimés par Chr. Bailard : il était alors âgé de
quatre-vingt-quatre ans. La liste de ses ouvrages
est nombreuse; voici ce que j'en ai pu recueillir :
l** La Gamme du si; JSouvelle Méthode pour
apprendre à chanter sans muances ; Paris,
Bailard, 1646, in 8°. La méthode de solmisation
par les muances était encore en vogue lorsque
Nivers fit paraître ce petit livre, quoique plusieurs
musiciens eussent fait des efforts pour l'abolir
depuis la seconde moitié du seizième siècle. Le
peu d'étendue de ce livre et la simplicité de la
méthode exercèrent beaucoup d'influence en
France sur la réforme à ce sujet. Une deuxième
édition de la Gamme du si fut publiée chez Bal-
lard, en 1661, in-S" obi. Une troisième parut
en 1666, in-8° obi. Celle-ci porte le titre de Mé-
thode facile pour apprendre à chanter en
musique. Une quatrième édition fut publiée,
sans nom d'auteur, sous ce titre : Méthode fa-
cile pour apprendre à chanter en musique ;
parun célèbre maistre de Paris {V. Le Maire),
Paris, 1696, petit in-4'' obi. de 28 pages. —
2" Méthode pour apprendre le plain-chani
de l'église; Paris, Bailard, 1667, in-S" obi. Une
deuxième édition de cet ouvrage a paru chez
Christophe Bailard, en 1679, in-S"; une troi-
sième a été publiée dans la même maison, 1698,
petit in-8°, et une quatrième en 1711,in-l2. On
la trouve aussi, sans nom d'auteur, dans un petit
volume intitulé : Trois ISouvelles Méthodes
pour le plain-chant; Paris, 1685, in-8° obi. La
première de ces méthodes est celle de Nivers ; la
deuxième a pour titre : Méthode particulière
du chant ecclésiastique ; et la troisième : Ri-
tuel du chant ecclésiastique. Ces deux der-
nières sont également sans nom d'ai:teur. Je
crois qu'il y a d'autres éditions de ce volume. —
3' Traité de la composition de miusique; Pa-
ris, 1667, in-S"; 2nie édition; Paris, Bailard,
1688, in-8°. Ce livre a été aussi réimprimé avec
une traduction hollandaise en regard, faite par E.
Roger, libraire à Amsterdam, 1697, in 8" de 112
pages, avec des planches gravées. — 4° Disser-
tation sur le chant grégorien par le sieur
yivers, organiste de la chapelle du roy, et
maistre de la musique de la Reyne; à Paris,
aux dépens de l'aulheur, 1683, in 8" de 216 pa-
ges. On voit par le titre de cet ouvrage que Ni-
vers avait cessé d'être organiste de l'église de
Saint-Sulpice eu 1683. La dissertation sur le
chant grégorien est un ouvrage rempli de sa-
vantes recherches : les écrivains sur celle ma-
tière peuvent le consulter ..avec fruit. >'ivers y
a rassemblé beaucoup d'autorités anciennes fort
importantes. Il possédait une connaissnce par-
faite du chant ecclésiastique, et il en a donné
des preuves dans les éditions qu'il a publiées do
graduel et de l'antiphonaire, et dans d'autres re-
cueils dont les titres suivent. — 5° Chants d'é-
glise à Vusage delà paroisse de Saint-Sulpice:
Paris, Bailard, 1656, in-12<'. — 6° Graduale
romanum juxta missale PU Quinti pontifias
maximi auihoritate editum. Cujus modula-
tio concinne disposiia; in usum et gratiam
monalium ordinis Sancti Angustini. Opéra et
studio Guillelmi Gabrielis IS'ivers, christia-
nissimi régis capellœ musices nec non ecclesix
Sancti Sulpicii parisiensis organista'; Paris,
chez l'auteur, 1658 , in-4''. — 8° Antipho-
narium romanum juxta Breviarium PU
Quinti, etc.; ibid, 1658, in-4''. Une deuxième
édition de ce graduel et de cet antiphonaire a été
publiée à Paris, chez l'auteur, en 1696, 2 vol.
in-4''. — 8° Passiones D. N. J. C. curn bene-
dictione cerei paschalis; Paris, Bailard, 1670.
in-4°. Une deuxième édition de ces offices du
dimanche de la Passion a été publiée chez le
même, en 1723, in 4".— 9° Leçons de Ténèbres
selon l'usage romain ; Paris, !n-4°. Ces deux
derniers recueils ont été réunis en un seul, sous
ce titre : Les Passions avec l'Exultet et les
826
MVERS — NOKLLI
Leçons de Ténèbres de M. ISivers; Paris, Chris-
tophe Ballard, 1689, in-4°. — 10° Chants et
motets à l'usage de l'église et communauté
des dames de la royalemaison de Saint-Louis,
à Saint-Cyr; Paris, Chr. Balîard, 1692, in-i"
obi. Une deuxième édition a paru sous ce titre :
Chants et motets à l'usage de l'église et com-
munauté des dames de la royale maison de
Saint Louis, à Saint-Cyr, mis en ordre et aug-
mentés de quelques motets parClerembault; Pa-
ris, 1723, 2 vol. in-4° obi. — 11» Livre d'o7-gue
contenant cent pièces de tous les tonsde l'é-
glise, par le sieur Nivers, maître compositeur
en musique et organiste de l'église Saint-Sul-
pice rfe Pcr/s,- Paris, chez l'auteur, 1665, in-4°
obi. Ces pièces sont d'un bon style, d'une har-
monie correcte, et rappellent les ouvrages des
organistes allemands du dix-septième siècle. On
trouve, au commencement du volume, une ins-
truction sommaire sur les tons de l'église, et sur
le mélange des jeux de l'orgue. — 12° Deuxième
livre d'orgue, etc.; Paris, 1671, in-4^ obi. —
13» Troisième livre d'orgue des huit tons de l'é-
gliscj ibid, 1675, in-4'' obi. Les autres livres de
pièces d'orgue de Nivers ont été publiés à des
époques plus rapprochées : La Borde en porte le
nombre à douze, et les auteurs du Dictionnaire
historique des musiciens (Paris, 1810-1811), l'é-
lèvent à quinze; je n'ai vu queks trois que je cite.
NOACIÎ (Chrétien-Frédéric), docteur en
philosophie, et directeur d'une maison d'éduca-
tion àLeipsick, est né en 1782, à Langensalza.
Il a publié des chants à voix seuie avec accom-
pagnement de piano, àLeipsick, chez Breitkopfet
Hacrtel.
NOBLET ( Charles), claveciniste de l'Opéra
^t organiste de plusieurs églises de Paris, naquit
en cette ville dans la première moitié du dix-
iiuitième siècle. Il obtint sa retraite de l'Opéra
£n 1762. On a gravé de sa composition, en
1754 et 1756, deux livres de pièces de clave-
cin. Il a fait exécuter, au Concert spirituel, un
Te Deum et quelques cantates. On connaît aussi
sous son nom plusieurs morceaux de musique
d'église en manuscrit.
Un artiste de même nom, et vraisemblablement
de la même famille, était attaché, en 1833, comme
bugle solo à la musique d'une des légions de
la garde nationale de Paris, et a publié une Mé-
thode nouvelle pour le bugle à clefs, et trois
recueils de morceaux pour un et deux bugles.
iVOCETTI ( FlamiiNio ), musicien italien du
seizième siècle, est cité dans le catalogue de Pars-
torff ( page I ), comme auteur de messes à 8
voix. Cerreto parle aussi de ce compositeur dans
sa Pratica musicale.
KOCHEZ ( ... ), élève des célèbres violon-
cellistes Cervetto et Abaco, voyagea quelque temps
en Italie, puis entra à l'Opéra-Comique de Paris,
où il ne resta pas longtemps, ayant été admis
à l'orchestre de l'Opéra en 1749. En 1763, il entra
dans la musique de la chambre et de la chapelle
du roi. Retiré en 1799, après cinquante ans de
service, il est mort à Paris dans l'année suivante.
Cet artiste est auteur de l'article Violoncelle
qui se trouve dans l'Essai sur la Musique de
La Borde (t. 1, pages 309-323).
XODARI ( Joseph-Paul), musicien né à
Brescia dans la seconde moitié du seizième siè-
cle, s'est fait connaître par la composition d'un
ouvrage intitulé : Meliflorus concentus in
psalmi di David a quattro voci; Venezia, app.
Ricc. Amadino, 1605, in-4".
NOEBE (...), facteur d'instruments à Dresde,
se trouvait à Nuremberg en 1796, et y construi-
sit des harmonicas en lames d'acier, qu'en jouait
en frottant ces lames avec deux archets, après
avoir tixé l'instrument à une table par une vis
de pression.
NOEDllXG ( Gaspard ), inspecteur des écoles
à Marbourg, est né le 12 janvier 1784. I! s'est
fait connaître par quelques ouvrages au nombre
desquels on remarque celui qui a pour titre : Jo-
hann Heinrich VœUer^s, instrumentenmachers
in Cassel, Lebenbeschreibung (Notice sur la vie
de Jean- Henri Vœller, facteur d'instruments à
Cassel), Marbourg, 1823, in -8°.
NOËL (N.), maître de musique à Paris vers
la fin du dix-septième siècle, a publié les ouvrages
suivants de sa composition : 1° Motels et éléva-
tions pour les Sacrements, la sainte Vierge
et pour les principales festes de l'année, à
une et deux voix avec la basse continue, pro-
pres pour les dames religieuses , Paris, in-S"
obi. — 2° Motets pour les principales festes
de l'année à une voix seule avec la basse
continue et plusieurs petites ritournelles
pour l'orgue ou lesvioles, Paris, Ballard, 1687,
'in-4° obi.
NOËL DE PIVIER( Nicolas-Benoit), né à
Trêves vers 1660, d'une famille française, a sou-
tenu, le 12 décembre 1681, à l'université de
Francfort, une thèse qui a été publiée sous ce
titre: Dissertatio inauguralis de Tarantismo;
Francfort, 1681, in-4° de 39 pages.
JXOELLI (Georges), musicien au service du
duc de Mecklenbourg-Schwerin vers 1780, était
né en Allemagne dans la première moitié du dix-
huitième siècle. Élève de l'inventeur du panta-
lon ( Hcbenstreit ), il jouait avec talent de cet
instrument difficile. Geminiani avait été son pre-
mier maître de contrepoint; il prit ensuite pen-
>OKLLI — NOLA.
327
dant six ans des leçons de Hasse, à Dresde, et
du père Mai Uni, à Bologne. Il parcourut l'Italie,
l'Angleterre, la France et l'Allemagne. A Londres
il reçut des conseils de Haendel ; à Hambourg, il
«e lia d'une étroite amitié avec Ch.-Pli. -Emma-
nuel Bach, dont il avait adopté le style dans ses
compositions. En 1782, il fil un second voyage
«n Italie, et mourut à Ludwigslusten 1789. Ses
compositions sont restées en manuscrit, particu-
lièrement dans le magasin de Westplial, à Ham-
bourg, où l'on trouvait sous son nom plusieurs
symphonies, des quatuors et des trios pour le
violon et pour la flûte.
iVOETZEL (Chrétien-Frédéric), musicien
de ville et organiste à Schwarzenberg, en Saxe,
€St né dans ce lieu le 11 juillet 1780. Il a pu-
blié des pièces d'orgue , des sonates de piano,
et trois livres d'écossaises et de montferrines ;
Dresde, Arnold.
ÎVOFERI (Jean-Baptiste), violoniste dis-
tijigué, né en Italie dans la première moitié du
dix-huitième siècle, a fait imprimer de sa compo-
sUion, depuis 1763, à Amsterdam, Berlin et
Londres, quatorze œuvres de duos, trios et so-
nates pour la guitare. Il a laissé en manuscrit
quelques concertos pour le violon.
JVOHL ( Le docteur Louis ), professeur ac-
tuel de musique ( 1862) à l'université de Hei-
delberg, est auteur des ouvrages intitulés : l W. \
A. Mozart. Lin Beiirag zur Aesthedk der
Tonkunst (W. A. Mozart. Essai pour l'Esthétique
de la musique ) ; Heidelberg, Bangel et Schraitt ,
1860, gr. in 8° de 82 pages. — Der Geist der
To7ikunst ( L'esprit de la musique). Francfort,
J. D. Sauerlœnder, 1861, in-8'' de 246 pages. Ces
écrits ont pour but de mettre en relief les qualités
des maîtres considérés comme classiques, et de
faire voir que la valeur de leurs œuvres est d'au-
tant plus élevée que les tendances religieuses de
«es maîtres sont plus prononcées. La religion
catholique lui semble une source plus poétique
d'idées que le protestantisme : cette considéra-
tion est d'une parfaite justesse, quoique Bach et
Haendel aient mis incontestablement le caractère
de la grandeur dans leurs productions.
i\OIlR (Chrétien-Frédéric), maître de con-
cert et virtuose sur le violon, attaché au ser-
vice du duc de Saxe-Meiningen, né en 1800, à
Langensalza, dans la Thuringe, montra dès son
«nfance un goût passionné pour la musique,
mais n'eut d'autre guide que lui-même pour en
apprendre les éléments. Son père, ouvrier dra-
pier, était un peu musicien, mais trop occupé de
ses travaux pour donner des soins à l'éducation
musicale du jeune Nolir. Toutefois il lui fit
commencer l'étude de la llùte et du violon. Lors-
que l'enfant eut atteint l'âge de huit ans, le
père et le lils entreprirent un long voyage comme
musiciens ambulants. Dans cette excursion ,
Nohr eut la bonne fortune d'être remarqué par
la généreuse princesse deLobenstein, qui le confia
à Lindner, musicien de ville, pour lui donner de
IMnstruction dans son art. A l'âge de quinze ans,
Nohr entra comme hautboïste dans la musique
du régiment de Saxe-Gotha, et fit en cette qua-
lité la campagne des armées alliées contre la
France. Le hautbois ayant fatigué sa poitrine,
il abandonna cet instrument pour la flûte. Ea
1821, il obtint son congé avec une pension. Dès
ce moment, il put se vouer en liberté à l'art
pour lequel il était né. Spohr devint son pro-
fesseur pour le violon ; il reçut aussi des leçons
de Grund et de Bœrwolf ; enfin, Hauptmann lui
enseigna l'harmonie, et Burbach lui donna quel-
ques leçons de contrepoint. En 1823, if j"ut
nommé musicien de la chambre à la cour de Go-
tha, où il se fit estimer comme soliste et comme
professeur. En 1S25, il brilla par son talent dans
des concerts donnés au théâtre de Francfort
et à Darmstadt. Après l'extinction de la maison
deGotlia, le duc de Cobourg voulut attacher Kohr
à sa musique, mais celui-ci préféra l'offre qui
lui était faite d'entrer comme maître de concert
chez le duc de Saxe-Meiningen. Depuis lors il a
fait plusieurs voyages en 1828 et 1833, et a brillé
par son talent de violoniste à Munich , à Leip»
sick, et dans plusieurs autres villes importantes.
Ses opéras Die Alpenhirt ( Le Pâtre des Alpes),
J.iebezauber (Le Philtre ), et Die wiinderbareu
Lichter (Les Lumières miraculeuses), ont été re-
présentés avec succès en 1831, 1832 et 1833, à
Meiningen, Gotha et Leipsick. On a gravé de la
composition de cet artiste : 1° Quintette pour
2 violons, 2 altos et violoncelle, op. 7, Offen-
bach, André. — 2° ir® symphonie à grand or-
chestre, op. 1, Leipsick, Peters. — 3* Pot-pourri
pour flùle, iiautbois, clarinette, cor et basson,
op. 3, Leipsick, Breitkopf et Haertel. — 4° Deux
quatuors pour 2 violons, alto et basse, op. 4,
Leipsick , Peters. — 5" Chansons allemandes
avec accompagnement de piano, op. 2, 5 et 9,
Leipsick et Berlin. — 6" Chants à quatre voix
d'hommes, op. 12, Munich, Falter.
Mme >ohr, femme du précédent, née à Leip-
sick, et mariée en 1835, a brillé comme harpiste
dans les concerts.
A'OIiW JLLE ( Jacqles-Bersard DE ).
Voyez DUREY DE SOIZ^YILLE.
A'OLA (Jea.n-Domimqle DE). Il est vrai-
semblable que Aola n'est pas le nom de ce mu-
sicien, mais celui du lieu où il était né; car la
désignation des [)ersonnes par l'endroit où elles
328
TvOLA — NORDBLOAI
avaient vu le jour s'est conservée jusqu'à la fin
fiu seizième siècle. Quoi qu'il en soit, il (ut maître
de cliapelle de l'église des Annonciades, à Napies,
c't il vivait encore dans cette ville en 1575, ainsi
que le prouve son recueil de motets à 5 et G
parties, pour ôlre chantés ou joués avec les ins-
truments. Cet ouvrage a pour titre : D. Joannis
Bominici juvenis à Nola Magisiri Cappellx
Sanctissimee Annunciatse Neapolitanx can-
tiones, vulgo Motecla appellatx, quinque et
sex vocum viva voce, ac omnis generis instru-
onentis cantahi commodïssimx , quam novis-
simè éditée liber primus. Venetiis, apud Jo-
sephum-Gulielmum Scottum 1575. On trouve
aussi sous son nom à la Bibliothèque de Munich :
1° Canzone villanesche a 3 voci ; Venise,
1545. — 2o Villanelle alla Napolitana a 3
€ 4 voci, ibid., 1570, in-4''. Le recueil intitulé
Primo libro délie Muse a 4 voci ; Madrigali
ariosi di Antonio Barré, ed alfri diversi auiori,
Rome, 1555, contient des morceaux de Jean-Do-
nainiquede Nola, et l'on en trouve aussi dans celui
qui a pour titre : Spoglia amorosa, Madrigali
a 5 voci di diversi eccellentissimi musici, nuo-
vamenie posti in luce, Venise, chez les héritiers
de Jérôme Scotto, 1585.
NOLLET ( L'abbé Jean-Antoine ), savant
physicien, naquit en 1700 à Pimpré, près de
Noyon, fit ses études au collège de Beauvais , et
les termina à Paris. Il fut professeur de physi-
que-expérimentale au collège de Navarre , puis
de l'école d'artillerie de la Fère, et de celle de
Mézières. Il mourut à Paris, le 24 avril 1770,
Ce savant a fait insérer dans les mémoires de
l'Académie des sciences de Paris ( année 1743 ,
p. 199 ) un Mémoire sur l'ouïe des poissons et
sur la troxismission des sons dans l'eau.
NONOT ( Joseph-Waast-Aubert ) , né à
Arras en 1753, apprit sans maître à jouer du
clavecin et de l'orgue, A l'âge de dix-huil ans, il
se rendit à Paris, où un organiste nommé Le-
clerc acheva son éducation musicale. De retour
à Arras, il y fut nommé organiste de la cathé-
drale; mais pendant les troubles de la révolution
il se retira en Angleterre , où l'enseigne-
ment lui offrit des ressources. Après la paix
d'Amiens, il rentra en France, et se fixa à Paris,
où il est mort en 1817. il a composé quatre
symphonies à grand orchestre, trois concertos
de piano, et quelques sonates pour cet instru-
ment. On a aussi sous son nom : Leçons mé-
thodiques pour le piano; Paris, Naderman.
KOORT ( Sybrand VAN ), organiste de la
vieille église d'Amsterdam , dans les premières
années du dix-huitième siècle, était considéré
comme un des artistes les plus habiles de son
, temps. Il a publié un recueil de sonates pour
flûte et basse continue, sous le titre de : Mélange
italien; Amsterdam ( sans date ).
KOPITSCH ( Christophe-Fréuéuic-Guil-
LAUME ), chantre à Nordiingue, naquit le 4 fé-
vrier 1758,àKirchensittenbach, près de Nurem-
berg. Après avoir reçu des leçons d'orgue et
d'accompagnement chez Siebenkels, organiste de
cette ville, il alla faire à Ratisbonne , chez Rie-
pel , des études de composition, qu'il acheva
sous la direction de Beck, à Passau. D'abord di-
recteur de musique à Nordiingue, il changea en
1800 ses fonctions en cette qualité contre celles
de cantor ou directeur de l'école de cette ville.
On a sous son nom : Versuch einer Elemeniar-
buchs der Singkunst ; vor trivial und !Sor-
malschulen systemaiisch entworfen ( Essai
d'un livre élémentaire sur l'art du chant , à l'u-
sage des écoles populaires et normales ); Nu-
remberg, 1784, in-4° de 35 pages. Une deuxième
édition de cet écrit a paru à Manheim , chez
Heckel. Nopitsch a aussi publié des mélodies sur
les poésies de Burger, de Ramier et de Stolberg,
Dessau, 1784; une élégie sur des paroles de
Schubart, Augsbourg, 1783, et quelques sonates
pour le clavecin. On cite aussi un oratorio qu'ii
composa en 1787. 11 est mort à Nordiingue
au mois de mai 1824.
NOKCOME ( Daniel), dont le nom estécrit
NORCUM dans des documents authentiques,
fut clerc et chantre de la chapelle royale de
Windsor, sous le règne de Jacques 1" (1). Il fui
aussi maître de chant de l'école de cette résidence.
On voit dans les comptes de la chapelle royale
de Bruxelles, aux archives du royaume de
Belgique , que ce musicien naquit à Windsor
en 1576, qu'il fut exilé en 1602, pour cause
de religion, qu'il entra alors dans la cha-
pelle des archiducs gouverneurs des Pays-Bas,
en qualité d'instrumentiste, et qu'ii s'y trouvait
encore en 1647. 11 est auteur du madrigal à cinq
voix : With Angels face and brightness , qui
a étéinséré parMorley dans la collection intitulée :
The Triumph of Oriana to 5 and 6 voyces,
composed by sevei-al authors; Londres, 1601.
C'est un morceau bien écrit, qui prouve que
Norcome avait une instruction musicale très-
solide.
KORDBLOxVI ( J. E.), professeur de chant
et compositeur suédois, vivait à Stockholm en
1847. Ses compositions vocales jouissent d'une
grande estime dans sa pairie. Suivant les rensei-
gnements qui me sont parvenus , sa musique
(1) V. Hawkins, a fieneral History of the science and
practice of IHusic, tome III, p, Mi.j
NORDBLOM — NORMAND
329
réunit les qualités de l'originalité, de la pureté
du style et de l'élégance de la forme. On ne peut
faire un plus bel éloge : puisse-t-il être mérité.
M. Nordblom a publié une méthode de chant
qui passe en Suède pour excellente.
IVORDM.4RK ( Zacharie) , savant suédois,
professeur a l'université d'Upsal , vers la fin du
dix-huitième siècle , est auteur d'un mémoire
intitulé : Dissertaiio de imagine sont seu écho;
l'psal, 1793.
\ORDT (Wolfgang-Hexri), facteur d'or-
gues à Frankenhausen, dans la principauté de
Schwarlzbourg-Rudolsladt , naquit en cette ville,
dans les dernières années du dix-septième siècle.
La Thuringe et les pays circonvoisins lui doivent
beaucoup d'instruments d'une bonne qualité.
Néanmoins il ne s'enrichit pas, et dans sa vieil-
lesse il connut le besoin. Il est mort à Fran-
kenhausen , en 1754. Le premier ouvrage sorti
de ses mains est un orgue de 26 jeux, 3 claviers
à la main et pédale , qu'il construisit à Sonders-
hausen, en 1724. Ce qui distingue cet instrument
de ceux du même genre est un registre qui
opère la transposition en transportant tout le
mécanisme du clavier un demi-ton plus bas. Les
autres orgues connues de Nordt ont été cons-
truites en 1728, 1734, 1740, 1749 et 1751.
A'ORDWALL (André O.), étudiant de l'u-
niversité d'Upsal , a fait imprimer une thèse
académique sur la vitesse du son , intitulée :
Dissertât io de sono sitnplici diredo; Upsal,
1779, 10-4".
IVORMAA'D (L'abbé TeÉODCLE-ÉLzéAW-
Xavier), connu dans la littérature musicale sous
le pseudonyme de Théodore Sisard, est né le
27 janvier 1812, à Quaregnon, près de Mons (Hai-
naut). Il est fils d'un Français qui exerçait alors
dans cette commune la profession d'instituteur,
et qui, quelques années après, obtint du roi
Louis XVIII une charge de commissaire-priseur,
à Lille. C'est dan^ cette ville que M. Normand,
encore enfant , commença ses études littéraires
au collège , et apprit la musique à l'académie.
Après la première année, ses progrès avaient
été si rapides, qu'il fut eu état d'aller concourir
à Cambrai pour une place d'enfant de chœur à
la cathédrale, et qu'il l'obtint. 11 y continua ses
éludes classiques, et parvint en peu de temps à
lire avec facilité toute espèce de musique. Vers
cette époque (1823), Saint-.\mand , bon violon-
celliste et compositeur, élève de l'auteur de
cette Biographie universelle des musiciej)s,se
fixa à Cambrai et donna des leçons de violoncelle
au jeune Normand qui , plus tard, continua l'é-
tude de cet instrument à l'école de musique de
Douai, et obtint des prix dans les années 1827,
1828 et 1829. Après avoir achevé sa rhétorique
et sa philosophie , il prit la résolution de se
vouer h l'état ecclésiastique, et, sur les instances
d'un ami , il se rendit au séminaire de Meaux
en 1832, pendant que le choléra exerçait ses ra-
vages à Paris et dans les villes environnantes.
Atteint lui-même par ce lloau , il ne se rétablit
qu'avec peine et ne put retrouver la santé que
dans son pays natal. Admis au séminaire de
Tournai , il y resta trois ans , puis il fut ordonné
prêtre par l'évêque de ce diocèse , le 1 9 décembre
1835, et envoyé comme vicaire à Seneffe, dans
le district de Nivelles. Au mois de septembre
1839, il a reçu sa nomination de principal du col-
lège d'Enghien.
Les études théologiques de M. l'abbé Normand
l'avaient obligé de suspendre la culture de la mu-
sique. Quelques leçons d'harmonie qu'il reçut de
Victor Lefebvre , brillant élève du Conservatoire
de Paris, enlevé trop tôt à l'art, développèrent
en lui le goût de cette science; il se livra sérieu-
sement à son étude dans les livres de Catel , de
Langlé , d'.\brechtsberger, de Reicha et d'autres,
et des principes qu'il y puisa il composa un sys-
tème mixte qu'il a exposé dans un ouvrage qui
a pour titre : Manuel des organistes de la cam-
pagne; Bruxelles, Delrie-Tomson , 1840, in-fol.
oblong. Cet ouvrage contient aussi une instruc-
tion sur le plain-chant, sur l'orgue, le mé-
lange de ses jeux, l'accompagnement du chant,
des pièces d'orgue, des fugues, etc. Puis il fit pa-
raître (août 1840) Le bon Ménestrel, choix
de romances à Vusage des maisons religieuses
d'éducation. M. Tabbé Normand, qui s'est aussi
fait connaître comme écrivain par une Histoire
abrégée de Charlemagne , fut un des rédacteurs
de la Revue de Bruxelles , où il a fait insérer
plusieurs morceaux, entre autres des articles in-
titulés : De Vinfluence de la Belgique sur l'o-
rigine et les progrès de la musique moderne
(Revue de Bruxelles, novembre 1837 et avril
1838), sous le pseudonyme Th. Huysman.
En 1842 on retrouve M. l'abbé Normand à
Paris dans la position de second maître de cha-
pelle et d'organiste accompagnateur de l'église
Saint-Gervais, sous le nom de Théodore yisard.
C'est sous ce pseudonyme qu'il en sera parlé
dans le reste de celte notice. Quelque temps
après, M. Nisard fut attaché à la maison de librai-
rie religieuse de MM. Périsse frères, pour la cor-
rection des hvres de plain-chant. En 1846, il
publia dans cette maison un écrit intitulé : Du
plain-chant parisien. Examen critique des
moyens les plus propres d'améliorer et de po-
pulariser ce chant, adressé à monseigneur
l'Archevêque de Paris, in-S" de 32 pages. Il
330
iXORMAND
s'associa ensuite M. Alexandre Le Clercq, libraire,
et maître de chapelle de l'église Sainl-Gervais,
pour la publication d'une nouvelle édition de
l'ouvrage du P. Jumilhac sur le plain-cbant;
elle parut sous ce titre : La science et la pra-
tique du plain-chant, où tout ce qui ap-
partient à la pratique est établi par les
principes de la science, et confirmé par le té-
moignage des anciens philosophes, des Pères
de l'Église , et des plus illustres musiciens;
erUr' autres de Guy Aretin, et de Jean des
Murs , par Dom Jumilhac, bénédictin de
la congrégation de Saint- Maur ;i vol, grand
tn-i° , nouvelle édition, par Théodore Ni-
sard et Alexandre Ze Clercq; Paris, 1847.
Quoique les éditeurs déclarent que cette édition
e&l entièrement conforme à celle quia été pu-
bliée en 1672 par Louis Bilaine, ils y ont ajouté
des notes en grand nombre. M. Nisard en a ex-
trait une des plus étendues et l'a publiée séparé-
ment sous ce titre : De la notation proportion-
nelle du moyen âge ; Paris, chtz l'auteur, jan-
vier 1847, in-12 de 23 pages. A la môme époque,
il fournissait des articles concernant l'histoire de
la musique à la Revue archéologique, au Monde
catholique et au Correspondant. La plupart de
ces articles ont été tirés à part et réunis sous ce
titre : Études sur les anciennes notations
musicales de l'Europe (sans date et sans
nom de lieu). Tous ces écrits sont dirigés contre
l'auteur de la Biographie universelle des musi-
ciens.
Il en fut de même dans le Dictionnaire litur-
gique, historique et pratique du plain-chant
et de musique d'église au moyen âge et dans
les temps modernes (Pàv'is, 1854, 1 vol. très-grand
in-S" de 1, 546 colonnes), auquel il travailla en
collaboration de M. Joseph d'Ortigue (voyez ce
nom). La plupai t des articles qu'il a fournis à cet
ouvrage renferment des attaques directes ou in-
directes contre le même maître , avec qui il n'a-
vait eu jusqu'alors d'autre relation que de lui
écrire, sans le connaître, lorsqu'il était vicaire
à Seneffe , pour lui emprunter des livres qui lui
avaientété envoyés immédiatement. Un penchant
à la polémique ardente portait M. Nisard à diriger
des attaques contre les personnes qui s'occu-
paient des mêmes sujets d'études que lui. C'est
ainsi qu'il ne garda aucune mesure dans ses dis-
cussions avec M. Danjou (voyez ce nom), et
qu'il a malmené M. Félix Clément (voyez ce
nom) dans sa Lettre à M. Ch. Lenormant
comme dans ses autres articles de journaux con-
cernant les Chants de la Sainte-Chapelle.
Lorsque M. Danjou découvrit dans la biblio-
thèque de Montpellier un manuscrit précieux du
, onzième siècle, lequel renferme les chants de l'É-
glise notés dans les anciennes notations en
neumes et dans le système des quinze premières
lettres de l'alphabet romain, qui s'expliquent
; l'une par l'autre, M, Nisard offrit au gouverne-
i ment français d'en faire une copie pour la Bi-
I biiothèque impériale de Paris; sa proposition fut
j acceptée. Il se rendit à Montpellier, et la copie
fut faite par un habile calligraphe sous sa direc-
tion.
De retour à Paris , M. Nisard conçut un nou-
veau système de transposition pour Yharmo-
nium et fit exécuter des instruments pour l'ap-
plication de ce système ; un de ses instruments
fut mis à l'exposition universelle de 1855, et l'in-
venteur obtint une médaille de première classe ;
mais cette entreprise n'eut pas de suite. Peu de
temps après, M. Nisard publia un livre intitulé :
Etudessurla restauration du chant grégorien
au dix-neuvième siècle ; Rennes, Valar, 1856,
in-S" de 514 pages. A la même époque, M. Vatar,
imprimeur à Rennes , ayant «lé chargé, par l'évè-
que de ce diocèse, de donner de nouvelles éditions
du Graduel et du Vespéral, confia à l'auteur
Aqs Études sur la restauration du chant gré-
gorien le soin de revoir tout le chant de l'Église
pour ces éditions, et consentit à faire les frais de
publication d'une Revue de musique ancienne
et moderne, dont M. Nisard avait conçu le
projet. Le premier numéro de cette revue men-
suelle parut le 1" janvier 1856; elle fut conti-
nuée pendant toute cette année ; mais la pu-
blication cessa avec le douzième numéro. A
son début dans la rédaction de cette revue,
M. Nisard écrivait : •< Je suis heureux du litre
« de rédacteur en chef que la Providence
« m'accorde au moment où je m'y attendais le
« moins, parce que ce titre me permettra de
« réparer le passé, de faire un appel sincère à
<( la science des érudits que j'ai pu froisser au-
« trefois dans la lutte, de leur rendre une tardive
« mais une complète justice, etc. » Le ton qu'il
prit dans cet écrit périodique fut en effet sérieux
et poli. Une des meilleures choses qu'il y publia
fut un travail historique et critique sur francon
de Cologne, son siècle, ses travaux et son in-
i fluence sur la musique mesurée du moyen âge.
Précédemment, il avait fait paraître un petit ou-
vrage élémentaire intitulé : Méthode de plain-
chant à l'usage des écoles primaires; Rennes,
Vatar, 1855, in-12 de 72 pages. La mise en vente
des livresde chant romain qu'il avait préparés pour
le diocèse de Rennes futannoncéede celte manière
dans le premier numéro de la Revue de musi-
que ancienne et moderne : Graduel et vespé-
ral romanis, contenant en entier les Messes
NORMAKD
331
et les Vêpres de tous les jours de l'année,
les Matines et les Laudes de Soel et de la
semaine sainte et l'Office des morts; Rennes,
Vatar, 2 forts volumes in-S** déplus de 800
pages. Tout ce qui concerne le chant a été
soifjnertsement revu et amélioré par le rédac-
teur en chef de cette Revue. Il parait qu'après
la publication itu dernier numéro de la Revae,
les relations de M. Nisard et de son édi-
teur cessèrent; car, en 1837, il s'attacha à
M. Repos , libraire de Paris, et éditeur des li-
vres de chant romain du diocèse de Digne :
toutefois il y garda l'anonyme dans ses premiers
travaux. C'est ainsi qu'il écrivit pour son nou-
vel éditeur un petit volume intitulé : Méthode
populaire de plain-chant romain et petit traité
de psalmodie approuvés par l'autorité ecclé-
siastique et publiés par E. Repos; Paris,
E. Repos, 1857, in-16 , de 44 pages. C'est ainsi
encore qu'il rédigea la première année de la
Revue de musique sacrée, publiée chez le
même, sans y mettre son nom. M. Nisard fit
cesser l'anonyme de ses publications lorsqu'il
fit paraître les deux ouvrages dont voici les ti-
tres : 1" L'Accompagnement du plain-chant
sur l'orgue enseigné en quelques lignes de mu-
sique et sans te secours d'aucune notion d'har-
monie. Ouvrage destiné à tous les diocèses, par
Théodore Nisard; Paris, E. Repos, 1860, très-
grand in 8" de 47 pages ; — 2" Les vrais principes
de l'accompagnement du plain-chant sur l'or-
gue, d'après les maîtres des 15^ et 16'' siè-
cles, à l'usage des conservatoires de musi*
que, des séminaires, des maîtrises et des écoles
normales de tous les diocèses, par Théodore
Nisard, ancien organiste accompagnateur à
Paris, ex-missionnaire scientifique du gou-
vernement français et lauréat de l'Institut
pour r archéologie musicale, transcripteur
officiel de l'AnUphonaire bilingue de Mont-
pellier, fondateur et rédacteur en chef de
la Revue de musique ancienne et moderne ,
auteur des Études sur la restauration du
chant grégorien au dix-neuvième siècle, des
Études sur les anciennes notations musica-
les de l'Europe, de l'accompagnement du
plain-chant sur l'orgue enseigné en quelques
lignes de musique et sans le secours d'aucune
notion d'harmonie , éditeur du Traité de
Plain-chant de Dom Jumilhac, etc., etc.;
Paris, E. Repos, 1860, très-grand in-8° de 64
pages.
Doué d'une remarquable intelligence, à laquelle
il a peut-être accordé trop de conliance, M. Ni-
sard s'esltrop hâté d'écrire dans sa jeunesse sur un
art qu'il ne connaissait que d'une manièreimpar-
. faite. Il s'instruisait en quelque sorte au jour le
jour sur les sujets dont il s'occupait; mais il sai-
si.ssait avec promptitude les enseignements qu'il
trouvait dans les livres ; en peu d'années il acquit
une instruction solide dans l'archéologie musi-
cale. Il est regrettable que ses rares facul-
tés n'aient pas reçu leur application dans une
existence calme, et qu'au lieu de s'attacher
à des travaux sérieux et suivis , il se soit aban-
donné au fâcheux penchant pour la polémique
qui le dominait et qui l'a entraîné à des opi-
nions erronées dont on peut voir un exemple
dans la préface de cette nouvelle édition de la
Biographie universelle des musiciens, ainsi
que dans une multitude de contradictions dont
ses adversaires ont profité. Je ne citerai qu'un
seul fait qui fera voir comment la passion |)ent
égarer un esprit aussi perspicace que le sien. A
l'époque où j'étais le but de tous les Irails qu'il
lançait , j'eus une discussion avec le conseiller
Kiesevetter, de Vienne (voy. ce nom), concernant
l'authenticité de l'Antiphonairede l'ancienneab-
baye deSaint-Gall, supposé être l'original de saint
Grégoire. Kiesewetter soutenait l'authenticité do
manuscrit que je révoquais en doute. .M. Nisard
se rangea du côlé de mon adversaire, et rap-
porta dans la Revue archéologique toutes les
anecdotes des vieux auteurs par lesquelles on croit
établir l'authenticité du monument. Plus tard,
i le P. Lambilloite (foy. cenom)rituu fac-similede
ce manuscrit et le publia, et plus tard encore les
éditions du graduel et de l'antiphonaire préparées
par le révérend P. jésuite furent mises au jour,
au moment même où paraissaient les éditions da
diocèse de Rennes. M. Nisard fit la critique de ces
livres, et, à cette occasion, ayant appris que le
P. Schubiger(foy. ce nom), bénédictin et maître
de chapelle de l'abbaye d'Einsiedeln (Suisse>, avait
fait une dissertation sur la restauration du chant
romain , dans laquelle il démontrait par des
preuves certaines que le manuscrit de Saint-Gall,
dont il avait fait un examen scrupuleux, ne re-
monte pas à une époque plus reculée que la fin
du onzième siècle , il demanda cette dissertation
à Tanteiir, et en fit insérer une traduction avec
quelques changements dans le 12^ numéro de la
Revue de tnusique ancienne et moderne. Des
réclamations ayant été faites contre cette pièce,
par les éditeurs du chant grégorien restauré
par le P. Larabillotte, M. Nisard publia, en
réponse à une sommation qu'il avait reçue à ce
sujet, une brochtire intitulée : Le P. Lambillotte
et Dom Anselme Schubiger, notes pour servir
à l'histoire de la question duchant liturgique
au commencement de Tannée iSbl; Paris, chez
l'auteur, 1857, gr. in-S" de 46 pages. Dans ces
332
JNORÎSIAIND — INORTH
notes, M. ISisard met autant de clialeur à dé-
truire la tradition de l'authenticité de l'Antipho-
naire prétendu de saint Grégoire , qu'il en avait
mis à la soutenir contre moi. Nonobstant ces
erreurs, M. Nisard est un arcliéologue musicien
dont le mérite ne peut être mis en doute.
iVORMAI\i\ (F. G.), professeur de piano à
Berlin, \ivait dans cette ville en 1830, et s'y
trouvait encore eu 1849. Il est auteur d'un petit
écritqui a pour titre : Musikalische-Bilderfiebel
ziir Erlernung des Noten (Introduction figurée
à l'étude des arts); Berlin (sans date), in-4'' de
15 pages. Petit livre gravé et rempli de figures
pour apprendre les noies aux enfants en les amu-
sant. On a de cet artiste environ quarante œu-
vres de pièces diverses pour le piano, particuliè-
rement des polonaises, des thèmes variés et des
rondeaux brillants.
i\ORMAIXT. Voyez PJÉTON (Antoine-
Louis ou Loyset).
1>JORRIS(Charlks), bachelier en musique,
ne s'appelait pas Thomas et n'était pas né à
Oxford , comme le prétendent Gerber et ses
copistes, mais àSalisbury, en 1740. Admis comme
enfant de chœur dans la cathédrale de cette ville,
il y apprit les éléments de la musique. Une très-
belle voix de soprano, qui devint ensuite un beau
ténor, le fit remarquer, et lui donna pour pro-
tecteur Ilarris, auteur de VHermès. Ce savant
lui donna le conseil de ne pas se hasarder sur la
scène, et de renfermer l'exerciee de son talent
dans les concerts et les oratorios. Poursuivre cet
avis, Norris s'établit à Oxford, et s'y livra à l'en-
seignement du chant. Ayant été admis à prendre
ses degrés de bachelier en musique à l'université
de cette ville, il fut bientôt après choisi pour
remplir les fondions d'organiste au collège de
Saint-Jean. Plusiem;^ fois il fut appelé à Londres
pour y chanter les solos de ténor dans les ora-
torios, et toujours il y fut accueilli par des applau-
dissements unanimes. Un amour malheureux le
plongea dans une mélancolie habituelle, détruisit
sa santé, et porta même atteinte à la beauté de sa
voix. En 1789, il voulut faire un nouvel essai de
son talent au grand concert donné à West-
minster, en commémoration de Hœndel ; mais
son organe était devenu si'faible, qu'à peine put-
il se faire entendre. Néanmoins il voulut encore
chanter dans un festival à Birmingham ; mais ce
dernier effort lui fut fatal, car dix jours après il
expira à Imley-Hall, près de Stourbridge, dans
le comté de Worcester, le 5 septembre 1790, à
l'àgede cinquante ans. Norris jouait bien de plu-
sieurs instruments. Il a composé des concertos
pour le clavecin, des glees qui ont eu beaucoup
de succès, et a publié à Londres, chez Roife,
huit canzonets avec accompagnement de piano.
IXORTH (François), lord haut-justicier de
la chambre des Communes, naquit à Rongham,
dans le comté de Norfolk, vers 1640. Après avoir
fait ses études à l'université de Cambridge, il
exerça quelque temps les fonctions d'avocat, puis
eut le titre de solliciteur-général du roi, et fut
fait chevalier en 1671. Sous les règnes de Char-
les II et de Jacques II, il fut chancelier du grand
sceau. 11 mourut à son château de Wroxton,
près de Branbury, le 7 septembre 1685. Amateur
passionné de musique, il cultiva cet art dès son
enfance, et y acquit de l'habileté. Il jouait fort
bien de la lyra-viole, sorte de basse de viole
montée de beaucoup de cordes pour y faire des
', arpèges et des accords, en 'usage de son temps.
Ses compositions, qui consistent en quelques
sonates à deux ou trois parties, sont restées en
manuscrit ; mais il a publié un petit traité de la
génération des sons et des proportions des in-
tervalles, sous ce titre : A Philosophical
Essay on Music (Essai philosophique sur la mu-
sique) ; Londres, 1677, in-4° de 35 pages. Lord
North n'a pas mis son nom à cet ouvrage.
NORTH (Roger), frère du précédent, naquit
à Rongham en 1644. Amateur de musique comme
son frère, il jouait de l'orgue et en avait fait
construire un par Schmidt dans sa maison de
Norfolk. Occupé sans cesse de recherches sur la
musique, il a laissé en manuscrit des notices
sur les compositeurs et amateurs anglais les plus
célèbres, depuis 1650 jusqu'en 1680. Lorsque
Burneyet Hawkins écrivirent leurs histoires de la
musique, le D". Montague-North, chanoine de
Windsor, qui possédait l'original de ce recueil,
permit à ces écrivains de le consulter et d'en faire
des extraits. Lord North mourut en 1734, à l'âge
de quatre-vingt-dix ans. Après son décès, son ma-
nuscrit passa dans les mains de son fils, le doc-
teur North, chanoine de Windsor, qui mourut
en 1779, puis dans celles de Roger North, petit
fils de l'auteur, et en dernier lieu il devint la pro-
priété du révérend Henri North, à Ringslead,
dans le comté de Norfolk. A la vente de la Bi-
bliothèque de ce gentilhomme, en 1842, le ma-
nuscrit des Memoirs of Musick de Roger
North fut acquis par M. Robert Nelson, de Lynn,
dans le comté de Norfolk, qui en fit cadeau à M.
Thowshend Smith, organiste de la cathédrale
de Hereford. Cet artiste se hâta de le mettre à la
disposition de la société des antiquaires musi-
ciens, et celle-ci désigna l'érudit M. Edouafrd
F. Rimbault pour en être l'éditeur. Le manuscrit
renfermait deux ouvrages; le premier, relatif à
la partie techniquede la musique, était intitulé :
The Musical Granimarien; l'autre contenait
?sORTH — NOURRIT
333
l€s mémoires historiques. Après un mftr examen
des deux ouvrages, M. Rimbault proposa à la
sociélé de ne publier que les mémoires, ce qui
fut adopté, et le, volume fut imprimé avec grand
soin sur beau papier de Hollande et tiré à petit
nombre. Il a pour titre : Memoirs of Mustek
ofthe Bon. Roger Sorth , aitomey général of
James II. i\ow first printed from the original
Ms. and edited, withcopious notes, bg Edward
F. RivibauU etc. (Mémoires de musique par
l'honorable Roger North, procureur général de
Jacques II ; imprimé pour la première fois d'aprè-s
le manuscrit original et publié, avec de nom-
breuses notes, par Edouard F. Rimbault, etc.);
Londres Georges Bell, 1846, 1 vol. in-4", de
XXIV et 139 pages, avec le portrait de Roger
North.
IVOTARI ( AxGE ) , musicien italien fi\é à
Londres dans les premières années du dix-sep-
tième siècle , y a fait imprimer, en 1614 , un re-
cueil de pièces intitulé : Prime musiche nuove
al, 2 e 3 voci, per cantar con la tiorba ed
altri stromenti; Londres, 1616, in-fol.
KOTKER ou iXOTGER, surnommé Bal-
bulas (le Bègue), à cause de la difficulté qu'il
éprouvait à parler, naquit vers 840, à Heiligen-
berg, près de l'abbaye de Saint-Gall , oii il étudia
sous les moines Marcel et Iscn. Devenu savant
dans les lettres, les arts libéraux et particulière-
ment dans la musique, son occupation principale
était de composer des proses et des hymnes; il
traduisit aussi le psautier en langue tliéotisque
pour le roi Arniilphe. On croit qu'il devint abbé
de Sainl-Gall, mais on ignore en quelle année. Il
mourut le 6 avril 912, et fut canonisé en 1514.
Quelques proses et des hymnes de Nolker ont-
été publiés par Cani«ius dans le sixième livre
de ses Anliq. Lectiones. On en trouve un re-
cueil complet, avec les mélodies notées, dans
un manuscrit de la bibliothèque de Saint-Eme-
ran, à Ratisbonne (I). Kolker est aussi auteur
de deux petits traités relatifs à la musique;
l'un intitulé : Eiplanatio quid singulx Lit-
terce in superscriptione sigiUficent caniilene ,
A été inséré par Canisias dans le 3* livre de
ses Antiq. Lect. (part. 2, p. 739); par .Mabil-
lon, dans l'Appendixàa t. IV des Annales de '
l'ordre de Saint-Benoit , et enfin par Tabbé '
Gerhert , dans sa Collection des écrivains ecclé- ,
siastiques sur la musique (t. I, p. 95 ). Le se- !
cond , intitulé Opusculum theoricum de 3/u- I
sica, est divisé en quatre chapitres qui trai- ;
(») C'est probablement ce recueil d'hymn« qui est cité i
par le P. l'cz : Thesaur. anecd., t. Iil. pari. III, a 6ig , j
sous le litre de Tàeorema Troporum, leu CriOtum mo- i
nocàordi. I
lent : 1" De octo tonis: — 2*" De tefrachor-
dis; — 3*= De octo modis ; — 4* De mensura
fi^tnlarum organicarum. Cet opuscule est
écrit en ancienne langue théoslique ou teuto-
nique. Schiller l'a inséré dans le tome premier
de son Trésor des Antiquités teutoniques , et
l'abbé Gerbert l'a placé parmi ses écrivains ec-
clésiastiques sur la musique (t. I, p. 96), et y
a joint une traduction latine. Au reste, on ne
sait pas précisément si cet ouvrage est de
Notker Balbulus ou d'un autre moine du même
nom , surnommé Labeo , qui vécut à l'abbaye
de Saint-Gall dans le cours du dixième siècle.
XOUGARET (Pierre-Jean-Baptiste), lit-
térateur, né à la Rochelle le 16 décembre 1742,
est mort à Paris au mois de juin 1823. Dans le
nombre considérable des livres qu'il a publiés, on
remarque celui qui a pour tilre : L'Art du théâ-
tre en général, où il est parlé des différens
spectacles de l'Europe, et de ce qui concerne
la comédie ancienne et la nouvelle, la tragé-
die, la pastorale dramatique, la parodie,
l'opéra sérieux, l'opéra bouffon, et la comé-
die mêlée d:'ariettes;P&ns, Cailleau, 1769, 2 vol.
in- 12. Dans le second volume de cet ouvrage
on trouve (p. 124-183) : Histoire philosophique
de la musique, et observations sur les différents
genres reçus au théâtre; et (p. 184-347), l'his-
toire abrégée de l'Opéra et de l'Opéra-Comiquc.
On a aussi de Nougaret un almanach des spec-
tacles intitulé : Spectacles des foires et des
boulevards de Paris, ou Catalogue historique
et chronologique des théâtres forains ,■ Paris,
1774-1788, 15 vol. in-24.
NOURRIT (Lotis) , né à Montpellier le 4
août 1780, fut admis comme enfant de chœur
dans la collégiale de celle ville, et y apprit la
musique. A l'âge de seize ans, il se rendit à
Paris pour y compléter son instruction dans cet
art. Doué d'une belle voix de ténor, il fixa sur
lui l'attention de MéhuI, qui le fit entrer au
Conservatoire le 30 floréal an x (juin, 1802). D'a-
bord élève de Guichard, il resta un an sous sa
direction, puis (août 1803) il fut confié aux
soins de Garât qui , charmé de la beauté de sa
vcix, lui donna des leçons avec affection, et
en fit un de ses élèves les plus distingués. Le 3
niars 1805, Nourrit débuta à l'Opéra par le rôle
de Renaud, dans Armide : le succès qu'il y ob-
tint lui procura immédiatement un engagement
comme remplacement de Lainez.Le timbre pur
et argentin de sa voix, l'émission naturelle et
franche des sons, la justesse des intonations et
sa diction mi'sicale, blun que peu chaleureuse,
indiquaient assez i'école dont ii sortait. C'était
une nouveauté remarquable à l'Opéra que cette
334
NOURRIT
manière large et correcte qui ne ressemblait point
aux cris dramatiques de Lainezel de ses imita-
teurs. Les anciens habitués de l'Opéra s'alar-
maient pour leur vieille idole, mais les connais-
seurs voyaient dans le succès de Nourrit le com-
mencement d'une régénération de l'art du cliant,
qui ne s'est cependant achevée à la scène fran-
çaise que plus de vingt ans après. Plusieurs autres
rôles chantés par Nourrit, particulièrement ceux
à'Orphee et de l'Eunuque, dans la Caravane
du Caire, achevèrent de démontrer sa supériorité
comme chanteur sur les autres acteurs de l'O-
péra. Malheureusement son jeu ne répondait pas
aux qualités de son chant : il était froid dans
les situations les plus vives, et la-crainte de tom-
ber dans l'animation exagérée de Lainez le je-
tait dans l'excès contraire. Malgré ses défauts
énormes comme chanteur, celui-ci avait une
chaleur entraînante et une. rare intelligence de
la scène; qualités qui ne sont jamais devenues
le partage de Nourrit, quoiqu'il ait acquis par
l'usage plus d'aisance et d'aplomb. Modeste et
timide, il n'éprouvait jamais les élans d'enthou -
siasme qui font de l'artiste une sorte de mission-
naire : en entrant au théâtre, il avait pris un
état. Le soir où il joua pour la première fois le
rôle d'Orphée, Garât, son maître , vint dans sa
loge, et avec cet accent énergique et tout méri-
dional qu'on lui a connu, il dit à son élève :
Après un tel succès vous pouvez prétendre à
tsut ! — Je suis charmé de vous avoir satis-
fait, répondit Nourrit, et je vous remercie des
encouragements que vous voulez bien me
donner; mais je n'ai pas d'ambition. — Tu
n'as pas d'ambition, m,alheureux ! Eh ! que
viens-tu faire ici ?
En 1812, après la retraite de Lainez, Nourrit
devint chef de l'emploi de ténor à l'Opéra : il le
partagea plus tard avec Lavigne; mais en 1817
il en reprit la possession exclusive ; Benaud,
Orphée, l'Eunuque de la Caravane, Colin du
Devin du Village, Demaly dans les Bayadè-
res, Aladin dans la Lampe vierveilleuse , fu-
rent ses meilleurs rôles. Jusque dans les derniers
temps, il conserva le joli timbre de son organe.
Au commencement de 1826, il prit la résolution
de quitter la scène, et obtint la pension qu'il
avait gagnée par un service de vingt et un ans.
Retiré depuis lors dans une maison de campagne
qu'il possédait à quelques lieues de Paris, il y
vécut dans le repos, renonçant même au com-
merce de diamants qu'il avait fait pendant toute la
durée de sa carrière théâtrale. Un dépérissement
rapide le conduisit au tombeau le 23 septembre
18^1, à l'âge de cinquante et un ans.
NOURRIT (Adolphe), fils aîné du précé-
dent, naquit à Montpellier, le 3 mars 1802. Des-
tiné par son père à la profession de négociant,
il fut placé au collège de Sainte-Barbe pour y
faire ses humanités, et bientôt il s'y fit remarquer
par la portée de son intelligence et par son
assiduité au travail. C'est dans l'enceinte de cette
maison que se formèrent pour lui des liaisons
d'amitié avec des jeunes gens devenus depuis lors
des hommes distingués : elles lui sont demeu-
rées fidèles jusqu'à ses derniers jours. Ses études
terminées, le jeune Nourrit rentra chez son père
qui lui fit obtenir, à l'âge de seize ans, l'emploi
de teneur de livres et de caissier dans la maison
de MM. Mathias frères, négociants-commission-
naires à Paris. Après y avoir rempli ces doubles
fonctions depuis 1818 jusqu'à la fin de 1819, il
entra comme employé dans les bureaux d'une
compagnie d'assurances. Obligé de se livrer à
des occupations si peu conformes à ses goûts , il
ne put cultiver la musique qu'à l'insu de son
père, dont l'obstination à l'éloigner du théâtre pa-
raissait invincible. Un vieux professeur de musi-
que, ami de sa famille, avait consenti à lui donner
en secret des leçons de chant; mais bientôt Adol-
phe Nourrit n'eut plus rien à apprendre de lui, et
les conseils d'un maître plus habile lui devinrent
nécessaires, .\lors il songea à Garcia, et comprit
que , dirigée par un tel artiste, son éducation
musicale pourrait le préparer aux succès du théâ-
tre. Aux premiers mots que le jeune homme dit à
Garcia de ses projets, celui-ci éprouva quelque
scrupule à tromper les vues de Nourrit, son an-
cien ami ; mais lorsqu'il vit l'ardeur et la persé-
vérance de son élève futur à solliciter ses leçons,
il se laissa persuader par ces signes certains d'une
influence secrète, et se mit à l'œuvre. Les pre-
miers essais lui firent voir qu'Adolphe Nourrit
possédait les éléments d'une bonne voix de
ténor, qui n'avait besoin que du secours de l'art
pour acquérir de la puissance et de la souplesse.
Lorsque par des exercices habilement gradués
il eut conduit cette voix à un développement
qui ne pouvait plus s'accroître que par le temps
et l'expérience, il avoua au père de son élève ce
qu'il avait fait et lui fit connaître le résultat de
ses leçons. Surpris d'abord, Nourrit parut vou-
loir se fâcher; mais vaincu par les sollicitations
de son fils, et peut-être séduit par des accents qui
lui rappelaient sa jeunesse, il finit par se calmer,
et consentit à préparer lui-même l'entrée de la
carrière du théâtre à l'héritier de son nom et de
son talent. Adolphe Nourrit parut pour la pre-
mière fois à l'Opéra le l*"" septembre 1821, avant
d'avoir accompli sa vingtième année. Son pre-
mier rôle fut celui dePijlade dans Jphigénie c:
Tauride. Le public l'accueillit avec faveur e^
NOURRIT
336
fut charmé de la beauté de son organe, de son
intellii;ence de la scène et de la chaleur de son
débit. Un embonpoint précoce, qu'il tenait de
son père, fut le seul défaut qu'on lui trouva.
Ce n'était pas l'unique point de ressemblance
qu'il y eût entre Nourrit et $nn fils, car les traits
du visage, la taille,, la démarche et l'organe
avaient en eux tant d'analogie, qu'il était facile
de les prendre l'un pour l'autre, et qu'on ne
pouvait les distinguer que par la froideur de l'un
et la chaleureuse diction de l'autre. Celte res-
semblance si remarquable fit naître l'idée de l'o-
péra des Deux Salem (sorte de Ménechmes),
qui fut représenté le 12 juillet 1824, et dans le-
quel ils produisirent une illusion complète.
Après Jphigénie en Tauride, Adolphe Nourrit
avait continué ses débuts dans les Bayadères,
Orphée , Armide, et chacun de ces ouvrages
avait été pour lui l'occasion de progrès et de
nouveaux succès. Baptiste aîné, acteur du Théâ-
tre-Français et professeur au Conservatoire, qui
possédait d'excellentes traditions, lui avait donné
des leçons de déclamation lyrique dont son in-
telligence s'était approprié tout ce qui était com-
patible avec la musique. Le rôle de Aéoctès ,
dans le Siège de Corinthe, de Rossini, fut sa pre-
mière création im|)ortante : le père et le fils paru-
rent pour la dernière fois ensemble dans cet opéra,
dont la première représentation fut donnée le
9 octobre 1826. La vocalisation légère et facile
n'était pas naturellement dans la voix d'Adolphe
îiourrit ; cette voix s'était montrée rebelle, à cet
égard, et les efforts de Garcia n'avaient obtenu
qu'un résultat incomplet; mais le maître s'en
était consolé en considérant que le répertoire de
l'Opéra n'exigeait pas la flexibilité d'organe in-
dispensable à un chanteur italien. Avec le Siège
de Corinthe et les autres productions du génie
de Rossini, le mécanisme de la vocalisation lé-
gère devint une nécessité pour le premier ténor :
Nourrit compiit qu'il devait recommencer ses
études, et il ne recula pas devant les difficultés.
Sa ferme volonté, sa persévérance, le conduisi-
rent à des résultats qu'il n'espérait peut-être pas
lui-même; s'il ne parvint jamais à l'agilité bril-
lante d'un Rubiui, il put du moins exécuter les
traits rapides d'une manière suffisante. D'ailleurs,
si son talent resta imparfait sous ce rapport, par
combien de qualité» ne racheta-t-il pas ce dé-
faut ? Que de charme dans sa manière de phraser !
Que d'adresse à se servir de la voix de tête !
Que de tact et de sagesse dans la conception de
ses rôles ! Que de sensibilité et d'énergie dans
l'expression des sentiments dramatiques! Et
qu'on ne s'y trompe pas : ce sont ces qualités qui
font le grand acteur lyriquedela scène française.
Après la retraite de son père. Nourrit resta
seul chargé de l'emploi de premier ténor. Pen-
dant dix ans il porta le poids d'une si grande
responsabilité et n'en fut point accablé, quoique
cette époque, la plus importante de l'histoire
de l'Opéra moderne, lui ait offert plus d'un
écueil; car dans ces dix années Moïse , le Comte
Ory, la Muette de Portici, le Philtre, Guil-
laume Tell, Robert le Diable, la Juive et les
Huguenots furent mis en scène. Il créa tous les
rôles principaux de ces belles partitions, en saisit
les nuances avec une merveilleuse intelligence,
et leur donna si bien le caractère de la vérité
dramatique, qu'il ne semblait pas que ces rôles
pussent être compris d'une autre roanière. La
musique de Meyerbeer lui présentait la plus rude
épreuve qu'un chanteur put subir; complète-
ment différente du système rossinien, si favorable
aux voix, elle était un retour vers l'opéra dé-
clamé; mais dans des proportions si gigantes-
ques et avec une instrumentation si formidable,
que son succès put faire prévoir une rapide dété-
rioration du personnel chantant de l'Opéra.
L'expérience n'a que trop prouvé que telles de-
vaient être, en etiét, les conséquences de ces
belles conceptions dramatiques : Nourrit seul
parut avoir des forces suffisantes pour lutter
avec elles. L'usage adroit qu'il savait faire de la
voix de tête, et la puissance singulière qu'il don-
nait aux sons de ce registre, lui permettaient de.
les chanter sans qu'elles produisissent en lui
l'excès de fatigue qu'il aurait éprouvée s'il eut
fait constamment usage de la voix de poitrfne.
Cependant l'importance même qu'il acquérait
chaque jour comme chanteur et comme acteur
fit comprendre à l'administration de l'Opéra que
l'avenir de ce spectacle reposait sur un seul
homme qui, depuis seize ans, avait fait un usage
immodéré de ses forces ; elle crut devoir se pré-
parer d'autres ressources, et Duprez, chanteur
français que l'Italie saluait depuis plusieurs années
par d'unanimes acclamations, fut engagé comme
premier ténor en partage. Une carrière de seize
années, où tout avait été Iwnheur et succès,
n'avait pas préparé Nourrit à l'idée de ce partage,
sans exemple jusqu'alors à l'Opéra ; car suivant
le règlement de ce théâtre, il n'y avait jamais eu
pour chaque emploi que le chef, le second, qui
avait le titre de remplacement , et le troisième,
appelé le double. L'ardente imagination de l'ar-
tiste se frappa de l'idée qu'on n'estimait plus son
talent au même prix qu'autrefois : en vain ses
amis essajèrent-ils de le rassurer; à tous leurs
raisonnements il opposait le peu de vraisemblance
que la faveur publique pût se partager entre deux
acteurs destinés au même emploi ; il fallait, disait-
336
NOURRIT
il, qu'uiiflesdeux fût vaincu, et cette pensée l'op-
pressait d'un poids insupportable. Il ne voulut
point essayer de la lutte -. après quelques jours
d'agitation, il prit le parti de se retirer, et donna
sa démission. Le 1" avril 1837, il donna sa re-
présentation de retraite. Il y a peu d'exemples
d'aussi beaux triomphes que celui qu'il y ob-
tint; le public témoigna par des transports d'ad-
miration le regret que lui faisait éprouver la
perte d'un tel artiste. Suivant ses premiers pro-
jets, Nourrit devait voyager pendant un an, après
sa retraite de l'Opéra, pour donner des repré-
sentations dans les principales villes de la France
et de la Belgique, puis rentrer dans la vie privée
et se livrer à des travaux d'un autre genre,
auxquels le préparaient les bonnes études de
sa jeunesse, ainsi que les lectures et les médita-
tions d'un âge plus avancé. Ses économies, ré-
sultat de son esprit d'ordre et de la simplicité
de ses gôuts, lui permettaient de réaliser ce plan
plein de sagesse. Mais lui-même était alors sous
l'influence d'une illusion qui ne tarda point à se
dissiper : il n'y avait, il ne pouvait y avoir
pour lui d'existence qu'à la scène, avec les succès
qu'il y avait obtenus ; être artiste était la condi-
tion de sa vie : le reste n'en était que l'acces-
soire. Après qu'il eut excité l'enthousiasme des
habitants de Bruxelles, au printemps de 1837,
ses idées changèrent ; il conçut.le projet d'aller
en Italie, d'y chanter sur les principaux théâtres,
et d'y cueillir aussi les palmes dont revenait
chargé celui qu'on lui donnait pour rival. L'exal-
tation qui lui était naturelle (l) s'accrut pro-
gressivement ; mais bientôt elle prit le caractère
du désespoir par l'état anormal de sa voix. A
Marseille, il fut pris d'un enrouement qui per-
sista pendant plusieurs représentations, et qui
finit par le compromettre dans la Juive. M. Bé-
nédit, artiste et critique distingué de cette ville,
a rendu compte dans la Gazette musicale de
Paris (ann. 1839, p. 135) des circonstances de
cet accident qui pouvait faire prévoir de fatales
conséquences ; il s'exprime en ces termes :
« Saisi d'un enrouement désastreux, Nourrit avait
« lutté vaillamment pendant trois actes, lorsque
« au moment de son grand air : Racket, quand
a du Seigneur, etc., la fatigue, la crainte et
« l'émotion paralysèrent complètement sa voix.
« Cette voix naguère si étendue, et dont les notes
u. pures et vibrantes dans l'octave supérieure
u avaient tant de puissance et de charme, alors
(1) C'est cette exaltation qui, en juillet 1830, le jetait sur
la place publique, un fusil à la main, et qui, sans ména-
gement, lu! fit chanter après, à toutes les représentations,
les airs révolutionnaires, avec une exubérance d'énergie
qui pouvait porter un notable prc^judice à son organe
vocal.
inégale et voilée , donnait à peine le fa na-
turel; réduit à ces faibles ressources. Nourrit
sut trouver encore dans son admirable intel-
ligence des moyens suffisants pour achever l'a^-
legro ; mais arrivé là, ses forces l'abandonnè-
rent à la dernière- mesure, et malgré ses ef-
forts pour atteindre au la bémol aigu qui ter-
mine l'air sur la tonique. Nourrit fut obligé
pour la première fois de finir à l'octave. Pâle
et tremblant de douleur, il se frappa le front,
fit un geste de désespoir et sortit dans une
agitation inexprimable. Craignant les suites
fâcheuses d'un tel accident sur le caractère de
Nourrit, dont j'étais devenu le compagnon
presque inséparable depuis'son arrivée à Mar-
seille, je quittai brusquement ma place, et me
dirigeant vers le corridor qui mène aux cou-
lisses, j'arrivai dans la loge de Nourrit en
même temps que M. X. Boisselot... Hélas !
plus de doute, notre malheureux artiste était
fou... Je n'oublierai de ma vie cette effroya-
ble scène ! L'œil en feu, le visage égaré,
Nourrit marchait à grands pas, frappait les
murs avec violence et poussait des sanglots qui
déchiraient le cœur... Dans cet affreux dé-
sordre il ne put nous reconnaître.— Qui êles-
vous ?... Que me voulez-vous?... Laissez-
moi... — Ce sont vos amis qui viennent vous
voir. — Mes amis?... C'est impossible,.. Si vous
êtes mes amis, tuez-moi... ne voyez-vous pas
que je ne puis plus vivre; que je suis perdu,
déshonoré?.. En disant ces mots, il courut vers
la fenêtre avec une impétuosité foudroyante...
Nous nous précipitâmes vers lui, et le saisissant
avec force, nous l'entraînâmes vers un fau-
teuil, oii brisé par les efforts d'une lutte iné-
gale , il se laissa tomber sans résistance dans
un accablement profond. La crise fut longue ;
ranimé par les soins du docteur Forcade, qui
était venu se joindre à nous dans celte dou-
loureuse circonstance. Nourrit ouvrit les
yeux, et voyant la consternation muette qui
régnait autour de lui, il nous demanda pardon
à tous avec la candeur et la timidité d'un en-
fant qui vient de commettre une faute. Nous
profitâmes de cette réaction momentanée pour
l'engager à reparaître; il y consentit avec ré-
; signation. Le public, instruit des événements
de l'entr'acte, l'applaudit avec enthousiasme ;
puis à la fin du spectacle, nous reconduisîmes
notre ami à l'hôtel de la Darce , où nous le
quittâmes après l'avoir tranquillisé et en lui
promettant de revenir le lendemain. Le lende-
main, en effet, de très-bonne heure, je fus le
premier au rendez-vous; Nourrit vint à moi avec
empressement, comme pour me remercier de
iXOURRlT
33 7
a mon exaclitude. Eli bien, lui l'einanciai-je en
« affectant de sourire , comment avez- vous
« passé la nuit? — Bien mal... je n'ai pas
« dormi et j'ai beaucoup pleuré; dans ce mo-
«, ment, dans ce moment encore je faisais un
<- appel à toutes mes forces morales pour com-
« battre de sinistres pensées. La vie m'est in-
« supportable; mais je connais mes devoirs;
« j'ai de bons amis, une femme, des enfants que
« j'aime et à qui je me dois; et puis, je crois à
« une autre vie... Avec ces idées-là on peut
« triompher de soi-même... Mais je crains tout
'< de ma raison ; si un moment elle m'abandonne,
« je sais que c'est fait de moi. Cette nuit, assis
n à cette place, j'ai demandé à Dieu le courage
n dont j'ai besoin, en me fortifiant par de
n saintes lectures... Tenez, voyez vous-même.—
« Je pris le livre qu'il me désignait sur la table...
« c'était Vlmitation de Jésus-Christ (1). »
De si profondes blessures faites à la sensibilité
excessive de Nourrit détruisirent bientôt sa
santé. Un désordre d'entrailles, suite trop ordi-
naire des vives et pénibles émotions de la vie
d'artiste, le fit passer progressivement de l'état
d'embonpoint à une maigreur qui le rendait
méconniissable à ses amis les plus intimes. En
quittant Marseille il se rendit à Lyon: là, un
des plus beaux triomphes de sa carrière vint
mettre un baume sur ses blessures. Il y excita
le plus vif enthousiasme. De Lyon, il alla à
Toulouse, où un accident semblable à celui de
Marseille l'obligea d'interrompre ses représenta-
tions. De retour à Paris, il se prépara au voyage
d'Italie, et après avoir obtenu un congé de
ses fonctions de professeur de chant dramatique
au Conservatoire, il se mit en route dans les
premiers mois de 1838, incessamment préoc-
cupé de sombres pensées. Des articles de jour-
naux malveillants et des lettres anonymes avaient
augmenté sa tristesse. A Milan, il y eut enthou-
siasme lorsqu'il se fit entendre devant quelques
amateurs d'élite, chez Rossiui : ce succès sembla
lui rendre toutes ses forces, et la même faveur
qu'il trouva à Florence, à Rome et à Naples, fit
espérer à sa famille le retour de sa santé et de
sa raison premières. Mais dans cette dernière
ville, de nouveaux et poignants chagrins l'atten-
daient. Avant son départ, il avait préparé deux
canevas d'opéras italiens qu'il désirait qu'on
(1) Ce long passage pourra sembler mal placé dans un
livre tel que celui-ci, et dans une notice qui ne doit être
qu'un résumé succinct ; mais il explique si bien l'origine
de la catastrophe qui a terminé la vie de Nourrit qu'il m'a
semblé nécessaire de le rapporter, afin de constater l'a-
liénation de la raison du malheureux artiste, longtemps
avant ce funeste événement.
RIOGR. CMV. DES lilSICIE.NS. — T. VI.
écrivit pour lui ; l'un de ces ouvrages était la
tragédie de Polyeude, de Corneille, disposée con-
venablement pour la scène lyrique. Ce sujet
plut à Donizetti, qui écrivit rapidement la parti-
tion qu'on a donnée depuis lors à l'Opéra de
Paris, sous le titre français : les Martyrs ,•
mais la censure des théâtres napolitains ne
permit pas que ce sujet religeux fût mis en
scène; et au moment où Nourrit allait faire son
début au théâtre de Saint- Charles, dans le rôle
de Polyeucte, si bien fait pour lui, il lui fallut
renoncer aux succès qu'il y aurait obtenus. Dès
lors une mélancolie profonde s'empara de son
esprit; tons les symptômes de la maladie repa-
rurent, et c'est dans cette disposition qu'il se
fit entendre aux Napohtains. Toutefois il y ob-
tint le plus brillant succès dans II Giuramento,
de Mercadaule, et dans La Norma, de Bellini,
Peu de temps après vin» se joindre aux tristes
préoccupations de l'esprit de Nourrit l'idée bi-
zarre que les applaudissements accordés par le
public de Naples à son talent n'étaient qu'une
dérision ; rien ne put le détourner d'une si fu-
neste pensée; elle acheva la perte de sa raison,
et à la suite d'une autre représentation au bé-
néfice d'un acteur, où il avait chanté par com-
plaisance, dans un accès de délire il se leva ,
vers l'aube du jour , et se précipita du haut de
la terrasse de l'hôtel de Barbaja dans la cour,
où il trouva la mort, le 8 mars 1839, à cinq
henres du matin. Telle est du moins la version
qui se répandit alors dans toute l'Europe; ce-
pendant Mme Garcia, mère de la célèbre can-
tatrice Malibrao, qui se trouvait alors à Naples,
dans la même maison que Nourrit, m'a dit que
son opinion est que la mort de ce malheureux
artiste fut causée par un accident. Il y avait, dit-
elle, dans le corridor du haut de la maison où il
était monté sans lumière pour satisfaire un be-
soin, plusieurs portes, et une fenêtre qui s'ou-
vrait au niveau du plancher. Elle pense qu'il s'est
trompé, croyant ouvrir la porte du cabinet où
lil se rendait, et qu'il est tombé dans la rue à
l'improviste. Quoi qu'il en soit de la catastrophe,
sa femme, aussi distinguée par les qualités de
l'esprit que par celles du cœur, et digne d'un
meilleur sort, fut la première qui le trouva gi-
sant sur le pavé; il avait le corps brisé et n'avait
pas donné le moindre signe de vieaprès sa chute.
L'admirable force d'àme de cette femme la sou-
tint jusqu'à ce qu'elle eût mis au monde le der-
nier fruit de l'amour de son mari ; mais bientôt
après, elle mourut de douleur. Les restes de
Nourrit avaient été rapportés à Paris; ils furent
inhumés avec pompe, après que le dernier Re-
quiem de Cherubini , pour voix d'homraei
22
338
NOURRIT — ^OVERRE
eut été exécuté dans l'église de Saint-Rocli ,
par une réunion nombreuse d'artistes du
Conservatoire et des principaux tliéâtres de
Paris.
La fin de Nourrit a été jugée avec sévérité
par quelques critiques; mais cette sévérité fut
une injustice, caron ne peut considérer cette fin
déplorable que comme le dernier acte d'un
délire dont les premiers symptômes s'étaient
manifestés à Marseille, près de deux ans aupa-
ravant. Nourrit avait une bonté de cœur par-
faite, aimait tendrement sa famille et ses amis,
et avait des sentiments religieux qui l'eussent
toujours éloigné de l'idée d'un suicide, s'il eût
conservé sa raison.
NOVACK (Jean). Voyez NOWACK.
IMOVELLO (Vincent), organiste de l'am-
bassade portugaise à Londres, naquit dans cette
ville, en 1781, d'une famille italienne. Également
distingué par son talent sur l'orgue et par le
mérite de ses compositions de musique reli-
gieuse, cet artiste jouissait en Angleterrede beau-
coup d'estime. En 1811, il a publié son premier
ouvrage, intitulé : Sélection of saci'ed mu-
sic (Cboix de musique sacrée) ; Londres, 2 vol.
in-fol. L'accueil flatteur fait par le public à cette
collection encouragea M. Novello à en faire pa-
raître une deuxième, sous le litre : A collection
of motets for ihe offertory, and other pièces,
principally adapted for the morning service
(Collection de motets pour l'offertoire et autres
morceaux, principalement adaptés à l'office du
matin); Londres (sans date), 12 liv. in-fol. On
trouve dans ce recueil quelques morceaux de
la composition de Novello, dont un critique an-
glais a fait l'éloge dans le Quarterly musical
Magazine. Novello s'est particulièrement rendu
recommandable par les Gregorian Hymns for
the evening service (Hymnes du chant grégo-
rien pour l'office du soir); Londres (sans date),
12 liv. in fol. Ces liymnes sont arrangées à 6
voix réelles, en harmonie moderne. Cet artiste
est aussi éditeur de plusieurs collections de mu-
sique religieuse, entre autres des suivantes :
\° Twelve easy masses for small choirs (Douze
messes faciles à l'usage des petites chapelles);
Londres (sans date), 3 vol. in-fol. — 2° Dix-huit
messes de Mozart, avec accompagnement d'or-
gue ou de piano; ib. — 3" Dix-huit messes de
Haydn; idem, ibid, — 4° Collection des œu-
vres de musique d'église de Purcell ; Londres
(sans date), 2 vol. in-fol. Novello a écrit une no-
tice biographique sur le célèbre compositeur
Purcell, pour servir d'introduction à cette inté-
ressante collection. Cet ouvrage a pour titre :
A Biographical Sketch of Henry Purcell,
from the best auihorities; Londres, Alfred No-
vello (sans date), in-fol. de 44 pages, avec un
■portrait de Purcell, gravé par Humphrys, d'a-
près le tableau original de Godefroi Kneller. No-
vello est mort à Londres vers 1845.
NOVELLO (Clara-Anastasie), comtesse
GIGLIUCCI, fille du précédent, est née à Lon-
dres, non en 1815, comme dit Gassner (Uni-
versel Lexikon der Tonkunst), mais le 15 juin
1818. A l'âge de neuf ans, ses parents la mirent
sous la direction de Robinson, organiste de la
chapelle catholique d'York, qui lui enseigna les
éléments de la musique et du piano. Miss Hill
lui donna, dans lemême temps, des leçons de sol-
fège et de cliant. E» 1830, M'ie Novello fut placée
à Paris, dans l'institution de musique religieuse
dirigée par Choron. Après y avoir passé une
année, elle retourna à Londres, et reçut les le-
çons de plusieurs maîtres, au nombre desquels
on compte Moscheles et Costa. En 1836, elle dé-
buta en public comme cantatrice dans les concerts.
Dans l'année suivante, elle chanta avec succès à
Oxford, à Liverpool et en Iriande. De retour à
Londres, elle y parut dans les concerts et festi-
vals. En 1838 elle se rendit en Allemagne, et dans
cette même année, elle brilla par sa belle voix
et son excellente méthode à Leipsick, Dresde,
Berlin, Vienne et Munich. Non moins heureuse
à Pétersbourg, où elle se rendit en 1839, elle y
obtint des succès d'enthousiasme, et dans l'au-
tomne de la même année elle chanta à Dussel-
dorf et à Weimar. Rappelée à Londres vers la
même époque, elle fut engagée au Théâtre-Ita-
lien et y chanta pendant toute la saison. En 1841
elle eut un engagement pour le théâtre de Bo-
logne, où elle chanta avec le ténor Moriani, puis
elle alla à Padoue. Bologne, Gênes , Modène et
Fermo furent les villes où elle brilla en 1842.
Après avoir chanté à Rome avec succès en 1843,
elle fut rappelée en Angleterre pour le grand
festival de Birmingham. Ce fut la fin de sa car-
rière d'artiste, car immédiatement après cette
fête musicale, elle épousa le comte Gigliucci.
KO VERRE (Jean-Georges), célèbre choré-
graphe, naquit à Paris, le 29 avril 1727. Son
père, qui avait été adjudant au service de Char-
les XII, le destinait à la profession des armes ;
mais le goût passionné de Noverre pour la danse
lui fit préférer la carrière du théâtre : il prit des
leçons de Dupré, et débuta avec succès devant la
cour, à Fontainebleau, au mois d'octobre 1743.
A l'âge de viugt et un ans, il se rendit à Berlin,
où Frédéric II et le prince Henri de Prusse lui
firent un accueil bienveillant; mais la sévérité qui
régnait en ce pays, jusque dans les plaisirs, ne
fut point de son goût, et bientôt il revint à Pa-
NOVERRE — ^'OWAKO^VSKI
339
ris, où il eut, en 1749, la place de maître de
ballets de rOpéra-Comique. Depuis 1755 jus-
qu'en 1757 il remplit les mêmes fonctions à l'O-
péra de Londres, puis il fut attaché à celui de
Lyon en 1758. De là il se rendit à Stuttgard, où
Je duc de Wurtemberg le chargea de la direc-
tion des ballets, jusqu'en 1764. En 1770 et dans
les années suivantes il fut chorégraphe des théâ-
tres de Vienne et de Milan; enfin on le chargea
de la direction de la danse de l'Opéra de Paris
depuis 1776 jusqu'en 1780, époque de sa retraite.
Il obtint alors une pension sur la cassette du
roi, et se fixa à Saint-Germain, près de Paris,
oii il est mort, le 19 novembre 1810. Noverre fut
le premier qui donna au ballet pantomime une
action dramatique, et chercha à y introduire l'i-
mitation vraie de la nature, autant que ce genre
de spectacle en est susceptible. On a de lui un
grand nombre de pièces de ce genre qui ont eu
de brillants succès; mais c'est surtout par ses
Lettres sur la danse et les balletsiL'jOQ, 1760,
ifl-S") qu'il a conservé sa célébrité. Ce livre,
dont il a été fait des éditions à Vienne, en 1767,
in-S", à Paris, en 1783, à Copenhague, en 1803,
et à Paris, en 1807, 2 volumes in-8", sous le ti-
tre de Lettres sur les arts imitateurs en gé-
néral, et sur la danse en particulier, est
écrit d'un style un peu trop prétentieux pour le
sujet, mais renferme beaucoup de vues justes et
remarquables par leur nouveauté, à l'époque où
elles parurent. Noverre y traite de l'opéra fran-
çais. Ce qu'il en dit a été traduit en allemand
dans les Hamburger Vnterhaltungen-Blecitem
(t. I, p. 260-2G8). On a a aussi de Noverre :
Observations sur la construction d'une nou-
velle salle d'Opéra; Amsterdam et Paris, 1781,
in-8° de 37 pages.
NOV^I (François-Antoine), compositeur na-
}M>litain, vécut au commencement du dix-hiù-
tième siècle. Il était aussi poêle dramatique. On
lui attribue les paroles et la musique des opéras
dont les titres suivent : 1° Giulio Cesare in
Âlessandria , représeuté k Milan en 1703. —
2" Le Glorie di Pompeo, à Pavie, dans la même
année. — 3" // J'escator fortunato, principe
d'Ischia. — 4° Cesare e Tolomeo in Egitto.
— 5" Il Diomede.
KOVVACK (Jean-François), compositeur de
musique d'église, né dans un village de la Bo-
hême, en 1706, fut maître de chapelle de l'é-
gliso de Saint-Vith, à Prague, et mourut le 7
novembre 1771. Quelques années avant sa mort,
il avait donné sa démission de la place de maî-
tre de chapelle en faveur de François Brixi, et
s'était contenté d'une modique pension. Ses com-
positions se trouvent encore en manuscrit dans
plusieurs églises de Prague; parmi ces ouvrages,
on cite particulièrement : Missa de requiem^
pro canto, alto, tenore, basso, violinis duo-
bus cum fundamento, que Nowack écrivit en
1743.
XOWAKOWSKI (Joseph) , pianiste et^
compositeur polonais, est né dans les premières
années du dix-neuvième siècle à Mniszck, dans
le palatinat de Radom. Les éléments de la mu-
sique lui furent enseignés dans un monastère
de l'ordre de Cîteaux, à Wonchoçk, où son oncle
maternel dirigeait le chœur. Ses progrès furent
rapides ; dès sa treizième année, il chantait la
partie de soprano dans la musique d'église,
jouait du piano et du violon. Un Bohème, bon
musicien, qui l'entendit dans une maison où il
dounait des leçons, lui conseilla d'aller étudier à
Varsovie, où il trouverait des moyens d'instruc-
tion pour son art. Convaincu qu'il ne pouvait
rencontrer d'habile? maîtres que dans la capitale
de la Pologne, Nowakowski s'y rendit en effet.
Admis au conservatoire de celte ville, il y conti-
nua ses études de piano. Wurfel lui enseigna
l'harmonie, et Elsner fut son maître de compo-
sition. Sa première production fut une ouver-
ture exécutée avec succès par l'orchestre du con-
servatoire, en séance publique de la distribution
des prix. Ce bon accueil fait a son premier essai
fut un encouragement pour !e jeune compositeur,
et lui fit faire de nouveaux efïorts pour le déve-
loppement de son taient. Lorsqu'il entreprit son
premier voyage à l'étranger, en 1833, il était
déjà considéré comme un des meilleurs com-
positeurs de la Pologne, et sa réputation comme
professeur de piano était des plus brillantes. Il
visita l'Allemagne, l*Italie et s'arrêta quelques
mois à Paris, où il se fit entendre sur le piano
dans les salons et dans les concerts. De retour
à Varsovie, il publia quelques-unes de ses meil-
leures compositions, au nombre desquelles est
son premier quintette pour piano, violon, alto,
violoncelle et contrebasse dédié à l'erapereor
Nicolas. Ayant été nommé professeur de piano à
l'institut d'Alexandre, il y forma de bons élèves
qui sont devenus plus tard d'habiles maîtres de
leur instrument. Dans les années 1838, 1841 et
1846, M. Nowakowski a fait de nouveaux voya-
ges à Paris, et y a publié divers ouvrages, au
nombre desquels sont ses 12 grandes études
dédiées à Chopin. Les compositions de cet ar-
tiste, en différents genres, sont au nombre d'en-
viron soixante œuvres. On y remarque deux
messes à quatre voix et plusieurs autres mor-
ceaux de musique d'église avecorgue ; deux sym-
phonies et quatre ouvertures pour l'orchestre ;
plusieurs polonaises et marches idem ; deox
22.
840
NOWAKOWSKI — NUCEUS
quintettes pour piano, violon, alto, violoncelle
et contrebasse; un quatuor pour instruments à
cordes; des polonaises, mazoures, rondeaux, airs
variés, fantaisies, nocturnes et grandes études
pour piano; un duo pour piano et violon dédié
à Charles Lipinski; deux livraisons de chants po-
lonais; des mazoures pour le chant, des ballades
et des romances allemandes, françaises et ita-
liennes publiées à Berlin, Leipsick, Breslau et
Varsovie; environ vingt polonaises pour piano et
orchestre, et un grand nombre de mazoures, qua-
drilles, polkas et valses. M. Nowakowski est
aussi auteur d'une méthode de piano et de deux
recueils d'exercices pour les élèves.
NOWAKOWSKI (Jean), professeur de
musique et violoncelliste attaché à la cathédrale
de Cracovie, mort dans cette ville en 1830, est
auteur d'une Méthode de piano pour les com-
mençants, publiée à Varsovie.
NO WIIXSKI (Jean) , pianiste polonais et
professeur à V École technique de Varsovie, est
auteur d'une méthode de piano divisée en trois
parties, laquelle a été publiée sous ce titre ; Noica
Szkola na fortepian; Varsovie, Spies et C^,
1839. Il y a d'autres éditions de cet ouvrage, les-
quelles sont gravées chez Friediein , à Cracovie ,
et chez J. Miiikowski, à Lemberg.
NOZEMANN (Jacques), né à Hambourg,
le 30 août 1693, était violoniste dans cette ville
en 1724. Passé celte époque, on le trouve à
Amsterdam, en qualité d'organiste à l'église des
Remontrants. Il y mourut le 10 octobre 1745. On
a gravé de sa composition, à Amsterdam :
1° Six sonates pour violon seul. — 2° La Bella
Tedesca,oder 24 Pastorellen, Muzetien v.nd
Paysanen fur Klavier.
NOZZARI (André), excellent ténor italien,
naquit à Bergame en 1775, et fit ses études de
chant sous la direction de l'abbé Petrobelli, se-
cond maître de chapelle de la cathédrale de
cette ville. Plus tard, il reçut des conseils de Da-
vid père, et d'Aprile. A l'âge de dix-neuf ans,
il débuta sur le Ihéâtrede Pavie, et y reçut du
public un accueil si flatteur qu'il fut engagé à
Rome pour la saison suivante. En 1796, il chanta
au théâtre de la Scala, à Milan, dans la Capric-
ciosa corretta, de Vincent Martini. Il y fut rap-
pelé dans l'été de l'année suivante, et on l'y re-
trouva au printemps de 1 800. En 180311 se rendit à
Paris, et y débuta AAns 11 Principe di Taranto,
dePaër. Bien que sa voix eût une rare étendue,
beaucoup de moelleux, de pureté et de flexibi-
lité, il n'eut aucun succès dans le premier acte,
et ne se releva que dans l'air du second. Dans les
morceaux d'ensemble, il chantait à peine et ré-
servait toutes ses ressources pour les airs. Son
succès le plus brillant fut dans le rôle de Paolino
du Matrimonio segreto. Peu de chanteurs ont
dit aussi bien que lui le grand air : Pria che
spunii, et le duo : Cara, non dubitar. Je l'en-
tendis alors, et c'est de lui que je reçus les pre-
mières notions du beau chant italien, quoique,
suivant l'opinion de Garât, il fût inférieur à Maar
dini età V'ganoni [voy. ces noms). Peu de chan-
teurs italiens ont éprouvé comme lui la fâcheuse
influence du climat de Paris; cardans l'espace
d'une année sa voix perdit quelques-unes de ses
plus belles notes élevées, et s'affaiblit progressi-
vement. Lorsqu'il quitta la France, vers la fm
de 1804, il semblait que sa carrière fût perdue;
cependant i| chantait encore dix-huit ans après,
à Naples, et sa voix, qu'on croyait affaiblie, ac-
quit une rare puissance après qu'il eut passé
l'âge de trente ans. Après avoir chanté avec suc-
cès sur les piincipaux théâtres de l'Italie, par-
ticulièrement à Turin en 1807, à Rome l'année
suivante, à Venise en 1809, à Milan en 1812, Noz-
zari se fixa à Naples, où il créa les rôles de pre-
mier ténor dans V Elisabeth, Otello, Armida,
Mosè, Ermione, la Donna del lago, et Zel-
mira, que Rosslni écrivit pour lui. En 1822, il
se retira de la scène, et ne conserva que sa
place de chanteur de la chapelle du roi. Frappé
d'apoplexie foudroyante, le 12 décembre 1832,
il expira le môme jour, à l'âge de cinquante-six
ans.
NUCCI (Joseph), compositeur, attaché à
l'Opéra de Turin, en 1790, a écrit pour ce théâtre
la musique des ballets : l°Angeli€a Welton; 2" /
due Cacciatori e la Vendîtrice di latte; 2° UA-
mericana in Europa ; 4° Orfeo ed Euridice ;
5° Gli schiavi turchi. Tous ont été représentés
en 1791 . On connaît aussi sous le nom de Nucci :
Étude en 100 variations pour le violon , avec
ace. d'un second violon ; Offenbach, André.
NUCETI (Flaminio), organiste de l'église
Sainl-Jean l'évangélisle, à Parme, naquit dans
cette ville vers 1580. Il s'est fait connaître
comme compositeur par un ouvrage qui a pour
titre: Magnificat et Litanie délia Beata Vir-
gine a otto voci, in Venetia, app. Bartolomeo
Magni, 1617, in-4°.
NUCEUS (Alard), musicien du seizième
siècle, dont le nom latin n'est que la traduc-
tion de Aoyer, ou Du Noyer, fut généralement
désigné, comme on le verra tout à l'heure^
par le sobriquet de Du Gaucquier, parce que ,>
dans le patois du nord de la France, le noyer
est appelé Gaucquier. Il naquit à Lille, dans la
Flandre française, vers les dernières années du
quinzième siècle.et fut maître de chapellp de l'ar-
chiduc Mathias d'Autriche. On a de sa compoMliou
KUCEUS — ISYO-N
341
quatre messes à cinq, six et huit voix publiées sous
ce titre : Quatuor Missie quinque,sex et oclo
vocum; auctore Alardo Muceo vulgo Du
Gaucquier, iiisulano, Sereniss. Priiicipis Ma-
thias Ausiri. etc., tnusicorum pracfecto. Jam
primumin Incem édita. Antuerpise, ex officina
Christophori Plantini, typographi regii, 1539,
in-fol. de XC V feuillets chiffrés d'un seul côté. Les
ouvrages contenus dans ce Tolume sont: \"InAs-
persione aquee beiiedtctx, à 6 voix ; 2" Musa
Alceror cuucta tenet, à 5 voix ; 3" Missa sine
nomine, à 6 voix , 4" Missa Beali omues, à 6
voix ; 5" Missa sine nomine, à 8 voix.
XUCHTER (Jeas-Philippe), niagister et
directeur de musique à tlrbach, en Souabe, na-
quit à AugsBourg, vers le milieu du dix-sep-
tième siècle. Jl s'est fait connaître par un recueil
de messes solennelles de sa composition, inti-
tulé : Ovum paschale novum , seu Missx do~
minicalis, 4 vocibus et 4 instrumentis con-
cert. ;\:\m, 1695, in-4°.
NUCIUS(Frédéric-Jeas), né àGœrlitz, en
1556, fut d'abord moine au couvent de Rauden,
en Silésie, puis abbé de Himmelwitz. Dans sa
jeunesse il étudia la musique chez Jean Win-
kler, à Mittweyda, en Saxe. Il fut considéré
comme un à^ musiciens les plus instruits de
son temps, et se Gt connaître avantageusement
comme compositeur et comme écrivain didacti-
que. Il était âgé de cinquante-six ans lorsqu'il
publia un traité de composition , intitulé : Musicx
poeticœ, sive de compositione cantus praecep-
tiones absolutissimae, nunc primum a F.
ISucio, Gorlicensi Lusatio, abbate Gymielni-
censi in lucem édita;, typis Crispini Scharf-
fenberg I. typographi Nissetisis (de >'eis.^),
I anno mocxiii, in-4° de 1 1 feuilles. Ce livre, bien
que peu voluaiineux, est un des meilleurs ou-
vrages du même genre publiés en Allemagne.
Les principales compositions de Nucius ont été
publiées sous les titres suivants : 1" Modula-
liones sacrse modis mnsicis ô et 6 vocum
comp., Prague, 1591, in-4''. 2° Cantionum sa-
crarum 5 et G vocum, Itb. I et II, Liegnitz 1609.
Hoffmann cite aussi Nucius, dans son livre
sur les musiciens de la Silésie ( p. 335), comme
auteur de plusieurs hymnes telles que : Christe,
qui lux es et dies, à 4 voix; Bcnedictus Deus,
à 6 voix ; Nudus egressus sum ; Homo natus
sum,'a 6 voix; Vana salus hominis ; Domine
Deus noster; Puer qui natus est; Aune dimit'
tis, à 6 voix; Ab oriente, à 5 voix; Domine,
non secundum ; Factum est siUntium, à 5
voix.
iXUWAIRI ou .\OVVAlRI {Schéhjib-
Eddin-.4hmed), écrivain arabe du huitième siècle
de l'hégire, était né en Egypte, et mourut l'an
732 (1331-2 de J.-C.), à l'âge de cinquante ans.
Egalement célèbre comme jurisconsulte et
comme historien, il avait écrit plusieurs ouvrages,
dont un seul est maintenant connu : c'est ime
sorte d'encyclopédie historique rangée par ordre
de matières. Elle a pour titre : Xihayat alarab
fi, fonoun aladab (Tout ce qu'on peut désirer
de savoir sur les diverses branches des sciences).
Cette encyclopédie, divisée en cinq parties, dont
chacune renferme cinq livres, forme dix volumes.
La bibliothèque de Leyde en possède un manus-
crit complet. Dans le troisième livre de la. se-
conde partie i N'owairi traite de la musique, du
chant et des instruments à cordes ; des opinions
des docteurs concernant ces choses ; des grands
personnages qui ont cultivé la musique; de
l'importation de cet art dans la Perse et dans
l'Arabie; de l'histoire des musiciens; de ce qu'un
musicien doit savoir, et de ce que les poètes ont
dit de la musique et des instruments.
]\Y03f (Cl\lde-Glill.\ume), dit La Foundy,
né à Paris en 1567, se distingua par son habileté
sur le violon, et fut breveté par lettres patentes
comme roi des violons et maître des joueurs
d'instruments, tant haut que bas, dans tout
le royaume de France. Dans un acte authen-
tique, passé le 21 août 1608, il prend aussi la
qualité de violon ordinaire de la chambre du
roi. Noyon parait avoir été le premier qui ait
institué des lieutenants du roi des violons dans
les provinces. Il mourut en 1641, et eut pour
successeur Gaillard Taillasson, dit Mathelin [yoy.
Taillasson). Dans la collection d'ancienne
musique française recueillie par Phiiidor, sous le
règne de Louis XIV , on trouve une sarabande
connue sous le nom de Sarabande de Guil-
laume, qui est de la composition de Nyon.
0
OBERHOFFER (Henri), né vraisembla-
blement à Trêves, fut d'abord professeur de
piano dans cette ville, et publia une méthode
élémentaire de piano sous le litre : Kurz ge-
fasste mœgl. VoUst. praktische Klavierschule
mit vielen Beispielen und Uebungen (École
pratique du piano, courte mais complète, avec
beaucoup d'exemples et d'exercices) ; Bonn, Sim-
rock. Il a donné, comme supplément à cet ou-
vrage : Six pièces à quatre mains pour le
piano; ibid. Plus tard, M. Oberhoffer s'est flxé à
Luxembourg, où il vit maintenant (1862), en
qualité de professeur du séminaire des institu-
teurs du grand duché. On a de cet artiste dis-
tingué un bon livre intitulé : Harmonie und
Compositions lehre mit besonderer Riicksicht
auf des Orgelspiel in Katholischen Kirchen
(Science de l'harmonie et de la composition avec
des observations particulières sur le jeu de
l'orgue dans les églises catholiques); Luxem-
bourg, Heintze frères, 1860, 1 vol. gr. in-8"' de
451 pages. Les exemples donnés par M. Ober-
hoffer sont bien écrits, et l'harmonie en est élé-
gante. Cet artiste est membre honoraire de la
société d'archéologie chrétienne et historique de
Trêves.
OBERLiENDER (J.), organiste, professeur
de piano et compositeur à Âix-la-Chapelle vers
1830, a fait exécuter dans cette ville, en 1836,
une symphonie de sa composition, qu'il a dédiée
au roi des Pays-Bas, Guillaume l"'. Je n'ai pu
trouver aucun antre renseignement sur cet
artiste,
OBERLEITNER (André), né le 17 sep-
tembre 1786, à Angern, dans la basse Autriche,
apprit dans son enfance le chant et le violon dans
l'école de cet endroit. En 1804, son père, admi-
nistrateur de la seigneurie d'Angern, l'envoya à
Vienne pour étudier la chirurgie; mais son pen-
chant pour la musique lui fit négliger la profes-
sion qui lui était destinée, pour l'étude de la gui-
tare et de la mandoline, sur lesquelles il acquit
une habileté remarquable, lia publié environ
quarante œuvres pour ces instruments chez les
divers éditeurs de Vienne; mais il a conservé en
manuscrit beaucoup de quatuors, trios, varia-
lions, etc. En 1815, Oberleitner a obtenu un em-
ploi dans la maison de l'empereur, puis il fut ins-
pecteur de l'argenterie de la cour impériale. Ses
occupations multipliées dans ce poste lui ont
fait négliger la musique dans les derniers temps.
OBERMAYER (Joseph), violoniste dis-
tingué, naquit en 1 749, à Nezabudicz, en Bohème,
et fut élèvede Kammel. Plus tard, le comte Vin-
cent Waldstein l'envoya en Italie pour y per-
fectionner son talent. Tartini l'admit dans son
école et lui transmit sa belle et large manière
d'exécuter l'adagio. De retour en Bohême, Ober-
mayer y reprit ses fonctions de valet de chambre
du comte Waldstein. Vivant dans les terres de
ce seigneur, il se faisait rarement entendre en
public, mais il reparut avec éclat à Prague en
1801, et le 4 juillet 1803 il fit admirer son ta-
lent dans la fête musicale qui fut donnée à l'é-
glise de Strahow, quoiqu'il fût alors âgé de cin-
quante-quatre ans. Il vivait encore en 1816;
mais depuis lors on n'a plus eu de renseigne-
ments sur sa personne. Obermayer avait en ma-
nuscrit plusieurs concertos de sa composition -.
aucun de ses ouvrages n'a été gravé.
OBERNDŒRFFER (David), composi-
teur allemand, vécut à Francfort vers le milieu
du dix-septième siècle. Il a fait imprimer de sa
composition : Aïlegrezza musicale, ou clioix.
OBER>»T)OERFFER — OBRECUT
343
de pavanes, gaillardes, entrées, canzonettes, ri- ^
cercari, etc., à 4, 5, 6 parties, pour divers ins-
truments; Francfort-sur-le-Mein, 1650, 10-4".
OBERTHUR (...), professeur de harpe dis-
tingué, fut attaché au service da duc de >'assau,
romine musicien de la chambre, et résida à
Wiesbaden, où il fît représenter avec succès un
opéra qui avait pour titre Floris von Namur.
En 1847 et 1848, il était à Francfort; puis il se
rendit à Londres, où il est encore (1862). Cet
artiste a publié un concerto pour la harpe arec
orchestre, et des pièces de salon.
OBIZZI (Dominique), musicien italien, vécut
au commencement du dis-septième siècle. Il a
fait imprimer de sa composition : Madrigali
concertati a due, tre, quattro e cinque voci,
libro primo; Venise, 1627, in-4°.
OBRECHT (Jacqces), un des plus grands
musiciens du quinzième siècle, et peut-être le
plus habile de tous les contrepointistes de ce
temps, parait avoir vu le jour vers 1430, à Ulrecht
quij alors, était sous la domination des ducs de
Bourgogne, et à ce titre ne formait qu'un seul
État avec la Belgique. En 1465, Obrecht était
maître de chapelle de la cathédrale de cette ville.
Érasme, qui était né à Rotterdam en 1467, et
qui avait été placé comme enfant de chœur dans
cette église, à l'âge de six ans, apprit la mu-
sique sous la direction de ce maître. Glaréan,
qui nous apprend ce fait (in Bodecach., p. 256),
le tenait d'Érasme même. L'habileté et la facilité
d'Obrecht étaient si grandes, qu'il lui sufGsait
d'une nuit pour composer une messe digne de
l'admiration des plus savants musiciens de son
temps. Hanc precterea fama est, dit Glaréan
[loc. cit.), tanta ingenii celeritate ac inven-
iionis copia viguissc, ut per unam noctem,
egregiam, et qux doctis adinirationi esset,
missam componeret . La plupart des circons-
tances de la vie de cet artiste célèbre ont été igno-
rées jusqu'ici; mais il est hors de doute qu'il a
visité l'Italie , puisque Aaroa déclare , dans ce
passage, l'avoir connu à Florence : Sumtnos in
arte viros imitaii, prxcipue vero Josquimim,
Obret, Isaac, et Agricolam, quibuscum mihi
Florenlisffamiliaritas et consuetudo summa
fuit. (De imtitutione harmonica, iib. III, c. ix,
fol. 39, verso). Une difficulté assez grande se
présente ici cependant, car on verra plus loin,
par les documents découverts dans les archives
de l'église Notre-Dame d'.\nvers, que Obrecht
était mort avant 1507; or, si -\aron n'avait que
vingt-six ans lorsqu'il publia le livre d'où est
lire le passage qu'on vient de lire, et qui ne fut
pubhé qu'en 1516, il est impos^iblequ'il ait connu \
Obrecht, car il ne serait né qu'en 1489 ou 1490, et '
l'on verra tout à l'heure que les dix dernières an-
nées de la vie de l'illustre maître qui est i'objet
de cette notice furent tourmentées par les mala-
dies et les infirmités qui ne lui permirent plus
de voyager. Si donc ou accepte comme irrécusable
le témoignage d'Aaron, il faut de toute nécessité
rectifler le chiffre de l'âge de cet écrivain au
moment où il publia son livre, et supposer qu'il
naquit vers 1470, au lieu de 1490 (1). Dans
celle hypothèse, il aurait pu connaître Obrecht
vers 1491, avant que celui-ci vint concourir
pour obtenir la place de maître de chapelle de
la collégiale d'Anvers. Grûce à l'obligeance par-
faite de M. le chevalier Léon de Burbure, et aux
recherches persévérantes qu'il a bien voulu faire à
ma demande, je puis donner ici des renseigne-
ments précis sur la dernière époque de son
existence : ces renseignements sent tirés de do-
cuments authentiques qui se trouvent dans les
archives de l'église Notre-Dame , d'Anvers.
Ala mort de Jacques Barbireau ( loye:^ ce nom),
en 1491, le chapitre de cette église s'occupa de
la nécessité de lui donner un remplaçant : treize
compétiteurs se présentèrent, et furent misa l'es-
sai tour à tour pendant une année pour la direc-
tion de la musique. Maître Jacques Obrecht,
qui était de ce nombre, fut jugé le plus capable
de succéder au maître décédé, et fut installé dans
son emploi en 1492. Son nom est écrit dans di-
verses pièces contemporaines Obrech, Hobrecht,
OH en latin Oberti et Hoberti. Non-seulement
il était maître dexhapelle du chœur, mais il eut en
même temps la place de maître de chant de la
chapelle de la Vierge. Deux ans après (1494), il
obtint une chapelanie (bénéfice) dite la pre-
mière à l'autel de Saini-Josse (Sancti Judoci
prima), dans la même église. Les livres de
compte du chapitre font connaître qu'Obrecht fit
faire pour les offices du grand chœur (qui, en
1494 étaient exécutés par 67 chanteurs, non
compris les enfants) de nouveaux livres de dé-
chant, lesquels contenaient des messes pour les
grandes fêtes, des motets, des Magnificat, et
qu'il corrigea les fautes des anciens livres. Les
comptes de la chapelle de la Vierge, rapprochés
de ceux du corps des chapelains, nous appren-
nent aussi qu'Obrecht fit de fréquentes absences
et qu'il fut souvent malade, notamment en 1496,
1498, 1501 et 1504; enfin, que lorsqu'il reprenait
ses fonctions, on lui faisait des ovations et des
cadeaux de bienvenue. On voit de plus dans les
(1^ Je n'3i pas fait cette observation dans la notice d'I-
saac, où j'ai cité le même passage, parce que je ne con-
naissais pas alors les docoments authentiques concernant
Obrecht, qui D)'ont été communiqués postèricurcineut par
M. de Burbure.
344
OBRECHl
mêmes comptes que ses absences de la cliapelle
do la Vierge furent si longues en 1501 et 1504,
qu'on jugea nécessaire de lui donner pour sub-
stitut d'abord maitre Michel Beriuyer {\), puis
Gaspar {voyez canom), un des principaux chan-
teurs (2), et en^xnmaitre Jean Raes, qui, après
îa mort d'Obreclit, conserva toutes ses fonctions.
Parmi les noms cités dans ces mêmes comptes,
à l'occasion d'Obreclit , on voit celui de maure
Georges, par qui ce maître fit écrire de nou-
veaux recueils de motets. Ce nom est inconnu
parmi ceux des musiciens belges dont on a im-
primé les compositions ; car ce ne peut être
Georges de la Hèle, qui naquit un demi-siècle
plus tard.
La considération dont jouissait Obrecht était
si grande, que les plus célèbres arlisles venaient
le visiter de toutes parts et lui soumettaient
ïeurs ouvrages. Ainsi, en 1492, plusieurs musi-
ciens étrangers à la ville d'Anvers vinrent chan-
ter sous sa direction, pour faire juger sans doute
par lui de leur habileté dans l'exécution de la
musique dans le système si difticile, et à vrai
dire absurde, de la notation proportionnelle de
cette époque. En 1493, ce furent les chanteurs
de la collégiale de Bois-le-Duc qui vinrent vi-
siter la chapelle de Notre-Dame et son illustre
maître. En 1493, Obrecht reçut la visite d'un
célèbre musicien français ou belge, qui avait
été au service de Galéas Sforce, duc de Milan, et
qui, sans doute, après l'usurpation de Ludovic
Sforce, avait été congédié comme Gaspard Van
Veerbeke et d'autres. Bernardino Corio, con-
temporain de cet artiste, dit, dans son Histoire
de Milan, que le duc Galéas entretenait dans sa
ehapelle trente musiciens ultramontains, aux-
quels il accordait de gros appointements. L'un
d'eux, dit-il, nommé Cordier, avait cent ducats
par mois (3). Il doit y avoir quelque erreur
dans ce chiffre. En 1495, Obrecht eut l'honneur
d'être visité par le maitre de la chapelle du pape,
Christofano Borbone, de la famille du marquis
de Peralta, évêque de Cortone, qui occupa sa
charge à la chapelle pontificale depuis 1492 jus-
qu'en 1507. Obrecht avait envoyé en 1491 une
(1) Ce nom n'est connu jusqu'à ce Jour par aucune com-
position imprimée ou manuscrite, ni par aucune citation.
iî) Il parait que Caspar ou Gaspard Van Veerbeke, après
son retour de Milan à Audenarde, sa ville natale, en 1490,
ne s'y. établit pas et qu'il se rendit à Anvers, où il trouva
une position parmi les ctiantcurs de la collégiale, et fut
considéré comme un des plus habiles.
(3) Il duca Guleazzo stipendiava trenta musici
oltramontani con grosse mercedi. Uno di essi nominato
Cordiero ne aveva cento ducati al mese. Dello excellen-
tlssimo oratore messer Bernardino Corio Milanese His-
toria, continente delta oriyine di Hlilano tutti li gesti,
/asti, etc.: Venise, 1554, in-40.
messe de sa composition aux chantres de Saint
Donatien deBiuges; ils vinrent en corps le re-
mercier en 1494. Toutes ces visites étaient ac-
compagnées de banquets et de présentations de
vin d'honneur, dont les frais sont portés aux
comptes de la chapelle dans les registres.
Obrecht entretint des relations habituelles
avec divers artistes distingués depuis son entrée
à la chapelle de la collégiale d'Anvers jusqu'à .ses
derniers moments. Voici les noms de ceux que
M. de Burbure a trouvés dans les documents
qu'il a consultés ;
1" Henri ( et plus souvent Harri) Bredeniers
qui, après avoir été enfant de chœur de la cha-
pelle de la Vierge jusqu'en 1488, fut organiste de
le même chapelle depuis 1493 jusqu'en 1501.
2" Maitre Jacques Van Doornc ( en latin De
Spina), son successeur, organiste d'un talent
remarquable pour cette époque.
3° Antoine Van den Wyngaert (en latin De
Vined), qui avait été élève d'Obreclit (voyez
Van den Wyngaert).
k" Jacotin {voyez ce nom).
5" Maitre Michel Beruyer ou Berrvyer,
dit de Lessines, parce qu'il était né dans le bourg
de ce nom , chapelain de la collégiale d'Anvers,
excellent musicien et chanteur du chœur,
6° Jean Begis {voyez ce nom).
1° Maitre Jean de Bukéle, dit maître Jean
d'Anvers, facteur d'orgues renommé, décédé en
1504.
8° Jean Nepolis (ou de Neve), chapelain, reçu
en 1495.
.^ 9° Corneille de Hulst , Rogier et Pierre
Montreuil, dit d'Amiens, tous chanteurs de la
collégiale.
10** Jean de Guyse, vicaire, et Antoine Ba-
veston, ancien chantre de la chapelle pontifi-
cale.
\\° Maitre Charles Coûter eau, chanoine et
musicien savant, qui légua, en 1515, à l'admi-
nistration des enfants de chœur de Notre-Dame,
une ferme située au village de Wommeighem, près
d'Anvers, dont le revenu a servi, jusqu'en 1 797,
à l'entretien et à l'éducation littéraire des en-
fants de chœur indigents, lorsqu'ils perdaient la
voix à la suite de la mue.
12" Enfin Jacquet, surnommé le Liégeois,
copiste de musique et chanteur instruit, et Mi-
chel de Bock, le jeune, chapelain.
La date précise de la mort d'Obreclit n'a pas
été trouvée par M. de Burbure : son nom. ne
figure pas dans les comptes des funérailles de la
collégiale; mais au chapitre des recettes du
compte des chapelains , qui commence à la
Saint-Jean d'été, et qui est clos le 23 juin 1507,
OBRECHT
U3
on trouve ces mots : « item les anciens des ciia-
« pelains ont reçu la moitié des droits d'instal-
K lation de Gérard Gysels, familier du chanoine
1 maître Liévin Néiis, mis en possession de la
« première chapeianie de l'autel de Saint-Josse,
« vacante par le décès de maître Jacques
« Obreclît (1). « Or, ce maître, qui depuis 1502
n'assistait plus aux offices du grand clxeur,
cessa de remplir ses fonctions à la chapelle de
la Vierge en 1504, sans doute à cause de son âge
avancé et du mauvais état do sa sauté ; d'où il
résulte que son décès eut lieu entre les années
1604 et 1507, et selon toute apparence, à une
date approchée de cette dernière, car un béné-
fice ne restait jamais longtemps sans titulaire.
Après Érasme, l'élève le plus connu d'Obrecht
est Antoine Van den Wyngaert, d'Ulrecht, qui
fut chapelain de la collégiale d'Anvers, et qui,
comme on vient de le voir, demeura toujours en
relation avec lui. On croit aussi qu'Ohrecht
enseigna la musique à Thomas Tzamen et à
Adam Luyr, tous deux d'Aix-la-Chapelle. Il eut
d'ailleurs beaucoup d'inlluence sur le perfec-
tionnement de l'art de son temps, car il est su-
périeur à tous ses contemporains en ce qui con-
cerne le mouvement des voix dans l'harmonie.
Obrecht jouissait d'une grande autorité parmi
les musiciens du quinzième siècle, à cause de
son profond savoir. Nous sommes heureusement
en possession de monuments assez importants
de son talent pour avoir la conviction que cette
autorité était justement acquise. Le plus consi-
dérable de ces restes précieux est un recueil de
cinq messes à quatre voix imprimé à Venise en
1503, par Octavien Petrocci de Fossomtirone ;
ce recueil a pour titre : Misse obreht (sic). Je
ne demande. Grecorum. Fortuna desperata.
Malheur me bact. Salve diva païens. Ce ti-
tre ne se trouve qu'à la partie du super ius;
les autres parties ont simplement au premier
feuillet A pour altus , T pour ténor, B pour
lassus; mais à l'avant-dernier feuillet de cette
dernière on lit : Impressum Venetiis per Octa-
vianum Petruttum Forosemproniensem, 1503
die 24 Maria, cutn privilegio invictissimi
Dominum Venetiarumque nullu^ possit can-
tum fîguratum imprimere sub pena in ipso
privilegio contenta. Au-dessous est la marque
de l'imprimeur. L'impression du texte est go-
thique, petit in-4' oblong. Quant à la notation
de la musique, ou sait quelle est la perfection
(1) 15<W-IS07. Item receperunt {majores) de medià re-
*eptione Capellanix Geraldi (Gysels) /amiliarù magit-
tri Uvini (Kclis; ad aUari Sancti Judoci, vacantis per
abitum magistri Jacobi Obrecht. — vill se. 8 cscalins
de Brabatii).
des caractères de Petriicci. La pagination de
quatre parties se suit de cette manière : le su-
perius est contenu dans les 18 premiers feuil-
lets, suivis de deux feuillets dont les portées sont
en blanc; le ténor commence au feuillet 21 et
finit au verso du 33^, suivi d'un feuillet avec
les portées vides ; l'a/^us commence au 35e feuil-
let et finit au verso du bb"^^ , suivi d'un feuillet
blanc; enfin, la basse commence au feuillet 57 et
finitau verso du feuillet74, suivide celui qui porte
la date de l'impression et le nom de l'imprimeur
avec sa marque, et d'un feuillet à portées vides.
Trois exemplaire$,dont deux incomplets,de ce pré-
cieux recueil existent en Allemagne : celui de la bi-
bliotlièque royale de Berlin est complet; la basse
manque à celui de la bibliothèque impériale de
Vienne, et la bibliothèque royale de Munich ne
possède que deux des quatre parties. Un autre
exemplaire complet est à la bibliothèque du Lycée
communal de musique à Bologne. A la vente de
l'intéressante bibliothèque musicale de .M. Gas-
pari, de Bologne, faite à Paris au mois de fé-
vrier 1862, un exemplaire complet s'est trouvé
et a été acquis par M. le libraire Asher, de
Berlin ; puis il est devenu la propriété de .M. Li-
bri, qui l'a fait mettre ta vente à Londres avec
la réserve de sa riche bibliothèque, au mois de
juillet de la même année : il est aujourd'hui en
ma possession.
Le premier livre des messes de divers auteurs,
à 4 voix, publié en !503, par Oclavien Petrucci,
contient la messe d'Obrecht qui a pour titre
Si Didero. Ce recueil, intitulé Missarum di-
versorum auctorum liber primus, porte ces
mots au dernier feuillet de la bAssi: Impressum
Venetiis per Octavianum Petru tium Forosem-
proniensem, ibOS die 13 martii. cutn privi-
legio, etc., petit in-4'' obi. Les messes des au-
tres musiciens contenues dans ce recueil sont cel-
les-ci : De franza, par BasWon (sic); Dringhs,
par Brumel; Vas-tu, pas, par Gaspar; De
sancto Antonio, par Pierre de la Rue. 11 y a des
exemplaires complets de ces messes dans le Mu-
séum britannique, à Londres, dans la bibliothè-
que impériale devienne, et dans la bibliothèque
royale de Munich. Deux autres messes d'Obrecht
se trouvent dans la collection rarissisme inti-
tulée : Missx tredecim quatuor vocum a prxs-
tantissimis artificibus compositse; Norim-
bergx, arfe Hieronymi Graphxi, civis No-
rimbergensis, 1539, petit in-4" obi. Les messes
d'Obrecht ont pour titres : Ave Regina cœlo-
rum, et Petrus Apostolus.
Dès le treizième siècle, l'usage de donner des
textes différents aux diverses voix qui chantaient
une messe ou un motet s'était introduit particu-
346
OBRECHT — OCCA
lièrement en France et dans les Pays-Bas. On en
trouve des exemples dans une des messes de
Guillaume Dufay contenues dans le manuscrit
5557 de la bibliothèque royale de Belgique.
Baini en cite des exemples puisés dans les ma-
nuscrits de la chapelle pontificale qui appar-
tiennent aux maîtres les plus célèbres des quin-
zième et seizième siècles, entre lesquelles se trouve
une messe d'Obrecht à 4 voix, (sine nomine), dans
le volume 35 des archives de cette chapelle (1).
Dans le Credo de cette messe, à VIncarnatusest,
Obrecht fait chanter parle ténor une des grandes
antiennes de Noël (0 clavis David, etc.), et dans
les deux Agnus Dei il fait dire par la même voix
les paroles d'une prière à saint Donatien, patron
principal de la ville de Bruges, dont le texte
est ; Beale pater Donatiane, pium Dominwn
Jhesum pro impielatibxts nosiris déposée.
Cette messe est la môme que le maître avait
envoyée aux chanteurs de l'église Saint-Dona-
tien de Bruges, en 1491, et pour laquelle ils se
rendirent en corps à Anvers, en 1494, dans le
dessein de lui offrir leurs remercîments.
Baini cite d'autres messes d'Obrecht sur d'an-
ciennes chansons françaises, lesquelles existent
parmi les manuscrits de la chapelle pontifi-
cale (2), mais sans les désigner d'une manière
précise. Les motets de ce grand maître n'offrent
pas moins d'intérêt que ses messes, dans le
système des formes de son temps. Le plus an-
cien recueil où l'on en trouve est le troisième
livre de la collection publiée par Petrncci, sous
Je titre Harmonice musices Odhecaton (voyez
Petrucci.) Ce livre, publié en 1503, est intitulé :
Canti C îi" cento cinquanta. On en trouve uu
exemplairecomplet dans la Bibliothèque impériale
de Vienne. Le premier motet de la collection est
un AveRegina cœlorum, à 4 voix, d'Obrecht,
Dans les Motelti Ubro quarto, mis au jour par
le même imprimeur, en 1505, petit in-4'* oblong,
on trouve de ce maître : 1° Quis numerare
queat;h voix. — 2° Laudes Christoredemptori,
idem. — 3°. Beata es MariaVirgo, idem. — 4° 0
Béate Basili confesser, idem. Un exemplaire
de cet ouvrage est à la Bibliothèqueimpériale de
Vienne. Le premier livre de motets à cinq voix pu-
blié par Petrucci, à Venise, dans la même année,
renferme les motets suivants d'Obrecht : 1° Fac-
tor orbis Deus. — 2» Laudamus nunc Domi-
num. — 3" 0 pretiosissime sanguis. Le re-
cueil de motets intilulé Selectx Ilarmoniae qua-
tuor vocum de Passione Bomini ( Vitebergx,
apud Georg. Rhauum, 1538, petit 10-4° obi.)
(1) Voyez Baini, i>/eOTorte storico-critiche délia vita
e (telle opère di Pierluigi da Palestrina, tom. 1, p. 88.
12) Loc. cit. p. 139, n. 226.
renferme une Passion à 4 voix du même maître,
et des hymnes à quatre voix de sa composition
se trouvent dans le Liber primus sacrorum
lujmnorum eentum et triginia quatuor Hym-
nos continens, ex optimis quibusque authori-
bus musicis collectus, etc.; Vilebergx apud
Georgium jR/iav, 1542, petit in-4° obi. Glaréan
a inséré dans son Dodecachordon un Parce
Domine d'Obrecht à trois voix (p. 260) , et uu
canon à deux voix, ibid., p. 257, lesquels sont en
partition dans l'Histoire de la musique de Forkei
(l II, p. 524 et 526). On trouve aussi dans le
livre de Sebald Heyden : Musicx id est artis
Canendi(\\h. 2, cap. 6), un Qui tollis, en canon
à deux voix, extrait de la messe de ce maître inti-
tulée Je ne dem«?irfe. La précieuse collection pu-
bliée par Conrad Peutinger à Augsbourg, en 1520,
in fol. max., sous le titre : Liber setectarum
cantionum quas vulgo mute/as appellant,
renferme un superbe motet d'Obrecht [Salve
Crux) à 5 voix, divisé en trois parties. J'ai mis
en partition et en notation moderne ce mor-
ceau , chef-d'œuvre de facture élégante pour le
temps où il a été écrit. Enfin , Grégoire Faber a
donné dans son livre Musices practicœ erote-
maiuin libri II (p. 212-213) un Christe eleison
d'Obrecht à 3 voix, en propoition double, que
j'ai résolu en partition dans les notes de l'édition
préparée des œuvres de Tincloris.
Obrecht a écrit aussi des chansons mondaines
qu'on trouve dans les premier, second et troi-
sième livres (A, B, C) de la collection rarissime
de Petrucci intitulée Harmonice Musices Odhe-
caton (Venise, 1501-1503). Les premiers mots
de ces chansons à 3 et à 4 voix sont ceux-ci :
1" Jay pris amours; T Vray Dieu, qui me
confortera; 3° Va vitement; 4° Mon père
m'a donné mari; 5" Rompeltier ; 6° Tander
nafcen (chanson flamande) ;7''.S'i à tort on m'a
blâmée; S°lesGrans (sic) Regrés; 9" Est possi-
ble que l'home peull (sic); i(i° For seulement;
11° Tant que notre argent durera; iV La
Tourturella.
OCCA (Antoine DALL') , virtuose sur la con-
trebasse, né le l*r juin 1763, à Cento, près de Bo-
logne, a voyagé en France, en Belgique et en
Allemagne, donnant des concerts pendant les
années 1821 et suivantes. Je crois que cet ar-
tiste est le même qui, après s'être fait entendre
à Berlin en 1801, avait donné des concerts à
Slettin avec M^e Grassini , et avait été attaché
à la chapelle impériale de Pélersbourg En 1818,
il donna des concerts à Kiew et à Lemberg avec
sa fille, pianiste distinguée. 11 était oncle de la
cantatrice Sophie dalV Occa, qui devint ensuite
il/me Schoberlechner. Antoine dall'Occa est
OCCA — ODL\'GTO.\
347
mort à Florence, le 17 septembre 1846, à l'âge
de quatre-vingt-trois ans.
OCH (ASDRÉ), musicien allemand, fixé' à
Paris, y a publié, en 1709, des trios de violon
sous ce titre : Set Sinfonie a ire, 2 violini e
basso, op. 1.
OCHS (Jean-Chréties-Locis) ou OCHSS,
organiste à l'église de la Croix , à Dresde , est
né dans cette ville le 20 décembre 1784. Il fut d'a-
bord organiste de l'église Saint-Jean et de Frauen
Kirche. En 1822, Il succéda à Lommatzche
dans la place d'organiste de l'église de la Croix.
II a fait imprimer de sa composition : 1° Six
thèmes variés pour le piano; Dresde, chez l'au-
teur..— 2° Deux recueils de danses allemandes
pour le piano; Leipsick et Dresde. — 3° Six pré-
ludes pour des chorals; ibid. Cet artiste remplis-
sait encore ses fonctions d'organiste en 1840.
OCHSEXKUM (Sébastien), luthiste au
service d'Othon-Henri, éiectenr palatin, en 1558,
a publié dans celte année, par ordre de son
maître, un recueil de pièces pour le lulh. 11 mou-
rut le 2 août 1574, et fut inhumé à Heidelberg.
On voit encore l'inscription allemande de son
tombeau dans l'église Saint-Pierre de cette ville.
ODI (Flamimo), né dans la seconde moitié du
seizième siècle, fut chantre à l'église Sainte-Marie-
Majeure de celte ville, puis devint chapelain-
cheotre de la chapelle pontificale. Il occupait
encore cette dernière position à l'âge d'environ
quatre-vingts ans, en 1655, car il écrivit une messe
à cinq voix, qui est en partition dans la col-
lection de l'abbé Santini, et qui porte cette date.
Suivantune noie de l'abbé Santini, FlaminioOdi
aurait été fils naturel d'un prince souverain.
Ce chantre s'est fait connaître par un recueil
de compositions publié sous ce titre : Madri-
gali spirituali a quattro voci, libre primo;
Bart. Magni, 1608, in-4°. Il paraît, d'après ce
titre de l'exemplaire existant dans la bibliothèque
du Lycée communal de musique, à Bologne ,
que Bartholomé Magni eut une imprimerie
de musique à Rome. ( Voyez Magm.)
OBlER (Lovis), n'était pas Anglais de nais-
sance, comme le disent Gerber et ses copistes ;
mais ii naquit à Genève en 1748, et mourut dans
cette ville, le 13 avril 1817. Après avoir fait ses
humanités dans sa ville natale, il suivit les
cours de physique de Saussure et de mathéma-
tiques de Bertrand, puis alla étudier la médecine
à l'université d'Edimbourg sous Cullen, Monro,
Black, etc. Il prit ses degrés en 1770, et sou-
tint , à cette occasion, une thèse qui a été impri-
mée sous ce litre: Epislola physiologica inau-
guralis de elementariis musicx sensafioni-
bus, Edimbourg, 1770, in-S'-De retour à Ge-
nève, Odier y professa la médecine. Il était
membre de l'Académie de cette ville, de la so-
ciété de médecine d'Edimbourg, et correspon-
dant de l'Institut de France. Chladni reproche
beaucoup d'inexactitudes à la dissertation d'O-
dier.
ODlXGTOXou ODYi\GTOi\ (Walter),
bénédictin du monastère d'Evesham, dans le
comté de Worcesler, en Angleterre, écrivit un
traité de musique au commencement du règne
de Henri III, c'est-à-dire vers 1217. Tanner (m
Biblioth. britan. C' 558), sur l'autorité de Pits,
de Baie et de Leland, dit qu'il florissail vers 1240
o'i environ vingt-trois ans plus tard ; mais on voit
dans une charled'Étienne Langton, citée en note
par le même écrivain, que Walter d'Evesham,
moine de Cantorl>ery, fut élu archevêque de
cette ville en 1228, douzième année du règne de
Henri III, et que le pape cassa l'élection. Le
traité de musique, daté d'Evesham, avait con-
séquemraent été écrit avant la translation d'O-
dington de ce monastère à celui de Canterbury
ou Cantorbery, et plus longtemps encore avant
l'élection dont il est question dans la charte ci-
tée par Tanner. Si j'insiste sur ce point, assez in-
différent en apparence, c'est qu'il n'est pas sans
importance pour démontrer l'antiquité de la doc-
t.rinede Francon concernant la musique mesurée ;
car ce dernier est cité par Odington en des termes
qui font voir que cette doctrine était déjà an-
cienne de son temps (^'oyez l'article de Frascon
dans cette Biographie universelle des miisi-
ciens). Stevens, traducteur et continuateur du 3/o-
nasticon anglicanum deDugdale, avait trouvé
des documents d'après lesquels il dit que Walter
Odington était d'une humeur enjouée, quoique
sévère observateur de la discipline monastique;
qu'il possédait une instruction étendue, et qu'il
se livrait jour et nuit à un travail assidu. Il
ajoute qu'il ne connaissait de ses travaux qu'un
traité de la spéculation de la musique (1); cependant
Pits, Baie, Tanner, Moreri et tous les biographes
de Walter Odington affirment qu'il était mathé-
maticien, astronome, et qu'il a écrit deux traités
De motibus planelarum et De mutatione
aeris. Son goût pour le calcul se fait remarquer
dans les premiers livres du Traité de musique
;i) Walter, moDk of Evesiuin, a raan of a facetious wit,
wlio applying bioscL' to literature, test he sbould sinlc
uDùer the labour of the day , the waicbing at nigbî, and
continuai obserTanceof re^Iar discipline, used'.at spare
hoiirs to aiTcrt hlmself with tbx décent and recoramen-
i dable diversion o( musick , to render hia«cU the more
j cbesrfui for olher duties. Wheîher st lengtb this drew bim
from otfcer studics t know not , but Ibere appears no
! othcr wo rk of bis than a pièce entifled 0/ the Spécula-
tion of musick. He flcarbbetî la liVO.
348
ODINGTON — ODON
qu'il a laissé sous ce titre : De speculatione
musicx. Le seul manuscrit connu de cet ouvrage
se trouve dans la bibliothèque du collège du
Clirist, à Cambridge; cependant il a dû en
exister d'autres, car celui-là est du quinzième
siècle, suivant cette indication du catalogue de
Ja bibliothèque publié en 1777 Qn-i", p. 410,
n° 1 3) : Codex membranaceus in 4*^ seculo XV
scriplus, in qiio contineiur Summus fratris
Walteri (Odingtoni) vionachi Eveshamix mu-
sici Speculatione musicx. Le livre de Walter
Odington, qui commence par ces mots : Plura
quam digna de musicse speculatoiibus per-
uiilia , etc., est divisé en six parties. La ma-
tière y est disposée avec peu d'ordre, car la
première et la troisième parties, également spé-
culatives , concernent les divisions de l'échelle ,
d'après le monocorde, et les proportions arith-
métiques et harmoniques des intervalles. On y
trouve aussi celles des longueurs de cordes, des
tuyaux d'orgue, et des cloches; c'est le plus an-
cien ouvrage connu qui renferme des rensei-
gnements sur ce dernier sujet. La seconde partie
traite des consonnances, des dissonances et 'des
qualités harmoniques des intervalles. La qua-
trième partie est relative aux pieds rliythmiques
de la versification latme. La cinquième partie
est consacrée à la notation du plain-chant par
les lettres de l'alphabet romain, et aux anciens si-
gnes de notation pour le chant simple, lié et orné, en
usage au treizième et au commencement du qua-
torzième siècle, dont on trouve des exemples dans
quelques anciens graduels et antiphonaires. Dans
ces cinq premières parties, ce moine fait preuve
de beaucoup d'érudition, et montre une connais-
sance étendue de la littérature grecque, de la
musique, et du chaut des églises de l'Orient et de
l'Occident. La sixième partie est entièrement con-
sacrée à la musique mesurée suivant le système
de la notation noire exposée dans le livre de
Francon, et à l'harmonie en usage au treizième
siècle. Burney prétend que les exemples qu'on y
trouve sont incorrects et souvent inexplicables :
mais s'il avait eu des connaissances plus solides
dans l'ancienne notation, il aurait vu que les
corrections sont beaucoup plus faciles qu'il ne
croyait. Le manuscrit connu sous le nom de Ti-
berius, du Musée britannique (B. IX, n° 3),
contient un traité de la notation de la musique
mesurée, à la fin duquel on trouve ces mots :
Hœc Odyngtonus. J'ignore si ce petit ouvrage
est extrait de celui de Cambridge, n'en ayant
pas fait la collation lorsque j'ai examiné ce ma-
nuscrit, en 1829.
ODÔARÛI ( Joseph ), simple paysan, né
au territoire d'Ascoli, dans la Marche d'Aucune, '
vers 1740, fut conduit, par le-* seules dispositions
de son génie à fabriquer des violons, sans avoir
jamais été dans l'atelier d'un luthier, et parvint
à donner à ses instruments des qualités si re-
marquables, qu'ils peuvent, dit-on, soutenir la
comparaison avec les meilleurs violons de Cré-
mone. Quoiqu'il soit mort à l'âge de vingt-huit
ans, il en a pourtant laissé près de deux cents,
qui sont aujourd'hui recherchés en Italie parles
amateurs.
ODON ( S. ), moine issu d'une famille noble
de Inance, étudia sous la direction de Rémi
d'Auxerre, puis (en 899) fut chanoine et pre-
mier chantre de Saint-Martin de Tours. Dix ans
après il entra au monastère de Beaume, en Fran-
che-Comté, fut troisième abbé d'Aurillac, dix-
huitième abbé de Fleuri, et enlin devint en 927
abbé de Cluny. Il mourut dans ce monastère le
18 novembre 942, ainsi que l'a prouvé le P.
Labbe, contre l'opinion'de Sigebert, qui place en
937 l'époque de la mort de ce saint. Parmi les
écrits conservés sous le nom d'Odon, on trouve
un Dialogus de musica, que l'abbé Gerbert a
inséré dans sa collection des écrivains ecclésias-
tiques sur la musique (t. I, pp. 252 et suiv),
d'après le manuscrit de la bibliothèque impériale
de Paris, coté 7211, in-fol. Ce dialogue traite de
la division et de l'usage du monocorde, du ton
et du demi-ton, des consonnances, des modes,
de leurs limites, de leur transposition et de leurs
formules. On peut considérer cet ouvrage comme
un manuel pratique de la musique de l'époque
où il fut écrit.
Plusieurs auteurs ont attribué le dialogue
d'Odon à Guido ou Gui d'Arezzo, et même on
trouve des manuscrits des onzième et douzième
siècles où il porte le nom de celui-ci. Angeloni,
dans sa dissertation sur la vie, les œuvres et le
savoir de Guido d'Arezzo (1), ne balance pas à
décider que le dialogue est en effet de Guido.
Les motifs de son opinion sont : 1° Que parmi
les manuscrits de la bibliothèque impériale de
Paris, les n"* 7211 et 7369 seuls ont le nom d'O-
don ; le manuscrit 3713 attribue clairement l'ou-
vrage à Gui par ces mots placés à la fin : Ex-
plicit liber dialogi in musica cditus a domino
Guidone piissimo musico , et venerabili mo-
naco. On trouve aussi ce dialogue dans le ma-
nuscrit 7461 de la même bibliothèque, sans nom
d'auteur, à la vérité; mais le volume ne contient
que des ouvrages du moine d'Arezzo. 2" Mont-
faucon {Bibliotheca bibliolhecarum , t. I, p.
58, n° 1991) cite, dans la description des ma-
a) Sopra la vita, le opère ed il sapere di Cuido d'A-
rezzo, restauratore delta scienia e deW arle musieuf
pag. SS et suiv.
ODON — OECHSiNER
349
nnscriis du Vatican , Guidonis dialogm de mu-
sica, et dans le catalogue de la bibliotl)èqae
Laurenlienne de Florence (t. J, p. 300, ccl. 2),
Widonis liber secundus in forma dialofji.
3° Dans le dialogue, l'auteur parle du gamma,
et l'on croit généralement que ce signe a été j
ajouté par Guide au-dessous de l'A des latins, j
4° Enfin, le moine Jean, qui a vécu avec
Odon, et qui a écrit sa vie ( Vid. Biblioth. clu-
niacense, fol 14 et seq., ac Mabillon. Acta
sanctor. ord. bened. ), ni Nagold , à qui l'on
en doit une plus étendue , ne font mention de ce
dialogue au nombre de ses ouvrages.
A toutes ces demi-preuves, auxquelles on
pourrait opposer les manuscrits de Saint-Émeran,
à Ratisbonne, des abbayes de Saint-Biaise et
d'Aimont, de Vienne, du Musée britanuique et
d'autres grandes bibliothèques, qui sont tous sous
le nom d'Odon, il y a une réponse victorieuse
fournie par Guido lui même à la fin de sa lettre à
Michel, raoine de Pompose, concernant la ma-
nière de déchiffrer des chants inconnus; car il y
cite le dialogue, et nomme Odon pour son au-
teur, dans ce passage : « Ce peu de mots tirés
K en partie du prologue en vers et en prose de
« l'ântiphonaire , concernant la formule des
« modes et des neumes, nous semblent ouvrir
« d'une manière brève et suffisante l'entrée de
n l'art de la musique. Cependant celui qui vou-
« drait en apprendre davantage, pourra consul-
« ter notre opuscule intitulé Micrologue, et l'a-
« brégé (Enchiridion) que le très-révérend
« abbé Odon a écrit avec clarté (1). » Or, pour
lever tous les doutes à l'égard de l'identité de
cet abrégé et du dialogue, il est bon de remar-
quer que ce même dialogue porte le titre d'En-
chiridion dans les manuscrits 7369 de la biblio-
thèque impériale de Paris et du Musée hritan-
nique, et qu'on trouve à la fin de celui de l'abbaye
d'Aimont : Explicit musica Enchiridionis \
( voy. Gerbert. Script, eccles. de musica, t. I, j
page 248). A l'égard du gamma, dont Angeloni
croit tirer une preuve convaincante en faveur de
son opinion, on peut voir dans cette Biographie
universelle des musiciens l'article de Gci ou
Guido d'Arezzo (tome IV, page 146), où j'ai
démontré qu'il n'est pas l'auteur de son intro-
duction dans l'échelle générale des sons, et
qu'elle est beaacoDp plus ancienne. L'auteur de
(1) Hsee pauca quasi in prologum antiphonarii for-
mula de modorum et neumarum rhfthmice et prosaice
dicta musicse artisostium breviter, fortitan et tvfftcien-
ter apcriunt. Qui autem euriosus fuerit, libelium nos-
trum, cui nomen Hicfologus est, quœrat. Librum quoque
Enchiridion, quem reverendissimus Oddo abbas lucu-
lentissime coirtposuit ( apud Gcrbertum Script, ecclesiast.
de Musica, t. II, fol. M).
l'artich' Oooxde la Biographie générale publiée
par .MM. Firmin Didot frères, fils et Cie, dit que
le Dialogue sur la musique n'e»l pas l'ouvrage
d'Odon de Cluny, 7nais de quelque autre Odon.
et que l'abbé Martin Gerbert l'a reconnu. Or,
Gerbert n'a rien dit de semblable : il remarque
seulement que ce petit ouvrage est attribué
à divers auteurs dans les manuscrits, par exemple
à Bernon (voyez ce nom ), dans un de ces ma-
nuscrits qui est à la bibliothèque de Leipsick , et
à Aurelien de Réomé, ou à Guido d'Arezzo^
dans ceux de l'abbaye de Saint-Biaise. Il est vrai
qu'il donne le titre du Dialogue de cette ma-
nière : Incipit liber qui et dialogus dicitur
a Domino Oddone compositus etc. : mais iî
copie simplement le manuscrit 2711 de la biblio-
tlièque impériale, d'après lequel il publia l'ou-
vrage, sans émettre d'opinion. L'autorité de
Guido d'Arezzo, qui écrivait environ soixante-dix
ans après la mort de l'abbé de Cluny et qui
déclare que l'ouvrage lui appartient, est ici dé-
cisive.
Les fragments intitulés : 1° Proemium tana-
rii; 2° Begulx de rhythmimachia ; 3° Begulee
super abacuin ; 4° Quomodo organistrum
construatur ; publiés par l'abbé Gerbert sous
le nom d'Odon, ne me semblent pas lui appar-
tenir. Les recherches sur la figure arithmétique
appelée abacus sont de Gerbert le scolastique,
et se trouvent , sous le nom de celui-ci, dans un
manuscrit de la bibUothèque impériale de Paris,
n° 7189, A.
O'DONXELLY (L'abbé), prêtre irlandais
et visionnaire , a vécu à Paris , à Versailles , en
Angleterre, et a publié un assez grand nombre
d'ouvrages sur divers sujets, particulièrement sur
la musique, et sur la vraie prononciation de la
langue hébraïque , qu'il croyait avoir décou-
verte. En 1847, il était à Bruxelles oii il faisait
des conférences et des prédications sur des révé-
lations qu'il se persuadait tenir directement du
ciel. Il est auteur d'un traité élémentaire de mu-
sique intitulé : The Academy of elementar
viusic; Paris, imprimerie de Moquet,184l,
1 vol. in-S^.On a donné une traduction française
de cet ouvrage ; elle a pour titre : Académie de
viu^ique élémentaire , contenant une exposi-
tion claire de la théorie et la base de la pra-
tique, depuis les notions les plus simples jus-
qu'à la connaissance complète de tous les
principes de la science , et des moyens d'ar-
river en peu de temps à une parfaite exécu-
tion, ainsi que la rectification du sysièine
musical, etc.: traduit de l'anglais par A.-D.
de Cressier; Paris, Richault, 1842, in-S".
mCHSA'ER ( André-Jeas-Lacrest ), vio-
350
OECHSNER — OELRICHS
Jonisle et compositeur, est né à Mayence le 14
janvier 1815. Fils d'un bon amateur, il eut occa-
sion d'entendre souvent de la musique dans son
enfance, et son goût se prononça pour la culture
de cet art. Fort jeune encore il apprit à jouer du
violon sous la direction des meilleurs maîtres
de sa ville natale, et Heusclikel, musicien de la
chapelle du duc de Nassau, lui enseigna les élé-
ments de riiarmonie. L'arrivée de Panny ( voyez
ce nom) à Mayence, en 1899, fournit à Œchsner
le moyen d'augmenter son habileté sur le violon,
par les leçons de cet artiste distingué. En 1830,
il entra comme violoniste à l'orchestre du théâtre
de Manheim et reçut des leçons de Frey , chef
d'orchestre et bon violoniste de l'école de Spohr.
Il y continua aussi ses études d'harmonie avec
Eischborn, second chef de l'orchestre. De retour
à Mayence en 1832 , il y retrouva son maître
Panny, et après y avoir donné un concert il se
rendit avec lui à Hambourg, joua aux concerts
d'Altona dans l'hiver de 1832-1833 , et après
plusieurs voyages, il accepta en 1834 une posi-
tion de professeur à l'école de musique de Wes-
seiling fondée par Panny. Après le départ de cet
artiste en 1836 , Œchsner lui succéda dans la
direction de l'école, et occupa cette position
jusqu'en 1845. Dans l'intervalle il fit plusieurs
voyages à Munich, où Ett lui donna des leçons
décomposition. En 1841 et 1842, il avait fait
des excursions à Paris et en Italie. Enfin , en
1843 il s'éloigna de Wesserling et se rendit à
Paris, où Alard lui donna quelques leçons de
violon, et'dans la même année il se fixa au
Havre, en quahté de professeur de musique. 11
y a fondé des sociétés de musique d'orchestre
et de chant d'ensemble. Les principales com-
positions de cet artiste sont : 1° Une messe
pastorale pour voix solo , chœur et orchestre ,
œuvre 6; Mayence, Schott. — 2° Tantum ergo à 4
voix et orgue, op. 15 ; Paris, Richault. — 3'' Trois
nocis variés pour l'orgue, op. 16 ; ibid. — 4° Trio
pour piano, violon et violoncelle, op. 17, ibid.
— 5" Trois morceaux de salon pour violon, avec
accompagnement de piano, op. 19; ibid. —
6° Quatuor pour piano, violon, alto et violoncelle,
op. 21; ibid. Outre ces ouvrages, M. Œchsner
a en manuscrit un grand nombre d'autres produc-
tions, parmi lesquelles on remarque six quatuors
pour instruments à cordes.
OEDER (Jean-Locis), né à Anspach, fut
conseiller des finances du duc de Brunswick , et
mourut à Brunswick, le 11 juin 1776. On lui
doit beaucoup de petits écrits concernant l'éco-
nomie politique et les sciences , parmi lesquels
on remarque une dissertation De vihratione
chordarum, Brunswick, 1746, in-4".
CCDMAX (JoNAs), licencié en philosophie
de l'université de Lunden , en Suède , prononçai
le 13 mai 1745, dans cette académie; un dis-
cours latin sur l'histoire de la musique religieuse
en général, et en particulier sur celle des égli-
ses delà Suède. Ce morceau a été imprimé sous
le titre suivant : Disseriatio historica de mii-
sica sac?-a generatim, et ccclesix Sceo-
gothicx speciatim , quant suffragante ampl.
ord. philosophico in regia Acad. Goihorum
CaroUna, sub moderatione D. Sven Bring ,
hist. profess. reg. et ord. pro gradu, pu-
blico candid. examini modeste submiitit
Jonas Œdman , ad ecclesiam Smalandix
Bringetofta V. D. M. die XIII Maji A. C.
MDCCXLV. Lundini Gothorum, typisCaroU-
Gustavi Berling, in-4o de 40 pages. Cette dis-
sertation est remplie de recherches curieuses ;
l'auteur y établit dans la deuxième section (pp. 22
et suiv.) que l'usage de l'harmonie des instru-
ments dans l'accompagnement des voix qui chan-
taient les anciennes hymnes en' langue mœso
gothique remonte à la plus haute antiquité. Cette
opinion est conforme à celle que j'ai présentée
dans le Résumé j)hilosophique de V/iisloire
de la musique placé en tête de la première édi-
tion de la Biographie universelle des musi-
ciens.
CffiHLER (Jacques-Frédéric), pianiste et
compositeur, élève de l'abbé Vogler, naquit à
Cronstadt, près de Stuttgard, et fit ses études
musicales à Manheim. En 1784 il se rendit à
Paris, et y fit graver un œuvre de trois sonates
pour le piano, op. 1. On coimait aussi sous son nom
une cantate pour l'anniversaire de la naissance du
duc de Wurtemberg.
CHîlLRICHS (Jean-Charles-Conrad), doc-
teuren droit, historien et bibliographe, né à Berlin
le 12 août 1722, fit ses premières études dans sa
ville natale, et se rendit ensuite à Francfort-sur-
roder pour y faire son droit. En 1752 , il fut
nommé professeur à l'Acadéujie de Stetlin, et
occupa sa chaire jusqu'à l'âge de cinquante ans.
Alors il retourna dans la capitale de la Prusse, et
au bout de quelques années, il y occupa le poste
de résident du duc des Deux-Ponts et de quel-
ques autres princes d'Allemagne, jusqu'à sa
mort, arrivée le 30 décembre 1798. Doué d'une
activité prodigieuse , Œhichs a publié une quan-
tité presque innombrable de dissertations et d'o-
puscules bibliographiques, de littérature et de
jurisprudence. Dans sa jeunesse il s'était proposé
d'écrire une histoire générale de la musique,
et avait rassemblé une collection nombreuse do
livres et d'oeuvres de musique, dans laquelle se
trouvaient plusieurs dissertations rares ; mais il
â
OKLRICHS — ŒLSCHLEGIX
?,r,\
n'exécuta pas ce projet, et l'on n'a de lui qu'une
disscrlation intitulée : Hislorische ^'achricht
von den ahademischen Wûrden in der Mu~
sick vud offenilichcn musicalischen Akade-
inien tind Gesellschafien (Notice historique sur
les dignités académiques conférées à des musi-
ciens, et sur les sociétés et académies musicales),
Berlin, 1752, in-s^de 52 pages. Ce morceau offre
quelques renseignements qui ue sont | a? dépour-
Tus d'intérêt.
QELSCHIG (Chrétien), flûtiste à Berlin,
s'est fait connaître dans ces dernières années
(1840-1860) par environ douze œuvres deduos^
de solos et d'airs variés pour la flûte , publiés à
Berlin, ainsi que par une tablature de la flùle
avec toutes les clefs et la patte en w^ intitulée :
Tabelle fur die Flœte mit allen Klappen und
C-Fuss, nach den besten Schnlen enhcorfen :
Berlin, Liscbke. On a aussi de lui une raétliode
élémentaire pour le même instrument, qui a
pour titre : Versueh um die Erlernung der
Griffe aufder Flœte durch eines leicht fass-
f/che Uebersicht darzusfellen , und mit-
Uebungbeispielen versehen, Berlin, Crantz.
M. Oeischig, né à Berlin, le 19. novembre 1799,
a été nùlislè au théâtre Kœnigslœdt depuis 1824
jusqu'en 1831.
(«LSCHL^GER (FRiDÉRIC-MARTIsFERDl-
xand), chantre et organiste à Stettin, est né
dans cette ville en 1798. Le directeur de musique
Haak , dont il devint plus tard le gendre , lui
donna les premières leçons de musique. Vers
1818, il alla à l'université de Halle pour y étudier
le droit. Son habileté sur le piano et dans le
chant lui fit prendre part aux réunions musicales
de cette ville , où brillait alors C. Lœwe. Il y
fonda aussi une société d^iarmonie, dont il fat le
directeur, et composa divers morceaux, parmi les-
quels on remarqua une bonne symphonie à grand
orchestre. Après avoir passé trois années à
Halle et y avoir achevé son cours de droit, il
retourna à Stettin en 1821, et y obtint un em-
ploi à la cour suprême; mais son penchant
pour la musique le fit renoncer à cette position
après plusieurs années , et reprendre ses études,
particulièrement sur la théorie de fart. En
1824, il fit un voyage à Berlin pour y perfec-
tionner son talent. De retour à Stettin , il y prit
la direction de l'école de chant établie longtemps
auparavant par Haak , et après la mort de son
père, il lui succéda, en 1825, dans les places de
cantor et d'organiste des églises Sainte-Marie et
du Château. Œlschl3eger avait eu manuscrit des
compositions de tout genre; mais il n'a publié
que neuf recueils de chautsà plusieurs voix sans
accompagnement, Berlin, Trautwein et West-
( liai. Œlithlae^cr est mort à Stettin, le 18 mai
185S, à l'âge de soixante ans.
<MILSCHLEGEL(Je.a.n-Lohelics), directeur
de musique à l'abbaye des Prémontrés, à Prague,
naquit à Loschau près de Dux , en Bohème, le
31 décembre 1724. Ses premières études littérai-
res furent faites à Mariseschein , où il était orga-.
niste de l'église des jésuites. Plus lard il se rendit
à Prague, où on lui confia les orgues des églises
des Dominicains et des Chevaliers de Malte. En
1747 , il entra dans l'ordre des Prémontrés et fit
ses vœux au couvent de Slrahow. Neuf ans après,
on le chargea de la direction du chœur de cette
abbaye; il comprit alors la nécessité d'appren-
dre la théorie de l'harmonie et de la composition ;
quoiqu'il fût âgé de trente-deux ans, il n'hé-
sita pas à prendre des leçons de contrepoint de
Sehiing et de Habermann , et pendant plusieurs
années il continua ses études avec persévérance.
Lorsqu'il les eut achevées, il composa beaucoup
de musique pour son église. Quoiqu'il n'eût ja-
mais étudié les principes de la facture des orgues,
il entreprit seul, en 1759, la restauration, ou plu-
tôt la reconstruction complète de l'orgue de
Strahow, dont l'état était déplorable, quoique
cet instrument n'eût été achevé qu'en 1746.
Après y avoir employé quinze années , il le ter-
mina enfin en 1774 , et en fit la description, qui
fut imprimée sous ce titre : Beschreibung der
in der Pfarrkirche des K. Prœmonstratenser-
stifts Slrahow in Prag befindlichen grossen
Orgel,samvit vorausgeschickter knrzgefassten
Geschichle der pneumatischen Kirchenorgeln
( Description du grand orgue de l'église parois-
siale de l'abbaye des prémontrés de Strahovr, à
Prague, précédée d'une histoire abrégée des or-
gues pueumatiques d'église ) ; Prague , Antoine
HIadky, 1 786 , in-S" de 90 pages, avec le por-
trait de ŒIschlegel. Ce religieux a laissé en
manuscrit une autre description plus étendue
de cet orgue, avec une instruction pour le fac-
teur qui serait chargé des réparations que l'ins-
trument pourrait exiger dans l'avenir. ŒIschle-
gel mourut dans son monastère le 2 février
1788, à l'âge de soixante-quatre ans. Dans la
liste de ses compositions on compte : 1° Sept ora-
torios exécutés au couvent de Strahow en 1756,
1758, 1759, 1760 et 1761. — 2° Deux mystères
de la Nativité mis en musique et exécutés à
Strahow en 1761 et 1762. — 3° Une messe pasto-
rale— 4" Une messe'brève. — 5° Une messe de Re •
quiem pour 4 voix et orgue. — 6*^ Un Borate
Cœli. — 7°0nze motets pour ravent.— 8''Dix-huit
motets pour des stations de procession. — 9° Trois
motets pour la bénédiction du saint sacrement. —
10° Un motet pour la fête des anges. — H" Unmo-
352
OKLSCHLEGEL — OF.STERREISCH
let pour les fêtes des martyrs. — 12o Un id.
pour les fêtes de la Vierge. — 13" Deux idem
pour la fête de saint Augustin. — 14". Quatre
idem pour les fêtes d'apôtres. — 15° Cinq idem
pour les fêtes solennelles de la Vierge. —
Je° Sept idem pour les fêtes de confesseurs
pontifes. — 17° Trois idem pour les fêtes de
confesseurs martyrs. — 18° Onze idem pour les
fêtes de saints. — 19° Quatorze offertoires de
tempore. — 20° Un offertoire pour la fête de
Noël. — 21° Un offertoire pour l'ordination des
prêtres. — 22° Cinq airs d'église. — 23o Deux
duos idem. — 24^» Deux litanies. — 23° Douze
hymnes de saint Norbert, à deux voix etorgne.
— 260 Un idem à quatre voix, quatre violons,
deux trompettes et orgue. — 27» Trois Te Deum.
— 28» Répons des matines de la semaine sainte
à 4 voix, 2 violons, alto, 2 hautbois, 2 bassons,
2 trompettes, contrebasse et orgue. — 29° Can-
tate pour une ini^tallation d'abbé, en 1774. —
300 Deux Salve Regina à 4 vois et orgue , en
1786 et 1787.
OERTEL(....),facteurd'orgueset de pianos,
vivait en Saxe vers latin du dix-huitième siècle.
Il était élève de Silbermann. Parmi ses meil-
leurs instruments, on remarque : 1° l'orgue de
l'église deZschopau.— 2° celui de Gross-Milckau.
— 3° celui de Johnsbach.
(MiRTZErVf (Charles-Louis d'), conseiller de
justice et chambellan du duc de Mecklembourg-
Strelitz, à Neu-Strelitz, né dans cette ville vers
1810, a cultivé la musique avec succès. Au mois
de mars 1840, il a fait représenter au théâtre de
la cour l'opéra en quatre actes de sa composition
intitulé ; La Princesse de Messine. Le sujet était
pris dans La Fiancée de Messine , de Schil-
ler. L'ouvrage obtint un brillant succès, et la
partition, arrangée pour le piano, fut publiée
à Leipsick. Par des motifs incannu.s, M. d'Œrt-
zen abandonna ses positions à la cour du duc de
Mecklembourg en 1842, et s'établit à Berlin, où
quelques-unes de ses compositions religieuses
furent exécutées par le Domchor. En 1846,
M. d'Œrtzen fut rappelé à NeuSlrelilz, en qua-
lité de directeur général de la musique d'église.
Quelques recueils de Lieder et des chansons à
boire (Trinklieder) de sa composition ont été
publiés à Leipsick et à Berlin. Cet amateur dis-
tingué a fait insérer dans la gazette générale de
musique de Leipsick (1848, p. 81-87) une cri-
tique de l'écrit de Griepenkerl intitulé : Die
Oper der gegenwart (L'Opéra de l'époque ac-
tuelle).
tffiSTEN (Théodore), pianiste et composi-
teur à Berlin, est né dans cette ville, le 31 dé
cembre 1813. Dans ses premières années, il
commença l'étude de la musique, et apprit à
jouer de plusieurs instruments. Plus tard il re-
çut des leçons de Bœhmer et de Tamm (tous
deux musiciens de la cour) pour la clarinette et
l'harmonie, et de Dreschke pour le chant et le
piano. En 1734, admis comme élève à l'Académie
royale des beaux-arts, il y termina ses études sous
la direction de Rungenhagen, de G. A. Schneider
et de Wilhelm Bach. Ses premières composi-
tions pour le piano ont paru en 1843; de
1850 à 1857 il les a fait publier, particulière-
ment chez Simrock. Le nombre de ses ouvrages,
la plupart dans les formes mises en vogue de-
puis quelques années, est aujourd'hui d'environ
deux cents (1862).
CMESTERLEIIV (C.-H.), facteur de pianos
à Berlin, dans la seconde moitié du dix-hui-
tième siècle, est mort dans cette ville en 1792.
Il était particulièrement renommé pour ses pia-
nos à queue.
OESTERLEIN ( GoDEFRoio-CnRiSTOPHE ),
médecin à Nuremberg , fut élève de Weiss
{voyez ce nom) pour le luth, et se fit en Alle-
magne la réputation d'un très -habile luthiste. Il
est mort à Nuremberg, en t789.
Œ!:STERREICHER(GEOR6Es),néenl576,
fut d'abord attaché au service du margrave
d'Anspach, en qualité de musicien de sa cha-
pelle, et se maria à Anspach en 1602. En 1621
on lui offrit la place de cantor à Windsheim ;
il l'accepta et mourut en cette ville dans l'année
1633. Les mélodies qu'il a composées pour un
grand nombre de cantiques se trouvent dans les
livres de chant d'Anspach, de Heilbronn, de Ro-
thenbourg et de Windsheim. Précédemment
elles avaient été publiées séparément sous ce ti-
tre : Œsterreichs Cantorbuchlein (Petit livre
du cantor Œsterreicher); Rolhenbourg-sur-la-
Tauber, 1615, in-8°.
OESTERREISCH (Charles), né à Mag-
debourg en 1664, fréquenta l'école de la ville
dans son enfance, et y reçut les premières leçons
de musique d'un cantor nommé Sche/fler. A
l'âge de quatorze ans, il entra à l'école de Saint -
Thomas de Leipsick, et y fit de grands progrès
dans le chant, sous la direction deSchelleim. La
peste qui se déclara à Leipsick en 1680 l'obligea
de se réfugier à Hambourg, où il chanta dans
les églises. Après y avoir séjourné trois ans, Œs-
terreisch retourna dans sa ville natale et s'y li-
vra à l'étude du clavecin et de l'orgue. Il reçut
aussi des leçons de composition du maître de
chapelle Theile; puis, en 1686, il entra dans la
chapelle du duc de Wolffenbuttel, en qualité <ie
ténor. Son talent de chanteur y fut perfectionné
par les leçons qu'il reçut des deux castrats Giu-
OESTERREISCH — OFFENBACH
3Ô3
lani. de Venise, et Autonini, de Rome. En
1690, il obtint la place de maitre de chapelle du
prince de Hoistein-Gotlorp, et en remplit les
fonctions jusqu'en 1702, époque de la mort de
ce prince. Alors la chapelle fut supprimée. Il fut
ensuite engagé au service de la cour à Bruns-
wick; puis il obtint la place de cantor à l'église
du château de Wolffenbùltel. Il y forma le talent
de quelques jeunes cantatrices, et en récompense
- de ce service, il fut nommé maître de chapelle
de la cour. En 1719, le nouveau duc de Hol-
stein l'appela à sa cour pour y organiser la cha-
pelle dont la direction lui fut conliée. Il est
mort dans cette position en 1735. Cet artiste est
le premier Allemand qui ait connu et cultivé
l'art du chant d'après les traditions de l'ancienne
école d'Italie.
OESTREICH (Charles), virtuose sur le
cor et compositeur, a joui d'une brillante répu-
tation eu Allemagne. Xé vraisemblablement en
Saxe, il fut d'ahord attaché à la chapelle royale
de Dresde ; mais en 182G il s'est fixé à Franc-
fort, à la suite d'un voyage qu'il avait entrepris
pour étendre sa renommée. Depuis ce temps, il
n'a pas quitté cette ville. Ses compositions pour
le cor sont restées en manuscrit : il n'en a fait
graver que douze trios pour trois cors qui ren-
ferment des exercices pour les jeunes artistes.
On a aussi gravé, à Bonn, chez Simrock, une
polonaise pour flùle avec orchestre qui est con-
sidérée comme un de ses meilleurs ouvrages. Ses
autres compositions consistent en plusieurs ca-
hiers de petites pièces pour le piano, et de chan-
sons avec accompagnement de cet instrument.
Il est vraisemblable qu'un opéra allemand intitulé
Die Bergknappen (Les Mineurs), qui fut joué
à Weimar, en 1839, sous le nom de Charles
Œsterreich , compositeur de Francfort, ap-
partient à Charles Œi/i-eic/i, dont l'orthographe
du nom aura été altérée.
(»:STREICH ( Jean-Marc ) , bon facteur
d'orgues, vécut à Oberbimbach, près de Fulde,
où il naquit le 25 avril 1738, et mourut en 1813.
Outre beaucoup de réparations d'anciens instru-
ments, il a construit 37 orgues nouvelles, grandes
et petites , particulièrement dans la Hesse, à
Bùckebourg, et dans les environs.
OETTIXGER (Frédéric-Christophe), ou
ŒTINGER, conseiller du duc de Wurtemberg,
savant philologue et écrivain mystique, na-
quit le 6 mai 1702, à Goppingen, dans le ducbé
de Wurtemberg, et fréquenta successivement
les académies de Tubingue, de Jéna et de Leip-
sick. Après avoir voyagé quelque temps en Hol-
lande, il revint dans le Wurtemberg, fut nommé
pasteur à Hirschau, en 1738, et devint le chef
BIOGR. UNlV. DES MLSICIESS. — T. VI.
de la secte des piétistes, dans cette partie de l'Al-
lemagne. Devenu surintendant des églises du
Wurtemberg en 1752, il fut enlin élevé à la di-
gnité de prélat à Murhard, où il est mort le 10
février 1782. Au nombre de ses écrits, on trouve-.
Eulerische uiid Frickische Philosophie iiber
die Musik (Philosophie d'Euler et de Fricksur
la musique); >Jeuwied, 1761, in-S".
«ETTIAGER (Édocaru-Marie), bibliogra-
phe, journaliste et romancier, est né d'une famille
Israélite à Breslau, le 19 novembre 1808. Après
avoir fait ses études à l'université de Vienne, il ré-
digea plusieurs journaux satiriques à Berlin, Mu-
nich,Hambourg, Manheim et Leipsick. Depuis 1829
jusqu'en 1851, il fut frappé de nombreuses con-
damnations pour ses attaques contre les divers
gouvernements de l'Allemagne, et fut obligé de
se réfugier à Paris, où il passa toute l'année 1852.
En 1853, il vint s'établir à Bruxelles et y vécut
quelque temps; mais il en fut expulsé à la de-
mande des gouvernements étrangers. J'ignore où
il est au moment où cette notice est écrite (1862).
Ce n'est pas ici le lieu de mentionner le très-
grand nombre d'écrits produits par son imagina-
tion et sa verve mordante ; il n'y est mentionné
que pour deux ouvrages qui ont des rapports
avec l'objet de ce dictionnaire. Le premier est une
Bibliographie biographique ou Dictionnaire
de 16,000 ouvrages tant anciens que moder-
nes, relatifs à l'histoire de la vie publique et
privéedes koinmes célèbres de fous les temps
et de toutes les nations ; Ldpskk, Guillaume
Engelmann; 1850, un vol. in^" de 788 pages à
2 colonnes. Une deuxième édition très-aug-
mentée de ce livre fut publiée à Bruxelles sous
le titre de Bibliographie biographique univer-
selle, 1853-1854, 2 vol. in-4''. On a peine à
comprendre qu'un tel ouvrage, fruit de recher-
ches immenses, ait pu être fait par un homme
dont la vie fut constamment agitée. On y trouve
l'indication précise d'un très-grand nombre de
notices détachées sur des musiciens plus ou moins
célèbres, et sur des écrivains qui ont traité de
la musique. L'autre ouvrage de M. Œttinger
dont j'ai à parler a pour titre : Rossini. II en
a été publié deux éditions en langue allemande,
à Leipsick, en 1847 et 1849, 2 vol. in-12. Tra-
duit ensuite en français, il a été publié à Bruxel-
les, en 1858, 2 vol. in-12. .Présenté comme une
biographie de l'illustre maître, ce livre n'est qu'un
pamphlet odieux, une mauvaise action.
OFFEKBACH (J.), chantre de la syna-
gogue de Cologne, a publié les chants de la fête
commémorât! ve de la sortie des Hébreux de
l'Egypte avec la traduction allemande, une pré-
face et les anciennes mélodies orientales sous ce
23
354
OFFENBxiCH — OGINSKl
litre: Hagadah oder Erzxhlung von Israels
Auszug ans Egypten zum Gebrauche bei der
im Familien kreise statt findenden Feierlich-
keit an den beiden ersten Abenden des Mat-
zoth Fesies (Hagadali, ou narration de la sortie
d'Israël de l'Egypte, pour l'usage des solennités qui
ont lieu dans le sein des familles pendant les deux
premières soirées de la fête Matzotli); Cologne,
1838, gr. in-S" de 91 pages, avec un appendice
de 7 pages et 7 planches de musique.
OFFEMBACH (Jacques), de la même fa-
mille que le précédent, est né à Cologne en 1819.
Arrivé à Paris en 18i2, il essaya de s'y faire
'îonnaîlre comme violoncelliste ; mais il y ei;t
peu de succès parce que son exécution était
laible sous le rapport de l'archet. Convaincu
bientôt qu'il ne réussirait pas dans cette grande
ville à se faire une réputation comme soliste, il
chercha d'autres ressources. Doué d'adresse et
d'assurance en lui-même, il sut triompher des
difficultés, et obtint, en 1847, la place de chef
d'orchestre du Théâtre-Français. Ce fut vers le
môme temps qu'il publia des airs gais el faciles
sur des sujets {tris dans les fables de La Fon-
taine ; quelques-unes de ces plaisanteries , par-
ticulièrement le Corbeau,, la Cigale et la
Fourmi, la Laitière, etc., obtinrent un succès
populaire. Désireux de travailler pour le tluâ-
tre, il fit, comme beaucoup d'autres musiciens,
des démarches pour se procurer un livret,
et comme beaucoup d'autres aussi , il échoua
dans ses sollicitations près des gens de lettres.
Fatigué de ces cour-ies vaines, il imagina de de-
mander le privilège d'un théâtre pour y jouer
des opérettes : l'ayant obtenu, il ouvrit, en 1855,
les portes de son petit théâtre situé aux
Champs-Elysées, sous le titre de Théâtre des
Bouffes parisiens. Lui-même se fit le four-
nisseur de la plupart des ouvrages qu'on y
représentait. Son instruction dans l'art d'écrire
la musique était à peu près nulle ; mais la na-
ture lui avait donné de l'instinct, l'intelligence
de la scène et de la gaieté ; ses mélodies , plus
ou moins triviales , mais bien rhythmées , se
trouvèrent au niveau du goût des spectateurs
qui remplissaient sa salie , el nonobstant l'ab-
sence de voix et de talent de ses acteurs, sou-
tenus par un orchestre pitoyable, les affaires
du directeur des Bouffes parisiens prospérè-
rent. M. Offenbach avait compris que sou tlîéâ-
tre des Champs-Elysées n'avait de chance de
succès que pendant Télé, par le beau tcmps^ et
que la vogue ne se soutiendrait qu'à la condition
de transporter son spectacle dans l'intérieur de
Paris . Une occasion favorable se présenta bien-
tôt, et les Bouffes parisiens prirent possession
du petit théâtre de Comte, galerie de Choiseui, et
firent leur ouverture le 23 décembre 1855. M. Of-
fenbach dirigea cette entreprise jusqu'en 18ûl,
et fut le plus fécond pourvoyeur d'opérettes
jusqu'au jour où cette notice est écrite (1862).
Il serait trop long de donner ici la liste de toutes
les blueltes qui ont été jouées sous son nom ;
je me contenterai de citer celles dont l'existence
a été le plus longue, à savoir : les Deux Aveu-
gles, les Pantins de Violette, le Mariage aux
lanternes, la Chatte métamorphosée en
femme , Orphée aux enfers, qui a eu 400 re-
présentations à Paris, Mesdames de la Halle,
Geneviève de Brabant, la Chanson de Forlu-
nio, la Rose de Saint-Flour, le Roman co-
mique, etc., etc. Les qualités qui ont suffi pour
donner à ces petits ouvrages de l'atlrait au
public qui fréquente son théâtre ont fait croire
à M. Offenbach qu'elles pourraient aussi lui
procurer des succès sur des scènes plus impor-
tantes et devant des spectateurs plus exigeants:
il s'est trompé. D'abord il écrivit la musique d'un
ballet {le Papillon) représenté à l'Opéra en 1860,
i et dans lequel la pauvreté d'idées de quelque
I valeur et les défauts de l'éducation du compo-
I siteuront été mis en évidence; puis il donna à
! l'Opéra-Comique une hideuse farce en trois actes
j intitulée Barkouf, dont la musique était digne
I de l'ignoble sujet.
OFTERDIl\GEIV (He.mvi d'), ou d'AFF-
TERDINGEN, mi7inesiugerou chanteur d'amour
qui vécut vers la fin du douzième siècle et au
commencement du treizième. 11 paraît avoir passé
sa jeunesse; en Autriche et à lacour du duc Léo-
pold VII. Comme tous les trouvères de son
temps, il fut poète et musicien. La lutte poé-
tique ouverte par le comte Herrmann de Thu-
ringe amena Henri d'Ofterdingen au château de
Wartbourg (près d'F.isenach), où il se lia d'a-
mitié avec Wolfram d'Eschenbach, célèbre poëîe
chanteur comme lui. On ne connaît jusqu'à ce
jour aucune chanson notée de sa composition.
Quelques archéologues ont considéré Henri d'Of-
terdingen comme auteur àe?, chdvds ISiebelunge^i,-
mais cette opinion a été controversée.
OGINSKI (Michel-Casimik, comte), issu
d'une illustre famille de la Lilhuanie, naquit en
1731. Il dut à son heureuse organisation et à
l'instruction variée qui lui avait été donnée dans
sa jeunesse, le goût des arts, qu'il cultiva avec
succès. Une fortune immense et l'influence qu'il
exerçait en Pologne lui avaient fait espérer qu'il
pourrait monUr sur le trône électif de ce
royaume, et dans le dessein qu'il avait formé
à ce sujet, il lit le voyage de Pétersbourg en
1764; mais l'impératrice, à qui son génie actif
OGL\SRI
355
inspirait des craintes, parvint à faire élire Sla-
nislas-Aiigusle. Déçu dans son espoir, Oginski
se relira dans ses terres de Lithiianie, et s'y li-
vra exclusivement à son penchant pour les let-
tres et |)ourles arts. Ce fut alors qu'il entreprit
d'exécuter par ses seules ressources le grand
canal Je Lithuanie qui établit la communica-
tion entre la mer Noire et la Baltique, et qui
porte son nom : ce travail immense lui coûta
plus de huit millions de francs. Peintre et mu-
sicien distingué, le comte Oginski jouait bien
do plusieurs instruments et surtout de la harpe,
qui ne lui est pas redevable de la première in-
vention des pédales, comme on le dit dans l'ar-
ticle concernant cet instrument au Dictionnaire
des arts et métiers de Y Encyclopédie métho-
dique, car celte invention, qui remonte à 1720,
appartient à Hochbrucker, luthier de Donawerlh;
mais les pédales de la liarpe de Hochbrucker
n'étaient qu'au nombre de quatre, et le comte
Oginski fut le premier qui le porta jusqu'à sept,
en 1766. Quatre ans après, son invention fut
introduite en France par un luthier allemand,
nommé Stecht. C'est pour ce service rendu à
l'art qu'Oginski est cité dans cette Biographie.
Devenu grand-maréchal de Lithuanie, il donna
-des preuves signalées de dévouement à la cause
■de l'indépendance de sa patrie, en 1771. Après
la malheureuse issue des événements de cette
-époque, il fut obligé de chercher un refuge en
pays étranger, et ses biens furent confisqués.
Il ne rentra en Pologne qu'en 1776. Le canal de
Lithuanie et la dernière crise politique avaient
porté un notable dommage à sa fortune ; cepen-
dant il lui restait encore de grandes richesses.
Il en fit un noble usage en appelant près de lui,
dans son château de Slonim, une multitude d'ar-
tistes distingués, et les récompensant avec ma-
gnificence. Il mourut à Varsovie en 1803, à
l'âge de soixante et douze ans.
OGI\'SKl (Michel-Cléop BAS, comte), ne-
veu du précédent, ancien grand trésorier de Li-
thuanie, et plus lard sénateur de l'empire russe,
naquit le 25 septembre 1765, à Gurow, près de
Varsovie. Dès l'âge de dix-neuf ans, il com-
mença à servir sa patrie. Successivement nonce
à la diète de Pologne, membre de la chambre des
finances, puis envoyé en Hollande et en Angle-
terre, il rentra ensuite dans son pays et com-
battit pour son indépendance. Ses biens furent
séquestrés, et pour les recouvrer il fut obligé
d'aller les réclamer à Pétersbourg et d'accepter
la place de trésorier de la Lithuanie ; mais après
que Kosciusko eut levé l'étendard de l'indépen-
dance, en 1794, il se démit de cet emploi , prit
les armes , et vit de nouveau ses espérances dé-
çues. Obligé de fuir en pajs étranger, il fut
privé de toute ressource par le partage de ses
biens entre les généraux russes. Ce ne fut qu'en
1802 qu'il obtint de l'empereur Alexandre la
permission de rentrer en Pologne, après d'inu-
tiles tentatives faites à Constanlinople et à Pa-
ris pour la soustraire au joug de la Russie. Il se
retira alors dans sa terre de Zolesié, à vingt-
cinq lieues de Wilna. où il se livra à l'étnde, à
la culture de la musique et à la rédaction de ses
mémoires. Après la paix de Tilsitt, il visita
pendant trois ans l'Italie et la France avec sa fa-
mille. L'empereur Alexandre l'ayant nommé en
1810 sénateur de Russie et conseiller privé, il se
rendit à Pétersboug et y vécut jusqu'en 1815.
Depuis 1822 il avait obtenu la permission d'al-
ler en Italie pour y rétablir sa santé, et il avait
choisi la ville de Florence pour son séjour : il y
est mort en 1833, à l'âge de soixante-buit ans.
Le comte Oginski s'est rendu célèbre par la com-
position de polonaises dont les éditions se sont
multipliées en Allemagne, en France et en An-
gleterre. Elles sont au nombre de quatorze.
Celle quil a composée en 1793 est surtout re-
marquable par l'originalité et par le caractère
de profonde sensibilité dont elle est empreinte.
Toutes ces polonaises ont été publiées séparé-
ment à Varsovie, Pétersbourg, Leipsick, Dresde,
LondreSj Paris, Milan et Florence ; l'auteur en
a réuni douze en un recueil imprimé à Wilna,
en 1S20, au profit de la maison de bienfaisance
de cette ville : le produit de l'édition a été de
plus de 10,000 francs. On a aussi du comte
Oginski plusieurs recueils de romances françaises
et italiennes, dont les mélodies sont charmantes.
Les polonaises célèbres de cet amateur ont fait
imaginer un conte devenu en quelque sorte po-
pulaire, bien qu'aucune circonstance de sa vie
n'en ait fourni le prétexte. On a supposé que la
fameuse polonaise de 1793 avait été composée
par Oginski pour une femme dont il était amon-
reux ; mais que, n'ayant pu toucher son cœur,
il s'était ôté la vie. Plusieurs éditions de cette
polonaise, faites à Paris, pendant que le comte
Oginski vivait à Florence, sont accompagnées
d'une estampe lithographiée où l'on voit un jeune
homme qui se tue d'un coup de pistolet, avec
cette légende : Oginski, désespéré de voir son
amour payé d^ indifférence, se donne la mort
tandis qu'on exécute une polonaise qu'il
avait composée pour son ingrate maîtresse^
qui la dansait avec son rival. Les éditeurs d\r
journal de musique anglais The Harmonicon
ont reproduit en 1824 la polonaise et la légende.
On a publié : Mémoires de Michel Oginski sur
la Pologne et les Polonais , depuis 1788 jus-
23.
35G
OGINSKI — OHMANN
qu'à la fin c?e 181 5; Paris, 1826-1827, 4 vol. in-S".
L'auteur de l'article Oginski, du Lexique uni-
versel de musique publié par Schilling , a at-
tribué à Micliel Casimir les polonaises de son
neveu.
OGLIN (Erhard), imprimeur àAogsbourg,
dans les premières années du seizième siècle, pa-
raît être le premier qui imprima en Allemagne de
la musique avec des caractères gravés en cuivre,
ainsi qu'on le voit dans un recueil d'odes et
d'hymnes en vingt-deux mesures différentes de
vers latins, prises dans Horace et complétées
par un certain Conrad Celtes. La musique, à
quatre voix, est composée par Pierre Tritonius,
dont le nom allemand était peut être Oliven-
baitm. L'ouvrage a été publié sous ce litre :
Melopoix sive Harmonix Telracenticx su-
per XXII gênera carminum heroicorum,
lyricorum et ecclesiasticorum Ilymnorum,
per Petruni Tritonium et alios doctos soda-
litatis litierarix nostrx musicos secundum
naturas et iempora syllabanim et pedum
compositx et regulate, ductu Chunradi Cel-
tis fœliciter impressX. Les quatre parties sont
imprimées en regard, le ténor et le soprano sur
une page et le contralto avec la basse sur l'autre.
A la fin du volume on trouve cette souscription :
Impressum Augiista Vindelicoriim, ingenioet
induslria Erhardi Oglin, expensis Joannis
Riman alias de Canna et Oringen. Puis viennent
quatre vers adressés à l'imprimeur, avec l'ins-
cription Ad Erhardum Oglin impressorem :
Inter Gcrmanos nostros fuit Oglin Erhardus,
Qui priinus intidas (nitidas) pressit in aerls notas.
Primus et liic lyricas expressit carminé musas
Quatuor et docuit vocibus œre cani.
L'impression de ce rarissime volume a été
terminée au mois d'août 1507, comme le prouvent
ces mots du dernier feuillet : Impi~essum anno
sesquimillesimo et VII augusti. Je possède un
exemplaire de celte rarelé bibliographique. Un
deuxième tirage du même ouvrage porte, à la fin
du volume : Denuo impresse per Erhardum
Oglin Augustee 1507, 22 augusti. Aucun biblio-
graphe n'en avait fait mention avant qu'un certain
M. Christmann l'eût signalé par une notice in-
sérée dans la Correspondance musicale de Spire
(ann. 1790, n° 5, p. 33 et suiv.). Schmid en a
donné une très-bonne description avec le fac-si-
milé du frontispice (Ottaviano dei Peirucci,
p. 158-160). On peut voir à l'article Bild , de
celte édition de la Biographie universelle des
musiciens, la description d'un traité de musique
imprimé par Erhard Oglin en 1508.
OHLHORST (Jean-Curétien), acteur et
compositeur allemand, né dans le pays de Bruns-
wick en 1753, monta sur la scène à l'âge de
vingt ans, et s'attacha à la troupe de Tilly qui
donnait des représentations dans le Mecklem-
bourg. D'abord chanteur, puis chef d'orchestre
de cette compagnie dramatique, il écrivit pour
elle la musique de plusieurs petits opéras, parmi
lesquels on cite : r Adelstan et Rosette. —
2° Das Jahrfest (la Fête anniversaire). —
3" Die Zigeuner (les Bohémiens). En 1790,
Ohlhorst fut engagé au théâtre de Kœnigsherg;
il y resta jusque dans les premières années du
siècle présent. Puis il voyagea en Hongrie, en
Russie et en Pologne. On croit qu'il est mort
dans ce dernier pays en 1812.
OHMAKX (Antoine-Louis-Hen'ri), chan-
teur allemand, naquit à Hambourg le 13 février
1775. Son père y était directeur de la chapelle
delà légation française et professeur demusique.
D'abord employé comme violoniste au théâtre
de Hambourg, il quitta cette position, en 1705,
pour celle de chef d'orchestre du théâtre de Rê-
vai, où, pour satisfaire aux invitations de ses
amis, il s'essaya sur la scène et obtint des suc-
cès. En 1797, Kotzebue le fit entrer au théâtre
de la cour de Vienne. Deux ans après il accepta
un engagement avantageux à Breslau, en qualité
de basse chantante : bientôt il y devint l'ac-
teur favori du public. En 1802, il fit un voyage
en Russie pour y voir ses parents, qui s'y étaient
établis depuis plusieurs années. Engagé à Riga
pour douze représentations, il y fut si bien ac-
cueilli du public, que la direction lui fit u»
engagement durable. Il s'y maria, en 1804, avec
la fille du maître de ballets de Dresde, Sophie-
Romano Koch, actrice aimée du public. La clô-
ture du théâtre de Riga, en 1809, lui fit accepter
un emploi au théâtre noble de Keval, nouvelle-
ment érigé. Sa femme mourut dans cette ville.
Depuis 1820 jusqu'en 1825, il remplit les fonc-
tions de chef d'orchestre du nouveau théâtre de
Riga, sous la direction de son frère, et y prit
plus tard l'emploi de violoncelliste. La place de
directeur de musique des églises de la ville de
Riga lui ayant été offerte en 1829, il l'accepta
et en remplit les devoirs avec zèle jusqu'à sa
mort, arrivée le 30 septembre 1833, des suites
d'une maladie de poitrine. Habile sur plusieurs
instruments, Ohmann se distingua comme chan-
teur et se fit connaître avantageusement par la
composition de trois opéras de Kotzebue intitu-
lés : 1° La Princesse de Cacambo; — 2° La
Chasse princière; — 3° Le Cosaque et le VO'
lontaire. Ces trois ouvrages ont été représentés
avec succès sur les théâtres de Riga, Revel et
Kœnigsberg.
OHJSEWALD — OKEGHEM
JÔ7
OHNEWALD (....), compositeur de mu-
sique d'église, né en Bohême, et sur qui tous les
biographes ailemanJs gardent le silence, parait
avoir vécu dans les derniers temps en Bavière,
et peut-être à Augshourg. Ses ouvrages publiés
sont : Ântiphotuv Marianx quatuor rocibus,
2 viol., viola et organo (2 /l. seu clarinetiis,
2 corn, et violoncello ad libitum), op. 1, Augs-
bourg, Lotter. — 2° Hijmni vespertini de om-
nibus f est is 4 vocibus, 2 viol., viola, organo
et violone (2 fl. seu darinettis, 2 cornibus,
2 clarinis et tytnpanis ad lib.), op. 2, ibid. —
3" Te Deuvi laudamus et Veni Creator à
4 voix, orchestre et orgue, op. 3, ibid. —
4" 14 Pange lingua à 4 voix, orchestre et orgue,
op. 4, ibid.
OKEGHEM (Jeas) (l), un des musiciens
beiges les plus illustres du quinzième siècle, est
proclamé la lumière de l'art par ses contempo-
rains comme par les écrivains des siècles posté-
rieurs : cependant aucun renseignement n'est
fourni par eux sur les circonstances de sa vie, et
les éléments de sa biographie étaient complète-
ment inconnus lorsqu'un hasard heureux me
mit, en 1832, sur la voie des découvertes de do-
cuments authentiques à l'aide desquels il est
possible d'en saisir quelques faits principaux.
Grâce à l'obligeance et aux recherches persévé-
rantes de M. le chevalier de Burbure, d'autres
indications importantes sont venues s'ajouter à
celles que j'avais recueillies.
Dans la première édition de la Biographie
universelle des Musiciens, j'ai conjecturé que
Jean Okeghem naquit à Bavay, basant mon hy-
pothèse sur un passage placé à la suite des II-
lustratiois de France de Jean Lemaire, poète
et historien, surnommé de Belges, parce qu'il
était né dans cette viiie de Bavay, en latin Bel-
gium. Dans son Épître à Maistre François Le-
rouge, datée de Blois 1512, Lemaire s'exprime
ainsi : « En la An de mon troisième livre des
U) i^ nom de ce musicien est écrit Ockenheim par Gla-
réan [Dodecach., p. W4), cette ortUographe est adoptée par
Hawkins.Burney, ForVel.Kiesewetter et beaucoup d'autres,
nermann Fink écrit Okekem dans sa Practica muiica,
mais tous les documents authentiques portent Okeghem,
et c'est ainsi que Tinctoris, WilphliDgseder, Faber, Hey-
den et Zarllnu écriTent son nom. Parmi les altérations
tiu'a subies le nom d'OWeghem, la plus ridicule est celle
(ju'on trouve dans le Mémoire de Laserua sur l'ancienne
bibsiotbéque de Bourgogne, car il y est appelé Ockergan.
Dans la première édition de cette Biographie univer-
selle des Musiciens, je disais que je ne savais où il a pris
ce nom ; M. Farrenc is'a appris que c'est dans les poésies
de Crétia, ou plutôt Creslin , comme on le verra tout
â l'heure. Lascrna a été copié par le baron de Reiffenberg,
^ans sa Lettre à M. t'étis, directeur du Conservatoire,
sur quelques particularités de Chistoire musicale de la
Belgique ,V. Recueil encgclopédique belge, p. 61.)
« Illustrations de France, j'ai bien voulu , à
<• la requeste et pers'jasion d'aucuns mes bons
K amys, adiouster les œuvres dessus escrites, et
« mesmement les communiquer à la chose pu-
« blique de France et de Bretagne , afin de leur
« monstrer par espéciaulte comment ia langue
« gallicane s'est enrichie et exaltée par les œu-
o vres de monsieur le trésorier du boys de Vin-
« cennes, maistre Guillaume Crétin, tout ainsi
« comme la musique fut ennoblie par mon-
« sieur le trésorier de Sainct-Martin de
« Tours, Okeghem mon voisin et de nostre
« mestne nation. » Or, Bavay, aujourd'hui ville
de France ( Nord ), faisait au quinzième siècle
partie des Pays-Bas et des posses.^ions des ducs
de Bourgogne; sa population était wallonne, et
j'en concluais qu'Okeghem était Wallon comme
Jean Lemaire, et, par une induction peut-être
forcée, je supposais qu'il était né à Bavay.
Sur des renseignements fournis par les comp-
tes de la ville de Termonde (Flandre orientale),
M. de Burbure, après avoir constaté l'existence
dans cette ville d'un certain Guillaume Van
Okeghem, ea 1381, de Charles Van Okeghem,
en 1398, de Catherine Van Okeghem, fille de
Jean, depuis 1395 jusqu'en 1430 {loy. note 2),
ajoute : « La famille Van Okeghem était donc
« fixée à Termonde à l'époque probable de la
« naissance du célèbre compositeur. On peut
* présumer que celui-ci est 5e petit-fils ou le
« petit-neveu de Jean : la similitude des prénoms
« donne même beaucoup de force à cette con-
« jecture. » J'avoue qu'il me reste des doutes
sur la parenté du grand musicien qui est l'objet
de cette notice avec la famille Van Okeghem :
ces doutes naissent de ce qu'il n'est appelé Van
Okeghem par aucun de ses contemporains, mais
simplement Okeghem; il en est ainsi de tous
les manuscrits de son époque où se trouvent ses
ouvrages, de toutes les collections des premières
années du seizième siècle qui contiennent quel-
qu'une de ses pièces, et même des documents
authentiques des archives de l'église oii il pa-
rait avoir reçu son éducation et où it fut chan-
tre du chœur, ainsi qu'on le verra tout a l'heure.
Par une interprétation trop absolue du pas*
sage de Jean Lemaire rapporté plus haut, j'a-
[i] En 1381, Guillaume Van Okeghem reçoit un paye-
ment de- 14 escalins de gros, pour avoir livre mille pains
ù l'année de Philippe le Hardi.campée sous les mursdeTer-
monde. — Charles Van Okeghem est, en 1398, au nombre
des habitaotà de cette ville qui«nt payé des droits d'eu-
frée pour des tonneaux de bière venus de Hollande. —
Depuis 1Î95 jusqu'en 1130, Catherine Van Okeghem. fille
de Jean, reçoit chaque année, pour intérêts d'une rente
viagère . la somme de 12 escalins t deniers. Cette rente
est éteinte en liJO par le décès de Catherine.
358
OKEGHEM
vais cru pouvoir placer la date de la naissance
d'Okeghem vers 1440, dans mon Mémoire sur
les musiciens néerlandais (Amsterdam, J. Mul-
1er, 1829, in-4°, p. 15), en sorte que ce maître
aurait été âgé d'environ soixante-douze ans en
1512, quand ce passage fut écrit ; mais une dé-
couverte que je fis trois ans plus tard, dans un
manuscrit de la Bibliothèque impériale de Paris
(F, 540 du supplément), me démontra que cette
date devait être reculée d'au moins dix ans. J'ai
consigné le fait dont il s'agit dans mes Recher-
ches sur la musique des rois de France et
de quelques princes, depuis Philippe le Bel
jusqu'à la fin du règne de Louis XIV {Revue
musicale, tome XII, p. 234). Ce renseignement
est fourni par un Compte des officiers de la
maison de Charles VU qui ont eu des robes
et des chaperons faitz de drap noir pour les
obsèques et funérailles du corps du feu roij
l'an 1461. On y trouve ce qui suit : « Chapelle,
n Les XVI chapelains de la chapelle dudit sei-
" gneur qui ont eu dix-huit robes longues et au-
« tant de chaperons, les quatre premiers à 3
« escus l'aulne, et les autres à 2 escus l'aulne :
« Johannes Okeghem, premier, etc. « On voit,
disais-je, dans le travail qui vient d'être cité,
ainsi que dans la première édition de cette Bio-
graphie, on voit qu'Okeghem était déjà premier
chantre ou chapelain de Charles VU en 1461;
or, il n'est pas vraisemblable qu'il soit parvenu
à ce poste distingué avant l'âge de trente ans,
d'où il suit qu'il serait né vers 1430. D'autre
part, le passage de Jean Lemaire, par lequel
on voit qu'Okeghem était trésorier de Saint-
Martin de Tours, me paraissait indiquer d'une
manière certaine qu'il vivait encore en 1512, et
qu'il était alors âgé de quatre-vingt-un ou qua-
tre-vingt-deux ans. La date de 1430, qui me pa-
raissait la plus vraisemblable, a été depuis lors
adoptée dans la plupart des dictionnaires bio-
graphiques. M. de Burbure s'y rallie aussi; tou-
tefois, un renseignement important pour la bio-
graphie du célèbre musicien, lequel a été dé-
couvert dans les archives de la collégiale d'An-
vers par mon honorable ami, me paraît renverser
ma conjecture et faire remonter plus haut l'é-
poque de sa naissance. En effet, dans les comp-
tes des chapelains de cette église, qui commen-
cent à Noël 1443 et sont clos à la même épo-
que, en 1444, on voit figurer cet artiste parmi
les chanteurs du côté gauche du chœur (1), et
son nom s'y présente sous les formes suivantes :
(1) M, de Burbure a constaté qu'il y avait en 1S43-1S44
vlDgt-six chanteurs ù la droite du chœur de l'église
d'Anvers et vingt-sept à la gauclie, non compris les clia-
noines et les enfants de cliœur.
Okeghevi, Oqeghem, Oqcgh am, De Okeghem, et
Qcheghem , Les chantres étaient alors rangés dans
le chœur des églises par ordre d'ancienneté, en
sorte que le plus ancien était le plus rapproché
de l'autel : Okeghem est l'avant -dernier dans la
liste des chantres du côté gauche. Après la Noël
(le l'année 1444, il disparaît des comptes et
conséqiiemment de l'église.
Admettant la date de 1430 pour celle de la
naissance d'Okeghem , M. de Burbure pense
qu'il a été admis comme enfant de chœur à l'é-
glise d'Anvers vers l'âge de huit ans, et, comme
tel, a été instruit et entretenu à la maîtrise;
que l'époque de la mue de sa voix étant arrivée
à l'âge de treize ans, il a dû en sortir, et que
le chapitre, par intérêt pour sa position, l'a au-
torisé à figurer parmi les chanteurs et à participer
à la distribution des deniers pour les offices. Il
n'y a pas de motifs sérieux pour ne pas admet-
tre les conjectures de M. de Burbure, car elles
ont pour base les documents authentiques des
archives de l'église d'Anvers ; mais il est hor."»
de doute que l'éducation musicale du grand
musicien qui est le sujet de cette notice n'a pu
être complète à l'âge de quatorze ans, car cinq
ou six années n'étaient pas suffisantes, à l'épo-
que oii il vécut, pour former un chanteur excel-
lent et un contrepoinliste habile. La solution
d'une multitude de cas embarrassants et diffi-
ciles, dans le système monstrueux de la nota-
tion des quatorzième et quinzième siècles, ne
pouvait se faire qu'à l'aide d'une longue pratique
et d'une expérience consommée ; caries maîtres
les plus savants s'y trompaient encore, ainsi
qu'on le voit avec évidence dans les écrits de
Tinctoris, de Gafori, d'Aaron et de plusieurs au-
tres théoriciens anciens. Quand les longues études
sur ces difficultés étaient terminées, les maîtres
faisaient aborder celles du contrepoint à leurs
élèves; et loi-sque ceux-ci étaient parvenus à
écrire avec correction à trois, quatre ou cinq
parties par une sorte de tablature qui servait à
faire la partition, on les exerçait à traduire cha-
que partie , écrite originairement par cette no-
tation simple , en notation proportionnelle en
une infinité de combinaisons ardues. Celui qui
imaginait, dans sa traduction, les énigmes les
plus difficiles était considéré comme le musi-
cien le plus habile. Nul doute qu'à sa sortie de
la collégiale d'Anvers, Okeghem n'ait eu pour
but de chercher le maître qui pouvait complé-
ter son instruction. Il l'aurait trouvé dans cette
même église si Barbireau (voyez ce nom) eût
occupé alors la place de maître des enfants de
chœur ; mais ce savant musicien ne le devint
qu'en 1448. On ne saurait rien concernant l'é-
OKEGIIEM
35»
cole où Okeghem a puisé son savoir en musique,
si un passage du Traité de contrepoint de Tinc-
teris ne nous fournissait une indication à ce su-
jet. J'ai rapporté ce passage dans mon Mémoire
sur les musiciens néerlandais, mais la rareté
de ce livre m'engage à le répéter ici : « Ce que
« je ne puis assez admirer, c'est qu'en remon-
n tant à une date de quarante ans, on ne
« trouve aucune composition que les savants ju-
n gent digne d'être entendue (l).Mais depuis ce
« temps, sans parler d'une multitude de chanteurs
« qui exécutent avec toutes sortes d'agréments,
« je ne sais si c'est l'effet d'nne inQuence céleste
•i ou celui d'une application infatigable, on a
« vu tout à coup fleurir une infînilé de compo-
« siteurs, tels que Jean Okeghem, J. Régis, Ant.
« Busnois, Firmin Caron, Guillaume Faugues,
«' qui tous se glorifient d'avoir eu pour maîtres
« en cet art divin J. Dunstaple, Gilles Binchois
« et Guillaume Dufay, lesquels sont morts de-
■>< puis peu (2). « Okeghem a donc eu pour maî-
tre ou Dunstaple, ou Dufay, ou enfin Binchois :
il ne s'agit que de découvrir celui de ces trois
maîtres qui a dirigé ses études, ce qui ne sera
pas difficile si nous remarquons : l*' qu'Oke-
ghem n'a pu naître avant 1425, et que Dufay,
étant mort en 1435, il n'a pu en faire son élève.—
2° Que Dunstaple, Anglais de naissance, paraît
avoir vécu dans son pays, qu'il y est mort et a
été inhumé dans l'église de Saint-Étienne, à
Walbroock. On peut donc affirmer qu'Okeghem,
pauvre chantre sorti depuis peu d'années de la
maîtrise do la collégiale d'Anvers, n'a pas été
chercher l'instruction musicale en Angleterre
dans un temps où les relations d'outre-mer
étaient difficiles. — 3" Qu'en 1444 Philippe le
Bon tenait sa cour à Bruges, qu'il y resta plu-
sieurs années, et que Binchois, chantre de la cha-
pelle de ce prince, y faisait sa résidence. Tout
porte donc à croire que c'est de ce maître
qu'Okeghem reçut l'instruction supérieure dans
toutes les parties de la musique, et en particu-
lier dans la science du contrepoint.
Après que les études d'Okeghem eurent été
{1)11 y a ici une erreur de Tinctoris, car ilécrlTall
on Jt"6, et D'ifay [voyez ce nom) brillait déjà dans la
chapelle pontificale près de cent ans auparavant.
(î) Keque, quod sats admirari nequeo, quippiam com-
posilum, nisi citràannos quadraginta extat, quod auditu
dignum ab cruditis existimetur. Hàc vero tenipestate, nt
praeteream innnmeros concentores venustissiniè pronun-
ciantes , nescio an virtute cujusdam cœlestis InQuxiis an
ïehementis assiduse exercitationis, infîniti florent com-
positorcs. ut Joannes Okeghem, Joannes Régis, Antho-
nins Busnois, Firminn? Caron , Guillermus Faugues, qui
Dovlssimis temporibus vitâ functos, Joannem Dunstaple,
Egidium Binchois, GuiUermum Dufay, se prarceptores
habuisse in hàc avle diTinâ glariantur.
terminées sons la direction de Binchois, c'est-a-
dire vers 144S ou 1449, nous voyons un espace
de douze ou treize ans jusqu'en 1461, où Okeghem
était premier chapelain du roi de France
Charles VII. Il est à remarquer que rien n'in-
dique, dans le manuscrit de la Bihiiotiièque
impériale de Paris, auquel nous sommes redeva-
bles de la connaissance de ce fait, eu quelle-
année le célèbre artiste l^elge entra au service de ce
prince; car depuis le Rdle des povres officiers-
et serviteurs du feu roy Charles VI faict le 21
octobre 1422, jusqu'à la mort de Charles VII,
en 1461, ce manuscrit ne conlient aucun compte
de l'état de la maison royale : ce qui ne doit
pas étonner, si l'on se rappelle la triste situation
delà France sous un règne rempli d'agitations
et de vicissitudes si déplorables, qu'après la ba-
taille de Verneuil (1424), les Anglais, maîtres
de la plus grande partie du royaune, appelaient
par dérision Charles Vineroj de Bourges, parce
qu'il ne lui restait guère que cette ville et son
territoire. Ce ne fut qu'après la trêve de 1 444, et
surtout après la conquête de la >'ormandie sur
les Anglais, achevée seulement en 1450, que la
France respira, que la royauté reprit par degrés
sa splendeur, et que l'ordre se rétablit dans les
finances. Il est donc vraisemblable que ce fut
dans l'intervalle de 1450 à 1460 qu'Okeghem
entra dans la chapelle du roi de France et que
ce fut d'abord comme simple cltantre; car à
cette époque l'ancienneté des services était
comptée pour quelque chose, et quelle que lût
l'habileté d'un musicien, il n'arrivait pas tout
d'abord au poste le plus élevé.
D'assez grandes difficultés se présentent en ce
qui concerne la position d'Okeghem après l'an-
née 1461. On sait que Louis XI succéda à son
père Charles VII le 23 juillet de cette année :
or, deux comptes de l'état de la chapelle royale
semblent démontrer que l'illustre musicien ne
fut pas au service de ce prince. Le premier
compte des gages des officiers de la maison
du roy Loys XI'^>^, dressé par Jacques le
Camus, commis au payement de ces gages,
depuis le mois de janvier 1461 jusqu'au mois
de septembre 1464, prouve que toute la chapelle
avait été changée et réduite depuis l'avcnement
au trône du nouveau roi ; qu'il n'y restait plus
un seul des chantres à déchant de la chapelle de
Charles VII, et que le premier chapelain se
nommait Gallois Gourdin{i). IJnsecond compte,
dressé en 1466 par Pierre Jobert, receveur gé-
néral des finances , n'indique pas davantage
;i) MSS.F, UO du supplément de la BU>lioUiéqae impé-
riaie de Paris.
360
OKEGHEM
qu'Okegliem ait été attaché à la chapelle de j
Louis XI; enfin, un troisième compte, qui
comprend les dépenses depuis le Ic octobre
1480 jusqu'au 30 septembre 1483, ne fait pas
mention d'Okeghem (I). Cependant l'ouvrage de
Tinctoris qui a pour titre : Liber de natura et
proprietate tonorum, et qui est daté du 6 no-
vembre 1476, est dédié, dans le prologue, à Jean
Okegliem, premier chapelain du roi très-chré-
tien des Français Louis XI, et à maître Antoine
Busnois , chantre du très-illustre duc de Bour-
gogne (2). Un autre document, non moins inté-
ressant, nous apprend que le 15 août 1484 un
banquet fut donné au seigneur trésorier de
Tours M. (maître) Jean Okeghem, premier
chapelain du roi de France , musicien excellent,
et aux siens, parla chapelle de l'église Saint-Donat
de Bruges (3). Il résulte de la mention authen-
tique de celte circonstance, tirée des actes du
chapitre de Saint-Donat, qu'en 1484 Okeghem
réunissait en sa personne les dignités de tré-
sorier de Saint-Martin de l'ours et de premier cha-
pelain du roi de France. Suivant les comptes
du chapitre de Saint-Martin de Tours, que j'ai
consultés aux archives de l'empire, à Paris, les
fonctions de trésorier étaient remplies par un cha-
noine de celte cathédrale. Tout porte donc à
croire que le roi disposait à son gré du canoni-
cat auquel ce titre était attaché, et que Louis XI
le donna à son premier chapelain à litre de
prébende ou bénéfice. Mais la position de tréso-
rier obligeant le bénéficié à résidence, il se peut
que le chantre Gallois Gourdin, mentionné dans
les comptes de la chapelle royale comme pre-
mier, ait été simplement suppléant d'Okeghem,
puisque celui-ci avait couservé son titre de pre-
mier chapelain. Le château de Plessis-lez-Tours,
réf^idence habituelle de Louis XI, était d'ailleurs
si voisin du chef-heu de la Touraine, que le
célèbre maître pouvait remplir ses fonctions près
du roi dans de certaines solennités. Cette con-
jecture paraît d'ailleurs confirmée par le voyage
que fit en Flandre, dans l'été de 1484, Okeghem
avec ses chantres ( avec les siens, cum suis, dit
|l) Mss F. 5i0 du supplément de la Bibltottièque impé
riale de Paris.
(?) PraestanUssimis ac celeberrimls artis muslcae protes-
soribus domino Johannl Okeghem Christianissimi I.udo-
vici XI régis Krancnrum protho capellano ac magistrn
Antonio Uusnois illustrissiini Burgundorum ducis can-
tori, ctc
(3) Sex cannx vini pro substdio sociorun de innsici In
ccEnafacta domino UiesaurarioTuroncnsi, domino Johanni
Okegtiem, primo capellano régis Francise musico ex-
cellentissiino cum suis {Jeta capit. S.Don , 15 aug. 1484)
Voyez l iHstotre de Flandre, par M. Kervyii de Lct-
tenhove, T. V., note, page 46.
le document du chapitre de Sainl-Donat de
Bruges). Le désir de revoir sa patrie, que de-
vait éprouver ce maître, comme tout homme
de bien, put être réahsé alors, parce que les fian-
çailles de Marguerite d'Autriche avec le dauphin,
qui plus tard régna sous le nom de Char-
les Vin, venaient de mettre un terme aux
longues guerres des Français et des Flamands ,
à la suite du traité d'Arras ( 3 décembre
li82).
Suivant le passage du livre de Jean Lemaire,
cilé précédémenl, Okeghem aurait encore occupé
la position de trésorier de Saint-Martin de Tours
en 1512 ; mais de nouveaux documents au-
thentiques que j'ai trouvés aux Archives de
l'Empire, à Paris, m'ont démontré qu'il s'était
démis des fonctions de cette place avant 1499,
vraisemblablement à cause de son grand âge.
La première pièce est un compte de dépenses de
la maison de Louis XII (n» K, 318) où l'on voit
qu'un chantre et organiste de la chapelle du
roi, nommé £'n'a»'s, était, en 1499, trésorier de
Saint-Marlin de Tours, et que ses appointements,
comme organiste du roi, étaient de 310 livres
tournois. Par un autre compte pourl'année 1491
(no K,-306), le même Errars est chantre et
joueur d'orgue de la chapelle royale, mais il
n'a pas le titre de trésorier de Saint-Martin de
Tours. Ce fut donc entre les années 1491 et 1499
qu'Okegliem se démit de ses fonctions. Toutefois,
il est possible qu'il ait conservé son titre comme
trésorier honoraire. Dans un poëme sur la mort
d'Okeghem, dont il sera parlé plus loin, l'auteur,
qui fut contemporain de la vieillesse de ce maître,
s'exprime ainsi :
ce Par quarante ans et plus il a servy
<t Sans quelque ennuy en sa charge et office;
« De trois roys a tant l'amour desservy
« Qu'aux biens se vit(l! appeler au convy,
« Mais assouvy estoit d'ung bénéfice. »
Les trois rois qu'Oke^hem avait servis étaient
Ctiarles VII , Louis XI et Charles VIII ; or
Louis Xn, ayant succédé à ce dernier monarque
le 7 avril 1498, il est évident que c'est alors qu'il
a dû cesser d'être le premier chantre el chape-
lain de la chapelle royale, car s'il était resté en
charge après cette date, ce ne serait pas trois
rois qu'il aurait servis, mais quatre. C'est aussi
sans aucun doute à cette époque qu'il s'est démis
de ses fonctions de trésorier de Saint-Martin de
Tours, et que le chantre et organiste Errars est
devenu son successeur dans cette dignité. Il con-
tinua sans doute à vivre en repos dans la même
(1) Dans le texte imprimé il y a Je vis : cela na aucun
sens.
OKEGHEM
361
Tille jusqu'à son dernier jour, car on trouve dans
le même poëme ces deux vers :
t
M Seigaears de Tours et peuple, regrettei
« Celluy qu'on doibt plus plaindre que ne djs. »
Par la manière dont s'exprime Jean Lemaire,
Okegliem vivait encore en 1512, et devait être
alors âgé d'environ qualre-vingt-sept ou quatre-
vingt-huit ans. La date précise de sa mort est in-
connue : Kiescwetler la fixe h l'année 1513 (1);
mais aucun document ne justifie sa supposition.
A l'occasion de la mort d'Okeghem, le pocte
Guillaume Crétin a composé une pièce de plus
de quatre cents vers intitulée : Déploration de
Crélin sur le trépas de feu, Okergan (2), tré-
sorier de SainctMartin de Tours. Elle se
trouve dans le volume de ses poésies imprimé
en 1527, après la mort de l'auteur (3). 11 est hors
de doute que c'est dans ce poëme que Laserna a
pris le nom d'Okergan, altération singulière du
nom d'Okeghem, faite par un homme qui vécut
dans le même temps que ce savant musicien (4).
Personnifiant la musique, Crétin imagine une
fiction par laquelle les plus célèbres chantres et
compositeurs du quinzième siècle sont convoqués
pour rendre hommage à la mémoire de l'illustre
(1) Ceschichie der europxisch-abendixndischen Oder
unser heutigen Musik, p. 50.
(i) Je sais redevable à l'amitié de M.Farrencde la com-
munlcationdu poëme de Crétin, dont les œuvres n'étaient
pas tombées sou^ ma main. U est bien remarquable que
ce morceau, si renjpli d'intérêt pour l'histoire du grand
musicien objet de cette notice , n'ait jamais été cité.
(S) Les poésies de Crétin ont été réimprimées à Paris,
chez Couslelier, en 1T»3, in-lî. Le poëme sur la mort
d'Okeghem remplit les pages 38 à 31 .
(i) I.e poète Crétin, ou plutôt Crestin, dont le nom
véritable était Dubois, et qui naquit, selon quelques
biographes, à Paris, suiraDt d'autres à Lyon, ou même
à Falaise, vécut sons les règnes de C^iarles VIII, de
l.ouis XII et de François 1er. H était aussi musicien, car
après avoir été trésorier de la Sainte-Chapelle de Vin-
rennes, il devint chantre de celle de Paris. U y a même
lieu de croire qu'il avait été élève d'Okeghem, d'après
les vers qu'il adresse aux pr.ncipaux disciples de ce maî-
tre, les invitant à composer un chant funèbre.
« Pour lamenter notre nutUtre et bon père. »
Crétin mourut en I5î5. Ses poésies furent recueillies et
publiées, deux ans après son décès, par son ami Fran-
çois Charbonnier, secrétaire de François l". Je pense
que c'est à cette circonstance qu'i! faut attribuer l'allc.-
ration inouïe du nom d'Okeghem en celui d'ÛKergan. Il
est impossible qu'un écrivain qui a été contemporain de
ce maître, qui connaissait ses ouvrages et en appréciait
le mérite, et qui vraisemblablement avait reçu de ses le-
çons, il est impossible, dis-je, qu'il ait fait cette altéra-
tion monstrueuse. L'imprimeur a sans doute mal la le
manuscrit où il devait y avoir Okengam, orthographe que
i'al trouvée en plusieurs endroits : l'n aura été prise
pour r, et Vm pour n. On peut consulter sur Crétin la
notice de Weiss, dans la Biographie universelle des
frire«i Michaud, aiioi que celle de M. Victor Fuuriiel
dans la liioyraplite générale de MM. Firinin Didot.
maître. Dans l'obligation où je suis de borner
l'étendue des citations , je choisis ce passage :
< Là du Faj (Dura;) le bon homme sorvlnt,
• Bunoys aussi et aultres plus de vingt,
^ « Fede, Binchois, Barbingant, et Donstable,
'1 Pasquin, Lannoy, Barizon très notable.
« Copin, Begis, GHhsjoye et Constant.
« Maint homme fut auprès deulx escoutant,
« Car bon faisoit ouyr telle armonye,'
< Aussi estoit la bende (bande) bien fournie.
• Lors se chanta la messe de iny my,
I .4lu travail suis, et Cujusvis toni
« La messe aussi exquise et très parfaicte
• De Requiem par le dict deffunct faicte;
< Uame en la fin dict avecques son lacz (luth)
« Ce motet, i:t heremila solus,
• Que chascun tint une chose excellente. *
Ce passage révèle les noms de quelques mu-
siciens du quinzième ou du commencement du
seizième siècle qui n'ont pas été connus jusqu'à
ce jour et dont il ne reste vraisemblablement au-
cune composition ; ces artistes sont Fede, Lan-
noy, Copin, Gillesjoye et Constant. A l'égard
de Pasquin, c'est, selon toute probabilité, le nom
de Josquin altéré par des fautes d'impression. On
voit aussi dans ces vers les litres de plusieurs mes-
ses d'Okeghem qui n'ont pas été citées ailleurs, à
savoir, les messes My my. Au travail suis, et la
messe de Requiem. Quant à la messe Cujusvis
toni, c'est la même qui se trouve sous le titre ad
omnem lonum dans le recueil de Nuremberg pu-
blié en 1538. C'est aussi sous ce titre que Gla-
réan en donne le premier Kyrie et le Benedictus
^{Dodccach., p. 455). Kiesewetter, ne compre-
nant rien au tour de force du compositeur, a
mis ce Kyrie en partition, sans voir que le
cantus est du troisième ton du plain-chant, le
ténor, du second ton, et conséquemment que
■ le bémol du si est sous-entendu, et qu'il en est
de même de VAltitonans ou Contrutenor, et de
la lasse, qui sont du premier ton (voyez Ge-
sch ich te der e u ropaisch-a ben dhrndisch en oder
unsrer heutigen Musik, n" 8 des exemples de
musique).
Dans ce même poëme se trouvent ces vers
dont les cinq premiers ont été mis en musique
par Guillaume Crespel, sous le titre de Lamen-
tation sur la mort de Jean Okeghem :
« Agrirotla. Verbonnet, Prloris.
m Josquin Desprez, Gaspar, Brumel, Compère,
m Ne parlez plusde jojeux chantz ne ris,
■ . Mais composez ung Me reeorderis,
« Pour lamenter nostre maistre et bon père.
« Prévost, (■'er-Just, tant que Piscis Prospère (1),
a^ Musiciens français qui furent, à ceqn'il parait, élèves
d'Okeshem, mais dont les noms ne se trouvent que dans
ce i<assage, et dont les œuvres sont incocnues.
862
OKEGHEM
« Prenez Fresveau pour vos chantz accorder,
« La perle est grande et digne à recordcr. »
De tous les maîtres qui s'illustrèrent dans la
seconde moitié du quinzième siècle, Okeghem
est celui qui exerça la plus grande influence sur
le perfectionnement de l'art par son enseigne-
ment. Les plus célèbres musiciens de cetle
époque et du commencement du seizième siècle
furent ses élèves: leuis noms nous ont été transmis
par deux complaintes sur la mort du maîlre, dont
la première a été mise en musique à cinq voix
par Josquin Deprès, et l'autre par Crespel : celle-
ci, comme on vient de le voir, est tirée du poëme
de Crélin. Dans celle de Josquin on trouve ces
vers :
« Njmplies des bols, déesses des fontaines,
« Chantres experts de toutes nations,
« Cliangcz vos voix fort claires et h&utaines
« En cris tranchants et lamentations;
« Car d'Atropos les niolestations,
« Vostre Okeghem par sa rigueur attrappe,
« Le vrai trésor de musique et chef-d'œuvre,
« Qui de trépas désormais plus n'échappe ;
« Dont grand douma ge est que la terre le cœuvrc.
« Acoustrez vous d'abitz |d'habitsjde deuU.
« Josquin, Brume! , Pierchon, Compère,
•< Et plorez grosses larmes d'œll :
•< Perdu avez vostre bon père (1).
Dans les vers de Crétin, la liste de ces habiles
artistes est plus nombreuse, car on y trouve de
\)\\i% Agricola, Verbonnet, Prioris et Gaspard.
Des huit musiciens nommés dans ces piè-
ces, cinq sont Flamands et Wallons, à savoir
Alexandre Agricola, Prioris, Gaspard Van
Veerbeke, Antoine Brumel et Josquin Des-
près ou Des Près (voy. ces noms) ; et deux.
Compère et Pierchon , ou Pierre de Lame,
sont Picards ; à l'égard de Verbonnet, le moins
célèbre de tous, sa patrie est jusqu'à ce moment
inconnue. Les sept autres, leurs prédécesseurs,
Jacques Obrecht, Dusnois et JeanTinctoris, sont
les grandes illustrations musicales de leur époque.
Leurs oeuvres remplissent les manuscrils du
quinzième siècle, et toutes les collections impri-
mées de la première moitié du seizième; enfin.
I (1) Ce morceau de Josquin est à cinq voix ; pendant
que le cantus, le contratenor, le qttintus et le bassus
chantent les paroles françaises, le ténor dit les paroles et
le chant du Requiem. On trouve cette complainte dans
Le cinquième livre, contenant xxxii chansons à S et 6
parties. Imprimé en Anvers, par Tylman Susato ,
1544, iu-4o.Burney a donné ce morceau en partition dans
le deuxième volume de son Histoire générale de la mu-
sique Ip. 481) ; Forkel l'a reproduit d'après lui [Àllgem.
Ceschichte der Musik, t. Il, p. 54î etsuiv.), etKiesewet-
ter en a fait une troisième publication d'après eux, dans
les exemples de musique de son Mémoire sur les musi-
ciens néerlandais (Die Ferdiensle der Niderlxnder um
die Musik. p. 411.
ils fondent des écoles dans toutes les contrées de
l'Europe et sont les guides et les modèles de leurs
contemporains ainsi que de leurs successeurs im-
médiats.
L'importance des travaux d'Okeghem et les
perfectionnements qu'il a introduits dans l'art
d'écrire les contrepoints conditionnels, sont cons-
tatés [»ar les éloges que lui accordent Glaréan ,
Hermann Fink , Sébald Heyden , Tintoris, Gafori,
Wilphlingseder, Grégoire Faber, ainsi que par
ce qui est parvenu de ses œuvres jusqu'à nous.
Si l'on compare ce qui nous reste de ses com-
positions avec les ouvrages de ses prédécesseurs
immédiats, particulièrement avec les productions
de Dufay, on voit qu'il possédait bien mieux que
ce maitre l'art de placer les parties dans leurs
limites naturelles, d'éviter les croisements des
voix et de remplir l'Iiaimonie. Glaréan lui ac-
corde d'ailleurs le mérite d'avoir inventé la facture
des canons , dont on trouve les premiers rudi-
ments dans les œuvres des musiciens qui écri-
virent à la fin du quatorzième siècle, ou du moins
d'en avoir perfectionné les formes. « Josquin
(dit Glaréan ) aimait à déduire plusieurs parties
« d'une seule, en quoi il a eu beaucoup d'imita-
« leurs; mais avant lui Okeghem se distingua
« dans cet exercice (1). » Le morceau rapporté
ensuite par le même écrivain (in Dodecach.,
p. 454), et par Sebald Heyden (De arte canendi,
p. 39), comme exemple de l'habileté d'Okeghem
dans cette partie de l'art, est en effet fort remar-
quable pour le temps où il a été écrit : c'est un
canon à trois voix, où l'harmonie a de la pléni-
tude et de la correction, et dans lequel les parties
chantent d'une manière naturelle. Mais on ju-
gerait bien mal de la valeur de ce morceau si
l'on ne consultait que les traductions en parti-
tion qu'on en trouve dans les Histoires de la
musique de Hawkins, de Burney, de Forkel, et
à la suite du Mémoire de Kiesewetter sur les mu-
siciens néerlandais, car cette résolution du canon
énigmatique d'Okeghem est absolument fausse.
Ambroise Wilphlingseder , canior de l'école de
Saint-Sébald de Nuremberg, vers le milieu du
seizième siècle, a reproduit ce môme canon dans
un traité élémentaire de musique qu'il a publié
sous ce titre : Erolemata musiccs praciicx
continent ia prœcipuas ejus artis prxcep-
tiones (Nuremberg, 1563, in-S"). La résolution
qu'il en donne (p. 58-63) renverse l'ordre des
parties établi par le compositeur, et en fait un
(1) Amavit Jodocus ex una voce plures deducere; quod
post eum multi semulati sunt , sed ante eum .loannl»
Okenlielni ea in exercitatione claruerat \,Glar. Dndecacli.
p. 441).
OKEGHEM
3C3
canon à la quinte inférienreau lieu de le résoudre
à la quarte supérieure, suivant l'indication de
Glaréan. (Fuga irium vocum in epldiates-
saron post perfectum lempus), et d'après l'ex-
plication plus explicite encore donnée par Gré-
goire Fabor, dix ans auparavant, dans ses Ero-
iemata musices practicx (p. 152). « Fugue à
« trois parties (dit cet écrivain) dont les deux
« prenaièrcs sont en chant mol ( mode mineur),
« et la dernière en cliant dur (mode majeur).
« La seconde partie entre à la quarte supérieure
K après un temps parfait ; la troisième commence
'< à la septième mineure supérieure après deux
« temps (1). « La mauvaise résolution de Wil-
plilingseder a été donnée en partition par Haw-
kins dans son Histoire générale de la musique
(T. n, p. 471), puis copiée parBurney {a Général
History of Music , T. II, p. 475), par Forkel
(Allgem. Geschichte der Musik, i. II, p. 580),
et par Kiesewctter. Elle est remplie de mau-
vaises successions , et partout où il doit y avoir
des quintes, on y trouve des quartes.
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J'ai donné la véritable résolution de cet inté-
ressant morceau dans mon Esquisse de l'his-
toire de l'harmonie considérée comme art et
comme science systématique (Paris, 1841,.
p. 28, et Gazette musicale de Paris, ann.
1840, p. 159).
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(1) Faga triura partiuro, quarum prtorcs dux in molli
canin, ultima in duro iictas voces iL<:urpat. Secunda autem
pars in epidiatessarou post uoum tempus perfectum,
tertia in seralditono cum dhpeote superne post duo
tempera Incipit.
364
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11 était d'autant plus nécessaire de faire remar-
quer l'erreur de tous ces historiens de la musi-
que et de la rectifier, que le morceau dont il
s'agit est le plus ancien monument parfaitement
régulier de l'art des canons, et que c'est par lui
que nous pouvons nous former une opinion fon-
dée du mérite d'Okegliem comme harmoniste.
La messe d'Okeghcm ad omnem ionum , à
quatre voix, se trouve dans le rarissime recueil in-
titulé Liber quindecim Missarum a jjrxstan-
tissimis musicis comjwsiiarum {Noribergx,
apud Joli. Petreium, 1538, petit in-4'' obi). Une
autre messe de ce maître, intitulée Gaudeamus ,
se trouve dans un manuscrit de la Bibliothèque
impériale de Vienne : elle est aussi à 4 voix.
L'abbé Stadler l'a mise en partition, et Kiesewetter
en a publié le Kyrie et le Christe dans les plan-
ches de son mémoire sur les musiciens néerlan-
dais, avec une multitude de fautes grossiè-
res, dont une partie a été corrigée dans l'Jlis-
toire de la musique des contrées occidentales,
du môme auteur; mais il en reste encore plu-
sieurs. Le manuscrit de la Bibliothèque royale
de Bruxelles, n° 5.')57, qui provient de la cha-
pelle des ducs de Bourgogne, contient la messe
d'Okegliem à quatre parties , qui a pour titre :
Pour quelque peine, et la messe également à
4 voix Ecce ancilla Domini ; je les ai mises en
partition dans mes recueils d'anciens maîtres
belges. Une note fournie à M. Léon de Burbure
par M. James Weale, de Bruges, indique le
titre d'une quatrième messe du même maître
( Village), dont une partie fut transcrite en 1475
dans les livres de l'église collégiale de Saint Do-
natien ou Donat, de cette ville, par le ténor et co-
piste Martin Colins (1). Plusieurs messes inédi-
tes d'Okeghem se trouvent dans les livres de
la chapelle pontificale, à Rome, dans le volume
n" 14, in-folio : Baini, qui les cite, n'en fait pas
connaître les titres.
Sebald Heyden cite aussi {De Art e Canendi,
p. 70) 3fissa Prolationuni, d'Okeghem, et l'on
en trouve un canon dans les Prœcepta musicx
j)racticx de Zanzer d'Inspruck, publiés dans
cette ville, en 1544.
Le plus rare des rarissimes produits des presses
d'Octavien Petrucci, inventeur de la typogra-
phie musicale, lequel a pour titre Harmonice
musices Odhecaton, renferme dans le premier
livre, marqué A, et dans le troisième, dont le titre
particulier est Canti C numéro cento cin-
quanta ( Venise, 1501-1503), ce recueil, dis-je,
renferme cinq chants d'Okeghem à trois et à
quatre voix. Son nom y est écrit Okenghem.
Ces chants sont des motets composés sur des
mélodies populaires, dont les premiers mots sont :
Ma bouche rit; Malheur me bal ; Je n'ay
deul; petite Camusette ; Prennes sur moy
(prenez sur moi). Un manuscrit précieux de la
fin du XV' siècle, qui provient de la chapelle des
ducs de Bourgogne et se trouve aujourd'hui dans
la bibliothèque de la ville de Dijon, sous le
n° 20."), contient plus de 200 chansons françaises, à
(1) Item Martine CoUins pro scriptura Panem Je FilUige,
de Okegtiem et reparatlone librorutn laceratorum cuin
novis foliis compositis — Xll se. ( douze escallns ).
OKEGHEM ~ OLE AR lus
îcr.
trois et quatre parties, parmi lesquelles il y en a
sept qui portent le nona d'Okeglieni, et peut-être
un plus grand nombre , sans indication, qui lui
appartiennent. M. l'abbé Stephen Morelot , qui
a donné une excellente notice de ce manuscrit (1),
y a joint le catalogue thématique de toutes ces
chansons, et l'on y voit les commencements de
celles-ci qui portent en tète le nom d'Okeghera : i
1° Ma bouche rit ( publiée dans le recueil
Harmonice musices Odhecaton ) ; 2" Les des- .
léaulx (déloyaux) ont la raison : 3° L'autre
dantan l'autr'ier; i° Fors seulement l'at-
tente que je meure; 5" Quant de vous seul je
pers la veue; 6° D'un autre amer (amour)
mon cœur ; 1° Presque transi. Je possède aussi
trois motets à quatre voix de ce maître.
Je ne dois pas tinir cette notice sans parler
d'un passage du Dodecachordon de Glaréan,
où il est dit qu'Okeghem a écrit une messe à
trente-six voix : OAen/ieJm yui ingenio omneis
ercelluisse dicitur, quippe quem constat tri-
ginta ser vocibus garritum quemdam {mis- I
sam) insdtuisse {Dodecach. lib. 3, p. 454).
Dans le poème de Crétin, ce n'est pas une messe,
mais un motet à trente-six voix qui aurait été
composé par OkegUem ; voici le passage :
< C'est Okergan qaoa doibt plorer et plaindre,
« Cest ]d; qui bien sceut chorsir et attaiadre
« Tous les secretz de. la subtilité
■ Du nouveau cbsnt par son habileté (3)
« Sans un seul poinct de ses reigles eofraiadre,
t Trente-six toix noter, escripre et poindre
■< En ting motet ; est-ce pas pour complaindre
- Cetluy trouvant telle novalité?
« Cest Okergan. •
Tous les auteurs modernes qui ont parlé de ce j
maître ont adopté sans discussion le fait d'une !
semblable composition écrite par lui; mais j'a-
voue que je ne puis y ajouter foi , et je con-
sidère une combinaison de ce genre comme im-
possible au quinzième siècle , où les morceaux
de musique à six voix étaient même fort rares.
(11 De la musique au XV« siècle. Notice sur un manu-
scrit de la Bibliothèque de Dijon, par M. Stephen Morelot
dans les Mémoires de la Commisiion archéologique de
la CôtC'-d'Or] ; tiré à part, Paris, 1856; gr. ln-*« de Î8 pages
avec un appendice de H pages de musique.
(S| II ya dans le té\te imprimé :
Tous les secretz de la subtilité
Du nouveau chant par sa subtilité.
J'ai cru qu'il y avait là une distraction de l'imprimeur,
et j'ai fait la'substitntion qui Tient naturellement à l'es-
prit. Cependant il se peut que le passage ait été écrit tel
quil est imprimé, car M. Victor Fonrnel dit, dans sa no-
tice sur Crétin : <« Il se crée des difficultés aussi biiarres
« que puériles et s'évertue toujours à donner à ses vers
« non-seulement les rimes les plus riches, ce qui ne se-
R rait pas un grand mal, mais à faire rimer ensemble
> un oa plusieurs mots tout entiers , etc. a
Un seul musicien de ce temps , Brumel, élève
d'Okegliem, nous offre dans ses œuvres deux
exceptions à l'usage suivi par ses contemporains à
cet égard : la première se trouve dans un fragment
à huit voix rapporjé par Grégoire Faber {Musices
practicx erotem. lib. I. cap 17) : l'autre est la
messe à 12 voix : Et ecce terrx motus , qui est à
la Bibliothèque royale de .Munich {Cod. mui. I) *
effort de tète sans doute extraordinaire ponr
l'époque où vécut l'artiste, mais qui n'est rien
en comparaison de ce qu'aurait été une messe
entière ou un motet à 36 voix. La pensée d'un
pareil ouvrage devait alors d'autant moins se pré-
senter à l'esprit des musiciens, que les chapelles
des rois les plus puissants n'étaient alors com-
posées que d'un petit nombre d'exécutants.
Je le répète, une telle composition était ab-
solument impossible au temps d'Okeghera; quelle
que fût son habileté, il n'en possédait pas les
éléments, ne connaissant ni la division des voix
à plusieurs chœurs qui se répondent et entrent
tour à tour sur les dernières notes du chœur
précédent, ni les broderies par lesquelles on dé-
guise la similitude de mouvements des parties.
Les messes et motets à quatre, cinq et six
chœurs d'Ugolini et de Benevoli (compositeurs du
dix-septième siècle) sont des œuvres très-impar-
faites, si on les considère au point de vue de la
pureté de l'harmonie ; mais on n'a pu les écrire
que dans un temps où l'art était infiniment plus
avancé qu'à l'époque où vécut Okeghem. L'a-
necdote dont il s'agit est de même espèce que
mille bruits sans fondement qui se propagent
sur les travaux des compositeurs de nos jours.
OLBEBS (J.-N. ), organiste de l'église
Walhadi, à Stade, dans les dernières années da
dix-huitième siècle, a fait graver de sa composi-
tion : 1" Six préludes faciles pour l'orgue; Ham-
bourg, Bœhme, 1799. — 2" Six préludes et
une pièce finale facile pour l'orgue, op. 2 ; ibid.
Olbers a été l'éditeur d'un recueil de pièces des
naeilleurs auteurs pour le clavecin , dont il avait
paru 4 cahiers en 1800.
OLDECOP ( Chrétiex-Frédéric ), doctear
en droit et syndic de la ville de Lunebourg, y
naquit le 28 octobre 1740. Parmi ses ou-
vrages, on remarque un opuscule intitulé : Rede
bey debO Jsehrigen Amtsjubelfest des Cantors
Schumann (Discours à l'occasion du jubilé de
cinquante ans de fonctions du chantre Schu-
mann ), Lunebourg, 1777, iu-4**.
OLEARIUS (Jean ), docteur en théologie,
naquit à W'esel, le 17 septembre 1546, et mourut
le 26 janvier 1623. Parmi ses nombreux écrits, on
trouve un poème latin sur la restauration de
l'orgue de l'église Notre-Dame, à Halle, par le
366
OLEARIXJS — OLIN
facteur David Becken, <le Halberstadt. Ce petit
ouvrage a pour tUre: Relat. CalUopes organicx
de incento perquam ingenioso, syslemate mi-
raculoso, et usa religioso organarum musica-
rum, ciim novum organum ab excdletite ar-
tifice Dav. Poeccio Halberstadiensi , insigni
occasione auctum et perpoUtum essei, HaUœ,
1597, 10-4". Une traduction allemande de ce
morceau a été donnée par le petit-fils d'Olearius.
( V. l'article OLEARIUS (Je.\n-Godefroii>).
OLEARIUS (Jean-Ciikistopiie), docteur
en théologie, naquit à Halle, le 17 septembre
1611 et fut prédicateur de la cour et surinten-
dant général à Weissensfeld, où il mourut le 14
avril 1684. Il a publié un recueil de cantiques
spirituels intitulé : Geistliche Singekunst, Leip-
sick, 1671, in-S". Ce livre est précédé d'une
préface sur l'utilité de la musique d'église. On
a publié, après la mort d'Olearius, un bon recueil
de cantiques pour les dimanches et fêtes, trouvé
dans ses papiers, sous ce titre : Evangclischer
Lieder-Schatz, darinn allerhand ausserlesene
Gesxnge etc. Jena, 1707, 4 parties in- 4", et
ffymnologia passionalis, id est Homilitische
Lieder- Remarque (sic) ûber nachfolgende
P assions-gesxnge des /esMS ; Arnstadt, 1709.
OLEARIUS (Jean-Godefroid), né à Halle,
le 28 septembre 1635, fit ses études à l'uni-
versité de cette ville, où il remplit les fonctions
(le diacre. Appelé en 1688 à Arnstadt, en qua-
lité de surintendant, il y passa le reste de ses
jours, refusa la place de premier prédicateur à
Gotha , qui lui avait été offerte , et mourut le
23 mai 1711, à l'âge de soixante-seize ans. Gerber
a eu une distraction singulière en faisant Jean-
Godefroid Oléarius , né en 1635, fils du docteur
Jean Oléarius, mort en 16/i3; il a été copié
par M. Charles Ferdinand Becker. On a de
Jean-Godefroid une traduction allemande du
poëme de son aïeul sur la restauration de l'orgue
de Halle, sous ce titre : Dr. Johann Olearii
lateinisches Gedicht bei Verbesserung des
Orgelwerkes in der Hauptkirche zu L. Fraiien
in Halle, ins Deutsche ùbersetzt; Halle, 1655.
OLEBULL. Foye2 BULL (Ole).
OLEN, prêtre et poète-chanteur de la religion
de Délos, vécut environ seize cents ans avant l'ère
chrétienne. Suivant Suidas (voc. OX^v), il était chef
d'une colonie sacerdotale qui vint des côtes de la
Lycie porter à l'île de Délos le culte d'Apollon et de
Diane ou Artemis; mais Pausanias (L. X, c. 5.)
«lit qu'un des hymnes qu'on chantait à Délos
indiquait qu'Olen était Hyperboréen; ce qui peut
se concilier, car dans la première migration indo-
persane, un rameau de cette émigration, venue
des montagnes de la Bactriane, s'établit d'a-
bord dans l'Arménie et dans la Lycie. Long-
temps après Alexandre, et même après le com •
mencement de l'ère chrétienne , on chantait
encore à Délos les hymnes composés par Olen
pour lo culte d'Apollon et de Diane. Creuzer
( Symbol. ) reconnaît dans ce culte et dans les
idées d'Olen conservées par Homère dans son
Hymne à Apollon, les traces de la métaphysique
religieuse de l'Inde antique.
OLEY (Je\n-Christoi>he), organiste et pro-
fesseur adjoint à l'école d'Aschersleben, était né
à Bernebourg, et mourut en 1789. 11 était con-
sidéré comme un bon claveciniste et un orga-
niste distingué : ses fugues et ses fantaisies sur
l'orgue passaient pour excellentes. On a gravé de
sa composition : 1° Variations pour le clavecin;
2 suites. — 2" Trois sonates pour le même instru-
ment. — ô° Mélodies pour des chorals, en 2 volu-
mes.— 4" Chorals variés pour l'orgue, en quatre
suites. La quatrième partie a été publiée après la
mort de l'auteur, avec une préface de Hiller, à
Quediinbourg, chez F. T. Ernst, en 1792.
OLIBRIO (Flavio-Anicio), pseudonyme
sous lequel il paraît que Jean-Fréderic Agricola
( V. ce nom ) s'est caché pour faire la critique
des premiers numéros de l'écrit périodique publié
par Marpurg, sous le titre de Musicien critique
de la Sprée. Cette critique est intitulée Schrei-
ben einer reisenden Liebhabers der Musik
von der Tyber an den Critischer Musicus an
den Sprée (Lettre d'un amateur de musique
des bords du Tibre, en voyage, au Musicien cri-
tique de la Sprée ) , 1 feuille in-4°, sans date
et sans nom de lieu. Marpurg ayant répondu
avec humeur dans sa publication périodique, le
pseudonyme lui fit une rude réplique intitulée :
Schreiben an Herm *** in welclien Flaiio
Anicio Olibrio sein Schreiben an den CritiS'
cher Musicus an der Spree vertheidigef,
und dessen Wiederlegung antworiet (Lettre
à M *** , dans laquelle on défend celle que Flo-
rio Anicio Olibrio a adressée au Musicien cri-
tique de la Sprée, etc. ; Berlin, juillet 1749, in-4°
de 51 pages.
OLIFA]\TE( Baptiste ), musicien napoli-
tain, vécut à Naples au commencement du
dix-septième siècle et fut attaché au service du
vice-roi qui gouvernait alors ce royaume pour
le roi d'Espagne. Il a ajouté un traité des propor-
tions de la notation a la deuxième édition du
livre de Rocco Rodio intitulé : Regole di musica
(voyez Romo).
OLIIV (Elisabeth), cantatrice de l'Opéra de
Stockholm, y brilla dans la seconde moitié du dix-
huitième siècle. En 1782, elle chanta avec succès
le rôle principal dans la Cora de JSauniann.
à
OLIPHA^"T — OLIVIER
307
OLIPIIA.XT ( T.), professeur de musique
in.Ntiuit, né à Londres dans les premières années
(lu dix-neuvième siècle, est auteur de divers
écrits parmi lesquels on remarque : 1° Brief
Account of the Madrigal society, from ils
institution in 174 1 fo the présent périod (Courte
notice sur la société des madrigaux , depuis son
iusiitution jusqu'à l'époque actuelle) ; Londres,
1835, in-12 — *" Short Account of Madrigals
from their commencement up to the présent
iime ( Courte notice sur les madrigaux , depuis
leur origine jusqu'à ce jour); Londres, 1836,
in-12. 11 a publié aussi : Musa nxadrigalesca, a
collection of the Words of Madrigals, etc ,
chicfly of the Elisabethan âge, with Re-
marks and Annotations ( Muse madrigalesque
ou collection de paroles des madrigaux, princi-
palement de l'époque de la reine Élisatetb, avec
des remarques et des notes); Londres, 1837,
in-12.
OLIVER (Édodard), membre du collège du
Citrist, à Cambridge, et chapelain du comte de
Northampton, vivait vers la fm du dix-septième
siècle. 11 a fait imprimer un sermon en faveur
de l'usage de l'orgue et des instruments de mu-
sique dans l'église sous ce litre : Sermon on
John IV, 24, Londres, 1698, in-4°. Voyez
POOLE ( Mathieu ).
OLIVER ( J.-A. ) maître de musique au
deuxième régiment d'infanterie écossaise, vers la
fin du dix-huitième siècle, a fait graver à Londres,
en 1792 : Quarante divertissements militaires
pour 2 clarinettes, 2 cors et 2 bassons.
OLIVEIRA ( Antoine), dominicain du cou-
vent de Lisbonne, brilla dans les premières an-
nées du dix-septième siècle, comme compositeur
et comme directeur du chœur de l'Église Saint-
Julien dans sa ville natale ; il se rendit plus tard
à Rome, où il mourut. Il a laissé en manuscrit
beaucoup de messes, de psaumes et de motets
qui sont indiqués dans le catalogue de la biblio-
tiièque royale de Lisbonne, imprimé chez Craes-
beke, en 1649, in-4''.
OLIVET ( L'abbé Joseph THOULIER D'),
né à Salins le 30 mars 1682, mourut à Paris ,
le 8 octobre 176S. L'Académie française l'admit
au nombre de ses membres en 1723. Ce savant
grammairien est auteur d'un opuscule intitulé :
Lettres de l'abbé d'Olivet à son frère, sur le dif-
férend de M. de Voltaire avec Travenol, Paris,
1746, in-43. 11 y fournit quelques renseigne-
ments sur ce dernier, qui était violoniste à l'or-
chestre de l'Opéra. ( Voyez Travenol. )
OLIVIER ( Je vx de Died ), docteur en droit,
né à Carpentras, dans le département de Vau-
clusc, en 1752, ou en 1753, selon plusieurs bio-
graphes, fut avocat et professeur de droit à .Avi-
gnon, puis chancelier de la cour suprême de la
rectorerie du Comtat Venaissin. Après la réunion
du Comtat à la France, en |791, Oliviern'échappa
que par miracle au massacre de la Glacière à
Avignon. Plus tard , il fut arrêté à Mmes
comme parent d'émigrés, et conduit à Orange
où siégeait le tribunal révolutionnaire; mais les
événements du 9 thermidor lui sauvèrent la vie
et le rendirent à la liberté. Nommé juge du tri-
bunal d'appel de Nîmes, sous le consulat, il
devint plus tard conseiller de la cour impériale
de cette ville. Il est mort à la campagne, près de
Nîmes, le 30 novembre 1823. Au nombre de ses
écrits, on trouve : 1° L'Esprit d'Orphée, ou de
V influence respective de la musique, de la mo-
rale et delà législation; Paris, Pougens, 1798,
in-8° de 92 pages. — 2° L'Esprit d'Orphée, ou
de l'influence respective ,etc. seconde étude ou
dissertation, ibid. 1802, in-8"», de 37 pages. —
3° Troisième étude, ou dissertation touchant
les relations de la musique avec l'universalité
des sciences, ibid., 1804, in-S". Je crois qu'il y a
un autre opuscule du même auteur sur le même
sujet, mais je n'en connais pas le titre.
OLIVIER ( François Henri ), typographe à
Paris, inventa, en 1801, de nouveaux procédés
pour imprimer la musique en caractères mobiles, et
obtint, dans la même année, un brevet de dix ans
pour leur exploitation. Le procédé d'Olivier con*
sistait à graver en acier les poinçons des notes
sans fragments de portée; puis ces poinçons
étaient trempés et frappés dans des matrices de
cuivre rouge ; après quoi la portée était coupée
au travers de la largeur de la matrice aa
moyen d'une petite scie d'acier à cinq lames. La
formes des caractères de musique fondas dans
ces matrices était belle, mais les solutions de
continuité de la portée se faisaient apercevoir
dans l'impression comme par les procédés ordi-
naires. Une médaille en bronze fut accordée à
Olivier pour l'invention de ces caractères, à l'ex-
position du Louvre en 1803. Il forma alors avec
Godefroy une association pour la publication de
la musique par ses nouveaux procédés; plusieurs
livres élémentaires et des compositions de dif-
férents genres parurent jusqu'en 1812, ainsi qu'un
journal de chant composé d'airs italiens avec
accompagnement de piano; mais l'entreprise ne
fut point heureuse; et le chagrin qu'en eut Oli-
vier lui occasionna une maladie de poitrine qui
le mit au toml)eau dans l'été de 1 81 5. Tout le ma-
tériel de la fonderie et de l'imprimerie qu'il avait
établie était déposé à la Villette, près de Paris,
en 1819, et on l'offrait à vil prix sans trouver
d'amateur. J'ignore ce qu'il est devenu depuis
368
OLIVIER — OLTHOVIUS
ce temps. Francœur a donné une description
détaillée des procédés typographiques d'Olivier
dans le Dictionnaire des découvertes, inven-
tions, innovations, etc. (Paris, I82t-1824j.
tome 12, pages 61-65.
OLIVIER-AUBERT. Voyez AUBERT
( Pierre- François-Olivier ).
OLIVIEHI (Joseph), compositeur de l'é-
cole romaine, fut maître de chapelle de Saint-
Jean de Latran et succéda en cette qualité à
Antoine Cifra, en 1622 ; mais il n'en remplit les
fonctions que pendant un an, et eut pour suc-
cesseur un autre maître nommé aussi Olivieri
(Antoine), en 1623; circonstance qui semble in-
diquer qui! cessa de vivre à cette époque, car
on ne trouve plus, après ce temps, de traces de son
existence. Olivieri fut un des premiers composi-
teurs italiens qui firent usage de !a basse con-
tinue pour l'accompagnement de leurs ouvrages,
et qui multiplièrent les ornements dans le chant.
Il a publié à Rome, en 1600, des motels pour
soprano solo avec chœur. On a aussi de lui des
madrigaux à 2 et 3 voix avec basse continue,
sous ce titre : La Turca armonica; giovenili
ardori di Giuseppe Olivieri ridotti in madri-
gali, et nuovamente posti in musica a due,
e tre voci con il basso continuo per sonare in
ogni istromento, Rome, 1617.
OLIVIERI (A. ), né à Turin en 1763, ap-
prit à jouer du violon sous la direction de Pu-
gnani, et parvint à une habileté remarquable
sur cet instrument. Pendant plusieurs années il
fut attaché à la musique du roi de Sardaigne et
au théâtre de la cour. Une aventure fâcheuse
l'obligea à s'éloigner inopinément de Turin : on
rapporte ainsi cette anecdote. Olivieri était
souvent engagé à jouer chez un personnage de la
cour qui le payait avec magnificence. Un joiir
il se fit attendre si longtemps, que l'auditoire
commençait à témoigner quelque impatience;
enfin il arriva, et le maître de la maison lui ex-
prima son mécontentement en termes très-durs.
L'artiste, occupé à accorder son instrument,
écoutait les reproches sans répondre un seul mot;
mais ces reproches continuaient toujours , et les
expressions devinrent si insultantes , qu'Olivieri
brisa son violon sur la tête du grand seigneur
et s'enfuit àNaples. 11 y était encore à l'époque
où l'armée française envahit cette ville, et les
principes révolutionnaires qu'il afficha pendant
qu'elle l'occupait l'obligèrent à la suivre quand elle
se retira. Il visita alors Paris, où il fit graver
deux morceaux de sa composition; il se rendit
à Lisbonne quelques années après, et n'en revint
qu'en 1814. Je l'ai connu en 1827; son embon-
point excessif lui avait fait abandonner le violon;
mais il avait conservé un goût très- vif pour la
musique et en parlait bien. Je crois qu'il est
mort peu de temps après. On a gravé de sa
composition : 1° Variations pour violon, sur
une barcarolle napolitaine , avec accompagne-
ment de quatuor; Paris, Carli. — 2°Deuxairs va-
riés pour violon, avec violoncelle; Paris, Leduc.
Quoique Olivieri eût les doigts très-gros, il jouait
avec beaucoup de délicatesse et de brillant les
choses les plus difficiles ; mais on remarquait
quelque froideur dans son style.
OLIVO (Simplicien), maître de la chapelle
ducale de Parme, naquit à Mantoue vers 1630. Il
a fait imprimer de sa composition : 1° Salmi
di compieta, con litanie in ultirno, conceriati
a Otto voci e due violini, con una violetta
e violoncino; Bologne, Jacques Monti, 1674,
op. 2, in-4". — 2° Salmi per le vespri di tutio
l'annoconilcantico délia Beat a Maria Virgine
a Otto voci divisi in due cori,- op. 3. ibid,
1674. — 3" Carcerata Ninfa, madrigali a più
t^od; Venise, 1681.
OLOFF (Ephhaïm), né à Thorn en 1685,
fit ses études dans sa ville natale et à«Leipsick ,
puis fut nommé prédicateur de l'église de la
Trinité, à Thorn, et mourut dans cette ville, non
en 1715, comme le dit M. Sowinski ( Les musi-
ciens polonais, p. 412), mais en 1745. On a de
lui un bon livre intitulé Polnische Liederge-
schichier vonpolnischen Kirchengesanger und
derselben Dichtern und Uebersetzern, nebst
einigen AnmerhUngen aus der polnische Kir-
chen und Gelerhten Geschichte ( Histoire des
cantiques polonais , des chantres des églises po-
lonaises et de leurs auteurs et traducteurs, etc.);
Dantzick, 1744. On y trouve des notices sur les
poètes et miisiciens ailleurs des chants d'église,
et des renseignements bibliographiques sur les
livres de chant ( Kancyonaly ) polonais.
OLPE ( Chrétien-Frédéric ), recteur du col-
lège de la Croix, à Dresde, naquit à Langensalza,
le 5 août 1728, et fut nommé bibliothécaire de
l'Académie de Wittenberg. Deux ans après, on
l'appela à Torgau, en qualité de recteur, et en
1770 il alla à Dresde, où il était encore en 1796.
Il a publié im petit écrit intitulé : Einige ISach-
richien von den Chorordnungen auf der
Kreuizschule, und von den Wohlthaten ivel-
chesei geniessen (Quelques renseignements sur
l'organisation du chœur de l'école de la Croix , et
des avantages qu'on y trouve), Dresde, 1792,
in-4°.
OLTHOVIUS (Statics), magister et coh-
tor de l'école primaire , à Rostock , naquit à Os-
nabruck , dans la première moitié du seizième
siècle. Sur l'invitation de Chytraei, recteur du
OLTUOVIUS — ONSLOW
369
collège de Rostock, il mit en musique à quatre
parties les paraphrases des psaumes de Georges
Buclianan, et les publia sous ce titre : l'salmo-
rum Davidis paraphrasis poetica Georgii
Buchanani Scott, cum quatuor voclbus; Ros-
tocclii, 158i, in-l2*. Les quatre parties sont en
regard dans ce voiume. On trouve Fanaiyse de
«es mélodies dans la préface que Xallianiel Chy-
traei a placée en tête de la deuxième édition, inti-
tulée : Psabnorum Davidis paraphrasis poe-
iica Georgii Buchanani Scoti : argument is ac
melodiis explicata atque illusirata opéra et
studio yathanii Chijtrxi, Uerbornx Nasso-
viorum, 1590, in-12, de 407 pages. Il en a été
publié nue troisième édition sous le même titre,
dans la même ville, en 1610, in-lî".
OLYMPE. Il y eut dans l'antiquité deux
musiciens de ce nom, l'un et l'autre fameux
joueurs de Itùte. Le premier, ou le plus ancien,
vivait avant la guerre de Troie. Il était Mysien
d'origine, fils de Méon, et disciple de Marsyas.
Olympe lut l'auteur de trois nomes ou cbants
qui furent longtemps célèbres chez les Grecs : le
premier doit être un hymne à Minerve, le second
l'hymne à Apollon, et le troisème était appelé le
chant des Chars. Aristote ( Politic, lib. 8, c. 5)
dit que les airs d'Olympe , deVaveu de tout le
monde, excitaient dans l'dme une sorte d'en-
thousiasme. Indépendamment de son habileté sur
la llùle, Alexandre Polyhistor, cité par Plutarque
{De musica), attribue à Olympe l'art déjouer
des instruments à cordes et de percussion. Ce
dernier auteur dit aussi positivement qu'Olympe
fut l'inventeur du genre enharmonique; mais
l'erreur de Plutarque est évidente, car le genre
enharmonique d'Olympe n'était autre chose que
le système tonal de l'Orient. Le second Olympe
était Phrygien ; il vivait dans le même temps
que Midas, et il fut le plus habile joueur de fiùle
de cette époque.
OXARI (Romcald), moine camaldule, vécut
vers le milieu du dix-septième siècle. Il n'est connu
que par ses ouvrages, au nombre desquels on
remarque celui qui a pour titre -. Il primo libro
délie messe concertate a cinque e sei voci
op. 4. in Yenezia, app. Aless. Vincenti, 1642,
in-4».
• ONS-E\-BRAY (Loiis-Léo.n PAJOT,
chevalier, comte D'), fils d'un directeur général
des postes et relais de France, naquit à Paris,
le 25 mars 1678, et succéda à son père dans sa
charge, en 1708. Il mourut à Bercy , près de
Paris, le 22 février 1754. D'Ons-en-Bray a fourni
plusieurs mémoires à la collection de l'Académie
royale des sciences de Paris, parmi lesquels on
remarque : Description et usage d'un métro-
BIOCR. ISIV. DES UlSieiESS. — T. VI.
mètre ou machine pour battre la mesure et
le temps de toutes sortes d'airs (Mém. deTA-
cad. royale dessciunccs, ann. 1724), tiré à part,
Paris, in-4'' ( sans date ).
OASLOW (Geouces), compositeur, né à
Cl<rmont (Puy-de-Dôme) le 27 juillet 1784. Soa
père était le second fds d'un lord de ce nom, et
sa mère, née De Bourdeilles, descendait de la
famille de Brantôme. La musique n'entra dans
l'éducation d'Onslow que comme l'accessoire
agréable du savoir d'un gentilhomme ; cependant,
pendant un assez long séjour qu'il fit à Londres
dans sa jeunesse, il reçut des leçons de HuU-
mandel pour le piano ; plus tard il devint éiève de
Dussek , et après que celui-ci eut quitté l'Angle-
terre, Onslow passa sous la direction de Cramer.
De tels maîtres semblaient devoir développer en
lui un vif penchant pour l'art dont ils lui appre-
naient à exprimer les beautés; mais par une rare
exception dans la vie de ceux qui parviennent à
se faire un nom honorable parmi tes artistes,
Onslow ne comprenait de la musique que la par-
tie mécanique de l'exécution ; son cœur restait
froid aux inspirations des plus grands maîtres ,
et son imagination sommeillante ne lui fournis-
sait pas une idée qui pût révéler un musicien de
mérite. Un séjour de deux années en Allemagne
ne changea pas ses dispositions : rien ne peut
mieux faire comprendre à quel point il portait
l'indifférence pour la musique, que son naïf aveu
d'avoir entendu sans plaisir les meilleurs opéras
de Mozart rendus avec une parfaite intelligence
des intentions de ce grand artiste. Toutefois l'é-
tonnement qu'un tel fait doit exciter parmi ceux
qui connaissent la musique d'Onslow, s'accroîtra
encore lorsqu'on saura que ce que Don Juan et
la Flûte enchantée n'avaient pu faire, l'ouver-
ture de Stratonice , c'est-à-dire une des moins
bonnes compositions de Méiml, le fit. « En écou-
« tant ce morceau (dit Onslow), j'éjjrouvai une
i « commotion si vive au fond de l'âme, que je
« me sentis tout à coup pénétré de sentiments
« qui jusqu'alors m'avaient été inconnus ; aujour-
« d'hui même encore, ce moment est pré.sent à
« ma pensée. Dès lors, je vis la musique avec
« d'autres yeux ; le voile qui m'en cachait les
« beautés se déchira ; elle devint la source de
« mes jouissances les plus intimes, et la compagne
« fidèle de ma vie. « Cette bizarre anecdote,
rendue plus remarquable encore par le peu d'a-
nalogie de la musique de Méhul et de celle d'Ons-
low, doit être ajoutée à la liste fort étendue des
singularités signalées dans la vie de quelques
artistes.
i Onslow avait appris à jouer du violoncelle, à
• la sollicitation de quelques amis qui désiraient
2i
370
ONSLOW
exécuter, dans l'isolement de la province, les
quatuors et quintettes de Hayiln, de Mozart et de
Beethoven. La ri^voiution qui venait de s'opérer
en lui le rendit attentif à ce genre de musique,
qu'il n'avait écoutée jusqu'alors qu'avec distrac-
tion : chaque jour il y trouva plus de charme, et
bientôt il y prit un goût passionné. Il ne lui suf-
fisait plus d'en entendre ; il voulut en étudier la
facture, et fit mettre en partition les plus beaux
morceaux des grands maîtres qui viennent d'être
nommés. Cette étude pratique de l'harmonie lui
tint lieu de la théorie, dont il ignorait les éléments,
et le prépara à l'art d'écrire ses propres ouvra-
ges. Cependant il avait accompli sa vingt-deuxième
année avant qu'il eût éprouvé le besoin de com-
poser. Ce fut peu de temps après cette époque
qu'il se décida à écrire son premier quintette, pre-
nant pour modèles ceux de Mozart, objets de sa
préférence. Il est facile de comprendre qu'avec
une éducation musicale si imparfaite, et sans
avoir préludé à de semblables ouvrages par quel-
ques essais moins importants, le travail matériel
d'une partition de quintette dut être laborieux
et lui présenter plus d'un embarras pénible ; mais
les avantages d'une fortune indépendante, et le
calme d'une existence qui s'écoulait paisiblement
loin du tumulte des grandes villes, laissaient à
Onslow tout le loisir nécessaire pour surmonter
les obstacles que rencontre une première produc-
tion. C'est à ces cau.ses qu'il faut attribuer le
grand nonribre de compositions qu'il a publiées
dans l'espace d'environ trente ans, malgré la len-
teur qui dut être inséparable de ses premiers tra-
vaux. Vivant presque constamment à Clermont,
ou dans une terre située à peu dedi.stancede ceite
ville, au milieu des montagnes de l'Auvergne, il
ne visitait Paris que pendant quelques mois de la
saison d'hiver. La douce quiétude d'un genre de
vie si favorable à la méditation l'a merveilleuse-
ment secondé dans la destination qu'il s'était
donnée. Après avoir été entendus à Paris, chez
Pleyel, les trois quintettes pour deux violons,
alto et deux violoncelles qui forment le 1" œuvre
d'Onslow furent publiés vers la tin de 1807.
Une sonate pour piano, sans accompagnement,
la seule qu'il ait écrite dans cette forme, trois
trios pour piano , violon et violoncelle, et le pre-
mier oeuvre de q;iatuors pour deux violons, alto
et basse, leur succédèrent et commencèrent à
faire connaître leur auteur avantageusement
parmi les artistes. Cependant, malgré ces .succès
d'estime, Onslow éprouvait quelquefois le regret
de n'être gui<lé dans ses travaux que (lar son
instinct, et de ne pouvoir invoquer en leur fa-
veur que le témoignage de son oreille : un ami
(M. de Murât) lui donna le conseil de se con-
fier à Reicha, pour faire, sous sa direction, un
cours d'harmonie et de composition. Rei» ha était
en effet le maître le plus propre à donner une
instruction rapide, qui pût se résumer plus en
procédés de pratique qu'en connaissance pro-
fonde de la science. C était surtout de ces pro-
cédés qu'Onslow avait besoin ; quelques mois
lui suffirent pour en apprendre ce qui était né-
ces.saire à un artiste déjà pourvu d'un sentiment
harmonique développé.
Depuis longtemps Onslow jouissait de la répu-
tation de compositeur de mérite dans la musique
instrumentale : ses amis le pressèrent de sollici-
tations pour qu'il appliquât son talent à la scène ;
il céda à leurs instances en écrivant V Alcade de
la Vega, drame en trois actes, qui fut représenté
au théâtre Feydeau, dans le mois d'août 1824, efc
qui ne s'est pas soutenu à la scène. En vam le
musicien eût il réalisé dans la composition de
cet ouvrage ce qu'on attendait de lui, le livret de
la pièce était si faible de conception, qu'il aurait
entraîné la chute de la musique; mais cette mu-
sique elle-même avait le défaut radical de n'être
pas empreinte du caractère dramatique. II était évi-
dent qu'en l'écrivant Onslow s'était plus occupé
des détails de la facture que de la signification
scéniqucdes morceaux. Le Colporteur , o\^èr,.\ un
trois actes, joué au mCme théâtre, eu 1S27, est
une composition beaucoup meilleure que la pre-
mière sous le rapport dramatique. Les progrès
de l'auteur à cet égard semblaient indiquer qu'aux
succès de salon obtenus par sa musique instru-
mentale il joindrait ceux de la scène qui .seuls, en
France, donnent de la popularité aux noms des
artistes. Mais après le succès d'estime obtenu pur
le Colporteur, Onslow disparut de la scène pen-
dant dix années, et ce ne fut qu'en 1837(iu"il fit
représenter son troisième opéra, sous le titiC :
Le Duc de Guise. Quelques morceaux bien faits
se faisaient remarquer dans cette partition ; mais
l'ouvrage était en général froid et lourd.
Le caractère de son talent semblait lui offrir
des chances plus favorables dans la symphonie;
cependant celles qu'H a fait exécuter dans les
concerts du Conservatoire de Paris y ont été ac-
cueillies avec froideur. Onslow a cru voir de
l'injustice dans l'indifftVencc de l'auditoire des
concerts du Conservatoire, et l'a considérée
comme le résultat de l'engouement exclusil pour
les symphonies de Beethoven : il avait la convic-
tion que sa musique était bien faite, et t>erteson
y pouvait remarquer beaucoup de mérite, mais
un mérite didactique. On n'y trouvait point ces
heureuses péripéties qui font le charme des sym-
phonies de Haydn, de Moz;irt et de B.'et!!»veu.
Comme ces artistes illustres, Onslow développait
ONSLOW — OPEI.T
371
son œuvre sar une idée principale, mais d'une
manière scoiaslique et froide, et non avec les
élans de génie qui brillent dans ses modèles. Il
est remarquable aussi que, dans ses symphonies,
Onslow n'a pas donné de brillant à son instru-
mentation; son orchestre était sourd et terne.
Dans l'opinion des connaisseurs, la spécialité du
talent de l'auteur de ces symphonies consiste dans
l'art d'écrire les quintettes.
En 1829, un accident cruel fit craindre un ins-
tant pour la vie d'Onslow, et faillit au moins le
priver de l'ouïe. Il était à la chasse au san<^lier
dans la terre d'un ami; entré dans un bois,
il s'y assit un instant pour y écrire une pensée
musicale; absorbé dans la méditation, il avait
oublié la chasse, quaud il fut atteint par une
balle qui, après lui avoir déchiré l'oreiile, alla se
loger dans le cou, d'où elle ne put être extraite.
Les accidents qui se développèrent à la suite de
ce malheur firent craindre une intlainmation du
cerveau ; mais après quelques mois de traitement
et de repos, la santé se rétablit, et il ne resta à
Onslow qu'un peu de surdité à l'oreille qui avait
été hlessée.
Siins faire naître l'enthousiasme réservé pour
les œuvres du génie, la musique instrumentale
d'Onslow lui avait fait une honorable réputation
de compositeur sérieux. L'estime qu'on accordait
à ses ouvrages, et peut-être aussi sa position |
sociale, lui ouvrirent les portes de l'Institut: ;
en iâ42, il succéda à Chérubin! dans l'Académie
des beaux-arts, qui en est une division. Chaque
année il quittait l'Auvergne pour aller à Paris ,
passer l'hiver et fréquenter les réunions de ses î
collègues. Dans ses dernières années, sa santé ;
s'alfaiblit progressivement. « La maladie qui :
a devait nous enlever Onslow, dit Ualévy (1) , |
« ne vint pas l'abattre d'un seul coup. Ses forces i
« fléchirent peu à peu sous le poids du mal qui •
« détruisait sa vie. Il vint pour la dernière fois à
« Paris, dans l'été de 1852 à l'époque ordinaire :
« des concours de musique. Ses amis furent
« frappés du changement qui s'était fait en lui : ',
« sa vue s'éteignait, sa parole naguère vibrante , j
o ardente, accentuée, était morne et pénible. Lors-
« qu'il quitta Paris, de tristes presseniiments \
a vinrent nous assaillir : ils ne furent que trop
« tôt justifiés Il retourna à Clermunt pour ;
« y mourir : le 3 octobre 1852, au moment où le '
• jour se levait , ce cœur noble et dévoué avait
« cessé de battre. >» ~
(1) Notice sur Georgn Onsloïc, lue à la séance publique
annuelle de V Académie des beaux-arts, le samedi 6 oc-
tobre iSôô; Paris, Firmin Didol, 1833, in i», et Souvenirs
et Portraits, par Ualévy, Paris, Michel-Lévjr , 18€J, t vol.
»n-i2 (p. 185).
Celle mort fut heureuse pour l'artiste; car si
sa vie se fftt prolongée, il aurait acquis la triste
conviction que tout était fini pour sa renommée,
et qu'aucun écho ne résonnerait désormais des
accents de sa musique. Qui pourrait croire en
effet, que celui dont on a publié 34 quintettes,
36 quatuors, 3 symphonies, 7 œuvres de trios
pour piano, violon et violoncelle, 3 opéras et
une multitude d'autres compositions; que celui
que l'Allemagne considérait comme le seul com-
positeur français de musique instrumentale, et
dont les ouvrages ont été reproduits à Vienne,
à Leipsick, à Bonn, à .Mayeuce, serait sitôt oublié.'
Tel est le sort des œuvres que n'a pas dictées le
génie*
La liste des compositions de cet amateur dis-
tingué est divisée de la manière suivante : 1"
Trente-quatre quintettes, savoir; œuvre 1*"" pour
2 violons, alto et 2 violoncelles; Paris, Pleyel ;
op. 17, idem, ibid.; op. 18 et 19 pour 2 vio-
lons, alto, violoncelle et contrebasse, ibid.;
op. 23, 24 et 25 pour 2 violons, 2 altos et
basse, ibid. ; op. 32, 33, 34, 35, pour 2 violons,
alto, violoncelle et contrebasse, ibid.; op. 37,
pour 2 violons, alto et 2 violoncelles, ibid.;
op. 38 idem, ibid. ; op. 39, 40, 43, 44, 45, pour
2 violons, alto, violoncelle et contrebasse; op. 51,
57 et 5S pour 2 violons, alto et 2 violoncelles;
op. 59, 61, 67, 68, 72, 73, 74, 78, 80. 82, idem,
ibid. — 2° Trente-six quatuors pour 2 violons,
alto et violoncelle, savoir : op. 4 , 8, 9, 21, 36 ,
44, 46, 47, 48, 49, 50, 52, 53, 54, 55, 56, 62, 63,
64, 65, 66, 69; Paris et Leipsick. — 3° Trois
symphonies à grand orchestre, op. 41, 42, et
la troisième tirée de l'œuvre 32; Paris et Leip-
sick. — 4° Trios pour piano, violon et violon-
celle, op. 3,14, 20, 24, 26, 27; Paris, Pleyel.
— 5° Sextuor pour piano, 2 violons, alto, violon-
celle et contrebasse, op. 30, ibid. 6° Duos
pour piano et violon, op. 11, 15, 21, 29, 31,
ibid. — 7° Sonates pour piano et violoncelle,
op. 16, ibid. — 8" Sonates pour piano à 4 mains ,
op. 7, 22, ibid. — 9" Sonate pour piano seul, op. 2,
ibid. — 10' Des thèmes variés, toccates, etc., pour
piano seul, ibid. — 11" Trois opéras, savoir:
l'Alcade de la Vega, en 3 actes ; le Colpor-
teur, en 3 actes ; le Duc de Guise, en 3 actes.
OPELT (...), fadeur d'orgues et d'instru-
ments à Ratisbonne, né dans la seconde partie
du seizième siècle, fit un voyage en Italie et cons-
truisit eu 1604, dans l'église Saint-Georges de
Vérone, un orgue qui fut estimé de son temps.
OPELT (François-Giillalme), receveur
des impôts à Plauen, dans le Voigtiand, puis
conseiller des finances du royaume de Saxe, à
Dresde , annonça, dans la Gazette musicale des
24.
375
OPELT
29 février et 6 décembre 183?, un livre de sa
composition intitulé : AUgemeine Théorie der
Musik (Théorie générale de la musique), et ex-
pliqua dans ses annonces la nature des travaux
par lesquels il avait essayé de donner une base
certaine à cette théorie; mais de pareils ouvrages,
quel qu'en soit le mérite, ne rencontrent guère
que de l'indifférence dans le public, et M. Opelt
en fit par lui-même la triste expérience. Il crut
alors exciter plus d'intérêt en publiant, comme
aperçu de son travail, un exposé des principes
qui lui servent de base, dans une brochure de
48 pages in-4'', sous ce titre : Ueber die Naiur
der Musik. Ein vorlœv figer Auszug ans der
Bereits auf Unterzeichnung angekûndigten :
Allgemeinen Théorie der Musik (Sur. la nature
de la musique, etc.), Plauen, 1834. Fink rendit
compte de cet écrit dans la Gazette générale
rie musique deLeipsick (ann. 1834, n° 7 ); mais
je crois que lui et moi fûmes les seuls lecteurs
de l'ouvrage de M. Opelt. Inventeur d'un ins-
trument auquel il a donné le nom de rhythmo-
mètre, et qui a de l'analogie avec la Sirène
de Cagniard-de-la-Tour, il avait été conduit, par
une suite d'expériences, à constater des rap-
ports proportionnels entre le temps mesuré et le
son déterminé, en ce que les vibrations du pen-
dule, en raison de sa longueur, sont la mesure
du temps, comme les vibrations de la corde ou
de la colonne d'air dans un tuyau déterminent
l'intonation du son , également en raison de la
longueur de la corde ou du tuyau. Possédant une
instruction solide en physique, dans la science
du calcul et dans la théorie de la musique, Opelt
paraît être d'ailleurs expérimentateur intelligent.
Persuadé de l'infaillibilité de ses résultats, il pro-
fita de l'amélioration de sa position, après qu'il
eut été appelé à Dresde où il occupe une place
importante dans les finances, pour livrer à l'im-
pression sa Théorie générale de la musique,
qui parut sous ce titre r AUgemeine Théorie der
Musik auf den Rhylhmus der Klangwillen-
pulse und durch neue Versinnlichungs-mittel.
erlseutert; Leipsick, 1852, gr. in-4°.
Ainsi que la plupart des physiciens et des ma-
thématiciens qui se sont occupés de musique,
Opelt se persuade que les bases de cet art existent
dans les phénomènes du monde matériel et
dans les formules numériques qu'on en déduit.
Rien ne le prouve mieux que le titre donné à
son premier opuscule : Sur la nature de la mu-
sique. La nature de la musique, suivant lui,
c'est ce qui résulte de ses expériences sur le mo-
nocorde, le pendule et le rhythmomètre. De ces
expériences, il lire la démonstration de l'ana-
logie, ou plutôt de l'identité des intervalles des
sons et des durées relatives de ceux-ci. De ces
intervalles, il (ait sortir tout un système d'har-
monie et de mélodie; des proportions de la durée
variable des sons, il déduit tontes les formules
des éléments rhythmiques. Or, voilà bien toute
la musique ; il n'y manque plus que le sentiment
et rim_agination, bagatelles dont Opelt ne tient
pas grand compte. Dans son opinion, le plaisir que
procure la musique ne consiste que dans les
rapports numériques des intervalles des sons et
dans ceux de la durée de ces sons, et le plaisir
est d'autant plus vif que, les rapports étant plus
simples, le calcul mental s'en fait avec plus de
facilité. Nous voici donc ramenés à cette pro-
position émise pour la première fois par Descartes
{voyez ce nom), et qui a égaré la puissante
tête d'Euler, comme je l'ai démontré dans mon
Esquisse de l'histoire de l'harmonie ( pages
74-91). Il y a, sur cette base prétendue de l'art,
deux observations qu'il importe de présenter
pour dissiper les erreurs des physiciens et des
géomètres.
Remarquons d'abord que les relations de sons
fournies par les instruments acoustiques et dé-
terminées par le calcul sont des faits isolés, des-
quels ne peut sortir la loi de leur enchaînement
tonal, soit mélodique, soit harmonique. Or c'est
le mouvement des sons, c'est-à-dire leur suc-
cession, en vertu des lois de tonalité etderhythme,
qui constituent la musique. Ces lois sont des con-
ceptions idéales, métaphysiques, et non des ac-
quisitions empiriques. C'est l'homme qui les a
créées et formulées diversement suivant les temps,
les lieux et les mœurs. Opelt construit une échelle
chromatique par les principes de tous les géo-
mètres, c'est-à-dire, par de faux principes qui
font les tons inégaux, bien qu'ils soient sans aucun
doute égaux dans notre tonalité, et par de pi-é-
tendus demi-tons majeurs , bien qu'ils soient
mineurs puisqu'ils sont attractifs. A grand'peine
et par des procédés arbitraires, il tire de tout
cela des accords; mais ces accords sont im-
muables : rien ne peut les faire sortir de leur
repos éternel. Par des moyens analogues, Opelt
trouve des éléments de rhylhme; mais il n'en
peut tirer une conception rhylhmique, parce
qu'une coiiception idéale uc peut naître de faits
matériels.
Supposons cependant que les expériences et
les opérations numériques de ce savant lui eus-
sent fait trouver dans la nature ce que je lui
refuse, qu'en pourrait-on conclure? N'est-il pas
évident que les hommes n'ont eu aucune con-
naissance de ces choses lorsqu'ils ont formulé
leurs tonalités.' Ne sait-on pas que les peuples
les plus barbares elles plus ignorants ont rhythmé
OPELT — ORGA.NO
;t3
ieiirs chants par la seule loi de leur organisation ?
Ne conDaU-ou pas l'iiisloire des premiers essais
d'harmonie, des développements de cette partie
de l'art, de ses transformations et de ses acqui-
sitions successives par de pures intuitions intel-
lectuelles et sentimentales ? Or, qu'est-ce que la
théorie de ces choses, si ce n'est l'exposé des opé-
rations de re>prit et du sentiment qui ont pré-
sidé à leur création, et comment la théorie tirée
de faits ignorés pourrait-elle être celle de l'art?
Si donc nous supposons que ces faits ont réelle-
ment la valeur et la signification qu'on leur ac-
corde gratuitement , on n'y pourra reconnaître
que cette harmonie supposée, par Leibniz, avoir
été établie par Dieu entre les phénomènes du
monde physique et ceux de la pensée, ou, pour
me servir de la formule fondamentale de la phi-
losophie de Sclieliing, l'accord de l'intuition et
du fait, de l'idéal et du réel.
Mais cet accord, en quoi pourrait-il consister?
Le voici : nul doute qu'en l'absence des phé-
nomènes physiques de la production des sons,
la musique n'existerait pas. De l'observation de
ces phénomènes, de leur analyse, de l'application
qu'on y fait du calcul, naît une science, c'est-à-
dire une théorie. Cette science a un nom : c'est
Vacoustique. Elle s'occupe uniquement des faits,
s'attache à les connaître, en étudie les lois.
Comme toute science humaine, celle-là a ses
limites : ces limites se posent d'elles-mêmes là
où les faits cessent de parler, là où l'interven-
tion de l'intelligence, du sentiment, de l'imagi-
nation et de la volonté est nécessaire pour irani-
former ces éléments en art; car les faits ne con-
tiennent rien de tout cela. Aux limites de la
science de l'acoustique commence donc la théorie
de la musique , et l'on voit que cette autre
science ne peut être que psychologique, suivant
la signification propre du mot. Ce qui constitue
l'art, c'est l'évolution , le mouvement , la suc-
cession, choses qui ne résultent pas des faits de
l'acoustique. Il n'y a dans ces faits ni levier,
ni plan incliné, ni pesanteur comme dans la mé-
canique; on ne peut conséquemment former ni
une statique, ni une dynamique des sons, à
moins qu'on n'aille chercher leur levier, leur
attraction et la loi de leur mouvement dans l'âme
humaine. Les découvertes de M. Opelt dans les
coïncidences des vibrations des sons avec celles
du pendule sont intéressantes et curieuses; il
a porté une rare sagacité dans l'examen de ces
faits ainsi que dans les applications qu'il y fait du
calcul, et l'on ne peut lui refuser d'avoir fait faire
un pas à la science, sous ce point de vue; mais
cette science est la théorie des vibrations, non
celle de la musique, comme il le croit. Il connaît
la mesure des intervalles des sons et de la durée
(le ceux-ci ; mais il ignore les causes idéales de
leurs combinaisons, sans lesquelles la musique
n'existerait pas.
ORAFFI ( Pierre-Mabcellin), abbé et com-
positeur italien, vivait vers le milieu du dix-
septième siècle , et a fait imprimer à Venise :
1' Concerli sacri 1, 2, 3, 4 e 5 voci, 1640. —
2"* Muslche per, gli congregazioni ed altri
luoghi di onesta ricreazione.
ORAZIO, surnommé Orazietto delVArpa
(le petit Horace de la Harpe), à cause de son
remarquable talent sur cet instrument, fut con-
temporain du célèbre organiste Frescobaldi (voyez
ce nom), et vécut à Rome de 1620 à 1640. Son
nom de famille est inconnu ; mais il est cité par
les écrivains de son temps , notamment par
Pielro délia Valle (Délia musica delVetà nostra,
dans le deuxième volume des œuvres de J.-B.
Doui, p. 254), comme un des artistes les plus
distingués de son époque, et comme le premier
des virtuoses sur la harpe.
ORDOXETZ(Chakles), ou plutôt ORDO-
NEZ, compositeur et violoniste espagnol, né dans
la première moitié du dix-huitième siècle, entra
au service de la chapelle impériale de Vienne en
1766. Il a laissé en manuscrit beaucoup de sym-
phonies de sa composition, des morceaux de mu-
sique d'éijlise, et a fait gravera Lyon, en 17S0,
six quatuors pour deux violons, alto et basse,
op. 1 . Pendant son séjour en Allemagne, il a com-
posé le petit opéra : Diesmal hat der Mann
den Willen (Cette fois l'homme est le maître).
On n'a pas de renseignements sur la fin de la
vie de cet artiste.
ORFIXO (ViTTonio), musicien attaché à la
musique du duc de Ferrare, dans la seconde
moitié du seizième siècle, s'est fait connaître par
un recueil de compositions intitule : Lamen-
tazionia 5 voci, lib. l, Ferrare, 1589.
ORGAKO (Perino), excellent luthiste, na-
quit à Florence en 1471. Les circonstances de sa
vie sont ignorées : on sait seulement que possé-
dant une habileté incomparable sur son instru-
ment, relativement au tem[>s où il vécut, il charma
ses contemporains et parcourut l'Italie au bruit
des applaudissements. Il mourut à Rome en
1500, à l'ûge de vingt-neuf ans, et fut inhumé
■ dans l'Église d'Aracœli, où cette inscription fut
mise sur son tombeau : Perino Organo, Fia-
rentino, qui singulari moriun suavitate ac
iestudinis 7ion itnitabili concenhi, dubium re-
liquit amabilior ne esset sua ingenii boni-
tate, an admirabili artis ercellenda clarior.
Paulus Jacobus Marmita Parmeiisis amico.
M. P. Yiiit annos 29.
374
ORGAS — ORISICCHIO
ORGAS (Anmbal), né à Ancôuc vers la fin
du seizième siècle, lut maître de chapelle de
l'église Saint-Cyriac qui est la catiiédrale de
cette ville. On a de lui : Motetti a quatiro, cin-
que, sel e otto voci. In Venetia. app. Aless.
Vincenti, 1619, in-4<'.
ORGIAIM (Don Théophile), compositeur
vénitien, fut maître de chapelle de la cathédrale à
Udine dans le Frioul, et vécut dans la seconde
moitié du dix-septième siècle. Il a beaucoup écrit
pour l'église et à composé la musique des opéras
intitulés: i° Il Vizio depresso , e la virtùco-
ronata, ovvero V Eliogabale 7i formata, repré
sentéau théâtreSanf Angelode Venise, en 1686.
— 2° Dioclete, représenté au théâtre S.Angelo,
à Venise en 1687. — 3" Le Gare deW Inganno
edel ainore,Ti\} tliéàtreS. Mosè de la même ville
en 1689. — 4" Il Tiranno deluso, rejirésenté au
tiiéâlre de Vicence en 1691. — 5° L'Onor alci-
mento , au théâtre de San-Funtino, à Venise,
en 1703. Le même ouvrage avait été joué à
Brescia, en 1697, sous le titre de Gii amort di
Rinaldo con Armida. — 6° Annida regina di
Damasco, au théâtre de Vérone, dans l'automne
de 1711. Orgiani est mort à Udine vers 1714.
ORGITAIVO (Palx), compositeur et cla-
veciniste, né à Naples vers 1745, fut élève du
Conservatoire de la Pietà de' Turchini, et écri-
vit, dans sa jeunesse, la musique de quelques
petits opéras pour les théâtres de second ordre
à Naples, ainsi que la musique de plusieurs bal-
lets. En 1771, Orgilano était employé comme
maestro al cembalo au théâtre du roi, à Londres.
11 a publié dans cette ville un œuvre de six
sonates pour le clavecin. On connaît aussi sous
son nom une cantate intitulée Andromacca,
avec accompagnement de piano. Je crois que cet
artiste est mort à Naples, dans les dernières an-
nées du dix-huitième siècle.
ORGITAXO (Raphaël), fils du précédent,
naquit à Naples vers 1780. Élève de Sala, et non
de Paer, comme il est dit dans le Dictionnaire
hisiorique des musiciens (Paris, 1810-1811),
il montra, dès ses premiers essais, d'heureuses
dispositions qui auraient peut-être produit un
compositeur distingué, s'il n'élait mort à la fleur
de l'âge, à Paris, en 1812. En 1803, il fit re-
présenter avec succès au théâtre des Ftoren-
tini, à Naples, l'opéra bouffe intitulé : L'Infermo
ad arte. Cet ouvrage fut Joué sur les théâtres
de plusieurs grandes villes d'Italie, et réussit par-
tout. L'année suivante, Orgilano donna au même
théâtre Non credere aile apparenze, autre
opéra bouffe qui n'eut pas moins de succès. En
1811, il écrivit à Paris quelques morceaux qui
furent intercalés dans le Pirro de Paer, et fu-
rent applaudis. On connaît aussi de ce composi-
teur quelques cantates et canzonetles avec ac-
compagnement de piano.
ORGOSIIVI (Henri), musicien né dans la
Marche de Brandebourg, vécut dans la seconde
moitié du seizième siècle et au commencement du
suivant. Il a fait imprimer un livre élémentaire in-
titulé : Musica nova qua tam facilis ostenditur
canendi scienlia ut brevissimo spacio pueri
ariem cam absque labore addiscere queant,
per Henricum Orgosinum Marchiacxim; Lelp-
sick, 1603 , in-8°. Ce livre est en latin et en alle-
mand. Paul Balduaims appelle cet^auteur Orge-
sini (Biblioth. philosoph., p. 181).
ORIDRYUS ( Jean), cantor à Dusseldorf
vers le milieu du seizième siècle, n'a été connu
d'aucun biographe ou bibliographe jusqu'à ce jour.
Lui-môme nous apprend, dans l'épître dédicaloire
d'un livre dont il sera parlé tout à l'heure, que son
maître de musique fut Martin, surnommé Peu
d'argent, maître de chapelle du duc de Clèves et de
Juliers(i;o!/.ce nom). Le livre d'Oridryus, l'un des
plus rares qu'on puisse citer, a pour titre : Prac-
ticx musicx utriusque prxcepta brevia eo-
rumque exercitia valde commoda, ex optimo-
rum musicorum libr-is ea duniaxat quxhodie
in usu sunt, studiose collecta. Dusseldorpii,
Jacobus Batheniusexcudebat, 1557, petit in-S"
de 80 feuillets non chilfrés, mais avec des sifjna-
tures. L'ouvrage est divisé eu de-ux parties, dont
la première traite du plain-chant, et l'autre de la
musique mesurée. Le style en est simple, clair,
et l'exposé des règles y est fait avec beaucoup de
lucidité, quoique d'une manière succincle. Ce qui
concerne l'ancienne notation, particulièremonl les
prolalions, y est bien traité. Le hasard m'a fait
acquérir le seul exemplaire que j'aie vu de cet
ouvrage, dans une vente de livres, où il n'y en
avait aucun autre concernant la musique.
ORIGW ( Antoine - Jean - Baptisie -
Abraham D'), né à Reims en 1734, acheta une
charge de conseiller à la cour des monnaies, et
la perdit à la révolution de 1789. 11 mourut
ignoré, au mois d'octobre 1798. On a de lui une
bonne compilation historique sur le Théâtre-
Italien de Paris et sur les commencements de
roi)éra-comiqi»e à ce théâtre, sous ce titre : An-
nales du Thé aire-Italien, Paris, 1788, 3 vol.
in-8".
ORISICCHIO (Antoine). C'est ainsi que
Grétry ( Mémoires ou Essais sur la musique,
1. 1, p. 72), Burney {The présent state of Music
in Irance andltaly, deuxième édil., p. 302), et
d'après eux Gerber et ses copistes, écrivent le
nonuiu compositeur romain Aurisicchio [voyez
ce nom). Je crois devoir ajouter i( i que lorsque
ORISICCHIO — ORLANDl
375
Grétry arriva à Rome en 1759, ce maitre était
déjà célèbre par sa nuisiquc d'égiise, et que Bur-
ney dit de lui (lûc. cit.) que lorsqu'on exécu-
tait une messe ou un motet du même composi-
teur dans une des églises de Rome (en 1770),
le public s'y portait en foule. Enfin, le Catalo-
gue i;énéral des membres de l'Académie de Sainte*
Cécile de Rome (Catalogo dei maestri com-
positori, dei professori di musica e socii di
oiwre, etc. (p. 67) fait voir (\n Antonio AVr
riskchio fut gardien de la section des maîtres,
metnhres de cette Académie, pendant les années
1776-1778 ; d'où l'on doit conclure qu'il ne mou-
rut pas aussi jeune que je l'ai dit à son article,
d'après les notes du Catalogue manuscrit de
l'abbé Santini, car puisqu'il était déjà célèbre et
maître sévère en 1759, comme le dit Grétry, il
ne pouvait avoir moins de trente ans, et devait
être conséquemment âgé de cinquante ans au
moins lorsque Casali {voyez ce nom) lui suc-
céda en 1779, comme gardien de la section des
compositeurs.
OmSTAGKO (JcLEs), né à Trapani (Sicile),
en 1543 (1) , étudia la musique à Païenne, et
devint organiste de la chapelle palatine {1). il
mourut dans cette ville, à un âge tiès-avancé. On
a publié de sa composition : 1° Madrigali a 5
foci ; Venise, Angelo Gardano, 1588, in-4*; —
2° Besponsoria Nativitati et Epiphanie Do-
mini 4 vocum, Palerme, Jo. Ant. de Franciscis,
1602, in-4''. On trouve aussi des madrigaux
d'Oristagnodans le recueil intitulé lafidi lumi;
Palerme, G. B. Maringo, in -4°.
ORLA\DI (Santi), compositeur de l'école
\énitienne, au commencement du dix-septième
siècle, a fait imprimer de sa composition : cinq
livres de J/a(/ri5'a// a 5 voci, in Venetia, app.
Angelo Gardano Fratelli, 1607-1609, in-4-.
ORLAXDI(Ferd[na.nd), professeur de sol-
fège au Conservatoire impérial de Milan, est né
à Parme en 1777. Rugarti, organiste à Colorno,
lui donna les premières leçons de musique, puis
il continua ses études sous la direction de Glii-
retti à Parme , et Paër lui donna quelques con-
seils. En 1793, il entra au Conservatoire de la
Pietù de' Turchini, à Naples, pour y apprendre
le contrepoint sous Sala et Tritto. De retour à
Parme à l'âge de vingt-deux ans, il y obtint un
emploi dans la musique de la cour, et bientôt
après il commença à écrire pour le théâtre. Au
carnaval de 1801, il donna à Parme la Pupilla
scozzese; au printemps, il écrivit pour la Scala,
àMilan, Il Podcstà di Chioggia, considéré à juste
(1) BiograCa degli uotnini illustri Trapancsi. dei ctv.
Ciaseppe M. di Ferro; Trapani, 1830, î vol. io-S".
(î) Mongitore, Biblioth. Sic, t. I, p. ti5.
titre comme un de ses meilleurs oiivrage^^, et qui
a été joué avec succès au Théâtre-Italien de Paris.
Dans la même année, il composa encore Aze-
inira e Cimene, pour Florence, et l'Avaro,
[M>ur Bologne. Jusqu'en 1S07 il montra la même
fécondité, et quoique ses ouvrages fussent en gé-
néral d'une inspiration et d'une facture assez fai-
bles, il jouissait alors d'une brillante réputation.
Un décret du vice-roi d'Italie l'ai-pela à Milan,
en 1806, comme professeur de musique et de
chant du pensionnat des Pages ; mais trois ans
aprè>, cette iusiilulion ayant été supprimée, Or-
landi entra au Conservatoire de Milan , en qua-
lité de professeur de solfège. En 1828, il fut ap-
pelé à Muuicb comme professeur de chant. Je
crois qu'il est mort dans celte ville vers 1840.
Depuis 1802 jusqu'en 1814, Orlandi a écrit
pour divers théâtres les ouvrages dont les titres
suivent : 1802 , / Furbi aile nozze, à Rome,
pour le carnaval ; L'Amore stravagante, à Mi-
lan, pour le printemps; U Amore dclmo , à Flo-
rence. 1803, // Fiore, à Venise dans l'été. 1804,
La Sposa contrastata , à Rome, pour le car-
naval; Il Sartore declamatore, à Milan, au
printemps ; Nino, à Brescia, dans l'été ; La Vil-
lanella fortunala, à Turin, pour Tautomne.
1805, Le Nozze chimeriche, à Milan, pour le
carnaval; Le Nozze poetiche, à Gênes, pour le
printemp?. 180G, Il Corrado, à Turin, pour le
carnaval ; Il Melodanza, à Milan, dans la même
saison, à l'occasion du mariage du prince Eu-
gène, vice-roi du royaume d'Italie; / lîaggiri
amorosi, au théâtre de la Scala, à Milan, pour
le printemps. 1807, IlBaloardo, à Venise, pour
le carnaval. 1808, La Dama soldaio, à Gênes,
pour le printemps ; L'Uomo benefi.co, à Turin,
dans l'été. 1809, VAmico deWComo. 1811, Il
Matrimonio per svenimento. 1812, Il Qui-
proquo, à Milan, pour le carnaval ; Il Cicisbeo
burlato, au printemps, dans la même ville. 1813,
Zulenia e Zelima. 1814, Rodrigo di Valcnza;
La Fedra. Après les premiers succès de Rossini,
Orlandi comprit qu'il ne pouvait lutter avec un
tel artiste, et il cessa d'écrire pour la scène.
Indépendamment de ses opéras , il a écrit qua-
tre messes solennelles, plusieurs motets, et
plus de cent compositions de différents genres,
parmi lesquelles on remarque un ballet en cinq
actes, beaucoup de morceaux détachés pour di-
vers opéras, cinq chœurs pour VAlceste d'Alfieri ,
une cantate à 2 voix, un nocturne à 3 voix,
dédié au roi de Wurtemberg en 1826.
La fille d'Orlandi, née à Parme en ISll, morte
à Reggio le 22 novembre 1834, à l'âge de vingt-
trois ans , avait débulc d'une manière brillante
dans l'opéra sérieux, et s'était fait applaudir dans
876
ORLANDI — ORLOWSKl
AnnaBolena, <le Donizetti, et Norma, de Bel-
lini.
ORLAiVDlIXI (Joseph-Marie), composi-
teur dramatique, est nommé simplement Joseph
Orlandini, dans le catalogue des Académiciens
philharmoniques de Bologne intitulé Série Cro-
nologica de' Prlncipi delV Academki de' Fi-
larmonici di Boiogna ( p. 23) ; mais Allacci le
nomme partout Joseph- 31 arie , d'après les li-
vrets des opéras qu'il a mis en musique. Sui-
vant le même cataloguBj Orlandini aurait été
Florentin, mais les mêmes livrets le disent Bo-
lonais {Bolognese) : c'est à ceux-ci qu'il faut
ajouter foi. Orlandini naquit vers 1690 et brilla
dans la première moitié dii dix-huitième siècle.
Son maître de contrepoint fut le P. Dominique
Scorpioni qui, vers la fin de sa vie, fut maître de
chapelle de la cathédrale de Messine. Orlandini
écrivit d'abord pour le théâtre de Ferrare, puis
composa pour ceux de Bologne et de Venise. Sui-
vant les notes qui avaient été envoyées d'Italie à
La Borde, cet artiste fut maître de chapelle du
grand-duc de Toscane ( i'ssai sur la musique,
t. m, p. 207). Il fut agrégé à l'Académie des
Philharmoniques de Bologne en 1719. Les titres
connus de ses ouvrages sont ceux-ci : 1° Faras-
mane, en 1710; — 2° La Fede tradita e ven-
dicata, à Venise, 1713; -— 3° Carlo re d'Al-
lemagna, ibid, 1714 ; — 4" VInnocenza gius-
iificata, ibid., 1714 ; — 5° Merope, d'Apostolo
Zeno, en 1717; — 6° Anfigona, à Bologne, en
1718. Cet opéra fut repris à Venise et à Bolo-
gne en 1721, 1724 et 1727 ; —1" LucioPajnrio,
à Venise, en 1718; — 8° Ifigeniain Tauride,
en 1719 ;-— 9° Paride, à Bologne, en 1720 ; —
10" Griselda, ibid., dans la même année; —
11° Nerone, à Venise, en 1721; — 12° Giu-
ditta, oratorio, à Ancône, en 1723; — Oronta,
à Milan, en 1724; -- 14° Bérénice, à Venise, en
1725; — 15° V Adélaïde, ibid., 1729; — 16° La
Donna nobile, en 1730 ; — 17° Massimiano, à
Venise, 1730; — 18° LoScialaquatore, en 1745.
ORLAÎVDO DI LASSO. V. L.\SSUS (Or-
LAiNB ou Roland DE).
ORLOFF (Grégoire-Wladimir, comte),
né à Péfersbourg en 1777, remplit, dans sa jeu-
nesse, plusieurs fonctions publiques, et fut élevé
en 1812 au rang de sénaleur. Obligé de voyager
pour sa santé, il visita l'Italie, et fit un séjour
de plusieurs années à Paris, où il se lia avec
diverses personnes distinguées du parti libéral.
Ces liaisons lui nuisirent dans l'esprit de l'empe-
reur Alexandre, et lorsque le comte retourna
à Pétersbourg, ce monarque lui interdit de sié-
ger dans le sénat; cependant cette interdiction
fut bientôt levée. Le comte Orloff mourut à
Pétersbourg le 4 juillet 1826, d'un coup d'apo-
plexie, à l'âge de qi?arantc-huit ans. 11 a beau-
coup écrit, en russe et en fr.jnçais, sur l'his-
toire, la politique, la littérature et les arts.
Quérard dit (voyez La France littéraire, t. 6,
p. 503 ) que M. Amaury-Duval est le véritable
auteur d«s ouvrages en langue française pu-
bliés sous le nom du conite Orloff; j'ignor'ï
si cette assertion est fondée. Quoi qu'il en soit,
au nombre de ces livres on trouve celui qui a
pour titre : Essai sur Vhisloire de la musique
en Italie, depuis les temps les jilus anciens^
jusqu'à nos jours; Paris, Dufart, 1822, 2 vol,
in-S". Adolphe Wagner de Leipsick a traduit en
allemand cet ouvrage, sous ce titre : Enttourf
einer Geschichte der italianischen Musik,etc.,
Leipsick, 1824, in-8". Il y en a aussi une tra-
duction italienne. L'auteur de l'article Orloff àa
Lexique universel de musique publié par Schil-
ling dit que la compilation d'Orloff est tirée en
grande partie du Dictionnaire des artistes musi-
ciens, de l'abbé Bcrtini;mais ce dictionnaire
n'est presque qu'une traduction de celui des
musiciens publié en français par Choron et
FayoUe, et celui-ci est lui-même traduit, avec
beaucoup de négligence, de l'ancien Lexique de
Gerber. C'est le Dictionnaire de Choron et
Fayolle que le comte cite partout, et je ne crois
pas qu'il ait eu connaissance de celui de Bertini.
Au surplus, si le Dictionnaire de Choron a beau-
coup servi au comte Orloff pour sa compilation
ma! faite, ce n'est pas le seul livre auquel il ait
emprunté des renseignements remplis d'inexacti-
tudes, de noms défigurés et de fausses dates.
Le volume, concernant les musiciens, du livre
intitulé Biographia degli Uomini del rcgno di
Napoli (Naples; 1819, in-4°) lui a fourni tout
ce qu'il rapporte des artistes de l'école napoli-
taine : il en a pris tout le reste dans Labonle,
qu'il appelle un éloquent écrivain. J'ai connu
le comte Orloff à Paris ; il aimait beaucoup la
musique, mais il n'y entendait rien, cl son igno-
rance de la partie scolastique, scientifique et litté-
raire de cet art était complète. Ce qu'il dit de la
musique des anciens et de celle du moyen âge n'a
point de sens; il confond le style de toutes les épo-
ques de la musique moderne : il appelle Viadana,
Yiadama, Graun, Grauss, Gerber, Gaebor,
Forkel, Jokel, etc., etc. On ne finirait pas si l'on
voulait relever toutes les bévues de ce livre.
ORLOWSItl ( Antoine ), violoniste et com-
positeur polonais, est né à Varsovie- en 1811
suivant M. Sowinski (Les Musiciens polonais,
p. 444), mais vraisemblement quelques années
plus tôt. li fit ses études musicales au Conserva-
toire de cette ville, et y reçut les leçons de Bie-
ORLOWSKl — ORMTHOPARCUS
377
Ian"5ki pour le violon. EIsner { roj/<?2ce nom ) lui
enseigna la composition. Les premiers prix de
violon et de piano lui lurent décernés en 1S23 ;
puis il écrivit la musique d'un ballet en un
acte, qui fut représenté au grand théâtre de
Varsovie en 1824. Lorsque ses études de cjnipv
sition furent plus avancées, il écrivit la musi-
que d'un nouveau ballet en trois actes, intitulé :
Envahissement de l'Espagne par les Maures,
qui obtint quelques représentations au même
théâtre, en 1827. Après avoir passé quelque
temps en Allemagne, M.Orlowski arriva à Paris
en 1830. Pendant son séjour dans celte ville,
il compléta ses études décomposition sous la di-
rection de Lesueur, puis il se rendit à Rouen et
y dirigea pendant quelque temps Torcbestre du
théâtre et celui de la société Philharmonique. Il
y remit en musique l'opéra de Planar(^ intitulé
Le Mari de circonstance, qui fut joué au
Théâtre des .\rls en 1834, et qui obtint du succès.
Fixé depuis lors à Rouen, comme professeur de
piano et d'accompagnement, il s'y est livré ex-
clusivement à l'enseignement. Les ouvrages
connus de cet artiste sont : — 1° Trio pour
piano, violon et violoncelle, op. 1 ; Varsovie,
Brzeziua; — 2° Polonaises pour piano seul,
ibid.; — 3" Plusieurs Mazurecks , ibid.; —
4* Trois rondos pour piano, Paris, Launer ; —
b° Sonate pour piano et violon ; Paris, Richault.
— 6'^ Duo pour piano et violou sur des airs
polonais, avec Aib. Sowinski ; Paris, Launer; —
1° Trois suites de caprices pour piano seul ;
Paris, Lemoine; — 8" Duo pour piano et violon;
Paris, Chaillot. — 9^ Valses pour piano à 4 mains,
Paris, Lemoine. — 10° Romances françaises ;
Paris, Launer;— 11" Quatuor pour piano, violon,
alto et violoncelle (en manuscrit).
ORMTHOPARCUS (André), ou OR-
KITOP.\UCHUS suivant l'orthographe adop-
tée par lui-même, écrivain sur la musique,
dont le nom allemand était Vogelsang (1), na-
quit à Meiningen au duché de Saxe de ce nom,
dans la seconde moitié du quinzième siècle.
On ignore quels furent ses emplois et où il
vécut : il prend seulement le titre de maî-
tre es arts {artiu7n magister) au titre du
livre que nous avons sous son nom. H voyagea
beaucoup, et l'on voit, en plusieurs endroits, que
(I) Lipen, Biblioth. philos., t. Il, p. 317. Par le nom
tiré du grec que s'est donné cet écrivain , il semble
avoir voulu s'appeler oiseau voyageur, à cause des con-
trées lointaines qu'il avait parcourues. Ornithoporcus ctt
rn effet forme du substantif ÔpV'.;, doul le ;;éiiitif r$t
ôpviOo;, cl du passif du verbe îtapaxosiil^w, être trans-
porté ou delà . au loin , et par contraction , rotsxo-
(iiîIo[ji,ai.
son livre est le résumé de leçons publiques
sur la musique qu'il douna à Tuhinge, Heidel-
bergel Mayence. Le troisième livre de son Traité
do musique est dédié à Philippe Surus, profes-
seur au gvmnasse de Heidelberg, de qui il avait
reçu l'hospitalité en visitant cette viilc : Exper-
tus sum (dit-il) cum hospitalilale liberall~
tatem, quo fit ut omnes Budoricii ggmnasii
quam Heydelbergam nominant, inagistri, elc.
Un passage de la fin du troisième livre contient la
longue énumération des contrées qu'il a parcou-
rues ; il dit que son voyage s'est étend a dans cinq
royaumes, savoir: la Pannonie (l'Autriche et
toutes ses provinces), laSarmatie (la Russie et la
Pologne), la Bohême, la Dacie (la Transylvanie,
la Moldavie et la Valachic ) et toute l'Allemagne.
J'ai, dit-il, visité .soixante-trois diocèses, trois
cent quarante villes, et j'ai vu des peuples et des
hommes d'une infinité de mœurs différentes;
j'ai navigué sur deux mers, savoir : la Baltique
et le grand Océan, etc. (1 j. Une phrase de la dé-
dicace du second livre à Georges Bracchius,
chantre de Técole primaire de Stuttgard, pour-
rait faire croire qu'il habitait la Souabe, ou du
moins qu'il y avait été, car il félicite ce savant
de ce qu'il est en vénération dans ce pays et dans
la haute Allemagne |)ourses connaissances éten-
dues {in Suevia ac iota superior veveratur
Gennania ). Enfin on voit par le huitième cha-
pitre du second livre qu'il visita Prague, car il y
parle d'un organiste du château de cette ville,
fort ignorant, selon lui, qui osait faire la criti-
que de la doctrine de Gafori sur les proportions
de la notation. Ornithoparcus traite ce pauvre
homme en termes très-durs. Il est vraisem-
blable qu'il en agissait ainsi avec tous ceux dont
il ne partageait pas les opinions, et qu'il s'était
fait beaucoup d'ennemis, car ses épîtres dédica-
toires des quatre livres de son Traité de mu-
sique, adressées aux magistrats de la ville de
Lunebourg , à Georges Bracchius, à Philippe
Surus et à Arnold Sch.ick , musicien et organiste
du prince palatin, électeur de Bavière, se termi-
nent toutes par la prière de le défendre contre
les envieux, les Zoïles et les Tersiles.
Le livre d'Ornithoparcus est un des meilleurs
de l'époque où il parut; il a pour titre : Musicx
activée Micrologus, libris quatuor digestus
omnibus musicx studiosus non minus utilis
quam necessarius. On lit à la fin du volume :
(1^ In peregrinatlone nostra, quiaque re<tna, Pannonix,
Sarraatix, Bohemix, Uacix, ac utriusqueGermaniar,diœ-
ceses sexaglnta très ; nrbes ter centum quadraginta ; po-
puiorum ac diversorum hominum mores pêne infinilo]
vidiinus ; maria duo, Balticum scilicet atque Oceauuia
rragnum navigarimus, etc.
378
ORJNITIIOPARCUS - ORPHÉE
Ercussum est hoc opus Lipsias in icdibus
Valcnlini Schmnani, mensc januario , anni
Virginei parlus declmi sepiimi supra ses-
qxiimilleaimum (1517), Leone decimo ponti-
fice maximo, aç Maximiliano gloriossisimo
imper atore orbi teiTorum prscsidentibus,
111-4®. obi. Cette édition, qui est de la plus grande
rareté, se trouve à la Bibliollièque impériale de
Paris (111-4° V, n" 2C74-A), à la Bibliollièque
royale de Berlin et à celle de Saint-Marc de
Venise. Deux autres éditions non moins rares
ont été publiées en 1519 et 1521. La première
«st à la Bibliothèque royale de Berlin; l'autre à
la Biljliolhèque impériale de Paris. Elles ont
été imprimées toutes deux à Leipsick par Va-
lentin Scliumann, et ont cette souscription; Ex-
cussuin est hoc opus, denuo casdgatum re-
cognilumque, Lipsix in xdibus Valentini
Schumanni calcographi solertissimi, mense
■oprili , anni Virginei partus imdevigesimi
supra sesquimillesimum. Les dates seules
sont diî'férentes , et leur format est in-4" de
13 feuilles et deniie. Il est bien remarquable que
Forkel, à qui l'on doit la connaissance de l'é-
dition de 1519, n'ait pas vu qu'elle ne pouvait
être la première, puisqu'on y voit ces mots :
denuo castigatum recogniiumque, et qu'il ait
considéré conîme une deuxième édition celle de
Cologne, 1535, in-8" oblong, que Waltlier avait
consultée, et qu'il a fait connaître. Ce lexicogra-
phe de la musique a noté en marge de son exem-
plaire une autre édition de Cologne, 15.33.
Scliacht ( voy. ce nom), cité par Gerber, indique
une cinquième édition du môme ouvrage por-
tant la date de Cologne, I5'i0. Il y a donc eu
six éditions du livre d'Ornilhoparcus. Toutes
sont de la même rareté, et par une bizarrerie
attachée à ce livre, il est aussi difficile de trouver
aujourd'hui la traduction anglaise que Dowland
( voyez ce nom ) en fit au commencement du
dix-septième siècle, et qui a pour titre : Andréas
Ornithoparcus his Micrologus, or introduc-
tion : containing the art of Singing. Digested
into foure Bookes, not oncly profitable, but
also necessary for ail that the art studio-'^us
of Musicke. Londo7i; 1609, petit in-fol. de 92
pages.
Le Micrologue d'Ornitboparcus est divisé en
quatre livres. Dans le premier, après les préli-
minaires obligés des anciens traités de musique,
concernant la définition de cet art, sa division
en diverses parties, son éloge, etc., on trouve
un traité du plain-ciiant qui renferme de bonnes
choses sur les tons et sur les muances. Le second
livre est un traité de la musique mesurée : tout
ce qu'il renferme sur la notation et la mofure
est excellent. Le troisième traite des accents et
des diverses sortes de points musicaux. Le qua-
trième est un traité du contrepoint, dont les
exemples sont bien écrits.
OUOLOGIO (Alexandre), musicien italien
au service du landgrave de Hesse-Cassel,au com-
mencement du dix-septième siècle, vécut d'abord
à Venise, puis alla à la cour de Helmstadt, et
enfin fut attaché à la musique de l'empereur, à
Vienne, en qualité de compositeur. On a imprimé
de sa composition : 1° Canzondte a tre voci,
lib. 1 ; Venise, 1590. — 2" Idem, lib. 2 ; ibid.,
1594. — 3" Entrées (Iniradan) à cinq et six voix,
Helmstadt, 1597. Un recueil de motets de cet
artiste, publié à Venise en 1627, semble indi-
quer qu'il était alors retourné en Italie.
OROSTAIVDER (ANnRÉ), magister et
cantor à Wesleras, en Suède, dans les pre-
mières années du dix-huitième siècle, a publié
un traité élémentaire de musique, en langue sué-
doise, intitulé : Compendium musicum, sam-
manskrificen , til de Sluderandors ticnst
Westerxs (Abrégé de musi(pie, compilé pour l'u-
sage des étudiants de Westeras), We>teras, 1 703.
OROUX (L'abbé), d'abord abbé de Fontaine-
le Comte, fut ensuite chanoine de Saint-Léonard
de Noblac, et chapelain du roi. Il vécut dans la
seconde moite <lu dix-huitième siècle. Au nombre
de ses ouvrages, on trouve une. Histoire ecclé-
siastique de la cour de France; Paris, 1770-
1777, 2 vol. in-4°. Ce livre renferme l'histoire
de la chapelle et de la musique du roi, avec des
recherches curieuses sur ce sujet.
ORPHÉE, personnage mythique ou réel ,
dont l'existence est généralement placée environ
treize siècles avant l'ère chrétienne, et qui, con-
séquemment serait postérieur d'environ trois
siècles à Olen {voyez ce nom), prftre chanteur
de Délos. Il naquit dans la Tlirace et fut (ils
d'Œagre, roi d'une partie de cette contrée. La
mythologie lui donne Apollon pour père, et pour
mère la muse Calliope. Chez les Grecs, Orphée
est le mythe de la puissance iirésistibie de la
musique unie à la poésie sur tous les êtres or-
ganisés, et même sur la nature inorganique.
Contemporain des Argonautes, il les accompagne
dans leur expédition; aux sons de sa lyre, le
navire Argo fend les (lots et porte avec rapidité
les héros vers la Colcbide ; par ses chants, il ar-
rache ses compagnons aux séductions dos femmes
deLemnos; il arrête par ses accords harmonieux la
perpétuelieagilation des Symplégadesqiii auraient
brisé le navire à son passage ; il endort le dragon
gardien de la toison d'or, que vont conquérir
les Argonautes ; au retour , le charme de ses
mélodies parvient à soustraire les héros aux en-
ORPHEE — ORSLER
379
cliantements des sirènes; enfin, après la mort
de son Eurydice, il descend ans enfers pour re-
demander sa compagne à Pluton ; à ses accents.
Cerbère courbe la tète, Caron le transporte dans
sa barque, les Furies cessent de tourmenter les
ombres, l'inflexible population du Tartare est
émue, Proserpine s'attendrit, et Pluton cède à la
voix du chantre divin. Une seule condition est
mise au retour d'Eurydice sur la terre. Orphée ne
doit pas se retourner jusqu'à ce que tous deux
aieut revu la lumière du soleil; mais la passion
l'emporte; déjà près des portes de l'enfei, Orphée
veut revoir l'objet de son amour, et bientôt il le
voit disparaître pour jamais. Orphée , à qui le
nom de Chantre de la Thrace est resté,
fut k civilisateur de ce pays par le charme
de son art : la tradition qui lui fait donner la
more et disperser ses membres par les bac-
chantes appelées Ménadcs, n'a d'autre signifi-
cation que celle d'une réaction de la barbarie
des Tl'.races contre un commencement de civilisa-
ti<*n. L'opinion de Cicéron qu'il n'y a jamais eu
<ÏOrphëe (De natura deorum, lib. I, sect. 38)
e>! vraisemblabiement trop absolue ; car suivant
la tradition la plus généralement admise, ce
poëte chanteur n'a précédé la naissance d'Ho-
nière que d'environ quatre cents ans, et Tcn
dxit croire que l'auteur de l'Iliade et de VOdyssée
a trouvé des modèles et des ressources pour les
épisodes de ses grands poëaies clier tous ces
chanteurs des temps héroïques considérés au-
jourd'hui comme fabuleux, tels qu'Olen, Linus,.
Orphée, Musée, Thamyris et Philammon. La
réalité du personnage s'est perdue sous les fables
<lont on l'a environnée. Toutefois, il est hors de
doute que les Argonautiques, les Hymnes, et
d'autres poèmes qui lui ont été attribués, sont
postérieurs au commencement de l'ère chré-
tienne. Ce qui les concerne a été éclairci par de
bons travaux philologiques publiés depuis le com-
mencement du dix -neuvième siècle.
ORSCULER ( Je\s-Georges ), né à Breslau,
en 1698, reçut les premières leçons de musique
de l'organiste Kirsten. Il entra ensuite comme
page au service du comte Zirotin qui le fit
voyager, l'envoya à Berlin pour étudier le violon
sous la direction de Frey et de Rosetti , et à
Vienne, où il prit des leçons de contrepoint chez
Fux. En 1730 Orschler se rendit à Olmiilz chez
le prince de Lichtenstein, qui le fit son maître
de chapelle. En 1766 il était encore au service
de la cour de Vienne comme violoniste, quoi-
qu'il fût âgé de soixante-huit ans. Cet artiste n'a
rien publié , mais il a laissé en manuscrit beau-
coup de symphonies à quatre parties pour l'é-
glise, 24 trios de violon, et 6 soios.
ORSI (Le Père), moine célestin du couvent
de Brescia, fut maître de chapelle de l'église de
Gli Angioli de- cette ville, vers le milieu du dix-
septième siècle. li a publié des Moielti a tre e
qxiattro voci co'l basso per l'organo ; Venelia,
app. Aless. Vincenti, 1647, in-4°.
ORSIîXI (Gaet4n) , coniraltiste italien, fui
attaché à la musique de l'empereur Charles VL
Il fiossédait une des plus belles voix qu'on eût
jamais entendues, et le style large et pur de son
exécution portait l'émotion dans le cœur de ceux
qui l'entendaient. En 1723, il chanta dans l'o-
péra Co^tanza e fortezza, de Fux, qui fut exé-
cuté en plein air, à Praiine, pour le couronne-
ment de l'empereur. François Benda et Quanz,
qui l'entendirent alors, lui accordent les plus
grands éloges. Orsini conserva sa belle voix jo::-
qu'à la fin de ses jours. Il mourut à Vieone,
dans un âge avancé, vers 1750. ^
ORSIXI (Locis), compositeur napolitain ,
élève du collège de musique de S. Pieiro a
Majella, a fait son début à la scène par la
composition de l'opéra intitulé : VEnno di Sen-
loph , représenté au théâtre \iiovo de Naplcs,
dans l'automne de 1834. Cet ouvrage, très-faible,
n'obtint que trois représentations. A l'automne de
1835, Orsini donna au théâtre Alfieri, de Florence,
La fia de' Tolomei, qui n'eut pas une i»lus
longue existence. J'ignore si cet artiste est le
même qui a publié : 1° Six trios pour 3 violons;
Milan, Kicordi. — 2" Trois duos pour 2 violons ;
ibid.
ORSIXO (Gesnaro ou Janvier), prêtrtv. na-
politain, fut maître au Conservatoire de La Pietà
de' Turchini, ver- la fin du dix-septième siècle,
et eut la réputation d'un professeur de grand
mérite. Il a beaucoup écrit pour l'église, particu-
lièrement pour celle des Jésuites de Naplei,
dont il était maître de chapelle. En 1690 il mit
en musique un drame intitulé : La Pandora,
pour le Collège des nobles, et pour la même ins-
titution, en 1697 , un autre drame en langue
latine dont le titre n'est pas connu. On a aussi
de cet ecclésiastique plusieurs œuvres de mu-
sique instrumentale.
ORSLER ( Joseph ) , compositeur de mu-
sique instrumentale et violoncelliste au théâtre
national de Vienne, vers la fin du dix-huitième
siècle, a laissé en manuscrit : 1° Symphonie à
8 parties. — 2" Deux quatuors pour violoncelle,
violon, alto et basse. — 3" Sept trios pour deux
violons et violoncelle. — 4** Deux trios, le pre-
mier pour violoncelle, alto et basse ; le deuxième,
pour deux violoncelles et basse. — 5" Quatre so-
nates pour violoncelle et basse- Tous ces mor-
ceaux se trouvaient chezTraegjà Vienne, en 1796.
380
ORSLER — ORTIGLiE
Ceiber suppose (Neues Lex. der Tonkûnstler)
que le nom do cet artiste est incorrectement
écrit, et que Joseph Orsler était fils de Jean-
Georges Orschler ; ce qui n'est pas invraisem-
blable.
ORTELLS (D. Antoine-Théodore) fut
nommé maître de cbapelie de l'église cathédrale
ae Valence, en 1G6S. Considéré comme un des ar-
tistes les plus distingués de sa province, et de l'é-
cole valençaise en particulier, il a écrit un grand
nombre de compositions pour l'église : elles se
trouvent à la cathédrale de Valence, ainsi que
dans plusieurs églises d'Espagne et ai! monas-
tère de l'Escurial. M. Eslava {voye::, ce nom) a
publié dans la Lira sacro-hispana (2^ série,
t. ler, dix-septième siècle) la première lamenta-
tion du mercredi saint, à 12 voix en 3 choeurs :
C'est un morceau bien fait. Cet ardsle est cité
comme autorité dans l'écrit qui a pour titre :
Rispuesta del Ucenciado Franc. Valls, Pres-
byt. Maestro de capilla en la englesia ca-
thedr. de Barcellona, a la censura de D.
Joach. Martinez, organ- de la S. Iglesia de
Valencia contra la defensa de la Entrada
de el Tiple secundo en el Miserere nobis delà
Missa Scala Aretina (p. 5).
ORTES (L'abbé Jean-Marie), prêtre vé-
nitien, vécut vers le milieu du dix-huitième siècle.
Il est auteur d'un opuscule auquel il n'a pas mis
son nom, et qui a pour titre : Riflessioni sopra
i drammi permusica. Aggiuntovi una nuova
azione drammatica; Venezia, pressa Gio.
Batiista Pasqnali, 1757, petit in-4°.
ORTH (J. W.), pasteur à Grieslieim, dans
le grand-duché de Hesse-Darmstadt , a pro-
noncé en 1835, le douzième dimanche après la
Trinité, un sermon à l'occasion d'un nouvel
orgue placé dans son église. Ce sermon a été
publié sous ce titre : Von dem wahren Wirke
derMusikibeiderdesGesanges und Tonspiels,
zvr chrisUichen Goitesverehrung (De la véri-
table action de la musique, dans le chant et le
jeu de l'orgue , pour honorer Dieu chrétienne-
ment); Darmstadt. Lenthner, 1835, in-8° de 20
pages.
ORTIGUE (Joseph-Louis D'), littérateur
musicien, né à Cavailion (Vaucluse), le 22 mai
1802, fit voir dès son enfance d'heureuses dis-
positions pour la musique. Les premières notions
de solfège lui furent données par un musicien
d'instinct, mais sans culture, comme on en trouve
parfois dans les petites villes : il se nommait
Pascal-Derrive. M. d'Ortigue reçut ensuite des
leçonsdeJ. Viran-Roux, artisteplus habile; enfin,
Blaze père, et son fils CastilBIaze {voyez ces
noms), amis de sa famille, lui enseignèrent les
éléments de l'harmonie, du piano et de l'orgue.
Destiné à la magistrature par ses parents, il fut
envoyé à Aix, en Provence, pour y faire un cours
>dc droit , après avoir terminé d'assez bonnes
études au collège des Jésuites de sa ville natale.
Sans négliger les leçons du professeur de la fa-
culté de droit, M. d'Ortigue continuait à s'oc-
cuper de musique et avait pris un maître de
violon qui le mit en état de jouer une partie de
second violon ou d'alto dans les réunions d'une
société d'amateurs dont les membres étaient dé-
signés sous le nom de Beethovenistes, par op-
position aux autres amateurs de la ville qui fré-
quentaient le théâtre et qu'on appelait les Ros-
sinisles. Il va sans dire que les Beethovenistes
n'accordaient aucune espèce de mérite à Rossini.
M. d'Ortigue était encore tout plein de ces pré-
jugés lorsqu'il arriva à Paris, en 1827, pour y
faire son stage, et il lui en restait encore beau-
coup deux ans après, lorsqu'il publia sa pre-
mière brochure où se trouvait cette phrase :
Un homme (Rossini) souvent inférieur aux
grands maîtres dans les parties essentielles,
et qui les avait tout au plus surpassés dans
les qualités secondaires! Plus tard, les opi-
nions de M. d'Ortigue se sont modifiées de la
manière la plus absolue à l'égard des œuvres du
même maître.
Nommé en 1 S28 juge auditeur à Apt (Vaucluse),
M. d'Ortigue dut, à son grand regret, s'éloigner
de Paris , mais résolu de suivre une autre car-
rière plus conforme à ses goûts, il ne resta qu'un
an dans cette position , et retourna à Paris en
1829. Ce fut alors qu'il publia la brochure dont
il vient d'être parlé, et qu'il prit part à la rédac-
tion du Mémorial catholique par quelques
articles de musique. Au commencement de 1830
il se rendit à La Chesnaye, en Bretagne, près
de l'abbé de Lamennais, dont le talent lui inspi-
rait une vive admiration, et se mit au rang de
quelques disciples de ce grand écrivain. De refour
à Paris en 1831, il y fut un des fondateurs du
journal l'Avenir, et y rédigea les articles de
critique musicale. En 1835 il se maria à Issy,
près de Paris. Deux ans après il fut chargé par
M. Guizot, alors ministre de l'instruction pu-
blique, d'un travail sur la musique du moyen
âge, qui, plus tard, est devenu le noyau de son
Dictionnaire liturgique du ptain-chant. M. de
Salvandy le nomma, en 1839, professeur de chant
d'ensemble au collège Henri IV ( lycée Napoléon),
et dans l'année suivante il fit partie <ie la com-
mission du dépouillement des manuscrits de la
Bibliothèque royale, sous la direction de Cliam-
poUion. Enfin, à diverses reprises, il est entré
dans la collaboration de travaux historiques
ORTIGUE
381
commandés par le gouvernement. Comme cri-
tique (le littérature oa de musique, il a travaillé
au Mémorial catholique, à l'Avenir, à la Quo-
tidienne, à la Gazette musicale , à la France
musicale, au Temps, h ia Revue de Paris, à ta
Revue des Deux mondes, au Journal de Paris,
au National, à rvnivers,h l'Université catho-
lique,krÈrenouvelle, h l'Opinion catholique,
ften dernier Heu au Journal des Débats.
Jadis partisan passionné de la pliilosopliie sys-
tématique de Tabbé de Lamennais , il a fourni
à cet homme célèbre les matériaux du chapitre
qui concerne la musique dans VEsquisse d'une
philosophie; matériaux qui, pour le dire en
passant, sont puisés en partie dans le résumé du
Cours de philosophie de la viusique et de
son histoire, professe à Paris, en 1832, par
l'auteur de la présente notice. Longtemps après,
M. d'Orligue s'est aperçu des égarements où
l'entrainaienl les principes de cette philosophie
dans leur application à l'art dent il s'occupe,
et s'est attaché à la doctrine plus féconde de l'art
en lui-même. Ses ouvrages publiés sont ceux-ci :
l*" De la fjverredes dilettanii, ou de la révo-
lution opérée par .V. Rossini dans l'opéra
français, et des rapports qui existent entre
la musique, la littérature et les arts; Paris,
Ladvocat, 1829, brochure in-8". — 2° Le Balcon
de l'Opéra (Mélanges de critique musicale formés
d'articles publiés précédemment dans les jour-
naux), Paris, Renduel, 1833, un volume in-S".
— 3° De l'École musicale italienne et de l'ad-
ministration de FAcadémieroyale de musique,
à Foccasion de l'opéra de M. Berlioz (Ben-
venufo Cellini); Paris, 1S39, in-S". Le même
ouvrage a été reproduit sous le titre suivant. —
4° Dit Théâtre-Italien et de son influence sur
le goût viusical français; V&iis, 1840, in-S".
De jiombreux cartons ont fait disparaître de ce
volume le caractère de pamphlet qu'il avait d'a-
bord, et M. d'Ortigue y a ajouté une longue
lettre adressée à M. Léon Kreutzer. — 5° Palin-
(jénésie musicale, brochure in-8° de 22 pages,
extraite de la Revue et Gazette musicale de
Paris. — 6" De la mémoire chez lesm\isiciens,
lettre à M'f-es. de B., in-S" de 23 pages (sans
date), extrait du même journal. — 7° Diction-
naire liturgique, historique et théorique de
plain-chant et de musique d'église , dans le
vioyen âge et les temps modernes: Paris,
Migue, 185.4, un volume très-grand in-S", com-
posé de 1580 colonnes. Cet ouvrage fait partie
d'une Bibliothèque ecclésiastique publiée par
l'abbé Migne ; mais on en a séparé un certain
nombre d'exemplaires qui ont des titres et des
couvertures à part. M. Th. Nisard a eu une grande
part dans la rédact'wn de ce dictionnaire ; mais
la partie qui appartient â M. d'Orligue est le
travail le pli>s cor.sidérabic de son œuvre. —
8° Introduction à l'étude comparée des tona-
l'.tés et principalement du chant grégorien
et de lamusique moderne^ Paris, Potier, 1853,
1 vol. in- 16. Ce volume est formé d'une réunion
d'articles publiés précédemment dans le Dic-
tionnaire liturgique, etc. — 9' La musique
à l'Église; Puis, Didier et C'*, 1861, 1 vol.
iu-12 de 478 pages. Ce volume est composé d'ar-
ticles précédemment publiés dans divers jour-
naux, sur ce sujet. — 10" La Maîtrise, Jour-
nal de ynusique religieuse, fondé en 1S57
par MM. d'Ortigue et Niedermeyer, pnis dirigé
par M. d'Ortigue seul dep<iis 1858 jusqu'en 1860.
Première année 1857-1858; deuxième année
1858-1839; troisième année 1859-1S60. Paris,
Heugel, gr. in-4°; cliaque année est divisée en
deux parties, dont l'une renferme la littérature
musica'-e , et l'autre la musique d'église pour les
voix et pour l'orgue. — II" Traité théorique
et pratique de l'accompagnement du plain-
chant, par MM. ISiedermeyer et d'Ortigue.
Paris, Heugel, 1856, l vol. très-grand in-S*. Ce
traitéd'accompagnement est complètement erroné
au point de vue de l'application de l'harmonie
à la tonalité du plain-chant. — 12" Journal de
Maîtrises, Revue du chant liturgique et de
la musique religieuse, par MM. d'Ortigue et
Féttx Clément, première &nm^c, 1862; Paris,
Adrien Leclere et C**, gr. in-4". Cette publica-
tion , qui peut être considérée tomme la conti-
nuation de La Maîtrise, se compose d'une
feuille de texte et d'un morceau de musique
religieuse avec orgue. M. d'Ortigue, qui goûtait
autrefois le drame dans la musique d'égii.se,
comme on peut le voir par les éloges qu'il a fait
du Requiem et du Te Deum de Berlioz, ne s'est
pas contenté de rompre avec oeux qui veulent
introduire le théâtre à l'église, mais il n'admet plus
même dans le culle catholique de musique d'au-
cune espèce accompagnée d'instruments , dépas-
sant en cela la tradition de près de trois siècles
adoptée dans l'église. D'ardent novateur du dix-
neuvième siècle, il s'est fait janséniste en musique,
et ses nouvelles tendances ont trouvé un appui
dans les convictions de M. Félix Clément. On doit
plaindre cette eirenr de deux hommes do mé-
rite; car, outre qu'il ne faut pas vouloir être
plus catholique que l'Église, ou peut affirmer que
ces Messieurs se sont engagés dans une voie sans
issue, et qu'ils prêchent une réforme impossible.
Il n'est pas de l'objet de la Biographie uni-
verselle des musiciens de donner la liste des
écrits politiques et littéraires de M. d'Ortigue :
382
ORTIGUE — ORÏO
on la trouvera dans la Littérature française
contemporaine (t. V , p. 563), et dans la Bio-
(jraphie générale de MM. Firmin Didot (t. 38,
p, 899-891).
ORTIIVG (Benjamin), né à Augsbouff;, en
1717, eut pour maître de musique le cantor
Seyfert, dont les leçons lui firent faire de ra-
pides progrès. Après la mort de ce maître , il rem-
plit ses fonctions jusqu'à l'arrivée àeGraf, désigné
comme maître de concert. Plus tard il fut direc->
teur de musique à l'église Sainte-Anne, à Augs-
bonrg. Il est mort dans celte position, en 1795.
Cet artiste a laissé en manuscrit des cantates,
des chansons et des motets.
ORTIZ (Diego), musicien espagnol, né à
Tolède , dans la moitié du seizième siècle, a été
confondu par quelques auteurs avec De Orto,
compositeur français dont le nom était Dujardin.
Diego Orliz fut maître de chapelle du viceroi de
Naples; il occupait encore celte place en 1563.
On connaît sous son nom : 1° Trattado de
glosas sobre clausulos y otros gêneras de
puntos en la Musica de violones nuevamente
puesto en liiz (Traité des ornements, des ca-
dences et autres sortes de passages dans la mu-
sique de violes, etc.) ; Rome, Valerio et L. Do-
rico , 1553. Il semble qu'il y a eu une édition ita-
lienne du même livre, car le P. Martini le cile
dans le 1" volume de son Histoire de la musique,
sous ce litre : // primo libro net quai si traita
délie glose sopra le cadenze , ed altre sorte
di punti, Rome, 1553. Ortiz se vante dans son
livre d'avoir enseigné le premier l'art de varier
sur les instruments les mélodies simples; mais,
ainsi que le remarque l'abhé Baini dans ses iVIé-
moires suc la vie et les ouvrages de Palestrina
(l. I, p. 82), cet art était plus ancien et avait
été déjà présenté en détail dans les ouvrages de
Ganassi(i;o«/ezcenom), publiés en 1535 et 1543.
M. Ch. Ferd. Becker a fait deux artistes différents
de Diego Ortiz et de Diego de Ortiz iSijste7n.
chron. Darstclhing der musikal. Litteratur,
p. 360 et 470 ), et a cité sous ces deux noms le
même ouvrage. — 2° Musices Liber primus,
Hijmnos, Magnificat, Salves, Motecta, P^al-~
mos , alioque diversa cantica complectens ,•
Venetiisapud AntoniumGardanum, 1565, in-fol.
Les quatre voix sont en regard dans ce volume.
On trouve aussi des motets et des villancicos
de Diego Ortiz dans le recueil très-rare intitulé :
Musis dicatuvi. Libro llamado Silva de Sire-
nas. Compuesto par el excellente musico An-
liguez de V aider avanno. Fue imprcsso en la
inuy insegne y noble villa de Valladolid Pin-
cia otro tiempo llamada,por Francisco Fer- >
uandezde Cordova impresor, 1547, gr. in-fol.
ORTLEPP (Ernest) , amateur de musique,
poète et littérateur, né à Stutfgard. n'est men-
tionné ni dans le Lexique général de musique de
Gassner, ni dans celui de M. Bernsdorf. Il s'est
fait connaître par les ouvrages dont voici les ti-
tres : l'' Beethoven. Eine faniastische Cha-
r.kterisiik (Beethoven. Fantaisie caractéristi-
que); Leipsick , Hartknock , 18:;6, in-8° de 95
pages. — 2° Grosses Instrumental und Vokal-
Concert. Eine musikalische Anthologie {Grand
concert instrumental et vocal. Anthologie mu-
sicale), Stuttgard, Fr. Henri Kohler, 1841, 16
petits volumes in-l6. Celte collection e>t com-
posée de notices biographiques de composi-
teurs célèbres, de lettres de ces artistes, d'a-
necdotes musicales, de pensées détachées et de
mélanges de choses diverses qui ont de l'intérêt
pour l'histoire de la musique. En 1848, M. Ort-
lepp a publié à iYanclort un poëme intitulé
Germania , dans lequel il célèbre les gloires de
l'Allemagne, et particulièrement les illustrations
musicales de Jean-Sébastien Bach, Hœndel,
Graun, Gluck, Haydn, Mozart et Beethoven.
ORÏLIEB (ÉDouARn), compositeur de mu-
sique d'église, né à Stultgard , fut pendant
quinzeans pasteuràDrakenstein, dans le royaume
de Wurtemberg. Il périt au mois de janvier 1861
en traversant un petit étang près de Slullgard;
la glace se rompit, et il disparut avant qu'on
pût essayer de le sauver. Ortlieb avait fouiié un
journal qui se publiait à Stuttgard, sous ce titre:
Organs fiir Kirchenmusik (Organes en faveur
de la musique d'église) : il en ctait le seul rédac-
teur. On a publié de la composition de cet ec-
clésiastique : 1° Messe à 4 voix avec orgue el
petit orchestre, op. 1; Stultgard, 1S46. — 2° Re-
quiem à 3 voix tt orgue; ibid. — 3" Messe à 4
voix et orchestre, op. 5 ; Stutigard, llalberger.
— 4" Messe à 4 voix et orgue, op. 6; ibid. —
5" Messe solennelle à 4 voix et orchestre, op. 8 ;
ibid. On a du même auteur : Anu'eisung zum
Prxludircn fur Junglinga des Schulstandes
und deren Lehren {ln^truction pour apprendre
à préluder, à l'usage des jeunes gens des écoles
et de leurs instituteurs). Stutigard, Halberger,
in-4*'.
ORTO (Jean DE), ou DE HORTO, dont le
nom de famille était Dujardin, fut un des plus
habiles musiciens de la fin du quinzième siècle.
11 naquit vraisemblablement dans les Pays-Bas ;
toutefois on n'en a pas la preuve, car jusqu'à ce
jour aucun document authentique n'a été trouvé
concernant cet artiste. On sait seulement que
plusieurs familles du nom de Dujardin existent
eucoreen Belgique; mais il y en a aus.M en France.
Les renseignements sur la position qu'il occupa
ORTO — OSBOR-XE
3Sa
manquent également. Glarèan.qui rapporte un
exemple tué de ses œuvres {Dodecach, p. 320),
lui donne la qualification de Symphoneia , ce
qui indique qu'il dirii^eait le chant dans quelque
chapelle. Aaron, comlemporaindeDw^arrfm, ou
De Orto, cite de lui ( Trattato délia nalura et
coffnitione de tutti li tuoni, cap. 4) la chanson
à quatre voix Dung aultre amer (d'un autre
amour), mais ne fournit aucun renseignement
sur sa personne. Gafori, qui vécut aussi dans le
même temps, n'a pas mis ce musicien au nombre
de ceux dont il invoque l'autorité dans son livre
intitulé : Musice ufriusque cantus practica ,
bien que De Orto eut certainement alors de la
renonmiée en Italie, puisque Pelrucci de Fos-
sombrone a placé bon nombre de ses composi-
tions dans les livres A et B de son rarissime et
précieux recueil intitulé Harmonice miisices
odhecaton (Venise, 1500 et 1501) (1), et a im-
primé un recueil de ses messes et d'autres ou-
vrages.
Lespiècesde De Orto contenues dans le livre
A du recueil cité ci-dessus sont : i° Ave Mdria,
à 4 voix ; — "io Je r.uide se ce temps me dure,
chanson, idem, — 3° Horoires une chanson,
idem ; — 4° Sunqua fue pena maior (Il ne
fut jamais de plus grand chagrin}, idem. On
trouve dans le livre B : ô° Mon mari m'a dif-
famée, à 4 voix; — 6° Cela sans plus, idem;
— 7° Bon temps , idem ; — s° A qui ditclle
(dit-elle) sa pensée ?, idem ; — 9° Cela sans
plus, idem, avec uneautre musique; — ICJ/oa
père m'a mariée, idem;— 11° Duny aultre
amer, idem. Le livre C du même recueil ren-
ferme la chanson du même compositeur : Les
trois Filles de Paris, i) 4 voix. Le recueil imprimé
de ses messes a pour titre : Misse de Orto. Au
dernier feuillet de la partie de basse on lit : Im-
pressum Venetiis per Ottavianum Petruiium
Forosemproniensem. Die 22 Martii, salut is
anno lôOô, petit in^" obi. Ces messes, au nom-
bre de cinq, sont toutes à quatre parties; leurs
titres sont : T Dominicalis; — 2° Jay pris
amours (celle-ci a deux Credo); — z" Lomme
arme (L'Homme armé);— 4° La Belle se sied;
— 5° Petita Camuseta. Dans les Fragmenta
missarum de divers auteurs, publiés par le
même Petrucci, à Venise, en 1509, on trouve ie
Kyrie de la messe de la Vierge, par De Orto.
Une des lamentations de Jérémie de la collec-
tion publiée en 1306, par le même imprimeur,
sous ce titre : Lamentafionum Jeremie pro- \
(1) Voyez la notice intitulée ; Di duestampe ignote di
Ottaviano Petrvcci da fossonibrone, par M. Catelani,
Milano, Riccordi, in-S".
I phete liber primus, est de De Orto. Les ar-
î chives de la chapelle pontificale de Rome ren-
ferment, dans les manuscrits cotés 14 et 17, de*
' messes de De Orto, à quatre et cinq voix.
ORTOLAiV (Eugène), compositeur, né
à Paris, le 1er avril 1814 , a fait ses études mu-
sicales au Conservatoire de Paris , où Halévy
fut son professeur de contrepoint. Devenu ensuite
élève de Berton pour la composition , il a obtenu
le second grand prix au concours de l'institut,
en 1855. Son début fut une ouverture exécutée
à la distribution des prix du Conservatoire en
1846. Un intervalle de dix années se passe en-
suite sans que le nom de cet artiste se révèle
au public, car ce ne fut que le 10 avril 1856
que -M. Ortolan fit jouer au Théâtre Lyrique un
opéra en deux actes qui avait pour titre Lisette
et qui eut quelques représentations. Dans l'année
suivante, une opérette du même compositeur,
intitulée La Momie de Roscoco , fut jouée au
théâtre des Bouffes-Parisiens. Les critiques y
remarquèrent des progrès d'expérience et de con-
naissance de la scène.
ORTOLAXI (GiiLio), amateur de musi-
que, né à Sienne, a donné au théâtre du Fondo^
à Naples, en 1830, l'opéra intitulé La Pasto-
rella délie Alpi, (\ui ne réussit pas. En 1837, il fit
représenter dans sa ville natale II Giorno délie
nozze, qui fut mieux accueilli par le public.
En 1828, M. Ortolani avait publié à Sienne un
oi)uscule sur la musique in ottave rime,
sous l'anagramme de son nom Lotario Giu-
Une.
OSBERXUSou OSBERTUS, moine béné-
dictin du onzième siècle , fut sous-prieur du
couvent de Cantorbéry, vers 1074. On lui attri-
bue deux traités de musique qui se trouvent
dans plusieurs grandes bibliothèques de l'Angle-
terre; le premier a pour titre : De Re musica;
l'autre : De vocum consonandis ; ce dernier
est dans la bibliothèque du collège du Christ, à
Cambrdgf^.
OSROR\E ( Georges ), fils d'un organiste de
Limerick, en Irlande, est né dans cette ville,
en 1806. Destiné dès son enfance à l'état ecclé-
siastique, il fit les premières études pour se pré-
parer à un cours de théologie; mais le goût de
la uuisique prit en lui un caractère si passionné,
que ses parents furent obligés de lui permettre de
s'y livrer sans réserve. Presque sans malire, il
apprit à jouer du piano et parvint à un certain
degré d'habileté avant d'avoir atteint l'à^e de
dix-huit ans. 11 résolut alors de se rendre sur lé
continent pour y continuer ses études, et pour y
chercher des moyen» d'existence , dans l'exercice
de son talent. Arrivé en Belgique en 1825, il y
384
OSBORiNE - OSSOWSKI
trouva l'hospitalité dans la maison de M. le
prince de Chimsy, amateur de musique distin-*
gué, qui fit connaître à Osborne la belle musique
concertante de Mozart, Hummel et Beethoven.
Le temps qu'il passa à Bruxelles ou dans la
terre de Chimay, près de ce seigneur, fut très-
favorable au développement de son savoir mu-
sical, en le familiarisant avec la savante facture
de ces belles compositions.
Vers l'automne de 1826, Osborne arriva à
Paris, et y prit des leçons de Pixis pour ie
piano, et de l'auteur de cette Biographie pour
l'harmonie et le contrepoint. Plus tard il se
confia aux soins de Kalkbrenner, et recommença,
sous sa direction, toutes ses études de piano.
C'est aux leçons de cet excellent professeur qu'il
reconnaît devoir le talent distingue qui lui assure
une situation honorable parmi les bons pianistes
de l'époque actuelle. Chaque année, il donnait à
Paris un concert brillant où il faisait entendre ses
compositions avec succès. En 1843 il s'est fixé
à Londres, où il est ua des professeurs de piano
les plus eslimés.
Osborne a publié beaucoup de morceaux pour
son instrument, parmi lesquels on remarque des
duos pour piano et violon, composés en société
avec M. de Bériot, sur des thèmes d'opéras, tels
que Moïse et Guillaume Tell, de Rossini , les
Soirées musicales, du même, et les principaux
ouvrages d'Auber. Ses autres productions con-
sistent en fantaisies , rondos brillants et varia-
tions, au nombre d'environ quatre-vingts œuvres.
Il a fait entendre à Paris des quatuors de violon
d'une ttès-bonne facture, qui ont obtenu les ap-
plaudissements des connaisseurs.
OSCULATi ( JcLES ), compositeur italien de
la (in du seizième siècle, est connu par quelques
motets que Bonometli a insérés dans son Par-
■nassus Ferdinandxus , publié en 1615. On
trouve aussi quelques mdrccaux de sa composi-
tion dans les recueils de Schade et de Boden-
schatz.
OSIAI\DER (Ltjc], né à Nuremberg, le 16
décembre 1534, fut revêtu successivement de
plusieurs dignités ecclésiastiques, et obtint en
1596 les titres d'abbé d'Adelberg, de surinten-
dant général, et d'assesseur du gouvernement
provincial du Wurtemberg. Deux ans après, il
perdit, par des motifs ignorés, ces places hono-
rables, et mourut à Stutigard, le 17 septembre
1604. On a imprimé, sons le nom de cet ecclé-
.siastique : Geisiliche Lieder und Psahnen mit
4 Stimmen axiff Contrapunct weiss, fur die
Schtilen und Kirchen, etc. (Chants spirituels
et psaumes à 4 voix en contrepoint, pour les
écoles et les églises du comté de Wurtemberg,
composés de manière que toute communauté re-
ligieuse peut leschanler); Nuremberg, Catherine
Geriach, 1566, in-4^ obi.
OSIO (Tiiéod\t), en latin Hosius , littéra-
teur et mathématicien , né à Milan vers la lin
du seizième siècle, est connu par un grand
nombre d'ouvrages , parmi lesquels on remarque
les suivants : 1° VArmonia del nudo parlare ,
ovvero la musica in ragione di numeri Pi-
thagorici délia voce continua: Milan , 1637,
in-S" de 191 pages. Ce livre est divisé en trois
parties : la première traite particulièrement des
proportions des nombres harmoniques ; la se-
conde, de l'application de ces nombres à la
poésie, et la troisième, des accents musicaux
et poétiques. T Arithmeticœ, Geomctriae,
Armonicœque rerum ideas a Theodato Hosio
noviter explicatx, ' et in duas partes dis-
tinct se, quat-um una theoriam, altéra praxim
facultatis sciendi per numéros, sive restitu-
tam Pythagoreorum doctrinam pollicetur,
Mss. in-fol. qui se trouve à la bibliothèque am-
brosienne de Milan, sous le nombre G. 80.
3° Dell' occulta Musica del verso , Mss., dans
la même bibliothèque, n° 125.
OSORIO (Jérôme), évêque de Silves, en
Portugal, naquit à Lisbonne en 1500, et mourut
à Tavira , le 20 août 1580. Dans un de ces ou-
vrages, intitulé De Régis instilutione et disci-
plina, lib. octo, Cologne, 1588, in-S", on trouve,
à la fin du 4"!^ livre (p. 122-125), un chapitre
qui traite de Musica liberalis disciplina; Mu-
sica regibus maxime necessaria, cantu ad
flectendum animum nihil efficacius.
OSSAUS (D.-L. ), compositeur allemand,
fixé à Vienne, a fait un voyage à Paris en 1825,
et y a fait imprimer son premier œuvre, consis-
tant en trois quatuors pour 2 violons, alto et
basse ; Paris, Carli. Depuis lors il a fait paraître :
— 2" Deux quatuors idem, op. 3 ; Vienne, Arta-
ria. — 3 ■ Deux idem, op. 9 ; ibid. — 4° Trio
pour violon, alto et violoncelle ; ibid. — 5° Trois
quintettes pour 2 violons, alto et 2 violoncelles,
op. 5; ibid. — 6** Quatrième quintette, idem,
op. 8; ibid.
OSSOWSKI (Stanislas I)'), pianiste po-
lonais, vécut à Vienne depuis 1790, et mourut
dans cette ville en 1806. Il s'y est fait connaître
par de légères productions pour le piano, parti-
culièrement par des variations sur des thèmes
connus. On connaît sous son nom : 1° 12 varia-
tions pour violon et basse; Vienne, 1792. —
2" La valse, avec 6 variations pour le piano;
Vienne, Kozeluch. — 3° 12 menuets pour le
piano; ibid. — 4° 12 variations sur l'air aile
mand : Der Wetzslein, op. 5 ; Vienne, Artaria.
1
OSSOWSKI — OTS
385
— 5" 6 variations sur un Lxndlcr, n" 2 ; ibid. — i
fi^hlem sur un air allemand, op. 6; ihid.
OSTED (J.-C. ), professeur de pliilosopliie
à Copeniiague, dans les premières années du dix-
ueuvième siècle, a écrit -. Lettre au professeur
Pictet sur les vibrations sonores. Ce morceau
a été inséré dans la Bibliothèque britannique
(Genève, 1805, t. XXX, p. 3C4-372).
OSTl ( A>ORÉ), célèbre sopranisle de l'école
de Bologne, brillait au théâtre de Rome en 1736,
dans les rôles de femmes.
OSTIAKO (Yiscent), musicien italien du
seizième siècle, est connu par des Canzonette
napoletane a ire voci ; Venise, Ang. Gardane,
1579, in-8"obl.
OSWALD (A.NDRÉ), né à Carlsbad, dans
les premières années du dix-huitième siècle, fut '
clia|>elain d'une des églises d'Augsbourg. Il a i
fait imprimer de sa composition : Psalmodia I
harmonica , contenant vingt et un psaumes des j
vêpres à quatre voix, avec 2 violons, deux |
trompettes et orgue ; Augsbourg, 1733, in-folio.
OSWALD ( Henri-Siecmcnd ou Sicismond},
conseiller privé du roi de Prusse, est né en 1751
à Xiemmersatt, enSilésie. Destiné au commerce
dès son enfance, il suivit d'abord celte carrière.
En 1790, le roi Frédéric-Guillaume II le nomma
son lecteur, puis lui accorda le titre de conseil-
ler; mais après l'avènement de Frédéric-Guil-
laume III , Oswald reçut sa démission de ses em-
plois, avec une pension de la cour, et se retira à
Breslau en 1792. Il y vivait encore en 1830, maisil
€st mort peu de temps après. Osvrald s'est fait
connaître comme compositeur par un trio pour
clavecin, violon et violoncelle, et par des chansons
pour le piano avec violon obligé, dont la première
partie parut en 1782, et la seconde en 1783. Plus
tard il publia sa cantate intitulée Aristide ou la
fin du Juste, et l'oratorio Der Christ nach dem
Tode (le Christ au tombeau). En 1790, il a fait
paraître ses pièces de chant, lieder et chorals avec
accompagnement de piano. En 1799, tSoo et
1801 , il a aussi publié des recueils de chansons
avec accompagnement de piano et violon ou
flûte. Ses mélodies avec piano pour les ama-
teurs du chant sérieux ont paru en 1823, et
ont été plusieurs fois réimprimés. Enfin, en 1825
on a publie sous son nom une sonate fuguée pour
le piano; Breslau, Fœrster. Oswald s'e^t aussi
fait connaître comme écrivain distingué par
plusieurs ouvrages dont on trouve la liste dans le
BUcher-Lexikon de Chrislian-Gottlob Kayser,
«t parmi lesquels on remarque sa fantaisie allé-
gorique intitulée : Unterhaltungen fiir Reisende
nach der himmlischen Heimath (Amusements
pour les voyageurs dans le royaume des deux ) ; '
BIOGR. CNIT, DES MISICIEXS. — T. TI.
Breslau, Barth , 1802, in-S". On y trouve des
choses intéressantes concernant la musique.
OSWALD (....), musicien écossais, vécut
dans la seconde moitié du dix- huitième siècle; il
a publié un recueil de mélodies en 12 livres,
sous le titre de Caledonian Songs for the violin
or gennan flûte ; Londres, Preslon.
OSWALD (Guillaume), né à Breslau le 29
août 1783, étudia d'abord la musique à Potsdam
sous la direction de Riel , pnis se rendit à Halle,
où il reçut des leçons d'harmonie de Turk. De
retour à Bieslau, il y a fait repré.-enler un petit
opéra de sa composition, intitulé la Répétition,
et a publié cinq airs allemands avec accompagne-
ment de piano; Breslau, Fœrster. Oswald est
mort à Breslau eu 1862.
OTHO ou OTTO (Valérics), excellent
organiste, né dans la seconde moitié du seizième
siècle, fnt placé comme élève, aux frais de la
ville de Leipsick, à l'école de Pforte, le 25 mai
1592. On voit parle titre d'un de ses ouvrages
qu'il était musicien de la cour de Lichtenberg
en 1611 ; deux ans après il fut nommé organiste
de l'église prolestante de la vieille ville, à Pra-
gue. Le plus ancien ouvrage connu de sa compo-
sition est un recueil de cantiques à cinq voix,
dans les huit tons du plain-chant , sous ce tilre :
Musa Jessaea quinque vocibus ad oclonos
modos expressit; Leipsick, 1609, in-folio. Il fit
ensuite paraître : Nouvelles pavanes, gaillardes,
entrées et courantes, dans le style anglais et
français, composées à 5 parties; Leipsick, 1611,
in-4''.
OTHO (Jean Henri), fils de Georges Otho,
célèbre orientaliste, naquit à Marbourg en 1681.
On lui doit un dictionnaire philologique de la
Bible, dont il a été publié une dernière édition
60US ce titre : Lexicon rabbinico-philologicum,
novis accession, auct. stud. J. F. Zacharias;
Altona, 1757, in 8«. Otho y explique tous les
termes de la musique des Hébreux. Ugolini a
extrait du Lexique tout ce qui e.st relatif à cet
art, et l'a inséré dans son Thesaur. antiq. sacr.,
t. XXXII, p. 491, sous le titre de Spécimen mu-
sicce.
OT.MAIER (Gaspard), compositeur alle-
mand, né eu 1515, s'est fait connaître par un re-
cueil intitulé : Weltliche Lieder (Chansons
mondaines) ; Nuremberg, 1551.
OTS (Charles), violoniste et compositeur,
né à Bruxelles, vers 1775, s'est établi à Gand
en qualité de professeur de musique et y a pa.ssé
la plus grande partie de sa vie. Dans sa vieil-
lesse il est retourné dans sa ville natale et y
est mort en 1845. Plusieurs œuvres de la com-
position de cet artiste se trouvent dans les
2â
386
OTS — OTT
archives des églises de Gand : on cite particuliè-
rement de lui un Dixit Dominus, un Laudate
pueri, des Tantum ergo et 0 Salu(a7is , Hvec
orcliestre. Tous ces ouvrages sont dans le style
italien concerté du dix-huitiènae siècle.
OTT (Jean), un des plus anciens fabricants
de luths, naquit à Nuremberg dans la première
moitié du quinzième siècle. Il y vivait encore
en 1463.
OTT (Jean), connu sous le nom de OTTO,
et même de OTTEL, vraisemblablement de la
même famille que le précédent, naquit à Nu-
remberg dans les dernières années du quinzième
siècle. D'abord musicien au service de sa ville
natale, il s'y fit ensuite imprimeur de musique.
C'est à tort que Gerber, copié par Lipowsky,
Choron et Fayolle, dit dans son ancien lexique
que Oit est le plus ancien imprimeur de musique
connu en Allemagne , car le rarissirue recueil
d'odes en musique intitulé Melopoix sive har-
mmùx Tetracenticx etc., sorti des presses
d'Ehrard Ogiin, d'Augsbourg , et dont Schmid a
donné une très-bonne description avec le fae
simile du (ronli&p'ice {Ottaviano dei Petrucci,
p. 158-160), fut achevé d'imprimer en 1507
(Impressum anno sesquimillesimo et VII
augusii), et la réimpression est datée du 22 août
1507 (Denuo impresse per Erhardum Oglin
Augustx 1507, 22 Augusti). D'ailleurs la col-
lection de motets rassemblée par les médecins
Grimmius et Marc W'irzung, et publiée avec
une préface de Conrad Peutinger en 1520, à
Augsbourg, sous le titre : Liber seleciarum can-
iionum quas vulgo Mutetas appellant, sex,
quinque et quatuor vocum (sans nom d'im-
primeur) (1), a précédé de treize années le plus
ancien ouvrage imprimé par Jean Ott. Nous
voyons dans le livre de Schmid cité précédemment
(p. 179) que le privilège accordé à cet imprimeur
par l'empereur Ferdinand I^"" est de 1533, et l'on
ne connaît pas d'ouvrage sorti de ses presses an-
térieurement à cette date. Ott, qui se servit pour
ses éditions des caractères gravés par Jérôme-
André Resch, connu sous le nom de Hiero-
nymus Formschneider (Jérôme , graveur de ca-
ractères), ne mettait pas son nom à toutes ses
publications, sans doute à cause d'une conven-
tion particulière entre lui et le graveur et fon-
deur de ses types musicaux ; c'est pourquoi l'on
trouve quelques collections imprimées par Ott
qui portent, au lieu de son nom, ces mots : Ârte
(t) Il est vraisemblable que ce précieux recueil est sort!
des presses de Henry Stayner, qui a imprimé à Augs-
bourg, en 1324, un des premiers recueils de cbants cho-
rals de la réforme luthérienne.
Hieronymi Graphci civis Noribergensis. (ira-
pheus et une forme grecque (Tpâçw, graver,
écrire) de la désignation Formschneider. 11 est
à remarquer que Jérôrne-André Resch, ou Form-
schneider, fut aussi imprimeur de musique; mais
les ouvrages qu'il a publiés au lieu de Arfe
Graphei, portent tous apud Bieronymum
Formschneider, ou durch Hieronymum Form-
schneider; en sorte que l'on peut affirmer que
tous ceux qui ont Arte Graphei , sans nom
d'imprimeur, sont sortis des presses de Jean
Ott. Quelquefois les deux noms se trouvent sur
le même recueil, par exemple sur la précieuse
collection de motets des plus célèbres maîtres de
la fin du quinzième siècle et de la première par-
tie du seizième, qui a pour titre : ISovum et in-
signe opns musicum, sex, quinque et quadtor
vocum, cujus in Germanla haclenus nihil
simile usquam est editum, etc. Les pages 3 et
n de la partie du ténor contiennent le privilège
accordé à Jean Otto, citoyen de JSuremherg,
et au dernier feuillet on trouve ; Finit insigne
et novum opus musicum excusum Noribergœ
in celeberrima Germanlx urhe arte Hiero-
nymi Graphei civis Noribergensis, 1537, pe-
tit in-4° obi. J'ai dit, dans la première édition
de la Biographie universelle des musiciens,
que Jean Ott mourut à Nuremberg en 1560 :
Schmid a donné également cette date (loc. cit.),
mais elle est inexacte, car dans la dédicace au sé-
nat de Nuremberg de l'œuvre d'Henri Isaac in-
titulé : Henrici Isaaci, tom. /, //, III coralis
(sic) Consiantini ( ut vulgo vocant), opus in-
signe et prxclar. vereque cœlestis harmonix
jMa^MortocMJn, Formschneider dit que l'impres-
sion de l'ouvrage a été commencée par le typo-
graphe Jpon 0/?(?/(Jean Oit), et que lui, Form-
schneider, a été chargé de la continuer, après la
mort de cet imprimeur. Or, le premier volume
de l'ouvrage étant daté de 1550, il est hors (!e
doute que Jean Oit décéda ou au commencement
de cette année, ou à la fin de 1549.
OTT (Joseph), né à Turschenreidt, en Ba-
vière, le 22 octobre 1758, apprit dans le lieu de
sa naissance les éléments de la langue latine et
de la musique, pais entra comnje enfant de chœur
au couvent de Wettenbourg, où il continua ses
études. En 1773 il entra au séminaire de Neu-
bourg, sur le Danube, y demeura quatre ans, et
passa ensuite à celui d'Amberg, où il acheva ses
études. H y obtint les titres île directeur de mu-
sique et de premier violon de la chapelle. Pen-
dant son séjour à Amberg, il avait suivi des cours
de philosophie et de théologie pour se prépanT
à l'étal ecclésiastique ; mais après la mort de
Lœhlein, directeur du chœur à l'ég'ise Saint-
Orr — OTTER
387
Martin, il obtint cette placé (en 1783), et la rem-
plit jusqu'à sa mort. Ott a laissé en manuscrit
plusieurs messes, des symphonies et une sérénade
pour plusieurs voix et instruments.
OTÏAXI (L'abbé Bernakdi>) n'est pas né
à Turin en 1748, comme le disent Gerber et ses
copistes, ni en 1749, suivant l'opinion de Gerva-
sodi, mais à Bologne, en 1735, d'après une no-
tice publiée à Turin, à l'époque de sa mort. Ad-
mis dans l'école du P. Martini, il devint im de
ses meilleurs élèves et répondit dignement à ses
soins. Il n'était âgé que de vingt-deux ans lors-
qu'il fut choisi comme maître de chapelle de
l'église des PP. Rocchettini , dits de S. Giovanni
in monte. Trois ans après , il alla remplir les
mêmes fonctions au collège hongrois de Bologne.
Cest de cette époque que datent ses premières
compositions pour l'église. En 1767, on l'appela
à Venise pour écrire son premier opéra, intitulé
Amor senza i7ializ'.a, dont le succès fut brillant,
et qui lui procura un engagement pour Munich,
où il remit en scène son opéra de Venise et com-
posa Il Maestro, qui fut aussi bien accueilli, et
fut joué en Allemagne pendant plusieurs années.
Après avoir passé un an dans cette ville, il re-
tourna en Italie et reprit sa position à Bo-
logne, oii il ne s'occupa pendant plusieurs an-
nées qu'à écrire de la musique d'église. En 1777
il composa à Turin VIsola di Calipso, et au
mois de novembre de la même année, il écrivit
pour le théâtre de Naples Catone in Utica.
En 1778 il donna au théâtre Aliberti de Rome
La Sprezzante abbandonata ; dans l'été delà
même année, à Florence, le ISozze delta città;
et dans l'automne à Venise, l'Industria amo-
rosa. Au carnaval de 1779 il fut rappelé à Turin
pour écrire Fatinia, opéra sérieux. On lui offrit
alors la place de maître de chapelle de la cathé-
drale de cette ville : il l'accepta sous la condi-
tion qu'il pourrait exécuter l'engagement qu'il
avait contracté avec le directeur du théâtre de
Forli, pour composer la D/t/one. Après avoir mis
en scène cet opéra, il s'établit à Turin, prit la
direction de la chapelle et se chargea de l'ins-
truction musicale des élèves admis dans le col-
lège qui en dépendait. C'est dans cette situation
qu'il passa les quarante-sept dernières années de
sa vie ; car il n'est pas mort en 1806, comme le
dit l'auteur de l'article sur ce musicien inséré
dans le Lexique universel de musique publié par
le docteur Schilling, mais le 26 avril 1827, à
l'âge de quatre-vingt-douze ans. Ce biographe
aurait pu reconnaître son erreur, s'il eût remar-
qué, dans une lettre écrite de Turin le 18 dé-
cembre 1810 (Gazette musicale de Leipsick,
13e année, p. 44 ), que Chladni en parle comme
d'im artiste vivant. Ottani écrivit encore pour le
théâtre de Turin Arminio, en 1781, Le Ama-
zoni, en 1784, et Za Clemenzadi Tito, en 1789;
mais ses principaux travaux furent pour l'église.
On porte à quarante-six le nombre des messes
qu'il a écrites, outre des vêpres complètes, des
psaumes , des motets et des litanies. Burney en-
tendit à Bologne, en 1770, un Laudate pueri
de sa composition , dont il vante les idées et la
facture. L'auteur de la notice chronologique de ce
savant musicien, publiée dans la Gazette de Tu-
rin, dit que ses œuvres de musique religieuse ri-
valisaient avec celles des maîtres de chapelle Fer-
rero et Viansson, qui jouissent d'une grande ré-
putation dans le Piémont. Parmi les élèves les
plus distingaésd'Oltani,on remarque le chanteur
Pellegrini, qui fut attaché pendant plusieurs an-
nées au théâtre italien de Paris, et M. Massimino,
auteur de la méthode d'enseignement de la mu-
sique connue sous son nom.
Tout c« qui est dit dans les Lexiques de Ger-
ber, de Choron et de Schilling concernant le talent
d'Oltani pour la peinture est erroné ; jamais il
n'a cultivé cet art. Ce qu'on lui attribue à cet
égard appartient à son frère, Cajetan Ottani,
qui fut pendant plusieurs années employé comme
ténor à la cour de Turin et qui fut en outre
peintre estimé de paysage. Cet artiste mourut à
Turin en 1808.
OTTER (Chrkties), mathématicien, né en
1598, à Ragnitz, en Prusse, eut une existence
aventureuse, et passa la plus grande partie de
sa vie en voyages. En 1647 il fut appelé à
Kœnigsberg pour y occuper une chaire à l'uni-
versité ; mais son inconstance la lui fit bientôt
abandonner pour aller enseigner les mathématiques
en Hollande , où il mourut à l'âge de soixante-
deux ans, le 9 août 16C0. Parmi les inventions
de ce savant, le Dr. Œlrich a fait connaître
(Lettres critiques sur la musique, de Marpurg,
t. III, p. 54 ) celle d'un instrument de musique
du genre de la trompette, auquel il avait donné
le nom de Tuba fiercotecionica , et dont il fit
présent au roi de Danemark, qui le récompensa
magnifiquement. On n'a point de renseigne-
ments précis sur l'usage et l'effet de cet instru-
ment.
OTTER (Joseph), violoniste, né en 1764,
à Xandlstadts, en Bavière, montra dès son enfance
d'heureuses dispositions pour le violon, et fut en-
voyé à Florence par l'évêque de Freising , pour
étudiercet instrumentsousla direction de Nardini.
Après la mort de son prolecteur, ôtter fut obligé
de retourner en Allemagne, et d'y chercher un
emploi qu'il trouva dans la chapelle de l'évêque
de Saizbourg. Il y fit la connaissance de Michel
25.
388
OTTER — OTTO
Haydn, qui lui donna des leçons de compo-
sition. En 1806, Otter obtint sa retraite delà cha-
pelle, avec une pension, et se rendit à Vienne,
où il se livra à l'enseignement. Il y vivait en-
core en 1815; mais depuis cette époque on
manque de rcn.seignements sur sa personne. Li-
powsky indique parmi les compositions de cet
artiste des quatuors , des concertos et des so-
nates de violon ; mais toutes ces productions
sont restées en manuscrit , et l'on n'a gravé de
lui que dix-neuf variations sur Pair allemand
Ich bin liederlich, avec accompagnement d'un
second violon ; Vienne, llaslinger.
OTTO ( Georges), compositeur allemand, né
à Torgau en 1550, entra comme élève à l'école de
Pforte en 1564. Il n'était âgé que de vingt ans
lorsqu'il obtint, en 1570, la place de cantor h
Salza. Il l'occupa pendant vingt ans et ne la
quitta, en 1585, que quand le landgrave de
Hesse-Cassel l'appela à son service, en qualité
de maître de chapelle. L'époque de sa mort est
ignorée, mais il y a lieu de croire qu'il vivait en-
core en 1618, lorsque la deuxième édition d'un
de ses ouvrages fut publiée. Les œuvres de sa
composition maintenant connues sont : 1° In-
irollus totius anni quinque vocum , Erfurt,
1574. 2" Die teulschen Gesxnge Lutheri auf
die vornchmsten Feste mit 5 und 6 Stimmen
geseizt (les Chants allemands de Luther, pour
les principales fêtes, à 5 et 6 voix), Cassel,
1588, in- 4° obi. 3° Opus mnsicum novum,
continens texius evangelicos dierum festo-
rum , domlnicarum et feriarum , per totum
annum; ex mandata illustriss. Cattorum
principis V. Mauritii, etc., summa diligentia
et industria octo, sex et quinque vocibus com-
positum, et tum vivx voci, ium omnis generis
instrunientis optinie accomodatum a Georgio
Oltone, chorarcho Hessiaco. Liber primus
Motetarum octo vocum. Cassellis, anno 1604,
in-S". Le second livre a pour litre : Liber secun-
dus continens Motetos dierum dominicalium
per totum annum ^ex mandata, etc., sex voci-
bus compositas, et tam instrumentis guam vivas
roci accomadatos., ibid,, in- 4°; et le troisième :
Liber tertius continens Matelas dierum feria-
rum quinque vocum, etc., ibid., in-4''. Une
deuxième édition des trois parties réunies a été
publiée à Francfort en 1618. La situation d'un
artiste de mérite, tel que celui dont il s'agit
dans cet article, était alors peu fortunée en Al-
lemagne, car Otto ne recevait que 100 florins
de traitement, et (dit son biographe allemand)
quelques objets ennature (100 Guelden nebsi
einigen ISaturalien) , ce qui, sans doute, signi-
fiait des aliments.
OTTO (Etienne), né à Frciberg en Misnie
(Saxe), vers les premières années du dix-septième
siècle, fut d'abord substitut et collaborateur du
cantor de l'école évangélique de Sainte-Anne, à
Augsbourg : il occupait encore celte place en
1632, comme on le voit par le titre d'un de ses
ouvrages. Seize ans après il remplissait les fonc-
tions de musicien de ville, à Schandau, en Saxe.
Ces renseignements sont les seuls qu'on possède
sur ce musicien, qui a publié un recueil de
compositions sous le titre bizarre : Cranen-
Crœnleinoder musikalischen Varlxuffer, auf
C oncert- Madrigal -Dialog - Melod- Symphon-
Matetten manier gcsctzt {PelUe couronne de la
couronnée, ou Précurseur musical, composé de
motets composés en forme de concerts madri-
galesques dialogues, mélodiques et symplioni-
ques); Freiberg en Misnie, 1648, in-4''. Précé-
demment Otlo avait écrit un traité de musique,
dont Mattheson a possédé le manuscrit , et qui
avait pour litre : Etliche nothxcendige Fragen
von der poetischen oder Dichtmusik , etc.
(Quelques questions nécessaires concernant la
musique poétique , etc.). Ce livre était daté du
24 juin 1632, et Otto y prenait le titre de subs-
titut et collaborateur à l'écolo Sainte-Anne
d' Augsbourg. Mattheson nous apprend {Grund-
lage einer Ehren-P forte, p. 243) que le ma-
nuscrit était composé de dix-neuf feuilles in-4'=
d'une écriture très-serrée, et que l'ouvrage était
divisé en quatre parties , où 11 était traité de la
nature de l'harmonie, des accords, des formes
du contrepoint ou de la composition , et des
modes avec leurs transpositions. Choron et
Fayolle ont fait une singulière inadvertance sur
ce livre, car ils disent ( Dictionnaire historique
des musiciem , t. Il, p, 107 ) qu'Otto l'a pu-
blié en 1632; et quelques ligues plus bas ils
ajoutent qu'il n'a jamais été imprimé.
OTTO (François), organiste de la cathé-
drale de Glatz, en Silésie, naquit en 1730, et
mourut à l'âge de soixante-quinze ans, le 5
décembre 1805. Cet artiste a été considéré comme
un des meilleurs organistes de la Silésie, particu-
lièrement sous le rapport de l'exécution. Il
jouait aussi bien de la flùtt; , de la harpe, de la
viole d'amour et de la basse de viole. En 1784 il
a publié à Breslau : Neues vollstxndiges ChO'
ralbuch, zu dem allgemeinen und vollstxn-
digen Gesangbuche des Hochwilrd. Hrn.
Alumnat-reclors Franz (Nouveau livre choral
complet pour servir au livre de chant général et
complet du vénérable recteur intérimaire Franz ),
in-8". Il a aussi annoncé, en 1798, six sonates
pour le clavecin, qui ne semblent pas avoir paru,
et d'autres compositions pour le luth, la liarpe,
OTTO
589
>e Tïoloa et la basse de viole , dont il proposait
la publication ou la cession en manuscrit. Peut-être
les sonates sont- elles celles qui ont été publiées à
Leipsick, en 1800, sous le nom iVOtto{J.-F.).
Un autre artiste, nommé François Otto,
s'est fait connaître avantageusement dans ces der-
niers temps comme compositeur de chants à plu-
sieurs voix et à voix seule, dont il a publié en-
viron quinze recueils à Leipsick. Je n'ai pas de
renseignements sur sa personne.
OTTO (Charles), professeur de musique
à Gozlar, vers la fin du dix-buitième siècle, s'est
fait connaître par une collection de chansons de
Voss mises en musique à voix seule avec accora-
paguernent de piano, Gozlar, 1796, et par une
ode à l'espérance, idern , ibid. C'est à tort que
Gerber pense que ce musicien pouvait être le
même que Ot , ou plutôt Oit, dont on a deux
recueils de canzoneltes italiennes publiées à
Mayence, chez Schott, car le prénom de celui-ci
était Frédéric.
OTTO ( J.xCQCEs-AccBSTE ), facteur d'instru-
ments du grand-duc de NYeimar, naquit à Gotha
en 1762. Tour à tour il travailla à Weimar, Halle,
Leipsick, Magdebourg, Berlin, et en dernier lieu à
Jéna, où il est mort postérieurement à 1830. Ha-
bile dans la construction des violons et des basses,
surtout dans la réparation des anciens instru-
ments, il avait vu un grand nombre de ceux-ci ,
et en avait étudié les variétés. 11 donna les pre-
mières preuves de ses connaissances par l'ou-
vrage qu'il publia sous ce titre : Ueber den Bau
unddie Erhaltung derGeige xind aller Bogen-
instrumente (Sur la construction et la répara-
tion des violons et de tous les instruments à ar-
chet). Halle, Reinecke, 1817, in-8°. Une nou-
velle édition améliorée de cet ouvrage, enri-
chie de renseignements sur les luthiers et sur les
instruments, a paru onze ans après : elle est in-
titulée : Ueber den Bau der Bogeninstrumente
und iiber die Arbeilen der vorzûglichsten
Insti-umentenmacher , zur Belehrung fiir
Musiker. nebst Andentungen zur Erhaltung
der Violine in guten Zûstande (Sur la cons-
truction des instruments à archet et les travaux
des principaux luthiers , pour l'instruction des
musiciens, etc.), Jéna, Brun, 1828, in-S" de
97 pages. M. John Bishop , de Cheltenham , a
donné une traduction aniilaise de cet ouvrage, et
y a fait quelques additions et des notes. Cette
traduction a pour titre : Treatise on the
structure and préservation of the violin and
othcv bow instruments : together with an
account of the most cclebrated Makers, and
of the genvine characieristics of their instru-
ments. Londres, R. Cooks, 1848, 1 vol. ia-S".
Le rédacteur de Particie qui concerne cet artiste,
dans le Lexique universel de musique publié par
le docteur Schilling s'est trompé en attri-
buant à Otto un article publié au mois de sep-
tembre 1808, dans la Gazette musicale de Leip-
sick, sur la facture du violon; cet article, signé
P, est d'une autre main , à laquelle on doit aussi
des morceaux sur d'autres sujets dans le même
journal.
Otto a laissé cinq fils qui, tous, sont luthiers.
L'ainé, Georges-Augustc-Godefroid Otto, fixé à
Jéna, s'est fait connaître avantageusement dans
la Westpbalie , la basse Saxe , les contrées du
Khin et la Hollande, par la bonne quafitéde ses
instruments. Le second, Chrétien-Charles Ollo,
est établi à Halle, où il s'occupe principalement
de la ré[ft»ration et de l'entretien des anciens ins-
truments; le troisième, Henri-Guillaume, est
à Berlin; le quatrième, Charles-Auguste, est
facteur de la cour à Ludwigslust, et le plus
jeune , Frédéric-Guillaume , est à Amsterdam.
OTTO (Ernest-Jcles), organiste et cantor
de l'église de la Croix, à Dresde, est né le
1er octobre i804, à Kœnigstein, petite ville de
la Saxe, ou son père était pharmacien. A l'âge
de dix ans il fut envoyé à l'école de la Croix
de Dresde et s'y fit remarquer dans le chœur par
sa jolie voix de soprano, avec laquelle il chan-
•tait les solos. Il y prit des leçons d'orgue, de
piano, elle cantor Théodore Weinlig lui ensei-
gna les éléments de la composition. Parvenu à
l'âge de dix-sept ans, il écrivit ses premiers es-
sais qui consistaient en motets et cantates. Son
penchant décidé pour l'art excita l'intérêt de
Charles-Marie de Weber, alors maître de cha-
pelle du roi de Saxe, qui lui donna des conseils
et le dirigea dans ses travaux. Eu 1822, Otto se
rendit à Leipsick et y suivit pendant trois ans
les cours de philosophie de l'université. Il publia
dans celte ville .ses premiers ouvrages de musi-
que d'église, quelques petites choses pour le
piano, et des Lieder. De retour à Dresde en
1825, il fut d'abord employé comme professeur
de solfège et de piano dans l'instilulion Bloch-
mann. Après la mort de Agllie, en 1830, Otto
lui succéda dans les places de cantor et de di-
recteur de musique de l'église de la Croix. H a
occupé ces places jusqu'au moment où cette no-
lice est refaite (1862). Cet artiste s'est fait con-
naître par les oratorios intitulés: 1° Der Sieg
des Heilandes (la Victoire du Sauveur).
2^ Job, qui fut exécuté à la fête musicale de
Betterfeld, en 1840. — 3» Die Feier der Er-
lœften am Grabe Jesu (la Fête de la Rédemp-
tion au tombeau de Jésus), exécuté à Dresde,
en 1844. Il a écrit aussi pour le théâtre -. 1° Das
390
OTTO — OULIBICHEFF
Schloss am Rhein (le Château sur le Rliin), re-
présenté à Dresde en 1838. — 2" Dei' Schlos-
ser (les Clefs d'Augsbouig), représenté dans la
môme ville. Olto a écrit aussi des messes pour
des voix d'hommes, des hymnes (idem) , et
d'autres morceaux de musique religieuse. Ses
autres compositions sont . r Trio pour piano,
violon et violoncelle, op. 6; Leipsick, Hoffmeis-
ter. — 2". Sonate pour piano à 4 mains, op. 5 ;
ibid — 3° Polonaises idem; Leipsick, Lehmann.
— 4° L'Allégresse, rondoletto idem., op. 19,
Leipsick, Friese. — 5° Rondeau idem., op. 23;
Dresde, Tliieme. — 6° Plusieurs oeuvres de va-
riations pour piano seul, sur des thèmes italiens
etallemands. — 7° Études pour piano, op. il et
26; Leipsick, Friese. — 8" Cantate funèbre pour
chœur et orchestre; Meissen. Gœdsche. —
9° Plusieurs recueils de chansons allemandes
avec accompagnement de piano; Vienne et Leip-
sick. En 1846, Otto a entrepris avec le docteur
Schladebach la publication d'un écrit périodique
à l'usage des sociétés chorales d'hommes sous
le titre Eutonia.
OTTO (I'rançois), frère du précédent, né
àKoenigstein en 1806, fit ses études musicales à
Dresde, puis vécut quelque temps à Leipsick
comme chanteur dutliéâtre. En 1833 il s'est fixé
en Angleterre comme directeur d'une société de
chant d'ensemble. On a publié à Leipsick de sa-
composition des motets pour des voix d'hommes,
des chants (idem), des Lieder en recueils ou
détachés, et un recueil de 12 danses allemandes
pour orchestre, op. 8.
Un troisième frère d'Ernest Jules Otto a été
ténor du théâtre de Leipsick; il s'est fixé en An-
gleterre, avec son frère François.
OTTO (Mn^e Louise), auteur d'ouvrages de
littérature de différents genres, particulièreinent
de romans et de poésies, est née à Leipsick vers
1825. Au nombre de ses productions, on remar-
que un livre qui a pour titre : Die Mission der
Kunst mit besondere Rucksicht auf die Ge-
^enwart (la Mission de l'art, particulièrement à
l'époque actuelle); Leipsick, 1861, gr. in-8°de
271 pages. Cette dame nous apprend, dans sa
préface, qu'elle écrivit une brochure sur le même
sujet dans l'hiver de 1847-1848, mais que les
agitations de l'Allemagne peu de temps après en
firent retarder la publication, et que cette bro-
chure ne parut qu'en 1852, sous le titre : Die
Kunst und misère Zeit (l'Art et notre temps).
La partie de l'ouvrage (Die Mission der Kunst)
qui concerne la musique commence à la page 119
«t finit à la page 241.IM'ne Olto, qui affecte dans
son style les formes de la philosophie allemande
de l'époque actuelle, est un apôtre de la musi-
que de Richard Wagner et de ses imitateurs.
OTTOBI, ou OTTEBI. Voy. HOTHBY
(Jean).
OUDOUX (L'abbé), et non ODOUX, comme
écrivent Choron et Fayolle, ni OUDEUX, sui-
vant Forkel, Lichtenthal et M. Becker, fut d'a-
bord enfant de chœur à l'église de Noyon, et y
apprit la musique sous la direction de Dugué,
qui y était alors maître de chapelle avant de
passer à la maîtrise de Notre-Dame de Paris,
puis fut attaché comme chapelain, ponctoyeur
et mu.sicien à la même église de Noyon. On a de
cet ecclésiastique un livre intitulé : Méthode
nouvelle pour apprendre facilement leplain-
chant , avec quelques exemples d'hyinnes et
de proses; ouvrage utile à toutes personnes
chargées de gouverner Voffice divin, ainsi
qu'aux organistes, serpens et basses-contres ,
tant des églises où il y a musique, que de
celles où il n'y en a point ; Paris, Lollin. 1772,
1 vol. in-S" ; 2™e édition, revue , corrigée et
augmentée, Paris, Lottin, 1776, in-S". Cet ou-
vrage est en dialogues.
OUGHTRED (Guillaume), théologien et
mathématicien anglais, naquit le 3 mars 1574, à
Eton,dans le comté de Buckingham. En 1610,
il fut nommé ministre d'Albury, près de Guil-
ford, dans le comté de Surrey. Il mourut le 30
juin 1660, à l'âge de quatre-vingt-six ans. On
I prétend que la joie qu'il ressentit du rétablisse-
ment de Charles II sur le trône fut la cause de
sa mort. Dix ans après on imprima un choix de
ses manuscrits, sous le titre à'Opuscula ma-
thematica hactenus inedita; Oxford, 1676,
in-S". On y trouve, sous le n° 7, un traité in-
titulé MusiccV elementa.
OULIBICHEFF( Alexandre d' ), gentil-
homme russe, naquit en 1 795 à Dresde, où son
père était en mission. Son éducation fut bril-
lante et solide. Dès son enfance , il cultiva la
musique, dans laquelle il fit de rapides progrès.
Le violon était l'instrument qu'il avait choisi ;
il y acquit un talent d'amateur fort distingué,
particulièrement dans le genre du quatuor.
Entré jeune au service militaire, il vécut quel-
ques années à Pétersbourg et y fut liomme de
plaisir. Plus tard il entra dans la diplomatie,
occupa plusieurs postes importants près des
cours étrangères, et ne rentra en Russie qu'en
qualité de conseiller d'État. Après l'avènement
au trône de l'empereur Nicolas, il demanda sa
retraite et vécut alternativement dans ses terres
au château de Louxino et à Nijni-Novogorod.
grande et belle vdle sur l'Oka, à 200 lieues de
Pétersbourg. Il y réunissait près de lui q.uclques
amateurs avec lesquels il exécutait fréquemment
OITLIBICHEFF
391
■de la musique. M. d'Oulibicheff est mort à Nijni-
Kovogorod, le 24 janvier 1838, à l'âge de
soixante-trois ans. Son nom avait été révélé au
monde muâical en 1S43 par le livre qu'il publia
sous le titre i\e youvelle biographie de Mo-
zart, suivie d'un aperçu sur l'histoire Qéne-
raie de la musique, et de l'analyse des prin-
cipales œuvres de Mozart; Moscou*, 1844,
3 vol. gr. in-8°. Le premier volume de cet ou-
vrage renferme la biographie de l'illustre com-
positeur : le livre de Nissen et surtout les lettres
de Mozart et de sa famille en ont fourni les ma-
tériaux. On peut y reprendre la lenteur de la
narration, le penchant trop décidé de l'auteur
pour les discussions polémiques, et certaines for-
mes du style oii l'on remarque de l'embarras,
défaut très-excusable chez un étranger. L'aperça
de l'histoire de la musique, qui remplit la pre-
mière moitié du second volume, pourrait être
considéré comme sans objet si l'auteur ne s'était
proposé de faire voir les faibles progrès qu'elle
a faits pendant plusieurs siècles, et de démontrer
que l'art complet ne se trouve que dans les œu-
vres de Mozart ; enfin, de constater que ce grand
homme a plus inventé dans l'espace de quelques
années qu'une longue succession d'artistes n'a-
vaient fait avant lui dans tout le dix-huitième
siècle, et même depuis les commencements de
Bach et de Haendel. A vrai dire, M. d'Ouhbichcff
ne sentait, ne comprenait bien que la musique
de Mozart. L'analyse qu'il fait des œuvres de ce
rare génie est la partie la mieux traitée et U
plus satisfaisante de son ouvrage , qui, par
son ensemble, est digne d'ailleurs de beaucoup
d'estime.
C'est encore Mozart qu'il aime dans les œu-
vres de la première manière de Beethoven, car
on sait que l'auteur de Fidelio fut saisi d'une si
profonde admiration pour le génie de son pré-
<lécesseur, jusqu'à l'âge de près de trente ans,
qu'en dépit de son originalité vigoureuse, les
tendances et les formes de son modèle se font
sentir dans ses trente premières œuvres. Par
degrés cependant son talent prenait des allures
plus libres, plus personnelles, plus élevées :en-
fm arriva la seconde manière, oii le divorce est
<;omplet : alors l'admiration de M. d'Oulibiclieff
s'affaiblit, et bientôt arrive la critique. Pour lui,
cette seconde manière fut le signe d'un affaiblisse-
ment progressif des facultés du grand musicien,
mais où se trouvent encore de grandes inspirations;
car il avouait que les œuvres de cette époque
renferment de sublimes beautés mêlées à des ex-
travagances qu'il appelait la chimèreàe l'artiste.
Arrivé à l'époque de la troisième manière, où la
recherche pénible succède à la libre inspiration,
d'Oulibiclieff se sent pris de dégoût, et dans son
opinion, la raison de Ikethoven n'eïtplus saine :
dans cette manière, dit-ii , il n'y a plus que la
chimère. Au reste, cette opinion a été partagée
par Ries, par Rellstab, qui avait fait le voyage de
Tienne en 1824 pour connaître le grand artiste,
et qui en revint avec la conviction que c'en
était fait de son génie. On sait aussi que Spohr
a émis une opinion semblable sur les dernières
œuvres de Beethoven dans son autobiographie.
Quel que fût le sentiment d'Oulibicheff à cet
égard, il est vraisemblable qu'il n'en ertt rien
écrit si le livre extravagant de M. Lenz, inti-
tulé Beethoven et ses trois styles, n'eût contenu
des attaques contre l'auteur de Ia JS'ouvelle bio-
graphie de Mozart, taxé d'injustice dans ce
qu'il avait dit de son successeur. Ce furent ces
attaques qui déterminèrent M. d'Oulibicheff à
écrire et à publier son second ouvrage, Beetho-
ven, ses critiques etsesglossateurs (Leipsick,
F. A. Brockhaus; Paris, Jules Garelot, 1857,
1 vol. gr. in-8°}. Il explique dans sa préface les
circonstances qui l'ont impérieusement conduit
à s'expliquer sans réserve sur la personne et sur
les œuvres du grand artiste. Sous le rapport
du style, il y a un remarquable progrès dans ce
second ouvrage d>i M. d'Oulibicheff. Je n'ai pas
à faire ici l'analyse du contenu du volume ni
l'appréciation des opinions de l'auteur, ayant fait
ce travail dans la Gazette musicale de Paris
(ann. 1857, n»* 23, 25, 27, 29 et 30) : je me
bornerai à dire que l'aute-ir et le livre furent
attaqués avec violence dans une multitude d'ar-
ticles de journaux et dans des pamphlets, parti-
culièrement en Russie. M. d'Oulibicheff en fut
profondément affligé : je crois même que le
chagrin qu'il en eut fut la cause de la maladie
qui le mit au tombeau. Peu de mois avant sa
mort il m'écrivit, me confiant ses chagrins et
m'envoy ant un mémoire de vingt pages in-folio
dans lequel il avait entrepris de répondre aux
critiques acerbes dont il était l'objet. Il désirait
que je le fisse publier à Paris ; mais je lui con-
seillai de n'en rien faire, s'il ne voulait prolonger
la polémique qui l'affligeait; car, lui disais-je,
si solide que soit votre réponse aux critiques
injustes dont vous êtes l'objet, on y fera des
répliques, et Dieu sait ce qu'elles seront!
Ayez ma philosophie .-depuis quarante ans,
si j'ai trouvé beaucoup de sympathie dans
l'opinion publique, fat aussi rencontré des at-
taques de tout genre dans les bas fonds de la
critique: mais j'ai méprisé mes adversaires
et ne leur ai pas fait Fhonneur de leur ré-
pondre. Malheureusement M. d'Oulibicheff,
homme du monde et grand seigneur, n'était pas
392
. OULIBICHEFF — OUSELEY
préparé à ces choses qui sont inséparables de la
vie d'artiste et d'écrivain : il en mourut.
OULTOiV (William-Charles), écrivain an-
glais, né vçrs 1760, estauteurd'un livre intitulé :
The Uistory of the English théâtre in Lon-
don j containing an annual regisier of ail
the new and revived Tragédies, Comédies,
Opéras, Farces, Pantomimes, etc., that hâve
been performed ad the Théâtre royal in Lon-
don from the years 1771 ta 1795, with occa-
sional notes andanecdotes (Histoire du théâtre
anglais, contenant un catalogue annuel des tra-
gédies, comédies, opéras, farces, pantomimes,etc.,
nouvellement représentés ou remis en scène aux
théâtres royaux de Londres, depuis l'année 1771
jusqu'en 1795, avec des notes et des anecdotes),
Londres, Martin and Bain, 1796, 2 vol. in-S".
llaéléiait une deuxième édition de cette histoire,
continuée jusqu'en 1817 ; Londres, 1818, 3 vol.
in-12.
OUSELEY (Sir William GORE), baronnet,
orientaliste, né en Angleterre, dans le comté de
Monmouth, en 1771, reçut une éducation solide
dans sa famille, et se rendit à Paris en 1787, pour
y perfectionner sa connaissance de la langue
française. Entré au service militaire de sa pa-
trie, il y employa ses heures de loisir à l'étude
des langues orientales, et bientôt, entraîné par le
charme qu'il y trouvait, il vendit sa commission
d'officier, alla étudier aux universités de Lcyde
et de Dublin, et reçut dans celte dernière le degré
de docteur. D'autres dignités littéraires lui furent
ensuite conférées par les universités de Ros-
tock, d'Edimbourg et de Gœttingue. Après un
voyage en Perse, qu'il fit en société de son frère
nommé ambassadeur en ce pays, il revint en An-
gleterre, et y publia le fruit de ses études et
de ses recherches sur les antiquités de l'Orient,
dans divers ouvrages dont le plus important a
pour titre : The Oriental collections ( Collec-
tions orientales) ; Londres, 1797-1799, 3 vol.
in-4°. On trouve des renseignements pleins d'in-
térêt sur la musique et les musiciens de l'Inde
dans le premier volume de cet ouvrage. SirGore
Ouseley est mort à Londres en 1844.
OUSELEY (le Rév. Sir-Frédéric-Arthur
GORE), baronnet, fils du précédent, né le
12 août 1825, a succédé à son père en 1844.
Après avoir fait ses études au collège de Chiist-
Church dOxlord, il prit dans cette université les
degrés de bachelier es arts en 1840, de maître
es arts en 1849, de bachelier en musique, en
1850, et de docteur en musique, en 1855. Il
ayait été ordonné diacre en 1849 et reçut
l'ordre de la prêtrise en 1855. Celte dernière
année est remarquable dans l'existence du révé-
rend sir Gore Ouseley, car il succéda alors à sir
Henri R. Bishop dans la place de professeur de
musique de l'université d'Oxford, et fut nomme
Prœcanlor (premier cliairtre) delà cathédrale
d'Hereford. L'église et le collège de St. Michel et
tous les Anges ayant été bâtis et dotés, près de Ten-
bury, cette église fut consacrée par l'évêque d'He-
reford, le 29 septembre 1856, elle collège fut ou-
vert au mois de mai 1857. A cette église de Saint-
Michel est attaché un service journalier de chant
choral, exécuté parles membres du collège, sous
la direction spéciale de Sir Gore- Ouseley. L'ins-
truction musicale de cet ecclésiastique est une des
plus solides et des plus complètes que je connaisse.
La nature lui a donné une organisation excellente-
pour la musique. Dès l'âge de trois ans et quel-
ques mois il s'occupait déjà de cet art avec au-
tant d'assiduité que de passion; et seul il apprit
à jouer du piano, de l'orgue, du violoncelle et de
plusieurs autres instruments. A sept ans, il fai-
sait ses premiers essais de composition , et dans
sa huitième année, il écrivit la musique de l'o-
péra de Métastase l'Isola disabitata. Pianiste
distingué, improvisateur élégant, M. Ouseley pos-
sède aussi un talent remarquable d'organiste.
J'ai eu l'occasion de l'entendre dans une église
de la Cité à Londres, où il joua des préludes,
une fugue improvisée avec clavier de pédales, et
une belle fugue de J. S. Bach à 3 claviers , et
dans celle exécution, qui dura près d'une heure
et demie, tout fut irréprochable. La liste de ses
compositions renferme ; 1° Quatre sonates pour
piano et violoncelle écrites dans les années 1839-
1841 ; 2° Deux Irios pour piano, violon et vio-
loncelle, en re et en ut (1840-1841 ); 3° Qua-
tuor pour piano, violon, alto et violoncelle, en
mi bémol (1842); 4° Cinq sonates pour pian»
seul, dont les quatre dernières, en mi mineur,
ut mineur, mi bémol et ré mineur ont été com-
posées en I84O; 5° Sextuor pour 2 violons,
2 altos, violoncelle et contrebasse (1841 j ; 6' En-
viron 40 mélodies sur des paroles italiennes,
écrites de 1832 à 1845; 1" Nocturnes ou ro-
mances sans paroles pour piano seul, au nombre
de douze ( 1839-1858); 8" Trois préludes et fu-
gues pour piano ou orgue sans pédales, en mi
majeur, ut mineur et ?)u bémol (1845 1846);
9^ Six grands préludes pour l'orgue avec pédales
obligées (1860); 10" Ode pour soprano solo,,
chœur à 5 voix et orchestre, composée à l'occasion
de la paix après la guerre de Crimée, pour l'u-
niversité d'Oxford, mais non exécutée: 1 I^Grande
cantate religieuse, sur les paroles du lO^c cha-
pitre de Jérémie : The Lord is the true God ,
pour voix de baryton , chœur à H voix , et
grand orchestre, composée pour le degré de ba-
OUSFXEY — OUVRARD
3 93
chelier en musique en 1849 et 1850 ; 12" Quatre
serTices complets pour les cathédrales, à 8 voix,
en la mine<ir, ré majeur, fa majeur et xit ma-
jeur (1848-1856); 13" Six antiennes ( 1854-
1860); 14° Dix Glces sur des paroles anglaises
(1844-1846); 15° Chansons anglaises pour dif-
férentes voix( 1842-1859). 16° The Marlyrdom
ofSt Polycarp (Le Martyre de S. Polycarpe),
oratorio en un acte, gravé en grande partition ,
à Londres, chez Alfred Novello, gr. in-fol. ; bel
ouvrage dont le style est large et pur, dont les
mélodies sont simples et naturelles, les chœurs
puissants, énergiques, bien rhythmés et bien
écrits dans la grande manière de Bach et de
Hiendel , enfin, dont l'instrinuentation est riche
sans excès de son emploi. Cette composition fe-
rait honneur aux meilleurs artistes.
OL'TREIIV (Je4n d'), prédicateur de l'É-
glise réformée, à Amsterdam, naquit à Middel-
bourg en 1663, et mourut en 1722. On a de lui :
Disputationes XV de clangore evangelii sive
de clangoribus sacris, dans lesquelles il traite
de la musique des Hébreux, et particulièrement
de l'instrument appelé magrepha. Ugolini a in-
séré ce traité dans son Thésaurus antiq. sacr.,
t. 32.
OUTREPOXT ( Charles-Tbomas-Frasçois
d' ), né à Bruxelles, le 26 juin 1777, se fixa à
Paris vers 1S04, et y est mort le 4 avril 1840.
Parmi beaucoup de travaux littéraires de diffé-
rents genres qu'il y a publiés , on remarque le
livre qui a pour titre Dialogues des morts y
suivis d'une lettre de J.-J. Rousseau, écrite
des Champs Élysées à M. Castil-Blaze, Paris,
F. Didot, 1825, in-8°. Dans la lettre supposée,
M. d'Outrepont reproche à Caslil-Blaze d'avoir
emprunté textuellement, pour son Dictionnaire
de musique moderne, 342 articles à celui de
Jean-Jacquos Rousseau. Bien qu'on ne puisse
nier que l'accusation ait quelque fondement , il
est certain que d'Outrepont montre beaucoup
de partialité et de préventions dans sa critique.
OUTREPOIXT (TnÉODORE-GcsTAVE n'),
frère du précédent, capitaine de cavalerie, na-
quit à Bruxelles en 1779, et mourut à Paris, du
choléra, le 7 avril 1832. Il cultivait le violon
avec quelque succès et a publié à Paris plusieurs
morceaux pour cet instrument.
OUVRARD ( Re>é), né à Chinon, en Tou-
raine, le 16 juin 1624, apprit la musique dès son
enfance et n'interrompit pas l'étude de cet art
pendant qu'il se préparait à embrasser l'état ec-
clésiastique. Après avoir été ordonné prêtre, il
obtint la maîtrise du chœur de la cathédrale de
Bordeaux, puis celle de Karbonne. C'est de cette
dernière ville qu'il fut appelé à Paris, pour y rem-
plir les fonctions de maître de musique de la Sainte-
Chapelle, place qu'il occupa pendant dix ans. 11 fut
ensuite pourvu d'un canonicat de Saint-Gralien
de Tours, et mourut en cette ville, le 19 juillet
1694. Ouvrard avait l'esprit orné de connaissances
assez étendues dans l'histoire et les antiquités
ecclésiastiques ; il composait des vers latins, et
cultivait les mathématiques et l'astronomie.
Outre quelques ouvrages de controverse et de
théologie, on a de lui : 1° Secret pour composer
en musique par un art nouveau, Paris, 1660.
— 2° Lettres sur l'architecture harmonique ou
application de la doctrine des proportions de
ta musique à l'architecture, ibid., 1679, Paris,
Rouland, in-4°. — 3° Histoire de la musique
chez les Hébreux, les Grecs et les Rornaim,
non publiée. Le manuscrit se trouve à la biblio-
thèque de la ville de Tours (1). Le privilège pour
la publication de cet ouvrage avait été délivré à
Ouvrard le 4 mars 1677, d'où Ton peut conclure
qu'il avait résolu de le faire bientôt imprimer;
on ne peut donc expliquer le motif qui l'a dé-
cidé ensuite à garder en manuscrit cette histoire
de la musique, puisqu'il vécut encore dix-sept
ans après cette date , et qu'il ne décéda que le
19 juillet 1694. Après sa mort, le manuscrit fut
déposé avec plusieurs autres ouvrages du même
auteur dans les archives de l'église métropolilaine,
d'oii il est p?ssé dans la bibliothèque de la ville.
L'ouvrage est divisé en trois parties : la première
est intitulée Prénotions harmoniques. £lle
renferme l'explication de tous les termes em-
ployés dans la musique, en grec, en latin et en
français ; puis vient l'exposé des connaissances
qui se rattachent à la titéorie de la musique,
telles que l'arithmétique, l'acoustique, la phi-
losophie; enfin l'examen de plusieurs questions
relatives à la musique des Grecs et des Romain^:,
un traité de leurs intruments, de leur poésie
et de leurs danses. Sous le titre de Biblio-
thèque harmonique, la seconde partie con-
tient une liste de tous les auteurs qui ont
écrit sur la musique, rangés par ordre chrono-
logique, avec des renseignements sur leurs ou-
vrages, etc. La troisième partie renferme les
éléments de la musique et de la composition.
On voit que le plan de cet ouvrage avait été
assez mal conçu. — 4° Dissertation sur le traité
(le Vossius, De poematum cantu et viribus
rhythmi, manuscrit qu'il avait communiqué à
l'abbé >Mcaise pour avoir son avis; enfin, quel-
ques lettres sur la musique, à l'abbé Kicaise,
(r Bibliolheca eccleslae Turonensis seu caUIogns libro-
rum Mss. qai in eadent-bibl. asserrantur, auct. G. Jouan
et Vict. d'Avanne, Toor», iTOf, in-S», réLHaprimé dans U
BibliotAeca Bibliothecarum de Montfaucon.
394
OUVRARD — OZI
qui avait conçu le projet de les faire impri-
mer avec son Discours sur la musique des an-
ciens.
OVERBECK (Je\n-Daniel), recteur du
gymnase de Lubeclt, naquit à Relhem, p>js de
Lubeck, en 1715. On trouve dans les Essais cri-
tiques et historiques de Marpurg (t. I, p. 312-
317 ) un morceau de ce savant, intitulé : Ant-
uort auf das Sendschreiben eincs Freundes
an den andern, iiberdie Ausdrùcke des Herm
Batteux, von der Musik ( Réponse à la lettre
d'un ami à un autre, sur les expressions de
M. Batteux concernant la musique).
OVERBECK (Chrétien-Adolphe), né à
Lubeck vers 1750, fut fait docteur en droit en
1788 , et obtint en 1793 le titre de syndic du
ciiapitre épiscopal de Lubeck. Il est mort dans
<;etle ville, le 9 mai 1821. 11 cultivait la musique,
et a publié des cantiques et des chansons avec
mélodies et accompagnement de clavecin, sous
ce titre : Lieder und Gesxnge mit Klavier
Melodien, Hambourg, 1781, in-4".
OVEREIXD (Marmadure), écrivain anglais
et professeur de musique, né dans le pays de
Galles, vers le milieu du dix-huitième siècle, fut
organiste à Isleworth, dans le comté de Middle-
sex, et y vivait encore en 1797. Il a puhlié le
programme d'un cours sur la science de la mu-
sique, sous ce titre : A brief account of, and
introduction to eight lectures on the science
of Music, Londres, 1781, in-4* de 2 feuilles. Il
rédigea ensuite les leçons qu'il avait faites dans
ce cours et les publia dans un écrit intitulé :
Lectures on the science of Music ; Londres,
1783, in-4°. On connaît aussi de ce musicien :
Twelve sonatas for two violins and a vio-
loncello ( 12 sonates pour 2 violons et violon-
celle), Londres, 1779.
OZAIVAM (Jacques), mathématicien, na-
quit en 1640, à Bouligneux, dans la principauté
de Dombes, d'une famille d'origine juive, et
mourut à Paris, le 3 avril 1717. Au nombre
de ses ouvrages, on compte un Dictionnaire
mathéinatique ( Paris, 1691, in-é"), dans lequel
on trouve un Traité de musique (p. 640) qui
forme 16 pages. On a aussi de lui : Récréations
mathématiques et physiques, qui contiennent
plusieurs problèmes d'arithmétique , de géo-
métrie et de musique, etc., Paris, 1724, 3 vol
in-8", et 1735, 4 vol. in-8°.
OZI ( ÉTIEN^E ) , premier basson de la cha-
pelle du roi, avant la révolution , ensuite de la
chapelle impériale, de l'orchestre de l'Opéra, et
professeur de cet instrument au Conservatoire de
musique, naquit à Nîmes ie 9 décembre 1754.
Venu à Paris en 1777, il débuta au concert spi-
rituel deux ans après, et s'y fit remarquer par
une belle qualité de son et une exécution nette
et précise. On peut le considérer comme le pre-
mier artiste qui ait perfectionné cet instrument en
France, et comme le chef d'une école d'où sont
sortis Delcambre, Gebauer, etc., lesquels ont
formé à leur tour d'excellents élèves. Le temps où
Ozi fit le plus admirer son talent fut celiii des con-
certs du théâtre Feydeau(1796).ll a beaucoup com-
posé pour son instrument, car on compte parmi
ses compositions -. 1° 7 concertos pour basson,
avec accompagnement d'orchestre , publiés à
Paris depuis 1780 jusqu'en 1801. — 2° Trois
symphonies concertanles pour clarinette et bas-
son, œuvres 5, 7 et 10, Paris, 1795 et 1797. —
3° 24 duos pour 2 bassons; ibid. jusqu'en 1798.
— 4° Petits airs connus variés pour 2 bassons, ou 2
violoncelles, lerct2* livres, ibid.; 1793 et 179i
5° Six duos pour deux bassons, ou 2 violoncelles,
ibid., 1800. En 1787, il publia un livre élémentaire
intitulé : Méthode de basson aussi nécessaire
pour les maîtres que pour les élèves, avec des
airs et des duos. Plustard il refondit cet ouvrage
pour l'étude des classes au Conservatoire, elle pu-
blia, en 1800, sous le tile de Méthode nouvelle
et raisonnée pour le basson. Il en a été fait
plusieurs éditions à Paris. Vers 1796, Ozi forma
une association pour rétablissement d'un maga-
sin de musique, attaché au Conservatoire; il
dirigea cet établissement jusqu'à sa mort, arrivée
le 5 octobre 1813.
PABST (....), directeur de musique à
Rœnigsberg, né dans cette ville vers 1818,
s'est fait connaître comme compositeur dra-
matique, par l'opéra en trois actes intitulé :
Der Kastellan von Krakau (le Châtelain de
Cracovie), qui fut représenté à Koenigsberg,
en 1846. En 1848, il donna au théâtre de la
même ville Unser Johann (Notre Jean).
31. Bernsdorf ne mentionne pas cet artiste
dans son nouveau Lexique général de musique.
PACCHIEROTTI (Gaspard), chanteur
célèbre de la seconde moitié du dix-huitième
siècle, naquit à Fabriano, dans la Marche
d'Ancône, en 1744, et entra comme enfant de
chœur à la cathédrale de Forli. C'est à tort
que Tipaldo {Biogr. degli Jtaliani illustri,
t. IX) a dit que ce grand chanteur fut enfant
de chœur de la chapelle de Saint-Marc de
Venise et que Bertoni fut son maître dans
l'art du chant. M. Caffî n'a pas fait celte faute
dans son histoire de cette chapelle. Bertoni
fut simplement organiste deSaiut-Marc depuis
1752jusqu'à la fin de 1784, et ne devint maître
de cette chapelle que le 21 janvier 1785. Enfin,
il n'y avait pas d'enfants de chœur à la cha-
pelle de Saint-Marc pour la partie de soprano,
mais des sopranistes castrats, dont la plupart
étaient prêtres. La beauté extraordinaire de
sa voix le fit remarquer par un sopraniste de
celte chapelle, qui obtint de ses parents l'au-
torisation de le soumettre à la castration. Le
succès de l'opération décida le vieux sopra-
niste à donner des leçons de chant à Pacchie-
rotli, dont les progrès dans cet art furent si
rapides, qu'à l'âge de seize ans il put com-
mencer à se faire entendre avec succès sur
plusieurs théâtres d'Italie, dans des rôles de
femme. Cependant son organe n'avait pas
encore acquis toute sa puissance. Ce fut sur-
tout vers 1770 que sa réputation s'étendil, et
que son talent d'expression acquit une per-
fection inimitable. Il chanta dans cette année
à Palerme, avec la fameuse Catherine Ga-
brielli et y produisit une vive impression.
En 1772, il brillait à Naples; puis il alla à
Bologne, en 1773, retourna à Naples, en 1774,
chanta à Parme et à Milan, en 1775, à Flo-
rence et à Forli, en 1776, et à Venise, en 1777.
Après la saison de Venise, il alla chanter
pendant le carnaval à Milan, et l'année sui-
vante il fut rappelé dans cette ville pour
l'ouverture du nouveau théâtre de la Scala.
Précédemment il s'était fait admirer à Gênes ;
en 1778, il brilla à Lucques et à Turin, et vers
la fin de la même année, il se rendit à Londres
où il resta jusqu'en 1785. Peu de chanteurs
ont été accueillis dans cette ville avec autant
d'er.ihousiasme que Pacchierotti ; il y gagna
des sommes énormes. De retour en Italie vers
la fin de 1785, il alla à Venise, où il retrouva
le compositeur Bertoni, son ami, qui écrivit
pour lui plusieurs ouvrages. Il y resta presque
constamment jusqu'en 1790, puis retourna à
Londres, où, malgré son âge avancé, il sut
encore se faire admirer comme virtuose et
comme professeur, jusqu'en 1800. L'année
suivante, il se fixa à Padoue, et y vécut hono-
rablement avec les richesses qu'il avait amas-
sées, dépensant chaque année des sommes
considérables en aumônes. Son plaisir le plus
vif consistait, dans ses dernières années, à
faire exécuter chez lui les psaumes de Mar-
cello, dont il possédait bien la tradition.
Grand musicien, il lisait à première vue toute
espèce de musique et accompagnait bien au
piano. Il mourut à Padoue, le 29 octobre
1821, à l'âge de soixante-dix-sept ans. Pac-
chierotti était laid de visage et, contre l'or-
dinaire des castrats, d'une taille élevée et
fort maigre; mais la beauté de son organe,
sa mise de voix merveilleuse, et le charme ir-
résistible de l'expression de son chant, fai-
saient bientôt oublier à la scène ses désavan-
tages extérieurs. Burney dit que les airs Mi-
sera pargolettOj du Demofoonte de Monza,
Non temer, de Bertoni, dans l'opéra sur le
même sujet, Dolce speme, du Rinaldo de
Sacchini, et Ti seguirà fedele, de l'Olim-
piade, de Paisiello, étaient ceux où il dé-
ployait le talent le plus remarquable.
PACCHIOAI (Astoise-Marie), compo-
siteur, né à Modène, le 5 juillet 1654, apprit
395
39G
PACCIIIONI — PACELLI
l'arl du chant sous la direction de D. Murzio
Erculeo d'Olricoli, musicien de la chapelle
ducale de Modène, puis eut pour mailre'de
contrepoint Jean-Matie Bononcini. L'étude
des compositions de Palestrina le rendit un
des musiciens les plus habiles de son temps.
Pacchioni était prêtre et fut mansionnaire de
la cathédrale de Modène. En 1678, le chapitre
avait l'intention de lui donner la place de
maître de chapelle, devenue vacante par la
mort de Jean-Marie Bononcini; mais, à la de-
mande du duc François II, cet emploi fut
donné à Joseph Colombi. Pacchioni l'obtint
après la mort de celui-ci. Le duc de Modène
l'avait choisi, en 1722, pour son maître de
chapelle. Pacchioni mourut le 13 juillet 1738,
à l'âge de quatre-vingt-quatre ans. En 1733,
il avait été pris pour arbitre par le P. Martini,
dans une contestation qui s'était élevée entre
ce maître, jeune encore, et Thomas Redi, de
Sienne, maître de chapelle de l'église de Lo-
relle, au sujet de la résolution d'un canon de
Jean Animuccia (voyez les mémoires dePier-
luigi de Palestrina, par l'abbé Baini , t. I,
n''103,p. 120). Pacchioni a laissé en manuscrit
beaucoup de musique d'église, qui se trouve à
la cathédrale de Modène. Il a publié à Venise,
en 1687, des motels à quatre voix. En 1682,
il a fait exécuter à Modène un oratorio inti-
tulé Lagran Matilda. Déjà il avait écrit, en
1678, un autre oratorio qui avait pour titre :
Le Porpore trionfali diS. Ignazio. On con-
serve, dans la bibliothèque ducale de Modène,
des cantates de cet artiste en manuscrit. La
collection de l'abbé Santini, à Rome, renferme
trois motels à huit voix de Pacchioni, è sa-
voir, Sicut erat, Domine Deus noster, et
Laudate Dominum.
PACCIOLI (Luc), en latin PATIOLUS
ou PACIOLUS, moine franciscain et savant
mathématicien, naquit à Borgo-San-Sepolcro,
en Toscane, vers le milieu du quinzième
siècle. Après avoir enseigné les malhémaliques
à Naples, à Milan (depuis 1496 jusqu'en 1499),
puis à Florence et à Rome, il alla se fixer à
Venise et y expliqua Euclide. Il se trouvait
encore en celle ville en 1309. Au nombre de
ses ouvrages, qui sont estimés, on en remar-
que un, devenu fort rare, qui a pour litre :
De divina proportione, opéra a tutli gl'in-
gegni perspicacci e curiosi necessaria ove
ciascun sludioso di j)liilosophia , perspec-
tica, piclura, sculptura, architectural mu-
sica, et altre mathematice, suavissima, sot-
tileetadmirabiledoctrinaconseguira. etc. (1)
(I) L'ortliogra|>lic de ce litre, comme celle de lout le
Feneliis impressum per prohii.n virwh
Paganinum de Paganinis de Brescia, 1309,
in-fol.
PAGE (Richard), né dans le diocèse de
Winchester, en 1482, fit ses éludes à l'uni-
versité d'Oxford, puis à celle de Padoue, et
fut successivement chanoine d'York, archi-
diacre de Dorset, doyen d'Exeter, et enfin
doyen de Saint-Paul de Londres. II mourut à
Sleppey^, dans le voisinage de Londres, en
1332. On a de lui en manuscrit un livre inti-
tulé : De restitutione musices, que Baie in-
dique {in Catal. SS. Brit. cent. 8, p. 633).
PAGE (Vincest), né à Assise, dans la se-
conde moitié du seizième siècle, fut maître de
chapelle de l'église cathédrale de Rieti. On le
compte parmi les premiers compositeurs qui ont
écrit de la musique d'église pour une et deux
voix avec accompagnement de basse continue
pour l'orgue. L'ouvrage par lequel il s'est fait
connaître en ce genre de musique a pour
litre : Sacrorum concentuum liber primus
qui singulis, duabus, tribus, quatuor voci-
bus concinuntur, auctore Fincentio Pacio
jàssisiensi in calh. Eccl. Realina musicx
prxfectus , unà cum basse ad organum;
Romae, 1617.
PAGE (Pierre), organiste de la Santa
Casa de Lorette, vécut dans la première
moitié du dix-seplième siècle. Il est vraisem-
blable qu'il était parent du précédent et qu'il
naquit à Assise. Les ouvrages connus de sa
composition sont : 1» Il primo libre de' Mot-
tetti a una, due, tre et quattro voci, con un
Magnificat a due voci, et co'l basse per l'or-
gane; in Venetia, app. Giac. Vincenli, 1613,
in-4". 2° Madrigali a quattro et a cinque
voci, parte con sinfenia se piace, et parte
senza; uvertendo perd che quelli délie Sin-
fenie non si pessane cantare senza senarli,
ma gli allri si. Opéra décima quitita; in
Venetia, appresso Giac. Vincenli, 1617, in-4".
Dans l'épîlredédicaloire au cardinal Monlalto,
datée de Lorette, le 24 janvier 1617, Pace dit
qu'il a appris la musique dès sa plus tendre
enfance, et qu'il a été organiste en plusieurs
endroits avant de l'élre à Lorette. 3» Motetti
a 4, 5 et 6 voci co'l Dixit et Magnificat,
op. 18, ibid., 1619, in 4». 4» Il seste libre
de' Mottetti a una, due, tre et quattro voci,
co'l Dixit, Laudate pueri et Magnificat a
due et tre voci, op. 16, ibid., 1618, in-4°.
PAGELLI (AspiwLio), né à Varciano, au
diocèse de Narni, en 1370, fut d'abord mailre
livre, cs( |>lus latine que celle des bons (<ci'iT.-iins itulisns
du quatorzième sivclc.
PACELLI - PACIIELBEL
397
de chapelle du colh^ge allemnnd à Rome, et, le
2 mars 1602, oblinl le même litre à labasilique
du Vatican j mais après dix mois passés dans
celte position, il accepta la place de maître de
chapelle de Sigismond III, roi de Pologne et
de Suède. Il mourut à Varsovie le 4 mai 1623,
à l'âge de cinquante-trois ans. Un monument
surmonté de son buste lui fut élevé dans la
cathédrale de Varsovie; on y lit cette inscrip-
tion :
D. 0. M.
ET sEsoRii: etcelle:<tis tiri
ASPRIILI PACELLI
ITALF DE OPPIDO VARCIANO DIOCiSIS \aRME5SIS,
on PROFESSIONE SCSICCS, ERCDITIO>E, INGEMO,
I>VE>TIO>Ca DELECTABFLI VARIETATE OX>ES
EJIS ARTIS COETASEOS SCPERAVIT,
A5TIQriORES MQVAWT, ET SERE5ISS.
ET VrCTORFS. PRI>CIPIS
D. D. SIGISÏODI III. POtOSH ET SUECIf REGIS
CAPELLAS SCSICAX TOTO CHRISTIA:<0
ORBE CELEBERRIXAX
CLTRA XX A550S MIRA SOLERTIA REXIT.
EADEI S. ï. R. OB FIDELISSUA OBSEQUIA HOC
BE>EVOLE>TIJE 3I05UXENTC3I P05I JDSSIT.
DECESSIT DIE IV ÏAII A5>"0 DOXIXI
XDCXSIII «TATIS SVM. LUI.
On connaît de ce maître les ouvrages sui-
vants : 1" Cantiones sacrx 5, 6, 8, 10-20 t-o-
CMm, Francfort, 1604, in -4°. 2» Psalmi et
motelti oclo vocum, ibid., 1607, in-A°.
ô» Cantiones sacrx o, 6, 7-20 vocibus con-
cinnatcP, ibid., 1608, in-4''. i° Psalmi^ mo-
telti et Magnificat quatuor vocibus, ibid.,
1608, in-4''. 5" Madrigali a qualtro voci,
lib. 1, ibid. 6° Madrigali a cinque voci,
lib. 1, ibid., in-4''. Quelques morceaux de
Pacelli ont été insérés dans le recueil de di-
vers auteurs publié parFabioCostanlini (Rome,
1614); entre autres un beau motet à huit voix
sur les paroles : Factumest silentium.
PACELLI (Astoi.ne), prêtre et composi-
teur vénitien, fut chanteur sopraniste à la
chapelle ducale de Saint-Marc ; il a fait repré-
senter à Venise, en 1698, un opéra de sa com-
position intitulé II finto Esau. On connaît
aussi sous son nom la cantate théâtrale Amor
furente, qui fut écrite en 1725, à Meslre, pour
le théâtre particulier de la belle villa du doge
Erizio. Pacelli vivait encore en 1740, car il
concourut, cette année, contre Saratelli, pour
la place de vice-maitre de la chapelle de Saint-
Marc, qui fut donnée à son compétiteur.
PACHALY (Traigott-Essamel), orga-
niste distingué, né le 5 janvier 1797, à Lin-
dcrode, dans la Lusacc Inférieure, (il ses pre-
mières études littéraires et musicales chez son
père, alors cantor et instituteur dans cette
commune. Plus tard, il fréquenta l'école nor-
male de Bunzlau , pour se préparer à la car-
rièrede l'enseignement. Après qu'il eutacbevé
ses cours dans cette institution, il fut envoyé,
aux frais du gouvernement, à Schmiedeberg,
pour y perfectionner son talent sur l'orgue
sous la direction de Benjamin Klein, cantor
et organiste renommé dans le pays. Ses études
musicales terminées, Pachaly retourna à
Bunzlau, où il était appelé pour y occuper la
place de professeur adjoint à l'école normale;
mais il n'y resta que peu de temps, parce qu'il
fut nommé instituteur et organiste à Gruna,
près de Gœrlitz. Cette dernière position n'of-
frant pas à l'artiste des ressources suffisantes
pour donner à son talent l'essor pour lequel il
sentait qu'il était né, il l'abandonna, en 1826,
et accepta la place d'instituteur et d'orga-
niste à Schmiedeberg, devenue vacante par la
mort de Klein, son ancien professeur. Là, un
plus vaste champ se présenta à son activité,
soit par les ressources chorales qu'il trouvait
dans l'église primaire-évangélique, soit par
le bel orgue construit par Engel, de Breslau.
Pachaly occupait encore celte position en 1848.
La Nouvelle Gazette musicale de Leipsick,
VEutonia, la Cxcilia et Vlris, ont accordé
beaucoup d'éloges au talent d'exécution ainsi
qu'aux compositions de cet artiste. Les ouvrages
publiés à Breslau et à Leipsick par Pachaly
sont ceux-ci : 1° Douze préludes pour l'orgue,
première suite. 2" Douze idem, deuxième ca-
hier, ô" Variations pour l'orgue sur le choral
Aufmeinen liebenGott. 4" Vingt-cinq chorals
pour quatre voix d'hommes. 5" Cantate fu-
nèbre à quatre voix avec orgue obligé.
6» Hymne à quatre voix avec orchestre el
orgue. 7° Cantate pour la Pentecôte, avec or-
chestre. 8" Cantate pascale, idem. 9" Cantate
de Noël, idem. 10" Cantate de fête, idem, dé-
diée au roi de Prusse, Frédéric-Guillaume IV.
Pachaly a fourni aussi des compositions au
Muséum d'orgue, de Geissler, à VEcole pra-
tique d'orgue , du même, à la collection
d'exercices pour les organistes, et à VOrga-
niste pratique, de Herzog. Je ne connais de
cet artiste qu'une fugue, insérée parKœrner,
d'Erfurt, dans la troisième partie de son re-
cueil intitulé : Postludien-Buch fur Orga-
«jî/en, etc.; elle est bien écrite et d'une bonne
harmonie.
PACHELBEL (Jeaîi), organiste célèlire,
naquit à Nuremberg, le \" septembre 1655.
Pendant qu'il était occupé de ses premières
398
PACHELBEL — PACIIYMÉIIE
éludes littéraires, il apprità jouer de plusieurs
instruments, particulièrement du clavecin
chez Henri Schwemraer. Ayant été envoyé au
Gymnase de Ratisbonne, il profita de son sé-
jour dans cette ville pour commencer l'étude
du contrepoint sous la direction de Preuz.
Après avoir achevé ses humanités, il fréquenta
l'Université d'Altdorf; mais à défaut de
moyens d'existence, il fut obligé de retourner
à Ratisbonne. Il île fit qu'un court séjour dans
cette ville, et bientôt il se rendit à Vienne,
où il obtint la place d'organiste adjoint de
l'église Saint-Étienne. Le premier organiste
était alors Jacques de Kerl; ce grand artiste
devint le modèle dePachelbel,etluifitfaire de
grands progrès dans la composition. En 1675,
la place d'organiste de la cour d'Eisenach fut
offerte à Pachelbel avec des avantages si con-
sidérables, qu'il se hâta de l'accepter. En
1678, il fut appelé à Erfurt comme organiste
de l'église des Dominicains, dont il remplit
les fonctions pendant douze ans; puis il
alla à Stuttgârd, en 1690; mais à peine y
fiit-il établi, que l'invasion du duché de Wur-
temberg par l'armée française l'obligea de fuir
avec sa femme et ses enfants. Heureusement
il trouva un refuge à la cour de Gotha. La mort
de Georges -Gaspard Wecker, organiste de
Saint-Sébald, à Nuremberg, fit rappeler Pa-
chelbel dans sa ville natale, pour lui succéder,
en 1695. Il y passa le reste de ses jours, et
mourut le 3 mars 1706, à l'âge de cinquante-
trois ans. Cet artiste est considéré avec raison
comme un des meilleurs organistes de l'an-
cienne école allemande, et comme un compo-
siteur distingué de musique d'église; il con-
tinua l'excellente école d'orgue et de clavecin
de Kerl et de Froberger. La manière des or-
ganistes italiens et français, introduite en
Allemagne par ce dernier , paraît surtout
l'avoir séduit, car c'est dans ce slyle que sont
écrites la plupart des pièces de Pachelbel. Cet
excellent organiste a publié : 1° lUusikalisches
Slerbens Gedanken, ausvier variirlen Cho-
ralen bcstehend (Pensées musicales funèbres,
qui consistent en quatre chorals variés); Er-
furt, 1683. Cet ouvrage fut composé à l'occa-
sion de la pestequi désolait alors l'Allemagne.
2" Musikaltsches Ergœlzung , aus 6 vcrstim-
meten Partien von 2 Fiolinen und General-
Ji'ass. (Amusement musical, composé de six
partien (petites sonates) pour deux violons et
basse continue, accordés de différentes ma-
nières); Nuremberg, 1691. 3» Huit préludes
pour des chorals; ibid., 1693. 4» Hexachor-
don ApoUiniSf conlenanl six airs avec six
variations pour chacun; Nuremberg, 1699,
in-4»obl. de quarante-quatre pages. Pachel-
bel a laissé aussi en manuscrit des morceaux
de musique d'église et de pièces de clavecin.
Je possède de lui de beaux préludes iné-
dits, et des chaconnes d'un style excellent
pour le clavecin. L'éditeur Kœrner, d'Erfurt,
a publié beaucoup de pièces d'orgue de Pa-
chelbel, en cahiers, ou dans des recueils de
divers auteurs, sans date (1840-1835).
PACHELBEL (Guillaume-Jérôme) , fils
du précédent, naquit à Erfurt en 1685.
Élève de son père, il apprit de lui à jouer de
l'orgue, du clavecin, et les règles du contre-
point. Devenu habile artiste, il fut nommé or
ganisle à Wehrd, près de Nuremberg. En
1706, on lui confia l'orgue de l'église de Saint-
Jacques dans cette ville. L'époque de sa mort
n'est pas connue. On a imprimé de sa compo-
sition : 1" Musikalisches Fergnilgen, beste-
hend in einem Prxludio, Fiiga und Fanta-
sia sowohl auf die Orgel, etc. (Amusement
musical, consistant en un prélude, une fugue
et une fantaisie pour l'orgue ou le cla-
vecin, etc.) ; Nuremberg, 1725, 10-4". 2» Fugue
en fa pour le clavecin ; ibid.
PACDER (Joseph-Adalbert), planiste à
Vienne eî compositeur de musique de salon,
né le 28 mars 1816, à Daubrowitz, en Mo-
ravie, se rendit à Vienne vers l'âge de seize
ans, et y étudia le piano sous la direction de
Halm {voyez ce nom). Il s'est fixé dans cette
ville, où il se livre à l'enseignement de son
instrument. Il a publié jusqu'à ce jour (1860)
environ soixante œuvres d'études de salon, ca-
prices, rondos et variations.
PACIIMAYER (PiEHRE-CuRÉTiEs), né en
1742, à Dietfurt, en Bavière, fit ses études chez
les Franciscains de ce lieu, et entra dans leur
ordre, à l'âge de vingt aos. Il se distingua pai-
son talent sur l'orgue, et par son habileté
dans la composition de la musique d'église. Il
a laissé en manuscrit, dans son couvent, des
messes, offertoires, litanies, et des oratorios
dont les mélodies f:.ciles ont été remarquées
dans la seconde moitié du dix-huitième siècle.
On ignore l'époque de la mort du P. Pach-
niayer.
PACHYMÈRE (Georges), un des meil-
leurs auteurs de l'histoire byzantine, naquit
en 1242, à Nicée, où sa famille s'était retirée
après la prise de Constantinople par les La-
tins. Quoiqu'il eût perdu la plus grande partie
de ses biens, son père ne négligea rien pour
son éducation : il lui donna des maîtres ha-
biles, qui lui firent faire de rapides progrès
PACHYMtRE — PACLM
3a.'i
dans les lettres. Après que Conslanlinople eut |
été reconquise (en 12G1) par Michel Paléo-
logue, Pachymère retourna dans cette ville, y
continua ses études, et entra dans Tétat ecclé-
siastique. Ayant obtenu la confiance de Vem-
pereur, il eut un emploi à la cour, et fut
chargé de plusieurs négociations. Quoiqu'on
n'ait pas la date précise de la mort de Pachy-
mère, il y a lieu de croire qu'il ne vécut pas
au delà de lôlO, car son histoire contempo-
raine de l'empire grec ne s'étend que jusqu'à
la vingt-sixième année du règne d'Andronic.
Ce n'est pas ici le lieu d'examiner l'histoire
des règnes de Michel Paléologueetdeson fils,
par Pachymère, ni les autres œuvres litté-
raires de cet écrivain; je ne lui ai consacré
cet article que pour un traité de musique dont
il est auteur, et que Léon Âllatius n'a pas
mentionné dans sa dissertation De Georgiis.
L'érudit M. Weiss n'en a point eu connais-
sance, et il s'est trompé, lorsque après avoir
indiqué les diverses productions littéraires de
Pachymère (^jOjT. «/Jj't'.,t. XXXII, p. 5-34), il
dit que ses autres ouvrages ne sont pas par-
venus jusqu'à nous. Un beau manuscrit du
seizième siècle et de la main d'Ange Vergèce,
nous a conservé le traité de musique dont il
s'agit : ce manuscritest à la Bibliothèque im-
périale de Paris (n" 2536, in-4"). L'ouvrage
est entièrement spéculatif; il a pour titre :
E:;:! 'ApiiovixT;? ?, zz o3v pLoysix/jî (de l'Harmo-
nique ou delà musique), est divisé par chapi-
tres (au nombre de cinquante-deux), et cona
mence par ces mots : Asurspav e/st Tâ^iv [XîTi
•:r,v àpiOtir.Ttxr.v t^ {jloutixt], ï;v xal ap;iOvixTÎv
X£Y05JL£v (la Musique, que nous appelons aussi
Vharmonique , vient immédiatement après
l'arithmétique). Le cinquième chapitre de cet
ouvrage, concernant les genres, se trouve en
grande partie dans la septième section des
Harmoniques At Manuel Bryenne (page 387,
apud Op. JFaïlis , tome III); mais' Ma-
nuel Bryenne vécut postérieurement à Pachy-
mère. Le traité des quatre sciences mathéma-
tiques, attribué par quelques manuscrits à
Pachymère, est de Michel Psellus (voyez ce
nom). Depuis que j'ai signalé l'existence de
l'ouvrage de Pachymère contenu dans le
manuscrit 2556 (première édition de la Bio-
graphie des musiciens), M. Vincent, de l'Ia-
slitut, a publié, dans le XYI* volume des
I\fOtices et extraits des manuscrits de la Bi-
bliothèque du roi^le texte de ce traité, d'après
le même manuscrit coUalionné avec d'autres,
précédé d'une introduction, et accompagné
d'arguments des chapitres et de notes.
PACI (.\5TonE), prêtre et musicien, nn-
quil à Florence dans la première moitié do
seizième siècle; il fut chevalier de l'ordre de
-Saint-Étienne. On a imprimé de sa composi-
tion : Madrigali a set voci; Venise, 1589.
M. Casamorata {voyez ce nom) croit que j'ai
commis une erreur (1) en disant que ces ma-
drigaux sont à six voix, et il accorde plus de
confiance à Poccianti {Catalogo degli uomini
ilhistri fiorentini) qui attribue à Paci un
livre de «et Madrigali a più voci ; mais c'est
là évidemment qu'est l'erreur, car jamais
on n'a publié un recueil de six madrigaux,
qui n'aurait formé que cinq ou six feuillets.
Les livres de madrigaux des musiciens du
seizième siècle sont ordinairement composés
de vingt à vingt-cinq morceaux contenus dans
autant de pages. En le copiant, Poccianti a
mal lu le titre de l'ouvrage dont il s'agit.
PACICHELLI (Jea?i-Baptiste), littéra-
teur, né àPistoie, vers 1640, acheva ses éludes
à Rome, et embrassa l'état ecclésiastique.
Ayant été nommé auditeur du légat aposto-
lique, en Allemagne, il profita de cette circon-
stance pour voyager dans cette contrée. De
retour à Rome, il obtint un bénéfice à Naples,
et mourut en 1702. Outre divers ouvrages de
littérature et de philologie, on a de lui : De
Tintinnabula Nolano Lucubrutio; Naples,
1693, in-12. C'est un traité du carillon, qu'on
dit avoir été inventé à Nola, dans le royaume
de Naples.
PACIA'I (A^DRÉ), sopraniste italien, eut
beaucoup de réputation au commencement du
dix-huitième siècle. Il brillait à Venise, en
1725.
PACEXI (Locis), bon chanteur bouffe, na-
quitàPupilio(Toscane),le25mars 1707, etnon
à Rome, comme il a été dit dans la première
édition de celte Biographie; mais ce fut dans
cette ville qu'il fit ses études musicales. Il y
avait été envoyé par son protecteur, le duc de
Sermonela. Masi. maître de chapelle de
l'église Saint Pierre, fut son premier maître
de chant. Pacini se rendit ensuite à Naples,
où il entra au conservatoire de la Pietà de'
Turchini. Tritlo y fut son professeur d'har-
monie et d'accompagnement. Après avoir dé-
buté avec succès sur les théâtres d'Italie, il
obtint un engagement pour le théâtre de Bar-
celone et y resta trois années. De retour en
Italie, en 1801, il chanta d'abord à Milan,
puis à Livourne. Sa voix, qui, d'abord, fut un
ténor, devint progressivement plus grave, et
(l) Gaicua mmicaU di Mila»o, 1847, n» 47.
400
PACINI
finit par se changer en basse. Il prit alors les
rôles bouffes, où il n'était pas médiocrement
plaisant. Il commença sa carrière théâtrale en
1798, et se retira delà scène en 1820; peu
de temps après il mourut, je crois, dans sa
ville natale. Pacini était particulièrement
aimé à Milan; il y revint souvent et y païut
aux divers théâtres, dans les années 1801,
1802, 1804, 1803, 1806, 1815, 1814, 1815,
1816, 1817, 1818 et 1819. Il chanta pour la
dernière fois au théâtre de la Scala , dans
l'automne de 1829. Le duc de Lucques le
nomma, en 1830, professeur de chant au Con-
servatoire de Vareggio. Il est mort dans cette
position, le 2 mai 1837. On voit que les au-
teurs du Lexique universel de musique publié
jiar le docteur Schilling ont été induits en
erreur, lorsqu'ils ont dit que ce chanteur était
mort à Catane, en Sicile, vers l'année 1808.
PACINI (Antoine-Fkançois-Gaétan), né à
Naples, le 7 juillet 1778, entra au conserva-
toire de la Pietà de' Turchini, où il apprit
l'harmonie et le contrepoint, sous la direction
de Fenaroli. Sorti de cette école, il se rendit à
Paris à l'âge d'environ vingt-quatre ans, et
s'y livra à l'enseignement du chant. Il remit
alors en musique l'ancien opéra Isabelle et
Gertrude, et le fit représenter au théâtre Fey-
deau, en 1803. En 1806, il a donné au même
théâtre le petit opéra en un acte intitulé Point
d'adversaire. Vers le même temps, il s'est
lié avec Blangini pour la publication d'un
journal de pièces de chant intitulé Journal
des troubadours. Le succès de ce recueil, où
l'on trouvait de jolies romances, décida M. Pa-
cini à se faire éditeur de musiijue : la maison
qu'il a établie pour ce commerce a été long-
temps florissante. M. Pacini s'est retiré vers
1840,
PACIIM (Jean), fils du chanteur Louis
Pacini {voyez ci-dessus), et compositeur dra-
matique, a été connu longtemps en Italie sous
le nom de Pacini di Roma ; cependant il est
né à Syracuse, en 1796, mais il fut envoyé
fort jeune à Rome, où son éducation musicale
fut commencée. De là il alla à Bologne et y
reçut des leçons de chant de Thomas Marchesi
et entra dans l'école de Mattei, qui lui en-
seigna les éléments de l'harmonie et du con-
trepoint. Sorti de chez ce maître avant d'avoir
achevé ses études, il alla à Venise, où il reçut
encore quelques leçons du vieux Furlanetto,
maître de chapelle de Saint-Marc. Destiné par
sa famille à occui)er une place dans quelque
chapelle, il écrivit d'abord de la musique
d'église; mais bientôt entraîné par son goût
pour le théâtre, il composa, à l'âge de dix-
huit ans, le petit opéra intitulé Annetta e
Lucindo qui fut représenté à Venise, et que
le public accueillit avec faveur, comme l'essai
d'un jeune homme doué d'heureuses disposi-
tions. En 1813, Pacini écrivit pour Pise la
farce l'Evacuazione del tesoro, et dans la
même année, il donna à Florence Rosina. En
1816, il alla à Lucques pour écrire l'opéra du
printemps, mais il y tomba malade et ne put
achever sa partition. Quatre opéras furent
écrits par lui, dans l'année 1817, pour le
théâtre /?e, de Milan; le premier fut la farce
Il Matrimonio per procura, représenté à
l'ouverture du carnaval, suivie, dans la même
saison, de Dalla beffa il disinganno;\e troi-
sième ouvrage fut II carnavale di Milano,
dont une partie de la musique avait été em-
pruntée à l'opéra précédent ; enfin au prin-
temps, Pacini donna sa quatrième partition
sous le titre : Piglia il mondo corne viene.
De Milan, il se rendit à Venise, où il écrivit
L'Ingenua, puis il retourna à Milan pour
donner, dans le carnaval de 1818, Adelaide e
Comingio au théâtre Re. Cet opéra, considéré
comme une de ses meilleures productions, fut
suivi de II barone di Dolsheim, à la Scala,
pendant l'automne de la même année. A ces
ouvrages succédèrent, dans les villes princi-
pales de l'Italie, L'Âmbizione delusa, Gli
sponsali de' Silfi, Il Falegnamo di Livonia,
Ser Marcantonio, La Gioventù d'Enrico V,
L'Eroe Scozsese , La Sacerdotessa d'Ir-
minsul, Atala, Isahella ed Enrico, et plu-
sieurs autres ouvrages. Dans l'été de 1824,
Pacini fit son début à Naples par VAles-
sandro nelle Indie. Après la représentation
de cet opéra, il épousa une jeune Napoli-
taine qut le retint éloigné de la scène pen-
dant près d'une année. Dans l'été de 1823,
il fit représenter, au théâtre Saint-Charles,
Amazilia. Le 19 novembre suivant, il donna,
pour la fête de la reine, L'Ultimo giorno di
Pompeia, opéra sérieux qui a été joué à Paris
quelques années après, et qui est considéré
comme un de ses meilleurs ouvrages. Après
le succès de cet opéra, Pacini se rendit à Milan
pour y écrire La Gelosia corretta, puis il se
mit en route pour retourner à Naples avec sa
femme : mais la grossesse avancée de celle-ci
l'obligeaà rester à ^lare^'fl'ïo^près de Lucques,
chez la mère de Pacini, où elle donna le jour
à une fille. Pendant ce temps, le compositeur
avait du retourner à Naples pour écrire la
Niobe, destinée à madame Pasta : cet ouvrage
fut représenté avec un succès d'abord con-
PACINI — PADUANUS
401
lesté, le 19 novembre 1826; mais plus tard il
se releva dans l'opinion publique. Après la
représentation de la Niobe, Vacini vécut quel-
que temps dans une maison de campagne qu'il
avait louée à Porlici, près de Naples. Parvenu
à peine à l'âge de trente ans, il avait écrit
environ trente opéras, quelques messes, des
cantates et de la musique instrumentale : une
activité si rare semblaitprésagerpourl'avenir
beaucoup d'autres travaux; mais cette activité
commença à se ralentir après la Aiobe, car,
depuis le mois de novembre 1826 jusqu'à l'été
de 1828, je ne connais de Pacini que / Cro-
ciati in Tolemaïde, représenté à Trieste avec
succès. De là le compositeur se rendit à Turin
pour y mettre en scène Gli Jrabi nelle Gallie.
Cet ouvrage fut joué pour l'ouverture du car-
naval, le 23 décembre 1828, et fut considéré
comme une des meilleures partitions de l'au-
teur. Margherita d'Angiu, Cesare inEgitto
et Gianni di Calais, succédèrent à cet ou-
vrage en 1829 et 1830. Le 12 mars de cette
dernière année, parut au théâtre de la Scala
la Giovanna d'Arco, du même compositeur;
cette pièce ne réussit point, quoiqu'elle fut
chantée par Rubini, Tamburini et madame
Lalande. Les autres ouvrages de Pacini sont :
1° // Talismano, joué à Milan, en 1829.
2* / Fidanzati, dans la même ville, en 18-30.
S" {bis) L' Annunzio felice, cantate, à Xaples,
dans la même année. 3» Ivanoe, à Venise, en
1851. 4" Il Falegnamo di Livonia^ refait en
partie à la foire de Bergame, en 1832. 5" //
Corsaro, à Rome, en 1831. 6° Ferdinando,
duca di Falenza, à Xaples, en 1833. 1" ///"e-
Z«ce//neneo, cantate, dans la même ville, 1833.
8" Gli Elvezi, à Xaples, dans la même année.
9° Il Barons di Dolsheim, à Bastia, en 1834.
IQo La Gioventù di Enrico F, avec de"bou-
veaux morceaux, dans la même ville et dans
la même année. 11° Irène, à Naples, en 1834.
12» Maria d'Inghilterra, à Milan, en 1834.
13° Carlo di Borgogna, à Venise, en 1833.
14° La Sposa fedele, à Rome, en 1833.
15» La Schiava di Bagdad, à Reggio, en
1838. 16° Z.a fesiafe, à Barcelone, en 1841.
Cet ouvrage avait été joué à Plaisance, en
1830. 17° L'Uomo del misteroy à Naples, en
1842. 18° Temistocle, à Padoue, en 1856.
19° 5"a/7b,à Milan, en 1842. 19° (bis) Il Duca
d'Alba, à Venise, en 1842. 20° Maria Tudor,
à Palerme, en 1843. 21» Media, à Palerme,
en 1844. 22» Buondelmonte , à Florence,
en 1843, 25» La Fidanzata corsa, à Flo-
rence, en 1844. 24» Furio Camillo, à Naples,
en 1841. 23» La Regina di Cipro, à Turin,
BIOGIi. DRIV. DES MlSiCIENS. — T. Vt.
en 1846. 26» La Stella di Napoli, à Naples,
en 1847. Pacini a été nommé directeur du
conservatoire de Viareggio par le duc de Lac-
ques, en 1856. On ne peut nier qu'il n'y ait
dans sa musique de la facilité, de la mélodie,
et de l'entente de la scène ; mais, imitateur du
style de Rossini, puis de Bellini et de Merca-
dante, il n'a pas mis le cachet de la création
à ses ouvrages. Pacini a composé des qua-
tuors pour instruments à cordes, dont quatre
ont été publiés.
PACIOTTI (Pierre-Pacl) , maître de
chapelle du séminaire romain, naquit à Rome
vers le milieu du seizième siècle. Il a publié
de sa composition : Missarum lib. 1, quatuor
ac quinque vocibus concinendarum ; nunc
denuo in lucem editus; Romae, ap. Alex.
Gardanum, 1391, in-fol.
PACOLEM (Jean), luthiste, né à Borgo-
taro, dans le duché de Parme, vécut dans la
seconde moitié du seizième siècle et fut attaché
au service du duc de Parme. Il a publié des
pièces pour trois lulhs, sous le titre de Tabu-
latura tribus Testudinibus ; Milan, Simon
Tini, 1387, in-fol. Une autre édition de cet
ouvrage a été faite à Anvers par Pierre Pha-
lèzeet Jean Bellere, en 1391, in-fol.
PACOTAT (....), musicien français qui
vécut dans la première moitié du dix-huitième
siècle, fut maître de chapelle de l'église Saint-
Hilaire de Poitiers. On a de lui une messe à
quatre voix sans instruments, intitulée : De-
licta quis intelligit; Paris, J.-B. Ballard,
1729, grand ia-fol. Les quatre parties sont en
regard.
PADDON (jEAif,) organiste de la chapelle
de Québec, à Londres, opposa au système
d'enseignement du Chiroplaste, imaginé par
J.-B. Logier (i-oye- ce nom), un autre système
analogue, qu'il mettait en pratique dejjuis
douze ans, disait-il, et qu'il appelait Cheiro-
schema. Paddon produisit sa réclamation
contre Logier, dans une brochure intitulée :
To the Musical IVorld. System of musical
éducation, originally devised, and for ttcelve
years persevered in (.Au monde musical. Sys-
tème d'éducation musicale, tel qu'il a été ori-
ginairement conçu et mis en pratique pendant
douze ans); Londres, décembre 1817, in-12
de vingt-deux pages. Cette réclamation ne
produisit pas d'effet; on ne parla pas du sys-
tème de Paddon, et celui de Logier eut ur
succès de vogue.
PADUANUS (Jeas), ou PADUAKIUS,
professeur de philosophie et de mathéma-
tiques, né à Vérone, vers 1312, a publié : In-
26
402
PADUANUS — PAER
slitutiones ad diversas ex plurium vocum
harmonia cantilenas, sive modulationes ex
variis instriimentis fingendas. formulas pêne
omnes ac régulas^ mira et per quam lucida
brevitate complectentes; Ferons, apud Sebas-
tianutn et Joannem fratres à Donnis, 1578,
petit in^" de quatre feuillets préliminaires
et cent pages. Bon ouvrage, à la fin duquel on
lit : Expecta, amice lector, quam plus ocii
nactus ero, alia opuscula, nempe de dimi-
nutionibus organicis ad quorumcunque in-
striimentorum musicaliitm lusus pertinen-
tibus. Item de proportionibus et alia hujus
modi. Il ne paraît pas que les promesses de
l'auteur se soient réalisées, car je n'ai trouvé
aucune indication de l'existence de ces ou-
vrages. On trouve aussi quelques détails rela-
tifs à la musique dans son livre intitulé: Fi-
ridarium mathematicarum ; Venise, I006,
in-4''.
PAER (Ferdinand), compositeur distingué,
naquit à Parme, le 1" juin 1771, et non en
1774, comme le disent Choron et Fayolle,
l'abbé Bertini, et le Lexique universel de
musique publié par Schilling. Paër apprit,
presque en se jouant, les éléments de la mu-
sique ; un organiste de quelque mérite, et Ghi-
relti, ancien élève du Conservatoire de la
Pietà dé* Turchini, et violoniste au service
du duc de Parme, lui enseignèrent la compo-
sition (1). Mais la nature lui avait donné
moins de persévérante volonté , nécessaire
pour de fortes études, que l'instinct de l'art et
le besoin de produire. A seize ans, il s'affran-
chit des entraves de l'école, et s'élança dans
la carrière du compositeur dramatique. Son
premier ouvrage fut La Locanda de' vaga-
bondi, opéra bouffe où brillait déjà la verve
comique qui fut une des qualités distinclives
de son talent. / Pretendenti burlati succédè-
rent bientôt à ce premier essai ; bien que Paër
ne fût point encore parvenu à sa dix-septième
année lorsqu'il écrivit cette partition 5 bien
qu'elle ne fût destinée qu'à un théâtre d'ama-
teurs, elle est restée au nombre de ses produc-
tions où l'on remarque les mélodies les plus
heureuses et le meilleur sentiment d'expres-
sion dramatique. Le succès de cet opéra ne
fut point renfermé dans les limites de la
villa oh il avait vu le jour; on en parla dans
toute l'Italie, et bientôt le nom du jeune
(I) Les auteurs cilés précédemment se sont aussi trom-
pés en Taisant aller Pacr étudier sousGliirelti au conser-
vatoire de la Pielà, à Naples ; depuis 1773, c'est-à-dire
quatre ans après la naissance de Paër, Gliiretli avait
quitté cclleécole,pour entrer au serviceduduc dcParmc.
maître retentit avec honneur à Venise, à Na-
ples et à Rome. Vingt opéras, dont la plupart
obtinrent la faveur publique, se succédèrent
avec rapidité. A Venise, pour être nommé
maître de chapelle, Paër écrivit en peu de
temps : Circe, I Molinari , I due Sordi,
rintrigo amoroso, VJmanle servitore, la
Testa riscaldata, la Sonnanbula ; à Naples,
il donna £ro e Leandro, dont le rôle prin-
cipal avait été composé pour la célèbre canta-
trice Billington; à Florence, parurent Ido-
meneo et l'Orfana riconosciuta; à Parme,
Griselda , un des meilleurs ouvrages du
maître; il Nuovo Figaro, il Principe di
Taranto; à Milan, l'Oro fa tutto, Tamer-
lano, la Rossana ; à Rome, Una in bene ed
una in maie; à Bologne, Sofonisbe; à Pa-
doue, Laodicea, et Cinna. Pour tant d'ou-
vrages, moins de dix ans avaient suffi au com-
positeur, malgré les dissipations de la vie de
plaisirs où il s'était plongé. Gai, spirituel, et
doifé de tous les avantages qui procurent aux
hommes de certains succès, il passait sa vie
près des femmes de théâtre. L'une d'elles, de-
venue madame Paër, fut une cantatrice dis-
tinguée. Séparée ensuite de son mari, elle
se relira à Bologne.
Paër, écrivant en Italie, avait pris pour mo-
dèles Cimarosa, Paisiello et Guglielmi, soit
pour la disposition générale de ses composi-
tions dramatiques, soit pour le style des mélo-
dies bouffes et sérieuses; son génie personnel
ne s'était tnanifesté que dans les détails. Ap-
pelé à Vienne, en 1797, il y entendit la mu-
sique de Blozart, et dès lors une modification
sensible se fit remarquer dans son talent; son
harmonie devint plus vigoureuse, son instru-
mentation plus riche, sa modulation plus va-
riée. C'est à cette deuxième manière qu'ap-
partiennent ses opéras / Fuorusciti di
Firenze, Camilla, Ginevra degli Jlmieri^
Achille et Sargine. Ces ouvrages, une Leo-
nora ossia l'Amore conjugale, que le Fidelio
de Beethoven a fait oublier, quelques petits
opéras bouffes, de grandes cantates et plu-
sieurs oratorios, furent les principales produc-
tions de Paër, à Vienne, à Dresde el à Prague.
Après la mort de Naumann, vers la fin de
1801, l'électeur de Saxe crut ne pouvoir mieux
le remplacer que par l'auteur de Griselda.
Fixé à Dresde pendant plusieurs années, Paër
y travailla ses ouvrages avec plus de soin qu'il
n'avait fait jusqu'alors, el c'est de cette époque
(|ue datent ses meilleures compositions. Au
commencement de 1803, il visita Vienne de
nouveau, el y écrivit un nouvel oratorio pour
J
PAER
403
le concert au bénéfice de la caisse des veuves
d'arlistes. L'année suivante, il fit un voyage
•en Halle, où il était appelé pour écrire de
nouveaux opéras. De retour à Dresde, il y oc-
cupait encore son honorable position lorsque
cette ville Tut envahie par l'armée française,
dans la campagne de 1806. Charmé par la re-
présentation du nouvel opéra Achille, Napo-
léon voulut attacher à son service le composi-
teur de cette partition, et par ses ordres, un
engagement où le roi de Saxe intervint, et qui
fut revêtu des formes diplomatiques, fut fait
à Paër pour toute sa vie, avec un traitement
qui, réuni à divers avantages, lui composait
un revenu de cinquante mille francs.
Paris semblait devoir exercer sur l'auteur
de Camilla et de 5'or^t/ie l'heureuse influence
qu'il avait eue sur d'autres artistes célèbres
de l'Italie et de l'Allemagne, c'est-à-dire,
transformer son talent, lui donner un carac-
tère plus élevé, plus dramatique, et surtout
lui faire justifier par de belles compositions
le choix que l'empereur avait fait de lui pour
diriger sa musique, à l'exclusion de quelques
musiciens illustres que la France possédait
alors. Il n'en fut point ainsi, car dès ce mo-
ment Paer borna lui-même sa carrière aux
soins d'une courtisanerie peu digne d'un tel
artiste. Incessamment occupé de détails de
représentations à la cour ou de concerts, on
!e vit, à trente-six ans, à cette belle époque de
la vie où le talent acquiert ordinairement tout
son développement et son cachet individuel,
on le vit, dis-je, ne plus produire qu'à de longs
intervalles un Numa Pompilio, une Bidone^
une Cleopatra, et des Baccanti, qui n'ajou-
tèrent rien à sa renommée. Accompagnateur
parfait et chanteur excellent, c'était aux suc-
cès de ces deux emplois qu'il avait borné son
ambition, parce que cette ambition s'était ré-
(lécie jusqu'au désir unique de plaire au
maître. Dès ce moment, Paer offrit l'affligeant
spectacle d'un grand musicien qui prenait
plaisir à s'abaisser lui-même pour mériter
quelques faveurs de plus ; et telle fut la funeste
habitude qu'il prit d'une existence si peu digne
de son talent, qu'il n'en connut plus d'autre
jusqu'à la fin de ses jours. Lorsque le prince
qui payait ses services avec tant de magnifi-
cence eut été renversé du trône, ce ne fut
point à son génie, jeune encore et vigoureux,
que Paër demanda des ressources contre l'ad-
versité; faible comme tous les hommes de
cour que la fortune abandonne, il ne sut que
se plaindre et se rabaisser encore ; jusque-là
qu'il se mit à remplir chez des particuliers le
rôle qu'il avait joué près de Napoléon. On le
voyait chaque matin, courant chez des chan-
teurs ou des instrumentistes, perdre son temps
à préparer des soirées de musique, à con-
cilier de petits intérêts d'amour-propre, et
quelquefois à ourdir de misérables intrigues
contre l'artiste qu'il n'aimait pas, ou dont il
croyait avoir à se plaindre. Après que la res-
tauration et le duc d'Orléans, plus tard roi
des Français, lui eurent donné de l'emploi, et
lorsque la direction de la musique du Théâtre-
Italien lui eut été rendue, il n'en continua
pas moins ses courses quotidiennes , ses
habitudes d'homme de salon, et ses petites ma-
chinations.
Pourtant ce n'était pas, comme on pourrait
le croire, que son talent se fût affaibli. Dans
un voyage qu'il fit à Parme, en 1811, on ob-
tint de lui qu'il écrivit un opéra pour une
société d'amateurs. Son génie se réveilla; la
partition de VAgnese fut rapidement compo-
sée, et cet ouvrage, uniquement destiné
d'abord aux plaisirs d'un château, devint le
plus beau titre de gloire de son auteur. Qui
n'aurait cru que le succès universel de cette
belle partition aurait fait renaître la noble
ambition du talent au cœur de l'artiste qui
l'avait conçue? Eh bien, il n'en fut point
ainsi; car après le triomphe de VAgnese,
douze ans s'écoulèrent sans que Paër songeât
à demander de nouvelles inspirations à son
génie. On s'étonnait qu'avec sa parfaite con-
naissance de la langue française, son esprit
vif et sa gaieté pleine de verve, il n'eût ja-
mais écrit pour la scène française. Il est vrai
qu'il parlait souvent d'une partition A''Olinde
et Sophronie, et qu'il se plaignait qu'on n'eût
pas voulu la mettre en scène à l'Opéra; mais
je crois qu'il n'avait composé qu'un petit
nombre de morceaux de cet ouvrage, et que
sa paresse était d'accord avec l'insouciance
du directeurde l'Académie royale de musique.
Quoi qu'il en soit, Paër avait atteint sa cin-
quantième année, lorsque, cédant à des impor-
tunilés de salon plus qu'au besoin de pro-
duire, il écrivit la musique du Maître de
chapelle, charmant opéra comique où l'on
trouve trois morceaux devenus classiques, et
djgnes des artistes les plus célèbres de l'école
moderne. Mais ce réveil du talent ne fut en-
core qu'un caprice, et celui que la nature
avait si libéralement doué continua à se mon-
trer ingrat envers elle.
La mort de Cimarosa, et la vieillesse de
Paisiello avaient laissé Paër possesseur du
sceptre du Théâtre-Italien, en partage avec
2G.
•104
PAER
Mayp. Depuis 1801 jusqu'en 1813, c'est-à-dire
jusqu'à l'apparition du Tancredi de Rossini,
il n'y eut point en Italie de compositeur qui
pût lutter avec ces maîtres; car quelques suc-
cès de verve comique obtenus par Fioravanti
ne le mirent jamais sur la même ligne. Il faut
môme avouer que la nature avait été plus pro-
digue de ses bienfaits pour l'auteur de
VJgnese que pour celui de Medea, et que
celui-ci devait plus au travail et à l'expérience
qu'à l'inspiration. Jamais circonstances ne
furent plus favorables au talent que celles où
Paër fut placé, pour se faire une grande re-
nommée et atteindre le but élevé de l'art.
Manqua-t-il de l'inspiration nécessaire pour
remplir une si belle mission? Je crois pouvoir
répondre affirmativement à cette question,
malgré la haute estime que j'ai pour le mérite
de ce compositeur, et bien que je croie qu'avec
plus de foi dans l'art il aurait pu s'élever da-
vantage. Si l'on étudie avec attention les meil-
leures productions de Paër, on y trouvera de
charmantes mélodies, et même de longues
périodes qui décèlent un sentiment profond.
L'expression dramatique y est souvent heu-
reuse; l'harmonie et l'instrumentation ont de
l'effet et du piquant; quelquefois même, par-
ticulièrement dans VÂgnese, le compositeur
s'élève jusqu'au plus beau caractère; mais,
quel que soit le prix de ces qualités, on ne
peut nier qu'elles ne suffisent pas pour con-
stituer de véritables créations d'art, et que
celles-ci ne sont le fruit que de l'originalité
de la pensée. De là vient que le goût sembla
sommeillera l'égard de l'opéra italien pendant
les douze premières années du dix-neuvième
siècle. La musique de Paër faisait éprouver de
douces, d'agréables sensations aux amateurs,
mais ne les livrait point aux transports d'ad-
miration qui avaient autrefois accueilli les
œuvres de Cimarosa et de Paisiello, et qui
se réveillèrent pour les hardiesses de Rossini.
En 1812, Paër avait été choisi par Napoléon
pour succéder àSpontini dans la direction de
la musique du Théâtre-Italien; il conserva
cette position après la restauration de 1814,
mais sa fortune reçut un notable dommage,
par la réduction considérable que subit son
traitement. En vain réclama-t-il l'interven-
tion des souverains alliés qui se trouvaient
alors à Paris, pour l'exécution de l'engage-
ment contracté envers lui par des actes diplo-
matiques; il dut se contenter du litre de com-
positeur de la chambre du roi, dont les
appointements furent fixés à douze mille
francs. Deux ans après, il fut nommé maître
de chant de la duchesse de Berry, et plus
lard, le duc d'Orléans le choisit pour di-
riger sa musique. Lorsque madame Catalani
eut obtenu l'entreprise de l'Opéra-Italien, elle
choisit Paër pour en diriger la musique : sa
faiblesse pour les prétentions de cette femme,
qui croyait pouvoir tenir seule lieu d'une
bonne troupe de chanteurs, et qui avait réduit
aux plus misérables proportions l'orchestre et
les choristes, celle faiblesse, dis-je, compromit
alors le nom de Paër aux yeux des artistes et
des amateurs instruits : elle eut pour résultai,
en 1818, la destruction et la clôluredu théâtre.
Au mois de novembre 1819, la maison du roi
reprit ce spectacle à sa charge, et Paër eut
la direction de la musique : cette époque
fut celle où il se fil le plus d'honneur par les
soins qu'il donna à la bonne exécution de la
musique. Cependant on remarqua qu'il éloi-
gnait autant qu'il pouvait le moment de l'ap-
parition, à Paris, des opéras de Rossini, et
que lorsqu'il fut obligé de mettre en scène le
Barbier deSéville,\>o\xv\e début de Garcia, et
de lui faire succéder quelques autres ouvrages
du même compositeur, il employa certaines^
manœuvres sourdes pour nuire à leur succès.
D'assez rudes attaques lui furent lancées à
ce sujet, dans un pamphlet intitulé : Paër
et Rossini {V ans ^ 1820) (l),En 1823, la direc-
tion du Théâtre-Italien fut donnée à Rossini
{voyez ce nom) ; Paër donna immédiatement
sa démission de sa place de directeur de la
musique ; mais elle ne fut pas acceptée, et
pour ne pas perdre sa position près du roi, il
fui obligé de rester attaché à ce théâtre dans
une situation subalterne ; mais dès ce moment
il cessa de prendre part à l'administration.
Après la retraite de Rossini, en 1826, la direc-
tion fut rendue à Paër, mais le théâtre était
dans un état déplorable; il n'y avait plus de
chanteurs , et le répertoire était usé. Cette
époque ne fut pas favorable à l'Opéra-Italien
de Paris; les fautes de l'administration précé-
dente furent imputées à l'auteur de VAgnese,
et sa destitution lui fut envoyée au mois d'août
1827, dans un moment d'humeur du vicomte
de Larochefoucauld, alors chargé des beaux-
arts au ministère de la maison du roi. Plusieurs
journaux applaudirent à cette mesure; mais
Paër démontra jusqu'à l'évidence, dans une
brochure intitulée : M. Paër, ex-direclenrdu
Théâtre-Jtalien,àMM. les dilettanti (Paris,
(1) les auteurs de cette brochure anonyme étaient
Thomas Massé, fils d'un notaire de Paris, à qui l'on doit
un livre estimé sur sa profession, cl Aniony Deschamps>
pacte, qui a traduit en vers Vl'nfer de Dante.
PAER — PAGANELLI
403
1827, in-S»), que les faules qu'on lui repro-
chait étaient celles de ses prédécesseurs. En
1828, il obtint la décoration de la Légion
d'honneur : précédemment, il avait été fait
chevalier de l'Éperon d'or. En 1851, l'Aca-
■démie des beaux-arts de l'Inslilul de France
Je choisit comme un de ses membres, pour la
place devenue vacante par la mort de Catel,
€t l'année suivante, le roi des Français le
chargea de la direction de sa chapelle. Le
5 mai 1839, Paer succomba aux suites d'une
caducité précoce; peut-être ne fut-il pas assez
ménager des avantages d'une robuste consti-
tution. A soixante-huit ans, ses forces épui-
sées l'ont abandonné comme- s'il en eût eu
quatre-vingts; mais jusqu'au dernier jour, il
A conservé les qualités d'un esprit vif et fin,
un goût délicat, et même une rare facilité de
proiiucliou.
Je crois que la liste suivante des ouvrages
<le ce compositeur est complète : I. Oratorios :
i° Jl San Sepolcro, cantate religieuse, à
Tienne, 1805. 2" Il Trionfo délia Chiesa, id.,
à Parme, 1804. 3" La Passione di Giesù-
CristOy oratorio, en 1810. — II. Musique
d'église : 4» Motet (O salutaris hostia), à
trois voix et orgue; Paris, Petit. 5° Offertoire
à grand chœur; Paris, Jauet. 6" Jve Regina
4:œlif à deux voix et orgue; Paris, Porio. —
III. Opéras : 7° La Locanda de' Fagabondi,
opéra bouffe, à Parme, 1789. 8» I Pretendenti
*Hr/a/t, opéra bouffe, à Parme, 1790. 9° Circe,
opéra sérieux, à Venise, 1791. 10" Said ossia
il Seraglio, à Venise, 1792. Il» L'Oro fa
tutto, à Milan, 1795. 12» I Molinari, opéra
Muffe, à Venise, 1793. 13» Laodicea, à Pa-
doue, 1793. 14» // Tempo fà giustizia a tutti,
à Pavie, 1794. 15" Idomeneo, à Florence,
1794. 16" Uno in bene ed uno in maie, à
Rome, 1794. 16» (bis) Il Matrimonio impro-
visa, 1794. 17» L'Amante servitore, à Ve-
nise, 1793. 18" La Rossana, à Milan, 1793.
19" L'Orfanariconosciuta, à Florence, 1793.
20» Ero e LeandrOy à Naples, 1793. 21° Ta-
merlano, à Milan, 1796. 22» / due Sordi, à
Venise, 1796. 23° Sofonisbe, à Bologne, 1796.
24° Griselda, à Parme, 1796. 23» L'Intrigo
amoroso, à Venise, 1796. 26° La Testa ris-
caldata, i!)id., 1796. 27» Cinna, à Padoue,
1797. 28» Il Principe di Tarauto, à Parme,
1797.29°/Znwoio/'«ffaro, ibid., 1797.30°Za
Sonnanbula, à Venise, 1797. 31° // Fanatico
in Berlina, à Vienne, 1798. 32" // Morto
vivo, ibid., 1799. 33» La Donna cambiata,
à Vienne, 1800. 34° / Fuorusciti di Firenze,
à Vienne, 1800. 33° Camilla , ibid., 1801,
30» Ginevra degli Almieri, à Dresde, 1802.
37" IlSargino, ibid., 1803. 38° Tutto il maie
lien dal buco, à Venise, 1804. 59°Ze Astuùe
amorose, à Parme, 1804. 40» Il Maniscaleo,
à Padoue, 1804. 41» Leonora ossia l'Amore
conjugale, à Dresde, 1803. 42° Achille, à
Dresde, 1806. 45° Numa Pompilio, au théâtre
de la cour, à Paris, 1808.44»67eopa(ra, ibid.
43»Z)i</one, ibid., 1810. 4G^ 7 .ffaccanrj, ibid.,
1811.47»Z'^Srnei€, àParme, 1811. 48°Z'JF-
roismo in amore, à Milan, 1816. 49» Le
Maître de chapelle, opéra comique, à Paris,
1824. 30° Un Caprice de femme, ibid., 1834.
51" Olinde et Sophronie, grand opéra (non
terminé), à Paris. — IV. Cantates : 32» Jl
Prometeo , avec orchestre. 33» JSaccco ed
Ariana, idem. 54" La Conversazione armo- ,
nica, idem. 33" Europa in Creta, cantate à
voix seule et orchestre. 36» Eloïsa ed Abe-
lardo, cantate à deux voix et piano, ol" Diana
ed Endimione, idem. 38° L'Amor timido,
cantate à voix seule et piano. 59° Deux séré-
nades à trois et à quatre voix, avec accompa-
gnement de harpe ou piano, cor, violoncelle
et contrebasse. 60° L'Addio di Eltore, à
deux voix et piano. 61° Ulisse e Pénélope,
cantate à deux voix et orchestre, partition;
Paris , Launer. 62° Saffo, cantate à voix
seule et orchestre, partition; ibid. — V. Pe-
tites PIÈCES TOCALES : 63» Six duos à deux
voix ; Vienne, Arlaria. 64° Six petits duos ita-
liens, idem; Paris (en deux suites). 65° Qua-
rante-deux ariettes italiennes à voix seule et
piano, en différents recueils publiés à Paris,
Vienne, Dresde, Leipsick, etc. 66° Six cava-
tines de Métastase, idem; Vienne, Mollo.
67» Douze romances françaises avec accompa-
gnement de piano. 68° Deux recueils d'exer-
cices de chant pour voix de soprano et de té-
nor; Paris, 1821 et 1833. — VI. Musique
issTRUMESTALE : 69° Symphonie bacchante à
grand orchestre; Paris, Naderman. 70» Five
Henri IF, varié à grand orchestre; ibid.
71° Grandes marches militaires en harmonie
à seize et dix-sept parties, n»' 1, 2, 5, 4; Pa-
ris, Jauet. 72° Idem; Paris, A. Petit. 73» Six
valses en harmonie, à six et dix parties; Pa-
ris, Janet. 74» La Douce Fictoire, fantaisie
pour piano, deux flûtes, deux cors, et basson ;
Paris, Schoenenberger. 73° Trois grandes so-
nates pour piano, violon obligé, et violoncelle
ad libitum; Paris, Janet. 76° Plusieurs thèmes
variés pour piano seul; Paris et Vienne.
PAGA>ELLI (Joseph-A>toi.>e), né à
I Padoue, fut d'abord attaché comme composi-
1 leur et accompagnateur claveciniste à une
406
PAGANELLI — PAGANIPsI
société de chanteurs qui se trouvait à Augs-
bourg, en 1733; puis il entra au service du
roi d'Espagne, en qualité de directeur de la
musique de la chambre. II a publié plusieurs
oeuvres de trios et de quatuors pour le violon et
pour le clavecin, et a laissé en manuscrit plu-
sieurs opéras. On connait aussi sous son nom
les Odes d'Horace mises en musique à plu-
sieurs parties.
PAGAIVIIVI (Ercole), naquit à Ferrare,
vers 1770, et non à Naples, comme il est dit
dans la Série cronologica délie rappresenta-
zioni dei teatri di Milano (1818, page 196).
Il se fixa à Milan dans les premières années
du dix-neuvième siècle, et y écrivit, pour le
théâtre de la Scala : 1° La Conquista del
Messico, 1808. 2» Le Rivoli generose, 1809.
2" / Filosofi al cimento, 1810. Ces produc-
tions ne sont pas dépourvues de mérite. On
connaît, sous le nom de ce compositeur, Cesare
in Egitto et Demelrio a Rodi; j'ignore où
ces ouvrages ont été représentés.
PAGAJNIIVI (Nicolas) (1), le virtuose vio-
loniste le plus extraordinaire et le plus re-
nommé du dix-neuvième siècle, naquit à
Gênes, le 18 février 1784. Son père, Antoine
Paganini, avait établi une petite boutique sur
le port, où il remplissait les fonctions de
facteur. Quoique cet homme eût été privé
d'éducation et qu'il fût brutal et colère, il
avait du penchant pour la musique et jouait
de la mandoline. Son intelligence eut bientôt
découvert les heureuses dispositions de son
fils pour cet art; il résolut de les développer
par l'étude; mais son excessive sévérité et les
mauvais traitements qu'il lui faisait subir
auraient peut-être eu des résultats contraires
à ceux qu'il attendait, si le jeune Paganini
n'eût été doué de la ferme volonté d'être un
artiste distingué. Dès l'âge de six ans, il était
déjà musicien et jouait du violon. Son premier
maître, Jean Servetto, était un homme d'un
mince mérite : Paganini ne resta pas longtemps
sous sa direction ; son père le confia aux soins
de Giacomo Costa, directeur d'orchestre et
premier violon des églises principales de
Gênes, qui lui fit faire de rapides progrès.
Parvenu à sa huitième année, Paganini écrivit
une première sonate de violon qu'il n'a mal-
heureusement pas conservée, et qui s'est
(t) La Notice biographique de Paganini, que j'ai pu-
bliée en 18SI (Paris, Sciiœncnberger) renferme des dé-
tails qui ne peuvent être conservés dans un dictionnaire
tel que celui-ci ; je suis obligé de n'admettre que les
faits principaux; pour le reste, on pourra consulter la
notice qui vient d'être cilcc.
perdue plus tard, avec d'autres compositions.
Costa ne lui donna des leçons que pendant
six mois, et durant ce temps le maître obligea
son élève à jouer à l'église un concerto nou-
veau chaque dimanche. Cet exercice fut con-
tinué jusqu'à l'âge de onze ans. Parvenu à sa
neuvième année, Paganini joua pour la pre-
mière fois dans un concert au grand théâtre
de Gênes. Il y exécuta des variations de sa
composition sur l'air de la Carmagnole j alors
en vogue, et y excita des transports d'admira-
tion. Vers celte époque de la vie du jeune ar-
tiste, des amis conseillèrent à son père' de lui
donner de bons maîtres de violon et de com-
position : il le conduisit en effet à Parme,
dans le dessein de demander pour lui des
leçons à Alexandre Rolia. Paganini a publié
dans un journal, à Vienne,, l'anecdote de sa
première entrevenue avec le maître qu'il
venait prendre pour guide. « En arrivant chez
« Rolla (dit-il), nous le trouvâmes malade
« et alité. Sa femme nous conduisit dans une
« pièce voisine de sa chambre, afin d'avoir le
« temps nécessaire pour se concerter avec son
« mari, qui paraissait peu disposé à nous re-
« cevoir. Ayant aperçu sur la table de la
M chambre où nous étions un violon et le dcr-
« nier concerto de Rolla, je m'emparai de
« l'instrument et jouai le morceau à première
« vue. Étonné de ce qu'il entendait, le com-
« positeur s'informa du nom du virtuose qu'il
« venait d'entendre : lorsqu'il apprit que ce
« virtuose n'était qu'un jeune garçon, il n'en
« voulut rien croire jusqu'à ce qu'il s'en fiit
« assuré par lui-même. Il me déclara alors
« qu'il n'avait plus rien à m'apprendre, et
« me conseilla d'aller demander à Paër des
« leçons de composition. » Le soin que prend
Paganini, dans cette anecdote, de se défendre
d'avoirreçudes leçons de Rolla est une singu-
larité difficile à expliquer: il est certain pour-
tant qu'il a été pendant quelques mois élève de
cet habile musicien, car Gervasoni, qui l'avait
connu àParme dans son enfance, l'affirme.
Au surplus, ce n'est pas chez Paër, alors en Al-
lemagne, que Rolla conseilla d'aller étudier
le contrepoint, mais chez Ghiretti, qui avait
été aussi le maître de ce même Paër. Pendant
six mois, Paganini reçut trois leçons par se-
maine, et se livra principalement à l'étude du
style instrumental, sous la direction de Ghi-
retti. Déjà il s'occupait de la recherche d'effols
nouveaux sur son instrument : souvent des
discussions s'élevaient entre Paganini et Rolla
sur des innovations que l'élève entrcvoynif
seulement alors, et qu'il ne pouvait cxOcuicr
PAGANINI
•107
que d'une manière imparfaite, tandis que le
goiU sévère du maître condamnait ces écarts,
abstraction faite des effets qu'on en pouvait
tirer.
De retour à Gènes, Paganini écrivit ses
premiers essais pour le violon : celte musique
était si diflîcile, qu'il était obligé de l'étudier
lui-même, et de faire des efforts constants
pour résoudre des problèmes inconnus à tous
Jes autres violonistes. Quelquefois on le voyait
essayer de mille manières différentes le même
trait pendant dix à douze heures, et rester à
la fin de la journée dans l'accablement de la
fatigue. C'est par cette persévérance sans
exemple qu'il parvint à se jouer de difficultés
qui furent considérées comme insurmontables
par les autres artistes, lorsqu'il en publia un
spécimen dans un cahier d'études.
Parti de Parme au commencement de 1797,
Paganini fit avec son père sa première tournée
d'artiste dans les villes principales de la Lom-
bardie et commença une réputation de virtuose
qui alla toujours grandissant, et que nulle
autre n'a égalée. De retour à Gênes, et après
y avoir fait, dans la solitude, les efforts dont il
vient d'être parlé pour le développement de
son (aient, il sentit le besoin de s'affranchir des
mauvais traitements auxquels il était toujours
en butte dans la maison paternelle. Sa dignité
d'artiste s'indignait de ce rude esclavage ; il
sentait qu'il était digne de plus de respect.
Mais il fallait une occasion favorable pour le
seconder dans son dessein : elle ne tarda pas
à se présenter. La Saint-Martin était chaque
année, pour la ville de Lucques, l'époque
d'une grande fêle musicale où l'on se rendait
de tous les points de l'Italie. A l'approche de
cette solennité, Paganini supplia son père de
lui permettre d'y paraître avec son frère aîné.
Un refus absolu fut d'abord la réponse qu'il
reçut ; mais l'imporlunité du fils et les prières
de la mère finirent pour arracher le consente-
ment désiré. Devenu libre, le jeune artiste
s'élança sur la route, agité par des rêves de
succès et de bonheur. Lucques l'applaudit
avec enthousiasme. Encouragé par cet heureux
début, il visita Pise et quelques autres villes
qui ne lui firent pas un moins bon accueil :
l'année 1799 venaitde commencer, et Paganini
n'était âgé que de quinze ans. Cet âge n'est
pas celui de la prudence; d'ailleurs son édu-
cation morale avait été négligée, et la sévérité
dont sa jeunesse avait été tourmentée n'était
pas propre à le mettre en garde contre les
dangers d'une vie Irop libre. Livré à lui-même
el savourant avec délice l'indépendance nou-
velle dont il jouissait, il se lia avec des ar-
tistes d'un autre genre, dont l'habileté consis-
tait à inspirer le goût du jeu aux jeunes gens
de famille, et à les dépouiller en un tour de
main. En une soirée, Paganini perdait sou-
vent le produit de plusieurs concerts et se
jetait dans de grands embarras. Bientôt soa
talent lui fournissait de nouvelles ressources,
et pour lui le temps s'écoulait dans cette al-
ternative de bonne et de mauvaise fortune.
Quelquefois sa détresse allait jusqu'à le priver
de son violon. C'est ainsi, que se trouvant à
Livourne sans instrument, il dut avoir recours
à l'obligeance d'un négociant français (M. Li-
vron), grand amateur de musique, qui s'em-
pressa de lui prêter un excellent violon de
Guarneri. Après le concert, Paganini le re-
porta à son propriétaire, qui s'écria aussitôt :
« Je me garderai bien de profaner des cordes
a que vos doigts ont touchées; c'est à vous
« maintenant que mon violon appartient. »
C'est ce même instrument qui depuis lors a
servi à l'artiste dans tous ses concerts. Pareille
chose lui arriva à Parme, mais dans des cir-
constances dilTérentes. Pasini, peintre distin-
gué et bon amateur de musique, n'avait pu
croire à la facilité prodigieuse attribuée à
Paganini de jouer à première vue la musique
la plus difficile, comme s'il l'eût longtemps
étudiée. Il lui présenta un concerto manuscrit
où tous les genres de difficultés avaient été
réunis, et lui mettant entre les mains un
violon de Slradivari de la plus belle qualité et
conservation, il lui dit : » Cet instrument est
« à vous, si vous pouvez jouer cela en maître
a à l'instant et sans étudier à l'avance les dif-
« Acuités qui s'y trouvent. — S'il en est ainsi,
« répondit Paganini, vous pouvez lui faire vos
« adieux. » Sa foudroyante exécution sembla
en effet se jouer de ce qu'on venait de lui
mettre sous les yeux. Pasini demeura con-
fondu.
Des aventures de tout genre signalent cette
époque de la jeunesse de Paganini : l'enthou-
siasme de l'art, l'amour et le jeu régnaient
tour à tour dans son âme. En vain sa frêle
constitution l'avertissait du besoin de mé-
nager ses forces : elle n'arrêtait pas les écarts
de son imagination ; quelquefois même il ar-
rivait dans ses excès jusqu'au dernier degré
d'épuisement. Alors il se plongeait dans un
repos absolu pendant plusieurs semaines; puis,
retrempé et armé d'une énergie nouvelle, il
recommençait ses merveilles de talent elsavie
de bohème. Il était à craindre que cette exis-
tence désordonnée ne perdit cet artiste extra-
408
PAGÂNINI
ordinaire : une circonstance imprévue et de
grande importance, rapportée par lui-même,
le guérit tout à coup de la funeste passion du
jeu. « Je n'oublierai jamais, dit-il, que je me
« mis un jour dans une situation qui devait
« décider de toute ma carrière. Le prince
« de ***** avait depuis longtemps le désir de
« devenir possesseur de mon excellent violon,
« le seul que j'eusse alors, et que j'ai encore
« aujourd'hui. Un jour, il me fit prier de vou-
« loir en fixer le prix; mais ne voulant pas
« me séparer de mon instrument, je déclarai
« que je ne le céderais que pour deux cent
« cinquante napoléons d'or. Peu de temps
« après, le prince me dit que j'avais vraisem-
u blablemenl plaisanté en demandant un
« prix si élevé de mon violon, et ajouta qu'il
« était disposé à en donner deux mille francs.
« Précisément, ce jour-là, je me trouvais en
« grand besoin d'argent, par suite d'une assez
« forte perte que j'avais faite au jeu, et j'étais
« presque résolu de céder mon violon pour la
« somme qui m'était offerte, quand un ami
« vint m'inviter à une partie pour la soirée.
« Mes capitaux consistaient alors en trente
« francs, et déjà je m'étais dépouillé de mes
« bijoux, montre, bagues, épingles, etc. Je
« pris aussitôt la résolution de hasarder cette
« dernière ressource, et, si la fortune m'était
« contraire, de vendre le violon et de partir
« pour Pélershourg, sans instrument et sans
« effets, dans le but d'y rétablir mes affaires.
« Déjà mes trente francs étaient réduits à
« trois, et je me voyais en route pour la
« grande cité, quand la fortune, changeant
« en un clin d'œil, me fit gagner cent francs
« avec le peu qui me restait. Ce moment
« favorable me fit conserver mon violon et
« me remit sur pied. Depuis ce jour, je me
« suis retiré du jeu, auquel j'avais sacrifié
« une partie de ma jeunesse, et, convaincu
« qu'un joueur est partout méprisé, je re-
« nonçai pour jamais à ma funeste passion. »
Au milieu de ces succès, on remarque dans
la vie de Paganini une de ces péripéties assez
fréquentes dans la vie des grands artistes : tout
à coup il se dégoûta du violon, s'éprit pour la
guitare d'une ardeur passionnée, et se partagea
pendant près de quatre années entre l'étude
de cet instrument et celle de l'agriculture
dans le château d'une dame dont il était épris.
Mais enfin revenu à ses premiers penchants,
il reprit son violon, et vers le commencement
de 1805, il recommença ses voyages. Arrivé à
Lucques, il y excita un si grand enthousiasme,
par le concerto qu'il joua, pour une fêle noc-
turne, dans l'église d'un couvent, que les
moines furent obligés de sortir de leurs stalles
pour empêcher les applaudissements. Il fut
alors nommé premier violon solo de la cour
de Lucques, et donna des leçons de violon au
prince Bacciochi. Pendant un séjour de trois
années dans cette ville, il ajouta plusieurs
nouveautés à celles qu'il avait déjà décou-
vertes. C'est ainsi que cherchant à varier
l'effet de son instrument, dans les deux con-
certs de la cour oii il était obligé de se faire
entendre chaque semaine, il ôta la deuxième
et la troisième corde de son violon, et com-
posa une sonate dialoguée, entre la chante-
relle et la quatrième, à laquelle il donna le
nom de scena amorosa. Le succès qu'il y
obtint fut l'origine de l'habitude qu'il prit de
jouer des morceaux entiers sur la quatrième
corde, au moyen des sons harmoniques qui
lui permettaient de porter l'étendue de cette
corde jusqu'à trois octaves.
Dans l'été de 1808, Paganini s'éloigna de
Lucques, et dans l'espace de dix-neuf ans, il
fit trois fois le tour de l'Italie, paraissant tout
à coup avec éclat dans une grande ville, y
excitant des transports d'admiration, puis se
livrant à des accès de paresse, disparaissant
de la scène du monde, et laissant ignorer jus-
qu'au nom du lieu qu'il habitait. C'est ainsi
que Rossini, après avoir brillé avec lui à Bo-
logne, en 1814, dans le palais Pignalver, le
retrouva, en 1817, à Rome, où il était resté
ignoré pendant près de trois ans, à la suite
d'une longue maladie. Après ce silence, il
donna de brillants concerts dans la capitale
du monde chrétien, et se fit entendre chez le
prince de Raunitz, ambassadeur d'Autriche,
où il trouva le prince de Metternich qui,
charmé de son merveilleux talent, le pressa
de se rendre à Vienne ; mais de nouvelles ma-
ladies, qui le mirent plusieurs fois à la porte
du tombeau, ne lui permirent de réaliser le
projet de ce voyage que longtemps après. Ar-
rivé à Milan au printemps de 1813, il y vit
représenter au théâtre de la Scala le ballet de
Vigano // Noce di Benevento (le Noyer de
Benevent), dont la musique était de Sussmayer
{voyez ce nom). C'est dans cet ouvrage que ie
célèbre violoniste a pris le thème de ses fa-
meuses variations le Streghe (les Sorcières),
ainsi nommées parce que ce thème était celui
d'une scène fantastique où apparaissaient en
effet des sorcières. Pendant qu'il s'occupait de
la composition de ces variations et des prépa-
ratifs de ses concerts, une atteinte nouvelle
de sa maladie vint le saisir, et plusieurs mois
PAGAMNI
40U
s'écoulèrent avant qu'il fût en état de se faire
entendre. Ce ne fut que le 20 oclobie suivant
qu'il put donner un premier concert, dont
reflet fut foudroyant, et dont les journaux
d'Italie et d'Allemagne ont rendu compte en
termes remplis d'admiration.
Paganini montra toujours beaucoup de
prédilection pour la ville de Milan, dont le
séjour le charmait. Non-seulement il y passa
la plus grande partie de 1813, à l'exception
d'un voyage à Gênes, puis 1814 jusqu'aux der-
niers jours de septembre, mais il y retourna
trois fois dans l'espace de quinze ans, y fit
chaque fois de longs séjours et y donna trente-
sept concerts. Au mois d'octobre de cette
même année 1814, il partit pour Bologne, où
il vit Rossini pour la première fois, et se lia
avec lui d'une amitié qu'ils ont resserrée à
Rome, en 1817, et à Paris, en 1831. Rossini
avait donné V Jureliano e'/t Pa/mira, à Milan,
au mois de décembre 1813, mais en ce mo-
ment Paganini était à Gênes, en sorte que
ces deux grands artistes ne s'étaient pas vus
avant de se rencontrer à Bologne, au moment
oii Rossini allait en partir pour écrire à Milan
IlTurco inllalia.
Ce ne fut qu'en 1819 que Paganini visita
Naples |)our la première fois. Lorsqu'il y arriva,
il trouva quelques artistes mal disposés envers
Jui. Ils mettaient en doute la réalité des pro-
<liges que la renommée lui attribuait, et
s'étaient promis de s'amuser à ses dépens.
Pour l'épreuve à laquelle ils voulaient le sou-
mettre, ils engagèrent le jeune compositeur
Danna, récemment sorti du Conservatoire, à
écrire un quatuor rempli de difficultés de tout
genre, se persuadant que le grand violoniste
n'en pourrait triompher. On l'invita -donc à
une réunion musicale où se trouvaient le vio-
loniste Onorio de Vilo, le compositeur Danna,
le violoniste et chef d'orchestre Festa, et le
violoncelliste Ciandelli. A peine arrivé, on lui
présenta le morceau qu'on lui demandait
d'exécuter à première vue. Comprenant qu'on
Jui tendait en piège, il jeta un coup d'oeil ra-
pide sur celle musique et l'exécula comme si
elle lui était familière. Confondus par ce qu'ils
venaient d'entendre, les assistants lui prodi-
guèrent les témoignages d'une admiration
sans bornes, et le proclamèrent incomparable.
Il ne faut pas croire toutefois que ses
triomphes furent toujours aussi purs, et
qu'aucun nuage ne vint obscurir les rayons de
«i gloire. Trop épris des nouveautés qu'il
avait introduites dans l'art déjouer du violon,
et n'estimant pas assez l'art classique ni les
maîtres qui l'avaient précédé, il traitait sou-
vent avfc dédain ses émuies, alors même que
son talent n'avait point encore acquis sa ma-
turité. Plus désireux d'exciter l'étonnement
de la multitude que de satisfaire le goût sévère
des connaisseurs, il ne se mit pas assez à
l'abri des accusations de charlatanisme dans
les premiers temps de sa carrière : cette accu-
sation lui fut souvent jetée à la face, et peut-
être n'en eut-il pas assez de souci. Ses pre-
mières apparitions dans les villes principales
de l'Italie étaient saluées par des acclama-
tions; au retour, il n'en était plus de même,
soit qu'il y eût blessé l'orgueil de quelque ar-
tiste influent, soit que son peu de respect pour
les convenances sociales et de reconnaissance
pour les services rendus lui eût aliéné l'affec-
tion des amateurs. C'est ainsi qu'après avoir
en d'abord de brillants succès à Livourne, il y
fut assez mal accueilli lorsqu'il y retourna en
1808. Il a rapporté lui-même une anecdote
qui prouve le peu de bienveillance qu'il y
trouva. « Dans un concert donné à Livourne
« (dit-il), un clou m'entra dans le talon ; j'ar-
« rivai en boitant sur la scène, et le public se
« mit à rire. Au moment où je commençais
« mon concerto, les bougies de mon pupitre
a tombèrent : autres éclats de rire dans l'au-
« ditoire; enfin, dès les premières mesures
tt la chanterelle de mon violon se rompit, ce
tt qui mit le comble à la gaieté; mais je jouai
tt tout le morceau sur trois cordes, et je fis
« fureur. » Plus tard, cet accident de chante-
relle cassée se reproduisit plusieurs fois : Pa-
ganini fut accusé de s'en faire un moyen de
succès, après avoir étudié sur trois cordes des
morceaux où il avait appris à se passer de la
chanterelle.
On ne s'arrêta pas à ces innocentes ruses
du talent dans les attaques dont cet illustre
artiste fut l'objet, car la diffamation et la
calomnie le poursuivirent dans ce que l'hon-
neur a de plus sacré, et lui imputèrent même
des crimes. Les versions étaient différentes à
l'égard des faits allégués à sa charge : suivant
l'une, sa jeunesse aurait été orageuse; ses
liaisons, peu dignes de son talent, l'auraient
associé à des actes de brigandage ; d'autres
lui attribuaient en amour une jalousie furieuse
et vindicative qui l'aurait conduit à un
meurtre. Tantôt on citait sa maîtresse, tantôt
son rival comme ses victimes. On assurait
qu'une longue captivité lui avait fait expier
son crime. Les longs intervalles où il avait
disparu des regards du public pyur se livrer à
une existence méditative et paresseuse, ou
410
PAGANINI
pour rétablir sa santé délabrée, favorisaienl
ces bruits injurieux. Les qualités de son talent
mêmes prêtaient des armes à ses ennemis, et
l'on disait que l'ennui de la prison et la pri-
vation de cordes pour renouveler celles de
son violon, l'avaient conduit à sa merveilleuse
habileté sur la quatrième, la seule qui fût
restée intacte sur mon instrument. Lorsque
Paganini visita l'Allemagne, la France et
l'Angleterre, il y retrouva l'envie, avide de
recueillir ces odieuses calomnies, pour les op-
poser à ses succès : comme s'il était écrit que
le génie et le talent doivent toujours expier
les avantages dont la nature et l'étude les ont
doués. Maintes fois Paganini avait été obligé
de recourir à la presse pour se défendre; mais
en vain avait-il invoqué le témoignage des
ambassadeurs des puissances italiennes; en
vain avait-il sommé ses ennemis de citer avec
précision les faits et les dates qu'ils laissaient
dans le vague : ses réclamations n'avaient
produit aucun résultat avantageux. Paris sur-
tout lui fut hostile, quoique cette ville ait
peut-élre contribué plus qu'une autre à l'éclat
de ses succès. C'est qu'à côté du public véri-
table, qui n'a ni haine ni préventions, et qui
s'abandonne aux sensations que le talent lui
fait éprouver, il y a dans cette grande cité
une population famélique qui vit du mal
qu'elle fait, et du bien qu'elle empêche. Cette
population spécula sur la célébrité de l'artiste,
et se persuada peut-être qu'il achèterait son
silence. Des lithographies le représentèrent
captif, et des articles de journaux attaquèrent
ses moeurs, son humanité, sa probité. Ces at-
taques réitérées, ce pilori où il se voyait
attaché comme acteur et comme spectateur,
l'affectèrent péniblement. Il vint me confier
ses chagrins, et me demander des conseils,
me donnant sur les calomnies dont il était
l'objet les renseignements les plus satisfai-
sants. Je lui dis de me remettre des notes
écrites ; elles me servirent à rédiger une lettre
que je lui fis signer, que je publiai dans la
Revue musicale, et qui fut répétée dans la
plupart des journaux de Paris. Les faits rap-
portés dans cette lettre ont tant d'intérêt pour
l'histoire ^'un des plus rares talents qui ont
existé, que je crois devoir la rapporter ici.
D'ailleurs, je regarde comme un devoir de
ne rien négliger pour qu'une des plus belles
gloires d'artiste de notre époque soit vengée
de ses calomniateurs :
« MOMSIEUR,
« Tant de njarques de bonté m'ont été pro-
diguées par le public français, il m'a décerné
tant d'applaudissements, qu'il faut bien que
je croie à la célébrité qui, dit-on, m'avait pré-
cédé à Paris, et que je ne suis pas resté dans
mes concerts trop au-dessous de ma réputa-
tion. Mais si quelque doute pouvait me rester
à cet égard, il serait dissipé par le soin que
je vois prendre à vos artistes de reproduire
ma figure, et par le grand nombre de portraits
de Paganini, ressemblants ou non, dont je
vois tapisser les murs de votre capitale. Mais,
monsieur, ce n'est point à de simples por-
traits que se bornent les spéculations de ce
genre ; car me promenant un jour sur le bou-
levard des Italiens, je vis chez un marchand
d'estampes une lithographie représentant
Paganini en prison. Bon, me suis-je dit,
voici d'honnêtes gens qui, à la manière de
Basile, exploitent à leur profit certaine calom-
nie dont je suis poursuivi depuis quinze ans.
Toutefois, j'examinais en riant cette mysti-
fication avec tous les détails que l'imagination
de l'artiste lui a fournis, quand je m'aperçus
qu'un cercle nombreux s'était formé autour
de moi, et que chacun, confrontant ma figure
avec celle du jeune homme représenté dans
la lithographie, constatait combien j'étais
changé depuis le temps de ma détention. Je
compris alors que la chose avait été prise a»
sérieux par ce que vous appelez, je crois, les
badauds, et je vis que la spéculation n'était
pas mauvaise. Il me vint dans la léte que
puisqu'il faut que tout le monde vive, je pour-
rais fournir moi-même quelques anecdotes
aux dessinateurs qui veulent bien s'occuper
de moi; anecdotes où ils pourraient puiser le
sujet de facéties semblables à celle dont il est
question. C'est pour leur donner de la publi-
cité que je viens vous prier, monsieur, de
vouloir bien insérer ma lettre dans votre
Revue musicale.
« Ces messieurs m'ont représenté en
prison; mais ils ne savent pas ce qui m'y a
conduit, et en cela ils sont à peu près aussi
instruits que moi et ceux qui ont fait courir
l'anecdote. Il y a là-dessus plusieurs histoires
qui pourraient fournir autant de sujets d'es-
tampes. Par exemple, on a dit qu'ayant sur-
pris mon rival chez ma maîtresse, je l'ai tué
bravement par derrière, dans le moment où
il était hors de combat. D'autres ont prétendu
que ma fureur jalouse s'est exercée sur ma
maîtresse elle-même; mais ils ne s'accordent
pas sur la manière dont j'aurais mis fin à ses
jours. Les uns veulent que je me sois servi
d'un poignard; les autres que j'aie voulu Jouir
de ses souffrances avec du poison. Enfin,
PAGANLM
ni
chacun a arrangé la chose suivant sa fan-
taisie : les liihoi;raphes pourraient user de la
même liberté. Voici ce qui m'arriva à ce sujet
à Padoue, il y a environ quinze ans. J'y avais
donné un concert, et je m'y étais fait entendre
avec quelque succès. Le lendemain j'étais assis
à table d'hôte, moi soixantième, et je n'avais
pas été remarqué lorsque j'étais entré dans la
salle. Un (!es convives s'exprima en termes
flatteurs sur l'effet que j'avais produit la
veille. Son voisin joignit ses éloges aux siens,
et ajouta : L'habilelé de Paganini n'a rien
qui doive surprendre; il la doit au séjour
de huit années qu'il a fait dans un cachot,
n'ayant que son violon pour adoucir sa
captivité. Il avait été condamné à cette
longue détention pour avoir assassiné
lâchement un de mes amiSf qui était son
rival. Chacun, comme vous pouvez croire, se
récria sur l'énormité du crime. Moi, je pris la
parole, et m'adressantà la personne qui savait
si bien mon histoire, je la priai de me dire en
quel lieu et dans quel temps cette aventure
s'était passée. Tous les yeux se tournèrent
vers moi : jugez de l'étonnement quand on
reconnut l'acteur principal de cette tragique
histoire! Fort embarrassé fut le narrateur.
Ce n'était plus son ami qui avait péri; il avait
entendu. ..on lui avait affirmé... il avait cru...
mais il était possible qu'on l'eût trompé...
Voilà, monsieur, comme on se joue de la ré-
putation d'un artiste, parce que les gens en-
clins à la paresse ne veulent pas comprendre
qu'il a pu étudier en liberté dans sa chambre
aussi bien que sous les verrous.
« A Vienne, un bruit plus ridicule encore
mit à l'épr^ve la crédulité de quelques en-
thousiastes. J'y avais joué les variations qui
ont pour titre le Streghe (les Sorcières) ; elles
avaient produit quelque effet. Un monsieur,
qu'on m'a dépeint au teint pâle, à l'air mélan-
colique, à l'œil inspiré, affirma qu'il n'avait
rien trouvé qui l'étonnàl dans mon jeu ; car il
avait vu distinctement, pendant que j'exécutais
mes variations, le diable près de moi, guidant
mon bras et conduisant mon archet. Sa ressem-
blance frappante avec mes traits démontrait
assez mon origine ; il était vêtu de rouge,
avait des cornes à la tête et la queue entre les
jambes. Vous comprenez, monsieur, qu'après
une description si minutieuse, il n'y avait pas
moyen de douter de la vérité du fait; aussi
beaucoup de gens furent-ils persuadés qu'ils
avaient surpris le secret de ce qu'on appelle
mes tours de force.
u Longtemps ma tranquillité fut troublée
par ces bruits qu'on répandait sur mon
compte. Je m'attachai à en démontrer l'ab-
surdité. Je faisais remarquer que depuis Tâge
de quatorze ans je n'avais cessé de donner des
concerts et d'être sous les yeux du public;
que j'avais été employé pendant seize années
comme chef d'orchestre et comme directeor
de musique à la cour de Lucques; que s'il
était vrai que j'eusse été retenu en prison
pendant huit ans, pour avoir tué ma maîtresse
ou mon rival, il fallait que ce fût conséquem-
ment avant de me faire connaître du public,
c'est-à-dire qu'il fallait que j'eusse eu une
maîtresse et nn rival à l'âge de sept ans. J'in-^
voquais à Vienne le témoignage de l'ambassa-
deur de mon pays , qui déclarait m'avoir
connu depuis près de vingt ans dans la posi-
tion qui convient à un honnête homme, et je
parvenais ainsi à faire taire la calomnie pour
un instant; mais il en reste toujours quelque
chose et je n'ai pas été surpris de la retrouver
ici. Que faire à cela, monsieur? Je ne vois
autre chose que de me résigner, et de laisser
la malignité s'exercer à mes dépens. Jecroi>
cependant devoir, avant de terminer, vou>
communiquer une anecdote qui a donné lieu
aux bruits injurieux répandus sur mon compte.
La voici : Un violoniste nommé D i qui
se trouvait à Milan, se lia avec deux hommes
de mauvaise vie, et se laissa persuader de se
transporter avec eux, la nuit, dans un village
pour y assassiner le curé, qui passait pour
avoir beaucoup d'argent. Heureusement le
cœur faillit à l'un des coupables au moment
de l'exécution, et il alla dénoncer ses com-
plices. La gendarmerie se rendit sur les lieux,
et s'empara de D i et de son compagnon
au moment où ils arrivaient chez le curé. Ils-
furent condamnés à vingt années de fers, et
jetés dans un cachot ; mais le général Menou,
après qu'il fut devenu gouverneur de Milan,
rendit au boutdedeux ans la liberté à l'artiste.
Le croiriez-vous, monsieur? C'est sur ce fond
qu'on a brodé toute mon histoire. Il s'agissait
d'un violoniste dont le nom finissait en t .* ce
fut Paganini; l'assassinat devint celui de ma
maîtresse ou de mon rival, et ce fut encore
moi qu'on prétendit avoir été mis en prison.
Seulement, comme on voulait m'y faire dé-
couvrir ma nouvelle école de violon, on me
fît grâce des fers qui auraient pu gêner mon
bras. Encore une fois, puisqu'on s'obstine
contre toute vraisemblance, il faut bien que
je cède. Il me reste pourtant un espoir; c'est
qu'après ma mort la calomnie consentira à
abandonner sa proie, et que ceux qui se sont
4(2
PAGANINI
vengés si cruellement de mes succès laisseront
en paix ma cendre.
« Agréez, etc.
« Signé Paganim. »
Lorsque je lui présentai celte lettre à signer,
en présence de M. Pacini, éditeur de musique,
il fit beaucoup d'objections contre la dernière
phrase; il ne voulait point paraître consentir
à rester la proie de la calomnie jusqu'à sa
mort; j'eus beaucoup de peine à lui faire
comprendre qu'après ses explications, son ap-
parente résignation terminerait tout. Enfin il
céda, et l'événement prouva que j'avais bien
jugé; car les lithographies disparurent, et
depuis lors il n'a plus été question de la
scandaleuse anecdote.
Au mois de janvier 1825, Paganini donna
deux concerts à Trieste, puis il se rendit à
Naples pour la troisième fois et y retrouva
ses anciens triomphes. Dans l'été, il retourna
à Palerme, et celle fois son succès y fut des
plus brillants. Le délicieux climat de la Sicile
avait pour lui tant de charme, qu'il y resta
près d'une année, donnant çà et là quelques
concerts, puis se livrant à de longs intervalles
de repos. Ce séjour prolongé sous un ciel fa-
vorable lui avait rendu la santé plus satisfai-
sante qu'il ne l'avait eue depuis longtemps :
ce lui fut une occasion de revenir à ses anciens
projets de voyage hors de l'Italie. Avant de
les réaliser, il voulut faire une dernière
tournée dans les villes dont il avait conservé
de bons souvenirs, et se rendit, dans l'été de
182G, à Trieste, puis à Venise, et enfin à
Rome, où il donna cinq concerts au théâtre
Argentina, qui furent pour lui autant d'ova-
tions. Le 5 avril 1827, le pape Léon XII lui
accorda la décoration de l'Éperon d'or, en
témoignage d'estime pour ses talents. De
Rome, il alla à Florence, où il se trouva tout
à coup arrêté par un mal assez grave qui lui
survintàune jambe, et qui ne disparut qu'après
un long traitement. Il s'était acheminé vers
Milan, où son retour avait été salué par les
témoignages d'affection de tous ses amis.
Enfin, le 2 mars 1828, il quitta cette ville pour
se rendre à Vienne, où il arriva le 16 du même
mois. Le 29 mars, le premier concert du
célèbre violoniste jeta la population viennoise
dans un paroxysme d'enthousiasme qu'il
serait dilficile de décrire. « Au premier coup
« d'archet qu'il donna sur son Guarneri (dit
« Schilling, en style poétique , dans son
u Lexique universel de musique), on pour-
« rait presque dire au premier i)as qu'il fil
« dans la salle, sa réputation était décidée
« en Allemagne. Enflammé comme par une
« étincelle électrique, il rayonna et brilla
« tout à coup comme une apparition miracu-
« leuse dans le domaine de l'art. » Tous les
journaux de Vienne exprimèrent en termes hy-
perboliques l'admiration sans limites qui avait
transporté l'immense auditoire de ce premier
concert, et ne cessèrent, pendant deux mois,
d'entonner des hymnes de louanges à la gloire
de l'enchanteur. Les artistes les plus renommés
de la capitale de l'Autriche, Mayseder, Jansa,
Slawick, Léon de Saint-Lubin , Slrebinger,
IJœhm et d'autres, déclarèrent à l'envi qu'ils
n'avaient rien ouï de comparable. D'autres
concerts donnés le 13 avril, le 16, le 28, etc.,
portèrent au plus haut degré l'exaltation du
public. L'ivresse fut générale. Des pièces de
vers étaient publiées chaque jour; des mé-
dailles étaient frappées; le nom de Paganini
était dans toutes les bouches, et, comme le dit
Schottky (1), tout était à la Paganini. La
mode s'était emparée de son nom : les cha-
peaux, les robes, la chaussure, les gants
étaient àla Paganini; les restaurateurs dé-
coraient certains mets de ce nom, et lorsqu'un
coup brillant se faisait au billard, on le com-
parait au coup d'archet de l'artiste. Son por-
trait, bien ou mal fait, était sur les tabatières
elles boîtes à cigares; enfin, son buste sur-
montait les cannes des élégants. Après un
concert donné au profit des pauvres, le magis-
trat de la ville de Vienne offrit à Paganini la
grande médaille d'or de Saint-Salvador, et
l'empereur lui conféra le titre de virtuose de
sa musique particulière.
Un long séjour dans la capitale de l'Autriche
et des concerts multipliés n'affaiblirent pas
l'impression que Paganini y avait produite à
son arrivée. La même admiration l'accueillit
dans toutes les grandes villes de l'Allemagne :
Prague seule lui montra quelque froideur, par
une certaine tradition d'opposition aux opi-
nions musicales de Vienne; mais Berlin le
vengea si bien de celle indifférence, qu'il
s'écria le soir de son premier concert : « J'ai
retrouvé mon public de Vienne. « Ajtrès trois
années de voyages cl de succès en Autriche,
en Bohême, en Saxe, en Bavière, en Prusse et
dans les provinces rhénanes, l'artiste célèbre
arriva à Paris et donna son premier concert
à l'Opéra, le 9 mars 1831. Ses études de
violon publiées depuis longtemps dans celte
ville, sortes d'énigmes qui avaient mis en
(I) Poijanlni 's Lebcn und Treiben, clc, p. 28 cl s.
PAGANLNI
413
ëmoi tous les violonistes ; sa renommée euro-
péenne; ses voyages en Allemagne et l'éclat
de ses succès à Vienne, à Berlin, à Munich, à
Francfort, avaient excité parmi les artistes
français et dans le public un vif intérêt de cu-
riosité. Il serait impossible de décrire l'en-
thousiasme dont l'auditoire fut saisi en écou-
tant cet homme extraordinaire; l'émotioiv
alla jusqu'au délire, à la frénésie. Après lui
avoir prodigué des appaudissements pendant
et après chaque morceau, l'assemblée le rap-
pela pour lui témoigner par des acclamations
unanimes l'admiration dont elle était saisie.
Une rumeur générale se répandit ensuite dans
toutes les partie^de la salle, et partout on en-
tendit des exclamations d'étonnement et de
plaisir. Les mêmes effets se reproduisirent à
tous les autres concerts qui furent donnés par
Paganini à Paris.
Vers le milieu du mois de mai, il s'éloigna
de cette ville pour se rendre à Londres, où il
excita aussi la plus vive curiosité, mais non
cet intérêt intelligent qui l'avait accueilli dans
la capitale de la France. Le prix élevé des
places qu'il fixa pour ses concerts lui fit pro-
diguer l'injure et l'outrage par les journaux
anglais : comme si l'artiste n'avait pas le droit
de fixer le prix des produits de son talent !
comme s'il imposait l'obligation de venir l'en-
tendre! Les concerts où Paganini joua à Lon-
dres, et les excursions qu'il fit dans toute
l'Angleterre, en Ecosse et en Irlande, lui pro-
curèrent des sommes considérables, qui s'ac-
crurent encore dans ses voyages en France,
en Belgique et en Angleterre pendant les an-
nées suivantes. On lui a reproché de s'être
vendu à un spéculateur anglais pour un temps
déterminé, et à un prix convenu, pour jouer
dans tous les concerts organisés par l'entre-
preneur ; beaucoup d'autres artistes l'ont imité
en cela. Sans doute, la dignité de l'homme et
de l'art répugne aux marchés de ce genre ;
mais d'autre part, les soins de toute espèce
qu'exigent les concerts; les difficultés qui
se multiplient et qu'un artiste surmonte à
grand'peinedans lespays étrangers; de plus, les
vols scandaleux par lesquels les entrepreneurs
de théâtres et les employés le dépouillent du
fruit de son travail ; la curée des recettes que
font les receveurs des droits des hospices, de
patentes, les imprimeurs et distributeurs
d'affiches et de programmes, le propriétaire
de la salle, l'entrepreneur de l'éclairage, les
musiciens de l'orchestre et les commission-
naires, tout cela, dis-je, est si nuisible aux
soins que réclame le talent ainsi qu'à la mé-
ditation et à la sérénité d'âme nécessaires à sa
manifestation,' qu'on ne peut blâmer l'artiste
qui cherche à se soustraire à ces ennuis par un
contrat dont l'exécution lui assure un produit
net, et ne lui impose que l'obligation de mettre
son talent en évidence. De retour en Italie
dans l'été de 1834, après une absence de six
années, Paganini y fit l'acquisition de pro-
priétés considérables, entre autres de la villa
Gujona, près de Parme. Le 14 novembre de la
même année, il donna, à Plaisance, un concert
au bénéfice des indigents, le seul où il se soit
fait entendre en Italie depuis 1828. Pendant
l'année 1835, il vécut alternativement à
Gênes, à Milan et dans sa retraite près de
Parme. Le choléra qui sévissait alors à Gênes
fit répandre le bruit de sa mort ; les journaux
annoncèrent cet événement, et firent à l'artiste
des articles nécrologiques; mais on apprit en-
suite que, bien que sa santé fût dans un état
déplorable, il n'avait pas été atteint par ce
fléau.
En 1836, des rTiéculaleurs l'engagèrent à
leur donner l'appui de son nom et de son ta-
lent pour la fondation d'un Casino dont la
musique était le prétexte, et dont le jeu était
l'objet réel : cet établissement, dont les dé-
penses furent excessives, s'ouvrit dans un des
plus beaux quartiers de Paris, sous le nom de
Casino Paganini; mais le gouvernement
n'accorda pas l'autorisation qu'on avait espérée
pour en faire une maison de jeu, et les spécu-
lateurs furent réduits au produit des concerts
qui n'égalèrent pas les dépenses. Le dépéris-
sement progressif des forces de Paganini ne
lui permit pas de s'y faire entendre ; pour prix
des fatigues qu'il avait éprouvées pour se
rendre à Paris et de la perle de sa santé, on
lui fit un procès qu'il perdit, et les tribunaux,
sans avoir entendu sa défense, le condam-
nèrent à payer cinquante mille francs aux
créanciers des spéculateurs, et ordonnèrent
qu'il serait privé de sa liberté jusqu'à ce qu'il
eût satisfait à cette condamnation.
Au moment où cet arrêt était rendu, Paga-
nini se mourait. Sa maladie, qui était une
phthisie laryngée, avait progressé jusqu'au
commencement de 1839; les médecins lui
prescrivirent alors le séjour de Marseille, dont
le climat leur paraissait salutaire. Il suivit leur
conseil, et traversa péniblement la France
pour arriver à son extrémité méridionale. Son
âme énergique luttait contre les progrès du
mal. Retiré dans la maison d'un ami, aux
portes de Marseille, il s'occupait encore de
l'art, et prenait alternativement son violon et
414
PAGANINI
sa guitare. Un jour, il sembla se ranimer et
exécuta avec feu un quatuor dé Beethoven (le
septième) qu'il aimait passionnément. Malgré
sa faiblesse extrême, il voulut aller entendre
quelques jours après la messe de Requiem de
Cherubini pour des voix d'hommes; enfin, le
21 juin, il se rendit dans une des églises de
Marseille pour y assister à l'exécution de la
première messe solennelle de Beethoven.
Cependant, le besoin de changement de lieu
qu'éprouvent les malades atteints de phlhisie
(lûcida Paganini à retourner à Gênes par la
voie de la mer, persuadé qu'il y retrouverait
la santé. Mais vain espoir ! Dès le mois d'oc-
tobre de la même année, il écrivait à M. Ga-
lafre, peintre de ses amis : Me trouvant plus
souffrant encore ici que jen' étais à Marseille,
j'ai pris la résolution de passer l'hiver à
Nice. Ainsi, il voulait fuir la mort, et la mort
le poursuivait. Nice devait être son dernier sé-
jour. Les progrès du mal y furent rapides; la
voix s'éteignit complètement, et de cruels ac-
cès de toux, devenus chaque jour plus fré-
quents, achevèrent d'abattre ses forces. Enfin,
l'altération des traits, signe d'une fin pro-
chaine, se fit remarquer sur son visage. Un
écrivain italien a rendu compte de ses derniers
moments en termes louchants dont voici la
traduction :
« Dans sa dernière soirée, il parut plus
VI tranquille que d'habitude. Il avait dormi
(■ quelque peu; quand il s'éveilla, il fit ouvrir
« les rideaux de son lit pour conterai)ler la
« lune qui, dans son plein, s'avançait lente-
« ment dans un ciel pur. Dans cette conlem-
« plation, ses sens s'assoupirent de nouveau;
« mais le balancement des arbres environ-
« nants éveilla dans son sein ce doux frémisse-
« ment que fait naître le sentiment du beau.
« Il voulut rendre à la natiire les délicates
« émotions qu'il en recevait à cette heure su-
u préme, étendit la main jusqu'au violon en-
« chanté qui avait charmé son exisience, et
« envoya au ciel, avec ses derniers sons, le
.' dernier soupir d'une vie qui n'avait été que
« mélodie. »
Le grand artiste expira le 27 mai, à l'âge de
cinquante-six ans, laissant à son unique fils
Achille, fruit de sa liaison avec la cantatrice
Antonia Bianchi, de Como, des richesses con-
sidérables, et le titre de baron qui lui avait été
conféré en Allemagne. Tout n'était pas fini
pour cet homme dont la vie fut aussi extraor-
dinaire que le talent. Soit par l'efFet de certains
bruits populaires dont il sera parlé tout à
l'heure, soit qu'étant mort sans recevoir les
secours de la religion, Paganini eût laissé des
doutes sur sa foi, ses restes ne purent être in-
humés en terre sainte, par décision de l'évoque
de Nice. En vain son fils, ses amis et la plu-
part des artistes de cette ville sollicitèrent-
ils l'autorisation de faire célébrer un service
pour son repos éternel, faisant remarquer
tiu'ainsi que toutes les personnes atteintes
de phthisie, il n'avait pas cru sa mort pro-
chaine et avait cessé de vivre subitement,
l'évéque refusa cette autorisation et se borna
à offrir un acte authentique de décès, avec la
permission de transporter le coirps où l'on
voudrait. Cette transaction n€ fut pas accep-
tée, et l'affaire fut portée devant les tribunaux.
Celui de Nice donna gain de cause à l'évéque.
Il fallut alors avoir recours à Rome, qui an-
nula la décision de l'évéque de Nice et char-
gea l'archevêque de Turin , conjointetnenl
avec deux chanoines de la cathédrale de Gênes,
de faire une enquête sur le catholicisme de
Paganini. Pendant tout ce temps, le corps était
lesté dans une chambre de l'hôpital de Nice;
il fut ensuite transporté par mer au lazaret de
Villafranca, et de là dans une campagne nom-
mée Polcevera, près de Gênes, laquelle appar-
tenait à la succession de l'illustre artiste. Le
bruit se répandit bientôt qu'on y entendait
chaque nuit des bruits lamentables et bizarres.
Pour mettre un terme à ces rumeurs popu-
laires, le jeune baron Paganini se décida à
faire des démarches pour qu'un service solen-
nel fût célébré à Parme, en qualité de chevalier
de Saint-Georges, dans l'église de laSteccata,
affectée à cet ordre chevaleresque : elles ne
furent pas infructueuses. Après la cérémonie,
les amis du défunt obtinrent de l'évéque de
Parme la permission d'introduire le corps dans
le duché, de le transporter à la villa Gajona,
et de l'inhumer près de l'église du village. Cet
hommage funèbre fut rendu aux restes de l'ar-
tiste célèbre dans le mois de jnai 1845, mais
sans pompe, conformément aux ordres éma-
nés du gouvernement.
Par son testament, fait le 27 avril 1857, et
ouvert le l'^'"juin 1840, Paganini laissait à son
fils, légitimé par des actes authentiques, une
fortune estimée à deux millions, sur laquelle
il faisait deux legs à ses deux sœurs, le premier
de cinquante mille francs, l'autre de soixante
mille, n'accordant à la mère de son Achille
qu'une rente viagère de douze cents francs!
Indépendamment de ces richesses, et de la
propriété de ses compositions inédites, Paga-
nini possédait une précieuse collection d'in-
struments de maîtres, dans laquelle on reniar-
PÂGANINI
4/;
quait un incomparable Stradivari qu'il
eslimail plus de huit mille florins d'Aulriche,
un charmant Guarneri de pelit patron, un
excellent y^wia/i, une basse de Stradivari -non
moins parfaite que son violon de ce maître, et
son grand Guarneri^ le seul instrument qui
l'accompagna dans tous ses voyages, et qu'il
légua à la ville de Gênes, ne voulant pas
qu'un autre artiste en fût possesseur après
lui.
Les artistes qui ont entendu Paganini sa-
vent ce qui le distinguait des autres violonistes
célèbres ; mais bientôt il n'existera peut-être
plus un seul musicien qui. Payant entendu,
pourra dire quelle était la nature de son ta-
lent : je crois donc devoir entrer ici dans quel-
ques détails sur les qualités qui le distin-
guèrent, et sur les moyens qui lui servaient
à réaliser sa pensée dans l'exécution. Ainsi
que je l'ai déjà dit, un dévouement à l'étude,
dont il y a peu d'exemples, avait conduit
Paganini à triompher des plus grandes dif-
ficultés. Ces difTicultés , il se les créait lui-
même, dans le but de donner plus de variété
aux effets, et d'augmenter les ressources de
l'instrument ; car on voit que ce fut là l'objet
qu'il se proposa dès qu'il fut en âge de réflé-
chir sur sa destination individuelle. Après
avoir joué la musique des anciens maîtres, no-
tamment de Corelli, Vivaldi, Tartini, puis de
Pugnani et de Viotti, il comprit qu'il lui se-
rait difficile d'arriver à une grande renommée
dans la voie qu'avaient suivie ces artistes. Le
hasard fit tombe/ entre ses mains le neuvième
œuvre de Locatelli {voyez ce nom), intitulé :
L'Jrte di nuova modulazione, et, dès le
premier coup d'œil, il y aperçut un monde
nouveau d'idées et de faits, qui n'avaient point
eu dans la nouveauté le succès mérité, à
cause de leur excessive difficulté, et peut-
être aussi parce que le moment n'était pas
venu, à l'époque où Locatelli publia son ou-
vrage, pour sortir des formes classiques. Les
circonstances étaient plus favorables pour Pa-
ganini, car le besoin d'innovation est précisé-
ment celui de son siècle. En s'appropriant les
moyens de son devancier, en renouvelant
d'anciens effets oubliés (voyez Jean- Jacques
AValtheh), en y ajoutant ce que son génie et
sa i>atience lui faisaient découvrir, il parvint
à cette variété, objet de ses recherches, et plus
tard, caractère distinctif de son talent. L'op-
position des différentes sonorités, la diversité
dans l'accoBd de l'instrument, l'emploi fré-
quent des sons harmoniques simples et
doubles, les effets de cordes pincées réunis à
ceux de l'archet, les différents genres de
staccato, l'usage de la double et même de la
triple corde, une prodigieuse facilité à exécu-
ter les intervalles de grand écart avec une
justesse parfaite, enfin, une variété inouïe
d'accents d'archet, tels étaient les moyens
dont la réunion composait la physionomie du
talent de Paganini ; moyens qui tiraient leur
prix de la perfection de l'exécution, d'une ex-
quise sensibilité nerveuse, et d'un grand sen-
timent musical. A la manière dont l'artiste se
posait en s'appuyant sur une hanche, à la dis-
position de son bras droit et de sa main sur la
hausse de son archet, on aurait cru que le
coup de celui-ci devait être donné avec gau-
cherie, et que le bras devait avoir de la roi-
deur ; mais bientôt on s'apercevait que le bras
et l'archet se mouvaient avec une égale sou-
plesse, et que ce qui paraissait être le résultat
de quelque défaut de conformation, était du à
l'étude approfondie de ce qui était le plus fa-
vorable aux effets que l'artiste voulait pro-
duire. L'archet ne sortait pas des dimensions
ordinaires, mais, par l'effet d'une tension plus
forte que l'ordinaire, la baguette était un peu
moins rentrée. Il est vraisemblable qu'en
cela Paganini avait eu pour but de faciliter le
rebondissement de l'archet dans le staccato
qu'il fouettait et jetait sur la corde d'une ma-
nière toute différente de celle des autres vio-
lonistes. Dans la notice qu'il a écrite sur lui-
même en langue italienne, il dit qu'à son
arrivée à Lucques on fut étonné delalongueur
de son archet et de la grosseur de ses cordes j
mais plus lard il s'aperçut, sans doute, de la
difficulté de faire vibrer de grosses cordes
dans toutes leurs parties, et conséquemment
d'en obtenir des sons harmoniques purs, car
il en diminua progressivement le volume, et
lorsqu'il se fit entendre à Paris, ses cordes
étaient au-dessous de la grosseur moyenne.
Les mains de Paganini étaient grandes, sèches
et nerveuses. Par l'effet d'un travail excessif,
tous ses doigts avaient acquis une souplesse,
une aptitude dont il est impossible de se faire
une idée. Le pouce de la main gauche se
ployait à volonté jusque sur la paume de
la main, lorsque cela était nécessaire pour
certains effets du démanché.
La qualité du son que Paganini tirait de l'in-
strument était belle et pure, sans être exces-
sivement volumineuse, excepté dans certains
effets , où il était visible qu'il rassemblait
toutes ses forces pour arriver à des résultats
extraordinaires. Mais ce qui distinguait sur-
tout cette partie de son talent, c'était la va-
416
PAGANINI
riété de voix qu'il savait tirer des cordes par
des moyens qui lui appartenaient, ou qui,
après avoir été découverts par d'autres, avaient
été négligés , parce qu'on n'en avait pas
aperçu toute la portée. Ainsi, les sons harmo-
niques, qui avaient toujours été considérés
plutôt comme un effet curieux et borné que
comme une ressource réelle pour le violoniste,
jouaient un rôle important dans le jeu de Pa-
ganini. Ce n'était pas seulement comme d'un
effet isolé qu'il s'en servait, mais comme d'un
moyen artificiel pour atteindre à de certains
intervalles, quela plus grande extension d'une
main fort grande ne pouvait embrasser. C'était
aussi par les sons harmoniques qu'il était par-
venu à donner à la quatrième corde des res-
sources dont l'étendue était de trois octaves.
Avant Paganini, personne n'avait imaginé
que, hors des harmoniques naturels, il fût pos-
sible d'en exécuter de doubles en tierce,
quinte, sixte, enfin qu'on pût faire marcher à
l'octave des sons naturels et des sons harmo-
niques; tout cela, Paganini l'exécutait dans
toutes les positions, avec une facilité merveil-
leuse. Dans le chant, il employait fréquem-
ment un effet de vibration frémissante qui
avait de l'analogie avec la voix humaine ; mais
par les glissements affectés de la main qu'il y
joignait, cette voix était celle d'une vieille
femme, et le chant avait les défauts et le mau-
vais goût qu'on reprochait autrefois à certains
chanteurs français. L'intonation de Paganini
était parfaite, et cette qualité si rare n'était
pas un de ses moindres avantages sur la plu-
part des autres violonistes.
Après avoir rendu cet hommage à la vérité,
dans l'appréciation du talent de ce grand ar-
tiste, il est nécessaire de le considérer dans
l'impression générale que laissait son exécu-
tion. Beaucoup de personnes trouvaient son
jeu poétique et particulièrement remarquable
dans le chant : je viens de dire les motifs qui
ne me permettent pas de partager leur opi-
nion à cet égard. Ce que j'éprouvais en l'é-
coutant était de l'étonnement, de l'admira-
tion sans bornes; mais je n'étais pas touché,
ému du sentiment qui me paraît inséparable
de la musique véritable. La poésie du jeu du
grand violoniste consistait surtout dans le
brillant, et, si j'ose m'exprimer ainsi, dans la
maestria de son archet; mais il n'y avait
point de véritable tendresse dans ses accents.
Et ce qui prouve que sa supériorité consistait
dans son adresse merveilleuse à se servir de ses
ressources propres, plutôt que dans l'expan-
sion d'un profond sentiment, c'est qu'il s'est
montré à Paris au-dessous du médiocre dans
deux concertos de Kreutzer et de Rode, infini-
ment moins difficiles que ses propres compo-
sitions, et que je l'ai trouvé peu satisfaisant
dans le quatuor. C'était Paganini, moins le
caractère dystinctif de son talent : ce n'était
plus qu'un violoniste de second ordre. Si l'on
considère les découvertes de cet artiste célèbre
dans leur application aux progrès de l'art et à
la musique sérieuse, on verra que leur in-
fluence a été bornée, et que ces choses n'ont
été bonnes qu'entre ses mains. Il a eu quel-
ques imitateurs, chez qui l'imitation a tué le
talent naturel. L'art de Paganini est un art à
part, qui est né avec lui, et dont il a emporté
le secret dans la tombe. Sivori seul a pris de
lui certains effets destinés à impressionner les
masses; mais ce n'est qu'un accessoire de son
talent, car Sivori est d'ailleurs un grand vio-
loniste dans la musique sérieuse.
En disant que l'art de Paganini était une
chose à part, et qu'il en a emporté le secret
dans la tombe, je me suis servi d'un mot qu'il
répétait souvent ; car il assurait que son talent
était le résultat d'un secret découvert par lui,
et qu'il révélerait avant sa mort, dans une mé-
thode de violon qui n'aurait qu'un petit nombre
de pages, et qui jetterait tous les violonistes
dans la stupéfaction. Un tel artiste devait être
de bonne foi; mais ne se trompait-il pas?
n'était-il pas sous l'influence d'une illusion?
Y a-t-il un autre secretque celui que la nature
met dans le cœur de l'artiste, dans l'ordre et
dans la persévérance de ses études? Je ne le
crois pas. Toutefois je dois déclarer qu'il y
avait quelque chose d'extraordinaire et de
mystérieux dans la faculté qu'avait Paganini
d'exécuter toujours d'une manière infaillible
des difficultés inouïes, sans jamais toucher son
violon, si ce n'est à ses concerts et aux répéti-
tions. M. Harrys {voyez ce nom), qui fut son
secrétaire et ne le quitta pas pendant une an-
née entière, ne le vit jamais tirer son violon
de l'étui, lorsqu'il était chez lui. Quoi qu'il
en soit, la mort n'a pas permis que le secret J
dont parlait Paganini fût divulgué. %
La liste des ouvrages de Paganini publiés
pendant sa vie ne renferme que ceux dont
voici les titres : 1" Fentiquattro caprici per
violino soîOj dedtcati agit artisti; opéra
prima. On en a fait plusieurs éditions. Ces ca-
prices ou études, dans divers tons, ont pour
objet les arpèges, les diverses espèces de stac-
cato, les trilles et les gammes en octaves, les
dixièmes, les combinaisons de double, de
triple et même de quadruple cordes, etc.
-1
PAGAMM
417
?• Seisonale per riolino e chitarra. dedicati
al signor délie Piane, o\^. 2. ô" Sei sonate
per violino e chitarra , dedicati alla ra-
f/azza Eleonora, op. 3. 4» Tre gran quartetti
a violino , viola, chitarra e violoncello,
op. 4; idem, op. 5. Paganini disait de cet ou-
vrage à M. llarrys, qu'il y était étranger, et
qu'on l'avait formé de quelques-uns de ses
thèmes assez mal arrangés. Cependant ces
quatuors furent publiés à Gènes presque en sa
présence, et jamais il ne fit de réclamation à
ce sujet. On doit considérer comme des super-
cheries commerciales, ou comme des extraits
•des ouvrages précédents, ou enfin comme de
simples souvenirs fugitifs de quelques artistes,
ce qu'on a imprimé ensuite, jusqu'en 1831,
sous le nom du grand artiste. Tels sont les
morceaux suivants : f'ariazioni di bravura
per violino sopra un tenta originale con ac-
compagnamento di chitarra, o piano. Ces
variations sont celles qui forment le vingt-
quatrième caprice (en la mineur) du premier
œuvre. Trois airs variés pour le violon,
pour être exécutés sur la quatrième corde
seulement, avec accompagnement de piano
par Gustave Carulli. Ces morceaux ne sont
que des souvenirs arrangés par l'auleur de
l'accompagnement. Introduzione o varia-
zioni in sol sul tema : Nel cor più non mi
sento, per violino solo. Ce morceau, imprimé
dans l'ouvrage de Guhr (voyez ce nom), sur
l'art de Paganini, n'est qu'un à peu près rc
cueilli de mémoire. Merveille de Paganini,
ou duo pour le violon seul (en ut); dans le
même ouvrage. On a publié à Paris et à
Berlin le Carnaval de Venise, tel que le
jouait Paganini. MM. Ernst et Sivori ont
aussi donné, comme des traditions exactes de
celte plaisanterie musicale, des versions plus
ou moins différentes, sur lesquelles il s'est
élevé des discussions dans les journaux. La
publication du véritable Carnaval de Fenise,
de l'illustre violoniste (à Paris, chez Schœnen-
berger, 1831), a mis fin aux incertitudes à
•cet égard.
Paganini avait compris que l'intérêt atta-
ché à ses concerts diminuerait s'il publiait les
compositions qu'il y faisait entendre. Il prit
donc la résolution de ne les livrer à l'impres-
sion qu'après avoir achevé ses voyages et
s'être retiré de la carrière d'artiste exécutant.
Il ne transportait avec lui que les parties d'or-
chestre des morceaux qu'il jouait habituelle-
ment. Jamais personne n'avait vu les parties
de violon solo de ces compositions; car il re-
doutait l'indiscrétion des personnes qui chcr-
UIOCR. UMV. DES MLSICILNS. — T. VI.
chaient à pénétrer jusqu'à lui. Il parlait rare-
ment de ses ouvrages, même à ses amis les
plus intimes; en sorte qu'on n'avait que des
notions vagues sur la nature et le nombre de
ses productions. M. Conestabile (auteur d'une
bonne notice sur Paganini, en langue ita-
lienne), qui a fait des démarches très-aclives
pour connaître la vérité sur tout ce qui con-
cerne la personne, le talent et les succès de
Paganini, a publié dans son livre le catalogue
qui lui a été envoyé de toutes les œuvres ma-
nuscrites et originales de l'artiste célèbre con-
servées par son fils ; on y trouve les titres des
ouvrages dont voici l'indication : \° Quatre
concertos pour violon avec les accompagne-
ments. 2° Quatre autres concertos dont l'in-
strumentation n'est pas écrite; le dernier fut
composé à Nice peu de temps avant la mort de
Paganini. 5° A ariations sur un thème comique
continué par l'orchestre (?). 4" Sonate pour la
grande viole avec orchestre. 3* God save the
king, varié pour violon avec orchestre. 6» Le
Streghe, variations sur un air de ballet, avec
orchestre. 7" Variations sur Non piu mesta,
thème deCenere/i(o/a. 8" Grande sonate senti-
mentale. 9" Sonate avec variations. 10° Za
Primavera (le Printemps), sonate sans accom-
pagnement. Il" f'arsovie, sonate. 12» Za et
darem la mono, iô" Le Carnaval de Fenise.
14" Di tanti palpiti. 13» Romance pour le
chant. 16» Canlabile pour violon et piano.
17» Polonaise avec variations. 18» Fantaisie
vocale. 19" Sonate pour violon seul. 20» Neuf
quatuors pour violon, alto, violoncelle et gui-
tare. 21» Cantabile et valse. 22» Trois duos
pour violon et violoncelle. 25» Autres duos et
petites pièces pour la guitare.
Beaucoup de ces compositions sont incom-
plètes. Celles dont on a retrouvé les partitions
originales sans lacunes se composent de deux
concertos en mi bémol et en 5» mineur (c'est
dans celui-ci que se trouve le célèbre rondo
de la Clochette), d'un allegro de sonate avec
orchestre, intitulé : Movimento perpetuo ; des
fameuses variations le Streghe (les Sorcières),
avec orchestre; des variations sur God save
the king, avec orchestre ; des variations sur
l'air di tanti palpiti, avec orchestre; du
Carnaval de Fenise (vingt variations sur
l'air vénitien populaire O Jlamma!) ; des va-
riations sur le thème Non più mesta accanto
al fuoco, avec orchestre; et enfin, de soixante
variations en trois suites, avec accompagne-
ment de piano ou de guitare, sur l'air popu-
laire connu à Gènes sous le titre de Baru-
caba. Le thème de cet air est très-court j les
27
418
PAGANINI
variations sont des études sur différents
genres de dilTicultés. Elles sont un des der-
niers ouvrages de Paganini; il les écrivit à
Gènes, au mois de février 1835, et les dédia à
son ami, M. l'avocat L.-G. Germi. Par une
singularité inexplicable, ces éludes ne figurent
pas dans la liste donnée par M. Conestabile.
Tous ces ouvrages ont été publiés en 1851 et
1852, chez Schœnenberger, à Paris. Ainsi
qu'on le volt, ils sont au nombre de new/seu-
lement, parce que ce sont les seuls qui soient
complets. Il est regrettable que parmi ces
productions ne figure pas le magnifique con-
certo en ré mineur que le grand artiste avait
écrit pour Paris, et qu'il exécuta à son troi-
sième concert, dans la salle de l'Opéra, le
25 mars 1831 , ainsi que la grande sonate mi-
litaire sur la quatrième corde, avec orchestre,
dans laquelle il déployait une merveilleuse ha-
bileté sur une étendue de trois octaves, par
les sons harmoniques , la prière de Moïse,
dans laquelle il n'était pas moins admirable,
et, enfin, les variations sur le thème Nel cor
piii non mi sento. Que sont devenus ces ou-
vrages, et comment ont-ils pu s'égarer en
dépit des précautions minutieuses de l'artiste?
Un grand mérite se révèle dans les compo-
sitions de Paganini, tant par la nouveauté des
idées que par l'élégance de la forme, la ri-
chesse de l'harmonie et les effets de l'instru-
mentation. Ces qualités brillent surtout dans
les concertos; toutefois, ces œuvres avaient
besoin de la magie de son talent pour produire
l'effet qu'il s'était proposé. Les difficultés n'y
sont point inabordables pour les violonistes de
premier ordre, mais elles exigent un travail
qui se fait sentir dans l'exécution : chez lui,
au contraire, elles étaient si familières, qu'il
semblait s'en jouer, et qu'il y portait une jus-
tesse et une sûreté merveilleuses. De tous les
violonistes, Sivori est à peu près le seul qui
joue les concertos de Paganini dans ses con-
certs.
Beaucoup de notices sur la vie et le talent de
Paganini ont été publiées soit dans des re-
cueils, soit séparément; les principales sont :
1° Paganini's Leben und Treihen aïs Kunst-
1er und als Mensch (Vie et aventures de Paga-
nini, considéré comme artiste et comme
homme); Prague, Calve, 1830, in-S» de quatre
cent dix pages. BI. Scboltky, professeur à
Prague, est auteur de ce livre, qui n'est en
quel<iue sorte qu'une compilation des jour-
naux allemands : on y trouve le portrait de
l'arlislc. Un extrait de cet ouvrage par M. Lu-
dolf Vinala, a paru à Hambourg sous ce tilre :
2" Paganini's Leben und Charakler (Vie et
caractère de Paganini), in-8''. 3" Paganini
in seinem Reisewagen und Zimmer, in
seinen redseligen Stunden, in gesellschaft-
lichen Zirkeln und seinen Concerten (Paga-
nini dans sa chaise de poste et dans sa
chambre, etc.); Brunswick, Vieweg, 1830,
in-8» de soixante-huit pages. M. Georges
Harry's^ auteur de cet écrit, Anglais d'origine,
attaché à la cour de Hanovre, a suivi Paganini
dans toute l'Allemagne, et lui fut attaché pen-
dant près d'une apnée, en (jualité de secré-
taire, pour l'étudier comme homme et comme
artiste, dans le but d'écrire cette notice, oii
Paganini trouvait de l'exactitude. 4»M.Schulz,
professeur à Halle, est auteur d'un écrit inti-
tulé : Leben, Character und Kunst des Ilil-
ters Nie. Paganini's (Vie, caractère et art
du chevalier Nicolas Paganini); Ilmenau,
1830, in-8". 5» Notice sur le célèbre violoniste
Nicolas Paganini, par M. J. Imbert de la
Phalèque; Paris, E. Guyot, in-S» de soixante-
six pages, avec portrait {voyez sur cet écrit la
Revue musicale, t. VII, p. 33). 6" Paganini,
sa vie, sa personne et quelques mots sur son
secret, par G.-E. ^nders; Paris, Delaunay,
1831, in-8" de trois feuilles {v^yvz sur cet
écrit la Revue musicale, t. XI, p. 46). 7° Pa-
ganini et de Bériot, ou ^vis aux artistes
qui se destinent à l'enseignement du violon,
par Fr. Fayolle; Paris, Legouest, 1831,
in-8'' {voyez sur cet opuscule la Revue musi-
cale, t. XI, pp. 97-100, 105-107). Bennati
avait composé une Notice physiologique sur
le célèbre violoniste Paganini, qu'il a lue à
l'Académie royale des sciences, en 1831, et
dont il a été publié des extraits dans la Revue
musicale (t. XI, p. 115-116) ; ce morceau n'a
pas été imprimé. 8» Fita di Niccolo Paganini
da Genova, scritta ed illustrala da Gian-
carlo Conestabile, socio di varie accademie;
Perugia, 1851, 1 vol. gr. in-8'' de 317 pages,
avec le portrait de Paganini. 9" Notice bio-
graphique sur Niccolo Paganini , suivie de
l'analyse de ses ouvrages , et précédée d'une
esquisse de l'histoire du violon, par F.- J.
Fétis. Paris, Schœnenberger, 1851, gr, -in-S",
de95 pages. J'écrivis cette notice à la sollicita-
tion deSchœnenberger, éditeurdesœuvres post-
humes de Paganini. M. Wellington Guernsey
en a fait une traduction anglaise intitulée :
Eiographical notice of Nicolo Paganini,
followed by an analysis ofhis compositions,
and prlceded by a sketch of the hislory of
of the vioiin, etc. London, Scholt and Co.,
1832, gr. in-8°.
PAGANO - PAISIBLE
419
PAGA>'0 (Thoïas), compositeur napoli-
tain, vécut dans le dix-huitième siècle. Les
circonstances de sa vie sont ignorées : on sait
seulement qu'il écrivit pour l'église des PP. de
l'Oratoire, à Naples, les oratorios dont voici
les titres : La Rovina degli Angeli ; la For-
nace di Babilonia; l'Jssunzione di Maria
santissima; il Giudizio particolare; la
Croce di Coslantino; la Morte di Maria
santissima; la Memoria del Paradiso; la
Memoria deW Jnferno; la Morte; la Sama-
ritana; V Anima purgante ; la Maddalena ;
le Redenzione; Gesà nelV orte. Tous ces ou-
trages sont conservés dans les archives de
l'Oratoire, à Naples.
PAGE?iDARM (Jacques), cantor à Lu-
beck, naquit à Hervorden, le 6 décembre
1646. Après avoir fréquenté les écoles d'Hil-
desheim et de Magdebourg, il suivit les cours
des universités d'Helmstadt et de Witlen-
berg. En 1670, il obtint la place de cantor à
Osnabruck, et neuf ans après il eut le même
emploi à Lubeck, où il fut installé le 28 août
1679. A cette occasion, il prononça un dis-
cours sur la musique, qui n'a point été im-
primé. Il mourut le 14 janvier 1706, après
avoir rempli honorablement ses fonctions
pendant vingt-sept années. On a de sa com-
position : Cantiones sacr^, qux coetiis Lube-
censis scolast. sub korarum intervallis ca-
ncre consueiit; Lu'aeck, in-8".
PAGI (François), né à Lambesc, en 1654,
entra de bonne heure dans l'ordre des corde-
liers. .\près avoir enseigné quelque temps la
philosophie, il obtint de ses supérieurs la per-
mission de se livrer entièrement aux travaux
littéraires et aux recherches de chronologie;
mais une chute qu'il fit le contraignit à un
repos absolu, et après avoir langui onze ans,
il mourut à Orange, le 21 janvier 1721. On a
de lui : Breviarium historico-chronologico-
criticum, illustrium Pontificum romanoritm
gesta, conciliorum generalium acta, etc.
complectens : Anvers (Genève), 1717-27,
4 vol. in-4''. On y trouve des recherches inté-
ressantes sur les encouragements donnés par
les papes à la musique d'église.
PAGO (.\mdré-Noel), violoniste célèbre,
né à Paris en 1721 (1), fit dans sa jeunesse un
voyageenltaliedansledesseind'entendreTar-
tini, dont il reçut des leçons. De retour à Paris,
il se fil entendre au concert spirituel en 1750.
B'abord il y eut de brillants succès; mais sa
(I) c'est par erreur que Choron et Fayollc, d'après
Gerbcr, l'ont fait naître en 1730; BelTara a vérifie l'annùe
(le sa naissance d'après des actes authentiques.
persévérance à ne jouer qne de la musique de
son maître parut aux musiciens français une
insulte pour les violonistes nationaux ; ils se
liguèrent contre lui, et lui firent donner un
jour des applaudissements ironiques, qui lui
firent prendre la résolution de ne plus pa-
raître en public. Le duc de Clermont, son pro-
tecteur, le consola de sa disgrâce, en lui
accordant dans sa maison un emploi honorable,
dont le traitement était de six mille francs,
suivant ce que rapporte Burney {The présent
State of Music in France and Italy, p. 44).
Depuis cette époque, Pagin cessa de faire sa
profession de la musique, et ne se fit plus
entendre que dans les salons de quelques
grands seigneurs , et chez ses amis.. En
1770, Burney l'entendit à Paris, et admira la
belle qualité de son qu'il lirait de l'instrument,
son expression dans l'adagio, et la légèreté de
son archet dans les traits brillants. L'époque
de la mort de ce virtuose est ignorée. On a
gravé de sa composition à Paris, en 1748, six
sonates pour violon, avec basse. Cartier a
inséré l'adagio de la sixième dans saDivision
des écoles de violon, sous le n° 139.
PAGLIARDI (Jeas-Mabie), compositeur
florentin, fut maître de chapelle du grand-duc
de Toscane dans la seconde moitié du dix-
septième siècle. Parmi les opéras dont il a
composé la musique, on remarque : 1» Cali-
gula délirante, représenté à Venise, en 1672:
2» Lisimacco, idem, en 1673j 3° Numa Pom-
pih'o, idem, en 1674.
PAI>CTRE (Claude LE). Foyez LE-
PEINTRE.
PAI]\I (Ferdi!»a5d), né à Parme, vers
1773, reçut des leçons de contrepoint de
Ghiretli, et se livra à la composition drama-
tique. Il donna à Milan, à Parme et à Venise
quelques opéras dont plusieurs obtinrent du
succès. Parmi ces ouvrages on remarque :
1» La Giardiniera brillante. 2» Il Portan-
lino. 5" La Figlia delV aria. 4" La Came-'
riera astuta.^" Marc-Antonio. 6* La Moglie
saggia. Ce dernier opéra a été joué au théâtre
Ke de Milan, dans la saison du carnaval, en
1815. Je n'ai pas de renseignements sur la
suile de la carrière de cet artiste.
PAISIBLE (....), flùtisle et compositeur
français, vécut en Angleterre dans la seconde
moitié du dix-septième siècle. Il était à Lon-
dres vers 1680. On connaltdelui des trios pour
instruments qui ont été publiés à Londres,
sous ce titre : Musick performed before her
Majesty and the nevo King of Spain, being
overtures 3 (Musique exécutée devant Sa Ma-
27.
420
PAISIBLE — PAISIELLO
jeslé et le nouveau roi d'Espagne, consistant
en trois ouvertures). Paisible est aussi auteur
des ouvrages dont les litres suivent :
1" Pièces à trois et quatre parties pour les
flûtes, violons et hautbois; Amsterdam,
Roger. 20 Quatorze sonates à deux flûtes;
ibid. 3" Six sonates à deux flûtes ; ibid.
PAISIBLE (....), violoniste distingué,
naquit à Paris, en 1745, et reçut des leçons
de Gaviniès. Son talent et la protection de son
maitre le firent entrer dans l'orchestre du
concert spirituel et dans la musique de la
duchesse de Bourbon-Conti. Le désir de se
faire connaître lui fit parcourir ensuite une
partie de la France, les Pays-Bas, l'Allema-
gne, et le conduisit à Saint-Pétersbourg.
Partout il recueillit des applaudissements.
Il avait espéré de se faire connaître de l'im-
pératrice Catherine , mais Lolli , alors au
service de cette souveraine, sut l'écarter par
ses intrigues. La recette de deux concerts
qu'il donna n'ayant pu suffire à son entretien,
il s'engagea au service d'un seigneur russe,
qui le conduisit à Moscou ; mais bientôt les dé-
goûts de cette position la lui firent aban-
donner. Il essaya de donner encore des con-
certs, dont les frais absorbèrent le produit.
Demeuré sans ressources, il ne lui restait plus
qu'à donner des leçons ; mais il ne put s'y ré-
soudre, dans la crainte de porter préjudice à
son talent. Il promit à ses créanciers qu'il se
libérerait envers eux dès qu'il serait retourné à
Saint-Pétersbourg; mais arrivé dans cette ville,
et n'y trouvant pas les ressources qu'il avait
espéré, il se tua d'un coup de pistolet, en
1781, laissant une lettre où il priait ses amis
de payer ses dettes avec le produit de la vente
de son violon et de ses autres effets, dont la
valeur surpassait de beaucoup la somme de
dix-sept cents roubles qu'il devait. Telle fut
la fin déplorable de cet artiste, dont le talent
méritait un meilleur sort. On a gravé de sa
composition : 1" Deux concertos pour le
violon, op. 1 ; Paris. 2» Six quatuors pour
deux violons, alto et basse, op. 2j Londres.
ô" Six idem, op. 3 ; Paris.
PAISIELLO (JEAîi), compositeur célèbre,
fils d'un artiste vétérinaire, naquit à Tarente,
le 9 mai 1741. Dès l'âge de cinq ans, ses pa-
rents le firent entrer au collège des jésuites
du lieu de sa naissance. Le chevalier Girolamo
Carducci, noble tarentin et compositeur,
ayant remarqué pendant le chant des offices
que le jeune Paisiello était doué d'une belle
voix de contralto et d'une oreille musicale,
lui fit chanter de mémoire quelques solos, et
fut si satisfait de son intelligence, qu'il donna
à ses parents le conseil de l'envoyer étudier à
Naples, sous la direction de quelque maître
habile. Ceux-ci eurent d'abord beaucoup de
peine à se décider à se séparer de leur fils;
mais ses heureuses dispositions pour la mu-
sique leur firent prendre enfin la résolution
de lui faire étudier cet art, et après l'avoir
confié à un prêtre, nommédom Charles Resta,
pour lui en enseigner les éléments, son père
le conduisit à Naples, au mois de juin 1754,
et parvint à le faire admettre comme élève
au Conservatoire de S. Onofrio, alors dirigé
par Durante. Ce savant maitre louchait alors
à la fin de sa glorieuse carrière; cependant,
il eut bientôt discerné l'heureuse organisation
de son nouvel élève; il lui donna des leçons
dans lesquelles il fut remplacé , deux ans
après, par Columacci et Abos, lesquels pro-
fessaient les mêmes doctrines. Après cinq ans
(le séjour dans l'école, Paisiello obtint le titre
de maestrino primario , c'est-à-dire, élève
répétiteur. Pendant quatre autres années, il
écrivit des messes, psaumes, motets, orato-
rios, et pour marquer la fin de ses études,
en 1763, il composa un intermède qui fut
exécuté sur le petit théâtre du Conservatoire.
Le charme mélodique et la touche légère de
cette première production dramatique eurent
du retentissement en Italie ; ces qualités, aux-
quelles le compositeur a dû la plupart de ses
succès, lui procurèrent immédiatement l'avan-
tage d'être appelé à Bologne, pour y écrire
deux opéras bouffes, Zo Pupilla et II Monda
a rovescio, au théâtre Marsigli. Leur succès
eut tant d'éclat, que la réputation du jeune
compositeur s'étendit en un instant dans toute
l'Italie. Modène l'appela pour écrire l'opéra
bouffe intitulé La Madama umorisla, et
deux opéras sérieux {Demetrio et Artaserse).
A Parme, les trois opéras bouffes Le Firtuose
ridicole. Il Négligente, I Bagni di Albano,
justifièrent et accrurent l'opinion déjà formée
de son talent. Appelé à Venise, il y vit le plus
brillant succès couronner ses opéras // Ciar-
lone, L'Amore in ballo, et La Pescatrice.
Bientôt après il reçut un engagement pour
Rome. Rome, alors l'arbitre de la renommée
des musiciens de l'Italie, y mettait le sceau, et
quelquefois y portait un échec, par la sévérité
ou par le caprice de ses jugements. Paisiello
ne fut point effrayé du dangereux honneur
qui lui était réservé. Ce fut là qu'il écrivit II
Marchesedi Tulipano, délicieuse composition
(|ui fut accueillie dans toute l'Europe par une
vogue sans exemple à celte époque, et dont la
PAISIELLO
421
traduclion commença, vingt ans plus tard/la
réputation du chanteur français Martin, à
rOpéra-Comique. Cependant une dernière
épreuve difficile était réservée à Paisiello, car
on l'appelait à Naples, où brillaient de grands
artistes dont il allait devenir le rival. A leur
fête était Piccinni, alors le plus illustre com-
positeur dramatique de l'Italie. Paisiello, dit
Quatremère de Quincy dans sa notice sur
ce maître, se garda bien de lui faire soup-
çonner la moindre prétention de se mettre en
parallèle avec lui. II n'en approchait qu'avec
la soumission d'un inférieur, avec tous les
égards d'un élève docile, laissant à ses propres
ouvrages le soin de préparer au maître un com-
pétiteur dangereux. Quelques succès d'éclat,
entre lesquels on remarque celui de l'Idolo
Cinese, achevèrent de placer Paisiello au
nombre des compositeurs italiens de premier
ordre. Ce dernier opéra fut joué dans l'inté-
rieur du palais, sur le petit théâtre de la cour;
honneur qui, jusqu'alors, n'avait été accordé
qu'aux opéras sérieux. Venise, Rome, Milan,
Turin, appelèrent tour à tour et à plusieurs
reprises son auteur, dont la prodigieuse fécon-
dité égalait le talent. Le départ de Piccinni
pour la France aurait laissé Paisiello à Naples
sans rivaux, si le jeune Cimarosa ne lui eût
préparé de dangereuses luttes. Il est pénible
d'avouer que ce ne fut pas seulement avec les
armes du talent que Paisiello se mesura contre
lui, et qu'en plus d'une occasion il eut recours
à l'intrigue, aux cabales, pour empêcher, ou
du moins pour atténuer les succès de son
émule. Les mêmes moyens furent employés
par lui contre Guglielmi, lorsque celui-ci re-
vint de Londres, après une absence de quinze
ans, avec une verve de talent qui ne semblait
pas devoir se trouver dans un homme de son
âge.
En 1772, Paisiello épousa Cécile Pallini,
avec laquelle il vécut heureux pendant une
longue suite d'années. Ce fut dans le même
temps qu'il écrivit la cantate Peleo, qui fut
chantée au théâtre de Naples, à l'occasion du
mariage du roi Ferdinand IV avec Marie Ca-
roline d'Autriche. Cet ouvrage fut suivi de
l'Araho corlese, de le Trame per amore, de
Zucio Papirio, d'Apostolo Zeno, d'Olimpia,
de Demetrio, et d''Arlaserse, de Métastase.
Parmi ses ouvrages de cette époque se trouve
aussi une messe de Requiem avec chœur et
orchestre, écrite pour les funérailles du prince
Gennaro de Bourbon. A ces productions suc-
cédèrent avec rapidité II Fiirbo mal accorto,
Don Anchise Campanone, Il Tamhuro not-
turno, la Discordia fortunata, et Dal Finto
il vero. Appelé à Venise, Paisiello y écrivit
l'Innocente fortunata et la Frascatana ,
charmante composition où se trouvent de
suaves mélodies; puis il alla composer deux
opéras à Milan et douze quatuors pour clave-
cin, deux violons et alto dédiés à l'archidu-
chesse Beatrix, gouvernante de Milan. Enfin,
une multitude d'oarrages de tout genre suivit
ceux-là.
Le due Contesse et la Disfatta di Dario
venaient de mettre le sceau à la réputation de
Paisiello, à Rome, en 1776 (1), lorsque des
offres avantageuses lui parvinrent à la fois de
Vienne, de Londres et de Saint-Pétersbourg;
il accepta celles del'impératrice Catherine, et
le 25 juillet de la même année, ri s'éloigna de
Naples pour se rendre en Russie. Le traite-
ment qui lui avait été accordé, et les divers
avantages dont il jouissait avaient porté son
revenu à neuf mille roubles, qui représentaient
alors une somme d'environ trente mille francs.
Jamais situation si magnifique n'avait été
celle d'un compositeur dramatique; mais la
fécondité de Paisiello, pendant les huit années
de son séjour en Russie, égala la libéralité de
Catherine. Au nombre des compositions qu'il
écrivit au service de la cour de Saint-Péters-
bourg, on remarque : La Serra padrona, Il
Matrimonio inaspetlato, Il Barbiere di Si-
viglia, I Filosofi immaginari , La Finta
Amante, ouvrage composé pour l'entrevue
de Catherine avec Joseph II, à Mohilow, //
Mondo délia Luna, La Nitteti. Lucinda ed
Armidoro, Alcide alBivio, Achille in Sciro,
des cantates et des pièces de piano pour la
grande-duchesse Marie Federowna. Quelques-
unes de ces productions sont comptées parmi
les plus belles de l'auteur. Comblé des faveurs
de Catherine, Paisiello reprit le chemin de
l'Italie après huit ans de séjour à la cour de
Saint-Pétersbourg, s'arrêtant d'abord à Var-
sovie, où il composa l'oratorio de la Passion ^
sur le poCme de Métastase, pour le roi Ponia-
towski, puis à Vienne, où il écrivit pour l'em-
pereur Joseph Il douze symphonies concertées
à grand orchestre, et l'opéra boufTe // Re
Teodoro, qui renferme un septuor devenu
célèbre dans toute l'Europe, délicieuse com-
(i) Dans la premii-re édition de la Biographie nniver-
ttUeJet muiiciVni, j'ai placé la date de la représentation
de cet ontrage, ainsi qne le départ de Paisiello poar la
Russie en 1777; mais la notice sur ce maitrc par M. le
comte Kolchino Scbizzi, dont il sera parlé plus loin, et
surtout un travail plein d'érudition et encore inédit de
M. Farrenc, m'ont démontré que ces deux circonstances
de la Tic du célèbre compositeur ont eu lion en i77C.
42-2
PAISIELLO
liosilion d'un genre absolument neuf alors, et
modèle de suavité, d'élégance et de verve
comique.
Cependant, au moment même où sa bril-
Jante imagination enfantait ce bel ouvrage, le
bruit se répandait à Rome que Paisiello avait
ressenti l'influence des glaces du Nord. L'ori-
gine de cette opinion se trouvait dans les par-
titions du Barbier de Séville, de 1 Filosofi,
immaginari, et de II Mondo délia Luna, qui,
transportées en Italie, n'avaient pas paru
empreintes du charme répandu dans les ou-
vrages de la jeunesse de leur auteur. Soumis à
l'impression du goût des peuples du Nord
pour des combinaisons plus fortes que celle
des airs, objets de la passion exchisive des
Italiens, il avait multiplié dans ces partitions
les morceaux d'ensemble, et avait jeté dans
la coupe des ouvrages une variété de moyens
et d'etTels dont le mérite était mal apprécié
par ses compatriotes. Une sorte de prévention
défavorable l'accueillit donc lorsqu'il se rendit
à Rome, pour y écrire, au carnaval de 1785,
l'opéra bouffe VAmor ingegnoso. La pièce,
<i'abord accueillie avec froideur, se vit me-
nacée d'une chute au finale du premier acte,
i:i ne se releva qu'au second. Blessé de l'idée
<le l'affront qu'il avait seulement entrevu,
Paisiello, habitué depuis longtemps à ne ren-
contrer que des succès, se promit de ne plus
écrire pour les théâtres de Rome, et l'on
remarque en effet qu'il n'accepta plus d'enga
gement pour cette ville. Il est singulier que
les Romains, après avoir montré si peu de
penchant pour les ouvrages écrits par le
compositeur en Russie, aient ensuite éprouvé
tant de sympathie pour son Barbier de Sé-
ville, qu'ils voulurent faire expier à Rossini
l'audacieuse entreprise d'une musique nou-
velle sur le même sujet.
Naples, où la faveur du roi fixa l'artiste
célèbre, obtint depuis lors presque seule les
fruits d'une imagination dont l'âge semblait
accroître l'activité. Il y passa treize années
qui furent marquées par la composition de
quelques-uns de ses plus beaux ouvrages, de
ceux où l'on remarque surtout une sensibilité,
une éloquence de cœur dont la source n'était
pourtant que dans sa tête. Telles sont les par-
titions de la Molinara, de Nina, des Zin-
gari in fiera, qui virent le jour à celte époque
de la vie de Paisiello. L'absence de Cimarosa,
celle de Guglielmi, le laissaient à Naples sans
compétiteur; car aucun autre musicien de
cette époque ne pouvait prétendre à se poser
€0(nme son rival. A son retour de Russie, il
fut chargé parle roi Ferdinand IV de la direc-
tion de sa chapelle, avec un traitement de
douze cents ducats. En 1788, le roi de Prusse
lui fit faire des offres avantageuses, pour
l'engager à se rendre à Berlin ; mais Paisiello
n'accepta pas cette invitation, et resta fidèle à
l'engagement qu'il avait contracté avec la
cour de Naples. Invité bientôt après à faire
un second voyage en Russie, il allégua les
mêmes motifs qui lui avaient fait refuser les
offres du roi de Prusse. Enfin, des proposi-
tions lui furent faites pour l'attirer à Londres;
ne pouvant s'y rendre, il envoya à l'entrepre-
neur du théâtre italien de cette ville la parti-
tion de la Locanda, opéra bouffe qui fut joué
ensuite à Naples, avec l'addition d'un quin-
tette, sous le titre de II Fanalico in Berlina.
En 1797, le général Bonaparte mit au con-
cours la composition d'une marche funèbre, à
l'occasion de la mort du général Hoche ; Pai-
siello et Cherubini envoyèrent chacun le mor-
ceau demandé, et le général décida en faveur de
Paisiello, quoiqu'on celte circonstance l'au-
teur de iVma ne pût soutenir la comparaison
avec celmde Médée. Deux ans après, une ré-
volution éclata à Naples ; la cour se retira en
Sicile, et le gouvernement prit la forme ré-
publicaine. Effrayé par la perte de ses emplois
et inquiet sur son avenir, Paisiello, qui n'avait
pas quitté Naples, parut adopter les principes
de ce gouvernement, et obtint le tilre et le
Irailement de directeur de la musique natio-
nale. Dans les réactions qui suivirent la res-
tauration de la monarchie, on lui fit un crime
de ses démarches et de la position qu'il avait
occupée pendant les temps de trouble; il
tomba dans la disgrâce de la reine, perdit sa
qualité de maître de chapelle du roi, et fut
privé de ses appointements. Pour obtenir son
pardon, il ne lui fallut pas moins de deux ans
d'humbles soumissions, de témoignages de
repentir feint ou véritable, et de sollicitations
des personnages les plus considérables de la
cour. Enfin son titre et ses émoluments lui
furent rendus; mais peu de temps après, le
premier consul Bonaparte le fit demander au
roi de Naples. pour organiser et diriger sa
chapelle : Ferdinand IV donna l'ordre à Pai-
siello de se rendre à Paris, et cet artiste
célèbre y arriva au mois de septembre 1802.
Le premier consul traita son musicien de pré-
dilection avec magnificence; car une somme
considérable lui fut payée pour ses dépenses
de voyage, on lui donna un logement splendi-
dement meublé, un carrosse de la cour, douze
mille francs de traitement, et une gratifica-
PAISIELLO
423
tion annuelle de dix-buit mille francs. Les
grands musiciens que la Fiance possédait
alors ne virent pas sans une sorte de dépil une
préférence si marciuéc accordée à un artiste
étranger, dont ils n'estimaient peut-être pas
eux-mêmes le mérite à sa juste valeur. Une
lutte secrète s'engagea entre les partisans de
Paisiello et le Conservatoire ; MéhuI fit contre
l'engouemeut pour la musique italienne la
triste plaisanterie de l'Irato, et par repré-
sailles, Paisiello ne s'entoura, dans la compo-
sition de la chapelle des Tuileries, que des
antagonistes de MéhuI et de Cherubini. Dans
les notes qu'il a fournies à Choron pour sa
biographie, il dit que les emplois de directeur
de l'Opéra et du Conservatoire lui furent
offerts et qu'il les refusa ; mais ce fait manque
d'exactitude, au moins à l'égard du Conserva-
toire, car cette école était alors dans l'étal le
plus prospère et Sarretle déployait dans son
administration un talent incontestable.
Il n'existait point à Paris de musique pour
le service de la chapelle du premier consul j
Paisiello écrivit pour cette chapelle seize
offices complets, composés de messes, motets
cl antiennes. Il composa aussi pour le cou-
ronnement de Napoléon, en 1804, une messe
et un Te Deum à deux chœurs el à deux or
cheslres.En 1803, il donna à l'Opéra Proser-
pine, pièce de Quinaull remise en trois actes
|>ar Guillard. Cet ouvrage ne réussit pas. Par-
venu à Page de plus de soixante-deux ans,
l'auteur du Roi Théodore el de Nina louchait
à celte époque de la vie où l'imagination, en
sa qualité de première venue, est aussi la pre-
mière à nousquilter.il comprit ce querinlérêt
de sa gloire lui conseillait. Résolu de ne plus
courir de nouveaux hasards à la scène, el
peut-être blessé de n'avoir produit qu'une
faible sensation par sa présence à Paris, il
saisit le prétexte de la santé de sa femme
pour solliciter sa retraite, qui ne lui fui ac-
cordée qu'à regret, mais qu'il obtint enfin.
Avant qu'il partit. Napoléon le pria de dé-
signer son successeur; l'amitié d'une part, et
■de l'autre sa rancune contre le Conservatoire,
qu'il ne croyait pas étranger à la chute de
Proserpine, \ui firent nommer Lesueur, jus-
qu'alors à peu près inconnu à l'empereur,
et qui, sortant tout à coup de la misère
où il languissait, se trouva porté au plus
beau poste qu'un musicien put occuper en
France.
De retour à Naples, Paisiello y reprit son
service auprès du roi; mais, peu de temps
après, l'ancienne dynastie fut obligée de se
retirer en Sicile, et Josepb. frère de Napo-
léon, monta sur le trône. Il maintint le vieux
maître dans ses emplois de directeur de la
chapelle cl de la musique de la chambre. Son
traitement fut fixé à dix-huit cents ducats.
Dans le même temps, Napoléon lui fil remettre
par son frère la croix de la Légion d'honneur,
avec le brevet d'une pension de mille francs.
Paisiello composa pour la chapelle de la nou-
velle cour vingt-quatre services complets de
musique d'église, et fil représenter, pourlafêle
du roi^ son dernier opéra intitulé I Pitago-
rici, qui lui fil décerner la décoration de
l'ordre des Deux-Siciles. Joseph Bonaparte le
fit aussi nommer membre de la Société royale
des sciences el arts de Naples, el président de
la direction du Conservatoire de musique
dont l'organisation avait succédé aux an-
ciennes écoles. La plupart des sociétés acadé-
miques avaient inscrit son nom parmi leurs
membres; l'Iustiiul de France le désigna
comme associé étranger en 1809. Après que
le frère de Napoléon eut quille le trône de
Naples pour celui de l'Espagne, Mural, qui
lui succéda, conserva à Paisiello tous ses
titres el ses emplois. Par son âge avancé, le
vieillard semblait destiné à terminer ses jours
au service de ce nouveau souverain; mais les
vicissitudes des trônes, si fréquentes dans
notre siècle, l'avaient réservé pour voir la se-
conde restauration de la dynastie des Bourbons
sur celui de Naples. Qualremère de Quincy
a été mal informé lorsqu'il a dit, dans sa
notice sur ce maître : « Il vécut assez pour
« voir rétablir dans tous ses droits l'auguste
« famille à laquelle il avait dû ses premiers
« encouragements, et qui, constante dans sa
« bienveillante protection, lui prodigua les
« dernières faveurs. » Ferrari, élève de Pai-
siello, qui revit son maître à Naples quelques
mois avant sa mort, nous instruit bien mieux
de sa situation (1) dans ses dernières années :
« A notre première entrevue (dit-il) il me
« parla de toutes les infortunes qui étaient
K< venues fondre sur lui. L'attachement qu'il
« portail à Bonaparte et à sa famille l'avait
« fait priver de la pension qu'il recevait au-
« trefois de Ferdinand IV. Les circonstances
« politiques lui avaient aussi fait perdre
« celles que lui avaient accordées la grande-
i^ duchesse (l'impératrice) de Russie el Napo-
<' léon. Il élail obligé d'exister avec les modi-
» ques appointemenu qu'il avait de la cha-
(I ) A Hedotli piaeecoli e inlerettatiti occorti ntlla tlta
di Giacomo Goiifredo Ferrari, Londres, 1830, 2 toI
in-Il
424
PAISIEIXO
« pelle royale. Il était pénible de voir un
« homme de génie comme Paisiello qui, pen-
« dant plus d'un demi-siècle, avait été habitué
a à vivre avec une sorte de luxe, réduit au
« plus modeste nécessaire et délaissé par la
« cour, la noblesse, et même par ses amis. »
Il y avait quelque chose de plus pénible
encore : c'était de voir cet homme de génie
montrer si peu de dignité dans cette situation,
qu'on le voyait verser des larmes sur son in-
fortune, assiégeant toutes les antichambres
pour ressaisir la faveur qu'il avait perdue, et
se courbant avec humilité devant les plus
minimes protecteurs. Lui-même, d'ailleurs,
ne montra pas de générosité dans sa vieillesse
envers les jeunes artistes dont il devait être
le protecteur-né; car on sait qu'il retrouva
toute son habilité d'intrigue contre Rossini,
dont les brillants débuts annonçaient une
gloire nouvelle destinée à faire oublier les
gloires d'un autre temps (1). Depuis quelques
années la santé de Paisiello avait reçu d'assez
graves atteintes; le chagrin acheva bientôt
d'abattre ses forces, et le 5 juin 1815, il
s'éteignit, à l'âge de soixante-quinze ans.
Sa femme l'avait précédé dans la tombe, en
1815.
Considéré comme compositeur dramatique,
Paisiello ne mérite que des éloges. Si sa v^rve
avait moins de pétulance que celle deGuglielmi;
si ses idées étaient moins abondantes, et eu
apparence moins originales que celles de^Ci-
marosa, et s'il s'en montra plus ménager, il
avaitaussi plus de charme, et réussissait mieux
que ces maîtres dans le style d'expression.
Quoi de plus touchant que ses airs et son fa-
meux duo de rOlimpiade? Quelle teinte de
mélancolie plus saisissante que celle de l'opéra
de Nina tout entier? Que de délicatesse dans
la plupart des morceaux de la Molinara, des
Zingari in fiera, et particulièrement dans le
duo Pandolfetlo de ce dernier ouvrage ! Tout
est mélodie suave et divine dans cette mu-
sique. Les moyens employés par le composi-
teur sont toujours d'une extrême simplicité,
et pourtant il parvient aux plus beaux effets
par cette simplicité même. Au premier aspect,
ses répétitions fréquentes des mêmes phrases
semblent être le résultat de la stérilité des
(1) Le comte Foleliino Scliizzi {Dclla vila e degli studi
di Giovanni Paisiello, p. 52-S3, semble repousser celle
allégation en disant que Paisiello accordait à Rossini du
talent naturel, bien qu'il n'approuvât pas ses licences
contre les régies de Part d'écrire; mais autre chose est
d'avoir le sentiment du mérile d'un artiste ou de lui élre
favorable. Ce que je dis, dans ce paragraphe, je le tiens
de Rossini cl de plaiicurs artistes de NapleS/
idées ; mais bientôt on s'aperçoit que ce retour
des mêmes pensées est un artifice heureux
qui donne à la composition le caractère
d'unité sans nuire à l'effet, car l'effet s'ac-
croît précisément à chaque retour de la pé-
riode. Cet artifice et ses heureux résultats se
font particulièrement remarquer dans l'admi-
rable septuor du Roi Théodore. Quoiqu'il y
ait en général plus d'élégance et de formes
gracieuses que de verve comique dans les
opéras bouffes de Paisiello, il arrive pourtant
quelquefois au bouffe véritable, à ce genre
essentiellement napolitain, comme on peut le
voir dans le quintette de la Cufflara, dans le
finale du premier acte de l'Idolo Cinese, et
dans le duo des serviteurs de Bariola, au
deuxième acte du Barbier de Séville. Aujour-
d'hui, nos jeunes musiciens méprisent toute
cette musique sans la connaître, comme cer-
tains littérateurs se sont efforcés de dénigrer
les œuvres de Racine et de Voltaire ; mais s'ils
consentaient à écouter quelques morceaux de
Nina, de la Molinara, de l'Olimpiade et
d\IlRe Théodore, saris prévention et sans pré-
jugés d'école et de temps, ils changeraient
bientêt d'opinion.
La fécondité de Paisiello tenait du prodige»
Le nombre de ses compositions est si grand,
que lui-même ne le connaissait pas exacte-
ment ; interrogé sur ce point par le roi de Na-
ples, il répondit qu'il avait écrit environ cent
opéras, mais que s'il comptait les intermèdes,
farces, ballets, cantates dramatiques, la mu-
sique d'église, et ses œuvres pour la chambre,
il en trouverait une autre centaine. Il divisait
sa carrière dramatique en trois époques prin-
cipales : la première renferme tous les ou-
vrages qu'il avait écrits avant son voyage en
Ilussie; la seconde, toutes ses compositions^
depuis son arrivée dans ce pays jusqu'à son
retour à Naples ; et la dernière, les productions
de sa plume depuis 1784 jusqu'à la fin de sa
carrière. Des différences assez sensibles se
font remarquer, en effet, dans le style des pro-
ductions de ces époques diverses. A la pre-
mière appartiennent les ouvrages dont les
litres suivent : 1° La Pupilla, au ihéàlre
Marsigli de Bologne. 2» Il Mondo alla roves-
cio, ibid. 3» La Madama umorista, à Mo-
dène. 4» Demetrio, ibid. 5" Jrtaserse, ibid.
G" Le Firtuose ridicole, à Parme. 7° // Né-
gligente, ibid. 8» I Bagni di Abano, ibid.
y» Il Ciarlone, à Venise. 10» L'Jmore in
ballo, ibid. 11" Le Pescatrici, ibid. 12» Il
Marchese Tulipano,à Rome. 1ô» La Fedova
di belgenio, à Naples. 14" L'Imbroglio dclle
PAISIELLO
42.:
ragazze, ibid. (1). 15" L'Idolo Cinese, ibid.
16° Lucio Papirio, ibid. l"» Il Fitrbo mal
accorto, ibid. 18° Olimpia, ibid. 19° Pelée,
cantate pour le mariage de Ferdinand IV et
de Marie Caroline d'Autriche. 20« L'Inno-
cente fortunato, à Venise. 21» Sismanno uel
Mogole, à Milan. 22» VAraho corlese, à Na-
ples. 2.3* La Luna abitata, ibid. 24° La Con-
tesa dei Numi, ibid. '2'6''Semiramide, à Rome.
26» // Montesitma , ibid. 27» Le Dardane,
à Naples. 28» Il Tamburo notturno , ibid.
99» Il Tamburo tiotturno,à Venise, avec des
changements et des augmentations. 30» j4n-
dromeda, à Milan. 31» Jnnibale in Italia, à
Turin. 32» / Filosofi, ibid. 3.5» IlGiocatore.
ibid. 34» LaSomiglianza dei nomi, à Naples.
35° Le Jituzie amorose , ibid. 56» Gli
Scherzi d'amore e di forlitua. ibid. 57» Doit
Chisciotte délia Manda, ibid. 38» La Finta
Maga, ibid. 09" L'Osteria di Mare-Chiaro,
ibid. 40» Jlessandro nell' Indie, à Modène.
41» // Duello comico, à Naples. 42» Don An-
chise Campanone, ibid. 43° // Mondo délia
Luna, ibid. 44» La Frascatana, à Venise.
45» La Discordia fortunala, ibid. 46» Il De-
mofoonte, ibid. 47» I Socrati immaginari, à
Naples. 48» // gran Cid, à Florence. 49» //
Finto Principe, ibid. 50» Le due Conteste, à
Rome. 51» La Disfatta di Dario , ibid.
52» Dal Finlo il vero, à Naples. Après la re-
présentation de cet opéra, Paisiello partit
pour la Russie ; là commence la seconde époque
de sa carrière, où l'on trouve les compositions
suivantes : 53» La Serva padrona, à Saint-
Pétersbourg, ^i" Il Matrimonio inaspettato,
ibid. 55» Il Barbiere di Siviglia , ibid.
56» / Filosofi immaginari , ibid. 57° La
Finta amante, à Mohilow, en Pologne. 58» Il
Mondo délia Luna (en un acte), à Moscou,
avec une musique nouvelle. 59° La IS'itteti,
à Saint-Pétersbourg. 60» Lucinda ed Armi-
doro , ibid. 61» Alcide al Bivio , ibid.
62» Achille in Sciro, ibid. 63» Cantate drama-
tique pour le prince Polemkin. 64^ Intermède
pour la comte Orloff. 63» // Re Teodoro, à
Vienne. Troisième époque : 66» Antigono, à
Naples. 67» L'Amore ingenioso, à Rome.
68» Za Grotla di Trofonio, à Naples. 69° Ze
Gare generose, ibid. 70» L'Olimpiade, ibid.
71° // Pirro, ibid. C'est dans cet opéra que
furent introduites pour la première Tois les in-
(I) Le romte Folcbino Scbizzi change ce titre en celui
de Imbroglio dtlla Vajasta qui ne se trouve pas sur les
partitions que j'ai vues de cet oavmge. An reste, ce bio-
graphe est peu exact dans les (itrcs et les donn^ de dif
fermes manières.
troduclions et finales dans le genre sérieux;
cette espèce de morceau ne se trouvait aupa-
ravant que dans les opéras bouffes. 72° I Zin-
gari in fiera, à Naples. 73» La Fedra, ibid.
74° Le vane Gelosie, ibid. 73» Catone in
Utica, ibid. 76» Nina o la Pazza d'amore,
au petit théâtre du Belvédère, résidence
royale, près de Naples, puis joué dans cette
ville avec l'addition du beau quatuor.
77» Giunone Lucina, pour les relevailles de
la reine de Naples. Dans cette cantate drama-
tique, se trouve le premier air avec chœur
écrit sur les théâtres d'Italie. 78° Zenobiadi
Palmira,k Naples. 79»Za Locanda envoyée
à Londres, puis jouée à Naples sous le titre II
Fanatico in Berlina, avec l'addition d'un
quintette. 80» La Cuffiara , à Naples (1).
81» LaMolinara, ibid. 82» La Modista rag-
giratrice, ibid. 8.3° Dafne ed Alceo, cantate
pour r.\cadémie deiCavalieri. 84° // Ritomo
di Perseo , pour r.\cadémie dei Amici.
83» Elfrida, à Naples. 86° Elvira , ibid.
87» / Fisionari, ibid. 88" L'Inganno felice.
ibid. 89» / Giuocchi d'Agrigente, à Venise,
90» La Didone, à Naples. 91» L'Andro-
macca, ibid. 92» La Contadina di spirito,
ibid. 9-3° Proserpine, à Paris, en 1803. 94° /
Pittagorici, à Naples.
McsiQrE d'église : 93» La Passione di
Gesù Cristo, oratorio, à Varsovie, 1784.
96° Pastorali per il S. Natale, a canto e
coro. L'offertoire de cette messe pastorale a
une partie de cornemuse obligée. 97» Messe de
Requiem à deux chœurs et deux orchestres,
pour les funérailles du prince royal de Na-
ples, D. Gennaro. 98» Trois messes solennelles
à deux chœurs et deux orchestres, dont une
pour le couronnement de l'empereur Napo-
léon. 99° Environ trente messes à quatre Toix
et orchestre, pour les principales églises de
Naples et pour les chapelles des rois de Naples
et de Napoléon; compositions médiocres dont
le style n'est pas religieux. 99° (bis) Quatre
Credo à quatre voix et orchestre. 100° Une
messe de Requiem à quatre voix et orchestre
qui fut exécutée pour les obsèques de l'auteur,
le 7 juin 1816. 101° Te Deum à deux chœurs
et deux orchestres, pour le sacre de Napoléon.
102» Te Deum à quatre voix et orchestre pour
le retour du roi et de la reine de Naples.
(i) Cet oorrage n*e$t pas mentionné parle comte FoI>
cbini Scbizzi, qui rraiseniblablement l'a confonda aree
la Modista nggiratrict .- c'est en effet le même sujet:
mais traité de deux manières différentes. Il j a dans la
Cs/fara un morceau très comique qui ne se troute pas
dans la Modifia.
4'2i>
PAISIELLO - PAIX
103° Deux messes à cinq voix. 104» Deux
Bixit à cinq vo\\,alla Palestrina. 105" Quatie
Bixit à qualve voix el orchestre. 1 0S^^fcis) Trois
Magnificat , à quatre voix et orchestre.
106» Environ quarante motets avec orchestre
pour les chapelles royales de Naples et de
Paris, 107" Miserere à cinq voix, avec accom-
pagnement de violoncelle et de viole obligés.
107» {bis) Trois Tantum ergo. On a publié
des compositions religieuses de Paisiello :
108» Kyrie et Gloria à quatre voix et or-
chestre; Paris, Beaucé, 109» Judicabit, pour
voix de basse, chœur et orchestre; ibid.
110» Chrislus factus est, à voix seule, chœur
et orchestre; ibid. 111° Pastorali jam coii-
centus, idem, ibid. 112" Bilecte amice, vide
prodigium, motet à voix seule , chœur de
trois voix et orchestre; ibid. 113» Miserere,
Cor mundum , Libéra me, à voix seule,
chœur et orchestre; ibid. Paisiello a ajouté
«les instruments à vent au Stabat Mater de
Pergolèse. La partition ainsi arrangée se
trouve dans les bibliothèques de l'Inslilul et
du Conservatoire, à Paris.
Musique INSTRUME^TALE : 114° Douze qua-
tuors pour deux violons, alto et clavecin,
composés pour l'archiduchesse Béatrix d'Esté,
épouse de Ferdinand d'Autriche, gouverneur
de Milan. 115»Sixquatuorspour deux violons,
alto et basse; Paris, Sieber; Offenbach, An-
dré. 116» Deux volumes de sonates, caprices
cl pièces diverses de clavecin, composées pour
la grande-duchesse de Russie, Marie Fede-
rowna. 117» Six concertos de piano, composés
pour l'infante de Parme, reine d'Espagne.
118» Marche funèbre en mémoire du général
Hoche, qui a obtenu le prix proposé par le
général Bonaparte. 118» (bis) Douze sym-
phonies concertées pour l'orchestre, compo-
sées pour l'empereur Joseph II. 118» (ter) So-
nate et concerto pour la harpe composés pour
la grande -duchesse, femme de Paul P"".
119» Recueil de basses chiffrées ou parli-
menti, pour l'élude de l'accompagnement. On
connaît aussi sous le nom de Paisiello trois
cantates à voix seule, avec accompagnement
de piano, des nocturnes à deux voix, des can-
zonettes et d'autres petites pièces de chant.
Les partitions de Nina, Il Re Teodoro, la
Serva padrona, la Molinara, le Barbier de
Séville, le Marquis de Tulipano, et Proser-
pine ont été gravées à Paris, à Hambourg et à
Bonn. On a aussi publié une multitude d'airs,
duos, trios et quatuors extraits des opéras de
Paisiello.
On a sur Paisiello les notices biographiques
dont voici les titres : 1" Arnold (Ignace-Fer-
dinand), Giov. Paisiello, seine Kurze Bio-
graphie und xsthetische Darstellung seine
TFerke; Erfurt, 1810, in-8». 2» Gugliardo,
Onori funebri renduti alla memoria di
Giov. Paisiello; Naples, 1816, in-4». 3» Le-
sueur (François-Joseph), Notice sur le cé-
lèbre compositeur Paisiello; Paris, 1816,
in-8". 4» Notice historique sur la vie el les
ouvrages de Paisiello, par Quatremère de
Quincy^ secrétaire perpétuel de l'Académie
royale des beaux-arts de l'Institut, lue à la
séance publique du 4 octobre 1817; Paris,
Firmin Didot, 1817, in-4» de quarante-six
pages. 5» Schizzi (le comte Folchino), Délia
vita e degli studi di Giov. Paisiello, ragio-
namento; Milano, 1833, gr. in-8» de cent
treize pages, avec le portrait lithographie. On
peut consulter aussi la notice sur ce maître
j)ar A . Mazzarella da Cerreto, dans le volume
des maîtres de chapelle et des chanteurs na-
politains de la Biografia degli nomini illustri
delregno di Napoli; Naples, 1819, iu-4", et
celle du marquis de Villarosa, dans ses Me-
moriedei composilori di musica del régna di
Napoli ;^ap\es, 1840, gr. in-8", pp. 121-135,
Un très-beau portrait de Paisiello a été gravé
par Brisson d'après le tableau de madame Le-
brun, in-folio; le même a été gravé par
Vincenzo Aloja, gr. in-folio; il y en a d'au-
tres gravés par Morghem, iu-4°, et par BoUin-
ger, in-8»,
PAITA (Jean), célèbre ténor italien, bril-
lait à Venise en 1726, Son talent consistait
principalement dans l'exécution parfaite de
Vadagio. Plus tard, il établit, à Gènes, une
école où se sont formés de bons chanteurs.
PAIVA (Dom HélioookeDE), moine por-
tugais, de l'ordre de Saint-Augustin, fut un
savant théologien qui vécut dans la première
moitié du seizième siècle, et qui fit imprimer
à Coïmbre, en 1532, un lexique grec et hé-
braïque. Il était aussi musicien fort instruit,
et laissa en manuscrit, dans la bibliothèque
de son couvent, des messes , motels el ma-
gnificat à plusieurs voix, de sa composi-
tion. Il mourut à Coïmbre, le 20 décembre
1552.
PAIX (Jacques), organiste distingué, na-
quit à Augsbourg en 1550, ainsi que le
prouve son portrait gravé sur bois et i»ublié
en 1583, avec l'indication de l'âge de trente-
trois ans. Il était fils de Pierre Paix, organiste
de l'église Sainte-Anne, à Augsbourg, qui
mourut en 1557, et neveu d'Égide Paix, dont
il a rapporté un morceau dans sa collection
PAIX — PALAZZESI
-ij;
«Je pièces d'orgue. Nommé organiste à Lauin-
gen il y déploya une rare activité dans l'es-
pace de six ans, par ses publications; mais
aucun ouvrage de lui n'ayant paru postérieu-
rement à l'année 1390, quoiqu'il ne fut alors
;i<'t'- que de quarante ans, il est vraisemblable
qu'il ne vécut pas longtemps après cette
époque. Les productions de Jacques Paix
sont les suivantes : 1» Ein schœn nul: tind
fjebrauchlich Orgel-Tabulatur-Buch , da-
rinuen etlich der beriihmten Componisten,
beste Motetlen, mit 12, 8, 7, 6, 5, und 4
Stimmen ausserlesen, etc. (Livre de belle et
utile tablature pour l'orgue, dans lequel se
trouvent quelques-uns des meilleurs motets
des plus célè|)res compositeurs à 12, 8, 7, 6,
ïi et 4 parties, pour les fêles principales de
l'année, ainsi que les plus belles chansons,
lies passamèses et danses ornées et variées
avec soin, pour l'usage habituel des ama-
teurs), Lauingen, 1385; imprimé par Léo-
nard Reinmichel, cinquante -huit feuilles
in fol. Celte intéressante collection renferme
soixante et dix morceaux choisis dans les
œuvres de Roland de Lassus, de Palestrina, de
Jacques Paix lui-même, de Senfl, de Cre-
quillon, d'Utenthaler, d'Égide Paix, de Riccio,
d'Alexandre Strigio, de Clément Jannequin,
de Clément de Bourges; le tout arrangé dans
le style orné (coloratus) de l'époque, et nolé en
tablature allemande. 2" Selectx, arli/iciosx et
élégantes fugus dtiarum, triiim, quatuor et
plurinnim vocum, partim ex veteribus et
recentioribus niusicis collectx. parlim com-
posite a Jacobo Paix, Augustano, orga-
tiico Lauingano, Lauingae, 1387, in-4''. Les
auteurs dont Paix a arrangé les morceaux
pour l'orgue, dans ce recueil, sgnt Josquin
Deprès, Pierre de Larue, Grégoire Meyer,
Antoine Brumel , Jacques Obrecht , Senti,
Okeghem, Louis Dasser et Roland de Lassus;
le reste est de la composition de Paix.
~y' Missa parodia (ad imitationem moduli)
Muletx : Domine da nobis, Thomx Crequil-
lonis. senis vocibus, Lauingen, 1387, in-4*'.
i' Missa ad imitationem Motettx : in illo
tempore Johann. Montants quatuor vocum.
Lauingen perLeonardum Rheinmichaelium,
1384 in-4" obi. 5° Thésaurus motettarum....
neuerlesner zu:ei und zu:ansig (sic) Herrli-
cher Motetten^ etc., Strasbourg, Bernard
Jobin, 1389, in-fol. 6» Missx artificiosx et
élégantes fugx 2, 3, 4 et plurium vocum,
Lauingen, 1590, in^". On a aussi de Jacques
Paix un pelit traité de musique intiiulé :
Kurser Bericht ûus Goltes Jf'ort und be-
wxhrten Kirchen- Historien von der Musik,
dass dieselbe fleisgig in den Kirchen, Schulen
und Hausen getrieben , und ewig soll er~
halten tcerden (Instruction ou notion abrégée
de la parole de Dieu et des histoires ecclé-
siastiques concernant la musique, (tour
qu'elle soit toujours pratiquée dans les églises,
les écoles, les maisons, et qu'elle soit perpé-
tuellement conservée); Lauingen, 1389, in-4"-
PALADI]>iI (Astoi.iie-Fraxçois), en fran-
çais PALADIÎV, joueur de luth, vivait à
Lyon vers le milieu du seizième siècle. Il na-
quit à Milan, comme on le voit au titre de son
ouvrage intitulé : Tabulature de lutz en di-
verses sortes, comme chansons, fantaisies,
pavanes, gaillardes et la Bataille, par Ant.
Fr. Paladin Milanoys; Lyon, par Jacques
Moderne (sans date), in-4° obi. On a aussi
de cet artiste un recueil de pièces pour son
instrument, intitulé : Tabulature de luth où
sont contenus plusieurs psalmes et cJiansons
s/)ir<7Me//e4: Lyon, Simon Gorlier. 13C2, in-4''.
PALADIAI (Je-\>-Pail), en français
PALADI3Ï, autre luthiste du seizième siècle,
qui parait avoir été de la même famille que
le précédent et fut peut-être son fils, a publié :
Tablature de luth contenant belles chansons
et dansés avenantes ; Lyon, in-4", sans date
et sans nom d'imprimeur.
PALADI^il (Joseph), maître de chapelle
à Milan, naquit dans cette ville, et y vécut
dans la première moitié du dix-huitième
siècle. Ses oratorios ont été exécutés dans les
églises de Milan, depuis 1728 jusqu'en 1743.
On ne connaît aujourd'hui de ses ouviages
que : // Santo Paolo in Roma, oratorio en
deux parties, et // Santo Sebastiano, idem.
PALAVICI3iO (BesoIt). Foyez PAL-
LAVICIAO.
PALAZZESI (Mathilde), cantatrice dis-
tinguée, est née à Sinigaglia, le 2 mars 1811.
Pierre Romani, de Florence, lui donna les
premières leçons de chant ; puis elle acheva
son éducation vocjle à Naples. A peine âgée
de dix-huil ans, elle monta sur la scène, en
1827, et débuta avec succès. Applaudie à
Naples, à Milan, à Florence, et dans d'autres
grandes villes d'Italie, elle fut engagée, eu
1828, par Morlacchi pour le théâtre de Dresde,
où elle a brillé jusqu'en 1852. De{uiis ce
temps, elle est retournée en Italie et a chanté
avec succès à Milan et dans quelques villes de
moindre importance, puis elle a parcouru
l'Allemagne et s'est fait applaudir à Weimar,
Brunswick, Hanovre, Allenbourg, Cobourg,
Munich, LcipiicL, Hambourg et Francfort.
428
PALÂZZESI - PALESTRINA
Appelée au théâtre de Madrid, en 1835, elle y
brilla dans Semiramide, l'Esule di Romu et
la Norma. Les événements de la guerre
civile et le choléra Tobligèrent à s'éloigner
de cette ville pour aller à Valence, où elle
épousa le compositeur Savinelli, ancien élève
du Conservatoire de Milan. De retour en
Italie, en 1836, elle chanta avec succès au
théâtre Carlo-Felice, de Gênes; puis elle fut
engagée au théâtre de la Pergola^ à Flo-
rence; mais une sérieuse indisposition ne lui
permit pas d'achever la saison. Depuis lors,
elle a chanté à Parme, Padoue, Turin, Naples
et Palerme : elle se trouvait dans celte der-
nière ville, en 1841. Rappelée en Espagne
pour chanter au théâtre de Barcelone, elle
mourut dans cette ville à la fin du mois de
juin 1842.
PALAZOTTI (Joseph), surnommé TA-
GLIAYIA, prêtre sicilien, docteur en théo-
logie et archidiacre à Cefalii, vécut vers le
milieu du dix-septième siècle. Mongitori dit
{Bibî. Sicul., p. 395) que cet ecclésiastique
était bon musicien, et qu'il a fait imprimer
neuf recueils de ses compositions, dont il ne
cite que celui qui a pour titre : Madrigali
concertait a ôvoci, op. 9; Naples, 1632.
PALESTIIINA (Jean PIERLUIGI,
surnommé DE), parce qu'il était né dans
la petite ville de ce nom, dans la cam-
pagne de Rome, fut le plus grand musicien
de son temps , et sera toujours considéré
comme un des plus illustres parmi ceux
dont l'histoire de l'art a conservé les noms.
Malgré ses titres à l'admiration de la postérité,
le nom de sa famille, la situation de ses pa-
rents, la date de sa naissance, et même celle
de sa mort, sont autant de sujets de doute et
de discussion. L'abbé Baini, directeur de la
chapelle pontificale, a fait, quant à ce qui con-
cerne la vie et les ouvrages de ce grand
homme , de savantes et laborieuses recher-
ches; néanmoins, trente années employées à
ce travail ne l'ont pas toujours conduit à dé-
couvrir l'incontestable vérité, et lui-même
s'est vu réduit à rapporter souvent des tradi-
tions contradictoires, à les discuter«et à lais-
ser indécises des questions depuis longtemps
débattues. Ce qui résulte de plus vraisem-
blabledes élucubralions de Baini, c'estque les
parents de Pierluigi étaient pauvres, qu'il
mourut le 2 février 1594, à l'âge de soixante
et dix ans (1), et conséquemment qu'il naquit
(I) Baini lire la preuve de ce fait de l'ëpître dcdica-
loire du septién.r livre de messes de Pierluigi, où le fils
du compositeur s'exprime ainsi, en sa qualité d"cdilcur
dans l'été ou à l'automne de 1524. Il y a lieu
de croire qu'il fit ses premières études litté-
raires et musicales en qualité d'enfant de
chœur. Au dire de l'annaliste Petrini, il ar-
riva à Rome, en 1540, pour y continuer de
s'instruire dans cet art. A cette époque, les
meilleurs musiciens des principales chapelles
de l'Italie étaient étrangers, c'est-à-direFran-
çais, Belges ou Espagnols. La première école
régulière de musique instituée à Rome par
Goudimel {voyez ce nom) eut pour disciples
dans le même temps Jean Animuccia, Etienne
Bettini, surnommé il Fornarino, Alexandre
Merlo {délia viola), en enfin Pierluigi de Pa-
lestrina, le plus célèbre de tous ces savants «
compositeurs. Au mois de septembre 1551,
sous le pontificat de Jules III, il fut élu maître
des enfants de chœur de la chapelle Giulia,
à l'âge de vingt-sept ans. Mais par un décret
spécial du chapitre qui lui conféra cetledignité,
il fut le premier de ceux qui en avaient
été revêtus à qui le titre de maître de cha-
pelle fût donné. Pierluigi de Palestrina occupa
cette place jusqu'au 13 janvier 1555. En 1554,
il publia le premier recueil de ses composi-
tions, où l'on trouve quatre messes à quatre voix
et une à cinq. Encore soumis à l'influence de
l'écoleoù il s'était formé, Palestrina avaitécrit
ces messes dans leslyle de ses prédécesseurs,
mais en y introduisant une rare perfection de
facture; car sous ce rapport, la première, qui
est écritetoutentièresurlechant deTantienne
Ecce sacerdos magnus, est un chef-d'œuvre ;
mais dans cette même messe et dans la der-
nière {Jdcœnam Jgni providi), il a multi-
plié les recherches puériles de proportions de
notation, dont les anciens maîtres des écoles
française et flamande faisaient un monstrueux
abus, depuis la fin du quatorzième siècle
et le commencement du quinzième. Le pape
JulesIIIjàquiPierluigi Palestrina avait dédié
ce premier livre de ses messes, le récompensa
en le faisant entrer parmi les chantres de la
chapelle pontificale, sans examen et contraire-
ment aux règlements de cette chapelle, dont ii
avait lui-même ordonné la stricte exécution
par un précédent décret. Le talent supérieur
qui se manifestait dans ce premier ouvrage
parut au souverain pontiTe un motif suffisant
pour une exception : sa volonté fut signifiée
au collège des chapelains-chantres de la cha-
de cet œuvre posthume : Joannes Petraloytius paier
meus tcplttaginta fere vilm suœ annos Dei laïutibus cnm-
jiontndi consumens, etc. (Vo^eï Alemorie storico-criliclte
Jella vila e dette opère di Giov. I^iertuigi da Palestrina,
1. I, p 14.)
PÂLESTRINA
429
pelle, le 13 janvier 1555; mais le pauvre
Pierluigi avail plus de génie que de voix, et
celte ciicoustance lui suscita des tracasseries
parmi les autres chantres, qui ne l'admirent
que comme contraints, et qui ne lui donnèi-ent
que de mauvaise grâce l'accolade d'usage (1).
Malheureusement pour le grand musicien, il
tut bientôt privé de la haute protection qui le
soutenait contre la malveillance de ses col-
lègues, car Jules III mourut le 23 mars 1555,
c'est-à-dire environ cinq semaines après l'en-
trée de l'artiste dans la chapelle : son succes-
seur, le pape Marcel II, par une circonstance
qui sera rapportée plus loin, lui aurait accordé
vraisemblablement un nouvel appui, s'il eût
vécu; mais il n'occupa le siège apostolique que
vingt-trois jours, et sa mort fut pour le sa-
vant compositeur le précurseur du plus vif
chagrin qui ait affligé sou existence, d'ailleurs
peu fortunée.
Pierluigi de Palestrina s'était marié jeune :
Lucrèce, sa femme, le rendit en peu de temps
père de quatre fils. Les trois premiers, Ange,
Rodolphe et Sylla, qui moururent dans l'ado-
lescence, semblaient destinés à marcher sur
les traces de leur père, si l'on en juge parles
motets de leur composition que Pierluigi a in-
sérés dans le second livre des siens. Hygin, le
<(uatrième, a été l'éditeur des deux derniers
livres de messes de leur père. Après la mort du
pape Marcel, son successeur, Jean-Pierre Ca-
ralfa, qui gouverna l'Église sous le nom de
Paul IV, prit la résolution d'opérer une ré-
forme dans le clergé de la cour de Rome, et
son attention se porta d'abord sur sa chapelle
pontificale, où se trouvaient plusieurs chantres
mariés, nonobstant le règlement qui exigeait
qu'ils fussent tous ecclésiastiques. Ces chantres
étaient Léonard Barré, Dominique Ferrabosco
et Pierluigi de Palestrina. Depuis son admission
forcée, celui-ci avait trouvé peu de sympathie
parmi ses collègues; cependant, lorsque le
pape ordonna qu'il fut expulsé de la chapelle
avec les deux autres, le collège des chantres
prit sa défense en faveur de ceux-ci, et repré-
senta qu'ils avaient abandonné des postes
avantageux, et qu'ils avaient été nommés
pour toute la durée de leur vie. Malgré ces
humbles remontrances, l'inflexible Paul IV
(I) On tronre, au joarnûl manuscrit de la chapelle
ponlificale, I3 preuve de ce fait d-ns le passage suirant:
t3 Januarii 1553, die Uominica, fuit admittut in nooum
canlorem Joannes de Palestrina, de mandata SS. D.
Juin absque tillo examine, seeundam motu proprium
çiiem habebamut, et absque consensu cantorum ingressu*
fuit.
ne persista pas moins à vouloir que les
chantres mariés sortissent de la chapelle, et
rendit à ce sujet un décret où sa volonté est
exprimée en termes durs et humiliants. <> La
" présence des trois chantres mariés dans le
« collège (dit le décret) est un grand sujet de
u blâme et de scandale; ils ne sont point pro-
1 près à chanter l'oflice, à cause de la faiblesse
v< de leur voix; nous les cassons, chassons et
<( éliminons du nombre de nos chapelains-
<< chantres. » Le seul adoucissement qui fut
fait au sort des trois musiciens éliminés fut
une pension de six écus par mois. Accablé par
ce malheur, Palestrina tomba malade. Dans
celte circonstance, ses anciens collègues vin-
rent le visiter, abjurèrent la haine qJ'ils lui
avaient montrée jusqu'alors, et devinrent ses
plus zélés admirateurs. Un si grand artiste ne
pouvait rester longtemps sans emploi dans une
ville qui renfermait plusieurs grandes églises
où la musique était florissante : on lui offrit
la place de maître de chapelle de Saint-Jean
de Lateran, en remplacement de Luppachino,
et il prit possession de ses fonctions dans celte
basilique, le l^"" octobre 1555, deux mois après
son expulsion de la chapelle pontificale. A
celte occasion, une diflicullé se présenta pour la
pension qu'il recevaitde cettechapelle. et qui,
suivant le règlement, devait cesser du jour
où le pensionné acceptait un nouvel emploi;
cependant le chapitre décida que la pension
continuerait d'être payée, et le pape lui-même
confirma celle décision. Pierluigi de Pales-
trina occupa son emploi de maître de chapelle
à Saint-Jean de Lateran pendant environ cinq
années, et composa dans ce temps quelques-
uns de ses plus beaux ouvrages, parmi les-
quels on remarque ses admirables /mproperù'
de l'office de la semaine sainte. La modicité
du traitement qui lui était alloué pour ses
fonctions dans celle place le décida à accepter
celle de maître de chapelle de Sainte-Marie
Majeure, dont il prit possession le l^"" mars
1561 et qu'il conserva jusqu'au 31 mars 1571.
Ces dix années furent les plus brillantes de la
vie du grand artiste.
La réputation de Palestrina s'était rapide-
nientélendue depuis la publication deson pre-
mier livre de messes; un effort deson génie
la consolida pour toujours, lorsque rautorité
ecclésiastique eut pris la résolution de faire
dans la musique d'église une réforme devenue
indispensable. Il est nécessaire de dire ici
quelques mots des abus qui avaient fait naître
la pensée de celle réforme. L'usage de com-
poser des messes entières et des motels sur le
4o0
PALESTRINA
chanl d'une antienne ou sur la mélodie d'une
chanson profane s'était introduit dans la mu-
sique d'église dès le treizième siècle, ainsi
qu'on peut le voir dans les motets à trois voix
du trouvère Adam de h Haie (voyez ce nom).
Cet usage était d'autant plus ridicule, que
pendant que trois ou quatre voix chantaient
en contrepoint fugué Kyrie Eleyson, ou Glo-
ria in exceUis, ou Credo, la partie qui chan-
tait la mélodie disait ou les paroles de l'an-
tienne, ou même celles de la chanson italienne
ou française, quelquefois lascives etgrossières.
Les musiciens français et belges s'étaient pas-
sionnés pour ce genre de composition, n'en
avaient point connu d'autre pendant près de
deux siècles, et en avaient introduit le goût
jusque dans la chapelle pontificale, pendant
que le siège du gouvernement de l'Eglise était
à Avignon. A l'époque de la translation de ce
gouvernement à Rome, les chantres français,
gallo-belges et espagnols suivirent dans celte
ville la cour papale, et préparèrent les Italiens
à marcher sur leurs traces. Les premières
écoles de musique de l'Italie furent instituées
par des musiciens étrangers, qui inculquèrent
leurs principes à leurs élèves. On ne doit donc
pas être étonné de ce que ceux-ci se soient
livrés d'abord à l'imitation du style de leurs
maîtres. Certaines mélodies vulgaires avaient
acquis tant de célébrité, qu'il semblait qu'un
compositeur de quelque renommée ne pouvait
se dispenser de les prendre pour thèmes d'une
messe ou d'un motet : c'est ainsi que plus de
cinquante musiciens ont écrit des messes sur
la fameuse chanson de l'Homme armé. Pa-
leslrina lui-même ne s'était pas si bien af-
franchi des pr^ugés d'école où il avait été
élevé, qu'il n'ait écrit aussi une messe à cinq
voix (la cinquième du troisième livre) sur celte
même chanson, et qu'il n'y ait jeté à profusion
les recherches les plus ardues de proportions
de nolalion. Cette messe, véritable énigme
musicale, a donné la torture à bien des musi-
ciensdu seizième siècle, et a rendu nécessaires
de longs commenlaires que Zacconi, dans sa
Pratica di Mnsica, et Cérone, dans le ving-
tième livre de son Melopeo, ont donnés pour
en expliquer le système. Cette messe n'a été
publiée qu'en 1570; toutefois il est vraisem-
blable qu'elle avait été écrite longtemps au-
paravant; car après avoir travaillé dès 15C5
à la réforme de l'abus monstrueux de ces in-
convenantes subtilités, et avoir donné, dans
d'autres ouvrages, le modèle d'une perfection
désespérante, à l'égard du style ecclésiastique,
on ne peut croire que Paleslrina soit retombé
sept ans après dans d'anciennes erreurs. Quoi
qu'il en soit, il est certain que l'indécente et
ridicule conception du mélange du profane et
du sacré dans la musique d'église, fut l'objet
des censures du concile de Bâie (1), puis de
celui de Trente (2). Les sessions de celui-ci
ayant été closes au mois de décembre 1563,
le pape Pie IV nomma, pour exécuter les dé-
crets de cette assemblée, les cardinaux Vite-
lozzi et Borromée, qui s'adjoignirent, pour ce
qui concernait la musique, une commission de
huit membres, choisis en grande partie parmi
les chapelains-chanlresde la chapelle pontifi-
cale. Dès la première réunion de cette com-
mission, il fut décidé :1° qu'on ne chanterait
plus à l'avenir les messes et motets où des pa-
roles différentes étaient mêlées; 2» que les
messes composées sur des thèmes de chansons
profanes seraient bannies à jamais. En France,
où les décrets du concile de Trente n'ont ja-
mais été reçus, les musiciens continuèrent
encore pendant plus de vingt ans à suivre
l'ancien usage dans leur musique d'église;
mais en Italie, et surtout à Rome, les déci-
sions dont il vient d'être parlé furent immé-
diatement exécutées. Cependant, à l'exception
des messes des anciens compositeurs appe-
lées sine nomine, parce que les auteurs en
avaient imaginé les thèmes, il n'existait pas
de modèles pour la réformequ'on voulait opé-
rer. Ces messes sine nomine étaient d'ailleurs
surchargées de toutes les puériles recherches
de contrepoints conditionnels qui ne permet-
taient pas de saisir le sens des textes sacrés.
Les cardinaux choisis par le pape pour l'exé-
cution des décrets du concile, insistaient par-
ticulièrement sur la nécessité de rendre ces
textes intelligibles dans l'audition de la mu-
sique; ils citaient comme des modèles à
suivre le Te Deum de Constant Festa, et sur-
tout les Improperii composés par Palestrina ;
mais les chantres de la chapelle pontificale
répondaient que ces morceaux de peu d'étendue
ne décidaient pas la question pour des messes,
d'où l'on ne pouvait bannir le contrepoint fu-
gué ni les canons. La discussion ne fut termi-
néeque par une résolution bien honorable pour
(t) Alusum aliquarum eccUstarum, tn Credo in unutn
Peum, quod est symbolum et confessio pilei noslrK,noii
complété usque ad Itnem cantatur, aut prœfalio seu ora-
(10 dominica obmitletar, vel l'n ecclesiis caniilenœ ttrcii-
lares voce admiscenlur... abolentes statuimus, etc.
(2) Ab ecclesiis verù musicos eos, ubi tive organo, sue
canlu lascivam aut impurum atiqiiid miscelur orduxit it
locoTiim episcopi arceant, «( domus Dei verè domiis oia-
iionis esse videatur, ac dici possit. (Concil Tndciit.,
Sess. "H. Décret, de Obscrv. et cviland. in cclibr. Missx.)
PALESTRINÂ
431
Pierluiyi de Palestrina, et qui prouve que la
supériorilé de son talent était dès lors placée
au-dessus de toute contestation, car il fut dé-
cidé qu'on inviterait ce maître à composerune
messe qui pût concilier la majesté du ser-
vice divin et les exigences de l'art, telles
qu'elles étaient conçues à cette époque. S'il
atteignait le but proposé, la musique devait
être conservée à l'Éj^lise; dans le cas con-
traire, il devait être pris une résolution qui
aurait vraisemblablement ramené toute la
musique religieuse au simple faux-bourdon.
Palestrina ne fut point effrayé de la responsa-
bilité imposée à son génie : ému d'un saint
enthousiasme, il composa trois messes à six
voix qui furent entendues chez le cardinal
Vitelozzi : les deux premières furent trouvées
belles, mais la troisième excita la plus vive
admiration, et fut considérée comme une des
plus belles inspirations de l'esprit humain.
Dès lors il fut décidé que la musique serait
conservée dans la chapelle pontificale et dans
les églises du culte catholique, apostolique et
romain , et que les messes de Palestrina de-
viendraient les modèles de toutes les composi-
tions du même genre. Celle qui avait été ac-
cueillie avec tant d'enthousiasme fut publiée
par Pierluigi de Palestrina, dans le second livre
de ses messes, sôus le titre de Messe du pape
Marcel {Missa papae Marcelli). Ce nom, im-
posé par le compositeur à son ouvrage, a fait
imaginer une anecdote rapportée par Berartii
et par beaucoup d'autres écrivains, d'après la-
quelle on suppose que Marcel II avait voulu
bannir la musique des églises, à cause de ses
défauts, et que Pierluigi l'avait prié de sus-
pendre son ariêt jusqu'à ce qu'il lui eût fait
entendre celle messe, dont le chef de l'Église
avait été si satisfait, qu'il avait renoncé à son
projet. l.e peu de jours pendant lesquels ce
pape a occupé le siège apostolique rend celle
histoire peu vraisemblable : d'ailleurs Baini a
fourni les preuves de ce qu'il rapporte à
l'égard de l'exéculion du décret du concile de
Trente concernant la musique d'église. Si
l'on admellall l'anecdote du pape Marcel, il
faudrait supposer que Palestrina a sauvé
deux fois la musique religieuse de l'analhème
dont on voulait la frapper, ce qui n'est pas
admissible. Le motif qui a fait donner le nom
du pape Marcel à la messe dont il s'agit rcsle
donc inconnu; mais cela est de peu d'impor-
tance. Ce qui est cerlain, c'est que Pie IV,
après avoir entendu ce bel ouvrage le 19 juin
1565, récompensa son auteur en le nommant
compositeur de la chapelle pontificale, aux
appointements de trois écus et treize bajoques
par mois, qui, ajoutés à sa pension de cinq
écus et quatre-vingt-sept bajoques, lui com
posaient un revenu de neuf écus (environ
cinquante-quatre francs) par mois. Le pape
Grégoire XIV, ému de pitié par la détresse
où ce grand homme avait passé la plus grande
partie de sa vie, augmenta plus tard ces émo-
lumenls, si peu dignes de son talent.
Peu de monuments historiques de l'art pré-
sentent autant d'intérêt pour l'étude que cette
messe dite du pape Marcel; car elle marque
une de ces rares époques où le génie, fran-
chissant les barrières dont l'entoure l'esprit
de son temps, s'ouvre tout à coup une carrière
inconnue, et la parcourt à pas de géant. Faire
une messe entière, à l'époque où vécut Pier-
luigi de Palestrina, sans y faire figurer les
imitations et le contrepoint fugué, n'aurait
été qu'une entreprise imprudente, parce
qu'elle aurait porté une trop rude atteinte à
ce qui composait le mérite principal des mu-
siciens de ce temps. D'ailleurs, Palestrina
lui-même, élevé dans une sorte de respect
pour les beautés de ce genre, n'y devait pas
être insensible. Xe nous étonnons donc pas de
retrouver dans la messe du pape Marcel le
contrepoint fugué et d'imitation, nonobstant
les obstacles dont ces choses devaient compli-
quer le problème qu'il avait à résoudre. Mais
la manière dont il a triomphé de ces diffi-
cultés, la faculté d'invention qu'il y a dé-
ployée, au moins égale à l'habileté dans l'art
d'écrire, sont précisément ce qui doit nous
frapperd'admiration lorsque nous nous livrons
à l'étude de celte production. C'est une chose
merveilleuse que de voir comment l'illustre
compositeur a su donner à son ouvrage un
caractère de douceur angélique par des traits
d'harmonie large et simple, mis en opposition
avec des entrées fuguées riches d'artifices, et
donnant par là naissance à une variété de
style auparavant inconnue. Ces entrées fu-
guées, la plupart courtes et renfermées dans
un petit nombre de notes, sont disposées de
telle sorte que les paroles peuvent être tou-
jours facilement entendues. A. l'égard de la
facture, de la pureté de l'harmonie, de l'art
de faire chanter toutes les parties d'une ma-
nière simple et naturelle, dans le mediumdc
chaque genre de voix, et de faire mouvoir six
parties avec toutes les combinaisons des com-
positions scienlifii|ues, dans l'étroit espace de
deux octaves et demie; tout cela, dis-je, est
au-dessus de nos éloges; c'est le plus grand
effort du talent; c'est le désespoir de quicou-
432
PALESÏRLXA
que a étudié sérieusement le mécanisme et
les difficultés de l'art d'écrire.
Pendant le temps où Paleslrina était resté
au service de l'église de Saint-Jean de La-
leran, il n'avait rien publié; mais quelques-
uns de ses ouvrages s'étaient répandus par
des copies, et avaient augmenté sa réputation.
En 1569, il dédia le deuxième livre de ses
messes à Philippe II, roi d'Espagne, et dans
l'année suivante, le même prince reçut encore
la dédicace du troisième livre. Pierluigi s'at-
tacha aussi alors au cardinal Ilippolyte d'Esté,
à qui il dédia un livre de motets. Dès ce mo-
ment, les publications de ses ouvrages se sui-
virent avec activité, et les éditions s'en mul-
tiplièrent. La mort d'Animuccia, vers la fin
du mois de mars 1571, fit entrer Paleslrina à
la chapelle de Saint-Pierre du Vatican, dans
les premiers jours du mois d'avril suivant,
quoique les avantages de celte place fussent
moindres que ceux du maître de chapelle de
Sainte-Marie Majeure, et que le modique re-
venu du plus grand musicien de l'Italie s'en
trouvât diminué de moitié. La mort d'Ani-
muccia laissait aussi vacante la place de di-
recteur de la musique de l'Oratoire. Elle l'ut
offerte à Paleslrina par saint Philippe de
Néri, fondateur de cette congrégation, son
ami et son confesseur. Paleslrina écrivit pour
le service de l'Oratoire des motels, des
psaumes et des cantiques spirituels. Enfin, il
prit la direction de l'école de contrepoint
établie par Jean-Marie Nanini, et peu de temps
après le jiape Grégoire XIII le chargea» de la
révision de tout le chant du graduel et de
l'antiphonaire romain : travail immense qu'il
n'eut point le temps d'achever, quoiqu'il se
fiU adjoint son élève Guidetli. Après sa mort,
on ne trouva que le graduel De lempore ter-
miné; Hygin, fils de Paleslrina, fit compléter
ce recueil, et le vendit comme l'oeuvre de son
père; mais le tribunal de la Santa Rota cassa
le contrat, et le manuscrit se perdit. Le
21 juillet 1580, Paleslrina perdit sa femme
qu'il aimait tendrement : il en ressentit
un vif chagrin dont ne le consola pas sa no-
mination de maître des concerts du prince
Jacques Buoncompagno, non pas neveu du
pape Grégoire XIII, comme le dit Baini, mais
un fils que ce pape avait eu avant d'entrer
dans les ordres (1).
Destiné à voir se succéder sur le sainl-siége
apostolique un grand nombre de souverains
pontifes, Pierluigi cherchait dans chacun d'eux
(I) Vojcz l'Art de vérifier les dates, page 317, cdilion
do 1770.
un protecteur contre les besoins qui l'assié-
geaient incessamment C'est ainsi qu'il dédia
au pape Sixte V le premier livre de ses La-
mentations. Dans l'éptlre qu'il a placée en
tête de ce recueil, il fait un tableau affligeant
de sa situation : « Très-Saint Père (dit-il),
« l'étude et les soucis ne purent jamais s'ac-
« corder, surtout lorsque ceux-ci proviennent
« de la misère. Avec le nécessaire (demander
« davantage est manquer de modération et de
« tempérance), on peut facilement se délivrer
« des autres soins, et celui qui ne s'en con-
« tente pas ne peut que s'accuser lui-même.
« Mais ceux qui l'ont éprouvé savent seuls
« combien il est pénible de travailler pour
« maintenir honorablement soi et les siens,
« et combien celle obligation éloigne l'esprit
« de l'étude des sciences et des arts libéraux.
« J'en ai toujours fait la triste expérience, et
« maintenant plus que jamais. Toutefois je
« rends grâces à la bonté divine qui a permis
« que, malgré mes plus grands embarras, je
« n'aie jamais interrompu l'élude de la mu-
« sique (où j'ai trouvé aussi une utile diver-
« sion), dans la carrière que j'ai parcourue
« et dont le terme approche. J'ai publié un
« grand nombre de mes compositions, et j'en
« ai beaucoup d'autres dont l'impression
« n'est retardée que par ma pauvreté : car
tt c'est une dépense considérable, particuliè-
« rement à cause des gros caractères de notes
« et de lettres nécessaires pour que l'usage en
« soit commode aux églises, etc. » C'est un
triste spectacle que celui d'un vieillard, élevé
si haut dans l'estime des hommes par d'im-
mortels travaux, et néanmoins livré jusqu'à
ses derniers jours aux horreurs du besoin;
mais aussi rien ne peut mieux nous faire con-
naître la puissance du génie que celte longue
lutte contre l'adversité, où, loin de se laisser
point abattre, il s'élève incessamment par de
nouveaux efforts. Après tant de travaux, dont
les résultats avaient été si glorieux et si mal
récompensés, Jean Pierluigi de Paleslrina
sentit sa fin s'approcher. Dans ses derniers
moments, il fit approcher son fils Hygin, le
seul de ses enfants qu'il eut conservé, et lui
dit ces paroles qui peignent si bien le véri-
table artiste : « Mon fils, je vous laisse un
« grand nombre d'ouvrages inédits; grâce au
« père abbé de Baume, au cardinal Aldobran-
« dini et au grand-duc de Toscane, je vous
« laisse aussi ce qui est nécessaire pour les
« faire imprimer; je vous recommande que
« cela se fasse au plus tôt pour la gloire du
» Tout-Puissant, et pour la célébration de
PALESTRINÂ
433
« son cuUedans les saints temples. « La ma-
ladie qui le consumait prit bientôt après un
caractère plus grave, et le ± février 1594, il
eipira. Tous les musiciens qui se trouvaient à
Rome assistèrent à ses funérailles; il fut in-
humé dans la basilique du Vatican, et l'ins-
cription suivante fut gravée sur son tom-
beau :
JOASÎlES-PETRVS-AtOYSIVS-PniSESTlSVS.
MVSICE PRnCEPS.
Plusieurs portraits de Pierluigi de Pales-
trina ont été gravés ou lithographies : on en
trouve un dans les Osservazioni per ben re-
golare il coro délia cappella pontificia ,
d'Adami de Bolsena (p. 169), un autre dans
V Histoire générale de la musique, par
Hawkins (tome III, page 168), un troisième
dans la collection de Breitkopf, et enfin un
antre dans la troisième livraison de ma Ga-
lerie des musiciens célèbres; mais le plus
beau et le plus authentique est celui que l'abbé
Baini a fait faire d'après quatre peintures
anciennes qui existent au Quirinal, au pa-
lais Barberini et dans le vestiaire des chantres
de la basilique du Vatican. Ce portrait, fort
bien gravé par Amsier, se trouve en tête du
premier volume des Mémoires sur la vie et les
ouvrages de Pierluigi de Palestrina. On y re-
marque une physionomie noble, et tous les
signes du génie.
L'éloge de ce grand artiste peut se résumer
en peu de mots : il fut le créateur du senl
genre de musique d'église qui soit conforme à
son objet; il atteignit dans ce genre le dernier
degré de la perfection, et ses ouvrages en sont
restés depuis deux siècles et demi les modèles
inimitables. Dans le style du madrigal, il n'a
montré ni moins de génie ni moins de per-
fection pour les détails, et nul n'a porté plus
loin que lui l'art de saisir le caractère gé-
néral de la poésie d'un morceau. Ainsi que
tous les hommes doués de talents supérieurs,
il se modifia plusieurs fois dans le cours de
sa longue et glorieuse carrière; toutefois, on
peut contester l'exactitude de la division de
ses œuvres en dix styles différents que Baini
donne à la fin de son livre, car quelques-unes
des distinctions qu'il établit résultent moins
d'un changement dans la manière de sentir et
de concevoir chez l'artiste, que dans les pro-
priétés du genre de chaque ouvrage. Ainsi,
s'il est vrai qu'après la publication du premier
livre de ses messes, Palestrina a secoué la
poussière de l'école où il s'était formé, et si,
comme le dit Baini, les chagrins dont il fut
BIOCR. L.MV. DES MISICIE>S. — T. Tr.
abreuvé donnèrent à ses idées une teinte mé-
lancolique, et lui inspirèroit la pensée de ce
genre noble et touchant dont les Jmproperii
furent le signal, il est certain aussi qu'on ne
peut considérer comme des styles particuliers
la contexture plus solennelle de ses Magni-
ficat^ ni la douce et facile allure de ses litanies,
ni l'élégante et spirituelle expression de ses
madrigaux. Dans toutes ces productions,
l'homme de génie se pénétra de la spécialité
du genre, et trouva les formes et les accents les
plus analogues à cette spécialité , mais ne
changea pas pour cela de manière, comme il
le fit lorsqu'il passa tout à coup du système
de l'ancienne école à celui des messes de son
deuxième livre, et surtout à celui delà messe
du pape Marcel. Je ne partage pas non plus
l'opinion de Baini, que celle-ci constitue un
style particulier : elle est seulement la plus
belle production de Palestrina dans ce style.
L'éducation des musiciens français était si
négligée depuis la seconde moitié du seizième
siècle, que le nom de Palestrina était à peine
connu de quelques-uns, il y a cinquante ans.
C'est Cherubini qui, le premier, a répandu la
connaissance des œuvres de ce grand homme,
à Paris : c'est lui qui en a expliqué l'esprit et
le mécanisme de styledans son Cours de haute
composition. Marchant sur ses traces, j'ai
exercé tous mes élèves des Conservatoires de
Paris et de Bruxelles sur le style alla Pales-
trina, et j'ai fait pour eux, à plusieurs épo-
ques, des analyses des plus beaux ouvrages de
ce maître des mailres. D'autre part, l'exécu-
tion de quelques-uns de ses meilleurs motets
et madrigaux dans les exercices de l'école di-
rigée par Choron et dans mes Concerts histo-
riques, a fait connaître au public français ces
belles compositions, qui ont produit une im-
pression profonde.
La liste immense des productions de Pales-
trina peutêtre divisée de la manière suivante :
I. Messes : 1° Joannis Pétri AloysiiP rxnes-
tini in Basilica S. Pétri de Urbe cappells
Magistri Mistarum liber primus: Roms,
apud Falerium Doricum et Aloysium fra-
treS; 1554, in-fol.On trouve dans ce recueil les
messes à (juatre voix Ecce sacerdos magnus,
O regem Cceli, Firtute magna et Gabriel
Jrchangelus, et une à cinq voix. Ad csnam
Agni providi. Deux autres éditions ont été
publiées, l'une en 1572, l'autre en 1591 :
cette dernière contient de plus que les autres
une messe de morts à cinq voix, et la messe
Sine nomine à six voix. 2" Jlissarum liber
secundus; Roms, apud heredes Falerii et
28
434
PALESTRINA
Moysii Doricorum fratrum Brixensium,
1567. Ce recueil contient quatre messes à
quatre voix, savoir : De Beata Firgine, In-
violata, Sine nomine, Jd fugam; deux à
cinq voix, Aspice Domine et Salvum me fac;
enfin la messe Papx Marcelli, à six voix.
Une deuxième édition de ce recueil a été pu-
bliée à Venise, en 1598, in-4''. La messe Ad
fugam a été gravée en partition à Paris,
chez Leduc, en 1809, par les soins de Choron.
3" Missurum liber tertius ; Romx, apud he-
redes Doricorum fratrum, 1570. On trouve
dans ce livre quatre messes à quatre voix,
Spem in alium, Primi toni (composée sur le
thème du madrigal du même auteur lo mi
son Gioviiiettu) , Brevis et De feria; deux à
cinq voix , l'Homme armé , Repleatur os
meum, et deux à six \o\x,De Beata Firgine,
Ut, ré, mi, fa, sol, la. Deux autres éditions
de ce livre de messes ont été publiées, l'une à
Rome, en 1570, in-fol., l'autre à Venise, en
1599, in-4''. On ne trouve pas dans celle-ci la
messe Ut, ré, mi, fa, sol, la. 4" Missarum
cum quatuor et quinque vocibus liber quar-
tus; Rome, Alexandre Gardane, 1582, in-fol.;
deuxième édition, Venise, 1582, in-4''. Une
troisième édition de ce quatrième livre, incon-
nue à Baini, a été imprimée, sous le même
titre, à Milan, chez les héritiers de Simon Tini,
en 1590, in-4'' {voyez le Catalogue de la Biblio-
thèque musicale de J. -Adrien de la Fage,
11° 1665). Les messes de ce recueil ne sont pas
distinguées par des titres particuliers; elles
sont au nombre de quatre à quatre voix, et de
trois à cinq voix. 5" Missarum liber quintus;
quatuor, quinque ac sex vocibus concinen-
darum ; Romœ, sumptibus Jacobi Berichias,
1590, JpudFr. Coaitinum, in-fol. Deuxième
édition, Venise, 1591, in-4'>. Ce livre contient
les messes : j^terna Christi munera, Jam
Christus astra ascenderat, Panis quem ego
dabo, Iste confessor, à quatre voix; Nigra
sum, Sicutlilium interspinas, à cinq voix;
Wave la gioia mia et Sine nomine, à six
voix. 60 Missx quinque, quatuor ac quinque
vocibus concinendx liber sextus; Romx ,
apud Fr. Coaffmwm, 1594, in-fol. On trouve
dans ce livre les messes : Dies sanctificatus, In
te Domine speravi, Sinenomine, Quampul-
chra es, à quatre voix, et Dilexi quoniam, à
cinq voix. La deuxième édition, publiée à Ve-
nise, en 1596, in-4'', contient de plus la messe
Ave Maria, à six voix. 7" Missm quinque,
quatuor et quinque vocibus concinendae, liber
septimus;Romx,apudFr.Coattinum,\^94,
in-fol. Ce livre préparé par Palestrina, fut pu-
blié après sa mort par son fils Ilygin; il con-
tient les messes : y^t'e Maria, Sanctorum
meritis et Ecce domus, à quatre voix ; Sa-
cerdos et pontifex. Tu es pastor oviu7n, à
cinq voix. Les deuxième et troisième éditions,
publiées à Rome, en 1595, in-fol, et à Venise,
en 1605, 10-4", contiennent, de plus que la pre-
mière, la messe à six \o\x Ad bene placitum.
8" 3Iissarum cum quatuor, quinque et sex
vocibus, liber octavus; Fenetiis , apud hxre-
dem Hier. Scoti, 1599, in-4''. Deuxième édi-
tion, ibid., 1609, in-4». On trouve dans ce livre
les messes : Quem dicunt homines, Dum esset
summus pontifex, à quatre voix; O admira-
bile commercium, Memor esto verbis, à cinq
voix ; Dum complerentur, et Sacerdotes Do-
mini, à six voix. Cette dernière contient un
double canon perpétuel à la seconde et à la
tierce dans les parties de ténor. On ne connaît
pas d'édition de Rome, in-fol., de ce huitième
livre des messes; il en est de même des sui-
vants. II est vraisemblable que le fils de
Palestrina , n'ayant pas l'argent nécessaire
pour faire l'entreprise de l'impression , a
traité avec les éditeurs de Venise pour la
publication de ces derniers livres en format
in-4'>. 9" Missarum cum quatuor, quinque
ac sex vocibus, liber nonus; ibid., 1599,
in-4''. Deuxième édition; ibid., 1608, in-4».
Ce livre contient six messes, savoir : Ave,
Regina cœlorum et Feni, sponsa Christi,
à quatre voix ; Festiva i colli et Sine nomine,
à cinq voix; In te Domine speravi et Te
Deum laudamus, à six voix. 10» Missarum
quatuor, quinque et sex vocibus, liber deci-
mus, ibid., 1600, in-4». On y trouve : In
illo tempore , Già fu chi m' ebbe cara, à
quatre voix ; Petra sancta, O Firgo simul
et mater, à cinq voix ; Quinti toni, Illu-
mina oculos meos, à six voix. Cette dernière
est la même que celle qui se trouve dans la
deuxième édition du deuxième livre, sous
le titre : Ad bene placitum. 11° Missarum
cum quatuor, quinque et sex vocibus, liber
undecimus, ibid., 1600, in-4». Ce livre con-
tient : Descendit Angélus , à quatre voix ;
Regina cœli, Argande lieta sperai, à cinq
voix ; Octavi toni. Aima Redemptoriis, à six
voix. 12» Missarum cum quatuor, quinque et
sex vocibus, liber duodecimus ; ibid., 1601,
in-4». Ce volume renferme les messes : Regina
cœli, O Rex glorix, à quatre voix ; Ascendo
ad patrem, Qual'è il più grand' amor, à
cinq voix; Tu es Petrus, Firi Galilœi, à six
voix. 13» Missœ quatuor, octonis vocibus
concinendx ; Venise , Richard Amadiuo ,
PALESTRINA
435
1601, in-4°. Ces messes à huil voix, les seules
de Paleslrina qui ont été publiées, sont : Laxi-
date Dominum, Hodie Christus natus est,
Fratres ego, Confitebor tibi, Domine. Indé-
pendamment de ces messes imprimées, les
arcbÏTes delà chapelle pontificale contiennent
les messes : 14» Lauda Sien, Pater noster,
Jesu, nostra redemptio, à quatre voix; £ea-
tus Laurentius, Panem nostrum, Salve Re-
gina, O sacrum convivium, à cinq voix;
£cce ego J cannes et Feni Creator spiritus,
à six voix. On trouve aussi, à la Bibliothèque
du Vatican, les messes inédites : 15° Tu es Pe-
trus, à six voix, différente de celle du même
titre qui est imprimée dans le douzième livre ;
une messe sur le plain-chant du Kyrie des
doubles majeurs, et une autre sur le A'yrie des
doubles mineurs. On voit que le nombre de
messes à quatre, cinq, six et huit voix, de Pa-
lestrina, s'élève à soixante-dix-huit, dont
douze inédites, et soixante-quatre publiées.
De celles-ci j'ai quarante des plus belles en
partition; une collection plus considérable
existe chez Tabbé Sanlini, à Rome; Lands-
berg en possédait aussi une collection inté-
ressante ; mais la plus complète est celle
qu'avait formée l'abbé Baini, et qui est passée
à la Bibliothèque de la Minerva, à Rome. On
en trouve quelques-unes dans la collection
publiée par l'abbé Alfieri sous le titre : Rac-
colta di musica in cui contengonsi i capo-
Javori di celebri compositori italiani, etc.
{voyez AtFiEBi). Le chanoine Proske, de
Ratisbonne, a publié, dans sa belle collection
intitulée : Musica Divina (T. 1"), trois messes
à 4 voix de Palestrina , la première (.Vissa
brevis) tirée du troisième livre; la seconde
{Iste confessor), tirée du cinquième livre; et
la dernière {Dies sanctificatus), extraite du
sixième livre. Ces messes sont en partition.
Le même savant éditeur a donné, dans le pre-
mier volume de son Selectus novus Missarum,
deux autres messes de Paleslrina en partition,
la première {Feni sponsa Christi), à 4 voix,
tirée du neuvième livre ; ia seconde (Assumpta
est M aria),3LQ\ oi\. — II. Motets: X&^Molecta
festorum totius anni , cum communione
sanctorum quaternis vocibus, liber primits;
Romie,ap. hxr. f alerii et Aloysii Dorico-
rum fratrum, 1563, in-fol. Deux autres édi-
tions de ce livre de motels parurent à Rome,
en 1585 et 1590,uneà Venise, en 1601, et une
dernière à Rome, en 1622. \7° Liber primus
Motettorum, qus partim quints, partim
seniSjpartim septenis vocibus concinantur ,
ibid., 1569. Deux aulres éditions ont paru à
Venise, en 1586 et 1600, in-4''. 18» Motetto-
rum qux partim quinis, partim senis, par-
tim octonis vocibus concinantur, liber te-
cundus; Venise, Jérôme Scolo, 1572, in-4*.
Cette édition est la deuxième du second livre
de motels à cinq, six voix, etc. ; la première
est si rare que Baini n'a pu la découvrir après
de longues recherches. 19» Motettorum, qux
partim quinis, partim senis, partim octonis
vocibus concinantur, liber tertius; Roms,
apud Gardanum, 1575, in-fol. On connaît
trois autres éditions de celivre,toules publiées
à Venise, en 1581, 1589 et 1594, in-4'>. 'i'> Mo-
tettorum quatuor vocibus partim plend voce,
et partim paribus vocibus, liber secundus;
Fenetiis, apud Angelum Gardanum, 1581,
10-4°. Trois autres éditions ont paru à Rome,
en 1590, et à Venise, en 1604 etl606. ^\'> Mo-
tettorum quinque vocibus, liber quartus e
Canticis canticorum; Roms, apud Alex.
Gardanum, 1584. Le texte de ces motets est
tiré du Cantique des cantiques. Il a été fait
dix éditions de ce livre de motets; la deuxième
et les suivantes ont paru à Venise, en 1584,
1587, 1588 (celle-ci a été tirée à trois mille
exemplaires), 1596, 1601, 1603, 1608 (avec
une basse ajoutée pour l'orgue), 1613; la
dixième et dernière parut à Rome, en 1650,
chez Vital Mascardi. 22» Motettorum quinque
vocibus liber quintus; Roms, apud Alex.
Gardanum, 1584. Les éditions suivantes ont
paru à Venise, en 1588, 1595 et 1601. L'édi-
tion de 1595 contient un motet, Opem nobis,
0 Thoma, porrige, qui n'est pas dans les
autres, et qui ne parait pas être de Palestrina.
L'abbé Baini a rassemblé les motets inédits
qui se trouvaient répandus dans diverses bi-
bliothèques et archives de Rome, et en a formé
trois autres livres prêts à être publiés, le pre-
mier à quatre, cinq et six voix; les deux au-
tres à huit et douze voix. — III. Laïe>tatiohs
DE JÉRÉxiE : 20° Lamentai ionum liber pri-
mus cum quatuor vocibus; Roms, apud
Alex. Gardanum, \'5SS, in-fol. Une deuxième
édition a été (tubliée à Venise, en 1589, in-4».
Deux autres livres de lamentations inédites
ont été recueillis par Baini, le premier à quatre
voix, l'autre à cinq et six voix. — IV. Htxnes :
24" Hymni totius anni, secundum S. R. E.
consueludinem quatuor vocibus concinendi
nec non hymni religionum ; Roms ,apud Ja-
cobum Tornerium et Bern. Donangelum,
1589, grand in-folio. Excudebat Fr. Coatti-
nus. Il y a deux autres éditions de ce recueil:
la première de Venise, 1589; l'autre de
Rome, 1025. Cette dcrniti..' est accompagnée
28,
43G
PALESTRINA — PALIONE
d'une basse continue pour l'orgue. — V. Of-
fertoires : 25" Offertoria totius anni, secun-
dum sanctx Romanx ecclesix consueludi-
nem, quinque vocibus concinenda (divisées
en deux parties); Romx, apud F. Coatti-
num, 1393. Deux autres éditions ont été pu-
bliées à Venise, en 1594 et 1596, in-4'>. —
VI. Macmficat : 26" Magnificat octo tono-
rum liber primus; Romx, apud Alex. Gar-
danum, 1391. Dans la même année, il fut
publié une deuxième édition de cet ouvrage,
à Venise. Ce livre renferme seize Magnificat
à quatre voix sur la psalmodie grégorienne.
L'abbé Baini a rassemblé dans les diverses
bibliothèques un autre livre de Magnificat
inédits de Palestrina, à cinq, six et huit voix.
— VII. Litanies : 27° Litanix Deiparx Vir-
ginis, qux in sacellis societalis Rosarii ubi-
que dicatis concinuntur. Musica cum qua-
tuor vocibus JoanniSf etc.; Romx, apud
Fr. Coattinum (en deux parties). En 1600,
il a été publié une deuxième édition de ces
litanies, auxquelles on a ajouté celle de Notre-
Dame de Lorette, par Roland de Lassus.
Baini a rassemblé un troisième livre de lita-
nies inédites, à six voix. — VIII. Castiques
SPIRITUELS : 27" (l)is) Madrigali spirituali a
cinque voci , libro primo. Fenezia, app.
Jug. Gardano, 1581, in-4". 28" De' Madri-
gali spirituali a cinque voci il libro se-
conda; in Rama, presso Coatlino, 1594. —
IX. Psaumes. 28" (bis) Sacra omnia solemn.
Psalmodia vespertina cum cant.B. V. quin-
que vocum. p'enetiis , apud Ricc. u4ma-
dinum, 1596, in-4''. — X. Madrigaux : 29" Jl
primo libro di Madrigali a quattro voci;
in Roma y Falerio e Luigi Dorici 1555.
Cinq autres éditions de ce premier livre de
madrigaux à quatre voix ont été publiées à
Venise, en 1568, 1570, 1594, 1596 et 1603.
50" Il primo libro de' Madrigali a cinque
voci di Giov. Pierluigi, etc.; Fenezia, op-
pressa Angiolo Gardano, 1581; deuxième
édition ; ibid.^ 1593; troisième édition; ibid.,
1604. 31" Di Giovanni Petro Loysio da Pa-
lestrina il seconda libro de' Madrigali a
quattro voci; in Fenezia, appresso Vherede
di Girol. Scoto, 1586; deuxième édition,
1595, in-4».
Beaucoup de motets, de madrigaux et d'au-
tres morceaux tirés des œuvres de Palestrina
ont été insérés dans les recueils de divers au-
teurs publiés dans la seconde moitié du sei-
zième siècle et au commencement du dix-sep-
tième. Les PP. Martini et Paolucci ont aussi
publié divers fragments de ce maître, dans
leurs traités pratiques du contrepoint; la plu-
part de ces exemples ont été reproduits par
Choron dans ses Principes de composition
des écoles d'Italie (Paris, 1808), et le Stabat
à deux chœurs a été aussi publié dans la même
année par ce savant. Déjà ce Stabat avait été
mis au jour à Londres, par Burney, avec les.
Improperii et les Miserere de Baj et d'AUe-
gri; dans ces derniers temps, MM. Breit-
kopf et Ilaertel ont donné une nouvelle édition
de ce recueil, sous ce titre : Musica sacra^
qux cantatur quotannis per hebdomadam
sanctam Romx in Sacello pontificio. La Bi-
bliothèque du Conservatoire de Paris possède,
dans la collection connue sous le nom d'£'/er,
trente-sept motets en partition de Palestrina j
j'ai également les trois premiers livres de mo-
tets à cinq, six et huit voix en partition.
M. l'abbé Santini, à Rome, possède aussi
toutes les messes et beaucoup d'autres compo-
sitions de ce grand homme; enfin, l'abbé
Baini a préparé une édition complète de toutes
ses œuvres en partition, qu'il serait bien dési-
rable de voir publier.
PALESTRINA ( Ange et Rodolphe
PIERLUIGI DE). Foyez PIERLUIGI.
PALESTRIIMI (Jean), hautboïste dis-
tingué, naquit à Milan, en 1744. Josepl*
Lenta, premier hautboïste du théâtre de cette
ville, fut son maître, et lui fit faire de rapides
progrès. Après avoir visité toute l'Italie, Pa-
Icstrini se rendit en Allemagne, et entra au
service du prince de la Tour et Taxis, à Ratis-
bonne. En 1783, il fit un voyage en Dane-
mark, par Hambourg, et se fit entendre avec
succès dans toutes les villes où il s'arrêta. Son
talent était particulièrement remarquable par
la beauté du son, et par l'expression dans le
chant. Eh 1812, cet artiste était encore at-
taché à la chapelle de Ratisbonne, quoiqu'il
fût âgé de soixante-huit ans. On connaît de
lui quelques concertos pour le hautbois, en
manuscrit.
PALIOIXE (Joseph), compositeur et pro-
fesseur de chant, naquit à Rome, le 7 octobre
1781. Élève de Fonlemaggi, à Rome, et de
Fenaroli, à Naples, il acheva ses études sous
ce dernier maître, et se rendit, en 1805, à
Paris, où il se fixa en qualité de maître de
chant. Il est mort en cette ville, vers la fin de
1819. Toutes les compositions de cet artiste
sont restées en manuscrit ; elles consistent en :
1" Trois quintettes pour deux pianos, deux
violons et violoncelle. 2" Neuf quatuors pour
deux violons, alto et basse. 3» Deux sympho-
nies pour orchestre complet. 4» Debora, ora-
PALIONE — PALLOTTA
43:
torio. 5» La Finla Amante, opéra bouffe,
représenlé au Ihéâlre des Fiorentini, à
îîaples. 6» Le due Rivali, idem, représenté à
Rome, en 1802. 7» La Fedova asluta, ibid.
8" La Fillandla rapila, ibid. 9" Ariane,
cantate. 10° Des airs intercalés dans divers
opéras, entre autres une cavaline chantée à
Paris avec succès, par madame Barilli, dans
le Rivali, de Mayer.
PALLADIO (David), compositeur napo-
litain, né vers le milieu du seizième siècle,
se fixa en Allemagne, et parait avoir été au
service de révéïjue d'Halberstadt. Il a fait
imprimer de sa composition : 1» Cantiones
nuptiales 4, 5, 6 e 7 tocum; Wilienberg,
1590, in-4". 2" iVeues Lied, Herrn Henrico
Julio, poslulirten Bischoffenzu Halberstadt
(Nouvelle chanson en l'honneur de M. Henri
Julius, évéque suffragant de Halberstadt, duc
de Brunswick et de Lunebourg), Magdebourg,
1390, in-4».
PALLAA'ICOI (Viscest), maître de
chapelle au Conservatoire degli Incurabili,
à Venise, vécut vers le milieu du dix-huitième
siècle. En 1733, il fit représenter à Venise lo
Speziale, opéra bouffe, composé en collabo-
ration avec Fischietti. Cet opéra, et une sym-
phonie de la composition de Pallavicini, se
trouvaient autrefois dans le magasin de Breit-
lopf, à Leipsick.
PALLAYICOO (Bexoît), compositeur
distingué, naquit à Crémone, dans la seconfle
moitié du seizième siècle, et fut maître de
chapelle du duc de Mantoue. Il était encore
au service de ce prince, en 1016. On connaît
de lui les ouvrages suivants : i" Il primo
libro de' Madrigali a quattro voci; in Fe-
netia, app. Angelo Gardane, 1370, in-4°.
1° (615) Madrigali a cinque voci, lib. 1 ; Ve-
nise, 1381, in-4°. 2° Idem, lib. 2; ibid.,
1593, in-4''. 2» (bis) Sacrarum Dei laudum
octo, duodecim et sexdecim vocibus; Fe-
tieliis, apud Riccardum Amadinum, 1395,
in-4». Z' Idem, lib. 3; ibid., 1596, in-4». Ce
livre a été réimprimé à Anvers, chez Pha-
lèse, en 1604. i" Idem, lib. 4; Venise, 1396,
in-4<'; Anvers, 1603, in-4'' obi. 4» (pis) Di
-Benedetto Pallavicino il quinto libro de
Jladrigali a cinque voci; in Fenetia, app.
Gia. Fincenti, 1597, in-A". 5» Cantiones
sacrcsS, 12 e 16 vocum; Venise, 1605. ^•'11
primo libro de' Madrigali a sei voci, nova-
mente composti et dati in luce; in Fenetia,
presso Giacomo Fincenti, 1587, in-4''. Cette
éiiilion est la première : l'épltre dédicatoire
au duc de Mantoue est datée du 1" mai 1587.
La deuxième édition a été publiée chez Vin-
centi, à Venise, en 1606, et dans ta même
année Pierre Phalèse en a donné une autre à
Anvers. 7" Libro FI de" Madrigali a 5 f ocï;
ibid., 1012, in-4''. C'est une deuxième édi-
tion. 8" Madrigali a^ voci, lib. Fil; ibid.,
1613, in-4''. On trouve des madrigaux de
Pallavicino dans la collection intitulée De'
floridi virtuosi d'Ilalia il terzo libro de'
Madrigali a cinque voci (Venise, Giac. Vin-
centi et Rich. Amadino, 1386, in-4''), el dans
plusieurs autres recueils.
PALLAYICI^XO (Charles), compositeur
dramatique, naquit à Brescia dans la première
moitié du dix septième siècle, et mourut à
Dresde en 1089. La plupart des opéras de ce
compositeur ont été représentés avec succès à
Venise, quoiqu'ils ne se distinguent par au-
cune qualité d'invention. Ses productions,
dont on a retenu les titres, sont : 1" Aure-
liano; à Venise, en 1006. 2" Demetrio, dans
la même année. 3» Il Tiranno umiliato
d'Amore, ovvero Meraspe, 1067. 4" Dio-
cleziano, 1074. 3" Enea in Italia, 1075.
0" Galeno, 1070. 7» // Fespasiano, 1678.
8» Il Nerone, 1079. 9» Messalina, 1080.
10" Bassiano, ossia il maggiore impossibile,
1082. 1 1° Carlo, re d'Italia, 1083. 12° // Re
infante, 1085. 13» Licinio imperatore ,
1084. 14» Recimero re de' Fandali, 1085.
15° Massimo Puppieno, 1085. 10» Peneloppe
lacasta, 1080, 17» Didone délirante, 1686.
18°^mortnHamora(o, 1087. 19» Z'^ma;-one
corsara, 1087. 20» Elmiro, re di Corinto,
1087. 21» La Gerusalemme liberata, 1088.
22° Antiope, à Dresde, 1089; c'est pendant
la composition de cet opéra que Pallavicino
mourut; Slrunck termina l'ouvrage, qui fut
représenlé à Dresde, dans la même année. La
Gerusalemme liberata fut traduite en alle-
mand par Fiedeler, et représentée à Ham-
bourg, en 1695, sous le titre d^Armida. Quel-
ques airs de cet ouvrage ont été imprimés à
Hambourg dans la même année. Les mélodies
de ces morceaux manquent d'originalité. Pal-
lavicino fut le mailrc de composition de Le-
grenzi {voyez ce nom).
PALLOTTA (Mathiec), compositeur de
musique d'église, à Palerme, né vraisembla-
blement en Sicile, a vécu dans la première
moi(ié du dix-huitième siècle. On connaît
sous son nom : 1° Cantionum Benedictus ad
Laudes in solemn. matutinis Hebdomadx
Sanctx 4 vocum. 'i" Benedictus quinli modi.
Ces deux ouvrages sont indiqués comme ma-
nuscrits daas le catalogue de Traeg, de VicQae.
^'JS
Px\LMA — PAMPANI
PALMA (Silvestre), conaposileur drama-
tique, né à Iscliia, près de Naples, en 1762,
étudia le contrepoint au Conservatoire de
Loreto, sous la direction de Valent! et de Fe-
naroli ; il reçut ensuite des conseils de Pai-
siello. En 1791, il intercala quelques airs
dans l'opéra bouffe intitulé Le Fane Gelosie.
Son premier opéra, joué à Naples, fut la Finta
Matta. Il donna ensuite : 1° La Pietra sim-
pattcOf dans lequel on trouve la polonaise
Sento che son vicino, qui a eu un succès pro-
digieux. 2» Gli Amanti ridicoli, et 3» La
Sposa contrasta. En 1799, au moment où ce
"compositeur se disposait à aller de Venise à
Bologne, il fut obligé de retourner à Naples,
où il écrivit pour divers théâtres : La Schiava
fortunata; VErede senza crédita; le Seguaci
di Diana; la Scavamento ; i Furbi amanti;
i Fampiri; le Minière di Polonia; il Pa-
lazzo délie Fate; il Pallone aerostatico ; il
Geloso di se stesso. Une affection hémorroïdale
obligea Palma à renoncer à ses travaux dra-
matiques. Une hydropisie de poitrine le con-
duisit au tombeau le 8 août 1854, à Tâge de
soixante-douze ans. On connaît de lui une
cantate pour soprano et contralto écrite pour
la fêle de Noël.
PALMERINI (Louis), né à Bologne, le
26 décembre 1768, y est mort le 27 janvier
1842. Cet artiste distingué a occupé avec
beaucoup d'honneur, pendantquaranteans, la
place d'organiste de la collégiale de S. Pé-
trone, dans sa ville natale : avec lui a fini en
Italie l'art de jouer de l'orgue dans le style
véritable de cet instrument. Il improvisait des
•fugues à trois et quatre parties qui, pour la
conduite et l'exécution, étaient dignes des
meilleurs maîtres. On a de lui beaucoup de
musique d'église bien écrite, qui est restée en
manuscrit. Palmerini a laissé aussi un traité
d'harmonie et d'accompagnement que plu-
sieurs artistes bolonais considèrent comme
préférable à celui de Mattei.
PALSA(Jeas), virtuose sur le cor, naquit
à Jermeritz, en Bohême, le 20 juin 1752. Il
n'était âgé que de dix- huit ans lorsqu'il se
pendit à Paris avec Turschmidt, qui, dans
leurs duos, jouait la partie de second cor.
Après les avoir entendus au concert spirituel,
le prince de Guémené les prit à son service.
Ils publièrent dans cette ville deux œuvres de
duos pour deux cors. En 1783, ces deux ar-
tistes retournèrent en Allemagne, et entrèrent
dans la chapelle du landgrave de Hesse Cassel.
Deux ans après, ils firent un voyage à Lon-
dres, où ils excilèrent l'admiration générale.
De retour à Cassel, ils y restèrent jusqu'à la
mort du prince. En 1786, ils entrèrent au
service du roi de Prusse. Palsa mourut d'une
hydropisie de poitrine, le 24 janvier 1792, à
l'âge de trente-huit ans. Cet artiste distingué
a publié un troisième livre de duos pour deux
cors, avec Turschmidt, à Berlin, chez Grœ-
benschuiz et Seiler. Le talent de Palsa con-
sistait particulièrement dans une belle ma-
nière de chanter sur son instrument.
PAMINGER (Léonard), compositeur du
seizième siècle, fit ses études dans un mo-
nastère de la Bavière, puis fut secrétaire et, en
dernier lieu, recteur de l'école de Saint-
Thomas, à Passau. Il mourut dans cette ville,
en 1568. Ses compositions, qui consistent en
motets à plusieurs voix, ont été publiées par
son fils, après sa mort. La collection de ces
morceaux a pour titre : Ecclesiasticorum
cantionum quatuor, quinque et plurimum
vocum , tomus primus ; Nuremberg, chez
Catherine Gerlach et les héritiers de Jean
Montanus, 1572, in-4» obi. Le second volume
de ces motets a été publié à Nuremberg, en
1573, le troisième en 1576, et le dernier en
1580, par Nicolas Rnorr. On trouve des com-
positions de Paminger dans le recueil intitulé
Fior de Motetti tratti delli Motetti del
Fiore; in Fenetia, per Antonio GardanOy
1539; dans les tomes I"elII^ du Novum et
insigne opus Musicum, sex, quinque et qua-
tuor vocum, etc. ; Norimhergae, arte Hiero-
nymiGraphxi, 1537-1538, petit in-4" obi., et
dans les tomes I" et Iliade la collection qui a
pour titre : Tomus primus {seu tertius) Psal-
morum selectorum a prxstantissimis mu-
sicis in harmonias quatuor aut quinque
vocum redactorum; Norimhergm , apud Joh.
Petreium, 1538-1542, petit in-4<'obl.
PAMPANI (Ahtoine-Gaétan), compositeur
dramatique, né dans la Romagne, au commen-
cement du dix-huitième siècle, fut d'abord
maître de chapelle de la cathédrale de Fermo,
et en remplit les fondions jusqu'en 1748;
puis il dirigea pendant vingt ans le Conser-
vatoire de Venise, appelé L'Ospedaletto di
S. Giovanni e Paolo. Il mourût dans cette
position au mois de février 1769. Ce maître
avait été nommé membre de l'académie des
Philharmoniques de Bologne, dans la section
des compositeurs, en 1746. L'auteur des notes
sur les musiciens italiens, communiquées à La
Borde pour son Essai sur la musique, repro-
chaità Pampani d'avoir mis dans ses ouvrages
un style bruyant et tourmenté : je n'ai |)u
vérifier ce qui a donne lieu à celle accusation.
PAMPANÏ - PANE
439
Les titres connus des opéras de ce maître
sont : X" Ànagilda, 1735. 'à" Artaserse Lon-
gimano, 1757. 3" La Caduta d'Atnulio,
174G. 4° La Clemenza di Tito, 1748. 5» Ar-
taserse, 1730. 6° // P'inceslao, 1752. 7° As-
tianasse, 1755. 8° Demofoonte, 4764. 9° De-
metrio, 1768. Le Demofoonte fut, dit-on,
l'opéra de Pampani qui obtint le plus de
succès. Le mailre de chapelle Reichanlt cite
de la composition de Pampani un De pro-
fundis, composé en 1748, le motet /n conver-
tendo Dominus, et un Tantum ergo, qu'il
avait vus en manuscrit.
PAI\, personnage oh dieu de la mytho-
logie grecque à qui les poètes donnent pour
père tantôt Mercure, tantôt Jupiter, Saturne,
Uranus, etc. Il est représenté avec des cuisses,
des jambes et des pieds de bouc, et avec des
cornes à la tête. Il présidait à l'agricullure.
Dans la guerre des Titans, il fut le plus utile
auxiliaire de Jupiter, en soufflant dans une
conque marine, dont les sons rauques mirent
^n fuite les géants : on le considère, à cause de
cela, comme l'inventeur de la trompette. L'in-
vention de la flûte pastorale à plusieurs tuyaux,
appelée sgrinx, lui est aussi attribuée : suivant
la Mythologie, la nymphe de ce nom, ayant
invoqué les dieux pour échapper à l'ardeur de
Pan, fut changée en roseau; désespéré de sa
perte, le dieu coupa quelques-uns de ces ro-
seaux de différentes longueurs, les unit avec
de la cire, et parcourut les bois et les mon-
tagnes, en jouant de cet instrument. On con-
naît le vers de la deuxième églogue de Vir-
gile :
Pan primas ealamos cerà conjangere plures
Instituit
Quelques poêles de l'antiquité ont aussi at-
tribué à Pan l'invention de la flûte droite, et
même, suivant Bion, de la flûte oblique (flûte
Iraversière). Au point de vue philosophique
de la mythologie, Pan est l'âme de l'univers;
c'est le fOM(, en particulier c'est Vair, et con-
séquemment le son, qui n'est que l'air vi-
brant; d'où il suit que Pan est le principe de
la musique, ou la musique elle même.
PANAjXTI (Philippe), littérateur italien,
établi à Londres, vers 1810, y commença la
pui)lication d'un journal de littérature ita-
lienne intitulé Giornale italico qui n'eut pas
une longue existence. Il y a publié, sous
le titre de Saggi' teatrali (Londres, 1813,
août, page 408) des morceaux sur le théâtre
italien : le premier, intitulé Musica e parola,
traite de la musique et de la poésie drama-
tique.
PANC.iLDI (Charles), avocat, né à Bo-
logne, vers la fin du dix-huitième siècle, est
auteur d'une notice intitulée : Cenni intomo
Felice Maurizio Radicati, célèbre suonator
di violino a contrappuntista ; Bologne,
NobilietC'Sl828, in- 8».
Une cantatrice de quelque talent (iVartanna
Pancaldi), née à Bologne et vraisemblable-
ment de la famille du précédent, chanta avec
succès, depuis 1835 jusqu'en 1838, sur les
théâtres de la Romagne, a Ferrare et à Ro-
vigo, puis fut engagée pour le théâtre de San-
Vago, dans l'Ile de Cuba, et y excita l'enthou-
siasme dès son début ; mais atteinte par la
fièvre jaune, elle y mourut le 5 septembre
1858, un mois après son arrivée dans l'ile.
PAINCmOLI (Gti), jurisconsulte, né en
1523, à Reggio, en Lombardie, fit son droit à
l'université de Padoue, et devint successive-
ment professeur dans cette ville, à Turin et à
Venise. Il mourut dans cette dernière ville, le
13 mai 1599. Le livre de Panciroli intitulé
Rerum Tnemorabilium deperditarum et nu~
per inventarum, Ub. II (Amberg, 1599,
2 vol. in-8°, et Leipsick, 1607, in-4"), con-
tient deux chapitres (39 et 40 de la première
partie) qui traitent de Itluiicâ, de Mttsicd
muta, de HydrauUcâ. La première partie
de ce livre a pour objet les découvertes des
anciens dont nous avons perdu le secret; c'est
pourquoi Panciroli y traite de l'orgue hydrau-
lique. Pierre de la Noue a donné une traduc-
tion française de cet ouvrage, dégagée de tout
commentaire; Lyon, 1617, deux parties in-12.
PAKE (DoïisiQUE DEL), prêtre, né à
Rome, dans la première moitié du dix-septièm*
siècle, étudia la composition sous la direction
d'Abbatini. Appelé au service de l'empereur
Ferdinand III, en qualité de sopraniste, il
vécut à Vienne et à Prague pendant quelques
années, puis retourna à Rome, en 1634, pour
le concours ouvert à l'occasion de la nomination
d'un chapelain chantre de la chapelle pontifi-
cale, et obtint cette place le 10 juin de la
même année. Ses premiers ouvrages ont pour
titre : 1° Magnificat octo tonorum , liber
primus, op. 1 ; Roma, ap. Mascardium,
1672. 2° Motelti a 2, 3, 4 e 5 voci, Ub. I,
op. 2; ibid., 1675. Del Pane a laissé beaucoup
de musique d'église qui se trouve en manu-
scrit dans les archives de la chapelle pontifi-
cale. On a imprimé de sa composition des
messes écrites sur les thèmes de plusieurs mo-
tels de Pierluigi de Palestrina. Cette œuvre a
pour titre : Messe delV Abb. Domenico del
Pane, soprano dellu capp. pont, a 4, 5, 6,
440
PANE — PANNY
8 voci, estratte da esquisiti motetti del Pa-
lestrina, e dedicate ail' E. e R. Sig. cardi-
nal Benedetto Pamphili ; Rome, 1687, in-fol.
Del Pane a été l'éditeur des antiennes de son
maître Abbatini {voyez ce nom), pour douze
ténors et douze basses.
PAIVECK (Jean), compositeur allemand,
né vraisemblablement à Prague, où il y a eu
des artistes de ce nom, vécut vers la fin du
dix-liuitième siècle. On lui doit la musique
du petit opéra intitulé : Die Christliche Ju-
denbraut (la Fiancée juive devenue chré-
tienne). Le sort de cet ouvrage eut cela de bi-
zarre, qu'accueilli avec enthousiasme aux
théâtres de Léopoldstadt et de la Porte de
Carinthie, à Vienne, il fut outrageusement
sifflé dans quelques villes de l'Allemagne sep-
tentrionale.
PANIZZA (Jacques), compositeur, pro-
fesseur de chant, et maître au piano du grand
théâtre de la Scala, à Milan, fut, je crois, fils
de Pompilio Panizza, ténor qui chanta au
même théâtre, en 1800. Il vit le jour en
cette ville, dans les premières années du dix-
neuvième siècle. Son premier opéra intitulé:
Sono eglino maritati? a été représenté en
1827. Il a donné ensuite la Collerica, qui a
été jouée avec succès à Milan, en 1831. Pa-
nizza a écrit aussi, en 1834, pour Trieste,
Gianni di Calais; enfin, il a fait représenter,
en 1840, ICiarlatini, dont quelques journaux
ont fait l'éloge. Panizza est aussi l'auteur d'une
sérénade à quatre voix et orchestre, intitulée :
Inno a Maria Malibran, qui a été exécutée
à Milan, dans la soirée du 23 mai 1834. On a
imprimé de ce compositeur : 1» Sesletto per
il flauto, 2 clarinetli, 2 corni e fagotto;
Vienne, Artaria. 2» Divertimento in forma
di valze per il piano- forte ; Milan, Bertuzzi.
5" Il Pianto, aria lugubre per Tenore; ibid.
4" Se il brando invitto, scène pour ténor;
Milan, Ricordi. 5» Deux airs pour soprano;
ibid. 6" Scène lyrique, tirée du troisième acte
de Saiil, tragédie d'AUieri, pour ténor, avec
piano ou harpe; ibid. 7" // Ritorno in pa-
tria, romance ; ibid. Bon professeur de chant,
Panizza a formé quelques-uns des derniers
artistes qui se sont fait entendre sur les
théâtres de l'Italie avec la connaissance de
l'art du chant. Ce maître est mort à Milan, au
mois d'avril 1860.
PAISrSErSBERG (FRÉDÉBIC-GtILLAUME) ,
musicien de ville à Lunebourg, vers la fin du
«lix-huilième siècle, a écrit des quatuors et
des solos pour violon, une symphonie concer-
tante pour deux bassons, avec orchestre, et nu
septuor pour hautbois, basson, alto, cor de
bassette, cor et violoncelle ; toutes ces com-
positions sont restées en manuscrit : on n'a
gravé de Pannenberg qu* trente anglaises et
cotillons pour orchestre, à Leipsick, chez Breit-
kopf et Hœrtel.
PA]\I\Y (Joseph), violoniste et composi-
teur, est né le 23 octobre 1794, à Kohlmilz-
berg, en Autriche. Fils du maître d'école de
ce lieu, il apprit, sous sa direction, à jouer du
violon dès l'âge de six ans, et par un travail
de sept heures chaque jour, il parvint en
trois années à jouer les quatuors et concertos
de Haydn , Gyrowelz , Pleyel, Siamitz et
autres maîtres de cette époque; puis le pas-
teur Ortler lui enseigna à jouer de la flûte;
enfin, son aïeul maternel, Joseph Breines-
berger, fut son premier maître pour l'orgue
et l'harmonie. L'invasion de l'Autriche par les
armées françaises, en 1809, ruina la famille
de Panny, et l'obligea lui-même à se livrer à
des travaux agricoles et à négliger la musique.
Envoyé ensuite à Linz pour y suivre les cours
destinés à former des instituteurs, il eut occa-
sion d'y entendre de belles compositions qui
réveillèrent son penchant pour la musique.
Dès ce moment, il reprit l'étude de cet art, et
écrivit quelques essais de compositions pour
divers instruments, trois messes et un Re-
quiem; mais toutes ces productions renfer-
maient plus de fautes contre les règles de l'art
et de réminiscences que de beautés originales-
A l'âge de dix-neuf ans, M. Panny entra dans
la carrière de l'enseignement à Greinburg,
dans la haute Autriche. Ce fut dans ce lieu
qu'il fit exécuter une cantate en présence de
l'empereur François II et de son maître de
chapelle Eybler {voyez ce nom). Celui-ci re-
connut du talent dans cetouvrage, encouragea
Panny, et lui promit que s'il venait à Vienne
et se destinait à la carrière d'artiste, il lui en-
seignerait la haute composition. Le voyage de
Vienne était précisément à cette époque le
désir du jeune homme, qui le réalisa en 1815,
et, mettante profit les offres d'Eybler, devint
en effet son élève. Pendant que Panny se pré-
parait ainsi à se faire une position honorable
dans l'art, il eut à lutter contre les doulou-
reuses angoisses de la misère ; mais, enfin, sa
courageuse persévérance triompha de la mau-
vaise fortune. Parvenu à l'âge de trente ans,
il donna, en 1824, son premier concert à
Vienne et y fit entendre pour la première fois
ses compositions, particulièrement le Krie-
gerchor (Chœur de Guerriers), |.ublié chez
Schott, à Mayence, et un chœur écossais resté
P.\NNY — PANOFK-V
441
inédit. Ces morceaux furent chaleureusement
applaudis par le public. En 1823, Panny fit
un voyage à Venise, et fit la connaissance de
PaganinI, qui Tencouragea dans ses travaux j
plus tard , il retrouva ce grand artiste à
Vienne, et composa à sa demanda une scène
dramatique pour violon et orchestre, que le
grand violoniste exécuta sur la quatrième
corde au concertd'adieu qu'il donna à Vienne,
en 1828. Ils entreprirent ensemble un voyage
à Carlsbad, où bientôt ils se séparèrent, mé-
contents l'un de l'autre. Panny continua seul
ce voyage et visita Dresde, Prague, Salzbourg„
Linz, Munich, Augsbourg, Stultgard, Carls-
ruhe, Manheim, Francfort et Mayence. Ar-
rivé dans celte dernière ville, en 1829, il y
passa l'hiver et fit paraître quelques-unes de
ses compositions chez Scholt frères. En 1830,
il entreprit un nouveau voyage, par Dussel-
ilorf, dans le nord de l'Allemagne, et s'établit
à Hambourg, d'où il alla donner des concerts
à Berlin. Dans l'année suivante, la place de
chef d'orchestre des concerts de Bergen
(Xorwége) lui fut offerte et acceptée par lui.
Il en remplit les fonctions pendant l'hiver de
18ôl-18ô2et y écrivit plusieurs compositions.
De retour à Hambourg, il dirigea pendant
l'hiver suivant les concerts du Casino à Al-
loua. En 1854, il accepta un engagement qui
lui était offert par de riches manufacturiers
deWesserling (Alsace), pour faire l'éducation
musicale de leurs enfants, et fonder une école
de musique dans la commune. Ce fut de là
qu'il partit en 1835 pour faire un voyage à
Paris et à Londres. Fatigué de la vie obscure
qu'il avait trouvée à Wesserling, il s'éloigna
de ce lieu, en 18ôG, pour aller se fixer à
Mayence, où il organisa une école de musique
vocale et instrumentale et se maria dans la
même année. Après une existence longtemps
agitée, Panny semblait enfin être arrivé à la
période des jours heureux, quand une maladie
de la moelle épinière lui fit sentir ses pre-
mières atteintes, en 1837. Il essaya l'effet des
bains de Ilombourg dans l'été de l'année sui-
vante, mais inutilement, car il mourut le
7 septembre 1838, à l'âge de quarante-quatre
ans, laissant une veuve, qu'il avait épousée
depuis moins de deux ans, et un enfant de
six mois. M. J.-G. Horneyer lui a consacré
un long article nécrologique dans le supplé-
ment de la Gazette de Mayence (ann. 1838,
n"« 111, 112 et 113). Dans la liste des compo-
sitions de Panny, on remarque les suivantes :
1» Quatuors faciles pour deux violons, alto et
basse, op. 19, n»* 1 et 2 ; Vienne, Artaria.
2» Sonate sur la quatrième corde, avec qua-
tuor, op. 28; Mayence, Schott. 3° Adagio et
rondo pour flûte et quatuor, op. 6; Vienne,
.\rtaria. 4° Adagio et polonaise en symphonie
concertante pour hautbois et basson, op. 7;
ibid. 5» Scène suisse, concertino pour violon-
celle entremêlé de thèmes de l'opéra de Guil-
laume Tell, op. 27 ; Mayence, Schott. 6» Ron-
deau brillant pour piano avec quatuor, op. 12;
Vienne, Pennauer. 7" Trio pour piano, vio-
lon et alto, op. 1 ; Vienne, Artaria. 8° Intro-
duction et rondeau pour piano et violon,
op. 20; Vienne, Pennauer. 9° Variations pour
piano sur une canzonette vénitienne de Pa-
ganini, op. 8; Vienne, Artaria. 10» Messe à
quatre voix et orchestre: Vienne, Cappi.
11° Deuxième messe, idem, op. 17; Vienne,
Artaria. 12"'Troisième idem ; Mayence, Schott.
lô" Requiem à trois voix, deux violons, basse
et orgue, op. 21; Vienne, Artaria. 14» Gra-
duel à quatre voix, orchestre et orgue, avec
un offertoire pour soprano solo, chœur ad
/j6t7um, orchestre et orgue, op. 18; ibid.
13» Hymne allemand (Singt dem Herrn ein
neues Lied), pour un chœur d'hommes, trois
trombones et basse, op. 38; Mayence, Schott.
16» Chant original de la Styrie, pour voix
d'hommes et orchestre, op. 33; Mayence,
Schott. 17° Chanson du Nord pour voix seule,
chœur et orchestre, op. 36; ibid. 18° Chanson
de table pour chœur d'hommes et orchestre,
op. 37; t6id. 19° Chants détachés ou en re-
cueil pour quatre voix d'hommes et piano,
op. 9; Vienne, Artaria. op. 23, 26, 30, 31,
34, ibid. L'œuvre 32' est un chœur d'hommes
intitulé : Der Herbstam Rhein (l'Automne sur
le Rhin). 20» Chants à voix seule avec accom-
pagnement de piano, op. 5, 10, 29, 33; Vienne
et Mayence. Panny a laissé en manuscrit un
mélodrame et l'opéra Dai Mxdchen von
Rugen (la Fille de Rugen), un hymne pour
la nouvelle année, composé et exécuté à
Bergen, en Norwége, le 18 décembre 1831,
quelques morceaux de chant avec orchestre,
et des travaux littéraires sur la musique,
particulièrement sur l'histoire de cet art en
Italie, en Allemagne, en France et en Angle-
terre.
PAÎSOFKA (Hesri), violoniste, profes-
seur de chant et compositeur, est né le 2 octo-
bre 1807, à Breslau, en Silésie. Son père,
rentier et délégué du roi de Prusse, destinait
le jeune Panofka au barreau, et lui fit faire
ses études au collège Frédéric jusqu'à l'âge
de seize ans. Sa sœur, fort habile sur le violon,
lui donna les premières leçons de cet instru-
442
PANOFKA
menl ; puis il apprit le chant et les prin-
cipes de la lecture de la musique sous la
direclion du cantor Strauch et de son suc-
cesseur Fœrster. A l'âge de dix ans, M. Pa-
nofka se fit entendre avec succès en public.
Après la mort de Fœrster, Luge, chef d'or-
cheslre du théâtre de Breslau, et bon violo-
niste, devint son maitre. C'est sous la direc-
tion de cet artiste qu'il joua plusieurs fois
des concertos de Rode et de Violti, au théâtre
el dans les concerts; En 1824, il sortit du
collège pour suivre les cours de droit de
l'université; mais cédant à ses instances réi-
térées, son père lui permit de se livrer en
artiste à la culture de la musique, et l'envoya
à Vienne, pour y prendre des leçons de May-
seder pour le violon, et de Hoffmann pour la
composition. Après trois années d'études sous
ces maîtres, il se fit entendre, en 1827, avec
un brillant succès, dans un concert donné à
la salle de la Redoute. En 1829, il s'éloigna
de Vienne, pour se rendre à Munich, où il
donna des concerts pendant un séjour de six
mois, puis il alla à Berlin, s'y lia avec le
pianiste Ilauck, et donna plusieurs concerts
avec lui. C'est dans cette ville qu'il publia ses
premières compositions; c'est aussi à Berlin,
qu'à la sollicitation de M. Marx, rédacteur en
chef de la Gazette musicale, il commença à
cultiver la critique sur cet art. La mort de son
père, en 1831, le mil en possession d'uH
héritage modeste, qui lui permit de se livrer
sans réserve à ses études. En 1832, il entre-
prit un voyage avec son ami Ilauck, visita
Dresde, Prague, et retourna à Vienne, où il
fit un nouveau séjour pendant huit mois.
Après avoir visité la Pologne et la Silésie, il
revit Berlin une deuxième fois ; mais ayant eu
le malheur d'y perdre son frère, il s'éloigna
de cette ville, et se rendit à Paris, où il s'éta-
blit, en 1834. Il s'y fit entendre pour la pre-
mière fois au Conservatoire, dans un concert
donné par Berlioz, puis il en donna un lui-
même dans cette salle, en 1 837. Dès son arrivée
à Paris, son goût pour l'art du chant, déve-
loppé par les occasions fréquentes d'entendre
des artistes tels que Rubini, Lablache, Don-
zelli, David, mesdames Foder,Sontag et autres
célébrités, l'avait fait se lier avec le célèbre
professeur de chant Bordogni, et dès ce
moment, il se mit à étudier avec ardeur
l'organisation et le mécanisme de la voix.
Il suivait avec assiduité les cours de ce
professeur, et bientôt les relations de ces
artistes furent si intimes qu'ils s'associèrent
pour la fondation d'une académie de chant
des amateurs, à l'imitalian de celle de Berlin.
Ils en publièrent le prospectus, en 1842-
mais la formation de la Société des concerts
de musique religieuse, par le prince de la
Moskowa, à la même époque, fut un obstacle
à la réalisation de leur projet. En 1844,
M. Panofka s'est rendu à Londres pour la pu-
blication de quelques-uns de ses ouvrages. En
1847, M. Lumley, directeur du théâtre italien
de Londres, s'attacha M. Panofka pour l'aider
dans sa direction en ce qui concerne l'art. Ce
fut la brillante saison de Jenny Lind, accom-
pagnée de Lablache, Fraschini, Coletti, Stau-
digl, Gardoni et autres bons artistes. Ce fut
une nouvelle occasion ofTeite à M. Panofka
pour l'étude comparée des méthodes de chant
et des voix. Il avait pris dès lors la résolution
de se fixer à Paris pour se livrer à l'enseigne-
ment de l'art vocal; mais la révolution de
1848 vint tout à coup contrarier ce projet.
Après un court séjour dans la capitale de la
France, il retourna à Londres et s'y établit
comme professeur de chant. Il y publia un
grand nombre de morceaux sur des paroles
italiennes, tels que canzones, duos, qua-
tuors, et un traité pratique de chant, sous le
titre de Practical sinying tutor (Evver et C''),
ainsi que douze vocalises pour soprano et
contralto. Après le coup d'État de 1852,
M. Panofka revint à Paris et s'y fixa définiti-
vement. Livré depuis lors d'une manière
exclusive à l'enseignement du chant, il a
publié son grand ouvrage intitulé : l'Jrt de
chanter, divisé en deux parties, théorique el
pratique, op. 81 ; Paris, Brandus, suivi du
Fade niecum du chanteur (recueil d'exercices
pour toutes les voix), de vingt-quatre voca-
lises pour soprano, mezzo-soprano et ténor,
et de vingt-quatre vocalises pour contralto,
baryton et basse.
Pendant son premier séjour de dix années à
Paris, cet artiste s'est occupé de la critique
musicale : il a été le correspondant de la nou-
velle Gazette musicale de Leipsick, fondée
par Schumann et Schunke, a fourni aussi des
articles à la Gazette musicale de Paris, à
Vimpartial, au Messager et au Temps. In-
dépendamment des ouvrages cités précédem-
ment, les compositions de M. Panofka consis-
tent en thèmes variés pour violon, avec or-
chestre, quatuor ou piano, op. 6, 11, 14, 18;
fantaisies îJem, op. 8, 21 ; rondos el rondinos,
idem, op. 9, 22; élégie pour violon et piano,
op. 17; ballade idem, op. 20; capricio sur
un motif de Mercadanle, op. 25; grand mor-
ceau de concerl, op. 23; adagio appassio-
PÂNOFK-\ - PA^'SERON
44:)
nato, op. 24 ; duos pour piano et violon con-
certants, op. 10, 13, 15, 16, 27; études pour
violon seul; les Rêveries, pour piano seul,
op. 26; ballades et autres morceaux de chant
avec accompagnement de piano, op. 7 et 12;
grande sonate pour piano et violon, op. 48;
Vienne, Haslinger. Les éditeurs de ces ou-
vrages, publiés à Paris, sont MM. Schlesinger,
Meissonnier, H. Lemoine, Pacini et B. Latte.
M. Panofka a traduit en allemand la nou-
velle méthode de violon de Baillot, Berlin,
Schlesinger. Sa méthode, intitulée l'^rt de
chanter, a été traduite en italien, à Milan,
chez Ricordi, et en allemand, à Leipsick, chez
Rieter-Bidermann. On a aussi de lui : l'abé-
cédaire vocal, mode préparatoire de chant
pour apprendre à émettre et à poser la voix;
Paris, Brandus ; Suite de l'abécédaire vocal,
vingt-qtMtre vocalises dans l'étendue d^une
octave et demie pour toutes les voix; ibid;
les Heures de dévotion, six cantiques ; Paris,
Canaux; Jve Maria et O salutaris, Paris,
Brandus; ^ve Maria et ^gnus Dei ; Paris,
Escudier; Ti prego , 0 Madré pia, prière;
Paris , Brandus ; Fingt-qualre vocalises
d'artiste, qui terminent l'œuvre didactique
du professeur : ibid.
PA]>ORMITAIVO (D. Macro), composi-
teur sicilien, dont le nom véritable n'est pas
connu, fut appelé Panormitano parce qu'il
était né à Palerme, vers le milieu du seizième
siècle. Il entra dans le monastère de Mont-
cassin, et y remplit les fonctions d'organiste.
On a imprimé de sa composition : Lamenta-
zioni e Responsori per la Seltimana Santa
a Quattro voci; Venise, 1583, in-4''. Une
deuxième édition de cet ouvrage a paru dans
la même ville en 1597, sous le titre latin :
Lamentationes ac Responsorii Hebdomads
Sanctx quatuor vocum.
PAÎHORMO (Vixcest), luthier italien, né
à Crémone, se fixa à Paris, vers 1740, et y
travaillait encore trente ans après. J'ai vu un
bon violon de lui dont le vernis était trans-
parent et chatoyant : cet instrument portait
la date de 17G9.
PA3XORMO (Fkasçois), fils du précédent,
fut attaché, comme flûtiste, au théâtre de Ni-
cole! depuis 1780 ; il a publié à Paris, en 1786,
six duos pour deux flûtes, op. 1. On connaît
aussi sous le même nom la fraise de l'oiseau,
pour piano; Paris, Janet. Ce morceau a eu de
la célébrité, au commencement du dix-neu-
vième siècle.
PAIXSERON (Abccste-Mathieu) , né à
Paris, le 7 floréal an iv (26 avril 1796), est fils
d'un professeur de musique instruit, à qui
Grétry avait confié l'instrumentation de ses
! vingt dernières partitions, parce que ce tra-
vail était pour lui fatigant et sans attrait. Le
; jeune Panseron fui admis comme élève au
i Conservatoire de Paris, dans le mois de nivôse
j an XIII (décembre 1804). Après y avoir suivi
i les cours de solfège, dont il avait reçu les pre-
I mières notions de son père, il passa sous la
i direction de Levasseur, pour l'étude du vio-
loncelle, et bientôt après il devint élève de
Berton pour l'harmonie, puis de Gossec pour
le contrepoint. Les prix de solfège, d'harmonie
et de composition lui furent successivement
décernés dans les concours de l'école. Ses
études, auxquelles il avait employé huit an-
nées, étant terminées, il se présenta au con-
cours de l'Institut, et y obtint le premier prix
de composition, en 1813. Le sujet du con-
cours était la cantate intitulée Herminie. De-
venu pensionnaire du gouvernement, à ce
titre, Panseron partit pour l'Italie, et s'ar-
rêta pendant plus de six mois à Bologne pour
y faire de nouveau un cours complet de con-
trepoint fugué, sous la direction de Mattei.
C'est au soin consciencieux qu'il mit, en cette
circonstance, à perfectionner son savoir par
l'étude du style de l'ancienne école d'Italie,
qu'il fut redevable d'une connaissance étendue
de l'art d'écrire pour les voix. Après avoir
vécu plusieurs années à Rome et à Naples, où
il étudia le mécanisme de l'art du chant sous
de bons maîtres, il se rendit en Allemagne,
reçut des conseils de Salieri, à Vienne, et de
Winter, à .Munich, puis s'arrêta quelques mois
à Eisensladt, en 1817, chez le prince Esler-
hazy, qui le nomma son maître de chapelle
honoraire. Panseron se disposait à retourner
à Paris, lorsque des propositions lui furent
faites pour visiter la Russie ; les ayant accep-
tées, il se rendit à Saint-Pétersbourg ; mais ce
voyage ne fut qu'une course de peu de durée,
et dans l'été de 1818, il arriva à Paris, après
avoir employé cinq années dans les voyages
prescrits par les règlements de l'Institut pour
les élèves pensionnaires. Dès son arrivée dao<
cette ville, il se livra à l'enseignement du
chant, et bientôt après, il remplit les fonctions
d'accompagnateur à l'Opéra - Comique. En
1824, il obtint sa nomination de professeur
de chant au Conservatoire, où il avait été
admis, comme élève, vingt ans auparavant.
Lorsque, en 1829, Ualévy eut abandonné sa
place d'accompagnateur au Théâtre- Italien,
pour passer à la direction du chant à l'Opéra,
Panseron lui succéda dans cet emploi ; mais
444
PANSERON — PANTALOGO
les occupalions multipliées qui y étaient atta-
chées le firent renoncer à celte place après
quelques années, pour se livrer sans réserve
à l'enseignement et à la composition.
En 1820, Panseron a fait jouer avec succès,
au théâtre Feydeau, la Grille du parc, opéra
comique en un acte, dont la partition a été
publiée chez Janet et Cotelle. L'année sui-
vante, il a donné, au même théâtre, les Deux
Cousines, opéra comique en un acte qui est
resté en manuscrit. Le 4 novembre 1827, il a
fait représenter, à l'Odéon, l'Ecole de Rome,
en un acte, dont la partition a été publiée à
Paris, chez Pacini. Panseron a aussi publié
plusieurs fantaisies, nocturnes et thèmes variés
jiour piano et flûte, en société avecGuillou (Pa-
lis,Petit, Frère, Schlesinger); mais c'est surtout
par ses romances et ses ouvrages didactiques
qu'il s'est fait une réputation européenne. Il
a publié plus de deux cents de ses romances,
parmi lesquelles on en remarque de char-
mantes. Entre celles qui ont eu le plus de
vogue, on cite : le Songe de Tartini, avec ac-
compagnement de violon obligé; la Fête de
la madone; Malvina; fraisons encore; Au
revoir, Louise; On n'aime bien qu'une fois;
Appelez-moi , je reviendrai ; Demain on
vous marie; J'attends encore, etc.
Après avoir joui de la vogue comme com-
positeur de romances, Panseron s'est livré à
la rédaction d'un grand nombre d'ouvrages
pour l'enseignement des diverses parties de la
musique : ces productions ont obtenu un succès
mérité. L'œuvre didactique de cet excellent
professeur renferme les ouvrages dont voici la
liste : \° A B C musical, ou solfège, com-
posé pour sa fille, âgée de huit ans, à Paris,
chez l'auteur. Il a été fait plusieurs éditions
in-folio et in-8" de ce solfège élémentaire.
2» Suite deVJ BC;\\M. o" Solfège à deux
voix; ihid. ° Solfège d'artiste; ibid. 5" Sol-
fège sur la clef de fa, pour basse-taille et
baryton; ibid. Q° Solfège d'ensemble à deux,
trois et quatre voix, divisé en trois parties;
ibid. 7» Solfège du pianiste ; ibid. 8» Solfège
du violoniste; ihid. 9» Solfège concertant à
deux, trois et quatre voix, divisé en trois
parties; ibid. 10» Cinquante leçons de solfège
à changements de clefs, faisant suite au
solfège d'artiste, avec basse chiffrée; ibid.
11» Solfège progressif à deux voix, pour
basse-taille et baryton; ibid. 12" Méthode de
vocalisation, en deux parties, pour soprano
ou ténor; ibid. 13» Méthode de vocalisation,
en deux parties, pour basse , baryton et con-
tralto; ibid. 14» Fingt-cinq vocalises faciles
et progressives pour contralto, précédées de
vingt-cinq exercices; ibid. 15'' Douze études
spéciales, précédées de douze exercices, pour
soprano et ténor; ibid. 16» Traité de l'har-
monie pratique et des modulations; ibid.
17» Trente-six exercices à changements de
clefs, faisant suite aux cinquante leçons ;
ibid. 18» Méthode complète de vocalisation,
en trois parties ; ibid.
Aussi estimé par les qualités essentielles de
l'honnête homme que par l'étendue de ses
connaissances dans son art, bienveillant pour
les jeunes artistes et les aidant de ses conseils
et de son appui, Panseron fut enlevé à sa fa-
mille et à ses amis, après une courte maladie,
le 29 juillet 1859. Il était chevalier des ordres
de la Légion d'honneur, de la Couronne de
chêne et de l'Aigle rouge.
PANSEWAIXG (Jean-Georges), musicien
de la Silésie, était, en 1800, organiste à Mit-
telwalde, dans le comté de Glatz. Élève de
Segert, il possédait un talent remarquable sur
l'orgue. Il a laissé en manuscrit des messes,
offertoires et autres morceaux de musique
d'église, ainsi que des pièces d'orgue. Hoff-
mann cite aussi de cet artiste une méthode
d'harmonie que Pansewang avait écrite pour
un de ses élèves. Dans ses dernières années, il
s'occupa beaucoup de la partie mathématique
de la musique et du tempérament ; mais il n'a
rien été publié de ses travaux.
PAIVSrNER (Jean-Henri-Laure?(t) , doc-
teur en philosophie, [né à Arnstadt, dans la
principauté de Schwartzbourg, était étudiant
à l'université de Jéna, en 1800. Il y soutint,
en 1801, une thèse qui a été imprimée sous ce
titre : Dissertatio physica sistens investiga-
tionem motuum et sonorum quibus laminx
elasticx contremiscunt ; quam Redore D.
Carlo-Augusto duce Saxon, consensu am-
pliss. philosoph. ordinis pro venid legendi
rite impetrandâA. D. 29 Aug. 1801 publiée
défendit auctor J. H. L. Pansner, etc.;
/ena, 1801. typis Gœpferdlii, in-4»dconzc
pages. Ce morceau est un des premiers écrits
que les découvertes deChladni ont fait naître,
concernant les phénomènes de vibrations des
surfaces élastiques.
PAWTALOGO (Eleuterio), pseudonyme
sous lequel s'est caché le comte Torriglione,
né à Rome, en 1791, et qui se fixa à Florence,
en 1821. C'est sous ce nom supposé qu'il a
publié une brochure qui a pour titre : la Mu-
sica italiana nel secolo XIX, Ricercke filoso-
^co-cn7tc/(e; Florence, Coen, 1828, in-12de
quatre-vingts pages. J'en possède un cxem-
TANTALOGO — PAOLI
4-1;
plaire qui porte la date de 1829. Une critique
de cet opuscule a été publiée par le violoniste-
compositeur Giorgetti;e\\e est intitulée : Let-
tera al sig. El. Pantalogo intorno aile sue
Ricerche filosofico-critiche sopra la mttsica
italiana nel secolo XIX; Florence, 1828,
in-8° de douze pages. Le comte Torriglione
fit paraître, en réponse à cette lettre, un écrit
intitulé : Replicadi Eleuterio Pantalogo alla
lettera delSig. F. Giorgetti; responsiva aile
Riflessioni filosofico-critiche sulla musica
italiana del secolo XIX; Florence, Coen,
1828, in-16 de quinze pages. Le sujet de la
discussion résulte du principe posé par le
pseudonyme Pantalogo qu'il y a un beau icel
indépendant des époques et des opinions exa-
gérées qui se produisent aux différentes
phases de transformation de l'art. Il oppose ce
principe à cette sortie d'un enthousiaste : Po-
tete voi duiitar che la musica italiana non
sia giunta adesso aW apice délia sua per-
fezzione e che Rossini non abbia superato
quanti prima di lui vi furon maestri di
questa scienza? L'auteur supposé n'écrit son
opuscule que pour réfuter cette opinion, et,
partant de principes esthétiques, établit, tout
en déclarant que Rossini est incontestable-
ment un homme de génie, que ses opéras ont
de grands défauts mêlés à de grandes beautés,
et qu'il s'y trouve même de véritables extra-
vagances (1) au point de vue de la vérité dra-
matique et scénique. Toutefois, c'est au temps
où Rossini s'est trouvé qu'il attribue ce qu'il
appelle les égarements du maître (2). C'est
contre cette critique que s'élève Giorgetti dans
(I) « Cade qaaicbe volte in straraganle fantasie
« contra "I vero sentimento dramatico...
« La di lui bizzarra masica non teme ben soTcnte
« di stare in opposizione col sentimento sa cai si
« raggira. Gioverà riportarne alcuni de' piu palpabili
« esempi. Nel primo dao dell' atto secondo délia Gazza
« ladra, mentre una sreniarata fancialla ïicina ad
« essere condannata ad infâme supplizio, dà l'ulcimo
« addio al desolato sao amante, mentre nel trasporto
« délia disperazione ambedae chiamane sopra di se un
■ fulmine del cielo, queslo fulmine viene invocato con
u un motiretto pieno di brio e d'allegria ben adattato
« ad un graziosissimo valzer, etc. »
(3) a Egli (Rossini) pero dotato di ferridissima fan-
« tasia, rigurgilante dello spirito del suo tempo, non
« potcra indursi di buon grado a calcare qualunquedè'
n già battuti sentieri. Sdegnando di rimanersi diseepolo
« di airnna dell' ottime scuole sino allora vigenti, Tolle
« erearsi capo di ana men buona, ed al sempliee e
« leggiadro stile che regnava, altro sostituirne tras-
« ccndentale ed ardimentoso. Il suo ardire fu fortunalo,
« isnoi trionfi rapidi e vasti... Dopo avère slabilita la
« sua fortuna e la sua riputazione, poco preme a lui se
« le sue musiche, tenute tanto in pregio dà eonterapo-
« ranei, non formcranno forsc cgualmccte la dejizia
•> de' poslcri. ■
sa réponse. La réplique du pseudonyme, basée
sur des principes rigoureux de philosophie,
mit fin à cette polémique, qui n'a plus au-
jourd'hui qu'un intérêt historique.
PA>ZACCHI (D.Dommique), un des meil-
leurs ténors italiens du dix -huitième siècle,
naquit à Bologne, en 1733. Après avoir achevé
ses études de chant dans l'école deBernacchi,
il débuta dans l'opéra sérieux, et jouit bientôt
en Italie de la réputation d'un excellent chan-
teur. Appelé à Madrid, en 1757, il y fut atta-
ché pendant cinq ans au service du théâtre de
la cour. En 1762, il se rendit à Munich, et
fut attaché à la musique de l'électeur Maxi-
milien III, jusqu'en 1779, époque où sa voix
perdit toute sa sonorité. Il reçut alors une
pension de la cour de Bavière, et se retira
avec sa famille dans le lieu de sa naissance,
après avoi ramassé des richesses considérables.
Sa bibliothèque de musique renfermait une
collection curieuse de tous les anciens livres
espagnols concernant cet art. Panzacchi est
mort en 1805, à Bologne, où il jouissait de
l'estime générale.
PA>ZAU (le P. OcTATiEi), gardien du
couvent de la Sainte-Croix, à Augsbourg, vers
le milieu du dix-huitième siècle, appartenait
à une des familles les plus distinguées de cette
ville. Il a publié une collection de pièces
d'orgue qui donne une idée favorable de son
talent comme organiste. Cet ouvrage a pour
titre : Octonium ecclesiasticum organicum;
Augsbourg, 1747, in-fol.
PAOLI (Francisco -Abcargeio), carme
du couvent de Florence, naquit dans cette
ville, en 1571, et y mourut à l'âge de soixante-
quatre ans, le 4 janvier 16-35. Au nombre de
ses ouvrages, on trouve ceux-ci : 1» Direc-
torio delCoro, e délie Processioni, secondo il
rito de'Padri Carmelitani; in Napoli, presse
il Carlino, 1604, in-4". Une deuxième édition
a été publiée à Rome, en 1668, avec le nom
de l'auteur. 2» Brève introduzione al Canto
fermo; in Firenze, presso il Cecconelli, 1623,
in-S". 3» Cantionem seti Hymnum sacrum^
in Missis decantandam cum offici Angelio
tutelaris; Neapoli apud Carlinum, 1624,
in-4». Jules Negri a fait de ce moine l'objet
de deux articles dans son Istoriade' fioren-
tini Scrittori; dans l'un, il l'appelle Arcan-
gelo Paoli, et dans l'autre, Francesco Arcan-
gelo; il n'a pas vti que les noms, les dates et
les ouvrages sont les mêmes.
PAOLENI (AcRÉLiE^), compositeur et
instrumentiste au service du cardinal Rubini,
cvéque de Vicence, vers la fin du dix-seplième
-146
PAOLI - PAPE
siècle, a publié un œuvre de sonates à deux
violons et violoncelle, avec basse continue
pour clavecin. OEuvre premier, Venise, 1697,
in -4». Cet ouvrage a été réimprimé à Amster-
dam, chez Roger.
PAOLIS (GiovANKi DE), compositeur de
l'époque actuelle, né à Gènes vers 1820, a fait
ses études musicales à Pécole communale de
musique de Bologne. Le premier ouvrage par
lequel il s'est fait connaître est une tragédie
lyrique intitulée Gismonda e Mendrisio, qui
fut représentée à Rome (théâtre Falle),
dans l'été de 1843. C'était une très-faible
production, qui n'obtint aucun succès. Le
12 mars 1844, M. de Paolis fit exécuter au
Panthéon de Rome, par la congrégation des
Virtuosi, une cantate de sa composition qui
avait pour Citre : Vittoria deW arte cris-
tiana sull' arte pagana. Il y prit, dit-on,
une revanche de la chute de son opéra. On
n'a pas d'autre renseignement sur cet ar-
tiste.
PAOLO, surnommé ARETITVO parce
qu'il était né à Arezzo, en Toscane, dans la
première moitié du seizième siècle, n'est
connu que par un recueil de madrigaux inti-
tulé ; Il primo libro de' madrigaîi a cinque,
sei et Otto voci; in Venegia, presso Antonio
Gardano, 1558, in-4''. Cet ouvrage est dédié
à François de Médicis. Il se peut que ce musi-
cien soit le même Paolo, prêtre de l'ordre de
Saint-Joseph, organiste de la cathédrale de
Chioggia, qui fut un des compétiteurs de
Claude Merulo au concours pour la placed'orga-
nistedu second orgue de Saint-Marc, à Venise,
le 2 juillet 1557, après la mort de Jérôme Pa-
rabosco.
PAOLUCCI (le P. Joseph), religieux cor-
delier, naquit à Sienne, en 1727, et fit ses
études musicales au couvent de Bologne,
sous la direction du P. Martini. Après avoir
fait ses vœux, il fut envoyé à Venise, où on
le choisit pour maître de chapelle du couvent
de son ordre appelé de' Frari; puis il alla
remplir les mêmes fonctions au monastère de
Sinigaglia, et en dernier lieu il dirigea le
chœur de celui d'Assisi, où il mourut à l'âge de
cinquante ans. Le P. Paolucci a laissé en ma-
nuscrit des compositions pour l'église, et l'on
a imprimé de lui des Preces piw à huit voix en
deux chœurs, à Venise, en 1767; mais l'ou-
vrage par lequel il s'est fait particulière-
ment connaître d'une manière avantageuse
est une collection de morceaux de musique
des styles d'église et madrigalesque, pré-
sentés comme exemples de l'art d'écrire, et
analysés dans tous les détails, de manière à
former un cours de composition pratique. Cet
ouvrage a pour titre : Arte pratica di con-
trappunto dimostrata con esempi di vari
autori, e con osservazîoni ; Venise, 1765-
1772, 3 vol. in-4''. Le plan du P. Paolucci est
celui que le P. Martini adopta plus tard pour
son Esemplare ossia saggio fondamentale
pratico di contrappunto ; mais ce dernier
maître, ayant pour objet principal de traiter
du contrepoint fugué sur le plain-chant, a
choisi la plupart de ses exemples dans les
œuvres des compositeurs du seizième siècle,
tandis que le P. Paolucci, traitant plus par-
ticulièrement du style concerté, en a pris
beaucoup dans ceux du dix-septième et du
dix-huitième. Au reste, ces deux ouvrages
sont riches d'érudition, et renferment des
discussions instructives sur les principes fon-
mentaux de l'art.
PAPAVOIIVE (....), violoniste et compo-
siteur, entra à l'orchestre de la Comédie-
Italienne comme chef des seconds violons, en
1760 ; mais il n'y resta que deux ans, et à la fin
de 1762, il suivit Audinot, qui s'était retiré
du même théâtre pour fonder celui de l'Am-
bigu-Comique. Papavoine y devint premier
violon et maître de musique: il occupa cette
place jusqu'en 1789. Des propositions lui
furent faites alors pour diriger l'orchestre du
théâtre de Marseille; il se rendit dans cette
ville, et y mourut en 1793. On a de ce musi-
cien deux œuvres de Six quatuors pour deux
violons, alto et basse, gravés à Paris (sans
date); il a fait aussi la musique d'un opéra
comique intitulé Barbacole ou le Manuscrit
volé, qui fut représenté le 15 septembre 1760,
à la Comédie-Italienne. Papavoine composa
pendant près de dix ans la musique de toutes
les pantomimes qui furent jouées à l'Ambigu-
Comique.
PAPE (Nicolas), en latin PAPA, né
dans un village de la Saxe, vers le milieu du
seizième siècle, a publié, à l'occasion de la
nomination d'un musicien nommé Gerhard à
la place de cantor à Brandebourg, un petit
écrit intitulé : Propempticon honoris causa,
pietate , eruditione et omnium virtutum
génère ornato juveni, musico et componistx
felici, Jacobo Gerhardo, Carlostadcnsi ex
inclild Witebergêead cantoris munus auspi-
ciendum a Senatu Brandenburgensi légi-
timé vocato anno Domini 1572, scriptum a
Nicolao Papa, Reiderensi Saxone, S. L.
1572.
PAPE (Louis-François), écrivain suédois,
PAPE - PAPIUS
M7
fil ses études à l*unirersité d^Upsal, où il
publia et soutint une thèse intitulée : De usu
musices, Upsal, 1735, in i".
PAPE (Hejiri), Tacteur de pianos d'un
mérité dfstingué, est né dans la Souabe, en
1787. Arrivé à Paris en 1811, il entra dans
la fabrique de pianos de Pleyel , dont il
dirigea les ateliers pendant plusieurs années.
En 1815, il établit lui-même une manufacture
de ces instruments, et pendant près de qua-
rante ans, presque chaque année fut marquée
par quelqu'une de ses inrentions. Ses pre-
miers grands pianos furent d'abord consiru' 3
d'après le système anglais de Broadwood et
de Tomkinson ; mais doué d'un génie d'inven-
tion dans la mécanique, il ne tarda pas à
introduire de nombreuses modifications dans
la construction de ces instruments, et même
à en changer complètement le principe.
L'objet principal qu'il se proposa d'abord fut
de faire disparaître la solution de continuité
qui, dans les pianos carrés et à queue, existe
entre la table et le sommier, pour laisser un
passage aux marteaux qui doivent frapper les
cordes ; pour cela il reprit le principe de mé-
canisme placé au-dessus, d'abord imaginé
par l'ancien facteur de clavecins Marius, puis
renouvelé par Hildebrand, et enfin par Strei-
cher, de Vienne ; mais évitant les défauts des
bascules et des contre-poids employés par ces
artistes, il combina un ressort en spirale cal-
culé sur l'action du marteau de manière à re-
lever rapidement celui-ci, par un effort si
peu considérable, que la fatigue du ressort
était à peu près nulle. Si, dans le piano à
queue, ce système de construction laissait
désirer plus de légèreté au mécanisme, et plus
de limpidité dans le son, dans le piano carré,
le plus beau succès a répondu aux efforts de
M. Pape. Ce dernier a aussi introduit diverses
variétés dans les formes et dans le mécanisme
du piano vertical , auquel il a donné une
puissance de son remarquable. Les travaux de
cet habile facteur ont reçu d'honorables ré-
compenses dans le rapport avantageux fait
sur ses instruments, le 19septembre 18-32, par
la société d'encouragement pour l'industrie
nationale; dans celui de l'Académie des
beaux-arts de l'Institut de France, fait en
18Ô3; dans la médaille d'or qui lui a été dé-
cernée à l'exposition des produits de l'in-
dustrie, en 1834, et dans la décoration de la
Légion d'honneur qu'il a obtenue en 1839.
Habile dans toutes les parties de la méca-
nique, il a inventé une machine pourscieren
spirale les bois et l'ivoire, et il en a exposé les
produits en 1837; un de ses pianos était
plaqué de feuilles d'ivoire d'environ huit à
neuf pieds de longueur et de deux de largeur.
On a publié une Notice sur les inventions et
perfectionnements apportés par H. Pape
dans la fabrication des pianos; Paris, Lo-
quin, in-4'' de onze pages, avec trois planches
lithographiées.
PAPE (Louis), né à Lubeclc, le 14 mai
1809, apprit dans sa jeunesse à jouer du
violon et du violoncelle, et reçut des leçons
d'harmonie de l'organiste Bauck. Après avoir
été employé quelque temps comme violon-
celliste au théâtre de Rœnigstadt, à Berlin,
il fut appelé à Hanovre, puis à Francfort-sur-
le-Mein, en qualité de premier violon. Dans
un voyage qu'il fit en 1833, il visita sa
ville natale, et y fut engagé comme premier
violon du théâtre. Plus tard, il eut le titre de
compositeur de la cour, à Oldenbourg, et enfin,
il s'établit à Brème dans ses dernières années,
et y mourut au mois de février 1855. Parmi
les compositions de cet artiste, on remarque :
1" Trois sonatines pour piano seul, op. 5; Co-
penhague, Lose. 2» Deux sonatines, idem;
Hambourg, Cranz. 3° Quatuor pour deux vio-
lons, alto et violoncelle, op. 6 ; Leipsick, Breit-
kopf et Haerlel. A" Quintette pour deux vio-
lons, alto et deux violoncelles ; ibid. 5» Deux
quatuors pour deux violons, alto et violon-
celle, op. 10; ibid. En 1840, une symphonie
composée par Pape a été exécutée à Olden-
bourg, puis à Brème, dans l'année suivante,
et enfin, cet ouvrage fut joué sous sa direction
dans un des concerts du Gewandhaus de Leip-
sick. On connaît aussi de cet artiste quelques
compositions pour le chant avec piano.
PAPEjMUS (Jea5-Georges), facteur d'or-
gues à Stolberg, dans la Thuringe, vers le
commencement du dix-huitième siècle. Ses
principaux ouvrages sont : 1° Un orgue de
dix-huit registres , à deux claviers, à Oldis-
leben,construiienl708.2°Unorguede trente-
deux registres, à deux claviers et pédale, à
Kindelbruck.
PAPIUS (AsDRÉ), dont le nom flamand
était DE PAEP, naquit à Gand, en 1547.
\eveu, par sa mère, de Livin Torrenlius,
évêque d'Anvers, il fit ses études sous la di-
rection de son oncle, d'abord à Cologne, puis
à Louvain. Ses progrès dans les langues
grecque et latine furent rapides, ce qui ne
l'empêcha pas de se livrer à l'étude de la mu-
sique, contre l'avisde Juste Lipse, qui n'aimait
pas cet art. Papius acquit de grandes connais-
sances théoriques. Les études de De Paep
448
PAPIUS — PARABOSCO
étant terminées, Torrenlius l'appela à Liège,
et lui procura un canonicat à Saint-Martin;
mais il n'en jouit pas longtemps, car il se noya
dans la Meuse, le 15 juillet 1581. On a de lui
un livre intitulé : De consonuntiis , sive haV'
moniis mus'icis, contra vulgarem opinio-
neni; Anvers, 1568, in 12. Il le revit dans la
suite, y fit quelques changements, et le publia
de nouveau sous ce titre : De consonantiis
seii pro Diatessaron; Anvers, Plantin, 1581,
in-8». DePaep entreprend de démontrer dans
cet ouvrage que la quarte est une conson-
nance, et tout le livre roule sur ce sujet. Il
prouve sa proposition par des arguments ex-
cellents, mais avec un ton tranchant et pédan-
tesque ; ce qui a fait dire à Zarlino {Soppîim.
mus., p. 103) que c'était un auteur peu mo-
deste (non molto modesto serittore). Quoi
qu'il en soit, le livre de De Paep est ce qu'on
avait fait de mieux sur celte matière jusqu'à
la fin du seizième siècle (à l'exception des
exemples de musique, qui sont assez mal
écrits); il n'a été surpassé depuis lors que par
le travail de Jean-Alvarès Frovo (voyez ce
nom). Les auteurs du i)îc<îonnaire historique
des musiciens (Paris, 1810) ont fait sur cet
écrivain une singulière méprise; ils l'ont ap-
pelé Gaudentius, ayant vraisemblablement
mal lu le mot de Gandavensis qu'il ajoutait
à son nom, pour indiquer sa ville natale.
PAPPA (François), professeur de philo-
sophie et de théologie, était prédicateur à
Milan dans les dernières années du seizième
siècle et au commencement du dix-septième.
Il était aussi compositeur de musique, et a
publié : 1° Motteti a 2 e 4 t'oc»; Milan, 1608,
in-4». 2» Partito délie canzoni a 2 e 4 voci;
ibid., 1608, in-4».
PAPPALARDO (Salvator), compositeur
sicilien, s'est fait connaître, en 1846, par un
opéra intitulé II Corsaro, qui fut représenté
à Naples, au théâtre du Fonda. Cet ouvrage
était en trois actes ; le troisième fut supprimé
à la seconde représentation, et sous cette
forme réduite, l'ouvrage eut quelque succès.
Plusieurs morceaux de la partition ont été pu-
bliés avec accompagnement de piano, chez
Ricordi, à Milan. Sous le nom du même com-
positeur, ont paru divers œuvres pour le
chant, parmi lesquels on remarque le recueil
de six mélodies intitulé : Brezze del Seheto,
qui a paru à Milan, chez Ricordi, en 1850. Il
y a de la distinction dans cet œuvre. Le nom
du compositeur a disparu du monde musical,
après la publication de ce dernier ouvrage.
PAQUE (Guillaume) , violoncelliste et
compositeur pour son instrument, né à
Bruxelles, en 1825, fut admis au Conserva-
toire royal de musique de celte ville, en 18-35,
et y fit toutes ses études. Élève de Demiinck
pour le violoncelle, il obtint le second prix au
concours de 18-39, et le premier, en 1841.
Après avoir été attaché pendant quelques an-
nées comme violoncelliste au théâtre royal de
Bruxelles, il se rendit à Paris, où il avait l'in-
tention de se fixer, mais des propositions lui
furent faites, en 1846, pour la place vacante
de violoncelliste solo à l'Opéra italien de Bar-
celone : il l'accepta et, dans la même année,
fut nommé professeur du Conservatoire
d'Isabelle la Catholique. Il occupa ces deux
emplois pendant trois ans et se maria à Bar-
celone. En 1849, il fit un voyage à Madrid et
joua devant la reine, qui daigna accepter la
dédicace d'une de ses compositions. Dans un
voyage qu'il fit, en 1850, dans la France mé-
ridionale, il acheta, près de Lyon, une pro-
priété, où, pendant plusieurs années, il alla
passer quelques mois de l'été. Ce fut dans
cette même année qu'il se fixa à Londres, où
il est encore (1863), recherché pour son la-
lent, et considéré comme le meilleur artiste
sur le violoncelle, après M. Piatti, particuliè-
rement dans la musique de chambre. M.Paque
a fait plusieurs voyages en Allemagne, en
Suisse et en France: partout il a obtenu des
succès. Il est professeur de violoncelle à la
London Academy of Music. Plusieurs fan-
taisies, thèmes variés et morceaux de genre
pourvioloncelleontété publiés par cet artiste.
PARABOSCO (Jérôme), organiste et lit-
térateur italien du seizième siècle, naquit à
Plaisance, vers 1510, et fil ses études musi-
cales à Venise, sous la direction d'Adrien
Willaert. Déjà connu avantageusement dès
1546 comme poëte et comme conteur par ses
Rime, sa tragédie de Progné, et par ses pre-
mières comédies, il vécut à Venise dans l'in-
timité avec Louis Dolce, et fut désigné comme
organiste du second orgue de l'église Saint-
Marc, en 1551 , après la retraite de Jacques de
Buus (voyez ce nom). On voit par un passage
des i'o/jpZimcnfi tnwsicaZî de Zarlino (lib. VIII,
e. 1-3) que Parabosco était à Venise en 1541,
et qu'il y figurait au nombre des musiciens
qui, le 5 décembrede celle année, se réunirent
dans l'église de Saint-Jean, à Rialto, pour
l'exécution de vêpres solennelles que faisaient
chanter les tondeurs de drap. Il y adressa des
paroles sévères à un compositeur médiocre
qui se comparait à Adrien Willaert. Il mourut
vraisemblablement avant le mois de juillet
PARABOSCO — PARADIES
44a
1557, car il eut alors pour successeur dans
celle place Claude Merulo. Burney, copié par
Cerber, s'est Irorapé en plaçant la dr.le de la
mort de Parabosco trente ans plus tard.
L'Arélin, ami de Parabosco, dit de lui {Lel-
tere, lib. V, p. 195) que lorsqu'on parlait de
sa tragédie (Progné), il se donnait pour mu-
sicien et non pour poète, et que lorsqu'on le
complimentait sur sa musique, il affectait de
se donner pour poète plutôt que pour musi-
cien. Parabosco eut de puissants protecteurs,
parmi lesquels on remarque le doge François
Donato,la princesse de Ferrare ^nrie d'Esté,
ft surtout le célèbre patricien et littérateur
vénitien Dominique Feniero , qui lui confîa
la direction des concerts qui se donnaient dans
son palais, et où se réunissaient les artistes les
plus distingués de Venise. Parabosco y accom-
pagnait les chanteurs sur le clavecin, et im-
provisait sur le même instrument, avec un
rare talent pour cette époque. Il louait ses
protecteurs dans ses vers et leur dédiait ses
ouvrages. C'est ainsi qu'il plaça le nom de
Christophe Mielich, riche négociant alle-
mand, en tête de sa tragédie de Progrne.- il
en reçut de riches présents à cause de cette
dédicace. *
Ses nouvelles, auxquelles il donna le titre
/ Diporti, ses comédies, et quelques-unes de
ses poésies, prouvent, dit M. Caffi (1), que les
mœurs de Parabosco étaient plus que libres et
dignes d'un ami de r.\rélin. L'excès des plai-
sirs sensuels porta atteinte à sa constitution
et eut des suites qui abrégèrent sa vie.
L'amour vint enfin mettre un terme à ses dé-
sordres; épris d'une belle jeune fille, il
l'épousa en 1548, et en eut plusieurs fils.
L'.\rélin nous apprend, dans une de ses
lettres, que Parabosco avait écrit des motets
qui, par le peu de soin qu'on a mis à les con-
server, ne paraissent pas avoir exercé une
grande influence sur l'art de l'époque. Je ne
connais de lui que le motet à cinq voix Ipsa
te rogat pietas, inséré dans la collection qui
a pour titre : Di diversi musici de* nostri
tempi motetti a 4, 5 e 6 loc»; Venise, 1558,
in-4". Je crois pourtant qu'il existe quelques
morceaux de cet artiste dans d'autres re-
cueils. Ses Lettere, Rime, etc., furent impri-
mées à Venise, en 1546, in-12; ses comédies
de 1547 à 1567, sa tragédie de Progné, en
1548, et ses nouvelles intitulées : J Biparti,
à Venise, en 1552 et 1558, in-S".
(I) Sloria delta ihitsica sacra nella glû Cappella duealt
di San Marco, in Veiie^ia, t. I, p. 113.
BIOGR. LMV. DES HCSICIENS. — T. VI.
P.VRADEISER (MiRuncs) (1), moine de
l'abbaye de Melk, en Autriche, né à Rieden-
llial, le 11 octobre 1747, commença les études
de collège dès l'âge de sept ans, puis alla
suivre, à Vienne, les cours de l'université, et
acquitdes connaissances étendues dans la phi-
losophie, dans les sciences etdans la musique.
Son talent sur le violon était remarquable.
Dès l'âge de quatorze ans, il écrivit des qua-
tuors pour des instruments à cordes dont le
mérite consistait dans l'abondance des idées
mélodiques. Ces ouvrages furent suivis d'une
cantate et de Céladon, petit opéra dans lequel
se trouvait un double chœur bien écrit. A l'âge
de vingt-deux ans, il produisit six nouveaux
quatuors et six trios pour deux violons et vio-
loncelle. Celte dernière production fut exé-
cutée par l'auteur, par Rreibich, artiste de la
chapelle de l'empereur Joseph II, et par le
monarque lui-même, qui jouait la partie de
violoncelle. On connaît aussi du P.Paradeiser
un motet pour contralto (en fa), cinq Salve
Regina, un Aima, et un Ave Regina Cœlo-
rum. Toutes ses productions sont restées en
manuscrit. Ce religieux mourut à l'âge de
vingt-huit ans, le 16 novembre 1775, d'une
affection hémorroidale.
PARADIES (Pierre-Doïisiqde) (2), com-
positeur et claveciniste, naquit à Naples, vers
1710, et y fit ses études musicales. Élève de
Porpora, il devint un des plus habiles musi-
ciens de l'école napolitaine de celte époque.
Ses opéras les plus connus sont : \°Alessandro
in Persia, joué à Lucques, en 1758,- Allacçi
ne mentionne pas cet ouvrage dans sa Bra-
maturgia. 2» Jl Décréta del fato, représenté
à Venise, en 1740. 3° Le Muse in gara, can-
tate exécutée au conservatoire de J/endecanti,
à Venise, en 1740. Paradies se rendit à
Londres, en 1747, et y donna, le 17 décembre
de la même année, Phaéton, opéra sérieux,
qui n'eut que neuf représentations. Depuis
lors, il parait avoir renoncé à la composition
dramatique ; mais il se fixa à Londres et y
vécut longtemps comme professeur declavecio.
Il y publia un recueil de douze bonnes sonates
de clavecin, sous ce titre : Sonate di gravi-
cembalo dedicate a sua altezza reale laprin-
(I) Une copie mannscrite des quatoors et d'un trio de
Paradeiser est indiquée sous le prénom de Cari, dans le
catalogue de Traeg, publié en 1799.
(i) Je me suis trompe, dans la première édition de li
Biographie unicerselle des Muticiens, en transformant ce
nom en celui de Paradiii. Les renseignements de La
Borde (Eisai tur la musique, la Draniaturgia d'Allaci,
l'épilre dcdicatoire et le privilège des sonates de clavrcio
de ce musicien, démontreat qu^ son nom était Paradies.
29
^ôO
PARADIES — PARADISI
cipessa ^xtgusta, da Pier Domenico Para-
dies napolitano ; London, printed for the
author by John Johnson. L'œuvre n'a pas de
date, mais le privilège accordé par le roi d'An-
gleterre, Georges II, pour l'impression et la
vente, pendant quatorze ans, de douze sonates
pour le clavecin et de six grands concertos
pour l'orgtte, est daté du 28 novembre 1754.
Les douze sonates, gravées sur cuivre, forment
un cahier de quarante-sept pages in-fol. Je
ne connais pas d'exemplaire des six grands
concertos d'orgue. Une deuxième édition des
sonates a été publiée à Amsterdam, en 1770.
Lorsque Paradies quitta l'Angleterre pour re-
tourner en Italie, il se fixa à Venise, où il
vivait encore en 1792, dans un âge très-
avancé.
PARADIES (Marie-Thérèse), composi-
teur et pianiste remarquable de son temps,
naquit à Vienne, le 15 mai 1759. Frappée de
cécité à l'âge de cinq ans, elle trouva dans la
musique des consolations contre cette infor-
tune, montra pour cet art une aptitude singu-
lière, et fut d'ailleurs douée d'une facilité
merveilleuse pour l'étude des langues et des
sciences. L'italien, l'allemand, le français et
l'anglais lui étaient également familiers;
habile dans le calcul de tête, elle était aussi
instruite dans la géographie etdans l'histoire,
dansait avec grâce, et avait une conception si
prompte et une mémoire si heureuse qu'elle
jouait aux échecs, réglant le mouvement des
pièces qu'elle indiquait d'après ce qu'on lui
disait du jeu de l'autre joueur. Kozeluch et
Righini furent ses maîtres de piano et de
chant; le maître de chapelle Frieberthii en-
seigna l'harmonie, et elle reçut des conseils
de Salieri pour la composition dramatique.
Elle n'était âgée que de onze ans, lorsque
l'impératrice Marie-Thérèse lui donna une
pension de 250 florins, après l'avoir entendue
dans des sonates et des fugues de Bach, qu'elle
jouait avec une rare perfection. En 1784, elle
commença à voyager, visita Linz, Salzbourg,
Munich, Spire, Manheim, la Suisse, se rendit à
Paris, où elle joua avec un succès prodigieux
au concert spirituel, en 1785, puis se rendit
à Londres où elle excita le plus vif intérêt.
Les, artistes les plus célèbres de cette époque,
tels que Abel, Fischer, Salomon, se firent
honneur de l'aider de leur talent dans ses
concerts. Au retour de son voyage en Angle-
terre, elle se fit entendre en Hollande, à
Bruxelles, à Berlin, à Dresde, reçut partout
raccuell le plus flatteur, et rentra à Vienne,
vers la fin de 178G. Elle s'y livra à l'enseigne-
ment et à la composition, publia plusieurs
œuvres de musique instrumentale, et fil re-
présenter avec succès quelques opéras à
Vienne et à Prague. Sa maison, visitée par
les. personnages les plus distingués devienne,
était aussi le rendez-vous des étrangers qui,
dans ses dernières années, admiraient encore
le charme de sa conversation et sa bonté par-
faite. Cette femme si remarquable à tant de
titres mourut à Vienne, le 1" février 1824, à
l'âge de soixante-cinq ans moins quelques
mois. En 1791, elle avait fait représenter à
Vienne Ariane à Naxos , opéra en deux
actes; cet ouvrage fut suivi d'^nane Qt
Bacchus, duodrame en un acte, suite d,';
l'opéra précédent. En 1792, madame Para-
dies donna au théâtre national de Vienne le
Candidat instituteur, petit opéra en un
acte, et en 1797, elle fit jouer à Prague le
grand-opéra Renaud et Jrmide. Elle fit aussi
exécuter au théâtre national de Vienne, en
1794, une grande cantate sur la mort de
Louis XVI, qui fut publiée avec accompagne-
ment de piano. Précédemment elle avait fait
imprimer sa cantate funèbre sur la mort de
l'empereur Léopold. Parmi ses autres com-
positions, 6n remarque : 1» Six sonates pour
le clavecin, op. 1 ; Paris, Imbault. 2" Six
idem, op. 2, idem. 3° Douze canzonettes
italiennes, avec accompagnement de piano;
Londres,Bland.4''Ze'onore,balladedeBurger;
Lieder, Vienne.
PARADIN (Guillaume), historien fran-
çais, naquit vers 1510, au village de Cui-
seaux, en Bourgogne. Après avoir achevé ses
études, il embrassa l'état ecclésiastique, et
s'attacha au cardinal de Lorraine, qui lui fit
obtenir un canonicat au chapitre de Beaujeu,
dont il devint plus tard le doyen. Il mourut
en cette ville, le 16 janvier 1590, dans un âge
avancé. Parmi ses nombreuses productions,
on remarque un Traité des chœurs du théâtre
des anciens; Beaujeu, 1566, in-8". C'est un
livre de peu de valeur.
PARADISI (le comte Jeas), né à Reggio
de Modène, en 1761, fit voir dès sa jeunesse
un esprit juste et de grande portée, un
caractère noble et l'amour de sa patrie. Après^
avoir terminé de solides études sous la direc-
tion de son père, littérateur distingué, il se
livra à des travaux scientifi<|ues et à la cul-
ture du droit public. Devenu l'un des direc-
teurs de la république Cisalpine, il fut ensuite
obligé de donner sa démission de ce poste, ou
il avait acquis des droits à l'estime publique,
fut jeté dans une prison après l'cvacualion
PARADISI — PARENTI
fôi
de l'Italie par les armées françaises, recouvra
sa liberté après la bataille de Marengo, et
prit part de nouveau aux affaires de l'Etat
après l'institution du royaume d'Italie. La
chute de Napoléon et le rétablissement de la do
mination autrichienne en Italie le firent ren-
trer dans l'obscurité. Il mourut à Reggio, le
26 août 1826, à l'âge de soixante-cinq ans. Le
comteParadisi avait été président del'Institut
italien des sciences et arts, grand dignitaire
de la Couronne de fer, et grand cordon de la
Légion d'honneur. On lui doit les Ricerche
sopra le vibrazioni délie lamine elastiche,
qui furent insérées dans les Memorie dell'
Inst. nazion. italico {Cl. di fisicae maternât. ;
Bologne, 1806, 1. 1, part. II, p. 593-451), et qui
furent réimprimées séparément à Bologne,
1806, in-4°.
Il y a eu, à Londres, dans la seconde moitié
du dix-huitième siècle, un professeur de chant
italien nommé Paradisi : il fut le maître de
la célèbre cantatrice 7^/ara.
PARATICO (Julien), excellent luthiste,
naquit à Brescia, vers le milieu du seizième
siècle. Les pièces de luth qu'il composa pas-
saient pour les meilleures de ce temps. Ses
amis Marenzio et Lelio Bertani lui avaient
conseillé de voyager, lui donnant l'assurance
que ses talents lui assureraient une incontes-
table supériorité sur ses émules; mais il ne
voulut jamais s'éloigner de sa patrie. Il
mourut à Brescia, en 1617, à l'âge d'enT.iron
soixante et dix ans.
PARAVICIÎXI (madame), élève de Viotti,
a eu de la réputation comme violoniste, dans
les premières années du xix« siècle. Née à
Turin, en 1769, elle était fille de la cantatrice
Isabelle Gandini, alors attachée au théâtre de
cette ville. En 1797, elle alla pour la première
fois à Paris, et y brilla dans les concerts
donnés à la salle de la rue des Tictoires na-
tionales. En 1799, elle se fit entendre avec
succès à Leipsick; l'année suivante, elle était
à Dresde, et en 1801, elle fit un second
voyage à Paris, et se fit applaudir dans les
concerts de Fridzeri. En 1802, on la trouve à
Berlin, et en 1805, à Ludwigslust. Séparée de
son mari et devenue la maltresse du comte
Alberganli, elle se fit présenter à la cour de
Ludwigslust sous ce dernier nom. Il parait
qu'à cette époque, elle cessa de chercher des
ressources dans son talent; mais, en 1820,
elle reparut en Allemagne, et sept ans après,
elle donna des concerts à Munich, où l'on
admira la vigueur de son archet, quoiqu'elle
eût alors près de cinquante-huit ans. Depuis
ce temps, les journaux ne fournissent plus de
renseignements sur sa personne. Madame
Paravicini ne jouait que de la musique de son
maître Viotti ; elle en possédait bien la tradi-
tion.
PAREDES (Pierbe-Sahche DE), ecclé-
siastique portugais, vécut dans la première
moitié du dix-septième siècle, et fut à la fois
bénéficier et organiste de l'église d'Obedos. Il
mourut à Lisbonne, en 1655. Homme instruit
dans les lettres et dans la musique, il a publié
une grammaire latine en portugais, et a
laissé en manuscrit : 1" Lamentations pour la
semaine sainte, à plusieurs yoix. 2" Vilhan-
cicospourlaféte de Noël. Ces ouvrages se trou-
vaient à l'église d'Obedos, lorsque Machado
a écrit sa Bibliothèque des auteurs portugais.
PAREJA (Bartholomé RAMIS ou
RAMOS DE). Foyez RAMIS DE PA-
REJA.
PAREIXT (Alexàkdbe-Amable-Hekbi ) ,
pianiste et compositeur pour son instrument,
est né à Paris, le 16 novembre 1816. Admis
au Conservatoire, le 22 août 1828, il reçut
d'abord des leçons de piano de M. Laurent,
puis il devint élève de Zimmerman. Le pre-
mier prix lui fut décerné au concours de 1850.
Au mois d'octobre 1831, ses études furent ter-
minées, et il s'est retiré de l'école. Depuis
lors, cet artiste s'est livré à l'enseignement et
a publié divers morceaux pour le piano.
PAREIVTI ( François - Paul - Maurice ) ,
compositeur et maître de chant, naquit à Na-
ples, le 15 septembre 1764. Ayant été admis
au Conservatoire de la Pietà de' Turchini,
il y apprit l'harmonie et l'accompagnement
sous la directiondeTarantina, reçutdes leçons
de contrepoint de Sala, et eut des conseils de
Traetta pour le style idéal. Dans sa jeunesse,
il fit représenter à Rome et à Naples quelques
opéras, parmi lesquels on cite : 1» Le P'en-
âemie, opéra bouffe. 2° Il Matrimonio per
fanatismo, idem. 3» / Fiaggiatori felici,
idem. A''Antigona, opéra sérieux. 5° Il Repas-
tore, idem. 6"^ Nitteti, idem. 7" L'Artaserse,
idem. Arrivé 5 Paris, en 1790, Parenti inséra
quelques morceaux dans les Pèlerins de la
Mecque, traduit de Gluck pour l'Opéra-Co-
mique. Dans la suite, il donna, au même
théâtre, les deux Portraits, en 1792, et
V Homme ou le Malheur, en un acte, 1793.
Cet artiste a écrit aussi beaucoup de messes et
de motets dans le style dit alla Palestrina.
Désigné, en 1802, pour diriger les chœurs et
accompagner au piano à l'Opéra italien, il ne
conserva cet emploi que pendant une année;
2y.
452
PARENTI — PARIS
puis il repiitsa profession de maîlre de chant.
Il est mort à Paris, en 1821, à Page de cin-
quante-sept ans. Cet artiste a laissé en ma-
nuscrit quelques messes, un Magnificat à
quatre voix, et des Litanies à quatre voix, avec
orgue.
PARFAICT (François et Claude), litté-
rateurs qui se sont livrés à l'étude de l'histoire
des théâtres en France, naquirent, le premier
à Paris, le 10 mai 1698 ; le second vers 1701 .
François mourut dans la même ville, le
25 octobre 1733; Claude cessa de vivre le
26 juin 1777. Parmi les ouvrages de ces écri-
vains laborieux, on remarque : 1" Diction-
naire des théâtres de Paris ; Paris, Lambert,
1756, ou Paris, Razet, 1767, sept volumes
in-12. 2» Mémoire pour servir à l'histoire
des spectacles de la foire; Paris, Briasson,
1745, deux volumes in-12. François a laissé
en manuscrit une Histoire de l'Opéra, dont
le manuscrit original a été à la Bibliothèque
impériale de Paris. Beffara a fait une copie de
ce manuscrit qui s'est égaré, soit qu'il ait été
replacé dans nn autre endroit que celui qu'il
devait occuper, soit qu'il ait été réellement
perdu. Beffara a bien voulu me communiquer
sa copie, qui m'a fourni quelques bons rensei-
gnements. Cette copie est aujourd'hui dans la
Bibliothèque de la ville de Paris.
PARIS (Jacques-Reine), né à Dijon, en
1795, commença l'étude de la musique comme
enfant de chœur, à l'âge de six ans, sous la
direction d'un maitre italien, nommé Travi-
sini. Jusqu'à l'âge de quinze ans, il resta
dans l'école de la maîtrise, où il acquit quel-
ques notions d'harmonie. Après les événe-
ments politiques de 1815, le désir d'étendre
ses connaissances dans un art qu'il aimait
avec passion, le décida à se rendre à Paris,
muni d'une lettre de recommandation pour
Choron, alors directeur de l'Opéra, et qui,
privé de cet emploi quelques mois plus tard,
fonda l'école qui l'a illustré. Paris y entra
comme professeur de solfège, pendant qu'il
suivait au Conservatoire les cours d'harmonie
et de contrepoint. Après deux années de pro-
fessorat à l'école de Choron, il succéda à Ha-
lévy comme maître de solfège au Conserva-
toire. Vers le même temps, il se maria, et
cette circonstance le fit renoncer au concours
pour le grand prix de composition. Il se livra
à l'enseignement, et publia quelques ouvrages
au nombre desquels on remarque : 1» Théo-
rie musicale ; V avis, 1826. "2" Méthode Jaco-
tot appliquée à l'étude du piano, approuvée
par le fondateur de l'enseignement tini-
versel; D'iion, chez l'auteur, 1830, in-S» de
cinquante-six pages, avec un cahier de mu-
sique in-4". En 1827, la place de maitre de
chapelle à la cathédrale de Dijon étantdevenue
vacante, elle fut offerte à Paris qui l'accepta,
parce que sa santé affaiblie par le travail lui
rendait l'enseignement pénible à Paris. Pen-
dant qu'il remplissait ces fonctions, il fit
entendre plusieurs messes et motets de sa
composition. La suppression faite par le gou-
vernement, en 1830, des sommes précédem-
ment allouées aux maîtrises de cathédrales,
dans le budget des dépenses de l'État, le trai-
tement des maîtres de chapelle subit une ré-
duction, à laquelle Paris dût se soumettre;
mais il accepta en dédommagement la place
d'organiste devenue vacante par la mort de
Larey. Cet artiste a fait représenter, à Dijon,
deux opéras de sa composition, le premier en
1835, l'autre, dans les premiers jours de
1847; ce dernier avait pour titre : Une qua-
rantaine au Brésil. Paris s'est fait remar-
quer à l'exposition de l'industrie de 1834, à
Paris, 'par V Harmoniphone , Ae son invention,
petit instrument à clavier, très-ingénieux, des-
tiné à remplacer le hautbois dans les orchestres
des petites villes où cet instrument n'existe
pas. Le mécanisme de l'harmoniphone con-
siste en un courant d'air comprimé qui fait
vibrer une corde de boyau lorsque l'abaisse-
ment de la touche ouvre une soupape par où
il s'échappe. La sonorité a beaucoup d'ana-
logie avec le son du hautbois.
PARIS (Aimé), né le 19 juin 1798, à
Quimper (Finistère), fit ses premières études
au collège de Laon et s'attacha particulière-
ment aux mathématiques, dans le dessein
d'entrer à l'école polytechnique. Les événe-
ments de 1814 ayant ramené sa famille à
Paris, il acheva ses humanités au collège royal
de Charlemagne, puis suivit les cours de
l'école de droit et fut reçu avocat en 1820.
Dans la même année, il eut, au Courrier /ru?i-
fflî's, l'emploi de sténographe, et deux ans plus
tard, il fut chargé des mêmes fonctions au
Constitutionnel. Au commencement de 1821,
il suivit le cours de musique de Galin {voyez
ce nom) et se lia d'amitié avec cet homme dis-
tingué; mais l'étude de la théorie de Feinaigle
sur l'art de développer les ressources de la
mémoire par de certains procédés, et les per-
fectionnements qu'il y introduisit, lui procu-
rèrent l'avantage d'être nommé professeur de
mnémonique à l'Athénée de Paris, en 1822.
Ses cours publics ayant inspiré de l'intérêt,
il se détermina à parcourir la France, pour en
PARIS
JÔ3
ouvrir de semblables dans quelques grandes
villes. Lyon, Rouen, firent bon accueil au
professeur d'une science nouvelle qui s'adres-
sait à toutes les classes de la société; mais, à
Nantes, le préfet, qui crut voir des allusions
injurieuses pour la restauration dans les pro-
cédés d'enseignement de M. Paris, fit fermer le
cours, et bientôt après le ministre de l'inté-
rieur étendit l'interdiction à toute la France.
Elle ne fut levée qu'en 1828, par 51. deVatis-
menil ; mais, dès lors, M. Aimé Paris avait pris
la résolution de faire, dans les départements
et à l'étranger, pour l'enseignement de la mu-
sique par la méthode de Galin, ce que Geslin,
Aimé Lemoine, Jue et d'autres avaient fait à
Paris par leurs cours. Ce fut ainsi que, pen-
dant trente ans, 51. Paris fit, dans une mulli -
tude de villes, en France, en Belgique, en Hol-
lande et en Suisse, des cours de cette méthode
du méloplaste, à laquelle il avait fait des mo-
difications , comme ses prédécesseurs en
avaient fait d'espèces diverses. A son arrivée
dans une vHle qu'il se proposait d'exploiter, il
débutait ordinairement par quelques séances
de Mnémolechnie, pour fixer l'attention du
public : elles étaient en quelque sorte l'in-
troduction obligée des cours de musique. Pour
donner de l'éclat à ceux-ci, il avait pour habi-
tude d'envoyer ou de faire afficher des défis
aux professeurs de musique ou aux chefs
d'écoles de la localité, demandant toujours
des épreuves comparatives, sous des conditions
qu'il savait bien ne pouvoir être acceptées (I).
Qu'on lui répondit, ou qu'on gardât le silence,
on ne pouvait éviter qu'il publiât quelque
pamphlet contre ceux qu'il considérait comme
ses adversaires naturels. La violence en était
le caractère; l'injure y était prodiguée, non-
seulement aux auteurs de systèmes différents
d'enseignement, tels que Bocquillon-Wilhem,
Pastou, Mercadier et autres, mais aux profes-
seurs des villes où M. Paris faisait un séjour
plus ou moins prolongé, aux journalistes qui
hasardaient quelque observation critique sur
la méthode Galin-Paris, aux sommités de
l'art et de la science qui n'opposaient qu'un
dédaigneux silence aux défis qu'on leur adres-
sait, voire même aux autorités locales qui ne
secondaient pas avec assez d'empressement les
vues de M. Paris. Il serait impossible aujour-
d'hui de citer les litres de toutes les brochures
de ce genre répandues dans toutes les parties
delà France et à l'étranger; leur auteur seul
pourrait vraisemblablemenl eu donner la no-
(I) Voyez CnETc.
menclalure, car tout cela est tombé dans un
profond oubli. La Littérature française
contemporaine (t. V, p. 590) me fournil les
titres suivants : 1" Mémorandum du cours
de M.Jimé Paris (théorie de P. Galin) ; Bor-
deaux, 18Ô8-1839, in-4".2» Manuel pratique
et progressif de musique vocale, d'après la
méthode Galin-Paris-Chevé ; Caen, Poisson.
C'est un recueil d'airs en notation chiffrée,
réunis et classés par M.Paris. Ô° Notes détail-
lées, à l'usage des souscripteurs au cours de
musique fait par M. Aimé Paris, d'après
la théorie de P. Galin, 1836, in-4°. A" Résu-
més progressifs du prochain cours de mu-
sique vocale en quatre-vingts leçons, pro-
fessé par M. Aimé Paris, d'après la théorie
de feu P. Galin, in-fol. 5» Avant-goiU des
sévérités de l'avenir, ou seize ans d'une
lutte qui n^ est pas terminée et qui amènera
infailliblement le triomphe d'une grande
idée; 1846, in-S". La grande idée, c'est la no-
tation de la musique en chiffres. 6° La Ques-
tion musicale élevée à la hauteur des som-
mités compétentes ; 1849, in-8". On trouve la
liste des écrits de M. Paris concernant la mné-
molechnie dans là France littéraire, de Qué-
rard (t. VI, p. 598), et dans la Littérature
française contemporaine (loc. cit.). Homme
d'intelligence et doué d'une rare énergie,
M. Aimé Paris a montré une prodigieuse acti-
vité dans ses voyages, ses cours, ses immenses
travaux pour la partie matérielle de son
enseignement et la profusion de ses pam-
phlets. Aujourd'hui même (1863), après trente-
cinq ans d'immenses fatigues, il combat en-
core avec l'ardeur de la jeunesse pour ses
convictions, et publie, à Rouen, le journal de
la Méthode Galin-Paris-Chevé, sous le titre
de la Réforme musicale. Il a trouvé dans son
beau-frère (51. Chevé) un auxiliaire de la
même trempe, qui fait à Paris , pour le
triomphe de la méthode, ce que lui-même a fait
dans les départements et à l'étranger. M. Pa-
ris a donné une deuxième édition du livre de
Galin, sous ce titre : Exposition d'une nou-
velle méthode pour l'enseignement de la mu-
sique; deuxième édition, publiée aux frais
des disciples de M. Aimé Paris, et aug-
mentée, par ce professeur, de figures expli-
catives, et d'une notice sur Vauteur; Lyoto,
Baron, 1832, in-8» avec seize planches.
PARIS (.^LEXis-PACLn), premier employé
au cabinet des manuscrits de la Bibliothèque
royale de Paris, membre de l'Institut de
France et de beaucoup de sbciélés savantes,
j est nO à Avenay (Marne), le 25 mars 1800. Au
454
PARIS — PARISH-ALVARS
nombre des ouvrages de ce littéralcnr, où
brille une érudition solide sans pédanlerie,
on remarque : le Romancero français ;
Histoire de quelques anciens trouvères , et
choix de leurs chansons; le tout nouvelle-
ment recueilli ; Paris, Techner, 1855, un vo-
lume in-12. Les notices que renferme ce
volume sur Audefroi-le-Bàtard, le Quenes de
Béthune, Charles, roi de Sicile et comte
d'Anjou, Jean de Brienne, le comte de Bre-
tagne el Hues et de la Ferté, sont remplies
d'intérêt.
PARIS (Claude-Joseph), né à Lyon, le
6 mars 1801, fit ses premières études de mu-
sique en cette ville, puis se rendit à Paris où
il entra au Conservatoire, le 24 juin 1824. Il
reçut de Lesueur des leçons de composition.
En 1825, il se présenta aux concours de l'In-
stitut de France, et y obtint le second grand
l»rix de composition : le premier lui fut dé-
cerné l'année suivante, pour la cantate inti-
tulée Herminie. Devenu pensionnaire du gou-
vernement, il se rendit en Italie, vécut près
de deux ans à Rome et à Naples, et fil jouer, à
Vienne, en 1829, l'Jlloggio mililare, opéra
bouffe en un acte. De retour à Paris, il fit en-
tendre, en 1830, une messe de Requiem de sa
composition dans l'église des Petits-Pères. Le
31 juillet 1831, on représenta, au théâtre Ven-
tadour, la Feillée , opéra-comique dont il
avait écrit la musique, et qui n'eut qu'un suc-
cès médiocre. Depuis celte époque, M. Paris
s'est fixé à Lyon.
PARISE (Gennaro), compositeur de mu-
sique d'église, est né à Naples dans les der-
nières années du dix-huitième siècle. Filsd'un
ancien élève de Cafaro qui était musicien
instruit et compositeur, Parise apprit, sous la
direction de son père, les éléments de la mu-
sique, l'harmonie et le contrepoint; toutefois,
son étude la plus solide fut la lecture attentive
des ouvrages des grands maîtres, particulière-
ment les oeuvres de musique d'église. Après
qu'il se fut fait connaître par de bonnes pro-
ductions en ce genre, il obtint les i)laces de
maître de chapelle de la cathédrale de Naples
et des églises de Saint-Dominique, des Hiéro-
nymitesetde plusieurs autres. En 1851, il était
professeur d'accompagnement des partimenti
au collège royal de musique de cette ville. Parmi
les nombreuses compositions de cet artiste, on
remarque beaucoup de messes avec orchestre;
d'autres messes, à trois et quatre voix, dans
le style a/;aPa/estrma; plusieurs autres à trois
voix avec orgue; d'autres, en fin, à deux et trois
voix sur le chant choral des capucins et récol-
lets ; une messe de Requiem à grand orchestre;
deux autres alla Palestrina; quelques messes
brèves et vêpres avec accompagnement
d'orgue ou de harpe; trois vêpres complètes
avec tous les psaumes alla Palestrina; plu-
sieurs Dixit; d'autres psaumes à grand or-
chestre; trofs Credo avec orchestre ou alla
Palestrina; plusieurs introïts, graduels et
offertoires avec orchestre et sans instruments;
des proses ou séquences ; beaucoup d'hymnes
pour les vêpres avecorchestre, et d'autres pour
des voix seules ; deux Pange lingua avec
orchestre et orgue; un Tantum ergo pour
ténor avecorchestre et un e'cAo lointain, à
trois voix ; des matines de Noël, à trois et
quatre voix; sept Miserere^ à trois et quatre
voix avec orgue, et un autre Miserere avec ac-
compagnement de bassons; une messe solen-
nelle pour le dimanche des Rameaux qui s'exé-
cute dans l'église des Hiéronymites; d'autres,
pour le vendredi et le samedi saints ; plusieurs
Lamentations ; les trois heures de désolation
de la Vierge Marie, avec deux vjoloncelles;
deux Salve Regina avec orchestre; un autre
avec orgue; trois Te Deum avec orchestre,
dont un à six voix ; deux autres Te Deum,
à trois voix, avec orgue ; deux litanies à quatre
voix, et deux à deux voix ; différentes pièces
pour des cérémonies monastiques, et une can-
tate à trois voix, en l'honneur de saint Joseph.
PARISH-ALVARS (Élie), harpiste cé-
lèbre et compositeur distingué, naquit à
Londres, en 1816, d'une famille Israélite.
Dizi [voyez ce nom) fut son premier maître de
harpe; mais, après que cet artiste eut quitté
Londres pour se fixer à Paris, Parish-Alvars
devint élève de Labarre, et dès lors il changea
sa manière et prit le caractère grandiose et
la sonorité puissante qui le distinguèrent des
autres artistes. 11 jouait aussi du piano avec
beaucoup d'habileté. Parish-Alvars n'était âgé
que de quinze ans lorsqu'il fit un premier
voyage en Allemagne, dans lequel il se fil en-
tendre à Brème, à Hambourg, à Magdebourg,
et déjà y produisit une vive impression sur les
artistes. De retour eu Angleterre, il se livra
à de nouvelles études, particulièrement sur
l'exécution rapide des tierces, des sixtes et des
octaves des deux mains, sur les sons harmo-
niques simples et doubles combinés avec les
sons naturels, et sur l'usage des pédales pour
des modulations inattendues. En 1834, il
visita la haute Italie, et frappa l'au<litoire
d'élonnement et d'admiration dans un concert
<iu'il donna à Milan, «luoiqu'il nefiUâgéqne
de dix-huit ans. Deux ans plus lard, il était à
PARISH-ALVARS — PARISIS
455
Vienne, où il ohlinl les plus brillants succès.
11 y resta près de trois années, ne cessant de
chercher de nouveaux effets et de nouvelles
ressources dans son instrument Dans l'inter-
valle de 18Ô8 à 1842, Parish-Alvars fit un
voyage en Orient, où il reeueillit des mélodies
dont il fil ensuite les thèmes de quelques-unes
de ses compositions. Tous les résultats étaient
obtenus par l'artiste, et son talent était par-
venu au plus haut degré de perfection, quand
il donna ses concerts à Leipsick, en 1842, à
Berlin, à Francfort, à Dresde et à Prague
dans l'année suivante. Une appréciation
pleine d'enthousiasme de son exécution mer-
veilleuse, datée de Dresde (février 1843), et
signée du nom de Thérèse de JFinckel, parut
alors dans la Gazette générale de musique de
leipsick {n" 9, col. 167, 168). Après avoir
analysé les prodiges de cette exécution dans
tous les genres de difficultés vaincues, l'auteur
de celte appréciation s'écrie : Parish-Alvars
est sur son instrument un véritable Colomb,
qui a découvert les riches trésors d'un nou-
veau monde pour la harpe. En 1844, nous
retrouvons cet artiste extraordinaire à Naples,
où il excitait des transports d'admiration.
Deux ans après, il retourna en Allemagne et
s'arrêta à Leipsick. Ses liaisons avec Mendels-
sohn et ses longs séjours au delà du Rhin
avaient exercé une puissante influence sur
son sentiment musical et lui avaient donné de-
puis plusieurs années des tendances vers l'art
sérieux qui avaient modifié le caractère de
ses compositions. Cette transformation devient
évidente dans son concerto pour fa harpe (en
sol mineur), œuvre 81, qu'il avait écrit à
Leipsick, et qui fut publié en 1847. Dans
cette même année, il alla s'établir à Vienne,
mais sans s'y faire entendre, et se livrant à
des études sérieuses sur l'art d'écrire. Ce fut
à cette époque qu'il s'essaya dans des quatuors
pour instruments à cordes et dans des mor-
ceaux de symphonies dont on m'a fait l'éloge
à Vienne, mais qui, je crois, sont restés en
manuscrit. Parish-Alvars avait été nommé vir-
tuose de la chambre impériale; ce titre ne
l'obligeait pas à un service très-actif, et lui
laissait le temps nécessaire pour se livrer au
travail de la composition. Malheureusement
sa santé déclinait visiblement depuis près
d'une année : il mourut à Vienne, le 25 jan-
vier 1849, et l'art perdit en lui un de ses plus
nobles interprèles.
Les compositions les plus remarquables de
Parish-Alvars pour la harpe sont : 1» Grand
concerto (en sol mineur), avec orchestre.
op. 81 ; Leipsick, Kistnef. 2» Concerlino pour
deux harpes el orchestre, op. 91 ; Milan, Ri-
cordi. 3» Concerto pour harpe et orchestre
(en mi bémol), op. 98; Mayence, Schott.
4" Souvenir de don Pasquale, duo pour harpe
et piano, op. 74 ; ibid. 5° Chœur de corsaires
grecs et marche pour harpe seule, op. 53;
Hambourg, Schuberth. 6" f'oyage d'un har-
piste en Orient. Recueils d'airs et de mélo-
dies populaires en Turquie et dans l'Asie
Mineure, pour harpe seule, op. 62 : n" 1.
Souvenir du Bosphore; 2. Danse Bulgarienne;
3. .\ir hébreu de Philippopolis; 4. Air armé-
nien ; 5. Marche de parade du sultan ;
6. Chanson grecque de Sa-ntorino; Vienne,
Mechetli.7. Grande marche, op. 67; Mayence,
Schott. 8. L'Adieu, romance, op. 68; Vienne,
Mechetti. 9. Orage et calme, op. 71 ;
Mayence, Schott. 10. Scènes de ma jeunessej
grande fantaisie, op. 75; ibid. 41. La Danse
des fées, morceau caractéristique, op. 76;
Vienne, Mechelti. 12. Grande fantaisie sur
Lucrèce Borgia, op. 78; Mayence, Schott.
13. Grande fantaisie sur Lucia de Lammer-
moor, op. 79; Vienne, Artaria. 14. Rêveries,
op. 82; Leipsick, Rislner. 15. Sérénade,
op. 83; ibid. 16. Grande élude à l'imitation
de la mandoline, op. 84; Milan, Ricordi-
17. Jl Papagallo , souvenir de Naples,
op. 85; Leipsick, Kistner. 18. Souvenir de
Pischek, fantaisie, op. 89 ; Mayence, Schott.
19. Illustrasioni de' poeli italiani, op. 97;
n" 1, Petrarca; Milan, Ricordi. 20. Trois ro-
mances sans paroles, œuvre posthume ;
Mayence, Schott.
PARISINI (Igkace), né à Florence au
commencement du dix-neuvième siècle, y a
fait ses études musicales, et fut pendant quel-
que temps chef d'orchestre du théâtre de la
Pergola. En 1834, il fut engagé pour diriger
l'orchestre de l'Opéra italien de Paris : il oc-
cupa celte position jusqu'en 1838 ; mais Pad-
ministration dece théâtre ayant changé alors,
il ne s'entendit point avec la nouvelle direc-
tion et fut remplacé. Vers le même temps,
des propositions furent faites à cet artiste
pour qu'il se fixât en Grèce; il les accepta et
s'établit à.\lhènescomme professeur de chant.
II y était encore en 1845; mais après cette
date on n'a plus eu de renseignements
sur M. Parisini. Il avaii fait représenter, en
1858, à Fossano (Piémont), un opéra intitulé
la Scimia riconoscente.
PARISIS (PrERRE-Locis), évêque de Lan-
grcs (28 août 1834), puis d'Arras (12 août
1851), est né à Orléans, le 12 août 1795.
450
PxVRISlS — PARKE
Après la révolution de 1848, ce prélat fut élu
par le département du Morbihan représentant
à l'assemblée nationale et fut réélu à l'assem-
blée législative, où il fit partie de la majorité
monarchique. Après le coup d'État du 2 dé-
cembre 1851, il se relira des affaires politiques
et ne s'occupa plus que de celles de son dio-
cèse et de ses écrits. Il n'est cité ici que pour
son Instruction pastorale sur le chant de
l'église; Paris, Lecoffre et C«, 1846, in-S» de
quatre-vingts pages, où l'on trouve de très-
honnes idées sur la nature de ce chant et
son exécution. On doit aussi à Mgr Parisis
une édition de l'Antiphonaire romain pour
l'usage de son diocèse, sous ce titre : Anli-
phonarium romanum, ad normam Bre-
viarii, ex decretis sacro C'oncilii Tridentini
restituti, S. PU F, pontif. max., jussu
cditi, démentis FUI ac Urbani Fil auc-
toritate recogniti, complectens , suis locis
disposita, omnia ad vespei-as et horus,
juxta ritum sacrosanctx romans Ecclesix,
in choro modulandas necessaria, quibus ac-
cedunt officia prxcipuorum festorum, etc.
Editio nova accurate emendata ; Dijon (sans
date), 1 vol. in-fol.
PARISOT (Nicolas), prêtre du diocèse
d'Évreux, qui vivait vers le milieu du dix-
septième siècle, a composé cinq messes, dont
une à quatre voix ad imitationem moduli
Quam pulchra es, et quatre à six voix ad imi-
tationem moduli ; Columba mea; — Snrge
propera; — Dilectus meus; et Sonet vox,
que Ballard a publiées en 1666, in-fol.
PARISOT (Alexandre), violoniste, pro-
fesseur de musique et compositeur à Orléans,
né dans cette ville, vers 1800, a publié de sa
composition : 1" Symphonie concertante à
grand orchestre; Orléans, Demar. 2» Con-
certos pour violon, n"* 1 et 2; ibid. 3» Trois
duos concertants pour deux violons; ibid.
A" Six îdem non difficiles; ibid. 3° Quarante
leçons faciles et progressives pour le violon ;
ibid. 6" Principes de musique ; ibid.
Un autre artiste du même nom a fait gra-
ver chez Richault, à Paris, des Noëls variés
pour l'orgue, op. 1, et des thèmes variés,
op. 2.
PARKE (Jean), hautboïste anglais, né
dans les derniers mois de 1745, a Joui d'une
grande renommée dans son pays. Simpson,
le meilleur hautboïste de son temps, lui donna
des leçons, et Baumgartcn lui enseigna l'har-
monie. Ses progrès furent rapides sur son
instrument, et bientôt il fut considéré par ses
compatriotes comme uxi virtuose de i:remière
force. En 1776, il fut engagé comme pre-
mier hautbois des oratorios dirigés par Smith
et Stanley, successeurs de Hœndel. Divers en-
gagements lui furent ensuite offerts pour les
concerts du Ranelagh, de Mary-le-Bone-
Gardens, etpoup l'Opéra, en 1786. Plus tard
il succéda à Fischer, comme hautboïste solO'
dans les concerts du Wauxhall. La protection
spéciale du duc de Cumberland le fit entrer
dans la musique particulière de Georges III.
Le prince de Galles, depuis lors Georges IV,
l'ayant entendu, en 1783, dans un des con-
certs de la reine Charlotte, fut si satisfait de-
son exécution, qu'il l'admit dans sa musique
particulière avec Giardini, Schroeter et Cross-
dill. Enfin, il fut attaché à l'orchestre du
concert de musique ancienne, ainsi qu'à
toutes les fêtes musicales qui se donnaient
dans les principales villes d'Angleterre. Ayant
amassé une fortune considérable, il se relira,
vers 1815, à l'âge de soixante et dix ans, et
mourut à Londres, le 9 août 1829, dans sa
quatre-vingt-quatrième année. Parke a com-
posé plusieurs concertos pour le hautbois,
qu'il a exécutés dans divers concerts, mais qui
n'ont pas été gravés,
PARKE (William-Thomas), frère cadet du
précédent, né en 1762, fut comme lui haut-
boïste, et dès l'âge de huit ans devint élève de
son frère. Burney lui enseigna à jouer du
piano, et Baumgarten lui donna des leçons
d'harmonie. Après avoir été attaché pendant
quelques années à l'orchestre de Drury-Lane,
il fut nommé, en 1784, premier hautbois de
Covent-Garden. Il occupa celte place pendant
(juarante ans, et se retira, en 1824, pour jouir
de l'aisance qu'il avait acquise. Parke a eu de
la réputation en Angleterre comme composi-
teur de glees et de chansons, dont il a publié
un grand nombre. Il a écrit aussi les ouver-
tures et quelques airs des drames Netlexj
Abbey et Lock and À^ej/, ainsi que deux livres
de duos pour deux flûtes ; Londres, démenti j
mais son ouvrage le plus important est in-
contestablement celui qui a pour titre : Mu~
sical Memoirs, comprising an account of
the gênerai state ofmusic in England, from
the first commémoration ofHandel in 1784^
to the year 1830 (Mémoires sur la musique,
contenant une notice de l'état général de la
musique en Angleterre, depuis le premier an-
niversaire deîlœndel, en 1784,jus(iu'à l'année
1830); Londres, II. Colburn, 2 vol. gr. jn-12,
1830. On peut consulter l'analyse que j'ai
donnée de ce livre dans le XV volume de la
Revue musicale (p. 178 et suivantes).
PARMA — PARMENTIER
457
PA1\1I.V (XicotAs), compositeur italien,
né à Jlantoiie vers le milieu du seizième siècle,
est connu par deux livres de motels à 5, 6, 7,
8 et 10 voix, imprimés à Venise, en 1380 et
1586, in-Ao. On trouve aussi des madrigaux
de sa composition dans le recueil qui a pour
titre : De' Floridi virtuosi d'Italia il terzo
libro de' Madrigali a cinque voci, nuova-
mente composti e dati in luce; Venise,
G. Vincent! et R. Amadino, 1380, in^».
PARME]>TIER (CHARLEs-JosEpn-TnÉo-
oore), né le 14 mars 1821, à Barr (Bas-Rhin),
fut élevé jusqu'à l'âge de seize ans à Wasse-
lonne, petite ville du même département, où
son père était receveur des contributions in-
directes. L'école primaire était dans ce lieu la
seule ressource pour l'instruction : ce fut là
mère de M. Théodore Parmentier, femme dis-
tinguée et d'une éducation peu commune, qui
lui enseigna le français, l'histoire, la géogra-
phie, la mythologie, la langue italienne, le
solfège et le piano. Des leçons peu régulières
d'un ami lui apprirent le dessin, le latin,
l'arithmétique et la géométrie. La maison du
père de M. Parmentier était le centre musical
de la petite ville de Wasselonne : on y chan-
tait des chœurs d'hommes à quatre voix; on y
exécutait des quatuors d'instruments à cordes,
et ces occasions fréquentes d'entendre de
l'harmonie développaient rapidement l'in-
stinct musical du jeune homme et lui faisaient
faire de rapides progrès. Sans maître, il était
parvenu par de constants elTorts à jouer la
partie de second violon dans les quatuors. Les
dispositions de M. Parmentier pour la musi-
que avaient fait songer à l'envoyer au Con-
servatoire de Paris; mais son père ayant
objecté que la carrière d'artiste est ingrate
pour ceux qui, au début, sont sans fortune,
on renonça au premier projet et la famille
<lécida que le jeune homme se préparerait à
entrer à l'école polytechnique. Seul, et sans
le secours des maîtres, il étudia la rhétorique,
la philosophie, l'histoire universelle et la
langue grecque. Ces études terminées, il
obtint le grade de bachelières lettres à Stras-
bourg, en 1838. Puis il étudia pendant un an
les mathématiques sous la direction de son
frère aîné, élève de l'école d'application de
l'artillerie et du génie, à Metz, suivit pendant
une autre année le cours de mathématiques
spéciales au collège de la même ville, et fut
reçu à l'école polytechnique à la fin de 1840.
Il en sortit premier de la promotion du génie,
ci; qui lui fit passer deux années à l'école
d'application de Metz. Après deux ans de
grade de lieutenant du génie, il obtint celui
de capitaine au choix en 1847.
L'école polytechnique et l'école d'applica-
tion avaient interrompu les études musicales
de M. Parmentier; il les reprit après cette
période et se livra à la lecture des traités
d'harmonie, de contrepoint et de fugue, d'in-
strumentation , d'histoire de l'art, d'acous-
tique, en un mot de tout ce qui se rattache à
la musique considérée comme art et comme
science. Ces travaux l'occupèrent à Strasbourg
de 1847 à 1832. Dans cet intervalle, il prit
quelques leçons d'orgue de M. Stern {voyez
ce nom), et se livra à l'étude de ce bel instru-
ment. Appelé à Paris, en 183-3, pour y être
attaché au comité de fortification, il ne resta
qu'un an dans celte position, et devint, en
1834, aide de camp du général Niel, avec qui il
fut de l'expédition de la Baltique et se trouva
au siège de Bomarsund. En 1833, il accom-
pagna ce général au siège de Sébastopol et
l)ril part à l'assaut de l'ouvrage de MalakofT.
Nommé chef de bataillon du génie, en 1839,
il prit part à la campagne d'Italie en qualité
de premier aide de camp du général Niel. La
manière dont il s'est distingué dans ces di-
verses campagnes l'a fait nommer chevalier
de la Légion d'honneur, en 1834, après la prise
de Bomarsund, puis il fut décoré de la médaille
anglaise de la Baltique, de la médaille de
Crimée, de l'ordre turc de Medjidié, et le roi
de Sardaigne le nomma officier de l'ordre des
Saints Maurice et Lazare. Le IG avril 1857, il
a épousé la célèbre virtuose Teresa Milanollo.
Les ouvrages publiés par M. Parmentier
sur la science du génie militaire, sur les ma-
thématiques et sur la topographie, n'appar-
tiennent pas à l'objet de ce dictionnaire bio-
graphique; nous ne les mentionnerons pas
plus que ses poésies françaises et allemandes
publiées dans plusieurs journaux et recueils
périodiques, et nous nous bornerons à l'indi-
cation de ses travaux de littérature musicale
et de ses compositions. Dans la première ca-
tégorie, nous trouvons des articles de biogra-
phie et de critique dans la Revue et gazette
musicale de Paris, dans la France musicale,
dans la Critique musicale, dans le Courrier
du Bas-Rhin, le Courrier de l'erdun, VJll~
sacien, etc. La plupart de ces articles sont
signés. On a aussi de M. Parmentier : j4lma~
nach musical, ou Ephémérides pour chaque
jour de l'année; Strasbourg, 1831 et 1832, et
dans la Revue et gazette musicale, en 1834 et
1833. Parmi les compositions de cet amateur,
on remarque : 1° Six mélodies pour piano,
4.1 s
PÂRMENTIER — PARRY
op. 1 ; Paris, Fleury. 2" Quatre romances
françaises, op. 4 ; Strasbourg. 5» Quatre mor-
ceaux pour orgue, op. 5; ibid. 4° quatre-
vingt-seize petits préludes et versets pour
orgue, op. G ; ibid. 5" Barcarolle pour piano;
Paris, Brandus. G" Gondoline pour piano;
Paris, Heintz. 7" Deux polkas, composées pour
musique militaire et réduites pour piano;
Paris, Fleury. En manuscrit : Grande polo-
naise de Weber instrumentée; — Caprice
pour piano; — Rondoletto, pour piano; —
différents petits morceaux pour cet instru-
ment; — Romances françaises; — Lieder et
ballades allemandes; — Choeurs à quatre
voix d'hommes ; etc.
PARMEIVTII^R (M""). Foijez MILA-
NOLLO.
PAROLINI (Pierre -Jean), né à Pontre-
moli, le 5 mai 1759, commença l'étude de la
musique sous la direction d'Olivieri, orga-
niste de cet endroit, puis se rendit à Borgo-
Taro pour y compléter son éducation musi-
cale, parles leçons de Gervasoni. Sa première
jiroduction fut une messe à trois voix, qui lut
exécutée le 25 mars 1808. Il écrivit ensuite
d'autres messes à trois et quatre voix, et le
15 août 1810, il en fit jouer une à grand or-
chestre, avec des vêpres, dans l'église du Ro-
saire, à Parme. Parmi les autres productions
de cet artiste, on remarque des symphonies à
grand orchestre, des quatuors pour deux vio-
lons, alto et basse, dont quelques-uns ont été
imprimés, "et des pièces de piano gravées à
Florence, chez Poggiali, en 1812.
PARRAN (le P. Antoine), jésuite, naquit
à Nemours, en 1587, entra dans la Société de
Jésus en 1607, à l'âge de vingt ans, et enseigna
les belles-lettres au collège de Nancy. Il mou-
rut à Bourges, le 24 octobre 1650. On a de lui
un livre iustitulé : Traité de la musique
théorique et pratique, contenant les pré-
ceptes de la composition ; Paris, 1646, 10-4".
L'édition de 1636, citée par Forkel, Gerber,
Choron et Fayolle, et les autres biographes,
n'existe pas; l'approbation de celle de 1646
en est la preuve. Les auteurs du Dictionnaire
historique des musiciens (Paris, 1810-1811)
disent que le livre du P. Parran (un des plus
rares parmi ceux qui ont été imprimés en
France) est mal conçu et mal rédigé: il y a
beaucoup de légèreté dans ce jugement, car la
notation et les règles du contrepoint sont
mieux expliquées dans cet ouvrage que dans
les autres livres français publiés jusqu'à
répo(iue où il parut. Le seul reproche qu'on
puisse faire à son auteur est d'avoir manqué
d'érudition lorsqu'il s'est exprimé en ces
termes, dans son avertissement au lecteur :
« Mon cher lecteur, si vous avez agréables les
« préceptes du contrepoint musical qui n'ont
« point encore été veus, ny donnez au |)ublic
« par la main d'aucun que je sache, etc. » On
a peine à comprendre que le P. Parran ait
ignoré l'existence d'une multitude de livres
italiens et français où les principes du contre-
point avaient été exposés avant le milieu du
dix-septième siècle.
PARRY (Jean), musicien anglais, est né
à Denbigh, dans le pays de Galles, en 1776.
Un maître de danse lui enseigna les éléments
de la musique, et lui apprit à jouer de la cla-
rinette. Cet instrument lui servit lorsque la
milice de Denbigh fut organisée en 1793, car,
après deux ans d'étude, sous le maitre de
musique de son régiment, il fut choisi pour
remplir les fonctions de ce chef. Après dix
années de service dans celte place, il prit sa
retraite, se maria et s'établit à Plymoulh.
En 1807, il se rendit à Londres et s'y fixa.
Deux ans après, il commença à composer la
musique de petites pièces pour les théâtres du
second ordre, particulièrement pour leWaux-
hall, le Lycée et l'Opéra anglais. Il fit aussi
représenter plusieurs opéras à Covent-Garden
et à Drury-Lane, entre autres Ivanhoe. Parry
s'est fait surtout une brillante réputation en
Angleterre par la composition d'airs qui ont
obtenu un succès populaire : il en publia, en
1824, une collection nombreuse, en deux vo-
lumes. Ses connaissances dans la musique
galloise, appelée cambrienne, et sa qualité de
barde welche, l'ont fait choisir pour présider,
en 1820,1e congrès des bardes à Wl-exham, et
celui de Brecon, deux ans après. L'assemblée
annuelle des bardes et des ménestrels gallois
qui se tient à Londres est aussi placée sous sa
direction; enfin, au grand congrès de ces
bardes , assemblé en 1821, le grade de Bard
alaw, ou maitre de chant welche, lui fut con-
féré. Les compositions de Parry, en tout genre,
s'élèventàplusdequatre cents; on y remarque
plusieurs morceaux pour la harpe, douze ron-
deaux pour le piano, des airs variés pour le
même instrument, beaucoup de morceaux de
musique militaire, la musique de plusieurs
pantomimes, mélodrames et opéras, beaucoup
de duos pour le chant, degiees et de chansons,
deux volumes de mélodies galloises, deux vo-
lumes de mélodies écossaises arrangées sur
des paroles anglaises, et des méthodes pour
divers instruments : toutes ces productions ont
été publiées à Londres. La collection de chants
PARRY — PARTENIO
450
du pays de Galles, i)ul)liées par Paiiy, a pour
titre : The Tf elsh Harper, being an exten-
sive collection of Jf'dsh Music , com-
prising mosl of ihe contents of the three
volumes published by the late Edward
Jones. To ichich are prefixed observa-
tions on the character ant antiquity of
the TFelsh Music, and an Account of the
rise and progress of the Harp, from the
earliest period to thepresent time{\e Harpiste
galloiSf ou grande collectioD de musique du
pays de Galles, renfermant la plus grande
partie de ce qui est contenu dans les trois vo-
lumes publiés par feu Edouard Jones; précédé
d'observations sur le caractère et Tantiquité
de la musique galloise, et d'une notice sur l'ori-
gine et les progrès de la harpe, depuis les
temps les plus anciens jusqu'à l'époque ac-
tuelle) ; Londres (sans date), un volume in-fol.
On a aussi de ce savant : 1" // Puntello, or
the Supporter, containing the first Rudi-
ments of Music (l'Appui, ou premiers rudi-
ments de musique); Londres (sans date), in-fol.
2'" Account of the royal musical Festival
held in TFestminster Abbey, 1834 (Notice sur
le Festival royal de musique célébré à l'abbaye
deWestminster, enl 834^; Londres, 1835, ln-4''.
Ce musicien instruit a fait, à Londres, des
cours de lectures historiques sur la musicjue.
En 1831, il me visita dans un voyage qu'il
faisait en Belgique, et me dit qu'il se propo-
sait de publier un volume de résumés de ses
lectures; je n'ai pas appris que cet ouvrage
ait paru.
Un autre Johx Pabry, né à Ruabon ,
dans le nord du pays de Galles, vécut dans la
première moitié du dix-huitième siècle, et fut
un barde et joueur de harpe de l'ancienne fa-
mille Wynnstay, célèbre par le grand nombre
dt bardes auxquels elle avait donné le jour.
On connaît de lui quelques airs avec accompa-
gnement de harpe, dans la tonalité et dans le
style de la musique populaire de son pays.
Il aaussi publié: X" Ancient British Music, or
a collection of tunes, never before published.
To which is prefixed an Historical Ac-
count of the rise and progress of Music
among the Ancient Brillons (Ancienne mu-
sique britannique, ou collection d'airs qui
n'ont jamais été publiés, précédée d'une no-
tice sur l'origine et les progrès de la musique
chez les anciens Bretons); Londres, 1742,
in-4". 2» Collection of TFelsh. English, and
Scotch Airs, with neic variations (Collec-
tion d'airs gallois, anglais et écossais, avec de
nouvelles variations); Londres, 1701, in-4°.
P ARSOS (Robert), organiste de l'ab-
baye de Westminster, fut attaché comme mu-
sicien à la chapelle royale, sous le règne
d'Elisabeth. Il se noya à Newark-sur-la'
Trent, au mois de janvier 15G9. Son épiiaphe
se trouve dans les Fragments de Cambden.
Plusieurs compositions de Parsons existent eu
manuscrit dans quelques bibliothèques de
l'Angleterre^ particulièrement au Muséum
britannique, dans la collection recueillie par
Tudway pour lord Harley (n"» 1713 à 1720,
in-4''), où l'on trouve de Parsons l'antienne :
Deliver me from mine enemies, et dans le
sixième volume des Extraits de Burney
(n» 11,396), qui renferme, du même artiste, le
motet à cinq voix In nomine, et le madrigal,
aussi à cinq voix : Enforced by love and
fear.
PARSTORFFER (Paul), un des premiers
marchands de musique gravée qu'il y ail eu en
Allemagne, vécut à Munich vers le milieu du
dix-septième siècle. Il a publié un catalogue de
musique, sous ce litre : Indice di lutte Is
opère di musica ; Munich, 1633.
PARTALS (Jeha.>), roi des ménestrels du
Ilainaut, vécut dans les premières années^du
quinzième siècle. Les archives du royaume de
Belgique renfermenl quatre quittances de ses
émoluments, datées des 20 mars 1410, 20 juin
1410, 3 février et 20 mars 1411, et signées de
sa main.
PARTEMO (jEAS-DoïisiQrE), composi-
teur dramatique, né d'une famille honorable
de Spilimbergo, dans le Frioul , qui s'était
fixée à Venise, embrassa l'état ecclésiastique,
et fut d'abord chanteur dans la chapelle ducale
de Saint-Marc, où il fut admis, le 21 février
1666, aux appointements de 80 ducats. Son
mérite le fit choisir, le 23 juillet 1683, pour
occuper la place de vice-maitre de la même
église, dans laquelle il succéda à Legrenzi. Peu
de temps après sa nomination à cet emploi, il
fonda à Venise la société philharmonique,
sous l'invocation de Sainte Cécile. En 1690,
il fut nommé directeur du conservatoire des
Mendicanti, et deux ans après, il succéda à
Jean-Baptiste Volpe, dans la place de premier
maitre de la chapelle ducale de Saint-Marc. Il
mourut à Venise, en 1701. La Dramaturgie
d'AUacci nous a conservé les titres suivants
des opéras dont il a écrit la musique : 1° Gen-
serico; à Venise, en 1669. 2° La Costanza
trionfante-y 1673. ô"Z><ohis«o; 1 68 1 . 4» /"/a-
vio Cuniberlo; 1682. Parlenio a laissé aussi
beaucoup de musi(|ue d'église, et des compo-
sitions de différents genres produites par lui
4G0
PARTENIO - PASINO
existaient autrefois dans les arcliives du con-
servatoire des Mendicanti ; mais tout cela est
depuis longtemps dispersé.
Un frère de ce compositeur, Jean Partenio,
fut organiste distingué dans l'île de Saint-
Georges le Majeur, à Venise.
PARZIZEK (Alexis-Vincent), ecclésias-
tique, naquit à Prague, le 10 novembre 1748,
et y fit ses humanités. En 1763, il entra dans
l'ordre de Saint-Dominique, et y acheva ses
études de philosojjhie et de théologie, d'abord
au couvent de Prague, puis à celui de Brllnn.
Arrivé à Gabel, en 1773, il mit en ordre la
bibliothèque du monastère, et entreprit la
restauration de l'orgue. Deux ans après, il
retourna à Prague : ce frit alors qu'il devint
élève du célèbre organiste Segert pour la
composition, et qu'il commença à écrire de la
musique d'église, qui est encore estimée.
Nommé directeur du collège de Klattau, en
1783, il ne montra pas moins de zèle pour y
perfeclionner les études musicales que pour
l'avancement des lettres et des sciences. En
1798, il obtint sa sécularisation, avec un ca-
nonical à l'église métropolitaine de Leitme-
ritz. Il vivait encore en cet endroit vers la fin
de 1817, à l'âge de soixante-neuf ans. Ses
compositions principales sont : 1° Deux messes
solennelles, dont une a été imprimée à Prague,
en 1806. 2» Missa solemnis (en ré) pro omni
tempore, à quatre voix et orchestre ; Leipsick,
1808. 5° Offertoire solennel à quatre voix et
orchestre; î6îd.^1807.4'^Deux messes brèves,
en manuscrit. 5" Quarante offertoires, avec
orgue ou orchestre, idem. G" Qnnire O salutaris
hostia, idem. 7" Un Salve Regina , idem.
8° Deux litanies, idem. 9» Deux airs d'église.
10» Trois cantates sur des textes allemands.
11» Une symphonie à grand orchestre. ^12» Un
nocturne pour des instruments à vent,
lô" Quelques chansons allemandes avec ac-
compagnement de piano.
PASCH (Georges), en latin PASCHIUS,
savant philologue, né à Dantzick, en 1661, fit
ses éludes aux universités de Roslock et de
Kœnigsberg, et prit ses degrés à Wittenberg,
en 1684. Nommé professeur de morale à l'uni-
versité de Kiel, en 1701 , il remplit cette place
jusqu'à sa mort, arrivée le 30 septembre 1707.
Dans un livre intitulé De novis inventis,
quorum accuratiori çuîtui facem prœtulit
antiqiiitas; Leipsick, 1700, in-4» (2" édition),
il traite d'objets relatifs à la musique, chap. 2,
§ 24; chap. 6, §23; chap. 7, §§ 14, 21,
24 et 60. Il cherche à établir dans cet ouvrage
que la plupart des découvertes dans les sciences
et les arts qu'on attribue aux modernes ne
sont que le résultat et le développement des
connaissances qui nous ont été transmises
par les anciens : système qui a été depuis lors
développé par Dutens. Dans la comparaison
qu'il fait de l'harmonie des anciens avec celle
des modernes, on voit qu'il est absolument
étranger à la matière qu'il traite.
PASCH (Jean), professeur de philosophie
à Rostock, né à Ratzebourg, dans le comté de
Lauenburg, vers le milieu du dix-septième
siècle, mourut à l'hôpital de Hambourg, en
1709, par suite de sa mauvaise conduite. On
connaît de lui : Dissertatio de selah,p/it7o-
logice enucleato; Wittenberg, 1683. Celte
dissertation, qui a pour objet une expression
hébraïque de l'inscription des psaumes, qu'on
croit relatif au chant, a été insérée dans le
Trésor des antiquités sacrées, d'Ugolini,
tome 32, p. 689-722.
PASCHAL (le R. P.), religieux cordelier
au couvent de Paris, vers le milieu du dix-
septième siècle, est auteur d'un livre intitulé :
Briefve instruction pour apprendre îeplain-
chant-j Paris, Jean De la Caille, 1658, in-S".
PASI (Antoine), sopraniste d'un mérite
distingué, naquit à Bologne, en 1697, et entra
dans l'école de Pislocchi, dont il fut un des
meilleurs élèves. Fidèle à la méthode de son
maître, il s'attacha au style d'expression dans
lequel il excella. Quanz, qui l'entendit, en
1726, fut frappé de sa belle manière d'exé-
cuter l'adagio.
PASirVI-rSENCINI (Judith), cantatrice
distinguée, naquit à Rome, en 1796. Son nom
de famille était Nencini, Après avoir com-
mencé, à Rome, ses éludes de chant, elle alla
les terminer à Milan, sous la direction de
Moschini. Elle y fit son début au théâtre, en
1814. Après avoir brillé sur les principales
scènes de l'Italie, elle épousa, en 1826, un
musicien nommé Pasini. Elle est morte à
Florence, le 24 mars 1837.
PASINO (Etienne), compositeur de l'école
vénitienne, fut vicaire à l'église de Cona,
près de Venise, dans la seconde moitié du
dix-septième siècle. Il a fait imprimer plu-
sieurs recueils de messes, motets, ricercari et
sonates, parmi lesquelson remarque: \° Misse
a 2, ô e 4 voci con stromenti e basso, per
l'organo; Venise, 1663, in-4». 2° Motetli
concertati a 2, 3, 4 voci con violini se piace
e salmi a 5 voci. 3» AU sonate o 2, 3 e 4
stromenti, de' quali una è composta in ca-
none, ed un altra ad imitalione de' gridi
che sogliono fare diversi animali brutli,
PASINO - PASQUINI
4G1
op. 8; Venise, 1G79, in -fol. L'œuvre T™»
est une collection de ricercari pour divers
instruments.
PASQUALE (Bosiface), maître -de cha-
pelle de la cathédrale, à Parme, naquit à Bo-
logne, et vécut dans la seconde moitié du
seizième siècle. On a de lui un ouvrage qui a
pourtitre : Salmi a5voci ed unMagnificat a
8 VQci\ à Veoise, chez les héritiers de Jérôme
Scoto.
PASQUALI (Fhasçois), né à Cosenza,
dans le royaume de Naples, vers la fin du
seizième siècle, fit sesétudes musicales à Rome
et y passa la plus grande partie de sa vie.
Parmi les ouvrages qu'il a publiés, je ne con-
nais que ceux-ci : 1° Franc. Pasckaîis Co-
senlini sacrx cantiones binis , ternis ,
qualernts quinisque vocibtis concinendag;
Fenetiis, ap.J. P^incentinum, 1617. 2» Ma-
(Irigali a due, tre, quattro e cinque voct,
libro terzo, op. 5; Romx, app. Paolo Ma-
sotti, 1627, in-4o.
PASQUALI (Nicolas), violoniste italien,
se rendit en Angleterre, en 1745, et se fixa à
Edimbourg, où il mourut en 1757. On a gravé
de sa composition : 1» Douze ouvertures à
grand orchestre; Londres (sans date), in-fol.
2" Six quatuors pour deux violons, alto et
basse, 1" et 2« livres; ibid. â° Chansons an-
glaises. En 1751, Pasquali a publié un traité
concis et de peu de valeur sur l'harmonie et
racconn)agnement, intitulé : The Art of tho-
rough bass mode easy, containing practical
rules for finding and applying the varions
chords tcith facility ; tcith a variety of
examples, shoicing the manner of accoin-
panying with élégance, etc. ; Edimbourg et
Londres, in-fol. obi. Il a paru une deuxième
édition de ce livre, publiée à Londres, par
J. Dale (sans date) : elle est gravée sur étain.
Une traduction française de ce petit ouvrage
a paru sous le titre : La basse continue rendue
aisée, ou explication succincte des accords
que le clavecin renferme; Amsterdam, 1762,
in-fol. obi. Lustig a donné une nouvelle édi-
tion de cette traduction française, avec une
version hollandaise inliluiée : De General-
Bass gemakkelyker voorgedraagen ; of eene
beknopte verklaaring van de Accorden, die
het clavecymbel bevat, etc. ; Amsterdam (sans
date), J.-J.Hummel, ia-A" de vingt sept pages
de texte avec quatorze planches. On a aussi de
Pasquali une méthode de doigter pour le
piano ; cet ouvrage a pour titre : Art of fin-
gering the harpsichord , illustrated tcith
numerous examples expresshj calculaled
for those who wish to obtain a complète
knowledge of that necessary art; Londres,
in-fol.
PASQUALOI (Mabc-Astoise), sopra-
niste, né à Rome, vers 1610, fut admis comme
chapelain-chantre dans la chapelle pontificale
le ôl décembre 1630. En 1642, il quitta cette
position pour entrer au théâtre, où il brilla
jusqu'en 1664. Il était âgé de cinquante-quatre
ans lorsqu'il quitta la scène pour passer ses
dernières années dans le repos. Pasqualini a
composé des airs et des cantates qu'on trouve
dans quelques recueils de son temps.
PASQUOI (Hercule), célèbre organiste
du dix-septième siècle, naquit à Ferrare, vers
1580, et eut pour maitre le célèbre composi-
teur Alexandre Milleville. Plus âgé que Fres-
cobaldi de quelques années, élève du même
maître, il fut son prédécesseur dans la place
d'organiste de Saint-Pierre du Vatican. Oa
ignore le motif qui lui fit quitter celte posi-
tion vers 1614, et ce qu'il devint après cette
époque. Les compositions de cet artiste sont
rares et peu connues.
PA^QUI^I (Beesar»), fut le plus grand
organiste de l'Italie, dans la seconde moitié
du dix-septième siècle. Il n'était pas de Rome,
comme le prétend Gerber, car il naquit à
.Massa de Valnevola, en Toscane, le 8 dé-
cembre 16-37. Il étudia la musique sous la di-
rection de Loreto Vittori, puis sous celle
d'Antoine Cesti; mais c'est surtout au soin
qu'il prit de mettre en partition et d'étudier
les œuvres de Palestrina qu'il dut son profond
savoir. Jeune encore, il se rendit à Rome, et
y obtint l'emploi d'organiste à l'égliseSainle-
Marie-Majeure. Plus tard, il eut le titre d'or-
ganiste du sénat et du peuple romain, et fut
attaché à la musique de chambre du prince
Jean-Baptiste Borghèse. Sa réputation était
si bien établie, que l'empereur Léopold en-
voya à son école plusieurs musiciens de sa
chapelle, pour perfectionner leur talent sous
sa direction. Ses meilleurs élèves furent
François Gasparini et Durante. Pasquini
mourut à Rome, le 22 novembre 1710, et fut
inhumé dans l'église de Saint-Laurent in Lu-
cina, où son neveu Bernard Ricordati et son
élève Bernard Gaffi lui érigèrent un buste en
marbre qui se voit encore dans cette église,
avec cette inscription :
D. 0. M.
Bernardo Pasquino ffetrusco e Massa
Fallis Nevolx Liberians Basilicx ac
S. P. Q. R. Organedo viroprobitate vitx et
morts lepore laudatissimo qui Excelh Jo.
462
PASQUINI — PASSEREAU
Bap. Burghesii Sulmonensium Principis
clientela et munificentia honestatus musicis
modulis apitd omncs fere Europx Principes
nominis gîoriam adeptus anno sal. MDCCX,
die XXII Novembris S. Cecilix sacro ab
Humanis excessif ut cujus virtutes et studia
prosecutus fuerat in terris felicius imita-
retur in cœlis. Bernardus Gajfi discipulus
et Bernardus Ricordati ex sorore nepos
prxceptori et avunculo amantissimo mœ-
rentes monumenlum posuere. Fixit an-
nos LXXII. menses XI. dies XI F.
En 1679, Pasquini écrivit la musique de
l'opéra intitulé : Dov' è amore e pietà , pour
l'ouverture du théâtre Capranica, oii il était
accompagnateur au piano, tandis que Corelli
dirigeait la parti^ de premier violon. Ce fut
aussi Pasquini qui composa le drame re|)r6-
senté en 1686, à Rome, en honneur de la
reine Christine de Suède. On trcive de helles
pièces de clavecin de ce maître dans le recueil
intitulé : Toccates et suites pour le clavecin
de MM. Pasquini, Paglietti et Gaspard de
ZerZe; Amsterdam, Roger, 1704, in-fol.Lands-
herg (voyez ce nom) possédait un recueil ma-
nusrcrit original de pièces d'orgue de Pas-
quini, dont j'ai extrait deux toccates, com-
posées en 1697. Ce manuscrit est indiqué
d'une manière inexacte dansle catalogue de la
bibliothèque de ce i>rofesseur (Rerlin, 1859),
de cette manière : Pasquini (Bernardo). So-
nate per Gravicembalo (libro prezioso). Vo-
lume grosso. È scritto di suo {sua) mano
in questo libro. Le même catalogue indique
aussi de Bernard Pasquini : Saggidi contra-
punto. — ^nno 1695. Volume forte. È scritto
di suo {sua) mano in questo libro. Malheu-
reusement ces précieux ouvrages sont passés
en Amérique avec toute la bibliothèque musi-
cale du professeur Landsberg.
PASSAUIINI ou PASSERINI (le P.
François), religieux cordelier, dit Mineur
conventuel, né à Bologne, dans la première
moitié du dix-septième siècle, fut nommé
maître de chapelle de l'église du couvent de
Saint-François, en 1657. En 1674, il accepta
les mêmes fonctions à Vilerbe, mais il fut rap-
pelé àBologne,en 1680, et reprit son ancienne
place, avec cinquante écus romains de traite-
ment annuel. Il mourut en 1698. On a de la
composition de ce maître : 1° Salmi concer-
tati a 3, 4; 5 e 6 voci parte con violini, e
parte senza, con litanie délia B. V. a cin-
que voci con due violini; op. 1, Bologne,
1G71. 2» Antifone délia Beata Firgine a
vocesola; Bologne, J. Monti, 1671. Cet ou-
vrage est dédié à la communauté de San Gio-
vanni in Persiceto. Le P. Passarini dit, dans
son épître dédicatoire, qu'ayant été élu, à son
grand étonnement, maître d'une société qui ne
choisit ordinairement que des compositeurs
d'un mérite éprouvé, il s'est efforcé de témoi-
gner sa reconnaissance par la compositioii et
l'offre de cet ouvrage. 3° Compieta concertata
a 5 voci, con violini obligati, op. 5; ibid.,
1672. 4» Misse brevi aotto vocico'l organo,
op. 4; ibid., 1690. Le catalogue de BreitI<opf,
de 1764, indique en manuscrit les composi-
tions suivantes de Passarini : 1» Missa', Kyrie
cum gloria et Credo, pro 2 chori et organo.
2" Missa, Kyrie cum Credo, pro 2 chori cum
organo. o" Missa, Kyrie cum Gloria et
Credo, idem.
PASSENTI (Peliegriso), musicien ita-
lien, né vraisemblablement vers la fin du dix-
septième siècle, a publié un recueil de pièces
pour la musette, sous le titre de Canora
Zampogna;\en\<ie, 1628, in-fol. obi.
PASSEREAU (....), musicien français,
prêtre prébende de Saint-Jacques de la Bou-
cherie, à Paris, était, en 1509, ténor de la
chapelle du duc d'Angoulême (plus tard Fran-
çois I'^'', roi de France), suivant un état de
payements qui est aux archives de l'empire
(liasse R, 147). On ne connaît jusqu'à ce jour
aucun ouvrage de lui imprimé séparément,
mais un grand nombre de morceaux de sa
composition se trouvent dans les recueils dont
voici les titres : 1» Liber undecimus. XXFI
musicales habet modulos quatuor et quinque
vocibus; editos Parhisiis etc., in edibus Pétri
^ttaingnant, \^54. 2» Fingtsix chansons
musicales à quatre parties; Paris, par Pierre
Attaingnant, 1534, in-8» obi. On y trouve
deux chansons de Passereau, p. 6 et 7.
3" Fingt-huit chansons nouvelles en musi-
que à quatre parties; ibid., 1531 . La chanson
de Passereau Ung peu plus hault s'y trouve
p. 2. 4° Fingt-huit chansons musicales à
quatre parties ; ibid,, 1533, in-4» obi. Ce re-
cueil contient une jolie chanson de Passereau,
qui commence par ces mots : Ung compai-
gnon Gallin Galant, p. 12. 5° Fingt-huit
chansons musicales à quatre parties; ibid.,
1534, in-S" obi. La chanson de Passereau, //
est bel et bon, est la première du recueil.
6° Fingt-neuf chansons musicales à quatre
parties; ibid., 1530, in-S" obi. On y trouve
p. 14 une chanson fort libre de Passereau
dont les premiers mots sont : Sur un joli
jonc. Ce n'est pas un médiocre sujet d'étonné-
ment que de voir un prélre mcltrc en musique
PASSEREAU — PASTA
403
des paroles si indécentes. 7° Le grand recueil
intitulé Trente-cinq livres de chansons nou-
velles à quatre parties de divers auteurs, en
deux volumes ; ibid., 1539-1549, in-4» obi.,
contient des chansons de Passereau dans les
livres 1, 4, 6, 10, 13, 16 el 22. 8° Les livres
II, III et VII du Parangon des chansons
{voyez MoDFRSE Jacques), 1539-1543, ren-
ferment des chansons de Passereau.
PASSERI (Jeau-Baptiste), célèbre anti-
quaire, naquit le 10 novembre 1694, à Far-
nèse, dans la campagne de Rome, où son père
exerçait la médecine. Destiné à la magistrature,
il alla étudier à Rome la jurisprudence ; mais •
bientôt il sentit se développer en lui le goût de
Pantiquité, et se livra avec ardeur à l'élude
de l'archéologie et de la numismatique. Plus
tard, il se maria, se fixa à Pesaro et y exerça
les fonctions d'avocat, mais sans renoncer à
l'étude des sciences, où il avait fait de grands
progrès. Devenu veuf en 1738, il embrassa
l'état ecclésiastique, et successivement il fut
revêtu de plusieurs dignités, auxquelles le
pape Clément XIV ajouta celle de prolono-
taire apostolique. Il mourut à Pesaro, des
suites d'une chute, le 4 février 1780. Gerber,
Choron, Fayolle et leurs copistes ont vieilli
Passer! d'un siècle dans le maigre article
qu'ils lui ont consacré. Au nombre des grands
ouvrages publiés par ce savant, on remarque :
Picturs Etruscorum invasculis, nunc pri-
mum in unum collecta, explicationibus et
dissertationibus illustratx; Rome, 1767 7'),
3 vol. in-fol. avec trois cents planches. Le
deuxième volume renferme une dissertation
sur la musique des Étrusques (p. 73-86) : elle
contient beaucoup d'erreurs et de fausses
conjectures. Passeri a été l'éditeur des œuvres
de Doni sur la musique, dont la collection
avait été préparée par Gori {voyezDoyi).
PASSETTO (GI0RDA50), docteur en mu-
sique et maître de chapelle de la cathédrale
de Padoue, dans la première moitié du sei-
zième siècle, a publié de sa composition :
Madrigali nuovi a voce pare composti per
il Doctor musico Messer etc. Libro primo;
Fenetiis, apud Antonium Gardane, 1541,
petit in-40 obi.
PASSIO]>EI (Charles), violoniste du duc
de Ferrare, fut contemporain de Corelli, et
écrivit, à l'imitation de ses ouvrages, douze
sonates pour violon avec basse continue pour
le clavecin, qui ont été gravées à Amsterdam,
chez Roger, en 1710.
PASTA (Jeas), poète et musicien, naquit
à Milan, en 1604, fut pendant quelques années
organiste à l'église Santo Alessandro in co-
lonna, de Bergame, obtint ensuite un cano-
nical à Saota-Maria-Faliorina, dans sa ville
natale, et devint en dernier lieu i)remicr cha-
pelain du régiment de Tuffo. Il mourut en
1666, à l'âge de soixante-deux ans. On a de
lui une composition musicale qui a pour
titre : Le due Sorelle, musica e poesia, eon-
certate in arie musicali, part. 1 et 2, Venise.
Un des meilleurs ouvrages de Pasta est celui
qui a pour titre : Affetli d'Erato, madrigali
in concerto a due, tre e quattro voci, libro
primo; Fenezia, app. Aless. Fincenti^
1626, in-4».
PASTA (Joseph), médecin, né à Bergame,
en 1742, est mort dans cette ville, en 1822, à
l'âge de quatre-vingts ans. Il a publié un petit
poëme intitulé : La Musica medica; Ber-
game, 1821, in-S" de seize pages.
PASTA (Jcdith), célèbre cantatrice, est
née en 1798, à Como, près de Milan, d'une
famille israélite. A l'âge de quinze ans, elle
fut admise comme élève au Conservatoire de
Alilan, qui s'organisait sous la direction
d'Asioli. Sa voix lourde, inégale, eut beau-
coup de peine à se ployer aux exercices de
vocalisation que lui faisait faire son maître de
chant j cet organe rebelle ne parvint même
jamais à la facile et pure émission de cer-
taines notes, et conserva toujours un voile
qui ne se dissipait qu'après les premières
scènes, dans le temps même où le talent de
madame Pasta avait acquis tout son dévelop-
pement. Sortie du Conservatoire vers 1815,
elle débuta bientôt sur les théâtres de second
ordre, tels que Brescia, Parme, Livourne, et
s'y fit à peine remarquer. Les dilettanti qui
applaudirent plus tard à Paris cette cantatrice
avec transport, ignorent qu'elle y vint ina-
perçue se grouper, avec quelques autres
artistes aussi obscurs qu'elle, autour de ma-
dame Catalani, au Théâtre Italien, en 1816.
L'année suivante, elle chanta au théâtre du
Roi, à Londres, où elle ne produisit pas une
sensation beaucoup plus vive. De retour en
Italie, dan; l'été de la même année, elle com-
mença bientôt après à réfléchir sur sa car-
rière dramatique, et le génie qu'elle avait
reçu de la nature ne tarda pas à se faire aper-
cevoir dans la conception de ses rôles. Pen-
dant les années 1819 et 1820, sa réputation
commença avec éclat à Venise, à Milan, et,
dans l'automne de 1821, elle fut engagée
au Théâtre Italien de Paris, où elle fixa
l'attention publique. Mais ce fut surtout après
avoir obtenu un succès d'éclat à Vérone, en
4G4
PASTA — PASTERWITZ
1822, pendant le congrès, qu'elle revint à
Paris exciter l'enthousiasme et fonder une des
plus belles renommées de cantatrice drama-
tique qu'il y ait jamais eu. Ce n'est pas que
son chant fût devenu irréprochable sous le
rapport de l'émission de la voix, ni que sa
vocalisation eût toute la correction désirable :
mais elle savait déjà si bien donner à chaque
personnage qu'elle représentait son caractère
propre; il y avait dans ses accents quelque
chose de si profond et de si pénétrant, qu'elle
soulevait à son gré l'émotion dans son audi-
toire, et que l'illusion dramatique était tou-
jours le résultat de ses inspirations. Inces-
samment occupée de l'étude de son art, elle
faisait apercevoir des progrès dans chaque
rôle nouveau qui lui était confié, et presque
à chaque représentation. Tancredi, Romeo,
Otello, Camilla, Nina, Medea, furent pour
elle des occasions d'autant de triomphes.
Quoiqu'elle fût médiocre musicienne, son
instinct lui avait fait comprendre que les
ornements du chant ne pouvaient avoir le
caractère de la nouveauté, dans le slyle rais
en vogue par Rossini, que par la forme har-
monique; car c'est elle qui, la première, a
formulé ces ornements qui consistent dans la
succession de tous les intervalles constituants
des accords; nouveauté que madame Mali-
bran a depuis lors enrichie de tous les
trésors de sa brillante imagination.
Au mois de mars 1824, madame Pasta re-
tourna à Londres et y excita le plus vif
enthousiasme dans le rôle de Desdemona.
Depuis celte époque jusqu'à la fin de 1826,
elle joua alternativement chaque année à
Paris et à Londres. Quelques sujets de mécon-
tentement dans ses relations avec Rossini,
alors chargé de la direction de la musique au
théâtre Favart, la décidèrent à ne pas renou-
veler ses engagements à Paris pour l'année
1827; elle partit pour l'Italie, joua d'abord à
Trieste, puis fut engagée à Naples, où Pacini
écrivit pour elle la Niohe. Les Napolitains,
plus épris de l'art du chant pur que des qua-
lités dramatiques d'un chanteur, ne parurent
pas apprécier à sa juste valeur le talent de
madame Pasta; mais on lui rendit plus de
justice à Bologne, à Milan, à Vienne, à
Trieste, à Vérone. A Milan, Bellini écrivit
pour elle la Sonnambula et Norma. Lors-
qu'elle reparut à Paris, en 1833, pendant
quelques représentations, puis, en 1834, elle
chanta dans le premier de ces opéras et dans
Anna Bolena. Une altération sensible se
faisait dès lors remarquer dans sa voix; ses
intonations étaient douteuses, et dans cer-
taines représentationsil lui arrivaitde chanter
tout son rôle au-dessous du ton : mais son
talent dramatique avait acquis une rare per-
fection. On s'étonnait surtout de lui trouver
dans la Sonnambula une admirable simpli-
cité, absolument différente du ton élevé de ses
autres rôles, et dans Anna Bolena une no-
blesse et une énergie qui, depuis lors, ont servi
de modèle aux actrices qui ont joué ce rôle.
Madame Pasta s'était aussi modifiée dans
quelques-uns des anciens ouvrages qui avaient
fait sa forlune et sa gloire. Ainsi, à de la vé-
hémence qu'elle mettait autrefois dans le rôle
de Desdemona, elle avait substitué une sensi-
bilité mélancolique plus pénétrante, plus con-
forme à la pensée de Shakspeare dans la créa-
tion de ce personnage. Un très-vif intérêt
s'attachait alors au talent de madame Pasta;
car, indépendamment de l'importance de ce
talent en lui-même, il fournissait des sujets
de comparasion avec celui de madame Mali-
bran, dont les succès venaient d'être si bril-
lants. Si dans l'exécution vocale et dans le
sentiment pur de la musique celle-ci avait un
incontestable avantage, si quelquefois même
il y avait des éclairs sublimes dans ses inspi-
rations dramatiques, on était obligé d'avouer
qu'il y avait en madame Pasta une plus forte
conception, plus d'unité, plus d'harmonie, et
qu'en résultat elle atteignait mieux le but de
la vérité d'expression.
De retour en Italie, madame Pasta y joua
encore un certain nombre de représentations
dans quelques grandes villes ; mais elle reve-
nait chaque année passer plusieurs mois dans
la belle maison de campagne qu'elle avait
acquise, en 1829, près du lac de Como. Passant
l'hiver à Milan, et l'été dans cette agréable
retraite, elle semblait avoir renoncé à paraître
sur la scène depuis deux ou trois ans ; mais au
mois de septembre 1840, elle accepta les pro-
positions qui lui furent faites au nom de la cour
de Russie, pour se rendre à Pétersbourg. Les
avantages qui lui étaient accordés pour ce
voyage s'élevaient à plus de deux cent mille
francs; mais elle dut regretter de les avoir
acceptés, car el,le n'obtint pas de succès dans
ce dernier effort de son talent. Lorsque je
visitai les bords du lac de Como, en 1830, elle
vivait retirée dans sa villa.
PASTERWITZ (Georges DE), né le
7 juin 1730, à Burchutlen, près de Passau,
entra à l'âge de quatorze ans dans l'abbaye
des bénédictins de Kremsmunster, dans la
haute Autriche , et y fit ses éludes de musique
PASTERWITZ — PATINO
4fiô
et de lillérature; puis il alla suivre un cours
(le théologie à Salzbourg. Éberlin, alors maître
de chapelle de la cathédrale de celle ville, lui
donna des Ieçon»de composition, et il acquit
sous la direction de ce maître une profonde
connaissance du contrepoint. Ses études étant
terminées, il fut chargé d'enseigner à Krems-
munster la logique et la métaphysique, puis le
droit naturel et le droit public, et enfin on
lui confia la direction du chœur de cette
abbaye. Lié d'amitié avec Mozart, Haydn,
Salieri et Albrechtsberger, il entretint dans ses
relations avec ces illustres artistes le goût de
l'art pur, et le cultiva avec beaucoup d'acti-
vité. Il mourut le 26 janvier 1803, à l'âge de
soixante-treize ans. Vers 1772, il avait voyagé
en Allemagne, en Bohême et en Italie. Parmi
ses compositions, dont la plus grande partie
est restée en manuscrit, on remarque six
messes, quatre TeZ^eum^cinquante antiennes,
plusieurs vêpres, motets, hymnes, graduels et
offertoires, un Requiem, deux oratorios
(Satmon et Giiiseppe riconosciuto), quelques
petits opéras et des pièces d'orgue. On a publié
de ces ouvrages : 1» 8 Fughe secondo l'ordine
de' tuoni ecclesiastici per l'organo o clavi-
cembalo, op. 1 ; Vienne, Artaria, 1792.
2» 8 Fughe secondo l'A B C di musica per
l'organo o clavicembalo , op. 2; ibid.
3° 8 idem, op. 3; Vienne, Kozeluch. 4» iîe-
quiem à quatre voix, orchestre et orgue; Mu-
nich, Sidler. 5" Terra tremuit, motet à quatre
voix et orchestre; Vienne, Haslinger.
PASTOU (Étie>:«e-Jea:«-Baptiste), né au
Vigan (Gard), le 26 mai 1784 (1), fut destiné
dès son enfance à la profession de musicien,
et reçut une éducation libérale; mais son pen-
chant pour l'état militaire lui fit déserter, en
1802, le pensionnat où il avait été placé, pour
s'engager dans un régiment d'infanterie.
Après avoir servi pendant les guerres de l'em-
pire, et avoir obtenu successivement tous les
grades jusqu'à celui de capitaine de voltigeurs,
il donna sa démission, en 1815. Les preuves
de courage qu'il avait données et quelques
blessures lui avaient fait décerner la décora-
tion de la Légion d'honneur. Fixé à Rouen, en
1816, il y avait repris ses travaux comme mu-
sicien; ce fut alors qu'il conçut le plan d'un
enseignement de la musique, qu'il a depuis
désigné sous le nom de Lyre harmonique. Il
ouvrit bientôt des cours de cet enseignement,
(I) Celte date, différenle de celle de la première édi-
tion de la Biographie, m'a été foarnie par M. Oe Beau-
chesne, secrétaire du Conserratoire impérial de musique
de Paris, d'après des actes autbenliques.
610GR. USIV. DES MCSICIEKS. — T. VI.
et les alla continuer à Paris, en 1819. Le
1'^'' septembre de la même année, il entra au
Théâtre Italien, en qualité de premier violon ;
mais le succès progressif de sa méthode
l'ayant porté à ouvrirjusqu'à cinq cours jour-
naliers où se trouvaient réunis plusieurs cen-
taines d'élèves, il fut obligé de donner sa dé-
mission de cette place, en 1821 . Dans le même
temps, il publia la première édition de l'ex-
posé de sa méthode, qui parut sous ce titre :
Ecole de la lyre harmonique. Cours de mu-
sique vocale, ou Recueil méthodique de leçons
de J.-B. Pastou; Paris, 1821, in-4°. Une
deuxième édition de cet ouvrage, en un vo-
lume in-8°, fut publiée l'année suivante. Cette
méthode, basée sur l'enseignement collectif,
se fait remarquer par quelques procédés par-
ticuliers destinés à faciliter l'intelligence des
principes aux élèves. Elle a obtenu du succès,
car M. Richault, devenu propriétaire de l'ou-
vrage, en a publié la septième édition. Entré
au Conservatoire de musique de Paris, le
19 octobre 1833, pour y faire un cours d'essai
de sa méthode, Pastou a été nommé pro-
fesseur de cette école, le 8 juin 1836. Il joi-
gnait à ce litre celui de directeur d'une école
spéciale de musique. Ce professeur est mort
aux Ternes, près de Paris, le 8 octobre 1831.
Comme compositeur, il a publié : 1» Duos pour
deux violons, livre 1«'; Paris, Leduc. 2» Duos
pourdeux guitares, op. 1 ; Paris, Carli. 3"Duos
pour guitare et violon ; ibid. A° Duos pour
deux violons, livre 2. 5" Contredanses pour
guitare et flûte ou violon op. 7; Paris, Gam-
baro. 6» Thème varié pour guitare seule,
op. 8; ibid. 7° Quelques morceaux détachés
pour le même instrument, op. 10; Paris, Mar-
linn. On a aussi de Pastou une Méthode pour
le violon; Paris, B. Latte.
PATIÂO (D. Charles), prêtre et compo-
siteur espagnol du dix-septième siècle, est un '
des maîtres dont les œuvres de musique
sont les plus estimées dans sa patrie. Les ou-
vrages de cet artiste sont en si grand nombre,
qu'il est peu de cathédrales et de collégiales
qui n'en possèdenten manuscrit. Patifio obtint,
en 1660, la place de maître de chapelle du
monastère de l'Incarnation, àMadrid, et mou-
rut dans cette position en 1683. Il cul pour
successeur immédiat le maître Roldan (voyez
ce nom). Les œuvres de Patitio sont toutes
composées à deux ou trois chœurs, suivant le
goût général de cette époque en Italie et en
Espagne. Les couvents de l'Escurial et de l'In-
carnation en contiennent un grand nombre.
M. Eslava {voyez ce nom) a publié de cet au-
JO
40'
PATINO — PAUER
leur en partition la messe intitulée In Devo-
tione, à huit voix, en deux chœurs, dans la
Lira sacro-hispano (tome l", de la deuxième
série, dix-septième siècle) : elle est fort bien
écrite, et les deux chœurs dialoguent bien.
PATON (Miss). Foyez WOOD (madame).
PATOUART (....), mailre de harpe à
Paris, y vivait en 1780, mais ne figurait plus
au nombre des professeurs de cet instrument
«n 1788. Il a fait graver de sa composition
deux œuvres de sonates pour la harpe, et
quelques recueils d'airs.
PATRICI (FRAîiçois), évéque de Gaëte,
<;n 1460, était né à Sienne, et mourut en
1480. On a de lui un livre intitulé : De insti-
tutione Reipublica: libri novem, hîstoria-
rum, sententiarumque varietate refertis-
simi; Paris, Galiot-Dupré, 1518, petit in-folio
gothique. Cet ouvrage fut publié, après la
mort de l'auteur, par Savigni, qui y a joint
<les notes. Le second livre traite de Jrithme-
tica, Geometria, Musica et Jstronomia.
Un autre livre de Patrici a pour titre : De
Regno et Régis institutione, libri IX; Paris,
1580. Il paraît que c'est une réimpression. Le
chapitre 15""= du second livre traite de la mu-
sique, de son utilité et de son influence sur
l'éducation morale des princes.
PATRIZZI (François), philosophe du sei-
zième siècle, né en 1529, dans l'île de Cherso,
en Dalmalie, mourut à Rome, en 1597. Au
nombre de ses écrits, on trouve un livre inti-
tulé : DellaPoeticadecaistoriale,deca dispu-
tata; Ferrare, 1586, in-4». Les 5«, 6^el 7" livres
de la seconde partie traitent de la manière
de chanLer des Grecs, et de leurs tétracordes.
Patrizzi y attaque la théorie d'Aristoxène avec
toute l'acrimonie que lui inspiraient Aris-
tote et ses sectateurs. E.-L. Gerber {in Bio-
(jraph. Lex. der Tonkunst.) et d'après lui,
les auteurs du Dictionnaire historique des
musiciens (Paris, 1810-1811) ont confondu
Patrizzi avec François Patrici, évêque de Gaeie,
dont il est parlé à l'article précédent; mais
Gerber a rectifié cette erreur dans son nou-
veau Dictionnaire des musiciens {Neues
Biogr. Lex. der Tonkunst.). Bottrigari a
réfuté la critique de Patrizzi dans son livre
intitulé : Il Patricio, overo de' tetracordi
armonici di Jristosseno [voyez Bottrigari
et Meione).
PATIIE (Ciiaries-Édouard), pianiste et
compositeur pour son instrument, est né en
1811, à llummel, près de Liegnilz (Silésie).
Son père, cantor et organiste dans ce lieu,
lui enseigna le clavecin, l'orgue cl le violon,
ainsi que la théorie de l'harmonie; ensuite il
se rendit à Breslau, où son éducation musicale
fut terminée par le directeur de musique
Ernest Richter. Après avoir été, pendant
quelques années, professeur de musique dans
une petite ville de l'Autriche, il se fixa à
Posen, en 1839, comme professeur de piano.
Il a publié quelques ouvrages élémentaires,
pour cet instrument et des pièces de salon.
PATTA (le P. Séraphin), né à Milan, dans
la seconde moitié du seizième siècle, fut
moine de Monlcassin et organiste de l'église
Saint-Pierre de sa ville natale. On a imprimé
de sa composition : 1" Sacra cantica a una,
due être vocicon le litanie délia B. Virgine,
a'ôvoci; in Fenetia,app. G. Fincenti, 1609.
Cet ouvrage a reparu en 1611, avec un nou-
veau frontispice. 2" Sacrarum cantionum
1, 2,3, 4 ef 5 vocibus. Liber secundus ; ibid.,
1615.
PATTE (Pierre), architecte du duc de
Deux-Ponts, naquit à Paris, le 5 janvier 1723.
Après avoir achevé ses études dans cette ville,
il visita l'Italie et l'Angleterre, puis se livra
à la rédaction de beaucoup d'ouvrages relatifs
à son art, parmi lesquels-on remarque celui
qui a pour titre : Essai sur l'architecture
théâtrale, ou de l'ordonnance la plus avan-
tageuse à une salle de spectacle, relativement
aux principes de l'optique et de Vacousti-
que ; avec un examen des principaux théâ-
tres de l'Europe, et une analyse des écrits
les plus importants sur cette matière; Paris,
Moutard, 1782, 1 vol. in-8» avec planches.
Cet ouvrage a été traduit en italien, et im-
primé à la suite du livre du docteur Ferrario
intitulé : Storia e descrizione de' principali
teatri antichi e moderni ; Milan, 1850, 1 vol.
in-8* avec planches. Patte mourut à Mantes,
le 19 août 1814, à l'âge de quatre-vingt-onze
ans.
PATTERSOrS (Robert), médecin à Phi-
ladelphie, a fait imprimer dans les Transac-
tions ofthe Jmerican Society (t. III, p. 159)
une lettre sur un nouveau système de notation
musicale.
PAUER (Ernest), pianiste et compositeur,
est né à Vienne (Autriche), le 21 décembre
1826. Dès ses premières années, il montra des
dispositions pour la musique. Son premier
maître de piano fut un musicien hongrois,
nommé Théodore Dirzka, et Simon Sechter
lui enseigna la composition. En 1840, il reçut
des leçons de piano de A. Mozart, fils de
l'illustre compositeurdecenom. Ses premières
compositions parurent à Vienne, en 1840;
PAIER - PAULI
467
•elles ohlinrent du succès dans le monde et
commencèrent sa réputation. Cinq ans après,
il se rendit à Munich et y reçut des leçons de
François Lachner jusqu'en 1847. Au mois
d'avril de cette même année, il fut nommé
directeur de musique à Mayence où il séjourna
jusqu'en 1831. Il y termina plusieurs grandes
compositions parmi lesquelles on remarque
des concertos pour le piano et les opéras Don
Riego et les Masques rouges : ce dernier fut
représenté à Manheim et à Mayence. En 1831,
il alla passer six semaines à Londres, et joua
dans les concerts de l'Union musicale et de
la société philharmonique : son succès y fut
si brillant, qu'on le pressa pour qu'il se fixât
dans celle ville. Il s'y établit en effet à la fin
de l'année 1832, et bientôt il y eut un nombre
considérable d'élèves dans la haute société.
Ses compositions pour le piano, ses sonates,
trios, quinleltes, symphonies, ouvertures et
concertos l'ont classé parmi les mailres les
l)Ius estimés, et lui ont créé une position
aussi agréable qu'indépendante dans la capi-
tale de r.jLnglelerre. Dans les années 1834,
1836 et 1857, il a fait des voyages d'artiste en
Allemagne. En 1833, il reçut le titre de maître
de concerts du grand-duc de Hesse, et dans la
même année, ilfut nommé professeur de l'aca-
démie royale de musique de Londres; enfin,
l'empereur d'Autriche lui accorda la grande
médaille d'or pro litleris et arlibus. A l'ex-
position internationale de Londres, j'ai eu le
plaisir d'avoir pour collègue dans le jury
M. Pauer, qui a fait preuve dans ses fonctions
d'autant d'activité que de bienveillance et
d'impartialité. J'ai pu apprécier alors ses
qualités excellentes comme homme, et son
talent gracieux, élégant, correct et pur. Ses
oeuvres publiées jusqu'à ce jour (1862) sont
au nombre de quatre vingts. En 1861, il a fait
jouer à Manheim avec succès l'opéra de sa
composition intitulé le Fiancé.
PAUFLER (Chréties-He.>ri), magister et
recteur du collège de la Croix, à Dresde, na-
quit à Schneeberg, le 14 août 1765, et mourut
à Dresde, le 1" octobre 1806. Après sa mort, on
recueillitdans ses papiers un petit écrit qui fut
publié sous ce titre : Gedanken iiber die offent-
liche Singender Schiller au fdenGassen ,nebst
Nachrichlen und Bitte der Alumneum und
die Corrende der Kreuzschule in Dresde 6e-
fre/7end (Idées sur les chants des étudiants dans
les lues, etc.); Dresde, Gaerlner, 1808, in-4'»
de quatre feuilles. Cet écrit est relatif à l'an-
cien usage dans quelques villes de l'Allemagne,
particulièrement à Dresde, qu'ont les étu-
diants pauvres de chanter à certains jours,
vers le soir, à la porte des maisons de per-
sonnes riches ou aisées, pour obtenir des se-
cours qui les aident à faire leurs études.
PAULD'AIIEZZO. f'oyesAUETI^LS
(Pact.).
PAUL DE FERRARE (en latin PAU-
LL'S FERRARIE>'SIS), ainsi nommé du
lieu de sa naissance, vécut vers le milieu du
seizième siècle, et fut moine bénédictin de la
congrégation de Mont-Cassin. On connaît sous
son nom un recueil de compositions pour
l'église intitulé : Passiones, LamentationeSj
Responsoria, Benediclus, Miserere et alia
ad officium hebdomadx sanctx pertinentia
quatuor vocibus; Fenetiis,apud Hier. Sco-
tum, 1363.
PALLATI (André), compositeur de l'école
vénitienne, et chanteur contralto de la cha-
pelle ducale de Saint-Marc, vivait au commen-
cement du dix-septième siècle. Il fit repré-
senter à Venise, en 17Iô, l'opéra f veri
Amici, qui fut remis en scène en 1723.
I-ALXI (Godefroid-Albert) , né à Cas-
senau, près de Kœnigsberg, au mois d'avril
1683, fut docteur en philosophie et en théo-
logie, archiprêlre de l'église de Saaifeld, pas-
teur de celte ville, et conseiller du consistoire
des églises de la Poméranie. Il mourut à
Saaifeld, le 26 janvier 1745. A l'occasion de
l'installation du can/or Edler dans cette ville
(Prusse), il prononça et fit imprimer un dis-
cours latin intitulé : Tructatus de chorispro-
phetarum symphoniacis in ecclesia Dei,
Rostock, 1719, iu-4». Il y traite de l'usage de
la musique dans les églises, et cite l'autorité
de l'Ancien et du Nouveau Testament pour
démontrer son utilité dans le service divin.
Dans un Appendix, Pauli traite, en soixante-
dix-sept questions, du savoir, des devoirs et
des attributions d'un cantor.
PALXI (Charles), maître de danse à Gœt-
lingue, dans la seconde moitié du dix-hui-
tième siècle, a fait imprimer une dissertation
intitulée : Musik und Txnze (Musique et
danse), dans le Magasin de Golha {Gothais-
chen Magaùn, ann. 1777, t. II, n» 2j.
PAULI (Jean-Adam-Frédéric) , cantor
à Greitz, dans leVoigtland, mourut dans cette
ville à la fin de 1793, ou au commencement de
1794. Illaissaà ses héritiers deux années com-
plètes de musique d'église de sa comi>osition. Sa
veuve en proposa la vente dans le Correspon-
dant de ZTamôowrflf (1794), avec une collection
de psaumes et d'autres morceaux de musique
religieuse composés par liasse, Graun, Tele-
4G8
PÂULI — PAUSANL\S
mann,HomiliHS, Georges Benda, Wolf, Doles,
Reichardt, Taeg, Rrebs, elc, qu'il avait re-
cueillis.
PAULI (G.-D.), flûtiste du grand théâtre
de la Scala, à Milan, vers 1840, a publié de sa
composition : 1" Andanlino pour deux Ailles;
Milan, Ricordi. '2" Raccolta di diversi pezzi
per 2 (lauti, ibid.
PAULIBil (Marcus-Fabics), né à Udine,
fut professeur de littérature grecque à Venise,
vers la fin du seizième siècle. Le vers de Vir-
gile :
Obltquilur numeris septem discrimina vocum
lui a fourni le sujet d'un livre bizarre qui a
pour titre : Hebdomades, de numéro septe-
nario libri septem ; Venise, 1589, in-4<'. Les
livres 2% ô» et 4° traitent uniquement de la
musique et de l'astrologie judiciaire, entre
lesquels Paulini trouvait beaucoup d'analogie.
Forkel donne, dans sa Littérature générale de
la musique, le détail des questions contenues
dans chaque chapitre {Allgem. Literatur der
Musik, p. 70-72),
PAULLIIVI (Chrétiew-Frédéric), docteur
en médecine, né à Eisenach, le 25 février
1643, mourut dans cette ville, le 16 juin 1712.
Il a fait insérer dans le recueil intitulé Philo-
sophischen Zuststunden (Récréations philo-
sophiques) une dissertation où il examine
celte question : Si Saiil a été guéri par la
musique, et de quelle manière il a pu l'être-
[Philosoph. Lustst.; Francfort et Leipsick,
1706, in-8», partie I, n» 28, pages 193-199).
PAULMAIVIV (Conrad), d'origine noble,
naquit aveugle à Nuremberg, au commence-
ment du quinzième siècle. Il apprit la mu-
sique dans sa jeunesse et devint habile sur
l'orgue, le violon, la guitare, la flûle, la
trompette et plusieurs autres instruments.
Plusieurs princes l'appelèrent à leurs cours,
et lui firent de riches présents: ainsi, Paul-
mann reçut de l'empereur Frédéric III un
sabre avec une poignée d'or et une chaîne du
même métal ; le duc de Ferrare lui fit cadeau
d'un manteau richement brodé, et Albert III,
duc de Bavière, lui accorda, ainsi qu'à sa
femme et à ses enfants, un traitement annuel
de quatre-vingts florins du Rhin. Paulmann
mourut à Munich, le 24 juin 1473, et fut in-
humé en dehors de Frauen-Kirche. Sur le
marbre de son tombeau, où il est représenté
jouant de l'orgue, on a placé celte inscrip-
tion, en vieux allemand :
Anno MCCCCLXXIII an Sant-Paul Beke-
ruDgs Abeut isl geslorbcn und hic begraben
der Kunslreichist aller Instrumenten und
der 3Iusica Maister Conrad Paulmasn Riter
Burlig von Nurnberg und Blinter geborcn.
Dem Golt Genad.
C'est-à-dire : « L'an 1473, veille du jour
« de la conversion de saint Paul, est mort
« et a été enterré ici le plus grand artiste
« sur tous les instruments et le maître de
« musique Conrad Paulmann, chevalier, de
« Nuremberg, né aveugle. Que Dieu lui soit
« en aide ! »
Je ne sais où Kiesewetter a pris que Paul-
mann a inventé la tablature du luth (Ge~
schichte der Europ. Jbendland. oder never
heutigen 3Iusih, p. 59). De quelle tablature
veut-il parler.' Il y en a de quatre système*
différents pour le luth, et la dernière per-
sonne qui devait songer à imaginer un de ces
systèmes d'écriture de la musique, était uo
musicien aveugle de naissance!
PAULSEIV (Charles -Frédéric- Ferdi-
nand), organiste de l'église de Sainte-Marie, à
Flensbourg, naquit le 11 février 1763, et
n'était âgé que de dix-huit ans lorsqu'il entra
en fonctions dans sa place d'organisle. En
1804, il voyagea pour donner des concerts, et
visita Hambourg, Allona et Copenhague. On
ignore la date de sa mort. Il a publié à
Flensbourg, depuis 1792 jusqu'en 1798, quel-
ques petites compositions pour le piano et
pour le chant.
PAUNILLIUS (Sébastien), né à Aix, en
Provence, au commencement du seizième
siècle, n'est mentionné ici que pour rectifier
l'erreur de quelques bibliographes qui ont
classé un de ses ouvrages parmi les écrits sur
la musique. Ce livre a pour titre : Trium-
phus musicus super inauguratione R. Prx-
sulis , etc.; Antwerpix , ex officina GuilL
Silvii regii Typog., 1565, in-4° de vingt-
deux pages. Bien que cet opuscule porte le
titre de Triumphus musicus, il n'y est pas
question de musique, car c'est l'éloge d'un
personnage belge de distinction.
PAUSAl^IAS, historien grec, écrivait
dans la seconde moitié du deuxième siècle, et
naquit vraisemblablement vers l'an 130, à Cé-
sarée de Cappadoce. Il parcourut la Grèce et
l'Ilalie, l'Espagne, la Macédoine, l'Asie Mi-
neure, la Palestine, l'Egypte, et mourut à.
Rome, dans un âge avancé. Le Foyage en
Grèce, qui nous resle de lui, fournit de cu-
rieux renseignements sur les monuments des
arts, et renferme des notices sur plusieurs
musiciens de l'antiquité et sur divers objets
relatifs à la musique. Cet ouvrage est divisé e»
PAISAMAS — PAIWELS
•4C:>
tlix livres. Les édilions grecques et lalines du
livre de Paiisanias données par Facius (Leip-
sick, 1794-1797, quatre volumes in-8°), et
par Siebelis (Leipsick, 1822-1829, cinq vo-
lumes in-8») , et les édilions grecques de
SchœlTer (Leipsick, 1818, trois volumes in-12)
et de M. Bekker (Berlin, 1826, deux volumes
in-S") sont estimées. L'édition grecque et
latine de la collection de MM. Firmin Didot,
revue par Louis Dindorf, est très-correcte.
Clavier, à qui l'on doit une lionne traduction
française de cet ouvrage (Paris, 1814-1821,
5ix volumes in-8''), a aussi donné le texte
revu sur plusieurs manuscrits de la Biblio-
thèque impériale de Paris.
PAL'SCH (Eccèse), né en 1758, à Neu-
markt (Bavière) , montra dès ses premières
années d'heureuses dispositions pour la mu-
sique. Après avoir fait ses premières études
dans le lieu de sa naissance, il entra à l'âge
de onze ans comme enfant de choeur à l'église
de Neubourg, et y reçut une instruction plus
solide, particulièrement dans la musique. En
1775, il se rendit à Amberg pour y suivre des
cours de philosophie et de théologie: il y
composa la musique d'un mélodrame intitulé
Jephté, pour la distribution des prix du sémi-
naire. Deux ans après, Pausch entra au mo-
nastère des Norbertins, à Walderbach. Après
y avoir achevé ses éludes de théologie, il fut
ordonné prêtre, et chargé de l'instruction
musicale des séminaristes et de la direction
du chœur. Il écrivit alors beaucoup de
messes, d'offertoires et de motets, dont la
plupart se répandirent en manuscrit dans la
Bavière, et même dans d'autres parties de
l'Allemagne. De toutes ses productions on n'a
imprimé que les suivantes : 1" Six messes
brèves et solennelles, sept motets et une messe
ileHeqniem, à quatre voix, deux violons, deux
cors, orgue et basse; Dillingen, 1790, in-fol,
2» Te Deum solennel, à quatre voix, orgue et
orchestre ; Augsbourg, Lolter, 1791 . 3» Psalmi
vespertini , adjitnctis 4 Anliphonis Ma-
rianisivoc.jCum organ. ac inslrum.,o\\.ô;
ibid. 4» G MisssB brèves, sokmnes tamen,
quarum xiltima de Requiem, op. 4 ; ibid.
0° 7 .Vissx brèves ac solemnes, quarum
prima pasloritia, ullima veto de Requiem,
op. 5 ; ibid. Le P. Pausch vivait encore en
1838 ; il était alors âgé de quatre-vingls
ans.
PAUW (Corneille) , né à Amsterdam,
en 17Ô9, fit ses éludes à Liège, sous la direc-
tion d'un parent qui était chanoine de la
cathédrale de cette ville, puis obtint un câno-
nicat à Xanten, dans le duché de Clèves, et
mourut dans cette ville, le 7 juillet 1799. On
a de lui des livres remplis de paradoxes et
d'assertions hasardées, sous les titres de :
Recherches philosophiques sur les améri-
cains (Berlin, 17G8, deux volumes in-8°); Re-
cherches philosophiques sur les Egyptiens et
les Chinois (Londres, 1774, deux volumes
in-8»), et Recherches philosophiques sur les
Grecs (Berlin, 1788, deux volumes in-8°) : les
deux derniers ouvrages renferment des consi-
dérations sur la musique qui n'ont aucune
solidité.
PAUWELS (Jeaîi-Ergiebert) , fils de
Jean Pauwels, chanteur |de la chapelle royale
des archiducs gouverneurs des Pays-Bas, na-
quit à Bruxelles, le 26 novembre 1768, et non
en 1771, comme le disent Choron et Fayolle
(Dictionhaire historique des musiciens),
ainsi que le prouve le registre de naissances de
la paroisse de Saint-Géry, où j'ai recueilli la
date que je donne. Une requête présentée par
la mère de Pauwels, en 1781, à l'archiduc
Charles (1), prouve qu'il était entré l'année
précédente dans la chapelle, en qualité d'en-
fant de chœur. Il y reçut des leçons de violon
de Van Malder, et plus lard Witzthumb lui
enseigna les règles de l'harmonie. Les événe-
ments de la guerre des patriotes brabançons
le décidèrent à se rendre à Paris vers la fin de
1788; il s'y lia d'amitié avec quelques-uns
des artistes les plus célèbres de cette époque
et reçut d'eux des conseils pour le perfection-
nement de son talent d'exécution, et pour ses
compositions. Lesueur devint en particulier
son guide pour cette partie de l'art. L'organi-
sation de rOpéra-Italien qui fut établi à celte
époque à la foire Saint-Germain lui procura
un emploi parmi les seconds violons de l'ex-
cellent orchestre que Violti avait formé : ce
fut en écoutant les célèbres chanteurs de celle
époque, parmi lesquels on remarquait Viga-
noni, Mandini et madame Morichelli, que
Pauwels forma son goût et apprit ce que peut
ajouter au mérite de la meilleure musique le
charmed'uneexéculion parfaite. Une aventure
d'amour avec une actrice fort jolie lui fit
quitter brusquement Paris, pour la suivre à
Strasbourg, où il arriva dans les derniers mois
de 1790. Sa maîtresse lui fil obtenir alors la
place de chef d'orchestre du théâtre de cette
ville; mais bientôt dégoûté d'une position peu
convenable pour son talent, il céda aux solli-
(i) Celte pièce se troure aux archives du royanme-
de Belgique, parmi celles qui concernent la chapelle
royale, dans le carton n" 1283.
470
PAUWELS — PAVESl
citations de sa famille et revint à Bruxelles
en 1791. Il s'y fit entendre au Concert noble,
dans un concerto de violon de sa composition,
et excita l'admiration de ses compatriotes : l'o-
riginalité, la grâce et l'expression donnaient
à son talent un caractère particulier qui ne
s'était rencontré jusque-là dans le jeu d'aucun
violoniste du pays. La place de premier violon
de l'orchestre du théâtre de Bruxelles lui fut
bientôt accordée : il ne quitta cet emploi que
pour celui de directeur du même orchestre en
1794, et dès lors il imprima un mouvement
d'avancement à la musique de Bruxelles par
le soin qu'il mit dans l'exécution des beaux
opéras de celte époque. En 1799, il se lia avec
Godecharles {voyez ce nom) pour l'élahlisse-
ment d'un concert, et son frère aîné, ancien
musicien de la chapelle des archiducs, qui
avait été son tuteur, acheta pour lui la belle
salle du Concert noble. Les concerts dirigés
par Pauwels pendant plusieurs années furent
les meilleurs qu'on ait entendus en Belgique,
jusqu'au temps où ceux du Conservatoire de
Bruxelles ont révélé une perfection d'exé-
cution jusqu'alors inconnue. Pendant son
séjour à Paris, il avait fait graver : 1» Six
duos pour deux violons; Paris, Naderman.
De retour à Bruxelles, il y publia : 2" Trois
quatuors pour deux violons, alto et basse,
op. 2; Weissenbrnch. o" Premier concerto
pour violon principal et orchestre; ibid.
4" Premier concerto pour cor et orchestre;
ibid. 5» Trois polonaises pour voix de soprano
et orchestre; ibid. 6» L'^mitié^ duo pour so-
prano et ténor, avec orchestre ; ibid. Mais le
nombre des productions qu'il a laissées en
manuscrit est beaucoup plus considérable que
celui des œuvres qu'il a fait graver; on y re-
marque des concertos de violon, plusieurs
symphonies, des messes, deux airs de basse
avec orchestre, composés pour ses concerts,
et beaucoup d'autres morceaux détachés. Il
écrivit aussi, pour le théâtre de Bruxelles,
trois opéras-comiques, la Maisonnette dans
les bois, V Auteur malgré lui, et Léontine et
Fonrose, en quatre actes, son meilleur ou-
vrage. Quoiqu'il y eût du mérite dans ces pro-
ductions, particulièrement dans la dernière,
où l'on remarquait une bonne ouverture qui a
été gravée à grand orchestre et qu'on a sou-
vent entendue dans les concerls, le finale du
premier acte, un hymne à l'harmonie pour
trois voix, un bon air bouffe et un air de so-
prano, elles n'ont eu qu'une existence éphé-
mère au théâtre, parce que les livrets de ces
pièces étaient dépourvus d'intérêt. Lorsque
Pauwels fit représenter son dernier opéra, sa
santé éprouvait depuis longtemps une altéra-
lion qui causait de l'inquiétude à ses amis.
Rappelé par le public et couronné sur la scène
au milieu des applaudissements, à la fin de cet
ouvrage, il ressentit une émotion si vive que
dès le lendemain il ne sortit plus de chez lui,
et qu'il mourut des suites d'une maladie de
langueur, le 3 juin 1804. Pauwels était doué
d'une heureuse organisation musicale : si ses
études eussent été plus fortes et mieux diri-
gées, il eût été certainement un compositeur
distingué. Comme violoniste, il eut un talent
remarquable, et l'on se souvient encore que
dans un concert donné à Bruxelles par Rode,
en 1801, il joua une symphonie concertante
avec cet artiste célèbre, et [larut digne de se
faire entendre à côté de lui.
PATESI (Étiemne) (1), compositeur dra-
matique, né à Crema, le 5 février 1778, avait
fait ses éludes musicales au Conservatoire de
la Pietà de' Turchini, à Naples, et s'y trou-
vait encore en 1799, lorsque la révolution
éclata dans cette ville. Le recteur de l'école
imagina de se rendre agréable au gouverne-
ment, en livrant tous les élèves cisalpins aux
Calabrais armés, dont la présence glaçaild'ef-
froi tous les Napolitains : Pavesi subit leur
sort. Traîné de prison en prison pendant plu-
sieurs mois, il fut enfin placé sur des bâti-
ments démâtés idont le service était celui des
galères. Ne sachant que faire de ces jeunes
gens, on les envoya à Marseille, où l'hospita-
lité française leur fit oublier leurs disgrâces.
Bientôt après son arrivée en France, Pavesi se
rendit à Dijon, où il rencontra un chef de mu-
sique de régiment, Italien comme lui, et qu'il
avait connu à Naples : celui-ci le fit entrer
dans sa musique, dont la plupart des exécu-
tants étaient nés en Italie. Parmi eux se trou-
vaient quelques chanteurs qui exécutaient des
trios, quatuors et autres morceaux d'ensemble.
Pavesi écrivit pour eux des compositions de
tout genre, et leur suggéra l'idée de donner
des concerls dans les villes qu'ils visilaienl.
La plus grande difficulté consislait à se vêlir,
car il ne leur était pas permis de monter sur
les théâtres avec leur uniforme. Ils imagi-
nèrent de chercher des habits dans les maga-
sins de ces théâtres, et parurent quelquefois
sous des accoutrements bizarres dont Pavesi
faisait plus lard une description fort plaisante
à ses amis. La division italienne à laquelle il
(1) Cette notice est rédigée d'après des renseigne-
ments que Pavesi m'envoya en 1828.
PAVESI — PAVONE
471
était attaché passa les Alpes pour Touverture
de la rameuse campagne de Marengo : il ne
tarda point à profiler de celte circonstance
pour retourner dans sa famille; puis il se
rendit à Venise et commença à y écrire pour
le théâtre. Son prenier opéra, intitulé Ty^u-
vertimento ai Gelosi, fut joué au printemps
de 1803, et fut suivi de l'Anonimo, opéra
bouffe en un acte. Dans la même année, il fit
jouer, à Vérone, / Castelli in j^ria, antre
opéra en un acte. Pendant les années 1804 et
1805, il composa plusieurs opéras à Venise, et
dans l'automne de cette dernière année, il fut
appelé à Milan pour y composer II Trionfo di
Emilio. De retour à Venise, en 1806, il fut
chargé d'y écrire le premier opéra qu'on re-
présenta au théâtre de la Fenice. « Je ne
« puis (écrit plaisamment Pavesi) passer sous
« silence la chute de l'ouvrage que j'allai en-
ci suite écrire pour le carnaval au théâtre
« f'alle de Rome; poêle, musiciens et chan-
« teurs,nous nous y montrâmes tous rfesmise-
« râbles, à l'exception de Pellegrini; et je
« dois ajouter que nous fûmes bien secondés
u par les décorations et par les costumes,
« qu'on avait faits en papier peint. » En
1807, il composa I Baccanali pour l'ouver-
ture du nouveau théâtre de Pise. Naples, Bo-
logne, Bergame, Turin, Milan, l'appelèrent
tour à tour et à plusieurs reprises ; mais c'est
à Venise qu'il retournait toujours, et c'est
pour celte ville qu'il a écrit le plus gr^nd
nombre de ses opéras ; // SoUtario, repré-
senté au Ihéâlre Saint-Charles, de Naples, en
1826,a été un de ses derniers ouvrages. En 1818,
il avait succédé à Gazzaniga dans la place de
maître de chapelle à Crema, sa patrie ; mais il
passait chaque année plusieurs mois à Venise,
d'où il ne pouvait se détacher. Il est mort à
Crema, le 28 juillet 1850, à l'âge de soixante-
douze ans. Tous les opéras de sa composi-
tion ne figurent pas dans la liste qu'il en a
dressée ; lui-même avoue que les titres de
quelques-unes de ses productions s'étaient
effacés de sa mémoire.
La voici telle qu'il l'a faite :
1° L'yivvertimento ai Gelosi , opéra en
un acte, à Venise, 1805. 2» L'Anonimo,
idem, ibid., 1803. 3» / Castelli in aria,
idem, à Vérone, 1804. A° L'Accortezza ma-
terna; à Venise, 1804. 5" Un autre opéra en
un acte (dont Pavesi ne se rappelait pas le
litre), à Venise, dans la même année. 6° Fin-
gallo e Comala, au théâtre de la Fenice, à
Venise, 1805. 6° Jl Triomfo di Emilio, au
carnaval, pour le théâtre de la Scala, à
Milan, 1805. 8» L'Incognito, à l'automne,
ibid., 1805. O» L'Abitatore del bosco, à Ve-
nise, 1800. 10» Un opéra tombé au théâtre
ralle, à Rome, 1800. 11»/ Baccanali, à Li-
vourne, 1807. X'i" L'Allogio militare, en un
acte, à Venise, pour l'automne 1807. 13° /
Chertisci, ibid., 1808. 14" L'Aristodemo, au
théâtre Saint-Charles, de Naples, 1808. 15»//
^enopat/rone^ opéra bouffe, à Bologne, 1809.
10» La Festa délia rosa, à Venise, 1809.
17» Il Jlaldicenti, à Bologne, à l'automne de
1809. iS" Le Amazzoni, en deux actes, pour
l'ouverture du nouveau théâtre de Bergame,
1809. 19° // Corradino, en deux actes, à Ve-
nise, 1810. 20» L'EUsahelta, à Turin, 1810.
21» Trajano in Dacia, à Milan,^ 1810. 22» Il
Giobbe, oratorio, à Bologne, 1810. 23° Ser
Jlarc' Antonio, à Milan, pendant le carnaval
de 1811. 24» Eduardo e Cristina, à Naples,
1811. 25" La Conladina Abruzzesa, au
théâtre del Fondo, ibid., 1811. 20" Il Mo-
nastero, ibid., 1811. 27° La Nitteti, à Turin,
1812. 28» Tancredi, à Milan, 1812. 29» L'Os-
tregaro, en un acte, à Venise, pendant l'au-
tomne de 1812. 50» // Teodoro, à Venise,
1812. 31» La Forza dei Simpatici, à Venise,
pour le carnaval de 1813. 52» L'Agatina
(Cendrillon), à Milan, 1814. 33»Za Celanira,
à Venise, 1815. 34° Le Danaïde romane^
ibid., 1816. 35° La Gioventù di Cesare, à
Milan, 1817. 50° / Pitocchi fortunali, opéra
tombé pendant le carnaval de 1819, à Venise.
37" // grçn Naso', au théâtre IVuoio, de
Naples, 1820.38° L^Arminio, à Venise, 1821.
39» Z'^Mrfromacca, à Milan, 1822.40»/ '//«es
d'Almeida, au théâtre Saint-Charles, de Na-
ples, 1822. 41» L'Egilda di Provenza, au
théâtre de la Fenice, à Venise, 1823. 42» Or-
deno ed Artalla, ibid., 1823. 43» Il SoUta-
rio, au théâtre Saint-Charles, à Naples, 1820.
A cette liste il faut ajouter : La Donna
Bianca d'Avenello, à Milan, en 1830; Fc-
nella o la Muta diPorfi'ci,à Venise,en 1831 ;
l'Incognito; l'Amor vero; la Fiera, et la
Gloria, cantale. Pavesi a écrit _beaucoup de
musique d'église : on a publié sous son nom
et celui de Gazzaniga, une collection intitulée :
Salmi,\Cantici ed Inni Cristiani del conte
L. Tadini,posti in musica populare; Milan,
Ricordi.
PAVOI>'E (Pierre), né à Udine, au com-
mencement du dix-huitième siècle, fit ses
éludes musicales sous la direction de Barthé-
lémy Cordans, maître de chapelle de la cathé-
drale de cette ville, puis fut nommé maître de
chapelle à Cividale (Frioul), où il mourut, ca
472
PAVONE — PAYER
1786. En 1770, Pavone a fait imprimer à Bo-
logne quatre messes à la Palestrina de sa
composition : elles étaient alors estimées en
Italie. On connaît aussi de ce maître un bon
Salve Regina à quatre voix en manuscrit.
PAX(CHARLES-ÉDOUARD),organistederéglise
de la Charité, professeur de musique etcomposi-
teur à Berlin, est né à Glogau,lel7marsl802.
Dès son enfance il montra un goût passionné
pour la musique. A l'âge de neuf ans il com-
mença l'étude du piano; puis il suivit les
cours du Gymnase (collège) de Glogau, tout en
continuant l'étude du piano et du violon. Vers
le même temps le cantor Bretzel lui enseigna
le chant, et l'organiste Buitner lui donna les
premières leçons d'harmonie. Ayant été admis
au séminaire des instituteurs à Breslau, en
1819, il y continua ses éludes musicales sous
la direction de Berner, jusqu'à la fin de 1821.
Ses premières compositions furent publiées
dans cette ville, chez Leuckart. Sorti du sémi-
naire, il obtint la place d'organiste de l'église
des Réformés à Glogau. En 1824, il alla s'éta-
blir à Berlin, où Bernard Klein compléta son
instruction dans le contrepoint. Pax reçut à la
même époque des leçons de A.-W. Bach pour
l'orgue. Cet artiste a publié un grand nombre
de lieder avec accompagnement de piano, des
chants pour quatre voix d'hommes, des pièces
faciles pour le piano, etc., etc.
PAXTON (Guillaume), violoncelliste an-
glais, vivait à Londres dans la seconde moitié
du dix-huitième siècle. Vers 1780, il fit un
voyage à Paris, et y fit graver : Six duos pour
deux violoncelles, op. 1 . De retour à Londres,
il y a publié : Huit duos pour violon et viv-
loncelle, op 2; six solos pour violon, op. 3;
quatre solos pour violon, et deux \dem pour
violoncelle, op. 4; douze leçons faciles pour
violoncelle, op. 6; six solos pour violoncelle,
op. 8.
Paxton eut un frère, nommé Etienne, qui
est compté parmi les bons compositeurs de
chansons anglaises, et qui paraît avoir été
attaché à une église de Londres en qualité de
directeur de musique. On croit que les deux
frères réunirent leurs ouvrages dans leurs pu-
blications : c'est vraisemblablement pour cela
que les deux recueils de glees et de catches
publiés par Etienne Paxton portent les indi-
cations d'œuvres 5 et 7. Ce dernier est aussi
l'auteur des huitième et neuvième messes de
la collection de Samuel Webbe (voyez ce
nom).
PAYEIV (Nicolas), prêtre et musicien
belge, né à Soignies, vers 1512, suivant un
renseignement fourni par TylmanSusato, dans
la dédicace du premier livre des Chansons à
quatre parties (Anvers, 1545), parait avoir été
d'abord enfant de chœur à la collégiale de
cette ville, puis fut envoyé à la chapelle royale
de Madrid pour y faire le même service. Il y
figure encore, en 1526, en la même qualité
dans les comptes de cette chai>clle qui sont
aux archives du royaume de Belgique. En
1550, il y est qualifié de chapelain des hautes
messes, c'est-à-dire chantre en chape des
messes solennelles, et, en 1556, il a le litre de
maître de la chapelle. Nicolas Payen eut une
prébende à Gaervliet, puis à Soignies, à Va-
lenciennes et à Nivelles, puis il obtint le
doyenné deTurnhouf, en 1558. On voit par les
mêmes comptes qu'il avait cessé de vivre au
mois d'avril 1559. Pierre de Manchicourt
{voyez ce nom) fut son successeur dans la
place de maître de la chapelle, royale de Ma-
drid. Les compositions de Payen connues au-
jourd'hui se trouvent dans les recueils inti-
tulés : 1» Concentus octo, sex, quinque et
quatuor vocum, omnium jucundissimi, nus-
piam ante sic editi.Augustx P'indelicorum,
Philippus Uhlardus excudehat, 1545, petit
in-4" obi. 2" Cantiones seleclissimx quatuor
vocum. Ab eximiis et prxstantissimis cwsa-
rex majestatis Capellœ musicis M. Cornelio
Cano, Thoma Crequill one, Nicolas Payen,
et Johanes Lestainier organista, compo-
site, etc. Philippus Uhlardus excudehat
Jugustx Findelicorum , 1548, petit in-4"
obi. Il y a cinq motets de Payen dans ce re-
cueil, o» Le //" livre de chansons à quatre
parties, auquel sont contenues trente et une
chansons, etc. Imprimé à Anvers par Tylraan
Susato, 1544, in-4». 4» Cantiones sacra;, quas
vulgo Motela vacant, ex optimis quibusque
hujus xtatis musicis sélects. Libri quatuor.
Anlwerpias , apud Tylmanum Susatutn,
1546-1547, in-4». On trouve dans le second
livre de cette collection le motet à quatre voix
de Payen : Resurrectio Christi, et dans le qua-
trième : Quis dabit capili. 5» Ecclesiastica-
rum cantionum quatuor, quinque et sex
vocum libri I-XV. Antverpix , excudehat
Tylman Susato, 1545-1551, in-4''.
PAYEIX (Jean), musicien français, a vécu
en Italie dans la seconde moitié du seizième
siècle. Il est connu par l'ouvrage qui a pour
titre : Il primo libro de' Madrigali a'^voci
ove si contengono le Fergini. Fenezia, i figli
di Ant. Gardano, 1572, in-4'' obi.
PAYER (Jérôme), fils d'un maître d'école,
est ué le 13 février 1787, à Mcidling, village
PAYER — PECHATSCHEK
473
nnx portes de Vienne. Il n'étail âgé que
de six ans lorsque son père commença à lui
enseigner les éléments de la musique, du vio-
lon et de l'orgue, ainsi que de plusieurs instru-
ments à vent. A peine âgéde neuf ans, ilallait
déjà jouer des airs de danse aux fêles de vil-
lages. Plus tard, il joignit à cette profession
celle d'accordeur de pianos dans les maisons
de campagne des environs, et du produit de
ses économies il acheta, pour son instruction,
les œuvres théoriques d'Albrechtsberger, de
Mattheson, de Turk, de Marpurg, de Rirn-
berger, et se mit à les étudier avec ardeur.
Son père, qui avait connu Mozart, lui parlait
souvent de l'art inimitable de cet illustre mu-
sicien dans l'improvisation : Payer se pas-
sionna pour ce genre de talent, sans savoir
précisément en quoi il consistait, et se mit à
l'étude, imaginant de développer ses idées en
jouant des compositions de grands maîtres, et
y introduisant les changements que son ima-
gination lui suggérait. Devenu habile dans
l'art de jouer de l'orgue, il remplaça son père
(qu'il perdit à l'âge de treize ans) dans ses
fonctions d'organiste et d'instituteur. En
1806, l'entrepreneur du nouveau théâtre de
Vienne lui confia la place de directeur de mu-
sique, et il écrivit pour ce spectacle la musi-
que des petits opéras le Chasseur sauvage,
l'Arhre creux et la Fille des Etoiles. En
1812, il fit connaître pour la première fois
son talent d'organiste dans un concert donné
à la salle de la Redoute du théâtre ^n der
TFien, et dans un autre concert qu'il donna,
en 1816, il mérita l'estime des artistes par une
remarquable improvisation. Après la mort de
sa mère, il quitta Meidling et alla s'établir à
Vienne, oîi il se livra à l'enseignement du
rhant,du piano et de la composition. En 1818,
il fit un voyage en Allemagne et donna des
concerts dans les villes principales; six ans
après, il accepta la place de chef d'orchestre
auithéâtre allemand d'Amsterdam, et vers la
fin de 1825, il se rendit à Paris, où il vécut
pendant plusieurs années en donnant des
leçons et se faisant entendre dans plusieurs
concerts. Ce fut lui qui, le premier, joua dans
cette ville le Physharmonica, dont on a fait
depuis lors beaucoup d'imitations modifiées.
En 1831, Payer dirigea l'orchestre du théâtre
allemand à Paris, et l'année suivante, il re-
tourna à Vienne où il entra au théâtre Joseph-
sladt, en qualité de directeur de musique;
mais des discussions avec le directeur du
théâtre lui firent quitter cet emploi au bout
de quelques mois, et depuis lors il vécut dans
la retraite avec le fruit de ses économies. Il
est mort à Wiedburg, près de Vienne, au mois
de septembre 1845. M. Bernsdorf a été mal
informé en plaçant la date du décès de Payer
à la fin de 1846, ainsi qu'on peut le voir dans
la Gazette générale de musique de Leipsick
(1846, col. 54). Le nombre des ouvrages pu-
bliés par Payer s'élève à plus de cent cin-
quante. Parmi ces productions on remarque :
1° Suites de pièces d'harmonie pour instru-
ments à vent ; Vienne, Mechetti. 2» Concertino
pour piano et orchestre, op. 79; Vienne, Ilas-
linger. 3» Variations pour piano et orchestre,
op. 71 ; Leipsick, Peters. A" Idem avec qua-
tuor, op. 30, 47, 88, 96 et 112; Vienne,
OfTenbach, Paris. 5» Trios pour piano, violon
et violoncelle. 6» Sonates, rondos, varia-
tions, etc., pour piano à quatre mains; ibid.
7» Beaucoup de rondeaux, polonaises, thèmes
variés, etc., pour piano seul; ibid. 8» Un grand
npmbre de recueils de valses, danses, etc.,
idem. 9° Des marches idem. 10» Des fugues et
concertos pour orgue et orchestre. II" Six
messes détachées pour quatre voix et orchestre;
Vienne, Mollo. 12» Motets, hymnes, offertoires,
idem. Payer a écrit aussi pour le théâtre
d'Amsterdam les opéras Die Trauer(le Deuil),
le Solitaire, et HochlandsfUrsten (les Princes
du haut pays), à Paris, la Folle de Claris, et
à Vienne, la Croix de Feu, et Coco.
PEARSALL (Robert- Lucas). Foyez
PIEUSALL.
PECCI (DÉSIRÉ), compositeur italien du
dix-septième siècle, surnommé i7 Ghiribiz-
zoso, a fait imprimer une collection de pièces
intitulée : Le Musiche sopra l'Jdone; Ve-
nise, 1619, in-4».
PECCI (Thomas), autre musicien italien,
qui vécut au commencement du dix-septième
siècle, a publié de sa composition plusieurs
livres de madrigaux, dont je ne connais que
celui qui a pour titre : Madrigali a cinque
voci, libro seconda ; in Fenezia, app. Gar-
dano, 1612, in-4».
PECHATSCHEK, ou plutôt PECHAC-
ZEC (François), naquit en 1765, à Wil-
denschwert, en Bohème. Après avoir appris
les éléments de la musique et du violon dans
l'école de ce lieu, il alla étudier la langue
latine à LeutomischI, puis suivit un cours de
philosophie à AVeiswasser, en Silésie, et y
continua ses études de musique sous la direc-
tion de P. Lambert et de Dittersdorf. En 1783,
il se rendit à Vienne, où il obtint, en 1790, la
place de chef d'orchestre authéâtredelaporte
de Carintbie. Dans l'espace d'environ quinze
474
PECHÂTSCHEK - PEDRO
ans, il composa pour ce théâtre la musique de
deux grands opéras, de dix opéras-comiques,
et de trente ballets dont on n'a pas conservé
les titres, à l'exception de celui qui fut joué,
en 1801, sous le litre de Das JP'aldweibschen
(la petite Femme de la forêt). Pechalschek
écrivit aussi, vers le même temps, douze
symphonies à grand orchestre, quelques
messes faciles et d'autres morceaux de mu-
sique d'église; mais c'est principalement
comme compositeur de musique de danse
qu'il eut de la réputation à Vienne au com-
mencement de ce siècle : il fut le Strauss de
cette époque par sa fécondité et le succès de
ses danses et de ses valses. Pechatschek est
mort à Vienne, en 1821. AVhistling a con-
fondu, dans son Manuel de la littérature
musicale, les compositions de Pechatschek
avec celles de son fils, dont il est parlé dans
l'article suivant. Les principaux recueils du
père sont : 1° Douze écossaises pour l'or-
chestre; Vienne, llaslinger. 2" Douze Laendler
idem, ibid. 5° Six menuets avec irios idem,
ibid.4'»Douze Lœndler variés pour l'orchestre,
ibid. 5» Douze valses idem, ibid. 6° Douze
idem, op. 56, ibid. 7» Douze Lœndler pour
deux clarinettes, deux cors et deux bassons,
ibid. 8» Beaucoup de danses écossaises et al-
lemandes pour le piano.
PECHATSCHEK (François), fils du
précédent, est né à Vienne, en 1795. A l'âge
de quatre ans, il commença l'étude du violon
sous la direction de son père, et fit de si ra-
pides progrès, qu'il fut admis à jouer devant la
cour imi)ériale, en 1801 et 1802. Au commen-
cement de 1803, il fit avec son père un voyage
à Prague et y donna deux concerts où il joua
un concerto de Fodor, un adagio de Rode, et
des variations de sa composition. De retour à
Vienne, il y reprit ses études. Le violon, la
guitare et la composition l'occupèrent tour à
tour. C'est à tort qu'on a dit qu'il a reçu des
leçons d'Albrechtsberger pour la composition :
c'est Fœrster qui lui a enseigné l'art d'écrire
et l'harmonie. En 1818, Pechatschek a été
appelé à Hanovre, en qualité de premier violon
de la cour. L'auteur de l'article qui le con-
cerne dans le Lexique universel de musique
de Schilling, s'est trompé en lui attribuant
les airs de danse de son père. Pechalschek,
qui a joui longtemps en Allemagne de la ré-
putation d'un habile violoniste , voyagea
dans le midi de ce pays pendant les années
1824 et 1825, et donna partout des concerts
avec succès. Appelé à Carlsruhe, en 1827, en
qualité de maître de concerts du grand-duc de
Bade, il a occupé celte place depuis cette
époque, et a fait, en 18ô2, un voyage à Paris
pour s'y faire entendre; mais son jeu, <jui
n'était alors qu'une faible imitation de celui
de Paganini, n'y a point eu de succès. Il était
à Baden-Bade, en 1857, dans un état de santé
languissant. Il est mort à Carlsruhe, le 15
septembre 1840. Pechatschek a publié les
compositions suivantes : 1» Polonaises pour
violon et orchestre, n<" 1 à 6; Vienne, et
Hanovre. 2» Concertino idem, op. 1 C ; Vienne,
Artaria. ô» Thèmes variés îdem^op. 5, 17, 20,
28, 31, 35; Hanovre, Vienne et Carlsruhe.
4" Introduction et variations idem, sur la
quatrième corde, op. 34; Carlsruhe, Vellen.
5" Rondos idem, op. 19, 25; Vienne, Artaria
etMechetti. 6'? Pots-pourris idem, n»' 1, 2, 5;
Hanovre et Vienne. 7" Quatuors pour deux
violons, alto et basse, op. 4, 7; Vienne, Ar-
taria et Mechetti. 8» Duo concertant pour deux
violons, op. 6; Vienne, Artaria.
PECIIIGIMER (Clacde-Gabriel), né à
Paris, entra comme élève au Conservatoire de
cette ville, en 1797, et y reçut des leçons de
Lefebvre pour la clarinette. En 1801, il obtint
le second prix de cet instrument au concours,
et l'année suivante, le premier prix lui fut dé-
cerné. Après avoir été attaché aux orchestres
des théâtres de second ordre, il est entré à
celui de l'Opéra, en 1818, et y était encore
en 1840. Cet artiste a publié de sa composi-
tion un thème varié pour clarinette et orches-
tre; Paris, Dufaut et Dubois. Pechignier est
mort à Paris, en 1853.
PECHWELL (Antoinette). Foyez PE-
SADORI (madame).
PECK (Jacques), graveur et imprimeur de
musique, né à Londres en 1773, cultivait cet art
et jouait de plusieurs instruments. Il est auteur
de deux petits ouvrages qui ont pour litres :
1» Focal preceplor, or concise introduction
to singing ; Londres, 1810, in-12 obi.
^0 Jdvice to a Young Composer, or short
essay on vocal harmony; Londres, 1811,
in-12 obi.
PEDRO (Antoine- Joseph D'ALCAN-
TARA don) , successivement empereur du
Brésil et roi de Portugal, fils aîné de Jean VI,
naquità Lisbonne, le 12 octobrcl798. Lorsque
la famille royale s'éloigna du Portugal et s'em-
barqua pour le Brésil, au mois de novembre
1807, le jeune don Pedro accompagna son
père. Son éducation fut négligée, mais son
heureuse organisation suppléa à l'inslruciion
qu'on ne lui avait pas donnée : il apprit
pres(iue seul à jouer de plusieurs instruments,
PEDRO — PELETIER
475
et quelques leçons de Neiikomm le mirent en
état d'écrire ses compositions. Il faisait aussi
des vers avec facilité et était d'une adresse
fort rare dans tous les exercices du corps. La
vie politique de ce prince ne doit pas trouver
place ici; nous dirons seulement que, devenu
empereur du Brésil du vivant de son père,
après le retour de la famille royale en Portu-
gal, il fut proclamé roi de Portugal, au mois
de mars 18?6, après la mort de Jean VI ; mais
par un acte du 2 mai de la même année, il
abdiqua la couronne en faveur de sa fille dona
Maria. Don Miguel, frère de don Pedro, s'em-
para du trône, et abolit la constitution qu'il
avait décrétée. Une révolution qui éclata au
Brésil, dans le mois d'avril 1831, décida don
Pedro à abdiquer en faveur de son fils ; il s'em-
barqua pour la France et vécut quelque temps à
Paris, puis se rendit en Portugal où il déploya
des talents militaires dans la conquête du pays
contre son frère. Il est mort à Lisbonne, le
24 septembre 1854. Ce prince a écrit un opéra
en langue portugaise, dont l'ouverture a été
exécutée dans un concert donné au Théâtre-
Italien de Paris, au mois de novembre 1832.
Il a aussi composé plusieurs morceaux de mu-
sique d'église, une symphonie à grand or-
chestre, et l'hymne de la constitution, qui a
été gravée à Dresde, chez Frise, et à Ham-
bourg, chez Bœhme.
PEDROTTI (Charles), compositeur dra-
matique, né en 1816, à Vérone, commença sa
carrière en 1840, dans sa ville natale, par un
opéra en deux actes, intitulé Lina. Bien ac-
cueilli par les compatriotes de l'auteur, cet
ouvrage était néanmoins très-faible. Il fut
suivi dans la même année de Clara del Main-
laud, représenté sur le même théâtre. Depuis
celte époque jusqu'en 1845, on ne trouve plus
de renseignements sur M. Pedrolti ; mais dans
celle année, il fit jouer, à Manloue, la Figlia
del Jrciero, et, en 1846, il donna, à Vérone,
Roméa di ?Ionfort : c'est son meilleur ou-
vrage. La parlilion pour piano a été publiée à
Milan, chez Ricordi. Une longue interruption
dans les renseignements sur ce compositeur ne
cesse qu'en 1853, oii il fit représenter, à Mi-
lan, Gelmina o col fuoco non sischerza. Pe-
drotti appartient à la nombreuse catégorie de
faiseurs d'opéras italiens qui, dans l'espace de
plus de vingt ans, n'ont pas produit un seul
ouvrage dont on se souvienne, et ont laissé
régner Verdi sans rival sur toutes les scènes.
0 génie de rilalieî qu'étes-vous devenu?
PEGADO (Beato-Ninez), maître de cha-
pelle à Evora, en Portugal, fut un dus meil-
leurs élèves de Pinheiro, et vécut dans les pre-
mières années du dix-septième siècle. La
Bibliothèque de Lisbonne possédait de lui, en
manuscrit: 1» Parce Domine, motet à sept
voix, pour le carême. 2" ffei mihi Domine, à
six voix. Z° Ht siint qxti cum mulieribus, etc.,
motet pour la fête des Innocents. 4° Ad te
suspiramns, molet pour la fête de la Vierge.
PEIEllL (Jeam->'épo3Iccèse), né le 9 dé-
cembre 1761, à Alldorf, en Bavière, où son
père était intendant du comte de Tatlenbach,
fit ses études au séminaire de Munich, et y ap-
prit les éléments du chant et du violon. Après
avoir achevé son cours de philosophie, et au
moment où il allait se livrer à l'étude de la
théologie, pourembrasser l'état ecclésiastique,
il se sentit entraîné vers la carrière du théâtre.
Il débuta à Augsbourg, en 1780 : la beauté de
sa voix et son intelligencede la scènelui firent
obtenir des succès. II se rendit ensuite à Ra-
tisbonne, et y fit la connaissance de la fille du
directeur de théâtre Berner : il l'épousa en
1782; puis il parut sur les théâtres de Salz-
bourg, de Vienne, de Graelz et enfin de Mu-
nich, en 1787. Les ouvrages où son talent
paraissait avec plus d'avantages étaient la
Flûte enchantée^ Don Juan et le Mariage de
Figaro. Attaqué du typhus à l'âge de trente-
neuf ans, Peierl mourut à Munich, le 21 août
1800.
PEIERL (A:<T0!<i4) , fille du précédent,
naquit à Munich, le 2 février 1789. Elle reçut
des leçons de piano de Stadier, et Kalcher,
organiste de la cour, lui enseigna l'harmonie;
puis elle devint élève de Danzi pour le chant.
Très-Jeune, elle jouait des rôles d'enfant au
théâtre de la cour, et déjà son intelligence
précoce faisait prévoir le talent qui la dis-
tingua. En 1804, elle débuta dans le rôle d'^4-
tasia, de VAxur de Salieri. L'agrément de sa
voix, de sa méthode de chant et de son jeu lui
procura de brillants succès dans cel opéra,
dans la Ginevra, de Mayr, et dans J Fratelli
rivali, de "Winter. Le 27 octobre 1808, elle
épousa Charles de Fischer, architecte de la
cour. En 1816, elle se retira du Ihéàlre, et
depuis lors on n'a plus eu de renseignements
sur sa personne.
PELETIER, musicien français dont on
trouve le nom dans les comptes de la maison
d'Anne de Bretagne, femme de Charles VIII,
pour l'année 1498 (manuscrit F, 540 du
supplément de la Bibliothèque impériale de
Paris), où l'on voit qu'il cumulait les charges
lie chantre de la chapelle et de chef des méné-
triers. Il est vraisemblable que ce musicien
4'J6
PELETIER — PELLAERT
esl celui dont on trouve des morceaux dans les
recueils dont voici les titres : 1" Canzoni
francesi a due voci di Antonio Gardatie, et
diallri autori buonedacantare et sonare In
Fenetia, nella slampa d'Antonio Gardane,
1337, petit in-4» obi. Il y a d'autres éditions
de ce recueil publiées à Venise, en 1539, 1544
et 1586. 2" Selectissimx nec non familiaris-
sirme cantiones ultra centum, vario idio-
mate, quatuor vocum, etc.; ^ugustx Vinde-
licorum, 1540, Melcbior Kriesstein , in-4''.
3" Bicinia Gallica, latina et germanica, et
quœdam fugai. Tomi duo ; Filehergx, apud
Georg. Rhav, 1545, petit in-4'' obi. A° XIIP
livre, contenant XIX chansons nouvelles à
quatre parties: Paris, Pierre Attaingnant,
1543, petit in-4'' obi.
PELI (François), célèbre professeur de
chant, naquit à Modène dans les dernières an-
nées du dix-seplième siècle, et y établit une
école d'où sont sortis beaucoup de chanteurs
distingués, depuis 1715 jusqu'en 1730. Appelé
à Munich, en qualité de compositeur de la
chambre de l'électeur de Bavière, qui devint
plus tard empereur sous le nom de Charles VI,
il écrivit l'opéra intitulé la Costanza in
trionfo, représenté à Munich, en 1737.
PELICAIVI (Jean-Baptiste) , professeur
de droit à l'Université de Bologne, dans la se-
conde moitié du dix-septième siècle, a fait in-
sérer dans les Prose de'' Sig. academici
Gei'aet, de Bologne (ann. 1679, p. 153-139),
une dissertation intitulée : Pensiero acade-
mico, perché nelle cantilene si adopri la
quinta diminuila, e la quarla superflua, e
non questa diminuita e quella super flua,
corne altresî per quai ragione si rigetti ogni
sorte di intervallo, o sia superfluo, o sia di-
minuito deW ottava.
PÉEISSIER (mademoiselle) , cantatrice
française, née en 1707, débuta à l'Opéra de
Paris, en 1722, et charma le public par la
beauté de sa voix, sa belle manière de dire le ré-
citatif et l'expression de son jeu, autant que par
l'élégance de sa taille et la beauté de ses traits.
Ce«eac(rJce,disentlesMémoires contemporains
sur l'Opéra, dont je possède le manuscrit, est
la première pour le jeu du théâtre, et l'une
des premières de son espèce pour la coquet-
terie. Elle eut des aventures d'éclat, dont on
peut voir le récit dans VEssai sur la mu-
sique, de La Borde. Renvoyée de l'Opéra,
après une de ces aventures, le 15 février 1734,
elle y fut rappelée à Pâques 1735, après la re-
traite de la célèbre actrice Le Maure. Quanz et
Marpurg ont accordé des éloges à cette canta-
trice qui, définitivement retirée en 1747
mourut à Paris, le 21 mars 1749. Elle avait
épousé l'entrepreneur du théâtre de Rouen, et
en avait eu un fils, qui fut assez bon violo-
niste, attaché au théâtre de la Comédie ita-
lienne.
PELLAEUT (Augustin-Philippe, baron
DE), né à Bruges, le 12 mars 1793, esl fils
d'un ancien chambellan de l'empereur Napo-
léon. Il reçut une éducation libérale dont la
littérature, les mathématiques, le dessin et la
musique furent la base; cependant un goût
prononcé pour la musique parut le destiner
dès son enfance à la culture de cet art. Il re-
çut les premières leçons de composition à
Lille, en 1808, chez M. d'Ennery, connu par les
romances de Robin Gray et de Sapho , qui
avaient alors beaucoup de succès; puis il se
rendit à Paris, où il suivit un cours de cette
science, sous la direction de Momigny. Paër
lui donna aussi quelques conseils à cette
époque. Rappelé, en 1814, près de son père
mourant, M. de Pellaert perdit, par les événe-
ments imprévusde la guerre et de la politique,
tous les avantages de position sociale qui sem-
blaient lui être destinés. Il ne lui resta plus,
en 1815, d'autre ressource que de solliciter
le grade de sous-lieutenant d'infanterie, qui
lui fut accordé; mais il ne tarda pas à être
attaché à l'élat-major du quartier-maître gé-
néral de l'armée. Dès ce moment, des travaux
sérieux ne lui permirent plus de se livrer à la
culture des arts, si ce n'est dans quelques mo-
ments de distraction, Cependant, dans les
rares instants de liberté que son service lui
laissait, son goût passionné pour la musique,
la poésie et la peinture lui a fait trouver le
temps décomposer la musique de onze opéras,
dont il avait lui-même écrit quelques li-
vrets, plus neuf drames ou comédies , et
de dessiner plus de sept cents vues prises
dans ses voyages. Au siège de la citadelle
d'Anvers par l'armée française, M. de Pellaert
a rendu au général Desprez (alors chef de l'élat-
major général), des services qui lui ont fait
obtenir la décoration de la Légion d'honneur.
Il fut ensuite major d'état-major, et chargé
de la direction de la partie topographique, au
dépôt de la guerre. Les succès obtenus par lui
au théâtre ont justifié son penchant pour la
carrière dramatique, et sa persévérance à
surmonter les dégoûts qui y sont attachés. Ces
succès auraient eu plus d'éclat s'ils eussent
eu pour théâtre une ville plus favorable aux
arts que ne l'était Bruxelles à l'époque oit la
plus grande partie des opéras de M. de Pel-
PELLAERT — PELLEoiUM
477
laert ont été représentés. A déraut de livrets,
il dut lui-même écrire les paroles des premiers
ouvrages qu'il a mis en musique. Yoici la liste
de ceux qu'il a composés jusqu'à ce jour :
l» L'amant troubadour, opéra-comique en
un acte, paroles et musique; composé en
1815, non représenté. 2" Le Sorcier par hU' ,
sard, idem, paroles et musique, joué à Gand,
en 1819. ô» L' Heure du rendez-vous, opéra-
comique en un acte, paroles et musique, à
Bruxelles, en 1821. 4" Agnès Sorel, opéra en
trois actes, à Bruxelles, en 1823. 5° Le Bar-
mécide, en trois actes, ï6id., 1824. G» Te-
niers, opéra-comique en un acte, ibid., 1823.
7» L'Exilé, opéra-comique en deux actes,
i6id., 1827. Cette pièce obtint un brillant
succès, elle fut reprise plusieurs fois. 8° Songe
et Réalité, opéra-comique en trois actes, en
1829, non représenté. 9* Faust, opéra-co-
mique en trois actes, à Bruxelles, en 1854.
10» Le Coup de pistolet, opéra-comique en un
acte, ibid., 1836. 11° Louis de Maie, grand
Opéra en quatre actes, ibid., 1838. On a gravé
des morceaux séparés de plusieurs opéras de
M. de Pellaert, notamment de Faust et de
Louis de Maie. Les opéras de ce compositeur
qui ont eu le plus brillant succès sont Agnès
Sorel, Teniers, Faust et Louis de Maie : ces
deux derniers ouvrages renferment quelques
morceaux d'un beau caractère. Ce composi-
teur a aussi publié beaucoup de romances dé-
tachées, deux trios pour piano, violon et vio-
loncelle, op. 1 ; Paris, Momigny, et un duo
pour deux harpes, ibid. Plusieurs messes de
sa composition, dont une avec orchestre, exé-
cutée à l'église Ste-Gudule, de Bruxelles, une
ouverture de concert, exécutée au concert du
Conservatoire de cette ville, et diverses autres
productions de M. de Pellaert, sont restées en
manuscrit. Nommé membre de la commission
administrative du Conservatoire de Bruxelles,
par arrêté royal de 1832, il en a rempli les
fonctions avec zèle et dévouement jusqu'à ce
jour (18C3), y portant toute la bienveillance
de son caractère.
PELLATIS (le P. Asce), moine francis-
cain, né à Serravalle, vers 1640, fut organiste
de son couvent, àTrévise. On a de lui un traité
du plain-chant intitulé : Compendio per im-
parare le régale del canlo ferma; Venise,
1C67, in-4''.
rELLEGRESI (Viscest), né à Pesaro,
vécut dans la seconde moitié du seizième siè-
cle, et dans la première partie du dix-septième.
Il obtint un canonicat dans sa ville natale,
puis fut maître de chapelle de la cathédrale de
Milan. Il est mort dans cette ville, en 163G.
On a imprimé de sa composition : 1° Missa-
rum liber primus; Venise, 1604. 2" Concerli
eccksiastici a 1, 2, 3, 5 c 6 foci, con una
missa a G t'oci. 3° Motetti a più loci; Venise,
IGIO. On trouve quelques morceaux du même
auteur dans le Pamassus musicus Ferdi-
nandêeus Bergam. Venise, 1615, in-4''.
PELLEGROI (Febdi.^amd), claveciniste
et compositeur, né à Naples, parait avoir fait
un voyage à Paris, vers 1750, car on y a im-
primé de sa composition : l°Six sonates pour
le clavecin précédées d'une lettre sur le ron-
deau; Paris, 1734. 2" Trois sonates pour le
clavecin, avec accompagnement d'un violon,
op. 7; ibid. Il y a aussi une édition de cet
œuvre imprimée à Londres. 3° Six concertos
pour le clavecin, op. 9; Paris, 1768.
PELLEGRIiNI (Pjerbe), né à Brescia, fut
maître de chapelle de l'église des Jésuites de
cette ville, vers 1730, et l'un des clavecinistes
italiens les plus distingués de son temps. Il
était aussi compositeur, et a fait représentera
Venise, en 1742, un opéra intitulé : Cirene.
On voit, dans la Drammaturgia d'Allaci
(édition de 1733) , que cette pièce avait été
représentée à Naples longtemps auparavant.
PELLEGROI (Félix), habile chanteur,
naquit à Turin, en 1774, et reçut les premières
instructions sur la musique dans l'église
cathédrale de cette ville, où il était enfant de
chœur. Devenu ensuite élève d'Ottani, il apprit
de lui l'art du chant et les règles du contre-
point. En 1795, il débuta au théâtre de Li-
vourne, où sa belle voix de basse et son habi-
leté comme chanteur le firent accueillir favo-
rablement. Après avoir chanté avec succès
sur plusieurs théâtres de l'Italie, il brilla à
Rome pendant l'année 1805, puis à Milan, en
1806, et enfin à Naples, depuis 1807 jusqu'en
1810. C'est pour lui que Paër écrivit le beau
rôle du père de l'Agnese, en 1811. Après
avoir brillé sur les théâtres de Venise, de
Trieste, de Gênes et de Turin, il fut engagé
pour le Théâtre-Italien de Paris, où il débuta,
en 1819, dans VAgnese. Il n'était déjà plus
jeune; néanmoins il fut reçu avec beaucoup
de faveur par les dilettanti, et se fit applaudir
dans les rôles bouffes de la plupart des opéras
de Rossini. Remplacé, en 1826, par Zuchelli,
il retourna en Italie, n'y trouva pas d'engage-
ment, et se rendit à Londres où il joua pen-
dant les saisons de 1828 et 1829. De retour à
Paris, vers la fin de cette année, il obtint
du vicomte de la Rochefoucauld une place
de professeur de chant au Conservatoire;
478
PELLEGRINI — PELISSOW
mais, an commencement de 18ô2, sa raison
s'affaiblit, et il mourut le 20 septembre de la
même année, dans une situation peu fortunée,
quoiqu'il eût gagné des sommes considérables
à l'époque de ses succès. Cet artiste distingué
s'est fait connaître comme compositeur par les
productions suivantes : 1» 6 duetti da caméra
per soprano e basso o baritono; Paris, Carli.
2° Douze trios italiens pour soprano, ténor
et basse avec accompagnement de piano,
liv. 1 ef 2; ibid. 3» Douze ariettes italiennes
pour soprano ou ténor, liv. 1 e< 2; ibid.
4» Quatre cantates de Métastase idem, ibid.
3» Quatre romances françaises ; Paris, Pleyel.
6" Six solfèges ou vocalises, composés ex-
pressément pour l'enseignement de sa fille;
Paris, Carli.
PELLEGRIIXI (Jules), chanteur de la
cour du roi de Bavière, et première basse du
théâtre royal de Munich, est né le 1" janvier
1806, à Milan. Il entra, en 1817, au Conser-
vatoire de celte ville, et y reçut des leçons de
chant de Banderali, alors professeur de cette
«cole. Ses éludes étant achevées en 1821,
quoiqu'il fût âgé de moins de seize ans, il dé-
buta au théâtre Carigniano de Turin, dans le
Falegname di Livonia, de Pacini, et y fut
applaudi. Appelé à Munich peu de temps après,
il y partagea avec Santini les rôles de pre-
mière basse, et y obtint de brillants succès.
Après la mort du roi Maximilien-Joseph,
l'Opéra italien fut dissous : Pellegrini, doué
de facilité pour la prononciation de la langue
allemande, se livra à des études spéciales pour
les rôles de l'opéra allemand, et fut en état
d'y débuter au mois de février 1826, après
cinq mois de travail. Depuis lors il est resté
en possession de l'emploi de première basse à
ce théâtre, et les habitants de Munich lui
témoignaient beaucoup d'estime pour son
talent et pour sa personne. En 1829, il fit un
voyage en Italie et chanta avec succès au
théâtre de la Fenice, à Venise. Deux ans
après, il eut un engagement au théâtre alle-
mand de Londres, et y brilla près de mes-
dames Schrœder-Devrient et Haizinger. De
retour à Munich, il y reprit son emploi de pre-
mière basse au théâtre royal et à la chapelle
de la cour. Cet artiste distingué est mort à
Munich, le 12 juillet 1858.
PELLEGUIIVI (Clémentine), femme du
pré(;édent, est fille de Moralt, musicien de la
chapelle du roi de Bavière : elle naquit à Mu-
nich, le 8 octobre 1797. Instruite dans l'art
du chant par Dorothée GuihCj cantatrice de la
cour, elle entra dans la musique de la chambre
du roi. Deux ans après, la reine la confia aux
soins de Dominique Ronconi, et le 8 mai 1820,
elle débuta dans Emma de Resburgo , de
Meyerbeer, où sa belle voix de contralto fit un
bon effet. Devenue la femme de Pellegrini,
elle entra avec lui au théâtre allemand. Plus
tard, elle brilla particulièrement dans l'exé-
cution de la musique d'église, par la largeur
de son style. Elle est morte à Jlunlch, le
27 juillet 1845.
PELLEGRIIMI (Angelo), compositeur
dramatique, né à Como, vers 1805, ne paraît
pas être sorti du lieu de sa naissance, et y a
fait représenter ses ouvrages, au nombre de
trois, à savoir : 1» Etelinda, à l'automne de
1831. 2° La Fedova di Bengala, au mois de
septembre 1834. 3" Il disertore svizzero, au
mois de septembre 1841 .
PELLEGRÎNI - CELLOm (Anne - Ma-
rie), ancienne cantatrice dramatique et pro-
fesseur de chant à Rome, au commencement
du siècle présent, est auteur d'un bon ouvrage
élémentaire pour l'enseignement du chant,
intitulé : Grammatica , o sieno regole per
ben cantare ; Rome, Piate et Martorelli, 1810,
in-S». Ujie deuxième édition a été publiée
dans la même ville, en 1817, et Schicht en a
fait une traduction allemande qui a paru chez
Peters, à Leipsick. Postérieurement, madame
Pellegrini-Celloni a donné un opuscule inti-
tulé : Metodo brève e facile per conoscere il
piantato délia musica e sue diramazioni ;
Rome, imprimerie de Romanis, 1823, in-fol.
de trente-deux pages. Elle est morte à Rome,
le 13 juillet 1833.
PELLETIER, ingénieur-mécanicien, pen-
sionné de don Gabriel, infant d'Espagne, n'est
connu que par un livre intitulé : Hommage
aux amateurs des arts, ou Mémoire conte-
nant un détail abrégé d'inventions utiles et
agréables dans la mécanique, l'optique,
l'hydraulique, la balistique, la physique, la
partie magnétique, l'horlogerie, la musi-
que, la géographie, etc. ; Saint-Germain-en-
Laye, 1782, in-8» de quarante-cinq pages. Ce
petit écrit renferme le projet d'un chrono-
mètre pour la mesure du temps en musique.
PELLIO (Jean), compositeur italien du
seizième siècle, n'est connu que par les ou-
vrages suivants : 1" Canzoni spirituali a
5 voci, lib. II; Venise, 1597. 2» Canzoni
spirituali a (Svoci; Venise, 1384, in-4''.
PELISSOW (C.-E.), pseudonyme sous
lequel s'est caché le docteur Charles Schaf-
hault {voyez ce nom), aux titres de quelques
écrits concernant l'acoustique, suivant ce que
PELISSOW — PENNA
479
nous apprend Théohald Bœhm [Ueber den
Flœtenbau und die neuesten Ferbesserungen
desselben, p. ôô).
PELOI^É (Astoi5e-Marc), direcleur de la
musique du duc d'Épernon, vers 16G0, a
publié une messe à cinq voix v/d imitationem
moduli : Virgo Alaria, Regina pacis; Paris,
Robert Ballard, 1658, in-4».
PE>A (Jeas), professeur de mathémati-
ques au collège de France, mort à Paris, en
I008, a publié une version latine avec le texte
grec des traités de musique attribués àEuclide,
sous ce titre : Euclidis rudimenta musices,
ejusdem sectio régula harmonies e regid
bibliothecd desumpta, ac niinc grxeè e latine
excussa; Paris, 1557, in-4*'. La version de
Pena est peu fidèle {voyez Ecclide).
PEXILOSA (Fraxçois), un des plus
anciens compositeurs espagnols connus, na-
quit, en 1470, fut maitre de la chapelle de
Ferdinand le Catholique, roi de Castille et
d'Aragon, et mourut en 15-35. Il jouissait
d'une grande considération parmi ses compa-
triotes. On ne connaît aujourd'hui de sa com-
position que dix motets qui existent dans les
archives de la cathédrale de Tolède, et dont
M. Eslava a inséré six dans son intéressante
collection intitulée Lira sacro-hispana (sei-
zième siècle, 2' série, t. I).
PE3fET (Hilaire), musicien français, con-
temporain de Jean Mouton et d'Antoine Fevin
{voyez ces noms), naquit vers 1485. La posi-
tion qu'il occupa n'est pas connue. Le plus
ancien recueil où se trouve un de ses ouvrages
est le premier livre des Motetti de la corona,
publié par Oltaviano Petrucci , à Fossom-
brone, en 1515. Cet ouvrage est le motet à
quatre voix, Ascendens Christus in allum.
Les autres recueils qui contiennent des pièces
de ce musicien sont ceux-ci : 1» Liber tertius
viginti musicales quinque, sex vel octo vo-
cumMotetos habet, e^c. (Paris, Pierre Attain-
gnant, 15-34). 2» Liber quintus XII trium
primorumtonorum Magnificat continet,elc.,
<ibid., 1534). 3» Le premier livre des Motetti
del Fiore, publié à Lyon par Jacques Moderne,
en 1532. A" Seleclissimarum Motelarum
partim quinque. partim quatuorvocum^elc;
Norimbergse, Pelrejus, 1540, petit in-4'' obi.
PE]X?iA (Laurent), carme du couvent
de Mantoue, professeur de théologie, maître
de chapelle de l'église de son ordre È Parme,
célèbre organiste et membre des académies
des Filaschinii et des Risolutif sous le nom de
l'Indefeso, naquit à Bologne, en 1613, et non
eu 1640, comme il est dit dans le Dictionnaire
des musiciens de 1810 (1). Après avoir été
maître de chapelle de son couvent, à Parme,
il occupa une position semblable à la cathé-
drale d'Imola (ttats romains), et mourut le
20 octobre 1693, à l'âge de quatre-vingts ans.
Sa réputation comme compositeur et comme
écrivain didactique parait avoir eu de l'éclat
dans son temps. Ses messes, au nombre de
douze, ont été publiées en deux livres. La
deuxième édition du premier livre a pour
titre : Messe piene a quattro ed otto voci te
piace, libro primo, oç>. 9; Bologne, Jacques
Monti, 1677. La première édition du second
livre est intitulée : Galeria del sacro Par'
uasso; Messe piane con stromenti ad libi-
tum, libro seconda; ibid., 1670. Les Psaumes
concertés de Penna ont été réimprimés plu-
sieurs fois depuis 1660 jusqu'à 1690. Ces der-
niers ont été publiés sous ce titre : // sacro
Parnasso délit Salmi festiviper tutto l'anno
a quattro ed otto voci, op. 8, ibid., et le
second livre a pour titre : Salmi per tutto
l'anno ed una Messa a falsi bordoni co'
Vagyiunta dei Salmi carmelilani a quattro,
Antifone et litanie délia B. Maria, il tutto a
quattro X'oci co''l quinto se piace, ibid., 1669,
in-4»; mais celui de ses ouvrages qui a le plus
contribué à propager son nom est un traité de
musique en trois livres, intitulé : Li primi
albori musicali per li principianti délia
musica figurata, I» /i6ro, Bologne, 1656,
in-4''.Unedeuxièmeéditiondecepremierlivre
a paru en 1672, et a été reproduite, en 1674,
avec un nouveau titre. Le deuxième livre a
paru à Venise, chez Joseph Sola, en 1678,
in-4'», sous ce titre : Albori musicali per lî
studiosi délia musica figurata, che brève-
mente dimostra il modo di giungere alla
perfetta cognizione de lutte quelle cose che
concorrono alla cotnposizione de' canti, e
di cio ch'all'arte del contrapunto si ricerca;
(!) On y a suivi en cela Gertxr (Bût. Eiog. Lexik.
der Tonkûmtler) et Forkel (Allgem. LiUer. der Stutik,
p. 423) qai, eax-méaies, ont ë(é trompés par ce qoe dit
SVallber sar la cinquième édition de ses Primi Albori
.Vuticali publiée en tC% {.Vntikal. lexikon), savoir :
qu'on y trouve le portrait de Pcnna avec l'indication de
l'âge de S6 ans, qui, retranchés de 1696, portent en effet
sa naissance à 1640 ; mais ce portrait avait probable-
ment été pris dans quelque édition antérieure de ses
messes ou de ses psaumes ; ce qui n'est pas sans exemple,
car les éditions des toccates de Frescobaldi publiées en
I61ti et en 1637 sont accompagnées da portrait de l'au-
teur, avec l'indication du même âge. Au reste j'ai suivi
relativement à L. Penna les dates indiquées par Orlandi
[.\olizit degli Seriltori Bologneti, p. 197] qui, étant le
compatriote de cet auteur, moine du même ordre, et
presque son contemporain, devait être bica informé de
ce qui le concernait.
480
PENNA — PEPUSCII
libro seconda. Les trois livres ont été léunis
dans une édition i)iil)liée à Bologne, en 1079,
in-4''. Les éditions des trois livres réunis sont
intitulées : Li primi albori musicali per li
principianli délia musica figurata, dislinti
in tre libri. Dal primo spontano le principi
del canto figurato ; dal seconda spiccano le
régale del contrapnnto ; dal terzo apparis-
cono li fondamenti per suonare l'organo o
clavincembalo sopra la parte ; ce qui signifie
<iue le premier livre contient les principes du
chant figuré; le second,ceux de la composition à
plusieurs voix, elle troisième, ceuxdel'accom-
pagnement delabasse chiffrée surrorgue.,On
y trouve quelques bonnes choses, mais l'ou-
vrage est en général dépourvu de méthode, et
le style en est lourd et prolixe. La quatrième
édition a été publiée dans la même ville, en
1684, et la cinquième, en 1696, après la mort
de l'auteur. Des exemplaires de l'édition de
1684 ont été mis en vente à Anvers, avec un
nouveau titre daté de 1690, in -4°. On a aussi
de L. Penna un traité de plain-chant intitulé :
Direttorio del canto ferma, Modène, 1689,
in-4».
Outre ces ouvrages de musique , le
P. L. Penna est auteur d'un livre ascétique
publié sous ce litre : Fervorose formate
d' atti interni sopra lepiù nobilied eroiche
virta, marali, Bologne, 1689.
PEIVNAIST (Thomas), naturaliste et anti-
quaire anglais, naquitle 14 juin 1726, à Dow-
ning, dans le comté de Flin!, voyagea dans le
pays de Galles, en Ecosse, et sur le continent,
puis mourut le 16 décembre 1798. Son voyage
dans le pays de Galles a été publié sous ce
titre : ^ tour inla TFales in 1775, Londres,
1778j in-4". On y trouve des renseignements
sur la musique dans ce pays.
PEIVI^iEQUIN (Jean), maitre des enfants
de chœur de la cathédrale d'Arras, né vers
1340, a obtenu au Puyde musique d'£vreux,
en 1577, le prix de la Lyre d'argent pour la
composition de la chanson française à quatre
voix qui commençait par ces mots : Dieu vous
gard. Le catalogue de la libraire musicale de
Ballhasar Bellere, intitulé Thésaurus biblia-
thecarius, sive cornucopix librarix Belle-
rianx , cum duobus supplementis (Douai ,
1603-1603), cité par M. de Coussemaker (1),
indique de ce musicien, sans date et sans nom
de lieu, des Chansons à quatre et cinq par-
ties, 10-4». • /
(I) Notice Jes collections musicales de la biblio-
llicque de Cambrai, p. 123.
PETSTErVRIEDER (Xavier), organiste
de la cour du roi de Bavière, né à Munich, en
1808, a fait son éducation musicale dans celte
ville. Après avoir écrit quelques messes et des
offertoires, il se livra à la composition drama-
tique et fit exécuter, à Munich, en 18-39, l'ou-
verture d'un opéra intitulé : Otto von Jp'it-
telsbach, qui n'a point été représenté. En
1840, il donna, au théâtre royal, son grand
opéra Z>?'e Nacht auf Paluzzi (la Nuit à Pa-
luzzi ), qui obtint un brillant succès et fut éga-
lement bien accueilli à Brunswick, à Cassel et
à Leipsick. Le même artiste a fait jouer à
Munich, en iS47, Dies Haus ist zu verkaufen
(Maison à vendre).
PEPUSCH (Jean-Chrétien ou Chris-
tophe), compositeur et écrivain sur la mu-
sique, naquit à Berlin, en 1667. Son père,
ministre protestant dans cette ville, ayant
remarqué ses heureuses dispositions pour la
musique, lui donna pour maître de théorie de
cet art Klingenberg, et chargea l'excellent
organiste Grosse de lui enseigner la pratique.
Mais après une année de sacrifices faits pour
son éducation musicale, Pepusch fut obligé
d'achever seul ses études. Devenu habile clave-
ciniste et jouant bien de la harpe, il eut
l'honneur de donner, à l'âge de quinze ans,
des leçons de ce dernier instrument au prince
royal de Prusse. C'est aussi vers cette époque
qu'il commença à s'occuper de l'éclaircisse-
ment de quelques-unes des principales diffi»
cultes de la théorie, en remontant jusqu'au
système de la musique des Grecs. Il avait en-
viron trente-trois ans lorqu'il quitta Berlin à
l'improvisle pour se rendre à Londres, où il
parait avoir été appelé par Bononcini. 11 y fut
employé dès son arrivée comme claveciniste et
comme compositeur au théâtre de Drury-Lane.
D'abord, ses fonctions de compositeur consis-
tèrent principalement à arranger des parti-
tions italiennes pour la scène anglaise, et à
ajouter des airs pour certains rôles : c'est
ainsi qu'on trouve de lui, à la suite de l'opéra
de Thomyris, l'air de sa composition : Now
blessed is a soldier. Son changement de po-
silion ne lui fit point abandonner ses travaux
concernant la musique des anciens, sur la-
quelle il ne se fit pourtant que des notions
fausses. II s'éprit d'un goût passionné pour
cette musique, qu'il ne connaissait pas,
puisqu'il n'en reste aucun monument de
quelque valeur; et, il alTirme en plusieurs
endroits de ses ouvrages, que le peu qui en
reste, bien que fort inférieur à ce qui est
perdu, suffît pour démontrer la supériorité de
PEPUSCH
481
celte musique sur la moderne. Suivant Haw-
kins, copié par Gerber, la musique dramatique
anglaise était, à l'époque de l'arrivée de Pe-
puscli à Londres, dans un état de barbarie dont
il l'aurait tirée, et ses opéras seraient les pre-
miers de ce genre où il y aurait eu du méri(e ;
mais une pareille assertion est démentie par
ce qu'on sait des productions de Purcell, où
brille un génie bien supérieur à celui de Pe-
pusch. Si celui-ci eût été réellement un com-
positeur distingué, ses productions se seraient
conservées aussi bien que celles de l'illustre
musicien anglais, tandis qu'on ne connaît
aujourd'hui de lui que ce qu'il a écrit pour le
Beggar's Opéra, et PolUj, opéra en un acte,
faibles productions qui ne donnent pas une
faaute opinion de sa faculté d'invention mé-
lodique. On en peut dire autant de son diver-
tissement intitulé Vénus et Adonis, de sa
musique pour le jour de Sainte-Cécile, et de
deux volumes de cantates qui ont été publics
en 1727. Il a mieux réussi dans la musique
d'église, particulièrement dans les matines et
vêpres qu'il a écrites pour la chapelle du duc
de Chandos. La Société du concert de la mu-
sique ancienne, de Londres, possédait de sa
composition un beau Magnificat , et plu-
sieurs autres bons morceaux dans le style re-
ligieux.
Les quinze premières années du séjour de
Pepusch en Angleterre furent les plus bril-
lantes de sa carrière; la supériorité de son sa-
voir sur celui des musiciens anglais lui avait
donné dans la musique une autorité qu'il con-
serva jusqu'à l'arrivée de Haendel, mais qui
s'évanouit en partie en présence de ce grand
artiste. Il ne pouvait entrer en lutte avec un
pareil athlète; c'est vraisemblablement à la
conviction qu'il eut à cet égard qu'il faut
attribuer la direction toute scientifique qu'il
donna à ses travaux vers 1721, après avoir
quitté le service du duc de Chandos. Sorti de
chez ce seigneur, il avait accepté le titre de
professeur et de directeur de musique dans
une société formée par le docteur Berkeley,
dans le but de propager la religion chrétienne,
les sciences et les arts dans les lies Bermudes.
Mais le bâtiment qui devait servir à cette ex-
pédition ayant souffert des avaries, Pepusch
fut obligé de débarquer; l'entreprise échoua,
et le musicien revint à Londres, où il épousa,
en 1722, Marguerite de l'Épine, actrice de
Drury-Lane. qui venait de quitter le théâtre
après y avoir acquis environ dix mille livres
sterling. Pepusch vécut honorablement du
revenu de celte somme et du produit des le-
BlOCr.. L.MV. DES XUSICIE.^S. T. VI.
çons qu'il donnait dans les premières familles
de l'Angleterre. Ce fut vers l'époque de son
mariage que, sur les sollicitations de Gay et
de Rich, il entreprit de corriger l'ancienne
musique de l'opéra des Mendiants; il y
ajouta une ouverture, qui a été gravée dans
toutes les éditions de cet ouvrage.
Au nombre des élèves de Pepusch se trou-
vait lord Paisley, qui dans la suite devint
comte Abercorn. 11 avait écrit pour ce sei-
gneur quelques feuilles de principes d'har-
monie, qui devaient lui servir de guide dans
l'élude de cette science ; mais il eut le chagrin
de voir publier à son insu ces feuilles écrites
à la hâte, sous ce litre : A Short Treatise on
harmony , containing the chief rules for
composingin twe,three and four parts, elc.
(Traitéabrégéd'harmonie,conlenantles règles
principales pour composer à deux, trois et
quatre parties, etc.); Londres, 1730. Le bruit
s'étant répandu que cette informe production
était l'ouvrage de Pepusch, il crut devoir re-
loucher les principes qui y étaient défigurés^
les enrichir d'exemples et publier le fruit de
son travail, fort amélioré. Son livre est inti-
tulé : A Treatise on harmony, contain-
ing, elc. Dedicated to ail lovers of Musick,
iy an admirer of this agreeable science ;Loa-
dres, Pearson, 1731, in-4» obi. Cet ouvrage
doit élre considéré comme un traité général
des principes de la musique plutôt que comme
un manuel d'harmonie, car Pepusch y traite
non-seulement de cette science, mais de la
solmisalion, d'après la méthode des hexa-
cordes. On peut affirmer que, hors de l'Italie,
Pepusch fut le dernier défenseur de cette mé-
thode, qui était abandonnée en Allemagne et
en France.
Depuis longtemps occupé de recherches sur
la musique des anciens, il s'était formé sur
cette musique des opinions absolument oppo-
sées à celles de tous les auteurs qui avaient
écrit sur ce sujet. C'est ainsi qu'il se persuada *
que l'échelle musicale des Grecs était descen- ;
danle et non ascendante, comme on le croyait
généralement ; en sorte que l'ordre des signes
devait élre retourné, et que ceux qu'on avait
cru appartenir aux sons graves devaient élre
placés à l'aigu, et réciproquement. Cette opi-
nion, adoptée plus lard par l'abbé Roussier,
puis par M. de Drieberg, a été combattue par
moidinsle Résumé philosophique de l'histoire
delà musique placé en tête de laprédilionde
ce Dictionnaire biographique. Pepusch a ex-
posé ses opinions concernant la musique des
anciens dans une lettre adressée à Abraham
31
L
482
PEPUSCH — PEREGO
Moivre, qui a été insérée dans les Transac-
tions philosophiques (t. XLIV, pari. I, 1746,
p. 2660274) sous ce titre: Ofthevariousgenera
■ and species of music among the aitcients,
tcith some observations concerning their
scale, in a Letter ta M. Abraham de Moivre.
Pepusch fut )e fondateur de la Société de
l'ancienne musique de Londres. Il en conçut
le plan en 1710, et en forma le noyau en
1712, avec Needler, Gates, Gaillard et quel-
ques autres artistes. Pour aider à l'exécution
des morceaux qu'on faisait entendre dans
cette Société, il avait obtenu l'assistance des
enfants de la chapelle royale; mais, en 1734,
la coopération de ces enfants fut retirée à la
Société, qui fut réorganisée en 1735, et depuis
lors elle a subsisté sans interruption. Après
la mort de Thomas Love, Pepusch obtint la
place d'organiste du Charterhouse, en 1737;
mais la mort de son fils unique, suivie de celle
de sa femme, en 1740, le décida à renoncer à
cet emploi et à. vivre dans la retraite. Il
mourut en 1752, et légua par son testament
sa belle bibliothèque musicale à ses amis Tra-
vers, organiste de Saint-Paul, etKelIner, mu-
sicien allemand du théâtre de Drnry-Lane.
L'Académie de musique ancienne lui fit éle-
ver, quelques années après , un monument
dans la chapelle du Charterhouse, avec une
inscription dont voici la traduction :
« Près de cet endroit reposent les restes de
« Jean-Christophe Pepusch, docteur en mu-
« sique à l'Université d'Oxford. Il naquit à
« Berlin et demeura à Londres pendant plus
« de cinquante ans, estimé comme un des
« meilleurs musiciens et des plus zélés pro-
« lecteurs de son art. En 1737, il se chargea
« des fonctions d'organiste de cette église. Il
« mourut le 20 juillet 1752, âgé de <|iiatre-
« vingl-cinq ans. L'Académie de musique an-
« cienne, établie en 1710, qui lui doit sa
« fondation, par reconnaissance pour sa mé-
« moire, lui a fait ériger ce monument. »
Parmi ses compositions, on remarque :
1° Deux livres de cantates imprimés chez
Walsh, à Londres, in-fol. 2" Un livre de so-
nates pour flùle et basse continue pour le cla-
vecin, op. 1, 3"> Deux livres de sonates pour
violon et basse continue, op. 2 et 4. 4" Deux
livres de sonates pour violon et violoncelle,
op. 5 et 0. 5" Un livre de trios pour deux vio-
lons et basse continue, op. 5. 6" Un livre de
trios pour flûte Iraversière, violon et basse
continue, op. 7. 7" Six concertos pour deux
flûtes à bec, deux flûtes Iraversières, hautbois
et basse coutiaue.
I PEUAiXDI (Marc-Joseph), maître de cha-
pelle de l'électeur de Saxe, naquit à Rome
\ dans les premières années du dix-septième
siècle. Il entra au service de l'électeur en
1640, et partagea les fonctions de maître de
chapelle avec Henri Schutz, Albrici, Bon-
tempi et Bernhard. L'époque de sa mort paraît
devoir être fixée en 1670. On connaît de sa
composition, en manuscrit, une messe (Ky-
rie cuin Glorid) à onze voix réelles, et un
motet (Emendemus in meliits) à sept voix.
PERAULT (...), flûtiste du théâtre du
Vaudeville, depuis l'an vi de la république
française (1797) jusqu'en 1804, a publié de sa
composition : 1» Sonates pour la flûte, avec ac-
compagnement de basse, op. 1 ; Paris, Leduc.
2o Idem, op. 4 et 5; Paris, Sieber. 5° Duos
pour deux flûtes, op. 2; ibid. 4" Duos faciles
pour deux flûtes ; Paris, Leduc. 5° Caprices et
duos idem; ibid. 6" L'Art de la fliUe, mé-
thode divisée en deux parties; ibid.
PERAZZAISI (François), savant italien
qui vivait à Rome à la fin du dix-huitième
siècle, a publié une dissertation intitulée :
Soni perceptio ; ^ome, Zempel, 1794.
PERCKUAOIER (Wolfgang), musicien
attaché à la chapelle du duc de Bavière, vers
la fin du seizième siècle, naquit à Vasserbourg.
II s'est fait connaître par un recueil d'hymnes
qui a été publié sous ce titre : Sacronim
hyinnorum modulationes, a quatuor, quin-
que et sex vocibus cum viva voce, tum om-
nis generis instrumentis; Monachii, excu-
débat Jdamus Berg, 1591, in-4'' obi. Cet
œuvre contient dix-neuf motets à cinq voix;
un à quatre , et deux à six voix.
PEREGO (Camille), prêtre , d'une an-
cienne famille de Milan, naquit en cette ville
dans la première moitié du seizième siècle.
Poëte et musicien distingué, il remplit pen-
dant trente-cinq ans les fonctions de maître
de chant des enfants de chœur de la cathé-
drale de Saint-Ambroise ainsi que du sémi-
naire, et fut en même temps vicaire de l'église
de Saint-Vit, dite in Pasquirolo, où l'on voit
son tombeau, avec cette inscription ;
D. 0. M.
Camillus Peregus Saccrdos
Qui liujus ccclesiac reclor fui
Ilic modo jaceo
Orale pro me
V. P.
Perego vivait encore en 1574, car il dédia,
le 14 mars de cette année, son Traité du
chant ambrosien à saint Charles Borromée.
Il a fait imprimer des madrigaux à quatre
voix, à Venise, en 1535 j mais ce qui a surtout
PEREGO — PEREZ
483
rendu son nom recommacdable, c'est sod I
traité <lu chant ambrosieo, dont le manus-
crit existe dans les arcbires de FégUse métro-
politaine, et qui fut publié après S3 mort, sois
ce titre : £a Regola dtl canto fermo ambro-
sianoi Silao, 16â^, in-4'>. Cet ouvrage est du
plus baut intérêt pour la com|>araisoD des
deux chants ambrosien et grégorien ; le troi-
sième livre, surtout, renferme des renseigne-
ments précieux pour caractériser cette diffé-
rence.
PEBEGROO (Jasetto), ancien lulbier,
établi à Brescia vers 1540. Il précéda Gaspard
de Salo dVnviron vingt ans. On ne connaît
qu'un petit nombre de basses de viole con-
struites par Peregrino. Cartier en possédait
une, appelée ténor, qui fut jouée par^.Fran-
cbome, à mon premier concert historique de
Torigine et du prières de Topera, le 8 juin
18Ô2.
PERHIPtA ( Marc-Saltatok) , musicien
portugais, né à Villa-Yiciosa dans les der-
nières années dn seizième siècle, fat d'abord
maître de chapelle en cette ville, puis entra au
service du roi de Portugal en cette qualité, et
mourut à Lisbonne en 16oo. Il a laissé en
manuscrit beaucoup de messes, de psaumes,
de motels et de répons, qui se trouvaient en
manuscrit dans la Bibliothèque royale vers le
milieu du dis-huitième siècle.
PEIVEIIlA(Doii:iiQCE-Nc3Ez),dominicaiD
portugais, naquit à Lisbonne vers le milieu
du dix-septième siècle, et mourut à Cameraia,
le !29 mars 1729. Il avait été maître de cha-
pelle de la cathédrale de Lisbonne, mais plus
tard il se retira dans le monastère oii il est
mort. Il a laissé de sa composition, en ma-
nuscrit : !*> Des répons de la semaine sainte,
à huit voix. 2^ Des répons de Toffice des morts,
à huit voix, o" Leçons de l'office des morts, à
quatre voix. 4" Confitebory à huit voix, o" Lau-
datepueri Dominum, à huit %o\\.6''£audale
Dominum omnes gentes, a quatre voix.
7" Yiibancicos et motels à quatre, six et boit
voix.
PEPtELXJ piAïAW), compositeur drama-
tique, né en Lombardie vers 1815, a fait ses
études musicales au Conservatoire de Milan.
Son premier opéra, Galeollo ilfanfredij fut
joué à Pavie, en 18-39, avec un succès satisfai-
sant, car il obtint vingt représentations con-
sécutives. Son second ouvrage, Oiti et non
Oiti, qui ne fut pas moins heureux, fut joué à
Gênes. La partition pour piano a été publiée
à Milan, chez Ricordi. En 184^, Perelli a
donne, à Turin, Jl Contrabandiere^^nai ne
réussit pas. .4près cette époque, il n'j a plus
de renseignements sur cet artiste, à moins
qu'il ne soit le même Perelli , ténor, qni
chanta à Amsterdam en 1845, à Bei^ane et à
Milan, dans l'année suivante.
PEREYRA (TaoxAs), jésuite et miuion-
naire portugais, fut envoyé à la Chine, en
1G80, et jouit d'un grand crédit près de l'em-
pereur jusqu'à sa mort, qui arriva, en 16î^,
à Pékin. Ce fut loi qui négocia le traité de
paix par lequel l'exercice de la religion catho-
lique fut autorisé dans tout l'empire. Perejra
avait laissé en manuscrit nn traité de mnsiqoe
intitulé : JUusica pratiea e especulatica in
4 partes; mais il parait que cet ouvrage s'est
perdu.
PEREY1L4 DE FIGUEREDO (A-x-
TOI3E), moine portugais, né le 14 février 1725,
à Macao, fit ses études au collège des jésuites,
de Yilla-Yiciosa, fut ensuite admis comme or-
ganiste au couvent deSainte-Croix, à Coimbre,
et entra, en 1744, dans la congrégation de
l'Oratoire, à Lisbonne. Devenn savant théolo-
gien, philologue et littérateur distingué, il
publia une excellente grammaire latine, et
des traités de tbéolt^ie et d'histoire ecclésias-
tique qui le rendirent célèbre dans sa patrie.
Il mourut à Lisbonne, le 14 avril 1797. Fe-
rejra fut gardien de son couvent et se distin-
gua comme compositeur de musique. Parmi
ses productions musicales on cite : l" Psaume
Lauda Jérusalem, à <iu3Ue voix, avec accom-
pagnementde violons et irompettes.^o L'hymne
de saint Philippe de Néri, à quatre voix, avec
deux violons et orgue, ô'^ L'hymne Tantum,
ergo, idem. 4^ Les Lamentations de Jérémie,
à deux chœurs. 5* Les motets Plorans plora-
cit in nocte et ^djuva nos Deus, à quatre
voix. 6" Stabat Jlater, à quatre voix. 7» O
Jesu dulcissime, à quatre voix. &" Concaluit
cor meum, à deux choeurs, avec accompagne-
ment de violons. Tous ces ouvrages ont été
la proie des flammes, dans un incendie qui
éclata le 1" novembre 1755 à Lisbonne.
PEREZ (Davis), compositeur célèbre, fils
d'un Espagnol qui s'était fixé à Xaples, naquit
dans cette ville, en '1711. Il étudia le violon
sous la direction d'Antoine Gallo, qui en
fit un virtuose sur cet instrument. François
Mancini, maître du Conservatoire de Lorette,
lui enseigna le contrepoint. Ses études étant
terminées, il se rendit à Palerme, oii il fut en-
gagé, en 1739, en qualité de maître de cha-
pelle de la cathédrale. Ce fut dans celte ville
qu'il fit représenter, en 1741, son premier
opéra, intitulé : L'Eroismo di Scipione. Cet
31.
484
FEREZ — PERGOLÈSE
ouvrage fui suivi A^Jslartea, de Medea, de
l'Isola incantata, tous représentés à Palerme
Jusqu'en 1748. De retour à Naples, en 1749,
Perez y fit représenter son nouvel opéra de la
Clemenza di Tito, qui obtint un brillant
succès au théâtre Saint-Charles. La réputa-
tion d'habileté que lui fit cette production lui
procura un engagement à Rome, pour écrire,
en 1750, au théâtre délie Dame, sa Semira-
mide, accueillie avec enthousiasme et suivie
de Farnace, dans la même année. En 1751,
il donna Merope, Didone abbandonala et
Alessandro nelle Indie, à Gènes, et dans la
même année, Zenobia et Demetrio, à Turin.
Lorsqu'il était dans celte ville, il reçut des pro-
positions pour entrer au service du roi dePor-
tugal, les accepta et se rendit immédiatement
à Lisbonne, où il fit jouer son Demofoonte,
en 1752. L'effet que produisit cet opéra, où
chantaient les célèbres artistes Gizziello et
Raff, valut à Perez la faveur du roi, qui lui
accorda un traitement annuel de près de cin-
quante mille francs, en qualité de maîlre de
chapelle. Un nouveau théâtre d'opéra ayant
été élevé à Lisbonne, on en fit l'ouverture, en
1755, pour la fôte de la reine, et l'on y repré-
senla V Alessandro nelle Indie , avec une
nouvelle musique de Perez. On vit dans cet
ouvrage, sur la scène, un corps de cavalerie, et
une imitation delà phalange macédonienne,
d'après le récit de Quinte Curce. On entendit
à ce théâtre, placé sous la direction de Perez,
les meilleurs chanteurs de l'Italie, tels que
Elisi, ]\lanzuoli, CaffarcUi, Gizziello, Babbi,
Raff et Guadagni. Le Demetrio et le Soli-
mannOf de Perez, furent considérés à Lis-
bonne comme ses meilleurs opéras; on ne se
lassait pas de les entendre, et les plus beaux
ouvrages des plus grands maîtres de l'Italie
n'atteignaient pas, à la cour de Portugal, la re-
nommée de ces productions de son talent. Du-
rant l'espace de vingt-six ans, Perez jouit, à
cette cour, d'un sort digne d'envie : loin de
décroître, sa faveur avait encore augmenté
dans ses dernières années. Comme Ilsendel, à
qui il ressemblait pour la corpulence, et dont
il avait le penchant pour la bonne chère, il
perdit la vue dans sa vieillesse; néanmoins, il
ne cessa pas de travailler, ayant trouvé des
moyens particuliers pour dicter ses composi-
tions avec rapidité. Dans un voyage qu'il
avait fait à Londres, en 1755, pour en rame-
ner des chanteurs, il y avait écrit un opéra
d'^zto, qui obtint un brillant succès. Il mou-
rut à Lisbonne, en 1778, à l'âge de soixante-
sept ans.
Les compositions de Perez décèlent un
artiste exercé dans l'art d'écrire, et l'on y
trouve des mélodies d'un beau caractère ;
toutefois, il me paraît que ce maître a été trop
vanté par les historiens de la musique, et que
ses idées manquent d'originalité, au moins
dans le style dramatique. Jomelli, qu'on lui
a quelquefois comparé, me paraît bien supé-
rieur à lui pour le pathétique. Dans la mu-
sique d'église, particulièrement dans ses Ma-
tines des morts, dont il a été fait une belle
édition in-folio à Londres, en 1774, Perez me
paraît avoir eu un style plus original quedans
l'opéra. Dans la liste de ses ouvrages, on re-
marque : I. Musique d'église : 1" Les psaumes
Laudate, à trois voix et chœur; Hxc dies,
idem ; Mémento Domine, idem ; In exitu Is-
raël, à huit voix. 2» Répons pour la fêle de
Noel, à quatre voix, 3° Deux Salve Regina, à
quatre voix. 4" Motets concertés, à quatre
voix, parmi lesquels Conceptio tua, Medid
nocte, Fidentes stellam, Defuncto Herode.
5» Messe à cinq voix et orchestre. 6» Messe à
huit voix et orchestre. 7» Matutini de' Morti ;
Londres, 1774, in-fol. II. Opéras : 8" L'E-
roïsmodi Scipione, à Palerme, 1741. Q^As-
tartea, ibid. 10» Medea, ibid. 11" L'Isola
incantata, ibid. 12» La Clemenza di Tito,
à Napies, 1749. 13» Semiramide, à Rome,
1750. U" Farnace, ibid. 15» Merope, à Gênes,
1751. 16» Didone abbandonata , ibid.
17» Alessandro nelle Indie, ibid. 18» Zeno-
bia, à Turin, 1751. 19" Demetrio, ibid.,
1752. 20» Demofoonte, à Lisbonne, 1752.
21» Adriano inSiria, ibid, 1752. 22» Arta-
serse, ibid., 1755. 23» L'Eroe Cinese, ibid.,
1753. 24» Ipermestra, ibid., 1754. 25» Olim-
piade, ibid., 1754. Si6<>Ezio,k Londres, 1755.
27» Alessandro nelle Indie, avec une nou-
velle musique, à Lisbonne, 1755. 28» Siroe,
ibid., 1756. 29» Solimanno, ibid., 1757.
30» Enea in Italia, en 1759. 51» Giulio Ce-
sare, ibid., 1762. J'ignore les titres des au-
tres opéras représentés à Lisbonne. On a aussi
de Perez vingt-sept solfèges à deux voix, com-
posés pour l'éducation des princesses de Por-
tugal.
PERGER (François -Xavier), musicien
de Nuremberg, vers le milieu du dix-huitième
siècle, y a publié, en 1754, des quatuors pour
clavecin, deux violons etbasse, sous le titre de
Musikalisches Fergniigen (Amusements de
musique).
PERGOLÈSE (Jean-Baptiste), composi-
teur célèbre de l'école napolitaine, a été l'ob-
jet de beaucoup d'erreurs biographiques, et
PERGOLÊSE
483
d'inccriitudes que M. le marquis de Villarosa
a dissipées par ses recherches dans les acles
aulhenliques et surles lieux mêmes où ils sont
déposés. Saverio Maltci , dans ses Memorie
per seriire aile vite di Melastasio e di Jo-
melU, dit que le nom de Pergolèse lui fut
donnéparcequ'il est né à Pergoli, ou Pergola,
dans la Marche d'Ancône, et que le véritable
nom de sa famille était Jesi. L'abbé Bertioi
émet la même opinion dans son Dizzionario
storico-eritico degli scrittori di Musica, et
moi-même je l'ai adoptée dans la première
édition de cette Biographie universelle des
nntsiciens. D'autre part, Galanli, dans sa
Descrizione délia Cita di Napoli (p. 240) j
Boyer, dans sa Notice sur la vie et les ou-
vrages de Pergolèse {.Vercure de France,
juillet 1772); La Borde, dans son Essai sur
la musique{t. III, p. 212); Gerber (Lexikon
der Tonkiinstler); Choron et Fayolle (Dic-
tionnaire historique des musiciens); Seve-
linges, dans la Biographie universelle, des
frères Michaud; M. Gennaro Grossi, dans la
Biografia degli uomini illustri del regno di
Napoli, et plusieurs autres, ont fait naître
Pergolèse à Casoria, petit village du royaume
de Naples. Quadrio seul a dit que l'illustre
musicien naquit à Jesi, ville des États romains
{Storia e ragione, di ogni poesia , t. V,
p. 19G). Le résultat des recherches de M. de
A'illarosa a confirmé les paroles de ce dernier
auteur, et a, en même temps, fixé la date de
la naissancede Pergolèse, queles uns plaçaient
en 1704, et d'autres en 1707. L'écrit dans le-
quel cet amateur des arts a fait connaître ses
découvertes sur ce sujet a pour titre : Lettera
biografica intorno alla patria ed alla vita di
Giov . Battista Pergolèse , célèbre confpositore
di musica (Naples, 1851). Postérieurement,
il a reproduit ses preuves dans le volume qu'il
a publié sous le titre de Memorie dei compo-
sitori di musica del regno di lYapoti (Na-
ples, 1840, un volume in-S"). On voit dans ces
deux ouvrages que Jean-Baptiste Pergolèse,
fils de François-André et de sa femme Anne-
Victoire, naquit à Jesi, le 3 janvier 1710, à
dix heures du soir, et qu'il y fut baptisé le
4 du même mois. Ces faits sont démontrés
par l'acte authentique obtenu parM.de Villa-
rosa, et ainsi conçu :
« In Dei nomine etc. Universis et sin-
« gulis ad quos etc. indubitatam fidem
w facio, verboque veritatis testor ego infra-
8 scriptus parochus hujus insignis Ecclesix
« ad suggestum Divi Septimiï perlinentis
tt sequentem invenisse particulam in uno
'■' regenatorum libro signato S'Jib n" 2,
VI pag. 584.
« K di 4 Gennajo 1710.
v< Giambattista figlio di Francesco Andréa
« Pergolesi, e di D. Anna Villoria consorle
« di questa Città, nato la nolte antécédente a
« ore 10, fu batlizzato da me Marco Capo-
« grossi Curato. Padrini furono gP illustris-
X simi signori Gio. Battista Franciolini, et
« signora Gentilinade' signori Honorati.
« Quamquidem particulam in prxfato
« /i6ro verbo ad verbum fideliter diligen-
« terque decerpsisse testor. In quorum fidem
« has présentes litteras meamanu scriptas
f subscriptasque dedi, soliloque huius mes
VI Cathedralis Paroccix signa firmandas
VI curavi. Datum yEsii ex jEd. Parochiali-
« bus Fil kalendas iunii 1831 . Ego Alexius
a Severini parochus manu prop. {Jdest
u Sigillum). Il conCaloniere di Jesi certifica
v< vera ed originale la firma del rev. sig.
« D. Alessio Severini, parocco del Duomo. la
<■<■ fide, Jesi li 30 Maggio 1831. Il gonfalo-
vt niere : Settimio marchese Pianelli. »
Les circonstances qui conduisirent le jeune
Pergolèse à Naples sont ignorées ainsi que
celles qui le firent entrer dans un des conser-
vatoires de cette ville. Les auteurs étaient
partagés sur le nom de l'école où il fut admis;
mais M. de Villarosa a acquis la preuve que
Pergolèse devint élève du conservatoire dei
poveri di Giesu-Cristo, où il reçut d'abord
des leçons de violon de Dominique Matteis.
Étudiant seul cet instrument, il avait décou-
vert des procédés pour exécuter des passages
difTiciles par demi-tons, en montant et en
descendant, ainsi que des ornements de
formes aussi nouvelles que gracieuses. Ses
condisciples étaient souvent étonnés lorsqu'ils
l'entendaient exécuter ces nouveautés diffi-
ciles : ils en parlèrent à Matleis, qui désira
l'entendre. Ce maître, frappé d'étoonement à
l'audition de ces choses inconnues, demanda
à Pergolèse qui les lui avait apprises ; mais
l'élève lui inspira un véritable intérêt, lors-
qu'il lui répondit qu'il ignorait si ce qu'il
t'aisait était bon ou mauvais, et qu'il avait
suivi simplement son instinct. Matleis l'en-
gagea alors à écrire ce qu'il exécutait. Le len-
demain Pergolèse lui porta une sorte de
petite sonate dans laquelle il avait intercalé
ses traits nouveaux. Ravi de ce qu'il voyait,
Matteis recommanda chaleureusement son
élève à Gaetano Greco, premier maître du
Conservatoire. Ce fut sous la direction de ce
savant professeur que Pergolèsecommença ses
480
PERGOLÊSE
(jliidcs <1c composition. Après la mort de
Grcco, il devint élève de son successeui' Fran-
rois Durante (vorjez ce nom); mais celui-ci
ayant été appelé à Vienne, Feo, élève de
Scarlatti et grand musicien, lui succéda dans
la place de premier maître. Ce fut sous sa
direction que Pergolèse acheva ses études de
composition. Il était encore au Conservatoire
lorsqu'il écrivit son premier ouvrage, lequel
«lait un drame sacré intitulé S. Guglielmo
d' Jquitania , avec quelques intermèdes
lioulTes, qui fut exécuté, pendant l'été de
17Ô1, dans le cloître de S. Agnello Maggiore,
et qui obtint un si brillant succès, que le
prince de Stigliano Colonna, le prince
d'Avellino Carraciolo, et le duc de Moddaloni
Carafa le prirent sous leur protection pour lui
ouvrir les portes des théâtres et rendre sa
«arrière plus facile. J'ai examiné à Naples la
partition de cet ouvrage : l'impression qu'elle
m'a faite est celle d'une production bien
<3crite : mais je n'y ai pas découvert ces inspi-
lations vives qui caractérisent les œuvres
ilestinécs à exercer une grande influence sur
l'art. Bien que le style de l'école napolitaine
fut moins sévère que celui des anciens
maîtres romains, néanmoins Greco, Durante
et Feo avaient conservé la tradition d'une
harmonie pure et de formes scientifiques qui
furent négligées par lesgénérations suivantes.
Pergolèse suivit les traditions de ses maîtres
<lans ses premières productions ; mais plus
tard, entraîné par l'exemple de Vinci, son
ancien condisciple, il considéra l'expression
dramatique comme le but principal de l'art,
«t introduisit cette expression jusque dans sa
musique d'église.
Dans l'hiver de la même année, il écrivit
pour le théâtre S. Bartolomeo la musique du
drame intitulé la Sallustia, qui paraît avoir
vlé applaudie. Le compositeur eut la bonne
fortune d'entendre chanter les principaux
rôles de son opéra par le célèbre Grimaldi et
l)ar La Facchinelli,qui se fit particulièrement
admirer par la manière dont elle chanta l'air :
Per questo amore. Cet ouvrage fut suivi de
l'intermède jimor fà l'uomo cî'eco, joué au
théâtre des Fiorentini et qui ne réussit pas.
L'opéra sérieux Recimero, joué au théâtre
Saint-Bartholomé, ne fut pas plus heureux.
Découragé, Pergolèse parut renoncer pendant
quelque temps à écrire pour le théâtre. Ce fut
alors qu'il composa pour le prince de Ste-
giiano, premier écuyer du roi, trente trios
pour deux violons et basse. Vingt-quatre de
ces tries ont été publiés à Londres et à Am-
sterdam. A celte même époque, un tremble-
ment de terre ayant frappé de Icrrei'r les
habitants de Naples, les magistrats ftvenl
exécuter d-ans l'église des Minimes, appelée
Santa Maria délia Stella, un service solennel
en l'honneur desaintEmiddio, invoqué comme
protecteur de la ville : ce fut Pergolèse qu'on
choisit pour écrire la musique de cette solen-
nité, et ce fut à cette occasion qu'il composa
sa belle messe à dix voix en deux chœurs
avec deux orchestres et des vêpres complètes.
Cette musique obtint le suffrage des célè-
bres musiciens qui vivaient alors à Naples,
et fut considérée comme une œuvre accom-
plie. Immédiatement après, Pergolèse écrivit
une autre messe à deux chœurs, et invita
Léo. à venir l'entendre : ce grand maître fut
charmé de la beauté de l'ouvrage et lui ac-
corda de grands éloges. Plus tard, l'auteur
ajouta à cette messe un troisième et un qua-
trième chœur pour la faire exécuter dans
l'église des PP. de l'Oratoire, pendant les qua-
rante heures du carnaval. On rapporte à la
même époque la composition de quelques can-
tates avec accompagnement de deux violons,
viole et basse ou de clavecin, entre autres la
célèbre cantate d'Orp/ie'e; mais celle-ci n'a
été composée que dans l'année même de la
mort de Pergolèse.
Rappelé par son penchant d'artiste à la
carrière du théâtre, en dépit des dégoûts qu'il
y avait trouvés précédemment, il écrivit pour
le théâtre Saint-Bartholomé, à la fin de 1751,
son intermède célèbre de la Serva padrona,
chef-d'œuvre de mélodie spirituelle , d'élé-
gance et de vérité dramatique, où le génie du
musicien triompha de la monotonie de deux
personnages qui ne quittent presque pas la
scène, et d'un orchestre réduit aux propor-
tions du quatuor. Le succès de cet opéra fut le
plus brillant et le plus complet que Pergolèse
ait obtenu dans sa courte vie, Jl Maestro di
musica et // Geloso schernito, qui le suivirent
de près, ne réussirent pas d'abord, et ne
furent appréciés à leur juste valeur qu'après
la mort de l'auteur. En 1732, Pergolèse écrivit
pour le théâtre des Fiorentini Zo/'rafe inna-
morato, opéra bouffe en dialecte napolitain,
qui fut suivi de il Prigionier superho , au
théâtre Saint-Bartholomé. En 1754, il donna
l'opéra sérieux Jdriano in Stria, ainsi que
l'intermède Livietta e Tracolo. Dans cette
même année, Pergolèse obtint la place de
maître de chapelle de l'église de Notre-Dame
de Lorette et alla prendre possession de cet
emploi. On ne sait à quelle époque apparlieu»
PERGOLÉSE
487
î'intermùde inliUilé la Contadiiia asluta;
mais il est vraisemblable qu'il a éié repié-
scnlé aux Fiorenlini de Naples dans l'automne
de 17-34. Dans l'année suivante, il donna t7
Flaminio, opéra bouffe en trois actes, qui
fut repris au théâtre Nuovo avec beaucoup de
succès en 1749. Appelé à Rome dans la même
année pour écrire VOlimpiade, il y retrouva
la mauvaise fortune qui l'avait souvent mal-
traite au théâtre. Duni, qui a fourni à Boycr
la plupart des anecdotes de sa biographie de
Pergolèse, rapportait celle-ci concernant
VOlimpiade. Lui-même, disait-il, avait été
engagé pour écrire à Rome un Nerone, qui
devait être joué après l'opéra de Pergolèse,
■son ancien condisciple au conservatoire de
Naples. Il n'osa écrire une note de son ou-
vrage avant d'avoir entendu VOlimpiade;
mais, a|>rès une répétition de ce drame, il se
rassura et vit que les beautés qui y étaient ré-
pandues ne seraient pas comprises. « Il y a
« trop de détails au-dessus de la portée du
« vulgaire dans votre opéra (disait-il à Per-
« golèse); ces beautés passeront inaperçues,
« et vous ne réussirez pas. Mon opéra ne
« vaudra pas le vôtre; mais, plus simple, il
« sera plus heureux. » L'événement justifia
sa prévision, car VOlimpiade, jouée au prin-
temps de 1733, fut mal accueillie par les Ro-
mains.
Avant d'entreprendre cet ouvrage, il avait
commencé à Lorette son Stabat Mater, à dein
voix, la plus célèbre de ses compositions, qui
lui avait été demandée par la confrérie de
Saint-Louis, de Palazzo, pour remplacer un
autre Stabat d'Alexandre Scarlalti, qui, de-
puis un grand nombre d'années était répété
tous les vendredis du mois de mars. Le prix
convenu pour cet ouvrage avec la confrérie
était de dix ducats (environ quarante francs !),
et ce prix avait été payé d'avance à Pergolèse.
De retour à Lorette, après la chute de VOlim-
piade, il écrivit son admirable Salve regina
à voix seule avec deux violons, viole et orgue,
et voulut continuer le Stabat; mais déjà sa
passion effrénée pour les femmes avait porté
une atteinte sérieuse à la vigueur de son tem-
pérament; une maladie de poitrine se dé-
clara, et les médecins décidèrent qu'un chan-
gement de climat était devenu nécessaire. Le
compositeur voulut essayer de celui de Naples
et se retira à Pouzzoles , près de cette ville,
sur le bord de la mer. Là il voulut continuer
son travail, bien qu'il fût dévoré par la fièvre
-et s'acheminât rapidement vers le terme fatal
-d'une phlhisie pulmonaire. Malgré les progrès
du mal, il conlinunit son Stabat, et ce trav»!
épuisait souvent ses forces et le faisait tomber
dans un état de faiblesse extrême. Son ancien
maître Feo, qui l'aimait tendrement, ayant
été le visiter dans un de ces moments, désap-
prouva les efforts de son courage, et lui dit
qu'il fallait rompre avec la composition jus-
qu'à sa guérison : — « Oh ! cher maître (ré-
« pondit Pergolèse), je n'ai pas de temps à
« perdre pour achever cet ouvrage, qui m'a
« été payé dix ducats, et qui ne vaut pas dix
« bajocchi (dix sous). » Après quelques jours,
Feo retourna près de son élève mourant et le
trouva à ses derniers moments; mais le Stabat
était terminé et envoyé à sa destination. Ce
fut véritablement le chant du cjgne, car Per-
golèse s'éteignit dans la même semaine et
cessa de vivre à l'âge de vingt-six ans, le
16 mars 1736, ainsi que le prouvent les re-
gistres de la cathédrale de Pouzzuole, où il
fut inhumé sans pompe. Grâce aux soins de
M. de Villarosa et du chevalier Dominique
Corigliano, un monument a été érigé dans la
même église à la mémoire de l'illustre artiste,
et dans l'endroit où reposent ses cendres,
on lit cette inscription :
lOAISI BiPTIST£ PeICOLESIO
DOXO Aesi
Qri IB £TATE Fini
NEiPOllI HCSIC£ ADDISCIXOS STCDIO COSCEOE»
M COllEGICX SCE TITCLO f ACPEICa IlSl CnilSTI AOSCITCS
aCSICIS FACIEUDIS IfODIS
SrOS ISTE» iEQCALES lOSSE PRIESTITIT
Pt'TEOLIS OEGCSSIT XVII. EAU AriILlS
AMxn cnnccxiivi.
QCO TAIETCDIMIS CACSSA SECtSSEIAT
TIXIT XS. XIVI. MEMS. II. DICS XIII.
DOXISICCS COKIGLUXCS
EX MaICBIOMICS RiCSAKI EQCES HiEIOSOlTIITAStt
Mos r.
Cakolo Rosisio Eriscoro Pcteolaso isxcesti.
Des bruits d'empoisonnement se répan-
dirent après la mort de Pergolèse et s'accrédi-
tèrent partout ; mais ils étaient dénués de fon-
dement. Laborde a fait à ce sujet la remarque
judicieuse que ses succès n'avaient pas eu
assez d'éclat pour exciter l'envie. Le dépéris-
sement de sa santé fut progressif et lent : j'ai
dit quelle en a été la cause. A peine eut-il
fermé les yeux, que l'indifférence dont il
avait été l'objet delà part de ses compatriotes
fit place aux plus vifs regrets. Dès ce moment
sa réputation s'étendit; ses opéras furent
joués sur tous les théâtres; Rome voulut re-
voir son Olimpiade et l'applaudit avec trans-
port; enfin, dans les églises mêmes, où la
vogue ne semble pas devoir être admise, on
n'entendit pendant quelques aanées d'autre
48S
PERGOLÊSE
musique que celle de l'auteur du Sldbat. En
France, où régnait une ignorance à peu près
complète de l'existence des grands artistes
(les pays étrangers, la musique de Pergolèse
fut introduite quatorze ans après la mort de
son auteur, par une troupe italienne de chan-
teurs médiocres : elle y excita des transports
d'admiration. La Serva padrona et II Maes-
tro di musica furent traduits en français, re-
présentés sur les théâtres de la foire, et les
partitions en furent gravées. Au concert spi-
rituel, le Stdbat obtint aussi un succès d'en-
thousiasme, et l'on en fit plusieurs éditions.
Enfin, rien ne manqua plus à la gloire de
Pergolèse, et ce qui arrive presque toujours
dans la réaction contre une injustice, on exa-
géra son mérite en le considérant comme le
maitre des maîtres, quoi<|u'il soit inférieur à
Searlatti et à Léo pour la force dramatique,
et qu'il y ait dans sa musique d'église des
traits mal approiiriésau caractèredes paroles.
Le P. Martini a fait au Stabat le reproche de
renfermer des passages qui seraient mieux
placés dans un opéra comique que dans un chant
dedouleur ; ilen cite même qui rappellent des
traits analogues de la Serva padrona, et Von
doit avouer que sa critique n'est pas dénuée
de fondement : toutefois, il est juste de dire
que les exemples de cette espèce sont rares,
et que peu de compositions religieuses du
style concerté sont d'une expression aussi
touchante que le premier verset du Stabat et
que le Quando corpus. Le Salve Regina,
pour voix seule, deux violons, basse et orgue,
est aussi un modèle d'expression ; quoiqu'il
ait moins de célébrité que le Stabat, je pense
qu'on pourrait le considérer comme une com-
position plus parfaite etd'un mérite supérieur,
si la difficulté du sujet eût été égale à celle de
la prose de la Vierge. On ne peut juger le
Stabat ni le Salve Regina d'après la mauvaise
exécution qu'on en a quelquefois entendue dans
les concerts de Paris; aucun des musiciens
n'avait la tradition de cette musique.
Pergolèse a écrit pour l'église : 1" Kyrie
cum Gloria, à quatre voix et orchestre. Cette
messe a été publiée à Vienne, chez Haslinger.
2» Messe à cinq voix et orchestre, en manu-
scrit, dans plusieurs grandes bibliothèques.
5» Messe à dix voix en deux chœurs et or-
chestre. 4° Dixit, à quatre voix, deux vio-
lons, alto, basse et orgue. 5" Dixit, à deux
chœurs et deux orchestres. 6» Miserere, à
quatrevoix et orchestre; Paris, Pleyel. 7» Con-
fitebor, à quatre voix. 8° Domine ad adjti-
vandum, à quatre voix. D" Idem, à cinq voix.
10» Laudaie , à cinq voix et orchestre.
11" Lxtatus sum pour deux voix de soprano
et deux basses. 12» Lxtatus, à cinq voix.
10» Laudate, à voix seule avec instruments.
14° Salve Regina, à voix seule, deux violons,
alto, basse et orgue; Paris, Leduc. Il a été
fait une deuxième édition de ce beau mor-
ceau, à Paris, chez Porro. 15° Stabat Mater
pour soprano et contralto , deux violons y
alto, basse et orgue; Paris, Bonjour; idem,
Paris, Porro ; idem, Lyon, Carnaud. Une
édition à laquelle Paisiello a ajouté des
instruments à vent a été publiée a Paris,
chezTroupenas. Il a été fait, à Paris, cinq édi-
tions de ce morceau célèbre, avec accompa-
gnement de piano, chez Pleyel, Leduc, Sieber^
Garli et Pacini. Schwickert a donné à Leip-
sick une édition complète du Stabat avec un
texte allemand; une autre édition avec textes
allemand et latin et accompagnement de
piano par Klage, a été publiée chez Chris-
tian!, à Hambourg. Enfin, lliller a parodié la
Passion de Klopstock sur la musique du
Stabat, arrangée à quatre voix, avec l'addi-
tion de hautbois et de flûtes. 16» Dies iras
pour soprano et contralto, deux violons, alto
et basse. Messe à deux voix et orgue, chez les
PP. de l'Oratoire, à Naples. Messe à quatre
voix et orchestre (en re), dans ma biblio-
thèque. La Nativité, oratorio en deux par-
ties.
Dans la musique de théâtre de Pergolèse, on
n'a prs conservé les titres de tous ses ou-
vrages ; ceux qu'on connaît sont : La Sallus-
tia; Amor fa l'uomo cieco, opéra bouffe en
un acte; Recimero, opéra sérieux en trois
actes; la Serva padrona, intermède en un
acte. La partition originale a été publiée à
Paris, chez Lachevardière. On a fait une édi-
tion du même opéra traduit en français;
Paris, Leduc. Il Maestro di musica ; la par-
tition de cet opéra, traduit en français, a été
gravée à Paris, sous le titre : le Maître de
musique. Il Geloso schernito ; Lo Fraie inna-
morato, opéra bouffe, en dialecte napolitain;
Il Prigionier superlo ; Adriano in Siria;
Livietta e Tracolo; Il Flaminio, en trois
actes; La Contadina astuta; L'Olimpiade,
opéra sérieux en trois actes; San Guglielmo,
drame religieux en deux parties. Pour le con-
cert et la chambre, Pergolèse a écrit : Orphée,
cantate à voix seule et orchestre; Choron en a
fait graver la partition dans ses Principes de
composition des écoles d'Italie; cinq can-
tates pour voix de soprano et clavecin; trente
trios pour deux violons, violoncelle et basse
PERGOLÉSE - PERICLITE
489
continue pour le clavecin. Oulre les notices
biographiques de Pergolèse citées précédenj-
ment, on a, de Carlo Blasis, celle qui a pour
titre : Biografia di Pergolèse; Milan, sans
date (1817), in-8».
PERGOLETTI (Tboïas), secrétaire et
vice-chancelier du prince Forcslo d'Esté,
marquis de Scandiano, naquit au bourg de ce
nom, vers 1GC3. Il était fils de Livio Pergo-
lelli, professeur de musique au service du
prince. Pergolelli apprit de son père à jouer
du violon. On a de sa composition : Tratteni-
menti armonici da caméra a violinosolo e
violoncello ; opéra prima ; Modena, per For-
tuniano Rosati. 1698.
PERI (J.4C(jcEs), compositeur distingué,
naquit à Florence, d'une famille noble, dans
la seconde moitié du seizième siècle, et eut
pour maître de chant, de clavecin et de com-
position Christophe Malvezzi , de Lucques.
Il était surnommé il Zazzerino, à cause de
son abondante chevelure d'un blond ardent,
qu'il conserva intacte jusque dans la vieil-
lesse. Les grands-ducs de Toscane Ferdi-
nand I" etCosme II de Médicis lui confièrent
la direction de la musique de leur palais.
Très-avare, Péri sut mettre à profit la faveur
dont il jouissait, pour acquérir de grandes ri-
chesses, qui s'accrurent par la dot considé-
rable d'une demoiselle de la noble famille des
Forlini, qu'il épousa. Peii en eut un fils doué
d'un génie extraordinaire pour les malb'^raa-
tiques, mais qui fut entraîné dans <Ie grands
désordres par des passions ardentes. Son pro-
fesseur, le grand Galilée, l'appelait son dé-
mon. Vers 1601, Péri entra au service du duc
de Ferrare, en qualité de maître de chapelle.
Après cette époque, on manque de renseigne-
ments sur sa carrière. On sait seulement qu'il
vivait encore en 1610. Péri est au nombre des
musiciens dont le génie a exercé de l'influence
sur la transformation de l'art qui s'opéra dans
les dernières années du seizième siècle et au
commencement du dix-septième, en prenant
part à la création du drame musical avec
Emilio del Cavalière, Jules Caccini etJMonte-
verde. Le premier ouvrage de ce genre au-
quel il travailla en société avec Corsi et Jules
Caccini fut la Dafne, pastorale de Rinuccini,
qui fut représentée à Florence, en 1394, dans
la maison de Corsi. Le succès de cet essai en-
couragea Rinuccini à écrire une autre pasto-
rale sur le sujet d'Orp/ie'e et Euridice. La plus
grande partie de la musique de cet ouvrage,
qui fut représenté à Florence pour les fêles du
mariage de Marie de Médicis avec Henri IV,
roi de France, fut composée par Péri. Son tra-
vail a été imprimé sous ce titre : Le Musiche
di Jacopo Péri, nobil fiorentino sopra V Eu-
ridice del sig. Ottaiio Rinuccini, rappre-
sentate nello sposalizio délia cristianissima
Maria Medici , regina di Francia e di
Navarra; in Fiorenza, appresfo Giorgio
Màrescotti, ICOO, in-4'>. Dans la préface, Per»
donne des renseignements intéressants sur la
composition de la Dafne et de VEuridice,
sur la part qu'y prit Caccini, et sur les per-
sonnes qui chantèrent les principaux rôles, ou
qui jouaient des instruments pour l'accompa-
gnement (uoj/e; Caccisi, Cavalière et Mome-
VERDE. Payez aussi le Résumé philosophique
de l'histoire de la musique, t. V^ de la Bio-
graphie universelle des musiciensy première
édition). J'ai fait exécuter quelques morceaux
de VEuridice dans mon concert historique de
l'opéra depuis son origine en Italie, en
France et en Allemagne, le 8 juin 1852. On
connaît aussi de Péri un recueil de pièces qui
a pour titre : Le Fa-^e Musiche del Sig. Ja-
copo Péri a una, due e tre voci, con alcune
spirituali in ultime, per cantare net clavi-
cembalo e chitarone, et ancora la magior
parte d'esse, per suonare simplicemente
neWorgano. Novamente poste in luce in Fi-
renza, per Cristofano Màrescotti, 1610,
in-folio.
PERI (Achilie), compositeur dramatique,
né à Reggio, en 1817, fut d'abord attaché
comme chef d'orchestre à une compagnie de
chanteurs italiens qui donna des représenta-
tions à Marseille dans l'été de 1839, et y fit re-
présenter, au mois de juin, son premier ou-
vrage, intitulé : Una Fisita a Bedlam. De
retour dans sa ville natale, il y donna, en
1841, Il Solitario , qui fut bien accueilli et
obtint vingt représentations consécutives. Son
opéra de Dirce^ joué au mois de mai 1845,
dans la même ville, eut un succès d'enlhou-
siasme et ne fut pas moins heureux à Parme,
à Lugo, à Livourne et à Florence. Un autre
ouvrage du même artiste avait été joué à
Parme, au mois de février de la même année,
sous le titre : Ester d'Engaddi, et avait été
l'opéra préféré de la saison; il fut joué aussi
avec succès à Reggio et à Vérone, en 1846.
Ces heureux débuts semblaient promettre un
compositeur à l'Italie; cependant, depuis
1845, Péri n'a plus rien écrit pour la scène,
et son nom a disparu du monde musical.
PERICLITE, musicien originaire de
Lesbos, fut le dernier de son pays qui rem-
porta le prix de la cithare aux jeux Carniens,
490
PERICLITE — PERNE
à Lacédémonc, et sa mort mit fin à la succès-"
sion non interrompue des joueurs de cithare
parmi les Lesl)iens.
PEKILLO (Salvator), compositeur, né à
Naples en 1731, fut admis au Conservatoire de
San-Onofrio , et y reçut des leçons de Du-
rante. Ses études terminées, il fut appelé à
Venise pour y composer un opéra, dont le
succès le décida à se fixer en cette ville. Son
style était agréable, particulièrement dans
l'opéra bouffe. II a fait représenter, en 1757,
Bérénice, puis la Buona figliuola, 1759; /
Fiaggiatori ridicoli, 1761 ; la Donna Gi-
randola, 1763; la Finta semplice, 1764; la
Filleggiatura, 1769; / Tre Fagabondi et
Il Demctrio , en 1769. Au mois d'août 1774,
Perillo concourut pour la place de second
maître de chapelle de Saint-Marc, devenue va-
cante par la retraite de Latilla; mais après
deux séances des procurateurs de cette église,
dans lesquelles aucun des compétiteurs
n'avait obtenu la majorité, la place fut
donnée à Antoine Bergamo , prêtre véni-
tien.
PElllNO, luthiste florentin, vécut dans la
première moitié du seizième siècle. On con-
naît de lui : Intabolatura da liuto di ricer-
cate, madrigali. et canzone francese. Libre
terzo ; Fenezia, appresso d'Antonio Gar-
dano, 1547, in-4" obi. J'ignore les titres et
les dates des deux premiers livres.
PÉRIS (Jacques), musicien provençal,
vécut dans la seconde moitié du seizième
siècle. En 1588, le prix du lulh d'argent lui
fut donné au concours des Puy de musique
<i'Evreux (Normandie), pour la composition de
la chanson : Ceux qui peignent amour sans
yeulx. Au concours de l'année suivante. Pé-
ris obtint le prix de la harpe d'argent pour la
composition du motet : O Regina, reuin mi-
seratrix, et dans le même concours, il eut le
prix du luth d'argent pour la chanson fran-
çaise à quatre voix, sur ces paroles : Mon ail
tremblant.
PERISOISE. Foyez LARUE (Pieiire
DE).
PERISONE ou PERISSOrSE (Cambio),
musicien français qui fut chantre de l'église
Saint-BIarc, de Venise, au milieu du dix-sep-
tième siècle, fit, suivant M. Cafll (1), les dé-
lices de Venise par son talent de chanteur.
Cet artiste ne doit pas être confondu avec
l'ancien maître Pierre de Larue, ou de La
Hue, que les Italiens ont appelé du même
(I) Sloria tlella musica sacra nellagià Cappella ducale
diiun Marco in Veneiia, t. 1. p. 113.
nom. Il y a lieu de croire que le nom véritable
de celui dont il s'agit ici, a été également al-
téré en Italie. Quoi qu'il en soit, on connaît
du Périsone moderne les ouvrages dont voici
les titres : 1° Il primo libro de madrigali a
2, 3 e 4 voci; in Fenezia, app. Aless. Fin-
centi, 1628, in-4». 2» Il secondo libro, etc.;
ibid. , 1631, in-4«. 3° Il terzo libro de' ma-
drigali o 2, 3, 4 e 5 voci; ibid., 1639, in-4<'.
A" Jl quarto libro, idem efc.,i6îd., 1640, in-4''.
5'^ // quinlo libro de' madrigali a 2 e 3 voci,
op. 11 ; ibid., 1641, in-4». 6» Capricci stra-
vaganti a 2 e< 3 voci, op. iG; ibid., 1647,
in-4<'. 7" Ultimo musicale e canori fatiche a
2 e 3 voci; ibid., 1648, in-4''. Ce titre semble
indiquer un ouvrage posthume et placer
l'époque de la mort de l'auteur en 1647 ou au
commencement de 1648.
PERLA (Michel), compositeur napolitain,
fut élève du Conservatoire de Santa Maria di
Loreto, etvécut vers le milieu du dix-huitième
siècle. Bon maître de chant, il enseignait cet
art dans les couvents de femmes à Naples. Il
a écrit, pour les églises de ces monastères, un
grand nombre de messes, de psaumes, de
Magnificat, iVanliennes, des Te Beum, messes
de Requiem, leçons pour les Matines des
morts, Stabat Mater, et les Sept paroles de
Jésus-Christ sur la croix, dont les partitions
manuscrites se trouvent à Naples, particuliè-
rement dans la bibliothèque du collège royal
de musique, dans cette ville. Perla a composé
aussi la musique de l'opéra bouffe Gli amanti
alla prova, et des deux oratoires La Manna
neldeserto, et II trionfo delta Fede.
PERNE (Fkançois-Louis) , savant musi-
cien, né à Paris, en 1772, fut admis à l'âge
de huit ans, comme enfant de chœur, à la
maîtrise de l'église Saint-Jacques-de-la-Bou-
cherie, qui, plusieurs années après, acquit de
l'importance, parce qu'elle eut ce qu'on appe-
lait alors en France une mMSîgwe/"ondce, après
sa réunion à la paroisse des Innocents. L'abbé
d'IIaudimont ayant été nommé maître de
chapelle de Saint-Jacques, Perne se trouva
placé sous sa direction, et reçut de lui des
leçons d'harmonie et de contrepoint telles que
pouvait les donner un partisan exclusif du
système delà basse fondamentale. Heureuse-
ment organisé pour la musique, il fit de ra-
pides progrès dans cet art. La suppression
des maîtrises, en 1792, le décida à entrer à
l'Opéra en qualité de ténor-choriste : il était
alors âgé de vingt ans. La fatigue que faisait
éprouver à sa poitrine le service du théâtre
lui fit prendre sa retraite de choriste, ^a
PERNE
491
179D, pour jouer de la contrebasse à l'or-
cficslre tlu mCme ihéàlre. C'est un fait digne
«le remarqtic que les deux musiciens français
<lont les travaux ont jeté la plus vive lumière
sur quelifues objets importants de Phisloirc de
la musique, savoir, Porne et Villoleau {voyez
ce nom), étaient dans le même temps choristes
à l'Opéra : situation qui parait peu d'accord
avec les connaissances qu'exigent de sembla-
bles recberches. Déjà connu par la publica-
tion de quelques petites compositions instru-
mentales, entre autres par un recueil de so-
nates faciles pour le piano, Perne eut occasion
d'augmenter sa réputation de compositeur en
1801, lorsque le concordat pour le rétablisse-
ment du culte catholique en France eut été
signé par le pape et par le premier consul.
Plusieurs artistes de l'Opéra ayant pris la
résolution de profiler de cette circonstance
pour fêter leur patronne, sainte Cécile, l'en-
gagèrent à écrire une messe avec chœurs et
orchestre pour celte solennité; il se chargea
volontiers de celle mission, et le 22 novembre
de la même année, sa messe fut exécutée avec
pompe. Cet ouvrage fit honneur à son auteur,
cl peu de temps après, Perne mit le sceau à
sa réputation comme harmoniste par la publi-
cation d'une fugue à quatre voix et à trois
sujets, qui pouvait se changer en retournant
le papier. Cette fugue parut au commencement
de 1802, en une seule feuille de format appelé
Jésus. Vers cette époque, Perne commença à
se livrer à l'enseignement de l'harmonie, ce
qui le conduisit à réformer ses idées concer-
nant le système de celte science, et lui fit
adopter celui que Catel venait de publier dans
son traité pour l'usage du Conservatoire.
Les travaux de Perne ne se bornaient pas à
l'harmonie et à la composition; depuis plu-
sieurs années l'histoire de la musique était
l'objet de ses éludes, et dans cette histoire, la
musique des Grecs et les notations du moyen
âge lui avaient paru mériter une atlenlion
particulière. Pour faire avec fruit des recher-
ches sur ces objets, il fallait posséder la con-
naissance des langues anciennes et modernes.
Perne avait fait un cours de latinité dans la
maîtrise où il avait élé élevé ; mais on sait que
les études faites de celle manière étaient
faibles et ne pouvaient former que des lali-
nisles médiocres. Dès ses premiers pas dans
la carrière de la philologie musicale, Perne
s'aperçut de l'insuflisance de son savoir, et
dans le but de corriger les vices de son éduca-
tion première, il apprit de nouveau la langue
latine, éludia le grec, l'ailemand, l'italien,
l'espagnol, l'anglais, et parvint, par une
constance à toute épreuve, h une connaissance
assez étendue de ces langues, dans un âge où
la mémoire n'a plus autant d'activité que
dans la jeunesse. Dès 1805, Perne était déjà
arrivé à des résultats intéressants dans ses
recherches sur la musique des Grecs, et par-
ticulièrement sur leur notation musicale. Il
les communiqua à Choron, qtii l'engagea à en
faire l'objet d'un mémoire qui serait lu à
l'Académie des beaux-arts de l'Institut de
France, ou Choron était attaché en qualité de
théoricien. Plus tard, les recherches de Perne
l'ayant conduit à reconnaître que Burette et
d'autres s'étaient trompés à l'égard du nombre
des signes nécessaires à la notation de la mu-
sique grecque, il refit en entier le système de
celle notation, d'après Alypius, Bacchius et
Gaudence, retrouva dans les manuscrits du
traité d'Aristide Quinlilien une ancienne no-
tation antérieure à Pythagore, qui avaitdonnc
la torture à Meibom, et dont ce critique
avait altéré tous les signes en y substituant
ceux du traité d' Alypius; enfin il traça des
tableaux généraux et particuliers de toute la
notation grecque, où brille la sagacité la plus
rare, et parvint à coordonner tout son travail
en un corps de doctrine du plus haut intérêt. Il
sounii l son mémoire à la troisième classe de rin>
stilut Ie8avril 1813, sous le titre d'£"x;)osi7ion
de la séméiographie, ou nclation musicaledes
Grecs; une commission composée de Prony,
Charles, Méhul, Gossec, Monsigny, Choron et
Ginguené,fut chargée de l'examiner. Ginguené,
désigné comme rapporteur de cette commis-
sion, rendit justice au mérite des recherches
de Perne, dans un rapport favorable lu le
21 octobre de la même année, et ce rapport
fut immédiatement livré à l'impression. Ce
fut vers le même temps que, pour démontrer,
contre l'opinion commune, la simplicité de
la notation grecque, Perne osa entreprendre
la tâche effrayante de la traduction de la
grande partition d'Iphigénie en Tauride, de
Gluck, dans cette notation, et l'acheva dans
un volume plus mince et moins chargé de
signes que la partition moderne. Néanmoins,
malgré l'intérêt de curiosité qui s'attachait à
un semblable travail, cl nonobstant le rapport
de Ginguené et la notice étendue que Fran-
cœur donna des travaux de Perne dans le
Dictionnaire des Découvertes (1) : ce savant
ne put trouver de libraire qui voulut imprimer
son mémoire, parce qu'on craignait, à raison
(i) CeUc notice a élé iiuprimcc à part, en une feuille
in-S^ ^sans date).
492
PERNE
de la gravité et de la spécialité du sujet, que
le produit de la vente ne couvrît pas les frais
de la gravure des tableaux. Ce ne fut qu'en
1828 que ce beau travail commença à paraître
dans la Revue musicale que je publiais, divisé
en unesérip d'articles qui furent insérés avec
les tableaux dans le troisième volume de cet
écrit périodique, et dans les suivants. N'eùt-il
produit que cela, Perne mériterait d'être
classé parmi les musiciens les plus érudits de
l'Europe ; mais ce ne fut pas à ce seul objet
qu'il borna ses travaux.
Quiconque s'est occupé de l'histoire de la
musique du moyen âge sait qu'une obscurité
profonde environnait naguère quelques épo-
ques de transition de cette histoire; obscurité
que n'avait pu dissiper l'abbé Gerbert par la
publication de sa collection des écrivains
ecclésiastiques sur la musique, parce qu'il
était moins musicien que philologue. Depuis
longtemps les historiens de la musique se co-
piaient mutuellement , au lieu d'étudier
l'origine de notre musique dans des monu-
ments authentiques; Perne prit un parti con-
traire, car il considéra comme non avenu tout
ce qui avait été publié jusqu'à lui sur la mu-
sique du moyen âge, et chercha des lumières
sur cette musique dans les manuscrits du
temps. Mais pour lire ces manuscrits il fallait
les connaître, et les catalogues des bibliothè-
ques publiques fournissent peu de renseigne-
ments sur ce sujet. Perne prit donc la réso-
lution de voir tout ce qui pouvait avoir quel-
que rapport avec l'objet de ses études, non-
seulement à la bibliothèque royale, mais dans
toutes les autres grandes bibliothèques de
Paris et des déparlements, et lui-même forma
un catalogue précieux de tous les manuscrits
grecs, latins, italiens et français qu'il avait
vus, etqui traitent spécialement de la musique,
ou qui contiennent de la musique notée, ainsi
que tous les missels, anliphonaires, graduels,
et autres livres de chœur, depuis le septième
siècle jusqu'au dix-septième. Ce catalogue,
qui lui fut ensuite d'une grande utilité dans
ses travaux, est le fruit de recherches im-
menses et d'une patience à toute épreuve.
C'est dans ces recherches qu'il découvrit plu-
sieurs copies d'un traité grec anonyme du
rhylhme musical que Meibom a indiqué
dans la préface de l'ouvrage d'Aristoxène.
Perne fit lui-même une copie du texte de ce
traité, collalionnée sur les divers manuscrits
de la bii)liothèque royale, puis en fit une ver-
sion latine et une traduction française, qu'il
accompagna de notes. Une analyse de cet ou-
vrage a été lue par lui à l'Institut de France,
le 14 mars 1823. J'ai donné celle noticedans
le 14^ volume de la Revue musicale. Dans le
temps même oii Perne trouvait à la bibliothè-
que royale cet importanlouvrage et s'occupait
de sa traduction, j'y faisais la découverte du
commentaire du moine Barlaam sur les Har-
moniques Aq Ptolémée, du traité de musi(|ue
de Pachymère, inconnu alors à tous les histo-
riens de la littérature grec(|ue, et de la
deuxième partie du traité de Bacchius, qui
n'a point été publiée par Meibom dans sa
collection des auteurs grecs sur la musique.
Le travail de Perne sur le traité du rhylbmc
est resté inédit, par les mêmes causes qui
l'avaient empêché de publier ses recherches
sur la notation grecque. Ce traité de l'ano-
nyme a été depuis lors publié d'après divers
manuscrits de Paris, de Rome et de Naples
{voyez Bellermakn).
Une fois en possession de la connaissance
matérielle de toutes les sources où il pouvait
puiser pour l'élude de la musique du moyen
âge, Perne voulut y choisir tout ce qui pouvait
lui être utile dans ses travaux. Dès lors
commença pour lui une tâche qui aurait
effrayé un travailleur moins intrépide, mais
qu'il s'imposa avec courage. En effet, l'im-
mense quantité d'extraits qu'il tira des ma-
nuscrits qu'il avait lus, d'exemples de musique
antérieurs au seizième siècle qu'il recueillit,
et de passages notés d'antiphonaires et de gra-
duels qu'il traduisit en notation moderne, sur-
passe ce que l'imagination la plus hardie peut
concevoir. On s'étopne que la vie d'un seul
homme ait pu suffire à tant de travaux. Au
nombre de ses entreprises de ce genre, je ci-
terai les deux copies entières qu'il fit de lous
les ouvrages de Tinctoris, d'après un manu-
scrit du quinzième siècle dont il devintensuile
possesseur : ce manuscrit renferme près de
trois cents pages in-folio d'une écriture serrée
remplie d'abréviations. La persévérance de
Perne ne s'effrayait point à l'idée d'un travail,
quelle que fût son étendue, pourvu qu'il put
augmenter la somme de ses connaissances.
Par exemple, lorsque l'ambassadeurd'Aulriche
réclama, en 1815, les manuscrits et les livres
précieux qui avaient été tirés des bibliothè-
ques d'Italie pour être transportés dans celle
du Conservatoire, l'infatigable savant passa
plusieurs nuits à prendre des copies des
œuvres de Merulo pour l'orgue, cl de beau-
coup d'autres morceaux intéressants pour
l'histoire de la musique. On peut compler aussi
au rang de ses travaux les plus Imporlauls la
PERNE
49;
mise en partition de la messe à quatre parties
de Guillanme de Machaiilt, qu'on croit avoir
(lé chantée au sacre de Charles V, roi de
France, d'après un beau manuscrit de la Bi-
Miothèque royale de Paris, ainsi que le Mé-
moire sur cette composition qu'il lut à l'Insti-
tut, en 1817. Malheureusement la vie est
courte : Perne semble avoir méconnu cette
vérité. Préoccupé du désir de porter la lu-
mière dans l'histoire de la musique, et de dé-
truire des erreurs trop longtemps accréditées ;
nourrissant dans sa tête des plans de grands
ouvrages, il poussa peut être trop loin ses
scrupules, ne fut pas assez ménager de son
temps, et en employa tant à amasser des ma-
tériaux, qu'il ne lui en resta pas pour les
mettre en œuvre. Il est même certain qu'il
s'occupa souvent de travaux de manœuvre
dont les résultats ne pouvaient avoir aucun
avantage pour lui. C'est ainsi qu'il fit, avec
un soin minutieux, une copie exacte de
l'énorme recueil de chants de l'église grecque,
\nlHu\é Octoekos, d'après le manuscrit de la
Bibliothèque royale n" 403, quoiqu'il fût déjà
possesseur d'un manuscrit oriental des mêmes
chants; c'est ainsi qu'il copia de sa main les
Rerum musicarum de Froschius, le traité de
musique de Sébald Heyden, le Toscanello et
le traité de la nature des tons d'Aaron, une
grande partie de la Prattica di Musica de
Zacconi, le ;T/icro/og'Me d'Ornithoparcus, tous
les ouvrages de Berardi, tout le travail de
Bœckh sur la rhylhmique et sur la musique
des Grecs, extrait de l'édition de Pindare de
ce savant ; tous les mémoires de Villoteau sur
la musique des peuples orientaux, et vingt
autres ouvrages complets, qu'il aurait pu se
procurer à prix d'argent. Malheureusement
aussi la philosophie de la science et de l'art
était complètement étrangère à Perne. Imbu
de la fausse idée que la musique avait eu^dans
tous les temps et dans tous les pays, le même
principe, il voulait ramener toute l'histoire de
l'art à ce point de vue, qui l'eût certainement
égaré si tous ses projets d'ouvrages avaient
été réalisés. Sa spécialité consistait dans la
recherche des faits, où il portait autant de pa-
tience que de perspicacité; mais les disposi-
tions de son esprit, et peut-être les vices de
son éducation première ne le rendaient pas
propre à la conception générale de l'histoire
de l'art. D'ailleurs, ne rédigeant qu'avec peine
ses idées, non-seulement il n'avait pas de
style, mais il n'écrivait pas même toujours
d'une manière intelligible. Lorsqu'il m'en-
voya ses mémoires sur la musique grecque,
pour les publier dans la Revue musicale, ic
ne les acceptai qu'à la condition qu'il m'auto-
riserait à changer les phrases les plus embar-
rassées, ce qu'il m'accorda sans dilTiculté. La
dernière production de Perne fut un beau tra-
vail sur la musique des chansons du châtelain
de Coucy, qu'il entreprit pour l'édition publiée
par M. Francisque Michel. II y exposa les
résultats d'un système fort ingénieux de tra-
duction de la notation latine du douzième
siècle. Bien qu'il y ait de solides objections à
faire contre ce système, on ne peut donner
trop d'éloges à l'esprit de recherche qui y
règne. Il est fâcheux que la fausse idée de
Perne, concernanti'analogie de la musique de
tous les temps, l'ait porté à faire un accompa-
gnement de piano aux mélodies de châtelain
de Coucy, et leur ait enlevé par l'harmonie
moderne leur caractère primitif.
Perne ne s'occupait pas seulement de la
partie historique et scientifique de la musique ;
il avait aussi fait une étude sérieuse de la
théorie de l'harmonie et de l'enseignement de
cette science. Nommé, en 1811, professeur
adjoint de Catel au Conservatoire, il avait
senti le besoin de connaître les divers sys-
tèmes de la partie de l'art qu'il était appelé à
enseigner; ce fut alors qu'après avoir lu atten-
tivement les ouvrages des meilleurs harmo-
nistes français et étrangers, il posa les bases
du livre qu'il a publié en 1822, sous le titre
de Cours d'harmonie et d'accompagnement,
composé d'une suite de leçons graduées pré-
sentées sous la forme de thèmes et d'exer-
cices, au moyen desquels on peut apprendre
la composition vocale et instrumentale. La
méthode développée dans cet ouvrage est un
peu lente, un peu minutieuse; on n'y aperçoit
pas ces vues générales qui seules vivifient la
science; mais la disposition des objets y est
bieu faite, et les difficultés y sont aplanies par
des exercices gradués.
La seconde invasion de la France, en 1813,
et l'occupation de Paris par les armées étran-
gères, avaient eu pour effet de faire fermer le
Conservatoire, et cet événement avait privé
Perne de son emploi de professeur, sans au-
cune indemnité; mais la nécessité du réta-
blissement de cette école se fit sentir dans
l'année suivante; on la réorganisa sous le
titre d'École royale de chant et de déclama-
tion, et Perne fut chargé de son administra-
tion, avec le titre d'inspecteur général, en
1816. Il réunit à ses fonctions celles de biblio-
thécaire, en 1819, après la mort de l'abbé
Rozc. Quelques dégoûts qu'il éprouva dans
494
TERNE
son adrainisli-alion lui firent '.lemander sa re-
traite en 1822; elle lui l'ut accordée. Ses ser-
vices à l'Opéra, à la chapelle du roi, où il
avait été contrebassiste pendant vingt ans, et
au Conservatoire, lui donnaient des droits à
une pension, qui fut liquidée à la somme an-
nuelle de quatre mille francs. Il prit alors la
résolution de se retirer dans une petite maison
qu'il possédait au village de Chamouille, près
de Laon, dans le département de l'Aisne.
Libre de tout soin, vivant en sage, et satisfait
d'une modeste indépendance, Perne se livra
dans sa retraite avec plus d'ardeur qu'aupara-
vant à ses travaux scientifiques, se délassant
de ses fatigues par la culture de son jardin.
Depuis environ huit ans il jouissait de ce calme
philosophique, si nécessaire pour les travaux
sérieux, lorsque les événements de juillet
1830 vinrent lui donner des inquiétudes sur
son existence. Le payement desa pension, qui
jusqu'alors avait été fait avec exactitude, fut
suspendu, et bientôt ses titres furent contestés
par l'administration parcimonieuse qui suc-
céda à l'ancienne direction des beaux-arts.
Perne avait alors près de soixante ans ; il était
trop tard pour qu'il songeât à rentrer dans la
carrière de l'enseignement, afin de réparer
les pertes qu'on lui faisait éprouver. Ces mal-
heurs imprévus durent l'affliger; mais doué
d'une âme fière, il ne fit rien paraître de ses
chagrins, auxquels une autre cause d'inquié-
tude était venue se joindre. La crainte de l'en-
vahissement de la France ^rar l'étranger sur
un point qui est considéré comme la clef de la
capitale, fit sentir à Perne la nécessité de se
retirer dans une ville où il pût trouver de la
sécurité, etce fut Laon qu'il choisit. Il s'aper-
çut bientôt que l'airqu'il y respirait était nui-
sible à sa santé; mais un nouveau changement
de situation l'effrayait; il ne s'y décida qu'au
commencement de l'année 1852; malheureu-
sement il était trop tard. Le mal avait fait de
rapides progrès. Une tumeur squirreuse à
l'estomac, et le principe d'une hydropisie
de poitrine s'étaient développés; ces mala-
dies, dont chacune était mortelle, triomphè-
rent des secours de l'art, et le 26 mai 1832
Perne expira, pleuré par sa famille, par ses
amis, et regretté de tous ceux qui l'avaient
connu. Au commencement de 1834, je fis
l'acquisition de sa bibliothèque musicale,
moins remarquable par le nombre que par la
qualité des objetsqu'ellerenfermait. A l'égard
des manuscrits de ses poprres ouvrages, il
avait exprimé le désir que sa veuve les dé-
posât à la Bibliothèque de l'Institut, dont il
était correspondant : ce dépôt n'était point
fait encore au commencement de 1854; mais
il l'a été depuis lors. Une note de sa main
que j'ai trouvée dans un volume de sa biblio-
thèque, indique les ouvrages dont il s'occupait,
mais dont je crois que la plus grande partie
n'était encore qu'en projet. Voici l'indication
de ces ouvrages, telle qu'il la donne lui-
même :
1° Nouvelle exposition de la Séméio-
graphie ou notation musicale des anciens
Grecs (publiée dans la Revue musicale, t. III et
suiv.). 2" Examen du rhythme musical des
anciens; mémoire dans lequel l'auteur essaie
de démontrer l'analogie que le rhythme poé-
tique et musical des anciens peut avoir avec
les différentes mesures rhythmiques et musi-
cales des modernes. 3» Dissertation sur la
mélodie des anciens , et sur l'analogie
qu'elle peut avoir avec la mélodie de tous les
peuples, et principalement des Européens
modernes. (Après ce titre, on trouve ces mots
en note : Ce mémoire est presque terminé.)
4° Dissertation sur l'harmonie simultanée
des anciens et sur son analogie avec notre
harmonie moderne. 5» Notice et traduction
française d'un manuscrit grec sur la musi-
que pratique et sur le rhythme, qui existe à
la bibliothèque du roi, sous les numéros
2458, 2460 et 2532. Cet ouvrage est terminé.
6" Mémoire dans lequel on essaie de démon-
trer quel était l'état de la théorie musicale
aux diverses époques, soit avant, soit après
l'ère vulgaire. 7" .analyse des traités sur la
musique ancienne que nous ont laissés Aris-
toxène , Euclide , Plutarque , Théon de
Smyrne, Cl. Ptolémée, Nicomaque, Aris~
tide Quintilien, Porphyre, Jlypius, Mar-
tianusCapella,Boèce, Cassiodore et Manuel
Bryenne. S" De l'état delà littérature musi-
cale des Grecs, considérée dans ses rapports
avec la musique moderne. 9" De l'état de la
musique ecclésiastique depuis les premiers
siècles de Vèrevutyairejusqu'àGuid'Arezzo.
10° Dissertation sur l'origine de l'harmonie
moderne; origine qui paraît avoir com-
mencé vers la fin du neuvième siècle. 1 1» De
l'état de l'harmonie pendant les dixième,
onzième et douzième siècles. 12» Des progrès
de l'harmonie depuis le treizième siècle jus-
qu'au commencement du dix-neuvième.
13° Quelle est l'époque où la meilleure har-
monie a existé? 14» Des abus de l'harmonie
moderne et principalement de celle de nos
jours, l'ô" Examen du genre diatonique des
modernes. 16» De l'abus que font les mo-
PERNE — PÉROLLE
493
ijernes des genres chromatique et cnharmo-
lique dans la mélodie, et principalement
dans l'harmonie. 17" Examen de l'espèce
de musique d'église qui, de nos fours, con-
vient le mieux aux lieux où on l'exécute, et
aux mœurs religieuses actuelles. 18» Disser-
tation sur une messe à quatre parties qui
existe à la bibliothèque du roi dans les ma-
nuscrits de Guillaume de Machault, sous
les n" 7609 et 2771. Ouvrage achevé. 19» De
l'influence de la musique dans les cérémonies
religieuses. ^0" De la manière dont on doit
considérer les chefs-d'œuvre de musique,
selon les diverses époques auxquelles ils ont
été composés. 21' Mémoire sur la mélodie
des troubadours, leur mesure, leurrhythme,
leurs modes et modulations. 220 Catalogue
et notices raisonnées des ouvrages de musi-
que théoriqueet pratique, et des manuscrits
précieux, tant anciens que modernes, exis-
tant à la bibliothèque royale , à celle du
Conservatoire et autres. Travail terminé dont
je suis possesseur. 23" Lexique des tertnes de
musique, tant anciens que modernes. Outre
ces ouvrages , dont le plus grand nombre
n'était que projeté, Perne a laissé en manu-
scrit la musique des chœurs d''£slher, tra-
gédie de Racine, exécutés en 1820 à l'école
royale de musique, et dont la partition a été
déposée par l'auteur à la bibliothèque du Con-
servatoire ; une messe de morts à quatre voix
et orgue, et une messe solennelle avec or-
chestre, dont je possède les partitions; le
graduel des fêles solennelles en contrepoint à
trois voix sur le plain-cbant parisien, un vol.
in-folio, idem ; l'office des fêtes et dimanches
en contrepoin\ à trois voix sur le plain-chant
parisien, 2 vol. in-fol. de plus de six cents
pages, idem; Kyrie e Gloria pour les annuels,
grands solennels, solennels mineurs, doubles
majeurs et mineurs, semi-doubles et dimanches
de l'année pour l'orgue, d'après le plain-chant
parisien, un vol. in-fol. obi., idem; offices de
tous les dimanches et fêtes de l'année, pour
i'orgue, d'après le plain-chant parisien, un
vol. in-fol. obi. irfem; Instruction sur le plain-
chantparlaquelle on peutconnaitrel'analogie
et les rapports que cette sorte de chant a dans
toutes ses parties avec la musique, in-fol., tc/em
(daté de Paris, 1820); Principes de plain-
chant, in-fol., idem (daté de 1823).
Les ouvrages publiés de ce savant sont :
1° Six sonates faciles pour le piano; Paris,
Bonjour. 2° Fugue à quatre voix et à trois
sujets par mouvement direct et à retourner
le livre, une feuille in-plano, 1802. 3» Do-
mine, salvum fac regem,\ané pour le piano;
Paris, Leduc. 4» Nouvelle méthode de piano-
forte; Paris, Leduc, o" Méthode courte et
facile; irfem, ibid. 6' Cours d'harmonie et
d'accompagnement, composé d'une suite de
leçons graduées, deux parties in-fol.; Paris,
Aulaguier. 7" Notice sur les manuscrits re-
laJifs à la musique (de l'Église grecque) qui
existent dans les principales bibliothèques
de l'Europe (dans la Revue musicale, t. I,
p. 231-257). 8° Quelques notions sur Jos-
quin Deprès, maître de musique de Louis X II
{ibid., t. II, p. 2G3-272). 9° Notice sur un
manuscrit du treizième siècle, dans lequel
l'auteur, Jérôme de Moravie, donne les
principes pour accorder la vielle et la ru-
bebbe, deux des principaux instruments à
cordes et d archet de son temps {ibid.,
p. 457-467, 481-490). 10° Recherches sur la
musique ancienne. Découverte, dans les ma-
nuscrits d' .Aristide Quintilien qui existent
à la bibliothèque du roi, d^une notation in-
connue jusqu'à ce jour, et antérieure de
plusieurs siècles à celle gii'on attribue à
Pythagore {ibid., t. III, p. 433-441, 481-
491 ; t. IV, p. 23-54, 219-228). 11» Nouvelle
exposition de la Séméiographie musicale
grecque {ibid., t. V, p. 241-250, 553-560;
t. VIII, p. 98 107; t. IX, p. 129-136).
12» Sur un passage d'un quatuor de Mozart
{ibid., t. VI, p. 23-51). 1-3» .ancienne musi-
que des chansons du châtelain de Coucy,
mise en notation moderne, avec accompa-
gnement de piano. La musique est précédée
d'une notice sur le genre des mélodies de ces
chansons et sur les manuscrits dont Perne
s'est servi. Ce morceau est imprimé à la fin
du volume publié par M. Francisque Michel,
sous ce titre : Chansons du châtelain de
Coucy, revues sur les manuscrits; Paris,
Crapelet, 1830, gr. in-8» de cent quatre-vingt-
dix huit pages. A la fin de ce volume, on an-
nonçait les chansons de Thibaut, comte de
Champagne et roi de Navarre, avec la musi-
que traduite par Perne, un volume in-8»,
et les Poésies de Guillaume de ?Iachault,
avec la musique traduite par Perne, 2 vo-
lumes in-8». Ces ouvrages n'ont pas été
publiés.
PÉROLLE (M.)j et non PEUÏlOLLE,
comme il est nommé dans le Journal de la
Librairie, médecin à Grasse, né dans celte
ville, en 1756, fit ses études à l'école de mé-
decine de Montpellier, et y obtint le titre de
docteur. Jeune encore, ildevintcorrespondant
de l'Académie des sciences de Montpellier, de
496
PËROLI.E
l'ancienne Académie de médecine de Paris,
et de l'Académie royale des sciences. On
a sous le nom de ce savant médecin les ou-
vrages suivants : \° Dissertation anatomico-
acoiistique contenant des expériences qui
tendent à prouver que les rayons sonores
n'entrent pas dans la trompe d'Eusta-
cfie, etc. ; Paris, 1788, in-8» de quarante-huit
pages. 2» Observations sur la perception des
sons par diverses parties de la tête lorsque
les oreilles sont bouchées (dans les Observa-
tions sur la physique, sur l'histoire natu-
relle et sur les arts, de Rozier, l. XXII,
1). 378). 3° Expériences physico-chimiques
relatives à la propagation du son dans
quelques fluides aériformes (Mémoires de
l'Académie royale de Turin, 1786-1787; mé-
moires des correspondants, p. i-lO). 4° Mé-
moire de physique, contenant des expé-
riences relatives à la propagation du son
dans diverses substances, tant solides que
fluides; suivi d'un essai d'expériences qui
tendent à déterminer la cause de la réson-
nance des instruments de musique (ibid.,
1790-1791, vol. V, p. 195-280). Suivant
Chladni {Traité d'acoustique, p. 321), les
observations de M. Pérolle sont les meilleures
qu'on aitfailesàc.esujet.5''5urZes tJtbratj'oHS
totales des corps sonores (dans le Journal
de Physique de 1798, t. 37). G» Mémoiresur
les vibrations des surfaces élastiques, ou-
vrage où l'on expliquela fameuse expérience
de Sauveur, et où l'on établit la tendance
générale du mouvement à l'équilibre ;
Grasse, 1825, in-8'' de quarante-deux pages,
avec une planche. Ce mémoire fait partie
d'un Traité raisonné d' Acoustique, rédigé
depuis longtemps par l'auteur, mais qui n'a
point été publié jusqu'à ce jour. Pérolle
envoya son mémoire au concours ouvert, en
1809, par l'Académie des sciences de l'In-
stitut, pour une Théorie mathématique des
vibrations des surfaces élastiques. Les com-
missaires chargés de l'examen des mémoires
fournis pour la solution du problème, décla-
rèrent que celui de Pérolle ne remplissait
pas les conditions exigées, parce que sa
théorie n'était pas mathématique : ils termi-
naient leur rapport par ces mois : « Cette
« théorie a d'ailleurs le tort de n'être pas
« plus intelligible pour les lecteurs étrangers
« aux formules analytiques, sans le secours
« desquelles ces sortes de questions seront
d toujours inabordables. »
FIIT DO TOBE SIXIÈ912.
Fêtis, François Joseph
Biographie universelle dei
musiciens
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